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3 novembre 2011 4 03 /11 /novembre /2011 20:22


        Petite épigraphie lapidaire des églises et chapelles du Finistère ;

Où on recherche les tituli, les N rétrogrades et toute curiosité amusante.

                  II : L'Église Saint-Audoën à Rosnoën.


   La commune de Rosnoën domine l'estuaire de l'Aulne, au sud, et la rivière du Faou au nord. On peut l'intégrer fonctionnellement à la Rade de Brest, notamment par son acces maritime aux carriéres de microgranite de Kersanton et à celles de pierre de Logonna. 

  Son nom vient du breton Roz, "colline", et Lohen, nom de saint.

L' église doit son nom à Saint Ouen, dont Audoën est une forme rare. Elle date du VXI-XVIIè siècle et fut restaurée au XIXème. Elle marie superbement la pierre blonde de Logonna avec le gis sombre de Kersanton, répondant ainsi à travers la Rade aux chapelles et églises de Rocamadour à Camaret  de Saint-Sauveur au Faou et de Saint-Sébastien à Saint-Ségal.

I. Inscriptions lapidaires.

1°) La pierre de construction 1562

L'inscription la plus évidente est celle qui se présente dés que l'on arrive par l'entrée Ouest:


rosnoen 3011cc

  

  On y lit en belle écriture gothique : "lan 1562 le 31 de may fut fu(n)de f Tanguy fabricq(ue)".

   Les éléments remarquables sont:

- la pierre, microgranite de Kersanton. Le manoir des Salles à Rosnoën possédait au XVIIe siècle une carrière de kersantite ; la pierre arrivait à bord de navires qui accostait à une cale en contre-bas de l'église.

- l'utilisation de l'écriture gothique. Celle-ci est déjà supplantée en France dans l'imprimerie par l'écriture "humaniste" après les travaux de Geoffroy Tory (1530) et surtout par les créations de Claude Garamond qui grave en 1540 les "grecs du roi", caractères en cursive grecque, rejoignant les caractères d'Aldo Manuce à Venise en 1501 (caractères italiques) 

- le titulus ou tilde sur le u de "fu(n)de" pour mentionner l'omission du "n".

- le "e" suscrit à la fin de "fabricq(ue) en forme d'abréviation de "ue".

- l'orthographe de "fabricque". Selon le Trésor de la Langue Française, le mot apparaît dans notre langue en 1364 pour qualifier le travail du forgeron, puis en 1386-87 avec le sens utilisé dans cette inscription de " conseil chargé d'administrer les fonds et les revenus affectés à l'entretien, à la construction d'une église". Les membres de ce conseil se nomment "fabriciens", mais aussi "fabriques". Je retrouve l'orthographe "fabricque" en 1493 dans le Testament de Pierre Plume à Chartres ( L.FR ROUX, 1860, Second fragment...), dans une ordonnance de Charles VIII de 1495, et dans divers documents : l'usage en semble répandu.

- l'orthographe de "may" : Si l'orthographe "mai" est attestée en 1100 dans la Chanson de Roland (ço est en mai, al premer jur d'ested), la forme may est signalée en 1532 dans la Chronique de Bretagne dans l'expression "planter le may". Les Amours de Ronsard sont datées du 24 May 1553.

- l'élément qui n'est pas le moins remarquable est la beauté sobre, claire, parfaitement lisible de l'écriture gothique, dont les fûts droits  aux empattements modestes sont animés par la souplesse des lettres y, f, d, g, et par le brio de la seule majuscule du texte, le T de Tanguy.

2°) Le vantail de la porte Ouest.


rosnoen 3014c

Je déchiffre : H: HOI SIL & I: GEFF LES FABRIQUE LAN 1700.

  Les éléments remarquables me semblent être :

- la belle durée de conservation d'un élément de menuiserie.

- l'écriture en lettres romaines. 

- l'esperluette ou signe & , jadis la 27è lettre de notre alphabet, qui résulte de la ligature des lettres de la conjonction de coordination "et" et en possède la signification. La perluette, esperluète, fut très utilisée par les moines copistes médiévaux.

- le sens abscons (pour moi) des premiers termes : faut-il lire H.Hoisil comme un patronyme, ou bien H:HO signifie-t-il Honnête Homme, selon un usage répandu?

- le mot FABRIQUE ne possède pas un "R" bien identifiable, et la lettre Q et réalisée comme un P rétrograde. Ce dernier point est néanmoins très souvent rencontré.

- Et, bien-sûr, le N rétrograde que je m'amuse à dénicher et qui m'attendait ici sur ce vantail.

Voir : Visite de Camaret et de ses inscriptions lapidaires ; tildes et N rétrograde .

3°) Le contrefort sud-est de l'abside 

 

rosnoen 3037c

  C'est l'abbé J.M. Abgrall (1846-1926), l'historien du patrimoine religieux du Finistère, qui en déchiffra le texte (Inscriptions gravées et sculptées sur les églises et monuments du Finistère, Bull. Soc. Arch. Finis. 1916, 3-47) : 

Y. Quelfellec . fab. Ce pingnon fut parachevé lan mil cix cent quatre, le 8 juillet.

 J'aurai l'impudence de corriger l'honorable chanoine pour lire 

 y queffuelec fab Le pingnon fut (? "parachevé" ne me semble pas confirmé)  lan m : cix cent quatre le 8è le juillet.

La pierre est en kersantite ; l'écriture gothique est moins lisible que sur l'inscription de 1562 mais les caractères sont arrondis et sans empattements. 

4°) Pierre tombale de l'intérieur de l'église : 

rosnoen 3018c

 

Bien-sûr, c'est l'esperluette que j'admire en premier ; et puis les "deux-points". Je note l'omission de "er" dans le nom Kerléan.

  Cette dalle ,  avec une deuxième dont l'inscription n'est pas lisible mais qui lui est intriquée, sont celles de Marie de Kerlean dame du Parc et Coetnes  et de Gabriel le Veyer, et cet ensemble funéraire en kersantite (?) fut réalisé pour les propriétaires de la Seigneurie du Parc à Rosnoën ; elles sont datées de 1724 et de 1725 et portent les blasons Coetnes et le Veyer (Le Veyer "porte d'or à trois Merlettes de sable").

  Gabriel le Veyer est dit "Seigneur du Parc, de Coëténez et du Ster", époux de Marie-Perronelle de Kerléan.

  La famille du Parc de Rosnoën est de la lignée de Maurice du Parc, l'un des champions du Combat des Trente au chêne de la Lande de Mi-Voix en 1351. Elle arme "d'azur au léopard d'or, au lambel de gueules", reprenant les armes des vicomtes du Faou, brisées d'un lambel.

Le gisant d' Yves le Bervet du Parc (1579-1641), sculpté par Roland Doré lui-même  pour la chapelle Saint-Eutrope en Plougonven est visible au Musée Départemental de Quimper ; mais est-ce la même famille ?:

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  En 1830, le Manoir du Parc était habité par les frères de Pompéry, Théophile, Henri (maire de Rosnoën) et Edouard, qui apportèrent aux Bas-bretons les lumières du Progrès en matière agricole par l'utilisation des engrais marins et l'assolement quadriennal : c'est en leur honneur qu'une statue aux seins généreux, allégorie de l'Agriculture, trône au centre de la Place principale du Faou. Elle a été sculptée par Mathurin Moreau, et inaugurée lors du comice agicole du 16 septembre 1884 :

le-faou 4367c

le-faou 4366c

 

Le socle de la statue est en granit de l'Aber Ildut dont on reconnaît les orthoses roses et les "crapauds" sombres : 

le-faou 4363c

  Tout porterait à croire que Gustave Flaubert s'est servi de ces trois frères comme modèle pour le pharmacien Homais, "correspondant du Fanal de Rouen", membre "de la société agronomique de Rouen, section d'agriculture, classe de pomologie" et spectateur admiratif des Comices Agricoles dans Madame Bovary, personnage qui, s'il n'eut pas eu de frère fortuné pour faire dresser une statue en son honneur sur la Grand-Place d'Yonville, reçut la croix d'honneur. N'apprenons-nous pas par Wikipédia que Théophile de Pompery collabora à un journal républicain, le Phare de la Loire, qu'il devint conseiller général du Faou et président du Comice agricole? Ne lisons-nous pas sous la plume du comte de Gourcy que "MM de Pompery sont parvenus à transformer les pauvres fermiers Bas-bretons en excellents cultivateurs, ayant adopté un assolement alterné", qu'ils sont parvenus à réunir au Comice du Faou jusqu'à soixante juments, qu'ils prodiguent à ces braves gens des leçons d'agriculture en breton, "saisissant toutes les occasions pour instruire ces bons bretons" avec le même zéle, les mêmes convictions que Homais pour chasser les mendiants de sa commune et redresser les pieds-bots,pardon, les "strephopodes". 


 5)° Pierres de construction, placées à l'intérieur de l'église, mur Ouest.


 .rosnoen 3025c

rosnoen 3022c

  

Je déchiffre : M.I.BOULART RECTr / 1674

                   V:& D : MIre F ;LUGVERN Rr ; MIres I. BAUGUION I; CREVEN ; CURES

ce qui se traduit simplement par Messire I. Boulart, recteur, 1674.

  Les lettres V&D en début de la deuxiéme inscription m'aurait dérouté si je ne les avais pas rencontré sur la chaire à précher de Locronan (voir cet article), avec le sens VEN. ET DISC., et si je n'avais pas reconnu dans cette abréviation la formule courante "vénérable et discret" qui précède couramment la mention de noms des membres du clergé, curés, vicaires ou recteurs. Nous lisons donc Vénérable et discret Messire F. Luguern, Recteur : Messires I. Bauguion  I. Creven, curés.

  Le forum Les généalogistes du Finistère mentionnent dans l'ascendance de Marie Guermeur son oncle François Luguern, né le 19-12-1662 à Rosnoën de Tanguy Luguern et Marie Mallegol, recteur à Rosnoën et décédé le 16-04-1732. Notons que ses parrain et marraine étaient François et Catherine Le Veyer, patronyme que nous venons de rencontrer comme Seigneurs du Parc.

Le même fil de discussion mentionne Jean Creven, prêtre à Rosnoën puis recteur à Sizun, fils de Françoise Mallegol et Charles Creven (mariées en 1630).

 Un Bulletin diocésain d'histoire de 1907 mentionne "Jan Bauguion curé de Rosnoên 1685-1717".


 5°) Le titulus du rétable 

           rosnoen 3028c  

Le retable architecturé du maître-autel date de 1713 ; il serait l'oeuvre du menuisier et sculpteur Pierre Costiou, du Faou. Sous le regard et la bénédiction de Dieu le Père, assisté de son fidèle Saint-Esprit, deux niches latèrales reçoivent les sattues de Saint Audoën et d'un apôtre. La niche sud est surmontée de l'inscription Mãr, le titulus valant sans-doute abréviation pour Maria.

II. Autres curiosités. 

1°) Statue de Saint Roch.

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Statue de bois recouvert de peinture polychrome et doré, du XVIIè, représentant Saint Roch, bourdon à la main, bourse à la ceinture, montrant le bubon de peste de sa cuisse droite tandis qu'un chien lui apporte dans sa gueule un pain. 

   C'est l'iconographie traditionnelle de ce saint qui aurait vécu de 1340 à 1379 , ce Roch de Montpellier dont l'hagiographie raconte qu'après avoir distribué ses biens aux pauvres, il partit en pélerinage à Rome et soigna, grace aux connaissances acquises à la célèbre École de médecine de Montpellier et à l'usage de la lancette (bistouri), les "bubons" ou ganglions infectés de la peste bubonique. Rappellons que la Peste Noire a sévit en Europe de 1347 à 1352 en frappant trois à cinq personnes sur dix.

  Le bon Saint Roch finit par attraper la maladie, et se retira dans une forêt pour ne contaminer personne, secouru par un chien miraculeux qui dérobait pour lui un morceau de pain à la table de son maître : on le nomma Roquet, ou Saint Roquet, et c'est l'origine de notre "roquet".

  Le culte de Saint Roch est extrémement répandu dans le monde entier : patron des pélerins, des chirurgiens, des apothicaires, des tailleurs de pierre et de nombreuses confréries ou corporations, il fut invoqué contre toutes les épidémies, qu'elles frappent l'homme comme le bétail, ou la vigne. 

  La peste a atteint la Bretagne, où elle fut signalée à Quimper en 1348, 1412, 1480, 1533, 1564 et 1565, 1586, 1594 et 1595, 1636,1757 et 1758, mais aussi à Plougastel-daoulas en 1598 et à Pluescat et Cleder en 1627 et 1628 (source : Wikipédia): c'est dire que la protection de Saint Roch pouvait être sollicitée en Finistère au XVIe et XVIIe siècles.

  

2°) Statue de Saint Audoën

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3°) statue géminée de Roland Doré :

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   Elle provient du calvaire de Rosnoën démantelé en 1895 et a été sculptée par le maître sculpteur de Landerneau Roland Doré en 1644 ; elle est actuellement placé à l'est du chevet de l'église où elle encadre, avec une pieta et une autre statue, le monument aux morts. Elle est en kersantite, et représente une sainte femme et un saint évêque bénissant. J'admire le drapé de la sainte, et le témoignage qu'il apporte sur le vêtement du XVIIe.

4°) les gargouilles coté est.

 

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5°) Le Porche sud : Saint Yves ?

 

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  Au sommet du pignon se trouve cette tête d'un homme moustachu, coiffée d'un bonnet.

rosnoen 3098

   Rien n'indique qui est ici représenté, mais je propose d'y reconnaître Saint Yves en rapprochant ces traits d'autres représentations du saint : 

Ainsi à Guimiliau on trouve une statue en pierre du saint moustachu, également coiffé du bonnet carré et tenant à la main une bourse:

DSCN0378c

A l'interieur de l'église de Guimiliau la statue de bois le montre en robe d'avocat sur la soutane, tenant en main des rôles de proces et de l'autre la barrette, comme surpris en pleine plaidoirie: et là encore, la lèvre supérieure s'orne d'une moustache qui semble, avec la bourse, la barrette, la sacoche et la robe d'avocat, appartenir à la liste des attributs du saint.

DSCN0406c

 

6°) Porche sud :La statue de Saint Rosnoën :

c'est un monolithe de pierre de kersanton qui, selon l'inventaire général du patrimoine culturel a été sculptée en milieu du 16e siécle par Bastien et Henri Prigent, auteurs de plusieurs calvaires.

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7°)  Le cadran solaire du clocher :

Ce cadran d'ardoise est en mauvais état et la partie supérieure du motif gravé est partiellement effacée. J'y discerne pourtant une date (16..) et le dessin dédoublé d'un animal dressé dont les pattes antérieures maintiennent un cadre.

 

rosnoen 3094

rosnoen 3096cc

  Ce cadran ressemble à d'autres, qui sont beaucoup mieux conservés et qui aident à interpréter le motif de Rosnoën:

Cadran solaire du clocher d'Irvillac :

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Cadran solaire de Landerneau :


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Published by jean-yves cordier
1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 19:11

  Lieu : Locronan et Briec sur Odet

  Date : 1er novembre midi:

                     Harmonia axyridis la coccinelle asiatique sur Finistère

   L'année dernière, je ne l'avais observée que lors d'un déplacement en Normandie(*), mais cette annèe c'est bien dans le Finistère, et plus exactement sur le mot Finistère d'un panneau touristique décrivant l'Église Saint-Pierre de Briec-sur-Odet que je l'ai observé, un peu après avoir partagé avec une autre, une miette de ma part de far breton lors de mon pique-nique à Locronan.

(*) : rencontre Asie-Californie : la coccinelle et la punaise.

 

coccinelle-asiatique 3998

 

 

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Published by jean-yves cordier
21 octobre 2011 5 21 /10 /octobre /2011 11:31

 

Petite étude épigraphique de l'Annonciation d' Ambrogio Lorenzetti.

 

 

    Faut-il tout dire, tout écrire, tout prononcer tout expliciter ou tout montrer? J'aime les signes muets, les détails énigmatiques qu'un artiste place dans son oeuvre, et dont la découverte réveille les joies de retrouvailles secrètes. Ainsi du tilde, ou titulus.

I. Le titulus

 -a) le titulus latin

  C'est au départ un écriteau, dont le nom latin qui signifie "marque, inscription" a donné en français title ( "signe abréviatif" , Huon de Beauvais, au XIIIème siècle) puis "titre". dans le monde latin ce titulus désignait autant une affiche portant  la mention "à vendre" placardée sur une maison, ou ce panonceau que les légionnaires défilant en retour de campagne portent au bout d'un long bâton pour y inscrire le nom des villes qu'ils ont vaincu, ou une étiquette sur une bouteille, une enseigne de magasin, ou encore un écriteau pendu au cou des esclaves à vendre.

-b) le Titulus Crucis.

  Dans l'antiquité, le titulus, c'est aussi un insigne infamant servant à indiquer les crimes commis par un condamné et que celui-ci doit porter à son cou, avant qu'il ne soit fixé au dessus du poteau de justice au dessus de sa tête.

  Selon l'évangile de Jean (Jn,19,19), lorsque Ponce-Pilate condamna Jésus à la crucifixion, il dicta l'intitulé du titulus afin qu'il porte en latin, en hébreu et en grec  ceci: IESVS NAZARENVS REX IUDAEORVM, "Jésus de Nazareth Roi des juifs", dont les initiales composent le fameux INRI retrouvé sur toutes les représentations de la crucifixion.  Ce panneau, dont la relique est toujours conservée à Rome à la Basilique Ste Croix de Jérusalem sous forme d'une planche de noyer datant du 1er siècle, ou du XIème siècle, est connu sous le nom de Titulus Crucis.

-c) le titulus palèographique

  C'est un signe tracé au dessus d'une lettre (trait suscrit) pour indiquer l'omission d'une autre lettre dans les textes latins sous forme d'un simple trait droit puis ondulé. Son usage comme marque abréviative est très répandu dans les manuscrits occidentaux, sans-doute pour économiser la place sur les parchemins onéreux, pour économiser le labeur du copiste, ou par ces abréviations devenues si courantes qu'elles deviennent automatiques. Ainsi bõ signifie bon, 

-d) le tilde

Sous le nom de tilde, d'origine castillane (proche de notre title), on  retrouve le titulus dans les premiers livres imprimés ou incunables, mais aussi jusqu'au XVIIIème siècle dans les éditions courante.

  En Espagne, il devient le signe de la suspension, ou omission abréviative, d' une consonne n altérée, sous forme désormais toujours ondulée de ñ.

   C'est ce tilde qu'il est amusant de chercher, en compagnie d'autres symboles abréviatifs ou typographiques, dans les vieux ouvrages, dans les inscriptions lapidaires, ou sur les tableaux de nos musées, aiguisant le plaisir de déchiffrer les textes abscons, ou procurant le plaisir des retrouvailles avec un signe crypté.

II. L'Annonciation d'Ambrogio Lorenzetti.

  Ambrogio Lorenzetti (1290-1348) est un peintre siennois comme son frère ainé Pietro. Il peignit en 1344 un tableau de 122cm x120 destiné à l'Ufficio della Gabella de Sienne représentant une annonciation, qui fut placé dans la salle du consistoire du Palazzo Pubblico, avant de rejoindre les collections de la Pinacoteca Nazionale, où il est visible et où je l'ai photographié après acquittement d'une gabelle imposée sur les appareils photo...

  Le thème de l'Annonciation est une illustration du début de l'Évangile de St Luc, 1, 26-38. Le tableau est donc la mise en image d'un texte sacré, mais aussi l'animation et la représentation de ce texte lui-même, dans sa version latine. L'introduction d'inscriptions et de lettres dans un tableau ne débute à Sienne que vers 1300, et cette Annonciation est un exemple particulièrement remarquable de cette introduction de l'épigraphie dans l'image.


DSCN6170ccc

 


   Le tableau est construit selon des axes qui sont ceux des paroles de trois protagonistes : Gabriel, l'ange ; Marie, la Vierge ; et Dieu , au sommet et au centre.


Sans titannonciation lorenzetti

 

  La parole du bon-messager (eu-vangelos) part de sa bouche pour atteindre la gorge de Marie. Elle vient alors entourer en auréole la tête de la jeune femme. La réponse de Marie monte vers l'interlocuteur divin. La parole de Dieu devient alors efficiente sous forme d'une colonne verticale et posée au sol, colonne qui représente le Christ selon un symbole connu de tous, columna est Christus.

  En même temps, cette parole devient fécondatrice par l'intermédiaire de la colombe (peu visible) de l'Esprit Saint qui , issue des Cieux,s'envole selon un axe qui va aboutir à l'oreille de la Vierge, puisque c'est par l'oreille, "per aurem, non per uterum", selon l'hymne de St Ephrem de 373 ou selon St Augustin que la parole de Dieu entra.

  L'ange Gabriel désigne celui qui l'envoie par un geste du pouce que Daniel Arasse a nommé "le geste de l'auto-stoppeur" ( Histoires de peintures,Denoël, 2004) .

DSCN6172c

Allons maintenant chercher les titulus : ils sont, ici, particulièrement soignés, avec un graphisme élaboré : voici le à :


DSCN6255cc

revenons au texte évangélique: 

28 : L'ange entra chez elle et dit: je te salue, toi à qui une grâce a été faite ; le seigneur est avec toi  Et ingressus ad eam dixit: "Ave, gratia plena, Dominus tecum benedicta tu in mulieribus

29 : Troublée par cette parole, Marie se demandait ce que pouvait signifier une telle salutation.

  

  Ce sont les paroles de l'ange qui sont inscrites en lettres d'or dans l'auréole qui ceint la tête de la Vierge : AVE MARIA GRATIA PLENA DOMINUS TECUM. La lettre finale  S de DOMINUS est placée en hauteur sous la forme réduite d'un signe particulier.  C'est  notre première trouvaille.

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30 L'ange lui dit : ne crains point, Marie, car tu as trouvé grâce devant Dieu.

31 Et voici : tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus.

32 Il sera grand et appelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père

33 Il régnera sur la maison de Jacob éternellement, et son règne n'aura point de fin

34 Marie dit à l'ange : comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d'homme?

35 L'ange lui répondit : le Saint Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu

36 Voici, Elisabeth a conçu, elle aussi, un fils en sa vieillesse, et elle qui était appelée stérile est dans son sixième mois

37 car rien n'est impossible à Dieu / quia non erit inpossibile apud Deum omne verbum

 C'est cette phrase qui court entre les lèvres de l'ange et la gorge, ou le haut de la poitrine de la Vierge qui croise ses mains sous cet impact dans un geste où se mêle l'effroi ou le bouleversement de l'émotion et l'acceptation du "fiat". Cette phrase passe sous la palme de l'archange puis sous la colonne christique. C'est elle qui présente un titulus sur le i de IMPOSSIBILE, pour signaler l'omission du M (en réalité du N, car en latin on écrit inpossibile).

 

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  De l'autre coté de la colonne, du coté marial, nous trouvons un titulus ou tilde sur le V de DEVM pour signaler l'omission du M. 

  Un autre Titulus signale l'omission du MN du OMNE.

  Enfin un autre signe abréviatif (**) vient remplacer les deux lettres ER du mot VERBUM.

On voit donc que l'usage du titulus est parfaitement conforme à l'usage et n'est employé que pour signaler l'omission des lettres M ou N.

 

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Errata sur l'image : la référence évangélique est Luc, 1 : 37

 

 Nous reprenons notre lecture :

38 Marie dit : Je suis la servante du Seigneur ; qu'il me soit fait selon ta parole. Et l'ange la quitta. Dixit autem Maria ecce ancilla domini fiat mihi secundum verbum tuum et discessit ab illa angelus.

Là encore, les paroles sacrées sont creusées par le signe du retrait, du vide par omission des consonnes nasales, tant pour le mot ANCILLA écrit ÃCILLA que pour celui de DOMINI qui est écrit DÑI. 

On aperçoit le Saint Esprit qui se dépêche de voler à l'oreille de Marie.


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Errata : la référence évangélique est Luc, 1 :38

  On aura compris que cet article se situe dans l' impulsion du livre de Daniel Arasse sur l'étude des détails en peinture. Revenons alors sur le visage de la Vierge :

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  On y remarque une boucle d'oreille. Pendant tout le Moyen-Âge, et longtemps après encore dans la société catholique, le port d'une boucle était réservé aux parias, aux marins, ... et il figure ici comme un signe de la judéité de Marie, un signe distinctif dont le port était imposé aux femmes juives de l'Italie médiévale avant le port du cercle puis de l'étoile : dans l'iconographie médiévale, la représentation d'un sujet portant une boucle est exceptionnelle, et toujours significative, retrouvée ainsi à l'oreille de Balthazar*, le roi mage qui offre la myrrhe et qui est noir, ou bien à celle des bourreaux du Christ, comme sur cette Déposition de Giovanni Antonio Bazzi dit El Sodoma, que l'on admire aussi à la Pinacothèque de Sienne. Porter une boucle est alors considéré comme une transgression à la règle qui veut qu'on respecte l'intégrité du corps, tout comme l'on interdisait les dissections.

 *  Les vitraux de l'église des Iffs ( seconde partie : les chapelles).

  Le "méchant" porte non seulement la boucle, mais aussi la barbe tirant sur le roux et les vêtements "mi-parti" aux culottes à "crevés", cumulant tous les signes d'infamie ou de nature satanique: tout le contraire des personnages habillés de vêtements unis, comme la Vierge, Sainte Cleophas et Sainte Marie-Madeleine au premier plan. La société médiévale considère l'uni comme signe du pur, donc du bon et du divin, et le bariolé, le fragmenté, le rayé, ou le mélangé comme signe du maléfique. 


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   Conclusion

Toute oeuvre d'art est une Annonciation, qui révèle au spectateur les capacités créatrices qui sommeillaient en lui et féconde son imagination. Mais si c'est "par l'oreille" que l'oeuvre fera son travail, ce ne sera pas par les évidences criantes, mais par les tildes, les vides, par les creux, les manques, par les silences et les omissions qui ouvriront des espaces pour le possible à venir.

   Chut : un ange passe!

 

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Published by jean-yves cordier
16 octobre 2011 7 16 /10 /octobre /2011 19:42

Lieu : Camaret

Date : 16 octobre 2011

 

                    Le bal des Pouce-pieds Pollicipes pollicipes  (Gmelin,1789) .

 

   Sont-ce des tableaux de Dubuffet ?

Des calissons d'Aix à la framboise ?

Un vitrail au plomb de Tiffany ?

Une colonie  de macareux ?

Sont-ce des becs d'huîtrie-pie ?

 Des gants et dès à coudre de sorcière ?

 

 

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Et au fond des mares, anémone s' étire après la longue sièste de la marèe basse.

pousse-pieds 2602cc

 

Merci à Michel David, président de la section locale de Bretagne Vivante, de m'avoir si gentiment indiqué ce site.

 

 

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Published by jean-yves cordier
10 octobre 2011 1 10 /10 /octobre /2011 09:51

                                                                                       En minuscule hommage à l'immense travail de Louis Chauris : nous ne parcourons si facilement  les voies de la connaissance géologique locale que parce qu'il en a pavé l'accès de toutes ses publications.

 

Date : 9 octobre 2011.

Lieu : de la Mairie de Brest au Port de commerce.

Objet : 1) identifier les minéraux utilisés pour l'édification des batiments des rues de Brest, sous la conduite d'Armel Menez (Maison des Minéraux de Crozon), puis renseigner le site Géodiversité.net des photographies prises à cette occasion.

             2) pour les profanes comme moi, découvrir le B.A BA. de la géologie.

 

           Une sortie géologique dans les rues de Brest.

 

  I. Nous démarrons notre circuit sur le parvis de la Mairie, Place de la Liberté pour découvrir le Granit de Huelgoat.

  L'Hotel de Ville ferme la Place qui occupe l'intersection entre la rue de Siam et l'avenue Clémenceau. Les bâtiments d' Etats ( Mairie, Poste en contre-bas) sont parés de granit, tout comme les immeubles monumentaux de la place qui participent, par la stricte organisation verticale  de leur architecture, à un style classique ou Haussmannien.

   Examinons, par exemple, le 29 avenue Clémenceau : cet immeuble construit en 1952 par les architectes Y. Frances et M. Philippe dans le cadre du projet de reconstruction de Brest par Jean-Baptiste Mathon dispose les arcades de son rez-de-chaussée comme les premiers éléments d'une verticalité ternaire rythmée aux étages par  les travées des fenêtres, les trumeaux de granit et par des pilastres raccourcis proportionnellement à l'étage qu'ils décorent ("étage attique").

  La couleur de la facade, gris-bleuté, est dû au parement en granit de Huelgoat.

 

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Huelgoat

Huelgoat ! On connaît cette commune au coeur du Parc de l'Armorique, dans l'ancienne forêt de Brocéliande, et le vallon de la Rivière d'Argent où l'arène granitique a dégagé d'énormes blocs de granit, en un Chaos comparable à celui de Fontainebleau où les promeneurs viennent songer, devant les roches vénérables, aux vers de Victor Ségalen qui y trouva la mort le 21 mai 1919 , son Hamlet à la main:

 

Pierre cachée dans les broussailles, mangée de limon, profanée de fientes, assaillie par les vers et les mouches, inconnue de ceux qui vont vite, méprisée de qui s'arrête là,

Pierre élevée à l'honneur de ce Modèle des Sages, que le Prince fit chercher partout sur la foi d'un rêve, mais qu'on ne découvrit nulle part

                                 Table de sagesse, Stéles, Victor Ségalen, 1912.

 

     C'est ce granit des blocs moussus et chenus du vallon du Fao qui a été exploité depuis des siècles par des "piker mein", des carriers souvent italiens dans de nombreuses carrières: en 1930, ils étaient 150 à travailler sur la commune.

 

 Le granit de Huelgoat.

  Encore nommé "bleu cristallin", c'est le nom commercial d'une roche (le granite des géologues mais la forme granitest admise) magmatique plutonique datant de l'ére primaire, formée comme tous les granites de quartz, de micas (noir :biotite, ou blanc : muscovite), de feldspath potassique et de plagioclases, une roche grenue comme l'origine italienne de son nom l'indique (granito = grenue). Celui-ci est à grains moyens et gros, gris clair à gris bleu foncé ponctué de taches noires cristallines par amas de biotite. Surtout, c'est un granit  à cordièrite,qui renferme des cristaux ou inclusion de cordiérite., caractérisée par sa propriété de changer de couleur selon l'angle sous lequel on l'observe par transparence, ou polychroïsme.

  En 1809, l' ingénieur et minéralogiste Louis Cordier (1777-1801) avait nommé cette espèce minérale la dichroïte ("deux couleurs") avant que Lucas ne la découvre en 1813 et lui donne son nom  de cordièrite. Aucune espèce minérale ne présente un polychroïsme aussi fort, un trichromisme bleu/jaune/violet qui l'a fait aussi nommer lolite, ou "couleur de la violette". Taillée, c'est une gemme bleu profond sous un angle, gris bleu sous d'autres, bleu brunâtre, jaunâtre presque transparent qui fait rêver aux beaux regards de certains yeux changeant comme le ciel breton.

 

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  La façade de la Poste doit son aspect au même granit de Huelgoat : la pierre y est bouchardée de différentes manières.

  La boucharde de granitier  est un outil de tailleur de pierre sans percuteur externe utilisé pour dégrossir la surface d'un bloc. ce marteau de fer acéré est équipé sur les deux cotés de sa tête de dents pyramidales dites en pointes de diamant, dont le nombre peut aller de 25 à 36 ou 64 pointes pour dégrossir du plus gros au plus fin avant le polissage par le "martin" abrasif. La boucharde moderne disposent de têtes amovibles par plaquettes interchangeables munies de dents au carbure.

  

 

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II. L'Église Saint Louis et la Pierre de Logonna.

 

 

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  L'église Saint Louis ( 1955-57) a été le plus grand sanctuaire reconstruit après la guerre, dans un style résolument moderne, sans autre référence à la Bretagne (elle s'inspire des églises suisses du XXème siècle) ...que le parement en pierre de Logonna dont l' éclat jaune contraste avec les travées de béton. Lorsqu'on s'approche, on découvre la beauté de cette chaude pierre ocre due des cernes subconcentriques d'hydroxyde de fer décorent de lignes sépia.

      Cette alternance du béton gris avec la pierre blonde répond à celle, homologue, de l'abbaye de Landevennec, ou de l'opposition granit de Kersanton/pierre de Logonna de l'Église  Saint-Sauveur, au Faou ou de la chapelle de Rocamadour sur le sillon de Camaret,  de l'autre coté du Goulet.

 

Église Saint-Sauveur, le Faou, 11 10 2011

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    Façade Église Saint-Louis, pierre de Logonna:

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   Ces dessins, qui peuvent évoquer les gravures mégalithiques, ou les cernes d' arbres fossiles, sont le résultat de la percolation d'eaux ferrugineuses à travers un granite très fissuré, pendant l'ère tertiaire sous un climat tropical humide.     

     La pierre est, géologiquement parlant, un microgranite dit microdiorite quartzique du Roz, une roche magmatique ni tout-à-fait plutonique (profonde) comme le granite, ni tout-à-fait volcanique (superficielle) comme le basalte, mais intermédiaire, et de semi-profondeur(une dizaine de kilomètres de profondeur), microgrenue et non plus grenue car ayant cristallisée rapidement par injection dans une paroi froide.  Sous forme de magma plus ou moins fluide, elle est venue s'infiltrer à travers les schistes noirs de la Rade de Brest, des roches sédimentaires du Dévonien supérieur, sous forme de filons ou lentilles répondant parfois au joli terme de "crotules".  Cette roche est ponctuée de petits trous, dus à une altération superficielle des petits micas.

 

      Ses gisements se situent sur la commune de Logonna-Daoulas et sont exploités depuis le XVIème siècle, tant en la carrière ou "pierrière" du Roz (toujours active) qu'en celle de Sainte-Marguerite. Ce matériau très apprécié pour la facilité de sa taille et pour sa résistance à l' érosion a bénéficié du réseau fluvial de la rade de Brest par gabarres pour de diffuser comme pierre de construction là où le granit était plus difficilement disponible, sur un périmètre d'une quarantaine de kilomètres jusqu'au Conquet , à Crozon, Chateaulin ou Landerneau. Actuellement, la pierre de Logonna est utilisée en ornement de façade, de cheminée ou en pavement, à moins d'être broyée et mélangée à des résines pour réaliser des éviers.

 

  Je peux admirer en parcourant la façade de l'église une véritable exposition de ces sortes de chromatogrammes naturels de sels ferrugineux.

 

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   Allez-y, l'entrée est libre, et il reste encore des centaines de tableaux à déchiffrer, certains calligraphiés comme par une écriture arabe :

 

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III. La Place Wilson  et les galets de quartzite.

  

   Cette décoration qui entoure le kiosque est réalisée en jouant sur les différences de coloration des galets de la Rade selon qu'ils soient oxydés (rouges) ou non ( clairs).

  

 

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   S'il existe trois formes de cordons de galets (cordon de barrage, fixé à la terre des deux cotés ; cordon adossé, plaqué contre les falaises ; "flèches", avec une pointe libre ), la rade de Brest est particulièrement riche en formations littorales de type flèches de galets, appelées en toponymie "ero", "ero vili", bili étant le pluriel de "bilienn", galet en breton. Ces galets proviennent de l'érosion de falaises composées d'un matériel meuble, le "head", ou de l'érosion des schistes, puis les courants de marée ou de vidange d'étangs modèlent la flèche de galet.

  La plupart de ces formations se "démantèlent", notamment depuis 200 ans sous l'effet de facteurs naturels, accrus par l'exploitation par l'homme des galets, ou par les travaux effectués.

 

IV Les pavés de l'île Longue  : caniveau, Place Wilson. Encore du microgranite.

 

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Jadis, les rues principales de Brest étaient pavées afin de mieux résister au piétinement et surtout au roulage des attelages que le simple empierrement responsable d'ornières et de beaucoup de poussières. Le pavage a trouvé un réemploi partiel en bord d'asphalte, pour les caniveaux.

   Les pavés peuvent être en granite ( de l'île Longue), en grès et quartzite ( les pavés en grés rose d'Erquy), mais à Brest , ou autour de la Rade dans les petits ports, ils sont en microgranite de l' Île Longue, autrefois nommé "porphyre" en raison de sa couleur gris-bleuté à beige.

   Ce microgranite se caractérise par son grain très fin au sein duquel se distinguent à l'oeil nu des feldspaths blanchâtres. Il voisine le microgranite de Rostellec, gris très clair nommé "eurite de Rostellec". Ces gisements coïncident avec des pointements microgranitiques dans des schistes dévoniens à l'époque hercynienne, puis l'érosion des schistes tendres a dégagé des "monadocks insulaires".

  Le gisement de l'île Longue voisine avec ceux des îles de Trébéron et de l' Ile des Morts, qui procurent plutôt des moellons.

C'est une pierre dure, très dure, difficile à façonner, les carriers débitant à la masse avec le tranchant d'un marteau les blocs, puis dressant une tête rectangulaire, se hasardant à démaigrir les cotés au risque de briser leur pavé. Heureusement, les nombreuses fissures naturelles du gisement, les diaclases, facilitent l'abattage.

   Elle est d'un grain si fin que le passage répété des roues la polissait comme du marbre et la rendait dangereusement glissante.

 Ces pavés proviennent des carrières de l'île Longue (qui n'est guère qu'une presqu'île) dont les gisements sont exploités depuis plusieurs siècles ; en 1862, on comptait 25 "pierrières", sans-doute un record mais il en restait 12 en 1926. Les forçats du bagne de Brest y ont travaillé sur les carrières que possédait la Marine. Les pavés étaient transportés par mer vers Brest ou vers les chantiers littoraux.

  ( lire : Les carrières de pavés à  l'île Longue, Louis Chauris, Avel Gornog n°4, 1996 etNouvelles observations sur le microgranit de l'île Longue,Avel Gornog n° 18, 2010.)

 

  On les retrouve encore le long des quais ou des cales, comme ici, au Faou, contenus par les dalles de granit :

 

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Le Faou : la cale                                                                              La Faou, le quai.

 

Un pavé au Faou : la roche, gris-bleu au départ, devient jaunâtre par oxydation graduelle du fer:

 

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  A Brest, les travaux d'aménagement de la Place de la Liberté ont mis à jour la demi-lune de Landerneau et la Porte Saint-Louis des anciens Glacis : on peut y voir le granit de l'Aber-ildut voisiner avec les pavés de l' Île Longue :


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V. La rue Traverse (1) le Kersanton .

  Au 5 de la rue Traverse, l'attention est attirée par un bâtiment au fronton ornée d'un dauphin (ou est-ce un triton?) :

Cette sculpture de facture récente est, nous précise Armel Menez, en pierre de Kersanton. Un motif similaire se retrouve sculpté sur la face principale du Monument Américain du Cours Dajot.

 

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La kersantite.

On lit souvent que c’est la seule roche au monde dont l’origine est un toponyme breton : kersanton en Loperhet, mais c'est oublier la sizunite, décrite par J. Cogné en 1962 au sud du Cap Sizun. Dans les deux cas, ce sont des lamprozytesreconnaisables à leur couleur sombre (roches mélanocrates ou mésocrates), tout comme la minette et la vogèsite, et j'adore entendre tous ces noms. Le Kersanton, c'est encore un microgranite formé il y a 280 millions d'années après avoir fait irruption à travers les schistes dévoniens en une vingtaine de filons, dont celui situé sur le lieu-dit éponyme, sur la rive droite de la Rivière de Daoulas.

 

Il y a quatre variètés de kersanton (L. Chauris) :

- le facies de kersanton au sens strict, du village de " kerzanton" en Loperhet, à gros grains noir-verdâtre avec énormément de paillettes de mica. Il a été exploité en cet endroit dès le XVème siècle et à proximité au XXème siècle, à Kerzanfloch, par l’entreprise Donnard. C'est le plus tendre, il se taille facilement mais c’est le seul kersanton qui ne résiste pas aux atteintes du temps.

- le facies de Rosmorduc ( Logonna-Daoulas), gris foncé à noir à grain très fin, mais très dur. C’est le kersanton par excellence, le plus beau, celui qu'emploient les artistes de la statuaire et des calvaires bretons, Roland Doré ou Yves Hernot. 

-le facies de la Pointe du Château (Logonna-Daoulas), d’un gris-bleuté et d’une dureté extraordinaire. Il n’a presque jamais été utilisé pour le statuaire.

- le facies du Rhun (l’Hôpital-Camfrout), gris-bleu à gris-vert, de grain moyen, le plus ordinaire. Il est de bonne tenue à l' altération et a été largement exploité.

 

Il est exploité depuis le douzième siècle (Abbaye de Daoulas).

 

  Gargouille de kersantite, Eglise Saint-Sauveur, le Faou.

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   VI Le granit de l'Aber Ildut rue Traverse.


 

Là encore, c'est Louis Chauris l'auteur incontournable :

http://lanildut.pagesperso-orange.fr/histoire/LanSource018.html


Ce granit bien connu se distingue par l'abondance des feldspaths roses potassiques ("orthoses") dont la taille peut atteindre 5 cm, sur un fond à grain moyen  contenant :

- un deuxième feldspath blanchâtre calco-sodique

- un quartz gris dit "gros sel",

- de nombreuses paillettes de mica  noi (biotite).

  Il n'est vieux que de 300 millions d'années, c'est donc un petit jeune à coté de la plupart des granits qui soufflent tous les ans une bougie supplémentaire de leurs 2 milliards d'années. Il provient d'un gisement de 11 km sur 13, autour de lannildut incluant les communes de Pouarzel Breles, Lanrivoaré ou Porspoder.

  Ce "granit porphyroïde rose" ( porphyroïde : contenant de gros cristaux, comme le vrai porphyre) est apprécié depuis toujours, et 16 menhirs, dont celui de 10 mètres à Kerloas, témoignent encore, entre Porspoder et Lanildut, de l'attrait de cette pierre, que les diaclases scindent en monolithes  de grande taille, pour les hommes de la civilisation mégalithique. A l'age de Fer, ce sont des stèles de taille plus modeste (encore jusqu'à 4 mètres néanmoins) qui sont réalisés dans cette pierre, à Locmaria-Plouzané ou à Plouzané par exemple. Si les gros cristaux ne permettent pas de l'utiliser dans la statuaire, sa résistance à l'érosion, l'excellent poli qu'il permet, son aptitude à la taille, la facilité de le transporter à partir de lieux d'extraction situés sur les rives maritimes de l'Ildut ou sur la côte (île Melon), et la beauté du contraste entre les fruits confits roses et le fond sombre l'ont fait choisir en architecture de chapelles ou d'églises (Saint-Martin à Brest), de forts, de phares, d'ouvrages d'art, de voierie, et de demeures privées.


Il y est utilisé en pierre de façade sur un immeuble situé en face de la Bibliothèque :

 

 

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   On le trouve aussi dans les rues en bordure de trottoir :


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 En descendant la rue Traverse  vers le cours d'Ajot, on la trouve encore sous forme de bornes sculptées d'une ancre, ou en dalles pour la chaussée ; certaines pierres sont affligées d'un gros "crapaud", une inclusion sombre de plagioclastes et de biotites qui n'était pas obligatoirement considérée comme un défaut par les carriers, et ne dévaluait pas l'ouvrage, à la différence des "crapauds" des pierres prècieuses:


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Louis Chauris nous précise que ces "crapauds" se trouvent parfois sur le terrain "en véritables essaims (le Mazou, côte ouest de l'île Melon) conférant alors à la roche un surprenant  effet poudingiforme". Il semble que le granite dont est fait l' escalier qui relie la rue Traverse à la rue de Denver, tout comme le parement de la maison Crosnier provienne de l'un de ces sites, tant les crapauds y abondent.


      2, rue Traverse :

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VI La Maison Crosnier 2, rue Traverse : la brique et le kersanton :

 

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  Sylvain Crosnier père (1833-1902) est venu de l'Indre et Loire pour créér à Brest avec M. Buré une entreprise spécialisée dans les travaux hydrauliques, qui rénova plusieurs bassins des ports de Brest, Lorient et Saint-Malo, réalisa 4 écluses en Mayenne, et travailla à de nombreuses propriétés privées de Bretagne. Cette entreprise Buré et Crosnier devint l'entreprise Crosnier et Fils en 1892 et oeuvra pour des particuliers.

  Son fils, François Sylvain Crosnier (1859-1950)  devint architecte en 1900, tout en procédant à l'acquisition de plusieurs terrains et maisons de rapport rue d'Aiguillon et sur le Cours Dajot. Il devint plus tard également administrateur de la Caisse d'Epargne.

  C'est lorsqu'il abandonna la profession d'entrepreneur au profit de celle d'architecte qu'il fit réaliser la Maison Crosnier au 20, rue de Denver, dans un style d'inspiration Art Nouveau qui s'appuie sur l'esthétique des courbes. Il y mêle harmonieusement le granite de l'Aber Ildut, le kersanton, la pierre de Logonna et la brique, alors que les fenêtres se décorent de motifs arrondis.

  Cette maison appartient aux sept demeures qui ont échappé aux bombardements qui ont détruit la ville de Brest en 1945.

 

granit de l'Aber Ildut + multiples"crapauds" :

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Kersanton + grille :                                            Granit de l'Aber-Ildut + fenêtre :

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Kersanton + pierre de Logonna :

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Kersanton + briques :

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Granit de l'Aber Ildut (et son "crapaud") + briques :

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  L'utilisation de la brique sur la façade de la maison de Sylvain Crosnier comme motif décoratif pour réaliser un contraste coloré avec la kersantite permet de découvrir le rôle économique que jouèrent les briqueteries au XVIIIème et surtout XIXéme siècle en utilisant les gisements d'argile, assez nombreux au fond des édentations du littoral de la Rade.

   A Quelern, une fabrique de briques a été prospère pendant plus d'un siècle et employa jusqu'à 80 personnes, pour approvisionner les fours ou les constructions civiles ou militaires de Brest. Cette briqueterie Kermarec active de la fin du XVIIIème jusqu'en 1866 est ensuite devenue la Villa-pension La Pagode (1903), une vaste longère prés de la caserne Sourdis, et on y voit encore des fours à brique et des fours à chaux.

    D'autres entreprises se sont développées autour de gisement d'argile, à Daoulas ou ailleurs, mais la plus connue est la Grande Briqueterie de Landerneau. Son principal approvisionnement venait de Saint Urbain : le gisement de kaolin de Kerbaol était envoyé par canalisation, sous forme fluide, jusqu'à Landerneau. Là, on mélangeait l'argile à du sable ou à du calcaire, et on remplissait des moules qui passaient au four pour réaliser des briques pleines ou creuses, mais aussi des tuiles, ou plus récemment des pots de fleurs ou de la poterie émaillée.

 

VII Le Monument Américain ; vue sur la Rade.

 

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  Ce monument était jadis en granit rose de Ploumanac'h ; nous n'avons pas su dans quel matériau il avait été reconstruit après-guerre. A défaut, nous avons contemplé la vue sur la Rade :

 

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VII : En finir avec le minéral : l'animal !

 

  Repu de mineral, je trouve enfin un être vivant : une chrysoméle : c'est comme si je me retrouvais chez moi !

 

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Published by jean-yves cordier
9 octobre 2011 7 09 /10 /octobre /2011 16:11

 Date : 9 10 11                                                                                              A Carole, natur-ailement.

Lieu : l'Aber à Crozon (29), vers la Pointe de Trébéron.

 

                                        LES PÉTROGLYPHES DE L'ABER.

  

   Levons toute ambiguité : le terme pétroglyphe désigne par convention une inscription symbolique gravée sur la pierre par des hommes préhistoriques par incision ou piquetage du granit, du grés, du shiste ou de diabases, et ce n'est que par le jeu de mon imagination que j'ai pris les traces créées par les lichens, les veines minérales, l'oxydation, les fossiles, la progression de coquillages, ou les algues comme autant de hieroglyphes ou de runes, autant de préécritures que mon coeur déchiffraient parfaitement et qui venaient romprent l'obsédant et solennel silence des roches.

 

 

 

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Je frappe les dalles.

J’en éprouve la solidité.

J'en écoute la sonorité.

Je me sens ferme et satisfait.

 

J'embrasse les colonnes.

Je mesure leur jet, la portée, le nombre et la plantation.

 Je me sens clos et satisfait.

  

Me renversant, cou tendu, nuque douloureuse,

 je marche du regard sur le parvis inverse

et je sens mes épaules riches d'un lourd habit cérémonieux,

aux plis carrés, à la forte charpente.                                                      Victor Segalen, Retombées, in Stéles.

  

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                              Coeur endurci plus que la roche bise

 

Coeur endurci plus que la roche bise,
Vent aspirant pire que nord ou bise,
De grief refus tant orgueilleulx et fier,
N'est il moyen de te mollifier
Par tel façon que grace en fust acquise ?                                   Jean Marot (1423-1526)

 

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 Que ferais-je  
Si j’étais pierre et terre ? 
 
Tu l’as été  
Tu le seras          .....

 

 

 

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 ....

 

 

 

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 Aimer 
Être une pierre 
Et que ça dure. 
 
Et n’avoir rien à faire 
Que ce que font les pierres      ....

 

 

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 Comme si chaque pierre 
N’avait pas 
En elle son soleil, 
 
Celui qui te prolonge 
Dans les espaces                    ....

 

 

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    .....

 

 

 

 

 

 

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 ....

 Il suffit d’une pierre 
Pour écrire 
 
Ce que le monde 
Veut se dire 

 

                       
 Guillevic, « Quinze Galets », Relier, poèmes 1938-1996, Gallimard, 2007, p. 303-304 

  

  

 

 

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CAILLOU 
 
Viens encore une fois 
Te consacrer caillou 
 
Sur la table dans la lumière 
Qui te convient, 
 
Regardons-nous 
Comme si c’était 
Pour ne jamais finir ; 
 
Nous aurons mis dans l’air 
De la lenteur qui restera. 
 

 

       Men

 

Deu aman c'hoaz eur wech

D'en em ouestla da ven

War an daol e-kreiz ar skerijenn

 A zo diouzout,

Sellom ouzom

E-giz pa vefe

Da jom heb echui morse.

 Lakêt or-bo en êr

 Eur horregez hag a bado.

 

 

Encoches / Askennou


 Guillevic, Encoches, Éditeurs français réunis, 1971, p. 21. 

 

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  Fossile d'Orthocère, quartzite, localisé grâce à Armel Menez et à son site Geodiversité.net http://www.geodiversite.net/

 

 

 

 

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Published by jean-yves cordier
4 octobre 2011 2 04 /10 /octobre /2011 21:30

    Histoire des noms (zoonymie) de mes papillons du Finistère IV. 

 

   Drepanidae, Lymantridae, Lasiocampidae, Arctiidae, Crambidae, Pyralidae.

 

 

• Drepanidae

   -Drepaninae:

                       Cilix glaucata

 

• Lymantridae

                 Euproctis chrysorrhea

                    Euproctis similis

                    Lymantria monacha

 

• Lasiocampidae

                     Euthrix potatoria

                     Lasiocampa trifolii

                     Trichiura crataegi

• Arctiidae

   -Lithosiinae

                       Miltochrista miniata

                       Eilema depressa

                       Eilema complana

                       Lithosia quadra

   - Arctiinae

                       Coscinia cibraria

                       Euplagia quadripunctaria

                       Spilosoma lubricipeda

                       Tyria jacobaeae

                       Diacrisia sannio

                       Epicallia villica

• Crambidae

   - Pyraustinae

                       Pyrausta purpuralis

                       Eurrypara hortulata.

                       Udea ferrugalis

 • Pyralidae

  - Pyralinae

                       Synaphe punctalis

 

DREPANIDAE

 

   Drepaninae :

 

      La Petite épine, Cilix glaucata (Scopoli, 1763) the Chinese Character.

 

Envergure : 18-22 mm,

Vole en deux générations en mai-juin puis en août ,

Alors que dans la famille des Drepanidae les chenilles échappent aux prédateurs en prenant l'aspect de'excrément d'oiseaux, ici c'est l'imago qui adopte cette stratégie et, par son aspect blanchâtre parcouru de veinage noir, ressemble à une fiente tombée du ciel sur une feuille. Mais cet aspect rebutant n'est qu'apparent, et à le considérer de près, Cilix glaucata ressemble plutôt à une porcelaine de Chine décorée d'une élégante calligraphie.

PHL : Prunellier, aubépine.

 

Zoonymie:

Cilix, Leach, 1815 in Brewster, Endinburg Encycl. 9 : 135. Cilix est  fils du roi de Phénicie Agenor et donc rien de moins que le frère de Phenix, Phynée, Cadmos, et Europe. Après que celle-ci ait réussi à se faire enlever par Zeus à force d'aller se baigner en petite tenue, son frère Cilix, soit-disant pour aller à sa recherche, partit à l'aventure et se fixa en Anatolie dans un beau pays arrosé par le fleuve Pyramos, qu'il s'appropria en le baptisant  la Cilicie. Et si tout le monde faisait pareil?

glaucata : de glaucus, bleu-gris

• nom vernaculaire La petite épine :

-  sans nom,Engramelle : suppl. pl IX fig 280 a,b,c.

- La Verdâtre, (phalena glaucata) Charles de Villers, Entomologie linnéenne, tome 2 p. 364, 1796. 

-  Platypteryx Petite Épine, Jean-Baptiste Godart, Hist. Nat. Lépidoptères Tome 4 (2)  p. 94 n°63, 1829  qui donne l'origine du nom : " Les supérieures, dont le sommet n'est nullement arqué, sont blanches en-dessus, avec une double rangée de lunules d'un gris bleuâtre qui longe le bord terminal, et une tache brune au milieu du bord interne, laquelle est bordée de fauve et surmontée d'une autre tache grise qui s'avance d'une manière oblique jusqu'au milieu de l'aile.Sur cette dernère tache on distingue les nervures qui ressortent en blanc et forment par leur disposition une petite branche épineuse ; d'où vient le nom de spinula (petite épine) donné à cette espèce."

   En effet l'épithète spinula a été utilisé plutôt que celui de glaucata par Hübner, Esper, Ochsenheimer, etc...

  Il se trouve que la plante-hôte de la chenille est le prunellier, prunus spinosa, l'Épine noire, alors qu'on nommait jadis petite-èpine ou épinette divers buissons épineux, aubépine, èpine-vinette,...

-

 

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LYMANTRIDAE

 

Le Bombyx Cul-brun Euproctis chrysorrhea

 

Zoonymie :

  • Euproctis

  • chrysorrhea: " de chrysos, "or" et rheo, "couler", parce que l'anus de ce lépidoptère est garni de poils ferrugineux qui, chez la femelle, se détachent et coulent, pour ainsi dire, avec les oeufs. (Godart, p. 273)

  • nom vernaculaire :

- La Phalène blanche à cul brun, Etienne-Louis Geoffroy, 1767 Hist. abr. ins. 2 p. 117 n° 20

- La Phalène blanche à cul brun, chenille à oreilles la Commune Jacques Louis Engramelle, 1779 Papillons d'Europe, tome 4, p. 95 pl. 135 n° 182.

- L' Arctie chrysorrhoe, Pierre-André Latreille, 1816 Nouv. Dict. Hist. Nat, 2, p. 444.

- L' Arctie Queue d' or, Pierre-André Latreille,1817  in : Le Règne animal par Cuvier tome 3, p. 569.

- Le Bombyx Cul-brun, Jean- Baptiste Godart, 1822 Hist. Nat. Lépidoptères, tome 4, p. 273 n° 80

 

 

 

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 Le Bombyx Cul-doré Euproctis similis;

 

Zoonymie:

  • Euproctis: cf supra

  • similis : semblable;

  • nom vernaculaire :

- La phalène blanche à cul jaune, chenille à oreilles du poirier, Jacques Louis Engramelle, 1779, Papillons d'Europe, p. 100, pl 136 n° 183.

- Arctie cul-doré, Pierre-André Latreille, 1816, Nouv. Dict. Hist. Nat. 2, p. 444. 

- Bombyx  Cul-doré, Jean-Baptiste Godart, 1822, Hist. Nat. Lépidoptères tome 4, p. 276 n° 81.

 

 

Le Bombyx Cul-noir, la Nonne, Lymantria monacha  (Linnaeus, 1758) Black Arches.

 

 

 

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LASIOCAMPIDAE

 

     La Buveuse, Euthrix potatoria (Linnaeus, 1758) the Drinker ( syn : Philudoria potatoria).

 

  Zoonymie:

Euthrix :Meigen, 1830 du grec eu-, bon, bien, et thrix, les cheveux : en raison de la belle toison dont est dotée ce papillon.

potatoria  Linné, 1758, pour, selon Emmet, l'habitude qu'a la chenille de boire l'eau de pluie ou la rosée. Voir infra.

• nom vernaculaire:

-La Buveuse, Chenille du Gramen Engramelle, 1786  Papillons d' Europe, tome 5, pl. 172 n°223. Il cite le potatoria de Linné, notre nom français est donc second par rapport au nom scientifique.

- Bombyx buveur, Godart, Hist. Nat. Lépidoptères tome 7 (2) p. 92 n° 17. Celui-ci écrit : "Godaert  [ Métamorphoses naturelles,  tome 1, page 39 Expérience XII, La Haye, 1700, 3 vol. petit in-8°.] a donné à la chenille de ce bombyx le nom de Buveuse, parce qu'il prétend avoir remarqué qu'elle est sujette à boire, et que lorsqu'elle boit, elle reprend haleine en levant la tête en haut, pour faire plus facilement dévaler  l'eau, ni plus ni moins que les poules qui après avoir bu, ne manquent jamais d'élever la tête vers le ciel." 

 

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  Le Bombyx du trèfle, lasiocampa trifolii ([Denis & Schiffermüller], 1775) , Grass Eggar.

Envergure : 40 à 55 mm

Vole d' août à septembre.

PHL: grande variété de plantes basses

Zoonymie :

  • Lasiocampa Schrank, 1802 : du grec lasios, "chevelu" et kampa, "la larve".

 • trifolii : du trèfle. Mais la chenille est polyphage.

 • nom vernaculaire : le Bombyx du trèfle, Jean-Baptiste Godart, 1822, Hist. Nat. Lépidoptères tome 4 p. 9 n° 19. Il cite en référence le zoonyme créé par Jacques Louis Engramelle en 1779 (Papillons d'Europe vol. 4, pl 176, n°226, p. 13) : "Le Petit Minime à Bande", que la postérité n'a pas retenu.

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Le Bombyx de l' aubépine, Trichiura crataegi  (Linnaeus, 1758)  the Pale Eggar.

Envergure : 25-30mm

Vole en août-septembre;

PHL : nombreux arbres et arbustes.

Zoonymie:

   • Trichiura crataegi Stephens, 1828 : du grec trix, trikhos, "le cheveu, le poil" et oura, "la queue" (comme dans ouraboros, le serpent qui se mord la queue, ou dans urodéle, pagure, graphiure...) : en raison de l' épaisse touffe anale de cette espèce.

   • crataegi : du nom scientifique de l'aubépine, l'une des plantes hôtes et la seule signalée par Linné, Systema Naturae 1758 p. 502 n° 30 sous le protonyme de Phalaena Bombyx crataegi.

   • nom vernaculaire :

- Phalène à  queue fourchue : Charles de Geer, Mémoires pour servir à l'histoire des Insectes 1752-1778 tome I, p. 193 & tome II(1) p. 300.

- La Queue Fourchue, chenille de l'aubépine, 1786, Jacques Louis Engramelle, p. 34 n° 235, avec ce commentaire : " De Geer les a nommées Phalènes à queue fourchue parce qu'effectivement dans le mâle les longs poils qui couvrent l'extrémité de son corps forment deux espèces de pinceaux.

- Le Bombyx de l'aubépine, 1822, Jean-Baptiste Godart, Hist. Nat. Lépidoptères vol 4 p. 122 n° 27.

- La Hausse-Queue Fourchue, 1866, Alfred Constant, Cat. Lépid. Saône-et-Loire p. 114.

 

Observée le 20 septembre à Crozon

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    Où on voit la queue fourchue...

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  ARCTIDAE.

 

Lithosinae :

 

L' Ecaille rosette, Miltochrista miniata  (Forster, 1771) the Rosy Footman, Rosen-Flechtenbärchen.

 

Envergure : 23-27mm.

Vole de juillet à août.

PHL : lichens des arbres.

 

Zoonymie

  • Miltochrista Hübner, 1819 : Verz. Beb. Schmett. (11) : 166 : Miltochristen, Miltochristae Le terme est construit sur le grec miltos, " terre rouge" et khristos , "oint, sacré", et se rapporte directement à l'espèce M. miniata, la seule que Hübner incluait dans ce genre, et qui se nommait alors Noctua rubicunda (Denis & Schiffermüller) ou Bombyx rosea (Fabricius).

• Miniata , Forster, 1771 , Nova Species insectorum : 75 sous le protonyme Phalaena miniata. . Il dérive du latin minius, a, um : "d'un rouge vermeil, éclatant" lié au nom commun minium, i : "minium, vermillon, cinabre", pour qualifier la coloration de ce papillon.

• nom vernaculaire:

-La Rosette, Geoffroy 1765, Hist. Ins. Paris, tome 2, p. 121  n° 25.

- La Rosette, la chenille des lichens des arbres, Engramelle, 1788 Papillons d'Europe, tome 6, p.50 n°310.

- Le Bombix (sic)  Rosette, 1790,  Olivier, Enc. Meth. p.102 n° 263.

- Callimorphe Rosette, Jean-Baptiste Godart, Hist. Nat. Lépidoptères tome 4 p. 383 n° 121

 

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La Lithosie ocre ou Lithosie déprimée Eilema depressa  (Esper, 1787) the Buff Footman, Nadelwald-Flechtenbärchen. 

    PHL : lichens et algues des arbres.

 

Zoonymie:

Eilema Hübner, 1819 , tiré du grec eilema, "un voile" , pour la façon qu'adoptent beaucoup d'espèces de ce genre d'enrouler leurs ailes comme un rouleau de tissu.

• depressa : déprimée au sens d'aplatie

• Nom vernaculaire:

- Lithosie : " du grec Xiôosguoç, "qui se fixe ou s'attache sur les pierres" parce qu'on en a trouvé sur des pierres couvertes de lichen ", nous dit Constant Dumeril dans Entomologie analytique, 2 : 1150, 1860. Le vocable français découle du lithosia de Fabricius, 1798 et a été introduit par P.A Latreille en 1810 comme nom de genre.

 

 

 

 

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La Lithosie aplatie ou Manteau à tête jaune Eilema complana  (Linnaeus, 1758) Scarce Footman

 

Zoonymie:

  •complana : du latin complano, niveler, mettre à plat

  •nom vernaculaire:

 - Le manteau à tête jaune, Etienne-Louis Geoffroy, 1764, Hist. abr. ins. 2, p. 191 n° 21

- Chenille du peuplier, le manteau à tête jaune, J. L. Engramelle, 1786  Papillons d'Europe, tome V  p. 37 n° 301

 

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La Lithosie quadrille, La jaune à qautre points Lithosia quadra (Linnaeus, 1758)  the Four-spotted Footman.

Zoonymie :

   • Lithosia Fabricius, 1798 : du grec lithos, la pierre, pour renvoyer aux chenilles qui se nourrissent souvent des lichens et que l'on trouve ainsi sur les roches.

   • quadra : Linné, Systema Naturae 1758 p. 511 n°84 : P. Noctua sticornis laevis, alis depressis luteis : superioribus punctis duobus atris. La description des deux points noirs sur chaque aile antérieure, et le choix du chiffre quatre pour nommer cette espèce, devait apparaître évidente pour des entomologistes qui examinaient plus souvent des spécimens de collection aux quatre ailes épinglées et aux points noirs aussi apparents que sur la face d'un dé à jouer, que pour nous qui ne voyons le plus souvent que trois points sur les papillons vivants.

   • noms vernaculaires :

- La Phalène jaune à quatre points , 1762, Etienne Louis Geoffroy, Hist. abr. ins. 2 p. 14 n° 84.

- La Jaune à quatre points, 1788, Jacques Louis Engramelle, Papillons d'Europe volume VI p. 31 n° 298.

- La Lithosie quadrille, 1824, Jean-Baptiste Godart Hist. Nat. Lépidoptères, volume V p. 13 n° 131.

 

  Crozon, 1er octobre 2011 : la femelle

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 Le mâle ; Plouzané, 5 octobre 2011 :

 

 

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Arctiinae:

 

Le Crible, Coscinia cribraria  (Linnaeus, 1758)  Speckled Footman

 

  Envergure 30-35mm

Vole de juillet à août

PHL : plantes herbacèes, Genista, Erica, Plantago,...

 

Zoonymie :

  • Coscinia Hübner, 1819 : du grec koskinon, "un crible", un tamis : en raison du motif des ailes parsemées de points noirs comme les petits trous d'une passoire.

  • cribraria : "criblé" du latin cribrarius, a, um : "passer au crible". Linné le décrit sous le protonyme Phalaena bombyx cribraria page 507, n°52 du Systema Naturae avec la description "  alis incambentibus : superioribus albis, transverse nigro punctatis".

   • nom vernaculaire

- Le Manteau à points : 1767, Geoffroy, Hist. abr. ins. tome 2, p. 190 n° 21.

- Le Crible : 1779, J.L. Engramelle, Papillons d'Europe, p. 47 n° 308.

- Lithosie Crible, 1824, J.B. Godart, Hist. Nat. Lépidoptères, tome 5 p. 26 n° 136.

 

 

 

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   Les Ecailles : zoonymie

Le nom d'Ecaille designe une ensemble de papillons de la sous-famille des arctiinae, mais appartenant à des genres différents. Un genre Ecaille / Chelonia a été fondé en 1822 par Godart, Hist. Nat. Lépidoptères 4 : 299 pour reprendre les Arcties de Latreille avec l'explication suivante : Chelonia est issu du mot grec qui signifie "écaille de tortue", "parce que les ailes de la plupart de ces nocturnes est tachée comme l'écaille des tortues. Arctie vient du grec arctos, "ourse", parce que les chenilles des espèces de ce genre sont très velues. M. Latreille adopte maintenant aussi la dénomination générique d'écaille. Elle est en effet beaucoup plus usité parmi nous, et a d'ailleurs  l'avantage d'être plus caractéristique et d'être de prononciation moins dure que le mot  arctie ".

   Mais  Godart n'est pas le créateur de ce mot, qui a été utilisé par Etienne Louis Geoffroy en 1762 dans son Histoire abrégée des insectes, 2, p. 105, sans l'expliciter, pour nommer l'écaille mouchetée, puis les espèces suivantes, écaille marbrée, martre, couleur de rose.

  Godart semble le réserver aux arctiidés aux ailes tachées de points, alors qu'il nomme callimorphe les espèces zébrées, mais ces callimorphes  seront plus tard renommées écailles, sans souci d'appartenance générique ou de ressemblance à l'écaille des tortues.

  Godart, "Le Genre Ecaille" : 1: Ecaille fermière (Villica) femelle. 2 & 3 : E. pourprée (purpurea) mâle et femelle. 4 &5 : Roussette (ruscula) mâle et femelle.

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  L' Écaille chinée, la Callimorphe Euplagia quadripunctaria (Poda, 1761) Jersey Tiger Moth.

Envergure : 42-52 mm

Vole en juillet et en août.

PHL : lamier, ortie, sauge des près, épilobe, framboisier, chévrefeuille.

Zoonymie :

    • Euplagia Hübner, 1820 : du grec eu-, "bon, beau", et plagios, "oblique", pour la belle obliquité des ailes.

   • quadripunctaria, "à quatre points", pour les deux points noirs qui apparaissent sur le fond rouge des ailes postérieures lorsque la callimorphe accepte de les dévoiler au photographe chanceux.

   • Callimorpha Latreille, 1809 : nom de genre synonyme d'où est issu le nom vernaculaire : du grec kallos, "beau", et morphe, "la forme", pour les belles formes de ces papillons.

   • noms vernaculaires:

- La phalène chinée : Etienne Louis Geoffroy, 1762, Hist. abr. ins. 2 : 145 n° 74.

  La phalène chinée : Jacques Louis Engramelle 1789, Pap. Europe , 4 : 126 n° 190.

  L'adjectif "chiné" n'est attesté, dans l' Encyclopédie, qu' en 1753, neuf ans avant son utilisation par Geoffroy, pour désigner des étoffes brodées à la manière des chinois en faisant alterner les couleurs sur le fil de chaîne pour faire apparaître un motif.

-Callimorphe Hera, Jean-Baptiste Godart, 1822, Hist. Nat. Lépidoptères 4 : 368 n° 96, qui reprend le Callimorpha Hera de Pierre André Latreille  ( gen. crust. et ins.) reprenant lui-même Phalaena hera de Linné, 1767.

 

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L' Ecaille tigrée, Ecaille de la menthe Spilosoma lubricipeda (Linnaeus, 1758) the White Ermine ou the Buff Ermine.

Envergure : 34-48 mm

Vole de mai à juillet.

PHL : diverses plantes herbacées ; Linné donne le chêne, l'atriplice, l'ortie, et beaucoup d'auteurs anciens, la menthe.

Zoonymie :

   • Spilosoma Curtis, 1825 ; du grec spilos, "le point", et soma, "le corps", en raison des points qui marquent l'abdomen des adultes.

   • lubricipeda  Linné, Systema Naturae 1758 p. 506 n° 47 sous le protonyme Phalaena bombyx lubricipeda. Duponchel donne l'origine : "de lubricus, "glissant, mobile" et pes, "pied", ainsi nommée par Goedart parce que sa chenille court avec beaucoup de vitesse", et Geoffroy disait aussi  " c'est ce qui a fait donner par d'autres celui de lievre". En effet, tant Geoffroy que Linné ont confondu, comme deux variétés de la même espèce, la Phalène-lièvre ( Engramelle, 1779) Spilosoma luteum (qui est jaunâtre, caractère qu'on attribuait aux mâles), et notre Ecaille tigrée.

   • noms vernaculaires :

- La Phalène-Tigre, 1762, Etienne Louis Geoffrroy, Hist. abr. ins. 2, p.118 n° n21. 

- La Phalène-Tigre, chenille de la menthe,, 1779, Jacques Louis Engramelle, Papillons d'Europe, vol.4, p. 161 n° 204, qui débrouille l' embrouillamini des auteurs précédents entre Ecaille lièvre, et mendiante.

- L' Ecaille de la menthe Chelonia menthastri, 1822, Jean-Baptiste Godart, Hist. Nat. Lépidoptères vol.4 p. 362 n° 114. Comme d'habitude, Godart ne retient pas les appellations imagées des prédecesseurs français, mais crée un nom binominal inspiré des noms scientifiques. Ici, il reprend l'épithète menthastri de Latreille (Arctia menthastri, gen. crust. et ins.), de Fabricius, Esper et Hübner (Bombyx menthastri).

- Notre appellation d'Ecaille tigrée semble récente, je la trouve utilisée en 1954 par C. Ferdinand, mais pas auparavant.

   Remarquons que les anglosaxons nomment tiger moths, ou tigers, les arctidés vivement colorés correspondant peu ou prou à nos écailles.

 

 

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L' Ecaille du Séneçon, l' écaille carmin, la Goutte de sang Tyria jacobaeae (Linnaeus, 1758) the Cinnabar.

 Envergure : 32-42 mm

Vole de mai à juillet

PHL : senecio jacobae, le séneçon.

Zoonymie :

   • Tyria Hübner, 1819 : selon A.E. Emmet, Tyria est un "grecisme" pour Tyrian. On trouve dans Wikipédia la donnée suivante :

Pourpre de Tyrian (Grec : πορφύρα, porphyra, latin : purpura), également connu sous le nom de le pourpre royal, colorant pourpre ou impérial impérial, est un colorant pourpre-rouge qui a été produit la première fois par les phéniciens antiques dans la ville du pneu.

   • jacobaea Linné, 1758, de la plante hôte nommée par Linné Jacobaea senecionis.

   • noms vernaculaires :

- La Phalène carmin du séneçon, 1762,Etienne Louis Geoffroy Hist. abr. ins. 2 : 146 n° 75. Le carmin est  un rouge vif extrait de la cochenille, quirmiz en arabe.

- Le Carmin, 1788, Jacques Louis Engramelle, Papillons d'Europe 6 :54 n° 312.

- La Callimorphe carmin,  1822, Jean-Baptiste Godart, Hist. Nat. Lépidoptères,4 : 377 n° 118.

- Je trouve le nom Ecaille du séneçon employé en 1888 par Maurice Maindron dans Les Papillons.

 L'emploi du zoonyme Goutte de sang semble très récent.

  Un regard outre-Manche pour signaler que le zoonyme anglo-saxon vient de cinnabaris, remède homéopathique et nom du sulfure rouge de mercure à la belle couleur

 

 

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L' Ecaille roussette, La Roussette, la Bordure ensanglantée Diacrisia sannio  (Linnaeus, 1758)  the Clouded Buff.

Envergure : 35-50 mm

Vole en juin et juillet.

PHL : bruyère,diverses plantes basses.

Zoonymie :

   • Diacrisia : Hübner, 1819 : du grec diakrisis, "séparation". D. sannio, la seule espèce du genre Diacrisia, est particulière par son dimorphisme sexuel marqué.

   • sannio : du latin sannio, onis : "bouffon, pitre, moqueur,". Le dimorphisme est tel que Linné a décrit deux espèces différentes, Bombyx Sannio ( p. 506) et Noctua russula, dont il subodore néanmoins la parenté puisqu'il écrit de cette Noctuelle rousse "qu'il serait facile de croire que les deux espèces ne différent que par le séxe tant elle ressemble au Bombyx Sannioni".

   • noms vernaculaires :

- La Bordure ensanglantée, 1762, Etienne Louis Geoffroy, Hist. abr. ins. 2 : 129 n° 39

- L' Ecaille à bordure ensanglantée, 1779, Jacques Louis Engramelle, Papillons d'Europe, 4 : 153 n° 201

- L' Ecaille roussette, 1822, Jean-Baptiste Godart, Hist. Nat. Lépidoptères 4 :343 n° 106 : Godart, ou Duponchel, ne font que reprendre le nom donné par Linné en traduisant Russula par Roussette.

 

 

 

 

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 l'Ecaille fermière, l'Ecaille villageoise, Epicallia villica (Linnaeus, 1758) ou Arctia villica (Oberthür, 1911)  the Cream-spot.

Envergure 45-60 mm

Vole de mai à juillet.

PHL :diveres plantes herbacées, genêt, chevrefeuille.

Zoonymie :

   • Epicallia :

   • villica :

   • nom vernaculaire :

- l'Ecaille marbrée 1762, Etienne Louis Geoffroy, Hist. abr. ins. 2 : 106 n° 7.

- l'Ecaille marbrée, 1779, Jacques Louis Engramelle, Papillons d'Europe, 4 : 138.

 Ce zoonyme désigne actuellement Callimorpha dominula, mais c'est bien E. villica que décrivent ces deux auteurs

- l'Ecaille fermière, chelonia villica, 1822 Jean-Baptiste Godart, Hist. Nat. Lépidotères, 4 : 336 n° 104. Celui-ci donne la description suivante : "Le dessus des premières ailes ets d'un noir foncé et velouté, avec huit taches blanches ou d'un blanc jaunâtre, disposées ainsi qu'il suit : 1,2,2,2,1. La tache de la base est toujours à peu-près en forme de coeur, et celle de l'extrémité est surmonté d'un ou de deux points de sa couleur." Ces taches sont pourtant très variables, permettant de décrire des sous-espèces comme la brittanica d'Oberthür aux taches jaune-pâles, ou l' angelica de Boisduval aux macules jaunes confluentes.

- Le nom d' Ecaille villageoise est d'usage récent. Comme Ecaille fermière, il traduit l'épithète scientifique de Linné villica, signifiant en latin "fermière, campagnarde".

 

 

 

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CRAMBIDAE

  Pyraustinae

 

La Pyrale pourpre Pyrausta purpuralis  (Linnaeus, 1758)

Envergure 20 mm

Vole en deux générations de mai à juin, et de juillet à août

PHL : menthe, thym

Zoonymie :

  • pyrausta ( Pallas, 1771) se rapporte aux "pyraustes" dont parle Aristote ( Historia animalis, livre V, chap. 19) et Pline l'Ancien ( Histoire Naturelle, livre I, chap. 42 : Ignum animal :Pyralis, sive pyraustes et livre XI, chap. 36) et dont le nom signifie "qui ne craint pas le feu" , qui, telles les salamandres, vivent dans le feu et meurent dès qu'ils s'en éloignent.

  On trouve ce nom dans La Chanson du Mal-aimè de Guillaume Apollinaire:

  

  

Les satyres et les pyraustes
Les égypans les feux follets
Et les destins damnés ou faustes
La corde au cou comme à Calais
Sur ma douleur quel holocauste

  

Douleur qui doubles les destins
La licorne et le capricorne
Mon âme et mon corps incertains
Te fuient ô bûcher divin qu' ornent
Des astres des fleurs du matin

   

    • purpuralis : pourpre. Décrit par Linné page 534 n° 233 sous le protonyme Phalaena Pyralis purpuralis

  • nom vernaculaire:

- Pyrale : voir infra

- Elle se nommait au XIXème siècle Botys pourpré

 

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La Pyrale de l'ortie Eurrhypara hortulata  ( Linnaeus, 1758) the Small Magpie.

Envergure : 24-28mm

Vole de juin à juillet.

PHL : orties, et autres plantes.

 

  Zoonymie

   • Eurrhypara Hübner, 1825 : des mots grecs eu-, "bon, bien" et rhuparos, dérivé de rhupos : "graisseux, gras", [et secondairement "sale, souillé, misérable"].  S'applique à l'aspect  lustré, bien ciré ou huilé des ailes.

  • nom de genre synonyme : anania

   • hortulata : je recopie Emmet, 1991 :  hortus, dim. hortulus, un jardin : Linné écrit dans sa description de 1758 (protonyme Phalaena geometra Hortulata p. 529 n° 195 ) "habitat in Urtica, hortis pomonae" ( vit sur l'ortie, dans les vergers de fruits) Linné le classe parmi les Géomètres, d'où la terminaison en -ata.

• nom vernaculaire :

- Pyrale : je copie Wikipédia, "Pyrale" ;  "Le radical pyr désigne le feu et une couleur rousse ou rougeâtre en grec.Les insectes du genre Pyrrhosoma sont également rouge vif. Ces papillons étaient réputés naître dans l'âtre, peut-être par ce qu'on les y retrouvait attirés par la lumière, ou qu'ils y passaient le jour à l'abri de la lumière solaire, ou que certaines espèces s'y échappaient de dessous les vieilles écorces des bûches, fagots ou foins qu'on jetait au feu."

- Le premier auteur qui a nommé cen français  est Etienne-Louis Geoffroy avec le zoonyme de Queue-jaune (Hist. abr. ins. tome 2, p. 136 n° 54.) e papillon

- Puis on trouve cette pyrale décrite sous le nom de La Phalène queue-jaune en 1817 ( G. Cuvier et P.A Latreille, Le régne animal, vol 2,p. 573), et, Pierre-André Latreille ayant créé le genre Botys, sous le nom de Botys queue-jaune en 1843 (Pierre Boitard, Nouv. man. compl. entom. vol 3 p. 246 ) ou de Botys de l'ortieou queue-jaune en 1863 ( Aristide Dupuis, Les Papillons, guide de l'amateur des lépidoptères, p. 186). Godart en 1823 utilise le terme de Botys de l'ortie (Hist. Nat. des Lépidoptères, tome I, p. 251), tout comme Emile Blanchard en 1868 ( Métamorphoses, p. 290).

- Le nom de Pyrale de l'ortie est donc récent, mentionné en 1988 dans "Sauvons les papillons", ed. Duculot de J. Blab et G. C. Luquet.

 

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 La Pyrale ferrugineuse Udea ferrugalis  (Hübner, 1796) Rusty Dot Pearl

Envergure : 18-22 mm

Vole de mai à décembre;

PHL : diverses plantes herbacées.

Zoonymie : 

Udea Guenée 1845 in Duponchel, Cat. méth. lépid. eur.  : 209 Il remplace les genres Botys de Treitschke et Godart, Scopula de Curtis et Margarita de Stephens et regroupe les papillons " à antennes simples dans les deux séxes, palpes aussi longs que la tête, droits, sans articles distincts, et s'allongeant en pointe aigue. Trompe grêle. Abdomen obconique. Ailes supérieures étroites, et dont l'angle apical est assez aigu. elles sont marquées de deux taches ordinaires, comme celles des noctuélites." Type : P. ferrugalis.

  Il existe un adjectif latin udus, a, um : "mouillé, arrosé".

ferrugalis : issu du nom latin ferrugo, inis, "la rouille", pour la couleur des ailes et de leurs taches.

   • noms vernaculaires :

- Botys ferrugineux, Duponchel in Godart, Hist. nat. Lépid. Fr. 8(2) : 138 n° 1003 pl. 218 fig. 7.

- Les auteurs français le désignent ensuite sous le nom scientifique de Scopula ferrugalis : Hippolyte Lucas en 1849 dans Hist. nat. anim. artic. in Exploration de l'Algèrie, ou Guenée en 1851 dans Boisduval et Guenée  Hist. nat. ins. 7 :398 n° 515.

- la Pyrale ferrugineuse : semble la reprise récente d'un nom vulgaire.

  PYRALIDAE

 

Pyralinae

 

Synaphe punctalis (Fabricius, 1775)

Envergure : 22-27 mm

Vole de juin à août

PHL : mousses

Zoonymie :

   • Synaphe, Hübner, 1825 : du grec sunaphe, "union" ; en musique antique, le synaphe désigne la conjonction de deux tétracordes. En botanique, le nom de synaphe rigida est un synonyme de catapodium rigidum, le Paturin-duret. A.E. Emmet n'explique pas l'emploi de ce nom par Hübner, mais cite Mc Leod : " peut-être de l'union partielle de quelques veines des ailes postérieures".

   •  punctalis : désignerait le prtit point blanc-jaunâtre sur la cote de l'aile antèrieure.

   • nom vernaculaire : ce papillon paraît-il trop vil pour qu'un nom de notre langue lui soit attribué ? Il ne dispose pas non plus de nom en anglais.

- La Clédéobie étroite : c'est pourtant le nom que Duponchel lui donna en 1831 dans Godart, Hist. Nat. Lépidoptères volume 8 (2), se contentant de reprendre le genre Cledeobia créé par Stephens pour grouper des espèces "aux palpes courbes et inclinées vers la terre, aux ailes oblongues", et en y ajoutant l'épithète "étroite", traduction de l'angustifolia de Treischke (Pyralis angustifolia). L'espèce reçu également les noms de Pyralis curtalis (Illig.), Phalaena erigalis (Fabricius), P. curtalis (Fab), crambus eigatus (Fab.), Cledeobia angustifolia (Curtis), qui a servi de type à Stephens pour le genre cledeobia.

   Le nom cledeobia est issu du grec kledos, "haie, cloture" et bios, "vie".

 

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Published by jean-yves cordier
4 octobre 2011 2 04 /10 /octobre /2011 19:33

Histoire des noms (zoonymie) des papillons de nuit du Finistére III : Géomètres.

 

Rappel : il s'agit des papillons de nuit observés à Crozon et à Plouzané entre juillet et septembre (octobre) 2011 , sur les murs éclairés par les lampes extérieures. Les identifications ont été supervisées par Maël Garrin.

 

• Geometridae

   - Ennominae

                      Selenia dentaria

                      Abraxas grossularia

                      Lomaspilis marginata

                      Ematurga atomaria

                      Crocallis elinguaria

                      Colotois pennaria

                      Biston betularia

                      Macaria notata (ou : alternata)

                      Menophra abruptaria

                      Peribatodes rhomboidaria

                      Campaea margaritata 

                      Opisthograptis luteolata

                     

  - Larentiinae :

                       Rheumaptera undulata

                       Euphyia biangulata

                       Epirrhoe galiata  (errata)

                       Cosmorhoe ocellata

                       Xanthorhoe fluctuata

                       Xanthorhoe ferrugata

                       Hydriomena furcata

                       Chloroclysta siderata/ sp

                       Chloroclystis v-ata

                       Thera cupressata

                       Epirrita sp.

    - Sterrhinae :

                        Idaea aversata

                        Idaea rusticata

                        Scopula imitaria

                        Scopula marginepunctata

                        Rhodometra sacraria

 

 GEOMETRIDAE

 

 

Ennominae



 L' Ennomos illunaire Selenia dentaria  (Fabricius, 1775)  The Early Thorn.

Envergure :38-40mm

Vole en deux générations, d'avril à mai puis d'août à septembre.

Zoonymie :

•  Selenia Hübner, 1823 : de selene, la lune, pour les motifs blancs en croissant de lune des ailes. 

dentaria : pour le bord des ailes marqué d'indentation... ce que je ne comprends pas puisque le caractère distinctif de S. dentaria est l'absence (ou la modestie) de ces crénelures, bien plus prononcées sur l'aile postérieure de S. lunularia.

• Notre nom vernaculaire reprend celui du genre Ennomos Treitschke, 1825, qui vient du grec signifiant "dans la loi", "légal" : les papillons de ce genre respectent-ils à la lettre la régle établie par la classification de Treischke ?

  Le terme d'"illunaire " est également singulier. Une Noctuelle se nomme également Clytie illunaris, il ne s'agit pas d'un lapsus calami. Je trouve dans le dictionnaire latin en ligne  illūnĭus, a, um : qui n'est pas éclairé par la lune.

Cette signification paraît étrange pour un papillon de nuit, et je m'égare à suggerer de tenir compte de l'exemple des deux mots illuminatus, a, um : éclairé /  illuminus (de inluminus avec in privatif) : privé de lumière : l'illunaire serait un papillon "illuminé par la lune", avec un in-lunis où le -in ne serait pas privatif, mais inclusif.

Le volume 5 de l'histoire des papillons de Godart et Duponchel me détourne de cette idée fumeuse : concernant la noctuelle illunaire, ils signalent que Hübner a choisi ce terme parce qu'il n'a observé que des spécimens aux lunules éffacées. L' adjectif illunaire, avec un i privatif, s'applique aux croissants des ailes, ce qui devient parfaitement logique puisque S. dentaria est dépourvu d'une lunule de l'aile antérieure dont dispose S. Lunularia . Le nom illunaire s'explique en opposition avec celui de l'Ennomos lunaire, S. Lunularia.....Ouf.

 

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La Zérène du groseiller Abraxas grossulariata  (Linnaeus, 1758) The Magpie.

Envergure : 35-40mm

Vole en juillet-août.

Zoonymie:

 • Abraxas, Leach, 1815 :

  Abraxas est un démon, parfois représenté avec la tête d'un coq, le torse d'un homme et les pieds d'un dragon;

Formule magique et sacrée, Abraxas est, dans la Gnose grecque, le nom du dieu de l'année. Son origine est issue des sept premières lettres du nom de Dieu en hébreu, et fait référence aux sept planètes, aux sept archanges, aux sept péchés, aux sept jours, etc. Décomposées selon le système grec de numérotation, puis additionnées, les sept lettres du terme donne le nombre du cycle annuel, soit 365.
Il est donc le symbole de la totalité de la Création, du cosmos et de la Connaissance (gnosis).
Selon saint Jérôme, Abraxas correspondrait au nombre mystique et caché de Mithra, dont la somme des lettres, en grec (MEIOPAE), donne aussi 365.

Les Abraxas se présentent sous la forme d'intailles (pierres fines gravées en creux) ou de gemmes soit montées en bague, portée par les chrétiens gnostiques, puis par les maîtres du Temple qui l'utilisaient souvent comme contre-sceau, soit utilisées en sceaux. Ces pierres précieuses remontent au II siècle apr. J.-C., à une époque où vécut le célèbre philosophe gnostique Basilide d'Alexandrie dont la doctrine tenta de synthétiser les courants chrétien, égyptien, mithriaque, grec et celte.
Le mot de conjuration Abracadabra a la même source.

Grossularia mentionne la plante-hôte, le groseiller.

• Notre nom vernaculaire reprend le nom de genre Zérène attribué par Hübner, et utilisé actuellement,à des pierides d'Amérique du Nord, genre auquel l'Abraxas n'appartient donc pas... mais il appartenait à un genre Zérène de géometridés en vigueur au XIXème siècle, dont il était la seule espèce europèenne. Les autres étaient les Abraxas exotiques, remarquables par les taches jaunes et noires qui les faisaient ressembler à des panthères et des léopards (on comprend mieux le nom démoniaque d'Abraxas") et qui étaient nommés Tigrata, Panthararia, Jaguaria, Felinaria.

  Geoffroy le nommait Le Moucheté.

 

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La Bordure entrecoupée, la Marginée, Lomaspilis marginata (Linnaeus, 1758) the Clouded Border.

Envergure 30-38 mm

Vole de mai à juillet.

PHL : Peuplier (tremble), Saules.

Zoonymie :

   • Lomaspilis, Hübner, 1825 :du grec loma, "bord", et spilos, une "tache" , pour désigner la bordure maculée.

   • marginata, Linné, Systema Naturae 1758 p. 527 n° 182 : "phalaena geometra seticornis, alis omnibus albis : margine exteriore limbo fusco interrupto": seticorne ; toutes les ailes blanches, avec un bord extérieur brun , interrompu. Donc, aux ailes marginées.

   • noms vernaculaires :

- La Bordure entrecoupée, 1762, Etienne Louis Geoffroy qui traduit le latin de Linné. Hist. abr. ins. tome 2, p. 139 n° 60.

- La Marginée, 1789, Charles de Villers, Entomologie linnéenne II, p. 347 n° 533.

- La Phalène du Staphylier, 1789, Charles de Villers, Ent. linn. II p. 364 n° 570.

- La Phalène bordée, 1802, Charles Athanase Walckenaer, Hist. abr. ins. II, p. 306 n° 10.

- La Mélanippe marginée, 1830, Duponchel in Jean-Baptiste Godart, Hist. nat. Lépidoptères p. 279  n° 839

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La Phaléne picotée Ematurga atomaria  (Linnaeus, 1758)  the Common Heath.

Envergure : 22-30 mm

Vole de mai à août

PHL : bruyères (calluna, erica) et trèfles

Zoonymie :

   • Ematurga Lederer, 1853 : du grec ἦμαρ, ễmar, lui-même issu de l’indo-européen commun h₂eh₃mr̥. (copié-collé wikipédia), une forme archaïque, ou poétique, de hemera, le jour. Associé à -urga, de ergon, le travail, cela évoque les moeurs diurnes de ce "travailleur de jour" (A.E. Emmet, 1991).

   • atomaria : Linné, dans la description de 1758, Systema Naturae, p. 521 n° 140, écrit : Phalaena Geometra pectinicornis, alis  omnibus lutescentibus  : fasciis atomisque fuscis : "aux antennes pectinées, les ailes toutes boueuses (lutescentibus) ou souillées par des bandes et des corpuscules bruns" ( certes j'ai reçu le Paraclet, je parle le sancrit, le grec et le latin, mais ne prenez quand même pas mes essais pour parole d'évangile). Je me dis que ces atomes, ce sont ces petites taches brunes qui constellent la surface des ailes et que Geoffroy a nommé des "picots".

   • noms vernaculaires :

- La Rayure jaune picotée, 1762, Etienne Louis Geoffroy, Hist. Abr. ins. 2, p. 133 n° 50 . C'est plus clair en français, non?

- Les Atomes, 1789,Charles de Villers, Entomologie linnéenne II p. 305 n° 427.

- La Phalène panachée, piquée de jaune, à atomes gris 1775, de Geer, II, p. 353 pl.5 fig. 21.

- La Phaléne picotée, 1825, Guillaume Antoine Olivier Enc. meth. T 10 p. 75 n°6.

- La Fidonie picotée, 1829, Duponchel in Jean-Baptiste Godart, Hist. Nat. Lépidoptères tome 7 (2) p. 416. ( Duponchel reprend le genre Fidonia de Treischke).

 

 

 

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La Phalène de la Mancienne, la Crocalle aglosse, Crocallis elinguaria  (Linnaeus, 1758) The Scalloped Oak.

Envergure :32-41mm

Vole en juillet et août

 

Zoonymie

 • Crocallis, Treitschke, 1825 : in Ochsenheimer, Schmett. Eur. 5(2) : 431.

Georg Friedrich Treitschke (1766-1842) est cet entomologiste et musicien allemand qui a achevé le traité sur les papillons de Ferdinand Ochsenheimer. Poète, directeur de théatre, adaptateur d'opéras, il possédait certainement une culture étendue, mais la raison pour laquelle il s'en fut  chercher dans l'Histoire Naturelle de  Pline l'Ancien, Livre XXXVII, § LVI le nom d'une pierre précieuse, la Crocallis, pour l'attribuer à ce papillon restera sans-doute inaccessible à nos investigations. Pourquoi pas Cadmltis, ou Callaïs, Capnitis, Cappadocie, Callaïque, Catochitis, Catoptritis, Cépitis ou Cépolatitis, Céramitis, Cinédle,Céritis, Circos, Corsoïde, Coralloagathe, Corallis, Crateritis, Cytis, Chalcophone, Chélidoine, Chélonis, Chloritis, Choaspitis,ChrysoIampis. Chrvsopis, ou encore Cépionide ?

  Pline nous dit que la corallis ressemble à du minium, et se trouve dans l'Inde et à Syène, alors que la coralloagathe ressemble, elle, à du corail parsemé de gouttes d'or. Quand à la crocallis, " elle ressemble à une cerise".

Franchement, vous lui trouvez des allures de cerise, à  ce papillon?

  Plus finement peut-être, A. Maitland Emmet cherche l'étymologie du nom en le décomposant en crocos, le crocus, pour la couleur jaune des ailes, et kallos, "belle" : oh la belle jaune!

 

• elinguaria : l'attribution par Linné, sous le protonyme de Phalena elinguaria de cet épithète spècifique est plus facile à comprendre si on se réfère au latin elinguis, "dépourvu de langue", ce papillon étant doté d'une trompe dégénérée très bréve.

 

• nom vernaculaire 

  1-Le nom de Crocalle aglosse est la transposition du nom scientifique en passant par le mot grec qui signifie "langue" glossa et en l'associant au a- privatif. Il fut utilisé par de Villers ("l'Aglosse", Entomologie linnéenne TII,p.304 n°424) et par J.B. Godart (La Crocalle aglosse, Hist. Nat. Lépid. Papillons France, T. VII, 1829 p. 175, n°621, pl 146 n°3°)

2- Le nom Phalène de la Mancienne est utilisé par P.A Latreille en 1825 (Encycl. Meth ou Hist.Nat.:entomologie, 10 p.77) et en 1828 (Dict. classique d'hist.nat. tome 13 ). La mancienne est un autre nom de la viorne, arbuste de la famille des caprifoliacées, et Latreille écrit que la chenille "vit sur différents arbres, notamment sur  la mancienne ( viburnum lantana)".

 

 

 

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La Phalène emplumée, l'Himère plume Colotois pennata  (Linnaeus, 1761)  Feathered Thorn.

Envergure : 42-48 mm

Vole en octobre et novembre

PHL : diverses arbres et arbustes

Zoonymie :

   • Colotois Hübner, 1823 : genre monospécifique. Il existe un lézard de Ceyla nommé par les grecs kolotes, muni d'une double rangée de dents en forme de peigne : Kolotes-oide ?

   • pennaria Linné, 1761 : issu du latin penna, plume, cet épithète évoque les antennes du mâle, dont le caractère penniforme est spectaculairement développé.

   • noms vernaculaires:

- La Plume, 1789 : Charles de Villers, Entomologie linnéenne 2 : 297 n° 410.

- La Phaléne emplumée, 1825 : Latreille et Godart, Histoire Naturelle 10 : 94 n° 91.

- l'Himère plume, 1829 : Duponchel in Godart, Hist. nat. Lépid. Fr. 7(2) : 171 n° 620 pl. 146 1,2.



   Duponchel explicolotois pennaria godartque qu'il crée un genre à part, monospécifique, pour l'une des trois espèces que Treitschke avait placé dans son genre Crocallis, car ce Crocallis pennaria est trop différent de Crocallis elinguaria (voir supra) qui, comme son nom l'indique, est dépourvue de trompe alors que notre pennaria en possède une de belle taille ; en outre, les chenilles diffèrent.

   Il ne donne pas d'explication sur le choix de ce nom d'Himère. Himera est une ancienne citè grecque, fondée par les grecs de Messine (alors Xankle) à l'est de Palerme en Sicile. Elle sera confrontée à Carthage lors d'une bataille en 480 av. J.C, où elle remporte la victoire. On a retrouvé en 2009 une nécropole de 12.000 tombes de civils et de soldats, des maisons et des temples, qui pourrait dater de cette bataille. Himera est finalement détruite par les carthaginois en 409 av. J.C., et sa population massacrée.

Plouzané, 27 octobre 2011 : un mâle.

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La Phalène du bouleau, la Phalène poivrée, Biston betularia (Linnaeus, 1758) Peppered Moth.

Envergure : 35-60mm

Vole de mai à août

PHL: arbres et fleurs diverses, dont selon Linné le bouleau, l'orme et la rose.

 

Zoonymie

 

Biston, Leach, 1815 : Enycl. T. IX p. 134.

betularia : Linné, Syst. Nat. ed.10, p. 521 n°143, protonyme Phalena geometra betularia : "du bouleau" , l'une des plantes hôtes de la chenille.

• Phalène du bouleau : le terme est utilisé par les naturalistes français depuis la fin du XVIIIème siécle :première mention : 1789, Encycl. Meth. Hist. Nat. des insectes, C.J.Panckoucke, p. ccclxii, puis repris par Latreille, Lamarck (1803), Henry Milne-Edwards (1835).

• Phalène poivrée : son utilisation semble beaucoup plus récente,( mention en 1901 sur le net) sans-doute sous l'influence du terme anglosaxon de Peppered Moth et de l'étude du "mélanisme industriel du phalène du bouleau" autour des villes industrielles d'Angleterre. L'etymologie de bon-sens est d'attribuer ce terme à la couleur "poivre et sel" de cette phalène.

 

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La Philobie tachetée Macaria notata (Linnaeus, 1758) Peacock Moth

 

Envergure : 28-32 mm

Vole de mai à juin puis d'août à octobre ( j'ai donc affaire à un spécimen tardif)

PHL : Saule, Bouleau, Aulne, Chêne.

  Il est difficile de la distinguer de la Philobie alternée Macaria alternata ([ Denis & Schiffermüller], 1775)qui est censée être plus grise, avec une échancrure plus profonde et plus sombre, et qui porte quatre taches noires discales au lieu de cinq. Puisque je distingue ici cinq taches, j'ai optè pour M. notata. Mais cette espèce se distingue aussi par une ligne sombre continue sur le bord externe en amont des franges, qui est absente ici.

 

Zoonymie

• Macaria : le terme makaria signifie en grec ancien "bonheur", "béatitude". Macaria est dans la mythologie grecque la fille d'Hades et la déesse de la mort heureuse, ou la fille d'Heracles.

                  : le genre macaria a été créé par Curtis en 1826.

notata signifie "marqué", "écrit, tracé avec des lettres" ; le protonyme Phalena Geometra notata choisi par Linné page 523 de la dixième édition du systema Naturae s'accompagne de ce commentaire en page 524 : "... in salsia tertia sunt quatuor puncta aequaliter disposita inter se, quae stercora muscarum referunt " que je traduis par "quatre points équidistants qui ressemble à des crottes de mouche" !

• Philobie tachetée:

   Philobie était, selon les Panhélléniques d'Hégésippos, la femme d'un roi de Dardanus  nommé Persée. Elle nous est connue pour avoir aidée la jeune Laodicée, fille de Priam, à coucher avec le fils de Thésée, Acamas pendant la guerre de Troie. Celui-ci s'était rendu en négociation dans le camp troyen pour chercher à obtenir la restitution de la belle Hélène, et c'est cette entrevue qui avait rendue Laodicé folle de désir. Laodicé se confia à Philobie qui demanda à son mari d'inviter Acamas et de placer Laodicé dans son lit, la faisant passer pour une concubine royale :  c'est ainsi qu'elle parvint à faire l'amour avec l'ennemi de son père.

    Philobie est aussi le nom d'un genre de papillon créé par Jean-Baptiste Godart dans le tome 7 (2) de son Histoire Naturelle des lépidoptères consacrée aux Nocturnes, page 195 pour y placer sept espèces classées par Treischke parmi les Ennomos. Y figurent les Philobies alternée, éffacée, estimée, porte-coeur, jaune, signée et marquée, mais aucune philobie tachetée. Le grand savant n'a pas pris la peine de nous dire pourquoi il voulait honorer dame Philobie en lui dédiant sept papillons...

 

 

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   Ennominae, suite ; Tribu des Boarmies

 

   En 1829, Godart et Duponchel reprennaient le genre Boarmia de Treitschke pour définir leur genre Boarmie avec les caractères suivants : Antennes pectinées dans  les mâles tre pectinèes dans les femelles. Bord terminal dea ailes simple et entier. Corselet étroit et sqaumeux. Les quatre ailes également colorées et traversées par des lignes en zigzags sur un fond nébuleux. Frange des ailes plus ou moins festonnées. Palpe court et débordant à peine le chaperon. Trompe longue. Antennes des mâles terminées par un fil. Chenilles ressemblant à l'état de repos à des pédoncules ou queues de fruit. Ect... (Hist. Nat. Lépidoptères 7 (2) p. 327. Ils ajoutaient : " toutes les espèces qu'il renferme ont un tel air de famille qu' il suffit d'en connaître une pour avoir une idée des autres. Mais par cela même il est très difficile de les distinguer entre elles." Des erreurs d'identification sont là plus qu'ailleurs possibles. Ai-je confondu Peribatodes rhomboidaria et P. secundaria ? Comme mon propos est d'explorer l'origine des noms, ces erreurs seraient vénielles.

 

 

   La Boarmie pétrifiée Menophra abruptaria (Thunberg, 1792), Waved Umber.

Envergure : 36-42mm

Vole d' avril à août.

PHL : Troène, Lilas

 

Zoonymie

Menophra, Moore, 1887 : Lepid. Ceylon 3(4) : 409 : du grec mene, "la lune", et ophrus, "le sourcil" : cela se rapporterait à la série de croissants de la frange des ailes.

abruptaria Thunberg  1792 Diss. Ent. sistens Insecta Suecica (4) :59 pour la façon dont la zone brun rougeâtre qui s'étend de l'apex à la cellule discale s'interromp brutalement. (Emmet)

• nom vernaculaire : La Boarmie pétrifiée, Jean-Baptiste Godart, 1829 Hist. Nat. Lépidoptères tome VII (2), p.375 n° 683. Godart donne en référence Hübner ( Geometrica petrificata) et Treischke ( Acidalia petrificata), il s'est donc inspiré de ces prédecesseurs pour qualifier cette "boarmie" de "pétrifiée".

  Le nom boarmie provient d'un surnom d'Athena, "celle qui attelle les boeufs". Godart est le premier à utiliser le terme en langue française pour baptiser un genre de phalène, mais il reprend le "genus Boarmia" de Treitschke.

 

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   La Boarmie rhomboïdale, la Phalène à losanges, la chenille arpenteuse à losanges Peribatodes rhomboidaria  ([Denis & Schiffermüller] 1775) the Willow Beauty.

 

Envergure : 30-38mm

Vole de (avril-juin) juillet à septembre ; commune partout.

PHL :chenille polyphage sur toutes sortes d'arbres à feulles caduques.

Zoonymie :

Peribatodes Wehrli, 1943 : du grec peri, "rond" et batodes, " épineux, couvert d'épines" . A.E. Emmet ajoute : "peut-être à propos d'un habitat", mais l'habitat n'est vraiment pas spècifique de cette Boarmie. A l'occasion de la description  d'une nouvelle espèce de poisson en 2008, Araiocypris batodes, K. E. Conway donne l'étymologie suivante : "βατοδης (batodes), thorny, like a blackberry (βατομουρο)", épineux, comme une mûre.

  • rhomboidaria ([ Denis & Schiffermüller], 1775, protonyme Geometra rhomboidaria) : rhomboïdale, ( losangique)  qui qualifie la tache noire de la partie moyenne de l'aile antérieure (Spuler), "formée par le croisement des nervures médiane et postmédiane" (Emmet).

   • nom vernaculaire

- La Boarmie rhomboïdale 1829 Jean-Baptiste Godart & Duponchel , Hist. Nat. Lépidoptères p. 349 n° 673 tome 7 (2). Godart et Duponchel reprennent, comme d'habitude, le terme scientifique en l'adaptant en français : c'est le Boarmia rhomboidaria de Treitschke.

- Phalène à losanges : le nom est utilisé de nos jours pour désigner cette espèce, par exemple chez les viticulteurs pour la désigner comme ravageuse de la vigne dont elle creuse les bourgeons puis les feuilles.

  Au Moyen-Âge, ou dans le Livre de Kells, on trouve des représentations d'une phalène mangeant un losange (chrysalide) comme symbole chrystique ou de la ressurection-métamorphose, par exemple sous forme d'une broche portée par la Vierge. Mais cela n'a rien à voir avec notre boarmie.

 

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  Cette image est l'occasion de vérifier un caractère des antennes des mâles de Boarmie, " elles ne sont pectinées que jusqu'au quatre-cinquiémes de leur longueur à partir de la base, et filiformes pour le reste". (Godart et Duponchel, op.cité)

 

 

 

Le Céladon, la Perlée Campaea margaritata (Linnaeus, 1767) Light Emerald.

 

Envergure : 30-40 mm

Vole de juin à août et d'août à septembre.

PHL : diverses plantes.

Zoonymie:

Campaea , Lamarck 1816: le grec kampé signifie "la courbe, l'angulation" et a donné nos mots "jambe" et "hippocampe". En outre, le latin campe, es (issu du grec) signifie "chenille", et Emmet souligne le jeu de mot possible sur ces chenilles de géomètres qui se déplacent en se pliant et se dépliant.

margaritata : du latin margarita, "la perle", en raison de la couleur vert pâle trés lumineuse dse ailes. La terminaison -ata est ajoutée par Linné à tous les Géomètres.

• Nom vernaculaire :

- Le céladon, Etienne-Louis Geoffroy, 1767, Hist. abr. ins. 2, p. 137 n°57.

- La Perlèe, Charles  de Villers , Ent. linn. 2 p. 331 n° 498.

- Phalène gris de perle, Enc. Meth. tome X, p. 91 n° 19

- Métrocampe gris de perle, Jean-Baptiste Godart  1829, Hist. Nat. Lépidoptères vol. 7, p. 125 n° 605.

Emile Souvestre signale sa présence dans le département dans "Le Finistère en 1836" sous le nom de metrocampe gris de perle.

  

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  La citronelle rouillée Opisthograptis luteolata (Linnaeus, 1758), Brimstone Moth.

 

Envergure : 32-37 mm

Vole d' avril à Octobre.

PHL : diverses plantes

Zoonymie

   • Opisthograptis Hübner, 1823 : du grec opisthen, " au dos, derrière " et graptos, " peinte, inscrite" .

   • luteolata :  du latin  luteolus, "jaunâtre".

   • nom vernaculaire :

- Citronelle rouillée : un joli nom qui reprend à la fois l'épithète luteolata qui témoignait de la couleur jaune, et aussi indirectement le nom anglais, Brimstone (pierre de feu, le soufre) étant le nom anglais  de notre Citron. il reprend aussi le terme ferrugineis, "rouillé" de la decription des ailes par Linné : "anterioribus maculis costalibus tribus ferrugineis".

  On le doit à Étienne Louis Geoffroy 1762, Hist. abr. ins. 2 : 139 n° 59.

- Phalène de l'Alisier Charles de Villers, Ent. Linn 2 : 868 n°519;

- Phalène de l'épine, Walckenaer, Faune Paris 2 : 305 n°9

- Rumie de l'Alisier, Jean-Baptiste Godart Hist. Nat. Lépidoptères vol 7 (2) 1829 p. 119 n° 604.

 

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  Larentinae :

 

La Phalène ondulée Rheumaptera undulata  (Linnaeus, 1758), the Scallop Shell, Wellenspanner.

Syn : Hydria undulata.

Envergure : 25-30mm

Vole de juin à juillet.

PHL : Saule, Myrtille.

 

Zoonymie:

Rheumaptera Hübner 1822 (ou Hydria Hübner 1822, ou Calocalpe Hübner, 1825, ou Eulyppe, Hübner,1825...ou Melanippe Duponchel, 1829):

Le mot rheumaptera relie le mot grec rheuma, atos, flux de la mer, marée, courant (puis écoulement, catarrhe, d'où notre" rhumatisme") et le mot grec pteron, l'aile : pour traduire les ondes fluides imprimées en motif sur ses ailes.

undulata,Linné sous le protonyme Phalena Geometra undulata n° 164 de la dixième édition du Systema Naturae page 164, qui décrit "alis omnibus supra strigis convertissimis transversis undulatis fuscis" , "tout le dessus des ailes complètement balayé par des cannelures (strigis) d'ondulations brunes".

• Nom vernaculaire : 

- En 1796, Charles de Villers la nomme l'Ondulée : Entom. linn.T. II, p.338, n° 517.

- en 1825, Pierre André Latreille la nomme Phalène maillée (Enc. Meth. vol 10, p. 86 n°54 ) et remarque que la huitième ondulation est formée d'anneaux oblongs comme les mailles d'une chainette.

-En 1830, Jean-Baptiste Godart la rebaptise Larentie ondulée : Hist. Nat. Lépidoptères, T. 5 (1) p. 377 n° 877.

 

 

 

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La Cidarie-pivert Euphyia biangulata ( Haworth, 1809) Cloaked carpet.

Envergure : 25-30 mm

vole en deux générations en avril-mai et en juillet-août; (observée le 21 août à Plouzané). Fréquente la lisière des bois.

PHL : Stellaria, crataegus, prunus.

Zoonymie :

  • Euphyia Hübner, 1825. En grec, Euphuia,c'est "la bonne disposition naturelle " 'Aristote, Poétique , 22, 1459a), c'est aussi l'intelligence naturelle, l'esprit, les qualités d'un être bien fait, bien proportionné, gracieux. Thomas Tanner (1630-1682) a ainsi écrit en 1666 "Euphyia, or The acts and characters of a good nature". Pour un papillon, ce serait un hommage à l'harmonie de ses formes.

   • biangulata : s'oppose à E. unangulata , la Cidarie à bec, dont la ligne médiane forme un angle unique en son milieu, alors que celle de la Cidarie-pivert présente deux indentations.

  • Nom vernaculaire :

 - Hübner l'avait nommé Geometra picata. C'est Jean-Baptiste Godart, en 1830, dans le tome 8(1) de son Histoire Naturelle des Lépidoptères ou Papillons de France, page 329, lui donne le nom de Cidarie-pivert, en alléguant que : " Le nom de picata donné à cette espèce dérive probablement de Picus (pivert) : en effet, la couleur dominante de ses ailes supérieures est d'un vert olive foncé comme celle de cet oiseau".

  En réalitè, la forme latine picata est le participe passé de pico, enduire de poix, et signifie "poissé, enduit de poix", comme la bien mentionné A. Spuler. Le Pivert, ou pic-vert Oicus viridis n'y est pour rien.

 

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La Mélanthie du Caille-lait Epirrhoe galiata ([ Denis & Schiffermüller] 1775) Galium Carpet.

Envergure : 28 à 32 mm

Vole en juin-juillet, et en août-septembre.

PHL :gaillets

Zoonymie :

Epirrhoe : Hübner, 1825 : du grec epirrhoe, la rivière, à cause des ondulations de l'aile antérieure.

galiata : du gaillet.

• nom vernaculaire :

-La Mélanthie du Caille-lait, Jean-Baptiste Godart 1830, Hist. Nat. Lépidoptères tome 5(1) p. 268, n° 836.

- La Phalène du Caille-lait, Encycl. meth. fig. 80 n° 28.

  Le genre (et sans-doute le nom lui-même) de Mélanthie a été créé par Godart (ouvrage cité, p. 252) pour rassembler des espèces dont " le caractère principal est d'avoir la tête, le corselet et la base des ailes d'une couleur plus foncée que le reste ".

  Pas de photo, je ne donne que cette zoonymie, ayant cru observer cette espèce qui n'était qu'un Xanthorhoe ferrugata (infra).


 

   Le Lynx, la Phalène ocellée Cosmorhoe ocellata (Linnaeus, 1758) Purple Bar

Envergure : 20-25 mm

Vole en deux générations de mai à août

PHL : gaillets

Zoonymie:

   • cosmorhoe : Hübner 1825 , du grec cosmos, beau, bien agencé (comme dans cosmétique) et rhoe, écoulement.

   • ocellata: Linné, Syst.  Nat. 1758 p. 527 n° 183 sous le protonyme Phalaena Geometra ocellata et avec la description : " anticis fasciis duabus fuicescentibus maculaque apicis ocellari didyma", avec la terminaison -ata qu'il ajoute à ses géomètres.

   • nom vernaculaire:

- L' Oculéé (G. Ocellata), de Villers 1789 Entomologie linnéenne 2 : 348 ; La Découpée (G. fasciata), de Villers id. 2 : 364.

- Le Lynx (Ph. ocellata), Charles de Villers, 1789 Entomologie linnéenne 2 : 373 n° 598

- La Phalène ocellée, Pierre-André Latreille, Enc. Meth. vol 117 t.10 p. 79 n°24.

- La Mélanthie ocellée, Jean-Baptiste Godart 1830, Hist. Nat. Lépidoptères t.8 (1) p. 271 n° 837.

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La Phalène ondée, l'Incertaine, Xanthorhoe fluctuata  (Linnaeus, 1758)  the Garden Carpet.

 Envergure :27-31 mm

Vole d'avril à octobre.

PHL : crucifères.

Zoonymie :

   • Xanthorhoe : Hübner, 1825 : du grec xanthos, "jaune", et rhoe, " un courant, un écoulement". Ce nom se justifie par les lignes jaunes réparties comme des ondulations sur les ailes antérieures de quelques espèces de ce genre.

   • fluctuata  Linné, Systema Naturae 1758 p. 527 n° 185. Du latin fluctus, "vague, flots, houle" en raison des ondulations en "ripple marks " ou semblables aux trains de vague sur les flots, qui sont imprimées sur les ailes. La terminaison -ata y est accolé comme pour tous les géomètres de Linné.

   • noms vernaculaires :

-L' incertaine, 1789, Charles de Villers, entomologie linnéenne 2 :348 n° 355. Comment comprendre ce nom, pour une espèce si constante, si commune, si facile d'identification ? Je suggére ici que de Villers, fidéle linnéen s'il en fut, a voulu traduire scrupuleusement le fluctuata de son Maître suédois. Il a pris son dictionnaire et y a trouvé :Fluctuatus, a um : part. passé de fluctuo : 1 - qui a flotté (qu'il écarte car cela ne s'applique pas à un papillon) et 2- qui varie, qui ne reste pas fixe. S'il va lire , comme moi dans le dictionnaire latin-français en ligne de Hassid et Woitrain, la définition du verbe fluctuo, il trouve, en cinquième sens, "être irrésolu, incertain". Il traduit fluctuata, forme féminine, par "l'incertaine", en toute logique. Godart, le proviseur, aurait donné 20/20 à cette version.

- L' Incertaine, Jacques Louis Engramelle, Papillons d'Europe, tome VII p. 10 n° 406 : est-ce notre espèce? Godart  la considère comme sa Noctuelle flatteuse, Noctua Blanda.

- La Phalène ondée, 1825, Latreille et Godart, Encycl. meth. vol. 10 p. 80 n° 29.

- La Mélanthie ondée, 1830, Duponchel in Godart, Hist. Nat. Lépidoptères t. 8 p. 267 n° 835 : " La fluctuata est l'une des phalènes les plus communes : on la rencontre partout, à la ville comme à la campagne, et prsque pendant toute l'année. elle se tient pendant le jour sur les haies, les murs, les palissades, les troncs d'arbres etc..., portant les ailes étalées. "

 

 

 

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   La Rouillée Xanthorhoe ferrugata (Clerck, 1759) the Dark-barred Twin-spot.

 Envergure : 18-22mm

Vole de mai à juin puis en août

PHL : diverses plantes basses

Zoonymie : 

   • Xanthorhoe : cf supra

   • ferrugata : du latin ferrugo, de couleur rouillée, pour qualifier la bande médiane.

   • nom vernaculaire :

- La Rouillée, 1789, Charles de Villers, Entomologie linnéenne tome II p. 359 n° 559.

- l'Eubolie rouillée, 1830, Duponchel in Godart, Hist. nat. Lépid. Fr 8(1) : 181 n° 702.

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La Larentie lavée Hydriomena furcata ( Thunberg, 1784) the July Highflyer.

Envergure : 28-32 mm

Vole de mai à août.

PHL : polyphage : aulne, bouleau, saule, noisetier, prunier, hètre, rosier, myrtille.

Zoonymie :

   • hydriomena Hübner, 1825 : du grec hudria, "vase à eau", et meno, "rester".

   • furcata Thunberg, 1784 : "fourchue", car les marques noires des ailes antèrieures forment par endroit des fourches.

   • Nom vernaculaire :

-Larentie lavée : Jean-Baptiste Godart 1830, hist. Nat. Lépidoptères, vol  p. 426 n° 899 (larentia elutata) pl 200, fig 1, 2. On y lit : "Ce qui caractérise principalement  cette espèce, et sert à la distinguer de l'impluviata, qui en est très voisine,c'est une tache blanche placée au milieu de la bande qui longe le bord terminal".

   Le nom générique Larentie, créé par Godart, dérive du genre Larentia de Treitschke.

   L' adjectif "lavée" est simplement la traduction du latin elutata (si on en retranche la terminaison -ta ou -ata qui ne sert qu'à caractériser  depuis Linné les Géomètres) ; eluta est le participe passè du verbe eluo, et signifie lavé, trempé, délayé, purifié. cet épithète elutata est utilisé par Hübner et par Treitschke, mais j'ignore la raison de ce choix, même si le nom générique et les épithètes elutata et impluviata baignent tous les trois dans les mêmes eaux. La Larentie lavée est une espèce qui affectionne les endroits humides.

 

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La Cidarie roussâtre Chloroclysta truncata (Hufnagel, 1767)  the Common Marbled Carpet.

  Cette espèce ne pouvant être distinguée de C. citrata que par le dessin de l'envers des ailes, jeme contente de présumer l'identification ; mais  Chloroclysta citrata (Linnaeus, 1761) , ou Cidarie de la myrtille, présente en Bretagne, est signalée par R. Robineau comme "observée surtout en montagne" (Delachaux & Niéstlé).

Envergure : 24-30 mm

Vole en mai-juin puis d'août à novembre.

PHL : polyphage, diverses plantes

Zoonymie :

   • Chloroclysta Hübner, 1825 : du grec khloros, vert-jaune, et kluzo, "laver" / κλυστήρ klustêr, "lavement" ( d'où notre "clystère") en raison du fond verdâtre des ailes, qui fluctue selon la lumière.

   • truncata , "tronquée", ce qui qualifie selon A.Emmet la nervure médiane qui se termine brusquement dans la cellule discale.

   • nom vernaculaire :

- La Cidarie roussâtre, 1830, Duponchel in Godart, Hist. Nat. Lépidoptères 8(1) : 324 n° 357.

 

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   L' Eupithécie couronnée Chloroclystis v-ata (Haworth, 1809)  the V-Plug.

Envergure : 14-19 mm

Vole en deux générations d"avril à septembre. puis hiverne à l'état nymphal dans le sol.

PHL : sureau, groseilliers, diverses herbacées.

Zoonymie :

  • Chloroclystis, Hübner, 1825. Du grec khloros, "vert pâle", et kluzo, "laver" : en raison de la coloration verte fugace de certaines espèces du genre. Voir supra Chloroclysta.

   • v-ata associe la lettre v que portent, en marques noires, les ailes antérieures, à la terminaison -ata de ce groupe de Géomètres.

   • nom vernaculaire :

- l'Eupithécie couronnée, Eupithecia coronata : 1842, Duponchel in Godart, Hist. nat. Lépidoptères 4ème supplément, p. 103 n° 302. les auteurs français semblent plus avertis des auteurs allemands que des anglosaxons, et c'est au Geometra coronata de Hübner que Duponchel se réfère. Hûbner a décrit son genre Chloroclystis en prenant cette espèce comme espèce type, après l'avoir décrit en 1813 dans Samml. eur. Schmett. [5] : pl 72, f. 372-373 sous le nom de Geometra coronata, méconnaissant la description antérieure de Haworth sous le protonyme de Phalaena v-ata.

   Duponchel ne donne pas de justification au qualificatif de "couronnée".

 

  Crozon, 14 juillet 2011

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La Corythée du cyprès Thera cupressata  (Geyer, 1831)  the Cypress Carpet.

Envergure : 28-32 mm

Vole de mai à juin et de septembre à novembre.

PHL : Cyprès Cupressus leylandii et Cupressus macrocarpa

Zoonymie :

  • Thera : Stephens, 1831

  • cupressata : de cupressus, bien-sûr

 • nom vernaculaire :

- La Chésias du cyprès, Chesias cupressata 1830, Duponchel in Godart, Hist. nat. lépidoptères volume 8(1) p. 511. Duponchel donne l'origine du genre qu'il crée chez Treischke, genus Chesias. C'est sous ce nom qu' Emile Souvestre en signale la présence dans le Finistère (Voyage dans le Finistère, 1835).

- La Corythée du cyprès, 1844, Duponchel, Catal. meth. lépidopt. Europe p. 257. Plus exactement, Duponchel dans ce catalogue crée le genre Corythea (avec, en note de bas de page : "surnom de Ceres" ) puis en donne les espèces, dont C. cupressata. Corythea n'est le surnom de Ceres que  dans "un temple situé près d'Argos, sur le chemin de Régée", où elle devait être représentée portant un casque, puisque le mot grec corythé signifie "casque". Si Duponchel a choisi sciemment ce nom, on peut croire que c'est par allusion à la tête forte et presque globuleuse" des chenilles de ce genre. Mais je pense plutôt que, dans ce Catalogue, Duponchel a donné cours à un désir de renouer avec la tradition consistant à donner des noms mythologiques à de nouveaux genres, tradition que son prédecesseur Godart avait fortement réprimée. Son Catalogue est émaillé de genres tels que Acasis, Phaesyle, Eusebia, Anaîtis, Egea, Pellonia, Gléogène, Ligia, Melanthia, Melanippe, Venilia, Corycia, Ephyra, avec les notes "noms mythologiques",quand ce n'est pas Numeria "déesse de l'Arithmétique", Halia "nom d'uen Néreïde", ou Phasiane, "surnom de Cybéle". Ces attributions sont vraisemblablement sans lien avec le genre qu'elles baptisent.

Crozon, 18 octobre 2011

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Epirrita sp. 

  Les sites d'identification indiquent que face à un épirrite, on ne peut trancher avec certitude entre E.dilutata (November Moth) l'Épirrite diluée, E. autumnata ( Autumnal Moth) l'Épirrite automnale "plus foncée avec des lignes transversales plus marquées" et E christyi ( Pale November Moth) l'Épirrite de Christy, "plus petit avec des dessins plus flous". Seuls l'examen des sternites abdominaux ou des genitalia permettrait d'être formel.

Pour développer une zoonymie, je présenterai mon spécimen comme un Épirrite automnal, mais snas engagement :

L'Épirrite automnale Epirrita autumnata ( Borkhausen, 1794)  the November Moth.

Envergure : 40-42 mm

Vole de septembre à novembre.

PHL : Bouleau, aulne.

Zoonymie :

   • Epirrita Hübner, 1822 : 

   • autumnata : d'automne.

   • nom vernaculaire :

Godart et Duponchel semblent l'avoir méconnue et annéxée aux Cheimatobia, Boisduval la décrit ( Hist. nat. ins. 0) comme Oporabia autumnata en reprenant le genre Oporabia ded Stephens 1831 mais ne lui donne pas de nom français

- L'Épirrite automnale me semble être une traduction récente du nom scientifique.

Crozon, 29 octobre 2011

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   Sterrhinae :

 

 L'Impolie  Idaea aversata  (Linnaeus, 1758) Riband Wave

Envergure 23-30mm

Vole d'avril à octobre (plurivoltine)

PHL : Rumex, Taraxacum

 

Zoonymie

Idaea : Treitschke, 1825 du grec Idaios, liè au Mont Ida, en Crète, qui porte lui-même le nom de la nourrice de Zeus ( c'est le sang d'Ida qui a coloré en rouge les framboises, rubus idaeus après qu'elle se soit écorchée aux épines de framboisier).

• aversata : du participe passé du verbe latin aversor, ari, atus sum, "se détourner" : on peut traduire comme "la détournée", " celle qui s'est détournée", ce qui se rapporterait selon Arnold Spuler (1910) à la ligne latérale de l'aile postérieure qui se détourne brusquement de son trajet initial.Je suis plus convaincu par A. M. Emmet qui signale que l'expression latine "in aversa charta" signifie "au dos du papier", "au verso", ce qu'il rapproche de la description de Linné

"punctum in pagina inferiore magis saturatum", le point plus marqué à la face inférieure de la "page", c'est-à-dire de l'aile.

 

• noms vernaculaires :

-c'est Charles Joseph de Villers, ou Devillers ( 1727-1810), collectionneur et entomologiste lyonnais qui a nommé cette espèce l'Impolie en 1796 dans son Entomologie linnéenne, t II p. 344 n°527 ( Carolo de Villers, Caroli Linnaei Entomologia). Parce qu'il est impoli de se détourner ?

-Jean-Baptiste Godart la nomme l'Acidalie détournée dans son Histoire Naturelle des Lépidoptères, Tome 7(2) p. 758 n° 80.

 

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 La Phalène rustique Idaea rusticata ( [Denis & Schiffermûller], 1775)  Least Carpet

Envergure : 19-21 mm

Vole de juin à août

PHL: Clematis vitalba, Hedera, arbres fruitiers,...

 

Zoonymie

Idaea : cf

rusticata : rustique, bien-sûr.

• nom vernaculaire: est-ce la Rustique de de Villers, la Dosithée rustique de Godart ?

 

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  La Fausse-Timandre Scopula imitaria (Hübner, 1799)  Small Blood-vein

 

Envergure : 26-29mm

Vole de juillet à août

PHL : Ligustrum et diverses plantes basses.

 

Zoonymie

 

Scopula Schrank, 1802, Fauna Boica 2(2) : 162.  Ce mot latin désigne à l'origine un petit balai, et Schrank l'a repris pour créer un genre de papillons dont certains mâles se caractérisent par la touffe de soies des tibias postérieurs (Emmet, 1991) .

imitaria Hübner 1799 sous le protonyme geometra imitaria dans Schammlung Eur. Schmett. pl.10 fig.51 : pour la distinguer de Timandra griseata.

 • Nom vernaculaire.

Tout d'abord, qui est la vraie Timandre ? C'est la Timandre aimèe, Timandra griseata.

A l'origine, Timandra est un prénom grec, porté dans la mythologie par la fille de Tyndare et Léda et la fille de Clytemnestre  puis Timandre est  un nom de personnage de théatre ou de roman du XVII et XVIIIème siècle, parfois féminin, le plus souvent masculin participant au commerce galant. On trouve un Timandre chez Shakespeare; Timandre et Bleuette est un conte du cabinet des Fées de la Baronne d'Aulnoy, et dans la pièce de La Fontaine Galathée, Timandre est un berger amant de Clymène et confident d'Acis. Comma Tircis et Amaryllis, il fait les beaux jours de la poésie pastorale.

   En 1829, Jean-Baptiste Godart crée le genre Timandre après celui d' Acidalie pour continuer à démembrer le genre Ennomos de Trieschke, et y place T. amataria ( La Timandre aimèe), T. imitaria (la fausse) et T. emutaria. Il décrit notre espèce à la page 229 du tome 7 (2) de l'Hist. Nat. des Lépidopt. papillons Fr, sous le n° 638 et le nom de Timandre imitée, reservant le nom de Timandre changée à T. emutaria.

  Qui a préféré le nom de Fausse-Timandre à celui donné par Godart ? Je ne sais pas.

 

  Scopula-imitaria-la-fausse-timandre 7748cc

 

 

La Frange picotée Scopula marginepunctata (Goeze, 1781) Mullein Wave

Envergure : 25-28mm

Vole de juin à juillet puis d'août à septembre

PHL : Achillea millefolium, Artemisia vulgaris, Thymum, Origanum...

 

Zoonymie :

Scopula : cf

marginepunctata : " à la marge ponctuée", en raison de la ligne de points noirs qui orne la marge; cette espèce nous permet de découvrir Johann August Ephraim Goeze ( 1731-1793) zoologiste allemand, pasteur d'Ascherleben.

• nom vernaculaire : à ne pas confondre avec la Phaléne picotée, Ematurga atomaria.

 

 

 

 

  scopula-marginepunctata 7816cc

 

 

La Phalène sacrée, l' Aspilate Sacrée, la Vestale Rhodometra sacraria  (Linnaeus, 1767)  the vestal Moth

Envergure : 12-14 mm

Vole d'avril à octobre

PHL : polyphage.

Zoonymie :

   • Rhodometra Meyrick, 1892 : du grec rhodon, "rouge", et metron, "mesure", pour se référer à la ligne rouge pourpre qui traverse les ailes antérieures.

   • sacraria : de sacer, "saint, sacré" associé à la terminaison -aria propre aux Géomètres pectinicornes.Ou bien, de sacraria, "gardienne de temple, prêtresse, vestale", peut-être parce que Linné les imaginait portant une robe couleur safran, ou encore parce que la beauté pure et dépouillée des ailes lui évoqait la chasteté des vestales, qui étaient vierges ou hierodules. Les collectionneurs anglais ont opté pour la deuxiéme hypothèse en nommant cette espèce "the Vestal Moth. ( A.E. Emmet, 1991).

   • noms vernaculaires :

-La sacrée, 1789, Charles de Villers, entomol. linn. II p. 309 n° 433.

- L' Aspilate sacrée, 1830, Duponchel in Godart, Hist. Nat. Lépidoptères volume 8 p. 121 n° 777; le genre Aspilate est créé par Duponchel en reprenant celui d' Aspilates de Treitchske, 1825. L' Aspilate ( "sans tache") est une pierre précieuse d'Arabie mentionnée par Pline l'Ancien Livre 37 chapître 10. Démocrite en dit quelle est couleur de feu, que, portée attachée à un poli de chameau, elle est fort bonne aux oppilations de la rate, et qu'on la trouve "es nids de certains oyseaux arabeques" (Le parfaict oailler, par Anselmus de Boodt). Je pense que c'est par le sens "sans tache, immaculée", que ce nom s'applique à cette espèce.

  

     Crozon, 2 octobre 2011

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Crozon, 2 octobre 2011 : pour illustrer la posture caractéristique de repos, les ailes en toit ; et pour montrer ce spécimen aux deux points noirs alaires bien visibles.

rhodometra-sacraria 2151cc

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Published by jean-yves cordier
4 octobre 2011 2 04 /10 /octobre /2011 19:00

Date : 9 au 11 juillet puis 15 au 30 août puis septembre-octobre...

Lieu : Crozon / Plouzané.

 

                                     Papillons de nuit II, Noctuidae: origine de leurs noms (Zoonymie)

 

 

J'ai essayé de découvrir l'origine des noms que nous leur donnons en français : à quelle époque ont-ils été donnés, et par qui.

  La plupart de nos papillons portent des noms depuis moins de 200 ans, et ont été baptisés par trois auteurs majeurs, Etienne-Louis Geoffroy en 1762, le R.P. Jacques-Louis Engramelle de 1779 à 1792 et Jean-Baptiste Godart de 1821 à 1842.

  J' ai fait cette recherche sur les papillons que j'ai observés en juillet et en août, parfois en septembre soit à Crozon (29), soit à Plouzané (29), c'est-à-dire au sud et au nord du goulet de Brest.

  

 

Liste des papillons observés  (Hétérocères attirés par la lumière) : Identifications d'amateur, sans validations. 

 

 

• Noctuidae.

   - Hypeninae

                     Hypena proboscidalis

   - Acronictinae

                       Moma alpium

                      Craniophora ligustris

                       Atethmia centrago

                       Xanthia togata

                       Tiliacea aurago

                           Subacronicta megacephala

    - Amphipyrinae

                      Amphipyrinae pyramidea 

                      Trachea atriplicis

                      Callopistria juventina

                      Archanara geminipuncta

   -Noctuinae

                      Ochropleura plecta

                      Xestia c-nigrum

                      Xestia xanthographa

                      Agrotis puta   

                      Noctua pronuba

                      Naenia typica

                      Diarsia rubi

                      Eugnorisma glareosa

 

   - Psaphidinae

                      Allophyes oxycanthae

 

   - Cucullinae

                      Dryobotodes eremita

                      Polymixis flavicincta

                      Polymixis lichenea

                      Aporophyla nigra

   - Hadeninae

                      Mythimna albipuncta

                      Mythimna pallens

                      Mythimna l-album

                      Trigonophora flammea

                      Agrochola helvola

                      Omphaloscesis lunosa

                      Dichonia aprilina

                      Agrochola macilenta

 

   - Plusinae

                       Autographa gamma

   - Catocalinae

                      Lygephila pastinum

                      Catocala nupta

                      Euclidia (callistege) mi

                      Euclidia glyphica

 

 

                                                                      §§§§§§§§§§§§§§§

 

                                                                 NOCTUIDAE

 

Hypeninae

 

 

La Noctuelle à museau, l' Hypène proboscidale, Hypena proboscidalis (Linnaeus, 1758)  The Snout.

Envergure : 25-38 mm

Vole en deux ou trois générations d'avril à octobre.

PHL : orties, plantains, lamiers

Zoonymie :

  • hypena  Schrank, 1802 Fauna Boica 2(2) : 163. L'espèce type est H. proboscidalis, le nom choisi est donc inspiré de ce papillon, il est issu du grec hypene, "moustache" ou "barbe", et qualifierait selon A.M. Emmet les palpes labiaux, ou peut-être les soies des pattes de certaines espèces.

  • proboscidalis vient du grec proboskis, idos "trompe d'éléphant" formé de pro, " en avant" et de bosko, " se nourrir". Via la forme latine proboscis, c'est devenu un nom utilisé ( en anglais depuis 1609, ou en français) en science pour désigner, en botanique, un appendice porté par le spermatozoïde de certaines algues, et en zoologie, un prolongement tubulaire et extensible de la région céphalique chez les vertébrés ou les invertébrés. Il désignera ainsi la bouche en forme de paille qui permet aux papillons de s'alimenter. C'est la trompe, ou haustellum des lèpidoptères. Eh bien, si tous les papillons ont un proboscis, pourquoi nommer celui-ci l' Hypéne proboscidale, si tous les animaux ont peu ou prou un museau, pourquoi affubler cet hétérocère du nom de Museau? Parce que c'est son élément marquant, tout comme vous surnommez  gentiment Tarin ou Pif votre ami au nez de Cyrano, La Bouche votre collègue aux lèvres avantageuses, etc...

  • nom vernaculaire:

- Le Museau, Charles de Villers, 1796 Entomologie linnéenne, tome II p. 433 n° 780.

- Herminie proboscidale Pierre-André Latreille 1805, Hist. Nat. crust. insect. T. 14, p. 228.

- Hypène proboscidale, Jean-Baptiste Godart, 1831, Hist. Nat. Lépidoptères t. 8(2) p. 42 n° 968.

- Aux noms usités actuellement (Noctuelle à museau, Hypène proboscidale ) s' ajoute celui d'Éléphantine mentionné par G. Orhant, Atlas des papillons de nuit du Nord-Pas de Calais, 2011.

 

Plouzané, 27 juillet 2011 (et août, septembre, octobre)

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hypena-proboscidalis 0346cc

 

Acronictinae

 

   L' avrilière Moma alpium  (Osbeck, 1778),   Scarce Merveille du jour, Seladoneule

Envergure : 30-35mm

Vole de juin à juillet

Plante-hôte : chêne, hètre, prunier, ou divers conifères

Zoonymie :

  • Moma  Hübner, 1820 : de Momus, le dieu latin de la moquerie. Peut-être (A.M.Emmet) parce que Hübner a placé dans ce genre une espèce nommée Tricheosa ludifica (Linnaeus, 1758), ludifico signifiant "se moquer" et Linné  mentionnant à son sujet  "simillima Ph. aprilinae".

• alpium : du latin Alpes, Alpium, 1 : "les Alpes", 2 : "toute haute montagne". les premiers spécimens pourraient avoir été trouvés en montagne.

• Nom vernaulaire:

  -  L'avrilière : nom donné par Engramelle, Papillons d'Europe, planche 227, n°325. Est-ce en rapport avec le premier avril, pour s'accorder aux facéties de Momus? Dans leur Histoire Naturelle des papillons de 1826 , Godart et Duponchel expliquent :  'Tous les auteurs, à l'exception d' Esper et d'Ochsenheimer, ont donné le nom d'Aprilina à cette jolie espèce, la prenant pour celle que Linné a décrite sous ce nom, tandis que sa description s'applique à la Runica de Fabricius, qui le premier a fait l'erreur en donnant un nouveau nom à l'espèce de Linné et en transférant l'ancien à l'espèce dont il est ici question, c'est à dire à la noctuelle Orion d'Esper, qui n'a pas été connue du célèbre naturaliste suédois. Cela explique pourquoi nous n'avons pas conservé à cette noctuelle  le nom d'Aprilina qui lui convient d'autant moins qu'elle ne paraît pas au mois d'avril, comme ce nom l'indique, mais bien dans le courant de juin.'

     La Phalena Noctua aprilina n°99 est effectivement décrite par Linné à la page 514 de la dixième édition du Systema Naturae, prècédant la Phalena Noctua ludifica.

  - La Noctuelle d'avril, Olivier 1818, Encyclopédie Méthodique, vol 23,p. 20.

   - La Noctuelle Orion, Jean- Baptiste Godart, Hist. Nat. Lépidoptères vol 6, p. 203

 

  J'ignore pourquoi les anglais utilisent un terme français pour désigner Moma alpium, terme qu'ils ne nous ont pas emprunté semble-t-il;

Le nom vernaculaire allemand signifie la chouette-céladon, le terme -eule, chouette, s'appliquant aux papillons de nuit et l'adjectif céladon s'appliquant à la couleur verte de cette espèce. Je rappelle que le nom de cette couleur est, initialement, issu du nom d'un berger du roman pastoral d'Honoré d' Urfé l'Astrèe (1610)

 

 Plouzané, 9 juillet 2011 

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La Troènière, la Noctuelle du troène Craniophora ligustri ([Denis & Schiffermüller], 1775) The Coronet.

Envergure : 30-35mm

Vole de mai à juillet (mais j'ai observé celle-ci le 22 août, Plouzanè)

PLH : Frène, jasmin, troène.

Zoonymie :

craniophora Snellen, 1867: "porteur de crâne". Le genre est monotypique, et cette dénomination est déterminée par notre espèce : effectivement, on peut voir dans le motif des ailes et du corselet la forme d'un visage, d'un masque, ou, si l'on veut, d'un crâne. Les entomologistes allemands l' avaient nommé "phalaena atropos minor" parce qu'ils retrouvaient dans ce motif la tête de mort du Sphinx à tête de mort Acherontia atropos.

ligustri : du latin ligustrum, "le troène".

nom vernaculaire :

- La Troènière, Jacques-Louis Engramelle, tome VI, pl. 225, n° 320.

- Noctuelle du troène, Olivier,1811 Encycl. meth.

- Noctuelle du troène, Jean Baptiste Godart, 1826 Hist. Nat. lépidoptères, p. 256 n° 336.

- Noctuelle du troène, Alfred Constant, 1866, Cat. des Lépi. de Saône et Loire, p. 122

 

Plouzané, 22 août 2011

 

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La Xanthie topaze, la Xerampeline d'Hübner  Atethmia centrago (Haworth, 1809) the Centre-barred Sallow.

 

Envergure : 32-36 mm

Vole de août à septembre

selon le site Lepinet.fr, serait absente du Finistère ou de Bretagne.

PHL : frène essentiellement, aulne, érable;

Zoonymie :

  • Atethmia Hübner, 1821 (verk. bek. Schmett :238) qui prend comme type de descrption Phalaena Noctua xerampelina de Esper 1794 ( Die Schmett, th IV, bd 1( 47) : pl 183, f 5). Du grec a- privatif et ethmos, "crible" (qui a donné "ethmoïde") : non criblé, sans punctuation .

   • centrago : le nomenclateur Adrian Hardy Haworth (1767-1833) associe au terme latin centrum, "le centre", une terminaison -ago linnéenne conventionnelle indiquant l'affinité avec le suffixe, comme dans plumbago, couleur de plomb.Voir Xanthia citrago, couleur du citron, X. aurago, couleur de l'orange, et X. gilvago, du latin gilvus, "jaune pâle". Selon Emmet, centrum se rapporte à la veine médiane proéminente. Protonyme Noctua centrago, Haworth, Lepidoptera Britannica (2) : 236.

   • nom vernaculaire :

- la xanthie topaze : du grec xanthos, "jaune", et topazos ou topazion, "nom d'une pierre d'un brun jaune". topaze est un nom masculin et non un adjectif, désignant une gemme en bijouterie, mais aussi  (1834) une nuance de jaune. Godart crée le genre Xanthie en reprenant le genre Xanthia à Treitschke et à Ochsenheimer ; le genre ne restera pas valide, mais il est utilisé en français our désigner plusieurs taxons. Engramelle a nommé un papillon La Topaze, reprit par Olivier sous le nom de Noctuelle Topaze, mais il s'agit de Thysanoplusia orichalcea.  

   L'utilisation de ce zoonyme semble récent, puisque le moteur de recherche ne trouve pas de mention dans les "Livres".

- De même, on ne trouve pas trace du zoonyme de "Xerampeline de Hübner", qui semble une adaptation en français de la mention scientifique "Atethmia centrago Haworth (xerampelina sensu Hubner)" fréquemment utilisée. En revanche, nous trouvons :

- La Noctuelle Xerampeline Jean-Baptiste Godart et P.A.J. Duponchel, Hist. Nat. Lépidoptères  tome 7 (1) : 249 n° 495.

   Duponchel semble commettre deux erreurs dans son texte : 1) il attribue la paternité du nom Xerampeline à Hübner ( Noctua xerampelina) avec une note de bas de page indiquant  : " C'est par erreur sans-doute qu'Hübner a écrit Xerampelina au lieu de Xeramphelina, féminin de Xeramphelinus, qui veut dire couleur de feuilles de vigne morte." Pourtant le terme est utilisé tel quel pour désigner, par exemple, un champignon, le Russule xerampeline ou Russule feuille-morte. Et ce n'est pas Hübner qui a créé le mot, mais Esper, comme nous l'avons vu. Mais la forme xeramphelinus est attestée dans le Dictionnaire latino-gallicum de 1785 par Jean des Roches ( xeramphelinus a, um : de la couleur de vigne morte) et utilisée en zoologie.

       2) il attribue à John Curtis (vol. II pl 84, sans-doute de British Entomology de 1824) la création de Xanthia centrago en oubliant  Haworth. C'est l'occasion d'une petite méchanceté  : " L'auteur anglais, au lieu de conserver à la noctuelle dont il s'agit le nom de xerampelina, l'a appellé centrago, en se fondant sur ce que l'espèce figurée par Hübner n'est pas entiérement semblable à la sienne. Il existe en effet quelques légères différences entre les deux figures, mais ce sont celles qui distinguent presque toujours un individu d'un autre, et probablement M; Curtis n'y aurait pas fait attention, s'il n'avait été dominé par le désir d'enrichir la faune britannique d'une espèce inconnue des entomologistes du continent".

 

Quoiqu'il en soit, voici sa description : " Le dessus des ailes supérieures est d'un beau jaune-orangé, avec deux bandes transverses d'un rouge ferrugineux sur chacune d'elles, l'une étroite et sinueuse bordant l'extrémité de l'aile, l'autre large et trapezoïde, placée au milieu. Cette dernière s'oblitère dans sa partie la plus large, et surtout du coté qui regarde le corselet. La tache réniforme, qui est solitaire, est d'un brun-violâtre".

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  La Xanthie ochracée, la Mantelée Xanthia togata ( Esper, 1788) the Pink-barred Sallow.

Envergure : 27-30mm

Vole en septembre et octobre

PHL :Saule marsault et autres saules, peupliers, ronce, Airelle des marais.

Zoonymie:

   • Xanthia : Ochsenheimer, 1816 : du grec xanthos, "jaune".

   • togata : du latin togatus, "portant une toge", et notamment la toga praetexta, la toge prétexte que revêtent les enfants des praticiens jusqu'à dix-sept ans, les filles jusqu'à leur mariage, les prêtres, les magistrats dans les cérémonies. Elle est blanche bordée d'une bande pourpre. Les sénateurs portaient une bande de pourpre large, latus clavus ou laticlave, tandis que les chevaliers portaient une bande étroitre, angusticlave. A.E. Emmet explique que togata se réfère à la veine médiane pourpre de l'aile antérieure. Mais il est amusant de remarquer que le nom latin togata désigne spécifiquement la prostituée (qui portait traditionnellemnt la toge).   

    • nom vernaculaire :

- La Mantelée 1790, Jacques Louis  Engramelle Papillons d'Europe tome 7 p. 167 n° 524 pl. 304 : le rédacteur ( Arnoult Carangeot) n'explique pas le choix de son zoonyme, mais reprend ce qu'en écrit Esper, et cite le nom togata donné par  cet auteur : j'en déduis que "la mantelée" est la traduction de togata.

- La Xanthie ochracée 1827 Duponchel in Jean-Baptiste Godart, Hist. Nat. Lépidoptères vol.7(1)  p. 462 n° 552. Le genre xanthie de Godart reprend celui de xanthia ; l'épithète "ochracée" lui est synonyme, cet adjectif rare voire précieux dérivé de "ocre" et apparu en 1812 (CNRTL) signifiant "d'un jaune pâle". Le texte renvoie à Noctua ochrago borkh. ( Moritz Balthasar Borkhausen, auteur d'une Histoire naturelle des papillons européeens de 1788-94, mais Esper est aussi l'auteur d'une N. ochrago ( Esp. 177,1,1794). Certains trouveront plus d'intéret à lire les moeurs de la chenille :

   " Cette chenille vit sur le saule marceau (Salix caprea), entre les feuilles duquel elle se cache, en les retenant l'une sur l'autre par quelques fils. A mesure qu'elles sont rongées elle en change, et finit par s'y envelopper d'un tissu plus fort, lorsqu'elle est sur le point de se transformer en chrysalide." (Godart, ouvrage cité)

 

 Plouzané, 23 septembre 2011

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  La Xanthie dorée, la Fardée, l'Eblouissante, Tiliacea aurago  ([Denis & Schiffermüller], 1775)  the Barred-Sallow.

envergure : 31-33 mm

Vole en septembre-octobre

PHL : Hêtre, chêne, érable champêtre.

Zoonymie :

   • Tiliacea Tutt, 1896 :  de tilia, le tilleul, ou de la famille des tiliaceae. Tutt a décrit ce genre à partir du type spécifique Phalaena citrago de Linné, une espèce dont la plante hôte est le tilleul, Tilia cordata et Tilia platyphylla.

    James William Tutt (1858-1911) est un entomologiste britannique qui est à l'origine de l'étude génétique des lépidoptères. C'est vraisemblablement dans son J.W.Tutt's British moths que le genre Tiliacea a été décrit.

   • aurago : de aurum, "l'or", et la terminaison -ago propre à l'ancien genre des Xanthia, de couleur jaune ou orange.

   • noms vernaculaires :

- La Dorée, 1789, Charles de Villers, Entomologie linnéenne tome IV, p. 471. Carangeot/Engramelle ne peuvent reprendre ce nom qu'ils ont déjà attribué à leur numéro 410 ...qui  semble être aussi une variéte d'aurago ; ils  nomment donc leur aurago :

- L' Eblouissante, 1792, Carangeot in Engramelle, Papillons d'Europe, tome 7 p. 161 n° 520. Une variété est décrite comme une espèce différente et nouvelle, et Carangeot la baptise :

- La Fardée, Carangeot in Engramelle, Papillons d'Europe, tome 7 p. 163 n° 521.

- La Noctuelle éblouissante, 1811, Guillaume Antoine Olivier, Enycl. meth. tome 8.

- La Xanthie dorée, 1827, Duponchel in Godart, Hist. Nat. Lépidoptères tome 7 p. 558.

 

 

 Plouzané, 30 septembre 2011 : 

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  Tiliacea aurago fait la morte : j'admire ses dessous :

tiliacea-aurago-xanthie-doree 2026cc

 

tiliacea-aurago-xanthie-doree 2037cc

 

 

    Tiliacea  aurago à coté de Xanthia togata :

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La Noctuelle mégacéphale Subacronicta megacephala  ([Denis & Schiffermüller], 1775)  the Poplar Grey.

Envergure : 40-44 mm

Vole de mai à août

PHL : peuplier

Zoonymie :

   • subacronicta : selon Wikipédia, ce genre est passé de mode et doit être considéré comme un synonyme du genre acronicta d'Ochsenheimer, 1816 : du grec akronux, le crépuscule, quoique ces papillons ne soient pas crépusculaires.

   • megacephala , "à la large tête", ce qui s'applique à la chenille.( Emmet, 1991).

   • nom vernaculaire :

- Phalène grosse-tête, 1771 : Charles de Geer, Mémoires pour servir à l'histoire des insectes tome II partie 1, p. 413 n°7 tab.7 fig.6-9 : " La chenille de cette phalène est remarquable à plusieurs égards : c'est une chenille à seize pattes, demie-velue, à tubercules et à aigrettes, grise, dont le dos est noir avec des points blancs, à quatre tubercules blancs sur chaque anneau et une grande tache couleur de paille sur le dizième anneau.[...] La tête [...] est très grande ; je n'ai jamais vu de chenille avec une si grosse tête ; elle est beaucoup plus large que le corps, surtout par devant, et elle est longue et haute à proportion".

- La Grosse Tête, 1788 : Carangeot in  Engramelle, Papillons d'Europe 6 : 22 n° 294.

- La Noctuelle mégacéphale 1811 : Guillaume Antoine Olivier, Encycl. meth. 8 : 343 n° 399.

- La Noctuelle mégacéphale, 1826 : Duponchel in Godart, Hist. nat. Lépid. Fr. 6 : 244  n° 332.

 

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Amphipyrinae Ochsenheimer, 1816

 

La Noctuelle cuivrée, Noctuelle du noyer, la Pyramide  Amphypira pyramidea  (Linnaeus, 1758) the Copper underwind, Pyramideneule.

 

Envergure : 45-52 mm

Vole de juillet à octobre;

PHL : divers arbres et arbustes

Zoonymie :

• Amphipyra Ochsenheimer, 1816 Schmett. Eur. 4 :70 : du grec amphi, "rond"  et pur, pyros, "le feu"  : volant autour de la lumière" (ou, selon une autre source : amphi, "les deux", et pyra, "incendie", pour la couleur cuivrée des ailes posterieures.)

 • pyramidea se rapporte à la bosse conique du huitième segment de la chenille.

• nom vernaculaire:

- le premier auteur français est Réaumur, Mémoires pour servir à l' Histoire des Insectes, Tome I p. 300 & 330, tab. 15 f.1-5 : c'est lui qui est donné, avec Mérian et Roesel, en référence dans la description originelle de Linné, et peut-être a-t-il soufflé au savant suédois le nom scientifique de pyramidea, lié, nous l'avons vu, à la forme de la chenille, "larva postice conico-gibba ", "chenille à l'arrière en bosse conique". Cône ou pyramide, c'est un point de détail. Mais Réaumur décrit les chenilles sans baptiser les espèces, il se moque de la nomenclature et s'interesse à l'utilisation ingénieuse que l'on peut tirer de l'étude de la nature. Il céde donc sa première place à :

-Etienne Louis Geoffroy, 1767,Histoire abrégée des insectes, tome 2, p. 160, n° 99, qui passe à coté du caractère pyramidale du postérieur de la chenille pour le décrire comme " relevé en pointe comme le bout d'un bateau". Mais il ne nomme pas ce papillon La Nef, le Scaphoïde, la Poupe, son imagination est en panne et il propose :" La Brunette à ailes inférieures rougeâtres." trop long, la postérité n'en voudra pas.

- Le Révérend-Père Engramelle en 1786  s'inspire de ses prédecesseurs étrangers (il a tout lu et cite 17 auteurs) et reprend le pyramidea sous la forme de "La chenille du chêne, La Pyramide", ou, plus loin, "la phalène pyramide" dans le volume 3  de Papillons d'Europe, p. 96 n° 337. A son tour de décrire ce qui est en passe de devenir l'arrière-train de chenille qui fait fureur ; et le capucin a son franc parler " l'extrémité du derrière forme une pyramide [...] le haut de cette pyramide est rouge ainsi que les pattes." C'est lui le créateur de notre zoonyme.

- Olivier le reprend en 1811 dans l' Encyclopédie Méthodique sous la forme de La Noctuelle Pyramide.( p. 551 n° 336)

- Jean-Baptiste Godart poursuit en 1824 avec La Noctuelle Pyramidale dans Hist. Nat. des Lépidoptères tome V p. 136 n° 181. Sa prose est technique : "on a donné à cette noctuelle le nom de pyramidea parce que sa chenille a le dos du onziéme segment relevé en pyramide".

 

Et le zoonyme Noctuelle cuivrée ? Il ne semble pas avoir été utilisé par les auteurs, même si l'Encyclopèdie Méthodique de 1811 décrit une espèce sous ce nom : car il s'agit de Plusia aerea.

 De même, le nom de Noctuelle du noyer ne semble avoir été utilisé que récemment.

 


 

 

 

 

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   La Noctuelle de l'Arroche, le Volant doré Trachea atriplicis (Linnaeus, 1758)  Orache Moth.

 

Envergure : 38-42 mm

Vole de juillet à août

PHL : l'Arroche ou Atriplex, le Chénopode.

Zoonymie

Trachea Ochsenheimer, 1816 : du grec trakhus, "rugueux, raboteux" qui a aussi donné notre "trachée" : un coup d'oeil sur l' aspect de l'abdomen crénelé donne l'explication.

• atriplicis : comme l'avait observé (ou appris) Linné, l'Atriplex est l'une des plantes-hôtes.

• Alors que Etienne-Louis Geoffroy l'avait nommé Le Volant doré en 1765 dans son Histoire abrégée des insectes (Tome II, page 159, n°97), moins de vingt ans plus tard  le père Jacques-Louis Florentin Engramelle ne reprend pas Geoffroy (ce qui n'est pas courant) et lui attribue le nom de l'Arrochière dans Papillons d'Europe tome VII, planche 282, fig. 464. C'est Guillaume-Antoine Olivier qui, dans l'Encyclopédie Méthodique de 1811, le baptise Noctuelle de l'Arroche.

   Là encore, Godart et Duponchel (ouvrage citè) nous éclaire sur l'origine du nom vernaculaire :  "Nota. C'est ici le cas de faire remarquer la confusion qui existe dans Geoffroy au sujet de cette espèce. En l'appellant Volant-doré, il est clair que son intention a été de désigner la N. Chrysitis [ Diachrysia chrysitis, le Vert-doré] puisque la phrase de Linné qu'il cite se rapporte à cette Noctuelle. Mais d'un autre coté la description qu'il en donne ne convient qu' à la N. atriplicis.

et la figure de Roesel, à laquelle il renvoie, représente effectivement cette dernière. Ainsi, il a décrit une espèce en lui donnant le nom qu'il réservait à une autre."

 

 Plouzané, 11 juillet 2011

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La Noctuelle de la fougère Callopistria juventina  (Stoll, 1782), The Latin.

Envergure : 34-38mm

Vole en juin-juillet

PHL : la fougère commune Pteris aquilina.

Zoonymie :

•  Callopistria :ce nom est assez proche de notre "callipige", ou de l'"Euproctis" du Cul-brun, puisque ses racines grecques kallos, "beau", et opisteros, "posterieur", donne une signification équivallente de "belles fesses" ou de "beau cul". Ici, c'est l'abdomen cerclé de blanc de cette espèce qui serait ainsi honoré.

• juventina : vient de l'adjectif latin juventinus renvoyant au nom  juventas, atis, "la jeunesse" ; cela décrirait la fraîcheur radieuse de la robe.

• Engramelle la nomme La juventine ( tome VI, pl. 231, fig 334.), Guillaume-Antoine Olivier la Noctuelle du Pteris sous le n°328, mais décrit la Noctuelle de la jouventine sous le n°329.( Encyclopédie méthodique 1811, P. 242).

  La fourrure de ses pattes lui a aussi valu les noms de Lagopus, ou "pattes de lièvre" par Esper, et de Eriopus, ou "pieds laineux" par Treitschkle

• Le nom scientifique a été donné par deux entomologistes hollandais, Caspar Stoll (mort en 1791) et Pieter Cramer (1721-1779) dans un ouvrage majeur de l'entomologie, le premier consacré aux espèces exotiques selon les règles linnéennes : De Uitlandsche Kapellen voorkomende in de drie Waereld-Deelen Asia, Africa en America. Papillons exotiques des trois parties du monde l’Asie, l’Afrique et l’Amérique ([1775-] 1779-1782), Amsterdam. Ce papillon y est présenté comme venant du Surinam.

 

      Crozon, 10 juillet 2011

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La Nonagrie des marais Archanara geminipuncta (Haworth, 1809)  the Twin-spotted Wainscot.

Envergure : 27-32 mm

Vole de juin à septembre

PHL : phragmites australis

Zoonymie :

   • Archanara Walker, 1866

   • geminipuncta : à deux points;

   • noms vernaculaires :

- Nonagrie des marais : 1836, Duponchel in Godart, Hist. Nat. Lépidoptères 3ème supplément, p. 357 n° 135. le zoonyme provient du genre nonagria d'Ochsenheimer.

 

 

 observée à Crozon au dessus de l'Aber et de sa roselière, le 16 octobre 2011. Mais il s'agirait plutôt pour Maël Garrin de Mythimna albipuncta.

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  Noctuinae :

 

 

Le Cordon blanc Ochropleura plecta  (Linnaeus, 1758) the Flame Shoulder   

 

Envergure 25-30mm

Vole de mai à juin puis d'août à septembre

PHL : Rumex, plantain.

  Zoonymie

Ochropleura  Hübner, 1821 : du grec okros, "pâle", et pleura, la "côte" (voir notre mot "plèvre) : qualifie les deux bandes claires du coté externe des ailes.

plecta : du grec plekte, entortillé (pour une corde) (voir notre "plectenchyme", un parenchyme filamenteux) : qualifie là encore les deux cotés blanchâtre des ailes.

• Le nom vernaculaire paraît dès lors limpide puisqu'il traduit le nom scientifique. Il nous vient d'Engramelle, tome VII, planche 20, fig. 419.

 

      Crozon, 14 juillet 2011

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 Le C noir  Xestia c-nigrum  ( Linné, 1758) Setaceous Hebreww Character, Schwarzes C.
 Envergure : 35-42mm

 Vole en deux générations d' avril à juin et d' aôût à septembre.

PHL : polyphage, plantes herbacées, orties.

Zoonymie :

 • Xestia : du grec xestos, "raclé, lisse", en raison du caractére lisse, poli et brillant des ailes antérieures de certaines espèces.( A.M. Emmet, 1991)

  • c-nigrum : Linné, Systema Naturae 1758, p. 516 n° 110. Signifie en latin "c noir", pour la forme de la marque noire des ailes antérieures, qualifiée par les anglosaxons de caractére hébraïque comme pour la Gothique, qui lui ressemble beaucoup.

   • nom vernaculaire :

  - Le C. noir, Jacques Louis Engramelle 1790, Papillons d' Europe, tome 7, p. 27 n° 424, qui traduit simplement le nom donné par Linné.

  - La Noctuelle C noir, ou C-noir, Encycl. Meth p. 300 n° 237, et Jean-Baptiste  Godart, 1824, Hist. Nat. Lépidoptères p. 177 n° 198.

 Plouzané, 2 juillet 2011

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  La trimaculée Xestia xanthographa ([Denis & Schiffermüller], 1775) Square-spot Rustic.

Envergure : 32-35 mm

Vole en août et septembre

PHL : graminées, diverses plantes basses

Zoonymie :

  • Xestia : cf espèce précédente

  • xanthographa : "tracé, écrit en jaune", "à cause des deux taches jaunes que cette noctuelle porte sur ses ailes supérieures" (Godart).

  • nom vernaculaire :

- La trimaculée, Jacques Louis Engramelle, 1790, Papillons d' Europe, tome 7, p. 29 n° 429.

- La Noctuelle xanthographe, Guillaume-Antoine Olivier 1811,Enc. Meth. p. 534 n° 366.

                                              , Jean-Baptiste Godart 1826, Hist. Nat. Lépidoptères p. 107 n° 287

Attention à ne pas la confondre avec la Noctuelle trimaculée (Godart, p. 193), noctua trimaculata de 1826, ou avec l'actuelle stegania trimaculata,par exemple.


  Plouzané, 30 août 2011    

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La Noctuelle des renouées, l' Élagueuse, la Noctuelle Puta, Agrotis puta (Hübner, 1803) Shuttle-shaped Dart.

Envergure : 30-32mm

Vole de mai à octobre

PHL : chenille polyphage...d'où le nom d'élagueuse !

Le mâle est plus clair que la femelle, ses ailes postèrieures sont blanches.

Zoonymie :

   • Agrotis  Ochsenheimer, 1816 : Du grec agrotês («campagnard»)

   • puta Hübner 1803 : protonyme noctua puta. " Puta, déesse romaine qu'on invoquait pour la taille des arbres. Du verbe putare, émonder, couper." (Godart, dont l'explication semble plausible pour une espèce ravageuse des cultures ; mais A. M. Emmet, qui ne semble pas avoir eu accès à cette source, cherche des explications plus compliquées). Agrotis segretum, l'espèce type du genre agrotis, la Noctuelle des moissons, est une peste dont la chenille, connue sous le triste nom de "vers gris", dévore les betteraves, les pommes de terre, les céréales et autres subsides de première nécessité.

   • nom vernaculaire :

- La Noctuelle Puta, Jean-Baptiste Godart 1824, Hist. Nat. Lépidoptères tome 5 p. 243 n° 239.

- J'ignore l'auteur du nom   "Élagueuse", mais ce zoonyme est cohérent avec le sens de l'épithète puta.

  Le vocable anglais Shuttle-shaped signifie "en forme de navette", ce qui m'amuse, car c'est ce logo blanc de forme naviculaire sur l'aile qui m'a permis de l'identifier.

 Crozon, 14 juillet 2011

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 Le Hibou Noctua pronuba  (Linnaeus, 1758) the Large Yellow Underwing.

Envergure 45-60 mm

Vole de juillet à septembre.

PHL: diverses plantes herbacées.

Zoonymie:

   • Noctua :

   • pronuba:

   • nom vernaculaire :

- La Phalène hibou, 1762, Etienne Louis  Geoffroy, Hist. abr. ins. tome II p. 146 n°76. Il s'inspire sans-doute de Goedart.

- La Fiancée 1789, Jacques Louis Engramelle, Papillons d'Europe tome 7 p. 40 n° 434.

- La Noctuelle pronube, 1811, Guillaume-Antoine Olivier, Enc. Meth. insectes tome 8 p.293 n°209.

- la Noctuelle pronuba, 1824 Jean-Baptiste Godart, Hist. Nat Lépidoptères tome 5 p. 151 n°188.

 

 

 Godart ouvrage cité planche LVIII

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    Si la zoonymie est juste, par contre, l'identification de mon spécimen l'est-elle?


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La Noctuelle typique, Naenia typica (Linnaeus, 1758) the Gothic.

Envergure : 34-40mm

Vole de juin à août

PHL : diverses plantes.

Zoonymie :

   • Naemia Stephens, 1826 : du nom de la deésse romaine des funérailles : une chapelle lui avait été dédiée à Rome hors de la porte Viminale. Naemia, c'est aussi la némie, un chant de funéraille en l'honneur du défunt, chanté sur le mode plaintif en s'accompagnant de la flute. A.E. Emmet écrit avec humour : "Stephens ne donne pas de raison à ce nom, probablement parce qu'il n'y en n'a pas".

   • typica Linné, Systema naturae 1758 p. 518 n° 122 Noctua typica. Du grec tupos, "motif" , et du latin  typicus, "qui a un motif, un dessin bien marqué, caractéristique", en rapport avec le veinage réticulé particuliérement accentué des ailes. 

   • noms vernaculaires :

- La Typique, 1790, Jacques Louis Engramelle, Papillons d'Europe vol. 4 p. 77 n° 461. Nommée d'après l'épithète linnéen.

- La Noctuelle typique,1826, Duponchel in Godart, Hist. Nat. Lépidoptères vol. 6 p. 269 n° 341.

 

 Pas de photographie : j' avais cru l'observer, je confondais avec Omphaloscelis lunosa. Je laisse néanmoins ce que j'ai écrit, les données de zoonymie restant acquises. 

 

La Noctuelle belle, Diarsia rubi  (Vieweg, 1790)  the Small Square-spot.

Envergure : 28-35 mm

Vole en deux générations de mai à octobre.

PHL : plantes basses herbacées.

Zoonymie :

   • Diarsia Hübner, 1821 : du grec diarsis, " élévation" , sans que l'on sache pourquoi Hübner a nommé ce genre ainsi.

   • rubi : de rubus, "la ronce" . Comme l'écrit A.E. Emmet, certes la chenille de Diarsia rubi n'est pas difficile et mangerait plutôt de tout mais rarement, si ce n'est jamais, on ne l'a vu manger de la ronce. Si on a la curiosité de s'interesser à Karl Friedrich Vieweg et de jeter un oeil à la page 34 de son Tabellarisches Verzeichniss der in der Churmark Brandenburg, Einheimischen Schmetterlinge, Berlin 1789 , on verra que Vieweg ne mentionne pas la ronce, mais la bruyère (Erica) comme nourriture pour la chenille. Ce rubi ne doit-il pas être compris comme une forme altérée de rubeus,a, um ( d'où dérive aussi rubus, la ronce), "rougeâtre, roux, rouge", ce qui est cohérent avec la couleur de cette espèce?

   • nom vernaculaire :

- La Noctuelle belle, 1824, Jean-Baptiste Godart, Hist. Nat. Lépidoptères tome 5 p. 199 n° 27, Noctua bella.( peut-être inspiré par Apamea bella Ochsenheimer).

   A ne pas confondre avec la Noctuelle belle de G.A. Olivier, Enc. meth. 1811 n° 112, Noctua pulchra, qui "se trouve aux Indes orientales".

   Comment la reconnaître? Le zoonyme anglais donne une indication précise : "le Petit Point Carré".

 .On peut suivre la description de Godart, quoiqu'il avoue n'avoir jamais attrapé cette espèce :" Le dessus des premières ailes est d'un brun rougeâtre luisant, avec trois lignes plus obscures transverses et ondulèes dont les deux antérieures doubles et renfermant les taches ordinaires. Ces taches sont bordées de jaune et séparées l'une de l'autre par un carré noir, également bordé de jaune, carré qui a sans-doute déterminer Hübner a donner à cette espèce le nom de quadratum. Au dessous de la première tache ordinaire, il y a un point jaunâtre à iris noir, et l'origine de la côte est coupé transversalement par deux traits noirâtres".

Plouzané, 5 octobre 2011

 

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La Noctuelle à I double Eugnorisma glareosa  (Esper, 1788)  the Autumnal Rustic, Graue Spâtsommer Bodeneule.

Envergure : 32-38 mm

vole d'août à septembre

PHL : polyphage, calluna, galium, hieracum, rumex, salix,...

Zoonymie :

   • Eugnorisma Boursin, 1946 (Revue Fr. Lépidopt. 10 : 188) : du grec eu-, "bon, beau, bien", et gnorisma, la marque de reconnaissance. Dans la mythologie grecque, les gnorismata étaient la ou les marques qui permettaient de reconnaître un enfant abandonné, perdu ou "exposé" : un collier, une bague et un bandeau pour Chariclée, fille du roi d'Ethiopie recueillie par un prêtre de Delphes ; pour Thésée, une épée et des sandales que son père a placé sous un rocher que seule sa force pourra soulever, prouvant ainsi sa filiation. Dans le roman pastoral de Longus, Daphnis, ainsi nommé parce qu'il a été trouvé par un berger dans un bosquet de laurier, étoit enveloppé d’un mantelet de pourpre avec une agrafe d’or, près de lui avoit un petit couteau à manche d’ivoire", alors que Chloé, dont il va s'éprendre, Chloé " l'herbe verdoyante", a été découverte par un autre berger avec "une coiffe de réseau d’or, des patins dorés et des chaussettes brodées d’or' . Cest aussi le terme par lequel on désigne une bandelette qu'on suspendait au cou des enfants pour y suspendre leurs jouets, les crepundia ou crepitacula (G. Hagemans)

  Ici, eugnorisma signifie que ce papillon ets facilement reconnaissable par les marques qu'il porte.

Charles Boursin (1901-1971) est un entomologiste français.

glareosa du latin glareosus, "plein de gravier".

• noms venaculaires:

- La Grise : 1790 Jacques Louis Engramelle, Papillons d'Europe volume 7 p. 18 n° 416 pl 264 a,b.

- La Noctuelle I double, Noctua I. geminium (nobis) : 1826, Duponchel in Godart Hist. Nat. Lépidoptères volume 6 p. 80 n° 276. Cette noctuelle est ainsi nommée en relation avec une Noctuelle I entier, Noctua I intactum de Hübner, la Grise de Engramelle figure c, qui est Chersotis margaritacea de Villers, 1789.

   Duponchel explicite le zoonyme ainsi : " elles [es ailes] sont traversées dans leur largeur par trois raies d'un gris-clair, l'une flexueuse près du bord terminal, l'autre arquée un peu plus loin en se rapprochant du centre, et la troisième également arquée à quelque distance du corselet. Entre ces deux dernières lignes, on remarque un signe noir en forme d'i épais qui remplit l'intervalle existant entre les deux taches dont l'orbiculmaire est entièrement éffacée. Un second signe noir d'une forme à peu près pareille, et qui part de la côte, est placée sous la troisième raie grise," etc...

- C'est donc à tort qu'on l'a trouve sous le nom de Noctuelle à L double, le L double ( aramel free.fr, naturainneustria, ...)

 

 

Crozon, 16 octobre 2011

 

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  Psaphidinae

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L'Aubépinière, Allophyes oxycanthae  (Liinaeus, 1758)  the Green-brindled Crescent, Weißdorn Eule.

Envergure : 35-40 mm

Vole de septembre à novembre

PHL : prunelliers, aubépine, divers arbres fruitiers.

Zoonymie :

   • allophyes Tams, 1942 : du grec allophues, "variable". L'espèce-type du genre est Allophyes oxycanthae, ce terme s'applique donc au dimorphisme de notre Aubépinière. On décrit une forme mélanique dite capucina alors que la forme typique présente de belles couleurs vert-métal. De même, une forme Allophyes corsica peut être considéré comme une sous-espèce. Mais le dimorphisme concerne peut-être d'abord les chenilles, dont Duponchel écrit qu'il existe deux variétés, l'une " d'un gris blanchâtre sur le dos, et bleuâtre sur les cotés"... l'autre " d'un gris plus foncé, avec du brun-fauve sur les cotès".

   • oxycanthae  Linné, Systema Naturae p. 516 n° 113 : "Habitat in Atriplice, Oxycanthae, Pruno spinosa" : de crataegus oxycanthae, l'aubépine.

   • noms vernaculaires :

- L'Aubépinière : 1788, Jacques Louis Engramelle Papillons d'Europe volume 6 n° 324.

- La Noctuelle de l'aubépine : 1811 Olivier, Encycl. Meth.

- La Noctuelle de l'aubépine : 1826, Duponchel in Godart, Hist. Nat. Lépidoptères volume 6 p. 374 n° 375 : " La noctuelle dont il est question ici est une des plus belles de son genre. Ses ailes supérieures sont d'un joli brun-fauve qui s'éclaircit vers leurs extrémités avec plusieurs de leurs parties saupoudrées de vert métallique, savoir : 1°) l'intervalle qui existe entre la côte et la première nervure ; 2°) les trois nervures du milieu ; 3°) le bord interne où cette couleut occupe un espace assez large ; 4°) enfin le bord terminal, où elles forment une rangée de petites taches triangulaires ou sagittées, accompagnées chacune d'un point blanc".

 

 

Crozon, 16 octobre 2011 

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  Cucullinae

  Les cuculinés se distinguent des noctuinés par l'absence d'épines tibiales, et par la présence de longs cils. Le nom vient du latin cucullus, " cape, capuchon", en raison de la crète thoracique proéminente.

 

  Le Jaspe vert Dryobotodes eremita (Fabricius, 1775) The Brindled Green.

Envergure : 32-9 mm

vole en août-septembre,...novembre.

PHL : chêne.

Zoonymie:

   • Dryobotodes Warren, 1910 : ressemblant (-odes, oïdes) au  genre dryobota Ledere, 1857 formé du grec drus, "le chêne", et bosko, "se nourrir".

   • eremita, ermite, car la chenille, qui se nourrit des bourgeons puis des feuilles de chêne, se métamorphose en crysalide qui se construit un cocon épais parmi les feuilles.

   • nom vernaculaire:

- Le Jaspe vert, 1788,Jacques Louis Engramelle, papillons d'Europe, tome VI pl 214 n° 292 p. 19.

- Jean-Baptiste Godart crée le nom de Noctuelle Protée, à cause des différents aspects sous lesquels il connaît cette espèce, et ce nom est repris par Boisduval et Guénée dans le nom scientifique de Hadena protea. En 1866, Alfred Constant, dans le catalogue des lépidoptères de Saône-et-Loire, p. 141, reprend le nom vernaculaire de Jaspe vert sous le nom scientifique de Dryobota Protea.

 - Il existe une espèce proche ( une cucullinée), la Valérie jaspée Valeria jaspidea qui avait été décrite par Charles de Villers en 1789 sous le même nom de Jaspe Vert (un an après Engramelle).

 

. Plouzané, 22 septembre 2011

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 La Ceinture jaune Polymixis flavicincta  ([ Denis & schiffermüller], 1775)  the Large Ranunculus.

Envergure : 40-50 mm

Vole de septembre à novembre

PHL : diverses plantes basses. Les premiers auteurs insistent sur la groseille à maquereau, Ribes grossularia, et le cerisier.

Zoonymie :

   • Polymixis Hübner, 1820 : du grec poly, "plusieurs", et  mixis, "mélange" : pour décrire la bigarrure de couleur des ailes antérieures.

   • flavicincta : du latin flavus, "jaune", et cinctus, part. passé de cingo, " ceint, qui porte une ceinture". Je traduirais " jaune vêtue", cinctus désignant aussi une tunique, et cingo signifiant "vêtir" ou "couvrir" autant que "ceint", d'autant que la robe des ailes ne donne à voir aucune bande évoquant une ceinture, mais nous allons voir qu'Engramelle ( ou plutôt  Arnoult Carangeot qui lui a succédé) a choisi la ceinture.

   • nom vernaculaire :

- La Ceinture jaune, 1788, Jacques Louis Engramelle, Papillons d'Europe tome VI p. 112 n° 349. On y lit à propos de la chenille qu' "avant la métamorphose, qui se fait sur terre, elle réduit en poudre des feuilles et une portion de la tige de l'arbre qui la nourrit, et elle mële cette poudre  dans son tissu qui est transparent et ovale".

- La Noctuelle Ceinture jaune, Olivier, Encyclopèdie Méthodique.

- La Noctuelle Ceinture jaune  1826, Jean-Baptiste Godart Hist. Nat. Lépidoptères tome 6, p. 401 n° 383.

 

      Plouzané, 24 septembre 2011

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 La Noctuelle couleur de lichen Polymixis lichenea  (Hübner, 1813)  the Feathered Ranunculus.

Envergure : 35-40 mm

Vole  d'août à novembre.

espèce littorale particulièrement présente en Bretagne.

Zoonymie :

   • Polymixis : voir supra Polymixis flavicincta.

   • lichenea : couleur de lichen.

PHL : diverses plantes basses, armeria marit., sedum acre,

   • nom vernaculaire:

- La Noctuelle couleur de lichen, 1826, Duponchel in Godart, Hist. Nat. Lépidoptères volume 6 p. 420 n° 390 ; une seule référence y est donnée, celle de Noctua lichenea par Hübner : " le nom de lichenea qu'il lui a imposé en donne une idée fort juste : en effet, le dessus de ses ailes supérieures offre les mêmes nuances  que certains lichens qui tapissent les vieux murs et les troncs des arbres, c'est-à-dire un mélange de vert, de jaune et de rougeâtre tellement confondus qu'il serait difficile d'assigner la place que chacune de ces couleurs occupe sur la surface de l'aile : c'est donc inutilement que nous voudrions en entreprendre une description méthodique".

 

 Crozon, 3 octobre 2011 ; mâle.

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La Noctuelle anthracite Aporophyla nigra  (Haworth, 1809)    the Black Rustic.

Envergure : 40-46 mm

Vole en septembre et octobre.

PHL : chenille polyphage : rumex, bruyères (calluna, erica), lotier, trèfles...

Zoonymie :

   • Aporophyla Guenée, 1841 : du grec aporos, "difficulté, problème, cas embarrassant" , et phule, "tribu" : pour signaler la difficulté à attribuer une place à ce genre.

   • nigra : "noir", pour la couleur des ailes antérieures.

   • noms vernaculaires :  la recherche n'est pas facile, car les auteurs anciens n'utilisaient pas le zoonyme de Noctuelle anthracite. Le substantif "anthracite" n'a acquis son sens moderne de "charbon naturel", ou pour désigner une couleur, de "gris très foncé" que depuis 1803 ; auparavant, il désignait une pierre prècieuse, reprenant l'"escarboucle" de Pline (Nat, livre 37) ou le terme grec pour "pierre prècieuse"  chez Aristote. (source : Tresor de la Langue Française).

   Pour trouver quels noms ce  papillon portait jadis, il faut partir non pas du nom scientifique donné par Haworth : Noctua nigra , mais des synonymes fournis, par exemple, par Funet : Noctua nigricans Hübner 1813 ( à ne pas confondre avec l'actuel Euxa nigricans (L. 1761), Phalaena Noctua lunula (Strom), aethiops Ochsenheimer 1816, ?agrotis aethiops Treitschke 1825. Le cumul de ces données nous conduit à la page 273 du volume 5 de l'Histoire Naturelle des Lépidoptères de Jean-Baptiste Godart, 1824, pour y trouver sous le n° 263 La Noctuelle Négresse, "Noctua aethiops (nobis), Noctua nigricans (Hübner), Agrotis aethiops (Ochsen)".

  Ce qui me compique la tache, c'est qu' en 1832, Boisduval , Rambur et Graslin la nomment Hadena aethiops ( Cool. icon. et hist. chenilles vol.1 pl. 31) en donnant comme nom vernaculaire La Noctuelle Négresse, mais aussi le zoonyme La Noirâtre d' Engramelle ( Papillons d'Europe, tome 7, p. 65 fig 455 tab. 278 ). Or Engramelle ne donne qu'une référence, celle de la nigricans de Linné . En 1811, Olivier reprendra ce nom dans l'Encyclopedie Méthodique volume 8 n° 422 p. 349 sous la forme La Noctuelle noirâtre en donnant les révérences de Phalaena Noctua nigricans de Linné dans fauna suecica 1761 : il s'agit de Euxa nigricans dont le nom vernaculaire actuel est : le Noir Atre.

- Noctuelle négresse : le nom était encore utilisé en 1901 (Société d'étude Sciences Naturelles d'Elbeuf)

 

  Crozon, 2 octobre 2011. Les ailes postérieures du mâle sont blanches.

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  Hadeninae

 

Le Point Blanc, la Leucanie à point blanc Mythimna albipuncta ([ Denis & Schiffermüller], 1775) the White Point.

Envergure : 30-35mm

Vole de mai à octobre.

PHL : graminées.

Zoonymie:

  • Mythimna Ochsenheimer, 1816 : du nom d'une ville de l'île de Lesbos.

  • Albipuncta : à points blancs.

  • Nom vernaculaire :

-Le Point-Blanc, chenille du Grand Plantain, Jacques Louis Engramelle 1790, Papillons d'Europe, tome VII n° 498, p. 129.

- la Noctuelle Tache Blanche, Olivier, Encyclopédie Méthodique.

- la Noctuelle Point-Blanc, Jean-Baptiste Godart, Hist. Nat. lépidoptères, p? 109 n° 288

 Plouzané, 20 août 2011

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 La Blême, la Noctuelle pâle, la leucanie blafarde Mythimna pallens  (Linnaeus, 1758)  (Aletia pallens)  the Common Wainscot.

Envergure : 30-36 mm

Vole en deux générations de mai à juillet et d'août à octobre.

PHL : herbacées, pissenlit, graminées.

Zoonymie :

   • Mythimna : cf supra.

   • pallens, Linné Systema Naturae 1758 p. 510 n° 77 : phalaena Noctua pallens seticornis laevis, alis deflectis pallidis immaculatis : marginibus pollicis subtus nigro punctatis. L'épithète pallens vient du latin Pallens, entis est le participe passé de paleo, "palir", avec les sens de "blême, pâle", mais aussi de " jaune, jaunâtre" ou de " livide, sombre". Phoebe pallens, c'est la lune blafarde. Dans la description de Linné, pallidis, qui s'applique aux ailes immaculées, posséde exactement les même sens.

   • noms vernaculaires :

- La Pâle, 1789, Charles de Villers, Entomologie linnéenne, II, n° 171.

- La Blême, chenille du pissenlit : 1790, Jacques Louis Engramelle, Papillons d'Europe, volume VII p. 141 n° 505. le nom est bien-sûr traduit du pallens de Linné.

- La Noctuelle blême, 1811, Guillaume Antoine Olivier, Encyclopédie Methodique volume VIII p. 264 n° 69

- La Noctuelle pâle, 1827, Duponchel in Godart, Hist. nat. Lépidoptères volume VII (1) p. 68 n° 422. Duponchel donne comme référence Leucania pallens (Ochsenheimer, Treitschke).

- La Leucanie pâle : du temps où le genre Leucanie (de leukos, "blanc" comme dans leucocyte, lynx, lychnis) était en vigueur après avoir été introduit par Treitschke et Ochsenheimer pour réunir des noctuidés aux antennes cétacées, aux ailes étendues, en toit voutées au repos, aux palpestrès velues et bien développés, à la langue cornée enroulée en spirale, aux pattes sans bouquet de polis, au thorax lisse et ovalaire, Leucania pallens, la Leucanie pâle était l'espèce type de ce genre. ( terme utilisé par E. Blanchard et G.A Brullé, 1840, ou par J.C. Chenu et E. Desmarest, Enc. hist. nat.1861)

  Je n'ai pas retrouvé la mention du zoonyme "Leucanie blafarde" dans la litterrature entomologique.

 

      " Les ailes supèrieures sont en dessus couleur d'ocre pâle, avec des stries très fines d'une teinte plus foncée entre les nervures, qui sont blanchâtres, ainsi que la frange. On remarque en outre trois petits points noirs placès triangulairement au milieu de chaque aile ; mais le plus souvent il n'en existe que deux, ou même qu'un seul". 'Duponchel, ouvrage cité)

 

  Crozon, 14 juillet 2011

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 Le Crochet blanc, le L-blanc, Mythimna l-album  (Linnaeus, 1767)  the L-album Wainscot. 

  Envergure : 32-35 mm

Vole  en deux générations en juin ou juillet puis en août ou septembre-octobre.

PHL : polyphage, diverses plantes herbacées.

Zoonymie :

  •  Mythimna : cf supra, M. albipunctata.

   • l-album : Linné  décrit cette espèce dans l'édition de 1767 du Systema Naturae, page 850, sous le numéro 154 :

P. Noctua cristata spirilinguis subgrisea, alis superioribus litera l. alba notatis". Linné écrit l. album (un point puis un espace entre la lettre l minuscule et le mot album), puis on trouvera des partisans du L majuscule suivi d'un point, ou d'un tiret, du l minuscule suivi d'un tiret (comme cela semble l'usage actuel), voire de la forme L album.

   • noms vernaculaires :

- l'L-Blanche, 1789 : Charles de Villers,Entomologie linnéenne tome II p. 228 n° 216

- Le Crochet blanc, 1792, Carangeot in Engramelle, Papillons d'Europe, volume VII , p. 136 n° 503 : "Une ligne blanche épaisse entourant la nervure courbe des deux cotès,figure assez bien une L couchée ou un crochet". Je remarque l'usage (comme chez de Villers) d 'attribuer le genre féminin aux noms des lettres.Nous le retrouvons dans le nom , "l'M noire" d'Euclidia mi. 

- La Noctuelle L blanc, 1811, Guillaume Antoine Olivier, Enc. Meth. tome VIII p. 506 n° 260.

- La Noctuelle L. Blanche, 1827, Duponchel in Godart, Hist Nat. Lépidoptères, volume 7 p. 70 n° 423.

      Plouzané, 30 septembre 2011

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La Noctuelle embrasée Trigonophora flammea  (Esper, 1785)  the Flame Broade.

Envergure : 40-52

Vole de septembre à novembre : c'est une espèce automnale.

PHL : polyphage, diverses plantes herbacées, Rumex, renoncule, Troène, Frène, ...

 

Zoonymie :

   • Trigonophora Hübner, 1821 : du grec trigonon, "triangle", et phoreo, "porter". A.E. Emmet attribue ce nom à la forme du deuxième segment du palpe labial, fortement dilaté avec de longs échelons, et réfute Mc Leod ( dont il critique régulièrement les etymologies) qui comprend ce nom comme décrivant les marques des ailes antèrieures. Emmet écrit que cela ne s'applique pas à notre espèce T. flammea (dont il va interpréter l'épithète spécifique de façon contestable). Pourtant, c'est cette espèce qui a servi de type de description à Hübner : reprenons l'histoire :

  En 1785, Esper décrit dans le volume 3 de Die Schmetterlinge in Abbildungen nach der Natur , p. 269, une nouvelle espèce, Bomb. (spirilinguis) dorso crist. flammea, Flammenflechigter Flammer, trouvé dans la collection de Panzer et venant du sud de l'Italie.  Voir ici :

http://www.biodiversitylibrary.org/item/53821#page/277/mode/1up

  La marque de l'aile y est décrite comme caractéristique, presque en forme de flamme de couleur blanche.

En 1803, Hübner décrit cette espèce sous le nom de Noctua empyrea, utilisant la forme dérivée de l'ancien grec ἔμπυρος empyrus, qui signifie "dans ou sur le feu". ( L'empyrée désigne dans notre langue, d'après le latin médiéval empyreus, la voute céleste, le ciel des astres fixes, ou  métaphoriquement, le séjour de Jupiter).

  Prenant comme type de description de son nouveau genre une espèce qui a été nommée jusqu'alors pour la marque blanche en forme de flamme, Hübner, je présume, a fait allusion à cette marque, qui est aussi en forme de géomètrique, voire triangulaire, dans son zoonyme  trigonophora de 1821.

  En 1825, Treitschke a créé un genre nommé phlogophora, "porte flamme" et Duponchel rapporte que notre espèce se nommait selon Treischke Phlogophora empyrea.

 

   • Flammea : nous venons de voir d'où vient cet épithète spécifique, et il est difficile de suivre, pour une fois A.E. Emmet qui donne : " flammeus, couleur de flamme, pour le fond rouge pourpre".

  • En 1918, Charles Oberthür a décrit la sous-espèce T. flammea vividior dans les Etudes de Lépidoptérologie comparée. Elle se distinguerait par son éclat plus vif ( Société linnéenne de Bordeaux, 1923 : "Vividior se trouve un peu partout en Gironde, et si elle n'a pas été signalée plus tôt, c'est que la majorité des lépidoptèristes qui l'ont capturée ont attribué son éclat plus vif à la fraîcheur d'un papillon venant d'éclore"). En effet, cet adjectif est un superlatif de vividius, "plein de force,  vif, ardent, vigoureux". Il est utilisé en botanique pour signaler une sous-espèce plus prolifique (Navarretia divaricata ssp vividior).

   Mon spécimen est-il "vividior"?

 

 

   • noms vernaculaires :

- La Flamme, 1790, Carangeot in Engramelle, Papillons d'Europe tome VII p. 29 n° 426.

- La Noctuelle embrasée, 1811, Guillaume Antoine Olivier, Encycl. meth.

- La Noctuelle embrasée, 1826, Duponchel in Godart, Hist. Nat. Lépidoptères vol. 6 p. 345.

 

  Tout semblait simple, avant de découvrir l'existence des soeurs jumelles, Trigonophora jodea la Noctuelle allumée ; T. crassicornis (décrite par Oberthür en 1918), et  T. haasi, et de lire que la flamme de la Jodea "était toujours souillée, traversée par une ou deux lignes sombres" (Guide des papillons nocturnes de France, R. Robineau, Delachaux et Niestlé). Heureusement, j'étais aiguillé vers cet article de David Demerges, Oreina 2008 : http://www.lepiforum.de/lepidopterenforum/lepiwiki/pics/Trigonophora_Vergleich/Trigonophora1.pdf

  Seule la Noctuelle embrasée flammea pouvait se trouver en Bretagne ; et la flamme, à défaut d'être souillée, pouvait être marquée par des lignes sombres. Merci D. Demerges !

 

 1er octobre 2011, Crozon  une quinzaine d'individus rassemblés par la lumière chaque nuit.

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détail de la flamme :

 

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  une vue du dessous, pendant que La Flamme fait sa morte :  

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La Xanthie rufine, Agrochola helvola  (Linnaeus, 1758)  the Flounced Chestnut.

Envergure : 30-35mm

Vole en septembre et octobre.

PHL : abres caduques, bruyères.

Zoonymie :

  •  Agrochola :

  • helvola  Linné, Systema Naturae 1758 p. 507 n° 58 Phalaena Bombyx helvola : du latin helvolus, a, um : "de couleur blonde, jaunâtre".

   • noms vernaculaires :

- la Dorée, Carangeot in Engramelle, Papillons d'Europ, volume 7 n°410.

- la Noctuelle Roussâtre, 1811,Guillaume Antoine Olivier, Encycl. meth.

- la Xanthie rufine, 1827, Duponchel in Godart, Hist. Nat. Lépidoptères volume 7 p. 473 n° 556. Le nom est emprunté au nom scientifique Xanthia rufina employé par Ochsenheimer et Treischke.

 

 

  Crozon, 2 octobre 2011.

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La Xanthie lunulée, l'Omphaloscelis à lunule, Omphaloscelis lunosa  (Haworth, 1809)  the Lunar Underwing.

Envergure 32-37 mm

Vole d'août à octobre.

PHL : graminées.

Zoonymie :

  • Omphaloscelis Hampson, 1906 , genre monospécifique : du grec omphalos," l'ombilic, le point médian", et kelis, "une tache" : se rapporte à la marque discale de l'aile postérieure.

   • lunosa : également en rapport avec ce point,en forme de lune, de l'aile postérieure. Le nom anglosaxon the Lunar Underwing, " aux ailes postérieures lunées", posséde le même sens.

   • nom vernaculaire :

Cette espèce a été connue d'abord en Angleterre en 1809 avant d'être reconnue sur le continent et décrite par Duponchel sous le nom de subjecta puis par Boisduval et Guenée sous celui d'Anchocelis lunosa. C'était (1842) le temps des dénominations scientifiques sans considération pour les noms vulgaires en français. Les deux noms actuels sont d'apparition récente. Boisduval et Guenée écrivent : qu'il reconnaissent comme typiques les spècimens "aux ailes supèrieures gris-noir, avec les nervures nettement coupées en jaune clair, les deux taches remplies de noir, et le dessus de l'abdomen teinté de la même couleur".

 

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La Runique Dichonia aprilina ( Linnaeus, 1758) the Merveille du Jour.

Envergure : 35-40 mm

Vole en septembre et octobre.

PHL : le chêne.

Zoonymie :

  • Dichonia Hübner, 1821 : du grec dikhos, "double", ce qui se rapporte aux deux lignes blanchâtre des ailes postèrieures (Spüler).

  • aprilina Linné, Systema Naturae 1758 p. 514 n°99 sous le protonyme Phalaena noctua aprilina et qui donne comme auteur de référence de Geer, mémoires insectes I , t. 5, 22-23. 

   A.E. Emmet (1991) nous détourne du piège qui consiste à traduire aprilina comme un dérivé du nom latin du mois d'avril, aprilis, pour nous ramener vers le verbe latin aperio, "ouvrir". En effet, cette espèce ne vole pas en avril, mais en automne.

  Le mois d'avril, aprilis en latin, april en anglais, tient peut-être son nom du verbe aperio, puisque c'est le mois de début de printemps où tout s'ouvre. Quand à l'épithète aprilina, il se réfèrerait à la couleur vert tendre, disons "feuille de primevère" des ailes, une couleur que ce papillon partage avec son sosie Moma apium, "l'avrilière", longtemps confondu avec lui et qui ne vole pas non plus en avril, mais en juin.

  L'épithète aprilinus est largement utilisé en zoologie, et souvent pour des espèces de couleur verte : citons Chironomus aprilinus Meig. 1830, ou Chironome d'avril ( l"erreur" de sens est tenace) diptère de couleur verte, Drassylis aprilinus Banks, 1904 (araigneé), Neurotonus a. Giraud 1859, galle verte de cynipide, trematopygodes a. Giraud, 1872, Xisticus a. Bryant, 1830 ; Polydactos a. Mell, 1942 ; Orthocladius a. Goetghebuer, 1931 ; Melolontha a. ; Mesochorus a.Ashmed 1836 ; Philontus a. Gistel, 1857 ; Sparthegaster a. Dirhouia a.

   nom vernaculaire :

- La Runique, chenille du chêne : 1788, Jacques Louis Engramelle, Papillons d'Europe, volume 6 p. 75 n° 326.

- La Noctuelle runique : 1811, Guillaume Antoine Olivier, Encycl. Méth.

- La Noctuelle runique : 1826, P.A.J. Duponchel in Godart, Hist. Nat. Lépidoptères volume 6 p. 365 n° 373.

On y lit que ce nom de Runique lui a été donné parce que " les taches noires de ses ailes supérieures ont quelques ressemblances avec les caractètes de l'écriture dont les anciens peuples du Nord faisaient usage et qu'on appelle la Runique".

 

 

  Crozon, 16 octobre 2011 

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La Xanthie noisette Agrochola macilenta (Hübner, 1809)  Yellow-line Quaker.

Envergure :32-36 mm

Vole de septembre à octobre

PHL : la bruyère, puis différentes feuilles d'arbres : polyphage.

Zoonymie :

   • Agrochola : cf supra

   • macilenta : du latin macilentus,a,um : "maigre".

   • nom vernaculaire :

- La Ferrée, 1790 : Jacques Louis Engramelle, Papillons d'Europe 7 : 12 n° 409 pl. 261. Engramelle mentionne cette espèce comme fort rare, et croit y recconnaître la ferrago décrit par Fabricius, ce qui explique le nom qu'il lui donne.

- La Noctuelle décharnée, 1827 : Duponchel in Godart, Hist. nat. Lépid. Fr. 7(1) : 64 n° 420. Duponchel traduit en français par "décharnée" le latin  de la Noctua macilenta d'Hübner ou  l'Orthosia macilenta d'Ochsenheimer et Treitschke.

Plouzané, 27 octobre 2011:

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Plusiinae :

 

 

Le Lambda Autographa gamma (Linnaeus, 1758) The Silver Y ; Gamma-Eule.

Envergure : 35 -40 mm

Vole du printemps à l'automne.

Zoonymie

Autographa  Hübner, 1821 : qui écrit sur lui-même : concerne la lettre Lambda, ou Gamma, ou Y qu'on lit sur les ailes de ce papillon.

gamma : c'est le nom  choisi par Linné page 513 du Systema Naturae où celui-ci écrit :

   Gamma 91.  P. Noctua spirilinguis cristata, alis deflexis : superioribus fuscis l  aureo inscriptis.

  Puisqu'il mentionne qu'il lit, inscrit sur l'aile antérieure, le caractère  lambda en lettre d'or, pourquoi le nomme-t-il gamma, etr pourquoi les anglais le baptisent-ils Silver Y, le Y d'argent ?

• Notre nom vernaculaire le Lambda vient de Geoffroy ( hist. abr. des insectes, tome 2, p.156, n°92) et d'Engramelle ( Papillons d'Europe, tome 8, p. 134, fig. 594). En 1811 Olivier le nomme La Noctuelle Gamma, mais  décrit les ailes supérieures "marquées au milieu d'une tache argentée ou dorée, ayant la forme d'un lamda grec".

 

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 Catocalinae

 

La Mariée, la Lichenée rouge Catocala nupta  (Linnaeus, 1767)  Red Underwing , Rotes Ordenband.

  Envergure : 65 à 75 mm

  Vole de juillet à octobre

  PHL : saule, peuplier.

Zoonymie :

  • Catocala Schrank, 1802 : du grec kato, "en dessous" et kalo, "beau" , en raison de la beauté des ailes postérieures dissimulées en dessous des ailes antérieures.

  • nupta : du latin qui signifie "mariée". Linné, 1767 : 841, n° 119.

A.M. Emmet fait remarquer que Linné débute une convention consistant à nommer les espèces dont les ailes postérieures sont brillamment colorées de noms féminins et notamment de noms évoquant le mariage ( electa, sponsa, promissa, nymphagoga, pour le genre catocala, mais aussi pronubella (hyponomeute) pronubana ( tortricidae), parthenias (geometridae), dominula ( arctidae), Noctua pronuba et N. comes.) Il se demande si en Suéde en 1767 les mariées portaient des sous-vétements ou jupons rouges.

  • nom vernaculaire :

- La Likenée rouge, Etienne Louis Geoffroy, 1762, Hist. abr. ins. tome 2 p. 150 n° 82 : il se réfère à Réaumur, ins.I, t, 32, fig. 6,7 avec ce commentaire : "la chenille est une arpenteuse à seize pattes qui vient sur le chêne et qui est  de couleur grise cendrée, comme les lichens qui viennent sur l'écorce des arbres, en sorte que lorsqu'elle est arrêtée sur un arbre, on la prend d'abord pour un lichen. C'est ce qui la fait appeller par M. de Réaumur la lichenée ou likenée. "

- La Lichenée rouge, Jacques Louis Engramelle, 1790, Papillons d'Europe tome 7 p. 81 n° 568, qu'il réfère à la sponsa de Linné.

- La Mariée, Jacques Louis  Engramelle, 1790, id., p. 71 n° 565, qu'il réfère à la nupta de Linné

- En 1824, Jean-Baptiste Godart distingue également  :

       - La Noctuelle mariée, n° 150, "catocala nupta ( Ochsen.), la Mariée (Engram.), la Lichenée du saule (vulgairement) ."

       - La Noctuelle  fiancée, n° 155, Noctua sponsa de Linné, Noctuelle Fiancée et Promise d'Olivier dans l' Encyclopèdie méthodique, la Lichenée rouge et la Promise d'Engramelle, Lichenée rouge de Geoffroy.

 

   Aujourd'hui, C. nupta est nommée Lichenée rouge ou Mariée, C. sponsa la Fiancée, C. electa l'Élue, C. promissa la Promise.

 

           Pas d'image, cette Mariée se fait encore espérer.


L' Élue Catocala electa   (Viewieg, 1790)  the Rosy Underwing.

Envergure : 65-80 mm

Vole de juillet à septembre.

PHL : saule, peuplier

Zoonymie :

   • Catocala :cf supra.

   • electa : du latin electus, "choisie" : synonyme de "fiancée".

   • noms vernaculaires :

- L' Accordée, 1790 : Jacques Louis Engramelle, Papillons d' Europe, tome 7 p.

- La Noctuelle choisie, Latreille puis 1811 Olivier, encycl. meth. 8

-  La Noctuelle choisie, 1824 : Jean-Baptiste Godart, Hist. nat. Lépid. Fr. 5 :60 n° 152 : "Le dessus des secondes ailes est d'un rose vif, avec deux bandes noires,semblables à celles qu'on voit dans la mariée mais dont la postèrieure cependant un peu moins sinuée à son coté interne.

 

 


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la Mariée mâle et femelle, Godart                                        Noctuelle Electa et Elocata, Godart

 

 

 

 

L' Ophiuse de l'astragale Lygephila pastinum ( Treitschke, 1826) Black Neck.

Vole de juillet à août.

PHL: astragale, coronille, vesce.

Zoonymie:

 • Lygephila : Billberg 1820.

 • pastinum: le pastinum est un instrument de travail de la terre, une houe, formée d'un fer large et recourbé monté à angle droit sur un manche de bois.

• nom vernaculaire : apparition tardive. Le genre Ophiusa est proposé par Ochsenheimer en 1816 au dépens du genre Noctuelle de Latreille pour rassembler des papillons ayant le dernier article des palpes plus court que le précédent, et couvert d'écailles ; et la cellule discoïdale des ailes postérieures fermée par une nervure en chevron. Dés 1836, des  Nocturnes reçoivent le nom vernaculaire d'Ophiuse de la vesce, Ophiuse rectangulaire dans l' Histoire Naturelle de Godart . En 1844, Duponchel crée une tribu des Ophiusides, avec les genres Ophides, Ophiuse, et Toxocampa dans lequel il cite P. Pastinum et astragali.

   Le terme OPHIUSE désignait chez les auteurs grecs ou latin soit l'ancien nom de Chypre (ou de Cypre, ou de Rhodes), soit diverses îles censées être infestées de serpent (ophis en grec), et notamment l'une des deux Pityuses sur les côtes ibériques, l'île de Colubraria. Ce fut aussi une ville du Pont, ou une désignation de l'Afrique.

 

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Guisseny, 30 août 2011

  

 

    Le M noir, le Mi, Euclidia (callistege) mi  (Clerck, 1759)  the Mother Shipton Moth.

envergure : 25-32 mm

Vole en mai et juin

PHL : trèfle,

Zoonymie :

   • Euclidia Ochsenheimer, 1816: du nom d'Euclide, géomètre grec, en référence aux marques géometriques des ailes.

   • Callistege Hübner, 1823 : le genre auquel appartenait  cette espèce avant de devenir un sous-genre rattaché à Euclidia. Vient du grec kallos, "beau" et stege, "toit", ce que l'on interprète ici comme "aux belles ailes".

   • mi : un latinisme pour la lettre grecque μ, mu, car les naturalistes comme Clerck (et comme Linné en 1767) ont lu la lettre m inscrit dans l'aire dicale de l'aile antérieure. Je vois plus facilement le profil de la vieille sorcière édentée et grimaçante que les anglosaxons ont nommée "mother shipton" du surnom de la Nostradamus anglaise du XVIème siècle, Ursula Sontheil.

   Noms vernaculaires :

- l' M noire , ( au féminin, il s'agit d'une phalène) 1792, Carangeot in Engramelle, Papillons d'Europe tome 8 p. 149 n° 341.

 Carangeot écrit : "le fond des quatre ailes est ou blanc ou jaune. Au nombre des taches noires dont il est coupé, on en remarque une qui figure sur chaque aile, et particuliérement sur les inférieures, une M grecque, d'où Linné a tiré le nom de l'espèce, et selon d'autres, un W. Les lettres sont mieux formées, lorsque les ailes ne sont pas tout à fait développées, parce qu'alors les pointes se trouvent plus rapprochées.

- La Noctuelle Mi, 1811, Guillaume Antoine Olivier, Encyclopédie methodique 8 : 275 n° 109.

- La Noctuelle Mi, 1824, Duponchel in Godart, Hist. Nat. Lépidoptères vol.5 n°146.

- La Mi

 

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  La Doublure jaune Euclidia glyphica ( Linnaeus, 1758)  the Burnet Companion.

 

 Envergure : 25-30 mm

Vole d' avril-mai à fin juillet, de jour.

PHL : trèfles, lotier corniculé.

Zoonymie :

   • Euclidia : Ochsenheimer, 1825 : du nom du géomètre Euclide, "à cause" des figures géomètriques des ailes.

   • glyphica : du grec gluphe, "emblème, devise", à comprendre en fonction de la description que donne Linné de cette espèce : "P. noctua seticornis laevis, alis patibus fuscescentibus maculis hieroglyphis nigris : subtus fascia atra.". Glyphica, c'est celle qui porte des taches hieroglyphiques noires que dévoilent ses ailes grandes ouvertes. ( qui veut corriger ma version ?).

   • nom vernaculaire :

- La Doublure jaune , 1762, Etienne Louis Geoffroy, Hist. abr. ins. 2 p. 136 n°55.

- La Doublure jaune, 1792, Jacques Louis Engramelle, Papillons d'Europe, volume 8 p. 151 n° 604 : Carangeot écrit : (par dessous), "le fond des quatre ailes est jaune, ce qui a fait nommer l'espèce par Geoffroy la Doublure jaune".

- La Noctuelle glyphique, 1811,Guillaume Antoine Olivier, Enc. Meth. tome 8  p. 272 n° 106.

- La Noctuelle glyphique, 1824, Duponchel in Godart, Hist. Nat. Lépidoptères vol. 5 p. 96.

the Burnet Companion : le compagnon des Ecailles, car cette espèce est souvent observée en compagnie de ces arctiidés.

 

 

 

 

 

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  Suite : Origine des noms de mes papillons de nuit III : les Géomètres.

 

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Published by jean-yves cordier
3 octobre 2011 1 03 /10 /octobre /2011 23:00

Date : 9 au 11 juillet puis 15 au 30 août puis septembre-octobre...

Lieu : Crozon / Plouzané.

 

        Papillons de nuit I : origine de leurs noms (Zoonymie)

 

 

J'ai essayé de découvrir l'origine des noms que nous leur donnons en français : à quelle époque ont-ils été donnés, et par qui.

  La plupart de nos papillons portent des noms depuis moins de 200 ans, et ont été baptisés par trois auteurs majeurs, Etienne-Louis Geoffroy en 1762, le R.P. Jacques-Louis Engramelle de 1779 à 1792 et Jean-Baptiste Godart de 1821 à 1842.

  J' ai fait cette recherche sur les papillons que j'ai observés en juillet et en août, parfois en septembre soit à Crozon (29), soit à Plouzané (29), c'est-à-dire au sud et au nord du goulet de Brest.

  

 

Liste des papillons observés  (Hétérocères attirés par la lumière) : Identifications d'amateur, validation par Maël Garrin. 

 

•  Oecophoridae

  - carcininae

                   Carcina querquana 

   - depressariinae

                   Depressaria sp 

• Tortricidae

                    Acleris rhombana 

• Hepialidae

                   Triodia sylvina

• Alucitidae

                    Alucita hexadactyla.

• Pterophoridae

                    Pterophorus pentadactyla

• Sphingidae

   - Macroglossinae

                     Deilephila elpenor.

• Noctuidae.

   - Hypeninae

                     Hypena proboscidalis

   - Acronictinae

                      Moma alpium

                      Craniophora ligustris

                       Atethmia centrago

                       Xanthia togata

                       Tiliacea aurago

    - Amphipyrinae

                      Amphipyrinae pyramidea 

                      Trachea atriplicis

                      Callopistria juventina

   -Noctuinae

                      Ochropleura plecta

                      Xestia c-nigrum

                      Xestia xanthographa

                      Agrotis puta   

                      Noctua pronuba

                      Naenia typica

                      Diarsia rubi

 

   - Cucullinae

                      Dryobotodes eremita

                      Polymixis flavicincta

                      Polymixis lichenea

                      Aporophyla nigra

   - Hadeninae

                      Mythimna albipuncta

                      Mythimna pallens

                      Mythimna l-album

                      Trigonophora flammea

                      Agrochola helvola

                      Omphaloscesis lunosa

                      Dichonia aprilina

                     

   - Plusinae

                       Autographa gamma

   - Catocalinae

                      Lygephila pastinum

                      Catocala nupta

                      Euclidia (callistege) mi

                      Euclidia glyphica

• Geometridae

   - Ennominae

                       Selenia dentaria

                       Abraxas grossularia

                       Lomaspilis marginata

                       Ematurga atomaria

                       Crocallis elinguaria

                       Biston betularia

                       Macaria notata (ou : alternata)

                       Menophra abruptaria

                       Peribatodes rhomboidaria

                      Campaea margaritata 

                      Opisthograptis luteolata

  - Larentiinae :

                       Rheumaptera undulata

                       Euphyia biangulata

                       Epirrhoe galiata

                       Cosmorhoe ocellata

                       Hydriomena furcata

                       Chloroclysta siderata

                       Epirrita sp

    - Sterrhinae :

                        Idaea aversata

                        Idaea rusticata

                        Scopula imitaria

                        Scopula marginepunctata

                        Rhodometra sacraria

 

• Drepanidae

   -Drepaninae:

                       Cilix glaucata

 

• Lymantridae

                      Euproctis chrysorrhea

                       Euproctis similis

                       Lymantria monacha

 

• Lasiocampidae

                       Euthrix potatoria

                       Lasiocampa trifolii

                       Trichiura crataegi

• Arctiidae

   -Lithosiinae

                       Miltochrista miniata

                       Eilema depressa

                       Eilema complana

                       Lithosia quadra

   - Arctiinae

                       Coscinia cibraria

                       Euplagia quadripunctaria

                       Spilosoma lubricipeda

                       Tyria jacobaeae

                       Diacrisia sannio

                       Epicallia villica

• Crambidae

   - Pyraustinae

                       Pyrausta purpuralis

                       Eurrypara hortulata.

                       Udea ferrugalis

• Pyraliadae

   -Pyralinae

                      synaphe punctalis

 

 

                                                                      §§§§§§§§§§§§§§§

 

 

  CARCINIDAE

 

Le Phibalocère des hêtres, l'Oecophore rosée Carcina quercana (Fabricius, 1775)

Envergure : 16-22 mm

Vole de juillet à août

PHL (plante-hôte de la larve) : hêtre, chêne, poirier.

Zoonymie :

   • Carcina  Hübner, 1825 : du grec carcinos, "crabe" ; l'application à ce genre est inexpliquée.

   • quercana : de quercus, le chêne.

   • noms vernaculaires :

- La Tordeuse du chêne, Charles de Villers, Entomologie linnéenne tome II p. 411 n° 714

- La Pyrale rosée, Encyclopèdie Methodique Volume 10 p. 259 n° 20.

- L' Oecophore rosée : Latreille a fondé le genre Oecophore (ou Porte-maison, du grec oicos, maison (cf "économie") et phorein, "porter" ) aux dépens de tinea de Treitschke pour rassembler des espèces aux yeux et aux antennes écartées, à la langue longue enroulée en spirale, aux ailes pendantes longues et étroites garnies d'une large frange, aux palpes maxillaires non visibles et surtout aux palpes inférieures très allongés, au moins une fois plus longs que la tête, formés de trois articles dont le dernier est presque nu, recourbés en crochet par dessus la tête en manière de cornes, allant en pointe, et atteignant même le dos du thorax. La couleur de leurs ailes est souvent métallique.

- Le Phibalocère du hêtre, 1834, Duponchel in Godart, Histoire naturelle des Lépidoptères volume 9 p. 466 n° 1305.

 Duponchel traduit le zoonyme Phibalocera fagana de Stephens.

  Le nom phibalocère vient du grec philabos, "mince" et keros, "cornes", antennes, pour souligner le caractère long et mince des antennes, "d' égale grosseur de la base à la pointe" (Duponchel). Le terme "fagana" désigne le hêtre, en tant que plante hôte.

  Duponchel donne cette description des ailes : "Les premières ailes sont en dessus d'un jaune-aurore [orange] nuancé de pourpre ou de férrugineux, surtout sur les bords, avec la frange jaune...".

 

Plouzané, 27 septembre 2011 

carcina-quercana 1918cc

 

 

 

Depressariinae

 

 L' Hémilide du panais Depressaria radiella  (Goeze, 1783) / Depressaria heraclei  (Retzius, 1783)  Parsnip Moth.

  Envergure : 23-28 mm

Vole en août et septembre, puis hiverne dans un endroit abrité et vole à nouveau en mai.

PHL : Heracleum sphondylium ( Berce sphondyle), Pastinaca sativa ( le panais, the parsnip), Apium nodifolium ( faux cresson des fontaines).

Zoonymie :

   • Depressaria, A.H.  Haworth, 1811, Lepidoptera Britannica : du latin depressus, "déprimé au sens d'aplati", nom justifié d'une part en raison de l'abdomen aplati, Haworth étant à l'origine du nom vernaculaire anglo-saxon "flat-body", "corps plat" ; et d'autre part pour la façon dont les ailes sont maintenues aplaties en position de repos, comme Haworth l'écrit lorsqu'il décrit les espèces nommées D. depressana et D. applana "the wings resting upon the body,  held flat". Etymologie selon A.E. Emmet, The scientific names of the British Lepidoptera, 1991.

   L'espèce type de Haworth pour ce genre est Depressaria radiella sous le nom de Phalaena heraclei.

   • radiella : cet èpithète est celui de la description de Goeze en 1783 sous le protonyme Phalaena  radiella.

On trouve aussi cette espèce sous le nom de depressaria heraclei qui reprend la description de Retzius 1783, mais celle-ci repose sur une confusion avec une description de Linné reconnue actuellement comme étant Agonopteryx heracliana. Voir l'article Wikipédia en anglais. Ce que je retiens surtout, c'est que c'est la description française de P.A.J. Duponchel de 1838 qui a été considérée comme valide pendant le XXème siècle avant que l'ICZN ne découvre l'antériorité de  celle de Goèze. Dnas le livre de A.E. Emmet que je viens de citer, on trouve encore l'espèce décrite comme depressiaria pastinacella, Duponchel, 1838.

   • nom vernaculaire :

   Les sites internet français de lépidoptères ne désignent cette espèce que par son (ses) nom scientifique; alors que les sites étrangers utilisent des noms vernaculaires tels que Parsnip Moth en anglais, ou pasternackplattmal. C'est un comble pour cette espèce décrite par P.A.J. Duponchel en 1838 dans Godart, Hist. Nat. Lépidoptères volume 9 p 155 n° 1524 sous le nom de Hémilide du panais Haemilis pastinacella.

  Le genre Hémilide a été créé par Duponchel qui reprend le genre Haemilis de Treitschke et en indique l'étymologie, qui vient d'un mot grec signifiant "agréable".

 

On trouve aussi la mention du genre Volucra de Latreille, ou Volucrum de Berthold. Volucra est emprunté à Pline, Hist. Nat 17, 265, pour désigner une pyrale ou rouleuse dont la chenille s'enroule dans les feuilles de vigne, avec une confusion signalée par Gessner  puisque Pline utiliserait plutôt Volvox, volvocem, du verbe volvo, "tourner". Volucra est en réalité utilisé par Columelle dans son traité des arbres, chap.15, t. I, p. 55 : Genus est animalis, Volucra appelatur, id fere prarodet teneras adhuc pampinos et uvas, etc... "il existe un animal nommé Volucre, qui ronge presqu'entièrement les tendres pousses de la vigne et du raisin", etc...  En outre, Volucre peut être dérivé de l'adjectif volucer, volucris, "rapide, léger, ailé, passager".

 

Errata : il s'agit pour Maël Garrin d'être plus prudent et de se contenter de :

Depressiana sp : 

  Plouzané, 1er septembre 2011

depressaria-radiella-ou-heraclei 0741cc

 

 

 

 

TORTRICIDAE

 

La Tordeuse méditèrrannéenne de l'oeillet Cacoecimorpha pronubana (Hübner, 1799), the Carnation Tortrix.

 Envergure: 15 à 17 mm mâle, 18-22 mm femelle.

Vole de mai à juin puis d'août à septembre.

PHL (plante-hôte de la chenille) : principalement l'oeillet, mais aussi de nombreux arbres fruitiers (Malus, Prunus, Citrus, Rubus, Olea) et de nombreux légumes (carotte, pomme de terre, tomate ) : cette espèce est nuisible pour les intèrets économiques agricoles et doit faire l'objet d'un dépistage d'éviction ("organisme de quarantaine).

Zoonymie :

  Cacoecimorpha, Obraztov, 1954 : "qui a la forme des Cacoecia" ; le genre Cacoecia ( du grec kakos, "mauvais", et oikia, "la maison", car la chenille fait des ravages sur les cultures domestiques) a été formé par Hübner en 1825. N.S. Obraztov est un spécialiste des Tortricidae paléarctiques, dont l'étude est cruciale tant pour la sylviculture que l'arboriculture fruitière ou l'agriculture.

   • pronubana : qui évoque le Hibou, Noctua pronuba, car tous les deux ont les ailes postérieures jaunes (voir infra, Noctuidae).

   • nom vernaculaire :

-Tordeuse d'Hermine,1834 Duponchel in Godart, Hist. Nat. Lépidoptères p. 102 n° 1141 Tortix hermineana (Dup.)

-Tordeuse de l'oeillet : attesté à partir de 1913 (Journal d'agriculture pratique) par recherche sur moteur de recherche Google Livre.

                                               Errata :


  Après avis de Maël Garrin, il s'agit d'Atricis rhombana: Je laisse en place mon travail de zoonymie sur "cacoecimorpha pronuba", et j'entame celui sur :


Le Téras Rhomboïde Acleris rhombana  ([ Denis & Schiffermüller], 1775)  the Rhomboïd Tortrix, the Fruittree Tortrix.

Envergure : 13-19mm

Vole d'août à octobre

PHL : divers arbres dont l'aubépine

zoonymie :

  • Acleris Hübner, 1825 : du grec akleros. En grec, le kleros, c'est à la fois le tirage au sort d'un héritage, d'un lot, d'une fonction, ou bien le lot lui-même, la fonction (dont la fonction sacerdotale, le mot "clergé" en est issu). Dans l'Odyssée, kleros megaletoros Eurylochoio, c'est le magnanime Euryloque que le sort vient de désigner pour se rendre avec ses hommes chez la magicienne Circé, qui va les transformer en cochons...

   Si donc kleros désigne le lot attribué, le a- privatif va faire d'akleros le terme désignat les lots non attribués, les espèces que Hübner n'a pu placer ailleurs, un genre où il avait rassemblé 9 désherités.

  • rhombana : du latin rhombus, "losange", en raison de la forme du noeud costa de l'aile antérieure (A.E. Emmet, 1991). Le protonyme des auteurs viennois Denis et Schiffermüller est Tortrix rhombana.

   • nom vernaculaire :

-Téras rhomboide, Teras rhombana 1834 : Duponchel in Godart, Hist. Nat. lépidoptères volume 9 p. 174 n° 1179. Duponchel reprend en français le genre Teras de Treitschke.

- Tordeuse rhomboide, Tortrix rhombana 1842, Duponchel in Godart Hist. nat. Lépid. Fr 4ème supplément p. 130, pour une spécimen dont Duponchel déclare qu'il ne s'agit pas d' un Tortrix rhombana, mais d'un Tortrix viburnana femelle.


 Plouzané, 24 septembre 2011

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 HEPIALIDAE

La Sylvine Triodia sylvina (ou Hepialus sylvinus) (Linnaeus, 1761) The Orange Swift.

 

Envergure : 32-48 mm

Vole de juillet à septembre.

PHL (Plante-Hôte de la Larve-chenille) : racines d'herbacées.

Zoonymie:

Triodia Hübner, 1820

• Hepialus

Fabricius, 1775 : du grec hepialos, "fièvre",

• sylvina : équivallent de sylvana: habitant les bois. Attribué par Linné, 12ème édition du Systema Naturae sous le protonyme de Noctua sylvina.

• nom vernaculaire :

- La Sylvine, Jacques Louis Engramelle, 1779, Papillons d'Europe, tome 4, pl 192 n° 249, p. 78 : Engramelle indique qu'il nomme cette espèce selon le nom donné par Linné.

- Hépiale sylvain, Latreille et Godart, 1792, Encyclopédie Méthodique, p. 75.

-Cossus Sylvine, Jean-Baptiste Godart, 1822, Hist. Nat. Lépidoptères vol. 4 : Noctuelles 1, n° 4, p. 78.

C'est, avec la Louvette, l'une des deux représentantes bretonnes de la famille des Hépiales, qui compte 400 espèces mondiales, et 9 espèces en France. Cette famille est considérée comme primitive, présenatnt des traits archaïques comme la brièveté des antennes, l'absence de trompe ou proboscis, l'absence de frein pénien ou frenulum, l'absence de couplage des ailes remplacé par une excroissance de l'aiel antérieure, le jugum, qui vient chevaucher l'aile postérieure en vol. Le dimorphisme sexuel est prononcé, le mâle Sylvine étant plus petit que la femelle mais doté d'ailes antèrieures "plus gaies" (Godart), de couleur jaune-briqueté clair plutôt que brun-rougeâtre.

 

 Plouzané, 31 août 2011 

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 ALUCITIDAE

 

L' Ornéode du chèvrefeuille Alucita hexadactyla ( Linnaeus, 1758) the Many-plumed moth, Twenty-Plums Moth.

 

Envergure : 14-17 mm

Vole toute l'année selon les localisations;

Zoonymie:

• Alucita : du latin alucita (allucita), ae  " moucheron de nuit qui va se brûler à la lumière", vraisemblablement issu de lux, lucis, la lumiére : il existe des insectes lucifuges qui fuient la lumière et d'autres lucipètes (comme la noctuelle Rhyacia lucipeta, dite "la Lucipète" ), qui la recherchent.

• hexadactyla: "six doigts", terme choisi par Linné qui , dans sa description 'alis patentibus fissis : singulis sexpartis'

compte six "plumes" par aile : soit au total 24 plumes  visibles ou cachés.

   • noms vernaculaires:

- Le Ptérophore en éventail, 1762 Etienne Louis Geoffroy, Hist. abr. ins. 2 : 92 n°3.

- L' Hexadaxctyle, 1789, Charles de Villers, entomologie linnéenne 2 :534 n°1090

- Ornéode  : du grec ornis, "oiseau" et eidos, "forme" : à forme d'oiseau, en raison des ailes dotées de "plumes". Ce nom a été formé en 1802 par Pierre André Latreille (Hist. gen. crust. et ins. tome 14 : 258).

- Ornéode hexadactyle, Lamarck, Hist animaux sans vertèbres.

- L'Ornéode hexadactyle, 1838 Duponchel in Godart Hist. nat. Lépidoptères p. 683 n° 1760

• Ornéode du Chèvrefeuille : Le Lonicera est la plante-hôte de ce papillon. Selon Duponchel (op. cité), "sa chenille, nue, transparente, couleur de chair, s'introduit dans le calice de al fleur dont elle dévore les parties encore vertes ; et lorsqu'elle a épuisé cette nourriture, elleva se loger dans une autre fleur qu'elle ronge de la même manière". 

 

 

 

 

  Crozon 14 juillet 2011 / Plouzané, 12 août 2011

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  PTEROPHORIDAE

Le Pterophore blanc Pterophorus pentadacryla  (Linnaeus, 1758)  , the White Plume Moth.

Envergure : 28-35 mm

Vole de mai à août.

PHL : liserons, convolvulus arvensis.

Zoonymie :

   • Pterophorus Geoffroy, 1762, du  grec pteron, "aile", et phoreo, "porter" . Saluons ce nom de genre qui est le seul de la taxonomie à honorer Etienne Louis Geoffroy. Celui-ci  a pu être influencé par l'épithète pterodactyla créé par Linné un an auparavant. Comme Geoffroy avait utilisé ce nom de genre sans l'associer à un nom d'espèce, c'est Schäffer (1766) qui se vit reconnu comme auteur pendant un temps.

   Geoffroy décrit le Pterophore blanc, le Ptérophore brun, le Ptérophore en éventail, "le plus charmant de tous".

   • pentadactyla, du grec pente, "cinq", et dactulos, "doigt". Parmi les pterophoridés, Emmet (1991) a compté 29 espèces dont le nom se termine par -dactyla ou -dactylus, pour désigner les lobes qui divisent les ailes de cette famille. Il ajoute que P. pentadactyla est la seule espèce où Linné ne s'est pas trompé dans le compte des lobes.

   Linné a décrit sept groupes de papillons de nuit ou Phalenae : Bombyces, Noctuae,Geometrae, Tortrices, Pyralides, Tineae, et Alucitae.  Ces derniers sont définis comme "alis digitatis fissis ad basa" , aux ailes divisés en digitation à partir de la base, et c'est dans ce groupe que Linné classa Phalenae. Alucita pentadactyla n° 304 à la page 542 du Systema Naturae avec la description " alis patentibus fissis quinquepartitis niveis : digito quinto distincto.".

   • nom vernaculaire :

- Le pterophore blanc (sans majuscule ni accent)1762, Etienne Louis Geoffroy, Hist. abr. ins. 2, p. 91 n° 1.

- Le Pentadactyle, 1789,Charles de Villers, entomologie linnéenne, tome II p. 533 n° 1089.

- Le Ptérophore pentadactyle, Duponchel in Godart, Hist. nat. Lépidoptères volume 8 p. 676 n° 1763

- on le surnomme, selon l'article Wikipédia, "le petit ange de nuit".

 

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   SPHINGIDAE

   Le nom de Sphinx, créé par Linné, est tiré, selon Engramelle (Papillons d'Europe, tome 3, p. 1, 1782), "de l'attitude que prennent leurs chenilles lorsqu'elles sont dans l'inaction. Elles élèvent en l'air la partie antérieure de leur corps, tandis que la partie postérieure reste appliquée sur une branche, ce qui leur donne quelque ressemblance avec l'animal fabuleux des Égyptiens, connu sous le nom de Sphinx".

 

  Macroglossinae

    

Le Grand sphinx de la vigne, le Grand pourceau Deilephila elpenor  (Linnaeus, 1758) the Elephant Hawk-moth.

Envergure : 45-60 mm

Vole de mai à juillet au crépuscule et en début de nuit.

Plante-hôte : l'épilobe, mais aussi le gaillet, le trèfle d'eau, l'onagre, le fuschia...et la vigne accessoirement.

Zoonymie :

- Deilephila : du grec deile, le soir, et phileo, aimer : pour la préférence crépusculaire de ce papillon.

- Elpenor : l'un des compagnons d'Ulysse, qui fut transformé en porc par la magicienne Circé. On pourrait penser que cette référence au cochon, ainsi que le nom vernaculaire de Pourceau  se justifient par la couleur rose-jambon du papillon, mais c'est la forme de la chenille, à la grosse tête succédant au thorax étroit, qui suscite la comparaison avec le groin porcin, alors que les anglais trouve plutôt à cette tête de chenille des allures de trompe d'éléphant.

- nom vernaculaire :

  - Le Sphinx de la vigne :  Etienne Louis Geoffroy 1767, Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris, Tome II, p. 86, n° 10. C'est Geoffroy le créateur de ce zoonyme qui sera repris par les successeurs. Il écrit : " Ce beau sphinx vient d'une chenille de la vigne appelée la cochonne. Elle est rare, noire, veloutée et a une corne sur le onzième anneau. Le devant de son corps est gros et comme renflé, et la tête imite le groin d'un cochon."

 - Papillon-bourdon grand pourceau, Charles de Geer, 1771, Mémoires pour servir à l'histoire des insectes, tome II (1), p. 236. De Geer apparaît comme le créateur de ce zoonyme.

  - Le sphinx de la vigne : Jacques Louis Engramelle, 1782, Papillons d' Europe peints d'après nature, volume 3, p. 99, pl. CXII, n° 160. Il précise : " La chenille qui produit ce sphinx vit effectivement sur la vigne comme l'indique le nom de ce sphinx. Mais ce n'est pas sa seule nourriture."

   -Le Sphinx de la vigne : Jean-Baptiste Godart, 1822  Histoire Naturelle des Lépidoptères ou papillons de France, volume 3 Crépusculaires, p. 46, n°10.

   - Le Sphinx de la vigne, Hippolyte Lucas 1834, Histoire Naturelle des Lépidoptères d'Europe, p. 111.

   - Charles d' Orbigny, 1848, Dict. Univ. d'Hist. Nat; p. 736 : " Le D. elpenor, connu sous le nom vulgaire de Grand Pourceau à cause de la forme et de l'aspect de sa chenille. Il est plus connu encore cependant sous le nom de Spinx de la vigne."

  

 

  Crozon 10 juillet 2011

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  • jean-yves cordier
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)

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