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7 octobre 2020 3 07 /10 /octobre /2020 21:23

Les vitraux du XVIe siècle de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux (35). III. La baie 1 ou verrière de sainte Barbe (Gilles de la Croix-Vallée ?, vers 1540)

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Voir sur cette église :

 

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Voir sur sainte Barbe :

 

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Pour une présentation détaillée de la Légende de Sainte Barbe :

Pour le culte de sainte Barbe contre la foudre, voir :

Statues de sainte Barbe : elles sont innombrables.

Vitraux de la Vie de sainte Barbe :

 

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PRÉSENTATION.

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Cette baie éclaire, par son coté est, la chapelle nord ou chapelle Sainte-Barbe, qui a été  sous le nom de Chapelle Saint-Julien, la première chapelle des seigneurs d'Espinay (avant la construction en 1594 d'une chapelle sud). Comme la jeune Claude d'Espinay (+ 1554) y possède son tombeau, elle fut parfois nommée Chapelle Saint-Claude, et on a longtemps pensé (cf. Guillotin de Courson) que sa verrière représentait la vie de sainte Claude.

Cette chapelle a été fondée vers 1490 par Guy Ier d'Espinay, qui, selon Du Paz (Généalogie de Bretagne p. 296), "l'a fist dédiée à Monsieur Sainct Juslien  dédiée à saint Julien et y fit fonder une messe chacun jour de la semaine et doit être chantée par les enfants du chœur, et voulut y estre enterrée avec sa compagne épouse.".

"Il fit son testament le 2 septembre 1494 et mourut le 2 mai 1501, étant au service du roi ; son corps fut porté à Champeaux, selon ses dernières volontés. Quant à sa femme, Isabeau de Goyon, fille du seigneur de Matignon, nous ignorons l'époque de sa mort, mais elle dut reposer auprès de son mari, et l'on voyait encore au XVIIème siècle leur tombeau, qui a disparu depuis. C'est vraisemblablement dans cette même chapelle, et près de son aïeul, que fut inhumé en 1522 Guy II, seigneur d'Espinay, fils d'Henri d'Espinay et de Catherine d'Estouteville : « Ledit sire d'Espinay fit testament le 5e de juin, l'an 1522, par lequel il ordonna son corps estre inhumé en l'église de Champeaux et porté en terre par six de ses mestaiers, à chacun desquels il donna deux aulnes et demie de drap noir pour faire une robe, et aussi une mine de bled seigle » (Du Paz, Histoire généalogique de Bretagne, 299). Le tombeau de Guy II n'existe plus aujourd'hui. Mais auprès de l'autel de cette chapelle est un autre monument funéraire : c'est celui que Charles d'Espinay, alors chantre de Rennes et abbé de Saint-Gildas-des-Bois, plus tard évêque de Dol, fit élever à la mémoire de sa soeur, Claude d'Espinay." (Guillotin de Corson, in Revue de Bretagne)

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Cette verrière fragmentaire de sainte Barbe est composée  d'une seule lancette de 2,35 mètres de haut et 1,20 mètre de large. Elle résulte d'une restructuration au XIXe siècle, lorsqu'on l'a complétée d'une vitrerie géométrique. De nouveaux compléments furent ajoutés en 1912 et 1968.

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Datation et attribution.

Elle est estimée (Gatouillat et Hérold) vers 1540, date de la réalisation de la maîtresse-vitre, ou du moins des paiements qui s'y rapportent dans les comptes de 1539-1541. "Le vocable de la chapelle Saint-Julien en était déjà changé en 1550 et c'est, semble-t-il quelques années auparavant que la verrière honorant la nouvelle sainte patronne y a été posée, conçue pour une fenêtre à meneaux, modifiée ensuite en une lancette unique" (Gatouillat et Hérold).

Ces auteurs l'attribuent au peintre verrier auteur de la maîtresse-vitre, le "Guillequin" des comptes de la fabrique, qui est selon toute probabilité Gilles de  La Croix Vallée.

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La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les vitraux du XVIe siècle de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux (35). III.
La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Amortissement : deux anges présentant les armes de Guy I d'Espinay et de son épouse (1912).

Ce panneau de Charles et Emmanuel Tournel a remplacé un fragment de l'apothéose de la sainte, conçu pour le tympan de la verrière primitive.

Armoiries de Guy Ier d'Espinay : d'argent, au lion rampant coupé de gueules et de sinople, armé, couronné et lampassé d'or.

Armoiries de Goyon : d'argent au lion de gueules armé, lampassé et couronné d'or

Guy Ier épousa le 19 septembre 1476 Isabeau de Goyon-Matignon, décédée en 1505. D'où Henri , marié en 1485 avec Catherine d'Estouteville ; d'où Guy II, marié en 1509 avec Françoise de Villebranche ; d'où Guy III.

https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&n=d+espinay&oc=0&p=guy

Les armes de Goyon devraient être écartelées de celles de Matignon.

Ces armoiries du fondateur de cette chapelle sont  sans rapport avec la date de 1540 vers laquelle cette verrière a été réalisée, sous Guy III d'Espinay et Louise de Goulaine.

 

 

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La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le registre supérieur : le martyre de sainte Barbe.

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La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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À gauche : le père de Barbe tente une dernière fois de convaincre sa fille de renoncer à sa foi, et à son attachement au dogme de la Trinité. Il s'apprête à l'enfermer dans une tour.

Le père de Barbe, qui porte les attributs royaux (c'est en fait le satrape Dioscore), fait, en posant le pouce sur la pulpe de l'index, le geste codifié de l'argumentation, mais sa fille, richement vêtue en princesse orientale (turban), lui oppose les vérités contenues dans son livre. Elle tient déjà la palme du martyre, et, déjà, les fenêtres de la tour sont au nombre de trois, car la vierge opiniâtre les a fait ouvrir pour témoigner de sa foi en la Trinité. Nous sommes donc au moment où, après avoir enfermé sa fille en espérant  qu'elle renonce,  et s'être absenté pour un voyage, le roi découvre son acte provocateur, devient furieux, et appelle ses bourreaux. L'un d'eux montre du doigt les trois fenêtres éloquentes.

Ça va chauffer.

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La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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À droite, Barbara, liée par les poignets à une colonne, dénudée jusqu'à la taille, est livrée aux bourreaux devant son père . 

Dans le Mystère de sainte Barbe de 1557, les bourreaux se nomment Agripant, Claudin, Loupart et Glouton, sous la direction du Prévôt ; la sainte est vigoureusement fustigée.

Mais ici, elle est exposée aux flammes de flambeaux, dont la fumée est peinte en grisaille sur les verres bleus. Cette scène est attestée sur les peintures de Saint-Etienne du Rond à Rome.

Sous l'œil de Dioscore, le bourreau, d'un index inquisiteur, la somme d'abjurer.

On remarquera les crevés des chausses et tuniques, indice précieux pour dater cette peinture selon la mode Renaissance sous François Ier (après 1525) et Henri II.

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La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le registre inférieur : le martyre de sainte Barbe (suite) : Décollation de la sainte ; punition de son père.

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La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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La décollation de sainte Barbe par son père. Scène restituée.

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La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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La mort brutale du méchant père.

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Dans le Mystère de Sainte Barbe, le roi est foudroyé et Belzébuth et Satan l'entraînent dans les abymes. C'est bien ce que nous voyons ici, tandis que sainte Barbe est élevée vers le Ciel par des anges.

Noter les tourbillons verts sur le fond bleu : ils résultent, comme les trainées blanches qui les accompagnent de la gravure du verre bleu (et de la peinture au jaune d'argent des parties bleus éclaircies).

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La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LIENS ET SOURCES.

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COUFFON (René), 1969, « La collégiale de Champeaux. Contribution à l’étude de la première Renaissance en Bretagne » dans Mémoires de la Société d’émulation des Côtes-du-Nord, tome XCVIII, 1969, pp. 15-49 .

— COUZY (H), 1968, Collégiale La Madeleine de Champeaux, Congrès archéologique de France, 126e session, Haute-Bretagne, p.60-73

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Inventaire général du patrimoine culturel ; Rennes : Presses universitaires de Rennes , impr. 2005

GUILLOTIN DE CORSON (abbé Amédée), 1880-1886, Pouillé historique de l'archevêché de Rennes. [Volume 3] 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55608m.pdf

GUILLOTIN DE CORSON (abbé Amédée), 1904, "Les seigneurs de Champeaux, leur collégiale et leur château", Revue de Bretagne, de Vendée & d'Anjou, Volumes 31 à 32 page 385-

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k453834v/f383.image.r=champeaux

— JOUBERT (Solen), 2003, Audace et renommée : un réseau de la noblesse bretonne, vecteur d'échanges culturels et artistiques pendant la Renaissance. SHAB pages 205-

https://m.shabretagne.com/scripts/files/54da14d35ff576.88078498/2003_08.pdf

MOIREZ (Denise), 1975, Vitraux de Champeaux et de Louvigné-de-Bais, Mémoires de la SHAB

https://www.shabretagne.com/scripts/files/5f461a0de8f9e7.95056646/1975_14.pdf

— RIOULT ( Jean-Jacques ), ORAIN (Véronique), 1979,L'ancienne collégiale de Champeaux, Dossier IA00130695 (c) Inventaire général ; (c) Conseil général d'Ille-et-Vilaine

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/ancienne-collegiale-actuellement-eglise-sainte-marie-madeleine-place-de-la-collegiale-champeaux/d2fdc8a2-dd6b-4bea-83c6-91455faf82e9

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chateau-d-epinay-ancien-chateau-de-la-riviere-champeaux/380ed73c-19d0-4e1e-8082-64d1b7934c77

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA35000276

https://monumentum.fr/chateau-epinay-ancien-chateau-riviere--pa00090518.html

— SITE DECOUVRIR CHAMPEAUX

https://www.champeaux35.fr/decouvrir-champeaux/histoire-et-patrimoine/collegiale-2/

— WIKIPEDIA, Pfingstfenster (Champeaux)

https://de.wikipedia.org/wiki/Pfingstfenster_(Champeaux)

 

 — WIKIPEDIA, La collégiale Sainte-Marie-Madeleine de Champeaux.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Coll%C3%A9giale_Sainte-Marie-Madeleine_de_Champeaux

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Sainte Barbe.
7 octobre 2020 3 07 /10 /octobre /2020 13:36

Les vitraux du XVIe siècle de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux (35). II. La baie 8 de la nef sud,  verrière de la Pentecôte (Jean Adrian, 1529).

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Voir sur cette église :

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N.B : la version en allemand de l'encyclopédie Wikipedia consacre un bref article et 5 photos à ce vitrail, dans le cadre de sa catégorie "Vitraux du département d'Ille-et-Vilaine". Mais les descriptions de référence sont celles de Couffon en 1969 et de Gatouillat et Hérold en 2005.

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PRÉSENTATION.

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La baie 8 éclaire la chapelle Saint-Jacques, qui s'ouvre au sud de la nef. On trouve dans cette chapelle un retable de la Passion du XVIe siècle, sur un autel du XVIIIe siècle consacré à saint Jacques.

Haute de 4 mètres et large de 1,90 mètres,  la verrière est composée d'une seule lancette, toute entière consacrée à la Pentecôte. Elle porte à quatre reprises l'inscription de la date de sa création, en 1529, ce qui la place au début du mécénat de Guy III d'Espinay et de Louise de Goulaine, qui offriront aussi la maîtresse-vitre vers 1539, les stalles du chœur entre 1530 et 1550, l'ancien banc et les boiseries de la porte sud (après 1551 ?), et leur tombeau en 1553, et, en la cathédrale de Rennes, les vitraux commandés en 1531 à Jehan Le Breton et Jehan Mauger et portant leurs armes.

Pourtant, ils n'y figurent pas comme donateurs, leurs armoiries en sont absentes, et c'est Jean ou Jacques Masure, le doyen du chapitre de six chanoines de la collégiale qui y est peint en donateur, intégré à la scène sacrée  à droite de la Vierge. 

Le vitrail était jugé en 2005 "peu restauré, avec des verres corrodés et une peinture fragilisée", une verrière "aujourd'hui très altérée", mais qui était "manifestement somptueuse, d'un dessin élégant et comportant maintes prouesses techniques", (Gatouillat). Toutes les verrières ont été restaurées en 2015-2018 par les ateliers Helmbold de Corps-Nuds (35) avec mise en place d'un doublage de protection. 

https://www.ouest-france.fr/bretagne/corps-nuds-35150/h-helmbold-fait-passer-lhistoire-de-lombre-la-lumiere-3437221

https://www.ouest-france.fr/bretagne/champeaux-35500/la-collegiale-se-refait-une-beaute-du-sol-au-plafond-3572788?page=3

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Le donateur.

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 René Couffon, qui a consulté les comptes de fabrique, donne le prénom  et le nom de "Jean Masure" et le qualifie de recteur de Saint-Jean-sur-Vilaine. F. Gatouillat reprend ces données, mais fait de Jean Masure le doyen du chapitre de Champeaux.

"[la verrière] représente la Pentecôte , et , à droite , le donateur agenouillé, Jean Masure, chanoine de Champeaux, recteur de Saint-Jean sur Vilaine et fondateur de la chapelle du Saint-Esprit et des quatre évangélistes. Il est à remarquer que le donateur, Jean Masure, ne porte ni chape ni aumusse , cette autorisation n' ayant été accordée aux chanoines de Champeaux que le 8 juin 1542 par l' évêque Claude Dodieu ; son vêtement a d' ailleurs été refait  en grande partie, notamment toute la partie inférieure." (R. Coufon)

Certes, de 1474 à 1777, la cure paroissiale de Saint-Jean-sur-Vilaine dépendait de la collégiale de Champeaux, un des six chanoines de cette collégiale étant toujours recteur en titre de Saint-Jean-sur-Vilaine (le doyen étant recteur de Champeaux et les quatre autres, de Guipel, Saint-Mervé,  Vergéal et Montreuil-sur-Pérouze). Du moins, il en percevait les fruits et dîmes en prébendes.

Mais il est peu probable que  Jean Masure soit en même temps le doyen de la collégiale, car il serait alors de droit, nous l'avons vu, recteur de Champeaux. 

Enfin, le Pouillé de l'archevêché de Rennes donne Jacques Mazure, chanoine de Champeaux, comme recteur de Vergeal vers 1531, puis recteur de Saint-Jean-sur-Vilaine vers 1537-1540. Lui, ou un homonyme,  est cité comme recteur de Pocé-les-Bois avant 1588.

Au total, le donateur doit plutôt être identifié comme Jacques Mazure, et ses fonctions, prébendes de recteur et titres indiquées par Couffon ne sont pas ceux dont il disposait en 1529, date de réalisation du vitrail.

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Le peintre-verrier d'origine hollandaise: Jehan Adrian (Adrien, Adriaen).

 

"La figure de la Vierge , assise sur un trône au milieu des apôtres, est particulièrement remarquable et les verres de très belles couleurs. Sur les candélabres tout italiens qui l'entourent, figure trois fois le millésime 1529, ce qui permet de l'attribuer à Jean Adrian, les comptes de la collégiale ne mentionnant à cette date que la présence de ce seul peintre-verrier à Champeaux  (Archives Ille-et-Vilaine G 456, année 1529)

 Ce Jean Adrian , qualifié en 1505 venu de Hollande à Rennes , appartenait sans doute à cette famille des Adriaen, peintres-verriers mentionnés au XVe siècle à Anvers et Tournai . En 1517 , il reçut vingt trois livres tournois pour travaux de décoration  faits à Vitré lors de l' entrée de la comtesse de Laval ; en 1526 , il exécuta la maîtresse vitre de Toussaints de Rennes moyennant six cent quarante livres tournois , suivant marché du 20 novembre

 

En 1532, il fut employé pour les fêtes du couronnement du dauphin François comme duc de Bretagne. Un autre Jean Adrian peut-être son fils figure en 1565 parmi les artistes employés pour les préparatifs de l' entrée de Charles IX à Rennes ; il est qualifié peintre étranger ." (Couffon)

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"En 1505 est signalé le peintre et peintre verrier Jehan Adrian, dont il est spécifié qu'il est "venu de Hollande"(*) et qui pouvait être relié à la famille des Adriaen, peintres verriers à Tournai et Anvers au XVe siècle. Il fut évidemment un artiste important, dirigeant en 1517 les travaux de décoration pour l'entrée à Vitré de la comtesse de Laval, obtenant en novembre 1526 pour l'énorme somme de 640 livres tournois le marché de la maîtresse-vitre de l'église des Toussaints de Rennes, et étant employé pour les fêtes du couronnement du dauphins François, fils de François Ier, comme duc de Bretagne en 1532 (**). D'après les comptes de la fabrique de la collégiale de Champeaux, il paraît être l'auteur de la verrière de la Pentecôte." (Gatouillat p. 37-38)

Dans les minutes d'un procès d'août 1536 opposant les époux de Bouillé à la fabrique de l'église Notre-Dame de Vitré, Jean Adrien, vitrier et peintre est cité pour avoir participé, à la réparation de diverses vitres de l'église avant son collègue Thomas Faverie [né à Vitré vers 1481, et qui intervint aussi à Champeaux], qui intervint à partir de 1506.

(*) marché du 26 novembre 1526 pour la verrière des Toussaints de Rennes, marquée aux armes du vicomte de Rennes Guy XVI de Laval et de Charlotte d'Aragon.

(**) Archives municipales Rennes AA6, contrat du 5 mai 1532.

Voir le Dictionnaire biographique d'André Bérard.

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POINTS FORTS.

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C'est la verrière la plus belle à mon sens, et la plus précoce des 7 verrières du XVIe siècle de l'ancienne collégiale.

Elle est précisément datée par inscriptions de 1529.

Son décor relevant de la Première Renaissance bretonne en est la manifestation la plus précoce à Champeaux.

Son donateur Jacques Mazure, intégré à la scène sacrée devant saint Jacques, était chanoine du chapitre de Champeaux.

Son auteur Jehan Adrian est un peintre-verrier d'origine néerlandaise actif à Vitré, puis à Rennes en 1526.

Le verre rouge gravé et peint au jaune d'argent est une prouesse technique remarquable.

Son sujet, la Pentecôte, est dominé par une Trinité spectaculaire.

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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Situation de la chapelle Saint-Jacques sur le plan.

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Détail du plan d'après Découvrir-champeaux/histoire-et-patrimoine.

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Vue générale.

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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Je décrirai le vitrail de haut en bas.

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Pour débuter, rappelons nous que la Pentecôte désigne la descente du Saint-Esprit,  de l'inspiration divine et du don des langues sur 120 disciples de Jésus réunis au Cénacle de Jérusalem. Les Actes des Apôtres décrivent des langues de feu se déposant sur la tête de chacun.

« Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans le même lieu. Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d'un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d'eux. Et ils furent tous remplis du Saint Esprit, et se mirent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer. » Actes 2:1-4

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Dans l'enluminure peinte par le tourangeau Jean Fouquet pour les Heures d'Etienne Chevalier vers 1452-1460, les apôtres sont au nombre de 12 (Judas ayant été remplacé par Matthias) et entourent la Vierge (bien qu'elle soit absente du texte des Actes). Les langues de feu partent en serpentins dorés dans les rayons issus de la colombe de l'Esprit Saint. La coquille symbole de renaissance (cf la Naissance de Vénus de Boticelli) forme une voûte fermant la pièce.

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Pentec%C3%B4te#/media/Fichier:La_Pentec%C3%B4te.jpg

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Plus proches de la date de cette verrière, les enluminures du tourangeau Jean Bourdichon pour les Heures de Louis XII (1498-1499), les Heures de Frédéric III d'Aragon (1501-1502), les Grandes Heures d'Anne de Bretagne (v. 1503-1508) ou pour le Missel de Jacques de Beaune (1506-1508 ou 1511) reprennent cette construction, tout en adoptant  un cadrage plus serré, mais les Apôtres sont rejoints par les nombreux disciples.  .

 

 

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Pentecôte peinte par Jean Bourdichon, Heures de Louis XII (1498-1499), British Library

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La Pentecôte peinte par Jean Bourdichon, Heures de Frédéric III d'Aragon (1501-1502) BnF latin 10532 f. 206. Droits Gallica.

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La Pentecôte peinte par Jean Bourdichon pour les Grandes Heures d'Anne de Bretagne (v. 1503-1508) BnF latin 9474 f.49v.

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La Pentecôte peinte par Jean Bourdichon pour le Missel de Jacques de Beaune (1506-1508 ou 1511) BnF latin 886 f.226v  

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Voir aussi :

Jean Poyer, Pentecôte, Heures de Henri VIII, Tours vers 1500, Pierpont Morgan Library  

https://www.themorgan.org/sites/default/files/images/collection/download/MSH0008_C_0101_verso-0102_recto.jpg

Même si le maître verrier Jean Adrian est d'origine néerlandaise, il me parait légitime de rechercher des sources iconographiques dans les enluminures de l'Ecole de Loire (N. Reynaud) et des ateliers de Tours, car le mécénat de Guy III d'Espinay et de Louise de Goulaine renvoie régulièrement au Val de Loire où la cour royale était établie. Inversement, la consultation des enluminures d'un livre d'Heures des seigneurs d'Espinay, du XVe siècle et d'inspiration flamande (Rennes Métropole ms 33 f. 124) montre que cette source d'inspiration peut être écartée.

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Ici, à Champeaux, dans une composition toute verticale,  le Cénacle est  vu en perspective,  et doté d'un péristyle aux colonnes en marbre veiné rose et vert, qui soutient une arche en plein cintre et un plafond à caisson. La Vierge est assis dans une cathèdre de marbre au dais en coquille (rappelant celle de Jean Fouquet). Elle est entourée d'une dizaine de participants au premier plan, non nimbés (dont saint Pierre portant sa clef, et Jean, imberbe, et dont des femmes), tandis que les visages d'une douzaine d'autres forment une ligne horizontale en deuxième plan.

Entre le seuil du Cénacle, où le spectateur est censé être placé, et les disciples, s'élèvent deux colonnades de fuseaux et vases ou "candélabres" décorés de masques et d'angelots crachant des feuilles, où s'accrochent les trois cartouches à chronogramme 1529. Cette interposition de candélabres crée une délimitation verticale d'un espace sacré, et un effet de profondeur.

Ces candélabres dorés (grisaille et jaune d'argent) rappellent ceux qui encadrent sur toute la hauteur la Pentecôte du Missel de Jacques de Beaune, et qui avaient été introduits pour l'encadrement des Heures de Frédéric d'Aragon par Giovanni Todeschino, mais sont ici très astucieusement intégrés à la scène.

La grande innovation de Jean Adrian par rapport aux enluminures de Jean Bourdichon est de placer dans le même espace du Cénacle non seulement la colombe de l'Esprit Saint, mais le Père et le Fils composant ainsi une Trinité.

L'autre innovation est de remplacer toute l'architecture du Cénacle au dessus des disciples par un grand triangle descendant rouge et or, un flot de feu et de lumière qui se déverse sur les têtes dans un effet d'irruption et de rupture spatiale spectaculaire. 

La troisième idée est de reprendre le symbole de la coquille, mais puisqu'elle ne peut occuper la voûte, elle se place sur le dais dominant la tête de la Vierge et en double le nimbe.

L'enluminure la plus proche est peut-être encore celle de Fouquet, par la mise en scène de cette ondée spirituelle. Mais pour la disposition des personnages, c'est celle du Missel de Jacques de Beaune qui se rapproche le plus du vitrail de Champeaux. Elle ne précède que d'une vingtaine d'année la verrière. Ce Jacques de Beaune était trésorier d'Anne de Bretagne, évêque de Vannes de 1504 à1511, et doyen du chapitre Saint-Gatien de Tours en 1506. 

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Puisque je débute par le haut, j'observe les éléments décoratifs en grisaille et jaune d'argent dont les masques-feuilles anthropomorphes de profil et les volutes, mais aussi les deux médaillons aux profils féminins relèvent de l'influence des ornemanistes italiens. Ce témoignage de la Première Renaissance bretonne, dont le mécénat des Espinay va offrir de très beaux exemples,  s'exprime  à Champeaux pour la première fois dans cette verrière.

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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Le Père et le Fils bénissant l'assemblée des disciples.

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S'inscrivant dans l'orbe du plein cintre, le Père et le Fils, assis sans différence de taille et de position sur une même banquette de pierre, sont adorés par trois cercles concentriques  d'anges, successivement bleus, verts et rouges, nus, ailés et mains jointes.

Le Fils tient l'étendard de la Résurrection, et en porte le manteau rouge ; il bénit et montre ses plaies (du flanc et du poignet droit). Le Père, en robe pourpre et manteau rouge, bénit également, tandis qu'il tient le globus cruciger de la main gauche. Ils se regardent, se détachant sur un fond jaune d'or, seulement séparés par un coussin vert.

Voir la Trinité du Missel de Jacques de Beaune :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b104614851/f475.item

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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La colombe, et les langues de feu.

L'ardente inspiration divine troue avec force un ciel bleu clair où volent quelques anges.

Les langues de feu, présentes chez Fouquet, sont absentes des Heures de Louis XII et de celles de Frédéric III d'Aragon, apparaissent dans les Grandes Heures d'Anne de Bretagne, et ne se distinguent bien sur la tête des Apôtres que dans le Missel de Jacques de Beaune.

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Pentecôte, Jean Bourdichon, Missel de Jacques de Beaune, droits Gallica BnF

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Mais ici, elles sont particulièrement visibles, en jaune sur fond rouge.

Ce panneau est un splendide exemple de la technique du verre gravé. Le verre rouge est toujours doublé, car s'il était de l'épaisseur des autres verres, il serait presque noir. Une fine plaque de verre rouge est appliquée contre une plaque de verre blanc. En gravant la partie rouge avec un outil (molette) ou de l'émeri, la zone gravée apparaît blanche. Elle peut alors être peinte au jaune d'argent pour donner ces rais et ces flammes (lesquelles sont surlignées de traits noirs à la grisaille. Sur une telle surface, c'est ici un réel tour de force.

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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Les cartouches à chronogramme des candélabres.

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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La Vierge entourée des Apôtres et des disciples.

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Une vue de détail monterait que la plupart des visages ont les yeux tournés vers le haut (sauf Jean, visage refait), quoique certains aient les yeux baissés. À droite de Marie (à sa gauche) sont deux femmes, dont l'une porte une coiffe.

Nous pouvons identifier trois apôtres : Pierre, avec sa clef, Jean qui est imberbe, et Jacques le Majeur, en rouge à l'extrême droite, qui porte le bourdon et la besace frappée d'une coquille.

 

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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La Vierge, voilée et nimbée, mains jointes, est vêtue d'une robe dorée et damassée sous un manteau bleu.

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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Le donateur Jacques Mazure devant saint Jacques.

Derrière les candélabres, le chanoine de Champeaux appartient à la scène (comme le chanoine Van der Paele peint par Van Eyck), mais se distingue par sa posture agenouillée, son regard dirigé vers la Vierge, et son surplis au dessus d'une robe violette. Il occupe la place de saint Jean sur l'enluminure du Missel  de Jacques de Beaune, mais il est situé devant saint Jacques, ce qui renforce mon hypothèse de l'identifier comme Jacques Mazure, plutôt que Jean (cf. plus haut).

Était-il, en 1529, doyen du chapitre (et alors, recteur de Champeaux) ? Représente-t-il ce chapitre collégiale qui serait dans son ensemble commanditaire du vitrail ?

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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Les autres apôtres et disciples.

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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LIENS ET SOURCES.

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— BARRIÉ (Roger), 1976, Les verres gravés et l'art du vitrail en Bretagne occidentale, Annales de Bretagne et des pays de l'ouest n°80-1 pp. 35-44

https://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1976_num_83_1_2796

— BOESPFLUG (François), 2006, La Trinité en théologie et dans l'art  à la fin du Moyen-Âge( 1400-1460).Presses universitaires de Strasbourg

https://books.openedition.org/pus/12732?lang=fr

COUFFON (René), 1969, « La collégiale de Champeaux. Contribution à l’étude de la première Renaissance en Bretagne » dans Mémoires de la Société d’émulation des Côtes-du-Nord, tome XCVIII, 1969, pp. 15-49 .

— COUZY (H), 1968, Collégiale La Madeleine de Champeaux, Congrès archéologique de France, 126e session, Haute-Bretagne, p.60-73

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Inventaire général du patrimoine culturel ; Rennes : Presses universitaires de Rennes , impr. 2005

GUILLOTIN DE CORSON (abbé Amédée), 1880-1886, Pouillé historique de l'archevêché de Rennes. [Volume 3] 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55608m.pdf

GUILLOTIN DE CORSON (abbé Amédée), 1904, "Les seigneurs de Champeaux, leur collégiale et leur château", Revue de Bretagne, de Vendée & d'Anjou, Volumes 31 à 32 page 385-

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k453834v/f383.image.r=champeaux

— JOUBERT (Solen), 2003, Audace et renommée : un réseau de la noblesse bretonne, vecteur d'échanges culturels et artistiques pendant la Renaissance. SHAB pages 205-

https://m.shabretagne.com/scripts/files/54da14d35ff576.88078498/2003_08.pdf

MOIREZ (Denise), 1975, Vitraux de Champeaux et de Louvigné-de-Bais, Mémoires de la SHAB

https://www.shabretagne.com/scripts/files/5f461a0de8f9e7.95056646/1975_14.pdf

— RIOULT ( Jean-Jacques ), ORAIN (Véronique), 1979,L'ancienne collégiale de Champeaux, Dossier IA00130695 (c) Inventaire général ; (c) Conseil général d'Ille-et-Vilaine

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/ancienne-collegiale-actuellement-eglise-sainte-marie-madeleine-place-de-la-collegiale-champeaux/d2fdc8a2-dd6b-4bea-83c6-91455faf82e9

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chateau-d-epinay-ancien-chateau-de-la-riviere-champeaux/380ed73c-19d0-4e1e-8082-64d1b7934c77

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA35000276

https://monumentum.fr/chateau-epinay-ancien-chateau-riviere--pa00090518.html

— SITE DECOUVRIR CHAMPEAUX

https://www.champeaux35.fr/decouvrir-champeaux/histoire-et-patrimoine/collegiale-2/

— WIKIPEDIA, Pfingstfenster (Champeaux)

https://de.wikipedia.org/wiki/Pfingstfenster_(Champeaux)

 

 — WIKIPEDIA, La collégiale Sainte-Marie-Madeleine de Champeaux.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Coll%C3%A9giale_Sainte-Marie-Madeleine_de_Champeaux

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
3 octobre 2020 6 03 /10 /octobre /2020 20:23

 Les vitraux du XVIe siècle de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux (35).  I. La maîtresse-vitre (1539-1541) de la Crucifixion et de l'Extase de Marie-Madeleine.

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Voir sur cette église :

 

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N.B : la version en allemand de l'encyclopédie Wikipedia consacre un article et 4 photos à ce vitrail, dans le cadre de sa catégorie "Vitraux du département d'Ille-et-Vilaine". Mais la description de référence est celle de Gatouillat et Hérold 2005.

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LA MAÎTRESSE-VITRE OU BAIE 0 (Gilles de la Croix-Vallée, 1539-1541).

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Cette verrière d'axe haute de 6,40 m de haut et 3,70m de large comporte 5 lancettes et un tympan de 11 ajours.

 

Elle a succédé à une première verrière, peut-être contemporaine de la construction du chœur avant le milieu du XVe siècle, et qui avait été restaurée entre 1516 et 1518 par Thomas Faverie, peintre verrier de Vitré.

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La verrière actuelle résulte  d'une donation à la collégiale par Guy III d'Espinay et Louise de Goulaine, qui, après ou en même temps qu'ils dotaient l'église de 54 stalles, et avant d'y commander vers 1551 leur tombeau dans le chœur, commandèrent un ensemble de verrières. Les comptes de fabrique  de 1539-1541 font connaître le versement d'une  quarantaine de livres en trois paiements à   l'ymagier, painctre et vitrier Guillequin, que Gatouillat et Hérold identifient comme étant Gilles de la Croix-Vallée, installé à Vitré, et également actif à Louvigné-de-Bais (Transfiguration et Résurrection) pour les mêmes donateurs.  La participation du chapitre à la commande de verrières entre 1538 et 1550 est attestée par les comptes de la fabrique : Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, série 1 G 456. H. COUZY, « Collégiale La Madeleine… » p. 69.  Guyon Collin, associé de Gilles de la Croix-Vallée à Louvigné, reçut d'ailleurs vingt sol à Champeaux en 1545 pour des travaux non identifiés.

 

Jusqu'à leur destruction pendant la Révolution, les armes des donateurs et de leurs ascendants se voyaient sur les lancettes latérales au dessus de leur portraits, comme le rapporte le maître vitrier Collin, de Vitré, dans un procès verbal de 1716 établi pour la prise de possession de la seigneurie d'Espinay. Elle était disposée sur trois registres et sous les armes pleines d'Espinay,  répétées, figuraient celles de Simon II , grand chambellan de Bretagne et de Marguerite de Chateaubriand (vivant vers 1430), de Guy Ier et d'Ysabeau Gouyon (fin du XVe), de Richard marié en 1435 à Béatrice de Montauban, et enfin celles des donateurs.

En 1880, un atelier  a réalisé les ornements placés dans les lancettes latérales tout en conservant les parties originales qui subsistaient après la destruction des armoiries.

Entre 1908 et 1913, l'atelier parisien d' Emmanuel et Charles Tournel restaurèrent l'ensemble des fenêtres de l'église. Plus récemment est intervenu Hubert de Sainte-Marie, entre 

Elle a été restaurée en 2016 par l'atelier Helmbold de Corps-Nuds (35) avec doublage de protection de la verrière, Olivier Weets étant architecte en chef des Monuments historiques.

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La verrière est dissimulée, dans sa partie basse et centrale, par une grande statue dont il est très difficile de se dégager pour observer la scène, pourtant capitale dans l'ancienne collégiale de la Madeleine, de l'Extase de Marie-Madeleine à Sainte-Baume, un thème précieux par sa rareté.

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LES POINTS FORTS.

1. Un nouvel exemple du mécénat de Guy III d'Espinay et Louise de Goulaine (les stalles après 1530, leur tombeau après 1551), représentés en donateurs.

2. l'Extase de Marie-Madeleine, sujet iconographique rare, très précoce en peinture, et unique sans doute en vitrail. Un dossier y sera consacré en annexe.

3. Une grande Crucifixion centrale sur trois lancettes, disposition en rupture avec l'art des vitraux mais qui apparaît en même temps en Finistère dans ce deuxième quart du XVIe siècle.

4. Au tympan, une Trinité Souffrante au centre du chœur des anges en cercles colorés.

5. Dans les lancettes périphériques, deux panneaux de la Première Renaissance bretonne avec les monogrammes G & L des donateurs reliés par des lacs d'amour (comme sur leur tombeau et les boiseries de la porte de sacristie). 

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LE TYMPAN

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Cet ensemble, bien conservé malgré quelques pièces remplacées, montre dans la mouchette sommitale la Trinité souffrante. Celle-ci domine une série de sept cercles concentriques d'anges orants, successivement blanc et or, rouge, bleu, vert, orangé et bleu.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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L'élément sommital est une Compassion du Père : Dieu le Père, barbu, couronné, assis sur un trône devant un drap d'honneur bleu damassé, vêtu d'un manteau rouge sur une tunique  bleue, est accompagné par la colombe de l'Esprit, posée sur son épaule droite.

Il tient sur ses genoux le Fils, déposé de la Croix, dans un suaire, dans la posture commune aux Pietà.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le premier cercle est jaune, avec les anges (verre gravé) en blanc, mains jointes ou bras croisés.

Le deuxième cercle est rouge, le troisième est bleu, et les anges y tournoient, allongés dans le sens du cercle : ils y sont peints à la grisaille.

Cette représentation évoque fortement la manière propre à l'atelier tourangeau de Jean Fouquet et ses successeurs, où les anges sont peints en camaieu d'or sur le fond bleu, rouge, etc. Plusieurs exemples peuvent être trouvés en ligne, comme La Toussaint des Heures d'Etienne Chevalier par Jean Fouquet (aujourd'hui à Chantilly).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Livre_d%27heures_d%27%C3%89tienne_Chevalier#/media/Fichier:La_Trinit%C3%A9_et_tous_les_saints.jpg

Un autre exemple est celui-ci :

Maître du retable Beaussant de la cathédrale d'Angers (vers 1480-1490), Le Louvre:

https://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/maitre-du-retable-beaussant_la-trinite_rehauts-d-or_parchemin_peinture-sur-papier-2ace0e2a-6217-4884-9f0f-6bdade1a2b73

Mais on peut trouver ces légions d'anges en  nuées concentriques ici même, à Champeaux, sur la verrière de la Pentecôte, réalisé vers 1529 et attribué à Jean Adrien.

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La Pentecôte (1529), baie 8, collégiale La Madeleine de Champeaux. Photo lavieb-aile.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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L'ensemble coloré en arc en ciel fonctionne comme un tourbillon lumineux aspirant le regard, et peut-être l'âme, certes vers la souffrance d'un père, mais, par cette expérience, vers le divin.  

J'aurais dû terminer par ce tympan, puisque cette Trinité souffrante est placée au dessus de la Crucifixion.

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Chaque cercle s'élargit obligatoirement, et dans le dernier, en bleu, les anges ne sont plus alignés en rang ou en bancs, mais réunis par groupes de trois  à six, tournés vers le centre.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LES LANCETTES.

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LE REGISTRE INFÉRIEUR : EXTASE DE MARIE-MADELEINE À LA SAINTE-BAUME, CONTEMPLÉE PAR GUY D'ESPINAY ET LOUISE DE GOULAINE.

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Tout le registre inférieur est réuni sous un élément architectural formé essentiellement d'une longue architrave en faux marbre rythmé d'anges tenant des guirlandes. Au centre, le massif de la Sainte-Baume atteint par son sommet  — pour ce qu'on peut en voir derrière la statue — cette architecture.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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1°) Les donateurs.

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a) Louise de Goulaine à gauche.

Il manque la partie inférieure.

Louise de Goulaine, épouse de Guy III d'Espinay depuis 1528, et veuve en 1551,  et qui décéda le 8 février 1568 à Champeaux où elle fut inhumée. Elle figure ici  sous un haut dais de velours vert à glands d'or et tenant son livre de prières, et (a priori) agenouillée. 

Le dais ressemble à des baldaquin avec un ciel de lit  (détail d'un pan retroussé et suspendu dans une poche).

Elle est accompagnée par un abbé portant l'habit franciscain, et par une femme jeune vêtue d'un manteau bleu à fermail, et portant un vase ; cette dernière semble jeter un coup d'œil en passant. Ils ne sont pas nimbés. Les visages sont restaurés. À la différence des solides conventions régissant les figures de donation des vitraux du XVIe,  ou, pour ce couple, de la baie 4 (v.1540)  de Louvigné-les-Bais — où Louise est présentée par saint Louis —, ces personnages ne sont pas  des saints patrons présentant les seigneurs, mais ils semblent s'intégrer dans la scène centrale. Il n'y a pas de coupure entre la scène de donation et la scène sacrée, qui sont réunis par le même ciel et le même portique. Comment les identifier ? Il est peu probable que Louise de Goulaine soit  figurée avec son confesseur, par exemple, et sa suivante. 

Une hypothèse plus complexe peut se rapporter à la légende de Marie-Madeleine, à son iconographie, et à celle de Marie l'Egyptienne (qui s'y fond) dans laquelle c'est un prêtre ou abbé qui assiste miraculeusement au transport de la sainte par les anges. On peut penser aussi à Jean Cassien, abbé de Saint-Victor, ou à un abbé cassianiste (Jean Cassien aurait découvert les restes de sainte Madeleine et en aurait confié les reliques à la communauté de Cassianistes qu'il avait fondé au Ve siècle à Saint-Maximin. Les tombeaux de Marie-Madeleine et de saint Maximin ont été redécouverts au XIIIe siècle.

Louise de Goulaine ou Guy III d'Espinay se sont-ils rendus en pèlerinage à Sainte-Baume ? Cela n'est pas relaté, mais ces proches de la cour royale ou leurs parents (Guy II fut échanson d'Anne de Bretagne, et Christophe de Goulaine fut gentilhomme ordinaire de la chambre de Louis XII et François Ier) ont pu y accompagner les rois et reines. 

En 1503, Anne de Bretagne alla à Sainte-Baume et fit modifier la chasse contenant le crâne de Marie-Madeleine pour la montrer soulevée par quatre anges, par dévotion pour la légende du Transport angélique de la sainte. 

 

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Chasse du chef de Marie-Madeleine, in Monuments inédits sur l'apostolat de Sainte Marie-Madeleine en Provence, 1818, p. 1031

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En 1516, François Ier se rendit à Sainte-Baume accompagnée de Claude de France, de Louise de Savoie, de Marguerite de Navarre, et d'un grand nombre de seigneurs.

En 1533, Eléonore d'Autriche effectua le pèlerinage à Sainte-Baume. Henri II et François II renouvelèrent les privilèges des moines de Saint-Maximin.

[notons aussi que le dominicain espagnol Vincent Ferrier  mort le 5 avril 1419 à Vannes (Bretagne), très apprécié à la cour ducale de Bretagne et qui avait prêché cette province,  a consacré son sermon de 1407 à Marie-Madeleine , disant qu’à l’heure des vêpres,  les anges élevaient Madeleine en chantant : « Dans son trésor, le roi a placé la drachme perdue ; la pierre précieuse, tirée de la fange, étincelle au soleil radieux. » Un autre saint, Bernardin de Sienne, a décrit les sept délices des élévations de Madeleine.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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La donatrice est vêtue d'une robe de drap rouge à encolure carrée et à manches rapportées courtes, à taillades, au dessus d'une chemise fine à col court et frisé.

Un collier en or est sculpté de deux motifs, le croissant et le losange.

Sa coiffure est une coiffe rouge, au dessus d'un premier bonnet à bordure dorée perlée, et d'un voile translucide (en lin ?) également perlé. Cette coiffure correspond à la "coiffe bretonne" mise à la mode par Anne de Bretagne et qui superpose le béguin, le "ruban" ou second bonnet, et le "chaperon", le plus souvent noir.

https://annedebeaujeu.fr/index.php/2019/09/10/reconstitution-dune-coiffe-noble-1490-1520/

Anne de Bretagne et plus encore  Claude de France, fille d'Anne de Bretagne et reine de 1515 à 1524 (donc avant la réalisation de ce vitrail) portait une coiffe repoussée en arrière et dévoilant la chevelure temporale, divisée par une frange.

La date présumée de ce vitrail, en 1539, correspond au règne de François Ier et d'Eléonore de Habsbourg, reine de 1530 à 1547. Le portrait de la reine en 1529 montre l'encolure carré, les taillades ou crevés (apparus vers 1525), et une coiffe encore plus repoussée en arrière  et devenant plus discrète. Le portrait conservé à Chantilly (RMN)  date de 1530.

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89l%C3%A9onore_de_Habsbourg#/media/Fichier:Joos_van_Cleve_003.jpg

https://www.photo.rmn.fr/archive/06-510701-2C6NU0BMN6LY.html

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La comparaison avec les portraits présumés de Louise de Goulaine sculptés sur les boiseries des stalles (entre 1528 et 1550) est intéressante (ils accompagnent ses armoiries), mais doit tenir compte des licences de l'artiste qui idéalise son modèle et le conforme aux médaillons italiens faisant référence.

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Jouée nord des stalles de Champeaux. Photographie lavieb-aile.

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Allégorie, ou portrait idéalisé de Louise de Goulaine, boiserie de la collégiale de Champeaux (1528-1550). Photo lavieb-aile.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le donateur Guy III d'Espinay.

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Le seigneur d'Espinay est ici mains jointes, probablement agenouillé, et tourné vers la scène centrale qu'il fixe. Il est barbu, asse jeune, et vêtu d'un pourpoint orangé.

Derrière lui, une jeune femme coiffée d'un voile tient un vase (Sainte Marie-Madeleine ???), devant un homme blond. Aucun d'eux n'est nimbé.

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Comparaison avec la baie 4 — restituée — de Louvigné-de-Bais (1540) :

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Guy III d'Espinay et Louise de Goulaine en donateurs de la baie 4 de Louvigné-de-Bais (1540). Photographie lavieb-aile.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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L'EXTASE DE MARIE-MADELEINE.

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Cette scène qui occupe le registre inférieur des trois lancettes centrales ne peut se découvrir que panneau par panneau en se déplaçant à droite et à gauche de la fâcheuse statue.

Si nous pouvions l'observer du haut d'un échafaudage, nous verrions la sainte allongée sur le coté mais en appui sur le coude droit, la tête levée, les yeux ouverts, le buste nu (seulement couvert par les longs cheveux blonds qui sont un de ses attributs) et le bas du corps couvert par un manteau ou une couverture rouge bordeaux. Elle tient un livre dans sa main droite, indiquant que sa lecture vient de lui inspirer une vision céleste. La main gauche réunit quelques mèches de cheveux pour cacher partiellement sa poitrine.

Elle est entourée d'une quantité d'anges, dont certains la soutiennent et la soulèvent à la tête et aux pieds, tandis que d'autres, en duo ou trio, entonnent des cantiques. Ils portent des manteaux et des robes colorées, parfois damassés, avec quelques manches à crevés témoignant de la mode Renaissance. Les expressions des visages des chanteurs sont vivantes et bien observées. Quelques angelots nus se mêlent à l'assemblée.

Le regard de la sainte est dirigé vers une scène en troisième lancette (la plus cachée) où se voit, dans une grotte à proximité d'une masure, sa propre lévitation, debout, enveloppée dans un manteau rouge, soulevée par six anges.

Un amas de rochers (grisaille et jaune d'argent) forment la grotte du massif de  la Sainte-Baume, où, selon la Légende Dorée chap. 45, Marie-Madeleine s'est retirée en ermite après avoir débarquée avec son frère Lazare et sa sœur Marthe aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Elle y mène alors une vie solitaire de pénitence (c'est une ancienne pécheresse) et de contemplation.

Voici le texte de Jacques de Voragine (XIIIe siècle), dans la traduction et adaptation de Teodor de Wyzewa en 1910 :

 

"Cependant Sainte Marie-Madeleine, désireuse de contempler les choses célestes, se retira dans une grotte de la montagne, que lui avait préparée la main des anges, et pendant trente ans elle y resta à l’insu de tous. Il n’y avait là ni cours d’eau, ni herbe, ni arbre ; ce qui signifiait que Jésus voulait nourrir la sainte des seuls mets célestes, sans lui accorder aucun des plaisirs terrestres. Mais, tous les jours, les anges l’élevaient dans les airs, où pendant une heure, elle entendait leur musique ; après quoi, rassasiée de ce repas délicieux, elle redescendait dans sa grotte, sans avoir le moindre besoin d’aliments corporels.

Or, certain prêtre, voulant mener une vie solitaire, s’était aménagé une cellule à douze stades de la grotte de Madeleine. Et, un jour le Seigneur lui ouvrit les yeux, de telle sorte qu’il vit les anges entrer dans la grotte, prendre la sainte, la soulever dans les airs et la ramener à terre une heure après. Sur quoi le prêtre, afin de mieux constater la réalité de sa vision, se mit à courir vers l’endroit où elle lui était apparue ; mais, lorsqu’il fut arrivé à une portée de pierre de cet endroit, tous ses membres furent paralysés ; il en retrouvait l’usage pour s’en éloigner, mais, dès qu’il voulait se rapprocher, ses jambes lui refusaient leur service. Il comprit alors qu’il y avait là un mystère sacré, supérieur à l’expérience humaine. Et, invoquant le Christ, il s’écria : « Je t’en adjure par le Seigneur ! Si tu es une personne humaine, toi qui habites cette grotte, réponds-moi et dis-moi la vérité ! Et, après qu’il eut répété trois fois cette adjuration, Sainte Marie-Madeleine lui répondit : « Approche-toi davantage, et tu sauras tout ce que tu désires savoir ! ». Puis, lorsque la grâce du ciel eut permis au prêtre de faire encore quelques pas en avant, la sainte lui dit : « Te souviens-tu d’avoir lu, dans l’évangile, l’histoire de Marie, cette fameuse pécheresse qui lava les pieds du Sauveur, les essuya de ses cheveux, et obtint le pardon de tous ses péchés ? ». Et le prêtre : « Oui, je m’en souviens ; et, depuis trente ans déjà, notre sainte Eglise célèbre ce souvenir ». Alors la sainte : « Je suis cette pécheresse. Depuis trente ans, je vis ici à l’insu de tous ; et tous les jours, les anges m’emmènent au ciel, où j’ai le bonheur d’entendre de mes propres oreilles les chants de la troupe céleste. Or, voici que le moment est prochain où je dois quitter cette terre pour toujours. Va donc trouver l’évêque Maximin, et dis-lui que, le jour de Pâques, dès qu’il sera levé, il se rende dans son oratoire : il m’y trouvera, amenée par les anges ». Et le prêtre, pendant qu’elle lui parlait, ne la voyait pas, mais il entendait une voix de suavité angélique.

Il courut aussitôt vers saint Maximin, à qui il rendit compte de qu’il avait vu et entendu, et, le dimanche suivant, à la première heure du matin, le saint évêque, entrât dans son oratoire, aperçut Marie-Madeleine encore entourée des anges qui l’avaient amenée. Elle était élevée à deux coudées de terre, les mains étendues. Et, comme Saint Maximin avait peur d’approcher, elle lui dit : « Père, ne fuis pas ta fille ! ». Et Maximin raconte lui-même, dans ses écrits, que le visage de la sainte, accoutumé à une longue vision des anges, était devenu si radieux, qu’on aurait pu plus facilement regarder en face les rayons du soleil que ceux de ce visage. Alors l’évêque, ayant rassemblé son clergé, donna à Sainte Marie-Madeleine le corps et le sang du Seigneur ; et, aussitôt qu’elle eut reçu la communion, son corps s’affaissa devant l’autel et son âme s’envola vers le Seigneur. Et telle était l’odeur de sa sainteté, que, pendant sept jours, l’oratoire en fut parfumé. Saint Maximin fit ensevelir en grande pompe le corps de la sainte, et demanda à être lui-même enterré près d’elle, après sa mort."

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L'analyse de ce texte, et de ceux qui en sont la source, montre qu'il y a plusieurs scènes :

- durant sa retraite de 30 ans près d'Aix-en-Provence dans une grotte du massif de Sainte-Baume [sainte grotte en provençal], Madeleine est transportée sept fois par jours (heures canoniales) par les anges  au sommet de la montagne,  où elle entend le concert angélique de louanges. Il y a donc un transport angélique et une audition spirituelle. Ce sommet, nommé "Saint-Pilon"

-Un prêtre du voisinage, dans un rêve, a la vision par un tiers de ce transport angélique de Madeleine. La sainte lui révèle son identité. 

-Saint Maximin, l'un des 72 disciples de Jésus et premier évêque d'Aix, assiste à une lévitation de Madeleine entourée d'anges.

-Huit jours avant sa mort, sa sœur Marthe entendit le chœur des anges qui emportaient l' âme de Marie-Madeleine au Ciel (Légende Dorée Chap. 104).

 

Je  trouve la relation de ce récit dans la Légende dorée traduite par Jean de Vignay et copiée en 1404 (BnF fr. 414 , au folio 206r et suivants, dans une version en moyen français bien plus savoureuse et émouvante.

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La scène peinte à Champeaux montre bien le transport par les anges (Madeleine est soulevée et portée), ainsi que le concert spirituel, et  la lévitation reportée en hauteur et en plus petit comme un autre temps du récit.

 

On trouvera en annexe une discussion qui montre que cette "Extase de Marie-Madeleine" est rarement peinte avant cette peinture de Champeaux. Je la trouve sur 2 enluminures (XIV et XVe siècle), sur un panneau d'Aix-la-Chapelle) de la fin du XVe, et sur une gravure de Cranac'h en 1506. Je n'en ai trouvé aucun exemple  en peinture sur verre avant la période moderne. L'intérêt exceptionnel de ce thème justifierait de plus amples investigations.

N.B : voir les belles photos de Stéphane Mahot sur Flickr, qui donnent un meilleur aperçu de cette scène.

 

 

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Vue partielle de la partie gauche.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Vue partielle de la partie droite.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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La lévitation de la sainte .

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Deux anges en adoration sur des nuages.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le concert angélique.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LE REGISTRE SUPÉRIEUR. LA CRUCIFIXION (lancettes B, C et D).

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J'ai présenté ces grandes Crucifixions qui font leur apparition dans le vitrail breton au second quart du XVIe siècle ici :

http://www.lavieb-aile.com/2020/08/la-maitresse-vitre-de-l-eglise-de-guimiliau.html

Elle prend place ici sous trois dais à angelots tenant des guirlandes.

Bien que d'un style différent des Crucifixions finistériennes issues de l'atelier quimpérois, elle en reprend les éléments principaux (qui se retrouvent d'ailleurs dans les enluminures et peintures).

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Au centre, le Christ en croix, dont le sang est recueilli dans des calices par trois anges hématophores. Les jets de sang sont rendus par des verres rouges très minces et longs, ce qui souligne l'importance de leur représentation à une époque où la dévotion du Précieux Sang est grande. Elle est d'autant plus grande à la collégiale de La Madeleine  que le grand modèle de cette dévotion est Marie-Madeleine, toujours figurée au pied de la croix qu'elle étreint, contemplant l'écoulement qui rejoint les pieds sanguinolents, et la terre.

La même dévotion s'exprime par le détail très visible ici (sur la lancette de gauche) de Longin, qui transperce le flanc droit du Christ :nous le voyons mettre la main devant ses yeux, rappelant la légende par laquelle, atteint par le sang ruisselant le long de la lance, il fut guéri d'un trouble de la vue.

On remarquera que la croix est un tronc écoté, reprenant la symbolique de la croix-arbre.

En dessous du Christ, et du ciel hérissé de lances et d'étendards rouges à aigle bicéphale noirs, la foule associe les soldats, un centurion sur son cheval et les dignitaires Juifs, ou Pharisiens.

Marie-Madeleine est richement coiffée et vêtue, et témoigne par son élégance, et sa compassion parfois éplorée de la tradition iconographique qui va de plus en plus céder la place au personnage  de la Madeleine pénitente et retirée presque nue à Sainte-Baume, ou de la Madeleine méditant sur la Mort.

 

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le Bon larron est ici montré crucifié, mais et pieds cloutés (et non bras liés sur la traverse et jambes liées ou fléchies, en Finistère). Il a rendu l'âme, qu'un ange emporte vers les Cieux.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Autre détail, outre la hallebarde, celui d'un homme monté sur une échelle. Juste en dessous, Longin la main droite sur les yeux.

En dessous, Jean et deux  Saintes Femmes (Marie-Salomé ou Marie-Jacobé) soutiennent Marie en pâmoison. Mais on s'étonne que Jean soit ici barbu.

La Sainte Femme qui est au premier plan pourrait, par son élégance, être aussi Marie-Madeleine ; quoiqu'il en soit, son habillement et sa coiffe se rapprochent de ceux de Louise de Goulaine.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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En lancette D, l'âme du Mauvais Larron est emportée par un diable.

Sous la croix, un cavalier très expressif, bouche ouverte, l'index levé vers le Christ, est le Bon Centenier qui s'esclame Vere Filius Dei erat iste, "celui-ci était vraiment le Fils de Dieu".

Sa barbe, sa toque de velours rouge orné d'un médaillon d'or, sa veste damassée d'or et aux manches à crevés en font un portrait des nobles cavaliers sous François Ier .

Au sol, l'inévitable chien blanc (ici plutôt caramel), rarement omis de ces Crucifixions.

 

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LES PANNEAUX LATÉRAUX : LE CHIFFRE DES DONATEURS.

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Parmi les panneaux latéraux, deux sont d'origine et portent les initiales G et L reliées par des lacs d'amour. Le G de Guy et le L de Louise sont ainsi reliées sur le tombeau des époux à gauche du chœur (Delespine 1551) ou sur les boiseries encadrant la porte de la chapelle sud, associées à leurs armoiries.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LES TÊTES DE LANCETTE.

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Il est possible de reconnaître dans des édicules à colonnes, coquilles et putti un roi et deux prophètes (Enoch et Élie selon Brune 1846) .

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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ICONOGRAPHIE DE L'EXTASE DE MARIE-MADELEINE.

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A. Enluminure.

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 — BnF latin 757 f. 343vMissale et horae ad usum Fratrum Minorum. 1301-1400 origine italienne

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8470209d/f690.item

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BnF latin 757 f. 343vMissale et horae ad usum Fratrum Minorum. 1301-1400 Droits Gallica BnF

 

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— Arsenal ms 661 Res f. 153v (détail). Scènes de la légende provençale de Marie Madeleine Évangéliaire à l’usage d’Amiens 1489-1490 Parchemin enluminé, 182 feuillets Paris, BnF, Bibliothèque de l’Arsenal  Evangeliarium cum notis (Amiens). [Évangéliaire à l'usage d'Amiens. Musique notée. Les Ms-661 et 662 sont appariés]. Meister des Dresdner Gebetbuches. Enlumineur. Date d'édition :   1475-1505 .

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b550092747/f312.item
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Droits Gallica BNF

 

 

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B. Gravures.

Lucas Cranach l'Ancien , 1506, gravure sur bois:

http://www.histoiredelafolie.fr/psychiatrie-neurologie/calmeil-extase-extrait-de-encyclographie-des-sciences-medicales-repertoire-general-de-ces-sciences-au-xixe-siecle-london-tome-13-exe-fur-1837-pp-12-14

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Lucas Cranach l’ancien (allemand, 1472-1553), l’Extase de Sainte Marie Madeleine, 1506, gravure sur bois

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C. Peinture de chevalet.

 

— Élévation de Marie Madeleine par les anges : panneau peint à l'huile sur bois, fin du XV, musée Suermondt-Ludwig, Aix-la-Chapelle (Allemagne)

http://site-catholique.fr/index.php?post/Priere-de-Charles-II-d-Anjou-a-Marie-Madeleine

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Élévation de Marie Madeleine par les anges : panneau peint à l'huile sur bois, fin du XV, musée Suermondt-Ludwig, Aix-la-Chapelle (Allemagne).

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Le Caravage, en 1606. Diverses copies.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Madeleine_en_extase#/media/Fichier:Mary_magdalene_caravaggio.jpg

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Francesco del Cairo

http://www.artnet.com/artists/francesco-del-cairo/lextase-de-sainte-marie-madeleine-entour%C3%A9e-danges-UKKdux_M-Je6vnJ_MZSpgw2

— Rubens en 1618-1620, Beaux-arts de Lille

https://fr.wikipedia.org/wiki/Sainte_Marie-Madeleine_en_extase_(Rubens)#/media/Fichier:Lille_Pdba_rubens_marie_madeleine.JPG

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Rubens, Marie-Madeleine en extase, Lille.

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Simon Vouet v. 1640

https://utpictura18.univ-amu.fr/GenerateurNotice.php?numnotice=A4450

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Simon Vouet, Marie-Madeleine soutenue par deux anges

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Sources scripturaires et bibliographie.

 

 

—JACQUES DE VORAGINE, La Légende dorée / Jacques de Voragine ; traduction de J.-B. M. Roze chronologie et introduction par le Révérend Père Hervé Savon Jacques de Voragine1228?-1298; Roze, Jean-Baptiste-Marie <1810-1899> ; Savon, Hervé

—GAZAY (Joseph) 1939, Étude sur les légendes de sainte Marie-Madelaine et de Joseph d'Arimathie 

Annales du Midi  Année 1939  51-201  pp. 5-36

—DUSCHENE (L. )1893, La légende de Sainte Marie-Madeleine  Annales du Midi  Année 1893  5-17  pp. 1-33

https://www.persee.fr/doc/anami_0003-4398_1893_num_5_17_3094

 « Mais d’une riens li grieve fort / Et mout en a grant desconfort, / Que il ne sot ne o ne non / A dire coument ele ot non » (v. 1165-1168, ibid., p. 520).

— https://www.saintsdeprovence.com/les-textes/vie-de-marie-madeleine/

— http://www.saintsdeprovence.com/wp-content/uploads/2013/10/vie-Marie-madeleine.gif

— https://fr.wikipedia.org/wiki/Chapelle_du_Saint-Pilon

— PINTO-MATHIEU (Elisabeth), 1992,Marie-Madeleine dans la littérature du Moyen Age, thèse en 1992. :Sainte Marie-Madeleine dans la littérature latine et vernaculaire du Moyen Âge, sous la direction d'Alain Michel et Michel Zink (Paris-IV).

https://books.google.fr/books?id=uxE2XmpHrcYC&pg=PA35&dq=%22saint+vincent+ferrier%22+%22marie-madeleine%22&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjlmOPJtpXsAhXQzoUKHeJTByoQ6AEwAHoECAUQAg#v=onepage&q=%22saint%20vincent%20ferrier%22%20%22marie-madeleine%22&f=false

 

 

 

 

 

 

—  BAZIN, (René) , 1927.

https://www.biblisem.net/etudes/bazisain.htm

 

— ORTENBERG (Veronica), 1992,Le culte de sainte Marie Madeleine dans l'Angleterre anglo-saxonne. In: Mélanges de l'École française de Rome. Moyen-Age, tome 104, n°1. 1992. pp. 13-35;

—FAILLON  É.-M. 1848,  Monuments inédits sur l'apostolat de sainte Marie-Madeleine en Provence, et sur les autres apôtres de cette contrée, saint Lazare, saint Maximin, sainte Marthe, les saintes Maries Jacobé et Salomé, publiés par M. l'abbé Migne, 2 tomes, Paris, 1848, xlviii p. + 1558 col. + 1668 col. 

https://archive.org/stream/monumentsindits00failgoog#page/n8/mode/2up

https://archive.org/stream/monumentsindits00failgoog#page/n48/mode/2up/search/anges

— Marie Madeleine, la passion révélée, exposition 2017 monastère de Brou, dossier de presse

https://presse.monuments-nationaux.fr/view/pdf/1665641

—L'Evangélisation de la Provence

http://www.spiritualite-chretienne.com/provence/evangelisation.html

http://www.spiritualite-chretienne.com/provence/sainte-baume.html

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LA PROXIMITÉ AVEC SAINTE MARIE L'EGYPTIENNE OBSERVÉE EN LÉVITATION  PAR L'ERMITE ZOSIME.

"Certains auteurs se sont demandé si Marie-Madeleine et Marie l'Égyptienne n'étaient pas une seule et même personne, et si La vie érémitique de Marie Madeleine (récit du ixe siècle) n'était pas directement inspirée de celle de la pénitente du désert, eu égard aux nombreux points communs que l'on retrouve dans leur hagiographie :

  • Elles portent le même prénom ;

  • Elles sont toutes les deux pécheresses repenties ;

  • Elles se sont toutes deux retirées au désert (à la Sainte Baume pour Marie Madeleine) durant trente ans ;

  • Toutes deux ont reçu la communion des mains d'un ermite ;

  • Leur représentation iconographique est très semblable : nudité, longs cheveux en guise de vêtement.

Mais d'autres détails comme les trois pains, le visage émacié sont propres à Marie l'Égyptienne souvent représentée comme une vieille femme (tableaux de Ribera)."

Il faut ajouter que dans les deux cas, un prêtre ou l'ermite Zosime est le spectateur de l'élévation de la sainte par les anges., puis celle-ci lui révèle son identité.

—Ludmilla Evdokimova, La version « X » de la Vie de sainte Marie l'Égyptienne. Entre la prose et le vers : du style sublime au style moyen Romania  Année 2000  471-472  pp. 431-448

https://www.persee.fr/doc/roma_0035-8029_2000_num_118_471_1537

 

 

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— Dans la Légende dorée traduite par Jean de Vignay et copiée en 1404 (BnF fr. 414 ),le  chapitre consacré à sainte Marie l'Egyptienne,  relate au folio 121r cette  lévitation. La sainte apparait soulevée de terre devant les yeux du moine Zosimas.

— La même scène est illustrée dans le Miroir historial de Vincent de Beauvais traduit par Jean de Vignay, manuscrit vers 1370-1380 BnF NAF 15942 f. 89v

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b55000813g/f818.image

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84496928/f186.image

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Lévitation de Marie l'Egyptienne. BnF NAF 15942 f. 89v Droits Gallica BNF

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Voir aussi le le Miroir historial de Vincent de Beauvais traduit par Jean de Vignay manuscrit de 1332-1335, Arsenal ms 5080 f .406v, 

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droits réservés Gallica BNF

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LIENS ET SOURCES.

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BOESPFLUG (François), 2006, La Trinité en théologie et dans l'art  à la fin du Moyen-Âge( 1400-1460).Presses universitaires de Strasbourg

https://books.openedition.org/pus/12732?lang=fr

COUFFON (René), 1969, « La collégiale de Champeaux. Contribution à l’étude de la première Renaissance en Bretagne » dans Mémoires de la Société d’émulation des Côtes-du-Nord, tome XCVIII, 1969, pp. 15-49 .

— COUZY (H), 1968, Collégiale La Madeleine de Champeaux, Congrès archéologique de France, 126e session, Haute-Bretagne, p.60-73

GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Inventaire général du patrimoine culturel ; Rennes : Presses universitaires de Rennes , impr. 2005

GUILLOTIN DE CORSON (abbé Amédée), 1880-1886, Pouillé historique de l'archevêché de Rennes. [Volume 3] 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55608m.pdf

GUILLOTIN DE CORSON (abbé Amédée), 1904, "Les seigneurs de Champeaux, leur collégiale et leur château", Revue de Bretagne, de Vendée & d'Anjou, Volumes 31 à 32 page 385-

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k453834v/f383.image.r=champeaux

— JOUBERT (Solen), 2003, Audace et renommée : un réseau de la noblesse bretonne, vecteur d'échanges culturels et artistiques pendant la Renaissance. SHAB pages 205-

https://m.shabretagne.com/scripts/files/54da14d35ff576.88078498/2003_08.pdf

— MAHOT (Stéphane), dossier photo sur Flickr

https://www.flickr.com/photos/29248605@N07/sets/72157718992961092/

—MOIREZ (Denise), 1975, Vitraux de Champeaux et de Louvigné-de-Bais, Mémoires de la SHAB

https://www.shabretagne.com/scripts/files/5f461a0de8f9e7.95056646/1975_14.pdf

— RIOULT ( Jean-Jacques ), ORAIN (Véronique), 1979,L'ancienne collégiale de Champeaux, Dossier IA00130695 (c) Inventaire général ; (c) Conseil général d'Ille-et-Vilaine

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/ancienne-collegiale-actuellement-eglise-sainte-marie-madeleine-place-de-la-collegiale-champeaux/d2fdc8a2-dd6b-4bea-83c6-91455faf82e9

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chateau-d-epinay-ancien-chateau-de-la-riviere-champeaux/380ed73c-19d0-4e1e-8082-64d1b7934c77

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA35000276

https://monumentum.fr/chateau-epinay-ancien-chateau-riviere--pa00090518.html

— SITE DECOUVRIR CHAMPEAUX

https://www.champeaux35.fr/decouvrir-champeaux/histoire-et-patrimoine/collegiale-2/

— WIKIPEDIA, La collégiale Sainte-Marie-Madeleine de Champeaux.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Coll%C3%A9giale_Sainte-Marie-Madeleine_de_Champeaux

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
29 septembre 2020 2 29 /09 /septembre /2020 15:41

Les 54 stalles (vers 1530-1550) de l'ancienne collégiale de La Madeleine de Champeaux (35).

 

 

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Voir sur cette église :

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Voir dans ce blog la description d'autres stalles :

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Sur les bas-reliefs des panneaux au décor Renaissance en Bretagne, voir :

 

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Note. J'ai lu avec passion et admiration, et j'ai largement exploité ici, la thèse (2012) de Florence Piat consacrée aux stalles de l'ancien duché de Bretagne. Je la citerai copieusement, et, quoique soucieux de publier un article personnel, je m'en voudrais de ne pas partager la qualité et la compétence de son travail, d'ailleurs rendu généreusement disponible en ligne. Je suis très loin d'en avoir épuisé les trésors d'érudition, et c'est à sa publication que je renvoie les lecteurs soucieux d'accéder aux meilleurs sources.

Mon souci principal est de mettre à la disposition des internautes une iconographie commentée des décors de la première Renaissance bretonne.

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Présentation.

Les stalles anciennes de Bretagne.

Selon Florence Piat, qui leur a consacré sa thèse, l’ancien duché de Bretagne conserve aujourd’hui dix ensembles de stalles, réalisés entre la fin du XIVe siècle et le premier quart du XVIe siècle, et majoritairement situés dans la partie nord de la région : celles de la cathédrale de Dol de-Bretagne (77 stalles), de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne (18 stalles), de la collégiale de Champeaux (54), de la cathédrale de Tréguier (48 stalles), de l’église de Boquého (8), de la chapelle Saint-Quay de Plélo (8 stalles), de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon (66 stalles), celles provenant du château de Kerjean (6 stalles), celles conservées dans l’église Saint-Symphorien de Couëron et provenant de l’abbaye Notre-Dame de Buzay (10), et enfin, celles de l’église Saint-Herbot de Plonévez-du-Faou (15 stalles) .

-Dol-de-Bretagne (cathédrale): XIVe siècle, les plus anciennes.

-Boquého (ancienne abbaye de Beauport) : fin XVe

-Tréguier (cathédrale) : 1508 (chapitre des chanoines)

-Saint-Pol-de-Léon (cathédrale) : 1504-1523 (évêque Jean de Carman et Guy le Clerc)

-Guerche-de-Bretagne : 1502-1525, duc Charles d'Alençon

-Plélo : 1520-1530. Origine inconnue.

-Saint-Herbot : entre 1550 et 1570.

On sait que les stalles sont destinées à accueillir un chapitre, assemblée de chanoines chargés de chanter (8 fois par jour) les offices dans le chœur, et assistés de façon variable de musiciens, de  choristes ou chantres, et d'enfants de chœur regroupés en une école nommée psalette et dirigée par un maître. Mais d'autres églises sont dotées de stalles. Les stalles des abbatiales accueillaient les moines et moniales.

On sait aussi que ces chapitres sont le propre de cathédrales (Dol-de-Bretagne, Saint-Pol de Léon, et Tréguier dans la liste énoncée, les stalles de Saint-Malo, Rennes, Nantes, Quimper et Vannes n'étant pas conservées), d'abbatiales, mais aussi d'églises ayant été élevées au statut de "collégiales" (Champeaux et Guerche de Bretagne). Ces collégiales sont issues de fondations par le pouvoir ducal (Le Folgoët) ou par de grandes familles de la noblesse, et ce sont ces dernières qui, dans la première moitié du XVIe siècle par leur lien avec la cour royale établie en Touraine, introduiront en Bretagne les manifestations assez précoces de l’influence des modèles renaissants sur l’art : la Première Renaissance bretonne.

Ces ensembles de stalles ont une disposition assez homogène, fixée par des impératifs liturgiques et acoustiques. Outre les miséricordes, (ces consoles de sellettes permettant aux choristes de se reposer en position debout-appuyée), elles disposent de parcloses, d'appui-main, de jouées, de dorsaux et de dais à frise.

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Les stalles de La Madeleine de Champeaux (35). Description.

On ne les confondra pas aux stalles de la collégiale de Saint-Martin de Champeaux en Seine-et-Marne.

La collégiale de La Madeleine de Champeaux contient aujourd´hui cinquante-quatre stalles, en chêne,  datées entre 1528 et 1550. Elles furent, en effet, vraisemblablement réalisées à l´occasion du mariage de Louise de Goulaine et de Guy III d´Epinay, seigneur de Champeaux et grand-échanson de la duchesse Anne de Bretagne, en 1528. Cette hypothèse s'appuie sur les très nombreuses  armoiries car celles-ci, quoique presque toutes été bûchées, l'ont été  bien souvent de manière sommaire, de sorte que les lions couronnés et les fleurs de lys sont encore visibles et correspondent sans doute aux parties périphériques d'un blason mi-parti d' Espinay [d’argent au lion coupé de gueules sur sinople armé, lampassé et couronné d’oret de Goulaine [« mi-parti de France et d’Angleterre : mi-parti de gueules à trois léopards d’or passant l’un sur l’autre et d’azur à trois fleurs de lys d'or ».]. Elles peuvent néanmoins être postérieures, jusqu'au décès de Guy d'Espinay en 1551.

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La première Renaissance bretonne.

Les stalles de la collégiale ont donc bien été commandées par Guy III d’Espinay et Louise de Goulaine et participaient  à un vaste programme de décoration de l’édifice., entièrement conçu alors dans le style de la première Renaissance bretonne. Ainsi, avec la participation des chanoines (attestée pour la commande de verrières entre 1538 et 1550  par les comptes de la fabrique), ils commandent huit verrières ornées de leurs armoiries et de leurs initiales (baie 0). Mais Les stalles de Champeaux ne sont cependant pas les premières stalles bretonnes à présenter des motifs issus de cette première Renaissance puisque celles de La Guerche-de-Bretagne leur sont  antérieures (1502-1525). 

On notera que Guy III était seigneur d'Espinay, mais aussi de Segré (au nord-ouest d'Angers), tandis que la famille de Goulaine possédait son château de Haute-Goulaine en Loire-Atlantique, sur les Marches de Bretagne. Ce château a été édifié au début de la Renaissance. Ce couple était donc largement ouvert aux influences du Val-de-Loire. C'est à un architecte d'Angers, Jean Delespine, que Louise de Goulaine confiera la réalisation de leur tombeau.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_Goulaine

 

"Le répertoire décoratif italien est expérimenté en Bretagne sensiblement à la même époque que dans le royaume de France, ce dont témoigne des œuvres telles que le tombeau de Thomas James (1507), son missel (1484), le portail de la chapelle du Saint-Sacrement à Vannes (1515-1531), ainsi que la présence, dans la péninsule, d’artistes venus expressément des régions transalpines pour travailler auprès de mécènes influents. Comme dans beaucoup d’autres régions, ce nouveau vocabulaire s’intègre et se mêle jusqu’aux années 1520-1530 à l’architecture et aux images médiévales, sans pour autant profondément modifier les structures issues du Gothique.

Dans les stalles de l’ancien duché, le tournant s’opère effectivement en l’espace d’une décennie et, alors qu’un ensemble comme celui de Tréguier réalisé au début des années 1510 présente encore toutes les caractéristiques iconographiques médiévales, les stalles de La Guerche-de-Bretagne, réalisées à la fin de cette même décennie développent largement de nouveaux motifs directement inspirés de l’art italien. En l’espace d’une dizaine d’années, ces thèmes pénètrent donc le vocabulaire décoratif et iconographique des sculpteurs sous l’action combinée de grands mécènes, comme les Laval et Espinay, la diffusion de gravures provenant de Flandres, d’Allemagne et également du bassin ligérien. Cependant, cette arrivée des thèmes de la Renaissance ne se fait pas au même rythme partout en Bretagne et une distinction entre la partie occidentale et orientale du duché doit être faite. En effet, si l’on constate que les exemples de stalles situés en Haute-Bretagne et plus généralement le long des marches de Bretagne accueillent ces motifs dès les années 1515-1520, il semble qu’en Basse-Bretagne, ce répertoire ne s’implante véritablement que dans la seconde moitié de ce même siècle, par le biais de la seconde Renaissance comme dans la chapelle de Saint-Herbot. Ainsi, quatre groupes de stalles bretons présentent des éléments décoratifs empruntés à ce nouveau répertoire, cependant associés à des motifs déjà employés dans les exemples de la fin du XVe siècle : les stalles de la chapelle Saint-Quay de Plélo, celles de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne, de la collégiale de La Madeleine de Champeaux et, enfin, celles de la chapelle de Saint-Herbot." (F. Piat)

"Si la province reste attachée aux images propres au répertoire médiéval, pour autant, on ne peut pas parler d’une arrivée tardive des motifs de la première Renaissance dans le duché. Il est, en effet, fort à parier que la commande du tombeau de Thomas James à Dol-de-Bretagne, puis de celui du duc François II et de Marguerite de Navarre à Nantes ainsi que le passage dans la région de plusieurs artistes d’origine italienne et la circulation d’images imprimées aient marqué, rapidement, la production artistique dès le début du XVIe siècle. Les exemples des stalles de Tréguier, La Guerche-de-Bretagne et de Champeaux montrent d’ailleurs qu’en l’espace de dix ans, les premiers motifs italianisants sont assimilés par les menuisiers et que les thèmes et styles de la Renaissance sont totalement adoptés à l’horizon des années 1550, tout du moins pour la réalisation de ces objets particuliers. " (F. Piat)

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Un précédent : les stalles de 1520 de la cathédrale de Rennes .

 

Selon P. de la Vigne Villeneuve, et d'après le procès-verbal de 1775, le dossier de la troisième stalle du chœur, coté nord (en vis à vis de celle de l'évêque), portait un écusson aux armes de Guy II d'Espinay, en vertu d'un privilège obtenu en 1520 (8 ans avant le mariage de Guy III). Ces stalles commandées par le chapitre cathédral de Rennes relevait sans doute déjà du style de la Première Renaissance (le chêne des panneaux sculptés  des stalles provenait des forêts d'Orléans, même si le bois plus grossier venait du domaine d'Escures, propriété d'Espinay à Acigné):

"Si le contrat des stalles de la cathédrale de Rennes n’a pas été conservé, en revanche, la mention de la réalisation de nouvelles stalles en 1520 apparaît dans un acte extrait des archives du chapitre de la cathédrale rennaise. . Les stalles commandées en 1520 ont été réalisées grâce aux larges donations, notamment en matières premières, du seigneur Guy II d’Espinay dont le frère, Robert, était grand-chantre de ce même chapitre : « À ces causes, désireux de répondre dignement à de tels bienfaits, dans la mesure de notre pouvoir, Nous donnons, octroyons et concédons à Vous et à Votre héritier principal et successeur dans la Seigneurie d’Espinay existant dans la suite des temps, à perpétuité, et dans les meilleures forme et mode qui soient possibles et valables, une stalles ou chaire en quelque sorte semblable aux nôtres ; laquelle stalle sera armoriée et décorée du blason de vos armes, dans le chœur de notre Église et sur laquelle sera sculpté votre écusson ; elle sera placée et établie entre les stalles des Dignitaires de la Chantrerie et de la Scholasticité, tournée en face des sièges des chanoines. Cette donation, octroi et concession est faite au nom de Dieu d’une façon irrévocable. » La motivation des chanoines à faire réaliser de nouveaux sièges diffère de celle de leurs confrères du début du siècle. Le but principal est ici de rendre hommage à l’investissement d’un seigneur au demeurant puissant, lié à la famille Laval et proche du pouvoir royal, en lui donnant une place d’honneur et une présence perpétuelle au sein même de leur chœur. De plus, il n’est pas à douter que leurs anciennes stalles gothiques leur paraissaient démodées alors même que le vocabulaire de la première Renaissance était déjà expérimenté en divers endroits et notamment à la cathédrale de Dol-de-Bretagne où le tombeau de Thomas James sculpté par les frères Justes, achevé en 1507," (F. Piat)

On constate aussi qu'à Rennes, les chanoines occupaient les stalles du coté sud, tandis que celles du coté nord (coté de l'Évangile) étaient celles des dignitaires et de la "Scholasticité" [docteurs de l'université ?] : peut-être en était-il de même à Champeaux.

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Un autre précédent : les stalles de la chapelle de la collégiale d'Ussé.

Le frère de Guy I d'Espinay (grand-père de Guy III), Jacques d'Espinay, acquit le château d'Ussé et y fonda en 1521 une collégiale. Son fils Charles (1475-1535) et son petit-fils René poursuivent les travaux et la chapelle est consacrée en 1538. Les stalles (après 1520 et avant 1538) de style gothique  mais enrichies de décors "à l'italienne" sont dues à Jean Goujon. Sur l'une des joues, un  profil féminin dans un médaillon évoque celui de Champeaux.

 

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Description.

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Ces stalles s'organisent sur deux fois deux rangs (stalles hautes et basses) de 9,65 m de long, et 1, 75 m de profondeur. Chaque siège mesure (J.-J. Rioult) 97 cm de haut, 62,5 cm de long et 53 cm de profondeur (stalles basses). La dimension des stalles hautes ne diffère pas de celles des stalles basses, suggérant que le confort s’avère identique dans les deux sièges, le prestige associé aux rangs supérieurs tenant avant tout à la position surélevée de ceux-ci.

 Les stalles de la collégiale de  Champeaux  sont dotées de haut dossiers ou dorsaux et d'un dais à pan oblique. Elles  atteignent 3,75 mètres en hauteur,  alors que celles de La Guerche-de-Bretagne mesurent 3,58 mètres de hauteur, celles provenant du château de Kerjean, 3,70 mètres et celles de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon  plus de 4,10 mètres. La hauteur des stalles rivalisait avec celle des jubés, obstruant complètement la vue du chœur depuis la nef et le déambulatoire, signalant leur présence par la forêt de pinacles qui s’alternaient sur les crêtes. (d'après F. Piat)

Leur organisation actuelle résulte d'un réarrangement, car elles ont été remontées au cours du 18e siècle lors du réaménagement du chœur et de la suppression de l´ancien jubé qui leur était associé, dans un ordre qui ne semble pas respecter l´alternance originelle ; de légères restaurations sont signalées en 1921 par Victor Pasquet et Norbert Le Floch de Vitré. Quoiqu'il en soit, il faut imaginer que l'ancien jubé fermait l'espace séparant aujourd'hui les deux doubles rangs qui s'y appuyaient.

Il faut mentionner aussi un 53ème siège, véritable cathèdre et probable siège d'honneur que j'ai décrit avec les boiseries encadrant la porte  menant à la chapelle latérale sud, chapelle des seigneurs d'Espinay. Sur ces boiseries, plus anciennes que la porte datant de 1594, les armes des époux figurent encore en bonne place, dans un écu  couronné d’un cimier et tenu par un couple de sauvages, l’homme portant une massue, baissée sur le panneau de droite et levée sur son épaule sur le panneau de gauche. La femme tient quant à elle une cordelette à houppe qui entoure le blason. Deux plumes dépassent du heaume sur lesquelles deux putti se tiennent debout. Tenant une cordelière à houppe également, ils encadrent deux grandes lettres : « G » et « L », qui pourraient être les initiales de Louise de Goulaine autant que celles des prénoms des deux époux. La cordelette à nœuds en huit et nœuds de capucin qui entourent les armes de Louise de Goulaine pourraient être un signe de son veuvage — ce que l'on retrouve sur le tombeau des époux —, ce qui daterait ces boiseries entre 1551 et 1567, date du décès de Louise.

A contrario, (F. Piat) les armes sculptées sur ces dernières ne présentent pas de cordelière ; il faudrait alors envisager que les panneaux qui décoraient le chœur aient été commandés à une époque postérieure à celle des stalles, mais certainement auprès du même atelier compte tenu des similitudes factuelles et de la cohérence de ces boiseries avec les chaires.

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Attribution et datation.

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"L´atelier qui a réalisé ces stalles n´est pas connu. Néanmoins, il est intéressant de noter la similitude de style entre ces stalles et la cathèdre se trouvant dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne, exécutée à la demande de François de Laval (1528-1556) au milieu du XVIe siècle. Détail intéressant, ce dernier était le fils de Guy XIV de Laval et d´Anne d´Espinay. Les lions qui tiennent les armes de l´évêque sur le siège épiscopal sont assez proches, dans leur traitement (crinières, museaux arrondis, griffes) de ceux présents sur les stalles de Champeaux, bien que le sculpteur semble différent. Enfin, les commanditaires de stalles de Champeaux ont également fait construire leur tombeau dans cette même collégiale par un architecte angevin, Jean Delespine."

Cathèdre de François de Laval :

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/stalle-de-l-eveque/10dd00cb-c64c-49ae-96bc-89dc20e4d339

 

"Les documents d’archives ne sont que de peu d’utilité pour l’établissement d’une chronologie fiable de la réalisation des stalles de la collégiale, mais le style même de l’œuvre, les thèmes abordés dans la sculpture inclinent à la dater entre les années 1530 à 1550. Les comptes de la fabrique mentionnent le versement de 15 livres en 1538 à Guillaume Chenevièvre ou Chenevière pour la réalisation de travaux de menuiserie (Arch. Dép. d’Ille-et-Vilaine : série 1 G 456 : « comptabilité du dépensier, institution des receveurs du chapitre, comptes des recettes et des dépenses, 1509-1600 » ; Inventaire général : 35 – CHAMPEAUX – II – Canton de Vitré Ouest ). Cependant, la somme engagée ne semble pas à la hauteur de la réalisation, surtout si nous la comparons à celles mentionnées dans les trois contrats étudiés auparavant. Il est donc possible que ces travaux de menuiserie fassent référence à d’autres aménagements, comme ceux qui furent nécessaire à l’installation d’un orgue dans la galerie du jubé, et dont la présence est attestée en 1540 puisqu’il servait d’accompagnement à la psallette.

Deux ans plus tard, en 1542, Louise de Goulaine et Guy d’Espinay fondèrent douze obits par an qui prévoyaient la récitation des sept psaumes de la Pénitence, les litanies des saints ainsi que le chant d’un libera sur leur tombeau à chacune de ces cérémonie (9 Arch. Dép. d’Ille-et-Vilaine : série 1 G 431 : « Permission de Guy d’Espinay d’instaurer des fondations, 1531 » et « Règlements sur les célébrations des obits par l’évêque de Rennes, 1637 » ; A. GUILLOTIN DE CORSON, « Les seigneurs de Champeaux… », Op. cit., p. 389. ). Peut-être est-ce à cette occasion qu’ils envisagèrent de remplacer les anciennes stalles de chœur par les actuelles.

En 1545, le même Guillaume Chenevièvre est mentionné une nouvelle fois dans les comptes pour un travail plus long, semble-t-il (Arch. Dép. d’Ille-et-Vilaine série 1 G 456 ; R. COUFFON, « La collégiale de Champeaux, contribution à l'étude de la première Renaissance en Bretagne », Mémoire de la Société d'Emulation des Côtes-du-Nord, vol. 98, 1970, p. 35. ). Mais, le texte reste trop évasif pour y voir avec certitude la commande des stalles de Champeaux bien que l’idée soit séduisante. De plus, ces comptes ne mentionnent pas l’achat éventuel de bois ou ne serait-ce que le coût de son acheminement.

Les hypothèses sont donc multiples concernant la date de la commande de ses stalles, depuis le mariage de Guy III et Louise de Goulaine en 1528, jusqu’au décès du seigneur d’Espinay en 1551, en passant par les différentes donations qu’ils effectuèrent pour la collégiale et son chapitre. Néanmoins, l’élaboration de ces stalles dans une période maximale comprise entre 1530 et 1555 paraît la plus probable, élément corroboré par les rapprochements stylistiques qui peuvent être établis avec la cathèdre de Saint-Samson de Dol-de-Bretagne." (F. Piat)

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Les seigneurs d’Espinay et la collégiale de Champeaux

"La collégiale de la Madeleine de Champeaux est profondément liée à la maison d’Espinay puisque sa fondation, au XVe siècle, leur est due. Avant l’édification de La Madeleine, il existait une église primitive placée sous le vocable de saint Pierre et qui était alors entourée d’un cimetière. C’est dans ce dernier que se trouvait la petite chapelle seigneuriale d’Espinay, dédicacée à Sainte-Marie-Madeleine. En 1430, il semble que l’église, menaçant ruines, ne pouvait plus tenir lieu d’édifice paroissial. Simon d’Espinay, seigneur de La Rivière et chambellan du duc Jean V, décide alors d’agrandir la modeste chapelle et de la transformer en église paroissiale. Un peu plus tard, en 1437, Robert Ier fonde un chapitre de six chanoines qui, accompagné de chapelains, dessert la nouvelle collégiale. La véritable ambition du seigneur d’Espinay, à cette époque, est d’en faire le lieu de sépulture de la famille, vocation funéraire qui ne se dément pas puisque plusieurs de ses successeurs s’y font inhumer."

Le pape Eugène IV autorisa Robert Ier à établir et à doter cinq chapelains et éleva La Madeleine de Champeaux au rang d’église collégiale, tout en la maintenant paroissiale.

« Le collège de Champeaux […] est composé de six prébendes ou canonicats, où à chacun y a une cure annexée […]. Il y a dignité de doyen dix chapelains, quatre enfants de chœur, maistre de psalette, et chaque chanoine doit avoir un prêtre sous lui. Il y a bonne musique, le service divin y est célébré avec beaucoup de dévotion. Duquel collège le revenu vaut huit mille livres ou environ.» in : A. DU PAZ, Histoire généalogique de plusieurs maisons illustres de Bretagne, Paris 1620, p. 265 (également cité par A. GUILLOTIN DE CORSON, « Les seigneurs de Champeaux, leur collégiale et leur château », in Revue de Bretagne, de Vendée et d'Anjou, 1904, p. 328 ».

Si on estime que les chapelains ne sont pas des chanoines, mais des prêtres chargés des chapellenies, je compte 6 chanoines, 10 chapelains, 4 enfants de chœur et leur maître de psalette, 6 prêtres, et il faut ajouter sans doute un organiste(après 1540), et des musiciens : soit une trentaine de personnes. Or, les stalles comportent 54 sièges. Mon compte des desservants de la collégiale est peut-être sous-estimé, mais il faut prévoir aussi des sièges pour la famille des Espinay, et d'autres pour des dignitaires.

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"Vassaux du baron de Vitré qui est également comte de Laval, les Espinay n’en étaient pas moins proches de cette puissante famille. En 1399, Simon d’Espinay était ainsi sénéchal de Vitré et il fut l’un des signataires du contrat de mariage de Jeanne de Laval et de Louis I er de Bourbon-Vendôme en 1422. André d’Espinay (1451-1544), frère du précédent, s’est illustré dans le conflit franco-breton, par son attachement précoce et sans faille à la cause française338. Évêque de Bordeaux, il aide à la diffusion de la politique de Louis XI dans cette province nouvellement rattachée à la couronne, et, à la mort de ce dernier, il reste au service de la régente Anne de Beaujeu. Lors de la réunion des États Généraux à Tours au début de l’année 1484, c’est d’ailleurs lui qui défend les intérêts de la régente et du futur Charles VIII. De fait, le rattachement de la Bretagne à la France lui paraît naturel tout comme les prétentions de la famille royale à la couronne ducale, en vertu du rachat des privilèges des Penthièvre. Durant le conflit, il sert de messager à Anne de Beaujeu, n’hésitant pas à venir voir les barons rebellés contre le duc afin de leur confirmer l’envoi de troupes339. Au lendemain du mariage d’Anne de Bretagne avec Maximilien d’Autriche, c’est encore lui qui rapporte la nouvelle à l’ancienne régente. Enfin, il est présent aux négociations qui suivent la défaite des Bretons à Saint-Aubin-du-Cormier en 1488 et qui aboutissent à la Paix du Verger et au mariage d’Anne de Bretagne avec le roi de France. Comme pour la maison de Laval, la position d’Espinay ne fut pas simple durant ce conflit. Leur domaine, situé à proximité de la frontière franco-bretonne, les intérêts qu’ils partageaient avec le domaine français et leur allégeance aux Laval, les mettaient dans une situation inconfortable où le parti français apparut rapidement comme étant le plus prometteur. Le statut de cette famille ne cessa d’ailleurs jamais de croître depuis le XVe siècle, notamment par un jeu d’alliance réfléchi. À ce titre, le mariage de Guy III d’Espinay (♰ 2 août 1551) et de Louise de Goulaine (♰ 8 février 1567), célébré le 17 septembre 1528 est tout à fait représentatif de cette ascension sociale. La maison de Goulaine était en effet une de ces vieilles familles nobles qui composaient le haut de l’aristocratie bretonne. Établis autour de Nantes, leur nom apparaît dès le XIIe siècle, mais c’est à la fin du XVe et au début du XVIe siècle que le château de Goulaine est érigé près du marais de Goulaine. La construction, remarquable, est composée d’un corps de logis central flanqué de deux pavillons carrés, dont les ouvertures sont ornées de sculptures empruntant au dernier gothique autant qu’à la première Renaissance. (F. Piat)"

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Plan  et numérotation des stalles de Champeaux par Florence Piat (2012).

Plan et numérotation des stalles de Champeaux par Florence Piat (2012).

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I. LES PANNEAUX EN BAS-RELIEF DES STALLES.

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Les jouées du coté sud-est.

Les "jouées" sont les cloisons fermant les rangées de stalles. Un grand volet étroit ferme les dais et les dorsaux de la rangée supérieure ; il est aéré par un élément médian à claire-voie.

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1. Le  panneau supérieur de la jouée.

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Il est sculpté d'angelots. Celui du haut crache des rinceaux — s'achevant en fleur au cœur en tête d'angelot —, et de rubans, auxquels est suspendu un cuir découpé à enroulement, globalement losangique. Celui-ci portait, avant d'être bûché par les burins de la Révolution, des armoiries. Les rubans, en se prolongeant en passant entre le long bec de deux échassiers, se transforment en dauphins, qui présentent un deuxième cuir découpé à enroulement, également bûché. On reconnait peut-être à deux endroits les pendants d'un lambel.

Si le motif héraldique ne peut être précisé sur cette jouée, ces cuirs découpés aux armoiries bûchées vont se retrouver sur tous les dorsaux, où on devine mieux le lion des Espinay et les lys des Goulaine, permettant de les attribuer à Guy III d'Espinay et Louise de Goulaine, mariés en 1528.

Nous avons donc déjà, sur ce premier panneau examiné, de nombreux éléments caractéristiques de ces stalles :

a) la forte prévalence des éléments héraldiques, témoignant du souci de la famille d'Espinay d'affirmer son mécénant sur cette collégiale et son chapitre.

b) Le souci de ce couple de rendre compte, de façon précoce en Bretagne, de l'art des ornemanistes de la Renaissance, d'origine italienne mais introduite en France à Fontainebleau et en Touraine. Car ces  blasons inscrits dans des cuirs découpés à enroulements, ces rinceaux exubérant métamorphosant leurs tiges végétales en floraisons anthropomorphes (têtes de putti) et ces dauphins témoignent du vocabulaire italianisant de ces artistes. Cette influence va se constater plus loin par de nombreux petits personnages hybrides, de nombreux masques feuillus, des têtes de lions, et deux médaillons de profil.

c) L'influence du tombeau de Thomas James en la cathédrale de Dol-de-Bretagne, exemple le plus précoce (1507) de la Première Renaissance en Bretagne. La similitude entre les motifs des stalles de Champeaux et ceux développés sur le tombeau de Thomas James est très forte. "Les nombreux poissons hybrides [dauphins], dont le corps est partiellement recouvert de feuilles ou d’algues apparaissent aussi bien sur les jouées hautes de Champeaux que sur les piliers du tombeau . La composition diffère quelque peu mais la forme des queues de ces poissons, rattachées à leur extrémité et présentant des enroulements au même niveau, reste très proche." (F. Piat)

 

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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2. Le panneau inférieur de la jouée : masque-feuille crachant un couple de "dauphins", blason, etc.

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Ce deuxième panneau mérite aussi un examen soigneux, car il est également emblématique de la première Renaissance.

Le masque-feuille anthropomorphe est à lui-seul un témoin caractéristique de cet art. Nous le retrouvons plusieurs fois parmi les motifs des miséricordes. Ce motif du visage humain dont le contour s'étale en se transformant en une feuille indentée, est fréquemment retrouvé en sculpture bretonne Renaissance, notamment sur les sablières (Kerjean v.1570). On le trouve aussi dans les vitraux (Saint-Ouen, Rouen), et Jean Lafond  y voit "un motif cher aux ornemanistes italiens, aux sculpteurs de Gaillon et à Arnoult de Nimègue", et repris en marque de fabrique dans les vitraux rouennais jusqu'à la moitié du XVIe siècle. Voir ici Saint-Lô baie 8.

Ici, c'est un masque-feuille crachant des tiges de rinceaux, qui se retrouve sur les dais des stalles de Saint-Pol-de-Léon (1504-1520), sur de nombreuses sablières bretonnes (Saint-Sébastien de Saint-Ségal vers 1550, Kerjean vers 1570,  Saint-Thomas de Landerneau, etc).

Les tiges tout en produisant de nombreuses prolongements à petites feuilles enroulées, ou en bourgeons se transforment en dauphins affrontés.

Ce seul exemple est instructif : il exprime a) le goût pour les volutes, b) celui pour la production profuse, c) celui pour les métamorphoses entre les formes animales, végétales et humaines.

— L'un des rameaux de rinceaux suspend, par l'intermédiaire d'une boucle, un blason (bûché) dans un cuir découpé.

Là encore, nous avons une fusion/confusion des matières, et des thèmes. On sait que ces cuirs découpés imitent la forme d'une peau animale tendue par les mégissiers et tanneurs (avec le corps et l'amorce des pattes de l'animal), peau qui, détachée de ses cordes de séchage, s'enroule sur ses extrémités . Ces peaux servaient notamment à la fabrication des manuscrits en vélins (vélots, "veaux morts-nés"). Ils servent de cartouche (ornement en forme de carte) pour un blason, et ils envoient sur le coté des boucles ou serpentins évoquant des lambrequins. L'écriture codée, sur une peau semblable à un trophée,  de l'identification emblématique d'une famille de la noblesse (dont la lignée renvoie à l'idée d'arbre, de croissance et de fécondité), avec ses lions et ses fleurs (même s'ils sont effacés aujourd'hui), est déjà l'expression d'un passage entre humain, animal et végétal, mais cette expression est reprise et développée, comme un thème musical, par les motifs du masque-feuille, des rinceaux et de leur extrémités delphiques.

— Plus bas, les rinceaux se développent encore, libérant de nouvelles feuilles ; mais deux d'entre elles s'amusent à ressembler à des gueules animales.

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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3. Jouée sud-est : panneau fermant le rang des stalles basses. Deux dauphins et deux oies affrontés autour d'un candélabre à rinceaux.

Les dauphins grotesques sont empanachés de feuilles plumes et dotés d'une queue en tête de dauphin.

Notez le graffiti IEANHAN et ses N rétrogrades, attestant de son ancienneté (voir les graffiti des enfants de la psallette sur les stalles de la cathédrale de Tréguier).

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Les jouées intermédiaires sud.

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Les rangs inférieurs sont interrompus, après les cinq sièges les plus près du chœur (n°15 à 19 au sud et 42 à 46 au nord) par trois marches donnant accès aux rangs supérieurs. Les panneaux encadrant cet accès (les "jouées") sont sculptés.

Au sud, ils présentent deux rinceaux en lyre, s'achevant en tête de "dauphins" affrontés autour d'un candélabre.

 

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Jouées d'extrémité, coté occidental.

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Là encore se reprennent les variations autour du trio rinceaux/dauphins/candélabre, avec, ici, une tête d'angelot.

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Les jouées du coté nord-est.

Il est symétrique de celui du sud-est.

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1. Le  panneau supérieur de la jouée et les armoiries de Guy III d'Espinay et de Louise de Goulaine.

Il débute par une tête de lion, ailé, tenant dans sa gueule un anneau. À cet anneau sont suspendus, bien-sûr, des rinceaux dont certaines tiges se transforment, bien-sûr, en dauphins. Mais ces tiges ont perdu leur aspect végétal et naturel pour adopter la forme, artificielle et manufacturée, de sangles marquées de I répétées. Ces sangles vont descendre en cabrioles et suspendre, en bas, un livre relié, ficelé avec deux pinceaux.

Ce motif, sous les deux blasons, qualifie le couple des commanditaires, et leurs deux familles comme des humanistes éclairés et des mécènes des arts. (On possède encore le Livre d'Heures de Richard d'Espinay).

Le blason supérieur dans son cuir découpé portait le lion d'Espinay, puisque ses pattes, en avant, et sa queue, en arrière, sont encore visibles.

Le blason inférieur portait les armoiries de Louise de Goulaine, mi-parti d'Angleterre (aux trois léopards passant) et de France (aux trois fleurs de lys). Deux de ces fleurs sont préservées.

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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1. Le  panneau inférieur de la jouée nord-est.

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Autour d'un vase, ou candélabre, une paire de rinceaux s'achève en gueules de dragons. Plus bas, un couple d'animal dos à dos, comme deux lions héraldiques rampants. Mais les marques de poinçons imposent d'écarter cette hypothèse (le corps des lions est glabre, en dessous de la crinière) et d'opter pour des dragons aux pustules infectes. On pourrait croire que ces figures animales n'étaient pas affectées par le processus de transformation et contamination réciproque par le Végétal. Mais la langue et les oreilles, sont, sans aucun doute, des feuilles.

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Les jouées intermédiaires du coté nord : les commanditaires Louise de Goulaine et Guy III d'Espinay de profil dans des médaillons Renaissance.

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Les rangs inférieurs sont interrompus, après les cinq sièges les plus près du chœur (n° 42 à 46) par trois marches donnant accès aux rangs supérieurs. Les panneaux encadrant cet accès (les "jouées") sont sculptés d'un médaillon et des armoiries des commanditaires.

 

 

  "Louise de Goulaine y est figurée vêtue d´une robe à encolure carrée et les cheveux recouverts par une petite coiffe nouée sous le menton. Le portrait ne paraît pas flatteur en comparaison de celui de Guy d´Espinay qui, lui, s´est fait représenter en César, couronné de lauriers. Nul doute ici que des médailles antiques ont influencé ces portraits. Cependant, celui-ci est figuré, de profil, dans un médaillon situé sur les jouées centrales des stalles basses nord. Représenté en César, couronné de lauriers et drapé d’une toge, les traits de son visage ne paraissent pas aussi réalistes que ceux de sa femme qui lui fait face, sculptée dans un médaillon sur l’autre jouée centrale. En effet, Louise de Goulaine y est représentée vêtue à la mode de l’époque, la tête couverte d’un chaperon à bavolet pendant noué sous le cou, les traits épais, le menton en galoche. Cet élément vestimentaire, plutôt répandu, a fait son apparition au début du XVIe siècle, s’inspirant des coiffures des Ciociare, paysannes des Romagnes et de la Calabre.( J. RUPPERT, M. DELPIERRE (et al.), Le costume.., p. 80 )" (F. Piat)

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Le panneau correspondant à Louise de Goulaine, à gauche en montant les marches, la montre en profil droit dans un médaillon, un motif parfaitement Renaissance inspiré, par exemple, des médailles sculptées par Pisanello dès 1438, et notamment de celle de Cécile de Gonzague en 1447, mais aussi de l'art du portrait comme représentation individualisée (Botticelli 1476-1480) lors de la première Renaissance italienne.

Au dessous, on reconnait de ce qui reste des  armoiries un lion couronné à gauche et une fleur de lys à droite : ce sont bien les armes de Goulaine.

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https://www.mba-lyon.fr/fr/fiche-oeuvre/medaille-de-jean-viii-paleologue#:~:text=Pisanello%2C%20c%C3%A9l%C3%A8bre%20peintre%20du%20Quattrocento,maintenu%20par%20Byzance%20en%20Orient.

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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En vis à vis, le médaillon de Guy III d'Espinay, barbu selon la mode de l'époque et couronné de laurier comme un empereur romain, domine le blason dont les traces (lion couronné et reste de fleur) sont proches de celles de gauche.

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Les dorsaux des stalles.

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Chaque siège est dominé par un dorsal, et ces panneaux  sont tous du même modèle, lisses sur les deux-tiers inférieur et divisés en deux parties symétriques  sculptés au tiers supérieur. Chacune de ces parties associe un rectangle à figure emblématique en haut, et un élément cintré autour d'un blason (sur cuir découpé bien entendu) au dessous.

Croyant à une répétition un peu vaine des motifs, je n'ai pas pris la peine de les photographier tous, et je le regrette, car outre les tiges végétales, les dauphins, les oiseaux, les masques grotesques, les transformations animales, les têtes d'enfants, on y trouve  les emblèmes humanistes des arts libéraux, tels divers instruments de musique, (violon, flûte, tambourin ), ou des livres suspendus, dont l'inventaire iconographique serait en ligne précieux. Florence Piat signale ainsi plusieurs bucranes (crane de bœuf)  "toujours traité de la même façon : le crâne y est en effet entouré de grotesques et de rinceaux qui traversent ses orbites, donnant une composition symétrique". 

J'en donnerai néanmoins un exemple.

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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II. LES 48 MISERICORDES.

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À  la différence des autres stalles du XVIe siècle en Bretagne, les sellettes de Champeaux adoptent une forme en arc de cercle.  "Cette différence souligne la singularité de ce groupe au sein du corpus breton, singularité accentuée par la sculpture en bas-relief ou demi-relief des miséricordes, alors que sur tous les autres groupes celle-ci est en haut-relief. Par ailleurs, les thèmes iconographiques abordés sur cet ensemble, relevant essentiellement du vocabulaire de la première Renaissance, ne se retrouvent sur aucun autre groupe. La particularité du cas des stalles de Champeaux s’explique par leur localisation, la date de leur construction et la personnalité des commanditaires." (F. Piat)

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Salles hautes sud.

Stalle n°1. Hybride ailé, barbu, au bas du corps feuillagé bifide.

Stalle n°2. Feuilles à folioles indentées, posées sur une boule.

Stalle n°3. Hybride ailé à la tête de cochon coiffé d'un bonnet.

Stalle n°4. Hybride ailé, au visage casqué et barbu, vêtu d'une tunique ceinturée et tenant une bourse.

Stalle n°5. Hybride ailé, au visage barbu ricanant, vêtu d'une tunique ceinturée. Son index droit désigne le sol.

Stalle n°6. Hybride ailé, à tête et buste humain (féminin ?) et au bas du corps feuillagé et bifide.

Stalle n° 7. Deux feuilles à 3 folioles indentés, posées sur une boule.

Stalle n°8. Centaure archer. Corps de lion, buste humain à visage juvénile.

Stalle n° 9. buste de personnage ailé, souriant ou ricanant, vêtu d'une tunique flottante, serrée autour du cou.

 Stalle n° 10. Deux feuilles de 3 folioles indentées, posées sur une boule.

Stalle n° 11. Vieillard ailé barbu et riant, vêtu d'une tunique ceinturée, agrippant en se cambrant son pied droit qu'il regarde, la main gauche étant placée vers le pubis : posture traditionnelle de l'acrobate lubrique.

Stalle n° 12. Hybride ailé, bélier aux cornes enrubannées.

Stalle 13.  Masque-feuille anthropomorphe.

Stalle 14. Miséricorde absente.

Stalles basses sud.

Stalle n° 15 : hybride ailé, à visage et buste humain, et au bas du corps feuillagé et serpentiforme.

Stalle n°16. Masque-feuille anthropomorphe.

Stalle n°17. Feuilles à folioles indentées, posées sur une boule.

Stalle n°18. Miséricorde au motif bûché.

Stalle n°19. miséricorde absente.

Stalle n°20. Grylle ailée à deux têtes.

Stalle n°21. Animal chimérique dragon/fouine/serpent.

Stalle n°22. Un lion, en profil gauche, tête couronnée, gueule ouverte, patte antérieure droite levée.

 Stalle n°23. Femme vêtue d'une longue tunique, bras écartés, dansant ou chantant, pivotant sur elle-même allongée comme un ange en vol.

 Stalle n°24. Femme vêtue d'une longue tunique, bras écartés, dansant ou chantant, pivotant sur elle-même allongée comme un ange en vol.

Stalle n°26. Un lion, en profil gauche, tête couronnée, gueule ouverte, langue tirée, patte antérieure droite levée, patte postérieure gauche tendue.

Stalle n°27. Feuilles à folioles indentées, posées sur une boule.

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Stalles du coté nord.

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Stalles hautes nord.

Stalle n°28. Un dragon ailé.

Stalle n°29. Enfant tenant un serpent : Hercule enfant ?

Stalle n°30. Feuilles à folioles indentées, posées sur une boule.

Stalle n°31. Dragon se mordant la patte.

Stalle n°32. Ange en buste, tête tournée vers la droite.

Stalle n°33. Feuilles à folioles indentées, posées sur une boule.

Stalle n°34. Masque-feuille anthropomorphe au visage riant, barbu et faunique.

Stalle n°35. Jeune femme agenouillée mains sur les hanches.

Stalle n°36. Angelot nu, tête baissée, main gauche entre les cuisses.

Stalle n°37. Hybride anthropomorphe ailé agenouillé, tête baissée, vêtu d'une longue tunique. Les bras sont réduits à des ébauches stylisés..

Stalle n°38. Masque-feuille anthropomorphe (homme bouche ouverte, à moustache en pointe).

Stalle n°39. Centaure, au buste d'homme casqué, tenant un bouclier (rondache) et une flèche (ou fronde).

Stalle n°40. Licorne à la crinière feuillagée, et dont la tête se tourne vers son flanc gauche.

Stalle n°41. Feuille à folioles découpées posées sur une boule.

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Stalles basses nord.

Stalle n°42. Hybride ailé aux ailes-feuilles, sans bras, à la tunique longue serrée par une ceinture, agenouillé ou en train de voler.

Stalle n°43. Femme nue, accroupie de face, levant l'index droit et touchant sa cheville gauche. Elle porte une coiffe ; une banderole passe devant sa gorge.

Stalle n°44. Ange ou hybride ailé dénudé jusqu'à la taille, main droite sur la hanche, index gauche tendu vers le haut. Le bas du corps est caché par une étoffe. Il semble voler.

Stalle n°45. Hybride ailé, à buste féminin (visage tourné vers la gauche et bouche entrouverte) dépourvu de bras, et queue bifide.

Stalle n°46. Miséricorde absente.

Stalle n°47. Grylle à tête de dragon et tête ventrale anthropomorphe.

Stalle n°48. Masque-feuille anthropomorphe, bouche ouverte en O allongé.

Stalle n°49. Garçon nu, bouche entrouverte, tenant un cimeterre en main gauche, jambes fléchies en avant comme s'il sautait.

Stalle n°50. Feuille à folioles indentées, posées sur une boule.

Stalle n°51. Masque-feuille anthropomorphe.

Stalle n°52. Miséricorde absente.

Stalle n°53. Dragon ailé à deux pattes, dont une posée sur la tête.

Stalle n°54 : miséricorde absente.

 

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LES MISERICORDES DES STALLES HAUTES DU COTÉ SUD N° 1 À 14.

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°1. Hybride ailé, barbu, au bas du corps feuillagé bifide.

http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-01/5683b994-4dc7-49ee-a9d8-c3cd591f6679

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Appui-main.

On ne découvre que trois appui-main sur les cinquante-quatre stalles , situés sur les stalles en retour n°01 et 02, qui étaient probablement, selon F. Piat,  des stalles d’honneur. La troisième est brisée.  Ce sont des  feuilles enroulées en boule, très accueillantes à la main.

Je n'ai pas pris de photos de détail de ces appui-main : on les trouve dans la thèse de F. Piat, t.II.

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°2. Feuilles à folioles indentées, posées sur une boule.

http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-02/70e5b625-45a5-4cac-a70e-4d413021ee19

 


 

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°3. Hybride ailé à la tête de cochon coiffé d'un bonnet.

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http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-03/50b3a75a-ce97-4278-ae66-352e8d8ae1ec

 

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°4. Hybride ailé, au visage casqué et barbu, vêtu d'une tunique ceinturée et tenant une bourse.

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http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-04/4508196c-76c8-4e63-a648-c5047a72b19d

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°5. Hybride ailé, au visage barbu ricanant, vêtu d'une tunique ceinturée. Son index droit désigne le sol.

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http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-05/e7aca789-e386-4c8a-81e3-afe6faea78ff

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°6. Hybride ailé, à tête et buste humain (féminin ?) et au bas du corps feuillagé et bifide.

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http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-06/5f4460ca-6679-409c-b007-d3e210e9f188

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n° 7. Deux feuilles à 3 folioles indentées, posées sur une boule.

http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-07/6ba7ec47-3591-47fd-b905-7798e024e2c5

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°8. Centaure archer. Corps de lion, buste humain à visage juvénile.

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Les stalles de l'ancienne collégiale de Champeaux.

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Stalle n° 9. buste de personnage ailé, souriant ou ricanant, vêtu d'une tunique flottante, serrée autour du cou.

 

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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 Stalle n° 10. Deux feuilles de 3 folioles indentés, posées sur une boule.

http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-10/da1ba74f-e8f4-4b0c-9d70-f693d1aaf148

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n° 11. Vieillard ailé barbu et riant, vêtu d'une tunique ceinturée, agrippant en se cambrant son pied droit qu'il regarde, la main gauche étant placée vers le pubis : posture traditionnelle de l'acrobate lubrique.

Le thème de l'acrobate lubrique, se cambrant pour agripper sa cheville (cf. ici n°43) ou toucher son pied est fortement représenté sur les sablières et abouts de poinçon des charpentes bretonnes ou, en pierre,  sur les crossettes de la jonction mur-toiture des églises, et j'en ai donné de fréquents exemples dans ce blog. Souvent, les acrobates exécutent des renversements postérieurs au caractère exhibitionniste lorsqu'ils sont nus. Ce contexte iconographique incite à considérer ici la position de la main gauche comme autoérotique, et à interpréter de la même façon  l'expression du visage. La reprise de cette expression dans les stalles qui suivent, et les miséricordes franchement érotiques, confirment ce choix.

http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-11/2008161a-1f05-4c9a-9d2a-a1bc1aaee3ee

 

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n° 12. Hybride ailé, bélier aux cornes enrubannées.

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http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-12/6374101a-62e1-4334-b1bd-5bfa37dd0c56

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle 13.  Masque-feuille anthropomorphe.

Ce motif du visage humain dont le contour s'étale en se transformant en une feuille indentée, est fréquemment retrouvé en sculpture bretonne Renaissance, notamment sur les sablières (Kerjean v.1570). On le trouve aussi dans les vitraux (Saint-Ouen, Rouen), et Jean Lafond  y voit "un motif cher aux ornemanistes italiens, aux sculpteurs de Gaillon et à Arnoult de Nimègue", et repris en marque de fabrique dans les vitraux rouennais jusqu'à la moitié du XVIe siècle. Voir ici Saint-Lô baie 8.

http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-13/5caef373-b995-4c8e-9c66-4b02b059f926

Florence Piat décrit cette miséricorde ainsi : " Végétaux anthropomorphes. Des feuilles prennent l´aspect d´un visage d' homme bien individualisé. Le nez est fin, il est joufflu et sa bouche est légèrement ouverte. Ses lèvres sont fines et le philtrum est bien marqué."

 

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°14 .

La stalle n°14 a perdu sa miséricorde.

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LES MISERICORDES DES STALLES BASSES DU COTÉ SUD N° 15 À 27.

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Stalle n° 15 : hybride ailé, à visage et buste humain, et au bas du corps feuillagé et serpentiforme.

http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-15/a4912535-f10c-403c-ad8d-c1600bdf3c85

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°16. Masque-feuille anthropomorphe.

Voir n°13.

http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-16/81bc17c0-5488-43dd-8926-c0df36a067ce

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°17. Feuilles à folioles indentées, posées sur une boule.

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http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-17/c0eeb575-765b-44c6-8751-fc4569ffac47

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°18. Miséricorde au motif bûché.

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

 

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Stalle n°19. miséricorde absente.

 

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°20. Grylle ailée à deux têtes.

 

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Une grylle (du grec gryllos, "caricature") peut se définir comme une créature grotesque ou monstrueuse représentée notamment, à l'époque médiévale sous forme de drôleries sur les enluminures et en bas-relief sur les sculptures de bois ou de pierre. Ces chimères ou hybrides se retrouvent encore à la Renaissance, et associent à des formes animales des têtes de localisation ectopique (ventre, pattes, queue) et évoquant parfois les faciès humains. Les sablières bretonnes en offrent de nombreux exemples (Pont-Croix, Confort-Meilars, Notre-Dame de Grâces, Loguivy-Plougras, etc..). L' appuie-main n°38 des stalles de Saint-Pol de Léon m'a  amené à citer le commentaire de Florence Piat éclairant ce motif.

Ici, l'allure générale est celle d'un dragon, battant des ailes, dressant de grandes oreilles, et tirant une longue langue, mais les pattes antérieures sont remplacées, au niveau de leur attache sur le poitrail, par une tête presque jumelle de la principale, notamment par la taille de la langue. Le caractère troublant lié à l'hybridation est aussi dû à l'aspect de ces têtes, presque canines ou humaines, à l'absence d'écailles, à la forme de la queue (celle d'un lion ou d'un chien), des sabots trifides ou des pattes à ergots.

Le but n'est certainement pas ici de provoquer l'effroi, et il n'est pas probable que les chanoines bretons aient crus aux monstres sur lesquels ils s'asseyaient.  Ce sont, comme sur les enluminures, des motifs joyeux, ludiques, propres à égayer les chantres et prêtres lors des pauses de leurs offices. Et c'est aussi une variation sur le thème principal du décor des stalles, celui des métamorphoses et du floutage des limites entres genres.

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http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-20/61f7730b-93b0-4611-9d4c-b1c35c660aba

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°21. Animal chimérique dragon/fouine/serpent.

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Le fait que Florence Piat hésite, dans sa description, entre une hermine et un renard témoigne de la réussite de l'effet recherché, celui de troubler nos repères d'identification. J'y vois un dragon, pour la tête et les pattes, une hermine ou autre mustélidé (loutre, fouine ou belette) pour la longueur du cou et de la queue et la finesse du corps (déformé pourtant par un bourrelet), mais aussi le serpent par les boucles et la pointe de la queue. Mais ces trois sortes d'animaux sont, dans notre imaginaires, quelque peu maléfiques, non?

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-21/e3cbabaf-9d15-474d-b60a-cc5ce29deb67

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°22. Un lion, en profil gauche, tête couronnée, gueule ouverte, patte antérieure droite levée.

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La couronne discrètement gravée au dessus de la tête est le seul indice pour y voir une allusion au lion héraldique des seigneurs d'Espinay, mais ce lion n'est pas rampant (dressé debout) comme dans leurs armoiries. D'autre part, tout le matériel héraldique des commanditaires occupe largement les panneaux an bas-relief des dossiers et cloisons, alors que les miséricordes en sont préservées. Il s'agit seulement pour moi de la figure emblématique du Lion, roi des animaux.

http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-22/e646feca-abf5-4661-98b8-00449576c405

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°23. Femme vêtue d'une longue tunique, bras écartés, dansant ou chantant, pivotant sur elle-même allongée comme un ange en vol.

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http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-23/d5506064-bedd-4a3b-9dce-6271a2cc8dca

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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 Stalle n°24. Femme vêtue d'une longue tunique, bras écartés, dansant ou chantant, pivotant sur elle-même allongée comme un ange en vol.

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C'est le même motif que la stalle n°23. Les différences sont si minimes qu'on croit avoir photographié deux fois la même miséricorde. Mais non !

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-24/05fb71b8-37a3-4aed-8ab0-a25c696e4ca7

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n° 25. Miséricorde absente.

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°26. Un lion, en profil gauche, tête couronnée, gueule ouverte, langue tirée, patte antérieure droite levée, patte postérieure gauche tendue.

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Ce lion est assez proche de celui de la stalle n°22, mais la couronne, qui y était gravée, est ici sculptée en relief, tandis que la langue est gravée.

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-26/45e9f7b5-7a68-4f6e-89a9-3affff823f2c

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°27. Feuilles à folioles indentées, posées sur une boule.

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http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-27/b0c4f82f-9f77-47fd-96f3-82d145737222

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalles du coté nord.

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalles hautes n°28 à 41.

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Stalle n°28. Un dragon ailé.

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-28/36eaca48-4012-4e4a-95f7-6e5ccafd7224

 "Monstre quadrupède de type dragon, ailé, vu de profil, tourné vers la droite. Il retourne sa tête et regarde derrière lui. Il lève la patte antérieure gauche. Sa queue est épaisse, ronde et striée. Il possède un bec, des oreilles de taille moyenne et pointues. L´échine de son cou est parcourue d´une crête et son corps est recouvert de reliefs de forme circulaire taillés en creux." (F. Piat)

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°29. Enfant tenant un serpent : Hercule enfant ?

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http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-29/edcbb770-16a6-4d6c-baeb-232a24eb1db4

"un enfant nu tient un serpent par la queue de la main droite. Le serpent, qui tire la langue passe sur l´épaule droite du jeune garçon." (F. Piat).

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°30 Feuilles à folioles indentées, posées sur une boule.

http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-30/8172fc56-7e39-4754-bfba-04a5d01b0031

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°31. Dragon se mordant la patte.

Je l'identifie à un dragon en raison des marques de pustules sur le corps.

http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-31/ec2b7f56-799a-4ba8-82cb-a62bbffc79d2

"Monstre hybride ailé, à tête de lion vu de profil, tourné vers la droite. Ses pattes postérieures sont celles d´un équidé. Son cou est long et il se mord le haut de la patte antérieure droite. Des tâches sont figurées sur son pelage." (F. Piat)

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°32. Ange en buste, tête tournée vers la droite.

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http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-32/245d4502-7f1b-49ab-87cf-5b8d60a97990

"Ange vu en buste, de face. Il tourne la tête vers la gauche et porte une tunique à encolure ronde et à manches à crevées. Le visage est jeune et les traits à peine esquissés." (F. Piat)

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°33. Feuilles à folioles indentées, posées sur une boule.

http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-33/39859c57-5e2e-4b88-a1e2-1d21cf0c0892

 

 

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°34. Masque-feuille au visage riant, barbu et faunique.

 

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http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-34/56075510-0134-4473-a398-5251d2e710ac

"Des feuilles prennent l´aspect d´un visage d´homme bien individualisé, le nez fin, la bouche entrouverte et exagérément en pointe." (F. Piat)

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°35. Jeune femme agenouillée mains sur les hanches.

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Cette femme jeune, ou cet enfant, est vêtu d'une tunique bouffante à la taille, et dont les manches très amples partent vers l'arrière comme des voiles, comme emportée par le vent, en laissant les bras nus. Elle est agenouillée et renversée en arrière, les mains sur les hanches, et regarde vers le bas et la gauche avec un rire ironique.

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°36. Angelot nu, tête baissée, main gauche entre les cuisses.

http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-36/019b30c6-c166-4f11-9472-0661dc21e54a

 

"Angelot assis. L´enfant ailé a les cheveux ondulés. Son visage est vu de profil, tourné vers la droite du spectateur. Il regarde          d'ailleurs celui-ci, la tête enfoncée dans les épaules. Sa jambe droite est repliée vers lui et il pose sa main droite dessus. Ses jambes sont écartées et il semble glisser sa main gauche, que l´on n´aperçoit plus vers l´intérieur de ses cuisses. Ses ailes sont déployées derrière lui." (F. Piat)

" Plusieurs scènes ont un caractère érotique assez net comme un petit angelot, assis, et qui plonge sa main entre ses cuisses, regardant le spectateur d´un air équivoque." (J.-J. Rioult)

 

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°37. Hybride anthropomorphe ailé agenouillé, tête baissée, vêtu d'une longue tunique. Les bras sont réduits à des ébauches stylisés.

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http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-37/e7eeb0a9-8f01-4d00-a575-3d402f514f4c

" Personnage féminin ailé, vêtu d´une tunique longue ceinturée à la taille. Son corps est tourné vers la droite mais elle regarde, la tête baissée, vers la gauche. Ses bras sont absents, remplacés par des sortes de feuillages faisant intégralement partie de sa tunique. Sa bouche est entrouverte et ses genoux pliés. Les ondulations de son vêtement sur l´arrière de la sculpture suggèrent que le personnage est en train de voler. Ses cheveux sont relevés et attachés." (F. Piat)

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°38. Masque-feuille anthropomorphe (homme riant bouche ouverte, à la moustache en pointe).

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http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-38/f86e83af-aff5-4916-8922-1243910f4a9f

"Végétaux anthropomorphes. Des feuilles prennent l´aspect d´un visage d´homme bien individualisé, le nez fin, la bouche ouverte et les lèvres ourlées. De plus, il porte une moustache." (F. Piat)

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°39. Centaure, au buste d'homme casqué, tenant un bouclier (rondache) et une flèche (ou fronde).

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-39/0f7e714f-c8da-48dd-8748-1d84228d1977

 "Centaure. Ce personnage possède le haut du corps d´un homme mais le bas du corps d´un cheval. Il porte un casque à la mode italienne, un bouclier orné d´une fleur dans la main gauche et une sorte de flèche dans la main droite qu´il s´apprête à lancer. Les cheveux sont courts, le visage carré, le nez aquilin et la bouche entrouverte."(F. Piat)

 

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°40. Licorne à la crinière feuillagée, et dont la tête se tourne vers son flanc gauche.

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Rien n'indique que cette licorne n'ait une valeur allégorique (comme ailleurs où elle renvoie à une figure de la virginité). Sa crinière en feuille indentée, sa queue épaisse comme un panache, la ligne de décoration en mèches de son corps ou ses sabots stylisés en font plutôt une figure imaginaire ou fantastique.

 

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-40/4ab09a8d-d3ba-4cb6-8d9b-c7362f58095f

"Licorne vue de profil, tournée vers la gauche. Sa tête, baissée, revient sur son flanc et elle lève sa patte avant droite." (F. Piat)

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°41. Feuille à folioles découpées posées sur une boule.

http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-41/3d771808-3f62-48d4-87ce-02b24e06ea50

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalles basses du coté nord n° 42 à 54.

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Stalle n°42. Hybride ailé aux ailes-feuilles, sans bras, à la tunique longue serrée par une ceinture, agenouillé ou en train de voler.

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http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-42/fde6577d-4320-4714-9a61-af56f498b21e

"Jeune garçon vêtu d´une tunique courte, ceinturée à la taille, regardant vers la droite. Ses bras sont absents, remplacés par des feuillages ou des plumes qui se trouvent dans le prolongement de sa tunique. Ses cheveux ondulés sont courts, sa bouche entrouverte. Il semble soit agenouillé, soit voler comme le suggère sa ceinture dont les extrémités ondulent derrière lui, incisées dans le bois." (F. Piat).

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°43. Femme nue, accroupie de face, levant l'index droit et touchant sa cheville gauche. Elle porte une coiffe ; une banderole passe devant sa gorge.

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C'est l'une des deux scènes érotiques du corpus, mais d'interprétation difficile. Comme les auteurs l'ont souligné, les parties génitales sont clairement visibles. La bouche est ouverte et grimaçante et les dents sont visibles. La tête est légèrement inclinée et complètement tournée vers la droite.

Cette posture, ce visage grimaçant, cette bouche entrouverte rappellent franchement ceux des personnages des miséricordes n° 5,  9, 11, 35, 36, et 37, mais aussi à un moindre degré ceux des n° 1, 3, 4, 15, 23, 24, 32, 42, voire de la licorne n°40. Une fois identifié, nous le retrouvons aussi aux n° 44 et 45.

Si nous interprétons ce fléchissement, cette rotation de la tête et ce rictus comme liés au plaisir érotique, nous devons considérer que ce thème concerne 18 miséricordes sur 48, et la quasi totalité des figures humaines.  La grande majorité de ces sujets (anthropomorphes ou animaux) sont ailés, ou, à défaut, semblent voler. 

Les ailes font-elles allusion aux anges, et à leur déchéance, ou au contraire le plaisir donne-t-il des ailes aux personnages emportés par les transports érotiques ?

La dénonciation morale de ces extases est absente ou, pour le moins, ambiguë. Seule la dénaturation en animal (cochon du n°3) ou par hybridation animale ou végétale du bas du corps peut en être un indice. Certains hybrides évoquent des sirènes, et c'est alors la figure de Mélusine, à la double nature de femme vertueuse et de créature féérique érotique, qui doit être évoquée.

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http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-43/042db81f-d451-4479-bd02-20adae95a33f

 "Femme accroupie, vue de face et nue. Elle tourne la tête vers la gauche et pointe l'index dans cette direction. Sa bouche est entrouverte. Une écharpe ondule autour de son cou. Elle porte une sorte de casque. Sa main gauche vient retenir sa jambe gauche. Ses parties génitales sont visibles de même que ses seins et son ventre est arrondi."

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°44. Ange ou hybride ailé dénudé jusqu'à la taille, main droite sur la hanche, index gauche tendu vers le haut. Le bas du corps est caché par une étoffe. Il semble voler.

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La tête, tournée vers la gauche, est couronnée d'un anneau tressé ; la bouche est entrouverte . Le bras gauche passe devant la poitrine afin que l'index dressé désigne une direction à droite, en arrière et en haut. Les jambes, dissimulées par d'amples plis d'étoffe, seraient allongées vers la gauche comme si ce personnage volait.

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-44/6dabad41-c4f4-4178-9fbf-76e67712c90b

"Un ange est vu en buste, de trois-quart. Il tourne la tête derrière lui, vers la droite. Sa main droite vient s´appuyer contre sa taille tandis que de la main gauche, il désigne, l´index levé, quelque chose. Le bas de son corps est caché par un tissu animé par de nombreux plis ; ses ailes sont visibles et déployées ; ses cheveux sont torsadés autour de son visage qui est d´ailleurs bien individualisé. Son nez est protubérant, son visage allongé et sa bouche entrouverte." (F. Piat)

 

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°45. Hybride ailé, à buste féminin (visage tourné vers la gauche et bouche entrouverte) dépourvu de bras, et queue bifide.

Ce serait une sirène si la queue était celle d'un poisson, mais elle est ici végétalisée ou stylisée en volutes.

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-45/4af527ba-fc0c-42f3-a9cf-af88ae7b969b

"Sirène féminine (?). Le haut du corps est celui d´une femme (?), mais les bras ont été remplacés par des ailes. Elle est tournée vers la gauche, mais son visage regarde vers la droite. Ses cheveux sont courts et sa bouche entrouverte. Le bas du corps n´est pas celui d´un poisson mais constitué de feuillages." (F. Piat)

 

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°46. Miséricorde absente.

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Stalle n°47. Grylle à tête de dragon et tête ventrale anthropomorphe.

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http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-47/1473c846-149f-4f1f-a899-be93175fef2d

 "Monstre hybride de type grylle à deux pattes et bicéphale. Ses pieds sont pourvus de trois doigts crochus et il avance. La première tête située au bout de son long cou est celle d´une chauve-souris à grandes oreilles pointues. Sa gueule est ouverte. La seconde tête se trouve sur le ventre de l´animal et il s´agit cette fois-ci d´une tête humaine." (F. Piat)

 

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°48. Masque-feuille anthropomorphe, bouche ouverte en O allongé.

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http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-48/796e73b9-895a-4db7-bb30-2af78e1c83b8

"Végétaux anthropomorphes. Des feuilles prennent l´aspect d´un visage d´homme bien individualisé, le nez fin, la bouche est grande ouverte et ses yeux baissés." (F. Piat)

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°49. Garçon nu, bouche entrouverte, tenant un cimeterre en main gauche, jambes fléchies en avant comme s'il sautait.

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http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-49/c943d27f-3f3b-4c55-8703-1de08c3935da

"Personnage masculin (?) assis, la jambe droite repliée vers le buste. Le haut du corps est vu de face mais le visage de profil. Les cheveux sont courts et ondulés et il a la bouche entrouverte. Son bras gauche est levé et sa main fermée sur un cimeterre gravé dans le bois de la miséricorde. Son bras droit est rejeté en arrière et il semble se saisir de quelque chose." (F. Piat)

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°50. Feuille à  folioles indentées, posées sur une boule.

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http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-50/774201d1-c3cf-48d4-9526-5f93397c837b

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°51. Masque-feuille anthropomorphe.

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http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-51/aed26549-cfb4-4872-8c65-45237f52d1b2

 "Des feuilles prennent l´aspect d´un visage d´homme bien individualisé, le nez fin, la bouche entrouverte et légèrement de biais." (F. Piat)

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°52. Miséricorde absente.

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Stalle n°53. Dragon ailé à deux pattes, dont une posée sur la tête.

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http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-sainte-marie-madeleine-stalle-53/6e962d3d-c499-455a-9f5f-5d3f501ec0c2

"Dragon à deux pattes ressemblant à celles d'un oiseau et pourvu de 2 ailes. Il est vu de côté. Son long cou est retourné vers le bas de son corps et sa patte droite vient s'appuyer sur sa tête. Celle-ci est de type oursine ou simiesque (petites oreilles, museau arrondi), mais sa gueule ouverte ne laisse pas voir de dents. Son corps est recouvert d'écailles ou de plumes figurées par des sillons en forme de fer à cheval scindés en deux par une intaille." (F. Piat)

 

 

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Stalle n°54. Miséricorde absente.

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Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les stalles (v. 1528-1550) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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DÉCOMPTE ET ANALYSE DES MISÉRICORDES.

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1. Les  feuilles. N =9.

Au nombre de 9 (n°2, 7, 10, 17, 27, 30, 33 , 41 et 50), ces feuilles verticales sont stéréotypées, étant toutes une composition de folioles indentées posées sur une boule. Elle peuvent correspondre à un motif de ponctuation.

2. Les masques-feuilles anthropomorphes. N = 6.

Ces motifs se retrouvent aux stalles n° 13, 16, 34, 38, 48 et 51. À la différence des feuilles, ces masques feuilles aux visages d'hommes qui épousent la forme bombée et conique de la miséricorde sont tous construits sur le même modèle mais les visages varient en expression. Ces visages jamais grotesques sont ouverts, d'allure joviale et semblent décliner un personnage identique aux pommettes saillantes. 

Ils offrent ici  de très beaux exemples de ce motif.

3. Les lions couronnés. N = 3.

Ils occupent les miséricordes n°22 et 26, sur les stalles basses sud.  Ils peuvent renvoyer au lion des armoiries de la famille d'Espinay, ou seulement participer au décor.

4. Les animaux fabuleux traditionnels. N =10.

a) la licorne : stalle n°40

b) Le Centaure. N =2.  Stalle n° 8 (Centaure archer) et n°39 (Centaure armé)

c) Les dragons. N = 3. Ils sont ailés (n°28 et 53) ou non (N°31)

d) Les grylles à deux têtes. N = 2. n° 20 et 47.

e) l'animal chimérique dragon/fouine/serpent de la miséricorde n°21.

f. Le bélier ailé de la miséricorde n°12.

 

5. A part. L'enfant étouffant un serpent. N=1.

Miséricorde n° Faut-il le classer comme sujet mythologique d'Hercule enfant ?

6. Les personnages humains ou anthropomorphes, souvent hybrides (animalisés ou végétalisés), souvent ailés. N = 19.

Miséricordes n° 1, 3 , 4, 5, 6, 9, 11, 15, 23, 24, 32, 35, 36, 37, 42, 43, 44, 45  et 49.

Ils sont ailés pour 14 d'entre eux, mais on ne peut les considérer facilement comme des anges; Ils portent pourtant (comme des anges) pour la plupart des tuniques longues, bouffante au dessus d' une ceinture.  Un seul a le visage remplacé par une tête de cochon, coiffé d'un bonnet (de prêtre ?). Ce sont des vieillards ou des hommes jeunes, des femmes ou des garçons. Dans deux cas incontestables, les sujets sont érotiques, soit pour une femme (n°43) exhibant son sexe, soit pour un garçon (n°36) se caressant. D'autres sont nus (n°49, sans compter l'Hercule n°29) ou à la poitrine dénudée. Leur visage tournée ou inclinée est déformée par une grimace bouche ouverte, dents parfois visibles, proche du rictus, pouvant être interprétée comme liée au plaisir érotique. Enfin, deux tiennent leur pied, ce qui (notamment pour l'acrobate lubrique n°11) est associé dans l'iconographie romane ou médiévale où le motif est stéréotypé, à un écart de conduite.

L'intégrité corporelle des représentations humaines est rarement préservée, et au contraire, le processus d'hybridation transforme les êtres en oiseaux (par les ailes), en cochon, ou bien les bras sont remplacés par des sortes de feuilles, ou le bas du corps se transforme en queue de poisson, elle-même végétalisée.

7. Les thèmes absents. La religion, la musique, ou les scènes comiques.

Nous ne trouvons ni représentation religieuse ou liturgique (ce qui est vrai aussi pour les panneaux sculptés, mais aussi pour les tombeaux et la porte exécutés sous le mécénat des d'Espinay). Il n'y a pas non plus de caricature de chanoines. Cela témoigne-t-il du contexte religieux (la Réforme et le Concile de Trente 1542-1563 ?). Je pense plutôt que l'obsession des seigneurs d'Espinay est de reproduire dans "leur" collégiale la thématique italianisante inspirée de l'antiquité grecque et romaine.

Nous ne trouvons pas de musiciens ou d'allusion à la musique, alors que ces stalles accueillent des chanteurs et des instrumentistes.

Enfin, il n'existe pas de scènes issus des fabliaux, des proverbes, de la vie quotidienne ou d'activités professionnelles.

 

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EN CONCLUSION. MÉTAMORPHOSE, HYBRIDATION ET CONFUSION DES GENRES.

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Alors que ces miséricordes pourraient sembler encore fidèles aux œuvres des huchiers médiévaux, et qu'elles ne reprennent pas les motifs des panneaux des jouées avec leurs rinceaux, candélabres et  dauphins, il est néanmoins possible de constater qu'elles sont toutes l'expression d'un thème majeur, très présent sur les jouées, ou sur les panneaux sculptés : celui de la métamorphose.

On connaît le goût du XVIe siècle pour les Métamorphoses d'Ovide. La lecture des Métamorphoses a perduré pendant tout le Moyen-Âge mais sous forme d'un Ovide moralisé dressant des parallèles avec le christianisme. L'humanisme de la Renaissance et les éditions imprimés du texte entraine un retour au texte premier.

C'est aussi le goût pour les Métamorphoses de Lucien (l'Âne d'Or) qui a fait représenter la Légende de Psyché sur les vitraux (Ecouen) et les tentures.

Alors que le Moyen-Âge valorisait la pureté et l'intégrité et condamnait moralement les couleurs mélangées, les rayures, les tachetés, et l'atteinte à l'intégrité du corps (anneaux des oreilles) les transformations mythologiques (d'Actéon en cerf, de Diane en laurier) valorisent les tenues bariolées, ou mi-parti (sous l'influence des lansquenets), et d'une manière générale la transgression des limites.

Ces limites qui séparaient l'humanité, centre de l'univers, des animaux et des végétaux cèdent sous l'effet des progrès de la science, comme par exemple, lorsque Léonard de Vinci et les autres artistes s'intéressent à la dissection, introduite dans les études médicales à partir de 1470. (la Fabrica de Vésale ne paraît qu'en 1543).

La découverte à Rome de la Domus Aurea de Néron à la fin du XVe siècle incite Domenico Ghirlandaio, Raphaël et Michel-Ange à s'inspirer des fresques aux motifs qualifiés de grotesques : enroulement de feuillages, mascarons, animaux fantastiques et figures extravagantes, où le monde fictionnel se libère de toute allégeance au réel et au vraisemblable et à la perspective, au profit d'un jeu graphique onirique. Comme l'écrit André Chastel, les formes mi-végétales et mi-animales (dont le glissement de l'une à l'autre est constamment illustré à Champeaux) entraîne un sentiment de libération "à l'égard de l'ordre du monde, qui gouverne la distinction des êtres".

C'est bien ce qui est en jeu sur ces miséricordes de Champeaux, où les formes animales et humaines sont végétalisées, soit sous forme de masque-feuilles, soit par glissement d'un buste et ventre humain en une queue imitant celle des poissons avec des volutes et découpures végétales, soit par confusion humain/animal par les grylles dont les têtes humaines surgissent du ventre d'une bête, soit par toutes ces altérations grotesques des formes par des feuilles (moignon des bras, oreilles de dragons, crinière de la licorne, etc.).

La confusion terre/air/mer est présente aussi lorsque les êtres d'apparence humaine sont dotés d'ailes (parfois feuillagées), ou lorsqu'ils volent, ou lorsque les feuillages s'apparentent à des plumes.

C'est cette analyse que j'ai déjà présentée dans l'étude des sablières sculpté en Finistère par le Maître de Plomodiern en Porzay (Plomodiern et Saint-Nic) et au Cap Sizun (à Confort-Meilars, Pont-Croix, Saint-Tugen), et dans l'analyse des panneaux issus du jubé d'Esquibien (29)

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Voir :

 

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LIENS ET SOURCES.

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— BARRIÉ (Roger), DUCOURET (Jean-Pierre), RIOULT (Jean-Jacques), PIAT (Florence), 2006, « Ensemble de stalles dans la collégiale Sainte-Marie-Madeleine (contre les murs nord et sud du choeur) » Dossier IM35022581 de l'Inventaire général

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/ensemble-de-stalles-dans-la-collegiale-sainte-marie-madeleine-contre-les-murs-nord-et-sud-du-choeur/d9c79125-9bf0-4cfa-9667-340fdff8e099

http://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/recherche/globale?texte=%22Piat+Florence%22&render=liste&type=&ou=Champeaux

Bibliographie citée :

BANEAT, Paul. Le département d'Ille-et-Vilaine, histoire, archéologie, monuments Rennes : Larcher, 1927 (1ère éd.), Mayenne : éditions régionales de l'Ouest, 1994 (rééd.).

FRAIN. Epinay en Champeaux, sa splendeur au XVIe siècle, son état de ruine au XVIIIe siècle, la restauration de nos jours. Vitré : Imprimerie Gilles, 1908.

LEPAROUX, Sylvain. Les stalles en Ille-et-Vilaine, XVIe-XVIIe siècles. Mémoire de maîtrise : Hist. De l'Art. Rennes : université Rennes 2 Haute-Bretagne, 1997.

 

—BLOCK, Elaine C. Corpus of medieval misericords in France, XIII-XVI century. Turnhout : Brepols, 2003.

 

COUFFON (René), 1969, « La collégiale de Champeaux. Contribution à l’étude de la première Renaissance en Bretagne » dans Mémoires de la Société d’émulation des Côtes-du-Nord, tome XCVIII, 1969, pp. 15-49 .

— COUZY (H), 1968, Collégiale La Madeleine de Champeaux, Congrès archéologique de France, 126e session, Haute-Bretagne, p.60-73

GUILLOTIN DE CORSON (abbé Amédée), 1880-1886, Pouillé historique de l'archevêché de Rennes. [Volume 3] 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55608m.pdf

GUILLOTIN DE CORSON (abbé Amédée), 1904, "Les seigneurs de Champeaux, leur collégiale et leur château", Revue de Bretagne, de Vendée & d'Anjou, Volumes 31 à 32 page 385-

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k453834v/f383.image.r=champeaux

— JOUBERT (Solen), 2003, Audace et renommée : un réseau de la noblesse bretonne, vecteur d'échanges culturels et artistiques pendant la Renaissance. SHAB pages 205-

https://m.shabretagne.com/scripts/files/54da14d35ff576.88078498/2003_08.pdf

 

— LELOUP (Daniel), 2019, Rennes au temps d'Yves Mahyeuc : une ville entre gothique et Renaissance. in Augustin Pic, " Yves Mahyeuc, 1462-1541: Rennes en Renaissance"  Presses Universitaires de Rennes.

https://books.google.fr/books?id=I5izDwAAQBAJ&dq=COUZY+(H),+1968,+Coll%C3%A9giale+La+Madeleine+de+Champeaux,+Congr%C3%A8s+arch%C3%A9ologique+de+France,+126e+session,+Haute-Bretagne,+p.60-73&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

En France, la période correspondant à la fin de l'Etat breton (Acte d'union de la France et de la Bretagne en 1532) correspond en histoire de l'art à celle de la Renaissance italianisante puis antiquisante, période où sont édifiés les châteaux de la Loire comme celui de Chenonceaux (v.1513-1516), d'Azay-le-Rideau (v. 1518-1527) et de Chambord (v. 1513-1516).

"Mais avant même la construction de ces œuvres majeures, l'influence de l'Italie du Quattrocento se fait sentir en Bretagne, notamment sur plusieurs monuments funéraires : tombeau de François II et de Marguerite de Foix par Michel Colombe dans la cathédrale de Nantes (1499-1507), tombeau de l'évêque Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne (1507). L'apparition du vocabulaire et des formes italianisantes touche simultanément de nombreuses constructions, qu'elles soient civile (façade principale du château de Goulaine et loggias du château des ducs de Bretagne à Nantes vers 1500) ou religieuses (portail du croisillon nord puis cloître de la cathédrale Saint-Pierre de Vannes en 1515-1520).

Dès ses prémices en Bretagne, la Renaissance est l'art d'une élite aristocratique composée de certains hauts dignitaires civils (Guy III d'Espinay et Louise de Goulaine à Champeaux, mais également de religieux proche du pouvoir (Claude de Rohan, évêque de Quimper)."

 

 

— LEVY (Tania), Projet de recherche. Le beau XVIe siècle en Bretagne - B16B, MCF en histoire de l’art moderne, UBO

https://www.univ-brest.fr/digitalAssets/82/82654_Projet-recherche-beau16e.pdf

 

— MUSSAT (  André), 1995, Arts et cultures de Bretagne : un millénaire, Rennes, Éditions Ouest-France, 380 p.

MUSSAT (André), La Renaissance en Bretagne.

En Haute-Bretagne, ce sont naturellement les châteaux de la grande noblesse qui donnèrent le ton. Ils imitèrent les modèles de la Touraine directement inspirés par l'occupation de l'Italie du Nord. Citons la délicieuse et blanche loggia du château de Vitré et dans la même région, les stalles de la collégiale de Champeaux, commande des Espinay, parents des châtelains d'Ussé en Touraine. Aux Laval encore est dû, vers 1530, au flanc d'un antique donjon l'élégant château de Châteaubriant et sa longue galerie où se marient adroitement la brique, le tuffeau et le schiste.

Aux seigneurs se joignent les ecclésiastiques retour d'Italie. Les neveux d'un prélat humaniste commandent, dès 1507, aux Justi ou Juste, florentins devenus tourangeaux, le grandiose et élégant tombeau de la cathédrale de Dol. Tout ces novateurs suivaient le chemin illustré par la duchesse-reine lorsqu'elle avait confié à Jean Perréal et à Michel Colombe le tombeau de ses parents aujourd'hui à la cathédrale de Nantes, exécuté en marbre d'Italie.

MUSSAT (André), 1975, "Le château de Vitré et l'architecture des châteaux bretons du XIVe au XVIe siècle", Bulletin Monumental  Année 1975  133-2  pp. 131-164

"C'est pourtant à la petite cour de Gui XVI que des nobles voisins, les Espinay, s'habituèrent au style nouveau, celui de leurs œuvres de Champeaux, qui, avec les châteaux des Nétumières en Erbrée, rappelle l'existence d'un foyer, mais qui fut sans large rayonnement. L'histoire de la Renaissance en Bretagne s'en trouve modifiée. Jusqu'à la fin de sa longue histoire architecturale, le château de Vitré resta donc une œuvre des marches, avec ce que cela veut dire de limites et d'ambiguïté. Il faut attendre les années 1560-1570 pour que des châteaux bretons s'inspirent du nouveau style : ce sera avec un parfum provincial plus marqué."

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1975_num_133_2_5456

— PIAT (Florence), Les stalles de l'ancien duché de Bretagne de la fin de la guerre de Succession jusqu'au Concile de Trente.

https://www.academia.edu/34924613/THESE_UNIVERSIT%C3%89_RENNES_2_Les_stalles_de_lancien_duch%C3%A9_de_Bretagne_De_la_fin_de_la_guerre_de_Succession_jusquau_concile_de_Trente

 

— RIOULT ( Jean-Jacques ), ORAIN (Véronique), 1979,L'ancienne collégiale de Champeaux, Dossier IA00130695 (c) Inventaire général ; (c) Conseil général d'Ille-et-Vilaine

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/ancienne-collegiale-actuellement-eglise-sainte-marie-madeleine-place-de-la-collegiale-champeaux/d2fdc8a2-dd6b-4bea-83c6-91455faf82e9

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chateau-d-epinay-ancien-chateau-de-la-riviere-champeaux/380ed73c-19d0-4e1e-8082-64d1b7934c77

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA35000276

https://monumentum.fr/chateau-epinay-ancien-chateau-riviere--pa00090518.html

 

— VILLENEUVE (P. DE LA BIGNE)1862, Les anciennes stalles de la cathédrale de Rennes et le privilège du sire d'Epinay, Bulletin et mémoires de la Société archéologique d’Ille-et-Vilaine, tome 2, pages 261-275.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k110712p/f262.image

— SITE DECOUVRIR CHAMPEAUX

https://www.champeaux35.fr/decouvrir-champeaux/histoire-et-patrimoine/collegiale-2/

 

— WIKIPEDIA, La collégiale Sainte-Marie-Madeleine de Champeaux.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Coll%C3%A9giale_Sainte-Marie-Madeleine_de_Champeaux

WIKIPEDIA

Listes des miséricordes en France

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_mis%C3%A9ricordes_de_France

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Stalles Renaissance Sculpture
26 septembre 2020 6 26 /09 /septembre /2020 11:27

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La tribune (bois polychrome, XVIe siècle) ou ancien jubé  de l'église d'Esquibien.

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Voir sur Esquibien :

 

 

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Sur les bas-reliefs des panneaux au décor Renaissance en Bretagne, voir :

 

 

 

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PRÉSENTATION.

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1. Introduction : la Renaissance en Bretagne.

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L'art ornemental de la Renaissance, d'origine italienne, est apparu très précocement en Bretagne, dès 1507, à Dol-de-Bretagne pour le Cénotaphe de l'évêque Thomas James sculpté par Jean Juste.

On y trouve déjà, en bas-relief, les dauphins, les putti, les mascarons, les lions et les dragons à corps végétalisés, les vases, les grotesques et les faunes, les bucranes, les rinceaux extravagants et les rubans ou linges suspendus, les coquilles, les figures accouplées par le cou ou la queue par un anneau, les cornucopia, les cartouches rectangulaires inspirés des ruines romaines, et, bien-sûr, les médaillons. 

http://www.lavieb-aile.com/2018/08/le-cenotaphe-de-thomas-james-dans-l-ancienne-cathedrale-de-dol-par-jean-juste-et-1507.html

Tout semble organiser pour dissoudre les frontières entre terrestre et aérien, entre l'humain et l'animal, entre espèces animales, qui sont hybridées, et entre animal et végétal, puisqu'on ne n'y trouve aucune figure qui ne mêle pas ces différents règnes. D'où naît une confusion illusionniste  enivrante, entretenue ou accentuée par les volutes de tous genres (tiges, queues, étoffes) qui tournoient autour des figures. La référence à l'antique, et le rôle de modèle des décors découverts à la fin du XVe siècle dans la Domus Aurea, y sont évidents. Or, la date de 1507 est fort précoce pour l'expression de cet art grotesque en France (et même en Italie, les Loggias du Vatican sont plus tardives, entre 1516 et 1519).

L'art de la Renaissance s'exprima un peu plus tard sous l'influence de François Ier à Fontainebleau, par les peintures, panneaux de bas-relief en bois et encadrements en stuc déterminant l'art ornemental bellifontain vers 1530.

La Première Renaissance bretonne débute réellement vers 1560. La chapelle Sainte-Yves de Kerfons  en Ploubezre en relève (1553-1559), tout comme le tombeau de Guy III d'Espinay, conçu par l'angevin Jean de l'Espine en 1552-1553. Le château de Kerjean en Saint-Vougay (1550-1580) en donne une magistrale expression, tant pour l'architecture que pour la sculpture sur bois des sablières (v.1580)

L'influence des ornemanistes bellifontains est précisément évidente dans les sablières de Kerjean, attribuées au Maître de Pleyben actif, à Pleyben, Plomodiern Saint-Divy, entre 1560 et 1580, et cette influence se reconnaît notamment par les "cuirs découpés à enroulement" des cartouches.

Un autre sculpteur de sablières, que j'ai nommé Maître de Plomodiern (S. Duhem le nomme Brellivet), a multiplié les éléments Renaissance particulièrement par les figures hybrides et dragons végétalisés, à Plomodiern, et à Saint-Nic, mais aussi — ce qui nous concerne d'avantage ici — dans le Cap Sizun à Pont-Croix à la chapelle Saint-Tugen de Primelin ou à la Chapelle Saint-Trémeur de Beuzec-Cap-Sizun. Il est actif entre 1544 et 1564 environ.

Les sablières de l'église d'Esquibien n'échappent pas à cette influence de l'art de la Renaissance, par l'importance donnée aux formes hybrides et végétalisées (mais sans coquille, sans cuirs à enroulement, sans bucrane, etc.).

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Les jubés.

 

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Dans une église, le jubé est une tribune formant clôture de pierre ou de bois séparant le chœur liturgique de la nef, car suivant la conception médiévale, l'autel, lieu du mystère sacré, ne doit pas être visible. : le chœur était réservé au clergé, et les fidèles, installés dans la nef, écoutait la lecture et les prédications, chants liturgiques.

 Il se compose de 3 parties :
- La clôture appelée chancel,, elle est à claire-voie et dotée d'une ou deux portes.
- Au-dessus la tribune (le véritable jubé), parfois en encorbellement, à laquelle on accédait pour prêcher ou chanter, par un ou deux escaliers.
- Et l'ensemble étant dominé par un groupe de crucifixion ou « tref » — du latin trabs (« poutre ») — .

Nous pouvons ajouter une quatrième partie, les autels latéraux destinés parfois à déposer des offrandes en nature (St-Herbot) ou à la célébration des messes à l'intention des fidèles, le maître-autel leur étant interdit.

La tribune est souvent ornée, coté nef, de douze panneaux figurant dans un but didactique les apôtres.

Au XVIe siècle, le concile de Trente (achevé en 1563) provoqua une évolution de la liturgie catholique en réponse au succès des églises protestantes. Le chœur devant désormais être visible pour les fidèles, les jubés étaient condamnés. Tandis que les chaires à prêcher les remplaçaient, ils seront déplacés ou détruits aux siècles suivants, quelquefois tardivement au XIXe siècle. Curieusement, les jubés bretons ont été construits pendant ou après le Concile de Trente.

La Bretagne conserve encore 12 jubés complets (liste en annexe) et quelques chancels. Les panneaux des tribunes furent remontés ici ou là comme tribune d'orgue (Goulven) ou tribune de fond d'église, comme à Esquibien.

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L'ancien jubé d'Esquibien.

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L'église Saint-Onneau d'Esquibien date de la seconde moitié du XVIe siècle (date inscrite la plus ancienne : 1581) : la tribune de son jubé a été réalisé dans cette période, et l'influence de la Renaissance est patente dans le choix des décors.

Nous ignorons quand elle a été démontée ; mais 26 panneaux sont aujourd'hui conservés, soit sans doute l'ensemble presque complet de 12 panneaux de chaque face et des retours d'angle. Huit ont trouvé un ré-emploi autour de l'autel de la chapelle Sainte-Brigitte, 12  composent la tribune de fond de nef de l'église Saint-Onneau, et 6 sont conservés ailleurs.

Chaque panneau, centré par un médaillon, montre au dessus et au dessous de celui-ci un décor typiquement Renaissance, ce qui est rare en Bretagne , mais qui se retrouve à Goulven, en Finistère-nord.

C'est la composition des panneaux de bois de la Galerie de François Ier à Fontainebleau (mais sans cartouche, sans cuirs à enroulement et avec une finesse d'exécution moindre).

 

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Rinceaux à bucrane et dauphins autour d'un médaillon, Panneau sculpté, Galerie François Ier, château de Fontainebleau. Photo lavieb-aile.

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Plus proche, par son décor, aux dauphins affrontés, nous avons ce panneau conservé au Musée de la Renaissance d'Écouen.

Rinceau en lyre formé de deux dauphins affrontés dans un candélabre – Musée national de la Renaissance château d’Ecouen ©Evelyne Thomas

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Ces décors de Fontainebleau  sont diffusés par des recueils comme Allégories de diverses sciences d'Etienne DELAUNE (Orléans 1518 et Paris 1583), ou les recueils de René BOYVIN ou les Petites Grotesques et  Grandes Grotesques  (1562), les Grandes cartouches de Fontainebleau de Jacques ANDROUET du CERCEAU (1510->1584).

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Panneaux d'ornements, XVIe siècle, , Nicoletto da Modena (15??-15?? ), Graveur Daddi, Bernardo (1512?-1570 ; dit Maître au dé), Graveur, Agostino Veneziano (1490?-1540? ), graveur

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Mais l'élément singulier, propre à Esquibien, est la présence parmi ces grotesques de deux caraques témoignant de l'activité florissante de la paroisse dans le commerce maritime de sa pêche.

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Ces deux pôles d'intérêt (histoire de l'art et ethnographie maritime) justifient que je m'attarde sur chaque panneau, et sur chaque partie de ceux-ci, afin de partager en ligne avec les happy few  ces documents.

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Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

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Premier panneau.

Arabesques affrontées à tête de dauphins, autour d'une vasque.

Médaillon : homme barbu.

Trois-mâts à gréement carré.

 

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Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

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Le médaillon.

La peinture n'est pas d'origine. Les médaillons comportaient des éléments sculptés en haut relief, qui ont été rabotés ("bûchés") pour une raison que nous ignorons, et la surface a alors été peinte d'un motif choisi par le peintre. C'est ici un homme barbu, dans lequel nous pouvons voir un armateur, si nous le souhaitons.

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Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

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La caraque à gréement carré.

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Ce navire est au mouillage, comme l'indique l'ancre bien visible. Les forts châteaux avant et arrière sont de même taille. Cette  surélévation des gaillards d'avant et d'arrière se justifie à une époque où l'abordage constitue encore l'élément majeur du combat naval, l'artillerie étant trop faible pour prétendre à la meilleure part. Selon cette vision du combat, il est indispensable d'être très haut sur l'eau afin de dominer son adversaire et de s'en emparer à l'abordage. 

Les mâts, non apiqués, portent chacun une seule voile carrée, ferlée sur leur vergue. Le mât central (grand-mât) dispose d'un nid-de-pie par lequel on grimpe par l'échelle établie sur le hauban.

Deux piques sortent, en diagonale, du nid-de-pie (un terme peu exact et datant du XIXe, nous pourrions dire "hune", ou "gabion") et ces deux piques se terminent en cœur. Seraient-ce des signaux ? Des piques semblables s'observent dans les enluminures du XVe siècle, mais ce sont soit des hampe des pavillons, soit des lances.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b72000271/f449.item.zoom

Ce gréement diffère donc de celui des caravelles, dont le mât arrière porte une voile triangulaire, "latine". Comme on ne connaît pas avec précision le gréement des carvelles d'Audierne, si ce n'est par les sculptures des églises, nous pouvons désigner ce navire comme étant une "carvelle" ou, en raison de son importance,  une "caraque".

Un trois-mâts comparable est sculpté sur la façade ouest de l'église de Confort.

Les pavillons ou flammes portent les couleurs du drapeau français, et cet anachronisme témoigne d'une restauration des peintures. À l'époque, les navires de Penmarc'h et Audierne portaient le nom du navire et/ou celui de l'armateur, ou des couleurs emblématiques.

La carène présente des sabords (le navire est alors équipé d'autant de canon) ou de faux-sabords (faisant croire à la présence de canons. 

Les châteaux sont percés de hublots.

Tous ces détails peints et non sculptés peuvent être dus aux initiatives du restaurateur et doivent être interprétés avec prudence.

La banderole à bords enroulés en cornet, qui est placé au dessus, portait peut-être le nom du navire.

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Ce navire, ainsi que celui du panneau n°7, sont certainement les seuls à figurer sur un jubé ; ils témoignent (comme les poissons sculptés sous le porche ce cette église Saint-Onneau), de l'importance de la pêche et du commerce maritime pour Penmarc'h et Audierne, jusqu'à la première moitié du VIe siècle. Cette importance était basée sur la pêche du merlu, sur les sécheries, sur son transport vers les Flandres et l'Espagne : 

"Au XVe siècle, les pêcheurs du Cap ramènent dans leurs barques du merlu, du congre, de la julienne, qu'ils pêchent près des côtes de Pâques à la Saint-Michel (voire jusqu'à la Toussaint).
Notons l'existence du fief du Quemenet, appartenant aux Rohan, faisant un arc-de-cercle de Penhars jusqu'à Plouhinec, et apportant ainsi une certaine richesse grâce à la pêche.
Le poisson est ensuite traité par des sècheries et des saleries, et vendu jusqu'à Bordeaux et La Rochelle ; en retour, les bateaux ramènent des barriques de vin. En 1453, la bataille de Castillon met fin à la guerre de Cent Ans, ce qui permet au commerce maritime de se développer. Le bateau type d'Audierne est alors la carvelle, d'au plus 60 tonneaux. Mais on peut trouver ailleurs des caraques et autres navires plus gros.
Les navires bretons montent jusqu'aux Flandres (avant-ports d'Anvers et de Bruges) et en Ecosse (Leith), vont aussi en Irlande, descendent à Cadix et Séville (sans rentrer en Méditerranée). La façade atlantique devient le monde du commerce maritime breton, qui fait l'essentiel du trafic. Le commerce du pastel (teinture bleue) se fait surtout par la flotte de Penmarc'h, qui est majoritaire à Bordeaux ; mais à la fin du XVIe siècle, Audierne finit par s'y imposer. Pourtant, au XVIIe siècle, les Flandres et l'Angleterre construisent leurs propres flottes de commerce, et c'est le début du déclin pour les ports bretons." 
Serge Duigou - La vie maritime au Cap-Sizun du XVe au XVIIIe siècle.

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Voir aussi sur les carvelles ou les embarcations de pêche, ou les poissons sculptées sur pierre en Cap Sizun et Cap Caval : 

 

Voir les embarcations de pêche sculptées sur bois sur les sablières :

 Voir aussi :

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Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

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Deuxième panneau.

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Masque feuillagé dans un losange, entre deux oiseaux (cygnes ?) tirant la langue.

Médaillon : homme coiffé d'un bonnet à oreillettes.

Masque feuillagé dans un losange, entre deux bustes d'hommes de profil, coiffés d'un casque.

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Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

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Troisième panneau.

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Arabesques affrontées à tête de dauphins, autour de deux têtes d'hommes de profil.

Médaillon : homme (marin ?) vêtu d'une blouse et coiffé d'un bonnet.

Arabesques de feuillage, affrontées, à tête de dauphins.

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Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

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Quatrième panneau.

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Homme nu mais casqué tenant la gueule de lions (ou dauphins) à corps d'arabesques feuillagées .

Médaillon : marin ayant un foulard noué autour du cou.

Arabesques de feuillage, affrontées, à tête de dauphins casqués.

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Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

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Cinquième panneau.

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Tête d'enfant, ailée, crachant des arabesques de feuillage, affrontées, à tête de dauphins.

Médaillon : homme barbu de profil.

Arabesque de feuillages affrontés.

 

 

 

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Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

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Sixième panneau.

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Dans une architecture simplifiée, une coquille de Vénus domine un médaillon contenant une tête d'homme barbu de face.

Médaillon : homme à chapeau à très large bords, à fraise et à vêtement rayé, évoquant un Arlequin.

Arabesques de feuillages  affrontés autour d'une vasque, et s'achevant par deux mascarons de profil.

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Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

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Septième panneau.

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Arabesques de feuillages  affrontées autour d'un quadrilobe en masque d'homme feuillagé, et s'achevant par deux mascarons de profil.

Médaillon : homme vêtu de noir et coiffé d'un chaperon noir.

Caraque.

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Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

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La caraque.

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Elle diffère de la première par ses mâts plus apiqués, par le château arrière à double galerie et donc plus haut que le gaillard d'avant, par  les postes de vigie sur les trois mâts, par le fort éperon de proue, et par le mâtereau partant du pied du grand-mât. Le haubanage est complété par les cordages reliant la pointe des mâts.

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Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

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Huitième panneau.

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Arabesques de feuillages  affrontées autour d'une vasque ou fontaine, et s'achevant par deux mascarons de profil.

Médaillon : homme vêtu de noir, portant une lavallière et coiffé d'un chaperon noir.

 

Tête joufflue crachant les arabesques de feuillages affrontés, et s'achevant par deux têtes de dauphins, casquées. Le feuillage porte deux poires.

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Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

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Neuvième panneau.

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Dans une architecture simplifiée, un homme nu mais casqué marche, une main levée vers le ciel.

Médaillon : homme vêtu de noir, portant une lavalière.

Arabesques de feuillages  affrontées autour d'une vasque ou fontaine.

 

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Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

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Dixième panneau.

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Arabesques de feuillage, affrontées, à tête de dauphins, s'achevant par deux têtes d'hommes jeunes, de profil.

Médaillon : tête de mort (on n'oubliera pas, pour l'interpréter, qu'elle a été peinte secondairement et a priori tardivement).

Arabesques de feuillage, affrontées, à tête de dauphins, s'achevant par deux têtes d'hommes jeunes, de face.

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Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

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Onzième et douzième panneaux.

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Onzième panneau : Tête d'homme barbu, de face, crachant des feuillages affrontés produisant des fruits en forme de poire.

Médaillon : buste de femme vêtue et coiffée de noir, à cheveux bouclés.

Arabesques de feuillages affrontées.

Douzième panneau, réduit de moitié : arabesques feuillagées autour de visages d'enfants, ailés.

 

 

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Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

Tribune (bois polychrome, XVIe siècle) de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.

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ANNEXE I.

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— MARTIN (Pierre) 2011, Conférence à  Esquibien: Les activités maritimes sur le littoral du Cap-Sizun à l’époque moderne. De l’opulence au déclin. Le Télégramme du 19 juin 2011.

https://www.letelegramme.fr/local/finistere-sud/ouest-cornouaille/capsizun/esquibien/conference-quand-le-cap-commercait-avec-l-europe-19-06-2011-1341656.php .

"Vendredi soir, la conférence de Pierre Martin, au théâtre Georges-Madec d'Esquibien, a apporté un éclairage intéressant sur l'histoire du Cap-Sizun dans la période dite «moderne», du XVIe au XVIIIe siècle. La soirée était proposée par l'association SESE, dans le cadre des 900 ans du bourg.

Pierre Martin, maître de conférence en histoire moderne et membre du CERHIO (centre de recherches historiques du grand Ouest), s'est intéressé à titre personnel au sujet de cet exposé, la vie sur le littoral, et aux pêches en particulier. Les informations qu'il a livrées au public étaient donc de «première main», découlant directement de ses recherches dans les archives. Recherches qui l'ont amené à revoir un peu certaines assertions.

L'Âge d'or dont on parle dans le Cap-Sizun a été de brève durée: il concerne seulement le premier tiers du XVIe siècle. C'était l'époque des caraques, gros vaisseaux que l'on retrouve sculptés sur les églises. Ils étaient construits en chêne, et très solides, car, en l'absence d'infrastructures portuaires, l'accostage se faisait par échouage. Ces bateaux se livraient au commerce par cabotage à un niveau européen, on retrouve dans les archives mention de leur présence en Flandres et en Espagne. À l'export, Audierne était spécialisé dans le poisson séché, surtout du merlu. Les deux autres poissons pêchés à l'époque étaient le congre et le lieu. Pierre Martin a trouvé des listes d'équipages par commune; c'est celle d'Esquibien qui fournissait le plus de marins. Le littoral était affermé par les seigneurs; il fallait payer des droits pour pouvoir pêcher. Des investisseurs de provinces extérieures venaient en Bretagne pour y faire fortune dans les activités liées à la mer. Les grandes découvertes, donnant aux ports les plus importants (Saint-Malo, Nantes) de nouveaux débouchés, contribuèrent au déclin des ports finistériens, Audierne et Penmarc'h.

— MARTIN (Pierre), 2004, Les Fermiers du rivage : droits maritimes, seigneurs, fermiers et fraudeurs en Bretagne sous l'Ancien Régime, thèse de doctorat soutenue à Lorient sous la direction de Gérard Le Bouëdec, professeur d'Histoire moderne à l'UBS et spécialiste de l'histoire maritime en France.

Héritages et symboles d’une féodalité encore bien présente sur les littoraux, les droits maritimes, possédés par quelques seigneurs, perdurent jusqu’à la Révolution française. Taxant une économie traditionnelle, les propriétaires de ces droits ne parviennent pas à s’emparer d’une partie du produit de la nouvelle économie issue de la mondialisation des échanges. Le grand commerce et la pêche au large échappent aux seigneurs et à leurs fermiers. Ne pouvant s’occuper de la mise en valeur de leurs droits, les seigneurs délèguent cette charge à des fermiers. Ces derniers sont attirés par les bénéfices financiers et honorifiques qu’ils peuvent tirer de cette fonction. La ferme est alors pour certains un facteur de la dynamique et de la promotion sociale. Considérée comme un tremplin par certains, la ferme génère de la pluriactivité de subsistance pour d’autres. Des marchands de gros aux élites locales, le monde de la ferme est pluriel. Toutefois, les brasseurs d’affaires et les gros négociants s’en écartent peu à peu, laissant aux petites bourgeoisies locales tout le loisir de se partager des droits qui ont perdu une grande partie de leur valeur.

« En Bretagne comme en France, les seigneurs et le roi règnent sans partage sur les littoraux. Possédant une partie de l’estran, ils jouissent de droits de pêcheries exclusifs, possèdent des passages et taxent les marchandises qui sont déchargées dans les ports. Ne pouvant gérer seuls l’ensemble de leurs biens, ils les confient à des hommes de confiance contre espèces sonnantes et trébuchantes, permettant ainsi à des élites locales de s’enrichir et de conquérir quelque honorabilité. Ces fermiers, souvent violentés et maltraités, n’hésitent pas à utiliser les grands moyens pour défendre leurs intérêts et leur personne.

2Pourquoi les droits et les fermiers maritimes sont-ils les vecteurs de ces tensions qui rythment la vie sur les quais, dans les estuaires ou sur l’estran ? Quelles sont les caractéristiques, les lieux, les moments et les formes de cette violence ordinaire ?

3Les fermiers de ces droits considèrent ces fermes comme un placement qu’il leur faut rentabiliser. Or, ces droits seigneuriaux sont contestés et jalousés par quelque seigneur envieux, ou mal vécus par des pêcheurs obligés de s’enregistrer sur des registres. Entravant parfois la bonne marche du commerce et limitant les profits des marchands, les fermiers sont souvent à l’origine d’un vent violent de contestations et sont les victimes de heurts individuels ou collectifs. Détestés car incarnant une autorité seigneuriale de proximité, ils ne se gênent pas pour en demander toujours plus et font parfois preuve d’un zèle qui ressemble davantage à de l’acharnement. »

— MARTIN (Pierre), 2004, PUR ed.

« En 1527, Jehan Lhonoré, fermier des pêcheries et sécheries de Cornouaille, se plaint « des maistres de basteaulx, compaignons et paiges pescheurs des parouesses de Cleden, Plogoff, Primellen, Esquibien, Goulhen et Beuzec au terrouer du Capsizun » qui refusent de payer ce devoir. D’ailleurs les receveurs s’alarment car la révolte gronde. La même année, une mutinerie secoue la région du cap Sizun. » Pierre Martin https://books.openedition.org/pur/19544?lang=fr

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ANNEXE II : LES JUBÉS BRETONS.

 

Il  subsiste douze jubés entiers en Bretagne  :

— chapelle St-Fiacre du Faouët (56) : c'est le plus ancien des jubés de bois bretons , puisqu'il a été réalisé vers 1480.

http://www.lavieb-aile.com/2016/01/le-jube-de-la-chapelle-saint-fiacre-du-faouet-i-le-cote-de-la-nef-ouest-b-la-tribune.html

 chapelle de Kerfons en Ploubezre (22), vers 1485-1490. http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/jube-de-la-chapelle-de-kerfons/5c64208e-8ddc-4391-b955-0ff20004cab9

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/illustration/ivr5320142200136nuca/5551c894-a2e0-4c28-beb7-fd3ea2846841

— église St-Yves de La Roche Maurice (29), daté de 1570-1580.

http://www.apeve.net/spip/spip.php?article234

 chapelle St-Nicolas de Priziac (56)   

http://www.lavieb-aile.com/article-chapelle-st-nicolas-en-priziac-104337834.html

— chapelle de Lambader à Plouvorn (29)

 chapelle St-Fiacre de Melrand (56)

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/jube/f3d4975b-c112-4d60-b888-612dff2f546b

 église du Folgoët (29), un jubé en pierre. 

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/eglise-paroissiale-notre-dame-place-de-l-eglise-le-folgoet/5f4c4b00-49a8-4644-a69b-f36f08115031

  chapelle St-Herbot en Plonevez du Faou (29)

 chapelle ND de la Croix à Plélauff (22)  

http://www.plelauff.fr/decouvrir/la-chapelle-le-jube

— chapelle de Locmaria en Belle-Isle-en-Terre (22) http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-notre-dame-de-pendreo-locmaria-belle-isle-en-terre/728ce742-202f-4535-a9b4-e30a8442598c

— chapelle Ste-Avoye de Pluneret (56), daté de 1555.

—chapelle St-Pabu de Saint-Guen (22)

https://actu.fr/bretagne/mur-de-bretagne_22158/a-saint-guen-pres-mur-bretagne-tresor-patrimonial-va-etre-restaure_16545697.html

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Les jubés en ré-emploi :

— église de La Martyre (29) : chancel de pierre, XVe siècle.

— église de Goulven (29) :

L'église de Goulven IV : la tribune d'orgue, ancien jubé du XVIe siècle. Décor Renaissance (dauphins, griffons, arabesques, masques)

—église ND de Rochefort-en-Terre (56) : jubé transformé en tribune au XIXe siècle.

— église de Loc-Envel (22) : ré-emploi en tribune

— Cathédrale Saint-Paul Aurélien de Saint-Pol-de-Léon (29)

— Lamballe (22) restes de jubé : tribune d'orgue

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/buffet-d-orgue-lamballe-fusionnee-en-lamballe-armor-en-2019/c3763869-0343-4347-a923-b59b5686e23a

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/jube-lamballe-fusionnee-en-lamballe-armor-en-2019/e970ddf1-22e2-4788-93a6-cafe584b86d5

— Les Iffs : 12 panneaux restant du jubé :

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/jube/8a842632-bcbc-4f03-b37b-5f500aa5dd9f

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SOURCES ET LIENS.

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— ABGRALL (Jean-Marie) et PEYRON (Paul), 1909, Notice sur Esquibien, BDHA, Quimper.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1099887/f85.image.r=Esquibien

CHAPALAIN (Andrée), 205, "La tribune de l'église Saint-Onneau", Reuz en Esquibien, bulletin n°13 de l'Association Culture et Patrimoine pages 10-13.

 

— COUFFON (René), 1988, Notice sur Esquibien, Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper.

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/a92259a04835f9c68053071304829681.pdf

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/ESQUIBIE.pdf

 

 

 

— COUFFON (René), 1959, Note sur la chapelle Notre-Dame de Kerfaoues en Ploubezre et la chronologie de quelques jubés , Bulletin Monumental  Année 1959  117-1  pp. 51-54.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1959_num_117_1_3854

 

DONNAY (Charlotte), Le jubé, essai sur les usages et les fonctions d'un dispositif monumental. Koregos

http://www.koregos.org/fr/charlotte-donnay-le-jube/

— DUCOURET (Jean-Pierre), SERRE (Fabien), 1983, L'église paroissiale d'Esquibien (Esquibien fusionnée en 2016 avec Audierne). Notice de l'Inventaire Général IA00006375

http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/eglise-paroissiale-saint-onneau-esquibien-fusionnee-en-audierne-en-2016/7bba1475-a53c-4c9b-92b5-465f992b7088

Fiche Mérimée : PA00089924

MONUMENTUM

https://monumentum.fr/eglise-saint-onneau-pa00089924.html pop.culture.gouv :

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Chapelles bretonnes. Sculpture Renaissance.
20 septembre 2020 7 20 /09 /septembre /2020 09:40

La porte (Ricand, 1594) et les boiseries de la chapelle sud de l'ancienne collégiale de La Madeleine de Champeaux (35).

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Voir sur cette église :

 

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Rappel : le but de ces articles est d'illustrer la pénétration de l'architecture et la sculpture Renaissance en Haute-Bretagne.

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INTRODUCTION.

À Champeaux, sous l'impulsion des seigneurs d'Espinay, la Renaissance s'exprime d'abord en la collégiale que cette famille a fondé, successivement par des stalles (1530), puis par des verrières (v. 1539), par le tombeau de Guy III et de Louise de Goulaine (1553) et celui de leur fille Claude (1554). Leur mécénat, voué quasiment exclusivement à la gloire de leur nom et de leurs armes, est profondément influencé par l'expression de la Renaissance d'origine italienne en Anjou et Touraine. C'est à un architecte angevin qu'ils font appel en 1553 et 1554 pour leurs tombeaux et  c'est également une pierre blanche d'Indre-et-Loire, la Rajasse (carrière près de Liré sur la Veude), qu'ils y exigent, plus dure que le tuffeau. Elle avait été utilisée en 1435 à l'abbaye de Saint-Florent-es-Saumur pour le tombeau de l'abbé Jean  du Bellay.

Charles d'Espinay, fils de Guy III et de Louise de Goulaine, est un poète et lettré humaniste dans l'orbe de la Pléiade ; il deviendra évêque de Dol. C'est lui qui rédige les épitaphes latines des tombeaux de ses parents et de sa sœur Claude.

Mais la porte sud de la collégiale est plus tardive et sa date, 1594, sort des bornes proposées par Philippe Hamon pour la Renaissance (1453-1559). La Contre-Réforme, et les guerres de religion sont venus rompre la stabilité monarchique. Pourtant, son plan, son décor de chiffres et d'armoiries  excluant toute référence religieuse reste dans la lignée des ouvrages précédents et de leur fil rouge, le Renom des Espinay.

Les boiseries qui entourent cette porte lui sont-elles contemporaines ? Elles sont plutôt partie prenante des stalles. On y trouve les chiffres de Guy III et Louise de Goulaine, et sans doute les armoiries et les médaillons leur rendent-elles hommage. Mais on y trouve, à la différence des tombeaux, des motifs du vocabulaire des ornemanistes Renaissance, inspiré des recueils de gravure, comme les dauphins affrontés, présents sur les stalles. Et les tenants des armoiries, un couple de sauvages, sont remarquables. 

 

 

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Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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PRÉSENTATION.

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Le visiteur de l'église Sainte-Marie-Madeleine n'a pas accès au coté sud du chœur, dont il aperçoit derrière une cloison le plafond et les baies vitrées, mais il admire une porte monumentale du XVIe siècle, en tuffeau, dont la porte en bois est solidement fermée. (La restauration des bâtiments, débutée en 2014, se poursuit sans doute ici).

S'il consulte les plans et les descriptions des auteurs du XIXe et XXe siècle, il apprend que derrière la cloison se trouve la chapelle des seigneurs d'Espinay. La copie de sa première pierre, dont l'inscription a été relevée par Guillotin de Corson, est désormais à l'extérieur : elle révèle que cette chapelle  a été fondée par Jean II d'Espinay  et Marguerite de Scépeaux. Elle a été construite par cette dernière —après le décès de son époux en 1591 — , et la première pierre posée le 2 août 1594  en sa présence (elle décéda en 1603) et en présence de son petit-fils Charles, alors marquis d'Espinay.  . 

 « Cy est la premiere pierre de ceste chapelle fondée par defunct hault et puissant Messire Jan premier marquis d'Espinay (nota : la seigneurie d'Espinay fut érigée en marquisat en faveur de ce Jean, sire d'Espinay, l'an 1575) et haulte et puissante dame Marguerite de Scepeaulx sa compagne, comte et comtesse de Durestal, laquelle chapelle a esté faicte construire par ladicte dame, depuis le déceix dudict d'Espinay seigneur, et ceste pierre fondamentalle mise, présents ladicte dame et hault et puissant Charles à présent marquis d'Espinay, baron de Barbezieux, son petit-fils, le 2e jour d'aoust 1594. C'est par copie de la première pierre. Jullian Ricand architecte »"

Jean II d'Espinay est le fils aîné de Guy III, dont le tombeau est du coté nord du chœur. Je consulte Wikipédia (ou Infobretagne) :

"Jean II d'Espinay († en 1591), chambellan du roi Henri Il, chevalier de l'Ordre du roi. Il devint comte de Durtal et baron de Mathéfelon par son mariage avec sa cousine éloignée Marguerite de Scépeaux de Vieilleville (fille du maréchal François ; lui-même fils de Marguerite de La Jaille-St-Michel dame de Durtal et Matheflon x René de Scépeaux ; fils de François de Scépeaux x Marguerite d'Estouteville, la sœur aînée de Catherine ). Il obtint, par lettres patentes d'octobre 1575, l'érection en marquisat de sa seigneurie d'Espinay. Sa descendance s'éteignit avec ses petits-enfants : Charles, marquis d'Espinay († dès 1607), marié en 1605 à Marguerite de Rohan-Guéménée ; et Françoise d'Espinay, mariée en 1598 au maréchal Henri de Schomberg, comte de Nanteuil [et décédée en 1602]. La famille des ducs de La Rochefoucauld (cf. François VII) recueillit par héritage le marquisat d'Espinay et le comté de Durtal-Matheflon."

Jean II d'Espinay, comte de Durtal (Duretal), né en 1528, à Champeaux et mort le 9 décembre 1591, est un homme de guerre et chevalier de l'ordre de Saint-Michel. Fils de Guy III d'Espinay et de Louise de Goulaine, il a notamment pour frère Charles d'Espinay, poète et evesque de Dol. Il épouse Marguerite de Scépeaux, comtesse de Durtal, fille de François de Scépeaux, Maréchal de Vieille-Ville.  Jean d'Espinay étudia à Paris en philosophie, en géométrie et en astrologie. Il servit sous 5 rois de France : Henri II ; François II ; Charles IX ; Henri III et Henri IV. Il fut nommé chambellan du roi de France Henri II, puis capitaine de compagnie de cavalerie légère et sénéchal d'Albi et de Castres. Il s'illustra au siège de Thionville, aux batailles de Saint-Denis, de Jarnac et de Moncontour, durant les années 1568-1569. C'est Charles IX qui pour le récompenser de ses services le fait chevalier de l'Ordre de Saint-Michel, et Henri III qui érige ses seigneuries d'Espinay en marquisat en 1576."

Ces textes ne précisent pas qui furent l' enfant de Marguerite de Scépeaux : il s'agit de Claude d'Espinay comte de Durtal, marié le 15 janvier 1578 avec Françoise de la Rochefoucauld-Barbézieux (fille de Charles et de Françoise Chabot). Il décéda après 1584. 

https://gw.geneanet.org/frebault?lang=fr&n=d+espinay&oc=0&p=claude

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On notera que Jean II d'Espinay devint, par sa femme, comte de Durtal ; ce qui le relie d'avantage à l'Anjou et au Val de Loire, puisque Durtal est au nord-est d'Angers (son grand-père Guy II était seigneur de Segré, localité au nord-ouest d'Angers).

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Inscription de fondation de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Inscription de fondation de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Je parviens à prendre, depuis le chœur,  une photo de la clef de voûte armoriée de cette chapelle, et j'y découvre le lion les armes du couple, parti d'Espinay (d'argent au lion coupé de gueules sur sinople armé, lampassé et couronné d'or) et de Scépeaux (vairé d'argent et de gueules). 

En réalité, le blason est plus complexe. Sous la couronne de marquis, et au centre d'une cordelière nouée en huit, il est losangique : sa détentrice est donc une femme. Du coté gauche, le lion est bien couronné, lampassé et armé : seule l'absence des émaux manque pour le rapporter à un seigneur d'Espinay. Le coté droit montre bien les cloches et pots du vair, en partie haute, tandis qu'en bas la moitié d'un lion. En outre, ce parti est centré par une forme en blason, dont les meubles ne me sont pas lisibles.

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Clef de voûte  de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Clef de voûte de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Dans cette chapelle, la verrière de la baie orientale semble ancienne, mais toute sa partie centrale (sacrifice d'Abraham) et ses armoiries sont récentes (1910). Ces 3 pièces armoriées sont celles des seigneurs d'Espinay, des seigneurs de Scépeaux, et l'alliance des deux. Néanmoins, les "chapeaux de triomphe" (Corpus vitrearum) sont anciens, et on y retrouve la cordelière à nœuds de capucins, nouée en huit, de la voûte. Sur une autre, sous la couronne de marquis, le collier de Saint-Michel.

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Baie 2 de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 2 de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Si je poursuis mon enquête sur la partie sud qui ne m'est pas accessible, je trouve, sur le site  www.champeaux35.fr, un plan très détaillé dont je me permets de donner un détail :

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Plan de l'ancienne collégiale de Champeaux, partie sud-est.

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J'y découvre que la porte sud (ES) donne accès à un passage qui, après une volée de marches, débouche soit, à l'est, sur la chapelle des Espinay, soit, à l'ouest et par un escalier, à la salle capitulaire. Celle-ci a été terminée en 1604. Cette porte sud est souvent désignée comme "porte de la sacristie".

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Enfin, et surtout, l'encadrement de la baie éclairant la chapelle sud, (une ancienne porte ?) comporte des éléments sculptés reprenant les armoiries et les monogrammes que j'ai photographié sur la porte sud, sujet de cet article (J.J. Rioult, Dossier de l'Inventaire). J'y reviendrai.

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Plan :

1. La porte sud.

2. Les boiseries encadrant la porte sud.

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I. LA PORTE MONUMENTALE SUD (J. RICAND, 1594).

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Vue générale.

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La porte de plein cintre est encadrée par deux colonnes, où court un rinceau de lierre, et posées sur deux soubassement à inscription. Ces colonnes supportent une architrave à métopes d'ordre dorique. Comme un petit temple antique, vient ensuite un panneau armorié entre deux pilastres annelées à chapiteau ionique (à volutes). Le fronton triangulaire est centré par un blason bûché, entouré du collier de l'Ordre de Saint-Michel.

Je l'examinerai de haut en bas.

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Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le fronton.

il repose sur une frise de six têtes d'angelots. Un blason bûché occupe le cuir découpé à enroulement central.

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Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le blason n'est plus lisible, mais le collier de l'Ordre de Saint-Michel est préservé. Jean II d'Espinay reçut ce collier par lettre royales du 29 mai 1570. Puis  Louis d'Espinay, seigneur de la Marche, reçut des mains de son frère aîné Jean  ce collier par lettre du Roi du 3  juillet 1570.

Il est donc probable que les armoiries bûchées soient celles de Jean II et de Marguerite de Scépeaux.

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Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Dans le cuir découpé à enroulement se trouvent un blason losangique entouré d'une cordelière à nœuds en huit et nœuds de capucin, et cantonné de fleurettes. La ressemblance avec les armes de la clef de voûte de la chapelle sud incite à les attribuer à Marguerite de Scéveaux. Le bûchage a été soigneux, mais la forme extérieur du lion des seigneurs d' Espinay se voit dans le premier parti, alors que du coté droit se discerne la division en quartier, l'élément central sur le tout, qui sont ceux de la clef de voûte.

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Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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La porte en plein cintre.

L'encadrement m'intéresse par son décor de rinceaux autour de deux monogrammes dans des médaillons de deux palmes entrecroisées.

Il est temps de comparer cette porte intérieure avec les éléments sculptés à l'extérieur autour de la baie sud. Nous retrouvons un élément central (à l'ombre), les armes de Jean II d'Espinay enrourées du collier de Saint-Michel à gauche, les armes losangiques couronnées et  entourées de la cordelière de Marguerite de Scéveaux à droite, et, dans des palmes, le monogramme I bagué d'une couronne sous les armes de Jean II, et le monogramme M I timbré d'une couronne à gauche. Le décor héraldique et emblématique est donc le même.

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Elévation sud, vitrail, blasons et cadran solaire, (c) Inventaire général, ADAGP

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Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le premier monogramme pourrait être lu comme un H, mais c'est l'association de deux figures renversées en miroir de part et d'autre d'une couronne. Est-ce le I de Jean II, bagué de la couronne de son marquisat,  obtenu en 1575 ?

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Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le monogramme de droite est le M de Marguerite, mais couplé à un M inversé et centré par un I. 

Bien sûr, il serait intéressant de  retrouver des deux chiffres ailleurs, sur les propriétés meubles ou immeubles de ce couple.

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Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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La colonne et son rinceaux de feuilles de lierre, symbole d'attachement.

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Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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L'inscription du soubassement de gauche.

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RICAND ME FECIT.

"Ricand me fit" : il s'agit de la signature de l'architecte Julien Ricand, qui conçut, comme le signalait la première pierre, l'ensemble de la chapelle sud, et qui est également l'auteur de la reprise de la façade du château de La Rivière à Champeaux, propriété des seigneurs d'Espinay. La porte octogonale dite de la Tourelle, du milieu du XVIe siècle présente un haut relief à deux écussons présenté par deux sauvages, comme nous le trouvons ici dans les boiseries.

https://chateaudelespinay.com/

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Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le chronogramme de 1594.

Il complète l'inscription précédente qui se lit ou traduit ainsi : RICAND ME FIT EN 1594.

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Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LES BOISERIES ( XVIe siècle).

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Du coté droit de la porte.

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1. Blason présenté par un couple de sauvages.

Le blason a été si bien bûché qu'il est illisible. Il est incliné et s'inscrit dans une couronne de feuilles. Il est suspendu par une courroie au casque placé de profil et tourné à gauche, et orné de deux plumes. Le casque porte un tortil de baron.

Le tenant sauvage mâle, nu, velu et barbu, tient une massue.

Le tenant sauvage féminin, nu et velu, tient une fronde, ou l'extrémité de deux cordons. 

J'ai déjà signalé que c'est cette composition de blason entre deux sauvages qui est sculpté au château d'Epinay. 

L'autre blason, qui complète celui-ci, se trouve à gauche de la porte, et porte les initiales de Guy III d'Espinay et de sa femme.

Tout incite à penser que celui-ci portait les armoiries de Guy III.

Le motif des tenants associant deux hommes sauvages (parfois armés de massues), ou un couple de sauvages, est bien connu, et Claude-André Fougeyrollas y a consacré un ouvrage en 1988, son Essai d'un armorial des sauvages (que je n'ai pu lire). Le site de Michele Aquaron en propose des exemples.

J'imagine que ce couple des bois, couple vert ou panique renvoie (comme l'image de l'arbre en généalogie), à l'idée que la famille seigneuriale est très ancienne. Elle rappelle aussi le lien de la Renaissance avec l'Antiquité. Le patronyme D'Espinay peut aussi renvoyer à la Nature, quoique de façon piquante.

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Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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2. Médaillon au profil féminin.

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En haut, deux aigles présente dans un cuir un probable blason, bûché.

Au centre, dans un médaillon hachuré de I, une femme montre son profil gauche : sa coiffure très élaborée est remarquable.

En bas, des rinceaux autour d'un vase. Mais ces rinceaux sont les queues de deux dauphins affrontés. Et un cartouche rectangulaire portait peut-être une indication peinte.

 

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Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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3. Couple en médaillon.

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À droite, le médaillon montre le profil gauche d'un homme casqué, barbu, et souriant. On pense à Jean II d'Espinay, ou à son père. 

À gauche, c'est le profil d'une femme, en belle coiffure, col en courte fraise, manches bouffantes : sans doute un renvoi idéalisé à Louise de Goulaine ou Marguerite de Scépeaux.

Au milieu, des cartouches, peut-être peintes jadis.

En haut, des vases emplis de fleurs.

En bas, d'autres vases avec des couples de dauphins, ou de grotesques.

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Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Du coté gauche de la porte.

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Blason présenté par un couple de sauvages sous les initiales G et L.

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Les initiales sont celles de Guy III d'Espinay et son épouse Louise de Goulaine., les parents de Jean II d'Espinay.

Les initiales tenues par deux putti sont reliées par des lacs d'amour, ... comme sur la maîtresse-vitre qu'ils avaient offert à la collégiale vers 1539 (ils s'étaient mariés en 1528), ou comme sur leur tombeau de 1554.

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Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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À gauche, des rinceaux autour d'un vase, et un cuir à enroulement.

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Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le casque porte le tortil de baron, comme à droite, et deux magnifiques plumes.

L'homme sauvage porte sa massue sur l'épaule. Un double cordon passe en bandoulière, et se retrouve de l'autre coté du blason dans les mains de la femme.

Le blason, à la partition soigneusement bûchée, est suspendu par une courroie au casque.

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Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Un siège de la salle capitulaire au médaillon de la Charité.

 

"Il existe aussi dans la chapelle Sainte-Barbe un siège en bois à dossier sculpté, assez curieux, offrant un médaillon central qui représente la Charité ; ce siège a évidemment été transféré là de sa place primitive. On croit que c'est un débris des stalles de l'ancienne salle capitulaire. La porte de cette salle est, en effet, ornée de panneaux de même style que le siège en question, et elle est datée, avons-nous dit, de 1594." (Guillotin de Courson) Il aurait été placé ensuite ici.

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La figure allégorique de la Charité.

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C'est une belle femme, joliment coiffée et habillée, qui incline doucement la tête vers la droite en souriant tout en présentant un cœur devant sa poitrine.

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Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Au dessus de cette Charité, le panneau porte l'inscription L & MIL, qui reste énigmatique pour moi. Les lettres sont perlées et ornées, et ce que je transcris comme & est plus complexe que cela.

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Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Porte sud (Julien Ricand, 1594) de la chapelle d'Espinay, ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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SOURCES ET LIENS.

BUSSON (Henri), 1922, Dans l'orbe de La Pléiade. Charles d'Espinay, évêque de Dol, poète (1531?-1591): Thèse complémentaire, présentée pour le Doctorat ès lettres, à la Faculté des lettres de l'Université de Paris. Champion ed, Paris. 246 pages

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3380739s

https://books.google.fr/books?id=NX3VDwAAQBAJ&pg=PT31&lpg=PT31&dq=%22tellus+styx%22&source=bl&ots=RzqKwKQm30&sig=ACfU3U1sfHNtevj6Vdd1wooHxy8GUEx57A&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwj4oqDjle7rAhVJ8uAKHeIKCjwQ6AEwAXoECAMQAQ#v=onepage&q=%22tellus%20styx%22&f=false

 

BUSSON (Henri), 1922, "Dans l'orbe de La Pléiade. Charles d'Espinay, évêque de Dol, poète (1531?-1591)", Mémoires de la SHAB pages 1-203.

https://www.shabretagne.com/scripts/files/5f469555453ed7.10708030/1922_01.pdf

COUFFON (René), 1969, « La collégiale de Champeaux. Contribution à l’étude de la première Renaissance en Bretagne » dans Mémoires de la Société d’émulation des Côtes-du-Nord, tome XCVIII, 1969, pp. 15-49 .

COUZY (H), 1968, Collégiale La Madeleine de Champeaux, Congrès archéologique de France, 126e session, Haute-Bretagne, p.60-73

GUILLOTIN DE CORSON (abbé Amédée), 1880-1886, Pouillé historique de l'archevêché de Rennes. [Volume 3] 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55608m.pdf

GUILLOTIN DE CORSON (abbé Amédée), 1904, "Les seigneurs de Champeaux, leur collégiale et leur château", Revue de Bretagne, de Vendée & d'Anjou, Volumes 31 à 32 page 385-

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k453834v/f383.image.r=champeaux

— JOUBERT (Solen), 2003, Audace et renommée : un réseau de la noblesse bretonne, vecteur d'échanges culturels et artistiques pendant la Renaissance. SHAB pages 205-

https://m.shabretagne.com/scripts/files/54da14d35ff576.88078498/2003_08.pdf


— LEVRON (Jacques), 1940, Jean de Lespine, architecte et sculpteur (?) angevin de la Renaissance, et le tombeau de Champeaux (Ille-et-Vilaine), Bulletin monumental tome 99 n°1 pages 85-98

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1940_num_99_1_9755

LELOUP (Daniel), 2019, Rennes au temps d'Yves Mahyeuc : une ville entre gothique et Renaissance. in Augustin Pic, " Yves Mahyeuc, 1462-1541: Rennes en Renaissance"  Presses Universitaires de Rennes.

https://books.google.fr/books?id=I5izDwAAQBAJ&dq=COUZY+(H),+1968,+Coll%C3%A9giale+La+Madeleine+de+Champeaux,+Congr%C3%A8s+arch%C3%A9ologique+de+France,+126e+session,+Haute-Bretagne,+p.60-73&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

En France, la période correspondant à la fin de l'Etat breton (Acte d'union de la France et de la Bretagne en 1532) correspond en histoire de l'art à celle de la Renaissance italianisante puis antiquisante, période où sont édifiés les châteaux de la Loire comme celui de Chenonceaux (v.1513-1516), d'Azay-le-Rideau (v. 1518-1527) et de Chambord (v. 1513-1516).

"Mais avant même la construction de ces œuvres majeures, l'influence de l'Italie du Quattrocento se fait sentir en Bretagne, notamment sur plusieurs monuments funéraires : tombeau de François II et de Marguerite de Foix par Michel Colombe dans la cathédrale de Nantes (1499-1507), tombeau de l'évêque Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne (1507). L'apparition du vocabulaire et des formes italianisantes touche simultanément de nombreuses constructions, qu'elles soient civile (façade principale du château de Goulaine et loggias du château des ducs de Bretagne à Nantes vers 1500) ou religieuses (portail du croisillon nord puis cloître de la cathédrale Saint-Pierre de Vannes en 1515-1520).

Dès ses prémices en Bretagne, la Renaissance est l'art d'une élite aristocratique composée de certains hauts dignitaires civils (Guy III d'Espinay et Louise de Goulaine à Champeaux, mais également de religieux proche du pouvoir (Claude de Rohan, évêque de Quimper)."

 

 

LEVY (Tania), Projet de recherche. Le beau XVIe siècle en Bretagne - B16B, MCF en histoire de l’art moderne, UBO

https://www.univ-brest.fr/digitalAssets/82/82654_Projet-recherche-beau16e.pdf

 

"La Renaissance en Bretagne, et spécifiquement la Renaissance artistique, n’a été que peu étudiée. André Mussat y a consacré un petit opuscule, publié en 19612 , référence obligée, encore aujourd’hui, pour qui se lance dans l’étude de cette période pour la province. Les questions demeurent toutefois nombreuses. L’image d’une Bretagne reculée, imperméable aux « nouveautés » - entendez par là italiennes - a longtemps été développée et, malgré des contrepoints plus ou moins récents, perdure. André Mussat rejetait cette idée dès 1961, tout comme après lui Alain Croix, qui abordait la question en tant qu’historien et nuançait les choses . On associe en effet volontiers l’irruption de motifs italianisants ou encore à l’antique avec la progression d’une Renaissance artistique synonyme de progrès . L’adoption de motifs renaissants est généralement considérée comme très tardive en Bretagne, si ce n’est, à la marge, dans le domaine du vitrail . Or la Bretagne n’a jamais été coupée du reste du monde : dès les époques antérieures, de nombreux voyageurs arrivant de toute l’Europe passent par le duché ou s’y installent6 . De même, les Bretons voyagent et peuvent être à leur retour des vecteurs de formes nouvelles. L’adoption de traits italianisants ou exogènes est donc un choix tout à fait conscient des commanditaires comme des artistes, dans des contextes bien particuliers. Cette reprise formelle est commune au Royaume de France et pas seulement à la Bretagne, et constitue l’un des traits caractéristiques de la Renaissance française, ainsi que le présentent Henri Zerner et Marc Bayard : « Le dosage particulier des emprunts ont donné à la Renaissance en France une physionomie particulière. »  . Il nous semble pertinent de poser à nouveau la question de la Renaissance artistique bretonne. Si l’on se concentre sur le XVIe siècle, elle est généralement peu abordée par les ouvrages de référence. Henri Zerner ne mentionne par exemple que très peu de cas bretons, de façon assez succinte. En 2010, lors de l’exposition France 1500 au Grand Palais (Paris), aucune notice ni aucun essai du catalogue n’était consacré spécifiquement à la Bretagne .

La Renaissance artistique bretonne a été abordée par des chercheuses ces dernières années mais essentiellement dans le domaine de la sculpture. Ainsi Sophie Duhem en 1997 se penchait sur les sablières du XVe au XVIIe siècle ; plus récemment Emmanuelle Le Seac’h a travaillé sur les sculpteurs de Basse-Bretagne du XVe au XVIIe siècle  et Florence Piat a étudié les stalles bretonnes réalisées aux XVe et XVIe siècles . Dans le domaine pictural, Guylaine Le Kernec a consacré son DEA à l’étude des lambris peints (XVIIe -XIXe siècles) et Maud Hamoury a réalisé une thèse sur la peinture religieuse en Bretagne aux XVIIe et XVIIIe siècles , publiée en 2010. La question picturale reste donc peu abordée pour les périodes précédant le XVIIe siècle, ce qu’un rapide aperçu des sources comme des oeuvres conservées peut suffire à expliquer".

MUSSAT (  André), 1995, Arts et cultures de Bretagne : un millénaire, Rennes, Éditions Ouest-France, 380 p.

—MUSSAT (André), La Renaissance en Bretagne.

En Haute-Bretagne, ce sont naturellement les châteaux de la grande noblesse qui donnèrent le ton. Ils imitèrent les modèles de la Touraine directement inspirés par l'occupation de l'Italie du Nord. Citons la délicieuse et blanche loggia du château de Vitré et dans la même région, les stalles de la collégiale de Champeaux, commande des Espinay, parents des châtelains d'Ussé en Touraine. Aux Laval encore est dû, vers 1530, au flanc d'un antique donjon l'élégant château de Châteaubriant et sa longue galerie où se marient adroitement la brique, le tuffeau et le schiste.

Aux seigneurs se joignent les ecclésiastiques retour d'Italie. Les neveux d'un prélat humaniste commandent, dès 1507, aux Justi ou Juste, florentins devenus tourangeaux, le grandiose et élégant tombeau de la cathédrale de Dol. Tout ces novateurs suivaient le chemin illustré par la duchesse-reine lorsqu'elle avait confié à Jean Perréal et à Michel Colombe le tombeau de ses parents aujourd'hui à la cathédrale de Nantes, exécuté en marbre d'Italie.

— MUSSAT (André), 1975, "Le château de Vitré et l'architecture des châteaux bretons du XIVe au XVIe siècle", Bulletin Monumental  Année 1975  133-2  pp. 131-164

"C'est pourtant à la petite cour de Gui XVI que des nobles voisins, les Espinay, s'habituèrent au style nouveau, celui de leurs œuvres de Champeaux, qui, avec les châteaux des Nétumières en Erbrée, rappelle l'existence d'un foyer, mais qui fut sans large rayonnement. L'histoire de la Renaissance en Bretagne s'en trouve modifiée. Jusqu'à la fin de sa longue histoire architecturale, le château de Vitré resta donc une œuvre des marches, avec ce que cela veut dire de limites et d'ambiguïté. Il faut attendre les années 1560-1570 pour que des châteaux bretons s'inspirent du nouveau style : ce sera avec un parfum provincial plus marqué."

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1975_num_133_2_5456

— RIOULT ( Jean-Jacques ), ORAIN (Véronique), 1979,L'ancienne collégiale de Champeaux, Dossier IA00130695 (c) Inventaire général ; (c) Conseil général d'Ille-et-Vilaine

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/ancienne-collegiale-actuellement-eglise-sainte-marie-madeleine-place-de-la-collegiale-champeaux/d2fdc8a2-dd6b-4bea-83c6-91455faf82e9

 

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chateau-d-epinay-ancien-chateau-de-la-riviere-champeaux/380ed73c-19d0-4e1e-8082-64d1b7934c77

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA35000276

https://monumentum.fr/chateau-epinay-ancien-chateau-riviere--pa00090518.html

— SITE DECOUVRIR CHAMPEAUX

https://www.champeaux35.fr/decouvrir-champeaux/histoire-et-patrimoine/collegiale-2/

GUINNEBAULT (Yves),Vidéo

https://www.youtube.com/watch?v=YbESi-0hrg4

WIKIPEDIA, La collégiale Sainte-Marie-Madeleine de Champeaux.

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Coll%C3%A9giale_Sainte-Marie-Madeleine_de_Champeaux

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Published by jean-yves cordier - dans Sculpture Renaissance
18 septembre 2020 5 18 /09 /septembre /2020 15:17

Le tombeau (1554) de Claude d'Espinay en la chapelle Sainte-Barbe de la collégiale de Champeaux (35).

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Voir sur cette église : 

 

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PRÉSENTATION.

Je m'inspire largement, et  je recopierai même souvent textuellement, l'ouvrage de Henri Busson consacré en 1922  à Charles d'Espinay . Mais André Mussat a publié en 1995 une belle description, citée par l'article Wikipédia consacré à la Collégiale. (Sources et liens).

Claude d'Espinay, dont le tombeau est présenté ici, était la fille, née en 1534,  de Guy III d'Espinay et de Louise de Goulaine, et par eux issue d'une race artiste, fine et batailleuse. La maison d'Espinay était, au milieu du XVIe siècle, l'une des plus puissantes de Haute-Bretagne. Elle avait donné à la province et à l'Église de nombreux grands Maîtres et chambellans des ducs de Bretagne, de nombreux abbés et abbesses, cinq évêques et un cardinal. Jacques d'Espinay fut évêque de Saint-Malo en 1449, de Rennes en 1450. Il mourut à Champeaux en 1482. Son neveu André fut archevêque d'Arles, de Bordeaux, de Lyon, Primat des Gaules et cardinal en 1489. Son frère Robert fut évêque de Nantes en 1491, son autre frère Jean évêque de Nantes en 1493.

Guy III d'Espinay, orphelin de bonne heure, fut élevé au château de Vitré dans la noble maison du comte GUY XVI de Laval. Les deux familles étaient très amies. Guy III grandit dans un milieu courtois, luxueux, artiste et savant ; il devint un gentilhomme accompli, formé par des écuyers aux armes et à la chasse, formé aux lettres et aux arts dans l'influence grandissante de l'humanisme venu d'Italie.

Le 17 septembre 1528, Guy III épousa Louise de Goulaine, d'une des plus puissantes et des plus anciennes familles de Bretagne. Le couple, qui éprouvait pour l'art nouveau de la Renaissance un véritable engouement, s'attacha à embellir l'église de Champeaux de vitraux, d'un jubé, et vers 1530 de stalles, dont chaque dossier supérieur, chaque miséricorde étant sculptés avec goût et imagination .

Il va sans dire que Guy III et Louise de Goulaine donnèrent à leurs enfants la meilleure éducation et la meilleure situation.

-En 1549, Jean II, l'aîné, épousa Marguerite de Scepeaux, fille du maréchal de Vieilleville, comtesse de Duretal. Il fut marquis d'Espinay, et mourut en 1591. Il continua la lignée.

-Un frère Louis fut commendataire de l'abbaye Notre-Dame-du-Tronchet de 1558 à 1567 avant de se marier et de devenir seigneur d'Yviniac.  Il mourut en 1600.

-Charles d'Espinay naquit vers 1531 (?) au château d'Espinay en Champeaux, près de Vitré. Il était le troisième fils du couple. Il étudia les belles lettres et les auteurs italiens comme Pétraque et Bembo, avant d'écrire ses Sonnets amoureux (1559, réed. 1560) qu'il fit imprimer chez Etienne à Paris (BnF Res. Ye 371). Le recueil est précédé de sonnets de Pierre de Ronsard, de Rémi Belleau, Cl. de Buttet Savoisien, G. des Autels et  Plessis Bérard, ce qui témoigne des amitiés liés avec le cercle de la Pléiade. Le thème des Amours et la dédicace A Sa Dame en dit long sur les préoccupations de l'ecclésiastique. En novembre 1558, à 27 ans, il prêta serment de fidélité pour trois bénéfices, ceux de prieur de Saint-Exupère du Gahard, de Saint-Jacques de Bécherel et d'abbé commendataire de l'abbaye Saint-Gildas-des-Bois, avant d'être nommé évêque de Dol en 1560 et pourvu en commende de l'abbaye Notre-Dame-du-Tronchet. Pendant la Ligue, il prit le parti catholique du duc de Merceur.

-Philippa ou Philippine d'Espinay, née vers 1532, fut abbesse de Saint-Georges de Rennes en 1572 et décéda en 1582.

-Claude est née vers 1534 selon son épitaphe qui lui donne 20 ans à son décès en 1554.

-Antoine, sieur de Broons, a été page de Henri II puis capitaine de Dol pour la Ligue ; il épousa en 1566 Renée Hérisson. Il mourut en 1591.

-Renée épousa Philippe de Roncherolles baron de Hugueville,

-Anne épousa Guy du Parc baron d'Ingrandes.

(généalogie pfdavet https://gw.geneanet.org/pfdavet?lang=fr&n=d+espinay&oc=0&p=guy+iii+d+espinay+de+broon).

Pendant que Charles d'Épinay composait ses premiers vers, il perdit sa sœur Claude, âgée de 20 ans. Il l'avait particulièrement aimée. Elle était sa cadette, artiste et musicienne. Son frère lui fit élever un tombeau dans la chapelle Sainte-Barbe, au sud du chœur, là ou reposait déjà Guy I et Guy II, [sans doute en faisant appel à Jean de l'Épine, architecte qui avait conçu le tombeau de ses parents à Champeaux]. 

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DESCRIPTION.

C'est plutôt une stèle funéraire à la façon antique. Ce chef-d'œuvre de grâce et de goût mesure 4,30 m de haut et 1, 20 de large et se compose de trois parties. Le bas ressemble à une cheminée de marbre très ornée. On y a superposé une sorte de corniche qui soutient et encadre l'inscription funéraire : c'est la partie centrale. Au dessus sont couchés deux lions qui supportent une pyramide tronquée. Sur la face antérieure de cette pyramide se dessine en relief un miroir entouré d'une couronne. Au dessus du miroir, un génie ailé se tient debout, les ailes déployées, portant de la main droite un flambeau et tenant dans la gauche une branche de laurier. L'ensemble, malgré de graves mutilations, est d'une fraîcheur, d'une harmonie et d'une grâce toutes attiques : digne et léger tombeau élevé aux mânes d'une jeune fille aimée des Muses . (d'après Busson)

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Tombeau (1554) de Claude d'Espinay, chapelle Sainte-Barbe de la collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Tombeau (1554) de Claude d'Espinay, chapelle Sainte-Barbe de la collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Tombeau (1554) de Claude d'Espinay, chapelle Sainte-Barbe de la collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Tombeau (1554) de Claude d'Espinay, chapelle Sainte-Barbe de la collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le médaillon dans un cuir découpé à enroulement semble prévu pour recevoir un motif, une inscription ou une date, mais aucune trace n'est visible.

Une sculpture a été bûchée, mais il est impossible de deviner s'il s'agissait d'armoiries (??) ou d'initiales.

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Tombeau (1554) de Claude d'Espinay, chapelle Sainte-Barbe de la collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Tombeau (1554) de Claude d'Espinay, chapelle Sainte-Barbe de la collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Tombeau (1554) de Claude d'Espinay, chapelle Sainte-Barbe de la collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Tombeau (1554) de Claude d'Espinay, chapelle Sainte-Barbe de la collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Tombeau (1554) de Claude d'Espinay, chapelle Sainte-Barbe de la collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Tombeau (1554) de Claude d'Espinay, chapelle Sainte-Barbe de la collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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L'épitaphe.

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L'inscription, très abimée sous la Révolution, s'inscrit dans un cartouche à cuir à enroulement frappé de coquilles. Elle  a été relevée par Guillotin de Corson :

D.D. Castitat et

memor

Claudiae Spinaiae virgin. Generosiss. Pulcerr.

Eruditiss. Guidonis Spinai et Lodoicae Goulinae

nobiliss. Ex antiquis. Famil. Parentum filiae ;

quae et ad musas nata et a musis, ut creditur,

educata, sic artis musicae caeterarumq. Bon. Art.

Commendationi alteram Minervae castitatem et

futuram de suo ingenio memoriam addidit et castiss.

Ut et memoria digniss. Ut et ex musis una propemodum

habeatur ; quae sic denique inter suos vixit, quoe

sic deniq. Ann. MDXXXXXIIII, et ætatis suæ

XX, inter suorum amplexus vita functa est,

ut et opt. et feliciss, virginem vivere et mori decuit,

Carolus Spinaius D. Gildas. abbas, frater sorori,

pius piæ, plusquam volgaris amicitiæ ergo et. In

vestram, o'd. d. castitas et memoria, gloriam,

non sine lacrimis et votis perenn.

 

 

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Le texte est traduit par Henri Busson :

À la vertu et à la mémoire de Claude d'Espinay, fille très noble, très belle, très savante de Guy d'Espinay et de Louise de Goulaine qui, née pour les muses et formée, semble-t-il, par les muses joignit au talent de la musique et des beaux arts une chasteté pareille à celle de Minerve et un esprit qui lui permettait la gloire ; qu'il faut tenir pour très chaste, pour très glorieuse et presque pour l'une des muses ; qui enfin vécut au milieu des siens et mourut dans leurs bras l'an 1554 dans la vingtième année de son âge, de la vie et de la mort qui conviennent à une vierge très bonne et très heureuse.

Charles d'Espinay, abbé de Saint-Gildas, en témoignage de piété fraternelle pour une sœur aimante, en signe d'amitié extraordinaire et en hommage à votre gloire, ô vertu et mémoire de sa sœur, a dédié [ce tombeau] avec ses larmes et ses regrets éternels.

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Ce monument est le seul témoin de l'existence de cette jeune fille, dont nous ignorons  les productions artistiques .

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Tombeau (1554) de Claude d'Espinay, chapelle Sainte-Barbe de la collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Tombeau (1554) de Claude d'Espinay, chapelle Sainte-Barbe de la collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Tombeau (1554) de Claude d'Espinay, chapelle Sainte-Barbe de la collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Tombeau (1554) de Claude d'Espinay, chapelle Sainte-Barbe de la collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le monument a été restauré entre 2014 et 2018. Voici son aspect lors de ma visite en 2013 :

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Tombeau (1554) de Claude d'Espinay, chapelle Sainte-Barbe de la collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile mai 2013.

Tombeau (1554) de Claude d'Espinay, chapelle Sainte-Barbe de la collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile mai 2013.

Tombeau (1554) de Claude d'Espinay, chapelle Sainte-Barbe de la collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile mai 2013.

Tombeau (1554) de Claude d'Espinay, chapelle Sainte-Barbe de la collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile mai 2013.

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SOURCES ET LIENS.

BUSSON (Henri), 1922, Dans l'orbe de La Pléiade. Charles d'Espinay, évêque de Dol, poète (1531?-1591): Thèse complémentaire, présentée pour le Doctorat ès lettres, à la Faculté des lettres de l'Université de Paris. Champion ed, Paris. 246 pages

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3380739s

https://books.google.fr/books?id=NX3VDwAAQBAJ&pg=PT31&lpg=PT31&dq=%22tellus+styx%22&source=bl&ots=RzqKwKQm30&sig=ACfU3U1sfHNtevj6Vdd1wooHxy8GUEx57A&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwj4oqDjle7rAhVJ8uAKHeIKCjwQ6AEwAXoECAMQAQ#v=onepage&q=%22tellus%20styx%22&f=false

 

BUSSON (Henri), 1922, "Dans l'orbe de La Pléiade. Charles d'Espinay, évêque de Dol, poète (1531?-1591)", Mémoires de la SHAB pages 1-203.

https://www.shabretagne.com/scripts/files/5f469555453ed7.10708030/1922_01.pdf

GUILLOTIN DE CORSON (abbé Amédée), 1880-1886, Pouillé historique de l'archevêché de Rennes. [Volume 3] 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55608m.pdf

JOUBERT (Solen), 2003, Audace et renommée : un réseau de la noblesse bretonne, vecteur d'échanges culturels et artistiques pendant la Renaissance. SHAB pages 205-

https://m.shabretagne.com/scripts/files/54da14d35ff576.88078498/2003_08.pdf

LEVRON (Jacques), 1939, « Le tombeau de Champeaux », Bulletin et Mémoires de la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine, t.XIV, p. 87-92.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65611407/f131.image


— LEVRON (Jacques), 1940, Jean de Lespine, architecte et sculpteur (?) angevin de la Renaissance, et le tombeau de Champeaux (Ille-et-Vilaine), Bulletin monumental tome 99 n°1 pages 85-98

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1940_num_99_1_9755

 

— MUSSAT (  André), 1995, Arts et cultures de Bretagne : un millénaire, Rennes, Éditions Ouest-France, 380 p.

 

"Il s'agit d'un monument complexe où un demi-sarcophage reposant sur une haute structure architecturée en forme de cheminée (linteau, orné de griffes de félins et d'un écu martelé, porté par des pilastres composites) sert de base à un cartouche orné d'une longue inscription poétique rédigée par le prélat, que somme un obélisque soutenu par deux lions. Ce dernier est décoré de cornes d'abondance, d'un cadre ovale, et d'une victoire ailée portant un flambeau et une branche de laurier." (Wikipedia)

RIOULT ( Jean-Jacques ), ORAIN (Véronique), 1979,L'ancienne collégiale de Champeaux, Dossier IA00130695 (c) Inventaire général ; (c) Conseil général d'Ille-et-Vilaine

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/ancienne-collegiale-actuellement-eglise-sainte-marie-madeleine-place-de-la-collegiale-champeaux/d2fdc8a2-dd6b-4bea-83c6-91455faf82e9

 

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chateau-d-epinay-ancien-chateau-de-la-riviere-champeaux/380ed73c-19d0-4e1e-8082-64d1b7934c77

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA35000276

https://monumentum.fr/chateau-epinay-ancien-chateau-riviere--pa00090518.html

SITE DECOUVRIR CHAMPEAUX

https://www.champeaux35.fr/decouvrir-champeaux/histoire-et-patrimoine/collegiale-2/

GUINNEBAULT (Yves),Vidéo

https://www.youtube.com/watch?v=YbESi-0hrg4

— WIKIPEDIA, La collégiale Sainte-Marie-Madeleine de Champeaux.

"Situé dans la chapelle Sainte-Barbe, le mausolée de Claude d'Espinay, fille de Guy III et Louise de Goulaine morte à l'âge de 21 ans en 1554, a été classé le 12 août 1902. Il s'agit d'une œuvre de la Renaissance attribuée à Jean de L'Espine et exécutée vers 1555-1560. Le commanditaire est Charles d'Espinay, frère de la défunte, poète dans la mouvance de la Pléiade qui fut évêque de Dol de 1558 à 1591. Réalisé en marbre et calcaire, ce tombeau mesure 4,30 m de haut pour 1,20 m de large.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Coll%C3%A9giale_Sainte-Marie-Madeleine_de_Champeaux

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Published by jean-yves cordier - dans Sculpture Monument funéraire Renaissance Inscriptions
17 septembre 2020 4 17 /09 /septembre /2020 15:30

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35).

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Voir aussi sur cette église :

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Voir :

 

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Sur les gisants de Bretagne, voir (approximativement par ordre chronologique) :

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PRÉSENTATION.

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La fondation de la collégiale et le mécénat des seigneurs d'Épinay.

Simon d'Espinay avait obtenu en 1414 du duc Jean V l'autorisation de reconstruire l'église, une ancienne maladrerie (et donc dédiée à Marie-Madeleine) située près de son manoir de la Rivière en Champeaux. L'édifice devint alors (et jusqu'au XVIIe siècle)  la nécropole de sa famille. Vers 1432, son fils Robert d´Espinay, grand maître de Bretagne et chambellan du duc Jean V, obtient du pape la création à Champeaux d´une collégiale, dont les statuts définitifs ne sont approuvés qu´en 1484, avec un collège de  cinq (ou six) chanoines tenus à résidence au cloître, tout comme les chapelains, les employés au chœur, les enfants de la psallette.

Les six chanoines sont aussi recteurs de six églises paroissiales, dont les revenus s'ajoutent à ceux de la collégiale. En 1548, Carloix décrit un maître de chapelle, de nombreux chantres, huit enfants de chœur, une très bonne musique. 

Robert Ier d'Espinay y fut inhumé en 1439 ;  Jacques, évêque de Rennes, en 1482 ; Guy Ier, qui fit construire la chapelle Saint-Julien, en 1518, Guy II en 1522, avec sa femme Françoise de Villebranche.

L'édifice bénéficia ensuite des fondations successives des membres de la famille d'Épinay. Guy III d'Espinay et Louise de Goulaine, mariés en 1528, y exercèrent un mécénat actif, et y offrirent les stalles (vers 1530) et les vitraux (1539-1541) de la maîtresse-vitre  et de la chapelle Sainte-Barbe.

 En 1542, ce seigneur et cette dame fondèrent à Champeaux douze obits (service religieux pour la paix de leur âme) par an .

Guy III d'Espinay mourut le 2 août 1551 et fut inhumé à droite du maître-autel. Sa veuve (qui  mourut le 8 février 1567 et fut inhumée près de son époux) fit construire sur sa tombe le monument funéraire par  Jean de Lespine.  "Ce Jean de Lespine est célèbre. Il est à juste titre considéré comme le plus grand des architectes angevins de la Renaissance. On lui doit, parmi bien d'autres travaux, le délicieux logis Pincé d'Angers, achevé vers 1530, la tour centrale de la cathédrale. d'Angers, celle de la Trinité, etc. Lespine fut pendant plus de trente années l'architecte de la ville d'Angers." Il dirige aussi en 1539 la construction d'un escalier à double volée et plafond à caisson du château de Serrant. Son épitaphe en 1576 aux Carmes d'Angers comporte ces deux vers : "Tu as élabouré temples et sépultures, Logis des ossements des nobles créatures".

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Le contrat :

Le contrat entre  "Jehan de Lespine, maistre maczon" et l'abbé Jean du Mas représentant Louise de Goulaine date du 7 novembre 1552. Il stipule que le matériau en sera, outre le marbre noir,  la "pierre de Rajace" (ou Rapasse, ou Rajasse, lieu-dit au nord de Champigny-sur-Veude), une pierre blanche, plus dure que le tuffeau,  et de beau grain, fort estimée des sculpteurs. Elle avait été employée en 1431, par Jean Poncet pour le tombeau de l'abbé Jean du Bellay à Saint-Florent-es-Saumur, et, avant 1453, pour le tombeau du roi René et Isabelle de Lorraine en la cathédrale d'Angers.

http://dune.univ-angers.fr/fichiers/14002177/2019HMHCP11361/fichier/11361F.pdf

https://saumur-jadis.pagesperso-orange.fr/methode/materiau.htm

 

Le prix fixé est de 1380 livres tournois.

 

"c'est assavoir que edIt de Lespine a promys et demeure tenu faire et construiree à ses coustz, mises et despens en l'église de Champeaulx près ledict lieu de la Rivière d'Espinay, diocese de Rennes, en l'endroict ouquel ledict deffunct est ensépulturé. une sépulture dudict deffunct et de ladicte damoyselle par la forme qui s'ensuyt :

scavoir est faire deux prians et deux gisans lesquelx seront faictz de pierre de Rajace l'un pour la figure dudict deffunct et l'autre pour la figure de ladicte damoyselle et lesquelx prians et gisans seront estoffez de blanc polyz en manière de beau marbre et les esperons du priant de cuyvre doré.

Lesdicts gisans seront nuds et posez sur une table de Rajace dont le davant sera faict de marbre noir en sorte qu'il semblera à l'œil que toute ladicte table soit de marbre. Et les deux prians seront poséz dessus une table de marbre noir qui aura quatre piedz et demy de long pour le moins et deux piedz quatre doiz de large, et pour ce que ladicte table se monstreroit ung peu trop courte, sera allongée par les boutz de marbre jaspe ou de marbre noir. Et seront faictz troys termes en forme de monts qui seront faictz de pierres, madriers ou d'alebastre.

Item les columnes qui seront aux deux coustez seront faictes de marbre, scavoir l'une de blanc et l'autre de noir; les embasses et chapiteaulx de pierre de Rajace mys en couleur de marbre.

Item l'epitaphe de l'admortissement de ladicte sepulture sera faict de marbre noir et les mouleüres
d'alentour de Rajace. La mort tenante ledit epitaphe sera de pierre de Rajace à  blanc poly mys en couleur de marbre blanc. Item au derriere et coustez des deux prians sera faict ung compartiment et deux epitaphes en tables de cuyvre qui seront assis aux deux boutz du dessus de ladicte sepulture, l'un pour ledict deffunct et l'autre pour ladicte damoyselle chacun de grandeur de deux piedz de long et ung pied et demy de large.

Item sera faict une voulte au dessus des deux prians, laquelle sera faicte de pierre de Rajace à compartiemens et parcquets et armaries dudict deffunct et tout le sourples de ladicte sepulture sera de pierre de Rajace. Et le tout selon les protraictz sur ce faictz et signés des signs manuelz dudict Reverend  dudict Lespine qui sont en nombre troys, l'un du principal corps de ladicte sepulture, l'aultre de la voulte et l'autre du compartiement, lesquelx protraictz sont demeurez audict de Lespine à la charge de les représenter touleffois et quantes que mestier sera.

Et fournira ledit de Lespine de toutes matières et fera fere les estoffes et Painctures ou y aura, filletz d'or aux endroictz mercquetz de jaulne par lesdicts portraictz, lesquelles matières, ledit de Lespine rendra au port de Segré et dudict port de Segré, ladicte damoyselle les fera mener et charger à ses despens jusques à la place de ladicte sepulture, le plus tost que fere ce pourra après que ledict de Lespine les aura rendues audict lieu de Segré; et rendra ledict de Lespine ladicte sépulture faicte et parfaicte bien et deüment dedans la fin-aoust prouchain venant."

 

 

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Henri Busson attribue le texte des épitaphes et inscriptions au cardinal Charles d'Espinay (1531-1591) fils de Guy III d'Espinay, disciple de Ronsard et auteur en 1559 de Sonnets amoureux. Mais en 1552, il était au début de sa carrière.

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Description.

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Le tombeau de Guy d'Espinay, en pierre blanche rehaussée de marbres de couleur, se composait  donc de deux enfeus superposés, l'un pour les gisants, l'autre pour les orants, selon le plan mis à la mode par les Italiens à Saint-Denis pour le mausolée de Louis XII.  Les priants agenouillés des défunts revêtus de leurs plus beaux atours et situés dans la niche supérieure ont disparu à la Révolution. Les corps décharnés des gisants ou transis sont répartis aujourd'hui entre les deux niches du tombeau ; celui de Louise de Goulaine dans la niche supérieure, celui de Guy d'Epinay dans la niche inférieure.

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Il est impossible de ne pas penser au célèbre Transi de René de Chalon, Prince d'Orange, réalisé par le sculpteur lorrain Ligier Richier en pierre calcaire en ... 1545-1547. Le défunt (décédé à 25 ans) est représenté sous ses armoiries comme un corps décomposé, écorché, debout, la main droite sur un écu posé sur la poitrine et la main gauche levée, brandissant son cœur vers le ciel. On peut voir ce geste comme le souhait d'accéder, par la gloire de sa mort et par celle de son nom, à l'immortalité en sauvant son cœur et son blason de la décomposition.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Transi_de_Ren%C3%A9_de_Chalon

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Les deux gisants , photo in Henri Busson 1922.

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Il mesure 6,60 m de hauteur,  3,30 m dans sa plus grande largeur et 1,60 m de profondeur, mais les deux enfeus sont fort inégaux. Tandis que l'inférieur, formant soubassement, est bas et sombre, comme il convient à un sépulcre destiné à recevoir l'image des cadavres, celui d'en haut, arrondi en plein cintre inscrit dans un portique dorique à deux colonnes, atteint plus de deux mètres et s'ouvre largement à la lumière près du beau vitrail du chevet. Le tout est couronné par un large fronton semi-circulaire.

Le fond et le plafond en sont ornés d'arabesques fort gracieuses et d'un écusson portant la date : 1553. Sur les cotés de la niche inférieure l'artiste a disposé deux pilastres ornés à l'italienne d'un trophée suspendu à une tête de griffon ; au dessus, encadrant l'arc triomphal, s'élèvent deux colonnes de marbre rose. L'ensemble du monument est semé de fleurs, d'oiseaux, de fruits et les moulures en sont rehaussées d'or. Des cartouches portent les lettres G et L, initiales des deux défunts.

Le tombeau de la fille des défunts, Claude d´Epinay, est placé dans la chapelle Sainte-Barbe, juste de l'autre coté du mur. Il est plus petit mais témoigne tout autant de cet art raffiné de cour, empreint de modèles antiquisants et de l´esprit nouveau de la Renaissance.

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Un tombeau sans référence chrétienne, une rupture dans l'art funéraire.

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On remarquera l'absence complète de tout signe ou de toute inscription en rapport avec la religion chrétienne, et plus généralement avec quelque religion, sur ce tombeau. Pourtant, la famille d'Espinay compte de nombreux prélats, des abbés des abbesses . Il faut voir là la façon de faire de l'époque en matière de monument funéraire.

L'artiste a substitué des statues de cadavres aux gisants qui ornaient les anciens tombeaux, la tête entourée d'anges, pieusement couchés dans leurs armures (ou leurs atours, pour les dames), les yeux ouverts tournés vers le ciel , les pieds sur des animaux emblématiques (lions ou moins souvent chiens). Mais ici les deux cadavres sont absolument nus ; ils ont les yeux fermés, et rien ne rappelle plus ni l'espoir chrétien de la résurrection.

Les statues des Apôtres, ou des saints, qui se suivaient dans des niches du soubassement, ont disparu, alors qu'on les trouve encore dans les tombeaux d'Artus, de Claude Gouffier en leur collégiale Saint-Maurice dOiron vers 1518 et 1559. Dans le tombeau de Guillaume Gouffier de Bonnivet, l'amiral de France est en armure, dans la disposition traditionnelle du gisant, mais son tombeau de marbre noir porte des médaillons blancs à ourobouros et, au centre, l'emblème à ancre et dauphin avec la devise festina lente, empruntée à l'imprimeur vénitien Alde Manuce. 

Cette sépulture de Champeaux est, dans son aspect, proprement "païenne" (H. Busson), mais plutôt pour adopter la tendance esthétique et humaniste de leur milieu de la cour royale du Val de Loire que par détachement de la Foi et pratique chrétienne, puisque les deux époux  veillèrent, par donation,  à ce que premier dimanche de chaque mois on chante la messe et un Libera à leur intention, alors que la veille, on chantait les vêpres, un nocturne et les laudes des morts, ou que le 2 août et le 8 février, la messe d'anniversaire remplaçait l'office du 1er dimanche de ces mois (Arch. Ille-et-Vilaine G.449 f°25 cité par Busson).

 

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Une restauration récente.

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Ma première visite de la collégiale date de 2013. C'est l'année suivante que les travaux de rénovation intérieure ont démarrés, ils se sont poursuivis jusqu'en 2018.

Je montrerai en fin d'article quelques photographies de l'état avant restauration.

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Mon  but est de contribuer à rendre disponible, en ligne, les clichés photographiques récents, afin de documenter les recherches d'iconographie sur la sculpture de la Renaissance en Bretagne.

Voir notamment ici la chapelle du château de Kerjean (29) vers 1580, et les sablières de l'atelier du Maître de Pleyben présentant des cuirs à enroulement, ou les panneaux de la tribune d'Esquibien et de la chapelle Sainte-Brigitte d'Esquibien.

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Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Epinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Epinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le fronton.

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Au centre du fronton cintré trône la Mort, sous la forme d'un homme décharné émergeant en buste d'une plaque noire . Sa tête aux  longs cheveux est au centre d'un médaillon orné de rayons blancs .

L'ensemble, peint en noir, blanc et or, est une composition parfaitement Renaissance, avec volutes, pots à feu, frise grecque, masques léonins tenant dans leur gueule une linge, coquilles, guirlandes, et, en bas, un ange dans un cuir à enroulement. C'est là tout le vocabulaire issu de l'école de Fontainebleau après la décoration en stuc de la Galerie François Ier (1534-1539) par les décorateurs italiens comme le Rosso et le Primatice.

Mais le rapport avec le cénotaphe de Thomas James en sa cathédrale de Dol-de-Bretagne (premier monument Renaissance en Bretagne), réalisé par les  sculpteurs italiens Betti (surnommés les Juste) vers 1509, doit être remarqué. [Charles d'Espinay, fils des défunts, a été évêque de Dol, mais seulement à partir de 1560. Il y sera inhumé.]

Longtemps, le monument funéraire de Champeau fut attribué — notamment par Henri Busson — à l'atelier des Juste à Tours, et notamment à Jean Juste II (1510-1577), malgré les réserves faites par Henri Bourde de la Rogerie. On sait que Jean Juste Ier (1485-1549) a sculpté le tombeau de Jean IV de Rieux, maréchal de Bretagne, à Ancenis, celui de Thomas Bohier dans l'église Saint-Saturnin de Tours, de l'abbé Louis de Crévent à Vendôme, et d'Artus Gouffier (mort  en 1519) et/ou Claude Gouffier (mort en 1570) à la collégiale Saint-Maurice du château d'Oiron (Deux-Sèvres). Mais cette attribution des tombeaux de Champeaux est désormais réfutée : cela n'interdit pas les comparaisons.

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L'inscription. La Mort victorieuse de l'amour terrestre.

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Presque au sommet du monument, qui garnit toute la muraille à droite de l'autel, est gravée en lettres d'or sur fond noir  l'inscription suivante en vers latins : 

 

Mors in utriusque mortem :

Non cedat tellus, styx, aer, pontus, amori,

 Tellus, styx, aer, cedet et unda mihi ;

Cedat et ipse puer Quidvis [Quidnis] mihi, si quid amori.

Mundus habet ; mundus nam domo quidquid habet.

Quos nunc funereo junxi sub marmore quondam

Junxit amor ; vici ; sic quoque victus amor.

At quis amor ? Mortalis amor, qui numina divi

Emeritus erat ; vicit at alter amor.

Sic mors, verus amor, coelum concessit utrique,

Vitam, nectar, opes, morte, siti, spoliis.

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H. Busson propose la traduction suivante (je remanie à peine le début): 

"La Mort, à chacun des défunts :

"La terre, les enfers, l'air, l'océan ne sont pas soumis à l'amour ; la terre, les enfers, l'air, la mer me sont soumis à moi. Cède toi-même aussi à ma puissance, Enfant de Vénus, si tu commandes aux éléments. Le monde te possède ; or, je détruis tout ce qui est en ce monde. Ceux-là que j'ai réunis sous ce marbre, autrefois l'amour les unit.

Je suis donc victorieuse et l'amour est vaincu. Mais quel amour ?

L'amour mortel qui avait acquis un pouvoir divin ; mais il est vainqueur, l'autre amour.

Ainsi, la mort, véritable amour, leur a donné le ciel à tous deux,  la vie, l'ambroisie, l'abondance, par la mort, par la soif, par la privation. "

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Cette curieuse épitaphe est significative de ce temps  où, comme l'écrit H. Busson, "Platon avait remplacé l'Évangile pour les érudits" : elle est toute entière construite sur l'opposition entre l'amour mortel générateur, et l'amour immortel , et renvoie au dialogue de Pausanias et Socrate dans Banquet de Platon (VIII-IX)  où la prêtresse Diotime initie Socrate à l'élévation de  l'âme de la vision des beautés charnelles à celles de l'esprit, puis à cette « beauté immuable, éternelle, dont participe tout ce qui est beau sans rien enlever ni ajouter à sa perfection » ( Banquet chap. XXIX) . L'amour de la Beauté mène ainsi à l'immortalité. Plus loin, Pausanias répond à Phèdre qu'il faut distinguer deux Amours, Amour céleste et Amour populaire,  et deux Vénus (dans la mythologie, Vénus est mère d'Eros/Cupidon/Amour], la Vénus-Uranie qui est fille du Ciel et Vénus populaire. "La conclusion est donc qu'il est beau d'aimer pour la vertu. Cet amour est celui de la Vénus céleste, céleste lui-même, utile aux particuliers et aux états , et digne de leur principale étude , puisqu'il oblige l'amant et l'aimé de veiller sur eux-mêmes, et d'avoir soin de se rendre mutuellement vertueux. Tous les autres amours appartiennent à la Vénus populaire."

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L'épitaphe relève plutôt de la lecture qui se fit à la Renaissance du Banquet de Platon, et notamment de celle du futur cardinal Bembo, dans ses Gli Asolani  entre 1497 et 1502. Une traduction française, sous le titre « Les Azolains - De la nature de l'amour », avait été publiée par l'humaniste Jean Martin en 1545 chez Michel de Vascolan et rééditée en 1553. Dans son Livre III sous-titré Lavinello , le héros soutient la théorie de la l'amour platonique, défini comme la contemplation de la beauté idéale présente dans les choses terrestres.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k710955.image

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In fine, cette inscription peut se lire comme une qualification du mécénat artistique des seigneurs d'Espinay en leur collégiale de Champeaux :  si la finalité de l'amour terrestre est "la génération dans la beauté" , l'amant initié aspire à se survivre dans sa postérité et veut obtenir par la commande artistique un accès vers l'immortalité.  C'est aussi la base des Amours de Ronsard, qui par le biais de la description de la beauté (périssable) de l'aimée, cherche la gloire pérenne.

 Le dernier vers relève parfaitement des jeux d'oxymore des SonnetsLa mort est le vrai Amour, elle procure la Vie (de la Gloire), comme la Soif procure l'ambroisie, boisson des dieux de l'Olympe, et la privation (donc le Désir) procure l'opulence .

Sic mors, verus amor, coelum concessit utrique,

Vitam, nectar, opes, morte, siti, spoliis

De même, Ronsard avait exprimé dans ses Odes (ode VIII où l'Usure du temps s'adresse au poète), comment l'œuvre artistique était, mieux encore qu'un tombeau, capable de perpétuer un grand nom :

Ne pilier, ne terme dorique,

D'histoires vieilles décoré,

Ne marbre tiré de l'Afrique

En colonnes élabouré,

Ne fer animé sur l'enclume

Ne feront vivre ton renom,

Comme la pointe de ma plume

Pourra perpétuer ton nom. 

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Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

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L'enfeu supérieur.

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Un arc en plein cintre posé sur deux pilastres soutient un architrave de style dorique avec alternance en frise de triglyphes et de métopes sculptés de trophées d'armes : la référence à l'antique est patente.

Les trophées associent boucliers et carquois, cuirasses, lances et flèches, soulignant le rôle militaire de la noblesse bretonne, le titre de chevalier du défunt, et les expéditions récentes en Italie. Guy d'Espinay était un grand historien de son temps, et son fils Jean lisait des ouvrages de science de la guerre (S. Joubert).

Un panneau associe à une cuirasse deux boucliers au décor comique et fantasque de deux masques, l'un riant et l'autre triste.

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Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le fond et son inscription.

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Le fond noir comporte un savant entrelacs blanc dont l'ovale central renferme un cartouche posé sur un cuir à enroulement.

On y lit l'inscription :

FAMA . MORTALIBVS 

VNA . SUPERSTES

Fama, ae est le renom, la réputation, la célébrité ou la gloire.  Solen Joubert propose la traduction "Aux mortels  ne survit que la Renommée ". Mais cette gloire posthume n'est pas accessible aux simples mortels,  et le Renom suppose au préalable un Nom, et des Armes.  Pour les nobles mécènes, l'importance donnée à la gloire posthume est cruciale.

Henri Busson remarque les mots Fama superstes ("la Renommée qui survit") dans une Ode d'Horace, ou dans les Tristes d'Ovide (III, VII, 50), ou sur l'épitaphe de l'évêque de Dol Thomas Le Roy en la cathédrale de Nantes (BnF lat. 17025 f°50). Alain Croix, sans donner de traduction, trouve que cette inscription dénote l'idée majeure du monument : servir la renommée, la gloire du nom, dans un macabre précieux, élitiste et totalement coupé des réalités et d'une préoccupation de la mort.

L'importance donnée à la Gloire militaire se manifeste dans le décor guerrier du monument.

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Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le plafond de l'enfeu supérieur, ses armoiries et ses inscriptions.

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Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

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Les armoiries.

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Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Epinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Epinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le blason associe les armoiries de Guy d'Espinay à gauche (on note des traces des couleurs d'origine) et celles de Louise de Goulaine à droite.

Les armoiries de la famille d'Espinay : D’argent au lion coupé de gueules sur sinople armé, lampassé et couronné d’or :

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Ce fichier est dérivé de :  Armoiries de Mirwart.svg:Cette image vectorielle non W3C-spécifiée a été créée avec Inkscape., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=26791876

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Les armoiries de Goulaine  Mi parti d'Angleterre et de France (mi-parti de gueules à trois léopards d'or passant l'un sur l'autre et d’azur à trois fleurs de lys d'or :

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Armoiries de la famille de Goulaine, Wikipedia, travail personnel de Jimmy44

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Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

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La date de 1553 figure dans un cartouche à cuir à enroulement sous la forme 1.S.S.3.

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Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

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Les chiffres (initiales) des époux Guy et Louise figurent dans un cartouche à cuir à enroulement, réunis par un lac d'amour.

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Ces initiales entrelacées rappellent celles de Louis III de Montpensier et de Jacquette de Longwy, dans la nef de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude, réalisée entre 1538 et 1561. Souvenons-nous que Louise de Goulaine exigea pour le monument funéraire la pierre de Rajace, extraite à proximité de Champigny-sur-Veude.

Ces initiales au lacs d'amour se trouve aussi sur un coté de la maîtresse-vitre.

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Baie 0 de Champeaux, vers 1540. Photo lavieb-aile août 2020.

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Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

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Les cotés de l'enfeu et ses armoiries.

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À droite, les armoiries bûchées de Guy d'Espinay avec casque et lambrequins.

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Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Epinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Epinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

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À gauche, dans un panneau de fond noir, un angelot présente un blason losangique (et donc féminin) les armoiries mi parti d'Espinay et de Goulaine, qui ont été bûchées mais dont les couleurs persistantes permettent l'attribution.

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Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

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L'enfeu inférieur.

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Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

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Deux personnages en buste sur colonne (télamons) représentent les défunts décharnés se mettant debout. Voir les photos du site POP https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/IVR53_19843500519V

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

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Les pilastres.

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Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

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Guirlandes de fruits, têtes de bélier, oiseau (aigle ?). Le cartouche porte la date de 1553, peinte et non gravée.

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Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

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Ce très bel ensemble de cuirs découpés à enroulement en lanières cloutées parmi des fruits s'orne d'une tête féminine. On y trouve le motif de linges passant par des orifices circulaires des cuirs, comme au château de Kerjean (entre autre).

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Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile août 2020.

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L'état  avant la restauration de 2014-2018.

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Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile mai 2013.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile mai 2013.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile mai 2013.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile mai 2013.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile mai 2013.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile mai 2013.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile mai 2013.

Le tombeau (1553, Jean de Lespine) de Guy d'Espinay et Louise de Goulaine en la collégiale de Champeaux (35). Photographie lavieb-aile mai 2013.

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SOURCES ET LIENS.

—BUSSON (Henri), 1922, Dans l'orbe de La Pléiade. Charles d'Espinay, évêque de Dol, poète (1531?-1591): Thèse complémentaire, présentée pour le Doctorat ès lettres, à la Faculté des lettres de l'Université de Paris. Champion ed, Paris. 246 pages

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3380739s

https://books.google.fr/books?id=NX3VDwAAQBAJ&pg=PT31&lpg=PT31&dq=%22tellus+styx%22&source=bl&ots=RzqKwKQm30&sig=ACfU3U1sfHNtevj6Vdd1wooHxy8GUEx57A&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwj4oqDjle7rAhVJ8uAKHeIKCjwQ6AEwAXoECAMQAQ#v=onepage&q=%22tellus%20styx%22&f=false

https://www.shabretagne.com/scripts/files/5f469555453ed7.10708030/1922_01.pdf

—BUSSON (Henri), 1922, "Dans l'orbe de La Pléiade. Charles d'Espinay, évêque de Dol, poète (1531?-1591)", Mémoires de la SHAB

https://www.shabretagne.com/scripts/files/5f469555453ed7.10708030/1922_01.pdf

— ESPINAY (Charles d'), 1559, - Sonets amoureux / par C.D.B. [Charles d'Espinay. Breton], 1559

— ESPINAY (Charles d'), 1560  Les Sonets amoureux : Les sonets / de Charles d'Espinay, Breton, reveus et augmentez par l'autheur, de l'imprimerie de Robert Estienne, 1560 .

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70650m.image

—GUILLOTIN DE CORSON (abbé Amédée), 1880-1886, Pouillé historique de l'archevêché de Rennes. [Volume 3] 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55608m.pdf

— HEURES A L'USAGE DE RENNES Horae ad usum Redonensem Mazarine ms 0506, 141 folios. Le manuscrit porte les armoiries de Richard d'Espinay au folio 13.

https://bvmm.irht.cnrs.fr/consult/consult.php?mode=ecran&reproductionId=14099&VUE_ID=1373802&panier=false&carouselThere=false&nbVignettes=tout&page=1&angle=0&zoom=&tailleReelle=

https://portail.biblissima.fr/fr/ark:/43093/mdata1b17160092233d2f86f48948aebacf534fb0f7f7

Enluminures :

https://bvmm.irht.cnrs.fr/consult/consult.php?reproductionId=14099

— JOUBERT (Solen), 2003, "Audace et renommée : un réseau de la noblesse bretonne, vecteur d'échanges culturels et artistiques pendant la Renaissance." SHAB pages 205-

https://m.shabretagne.com/scripts/files/54da14d35ff576.88078498/2003_08.pdf

 

Guy III d'Espinay fut élevé à la cour des Laval à Vitré, très réceptive aux nouveautés de la Renaissance. En 1526, il fut présenté à François Ier de retour de sa captivité de Pavie, au moment même où le roi donnait une nouvelle impulsion à l'humanisme et à l'influence artistique italienne en France.

— LEVRON (Jacques), 1939, « Le tombeau de Champeaux », Bulletin et Mémoires de la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine, t.XIV, p. 87-92.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65611407/f131.image


— LEVRON (Jacques), 1940, "Jean de Lespine, architecte et sculpteur (?) angevin de la Renaissance, et le tombeau de Champeaux (Ille-et-Vilaine)", Bulletin monumental tome 99 n°1 pages 85-98

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1940_num_99_1_9755

— MESSELET (Jean), 1925, "La collégiale Saint-Martin de Champeaux" Bulletin Monumental  Année 1925  84  pp. 253-282.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1925_num_84_1_11903

— RIOULT ( Jean-Jacques ), ORAIN (Véronique), 1979,L'ancienne collégiale de Chaêaux, Dossier IA00130695 (c) Inventaire général ; (c) Conseil général d'Ille-et-Vilaine

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/ancienne-collegiale-actuellement-eglise-sainte-marie-madeleine-place-de-la-collegiale-cha.mpeaux/d2fdc8a2-dd6b-4bea-83c6-91455faf82e9

 

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chateau-d-epinay-ancien-chateau-de-la-riviere-champeaux/380ed73c-19d0-4e1e-8082-64d1b7934c77

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA35000276

https://monumentum.fr/chateau-epinay-ancien-chateau-riviere--pa00090518.html

— SITE DECOUVRIR CHAMPEAUX

https://www.champeaux35.fr/decouvrir-champeaux/histoire-et-patrimoine/collegiale-2/

—GUINNEBAULT (Yves),Vidéo

https://www.youtube.com/watch?v=YbESi-0hrg4

 

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Published by jean-yves cordier - dans Sculpture Renaissance Inscriptions Héraldique
16 septembre 2020 3 16 /09 /septembre /2020 13:07

Le vitrail des Chars ou verrière du Triomphe de la Vierge (Jean et Engrand Le Prince, v.1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen, provenant de l'église Saint-Vincent.

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Voir sur l'atelier des verriers  Le Prince de Beauvais :

 Cathédrale de Beauvais :

Église Saint-Etienne de Beauvais :

Ailleurs en Haute Normandie :

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Voir aussi :

 La liste de mes articles sur les vitraux..

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PRÉSENTATION.

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Le vitrail.

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Les 13 verrières provenant du chœur de l'église Saint-Vincent de Rouen  et magnifiquement remontées  en 1979 dans l'église Sainte-Jeanne d'Arc, sont parfaitement présentées en ligne sur le site patrimoine-histoire.fr. La description de référence est celle du volume du Corpus Vitrearum consacré aux Vitraux de Haute-Normandie.

Parmi ces 13 verrières, trois, provenant de la chapelle Sainte-Anne du sud du déambulatoire de Saint-Vincent, sont consacrées à la Vierge et à sa mère. Ce sont les baies 2 (verrière de sainte Anne), 3 (Triomphe de la Vierge) et 4 (Arbre de la Parenté de la Vierge). Le thème de la Vierge, nouvelle Ève conçue sans tache et ne participant pas du Péché originel était déjà évoqué dans deux autres verrières de Saint-Vincent : les Litanies de la Vierge au tympan de la verrière du martyre de saint Vincent (baie 13 de Sainte Jeanne d'Arc) et l'image de l'Immaculée-Conception aujourd'hui intégrée dans la baie 9 de l'Enfance du Christ. 

La consécration officielle de la doctrine de l'Immaculée Conception par le pape Sixte 4 en 1476 (avant d'obtenir le statut de Dogme en 1854) avait contribué au développement de son culte. La confrérie rouennaise de l'Immaculée Conception fonda en 1486 un concours de poésie, le "Puy des Palinods", où la Vierge était honorée par des poèmes dont on encourageait la transcription en images. 

 

Je complète ces descriptions  par l'étude des inscriptions (traduction, sources, analyse) et par  mes photographies commentées.

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Les Triomphes de Pétrarque.

Dans l'Antiquité romaine, les héros des conquêtes étaient acclamés, monté sur un char, lors de défilés.

  En 1374, Pétrarque avait publié I Trionfi, suite de six poèmes, où chaque personnage, allégorie du sujet, défilait dans un char triomphal au sein d'un cortège. Dans un  songe où il revit son célèbre amour cruel pour Laure à Avignon, la  première allégorie figure sur son char le Triomphe de l’Amour qui se trouve vaincu par le Triomphe de la Chasteté dont le visage est celui d’une Laura inaccessible. Pour le grand malheur du poète, la Chasteté est à son tour vaincue par le Triomphe de la Mort. Cette dernière ne survit pas au Triomphe de la Renommée qui garde vie à ceux que l’on a aimés. Mais la Renommée ne peut résister au Triomphe du Temps qui dévore tout. Le Temps lui-même n’aura pas le dernier mot, puisqu’il est supplanté par l’Éternité, belle promesse d’un paradis où le poète retrouvera sa bien-aimée.

L'œuvre va avoir un immense succès et va susciter de très nombreuses illustrations sous formes d'enluminures, de tapisseries ou de sculptures.

En 1502, une femme commande pour illustrer le poème de Pétraque le superbe vitrail des Triomphes pour l'église d'Ervy-le-Châtel (Aube).

L'engouement pour le thème des Chars va être considérable à la Renaissance, y compris sous la forme d'entrées triomphales des princes dans leurs villes, des spectacles mis en scènes par les plus grands artistes qui se chargeaient aussi de la réalisation des décors.

 

Le thème des Triomphes à Rouen au début du XVIe siècle.

a) Le cardinal Georges d'Amboise fit réaliser en 1500-1505 pour l'offrir à Louis XII, un luxueux manuscrit d'une traduction, par un rouennais, des Triomphes de Pétrarque : BnF fr. 594. Il le fait enluminer par un artiste (nom de convention Maître des Triomphes de Pétraque) sous forme de sept doubles pages. On pense que cet artiste (rouennais ou parisien ?) appartenait à l'atelier parisien de Jean Pichore, et on lui attribue les Petites Heures d'Anne de Bretagne BnF NAL 3027, daté vers 1500-1505 et vraisemblablement offert par Georges d'Amboise à Anne de Bretagne. On lui attribue aussi le Livre d'Heures de Henri IV, manuscrit également lié à Georges d'Amboise.

Voir le BnF fr.594 :

F. 2v et 3r

Folio 7v et 8r

Folio 101v et 102r

F. 134v et 135r

f. 178v et 179r

f.348v et 349r

f.375v et 376r

 

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b) À Rouen, Guillaume II Le Roux fit orner son hôtel particulier, l'Hôtel de Bourgtheroulde réalisé en 1501, de bas-reliefs figurant les Triomphes de Pétrarque.

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En conclusion, cette verrière est au croisement de deux traditions artistiques attestées à Rouen (et plus largement en Haute-Normandie), celle des Triomphes, et celle de la glorification de la Vierge en sa conception exempte du Péché originel.

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Vitraux de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile 2020.

Vitraux de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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LE TYMPAN : LA VIERGE DANS LA CRÉATION ET LE PLAN DIVIN.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Le tympan peut débuter la description de cette verrière, comme dans le volume du Corpus Vitrearum, puisqu'il en est l'incipit en montrant la Vierge incluse dès le début dans le Plan du Salut et intégrée au cœur de la Trinité, comme Nouvelle Ève rachetant par sa conception virginale la faute attribuée à Ève.

Le tympan peut aussi se placer en conclusion, puisque le versant marial de l'histoire du Salut va être présentée dans les lancettes en trois tableaux (trois chars successifs, trois Triomphes) : le Triomphe d'Adam et Ève au Paradis, le Triomphe de Satan, et le Triomphe de la Vierge. 

Chacun des trois tableaux est accompagné de phylactères portant des inscriptions, qui vont argumenter la pensée théologique illustrée par la verrière, et dont le spectateur peut difficilement faire abstraction.

Dés lors, l'inscription de la pointe de la 4ème lancette doit être intégrée au tympan et considérée comme son commentaire.

On y lit (je complète les abréviations par tlides)  MONDUM ERANT ABISSI ETIAM CONCEPTA ERAM.

Il faut rectifier en comprenant : Nondum erant abissi etiam concepta eram. Il s'agit d'une citation du Livre des Proverbes Prov 8:24  dans la traduction latine de la Vulgate Nondum erant abyssi et ego jam concepto eram "Je fus enfantée quand il n'y avait point d'abîmes".

Les partisans de la conception immaculée (indemne du Péché originel) de Marie appliquent cette parole biblique à la Vierge.

Pour eux, cette dernière a eu "deux conceptions passives, l'une éternelle, l'autre temporelle ; l'une divine, l'autre humaine, et toutes deux pures et immaculées. Pour la première, elle a été conçue de toute éternité dans les idées de Dieu et choisie dans les décrets de la Providence pour être la Mère future de son Fils.C'est à cette première conception que l'Église applique ces paroles que Salomon a dites de la Sagesse éternelle : Nondum erant abyssi et ego jam concepto eram : il n'y avait encore ni Terre, ni Ciel, ni Anges, ni Hommes, ni Mer, ni Abîmes, et j'étais  déjà conçue dans l'entendement du Créateur. Par la seconde conception, elle a été formée dans le sein de sainte Anne sa Mère. "(Nicolas de Dijon, Octave de l'assomption de la Vierge, 1687)

Je cite ici un texte postérieur à la verrière que j'étudie, mais la citation biblique figure sur la tenture de chœur de la Vie de la Vierge offerte en  1530 à la cathédrale de Reims par son archevêque Robert de Lenoncourt. Sur la pièce consacrée à la Rencontre d'Anne et de Joachim devant la Porte Dorée de Jérusalem, qui illustre et défend la conception miraculeuse de Marie par Anne, la citation latine est prononcée par Salomon, auteur traditionnel du Livre des Proverbes. Or, les 17 pièces de cette tenture sont (S. Savigny) une démonstration doctrinale de l'Immaculée-Conception. 

https://www.persee.fr/doc/hes_0752-5702_1986_num_5_3_1430

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Baiser de la Porte Dorée, tenture de la Vie de la Vierge (1530), Palais du Tau (Reims). Photo lavieb-aile.

 

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Citation de Proverbe 4 par Salomon, tenture de la Vierge (1530), Palais du Tau (Reims). Photo lavieb-aile.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Cette citation biblique affirmant que Marie était déjà conçue dans l'esprit de Dieu avant même la Création va être illustrée par les peintures suivantes :

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Marie au centre du triangle de la Trinité au dessus de l'Alpha et de l'Omega (début et fin de toute chose).

Le Christ en Logos (Verbe créateur) au centre d'un brasier, bénissant et présentant la Vierge enfant de la main gauche.

Les signes du Zodiaque

Marie transportée par un ange dans les Cieux au dessus du Chaos originel (flammes, nuées et terres) à gauche.

La naissance d'Ève issue d'une côte d'Adam, et le Paradis terrestre à droite.

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Soufflet supérieur : La Trinité accompagnée de la Vierge enfant debout sur le livre ouvert.

Le livre porté en commun par Dieu le Père (tiare, globus cruciger, manteau rouge) et par le Christ porte les lettres Alpha et Oméga. Le Christ présente de la main la Vierge, mains jointes, peinte en grisaille dans une mandorle au jaune d'argent. Au dessus, la colombe du Saint-Esprit a un visage humain. 

La scène (qui peut se rapprocher de certains Couronnements de la Vierge par le Père et le Fils) s'inscrit dans un verre blanc peint de deux cercles au jaune d'argent de teinte différence, jaune citron puis orangé. Verre bleu en périphérie.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Le Christ en Logos (Verbe créateur) au centre d'un brasier, bénissant et présentant la Vierge enfant de la main gauche.

Le cercle de feu, les rayons, et la mandorle entourant la Vierge sont peints au jaune d'argent sur un verre blanc. Vierge peinte à la grisaille. Manteau rouge, tunique bleu-clair à larges manches.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Les douze signes du Zodiaque. Le signe de la Vierge en exergue.

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Le verre de fond est bleu ou violet, mais le verre bleu a été gravé pour peintre au jaune d'argent une série de cercles concentriques figurant le Cosmos.

Les 12 signes occupent des médaillons disposés en suivant la forme en pique de carte de la mouchette. Sont-ils en verre jaune gravé pour la figure zodiacale, ou bien en verre blanc peint en périphérie, ce qui semble techniquement peu possible ?

Le Zodiaque présente une singularité qui n'est pas mentionnée par les auteurs due Vitraux de Haute-Normandie. Il débute en haut à droite par le Bélier, suivi par le Taureau, les Gémeaux, le Cancer, et le Lion (23 juillet-22 août), puis, au lieu de faire figurer la Vierge, on trouve la Balance (23 septembre- 22 octobre), et la séquence reprend avec le Scorpion, le Sagittaire, le Verseau et les Poissons qui terminent le cycle en haut à gauche à coté du Bélier.

Le signe de la Vierge (Virgo) est absent, ou plutôt il ne peut correspondre qu'au médaillon placé entre Verseau et Poissons, à gauche du Taureau. En outre, au lieu de la figure féminine de ce signe, nous trouvons deux masses superposée, jaune et blanche, la masse inférieure rehaussée de grisaille pouvant éventuellement correspondre à un paysage de colline.

Cette singularité souligne évidemment le rapport entre la Vierge Marie et le signe Virgo, et témoigne de la volonté de lui donner une place hors norme dans le cycle zodiacal, métonymie de la Création.

Il serait très intéressant de trouver d'autres exemples de cette représentation, et d'en étudier les rapports avec la défense de l'Immaculée-Conception.

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Le signe de la Vierge correspond à la période du 23 août au 22 septembre. Il inclut donc le 8 septembre, date de la fête de la Nativité de la Vierge.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Soufflet latéral gauche de la rangée intermédiaire : deux anges en adoration.

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Le verre rouge de l'ange de droite est gravé pour peindre en jaune le bras de son voisin.

Cette position est curieuse, j'ai d'abord pensé que l'ange jaune à ailes vertes portait le corps de Marie ; mais l'amorce d'une aile à droite ne conforte pas cette idée. À discuter.

On notera que ce tympan reprend en partie le thème de la Création dans les Bibles historiales réalisées à Paris au début du XVe siècle [KBR ms 9001] (et repris dans le frontispice de la Fleur des histoires  de Jean Mancel KBR ms 9231 vers 1450) : six vignettes montrent successivement la Sagesse disant Ab initio et ante secula creata sum, puis la Trinité, puis le jugement des anges, les anges élus montant aux Cieux tandis que les anges déchus sont précipités dans la gueule de l'Enfer. Ces soufflets pourraient trouver là leur interprétation.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Soufflet  gauche de la rangée intermédiaire : le chœur des anges ; deux anges portant une forme colorée.

 

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Cette forme peinte avec des lignes jaune orangé évoquant une matière en fusion reste à déterminer.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Le Chaos.

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Des flammes acérées comme des explosions d'éclairs jaillissent depuis des nuées ou depuis une étendue verte. Ces flammes sont en verre rouge, en verre rouge gravé, tandis que les nuées ou rochers sont en verre bleu clair gravé pour peindre au jaune d'argent les reflets lumineux plus ou moins orangés.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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La naissance d'Ève issue d'une côte d'Adam, au  Paradis terrestre.

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Adam est endormi, et Ève se dresse de son flanc, parmi des animaux dont un cerf et un agneau (symboles christiques), un lion et un sanglier.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Le Paradis terrestre.

Un bélier voisine avec un porc (?) et un loup.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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LE TRIOMPHE D'ADAM ET ÈVE AU PARADIS TERRESTRE.

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Les trois scènes présentent une composition analogue : le personnage glorifié est installé sur un char richement décoré qui forme le centre d'un cortège animé, avec de nombreuses inscriptions nominatives et un phylactère citant un texte sacré.

Pour le char et le cortège, les Le Prince se seraient inspirés de la gravure du «Grand char de l'empereur Maximilien» d'Albert Dürer, l'empereur couronné par la Victoire, qui date de 1522.

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Albrecht DÜRER , gravure, Le char de triomphe de Maximilien Ier : Fidentia et Ratio, Louvres, © RMN-Grand Palais (Musée du Louvre) - Tony Querrec

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Deuxième lancette : le char d'Adam et Ève.

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a) L'inscription du phylactère.

Elle dit : OMNIA SVBIECISTI SVB PEDIBVS EIVS.

On reconnaît là une citation biblique, celle du psaume 8 verset 8 de la Vulgate, "tu as mis tout sous ses pieds". Ce verset est cité par saint Paul, en l'appliquant au Christ comme une affirmation de son Règne, dans la première Épître aux Corinthiens I Cor 15:26, dans  l'Épître aux Hébreux Heb 2:8 , dans celle aux Éphésiens 1:22 .

Une partie de la tradition chrétienne voit d'ailleurs l'ensemble du psaume 8 comme s'appliquant à Jésus-Christ.

Mais placée ici sous les roues du char d'Adam et Ève, la citation s'applique bien évidemment à l'Homme (l'humain) placée au sein de la Création. C'est d'ailleurs le sens premier pour une lecture naïve du verset replacé dans son contexte . 

Ô Seigneur, notre Dieu, qu'il est grand ton nom par toute la terre ! [...] À voir ton ciel,  ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, qu'est-ce que l'homme pour que tu penses à lui, le fils d'un homme, que tu en prennes souci ?

Tu l'as voulu un peu moindre qu'un dieu, le couronnement de gloire et d'honneur ; tu l'établis sur les œuvres de tes mains, tu mets toute chose à ses pieds; les troupeaux de bœufs et de brebis, et même les bêtes sauvages, les oiseaux du ciel et les poissons de la mer, tout ce qui va son chemin dans les cieux.

Ô Seigneur, notre Dieu, qu'il est grand ton nom, par toute la terre ! (traduction T.O.L)

La citation biblique de chacun des quatre étages de la verrière en  détermine la lecture. Ici, le renvoi au psaume 8 incite à voir le soleil et la lune, les arbres de la forêt traversée par le char et surtout les animaux terrestres et célestes comme témoignant de l'étendue de la domination donnée par Dieu à Adam et Ève, et par eux à l'humanité. Mais cette étendue, témoignant de la générosité divine, doit, comme l'exprime le psaume, inciter l'homme à la louange. 

Les deux musiciens danseurs peints sur les roues du char (un jouant de trompe et l'autre du tambour) témoignent peut-être de cette action de louange [le psaume 8, comme les psaumes 81 et 84, le confie "au maître de chœur ; sur la guittith", ou gittiyth qui serait un instrument de musique ].

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Sur le char, Adam et Ève, nus et enlacés, tiennent un étendard à hampe semblable à un sceptre, et dont le drapeau rouge porte la figure de la Justice, ou son Allégorie portant le glaive et la balance.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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La "signature" des Le Prince, maître-verriers à Beauvais.

Entre les deux roues du char, on peut lire des lettres peintes au jaune d'argent : JEHAN LE PR / PRI, interprétées comme la signature de Jean Le Prince. On trouvera plus loin (char de la Vierge) un candélabre portant les lettres ELP, reconnues comme les initiales d'Engrand Le Prince.

Cet atelier familial actif entre 1491 et 1555 inclut Lorin (en 1491), puis dans la  deuxième génération Jean (de 1496 à 1536) et Engrand ( de 1522 à sa mort en 1531), et ensuite pour la troisième génération Nicolas (de 1527 à 1551) et Pierre (de 1531 à 1561). On lui doit la verrière de Roncherolles de la cathédrale de Beauvais, l'Arbre de Jessé et plusieurs autres verrières de l'église Saint-Etienne de Beauvais, des vitraux de l'église Notre-Dame de Louviers, le vitrail de Charles Villiers de l'Isle-Adam de la Collégiale Saint-Martin de Montmorency, et trois verrières de l'église Saint-Vincent de Rouen remontés à l'église Jeanne d'Arc, les baies 3 (Les Chars), 5 ( Vie de saint Jean-Baptiste) et 6 (Oeuvres de Miséricordes).

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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La Foi et la Force tirant le char.

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FORTITUDO  (Force), couronnée de lauriers, tire la chaîne du char en premier plan. Sa robe rouge, serrée par une ceinture de tissu mauve, est ornée d'une faveur bleue à l'épaule et d'un pompon bleu à l'extrémité d'une sorte de traîne. Elle a la grâce légère des ménades grecques comme sur le bas-relief de Gradiva. FIDES, la Foi, en robe bleue, tient une maquette d'église, métaphore de l'Église pourtant non instituée dans les temps édéniques.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Quatrième lancette : les animaux du paradis terrestre.

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Les animaux terrestres sont au nombre de six : le taureau (ou bœuf), le lion, le sanglier, la grenouille, et le lapin , tous dirigés vers la droite (direction du char) entourent une licorne qui, elle, tourne la tête vers la gauche (c'est à dire vers le char).

Parmi les trois oiseaux se trouve peut-être un perroquet.

La licorne, seul animal mythique du groupe, est considéré comme liée à la virginité, car la légende veut que, pour la chasser, il est nécessaire de l'attirer grâce à une jeune fille vierge. Par extension, la "chasse mystique" est une métaphore de l'Annonciation, comme sur la verrière de l'Arbre de Jessé (v.1503)  de la cathédrale de Sens.

Dans les Triomphes, elle est liée à la force et à la chasteté , tirant le char de cette vertu dans les Triomphes de la chasteté (Triomphes de Pétrarque, Rouen, XVe s. BnF fr. 223 f. 94v, ou huile sur panneau du cercle de Giovanni di Paolo vers 1470).

On comparera les autres animaux à ceux que Dürer a placé dans une gravure de 1504 au Paradis derrière Adam et Ève : un chat face à une souris, un cerf, un bœuf, un bélier et un lapin, ainsi qu'un perroquet. 

 

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Première lancette : quatre Vertus, la Prudence, l'Espoir, la Charité et la Tempérance suivent le cortège en présentant leur attribut.

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Après SPES, en robe rouge fendue, et qui tient une ancre,  TEMPERANCIA, en robe blanche, brandit une tête de mort. PRUDENCIA, en robe blanche damassée de motifs en rouelles dentelées et ornée de rubans ou pompons bleus, tient les Tables de la Loi. CHARITES, en robe rouge clair, tient un cœur enflammé.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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DEUXIÈME REGISTRE : LE TRIOMPHE DE SATAN.

 

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Satan, sous la forme du serpent de l'Arbre de la Connaissance, brandit l'étendard de la Mort, accompagné de la Désobéissance ; son char est tiré par Douleur et Labeur qui entraînent Adam et Ève ligotés. Derrière le char, la Crédulité porte l'étendard de la Justice, tête en bas, et précède les sept péchés capitaux accompagnés de leurs animaux emblématiques.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Le char de Satan portant l'arbre de la Connaissance. Troisième lancette.

Satan, sous la forme d'un serpent à tête humaine enroulé autour de l'Arbre de la Connaissance brandit l'étendard de la Mort : un squelette portant un sablier et brandissant une flèche. (sur le motif de la Mort tenant une flèche, et non la faux, voir L'ossuaire de la Roche-Maurice). Cet étendard est en verre rouge gravé.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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L'inscription du phylactère basal.

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ET AMPLIVS EORVM LABOR ET DOLOR.

Cette citation biblique du psaume 89 verset 10 se traduit par "Et l'orgueil qu'ils en tirent n'est que peine et misère" (Louis Segond), ou, littéralement, "leur orgueil [est] travail et douleur". Dans le contexte du psaume, cela qualifie la vanité des années vécues par l'homme dans la brièveté de son existence : "les jours de nos années s'élèvent à soixante-dix ans, et, pour les plus robustes, à quatre-vingt ans ; et l'orgueil qu'ils en tirent n'est que peine et misère, car il passe vite, et nous nous envolons".

Mais dans le contexte de ce Triomphe, les mots Labor et Dolor font allusion au texte du chapitre 3 de la Genèse où Dieu, après la Faute, annonce à Adam (verset 17) qu'il ne se nourrira qu'au prix du travail et de la peine (labor) et à Ève (verset 16) qu'elle accouchera dans la douleur (dolor).

Ce même chapitre fournira le texte du phylactère du Triomphe de la Vierge.

Ce texte détermine donc bien toutes les scènes de ce triomphe du Mal, et notamment la dernière, ou Adam et Ève sont conduits par LABOR et DOLOR devant le char.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Il est important de remarquer que Satan est un être à ailes de chauve-souris (nervures), au visage humain mais doté d'oreilles longues et pointues, à la poitrine féminine et à la queue de serpent enroulée autour du tronc d'un pommier. Cet être hybride s'apparente par tous ces traits à la Démone, (version maléfique d'Ève) que terrasse la Vierge dans les multiples représentations bretonnes des Vierges à la Démone.

Il s'apparente aussi au serpent à visage et poitrine féminine des représentations de la scène de la Tentation, lequel enroule sa queue autour de l'arbre séparant Adam et Ève, comme sur les porches bretons, mais surtout sur l'enluminure 20v des Heures dites d'Henri IV. En effet, ces Heures ont été influencées par la librairie du cardinal Georges d'Amboise à Gaillon. Ses enluminures sont attribuées au Maître des Triomphes de Pétraque, actif à Paris et peut-être à Rouen.

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La Tentation, Heures dites de Henri IV , BnF lat. 1171 f. 20v vers 1500-1505 (postérieures à 1476) : copyright Gallica.

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Le char est poussé sur le coté par la belle INOBEDIENTIA (Désobéissance) et un autre personnage à robe rouge et parements bleus.

La roue arrière porte l'inscription CVPIDITAS (Cupidité) et la roue avant l'inscription I.S.IS, couramment lue par les auteurs comme 1515. On explique alors que si la verrière a été réalisée entre 1522 et 1524, elle a été peut-être préparée ou commandée dès 1515. On retrouve cette inscription sur les deux roues du char de la Vierge.

Le char porte, à l'arrière, deux candélabres où se dressent des idoles nues. Le décor des cotés comporte des angelots.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Quatrième lancette. Labor traîne le char, derrière Adam et Ève nus, mains ligotés et tête basse. Dolor, à genoux, bras croisés, lève les yeux au ciel. Une femme plus âgée, en tête, fait un geste au couple ancestral.

En arrière-plan, un paysage est peint en camaïeu de bleu : un pont franchi un fleuve navigable et conduit à une ville, ceinte de rempart, avec de nombreuses maisons regroupées autour d'une cathédrale  : il s'agit du pont de Rouen, de sa cathédrale aux deux tours asymétriques, et de la tour de Saint-Cande-le-Vieux (?).

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Derrière le char, la Crédulité tient l'étendard inversée de la Justice.

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CREDULITAS porte le même étendard qu'Adam dans le premier Triomphe, mais la hampe est brisée, plaçant  l'emblème de la Justice, une femme portant le glaive et une balance,  tête en bas, signe d'un renversement des valeurs morales. Verre rouge gravé .

Le paysage en camaïeu de bleu débute par un édifice urbain (château ?), se poursuit par de hautes montagnes.

À droite, dans un bois, trois anges discutent ; un ange rouge tient un glaive.

Credulitas porte une coiffe à oreillettes perlées et à nœud de ruban. Elle est vêtue d'une robe jaune d'or et rouge damassée de grenades, et d'un manteau formant bustier avec des manches flottantes.

Elle marche dans une prairie bordant un fleuve où navigue une nef à un mât. Un lapin blanc est à ses pieds.

De nombreuses pièces de verre bleu sont gravées, dans une composition riches en teintes de vert, pour rendre les petites fleurs ou le jeu des lumières d'un sous-bois.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Les sept péchés capitaux ferment la marche.

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Inscription LES SEPT PECHES MORTE[L]S.

Il y a bien sept femmes, mais deux sont au premier plan et dansent en chevauchant, l'une un porc (ou une truie), l'autre un lion : ce seraient, bien qu'elles ne soient pas nommées,  la Gourmandise (Gula) — ou la Luxure,   et l'Orgueil (Superbia).

Une autre est placée derrière des oreilles d'âne : serait-ce la Paresse (jadis Acédie) ? Derrière le lion se voit un chien, associé par Eustache Deschamps à l'Envie.

La coiffe et la robe d'Orgueil sont magnifiques, en verre blanc peint au jaune ; le motif du damas se retrouve souvent chez Engrand Le Prince

En arrière-plan, et en camaïeu de bleu (teinté ici ou là de jaune), les ruines d'un château et de son donjon.

Le sol est en verre bleu gravé teinté au jaune d'argent pour rendre le vert, tout en préservant des réserves figurant des fleurs. Des œillets sont en verre rouge, rose ou jaune.

Un sujet analogue était reproduit sur un bas-relief en pierre au 13 rue de l'Écureuil de Rouen.

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TROISIÈME REGISTRE : LE TRIOMPHE DE LA VIERGE.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Les quatre inscriptions bibliques.

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— Première lancette , sous les pieds des "donateurs" :

DNE ADIVVA ME, "Domine ajuva me".

Citation de Matthieu 15:25, cette supplication de la femme cananéenne, "Seigneur secours-moi",  s'adresse à Jésus pour obtenir la guérison de sa fille.

 

— Deuxième lancette :

1°) En bas, sous le char écrasant le serpent :

IPSA : CONTERET : CAPVT TVVM.

Genèse 3:15, Vulgate "Elle t'écrasera la tête". Le texte biblique relate la condamnation prononcé par Dieu envers le serpent après la Faute originelle : " L'Éternel Dieu dit au serpent: Puisque tu as fait cela, tu seras maudit entre tout le bétail et entre tous les animaux des champs, tu marcheras sur ton ventre, et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie. Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité: celle-ci t'écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon. Il dit à la femme: J'augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec douleur, et tes désirs se porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi. " (tr. Louis Segond) 

Le sujet "elle" de la phrase "elle t'écrasera la tête" renvoie, non à Ève, mais à "ta descendance". Selon la traduction, les commentateurs peuvent y voir soit le Christ, soit la Vierge :

 

"Dans la Septante (une traduction de la Bible en grec réalisée à Alexandrie autour de l’an -270), on y place le « lignage » victorieux de la femme dans une forme personnelle. « Autos », qui veut dire « il », écrasera la tête du serpent. « Autos » est un pronom masculin pour le substantif neutre « tò sperma » (le lignage). « Il » est ici une personne concrète et non pas simplement l’humanité en général. Le contexte messianique est alors évident. Le Messie représente l’humanité devant Dieu. 

Dans la Vulgate (une traduction de la Bible en latin par saint Jérôme qui remonte à la fin du 4e siècle), on met davantage l’emphase sur l’aspect marial. On peut y lire « Ipsa conteret caput tuum », ce qui signifie « Elle t’écrasera la tête ». On voit alors comment dans ce cas-ci, le rôle de la Vierge Marie est davantage mis en évidence, car elle représente la nouvelle Ève qui écrase le serpent." (Le Tourneau)

Dans le contexte palinodique (celui du Puy des Palinods de Rouen), "elle" désigne la Vierge comme Nouvelle Ève.

En 1515, Guillaume Mauduit fut le premier poète latin couronné par le Palinod de Rouen sur le texte Virgo conteret caput tuum, la précision "virgo" (Vierge) levant toute ambiguïté.

En 1520, Guillaume Thibaut, pour le même Puy de Rouen, confronte une Dame à l'agneau (la Vierge) et une Dame à l'aspic (la Démone).

Dans les Heures de la conception de la Vierge, datant du début du XVIe siècle, Guillaume Tasserye, auteur de chants royaux présentés aux Palinods de Rouen en 1490, une enluminure en double page (f.15 et 16) montre la Vierge foulant un dragon et entourée de banderoles dont l'une indique Ipsa conteret caput tuum, une autre Tota pulchra es amica mea et macula non es in  et une autre cite le Livre de la Sagesse 24 Je suis crée dès l'origine et avant les siècles.

 

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2°) au dessus des têtes d'Isaïe et David :

TOTA PVLCRA  AMICA MEA ET MACVLA NON EST IN TE

Cette citation du Cantique des Cantiques 4:7 est traduit par "Tu es toute belle ô mon amie, et il n'y a point en toi de défaut". Mais si on l'applique à la Vierge, le mot macula (tache) fait allusion à la conception immaculée, sans tache, exempte du Péché originel.

https://gregorien.info/chant/id/8141/9/fr

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— Quatrième lancette, en bas, sous les pieds de Moïse :

CVSTODI FAMVLV[M] TVVM  SPERANTEM IN TE

"Garde ton serviteur qui espère en toi". 

Il s'agit d'une citation tronquée du psaume 85(86) verset 2  : Custodi  animam meam propter salutem tuam. Deus salva famulum tuum sperantem in te.

"Garde mon âme, car je suis pieux ! Mon Dieu, sauve ton serviteur qui se confie en toi" (Louis Segond)

 


 

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Les blasons à monogramme.

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Ils n'ont pas été déchiffrés, mais ils ressemblent aux blasons professionnels des artisans et marchands, ou des imprimeurs.

La lecture du premier est perturbée par le réseau des plombs de casse, mais on reconnaît à gauche un A majuscule, à droite un b minuscule, et en haut un sigle (P ou 4 ), maçonnique pour A. Pottier (p. 253).

 

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Le second associe deux lignes brisées en miroir, où A. Pottier a proposé de voir deux G accolés.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Le char de la Vierge triomphante de la deuxième lancette.

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La tête de la Vierge est restaurée.

La Vierge tient un sceptre et une palme.

Les roues du char écrasent un animal aux ailes nervurées, aux pattes griffues et à la tête de mouton : c'est le Serpent, la Démone, ou le Dragon du Mal.

Les roues portent l'inscription I . SI . S, dont la ponctuation n'est pas favorable à y lire le chronogramme 1515. L'une des roues est peinte d'une joueuse de viole à archet, et l'autre d'un joueur d'un instrument à cordes pincées (sans usage de plectre).

Le char est précédé par deux personnages dont l'un tient une harpe. Leur barbe, leur  coiffure à oreillettes et leur robe confortent l'hypothèse d'y reconnaître le prophète biblique Isaïe (qui a prophétisé la survenue d'une Vierge donnant naissance à un Sauveur), et le roi David. Ils n'ont pas les pieds posés au sol et sont presque suspendus ou volant au devant du char.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Selon André Pottier, la femme représente à la fois la Vierge, la Foi et l'Église, et c'est volontairement que cette détermination est restée imprécise. Mais la Vierge est nimbée, ce qui lève l'ambiguïté.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Le cortège des anges tirant le char, en troisième lancette.

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Ils marchent pieds nus dans une prairie fleurie, sont vêtus de robes blanc et or, et tiennent des palmes ; leurs ailes sont multicolores. Trois têtes sont restaurées.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Sur le ciel se détachent des constructions urbaines, riches demeures ou châteaux, en camaïeu de bleu.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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La tête du cortège en quatrième lancette : Moïse brandissant le Serpent du Mal empalé sur une lance.

Tête de Moïse restaurée. 

En premier devant le char vient une femme vêtue de bleu et voilée et guimpée de blanc portant un étendard rouge portant dans un médaillon blanc la colombe du Saint Esprit. Elle est montée sur une licorne dont la corne est pointée vers son flanc. Cette licorne porte autour du cou l'écriteau VERITE. 

Cette femme (dont la représentation est proche de celle de Marie) repousse en arrière plan une femme âgée désignée par inscription comme HERESIS, l'Hérésie. Son âge renvoie aux Vetule décrites par Jean Gerson comme agents de la CREDULITAS mentionnée plus haut. 

Moïse tient au bout de sa lance le serpent ou Démone, empalée ou du moins brandie victorieusement. Néanmoins, comme dans les scènes de terrassement du Mal par la Vierge ou par saint Michel, la bête n'est pas morte, elle redresse la tête, sort la langue et tend une patte vers le haut.

En arrière plan, un paysage de montagne avec un château.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Moïse, pieds nus, en robe rouge, est précédé par des angelots sonnant de leur trompe, portant chacun un pennon héraldique carré, comme des hérauts d'armes sonnant un tournois .

— Un étendard à fond rouge  portent les armes de France d'azur à trois fleurs de lys d'or.

— L'étendard à fond vert porte les armes parti à trois fleurs de lys d'or et d'hermines (de France et de Bretagne), qui sont celles d'Anne de Bretagne (décédée en 1514), ou, selon les auteurs (A. Pottier, M. Callias-Bey et col), de sa fille Claude de France, reine de France de 1514 à 1524. A. Pottier voit une cohérence entre l'accès au trône de Claude de France et sa lecture d'I .S I. S . comme étant la date de 1515.

Les armes de Claude de France devraient être, après 1515, un parti d'azur aux trois fleurs de lys d'or au lambel d'argent et écartelé d'azur à trois fleurs de lys d'or, comme il figure — au lambel près — sur son Livre d'Heures Morgan MS 1166 f.15v.

 

— L'étendard à fond jaune porte les armes de Normandie de gueules aux deux léopards d'or.

—  L'étendard à fond bleu porte les armes de Rouen, de gueules à l'agneau pascal d'argent portant une bannière d'argent à la hampe d'or, au chef d'azur chargé de trois fleurs de lys d'or.

Ces verres colorés sont gravés et peint au jaune. La pièce héraldique du pennon vert est montée en chef d'œuvre.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Une assemblée de personnages en première lancette.

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Le char est suivi par trois hommes en tenue de bourgeois du XVIe siècle, et un seigneur [une tête restaurée], et d'une vieille femme portant une coiffe et désignant le char de la main.

On a supposé qu'il s'agissait des donateurs, membres probables d'une confrérie. Mais rien n'est certain.

En arrière plan, la cathédrale de Beauvais (Corpus) est peinte en camaïeu de bleu, avec une autre fabrique.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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SOURCES ET LIENS.

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CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001,  Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum -p. 399-411, Monum, Éditions du patrimoine, Paris, 2001 (ISBN 2-85822-314-9) ; p. 495

— DAVID (Véronique), 2004, Rouen, église Sainte-Jeanne d'Arc : les verrières, Connaissance du patrimoine de Haute-Normandie, coll. « Itinéraires du patrimoine », 16 p. (ISBN 2-910316-03-3)

— DELSALLE (L.), 1998, "A St-Vincent de Rouen, vitrail dit des Œuvres de Miséricorde", Bull. CDA, 1998, p. 119-130.

— LAFOND (Jean), 1958, "Les vitraux de l'église St-Vincent et l'aménagement du Vieux-Marché",  Bull. AMR, 1958-1970, p. 147-167.

— LAFOND (Jean), 1908, "Un vitrail de Engrand Leprince à l'église Saint-Vincent", Bull. AMR, 1908, p. 22, 23, 157-167.

— LAMY (Marielle) 2011,Le culte marial entre dévotion et doctrine : de la « Fête aux Normands » à l’Immaculée Conception,  in Marie et la « fête aux normands » Presses Universitaires de Rouen et du Havre.

https://books.openedition.org/purh/10869?lang=fr#:~:text=La%20%C2%AB%20F%C3%AAte%20aux%20Normands%20%C2%BB%20est,comm%C3%A9morant%20la%20conception%20de%20Marie.

— LANGLOIS (E.H), 1832, Essai historique et descriptif sur la peinture sur verre, Rouen, page 69.

—LAQUERRIERE (E. De) 1843, Eglise Saint-Vincent de Rouen, les vitraux,  Revue de Rouen et de Normandie vol.11 page 358.

https://books.google.fr/books?id=FNYwAQAAIAAJ&dq=bas-reliefs+de+la+%22rue+de+l%27Ecureuil%22+rouen&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— LE TOURNEAU (Mgr Dominique), "Pourquoi appelle-t-on Marie la Nouvelle Ève", Aleteia.

https://questions.aleteia.org/articles/82/pourquoi-appelle-t-on-marie-la-nouvelle-eve/

PERROT (Françoise ) 1995, Vitraux retrouvés de Saint-Vincent de Rouen, Catalogue d'exposition Musée des Beaux-arts, Rouen, 190 p.

PERROT (Françoise ), « Les vitraux de l'ancienne église Saint-Vincent remontés place du Vieux-Marché » , Bulletin des Amis des monuments rouennais, 1979, p. 49-98

— POTTIER (André), 1862, "Description d'une verrière de l'église St-Vincent de Rouen", Revue de la Normandie, 1862, p. 236-255.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57317571/texteBrut

https://books.google.fr/books?id=jTwFAAAAQAAJ&pg=PA253&dq=custodi+famulum+tuum+sperantem+in+te&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiyprDk9-jrAhVBQhoKHW5GCJUQ6AEwAnoECAIQAg#v=onepage&q=custodi%20famulum%20tuum%20sperantem%20in%20te&f=false

PROUIN (Norbert), PRÉAUX (André), JARDIN (Anne), 1983, Rouen place du Vieux-Marché, L'Église Jeanne-d'Arc et ses vitraux, Charles Corlet, 36 p.

— RIVIALE (Laurence), 2007, Le vitrail en Normandie, entre Renaissance et Réforme (1517-1596), p.91, 172, 220, 283, 358.

— RIVIALE (Laurence), 2003, « Les verrières de l’église Saint-Vincent de Rouen remontées à Sainte-Jeanne d’Arc », Congrès archéologique de France, 161e session, 2003, Rouen et Pays de Caux, Paris, Société archéologique de France, 2006, p. 262-268.

— RIVIALE (Laurence), 2011, L’Immaculée Conception dans les vitraux normands, in Marie et la « fête aux normands » Presses Universitaires de Rouen et du Havre.

https://books.openedition.org/purh/10932?lang=fr

— SAVIGNY (Sophie), 1986, Notes sur la tenture de Robert de Lenoncourt de la cathédrale de Reims", Histoire, économie et société 5:3 pp.347-352.

https://www.persee.fr/doc/hes_0752-5702_1986_num_5_3_1430

— SCHOLZ (Hartmut), 1995, Dürer et la genèse du vitrail monumental de la Renaissance à Nuremberg Traducteur : Martine Passelaigue, Revue de l'Art  Année 1995  107  pp. 27-43

https://www.persee.fr/doc/rvart_0035-1326_1995_num_107_1_348186

THELAMON (Françoise), 2011, "Tota pulchra es... La beauté de Marie manifestation de son immaculée conception", in Marie et la « fête aux normands »Presses Universitaires de Rouen et du Havre.

https://books.openedition.org/purh/10866

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http://www.rouen-histoire.com/SteJA/index.html

http://www.rouen-histoire.com/Eglises_Rouen/St-Vincent.htm

https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Rouen/Rouen-Sainte-Jeanne-d-Arc.htm

https://www.parismuseescollections.paris.fr/fr/petit-palais/oeuvres/le-grand-char-triomphal-de-l-empereur-maximilien-ier-1-l-empereur-couronne-par#infos-principales

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Sainte-Jeanne-d%27Arc_de_Rouen

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
7 septembre 2020 1 07 /09 /septembre /2020 19:59

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, v.1550) de l'église Saint-Miliau de Guimiliau.

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Voir sur Guimiliau :

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Voir sur les 29 Passions des verrières du Finistère au XVIe siècle  dont beaucoup  sont dues à l'atelier Le Sodec à Quimper. Le Corpus Vitrearum VII permet d'en dresser une chronologie :

et dans le Morbihan :

 

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On attribue aussi à l'atelier des Le Sodec les vitraux suivants :

 

Liste des 225 articles de mon blog décrivant des vitraux 

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PRÉSENTATION.

À la fin du XVe et surtout au XVIe siècle, les paroisses du Finistère choisirent, pour leurs églises qui, souvent, étaient en pleine reconstruction, une baie d'axe consacrée à la Passion, la Crucifixion et la Résurrection du Christ. On en estime le nombre à une cinquantaine, dont 29 sont conservées, complètes ou par vestiges.  Beaucoup d'entre elles sont dues à l'atelier Le Sodec à Quimper et partagent des caractères stylistiques communs, ou parfois même des cartons identiques. 

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Dans les verrières les plus anciennes,  les lancettes sont découpées par registres en une douzaine de scènes successives de la Passion (Locronan, 18 scènes ; Plogonnec, 6 scènes ; Baie 4 de Guengat ; Penmarc'h ; Ergué-Gabéric ; Brasparts, etc. ) . Cette répartition en damier ne sera pas abandonnée.

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— D'autres, plus tardivement au deuxième quart du XVIe siècle, placent la Crucifixion dans un grand tableau central de 3 lancettes, tandis que les épisodes qui la précèdent (Cène, Lavement des pieds, Agonie, Arrestation, Comparutions, Flagellation, Couronnement d'épines,) ou qui la suivent (Déposition, Mise au Tombeau, Sortie du Tombeau) sont de nombre réduit, et repoussés en position périphérique.  C'est le cas à Saint-Mathieu de Quimper dès 1535, puis à La Roche-Maurice (1539), La Martyre (1540) et Ploudiry (ces trois églises voisines appartenant alors à la même paroisse de Ploudiry) ainsi qu'à Quéménéven, à Pleyben (v.1570) ou à Tourc'h. C'était également le cas à Daoulas.

René Couffon cite aussi les Crucifixions de Labanan à Pouldreuzic, de l'église du Juch, de la chapelle de la Véronique à Bannalec (perdue) ou de Saint-Gunthiern à Langolen.

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— Enfin, les petits tableaux de la Passion disparaissent à Gouezec  (v. 1550) où trois lancettes entières montrent la Crucifixion et une lancette montre la Déposition, à Guimiliau (v. 1550) avec la même disposition (malgré une inversion de lancette), et à Guengat (1550) avec trois lancettes pour la Crucifixion, une pour la Passion préalable, une pour la Déposition et une pour la Résurrection .

D'autres paroisses choisiront de consacrer toute la verrière à la Crucifixion.

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Dans ce groupe à grande Crucifixion centrale, certaines ressemblances montrent la reprise des mêmes cartons. C'est le cas pour Ploudiry et ses trèves de La Roche-Maurice et de La Martyre (*). Un quart de siècle plus tard, ces poncifs sont repris en partie à Guimiliau, à Guengat, à Gouezec et à l'église Saint-Ouen de Quéménéven, en nord de Cornouaille. C'est ce regroupement, ce sont ces comparaisons iconographiques et cette compréhension d'une évolution dans la composition de l'espace et de la structuration du récit de la Passion  qui rendent la découverte d'une nouvelle verrière si passionnante malgré la répétition des séquences.

On peut aussi séparer les Crucifixions à ciel rouge — Guimiliau, Guengat, — et à ciel bleu — Ploudiry, La Roche-Maurice, La Martyre, Pleyben, Gouezec, Quéménéven—...

(*) Une autre trève, Tréflévénez, possède les restes d'une maîtresse-vitre de la Passion de 1560-1570, mais ne provenant pas de l'atelier quimpérois.

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Je vais présenter ce vitrail en associant des vues générales avec des plans rapprochés dont les détails vont permettre — entre autre — de poursuivre l'étude de mes thèmes préférés :

  • L'iconographie comparative de ces maîtresses-vitres .
  • La peinture des visages.
  • Les larmes et le sang (larmes de Marie, Jean et Marie-Madeleine au pied du Calvaire ; lien électif entre le sang s'écoulant le long de la Croix, et Marie-Madeleine).
  • Les chevaux hilares (si caractéristiques de cet atelier) et leur harnachement.
  • L'étude des costumes et coiffures : les crevés.
  • Les inscriptions des galons chez Le Sodec.

J'utiliserai dans ma description celle qui a été publiée par Gatouillat et Hérold pour le Corpus Vitrearum VII, et qui fait référence.

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Historique.

L'église Saint-Miliau datait du Moyen-Âge mais a été augmentée d'une nef dans la première moitié du XVIe siècle. Sa maîtresse-vitre a alors été réalisé vers 1550.

Mais après la construction du porche sud (1606 et 1617) , le chœur a été rebâti et suivi d'un faux-transept vers 1664 (date inscrite sur un contrefort) : l'ancienne maîtresse-vitre y fut réinstallée, au prix de quelques modifications, et en réduisant la taille du tympan.

 

La verrière fut déposée pendant la Seconde Guerre mondiale, puis replacée par Labouret en 1951. La dernière restauration fut effectuée par Hubert de Sainte-Marie qui réalisa les vitreries abstraites du tympan.

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Description.

La baie mesure 4 mètres de haut et 2,40 m de large. Ses quatre lancettes (A, B, C et D) sont surmontées d'un tympan à 24 ajours . On distingue  un soubassement composite à quatre personnages, avec au dessus en  lancette A une Descente de Croix, et en lancettes B, C et D une Crucifixion. La comparaison avec la maîtresse-vitre de Guengat, réalisée sur les mêmes cartons à grandeur, mais qui comporte six lancettes, montre une composition bien mieux équilibrée et où la Vierge affligée d'une Descente de Croix, placée à l'extrême droite, répond à son homologue du pied de la Croix.

Ici, la Descente de Croix a été placée (lors d'une réfection) paradoxalement avant la Crucifixion, ce qui place côte à côte les deux masses bleues de la Vierge, et non plus en symétrie de part et d'autre.

Les quatre scènes de la Passion se détachent sur un ciel rouge.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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LA LANCETTE A : LA DESCENTE DE CROIX.

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Rappel : ces trois panneaux ont été déplacés et devraient se placer à droite de la verrière.

Le torse du Christ, la tête de saint Jean et la moitié  inférieure du panneau de la Vierge ont été restaurés. (Gatouillat et Hérold).

Joseph d'Arimathie, grimpé sur une échelle, laisse doucement descendre le corps du Christ grâce à un linge qui le ceinture sous les aisselles (comme dans l'enluminure de Fouquet pour les Heures d'Etienne Chevalier)  Son appartenance au Sanhédrin en tant que notable juif est soulignée par le bonnet à oreillettes, la barbe, la robe longue (à damassé en rouelles et à ceinture d'étoffe) et les franges des manches, alors qu'au contraire les taillades des chausses et des bottes à rabat sont celles d'un seigneur français du XVIe siècle (comme dans les Déplorations de Quilinen ou de Locronan).

Au pied de l'échelle, Nicodème (le bonnet conique à oreillette rappelle qu'il est également membre du Sanhédrin, le Conseil des Juifs) et un assistant (dont la robe aux manches frangées est également serrée par une ceinture d'étoffe) reçoivent dans un linceul le tronc et les jambes du Christ.

Au dessous d'eux, saint Jean, Marie-Madeleine (qui tient le flacon d'aromates) et une autre Sainte Femme (Marie Salomé ou Marie Jacobé), tous nimbés, en pleurs, entourent la Vierge effondrée.

Il est important de remarquer que les larmes  sont peintes avec précision, sous forme de lignes blanches (par retrait de la peinture du bout du pinceau) qui s'élargissent en gouttes à l'extrémité, car c'est à la même époque que l'atelier de sculpture sur pierre des Prigent (1527-1577), à Landerneau, prend soin de sculpter trois larmes sous les yeux des saints personnages de leurs Calvaires, de leurs Pietà  et de leur Déplorations. Sur le vitrail de Guengat, ce détail est désormais difficilement visible. On l'observe à Quéménéven.

Déploration de Saint-Nic.

Calvaire de la chapelle Saint-Laurent de Pleyben.

Calvaire de Tal-ar-Groas à Crozon

Calvaire de Lopérec (1542 ou 1552)

etc...

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Sainte Marie-Madeleine, en pleurs, soulevant entre pouce et index le couvercle du flacon d'aromates.

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Marie Salomé ou Marie Jacobé, en pleurs.

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Saint Jean.

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La Vierge en pleurs.

La façon de représenter les yeux, (et notamment les paupières), ou la bouche est la même que pour le visage de Marie-Madeleine.

 

 

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LES LANCETTES B, C ET D : LA CRUCIFIXION.

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LANCETTE B : LE BON LARRON ; LE BON CENTENIER ; PÂMOISON DE LA VIERGE.

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Le Bon Larron dont un ange recueille l'âme sous forme d'un petit personnage nu. Le panneau est bien conservé, hormis la culotte verte et une partie du bois du gibet. Les larrons sont attachés au niveau des bras et des jambes, mais la jambe gauche est fléchie à 90° pour signifier, selon une tradition iconographique également très présente sur les calvaires sculptés, que les jambes ont été brisées sur ordre de Pilate (à la différence de celle du Christ).

Les traits du Larron  sont accentués, les sourcils épais, les rides marquées.

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La maîtresse-vitre de l'église de Guimiliau.
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Les soldats romains et les saints personnages (nimbés).

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Nous pouvons distinguer six soldats, dont deux cavaliers. L'un est un porte-étendard. Le second, qui tend l'index vers la Croix, est le Centurion, celui qui prononce les paroles Vere filius Dei erat iste.

Les chevaux sont caractéristiques de l'atelier quimpérois de ces Passions, tant par leur harnachement (et leurs mors à balancier crénelé) que par leur gueule hilares.

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La maîtresse-vitre de l'église de Guimiliau.
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Marie-Madeleine (bien que son identité ne soit pas affirmée par son attribut) est en pleurs. Une nouvelle fois, ces larmes sont bien visibles sous la forme de traits blancs enlevés sur le lavis de grisaille.

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Saint Jean, en pleurs.

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Une autre sainte Femme, essuyant ses larmes.

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La Vierge soutenue par saint Jean.

Les larmes sont plus discrètes, mais présentes.

Le drapé du bas de la scène date de 1951.

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LANCETTE C : LE CHRIST EN CROIX ; LONGIN DONNANT LE COUP DE LANCE ; L'ÉPONGE DE VINAIGRE ; MARIE-MADELEINE ; LES SOLDATS SE DISPUTANT LA TUNIQUE.

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Les lettres du titulus INRI sont perlées.

Le nimbe cruciforme  est en verre rouge gravé puis peint au jaune d'argent.

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Le corps du Christ est peu restauré. On retrouve les paupières très lourdes et accentuées. Les plaies de la flagellation sont présentes, non pas, comme d'ans d'autres Passions, sous la forme des marques des fers, mais sous celle du sang écoulé, peint à la sanguine.

De part et d'autre, deux lances, dont celle qui blesse le flanc droit, et l'éponge imbibée de vinaigre au bout d'une branche d'hysope.

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Le centurion Longin, à cheval, donne le coup de lance sur le flanc droit. Deux autres cavaliers sont coiffés de turbans, signalant peut-être que ce sont des notables Juifs.

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Marie-Madeleine est cette fois identifiable sans hésitation, car elle occupe, au pied de la Croix, cette place qui lui est propre, levant les yeux vers le Christ. 

Fusion de Marie de Magdala et de Marie de Béthanie depuis les Pères de l'Église, elle est déterminée par le lien que les Évangiles lui réservent avec les pieds du Christ qu'elle oint de parfum (Jn 12:3), (ou qu'elle arrose de ses larmes dans les Dépositions), mais aussi avec le lien que la tradition monastique a fixé avec la contemplation douloureuse du sang s'écoulant des plaies et qui ruisselle le long du fût, et dont témoigne ses deux mains jointes en signe d'affliction.

Elle est également déterminée par ses longs cheveux non voilés (à la différence du même personnage dans les lancettes A et B) et sa gorge non couverte.

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Les soldats se disputant la tunique sans couture du Christ.

Même scène à Guengat et Quéménéven.

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LANCETTE D : LE MAUVAIS LARRON ; PILATE À CHEVAL ET SON CHIEN.

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Gatouillat et Hérold décrivent la partie supérieure ainsi  : "le mauvais larron lié à sa croix par un jeune soldat (têtes intactes, panneau complété de bouche-trous et de pièces modernes)". 

Sachant que tout, dans ce panneau supérieur, est une macédoine de bouche-trous hormis ces "têtes intactes", et tenant compte de la bizarrerie de cette mise en croix et de cette tunique, on pourrait s'interroger sur l'état initial de la scène. D'autant qu'à Quéménéven, au dessus d'une foule de soldats semblable, nous avons un Mauvais Larron lié sur son gibet,  symétrique du Bon, avec son âme qui s'échappe.

Mais à Guengat, nous trouvons également ici (dans une partie également très restaurée) un larron enveloppé dans une chemise blanche, et hissé grâce une échelle. Et à Gouezec, cette Mise en croix ou déposition du Mauvais Larron est bien conservée, et incontestable.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Au niveau intermédiaire, un soldat en armure et une demi-douzaine  de notables s'affairent autour d'une double échelle. 

 

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Plus bas, et au premier plan, deux cavaliers sont montrés, de trois-quart arrière. Le premier est un chef militaire (nous voyons de son armure les pièces de jambe, les solerets à la poulaine et les éperons) qui lève les yeux vers les crucifiés. Il s'agit vraisemblablement de Pilate, car il porte au dessus d'une tunique verte un manteau de commandement rouge et or. Selon les Évangiles, il donne alors l'ordre d'achever les victimes en leur brisant les jambes ; et c'est peut-être le rôle de l'échelle, avant la modification de la scène.

Un autre indice pour identifier Pilate est le chien blanc qui dresse la tête au pied de sa monture ; car on le trouve très souvent (depuis Schöngauer et Dürer) dans les scènes de Comparution. Ici, le panneau inférieur est perdu, réduisant ce chien à sa tête, mais il est complet à Guengat, à Quéménéven, à Saint-Mathieu de Quimper et à La Roche-Maurice.

Pilate porte un chapeau serré par une sangle rouge, et doté d'une plume bleue.

Ailleurs, ce personnage (ou son voisin) peut être interprété comme un grand prêtre Juif (bonnet conique, franges).

Une inscription sur son col est partiellement masquée par la barlotière : --OVEN VICOS .  

L'harnachement du cheval porte trois inscriptions : 

IOSEFABATLI

AVEN

IOARESE : DRDARBL.

Cette dernière inscription mêlant les minuscules et les capitales et de lecture difficile et aléatoire. 

Pour R. Couffon : Sur la bride du centurion : "IOSEF ABATII" (Joseph Labat) ; sur la croupière : "IOHANES DE DARBLE" (un Paul Robert, sieur de Darble et chirurgien, fut inhumé aux Dominicains de Morlaix le 19 mars 1670).

Gatouillat et Hérold lisent : IOHANES DE DARBL (?), IOSEFABATH.

À  Guengat, ces mêmes parties de l'harnachement (guides, sangle de poitrail et croupière) portent des inscriptions, différentes mais également dépourvues de sens. On en trouve également à cet endroit à Saint-Mathieu de Quimper, à Gouezec, à La Martyre (sur la tunique du cavalier), mais non à La Roche-Maurice

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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LE SOUBASSEMENT :  LAVEMENT DE MAIN DE PILATE ; ANGES PORTANT LES INSTRUMENTS DE LA PASSION ; UN SAINT DIACRE.

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Le soubassement regroupe en quatre panneaux des fragments dont deux viennent du tympan.

 

Baie A. Pilate se lavant les mains de la condamnation de Jésus.

"Fragments d'une Comparution devant Pilate (vers 1530 ? ; carton repris à Saint-Herbot de Plonévez-du-Faou en 1556)" au dessus d'un fragment de dais Renaissance. (Gatouillat et Hérold)

La sanguine est utilisée pour la chevelure du serviteur et la fourrure de Pilate. Mais ici, le vert des rideaux et les pièces bleues portent des lignes (droites, en K, en F, en O). Le jaune du  turban est traversé par des lignes claires, tandis que sur les mains et la cuvette, les gouttes d'eau sont tracées en rais (gravure ou enlevés ?).

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Comparution devant Pilate, maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Herbot. Photo lavieb-aile.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Lancette B. Ange tenant les verges de la Passion. Réemploi d'ajour provenant du tympan primitif de cette verrière.

"vers 1550. Damas à rosaces sur la tunique. Inscription "...HAN 1599" en bouche-trous d'en bas, datant peut-être cette intervention su l'ancienne baie d'axe." (Gatouillat et Hérold).

Les rouelles du damassé, en grisaille sur verre bleu, sont les mêmes que sur la tunique de Joseph d'Arimathie sur la Descente de Croix de la  baie A. 

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Lancette C. Ange tenant la colonne de la Passion. Réemploi d'ajour provenant du tympan primitif de cette verrière.

"Largement refait vers 1600. " (Gatouillat et Hérold).

Notez la paire de tenailles (verre blanc sur verre rouge).

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Lancette D. Buste d'un saint diacre.

"Tenture galonnée, arc d'une niche (milieu du XVIe s. facture différente)" (Gatouillat et Hérold).

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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TYMPAN : VITRERIE ORNEMENTALE PAR HUBERT-SAINTE-MARIE (QUINTIN) VERS 1980.

 

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SOURCES ET LIENS.

ABGRALL (Jean-Marie) , 1883 : L'église de Guimiliau (B.S.A.F. 1883)

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1883_0145_0161.html

Le maître-autel actuel , qui recouvre probablement l'autel primitif en pierre, n'a rien de remarquable. On peut seulement noter la maîtresse-vitre qui le surmonte et qui repré­sente la Passion. C'est un mélange bien confus de person­nages, et analogues, du reste, au style des vitraux de cette époque .

— ABGRALL (Jean-Marie), 1912, Guimiliau, B.D.H.A. Quimper

https://www.diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/afef0cf82b371a72f35a42200cb9a127.pdf
 

ABGRALL (Jean-Marie) , 1924 1935 : L'église de Guimiliau (porche, baptistère, ...) Morlaix,

https://www.diocese-quimper.fr/bibliotheque/items/show/10703

"On doit noter la maîtresse-vitre qui représente la Passion. C'est un mélange bien confus de personnages, et analogue, du reste, au style des vitraux de cette époque (1599)."

— APEVE

http://www.apeve.net/spip/spip.php?article281

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Guimiliau, in Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper

"Vitrail du chevet : la maîtresse vitre représente la Crucifixion et la Déposition de croix (XVIe siècle. - I.S.). Le carton est identique est identique à celui de la maîtresse vitre de Guengat, tous les deux inspirés par la Crucifixion de La Martyre. Sur la bride du centurion : "IOSEF ABATII" (Joseph Labat) ; sur la croupière : "IOHANES DE DARBLE" (un Paul Robert, sieur de Darble et chirurgien, fut inhumé aux Dominicains de Morlaix le 19 mars 1670)."

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/GUIMILIA.pdf

 

— COUFFON (René), 1945, La peinture sur verre en Bretagne, Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne (SHAB) pages 27 à 64.

https://www.shabretagne.com/document/article/2531/La-peinture-sur-verre-en-Bretagne-Origine-de-quelques-verrieres-du-XVIe-siecle

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005,  Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, p. 183.

— NDODUC

http://ndoduc.free.fr/vitraux/htm8/eg_StMiliau@Guimiliau_0.htm

WAQUET (H.), 1952 et 1977 : Guimiliau (Châteaulin) 

E. Royer : Guimiliau (Rennes, 1979)

PRIGENT (Christine), 1986, Guimiliau (Châteaulin).

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)

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