Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. II. Le vaisseau sud (Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732) et la Vie de saint Jean-Baptiste. Le porche sud (Les quatre évangélistes et Marie-Madeleine pénitente).
En Bretagne, la mode du décor des plafonds lambrissés peints date de la période médiévale (Barral I Altet), comme à Merléac, à Châtelaudren à la fin du XVe siècle, et se poursuit ensuite à la chapelle Saint-Gonéry de Plougrescrant au début du XVIe siècle ou à Douarnenez au milieu du XVIIe siècle et à Saint-Divy. Sous le lambris peint de la chapelle Notre-Dame des Carmes de Neuillac, datant du XVIIIe siècle, a été découvert un lambris du XVe siècle.
Pour la période moderne, 39 lambris ont été inventoriés en Bretagne, dont 17 en Morbihan, 15 en Finistère, 5 en Côtes d'Armor et 2 en Ille-et-Vilaine.
La grande surface disponible des charpentes est particulièrement apte à recevoir des cycles narratifs liès à l'Enfance ou à la Passion du Christ, à la Vie de la Vierge, mais aussi aux scènes de la vie du saint ou de la sainte qui patronne le sanctuaire.
L'église Saint-Cornély et ses lambris.
L'église Saint-Cornély a été édifiée en 1639 (tour occidentale), 1659 (sacristie), 1669 (transept nord pour la confrérie du Saint-Sacrement), et 1685 (vaisseau sud pour la confrérie du Rosaire, et porche sud). Le porche nord ne fut érigé qu'à la veille de la Révolution. Elle renferme un buste-reliquaire du saint patron, dont des reliques se trouvent également à Saint-Avé et à la chapelle Saint-Guénolé de Locunolé.
L'église Saint-Cornély de Carnac est divisée en trois vaisseaux parallèles, c'est à dire deux bas-côtés ou "chapelles" — du Saint Sacrement au nord et du Rosaire au sud— et un vaisseau central où la nef est séparée du chœur depuis 1806 par une grille en fer forgé.
Les charpentes de ces trois vaisseaux sont lambrissés, et ces lambris sont entièrement peints, entre 1690 et 1732.
Les voûtes lambrissées sont décorées sur 750 mètres carrés (soit 8 073 pieds carrés) entre 1729 et 1732 . Ce décor a été classé « monument historique » le 5 mai 1960.
Je n'ai pas eu accès aux descriptions détaillées de ces ensembles de peinture, telles qu'on doit les trouver dans le mémoire de master d'histoire de l'art rédigé en 2021 par Valentine Guillevic , conservé à l'Université de Nantes, ou dans le mémoire rédigé par Guylaine Le Kernec en 1986.
Maud Hamoury donne de nombreux renseignents dans son ouvrage La peinture religieuse en Bretagne aux XVIIe et XVIIIe siècle. Elle cite l'inscription indiquant "Ce lambris a este peint du tant de G.D :M :Remond Dugeurn Le Gril recteur de Carnac et Ian Le Gril procureur de Corneille ; 1731."
Raymond-Toussaint Le Gril, de la paroisse de Saint-Pierre et recteur de Lesbin-Pontscorff, pourvu par l'Évêque le 7 septembre 1713, prit possession le 13. Le Gril se fit de nouveau conférer Carnac par le Souverain Pontife, le 6 septembre 1717. A l'âge de 48 ans, il mourut le 13 mars 1732 et fut inhumé le 15 au cimetière.
Je découvre que "Raymond-Toussaint Le Gril, de la paroisse de Saint-Pierre et recteur de Lesbin-Pontscorff, fut pourvu par l'Évêque le 7 septembre 1713. Le Gril se fit de nouveau conférer Carnac par le Souverain Pontife, le 6 septembre 1717. A l'âge de 48 ans, il mourut le 13 mars 1732 et fut inhumé le 15 au cimetière." (Abbé Luco, Bulletin de la Société polymathique du Morbihan année 1877 p. 131 à 136)
Les peintres : Jean-Baptiste le Corre et son fils Martin.
Maud Hamoury apporte beaucoup de précisions sur les peintres désignés pour ces lambris, et leurs rétributions. Je la cite :
-Jean-Baptiste Le Corre, dit sieur Dupont (Pontivy, vers 1670-Pontivy, 1740).
Fils du peintre, doreur et sculpteur, Louis Le Corre, sieur Dupont , peintre de Pontivy, il entra en 1689 en apprentissage pour 4 ans à Rennes puis revint à Pontivy où il se maria en 1695. En 1706, il réalisa lelambris de la chapelle Sainte-Tréphine de Pontivy, en neuf tableaux.
En 1716, il peint le lambris de la chapelle Notre-Dame du Crénénan de Ploerdut, et en 1724 celui de l'église de Bodéo.
En 1731, il peint pour 400 livres les 3 scènes de la Passion ( la Flagellation, du Portement de Croix et du Christ au Mont des Oliviers) du "porchet" de l'église de Carnac. Il doit aussi parachever le lambris de la vie de saint Corneille commencé par Joseph Galmay sur le lambris du vaisseau central.
Le 25 octobre 1731 [ou plutôt 1732], il reçoit 500 livres pour la peinture du lambris du Rosaire ( j'en déduis, vu la somme : celui de tout le vaisseau sud).
Son fils Martin Pierre Le Corre, sieur Dupont, né à Pontivy en 1699, l'aide dans ces travaux en 1731. Il est aussi l'auteur du tableau de l'Assomption du maître-autel.
Le vaisseau sud ou chapelle du Rosaire.
À Carnac, il existait une confrérie des hommes, celle du Saint-Sacrement, et une confrérie des femmes, celle du Rosaire. La première ayant fait édifier en chapelle tout le vaisseau nord de l'église , la Confrérie du Rosaire fit prolonger à son tour le côté sud vers 1685 et fit bâtir le porche sud. Deux retables occupent cette chapelle, celui de saint Jean-Baptiste, et celui de la Vierge. Le premier retable renfrerme un tableau (vers 1730) attribué à Dupont représentant la Descente de Croix, encadré des statues en bois de saint Dominique et sainte Catherine. Le retable de la Vierge renferme depuis 1715 une peinture de la Remise du Rosaire à saint Dominique et sainte Catherine de Sienne, peint par un Chartreux d'Auray, entouré des 15 médaillons des mystères du Rosaire. Le tableau est encadré par les statues de sainte Anne avec Marie et de son mari Joachim.
I. Le Rosaire.
Toute la partie ouest est consacrée au Rosaire, avec ses mystères joyeux, douloureux et glorieux, mais aussi au Don du Rosaire.
Voilà la succession des tableaux, en partant du retable du mur sud, dans un sens horaire vers le fond de la nef et en revenant de l'autre côté du plafond vers l'est
Les Mystères Joyeux.
1. Annonciation
2. Visitation
3. Nativité
4. La Présentation de Jésus au Temple
5. Jésus enseignant aux docteurs de la Loi
Les Mystères douloureux.
6. Agonie de Jésus au Mont des Oliviers
7. Flagellation de Jésus
8. Couronnement d'épines
Côté nord
9. Don du Rosaire
10. Portement de Croix
11. Crucifixion.
Les Mystères Glorieux
12. Résurrection.
13. Ascension
14 Pentecôte.
15. Assomption de la Vierge
16. Couronnement de la Vierge
II. La Vie de saint Jean-Baptiste.
Les lambris de toute la partie est, voisine du chœur, sont consacrés à la Vie de saint Jean-Baptiste. Maud Hamoury écrit p. 216 "à Carnac, un peintre anonyme a copié cinq scènes d'une suite de Jean Leclerc de 1612 sur la Vie de saint Jean-Baptiste".
Il faut partir, pour suivre un ordre chronologique, du côté nord (après le Couronnement de la Vierge) et suivre le sens des aiguilles d'une montre :
16. Révélation de l'ange à Zacharie
17. La Naissance de saint Jean-Baptiste
18. Jean-Baptiste enfant prêchant dans le désert.
19. Prédication de Jean-Baptiste au Jourdain.
20. Jean-Baptiste emprisonné sur ordre de Hérode Antipas.
21. La décollation de Jean-Baptiste.
Les scènes narratives sont séparées par des sculptures en trompe-l'œil de cariatides et atlantes (supports anthropomorphes) ou parfois de personnages en pied, sous des arcades à angelots et pots-à-feu. Ailleurs sont placées des fenêtres à verrières losangées, elles aussi en trompe-l'-œil, au dessus de balustrades feintes. Le sommet de la voûte est peint en ciel étoilé où passent des nuages.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
LES 15 TABLEAUX DU CYCLE DU ROSAIRE.
Les Mystères Joyeux.
1. Annonciation.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
2. Visitation.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
3. Nativité.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
4. Présentation de Jésus au Temple.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
5. Jésus enseignant aux docteurs de la Loi.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
Les Mystères douloureux.
6. Agonie de Jésus au Mont des Oliviers
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
7. Flagellation de Jésus
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
8. Couronnement d'épines.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
Le côté nord.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
9. Don du Rosaire
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
10. Portement de Croix
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
11. Crucifixion.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
Les Mystères Glorieux
12. Résurrection.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
13. Ascension
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
14 Pentecôte.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
15. Assomption de la Vierge.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
16. Couronnement de la Vierge
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
LA VIE DE SAINT JEAN-BAPTISTE.
Voir le cycle de la Vie de Jean-Baptiste à Saint-Fiacre (Le Faouët)
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac.Vie de saint Jean-Baptiste. Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac.Vie de saint Jean-Baptiste. Cliché lavieb-aile 2024.
16. Révélation de l'ange à Zacharie.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac.Vie de saint Jean-Baptiste. Cliché lavieb-aile 2024.
17. La Naissance de saint Jean-Baptiste.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac.Vie de saint Jean-Baptiste. Cliché lavieb-aile 2024.
18. Jean-Baptiste enfant prêchant dans le désert.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac.Vie de saint Jean-Baptiste. Cliché lavieb-aile 2024.
19. Prédication de Jean-Baptiste au Jourdain.
Cette scène est très classique, notamment à la Renaissance. Jean, monté sur une estrade derrière une balustrade en bois, prêche au peuple qui l'a rejoint sur les rives du Jourdain. Il est vêtu d'une peau de chameau. Sous une croix, un phylactère doit reproduire ses mots : ecce agnus dei.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac.Vie de saint Jean-Baptiste. Cliché lavieb-aile 2024.
20. Jean-Baptiste emprisonné sur ordre d'Hérode Antipas.
Le roi est assis sur son trône, devant des gardes et des conseillers, tandis que Jean apparaît derrière les barreaux de sa prison.
21. La décollation de Jean-Baptiste.
Hérodiate, femme d'Hérode, a obtenu la tête du prophète Jean le Baptiste après avoir fait danser sa fille Salomé devant le roi. Le bourreau, épaule gauche dénudée pour ne pas entraver son geste, remet la tête du saint à Salomé. Un garde est armé d'une hallebarde. Une trouée de lumière tombe sur la tête du saint.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac.Vie de saint Jean-Baptiste. Cliché lavieb-aile 2024.
LES LAMBRIS DU PORCHE . LES QUATRE ÉVANGÉLISTES ET MARIE-MADELEINE PÉNITENTE.
Les peintures sur lambris du porche de l'église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2024.
Saint Luc Matthieu (avec l'ange) devant son pupitre de rédacteurs des évangiles. Saint Jean (avec son aigle) trouvant l'inspiration sur fond de paysage marin évoquantt son séjour à Patmos.
Les peintures sur lambris du porche de l'église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2024.
Saint Luc (avec son taureau) et saint Marc (avec son lion) devant leur pupitre de rédacteurs des évangiles.
Les peintures sur lambris du porche de l'église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2024.
Marie-Madeleine pénitente.
Selon la Légende dorée de Jacques de Voragine, Marie-Madeleine, Marthe et Lazare seraient arrivés aux Saintes-Maries-de-la-Mer dans une marque sans voile. Marie-Madeleine aurait évangélisé la Provence et se serait retirée en pénitence dans la grotte de la Sainte-Baume où elle aurait vécue 33 ans en ermite.
Elle est représentée ici allongée dans la posture de la songeuse, méditatnt sur ses péchés ou sur la finitude de la vie, devant un pain, et le flacon de parfum qui rappelle, tout comme ses cheveux longs et dénoués, sa vie dissolue. Un navire à huniers fait voile vers une crique, rappellant l'arrivée de la sainte en Provence.
Les peintures sur lambris du porche de l'église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris du porche de l'église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris du porche de l'église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2024.
SOURCES ET LIENS.
—BARRAL Y ALTET (Javier), 1987, Décor peint et iconographie des voûtes lambrissées de la fin du Moyen-Âge en Bretagne, Académie des inscriptions et belles-lettres.
— GUILLEVIC ( Valentine), 2021. Étude des lambris peints de l'église Saint-Cornély, Carnac. Sous la direction d'Emmanuel Lamouche, Master 2 : Histoire de l'art, Université de Nantes, 2021. Non consulté.
—HAMON (Françoise), 1986 « L’église Saint-Cornély de Carnac », Congrès archéologique de France, Paris, Société française d’archéologie, 1986.
— HAMOURY (Maud), 2010, La peinture religieuse en Bretagne aux XVIIe et XVIIIe siècles; Presses Universitaires de Rennes pages 176 et suiv., 208, 396, 461 et 509-510-511.
—LE GUENEDAL (abbé) 1913, Notice sur l’église de Carnac (Morbihan) : Patron Saint-Cornély, Hennebont, Normand, 1913.
—LE KERNEC (Guylaine), 1986, Les lambris peints de l’église Saint-Cornély Carnac, Etude sur la peinture monumentale dans le Morbihan, 1986, mémoire de maîtrise sous la direction de Monsieur Xavier Barral I Altet.
—Jacques de Voragine, La légende dorée, traduit par Teodor de Wyzewa, Paris, 1910.
Onze vitraux de l'église N.D. de l'Assomption de Chantilly (Oise). Jacques Le Chevallier 1959 (baie n°3, symboles eucharistiques et baie n°4 Cerf crucifère de saint Hubert), Francis Chigot & T.G. Hanssen 1949 (baie n° 1 Donation de l'église et n°1 Assomption), etc.
Notre-Dame de l'Assomption église paroissiale de Chantilly, du diocèse de Senlis
Eglise classée monument historique en 1965.
L'église Notre-Dame a été édifiée de 1687 à 1691 d’après les plans de Jules Hardouin-Mansart.
Orientée d’une manière inhabituelle selon un axe nord-sud, l’église est notamment remarquable par sa belle voûte en berceau plein cintre, magnifiquement appareillée et profondément pénétrée par les lunettes des fenêtres au point de ressembler à une voûte d’arêtes.
Au XVIIIe siècle, l'église est ornée de grandes verrières composées de verres blancs et légèrement bleutés : ce style est encore visible dans les verrières hautes. À la fin du XIXe siècle, neuf d'entre eux (ceux du chœur et des bas-côtés) sont remplacés par des vitraux colorés et figuratifs, typiques de l'art nouveau du vitrail à cette époque. Seuls trois sont encore en place, dans la partie haute du chœur.
Durant la Seconde Guerre mondiale, en 1944, deux obus tombent près de l’église, brisant les vitraux de la nef et ceux de la partie inférieure du chœur. Ils sont remplacés par des compositions contemporaines, figuratives ou abstraites des artistes Théodore-Gérard Hanssen (1885-1957) associé à Francis Chigot (1879-1960), puis Jacques Le Chevallier..
Dans la partie basse du chœur, T.G Hanssen (carton) et Francis Chigot (maître-verrier, Limoges) reprennent en 1949 le thème d'un vitrail détruit, celui de l'Assomption de la Vierge (baie 2) honorant la patronne de l'église.
Dans la partie basse du chœur également, ils reprennent en 1949-1950 un autre sujet des anciens vitraux détruits : la donation de l'église à l'évêque de Senlis par le prince de Condé, fils du Grand Condé, (baie 1) . Le maître-verrier est Francis Chigot, de Limoges.
Dix ans plus tard, dans les bas-côtés, Jacques Le Chevallier place pour la baie n°3 (à gauche) les symboles de l'Eucharistie et compose dans la baie n°4 de la chapelle Saint-Hubert un hommage au patron des chasseurs en montrant le cerf crucifère.
Quatre verrières abstraites complètent l'ensemble.
I. LES VITRAUX DE JACQUES LE CHEVALLIER 18 m², 1959.
Très actif dans la restauration et reconstruction des vitraux après les dommages de guerre, Jacques Le Chevallier est en contact avec le chanoine F. Husson, curé-doyen de Chantilly: l'église n'est pas encore classée, il peut répondre directement au chanoine. Il lui propose de réaliser deux vitraux au tarif de 350 000 frs. Les vitraux, dont les maquettes ont été approuvées par le maire, sont posées en février 1959.
DESCRIPTION.
1. La baie n°3 : l'Eucharistie.
Chapelle de la Vierge, à gauche.
Description :1 lancette cintrée. 9 m²
Verre antique de couleur montés sur plomb et peints à la grisaille cuite : symboles eucharistiques (grappe de raisin, épis de blé, calice, corbeille de pain) sur un fond sombre et une périphérie plus claire. Fine bordure blanc et bleue.
L'église N.D. de l'Assomption de Chantilly. Cliché lavieb-aile 2025.
L'église N.D. de l'Assomption de Chantilly. Cliché lavieb-aile 2025.
2. La baie n°4 : le Cerf crucifère (apparition à saint Hubert).
Le vitrail éclaire de côté l'autel de la chapelle Saint-Hubert.
Sur l'autel se trouve un tableau de Louis Boullogne datant de 1692, représentant précisément cet épisode de la vie de saint Hubert, qui va motiver sa conversion vers une vie chrétienne : la vision qu’il a d’un cerf portant une croix lumineuse entre ses bois. Le saint, frappé d'émoi, tombe à genoux.
Louis de Boullogne, 1692, Vision de saint Hubert, Chantilly. Cliché lavieb-aile 2025.
Description : 1 lancette cintrée., 9m². Verre antique de couleur montés sur plomb et peints à la grisaille cuite : cerf crucifère (apparition du Christ à saint Hubert chassant de façon impie) sur un fond rouge et vert et une périphérie plus claire à dominance jaune. Fine bordure blanc et bleue.
Signature J.LE CHEVALLIER 1959 en bas à droite.
II. LES VITRAUX DE THÉO HANSSEN ET FRANCIS CHIGOT 1949.
La baie 1 : la donation de l'église à l'évêque de Senlis par le prince de Condé, fils du Grand Condé.
L'auteur des cartons est Théo Hanssen. Le maître-verrier est Francis Chigot, de Limoges.
La Vierge, en haut, est entourée d'anges, de symboles mariaux (lys, vases, étoiles) et de phylactères portant les litanies de Lorette : Stella matutina, Electa ut sol, Pulchra ut luna, Hortus deliciosus, Sedes sapienta.
Elle est assise sur un trône, tenant un lys en main droite, l'Enfant sur son bras gauche, et les pieds sur un croissant de lune.
En dessous, deux princes, agenouillés, présentent la maquette de l'église à un évêque qui la bénit, entouré de seigneurs emperruqués et de cardinaux ou clercs.
Inscription : LE PRINCE DE CONDE FAIT DON A L'EVEQUE DE DE L'EGLISE DE CHANTILLY
Signatures :
T.G. HANSSEN INV ET DEL
F ET P. CHIGOT LIMOGES.
L'église N.D. de l'Assomption de Chantilly. Cliché lavieb-aile 2025.
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Baie 2 l'Assomption de la Vierge. T.G Hanssen (carton) et Francis Chigot (maître-verrier, Limoges), 1949.
Inscription : INAUGURE PAR Mgr ROEDERER EVEQUE DE BEAUVAIS Mr GEORGES PAQUIER ETANT MAIRE.
ASSUMPTA EST IN COELUM MARIA
Signatures :
COMPOSITION T.G. HANSSEN
F ET P. CHIGOT LIMOGES.
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Baies 5 et 7 : baies modernes, anonyme.
L'église N.D. de l'Assomption de Chantilly. Cliché lavieb-aile 2025.
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Baies 6 et 8 : baies modernes, anonyme.
L'église N.D. de l'Assomption de Chantilly. Cliché lavieb-aile 2025.
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LES BAIES HAUTES DU XIXe siècle.
Au XVIIIe siècle, l'église est ornée de grandes verrières composées de verres blancs et légèrement bleutés : ce style est encore visible dans les verrières hautes.
À la fin du XIXe siècle, neuf d'entre ces vitraux (ceux du chœur et des bas-côtés) sont remplacés par des vitraux colorés et figuratifs, typiques de l'art nouveau du vitrail à cette époque. Seuls trois sont encore en place, dans la partie haute du chœur.
L'église N.D. de l'Assomption de Chantilly. Cliché lavieb-aile 2025.
La baie 100, au centre : la Crucifixion, de 1882, atelier Champigneulle de Bar-le-Duc.
Le Christ en Croix est entouré de Marie, de Marie Salomé et de Marie-Madeleine.
L'église N.D. de l'Assomption de Chantilly. Cliché lavieb-aile 2025.
La baie 101 : le vitrail de saint Vincent-de-Paul. Le Roussel 1891.
Cette baie rend hommage aux Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, qui, des années 1730 aux années 1960, soignèrent les malades à l'hôpital de Chantilly dit Fondation Condé.
L'église N.D. de l'Assomption de Chantilly. Cliché lavieb-aile 2025.
L'église N.D. de l'Assomption de Chantilly. Cliché lavieb-aile 2025.
Baie 102 , vitrail de saint Jean-Baptiste de la Salle, 1891, atelier Le Roussel de Beauvais.
Elle rappelle la présence à Chantilly des Lassaliens chargés de 1851 à 1886 de l'enseignement des garçons de l'école.
L'église N.D. de l'Assomption de Chantilly. Cliché lavieb-aile 2025.
L'église N.D. de l'Assomption de Chantilly. Cliché lavieb-aile 2025.
Ensemble de 16 verrières (1960) de Pierre Gaudin pour l'église prieurale Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent : la Création, la Tentation et la Chute selon la Genèse, baies hautes de la nef n° 208 à 222.
Je remercie Bérangère Henrissat, chargée du patrimoine à Saint-Leu d'Esserent, pour son accueil chaleureux, pour son érudition et pour la documentation qu'elle m'a transmise. Merci aussi à Alain Pellé qui nous a accompagné pour sa présentation des vitraux de l'abbatiale.
PRÉSENTATION.
Généralités
Classé monument historique en 1840, 1862 et inscrit en 1965, le prieuré clunisien de Saint-Leu-d’Esserent, domine de son imposante silhouette ponctuée de trois tours la vallée de l’Oise. Elle compte parmi les œuvres majeures de l’architecture gothique en Ile-de-France. Bâtie, pour l’essentiel, entre les années 1140 (narthex), 1160 (chevet) et 1200 (nef) elle en illustre, en effet, les étapes les plus marquantes. De manière inhabituelle, son chevet est presque orienté au sud.
La nef est sans transept (comme de nombresues églises du XIIe siècle, N.D. de Senlis par exemple). Trois niveaux composent l'élévation de la nef : grandes arcades, triforium ajouré et fenêtres hautes, et l'extension de la surface vitrée à la fois en hauteur et en largeur, lui assure une luminosité accrue.
Le prieuré a pour origine une charte de donation promulguée en 1081 par Hugues, comte de Dammartin, en reconnaissance d’une rançon. La donation était conditionnée à l’affiliation directe du prieuré à l’abbaye mère de Cluny. Il comptera jusqu’à 34 moines à la fin du 13e siècle mais eut beaucoup à souffrir de la Guerre de Cent ans, notamment en 1359 et 1436. Classée très tôt parmi les Monuments historiques (1840), l’église fut restaurée à partir de 1855 mais parfois d’une manière excessive, comme au porche, dont l’étage inférieur a été refait presque totalement par Selmersheim entre 1882 et 1885.
En 1944, enfin, des bombardements endommagèrent considérablement les voûtes du vaisseau central et les deux tours du chœur et nécessitèrent une dernière campagne de restauration, sous la direction de Jean-Prere Paquet, Architecte en chef des Bâtiments de France. (d'après https://www.eglisesdeloise.com/monument/saint-leu-desserent-eglise-saint-leu/)
Les vitraux créés en 1960 par quatre maître-verriers.
L’église de Saint-Leu fait partie lors du passage du roman au gothique, des premiers édifices où l’on permit à la lumière de pénétrer largement dans la nef, ce qui a conduit à l’art du vitrail.
« Les fouilles ont surtout mis au jour des restes de grisailles (cf. infra). Toutefois, dans les traces de l’incendie de 1436, on a retrouvé quelques morceaux de verre rouges, bleus, jaunes, peints au pinceau, mêlés à ceux de grisailles. Avant les bombardements, les vitraux étaient incolores à l’exception d’un vitrail du bas-côté sud composé de simples losanges transparents, jaunes, caramel, vert doux. Sur le mur du bas-côté nord subsistaient 4 vitraux blancs bordés d’un encadrement incomplet fait d’une bande jaune clair parcourue par une liane de lierre stylisé. Seul le vitrail remplacé par l’actuel Saint Jean-Baptiste était resté entier et ne fut pas abîmé par les bombardements d’août 1944. « (Annette Metzler )
Cette restauration fit l'objet en 1956 d'un concours sur projet (devis 1145/55) ouvert aux maîtres-verriers, sous la direction de Jean-Pierre Paquet, Architecte en Chef des Monuments Historiques.
Il est important de reproduire ici les articles 12 et 13 du « Cahier des conditions spéciales et clauses techniques applicables aux travaux de vitrerie à effectuer pour la réfection des vitraux. Concours sur projet. »
« Article 12. Descriptif ; Les travaux à réaliser sont indiqués au devis descriptif et estimatif ci-joint :
Article 13. caractéristique des vitraux à réaliser .
L'église de Saint-Leu d'Esserent s'inscrit parmi les premiers des grands édifices construits au milieu du XIIIe siècle avec le souci d'y faire pénétrer la lumière avec une abondance jusqu'à lors inconnue : les tribunes qui, à Notre-Dame de Senlis, à Noyon, mettent la nef en second jour, ont été supprimées et les baies s'agrandissent d'une campagne à l'autre.
Cette abbatiale était avant la dernière guerre complètement garnie de vitraux clairs à losanges dont s’accommodait fort bien sa belle architecture. Cependant, de récentes fouilles nous ont donné des indications précises sur les vitraux d'origine. Ils étaient du type à rinceaux entrelacés à feuilles et fleurs interprétées, vraisemblablement fort semblables à ceux contemporains que l'on peut voir encore en place à [l'abbaye de ] Saint-Jean-aux-Bois.
Clichés des vitraux de Saint-Jean-aux-Bois remis aux verrieres concurrents.
Chaque concurrent recevra quelques échantillons de verre retrouvés dans les fouilles de Saint-Leu-d'Esserent : d'autres un peu plus importants pourront leur être montrés au cabinet de l'Architecte.
On y remarquera les traces d'un décor de feuilles, de tiges et de fleurs, accusé par une grisaille souple et nerveuse d'échelle d'ailleurs différente selon les pièces retrouvées, vraisemblablement selon qu'elles proviennent de fenêtres plus ou moins élevées.
Ces indications précises sur les vitraux d'origine ont incité le Service des Monuments historiques à proposer aux maîtres-verriers la recherche d'un dessin moins sèchement neutre que le losange.
On ne devra pas non plus déduire des indications d'ordre archéologiques précédentes qu'il souhaite un pastiche dont on a abusé au point de rendre aujourd'hui odieuses toutes les vitreries de ce genre que nous a trop généreusement léguées le XIXe siècle.
S'il est demandé aux peintres-verriers de s'écarter du losange, c'est pour donner au dessin et aux valeurs de ces vitreries ton sur ton une signification équivalente à celle qui leur fut conférée au XIIe siècle par leurs prédécesseurs.
La simplicité, la sobriété, le calme et le dépouillement seront ici à rechercher, tout autant qu'il faudra exclure monotonie, fadeur ou sécheresse.
C'est aux ressources inépuisables du graphisme que l'on fera appel en recherchant des formes qui, pour être vivantes, devront être actuelles, mais avec cette mesure qui confère à l'architecture qu'elles orneront cette permanence des œuvres de grande classe.
On ne perdra pas non plus de vue que le charme de ces vitreries anciennes provenait de difficultés techniques aujourd'hui trop facilement résolues ; tout répétition mécanique devra être à cet égard proscrite.»
Nous ignorons le nombre de verriers qui ont postulé au concours, mais quatre d'entre eux ont été retenus. Il s'agit de Max Ingrand (chevet et rosace), Pierre Gaudin (nef haute), Jean Barillet (nef basse et triforium) et Jacques Le Chevallier (tribune). Il n'a pu être précisé qui (évêché ? Monuments historiques ?) a fixé le programme iconographique de chaque verrier.
Pierre Gaudin a réagi à ces exigences du cahier des charges ainsi, dans sa présentation de son projet (archives Gaudin) :
Les vitraux de Pierre Gaudin.
Pierre Gaudin (1908-) est le fils de Jean Gaudin (1879-1954) et le petit-fils de Félix Gaudin (1851-1930), vitraillistes et mosaïstes.
Né en 1908, il s'associe avec son père Jean Gaudin. Il reprend les rênes de l'atelier de son père Jean à la mort de ce dernier, en 1954. Son atelier est situé à Paris.
Il réalisa ainsi de 1954 à 1958 pour la cathédrale de Metz les verrières des quatre dernières fenêtres hautes, ou bien deux vitraux pour le chœur de l'église Saint-Bernard de Menthon-Saint-Bernard (en Haute-Savoie), ou ceux de l'abside de la collégiale de Douai en 1959. Il adoptera la technique de la dalle de verre sur béton, par exemple, vers 1950 à l'église Saint-Martin de Villers-Boccage (14).
DESCRIPTION.
J'ai adopté la numérotation du Corpus vitrearum.
Les 12 premières baies du cycle comportent deux lancettes ogivales et un tympan à une rose polylobée. Elles illustrent le premier Livre de la Genèse, soit la Création du monde par Dieu durant les six premiers jours.
Les 4 baies suivantes formées d'une seule lancette ogivale sont consacrées aux Livres 2 et 3 de la Genèse, et sont intitulées Le Paradis, la Tentation et La Chute.
Ces baies hautes de la nef sont placées au dessus de celles du triforium, confiées à Jean Barillet ("La vie temporelle sous ses aspects mauvais et douloureux", à gauche et "La vie temporelle sous ses aspects joyeux", à droite). Source Archives Gaudin.
Schéma du côté gauche de la nef
Plan du côté droit "sud" de la nef.
Église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
LE PREMIER JOUR DE LA CRÉATION, CÔTÉ GAUCHE DE LA NEF HAUTE.
La creation de la lumière, séparée des ténèbres.
"Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. La terre était informe et vide: il y avait des ténèbres à la surface de l'abîme, et l'esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux. Dieu dit: Que la lumière soit! Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne; et Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres. Dieu appela la lumière jour, et il appela les ténèbres nuit. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le premier jour." (Genèse 1 1-5, trad. L. Segond)
Le vitrail est clair, avec une prédominance de verres blancs et bleus, ou parfois vert olive ou fumée, égayé de jaune et d'orangé. Les verres sont peints à la grisaille soit par touches courtes de pinceau large, soit par traits réunis en courbes, comme si peut-être les ténèbres se condensaient et retombaient.
La première lancette comporte la signature du créateur, P. GAUDIN Paris 1960.
La nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
LE PREMIER JOUR DE LA CRÉATION, CÔTÉ DROIT DE LA NEF HAUTE. Baie 222.
Les teintes sont plus mates avec plus de teintes fumées dans les tons verts ou bruns. Les traits de grisaille s'ordonnent en ligne souples verticales soulignant l'axe des baies.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
LE DEUXIÈME JOUR DE LA CRÉATION, CÔTÉ GAUCHE DE LA NEF HAUTE.
Séparation des eaux du dessus (Cieux) et des eaux du dessous (mers et fleuves).
"Dieu dit: Qu'il y ait une étendue entre les eaux, et qu'elle sépare les eaux d'avec les eaux. Et Dieu fit l'étendue, et il sépara les eaux qui sont au-dessous de l'étendue d'avec les eaux qui sont au-dessus de l'étendue. Et cela fut ainsi. Dieu appela l'étendue ciel. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le second jour. "(Genèse 6-18, trad. L. Segond)
Les verres sont blancs, verts, jaunes et bleu-pâles, mais égayés de divers coloris roses. Les lignes ou trainées de grisailles sont, cette fois, plutôt horizontales, en vagues ou volutes.
On peut remarquer ici, bien que cela soit notable partout, l'utilisation des plombs qui ne se contentent pas de sertir des verres de couleurs différentes, mais forment un réseau dynamique verticale. Ce réseau est complété par des traits de grisaille emmenés par l'orientation générale. Il cherche très certainement, par son maillage serré, à se rapprocher de celui des vitraux du XIIe-XIIIe siècle donnés comme source d'inspiration par l'Architecte en Chef des Monuments Historiques.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
LE DEUXIÈME JOUR DE LA CRÉATION, CÔTÉ DROIT DE LA NEF HAUTE. Baie 220.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
LE TROISIÈME JOUR DE LA CRÉATION, CÔTÉ GAUCHE DE LA NEF HAUTE.
Création de la végétation et des arbres.
"Dieu dit: Que les eaux qui sont au-dessous du ciel se rassemblent en un seul lieu, et que le sec paraisse. Et cela fut ainsi.Dieu appela le sec terre, et il appela l'amas des eaux mers. Dieu vit que cela était bon. Puis Dieu dit: Que la terre produise de la verdure, de l'herbe portant de la semence, des arbres fruitiers donnant du fruit selon leur espèce et ayant en eux leur semence sur la terre. Et cela fut ainsi. La terre produisit de la verdure, de l'herbe portant de la semence selon son espèce, et des arbres donnant du fruit et ayant en eux leur semence selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le troisième jour." (Genèse 9-13, trad. L. Segond)
Dans le même fond aux gammes de teintes douces et atténuées, la grisaille dessine différents fruits (pommes, poires, coings, raisins, figues, melons ou ananas), des épis de blés, des branches d'arbres de différentes essences (chêne), mais aussi des faisceaux de lignes soit verticales, soit horizontales.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
LE TROISIÈME JOUR DE LA CRÉATION, CÔTÉ DROIT DE LA NEF HAUTE. Baie 218.
Du côté droit, le dessin privilégie les arbres et les arbustes.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
LE QUATRIÈME JOUR DE LA CRÉATION, CÔTÉ GAUCHE DE LA NEF HAUTE.
Création des luminaires éclairant le jour, et éclairant la nuit.
" Dieu dit: Qu'il y ait des luminaires dans l'étendue du ciel, pour séparer le jour d'avec la nuit; que ce soient des signes pour marquer les époques, les jours et les années; et qu'ils servent de luminaires dans l'étendue du ciel, pour éclairer la terre. Et cela fut ainsi. Dieu fit les deux grands luminaires, le plus grand luminaire pour présider au jour, et le plus petit luminaire pour présider à la nuit; il fit aussi les étoiles. Dieu les plaça dans l'étendue du ciel, pour éclairer la terre, pour présider au jour et à la nuit, et pour séparer la lumière d'avec les ténèbres. Dieu vit que cela était bon. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le quatrième jour.
On a vu apparaître dans le premier vitrail quelques jaunes dans la composition bleutée ou verte et brunes, puis des roses, puis des orangées, et voici maintenant des rouges, comme si un soleil se levait progressivement. Ces bandes de couleur rouge sont toujours verticales.
La grisaille décline le thème astronomique, avec des soleils, des étoiles, des galaxies, et même une lune en croissant à face/profil humain.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
LE QUATRIÈME JOUR DE LA CRÉATION, CÔTÉ DROIT DE LA NEF HAUTE.Baie 216.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
LE CINQUIÈME JOUR DE LA CRÉATION, CÔTÉ GAUCHE DE LA NEF HAUTE.
Les animaux marins.
"Dieu dit: Que les eaux produisent en abondance des animaux vivants, et que des oiseaux volent sur la terre vers l'étendue du ciel. Dieu créa les grands poissons et tous les animaux vivants qui se meuvent, et que les eaux produisirent en abondance selon leur espèce; il créa aussi tout oiseau ailé selon son espèce. Dieu vit que cela était bon. Dieu les bénit, en disant: Soyez féconds, multipliez, et remplissez les eaux des mers; et que les oiseaux multiplient sur la terre. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le cinquième jour." (Genèse 1 :20-23)
On se plait à distinguer toutes sortes de poissons, ainsi qu''une baleine, tandis que les eaux sont indiquées par des lignes ondées horizontales.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
LE CINQUIÈME JOUR DE LA CRÉATION, CÔTÉ DROIT DE LA NEF HAUTE. Baie 214.
Les oiseaux.
Le fond coloré est plus lumineux, avec une forte prévalence des jaunes sur les bleus. Presque tous les oiseaux volent, en oblique.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
LE SIXIÈME JOUR DE LA CRÉATION, CÔTÉ GAUCHE DE LA NEF HAUTE.
Création des animaux terrestres, et de l'homme.
"Dieu dit: Que la terre produise des animaux vivants selon leur espèce, du bétail, des reptiles et des animaux terrestres, selon leur espèce. Et cela fut ainsi. Dieu fit les animaux de la terre selon leur espèce, le bétail selon son espèce, et tous les reptiles de la terre selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon.
Puis Dieu dit: Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme. Dieu les bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l'assujettissez; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre.
Et Dieu dit: Voici, je vous donne toute herbe portant de la semence et qui est à la surface de toute la terre, et tout arbre ayant en lui du fruit d'arbre et portant de la semence: ce sera votre nourriture. Et à tout animal de la terre, à tout oiseau du ciel, et à tout ce qui se meut sur la terre, ayant en soi un souffle de vie, je donne toute herbe verte pour nourriture.
Et cela fut ainsi. Dieu vit tout ce qu'il avait fait et voici, cela était très bon. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le sixième jour." (Genèse 1:23-31)
En fait d'homme, Pierre Gaudin a dessiné dans la lancette de gauche une femme le bras levé (vers des pommes?), tandis qu'un serpent lève la tête et siffle vers elle, à côté d'une musaraigne.
Puis vient un ourson et un escargot, et sur l'autre lancette un éléphant, un tigre, un renard, un tigre, toute une ménagerie.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
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LE SIXIÈME JOUR DE LA CRÉATION, CÔTÉ DROIT DE LA NEF HAUTE. Baie 212.
Du côté sud, aux teintes plus fumées, mais toujours avec cette présence de bandes rouges, voici le hérisson et l'hermine, le loup et la grenouille, l'écureuil, le lapin, le coq, le crapaud, le cheval et la tortue...
L'homme est allongé, dans l'attitude du songeur, la main gauche soutenant la joue.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
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Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
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LA TENTATION, CÔTÉ GAUCHE DE LA NEF HAUTE. Baie n°211.
La Tentation d'Éve par le serpent est un récit connu de tous : il est évoqué ici par un pommier, en haut de lancette, un serpent, une pain tendue vers la pomme.
On retrouve comme sur toutes les autres verrières le réseau de plombs, privilégiant la verticale, et des tracés à la grisaille sans signification figurative, mais d'étayage d'un paysage. Les verres blancs ou colorés sont cloisonnés par des lavis de grisaille.
"Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs, que l'Éternel Dieu avait faits. Il dit à la femme: Dieu a-t-il réellement dit: Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin? La femme répondit au serpent: Nous mangeons du fruit des arbres du jardin. Mais quant au fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit: Vous n'en mangerez point et vous n'y toucherez point, de peur que vous ne mouriez. Alors le serpent dit à la femme: Vous ne mourrez point; mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. La femme vit que l'arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu'il était précieux pour ouvrir l'intelligence; elle prit de son fruit, et en mangea; elle en donna aussi à son mari, qui était auprès d'elle, et il en mangea." (Genèse 3:1-6)
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
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LE PARADIS, CÔTÉ DROIT DE LA NEF HAUTE. Baie n°210.
Cette verrière représente, sous le titre de" Paradis", non pas un jardin, avec ses arbres et ses quatre fleuves, mais une ville ceinte de murailles crénelées, survolée par trois anges, tandis que des lignes acérées de grisailles évoquent un climat de tension.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
LE PARADIS, CÔTÉ GAUCHE DE LA NEF HAUTE. Baie n°209.
Ce Paradis est plus paisible et édénique, avec ses trois anges musiciens jouant du violoncelle, de la trompette et du tambour, mais un Agneau au limbe crucifère au dessus des trois arches d'un pont place la scène dans un récit à la fois biblique (arche d'Alliance) et chrétien (Rédemption après la Chute par le sacrifice de l'Agneau, le Christ).
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
LA CHUTE, CÔTÉ DROIT DE LA NEF HAUTE. Baie n°208.
Cette baie est titrée La Chute, mais on peut y voir Adam et Ève chassé du Paradis par un ange tandis que trois diables parcourent allègrement la Terre.
"Les yeux de l'un et de l'autre s'ouvrirent, ils connurent qu'ils étaient nus, et ayant cousu des feuilles de figuier, ils s'en firent des ceintures. Alors ils entendirent la voix de l'Éternel Dieu, qui parcourait le jardin vers le soir, et l'homme et sa femme se cachèrent loin de la face de l'Éternel Dieu, au milieu des arbres du jardin. Mais l'Éternel Dieu appela l'homme, et lui dit: Où es-tu?" etc.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
Vitraux (Pierre Gaudin 1960) de la nef de l'église Saint-Nicolas de Saint-Leu d'Esserent. Cliché lavieb-aile 2025.
LIENS.
— ARCHIVES DE L'ATELIER GAUDIN : Archives nationales du monde du travail, Roubaix :
En Bretagne, la mode du décor des plafonds lambrissés peints date de la période médiévale (Barral I Altet), comme à Merléac, à Chatelaudren à la fin du XVe siècle, et se poursuit ensuite à la chapelle Saint-Gonéry de Plougrescrant au début du XVIe siècle ou à Douarnenez au milieu du XVIIe siècle et à Saint-Divy. Sous le lambris peint de la chapelle Notre-Dame des Carmes de Neuillac, datant du XVIIIe siècle, a été découvert un lambris du XVe siècle.
Pour la période moderne, 39 lambris ont été inventoriés en Bretagne, dont 17 en Morbihan, 15 en Finistère, 5 en Côtes d'Armor et 2 en Ille-et-Vilaine.
La grande surface disponible des charpentes est particulièrement apte à recevoir des cycles narratifs liès à l'Enfance ou à la Passion du Christ, à la Vie de la Vierge, mais aussi aux scènes de la vie du saint ou de la sainte qui patronne le sanctuaire.
L'église Saint-Cornély et ses lambris.
L'église Saint-Cornély a été édifiée en 1639 (tour occidentale), 1659 (sacristie), 1669 (transept nord pour la confrérie du Saint-Sacrement), et 1685 (vaisseau sud pour la confrérie du Rosaire, et porche sud). Le porche nord ne fut érigé qu'à la veille de la Révolution. Elle renferme un buste-reliquaire du saint patron, dont des reliques se trouvent également à Saint-Avé et à la chapelle Saint-Guénolé de Locunolé.
L'église Saint-Cornély de Carnac est divisée en trois vaisseaux parallèles, c'est à dire deux bas-côtés ou "chapelles" — du Saint Sacrement au nord et du Rosaire au sud— et un vaisseau central où la nef est séparée du chœur depuis 1806 par une grille en fer forgé.
Les charpentes de ces trois vaisseaux sont lambrissés, et ces lambris sont entièrement peints, entre 1690 et 1732.
Je n'ai pas eu accès aux descriptions détaillées de ces ensembles de peinture, telles qu'on doit les trouver dans le mémoire de master d'histoire de l'art rédigé en 2021 par Valentine Guillevic pour l'Université de Nantes, ou dans le mémoire rédigé par Guylaine Le Kernec en 1986.
Maud Hamoury, qui donne de précieux renseignements sur ces lambris dans son ouvrage La peinture religieuse en Bretagne aux XVII et XVIIIe siècles, cite l' inscription indiquant "Ce lambris a este peint du tant de G.D :M :Remond Dugeurn Le Gril recteur de Carnac et Ian Le Gril procureur de Corneille ; 1731."
Je découvre que Raymond-Toussaint Le Gril, de la paroisse de Saint-Pierre et recteur de Lesbin-Pontscorff, fut pourvu par l'Évêque le 7 septembre 1713. Le Gril se fit de nouveau conférer Carnac par le Souverain Pontife, le 6 septembre 1717. A l'âge de 48 ans, il mourut le 13 mars 1732 et fut inhumé le 15 au cimetière. (Abbé Luco, Bulletin de la Société polymathique du Morbihan année 1877 p. 131 à 136)
Les peintres
Maud Hamoury apporte beaucoup de précisions sur les peintres désignés pour ces lambris, et leurs rétributions.
-Joseph Galmay de Moleon (Crédin, 1692-apr. 1751)
Il réalisa de nombreux travaux pour la paroisse de Carnac dès 1725 pour la peinture et la dorure de statues, la peinture de la croix de la tour, et, le 2 février 1727, il signe un marché avec le procureur de l'église de Carnac pour "faire huit tableau dans le lambris du chœur de saint corneil et qui viendront jusqu'au second pilier avec une suite d’architecture pour ornement". Il est payé 500 livres (quittance du 3 novembre 1727)
Il travailla aussi à Brandérion, à Elven, ou à Baud, et M. Hamoury lui attribue le lambris de la chapelle Saint-Adrien de Saint-Barthélémy, consacré au Martyre de Saint Adrien.
-Jean-Baptiste Le Corre, dit sieur Dupont (Pontivy, vers 1670-Pontivy, 1740).
Fils du peintre, doreur et sculpteur, Louis Le Corre, sieur Dupont , peintre de Pontivy, il entra en 1689 en apprentissage pour 4 ans à Rennes puis revint à Pontivy où il se maria en 1695. En 1706, il réalisa le lambris de la chapelle Sainte-Tréphine de Pontivy, en neuf tableaux.
En 1716, il peint le lambris de la chapelle Notre-Dame du Crénénan de Ploerdut, et en 1724 celui de l'église de Bodéo.
En 1731, il peint pour 400 livres les 3 scènes de la Passion du porche de l'église de Carnac. Il doit aussi parachever le lambris de la vie de saint Corneille commencé par Joseph Galmay.
Le 25 octobre, 1731, il reçoit 500 livres pour la peinture du lambris du Rosaire ( j'en déduis, vu la somme : celui du bas-côté sud).
Son fils Martin Le Corre, sieur Dupont, né à Pontivy en 1699, l'aide dans ces travaux en 1731.
Selon Maud Hamoury, Jean-Baptiste le Corre s'est inspiré du peintre flamand Johannes Sadeler pour la Cène des lambris nord de Saint-Cornély.
Sources.
Saint Corneille, Cornelius en latin, ou Cornély, pape de 251 à 253, est vénéré en Morbihan et notamment à Carnac où on l'invoque comme patron des bêtes à cornes, particulièrement lors du pardon du deuxième dimanche de septembre.
Si des Vies de saint Corneille ont été imprimées par exemple en 1699 ( Louis-Sébastien Le Nain de Tillemont, Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique, Volume 3,Partie 3), ou en 1719 par F. Giry (Vie des saints) je n'ai pu retrouver quelles sources scripturaires ont été fournies aux peintres, précisant les miracles attribués au saint. Les épisodes de son martyre sont décrites dans la Légende dorée de Jacques de Voragine (18 septembre).
Seul un tableau du chœur montre saint Corneille face à des bovins.
Description.
Plan général :
Vaisseau nord, ou chapelle du Saint-Sacrement : enfance du Christ ; discours du pain de Vie ( Le Corre 1731). Chapelle des Fonts (Le Botherelle 1690)
Vaisseau central : Vie de saint Corneille (Galmay 1727-Le Corre 1731)
Vaisseau sud ou chapelle du Rosaire /autel de saint Jean-Baptiste et autel du Rosaire : Scènes de la vie de saint Jean-Baptiste. Les mystères du Rosaire. (Le Corre 1731)
Porche sud : 3 scènes de la Passion (Le Corre 1731)
Plan du vaisseau central :
I. Dans la nef, de l'ouest vers l'est : six tableaux (les miracles de saint Cornély)
Du côté sud
1.Saint Corneille sauvant un navire d'un naufrage.
2.Saint Corneille guérit un homme paralytique.
3.Saint Corneille par ses prières et ses bénédictions, sauve la fille d'un sénateur romain.
Du côté nord :
4.Saint Corneille délivre une fille possédée du démon.
5.Saint Corneille prêche à plusieurs nations.
6.Saint Corneille donnant le baptême à un païen.
II. Devant le chœur : de l'ouest vers l'est : six tableaux (Vie de saint Cornély ; son martyre).
Du côté sud :
7.Saint Corneille face à un roi assis
8.Saint Corneille bénissant des bœufs et des hommes.
9. Saint Corneille en pape devant un moine et d'autres hommes
Du côté nord :
10.Saint Corneille prêchant à un roi assis sur son trône devant un moine
11.Saint Corneille agressé par une troupe.
12.Le martyre de saint Corneille
Note : la numérotation est de moi, à valeur auto-réferencielle. Les titres sont de moi, sauf pour les titres inscrits dans des cartouches en 1, 2 , 4, 5.
I. Dans la nef de l'ouest vers l'est : six tableaux (les miracles).
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
1. Saint Corneille sauvant un navire d'un naufrage. Jean-Baptiste Le Corre 1731.
Le saint, coiffé d'un bonnet rouge fourré, et vêtu d'un camail rouge au dessus d'un surplis et d'une soutane, bénit un navire — un trois-mâts à hunier en train de luttre contre une mer agitée. Derrière lui, un prélat porte une calotte rouge et un rabat blanc.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
2. Saint Corneille guérit un homme paralytique. Jean-Baptiste Le Corre 1731.
Le saint porte les attributs papaux (tiare, férule crucifère, chape verte sur surplis et soutane, mules rouges) et bénit le malade qui, presque nu, est soutenu par une femme. Un rideau rouge est rabattu sur un arrière plan de palais.
Pour Maud Hamoury (p. 224), le peintre s'est inspiré d'une gravure éditée par Audran d'après le tableau de Saint Charles Borromée guérissant les lépreux [administrant la communion aux pestiférés de Milan] de Pierre Mignard.
Pierre Mignard , 1650, Saint Charles Borromée administrant la communion aux pestiférés de Milan, Musée Narbonne.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
3. Saint Corneille par ses prières et ses bénédictions, guérit de sa paralysie Sallustia, femme de Céréalis . Jean-Baptiste Le Corre 1731.
"Avant cette exécution [de Corneille], Céréalis, qui le gardait, le pria de passer par sa maison pour voir Salustie, sa femme, qui était paralytique depuis quinze ans. Corneille y étant entré, se mit en prières pour elle; après quoi il lui dit avec une foi vive: « Au nom de Jésus-Christ de Nazareth, levez-vous et soutenez-vous sur vos pieds ». Et, à l'heure même, elle se leva en pleine santé, criant à haute voix : « Jésus-Christ est le vrai Dieu et le vrai fils de Dieu ». Paul Guérin, Petits Bollandistes.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
4. Saint Corneille délivre une fille possédée du démon. Jean-Baptiste Le Corre 1731.
Le pape, portant ici l'étole et le goupillon propors aux exorcismes, asperge la femme qui est soutenue par un couple. Le démon est expulsé dans la vapeur du souffle de la possédée, il est représenté sous la forme de deux diablotins noirs .
Pour Maud Hamoury (p. 224), le peintre a pu s'inspirer d'une gravure montrant l'évanouissement d'Esther face à Assuerus.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
5. Saint Corneille prêche à plusieurs nations. Jean-Baptiste Le Corre 1731.
Pour Maud Hamoury (p. 224), le peintre a pu s'inspirer d'une gravure d'Etienne Gantrel montrant Saint François-Xavier.
Étienne Gantrel, La prédication de saint François-Xavier (BNF, Cabinet des Estampes)
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
6. Saint Corneille donnant le baptême à un membre de la famille de Cerealis devant ce dernier et sa femme Salluste, qui viennent eux-mêmes d'être baptisés.
"Le Pape lui administra [à Cerealis] le baptême et à toute sa famille, ainsi qu'aux soldats de Céréalis, qui se convertirent à la vue d'un si grand miracle. Ces conversions irritèrent de nouveau l'empereur, qui fit conduire ces néophytes avec Corneille au temple de Mars, pour y sacrifier aux idoles. Mais ces généreux serviteurs du vrai Dieu ayant craché contre les statues au lieu de les adorer, ils furent aussitôt décapités. La nuit suivante, la bienheureuse. Lucine, avec quelques ecclésiastiques de Rome, enlevèrent leurs corps et les ensevelirent dans une crypte de son prædium, dépendante du cimetière de Calliste, sur la voie Appienne." Paul Guérin, Petit Bollandiste
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
I. Dans le chœur (après la grille) de l'ouest vers l'est : six tableaux (le martyre).
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
Du côté sud :
7. L'empereur Décius ordonne de conduite Corneille au Temple de Mars pour le sacrifier aux idoles. Joseph Galmay 1727-v.1730.
Pour Maud Hamoury, Joseph Galmay a utilisé ici comme modèle une gravure de Guillaume Vallet représentant Saint-Jean-Baptiste devant Hérode. Le Musée d'art et d'hisoire de Genève précise que cette gravure tire elle-même son modèle d'un travail de Charles Le Brun.
Saint Jean-Baptiste devant Hérode, Guillaume Vallet (1634 - 1704),MAH Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
8. Saint Corneille bénissant des bœufs et des hommes rassemblés. Joseph Galmay 1727-v.1730.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
9. Le pape Corneille devant un moine et d'autres hommes. Joseph Galmay 1727-v.1730.
Du côté nord
10. Corneille confronté à l'empereur. Joseph Galmay 1727-17--
"Le martyre de saint Corneille sous les empereurs Gallus et Volusien.
Lorsque saint Corneille eut ainsi remporté la victoire sur les schismatiques, il s'éleva contre l'Eglise une autre persécution bien plus cruelle que la précédente, qui fut allumée par les empereurs Gallus et Volusien. Il en parle en ces termes dans sa lettre à Lupicin, évêque de Vienne : « Vous saurez que l'arche du Seigneur est fort agitée par le vent de la persécution, et que les chrétiens sont tourmentés de tous côtés par des supplices inouïs auxquels les empereurs les condamnent. Il y a, dans Rome, un lieutenant expressément établi pour les faire périr. Nous ne pouvons plus célébrer les divins Mystères ni publiquement, ni dans les caves qui ne sont pas tout à fait secrètes. Plusieurs ont déjà été couronnés du martyre. Priez Dieu qu'il nous fasse la grâce d'achever fidèlement notre course, qui ne durera plus guère, selon la révélation que nous en avons eue. Saluez en notre nom tous ceux qui nous aiment en Jésus-Christ».
Il fut d'abord relégué à Centumcelles, aujourd'hui Civita-Vecchia; mais comme il n'avait plus de patrie sur la terre, il ne regarda point cet éloignement comme un exil. De ce lieu il écrivit plusieurs lettres à saint Cyprien, qui lui fit aussi de belles réponses; il lui donna de grands éloges pour le zèle et la fermeté qu'il faisait paraître à défendre la foi, à encourager les fidèles et à soutenir généreusement les intérêts de l'Eglise. Mais, ce pieux commerce de lettres ayant été découvert par Dèce, que l'on informa d'ailleurs des visites que les chrétiens rendaient souvent à leur saint pasteur, il le fit venir à Rome."
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
11. Saint Corneille frappé par les soldats de l'empereur par une troupe. Joseph Galmay 1727-17--
"il le fit venir à Rome, et, après lui avoir reproché, par une calomnie ordinaire aux tyrans, qu'il avait des intrigues avec les ennemis de l'Etat, et qu'il leur écrivait contre son service, il lui proposa de deux choses l'une: ou de sacrifier aux dieux de l'empire ou de s'attendre à perdre la vie. Corneille s'étant moqué de ces menaces, il lui fit frapper la bouche avec des cordes plombées, puis l'envoya au temple de Mars avec ordre s'il refusait de sacrifier aux idoles, de lui trancher la tête. " (Petits Bollandistes)
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
12. Le martyre de saint Corneille par décapitation. Joseph Galmay 1727-v.1730.
"Le pape Adrien Ier mit depuis les reliques de saint Corneille dans l'église qu'il fit bâtir sous son invocation. A l'instance de Charles le Chauve, empereur et roi de France, le corps de saint Corneille a été transféré et apporté dans la ville de Compiègne, et déposé dans une célèbre abbaye que ce prince y avait fait bâtir en l'honneur de la sainte Vierge et des saints martyrs Corneille et Cyprien. En 1852, on retrouva à Rome, sur la voie Appienne, dans la catacombe de Calliste, exactement au lieu où il avait été enseveli, le tombeau de saint Corneille. Aujourd'hui ses reliques reposent dans l'église de Saint-Jacques, de Compiègne."
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
LE DÉCOR.
Les scènes sont séparées par des fenêtres en trompe-l'œil (à pilastres , balustrades et guirlandes), où des angelots écartent un rideau , jouent de la lyre ou de la flûte de pan, à moins que des chérubins n'apparaissent dans des nuées.
Après les quatre premiers tableaux (1, 2, 4 & 5), les fausses fenêtres sont encadrées de supports anthropomorphes (hommes et femmes canophores) dont la base est peinte en marbre feint de couleur.
Au centre, et séparant les deux séquences de tableaux, une fausse architecture associe des pots-à-feux et des corbeilles pour mieux montrer le ciel parsemé d'étoiles et de nuages. Puis, plus à l'est, ce ciel n'est visible qu'à l'intérieur de médaillons au dessus de rubans à mascarons.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
SOURCES ET LIENS.
—BARRAL Y ALTET (Javier), 1987, Décor peint et iconographie des voûtes lambrissées de la fin du Moyen-Âge en Bretagne, Académie des inscriptions et belles-lettres.
— GUILLEVIC ( Valentine), 2021. Étude des lambris peints de l'église Saint-Cornély, Carnac. Sous la direction d'Emmanuel Lamouche, Master 2 : Histoire de l'art, Université de Nantes, 2021. Non consulté.
— HAMOURY (Maud), 2010, La peinture religieuse en Bretagne aux XVIIe et XVIIIe siècles; Presses Universitaires de Rennes pages 176 et suiv., 208, 396, 461 et 509-510-511.
HAMON (Françoise), 1986 « L’église Saint-Cornély de Carnac », Congrès archéologique de France, Paris, Société française d’archéologie, 1986.
LE GUENEDAL (abbé) 1913, Notice sur l’église de Carnac (Morbihan) : Patron Saint-Cornély, Hennebont, Normand, 1913.
LE KERNEC (Guylaine), 1986, Les lambris peints de l’église Saint-Cornély Carnac, Etude sur la peinture monumentale dans le Morbihan, 1986, mémoire de maîtrise sous la direction de Monsieur Xavier Barral I Altet.
Jacques de Voragine, La légende dorée, traduit par Teodor de Wyzewa, Paris, 1910.
Située, comme son nom l'indique, dans un paisible vallon dont le ruisseau se jette dans l'Aber Wrac'h après avoir alimenté des moulins, Notre-Dame du Val, en breton Chapel an Traoñ, dépendait du manoir de Ranorgat : voir la carte de Cassini, de la fin du XVIIIe siècle.
Carte de Cassini, fin XVIIIe s.Carte IGN
La chapelle actuelle dépendait à sa construction de la famille Le Moyne, propriétaire du manoir de Rannorgat, famille qui y a apposé ses armoiries — celles de Tanguy Le Moyne de Rannorgat et de son épouse Leveneze de Kermenou —entre 1537 et 1560 (M. Faujour), et bien qu'on lise la date de 1572 sur la porte à fronton de la longère nord, la construction serait donc plus précoce . À l'intérieur, une statue porte la date de 1527 avec le nom de son donateur, le prêtre François Jézégou.
Elle est d'architecture harmonieuse avec son clocheton à deux chambres de cloches, son fronton Renaissance de la porte latérale et ses crossettes en forme de lion et de chien. Au sud, la fontaine votive alimente un bassin de dévotion, un lavoir et un poull-lin, "trou à rouir le lin".
La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
Cartel de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
LE CALVAIRE : SON SOUBASSEMENT.
Croquis Y.P. Castel 1980.
Au nord, sous les frondaisons du placître, le calvaire se découvre, avec son soubassement à cinq degrés circulaires en granite.
Les quatre premiers degrés (dont le premier est enterré dans sa moitié nord) sont faits de blocs en portion de cercles, tandis que le dernier est monolithique et chanfreiné. C'est ce bloc qui porte l'inscription [équerre] IO.TOINAS [marteau] : H : CONCI : LAN MIL CINQ CANS XI, affirmant sa datation en 1511.
Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
Le soubassement (granite) du calvaire de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
Le soubassement (granite) du calvaire de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
Le soubassement (granite) du calvaire de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
Le soubassement (granite) du calvaire de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
Mais cette date (si on en accepte la validité malgré la difficulté de lecture) est-elle celle du socle en granite (une belle performance), ou bien celle de l'ensemble du calvaire avec ses personnages en kersanton ?
Lisons la description d'E. Le Seac'h :
La description d'Emmanuelle Le Seac'h :
"L'introduction du vocabulaire décoratif classique (1511-1542).
"Le rôle pionnier de IO. Toinas et de H. Conci (1511)
"Io. Toinas et H. Conci seraient les sculpteurs du calvaire de la chapelle Notre-Dame du Traon en Plouguerneau dans le diocèse du Léon. L'inscription avec leur nom est figurée sur le socle en granite : [équerre] IO.TOINAS [marteau] : H : CONCI : LAN MIL CINQ CANS XI. (R. Couffon n'a lu en 1988, ou n'a cité, que la date LAN MIL CINQ CANS XI).
Quant aux initiales « IO », doit-on les lire comme l'abréviation de Joseph ou de Jean (Johannes en latin). Les deux noms ne sont pas d'origine bretonne mais peut-être italienne.
Le Dictionnaire des artistes de Castel, Daniel et Thomas les cite comme sculpteur pour Io Toinas, et sculpteur avec un point d'interrogation pour H. Conci.
La tête de croix en kersanton est-elle de la même époque que le socle ? On ne peut le dire. En tous les cas, le registre des sculpteurs introduit le vocabulaire ornemental de la Renaissance dans la sculpture bretonne. Les lettres romaines pour l'inscription signée, le fleuron-boule pour la branche horizontale de la croix du Christ et les moulures simples du nœud et du croisillon qui porte les statues de la Vierge et de Jean sont des éléments significatifs de l'entrée dans ce nouvel art en Basse-Bretagne que l'on peut donc dater d'au moins 1511.
Remarques
1. Aujourd'hui (et sans doute hier), l'inscription est de relevé difficile. Portée en lettres romaines en retrait sur une seule ligne dans un cartouche, elle fait presque le tour de la pierre ronde du degré supérieur du socle. Il s'agit, pour Y.P. Castel, de la première inscription en lettres romaines sur l'ensemble des croix et calvaires du Finistère. Elle semble avoir été relevée pour la première fois par Castel en 1980, et Couffon ne la relève pas dans son Répertoire de 1959 p.310. Louis Le Guennec mentionne la date de 1511.
2. L'inscription datée et signée est portée sur un socle en granite, alors que le travail de sculpture ornementale et figurative est en kersanton. IO Toinas et H. Conci sont-ils seulement les auteurs du socle , comme tailleurs de pierre ?
3. L'équerre et le marteau sont-ils des marques ou emblèmes propres aux tailleurs de pierre (carriers, tacherons) ou bien des marques de sculpteurs ? Et d'ailleurs, la distinction entre ces professions a-t-elle du sens ? On trouve ces outils gravés avec une inscription IA MAZE sur le socle d'une statue de saint Jacques du porche (XVIIe) de l'église Saint-Neventer à Plounéventer. On trouve l'équerre, le marteau et un outil de taille sur une inscription de Telgruc H. GOVRMELEN 1584. L'inscription de la base de la croix du cimetière du Faou datée de 1526, porte une marque ésotérique (de tailleur de pierre?), mais aussi une doloire.
4. E. Le Seac'h pose le problème de l'attribution, et reste prudente : "La tête de croix en kersanton est-elle de la même époque que le socle ? On ne peut le dire." ou bien "IO. Toinas et H. Conci seraient les sculpteurs.." et dans sa description du calvaire proprement dit et des trois larmes de Marie et de Jean elle écrit "Les sculpteurs introduisent un signe distinctif qui permettra plus tard de reconnaître le style de Bastien et Henry Prigent.". Effectivement, dans sa présentation de l'atelier des Prigent (1527-1577), elle fait de ces trois larmes, parmi d'autres traits stylistiques, une vraie marque d'atelier (p. 140 : "le trait commun aux deux Prigent se repère à un détail qui devient leur signe distinctif : trois larmes en relief roulent sur les joues de leurs vierges éplorées au calvaire (et de Jean, qui peut leur être associé), leur Vierge de pitié et leurs Marie-Madeleine".
5. On note que Henri Pérennès date, sans se justifier, ce calvaire de 1550.
Au total, on peut être tenté de voir dans ce calvaire une œuvre composite, avec un soubassement de 1511 par les tailleurs de granite IO Toinas et H. Conci, et un calvaire sculpté en kersanton par l'atelier de Bastien et Henri Prigent , postérieur à 1527 (première date de leur catalogue raisonné) et alors, contemporain des premières réalisations sur la chapelle elle-même.
Seul argument contraire : les blasons du croisillon, aux armes mi-parti d'un couple Olivier Le Moyne/Typhaine Coëtivy, couple attesté selon Potier de Courcy ... en 1503. Cette affirmation est-elle fondée ? Je n'ai pu la confirmer.
LE CALVAIRE PROPREMENT DIT.
Au dessus du soubassement est dressé un fût rond sur une base rectangulaire, en granite, portant des écots rappellant les rapports entre la Croix et l'Arbre. Puis vient la partie en kersanton . D'abord le croisillon avec son nœud évasé, sa moulure, ses écusson à chaque extrémité et ses quatre supports ; deux supports latéraux portant les statues de la Vierge et de saint Jean, une base évasée portant le crucifix et un support demi-circulaire portant la Vierge de Pitié (on lit encore "pietà"). Le Crucifié est porté par une croix à branches rondes et à fleurons-boules aux extrémité, avec un titulus en lettres fleuronnées, le tout étant monolithique.
Cliché Marc Faujour ARMMA
La description d'Emmanuelle Le Seac'h :
"La Crucifixion de Toinas et Conci marque aussi le début de la stylisation de la souffrance des personnages. La Vierge et Jean ont des joues baignées de larmes, trois sur chaque pommette. Les sculpteurs introduisent un signe distinctif qui permettra plus tard de reconnaître le style de Bastien et Henry Prigent. Les seuls détails plus médiévaux sont les pieds du Christ cloués en rotation interne et les lettres fleuronnées du titulus. Le reste du style est sobre. Les yeux des personnages sont en forme de bogue de noix, très ronds et clos. "(E. Le Seac'h p. 20 et 257)
Note : les yeux "en bogue" ou en pruneau fendu se remarquent aussi sur les personnages du calvaire du Grouanec.
Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
Le Christ en croix.
"Le Christ, qui a la tête légèrement penchée sur sa droite porte une couronne tressée. Les bras en Y, le visage impassible, il porte une barbe bien peignée en mèches. " (E. Le Seac'h)
On remarque aussi les cheveux décollés des épaules, le pagne noué du côté gauche, les côtes horizontales du thorax, et l'abdomen dilaté projeté en avant. Ou les lettres su titulus, au fût perlé.
Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
La Vierge et Jean éplorés.
"La Vierge, les bras croisés sur la poitrine, est vêtue d'une longue robe et d'un voile qui recouvre les cheveux et cache ses oreilles et d'une guimpe. Jean, la main droite posée sur la poitrine, penche la tête du côté du Christ. Il est vêtu à la romaine, d'une aube longue et d'un manteau." (E. Le Seac'h)
Les trois larmes sous chaque paupière inférieure sont bien présentes, même si mes clichés, dépendants de l'éclairage du moment, peinent à en rendre compte. Ce sont typiquement les larmes de l'atelier Prigent débutant par un fin filet et se dilatant en une goutte terminale, tels qu'on les retrouve sur leurs calvaires et leurs déplorations.
— Voir d'autres œuvres de Bastien ou Henry Prigent:
Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
La Vierge de Pitié... et ses larmes.
"À l'arrière, une pietà à deux personnages est posée sur une console." (E. Le Seac'h)
Comme c'est très majoritairement le cas dans les Vierges de Pitié de Basse-Bretagne (et de la demi-douzaine provenant de l'atelier Prigent), la Viere est assise, enveloppée dans un manteau-voile qui l'englobe dans une forme triangulaire, et elle tient sur ses genoux son fils, au corps presque horizontale, dont elle soutient le thorax de la main droite. Le bras droit du Christ est vertical puis oblique, pendant, tandis que le bras gauche est horizontal et soutenu par la Mère. Le pied droit est tourné de façon peu anatomique, peut-être pour montrer la plaie du clou.
Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
Les trois larmes.
Elles sont bien visibles.
Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
Les deux blasons : Le Moyne de Ranorgat et Coëtivy.
"Les blasons placés aux extrémités du croisillon portent les armes des Le Moyne de Ranvlouc'h avec trois coquilles et un croissant de lune du côté de la Vierge et, du côté de Jean, l'écusson mi-parti des Le Moyne et mi-parti des Kergadiou représenté par trois fasces. Il doit s'agir des commanditaires de l'œuvre." (E. Le Seac'h)
E. Le Seac'h reprennait ici les identifications de blasons proposées par L. Le Guennec repris par Y. P. Castel en 1980, mais Marc Faujour s'est livré à une analyse précise et y voit les armes des Le Moyne de Ranorgat et celles, mi-parti des Le Moyne et des Coëtivy. Malgré l'absence de couleurs, nous reconnaissons dans le blason près de la Vierge les trois coquilles et le croissant ( Le Moyne de Rannorgat : d'argent au croissant accompagné de trois coquilles, à la bordure, le tout de gueules ), et du côté de Jean, l'alliance de ces armes se fait avec un fascé de six pièces, armes des Coëtivy qui sont un fascé d'or et de sable de six pièces.
Au contraire, les armes de Kergadiou (famille qui héritera du titre de seigneur de Ranorgat ) sont d'or à trois fasces ondées, [et non rectilignes] d'azurau franc-canton d’hermines.
"Les armes d'Olivier Le Moyne, sieur de Ranorgat, juveigneur de la maison Trévigny, en Plounéour, et des armes de Tiphaine de Coëtivy, sa compagne en 1503. De ce mariage naquit Marie Le Moine qui porta par mariage la seigneurie de Ranorgat dans la maison de Kergadiou"
Les armes des Le Moyne, des deux côtés, sont affectées d'une bordure, signe de juveigneurie des Le Moyne de Rannorgat par rapport au lignage des Le Moyne de Trévigny.
N.b La forme du nom peut être Le Moyne, Le Moine, ou Le Manac'h.
A la montre de l'évêché de Léon reçue à Lesneven le 25 septembre 1503, est mentionné Olivier le Moyne, seigneur de Rannorgat, représenté par Olivier Kergadiou.
N.B
Olivier Le Moyne, seigneur de Trévigny, capitaine de Lesneven, tint une Montre et revue devant Jehan du Juch le 1 janvier 1378 avec 32 compagnon, dont Yvon Le Moyne, Guillaume Le Moyne, Richard le Moyne, Prigent de Coëtivy. Selon les généalogistes de Geneanet, il était né vers 1340 et il épousa une Tiphaine de Coëtivy (v.1340-1398).
Le blason mi-parti ne correspond pas aux armes de Tanguy Le Moyne et de son épouse Leveneze de Kermenou, couple dont le blason a été identifié par Marc Faujour, porté par un gentilhomme barbu à l'extérieur de la chapelle Notre-Dame du Val (cf. infra).
Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
DISCUSSION.
Si on cherche à attribuer le calvaire, dans sa partie en kersanton, à un atelier de sculpture sur pierre de Basse-Bretagne, sur les seuls critères stylistiques, la réponse est vite trouvée, c'est un travail de l'atelier des Prigent.
Trois statues de kersanton de l'intérieur de la chapelle du Traon ont été attribuées à cet atelier par E. Le Seac'h dans son catalogue raisonné (p. 331):
-celle de saint They en abbé, dans l'enfeu sud, portant une inscription gothique sur le socle orné d'un calice : V:M:F. IEZEGOU/ P.A FAICT FAIRE ICELLE . YMAGE. LAN. MVCXXVII, soit "Vénérable messire François Jézégou prêtre a fait faire cette image l'an 1527. C'est là la sculpture datée la plus précoce de l'atelier. (H. Pérennès avait lu la date de 1526).
Saint They, kersanton. Atelier Prigent. Cliché E. Le Seac'h CD n° 516.
-celle de sainte Suzanne qui porte les armes pleines des Le Moyne de Rannorgat. Voir les deux clichés de Marc Faujour. Je remarque le bandeau plissé rétro-occipital, si fréquemment repris par cet atelier. [Les Prigent ont sculpté aussi une sainte Suzanne pour le porche sud de Pencran avec l'inscription S. SUSSANNA: ORA. Elle tient aussi un livre et un rouleau de manuscrit, mais elle porte un voile sur la tête, et l'exécution est plus fine : elle date de 1553.]
Chapelle N.-D. du Val, Plouguerneau, sainte Suzanne kersanton polychrome, Atelier Prigent, Cliché Le Seac'h C.D N° 503.
-celle d'un saint moine agenouillé , mur sud.
Saint moine agenouillé, kersanton. Atelier Prigent. Cliché Le Seac'h C.D. 518.
Donc, l'intervention des Prigent en la chapelle Notre-Dame du Val est attestée, avec au moins une date, celle de 1527.
Affirmer que le calvaire est dû aux ciseaux des Prigent, disons entre 1527 et 1550, est cohérent avec cette intervention, mais il faut admettre alors que la date de 1511 du socle ne se rapporte pas au calvaire proprement dit. Enfin, les données héraldiques restent embarrassantes si on valide les affirmations de Pol de Courcy les attribuant à une Tiphaine de Coétivy vivant en 1503 avec un Olivier Le Moyne ; mais ce couple vivait peut-être encore en 1527 ?
COMPLÉMENT : ÉLÉMENTS SCULPTÉS DE LA CHAPELLE.
1. Les 2 crossettes figurées portant des écus.
a) Homme barbu allongé présentant les armes mi-parti Le Moyne de Rannorgat/Kermenou. Angle sud-ouest. Kersanton, après 1537 ?
L'homme porte la tenue à tunique courte et chausses d'un écuyer, et adopte la posture de "chevalier servant", un genou fléchi. Ses cheveux sont mi-longs, sa barbe peignée est soignée. Il ne porte pas (à la différence d'autres exemples similaires) d'épée au côté. La tunique est plissée, à plis épais sur les manches.
Il tient contre sa poitrine un écu mi-parti que Marc Faujour a su attribuer au couple Tanguy Le Moyne de Rannorgat / Leneveze de Kermenou , soit au 1 : d'(argent) au croissant accompagné de trois coquilles, à la bordure, le tout de (gueules) (Le Moyne de Rannorgat) ; au 2 : d'(or) à trois fasces ondées d'(azur) (Kermenou).
"Tanguy, qui avait hérité de son père en octobre 1537, décéda sans hoir vers 1560 (AD Finistère, 34 J 55 ; AD Loire Atlantique, B 1706). Après sa mort, la seigneurie de Rannorgat échut à son cousin Hamon de Kergadiou, fils d’Olivier de Kergadiou et d’Anne Le Moyne de Rannorgat, dont la famille blasonnait d’un fascé-ondé de six pièces ou trois fasces ondées, au franc-canton d’hermines. " (M. Faujour)
La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
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b) Lion présentant les armes pleines des Le Moyne de Rannorgat. Angle nord-ouest. Kersanton, XVIe siècle.
La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
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2. Les 2 crossettes du clocheton .
La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
a. Un chien (sans collier) ou un renard, à queue enroulée à l'arrière. Kersanton.
La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
b. Un lion. Kersanton.
La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
2. LES PORTES.
a) La porte sud.
Cette porte rectangulaire est surmonté d'un fronton triangulaire portant la date de 1758 et , en dessous, l'inscription Mr.A:L:HAMON C pour "Messire A.L. Hamon, curé" centrée autour d'un calice.
Ce curé est mentionné à Plouguerneau entre 1754 et 1776.
Au sommet du fronton a été scellée en réemploi une tête d'homme barbu (XVIe ou XVIIe), probablement une tête de Christ portant une couronne d'épines.
La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
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b) La porte nord.
Du côté nord, H. Pérennès a pu lire sur le linteau de la porte la date de 1572 à côté d'un calice.
Pour Marc Faujour, "le fronton de la porte au nord est daté de 1572, mais paraît avoir été rapporté après coup. "
La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
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L'ARC TRIOMPHAL DONNANT L'ACCÈS AU NORD DE L'ENCLOS.
La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
a) La date de 1758 (ou 1738) accompagnée d'un calice inscrit dans un blason.
Les auteurs (H. Pérennès) ont lu la date de 1738. Ma lecture rapproche cette inscription de celle de la porte sud, elle aussi accompagnée d'un calice : son commanditaire serait alors également le curé A. L. Hamon.
Si on adopte la leçon de Pérennès, le curé en exercice entre 1734 et 1767 était Hervé Guiavarch.
La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
b) Un personnage tenant un chapeau à larges bords, dans le mur de l'arc (réemploi). Kersanton, XVIe siècle.
Ce personnage, dont il manque la tête, tient un chapeau évoquant un galero cardinalice avec au moins une houppe visible à l'extrémité d'un cordon (j'ai aussi pensé à la queue d'un lion...). L'identification est difficile ; saint Jérôme ?
J'écarte l'hypothèse d'un saint Jacques, ou d'un saint pèlerin comme saint Roch : leurs couvre-chefs restent sur leurs têtes.
Cette tenue du chapeau sur la hanche droite correspond plus à une posture d'humilié ou de respect qu'à celle d'un saint personnage.
Il pourrait être attribué à l'atelier Prigent.
Faut-il envisager d'y voir le portrait du cardinal Alain IV de Coëtivy (1407-1474), dont les armes, un fascé de six pièces, sont les mêmes que celles associées en alliance à celles des Le Moyne sur le calvaire de Notre-Dame du Val ? Certes, la statue de ce cardinal figure agenouillé au pied du calvaire de la Basilique du Folgoët (Lesneven), à 14 km de là ; mais son chapeau est rejeté derrière sa nuque. La famille Le Moyne (François et son fils François) avait ses armes sur la maîtresse-vitre de Leneven ; Prigent Le Moyne était capitaine de Lesneven, etc..
Le cardinal de Coëtivy , Kersanton, Atelier du Folgoët (vers 1449). Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
LES DEUX CLOCHES.
La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
a) la cloche la plus ancienne.
Deux médaillons : un crucifix, et un saint évêque.
Inscription sur la faussure : BR---EL A BREST
Suggestion : BRIENS VIEL A BREST ? Elle pourrait dater de la deuxième moitié du XIXe siècle.
"L’accouplement a lieu de mai à août. Le mâle attrape la femelle par le cou grâce à une sorte de pince à l’extrémité de son abdomen. La femelle recourbe son abdomen pour mettre en contact son extrémité avec l’organe copulateur du mâle. Cette posture d’accouplement appelée tandem a la forme d’un cœur et dure en général un quart d'heure.
Le mâle reste lié à la femelle durant la ponte qui a lieu dans l’eau sur une tige de plante aquatique. Le couple descend jusqu'à ce que l'abdomen de la femelle touche l'eau. A raison d'un œuf pondu toutes les 5 secondes, le couple descend doucement le long de la tige et se retrouve au bout de 40 à 50 minutes totalement immergé (parfois jusqu'à 1 m de profondeur). Environ 600 œufs sont insérés dans la tige de la plante choisie, pondus en zig-zag. La ponte terminée, le couple lâche le support et remonte à la surface." DORIS)
La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.
SOURCES ET LIENS.
— CASTEL (Yves-Pascal), 1991,"Essai d'épigraphie appliquée. Dates et inscriptions sur les croix et calvaires du Finistère du XVème au XVIIIème siècle" Ouvrage: Charpiana : mélanges offerts par ses amis à Jacques Charpy.Fédération des Sociétés Savantes de Bretagne, 1991, page 145.
— CASTEL (Yves-Pascal), 1980, "Plouguerneau", atlas n°2104 "Le Traon" Atlas des croix et calvaires du Finistère + 3 clichés
2104. Le Traon, g. k. 4,30 m. 1511 (?). Quatre degrés de plan circulaire, comme le socle: équerre, IO: TOINAS, marteau: H: PONCI: L AN MIL CINQ CANS (sic) XI: Fût rond, écots. Croisillon, moulures, écusson à chaque extrémité: Lemoine et Kergadiou; statues: Vierge, saint Jean, crucifix sur croix à branches rondes, fleurons-boules, titulus en lettres fleuronnées. Vierge de Pitié. [YPC 1980]
Croquis Y.P. Castel 1980. Le relevé du blason mi-parti est erroné.
— COUFFON (René), LE BRAS (Alfred), 1988, « Plouguerneau », Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper et de Léon, Quimper.
"CHAPELLE NOTRE-DAME DU TRAON Ou du Val, sur l'ancienne route de Lannilis. Edifice de plan rectangulaire avec chevet plat.
Dans l'enclos, côté nord, calvaire en kersanton : la Vierge et Jean sur le croisillon, Pietà au revers, et, sur le socle, date : " LAN. MIL. CINQ. CANS. XI. " -
— FAUJOUR (Marc) Plouguerneau, chapelle Notre-Dame du Traon,
"Au nord et dans le voisinage immédiat du sanctuaire de Traon se dresse un calvaire dont le socle est formé de cinq degrés circulaires. Le fût bosselé soutient un groupe en kersanton du Christ crucifié avec à l'avers une piéta. Ce calvaire est daté de 1550."
—POTIER DE COURCY (Pol) 1859, « Itinéraire de Saint-Pol à Brest », Revue de Bretagne et de Vendée, 6, p. 111-132.
L'ensemble de la nef, du chœur et de l'aile nord sont du milieu du XIVe siècle, le porche a été commandité au tout début du XVIe siècle par le seigneurde Boutteville, baron et vicomte de Coaquénan, dont le manoir est situé à moins de 500 m.
L'architecture de l'église.
"L'église au plan en tau, caractéristique de nombreuses chapelles bretonnes, a un chevet plat, avec chœur très légèrement saillant.Les murs de granite sont en pierres de taille, mises à part les portions en moellons irréguliers du bas-côté nord et de la chapelle qui lui fait suite . Cette manière de traiter à moindre frais des parties d'édifice moins voyantes correspond à un usage fort répandu autre fois. La ligne de bancs de pierre du pied du mur sud, du porche et du mur ouest de la chapelle méridionale sont en relation avec des usages communautaires disparus." (Y.P. Castel)
L'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Le porche des Boutteville.
"La facture soignée du porche au dessin sobre et précis, grand gable et contreforts biais, n'a rien d'étonnant vu la qualité des commanditaires, les Boutteville dont l'écu aux cinq fusées de gueules sur champ d'argent timbre les pinacles à l'extérieur et la clef de voûte à l'intérieur.
Baron du Faouët, sieurs de Barégan , les Boutteville sont connus pour avoir été les initiateurs en 1489 de la fameuse chapelle Sainte-Barbe, qui domine l'Ellé, dans leur pays du Faouët. Il y a lieu de penser que les armoiries de notre porche sont celles de Jean, qui, par son mariage avec Alix de Launay, gagna le titre de vicomte de Coëtquénan, fief voisin dont dépendait le Grouanec. Chevalier banneret, Jean Boutteville fut l'un des 468 hommes d'armes qui participèrent au recouvrement du duc Jean V, en 1420 après sa capture par les Penthièvre.
Le porche peut être daté ainsi de la première moitié du XVe siècle |sic]. Et si l'inscription en caractères gothiques, à droite de la façade, n'était aussi usée on aurait sur la date de sa construction quelque utile précision.
On l'a dit, le style de cette édifice est soigné. Les éléments en pierre de kersanton, qui tranchent sur la structure de granite, le rattachent à l'atelier du Folgoët, la Collégiale fondée en 1422 par le duc Jean V.
Archivolte à crochets, pinacles soutenus par des crossettes figurées dont l'une représente un homme renversé [sic, tout témoigne de l'habilité du sculpteur. Mais ne lui appartient pas la tête du Christ posée sur le fleuron, vestige provenant d'un calvaire démoli." (Y.P. Castel)
Proposition généalogique personnelle :
Jean III de Boutteville, écuyer, seigneur du Faouët, décédé en 1463, épousa Aliette de Coëtquenan, vicomtesse de Coëtquénan. En 1420, il prit les armes pour délivrer le duc Jean V, alors prisonnier des Penthiève. En 1427, il fut capturé par les anglais au Mont Saint-Michel. Son fils Jean IV de Boutteville , chevalier, vicomte de Coëtquenan, marié à Marie de Kerimerc'h est le cofondateur de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët . En 1495, la seigneurie du Faouet avait été érigée en baronnie au profit de Jean par la duchesse-reine Anne. De sa femme Marie de Kerimerc'h, épousée en 1463, il eut deux enfants, Catherine, et Louis, vicomte de Coëtquenan, décédé en 1539. Louis de Boutteville épousa le 19 janvier 1498 Jeanne du Chastel. Leur fils Yves épousa Renée de Carné (née en 1515). Leur fille Jeanne, vicomtesse de Coëtquenan se maria avec Yves de Parcevaux, décédé en 1558, puis elle épousa en 1559 Claude de Goulaine (1512-1579) qui reprit le titre de seigneur de Coëtquenan.
Si on considère que ce porche date du début du XVIe siècle, c'est Louis de Boutteville qui est le mieux placé chronologiquement pour en être le commanditaire. Mais les armes de son épouse, fascé d'or et de gueules de six pièces sont absentes au Grouanec. Je note que dans la chapelle Sainte-Barbe du Faouët, sur le vitrail où Louis et Jeanne sont représentés comme donateurs, Louis de Boutteville est présenté par saint Fiacre. Or, c'est à saint Fiacre qu'est dédiée la chapelle sud du Grouanec.
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les crossettes en kersanton.
Ce sont deux "lions de crossettes" typiques des sculpteurs sur pierre bas-bretons du XVe siècle. Cet animal partage avec les dragons la palme des motifs de ces pierres d'amortissement, avant les chiens ou les anges. Leur forme est constamment retrouvée, notamment la gueule montrant les crocs, la crinière contrastant avec un corps glabre, la langue pendante, les pattes velues ou la queue passant sous l'abdomen et faisant retour sur le dos pour y étaler le fouet caractéristique.
L'animal est semblable des deux côtés. La crinière est traitée en trois rangs de mêches bouclées.
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les pinacles gothiques à crochets.
a. Le pinacle du côté est.
Si la forme des deux pinacles est identiqsue, avec crochets, fleuron sommital et gable à la base, les détails sculptés sont différents.
À l'est, un homme renversé occupe le gable à feuilles d'acanthe. La tête (à cheveux courts en couronne) est bien visible, il est difficile de confirmer l'hypothèse qu'il s'agit d'un acrobate réalisant une galipette ou renversement postérieur, bien qu'on puisse deviner qu'il se saississe de sa cheville droite. À notre gauche, un élément à larges franges peut correspondre à une partie de vêtement de saltimbanque.
Au dessus, les armes des Boutteville à cinq fusées sont sculptées sur un blason en bannière.
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Le pinacle ouest.
Les gables sont occupées par un trilobe gothique.
On trouve au dessus les fusées des Boutteville, mais surtout une belle figure héraldique, celle d'un lion rampant.
Si nous passons en revue les alliance des Boutteville depuis le moment où ils sont devenus seigneurs de Coëtquénan, et donc les descendants de Jean III et d'Aliette ou Alix de Coëtquenan, vicomtesse de Coëtquénan — ou les parents de cette dernière—, nous ne trouvons pas de famille ayant un lion rampant dans ses armes :
Kerouzéré (de), baron dudit lieu et sr de Kersauzon, par. de Sibiril, — de Kerroenaouet et de vtenfautet par. de Cléder, — de Trogoff par. de Plouescat, — de Kerandraon et de Keraliou, par. de Plouguerneau, -*- de Kerdrein, — de Kernavallo, — de Kerangoraar, par. de Taule, — de Trévehy et de Tromanoir, par. de Plouenan.
Réf. et montres de 1426 a 1534, elites par., év. de Léon. De pourpre au lion d’argent. Devise : List, list. (Laissez, laissez.)
Eon, président universel de Bretagne en 1390 ; Jean, son fils, échanson du duc Jean V, contribua au siège de Chamteauceaux à la délivrance de ce prince, prisonnier des Penthièvre en 1420, et épousa Constance le Barbu, dame de Trévéhy ; Yvon, conseiller et chambellan du duc François II en 1465 ; Alain, évêque de Léon f 1445.
La montre de l'évêché de Léon à Lesneven en 1481 signale 38 gentilshommes de Plouguerneau, dont en tête Olivier Le Moyne, de la garde du duc, puis, juste après, Vincent Kerouzéré, de 132 #, archer en brigandine, bras couverts, et sous lui Autred Kerasquer, vouger en brigandine et page, puis Yvon Kerouzéré, de 70 #, absent es études, par Derien Kerasquer, vouger en brigandine . Viennent ensuite Yvon Coetivy, et Allain Coetivy, et ensuite Allain an Nobletz, dont le fils Jean obtiendra par contrat de 1514 droits de prééminence dans la chapelle sud du Grouanec.
De même, H. Pérennès cite "une réformation sans date qui doit se situer dans la seconde moitié du XVe siècle", où Vincent Kerouzéré arrive juste après Henri Coatquenan dans la liste des nobles de Plouguerneau, devant Prigent de Coetivy et Ollivier Le Moyne :
Je ne peux que suggérer cette hypothèse, sans la conclure.
L'intérieur du porche.
"À l'intérieur du porche, l'absence de niches pour les statues des apôtres est compensée par la loge à console médiane qui devait abriter quelque sculpture religieuse. Un vaste bénitier à double usage, extérieur et intérieur, est encastré dans le mur de part et d'autre de manière ingénieuse.
Le vantail de la porte à trois panneaux mêle aux serviettes médiévales deux têtes d'angelots du style que Bertoulous sculptait au XVIIe siècle. Le bas-relief représente la Vierge à l'enfant sous le titre de N.D . GROUANEC, réplique de la grande Vierge de kersanton du bras nord.
Signalons dans ce porche une curiosité peu banale. Entre les arcs ogifs en pierre, appuyés sur des culots sculptés de masques, les quartiers de la voûte sont ...en bois. Mais nul ne saura dire si c'est le résultat de l'avortement du propos primitif ou si c'est dû à une destruction accidentelle postérieure de la voûte en pierre, ce qui semble bien peu probable." (Y.P. Castel)
Les armes des Boutteville en clef de voûte.
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les culots sculptés de masques : trois écuyers et une sirène.
Nous n'avons pas affaire à des sculptures en kersanton, qui, avec son grain fin, résiste bien à l'usure, mais à du granite, et même à plusieurs faciès de granite, aussi les clichés sont-ils médiocres et peu aptes à en rendre les sujets. Mais on voit trois têtes de personnages assez semblables, aux cheveux mi-longs et bouclés, et un col bien marqué. Rien ne permet d'y voir des anges, et ce serait plutôt des écuyers, comme ceux qui, dans d'autres porches bretons, saluent le fidèle qui s'apprête à entrer.
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
La sirène à queue bifide.
Une autre sculpture montre ce qui pourrait être un animal vu de dos, mais je propose plutôt d'y voir une sirène, vue de face, à la chevelure longue, et qui maintiendrait avec ses mains les extrémités d'une queue bifide.
Comme sur les chapiteaux romans de Brioude...
Brioude, cliché lavieb-aile.
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
L'ossuaire.
"Au mur occidental s'accroche un ossuaire d'attache bâti après coup, au XVIe siècle. Les cinq pilastres classiques sont dans l'esprit de l'architecte morlaisien Michel Le Borgne, sans qu'on puisse affirmer qu'il en soit véritablement l'auteur."
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
L'inscription de la porte de l'aile nord.
"Si les armoiries des Boutteville n'ont [n'avaient] été, à ce jour, relevées par aucun auteur, l'a été, quoique de manière incomplète [Couffon], l'inscription gravée à l'ombre du fleuron de la porte sur l'aile nord. La voici. LAN:MIL Vc :F : N : NOUEL : F[ABRIQUE] / H : ROUEL.
On sait ainsi qu'en 1500, un certain N. Nouel était ici fabrique. Quant à H. Rouel, non suivi d'initiale, on ne sait quelle est sa qualité exacte, fabrique ou prêtre." (Y.-P. Castel)
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
LE CALVAIRE DE 1505. CIMETIÈRE DU GROUANEC.
Le calvaire de l'enclos du Grouanec occupe désormais le centre du cimetière. Il a été décrit par Yves-Pascal Castel en 1980, et celui-ci l'a daté du XIVe siècle, et, par ses inscriptions, de 1508 (chapiteau) et de 1838 (socle). C'est d'ailleurs une croix, et non pas un calvaire.
Au dessus d'un soubassement de plan octogonal à quatre degrés et d'un socle portant la date de 1838 est posé le fût à pans où Castel a lu l'inscription L AN MIL VCV H O P, en lettres gothiques. Puis, un "chapiteau" évasé en losange porte la croix, monolithique aux bras terminés en fleurons carrés, et couronnée d'un élément à godrons.
La croix du cimetière du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
La face principale.
Elle porte le Christ en croix (kersanton). Hélas, les lichens ont proliféré et dissimulent la majeure partie du visage, des bras et du tronc, ne laissant pas estimer la qualité du travail du sculpteur. Les jambes sont fines et les pieds sont croisés et superposés. On devine les cheveux longs, mêlés à la couronne d'épines, et un œil globuleux. Les côtes sont horizontales.
Le titulus porte les lettres INRI en caractère gothique.
La croix du cimetière du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
La croix du cimetière du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
La croix du cimetière du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
La face opposée.
Elle porte une statue de la Vierge à l'Enfant en kersanton, qui serait très belle et émouvante si elle n'était, elle aussi, défigurée par les lichens.
La Vierge porte une couronne à fleurons, son visage est rond, sa bouche petite. Son manteau forme un pli qui recouvre le bras doit avant de retomber en triangle, dessinant un triangle à pointe supérieure avec le côté opposé. Le corps est long et fin. La robe est (ou semble) serrée par une ceinture ; fine et ajustée sur le buste, elle se plisse ensuite en plis tubulaires.
Je ne parviens pas à distinguer les chaussures ; sont-elles pointues, comme au XVe siècle.
Car cette statue me semble dater de ce siècle (et, alors, relever de l'atelier du Folgoët). Notamment, les cheveux en boucle de l'enfant-Jésus m'évoque cette datation.
Cet enfant a le visage très rond, "à la Tintin", une remarque qui m'était déjà venue devant les deux Vierges à l'Enfant de l'intérieur de l'église du Grouanec . Il est vêtu d'une tunique longue. Il pose tendrement la main sous la gorge de sa Mère, tandis que le bras gauche est vertical ; la main gauche est posée sur le globe terrestre, que Marie soutient dans sa paume.
On rêverait de voir ce chef-d'œuvre correctement mis en valeur et débarrassé de ses scories qui interdisent toute étude valable.
Voir le cliché de la croix du cimetière en 2015 : le visage du Christ était encore préservé :
— CASTEL (Yves-Pascal), 1980, "Plouguerneau", atlas n°2009 Le Grouanec cimetière" Atlas des croix et calvaires du Finistère = 4 clichés [closdesfuschias2024]
2009. Le Grouanec, cimetière, granite. kersanton. XIVè s., 1505, 1838. Soubassement de plan octogonal à quatre degrés. Socle: 1838. Fût à pans: L AN MIL VCV H O P, en lettres gothiques, chapiteau. Croix, fleurons, crucifix, Vierge à l’Enfant. [YPC 1980]
"Un ossuaire est adossé à la chapelle, et une fontaine l'avoisine. A 400 mètres au nord-est se dresse un vieux calvaire à baldaquin, qui d'après de Kerdanet, serait de 1580."
—POTIER DE COURCY (Pol) 1859, « Itinéraire de Saint-Pol à Brest », Revue de Bretagne et de Vendée, 6,
Présentation générale, voir article sur les vitraux. Citons R. Couffon :
L'édifice, en forme de tau irrégulier, comporte une nef étroite et un choeur séparés par un arc diaphragme en tiers-point ; le choeur communique, au sud, par deux arcades, avec une chapelle en aile et, au nord, par trois arcades, avec une chapelle également en aile. Il date de plusieurs époques : la longère nord paraît remonter en partie au XIIIè siècle [non : la nef, le chœur et l'aile nord sont du milieu XIVe], la belle rose rayonnante du chevet à la fin du XIVè siècle ou au début du XVè siècle, la chapelle sud à la fin du XVè siècle [non : vers 1503. Une pierre, avec fleuron, porte l'inscription : " LAN MIL VcIII. I. NOUEL.] ; la chapelle nord a été reconstruite en 1954 par l'architecte Péron, elle a gardé deux fenêtres flamboyantes. "
L'église renferme 3 statues en kersanton polychrome —celles de la Vierge à l'Enfant du XVe siècle, dite Notre Dame du Grouanec, une Vierge de Pitié du XIVe siècle, et la statue d'un saint Alar en évêque — , et 3 statues en kersanton dépourvues de leur peinture— à l'extérieur saint Matthieu en évangéliste au pignon ouest (1550) et un saint Fiacre (XVe) à la porte aile sud ; et à l'intérieur une Vierge à l'Enfant mutilée—. La fontaine de dévotion de 1604, dite Feunteun ar Gwelleat (Fontaine de la Guérison), abrite une statue en kersanton de la Vierge à l'Enfant du XVIe siècle .
L'église abrite, outre un Christ en croix et deux Anges céroféraires, plusieurs statues anciennes en bois polychrome, celles de saint Roch (XVIe), de saint Antoine ermite (XVe), de saint Sébastien, de sainte Catherine d'Alexandrie (XIVe siècle), et d'une sainte tenant un livre (Barbe ?) du XVe siècle.
LES STATUES EN KERSANTON POLYCHROME.
1. Vierge à l'Enfant dite Notre Dame du Grouanec, kersanton polychrome du XVe siècle. Chapelle nord, entre les baies 1 et 3.
Cette Vierge à l'Enfant, couronnée, est assise comme les Vierges romanes en majesté ou Sedes Sapientae — trône de sagesse—, mais elle n'a pas le hieratisme et la frontalité de ces dernières. Au contraire, elle est souriante, et hanchée, le haut du corps étant décalé vers la gauche pour équilibrer le volume de l'Enfant-Jésus.
Elle porte, sous un manteau-voile bleu ouvert, sans fermail, à revers rouge et à ourlet doré, une robe blanche (jadis dorée) très ajustée sur le buste, au dessus d'une large ceinture à boucle carrée à aiguillon, et dont le passant tombe verticalement et se dissimule sous le pan gauche du manteau. Entre la gorge et le bord de la robe, un ensemble doré, à rangs de perles et godrons, peut correspondre à un collier, ou à la broderie de la robe, ou au haut d'une chemise. Le manteau tombe en larges plis sous les genoux, en deux groupes symétriques.
Ses chaussures ont une extrémité pointue, selon la mode du XVe siècle, les pieds sont parallèles.
Le visage est un étroit ovale, les sourcils sont épilés, les yeux larges, le nez fort et long, la bouche étroite, le menton petit et rond. Le regard, pensif, est dirigé vers l'avant, à peine vers la droite et le bas. La Vierge ne fixe pas l'Enfant, mais chacun regarde vers les fidèles. Sous la couronne fleurdelysé, les cheveux bruns sont bouclés puis disparaissent sous le voile en arrière des épaules.
La Vierge tient en main gauche la sphère du Monde [ou une pomme, selon Le Seac'h], qu'elle éloigne en la montrant à son Fils.
L'Enfant est debout, les pieds posés sur le genou droit de sa mère. Sa tête est très ronde, à la Tintin, mais avec des cheveux aux boucles fournies repoussées vers l'arrière, très en accord avec les caractères stylistiques du XVe siècle. Il porte une tunique verte longue, à encolure en V.
Surtout, il tient devant lui un livre ouvert : les deux pouces maintiennent les pages.
J'ai étudié ce thème de l'Enfant-Jésus au livre à propos de Notre-Dame-du-Loc de Saint-Avé une statue en calcaire du dernier quart du XVe siècle. J' explore dans cet article, auquel je renvoie, les données iconographiques, les seuls exemples en Bretagne étant ceux de Saint-Avé, du Grouanec et de la chapelle Saint-Brieuc-de-Plonivel à Plobannalec, les deux dernières étant assises, mais celle de Plobannalec étant en bois, et du XVIe siècle. (*)
En Belgique, c'est le sculpteur sur bois Jan Borman II qui a le mieux illustré ce thème, qui est attesté aussi en peinture.
Enfin, j'en indique les fondements théologiques, l'Enfant suivant dans les Écritures le récit de la Rédemption dont il est le vecteur.
C'est dire l'intérêt exceptionnel de ce groupe sculpté, que le thème inciterait à dater de la fin du XVe siècle. Une restauration a-t-elle pu en préciser les pigments des couches initiales?
(*) J'ajoute un autre exemple, tout proche du Grouanec, mais plus tardif :
Emmanuelle Le Seac'h qui l'a décrite dans son ouvrage Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne p. 103, assure qu'elle est un héritage de l'Atelier du Folgoët (Premier atelier du Folgoët 1423-1468; second atelier du Folgoët 1458-1509) : elle rapproche les mèches striées des cheveux ondulants de celles de la sainte Marguerite du Folgoët et de la Vierge à l'Enfant [du porche sud] de La Martyre, elle-même rapprochée p.71 de celle de la Sainte-Catherine du porche sud de la cathédrale de Quimper.
On en trouve la réplique en bas-relief sculpté dans le bois de la porte d'entrée du porche.
N.D.-du-Grouanec. Porte d'entrée. Cliché lavieb-aile.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
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Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
2. Vierge de Pitié . Kersanton polychrome du XIVe siècle, à l'angle nord-est de la nef.
Sur quels critères cette statue est-elle datée du XIVe, période peu représentée dans la statuaire de Basse-Bretagne en kersanton ?
La Vierge est assise, le corps de son Fils est retenu par sa main droite sur le bassin et la main gauche sous le flanc gauche dans une orientation du corps tête à notre droite qui est minoritaire en Bretagne.
Les axes du corps du Christ sont brisés, mais selon un schéma original et émouvant, et on remarque notamment l'angulation de la tête , avec la joue appuyée sur l'épaule gauche.
Les plaies et le saignement de la tête, des mains et pied, et du flanc, sont bien visibles.
Dessin sur cliché lavieb-aile
Son voile forme au dessus de sa tête un double repli (un trait stylistique d'E. Le Seac'h attribue aux Prigent actifs en 1527-1577). Les manches du manteau reviennent en large revers sur le coude. La robe a un col rond. Les jambes, écartées pour soutenir le corps, sont couvertes du manteau bleu et de la robe jaune, mais ces plis laissent voir deux chaussures noires, à bouts fins.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
3. Statue de saint Alar en évêque, kersanton polychrome du XVe siècle. Chapelle sud, à gauche de la baie 2.
Le saint patron des chevaux, et qui est en Léon une forme locale de saint Éloi, est identifié par le marteau de maréchal-ferrand qui'il tient en main gauche, et par le fer à cheval et la tenaille de son socle. Il est présenté en évêque, mitré (avec les fanons) , tenant la crosse, portant la mitre, la chape et les gants à glands de ce titre tandis qu'il trace une bénédiction. Il ne lui manque que l'anneau et les bagues. Sous la chape à fermail, il porte un surplis frangé et une cotte laissant apercevoir une solide chaussure à bout rond.
Il est daté par M. Castel du XVe siècle.
Le socle porte un blason martelé "à trois coquilles" selon Pérennès.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
LES STATUES EN KERSANTON, NON PEINTES.
1. Statue de saint Matthieu évangéliste, niche du pignon ouest. Atelier Prigent v.1527-1577.
Le saint est identifiable comme évangéliste car il écrit (bien que la main droite et le stylet soient brisés) sur un phylactère, et par mi les quatre évangélistes, il est identifié comme étant Matthieu par son attribut, l'ange du Tétramorphe. Cet ange lui présente l'encrier.
On le comparera à l'évangéliste du porche de Guipavas, exécuté par l'atelier Prigent en 1563, ou à celui (assis devant son pupitre) de l'entrée du porche de Landivisiau dû au même atelier entre 1554 et 1559.
E. Le Seac'h ne l'inclut pas dans son catalogue raisonné des Prigent (1527-1577), mais l'atelier a réalisé 3 statues pour la chapelle N.-D. du Traon à Landerneau, dont l'une porte la date de 1527.
Le saint a un large front bombé au dessus d'arcades aux sourcils hauts et aux yeux aux paupières ourlées. Les moustaches débutent à la pointe des narines, la barbe est peignée et bifide, les cheveux longs sont méchés en torsade. Sous le manteau, juste posé sur les épaules, et aux manches larges, la robe est fermé sous le cou par un gousset en8 dont le bouton n'est pas détaillé. Le phylactère tombe verticalement.
L'ange porte une tunique longue à col baillant en avant, il a un genou à terre ; il tient l'encrier rond des deux mains, il l'élève vers la main droite de l'évangéliste.
— Voir d'autres œuvres de Bastien ou Henry Prigent:
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
2. La statue de saint Fiacre au dessus de la porte de la chapelle sud. Kersanton, fin XVe-début XVIe.
La chapelle sud ou chapelle Saint-Fiacre a été ajoutée à l'église vers 1503 alors que les Boutteville, seigneurs de Coëtquénan, faisaient édifier le porche sud.
Le saint est représenté selon les codes, en moine portant l'habit, le camail à capuchon, la tête coiffée d'un bonnet couvrant les oreilles (un peu comme celui de saint Antoine). D'ailleurs, si on désigne sous le nom de scapulaire le camail et sa cuculle prolongés en avant du corps par le long pan vertical, nous retrouvons la tenue traditionnelle de saint Antoine, et seul la bêche remplaçant le tau, et l'absence de chapelet, distingue les deux types de statues.
Les chaussures semblent à extrémité pointues.
Il tient en main droite la bêche à lame ferrée.
La console porte un blason mi parti dont les armes n'ont pas été attribuées. Je pense reconnaître à notre gauche des hermines, et à notre droite un réseau en losange, ou frétté. Ces armes ne correspondent ni à celles des Boutteville et de leurs alliances, ni à celles de Le Nobletz, ni à celles des familles dont les membres étaient présents lors de la montre de Léon en 1481 ou en 1503. H. Pérennes y voyait "un lion martelé". A tout hasard, je signale que les armes des Montjean sont d'or fretté de gueules, et que la mère de Claude de Goualine, seigneur de Coëquenan était Claude de Montjean (ca 1485-1525)
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
3. La Vierge à l'Enfant occupant une niche à l'entrée de la sacristie. Kersanton, fin XVe-début XVIe.
"la Vierge à l'Enfant de l’église du Grouanec, dans une niche basse qui devait servir autrefois de bénitier… Jusqu’à la restauration de cette église, la statue se trouvait à Kerriec, sur le socle de la croix n° 62. Elle s’encastre dans l’évidement d’un chapiteau circulaire à moulures, et elle porte 2 écus : d’un côté, un calice et les lettres « N D » ; de l’autre, les instruments de la Passion. C’était le verso d’un Christ en croix, dont il ne reste qu’un morceau de fût circulaire et un pied de crucifié… L’ensemble provient donc d’un calvaire, et probablement du calvaire même de Kerriec dont le soubassement intact reste, de nos jours, si impressionnant…"
Effectivement, on reconnaît le socle évasé de l'ancien calvaire, et le blason où sont sculptés autour d'une colonne centrale avec ses liens des fouets et des clous.
La Vierge a perdu sa tête et son cou, mais elle conserve sa silhouette déhanchée, son buste fin, sa ceinture à boucle et aiguillon dont le passant est long et tombe verticalement, sa robe aux plis tubulaires sous la ceinture, et le manteau entrouvert. L'Enfant, debout sur le bras gauche, nous regarde avec sa tête ronde. Les points communs avec N.D. de Grouanec sont nombreux. Que tient Jésus ? Un livre ouvert?
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
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4. La Vierge à l'Enfant (kersanton, XVIe siècle) de la fontaine de la Guérison ou Feunteun ar Gwelleat de 1604.
Cette Vierge est plus tardive que les précédentes, elle présente un objet (fruit?) à l'Enfant qui, assis sur son bras gauche et vêtu d'une tunique longue, tient la sphère du Monde tandis qu'il pose la main droite sur le sein maternel en aggripant le bord du manteau. L'Enfant a perdu tête et épaules.
La Vierge porte une couronne à fleuron, son visage ovale est fin, souriant, ses cheveux nattés retombent devant ses épaules. Le pan gauche du manteau fait retour sous le poignet droit, la robe est serrée par une ceinture. Les chaussures sont rondes. Un blason, entre les peids, a été martelé.
Et si ce travail était dû à l'atelier Prigent ? Comparez avec la Vierge à l'Enfant du Folgoët :
Vierge de l'Apocalypse (Bastien Prigent) kersanton, XVIe, tympan du portail sud de la Collégiale du Folgoët, photographie lavieb-aile avril 2017.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
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Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
LES STATUES EN BOIS POLYCHROME.
1.Sainte Catherine d'Alexandrie ( Bois polychrome, XIVe siècle), chapelle sud.
Cette remarquable statue montre la sainte couronnée, vêtue d'un manteau bleu dont le pan gauche fait retour vers la troussière du poignet droit, et d'une robe dorée. Elle a perdu l'épée qu'elle tenait en main droite, l'un de ses principaux attributs qui fait allusion à sa mort par décollation, mais elle tient la roue de son supplice en main gauche. On remarque la rondeur presque parfaite de son visage.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
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Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
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2. Une sainte tenant un livre (sainte Barbe ?), bois polychrome, XVe siècle. Angle sud-est de la chapelle sud.
Cette sainte portait dans la paume de la main droite un objet, a priori vertical, et tient dans la main gauche, par l'intermédiaire d'un linge, un livre.
Mon intuition est d'y voir sainte Barbe, tant est fréquente sa représentation à côté de sainte Catherine et de sainte Marguerite. Si c'est elle, elle tenait son principal attribut, la tour à trois fenêtres.
Mais mon hypothèse rencontre divers obstacles. Au lieu de l'élégante coiffure, agrémentée souvent d'un turban pour souligner son origine orientale (Barbe = Barbara), son visage est ici strictement entouré d'un bonnet qui dissimule le moindre cheveu, sous un voile pieux. Elle n'a pas non plus la tenue princière, raffinée dans son élégance, de Barbe.
Sainte Marie-Madeleine partage les mêmes caractéristiques dans son iciongraphie : longs cheveux dénoués soulignant la liberté de ses mœurs avant sa conversion, turban parfois, robe ajustée au corps, bijoux. Son attribut est le flacon d'armoates ou de parfum. J'écarte cette hypothèse.
Elle fait penser à une moniale dévouée, avec sa croix dépouillée sur la poitrine.
Serait-ce sainte Marthe, soeur sage, vouée aux taches domestiques, de Marie-Madeleine ? Son culte est présent dans nos régions, mais est rare.
Sainte Agnès et son cierge ? Je n'y crois pas plus.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
2'. La console en kersanton avec traces de polychromie ocre, portant cette statue de sainte au livre.
C'est une magnifique composition, de hauteur exceptionnelle, de feuilles découpées aux dos nervurés, parmi lesquelles on découvre deux escargots broutant les bords. Quelle en est la datation? XVe siècle, par l'atelier du Folgoët?
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
3. Statue de saint Antoine ermite (XVe), bois polychrome, XVe siècle, mur nord de la chapelle nord.
Lui, il est impossible de ne pas l'identifier, même s'il a perdu sa canne en tau et même si le petit cochon muni d'une clochette manque : son chapelet à grains, son livre (celui de sa règle monastique), sa barbe d'ermite et surtout sa tenue monastique (avec scapulaire et cuculle) et son bonnet couvrant les oreilles suffisent à faire reconnaître l'ermite fondateurs de l'Ordre hospitaliers des Antonins.
On sait qu'il était invoqué contre diverses maladies contagieuses ou épidémiques, en particulier contre l'ergotisme, également nommé " mal des ardents " ou " feu saint Antoine ", maladie provenant de la consommation de seigle contaminé par un champignon parasite.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
4. Saint Roch, son ange et Roquet son chien (Bois polychrome, XVIe).
Autre saint thaumaturge, saint Roch est invoqué, comme saint Sébastien, contre la "peste" ou toute maladie épidémique apparentée. Il était né à Montpellier en 1350, en pleine Guerre de Cent Ans et épidémie de Peste Noire, et après avoir rejoint le Tiers-Ordre franciscain, il partit en pèlerinage à Rome, et y soignit les pestiférés, avant d'être atteint lui-même de la peste. Soucieux de ne pas contaminer ses semblables, il se rendit jusqu’à un bois, pensant y mourir. À cet endroit, une source jaillit et un chien vint alors lui apporter chaque jour un pain, sans doute envoyé près de lui par son maître. On nomma ce chien Roquet.
L'iconographie est bien fixée : le saint porte la tenue des pèlerins (large chapeau, pèlerine, bâton de marche, et ici, guêtres) et il montre le bubon pesteux de sa cuisse. Ici, c'est un ange qui vient le soigner en aposant sa main sur la plaie. Roquet , son pain dans la gueule, bondit vers lui.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
5. Statue de saint Sébastien, sacristie.
Le saint martyr qui a été transpercé des flèches de ses archers, et qu'on invoque contre le fléau de la peste, est représenté nu, portant seulement un pagne, attaché à un arbre vert, les mains dans le dos ; les flèches sont perdues mais on voit encore les orifices là où elles étaient fichées.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
6. Deux anges céroféraires (porteurs de cierge), bois polychrome, chœur.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les statues de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
SOURCES ET LIENS.
—CASTEL (Yves-Pascal ): Plouguerneau . L'enclos du Grouanec . Non consulté.
—CASTEL (Marcel), s.d, L'enclos paroissial du Grouaneg-Eglise Notre-Dame. Dépliant de présentation.
— COUFFON (René), LE BRAS (Alfred), 1988, « Plouguerneau », Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper.
Si la nef, le chœur (séparé de la nef par un arc diaphane) et l'aile nord de l'église paroissiale du Grouanec datent, selon P.F. Brouc'h, du milieu du XIVe siècle, le chœur fut agrandie au début du XVIe siècle (vers 1503) au sud par une chapelle dédiée à saint Fiacre et par le porche sud, portant les armes des seigneurs de Boutteville.
Dans cette chapelle, Jehan de Nobletz seigneur de Kerodern avait fait établir, par contrat du 15 février 1514, passé devant la cour de Lesneven avec Yves Héliou, prêtre gouverneur du Grouanec, un autel et, selon le contrat, deux tombes en plus des trois dont sa famille jouissait ailleurs dans l'église, moyennant la somme de douze sous monnaies par an, à payer au jour de la Chandeleur. Le contrat lui assurait aussi d'un droit d'escabeau (une sorte de stalle) et de prie-dieu. Les armoiries de son couple étaient visibles sur le vitrail.
(*)Jean Le Nobletz, fils d'Alain de Nobletz, ecuyer et de Typhaine de Kérouzéré, épousa Isabeau de Kerourfil. Ses armes étaient d'argent, à deux fasces de sable, au canton de gueules chargé d'une quintefeuille d'argent , celles des Kerourfild'azur à la fasce d'argent accompagné de six besans du même, trois en chef rangés, et trois en pointe posés 2 et 1.
Le bénitier de kersanton de la porte ouest est accompagné d'un écu au calice accompagné des lettres gothiques J et M, initiales de Jean Madéran, prêtre de Plouguerneau qui desservait Le Grouanec en 1527.
Si la charpente actuelle est contemporaine de cette extension, ou de ces contrats de 1514, ou de ce bénitier de 1527, et si donc elle n'a pas été restaurée ou reconstruite ensuite, les deux ensembles de pièces sculptées des sablières datent de ce début du XVIe siècle.
Mais les deux ensembles sont-ils contemporains? Du côté est, il s'agit de motifs séparés, avec quatre feuillages et quatre masques anthropomorphes espacés et correspondant à la retombée des liernes, alors que du côté ouest il s'agit d'une frise continue de masques et de tiges feuillues dans laquelle s'insère joyeusement une saynète festive et satirique.
Je n'ai pas procédé à l'inventaire des abouts de poinçons, qu'on voit sur les clichés des entraits, avec leurs motifs végétaux, et avec un masque masculin.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
I. LE CÔTÉ DROIT EN FRISE DE MASQUES ET SAYNETES RÉUNIS PAR UN DÉCOR CONTINU.
La première pièce, avant l'entrait.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Masque de femme (?) à longs cheveux nattés en spirale. La main droite saisit l'extrémité en volute de la tige de feuillage. Le bras gauche se transforme en un serpent à corps végétalisé.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Petit homme vert à barbe bifide, aux jambes écartées, tenant les extrémités de tiges.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Masque crachant.
On nomme aussi ce motif, très répandu sur les sablières, "masque régurgitant", ou "masque feuillu" : il libère par sa bouche des tiges qui courent en rinceaux et d'épanouissent en volutes et feuilles.
Ici, le masque libère vers sa droite deux autres éléments : un serpent, et un ruban crénelé.
Si le thème de ces sablières (et de bien d'autres) est lié à la croissance de la nature, à son potentiel printanier (comme les "reverdies" de la poésie médiévale), à la pulsion vitale et ses cycles, elle tient à illustrer celle-ci sous le mode de la métamorphose des formes, et de l'unité des ordres, le végétal, l'animal et l'humain.
Ces deux principes (pulsion vitale et métamorphose) vont se décliner tout au long de ces sablières, mais ce masque crachant une tige (végétal), un serpent (animal) et un ruban (artefact humain) en est un condensé saisissant.
L'homme est coiffé d'un vague chapeau. Son visage est bilobé, avec un étage supérieur large et un étage inférieur (menton et mandibule) formant une petite boule. On retrouve aussi cette morphologie bilobée, presque constante au Grouanec, dans d'autres sablières plus tardives.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Le couple qui trinque, et la truie qui tire la bonde.
Ces deux scènes très connues sont considérées comme des dénonciations des vices, et notamment de l'ivrognerie (M. de Kerdanet, Vie des Saints, 1837). Ainsi, selon Tehy, reprenant les auteurs de référence, "leurs motifs sculptés déclinent toute la palette des vices dénoncés par la religion."
Mais on peut objecter que les personnages truculents qui précèdent ont comme objet de répondre au goût des contemporains du XVe et XVIe siècle pour les drôleries qui abondent dans les marges des livres d'heures et autres manuscrits pieux, qui sont aussi éxigées sur les miséricordes et appuie-mains des stalles des chanoines, et qui sont très répandus aussi sur les sablières (à l'intérieur) ou les crossettes (à l'extérieur), ou sur les jubés, bref dans tous ces emplacements marginaux, mais parfaitement visibles, des églises. Qu'ils reprennent la tradition des modillons romans, et qu'ils témoignent d'une liberté de ton, décompléxée et joyeuse, se gardant de toute attitude de dénonciation, et de toute préoccupation de séparation cloisonnée entre le sacré qui prévaut dans le chœur et le trivial qui anime les autres lieux.
Ce n'est que vers le début du XVIIe siècle, un siècle plus tard, que Michel Le Nobletz —d'une famille qui a ses prééminences précisément dans cette chapelle Saint-Fiacre— adoptera une attitude moralisatrice virulente et fera, sur ses tableaux de cathéchèse, la dénonciation des vices, avant d'être suivi par Julien Le Maunoir.
Rien, dans les deux motifs qui se suivent, ne témoigne d'une condamnation morale, ou d'une stigmatisation des passions, ou d'un prosélytique appel à une conversion des mœurs mais plutôt d'une satire en clin d'œil, plus proche de Rabelais que de Julien Maunoir. Et peut-être d'avantage encore de références à une culture populaire des proverbes et dictons, des fabliaux et fables qui nous échappent. D'autant qu'il pourrait s'agir non d'un bagage culturel "breton" mais de celui de huchiers venus de Flandres, tant l'ensemble des thématiques se retrouve hors de notre province.
On voit d'abord un couple levant leur coupe pour trinquer. L'homme, moustachu, tient l'extrémité de la tige qui naît (cf. la scène précédente), de la bouche du masque crachant. Y.P. Castel y avait vu "une volaille".
La femme, identifiée par un col frisée, tient l'extrémité de la queue de la truie. Certes cet homme empoigne la tige, et la femme tient la queue de la truie, mais il n'y a peut être là qu'une volonté de réunir les motifs ensemble, de les lier par des conjonctions d'une narration graphique.
La scène est festive. Les personnages qui tiennent une cruche, un gobelet ou un tonnelet s'observent (S. Duhem p.178) sur une soixantaine de sablières en Bretagne. Sophie Duhem qualifie les deux scènes (buveurs + truie) du Grouanec de "saynète amusante" et y voit un "exemple de la popularité de l'illustration des proverbes et dictons", particulièrement en vogue aussi aux Pays-Bas au XVe siècle.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
La truie et le tonneau.
Puis vient le tableau, fameux, de la truie qui tire la bonde du tonneau. Là encore, aucune condamnation de l'intempérance.
Le thème est assez stéréotypé, et on en trouve des exemples sur une sablière de l'église Saint-Thomas de Landerneau, et sur une sablière de l'église de Bodilis. Dans les deux cas, une femme frappe une truie de sa quenouille (*) et la tire par la queue alors que l'animal retire la bonde d'un tonneau.
(*) On connait la sculpture de la Truie qui file sur une maison de Rouen, qui se retrouve sur une miséricorde de l'église Saint-Nicolas d'Amsterdam. Ailleurs, elle joue de la cornemuse, ou de l'orgue (Beauvais) elle allaite ses petits (Saint-Houardon de Landerneau), elle pose en philosophe (cathédrale de Rouen), elle enfile des culottes,
Sablière du bas-coté nord de la nef, première travée, église Saint-Thomas de Landerneau. Photographie lavieb-aile.Sablière Sb4, charpente sculptée du bas-coté sud de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile avril 2018.
Sablière Sb4, charpente sculptée du bas-coté sud de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile avril 2018.
Le thème de la truie qui tire la bonde est figuré sur le tableau de Pieter Bruegel L'Ancien "Les Proverbes Flamands" (La Huque Bleue) datant de 1559. Mais on considère qu'il s'agit ici d'une dénonciation de la négligence (et non de l'ivrognerie). La négligence en cause est sans doute de ne pas surveiller correctement l'animal domestique. Pour Maeterlink, la truie pourrait confondre la bonde avec "un os à moelle".
On ne peut nier pourtant que le cochon est assimilé par le peintre à l'ivrognerie, car dans son tableau de 1557, Un ivrogne est poussé dans une porcherie. Mais la sablière du Grouanec est antérieure à ce tableau de 50 ans, et fait supposer que le proverbe circulait déjà dans le Léon (peut-être introduit par les liens entre Bretagne et Flandre dans le commerce alors florissant du drap et du vin).
Bien que Bruegel ne montre pas de lien entre sa truie et des ivrognes, une image populaire gravée à Gand au XVIIIe siècle, mais reprenant une tradition ancienne, montre le lien entre la Négligence, et l'Ivrognerie :
Louis Maeterlink 1910, Le genre satirique, fantastique et licencieux dans la sculpture flamande et wallonne;
Note : on remarquera la difficulté d'interprétation des images. Alors que Sophie Duhem mentionne le proverbe flamand "la truie se sauve avec le robinet" et le tableau de Bruegel, elle décrit la scène ainsi : la truie "a un bouchon dans la gueule qu'elle tente d'enfoncer dans le trou ouvert du tonneau" (illustration 102) ... alors que cela décrirait mieux la scène de Landerneau. Elle ajoute dans le texte "elle s'éloigne du tonneau d'où s'écoule du vin".
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
La pièce suivante, après l'entrait : six masques réunis par des rubans marqués de traits (I) et feuillagés.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Un masque à corps d'oiseau.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Un masque à la chevelure nattée, crachant des tiges feuillagées.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Un masque entre deux volutes de rubans ponctués et feuillagés, liées entre elles.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Un masque moustachu, entre deux rubans feuillagés.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Une tête de bœuf, vertes, à longues cornes et longues oreilles , crachant deux rubans feuillagés.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Un masque moustachu, entre deux rubans feuillagés.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
II. LE COTÉ GAUCHE, PAR MASQUES ET FEUILLAGES SÉPARÉS.
Les huit éléments sculptés en moyen relief sont encastrés sur les deux pièces de bois au lieu d'être taillés à leur dépens. Ils correspondent soit aux trois entraits (poutres transversales), soit à la tombée des liernes ou nervures de la charpente lambrissée. Leur partie haute est élargie et aplatie en console.
Ce procédé, qu'on peut trouver plus fruste, et plus facile à mettre en place, se retrouve à Saint-Avé dans la nef (1494) de la chapelle de Notre-Dame-du-Loc, mais seulement pour certaines pièces servant aussi de culot aux liernes, mais associées à des éléments sculptés en relief sur la pièce de bois, et à des inscriptions gravées, dans un complexe dû à des huchiers chevronnés. Je ne dispose pas d'autre exemple.
À Chatelaudren (fin XVe-début XVIe) mais aussi à Trémalo (v.1550) et à Kergloff, à l'Hôpital-Camfrout , à Plonévez-du-Faou ou à Brénnilis (moderne), les éléments (des animaux, des masques et des saynettes) sont certes espacés, et correspondent aux liernes, mais sont sculptés au dépens de la pièce de sablière.
Cette liste n'est pas exhaustive, mais ce type de sablières à motifs séparés rythmés par les liernes est bien plus rare que le type à frise continue de motifs réunis par des décors.
Il est difficile d'affirmer que ce type de sablières correspond à un créneau de datation donné (mais les datations des pièces de Saint-Avé et de Chatelaudren sont cohérentes avec une datation vers 1503 des pièces de cette chapelle), et plus diffcile encore de l'attribuer à une zone géographique de Bretagne.
Et on ne peut en déduire que ces sablières de la façade orientale ont été réalisées avant celles du côté occidentale.
Je n'ai photographié que les masques, délaissant les 4 ensembles de feuillage.
Un masque d'homme bouche ouverte (tirant la langue ?). Ou une femme portant une coiffe?
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Une femme (coiffe) bouche ouverte.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Masque d'un clerc (tonsure), bouche ouverte.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Un homme, tirant la langue.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
III. L'ENTRAIT SCULPTÉ ET SES ENGOULANTS.
Un entrait, assorti d'un poinçon (pièce de bois verticale) traverse la chapelle sud d'est en ouest. Il est sculpté, avec ses deux engoulants, et son bouquet de feuillages central libérant des tiges qui produisent soit des feuilles d'acanthes et des épillets (ou feuilles de vignes et grappes) , soit des roses.
L'entrait de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
L'entrait de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
L'entrait de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
L'entrait de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Sur le milieu de la poutre appuyée au chœur, des armoiries montre, difficilement, leurs meubles, trois fusées, ou trois quenouilles, ou des pommes de pins...
SOURCES ET LIENS.
—CASTEL (Yves-Pascal ): Plouguerneau . L'enclos du Grouanec . Non consulté.
—CASTEL (Marcel), s.d, L'enclos paroissial du Grouaneg-Eglise Notre-Dame. Dépliant de présentation.
— COUFFON (René), LE BRAS (Alfred), 1988, « Plouguerneau », Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper
"Dans la chapelle sud, un entrait engoulé et des sablières sculptées représentant les vices, en particulier l'ivrognerie."
— DUHEM (Sophie), 1998, Les sablières sculptées en Bretagne : images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s, P.U.R éditions, pages 178 et 179, 201 et 331
— MAETERLINK (L), 1910, Le genre satirique, fantastique et licencieux dans la sculpture flamande et wallonne; les miséricordes de stalles (art et folklore)
"Le 16 février 1514, devant la cour de Lesneven, Jehan Le Nobletz, seigneur de Kerodern et Yves Héliou, prêtre et gouverneur de la chapelle du Grouanec, font un contrat à perpétuité : "le gouverneur octroie à Le Nobletz la place voulue pour cinq tombes, dont deux dans la chapelle Saint-Fiacre. Sur trois de ces tombes plates il aura un escabeau et un prie Dieu. Entre l'autel et la chapelle Saint-Fiacre il pourra construire un autel et une fenêtre avec faculté d'y introduire ses armoiries. Le Nobletz paiera en retour au gouverneur et à ses successeurs douze sous de monnaie par an au jour de la Chandeleur".
—POTIER DE COURCY (Pol) 1859, « Itinéraire de Saint-Pol à Brest », Revue de Bretagne et de Vendée, 6,
Les 13 vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Les fragments du milieu du XVe siècle (baies 3 et 9). Les 11 vitraux des Litanies de la Vierge de Max Ingrand en 1954-56.
L'enclos du Grouanec comprend l'église et son ossuaire d'attache, sa fontaine de dévotion, et son enclos à porte triomphale, et un calvaire de 1761 tandis que l'ancien calvaire a été déplacé au centre du cimetière.
La nef, le chœur (séparé de la nef par un arc diaphane) et l'aile nord de l'église paroissiale du Grouanec datent, selon P.F. Brouc'h, du milieu du XIVe siècle, près du manoir des Coatquénan. La statue en kersanton de Notre-Dame-du- Grouanec (une Vierge à l'Enfant assise) date de cette époque.
Les baies gothiques rayonnant/flamboyant (avant 1500) reçoivent des verrières au milieu du XVe siècle (maîtresse-vitre avec rosace).
Au début du XVIe siècle (v. 1503), le chœur fut agrandie au sud par une chapelle dédiée à saint Fiacre (où la famille Le Nobletz de Kerodern avait ses prééminences), et le porche fut élevé par la famille de Boutteville, nouveaux seigneurs de Coatquénan, qui y placent leurs armes. De cette époque datent les statues de saint Antoine, de saint Roch, et le calvaire de 1505 —déplacé au centre du cimetière— .
Puis, durant "l'âge d'or" des Enclos paroissiaux du Léon, furent ajoutés l'ossuaire d'attache, le maître-autel, la fontaine de dévotion (1604)
Carte IGN annotée
Carte de Cassini, annotée fin XVIIIe s.
1°) Les fragments anciens (d'après Gatouillat et Hérold).
L'édifice médiéval a été augmenté en 1503 de la chapelle bâtie au sud du chœur. Il était autrefois pourvu de plusieurs verrières dont l'entretien est attesté par de nombreuses archives : en 1689-1690, elles furent "accommodées" par Le Bodelec, maître-verrier de Brest. L'édifice conservait au XIXe siècle une partie de ses vitraux anciens, décrits par Pol Potier de Courcy en 1859 : les 24 ajours de la grande rose de la maîtresse-vitre avaient été ornés d'un concert céleste et d'anges munis de phylactère, avec les armes des familles Le Nobletz, de Kergadiou et de Kerourfil.
Intégrés en 1956 dans une nouvelle composition en baie 3, les rares fragments qui en subsistent permettent de dater cette composition du milieu du XVe siècle.
Dans son état originel, la maîtresse-vitre figurait un Calvaire avec deux donateurs, les bisaïeux du missionnaire Michel Le Nobletz (1577-1652). Jean Le Nobletz sieur de Kerodern en cotte armoriée devant la Vierge, et sa femme Ysabeau de Kerourfil devant saint Jean. L'œuvre, déjà fragmentaire en 1900, disparut etotalement ensuite , "jetée au fond de l'ossuaire quand on eut un vitrail neuf à placer", selon Le Guennec 1987.
On les comparera donc aux autres baies bretonnes du XVe siècle encore existantes :
Elles ont été réalisées en 1956 sur le thème des Litanies de la Vierge, puisque l'église est placée sous le vocable de Notre-Dame..
On trouve dans le sens horaire à partir de l'angle nord-ouest :
-L'Etoile du Matin (baie 13)
-La Reine des Vierges (baie 11)
-La Mère du Sauveur (baie 5)
-La Maison d'or (baie 1)
-La Reine des Apôtres ; la Reine des Anges (baie 0 ou maîtresse-vitre)
-La Porte du Ciel (baie 2)
-Le Trône de la Sagesse (baie 4)
-La Tour de David (baie 6)
-Le Miroir de Justice (baie 6)
-Le Vase spirituel (baie 102 au dessus de la porte ouest)
-Max Ingrand a aussi réalisé pour un oculus (baie 10) une composition colorée pour les 3 mouchettes en triskell .
Max Ingrand (1908-1969) de son vrai nom Maurice Max-Ingrand , est un maître-verrier et décorateur français, l'un des plus réputés de l'après-guerre. Après une enfance passée à Chartres, il a suivi l'enseignement de l'École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris où il eut pour maîtres Jacques Gruber, l'un des fondateurs de l'Ecole de Nancy, et Charles Lemaresquier. Il a réalisé les vitraux de plus de soixante sanctuaires français, et en particulier en Bretagne ceux de la cathédrale de Saint-Malo, de la basilique de Hennebont, de l'église Notre-Dame de Lamballe et de celle Dinard, de l'église Saint-Germain, de l'église de Toussaints et de la chapelle du séminaire Saint-Yves de Rennes, de l'église Saint-Melaine de Morlaix.
PLAN ET NUMÉROTATION selon les règles du Corpus vitrearum :
I. LES BAIES ANCIENNES.
1°) la baie n°3, 1956, fragments du milieu XVe.
C'est une baie rectangulaire de 80 cm sur 60 cm, dans laquelle Max Ingrand a utilisé en réemploi 8 fragments anciens provenant de la baie axiale dans une verrière colorée. Les fragments principaux comportent trois têtes d'anges à cheveux bouclés et portant des amicts (linge brodé couvrant le cou et les épaules). Les cheveux et les broderies sont rehaussées au jaune d'argent, tandis que les traits du visage sont tracés et rehaussés à la sanguine (ou, selon F. Gatouillat, une grisaille corrodée). L'ange le plus haut a été manifestement restauré (boucles, amict).
On trouve aussi dans la moitié supérieure un fragment où deux mains pincent les cordes d'une harpe, et dans la moitié inférieure un fragment de dais gothique provenant sans doute d'une tête de lancette. On découvrira aussi des éléments de drapés et de phylactères. Neuf étoiles, jaunes ou bleues, ont été ajoutées.
L'élément central, moderne, est un blason aux armes d'azur au château d'or sommé de trois tourelles de même : celles de la famille de Coatquénan.
Les Coatquénan.
"Les vicomtes de Coatquénan jouissaient de tous les droits de fondateurs dans l'église de Plouguerneau comme dans les chapelles de Saint-Quénan, de Loguivy et de N.-D. du Grouanec.
Au XVème siècle la vicomté de Coatquénan comprenait les manoirs de Measfallet, de Castel-Bihan, de Pont-an-Lez, d'An Ty-Coz, de Grouanec, possédés par Blanche de Cornouaille, épouse d'Olivier de Launay, fils d'Henri (1401), en son nom et pour sa fille Alex (1426). Sa juridiction s'étendait sur les paroisses de Plouguerneau, Tréménec'h, Kernoues, Sibiril, Kernilis et sur la terre du Pont en Plounéour-Trez. Les vicomtes de Coatquénan jouissaient de tous les droits de fondateurs dans l'église de Plouguerneau comme dans les chapelles de Saint-Quénan, de Loguivy et de N.-D. du Grouanec.
Le manoir de Coatquénan (Koad Kenan, IGN) se trouve à 500 mètres au nord-ouest de l'église.
Coatquénan passa aux Bouteville par le mariage d'Alex ou Aliette avec Jean III de Bouteville, seigneur du Faouët, chambellan du duc de Bretagne (1455), puis Jean IV de Boutteville chevalier, vicomte de Coëtquenan, cofondateur de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët et son épouse Marie de Kérimerc'h, puis à Louis de Boutteville, Yves de Boutteville. Coatquénan passe Claude de Goulaine, seigneur de Pommerieux, grâce à son union en 1559 avec Jeanne de Bouteville, fille d'Yves. " (d'après H. Pérennes complété)
C'est la raison pour laquelle on trouve, sur un pinacle du porche, les armes des Bouttevilled'argent à cinq fusées de gueules accolées et rangées en fasce, associées à des armes à un lion rampant (qui ne sont celles des de Launay, des Parcevaux, des Goulaine ou des Ploeuc). On retrouve les armes de Boutteville sur la clef de voûte du porche. [ Pol Potier de Courcy écrit "à l'extérieur , sur une console supportant la statue d'un saint ermite que nous prenons pour saint Quénan , honoré dans le voisinage , sont les armes d'Yves de Parcevaux , mort en 1588 et de Jeanne de Bouteville sa compagne , sieur et dame de Mezarnou et de Coatquénan ."]
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
L'ange figuré de face.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
La harpe jouée par les mains d'un ange musicien.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
La partie inférieure.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Visage d'ange, de trois-quart.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Visage d'ange, de trois-quart.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Trois autres fragments, dont celui d'un dais de niche.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
2°) la baie n°9 dans la sacristie, fragments d'une Crucifixion de la première moitié du XVIe siècle.
Milieu XVIe : ancienne maîtresse-vitre de Saint-Gunthiern à Langolen, aujourd'hui au Musée Départemental Breton de Quimper. Larmes. Mêmes cartons qu'à Guenguat, Guimiliau et Gouezec.
3e quart XVIe siècle (vers 1560), Quéménéven église Saint-Ouen : Attribuable à l'atelier Le Sodec . Cartons communs (Le Bihan) avec Guengat, Gouezec et Guimiliau, ou La Martyre et La Roche-Maurice (Gatouillat). Larmes de compassion (une seule femme). Pas d'inscription ni de verres gravés.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
On pourra comparer ce panneau à celui de Plogonnec : l'écriture du titulus est la même, à lettres perlées et à empattement bifide. L'écoulement du sang des poignets et du flanc est peint, à N.-D. du Grouanec, en sanguine, tout comme celui du visage, causé par la couronne d'épines. La scène, dans les deux cas, s'inscrit dans une niche.
Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, 1520) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile .
Nous pouvons comparer aussi ce panneau à celui de Guimiliau :
1550 : La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, v.1550) de l'église Saint-Miliau de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.
Mais à Grouanec, les lances et le roseau portant l'éponge sont absents, remplacés par un pan du perizonium emporté par le vent, et par un nuage.
Dans ce fragment, le visage a été moins restauré qu'ailleurs, et certes le verre est corrodé , moucheté de points noirs, mais le verre peint est par ailleurs mieux préservé.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Dans la tête de lancette a été placé un très beau visage d'ange, tout à fait dans le style des verriers [et des sculpteurs] du XVe siècle avec les cheveux soufflés en arrière par le vent, et formant des volutes.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
II. LES 11 VERRIÈRES DE MAX INGRAND (1955-1956).
Tous ces vitraux sont en verre antique (de la verrerie de Saint-Just) serti au plomb, peints à la grisaille cuite (ombres des visages, des vêtements et phylactères, lettres), encadrés par une fine bordure blanche divisée par les plombs. Les plombs ne servent pas seulement à réunir des morceaux de verre de forme justifiée par le dessin (main, pied, visage, aile) mais aussi à morceler le fond en motifs colorés géométriques où le triangle prédomine et où les couleurs vives s'affrontent. Les verres colorés (notamment des rouges et des bleus, qui prédominent) sont parfois gravés à l'acide pour rompre leur unité par des zones plus claires.
Chacune des 11 litanies est inscrite sur un phylactère présenté par un ange, tandis qu'un attribut illustre l'épithète ("Reine des Vierges" : une couronne = royauté et un lys = virginité).
Au tympan se placent des emblèmes mariaux : monograme MA et croix tréflée, , étoiles, collier de perles, fleurs de lys.
Le maître-verrier s'adapte à des formes de baies et donc à des remplages très variables.
Les verrières seront décrites dans le sens horaire à partir de l'angle nord-ouest :
1. L'Etoile du Matin(baie 13).
Baie à deux lancettes ogivales et un tympan à une rose et quatre écoinçons.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
2-La Reine des Vierges(baie 11).
Baie à deux lancettes ogivales et un tympan à une rose et deux écoinçons.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
3-La Mère du Sauveur (baie 5).
Très belle baie à deux lancettes crénelées de trois indentations et un haut tympan à quatre mouchettes et un quadrilobe.
On retrouve ce remplage sur la baie 3, du XVe siècle, de la chapelle Saint-Jaoua à Plouvien, avec les mêmes lancettes et le même tympan.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
4-La Maison d'or (baie 1).
Baie à deux lancettes trilobées et un tympan à un quadrilobe.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
5-La Reine des Apôtres ; la Reine des Anges (baie 0 ou maîtresse-vitre).
Baie à quatre lancettes trilobées et un tympan à une grande rosace et six autres ajours dont quatre mouchettes.
La très belle rosace comporte un polylobe au monogramme marial au centre, puis un cercle de 8 mouchettes à fleurs de lys, puis un cercle extérieur de 16 mouchettes et 15 écoinçons.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
6-La Porte du Ciel (baie 2).
Baie à trois lancettes lancéolées et un tympan à quatre mouchettes, un soufflet et deux écoinçons.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
7-Le Trône de la Sagesse (baie 4).
Baie à trois lancettes trilobées et un tympan à quatre mouchettes et deux écoinçons.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
8-La Tour de David (baie 6).
Baie à trois lancettes trilobées et un tympan à quatre mouchettes, un soufflet et deux écoinçons.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
9-Le Miroir de Justice (baie 8).
Baie à trois lancettes trilobées et un tympan à quatre mouchettes, un soufflet et deux écoinçons.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
10.Oculus à composition colorée organisé en 3 mouchettes en triskell (baie 10) .
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
11-Le Vase spirituel (baie 102 au dessus de la porte ouest).
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
SOURCES ET LIENS.
—CASTEL (Yves - Pascal ): Plouguerneau . L'enclos du Grouanec . Non consulté.
—CASTEL (Marcel), s.d, L'enclos paroissial du Grouaneg-Eglise Notre-Dame. Dépliant de présentation.
— COUFFON (René), LE BRAS (Alfred), 1988, « Plouguerneau », Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper
PAROISSE DU GROUANEC Paroisse érigée par l'ordonnance épiscopale du 11 novembre 1949.
EGLISE NOTRE-DAME (I.S.)
L'édifice, en forme de tau irrégulier, comporte une nef étroite et un choeur séparés par un arc diaphragme en tiers-point ; le choeur communique, au sud, par deux arcades, avec une chapelle en aile et, au nord, par trois arcades, avec une chapelle également en aile. Il date de plusieurs époques : la longère nord paraît remonter en partie au XIIIè siècle, la belle rose rayonnante du chevet à la fin du XIVè siècle ou au début du XVè siècle, la chapelle sud à la fin du XVè siècle ; la chapelle nord a été reconstruite en 1954 par l'architecte Péron, elle a gardé deux fenêtres flamboyantes. Une pierre, avec fleuron, porte l'inscription : " LAN MIL VcIII. I. NOUEL. "
Porche sud : arcade extérieure en tiers-point sous une accolade reposant sur des culots ; pinacles et crossettes au bas des rampants, voûte sur croisée d'ogives ; au flanc ouest, ossuaire d'attache. La nef est lambrissée en berceau brisé sur entraits. Dans la chapelle sud, un entrait engoulé et des sablières sculptées représentant les vices, en particulier l'ivrognerie. Les arcades en tiers-point des ailes, au nord, reposent sur les chapiteaux des piliers octogonaux et, au sud, pénètrent directement dans les piliers cylindriques.
Mobilier
Maître-autel en kersanton, table monolithe avec cinq croix de consécration sur un massif à décor d'arcatures trilobées.
Statues
- en pierre polychrome : Vierge Mère dite Notre Dame du Grouanec, la Vierge tenant une pomme, l'Enfant un livre ; Pietà ; saint Eloi en évêque
- en kersanton : Vierge Mère mutilée, saint Matthieu Ev. (pignon), saint Fiacre (porte aile sud) ;
- en bois polychrome : Christ en croix, Immaculée conception, saint Joseph, deux Anges thuriféraires, saint Sébastien, saint Roch, sainte Catherine d'Alexandrie, saint Antoine ermite, sainte non identifiée ; - en bois : sainte Thérèse de Lisieux.
Sur la porte en bois du porche, bas-relief de la Vierge à l'Enfant, " N. D. DU GROUANEC. "
Vitraux de Max Ingrand : Litanies de la Vierge avec anges à banderoles (1956).
Dans une petite fenêtre de l'aile nord, débris de vitrail représentant une Crucifixion, autrefois dans la fenêtre d'axe. On y voyait encore à la fin du XIXè siècle les portraits des donateurs, Jean Le Nobletz et Isabeau de Kerourfil.
Peintures sur le lambris de voûte du choeur : saint Pierre et saint Paul Apôtres, inscriptions au bas des deux panneaux.
Orfèvrerie : ciboire en argent, la coupe, postérieure, est montée sur un pied de calice portant l'inscription : " CALISSE. A. LA. CHAPELLE. DV. BIEN. HEVREV. NOBLES. EN. TREMENAC. 1785. "
* Dans l'enclos, fontaine de dévotion de 1604, dite Feunteun ar Gwelleat (Fontaine de la Guérison), statue de la Vierge Mère sous la voûte ; croix de granit monolithe, 1761 sur le socle. Devant l'entrée de l'enclos, menhir tronqué surmonté d'une croix, mentionné dans la Vie de saint Paul Aurélien.
—FAUJOUR (Marc) Plouguerneau, chapelle Notre-Dame du Traon,
C'est le 12 août 1663 que fut posée la première pierre de la chapelle Saint-Michel, dont l'évêque avait autorisé l'édification tout près de la maison achetée de ses deniers par Dom Michel Le Nobletz, missionnaire breton qui séjourna à Douarnenez de 1617 à 1639. La chapelle fut construite en 1664 et 1665 : la façade occidentale, est ornée d'une porte à fronton en ailerons portées par inscription MRE HIE PAILLART P RECT DE PLOUARRE MICHEL POULLAOUEC FABRIQUE 1664, alors qu'on lit sur la chambre de cloche amortie par un lanternon MATTHIEU LOZEAC'H 1665.
L'édifice est en forme de croix dont la tête et les branches se terminent en hémicycle ( forme souvent qualifiée de "trèfle", ce plan trèflé pouvant être l'œuvre du jésuite Charles Turmel). La façade ouest est percée d'une porte classique entre deux pilastres surmontés d'un fronton brisé au centre d'un mur pignon supportant un petit campanile classique.
La chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
La chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
La chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Cette construction s'opéra à l'instigation du Père Maunoir, par vénération pour son maître Dom Michel, mort onze ans plus tôt, en 1652. Il y aurait été incité par les visions d'une pieuse femme illuminée de Quimper, Catherine Daniélou. Il a reçu l'aide de la famille Ernothon-Pratglas, dont les armoiries d'azur à trois molettes d'or figuraient sur les vitraux (procès-verbal des armoiries de 1678). Cette famille possessionnée à Pont-L'Abbé a fait construire une maison pour les jésuites de Quimper (Peuziat).
De 1669 à 1676, le Père Maunoir vient chaque année prêcher en mission à Douarnenez, en mai ou en juin, récoltant des offrandes pour la chapelle. Ses visites deviennent plus espacées ensuite, jusqu'à sa mort en 1683.
A l'intérieur, la voûte en lambris peint comporte quatre blochets à la croisée du transept et des culots de poinçon sculptés représentant alternativement des têtes et des ornements. Le lambris est entièrement peint sur les deux-tiers de la partie inférieure de la voûte, le tiers supérieur, de teinte gris-bleu, voyant se succéder un semis d'étoiles à six branches avec un semis de fleurs de lys, sans ordre précis.
Les peintures
On compte 64 panneaux peints, cloisonnés par les nervures du plafond de cette chapelle, dont 58 scènes (Vie et Passion du Christ, Vie de la Vierge, évocations des différents ministères des anges auprès des hommes) et des séries de personnages vénérés (les 4 Evangélistes, les 4 docteurs d’Occident).
Ces peintures ont été exécutées en trois tranches en 1667 pour le chœur, en 1675 pour le transept et 1692 pour la nef. Ces peintures sont inspirées des taolennoù, tableaux d’inspiration chrétienne réalisés par Michel Le Nobletz pour présenter aux fidèles la religion dans une catéchèse missionnaire.
Chronologie des peintures, in Peuziat 2011.
Michel Le Nobletz, né à Plouguerneau en 1577 est un missionnaire qui a exercé à St-Malo, à l’Ile d’Ouessant, à l’Ile de Batz, à l’Ile Molène puis qui fut envoyé à Douarnenez de 1617 à 1639.
L'organisation du décor.
"À la base des panneaux, jouxtant la sablière, un cartouche à fond noir contient, en caractères dorés, la légende de la scène. Le cadre doré du cartouche porte aux extrémités des enroulements inspirés des cuirs découpés et est bordé de motifs végétaux, guirlandes, fleurs stylisées, disposées sur fond pourpre. La partie supérieure est une savante composition en courbe et contre-courbes. Les bases de l'arcade en plein-cintre reposent sur une petite tablettes supportée par une petite console en voûte. Les deux segments de l'arcade, ornés de guirlandes, se terminent par une spirale à révolution externe séparés par une goutte en guise de clef de voûte Reposant sur ses enroulements, un putto ailé, nimbé d'un motif en coquille, ornement fréquemment utilisé au cours du XVIIe siècle. De part et d'autres s'étalent spirales, volutes et guirlandes . Le peintre, afin de ne pas créer un ensemble monotone, a modifié la couleur du fond, alternant ainsi champs clairs et champs foncés, pour animer sa composition. Le panneau est amorti par un pot-à-feu orné de godrons et muni de deux anses. Dans le cul-de-four, l’exiguïté de la surface a obligé l'artiste à simplifier sa composition, mais l'inspiration est préservée.
La décoration du transept, réalisée sept ans plus tard, montre une évolution. Le cadre des cartouches gagne en simplicité, seuls des enroulements vaguement inspirés de parchemins l’agrémentent. Latéralement, l'ornementation est plus diversifiée tant par la polychromie que par les sujets où sont représentés coquilles, fleurs, feuilles stylisées. A la partie supérieure, la composition est presque identique au chœur. Dans les parties hautes, seuls les pots à feu des grands panneaux sont remplacés par des vases à fleurs ." (J. Peuziat)
Les peintures ont été restaurées en 1963 et 1964.
I. LE CHOEUR, CÔTÉ EST, Le FLOCH de PRATANBARS,1667.
1°) Dans l'abside ou arrondi :
les quatre évangélistes (Marc, Matthieu, Luc et Jean), à gauche.
les 4 Pères de l'Église (Jérôme, Ambroise, Augustin, Grégoire) à droite
2°) Sur les côtés, dans le sens horaire :
a) Sur le côté gauche : la Vie de la Vierge, I :
Annonciation (l'Ange)
Présentation de Marie au Temple
Nativité de la Vierge.
Conception.
b) Sur le côté droit : la Vie de la Vierge II:
Assomption
Purification
Visitation
L'Annonciation (la Vierge)
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Les quatre évangélistes.
1, 2. Saint Marc et son lion, saint Matthieu et son ange.
Tous les deux, debout, pieds nus et barbus, écrivent leur évangile.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
3, 4 . Saint Luc et son taureau, saint Jean et son aigle.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Les quatre Pères ou Docteurs de l'Église.
5 et 6 : Saint Jérôme en cardinal, accompagné de son lion et saint Ambroise en évêque de Milan, avec la ruche d'abeilles près de lui.
Comme les évangélistes, ces Pères de l'Église sont représentés la plume à la main, rédigeant leur œuvre.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
7 et 8 : Saint Augustin évêque d'Hippone et saint Grégoire, pape, inspiré par la colombe de l'Esprit.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Sur le côté gauche : la Vie de la Vierge, I :
9.Annonciation (l'Ange)
Dans cette portion haute du découpage des tableaux par les nervures, seule la moitié de l'Annonciation est figurée, car il n'y a ici que l'ange Gabriel ; et la Vierge, qui est le complément du tableau, se trouve en face de l'autre côté.
10. La Présentation de Marie au Temple.
La jeune Marie entre au service du Temple, dont elle gravit les degrés sous les regards de ses parents Anne et Joachim. Elle est accueillie par le grand prêtre.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
11. La Conception de la Vierge, ou scène de la Porte Dorée. La signature du peintre.
Devant la Porte Dorée de Jérusalem, Anne et Joachim (qui gardait ses troupeaux, chacun alerté de ce rendez-vous par une vision, se retrouvent, et cette seule rencontre (ou leur baiser) déclenche la conception chez Anne de l'enfant que le couple espérait depuis si longtemps : ils le nommeront Marie (Myriam) et le vouent au service de Dieu.
Dieu le Père apparaît dans les nuées, bénissant, la main gauche posée sur le globe du monde, la tête parée du nimbe triangulaire. La Vierge, immaculée dans sa conception, est figurée entre les deux époux, les pieds sur le croissant et entourée d'étoiles, selon le motif de la Vierge de l'Immaculée-Conception.
On lit en bas l'inscription PRATANBAR LE FLOCH FECIT 1667. Les experts n'y voient qu'un seul peintre, Hamon Pratanbars-Le Floch. En effet, le même peintre, le "sieur de Pratanbars", est intervenu en 1675 sur ces lambris, comme on le verra sur les inscriptions de la croisée du transept. Ce peintre avait signé en 1663 un tableau conservé à l'évêché de Quimper et qui porte la signature PRATANBARZ-FLOCH PINXIT LAN 1663. Il s'agit d'un ex-voto commandé par M. de Fages de Quimper après avoir été guéri en novembre 1661, alors qu'il était assisté par Michel de Nobletz, celui-là même en la mémoire de qui a été édifiée la chapelle Saint-Michel.
Yves-Pascal Castel (Dictionnaire des artistes..) indique que Hamon Floch, sieur de Pratambars (Morlaix,?-Quimper 1677) s'est marié le 4 septembre 1662 avec Marie Guérin à Quimper, paroisse de Saint-Mathieu. De 1664 à 1670, quatre enfants voient le jour à Quimper. Il est l'auteur des lambris de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez en 1667. En 1670, Hamon Floch reçoit 15 livres des fabriciens de Saint-Evarzec "pour le days au dessus du crucifix". En 1672, il peint un tableau de Saint-Yves moyennant 30 livres, et fait "le devant d'autel de monsieur st nicolas" pour 7 livres 2 sols. Il décède le 17 janvier 1677 à Quimper, paroisse de Saint-Mathieu. Sa femme meurt le 11 mai 1677. En 1679, sa maison de terre-au-Duc à Quimper est vendue lors de sa succession.
Les généalogistes précisent que Hamon Aymon FLOCH est né le 22 février 1609 à Landerneau et baptisé à Saint-Thomas de Landerneau. Ses quatre enfants sont Jacques, Marguerite, Jean-François et François. Il n'existe pas de lieu-dit Pratanbars à Quimper.
Le commanditaire de l'ex-voto, M. de Fages, est représenté alité, entouré de plusieurs membres de sa famille et de Michel de Nobletz venu le bénir. Il est figuré étendu sur une couchette, entouré de sa femme Anne Gary et de ses sept enfants. La Vierge à l'Enfant est représentée en haut à gauche du tableau.
Signé et daté en bas à gauche : Pratanbarz-Floch / pinxit l'an 1663 / [illisible] ; inscription peinte en bas au centre : veu faict par monsr de fages de / La ville de quimper a Dom / michel Noblet prestre et a / este gueri au moys de / novembre lan 1661.
Ce tableau appartient à une série d'ex-voto consacrés à dom Michel Le Nobletz (1577-1652). Michel Nobletz naît à Plouguerneau. Après des études chez les Jésuites à Bordeaux, à Agen puis à la Sorbonne à Paris, il est ordonné prêtre en 1607. De retour à Plouguerneau, il enonce à la carrière ecclésiastique, et décide de devenir missionnaire. Il entreprend des missions dans les évêchés de Tréguier et de Léon, puis se rend dans les îles d'Ouessant, de Molène et de Batz. En 1617, il s'établit et séjourne pendant vingt ans à Douarnenez, puis revient dans le diocèse de Léon, au Conquet, petit port près de Brest, où il passe les douze dernières années de sa vie. Il met au point en 1613, lors d'une de ses missions à Landerneau, une méthode d'enseignement originale, associant l'image à la parole, qui repose sur les taolennoù, peaux de moutons sur lesquelles sont dessinées des images symboliques illustrant les dogmes de la religion catholique. Doublés de textes explicatifs et de déclarations, ils permettent aux laïcs de les utiliser à leur tour. Les 14 taolennoù en langue bretonne conservés à l'évêché ont été classés au titre des monuments historiques en 2003. Le procès de béatification du prédicateur Michel de Nobletz est relancé en 1888, mais il faut attendre le 14 décembre 1913 pour que le pape Pie X proclame l'héroïcité des vertus du vénérable Michel Le Nobletz, première étape vers sa béatification. C'est à l'occasion de ce procès que sont rassemblés différentes uvres à l'évêché, prouvant la véracité du culte, dont la série d'ex-voto qui s'inscrivent dans la suite logique de l'action d'évangélisation menée par dom Michel Le Nobletz. Le peintre de ce tableau, Hamon Floch, sieur de Pratanbars de Quimper, est le peintre d'une partie de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Le commanditaire, apothicaire de la rue Kéréon, a été identifié par Henri Pérennès qui publie La Vie du Vénérable Dom Michel de Nobletz par le Vénérable Père Maunoir.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
12. La Nativité de la Vierge.
Anne, allongée sur son lit de relevaille de couches, a donné naissance à Marie, et une servante lui présente, en guise de brouet, une assiette de fruits rouges ressemblant à des groseilles. Joachim est assis près d'elle et la désigne à un autre homme.
Deux servantes ou sage-femmes lavent l'enfant dans une bassine, une troisième tend un linge pour l'essuyer, tandis qu'une troisième femme descend quelques marches, chargée d'une assiette de groseilles.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Sur le côté droit : la Vie de la Vierge, II :
13. L'Assomption.
Marie s'élève dans les nuées, entourée d'anges, sous les yeux des 12 apôtres (on reconnait Jean et Pierre).
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
14. La Purification de la Vierge.
La scène correspond à la Présentation de Jésus au Temple. L'un des prêtres est vêtu en docteur en théologie ou droit du XVIIe siècle (robe rouge et camail d'hermines).
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
15. La Visitation de la Vierge.
Elisabeth est agenouillée et pose la main sur le ventre de Marie, qui tresaille. Les maris sont présents.
16. L'Annonciation (la Vierge)
La Vierge, en prières dans sa chambre, salue la visite de l'ange et fait le geste d'acceptation du Fiat.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
II. LE BRAS SUD DU TRANSEPT.
1°) Dans l'abside ou arrondi : dans le sens horaire
Ange
Saint Paul
Michel de Nobletz
Vierge
Jésus Sauveur
Saint Michel
Saint Pierre
Ange présentant une couronne de gloire
2°) Sur les côtés, dans le sens anti-horaire:
a) Sur le côté gauche :
Couronnement de la Vierge
La Vierge ensevelie par les apôtres
Le Trépassement de la Vierge (Dormition)
Ange voletant.
b) Sur le côté droit :
Ange
Jésus enseignant aux Docteurs de la Loi
Adoration des Mages
Adoration des Bergers (et signature A. Madezo)
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
L'arrondi du bras sud , présenté dans le sens horaire.
17. Ange tenant la croix, qu'il désigne du doigt.
Légende : PRENS LA CROIX DE IESUS SI TU VEUX SA COURONNE.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
18. Saint Paul et son épée.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
19. Dom Michel [de] Nobletz Prestre.
Il est vêtu de la robe blanche, d'un surplis, et de la soutane. Il porte l'étole.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
20. La Vierge.
Inscription Mère de Dieu P.P.N.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
21. Jésus Sauveur du Monde.
Inscription Sauveur du Monde A.P.D.N ("Aie Pitié De Nous"].
Il bénit en tenant le globe crucifère.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
22. Saint Michel archange.
Armé d'une épée, il terrasse le dragon tout en pesant sur la balance du Jugement dernier une âme qui le supplie mains jointes (plateau à notre droite) : sur l'autre plateau, une meule, d'où s'échappe un dragon ailé.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
23. Saint Pierre et ses clefs.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
24. Ange présentant une couronne de gloire.
Inscription "SI TU VEUX UNE COURONNE DE GLOIRE".
L'ange porte une couronne de roses. Le panneau est le complément de celui où l'ange présente la croix en disant "Prends la croix de Jésus si tu veux la couronne."
.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Sur le côté droit , dans le sens anti-horaire (vers l'arrondi).
25. Ange tenant une banderole rouge (ceinture de la Vierge?)
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
26 . Jésus enseignant aux Docteurs de la Loi.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
27. L'Adoration des Mages.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
28. L'Adoration des Bergers. Signature.
Un ange déroule dans le ciel la banderole où est inscrit GLORIA IN EXCEL[CIS DEO]
Les bergers sont accompagnés de leur houlette, bâton de berger élargi à son extrémité.
Inscription : NOSTRE SEIGNEUR EST NÉ EN BETLEM
Puis : AVGUSTIN MADEZO : f.
Si le "f" correspond à "fabrique", cet Augustin MADEZO est donc le commanditaire ou maître d'ouvrage de cette tranche nord des peintures.
Mais le f minuscule peint être l'abrégé de "fecit" (fait par), ce pourrait être aussi un des peintres.
Les généalogistes mentionnent un Augustin Madezo, fils de Jean Riou Madezo, Honorable Marchand, et de Jeanne Le Marrec (épousé en 1642) et né le 5 mars 1652 à Ploaré Douarnenez, aîné de 6 enfants. S'il s'agit de notre signataire, il aurait 15 ans en 1667 (peinture du chœur) et 23 ans en 1675 (date portée à la croisée des transepts).
Il épousa le 22 février 1672 à Douarnenez Anne Lozach [LOZEAC'H]*, d'où une fille, Marguerite, née en 1685.
* nb le nom de Matthieu Lozeac'h figure, avec la date de 1665, sur l'édifice.
Une seule généalogie donne pour cet Augustin la date de naissance de 1642, date "attendue" par rapport à celle du mariage des parents.
Un autre (ou le même) Augustin Mazedo figure sur la liste des gens de mer de Douarnenez-Poullan, sans-doute comme matelot puisque "âgé de 11 ans", une liste tenue depuis 1671. Voir le dépouillement réalisé par l'association Bagou Coz.
.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Sur le côté gauche du bras sud du transept : sens horaire (vers l'arrondi).
29. Ange voletant
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
30. Le Trépassement de la Vierge [Dormition].
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
31. La Vierge ensevelie par les apôtres.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
32. Le Couronnement de la Vierge.
Inscription : LA VIERGE REINE DES ANGES ET DES HOMMES.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
III. LE BRAS NORD DU TRANSEPT, À GAUCHE.
1°) Dans l'abside ou arrondi : dans le sens horaire :
L'ange de dévotion ; il tient un gros chapelet.
L'ange de paix ; il tient une couronne et une palme.
L'Ange chef de l'armée de l'Eternel tenant un glaive
L'Ange gardien conduisant un enfant.
L'Ange tient Satan enchaîné
Lange envoyé pour nous défendre ; il tient un bâton et un glaive.
L'Ange porte cierge bénist : il tient un cierge et une couronne
ange qui donne Lo contre le diable ; il tient un bénitier et un goupillon.
Sur le côté gauche :
Ange voletant tenant une banderole rouge
L'ange nous arme ; un ange donne une croix à un enfant que le diable menace de sa fourche.
L'ange nous anseigne ; un petit enfant écrivant, l'ange lui montre un livre.
L'ange qui nous esclaire ; il tient un flambeau allumé.
Sur le côté droit : 3 Sacrements.
La Pénitence :"L'ange nous mène à la pénitence ; il conduit un enfant dans un confessionnal. "
L'Eucharistie : "L'ange nous mène à la sainte communion".
L'extrême-onction :"L'ange nous assiste à la mort ; il exhorte un moribond et le démon s'enfuit. "
Hors programme : l'Annonciation La salutation de l'ange ; la Sainte-Vierge faisant pendant à l'ange Gabriel dans la scène de l'Annonciation.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
1°) Dans l'abside ou arrondi : dans le sens horaire :
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
33. L'ange de dévotion ; il tient un gros chapelet.
34. L'ange de paix ; il tient une couronne et une palme.
35. L'Ange chef de l'armée de l'Eternel tenant un glaive
36. L'Ange gardien conduisant un enfant.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
37. L'Ange tient Satan enchaîné
38. Lange envoyé pour nous défendre ; il tient un bâton et un glaive.
39. L'Ange porte cierge bénist : il tient un cierge et une couronne
40. L'ange qui donne Lo contre le diable ; il tient un bénitier et un goupillon.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Sur le côté droit :
41. Ange voletant tenant une banderole rouge
42 . "L'ange nous mène à la pénitence" ; il conduit un enfant dans un confessionnal.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
43. "L'ange nous mène à la sainte communion" ; il guide l'enfant vers la Sainte Table.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
44. "L'ange nous assiste à la mort" ; il exhorte un moribond et le démon s'enfuit.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Sur le côté gauche :
45. Ange voletant tenant une banderole rouge
46. "L'ange nous arme "; un ange donne une croix à un enfant que le diable menace de sa fourche.
47. "L'ange nous anseigne" ; un petit enfant écrivant, l'ange lui montre un livre.
48. "L'ange qui nous esclaire" ; il tient un flambeau allumé.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
IV. LA CROISÉE DU TRANSEPT ET SES INSCRIPTIONS, peints par H. F de Pratanbars 1675.
Huit cartouches indiquent les noms des commanditaires (recteurs et gouverneurs) et du peintre de ce vaste ensemble de peinture, tout en en précisant les dates, de 1667 à 1692.
1. Le clergé :
On lit sur les 8 cartouches les inscriptions suivantes :
MESSIRE . HIEROSME PAILLART. Rre 1667.
Mre. GVILLAVME . PAILLART . Rvr . 1675.
V. ET. D. Mre G . PAILLART. DOCTEVR et Rre . 1692.
MESSIRE . JAN . COVLLOCH . CVRE . 1675.
Mre MICHEL LAVEC CURÉ
Soit :
a. Messire Jérôme Paillart recteur 1667
DANS LE PORCHE SUD, de l'église Saint-Herlé nous lisons M : H : PAILLART : R : 1673, inscription qui se lit comme suit : « Messire Hiérosme (Jérôme) Paillart, Recteur 1673 ». Il fut recteur de Ploaré (Douarnenez) et de ses trèves du Juch et de Gourlizon, de 1657 à 1675. Son nom apparaît aussi au-dessus de la porte ouest de la chapelle Saint-Michel, commencée en 1663 Son nom est inscrit sur le porche sud de l'église de Saint-Herlé à Ploaré avec la date de 1673. Le recteur qui lui succéda se nommait Guillaume Paillart.
b. Messire Guillaume Paillart recteur 1675 ; et Vénérable et discret Guillaume Paillart docteur 1692.
Il fut recteur de Ploaré de 1676 à 1707. Il indique son titre de docteur en Sorbonne (et les textes qu'il rédige sont en latin, en grec ou en français) On trouve aussi son nom sur le mur nord du chœur de Saint-Herlé et et dans l’église du Juch. Il a commenté les taolennou de Michel Le Nobletz .
c. Les deux curés, messires Jean Coulloch (1675) et Michel Lavec. Ce dernier nom n'est pas attesté, il faut peut-être lire "Michel Poullaouec", même nom que le premier gouverneur de 1664. J.M. Abgrall avait lu "Mr. MICHEL . CONAN . POVLLAOVEC . CVRE."
2. Les gouverneurs de la fabrique en 1674-1675.
N . H . LAN LARCHE . GOUVERNEUR . 1674.
H . H . ALAIN . SQVIVIDAN GOVVERNEVR . 1675.
Soit "Noble Homme Jean Larche, gouverneur pour 1674, et Honorable Homme Alain Squividan; gouverneur pour 1675."
Il pourrait s'agir de Jean Larcher, né en 1631 à Quimper, décédé à Ploaré le 27 juillet 1693, "noble homme, sieur de Kerbasquiou en Logonna", fils de procureur et notaire. Il épousa à Crozon Anne Madec, née à Ploaré.
En 1672-1673 le gouverneur et trésorier était Guillaume Coulloc'h, dont le chanoine Abgrall cite le compte-rendu de son exercice dans sa Notice, d'après les comptes de la chapelle Saint-Michel conservés aux Archives départementales .
3. Le peintre.
L'inscription énonce : PEINCT . PAR . LE . SIEVR . DE. PRATANBARS . 1675. Il s'agit d'Hamon Le Floch, sieur de Pratanbars, qui a signé aussi les lambris sud.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
LES 4 BLOCHETS DE LA CROISÉE DU TRANSEPT.
Quatre anges aux chevelures longues et bouclées portent une robe rouge et une tunique dorée à manche courte : leur tenue évoque celle des servants d'autel et chanteurs des maîtrises en soutanelle et surplis. ( les comptes de la chapelle mentionnent en 1672-73 "deux aubes garnyes de belle dentelle et sept autres de petite dentelle, etc., sept devant d'autels ... une chape et deux tuniques de satin" .
La couleur dorée a pu être proposée par les peintres-restaurateurs. Deux portent l'encensoir, mais deux autres sont beaucoup plus originaux et "locaux" car ils présentent des cartouches illustrant des scènes de pêche.
Du côté du chœur : deux anges thuriféraires portant leur encensoir.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Du côté de la nef : deux anges portant des cartouches.
Dans le premier cartouche, un marin relève ses filets : un oiseau sombre pique vers eux. Ce comportement est celui des Fous de Bassans. Une scène semblable est sculptée sur un contrefort de l'église Saint-Herlé de Ploaré.
Dans le deuxième cartouche, un marin (le même, en rouge) revient de pêche, sa barque pleine de poissons.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
LES 14 PANNEAUX DES LAMBRIS PEINTS DE LA NEF, 1692, Claude Hauteville et Olivier Le Minteur, peintres.
Le lambris est divisé de chaque côté par les nervures en sept panneaux, soit 14 panneaux. Huit panneaux traitant de la Passion et de la Vie glorieuse du Christ sont associés, avec un côté pêle-mêle, à des scènes de la Vie de la Vierge, de saint Michel et d'autres encore.
Les archives mentionnent le règlement le 28 juin 1692 par Honorable Homme Noël Le Manach, fabricien, de la somme de 150 livres à Claude de Hauteville pour les travaux de peinture. Ce dernier en a reversé une part au sieur de Mezlann (Meslan) qui avait réalisé les peintures "du bas du lambris". J. Peuziat propose l'hypothèse suivante : Claude Hauteville serait l'auteur des tableaux, et Olivier Le Minteur celui des ornementations.
Claude Hauteville, sieur des Roches, est né à Pleyben vers 1652 et décédé à Locronan en 1720. En 1694, il assure des travaux de peinture de de dorure pour l'église Saint-Pierre de Plogonnec tout en assurant les charges de « procureur et notaire de plusieurs juridictions ». En 1691, il était au service du roy au port de Rochefort.
Olivier Le Minteur ou Le Meinteur qui est, pour Peuziat, le sieur de Meslan, est connu pour avoir travaillé comme peintre et doreur en 1675 pour la fabrique de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Les actes montrent qu'il a vécu quelques années, de 1691 à 1698, avec sa famille, à Ploaré. Un autre peintre, Guillaume Le Meinteur, qualifié de maître-peintre, a décoré deux autels en 1690 pour l'église de Plogonnec. Guillaume Le Minteur a restauré l'église du Folgoët après 1708.
Un Olivier Le Minteur a épousé en 1702 Catherine Lazennec (1670-1705) et est décédé après 1702.
Les généalogistes mentionnent Olivier Le Minteur ou Le Minther, 1640-1721, maître-coutelier, ou Olivier Le Minteur de Plouvien, né en 1601.
I. LE CÔTÉ SUD DE LA NEF.
Les cinq premiers panneaux en allant vers le fond de la nef traitent de scènes de la Passion.
Agonie à Gethsémani.
Flagellation.
Couronnement d'épines.
Le Portement de croix, le voile de Véronique.
Crucifixion.
L'apparition de saint Michel sur le Mont Gargan.
L'échelle de Jacob.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
49. Agonie à Gethsémani.
Légende : "La prière au jardin".
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
50. La Flagellation.
Légende :"La flagellation du Sauveur".
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51. Le Couronnement d'épines.
Légende : "Jésu est couronné d'épines."
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
52. Le Portement de croix, le voile de Véronique.
Légende : "Jésu portant sa croix. "
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
53. La Crucifixion.
Légende : "Le Sauveur Jésu crucifié."
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54. Apparition de Saint Michel archange sur le Mont Gargan.
La tradition catholique de l'apparition de l'archange au Gargano est décrite dans la Légende dorée (Legenda Aurea), recueil de légendes chrétiennes compilé par Jacques de Voragine entre 1260 et 1275 :
"Son apparition s’est manifestée en plusieurs circonstances. Il est apparu, d’abord, sur le mont Gargan, qui se trouve en Pouille, auprès de la ville de Manfrédonie. L’an du Seigneur 390, vivait dans cette ville un homme, nommé Garganus, qui possédait un énorme troupeau de bœufs et de moutons. Et comme ses troupeaux paissaient au flanc de la montagne, un taureau, laissant ses compagnons, grimpa jusqu’au sommet de la montagne. Garganus se mit à sa recherche, avec une foule de ses serviteurs, et le trouva enfin, au sommet de la montagne, près de l’entrée d’une caverne. Furieux, il lança contre lui une flèche empoisonnée ; mais celle-ci, comme repoussée par le vent, se retourna vers lui et le frappa lui-même. Ce qu’apprenant, la ville entière fut émue et vint demander à l’évêque l’explication du prodige. L’évêque ordonna un jeûne de trois jours, au bout duquel saint Michel apparut, et lui dit : « Sache que c’est par ma volonté que cet homme a été frappé de sa flèche ! Je suis l’archange Michel. J’ai résolu de me garder ce lieu ; et j’ai eu recours à ce signe pour faire connaître que j’en étais l’habitant et le gardien. » Aussitôt l’évêque, avec toute la ville, se rendit en procession sur la montagne. Et, personne n’osant entrer dans la caverne, on pria l’archange devant le seuil."
On voit Saint Michel, Garganus lançant sa flèche vers le taureau, et la caverne.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
55. L'échelle de Jacob.
Légende : "Les anges montent et descendent dans léchel de Jacob."
Comme le précédent, ce tableau doit être mis en relation avec celui qui lui fait face, "La mort du Juste", où le défunt est assisté par des anges descendus du Ciel.
Quatre anges montent et descendent de l'échelle, adressés à Jacob par Dieu qui est en haut de l'échelle, tenant le globe du Monde.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
II. LE CÔTÉ NORD DE LA NEF.
Après l'Annonciation, les trois premiers panneaux en allant vers le fond de la nef traitent de scènes de la Vie glorieuse de Jésus après sa mort. Puis vient, sans cohérence, le Mariage de la Vierge.
L'Annonciation
La Résurrection.
L'Ascension.
La Pentecôte.
Le mariage de la Vierge.
Saint Michel chassant Lucifer du Paradis.
La mort du juste.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
56. L'Annonciation.
Légende : "La salutation de l'Ange."
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
57. La Résurrection.
Représentation classique : le Christ ressuscité, tenant l'étendard de sa victoire sur la Mort, sort du tombeau devant les gardes, l'un dormant et les autres se protégeant les yeux de l'éblouissement.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
58. L'Ascension.
Légende : "L'ascention de Nostre Seigneur"
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
59. La Pentecôte.
Légende : "La descente du Saint-Esprit sur les Apostres."
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
60. Le mariage de la Vierge.
Chaque époux est accompagné de témoins. Jospeh tient sa verge fleurie, signe de son élection.
Le prêtre (en tenue épiscopale) guide la main de Joseph tenant l'anneau vers le doigt de Marie.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
61. Saint Michel chassant Lucifer du Paradis.
Dans des nuées, saint Michel (casque crucifère, cuirasse, sandales lacées) entouré d'anges et de chérubins, brandit son glaive et chasse Lucifer, l'ange déchu, vers les flammes de l'Enfer aux diables cornus munis de fourches.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
62. La mort du juste.
Sur le lit, le mourant est assisté par deux anges, l'un lui présentant un crucifix et l'autre le glaive de la Justice divine.
S'échappant du dais rouge, saint Michel (ou du moins un ange casqué à panache et écharpe rouge) emporte l'âme du "juste" (une figure féminine, nue à longue chevelure) vers une trouée de lumière.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
L'AUTEL ET LE RETABLE DU CHOEUR.
Le retable aurait été exécuté en 1666, il est orné de colonnes torses abritant au centre la statue de l'archange saint Michel sous un dais, dans la même tenue baroque que sur les peintures et brandissant son glaive à la lame d'éclair.
Les niches latérales accueillent la Vierge à l'Enfant (dont on notera le bandeau rétro-occipita) et sainte Anne éducatrice (qui a peut-être perdu la statue de Marie).
Le retable est surplombé par une Trinité souffrante, le Père tenant le Christ en croix dominé par la colombe.
La bannière honore saint Michel avec la devise QUIT US DEUS sur fond de velours incarnat frappé d'hermines noires.
La chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
La chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
La chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
La chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
La chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
La chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.
DISCUSSION.
Il reste à discuter du choix iconographique du programme de peinture. On lit qu'il est inspiré des tableaux de mission ou taolennou (petites tables, petits tableaux) peints entre 1613 et 1639 par Michel Le Nobletz (environ 70), mais on ne trouve rien ici des dispositifs en bande dessinée, des cartographies d'un itinéraire vertueux, des représentations des péchés capitaux sous forme d'animaux, et des représentations des tourments de l'Enfer, visant à impressionner les bas-bretons en manipulant les sentiments de peur pour provoquer la conversion et le retour à la pratique des sacrements de l'Église.
On conserve aussi 10 tableaux de Carème du Père Maunoir conservés en la basilique Sainte-Anne d'Auray : on verra en les consultant qu'ils sont bien différents des tableaux de Saint-Michel de Douarnenez.
Reprenons la liste des tableaux (ma numérotation est arbitraire et renvoie à mes images) :
1, 2 ,3 ,4 les quatre évangélistes (Marc, Matthieu, Luc et Jean)
5,6,7,8 les 4 Pères de l'Église (Jérôme, Ambroise, Augustin, Grégoire)
9. Annonciation (l'Ange)
10. Présentation de Marie au Temple
11. Nativité de la Vierge.
12. Conception.
13. Assomption
14. Purification
15. Visitation
16. L'Annonciation (la Vierge)
17. Ange tenant la croix "Prends la croix de Jésus si tu veux sa couronne".
18. Saint Paul
19. Michel de Nobletz
20. Vierge
21. Jésus Sauveur du Monde
22. Saint Michel
23. Saint Pierre
24. Ange présentant une couronne de gloire : "Si tu veux une couronne de gloire"
25. Couronnement de la Vierge
26. Jésus enseignant aux Docteurs de la Loi
27. Adoration des Mages
28. Adoration des Bergers
29. Ange voletant
30.Dormition de la Vierge
31. La Vierge ensevelie par les apôtres
32. Couronnement de la Vierge
33. L'ange de dévotion ; il tient un gros chapelet.
34. L'ange de paix ; il tient une couronne et une palme.
35. L'Ange chef de l'armée de l'Eternel tenant un glaive
36. L'Ange gardien conduisant un enfant.
37. L'Ange tient Satan enchaîné
38. L'ange envoyé pour nous défendre ;
39. L'Ange porte cierge bénist : il tient un cierge et une couronne
40. L'ange qui donne Lo contre le diable ; il tient un bénitier et un goupillon.
41. Ange voletant tenant une banderole rouge
42.L'ange du Sacrement de Pénitence
43. L'ange du Sacrement de l'Eucharistie
44. L'ange du Sacrement de l'Extrême-Onction
45. Ange voletant tenant une banderole rouge
46. "L'ange nous arme "; un ange donne une croix à un enfant que le diable menace de sa fourche.
47. "L'ange nous anseigne" ; un petit enfant écrivant, l'ange lui montre un livre.
48. "L'ange qui nous esclaire" ; il tient un flambeau allumé.
49. L'Agonie à Gethsémani.
50. Flagellation.
51. Couronnement d'épines.
52. Le Portement de croix, le voile de Véronique.
53. Crucifixion.
54. L'apparition de saint Michel sur le Mont Gargan.
55. L'échelle de Jacob.
56. L'Annonciation
57. La Résurrection.
58. L'Ascension.
59. La Pentecôte.
60. Le mariage de la Vierge.
61. Saint Michel chassant Lucifer du Paradis.
62. La mort du juste.
Nous trouvons ici un programme narratif bien plus traditionnel et largement illustré au XVIe siècle sur les vitraux des églises et chapelles bretonnes, détaillant en épisodes la Vie de la Vierge, celle de l'Enfance et de la Vie Publique puis de la Vie Glorieuse du Christ, tandis que les saints et apôtres figurent dans la statuaire des mêmes édifices . La source se trouve dans les Evangiles et évangiles apocryphes et dans la Légende dorée de Jacques de Voragine. Cela concerne 36 tableaux . Ajoutons les Pères de l'Église —témoin de la Contre-Réforme) et une scène biblique (l'échelle de Jacob) , soit 41 tableaux (en noir gras) sur 61.
Parmi les panneaux restants, un est consacré à Michel de Nobletz. Tous les autres représentent des anges. Certains sont des angelots décoratifs. Mais 17 (en rouge) sont ce que je peux désigner comme des anges de catéchèse (ou de Mission). C'est là la partie la plus originale, mais nous voyons qu'elle n'est pas majoritaire.
J'ai voulu rechercher dans les prédications du Père Maunoir la source de cette "angélologie pieuse", mais j'ai perdu patience : l'échec de cette recherche montre au moins que cette dimension n'est pas première dans les grandes manœuvres de conversions des campagnes, qui reposent surtout sur des exortations à la confession et à l'organisation de Drames liturgiques jouant la Passion comme dans les Jeux médiévaux.
Ces panneaux prédominent dans le transept nord. Notamment les six panneaux, trois de chaque côté s'adressent à des enfants à qui ils s'adressent en leur disant : "nous" :
L'ange nous arme .
L'ange nous anseigne .
L'ange qui nous esclaire .
"L'ange nous mène à la pénitence "
"L'ange nous mène à la sainte communion".
"L'ange nous assiste à la mort " Ce dernier panneau est complété, dans la nef, par "La mort du Juste"
3°) Nous pouvons consulter aussi les 24 taolennou des séries Plouguerneau 1 et Plouguerneau 2 (ils viennent du presbytère de Plouguerneau) conservées à l'évêché de Quimper. Mais ces tableaux datent du XIXe siècle :
—ABGRALL, (Jean-Marie), 1894, "Les peintures de la chapelle Saint-Michel à Douarnenez", Bull Société archéologique du Finistète tome XXI p. 341-344
—ABGRALL, (Jean-Marie), 1904, "Les peintures de la chapelle Saint-Michel à Douarnenez" Architecture bretonne, p. 355-358
—ABGRALL, (Jean-Marie), et PEYRON 1908, "Douarnenez, Les peintures de la chapelle Saint-Michel", Bulletin de la Commision diocésaine d'Histoire et d'Archéologie p. 90-96.
—ABGRALL, (Jean-Marie), et PEYRON 1915, Notice Douarnenez, Bulletin de la Commision diocésaine d'Histoire et d'Archéologie
—ABGRALL, (Jean-Marie), 1883 Bulletin monumental, p. 567 Douarnenez
—ABGRALL, (Jean-Marie), 1898, Congrès archéologique de France p. 120
—BARRIÉ (Oger), 1979, La peinture, in Dilasser (Maurice), Un pays de Cornouaille: Locronan et sa région - - Page 550
—BOURDE DE LA ROGERIE ( Henri )· 1998 Fichier artistes, artisans, ...
—CASTEL (Yves P. ), Georges-Michel Thomas, Tanguy Daniel · 1987 Artistes en Bretagne: dictionnaire des artistes, artisans et ... - Page 115
— CELTON (Yann) « Taolennoù. Michel le Nobletz. Tableaux de mission », éditions Locus Solus de Châteaulin, sous la direction de Yann Celton.
— CROIX (Alain),1988, « Les cartes de Michel Le Nobletz. L'art de la prédication au XVIIe siècle », Ar Men, n° 17, octobre 1988, p. 74-85.
—Couffon (René), Le Bars Alfred, 1980
— DILASSER (Maurice), 1979, Un pays de Cornouaille: Locronan et sa région - page 691
— PEUZIAT (Josick), 2011, Contribution à l'étude des peintres ayant oeuvré à la chapelle Saint-Michel de Douarnenez; Bull. SAF 2011, 89-102, ill.
Résumé : Cette étude a pour point de départ la découverte de dessins à la plume accompagnant une signature dans les registres de catholicité de la paroisse de Ploaré. Le signataire, Olivier Le Minteur, n’est autre que l’un des peintres qui, associé à Claude Hauteville, effectua en 1692 les peintures du lambris de la nef de la chapelle Saint-Michel à Douarnenez, tandis que le choeur et le transept, décorés en 1667 et 1675, sont l’oeuvre d’Hamon Le Floch, sieur de Pratanbars, peintre domicilié à Quimper, décédé en 1677. Malgré l’étalement des travaux dans le temps – vingt-cinq ans – l’ensemble montre, à première vue, une certaine unité de composition qui peut être nuancée par l’observation de menus détails"
:
1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
"Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)