Les vitraux de la chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet: la verrière de saint Jacques le Majeur (1548) ou baie n°2.
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Voir aussi :
Les vitraux de Notre-Dame-du-Crann à Spézet : l'Adoration des Mages et des Bergers ou Baie 3 (1546).
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Et sur la légende de saint Jacques :
- La chapelle saint-Jacques de Merléac. La maîtresse-vitre (1402). I. La Vie de saint Jacques.
- La chapelle Saint-Jacques de merléac : les statues.
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Avec ses 2,70 m de haut et ses 1,50 m de large, la baie n°2 (la première des fenêtres à droite de la baie d'axe) éclaire par l'est le bras sud du transept. Elle comporte deux lancettes cintrées et un tympan à 3 ajours. La verrière qui la ferme est consacrée au martyre et au transfert des reliques de saint Jacques le Majeur. Les six panneaux des lancettes sont organisés en deux registres. La verrière n'a été que peu restaurée, en 1918, par l'atelier parisien d'Alfred Bonnot : le panneau inférieur droit a été complété et le reste est bien conservé.
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la verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.
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D'après la tradition, la chapelle était une étape pour les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle qui traversaient la Bretagne, lorsque ceux-ci partaient de Saint-Pol-de-Léon ou de Locquirec. Cette voie, passant par Morlaix, Spézet, Gourin, et Le Faouët rejoignait à Quimperlé la voie débutant à la Pointe Saint-Matthieu et se poursuivant par Brest, le Faou, et Chateaulin.
http://www.bretagne-rando.com/stjacquesdecompostelle.php
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Saint Jacques est également représenté par une statue en bois polychrome du XVIe siècle, où il trône en majesté, bourdon dans la main droite et phylactère dans la main gauche. C'est le modèle galicien, dont on trouve 14 exemples en Bretagne du XIVe au XVIe siècle (J. Roudier), dont 1 vitrail (Merléac), 7 statues en pierre (dont Merléac), et 5 statues en bois (Tréméven, Boquého -perdue-, Spézet, Merléac, et Pont-Croix) . Mais ils s'inspirent des statues de Santiago en Maxestade de Galice :
«L’image de Saint-Jacques assis, en majesté ou en chaire, apparaît pour la première fois dans la cathédrale de Compostelle dans une sculpture créée par le Maître Mateo pour le meneau du Portique de la Gloire (1188 env.). Cependant, ce type iconographique ne sera pas très fréquent. Saint-Jacques est présenté comme apôtre (tunique et cape, pieds nus et un phylactère ou livre sacré), mais assis sur une somptueuse chaise ou trône.
Le phylactère présente normalement un texte faisant allusion à sa mission évangélisatrice; ainsi, sur la sculpture du Portique de la Gloire, on peut lire la phrase Misit me Dominus («Le Seigneur m’a envoyé»).
La crosse en forme de «Tau» qu’il soutient dans une de ses mains était la forme traditionnelle des bâtons cérémoniaux que les archevêques portaient et il rappelait la houlette utilisée par les apôtres lors de leurs marches pour diffuser les enseignements du Christ. Ainsi, la crosse favorisait l’idée de la mission apostolique demandée directement par Jésus à Saint-Jacques. Elle servait aussi à intensifier l’importance de Compostelle comme siège épiscopal.
Le texte Hic est Corpus Divi Iacobi Apostoli et Hispanorum Patroni («Ici gît le Corps du Divin Apôtre Saint-Jacques Patron des Royaumes Hispanique») apparaît inscrit sur son phylactère. Postérieurement, en 1250 environ, une autre sculpture en pierre de la même image est taillée pour une chapelle de la même cathédrale mais, cette fois-ci, elle est couronnée, en symbolisant l’Apôtre qui règne. Quant à ce modèle iconographique, on peut voir sur saint Jacques différents éléments qui identifient les pèlerins: l’escarcelle, la calebasse, la pèlerine ou le chapeau. Les représentations de Saint-Jacques assis ne vont pas au-delà du XVe siècle. Mis à part la zone d’influence de la Galice, il y a peu d’exemplaires en France, quelques uns en Bretagne, peut- être en raison de l’intensité des pèlerinages maritimes réalisés depuis cette région." http://museoperegrinacions.xunta.gal/sites/default/files/pdf/PDF_FRANCES/SALA-7-FRANCES-2011.pdf
Iconographie galicienne :
— Galego: Santiago en maxestade (anónimo, ca. 1340). Procede da igrexa de Santiago de Ribadavia (Ourense) e formou parte da exposición "O Camiño, a Orixe", na Cidade da Cultura de Santiago de Compostela (2015). auteur Lameiro Wikipédia
https://gl.wikipedia.org/wiki/Ficheiro:Santiago,_Cidade_da_Cultura,_Cami%C3%B1o,_a_Orixe_01-13b.JPG
— Exposición Camino El Origen. Museo Gaiás. Santiago de Compostela 13-03 a 13-09 2015. Parte 2.
— Parteluz del pórtico de la Gloria de la catedral de Santiago de Compostela. MarisaLR - Travail personnel https://es.wikipedia.org/wiki/Camino_de_Santiago#/media/File:Parteluz_de_l_p%C3%B3rtico_de_la_Gloria.jpg
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Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.
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Il est logique de débuter la lecture du vitrail par le tympan.
LE TYMPAN.
Au sommet, Dieu le Père accueille l'âme de l'apôtre, représentée sous forme d'un homme nu, barbu et nimbé.
A droite, a lieu la décollation de saint Jacques, vêtu d'une cape rouge, tenant le bourdon et coiffé du chapeau de pèlerin à coquille Saint-Jacques . Deux paires de bourdonnets sont fixès en croix de chaque coté de la coquille.
A gauche, décollation du scribe Josias devant Hérode Agrippa.
Jacques, fils de Zébédée et frère aîné de l'apôtre Jean, est le seul apôtre dont la mort est rapportée dans le Nouveau Testament : « Il (Hérode) fit périr par le glaive Jacques, frère de Jean. » (Actes, XII:2)
Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.
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Registre supérieur.
Décapité, le corps du saint est embarqué par ses disciples dans un bateau sans gouvernail sous la protection d'un ange.
La barque accoste devant une ville de Galice (c'est bien-sûr Compostelle) gouvernée par la reine païenne Lupa, "La Louve" . La roche devient molle comme de la cire et se moule (en forme de coquille) autour du corps.
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Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.
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Registre inférieur.
Sous une frise architecturale formant dais : transfert des reliques de saint Jacques sur un char tiré par deux taureaux jusqu'au palais de la reine Lupa.
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Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.
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Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.
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Inscription : la partie gauche, devenue illisible, a été remplacée par des caractères fantaisistes mais Ottin (s.d, [1896]) a lu iiil vc XL viij charles champion.
De même, en 1891, Abgrall a lu la date de mil Vc XLVIII (1548) suivi de Charles Quampion fabrique.
Il s'agit du même fabricien qui a commandité et inscrit son nom et la date 1548 sur la baie de saint Laurent à gauche de la baie axiale.
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Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.
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SOURCES ET LIENS.
— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie) 1909 : La chapelle de Notre-Dame du Crann en Spézet (Bulletin de la Société archéologique du Finistère).
— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), 1891, Bulletin de la Société archéologique du Finistère page XXVI
https://archive.org/stream/bulletin78frangoog#page/n42/mode/2up
— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), Inscriptions...
http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf_divers/abgrall_inscriptions-gravees.pdf
— Bulletin monumental 1912 page 359 :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k31102s/f468.item.zoom
— ARLAUX (Claire), 2006, La chapelle de Notre-Dame-du-Krann à Spézet, ed. Keltia Graphic.
— COUFFON (René) LE BARS (Alfred), 1988, Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper et de Léon, Quimper, Association diocésaine, 551 p.
http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/SPEZET.pdf
— GATOUILLAT (Françoise), HEROLD (Michel), 2005, Les Vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum VII, Presses Universitaires de Rennes, page 197.
— OTTIN (Louis), s.d. (1896), Le vitrail; son histoire, ses manifestations à travers les âges et les peuples, pages 244-246 (plan).
https://archive.org/stream/levitrailsonhist00otti#page/246/mode/2up
— PÉRENNÈS (chanoine Henri), 1931, La chapelle Notre-Dame-du-Crann en Spézet, Quimper, imprimerie cornouaillesse. Reprise des articles du BDHA de 1930-1931
http://www.saintgoazec.com/public/upload/file/bd129a3e102efe309069ffc860992d51.pdf
— Site infobretagne :
http://www.infobretagne.com/spezet-chapelle-notredameducrann.htm
— Bulletin de la Société archéologique du Finistère 1903 page 290:
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k109982z/f297.image