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24 mai 2011 2 24 /05 /mai /2011 21:42

 Suite de :Le nid de polistes (nimpha).

 

   Cette fois-ci, je découvre un autre nid de ces guêpes papetières qui construisent leur nid de papier sur un arbuste. Mais cette fois-ci, il y du monde, toute une équipe d'ouvrières en train de nourrir les larves, larves que je peux désormais observer dans leurs petites couchettes (dans mon bateau, une bannette comme celles-là, on la nomme "la couchette cercueil").

   Je crois que j'ai encore affaire à la Polistes nimpha (Christ, 1791) si je suis les explications données par aramel.fr : http://aramel.free.fr/INSECTES14ter-20.shtml, le dessus des antennes est noir, les joues sont jaunes, le clypeus est barré d'une marque noire.

 

   Mais qui est ce Christ qui fait ici une apparition? Un jardinier. Un pasteur. Et, bien-sûr, un naturaliste, spécialiste des hyménoptères, Johann Ludwig Christ (1739-1813), l'auteur de Naturgeschischte, Klassification und Nomenclatur der Insekten von Bienen, Wespen und Ameisengeschlecht (Histoire naturelle des abeilles, guêpes et fourmis)  avec 60 planches coloriées formant plusieurs cahiers, 1 volume in 4. Franckfurt am Main, 1791.

 

   Pour le reste, les images parlent d'elles mêmes :

 

 

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Published by jean-yves cordier
23 mai 2011 1 23 /05 /mai /2011 11:21

Lors d'une balade, je remarque un individu suspect : déguisé en bourdon, il ne bourdonne pas, mais reste posé sur une feuille. A tout hasard, je le prends en photo, et c'est l'occasion une fois rentré de découvrir les diptères aux allures de bourdon de la famille des Syrphes.

 

 

volucella-bombylans 1717

 

 

  

 Trois espèces sont signalées : chacune se distingue des deux autres par les moeurs de leurs larves, saprophages, ou phytophages, ou encore commensales :

 

   •  l'eristale brouillée Eristalis intricata (Linnaeus, 1758) qui se distingue par la nervation alaire propre aux éristales avec le "V de la médiane", une incurvation en V ou en U d'une des nervures. Ses pattes sont noires marquées de blanc sur la moitiè antérieure des tibias ; son front est roux. elle meure 11 à 15 mm.

   Sa larve est saprophage, façon élégante de dire qu'elle se nourrit des matières organiques des eaux souillées.

 

   • Merodon equestris (Fabricius, 1794) ou Syrphe des narcisses a les pattes noires ; ses fémurs postérieurs sont épaissis. Sa face est couverte d'une pilosité blanche. Elle mesure 15 à 17 mm.

   Sa larve est phytophage, elle se nourrit des bulbes des fleurs de la famille des liliacées.

 

   • La Volucelle-Bourdon, Volucella bombylans (Linnaeus, 1758) montre une nervation alaire propre aux volucelles. elle mesure 11 à 15 mm. Sa pilosité est abondante sauf au niveau de la partie dorsale du thorax ; se antennes sont plumeuses. Elle a pris le costume du Bourdon terrestre, Bombyx terrestris.

   Sa larve est commensale du nid souterrain des bourdons, où elle a éclos : elle se nourrit des déchets et des cadavres, ou plus rarement du couvain.

   Je suggère l'étymologie issue du latin volucer, " ailé" (mais aussi rapide, vif ), un adjectif peu discriminant chez les diptères. Volucris parvula, c'est la p'tite chose ailée, le moucheron. Je ferais de volucella un diminutif qui pourrait dire "la petite ailée".

 

  Chez toutes les trois, les mâles ont les yeux rapprochés , et les femelles les yeux écartés et plus petits.

 

Leur mimétisme peut être un mimétisme dissuasif à l'égard des oiseaux et autres prédateurs qui mangent les mouches et évitent les bourdons ; ou bien, pour la volucelle, ce peut être un mimétisme stratégique pour atteindre les nids de bourdons sans se faire repérer comme espèce étrangère. 

 

 

   Laquelle des trois ai-je photographiée ?  Mon cliché est trop médiocre, mais les antennes me semblent plumeuses; je me contente de parier pour la volucelle au nom chantant.

 

 

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Published by jean-yves cordier
22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 22:03

J'avais observé les chenilles des zygènes, puis le moment où elles se transformaient en chrysalides en construisant leur étui de papier-maïs : un rappel par deux images :

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... et deux liens :Les Zygènes : premières chenilles, premières chrysalides.

                            ; Noces chez les Zygènes de la filipendule : usurpation.

 

 

 

 

Depuis une semaine, les chrysalides sont sorties de leur diapause, et les jeunes zygènes ont émergé, laissant derrière elles l'habit noir-goudron pour endosser une superbe tenue à pois.

 

  Crozon, l'Aber, 17 mai 2011

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Mais alors qu' il vient juste d'émerger, ce mâle tient encore ses ailes verticalement, laissant voir le verso d'un beau carmin. ( Avec cet adjectif, nous restons dans l'entomologie puisqu'il vient de l'arabe kirmiz, "cochenille", cette couleur étant fabriquée à partir de ces insectes)

 

papillons-2-zygene-ect 1357ccx

 

 

   Plus tard, il ira compter fleurette aux demoiselles, ce qui nous permettra de compter les points : pour identifier les zygènes, c'est très important de savoir compter les points. Cinq, c'est Zygaena trifolii,même si ses taches sont souvent confluentes. Six, c'est Zygaena filipendula, moins courante en Bretagne, et plus tardive.

 

   J'avais donné comme étymologie du nom zygène le grec zugos, le joug, mais le CNRTL (Trésor de la langue française ) après m'avoir appris  que les zygènes étaient les seuls insectes à survivre dans "le flacon de cyanure traditionnel des entomologistes" en raison de l'imprégnation de leur tissus par l'acide cyanhydrique, due elle-même au liquide qu'elles sécrètent par la base de leur trompe et qui est hautement toxique, signale que le nom zygène est d'abord  utilisé en ichtyologie pour désigner le requin marteau, depuis 1572. Les grecs puis les latins n'utilisaient le mot (zugaina ou zygaena) que  pour désigner ce "poisson", et ce n'est que par analogie que Fabricius créa en 1775 le terme entomologique zygaena , repris en français par Cuvier dans son Histoire Naturelle de 1798 sous la forme zygène.

 

 Crozon, Aber, 17 05 11: Zygaena trifolii.

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 papillons-2-zygene-ect 1373cc

 

 

   Il convient de ne pas les confondre avec l'Ecaille du sénéçon, la  Goutte-de-sang, ou... Carmin, Tyria jacobaeae  (Linnaeus, 1758).

 

 

 

 Crozon, dunes de Goulien, 17 mai 2011

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  L'écaille du séneçon, comme son nom l'indique, et comme l'indique aussi Linné dans sa description de 1758 (Habitat in Jacobaea senecionis) pond ses oeufs sur le sénéçon de Jacobée, où on peut découvrir (ici le 28 mai) ses chenilles "pilosa, albo (sic) luteoque annulata ", velue, avec des anneaux noirs et jaunes :

 

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  L'étymologie du nom scientifique est simple pour l'épithète spécifique jacobaea.

  Pour expliquer le nom de genre, relisons l' Histoire Naturelle de Pline l'Ancien, ou tout du moins cet extrait : " La pourpre la plus estimée est, en Asie, celle de Tyr. " Le nom Tyra est une tournure à la grecque pour dire "Tyrien, venant de Tyr", rendant hommage à la superbe cape pourpre de ce papillon. Dans l'antiquité, le Pourpre de Tyr était un privilège de l'élite car la couleur qui avait fait la richesse de  la cité phénicienne atteignait des prix exorbitants, mais partiellement justifiés par son origine. En effet, la teinture était fabriquée à  partir d'un coquillage, un murex, Bolinus brandaris, et on dit qu'il fallait 12000 murex pour obtenir 1,5 gramme de pigment.  Le port de vêtements teintés de pourpre était régi par des lois somptuaires.

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Published by jean-yves cordier
22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 10:28

Observée le 17 mai à l'Aber à Crozon, ce diptère m' a séduit par son élégance. Son identification, avec toutes les réserves habituelles de la part d'un néophyte, comme Ectophasia crassipennis (Fabricius, 1774) m'a permis de découvrir sur le site remarquable http://aramel.free.fr/INSECTES15-53.shtml la famille des Tachinides, et leurs moeurs.

 

 

 

  Tachinides 1189cc

 

 

Quelles sont ses caractéristiques ? Une taille de 8 à 9 mm, un abdomen velu (mais pas autant que la Tachina fera, d'ailleurs plus grande), abdomen qui est jaune-crème traversé par un triangle beige-orangé en pyramide centré par une marque longitudinale noire. Cet abdomen est encore remarquable par sa largeur et par son caractère aplati Les ailes sont très larges, et présentent une ou plusieurs marques noires ( mes photos sans flash n'ont pas de profondeur de champ). Les mâles auraient plusieurs marques et les femelles une seule.

 

 

Tachinides 1190cc

 

 

Tachinides 1191c

 

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  Sur cette image de face, on voit les antennes et la soie nommée arista : chez les Tachinides, celle-ci n'est pas velue.

 

 

   Ces Tachinaires sont une famille de plus de 4000 espèces (je peux faire le savant, grâce à A. Ramel !) dont la particularité est de se livrer à l'endoparasitisme des autres insectes, se débrouillant pour introduire leurs oeufs ou leurs larves à l'interieur des larves ou chenilles de tous les trucs en -ptère, les Orthoptères, les Hémiptères, les Lépidoptères, les Héminoptères ou les Coleoptères. Aussi a-t-on utilisé leurs compétences dans la lutte biologique contre les insectes "nuisibles". Certaines pondent des oeufs  sur les végétaux, où ils seront ingérés par l'hôte, tandis que d'autres pondent les oeufs directement sur l'hôte : la larvule percera le tégument et consommera la chair  de son cher hôte. Enfin les Tachinides vivipares donnent des larves très agiles à se dresser sur les sommités des plantes, et hop ! elles attrapent le malheureux  hotelier involontaire pour s'inviter à sa table. ( ce qui me rappelle les larves des Méroés).

  Parmi ces Tachinides, quatre sous-familles : les Dexiines, les Tachinines, les Exoristines, et les Phasiines. Ma jolie mouche appartient à cette dernière.

   Le genre Ectophasia a été décrit par Townsend en 1912. Apprenons que Charles Henry Tylor Townsend (1863-1944) est un entomologiste et même un diptèrologiste (vous en réviez, je le crée) américain qui n'a pas écrit moins de 1000 articles, décrivant   près de 3 000 nouvelles espèces et 1 491 nouveaux genres.

L'Ectophasia crassipennis a été décrite par Fabricius en 1794. On la connaît aussi sous le synonyme de Phasia crassipennis. Le mot latin crassus signifie épais, gros, gras, lourd : crassi-pennis signale donc un gros, gras et épais ... pennis ? non, je vous Taquine ! une grosse aile, du latin penna, ae,f, l'aile.   Elle vole de mai à septembre, et surtout en août-septembre ; elle est fréquente dans les régions du Sud (méditerranée) mais rare au Nord.

  Les victimes de son parasitisme sont les Punaises, ou Pentatomidae, mais on (tachinidae.org) signale aussi les Coreidae et les Lygaeidae.

Elle vole de fleur en fleur à la recherche de nectar, privilégiant les Asteracées et les Ombellifères.

 

 

 

 

  24 mai : un autre exemple :

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  Tachinides 2041cc

 

 

2 juin : encore une autre (je ne m'en lasse pas) :

 

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Published by jean-yves cordier
20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 20:45

    Vous vous souvenez de ce conte d'Alphonse Daudet, Les Trois Messes Basses ? De cette nuit de Noël où le révérend dom Balaguère, chapelain gagé des sires de Trinquelage, est si pressé d'en arriver au réveillon à la fin des trois messes basses _car le jour de la Nativité tout officiant doit dire ses trois messes_ , et de pouvoir déguster les dindes truffées, les faisans, les huppes, les gelinottes, les coqs de bruyère, les anguilles, les carpes dorées, et les truites, si dévoré de gourmandise qu'il expédie les génuflexions, les oremus, les dominus vobis cumet le maniement des burettes avec une célérité accélérée par la sonnette infernale de Garrigou qui n'est autre que Satan déguisé en enfant de choeur ?

   Alors vous vous souvenez aussi de l'étonnement de l'assistance, puis de sa  confusion grandissante, et de ceux qui se lévent pendant que d'autres s'agenouillent, de ceux qui s' asseyent pendant que d'autres s'inclinent pour l'élévation, de ceux qui entendent dom Balaguère dire le Benedicite à la place du Kirié, de ceux qui battent leur coulpe alors que d'autres se signent le front et la poitrine, et vous revoyez Maître Arnoton, ses grandes lunettes d'acier sur le nez, chercher dans son

paroissien où diantre on peut bien en être.

   Et pendant que Balaguère aiguilloné par Garrigou saute des versets, abrège l'épître,"effleure l'Évangile, passe devant le Credo sans entrer,saute le Pater, salue de loin la préface, et par bonds et par élans se précipite ainsi dans la damnation éternelle",...

 

... vous entendez comme si c'était hier la vieille marquise douairière qui s'est mise belle dans son brocart couleur de feu marmonner en agitant sa coiffe que : L'abbé va trop vite...on ne peut pas suivre!

 



   Eh bien en ce mois de mai, je ne sais pas qui  presse ainsi dame Nature, quel festin lui a été promis par Pomone lorsque toutes les couvées, tous les naissains, les fécondations polliniques auront été réalisées, quel orgie Pan, Bacchus et Dionysos ont annoncé lorsque tous les oeufs auront éclos, que tous les papillons auront été "in copula", que toutes les libellules auront émergées de leur exuvies, mais je peux vous dire qu' elle nous mène une sarabande endiablée, et que, quittant une "observation des craves à bec rouge" à Camaret pour gagner les vasiéres de l' Aulne où il faut "compter les Anatidés nicheurs" (en l'occurence les Tadornes accouplés et les mâles cantonnés), repèrant au passage une araignée-crabe avant de noter une chenille ou un papillon "pour l'Atlas de Jean David", partant à l'aube pour les toiles d'araignées ou les émergences, je rentre le soir pour chasser les  hétérocères ( c'est les papillons de nuit, qu'il faut AUSSI saisir sur l'Atlas ), je lache mon guide des Orthoptères pour feuilleter celui des Lépidoptères, quitte les bouquins pour le Forum Bretagne Vivante, abandonne le Forum pour SERENA, reprend mon materiel photo mais j'oublie le filet à papillon, prend le filet mais entend chanter un oiseau qu'il faudrait identifier, je saisis la loupe vers un insecte quand on me signale qu'un rapace nous survole, vais à hue alors que ça s'agite à dia, et n'en pouvant plus de rechercher dans l'index de mes bréviaires naturalistes ou de manier des clès d'identification face à des serrures qui se multiplient comme des champignons, incapable de retrouver dans mon missel où nous en sommes de cet office célébré tambour battant, à mon tour je m' écris :

   La Belle va trop vite... On ne peut pas suivre!



   Loin de m'entendre, le ciel redouble de fureur de vivre. Heidegger décrivait l'Homme comme un Etre Jeté (Geworfenheit), projeté sur terre sans l'avoir demandé avec le lourd devoir d'exister, mais il oubliait que nous n'étions pas ainsi jeté sur une terre stable et paisible, mais sur une roulette folle, un tapis roulant accéléré, un maestrom, un champ de course où il fallait dès le premier souflle avancer, suivre le rythme, suivre le cours affolé des choses, tenir en équilibre dans la barque folle et ramer, suivre les autres, suivre, suivre, suivre !

 

 Et voilà que survient la Sortie de Formation Invertébré de Bretagne Vivante ! L'Etre Jeté supplie :n'en jetez plus!

 

   Cela avait lieu à Landeleau, commune du bassin oriental de Chateaulin situé à 10 km de Carhaix, ancien ermitage de Saint Théleau créé autour d'un gué franchissant l'Aulne. Le Canal de Nantes à Brest , et le confluent de l' Ellez, sont  proches, ce qui est bien alléchant pour les chasseurs de dragons volants ou libellules. Inutile de dire que nous ne sommes pas revenus bredouilles.

 

   Vous êtes prêts ? Il va falloir suivre....suivre...suivre... suivre...suivre.

 

 Le Hanneton des jardins Phylloperta horticola  (Linnaeus, 1758).

 

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  La Trichie fasciée Trichius fasciatus (Linnaeus, 1758) : un scarabée, sous-famille des cétoines.

 

 

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Le Cardinal, Pyrochroa serraticornis   (Linnaeus, 1761) .

 

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La Cantharide Cantharis fusca  (Linnaeus, 1758) :

 

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  Le Carabe purpurin Carabus purpurascens si j'en crois le site  insecte .net, ou bien une autre espèce,( intricatus)mais pas le carabe violet qui serait très rare, désolé je dois passer au suivant. De toute façon je ne l'ai pas observé à Landeleau, mais dans mon jardin à Plouzané.

 

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 Où on pourrait voir les palpes maxillaires spatulées et les mandibules puissantes :

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Aux  chenilles à présent, j'appelle la Chenille du Bombyx disparate  Bombyx dispar, la terreur des forêts :

 

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C'est au tour de la chenille du Cul doré Euproctis similis :

 

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   Vous suivez ? La chenille de la Livrée des arbres Malacosoma neustria (Linnaeus, 1758):

 

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   La chenille de la Buveuse, Euthryx potatoria

 

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La chenille de la Grande Tortue Nymphalis polychloros (sur tronc de peuplier)

 

 

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Après la Grande Tortue, la chenille de la Petite Tortue Aglais urticae  Linnaeus, 1758, servie sur sa feuille d'ortie bien-entendu (on ne s'appelle pas Vanesse de l'Ortie pour rien)

 

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  La chenille de la  Thécla du chêne Neozephyrus quercus (Linnaeus, 1758) :

 

  C'est une observation intéressante car l'imago est rarement observé : il se pose sur le sommet des chênes, les ailes fermées, et comme le verso des ailes sont grises, il échappe régulièrement aux investigations. On découvre sa présence sur un site en recherchant ses oeufs, ou en trouvant ses chenilles. Celle-ci a eu la bonne idée de tomber sur ma veste, en plein milieu d'un cercle de naturalistes chevronnés consommant leurs pique-niques : bien vu !

 

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   La chenille de Poecilocampa populi :

 

 

 

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 Passons aux imagos : de soit-disant papillons de nuit ou plutôt héterocères étaient de sortie de jour :

 

L'Écaille fermière Epicallia villica  (Linnaeus, 1758) :

 

 

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 La Bordure  jaune Euclidia glyphica :

 

 

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  Bien-sûr, les papillons de jour étaient là :

 

 

La Piéride du navet Pieris napi :

 

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  L' Azuré de la burgane Polyommatus icarus :

 

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La mélitée du Melampyre : déjà présenté dans un  article précédent;

Mais aussi : la Carte géographique,

                       le Fadet commun,

                       le Tircis,

                       le Gazé,

                       le Cuivré fuligineux, et le cuivré commun,

                       la Sylvaine,

                       la Piéride du chou,

                       le Citron

                       l'Aurore de la cardamine,

                       le Vulcain...

Ne quittez pas! On continue avec les orthoptères :

                      Tetryx undulata

                      Tettigonia viridissima...

 ... et les Longicornes :

                      Le Clyte bélier           

                      L'Agapanthia villosoviridescens,

Revenons aux papillons : 

 On remarquait la présence de ce cousin bleuté des zygènes, la Turquoise Adscita statices :

  Bonne occasion pour réviser la clef de détermination que Maël Garin vient de diffuser sur le Forum de Bretagne Vivante :

Parmi les Procridinae, on trouve essentiellement en Bretagne Adscita statices, sur les Rumex. On les identifie par la forme particulière de l'antenne du mâle, qui ressemble à un peigne, mais dont la pectination s'arrète avant l'extrémité.

 

 

 

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   Ici, une femelle, aux antennes filiformes, paraît-il un peu dilatées en massue à l'extrémité :

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Quelques araignées :

 

  Une araignée-crabe sans-doute, avec ses deux paires de pattes de devant très développées pour être tendues vers la proie qu'elle attend :

 

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   Une araignée-crabe dont les pattes sont faites de tiges de soja : Misumena vatia (Clerck, 1757).

C'est à coup sûr une femelle, car les mâles ne mesurent que 3 à 5 mm.

En toute rigueur je ne l'ai pas observé à Landeleau, mais au bord de l'Aulne près de Chateaulin.

 

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   Arianella opisthographa (Kulczynski, 1905) : les images sont mauvaises, mais je la trouve si belle que je vous les montrent : on la trouve dans le fameux n° 73 de la Hulotte consacré aux toiles d'araignées sous le sobriquet d' Epeire concombre, "une des plus jolies orbitèles d'Europe" ; ou plutôt, il s'agit de sa cousine Arianella cucurbitina, car les araniella se distinguent en comptant (lorsque la photo est nette...) les points noirs du coté de l'abdomen  en arriere des six points centraux. Moi, j'en compte ici 3. Pierre Deom indique que 4 boutons, c'est la cucurbitina, 3, c'est l'epeire dépliée, A. displicata, 2, c'est l'alpina, et zero, c'est inconspicua. Il ne mentionne pas l'opisthographa. Je trouve dans le site d'André Bon Toutunmondedansmonjardin ce commentaire à propos de l'Epeire concombre : il existe des espèces voisines. Il est possible de les différentier par le nombre de points noirs sur le côté de l'abdomen bien que cette méthode soit considérée comme très peu fiable par les spécialistes.
L'espèce très voisine, Épeire dépliée (Araniella opisthographa) ne possède que trois points sur le côté de l'abdomen mais ne peut vraiment être séparée que par un examen à la binoculaire.
L'Épeire alpine (Araniella alpica) ne possède que deux points sur le côté de l'abdomen. Elle peut aussi être reconnue par les quatre taches claires sur une bande foncée visibles sur la face ventrale.
L'Épeire anodine (Arianella inconspicua) ne possède pas de points noirs sur le côté de l'abdomen.

  J'aimerais bien que cela soit l'opisthographa, car cela permet de faire connaissance avec  Władysław Kulczyński ( 1854 à Krakow-1919, Krakow) , un zoologiste polonais spécialiste des araignées.

 Les Arianella tissent des toiles creusées en entonnoir,  de moins de dix centimètres, dotées de 15 à 30 rayons sur les arbustes des champs, ou des lisières, sur les lilas ou les rosiers de nos jardins, et elle se tient à l'affut au centre. Je regrette d'avoir négligé cette rencontre photographique et me promets de prendre ma revange, mais l'animal n'est pas bien gros : 5 mm peut-être.

 

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   Est-ce ça suit derrière ? On termine avec les libellules :

 

Parmi les zygoptères, les inévitables Caloperyx splendens et virgo étaient là, ils ne manquent aucune réunion de famille, et il y avait aussi les Ischnures élégants,

 

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 Nous avons croisé l'agrion jouvencelle, mais je vois bien que cela ne suit plus,  je ne montrerais que Platycnemis pennipes:

 

 

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Parmi les Anisoptères, nous avons eu le droit au Gomphe vulgaire (qui n'a pas sa place sur ce blog de bonne tenue, d'autant que, non content d'être vulgaire, il l'est au superlatif : Gomphus vulgatissimus. Exit), à l'Aeschne printanière, et aux Libellulla Quadrimaculata, Fulva et depressa.

 

La Libellule à quatre taches Libellula quadrimaculata Linnaeus, 1758.

 

La femelle :libellule-quatre-tache 1736cc

 

 

 

La Libellule fauve, Libellula fulva Müller, 1764.

 

Dècrite par Otto Friedrich Müller (1730-1784), zoologiste danois, dans Fauna insectorum Friedrichsdaliana : 62. Gleditsch, Copenhague.

    Le mâle :

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 Libellule déprimée Libellula depressa  Linnaeus, 1758.

 

  Description dans le Systema Naturae, 10ème édition, 1 :544, Stockholm, sous le nom de Platetrum depressa.

 

  Une femelle:

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   Alphonse Daudet raconte  que dom Balaguère fut puni de sa gourmandise sacrilège et de sa hâte excessive, et qu'il dut,  pour son rachat, célébrer trois cent messes de minuit. Mais Nature elle-même n'est-elle pas la déesse Perséphone condamnée éternellement , pour sa gourmandise_ on se souvient qu'elle a croqué dans la grenade et qu 'Ascalaphos l' a dénoncé _à ne rester sur terre que durant les six mois de printemps et d'été, et de retourner aux Enfers auprès d'Hades comme Reine du royaume Très-Profond ? Le temps lui est compté comme à nous, et comme je la comprends de courir, de mettre les bouchèes doubles pour croquer, tant qu'il est temps, le beau fruit de la Vie, quitte à nous bousculer et nous ennivrer de cette valse géante qu'on nomme le Printemps !

 

   Et cette valse me fait entendre la chanson de Queneau :

   

Si tu t'imagines
Si tu t'imagines, fillette fillette
Si tu t'imagines
Qu'ça va qu'ça va qu'ça
Va durer toujours
La saison des a
La saison des a
Saison des amours
Ce que tu te gourres fillette fillette
Ce que tu te gourres
Si tu crois petite
Si tu crois hum hum
Que ton teint de rose
Ta taille de guêpe
Tes mignons biceps
Tes ongles d'émail
Ta cuisse de nymphe
Et ton pied léger
Si tu crois qu'ça va
Qu'ça va qu'ça va qu'ça
Va durer toujours
Ce que tu te gourres fillette fillette
Ce que tu te gourres

Les beaux jours s'en vont
Les beaux jours de fête
Soleils et planètes
Tournent tous en rond
.....
Allons cueille cueille les roses, les roses
Roses de la vie
Roses de la vie
Et que leurs pétales
Soient la mer étale
De tous les bonheurs
De tous les bonheurs
Allons cueille cueille
Si tu le fais pas
Ce que tu te gourres fillette fillette
Ce que tu te gourres

 

 

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Published by jean-yves cordier
16 mai 2011 1 16 /05 /mai /2011 16:27

I.  L'Epeire de velours  Agalenatea redii (Scopoli, 1763).

Observée sur la Réserve naturelle de l'Alto Merse, Toscane, le 6 mai 2011

 

 

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 C'est la seule représentante européenne du genre Agalenatea. Le mâle mesure entre 3,5 et 4,5 mm et le femelle 5,5 à 7 mm. Elle est reconnaissable par son abdomen tout rond comme  un coussin de velours bien rebondi et finement brodé d'un motif en V à son extrémité. Sa couleur peut varier, mais j'aime bien le panaché caramel-vanille-chocolat que l'on m'a servi, constéllé de grains de pralins ; d'ailleurs, je crois que j'ai eu le menu Enfant, car mon milk shake est décoré avec une tête de clown, un Pierrot aux grands yeux noirs et au chapeau pointu.

 

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Giovanni Antonio Scopoli (1723-1788) est l'auteur spécifique de cette Épeire de velours, qu'il décrivit en 1763 sous le nom d' Aranea Redii (avec majuscule, donc se référant à un nom propre ) dans son Entomologia carniolica,

 

    317px-Entomologia_Carniolica.jpg

Aranea-redii.jpg

 

  

     Je présume que l'épithète Redii rend hommage à Francesco Redii ( 1626-1698), ce médecin à la cour du grand-duc de Toscane, qui, fut aussi poète, auteur de Bacco in Toscana, Bacchus en Toscane, mais surtout entomologiste : on lui doit une Esperienze Intorno alla Generazione degl'Insetti de 1668 où il démonte la thèse de la génération spontanée en montrant que les vers qui apparaissent sur la viande ou les cadavres proviennent des oeufs pondus par les mouches.

   Étudiant les parasites, il décrit un stade larvaire de la Grande Douve, et cette forme intermédiaire des vers trématodes porte désormais le nom de " rédie".

     Francesco Redi travaille aussi sur le venin des serpents, démontrant que celui-ci est stocké dans la tête et s'écoule par les dents lors de la morsure, et prouvant que si ce venin peut être mortel par morsure ou injection, il est inoffensif par ingestion. Il s'oppose à Moyse Charas, pharmacien au jardin du roi et grand préparateur de la Thériaque d'Andromaque, remède fabriqué avec de la chair de vipère, du castoreum et une cinquantaine de plantes, et très utilisé comme contre-poison. Charas prétend que la salive du serpent n'est toxique que lorsque la vipère est en colère, et Redi soutient que cette toxicité est permanente.

 

 

     Ces travaux de toxicologie nous raménent à Jean-Antoine Scopoli (un patronyme issu de Scopolax, la bécasse, et peut-être comparable au patronyme breton Queffelec, de même signification ), puisque ce médecin et naturaliste exerça son art en Carniole (une région alpine de l'actuelle Slovénie) auprès d'une exploitation minière de mercure et qu'il dressa le premier tableau clinique de l'intoxication au mercure.

   C'est son séjour en Carniole qui lui donne l'occasion de rédiger, outre un Flora carniolica, cette Entomologia carniolica de 1763 dont le titre complet indique que Scopoli est un adepte pratiquant de la nomenclature de Linné. On y trouve la description de la zygène Zygena cariolica, du bourdon Megabombus pascuorum, de l'hemiptère Aphis fabae, du diptère Sargus bipunctatus, du coleoptère Rhagonycha fulva, etc... ou le cercope sanguinolent Cercopis sanguinolenta (plus rare que le cercope rouge-sang si commun chez nous mais qui a été décrit par Rossi)  et l'Oedemera nobilis qui joue des biscotos sur chaque fleur de renoncule ou de marguerite de nos prairies.

 

 DSCN4766

 Titrée O.flavipes par erreur.

 

  Il décrivit aussi en 1763 Cteniopus flavus, un alleculiné :

 

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  Ce Ténebrion se nourrit de pollen qu'il broute sur la canopèe des ombellifères. Mais si on se penche pour l'admirer, ce timide descend se cacher parmi les fleurs. On le distingue avec peine de Cteniopus sulfureus, Linnaeus, 1758, ou bien les deux termes sont-ils synonymes.

 

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   Scopoli se dote vite d'un herbier et d'une collection d'histoire naturelle qui lui permet de publier de 1769 à 1772 les cinq volumes d'Anni Historico-Naturales. En 1777, il obtient la chaire d'Histoire Naturelle de Pavie.

 

 Mais c'est  une solonacèe, Sopolia carniolica, qui rend son nom familier, puisque c'est chez elle que fut isolée  la scopolamine, un alcaloïde proche de l'atropine, dont l'action anticholinergique est utilisée en thérapeutique, comme elle peut être responsable d'intoxications sévères.

 

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Published by jean-yves cordier
15 mai 2011 7 15 /05 /mai /2011 12:27

J'avais observé le Gazè, Aporia crataegi  (Linnaeus,1758) près de l'étang de Kerloc'h à Crozon l'année dernière : je le retrouve ce printemps (15 mai ) sur le même groupe de marguerites ou de camomilles, exactement sur le même tournant ensoleillé à un mètre près. Ces rendez-vous sont aussi émouvants que si vous retrouviez un ami avec qui, l'année passée, vous aviez convenu de vous revoir à telle heure, tel jour, devant telle statue du Luxembourg et que vous voyez apparaître : mais lorsqu'il s'agit d'un papillon, ces retrouvailles tiennent du miracle, sans-doute parce qu''ils épiphanisent les rouages mystérieux du Temps et les engrenages des grands Cycles naturels.

 

   Mais il n'était pas venu seul, l'animal ! Partout, zébrant les feuillages de leur grand vol blanc, ils animaient les buissons, les pelouses et les prairies : et je les retrouvaient, ces papillons considérés comme rares, sur chaque site que je visitais, à l'Aber, à Camaret, à Telgruc, et dociles avec ça, tous enclins à poser pour le photographe, presque léthargique même en début de matinée.

   Si bien que émerveillé d'abord et attentif à les fixer sur ma pellicule numérique, je finis par m'en lasser et par les négliger au même titre que les Tircis ou les Fadets!

 

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Published by jean-yves cordier
14 mai 2011 6 14 /05 /mai /2011 21:23

                                                                                              C'était pendant l'horreur d'une profonde nuit

                                                                                               Ma mère Jezabel devant moi s'est montrée,

                                                                                              Comme au jour de sa mort pompeusement parée.

                                                                                              Ses malheurs n'avaient point abattu sa fierté;

                                                                                               Même elle avait encore cet éclat emprunté

                                                                                               Dont elle eut soin de peindre et d'orner son visage,

                                                                                               Pour réparer des ans l'irréparable outrage.

                                                                                               Tremble, m'a-t-elle dit, fille digne de moi ;
                                                                                               Le cruel Dieu des Juifs l’emporte aussi sur toi.
                                                                                               Je te plains de tomber dans ses mains redoutables,
                                                                                               Ma fille.» En achevant ces mots épouvantables,
                                                                                               Son ombre vers mon lit a paru se baisser;
                                                                                               Et moi, je lui tendais les mains pour l’embrasser.
                                                                                               Mais je n’ai plus trouvé qu’un horrible mélange
                                                                                               D’os et de chairs meurtris et traînés dans la fange,
                                                                                               Des lambeaux pleins de sang et des membres affreux
                                                    Que des chiens dévorants se disputaient entre eux.

                                                                                                                                 Jean Racine : Athalie, Acte II, scène 5

  

  

  

La Mélitée du mélampyre Mellicta athalia ( Rottemburg, 1775)

Protonyma Papilio athalia: Rottemburb, Der Naturforscher 6 : 5 .

C'est le Type Spécifique du genre Mellicta, décrit par Billberg en 1820 dans Enum. Ins. Mus. Billb.: 77. 

 

     S. A. Freiherr von Rottemburg  est un entomologiste allemand qui a travaillé dans les années 1770sur les collections de lépidoptères de la région de Berlin de J.F.Hufnagel (1724-1795), reprenant de manière plus précise ce que ce dernier n'avait publié que sous forme de planches.

 

   Observée le 14 mai à Landeleau (29) :

 

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Zoonymie.

• genre Mellicta  : du grec meli, "le miel," et liktes, "lécheur" : vient du comportement alimentaire des Mellicta.

 

• espèce  athalia :

  Emmet écrit en 1991 : "généralement expliqué comme venant d'Athalia, l'épouse d'Omri, roi d'Israel, et la mère du roi Ahaziah. Après que son fils eut été tué, elle régna six ans avant d'être assassiné à son tour; il est difficile de voir pourquoi une obscure et imméritante reine du Royaume du Nord (et non de Juda, comme signalé par Macleod de manière erronée ) pourrait avoir été choisie pour donner son nom à un papillon; en général, les auteurs ne recherchent pas leur inspiration dans la Bible. Rottemburg a voulu probablement utiliser Thalia, l'une des Grâces, le nom des deux autres ayant déjà été attribué à des Argynninae ( B. euphrosyne et A. aglaja), mais découvrant que Linné avait déjà donné ce nom à un heliconiinae, il introduisit une légère modification. Aucune connotation biblique n'était voulue."

    Cette interprétation me parait surprenante : il semble ("une reine obscure et indigne") que A.M.Emmet ignore tout de la célébrité de ce nom d'Athalia après que Georg Friedrich Haendel ait composé son oratorio Athalia HWV 52 en 1733, pour ne rien dire de la tragédie  Athalie écrite par Jean Racine pour les pensionnaires de Saint-Cyr en 1691 !

    Leach a choisi ce nom pour le donner  en 1817 à un genre de tenthrédes : faut-il y voir aussi une  ruse pour déguiser le nom des Grâces ?

    Bien qu'on ignore pourquoi Rottemburg a choisi ce nom royal pour ce papillon, Athalia appartient à ces patronymes de la grande culture classique européenne, où la grande majorité des noms d' espèce de papillon a été puisée. Sa publication  a été faite à Paris, et peut-être donnait-on, la veille, Athalie à la Comédie Française ou Athalia au concert ?

    Spuler (1908), cité par le site lepiforum, me surprend autant qu' Emmet, lorsqu'il donne comme étymologie :

"épithète d'Artemis : ou encore nom de femme dans la bible ".  Athalia, un épithète de la déesse grecque Artemis ? Je ne trouve cela nulle part,mais une Mélitée s'appella Argynnis Artemis ou Melitoea Artemis (Fab) et au milieu du XIXème siècle, la distinction entre les trois mélitées Cinxia, Athalia et Artemis faisait l'objet de mise au point.

   Athalie (Deuxième Livre des Rois, 11) était la fille du roi Achab (comme le capitaine Achab de Moby Dick ) et de la reine Jezabel ( il existe aussi une Melitaea jezabel décrite par Oberthür en 1888), et lorsque son mari le roi Joram fut assassiné, elle fit tuer tous les descendants du roi pour conserver pour elle le pouvoir. Tous ? Non, car l'un d'entre eux, Joas, fut sauvé par sa tante Josabet, l'épouse du grand prêtre qui, l'heure venue, sacre l'enfant comme roi légitime et tue la reine usurpatrice.

  Une reine obscure, Athalie, l'un des grands rôles féminins de notre théâtre, le parangon de la souveraine cruelle, "sanguinaire", la mère infanticide égale de Médée ?

Un personnage de mère qui hanta Marcel Proust et  La Recherche cite plusieurs fois des vers de la  tragèdie racinienne,  dont sa propre mère juive assimilée Jeanne connaissait les vers par coeur. Le couple Jeanne et Marcel fut obsédé par le thème du fils matricide ( lire deProust "Sentiments filiaux d'un parricide" écrit en février 1907 dans Pastiches et Mélanges, où il prend la défense de Henri van Blarenberghe,et voit dans La Recherche le narrateur accablé par la culpabilité de la mort de la Grand-mère) et de la mère infanticide.

 

   Athalie : la gloire solaire, apollinienne de la royauté et du pouvoir, et l' ombre glacée du crime.

Seul un papillon aux ailes jaunes et noires pouvait porter son nom.

 

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Published by jean-yves cordier
12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 18:15

6 mai 2011, 10heures, Réserve naturelle de l'Alto Merse, Italie : j'assiste aux émergences de trois Anax empereur, Anax imperator.

 

 1. Anax imperator

Je rappelle mon  article : Anax imperator : les impératrices font du jet ski

j'illustre par cette image de mes archives la libellule dont il s'agit :

 

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   2. Les exuvies.

  Ce sont les anciennes cuticules larvaires que les libellules ont abandonnées, et qui restent fixées par leurs pattes aux tiges végétales. Le mot vient du latin exuviae qui signifie "dépouilles". Celles des libellules présentent un "masque", c'est à dire un labium mobile et préhenseur, un bras articulé composé du submentum et du mentum  qui se termine par deux lobes latéraux équipés d'une dent mobile  : la larve le projette brusquement vers ses proies pour les saisir .

 

  On reconnaît celles des Anax car ce sont les plus grandes, qui dépassent 50mm ; chez les aeshnidés, l'exuvie est allongée et non compacte comme celle des gomphidae, le masque est plat, et les palpes labiaux ne recouvrent pas les autres pièces buccales, les antennes sont longues, éffilées, faites de 7 articles semblables. Et chez les Anax, le bord postérieur des yeux forme une ligne perpendiculaire à l'axe de la tête. (Les yeux, très impressionnants, sont ces globes de plexiglass dont est équipé ce char d'assaut.)

 

 

 

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    Une vue du masque, en position de repos repliée sur la partie ventrale de la face.. Chez Anax imperator, le mentum (la partie allongée en bec de pélican bien visible ici) est assez long et élancé, et son rapport longueur/largeur est de 1,5. Ses exuvies mesurent 49 à 57 mm.

 

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 3. L'émergence.

 

   Elle est, dans sa phase initiale si rapide que je n'ai pas pu réaliser des clichés de ce moment où une masse verte sort de l'exuvie, se déploie puis bascule vers le bas pour pendre, à moitié extraite, et rester ainsi à attendre une Saint- Glinglin hypothétique.

   J' ai eu de la chance, car la plupart des émergences n'attendent pas les naturalistes de la dixième heure, mais débutent dès potron-minet ou en fin de nuit : la larve d'Anax, qui se développe dans les eaux stagnantes ou légèrement courantes, sort de l'eau, grimpe sur la première tige venue, et l'opération débute.

 

Les fils blancs qui pendent sont les trachéobranchies, qui se sont arrachées.  Les trachéobranchies sont les organes respiratoires nécessaires à l'oxygénation de la larve durant sa vie aquatique. Chez l'Anax, comme chez les autres Odonates, ce ne sont pas des branchies abdominales, mais des branchies rectales internes se ramifiant dans l'épithélium intestinal ( http://aramel.free.fr/INSECTES32bis.shtml). Cette ampoule rectale (rectume dilaté) sert aussi à se propulser en chassant l'eau qu'elle contient !

Ces filaments seraient les troncs trachéens.

 

 

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   Une heure plus tard, elle quitte définitivement son logis et se redresse. Et elle attend encore. Son thorax a depuis le début la couleur verte propre à Anax, mais l'abdomen d'une couleur chair ressemble à une grosse crevette. Les ailes sont translucides, avec des membrures verdâtres. L'attitude est typique, stéréotypé par quelque atavisme génétique qui veut que  les pattes viennent enlacer la tête de l'exuvie ; l'abdomen est court et cambré, mais va s'allonger progressivement. L' hémolymphe pénètre les nervures des ailes et les gonfle, provoquant aussi leur allongement. On note qu'elles sont placées verticalement, collées l'une contre l'autre. Les pattes sont blanchâtres.

 

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    Entre chaque séance de poses, je vais chasser les papillons autour de l'étang. Maintenant, l'abdomen se structure, les ailes deviennent transparentes et brillantes, cernées de jaune.

 

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   Cramponnées à leur jonc comme des naufragées, je découvre ailleurs d'autres libellules dont l'émergence avait débuté un peu plus tôt et dont j'observe la morphologie. Celle-ci n'est plus cramponnée à son exuvie mais son abdomen dilaté et translucide indique qu'elle est à un stade assez identique à la précédente.

 

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    Celle-ci est déjà plus proche de l'envol.

 

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   Son abdomen est mince.Les ailes se sont déployées de chaque coté du corps, elles ont atteint leur taille définitive.

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    Celle-ci me donne à voir la tache pentagonale vert sombre de la tête qui permet de préciser l'espèce : parmi les Anax, c'est bien Anax imperator. Le triangle occipital blanc formé à la base des deux yeux est dépourvu d'appendices. Nous sommes en Italie, mais ce n'est vraiment pas l'Anax napolitain A. parthenopes.

 

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     Son abdomen prend progressivement les couleurs spécifiques.

 

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   Plus tard : parfaitement camouflée parmi les herbes, cette femelle aurait échappé à ma recherche si je ne l'avais pas vu s'y cacher :

 

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Published by jean-yves cordier
12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 17:23

Au sud de Sienne en Toscane, la Réserve Naturelle de l'Alto Merse offre un site de garrigue, sec et rocailleux mais rafraîchi par des torrents. Elle s'étend sur les communes de Monticiano, Sovicille et Chiusdino.  

 

 

Près du Ristorante la Civetta, le chant des grenouilles m'a signalé de petits étangs que j'ai prospecté à la recherche de leurs trésors entomologiques ; j'y trouvais :

 

• Neuroptères : L' Ascalaphe soufré.

• Lépidoptères : La Diane

                            : Le Flambé.

                            : L' Hesperie de la Reine-des-près.

                            : La Mélitée du plantain.

                            : Le Sylvain azuré.

                            : Le Citron.

                            : Le Point-de-Hongrie

                            : l'azuré de la faucille (in copula ) et le collier de corail.

                            : Le Sphinx gazé.

• Odonates        : La Libellule déprimée.

                            : L'Anax empereur.

• Arachnides      : Philaeus chrysops.

                            : L' Épeire des roseaux.

                            : L'Epeire de velours.

 

 

 

I. L' Ascalaphe soufré Libelloides coccajus (Denis & Schiffermüller, 1775).

 

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  Ces insectes de 45 à 55 mm volent  d'avril à juin ; ils fréquentent les herbes sèches. On les trouve en France dans ses 2/3 Sud-est .

   - Le nom français d'Ascalaphe vient de la famille des Ascalaphidae, décrite par le médecin et entomologiste français Pierre  Rambur en 1842 dans son Histoire naturelle des insectes Névroptères (Suite à Buffon).

 Il renvoie à un héros de la mythologie grecque, Ascalaphos, fils d'Ares et d'Astyoché, qui, selon Homère, commanda avec son frère Ialmenus un corps de Minyens d'Orchoméne avec trente navires contre Troie. Il périt sous les coups de l'un des fils de Priam, Deiphobos.

   On trouve dans la Bibliothèque du pseudo-Appolodore, ou dans les Métamorphoses d'Ovide un Ascalaphos fils du fleuve des Enfers Achéron. Perséphone, fille de Demeter, est retenue prisonnière par Hades, qui lui accorde la liberté de regagner le monde des vivants pour peu qu'elle ne mange rien au cours de son séjour : l'un de ses gardiens chargé de surveiller la cuisine le félon Ascalaphos révèle à Hades qu'il l'a vu mordre une grenade, et Demeter furieuse de ce petit cafteur le punit en l'écrasant sous une énorme pierre. Mais Héracles profite de sa descente aux enfers pour le délivrer. Démétertransforme alors Ascalaphe en chouette (selon Apollodore) ou en hibou (selon Ovide). Il est à noter que si le mot grec askalaxos signifie lézard, le mot askalaphos signifie "hibou" . En ornithologie, le Grand-duc du désert se nomme Bubo ascalaphus, Grand-duc ascalaphe.

 

- Le nom scientifique du genre Libelloides est clair, il signifie "qui a la forme d'une libellule". Mais l'épithète spécifique coccajus est une énigme pour moi.

   A-t-il été choisi (mais pour quelle raison ?) en référence à Merlin le cuisinier, alias Merlin Coccaj, Merlino Coccajo, Merlin Coccai, autant de pseudonyme de Teofilo Folengo (1491-1544), poète de Mantoue inventeur du style macaronique pour avoir proposé au public averti ses Macaronées, son plat de macharoni cuisiné maison en vrai latin de cuisine mâtiné d'argot mantouan et d'italien ? Dans cette langue, fare  di coccaj,c'est " dire strafalcioni in parlando", dire des énormités en parlant.

   Souvenons-nous qu'Ascalaphos est le gardien de la cuisine chez Hades : ceci explique peut-être que l'on nomme "coccajus", cuisinier, l'espèce qui nous occupe.

 

  Une semaine après avoir rédigè cette hypothèse, j' en trouve une confirmation  par l'existence d'un ascalaphe nommé Libelloides macaronius en 1763 par le médecin et naturaliste de culture italienne Giovanni Antonio Scopoli. Il faut tout de même de solides raisons pour nommer une espèce "macaroni", et la référence à un grand nom de la litterature italienne en est une chez un italien vivant au Tyrol sous domination autrichienne.

     Cet ascalaphus macaronius vit dans les prairies en friche de la Slovénie ( dont Scopoli a décrit la faune et la flore ) au Caucase ; il est remarquable par une vision dont le spectre de sensibilité atteint le secteur de l'ultra-violet.

 

 

 

 

 

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   On distingue Libelloides coccajus de L. lacteus par la tache noire de l'aile postérieure qui descend chez coccajus jusqu'à l'angle anal, c'est à dire l extrémité de cette aile.

   Sur ce dernier cliché, on voit les cerques en crochet qui indiquent que nous avons affaire à un mâle. C'est par ceux-ci qu'il pourra, en plein vol,  s'arrimer à la femelle pour s'accoupler : là-haut, leurs belles couleurs scintillantes et vives dans le ciel estival leur permettraient de reprendre pour eux la belle devise que l'on trouve sur le puits de la cour du Palazzo Chigi-Saracini de Sienne : MICAT IN VERTICE, je brille au firmament .

 

  Tout savoir sur les ascalaphes ? c'est ici : http://www.deliry.com/wiki/index.php?title=Ascalaphes

 

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II . La Diane Zerynthia polyxena (Denis & Schiffermüller, 1775).

 

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Avec ce papillon, nous ne quittons pas le monde de la mythologie grecque, mais nous explorons son versant féminin :si son nom vernaculaire Diane la place sous l'égide d' Artemis, la déesse sauvage et chaste qui préfère chasser dans les bois que de se consacrer aux amourettes, son nom de genre Zerynthia, décrit par Ochsenheimer en 1816 renvoie, par la ville de Zérynthe en Thrace sur l'île de Samothrace, soit à Apollon Zerynthius (c'est la proposition d'A.M.Emmet, 1991) car un temple lui y était dédié, soit à  Hécate Zerynthia car les mystères d'Hécate y étaient célébrés en secret (et c'est ma préférence).  

   Ce genre est riche de deux ou trois espèces : la Proserpine Z. rumina, du nom de la déesse romaine de l'allaitement ( rumen désigne en latin "la mamelle" ), Z. cassandra, du nom  de Cassandre, et notre Z. polyxena.

 

  L' épithète spécifique polyxena voue la Diane à  Polyxène, princesse troyenne fille de Priam et d'Hécube, dont Achille, du camp des grecs ennemis, fut amoureux. Selon Ovide, elle fut immolée par les grecs vainqueurs sur la tombe d'Achille.

 

   Ce genre appartient à la sous-famille des Parnassinae, des papillons vivant en montagne comme les dieux grecs habitaient le Mont Parnasse. Aussi les espèces se nomment-elles Apollon (Parnassius apollo), faux-Apollon, semi-Apollon, petit Apollon,  Thais ( c'est un autre nom de notre Zerynthia polyxena ), ou Diane.

  Les Parnassinae sont membres de la famille des Papilionidae

  Je rappelle que Linné avait réparti ses papillons de jour en six phalanges : ces papilionidae  sont issus de la première phalange, celle des Equites (les cavaliers), qui comporte les Trojani , les troyens,(n°1-17) et les Archivi (n° 18-40). Ils les a baptisés Ménélaus, Ulysse, Agamemnon, Doimetes, Patrocleus, Pyrrhus, Leilus, Ajax, Machaon, Antilochus, Protesilaus, Nestor, Telemachus, Achilles, etc... Il ne faut donc pas s'étonner que la zoonymie des Zerynthia baigne dans la culture grecqu et la guerre de Troye.

 

• Le genre Zerynthia a été décrit par Ferdinand Ochsenheimer (1767-1822), naturaliste allemand auteur d'un célèbre traité sur les papillons en dix volumes, le  Die Schmetterlinge von Europa paru à Leipzig. Le genre est décrit en Schmett. Eur. 4 : 29, 1816.

 

• L'espèce est décrite par Denis et Schiffermüller dans Ankündung eines systematischen Werkes von den Schmetterlingen der Wienergegend : 162, 1775, sous le protonyme Papilio polyxena.

  

 

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III. Le Flambé Iphiclides podalirius (Linnaeus, 1758).

 

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  Le Flambé est un autre papilionidae, comme la Diane, et surtout comme le Machaon Papilio Machaon auquel il ressemble un peu : comme ce dernier c'est un porte-queue, l'extrémité des ailes se prolongeant en pointe éffilèe, et comme lui il présente une forme globalement triangulaire. Mais mon spécimen a perdu, dans quelque échafourée ou quelque fourrée, ses accessoires caudaux., ce qui n'ote rien à une envergure qui peut atteindre 90 mm. La perte de ces queues peut s'expliquer de la manière suivante : lorsqu'il est posé ailes fermées, les taches foncées de la partie postérieure de l’aile inférieure évoquent une tête, les « queues » mimant des antennes. En atterrissant, le papillon pivote souvent de 180° par rapport à la direction d’où il vient, perturbant l’oiseau ou tout autre prédateur qui a vu cette manoeuvre : celui-ci s’attaque alors à la fausse tête, ce qui permet à l’insecte de s’envoler sauf, en ne perdant qu’un morceau de « queue ». (selon le site clairehodde.free.fr)

   Ces fameuses queues le font nommer Scarce Swallowtail, le Queue d'Aronde Rare, pour souligner qu'il est moins fréquent ( en Angleterre ) que Swallowtail, le Machaon.

   Les allemands le nomment joliement Segelfalter, le papillon-pavillon,  et ce terme de marine me fait penser à l'autre nom sous lequel nous le désignons : le Voilier.

 

• Le nom de genre donné par Hübner en 1819, Iphiclides, se rapporte à Iphicles. S'intéresser à ce héros mythologique n'enrichit en rien la description de notre papillon, puisqu'il n'a reçu ce nom que pour souscrire à la mode des noms antiques, et que les autres avaient déjà été attribués par Linné. Mais pour notre culture apprenons qu' Amphytrion avait une épouse, Alcméne : celle-ci fut séduite par Zeus qui avait pris l'apparence du mari. Au terme d'une grossesse dont nous ne savons rien, la sage-femme annonça un beau garçon, que l'on nomma Iphicles et qui était le portrait craché de l'heureux père Amphytrion. Mais le lendemain, Alcméne accoucha d'un énorme bébé, que l'on nomma Heracles, ou Hercule pour les latinistes, et qui ressemblait éxactement à Zeus lorsqu'il s'était déguisé en Amphytrion...

   Bref, iphicles est le demi-frère d' Hercule, qu'il accompagna dans ses Travaux.

   Mais voyons, cet Amphytrion cocufié, cela me rappelle... mais oui, c'est bien-sûr, ma lecture de l'Amphytrion de Molière, cette comédie "classique" dont je m'étais régalé à lire comment le pauvre Sosie, le valet d'Amphytrion, perd son latin ou son grec en se trouvant face à Mercure qui a pris son apparence ! (et c'est l'origine de notre mot "sosie")

 

• Le nom d'espèce podalirius ne nous fait pas quitter l'antiquité puique c'est Linné qui l'a choisi. Je l'ai dit, le Flambé est de la famille des Papillionidae, donc il est pour Linné de la phalange des Equites ( voir supra le Zerynthia) ; le Machaon y porte le numéro 27, mais le Podalirus ?

   Le cas Podalirus fait partie de ces petits écarts de la norme qui font le bonheur des zoonymistes comme moi au même titre qu'un défaut d'impression sur un timbre peut ravir un philateliste. Car podalirius n'a pas de numéro, mais est cité en note de bas de page dans le Systema Naturae  de 1758, à la page 463, alors qu'il apparaît dans le texte principal à propos de Protelisaus qualifié de "très semblable à Podalirio" :

 

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On remarquera que Réaumur est cité parmi les trois références.

   Mais qui est Podalire ? Tout simplement le frère de Machaon, lui aussi, en bon fils d'Aspecios/ Esculape, médecin des guerriers grecs pendant la guerre de Troie.

Le protonyme, le nom donné par Linné dans sa description de 1758, est Papilio Podalirius, avec sa majuscule.

 

    Je note aussi que le Type spécifique est conservé à Livourne en Toscane, ville proche de mon observation.

 

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IV L' Hespèrie de la Reine-des-près Pyrgus malvae (Linnaeus, 1758).

 

  On doit le nom de genre à Hübner, 1819 ; A.E.Emmet  propose l'étymologie issue de purgos, une tour de défense dans une muraille, auquel l'aspect crénelé de la frange peut faire penser.

  Malvae a été choisi par Linné mais la Mauve n'a jamais été une plante-hôte pour la chenille de cette Hespèrie qui préfèer les rosacées, la potentille, la petite pimprenelle, l' aigremoine eupatoire, ...ou la reine-des-prés.

 

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V. La Mélitée du plantain Melitaea cinxia (Linnaeus, 1758).

 

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   L'épithète spécifique cinxia vient du verbe latin cingo, cingere, cinxi, cinctum, ceindre, entourer d'une ceinture, mais il désigne surtout Cinxia, tel qu'on surnomme Junon lorsqu' elle préside aux mariages. C'est donc un épithète qui pourrait aussi convenir aux maires qui porte l'écharpe tricolore pour unir les couples devant le buste de Marianne.

   L'autre nom vernaculaire de cette Mélitée est la Déesse à ceinturon, mais j'aime bien le nom espagnol de Doncella Punteada.

  

   Le nom de genre Melitaea, Fabricius, 1807, serait selon A. M. Emmet un mot-puzzle associant Melinaea, surnom d'Aphrodite, Melitaea, nom d'une ville de Théssalie, melitoeis, le miel, et melitaios.

 

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VI . Le Sylvain azuré Limenitis reducta (Staudinger, 1901).

  Ou Nymphale du peuplier, Azuritis reducta, Limenitis anonyma Lewis 1872, ou Papilio drusilla pour Bergstrasser 1777, Papilio lucilla pour Esper 1778.

  Ou encore Southern White Admiral pour les anglais, Blauschwarsser Einsvogel à l' est du Rhin, et Ninfa de arroyas en espagnol.

 

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  Le nom de genre Limenitis Fabricius, 1807 ( Magazin.f.insektenk.(illiger) 6 : 281 ) vient du latin limen, inis, le seuil, la frontière. Diane limenitis, ou limnatis, était invoquée par les pêcheurs romains comme divinité des étangs et marais, alors que Limentinus était une divinité des portes. Limenitis qualifie selon Emmet une divinité protectrice des ports.

 

  L'espèce reducta  a été décrite par Staudinger et Rebel : Cat. lepid. paleoarct. Faunengeb, 3 : 22. 1901.

  Elle se distingue du Petit Sylvain Limenitis camilla par le ton rouge de la face inférieure de ses ailes postérieures, par une rangée simple de points noirs sur cette même face (L. camilla a une rangèe double ) et par une tache blanche supplémentaire sur la face supérieure de l'aile antérieure.

   Il est de coloration noire sur sa face supérieure, avec, selon l'orientation du soleil, de somptueux effets bleu-nuit métalliques.

     Il fréquente les lisières des forêts, les bords des chemins qui longent les sous-bois ensoleillès, se posant sur le sommet des arbres, ou sur les feuilles à hauteur d'homme. Le mâle est jaloux de son territoire, qu'il défend contre tout agent ailè étranger en décollant immédiatement pour l'intercepter et le reconduire de l'autre coté de ce qu'il considère être ses limes, ses frontières, afin de justifier son salaire de limenitis, douanier patenté. Puis, fort de cette manifestattion d'autoritè et même, comme tout agent de la force publique dans l'exercice de ses fonctions, légèrement imbu de sa personne, il s'autorise un guilleret pas de danse en tournoyant délicatement autour de son terrain d'aterrissage foliaire en de larges orbes calligraphiées avec maîtrise ; car il excelle en ce vol plané qu'il ne soutient que d'un battement d'aile, rarement plus, entre deux désinvoltes voltes. Seul son comportement agressif lui  permettre de se distinguer, à défaut de binoculaires, du sexe faible , morphologiquement identique _ ce qui, secrètement, le morfond.

   Son envergure est de 46 à 62 mm, pas un de plus, et il vole de mai à septembre en une, deux ou trois générations ; S'il est très commun dans le sud ou le centre de la France, on peut le trouver dans presque tous les départements hormis le mien, le Finistère, et quelques autres mal-lotis.

  La chenille est difficile, et ne vit que de chévrefeuille, Lonicera. Elle hiverne dans un abri de soie fabriqué avec un fragment de feuille, et elle nomme pompeusement cette tente canadienne son hibernaculum.

 

 

 

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VII. Le Citron Gonepteryx rhamni (Linnaeus, 1758).

 

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VIII. L'Azuré de la faucille et le Collier de corail.

 

 1 . L'Azuré de la faucille ou Argus rase-queue Everes alcetas Hoffmansegg, 1804.

 

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Pour le genre Hübner a décrit en 1819 celui d'Everes, de signification obscure, alors que Schrank avait choisi en 1801 dans Fauna Boica le nom de Cupido. On trouve donc ce papillon aussi sous le nom de Cupido alcetas.

 

Alcetas est un nom grec : on mentionne Alcetas Ier de Macédoine, Alcetas Ier d' Épire, un Alcetas général d'Alexandre le Grand, un Alcetas roi des Molosses, etc...

   L'espèce a été décrite sous le protonyme Papilio alcetas par le comte Johann Centurius, Graf  von Hoffmannsegg (1766-1849), botaniste, entomologiste  et ornithologue qui constitua de vastes collections. Il publia sa description dans Mag. f. Insektenk. (Illiger) 3: 205 en 1804.

 

 

  2. Le Collier de corail Aricia agestis (Denis & Schiffermüller, 1775).

 

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• Le nom de genre AriciaReichenbach 1817 correspond au nom d'une ancienne ville du Latium où était érigé un temple en l'honneur de Diane / Artemis. La légende veut qu'elle fut batit par Hippolyte fils de Thésée en mémoire de son épouse qui se prénommait, si on en croit Martial, Aricia. Ce fut une ville importante, qui  était distante de Rome de 16 lieux romaines. Diane cacha Hippolyte dans la forêt d'Aricia après qu' Esculape l'ait resuscité : Hippolyte batît un temple en l'honneur de sa bienfaitrice.

Heinrich Gottlieb Ludwig REICHENBACH (1793-1879)
Né à Leipzig, docteur en philosophie et en médecine, botaniste et  zoologiste, il dirigea, jusqu'à sa mort, le Jardin botanique de Dresde et fonda, en 1843, une société savante, "Flora", destinée à promouvoir la recherche scientifique en botanique et en horticulture.
  Il publia sa description dans : Jenaische Allgem. Lit. Ztg, Jena 14 (1): 280.

   Nabokov proposa en 1944 le nom d' icaricia, mot valise pour honorer Icare.

• L' épithète spécifique agestisvient du protonyme créè par Denis et Schiffermüller dans  Ankündung eines systematischen Werkes von den Schmetterlingen der Wienergegend: 184, No. N.13, 1775.

   Mais son étymologie est confuse, et Emmet n'adopte pas l'hypothèse de Pickard  d'une erreur pour agrestis, l'agreste, en argant du fait que les lépidoptèronymes de Denis et Schiffermüller font toujours référence à la mythologie classique. Il propose d'y voir une forme corrompue d'Argestes, dieu du vent de noroit, ce qui n'est guère séduisant.

 

 

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IX. Le Sphinx gazé Hemaris fuciformis (Linnaeus, 1758).

 

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  • Le nom de genre Hemaris nous vient de Johan Wilhem Dalman (1787-1828), médecin _son doctorat a été obtenu en 1817 à Uppsala _et naturaliste suédois, passionné de botanique comme tout médecin de l'époque, mais aussi d'entomologie, dont l'étude offre moins d'applications thérapeutiques si on excépte la poudre de cantharides. Bibliothécaire de l'Académie des sciences de Suède, directeur du jardin zoologique puis démonstrateur de botanique de l'institut Carolinska de Stockholm, il décrivit ce genre de Sphinx Hemeris dans K. svenska VetenskAkad. Handl. 37(2) : 207

   Ce nom d'hemaris vient du grec hemera, "le jour", pour témoigner des moeurs diurnes de ces hétérocères.

Le genre hemaris comporte douze espèces, dont H. tityus, le Sphinx bourdon ou bombyliforme, mais aussi H. diffinis ou Sphinx du chévrefeuille.

 

  • L' épithète spècifique fuciformis nous vient de la description de Linné, page 493 de son édition de 1758 du Systema Naturae, où cette espèce reçoit le numéro 28 de la liste des Sphinx. Après Tantalus (n°23), Tityus, Ixion, frellatarum, bombyliformis, et avant culiciformis, Salmachus et Belis ( on voit que Linné ne se départit pas, pour les papillons de nuit, de son idée de distribuer tous les noms propres de sa culture greco-latine, à commencer par Sphinx, tiré du mythe d'Oedipe), fuciformis fait exception : en signifiant  "en forme de frelon", (du latin fucus, "frelon" ), ce nom décrit la morphologie du papillon.

 

   C'est vrai qu'il ressemble à un frelon, ce cousin du Moro-Sphinx avec qui on pourrait le confondre si ses ailes rouges,son corps jaune-rouge-jaune et sa tête olivâtre le distinguait de Moro-Sphinx au corps brun et aux ailes brunes et rougeâtres. Il est attiré par les fleurs bleues, celles des rhododendron, des silènes, des Ajuga, Lychnis ou Pulmonaria,  et se présente devant chaque petit gobelet de nectar où un vol stationnaire à 60-70 battements d'aile par seconde lui permet de dérouler sa trompe et de viser avec précision l' ambroisie. Mais s'il reste un tiers de seconde devant chaque calice, c'est qu'il s'attarde, et la prise des clichés est un joli sport !

  Ses ailes sont presque dépourvues d'écaille. Son envergure va de 38 à 48 mm.

 

   Les anglais le nomment Broad-bordered Bee, ou Hawk-moth, papillon-faucon.

 

 

 

 

 

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Published by jean-yves cordier

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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