La verrière des légendes des saints Eustache, Jean, Nicolas et Mathurin (1519) ou baie 12 de l'église de Pont-Audemer.
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Voir :
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PRÉSENTATION.
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La reconstruction de l'église Saint-Ouen avait été décidée sous Louis XII en 1480, et commença par la façade occidentale. Puis les travaux se poursuivirent avec les sept travées de la nef, qui est raccordée en 1514 au chœur roman, tandis que les bas-cotés, avec leurs 12 chapelles latérales, sont édifiés sous François Ier jusqu'en 1535, et dotés progressivement de vitraux à partir de 1514 environ, et jusqu'en 1556 grâce aux dons des confréries (du Saint-Sacrement en baie 18 et 20), aux corporations (des boulangers en baie 13, des peintres en baie 10), des familles de notables (baies 7, 8, 10, 12, 16, 17) ou du clergé (abbaye de Saint-Ouen de Rouen en baie 14, chapelain en baie 15).
Les six chapelles du coté sud, se succèdent ainsi d'ouest en est (vers le chœur) :
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1ère chapelle : baies 20 et 18 (vers 1515) : Miracles de l'Eucharistie (20), vie de saint Ouen (18) et procession de la confrérie du Saint-Sacrement (18 et 20), commanditaire.
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2ème chapelle : baie 16 (1516) Annonciation et Mise au tombeau offerte par le conseiller Guillaume Tesson et Jeanne Myre.
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3ème chapelle : baie 14 (vers 1515-1520) : saints Pierre et Paul offerte par l'abbaye de Saint-Ouen de Rouen.
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4ème chapelle : baie 12 (1519) : saints Eustache, Jean, Nicolas et Mathurin offerte par 2 familles.
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5ème chapelle : baie 10 (v. 1535) : Dormition de la Vierge offerte par ?.
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6ème chapelle : baie 8 (1535) : Vie de saint Jean-Baptiste, peinte par Mausse Heurtault et offerte par Jean de Génouville, marchand.
La baie 12 occupe donc la 4ème chapelle sud et date de 1519, elle a été offerte par deux familles figurées en donateurs et identifiées par les inscriptions et armoiries, celle de Jean de Fréville et celle de Le Tellier de Triqueville.
Elle mesure 5 m de haut et 2,90 m de large et comporte 4 lancettes trilobées et un tympan à 13 ajours. Les lancettes sont organisées en 4 registres dans lesquels on doit séparer le pavé supérieur de 3 registres, consacré aux saints Eustache, Jean l'évangéliste, Nicolas et Mathurin et qui se lit verticalement de bas en haut lancette par lancette , le registre inférieur réservé aux donateurs et qui se lit horizontalement de gauche à droite.
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Verrière des saints ..., (1519), baie 12 de l'église de Pont-Audemer. Photographie lavieb-aile août 2018.
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LE REGISTRE INFÉRIEUR.
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Verrière des saints ..., (1519), baie 12 de l'église de Pont-Audemer. Photographie lavieb-aile août 2018.
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1°) Lancette A. L'épouse de Jean de Fréville et ses trois filles.
a) le cadre.
Malgré l'altération du vitrail, nous distinguons le cadre architecturé (grisaille sur verre blanc et jaune d'argent) avec ses pilastres et son entablement, et l'intérieur d'une pièce aux murs rouges et à la fenêtre à verres losangés. Une tenture bleue est suspendue à une tringle ; des motifs en pomme de pin dorée scandent cette étoffe damassée.
Nous reconnaissons là le tissu (aux couleurs inversées) de la chape d'un chantre de la procession de la baie 18 de Pont-Audemer, ou bien — en rouge et or — de celle d'un confrère de la même procession en baie 20, toutes les deux datées vers 1515 de la tenture derrière saint Sébastien de la baie 17, datée vers 1475, 1530 et 1551. Faut-il y voir l'indice d'un même atelier ou, moins probablement, d'une étoffe liturgique appartenant à la sacristie de Pont-Audemer ?
b) les quatre femmes.
Leur identité est basée sur une inscription aujourd'hui illisible, mais déchiffrée au XIXe siècle, mentionnant Jehan de Fréville (représenté en lancette B) et son épouse Juanès de ....
"Juanès de" Fréville est représentée agenouillée devant un prie-dieu où est posé un ouvrage, probablement son missel ou livre d'Heures dans sa couverte. Le meuble est recouvert d'une étoffe rouge, qui se poursuit par une autre qui est rouge à étoiles blanches (verre rouge gravé).
Elle est coiffée d'un bonnet de coiffe blanc, porte une robe rouge à ceinture verte et à encolure carrée laisse voir une chaîne à maillons d'or, recouverte d'un manteau bleu à fourrure recouvrant largement les épaules.
Ses filles portent des tenues similaires.
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Verrière des saints ..., (1519), baie 12 de l'église de Pont-Audemer. Photographie lavieb-aile août 2018.
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2°) Jehan de Fréville et ses 7 fils.
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Dans la même pièce ou la même église que son épouse, Jean de Fréville figure, devant la même tenture bleue à pommes de pins d'or, agenouillé devant le même livre et devant ses sept fils. Le premier de ceux-ci est tonsuré et vêtu d'un habit blanc (dominicain ?).
L'inscription laisse en partie deviner BLE - JOHANNES DE FREVILLE
DE -- VIC--- ECOU.
En partie haute, deux blasons portent les armes de la famille de Fréville, d’azur à 2 roses d’argent en chef et au fer de dard de même en pointe.
Les nobiliaires qui décrivent ces armes (N.V. de Saint-Allais) les distinguent de celle de Fréville, sieur de la Haye, Boutot, du Dessert etc, appartenant aussi à l'élection de Pont-Audemer, qui porte d'argent, à trois flèches tombantes et raugées de gueules, surmontées de trois trèfles de même. On précise ailleurs que le titulaire nomme ces roses "fleurs d'épines".
Il existe donc un risque de confusion entre ces deux familles de Pont-Audemer. Dans celle de sieurs de La Haye de Routot, un certain Jean de Fréville, seul fils de Geoffroy, se maria à Marie de la Haye le 3 février 1586 ; il eut un fils, également prénommé Jean, qui épousa Marie de Harden qui lui donna deux fils, Robert et Antoine.
Vu la notoriété de Jehan de Fréville, capable d'offrir une verrière à Pont-Audemer, et père de 10 enfants, il semble néanmoins raisonnable de l'assimiler à celui qui fut en 1489 et 1493 garde des sceaux de Pont-Audemer et Pontautou [Pont-Authou] ; et/ ou entre 1500 et 1525 « avocat du roi en la vicomté de Pont-Audemer », est aussi « avocat de la ville ».
On trouve aussi mention de Nicolas de Freville , garde des sceaux de la Vicomté, bourgeois de Pont-Audemer, sieur de La Motte jusqu'à 1456, lieutenant général du bailliage d'Evreux, en 1471,...
Différents documents mentionnent Jehan de Fréville : ;
http://bibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/b68e22c2f8cb75a18c8d5b5c2ee60dd7.pdf
https://books.openedition.org/puc/9471?lang=fr
https://books.openedition.org/purh/5052
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Verrière des saints ..., (1519), baie 12 de l'église de Pont-Audemer. Photographie lavieb-aile août 2018.
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3°) Le seigneur Le Tellier en donateur.
Le décor est le même, l'étoffe damassée pourpre à pommes de pins de même teinte accueille des motifs blancs et or en fleurons.
Deux anges présentent un blason composite, en chef d'azur à trois [mains] de sable et en dessous le fragment d'un élément blanc avec des cloches pourpres (et un lambel ?).
Elles auraient été attribuées (Gatouillat 2001) à un Le Tellier de Triqueville et à son épouse Marguerite Lanyer.
L'inscription laisse voir PONTIAU DU ROY EN VICOMTE DU PONT.
Gatouillat et al. indiquent que les fragments citaient Mathieu Dukay et Nicole Dupont (erreur pour Vicomte du Pont[audemer] ?.
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Verrière des saints ..., (1519), baie 12 de l'église de Pont-Audemer. Photographie lavieb-aile août 2018.
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4°) La donatrice et ses trois filles.
La tenture est rouge marquée de fleurs blanches à cœur bleu.
Inscription : MMISE LA.
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Verrière des saints ..., (1519), baie 12 de l'église de Pont-Audemer. Photographie lavieb-aile août 2018.
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LES TROIS REGISTRES SUPÉRIEURS.
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Les scènes s'inscrivent toutes dans un encadrement architecturé à arc surbaissé à décor tantôt flamboyant, tantôt Renaissance.
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Lancette A : la Vie de saint Eustache.
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1°) Saint Eustache abandonne sa femme aux bateliers (peu restitué).
J'ai déjà présenté la Légende de saint Eustache et son iconographie dans ces trois articles :
On trouve d'autres verrières de la vie de saint Eustache, à Chartres (baie 43 datant de 1210)...
http://www.vitraux-chartres.fr/vitraux/43_vitrail_vie_st_eustache/index.htm
...et à la cathédrale de Sens (1200-1210)
https://cem.revues.org/11639
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Les bases sont données au XIIIe siècle par la Légende Dorée de Jacques de Voragine ...
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/tome03/162.htm
...et par le Miroir historial de Vincent de Beauvais.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8449688c/f43.item
Pour cet épisode, nous trouvons ce récit :
"Après avoir fait quelque chemin, les fugitifs arrivèrent à la mer Où ayant trouvé un vaisseau, ils s'embarquèrent. Alors le maître du navire, voyant que la femme d'Eustache était fort belle, conçut un grand désir de la posséder. Après la traversée, il exigea d'Eustache le prix du passage, et comme ils n'avaient pas d'argent, il ordonna que cette femme fût retenue pour payement, dans la conviction de l’avoir à soi. Eustache, informé de cela, refusa absolument d'y consentir, et comme il persistait, le maître fit signe à Ses matelots de le précipiter dans la mer; afin de pouvoir ainsi posséder sa femme. Eustache, qui s'aperçut de cela, leur abandonna sa femme tout désolé, et prenant ses deux enfants, il s'en alla en versant des larmes : « Malheur à moi et à vous, dit-il, car votre mère est livrée à un mari étranger! » "
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Eustache, à gauche, tenant ses deux enfants, est très luxueusement habillé et coiffé. En face de lui, à bord d'une nef, son épouse est gardée par le maître de barque.
Trois pièces de verre rouge sont gravées.
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Verrière des saints ..., (1519), baie 12 de l'église de Pont-Audemer. Photographie lavieb-aile août 2018.
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2°) Eustache doit traverser un fleuve et ne peut porter qu'un seul fils à la fois. Ses enfants sont enlevés par un lion et par un loup sur chaque rive du fleuve. Ils sont sauvés par deux homme mais Eustache l'ignore.
"Parvenu sur les bords d'un fleuve, il n'osa le passer avec ses deux fils à la fois, parce qu'il y avait beaucoup d'eau; mais en en laissant un sur la rive, il se mit en devoir de transporter l’autre; quand il eut passé le fleuve à gué, il posa par terre l’enfant qu'il avait porté, et se hâta de venir prendre l’autre. Il était au milieu du fleuve, lorsqu'un loup accourut tout à coup, saisit l’enfant qu'il venait de mettre sur la rive, et s'enfuit dans la forêt. Eustache, qui n'espérait pas le sauver, courut à l’autre : mais en y allant survint un lion qui s'empara du petit enfant et s'en alla. Or, comme il ne pouvait l’atteindre, puisqu'il n'était encore qu'au milieu du fleuve, il se mit à gémir et à s'arracher les cheveux. Il se serait laissé noyer, si la divine providence ne l’eut retenu. Des bergers, qui virent le lion emporter un enfant vivant, le poursuivirent avec leurs chiens, et Dieu permit que l’animal lâchât sa proie sans lui avoir fait aucun mal. D'un autre côté, des laboureurs se mirent à crier après le loup et délivrèrent de sa gueule l’autre enfant aussi sain et sauf. Or, bergers et laboureurs, tous étaient du même village et ils nourrirent les enfants chez eux. Eustache de son côté ignorait cela ; alors il s'en alla bien triste. "
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"Il delaissa la reine et prist ses enfanz et vint a tres grant pleur a un fleuve. Et pour le seuron dennit de lyaue il nosa entrer ou fleuve a tout les .II. enfans. Mais en laissa .I. a la rive et lautre porta outre.
Et li rive il revenoit arriere pour lautre porter outre , il fust en mi le fleuve et avoit lautre laissie de lautre p[er]t Vez ci que .I. lyon le ravi et l'emporta el lui. Et il desespere retourna pour espance de l'autre. Mais li rive il sen aloit vez ci un lou et emporta lautre semblablement et sen ala. Et pour ce que il estoit ou mi lieu du fleuve ne il ne pot avoir icelui. Il vin ca a pleurer et plaindre et tirer ses cheveux et rompre. Et se voult gerer en lyaue. Mesme sire retint sa pensee qui veoit avaut les choses a venir. Et les pasteurs escoustrent lenfant au lyon avec leurs chiens. Et les areurs osterent aussi lautre au lou. Et ainsi les .II. enfans furent nourriz en une vue. Mais vraiement eustace ne le sotnne. Mais s'en ala a pleurs et a lermes en une ville et la garda par .XV. ans les champs des hommes." (Vincent de Beauvais, BnF NAF 15941 ).
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Eustache est au milieu du gué, avec de l'eau à mi-jambes. Il garde le luxueux habit de la scène précédente, tunique bleue à ceinture violette, manteau rouge doublé de fourrure, étoffe verte à crevés au poignets, toque rouge. Les verres rouges sont gravés ( médaillons du chapeau et boutons du manteau).
À droite, un lion tient un des fils dans sa gueule, au moment où un paysan élève son glaive.
À gauche, même scène avec le second fils attaqué par un loup. (verre gravé rouge).
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Verrière des saints ..., (1519), baie 12 de l'église de Pont-Audemer. Photographie lavieb-aile août 2018.
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3°) Eustache et les siens refusent de sacrifier aux idoles : l'empereur les fait supplicier dans un taureau d'airain rougi au feu.
"Mais Eustache lui dit: « Le Dieu que j'adore, c'est Jésus-Christ., et je n'offre de sacrifices qu'à lui seul. » Alors l’empereur, en colère, ordonna de les exposer dans le cirque avec sa femme et ses enfants, et fit lâcher contre eux un lion féroce. Le lion accourut, et baissant la tête comme s'il eût. adoré ces saints personnages il s'éloigna d'eux humblement. L'empereur ordonna aussitôt de faire rougir au feu un taureau d'airain, et commanda de les y jeter tout vifs. Les saints se mirent donc en prières et se recommandant à Dieu, ils entrèrent dans le taureau où ils rendirent leur âme au Seigneur. Trois jours après, on les en tira en présence de l’empereur; et on les retrouva intacts au point que pas même leurs cheveux, ni aucune partie de leurs membres n'avait été atteinte par l’action du feu. Les chrétiens prirent leurs corps et les ensevelirent en un endroit fort célèbre où ils construisirent un oratoire. Ils pâtirent sous Adrien qui commença à régner vers l’an du Seigneur 120, aux calendes de, novembre, ou, d'après quelques auteurs, le douze des calendes d'octobre (20 septembre)." Légende dorée.
On discerne bien le taureau d'airain contenant Eustache, sa femme et ses deux fils, un bourreau s'activant à attiser le feu, les flammes (verre rouge gravé), mais aussi l'empereur et un bourreau.
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Verrière des saints ..., (1519), baie 12 de l'église de Pont-Audemer. Photographie lavieb-aile août 2018.
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Lancette B. Vie de saint Jean l'évangéliste.
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1°) Supplice de saint Jean à la Porte latine.
"L’apôtre et évangéliste Jean, lorsque après la Pentecôte les apôtres se séparèrent, se rendit en Asie, où il fonda de nombreuses églises. Or, l’empereur Domitien, ayant appris sa renommée, le manda à Rome, et le fit plonger dans une chaudière d’huile bouillante ; mais le saint en sortit sain et sauf, de même qu’il avait échappé à la corruption des sens. Ce que voyant, l’empereur le relégua en exil dans l’île de Patmos, où, vivant seul, il écrivit l’Apocalypse." Légende dorée https://fr.wikisource.org/wiki/La_L%C3%A9gende_dor%C3%A9e/Saint_Jean
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Verrière des saints ..., (1519), baie 12 de l'église de Pont-Audemer. Photographie lavieb-aile août 2018.
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2°) Vision de l'Apocalypse 1:12-20.
Saint Jean agenouillé voit sept chandeliers , et le Fils d'homme tenant sept étoiles et une épée, dans une trouée de lumière.
" Je me retournai pour connaître quelle était la voix qui me parlait. Et, après m'être retourné, je vis sept chandeliers d'or, et, au milieu des sept chandeliers, quelqu'un qui ressemblait à un fils d'homme, vêtu d'une longue robe, et ayant une ceinture d'or sur la poitrine. Sa tête et ses cheveux étaient blancs comme de la laine blanche, comme de la neige; ses yeux étaient comme une flamme de feu; ses pieds étaient semblables à de l'airain ardent, comme s'il eût été embrasé dans une fournaise; et sa voix était comme le bruit de grandes eaux. Il avait dans sa main droite sept étoiles. De sa bouche sortait une épée aiguë, à deux tranchants; et son visage était comme le soleil lorsqu'il brille dans sa force." Ap. 1:12-20 L. Segond)
Verre rouge gravé pour les rais de lumière sur l'embrasement rouge.
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Verrière des saints ..., (1519), baie 12 de l'église de Pont-Audemer. Photographie lavieb-aile août 2018.
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3°) Saint Jean debout bénissant la coupe de poison à Éphèse.
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"Alors le grand prêtre Aristodème souleva une sédition dans le peuple, au point que les deux partis s’apprêtaient à en venir aux mains. Et l’apôtre lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour t’apaiser ? » Et lui : « Si tu veux que je croie en ton Dieu, je te donnerai du poison à boire ; et, s’il ne te fait aucun mal, c’est que ton Dieu sera le vrai Dieu. » Et l’apôtre : « Fais comme tu l’as dit ! » Et lui : « Mais je veux que d’abord tu voies mourir d’autres hommes par l’effet de ce poison, pour en constater la puissance ! » Et Aristodème demanda au proconsul de lui livrer deux condamnés à mort : il leur donna à boire du poison, et aussitôt ils moururent. Alors l’apôtre prit à son tour le calice, et, s’étant muni du signe de la croix, il but tout le poison et n’en éprouva aucun mal : sur quoi tous se mirent à louer Dieu." Légende dorée https://fr.wikisource.org/wiki/La_L%C3%A9gende_dor%C3%A9e/Saint_Jean
Le serpent ou dragon qui sort de la coupe, selon l'iconographie, est ici stylisé par des virgules blanches gravées sur verre rouge.
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Verrière des saints ..., (1519), baie 12 de l'église de Pont-Audemer. Photographie lavieb-aile août 2018.
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Lancette C : Vie de saint Nicolas.
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La légende de saint Nicolas est également illustrée à Pont-Audemer en baie 9.
Voir la Légende dorée :
https://fr.wikisource.org/wiki/La_L%C3%A9gende_dor%C3%A9e/Saint_Nicolas
1°) Saint Nicolas ressuscite les trois enfants.
Les trois enfants sortent du saloir. Nous retrouvons le verre rouge gravé d'étoiles déjà rencontré à deux reprises.
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Verrière des saints ..., (1519), baie 12 de l'église de Pont-Audemer. Photographie lavieb-aile août 2018.
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2°) Saint Nicolas dote les trois jeunes filles.
Le vieil homme dont la maladie a entraîné la misère et qui envisageait de prostituer ses trois filles en désespoir de cause est représenté dans son lit mains jointes. Saint Nicolas, vêtu en évêque, est à l'intérieur de la chambre et jette une bourse à l'une des trois filles qui sont agenouillées.
Nouvelle occurrence du verre rouge gravé d'étoiles.
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Verrière des saints ..., (1519), baie 12 de l'église de Pont-Audemer. Photographie lavieb-aile août 2018.
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3°) Saint Nicolas et le débiteur de mauvaise foi.
" Certain homme avait emprunté de l’argent à un Juif, en lui jurant, sur l’autel de saint Nicolas, de le lui rendre aussitôt que possible. Et comme il tardait à rendre l’argent, le Juif le lui réclama : mais l’homme lui affirma le lui avoir rendu. Il fut traîné devant le juge, qui lui enjoignit de jurer qu’il lui avait rendu l’argent. Or l’homme avait mis tout l’argent de sa dette dans un bâton creux, et, avant de jurer, il demanda au Juif de lui tenir son bâton. Après quoi il jura qu’il avait rendu son argent. Et, là-dessus, il reprit son bâton, que le Juif lui restitua sans le moindre soupçon de sa ruse. Mais voilà que le fraudeur, rentrant chez lui, s’endormit en chemin et fut écrasé par un chariot, qui brisa en même temps le bâton rempli d’or. Ce qu’apprenant, le Juif accourut : mais bien que tous les assistants l’engageassent à prendre l’argent, il dit qu’il ne le ferait que si, par les mérites de saint Nicolas, le mort était rendu à la vie : ajoutant que lui-même, en ce cas, recevrait le baptême et se convertirait à la foi du Christ. Aussitôt le mort revint à la vie ; et le Juif reçut le baptême."
La représentation du récit n'est que partielle, mais nous voyons bien le débiteur malhonnête allongé à terre, son bâton brisé laissant se répandre les pièces d'or.
Le Juif est coiffé du bonnet et porte la barbe : sa tunique est faite d'un verre rouge gravé de bandes régulières.
Le juge est entouré de ses conseillers.
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Verrière des saints ..., (1519), baie 12 de l'église de Pont-Audemer. Photographie lavieb-aile août 2018.
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Lancette D : Vie de saint Mathurin.
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Saint Mathurin est aussi représenté à Pont-Audemer en baie 17, avec la reine Théodora à ses pieds.
http://www.lavieb-aile.com/2018/12/la-verriere-des-saints-mathurin-sebastien-jacques-et-jean-baptiste-a-pont-audemer.html
J'ai déjà décrit les 8 panneaux de la verrière de Moncontour (Ille-et-Vilaine) contemporaine de celle-ci puisque datant de 1525. Je renvoie à cet article pour les textes et l'iconographie commentant la légende.
http://www.lavieb-aile.com/2018/03/les-vitraux-de-moncontour.v.la-verriere-de-la-vie-de-saint-mathurin-vers-1500-1525.html
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1°) Saint Mathurin guérit les possédés.
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Le saint bénit des possédés et des infirmes tandis que deux diablotins s'enfuient.
Nouvel exemple d'un verre rouge gravé.
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Verrière des saints ..., (1519), baie 12 de l'église de Pont-Audemer. Photographie lavieb-aile août 2018.
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2°) Scène perdue remplacée par une macédoine.
On y trouve une tête de Michel archange, une inscription EGO SUM QUI venant de l'Apocalypse, une petite inscription DESCEND...LINNOCENT...FOU.
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Verrière des saints ..., (1519), baie 12 de l'église de Pont-Audemer. Photographie lavieb-aile août 2018.
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3°) Saint Mathurin sauve un navire démâté par les démons.
Voir le 8ème panneau de Moncontour où, en route vers Rome, saint Mathurin s'endort dans le bateau et une tempête se lève. Il l' apaise et aborde à l'île St-Honorat (Lèrins) où deux anges le conduisent à la chapelle.
Les trois démons s'enfuyant et les deux anges sur l'île de Lérins sont bien visibles
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Verrière des saints ..., (1519), baie 12 de l'église de Pont-Audemer. Photographie lavieb-aile août 2018.
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LE TYMPAN.
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Jugement dernier et résurrection des morts.
De haut en bas, le Christ, Marie et Jean, les anges buccinateurs, les hommes et femmes sortant de leur tombe, dont un pape, un évêque, un moine, un roi. En bas, les démons.
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Verrière des saints ..., (1519), baie 12 de l'église de Pont-Audemer. Photographie lavieb-aile août 2018.
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SOURCES ET LIENS.
Sources principales : — GATOUILLAT ( Françoise), CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), HÉROLD (Michel), 2001, Eglise Saint-Ouen in Les Vitraux de Haute-Normandie, Corpus vitrearum / Recensement des vitraux anciens de la France VI, Paris, CNRS, 2001. p. 193.
— LAFOND, (Jean), 1969, Les vitraux de l'arrondissement de Pont-Audemer, Nouvelles de l'Eure, n°36, 1969 ;
— MONTIER, (Armand), 1895,Les vitraux de Saint-Ouen de Pont-Audemer, Pont-Audemer, Impr. du Commerce, G. Hauchard, 1895 ;
— MONTIER, (Armand), 1896, "L'église Saint-Ouen à Pont-Audemer", Normandie monumentale et pittoresque p. 109.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62406567/f145.item
En complément :
— PERROT (Françoise), 1972, M. Baudot et J. Lafond. Églises et vitraux de la région de Pont-Audemer, numéro spécial des Nouvelles de l'Eure, 3e trimestre 1969 , [compte-rendu], Bulletin Monumental Année 1972 130-1 pp. 87-88
https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1972_num_130_1_5138_t1_0087_0000_3
— PHILIPPE-LEMAITRE (Delphine) 1853, Notice sur les vitraux de Saint-Ouen de Pont-Audemer (Eure), Rouen, non consulté
— REGNIER (Louis) en 1899, non consulté.
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