Sablières, inscriptions et pardon de la chapelle Saint-Sébastien au Faouët (56).
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Voir:
Le jubé de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. I. La nef B. La tribune.
Le jubé de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët II. Le coté du chœur (Est).
Voir les autres articles sur le patrimoine du Faouët:
a. Les articles sur la chapelle Saint-Fiacre :
b. Les vitraux de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët:
c. Chapelle Saint-Sébastien
... et beaucoup d'autres articles à venir.
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La chapelle Saint-Sébastien est située sur la commune de Le Faouët, ( Morbihan) au lieu-dit de « Saint-Sébastien », à 50 mètres de la route menant du Faouët à Rostrenen, entourée de bosquets sur le plateau qui domine la vallée de l' Ellée.
Inscription de fondation.
La construction de la chapelle a commencé en 1598 comme l'atteste l'inscription en caractères romains sur une pierre encastrée dans le parement externe du mur Nord :
« CESTE CHAPELLE FUT TR / OVEE . LE . 22 . IOVR : DE / IVILLET . ET COMMANCE / LE . 21 DE . SEPTEMBRE / 1598 . I POVLIQVIN GOVE / RNEVR ET RECTEVR. »
Cette inscription est accostée et surmontée d'un motif d'anneaux en chaîne formant frise. Au dessus, frise de godrons surmontés d'une corniche en talon. Juste en dessous de cette inscription se trouve la date 1599.
J'ignore comment les experts interprètent la phrase "la chapelle fut trovée" : fut-elle trouée ? ou bien trouvée ?
La date correspond au règne de Henri IV (1589-1610), et à la fin des Guerres de religion, puisque l'Edit de Nantes a été promulgué en avril 1598, précédé en mars de la prise de Dinan et de la soumission des ligueurs bretons.Soumission des ligueurs bretons . En 1589 et 1598, le duc de Merceur avait tenté de se constituer une principauté autonome. (Françoise, la fille du duc de Mercœur épousera César de Vendôme, fils du roi et de Gabrielle d'Estrées). En 1595, Guy de Fontenelle s'était emparé du château de Crémenec en Priziac et écumait la région de Priziac et du Faouët.
Cette date est tardive si on la compare à celle de la reconstruction, au Faouët, de la chapelle Saint-Fiacre (1450), ou de l'édification de la chapelle Sainte-Barbe (1498, voûtée en 1512). Aussi pense-t-on que Saint-Sébastien a peut-être été construite, entre 1598 et 1608, sur un édifice plus ancien dont les seuls vestiges sont les écus réemployés dans les vitraux. Il s'agit des écus parti de France et de Bretagne, des Bouteville (d'argent à cinq fusée de gueules) plein timbré d'une couronne comtale et encadrées de palmes, et parti de Bouteville (brisé d'une cotice d'azur) et de ?. Or, les Bouteville ne sont plus seigneurs du Faouët depuis le mariage de l'héritière du titre Jeanne de Bouteville, avec le marquis de Goulaine en 1559.
Nous allons découvrir dans les sablières les dates de 1600 (deux fois) et 1608, indiquant que la charpente a été terminée au plus tard en 1608, dix ans après le début du chantier.
La couverture, la charpente, le lambris, et les vitraux ont été restaurés de 1920 à 1939.
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Inscription de fondation, porte nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
écu parti de France et de Bretagne, armoiries pleines timbrées d'une couronne comtale des Bouteville. Armoiries parti de successeurs de Bouteville et de ?, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
La chapelle, dédiée à Saint Sébastien protecteur de la peste, a probablement été bâtie en réaction à l'épidémie de peste de 1598, que relate le chanoine Jean Moreau dans ses Mémoires des guerres de la Ligue en Bretagne.
La chapelle fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 28 décembre 1934.
L'édifice est en forme de croix latine, à large nef unique et chœur polygonal (trois pans et une travée droite à larges croisillons). Des contreforts angulaires sont amortis par des pinacles et ornés de gargouilles sculptées. Le chevet à trois pans-pignons est de type "Beaumanoir" du nom des maîtres d'œuvre originaire de la région de Morlaix, mais dont l'influence s'étend jusqu'ici. On peut y voir une belle poutre de gloire. Le mobilier est constitué de quatre niches-crédences, un bénitier, un autel, un maître autel et un retable. Mais l'édifice est surtout remarquable par le décor de ses sablières.
La charpente : L'espace intérieur est couvert par une charpente lambrissée en berceau plein cintre nervuré, à fausses voûtes d'ogive sur la croisée et l'extrémité du chœur. Ligne de faîte ornée de boutons moulurés ; entraits à engoulants, sablières historiées, blochets et culots du chœur figurés. Ainsi, un siècle après la construction de la chapelle Sainte-Barbe, la voûte a été abandonnée, mais on a cependant conservée les piles de la croisée, le colonettes du transept et les culots en tas-de-charge du chœur, en leur donnant la fonction de supports des blochets et des retombées des fausses voûtes. ces retombées semblent découler directement de l'influence locale des chapelles de Saint-Fiacre et de Sainte-Barbe. (d'après Inventaire Général, 1975)
Situation ; Plan en croix latine de la chapelle Saint-Sébastien, (d'après Inventaire Général, 1975) Le Faouët.
Inscription de la niche-crédence du mur sud du chœur.
POVLIQUIN 155[-].
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LES SABLIÉRES.
Elles font la réputation de cette chapelle, et les motifs de la danse bretonne et du joueur de cornemuse, de la chasse au sanglier, du jeu de bâton, ou du martyre de Sébastien font l'objet d'études spécialisées. Mais je n'ai pas trouvé, en ligne, d'étude systématique des 22 sablières exécutées entre 1600 et 1608 par Gabriel Brenier. Ce dernier s'est inspiré, pour divers motifs, du jubé de la chapelle saint-Fiacre du Faouët.
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SABLIÉRES DE LA NEF.
Nous avons affaire, je crois, à une charpente "à chevrons-formant-fermes" à la voûte, non lambrissée aujourd'hui, en carène : les entraits découpent les sablières en ensembles (correspondants aux travées ) qui ont leur propre cohérence iconographique. Je compte ainsi quatre ensembles pour chaque coté de la nef, le dernier (vers le chœur) étant de moitié plus court. Je les décrirai d'ouest en est, en avançant vers le chœur. Dans mon décompte, je pars de la première sablière décorée, sans tenir compte de la travée de la tribune.
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I. Sablières du coté nord de la nef.
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Chaîne de danseurs et danseuses.
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Jeu du bâton breton, et inscription.
Sablières et entraits , coté nord de la nef, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
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1. Composition géométrique.
Frise de sept carrés divisés par des diagonales et ponctuées de ronds en cruex et en bosses. Décor périphérique de quadrilobes et de tirets en I.
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Sablière première travée nef coté nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
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2. Chaîne ouverte de danseurs et danseuses.
C'est sans-doute la scène la plus connue, notamment grâce à une exposition organisée par l'association Dastum. Une sarabande est menée par conduite à droite d'un joueur de cornemuse.
Pris sur Wikipédia : " Les costumes portés par les personnages sont représentatifs de ceux portés par l'aristocratie et la bourgeoisie au tout début du xviie siècle. Les danseurs de la sarabande portent chapeau à bords relevés, pourpoint et culotte bouffante tandis que les danseuses sont coiffées d'une barrette terminée en pointe sur le front. L'une d'entre-elle, celle au centre, porte même busc à la taille, fraise et larges jupons"
Sarabande, diable et joueur de cornemuse, nef coté nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Chaîne de danse ouverte, , nef coté nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
La danse est menée par un joueur de cornemuse.
Jean-Luc Matte a recensé plus de 40 données iconographiques de cornemuses en Morbihan, dont 4 au Faouët. Il n'a bien-sûr pas oublié le joueur de Saint-Sébastien : "cornemuseux jouant pour une chaîne ouverte où alternent danseuses et danseurs. A l’opposé du cornemuseux, un personnage fantastique, assis à terre, tient la main de la dernière danseuse et une chope de l’autre main. 1 bourdon d'épaule à deux raccords"
Ce musicien a figuré, inversé, sur la couverture du catalogue de l'exposition "Instruments du diable, musique des anges", Dastum, Musée de Bretagne à Rennes et Musée de la Cohue à Vannes, 1999 :
http://dastum.org/index.php?id_product=54&controller=product
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On le comparera à celui qui joue sa musique diabolique sur le jubé de Saint-Fiacre du Faouët, et à celui qui officie sur la tribune de la chapelle Saint-Yves de Priziac.
Sonneurs, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, 1480-1492, photographie lavieb-aile.
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Joueur de cornemuse, chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.
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En somme, ces sonneurs dont le talent endiablé et irresistible de faire danser a été dénoncé par les recteurs bretons depuis des siècles ne sont nulle part plus nombreux que dans les églises et les chapelles.
Sarabande, diable et joueur de cornemuse, nef coté nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Le Diable prend note des personnes présentes à la fête.
Le Diable possède de nombreux traits animaliers : œil de bœuf, groin de porc, cornes dépassant de son chapeau rond, tignasse hirsute, oreilles pointues, pattes fourchues. Pourtant, il se dissimule sous un vêtement fort civil, et il porte à la ceinture son plumier et son encrier. Il tient ses comptes des futurs pensionnaires de l'Enfer sur une tablette, tandis que galamment il tient la main d'une cavalière.
Sarabande, diable et joueur de cornemuse, nef coté nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
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3. Troisième travée. Jeu du bâton breton, et inscription.
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a) Jeu de bâton breton.
Deux hommes tête-bêche luttent pour la possession d' un bâton. Ils sont vêtus d'un pourpoint, de braies (bouffantes et peut-être à crevés pour celui de gauche), de guêtres, et, pour l'un d'entre eux, de chaussures.
Il s'agit sans-doute de la représentation d'un jeu de pardon, modifiée pour résoudre la difficulté technique imposée par la sablière.
Selon Fanch Peru, qui rappelle l'adage « Jeux de bâtons, jeux de Bretons » , les Celtes en général et les Bretons en particulier semblent avoir eu une sorte de prédilection pour les jeux de bâtons, notamment lors des pardons. On en décrit essentiellement deux, le bâton à bouillie (ar vazh-yod) et le bâton par le bout (ar vazh-a-benn).
1. Le bâton à bouillie (ar vazh-yod)
Ce jeu met en présence deux concurrents assis par terre, face à face, les pieds calés contre une planche fixée à chant et tenant à deux mains par le travers un gros bâton. Pour gagner il faut amener l'adversaire de son côté ou l'obliger à lâcher le bâton.
2. Le bâton par le bout (ar vazh-a-benn)
Portés à plat ventre par quatre solides gaillards pendant que d'autres leur tirent sur les pieds, les concurrents serrent à deux mains dans le sens de la longueur un bâton de taille moyenne. Le vainqueur est celui qui garde le bâton en main.
On lit dans « Contes populaires des anciens Bretons », de Théodore de la VILLEMARQUÉ (Paris, 1842, p. 288), la description suivante :
« COMBAT DU BATON.
Ce genre d’escrime était en usage dans le pays de Galles avant le dix-septième siècle. A cette époque, les ministres de la religion prétendue réformée l’abolirent avec les autres jeux nationaux gallois, qui sont maintenant remplacés par les orgies du cabaret. Il existe encore en Bretagne, dans certaines paroisses rurales, notamment en Cornouaille, et la manière dont on le pratique, semblerait autoriser à croire qu’il n’était point étranger, dans le principe, aux vieilles institutions celtiques.
La nuit de la fête des Morts, des jeunes gens et des jeunes filles qui se sont donné le mot, se rendent secrétement dans une chapelle écartée ; on allume des cierges, on récite des prières, on chante des cantiques en l’honneur des trépassés ; puis un vieillard, généralement le sorcier du pays, qui a le privilège d’assister à la lutte et de la présider, crie trois fois : Lis ! lis ! lis ! Aussitôt un cercle se forme ; deux champions y entrent : parfois ils sont armés chacun d’un penn-baz, ou casse-tête, et la lutte s’engage selon les règles ordinaires du combat au bâton ; mais le plus souvent, ils n’en ont qu’un seul, et se le disputent à force de bras, assis à terre en face l’un de l’autre. Le bâton reste au vainqueur, et le vaincu a la honte de recevoir la bascule de la main des jeunes filles. »
Troisième travée : jeu de bâton breton, nef coté nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
b) Inscription.
Deux anges présentent un rouleau où est inscrit « FAICT : PAR : CA / BRIEL . BRENIER / : LAN 1608. »
Les "deux points" sont en fait des points triples.
Gabriel Brenier n'est pas connu autrement que par cette inscription.
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sablière de la troisième travée, nef coté nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
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4. Hémi-travée : tête et rinceaux.
Tête d'homme au nez épaté et aux yeux équarquillés, tonsuré (ou coiffé d'un chapeau de paille) au chef surmonté de trois feuilles. Barbe, ou fraise. De sa bouche partent deux tiges qui se déroulent en rinceaux à feuilles (lancéolées) et à fleurons.
Ce motif est repris plus loin.
tête et rinceaux. dernière travée, nef coté nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
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II. Sablières du coté sud de la nef.
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Première travée : Masque avec godrons divergents.
La tête coiffée d'un chapeau rond est ailée.
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Deux hommes endormis tête bêche.
Cette sculpture a un sens qui nous échappe. Un autre jeu breton ? La position symétrique des corps, l'appui des deux pieds l'un contre l'autre, la posture dite "du songeur", main soutenant la tête, nous interrogent.
Chasse ou frise d'animaux.
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Animal à tête anthropomorphe tenant un rouleau.
SABLIÉRES DES BRAS DU TRANSEPT.
I. Bras nord du transept.
1°) Le coté est.
a) sablière de gauche, au dessus de la fenêtre.
A gauche, trois personnages à genoux. Le premier, à capuche et bure, présente un livre. Le second, également encapuchonné, pose sa main sur la tête nue du troisième, barbu, qui lui fait face. Cette scène est interprétée comme " saint Martin baptisant un catéchumène " ou comme "scène d'exorcisme".
Dans un cartouche, Inscription datée : 1600 / LE : 26 D / E : IV / IN
qui est transcrite comme : "1600, le 26 de juin".
Un cerf (? deux oreilles et un bois ; sabots) se tourne gueule ouverte vers l'inscription.
Deux anges tiennent un cartouche. Inscription en lettres latines I :
POV / LIQV / IN : R : I / HOARN / ER M C H R
(dernière ligne douteuse)
Nous retrouvons ici le nom du recteur I[ann] Pouliquin déjà relevée avec la date de 1598 sur l'inscription lapidaire. Si on l'associe au cartouche précédent, cela peut donner "1600, le 26 de avril Iann Pouliquin Recteur, Iann Hoarner [---]"
L'orthographe Pouliquin est attestée en variante de la forme commune Pouliquen. La famille Le Hoarner est attestée au Faouët par les généalogistes : couple Guillaume Le Hoarner 1643-1698 / Jacquette Laour. La variante plus commune est Houarner ou Le Houarner, Le Hoüarner
Sablière du bras nord du transept, 1600, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Sablière du bras nord du transept, 1600, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
b) Sablière de l'hémi-travée du centre.
(sauf confusion d'image)
Chasse : chien poursuivant un cerf.
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2°) Le coté ouest.
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II. Bras sud du transept.
1°) Coté est.
L'entrait la divise en une sablière entière, et une demi-sablière jusqu'au pilier de la croisée.
a) Sablière au dessus de la fenêtre.
de gauche à droite :
— Inscription dans un rouleau tenu par deux anges agenouillés (manches bouffantes) :
I : PO / LIQV / IN : P : R : DE : MEz
Je propose la transcription suivante : "I[ann] Pouliquin Prêtre ? Recteur de Mez", mais le -z final est vraisemblablement une abréviation.
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— martyre de saint Sébastien.
Ce motif où deux archers se faisant face vise le saint martyr placé au milieu d'eux se retrouve dans un groupe sculpté de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët, ou à l'entrée de la chapelle Saint-Sébastien de Saint-Ségal (29)
Martyre de saint Sébastien, sablière du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Je propose ici une photographie du retable de Saint-Sébastien de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Il date du milieu du XVe siècle ; le Retable cadre fait corps avec la pile nord-ouest de la croisée h = 142 ; la = 167 . Sébastien, comme dans le modèle le plus fréquent, est nu à l'exception d'un pagne court dont la ceinture est lacée. Attaché à une colonne, il sourit, indifférent aux flêches que les soldats dont il était l'officier tirent à bout portant. Les archers sont vêtus d'un costume époque Charles VII,. L'ornementation latérale est faite de rosettes et de pampres ; le socle du bourreau de droite porte un décor à rosettes.
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b) Sablière près de la croisée.
Frise d'une banderole pliée en zig-zag, avec 5 hommes bras étendu, en costume "d'époque". Cheveux courts, frisés, coupés au bol (clercs ?). veste à l'encolure très serrée sur un col en V (fraise pour le n°2 ?) et aux manches bouffantes aux épaules. Visages ronds, aux yeux ronds et au sourire stéréotypé.
Inscription G: BRENI / ER DICT FERR / 1600.
Il s'agit du charpentier Gabriel Brenier, qui a signé la sablière de la nef nord avec la date 1608. Il fut donc actif ici de 1600 à 1608.
Un Jean Brenier est attesté par les généalogistes avec les dates 1575-1626, parmi d'autres exemples postérieurs affirmant que Gabriel Brenier est un artisan local.
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2°) Coté ouest.
Au dessus d'une porte.
a) Frise en bande pliée à sept anges.
Même motif en ruban replié en zig-zag, mais sans inscription. Il s'agit ici d'anges, dont la coiffure est la même que les clercs de la sablière du coté est, mais dont les vestes, sauf dans un cas, ne sont pas fermés par une ligne médiane. la ligne de drapé, qui se casse en épingle à cheveux au creux de chaque angle, est très élégante.
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b) Renard attaqué par des poules.
Un renard entré dans la basse-cour a saisi une poulette par le cou, mais deux oiseaux (a posteriori des poules) l'assaillent en mordant ses oreilles de leur bec tandis qu' un coq le mord sur l'arrière-train.
Goupil attaqué par les poules, Sablière du bras sud du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
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Cette scène est célèbre, d'autant que le thème de Goupil (ou Renart) et les poules est fréquent dans les sablières et autres sculptures bretonnes. Sophie Duhem, docteur en Histoire à Rennes 2 puis maître de conférences en Histoire de l'art moderne à l'Université de Toulouse-Le-Mirail, y a consacré un article dont je donne les extraits suivants :
DUHEM (Sophie), 1998, « Quant li goupil happe les jélines... », ou les représentations de Renart dans la sculpture sur bois bretonne du XVe au XVIIe siècle
"Le renard se démarque de ses congénères par sa nature maléfique.
Mais Renard est surtout connu pour le rôle de premier plan qu'il joue dans la vaste épopée qui porte son nom. Ce roman satirique, rédigé par des clercs successifs entre 1170 et 1250, remporte un vif succès en France et donne naissance à un genre parodique où le monde animal présente un reflet de la société humaine et de ses excès. C'est ce monde que parcourt le goupil, et ce sont ses aventures que bon nombre d'artistes trouvent plaisir à illustrer dans les divers domaines de l 'art, tout au long du Moyen Âge. Ainsi Renard apparaît à de nombreuses reprises dans la sculpture bretonne, sur des supports de bois qui remontent pour les plus anciens à la fin du XVe siècle, et sur quelques décors de charpentes plus tardifs, pour certains datés du milieu du XVIIe siècle !
Les aventures de Renaît qui inspirent ces représentations sont certainement bien connues des populations bretonnes, sans cloute véhiculées par les conteurs et les conteuses lors des veillées. Noël du Fail évoque à plusieurs reprises le goupil dans les descriptions qu'il fait du milieu paysan des campagnes rennaises au X VIe siècle.
Renart prêchant les poules, une image appréciée des artisans bretons à la fin du Moyen Âge.
L'illustration d'un thème original, celui de Renart prêchant les poules, apparaît sur quelques décors de bois. Cette image présente le goupil revêtu d'un habit monacal, placé debout dans une chaire et s 'adressant à une assemblée de poules attentives.
La figure caricaturale de l'animal travesti en moine doit être rattachée aux écrits satiriques inspirés du roman ; Ysengrimus, un manuscrit réalisé en Flandres vers 1150 évoque déjà la figure de l 'animal travesti en moine — ici le loup Ysengrin — qui annonce celle plus tardive de Renart camouflé, jouant sournoisement de cet artifice pour tromper son entourage.
Une illustration de Renart apparaît sur le jubé de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët, décoré par le sculpteur Olivier Le Loërgan dans les années 1480. La saynète située au niveau de la clôture, face à la nef, raconte en quatre épisodes les péripéties de Renart. À gauche, il est monté en chaire, prêchant les gelines placées face à lui. Il dévore l'une d'elles sur le relief suivant ; les autres volailles se regroupent et l'attaquent, et dans la dernière scène, aidées du coq, écorchent vif le goupil. Plus que l'envers parodique de l'enseignement prêché par l'Église, il a conféré consciemment ou non à son discours une portée moralisatrice dont témoigne la fin tragi-comique du faux moine, écorché par les poules.
La figure insolite de « Renart escorché »
Un épisode particulier, associé aux représentations de Renart prêchant, met en scène un goupil écorché, cruellement dévêtu de sa fourrure par les poules courroucées. À nouveau, le thème semble puiser ses racines dans le fonds littéraire de l'épopée satirique rapportant l'histoire du goupil : ainsi, la chasse qui s'engage contre le renard est-elle surtout motivée par l'espoir de le déposséder de son manteau.
L'animal apparaît sur la face est du jubé de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët, dans la bouche d'un homme qui escorche le renard .
Renart, acteur de saynètes comiques sur les reliefs sculptés des XVIe et XVIIe siècles
En marge des thèmes anciens, des images de Renart dans le cadre de séquences comiques ornent les sablières plus tardives, datées des XVIe et XVIIe siècles. L'animal est cette fois pourchassé par une fermière pour avoir dérobé poissons et saucisses.
Le thème de la paysanne frappant l'animal avec sa quenouille est connu des illustrateurs de manuscrits et des sculpteurs depuis le XIIIe siècle.
Dépourvus de modèle iconographique défini, il semble que les artisans se soient inspirés des images sculptées dans les bourgs voisins — les supports sont localisés — tout en les enrichissant de détails puisés dans leur propre fond culturel. L'observation de ces exemples conduit également à un constat : le choix des sculpteurs s'est davantage porté au XVIe siècle sur les épisodes comiques plutôt que sur les images intellectualisées de Renart prêchant ou de Renart écorché.
Le renard et les poules : la naissance d'un modèle stéréotypé (XVIe-XVII siècles)
Les représentations inventives que nous avons présentées ne constituent pas l'essentiel des images du goupil sculptées sur les sablières des XVIe et XVIIe siècles. Le thème du renard attaquant les poules, isolé du cycle narratif de Renart prêchant dans lequel il était inséré à la fin du Moyen Âge, apparaît sur de nombreux décors. Dans la chapelle Saint-Sébastien au Faouët, où la charpente est précisément datée de 1600-1608, une poutre de belle facture montre l'animal aux prises avec plusieurs gélincs: il tord le cou à l'une d'entre elles mais cstassailli de tous côtés par des volailles de grande taille qui dévorent ses oreilles et piquent son arrière-train. Les décors stylisés de la charpente sculptée de l'église de Trémeur présentent des figures enchevêtrées parmi lesquelles se distinguent quelques poules et plus loin Renart attrapant l'une d'elles.
Si le thème de l'animal en quête de nourriture et dévorant sa proie est fréquent dans la décoration des sablières, la vengeance des volailles apparaît peu, en dehors des représentations anciennes montrant le goupil écorché. Une sablière de Gourin illustre néanmoins la fin tragique de l'animal : la facture de l'ensemble est très rudimentaire, mais la séquence est des plus insolites ! D'un côté un coq apparaît, de l'autre le Goupil, suspendu horizontalement, empalé sur deux broches .
Pourtant, sur bien des reliefs la saynète est réduite à sa plus simple expression, celle d'une image stéréotypée montrant la poule menacée par le prédateur.
L'étude de ces images laisse entrevoir le changement des goûts qui s'opère entre la fin du XVe siècle et le XVIIe siècle dans le milieu des sculpteurs sur bois. Jusqu'au début du XVIe siècle, les artisans s'accommodent parfaitement de la représentation satirique du renard qu'ils insèrent de façon cohérente et réfléchie dans leurs programmes décoratifs. L'absence de représentations sur les sablières postérieures à 1 5 1 3 accuse une désaffection pour le thème, alors qu'apparaît l'image plus distrayante du goupil et de la paysanne. Si quelques artisans traitent de manière personnelle et originale cette nouvelle représentation, et ceci jusqu'au milieu du XVIIe siècle 31, la plupart simplifient le thème originel, créant ainsi l'image binaire et stéréotypée de type renard I poule. Cette simplification iconographique amène une remarque : elle est l'expression d'un désintérêt des sculpteurs pour les séquences narratives, un désintérêt qui est probablement lié à une incompréhension des modèles originaux. La méconnaissance des récits épiques et satiriques aurait graduellement détourné les sculpteurs des représentations élaborées de Renart, en vogue dans les ateliers bretons à la fin du Moyen Âge."
"INVENTAIRE Images de Renart dans la sculpture sur bois bretonne.
— Représentations de Renart prêchant aux poules et de Renart écorché : Le Faouet (Ch. St-Fiacre, v. 1480), Le Faouët (Ch. Ste-Barbe, XVIe s.), Grâces-Guingamp (1506-1512), Plumelec (Ch. St-Aubin, 1513), Saint-Gilles-Pli- geaux (XVe-XVIe s.), Tréflévenez (XVIe s.).
— Représentations de Renart et la fermière et variantes : Cléguérec (Ch. de laTrinilé, milieu XVIe s.), Guilligomarc'h (Ch. St-Éloi, XVIe s.), Meslan (1527), Ploërdut (Ch. de Crénenan, 1652), Plougras (Ch. du Cimetière, XVIe s.), Plourac'h (XVIe s.), Pont-Aven (Ch. de Trémalo, XVIe s.), Saint-Nicolas-du-Pé- lem (Ch. St-Éloi, milieu XVIe s.), Séglien (Ch. St-Jean, XVIe s.) .
— Renart et les poules : Callac (Ch. St-Treffrin, XVP/XVIF s.), Châtelaudren (Ch. Notre-Dame-du- Tertre, XVIe s.), Edern (Ch. du Niver, XIXe-XXe s.?), Le Faouët (Ch. St-Sebastien, 1600-1608), Gourin (XVIe s.), Guern (Ch. de Quelven, XVe-XVIc), Guimiliau (lere moitié du XVIIe s.), Landerneau (Ég. Si-Thomas, XVIe s., représentation disparue), Landudal (XVIe-XVIP s.), Langast (Ch. St-Jean, XVIe s.), Lanvénégen ( XVIe s.), Magoar (XVIe s.), Neuillac (Ch. de Carmes, XVIe s.), Plévin (Ch. St-Abibon, XVIIe s.), Plouay (Ch. de Locmaria, XVIe s.), Plourac'h (XVIe s.), Le Quillio (Ch. St-Maurice, XVIe s.), Séglien (Ch. de Locmaria (XVIe s.), Suscinio (Château, fragment provenant de l'église de la Roche-Bernard, XVIe s.), Trémeur (milieu XVIe s.)
— Autres images de Renart : Daoulas (Abbaye, XVe s.), Hopîtal-Camfrout (XVIe s.), Loqueffret (XVIe s.)." (S. Duhem)
Nous avons donc ici un Renart attaquant les poules, et attaqué par les poules et le coq, dans le cadre d'un cycle narratif dont les divers épisodes, détaillés à la chapelle Saint-Fiacre et rappelés à la chapelle Sainte-Barbe du Faouët, devait être suffisamment connu des paroissiens pour que la scène fonctionne comme rappel de l'ensemble, et comme mascotte surdéterminée par des interprétations libres.
Voici l'image que j'avais admiré à Saint-Fiacre, et qui sert manifestement de modèle ici. Je la place entre la scène précédente (Renart prêchant) et la scène suivante (Renart dépecé par les poules et le coq). Cliquez sur l'image.
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Renart et les poules, jubé de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile
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Le chœur.
I. sablière du coté nord.
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a) Tête à front ceint ou masque dont la bouche donne naissance à deux tiges se terminant en spirales.
Motif voisin de celui de la nef nord.
Armoiries parti de France et de Bretagne comme sur les vitraux.
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b) Deux hommes tête-bêche soufflant dans une trompe à la destination équivoque.
L'instrument à embouchure mince descend et passe entre les jambes avant de remonter près de l'épaule et de conduire le pavillon près de l'oreille, L'un des hommes a le front ceint d'un bandeau .
Notez les traces de polychromie.
Sophie Duhem y reconnaît une busine. On peut évoquer aussi le tournebout (cromorne, krummhorn), mais on reconnaîtra qu'il s'agit alors d'une version caricaturale.
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Sablières du chœur coté sud. Frise de quatre médaillons à bustes d'hommes.
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Les oubliés.
Le diable est venu mélanger mes photos et les séparer de leur lieu d'origine. Chœur, transept nord, nef sud, saurez-vous retrouver leurs places ?
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Chasse au sanglier.
C'est une scène rare où nous voyons un chasseur enfoncer son épieu dans la gueule d'un sanglier assailli par un chien.
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Masque tirant la langue et menacé par deux dragons (queue portant une tête).
Tête fantastique, des plantes poussant de son crâne.
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Deux dragons aux queues entrelacées.
Armoiries de Bouteville.
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Scène de chasse.
Un homme (rabatteur ?) sonne de la trompe et tient une pique. Deux chiens, reconnaissables à leur collier, poursuivent deux animaux sauvages, sur un fond de feuillage.
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BLOCHETS DE LA CROISÉE DU TRANSEPT.
Les quatre blochets de la croisée du transept ont été réalisés en 1939 par A Jaffré, restaurateur de la chapelle.
inscription de restauration, prolongement de la sablière nord du chœur au pied du blochet nord-ouest.
FAICT PAR JAFFRE A LAN : 1939
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1°) Blochet nord-est.
Une jeune homme, agenouillé, se tient les chevilles. Son visage est fin, féminin, mais ses cheveux bouclés en flammes courtes pourraient faire évoquer la toison d'un faune ou d'un démon. Il porte un baillon. Une veste courte, sans col, est fermée par deux boutons et resserrée par une ceinture.
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Blochet sud-est.
Femme agenouillée, tenant ses chevilles, tournée vers la charpente mais tournant la tête vers la croisée du transept,
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Blochet nord-ouest :
Femme portant l'écu aux armes des Bouteville.
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Blochet sud-ouest.
femme enlacée par un serpent.
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La statue de saint Sébastien.
Descendue de son socle le jour du pardon pour être portée en procession.
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La procession de pardon (20 septembre 2015).
Procession de pardon, 20 septembre 2015, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
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Le Comité de sauvegarde de la Chapelle Saint-Sébastien, présidée par Patrick Le Petitcorps, organise le pardon de Saint-Sébastien le 3e dimanche de septembre au profit de la rénovation de la chapelle (messe-repas et animations toute la journée). Samedi 19 et dimanche 20 septembre 2015, Patrick Le Petitcorps et son équipe sont intervenus en marge du pardon pour animer la fête profane, avec concours de palets organisé par le Palet faouëtais, randonnées pédestres libres. À 11 h, messe le dimanche à 11 h, repas, et v ers 15 h 30, fest-deiz avec Didoënn et Le Dour-Gloaguen. Sur place, vente de crêpes.
http://www.ouest-france.fr/saint-sebastien-dernier-pardon-de-la-saison-3701674
Le dernier pardon de la commune se déroulera, ce week-end, autour de la chapelle Saint-Sébastien. Depuis quelques jours, les bénévoles du comité de sauvegarde sont sur place pour préparer les lieux, les services techniques de la commune ayant procédé à une fauche de l'herbe sur les terrains qui accueilleront les pèlerins ce week-end. Fest-deiz et visite de la chapelle Le programme des festivités débutera samedi, à 14 h, avec un concours de palets sur route. Dimanche, dès 9 h, rendez-vous pour des randonnées libres au départ de la chapelle, avant la procession, vers 10 h 30-10 h 45, qui sera suivie de la messe dans la chapelle, à 11 h. À midi, sera servi le repas, un rôti de porc cuit à l'ancienne au four à pain (tarif : 11 €). Tout au long de la journée, il sera possible de découvrir l'histoire de la chapelle et de ses statues avec Catherine Zuber, artiste qui a participé à la réalisation des statues de la Vierge à l'Enfant et celle de saint Roch. Il sera aussi possible de découvrir les magnifiques sablières sculptées qui ornent la chapelle. Puis, à 15 h 30, ce sera le fest-deiz animé par Didoënn et le duo Le Dour-Gloaguen. En fin de journée, animation musicale avec Disco 2000. Toute la journée, vente de crêpes et buvette.
http://www.lefaouet.fr/index.php/Details/Comite-de-sauvegarde-de-la-chapelle-Saint-Sebastien.html
Le duo Le Dour-Gloaguen. Pardon profane de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët, photographies lavieb-aile
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SOURCES ET LIENS.
— Chapelle Saint-Sébastien du Faouët Wikipédia :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Chapelle_Saint-S%C3%A9bastien_du_Faou%C3%ABt
— Topic-topos : http://fr.topic-topos.com/sablieres-le-faouet-pays-du-roi-morvan
— Costume Henri IV : http://www.ac-grenoble.fr/argouges/v1/PEDAGOGI/Costume/Henriquatre.htm
— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières, images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. Presses Universitaires de Rennes 385 p.-[16] p. de pl. en coul. Note : Bibliogr. p. 367-379. Notes bibliogr. Index
— DUHEM (Sophie), 1998, "«Quant li goupil happe les jélines... », ou les représentations de Renart dans la sculpture sur bois bretonne du XVe au XVIIe siècle" Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1998 Volume 105 Numéro 1 pp. 53-69 http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1998_num_105_1_3972
— Inventaire General des monuments et richesses artistiques de la France, Morbihan. Cantons le Faouët et Gourin, Paris Imprimerie Nationale 1975. XII + 680 p. Notice sur Saint-Sébastien : pp 51-53. Photos et plan pp 323-329.
— PERU (Fanch), 1985, "Les jeux de pardon en Bretagne", Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1985 Volume 92 Numéro 3 pp. 309-326
http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1985_num_92_3_3194