La chapelle de Véronique (1605-1610), située aux confins du bois de Goarlot, a été édifié en 1605-1610 en remplacement de celle de Loc-Maria, détruite après 1597 par les troupes de la Ligue sur le fief de Goarlot. Elle est en forme de croix latine avec chevet à pans coupés. Son clocher-mur est accosté d'une tourelle d'accès surmontée d'un dôme amorti par un petit lanternon. La sacristie date de 1662.
La chapelle est classée depuis 1914. Au début du XXe siècle, le pardon de la Véronique attirait les foules peut-être motivées par un bref d’indulgence à gagner par les paroissiens le jour de l’Ascension, accordé en 1731.
Son clocher a été abattu par un orage du 22 mars 1947 qui a détruit aussi les verrières qui avaient été restaurées en 1890. Restauré, le clocher est retombé en 1957. Toiture et clocher ont été restaurés en 1962.
Sa voûte n'est pas lambrissée, ce qui permet de découvrir une très belle charpente.
Photo lavieb-aile.Cliché lavieb-aile.
Selon S. Duhem "certains tronçons de sablière disparaissent durant les travaux de restauration entre 1952 et 1953"
Une pièce en est exposée sur un banc du chœur.
LES SABLIÈRES
Vocabulaire :
In S. Duhem 1999.
La présentation débutera par le côté nord de la nef, pour tourner dans le sens horaire .
Schéma lavieb-aile.
Au nord vers le fond de la nef, les pièces de sablière S1 à S3 ne sont pas (ou ne sont plus ? ) sculptées, tout comme les pièces en vis-à-vis au sud.
Nous débutons donc par la pièce S4.
S4 : Quatrième pièce de sablière (nef nord) : deux dauphins entourant un bucrane.
On nomme "dauphins" ou "poissons" des motifs zoomorphes à long nez retroussé, très fréquents dans le vocabulaire ornemental de la Renaissance.
Le "bucrane" (crâne de bœuf) se rapproche ici plutôt d'une tête de bélier.
Sablières de la chapelle de la Véronique à Bannalec. Cliché lavieb-aile 2025.
Sablières de la chapelle de la Véronique à Bannalec. Cliché lavieb-aile 2025.
Sablières de la chapelle de la Véronique à Bannalec. Cliché lavieb-aile 2025.
Sablières de la chapelle de la Véronique à Bannalec. Cliché lavieb-aile 2025.
S5 : cinquième pièce de sablière (croisée transept nord) : couple hybride nu entourant un masque.
Sablières de la chapelle de la Véronique à Bannalec. Cliché lavieb-aile 2025.
Sablières de la chapelle de la Véronique à Bannalec. Cliché lavieb-aile 2025.
Sablières de la chapelle de la Véronique à Bannalec. Cliché lavieb-aile 2025.
Sablières de la chapelle de la Véronique à Bannalec. Cliché lavieb-aile 2025.
Sablières de la chapelle de la Véronique à Bannalec. Cliché lavieb-aile 2025.
S6 : sixième pièce de sablière (chœur nord) : dragons hybrides entourant un masque.
Sablières de la chapelle de la Véronique à Bannalec. Cliché lavieb-aile 2025.
Sablières de la chapelle de la Véronique à Bannalec. Cliché lavieb-aile 2025.
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S7 : septième pièce de sablière (chœur nord) : couple nu entourant les armoiries de François de Kerhouënt de Kergounadec'h.
Sablières de la chapelle de la Véronique à Bannalec. Cliché lavieb-aile 2025.
Á gauche, une femme aux cheveux frisées se tient allongée nue, adossée à une cruche à godrons, souriante, et cachant son sexe d'une feuille.
Sablières de la chapelle de la Véronique à Bannalec. Cliché lavieb-aile 2025.
Sablières de la chapelle de la Véronique à Bannalec. Cliché lavieb-aile 2025.
Un vase couvert à deux anses sert à présenter les armoiries du seigneur fondateur de la chapelle. Cet échiqueté de gueules et d'or correspond aux armes de la famille de Kerhoënt de Kergounadec'h.
Après avoir appartenu successivement aux Goarlot, aux Pont-L'Abbé, aux Rosmadec-Goarlot, à Anne de Quelennec, puis Marie de Pleuc, la seigneurie de Goarlot , dont dépend la chapelle de la Véronique, échût aux Kerhoënt de Kergounadec'h.
Elle passera à leur fille Renée et à son époux Sébastien II de Rosmadec, puis aux du Chastel.
Le fondateur de la chapelle est François de Kerhoënt de Kergounadec'h, chevalier, vicomte de Plouider, seigneur de Kergounadec'h, de Coëtmenec'h, de l'Estang, de Coëtanfao et de Kerjoly. Il est né à Cléder en 1560 et décédé en 1629 à Clohars-Fouesnant.
Il est le fils d'Olivier de Kerhoënt et de Marie de Plœuc.
Il épouse en 1583 — comme nous allons le voir sur les blasons mi-parti— Jeanne de Botigneau, dame de Bodinio. Le couple eut deux filles, Renée (1601-1643) et Claude (1604-1648).
La chapelle est fondée en 1605, l'année suivant la naissance de Claude.
On trouve aussi ses armoiries, entourées du collier de l'Ordre de Saint-Michel et surmontées d'une gueule de lion, au dessus de la chambre des cloches du clocher (avec le chronogramme 1610 indiqué sur la façade) :
Clocher de la chapelle de la Véronique. Cliché lavieb-aile 2025.
On les trouve encore sur un fragment de vitrail :
pièce de verrière du XVIe siècle, chapelle de la Véronique. Cliché lavieb-aile 2025.
François de Kergounadec'h obtint le collier de Saint-Michel en 1599 pour s'être illustré durant la guerre de la Ligue, défendant le parti du Roi à la tête de la noblesse de l'évêché de Léon.
Sablières de la chapelle de la Véronique à Bannalec. Cliché lavieb-aile 2025.
Un homme aux cheveux frisés jambes croisées, est allongé nu, adossé à une cruche, et il s'pprête à ses servir à boire, tenant une cruche en main droite et un gobelet en main gauche.
Sablières de la chapelle de la Véronique à Bannalec. Cliché lavieb-aile 2025.
S8 : huitième pièce de sablière (chœur, pan gauche du chevet) : deux lions présentant les armes mi-parti du couple fondateur de la chapelle, entourées du collier de l'Ordre de Saint-Michel.
Encadrés par deux cornes d'abondance ou cornucopia, deux lions ou plutôt selon le vocabulaire héraldique deux léopards passants présentent les armes mi-parti de François de Kergounadec'h et de Jeanne de Botigneau : en 1 échiqueté de gueules et d'or (Kergounadec'h), en 2 de sable à l'aigle bicéphale d'argent, becquée et membrée de gueules (Botigneau).
Sablières de la chapelle de la Véronique à Bannalec. Cliché lavieb-aile 2025.
Sablières de la chapelle de la Véronique à Bannalec. Cliché lavieb-aile 2025.
Sablières de la chapelle de la Véronique à Bannalec. Cliché lavieb-aile 2025.
Sablières de la chapelle de la Véronique à Bannalec. Cliché lavieb-aile 2025.
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S9 : neuvième pièce de sablière (chœur, axe du chevet) : deux femmes hybrides présentent la date de 1605, le nom du fabrique et celui du charpentier-sculpteur.
Sablières de la chapelle de la Véronique à Bannalec. Cliché lavieb-aile 2025.
Á gauche, une figure hybride mi-humain présente de la main droite un phylactère portant l'inscription I : PRIMA : LO : FA.
La femme aux cheveux frisés, nue, voit son buste se prolonger par une queue feuillagée s'achevant en volute.
L'inscription est en partie résolue. On sait, c'est l'usage partout en épigraphie de nos chapelles, que les lettres FA valent pour "fabrique" et suivent donc le nom d'un membre du conseil de fabrique de la chapelle. Les lettres LO sont l'abrégé de "lors". La lettre I peut correspondre à l'initial de IAN ou de IVES.
Les généalogistes signalent le patronyme PRIMA à Bannalec au XVIIe siècle, mais un peu après 1605. Un Gédéon Prima de Kerbiquet a une fille Catherine, née en 1644.
Jean Prima a épousé Marguerite Salaun, dont Alain Prima né en 1621 à Bannalec. S'il s'agit d'un mariage tardif ou d'un remariage, cela peut coller à la riguer avec un Ian Prima, fabrique en 1605 (donc majeur). Mais ce Ian Prima serait plutôt d'une génération antérieure. Mais le patronyme Prima n'est pas attesté à Bannalec avant 1621.
Un candidat pourrait être leur "aieul o prima", laboureur, père de Claude (né en 1625), Pierre, et Paul.
Ils mentionnent un Alain Prima décédé en 1673 à Trébalay, Bannalec, ainsi que sa fille Marie
Transcrivons l'inscription comme : "IAN PRIMA LORS FABRIQUE".
Sablières de la chapelle de la Véronique à Bannalec. Cliché lavieb-aile 2025.
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La date de 1605 dans un cartouche de cuir découpé à enroulement, mis à la mode par l'École de Fontainebleau, et, dans les sablières de Basse-Bretagne, par le Maître de la chapelle du château de Kerjean, ou Maître de l'église de Pleyben (1567-1576), précédé par le Maître de l'église de Plomodiern (1561-1566).
Sablières de la chapelle de la Véronique à Bannalec. Cliché lavieb-aile 2025.
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L'autre hybride féminin, à la queue tout aussi feuillagée mais s'achevant en épillet, tient un phylactère portant l'inscription M : VINGA : LE : MAVT.
Il s'agit du nom du charpentier sculpteur, comme nous le verrons lorsque nous retrouverons son nom accompagné de ses outils sculptés, une herminette et une équerre.
On peut la transcrire ainsi : M[AÎTRE] VINGA LE MAUT.
Le patronyme Le Maut est une forme (attestée en 1336 , 1605, 1621, etc) de Le Maout, nom de personne issu du breton signifiant "le mouton" et attesté également à cette époque dans la région de Quimper (A. Deshayes), mais aussi en Morbihan et Côtes d'Armor (mais non à Bannalec). Il est évident que le charpentier devait se déplacer de chantier en chantier, et ne pas être d'origine locale.
Ce qui est plus intriguant, c'est son prénom Vinga. Il est d'origine scandinave ou germanique. Geneanet n'en signale que deux occurrences en France, toute époques confondues... dont une en Bretagne à Penhars en 1625-1675 : Vinga Quinguin.
Le chanoine Abgrall y a lu VINCA qu'il considère comme devant être lue pour "Vincent". Sophie Duhem parle de "Vincent Le Maout" p. 300.
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S10 : dixième pièce de sablière (chœur, pan droit du chevet) : deux oies tiennent un rinceau centré par un masque.
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S11 : onzième pièce de sablière (chœur droit ) : un couple accompagné de boucs présentent les armoiries de Kergounadec'h.
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L'homme à longue barbe et cheveux bouclé est allongé, le bras nonchalamment passé dans l'anse d'une coupe godronnée remplie de fruits. Son bras droit est tendu entre ses cuisses fléchies, vers la croupe d'un bouc.
La coupe sert à présenter les armoiries des Kergounadec'h, échiquetées de gueules et d'or.
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La femme (cheveux bouclés, seins à mamelons très développés) a la même attitude que son compagnon.
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S12 : douzième pièce de sablière (chœur au sud) : couple de faune et faunesse souriants, le bras passé dans l'anse d'une coupe de fruits. Une cruche est renversée de chaque côté.
Le faune, aux moustaches à la gauloise, se reconnaît à ses oreilles longues et pointues, aux sabots de ses pattes, à sa queue (qui passe malicieusement par l'anse de la cruche) et à son caractère ithyphallique.
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La faunesse au sourire jovial a les mêmes oreilles, les mêmes pattes à sabots, la même queue, mais ses mamelles sont généreuses. Elle pose une main sur sa cuisse.
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S13 : treizième pièce de sablière (croisée du transept au sud) : ange au centre, écartant les bras pour tenir deux phylactères. Dragon à l'extrémité gauche, porc-épic couronné à droite.
L'ange présente sur le phylactère de gauche l'inscription : D : G: CARADEC : PBR .
Je la transcris ainsi : DISCRET G. CARADEC PRÊTRE. Sophie Duhem propose "Dom G. Caradec prêtre"
L'inscription de droite dit : D : Y: BOHIEC : PBRE
Je transcris par DISCRET [ou Dom] YVES BOHIEC PRÊTRE.
Le patronyme BOHIEC est rare (14 occurrences en Bretagne pour geneanet), la forme BOHEC ("joue, joufflu") plus répandue.
Il pourrait s'agir de chapelains au service des nobles fondateurs, et "ayant assisté (Duhem) à la consécration de la chapelle". Le recteur de Bannalec n'est pas concerné.
On sait que le porc-épic couronné était l'emblème du roi Louis XII, roi de 1498 à 1515 et époux d'Anne de Bretagne, avec sa devise Cominus et eminus, "de près et de loin". On le trouve largement au château de Blois. Quelle signification ici un siècle après le règne de Louis XII ? Opposé à un dragon et dans le contexte de ces sablières, peut-être une signification ironique.
Tout comme les deux escargots arpentant les phylactères.
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S14 : quatorzième pièce de sablière (nef sud) : une chasse.
Trois chiens, deux lévriers portant un collier et un chien type Saint-Hubert, sans collier, parte en poursuite d'un gibier, mais non sans ironie, l'animal en question est derrière eux et les poursuit. Est-ce un lapin ? Un sanglier?
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LES SABLIÈRES DES BRAS DU TRANSEPT.
I. LA CHAPELLE NORD.
Côté est, pièce n°1. Un lion et un mouton entourant un bucrane.
Blochet : personnage en pied tenant une tunique blanche.
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Côté est, pièce n°2. Deux lions présentant les armoiries du couple fondateur. Cf chœur pièce n°8.
Blochet : personnage en pied tenant un objet non identifié.
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Côté ouest, pièce n°3 : deux "dauphins" affrontés (cf. pièce 4, nef).
Blochet : personnage en pied portant un des Instruments de la Passion.
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Côté ouest, pièce n°4 : couple de faune et faunesse se caressant.
Nous retrouvons le couple de faunes de la pièce 12 du chœur : longue barbe, queue, sabots, phallus en érection du faune, queue, sabots, poitrine généreuse de la faunesse, qui tient en main un objet (feuille?) vert. Le couple semble prêt à s'embrasser.
Le blochet montre un personnage en pied tenant un objet gris ovale (cuvette ?).
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II. LA CHAPELLE SUD.
seules les pièces 1 et 4 sont sculptées.
Côté est, pièce n°1 : un mouton et un bouc tiennent un cartouche à cuir à enroulement avec une inscription .
On retrouve le nom du charpentier-sculpteur VINGA LE MAV[T] au dessus de deux de ses outils en guise d'emblèmes : l'équerre et la hache ou herminette.
Blochet : femme au cheveux frisés et vêtue d'une tunique plissée, tenant la lanterne, l'un des instruments de la Passion.
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Côté ouest, pièce n°4 : couple de faunes autour d'une coupe de fruits portant les armes mi-parti Kerganadec'h/Botigneau.
Le blochet montre une femme tenant les clous de la Passion.
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Autres blochets.
Une femme tenant la colonne de la Flagellation.
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LES ENTRAITS Á ENGOULANTS.
Entrait E6.
Au centre, une femme nue, hybride, les jambes écartées sont des ailes multicolores. Elles tient dans ses bras écartés des bouquets.
Il ne s'agit pas d'une sirène (femme-poisson).
Entraits et poinçons de la chapelle de la Véronique à Bannalec. Cliché lavieb-aile 2025.
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Entrait E5.
Au centre (diamant) de l'entrait, un masque de femme à la chevelure entourée de deux serpents et de deux oies. En dessous, dans un cartouche, deux trompes de chasse entrelacées. Bord inférieur sculpté d'une frise spiralée bleue et rouge
Entraits et poinçons de la chapelle de la Véronique à Bannalec. Cliché lavieb-aile 2025.
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About de poinçon du chœur. Ange tenant le voile de Véronique où est sculpté la face du Christ, couronnée d'épines.
Note : deux statues de sainte Véronique présentant son vole sont conservées dans le chœur et dans la chapelle sud.
Cliché lavieb-aile 2025.Cliché lavieb-aile 2025.
Entraits et poinçons de la chapelle de la Véronique à Bannalec. Cliché lavieb-aile 2025.
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About de poinçon : un masque bi-face.
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About de poinçon de la nef : sur un globe, deux femmes, nues, soutenant le calice et l'hostie. Sur l'autre face, deux jeunes hommes nus, une jambe fléchie.
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La crossette nord-ouest : un acrobate.
Je ne peux terminer cette description sans quitter, sous peine d'être taxé de hors sujet, l'acrobate sculpté dans la pierre qui orne l'angle nord-ouest de la chapelle, à l'extérieur.
En effet, sa posture, empoignant sa cheville d'un poignet ferme, reprend celle d'autres crossettes comparable, à Dirinon, ou à la Maison du guet de La Martyre, ou à Ty Mamm Doué de Quimper, à Landerneau, à l'église de Goulven, à l'église de Confort-Meilars, au Doyenné du Folgoët, à la chapelle Saint-Nicodème de Ploéven, au château de Pontivy, .
Il trouve sa place dans cet article pour souligner combien les artistes, tout en innovant sans cesse et en faisant preuve d'originalité, reprennent les mêmes motifs qu'ils contribuent à diffuser. C'est le cas pour ce sculpteur de pierre, comme c'est le cas pour Vinga Le Maut sur ses sablières, alliant une grande liberté à l'égard du caractère sacré des sanctuaires, et une grande fidélité par rapport à des thèmes qui traversent l'imaginaire de la sculpture romane.
Crossette de la chapelle de la Véronique à Bannalec. Cliché lavieb-aile 2025.
SOURCES ET LIENS.
—Il n'existe pas de description complète semblable à celle-ci des sablières et pièces de charpente de la Véronique , hormis celui de Monik sur Glad.
https://glad.bretagne.bzh/fiches/347907
Cette dernière autrice cite la source suivante :
—RIO Bernard "Le cul bénit -amour sacré et passions profanes" -ed Coop Breizh
: sirène bifide (entrait de la nef ) p 90) - Sirène allaitant 2 cochons p 96 (la clé de voute ???) - femme nue p 118 - onanisme (sablière) 130 - 2 personnages ithyphalliques - mi homme mi bouc (sablières) p 146 - acrobate (rampant ?) p178 - satyre (p 185).
J'ai consulté, outre les documents présentés dans la chapelle (sur l'héraldique notamment), les ouvrages suivants (et notamment S. Duhem, ouvrage de référence) :
—ABGRALL (Jean-Marie), 1902, Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie de Quimper.
"Située dans un site charmant aux confins des bois du Gaolouet, près de la route de Rosporden, à 5 kilomètres du chef-lieu. Ancien vocable Locmaria, aujourd'hui La Véronique, et quelquefois Itron-Varia ar Veronik. La statue de la Sainte se voit au côté de l'Evangile du maître-autel, faisant pendant à la statue de N.-D. de Bon-Secours.
Nous empruntons la plus grande partie de ces notes sur les chapelles de Bannalec, au travail que nous a laissé M. Le Sann, ancien curé de cette paroisse.
La chapelle a été bâtie sans doute par la famille de Rohan. M. du Fou, Sgr de Rohan, était allié aux Tinténiac de Quimerch, comme on peut le voir par les registres des baptêmes ». Cependant, cette alliance des Rohan avec les Tinténiac, prouvée par des registres de baptême, ne remontant qu'en 1621, ne suffirait pas à prouver la fondation par les Rohan d'une chapelle certainement antérieure à cette époque. Le pardon a lieu le jour de l'Ascension. Il y vient quelques pèlerins, particulièrement des environs de Querrien et de Lanvénégen, qui ne manquent jamais de dire, en donnant leur offrande : d'a Itron-Varia ar Veronik. On dit dans cette chapelle une messe par mois et tous les vendredis de Carême. La grande dévotion des paroissiens de Bannalec pour cette chapelle est d'y assister, à la messe, au moins un vendredi pendant le Carême ; c'est en action de grâces de la cessation immédiate de la variole qui faisait de nombreuses victimes en Bannalec, en 1871, et pour demander d'en être préservé à l'avenir.
La chapelle actuelle porte la date de 1605, ainsi que les vitraux ; la sacristie, celle de 1662.
En 1711, la trève de la Véronique portait le nom de Breuriez Locmaria ; la frairie aurait donc conservé son nom, pendant que la chapelle neuve, bâtie par les Rohan, changeait de vocable » (M. Le Sann).
Trois autels : le maître-autel ; Saint-Eloy ; La Passion. Les trois vitraux, un peu trop restaurés et trop renouvelés dans une réparation récente, enferment les sujets suivants : Fenêtre du milieu : Baiser de Judas ; portement de croix ; crucifiement. Fenétre Sud : Mort de la Sainte-Vierge ; Assomption. Fenêtre Nord : En haut, la Cène ; en bas, ange portant la croix ; la Véronique tenant la Sainte-Face. Inscription : OLIVIER, VICAIRE.
Il faut signaler les statues de saint Corentin, N.-D. de Bon-Secours et saint Alain, cette dernière venue de Lannon, saint Eloy, saint Barthélemy, saint Roch, Notre-Seigneur au tombeau, Marthe et Marie.
La corniche est remarquable, on y voit des scènes bizarres, telles que la chasse faite à deux levrettes par un lapin étique, des poissons se poursuivant à outrance, deux buveurs de cidre, homme et femme, étendus de leur long, se touchant par les pieds et buvant à cœur joie.
Puis vient cette inscription : I . PRIMA . LORS . FAB . 1605 — M. VINCA. (Vincent) LE MAVT . — D . C . CARADEC . PBRE (prêtre) — D . Y . BOHEC . PBRE. Le nom de Vincent Le Maut ou Le Maout est répété encore sur une autre corniche, près d'un cartouche tenu par deux moutons, et dans lequel sont sculptées une hache et une équerre de charpentier. Ce sont des armes parlantes, car le Maut ou Maout, en breton, signifie mouton, et ces instruments professionnels indiquent que c'est là le nom de l'ouvrier en bois qui a fait la charpente et exécuté ces sculptures.
Les tirants sont gracieux avec des chimères à la gueule immense et à la queue menaçante. Les pendentifs sont d'un très beau travail : l'un représente sainte Véronique tenant déroulé le Saint-Suaire, l'autre, splendide bloc de chêne, porte un personnage à chaque angle, un sujet à chaque face, le tout supporté par le Saint-Esprit sous forme de colombe.
La corniche qui fait cordon autour de la chapelle, à la naissance du lambris, est ornée à tous les angles de petites statuettes très jolies, d'un très bon goût ; mais il a été impossible de déterminer les personnages qu'elles représentent.
En 1731, un bref d'indulgence à gagner le jour de l'Ascension fut accordé à la chapelle de la Véronique (G.193). Dans les vitraux on remarque les armoiries suivantes : Echiqueté de gueules et d'or ; Echiqueté d'argent et d'azur ; De sable à l'aigle à deux têtes aux ailes éployées d'argent ; Pallé d'azur et d'argent . En 1790, les comptes de la chapelle de la Véronique portent à 247 livres le montant des recettes"
— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières, images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. Presses Universitaires de Rennes 385 p.-[16] p. de pl. en coul. Note : Bibliogr. p. 367-379. Notes bibliogr. Index . Bannalec : pages 3, 28, 31, 47, 61, 85, 100, 102, 180, 183, 283, 291, 300 et 302.
L'emblématique de la chapelle de Laurent de Gorrevod (v. 1540) au monastère royal de Brou. Les monuments funéraires. Le vitrail de l'Incrédulité de saint Thomas.
Au-delà de l'oratoire de Marguerite se trouve la chapelle de son conseiller, Laurent de Gorrevod, dédiée à Notre-Dame de Pitié. Elle abrite les tombeaux de Laurent de Gorrevod et de ses deux épouses, Philiberte de la Palud et Claude de Rivoire, ainsi que de plusieurs membres de leur famille. Les magnifiques gisants en bronze de Gorrevod et de ses épouses furent détruits à la Révolution, et seule subsiste la dalle sur laquelle reposaient les statues, portant la devise du fondateur —POUR JAMES (lire :"jamais") — et les initiales L. F. et L. C. (lettres de son nom et de celui de ses épouses ), reliées par la cordelière de Savoie.
L.F = Laurent et Filiberte, pour Filiberte de la Pallud, décédée en 1509
L.C = Laurent et Claudine de Rivoire, décédée en 1535
Rappel :
La famille de Gorrevod joua un rôle considérable dans le duché de Savoie. Louis de Gorrevod, évêque de Maurienne et abbé d'Ambronay, avant de devenir le premier et éphémère évêque de Bourg puis cardinal, en 1530, avait présidé au mariage savoyard de Marguerite d'Autriche, en 1501 . Et c'est lui qui consacra l'église de Brou en 1532.
La Chapelle de Ducs de Pont-de-Vaux , située du côté nord et dans laquelle on pénètre par une arcade supportant la galerie haute qui mène à l'oratoire de la princesse, est due à Laurent de Gorrevod, qui fut le chef du conseil pour la construction de la maison et de l’église de Brou. Acté par la Princesse à la date du 28 avril 1520, Laurent de Gorrevod choisit sa sépulture pour lui et successeurs dans cette chapelle. Les gisants en bronze ont été fondus à la Révolution pour en faire des canons.
Laurent de Gorrevod (né en Bresse vers 1470 ; † 6 août 1529 à Barcelone) faisait partie de la haute noblesse savoyarde. Il fut écuyer de Philibert Le Beau puis gouverneur de Bresse ; il suivit Marguerite d'Autriche aux Pays-Bas en tant que son chevalier d'honneur avant d'être attaché à Charles Quint. Il fut baron de Marnay et de Montenai, comte de Pont-de-Vaux et vicomte de Salins.
L'écu est entouré du collier de la Toison d'Or, est suspendu à un heaume entouré de lambrequins, surmonté d'une licorne comme cimier, reposant sur un tortil.
J'intérprête l'élément animal à crinière de cheval et dont la tête est brisée comme une licorne en me basant sur le R.P. Rousselet : "Contre le pilier où le Mausolée est adossé on a suspendu l'écu des armes de la Maison de Gorrevod ,d'azur au chevron d'or, ayant pour supports deux Lions d'or & une licorne d'argent pour cimier».
2. Les lettres L et F réunies par la cordelière de Savoie.
Les lettres L pour Laurent et F pour Filiberte sont perlées, tressées, et leurs empattements fleurissent en prolongements exubérants, qui viennent jouer avec les entrelacements de la cordelière à glands de passementerie.
On notera, sur la droite du phylactère portant le mot POUR JAMES, les fleurs de marguerite, ultime hommage à Marguerite.
J'ai, débarquant ici en touriste, cru d'abord très naïvement que le monument honorait un défunt prénommé JAMES.
James (ou jamès) est une forme rare de jamais, retrouvée toujours en lien avec Marguerite d'Autriche. Elle est d'abord attestée dans un courrier de Maximilien à Marguerite :
"Très chière et très amée fylle, jé entendu l'avis que vous m'avez donné par Guyllain Pingun, nostre garderobes vyess, dont avons encore mius pensé desus.
Et ne trouvons point pour nulle résun bon que nous nous devons franchement marier, maès avons plus avant mys nostre délibération et volontéde jamès plushanter faem nue."
Ou dans un courrier de Marguerite à son valet :
"Premier, que je desire sur toute chose mestre ma religion en tel estat quepour jamés ils n'aient grant povreté; mes qui puissent vivre sans mandier..."
Et enfin dans un charmant rondeau que Marguerite d'Autriche a écrit de sa main :
"C'estpour jamèsqu'un regret me demeure;
Que sans sesser nuit et jour à tout eure
Tant me tourmant que bien voudroi mourir;
Car ma vie n'est fors seulement languir,
Et s'y faudra à la fin que j'en meure.
De l'infortune estais bien seure
Quan le regret maudit où je demeure
Me coury sus pour me faire mourir,
Car ma vie n'est fors
Seulement languir:
Sy faudra que j'en meure "(Bibliothèque royale de Bruxelles, cité par E. E.Tremayne
sur le vitrail en place, des armoiries des Gorrevod, accompagnées de la devise «pour james » et celles de sa seconde épouse, ..
3. Le blason en losange de l'épouse, entouré de la ceinture Espérance.
4. Deuxième réunion des lettres L et F.
5. Les lettres L et C réunies par la cordelière de Savoie.
6. Le blason en losange de l'épouse, entouré de la ceinture Espérance.
7. Deuxième réunion des lettres L et C.
On en admirera la préciosité de graphie des lettres. Non seulement leurs fûts sont perlés et les empattements sont bifides, mais certains fûts sont aménagés d'une fente où se faufilent les traverses et les diagonales, aux extrémités parfois tressées en brandebourg.
8. Sur le monument : le briquet et la croix écotée.
Le vitrail de l'Incrédulité de saint Thomas, baie 13 (1527-1531).
Numérotation des vitraux selon le Corpus Vitrearum
Ce vitrail de la chapelle de Gorrevod porte les armes de Laurent de Gorrevod et de sa seconde épouse Claudine de Rivoire.
Baie 13, chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
Baie 13, chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
Le tympan : 15 anges en prière.
Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
Registre supérieur : suspendues aux arches de l'architecture gothique flamboyant, les armes de Philibert le Beau et de Marguerite d'Autriche.
On remarque les élements de décor Renaissance, comme les dauphins (au sommet ou en frise) et les médaillons de personnage de profil.
Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
Deux femmes à la poitrine nue et au bas du corps qui se transforme dans le rinceau feuillagé affrontent les têtes de "dauphins".
Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
Le registre principal : l'Incrédulité de saint Thomas vénérée par Laurent de Gorrevod et Claudine de Rivoire, en donateurs.
Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
L'Incrédulité de saint Thomas: l'apôtre Thomas met ses doigts sur la plaie du flanc droit du Christ ressuscité, sur l'injonction de ce dernier.
Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
Laurent de Gorrevod agenouillé en donateur sur son prie-dieu, en armure recouvert d'un tabard à ses armes, est présenté par saint Laurent, tenant le grill de son martyre.
Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
Le blason de Laurent de Gorrevod.
Ses armes d'azur au chevron d'or sont entourées du collier de l'Ordre de la Toison d'or (dont les briquets sont bien visibles) et timbrées de la couronne de baron.
Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
Claudine de Rivoire présentée par saint Claude.
Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
Le blason losangique (féminin) mi-parti de Claudine de Rivoire
Née en 1465 et décédée le 28 décembre 1535 à Besançon, c' est la fille de Louis, seigneur de Gerbaiset de Marguerite d'Albon. Elle a épousé Laurent de Gorrevod en 1509. Elle est veuve depuis décembre 1529. Le couple eut une fille, Louise.
Dans une guirlande d'honneur, les armes de Gorrevod, en 1, sont associées à celle de la famille de Rivoire, en 2 , Fascé d'argent et de gueules à la bande d'azur brochant sur le tout chargé de trois fleurs de lys d'or posées en bande.
https://man8rove.com/fr/blason/dkdvpc6-rivoire
Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
SOURCES ET LIENS
— BEAUME (Florence), 2015, LA FAMILLE GORREVOD ET SES COMMANDES ARTISTIQUES La famille Gorrevod et ses commandes artistiques, in Colloque organisé par Laurence Ciavaldini Rivière, professeur d' université Grenoble-Alpes et Magali Briat-Philippe, conservateur, responsable du service des patrimoines, monastère royal de Brou, Bourg-en-Bresse
— collectif, 2015, Princesses et Renaissance(s), La commande artistique de Marguerite d'Autriche et de son entourage, Colloque organisé par Laurence Ciavaldini Rivière, professeur d' université Grenoble-Alpes et Magali Briat-Philippe, conservateur, responsable du service des patrimoines, monastère royal de Brou, Bourg-en-Bresse
L'emblématique (amoureuse) de Marguerite d'Autriche au monastère royal de Brou : armes parlantes, lettres entrelacées, cordelières, briquets de Bourgogne, Croix de Bourgogne, devise FERT, ceintures d'Espérance, blasons... etc.
C'est après avoir achevé cet article que j'ai réalisé qu'écrire l'emblématique du monastère royal de Brou, consistait en fait à décrire tout, absolument tout de l'église Saint-Nicolas-de-Tolentin...
A l’origine, une merveilleuse histoire d’amour
"Fille de l’empereur Maximilien de Habsbourg et petite-fille du dernier grand-duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, Marguerite d’Autriche (1480-1530) est veuve à 24 ans de Philibert le Beau, duc de Savoie, qui meurt en 1504 après une partie de chasse. Dès 1506, elle décide de bâtir aux portes de la ville de Bourg en lieu et place d’un modeste prieuré bénédictin, le monastère royal de Brou pour perpétuer sa gloire et le souvenir de l’amour qu’elle portait à son époux, mais aussi son ambition politique d'héritière du duché de Bourgogne et de régente des Pays-Bas. Suite à la décision de la princesse d’être inhumée aux côtés de son époux, il s’agit désormais de construire un écrin digne de son rang qui abritera trois somptueux tombeaux : ceux de Philibert le Beau, de sa mère et le sien propre. En souvenir du jour de la mort de Philibert, Marguerite exige que l’église soit placée sous le vocable de saint Nicolas de Tolentin, moine augustin italien très populaire en Savoie.
Nommée en 1506 régente des Pays-Bas pour le compte de son père puis de son neveu l’empereur Charles Quint, Marguerite suit depuis la Belgique ce chantier exceptionnel, rapidement mené (1505-1532). Elle y envoie les meilleurs maîtres d’œuvre et artistes de toute l’Europe, dont l’architecte de renom Loys Van Boghem qui succède à Jean Perréal. En juillet 1513, la première pierre de la nouvelle église est posée. Il ne faudra que 26 ans pour construire ce magnifique chef d'œuvre, ce qui est exceptionnel à cette époque. Marguerite s’éteint le 1er décembre 1530, sans avoir vu son œuvre achevée. Son corps est inhumé à Brou en juin 1532."
L'EXTÉRIEUR : LES PORTAILS OUEST ET NORD, LES FAÇADES.
LA FAÇADE OCCIDENTALE
" Un ample arc en anse de panier est surmonté d’une accolade ouvragée sur laquelle figure une statue de saint André (saint patron de la Bourgogne). Cette façade occidentale a la forme d’un vaste triangle divisé en trois bandes verticales : le corps central correspond à la nef et les deux pignons latéraux couvrent les bas-côtés. Le corps central est divisé lui-même en trois étages par des balcons ajourés.
Le portail dont les sculptures très riches encadrent un tympan, montre Philibert et Marguerite présentés au Christ par leurs saints patrons. Sur le trumeau, on trouve saint Nicolas de Tolentin avec son étoile. L’église de Brou est placée sous son patronage. De part et d’autre, figurent les apôtres saints Pierre et Paul, patrons du prieuré bénédictin antérieur. Aux niveaux supérieurs se détachent trois grandes fenêtres gothiques puis encore au dessus un pignon triangulaire terminé par un fleuron et deux pinacles."
Mais on peut décrire encore 7 frises emblématiques (photo) à côté des blasons losangiques, donc féminins, de Marguerite, où se succèdent les marguerites, le P et le M liés par les lacs d’amour, et les emblèmes bourguignons : la croix de saint André (en X) unie au briquet.
Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
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Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
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I. LES LETTRES P et M ET LES ENTRELACS.
Elles sont partout sur les moulures des deux portails, leur recherche dans le décor devient une chasse jubilatoire mais inlassable.
Ce sont les initiales de Philibert le Beau et de son épouse Marguerite d'Autriche. En signe d'amour, d'union indéfectible malgré la mort de Philibert en 1504, à 24 ans, trois ans après son mariage en 1501.
[En 1483, à la mort de leur mère, Marguerite de Bourbon, Philibert et Louise de Savoie avaient été envoyés à la cour. Une partie de leur enfance s’était donc déroulée à Amboise, en compagnie de Marguerite d’Autriche qui, alors promise au dauphin Charles, futur Charles VIII, vivait également auprès d’Anne de Beaujeu, et ce depuis cette même année 1483... ]
La légende dit que le beau Philibert est mort d'avoir bu de l'eau trop glacée alors qu'il avait excessivement chaud lors d'une partie de chasse. On peut penser à un accès de fièvre, peut-être d'une pneumonie, car son épouse lui avait , dit-on, déconseillé d'aller chasser, alors qu'il était déjà bien grippé. Mais la chasse est, chez les seigneurs, une addiction parfois maudite, comme en témoignent les légendes de saint Hubert ou de saint Eustache.
Philibert était si mordu de chasse que, duc de Savoie à 17 ans, il avait laissé le gouvernement de ses États à son demi-frère René de Savoie, pour s'y adonner.
Marguerite d'Autriche, imitant en cela Louise de Savoie, veuve dès 1496 ne se remariera jamais et ne cessera, dès lors, de porter le deuil de son époux ou d'honorer sa mémoire. Mais si Louise de Savoie portait le deuil en noir, Marguerite porta le deuil blanc, qui se différencie par la présence d’un voile blanc plissé, recouvrant le corps du menton jusqu’à la poitrine ou la taille, d’inspiration flamande ou germanique. Et elle porte l'attifet presque toujours doublé d’un serre-tête blanc, qui cache le front comme le bandeau des religieuses. Ses manches sont doublées d'hermines. Un fin anneau noir est passé à son index gauche.
Bernard van Orley (atelier de) Portarit de Marguerite d'Autriche vers 1518 Musée royal des beaux-arts de BelgiqueInv. 4059
Les lettres en écriture gothique ont le fût perlé et leur empattement est bifide. Cet empattement vient parfois se prolonger par des éléments de feuillage, comme s'ils portaient en eux une sève fertile.
Certaines sont réunies par un cordage qui se termine par des glands de passementeries. Et sont placées entre des branches écotées, qui, nous le verront, sont fortement emblématiques. Et pas seulement des bois et de leur gibier.
Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
La plupart de ces lettres accouplées sont réunies plus soigneusement par une cordelière qui forme un ou plusieurs huit. Ce sont alors des entrelacs, des lacs d'amour.
Puisque Philibert était duc de Savoie, faut-il y voir des "nœuds de Savoie", attesté depuis 1382 dans la Maison de Savoie depuis Amédée VI, dit "Le comte vert"? La sœur de Philibert, Louis de Savoie, mère de François Ier, en introduisit l'usage à la cour de France, sous le nom de "cordelière", corde à plusieurs nœuds, cordelières combinant nœuds de Savoie et cordon franciscain, avec boucle, gland et grains serrés.
On trouve ces nœuds de Savoie à Brou sur le jubé ou la cuve baptismale.
Le noœud de Savoie.
"Dérivé des lacs d’amour médiévaux, ce nœud – un nœud lâche, à double boucle, en forme de huit – constitue l’une des devises le plus traditionnellement associées à cette maison. À l’origine, il s’agit du badge personnel du comte Amédée VI de Savoie (1343-1383), dit "le comte vert" : à l’occasion d’une joute organisée au moment de Noël 1354, Amédée VI arborait une selle peinte avec des lacs d’amour; en 1356, c’est tout son équipement de joute qui est décoré de tels nœuds. Puis au moment de la croisade, décidée en 1364 à Avignon, par le pape Urbain V, le badge personnel d’Amédée VI devient un badge dynastique et héréditaire représentant la maison de Savoie : le jour du départ pour la croisade, le comte portait, comme ses compagnons d’armes, des vêtements de velours vert, ornés de broderies représentant ce type de nœuds. Dès lors, comtes et ducs de Savoie arborèrent le nœud lâche en forme de huit sur les objets de leur vie quotidienne ou sur les monuments et objets d’art qui leur étaient associés.
Parallèlement, le nœud de Savoie figure – associé au mot FERT – sur le collier de l’ordre chevaleresque du Collier, un ordre fondé par le même Amédée VI, en 1364, à l’occasion de la prestation de serment de croisade générale contre les Turcs (plus tard, en 1434, l’ordre sera rebaptisé ordre de Saint-Maurice par Amédée VIII, puis réformé en ordre de l’Annonciade au xvie siècle). Notons que, sur le collier de l’ordre – qui est sculpté notamment sur le gisant de Philibert le Beau à Brou –, les nœuds de Savoie alternent avec le mot FERT mais ils ne forment pas une cordelière à proprement parler; quant au pendentif du collier, il est formé de trois lacs d’amour, allusion à la Trinité, trois lacs d’amour dont la présence est déjà attestée dans les formes primitives du collier.
Dans la plupart des occurrences, le nœud de Savoie apparaît de façon isolée (un seul nœud noué sur un petit morceau de cordelette). Au début du xvie siècle, quand se multiplient les images du nœud de Savoie, sous l’influence de Philibert II de Savoie et de Marguerite d’Autriche, le nœud apparaît toujours seul. La médaille qui est modelée et coulée à l’effigie de Philibert et Marguerite en 1502, à l’occasion de l’entrée de la princesse dans la ville de Bourg-en-Bresse, montre ainsi des nœuds de Savoie uniques, et non regroupés sur une corde à la manière d’une cordelière. Il en va de même sur le Grand Sceau équestre de Philibert II (sceau appendu à un document daté de 1497) ou, bien sûr, dans le monastère royal de Brou, où des nœuds de Savoie ornent notamment le jubé ou la cuve baptismale – nœuds qui se distinguent aisément des lacs d’amour reliant les initiales P et M. Si, sur la médaille de 1502, le jubé ou la cuve baptismale, le nœud se termine par un gland, évoquant par là le cordon franciscain, le nœud est toujours unique, et non répété en plusieurs exemplaires sur un même cordon.
Plus tard, les ducs de Savoie recourent encore à cet emblème : Charles III, duc de Savoie, le successeur de Philibert II, utilise le nœud de Savoie tel qu’il a été dessiné sous le règne du comte Amédée VI, comme en témoigne son sceau (appendu à un document daté de 1531)17. Ainsi, le nœud de Savoie n’est pratiquement jamais répété de façon à former une cordelière. Or, c’est bien l’usage qu’en fait Louise de Savoie, comme le montre par exemple son sceau (1515) 18. La plupart des cordelières qui lui sont associées se présentent même comme des cordelières combinant nœuds de Savoie et cordon franciscain, avec boucle, gland et grains serrés." (Laure Fragnart 2025)
Dans la dentelle de pierre des façades de Brou, les cordages sont parfois brisés, mais leur forme en huit est toujours évident ; et le gland du cordon est parfois présent.
Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
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Ici, le nœud est plus complexe.
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Fermaillet d'une verrière de la nef.
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II. LE MOTTO FERT.
On le trouve sous la statue de saint Philibert du trumeau du portail ouest.
Au tympan de ce portail, le couple ducal est agenouillé devant le Christ aux liens. Philibert le Beau est présenté par son patron, saint Philibert figuré avec une tonsure sous la capuche de son habit monastique. Le duc, mains jointes, porte la couronne ducal, le manteau et le camail frappé d'hermines.
Entre les lettres accouplées, son blason (aujourd'hui muet) est entouré des lettres FERT entre lesquelles passe un ruban plat à glands.
En dessous figure un nœud de Savoie, sans ambigïté puisqu'il rejoint une croix pommelée, la croix de Savoie telle qu'elle figure sur les jetons du duché en 1579.
"Le nœud de Savoie figure – associé au mot FERT – figurait sur le collier de l’ordre chevaleresque du Collier, un ordre fondé par Amédée VI, en 1364, à l’occasion de la prestation de serment de croisade générale contre les Turcs. Sur le collier de l’ordre qui est sculpté sur le gisant de Philibert le Beau à Brou –, les nœuds de Savoie alternent avec le mot FERT mais ils ne forment pas une cordelière à proprement parler; quant au pendentif du collier, il est formé de trois lacs d’amour, allusion à la Trinité, trois lacs d’amour dont la présence est déjà attestée dans les formes primitives du collier. Quant à la signification du mot FERT, dont l’apparition est liée à l’institution de l’ordre du Collier, elle demeure problématique. Pour Michel Pastoureau, ce mot pourrait évoquer le présent de l’indicatif du verbe latin ferre, à la troisième personne. Ainsi devrait-il se comprendre par rapport à l’ordre du Collier, chacun des quinze chevaliers portant (FERT) le collier de l’ordre." (Laure Fragnart)
Sur la médaille en or créée par Jean Marende pour l'entrée de Marguerite d'Autriche en 1502 dans la ville de Bourg-en-Bresse ou sur sa copie en bronze argenté du XIXe conservée au MBA de Lyon, les profils du couple en buste derrière un plessis (nouage symbolique ?) se détache sur un fond de lacs d'amour et de fleurs de lys, mais aussi des marguerites. L'envers montre les marguerites autour du blason mi-parti, et le nœud de Savoie au dessus. Le mot FERT est inscrit horizontalement de part et d'autre.
Sur un autre exemplaire du même musée , la devise FERT est absente, et ce sont les nœuds de Savoie et des hermines qui sont devant les profils du couple.
Ces devises, nœud et mot FERT , figurent également sur son tombeau, placé au centre du chœur (sur le collier, les armes et les ornements du gisant supérieur, ainsi que sur les socles des statuettes des sibylles) et, pour les nœuds, au revers du jubé regardant vers ce même tombeau.
Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
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III. LA PALME ET LES MARGUERITES.
Selon Françoise Blattes-Vial, "la palme peut avoir de multiples sens : par exemple, le martyre de la sainte patronne de la fondatrice ou l’amour conjugal . [...] La palme fichée dans le plant de marguerites est riche d’ambiguïtés qui pourraient s’additionner plus que s’exclure : sainte patronne, mariage et signe de victoire associé ou associés à la paix de l’olivier,[ comme sur les panneaux héraldiques de la chapelle Sainte-Apolline]."
Je pensai à un lien plus étroit entre la palme (ou bien est-ce une plume?) et le prénom Philibert, ou le saint patron, mais je n'ai pu valider cette hypothèse. Voyons donc ici la palme du martyre de sainte Marguerite.
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IV. LA CROIX DE SAVOIE ET LE BRIQUET (ou FUSIL) DE BOURGOGNE
Le briquet de Bourgogne et la croix de Bourgogne, croix en X de saint André en bois écoté, sont deux éléments qui font référence à la filiation bourguignonne de Marguerite d’Autriche, arrière-petite-fille de Philippe le Bon, duc de Bourgogne.
Le briquet
Cet emblème choisi par Philippe le Bon (début 15e siècle) a été longtemps la marque des Ducs de Bourgogne dans toutes leurs possessions. Fabriqué en fer forgé, le briquet médiéval servait à allumer le feu en le percutant contre une pierre de silex dans le but de produire des étincelles. On le tenait par une poignée en forme de B majuscule, qui évoque l’initiale du mot Bourgogne. Les anneaux du collier de l’ordre de la Toison d’or, ordre de chevalerie fondé en 1430 par Philippe le Bon, se composent également de deux B accolés dos à dos.
La croix de Bourgogne
On appelle croix de Bourgogne une croix de saint André rouge dont les branches sont écotées sur fond blanc. Cet emblème se blasonne ainsi : « d'argent au sautoir écoté de gueules ».
C’est sous la protection de saint André, réputé pour avoir évangélisé les Burgondes, ancêtres des bourguignons, que Philippe Le Bon a placé la Bourgogne. L’attribut principal de saint André est une croix en X sur laquelle il fut martyrisé.
Des nœuds entrelaçant la croix de Bourgogne formées de bâtons noueux, comme pour signifier l'union des Maisons de Bourgogne et de Savoie, figurent aussi sur les verrières aux armes de Marguerite placées dans la chapelle Sainte-Apolline.
Les Pays-Bas et la Franche-Comté constituent l’héritage bourguignon des Habsbourg depuis le traité de Senlis (1493), et ne seront séparés politiquement qu’au traité de Nimègue (1678), date à laquelle le comté de Bourgogne est définitivement intégré au royaume de France.
Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
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Sur un fermaillet des vitraux de la nef
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V. LES BLASONS DE MARGUERITE
On les trouve sur les portails mais aussi tout atour des façades nord et ouest. Ils ont perdu leurs armoiries, qui y étaient peintes, mais leur forme losangique, celle des femmes, permet de les imaginer. Ils sont présentés par des anges, des putti, des personnages fantastiques.
Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
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LES ARMOIRIES EXPLICITES PAR LES PANNEAUX DU MUSÈE.
Les armoiries de Marguerite se blasonnent ainsi :
parti, à dextre, de gueules à la croix d’argent (Savoie) ;
à senestre, écartelé, au 1, de gueules à la fasce d’argent (Autriche) ; au 2, d’azur, semé de feurs de lys d’or, à la bordure componée d’argent et de gueules (Touraine ou Bourgogne moderne) ; au 3, bandé d’or et d’azur, à la bordure de gueules (Bourgogne ancien) ; au 4, de sable au lion d’or, armé et lampassé de gueules (Brabant) ; sur le tout de l’écartelé, d’or au lion de sable, armé et lampassé de gueules (Flandre)
Du côté dextre ( à notre gauche), les armes de son mari :
Du côté sénestre, les armes en écartelé de son héritage familial :
Son père Maximilien 1er de Habsbourg :
Le reste de l'écartelé lui vient de sa mère Marie de Bourgogne
...Fille de Charles le Téméraire et d'Isabelle de Bourbon
DEUXIÈME PARTIE : À L'INTÉRIEUR DU MONASTÈRE.
DANS LA NEF : LES FONTS BAPTISMAUX.
Ces fonts en marbre noir du XVIe siècle (1546 ou 1548) associent par scellement une vasque hexagonale et un pietement.
Le piètement est orné de feuillages et repose sur quatre masques en forme de tête de dauphins. La cuve est également ornée de larges feuilles aux indentations évoquant des feuilles de figuier, deux masques animaux et deux têtes opposées : celle d'un angelot, et une tête de mort.
Le rebord hexagonal porte une inscription en hautes lettres romaines.
1. Venant de Philibert le Beau, la devise FERT et la cordelière de Savoie, à glands.
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2. Venant de Marguerite d'Autriche, la devise FORTVNE * INFORTVNE * FORT * VNE
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Il convient bien de lire FORTVNE INFORTVNE FORT VNE, "la fortune [en] infortune beaucoup une". Les mots sont séparas par des fleurons (que j'ai remplacés par une étoile). Mais ces fleurons sont discrets pour ne pas troubler l'apparente et ludique symétrie de la devise nous faisant lire d'abord Fortune infortune fortune.
Nous avons conservé l'adjectif infortuné, mais non le verbe "infortuner" attesté en moyen français (Godefroy) par exemple chez Clément Marot en 1517 : Rien cognoissant que despite Fortune/ Et non pas toy, à présent m'infortune".
Oui, Fortune, la déesse Fortuna qui tourne la roue du destin et des vers et revers de l'existence, a réservé à la jeune Marguerite beaucoup d'infortunes, puisqu'elle perdit sa mère, Marie de Bourgogne d'une chute de cheval, alors qu'elle était enfant. Elle a d'abord été fiancée en 1483 au dauphin Charles, fils de Louis XI. Elle avait alors ... 3 ans. Elle est répudiée en 1491 lorsque Charles lui préfère, pour des raisons d'alliance politique, Anne de Bretagne.
"En 1493, Marguerite est donc de retour en Flandre, dans son pays qu’elle ne connaît pas. À peine a-t-elle le temps de s’accoutumer à la langue et aux mœurs de son peuple que son père organise pour elle un nouveau mariage lui donnant l’espoir de monter sur le trône espagnol. Elle sera la femme de Don Juan, prince des Asturies, fils des Rois catholiques, Isabelle et Ferdinand.
Cependant, le voyage vers la péninsule Ibérique ne va pas être de tout repos. Ne pouvant traverser le royaume de France, avec lequel les relations sont plus que fraîches, Marguerite embarque à Flessingue, à l’embouchure de l’Escaut, et traverse le golfe de Gascogne. Par une nuit de mars, son navire essuie une telle tempête que, le soleil étant revenu, elle propose un divertissement aux dames de sa suite : chacune doit rédiger l’épitaphe qui lui aurait convenu en cas de naufrage ! La sienne est parlante : « Ci-gît Margot, la gente demoiselle / Qu’eut deux maris et si mourut pucelle. »
L’arrivée en Espagne, à La Corogne, est triomphale et le mariage, d’une pompe extraordinaire. Mais Don Juan est déjà gravement atteint aux poumons et les jeux de l’amour vont précipiter sa fin. Six mois après cette deuxième union, Marguerite est veuve à l’âge de 17 ans.
Pourtant, un espoir subsiste car elle est enceinte.
Pour son malheur, la petite fille à laquelle elle va donner naissance ne survivra que quelques jours. Elle a tout perdu : son mari, son enfant et sa place à la cour d’Espagne.
Drapée de noir et de tristesse, Marguerite regagne les paysages brumeux de la Flandre tandis que son père et son frère la remettent déjà sur le marché des princesses à marier. Il s’agit pour eux de trouver un prétendant qui servira leurs ambitions diplomatiques. L’oiseau rare s’appelle Philibert II de Savoie. Ce choix recueille l’assentiment des souverains espagnols, du roi de France, de l’empereur d’Autriche et des cantons suisses : une prouesse !
Mais Marguerite acceptera-t-elle de sortir de sa retraite pour nouer un nouvel hymen ? Dans son château du Quesnoy, elle écrit des vers mélancoliques : « Le temps m’est long et sait bien le pourquoi, / Car un jour m’est plus long qu’une semaine / Dont je prie Dieu que mon coeur tôt ramène / Où est mon coeur qui n’est plus avec moi. »
C’est son frère, Philippe le Beau, qui propose à Marguerite ce nouveau parti. Au préalable, il a pris soin d’envoyer à Philibert un médaillon représentant sa soeur sous son meilleur jour. Le duc est enthousiaste : l’alliance est prestigieuse et la jeune fille, ravissante. Après avoir hésité, la princesse accepte d’épouser celui qui fut son compagnon de jeu pendant son enfance à la cour de France. Pourquoi risquer de devoir accepter un époux dont elle ignorerait tout alors qu’elle n’a gardé de celui-ci que de bons souvenirs ? Et puis, sa réputation précède le duc, qui a le même âge que Marguerite : beau, excellent cavalier, fort et amoureux de la vie, il a tout pour séduire une femme. La voici donc de nouveau partie, vers les Alpes cette fois. Un premier mariage par procuration est organisé à Dole avec René, le demi-frère bâtard de Philibert, selon le rite germanique : tandis que Marguerite est allongée sur un lit public, « le Grand Bâtard de Savoie » se couche à côté d’elle, une jambe dévêtue. Un homme étant entré dans le lit de la princesse, elle est considérée comme mariée. La rencontre avec Philibert et le serment religieux ont lieu cinq jours plus tard, dans le petit monastère bénédictin de Romainmôtier. Contre toute attente, le troisième mariage de Marguerite sera des plus heureux. Trop, peut-être, pour celle qui va à nouveau perdre son époux en septembre 1504, après trois ans d’union : Philibert, qui vient d’achever une partie de chasse sous un soleil de plomb, s’abreuve à une fontaine glacée et meurt de pleurésie. Cette fois, Marguerite sera inconsolable et refusera de quitter le noir. " (Historia)Après la mort de son frère Philippe le Beau le 25 septembre 1506, Marguerite devint gouverneur des Pays-Bas bourguignons de 1507 à 1515 et de 1517 à 1530 et prit en charge l'éducation des enfants de Philippe à la cour de Malines.
Jean Lemaire de Belges, futur historiographe de la cour de Marguerite, composa la Couronne Margaritique autrement le triomphe d'honneur à l'occasion de la mort de Philibert de Savoie .
Avec la figure allégorique d' Infortune , Lemaire introduit le côté négatif personnifié du destin, Fortuna adversa , dans sa description. L'Infortune voit dans le meurtre de Philibert sa dernière chance de briser la vertu de Marguerite, qu'il déteste. Le complot du couple et le meurtre de Philibert sont illustrés dans les miniatures.
Philibert victime d'une chute de cheval et soutenu par des chasseurs, sous le regard d'Infortune et de son la Mort, à droite.
Jean Lemaire de Belges, La Couronne de Marguerite, mais le Triomphe de l'Honneur, 1504. – Bibliothèque nationale d'Autriche, Cod. 3441, fol. 4v (détail)
À gauche, Infortune vise offre à boire une eau glacée et fatale à Philibert, tandis que son acolyte, la Mort e vise de sa flèche . À droite, Philibert meurt, assisté de ses amis et de son médecin, en manteau rouge et bonnet carré qui porte l'urinal ou matula insigne de son titre.
Jean Lemaire de Belges, La Couronne de Marguerite, mais le Triomphe de l'Honneur, 1504. – Bibliothèque nationale d'Autriche, Cod. 3441, fol. 14v, détail
Marguerite, entourée de ses suivantes, pleure la mort de son mari, causée par Infortune.
Jean Lemaire de Belges, La Couronne de Marguerite, mais le Triomphe de l'Honneur, 1504. – Bibliothèque nationale d'Autriche, Cod. 3441, fol. 14v (détail)
La veillée funèbre de Philibert II, duc de Savoie en présence de Marguerite.
Jean Lemaire de Belges, La Couronne de Marguerite, mais le Triomphe de l'Honneur, 1504. – Bibliothèque nationale d'Autriche, Cod. 3441, fol. 21 (détail)
Cependant, dans son manuscrit, Lemaire soutient que le pouvoir du destin n'est pas illimité en montrant comment Marguerite défait l'allégorie de l'Infortune avec l'aide de la figure allégorique de Vertu et de ses deux filles, Prudence et Force .
Jean Lemaire de Belges, La Couronne de Marguerite, mais le Triomphe de l'Honneur, 1504. – Bibliothèque nationale d'Autriche, Cod. 3441, fol. 27 (détail)
Marguerite parvient ainsi à vaincre définitivement l'Infortune grâce à sa vertu. Cette idée était déjà citée par les stoïciens. En récompense de sa force, Vertu couronne sa protégée de la couronne de vertu dans la deuxième partie du manuscrit. Lemaire présente Vertu et l'Infortune comme des adversaires sur le plan allégorique. Il semble subordonner la Fortune, ou en l'occurrence l'Infortune, à la providence divine.
Dans Le Changement de Fortune en toute prospérité, écrit entre 1504 et 1507 par Michele Riccio, le thème de l'inconstance du destin est également abordé : la devise Fortune Infortune Fort Une est inscrite aux quatre coins de la page de titre et l'ouvrage semble être une dissertation à son sujet . Mais Fortuna n'apparaît pas comme un personnage actif dans le dialogue ; à la place, Riccio crée un dialogue fictif entre l' Acteur , qui peut probablement être vu ici comme un homologue littéraire de l'auteur, et un Chevalier . Tous deux philosophent sur le pouvoir de Fortuna et sur les coups du sort de Marguerite. Ici, la déesse du destin est présentée comme une femme, étant désignée dans le texte par le pronom elle ou par la désignation dame Fortune. Riccio blâme Fortuna pour les malheurs du peuple et surtout pour les malheurs subis par Marguerite, y compris la perte de la couronne de France.
Fortuna y est représentée sous la forme de Kairos (l'opportunité), aux talons ailés, chevelue par devant, mais chauve par derrière, telle qu'on ne peut la saisir lorsqu'elle est passée. En équilibre sur la roue de la chance, du hasard ou de la Vie qui tourne, elle tient deux fils d'or.
Michele Riccio, Changement de fortune en toute prospérité, entre 1507 et 1509 – Bibliothèque nationale autrichienne ; Cod. 2625, fol. 2v, détail
Michele Riccio, Changement de fortune en toute prospérité, entre 1507 et 1509 – Bibliothèque nationale autrichienne ; Cod. 2625, fol. 2v, détail
Les deux fils d'or sont noués à la couronne de la duchesse, sur la page de droite.
Mais Fortesse et Prudence sont les alliées de Marguerite.
Michele Riccio, Changement de fortune en toute prospérité, entre 1507 et 1509 – Bibliothèque nationale autrichienne ; Cod. 2625, fol. 10v, détail
Michele Riccio, Changement de fortune en toute prospérité, entre 1507 et 1509 – Bibliothèque nationale autrichienne ; Cod. 2625, fol. 11v, détail
La devise est partout dans le Monastère de Brou. Comment la comprendre?
Dès la construction, l’état des travaux daté de 1527 décrit « les clez principalles » du chœur « avec les armes et blason de Madicte dame, contenant ces motz : FORTUNE INFORTUNE FORT UNE »
"Le mot accompagne souvent les armoiries de Marguerite d’Autriche, tant à Brou que sur plusieurs manuscrits et objets d’art, et apparaît en plusieurs lieux de l’église. Outre les écus losangés de l’abside, les lettres formant cette devise sont également sculptées sur la corniche couronnant les murs de l’abside sous les vitraux, au sommet du baldaquin du tombeau de l’archiduchesse, sur les consoles supportant les statues des apôtres Philippe et André dans les angles de sa chapelle, sur la corniche du lutrin monumental daté de 1532. La sentence est également peinte dans sa chapelle, sur un phylactère accompagnant le chifre ducal sur la clef de voûte centrale et autour de ses armes sur la verrière de l’Assomption. On la retrouve sur le vitrail oriental de la chapelle du Prince. On a beaucoup spéculé sur ce mot . Certains y ont lu, à tort, « Fortune, infortune, fortune » en voyant dans cette devise l’alternance de la bonne et la mauvaise fortune de Marguerite, tandis que Dagmar Eichberger en a proposé la traduction « Luck, misfortune makes one strong ». J’en conserverai la traduction la plus simple : « le destin accable beaucoup une [femme] ». Cette signification est en effet la seule attestée au XVIe siècle. Dans une apologie latine de la princesse publiée en 1532 et dédiée à son chevalier d’honneur, fidèle ami et exécuteur testamentaire Antoine de Lalaing, Cornelius Grapheus (Cornelis De Schrijver), magistrat malinois proche de la princesse puis secrétaire de la ville d’Anvers, mais aussi poète et musicien, traduit la devise par ce vers latin : « Fortis fortuna infortunat fortiter unam ». Or, cette traduction n’est pas une invention du poète de cour : elle a été ajoutée, de la propre main de la princesse semble-t-il, sur le premier feuillet du manuscrit de la Complainte de Marguerite, poème qui lui a été ofert vers 1507 par Antoine de Lalaing et qui relate sa vie et ses deuils. Au bas du folio, figure en guise d’ex-libris, sa devise en français, FORTUNE INFORTUNE FORT UNE, et en latin, Fortis fortuna infortunat fortiter unam. À la fn du XVIIe siècle, le Père Raphaël adopte une traduction proche : Fortuna infortunat valde unam, id est personam . Le verbe infortuner n’est qu’un démarquage du latin tardif et rare infortunare, passé en ancien italien avec le sens de blesser, au propre comme au figuré. Un autre poème de Jean Lemaire écrit à l’occasion de la mort de Philippe le Beau en 1506, en caractérisant Marguerite comme la « dame infortunée » et en concluant le poème par le mot de l’archiduchesse, confrme cette lecture en l’associant au deuil de son frère. Marguerite elle-même, pleurant la mort de son père dans la Complainte sur le trépas de l’empereur Maximilien, se dépeint ainsi : "Car onque à dame qui fut sur la terre Les infortunes firent tant de guerre Que font à moy triste et infortunée, Trop forte a moy ma dure destinée". C’est encore le sens que donne à la devise Corneille Agrippa, devenu archiviste et historiographe de la princesse à la fn de sa vie, dans son oraison funèbre de Marguerite, rédigée en latin. Il cite la devise en français et l’associe à la mort de Philippe le Beau : "Ainsi elle supporta avec constance et modération tous ces malheurs et ces calamités domestiques, le décès de son époux et la mort de son frère, maîtrisant et refoulant la sévérité, la douleur et la rudesse de son destin (« violentiam fortunae ») par sa grandeur d’âme, en triomphant même et se contentant de témoigner à la postérité de son sort par le mot emprunté à la langue française (« Gallico verbo ») : Fortune infortune fort une". Un rondeau de Julien Fossetier dédié à l’archiduchesse – dont il « ne fut pas l’indiciaire officiel mais l’historiographe officieux et dévoué » – développe l’idée que l’infortune révèle sa vertu et assure même son salut : Vertu en infortune apere. Qui fort soefre, il vainct infortune. Fortune infortune fort une. Mais en tous assaulx [var. : efors] de fortune Fortitude en celle prospere. Que la vertu permette de triompher de l’infortune et des caprices du destin est également illustré par une médaille à l’effigie de Marguerite (Vienne, Kunsthistorisches Museum, Münzkabinett), qui la commanda vers 1505, et dont le revers porte la légende : VICTRIX FORTVNAE FORTISSIMA VIRTVS. La composition montre une Vertu debout, probablement la Force car elle appuie son bras sur une colonne, qui élève une couronne de la main droite. À ses pieds se voit la Fortune, renversée, tenant une couronne dans chaque main. Pour Camille Picqué, « la femme renversée, c’est la mauvaise fortune de la princesse ; les couronnes qu’elle tient sont celles de France et d’Espagne », tandis que « la troisième couronne est celle que lui offre, en 1501, Philibert de Savoie ». On ignore si Marguerite adopta ce mot dès la mort de son époux, en septembre 1504, ou bien après le décès de son frère, deux ans plus tard. Françoise Blattes-Vial observe qu’il n’est attesté qu’à l’automne 1506 et orne la page de titre du Changement de Fortune en toute prospérité de Michele Riccio, dans lequel « le juriste napolitain décline la devise que Marguerite venait d’adopter pour rédiger l’ouvrage qu’il lui destine ». On n’en connaît pas davantage l’auteur, mais peut-être a-t-il été composé par Marguerite elle-même ou par son secrétaire et historiographe Jean Lemaire de Belges. Son rédacteur pourrait s’être inspiré du curieux texte d’un autre poète de cour français, André de la Vigne, qui publie à Paris, dès 1501, Les Complaintes et Épitaphes du Roy de la Bazoche, dont le vers 30 du prologue, rédigé dans un sabir incompréhensible farci de mots latinisants, livre une formule analogue : « Rogue Fortune, [ex]orundant fort une » . L’emploi du mot FORTUNE INFORTUNE FORT UNE comme évocation des épreuves et deuils successifs que Marguerite avait traversés apparaît donc comme la seule signifcation attestée par elle-même et ses contemporains. Les autres interprétations résultent des spéculations postérieures. Pourtant, plus encore que les armoiries ou la devise au sens moderne du terme, ce qui frappe à Brou, c’est la prolifération d’emblèmes qui peuvent se répartir en trois catégories : une devise personnelle, un chiffre conjugal et une devise dynastique à laquelle s’ajoute un emblème d’alliance." (Pierre Gilles Girault 2022)
Mais on ne peut lire cette devise que comme un éloge de la détermination de Marguerite d'Autriche a surmonter ces revers de sort grâce à ses vertus, la Force, la Prudence et l'art de saisir sa chance lorsqu'elle se présente (kairos). Elle avait fait réaliser en 1505 une médaille ((Vienne, Kunsthistorisches Museum, Münzkabinett) ) représentant Fortune avec la légende VICTRIX FORTVNAE FORTISSIMA VIRTVS. La Vertu, Virtus, s'oppose au Destin et en triomphe.
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POURSUIVONS LA VISITE
Les présentations étant faites, je ne décrirai pas chaque motif.
Dans les vitraux de la nef.
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Dans la chapelle du Prince, fenêtre ouest, le blason est timbré du bonnet archiducal en forme de couronne :
chapelle du Prince, fenêtre ouest
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Dans le vitrail de la chapelle de Marguerite, baie 5 de l'Assomption et du Couronnement de la Vierge.
Le duc porte sur son armure un tabard à ses armes de gueules à la croix d'argent. Il porte le collier d'or gravé de son motto FERT et de la cordelière en 8. On distinguera mieux ensuite le motif du médaillon: l'Annonciation.
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Les blasons de Philibert le Beau et de Marguerite d'Autriche.
Armes du duc de Savoie timbré d'un heaume entouré de lambrequins et sommé d'un cimier à tête de lion ailé.
Armes de Marguerite d'Autriche sous sa couronne , au dessus de sa devise FORTVNE INFORTVUNE FORT VNE.
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Sur la baie 1 du chœur, lancette inférieure : Philibert le Beau agenouillé en donateur.
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Sur la baie 0, lancette inférieure, Apparition du Christ ressuscité à la Vierge.
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Sur la baie 2, lancette inférieure, Marguerite d'Autriche en donatrice présentée par sainte Marguerite.
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DANS LE CHŒUR
Toute l'emblématique est rassemblée dans le chœur sous et autour des vitraux :
-le blason en losange entouré de la ceinture au dessus du phylactère portant la devise FORTVNE INFORTVNE FORT VNE
-La devise en lettres capitales découpèes dans la pierre de la console
et dans le remplage des baies :
-la croix écotée en X et le briquet de Bourgogne,
-la palme et les marguerites.
Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
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SUR LE TOMBEAU DE MARGUERITE D'AUTRICHE, SUR LE JUBÉ , SUR LE RETABLE DES SEPT JOIES DE LA VIERGE DE LA CHAPELLE DE L'ASSOMPTION.
Il m'est impossible de détailler la description de ces monuments, mais tous les éléments héraldiques et emblématiques s'y retrouvent. Je me contente de quelques photos.
1. Le jubé.
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2. Le tombeau à deux étages de Marguerite.
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On notera le manteau constellé de larmes, comme sur les draps funéraires.
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3. Sur le tombeau de Philibert, le collier avec le motto FERT et les noeuds en 8.
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4. Le retable des Sept joies de la Vierge (sculpteurs bruxellois, avant 1522).
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DANS LE MUSÉE DU MONASTÈRE
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SOURCES ET LIENS
—Collectif d'auteurs: 2015, Princesses et Renaissance(s), La commande artistique de Marguerite d'Autriche et de son entourage, Colloque organisé par Laurence Ciavaldini Rivière, professeur, université Grenoble-Alpes et Magali Briat-Philippe, conservateur, responsable du service des patrimoines, monastère royal de Brou, Bourg-en-Bresse
—BARON (Françoise), 2004. Quelques dessins de la collection Hippolyte Destailleur à la Bibliothèque nationale de France. In: Bulletin dela Société Nationale des Antiquaires de France, 2004-2005, 2011. pp. 373-380;
— BLATTES-VIAL (Françoise), 2015, Le manuscrit de la Couronne margaritique de Jean Lemaire de Belges offert par Marguerite d’Autriche à Philippe le Beau en 1505 La rhétorique et l’image au service d’une princesse assimilée à la paix
—FAGNART ( Laure) 2015, "Les entrelacs : nœuds de savoie et cordelière de Louise de Savoie" in Colloque Princesses Et Renaissance, La commande artistique de Marguerite d’Autriche et de son entourage, Colloque scientifique international 27 et 28 février 2015, monastère royal de Brou, Bourg-en-Bresse
— FRIES (Aline) 2018, Sur l'idée de Fortuna dans l'environnement de Marguerite d'Autriche, mémoire de recherche de master université de Trèves
https://cusanus.hypotheses.org/1055
— GIRAULT (Pierre-Gilles) 2022 "L’emblématique de Marguerite d’Autriche au monastère royal de Brou : images de soi, affirmation dynastique et revendication politique à l’aube de la Renaissance" , in Devises, lettres, chiffres et couleurs : un code emblématique 1350-1550, par Miguel Metelo de Seixas, Matteo Ferrari, Christian de Mérindol, Lea Debernardi, Johnatan Saso, et Catarina Fernandes Barreira.
—HABLOT (Laurent), FERRARI (Matteo), METEO DE SAIXAS (Miguel ), sous la direction de, 2022 Devises, lettres, chiffres et couleurs : un code emblématique 1350-1550, Colloque Lisbonne
— MÉRINDOL (Christian de), 1994, "Le décor emblématique et les vitraux armoriés du couvent de Saint-Nicolas-de-Tolentin à Brou" In: Revue française d'héraldique et de sigillographie vol. 64 (1994) p. 149-180
— MÉRINDOL (Christian de),1993, « Le couvent de Saint-Nicolas de Tolentino à Brou. Réfexions sur les églises et les chapelles à destination funéraire à la fn du Moyen Âge », Bulletin de la société nationale des Antiquaires de France, 1993, p. 140-152 ;
— ROUSSELET (révérend père Pacifique), 1767, Histoire et description de l'église royale de Brou, 1767
Où je retrouve Antonietta Gonzales à l'exposition ANIMAL!? de Landerneau dans une aquarelle de Marie Bovo.
Comment je remonte, dans mes souvenirs, vers son père Pedro, sa sœur Maddalena, son frère Enrico, tous atteints d'hypertrichose (hyperpilosité).
Visitant l'exposition ANIMAL!? du FHEL de Landerneau, je découvre cette aquarelle de Marie Bovo portant le titre Mi ange mi bête, 2024.
Cette aquarelle de la photographe Marie Bovo appartient à une série de 10 , où des fleurs sont jetés sur des journaux pliés, des fruits y sont posés dans un travail en trompe-l'œil, tandis que des insectes y déambulesnt, des papillons se posent, parfois à côté d'un rouge-gorge mort .
La référence aux enluminures du miniaturiste Joris Hoefnagel (Anvers 1562-Vienne 1600) m'y semble évidente (je lui ai consacré 15 longs articles ici), et la présence des textes imprimés des journaux (la confrontation de l'écrit avec les éléments naturels) évoque plus particulièrement le Schriftmusterbuch et ses 127 pages de modèles d'écriture de Georg Bocksay , ou surtout le Mira calligraphiae monumenta, réalisé vers 1590 à la cour de Rodolph II à Prague.
Mi ange mi bête, Marie Bovo, aquarelle, 2024. FHEL Landerneau, cliché lavieb-aile juillet 2025.
Je peux comme chacun identifier ici la branche de figuier ficus carica (comme ici dans les Quatre élements d'Hoenagel) et les figues, entières et mures (comme au folio 39 de Mira calligraphiae), — mais l'une coupée en deux —, ainsi probablement qu'un hanneton Melolontha melolontha entrouvrant ses elytres. Une mouche se promène sur le papier imprimé. Chacun de ces éléments naturels projette son ombre sur le papier, selon le procédé des miniaturistes de l'école Bruges-Gand dans les marges des Livres d'Heures depuis la fin du XVe siècle.
La tige fleurie sort de mes compétences, mais elle sera facilement identifiée par un botaniste. J'aimerai qu'il s'agisse de Lilium calchédonicum, que Hoefnagel a représenté au folio 43 de Mira calligraphiae, mais je n'y crois pas trop, ou Lychnis calchedonica du folio 37 (où le trompe-l'œil est poussé jusqu'à feindre que la tige passe par un gousset de velin, et représentée à l'envers de la feuille).
Mais bien entendu, mon regard est happé par les pages de journaux.
Il y en a quatre.
Un grande photo non identifiable.
Une autre page, du Monde des idées, où je lis Toutes les latitudes ... [socié]ès traditionnelles sur maitrise.. L'occasion de la .
En Amérique latine, en Afrique ou dans le Grand Nord, les sociétés traditionnelles ont des manières bien différentes de l’Occident de traverser les heures obscures. Tour du monde à l’occasion de la nuit la plus courte de l’année.
Cet article est si interessant que je comprends que Marie Bovo l'ait découpé, et conservé pendant 10 ans. J'ai envie de vous laisser là pour aller le lire, et écouter les ethnologues Aurore Monod-Becquelin et Anne-Gaël Bilhaut, Guy Bordin, ou Marie-Paule Ferry me parler des indiens Otomi du Mexique, des indiens Zapara d' Equateur, des Inuits et des sorciers du Sénégal.
Le troisième article, également à l'envers, a été publié dans Le Monde du 20 juin 2023. Je lis : "les glaciers de l'Himalaya pourraient disparaître. Jusqu'à 80 % des réserves pourraient fondre d'ici à la fin..." Il est signé d'Audrey Garric.
Mi ange mi bête, Marie Bovo, aquarelle, 2024. FHEL Landerneau, cliché lavieb-aile juillet 2025.
On comprend — si cela n'était pas apparu immédiatement en regardant cette Nature morte, Still life des anglais— que le propos de Marie Bojo est une méditation sur le temps, sa nature éphémère, son passage irrémédiable, la mélancolie propre à toute beauté. Comme l'écrivait en légende Joris Hoefnagel au dessus de ses compositions de Lis martagon et de libellules en citant Erasme, FLOS CINIS, "la fleur terminera en cendre" (planche LXIII de l'Archetypa). Ou sur la planche 56 d'Ignis, orné seulement de fleurs de roses l'une en bouton, et l'autre fanée, et citant Ausone, De Rosis nascentibus vers 33-34 : Haec aperit primi fastigia Celsa obelisci , mucronem absolvens purpurei capitis, Haec modo qua toto rutilanerat Igne Comarum, pallida collapsis, descritui folijs "Elle ouvre le sommet de son premier bouton Et libère à son faîte une tête vermeille " / Telle dont flamboyait la chevelure en feu, / Ses pétales tombés l’abandonnent livide."
Hoefnagel, Ignis pl. LVI, Getty Museum
Venons-en à la quatrième page de journal, la plus visible. C'est encore une page du Monde, du 17 février 2023, signé Fabrice Gabriel (Collaborateur du « Monde des livres »), et c'est le compte-rendu d'un livre de Mario Pasa : « L’Infante sauvage » portrait d’une fillette mi-ange mi-bête. "Mario Pasa donne voix au petit personnage velu d’un tableau oublié du XVIe siècle."
Mi ange mi bête, Marie Bovo, aquarelle, 2024. FHEL Landerneau, cliché lavieb-aile juillet 2025.
Pour des raisons mystérieuses (erreur ou difficultés à obtenir les droits), l'article est accompagné d'un portrait d'Antonietta Gonzales, troisième fille de Pedro Gonzales, alors que le livre de Mario Pasa parle de sa sœur aînée Maddalena, et que son ouvrage, édité par Acte Sud porte en couverture le portrait de cette dernière.
Le père, les deux sœurs et le frère Enrico ont tous le visage couvert de longs poils, en raison de cette affection héréditaire, l'hypertrichosa lanuginosa, persistance du lanugo qui couvre le corps du foetus et du nouveau-né.
C'est bien-sûr cet aspect animal troublant de cette famille qui après avoir fasciné leurs contemporains, justifie la présence de cette aquarelle de Maria Bovo dans l'exposition ANIMAL!? de Landerneau.
Je connais bien le portrait d'Antonietta Gonzales, pour l'avoir contemplé au château de Blois encore tout récemment.
Portrait d'Antonietta Gonzales par Fontana Lavino
Un peu d'histoire (d'après M. Vogel)
En 1547, un garçon de dix ans originaire de Tenerife fut présenté au roi de France Henri II.
Il souffrait d'une maladie rare caractérisée par une pilosité excessive (hypertrichose) sur tout le corps, particulièrement prononcée au niveau du crâne. Après la conquête espagnole des îles Canaries, les Guanches, habitants de Tenerife, furent vendus comme esclaves par les Espagnols, et il est probable que le garçon soit arrivé en France par cette voie. Henri II entretenait une relation ambivalente avec cet enfant. Il le nomma Pierre, issu de la famille Gonsalvez (également appelé Gonsalvus en latin), déjà baptisé de force dans la religion catholique par les Espagnols à Tenerife.
Pierre est un mot qui peut également être utilisé pour désigner une pierre et peut faire allusion au fait que les Guanches de Tenerife vivaient parfois dans des grottes. Henri II fit construire une grotte à Pierre dans son jardin afin que l'enfant puisse vivre dans ce qu'il considérait comme son habitat naturel.
Parallèlement, Henri II veilla à ce que Pierre apprenne le latin, lui apprenant ainsi la langue des érudits et se familiarisant avec les beaux-arts. À la cour de France, Pierre était traité non pas comme une créature sauvage dont la fourrure rappelait celle d'un animal, mais comme un être humain. Ainsi, après avoir appris à lire et à parler le latin, Pierre participa aux rituels de la cour et servit du pain au roi lors de ses repas. Les porteurs de pain à la cour étaient appelés sommeliers de panneterie-bouche. Le fait que Pierre, autrefois un homme sauvage ayant vécu dans une grotte, puisse parler latin et apprendre les rituels de la cour faisait de lui une créature encore plus exotique.
Après la mort d'Henri II, son épouse Catherine (née Médicis) prit soin de Pierre. En 1573, Catherine arrangea le mariage de Pierre avec une Française nommée Catherine, qui était probablement l'une de ses servantes. Le couple eut sept enfants. Cinq d'entre eux, nommés Maddalena (née en 1575), Enrique (né en 1576), Francesca (née en 1582), Antonietta (née en 1588) et Orazio (né en 1592), souffraient également d'hypertrichose.
Tognina (ou Antonietta ou Antonia ?) Gonsalvus, ou encore Conzalves ou Conzales ou Gonzalez est née vers 1588 en France. Née à la cour de France, elle a ensuite vécu auprès de Donna Isabella Pallavicina, marquise de Soragna (Province de Parme). On considère que sa famille représente le cas d'hypertrichose le plus ancien à avoir été décrit de façon certaine chez l'être humain en Europe.
Les portraits de la famille Gonzalvus
En 1580 ou 1582, les portraits individuels de la famille Gonzalvus (ou Gonzalez) et de leurs deux premiers enfants velus (Maddalena et Enrique) arrivèrent à Munich, à la cour de l'archiduc Guillaume V de Bavière. Aucune source n'indique que ces portraits aient également été réalisés à Munich. Zapperi suppose, en se basant sur la fraise portée par Pierre et ses enfants, que les peintures pourraient avoir été réalisées à la cour de France. L'auteur de ces tableaux est toujours inconnu. Ces portraits ont été offerts par Guillaume V à l'archiduc Ferdinand II du Tyrol pour son cabinet de curiosités au château d'Ambras près d'Innsbruck. Les cabinets de curiosités (Kunstkammer) sont apparus au XVIe siècle comme collections privées de nobles : princes, ducs ou rois. L'un des premiers cabinets de curiosités (Kunstkammer) a été créé à Munich, à la cour du duc Albert V de Bavière, où travaillait Hoefnagel. L'érudit Samuel Quiccheberg, qui y travaillait, a décrit en 1565 que les cabinets de curiosités devaient contenir des objets des domaines suivants : artificialia, naturalia, scientifica, mirabilia et exotica. Les tableaux de la famille velue Gonsalvus étaient donc prédestinés à être inclus dans un cabinet de curiosités, car ils répondaient à tous les critères. D'une part, ils étaient créés par un être humain, donc un artefact ; D'autre part, les images illustrent une variation inattendue de la nature (naturalia). La famille Gonsalvus a suscité un intérêt scientifique (scientifica) dès son vivant, car elle a été étudiée par deux des médecins les plus célèbres de l'époque.
De plus, on peut certainement les qualifier de miracles (mirabilia), et quoi qu'il en soit, ils l'étaient.
Anonyme, portrait de Pedro Gonsalvus , v1580, huile sur toile 111 x 92 cm, château d' Ambras Innsbruck
Anonyme, portrait de Catherine Gonsalvus , v1580, huile sur toile 111 x 92 cm, château d' Ambras InnsbruckAnonyme, portrait de Maddalena Gonsalvus à lâge de 7 ans environ , v1580, huile sur toile 111 x 92 cm, château d' Ambras InnsbruckAnonyme, portrait d'Enrico Gonzales à l'âge de 3 ans environ , v1580, huile sur toile 111 x 92 cm, château d' Ambras Innsbruck
Vers 1582, Joris Hoefnagel qui a travaillé à Munich de 1577 à 1590, d'abord comme peintre de cour du duc Albert V, puis de son successeur Guillaume duc de Bavière, a peint en miniature ces portraits, sur deux feuilles de velin de 14,3 x 18,4 cm, (donc en miniature), dans le premier volume, Ignis, de ses Quatre éléments, achevés vers 1590 et offerts alors à l'archiduc Rodolphe II, empereur du Saint-Empire germanique depuis 1575, dont Hoefnagel rejoint sa cour à Prague. Ces quatre volumes d'un luxe inoui appartenaient sans doute au fameux Kunstkammer impérial. Hoefnagel a peut-être peint ces miniatures lors d'une visite au château d'Ambras.
Ce qui est curieux, c'est que les portraits de Pedro et de Catherine et ceux de Madalena et d'Enrico (dont on voit bien qu'ils sont très inspirés des huiles sur toile de 1580, les tenues vestimentaires et les bijoux en attestent) inaugurent la vaste série des miniatures du volume IGNIS (Feu), de 79 planches, consacré ...aux animalia rationala et aux insecta. Ils ne sont pas placés en introduction du volume Terra des "Quadrupèdes et reptiles". Et ce sont les 4 seuls êtres humains de ce vaste recensement des Animaux de la Nature. (Les deux autres volumes sont consacrés aux Oiseaux, et aux Poissons). En fait, on peut penser que les 4 membres de la famille Gonzales sont ceux qui composent les Animalia rationalia, les Animaux rationels : la définition de l'Homme comme "animalia rationalia" se fait en lien avec Abelard (homo est animalum informum rationale et mortalitate), et annonce Hobbes et son homo est corpus animatum rationale.
Dans le cadre de l'exposition ANIMAL!?, on peut donc admirer l'attitude des érudits européens, qui reconnaissent aux êtres velus une humanité "rationnelle", comme en témoigne l'accueil qu'ils ont reçus et l'enseignement dont ils ont bénéficié.
Cette première place se justifie aussi à mon sens comme un inventaire des collections zoologiques du Cabinet de Curiosité et de la Ménagerie des ducs de Bavière et de l'Empereur. Les membres de la famille Gonzales sont considérés comme objets de prestige et de curiosité, peut-être les objets les plus précieux et dignes d'inaugurer ce "catalogue". Ce sont des Curiosité, des énigmes troublantes. Des objets de connaissance (notamment pour les médecins comme Platter et Aldrovandi), et des sujets d'étude qui peuvent être placés dans l'ovale peint à l'or qui entourent chaque miniature, en tant que spécimens.
Le portrait de Pedro Gonzales et de son épouse par Hoefnagel
Petrus Gonsalvus est représenté aux côtés de son épouse, qui pose sa main droite sur l'épaule gauche de son mari. Le vêtement de Petrus Gonsalvus diffère de celui de la peinture à l'huile ayant servi de modèle et se compose d'un tissu gris plus simple. Par-dessus, Pedro (Petrus) porte un manteau bleu. Lui et son épouse se tiennent derrière un rocher qui masque leurs jambes (et peut rappeler les grottes del Viento de Tenerife, et ses profondeurs vers d'éventuelles origines).
Le caractère exotique de cet homme sauvage, qui vivait dans une grotte, est accentué par le contraste des vêtements de cour festifs. Pour les trois membres de la famille, les seules zones de peau visibles sont la tête et les mains. Une pilosité excessive est visible sur la tête et le visage du père, de son fils et de sa fille. L'épouse de Petrus Gonsalvus, également représentée, avait une pilosité normale. La femme ne porte pas de vêtements de cour, mais ses habits et sa coiffure indique une origine bourgeoise.
Joris Hoefnagel, série Animalia Rationalia et Insecta (Ignis) : Planche II, portrait de Pierre et Catherine Gonzales aquarelle et peinture dorée sur parchemin 14,3 x 18,4 cm, Getty Museum
Cette planche est placée en regard d'une page de gauche dont j'ai décrit en 2015 les inscriptions ainsi
a) En haut :
Pronaq [ue] cum spectent Animalia cetera terram: / os homini sublime dedit, Coelumq [ue] Tueri / Iubit, et erectos annonce Sydera tollere vultus « l'homme, distingué des autres animaux dont la tête est inclinée vers la terre, put contempler les astres et fixer ses regards sublimes dans les cieux. », début des Métamorphoses d'Ovide, Livre I.
Parmi les animaux de la Création, l'Homme est celui qui contemple les astres et lève la tête vers les Cieux : dans la logique de louange et d'action de grâce sous laquelle Hoefnagel a placé son œuvre, il est celui pour qui l'observation (dans laquelle le rôle de la vision est central) ne se dissocie pas de l'admiration. Placé au dessus du portrait de Pedro Gonzales, cette inscription ne laisse aucune ambiguïté sur la place qui est faite au couple comme représentant de l'Humanité, où ils figurent presque comme couple primordial
b) inscription de la page de gauche :
PETRVS GONSALVS Alumnus REGIS GALLORVM. Ex Insulis Canariae ortus : Me Teneriffa tulit: villos sed Corpore toto Sparsit opùs mirúm naturae: Gallia, mater Altera, me púerùm nútruit adusque virilem Aetatem: docúitque feros deponere mores Ingenúasque artes, lingúam que sonare latinam. Contigit et forma praestanti múnere Diúúm Coniúnx, et Thalami charissima pignora nostri. Cernere naturae licet hinc tibi múnera: nati Qúod referúnt alij matrem formaque colore, ast alij patrem vestiti crine sequuntur.
Conparuit Monachij boiorum A°: 1582:
— Tentative de traduction « Petrus Gonsalvus fils adoptif du roi de France. Je suis né aux Îles Canaries et originaire de Tenerife ; mais des poils recouvrent tout mon corps, œuvre prodigieuse de la nature ; la France, mon autre Mère, m'a élevé jusqu'à l'âge adulte, et m'a enseigné les bases de la morale, des arts libéraux, et la langue et les sonorités latines. Puis j'ai épousé ma très chère et incomparable épouse, cadeau des dieux. Ici, vous pouvez voir les cadeaux de la nature: certains de mes enfants ressemblèrent à leur mère, et d'autres héritèrent de la pilosité de leur père. Il est venu à Munich en Bavière durant l'année 1582. »
— Commentaire :
Comme spécimen de la race humaine, Hoefnagel présente, par un choix qui demande à être analysé, l'un de ses "monstres", terme qui, en latin, voisine avec monstrare "montrer" et qui exprime qu'à l'époque, ce qui est atypique relève du merveilleux, du prodige ou du miracle et témoigne de la grandeur insondable de Dieu.
Ce texte est une déclaration qui est censée être rédigée par l'homme dont le portrait se trouve à la page voisine. Elle adopte le même style que les lettres que des personnages semblables (comme sa fille Antonieta, infra) tiennent sur leur portrait pour se présenter. Cette homme est Pedro Gonzales, latinisé en Petrus Gonsalvus.
Pedro Gonzales est né vers 1537 à Tenerife, dans les îles Canaries dans une famille de la noblesse locale ; il était atteint d'une maladie héréditaire —sous le mode autosomique dominant— rarissime dont il est le premier cas connu, l'hypertrichose (ou hypertrichosis lanuginosa), bien différente de l'hirsutisme : son visage et tout son corps était couvert de longs poils lui conférant une allure bestiale. Mais on oublie souvent de mentionner que cela s'accompagne d'un facies acromégaloïde, avec épaissisement des traits qui accentue cette apparence animale.
Comme pour le nanisme (les nains de cour étaient nombreux, comme le nain Triboulet de François Ier ou ceux de la cour d'Espagne), les personnes frappés par ces difformités corporelles étaient considérées soit comme des suppôts redoutés du Diable ou comme des envoyés miraculeux de Dieu. Ce type de prodige étaient recherchés dans les cours princières au titre des Curiositas ou des Mirabilia dont la possession renforçaient le prestige, et en raison de ses caractéristiques particulières, Pedro Gonzales a été offert à l'âge de 10 ans au Roi Henri II de France, qui s'enticha du jeune garçon et lui donna la meilleure éducation (assurée par les précepteurs royaux Pierre Danès, Jacques Amyot et Robert Estienne et où il apprit le latin). Surnommé alors le « sauvage du Roi », il devint, au cours des décennies suivantes, l'un des lettrés les plus fréquentés de Paris, et occupa des postes à la cour, successivement Gentilhomme de la Chambre puis Aide-Panetier royal. Le roi mit à sa disposition une partie du parc de Fontainebleau afin de lui offrir environnement naturel et protection, et où on le considéra d'abord comme un singe familier avant de s'intéresser à lui de plus en plus. Cet « homme-singe » ou "homme sauvage" fascinant participait régulièrement aux manifestations sociales, habillé de vêtements de cour.
Deux cent ans plus tard, la façon dont le jeune prodige Mozart fut reçu dans les capitales européennes témoignait encore de cette curiosité ambiguë mêlée de mépris que suscitent les exceptions.
c) inscription inférieure :
Sed puor hec Hominis cura est, cognoscere terram / Et nunc quae miranda tulit Natura, notare. « Mais le premier souci de ceux qui en sont les maîtres est de connaître la terre, et de noter les merveilles que la nature a étalées maintenant : c'est là pour nous une grande tâche, qui nous rapproche des astres célestes ». Il s'agit des vers 251-252 du poème l'Etna datant de 44-50 av. J.C. Tout est dit : les "prodiges" sont accueillis comme sujet de connaissance.
La lecture du texte lui-même montre que Hoefnagel veille scrupuleusement à la cohérence de son thème du Feu, tout en poursuivant sa méditation sur la place de l'homme au sein de la création. En effet, dans ces vers, le poète, après avoir entrepris de chanter l'Etna et la cause de ses éruptions, écarte les explications fabuleuses et donne au phénomène une explication scientifique, due à l'existence au sein de la terre de canaux aériens, où passent des vents. Dans les vers 537-566, il célèbre la puissance invincible du feu de l'Etna et loue la fertilité du sol que ce feu autorise.
Les inscriptions de la planche I
a) Inscription centre supérieur :
Omni moraculo quod fit per Hominem maius miraculum est HOMO/ Visibilium omnium maximus est Mundus, Invisibilium DEUS/ Sed mundum esse conspicimus, Deum esse credimus : Saint Augustin De Civitate Dei, Livre X chap. 12 et Livre IX chap.4 « De tous les miracles réalisés par l'homme, le plus grand miracle est l'homme. De toutes les chose visibles, la plus grande est le monde. de toutes les invisibles, la plus grande est Dieu. Si nous voyons que le monde existe, nous croyons que Dieu existe".
Ce texte placé en chapeau au dessus du portrait de Pedro Gonzales explicite la thèse qu'il illustre. Cet homme est, pour l'esprit, une incongruité. Un miracle (latin miraculum, "chose extraordinaire, étonnante", du verbe miror "s'étonner, être surpris" qui a donné admiror "admirer") est une chose étonnante et admirable, qui incite à croire en Dieu.
b) inscription inférieure :
Homo natus de MULIERE, brevis vinens tempore / Repletur multis miserys Job. 14 (suite : qui quasi flos egreditur et conteritur et fugit velut umbra) "L'homme né de la femme vit peu ; il est rempli de misère. Il est comme une fleur qui s'épanouit, se flétrit, et qu'on écrase : il passe comme une ombre".
Reflet parfait du souci d'Hoefnagel de saisir le temps qui passe et de méditer sur la nature éphémère de tout être vivant.
Le portrait de Maddalena et Enrico Gonzales par Hoefnagel.
Inscription : LAUDATE PUERI DOMINUM / LAUDATE NOMEN DOMINI "Louez, enfants, le Seigneur."/Louez le nom du Seigneur. Psaume 112 (113).
— Traduction :
b) Inscription inférieure : Laudate nomen Domini.
— Source : Psaume 112 (113).
— Traduction : ""
— Commentaire : Le Psaume 112 (113) est traduit par Louis Segond ou par la Bible du Semeur en suivant le texte hébreu Laudate servi Jehovah, Laudate nomen Jehovah d'où leur traduction où "serviteurs" remplace "enfants", et "L'Eternel" remplace "Seigneur". Mais le texte de la Septante, suivi par la Vulgate qui est cité ici, proclame : Laudate pueri Dominum, laudate nomen Domini : qui habitare facit sterilem in domo matrem filiorum laetantem. "Enfants, louez le Seigneur, louez le nom du Seigneur." Le Psaume s'achève ainsi : "lui qui en sa maison fait habiter la stérile, devenue joyeuse mère d’enfants.".
Ainsi, les versets qui accompagnent le portrait des deux filles de Pedro Gonzales au visage déformé par la maladie sont des louanges adressées à Dieu pour rendre grâces de la naissance d'enfants.
Joris Hoefnagel, série Animalia Rationalia et Insecta (Ignis) : Planche II, portrait de Maddalena et Enrico Gonzales aquarelle et peinture dorée sur parchemin 14,3 x 18,4 cm, Getty Museum
Examens médicaux de la famille Gonzales
Les membres de la famille Gonzales, présentant une pilosité anormale, furent examinés scientifiquement par deux des médecins les plus renommés de l'époque.
1. Le premier examen médical fut réalisé en 1591 par le médecin Felix Platter, qui a examiné Maddalena et Enrico à Bâle. Felix Platter (également appelé Platerus en latin) vécut de 1536 à 1614 et fut professeur de médecine à l'Université de Bâle. En 1614, son ouvrage en trois volumes sur les observations (observationes), dans lequel il décrit les maladies humaines, fut publié à Bâle. Le troisième volume, page 553, contient une section intitulée : Pilosi hirsuti admodum hominis quidam (pilosité excessive chez certains humains).
"Il y avait à Paris, à la cour du roi Henri II, un tel homme, exceptionnellement poilu sur tout le corps, auquel le roi tenait beaucoup. Son corps était entièrement recouvert de longs poils, son visage aussi, à l’exception d’une petite partie sous les yeux, et les poils de ses sourcils et du front étaient tellement longs qu’il devait les relever pour voir. Après avoir épousé une femme non-velue, qui était comme toute autre femme, il eut avec elle des enfants, velus eux-aussi, qui furent envoyés au duc de Parme en Flandres. Je vis la mère et les enfants, un garçon de neuf ans et une fille de sept ans, lorsque, en chemin vers l’Italie, ils s’arrêtèrent à Bâle en 1583, et je commandai leur portait. Ils avaient le visage velu, surtout le garçon, la fille un peu moins, mais celle-ci était extrêmement velue dans la région dorsale le long de la colonne vertébrale." Felix Platter, Observationum Felicis Plateri…libri tres, (Basilea, 1680), Lib. III, p. 572.
Dans ce livre, Platter décrit des personnes atteintes d'hypertrichose. À la page 554 suivante, Platter décrit ensuite le père et ses deux enfants (probablement Maddalena et Enrique) Gonsalvus, qui avaient voyagé de Paris via les Flandres. Platter différencie la pilosité excessive de cette famille de celle des cannibales ou des indigènes d'Amazonie. Il souligne déjà que, contrairement à d'autres formes d'hypertrichose, chez la famille Gonsalvus, la pilosité anormale du crâne facial autour des oreilles est particulièrement prononcée. À la fin de ses descriptions des enfants de la famille Gonsalvus, Platter mentionne qu'il est erroné de décrire les personnes présentant une pilosité anormalement importante comme des sauvages, car la quantité massive et l'étendue anormale de la pilosité ne sont qu'une anomalie esthétique.
Les enfants de Petrus Gonsalvus ne sont pas représentés dans le livre de Platter. Platter aurait apparemment employé un peintre qui a probablement peint les enfants Maddalena et Enrique, mais son nom est inconnu et les peintures sont considérées comme perdues.
2. Aldrovandi
En 1591, la famille Gonsalvus arriva à la cour des Farnèse à Parme, après avoir été offerte au duc de Parme. Pierre, son fils Henri et deux de ses filles ont été examinés par Ulisse Aldrovandi à Bologne vers 1593.
Ulisse Aldrovandi naquit à Bologne en 1522 et étudia d'abord le droit, les mathématiques et la philosophie à Bologne. À partir de 1545, il étudia la médecine à la célèbre faculté de Padoue et obtint son doctorat en médecine à Pise en 1553. À partir de 1561, il était professeur d'histoire naturelle à l'université de Bologne. Français Ulisse Aldrovandi était aussi appelé l'Aristote de Bologne. Aldrovandi possédait une importante collection d'histoire naturelle comptant plus de 18 000 objets, qu'il léguait à la ville de Bologne en 1603. Aldrovandi a écrit un ouvrage en treize volumes sur des sujets d'histoire naturelle, notamment les plantes, les insectes, les animaux et les humains. Le dernier volume, intitulé Monstrorum historia, a été publié à titre posthume en 1642 par son élève Ambrosinus. Cependant, Aldrovandi lui-même avait en grande partie achevé le texte en 1600. Ce livre contient également des gravures sur cuivre avec des représentations des membres de la famille Gonsalvus. Aldrovandi a fait appel à trois peintres connus : Lorenzo Bennini de Florence, Cornelius Svintus de Francfort et Jacobo Ligozzi de Vérone, pour réaliser les illustrations de ses livres. Leurs œuvres n'étant pas signées, ces trois gravures sur cuivre représentant des membres poilus de la famille Gonsalvus ne peuvent être définitivement attribuées à aucun de ces artistes. La gravure représentant l'homme poilu de quarante ans et son fils poilu de vingt ans représente probablement Pedro Gonzales et son fils Enrico. Tous deux présentent également une nette ressemblance avec le portrait de Pedro Gonzales conservé au château d'Ambras. Comme dans ce portrait d'Ambras, dans le livre d'Aldrovandi, Pedro et son fils sont représentés en tenue de fête. Il est possible que l'information sur l'âge soit inexacte, ce qui n'est pas totalement surprenant pour un livre imprimé 38 ans après la mort de l'auteur. Si l'examen a eu lieu en 1593, comme le décrit Wiesner-Hanks, Enrique n'avait alors que treize ans. Enrico avait été offert à la cour du cardinal Odoardo Farnèse à Rome à l'âge de dix-huit ans par Ranuccio Farnèse, le frère d'Odoardo. L'âge de Pedro Ganzales, né en 1537, était déjà de 56 ans en 1893, ce qui indique une fois de plus que les informations sur l'âge figurant dans le livre d'Aldrovandi ne sont pas nécessairement correctes.
Il en va de même pour l'âge de la jeune fille velue représentée page 17, qui est donnée comme âgée de 12 ans. D'après les informations sur l'âge, cette personne ne pouvait pas être Maddalena, la sœur aînée d'Enrique, née en 1575, ni Antonietta, la sœur cadette, née en 1588. Maddalena avait déjà 18 ans en 1593, s'était mariée à Parme, avait reçu une maison en cadeau de la famille Farnèse et avait déjà un enfant qui souffrait à son tour d'hypertrichose. D'après son âge, Francesca Gonsalvus, née en 1582, serait la jeune fille représentée à la page 17 du livre d'Aldrovandi, qui souffrait également d'hypertrichose. (M. Vogel)
La sœur de cette jeune fille velue est probablement Antonietta, née en 1588, représentée à la page 18 du livre d'Aldrovandi. Il est prouvé qu'Aldrovandi a examiné Antonietta, la jeune fille de Parme. Antonietta était également hébergée près de Bologne chez la marquise Isabella di Pallavicina à Soragna. (M. Vogel)
"Une après-midi de l’an 1594, le scientifique, collectionneur et médecin italien Ulisse Aldrovandi se rendit chez l’un de ses riches amis de Bologne. Parmi les invités dans cette élégante demeure se trouvait Isabella Pallavicina, marquise de Soragna, une ville des environs de Bologne. La marquise était accompagnée d’Antonietta Gonzales, fille de Petrus Gonzales. Aldrovandi étudia la petite fille en détail et en fit la description suivante :
« Le visage de la petite fille, à l’exception des narines et des lèvres autour de la bouche, était complètement recouvert de poils. Les poils sur le front étaient plus longs et drus que ceux qui recouvraient ses joues mais plus doux au toucher que sur le reste du corps, elle était poilue sur le haut du dos, et hérissée de poils jaunes jusqu’à la naissance des reins ».
Il existe deux représentations picturales d'Antonietta qui nous sont parvenues : une peinture à l'huile et un dessin, tous deux créés par Livinia Fontana (Fig. 10 et 11). Le portrait à l'huile (Fig. 10) montre Antonietta à l'âge d'environ cinq ou six ans. La pousse anormale des cheveux sur sa tête est clairement visible.
Il est possible que Lavinia Fontana, amie d’Aldrovandi et peintre bolonaise connue pour ses tableaux de nobles et d’enfants, ait été présente ce jour-là également car elle fit plus tard un portrait à l’huile d’Antonietta qui est aujourd’hui exposé au château de Blois, en France.
Dans ce portrait, Antonietta tient à la main un papier donnant quelques détails sur sa vie :
« Don Pietro, homme sauvage découvert aux îles Canaries, fut offert en cadeau à Son Altesse Sérénissime Henri roi de France, puis de là fut offert à Son Excellence le duc de Parme. Moi, Antonietta, je viens de là et je vis aujourd’hui tout près, à la cour de madame Isabella Pallavicina, honorable marquise de Soragna. »
Nous voilà revenu au portrait du château de Blois.
Lavinia Fontana dessina également un croquis au crayon d’une petite fille velue, peut-être Antonietta, mais peut-être aussi sa sœur aînée Francesca, car elle ne ressemble pas tout à fait à la fille du tableau à l’huile.
Lavinia Fontana, Portrait d'Antonietta Gonzales, vers 1595, huile sur toile, château de Blois. Cliché lavieb-aile 2025
Lavinia Fontana, Portrait d'Antonietta Gonzales, vers 1595, huile sur toile, château de Blois. Cliché lavieb-aile 2025
Lavinia Fontana, Portrait d'Antonietta Gonzales, vers 1595, huile sur toile, château de Blois. Cliché lavieb-aile 2025
—GHADESSI (Touba) 2018, Portraits of Human Monsters in the Renaissance: Dwar aits of Human Monsters in the Renaissance: Dwarves, Hirsutes, and Castrati as Idealized Anatomical Anomalies Touba Ghadessi Wheaton College,
—LEGEAIS (Benoîte), 2015, Le pilocentrisme de la France d’Ancien Régime Évolution des représentations de la pilosité de François 1er à Louis XVI par Benoîte Legeais Département d’histoire / Faculté des arts et sciences Université Sorbonne-Nouvelle Paris 3 / École Doctorale 268 Langage et langues Cotutelle de thèse présentée à la Faculté des arts et sciences et à l’École Doctorale 268 en vue de l’obtention du grade de Philosophiae Doctor (Ph. D.) en histoire Université de Montréal Octobre 2015
https://core.ac.uk/download/pdf/151554662.pdf
—VIGNAU-WILBERG (Théa) , « Le Museum de l'empereur Rodolphe II et le cabinet des arts et curiosités » in Haupt, Herbert et alii, Le bestiaire de Rodolphe II. Cod. min. 129 et 130 de la bibliothèque nationale d'Autriche, Paris, Citadelles, 1990, p. 38.
— VIGNAU-WILLBERG (Théa) 1994, Archetypae studiaque Patris Georgii Hoefnagelii 1592. Natur, Dichtung und Wissenschaft in der kunst um 1600. München, Staatl.
— VIGNAU-WILLBERG (Théa) Lee Hendrix, Thea Vignau-Wilberg, Mira Calligraphiae Monumenta: A Sixteenth-Century Calligraphic Manuscript Inscribed by Georg Bocksay and Illuminated by Joris Hoefnagel, Volume 1, Getty Publications, 13 Aug, 1992, p. 15-28
— VIGNAU-WILLBERG (Théa) Lee Hendrix and Thea Vignau-Wilberg, Nature Illuminated: Flora and Fauna from the Court of the Emperor Rudolf II, Getty Publications, 1997
— VOGEL (Michael), 2023 Darstellungen von behaarten Menschen mit Ambras Syndrom in Kunstwerken. Eine Schnittstelle zwischen Kunst und Medizin.
— WELLS (Christophe William) 2018,« Monstres » de cour : la difformité dans les cours royales d'Europe occidentale entre 1500 et 1700, Préternature : études critiques et historiques sur le surnaturel (2018) 7 (2) : 182–214.
— WIESNER HANKS (Merry) 2014, Les Gonzales, famille sauvage et velue.
— ALDROVANDI (Ulisse) Ulyssis Aldrovandi Patricii Bononiensis Monstrorum historia cum paralipomenis historiae omnium animalium Bartholomaeus Ambrosinus,...labore, et studio volumen composuit. Marcus Antonius Bernia in lucem edidit propriis sumptibus , (Bononiae) 1642
Le vitrail patriotique de l'église Saint-Paterne d'Orléans pour les victimes de la Première guerre mondiale "et de toutes les guerres". Baies 49, 51 et 53.
Les services d'Orléans Métropole ont consacré un document de 28 pages à "Orléans pendant la grande guerre". A la page 23, nous pouvons trouver la description des vitraux patriotiques de Saint-Paterne :
"Dans l’église paroissiale Saint-Paterne, trois vitraux commémoratifs situés dans la première chapelle du bas-côté nord, rappellent l’action des soldats français sur le front puis la France victorieuse. Le choix du vitrail surprend pour un support commémoratif paroissial où apparaissent les noms des disparus. La représentation délivre un message patriotique et réaliste n’hésitant pas à montrer l’enfer des tranchées avec un homme mort au premier plan. Ils évoquent aussi deux inventions majeures et décisives utilisées pendant la 1re Guerre : le char d’assaut et l’avion.
Sur le vitrail de droite, intitulé « À la poursuite de l’ennemi » dédié « À la Mémoire des soldats tombés au Champ d’honneur 1914-1918 » ; de bas en haut: une tranchée avec des marins français armés de mitrailleuses ; dans le médaillon: un char d’assaut, utilisé pour la première fois en 1916 lors de la bataille de la Somme ; des soldats français escaladant un canon, sous lequel gît le corps de l’ennemi, laissant éclater leur joie au passage de prisonniers allemands.
Le vitrail de gauche intitulé « La Victoire » est dédié « À la Mémoire des soldats morts pour la France 1914-1918 ». De bas en haut: représentation de l’entrée officielle des troupes française à Strasbourg en 1918, en présence du gouvernement français et des généraux vainqueurs. Dans le médaillon, un avion biplan allemand en feu va s’écraser. L’Alsace et la Lorraine, symbolisées par deux femmes en costumes traditionnels, sont réunies sous le drapeau français, évoquant ainsi le retour de ces régions à la France après la défaite de l’Allemagne. En bas des vitraux apparaissent la Croix de Guerre, la Légion d’Honneur et des médailles militaires.
Le vitrail central intitulé «Aux victimes de toutes les guerres » est postérieur. À daté des années 1950, il provient de l’atelier orléanais J. Le Chevallier et J. Degusseau."
Ce texte remarquable est accompagné d'une vue d'un panneau de la baie intitulé "La victoire". Mon article vise à apporter une documentation photographique plus complète, et à participer au recensement des vitraux patriotiques français.
En effet, je n'ai pas pu trouver d'autres illustrations en ligne sur ces verrières.
La chapelle des Morts pour la France, première chapelle à gauche en entrant.
La chapelle des soldats morts pour la France, église Saint-Paterne d'Orléans. Cliché lavieb-aile 2025.
La baie 53 : la guerre. "A la mémoire des soldats tombés au champ d'honneur 1914-1918."
Baie 53, église Saint-Paterne d'Orléans. Cliché lavieb-aile 2025.
Registre inférieur.
" une tranchée avec des marins français armés de mitrailleuses ; dans le médaillon: un char d’assaut, utilisé pour la première fois en 1916 lors de la bataille de la Somme ; des soldats français escaladant un canon, sous lequel gît le corps de l’ennemi, laissant éclater leur joie au passage de prisonniers allemands."
Le paysage, fait de marécages d'où émergent des tronçons de ponts et des saules tétards, et bordés de moulins, peut faire penser à la bataille de l'Yser.
Sur le côté, les cartouches noirs marqués de croix citent, comme sur un monument aux morts, le nom des soldats morts pour la France, avec leur grade. Ainsi : "Les Maréchaux Logis -chefs David, Grey, Aviateur Mauduit, Lieutenants Lasnier, Rotté, Adjudants Boitier, Grandamas, des Sergents R. Agier Assire, Lucien Auber Aubourg, Badinier."
En bas apparaissent la Légion d'Honneur (chevalier) et la Croix de Guerre (avec palme).
Baie 53, église Saint-Paterne d'Orléans. Cliché lavieb-aile 2025.
Baie 53, église Saint-Paterne d'Orléans. Cliché lavieb-aile 2025.
Baie 53, église Saint-Paterne d'Orléans. Cliché lavieb-aile 2025.
Registre médian.
"dans le médaillon : un char d’assaut, utilisé pour la première fois en 1916 lors de la bataille de la Somme ".
On aimerait pouvoir préciser qu'il s'agit d'un char Schneider CA1 (utilisé depuis 1917), d'un char lourd Saint-Chamond ou du fameux char FT 17 Renault (utilisé en mai 1918 dans la bataille de l'Aisne), mais ce n'est pas si simple (pas de tourelle pivotante).
Baie 53, église Saint-Paterne d'Orléans. Cliché lavieb-aile 2025.
Baie 53, église Saint-Paterne d'Orléans. Cliché lavieb-aile 2025.
Registre supérieur.
"des soldats français escaladant un canon, sous lequel gît le corps de l’ennemi, laissant éclater leur joie au passage de prisonniers allemands."
Baie 53, église Saint-Paterne d'Orléans. Cliché lavieb-aile 2025.
La baie 49.
Le vitrail de gauche intitulé « La Victoire » est dédié « À la Mémoire des soldats morts pour la France 1914-1918 ».
Baie 49, église Saint-Paterne d'Orléans. Cliché lavieb-aile 2025.
Registre inférieur.
"Représentation de l’entrée officielle des troupes française à Strasbourg en 1918, en présence du gouvernement français et des généraux vainqueurs."
On voit la statue du général Kléber, le défilé a lieu place Kléber précisément, le 21 novembre.
"A Strasbourg , la foule assiste au défilé des troupes françaises et alliées, le général Gouraud qui commande la IVe armée en tête, devant la statue de Kléber. Une affiche française invite les Alsaciennes à revêtir leur costume traditionnel."
En bas apparaissent la Médaille Militaire et la Croix de Guerre (avec palme).
Baie 49, église Saint-Paterne d'Orléans. Cliché lavieb-aile 2025.
Registre médian.
Dans le médaillon, un avion biplan allemand en feu, touché par un appareil français à cocarde tricolore, est en flammes et va s’écraser.
Baie 49, église Saint-Paterne d'Orléans. Cliché lavieb-aile 2025.
Registre supérieur.
"L’Alsace et la Lorraine, symbolisées par deux femmes en costumes traditionnels, sont réunies sous le drapeau français, évoquant ainsi le retour de ces régions à la France après la défaite de l’Allemagne."
Baie 49, église Saint-Paterne d'Orléans. Cliché lavieb-aile 2025.
La baie 51.
Orléans Métropole écrit : "Le vitrail central intitulé «Aux victimes de toutes les guerres » est postérieur. À dater des années 1950, il provient de l’atelier orléanais J. Le Chevallier et J. Degusseau."
Plus précisément, le peintre-verrier Jacques Le Chevallier a conçu les cartons dans son atelier de Fontenay-aux-Roses, mais son ami le maître-verrier Jacques Degusseau a exécuté dans son atelier d' Orléans, 26, rue des Ormes St Victor, la coupe et le montage aux plomb des verrières. Jacques Le Chevallier interviendra ensuite si nécessaire pour peindre à la grisaille les vitraux, avant que Degusseau ne procède à la cuisson. Ils ont, dans leur collaboration, réalisé la quasi totalité des vitraux des baies basses et 5 baies hautes de l'église Saint-Paterne, remplaçant ceux détruits par les bombadements, soit 645 m² de vitraux de 1945 à 1962, c'est à dire ceux de 38 baies basses, des deux rosaces des transepts avec leur galerie, et les cinq baies hautes du chœur.
Baie 51, église Saint-Paterne d'Orléans. Cliché lavieb-aile 2025.
Au total, je ne regrette qu'une chose : d'ignorer quel est le maître-verrier auteur des deux baies de 14-18, qui a omis de les signer.
Le visiteur du Monastère royal de Brou, créé après le décès de son mari Philibert le Beau en 1504 par Marguerite d'Autriche, duchesse de Savoie et régente des Pays-Bas, parvient, après avoir découvert l'église Saint-Nicolas, aux bâtiments monastiques aménagés en musée. Là, il peut arpenter le couloir de l'ancien dortoir, donnant accès aux spatieuses cellules individuelles des chanoines de l'Ordre augustinien.
Là, au milieu de ce couloir, sur le palier donnant accès aux cloitres, il découvre une lanterne, celle qui, allumée toute la nuit, éclairait jadis les religieux se rendant aux offices.
C'est une lanterne de pierre faisant saillie sur l'angle du mur, composée d'un culot circulaire et d'un dais, réunis par un vitrage à trois pans en verre antique losangé monté au plomb, autour d'un médaillon octogonal ancien, un vitrail du XVIe siècle représentant le Mariage de la Vierge. Cet aménagement est récent, remplaçant le fenestrage à châssis ouvrant permettant d'allumer, d'éteindre et de remplacer le bougeoir.
Le vitrail ancien placé en réemploi est admirable, la lanterne dans son ensemble possède une forme et des dimensions parfaitement intégrés à l'architecture du couvent, et l'objet réussit parfaitement à plonger le touriste dans l'ambiance monacale et à le laisser évoquer les chanoines quittant leur chambre dans la nuit pour chanter matines, guidés par la clarté vacillante mais vigilante de cette veilleuse .
Note : cet objet n'est accompagné d' aucun cartel : dommage...
Lanterne du dortoir de l'abbaye royale de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
Le vitrail du XVIe siècle, peinture en grisaille (sanguine) et jaune d'argent sur verre blanc. Joseph s'appuie sur une canne, pour signaler sa vieillesse. Marie a les cheveux longs et dénoués, retenus au front par un diadème. Elle relève le pan gauche de son manteau. Sa robe longue est serrée à la taille par un simple cordon noué.
Lanterne du dortoir de l'abbaye royale de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
La beauté de l'objet incite à en détailler les sculptures. Le registre inférieur du dais porte le monogramme christique IHS (notez le H modulé par un tilde), puis le monogramme marial MARIA, puis, après trois fleurs, la date de 1536. C'est la date de la création du dortoir. Les cloîtres seront terminés plus tard encore, en 1539.
Lanterne du dortoir de l'abbaye royale de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
Lanterne du dortoir de l'abbaye royale de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
Lanterne du dortoir de l'abbaye royale de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
Lanterne du dortoir de l'abbaye royale de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
L'inscription centrale, que j'ai présenté comme un monogramme marial, montre les deux lettres M et A réunies par les boucles d'une corde, exactement comme les lacs d'amour qui réunissent, sur le porche et à l'intérieur de l'église, les lettres P et M de Philibert de Savoie et de Marguerite d'Autriche. Comment faut-il comprendre cet emblème-ci ?
Lanterne du dortoir de l'abbaye royale de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
C'est sur la partie inférieure, en tronc de cône, du culot que l'on lit l'inscription SILENTIVM, en lettres ornées (fût perlé et empattements bifides à enroulement). La lettre finale M est remplacée par le sigle abréviatif en forme de z ou de 3, comme c'est l'usage dans les manuscrits de l'époque.
Lanterne du dortoir de l'abbaye royale de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
Lanterne du dortoir de l'abbaye royale de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.
DISCUSSION
1°) La présence des lanternes de dortoirs monastiques (que ce soit avec cellules individuelles ou dortoirs communs) est attestée ailleurs, mais fort rarement, sans doute par oubli de signalement.
L' abbaye de Sénanque : https://www.senanque.fr/ancien-dortoir/
"Le dortoir, édifié vers 1200, occupe l’étage de l’abbaye sur plus de 30 mètres de long.
Douze baies en plein cintre éclairent l’ensemble, tandis qu’une rose à douze lobes, semblable à celle de la façade méridionale de l’abbatiale a été percée dans le pignon Ouest.
Deux escaliers desservent le dortoir. L’escalier des matines permettait à nos anciens de se rendre à l’église pour Vigiles, soit entre 2 et 3h du matin selon les saisons : « Au signal donné les moines se lèvent sans retard et s’empressent de se rendre à l’œuvre de Dieu » nous rappelle le chapitre 16 de la Règle. Une niche est ménagée dans le mur à côté de l’escalier : elle accueille la lampe qui brûle toute la nuit, fidèle à la préconisation du chapitre .
Le second escalier permet de remonter du cloître vers le dortoir pour la nuit, après Complies, soit entre 20h et 21h selon les saisons.
La règle de Saint Benoît indique que tous les moines, y compris l’abbé, doivent dormir ensemble dans un lieu unique. Le silence y est absolu."
2°) L'inscription soulignant la règle d'observation du silence, SILENTIUM (latin silere "se taire") me rappelle le personnage qui, un doigt sur la bouche, accompagnait l'inscription SILENZIO sur une fresque du cloître du couvent de Santa Chiara de Naples.
Fresque de la Conversion de Paul au couvent de Santa-Chiara à Naples. Photographie lavieb-aile 2024.
—Une description de l'abbaye de Saint-Denis, au XVIIIe , indique que "dans le courant du mois d’août année susdite, fut posée une figure en pierre ou en plâtre dans le parterre ou espèce de gazon faisant face au potager derrière le réfectoire de l’abbaye. Cette figure représentoit le Silence, ayant, pour le désigner, un doigt sur la bouche : elle étoit debout sur un piédestal." https://books.openedition.org/editionsmsh/42563?lang=fr
—Dans la salle du lavabo (près du réfectoire) du couvent de San Marco de Florence, Fra Angelico a peint en fresque vers 1442 un dominicain, Pierre de Vérone (ou Pierre le martyr) imposant le silence aux moines.
—André Alciat consacre, en ... 1536, un de ses emblèmes au silence sous le titre SILENTIUM avec une vignette représentant un moine devant le lutrin de sa cellule, l'index sur la bouche. (Notez la référence à Hapocrate, le dieu latin ayant le doigt sur les lèvres).
In silentium, Livret des Emblemes, de maistre Andre Alciat, mis en rime françoys folio 20, Paris, Wechel, 1536 , Paris, Bibliothèque nationale de France, Réserve RES P-Z-14, numérisation Gallica
Si ces exemples d'inscription ou de figures du Silence en bâtiment monastique sont difficiles à retrouver en ligne, l'importance de l'observation du silence, précisément sous le terme de Silentium, en milieu monastique, est fréquemment rappellée par les auteurs, et notamment par Vincent Debiais.
Voir la revue iconographique :
—Francisco Prado-Vilar, 2013, Silentium: Cosmic Silence as an Image in the Middle Ages and Modernity / Silentium: El silencio cósmico como imagen en la Edad Media y la Modernidad Revista de poética medieval
"Les préceptes du haut Moyen Âge sur la conduite monastique ont toujours encouragé le silence. Les règles applicables aux communautés cloîtrées interdisaient spécifiquement de parler dans l’église, le réfectoire et le dortoir. Enfin, il a toujours été expressément interdit de parler la nuit. La règle du Maître du Ve siècle décourageait ses lecteurs de parler une fois qu’ils avaient terminé les complies, le dernier office de la journée. Ils devaient garder un silence si profond pendant toute la nuit que personne ne devait croire que des moines se trouvaient dans l’abbaye. Un ensemble de signes codifiés en usage à Cluny permettait dles échanges
La règle de Benoît du VIe siècle consacre un chapitre entier aux bienfaits moraux de cette vertu (chapitre 6 : De taciturnitate), en commençant par des versets du livre des Psaumes qui associent le silence et l’humilité :
« J’ai placé une sentinelle sur ma bouche. J’ai été muet, j’ai été humilié et j’ai gardé le silence sur les bonnes choses » (Ps 38, 2-3).
Le silence était également l’expression de l’obéissance, une vertu étroitement liée à l’humilité. Les moines devaient demander l’autorisation de parler à un supérieur avec la plus grande humilité et une soumission respectueuse."
"Deux siècles plus tard, la discipline du silence a acquis de nouvelles significations dans les dépendances bondées des abbayes carolingiennes. La règle de Benoît consacrait une attention considérable aux moyens d’éviter les paroles pécheresses, mais l’ambiguïté de certains de ses passages laissait les commentateurs carolingiens perplexes. La tendance de l’auteur à qualifier le mot « silence » (silentium) par des adjectifs tels que « maximal » (summum) et « total » (omne) était particulièrement gênante. Lorsqu’il est renforcé par un adjectif superlatif ou totalisant, le mot silentium a le poids d’un silence absolu. Ce sens est toutefois spécifique au contexte. Il ne s’applique qu’au réfectoire, à l’oratoire à la fin de la liturgie et pendant le temps réservé à la lecture. Dans tous les autres cas, le mot silentium ne signifiait pas une interdiction stricte des paroles. La règle de Benoît a ainsi toujours encouragé la culture du silence, en particulier la nuit, mais ce précepte signifiait que les moines pouvaient converser avec discrétion, mais seulement à voix basse (sub silentio), c’est-à-dire en chuchotant. Dans la pensée monastique carolingienne, l’objectif de la discipline du silence n’était pas la cessation complète des bruits humains, mais la promotion d’un ton feutré et révérencieux parmi les frères, qui imprégnait tous les aspects de leur vie cloîtrée."
"Le terme latin utilisé le plus fréquemment dans ces textes est silere (silentium) qui désigne moins l’absence de parole (tacere) que la tranquillité (quies), l’absence de mouvement et de bruit. On rappelle alors un constat de la nature que faisait déjà la philosophie classique : la seule expérience du silence par les sens est celle d’une quiétude, non d’une absence totale de son, quant à elle impossible et relevant d’une construction intellectuelle qui vise à démontrer une capacité à s’extraire de l’agitation du monde. Aussi, dans la théologie chrétienne, l’idée du silence existe non parce que le monde peut être un lieu de silence (il ne le peut pas), mais parce que l’homme a besoin de construire la représentation d’un espace fictionnel dans lequel ce que l’on sait peut être tu, nié, ou inversé."
"La Règle cistercienne cherche davantage à contrôler les aspects négatifs de la parole qu’à empêcher le bruit. La normativité des règles monastiques ne fonde pas une interdiction de la parole et n’institue pas le silence, même si elles répètent que « le moine doit s’appliquer au silence en tout temps selon les préceptes ». Elle cherche davantage à prévenir un excès et un usage détourné de la voix qu’à la supprimer au sein de la vie cénobitique. Très tôt d’ailleurs, les commentateurs de la règle bénédictine établissent des variations et des nuances dans ce qu’il faut entendre par « silence » au sein du monastère, en fonction des heures, des lieux, des actions collectives ou solitaires…"
Le clocher comporte une tour qui prolonge le pignon occidental, encadré de deux contreforts à pilastres. Puis, au dessus d'une galerie en surplomb, vient une première chambre de cloches, carrée, et ensuite dans une flèche octogonale, une fausse chambre de cloche qui s'ouvre par des frontons encadrés de pilastres.
Selon l'abbé Billant, les premières cloches mentionnées dateraient d'avant 1670.
"Le clocher ne porte pas de date de construction. Il a dû être bâti au plus tard au commencement du XVIIe siècle. Dans un procès soutenu vers 1670 contre les prétentions du recteur de Hanvec, les tréviens de Rumengol, accusés de mal employer les deniers de leur église, allèguent « qu'ils ont fait et bâti une « tour magnifique et y ont mis des cloches ». Les galeries de la tour n'ont été construites qu'en 1750, d'après les comptes rendus par le marguillier, fabrique en 1751: «quittance de la somme de 75 livres pour premier terme passé avec Yves Tellier pour les guérides au clocher »
L'abbé Billant indique l'existence d'une cloche de 1812 (on sait que toutes les cloches du Finistère ont été fondues lors de la Révolution pour être transformées en canon, sauf une par paroisse, conservée pour sonner le tocsin: elles ont été remplacées progressivement après la Révolution): cette cloche de 1812 a été refondue en 1899 :
"L'une des cloches (546 kilos) étant fêlée, ils la remplacèrent en 1899 par deux autres de moindre poids ( 400 kilos et 280 kilos), mais qui réalisent avec la vieille cloche un carillon des plus gracieux. "
"...M. Hervé Auffret (1810-1813), dont le nom se trouvait sur une cloche fondue en 1812 et refondue comme fêlée en 1899. "
LES 4 CLOCHES AUJOURD'HUI
PRÉSENTATION.
Quatre cloches sonnent au gré des offices et des heures dans le clocher, on les atteint par un escalier en colimaçon abrité par une jolie tourelle.
La plus grosse et la plus ancienne est l’œuvre du fondeur Briens aîné de Brest, elle est bénie le 15 août 1881 et porte le nom « Immaculée-Conception », sa note est un Sol3 et son diamètre est de 103, 4cm.
La seconde cloche fut réalisée par Adolphe Havard avec la collaboration de Le Jamptel en 1899, comme la suivante. Baptisée « Marie-Jeanne », elle sonne un La3 pour 84, 1cm de diamètre et un poids de 280 kg.
La troisième cloche fut également fondue en 1899 et se nomme « Marie-Françoise », elle chante un Si3 pour un diamètre de 74, 5cm. Elle pèse 400 kgs.
Enfin la petite et la plus récente est quant à elle non signée, elle fut fondue et bénie le 3 mars 1946 et nommée « Marie-Victorine », elle chante le Ré4 pour 62, 1cm de diamètre.
Les quatre cloches composent un accord majeur complété Sol La Si Ré.
Chaque nom de baptême renvoie à la Vierge Marie, patronne de l'église Notre-Dame de Rumengol : les trois dernières associent au prénom Marie celui de la marraine ( Françoise Houé, Victorine Le Goff) ou la forme féminisée de celui du parrain (Jean Le Lann).
1°) "Immaculée-Conception", Briens aîné 1881.
Diamètre 103,4 cm. Note : Sol3. Date 15 août 1881.
Inscription du haut de la robe :
J'AI ETE NOMMEE IMMACULEE CONCEPTION ET BENITE PAR Mr SERRE VICAIRE GENERAL LE 15 AOÛT 1881
J'AI POUR PARRAIN MICHEL GRALL ET POUR MARRAINE CATHERINE CEVAER, Mr LE GRAND RECTEUR
DE RUMENGOL
Anse de type couronne : 6 anses coudées, aux arrêtes arrondies avec décor de feuillages et de rinceaux.
Au cerveau une doucine avec des défauts de fonderie suivie de trois filets régulièrement disposés.
Haut de la robe : inscriptions en capitales romaines placées sur cinq lignes chacune placée dans un bandeau encadré d’un filet supérieur et d’un filet inférieur, la première ligne débutant par une croix grecque posée sur un piédestal d’un degré, les quatre autres par une manicule.
Effigies au milieu de la robe représentant, côté nord saint Eloi, Vierge à l’Enfant tenant un sceptre, et côté sud Christ en croix avec sainte Marie-Madeleine enserrant la base de la croix.
Trois filets de même taille régulièrement disposés, au-dessus du filet supérieur, inscription du fondeur et deux estampilles de forme ronde.
Trois filets de même taille régulièrement disposés sur la pince. Note : mi 4.
Trois filets de même taille régulièrement disposés sur la pince. Note : mi 4.
Mr Adolphe Serré ancien recteur de Roscoff, était Vicaire général du diocèse de Quimper depuis 1881 jusqu'à son décès en 1893.
Le parrain,Michel GRALL , cultivateur, est né le 2 juillet 1814 à Rumengol et décédé le 5 janvier 1890 à Lannervel à Rumengol à l'âge de 75 ans. Il épousa le 3 décembre 1835 Jeanne Kerdoncuff, dont quatre enfants.
La marraine, Catherine CEVAER , née le 26 juin 1832 au Faou et décédée le 2 juillet 1891 à Rumengol, cultivatrice, était la fille d'Yves Cevaer et de Catherine Poulmarc'h. Elle épousa le 11 février 1849 à Rumengol Jean Gloaguen (1814-1896). Le couple eut 5 enfants, dont Jean Gloaguen, l'aîné et Jacques Marie (1856-1944).
—Inscription basse sur la panse : BRIENS AINE / FONDEUR A BREST.
— Anse de type couronne à 4 anses coudées sculptées de 4 têtes féminines, très proches de celles sculptées sur les anses de la cloche de Saint-Sauveur du Faou réalisée en 1823 par Viel . Briens reprend donc les modes de réalisation de l'atelier Viel, auquel il a succédé.
—Frise supérieure : Guirlandes à fruits et fleurs.
—Décor : Crucifix (titulus INRI ; tête de mort au pied de la Croix) . Vierge à l'Enfant (Jésus en Sauveur tenant le globe crucigère).
La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.
La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.
La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.
La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.
La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.
La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.
La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.
La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.
La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.
La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.
La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.
2°) Marie-Jeanne, A. Havard et veuve E. Le Jamtel 1899.
Diamètre 84, 1cm. Note La3.
inscription du haut de la robe :
A l'ouest :
NOMMEE MARIE JEANNE
PAR
Mr JEAN LANN MAIRE
ET
Mme FRANCOISE HOUE
A l'est :
1899
S.S. LÉON XIII PAPE
M M
OLLIVIER LE PAPE RECTEUR DE RUMENGOL
JEAN LE LANN MAIRE
JEAN-MARIE GALL PRÉSIDENT
FRANCOIS GRALL TRÉSORIER
HERVE POULMARCH
JEAN-LOUIS HOUE
HERVE GOASGUEN FABRICIENS
Léon XIII fut pape de [1878-1903]
Ollivier Le Pape fut recteur de Rumengol de 1895 à 1915 (il succéda à son frère Yves-Marie Le Pape, de Landivisiau, Petit-Séminaire de Saint~Pol-de-Léon, puis recteur de Rumengol de 1889 à 1895 et de 1916 à 1919. Un frère cadet, François Le Pape, était également prêtre et sera recteur de l'Hôpital-Camfrout puis du Drennec.
Jean-Marie Le Lann fut maire de Rumengol de 1878 à 1881 et de 1884 à 1902
"Jean-Marie Gall président"
"François Grall trésorier".
Hervé Poulmarch. La famille Poulmarc'h est signalée depuis le XVIe siècle au moins sur Rumengol. L'un d'entre eux fut maire en 1858-1860. Hervé-Marie Poulmarc'h sera maire de 1943 à 1969. Un Bernard Poulmarc'h était trésorier de la fabrique en 1864 (inscription de la chaire à prêcher).
Jean-Louis Houé. Jean-Louis Le Houé, conseiller paroissial de Rumengol, fut décoré du Mérite diocésain en 1930.
Inscription inférieure sur la panse :
A HAVARD A VILLEDIEU VVe E. LE JAMTEL A GUINGAMP
Soit "Adolphe Havard à Villedieu-Les-Poêles/ Veuve Emile Le Jamtel à Guingamp".
La fonderie Cornille-Havard est une fonderie de cloches située à Villedieu-les-Poêles dans la Manche. L'entreprise a été fondée en 1865 par Adolphe Havard ingénieur polytechnicien, qui fait construire l’atelier et sédentarise l’activité de fondeur de cloches. Dès 1874, il développe considérablement l’activité de l’entreprise qui exporte ses cloches dans le monde entier.
Adolphe Havard s’associera en 1903 à son gendre Léon Cornille qui prend la direction de l’entreprise en 1904, devenant alors la fonderie Cornille Havard.
La famille Le Jamtel était fondeurs de cloche à Guingamp depuis la veille de la Révolution .
C'est Jean-François-Charles LE JAMTEL (né le 4/11/1763 à Villedieu et décédé le 29/8/1846 à Lannion qui a appris son métier à Villedieu avant de venir exercer rue de Tréguier à Lannion (fondeur à Lannion en 1822 et encore en 1835), et qui s'installe aussi à Guingamp vers 1789. Il a eu 12 enfants parmi lesquels 3 fils ont été fondeurs. Son fils Mathurin Vincent (20 novembre 1803 à Guingamp ; 7 septembre 1873 à Guingamp) comme fondeur à Guingamp en 1835. Il est qualifié en 1856 de « fondeur de cuivre ». Il se lance dans une activité nouvelle, la fabrication des cloches d’église (en « airain, alliage de cuivre et d’étain). La fonderie est rue de Tréguier. Par la suite, il abandonne la fonderie et les cloches qu’il vend sont fabriquées à Villedieu-les-Poêles.
Les Amis du patrimoine de Guingamp n° 46.
Ces fondeurs de Guingamp s'occupèrent pendant plus d'un siècle de la fabrication puis de la commercialisation des cloches d'église (par ex : église de Brasparts, La chapelle Sainte-Croix à Guingamp ; l'église Saint-Jacques de Perros-Guirec en 1926 ). Au XIXe siècle, ils montèrent peu à peu une entreprise de commerce de gros et de détail de fers, de fontes et quincaillerie.
Le fils de Mathurin Vincent, Emile Mathurin LE JAMTEL (né le 21/05/1842 à Guingamp et décédé le 22/02/1894 à Léhon, commerçant 14 rue Saint-Yves à Guingamp) épousa Jeanne-Marie Thomas (1845-1906). Il a été fondeur jusqu’en 1880 puis représentant local de la fonderie de Villedieu Havard. Il a eu 8 enfants, dont, et son frère, qui ont été représentant local de la fonderie HAVARD de Villedieu-les-Poêles.
En 1899, les héritiers d'Émile Le Jamtel plaçait des encarts publicitaires dans chaque parution hebdomadaire de La Semaine Religieuse du Diocèse de Quimper (page 32) pour la Fonderie de cloches Adolphe Havard.
On doit donc comprendre que ces deux cloches de 1899 ont été fondues à Villedieu-les-Poêles par Havard, et commercialisées par la veuve d'Emile Le Jamtel, de Guingamp.
Décor :
Anse de type couronne à 4 anses coudées ornées de feuillages.
Frise supérieure à enfants musiciens.
Frise inférieure (panse) : vigne.
Motifs par estampage : En bas : Assomption de la Vierge parmi les anges. Blason pontifical de Léon XIII. Le Christ en Sacré-Cœur dans une mandorle. Jésus au sommet d'une montagne repoussant Satan. Sacré-Cœur (deux cœurs embrasés, l'un percé d'un glaive, l'autre entouré de la couronne d'épines et dominé par un crucifix). Croix fleuronnées.
.
.
Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.
Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.
Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.
Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.
Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.
Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.
Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.
Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.
La cloche Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.
La cloche Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.
3°) Troisième cloche : Marie-Françoise, A. Havard et veuve E. Le Jamtel 1899.
400 kg, 74,5 cm de diamètre, note Si3.
Inscription du haut de la robe :
NOMMEE MARIE-FRANCOISE
PAR
Mr JEAN LE LANN
ET
Mme FRANCOISE HOUE
1899
S.S LEON XIII PAPE
MM
OLIVIER LE PAPE RECTEUR DE RUMENGOL
JEAN LE LANN MAIRE
Inscription inférieure de la panse :
A HAVARD A VILLEDIEU VVe E. LE JAMTEL A GUINGAMP
—Anse de type couronne à 4 anses ornées d'entrelacs et perles.
—Frise supérieure : rinceaux.
—Motifs par estampage de la partie inférieure de la robe :
Christ en croix, avec Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix. Piéta. Blason pontifical du pape Léon XIII. Jésus prêchant aux enfants et les bénissant. Croix pattées.
Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
4°) Quatrième cloche : Marie-Victorine, 1946, par Armand Blanchet, Paris.
Inscription du haut de la robe :
En lettres capitales romaines sur 3 lignes, débutant par une manicule :
J'AI ETE BENITE PAR SON EX. MGR COGNEAU EV. AUX LE 3 MARS 1946 ET NOMMEE
MARIE-VICTORINE PAR JACQUES GRALL ET VICTORINE LE GOFF. SS. PIE XII PAPE
SON EX MGR DUPARC EVEQUE. JOSEPH BOTHOREL RECTEUR. HENRI POULMARC'H MAIRE
—Auguste Cogneau (1868-1952) a été ordonné prêtre pour le diocèse de Quimper et Léon le 10 août 1891., exerçant notamment les fonctions de chanoine et de vicaire général. Le 23 juin 1933, Pie XI le nomme évêque titulaire de Thabraca (de) et évêque auxiliaire de Quimper, auprès de Mgr Adolphe Duparc qui lui confère la consécration épiscopale le 24 août suivant. Il conserve ce poste jusqu'au 8 mai 1946, se retirant à plus de 78 ans après de la mort de Mgr Duparc.
Par Hervé Queinnec (Archives diocésaines de Quimper) — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=88516255
—Jacques Grall, a été organiste à Rumengol, il sera décoré du Mérite diocésain en 1942.
—Victorine Le Goff se serait mariée en 1939 avec Jen-Marie SOUBIGOU, dont une fille, Yvonne.
La même Victorine Le Goff, ou une homonyme, née en 1877, demeurait au bourg de Rumengol en 1926 où elle exerçait la profession de domestique, et en 1931 où elle exerçait la profession de couturière. Une homonyme, née en 1917, demeurait au bourg de Rumengol en 1926.
Enfin le site heritaj.bzh montre deux photos de la collection de Gilles Le Goff, d'Anne-Marie Le Goff (née en 1913 et mariée en 1936) et Victorine Le Goff, de Rumengol, l'une en 1910-1920 où Victorine a 12 ans environ, l'autre en 1925-1935 où on lui donne 25 ans environ.
—Joseph Bothorel (3 mars 1898 à Locmélar - 1995 à Brest) est ordonné prêtre en 1922.
Il devient ensuite professeur jésuite et professeur d'anglais au collège Bon-secours à Brest en 1924. En 1941, il est nommé recteur de Rumengol et doyen honoraire jusqu'en 1948, lorsqu'il devient recteur de Kergeunteun.
Joseph Bothorel (dit « Botho ») était attentif au monde qui évoluait, sensible à la modernité, il fut un des premiers prêtres à avoir une voiture et l'un des premiers à manier une caméra.
Lorsqu'il est recteur de Rumengol à partir de 1941, il vise dans son objectif les travaux des champs, moissons à la faucheuse et battages, arrachages de pommes de terre, pour lesquels jeunes, vieux, garçons et filles se retrouvent encore dans les années cinquante. Il en fait des sujets de projection pour la Jeunesse Agricole Chrétienne ou pour les premières parties du cinéma paroissial.
Sources : Diocèse de Quimper et du Léon : “Bothorel Joseph,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon : http://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/4786 .
—Hervé-Marie POULMARC'H a été maire de Rumengol de 1943 à 1969, succédant à Yves Le Lann. J'ignore pourquoi nous trouvons ici le prénom de Henri.
—Le pontificat de Pie XII a duré de 1939 à 1958.
—Monseigneur Duparc a été évêque de Quimper de 1908 à 1946.
La cérémonie a été décrite ainsi dans la Semaine Religieuse de Quimper:
ROSNOËN-RUMENGOL. — Deux baptêmes de cloches.
Le froid était vif ce dimanche de Quinquagésime 3 Mars. Mais Mgr Cogneau, intrépide comme ses deux assistants, MM. Ies chanoines Cadiou et Perrot, est venu procéder au baptême de trois cloches à Rosnoën et d'une autre à Rumengol.
—A Rosnoën, la cérémonie commence à 16 heures : la procession emmène l’Évêque du presbyte à l'église. Devant les trois cloches si gracieuses dans leur robe immaculée, le chant des psaumes de la pénitence se déroule rapide, alterné par Ie chœur et l'excellente chorale des jeunes filles ; puis l'Evêque fait les exorcismes du sel et de l'eau avec laquelle il lavera les cloches ; il procède ensuite à des onctions nombreuses externes et internes avec les saintes huiles et fait brûler des parfums sous les nouvelles baptisées. La bénédiction achevée, les cloches font retentir leur voix d'airain, tandis que Monseigneur d'abord puis les parrains et marraines tirent sur les battants Et toute la population, dressée sur la pointe des pieds, regarde, écoute et admire. ,
C'est devant une église comble comme d'habitude, un neu pus cependant aujourd'hui, que M. le chanoine Pencréach chante la messe et que M. le chanoine Chapalain, un maître de la chaire, un maitre de la langue bretonne, donne un splendide sermon sur le sens des cérémonies qui viennent de se dérouler .Apres Ia grande liturgie de l'église, les parrains et marraines reçurent dignement une soixantaine d'invités, clergé des paroisses voisines, notables de Rosnoën, parents du recteur Au dessert, M. le Recteur adressa un compliment délicat à l'Evêque ce un très vif merci à sa paroisse.
A l'heure des vêpres, deux des nouvelles cloches déjà mises en place avec diligence et adresse célèbrent la gloire de Dieu et la générosité des hommes. Et lorsque la grosse cloche sera venue rejoindre ses jeunes sœurs et la vieille occupante, quatre voix égrèneront les notes d'un beau carillon sur toute la paroisse , sur les grandes vallées adjacentes et jusqu'aux lointains au delà sur les ailes propices du vent lointain.
Belle et bonne journée pour Rosnoën.
—A 5 heures, Monseigneur, vraiment infatigable, recommencé la cérémonie a Rumengol. Cette fois, il n'y a qu'une doche à bénir : les rites seront les mêmes que le matin, mais plus courts et Mr Pencreac'h, en bon français classique classique, en expliquera brièvement le symbolisme à un auditoire qu'il connaît si bien et qu'il aime. Durant la consécration, les fidèles, groupés près de la cloche, regardent de tous leurs yeux, écoutent de toutes leurs oreilles et trouvent que la cérémonie a fini trop tôt. oieiues A 16h 15, la procession reconduit Mgr l'Evêque au presbytère, où il prend congé de la sympathique population de Rumengol en lui donnant une dernière bénédiction. Son Excellence accorde ensuite un bon moment de conversation à M. le Recteur et dans le soir qui tombe, reprend avec ses deux compagnons l route de Quimper po r t a n t les précieux témoignages de la fidele et forte affection de deux paroisses pour sa personne et celle de notre grand évêque Monseigneur Duparc.
Dans d'autres relations de ces cérémonies de baptême, on ne manque pas de faire allusion aux distributions de dragées offertes à la foule. Parfois, le parrain et la marraine reçoivent chacun une petite cloche commémorative ou "cloche filleule", comme à Plozévet en 1953.
«Le rite, qui existe depuis le Xe siècle a peu évolué depuis et continue à figurer dans les rituels contemporains. Les prières commencent par la lecture de psaumes , puis l'évêque (ou son représentant) se lève, bénit le sel et l'eau destinés à la cloche, supplie Dieu de les sanctifier afin qu'ils reçoivent un pouvoir purificateur ; il mélange ensuite les deux éléments en forme de croix ; il va prés de la cloche, qu'il lave avec le liquide ainsi bénit, tandis que les clercs continuent à laver l'intérieur et l'extérieur de la cloche.
Après la lecture de nouveaux psaumes, le Prélat fait à l'extérieur de la cloche le signe de croix avec le Saint-Chrême (ou huile des malades) et demande à Dieu « que les sons de la cloche invitent les fidèles à la conquête du Ciel, que sa mélodie fasse croître la foi des peuples qui l'entendent, qu'elle tempère la violence des vents et des orages... »
Ensuite, l'évêque place un encensoir sous la cloche pour que la fumée des parfums remplisse la cloche ; il la bénit une nouvelle fois puis fait sonner la cloche avec un maillet, invite le parrain et la marraine à faire de même ; le fondeur y est également convié. Dans l'assistance, on distribue alors des sachets de dragées... Il convient aussi de remarquer que l'acte de bénédiction était souvent enregistré sur le même registre paroissial que les actes de baptême des personnes. » http://campanologie.free.fr/Benediction_cloches.html
Néanmoins, les cloches ne sont pas à proprement parlé "baptisées", mais bénites, le baptême étant réservé aux humains.
Inscription basse: néant
Décors :
Anse de type couronne à 4 anses coudées non sculptées.
Frise de losanges ; autre frise en pans de rideaux.
Motifs par estampage :
Calvaire avec Marie, Jean et Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix. Vierge à l'Enfant couronnée à l'Enfant tenant le globe terrestre, sur un nuage (Notre-Dame de Rumengol). Saint Michel terrassant le dragon (inscription ST MICHEL). Saint évêque bénissant.
Attribution.
Bien que nous n'ayons pas trouvé de nom ou de marque de fondeur, nous pouvons attribuer avec certitude cette cloche à la fonderie ARMAND BLANCHET, de Paris, puisqu'elle ressemble par son décor (frise en pans de rideau, et calvaire à quatre personnages) à une cloche homologue fondue pour l'église de Rosnoën et bénite lors de la même cérémonie le 3 mars 1946. En outre, son diamètre de 62 cm correspond à celui de la cloche en ré de son catalogue. On peut ainsi en déduire son poids (min : 150 kg, max : 245 kg).
Cloche Marie-Victorine (1946), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Cloche Marie-Victorine (1946), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Cloche Marie-Victorine (1946), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Cloche Marie-Victorine (1946), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Cloche Marie-Victorine (1946), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Cloche Marie-Victorine (1946), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Marie-Victorine (1946), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Marie-Victorine (1946, église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Marie-Victorine (1946, église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Les enregistrements des cloches par le campaniste Matthieu Jules en 2023:
LES FONDERIES VIEL PUIS BRIENS.
Le but de cet article, au delà du nécessaire inventaire patrimonial détaillé de l'art campanaire (latin campana = cloche) est d'enquêter sur la singularité d'une profession, celle des fondeurs de cloche, et plus précisément sur un phénomène d'émigration de ces fondeurs à partir d'une collectivité professionnelle constituée en Normandie, autour de Villedieu-Les-Poêles. Cette émigration s'est faite notamment vers la Bretagne, et précisément vers la Basse-Bretagne (cf. G. Haraux) depuis le XVIIe siècle (Huet, Julien Le Soueff, Thomas Le Soueff), s'est développée au XVIIe siècle (Etienne et François Le Moyne, Thomas Le Soueff, Jean et Jean-François Beurrié de la Rivière, Pierre François et Pierre Michel Viel, ) et s'est poursuivie au XIXe siècle avec l'installation à Brest d'une fonderie en 1804 par les enfants des Viel, puis le mariage de la fille de Nicolas François Marie Viel avec Richard Briens, qui reprendra la fonderie.
La famille Le Jamtel est attestée dès le XVIe siècle à Villedieu : un de ses membres s'installa à Guingamp au XIXe et sa signature se retrouve sur deux cloches de Rumengol, commune du Faou.
Au total, parmi les six cloches actuelles de la commune du Faou, cinq portent les noms de familles originaires de Villedieu-les-Poêles : Le Soueff en 1714, Viel en 1823, Briens aîné en 1881, Havard/Le Jamtel en 1899 pour 2 cloches. La sixième n'est pas signée, voilà tout.
Conception lavieb-aile
Les causes de cette émigration restent à préciser : saturation démographique à Villedieu, pression fiscale (G. Haraux), recherche de clientèle, appel de "sourdins" (habitants de Villedieu) ayant réussi en Bretagne, alliances familiales, ou seulement attirance de compétences rares par des villes bretonnes ayant perdu leurs cloches (foudre, guerres, décret révolutionnaire) ou cherchant à dépasser en puissance sonore le son d'un clocher voisin et concurrent.
Je me contente de rappeler l'originalité de Villedieu-les-Poêles, et de ses trois villages de Sainte-Cécile, Saint-Pierre-du-Tronchet et Saultchevreuil-du-Trouchet : elle tient à la création au XIIème siècle sous Henri Ier Beauclerc, Duc de Normandie et roi d'Angleterre, d'une Commanderie aux chevaliers de l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem en récompense de grands services aux Croisées en Terre-Sainte lors de la première croisade. Villa Dei (la ville de Dieu) devint la plus ancienne commanderie hospitalière d’Europe de l’ouest.
Différents actes, dont l’un daté de 1187, montrent le développement rapide de la commanderie sous la direction de son Commandeur. Ce développement s'explique par un ensemble de privilèges reçus par Henri Ier Beauclerc. En plus d'être traversée par le fleuve de la Sienne et située sur l'un des chemins de pèlerinage vers le Mont Saint Michel, Villedieu a eu l'autorisation. L'exemption pour les habitants de la Commanderie étaient exempts d'impôts royaux, de dîme et de service militaire.
Forts des droits et exemptions d’impôts royaux de dîme et de service militaire, et du privilège d'organiser un marché hebdomadaire, et une foire annuelle, ( associés au droit de percevoir des taxes sur toutes les marchandises vendues en ville) les Hospitaliers de Villedieu introduisent l’artisanat du cuivre dans la cité, qui va devenir un des plus grands centres européens de poeslerie et chaudronnerie dès les XIIème et XIVème siècles. Les habitants de Villedieu s’appellent les « Sourdins », du fait du bruit assourdissant du travail du cuivre dans les très nombreux ateliers de la ville. Villedieu sera, du reste, rapidement surnommée Villedieu « les Poêles », car sa production de poêles à bouillie la rendra célèbre, en des temps où ce récipient n’a pas d’égal.
Les fondeurs de cuivre sont des fondeurs-marchands, car pour fondre une cloche, ils doivent réunir les métaux (cuivre et étain) nécessaires même s'ils récupèrent la matière d'une ancienne cloche fêlée.
Leur maîtrise d'alliances familiales et commerciales fructueuses est aussi remarquable.
Ces émigrations ont été étudiées par Le Pesant 1972 pour la période de l'Ancien-Régime.
LA FAMILLE VIEL.
Avec les Beatrix, les Tétrel, les Havard, les Pitel, la famille Viel est une vieille famille de Villedieu. Elle est affiliée aux HAVARD, aux LE DÔ, aux ENGERRAN. Ainsi, par exemple," Jean-Nicolas Viel, décédé en 1810 et marié à Madeleine Loyer, était le père de Gilles-François Viel, également fondeur, qui épousa le 7.5.1813 Agathe Pitel... Julien-Ferdinand Viel, né en 1823 et marié à Michelle Havard était lui aussi fondeur... On a également trace d’un certain Etienne Viel, marchand fondeur qui épousa Marie-Adélaïde Ozenne, d’ou au moins Pierre-Guillaume Viel, né en 1812 (marié à Thérèse-Elmina Havard). On retrouve les familles Viel Tétrel et Viel-Ozenne . (D. Havard de la Montagne, 2012)
La lignée qui va arriver à Brest voit se succéder, à Villedieu-les-Poêles :
Marin VIEL, d'où
Jean VIEL et Gilette HAVARD, mariés le 11/02/1657, d'où 5 enfants, dont
Jean VIEL et Jeanne BADIN, mariés le 19/02/1691, 5 enfants dont :
Jean VIEL et Marie BATAILLE, mariés le 15/06/1712, 8 enfants (alliance avec HAVARD, HUET, ...), dont deux enfants qui nous concernent :
a) François VIEL, né à Villedieu-les-Poêles le 10 mars 1713 époux le 23 juin 1738 de Françoise VOISIN; son fils, Jean-François VIEL, uni en 1772 avec Jeanne-Gabrielle MARTINAUX née à Villedieu, eut un fils, Pierre François VIEL, qui s'installa à Brest comme fondeur.
b) Jean VIEL, né le 18 octobre 1726 et époux de Agathe Noëlle GUILLAUME, eut un fils Pierre-Michel VIEL qui s'installa à Brest comme fondeur.
A la 3ème génération des Viel, la fille de Nicolas François Marie VIEL : Marie Amélie Alphonsine VIEL épousa Richard Jean-Baptiste BRIENS.
— Marie Amélie Alphonsine VIEL : née le 2 septembre 1826 à Brest, et décédée le 26 novembre 1856 à Brest (à 30 ans), elle épousa le 13 décembre 1848 Richard Jean-Baptiste BRIENS.
— Richard Jean-Baptiste BRIENS.
Ce Richard Briens appartient également à une très ancienne famille de Villedieu-les-Poêles.
Dans le terrier de Villedieu de 1587 figurent notamment Jehan et Pierre Briens « de l’estat de fondeur ».
Il va apparaître dans les publicités et les annuaires comme "gendre et successeur de M. Viel l'aîné."
Richard Jean Baptiste BRIENS, né le 20/02/ 1818 à Villedieu-les-Poêles de Michel-Léonard Briens (lui-même fils du fondeur Jean-Baptiste Briens) et décédé à Brest le 13 septembre 1883 à Brest est qualifié de marchand fondeur ou maître fondeur de cloches.
Le couple eut un enfant.
- Stanislas Ferdinand Nicolas BRIENS, né le 28 novembre 1852, Brest.
Richard Briens épousa ensuite, le 22 juillet 1857, à Brest, Pauline Estelle BOCHE, dont
- Auguste Michel Alexis BRIENS, né le 27 novembre 1865, Brest, décédé le 16 mai 1898, Brest (à l'âge de 32 ans).
Inventaire : la mention BRIENS AINÉ FONDEUR A BREST apparait entre 1867 et 1881 ; des recherches complémentaires seraient nécessaires le sens de la mention AINÉ. La signature VIEL-BRIENS précède celle-ci entre 1850 et 1856, remplacée en 1859 par VIEL BRIENS AINÉ.
-Le Cloitre-Saint-Thégonnec : cloche Marie Amélie ; fondue en 1875 par Briens aîné, à Brest
-Saint-Pierre de Plouescat cloches de Briens Aîné, fondeur à Brest, 1872; et de Briens Viel Aîné, fondeur à Brest, 1853.
-Eglise Sainte-Anne de Lanvéoc : Briens aîné, fondeur à Brest
-Saint-Urbain : Cloche 1 fondue en 1876 chez Briens ainé à Brest
-Lochrist (Le Conquet) Briens ainé
-Plonévez du Faou : Briens aîné , à Brest . 1867
Inscription Viel Briens :
-Lanhouarneau église Saint-Hervé Viel-Briens 1853
- cloche de l'église Saint-Onneau d'Esquibien ; 1859 BRIENS VIEL AINE FONDEUR A BREST.
-Pont-Christ : église : cloche de 1856 par Viel et Briens de Brest
-VIEL BRIENS FONDEURS SABREURS 1850 cloche de Notre-Dame de Roscudon Pont-Croix
-Trémaouézan Cloche de 1842 porte l'inscription VIEL ALPHONSE, FONDEUR A BREST.. La seconde cloche de de 1851 porte l'inscription VIEL BRIENS, FONDEURS A BREST.
Une autre branche, celle d'Auguste Briens, s'est établi à Morlaix, et lui ou ses successeurs ont signés de nombreuses cloches :
-Cloche de Locmélar " PAR BRIENS AUGUSTE MORLAIX JUIN 1865 "
-cloche du Tréhou : BRIENS PERE ET FILS À MORLAIX 1848
-La cloche du Kreisker de St-Pol-de-Léon porte la marque "Briens Frères de Morlaix". 1827
-Cloche de la cathédrale de Quimper : 1837, Briens Frères, à Morlaix.
-Ile de Batz 1857 Briens fils fondeur Morlaix
-Saint-Goazec cloche Fondue en 1852 par Briens père et fils à Morlaix,
-Gourin 1820 à Morlaix chez F.Briens.
Voir mon article pour de plus amples renseignements sur les VIEL-BRIENS et leur fonderie à Brest au fond de la Penfeld.
— ABGRALL (Jean-Marie), 1883, "Inscriptions de quelques cloches anciennes du diocèse de Quimper", Bulletin Société archéologique du Finistère pages 304-306.
— ABGRALL (Jean-Marie), 1890, "Inscriptions de cloches" , Bulletin Société archéologique du Finistère pages 281-285.
— ABGRALL (Jean-Marie), et PEYRON, 1903, Notice sur Le Faou, Bull. Diocésain d'Histoire et d' Archéologie [BDHA], Quimper, Kerandal.
— BOURDE DE LA ROUGERIE (H.), [1829] 1903. "Restitution de cloches aux paroisses du Finistère", Bulletin Société archéologique du Finistère pages LI-LVIII
— CASTEL (Y.P.), DANIEL (T.), THOMAS (G.M.), 1987, Artistes en Bretagne : dictionnaire des artistes, artisans et ingénieurs en Cornouaille et en Léon sous l'Ancien Régime / Yves-Pascal Castel, Georges-Michel Thomas ; avec la collab. de Tanguy Daniel ; introd. par André Mussat / Quimper : Société archéologique du Finistère , 1987
— BILLANT (Abbé Nicolas) Rumengol, son sanctuaire et son pèlerinage, 1924, sn. Brest, Imprimeries de la Presse Libérale.
(L'abbé Billant de Saint-Urbain fut recteur de Rumengol de 1920 à ? après avoir été recteur de l'Île Tudy.)
— CASTEL (Y.P.), DANIEL (T.), THOMAS (G.M.), Artistes en Bretagne Tome 2, Additions et corrections : dictionnaire des artistes, artisans et ingénieurs en Cornouaille et en Léon sous l'Ancien Régime / Yves-Pascal Castel, Tanguy Daniel, Georges-Michel Thomas / Quimper : Société archéologique du Finistère , DL 2013
— COUFFON (René) & LE BRAS (Alfred), 1988, Diocèse de Quimper et de Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988, 551 p.
— LE PESANT (Michel), 1972, Un centre d'émigration en Normandie sous l'Ancien Régime. Le cas de Percy. —Bibliothèque de l'École des chartes, t. CXXX (1972), p. 163-225.
— MUSSAT (André), 1957, article -Rumengol, in Société française d'archéologie. Congrés archéologique de France. CXVe Cession, 1957, Cornouaille. page 165. In-8° (23 cm), 285 p., fig., carte, plans. H. c.Orléans : M. Pillault, 37, rue du Pot-de-Fer (Nogent-le-Rotrou, impr. Daupeley-Gouverneur). Pages 161-177.
— THOMAS (Georges-Michel), 1981, Fondeurs de cloches du temps passé, Bulletin Société archéologique du Finistère pages 263 à 274.
Quelques sculptures de l'église prieurale de Saint-Leu d'Esserent. III. L'intérieur de l'église. Le retable de saint Nicolas, les statues.
I. Le retable de saint Nicolas. Calcaire monolithe, taillé en bas-relief, traces de polychromie bleue, rouge et ocre jaune, XIVe siècle.
Il mesure, dans l'état actuel (car il manque des compléments de chaque côté), 152 cm de large, 58 cm de haut et 26 cm de profondeur.
"Ce retable n'est que partiellement conservé. Il en subsistent trois panneaux sculptés en bas-relief, dont l'un est complet, hormis la bordure supérieure, tandis que les deux autres semblent subsister que sur un tiers de leur largeur initiale, comparés au panneau médian. En raison du mauvais état de conservation, presque toutes les têtes ayant ête bûchées à la Révolution, l'œuvre a longtemps été déposée sur la tribune, avec les différents vestiges lapidaire. Classée néanmoins par arrêté du 5 novembre 1912 en même temps que les autres fragments de sculpture et d'architecture, elle a été restaurée par Geneviève Rager, à Paris, et l'entreprise Charpentier, également à Paris, en 1994. Dans son état actuel, le retable mesure 151 cm de largeur et 59 cm de hauteur. On remarque les drapés fluides, les silhouettes fines des figures, et la belle qualité de la sculpture. " (Wikipédia et POP)
Au centre, la Crucifixion entre Marie et Jean.
À gauche : L'aubergiste et sa femme face aux trois enfants (ou clercs) qu'ils s'apprêtent à tuer et à mettre au saloir.
Vient ensuite le miracle de la résurrection des trois enfants par saint Nicolas. Ils se dressent nus, debout dans le saloir, mains jointes, devant l'aubergiste et sa femme, également mains jointes.
La tête du saint est la seule qui soit préservée.
À droite : saint Nicolas apportant anonyment, la nuit, à trois reprises, une bourse pleines d'or à son malheureux voisin qui se voyait déjà réduit à prostituer ses filles.
"À la mort de ses parents, devenu très riche, il chercha un moyen d’employer ses richesses, non pour l’éloge des hommes, mais pour la gloire de Dieu. Or un de ses voisins, homme d’assez noble maison, était sur le point, par pauvreté, de livrer ses trois jeunes filles à la prostitution, afin de vivre de ce que rapporterait leur débauche. Dès que Nicolas en fut informé, il eut horreur d’un tel crime, et, enveloppant dans un linge une masse d’or, il la jeta, la nuit, par la fenêtre, dans la maison de son voisin, après quoi il s’enfuit sans être vu. Et le lendemain l’homme, en se levant, trouva la masse d’or : il rendit grâces à Dieu, et s’occupa aussitôt de préparer les noces de l’aînée de ses filles. Quelque temps après, le serviteur de Dieu lui donna, de la même façon, une nouvelle masse d’or. Le voisin, en la trouvant, éclata en grandes louanges, et se promit à l’avenir de veiller pour découvrir qui c’était qui venait ainsi en aide à sa pauvreté. Et comme, peu de jours après, une masse d’or deux fois plus grande encore était lancée dans sa maison, il entendit le bruit qu’elle fit en tombant. Il se mit alors à poursuivre Nicolas, qui s’enfuyait, et à le supplier de s’arrêter, afin qu’il pût voir son visage. Il courait si fort qu’il finit par rejoindre le jeune homme, et put ainsi le reconnaître. Se prosternant devant lui, il voulait lui baiser les pieds ; mais Nicolas se refusa à ses remerciements, et exigea que, jusqu’à sa mort, cet homme gardât le secret sur le service qu’il lui avait rendu." (Légende dorée de Jacques de Voragine)
Le vieil homme est couché, entouré par ses trois filles. Saint Nicolas, de l'autre côté de la porte, est représenté en évêque (mitre, crosse, pallium), ce qui est une erreur par rapport au récit de Jacques de Voragine, l'élection à la dignité d'évêque de Myre se situant juste après ce geste de générosité.
II. Sainte Catherine d'Alexandrie, la roue de son supplice à ses pieds. Elle foule l'empereur Maximin. Calcaire, traces de polychromie. Deuxième chapelle rayonnante.
Elle mesure 1,00 m de haut, 35 cm de large et 23 cm de profondeur. Elle est datée du XVIIe siècle. Ses mains sont mutilées, tout comme la tête de l'empereur.
III.Vierge à l'Enfant. Calcaire, traces de polychromie, XVe siècle. Deuxième chapelle rayonnante.
IV. Statue de saint Leu. Pierre polychrome, 2nde moitié XIIIe siècle. Chapelle rayonnante sud-est.
V. Anne éducatrice.
VI. Atlante.
VII. Gisant de Renaud de Dammartin. Calcaire, 1er quart du XIIIe siècle (v.1220). Limite de la nef et du bas-côté nord.
Cette œuvre mutilée, en mauvais état de conservation, mesure 217 cm de long, 93 cm de large et 60 cm de haut. Le gisant en pierre sculpté en haut relief montre un homme en armure, l'épée au côté, les pieds posés sur des lionceaux. Mais il manque la tête, les bras, les pieds, une partie de l'écu et du support rectangulaire. Elle a longtemps séjourné à l'extérieur de l'église "car, pour s'être suicidé, le comte de Dammartin n'a pas pu être inhumé dans l'église". L'œuvre a été mutilé lors de la Révolution.
"Il n'y a plus d'inscription lisible et l'identité du défunt n'a pas d'emblée clairement été établie ; on a hésité entre Renaud et Hugues de Dammartin, le fondateur du prieuré, qui serait mort en 1103. L'identification repose donc sur l'analyse stylistique. Elle est apparemment imputable à Henri Malo." (Wikipedia)
Eugène Müller fournit le descriptif suivant :
« Cette statue couchée est de grandeur naturelle. Le gisant repose sa tête aux cheveux longs et roulés sur un coussin que deux anges soutenaient. Il est couvert d'un vêtement de mailles, haubert, pantalon à pieds, gants, et par-dessus, d'une cotte d'armes sans manches, à revers maillé, dont une longue ceinture étroite et ornée d'une suite de croix et de fleurettes ramasse les plis. Les deux bras étendus retenaient l'un le large écu triangulaire qui pend sur les genoux, et l'autre, l'épée qui sommeille le long de la cuisse dans le fourreau. Les pieds éperonnés se dressent entre deux lionceaux »
SOURCES ET LIENS.
— POP.CULTURE.GOUV.FR Eglise prieurale de Saint-Leu d'Esserent.
"La fondation du prieuré par le comte Hugues de Dammartin remonte à 1081. Une première église est alors construite, elle a été découverte lors de fouilles. De 1140 à 1150, s'effectue la construction du bloc de façade occidental actuel. Entre 1160 et 1170, l'on construit le choeur. De 1190 à 1210, l'on édifie la nef entre le choeur et la façade occidentale, les fausses tribunes du choeur sont remaniées et sont transformées en triforium. A la fin du 13e siècle, la chapelle de la seconde travée du bas-côté sud est construite. En 1149, le choeur subit un incendie. Le prieuré tombe en commende à partir de 1536. Au 18e siècle, des travaux de restauration sont conduits. Le prieuré est morcelé en 1790. Au cours du 19e siècle, de nouveaux travaux de restauration sont menés. En 1944, l'église est bombardée et de nouveaux travaux sont entamés jusqu'en 1961." (Pop.culture.gouv.fr)
"L’avant-nef
C’est dans les années 1140 que cette première église romane sera dotée d’un narthex monumental, profond d’une travée et constitué de trois vaisseaux, préludant à une reconstruction totale. Son organisation générale – un rez-de-chaussée surmonté d’un étage de tribune et de deux tours symétriques (une seule fut construite) s’inspire de la façade contemporaine de Saint-Denis mais aussi de certains porches d’églises bourguignonnes, clunisiennes elles aussi (Paray-le-Monial, Perrecy-les-Forges).
Trop refait, le rez-de-chaussée se signale toutefois par son portail à trois rangées de voussures décorées de bâtons brisés, semblable à celui qui, au nord, donnait accès au prieuré. Au-dessus d’une frise de feuilles d’acanthe, l’étage supérieur est éclairé par des fenêtres en plein cintre groupées par deux et dont les archivoltes et les piédroits sont soulignés de tores et de colonnettes. " (Dominique Vermand, Eglise de l'Oise)
La façade occidentale a été restaurée en 1889. Plusieurs éléments sculptés sont la copie des fragments réunis dans le lapidaire, fragments datant entre autres de la fin du XIIe siècle.
Sculptures (XIXe) du porche de l'église de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
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SOURCES ET LIENS.
— POP.CULTURE.GOUV.FR Eglise prieurale de Saint-Leu d'Esserent.
Quelques sculptures de l'église prieurale de Saint-Leu-d'Esserent. II. La tribune et son lapidaire renfermant 114 fragments de statues et d'éléments d'architecture datant du XIe au XVIe siècle.
"Église prieurale de bénédictins Saint-Leu, actuellement église paroissiale.
La fondation du prieuré par le comte Hugues de Dammartin remonte à 1081. Une première église est alors construite, elle a été découverte lors de fouilles. De 1140 à 1150, s'effectue la construction du bloc de façade occidental actuel. Entre 1160 et 1170, l'on construit le choeur. De 1190 à 1210, l'on édifie la nef entre le choeur et la façade occidentale, les fausses tribunes du choeur sont remaniées et sont transformées en triforium. A la fin du 13e siècle, la chapelle de la seconde travée du bas-côté sud est construite. En 1149, le choeur subit un incendie. Le prieuré tombe en commende à partir de 1536. Au 18e siècle, des travaux de restauration sont conduits. Le prieuré est morcelé en 1790. Au cours du 19e siècle, de nouveaux travaux de restauration sont menés. En 1944, l'église est bombardée et de nouveaux travaux sont entamés jusqu'en 1961." (POP.Culture)
"Il n'est pas certain si l'on peut prendre Eugène Müller à la lettre quand il dit que la salle du narthex « est un véritable musée, où des spécimens de toutes les époques depuis le XIe siècle, se coudoient », ou autrement dit, s'il y a eu une ouverture au public. La présentation très ordonnée visible sur des clichés de Félix Martin-Sabon antérieurs à 1896 parlent plutôt en ce sens. Philippe Racinet avance que « le projet d'organisation d'un musée lapidaire placé sous la direction du Conservateur des Antiquités et Objets d'Art de l'Oise a été abandonné faute de crédits. Il a cependant permis de répertorier 128 éléments sculptés provenant des restaurations de la fin du XIXe siècle et de celles effectuées après le bombardement de 1944 ». Mais il ne vise donc que l'après-guerre, quand la salle a été encombrée par du mobilier endommagé. — Les éléments du dépôt lapidaire sont numérotés, ont fait l'objet d'un inventaire (voir ci-dessous), et ont été photographiés. Contrairement aux dossiers concernant les restaurations, les photographies ne sont pas conservées à la Médiathèque du patrimoine et de la photographie, mais aux archives départementales de l'Oise (voir les notices de la base Palissy). Cependant, les endroits où les éléments déposés étaient situés dans l'édifice n'ont pas systématiquement été documentés, et la documentation n'est pas toujours fiable. Les mémoires des artisans et entrepreneurs n'indiquent pas les emplacements des éléments resculptés. Devant ce contexte, la provenance exacte des éléments du dépôt lapidaire ne peut pas toujours être déterminée. Localiser un élément dans l'édifice représente toujours une tâche fastidieuse.
L'ensemble d'un dépôt lapidaire, composé de 114 fragments de statues et d'éléments d'architecture datant du XIe au XVIe siècle, le plus souvent en pierre calcaire et partiellement avec des traces de polychromie, déposés lors des restaurations au cours des années 1870-1890, fait l'objet d'arrêtés de classement individuels, pièce par pièce. L'inventaire de ce dépôt lapidaire a été effectué en 1975 par Marie-Claude Béthune. En fait partie le retable de Saint-Nicolas (réinstaller dans la nef). Sinon, on peut notamment distinguer entre des petits fragments divers (rinceaux, frises, corniches, corbeaux…), des fragments de bases, des fragments de chapiteaux, et des fragments de colonnettes.
Un ensemble composite constitué de deux chapiteaux et cent-dix éléments d'architecture du XIIe siècle ou XIIIe siècle, en pierre calcaire, déposés lors des restaurations, a été classé au titre objet par arrêté du 5 novembre 1912. L'inventaire de ce dépôt lapidaire a également été effectué en 1975 par Marie-Claude Béthune.
Un ensemble de fragments de statuaires datant du XIIIe au XVIe siècle, en pierre calcaire, avec des traces de polychromie, a été classé au titre objet par arrêté du 5 novembre 1912." (Wikipedia)
"Voir aussi la notice PM60001453 correspondant aux fragments lapidaires de la tribune classés en 1912. (POP.Culture)
1. Tête de chapiteau. Couple de chimères affrontés à tête de lion, corps d'oiseau et queue de serpent. Calcaire polychrome, fin XIIe-début XIIIe ?
Ce qui m'intéresse , c'est, dans cette transition roman/gothique, la reprise du thème iconographique des animaux hybrides ou, dans le chapiteau suivant, réunis pour troubler la distinction des espèces.
Lapidaire de la tribune de l'église Saint-Jean d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Lapidaire de la tribune de l'église Saint-Jean d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
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Lapidaire de la tribune de l'église Saint-Jean d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Lapidaire de la tribune de l'église Saint-Jean d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
2. Fragment. Chimère à tête de lion, corps d'oiseau et queue de serpent. Calcaire , fin XIIe-début XIIIe ?
Lapidaire de la tribune de l'église Saint-Jean d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
3. Tête de chapiteau. Serpents entrelacés, dont un serpent sortant de la gueule d'un lion, oiseaux. Calcaire, fin XIIe-début XIIIe ?
Lapidaire de la tribune de l'église Saint-Jean d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
4. Fragment de pilier. Gueule crachant une tige végétale.Calcaire, fin XIIe-début XIIIe ?
Poursuite de l'association intriquée des genres (ou ici des Règnes biologiques), troublant les frontières habituelles.
Lapidaire de la tribune de l'église Saint-Jean d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
4 Tête d'évêque, mitré.Calcaire, fin XIIe-début XIIIe ?
Lapidaire de la tribune de l'église Saint-Jean d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
5. Tête d'homme ou d'ange. Calcaire, fin XIIe-début XIIIe ?
Lapidaire de la tribune de l'église Saint-Jean d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
6. Mains jointes.Calcaire, fin XIIe-début XIIIe ?
Lapidaire de la tribune de l'église Saint-Jean d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
7. Fragment de décor — drapé de personnage?— alternant perles et macles.Calcaire, fin XIIe-début XIIIe ?
Lapidaire de la tribune de l'église Saint-Jean d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
8. Fragment de pilier. Frise.Calcaire.
Ce motif est repris dans les restaurations du XIXe siècle du porche (au dessus d'animaux affrontés). On comprend alors mieux qu'il s'agit de trois personnages tenant une bourse (un sac) sur leur ventre : les jambes de l'un, en tunique mi-longue, sont posées sur la tête du suivant.
cliché lavieb-aile 2025.
Lapidaire de la tribune de l'église Saint-Jean d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Lapidaire de la tribune de l'église Saint-Jean d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
La tribune.
9. Voûte à bâtons brisés.
Tribune du narthex de l'église Saint-Jean d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
9. Voûte à bâtons brisés à quatre têtes +1.
Trois têtes barbues et une tête de femme occupent les angles de croisement des nervures, tandis qu'une tête d'ange ou de femme occupe la clef de voûte.
Tribune du narthex de l'église Saint-Jean d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Tribune du narthex de l'église Saint-Jean d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
10. Clef de voûte à une tête barbue.
Tribune du narthex de l'église Saint-Jean d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
11. Chapiteau. Évêque à mitre ronde, bénissant et tenant la crosse ; deux serpents.Calcaire, fin XIIe-début XIIIe ?.Calcaire, fin XIIe-début XIIIe ?
Tribune du narthex de l'église Saint-Jean d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
12. Chapiteau. Deux animaux [lions] aux têtes réunies.Calcaire, fin XIIe-début XIIIe ?
Tribune du narthex de l'église Saint-Jean d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
13. Chapiteau. Masque léonin crachant la tige d'un rinceau.Calcaire, fin XIIe-début XIIIe ?
Tribune du narthex de l'église Saint-Jean d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Tribune du narthex de l'église Saint-Jean d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
14. Chapiteau. Hybride à tête anthropomorphe et à corps d'oiseau. Tête couronnée de deux têtes de serpent affrontés.Calcaire, fin XIIe-début XIIIe ?
Tribune du narthex de l'église Saint-Jean d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Tribune du narthex de l'église Saint-Jean d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
15. Tête à barbe et cheveux frisés tenant dans sa bouche une tête d'humain.Calcaire, fin XIIe-début XIIIe ?
Tribune du narthex de l'église Saint-Jean d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
SOURCES ET LIENS.
— POP.CULTURE. Ensemble d'un dépôt lapidaire composé de 114 fragments de sculpture et d'architecture (numérotés de 1 à 114).
:
1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
"Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)