Le chœur et la nef de l'église Sai,nte-Foy de Conches-en-Ouches ont été édifiés entre 1530 et 1550, et la plupart de ses 24 vitraux datent des années 1540-1555. Seules les baies 19 et 20 (cf. lien supra) datent de 1500-1510 et témoignent de la Première Renaissance Rouennaise, par Arnoult de Nimègue (baie 19) et par le Maître de la Vie de saint Jean-Baptiste (baie 20).
Les baies du chœur 0 à 6 sont attribuées à Romain Buron de Gisors, dans les suites des Le Prince de Beauvais, vers 1540, ainsi que les baies 7, 98 et 11, mais les baies 8, 10, 12, et les baies plus tardives 13 à 17 réalisées dans les années 1550-1553 témoignent de la Seconde Renaissance et serait selon Jean Lafond de l'école parisienne.
Pourtant, la baie n°12, datée de 1546, reprend un motif, celui du donateur en transi (son cadavre nu allongé sur un tombeau sous les scènes religieuses) apparu à l'église Saint-Vincent de Rouen en 1520-1530, puis à l'église Saint-Patrice de Rouen en 1540, ainsi qu'à l'église Saint-Médard de Saint-Mards en 1531, et qui sera repris en 1551 à Buchy, toutes localités situées en Seinte-Maritime.
DESCRIPTION
Cette baie de 4,50 m de haut et 2,30 m de large comporte 3 lancettes trilobées et un tympan à 3 ajours.
En bonne état de conservation, elle a été restaurée en 1857-1858 par Maréchal.
Baie 12 (1546) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photo lavieb-aile.
LE TYMPAN.
Je débute la description de la Cène par le tympan, car il montre le couronnement de l'architecture du Cénacle, la pièce où Jésus réunit ses disciples pour le repas célébrant la paque la veille de sa mort. C'est une architecture grandiose, à arcs et colonnes Renaissance, qui ne figure pas dans la gravure ayant servie de modèle. Le point de fuite de la perspective coincide avec le blason de la tête de lancette.
Ce blason de gueules aux trois martels d'or porte les armes parlantes du donateur, de la famille Martel. Elles ont été restaurées.
Baie 12 (1546) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photo lavieb-aile.
LA CÈNE.
Elle trouve son origine dans une gravure de Marc-Antoine Raimondi , catalogue Bartsch 26 réalisée vers 1515-1516.
Le point de fuite est placé au sommet de la tête du Christ. Celui-ci, encadré par une fenêtre à paysage rural, est entouré de Jean à sa gauche et d'un autre apôtre à sa droite. Il écarte les bras vers les mets placés sur la table, et notamment sa main droite touche le plat de viande. La main gauche est restaurée.
Sous ses pieds, un dogue à collier hérissé de pointes dévore un os qu'on ne voit pas.
Les différents apôtres témoignent par leurs gestes et postures de leur stupeur, car Jésus vient d'annoncer que l'un d'eux va le trahir.
Judas, en robe verte et manteau violet, se lève de son tabouret : sa main droite est posée sur sa bourse, orange.
Baie 12 (1546) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photo lavieb-aile.
Baie 12 (1546) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photo lavieb-aile.
Baie 12 (1546) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photo lavieb-aile.
Baie 12 (1546) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photo lavieb-aile.
Baie 12 (1546) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photo lavieb-aile.
Baie 12 (1546) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photo lavieb-aile.
LE SOUBASSEMENT : LE DONATEUR EN TRANSI, ET SA VEUVE.
Le cadavre du donateur, clairement identifié comme tel par une inscription, est allongé sur le liceul sur la dalle de son tombeau, presque nu (seul un pagne couvre son bassin), les genoux fléchis sur un coussin et la tête cambrée et tournée vers la droite comme par un spasme. Il est maigre, sa tête brune et grimaçante me semble restaurée, les cheveux sont bruns.
Ce n'est pas l'inscription d'origine, laquelle est conservée à Champs-sur-Marne, mais le restaurateur a suivi fidèlement le modèle.
L'inscription, son épitaphe, est un huitain :
Si devant gist loys pierre martel
Lequel avant que passer le morstel
de dure mort ensuyvant son feu père
par testament donna cette verrière
puis trespassa le iour vingt et cinq
du moys juillet mille quarante et six
Avec cinq cens de luy il vous souvienne
Pries à dieu qui luy doint paradis
Louis-Pierre Martel a donc donné cette verrière par son testament, précédent sa mort survenue le 26 juillet 1546. L'abbé Bouillet indique qu'il est question d'un Pierre Martel, probablement petit-fils de ce dernier, dans un manuscrit du siècle dernier, relatif à l'histoire de l'abbaye de Saint-Pierre et Saint-Paul de Conches. On y lit à son sujet « En 1630, Pierre Martel, de Rouen, fut le dernier gouverneur du château de Conches, eut soin de réparer le pont qui y conduisait il y avait une chambre où il logeait quelquefois il mourut en 1672, et est inhume devant l'autel Saint- Michel. »
Mais Wikipédia consacre un long article sur cette famille Martel, et à leurs armes d'or à trois marteaux de sable ou de gueules. Mais les armes des premiers Martel étaient bien de gueules à trois marteaux d'or :
"Il semble que les familles qui portent actuellement le nom de Martel descendent toutes par filiation agnatique (masculine) du mercenaire Baldric le Teuton, arrivé en Normandie en 1013.
Baldric aurait eu plusieurs filles et six fils avec une fille de Godefroi de Brionne bâtard du duc de Normandie ; parmi ceux-ci, l'aîné, Nicolas Ier de Bacqueville, et Richard de Courcy dont les descendants ont joué un rôle important dans l’histoire de l’Angleterre. Plusieurs d’entre eux participent à la conquête de l’Angleterre en 1066 et en sont récompensés par l’attribution de grands fiefs des deux côtés de la Manche ; pour sa part, Nicolas reçoit à titre principal la seigneurie de Bacqueville-en-Caux, à une quinzaine de kilomètres au sud de Dieppe.
Geoffroy Ier, fils aîné de Nicolas, est le premier à prendre le nom de Martel de Bacqueville, probablement en référence à son fief principal et aux marteaux de combat qui figuraient sur le bouclier de Baldric. Les armoiries des Martel, qui portaient au départ trois marteaux d’or sur fond de gueules, ont par la suite connu de nombreuses déclinaisons au fur et à mesure de la diversification des branches de la famille."
Les fleurs qui poussent devant le tombeau atténuent ou démentent le côté macabre de la mise en scène. Il s'agit de jonquilles, d'iris, et de tulipes rouges. Plusieurs sont des pièces en chef d'œuvre.
Concernant cette figure de transi, qui tire son modèle d'un vitrail de l'église Saint-Vincent de Rouen (1520-1530) et qu'on retrouve à Saint-Patrice de Rouen, Buchy et Saint-Mards, je renvoie à mon commentaire sur la baie 12 de l'église Jeanne d'Arc de Rouen, où les vitraux de Saint-Vincent ont été reposés.
.
Baie 12 (1546) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photo lavieb-aile.
Baie 12 (1546) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photo lavieb-aile.
Baie 12 (1546) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photo lavieb-aile.
Baie 12 (1546) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photo lavieb-aile.
Sa veuve est agenouillée devant le tombeau, lisant son livre de prière sur un prie-dieu, et tenant un long chapelet (rosaire). Sa tête est couverte d'un voile noir, elle porte une robe grise sur une chemise blanche avec des manches plissées en fraise aux poignets. Le visage et les mains me semblent restaurées, mais ce n'est pas indiqué dans la notice de Callias Bey.
Baie 12 (1546) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photo lavieb-aile.
SOURCES ET LIENS.
— CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001, Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum -p. 399-411, Monum, Éditions du patrimoine, Paris, 2001 (ISBN 2-85822-314-9) ; p. 406-407.
— RIVIALE (Laurence), 2007, Le vitrail en Normandie, entre Renaissance et Réforme (1517-1596), Presses universitaires de Rennes, coll. Corpus Vitrearum
— SALET (Francis), 1943 Romain Buron et les vitraux de Conches [compte-rendu] Bulletin Monumental Année 1943 102-2 pp. 272-273
—Van Moé Émile-Aurèle Jean Lafond. Romain Buron et les vitraux de Conches. П énigme de l'inscription «Aldegrevers ». Bayeux, impr. Colas (1942). (Extrait de l'Annuaire normand, 1940, 1941.) [compte-rendu] Bibliothèque de l'École des chartes Année 1942 103 pp. 271-272
Les verrières (38 m², symboles et losanges, 1954-1955) de Jacques Le Chevallier en l'église paroissiale Saint-Martin de Gasny (Eure, 27, Normandie), et les autres vitraux.
PRÉSENTATION.
L'église Saint-Martin est construite de pierre calcaire. Le transept et le chevet sont du 16ème sur des vestiges du 13ème, la nef, reconstruite par Henri Jacquelin en 1898, est à voûtes d'ogives; le clocher, de base carrée, est à flèche polygonale. Le plan en en T avec un chœur délimité par quatre volumineux piliers.
Un volumineux dossier d'archive permet de tenter de comprendre la réalisation de ces verrières malgré l'absence de signature par Jacques Le Chevallier, et des modifications survenues depuis, notamment pour les baies 8 et 10.
Jacques le Chevallier a été commissionné au titre des réparations des dégâts de la Seconde Guerre Mondiale avec un marché de 609 000frs, somme attribuée en septembre 1953 à la commune au titre des dommages de guerre. Un courrier de novembre 1953 à l'architecte Lemaitre indique que, dès 1949, un certain nombre d'église avait été proposée au peintre-verrier pour leur restauration, qu'il avait adressé alors des propositions, mais que pour certaines d'entre elles (Fourges par ex.), le travail avait été attribué à d'autres confrères à la suite de leurs démarches. En fin 1949, le peintre-verrier estimait que les anciens vitraux étaient « à ¾ détruits ».
Seules les baies orientales du chœur étaient alors « à personnages », toutes les autres étaient à vitrerie blanche, sauf la baie 12 , en bon état, dédiée aux morts de la Guerre 1914-1918.
Une première tranche de travaux a été achevé en octobre 1954 : il consistait en la pose de trois verrières A, C et D en « vitrerie en verres antiques neutres battus » pour un total de 23,5 m² au tarif de 15 000 frs le m².
Une deuxième tranche de travaux a été achevée en février 1955 . Elle comportait deux baies J et K de la sacristie en « vitrerie en verres antiques neutres battus » pour un total de 1,8 m², les baies G et F en « vitreries ornementales avec symboles peints à la grisaille cuite» pour 12,38 m², la restauration des pièces peintes et remises sur plomb des baies E (Saint Martin) et H (Sainte Thérèse) sur 1,50 m² au total.
Ses commanditaires étaient Mr le Maire de Gasny, Mrs G. Steiner et M. R. Lemaitre, Architectes à Vernon et Mr l’Abbé J. Guillaume Curé de la paroisse de Gasny. Le chantier aurait nécessité 30 m² de verres à 30000 frs/m² et 75 kg de plomb (3,2 kg au m²) à 250 frs/m².
Une erreur de montage entre les baies F et G a fait que les symboles propres à la Vierge se sont retrouvés au dessus de l'autel de la Vierge, et vice-versa. Il a alors fallu déplacer les statues pour rétablir la cohérence des vitraux.
Lors de l'inventaire d'août 2024, on constate que des vitraux ont remplacé ou complété les vitreries à losanges de Jacques Le Chevallier, en 1980 (Sainte Famille, baie 6), 1988 (œuvre d'Hilaire, baie n°8), et à une date non précisée (Visage du Christ portant la croix, baie n°5). Camille Hilaire (1916-2004) a créé les cartons de vitraux de 23 églises principalement dans l'Est de la France. La réalisation de ces vitraux est signée de l'atelier J. Boutzen, Arcueil 94.
SITUATION ET NUMÉROTATION suivant le Corpus vitrearum.
DESCRIPTION.
La lettre après le n° de la baie correspond à la désignation employée par Jacques Le Chevallier dans ses travaux.
Baie
situation
lancette
tympan
surface
signature
Description.
n°1 (« G »)
Chapelle de la Vierge chevet nord
4 lancettes cintrées
7 ajours
6,10 m²
non
Créé par J. Le Chevallier
Composition colorée
Tympan : symboles mariaux
n°2 (« F »)
Chapelle de St-Joseph chevet sud
4 lancettes cintrées
9 ajours
6,38 m²
J. LE CHEVALLIER 1955
Créé par J. Le Chevallier
Composition colorée
Tympan : symboles liés à St Joseph
n°3 (« H »)
Bas-côté nord du chœur
3 lancettes ogivales
3 mouchettes 2 écoinçons
1,50 m²
non
Restaurée par J. Le Chevallier
Scènes de la vie de Sainte Thérèse. Au tympan, inscription « l'amour ne se paie que par l'amour », monogrammes et blasons.
4 «(« E »)
Bas-côté sud du chœur
3 lancettes ogivales
3 mouchettes 2 écoinçons
1,50 m²
non
Restaurée par J. Le Chevallier
Saint Martin au centre, entre deux scènes de sa vie. Anges au tympan.
n°5 (« I »)
Bas-côté nord chœur
3 lancette ogivales
3 mouchettes
2 écoinçons
Aline Paget
Créé par J. Le Chevallier. Remplacée ou complétée par une tête de Christ portant la croix.
Vitrerie à losanges et croisillons panneau central : Christ portant la croix, signée Aline Paget.
n°6 (« D»)
Bas-côté sud du chœur
Atelier Boutzen Arcueil 94
Vitrerie losangée de J. Le Chevallier Remplacée ou complétée par une Sainte Famille
Don de J.M. Pujol 1980.
n°8 (« C »)
Bas-côté sud de la nef
cintrée
non
6,8 m²
Hilaire.
atelier J. Boutzen d'Arcueil 94
Remplace une verrière losangée de J. Le Chevallier
D'après une œuvre du peintre Hilaire. Verres colorés.
n°10 (« B »)
Bas-côté sud de la nef
10,7 m²
MAVMEJEAN Paris Carton Gabriel Girodon
AUX MARTYRS 1914-1918
n°12 (« A »)
Bas-côté sud de la nef
1 lancette cintrée
non
9 m²
non
Créé par J. Le Chevallier
Vitrerie losangique
? « J »
Non visitée
sacristie
cintrée
non
0,70 m²
?
Créé par J. Le Chevallier
Vitrerie losanges
? « K »
Non visitée
sacristie
cintrée
non
1,15 m²
?
Créé par J. Le Chevallier
Vitrerie losanges
Protection : par grillage extérieur
DESCRIPTION DÉTAILLÉE
Baie n°1. Jacques Le Chevallier 1955.
Situation dans la chapelle nord devant l'autel et la statue de l'Immaculée Conception.
4 lancettes cintrées et un tympan à 7 ajours. 6, 10m².
Lancettes : vitreries ornementales avec au tympan des symboles peints à la grisaille cuite montés sur plomb.
Tympan : symboles en relation avec le couronnement de la Vierge par la Trinité : couronne, main stylisée du Père tenant le globe, main stylisée du Fils tenant la croix, colombe de l'Esprit. Étoiles dans les autres ajours.
Baie n°2. Jacques Le Chevallier 1955.
Situation dans la chapelle sud devant l'autel et la statue de saint Joseph tenant l'Enfant-Jésus et un lys.
4 lancettes cintrées et un tympan à 7 ajours. 6,38 m².
Lancettes : vitrerie en verres antiques neutres battus, indiqués comme « losanges » et vitreries ornementales avec au tympan des symboles peints à la grisaille cuite montés sur plomb.
Tympan : dans la mouchette centrale se trouvent assemblés les symboles en relation avec saint Joseph : établi, scie, marteau, rabot, équerres et et tenailles de charpentier, lys de son élection (verge fleurie), étoiles. Signature sous la paire de tenailles : J. LE CHEVALLIER 1955.
Baie n°3. Sainte Thérèse. Fin XIXe, restaurée par Jacques Le Chevallier 1954.
Situation devant l'autel latéral nord du chœur devant la statue de sainte Thérèse de Lisieux.
3 lancettes ogivales et un tympan à 3 mouchettes et 2 écoinçons, 1,50 m².
Deux scènes de la vie de sainte Thérèse. Au tympan, inscription « l'amour ne se paie que par l'amour », monogrammes et blasons.
Baie n°4. Saint Martin. Fin XIXe, restaurée par Jacques Le Chevallier 1954.
Situation devant l'autel latéral sud du chœur devant l'autel de saint Martin, patron de l'église.
3 lancettes ogivales et un tympan à 2 mouchettes et 3 écoinçons, 1,50 m².
Saint Martin au centre, tenant une maquette d'église, entre deux scènes de sa vie dont le partage du manteau au pauvre. Anges musiciens au tympan.
La verrière fait l'objet d'une notice de la base Palissy IM27008094
Baie n°5. Créée par Jacques Le Chevallier 1954, remplacée par un Portement de croix d'Aline Paget, peintre-verrier, seconde moitié XXe.
Situation : nef bas-côté nord.
3 lancettes ogivales et tympan à 3 mouchettes et 2 écoinçons.
Vitrerie géométrique à croisillons. Au centre de la lancette B, buste du Christ portant sa croix, portant la signature d' Aline Paget (qualifiée de « peintre-verrier » dans la notice de la base Palissy de l'église Saint-Martin).
Baie n°6. Verrière à personnage : Sainte Famille. Créée par Jacques Le Chevallier 1954, remplacée ou complétée 1980.
Situation : bas-côté sud du chœur.
1 baie cintrée. Vitrerie losangique complétée au centre par 4 panneaux de l'atelier J. Boutzen à Arcueil en 1980 (inscription) ; inscription complémentaire « Don de J.M. Pujol ».
Saint Joseph le charpentier, la main sur une varlope posée verticalement, et Marie entoure l'Enfant-Jésus sur fond de paysage.
La verrière fait l'objet d'une notice de la base Palissy IM27008095
Baie n°8. Créée par Jacques Le Chevallier 1954, remplacée en 1988 par une verrière d'Hilaire par l'atelier J. Boutzen d'Arcueil.
Situation : bas-côté sud du chœur.
Une lancette cintrée. 6,8 m².
Ex dono : « An de JC 1988 Léon Sevin prêtre 50 ans de sacerdoce Paulette Sevin son aide »
Baie n°10. Baie patriotique « 1914-Gloire à nos martyrs martyrs- 1918». Verrière figurée : saint Michel et Jeanne d'Arc portant un soldat mort . Atelier Maumejean sur un carton de Gabriel Girodon. XXe siècle (après 1921).
Situation : bas-côté sud du chœur.
Verre transparent (coloré, incolore) : grisaille sur verre
Etait en bonne état lors de l'intervention de Jacques Le Chevallier, n'aurait pas été restauré par celui-ci.
L'atelier des frères Maumejean, fils de Jules décédé en 1909, s'établit en 1921 à Paris, 6 bis rue Bézout dans le XIVe arrondissement, en complément des ateliers de Madrid, Hendaye et Saint-Sébastien.
Le peintre Gabriel Girodon réalisa des vitraux pour l'église Notre-Dame-de-la-Paix, à Ribérac (Dordogne), en 1933-1934.
La verrière fait l'objet d'une notice de la base Palissy IM27003428
Une lancette cintrée. 10,7 m². Hauteur 3,10m
Baie n°12. Vitrerie losangique créée par Jacques Le Chevallier en 1954.
1 baie cintrée, 6,3 m² . Losanges identiques à ceux de la baie n°6.
ARCHIVES
Archives départementales de l'Aube 213-J-000009, n°1 à 61
Document :
Dimensions et forme des baies, choix des verres, pré-maquettes gouachées sur calque, repérages des baies
Dépliant touristique sur la vallée de l’Epte, devis estimatif,…
Correspondance :
Mr le Maire de Gasny
Mrs G. Steiner et M. R. Lemaitre, Architectes, 7 rue Émile-Steiner, Vernon
Mr l’Abbé J. Guillaume Curé de la paroisse de Gasny
Mr Jean Collas, Agence Commerciale d’usines Métallurgique, 22, rue d’Athènes
La baie n°12 ou verrière de la Vie Glorieuse du Christ —ses Apparitions après sa résurrection —, au dessus du donateur en transi (1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen.
Cette baie n°12 est la quatrième du pan gauche de la grande voûte, et par son décor —la Vie Glorieuse du Christ — elle achève la série qui a débuté avec l'Enfance et la Vie Publique du Christ (n°9), puis la Passion (n°10), et la Crucifixion (n°11). Elle mesure 6,60 m de haut et 3,24 m de large. Elle est datée de 1520-1530. Elle se compose de 4 lancettes trilobées e d'un tympan à 6 soufflets et 6 mouchettes. Le décor des lancettes se répartit en deux registres présentant en haut la Déposition de croix, et la Mise au tombeau, la Résurrection et les Sainte Femmes au tombeau, et au registre inférieur les apparitions du Christ ressuscité à sa Mère, puis à Marie-Madeleine, aux Pèlerins d'Emmaüs et enfin à saint Thomas).
Au soubassement, le donateur anonyme s'est fait représenter en transi, nu et dévoré par les vers, sous l'imploration Jesus, sis mihi Jesus, "Jésus, sois pour moi Jésus [et tient ta promesse de résurrection]", une oraison jaculatoire souvent reprise dans les textes de préparation à la mort. Ce même motif, sans cette inscription, mais avec des précisions sur les donateurs, se retrouve dans une verrière de l'Annonciation de 1532 de l'église de Saint-Patrice de Rouen, dans la baie 12 de la Cène de 1546 de Conches-en-Ouche (27) , dans la baie 3 de la Résurrection de 1531 de l'église de Saint-Mards (76) et sur la baie 1 de la Vie de la Vierge de 1551 en l'église Notre-Dame de Buchy (76).
Elle a été restaurée , selon Baudry en 1868 ou 1870 grâce aux souscriptions recueillies par la fabrique.
Elle occupait jadis la baie n° 2 de l'ancienne église Saint-Vincent de Rouen, détruite en 1944, alors que les verrières avaient été mises à l'abri. avant d'être réinstallée
Situation :
.
LE REGISTRE SUPÉRIEUR : LA MORT DU CHRIST.
1. Déposition de la Croix.
Joseph d'Arimathie sur une échelle, et Nicodème descendent le cadavre dont ils viennent d'ôter les clous de la crucifixion (tenailles, marteau). La couronne d'épines a été accrochée à la traverse. Remparts de Jérusalem en grisaille sur le verre bleu. Jean soutient la Vierge au visage éploré.
Inscriptions de lettres aléatoires sur le galon de Joseph d'Arimathie et de Nicodème (--NQA-), une caractéristique des ateliers de l'Ouest de la France au XVIe siècle largement reprise dans les Passions du Finistère.
Tête de la Vierge et buste du Christ restaurés.
.
2. Mise au Tombeau.
Les personnages déposent le corps sur le tombeau en marbre orné de deux médaillons à l'antique, devant une grotte peinte en arrière-plan. Remparts de Jérusalem en grisaille sur le verre bleu clair. Deux exemples de verres rouges gravés (la tunique de Nicodème, portant les pieds du Christ, et la toque de Joseph d'Arimathie portant la tête). Jean et Marie ont les mains jointes, les Saintes Femmes sont derrière eux.
Martine Callias Bey fait remarquer que la tête du personnage en bas à droite est réalisée d'après le même carton que celle de l'apôtre Thomas de la lancette D du registre inférieur.
3. Résurrection, Sortie du Tombeau.
Nouveaux exemples de verres rouges gravés. Murailles de Jérusalem en grisaille et jaune d'argent sur le ciel bleu clair.
On retrouve les médaillons à l'antique du Tombeau.
Comme le veut l'iconographie de cette scène, un soldat est endormi, les deux autres sont éblouis par le corps radieux du Ressuscité et se protègent d'un geste de la main.
4. Les Sainte Femmes devant le tombeau vide.
On reconnait Marie-Madeleine au premire plan par le luxe de sa parure et la longueur de sa chevelure blonde. Elle pose le pot d'aromates destinés à l'embaumement sur la dalle du tombeau, où ne reste que le suaire, alors que l'ange annonce aux visiteuses du Lundi de Pâques que le Christ est ressuscité :
"Mais l'ange prit la parole, et dit aux femmes: Pour vous, ne craignez pas; car je sais que vous cherchez Jésus qui a été crucifié. Il n'est point ici; il est ressuscité, comme il l'avait dit. Venez, voyez le lieu où il était couché, et allez promptement dire à ses disciples qu'il est ressuscité des morts. Et voici, il vous précède en Galilée: c'est là que vous le verrez. Voici, je vous l'ai dit." Matthieu 28 5-7.
La tête de Marie-Madeleine est réalisée d'après le même carton que dans l'apparition du Christ à la sainte ; sa tenue vestimentaire est également semblable dans les deux cas avec le manteau bleu dont le pan se fixe sous le poignet par la troussière, la robe de fine toile blanche sur le buste, et d'étoffe d'or damassée pour la jupe, les fraises se déployant aux poignets, et les manches bouffantes rouges des épaules.
Il est difficile de préciser si la sainte est en larmes, ou si le verre est altéré par des coulées.
Toute la robe blanche de l'ange est damassée, par un très délicat usage de la grisaille.
Architecture en grisaille sur le ciel bleu. Savants dégradés des verts des feuillages.
Ces panneaux ont été très restaurés, notamment le panneau inférieur.
Inscriptions de lettres sur le galon du manteau (d'or à damassés de rinceaux) de Marie-Madeleine. Cette dernière porte des chaussures (rouges) à crevés, alors à la mode à la cour royale sous Henri II.
LE REGISTRE INFÉRIEUR : LES APPARITIONS DU CHRIST RESSUSCITÉ.
Voir sur ce thème, notamment à Louviers par le Maître de la Vie de saint Jean-Baptiste, vers 1505-1510 :
Les Saintes Femmes ont constaté que le tombeau était vide, preuve indirecte de la Ressurection et ont entendu l'annonce de l'Ange. Puis le Christ est apparu à Marie-Madeleine (comme jardinier au jardin près du tombeau), puis aux Saintes Femmes, puis aux apôtres réunis (Thomas étant absent) Lc 24:36, puis aux apôtres en présence de Thomas Jn 20 :26-29, puis/et à saint Pierre Lc 24:34, à 7 disciples dont Pierre Jn 21:1-2 et aux Pèlerins sur le chemin d'Emmaüs Lc 24:13-15. Au total, l'Église reconnaît dix apparitions du Christ dans son corps glorieux, représenté dans l'iconographie couvert du manteau rouge, tenant l'étendard rouge frappé d'une croix et montrant ses cinq stigmates.
L'apparition du Christ à sa Mère n'est pas mentionnée dans les Évangiles, mais cette scène est décrite dans les Méditations sur la Vie de Jésus Christ du Pseudo Bonaventure vers 1336 à 1364. Discussion et références ici.
5. Apparition du Christ glorieux à sa Mère.
Martine Callias Bey indique que ces panneaux s'inspirent de la la scène homologue de la Petite Passion de Dürer, datant de 1511. Le titre donné par l'article Wikipédia (Apparition à Marie-Madeleine) est erroné, et n'est pas repris sur le site du Louvre.
La Vierge est agenouillée au prie-dieu dans sa chambre, en prière, devant son lit à baldaquin ou ciel de lit (ici avec une tenture dorée damassée au motif de candélabre), mais elle est ici représentée frontalement. Autre différence, le Christ est accompagné de huit anges orants.
.
.
6. Apparition du Christ à Marie-Madeleine, ou Noli me tangere.
Dans un jardin clos de pallisade, le Christ apparaît à Marie-Madedleine qui, agenouillée, semble lui tendre en offrande le pot d'onguent. Les murailles de Jérusalem sont peintes en grisaille sur le ciel. Teintes variées de vert pour les feuillages et pour le tronc de l'arbre qui, vertical et parallèle au corps du Christ s'affirme en métaphore. Verre rouge gravé pour la croix de l'étendard.
L'accent est mis sur l'apparition, et non sur l'injonction Noli me tangere ("ne me touche pas"), et l'élan d'amour de Marie-Madeleine ou le retrait du Christ sont traités de façon atténuée. Il persiste néanmoins l'échange des regards, et la tendresse de la posture du Christ, en contraposto, tête inclinée.
On notera le détail des aiguillettes fixant les manches ; les lettres NMVEAE... sur le galon du manteau ; et le motif en tête grotesque du damassé de la robe.
Tête et main gauche du Christ restaurés.
7. Apparition du Christ glorieux aux pèlerins d'Emmaüs.
Dans une espace fermé (l'auberge) d'architecture Renaissance en perspective avec plafond à caisson, médaillons à l'antique et pilastres aux sculptures en bas-relief, le Christ , assis, rompt le pain, dans un geste qui le fait reconnaître à ses compagnons de route. Ceux-ci portent le costume des pèlerins de Compostelle, avec le bourdon, la besace dont la sangle passe sur l'épaule, et surtout le chapeau rejeté derrière la nuque et portant les bourdonnets (en os ou en ivoire, et croisés par paires souvent autour de la coquille). Ces bourdonnets sont gravés sur le verre rouge.
Curieusement, le personnage en premier plan porte ce chapeau derrière la tête, mais tient également un chapeau, bleu cette fois, et portant (gravés sur verre blleu) les bourdonnets et la coquille.
Le Christ tient également le bourdon de pèlerin.
8. Apparition du Christ glorieux à saint Thomas.
Il s'agit de la scène de l'Incrédulité de saint Thomas, où le Christ fait toucher à l'apôtre, qui doutait de la réalité de la résurrection, la plaie de son flanc droit.
La posture des personnages ne correspond pas bien à cette scène, et le bras de Thomas me semble avoir été très modifié entre l'épaule et la main. Ne s'agissait-il pas au départ d'une Apparition à saint Pierre, modifiée avec repeint de la main sur la plaie ? Voir le panneau homologue de Louviers.
En détail, les délicates architectures en grisaille sur verre bleu.
LE TYMPAN.
Il comporte six mouchettes et six soufflets et est consacré à la Trinité entourée de la cour céleste. Au sommet, Dieu le Père tient le globe crucifère. En dessous, s'inscrivant dans un triangle avec le Père, le Fils et l'Esprit se répondent en miroir, assis de trois-quart et enveoloppé dans le même manteau écarlate que le Père au dessus d'une robe blanche brodée d'or. Mais le Christ tient la croix tandis que le Saint-Esprit, aux traits restaurés, est figuré sous des traits humains et tient la colombe dont il écarte en croix les ailes.
En dessous, deux anges tiennent une banderole avec l'inscription GLORIA PATRI ET FILIO ET SPVI, "Gloire à Dieu, au Fils et au Saint-Esprit".
LE SOUBASSEMENT : LE DONATEUR EN TRANSI.
.
Posé sur une longue dalle de marbre blanc et intégré à la composition des quatre Apparitions, un homme nu à l'exception d'un pagne, livide, barbu, aux cheveux en désordre et aux traits émaciés est étendu, et on comprend vite qu'il s'agit d'un cadavre car sa chair est dévorée par des vers roses qui se repaissent.
On peut hésiter un moment à y voir le cadavre du Christ lui-même, mais cet homme est un "transi de vie", un trépassé, donnant à voir le terrible spectacle de la décomposition des corps après la mort pour convaincre le public — les fidèles, ses frères — de se souvenir de leur destinée : memento mori.
Plus exactement, ce cadavre prend la parole et dit, par des mots inscrits sur le phylactère qui le domine JESUS, SIS MIHI JESUS. Il s'adresse, non aux spectateurs du vitrail, mais au Christ qu'il implore : "Jésus, sois un Jésus pour moi", autrement dit ressuscite-moi comme tu as ressuscité toit-même. Il s'adresse à ce Christ qui est apparu dix fois à ses disciples en leur apportant la preuve de la réalité de sa victoire sur la mort et réclame sa participation à cette victoire, dans une imploration à la fois pleine d'espérance et pleine d'inquiétude.
Émile Mâle nous donne le commentaire suivant :
"A partir de 1400 ces tombeaux forment une suite presque continue. En 1412, le cardinal Pierre d'Ailly fut représenté dans la cathédrale de Cambrai sous l'aspect d'un mort couché dans son linceul1 ; en 1424 Jacques Germain fut sculpté sur sa pierre tombale enveloppé d'un suaire tragique ; en i434,on fit graver sur la plate-tombe qui devait recouvrir les restes de Richard de Chancey, conseiller de Bourgogne, et ceux de sa femme, deux squelettes Gaignières, Pe 1 m, f°8a.; en 1437, les enfants de Jacques Cœur élevèrent à leur mère, dans l'église Saint-Oustrille de Bourges, un monument funèbre surmonté dune figure nue de la morte' ; vers 1467, on marqua la place de la sépulture du chanoine Yver, enseveli à Notre-Dame de Paris, par le fameux bas-relief où se voit le cadavre déjà décomposé du défunt; vers 1490 ou 1500, on plaça sur le sarcophage de Jean de Beauveau, évêque d'Angers, une image décharnée qui porte la mitre et la crosse .
"Le XVIe siècle manifesta un goût plus vif encore que le XVe siècle pour ce genre de représentations. Exemples de cadavres couchés sur des tombeaux du XVI° siècle : tombeau de la comtesse de Cossé aux Jacobins d Angers (1536), Gaignières, Pe 2, f° 10; tombeau de Claude Gouffier à Saint-Maurice d'Oyron, Gaignières, Pe 7, f° 11 (après 1570).
" Les cadavres ne se montrent pas seulement alors sur les tombeaux : on en voit jusque dans les vitraux. En Normandie, les morts sont quelquefois représentés au bas des verrières que leurs veuves ont offertes en leur nom. A Saint-Vincent de Rouen, une sorte de momie parcheminée est étendue au bas d'un grand vitrail consacré aux scènes de la Résurrection; le pauvre mort implore encore, et il crie du fond de son néant : Jésus, sis mihi Jésus, « Jésus, sois pour moi Jésus », c'est-à-dire : « Jésus, tiens ta promesse, et, puisque tu as triomphé de la mort, fais que j'en triomphe à mon tour. » A Saint-Patrice de Rouen, un cadavre est couché au bas du vitrail de l'Annonciation ; à Conches, sous les pieds du Christ célébrant la Cène, on aperçoit encore un mort : il est étendu au milieu des pavots et des jonquilles, et sa veuve prie à ses côtés. Ces œuvres étranges se placent entre 1520 et 1560. Le vitrail de Saint-Patrice, qui seul est daté, porte la date de 1538."
.
Je décrirai dans un prochain article la verrière de la Cène de la baie 12 de 1546 de Conches-en-Ouche (27), mais en voici deux clichés . L'inscription identifie le personnage, Louis-Duval-Martel et la date de 1546.
Le transi est pâle, maigre, son visage aux yeux clos est émacié et grimaçant, mais il n'y a ni décomposition des chairs, ni présence de vers. Les fleurs tempèrent l'aspect macabre de la présentation.
— À Saint-Patrice de Rouen, la baie 15 de l'Annonciation offerte en 1540 par Guillaume de Planes et sa femme montre au soubassement le couple de donateurs et leurs filles agenouillés à leur prie-dieu et entourant le transi, sans-doute le donateur lui-même. Pour le site patrimoine-histoire "Au soubassement, l'ordonnancement des donateurs ne rend pas l'interprétation aisée. On voit en effet, à gauche, une femme agenouillée et sa fille, au centre un transi, et à droite un homme vêtu de noir en oraison devant un prie-Dieu. Qui sont réellement les donateurs? Sont-ce le transi, la dame et sa fille? Le priant de droite est-il le deuxième mari de la dame?"
Sur l'image disponible (infra), on voit un homme barbu, aux longs cheveux blancs, dans un linceul, et au corps nullement décomposé ou en proie à la vermine, sous réserve d'un examen plus précis des détails.
— Martine Callias Bey signale encore deux autres vitraux du XVIe siècle avec ces donateurs en transi : celle de la baie 3 de la Résurrection de 1531 de l'église de Saint-Mards (76) et celle de la baie 1 de la Vie de la Vierge de 1551 en l'église Notre-Dame de Buchy (76).
— À Saint-Mards : Voir Callias Bey p. 417. Baie 3 de la Résurrection, datée de 1531, apparentée à la verrière de l'église de Lintot actuellement réemployée dans la baie 8 de Saint-Patrice de Rouen. Le donateur ecclésiastique, peut-être Laurent Brunel, est représenté agenouillé devant son transi (tête restaurée).
—À Notre-Dame de Buchy, sous la Vie de la Vierge, le transi est Jacques Arnoult [de la Meilleraye ?]. Son nom est inscrit sur le tombeau [CY GIST JACQUES ARNOULT], avec la date de 1551. Je ne vois pas de vers, le cadavre est nu mais non décomposé, le visage est trop altéré pour juger de son état. Le tombeau est entouré à gauche d'un couple de donateur en tenue de bourgeois marchands, et à droite d'un autre couple, de la noblesse puisque l'homme est en armure et accompagné de ses armes de gueules à trois merlettes, également figurées sur son tabard. Voir Callias Bey page 277
Le plus ancien transi serait celui de Jean de Lagrange, mort en 1402 et conservé à Avignon
Ajoutons qu'en l'église de Gisors (Eure), un donateur s'est fait représenter en 1526 en haut-relief dans le mur de la chapelle Saint-Clair de la nef sud de l'église ; Etienne Hamon suggère qu'il s'agit d'un sculpteur sur pierre. L'inscription en latin Quisquis ades, tu morte cades, sta, respice, plora, Sum quod eris, modicum cineris, pro me, precor, ora (*) se traduit par "Qui que tu sois, tu seras terrassé par la mort. Reste là, prends garde, pleure. Je suis ce que tu seras, un tas de cendres. Implore, prie pour moi." Et le transi de conclure, en français cette foi : "Fay maintenant ce que vouldras / Avoir fait quand tu te mourras"
On lit également IE FUS EN CE LIEV MIS / EN LAN 1526
Il s'agit cette fois d'un memento mori.
Le cadavre dont l'intimité est couvert d'un pagne sur lequel il croise les bras est très maigre, sa tête est inclinée vers la gauche, la bouche entrouverte et les yeux mi-clos. Un fémur lui sert de coussin, sous de longs cheveux bouclés. Les mains et les pieds sont décharnés, la sarcopénie sénile fait apparaître les tendons.
(*) cette inscription se retrouverait aussi sur le Tombeau de Perrinet Parpaille à Avignon.
Le même transi se retrouve en l'église Saint-Samson de Clermont-en-Beauvaisis, avec la même citation (sans la formule en français).
.
Au total, on peut souligner que le transi de la verrière de Saint Vincent de Rouen (aujourd'hui à Sainte Jeanne d'Arc), témoigne d'une façon macabre de mettre en scène le donateur qui sera suivie en trois autres églises de la région durant les trente années suivantes, mais qu'il présente deux originalités, la présence de vers de décomposition d'une part, et l'invocation directe au Christ ressuscité disant son espérance de survivre à la mort. Il n'est pas un memento mori, mais un acte de foi dans la donation (cf. Cohen 1973).
— COHEN (Kathleen), 1973, Metamorphosis of a Death Symbol: The Transi Tomb in the Late Middle Ages and the late middle ages and the Renaissance, California studies in the history of art, n°15, 215 pages.
Cet ouvrage s'intéresse au tombeau à image transi, que l'auteur définit comme « un tombeau avec une représentation du défunt sous la forme d'un cadavre, représenté nu ou enveloppé dans un linceul », tombeaux particuliers à l'Europe du Nord à partir de la fin du XIVe siècle. tout au long du XVIIe siècle. Cohen remet en question la vision moderne selon laquelle l’image transi n’était qu’un simple memento mori pour les vivants. S'appuyant sur 200 exemples de tombes avec ou sans images de transi, ainsi que sur la poésie, les hymnes d'église, les prières, les sermons, les textes de cérémonie et les testaments, elle démontre qu'au cours des XVe et XVIe siècles, le sens du transi a évolué , reflétant les changements dans la vie religieuse, sociale et intellectuelle au cours de cette période.
SOURCES ET LIENS.
—BAUDRY (Paul), 1875, L'Église paroissiale de Saint-Vincent de Rouen, par Paul Baudry. Description des vitraux (1875) pages 101-102.
"La première fenêtre du côté de l'Épitre, représente la Résurrection du Rédempteur. Elle a été restaurée en 1868, au moyen de souscriptions recueillies par la Fabrique. Une photographie en donne la reproduction.
Dans l'amortissement de l'ogive, les trois personnes de la sainte Trinité sont entourées d'un chœur d'anges. Deux de ces messagers célestes déploient un phylactère chargé de la doxologie : GLORIA PATRI ET FILIO ET (SPIRIT) VI. Le saint Esprit, personnifié comme le Père et le Fils, par une forme humaine, tient entre les mains la colombe symbolique.
Au plan supérieur de la fenêtre, nous voyons :
1o La descente de la croix qui a pour témoin la sainte Vierge et saint Jean, dont les attitudes expriment la plus profonde douleur. Nous croyons que la figure de la sainte Vierge est de récente restitution.
2°) Joseph d'Arimathie et Nicodême déposant, en présence des deux mêmes précédents personnages, le corps de Jésus dans le tombeau.
3°) Jésus sortant vainqueur du tombeau, pendant que les gardes semblent être endormis ou frappés de stupéfaction.
4°) Un ange, assis sur la pierre renversée du tombeau, et annonçant aux saintes femmes l'accomplissement de la Résurrection. La robe de sainte Madeleine, dont les plis produisent un effet de miroitage parfaitement rendu, doit être une peinture récente, dans la presque totalité. Quelques caractères s'y remarquent ainsi que sur le vêtement de saint Jean, dans le premier tableau.
Au plan inférieur :
1°) Jésus apparaît à la sainte Vierge, qui est agenouillée devant un livre ouvert. L'édifice à l'intérieur duquel la scène se passe est appuyé sur des colonnes de style grec. Des draperies, aux couleurs éblouissantes, descendent d'un splendide baldaquin. Des anges remplissent les vides du tableau.
2°) Jésus, portant les plaies de la Passion, se fait voir à sainte Marie-Madeleine, qui tient le vase de parfums précieux et se prosterne. La sainte femme, richement parée, offre certains points de ressemblance avec celle qui, dans la verrière précédente, figure le même personnage.
3°) Jésus, à table, s'entretient avec les disciples d'Emmaüs et est reconnu d'eux à la fraction du pain. Les trois personnages ont chacun un bourdon de pélerin. Une arcade ouverte, ornée de deux gracieux médaillons de la Renaissance, ménage une belle perspective d'architecture.
4° L'apôtre incrédule, saint Thomas, est aux pieds du divin Sauveur, qui lui fait toucher son côté ouvert. De même que dans le troisième tableau de l'étage supérieur, et dans les premier et deuxième de l'étage inférieur, Jésus tient une croix; et, ici comme dans la Résurrection, et dans l'Apparition à sainte Madeleine, la croix est surmontée d'une oriflamme portant aussi une petite croix.
Sur les tableaux de cette verrière, le Rédempteur est couronné du nimbe commun, au lieu de l'être du nimbe crucifère, son attribut distintif.
Le donateur, rappelant celui de l'un des vitraux de l'église Saint-Patrice, est représenté mort, au bas de la fenêtre. Etendu dans un tombeau, son cadavre est déjà décomposé. Une banderole le couvre dans toute la longeur, avec l'inscription : Jesus sis mihi Jesus, qui devrait régulièrement se formuler ainsi : Jesu sis mihi Jesus."
— CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001, Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum -p. 399-411, Monum, Éditions du patrimoine, Paris, 2001 (ISBN 2-85822-314-9) ; p. 406-407.
— DAVID (Véronique), 2004, Rouen, église Sainte-Jeanne d'Arc : les verrières, Connaissance du patrimoine de Haute-Normandie, coll. « Itinéraires du patrimoine », 16 p. (ISBN 2-910316-03-3)
— DELSALLE (L.), 1998, "A St-Vincent de Rouen, vitrail dit des Œuvres de Miséricorde", Bull. CDA, 1998, p. 119-130.
— FAVREAU (Robert), 1989, Fonctions des inscriptions au moyen âge, Cahiers de Civilisation Médiévale Année 1989 32-127 pp. 203-232
— MÂLE (Emile), 1925, L'art religieux de la fin du moyen âge en France: étude sur l'iconographie du moyen âge et sur ses sources d'inspiration, A. Colin, 1925 - 512 pages, pages 432 et suiv.
— PERROT (Françoise ) 1995, Vitraux retrouvés de Saint-Vincent de Rouen, Catalogue d'exposition Musée des Beaux-arts, Rouen, 190 p.
— PERROT (Françoise ), « Les vitraux de l'ancienne église Saint-Vincent remontés place du Vieux-Marché » , Bulletin des Amis des monuments rouennais, 1979, p. 71-73
— PROUIN (Norbert), PRÉAUX (André), JARDIN (Anne), 1983, Rouen place du Vieux-Marché, L'Église Jeanne-d'Arc et ses vitraux, Charles Corlet, 36 p.
— RIVIALE (Laurence), 2007, Le vitrail en Normandie, entre Renaissance et Réforme (1517-1596), Presses universitaires de Rennes, coll. Corpus Vitrearum .
—RIVIALE (Laurence), 2003, « Les verrières de l’église Saint-Vincent de Rouen remontées à Sainte-Jeanne d’Arc »,Congrès archéologique de France, 161e session, 2003, Rouen et Pays de Caux, Paris, Société archéologique de France, 2006, p. 262-268.
Ensemble de 7 verrières de Jacques Le Chevallier (Composition colorée, figuration, compléments de vitraux anciens, 1954,1956, 1961), de la chapelle N.D de la Pitié de la cathédrale d'Angers.
La chapelle Notre-Dame de Pitié qui dessert la paroisse de la cathédrale, occupe l'angle sud-ouest de la cathédrale Saint-Maurice d'Angers, en symétrie (relative) avec la chapelle Sainte-Anne, qui abrite le Trésor.
Cette chapelle qui a la particularité assez rare de posséder deux autels et deux nefs, a été agrandie au cours des âges depuis la fin du XIIe siècle. Elle a servi d'église paroissiale pendant plusieurs siècles. Il a été choisi de désigner comme verrière axiale n°0 celle de la chapelle nord.
De la fin du XIIe siècle ou du début du XIIIe, datent les deux travées orientales voûtées d'ogives du vaisseau central, une troisième travée à l'ouest ayant été tronquée à la fin du XVIIIe, puis transformée en plafond après l'incendie de 1831, et à nouveau voûtée après les bombardements de Les quatre travées du vaisseau nord, plus étroit, sont contemporaines du vaisseau principal.
Alors que Jacques Le Chevallier a été chargé depuis 1947 de la restauration des vitraux anciens de la cathédrale (le chœur, les rosaces et la nef nord), sous la responsabilité de Bernard Vitry Architecte en Chef des M.H, et de Henri Enguehard, Architecte des M.H. à Angers , et avec le financement des Monuments historiques, et alors qu'il avait créé un ensemble de 7 verrières pour la chapelle de l'Esvières d'Angers en 1949-50, c'est en janvier 1954 que lui sont confiées la conception et la réalisation de vitraux modernes pour la chapelle N.D de la Pitié, toujours sous la responsabilité de Bernard Vitry, mais dans un financement propre à la paroisse (qui lancera un appel à souscription). Le programme iconographique est défini avec la participation active de l'archiprêtre de la cathédrale, l'abbé Gustave Brangeon, et soumis à l'approbation de la Commission d'Art Sacré, présidé par Mgr Bonneau, (tandis que Mgr Veuillot succédera en 1959 à Mgr Chappoulie comme évêque d'Angers). Une inscription rappelle la participation financière des paroissiens et des amis de la cathédrale pendant l'année mariale 1954. Les deux baies figuratives 4 et 6 (Portement de Croix et Nativité) sont ainsi posés pour le 8 décembre 1954, fête de l'Immaculée Conception.
En même temps, dans cette année 1954, on voit Jacques Le Chevallier proposer à Bernard Vitry et à l'abbé Brangeon, de placer dans les fenêtre « blanches » de l'Ouest ( 1, 8 et 10) une figure de chevalier du XVIe siècle, et « un solde de petites pièces cassées » provenant des baies de la nef sud.
Les baies 0 et 2 ont été réalisées en septembre 1961, avec une troisième verrière ( « les 3 dernières verrières ont été terminés en septembre 1961 »).
Le projet de la baie 2 a été élaboré en janvier 1961 :
Un courrier à l'abbé Brangeon indique « pour la petite baie de droite de la chapelle [elle peut] être traitée dans le même caractère que les baies à figuration déjà en place mais avec des symboles à déterminer. »
Dans le même courrier, Jacques Le Chevallier signale que la grande baie restante [baie 0] ne pourra pas être réalisée comme prévu en vitrerie colorée « type chapelle du Roi René » car il manque un budget de 36 000 frs. Ce défaut de trésorerie trouve sa solution. Il faut comprendre sous le terme de chapelle du Roi René celle du château d'Angers, dont les rangées de formes géométriques colorées diversement agencées dans une vitrerie blanche se retrouve effectivement ici.
Un plan manuscrit (non daté) indique la présence de trois vitraux 1, 2, et 3 (nos 0, 1 et 2) dans la chapelle.
La chapelle a été restaurée en 2014 (nettoyage des voûtes, enduits, éclairage) avec nettoyage des vitraux.
SITUATION ET NUMÉROTATION selon le Corpus vitrearum.
Cette chapelle possédant deux autels et deux nefs, il a été choisi de désigner comme verrière axiale n°0 celle de la chapelle nord.
DESCRIPTION.
Commanditaire : Paroisse de la cathédrale et abbé Brangeon/Bernard Vitry arch. En Chef MH.
Baie
date
situation
lancette
tympan
Surface
estimée
inscription
signature
Commanditaires
description
technique
Baie 0
01/09/61
Chœur
1 lancette cintrée
10,50 m²
Paroisse de la cathédrale et abbé Brangeon/Bernard Vitry arch. En Chef MH
Composition colorée géométrique
Verres antiques blancs et colorés montés au plomb
Baie 1
Pignon ouest, côté nord.
1 lancette cintrée
4m²
Paroisse de la cathédrale et abbé Brangeon/Bernard Vitry arch. En Chef MH
compléments de vitraux anciens : tête de saint évêque
Moderne :Verres blancs et colorés montés au plomb.
Baie 2
01/09/61
Chevet, côté sud
3 lancettes cintrées
2 mouchettes, 3 écoinçons
4,00 m²
Paroisse de la cathédrale et abbé Brangeon/Bernard Vitry arch. En Chef MH
5 emblèmes mariaux des Litanies : Vase spirituel, miroir de justice Tour de David étoile entre deux anges, trône de Sagesse
Verres blancs et colorés montés au plomb, peints à la grisaille.
Baie 4
01/11/54
Nef, côté sud.
3 lancettes cintrées A, B et C
2 mouchettes, 3 écoinçons
Lancette C inf.droit
HOMMAGE DES PAROISSIENS DE ST MAURICE ET DES AMIS DE LA CATHÉDRALE À L'OCCASION DE L'ANNÉE MARIALE (1954)
Lancette A inf.droit :
J.LE CHEVALLIER / PEINTRE VERRIER
Paroisse de la cathédrale et abbé Brangeon/Bernard Vitry arch. En Chef MH
Portement de Croix. 1954.
Tympan : Voile de Véronique, couronne d'épines.
Verres blancs et colorés montés au plomb, peints à la grisaille
Baie 6
01/11/54
Nef, côté sud.
3 lancettes cintrées A, B et C
2 mouchettes, 3 écoinçons
Lancette C inf.droit
HOMMAGE DES PAROISSIENS DE ST MAURICE ET DES AMIS DE LA CATHÉDRALE À L'OCCASION DE L'ANNÉE MARIALE (1954)
Paroisse de la cathédrale et abbé Brangeon/Bernard Vitry arch. En Chef MH
Nativité et Adoration des mages et des bergers. 1954.
Verres blancs et colorés montés au plomb, peints à la grisaille
Baie 8
Pignon ouest, côté sud.
1 lancette cintrée
4 m²
Paroisse de la cathédrale et abbé Brangeon/Bernard Vitry arch. En Chef MH
Compléments de vitraux anciens :. Au centre, saint Maurice, chevalier en casque et armure dorée tenant un étendard rouge et un bouclier rouge.
Moderne :Verres blancs et colorés montés au plomb, en carroyage.
Ancien : mosaïque de fragments. Chevalier : verres rouges gravés.
Baie 10
Pignon ouest, imposte au dessus de la porte ouest.
1 lancette cintrée en quasi demi-lune
Paroisse de la cathédrale et abbé Brangeon/Bernard Vitry arch. En Chef MH
compléments de vitraux anciens réunis par panneaux.
Moderne :Verres blancs montés au plomb.
Baie 0 : Composition colorée sur vitrerie claire, 1961.
La composition colorée géométrique en cinq colonnes au sein d'une vitrerie blanche préservant la clarté de l’ensemble, s'inspire délibérément des baies de la chapelle du château d'Angers, crées par Jacques Le Chevallier en 1951. On comparera notamment cette baie avec la baie d'axe de la « chapelle du Roi René », à cinq lancettes.
Cathédrale d'Angers, chapelle N.-D. de Pitié, baie 0. Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Vue générale, baies 2, 4 et 6.
Cathédrale d'Angers, chapelle N.-D. de Pitié. Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Baie 1 pignon ouest, côté nord: Composition autour des fragments anciens et tête d'évêque, 1961 .
1 lancette cintrée.
Jacques Le Chevallier mentionne dans son courrier de janvier 1956 cette « assez jolie tête d'évêque » d'un des vitraux anciens de la cathédrale [baie 122?, qui est intégrée à d'autres fragments bleus et rouges dans le panneau central, dans une vitrerie claire qui accueille aussi d'autres panneaux de « débris » savamment regroupés par couleurs.
Cathédrale d'Angers, chapelle N.-D. de Pitié, baie 1. Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Cathédrale d'Angers, chapelle N.-D. de Pitié, baie 1. Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Baie 2 , chœur sud : Cinq symboles mariaux, 1961.
Trois lancettes cintrées, tympan à 2 mouchettes et 3 écoinçons.
La chapelle étant dédiée à Notre-Dame, le choix des symboles chrétiens s'est porté sur ceux qu'illustrent les Litanies de la Vierge : Vase spirituel, Miroir de justice, Tour de David, étoile entre deux anges, Trône de Sagesse.
.
Cathédrale d'Angers, chapelle N.-D. de Pitié, baie 2. Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Baie 4 nef, côté sud : Rencontre de Jésus avec sa Mère lors du Portement de croix, 1954
le Christ portant sa croix, aidé de Simon de Cyrène accompagné de deux gardes romains, se retourne vers sa Mère suivie de saint Jean. Dominance de rouges (la Passion) et de bleus (la Vierge). Au tympan, le Voile de Véronique, ou Sainte Face, renvoie à un moment très proche de cette montée au Golgotha. La Couronne d'épines annonce la Crucifixion, tout comme les multiples entrecroisement des verres rouges et bleus du fond des lancettes. Les vues de détail permettent d'étudier le complexe travail de peinture à la grisaille, qui à la fois atténue les lignes des plombs, et souligne de traits dynamiques les mouvements et postures des corps.
Inscription : Lancette C , bord inférieur droit : HOMMAGE DES PAROISSIENS DE ST MAURICE ET DES AMIS DE LA CATHÉDRALE À L'OCCASION DE L'ANNÉE MARIALE (1954)
Signature : lancette A bord inférieur droit : J.LE CHEVALLIER / PEINTRE VERRIER
Cathédrale d'Angers, chapelle N.-D. de Pitié, baie 4. Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Cathédrale d'Angers, chapelle N.-D. de Pitié, baie 4. Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Cathédrale d'Angers, chapelle N.-D. de Pitié, baie 4. Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Cathédrale d'Angers, chapelle N.-D. de Pitié, baie 4. Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Cathédrale d'Angers, chapelle N.-D. de Pitié, baie 4. Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Cathédrale d'Angers, chapelle N.-D. de Pitié, baie 4. Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Cathédrale d'Angers, chapelle N.-D. de Pitié, baie 4. Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Cathédrale d'Angers, chapelle N.-D. de Pitié, baie 4. Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Baie 6, nef, côté sud. Nativité, Adoration des Mages et des Bergers, 1954.
Jacques Le Chevallier avait déjà traité ce thème en 1949 pour la chapelle de l'Esvière, voisine, et la comparaison des deux œuvres est intéressante. Les Rois sont placés à notre gauche, ce qui met en évidence le groupe des bergers, vers lesquels la Vierge, Joseph et l'Enfant. Le premier des bergers est peint comme un enfant, dans un face à face émerveillé avec le nouveau-né. Dans un dessin initial de 1952 (cf. infra), le berger tendait à Marie et à son fils une coupe de fruits, mais ce détail a disparu ici. Les détails, comme l'âne et le bœuf, sont à peine stylisés par un tracé en enlevé sur le fond de grisaille.
Inscription : Lancette C , bord inférieur droit : HOMMAGE DES PAROISSIENS DE ST MAURICE ET DES AMIS DE LA CATHÉDRALE À L'OCCASION DE L'ANNÉE MARIALE (1954).
Cathédrale d'Angers, chapelle N.-D. de Pitié, baie 6. Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Cathédrale d'Angers, chapelle N.-D. de Pitié, baie 6. Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Cathédrale d'Angers, chapelle N.-D. de Pitié, baie 6. Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Cathédrale d'Angers, chapelle N.-D. de Pitié, baie 6. Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Cathédrale d'Angers, chapelle N.-D. de Pitié, baie 6. Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Cathédrale d'Angers, chapelle N.-D. de Pitié, baie 6. Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Cathédrale d'Angers, chapelle N.-D. de Pitié, baie 6. Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Cathédrale d'Angers, chapelle N.-D. de Pitié, baie 6. Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Baie 8 Pignon ouest, côté sud. Compléments modernes autour de panneaux de fragments anciens et d'un chevalier central du XVIe siècle, 1961.
Au centre, le beau chevalier en casque et armure dorée qui tient son étendard rouge et un bouclier rouge est nimbé, c'est donc un saint, saint Maurice ; la hampe se termine par une fleur de lys. Des pièces rouges ponctuées de blanc témoignent de la technique du verre rouge gravé (notamment les arcades du nimbe). Malgré des pièces restaurées, dont le visage, la partie inférieure de l'armure (avec les solerets arrondis du XVIe siècle) conserve des détails d'origine.
Ce saint Maurice provient de la baie 122 (K. Boulanger) de la nef sud de la cathédrale. Guilhermy dans sa description de la baie, écrivait : "On a introduit dans la partie supérieure de la fenêtre à la fin du XVe siècle ou XVIe siècle deux petites figures, un évêque qui bénit et un saint Maurice , armé d'or, avec étendard et bouclier blasonnés." (K. Boulanger p. 520)
Cathédrale d'Angers, chapelle N.-D. de Pitié, baie 8. Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Cathédrale d'Angers, chapelle N.-D. de Pitié, baie 8. Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Baie 10, imposte au dessus de la porte ouest. Compléments modernes autour de panneaux de débris, 1961.
Le panneau en mosaïque est entouré de petits panneaux soit rouges, soit bleus.
Cathédrale d'Angers, chapelle N.-D. de Pitié, baie 10. Photo Jean-Yves Cordier 2024.
EXTRAITS D'ARCHIVES Arch. Dep. Aube 213-J-000167
18 janvier 1954 G. Brangeon à J.L.C : « une souscription sera ouverte sur la paroisse de la Cathédrale pour offrir en ex-voto à la Vierge à occasion de l'année mariale les deux vitraux qui manquent à notre belle chapelle N.D de Pitié. » [Baies 4 et 6?]. Demande de recevoir rapidement les maquettes de ces deux vitraux pour les soumettre à la Commission d'Art Sacré.
Réponse de JLC le 21 janvier et le 22 janvier 1954 ; envoi d'une petite gravure en forme de vœu.
25 mars 1954 : G. Brangeon à J.L.C : sans aucun doute l'approbation de la Commission d'Art Sacrée sera acquise d'avance, mais l’archiprêtre tient à faire remarquer que pour le Portement de Croix, « on trouve un peu grand et un peu trop cubique le nimbe de la Vierge » et que pour la Nativité, splendide, riche en couleur, « elle nous plairait beaucoup, mais le sujet tel qu'il est traité ressemble par trop peut-être au vitrail que vous avez placé à l'Esvière. Nos deux chapelles dédiées à la Vierge sont peu éloignées l'une de l'autre. Ne va-t-on pas prendre notre vitrail pour une copie du premier ? Alors j'ai montré une fort jolie Nativité qu vous aviez bien voulu m'envoyer il y a deux ans à l'occasion du Nouvel an. Pour ma part, je l'aime beaucoup. Le dessin à la fois sobre et expressif, l'attitude si pieuse de la Vierge conviendrait à notre chapelle, qui est devenue un lieu de dévotion, à notre chapelle assez petite où les vitraux se verront sans recul, de très près. Simple suggestion...Mais ce dessin peut-il être un vitrail ?
Dans ce dossier d'archives est classé un dessin monochrome bleu d'une Nativité signée JLC.
22 avril 1954.J .L.C à G. Brangeon : envoi des deux maquettes. « Je pense que la nouvelle version de la Nativité ne prêtera absolument pas à confusion avec le même sujet réalisé à l'Esvière. »
Mai 1954 : courrier de l'archiprêtre G. Brangeon : cartons présentés à la Commission d'Art Sacré du diocèse d'Angers présidé par Mgr Bonneau. Les membres expriment leur satisfaction et leur entière confiance. Deux remarques : La préférence va au Portement de Croix, « traité avec beaucoup d'ampleur et sans surcharge » « La Nativité paraît un peu plus chargée. La crèche concentrée dans le panneau du milieu avec 4 personnages. Les deux autres panneaux, avec 3 personnages chacun semblent donner autant d'importance aux bergers et aux mages qu'à la Sainte-Famille. Monseigneur Bonneau préférerait une crèche débordant un peu sur les deux panneaux extérieurs, par son toit, le manteau de la Vierge... seule la Sainte-Famille dans le panneau central (bien que le petit berger à genoux soit fort joli). Et dans ces conditions, dans les panneaux extérieurs, mages et bergers un tantinet éloignés du centre. Enfin la Commission suggère que la coupe moderne des visages ne soit pas trop poussée dans les vitraux qui n'auront pas de hauteur. »
Réponse de J.L.C à G. Brangeon le 7 juin 1954 : Soumission en courant juin 1954 des cartons à Bernard Vitry, « qui est d'ailleurs d'accord sur l'esprit puisqu'il avait déjà accepté les premières recherches à petite échelle. Bien entendu, j'ai lu avec attention les diverses remarques de la Commission et il me paraît facile d'en tenir compte dans faire d'importants remaniements. »
Prix global de 400 000 Frs par baies.
13 juillet 1954 « il me reste en atelier une grande figure isolée, une sorte de guerrier (XVIe) subsistant d'une baie transférée dans la nef gauche ainsi qu'un solde de petites pièces cassées. Monsieur Vitry serait d'accord pour que nous les insérions dans quelques baies blanches de la chapelle N.D de Pitié. Je pense que cela constituerait une sorte de transition avec les verrières de la cathédrale proprement dite.
En octobre 1954, « les deux ensembles » (baie 4 et 6?) sont exécutés à l'atelier de Fontenay, puis ils sont posés en fin novembre 54.
Courrier de Jacques Le Chevallier à l'abbé G. Brangeon le 12 janvier 1955 :
« [….] J'ai fait une estimation pour les baies libres de la chapelle N.D. De Pitié. Il faudrait compter 80.000 frs par baie, pose comprise, mais sans compter bien-sûr les frais de serrurerie.
Il reste une certaine quantité de vieux débris qu'il serait possible de répartir dans les deux baies [nos 1 et 8]. D'un côté, on replacerait un personnage provenant d'une des baies réemployées dans la 6 et il subsiste également une assez jolie tête d’évêque qui pourrait faire un centre pour la seconde. Ainsi ces 2 vitraux s'équilibreraient et donneraient un rappel des verrières anciennes.De la sorte, votre chapelle prendrait un caractère définitif.
Inutile de préciser que ces prix sont extrêmement bas puisque cela correspond à moins de 20 000 frs le m². Mais je serais désireux de voir achever cet ensemble et de ne pas avoir à détruire ces débris. Il n'était guère possible de les utiliser dans les vitreries par suite des formes assez compliquées de celles-ci. Par contre, groupées en vrac, ils peuvent encore jouer un rôle assez délicat.
[…] Je précise que les Monuments Historiques sont pleinement d'accord pour ce travail. »
SOURCES ET LIENS.
— BOULANGER (Karine), 2010, Le vitraux de la cathédrale d'Angers, Corpus vitrearum, CthS, Paris, 360 pages.
Le calvaire "aux trois larmes" (kersanton, XIVe siècle, Prigent ?) de la chapelle Saint-Herbot à Saint-Thonan et ses armoiries.
Ce calvaire de la chapelle Saint-Herbot est-il dû à l'atelier des Prigent ? Pour en juger, je propose de découvrir d'autres œuvres de Bastien ou Henry Prigent:
"La chapelle de Saint-Herbot est située au sud de la commune, en bordure de la VC1 menant vers Landerneau. Auparavant rattachée au domaine du Botiguéry, la commune de Saint-Thonan est devenue propriétaire de l'édifice en 1958 par acte de donation des époux Villiers, propriétaires du domaine.
Edifiée au XVIème siècle, la chapelle au plan rectangulaire est surmontée d'un clocheton carré couvert d'une flèche. Les rampants sont hérissés de crochets Renaissance et se terminent par des gargouilles en forme d'animaux symboliques. La porte gothique est surmontée d'une statue de saint Herbot, saint patron des bêtes à cornes.
La chapelle abritait plusieurs statues en bois polychrome datant également du XVIème siècle. Elles ont été restaurées. Quatre statues ont été replacées dans la chapelle et deux autres sont conservées en l'église Saint-Nicolas, située au bourg.
En 1987, la couverture de la chapelle, la porte et les vitraux ont été restaurés et l'extérieur a été aménagé.
Courant 1995, l'intérieur de la chapelle a été rénové par les bénévoles du comité de Saint-Herbot qui a financé une partie des travaux. La charpente présente la forme originale d'une coque de bateau renversée.
A quelques mètres de la chapelle, un calvaire représente la Vierge et Saint-Pierre, Saint-Jean et Madeleine, ainsi qu'un ange agenouillé.
Depuis 1979, le comité de Saint-Herbot organise chaque année les courses cyclistes sur le circuit du Botiguéry avec une arrivée devant la chapelle. Cette année 2022, les courses auront lieu le dimanche 12 juin.
A Saint-Herbot, il est également de tradition ancienne de sonner les cloches de la chapelle en l'honneur des mariés issus du secteur. Encore aujourd'hui, les voisins continuent de se réunir le jour des noces autour des mariés et leur famille à la chapelle pour célébrer l'événement au son des cloches de Saint-Herbot."
Le manoir de Botiguéry
"Unique maison seigneuriale de la commune, le manoir de Botiguéry est composé de plusieurs corps de bâtiments, dont la partie centrale, remaniée, est la plus ancienne.
La tour carrée comporte des fenêtres à larmier et une porte qui pourrait provenir de l'ancien manoir. Flanquée de pilastres ioniques, elle est surmontée d'un fronton orné d'un macaron en bosse. L'aile ouest date de la fin du XIXème siècle. Au début du XXème siècle, l'ensemble domanial est encore agrandi.
Situé en contrebas, l'ancien moulin est partiellement conservé."
La description d'Yves-Pascal Castel en 1980.
2863. Saint-Herbot, chapelle, granite, kersanton, hauteur=5 m. XVIè s. Tertre. Socle cubique. Fût rond, écots. Croisillon, culots, écu au cerf, autre mi-parti, au revers, statues géminées: Vierge-Pierre, Jean-Madeleine, ange à genoux. Croix détruite, il reste un Christ lié. [YPC 1980]
Description.
L'exploration de la carte IGN Geoportail montre la proximité de cette chapelle Saint-Herbot avec le château de Botiséguy, et montre aussi le paysage valloné par les rivières, (avec leurs moulins) qui se jettent dans l'Elorn en aval de Landerneau.
C'est à Landerneau qu'était établi un prolifique atelier de sculpture de kersanton, une pierre extraite dans la rade de Brest et conduite par bateau à Landerneau : l'atelier de Bastien et Henry Prigent (1527-1577). J'ai décrit dans ce blog les nombreux calvaires qui leur sont attribués, et dont l'une des particularités, non constante et non propre exclusivement à cet atelier, tient dans le trois larmes sous les yeux des personnages réunis au pied de la croix, Marie, Jean et Marie-Madeleine, assistant à la Crucifixion de Jésus. Tout près de cette chapelle, on peut envoir à Saint-Divy et à La Forest-Fouenant de magnifiques exemples.
Le calvaire est placé devant la chapelle, à son sud, et ses deux faces sont orientées ouest-est. La face principale, orientée vers l'ouest, a perdu son Christ en croix, mais le croisillon porte encore la Vierge au calvaire, éplorée, à notre gauche, et Jean, également en larmes, à notre droite. L'écu au cerf entre les bras du croisillon renvoie à la famille Le Jeune [LE YAOUANCQ], seigneur de Botiguéry aux XVe et XVIe siècle.
L'autre face montre sur le croisillon Marie-Madeleine, tenant son pot d'aromates et portant les mêmes larmes groupées par trois que Jean (avec lequel elle est géminée) et la Vierge. Saint Pierre, portant sa clef à anneau losangique, est géminée avec Marie. Au centre, le Christ en Croix s'adossait vraisemblablement au crucifix perdu.
On trouve également sur cette face, au diamant du croisillon, un écu mi-parti, dont les armes de l'époux, en 1, sont celles de la famille Parscau. On sait que Vincent de Parscau (né à Saint-Thonan vers 1527 et décédé en 1591) épousa vers 1555 Jeanne Le Jeune dame de Botiguery, fille d'Hervé Le Jeune (ca 1530) et de Catherine du Com. Ils eurent un fils Olivier de Parscau qui épousa en 1581 Anne de Kersulguen, dont Jeanne du Parscau. Le blason mi-parti ne correspond néanmoins pas à l'alliance Parscau/Kersulguen (ni à l'alliance en 1559de Vincent de Parscau avec Françoise de Penfentenyo), les armes en 2 associant une croix pattée centrale et trois coquilles Saint-Jacques (Kerven ?).
C'est ce couple Vincent de Parscau/Jeanne Le Jeune qui fit construire l'église Saint-Nicolas de Saint-Thonan en 1586 : la pierre d'angle portant leurs armes mi-parti a été retrouvée dans le presbytère en 1966.
I. LA FACE PRINCIPALE.
Sur le fût de granite à écots (reliant la croix à la symbolique de l'arbre) est scellé le croisillon de kersanton qui porte sur les côtés les statues de la Vierge au calvaire et de Jean au calvaire ; au centre, sans écu, le bas-relief du cerf passant des Le Jeune de Botiguéry. Au centre, le crucifix perdu, avec sa croix, est remplacé par un socle cubique sculpté d'un ange orant (l'autre face de ce socle n'est que dégrossi, témoignant d'un réaménagement ou d'un réemploi). Posé sur ce socle, le Christ aux liens est ici vu de dos.
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.
1°) La Vierge aux trois larmes sous chaque paupière inférieure. Kersanton, XVIe siècle.
Cette Vierge au visage encadré d'un voile épais, "en coque" et vêtu d'un manteau dont le pan droit revient se fixer à la ceinture sous le coude gauche a eu la tête brisée et rescellée, mais elle a perdu une partie du nez de la bouche et du menton.
Les yeux sont globuleux et semblent fermés, et les trois larmes sous chaque paupière ont bien les caractéristiques de ce milieu du XVIe siècle, avec un filet se terminant par une goutte épaisse. Ces larmes se retrouvent sur des panneaux peints, sur des retables (nord de la France et Pays-Bas), mais aussi, sur une bonne part des Passions des maîtresses-vitres du Finistère, et sur les Vierges de Pitié et Déplorations Bretonnes, réservés aux trois mêmes personnages, Marie, Jean et Marie-Madeleine. Elles témoignent de l'importance du culte du sang versé par les Christ et des larmes versées en retour par gratitude et compassion, justifiant la floraison de ces calvaires, de ces Vierges de Pitié et de ces Passions dans les diocèses de Basse-Bretagne.
On peut noter ici la coiffe fine en dentelle sous le chaperon épais ; les deux mains jointes ; ou les solides chaussures de cuir.
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.
2°) Saint Jean aux trois larmes sous chaque paupière inférieure. Kersanton, XVIe siècle.
Jean, imberbe, cheveux bouclés, tête grave (avec une petite bouche fortement concave et une lèvre inférieure faisant lippe), porte une robe boutonnée sous un manteau fermé par une patte, la main sur la poitrine tandis qu'il retient le pan du manteau de la main gauche, est pieds nus comme tout pôtre.
Ses trois larmes sous chaque paupière sont parfaitement visibles.
.
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.
.
.
L'ange orant.Kersanton, XVIe siècle.
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.
.
.
Le cerf sculpté en bas-relief sur le diamant du croisillon : les armes des Le Jeune.
Depuis le XVe siècle, la famille Le Jeune ou Jaouancq détient le fief de Botiguéry avec Rivoallon, puis Yvon, ect.
Lors de la Réformation de l'évêché de Léon en 1443, une seule famille noble est mentionnée à Saint-Thonan :
an Iaouancq (an) ou Le Jeune, seigneur de Botiguéry, paroisse de Saint-Thonan. Leurs armes sont de sable au cerf passant d’argent.
On le retrouve , dans un écu, sur un culot de la statue de saint Herbot au dessus de la porte de la chapelle.
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.
II. LA FACE SECONDAIRE : SAINTE MARIE-MADELEINE ET SAINT PIERRE. CHRIST AUX LIENS.
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024
1°) Sainte Marie-Madeleine aux trois larmes sous chaque paupière inférieure. Kersanton, XVIe siècle.
La sainte a une place majeure dans l'expression du chagrin devant la mort du Christ, et dans le versement de larmes ; elle vient immédiatement après la Vierge et Jean dans toutes des Déplorations, tandis que les peintres et sculpteurs la représentent agenouillée au pied de la Croix, se tordant les mains de douleur en voyant le sang couler des pieds du Rédempteur. Dans les Évangiles, elle tient la première place dans les soins apportés au Tombeau et dans les Apparitions du Christ réssuscité. Dans maintes œuvres, on la voit tenir le flacon d'aromates nécessaires à l'embaumement, voire même pratiquant des gestes de tendresse et de soins au cadavre du Christ.
Ici, elle tient le récipient (type albarello avec un couvercle à bouton) devant sa poitrine, les yeux ouverts mais au regard lointaint et triste.
Le visage est caractérisé par des yeux très globuleux, sans pli palpébral , un nez étroit, une toute petite bouche sous le philtrum, et un menton fin, en avant et pointu. Les trois larmes sont bien là, parfaitement visibles.
Sa robe à col rond est ajustée sur sa poitrine, son manteau forme un pan qui revient sous la manche gauche où il est fixé, mais on remarquera surtout ses cheveux très longs descendant sur le côté, et mieux encore la manère par laquelle les nattes sont entourées d'un voile : celui-ci, dont je fais remarquer régulièrement l'existence dans la statuaire de Basse-Bretagne au XVIe siècle, tant il est singulier, ne couvre pas la tête, mais seulement l'occiput avant de passer derrière la nuque. Voir mes développements ici.
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024
2°) Saint Pierre tenant sa clef. Kersanton, XVIe siècle.
Il s'agit à l'évidence d'une statue du même atelier, qui a produit des quantités de statues de saint Pierre soit pour les calvaires (*), soit pour les séries d'apôtres des porches.
(*) Dinéault, Quimper-Locmaria
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024
Le Christ aux liens. Kersanton, XVIe siècle.
Là encore le Christ aux liens est très fréquent sur les calvaires bas-bretons du XVIe siècle : par exemple à Bourg-Blanc, au Folgoët, Guisssény, Landerneau, Loc-Brévalaire, Saint-Divy.
On retrouve sur ce visage le traitement de la barbe peignée et de la moustache adoptée pour le saint Pierre.
Le Christ porte la couronne d'épines et le manteau de dérision sur un pagne court ; ses poignets sont liés, et il tenait, avant qu'il ne se brise, un roseau.
.
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024
Les armoiries mi-parti De Parscau /de Kerven.
Le milieu du croisillon porte un écu mi-parti qui a échappé aux marteaux des révolutionnaires. En 1, on reconnait les armes de la famille Le Pascau, de sable à trois quintefeuilles d’argent, ce qui renvoie à priori à Vincent de Parscau, écuyer, seigneur de Menan à Plouguerneau, né à Saint-Thonan, décédé en 1591 et qui devint seigneur de Botiguéry par son mariage avec Jeanne Le Jeune, héritière de Botiguéry fille de Hervé Le Jeune et de Catherine du Com.
Note : Olivier Parscau représente encore sa paroisse de Plouguerneau (comme seigneur de Menan) à la Montre de 1557, mais la famille quitta Menan envahi par les sables et s'établit ensuite à Botiguéry.
Mais en 2, ce ne sont pas les armes de la famille Le Jeune. On remarque au centre une croix potencée, et deux coquilles, ce qui correspond aux armes de Kerven ou Kerguen , d’argent à la croix potencée ou alisée, au pied fourché, d’argent, accompagnée de 3 coquilles de même, 2 en flancs et 1 en pointe (Vicomte Frotier de la Messelière ). Cette alliance est cohérente avec le fait que les deux familles Le Jeune et Kerven sont citées parmi les familles nobles de Ploudaniel, mais n'est pas cohérente avec les données généalogiques.
Je pose l'hypothèse suivante : le calvaire avec ses deux statues géminées et son Christ aux liens du XVIe siècle (et pour moi attribuées à Prigent avant 1577) aurait été remonté sur un croisillon ultérieur; ce qui expliquerait la fraicheur ou bonne conservation des armes des deux faces.
Le seul indice pour une alliance Pascau/Kerven est un échange sur le forum du Centre généalogique du Finistère évoquant une "Marie, dame de Kerven" qui pourrait correspondre si je comprends bien à Marie Liminic, dame de Plessis, épouse de Bernard de Pascau, sr de Botiguery (fils de Claude et petit-fils de Vincent), ou bien à leur fille.
Mais ceci est très aventureux : je conserve néanmoins mon hypothèse : ces armoiries ne dateraient pas du XVIe siècle, et pourraient même être assez récentes.
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024
SOURCES ET LIENS.
—CASTEL (Yves-Pascal), 1980, Saint-Thonan n° 2663 "saint-Herbot n°1" Atlas des croix et calvaires du Finistère.
"CHAPELLE SAINT-HERBOT A Bodiguéry. Edifice de plan rectangulaire à clocheton très évidé amorti par une petite flèche carrée. Il remonte au XVIè siècle mais a été très remanié. Mobilier Statues - en bois polychrome : sainte Trinité qui a perdu son Christ, saint Jean, saint Herbot, saint non identifié ; - en kersanton, autre saint Herbot, au-dessus de la porte gothique.
Sur le placitre, croix de granit : statues géminées sur le croisillon, Crucifix manquant, Christ aux liens."
—LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre de Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIIe siècle, PUR éditions.
I. Ensemble de 7 verrières de Jacques Le Chevallier ( 28 m², figuratifs,1948-1949) pour la chapelle de l'Esvière à Angers, « Tiers-Lieu de l'Esvière Fondacio », chapelle des Franciscaines de Saint-Marie des Anges - Adoratrices et Missionnaires.
II.Ensemble de 18 verrières de Jacques Le Chevallier ( 30,6 m², composition colorée, 1958) pour le réfectoire et le chapitre des Sœurs Franciscaines de Saint-Marie des Anges - Adoratrices et Missionnaires.
I. Ensemble de 7 verrières figuratives de Jacques Le Chevallier ( 28 m², figuratifs,1948-1949) pour la chapelle de l'Esvière à Angers, actuel « Tiers-Lieu de l'Esvière Fondacio ».
Titre : vitraux Le Chevallier \Angers\chapelle de L'Esvière.
Auteur : Carton : Jacques Le Chevallier. Auteur : Réalisation Jacques Le Chevallier_ Atelier du vitrail de Fontenay
Date : 1949
Protection: non MH
Oeuvre et technique : Vitrail , verre antique coloré monté sur plomb.
PRÉSENTATION.
Sur le site de l'ancien prieuré de l'Esvière, fondé par le duc Geoffroy Martel en 1047, où se vénérait dans la crypte une statue d’albâtre de la Vierge à l'Enfant, mais qui fut détruit, fut reconstruit en 1450 sous l'impulsion de Yolande d'Aragon un sanctuaire à demi-enterré dédié à Notre-Dame-sous-Terre. La chapelle fut puis agrandie avec un nouvel autel vers 1640-1652 par les architectes-sculpteurs Antoine Charpentier et Léger Plouvier. À la Révolution, le prieuré qui s'était étendu fut dispersé, tous les bâtiments sont vendus par lots comme «biens nationaux», et la statue placée dans la chapelle Saint Eutrope.
Reconstruite en 1450, la chapelle fut restaurée vers 1873.
En 1871, l’évêque d’Angers, Monseigneur Freppel, décide de redonner vie à l’Esvière, et y installe la congrégation des Franciscaines de Sainte Marie des Angers.
1944 – Dans la nuit du 28 au 29 mai 1944, la chapelle est soufflée par les bombes, seuls restent en place la statue et son autel ! 6 religieuses et 3 laïques sont tuées, 19 sont blessées. La statue émigre à Andard (49) et reviendra lors d’une procession triomphale dans la ville d’Angers, le 12 août 1948 dans sa chapelle reconstruite à l’identique.
Entre 1948 et 1949, le peintre-verrier Jacques Le Chevallier est désigné pour réaliser de nouveaux vitraux pour les sept baies de la chapelle, et s'entretient par courriers avec la Mère Économe Émilie. Coût total 620 000 frs. Un projet lui est demandé parallèlement pour un vitrail en médaillon destiné à la communauté en Inde : une Vierge à l'Enfant, Notre-Dame du Bon Conseil (Our lady of good counsel pray for us).
En 1958, il crée des vitraux pour le réfectoire et la salle du chapitre (31 m², composition non figurative).
Les Sœurs Franciscaines de Sainte Marie des Anges, représentée par leur provinciale sœur Annie Dez,ont fait don le 3 octobre 2019, de leur propriété de l’Esvière au bénéfice de la Congrégation de Fondacio, mouvement international de laïcs chrétiens, et le 27 janvier 2023, la première pierre d'un « tiers-lieu » est posée.
En 2024, le réfectoire et la salle du chapitre de la Congrégation est transformée : les vitraux de Jacques Le Chevallier sont bâchés ou entreposés afin d'être replacés dans les nouveaux bâtiments.
SITUATION ET NUMÉROTATION (Corpus vitrearum).
L'édifice en forme de croix grecque a conservé ses baies de style gothique flamboyant.
DESCRIPTION.
baie
situation
lancette
Tympan
mesures
signature
description
1
Chœur nord
1 lancette lancéolée
néant
0,66 x 3,01
J. LE CHEVALLIER PEINTRE-VERRIER
St François recevant les stigmates
2
Transept sud
3 lancettes lancéolées
1 soufflet 2 mouchettes 2 quadrilobes 4 écoinçons
L =2,60m
Nativité
3
Chœur nord
2 lancettes lancéolées
1 quadrilobe
0,99 x 2,12
Symboles eucharistiques
4
Nef sud
2 lancettes lancéolées
Quadrilobe au sommet, 2 mouchettes, 2 écoinçons
J. LE CHEVALLIER PEINTRE-VERRIER 1949
Fondation de l'abbaye en 1047.
MATER SALVATORIS
5
Transept nord
3 lancettes lancéolées
1 soufflet 2 mouchettes 2 quadrilobes 4 écoinçons
L =2,60m
J. LE CHEVALLIER PEINTRE-VERRIER
Crucifixion
6
Nef ouest au dessus de la porte
3 lancettes lancéolées
Quadrilobe au sommet, 2 soufflets, 2 écoinçons
Inauguration chapelle 1873
VIRGO FIDELIS
7
Nef nord
2 lancettes lancéolées
Quadrilobe au sommet, 2 mouchettes, 2 écoinçons
J. LE CHEVALLIER PEINTRE-VERRIER
Découverte statue N.D-Sous-Terre.
VIRGO CLEMENS
Description détaillée.
Baie 1 Saint-François recevant les stigmates.
Chœur nord Baie à 1 lancette lancéolée de 0,66 m de large et 3,01 m de haut. Fond bleu, rythmé par un réseau de plombs en lignes principalement horizontales.
Dans un paysage boisé, saint François, nimbé, barbu, en habit franciscain de bure gris-brun serré par la ceinture à trois nœuds de capucin, les pieds nus, reçoit les stigmates alors qu'il contemplait le crucifix : c'est un chérubin rouge vermillon qui envoie ces plaies par des rayons blancs et rouges vers les mains, les pieds et le flanc droit de François. Ce dernier fléchit à demi les genoux et écarte les bras, en extase.
Inscription : Don de Madame François DURET de Genève et de Madame M.A FERRONNIERE de Nantes.
Verrière signée J. LE CHEVALLIER PEINTRE-VERRIER.
Elle est désigné par la lettre E dans les maquettes et courriers.
Dans un premier projet, Jacques Le Chevallier avait conçu un Ecce Homo dont nous possédons la maquette.
Mais la Mère Générale demande par un courrier du 9 octobre [1948?] de remplacer cet Ecce Homo par saint François « car on trouve que la Passion réapparaît sur trois vitraux et c'est beaucoup ! » Ce choix est bien compréhensible pour une congrégation de Franciscaines. Le 11 octobre 1948, JLC mentionne ce Saint-François aux stigmates et son chérubin crucifère rouge.
Les deux premières maquettes du chœur (baie 1 et 3, désignées comme E et D) sont envoyées le 4 mai 1949. Le 8 mai 1949, il est indiqué que ce vitrail de Saint-François sera présenté au Salon des Artistes Décorateurs.
Baie 2. La Nativité.
Transept sud. Baie de 2, 60 m de large à 3 lancettes lancéolées et un tympan à 1 soufflet, deux mouchettes, 2 quadrilobes, et 4 écoinçons.
Dans la lancette A, Adoration des Bergers (3 bergers et 2 enfants), le bœuf et l'âne. Un clocher avec un coq dans le ciel au dessus du toit de la crèche. Dans la lancette B, Marie, Joseph et l'Enfant-Jésus. Des offrandes de fruits au premier plan, l'étoile au sommet du toit.
Dans la baie C, Adoration des Mages. Au premier plan, un roi imberbe, jeune, à turban rouge est à genoux et offre ses présents (or). Un autre personnage est coiffé du bonnet pointu des mages, un troisième porte la couronne et tient le sceptre.
Inscription : Don de la famille Balthasar. La Mère Générale a demandé que les armes de la famille, qui s'est montrée généreuse (et qui offre aussi la baie 3) figurent sur la verrière : on y lit sur des cartouches VON BALTHASAR LUCERNE. Il s'agit d'une famille patricienne de Lucerne (Suisse) dont plusieurs membres ont appartenu au Petit Conseil ou au Grand Conseil de la ville, tandis que plusieurs membres de la famille ont rejoint l'Église, comme par exemple Basilius Balthasar ou au vingtième siècle le théologien et cardinal Hans Urs von Balthasar (1905-1988).
Dans un médaillon, les armes de la famille d'azur à un triangle d'or chargé de quatre petits triangles d'azur, les trois d'extérieur à une étoile du second sont ici complétées par un casque grillagé, de profil tourné vers notre gauche, de lambrequins jaune et bleus, tandis que le cimier est un petit homme casqué, tenant un marteau et une fleur de lys, et vêtu d'une tunique bleue à étoile jaune.
On peut se demander comment ce médaillon a été réalisé : verres gravés, ou peinture à l'émail ?
Note : La Nativité de l'Esvière illustre la couverture du Bulletin de la cathédrale d'Angers pour Noël 1949 : on y remarque des détails, comme l'homme menant son chameau sous les étoiles et la lune, en haut à droite.
Baie 3. Symboles eucharistiques.
Cette baie située au nord du chœur, dans l'équivalent d'une chapelle, mesure 0,99 m de large et 2,12 m de haut et comporte 2 lancettes lancéolées surmontées d'un quadrilobe en guise de tympan. Les têtes de lancette accueillent à gauche les lettres PX de PAX, et à droite un A et un Oméga.
Au registre supérieur des deux lancettes se trouvent à droite les épis de blés noués en bouquet et égayés de coquelicots et centrés par une hostie, évoquant le pain de l'Eucharistie, tandis qu'à gauche les grappes de raisins, les pampres de vigne et un calice évoquent le vin de l'Eucharistie. Au registre supérieur, les deux poissons (à droite) et la corbeille de pains (à gauche) renvoient au miracle de la Multiplication des pains .
Inscription : DON DES ÉLÈVES DU PENSIONNAT STE-MARIE-DES-ANGES. SION-SUISSE
Il s'agit d'un collège fondé en 1889 par des sœurs appartenant à la Congrégation des Sœurs franciscaines de Sainte-Marie-des-Anges d'Angers fondée en 1871 : le lien avec la Maison-mère est évident.
Comme pour la baie 1, c'est la Mère Générale qui a demandé (courrier du 9 octobre 1948) de remplacer l'un des projets initiaux consacrés à la Passion « par des emblèmes eucharistiques, puisque nous sommes adoratrices ». En effet, les sœurs de la Congrégation se définissent depuis leur fondation comme « adoratrices et missionnaires ».
Baie 3 (Jacques Le Chevallier), chapelle de l'Esvière à Angers. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 3 (Jacques Le Chevallier), chapelle de l'Esvière à Angers. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 3 (Jacques Le Chevallier), chapelle de l'Esvière à Angers. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 3 (Jacques Le Chevallier), chapelle de l'Esvière à Angers. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 4 : La fondation de l'abbaye de l'Esvière en 1047 par Geoffroy Martel, duc d'Anjou.
Située dans la nef côté sud , cette baie à 2 lancettes lancéolées et un tympan à 1 quadrilobe au sommet, 2 mouchettes, 2 écoinçons, reprend un vitrail ancien de la chapelle, comme pour les baies 6 et 7. En effet, Jacques Le Chevallier disposait (sans doute adressée par la Mère Générale) d'une feuille où étaient collées une image pieuse de la Médaille Miraculeuse, mais aussi quatre cartes-postales ou illustrations représentant des vitraux. On retrouve encore aujourd'hui, proposée aux collectionneurs, une de ces cartes, où le sujet du vitrail, divisé en deux parties correspondant aux lancettes, est « Notre-Dame sous Terre retrouvée dans la Maine, 1849 », « chapelle de Notre-Dame Sous Terre, Monastère de l'Esvière, Angers. » Mais ce sujet n'a pas été retenu, à la différence des trois autres.
On voit que Jacques Le Chevallier a suivi d'assez près le modèle suivant, également divisé jadis sur deux lancettes :
On retrouve sur le vitrail actuel, à droite du duc Geoffroy Martel, la duchesse, deux soldats en cotte de maille et un jeune enfant, tandis qu'arrive sur la gauche la procession menée par l'évêque, et les porteurs d'un reposoir pour une statue de la Vierge à l'Enfant. Le tout sous les remparts du château.
Dans le tympan, un ciel étoilé et l'inscription MATER SALVATORIS.
Inscription : DON DE Mlle DE FABIANI, SION-SUISSE. Il pourrait s'agir, sous toutes réserves, de Marie Antoinette DEFABIANI, de Sion, alias Sœur Marie-Raphaelle, décédée à Angers. Son nom apparaît parmi des sœurs missionnaires de Sion, en Ethiopie en 1965. https://doc.rero.ch/record/193897/files/1965-11-25.pdf
La même année, on lit dans la Feuille d'Avis du Valais :
« Notre journal a dit l’intérêt très spécial de la soirée éthiopienne que nous préparé Sœur Marie Raphael. Quelques-uns auront oublié quelle est la Sédunoise cachée sous ce nom et tant de nouveaux Sédunois n'étaient pas encore là lorsqu'elle nous quitta. Nous l'avions connue alerte, enjouée, bonne, et nous l'avons retrouvée telle. Sportive, elle était membre très actif du Club Alpin et du Ski Club des Samaritains, par surcroît, et professeur de gymnastique, ceci durant 22 ans, affirme-t-elle, mais nous le croyons difficilement car, à son départ de Sion, en 1947, la silhouette et l'allure de Mlle Antoinette Defabiani restaient celles d'une jeune fille. La deuxième étape de cette vie bien remplie s'accomplit dans l'enseignement parmi les jeunes filles de l'Inde. Antoinette était devenue religieuse franciscaine. Maintenant la voilà supérieure de la maison de Diredaoua , qui instruit 400 jeunes filles (et en refuse cent). En 1954, elle avait elle-même participé à la fondation de cette maison, qu 'elle avait quittée provisoirement en 1956 pour s'occuper de la nouvelle fondation d'Addis-Abeba... »
Baie 4 (Jacques Le Chevallier), chapelle de l'Esvière à Angers. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 4 (Jacques Le Chevallier), chapelle de l'Esvière à Angers. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 4 (Jacques Le Chevallier), chapelle de l'Esvière à Angers. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 4 (Jacques Le Chevallier), chapelle de l'Esvière à Angers. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 4 (Jacques Le Chevallier), chapelle de l'Esvière à Angers. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.Baie 5 :La Crucifixion. Transept nord. Baie de 2, 60 m de large à 3 lancettes lancéolées et un tympan à 1 soufflet, deux mouchettes, 2 quadrilobes, et 4 écoinçons. La lancette A montre la Vierge et une sainte femme ; au dessus, la lune et des étoiles. La lancette B représente le Christ crucifié sur une croix rouge vif, sous le titulus INRI. La ville de Jérusalem est en arrière-plan. Marie-Madeleine est agenouillée au pied de la Croix, contemplant les plaies des pieds du Rédempteur. Sur la lancette C, sous le Soleil, saint Jean, en vert, lève la main, devant un soldat romain tenant une lance. Au tympan, au centre, Dieu le Père et la colombe de l'Esprit-Saint, entouré des Instruments de la P
Baie 5 : La Crucifixion.
Transept nord. Baie de 2, 60 m de large à 3 lancettes lancéolées et un tympan à 1 soufflet, deux mouchettes, 2 quadrilobes, et 4 écoinçons.
La lancette A montre la Vierge et une sainte femme ; au dessus, la lune et des étoiles.
La lancette B représente le Christ crucifié sur une croix rouge vif, sous le titulus INRI. La ville de Jérusalem est en arrière-plan. Marie-Madeleine est agenouillée au pied de la Croix, contemplant les plaies des pieds du Rédempteur.
Sur la lancette C, sous le Soleil, saint Jean, en vert, lève la main, devant un soldat romain tenant une lance.
Au tympan, au centre, Dieu le Père et la colombe de l'Esprit-Saint, entouré des Instruments de la Passion.
Inscription en bas à gauche :Don de la famille BALTHASAR, mention accompagnée des armes dans le même médaillon qu'au sud.
Signature J. LE CHEVALLIER PEINTRE-VERRIER 1949
Baie 4 (Jacques Le Chevallier), chapelle de l'Esvière à Angers. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 4 (Jacques Le Chevallier), chapelle de l'Esvière à Angers. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 4 (Jacques Le Chevallier), chapelle de l'Esvière à Angers. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 4 (Jacques Le Chevallier), chapelle de l'Esvière à Angers. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 4 (Jacques Le Chevallier), chapelle de l'Esvière à Angers. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 4 (Jacques Le Chevallier), chapelle de l'Esvière à Angers. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 4 (Jacques Le Chevallier), chapelle de l'Esvière à Angers. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 6 : Procession pour l'inauguration de la chapelle le 12 août 1873.
Cette baie occupe le pignon ouest, au dessus de la porte principale. Elle comporte 3 lancettes lancéolées et un tympan à 6 ajours (un quadrilobe au sommet, 2 mouchettes et 2 écoinçons).
La verrière reprend l'illustration de l'ancien vitrail, lui aussi réparti jadis en trois lancettes, et portant le titre : « Vitrail de la procession représentant l'inauguration de la chapelle le 12 août 1873 ».
Là encore, Jacques Le Chevallier est fidèle au modèle, montrant au centre Monseigneur Charles-Émile Freppel élevant la statue de la Vierge à l'Enfant, entouré d'un moine franciscain (sans doute père Jean Chrysostome Potton de Lyon, co-fondateur de la Congrégation) et d'autres assistants et précédé d'un enfant de chœur thuriféraire. Devant lui, agenouillée et tenant la maquette de la chapelle, sans doute Madame de la Grandière, bienfaitrice, en riches vêtements civils, devant une autre sœur en habit blanc et voile, probablement Marie-Caroline Rurange (en religion Mère Marie-Chrysostome de la Croix). L'assistance en arrière-plan compte sept personnes dont le premier tient un chapeau haut-de-forme.
Dans la lancette C, des religieux et un enfant de cœur tenant le goupillon d'eau bénite avancent devant la procession aux trois bannières dont celle de la Vierge.
Au tympan, un miroir, une ville fortifiée, des étoiles des fleurs et le croissant de lune renvoient aux litanies de la vierge, sous l'inscription VIRGO FIDELIS.
Inscription : DON DE Melle AURÉLIE TRUFFIEZ VERMELLES (P-de-C) . Cette donatrice née à Vermelles (62) le 19 mars 1897 est décédée à Vermelles le 1 avril 1974 à l'âge de 77 ans .
La statue de Notre-Dame-sous-Terre (cf. baie 7), après diverses vicissitudes, devait rejoindre son lieu d'origine. : la congrégation fut chargée de rétablir le culte de Notre-Dame sous Terre ; la statue de la vierge est replacée dans le sanctuaire le 12 août 1873 au cours d’une imposante cérémonie.
« A l’origine, une sollicitation de Mgr Freppel, évêque d’Angers, faite en 1871(période de guerre et de pauvreté) à une jeune femme éducatrice, Caroline Rurange : « Qui voudra consacrer sa vie aux orphelines ? ». Cette question fit ressurgir dans le cœur de Caroline (alors tertiaire du Tiers-Ordre franciscain) le désir de donner toute sa vie à Dieu. Six mois après, des orphelines de guerre lui sont confiées, ainsi qu’à sesdeux compagnes, tertiaires comme elle. Les trois sœurs passèrent la nuit du 5 au 6 août 1871 (mystère de la Transfiguration) en adoration devant le Saint-Sacrement : c’était la naissance des Franciscaines de Sainte-Marie des Anges ! Elles seront accompagnées par le père capucin Jean Chrysostome Potton chargé d’écrire leurs constitutions de vie religieuse. »
Cette congrégation religieuse féminine de droit pontifical d'Angers créera des maisons à Sion (1885) et à Hyères (1887), au Royaume-Uni (1886) et enverra des sœurs au Brésil, en Éthiopie et en Inde.En 2017, la congrégation comptait 424 sœurs dans 69 maisons, se consacrant à l'adoration eucharistique, à l'éducation, à l'assistance aux malades et aux missions.
Baie 6 (Jacques Le Chevallier), chapelle de l'Esvière à Angers. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 6 (Jacques Le Chevallier), chapelle de l'Esvière à Angers. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 6 (Jacques Le Chevallier), chapelle de l'Esvière à Angers. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 7. Découverte de la statue de N.D sous Terre par Yolande d'Aragon en l'an 1400.
Située dans la nef côté nord , cette baie à 2 lancettes lancéolées et un tympan à 1 quadrilobe au sommet, 2 mouchettes, 2 écoinçons, reprend un vitrail ancien de la chapelle (mais alors sur trpois lancettes), comme pour les baies 4 et 6.
Le thème en est le suivant : en 1400, la Reine Yolande d’Aragon, femme du Comte d’Anjou Louis II et mère du Roi René, vient flâner ou chasser avec ses chiens sur le coteau de l’Esvieres. Un lapin se réfugie sous terre et ne veut pas partir. La Reine étonnée fait fouiller le terrier et l’on trouve sous un débris de voûte : « une petite statue de la Vierge avec une lampe aux pieds ».
Un oratoire est construit aussitôt sur le lieu , puis une chapelle, vraisemblablement édifiée sur les assises de l’énorme abside du Prieuré abandonnée après un incendie.
Dans la lancette B, Yolande d'Aragon, assise dans un paysage boisé, un chien à ses pieds, entourée de sa cour, montre son émerveillement.
Au tympan, un ciel étoilé sous l'inscription VIRGO CLEMENS.
Inscription angle inférieur droit : DON DE Melle DEFABIANI SION-SUISSE
Baie 7 (Jacques Le Chevallier), chapelle de l'Esvière à Angers. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 7 (Jacques Le Chevallier), chapelle de l'Esvière à Angers. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 7 (Jacques Le Chevallier), chapelle de l'Esvière à Angers. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 7 (Jacques Le Chevallier), chapelle de l'Esvière à Angers. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 7 (Jacques Le Chevallier), tympan, chapelle de l'Esvière à Angers. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Ex-dono, baie 7 (Jacques Le Chevallier), chapelle de l'Esvière à Angers. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Ensemble de 18 verrières de Jacques Le Chevallier ( 30,6 m², composition colorée, 1958) pour le réfectoire et le chapitre des Sœurs Franciscaines de Saint-Marie des Anges - Adoratrices et Missionnaires.
Titre : vitraux Le Chevallier \Angers\chapelle de L'Esvière Salles adjacentes .
Auteur : Carton : Jacques Le Chevallier
Auteur : Réalisation Jacques Le Chevallier Atelier du vitrail de Fontenay
Date : 1958
Protection: non MH
Oeuvre et technique : Vitrail , Vitrerie en verre antique monté sur plomb.
Cet ensemble de vitraux non figuratifs a été réalisé en mai 1958 et posé en fin juin 1958, après échange de courriers avec Mère du Cénacle, Mère Générale de la Communauté de l'Esvière et /ou de la Mère Économe, pour un total de 900 000 Frs. Le réfectoire et la salle du chapitre étaient alors en construction sur les plans de Jean Samain et André Mornet, adossés au côté sud de la chapelle. Le 6 mars, Jacques Le Chevallier écrit à la Mère Générale "je crois me rappeler que vous envisagez une vitrerie très simple ; c'est d'ailleurs le seul parti qui permettrait une réalisation assez rapide. Les vœux de la Mère Générale étaient que "cette vitrerie soit de couleur claire, les deux salles qui les recevront doivent être claires" (courrier reçu le 15 mars 1958) ; une maquette est soumise à l'architecte d'Angers, Jean Samain et à la Communauté dès le 27 mars ; et un chèque d'acompte est versé le 5 avril.
Mais le nombre de vitraux n'apparaît pas dans les documents d'archives, sauf un croquis mentionnant 18 baies de 1,65 m² chacune (ou encore "18 baies de 1,10 =19,80") et montrant les baies groupées trois par trois, de trois panneaux.
.
Dans les années 1980, (informations obtenus auprès de sœur Annie Dez) ces vitraux ont été transférés et adaptés à la chapelle « des sœurs » lors de la construction, au dessus du réfectoire, de la « Maison Notre-Dame ». Mais la construction ne supportait pas deux étages supplémentaires et il a fallu tout reconstruire. Les vitraux existants ont été transférés et leur taille adaptée pour le « chœur des sœurs ».
En 2019, les Sœurs Franciscaines de Sainte Marie des Anges ont fait don de leur propriété de l’Esvière au bénéfice de la Congrégation de Fondacio, qui en était locataire depuis 2005.
En 2024, alors que l'organisation catholique Fondacio a un vaste projet de la propriété de 3 ha de l'Esvière " pour y accueillir chaque jour plus de 400 personnes, dont une majorité d’étudiants, et des milliers de manière ponctuelle , dans le cadre de formations, de conférences et d’ateliers autour de l’écologie, de la formation humaine, des enjeux de société et de la vie spirituelle" (Ouest-France 2021), ces deux pièces du Chapitre et du Réfectoire font l'objet de nouveaux projets d'aménagement, qui conserveraient les verrières de 1958.
Lors de ma visite en juillet 2024, le chantier était déjà bien avancé, j'ai pu photographier deux ensembles de trois vitraux, (formant, ensemble, une baie à trois lancettes cintrées, la lancette du milieu étant plus haute et à 4 panneaux), que j'ai désigné arbitrairement par A-B-C et J-K-L et j'ai constaté l'emplacement de deux autres ensembles, bâchés mais symétriques, et visibles de l'extérieur, désignés comme D-E-F et G-H-I. Une inscription indique en C une restauration en décembre 1992 par les ateliers Barthe Bordereau d'Angers.
Les autres baies déposées occupaient peut-être les hémicycles actuels (M-N-O et P-Q-R) .
SITUATION ESTIMÉE ; Désignation arbitraire.
.
DESCRIPTION.
Baie
situation
lancette
Surface (selon devis)
inscription
description
A-B-C
Façade sud
Trois lancettes cintrées A, B et C placées en triangle
1,7 m² x3
En C, coin inférieur droit : Vitraux restaurés en décembre 1992 par les ateliers Barthe Bordereau d'Angers
Vitrerie en verre antique monté sur plomb : composition géométrique à verres blancs et colorés.
D-E-F
Façade sud
Trois lancettes cintrées placées en triangle
1,7 m² x3
Vitrerie en verre antique monté sur plomb : composition géométrique à verres blancs et colorés.
G-H-I
Façade nord
Trois lancettes cintrées placées en triangle
1,7m² x3
Vitrerie en verre antique monté sur plomb : composition géométrique à verres blancs et colorés.
J-K-L
Façade nord
Trois lancettes cintrées placées en triangle
1,7 m² x3
Vitrerie en verre antique monté sur plomb : composition géométrique à verres blancs et colorés.
M-N-O
? au sud
Trois lancettes cintrées placées en triangle ??
1,7m² x3
Vitrerie en verre antique monté sur plomb : composition géométrique à verres blancs et colorés ?
P-Q-R
? au nord
Trois lancettes cintrées placées en triangle ??
1,7 m² x3
Vitrerie en verre antique monté sur plomb : composition géométrique à verres blancs et colorés?
1°) Vitraux A-B-C
Baies A-B-C des anciens locaux ( réfectoire et chapitre) de la communauté franciscaine d'Esvière en cours de ré-aménagement. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024
2°) Vitraux G-H-I (bâchés).
Baies G-H-I des anciens locaux ( réfectoire et chapitre) de la communauté franciscaine d'Esvière en cours de ré-aménagement. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024
3°) Vitraux J-K-L.
Baies des anciens locaux ( réfectoire et chapitre) de la communauté franciscaine d'Esvière en cours de ré-aménagement. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024
Complément : Archives Départementales de l'Aube 213-J-000072, n°1 à 45
Contenu du dossier n°72 - ANGERS - MAINE ET LOIRE (49) Chapelle Notre-Dame du Bon Conseil, pour la Communauté de l’Esvière
Document :
Document iconographique (Notre-Dame du Bon Conseil) et pré-maquette/esquisse sur Canson noir. Recherches des sujets des vitraux: crayon de couleurs et gouache sur calque. Plan de La Chapelle avec indication/repérage des vitraux. Pré-maquette gouache sur Canson; Dessins/dimensions des baies. Documents iconographiques sur la communauté des Franciscaines…Recherches pour vitrail vitrerie à motifs colorés, sur papier calque… Marché de gré à gré
Correspondance :
Franciscaines de Saint-Marie des Anges - Adoratrices et Missionnaires, 2, rue de l’Esvière, Angers.
Mrs André Mornet et Jean Samain, Architectes, 4, place Lorraine, Angers
Entreprise Générale de Serrurerie, Maurice Bart, Fontenay-aux-Roses
Entreprise Générale de Serrurerie, Établissement Dufau, Angers
L'abbé Yves-Pascal Castel a décrit ce calvaire en 1980 dans son Atlas.
" Saint-Urfold no 1, kersanton. 5 m. XVIè s., restaurée 1927. Erigée sur le mur d’enclos. Cinq degrés, de plan semi-octogonal. Socle cubique, groupe N.-D. de Pitié. Fût à pans. Croisillon récent, statues géminées: Madeleine géminé avec abbesse au livre (l’abbesse est, en fait, un saint Yves à tête en ciment!), saint Urfold (?) géminé avec saint Jean au livre , crucifix, croix à branches rondes. [YPC 1980]"
Il n'y aurait pas grand chose à ajouter, si ce n'est de faire remarquer que la Vierge de Pitié présente les larmes habituelles aux productions de l'atelier de Bastien et Henry Prigent à Landerneau (1527-1577), mais ici au nombre de sept (comme son homologue du Musée départemental Breton) et que saint Yves, malgré sa tête refaite en ciment, présente les deux caractéristiques si passionnantes, le livre de ceinture, et le geste d'argumentation, la pulpe de l'index droit contre la pulpe du pouce gauche, propre à ses fonctions d'Official de Tréguier et d'avocat des pauvres.
Par ailleurs, ce calvaire a été fortement remanié, puisqu'on constate l'absence de la statue de la Vierge à droite au pied de la croix. On voit aussi que saint Jean (géminé avec le très probable saint Urfold) est orienté à l'envers, puisqu'il devrait normalement être (et qu'il était certainement initialement) à gauche du Christ en croix. On peut ajouter que l'ensemble du calvaire a perdu sa probable orientation initiale, celle où le Christ en croix, entouré de sa mère et de Jean, est tourné vers l'ouest, alors qu'il fait face au sud aujourd'hui. Il est probable qu'au départ, la statue géminée de saint Yves/ Sainte Marie-Madeleine appartenait à un autre ensemble. Le croisillon qui porte la date de 1927 est entièrement du XXe siècle.
Enfin, on peut envisager, certes avec la prudence qui s'impose, l'attribution de cette Vierge de Pitié, et des statues géminées en kersanton, à l'atelier Prigent, hors du catalogue de cet atelier établi par Emmanuelle Le Seac'h.
.
I.LA FACE PRINCIPALE DU CALVAIRE.
.
.
.
1°) LA VIERGE DE PITIÉ.
.
La Vierge est assise et porte le corps de son fils sur ses genoux, le genou droit dressé soutenant le buste et le genou gauche, fléchi, le bassin. Elle est vêtu d'un voile qui forme une coque aux plis fermes à angles droits autour du visage, et qui se poursuit par le manteau aux plis verticaux formant des volutes au dessus du pied droit. La Vierge porte la guimpe, couvrant sa poitrine. Son visage est remarquable par ses deux sourcils épais très froncés, par sa bouche triste, et par les trois larmes s'écoulant sous la paupière inférieure droite et les quatre larmes de la paupière gauche, en forme de filets s'achevant par une goutte épaisse. Il faut y voir un rappel de la liturgie des sept douleurs telles que nous les relatent les textes évangéliques : - La prophétie de Syméon sur l'Enfant Jésus (Lc 2, 34-35). - La fuite de la sainte Famille en Egypte (Mt 2, 13-21). - La disparition de Jésus pendant trois jours au Temple (Lc 2, 41-51). - La rencontre de Marie et Jésus sur la Via Crucis 2 (Lc 23, 27-31). - Marie debout au pied de la Croix (Jn 19, 25_27). - Marie recevant dans ses bras son Fils mort (Mt 27, 57-59). - La mise au tombeau de Jésus (Jn 19, 40-42). Cette dévotion apparue en 1221 est reprise au XVe siècle par les divers ordres religieux.
Le Christ, très cambré et à la tête refaite (ciment-pierre), a, comme c'est ici l'usage, le bras droit qui tombe verticalement et le bras gauche horizontal qui est caressé par sa mère. Les plaies des clous sont rectangulaires. Les genoux sont fléchis, les jambes non croisées, les pieds ont été brisés puis refaits. La tête devait, initialement être soutenue par la main de sa mère.
Voir sur les Pietà ou Vierges de Pitié du Finistère :
Comparez avec la Vierge de Pitié du cimetière de Bourg-Blanc, Atlas n° 84, différente et sans larmes :
Comparez surtout avec la Vierge de Pitié "aux sept larmes" du Musée départemental Breton : malgré des différences évidentes, les points communs sont nombreux, notamment la forme et le nombre des larmes.
Vierge de pitié (XVIe s. kersantite) du calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.
Vierge de pitié (XVIe s. kersantite) du calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.
Tête du Christ refaite en ciment, Vierge de pitié (XVIe s. kersantite) du calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.
.
2°) Sur le croisillon, à droite du Christ : Marie-Madeleine tenant son flacon d'onguent.
.
Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.
Marie-Madeleine (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.
3°) Sur le croisillon, à gauche du Christ : un saint barbu muni d'une canne et tenant un livre : saint Urfold.
.
Saint Urfold. Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.
Le Christ en croix (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.
II. L'AUTRE FACE DU CALVAIRE / SAINT JEAN AU PIED DE LA CROIX et SAINT YVES.
Face nord. Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.
1°) Saint Jean au pied de la croix.
Nous l'avons vu, il n'occupe pas sa place initiale, à gauche du Crucifix. On l'identifie par son visage imberbe, ses cheveux mi-longs, son geste ému main sur la poitrine, son évangile en main gauche, sa robe aux poignets boutonnés sous le manteau, et serrée par une ceinture plate.
.
Saint Jean (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.
2°) Saint Yves, son geste d'argumentation et son livre de ceinture. Tête refaite en ciment-pierre.
Je ne reviens pas sur la description de ces deux attributs de saint Yves, official et Tréguier et avocat des pauvres que j'ai longuement ou décrit aussi souvent que j'en ai rencontré des exemples : voir :
Saint Yves (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.
Saint Yves (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.
Saint Yves (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.
SOURCES ET LIENS.
—ABGRALL ( Jean-Marie), 1903, “Notices sur les paroisses : Bourg-Blanc“ in Bulletin de la Commission diocésaine d'Architecture et d'Archéologie, Vol. 3, p.357- 364
Ensemble de 7 verrières d'Hubert de Sainte-Marie, atelier H.S.M (Quintin, Côtes d'Armor) réalisées entre 1983 et 1988 pour la chapelle Saint-Urfold de Bourg-Blanc.
Merci à Ninnog, guide de l'Association ACBL Arz e Chapelioù Bro Leon, pour la qualité de son accueil.
Entre 1983 et 1988, Hubert de Sainte-Marie, maître-verrier installé depuis 1947 à Quintin, dans les Côtes d'Armor, a conçu et réalisé pour l'association Les Amis de Saint-Urfold un ensemble de 7 verrières remarquables.
La baie 0 ou maîtresse-vitre.
Le choeur à chevet plat est éclairé de deux fenêtres jumelles à réseau flamboyant semblables à celles de la chapelle Saint-Jean-Bazlanant (XVe siècle).
Deux baies jumelles à 2 lancettes trilobées et tympan à 9 ajours, séparées par une niche abritant la statue de saint Urfold.
On y voit trois saints personnages dont à droite la Vierge (patronne de l'église paroissiale) ou sainte Anne, peut-être saint Pierre, et à gauche sans doute saint Urfold, dans des enclos arboriés, sous trois églises et chapelles et un écart, tous les trois entourés de villageoises en costume et coiffe et de villageois.
Une charrue, dans la baie de gauche est tirée par un loup rouge. Dès lors, le saint moine de la baie de droite pourrait-être saint Hervé, et le saint plus âgé son oncle saint Urfold.
Cette scène hagiographique forme un ensemble coloré au milieu d'une vitrerie claire dont le carroyage est occupé par des feuillages et fleurettes, mais surtout par une foule de personnages stylisés (grisaille, "enlevé" et jaune d'argent) qu'il est passionnant de découvrir en détail. On y voit des pêcheurs, des paysans, des artisans, des musiciens et des danseurs.
La baie de droite porte en bas à droite la signature H.S.M QUINTIN 1983
Les archives de l'atelier ont été déposées aux Archives départementales des Côtes d'Armor sous la côte 124 J 25-1-46 :
7-10- Bourg-Blanc, chapelle Saint-Urfold : devis, croquis, plans, correspondance, maquettes, mémoires, photographies couleurs, nomenclature des coefficients de l'académie d'architecture, iconographie vitrail couleur Corps de l'inventaire > Sources écrites 18 (1983-1988).
Mais le chemin qui permettait d'y avoir accès semble inopérant (sauf, pour le sommaire, par pdf ou par les archives Wiki ). Il serait passionnant de savoir quelle technique Hubert de Sainte-Marie a employé pour obtenir ces dépolis des vitreries de verre blanc.
La baie 0, vitrail d'Hubert de Sainte-Marie pour la chapelle Saint-Urfold. Photographie lavieb-aile juillet 2024.
La baie 0, vitrail d'Hubert de Sainte-Marie pour la chapelle Saint-Urfold. Photographie lavieb-aile juillet 2024.
La baie 0, vitrail d'Hubert de Sainte-Marie pour la chapelle Saint-Urfold. Photographie lavieb-aile juillet 2024.
Les musiciens : accordéon, bombarde, cornemuse, et les danseurs.
La baie 0, vitrail d'Hubert de Sainte-Marie pour la chapelle Saint-Urfold. Photographie lavieb-aile juillet 2024.
La baie 0, vitrail d'Hubert de Sainte-Marie pour la chapelle Saint-Urfold. Photographie lavieb-aile juillet 2024.
La baie 0, vitrail d'Hubert de Sainte-Marie pour la chapelle Saint-Urfold. Photographie lavieb-aile juillet 2024.
La baie 0, vitrail d'Hubert de Sainte-Marie pour la chapelle Saint-Urfold. Photographie lavieb-aile juillet 2024.
La baie 0, vitrail d'Hubert de Sainte-Marie pour la chapelle Saint-Urfold. Photographie lavieb-aile juillet 2024.
Les métiers et occupations.
La baie 0, vitrail d'Hubert de Sainte-Marie pour la chapelle Saint-Urfold. Photographie lavieb-aile juillet 2024.
La baie 0, vitrail d'Hubert de Sainte-Marie pour la chapelle Saint-Urfold. Photographie lavieb-aile juillet 2024.
La baie 0, vitrail d'Hubert de Sainte-Marie pour la chapelle Saint-Urfold. Photographie lavieb-aile juillet 2024.
Les vitraux d'Hubert de Sainte-Marie pour la chapelle Saint-Urfold. Photographie lavieb-aile juillet 2024.
Les vitraux d'Hubert de Sainte-Marie pour la chapelle Saint-Urfold. Photographie lavieb-aile juillet 2024.
Les vitraux d'Hubert de Sainte-Marie pour la chapelle Saint-Urfold. Photographie lavieb-aile juillet 2024.
Les vitraux d'Hubert de Sainte-Marie pour la chapelle Saint-Urfold. Photographie lavieb-aile juillet 2024.
Les vitraux d'Hubert de Sainte-Marie pour la chapelle Saint-Urfold. Photographie lavieb-aile juillet 2024.
.
.
La baie 1. Composition à petits sabots fleuris.
.
Signature H.S.M QUINTIN 1987.
Les vitraux d'Hubert de Sainte-Marie pour la chapelle Saint-Urfold. Photographie lavieb-aile juillet 2024.
Les vitraux d'Hubert de Sainte-Marie pour la chapelle Saint-Urfold. Photographie lavieb-aile juillet 2024.
La baie 2 : Compositions à fleurettes.
Inscription en bas à gauche MIGNONED St-URFOLD (*) / 1987-H.S.M -QUINTIN.
(*) Amis de Saint-Urfold.
Les vitraux d'Hubert de Sainte-Marie pour la chapelle Saint-Urfold. Photographie lavieb-aile juillet 2024.
Baie 3 : Scène de la vie de saint Yves
2 lancettes trilobées et un tympan à 1 mouchette et 2 écoinçons.
Inscription : - [ar] guer liou man zobet goulennet gant mignoned Sant-Urfold / Er bloavez 1983 Ha great HSM Quintin (ce vitrail a été demandé par les Amis de Saint-Urfold l'année 1983)
Le saint, nimbé et coiffé de la barrette sous le manoir du Minihy en arrière-plan, mène un enfant par la main et le conduit vers ses parents qui se prosternent par gratitude.
Au loin, le clocher de Minihy-Tréguier.
Rappellons que la statue de saint Yves est présente sur le calvaire du XVIe siècle qui accueille les visiteurs à l'entrée de l'enclos.
.
Les vitraux d'Hubert de Sainte-Marie pour la chapelle Saint-Urfold. Photographie lavieb-aile juillet 2024.
Baie 4 : saint François prêchant aux oiseaux devant un moine et un couple.
Un lancette ogivale.
Inscription SAINT FRANÇOIS EUZ ASSISE / H.S.M. QUINTIN /MIGNONED ST URFOLD
Les vitraux d'Hubert de Sainte-Marie pour la chapelle Saint-Urfold. Photographie lavieb-aile juillet 2024.
Les vitraux d'Hubert de Sainte-Marie pour la chapelle Saint-Urfold. Photographie lavieb-aile juillet 2024.
Baie 6 : la famille du cardinal Alan de Coëtivy.
Une baie ogivale
Inscription : FAMILH KARDINAL ALAN EUZ COETIVY / MIGNONED ST URFOLD / 1987 H.S.M
Rappel :
La paroisse de Bourg-Blanc est une ancienne trève de Plouvien érigée en paroisse lors du Concordat.
La famille de Coëtivy est une famille noble bretonne originaire du manoir de Coëtivy situé dans la paroisse de Plouvien, commune actuelle de Bourg-Blanc.
Description :
Devant le manoir, sont représentés le cardinal Alain IV de Coëtivy, dit « le cardinal d'Avignon » (1407-1474), et devant lui, accompagné d'une ancre, vraisemblablement Prigent VII de Coëtivy (1399 - 20 juillet 1450 au siège de Cherbourg), qui s'était distingué en 1437 lors du siège de Montereau puis fut nommé gouverneur de La Rochelle et en 1439 amiral de France et capitaine de Saintes. Après s'être distingué lors du siège du Mans en 1447, il fut emporté par un boulet de canon lors du siège de Cherbourg en 1450.
Les vitraux d'Hubert de Sainte-Marie pour la chapelle Saint-Urfold. Photographie lavieb-aile juillet 2024.
.
SOURCES ET LIENS.
—ABGRALL ( Jean-Marie), 1903, “Notices sur les paroisses : Bourg-Blanc“ in Bulletin de la Commission diocésaine d'Architecture et d'Archéologie, Vol. 3, du 1903 (1903) p.357- 364