Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux : XIX: la baie 210 offerte vers 1390-1400 par le roi Charles VI.
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Cet article est le dix-neuvième d'une série sur l'apparition du jaune d'argent dans les vitraux du chœur de la cathédrale d'Évreux au XIVe siècle, et il suit l'ordre chronologique des datations de ces verrières.
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Je suis guidé par les publications de Françoise Gatouillat, et notamment par Gatouillat 2019.
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Voir :
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Voir aussi :
.— Sur les vitraux plus tardifs de la cathédrale d'Évreux :
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Les vitraux de la baie 15 (vers 1360-1370) de la chapelle du Rosaire de la cathédrale d'Evreux.
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Les vitraux de la baie 17 (vers 1360-1370) de la chapelle du Rosaire de la cathédrale d'Evreux.
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Les vitraux de la baie 19 (vers 1360-1370) de la chapelle du Rosaire de la cathédrale d'Evreux.
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L'arbre de Jessé (baie 0) de la cathédrale d'Évreux (1467-1469).
— Sur les fonds damassés outre les articles sur les baies 15, 17 et 19 cités supra :
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La chapelle Saint-Jacques de Merléac : la maîtresse-vitre (1402) II. La Passion.
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Les fonds damassés des vitraux (vers 1417) du chœur de la cathédrale de Quimper.
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Liste de mes 200 articles sur les vitraux :.
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PRÉSENTATION.
Haute de 6,50 m et large de 3,60 m, la baie 210, située au coté sud des vitres hautes du chœur, comporte 4 lancettes trilobées et un tympan à 1 pentalobe, 2 trilobes et 9 écoinçons. Elle appartient, avec la baie 209 offerte par Pierre de Navarre, comte de Mortain, aux verrières dites "royales". En effet, dans les deux lancettes centrales, le roi de France Charles VI est agenouillé devant un prie-dieu, présenté à la Vierge à l'Enfant, assise, par saint Denis placé à l'extrême droite.
Les dais répètent les mêmes fleurons trilobés au sommet des petits gables aigus des contreforts que la baie 209, les mêmes crosses de feuillage sur les rampants des gables principaux, et surtout les mêmes crochets blancs et jaunes qui hérissent, par une disposition assurément rare, la corniche supérieure des niches.
De même, nous retrouvons ici les deux tissus damassés de la baie 209, d'une part celui des fonds, à rinceaux et médaillons où s'affrontent deux dragons ou oiseaux fabuleux, et d'autre part celui du prie-dieu, à large fleur jaune en étoile.
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La verrière a été recomposée ici en 1955 avec des panneaux exécutés pour la nef et transférés progressivement dans le chœur depuis 1845. La figure royale était placée à l'origine dans la baie 132 sous sa rose aux armes de France. Lebeurier donnait en 1868 la description du coté sud de la nef :
"Les fenêtres 2 et 3 ont de simples grisailles ornées à leur partie supérieure, la première d'un écusson aux armes de France d'azur à trois fleurs de lys et la seconde d'un écusson écartelé de Navarre et d'Evreux.
La verrière de la fenêtre 4 représente un roi qu'on croit être Charles V, beau-frère de Charles-le-Mauvais, agenouillé sur un coussin orné de fleurs de lys, en face d'un prie-dieu sur lequel est un livre ouvert. Le fonds de la scène est d'azur semé de fleurs de lys. Au haut, dans la rosace, un écu de France, d'azur semé de fleurs de lys sans nombre.
La verrière de la fenêtre 5 représente une Vierge assise ayant sur ses genoux l'enfant Jésus qui tient à la main une branche de rosier. En face se trouvait, dit-on, le portrait de Charles-le- Mauvais qui a été transporté dans le chœur vers 1834."
Elle fut restaurée en 1890 par Leprévost et Steinheil, puis restaurée et recomposée en 1955 par Gruber. En 1983, elle a été endommagée par un orage de grèle et restaurée par Tisserand avec inclusions, doublage de la vitre, tandis que les plombs de casse ont été supprimés grâce à un collage bord à bord des pièces brisées.
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Les baies 210 et 212 et en dessous les baies 110 et 112 du triforium.
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La baie 210.
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Les parties figurées des quatre lancettes.
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Première lancette (à gauche) : la Vierge à l'Enfant assise sur une cathèdre.
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La Vierge nimbée et voilée, vêtue d'un manteau bleu, tient son fils sur le bras droit et un livre dans la main gauche. Elle est légèrement tournée et inclinée vers le donateur, vers lequel se dirige son regard.
L'Enfant, blond, à demi recouvert d'un drap, entoure le cou de sa Mère tandis que sa main droite se dirige vers le donateur.
Marie porte une robe blanche à motifs de deux fleurs différentes, peintes au jaune d'argent.
La cathèdre est gothique, à pinacles à crochets.
Le drap d'honneur tendu derrière elle, de couleur rouge, est peint à la grisaille, l'enlevé de cette peinture donnant à voir le motif du damassé, à rinceaux souples dont les boucles à crochets renferment deux dragons (ou oiseaux fabuleux) selon une inspiration orientale repris dans les lampas italiens.
L'édicule hexagonal à voûte nervurée et aux pans marqués par des gables à fleurons laisse voir, sur le fond bleu, les lancettes d'une ou plusieurs verrières, comme si la niche était située dans une cathédrale.
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. Détail du damassé.
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Les deux lancettes centrales : Charles VI agenouillé en donateur.
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Les deux lancettes forment un seul lieu, délimité par l'arcade de la niche, dont le sommet est gardé par deux anges (complété en 1955).
Sur un fond vert (en haut) et rouge , un drap d'honneur fleurdelysé est tendu. Le large prie-dieu est recouvert d'un linge liturgique blanc, richement orné de fleurs à sept pétales en étoile, comme sur la baie 209. Le livre de prière, ouvert, étale les deux fermoirs de sa reliure.
Le roi (couronné) est vêtu, non pas d'un manteau aux armes de France, mais d'un manteau rouge au rabat de col et au revers blanc (fourrure d'hermine ?).
Mains jointes, il fixe la Vierge du regard.
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Dernière lancette : Saint Denis.
C'est lui qui porte sur son manteau les armes du royaume de France, dont il est le patron(cf. la nécropole royale de Saint-Denis et le cri Montjoie-Saint Denis).
Il tient sa tête dans les bras, puisqu'il a été décapité. Cette tête est mitrée, les fanons de la mitre retombent derrière le bras gauche.
C'est ici le même carton que pour la baie 209, où il co-présente Pierre de Navarre.
Le fond damassé rouge reprend le même motif que sur les lancettes précédentes.
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Le tympan.
L'oculus du pentalobe renferme les armes de France aux fleurs d lys sans nombre, tandis que les lobes, datant du XIXe, sont aux armes d'Évreux-Navarre. Des couronnes d'or sur champ de gueules occupent les trilobes.
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La baie 110 du triforium (3ème quart du XVe).
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SOURCES ET LIENS.
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— Stained-glass windows of Cathédrale Notre-Dame d'Évreux
https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Stained-glass_windows_of_Cath%C3%A9drale_Notre-Dame,_%C3%89vreux?uselang=fr
— BATISSIER, 1849, "Description des vitraux de la cathédrale d'Évreux", Revue de Rouen et de Normandie, volume 17.
https://books.google.fr/books?id=2L5DAAAAYAAJ&dq=%22MARTINUS%22+%22cath%C3%A9drale+d%27%C3%A9vreux%22+vitraux&hl=fr&source=gbs_navlinks_s
— BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.
— DUBUC (René), 1983, "Problèmes héraldiques de la cathédrale d'Évreux", Normandie, Etudes archéologiques. Congrès national des sociétés savantes, Caen
— GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385
— GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.
— GATOUILLAT (Françoise), "Note sur les verrières royales", Connaissance de l'Eure, n°88, p. 33-34.
–GOSSE-KISCHINEWSKI ( Annick ) et Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Evreux, Evreux, Hérissey, 1997.
–GOSSE-KISCHINEWSKI ( Annick ), HENRY (Virginie), 2016, Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07
http://www.eure.gouv.fr/content/download/18041/123811/file/ESSENTIEL_CONNAISSANCE_07%20Historique%20complet%20de%20la%20Cath%C3%A9drale%20d'Evreux.pdf
— GRODECKI Louis, 1968, Baudot et Dubuc "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in Bulletin monumental, 1968, p. 55-73.
— HONORÉ-DUVERGÉ (Suzanne), 1942, "Le prétendu vitrail de Charles le Mauvais à la cathédrale d'Évreux" Bulletin Monumental Année 1942 101-1 pp. 57-68
https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1942_num_101_1_9289
— LAFOND (Jean), 1953, "Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300", Bulletin Monumental Année 1953 111-4 pp. 317-358
https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1953_num_111_4_3745
— LAFOND (Jean), 1942, "Les vitraux royaux du XIVe siècle à la cathédrale d'Évreux" Bulletin Monumental Année 1942 101-1 pp. 69-93
https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1942_num_101_1_9290
— LAFOND (Jean), 1975, "Les vitraux royaux et princiers de la cathédrale d'Évreux et les dessins de la collection Gaignières" , Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France Année 1975 1973 pp. 103-112
— LEBEURIER (P-F.), 1868, Description de la Cathédrale d'Evreux accompagnée d'une vue générale et d'un plan géométrique, Huet ed., Evreux 1868
https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n15
— Suau (Jean-Pierre), 1993, "Les vitraux des rois de Navarre en la cathédrale d'Évreux", Connaissance de l'Eure, n°88, p. 32-33.
— Vaivre (Jean-Bernard de) 1980,"Les vitraux royaux de la cathédrale d'Évreux" cahiers d'archéologie p.300-313. Non consulté.
— Monuments historiques, Notre-Dame-d'Evreux
http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/evreux/vitraux/1.html
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— Patrimoine-histoire.fr, Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame
http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame.htm
— http://www.evreux-histoire.com/evreux-3-1-0.html#icono2