Les vitraux du chœur de la cathédrale de Quimper IV. Les baies 106 et 108 et les pupilles au jaune d'argent.
Voir aussi :
Iconographie de saint Christophe dans les vitraux de la cathédrale de Quimper. Une synthèse des cinq exemples étudiés. (Baies 113, 114, 116, 126 et 128)
Les vitraux du chœur de la cathédrale de Quimper. I. Le rond-point du chœur.
Vitraux du chœur II : Les fonds damassés des vitraux du chœur de la cathédrale de Quimper (vers 1417). Baie 100 et 109.
Orphano tu eris adiutor : des armoiries épiscopales dans la cathédrale de Quimper.
L'Arbre de Jessé de l'église de la Sainte-Trinité de Kerfeuteun à Quimper.
Les vitraux de François Dilasser à la chapelle de Ty-Mamm-Doué à Quimper. Octobre 2014
La bannière de Annaïg Le Berre à la chapelle de Ty Mamm Doué, paroisse de Kerfeunten à Quimper.
Exposition de paramentique à Ty-Mamm-Doué : Laurent Bourlès, tailleur des chanoines de Quimper.
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Je poursuis mon étude des 13 vitraux du début du XVe siècle (vers 1417) des fenêtres hautes du chœur de la cathédrale de Quimper : j'ai commencé par les 3 vitraux du rond-point offerts par le duc et la duchesse de Bretagne. Les dix autres ont été offerts par diverses grandes familles du diocèse, qui ont fait appel à 5 ou 6 peintres-verriers différents (Macias-Valadez, 1997 ; Gatouillat, 2015), dont la "main" peut être suspectée, par exemple selon la forme des dais, l'usage de grisailles (100, 109 et 111), les fonds damassés (100 et 109), le jaune d'argent en touche sur le visage (110 et 112), ou sur l' iris des yeux (109, 106 et 108). C'est ce dernier détail que je propose de découvrir sur les deux baies 106 et 108. Un autre point commun les réunit, la présence de marques de repères gravées sur la face extérieure des verres, signalés par le maître-verrier quimpérois jean-Pierre Le Bihan :
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I. LA BAIE 106. Troisième travée du chœur coté sud.
La baie à 4 lancettes et tympan à 3 trilobes et 6 quadrilobes mesure 4,50 m de haut et 2,60 m de large. Elle date des années 1417-1424 et a été largement restaurée par Lusson vers 1867-1869, puis par Messonnet de Quintin en 1992.
Elle est décrite comme " vitrail de la baronnie de Pratanras (Pennars)" en raison de la présence en lancette C et D d'un couple portant les armoiries de la famille de Lezongar, seigneur de Pratanras, mais on y trouve aussi un seigneur de Tréanna en lancette A et de Bodigneau en lancette B. Les saints personnages sont saint Yves, sainte Marie-Madeleine, l'apôtre Bartholomé et sainte Catherine.
Les lancettes diffèrent, parfois, par leur ordre et par leur contenu, de la description donnée par la Monographie de Le Men en 1877 reprise par Thomas en 1892 (après la restauration par Lusson), et de celle de Couffon et Le Bars(1988) avant la restauration de 1992 , mais aussi parfois de celle de Gatouillat (2005) et de Yves-Pascal Castel (2005) publiée après ces restaurations. Des modifications et interversions de panneaux sont donc intervenues depuis, comme en témoigne cette indication de Françoise Gatouillat 2013 p. 186 : "Les alliances figurées n'aident guère à préciser leur identité [des donateurs] d'autant que l'ordre primitif des portraits a pu être changé : deux chevaliers, l'un à cotte timbrée de la macle d'azur des Tréanna, présenté par un saint tonsuré [actuelle lancette A de la baie 106], l'autre portant les armes de Bodigneau et protégé par saint Hervé [actuelle lancette D de la baie 108], ont notamment été intervertis en 1993 pour équilibrer les compositions des baies n°s 106 et 108 ". Mais même cette précision est difficile à interpréter. Aucune des descriptions des différents auteurs que je viens de citer ne correspond à l'état actuel, et la synthèse des différents textes aboutit à un imbroglio inextricable.
Je donne ici la description de Le Men (1877) :
N° 25. Dixième fenêtre (sud). Vitrail de la seigneurie de Pratanras, en la paroisse de Penhars. Quatre panneaux.
1er Panneau. — Chevalier armé. à genoux, vêtu d’une cotte de sable chargée d’une aigle impériale d’argent membrée et becquée d’or, présenté par un saint. Ce panneau est une restauration moderne. On y voyait autrefois l’image de saint Guénolé, premier abbé de Landévennec.
2e Panneau. — Dame à genoux, vêtue d’une robe bleue à corsage jaune, partie bleue au lion d’argent, qui sont les armes du Juch, et partie noire (ou sable) à l’aigle impériale d’argent becquée et membrée d’or. Ces dernières armes sont, celles de la seigneurie de Bodigneau. La dame est présentée par sainte Catherine.
3e Panneau. Chevalier armé à genoux, vêtu d’une cotte d’arme d’azur chargée d’une croix d’or cantonnée à dextre d’une fleur de lys de même, présenté par un saint armé d’une épée [Le couteau de saint Bartholomé ?]. Ce sont les armes des Lezongar, seigneurs de Pratanras.
4e Panneau. — Dame à genoux vêtue d’un surcot bleu portant les mêmes armes. C’est une restauration moderne. Il ne restait dans ce panneau, de l’ancien vitrail, qu’un fragment représentant le buste de sainte Catherine. [Thomas : " Une dame portant les mêmes armoiries. Armes de Pratanras: d'azur à la croix d'or cantonnée à dextre d'une fleur de lys de même.". Couffon : " dame portant les mêmes armoiries".]
Les soufflets ou compartiments du tympan de cette fenêtre contenaient trois écussons des armes pleines ou en alliance des seigneurs de Pratanras, c’est-à-dire : 1° d’azur à la croix d’or ; 2° parti des mêmes armes et de sable à la fasce échiquetée d’argent et de gueules ; 3° parti de Pratanras et d’azur à trois mains dextres appaumées d’argent chargées d’une cotice de gueules (brisure de Guengat)."
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La présence de marques gravées sur la face extérieure des verres, a été signalée par le maître-verrier quimpérois jean-Pierre Le Bihan ; elles étaient destinées à faciliter le repérage des pièces lors de la fabrication et du montage.
" ces marques de repère, une par pièce d'origine. parfois, la même marque dans tout un panneau. d'autre fois, tout au long de la lancette, chaque lancette ayant ainsi son signe de reconnaissance. Ceci est relevé dans les fenêtres 106, 108 et 110; on découvre aussi sur un panneau, la marque d'un restaurateur du XIX°siècle, qui est un M entouré d'un 0. Pour la 106, il est proposé un e, un c, un O barré d'un l au centre, ainsi qu'un triangle. Sur la 112 deux O dont un couronnant une croix, ainsi qu'un 6 . "
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BAIE 106, LANCETTE A. Saint Yves et le seigneur de Tréanna.
La niche architecturée est occupée par un saint dont la tonsure et l'habit blanc nous indique qu'il s'agit d'un moine, ou du moins d'un écclesiastique.L'inscription en lettres gothiques indique S. yvo : il s'agit donc de saint Yves. Le rapprochement se fait avec la lancette C de la verrière n°112 étudiée précedemment, et à propos de laquelle j'avais montré que l'habit blanc et la graphie Yvo étaient attestés dans le Livre d'Heures d'Anne de Mathefelon, un manuscrit d'origine bretonne datant de 1425. J'avais aussi montré le lien associant saint Yves avec la famille de Tréanna, dont l'ancêtre fondateur est Yves de Tréanna. Il n'est pas inutile de compléter ce point de vue par un éclairage sur l'importance accordée au culte de St Yves par le duc Jean V, soit à la cathédrale de Nantes où un portail entier est dédié sur son ordre à Yves Hélory de Kermartin (canonisé en 1347), soit à la cathédrale de Tréguier. Fait prisonnier en février 1420 par les Penthièvre, et détenu pendant cinq mois, le duc Jean V fit vœu, s’il sortait sain et sauf, d’offrir à saint Yves son poids d’argent, destiné à lui édifier un tombeau. Peu après sa libération, il entreprit la construction dans la cathédrale de Tréguier de la chapelle connue sous le nom de chapelle du Duc, qui devait abriter les reliques de saint Yves. Jean V y fut inhumé en 1451, selon son souhaît énoncé en 1421 en raison de" la très singulière dévotion que nous portons au très glorieux Monseigneur saint Yves, duquel le corps gist en l'église de Tréguier "
Dès 1890, La Borderie avait donné une interprétation pertinente de la pensée politique du duc Jean V : « mettre le triomphe des Montforts sous le patronage du grand official (saint Yves, official de Tréguier], et donner pour témoin, pour garant, pour appui au bon droit de cette dynastie l'incorruptible champion de la justice et du droit » .
On a remarqué depuis longtemps que ce saint est tourné de manière incongrue vers l'ouest, du coté opposé au centre du chœur, ce qui ne peut s'expliquer autrement que par une transposition depuis les verrières du coté nord.
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Saint Yves est représenté en grisaille ; il est vêtu de la longue robe blanche à manches évasées, il désigne de l'index droit un livre tandis qu'il présente le donateur de la main gauche ; à son bras gauche est suspendu un sac à procès. C'est le seul attribut qui le distingue dans sa fonction, à défaut du rouleau de parchemin, ou du bonnet de recteur.
http://fonds-saintyves.fr/IMG/jpg/st-yves_alain_bouchard.jpg
Plusieurs croix en X sont retrouvés disséminés sur le verre .
Selon Gatouillat 2005, "saint diacre en chape verte (inscription nominative ?) présentant un chevalier à cotte d'argent au meuble illisible (buste de celui-ci ancien, comme le vêtement du saint, dont la tête d'origine est conservée hors du monument). "
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Le seigneur est figuré en grisaille dans la posture de donateur stéréotypée de tous ces vitraux du chœur : en armure, portant l'épée, agenouillé sur un sol à carrelage bicolore, mains jointes, tourné vers le centre du chœur et la Crucifixion de la baie 100. Ses cheveux blonds (jaune d'argent) sont coupés selon la mode "au bol" de l'époque. Il porte au dessus d'une cotte de maille un tabard blanc portant un grand losange bleu dans lequel s'inscrit un autre losange blanc. Cette marque bleue est la "macle", du latin macula "petite tache" mais aussi "marque", et ici, maille en losange tirant sa forme des cottes de maille. Elle inscrit ici les armoiries des Tréanna Ce sont les armes d'argent à macle d'azur des seigneurs de Tréanna, dont la devise était : Sine macula macla "la macle sans flétrissure".
Le dais, le socle et le fond.
Dais couronné de 9 tourelles en poivrière, perlées, où flottent 4 étendards. Rehauts de jaune d'argent sur les fenêtres à petits losanges, la toiture des tourelles et leur culot. Cette partie évoquant une batisse fortifiée se prolonge par les montants des panneaux sous-jacents, lesquels s'appuient sur un socle hexagonal au sol quadrillé en losanges noirs et blancs.
Mais ces allures fortifiées contrastent avec la partie inférieure du dais, qui évoque l'intérieur d'un édifice religieux, avec des voûtes à larges nervures, une clef de voûte (jaune d'argent), un quadrilobe et des fenêtres au vitrage losangique (surtout visible sur la lancette C).
Les fonds des quatre lancettes sont successivement bleu, vert, rouge et bleu, en verre uni altéré par la corrosion. Ce fond fait figure d'une tenture derrière les personnages, ornée dans sa partie haute d'une bordure jaune à motifs géométriques.
Tout ces éléments n'avaient pas resisté au temps et ont été créés par Lusson au XIXe siècle. Il s'est inspiré des dais de la baie 107.
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BAIE 106, LANCETTE B. Sainte Marie-Madeleine.
La sainte n'est pas mentionnée par les auteurs du XIXe siècle, alors que son nom s'inscrit clairement en lettres gothiques Ma / mada / le / nne. Elle est reconnaissable par sa longue chevelure blonde et par son flacon de parfum.
Selon Gatouillat 2005 : "Sainte Madeleine (tête moderne, inscription nominative de part et d'autre) présentant une donatrice (tête moderne, vêtement ancien, armorié parti du Juch et Botigneau ?)".
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La donatrice, aux cheveux ramassés sur les tempes par une résille sous un touret orné de perles, est vêtue d’une robe à corsage jaune au dessus des armoiries d'azur au lion d'argent, qui sont les armes du Juch, et parti de gueules à l’aigle impériale d’argent becquée et membrée d’or, armes erronées de la seigneurie de Bodigneau puisque d'une part l'aigle esployée de leurs armoiries est becquée et membrée de gueules, et qu'elles se détachent sur un champ de sable (et non de gueules comme ici).
Les seigneurs du Juch sont figurés principalement dans la baie 104. Les armoiries de Bodigneau et du Juc'h figuraient ensemble, et avec celles de Tréanna sur les vitraux et sculptures de l'église de Clohars-Fouesnant, paroisse dont sont originaires les seigneurs de Bodigneau. On trouvait aussi l'association Bodigneau-Juc'h sur les vitres de la chapelle du Perguet à Bénodet.
Le vitrail ancien a été copié par calque par Louis Ottin lors de sa dépose et de son remplacement par une copie vers 1869.
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BAIE 106, LANCETTE C. Saint Bartholomé.
L'apôtre Bartholomé est identifiable par son attribut, le coutelas par llequel il fut dépecé, et par l'inscription indiquant S. Bartho / lo / me[us]. Il s'agit sans-doute du saint portant une épée décrit par Le Men.
Selon Gatouillat et Hérold 2005 : 3e lancette: saint Barthélemy (tête moderne) présentant un donateur en cotte aux armes de Pratanras, « d'azur à la croix d'or » (tête originale conservée hors du monument). .
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Le seigneur qu'il présente est remarquable par l'iris de ses yeux teintés au jaune d'argent. Son tabard porte les armoiries d'azur à la croix d'or cantonnée à dextre d'une fleur de lys de même de la famille de Lezongar, seigneurs de Pratanras. La "fleur de lys" est ici réduite à un losange.
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La tête ancienne qui a servi de modèle est sans-doute celle qui, vendue par l'atelier de Lusson, a été montée dans la partie médiane basse d'un panneau d'antiquaire (collection particulière, Paris) :
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Le dais architecturé.
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BAIE 106, LANCETTE D. Sainte Catherine.
Selon Gatouillat et Hérold 2005 : " sainte Catherine (figure moderne sauf le buste et la roue), et une donatrice dite Catherine de Botigneau (tête moderne, celle d'origine conservée hors du monument) ."
L'inscription en lettres gothiques indique S./ Kathe / ri / na. Sainte Catherine d'Alexandrie se reconnaît à sa couronne, à sa roue de supplice équipée de lames d'acier,
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V.
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La donatrice est comparable à celle de la lancette B, mais sa robe porte les armoiries de Lezongar d'azur à la croix d'or cantonnée à dextre d'une fleur de lys de même, Mais, ici plus encore que dans la baie C, la fleur de lys est réduite à un losange jaune. Rappellons qu'il s'agit d'une restauration du XIXe siècle.
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II. LA BAIE n° 108. Quatrième travée du chœur coté sud. Les seigneurs de Tréanna et de Bodigneau.
Comme la précédente, il s'agit d'une baie de 4,50 m de haut et 2,70 m de large, composée de 4 lancettes et d'un tympan à 10 ajours, datant de 1417-1424, restaurée par Antoine Lusson en 1867-1869 puis par Messonnet en 1992. Elle porte les couleurs des seigneurs de Tréanna, d'argent à la macle d'azur, famille originaire d'Elliant, à 20 km à l'est de Quimper, et celle des seigneurs de Bodigneau, de Clohars-Fouesnant, à 15 km au sud de Quimper.
Le Nobiliaire et Armorial de Pol de Courcy indique :
Tréanna (de), sr dudit lieu et de Botbodern, par. d’Elliant, — de Lanvilliau, par. de Ploraodiern, - de Moros, par. de Lanriec, — du Leuré et de Penanes’h, par. de Saint-Nic, — de Kervern, par. de Dirinon, — de Brignon, — de la Bouêxière, — de Pensornou, par. de Carantec, — de Coëtlespel, par. de Plouédern. -Anc. ext. chev., réf. 1668, huit gén.; réf. et montres de 1426 à 1)62 , par. d’Elliant, Plomodiern, Lanriec, Dirinon et Plouédern, év. de Cornouaille et Léon.
D’argent à la macle d’azur.
Yves, vivant en 1400, épouse Amice de Kerbescat ; Yves, combattit à la bataille de Formigny en 1450 et était capitaine de Concarneau en 1177 ; un chevalier de l’ordre en 1022 ; un page du Roi en 1741.
La branche aînée a porté la seigneurie de Tréanna dans la famille deTinténiac, puis Harquin et Muzillac ; la branche de Pensornou, fondue en 1755 dans Coëtlosquet ; la dernière branche fondue dans Kergariou.
A l'époque de la réalisation de ces vitraux, Jean II de Tréanna était chanoine du chapitre de Quimper (de 1394 à 1424) ; le 26 juillet 1424, il assiste à la fondation des tours de la cathédrale en présence de l'évêque Bertrand de Rosmadec. La macle qui figure à la voûte du chœur sur la nervure de gauche du rond-point (dans un éventail autour des armoiries du duc Jean V) lui correspond vraisemblablement. Avant lui, Yves était official (juge écclesiastique) du chapitre entre 1328 et 1348 et Jean I entre 1330 et 1342. Cette famille a participé à la donation des baies 106, 107, 108, 110, 112, pour la première campagne de création de vitraux dans le chœur, et des baies 116 et 124 lors de la campagne de réalisation des vitraux du transept et de la nef 70 ans plus tard. La baie 116, précisément, a été offerte en 1496 par Geoffroy de Tréanna, chanoine de Quimper et recteur de Crozon. Lors de l'édification de la façade occidental, les armoiries familiales furent sculptées au dessus du tympan au coté de celles de trois autres grands vassaux de l'évêque Bertrand de Rosmadec.
Les saints invoqués pour leur patronage sont deux saints évêques ( saint Nicolas et saint [P-van]), un saint non identifié et un saint moine (saint Hervé).
N° 26. Onzième fenêtre (sud). Vitrail de la seigneurie de Tréanna, en la paroisse d’Elliant,. Quatre panneaux.
1er Panneau. — Chevalier armé, à genoux, vêtu d’une cotte blanche chargée d’une macle d’azur, présenté par un saint évêque. Ce sont les armes des seigneurs de Tréanna, dont la devise était : Sine macula macla. Il ne restait dans ce vitrail, avant sa restauration, que la parti e inférieure des personnages.
2e Panneau. — Chevalier armé, à genoux, vêtu d’une cotte blanche chargée de trois fasces ondées d’azur (fascé, ondé d’argent et d’azur ?), présenté par un saint qui tient une bannière aux mêmes armes. Comme la partie supérieure de ce panneau manquait avant sa restauration, le fragment que l’on a pris pour une hampe de bannière était probablement le bâton d’une crosse.
3e Panneau. — Chevalier dans l’attitude des précédents, vêtu d’une cotte blanche portant de sable à l’aigle impériale d’argent becquée et membrée de gueules (Bodigneau), présenté par un saint évêque.
4e Panneau. — Chevalier vêtu comme celui du premier panneau, et portant, comme lui, une macle d’azur sur sa cotte blanche, présenté par un saint religieux, peut-être saint Bernard.
Selon Thomas :
Onzième fenêtre. - 1"· Vitrail de Tréanna
1. Un seigneur de Tréanna présenté par un saint évêque ;
2. Un chevalier portant armoiries et bannière sorties de l'imagination du peintre-verrier ;
3. Un seigneur de Bodigneau présenté par un saint évêque ;
4. Un seigneur de Tréanna présenté par un saint moine vêtu de blanc ; probablement saint Maurice de Carnoët.
Selon Couffon et Le Bars :
108 vitrail de la seigneurie de Tréanna
a un évêque présentant un chevalier à genoux à la cotte blanche chargée d'une macle d'azur - sine macula macla - de Tréanna (panneau de Lusson).
b saint à la bannière armoriée présentant un chevalier à genoux à la cotte blanche chargée de trois fasces ondées d'azur.
c saint évêque présentant un chevalier aux armes des Bodigneau cf 106 a.
d saint Maurice de Carnoët (?) présentant un seigneur de Tréanna.
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Comme dans la baie n°106, ce vitrail a été fort détérioré, et il ne restait avant la restauration d'Antoine Lusson, que la partie inférieure des personnages de la lancette A et B, ainsi que la plus grande partie de la lancette C.
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BAIE 108, LANCETTE A.
"Saint évêque (buste moderne) présentant un chevalier (assez bien conservé)" (Gatouillat 2005).
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a) Saint évêque.
L'inscription en lettres gothiques indique S. ni / a / o / lois. Yves-Pascal Castel propose judicieusement d'y lire le nom de saint Nicolas.
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b) donateur.
Chevalier en armure, au visage jeune, mains jointes, agenouillé devant une tenture verte, et portant sur son tabard la macle d'argent à l'intérieur d'une macle d'azur le désignant comme un membre de la famille des Tréanna.
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Le modèle copié par Louis Ottin alors qu'il travaillait à la restauration de la verrière avec Lusson :
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Dais.
Dais rehaussé de jaune d'argent, à trois gables couronnés d'un fleuron et centrés par un quadrilobe ou multilobe, au dessus d'une voûte à croisée d'ogives et de fenêtres à verres losangiques.
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BAIE 108, LANCETTE B.
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Gatouillat et Hérold (2005) la décrivent comme "un saint barbu tenant un étendard et présentant un seigneur (têtes modernes)" alors que Le Men suggère de voir dans la hampe de la bannière la restauration d'une probable crosse d'évêque ; Yves-Pascal Castel ajoute " cela cadrerait avec l'inscription S. DE / RIE.(saint Derrien ?) ". Pour ce dernier auteur, le chevalier revêt une cotte blanche chargée de trois fasces ondées d'azur. Ce pourrait être la reproduction incorrecte des armes de la famille des Langueouez : fascé ondé d'or et d'azur au chef de gueules. Ces dernières armes se remarquent à la voûte de la nef de la cathédrale.
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BAIE 108, LANCETTE C.
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Gatouillat 2005 : "Saint évêque présentant un seigneur de Bodigneau selon Thomas (assez bien conservé ; cheveux teintés de jaune d'argent)".
"Chevalier vêtu d'une cotte blanche portant de sable à l'aigle impériale d'argent becquée et membrée de gueules (Bodigneau) présenté par un saint évêque inscription S:P---DAU ou VAN (?)" (YPC 2005)
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BAIE 108, LANCETTE D.
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"Saint diacre tourné vers l'ouest (inscription SY ?...; tête d'origine conservé en dehors du monument), et un seigneur de Tréanna en cotte armoriée "d'argent à la macle d'azur " (assez bien conservé." (Gatouillat 2005 p.177).
"Le chevalier, vêtu comme celui du premier panneau et portant comme lui une grande macle d'azur sur sa cotte blanche, est présenté par un moine, un livre dans la main droite dont l'identité semble confirmé par l'inscription SH / ERV / US. Saint Hervé ..." (Yves-Pascal Castel 2005 p.65).
Aucune de ces deux descriptions ne correspond à l'état actuel de la lancette, même en tenant compte de l'interversion avec la lancette A de la baie n°106.
L'inscription est délicate à décrypter mais la leçon de Y-P. Castel est inexacte, et on lit S: her / ve / us, si on accepte d'interpréter la première lettre du prénom comme un -h- et les lettres -n- comme des -v- ou des -u-. Mais dans ce cas, le saint ermite aveugle breton serait dépourvu de ses attributs caractéristiques : son bâton, son guide Guiharan et son loup apprivoisé.
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La tête ancienne du saint, (au centre de la rangée supérieure) conservée sur un "panneau d'antiquaire", Paris , collection privée.
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Sa copie en calque par Louis Ottin lorsqu'il travaillait avec Lusson à la restauration des baies :
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SOURCES ET LIENS.
—Cathédrale Saint-Corentin de Quimper. Inauguration du portail occidental, 12 décembre 2008 : http://www.sdap-finistere.culture.gouv.fr/fichiers/dossiers/mon8-fasciculecathedrale2008v2ds.pdf
—ANDRÉ (Augustin), 1878, De la verrerie et des vitraux peints de l'ancienne province de Bretagne, Rennes, Plihon, in-8°, 281 p. (Extr. des Mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, t. XII.) page 299-304.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2077642/f326.image
— AYMAR DE BLOIS (1760-1852), vers 1820. On doit à ce neveu du chanoine de Boisbilly une description des vitraux vers 1820.
A. de Blois, héritant de ce registre de Boisbilly, en fait don à l'évêque André, le 5 janvier 1804, mais le ré-annote en 1820 et 1821 et donne alors la description des vitraux et leur état. Il le remit de nouveau à l'évêque de Quimper, Mgr Graveran, le 5 septembre 1842 "pour l'usage de la cathédrale ". Il rajoute "malade d'une fluxion, charge son fils Louis de le remettre à l'évêque". (J-P. Le Bihan)
— BOISBILLY (Jean-Jacques-Archibald le Provost de la Boexière ,Chanoine de), vers 1770, Registre de Boisbilly, Arch. Dioc. Quimper, ,
Jean-Jacques Archambault Provost de Boisbilly (1735-1786). Docteur en théologie de la Sorbonne, vicaire général du diocèse de Rennes, il était abbé commandataire du Tronchet et chanoine de Quimper. Il possédait une des plus érudites bibliothèques de Quimper et on lui doit par ailleurs un plan de la cathédrale dressé en 1770 qui est une des sources les plus importantes sur la cathédrale avant la Révolution. Il avait dessiné l'architecture des fenêtres de la cathédrale en pleine page de 1770 à 1772. Ce travail devait être complété par la suite avec les dessins des vitraux, mais il fut malheureusement appelé à d'autres fonctions.
"La cathédrale de Quimper, qui figure au nombre des Monuments historiques du département du Finistère, n’a été jusqu’ici l’objet d’aucune publication de quelque importance. Vers l’année 1770, l’abbé de Boisbilly, syndic du chapitre de Quimper, avait, en vue d’une histoire de ce monument, réuni de nombreuses notes, et fait dresser un plan de l’église avec ses chapelles et ses autels. Dans sa réunion générale du 14 mai 1772, le chapitre le « pria de continuer l’ouvrage qu’il avait commencé sur la description détaillée de l’église cathédrale, » et décida « qu’il en serait fait un registre particulier. » (1)1 Sur ces entrefaites, l’abbé de Boisbilly fut appelé à Rennes pour prendre part aux travaux de la Commission intermédiaire des États de Bretagne dont il faisait partie. Les affaires importantes et multipliées de la Province ne lui permirent pas de mener à bonne fin son entreprise. Ses notes furent perdues, et il n’est resté comme souvenir du projet qu’il avait formé, qu’un registre grand in-folio, qui contient avec le plan de la cathédrale, les dessins au trait de ses fenêtres, dessins qui devaient être complétés par la peinture des vitraux. M. de Blois (de Morlaix), neveu de l’abbé de Boisbilly, a fait hommage de ce registre à Mgr l’évêque de Quimper, le 5 septembre 1849. Avant de s’en dessaisir, il avait pris le soin d’écrire au-dessous des dessins des fenêtres, une description sommaire des vitraux qu’elles contenaient encore en 1820 et 1821, mais à cette époque beaucoup étaient entièrement détruits. " (R-F. Le Men)
— BONNET (Philippe) 2003, Quimper, la cathédrale, Zodiaque, Paris
— BRUNEL (Christian), 2004, La réédification du tombeau de saint Yves : l’histoire au service de l’Église. In Saint Yves et les Bretons: Culte, images, mémoire (1303-2003), sous la direction de Jean-Christophe Cassard et Georges Provost, Presses Universitaires de Rennes p. 111-123 http://books.openedition.org/pur/22403?lang=fr
— COUFFON (René), 1963, « Etat des vitraux de la cathédrale Saint-Corentin au milieu du XIXe siècle par le baron de Gulhermy », Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, tome LXXXIX, p. XCVII-CII
— COUFFON (René) LE BARS ( Alfred) 1988, Diocèse de Quimper et de Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988, 551 p. http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/Quimper.pdf
— DANIEL (Tanguy), (dir.), Anne Brignandy, Yves-Pascal Castel, Jean Kerhervé et Jean-Pierre Le Bihan, 2005, sous la direction de, Les vitraux de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper, Presses Universitaires de Rennes / Société Archéologique du Finistère, 287 p. (ISBN 978-2-7535-0037-2).
— GALLET (Yves), Les ducs, l’argent, les hommes ? Observations sur la date présumée du chevet rayonnant de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper (1239) p. 103-116 http://books.openedition.org/pur/5315
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— GATOUILLAT (Françoise), 2013, "Les vitraux de la cathédrale" , in Quimper, la grâce d'une cathédrale, sous la direction de Philippe Bonnet et al., La Nuée Bleue, Strasbourg, page 185-203,
— GATOUILLAT (Françoise), 2009, "Quimper, cathédrale Saint-Corentin. Les vitraux anciens."Actes du Congrès Archéologique de France 2007 de la Société Française d'Archéologie.
— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, p. 172.
— GUILHERMY (Ferdinand de), 1848-1862, Notes sur les diverses localités de France, Bnf, Nouv. acquis. française 6106 folio 335v et suivantes.
Le baron de Guihermy, membre de la Commission des Arts, visita Quimper le 2 octobre 1848 et rédigea un mémoire d'après ses notes. Nommé membre de la Commission des Monuments Historiques en 1860, il entreprit un voyage en France et séjourna à Quimper du jeudi soir 28 octobre 1862 au samedi 30 à midi et compléta alors ses premières notes.
—LAFOND (Jean), 1962," Le Christ en croix de la cathédrale de Quimper à Castelnau-Bretenoux", Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France p. 36-38.
— LA VALLÉE, 1847, "Essai sur les vitraux existant dans les églises du canton de Quimper", Bulletin archéologique de l'Association bretonne, t.I, p. 263-277.
— LE BIHAN (J.-P.), J.-F. Villard (dir.), 2005, Archéologie de Quimper. Matériaux pour servir l’histoire, t. 1 : De la chute de l’Empire romain à la fin du Moyen Âge, Quimper, 2005.
— LE BIHAN (J.-P.) 1993,, -"Gravures de repère sur les vitraux bretons des XVe et XVIe." Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXII
ou blog du 10 février 2010 :
http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-les-vitraux-et-leurs-gravures-de-repere-en-bretagne-44640076.html
—LE BIHAN (Jean-Pierre), 1995, « La restauration des verrières hautes de la cathédrale de Quimper, » Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXIV, p.524-525
— LE BIHAN (Jean-Pierre), 1997,« La verrière n°100 de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper », Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXVI, p. 175-201.
— LE BIHAN (Jean-Pierre), 2007, Blog
http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-7003763.html
— LE MEN (René-François), 1877, Monographie de la cathédrale de Quimper [XII-XVe siècle], Quimper. p.21,
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/1e08593c46eb46336af146045b16d0f4.pdf
— MACIAS-VALADEZ (Katia), 1997, "Les vitraux des fenêtres hautes de la cathédrale de Quimper : un chantier d'expérimentation et la définition d'un style quimpérois", Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, t. LXXV, p. 204-242.
— OTTIN (L.), Le Vitrail, son histoire, ses manifestations diverses à travers les âges et les peuples, Librairie Renouard, H. Laurens éditeur, Paris, s.d. [1896] In-4°, 376 pages, 4 planche en couleurs, 15 phototypies, 12 planches en teinte hors texte, 219 gravures, de signatures, marques et monogrammes.
https://archive.org/stream/levitrailsonhist00otti#page/42/mode/2up
— THOMAS (Abbé Alexandre), 1892, Visite de la cathédrale de Quimper. Arsène de Kerangal, 170 pages,
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c9d5dca31c276caf2782d0a4b99a85ce.pdf
— THOMAS (Abbé Alexandre) 1904, La cathédrale de Quimper, 1904, J. Salaun, 97 pages, p.51
— YEURCH (Bertrand) 2012, "Les premières entrées épiscopales en Bretagne ducale", Britannia Monastica 16, 2012, p. 93-161. https://www.academia.edu/1949697/Les_premi%C3%A8res_entr%C3%A9es_%C3%A9piscopales_en_Bretagne_ducale