Les statues de la chapelle Saint-Jacques de Merléac .
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— Sur cette chapelle, voir :
La chapelle Saint-Jacques de Merléac : la maîtresse-vitre (1402) II. La Passion.
La chapelle Saint-Jacques de Merléac : la maîtresse-vitre (1402) I. La Légende de saint Jacques.
La chapelle saint-Jacques de Merléac : la maîtresse-vitre IV : le tympan.
La chapelle Saint-Jacques à Merléac (22) : la maîtresse-vitre (1402) III : le registre inférieur.
— Sur saint Jacques, voir :
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La chapelle Saint-Jacques de Merléac (22) n'est pas seulement remarquable par ses vitraux du début du XIVe siècle, parmi les plus anciens de Bretagne, ou par sa maîtresse-vitre de 1402 vouée à la Passion et à la Légende de saint Jacques, ou par ses peintures murales de la Passion, ou par ses lambris peints exceptionnels, mais aussi par un corpus de statues du XIVe au XVIe siècle. J'en ai photographié 14, dont 3 du patron de la chapelle, et 6 de la Vierge. Elles ont été restaurées en 2014 par l'atelier Arthéma Restauration de Nozay (44170) pour un montant de 28 815 € .
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La Capella Sancti Jacobi.
La chapelle était achevée pour l'année 1317, mais l'aménagement a peut-être été interrompu ou détruit pendant la guerre de Succession de Bretagne de 1341 à 1364, puisque c'est en 1402 qu'elle reçut sa maîtresse-vitre.
Merléac appartenait aux Rohan, dont les armoiries sont partout dans l'édifice, sur la maîtresse-vitre, comme sur les murs et sur les piles de la nef.
La chapelle porte le nom de Saint-Jacques depuis son origine, ce qui est attesté par un acte de 1317 concernant un évêque de Quimper du nom d'Alain I qui ne nous est connu que par cette commission qu'il donna, en 1317, à l'official de Poher et Quintin pour terminer un différend qui s'était élevé entre Olivier II , vicomte de Rohan (1271-1336), le grand chantre de l'église de Quimper et le vicaire de "Merliac". La paroisse de Merléac, qui appartenait au diocèse de Quimper et avait pour succursale Quilio, avait pour subdélégation Quintin ; la cure était présentée par le grand chantre de la cathédrale de Quimper. Dans le texte de 1317 qui suit, la chapelle de Saint-Jacques est dite de novo construitam " reconstruite à l'état neuf" , et est l'objet d'un procès au sujet des revenus et profits de cette chapelle entre le chantre de Quimper qui avait en cette qualité juridiction dans la paroisse de Merléac et le recteur de Merléac. Le vicomte 0livier de Rohan intervient pour revendiquer ces revenus et profits comme devant être employés à sa construction et réparation. L'official (juge des affaires ecclésiastiques) de Poher et de Quintin, délégué par Alain, évêque de Cornouailles, décida que le chantre Guillaume percevrait le tiers des émoluments, que le sixième des deux autres appartiendrait au recteur de Merléac à la charge d'y célébrer la messe tous les mardis et le jour de la fête de saint Jacques, enfin, que le reste demeurerait aux mains du vicomte de Rohan pour être employé à l'entretien de l'édifice. Il y est fait mention d'offrandes déposées à la chapelle (emolumentorum & oblationum delatorum & provenientium) ce qui peut laisser supposer que le culte du saint était établi depuis longtemps en ce lieu.
Le texte latin est donné par Dom Morice dans ses Preuves, page 1275-1277 :
"Universis præsentes litteras inspecturis & audituris, Officialis Curiæ de Poher & de Kintin Commissarius specialiter deputatus à reverendo in Christo Patre ac Domino Domino Alano Dei gratia Corisopitensi Episcopo, cujus commissionis tenor talis est : Alanus miseratione divina Corisopitensis Episcopus Officiali nostro de Poher & de Quintin, salutem in Domino. Cum inter venerabilem virum Guillelmum Cantorem Ecclesiæ Corisopitensis ratione Cantoriæ suæ ac Vicarium Ecclesiae de Merliac, scilicet ratione suæ Vicariæ in eadem Ecclesia de Merliac contra vel divisim ex parte una, ac nobilem virum Oliverium Vicecomitem de Rohan militem ex altera ratione juris sui quod habere debebat, ut dicebat, in capella sancti Jacobi sita infra metas seu fines ipsius parochiæ de Merliac ;ipsis Cantore atque Vicario in contrarium asserentibus & juxta jura & consuetudinem Ecclefiae, portiones sibi debitas in talibus & consimilibus obtentis se habere & in possessione, ut dicebant, habendi & percipiendi se se affirmantibus in eadem capella, videlicet in emolumentis obvenientibus, oblationibus provenientibus & provenire debentibus ad capellam hujusmodi de novo constructam & ad truncum ejusdem & etiam ad altare ; nonnullae quaestiones tam per viam ordinariam, quam per viam appellationis, quam etiam Metropolitana & etiam autoritate Apostolica tamin judició,quam extra quocumque & ratione hujusmodi .. vel prætextu hucusque fuerunt exortæ, audiendidi dictarum partium rationes & proposita hinc & inde super his, & eorum sequentiis ac ea tangentibus, ipsasque partes ad concordiam reducendi ac compònendi loco mei, prout conveniet, inter eas super præmissis & ac ea tangentibus & alia faciendi quæ in talibus & consimilibus necessaria requiruntur, vobis liberam committimus ac plenariam potestatem & etiam vice nostra compellendi censusa Ecclesiastica etiam partes hujusmodi ad observandum inviolabiliter super hoc ordinata donamus vobis & à vobis inter partes praediétas. Datæ teste sigillo nostro die Jovis post Lætare Jerusalem, anno Domini millesimo tricentesimo septimo decimo : salutem in Domino. Noverint universi quod post nonnullas altercationes habitas & exercitatas, motas & habitas inter dictos Cantorem, Vicarium & praedictum Dominum Vicecomitem ad invicem ratione dictae & emolumentorum & oblationum delatorum & provenientium ad dictam capellam & imposterum deferendorum, praedicto Cantore afferente hujusmodi emolumenta ad se pertinere ratione Cantoriae suae & dicta Ecclesia de Merliac annexae quo ad duas partes ab antiquo dictae Cantoriae ; praedicto vero Vicario eadem emolumenta ad se pertinere proponente ratione dictæ Vicariæ suae ; dicto vero Domino Vicecomite dicente similiter & proponente dictam çapellam minime debere ibidem de novo construi & ædificari, ut pote in terris & possessionibus suis, nisi ipso prius volente, consentiente & ad hoc consenfum expressum præbente, & supposito etiam quod in hoc consentiret & præberet assensum quod dicta emolumenta debebant ad contructionem & edificationem dictae capellae de jure & consuetudine loci primitus applicari & converti. Super quibus præmissis ad pacem & concordiam coram nobis autoritate qua supra, devenerunt in modum qui sequitur dictæ partes : videlicet quod dictus Cantor debet habere & habebit, qua supra ratione, tertiam partem dictorum emolumentorum ad dictam capellam pervenientium dumtaxat proportione ipsius attingente in præmissis, de quibus est contentus : dictus vero Vicarius debet habere & habebit sextam partem duarum partium residuarum emolumentorum ipsius capellæ pro portione ipsius similiter attingente ratione dictae Vicaria & de tanto et contentus: residuum vero diétorum emolumentorum reservabitur ad applicandum & convertendum ad aedificationem, constructionem & reparationem dictæ capellæ & circa utilitatem ejusdem ...etc, etc". Preuves de Dom Morice I, p 1275.
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Le pèlerinage de Compostelle en Bretagne.
Merléac est situé sur l'un des chemins de Saint-Jacques en Bretagne, celui qui va de l'abbaye de Beauport (Paimpol) à Nantes en rejoignant les autres voies à Redon.
De Nantes, le pèlerin rejoignait un des ports d'embarquement pour Compostelle, comme Bourgneuf ou Talmont . La Via Turonensis, route terrestre la plus occidentale, était sans doute l’itinéraire choisi par les pèlerins bretons se rendant à Compostelle à pied ou à cheval, ce qui les conduisait à traverser toute l’Aquitaine, du Poitou à la Gascogne.
La pratique du pèlerinage est attestée parmi la noblesse de Bretagne au XIVe et XVe siècle. En juin 1406, Jean V donne 15 écus à Jehan de l'Angle pour se rendre en pèlerinage à saint Jacques. A partir de 1420, il procède à des dons successifs, mais n'honore pas la promesse de s'y rendre et d'y offrir son poids d'or, argent ou cire, faite lorsqu'il était prisonnier des Penthièvre.
" Déjà, les compatriotes de du Guesclin montraient un grand zèle pour le pèlerinage de Saint-Jacques. On sait que pendant que le connétable se trouvait prisonnier à Bordeaux, Henri de Transtamare, étant dans cette ville, avec deux compagnons, ces étrangers furent annoncés au geôlier comme trois pèlerins bretons.
En 1416, Jean, duc de Bretagne, écrivait au roi d'Angleterre pour lui demander la mise en liberté de quelque pèlerins de ses sujets pris à bord d'un navire.
Jaloux d'offrir leurs hommages à l'apôtre de l'Espagne, et empêchés de se rendre en personne au lieu où il était particulièrement honoré, les ducs de Bretagne chargeaient un procureur de les représenter au tombeau du saint et d'y porter leur offrande, consistant généralement en un calice, armes parlantes. Un compte publié par D. Morice nous montre un certain Guillaume le Regnec commis à cet effet, pour les fêtes de Pâques, en 1434 et durant les trois années suivantes; le duc lui passe pour son voyage 30 écus chaque fois, et pour ses dépens, messe et chevelices, 20 livres. Un autre compte, quelque peu postérieur, renferme le nom de "Dom Jehan Coroleau, prestre, que le duc (Arthur III) a envoié pour luy en pelerinage à S. Jacques en Galice, et pour y offrir un calice d'argent". Voilà ce que Jean de Mauléon entendait par chevelice, et la fin de son compte montre bien que c'était l'usage, à la cour de Bretagne, d'envoyer chaque année à Saint-Jacques-de- Compostelle un procureur chargé d'une mission semblable à celle des deux personnages dont nous venons de parler." Francisque Michel Histoire du Commerce et de la Navigation à Bordeaux,principalement sous l'administration anglaise, Chapitre XXV Le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle, Tome I Bordeaux 1867
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I. LES 3 STATUES DE SAINT JACQUES.
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— La statue en pierre de saint Jacques en majesté au dessus de la porte sud, à l'extérieur. XIVe siècle, ou XVI siècle ?.
— La statue en bois polychrome de saint Jacques en majesté surplombant l'autel, devant la maîtresse-vitre. XVe siècle.
— La statue de bois polychrome de saint Jacques en pèlerin.
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1. La statue en pierre de saint Jacques en majesté au dessus de la porte sud, à l'extérieur.
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La statue en pierre de saint Jacques en majesté, porte sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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Saint Jacques est représenté par une statue en pierre, où il trône en majesté, bourdon dans la main droite et phylactère dans la main gauche. C'est le modèle galicien, dont on trouve 14 exemples en Bretagne du XIVe au XVIe siècle (J. Roudier), dont 1 vitrail (Merléac), 7 statues en pierre (dont Merléac), et 5 statues en bois (Tréméven, Boquého -perdue-, Spézet, Merléac, et Pont-Croix). Mais ils s'inspirent des statues de Santiago en Maxestade de Galice :
«L’image de Saint-Jacques assis, en majesté ou en chaire, apparaît pour la première fois dans la cathédrale de Compostelle dans une sculpture créée par le Maître Mateo pour le meneau du Portique de la Gloire (1188 env.). Cependant, ce type iconographique ne sera pas très fréquent. Saint-Jacques est présenté comme apôtre (tunique et cape, pieds nus et un phylactère ou livre sacré), mais assis sur une somptueuse chaise ou trône.
Le phylactère présente normalement un texte faisant allusion à sa mission évangélisatrice; ainsi, sur la sculpture du Portique de la Gloire, on peut lire la phrase Misit me Dominus («Le Seigneur m’a envoyé»).
La crosse en forme de «Tau» qu’il soutient dans une de ses mains était la forme traditionnelle des bâtons cérémoniaux que les archevêques portaient et il rappelait la houlette utilisée par les apôtres lors de leurs marches pour diffuser les enseignements du Christ. Ainsi, la crosse favorisait l’idée de la mission apostolique demandée directement par Jésus à Saint-Jacques. Elle servait aussi à intensifier l’importance de Compostelle comme siège épiscopal.
Le texte Hic est Corpus Divi Iacobi Apostoli et Hispanorum Patroni («Ici gît le Corps du Divin Apôtre Saint-Jacques Patron des Royaumes Hispanique») apparaît inscrit sur son phylactère. Postérieurement, en 1250 environ, une autre sculpture en pierre de la même image est taillée pour une chapelle de la même cathédrale mais, cette fois-ci, elle est couronnée, en symbolisant l’Apôtre qui règne. Quant à ce modèle iconographique, on peut voir sur saint Jacques différents éléments qui identifient les pèlerins: l’escarcelle, la calebasse, la pèlerine ou le chapeau. Les représentations de Saint-Jacques assis ne vont pas au-delà du XVe siècle. Mis à part la zone d’influence de la Galice, il y a peu d’exemplaires en France, quelques uns en Bretagne, peut- être en raison de l’intensité des pèlerinages maritimes réalisés depuis cette région." http://museoperegrinacions.xunta.gal/sites/default/files/pdf/PDF_FRANCES/SALA-7-FRANCES-2011.pdf
Iconographie galicienne :
— Galego: Santiago en maxestade (anónimo, ca. 1340). Procede da igrexa de Santiago de Ribadavia (Ourense) e formou parte da exposición "O Camiño, a Orixe", na Cidade da Cultura de Santiago de Compostela (2015). auteur Lameiro Wikipédia
https://gl.wikipedia.org/wiki/Ficheiro:Santiago,_Cidade_da_Cultura,_Cami%C3%B1o,_a_Orixe_01-13b.JPG
— Exposición Camino El Origen. Museo Gaiás. Santiago de Compostela 13-03 a 13-09 2015. Parte 2.
— Parteluz del pórtico de la Gloria de la catedral de Santiago de Compostela. MarisaLR - Travail personnel
À Merléac, le saint est remarquable d'une part part ses cheveux formés de dix boules qui entourent son visage, tout à fait comme les anges ou les statues de Jean-Baptiste du Maître du Folgoët (1423-1509). La barbe est inexistante ou inapparente. Mais nous retrouvons la posture frontale et hiératique des modèles galiciens, les pieds nus propres aux apôtres, les yeux globuleux qui semblent fermés, et le phylactère tenu sur le genou gauche par la main posée à plat, laissant la banderole tomber verticalement devant le pied. Le bâton qui était tenu par la main droite est brisé au dessus du genou droit, ce qui fait que nous ne savons pas s'il adoptait la forme en tau. Un manteau déroule ses plis sinueux sur les cotés, laissant bien apparaître la robe, serrée en petits plis bouffants au dessus de la ceinture. Le siège est très bas, en forme de L procurant un appui pour les pieds. La pierre claire garde des traces d'ocre rouge.
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La statue en pierre de saint Jacques en majesté, porte sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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2. La statue en bois polychrome de saint Jacques en majesté surplombant l'autel, devant la maîtresse-vitre. XVe ou XVIe siècle.
Jean-Pierre Ducouret la datait du XVe siècle dans sa notice de 1996 pour l'Inventaire. Jean Roudier la date du XVIe siècle. C'est une statue en bois (monoxyle) taillé, peint, polychrome, avec peinture dorée, sur apprêt blanc, haute de 133 cm, large de 42 cm et profonde de 32 cm Elle a été classée au titre d'objet le 1988/12/09.
Inscription ST JACPUES avec une lettre q retrograde.
Elle est très proche de la statue de pierre, mais les cheveux ont une allure plus naturelle, la barbe tombe en rouleaux verticaux, le bourdon terminé par un pommeau est intact, et le phylactère, comme brisé, est réduit à la portion congrue ou incongrue d'un mouchoir. A-t-il été amputé par un sculpteur qui n'avait pas compris sa fonction ?
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La statue en bois de saint Jacques en majesté, maître-autel de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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La statue en bois de saint Jacques en majesté, maître-autel de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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3. La statue de bois polychrome de saint Jacques en pèlerin.
Elle n'est pas signalée par J. Roudier dans sa rubrique "Saint Jacques vêtu d'un long surcot", mais le saint ici représenté en apôtre (barbu, tenant un livre) tient le bourdon (brisé) de la main droite et un livre (l'évangile) de la main gauche ; il porte un manteau rouge à motifs floraux dorés au dessus d'une tunique longue ou surcot serrée par une ceinture. Son chapeau "campaniforme" ou "melon" bleu et brun est également retrouvé sur d'autres statues de saint Jacques dont l'identité est attestée par des attributs non équivoques, comme la besace ici manquante.
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La statue en bois de saint Jacques en long surcot, maître-autel de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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II. LES SIX STATUES DE LA VIERGE (ET CELLE DE SAINT JEAN).
Dans la chapelle, les vitraux des bas-cotés attestent de l'importance donnée au culte de la Vierge couronnée. J'ai compté ici six statues de Marie, dont deux sont couronnées.
— La Vierge couronnée à l'Enfant "à la pomme". Bois polychrome, XIVe.
— La Vierge couronnée à l'Enfant "à l'oiseau". Bois, trace de peinture bleue.
— La Vierge à l'Enfant en pierre, XVe siècle.
— Notre Dame de Lorette, bois polychrome, XVIIIe siècle
— La Pietà, bois polychrome, XVe siècle.
— La Vierge et saint Jean, issus d'un Calvaire (Poutre de Gloire ?), bois .
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4. La Vierge à l'Enfant "à la pomme". Bois polychrome. XIVe.
C'est sans doute elle qui a bénéficié des travaux en 2014 de l'entreprise de restauration Arthéma, nécessitant un avenant de 1 467 € englobant la restitution sculptée du visage de l'enfant et l'intégration polychrome de ce visage selon un ancien cliché d'archives.
Elle est désignée sous le terme de "Vierge à l'Enfant n° 1" dans la base Palissy et fait l'objet de la description suivante par Jean-Pierre Ducouret dans sa notice de 1996 pour l'Inventaire :
bois (monoxyle) : taillé, peint, polychrome, peint doré . Vierge déhanchée, couronnée, tenant un globe dans la main droite et l'enfant vêtu d'une tunique longue sur la main gauche. Revers très évidé, main droite assemblée. H= 118 cm.Mauvais état de la polychromie, vermoulure, tête de l'enfant cassée sommairement réparée. Classée à titre d'objet 1909/04/08.
Il est peu probable que Marie tienne un globe, et il s'agit plus probablement d'un fruit rond, pour ne pas dire une pomme, tandis que la sphère jaune tenue par l'Enfant correspond volontiers à un globe. Ainsi s'établit la relation spéculaire complexe et polysémique entre la pomme, fruit des entrailles — le fructus ventris tuis Iesus de l'Ave Maria — mais aussi support du Désir d'Adam et Éve qui a plongé l'Humanité dans la Chute, et l'orbe cruciger du Christ victorieux de la mort et Rédempteur du monde. Thématique déjà développée à propos de la Vierge à l'Enfant du calvaire de Rumengol.
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La Vierge à l'Enfant "à la pomme". Bois polychrome. XIVe. Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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La Vierge à l'Enfant "à la pomme". Bois polychrome. XIVe. Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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5. La Vierge à l'Enfant "à l'oiseau". Bois, trace de peinture bleue.
Dans cette très belle statue de Marie couronnée, l'Enfant, de grande taille et vêtu d'une longue tunique, tient un objet que j'identifie comme un oiseau. Les deux visages au large front, aux joues rondes et au menton saillant partagent des traits féminins. Les traces de peinture bleue sont retrouvées sur le manteau marial.
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La Vierge à l'Enfant "à l'oiseau". Bois avec traces de polychromie. Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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La Vierge à l'Enfant "à l'oiseau". Bois avec traces de polychromie. Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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6. La Vierge à l'Enfant en pierre, XVe, pignon ouest.
Jean-Pierre Ducouret la désigne en 1996 pour l'Inventaire comme "Vierge à l'Enfant (2)", et la décrit comme une statue taillée dans une pierre à grains fins, de couleur grise, non peinte et ne présentant pas de traces de polychromie. haute de 104 cm, profonde de 23 cm. Vierge à l'Enfant de facture savante, aux plis abondants et mouvementés. Mauvais état : l'enfant a disparu, la tête de la Vierge est cassée et sommairement réparée ; nombreuses cassures dans les plis, cassure par le milieu de la statue sous la taille.
Placée en hauteur sous la baie du mur occidental, elle n'a pas répondu à mes attentes de photographe amateur, même en adoptant un angle de vue plus favorable : elle a conservé une allure fantomatique, un sourire crispé et des yeux caves. Un autre viendra, qui saura lui rendre justice.
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Vierge à l'Enfant en pierre, XVe, pignon ouest. Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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Vierge à l'Enfant en pierre, XVe, pignon ouest. Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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7. Notre-Dame de Lorette. Bois polychrome, XVIII.
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Jean-Pierre Ducouret la décrit comme une statue de bois (monoxyle) : taillée, peinte, polychrome, peinture dorée (repeint), XVIIIe siècle, h = 56 cm, Vierge déhanchée, au plissé savant, s'inspirant d'un modèle d'applique ; revers plat. N.D. DE LORETTE, peint sur la base.
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Notre-Dame de Lorette. Bois polychrome, XVIIIe siècle. Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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8. La Vierge de Pitié (Pietà), XVe siècle.
Selon Jean-Pierre Ducouret, les jambes et la tête du Christ sont assemblées ; les mains de la Vierge et les côtés de son siège sont assemblés et fixés par des chevilles. Le buste de la Vierge est orné de 3 losanges en pâte de verre noire. Groupe en bois (en plusieurs éléments) : taillé, peint, polychrome, peint doré, sur apprêt (blanc) ; pâte de verre (décor). h = 95 ; la = 86 ; pr = 25. Mauvais état de la polychromie ; vermoulure : la base de la statue est dégradée par la pulvérulence. XVe siècle classé au titre objet 1988/12/09.
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La Pietà, XVe siècle, chapelle latérale nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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La Pietà, XVe siècle, chapelle latérale nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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9 et 10. La Vierge et saint Jean au pied de la Croix (Poutre de Gloire ?). Bois, traces de polychromie.
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La Vierge au pied de la Croix. Bois, traces de polychromie. Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
La Vierge au pied de la Croix. Bois, traces de polychromie. Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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Saint Jean La Vierge au pied de la Croix. Bois, traces de polychromie. Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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III. SAINTS ET SAINTE : APOLLINE, UN SAINT ABBÉ ET QUATRE SAINTS ÉVÊQUES.
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— Le martyre de sainte Apolline, bois polychrome, XVe siècle.
— saint abbé.
— saint évêque.
— saint évêque.
— saint évêque : saint Brieuc.
— saint évêque.
L'un des évêques pourrait être le dominicain Jean Validire, né à Saint-Léon en Merléac
"Jean VALIDIRE, né dans la paroisse de Merléac, près d'Uzel, religieux dominicain du couvent de Morlaix, devint confesseur du duc Jean V, puis évêque de Léon, et fut transféré à Vannes le 18 novembre 1453 par le pape Eugène IV. Son église tombant en ruines, il en fit réparer la meilleure partie, et construire les chapelles de Notre Dame et de Saint-Léon, de concert avec le chapitre. Ce prélat, surnommé aussi de Saint-Léon, éleva, auprès de la maison de ses parents, une chapelle en l'honneur du grand pape dont il portait le nom. Ce fui lui qui bénit à Aurai, en 1442, le mariage de François Ier, duc de Bretagne, avec la princesse Isabeau d'Ecosse. Il mourut en 1444y et fut inhumé dans la chapelle de Notre-Dame, où l'on voit encore son tombeau."
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11. Le martyre de sainte Apolline. Bois polychrome, XVe siècle.
Jean-Pierre Ducouret la décrit pour l'Inventaire comme une statue d'applique en bois (monoxyle) : taillé, peint, polychrome au revers évidé ; groupe relié. Sainte Apolline, mains liées, et son bourreau, coiffé d'un chapeau volumineux, chaussé de poulaines pointues. 15e siècle. h = 83 cm, pr. 12 cm . Classé au titre d'objet 1909/04/08. Le dossier de l'Inventaire est accompagné d'une photographie.
L'article Merléac d'Infobretagne propose aussi une carte postale ancienne où sont photographiées les principales statues de la chapelle, dont celle-ci.
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Le martyre de Sainte Apolline est relaté par Eusèbe de Césarée dans son Histoire Ecclésiastique, reprenant une lettre de l’évêque Denys d’Alexandrie à Fabien, évêque d’Antioche. Jacques de Voragine (1228 – 1288) reprend cette histoire dans le tome II de sa Légende Dorée.
Apolline, ou Apollonie, vierge consacrée d’un certain âge, vivait à Alexandrie sous le règneet les persécutions de Dece Trajan (201 – 251). Une vierge consacrée faisait vœux de vivre au service de l’Eglise dans le célibat et la chasteté. Des émeutiers rencontrèrent ainsi Apolline qui, malgré le danger, s’était aventurée dans les rues pour accomplir une sainte mission, et se moquant de son âge, lui brisèrent la mâchoire à coups de pierre puis lui arrachèrent les dents.
Ils allumèrent ensuite un grand feu menaçant de l’y jeter si elle n’abjurait pas le Christ. La Sainte leur demanda un instant de réflexion, puis ayant ainsi trompé leur surveillance, elle se jeta d’elle-même dans le feu.
Les relations commerciales de la Bretagne avec le Nord de l'Europe (Merléac était un centre de production et de blanchiment des toiles, et la foire, ou Cohue, de Saint-Léon / Saint-Jacques était réputée) entraîna l'introduction de la dévotion envers sainte Apolline à la fin du Moyen-Âge.
Il manque vraisemblablement ici le deuxième bourreau qui devait tenir, comme dans de nombreux exemples de statues, la tenaille présentant dans ses mors une molaire. Mais la bouche sanguinolente d'Apolline témoigne de son méfait. L'autre bourreau suspend la sainte à un arbre par les cheveux, enroulés en spirale à une branche. Ce détail n'existe pas dans la Légende Dorée de Jacques de Voragine. Il est visible sur Le martyre de Sainte Apolline peint par Jean Fouchet dans les Heures d'Étienne Chevalier : un des bourreaux, encouragé par le diable, tire les cheveux de la sainte, tandis que l'autre lui arrache les dents avec une longue tenaille.
On verra aussi les groupes sculptés de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët, de la chapelle de La Houssaye à Pontivy, ou de l'ancienne chapelle de Coat-Quéau à Scrignac, un bois peint, vers 1560, conservé au Musée départemental breton de Quimper . Le détail des cheveux entortillés se découvre dans le groupe de Scrignac, mais c'est au Faouët que la sainte est spectaculairement suspendue à une branche par un nœud formé par ses cheveux.
http://www.lavieb-aile.com/2016/01/les-sculptures-de-la-chapelle-saint-fiacre-au-faouet.html
http://www.lavieb-aile.com/article-la-chapelle-de-la-houssaye-a-pontivy-2-110130428.html
Musée Départemental Breton :
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Les poulaines (qui seront abandonnées vers 1470), les chausses très ajustées, la tunique très courte du bourreau, sont des détails qui se retrouvent à La Houssaye . La position fléchie agressive voire équivoque du genou est figurée à Merléac, à La Houssaye et au Musée Départemental de Quimper.
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Le martyre de sainte Apolline. Bois polychrome, XVe siècle. Bas-coté sud de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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Le martyre de sainte Apolline. Bois polychrome, XVe siècle. Bas-coté sud de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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Le martyre de sainte Apolline. Bois polychrome, XVe siècle. Bas-coté sud de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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12. Un dominicain ou un saint abbé ?
La base Palissy décrit d'une part un saint moine, décrit comme un dominicain tenant un livre, et d'autre part un "saint abbé (?)".
a) "Statue en bois taillé peint, h = 104 cm, Notice de l'Inventaire général rédigée par Jean-Pierre Ducouret en 1997."
b) "Saint abbé (?), bois (monoxyle) : taillé, peint, polychrome bénissant, tenant un livre main gauche, vêtu d'une chape, tête nue. 15E siècle h = 104 cm . Mauvais état de la polychromie ; base cassée ; vermoulure. Jean-Pierre Ducouret. 1996"
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Un saint abbé ou un dominicain, bas-coté de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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Un saint abbé ou un dominicain, bas-coté de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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13. Saint évêque n°1.
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Est-ce cette statue qui est décrite par Jean-Pierre Ducouret 1996 sous la désignation de saint évêque 1, statue d'applique bois (monoxyle) : taillé, peint, polychrome h=115 cm, Mauvais état de la polychromie ; vermoulure. 1er moitié XVIe siècle ?
L'évêque est mitré, il tient la crosse verte par l'intermédiaire d'un tissu, le sudarium . Il porte la chasuble sur le surplis et l'aube.
La coiffure en deux masses latérales correspondrait à la mode du début du XVIe.
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Saint évêque n°1, bois polychrome. Bas-coté de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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Saint évêque n°1, bois polychrome. Bas-coté de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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14. Saint évêque n° 2. Bois polychrome, XVIe siècle.
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évêque mitré, statue d'applique en bois (monoxyle) : taillé, peint, polychrome ; revers évidé, XVIe siècle. h = 92 cm Mauvais état de la polychromie ; main droite cassée. Jean-Pierre Ducouret.
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Saint évêque n° 2. Bois polychrome, XVIe siècle. Bas-coté de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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15. Saint évêque n°3. "Saint Brieuc", bois polychrome.
Evêque 3 bois (monoxyle) : taillé, peint, polychrome . Statue d'applique h = 117cm Saint évêque, ganté, mitré, bénissant. Mauvais état de la polychromie ; partie supérieure de la crosse disparue. Jean-Pierre Ducouret 1996.
Mitre, chirothèques, étole, chasuble, surplis, aube, crosse (brisée) et sudarium.
Saint évêque n°3. "Saint Brieuc", bois polychrome. Bas-coté de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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Saint évêque n°3. "Saint Brieuc", bois polychrome. Bas-coté de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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16. saint évêque n°4.
Mitre, chirothèques,, chasuble, surplis, aube, crosse (brisée) et sudarium. .
Saint évêque n°4, bois polychrome. Bas-coté de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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Saint évêque n°4, bois polychrome. Bas-coté de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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SOURCES ET LIENS.
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— ROUDIER (Jean), 2005, « Saint Jacques en Bretagne, culte et patrimoine » Éditions Label LN, Ploudalmézeau, 2005.
— ROUDIER (Jean), Iconographie de saint Jacques en Bretagne (annexe de l'ouvrage précédent).
https://www.compostelle-bretagne.fr/index.php/patrimoine-jacquaire-breton/iconographie
https://www.compostelle-bretagne.fr/images/PDF/Iconographie/icono-annexes.pdf
— ROUDIER (Jean), 2010, Editions Label,
PAR TERRE ET PAR MER
– LES PÈLERINS BRETONS À COMPOSTELLE (Mai 2010)
addenda pelerins bretons.pdf (160 Ko)
SAINT JACQUES EN BRETAGNE –
CULTE & PATRIMOINE (Avril 2010)
etude iconographique de saint Jacques.pdf (788 Ko)
planches A1-A24.pdf (5,0 Mo) Saint Jacques vêtu d’un long surcot. A4 Saint Jacques en majesté, les statues en pierre, A5 Saint Jacques en majesté, les statues de bois.
planches B1-C8.pdf (3,5 Mo) Saint Jacques en robe et manteau, etc
planches D1-E6.pdf (3,7 Mo) Peintures et vitraux
— SITE DE L'ASSOCIATION DES AMIS DE SAINT JACQUES DE COMPOSTELLE.
https://www.compostelle-bretagne.fr/
— BASE PALISSY.
http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palsri_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_98=LOCA&VALUE_98=%20Merl%E9ac&DOM=Tous&REL_SPECIFIC=3
— MUSEOPEREGRINACIONS.XUNTA.GAL
http://museoperegrinacions.xunta.gal/sites/default/files/pdf/PDF_FRANCES/SALA-7-FRANCES-2011.pdf
— EXPOSITION Camino El Origen. Museo Gaiás. Santiago de Compostela 13-03 au 13-09 2015.
http://1000-lugares-en-galicia.blogspot.fr/2015/09/exposicion-camino-el-origen-museo-gaias-santiago-parte-2.html
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— GESLIN DE BOURGOGNE (Jules-Henri), "l'église Saint-Jacques à Saint-Léon de Merléac",Bull. et Mém. Soc. Émulation Côtes du Nord, t. II, 1865, p.1-17.
— VENUAT (Mathieu), Chapelle Sain-Jacques, Merléac
https://chapelle-merleac.weebly.com/chapelle-en-images.html
— Infobretagne :
http://www.infobretagne.com/merleac-chapelle-saintjacques-vitraux.htm
—OFFICE DU TOURISME
http://www.centrebretagne.com/office-de-tourisme/decouvrir/patrimoine/un-chapelet-dedifices-religieux/chapelle-saint-jacques-a-merleac.html
— BRETAGNE WEB.COM
http://www.bretagneweb.com/photos-22/22-merleac.htm
— WIKIPEDIA : photo de la statue extérieure de saint Jacques : " Statue de Saint-Jacques sommant la porte de la costale du collatéral sud. " par GO69
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Merl%C3%A9ac_(22)_Chapelle_Saint-Jacques_05.JPG
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