La façade de l'ossuaire de l'enclos paroissial de Sizun et son Credo apostolique. 1585-1588.
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Sur ce thème du Credo apostolique, voir :
- Vierge allaitante II : Chapelle Notre-Dame de Kergoat, Quéméneven: I. les vitraux.
- Le vitrail du Credo apostolique de la cathédrale du Mans, ou baie 217 du transept nord. I. Les lancettes : Credo apostolique et donateurs.
- Le Credo prophétique et apostolique et l a maîtresse-vitre de l'église de Quemper-Guezennec (22).
- La verrière occidentale de la cathédrale de Metz (1384)
Sur l'enclos de Sizun, voir :
- Les sablières et blochets de la charpente de l'église de Sizun (29) après leur restauration par l'atelier Le Ber en 2012.
- Formidable ! Marie-Suzanne de Ponthaud et Jean-Pierre Breton sous les voûtes : les nouveaux blochets de l'église de Sizun (29).
- Les Sirènes et Démones de l'église de Sizun (29) : la diabolisation d'Ève, ou la féminisation de Satan.
- Les sculptures extérieures de l'église de Sizun.
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Au Moyen Âge, et encore à la Renaissance, les paroissiens défunts cherchent à être inhumés au plus près du centre vital de leur église. Les nobles les plus puissants obtenaient d'être ensevelis dans le chœur, les seigneurs locaux dans l'enfeu de leur chapelle privative, et les autres étaient inhumés sous les dalles de la nef. Mais bientôt la place vient à manquer, et un cimetière fut créé, à l'extérieur de l'église, mais à l'intérieur d'une enceinte sacrée, l'enclos paroissial.
Les défunts avaient — enfin!— le privilège de pénétrer dans l'enclos par l'Arc Triomphal, la Porte des Morts, Porz ar maro : celle qu'on ne franchit que les pieds devant.
Pour visiter cet ossuaire, je me suis adjoins l'aide du chanoine Jean-Marie Abgrall, qui a rendu compte de sa visite en 1910. Après l'avoir recopiée à la main, j'ai découpé sa description au gré de mes images. Voici ce qu'il dit du Credo apostolique de l'ossuaire de Sizun
"Le second étage de cette façade est formé par une longue suite de douze niches, séparées par des pilastres, doriques cannelés, lesquelles enferment les statues de douze apôtres, tenant chacun une banderole avec un article du Credo. C'est ce qui fait la richesse de cet ossuaire, car aucun des autres monuments de ce genre ne possède ces statues, pas même celui de St-Thégonnec. "
"Cet édifice forme une véritable chapelle comme à Lampaul, Landivisiau , Guililiau , Saint-Thégonnec et la plupart des paroisses de cette contrée. Il est situé dans la partie Ouest du cimetière, entre le clocher et la grande place du bourg", adossé à l'Arc de Triomphe.
Le voici, vu du placître :.
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Vue générale de l'arc de triomphe et de l'ossuaire de l'enclos paroissial de Sizun. Photographie lavieb-aile.
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La façade ouverte vers l'est, et donnant sur le placître, est d'une ornementation très riche. Sur un soubassement décoré de cupules et habillement mouluré, se déploie une série de 7 baies à plein-cintre séparées par des pilastres à gaines, les uns cannelés, les autres taillés en cariatide.
Elle est divisée en trois registres que viennent couper, entre les deux baies de gauche et les cinq baies de droite, la porte et son fronton triangulaire. C'est le troisième registre, sous la toiture, qui accueille les douze apôtres.
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Le troisième registre : une photo pour lui tout seul :
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"En tête de cette série d'apôtres, au contrefort sud-est, se trouve la state d'excellent style de saint Suliau, représenté en chasuble antique, tenant un livre de la main gauche et de la droite son faisceau de quatre verges ou houssines."
Le saint patron de l'église est fêté le 1er octobre. Saint Suliac, appelé aussi saint Suliau ou Sulian ou Silio ou Sulien, est un moine gallois évangélisateur du pays de Galles et de l'Armorique au VI e siècle dont le culte est très localisé puisqu'on trouve, outre la paroisse de Sizun, une chapelle à Plomodiern ; une autre chapelle, à Pleyben, a disparu. Il est aussi le saint éponyme de Saint-Suliac. Voici comment le chanoine Abgrall décrit sa statue, et explique l'objet qu'il tient en main.
"Au fond du porche Midi de cette église nous trouvons sa statue en bois, drapée de la chasuble antique, aux plis souples et gracieux, ayant la figure jeune et imberbe, tenant un livre de la main gauche. La main droite a disparu ; si elle avait existé, nous y aurions constaté sans aucun doute le même emblème que l'on voit dans les trois autres statues du même saint. En effet, la statue en bois du chœur, celle en pierre qui se trouve au-dessus de la porte de l'ossuaire, et une autre plus petite, sur la face Sud de la sacristie, tiennent dans leur main droite quelque chose comme une petite botte d'asperges, quatre chevilles ou courtes brochettes. Pour en avoir le sens, il faut recourir à l'histoire du saint, qui nous en donne l'explication. Voici ce que nous lisons dans sa vie, par Albert Le Grand, édition de 1901, p. 434 :
« Ayant obtenu autant de terre qu'il luy en fallait pour bastir un Hermitage pour lui et pour ses confrères (au bord de la Rance, au lieu où l'on voit encore l'église de Saint-Suliac), il commença à travailler, et, en peu de jours édifia une petite Chapelle et quinze petites cellules pour se loger lui et ses religieux ; et ayant labouré de ses propres mains une pièce de terre qui luy restait dudit don, il y sema du bled, lequel crût fort beau ; mais le bétail qui d'ordinaire, paisait ès prochains marests, se jetta, une nuit, dans ce champ qui n'était pas fermé et en gâta une partie ; le matin on vint en avertir S. Suliau, lequel ne s'émût pas beaucoup ; seulement, il se mit en prière, et puis prit son bâton, dont il traça une ligne tout à l'entour du champ, et, aux quatres coins d'iceluy, planta quatre petites houssines pour toute haye et fossé ; priant Dieu de ne permettre que le bétail outre-passât ces bornes, pour endommager les semailles de ses serviteurs. Dieu exauça son Oraison, et, la nuit suivante, les mêmes animaux sortans des marêts et paturages, se voulurent jetter sur le dit champ ; mais (chose merveilleuse si-tost qu'ils touchèrent cette ligne que le Saint avait tracée tout à l'entour de son champ, ils devinrent tous immobiles, sans se mouvoir, n'y remuer, non plus que s'ils eussent été de marbre ou de bronze. Le matin, les païsans du voisiné, ne trouvans pas leur bestail dans les marêts, les trouvèrent en cette posture tout à l'entour du champ de S. Suliau ; et le bruit de cette merveille ayant couru par le pais circonvoisin, une grande multitude de peuple se rendit en l'hermitage pour voir une chose si étrange. Le S. Abbé, craignant que cette affluence de monde n'interrompit les exercices de ses Religieux, s'en allant devers le champ, donna sa bénédiction à ces animaux, et leur deffendit désormais de venir ravager son bled, ce qu'ils observèrent invariablement et se retirèrent dans les marêts ».
"Ce sont donc ces quatre houssines ou piquets plantés par saint Suliau au coin de son champ que les sculpteurs lui ont donnés comme caractéristique."
La statue montre aujourd'hui un saint vêtu d'une courte dalmatique aux clavi caractéristiques, à la chevelure frisée, tenant son livre de la main gauche ; mais ses "houssines" se comparent, non plus à des asperges comme en 1910, mais à deux petits pains ronds.
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LES APÔTRES.
Tous les apôtres ont les pieds nus comme il se doit, et sont tous barbus, sauf saint Jean comme il se doit également. Chacune des barbes est différente des autres, ce qui en fournit une jolie collection. Ils portent tous un livre, fermé (sauf un). La plupart portent un habit à gros boutons, parfois sous un manteau et nombreux sont dotés de ceintures, sangles ou baudriers.
1. Saint Pierre.
Il tient la clef qui marque sa primauté, et un livre. Il est aussi identifiable au célèbre "toupet" qui fleurit sa calvitie frontale.
Pas de texte sur le phylactère. On devrait trouver Credo in Deum Patrem omnipotentem, creatorem coeli et terrae.
"Je crois en Dieu le Père tout-puissant créateur du ciel et de la terre".
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Saint Pierre ; Credo apostolique de l'ossuaire de l'enclos paroissial de Sizun. Photographie lavieb-aile.
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2. Saint André.
Le livre et la croix ...de Saint-André. .
[Et in ] JESVM CHRISTVM FILIVM EIVS VNICVM [Dominvm nostrvm]
"Et en Jésus Christ son fils unique notre Seigneur."
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Saint André. Credo apostolique de l'ossuaire de l'enclos paroissial de Sizun. Photographie lavieb-aile.
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3. Saint Jacques le Majeur.
Livre ouvert. Pèlerine, chapeau, coquilles, bourdon, besace .
QVI CONCEPVS EST DE SPIRITVO [sancto natus ex de Maria virgine].
"Qui a été conçu du Saint-esprit, est né de la Vierge Marie"
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Saint Jacques le Majeur. Credo apostolique de l'ossuaire de l'enclos paroissial de Sizun. Photographie lavieb-aile.
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4. Saint Jean.
Le calice et le livre. L'écritoire ?
Et passus SVB PONTIO PILATO CRVCIFIXVS Mortvvs .
"A souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort"
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Sait Jean. Credo apostolique de l'ossuaire de l'enclos paroissial de Sizun. Photographie lavieb-aile.
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5. Saint Thomas.
La lance et le livre. Saint Thomas tient la lance dont il a été frappé dans le dos. C'est avec cet attribut qu'il est représenté dans le Compost et Calendriers des Bergers.
DESCENDIT AD INFEROS (tertia die resvrrexit a mortvis).
" est descendu aux Enfers, le troisième jour est ressuscité des morts."
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Saint Thomas. Credo apostolique de l'ossuaire de l'enclos paroissial de Sizun. Photographie lavieb-aile.
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6. Saint Jacques le Mineur.
Bâton (foulon), livre.
ASCENDIT AD COELOS SEDET AD [dexteram Dei patris omnipotentem]
"est monté au ciel, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant"
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Saint Jacques le Mineur. Credo apostolique de l'ossuaire de l'enclos paroissial de Sizun. Photographie lavieb-aile.
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7. Saint Philippe.
La croix à longue hampe. Le livre.
VNDE VENTVRVS EST IVDICARE [vivos et mortvos ]
"d'où il viendra juger les vivants et les morts".
Saint Philippe. Credo apostolique de l'ossuaire de l'enclos paroissial de Sizun. Photographie lavieb-aile.
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8. Saint Barthélémy.
Le coutelas (de son dépeçage) et le livre.
CREDO IN SPIRITVM SANCTVM.
"Je crois en l'Esprit-Saint"
Saint Barthélémy. Credo apostolique de l'ossuaire de l'enclos paroissial de Sizun. Photographie lavieb-aile.
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9. Saint Matthieu.
La balance et le livre
[Sanctam Eccles] IAM CATHOLICAM SANCTORVM [commvnionem]
"En la Sainte Église Catholique, en la Communion des Saints"
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Saint Matthieu. Credo apostolique de l'ossuaire de l'enclos paroissial de Sizun. Photographie lavieb-aile.
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10. Saint Simon.
La scie et le livre.
REMISSIONEM PECCATORVM
"En la rémission des péchés"
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Saint Simon. Credo apostolique de l'ossuaire de l'enclos paroissial de Sizun. Photographie lavieb-aile.
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11. Saint Jude.
Le coutelas à forme d'hallebarde et le livre.
CARNIS RESVRRECTIONEM
"En la résurrection dela chair"
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Saint Jude. Credo apostolique de l'ossuaire de l'enclos paroissial de Sizun. Photographie lavieb-aile.
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12. Saint Matthias.
L'équerre et le livre.
VITAM AETERNAM AMEN
"En la Vie éternelle, amen".
Saint Matthias. Credo apostolique de l'ossuaire de l'enclos paroissial de Sizun. Photographie lavieb-aile.
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Commentaire.
Le texte latin est celui des douze articles du Symbole des apôtres.
L'identification n'est pas celle que propose le texte du site Infobretagne (source ?) , mais repose sur l'attribution, depuis le haut Moyen-Âge, d'un article à chaque apôtre selon un ordre précis. Le désaccord porte sur le n°5, Thomas,(Matthias pour Infobretagne) et le n°12, Matthias (Thomas pour Infobretagne). Certes Thomas est souvent porteur d'une équerre, comme ici pour le n°12, mais la lance est un autre de ses attributs. Néanmoins, les attributions d'accessoires (comme dans le Calendrier des Bergers, figure infra), ou l'ordre de succession (comme sur la verrière de Quemper-Guezennec) sont souvent fantaisistes.
1- St Pierre : Credo in Deum, Patrem omnipotentem, creatorem caeli et terrae. La clef.
2- St André : Et in Iesum Christum Filium eius unicum , Dominum nostrum. La croix en X.
3 - St Jacques le Majeur : qui conceptus est de Spirituo Sancto natus est Maria Virgine. La tenue de pèlerin de Compostelle.
4 -St Jean : passus sub Pontio Pilato, crucifixius, mortuus et sepultus. Le calice.
5 -St Thomas : descendit ad inferos, tertia die ressurrexit a mortuos. La lance.
6 -St Jacques : ascendit ad caelos ; sedet ad dexteram patris Dei Patris omnipotentis. Le foulon.
7 -St Philippe : inde venturus est iudicare vivos et mortuos. la croix à grande hampe.
8 -St Barthélémy : Credo in Spiritum Sanctum. Le coutelas.
9 -St Matthieu : sanctam ecclesiam catholicam. La balance.
10 -St Simon : sanctorum communionem, remmisionem pecatoribus. La scie.
11 -St Jude : carnis resurrectionem. Le couteau.
12 -St Matthias : vitam eternam. L'équerre.
Voir d'autres développements en Annexe.
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La porte de l'ossuaire et son fronton.
"La ligne d'arcatures est coupé par une porte accostée de deux colonnes cannelées, coiffées de chapiteaux corinthiens écourtés, lesquels portent un entablement et un fronton triangulaire montant jusqu'à la corniche haute.
La porte de l'ossuaire et son fronton. Ossuaire de l'enclos paroissial de Sizun. Photographie lavieb-aile.
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"Au dessus de l'entablement, dans la frise curant au dessus du cintre de la porte, on lit : MEMENTO. MORI ("Souviens-toi qu'il faut mourir").
Sur la petite frise d'entablement est une longue inscription en caractères très fins, dont la plupart des mots sont invisibles, empâtés qu'ils sont par la peinture. Sur la corniche faisant la base du fronton, est gravée cette sentence :
VOVS.NOS. ANFENS. QVI. PAR. CY. PASSÉS.
SOVVENES.VOVS.QVE.NOVS.SOMMES.TRÉPASSÉS.
"Vous nos enfants qui par ici passés, souvenez-vous que nous sommes trépassés".
N.B. J'ai cherché en vain cette sentence décrite par J.M Abgrall "sur la corniche faisant la base du fronton".
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"Au haut du champ du fronton, est une petite statuette minuscule de saint Suliau, tenant son faisceau de houssines ou de petites baguettes."
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Dans les écoinçons, ou triangles extérieurs, deux autres statuettes : Saint François d'Assise, montrant ses stigmates, et un autre saint franciscain tenant un ciboire ou calice, très probablement saint Pascal Bayon, populaire pour sa grande dévotion à l'eucharistie, et que l'on retrouve au églises de Bodilis, La Roche-Maurice, Brennilis, etc..."
Saint François d'Assise montrant ses stigmates, Ossuaire de l'enclos paroissial de Sizun. Photographie lavieb-aile.
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L'identité du franciscain tenant un calice est délicate à préciser. A Brennilis, où le même problème se pose, j'ai écrit :
Parmi les moines franciscains béatifiés, nous trouvons saint Fidèle de Sigmaringen (mort en 1622), prêtre et martyr souabe, mais le calice, témoignant de l'importance accordée à l'Eucharistie, correspond davantage à saint Pascal Baylon (1540-1592). On peut aussi penser à saint Antoine de Padoue (1195-1231), bien que son attribut soit le cœur enflammé ou le lys.
Les deux statues, l'une de saint François, l'autre d'un cordelier tenant un calice forment un duo qui se retrouve à Bodilis, (église), à Sizun, (fronton de l'ossuaire,1588), à Lanneufret (église) et à La Roche-Maurice, témoignant de l'implantation des Franciscains dès le XIIIe siècle dans le Léon. L'identité du deuxième moine est régulièrement discutée dans chacun de ces sanctuaires.
Ce qui pose problème à Sizun, c'est qu'en 1585-1588, saint Pascal Bayon, le meilleur candidat en raison de son attachement à l'eucharistie, n'était pas encore mort, et bien loin d'être béatifié (1618) et a fortiori d'être canonisé (1690).
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Saint franciscain tenant un calice, Ossuaire de l'enclos paroissial de Sizun. Photographie lavieb-aile.
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Le fronton est centré par un cuir accueillant dans un blason carré les neuf macles (martelées mais distinctes) des Rohan, avec la date de 1588. Les armes du vicomte Jehan de Rohan comportaient sept macles, alors que les armes de gueules à neuf macles d'or, posées 3, 3, 3 furent adoptées par Henri Ier , 19ème vicomte de Rohan entre 1552 et 1575.
Juste au dessus, sur la corniche en bois, deux lions tiennent les mêmes armoiries, intactes.
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Ces armoiries des Rohan et cette date de 1588 amènent à préciser ceci :
— Le 18ème vicomte de Rohan fut René Ier de Rohan-Gié (1516-1552), prince de Léon, comte de Porhoët, marquis de Blain, seigneur de Beauvoir et de La Garnache, chevalier de l'ordre du Roi et capitaine d'une compagnie d'ordonnance. Il épousa Isabeau d'Albret, tante de Jeanne d'Albret, reine de Navarre. Isabeau d'Albret se convertit au protestantisme en 1558, qu'elle introduisit dans son château de Blain où s'organisa la première église protestante bretonne. Isabeau reçoit du roi, en 1560, la liberté de conscience pour elle et pour toute sa Maison.
Le couple eut quatre enfants, Henri, Jean, Françoise et René qui résidèrent au château de Blain.
— Le 19ème vicomte de Rohan est Henri Ier de Rohan (1535-1575). Il épousa Françoise de Tournemine puis le titre passa à son frère :
— Le 20ème vicomte de Rohan est René II (1550-1586) dit Parthenay, du nom de sa seconde épouse l'humaniste Catherine de Parthenay d'une puissante famille protestante du Poitou.
— C'est avec le 21ème vicomte de Rohan que nous arrivons à la date de 1588. En effet, il s'agit de Henri II de Rohan (Blain le 21 août 1579- 13 avril 1638), fils de René II. Mais il avait 9 ans à la date gravé sur le fronton de l'ossuaire. Élevé dans la religion réformée par sa grand-mère Isabelle d'Albret et par son père René II de Rohan, instruit dans les humanités par sa mère, cousin germain de Henri IV, il fut le chef de guerre des rébellions huguenotes contre le pouvoir royal catholique. En 1590 le Duc de Mercoeur et 4000 espagnols assiégea son château de Blain. Le roi Henri IV érigea en 1603 la vicomté de Rohan en duché-pairie et lui fait épouser en 1604 Marguerite de Béthune, fille du futur duc de Sully. Il devient alors Henri Ier en tant que premier duc. Après l'assassinat du roi par Ravaillac, il est condamné à l'exil par l'hostilité de Richelieu, qui fait abattre une partie de son château de Josselin.
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LE DEUXIÈME REGISTRE.
Situé au dessus du registre inférieur appareillé en pierres en granit jaune alvéolé, c'est une série de fenêtres en plein cintre, séparées par des pilastres à gaines.
Deuxième registre de la façade de l'ossuaire de l'enclos paroissial de Sizun. Photographie lavieb-aile.
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A main droite de la porte, selon l'usage traditionnel de nos ossuaires, est un bénitier finement sculpté, surmonté d'une accolade de rubans aux extrémités enroulées en volutes."
Deuxième registre de la façade de l'ossuaire de l'enclos paroissial de Sizun. Photographie lavieb-aile.
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Les cariatides sont intéressantes, en ce qu'elles viennent confirmer la vogue populaire du décor en spirale ; l'une d'elles porte la date de 1585
Deuxième registre de la façade de l'ossuaire de l'enclos paroissial de Sizun. Photographie lavieb-aile.
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Deuxième registre de la façade de l'ossuaire de l'enclos paroissial de Sizun. Photographie lavieb-aile.
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Deuxième registre de la façade de l'ossuaire de l'enclos paroissial de Sizun. Photographie lavieb-aile.
Deuxième registre de la façade de l'ossuaire de l'enclos paroissial de Sizun. Photographie lavieb-aile.
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ANNEXE.
LE CREDO APOSTOLIQUE.
Cette iconographie s'est développée au XIIIe siècle à la suite de réflexions théologiques montrant que les articles du Credo trouvent leur fondement dans le Nouveau Testament, par des références à des textes des Évangiles, des Épîtres et des Actes des Apôtres, mais aussi dans l'Ancien Testament par des citations des Prophètes, ce qui fonde le Credo non pas sur tel ou tel Concile, mais sur la parole de Dieu.
Le Symbole des Apôtres
Ce Symbole des apôtres, souvent appelé Credo comme celui de Nicée, était récité quotidiennement par les clercs dans la lecture de leur bréviaire, et, depuis le Missel Romain de 2002, il peut être récité à la place du Credo lors de la Messe.
Il est la traduction, latine puis française, d'un texte grec. On le reconnaît dès le premier article qui dit Je crois en Dieu le Père tout-puissant (Credo in Deum, Patrem omnipotentem) alors que le Credo énonce Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant (Credo in unum deum ).
Il s'agit ici non pas du Credo à proprement parler, celui qui est récité à la messe et qui est le Symbole de Nicée-Constantinople, mais le Symbole des Apôtres, une profession de foi qui, selon la tradition, proviendrait directement des Apôtres et qui serait donc inspiré par l'Esprit-Saint. La légende développée dès le IVe au VIe siècle veut même qu'à la veille de leur dispersion, chacun des douze apôtres en ait récité un article : il compte donc douze articles de foi. On trouve cette tradition chez Ambroise de Milan (339-397) puis chez Rufin d'Aquilée (345-410), l'auteur qui donne le premier texte latin du symbole. celui-ci écrit dans Commentaire du symbole des apôtres (v.400) " Nos anciens rapportent qu'après l'ascension du Seigneur, lorsque le Saint-Esprit se fut reposé sur chacun des apôtres sous forme de langues de feu, afin qu'ils puissent se faire entendre en toutes les langues, ils reçurent l'ordre de se séparer et d'aller dans toutes les nations pour prêcher la parole de Dieu. Avant de se quitter, ils établirent en commun un règle de la prédication qu'ils devaient faire afin que, une fois séparés, ils ne fussent exposés à enseigner une doctrine différente à ceux qu'ils attiraient à la foi du Christ ; étant donc tous réunis, remplis de l'Esprit -Saint, ils composèrent ce bref résumé de leur future prédication, mettant en commun ce que chacun pensait et décidant que telle devra être la règle à donner aux croyants. pour de multiples et très justes raisons, ils voulurent que cette règle s'appelât symbole."
http://www.patristique.org/Historique-du-symbole-des-apotres.html
Au VIe siècle, à la suite de deux sermons pseudo-augustiniens (Sermon 240 et 241) d'un prédicateur gaulois, chaque article fut attribué à un apôtre particulier : ce point est important , puisqu'il va nous aider à déchiffrer le texte du phylactère si nous identifions l'apôtre, et inversement. Voici la répartition selon le texte latin, celui qui nous intéresse :
1- St Pierre : Credo in Deum, Patrem omnipotentem, creatorem caeli et terrae
2- St André : Et in Iesum Christum Filium eius unicum , Dominum nostrum
3 - St Jacques le Majeur : qui conceptus est de Spirituo Sancto natus est Maria Virgine
4 -St Jean : passus sub Pontio Pilato, crucifixius, mortuus et sepultus
5 -St Thomas : descendit ad inferos, tertia die ressurrexit a mortuos
6 -St Jacques : ascendit ad caelos ; sedet ad dexteram patris Dei Patris omnipotentis
7 -St Philippe : inde venturus est iudicare vivos et mortuos
8 -St Barthélémy : Credo in Spiritum Sanctum
9 -St Matthieu : sanctam ecclesiam catholicam
10 -St Simon : sanctorum communionem, remmisionem pecatoribus
11 -St Jude : carnis resurrectionem
12 -St Matthias : vitam eternam.
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Bibliothèque Municipale Angers Compost et calendrier des bergers, 1493 - BM - SA 3390, f. 039v-040
Les attributs des trois derniers apôtres sont ...inhabituels.
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Ce Credo apostolique est représenté en Bretagne dans le porche ou sur le calvaire de très nombreuses chapelles et églises (je citerai le calvaire de Saint-Venec en Briec, l'ossuaire de Sizun, le porche de Saint-Herbot à Plonevez-du-Faou, saint-Mélaine à Morlaix, mais la rencontre de l'alignement de leurs niches est trop fréquente pour qu'une liste soit exhaustive.)
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SOURCES ET LIENS.
— ABGRALL (Jean-Marie), 1910, « L´église paroissiale de Sizun et ses annexes », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, Quimper, Société archéologique du Finistère, t. 28, 1910, p. 129-138
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207696j/f176.image
— COUFFON (René), LE BARS ( Alfred), Diocèse de Quimper et de Léon : Nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association Diocésaine de Quimper, 1988, p. 416-420.
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/54730d797d70be488e00757c7d0fcef7.pdf
— Inventaire du Patrimoine :
— http://monumentshistoriques.free.fr/calvaires/sizun/sizun.html
— Topic-topos :
http://fr.topic-topos.com/ossuaire-sizun
— Infobretagne :
http://www.infobretagne.com/sizun.htm
http://www.infobretagne.com/enclos-sizun.htm
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Sur le Credo apostolique :
Site http://idlespeculations-terryprest.blogspot.fr/2014/02/the-apostles-creed.html
— Grant Kalendrier et compost des bergiers , 1529, imprimé à Troyes.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b86095054/f89.item.zoom
— Émile Mâle : http://patrimoine.amis-st-jacques.org/documents/000135_e_male_credo_des_apotres_2.pdf
—Denis Pichon Note sur les peintures murales de Notre-Dame-du-Tertre à Châtelaudren : présence d'un Credo prophétique Société d'émulation des Côtes-d'Armor, 2000, 130, p. 115-122
— Robert Favreau Les autels portatifs et leurs inscriptions, Cahiers de civilisation médiévale 2003 Volume 46 pp. 327-352 :http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ccmed_0007-9731_2003_num_46_184_2865
— Baptistère de Sienne : http://www.viaesiena.it/fr/caterina/itinerario/battistero/articoli-del-credo/articoli-della-seconda-campata
— Psautier de Jean de Berry, Enluminures de André Beauneveu 1380-1400 : gallica
— RANSON (Lynn) 2002 A franciscan program of illumination Insights and Interpretations: Studies in Celebration of the Eighty-fifth .publié par Colum Hourihane ..pp 84-89 En ligne
— GAY (Françoise) 1993, Le choix des textes des prophètes face aux apôtres au Credo", in Actes du Colloque Pensée, image et communication en Europe médiévale. A propos des stalles de Saint-Claude - Besançon
— HASENORH (Geneviève), 1993 "Le Credo apostolique dans la littérature française du Moyen-Âge", Actes du Colloque Pensée, image et communication en Europe médiévale. A propos des stalles de Saint-Claude - Besançon
— LACROIX (Pierre) , Renon, Andrée, Mary, Marie-Claude, Vergnolle, Éliane [Publ.] Pensée, image et communication en Europe médiévale. A propos des stalles de Saint-Claude - Besançon (1993).Sommaire en ligne
— GAULTIER DU MOTTAY (Joachim) Répertoire archéologique du département des Côtes-du-Nord, Saint-Brieuc, 1883-1884, extrait des Mémoires de la Société archéologique et historique des Côtes-du-Nord, nouvelle série, T.I, 1883-1884.
— RENON F, relevé du Credo du chœur de la cathédrale de Cambray en 1404 Revue de l'art chrétien: recueil mensuel d'archéologie religieuse, Volume 8 Arras ; Paris 1864 page 262.
— RITZ-GUILBERT, Anne 1993 ; "Aspects de l'iconographie du Credo des apôtres dans l'enluminure médiévale", Pensée, image & communication en Europe médiévale : à propos des stalles de Saint-Claude; Besançon; Asprodic L'auteur analyse les Credo typologiques apparus dans l'enluminure du 13e siècle, puis la version originale qu'en donne Jean Pucelle dans le Bréviaire de Bellevill (Paris, B. N., ms lat. 10483) aux environs de 1323-1326. Le peintre a utilisé le Credo des apôtres comme attribut de la vertu personnifiée de la Foi
—SCHMITT (Jean-Claude), 1989 "Les images classificatrices", in Actualité de l'histoire à l'Ecole des chartes: études réunies à l'occasion publié par Société de l'Ecole des charte 1989 pp.311-341.