Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 avril 2011 1 18 /04 /avril /2011 20:43

   Il était une fois...un insecte plus rouge qu'un camion des pompiers : Melasoma populi Linnaeus, 1758.

    J'ai rencontré ce Chrysomèle du peuplier dans les saules, de tout petits saules trés ras qui bordaient une mare derrière les dunes prés de l'usine à galet de Trevennec (29S), si petits et si ras qu'on ne voyait, au ras du sol, qu'un tapis de jolis chatons flambant neufs.

   Je les ai pris pour de grosses coccinelles, jusqu'à ce que je regarde leurs pattes, très occupées à adhérer fortement aux élytres de leur  partenaire : je reconnus aussitôt les fameuses pattes en réglisse des Crache-sang et autres Timarcha, et en déduisis que j'avais affaire à des chrysomèles.Le retour du Crache-sang: Timarcha maritima.

   Comme chez les Timarches, la femelle est nettement plus grande que le mâle. Mais les élytres de Melasoma ne sont pas soudées, et il peut parfaitement voler.

 

 

  chrysomeles 0981cc

 

chrysomeles 0991ccchrysomeles 1017ccc

 

 

 

chrysomeles 0998cc

 

   Sur ce dernier cliché, je vérifie que la pointe des élytres porte bien un petit point noir, car c'est la marque de fabrique de Melasoma populi, qui le distingue de Melasoma tremulae.

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier
18 avril 2011 1 18 /04 /avril /2011 12:05

   Seize avril, étang de Kerloc'h à Crozon: des grandes libellules passent en patrouillant à quelques mètres au dessus de moi, par groupes de deux ou trois, quelques-unes en solo. Je parviens à suivre certaines du regard, et , dans certains cas, à repérer qu'elles se posent sur des feuilles d'arbres. Je m'approche comme je peux à travers des fourrés de ronces et de fougères sèches et je les vois, deux mètres plus haut, peu accessibles à une photographie. Faute de mieux, je tente un cliché au 400mm, qui donne, une fois bien agrandi, ceci :

 

aeschne-printaniere 0776c

 

aeschne-printaniere 0783cc

 

 

   Ce corps sombre orné de mosaïque de taches bleu-clair, ce vol en zig-zag, cet abdomen assez rectiligne sans dilatation, ce ne peut être, à cette date, que l'Aeschne printanière, mais elle est trop éloignée à mon goût, et j'ai beau tenter de m'approcher de cette aubépine stratégiquement situé au milieu d'une belle et dense plantation d'orties, rêver d'une échelle, monter sur une pierre, ou faire des bonds de basketteur, je ne trouve aucun moyen de réaliser une photographie correcte.

  Je reste au pied de l'arbre, mais l'Aeschne prends son temps, puis s'élance... vers une autre branche plus haut située. Je consacre à ce petit jeu une partie de l'après-midi, puis je renonce.

  Sur le chemin de retour, je suis régulièrement survolé par les petits hélicoptères bleus et noirs. Dans la Rade de Brest, nous sommes habitués au passage bruyant des appareils de la base de Lanvéocsurveillant l'accès de l' Île Longue, et je ne cherche pas plus désormais à intercepterces libellules que je ne tente, d'habitude, de capturer un hélicoptère de la B.A.N avec un filet à papillon.

 

   Mais le miracle survient : un petit missile se pose dans les herbes, à ma hauteur ! Je le rate une fois, mais la chance redouble, et me voilà à genoux, (toujours dans les orties...) face à un petit bijou de bronze, un vrai chef-d'oeuvre de Lalique.

 Lalique pendentif libellule

 

 

cordulie-bronze 0870c

 

 I.  C'est la Cordulie bronzée, Cordulia aenea(Linnaeus, 1758) : 

 •  Elle appartient au genre CorduliaLeach, 1815 parce que c'est une libellule de taille moyenne, dont les yeux sont en contact par un point ou une zone brève, qui est de couleur vert métallique sur le thorax, l'abdomen et , chez l'adulte mature, les yeux. (Mon spécimen vient d'émerger de sa forme de chrysalide, comme en témoigne ses ailes brillantes, et ses yeux sont encore bruns.) Elle  présente d'autres caractères des Cordulies comme les triangles alaires des ailes antérieure et postérieure qui ne sont pas orientés dans le même sens.

  • Elle appartient à l'espèce aenea

            -par la précocité de son apparition,

            - par la couleur safranée de ses ailes, prédominant à leur base,

           - par son abondante pilosité claire du thorax (comme la Cordulie métallique ),

           - par l'absence de marque claire sur l'abdomen,

            - par l'absence de marques jaunes sur le front, pour la distinguer de la Cordulie métallique,

            - par l'unique nervure transverse tendue entre le triangle, et la base.

 

 

 

 

cordulie-bronze 0866cc

 

 

  • C'est une femelle, ses appendices anaux étant composée d'une paire de cercoïdes, sans lame supra anale.

  Donc je ne peux constater la dilatation de l'abdomen en massue au niveau de S7 et S8.

 

cordulie-bronze 0845c

 

 

 

cordulie-bronze 0762c

 

   En réalité, j'aurais la chance de rencontrer deux femelles, également posées à trente centimètres du sol, en train de faire sécher leurs ailes récemment écloses : l'une sur sa feuille de ronce, l'autre sur sa feuille de chêne.

 Ces libellules se plaisent  dans les eaux stagnantes pauvres en nutriments : l'eutrophisation des plans d'eau ne leur convient pas. Les larves, après un période de deux ou trois ans où elles traversent douze stades larvaires, émergent début avril. L'imago débute alors une phase de maturation de quinze jours ou trois semaines où il s'éloigne parfois de plusieurs kilomètres des zones humides pour fréquenter les allées forestières et les zones boisées ; puis il rejoint les sites de reproduction, où on verra les mâles patrouiller durant la journée à la recherche d'une partenaire ; l'espèce n'est pas répandue, et les concurrents sont rares, mais s'il s'en présente, Monsieur Cordulie bronzé se livre à des affrontements redoutables.

 

 cordulie-bronze 0772c

 

cordulie-bronze 0870c

 

 

    L' Homme-au-Vitrail, ou la Cordulie de la Sainte-Face.

  Il est difficile de se faire une idée exacte de l'étymologie du nom de cordulie, et j'ai pu trouver des interprétations fantaisistes ou invraisemblables, mais l'origine la plus sérieuse est rapportée dans Nomina sanctorum  Dulium quorum corpora Lemovicensem diocesim ornant, de Bernard Hasui, dans la traduction faite par le carme normand Jean Daroneim pour Charles V . Les évangiles apocryphes de Jérome mentionnent bien que,lors de la passion du Christ, un centurion romain, du nom de Dullius, avait aidé Jésus lorsque celui-ci gravissait le Golgotha, allant jusqu'à le porter sur son dos avant d'être arrêté par ses propres troupes, être conduit en prison et y mourir. Mais il est moins connu, mais c'est ce que mentionne le manuscrit de Blastonbury abbey ms 6,8, 42, f128v-129 (1254) , que Saint Dulie, comme il fut appellé plus tard, dans les derniers mois de sa détention, s'était mis à présenter sur sa propre chair, au niveau du dos, les stigmates glorieux du visage christique souffrant . Il était, nous dit l'hagiographe, l'équivalent humain du Volto Santo,le voile par lequel Sainte Véronique avait essuyé le front du sauveur, et sur lequel s'était trouvé reproduit miraculeusement la Sainte Face. Le portrait divin que Dullius arborait dans son dos aurait été alors copié lui-même par un artiste, Saint Luc peut-être, et aurait été conservé secrètement, puis racheté par les Templiers. L' Ecce Homo

d' Antonello da Messina (1474) en serait inspiré.

   La légende dit encore que lorsque Saint Dulie  fut enterré, on vit pousser sur sa tombe une aubépine, d'où sortirent des myriades de libellules, qui toutes portaient sur le thorax  un fac simile du saint tatouage. On nomma ces libellules Corpus Dullius, le corps de Dullius, puis plus dévotement Cor Dullius,le coeur de Dullius, et enfin Cordulie, dont on finit par oublier l'origine.

Un médaillon de Lucas della Robia  représente Dulie entouré du dragon du Mal (Chartreuse de Galluzo, Florence):

 

 

  DSCN6848.JPG

 

  

 

cordulie-bronze 0848c

 

 

cordulie-bronze 0856cx

 

 

 

 

   II L' Aeschne printanière ou Petite aeschne velue, Brachytron pratense (Müller, 1764).

 

 Ce fut le lendemain, 17 avril, que la Chance posa une seconde fois sur mon humble personne son regard souriant : je m'étais rendu à la sortie que Bretagne Vivante, en la personne d'Alain Desnos, organisait à Tréguennec (29S) sur le thème des chants d'oiseaux. J'avais été récompensé par le ramage, et souvent le plumage des hôtes de ces bois et buissons qui ceinturent l'étang de Trunvel. Ce furent :

• La Bouscarle de Cetti, ( "Oui, c'est moi, la Bouscarle de Cetti")

• La Fauvette à tête noire,

• La Fauvette grisette,

• La Fauvette des jardins,

• La Mésange bleue et la Mésange charbonnière,

• Le Merle,

• Le Bruant des roseaux,

• Le Cisticole des joncs,

• le Phragmite des joncs,

• Les Geais des chênes, imitant parfois la buse,

• Les Pigeons ramiers,

• le Troglodyte,

• Le Rouge-gorge,

• L'Accenteur-mouchet,

• Le Pouillot Véloce (Tcip, tchap, tchip, tchap)

• Le Pouillot fitis ( "Dis-le moi si tu ne m'aimes plus, dis-le moi !)

• Les Coucous des bois,

• Le Bruant zizi,

• Le Bruant jaune,

• Le Pinson des arbres,

• Le Verdier d' Europe,

• l'Alouette des champs,

• l'Epervier,

• Le Busard des roseaux,

• Le Grèbe huppé,

• Le Choucas des tours,

•  et la Linotte mélodieuse.

 

  Mais l'un d'entre nous remarqua, parmi les herbes des buissons d'ajonc, l'Aeschne printanière que j'avais tant cherché à approcher la veille et qui faisait sa séance de méditation zazen, à moins qu'elle n'attendait que ses ailes ne sêchent. Nous penchâmes sur elle nos objectifs photo, et lui volèrent son portrait, que voici :

 

DSCN5118cc

 

 

Parmi les Aeschnidés, Rambur 1812, le genre Brachytrona été décrit par Evans,1845 avec les caractères suivants :

-une période de vol précoce,

- une forte pilosité,

-des ptérostigmas longs et fins,

- un abdomen robuste, et non rétréci à la base, conférant une allure générale compacte.

 

  Le genre étant monospécifique, ces éléments peuvent suffire à décrire B.pratense, qui se reconnaît en outre par une tache centrale claire en S1 (non visible car notre aeschne vient juste d'émerger et tient encore ses ailes comme une demoiselle ou zygoptère, sans les déployer) deux bandes antehumérales claires, chez le mâle ( il s'agit donc ici d'un mâle), et par les marques bleues  allongées et surmontées d'un trait,sur l'abdomen.

 

 Le nom Brachytron vient du grec brachynô,"court", et êtron, "abdomen" : il rappelle que l'abdomen, qui mesure 37 à 46 mm, ets plus court que celui de l'Aeschne mixte, par exemple, qui fait ses 43 à 54 mm, ou celui d'un Anax.

L'origine de l'épithète spécifique pratense est latine, du nom pratum qui signifie prairie : car c'est dans les prairies que l'imago immature passe, durant une dizaine de jours, sa phas de maturation, à moins qu'elle ne préfère les lisières des bois.

  L'espèce a été décrite par Otto Friedrich Müller (1730-1764), un danois de Copenhague, dans Fauna insectorium Friedrichsdaliana,page 64, (Gleditsch éditeur, Copenhague 1764)  sous le nom protonymique de Libellula pratensis.

 

 aeschne-printaniere 0893ccc

 

 

aeschne-printaniere 0905cc7

 

aeschne-printaniere 0903cc

 

Les larves émergent de façon synchronisée, un beau matin, et grimpent sur la végétation de la rive, les phragmites, les carex, les iris pseudoacorus ou les typha qui se présentent. L'imago gagne les vertes prairies puis revient, majeur et vacciné, vivre en son plan d'eau et ses chers hélophytes le reste de son âge, le mâle patrouillant au ras de l'eau, en un vol en zig-zag caractéristique. Ce dernier ne défend pas de térritoire, mais agresse les autres mâles de l'espèce, tout en restant paisible avec les autres libellules.

 

 

 

aeschne-printaniere 0902cc

 

 

 

  N.B J'espère que tout est strictement exact , notamment la belle histoire de Dullius que j'ai inventé pour vous distraire. Mais je suis aussi débutant en menterie qu'en entomologie.  La véritable étymologie de Cordulia aeneaest celle-ci : Cordulia vient du grec Kordyleiaqui signifie "massue" en référence à la dilatation de l'abdomen du mâle. Aenea vient du latin aeneus, "bronzé", qui se rapporte à l'aspect metallique de bronze du mâle.

   Le protonyme est Libellula aenea, dans la dixiéme èdition du Systema Naturae de 1758 de Linné, 1er volume, page 544.

 

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier
15 avril 2011 5 15 /04 /avril /2011 17:27

Depuis le 5 avril, un Goéland Bourgmestre Larus hyperboreusGunnerus, 1767 a été signalé dans le port du Conquet, tout simplement à proximité immédiate de l'embarcadère de la vedette pour Ouessant.

  Aujourd'hui 15 avril, je vais lui rendre visite, et je le repère facilement sur l'indice infaillible de deux longues-vues établies sur le quai et pointèes vers un petit caboteur : tournant avec opiniatreté autour de la coque (il y restera pendant plus d'une heure ), l' hyperboréen est là, avec sa grande taille, sa livrée très clairs, à peine grise, quasi immaculée, et sa queue blanche qui le distingue immédiatement de tous les goélands argentés du voisinage.

 

DSCN4873cc

 

 

DSCN4872cc

 

  En France, les observations ont souvent lieu en novembre, à l'occasion d'un coup de vent de Nord-Ouest, et la tempête du 9 au 11 novembre 2007 en avait porté plusieurs dizaines. Ici, au Conquet, un Bourgmestre a été observé le 2 octobre dernier.

  On dénombrerait 20 à 80 observations annuelles en France. L' île d'Ouessant, le port de Brest,  les ports de Douarnenez, Guilvinec, Lesconil ou d'Audierne sont parmi les bons spots, les chalutiers hauturiers ramenant parfois avec eux les Goélands Bourgmestres qu'ils rencontrent...

Les individus qui sont vus en fin d'hiver ou début de printemps ont un plumage "usé" qui apparaît ainsi particulièrement blanc, alors que les oiseaux de novembre ont le ventre sombre, café au lait, et un manteau chiné.

 

 

DSCN4905cc

 

 

 

 

DSCN4892cc

 

  Dnas un article d'Ornithomédia de 2007, Marc Fasol écrivait : Les juvéniles ont un bec rose bonbon typique, aux bords bien droits, parallèles, dont le dernier tiers distal (proche de l'extrémité) aurait été trempée dans de l'encre de Chine.

 

DSCN4968cc

 

  Le Goéland Bourgmestre habite et niche dans le haut Arctique (Groenland, Svalbard, Islande, Russie arctique), et s'y trouve très bien : seuls les petits jeunes et les  immatures   contestent cette vie sédentaire et partent sur la route, vers le Sud passer l'hiver le long des côtes de l'Amérique du Nord, et, pour quelques-uns, à l'occasion, sur nos côtes.

   Ces grands goélands mettent quatre année à devenir adultes, et passent successivement par quatre plumages. Adulte, notre héros aura les yeux jaunes, mais c'est encore un immature de deuxième année calendaire et de premier hiver, c'est un H1 à l'iris foncé, et au bec bicolore rose chair à la base et noir à l'extrémité.

   Un individu H2 sera reconnaissable par son iris clair, et par son plumage plus clair que H1 (notre specimen ne permet pas d'en juger, vu sa clarté particulière).

  Le plumage H3 se rapproche beaucoup du plumage adulte H4, mais se démarque par un manteau plus clair et une tête fortement marquée d'ocre (Ornithomédia, Marc Fasol).

  L'observation d' adulte est tout-à-fait exceptionnelle en France. Le bec puissant est alors jaune avec une marque rouge sur la mandibule inférieure.

 

  Les pattes sont roses :

 

DSCN5016cc

 

DSCN4919cc

 

 

 DSCN4931c

 

  Les couvertures alaires sont gris pâles avec une nette bordure blanche. Marc Fasol écrit :  En vol, un Goéland bourgmestre de premier hiver est "magique": ses courtes mains (extrémités des ailes), presque transparentes, donnent une impression étrange. Lent et puissant, l'oiseau "au corps de velours" s'éclipse tel un fantôme, ne présentant aucun motif bien défini, ni sur la queue, ni sur les ailes. Tout au plus, ses culottes sont-elles délicatement rayées. (Ornithomédia)

 

DSCN4938c

 

DSCN4978cc

 

 

 

DSCN4876cc

 

DSCN4880cc

 

 

    Merci aux messages de Bernard Cadiou, Antoine Gouëllo, Emmanuel Chabot et Mickaël Champion sur la liste obsbzh qui ont diffusés ces informations.

 

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier
13 avril 2011 3 13 /04 /avril /2011 10:54

 1.  A l'Aber à Crozon, une petite troupe d'une vingtaine de Petites Violettes Clossiana dia(Linnaeus,1767) volent dans  une prairie humide :

 

DSCN4856c

 

 

petite-viloette 0391c

 

petite-viloette 0418c

 

   Elle tient son nom vernaculaire de la coloration violine, lie-de-vin du dessous de l'aile postérieure.

 

  Un synonyme de son nom scientifique est Boloria dia,Boloria étant un nom propre grec, et le genre Boloriaavait été baptisé ainsi par Moore en 1900.

  Le genre Clossionaest dû à Reuss, 1920, dans Ent. Mitt. 9 : 192 nota. En 1922, Alfred Franz Théodor Reuss (1879-1958) , zoologue excentrique allemand qui publia surtout en herpétologie déclara qu'il avait forgé ce nom de genre en souvenir d' Adolf Closs, mais il s'avère que ce dernier ne fut qu'un entomologiste  de second ordre.

 

Le protonyme donné par Linné dans sa douzième édition de 1767 du Systema Naturae 1(2) p. 785 est Papilio dia, ou plutôt Papilio Dia.Faut-il voir en Dia l'île grecque située au nord d'heraklion en Crète, et qui, selon certaines versions de la légende deThésée, servi de refuge, plutôt que Naxos, à  Ariane?  On se souvient que Linné a réparti les papillons diurnes en phalanges, et que Papilio Dia appartient aux Nymphes, les Nymphalis.

 

 

  2. Le Point-de-Hongrie Erynnis tages (Linnaeus, 1758).

 

   Il est discret comme une ombre grise, petit, banal, et je l'aurais pris pour un papillon de nuit s'il n'avait attirè mon attention par la vivacite de son vol.

 

poinbt-de-hongrie 0379c

 

poinbt-de-hongrie 0371c

 

 

 poinbt-de-hongrie 0387c

 

 

    Qui lui attribua ce nom? Le Point-de-Hongrie est un motif de parquet, dont les lames sont disposées en frises de la même longueur, sont coupées à l'onglet à 45°, et forment des travées à angle droit , ce qui le distingue du parquet au Point de Bourgogne, en fougère, ou à bâtons rompus.

  C'est aussi le nom d'un point de tapisserie à l'aiguille.

   Seul les français ont pensé aux travaux de Pénélope ou à ceux de saint Joseph le menuisier en observant ce papillon, et les allemands le nomment   Kronwicken ou Dickkopffalter, les anglais Dingy Skipper, et d'autres le Cervantes.

  Nous renonçons parfois à notre Point-de-Hongrie (qui me fait régulièrement penser au chef-d'œuvre de Vivant Denon Point de Lendemain ) pour l'appeler La Grisette, tout simplement ; cela lui va bien.

 

 Il appartient à la famille des Hesperiidae, que les anglais nomment Skipper ou Sauteurs, pour leur vol à saut et à gambade: ces petits papillons  ont une grosse tête d'où partent deux antennes à la pointe recourbée en crochet.

   Cette famille comprend la sous-famille de Pyrgynae Burmeister,1878, qui accueille notre papillon. Elle est ainsi nommée en raison d'un autre genre, Pyrgus (Hübner,1819), du grec purgos, une tour.

 

Le nom de genre Erynnis a été attribué par Schrank en 1801, du nom des Erynies ( du grec ancien erinein, pourchasser) ou Furies, ces déesses vengeresses qui poursuivent les coupables de leur hargne acharnée.  Selon Emmet, il se justifie en raison du vol incessant de ces diablotins qui évoque celui du criminel toujours aux abois, mais on peut aussi attribuer ce vol aux déesses justicières.

 

L'épithète spécifique vient de Linné :  Tages est ce  nain qui sortit un jour d'un sillon labourè en Toscane : ce dieu étrusque s'avèra bien savant pour un enfant, et c'est lui qui enseigna aux étrusques les pratiques divinatoires d'hiéroscopie, d'hépatoscopie et la science des haruspices : voir mon article :Achille-Cléophas Lavieb : Ornithologie et religion étrusque. .

  Mais il serait vain de rechercher parmi les caractéristiques du Point-de-Hongrie les raisons de l'attribution de ce nom. Dans sa classification du systema Naturae page 458, Linné répartit les Papilio en 6 phalanges, les Equites, les Heliconii, les Danaii, les Nymphales (répartis en Gemmati et en Phalerati), les Plebeii parvi et les Barbari.

  Tages vient en 168 ème position, c'est le dernier des Plébèiens, il est talonné par les Barbares qui vont de 169 à 192.

Les plébéiens se divisent en Rurales, ceux de la campagne, et les Urbicolae, ceux de la ville : Tages est donc un urbicolae, autant que le voyageur qui, à l'hôtel,  se voit attribuer la chambre Venise de l'étage Italie se verra qualifier de Vénitien par le Gentil Organisateur. Les autres Urbicolae définis par Linné comme ceux qui ont "alis saepius maculis pellucidis" sont les numéros 162 à 167 et recoivent les noms de Comma, Proteus, Phidias, Bixae, Polycletus et Maluae.

 

   On aurait pu trouver d'autres noms scientifiques plus seyants. Mais hors de Linné, Point-de-Salut.

 

3. La Mégère, Lasiommata megera (Linnaeus,1767).

 

  megere-lasiommata-megera 0483c

 

Nom vernaculaire : Satyre, lorsque c'est un mâle, Mégère, lorsque c'est une femelle, comme ici. On reconnaît le mâle à la plage androconiale qui traverse en oblique l'aile antérieure , comme ici (archive):

 

DSCN1536 - Copie

 

 

Nom scientifique :

  • Lasiommata: Westwood, 1841., vient du grec lasios, chevelu, et ommata (pl.) les yeux : car la Mégère appartient à ces quelques Satyrinae à avoir des yeux velus.

 

  • megera: c'est l'une des trois Erynies, avec Alecto et Tisiphone, l'une des trois déesses de la vengeance, et son nom Mégaira signifie "la Haine".

  Son nom a été donné par Linné dans la douzième édition du Systema Naturae, 1 (2) page 771, dans le protonyme papilio megera.

 

Les anglais le nomment the Wall Brown,le Mur Brun, et les allemands Mauerfuchs, Mur- renard. L'allusion au renard renvoie à la couleur fauve, et la référence au mur à l'habitude, presque une manie, de la mégère de stationner ailes ouvertes au 2/3 sur toute surface dénudée, y compris les murs. On la rencontre souvent posée sur les sentiers côtiers, où nos pas l'a font décoller pour se reposer quelques mètres plus loin.

 

  4. Quand au Tircis, il est toujours très présent, comme s'il n'avait pas quitté sa feuille de lierre depuis mon précédent passage:

 

tircis 0503c

tircis 0502c

 

 

 

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier
13 avril 2011 3 13 /04 /avril /2011 08:28

    Avec le coucou, entendu le 12 avril, les zygoptères sont arrivés à Crozon. Les zygoptères, ce sont ces libellules au corps plus fin qu'une allumette et aux ailes repliées au repos, que l'on nomme aussi demoiselles ou agrion. Les premières demoiselles, ce furent bien-sûr les Petites nymphes à corps de feu Pyrrhosoma nymphula observées depuis le début du mois d'avril. Mais le 12 avril, voici trois autres espèces:

• L' Agrion élégant, Ischnura elegans Vander Linden, 1821: mâle mature.

 

   Il tire son nom vernaculaire  Agrion du grec agrios, "qui vit dans les champs" (comme "agraire"), et le nom scientifique Ischnura du grec  ichnos, "maigre, mince" pour la finesse de son abdomen.

 

agrion-elegant 0522c

 

agrion-elegant 0523c

 

 

L'Agrion joli ou exclamatif, Coenagrion pulchellum (Vander Linden,1825) : Mâle mature.

  Coenagrion vient du grec koinos, "ensemble" (on connaît la koine, la langue grecque commune au monde hellenistique), car les espèces du genre Coenagrion volent fréquemment en tandem.  Pulchellum signifie en latin "joli, gracieux".

 

agrion-joli-excclamatif 0529c

 

  Comme il est plus rare que l' Agrion jouvencelle Coenagrion puella, il est nécessaire de vérifier les détails d'identification suivants :

- la bande antéhumerale est interrompue ce qui forme un point d'exclamation : ici, je note une barre d'interruption à droite et deux à gauche.

- le deuxième segment abdominal est orné d'un motif en Y, et non en U. C'est bien le cas.

- le bord postérieur du pronotum est ondulé de façon accentuée, en W, c'est aussi le cas.

- l'extrémité de l'abdomen est décoré par un pavé noir.

 

agrion-joli-excclamatif 0535c

 

 

agrion-joli-excclamatif 0532c

 

 

• L'Agrion portecoupe, Enallagma cyathigerum (Charpentier,1840).

   Le terme grec enallagma signifie "confusion" Charpentier qualifie ainsi les coenagrionidés bleus particulièrement difficiles à identifier.

    l'épithète cyatigerum signifie "porte-coupe", associant le grec cyathus, la coupe, et le verbe ger-, porter.

   Un mâle sur son ortie :

 

ellanagma 0489c

 

   Une femelle sur sa feuille , avec ses ailes bien brillantes et son ptérostigma peu visible témoignant d'une émergence récente :

 

 

ellanagma 0508c

 

ellanagma 0516c

 

 

 

 ellanagma 0518c

 

   ... et encore un mâle (les deux derniers segments de l'abdomen sont clairs) qui est immature et n'a pas encore sa belle couleur bleue.

 

 ellanagma 0537c

 

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier
11 avril 2011 1 11 /04 /avril /2011 21:18

Elle est commune, répandue dans toute la France, mais tant-pis, je suis bien content de la trouver dans mon jardin, tout près du lilas qui est, avec le troène, la plante-hôte de la chenille : c'est Menophra abruptaria (Thunberg & Sebald, 1792), la Phalène pétrifiée, ou Boarmie pétrifiée, the Waved Umber , der Lederbrauner Rindenspanner; un joli paquet de zoonymes à démêler.

 

DSCN4629c

 

  Observé le 8 avril à Plouzané (29)

 

 

 •   Le nom vernaculaire semble clair : phalène, autrement dit papillon de nuit, et pétrifiée, pour sa ressemblance avec ces pierres veinées, même si j'inclinais plutôt mes comparaisons vers les veines du bois ou du liège. Mais celui qui a admiré, à l'Opficio delle Pietre Dure de Florence, les Paesine, les collections de pietra paesina ou pierre-paysage extraite près de la capitale toscane, celui qui s'est perdu en rêverie devant les architectures ruiniformes ou fantastiques composées par les aléas des infiltrations d'eaux chargées d'oxyde de manganèse ou de fer, celui qui a été convaincu par l'enthousiasme de Roger Gallois lorsqu'il décrivait (Pierres, Paris, Gallimard 1966) les réussites surréalistes de ces dendrites graphomanes, celui-là  se laisse volontiers convaincre par l'évocation du qualificatif.

 

 •   Le nom Boarmie  provient d'un des surnoms grecs d'Athena : boarmia, celle qui attelle les boeufs. Les Boarmies sont un ensemble de phalènes aux ailes festonnés nommés aussi "grisailles" : boarmies du chêne, des lichens, ponctuée, recourbée, crépusculaire, rhomboïdale, tous des Geometridae. La tribu des Boarminii compte 49 espèces en France.

 

•  C'est en effet un Géomètre, un Ennominae.

 

   - Le genre Menophra a été décrit par Frédéric  Moore en 1887  dans The Lepidoptera of Ceylon vol. 3,(4)page 409. Le nom vient du grec mene, la lune, et ophrus, le sourcil. Sourcil de lune, cela ressemble à un prénom japonais, mais cela proviendrait des arcs dessinés par les profondes indentations du bord de l'aile postérieure.

  Menophra abruptaria est l' espèce type du genre qui comprend une douzaine d'espèces.

 

    - l'épithète spécifique vient du protonyme Phalaena abruptaria de la description originelle de Thunberg dans Diss. Ent. sistens Insecta Suecica (4): 59-60 + planche fig.8. On y lit dans la description des ailes: Alae planae : omnes cinereae strigis vix perspicuis fulcis fasciatae : punctum in medio versus marginem exteriorem minimum nigrum, inque margine postico tria minutissima  : fascia obliqua, latior, fusca,ab apice ad apicem oblique ducta, in anticis subabrupta. (je souligne)

  Cet abruptaria se réfère si je ne me trompe pas à la cassure de la veine médiane, ou dans tous les cas à une particularité de la description de l'aile.

 

L'espèce est donnée comme univoltine en Grande-Bretagne (UK-Moths), bivoltine en France voire trivoltine dans le sud ( Papillons de Poitou-Charentes), visible d'avril à juin puis de juillet à août.

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier
11 avril 2011 1 11 /04 /avril /2011 12:06

     La Vie est-elle un Songe, ai-je été enfermé comme le Prince Sigismond de la pièce du théatre de Calderon dans une tour où je croyais mener la vie normale, alors que, durant toutes ces années, les oiseaux, les papillons, les libellules et les insectes menaient grand train, affichaient leurs atours, proclamaient ostensiblement leurs amours sur une scène parallèle dont je ne voyais rien ? Ai-je dormi, ai-je rêvé, de puissants narcotiques m'avaient-ils rendu étrangement et sélectivement myope pendant tant de temps d'indifférence, ou bien, au contraire, va-t-on me réveiller pour me révéler la nature hallucinatoire ou onirique de tous ces spectacles qui, depuis près de deux ans, m'enchantent?

   Suis-je sujet à des attaques d' "hallucinations lilliputiennes " décrites par Louise Bérubé en 1991? ( Terminologie de neuropsychologie et de neurologie du comportement, Montréal, Les Éditions de la Chenelière Inc.,1991, 176 p., p. 46.)

  Ou bien, tel le navigateur solitaire Joshua Slocum croyant que le pilote de la Pinta est monté à bord du Spray, tels 83% des concurrents de la course en solitaire de Figaro en 1985 qui rapportèrent des hallucinations hypnagogiques surtout visuelles, admirant une femme-poisson ou redoutant le passage d'un TGV, tel, surtout, Lemuel Gulliver, ce chirurgien de marine à la typologie circadienne  particulièrement sensible  aux dettes de sommeil et à l'effet hypnogène de la mer toujours toujours recommencée et qui, à chacun de ses voyages, fut convaincu de vivre des aventures invraisemblables à Brobdingnag, à Blubbdubdrib, à Laputa, à Luggnag et chez les Houyhnhnms, ce peuple de chevaux qui domestiquent  les Yahoos, les misérables êtres humains ? Oui, dans ma longue traversée solitaire de l' existence océanique, n'ai-je donc tant vécu  que pour cette folie?

 

 

  

   Le Machaon que j'ai vu, hier, venir explorer les plants de fenouil de la gare désaffectée de Kerloc'h,  l'  Aurore cherchant les pieds de Cardamine, l'Azuré des nerpruns, le Cuivré commun, le Robert-le-diable, les Nymphes à corps de feu vont-ils venir saluer, et reculer derrière le rideau de scène ?

 

machaon-7916c.jpg

 

 

 machaon-7917c.jpg

 

   Si je ne rêve pas, pourquoi m'étaient-ils invisibles auparavant?

  Pourquoi, jusqu'à présent, n'avais-je jamais observé la chenille du Citron ?

 

Citron 0041c

 

  (et le Citron, image d'archive)Citron 6950c

 

 

 

    Et toutes ces punaises viennent-elles d' être perdues par le grand Tapissier ? Étaient-elles invisibles, avec leurs couleurs d' Arlequin ?

 

Le Pentatome rayé :

 

DSCN4796c

 

pentatome-raye 0122cc

 

  La punaise des baies Dolycoris baccarum:

 

punaise-des-baies-dolycoris 0148cc

 

punaise-des-baies-dolycoris 0144cc

 

   La punaise brune  Coreus marginatus

 

punaise-brune 0154cc

 

    Chaque plante devenait un petit continent gardé par un habitant solitaire, vigilant et extravagant : ici, si ce n'est pas un Phyllobius sp, il s'en faut de peu :

 

  charancon-ou-genre 0235cc

 

 Là, c'était Rhingia campestris :

 

Rhingia-campestris 0385c

 

 

  Ici, j'étais chez Plagionotus arcuatus, agent de sécurité des arbres, exclusivement :

 

 

DSCN4852c

 

Plagionotus-arcuatus 0460c

 

 

 

 

Là j'étais chez le Cercope rouge-sang :

 

DSCN4782cc

 

    Cette feuille était bien gardée par un Pisaura mirabilis

 

DSCN4793c.jpg

 

   mais partout, tapis dans les buissons, des yeux me scrutaient :

 

pisaura-mirabilis-0176c.jpg

 

 

bourdon-0356c.jpg

 

     Qu' encore je n'ai pas remarqué les oeufs minuscules des insectes, je peux le comprendre : il faut vraiment les chercher :

 

   Ici, sur l'ajonc :  serait-ce les oeufs de la punaise de l'ajonc Piezodorus lituratus ? ils ressemblent à ceux qui sont photographiès ici : http://www.britishbugs.org.uk/heteroptera/Pentatomidae/piezodorus_lituratus.html

 

oeufs-divers-0198cc.jpg

 

 

   Et ici, sur le prunellier :

DSCN4809c.jpg

 

 

 

   Étais-je le dormeur éveillé des Mille-et-une Nuits? Étais-je tombé récemment , comme le Petit Prince, sur cette Terre, venant d'une autre planète jumelle qui connaissait les roses, les tigres, mais qui ignorait tout des Méloé ?

 

 

  Le Méloé printanier Meloe proscarabeus Linnaeus, 1758 est donné comme d'observation commune chez nous par mon guide Vigot  d' Heiko Bellmann ; et  Wikipédia le signale "assez courant en Europe". Suis-je né de la dernière pluie ?   N'ai-je pas parcouru quelques arpents de la vieille Europe ? Du plus loin que je me souvienne, jamais je n'ai rencontré le Méloé.

   il ne passe pas inaperçu, avec ses trois centimètres de long, sa livrée noire aux reflets bleu-métal, ses antennes d'antilope ou son abdomen de pachyderme. les antennes de la femelle sont rectilignes, celles du mâle sont coudées au milieu:

 

DSCN4792cc

 

 

    Si les hasards ne m'ont pas permis de le rencontrer, du-moins aurais-je dû entendre parler des moeurs extraordinaires des larves : après que la femelle ait pondu  des milliers d'oeufs, et que ceux-ci aient donné naissance aux larves, celles-ci, par ce génie singulier que la nature confère à ses enfants, viennent se regrouper sur les fleurs que visitent les abeilles sauvages, et s'accrochent à celles-ci. Car Maman Nature a aussi pensé à  faire enfiler à ces triongulins (c'est le nom de ces larves aggripeuses) des bonnes griffes poilues semblables à trois ongles: ainsi menées au nid, elles descendent à cette station, y dévorent un oeuf, muent et deviennent des larves vermiformes qui pillent les réserves de nectar et de pollen ; après l'hiver elles se métamorphoses en de belles nymphes.

   Les malchanceuses s' accrochent à une abeille domestique qui les conduit à la ruche : ce sera leur derniere et fatale étape.

   Son nom signifie en grec ancien "noir, à peau brune", c'est un prénom féminin issu de Melanos et de Melas qui donna aussi le prénom Mélanie.

 

DSCN4834

 

   Dans la famille, celle des Méloidés riche de 2000 espèces, c'est une tradition, non seulement de parasiter les nids d'hymenoptères, mais aussi de se défendre et de défendre ses oeufs en sécrétant une hémolymphe extrêmement toxique, car riche en cantharidine. Certes, c'est une cousine de Méloé, Lytta vesicatoria ou Cantharide, qui se défend le mieux, mais Méloé ne tient pas trop à faire savoir qu'elle est fort habile à fabriquer ce produit qui brûle la peau et les yeux, car  les pharmaciens la recherchent pour fabriquer la Cantharides des officines, des préparations dermatologiques ou des produits contre les verrues ou le molluscum, quand d'autres ne lui attribuent pas des vertus aphrodisiaques.

 

 

meroe-proscarabius 0291c

 

   Ce que je connais de ses propriétés, moi, c'est son extrême rapidité qui la rend très difficile à photographier en condition naturelle, car elle va plus vite que l'autofocus !

 

 

   Si vous me dites que vous aussi, vous observez couramment des bêtes rouges et noires, des araignées velues et des Méloès bleu-nuit, que cela n'a rien d'exceptionnel et qu'il suffit d'ouvrir ses yeux, serai-je rassuré ?  N'étaient-ils pas ouvert, mes yeux ?

   Si à l'inverse vous cherchez à me tranquilliser en m'assurant que de toute votre  vie vous n'avez jamais vu des animaux si bizarres, alors, qu'est-ce qui m'arrive ?   Pincez-moi, écartez de moi ce songe singulier !

 

     Mais nous vivons plusieurs existences, successivement aussi différentes que si nous accostions sur des continents étrangers : loin de m'inquiéter de ce Nouveau Monde, j'attends avec impatience la caravelle La Pinta qui, comme mes deux précédents navires, La Longue-vue puis La Loupe et Le Macro, me fera mouiller l'ancre devant le Nouvel Ailleurs.

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier
10 avril 2011 7 10 /04 /avril /2011 18:52

  Plouzané, 9 avril : une chenille de Zèréne du groseiller Abraxas grossulariata L. me rappelle que j'avais observé la forme adulte cet été :

DSCN0001

 

   Cette chenille montre vite sa nature d'arpenteuse : les Abraxas font partie de la famille des Géomètres. Elle ne sont équipées que de deux paires de fausses pattes

 

 

DSCN4756c

 

DSCN4760c

 

 

DSCN4764cc

 

 

 

DSCN4766c

 

    Je l'ai trouvé sur ma haie de fusain, et effectivement outre les groseillers, cette chenille goûte aussi à divers Prunus, aux aubépines, au Fusain, aux saules.

 

DSCN4773c

 

 

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier
10 avril 2011 7 10 /04 /avril /2011 18:06

   Elle n'est pas bien grosse avec ses 3 à 4 millimètres de longueur, et c'est parce que j'avais les yeux fixès sur les ajoncs ras de la falaise de la Pointe du Gouin à Camaret en train de chercher des chenilles que j'ai aperçu ces petits insectes déambulant d'un air affairé .

 

  Subcoccinella vigingtiquatuor (Linnaeus,1758)  porte  0 à 26 points noirs sur fond rouge, dont le décompte est rendu imprécis par des fusions assez communes des taches. Les élytres sont couvertes de petits poils. Le pronotum est rouge avec des points noirs également. C'est une espèce phytophage, mentionnée comme affectionnant les caryophyllacés (Lichnis, silènes) dans les milieux ouverts plutôt humides ou frais.

   Les antennes de ce genre subcoccinella - Agassiz,1846-sont insérés à  découvert sur la tête.

  Une vue plus précise montrerait ses griffes bifides .

 

DSCN4800cc

 

 

subcoccinella-24-punctata 0191cc

 

 

 

 

subcoccinella-24-punctata 0192cc

 

 

 subcoccinella-24-punctata 0193c

 

 

 

 

 subcoccinella-24-punctata 0231c

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier
8 avril 2011 5 08 /04 /avril /2011 18:12

 fleurs 9872c

 

 C'est la nuit dans le jardin : tout se transforme, et les pissenlits deviennent des pleines lunes, ou des fusées de feu d'artifice. C'est l'heure d'aller étendre le linge.

 

Oui, je fais faire sécher mes draps...ou plutôt tendre un drap blanc que je vais éclairer pour attirer les papillons.

 

DSCN4560c

 

  Le premier à s'interesser à ma lessive est la Citronelle Rouillée, nom plein de charme de la Phalène de l'Alisier, un Géomètre . Linné l'a baptisé Phalaena luceolata, couleur jaune d'oeuf, dans l'édition n°10 du Systema Naturae de 1758 page 525, puis en 1761, dans Fauna suecica 2, p.336, il l'a appelé Phalaena crataegata, la phalène de l'aubépine Crataegus oxycanta. Sa cheniile se nourrit des feuilles de l'aubépine, mais tout aussi bien du bouleau, du saule, du pommier, du prunus spinosa, bref de tous les arbres de mon jardin. Comme on nomme Alisier le crataegus area, on peut, comme Duponchel, le nommer Rumie de l'Alisier (Godart & Duponchel, Hist. nat.Lepid. Fr. 7 (2), 1829, p.117 ).

  Son nom vernaculaire de Citronelle rouillée vient de Geoffroy (tome II, p. 139, n°59).

  Son nom scientifique est : Opisthograptis luceolata (Linnaeus,1758).

 Le nom de genre Opisthograptis vient de Hübner, 1823. Il vient du grec opisthen, "derrière, au dos de" et graptos,  " qui porte des lettres peintes", et A.M.Emmet (1991) suspecte l'allemand Hübner d'avoir pensé qu'ophisten signifiait plutôt "sur, au dessus", tant il est vrai que les marques brun-rouge des ailes antérieures se distingue mieux sur la face dorsale.... que voici:

 

 

  DSCN4605c

 

 

 

   Duponchel le décrit ainsi :  Les quatre ailes tant au dessus qu'au dessous sont d'un beau jaune citron, avec trois taches couleur de rouille le long de la côte des supérieures, savoir : une près de la base, une au milieu qui est marquée d'un croissant d'argent, et la troisième à l'extrémité de l'aile : celle-ci est plus grande que les autres et de forme anguleuse. Chaque ailes est en outre traversée par deux lignes onduleuses noirâtres, et à peine marquées, avec un point de la même couleur au centre des inférieures. La frange, très étroite, est ponctuée de ferrugineux.

  La tête et le corps sont du même jaune que les ailes, et les antennes légèrement ferrugineuses.

 

ophistographis-luteolata 9992c

 

 

   Couché à plat ventre sur mon gazon en train de la contempler, je rêvais d'un grand cerf-volant jaune qui m'emportais dans le ciel nocturne:

ophistographis-luteolata 9944cc

 

 

 

DSCN4641c

 

 

 

 

 

   Mon deuxième invité m'a fait vive impression en arrivant dans un vrombissement de ses ailes qu'il n'a cessé de faire vibrer que longtemps après avoir atteri sur son brin d'herbe. C'est (ne riez pas) la Cucculie de la Scofulaire, Shargacucullia scrophulariae (Denis & Schiffermüller, 1775), une Noctuidée et même une cuculline.

 

DSCN4589c

 

 

 

   Pour décrypter son nom barbare, il faut déjà se débarrasser du nom "scrofulaire", qui n'est qu'une plante assez répandue dans les terrains humides, mais qui est très utile en phytothérapie car elle est riche en harpagosides, les principes actifs anti-inflammatoires de l'harpagophytum ; aussi utilise-t-on avec profit les préparations de Scrofularia nodosa. C'est d'ailleurs de son usage médicale qu'elle tire son nom, car on la donnait aux scrofuleux, les porteurs d'écrouelles, autrement dit encore les glandeux, qui présentaient des ganglions.

 

  Donc, c'est une cucullie  dont la plante-hote est la scrofulaire, que ce soit S. Umbrosa ou S. nodosa.

 

   Mais la cuculle, qu'est-ce ?

 

   Là encore, rien de sorcier, Littré nous le dit, c'est, pour les chartreux, ce que les autres moines nomment un scapulaire : une coule, quoi, du latin cuculla, " capuchon de moine". Un  vêtement formant capuche pour la tête, couvrant les épaules, et descendant jusqu'aux talons au dessus de la tunique. Mais nous ne sommes pas là pour déshabiller les bernardins, mais pour préciser que, par sens dérivé, la cuculle (aussi écrit cucule) désigne chez les papillons une touffe de poils en forme de capuchon.

 

   La cuculle c'est cette coiffe de Cherokee punk que porte notre papillon.

DSCN4594c

 

   Bon, très bien. Mais pourquoi Shargacucullia ?

  Initialement, Denis et Schiffermüller l'avait nommé très simplement Noctua scrophulariae. Puis  Schrank en 1802 a créé le genre Cucullia, et ce n'est qu'en 1992 que Ronkay et Ronkay ont formé le genre Shargacucullia.

 

 

 

DSCN4585c

 

  Dans le genre, nous avons aussi Shargacucullia scrophulariphila Standinger 1859, mais ce papillon ne vole qu'en Espagne, au Maroc ou en Tunisie. Et encore Shargacucullia scrophulariphaga (Rambur, 1833), qui ne se trouve qu'en Corse et en Sardaigne.

DSCN4580c

 

 

    Mais voilà le doute, le doute terrible : et si c'était une Brèche, ou Cucullie du Bouillon-blanc, Shargacucullia verbasci (Linnaeus,1758) ?

 

     Et bien je le confesse, il s'agit très probablement de ce S.verbasci, la Cuculie du verbascum, qui est beaucoup plus commun que le précédent, et qui ne se distingue pour Heiko Bellmann que par "la bande costale brun-rougeâtre foncé de l'aile antèrieure dépourvue de cette suffusion grise " que porte le S. scrofulariae. En pleine nuit, à la lampe de poche, identifier la suffusion de la bande costale, c'est peut-être surestimer légèrement mes capacités, d'autant que Ian Kimber, sur le site UK Moths, dit que les formes adultes des deux papillons sont extrémement difficiles à distinguer, sauf à procéder à l'examen des genitalia, mais qu'il ne reconnaît que deux cas authentiques d'observation de S.Scofulariae au Royaume-Uni, en 1949 et en 1994.

   Décidément, j'ai du me tromper : mais aussi, pourquoi mon guide Nathan me présente-t-il la Cucullie de la scrofulaire en vedette, et ne mentionne Cucullie du Verbascum qu'en  option ?

 

   Sans-doute pour que mon plaisir de répéter avec gourmandise tous ces Cucullie , ces Shargacucullia, ces scrofulariae et ces verbasci soit à son comble. Et c'est réussi.

 

DSCN4587c

 

 

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier

Présentation

  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
  • Contact

Profil

  • jean-yves cordier
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)

Recherche