Les vitraux de l'église St Thurien
à Plogonnec,
III : La Transfiguration.
Dans l'église de Plogonnec, ce vitrail du XVIème siècle trouve placé dans une baie (Baie 1) située à droite du choeur, au nord, au dessus de l'autel d'une chapelle dédiée au XVIIème siècle à Notre-Dame, puis au XVIIIème siècle à Saint-Sébastien, et alors entouré des statues de St Sébastien et de St Roch, puis au XIX et XXème, toujours à saint-Sébastien mais avec des statues de Ste Catherine et de Ste Monique. (R. Barrié, 1983).
Il est daté de 1520 par le Corpus Vitrearum, et il est certain qu'il provient, comme les autre verriéres de Plogonnec, de l'atelier principal de Quimper, donc quasi-certainement de l'atelier des Le Sodec, qui réalisait à la même époque les vitraux de la nef de la cathédrale de Quimper, l'arbre de Jessé de Kerfeuteun et dont on reconnait les cartons et ornements employés à Ergué-Gaberic, à Penmarc'h, ou à Saint-Conogan de Lanvenegen (56), dans le vitrail de la Transfiguration de Sainte-Barbe au Faouët. Récemment, le maître-verrier quimpérois Jean-Pierre Le Bihan a dressé une synthèse des oeuvres attribuables à cet atelier et des arguments de cette attribution :http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/400-categorie-796391.html Personne sans-doute n'a plus de compètence pour le faire.
Il est composé de trois lancettes de cinq panneaux fixés par quatre barlotières, alors que le remplage du tympan délimite un oculus central de deux mouchettes.
Je le décrirai de bas en haut et de gauche à droite, intitulant les lancettes respectivement A, B, C, et numérotant les étages verticaux de 1 à 5.
Sa couleur dominante est le rouge, qui est aussi la couleur du ciel, alternant avec le blanc des architectures.
A première vue, il semble superposer deux thèmes iconographiques différents : en bas, deux statues de saintes, en pied, entourant une Vierge à l'enfant, sans rapport apparent avec la partie supérieure qui représente la Transfiguration, et le Christ au sommet d'une montagne. Mais la cohérence se trouve dans une lecture théologique inspirée des Carmes où la Vierge et deux figures mariales, deux épouses mystiques du Christ, Marie-Madeleine et Catherine d'Alexandrie, guident le fidèle dans son ascension vers la métamorphose de la conversion.
I. Registre inférieur :
Il semble indépendant des registres sus-jacents en présentant deux saintes, debout, encadrant une Vierge à l'enfant.
1) Panneaux A1 et A2 : Sainte Marie-Madeleine :
Marie-Madeleine est, dans l'église catholique, La grande figure de la Pénitente, la courtisane repentie qui a abandonné le luxe et la débauche pour l'ascése : sa place dans ce vitrail peut se situer dans le grand courant pénitentiel qui suit les épidémies.
On considère que c'est elle dont parle l'évangile de Luc, 7, 37-38 :
Et voici, une femme pécheresse qui se trouvait dans la ville, ayant su qu’il était à table dans la maison du pharisien, apporta un vase d’albâtre plein de parfum, et se tint derrière, aux pieds de Jésus. Elle pleurait ; et bientôt elle lui mouilla les pieds de ses larmes, puis les essuya avec ses cheveux, les baisa, et les oignit de parfum.
C'est la raison pour laquelle on la représente avec un flacon de parfum, et de très longs cheveux déliés.
Plus loin Luc,(8, 2) mentionne une autre femme :
Les douze étaient avec lui et quelques femmes qui avaient été guéries d’esprits malins et de maladies : Marie, dite de Magdala, de laquelle étaient sortis sept démons,
Et on considère qu'il s'agit de la même pécheresse. Et c'est encore elle, Marie magdalennéenne ou Madeleine, qui est au pied de la Croix avec Marie et Jean : Matthieu, 27, 55-56 . Cela en fait une disciple privilégièe, qui serait "la préférée de Jésus" pour reprendre le qualificatif qu'on attribue à Jean.
Il y avait là plusieurs femmes qui regardaient de loin ; qui avaient accompagné Jésus depuis la Galilée, pour le servir.Parmi elles étaient Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée.
C'est aussi elle, forcément, elle qui est experte en parfum, qui se prépare à aller embaumer le corps de Jésus lors de la mise au tombeau : Luc, 23, 55-56 et 24, 1-2.
Les femmes qui étaient venues de la Galilée avec Jésus accompagnèrent Joseph, virent le sépulcre et la manière dont le corps de Jésus y fut déposé. et, s’en étant retournées, elles préparèrent des aromates et des parfums. Puis elles se reposèrent le jour du sabbat, selon la loi.
Le premier jour de la semaine, elles se rendirent au sépulcre de grand matin, portant les aromates qu’elles avaient préparés. Elles trouvèrent que la pierre avait été roulée de devant le sépulcre.
Matthieu 28,1-4 :
Après le sabbat, à l’aube du premier jour de la semaine, Marie de Magdala et l’autre Marie allèrent voir le sépulcre.Et voici, il y eut un grand tremblement de terre ; car un ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre, et s’assit dessus.Son aspect était comme l’éclair, et son vêtement blanc comme la neige.Les gardes tremblèrent de peur, et devinrent comme morts.
Enfin, c'est elle qui découvre le tombeau vide, et qui annonce la ressurection à Pierre, et c'est surtout elle qui rencontre le Christ habillé en jardinier, c'est elle qui l'appelle du doux diminutif tendre de Rabbouni, elle à qui s' adresse la phrase fameuse : Noli me tangere.
Cependant Marie se tenait dehors près du sépulcre, et pleurait. Comme elle pleurait, elle se baissa pour regarder dans le sépulcre ; et elle vit deux anges vêtus de blanc, assis à la place où avait été couché le corps de Jésus, l’un à la tête, l’autre aux pieds.Ils lui dirent : Femme, pourquoi pleures-tu ? Elle leur répondit : Parce qu’ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l’ont mis. En disant cela, elle se retourna, et elle vit Jésus debout ; mais elle ne savait pas que c’était Jésus.
Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Elle, pensant que c’était le jardinier, lui dit : Seigneur, si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et je le prendrai. Jésus lui dit : Marie ! Elle se retourna, et lui dit en hébreu : Rabbouni ! c’est-à-dire, Maître ! Jésus lui dit : Ne me touche pas ; car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu.
Non contente de tenir de tenir tous ces rôles de Prima donna, elle s'est fait attribuer aussi par la tradition celui de Marie de Bethanie, la soeur de Lazare et de Marthe, celle qui reste assise aux pieds de Jésus pour l'écouter alors que sa soeur s'agite pour recevoir son hôte, s'irritant que rien ne soit prêt, qu'il manque un verre à pied, que la nappe n'est pas propre et que Marie aurait au moins pu s'occuper de mettre le bouquet de fleur apporté par son "rabbouni" dans un vase.
En tout cas, la pécheresse de Luc 7, 37 et Marie de Bethanie partagent le goût des parfums : Jean 12, 1-3
Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie, où était Lazare que Jésus avait ressuscité d'entre les morts. On lui fit là un repas. Marthe servait. Lazare était l'un des convives. Alors Marie, prenant une livre d'un parfum de nard pur, de grand prix, oignit les pieds de Jèsus et les essuya avec ses cheveux ; et la maison s'emplit de la senteur du parfum.
On entend Marthe qui maugrée. Un flacon qui valait trois cents deniers !
C'est Grégoire le Grand, le pape, qui fit jouer son infaillibilité pour décréter que ces trois femmes n'en faisait qu'une. Mais comme c'était encore un peu court, au XIIème siècle, Jacques de Voragine lui écrivit dans sa Légende dorée un petit script final : après la Passion, elle est persécutée comme chrétienne et s'embarque avec Marthe, Lazare, Marie Salomé, Marie Jacobé et Joseph d'Arimatie qui emporte le Saint Graal sur une nef qui finit par s'échouer à Marseille. Pendant que les autres mènent leur carrière, elle grimpe en haut du massif de la Sainte Baume dans un ermitage où elle vit pendant trente ans (tranquille sans sa soeur Marie) dans un ermitage, comme une sauvage, ses cheveux lui faisant comme une peau de bête, méditant sur les vanités de ce bas monde, contemplant à l'aide d'une bougie un vieux crâne pour servir de speculum poenitentiae, d'exemple de pénitence à tous les prédicateurs qui, le 22 juillet, chercheront à convaincre leurs contemporains du Moyen-Âge des illusions de la luxure. Les voutes romanes, les ogives gothiques retentissent encore du latin de leur prêche :
"Nos ergo, nos illa mullier expressit, si toto corde ad Dominum post peccata redeamus, si ejus poenitentia luctus imitemur" , "Qui est cette femme si ce n'est nous mêmes, nous si après que nous ayons pêché nous nous précipitons de tout notre coeur vers Dieu et que nous imitons l'affliction de ses pénitences". (Grégoire le Grand, Homélie XXXIII citée par Élisabeth Pinto-Mathieu, Marie-Madeleine dans la littérature du Moyen-Âge).
Sainte Marie-Madeleine devint ainsi une des saintes les plus invoquées et la dévotion à cette seconde Marie se rapprocha de celle à la Vierge, en devenant par sa nature peccamineuse rachetée par la pénitence une figure intermédiaire et d'intercession entre le fidèle et l' Immaculée.
Sainte patronne des filles perdues (on crée dans les villes des Madeleines pour le relèvement des filles perdues), des apothicaires (à cause des aromates), elle fut surtout, en raison de son lien avec Lazare ressuscité des morts, et de sa présence lors de la Mise au tombeau, la patronne des hôpitaux et des Hôtel-Dieu, des maladreries et des lazarets, de tous les villages où les lépreux étaient consignés et mis au ban de la société.
Ce long préambule me permet d'étudier la Madeleine représentée à Plogonnec, pour voir tout-de-suite que ce n'est pas l'ermite sauvageonne qui y est montrée, ni la courtisane suggestive au luxe ostentatoire, ni l'allégorie de la pécheresse repentie, mais une Sainte Femme, sagement vêtue, que seul le flacon de parfum qu'elle tend, ouvert, vers sa gauche permet d'identifier. Elle se rapproche en cela de la Sainte Marie-Madeleine qui intercédait au profit de Marie de Tromelin dans le vitrail de Saint-Sébastien. Elle est aussi conforme à l'iconographie régionale de Marie-Madeleine, car Roger Barrié assure qu'en Bretagne où son culte s'étend du XIIème au XVIIème siècle, on ne trouve que des représentations de la dévote parfumeuse du Christ, la femme sobrement élégante, dévouée, affligée, celle du matin de Pâques : l'amoureuse qui détourne la douleur du deuil en une douce sollicitude envers le corps défait de son Maître. C'est en effet cette figure que je retrouve, par exemple, dans le rétable de la descente de croix de Pencran, ou dans la Mise au tombeau du Penity de Locronan, de la cathédrale Saint Corentin de Qumper ou de l'église de Lampaul Guimiliau:
En comparaison, l'iconographie de Sainte Madeleine à la pinacothèque de Sienne : femme sauvage et cheveux longs :
Description du vitrail.
Ses cheveux blonds sont coiffés d'un voile blanc qui descend sur ses épaules avant d'être noué sous le cou. Quelque mèches s'échappent dans le dos. Marie-Madeleine est vêtue d'une robe de coupe simple, au tissu bleu décoré de carrés centrés par des ronds en motif répétitif. Néanmoins, cette robe n'est pas si simple puisqu'elle s'arrête au dessus du coude, pour se prolonger par des manchettes du même tissu qui libèrent de grandes manches pendantes blanches. La chemise blanche apparaît au coude. La robe descend jusqu'aux pieds, qu'elle dissimule. Un grand manteau blanc brodé de quatre-feuilles d'or est fermé, au col, par une broche ronde centré par un cabochon bleu, et est cintrée par une ceinture lie-de-vin fermée par un noeud de passementerie. Le manteau, au lieu d'être fixé par une fibule pour ne pas embarrasser la jambe lors du passage du pas, se relève en un large pli qui retombe sur l'avant-bras droit.
Le galon du manteau est couvert d'inscriptions :
VITADVRCEDOEXPESITOOSTRASALE...
VI...DEPS...ES...RENOSTERVNS, (avec le dernier N rétrograde) SALVE. REGINA. MISERICORD/EVIT.
SVOVOLISISAMEN NOVELVOESATERASOS...VO
SVOTRAVELCAVLIAO
NOEVOSEROMOSVO
OEV...SERO...
SVOVOROBINSOVO...VOBISNISORO
ORA PRONOBIS.AMEN
SALVEREGIN : MISERICORDIAVITADVRCED
J'ai souligné les seuls éléments déchiffrables qui sont l'Ora pro nobis. Amen (priez pour nous) et les deux occurrences du Salve Regina : Salve, Regina, mater misericordiae. Vita, dulcedo et spes nostra, salve, avec la forme durced fautive pour dulced(o), que l'on retrouve sous une forme dégradée dans le fragment initial Vitadurcedoexpesitoostrasale .
Derrière l'auréole, en bandeau supérieur de la lourde tenture rouge à frange d'or de l'arrière-plan, une bande jaune doublement ourlée porte une inscription en lettres latines :
- du coté droit : SALVE REGI avec les lettres LV conjointes et minuscules et la lettre G en onciale. C'est bien-sûr, le début de l'antienne du Salve Regina.
- du coté gauche : LONREANS qui serait selon Roger Barrié la signature du maître-verrier Laurent Le Sodec.
Marie-Madeleine illuminatrice :
- On comprend mieux que le concepteur de ce vitrail ait placé, sous la représentation d'une Transfiguration montrant le corps du Christ irradié de lumière, cette Marie-Madeleine si on connaît les commentaires du dominicain Raban Maur dans son Bréviaire de Provence :
"Marie signifie mer amère, ou illuminatrice, ou illuminée. Ces trois significations font comprendre les trois excellentes parts qu’elle a choisies, savoir : la part de la pénitence, de la contemplation intérieure et de la gloire céleste. C’est de ces trois parts que le Seigneur a dit : «Marie a choisi une excellente part qui ne lui sera pas enlevée. » La première part ne lui sera pas enlevée à cause de la fin qu’elle se proposait d’acquérir, la béatitude ; ni la seconde à cause de la continuité, parce que la contemplation de la vie est continuée par la contemplation de la patrie : ni la troisième en raison de son éternité. En tant donc qu’elle a choisi l’excellente part de pénitence, elle est appelée mer amère, parce qu’elle y eut beaucoup d'amertumes : ce qui est clair par l’abondance des larmes qu’elle répandit et avec lesquelles elle lava les pieds du Seigneur. En tant qu’elle a choisi l’excellente part de la gloire céleste, elle reçoit le nom d’illuminatrice, parce qu’elle y a reçu avec avidité ce qu’elle a dans la suite rendu avec abondance : elle y a reçu la lumière avec laquelle elle a plus tard éclairé les autres. En tant qu’elle a choisi l’excellente part de la gloire céleste, elle est nommée illuminée, parce qu’elle est maintenant illuminée dans son esprit par la lumière de la parfaite connaissance, et que, dans son corps, elle sera illuminée de clarté. Madeleine veut dire restant coupable (manens rea) ou bien encore munie, invaincue, magnifique, qualités qui indiquent ce qu’elle fut avant, pendant, et après sa conversion.Avant sa conversion en. effet, elle restait coupable et engagée a la damnation éternelle ; pendant sa conversion, elle était munie et invaincue, parce qu’elle était armée de pénitence ; elle se munit donc excellemment de toutes les armes de la pénitence ; car autant elle a eu de délectation, autant elle en a fait l’objet de ses holocaustes. Après sa conversion elle fut magnifique par la surabondance de grâces, car où avait abondé le péché, là a surabondé la grâce."
- Il existe une autre raison pour associer Marie-Madeleine à une Transfiguration, car c'est elle, au matin de Pâques, qui a vu le corps ressuscité de Jésus, corps métamorphosé dont la transfiguration était la manifestation anticipée.
2) Panneaux B1 et B2 : Vierge à l'enfant :
La Vierge est couronnée d'or, elle porte autour de la tête un voile noué se divisant en deux pointes sur la poitrine, une robe mauve, et un grand manteau bleu ciel au beau drapé. Elle présente à l'enfant un fruit épluché peu identifiable, à la peau couleur d'agrume et à la pulpe recouverte d'une pellicule blanche comme une orange. L'Enfant Jésus qui tient le même fruit non épluché de la main gauche, tend la main droite en un geste charmant. Il est vêtu d'une robe verte fermée par un bouton de col, et d'une chemise bleu-clair.
La robe possède des détails intéressants, en particulier la forme du revers et de l'évasement de la manche, mais aussi une fente dotée d'une tirette (au dessus du fruit), et un rectangle surpiqué comme une sorte de poche, sous la main droite.
3) Panneaux C1 et C2 : Sainte Catherine :
a) le thème :
Que vient faire Sainte Catherine dans un vitrail sur la Transfiguration ?
Rappelons d'abord qui est Sainte Catherine d'Alexandrie : Née vers 290 à Alexandrie en Egypte, elle est la fille d'un noble seigneur, Constus. La jeune et belle aristocrate était une chrétienne lettrée qui rentra en conflit avec l'empereur romain Maxence, ou Maximien qui s'était rendu à Alexandrie pour une fête païenne. Ses arguments contre le culte des idoles étaient si solidement construits que Maxence fit rassembler 50 philosophes pour lui répondre, mais ce fut Catherine qui les convertit à ses idées. L'empereur les condamna au bûcher, et condamna la jolie jeune fille...à l'épouser. Elle expliqua que cela lui était totalement impossible car, une nuit de prière, elle avait vu le Christ lui remettre un anneau d'or : c'est le fameux Mariage Mystique. Face à ce refus, Maxence la fit emprisonner et décida qu'elle serait suppliciée par quatre roues armées de pointes et de lances acérées. A son grand dam, les roues se brisèrent sur le corps de la vierge bouquineuse, projetant violemment leurs fragments sur les romains, et tuant 4000 soldats.
Dépité, il la fit décapiter, mais son corps fut transporté par des anges sur le Mont Sainte Catherine, proche du Mont Sinaï. Cinq cent ans plus tard, des moines, découvrant le corps d'une très belle femme, identifient la sainte et emmènent les reliques en un sarcophage d'or dans leur monastère du Mont Sinaï, au pied du Mont-Moïse. On y voit encore sa tête et sa main gauche. Le culte de sainte Catherine se répandit au Moyen-Âge après les croisades dans toute la France, et on trouve sa statue dans presque chaque église ou chapelle bretonne.
Or, il faut savoir que ce monastère Sainte-Catherine, haut-lieu de la chrétienté, classé Patrimoine Mondial par l'UNESCO, riche d'une bibliothèque qui est la seconde après le Vatican pour la richesse des 3000 manuscrits et 5000 livres, est aussi connu sous le nom de Monastère de la Transfiguration.
b) étude du vitrail :
La figure de Sainte Catherine répond à celle de Marie-Madeleine, et elle est placée comme elle dans une niche architecturée au fond tendu d'une étoffe damassée rouge frangée dont le bandeau d'or porte une inscription en lettres capitales. Roger Barrié y lit "SALVEGRA" et "AVEGRA", "mélange des invocations initiales du Salve Regina et de l'Ave Maria"; je lis S..AVE GRA [TIA PLENA] AVE GRA. Au dessus de ce bandeau rayonnent les portions de cercles semi-concentriques de l'auréole, des motifs à godrons et de l'arc bilobé centré par une clef de voûte à feuille d'acanthe.
La tête a été restaurée.
La Sainte est figurée avec ses trois attributs, l'épée de son sacrifice, le livre symbolisant l'étendue de sa science, et la roue brisée de son supplice. Celle-ci est ornée de pièces blanches, comme des dents, ou des olifants, dont j'ignore le sens. Catherine porte une couronne qui retient de longs cheveux blonds. La phalange du pouce gauche est barré d'un trait sombre, probable artefact où je me plais à voir la bague mystique. Elle est vêtue d'une robe verte recouverte d'un surcot blanc brodé d'or, fermé par un cabochon au motif quadrilobe, et doublé d'hermine à son revers. Cette étoffe se retrouve dans une pièce qui part du col, comme un collaro, recouvre la poitrine et se divise en languettes latèrales dont on devine qu'elle se rejoignent dans le dos.
Ces vêtements blancs et or décorés de motifs quadrillés et de fleurettes peintes au pochoir servent, sur leur bordure, de support à des fragments d'inscriptions ou de successions de lettres de déchiffrement difficile, où je ne reconnais que le mot REGIN et le mot AVE parmi des NRASOR, des OENOR et autres NABAH.
Le pan inférieur de la robe porte en lettres capitales AVEGRACIAPLENDO/ NSTE/OMBENES où se reconnaissent les fragments de l'Ave Maria : Ave Maria, gratia plena, Dominus tecum, benedicta tu in mulieribus. ou, selon une formule francisée Ave Maria, gracia plena, Dom(i)n(u)s tecom bene(dicta...). Voir le panneau A4 pour la transformation du U en O.
Enfin Sainte Catherine est chaussée de rouge, ce qui me fait aussitôt surgir le souvenir de la réplique du Duc de Guermantes : "Oriane, qu’est-ce que vous alliez faire, malheureuse. Vous avez gardé vos souliers noirs! Avec une toilette rouge! Remontez vite mettre vos souliers rouges, ou bien, dit-il au valet de pied, dites tout de suite à la femme de chambre de Mme la duchesse de descendre des souliers rouges." ( Marcel Proust, A la Recherche du temps perdu, Du coté de Guermantes) Cela n'a rien à voir avec ce vitrail, mais on a les effets (Marie) Madeleine qu'on peut.
II Registre médian: les apôtres.
Le thème de la Transfiguration :
Or il advint, huit jours après ces discours, que Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il monta à la montagne pour prier ; et pendant qu’il priait, l’aspect de son visage changea et son vêtement et son vêtement prit une couleur étincelante ; et voici, deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie : ils étaient apparus dans la gloire et parlait de son exode, qui devait avoir lieu à Jérusalem. Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil, mais, restant éveillés, ils virent sa gloire et les deux hommes se tenant avec lui.
Or il advint, comme ils se séparaient de lui, que Pierre dit à Jésus : " Maître, c’est bien pour nous d’être ici : faisons trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. " Il ne savait plus ce qu’il disait. Comme il parlait ainsi, survint une nuée qui les enveloppa dans son ombre : or ils furent saisi de crainte quand ils pénétrèrent sous la nuée. Et une voix vint de la nuée, disant : " Celui-ci est mon Fils, mon Élu, écoutez-le ! " Et au moment où la voix retentit, Jésus se trouvait seul. Et ils gardèrent le silence : ils ne racontèrent à personne en ces jours-là de ce qu’ils avaient vu. (Luc 9, 28-36)
Le théme iconographique de la Transfiguration est l'illustration de ce passage des évangiles synoptiques. Matthieu 17, 1-9 ou Marc 9, 2-9 ou Luc 9, 28-36, et cette illustration est difficile car elle doit paradoxalement faire voir un effet de lumière aveuglant à travers la métamorphose (le grec metamorphosis est le terme des évangiles que nous traduisons par "transfiguration"), le changement d'apparence corporelle de Jésus qui révèle ainsi aux happy few de ses disciples sa nature divine. L'épisode a lieu après la multiplication des pains, pendant le fête des Tentes, sur le Mont Thabor, prés du lac de Tibériade, et de Nazareth.
La fête de la Transfiguration, le 6 août, a été inscrite au calendrier liturgique par Calixte III, pour célébrer la victoire à Belgrade de sa croisade contre les Turcs., comme si cette apparition au sommet, illuminée de gloire, témoignait de l'avénement annoncé de la Chrétienté sur les Gentils, préfiguration de la Parousie, ou second retour glorieux du Christ.
Une influence des Carmélites à Plogonnec ?
Roger Barrié montre dans sa thèse que ce sont les Carmes qui se chargèrent de promouvoir cette fête, qui faisait apparaître le fondateur mythique de leur Ordre.Et il pense que ce sont les Carmes de Pont-L'Abbé qui ont été les inspirateurs des vitraux de Plogonnec : au centre, la Passion, encadrée par le Jugement dernier et par la Transfiguration comme signe de la Parousie.
Puisque ce vitrail associe deux thèmes, celui de l'illumination et celui de l'élevation et de la montagne, puisque nous avons vu Marie-Madeleine associée à l'éremitisme au sommet de la montagne Sainte Baume en Provence, et Sainte Catherine associée à la translation miraculeuse de son corps sur le Mont Sinaï, renouant avec l'image de Moïse et du Buisson Ardent, autre vignette biblique liée à la montagne, ou de Moïse recevant les Tables de la Loi au Sinaï, puisque mous avons mentionné le Mont Thabor, lieu de la Transfiguration, il nous faut parler du Mont Carmel : car c'est dans les grottes de cette montagne que l'ordre du Carmel est né, avec la règle donnée par Albert Avogadro Patriarche de Jérusalem en 1209, et surtout parce que c'est là que le prophète Elie a vécu, selon la tradition, et qu'il y a fait des miracles. Après l'extension de l'empire Ottoman, les moines sont venus en Occident, ont abandonné leur statut d'anachorètes pour devenir des prédicateurs, des confesseurs, des théologiens au sein des Universités, dont le point commun est le rôle central donné à l'oraison.
En Bretagne, Françoise d'Amboise, Duchesse de Bretagne de 1450 à 1457 jusqu'au déces de son mari Pierre II, fonde en 1463 avec Jean Soreth, frère du couvent de Caen et prieur général des Carmes, le premier monastère de Carmélites en France au Bondon à Vannes ; puis la communauté s'installe à Nantes au Monastère des Couëts. Elle fonde aussi le couvent de Nazareth à Vannes, la fondation du saint Sépulcre à Rennes et de Béthléem à Ploermel. Si les Carmes (hommes) ont une vocation apostolique, les Carmélites (femmes) se vouent à une vie contemplative, silencieuse et en cloture, travaillant, en Bretagne par exemple, à la confection des hosties (Carmel de Morlaix) ou à la réalisation des prècieuses bannières paroissiales.
La rèforme de sainte-Thérèse d'Avila et de Jean de la Croix, qui aboutira à la fondation des Carmes déchaussés, survient après la réalisation du vitrail de Plogonnec, au milieu du XVIème siècle, et ne nous concerne pas.
En 1383 est fondée l'église Notre-dame des Carmes de Pont-L'Abbé, qui était alors la chapelle du couvent des Carmes créé le 4 mai de la même année par Hervé du Pont, seigneur de Pont-L'Abbé et Peronnelle, Vicomtesse de Rochefort. Les autres couvents se trouvaient, pour le Finistère, à St-Pol-de-Léon, et dans le reste de la Bretagne, à Hennebont, Josselin, Ploermél, Quintin, Vannes, Rennes, et Nantes, premier couvent datant de 1318.
L' habit des carmes se compose d'une tunique de laine grise tombant aux talons et tenu par une ceinture, de sandales, d'une cape blanche pourr l'extérieur, mais surtout, depuis que Simon Stock en avait reçu la vision de la Vierge en 1251, du scapulaire d'étoffe plus fine que la tunique, grise, arrivant à mi-jambes et que le carme doit porté jour et nuit. Depuis 1281 ou 1324, ce scapulaire est devenu le signe de reconnaissance propre à l'Ordre. Le port de ce scapulaire assure le frère ou la soeur carme de la réalisation de la promesse de le Vierge, la délivrance du purgatoire de leur âme dès le premier samedi suivant le jour de leur mort.
Tout ceci est important pour la compréhension de ce vitrail en raison
a) du lien étroit entre l'Ordre des carmes et le thème de la Transfiguration où apparaît Elie, fondateur mythique de l'Ordre.
b) de l'importance fondamentale du culte marial chez les carmes, depuis Simon Stock (?-1265), puisque la figure de la Vierge est centrale dans le vitrail. Ce culte repose notamment sur un tableau de Tommaso de Vigilia, peintre palermitain du XVème siècle que reproduit le site de l'Ordre ici :http://www.carmel.asso.fr/Le-culte-marial.html On y voit que Marie y est représentée dans une mandorle comme dans une Transfiguration, mais surtout, pour nous, couronnée et tenant un fruit dans la main droite, comme sur le vitrail, alors que l'Enfant Jésus tient un globe crucifère.
c) de la figure d'Élie, représenté ici en habit de carme avec le scapulaire.
1) panneau A3 :
Alors que le registre supérieur est consacré à la partie éthèrée, radieuse du thème de la Transfiguration, le registre moyen illustre, lui, l'idée que cette lumière divine est aveuglante, et que le fidéle ne peut la recevoir directement. C'est tout le jeu verse et inverse de la lumière, et du voile; de l'évidence de la vision, et de celui qui n'en croit pas ses yeux ; de la fulgurance, et de l'éclipse qu'elle engendre; de l'apothéose, et de l'indicible; de l'Incarnation, et du caractère indescriptible de Dieu ; de la nature humaine du Christ, et la dimension inaccessible, apophatique de sa divinité.
Ou bien, l'interprétation des images vacille entre les deux polarités de considérer que les trois apôtres restent en dehors du phénomène de métamorphose, parce qu'ils sont trop rustres, qu'ils restent à terre, et qu'ils n'ont pas accés à l'onction lumineuse, prèfigurant leur sommeil lors de la nuit du Mont des Oliviers. Ou, a contrario, de considérer que les apôtres participent pleinement à l'irradiation bouleversante et enthousiaste, rejoignant alors la mystique rhénane et les thèses de Maître Eckhart : l'âme "anéantie", évidée de tout, aveuglée de toute reprèsentation imagée de Dieu s'ouvre par sa vacuité même à la réception du divin, à sa "divinisation" par la fulgurance de la grâce, "l'homme devenat par Grâce ce que Dieu est en Nature" (Maxime leConfesseur).
Saint Pierre n'est pas reconnu par les clefs (il ne les a pas encore reçues), mais à sa tonsure rappellant qu'il est le premier "prêtre", ou qu'il a eu le crâne rasé à Antioche. Il porte la barbe. Il a mis un genou à terre, et se protège de la lumière de la main gauche. Il porte une robe bleue serrée par une ceinture jaune et frappée de motifs géomètriques inclus dans des cercles, et un grand manteau violet. Derrière lui est reprèsenté un paysage vallonnè avec une fabrique, des arbres, des montagnes, et de la verdure.
2) Panneau B3 :
Saint Jean s'identifie par le visage juvénile, l'absence de barbe et de tonsure. Sa robe est d'un bleu soutenu, mauve, décoré de quatrefeuilles centrant des losanges surpiqués. La ceinture est nouée comme s'il s'agissait d'une bande d'étoffe, créant un motif esthétique et original. Le manteau rouge (c'est sa couleur habituelle, lorsqu'il est représenté au pied de la Croix) est fermé par un bouton en or.
3) Panneau C3 : Saint Jacques.
Il s'agit de Jacques le Majeur, fils de Zébédée et frère de Jean, qui, comme lui est surnommé par Jésus (Marc 3,17) Boanerges", "fils du tonnerre". Ils sont donc prédestinés à assister aux éclats de l'illumination divine, et plus tard (Marc 10,35) ils demanderont à Jésus d'être assis l'un à droite et l'autre à gauche, quand il sera dans sa gloire.
Jacques se reconnaît à son chapeau de pélerin de Compostelle et à son bourdon, auquel est attaché une gourde en callebasse. (Wiktionnaire : bourdon, "long bâton de pélerin surmonté d'une gourde, ou d'un ornement en forme de pomme".) Il porte une longue barbe, et ses cheveux une raie médiane. La robe est violette surpiquée de losanges, la ceinture jaune, le manteau-bleu clair. En arrière-plan, des rochers, des arbres, un pré et une colline.
III Registre supérieur :
1) Panneau A4: Moïse.
Si son identification n'était pas immédiate par les Tables de la Loi, les deux cornes permettrait de le reconnaitre comme Moïse. On sait que Michel-Ange, comme les autres artistes, en fait un attribut du prophète pour sa statue de Saint-Pierre-aux-Liens de Rome.

C'est la conséquence d'une traduction ambigue dans le texte biblique Exode 34, 29 du mot hébreu qaran qui signifie certes "cornu" mais aussi "rayonnant" . Le peintre-verrier a représenté sur le vitrail à la fois les cornes, et les rayons (gravés dans le verre rouge). Puisque ce point d'iconographie est directement en rapport avec le motif de la présence de Moïse lors de la Transfiguration, sa propre métamorphose après avoir gravi les pentes du Sinaï et s'être entretenu avec Yahvé pendant quarante jours et quarante nuits de jeûne, j'en donne la citation, d'abord dans le latin de la Vulgate de Saint Jérome, puis dans la traduction française de la Bible de Jérusalem :
" Ex 34:29 Cumque descenderet Moses de monte Sinai tenebat duas tabulas testimonii et ignorabat quod cornuta esset facies sua ex consortio sermonis Dei
Ex 34:30 videntes autem Aaron et filii Israhel cornutam faciem timuerunt prope accedere."
" Lorsque Moïse redescendit de la montagne du Sinaï, les deux tables du Témoignage étaient dans la main de Moïse quand il descendit de la montagne, et Moïse ne savait pas que la peau de son visage rayonnait parcequ'il avait parlé avec lui.
Aaron et tous les Israelites virent Moïse, et voici que la peau de son visage rayonnait, et ils avaient peur de l'approcher."
Les Tables portent l'inscription EGO SOM QUI OM et CREDO IN UNUM . La première formule altère par une substitution du O au U lan formule nominale que Yahvé se donne face à Moïse au buisson ardent en Exode 3,14 : "dixit Deus ad Mosen ego sum qui sum ait sic dices filiis Israhel qui est misit me ad vos" Alors Dieu dit à Moïse: JE SUIS CELUI QUI SUIS. Puis il dit: Tu diras ainsi aux enfants d'Israël: Celui qui s'appelle JE SUIS, m'a envoyé vers vous.
La seconde inscription est l'incipit du Credo, Credo in unum Deum, Je crois en un seul Dieu.
Outre les cornes et les Tables, le troisiéme attribut de Moïse est le bâton, la verge témoin des pouvoirs de thaumaturge conférés à Moïse par Yahvé en Exode 4,1-5 :
"Et Moïse répondit, et dit : Mais voici, ils ne me croiront point, et ils n'obéiront point à ma voix ; car ils diront : lÉternel ne t'est point apparu. Et l'Éternel lui dit : qu'as-tu à la main? Il répondit : une verge. Et il dit : Jette-la par terre; et il la jeta par terre, et elle devint un serpent; et Moïse s'enfuit devant lui. Alors l'Éternel dit à Moïse : Étends ta main et saisis-le par la queue. Il étendit la main, et le saisit, et il redevint une verge dans sa main. C'est afin, dit l'Éternel, qu'ils croient que l'Éternel, le Dieu de leurs pères, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob t'es apparu."
Il est habillé d'une robe mauve recouverte d'une dalmatique bleue à quatrefeuilles ourlée d'un galon d'or, et d'une ceinture jaune au noeud identique à celui de Jean. Il émerge à mi-corps des nuées.
2) Panneau B4 et B5 :
Le Christ apparait dans une mandorle d'or, les pieds posés sur le mont Thabor, le visage aux cheveux longs, les mains et les pieds de couleur jaune d'or pour témoigner de la métamorphose lumineuse, comme en témoigne aussi les rayons blancs gravés autour de la tête, ou les rameaux dorés d'une sorte d'auréole cruciforme.
3) Panneau C4 : Élie.
Le prophète Élie est vêtu de la tunique, du scapulaire et de la cape de l'habit des carmes, mais les étoffes reprennent par leur couleur et leurs motifs celles des saintes et des apôtres précédents. La tête a été en partie restaurée.
Le prophète Élie réunit en sa personne, comme Moïse, les deux thèmes entremélés ici, celui de la montagne (de nombreux monts portent son nom) et celui de la métamorphose glorieuse : La scène est décrite en une seule phrase de 2,Rois, 2:11 : Élie, accompagné d'Élisée, est parti de Jéricho et vient de traverser le Jourdain; et "Comme ils continuaient à marcher en parlant,voici, un char de feu et des chevaux de feu les séparèrent l'un de l'autre, et Élie monta au ciel en un tourbillon".
Un char de feu et des chevaux de feu.
Un tourbillon.
Le quart d'heure de célébrité, en toute simplicité.
Mais sur le mont Thabor, tout cela est du passé, Élie est un vieil habitué des cieux, et il discute avec Moïse et Jésus en utilisant le comput digital des sorbonnards, comptant peut-être les lumen(Lm) et les Lux (Lx), les candela(Cd), les footcandles(Fc) et les watt/m² (W/m²) auxquels le nouvel arrivant vient d'être exposé pour évaluer en connaisseur la performance, à moins qu'il n'évalue la température de couleur de l'incandescence du corps christique en Degrès Kelvin (°K):
20 trent'neuf de fievre
4) Panneaux A5 à C5 :
IV Tympan :
Ses éléments datent des restaurations du siècle dernier : Une lune anthropomorphe moderne au sommet, deux blasons par Félix Gaudin en 1904. Le blason de droite se lit, en langage héraldique, "fascé d'argent et de gueules", mais n'est pas identifié (je trouve : Le Baudoyer/le Bodoyer, fascé d'argent et de gueules de six pièces).
Celui de gauche est "de sable au chevron d'argent accompagné de trois besants d'or". Roger Barrié indique qu'il s'agit des armoiries Le Tarcol (erroné pour Le Torcol), Seigneur de Queffros, sur la paroisse de Plogonnec. Le Nobiliaire de Pol Poitier de Courcy (1862) mentionne effectivement Le Torcol Sr de Queffros, par. de Plogonnec, Sr de Kerdour, par. de Plomelin, Ext. réf 1669, six gen. Réf 1536, par de Plogonnec, évêché de Cornouailles. Yvon, vivant en 1500, père de Jean, vivant en 1536, marié à Jeanne l'Honoré.
Le culturezine d'Hervé Torchet rapporte des comptes de fouages de 1440 où ce manoir de Queffros apparaît parmi les Manoirs des Rohan, avec la mention "Appt à Ph'lot Fèvre Lagat ouquel y a un estage & en ycelui demeure la dégrepie Rioallen Lescuff".