Un lion portant un masque FFP contre la Covid : les étonnantes crossettes de la façade nord de l'église de Plougonven restaurées par le groupe ART-Villemain de Plélo en 2020 .
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Tous mes remerciement à madame Sophie Hérault pour ses informations.
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— Cet article appartient à une étude des crossettes du Finistère (ou de Bretagne) destinée à permettre des comparaisons et à dégager des constantes stylistiques et thématiques. On consultera sur ce blog :
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L'église Sainte-Marie-Madeleine de Dinéault VII. La crossette.
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L'enclos paroissial de Pencran I. Les crossettes du porche (1553).
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L'enclos paroissial de Brasparts. II. Le clocher et ses gargouilles. L'ossuaire et les crossettes.
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La Collégiale Notre-Dame du Folgoët VI : les crossettes du Doyenné.
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Les sculptures extérieures de l'enclos paroissial de Sizun (29).
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L'église Notre-Dame de Rumengol. V : les gargouilles et crossettes.
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L'église Saint-Salomon de La Martyre. IV. L'ossuaire, les inscriptions et les crossettes.
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Les crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz à Roscoff (1522-1545).
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La chapelle Notre-Dame de Berven en Plouzévédé III. Les crossettes (1573-1579).
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Les crossettes des maisons du XVIe et XVIIe siècle de Roscoff. (vers 1560)
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Les crossettes et les gargouilles de l'église de Loc-Envel (22).
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Les crossettes et gargouilles de l'église de Lampaul-Guimilau.
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La sirène et l'ange de l'église de Landévennec. Les deux crossettes nord et sud (pierre de Logonna, 1693 ?) de l'église de Landévennec
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Ploéven VIII. Les six crossettes (granite, XVIIe siècle) de la chapelle Saint-Nicodème.
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Les 22 crossettes (granite, vers 1489-1517 ??) du château de Pontivy.
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Les sculptures extérieures de l'église de Guengat. Gargouilles, crossettes, inscriptions et cloches.
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PRÉSENTATION.
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En 2019, la restauration de l'église Saint-Yves de Plougonven, classée Mh le 7 mars 1916, a débuté sous la maîtrise d'ouvrage de madame Marie-Suzanne de Ponthaud, ACMH, suite à son diagnostic de 2016. Elle se poursuivra pour 48 mois jusqu'en 2025.
Selon la Fondation du Patrimoine, "Le projet de restauration a pour ambition de restituer l’esthétique de l’église Saint-Yves en rétablissant les éléments de sculpture manquants et en intégrant des éléments contemporains afin d’améliorer la présentation, la lisibilité du monument ainsi que son usage. "
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Après un démarrage en 1481, l'édifice a été construit entre 1511 et 1523 par Philippe Beaumanoir sur le modèle de l'église de Ploumiliau (22). Au XVIIe siècle, une sacristie fut placée contre le porche. Pour agrandir le chœur, son chevet initialement plat a été déplacé vers l'Est et modifié en1702. Au XIXe siècle, l'ancienne sacristie a été détruite et remplacée par une nouvelle sacristie polygonale contre le transept nord. L'édifice a presque entièrement brûlé dans un incendie du 1er mars 1930 (voir les impressionnantes photos des ruines ici) puis presque exactement rétabli dans son état ancien jusqu'en 1933. La sacristie a été détruite et réaménagée dans une chapelle.
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Chacun des rampants des lucarnes ou pignons de ses sept chapelles, et des autres baies (sacristie, chevet), chacun de ses angles, et chaque contrefort du porche sont décorés de crossettes, ou, du côté est, de gargouilles. Le nombre de ces éléments sculptés, auquel s'ajoute celui des gargouilles de la tour clocher, est donc considérable, mais ce sont les lions et les chiens qui y sont très largement représentés : l'absence de dragons est notable. Les seules façades nord et sud en comptent une vingtaine.
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Le lot n°1, Maçonnerie et taille de pierre, a été attribué à l'entreprise ART, GROUPE VILLEMAIN de Plélo (35).
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J'ai fait un premier inventaire photographique des crossettes en 2016 et en 2017 avant restauration, et j'ai ré actualisé mes clichés en juin 2022 après restauration des 41 crossettes et gargouilles. Une comparaison est donc possible, et instructive.
La façade nord voit se succéder, comme le montre le plan, les deux lucarnes des baies 19 et 21, puis, la nef s'élargissant, les trois pignons des chapelles N1, N2 et N3, puis, après un nouvel élargissement, la baie 11 de la sacristie.
Les crossettes sont les suivantes, en partant de l'ouest :
- Cn1 (Crossette nord 1), Rampant de l'angle nord-ouest : un lion masqué.
- Cn2 : rampant droit de la baie 21 : un porc.
- Cn3 : rampant gauche de la baie 21 : un chien.
- Cn4 : rampant droit de la baie 19 : un chien.
- Cn5 : rampant gauche de la baie 19 : un chien.
- Cn6 : rampant droit du pignon de la baie 17, chapelle N1 : un lion.
- Cn7 : rampant gauche du pignon de la baie 17, chapelle N1 : un lion.
- Cn8 : rampant droit du pignon de la baie 15, chapelle N2 : un lion.
- Cn9 : rampant gauche du pignon de la baie 15, chapelle N2 : un chien.
- Cn10 : rampant gauche du pignon de la baie 11, chapelle N3 : un chien.
- Cn11 : rampant gauche du pignon de la baie 11, chapelle N3 : une femme nue (brisée).
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Je ne présenterai dans cet article que les deux crossettes Cn1 et Cn2 qui accueillent le visiteur qui, étant passé devant l'ossuaire et le porche ouest, parvient à l'angle nord-ouest de l'église, car ces deux pierres d'amortissements sont modernes.
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La crossette Cn1 du rampant du pignon, angle nord-ouest. Granite, entreprise ART 2020.
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En 2016, seul l'arrière-train d'un animal et sa queue sinueuse étaient visibles, toute la partie saillante de la pierre d'amortissement étant brisée et perdue.
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Par assimilation avec la crossette intacte Cn6, il était possible d'attribuer cette queue à un lion.
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Ce bloc a été conservé après sa dépose en 2020 : on la voit posée sur le terre-plein précédant l'ossuaire.
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Le sculpteur de l'entreprise ART-Groupe VILLEMAIN a créé une nouvelle crossette figurant un lion, globalement semblable aux autres lions assis de l'édifice, mais sans souci de copie d'ancien, ce qui est parfaitement conforme aux principes de restauration modernes.
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Le fouet de la queue est bien représenté, ainsi que la fourrure bouclée des pattes. La crinière est plissée en deux (et même trois) étages. La gueule ouverte laisse pendre une longue langue. La toison bouclée du front est présente.
Il y fait référence aux deux lions les plus spectaculaires, celui de l'angle sud-ouest de l'église (qui sert d'emblème à l'Association de restauration), et celui de l'ossuaire.
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Néanmoins, malgré ces références à l'existant, le sculpteur a accentué la profondeur des yeux, et, surtout, il a placé un masque sur la gueule de son lion, avec ses élastiques entourant ses oreilles. Il fait ainsi allusion au contexte sanitaire de pandémie par le coronavirus 2019 [Covid-19] qui a concerné notre pays depuis janvier 2020, a imposé un confinement strict du 17 mars au 11 mai 2020, puis en octobre-novembre 2020. Le port d'un masque" chirurgical" a été recommandé aux français mais ce conseil s'est initialement heurté à la situation de pénurie nationale.
En août 2020, le port du masque a été obligatoire dans les lieux publics, et le 1er septembre à l'école aux enfants de plus de 10 ans, puis hors domicile et dans les milieux clos.
Nous pouvons donc dater cette crossette de 2020 ou 2021 (ou jusqu'en 2022?). J'ai demandé par mail des informations complémentaires à l'Association pour la restauration de l'église.
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La crossette Cn2 du rampant du gable de la première lucarne baie 21 : un porc. Granite, entreprise ART-VILLEMAIN 2020.
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1°) Avant restauration. Cliché de 2017.
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1°) Après restauration.
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La même "main" de sculpture, reconnaissable à ses yeux en lunettes, a créé ce cochon grimaçant. Il a pu s'inspirer de la crossette qui, en façade orientale, vient juste après la sacristie. Pourtant, l'agrandissement de mon cliché de la lucarne (je n'avais pas pris ce qui restait de la crossette en gros-plan) montre que la queue de l'animal n'était pas en tire-bouchon, mais ressemblait à celle d'un chien ou d'un renard.
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PROLOGUE.
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Je reçois de madame Sophie HERAULT, adjointe municipale à la culture et présidente de l'Association pour la restauration de l'église, toutes les précisions souhaitées sur notre Cn1.
L'Association a fait appel, pour le projet de restauration de cette crossette — désignée comme "chimère"— aux artistes de la commune. Elle a reçu trois propositions, qui ont été soumises aux autorités de tutelle, madame Marie-Suzanne de PONTHAUD, madame Maryline QUÉRO de la Drac de Rennes, et monsieur Olivier THOMAS, architecte en chef des bâtiments de France pour l'antenne Nord-Finistère à Brest. Le dessin qui a été retenu fut celui de monsieur Charlick d'AVIAU de THERNAY, sculpteur, et vice-président de l'Association.
Ce dessin daterait de septembre 2020, ce qui est parfaitement cohérent avec l'actualité de la fin d'été 2020 concernant les obligations et contraintes du port du masque et la progression de la pandémie dans notre pays, connue sous le nom de "deuxième vague" (nouvelle hausse de cas de septembre à novembre 2020 entrainant le deuxième confinement).
La décision prise, la réalisation du dessin fut confié aux sculpteurs du groupe Villemain et réalisé en leurs ateliers de Plélo. Mais le sculpteur, mal informé de la disposition des lieux, a créé un lion dont la tête était tournée vers l'est : cet essai fut écarté (il est encore conservé et exposé dans les locaux du Point Information).
Le deuxième essai fut accepté, et mis en place en mai 2022. Comme je l'avais présumé, il suscita les réactions, jamais négatives, des visiteurs et les demandes d'informations concernant le lion masqué arrivent presque en tête, juste après les questions concernant le calvaire.
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Madame HÉRAULT a rédigé, pour le dernier bulletin municipal, une page dans lequel elle publie cinq photographies de la réalisation de la sculpture.
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N.b. On pourra se demander de quel accessoire prophylactique le lion aurait hérité si sa restauration aurait été entreprise dans les années 1983-1995.
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SOURCES ET LIENS.
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— ASSOCIATION POUR LA RESTAURATION DE L'EGLISE SAINT-YVES DE PLOUGONVEN.
http://www.plougonven.com/1/association_pour_la_restauration_de_l_eglise_saint_yves_de_plougonven_3109645.html
—BLANCHARD (Romain), 2015, Dossier IA29131782 réalisé en 2015 , Inventaire du patrimoine
http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/enclos-paroissial-eglise-paroissiale-calvaire-et-chapelle-funeraire-plougonven/78a19ab6-6fb5-4f5a-ae48-54be97237057
—CASTEL (Yves-Pascal), 2002 "Le calvaire de Plougonven", Actes du Congrès de Morlaix, Mémoires de la société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, Tome LXXX, 2002, p.755-760.
https://www.diocese-quimper.fr/wp-content/uploads/2021/01/plougonven.pdf
—COUFFON, René. "Un atelier architectural novateur à Morlaix à la fin du 15e siècle", Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, t. XIX, 1938, p. 65-89.
—COUFFON, René, LE BARS, Alfred. Diocèse de Quimper et de Léon. Nouveau répertoire des églises et chapelles. Quimper : Association Diocésaine, 1988.
—BARBIER, Pierre. Le Trégor historique et monumental : étude historique et archéologique sur l´ancien évêché de Tréguier. Bouhet, la Découvrance, L´amateur averti, 2005, 468 p. Non consulté
— LE GUENNEC (Louis) L'église de Plougonven (Plougonven, étude archéologique, historique et ethnographique, p.133-136,1922).
"La chapelle funéraire offre une ordonnance assez fréquente de petites baies ouvertes dans le mur, au-dessus d'un soubassement. L'édicule se termine par deux pignons dont les gâbles sont ornés de crochets et s'amortissent sur des animaux.
L'église est un édifice de la fin du 15e et du début du 16e siècle. Le clocher et le portail latéral sont les parties les plus intéressantes.
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"L'église de Plougonven, achevée en 1523, est une construction en bel appareil de granit. Son plan dessine une croix latine, avec nef et bas-côtés flanqués de huit chapelles, où les seigneurs de la paroisse avaient leurs bancs et leurs sépultures. Ces chapelles découpent au dehors une double série de pignons garnis de fleurons et de crochets, et ajourés de fenêtres à soufflets flamboyants. Aux angles des rampants sont des lions ou des dragons artistement galbés.
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"Sur la façade Sud fait saillie un porche carré percé d'une large arcade, à moulures prismatiques et archivolte décorée de crossettes végétales. Plus haut s'ouvre la fenêtre d'une chambre d'archives, et les angles sont garnis de deux figures grotesques.
Le chevet, remanié en 1702, a conservé sa grande vitre magistrale, au tympan découpé en lobes nombreux affectant la forme de coeurs, de flammes ou de larmes ; mais la régularité de l'abside est altérée, à droite par une chapelle latérale à trois pans surmontés de gâbles aigus, et à gauche par une laide sacristie moderne, qui dépare cet élégant, ensemble. Le porche du bas, voûté en croisée d'ogive et daté de 1841, est surmonté d'un joli clocher accosté d'une tourelle ronde. De la plate-forme, bordée d'une balustrade flamboyante, se dégage un léger beffroi que termine une flèche pyramidale aux arêtes hérissées de crochets, et appuyée par des arcs-boutants sur les pinacles de la galerie.
En pénétrant dans l'église par le porche de la tour, on remarque à la clef de celui-ci un écusson écartelé aux 1 et 4 d'une aigle éployée, qui est Kerloaguen ; aux 2 et 3 d'un lion accompagné de 7 billettes, qui est Garspern ou Gaspern. Courcy l'attribue à Guillaume de Kerloaguen, sieur de Rosampoul, lieutenant du capitaine de Morlaix en 1481, et à Aliette, dame du Garspern, sa compagne (Voy. Bretagne Contemporaine - Le Finistère, p. 61). Mais le savant héraldiste tombe ici dans l'une de ses erreurs coutumière, car Guillaume de Kerloaguen avait pour femme Alix de Kermellec (Voy. Archives de la Loire-Inférieure, B. 1702), et non cette Aliette de Garspern qui semble imaginaire. Les nervures de la voûte s'amortissent sur quatre statuettes d'anges tenant des cartouches où on lit en caractères gothiques : Xps (Christus) vincit.Xps regnat - Xps imperat - Xps nos benedicat.
Au fond du porche, au-dessus de la porte, un autre angelot supporte un écusson chargé des armoiries de Garspern. Au portail latéral, la clef de voûte est timbrée du blason de Pierre de Garspern, sieur du Cosquer, panetier de la reine Claude de France en 1518, qu'entoure la devise gothique de cette famille : En bon espoir. Au-dessus de l'élégante porte géminée du fond, datée de 1518, est une Pitié ancienne et dans le pavé, il y a une dalle tumulaire assez fruste qui semble avoir porté, soit les trois pommes de pin des Keraudren, soit les trois trèfles des Le Lagadec de Mezédern.
La nef, à voûte de bois apparente et poutres terminées en têtes de dragons, est partagée en six travées par deux rangées de piliers octogonaux sans socles ni chapiteaux, soutenant des arcades en tiers-point, d'un tracé très pur, à moulures prismatiques pénètrant dans le corps des colonnes. Au maître-autel, Vierge-Mère XVIIème siècle, noblement drapée et d'un beau visage, supportant sur son genou droit l'Enfant-Jésus, avec, à ses pieds, deux gracieux angelots. La verrière de M. Ely, figurant plusieurs scènes de la vie de Saint-Yves, qui a une vieille statue assise au premier pilier à gauche du sanctuaire, laisse déplorer, malgré son brillant coloris, la destruction des anciens vitraux peints du XVIème siècle, dont presque toutes les fenêtres étaient garnies autrefois, et qu'on a fait disparaître peu à peu, sous prétexte de réparations, de 1804 à 1859.
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"En 1679, on voyait en supériorité dans la maîtresse-vitre l'écusson des Kerloaguen, qui se trouvait mi-parti avec diverses alliances : Kersauson, Loz, Kerguiziau, Goudelin, dans seize autres blasons. Le reste du tympan était occupé par treize écussons aux armes pleines et mi-parti des Le Lagadec de Mezédern.
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"La première chapelle à gauche du choeur, que distingue en dehors son triple chevet, était en 1679 dédiée à Notre Dame et à Saint Joseph, et dépendait du manoir de Kerloaguen. Plusieurs seigneurs et dames du lieu y reçurent la sépulture, mais leurs tombes n'existent plus, et l'on n'y remarque que des frises sculptées, analogues à celles qui règnent sur toutes les sablières des bas-côtés. Elles portent des têtes grotesques, des mascarons, des enroulements de feuillage, et sont coupées aux angles de corbels figurant des anges, des vieillards, des personnages en costume du XVIème siècle tenant des banderoles ou des écussons. Ces sujets sont d'ailleurs grossièrement traités et un vilain badigeon brunâtre en a éteint les vieilles couleurs.
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"Dans la seconde chapelle, dédiée en 1679 à Sainte Marguerite et Saint Gildas, est l'autel de Saint Vincent de Paul, en marbre et kersanton, oeuvre du sculpteur Yan Larhantec, enfant de Plougonven, qui, de 1855 à 1874, exécuta plusieurs retables de pierre pour l'église. A l'époque, on admira beaucoup ces autels, et une notice anonyme insérée en 1864 dans le journal l'Echo de Morlaix [Note : Je la crois de Pol de Courcy, en raison de la prédilection et aussi de la science avec lesquelles il relève et blasonne tous les écussons existant alors dans l'église ; la plupart ont depuis disparu] salue en eux « de véritables bijoux de la sculpture chrétienne à la fin du XVème et au commencement du XVIème siècle. Leurs arcatures, leurs frises, tout cet ensemble de clochetons, d'accolades, de guirlandes, de crochets, de panaches est traité avec un vif sentiment de l'art gothique et une hardiesse de véritable tailleur d'ymaiges des temps passés ». Aujourd'hui que l'engouement pour le néo-gothique a beaucoup diminué, on ne peut s'empêcher, tout en rendant justice au mérite réel des oeuvres de Larhantec, de les trouver un peu froides et austères, et de regretter les bons vieux retables du XVIIème siècle si gaiement peints et dorés, avec leurs colonnes torses enlacées de pampres, leurs niches à coquille, leurs anges joufflus, leurs festons, leurs pots à feu, leurs corbeilles de fruits, qui ont dû céder la place à ces nouveaux venus pour devenir la proie de brocanteurs ou être transformés en bois de chauffage.
A la clef de voûte de l'arcade de la nef correspondant à cette chapelle, est un écusson aux armes des Goudelin, seigneurs de Kerloaguen au XVIème siècle (une épée en pal). A droite de l'autel, un autre écusson de pierre est écartelé de Kerloaguen et de Goudelin.
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"La troisième chapelle était jadis celle de Saint-Yves, patron de la paroisse ; son vocable actuel est le Sacré-Cœur, dont la statue repose sur un coffre décoré de sculptures Renaissance assez fines ; au bas, un cartouche porte la date 1673. A la clef de voûte de l'arcade, on distingue le blason des Salaün de Lesven, une hure de sanglier couronnée.
"La quatrième et dernière chapelle de l'aile gauche était en 1679 dédiée à Notre-Dame de Pitié ; elle abrite aujourd'hui un affreux petit autel de N.-D. de Lourdes. L'arcade située en face est armoriée des trois trèfles des Le Lagadec, mais la chapelle avait été fondée par les seigneurs de la Tour, et, les seigneurs de Kerloaguen y revendiquaient aussi des prééminences. Elle est éclairée d'une large verrière à quatre panneaux qui pourrait être, en admettant une modification du devis de 1511, l'ancienne maîtresse-vitre d'une église antérieure. Plus bas, on voit l'enfeu du manoir de Corvez, possédé jadis par les seigneurs de Coatelant-Plourin.
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"Dans le bas-côté droit, la première chapelle, aujourd'hui mutilée par l'adjonction de la sacristie, contenait en 1679 les autels de Saint Roch, de Saint Laurent et de Saint David, et l'enfeu des seigneurs de la Tour. De cet enfeu, où repose depuis 1590 l'évêque de Cornouaille, puis de Tréguier, François de la Tour, il ne subsiste qu'un pilastre et un fragment de l'arcade feuillagée. Les armes de Keraudren, trois pommes de pin, se distinguent toujours à la clef de l'arcade voisine.
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"La seconde chapelle a conservé son vocable du Rosaire, mais l'autel de cette confrérie, établie en 1650 et dotée de 90 livres de rente par la libéralité de François du Parc, seigneur de Rosampoul, conseiller au Parlement de Bretagne, n'existe plus. Le retable actuel est dû au ciseau de Yan Larhantec. En face, au-dessus d'un pilier, une console offre un écusson blasonné de l'aigle éplorée des Kerloaguen de Rosampoul, anciens prééminenciers de la chapelle.
Un autre écusson aux mêmes armes orne la clef de voûte ; et au-dessus de l'arcade, du côté de la nef, sont les armoiries des Carné : d'or à deux fasces de gueules. Consacrée en 1679 à Saint-Jean-Baptiste, la troisième chapelle l'est aujourd'hui à Sainte-Anne. L'aigle héraldique des Kerloaguen chargeait l'écusson incliné à l'antique et timbré d'un heaume, qui surmonte l'enfeu situé sous le vitrail. Un bas-relief en marbre blanc de Saint Joachim, Sainte Anne et la Sainte Vierge décore l'autel, oeuvre, comme tous les autres, de Yan Larhantec. On voit à la clef de l'arcade, l'écusson des Goudelin, mi-parti d'un chevronné.
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"En descendant vers le porche, on trouve la chapelle de Saint-Isidore, autrefois de Sainte-Anne, fondée en 1511 par Jean du Méné, sieur de Goasvalé. Ses armoiries, une fasce surmontée d'un lambel, s'y remarquent toujours sur le bénitier et à gauche de l'autel, tout entier de kersanton. A côté est une jolie crédence gothique, et dans la frise, un ange soutient un écusson aux armes des du Méné. Près du porche, un bénitier octogonal, en granit, avec une tête humaine en saillie sur chaque face, doit être l'ancienne cuve baptismale.
Outre le Saint Yves assis mentionné plus haut, quelques vieilles statues se voient adossées aux piliers de la nef. A gauche, il y a une Vierge-Mère gothique en granit, et, un beau grand Christ de bois entre la Sainte-Vierge et Saint Jean, groupe qui doit provenir de l'ancien jubé ou chancel fermant autrefois le choeur. A droite, Sainte Barbe portant sa tour sur sa main et, placée sur une console qui offrait, avant un récent grattage, l'écusson burelé d'argent et de gueules des Penfeunteniou du Cosquer. — Saint-Joseph, tenant un lys et un livre, statue en granit du XVIème siècle, provenant de la chapelle du manoir de Kerloaguen et sans doute la plus ancienne image qui existe dans le diocèse du saint Patriarche, — saint moine cordelier à genoux.
Le trésor de l'église ne conserve rien d'antérieur à la Révolution. Il subsiste encore une vieille bannière de procession, montrant sur un fond brodé de rameaux fleuris et feuillus, l'image d'une Vierge-Mère tenant à la main un sceptre terminé par une fleur de lys, et se détachant au milieu d'un cadre ovale de nuages parsemés de têtes ailées de séraphins. Cette bannière, de l'époque de Louis XIV, a été parfaitement restaurée.
Naguère existait à la sacristie un magnifique ornement de drap d'or, portant l'aigle de Napoléon III avec la couronne impériale ; il avait, été offert par l'impératrice Eugénie à l'église de Plougonven, sans doute à la recommandation de l'abbé de Lezéleuc, ancien recteur de la paroisse, mort évêque d'Autun. Cet ornement, qui aurait dû être gardé en témoignage d'une illustre munificence, a été cédé en 1919 à l'Oeuvre des Tabernacles en échange d'ornements neufs."
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.
http://www.pur-editions.fr/couvertures/1409573610_doc.pdf
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère : Landerneau, Landivisiau, Ploudiry, Sizun. Mémoire de maîtrise d’histoire, 2 vol. 359 p. + 135 p. : ill. ; 30 cm.
—MILLET, Christian. "Regards renouvelés sur l'atelier Beaumanoir". Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, tome CXXVII, 1998.
—TOSCER, G. Le Finistère pittoresque. Brest : A. Kaigre, 1916-1910.