Les sablières (ou corniches) nord et les clefs pendantes de la voûte lambrissée de l'ancienne abbatiale de Daoulas : inscription de 1529, blasons armoriés et scènes animalières.
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Voir aussi sur Daoulas :
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Pour d'autres articles sur les sablières, tapez "sablières" sur l'onglet "rechercher" en haut à droite.
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LA VOÛTE LAMBRISSÉE DE LA NEF DE L'ANCIENNE ABBATIALE NOTRE-DAME.
De l'édifice primitif, commencé en 1167 et consacré le 12 septembre 1232, il ne subsiste que la nef et le collatéral nord, puisque le chœur et le transept, qui avaient été reconstruits au XVIe siècle, sous l'abbatiat de Charles Jégou, furent démolis vers 1830 et le vaisseau alors fermé par un mur de fond.
La nef, qui nous occupe dans cet article, est donc "ancienne" (restons flou).
Elle comprend sept travées avec bas-côtés. Sauf dans la première travée, aveugle, la nef est éclairée par des fenêtres étroites et très ébrasées percées au-dessus de chacune des arcades.
La voûte en arc de cercle est habillée de planches de bois nommés merrains (je crois qu'ils sont en châtaignier, mais ils étaient en chêne) séparés par 25 nervures : c'est une voûte lambrissée à bois nu. Ce lambris cache la succession des fermes, composées d'un entrait horizontal, de deux arbalétriers en V renversé, et, pour transformer le triangle du V en un demi-cercle, de faux-entraits, d'un poinçon et de jambe de force. Voir Corentin OLIVIER, La Charpente armoricaine en Ille-et-Vilaine 2014. Cet habillage est toujours secondaire, et au départ le squelette de la charpente était apparent.
Je compte huit entraits (les poutres transversales), non sculptées, sauf la huitième (je les numérote en allant vers le chœur) qui est ornée d'une ligne torsadée, et qui est engoulée : ses extrémités semblent avalées par la gueule de dragons, ou engoulants. Chaque espace entre les entraits comporte trois alignements de merrains, entre quatre nervures.
La charpente s'appuie sur les murs par des pièces de bois horizontales nommées sablières. Celles-ci ne sont pas visibles, et c'est par un abus de langage passé dans les mœurs que nous nommons "sablières" les planches d'habillage qu'il faut nommer "corniches". Sur la longueur de la nef, on peut compter de chaque coté neuf corniches. Seules celles du coté nord sont sculptées. J'ai donc neuf corniches à décrire, numérotées de 1 à ...9, mais cinq d'entre elles sont très ressemblantes.
Je reprendrai le terme de "sablière" communément utilisé y compris dans les travaux universitaires :
Voir : Sophie Duhem. Les sablières sculptées en Bretagne. Images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne (XVe-XVIIe siècles).. Presses Universitaires de Rennes. PUR, pp.385, 1997. Issu d'une thèse de doctorat en histoire sous la direction d'Alain Croix.
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Au sommet de la voûte court du pignon jusqu'au chœur, parallèlement à la panne faîtière, une succession de traverses de bois qui croise chaque nervure. Le point de croisement est marqué par une pièce quadrangulaire (est-ce l'extrémité du poinçon ?) formant ce qu'on peut nommer une clef de voûte, comme les clefs pendantes des voûte de pierre. Chacune de ces clefs est sculptée, soit de simples motifs floraux, soit d'anges portant des blasons armoriés. Si j'ai bien compté, vous aurez droit à la description de 27 clefs sculptées (on sent bien que je ne suis pas sûr de mon terme technique ...) dont deux particulièrement croquignolettes, quoique sans doute piquées des vers (ou de la vrillette).
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I. LES NEUF SABLIÈRES NORD.
Nous trouverons de l'ouest vers l'est :
- N° 1 à 3 : couples de porteurs de phylactères.
- N° 4 : Une inscription de fondation de 1529.
- N° 5 : Un groupe d'animaux et deux anges présentant un blason.
- N° 6 à nouveau les porteurs de phylactères.
- N° 7 : blason tenu par deux léopards.
- N° 8 : sablière non sculptée.
- N°9 : Le renard et le lion entre des ailes nervurées.
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Sablières nord, 1529, ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile.
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A. Les porteurs de phylactères. Sablières n° 1, 2, 3, 6.
Sur la sablière n°1, un homme déroule une banderole : le sculpteur n'a pas représenté son voisin, et il n'existe que l'épure de son emplacement.
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Sablière n° 1, 1529, ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile.
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Sur les sablières n°2 et 3, deux anges déroulent leur banderole. Leurs cheveux bouclés en gros macarons successifs sont resserrés par un bandeau frontal à perles. J'imagine que, lorsque ces décors étaient peints, des textes religieux ou honorant les abbés de Daoulas étaient inscrits sur ces phylactères.
Sablière n° 2, 1529, ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile.
Sablière n° 3, 1529, ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
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Sur la sablière n° 6, ce ne sont plus des anges, mais des hommes en costume du XVIe siècle qui offrent leur texte à la lecture des fidèles. Et, à la différence de la sablière n°1, ils sont barbus, leur bandeau est torsadé, et ils portent une sorte de béret ou de bonnet. Ils sont encadrés par des extrémités d'ailes nervurées.
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Sablière n° 6, 1529, ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
Sablière n° 6, 1529, ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
Sablière n° 6, 1529, ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
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B. La sablière n° 4 : l'inscription de fondation de la charpente en 1529.
Deux anges déroulent une banderole portant deux lignes d'une inscription en caractères gothiques. Le bois de ce legs très précieux de l'épigraphie locale est rongé par les vers, notamment dans sa partie supérieure : il est temps de le photographier, et d'aller l'admirer : o tempora, o mores !
On verra ainsi la dilatation en losange aéré d'un cercle qui orne le corps ou la hampe de nombreuses lettres. On note aussi l'absence de ponctuation et d'espace de séparation entre les mots.
L'inscription est lue ainsi :
"LABBE CHARLES FIT EN SON TEMPS CE BOIS DE CEANS LAN MIL V CENTS AVECQ[UE] XX COMPRINS IX ANS PAR O GARIC ET SES AIDANS. "
"L'abbé Charles [Jégou] fit en son temps ce bois de céans l'an 1529 par O[livier] Garic et ses aidants".
J'ai évoqué l'abbé Charles Jégou en présentant sa plaque tombale, exposée dans l'église, une vingtaine de mètres plus bas que cette sablière. Son abbatiat dura de 1519 à 1535, fut marquée par la réalisation de la maîtresse-vitre aujourd'hui détruite ; cette inscription incite aussi à lui imputer la reconstruction de toute ou partie de la charpente (ou de la pose du lambris ?).
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Sablière n° 4, 1529, ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
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On peut discuter cette lecture, car l'attaque du bois a effacé le mot qui suit CHARLES, hormis la première lettre qui est une majuscule, compatible avec Le I de IEGOU.
Il faut surtout s'étonner de l'étrange façon d'écrire la date de 1529 (si on la valide) par 'L'an mil cinq cents avec vingt comprins neuf ans". Certes, la forme "comprins" est attestée, par exemple en 1550 dans des titres d'ouvrage avec l'expression "où est comprins" , ou dans des locutions "y comprins", et Godefroy mentionne le sujet féminin Comprinse avec le sens "ce qu'une chose comprend".
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Sablière n° 4, 1529, ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
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Quant au personnage mentionné par "O. GARIC ET SES AIDANS", on y a reconnu Olivier Garric, qui fut chargé de construire le moulin et l'étang de Brézal à Plounéventer, en raison de l'inscription qui s'y trouve, relevée par André Croguennec :
LAN : MIL CINQCC : XX : GUILLE[M] : DE : BRESAL
ET : MARGARITE : LE : SENECHAL : SR : ET : DA[ME] : DE
BRESAL : FIRE[N]T : FAIRE : CEST : ESTA[N]C : ET : MOULI[N] :
AU : DYVYS : DE : OLIVIER : GARRIC :
"L'an mil cinq cent vingt, Guillaume de Bresal et Marguerite Le Senechal, seigneur et dame de Bresal, firent faire cet estanc et moulin au dyvys d'Olivier Garric."
Note : dyvys : Godefroy donne pour DEVIS la forme dyvis, avec les sens "Séparation, division", mais aussi "Intention, désir, volonté, souhait."
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Inscription de la sablière n° 4, 1529, ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
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La sablière n° 5 : Scène animalière et blason Tréanna-Kerguern.
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La sablière n°5, 1529, ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
La sablière n°5, 1529, ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
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a) le groupe de gauche : un animal fantastique à ailes de chauve-souris, fait danser deux singes.
La cinquième corniche nous réserve l'une de ces truculentes et osées scénettes animales dont les sablières ont le secret. A droite, une chimère associant des ailes de chauve-souris, des pattes de chien et un corps formé du sac ventru d'une cornemuse (le biniou !) dirige le son — et l'air — de son hautbois vers les fesses d'un singe. Ce hautbois, qui forme l'appendice nasal de l'étrange créature, est doté d'un pavillon, et de trous, actionnés par la patte droite. Un tuyau s'élève vers la droite sur l'épaule de la bestiole, correspondant à un bourdon (ou au porte-vent).
Bien entendu, cela n'a pas échappé à Jean-Luc Matte, qui l'a enregistré dans son encyclopédie de la cornemuse : http://jeanluc.matte.free.fr/fichdk/daoulas.htm
Et ce qui ne vous échappera peut-être pas, c'est le sexe en érection que l'ymagier s'est bien gardé de sous-estimer. Car l'animal est vu de face, pattes écartées, et non de dos comme je l'ai cru un moment, interprétant cet étui comme une queue.
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Cornemuse-chauve-souris, sablière n°5, 1529, ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
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Dans la partie gauche, deux singes se tiennent par les mains, enfin, les pattes, en se penchant en avant. Leur face est fendue par un grand sourire, bien visible chez celui des deux qui se tourne vers nous. Je crois l'entendre : "Hé hé hé, hé hé hé ..."
Les deux comparses ont une queue qui se glisse dans l'entrecuisse, contourne le flanc et se dresse vers l'arrière. Voilà un accessoire caudal bien ambigu.
La scène complète peut être vue comme une allégorie du Vice, de l'animalité de l'homme peccamineux, un miroir tendu au fidèle pour l'inciter à la contrition et à la conversion vers la conduite chrétienne. Et plus précisément comme une représentation de la Luxure, cette sexualité désordonnée et incontrôlée qui est le propre des "pécheurs charnels, qui soumettent la raison aux appétits" (Dante) destinés aux tourments de l'Enfer.
C'est aussi une dénonciation de la nature diabolique de la musique vulgaire, celle qui fait danser ; la cornemuse étant, avec la bombarde, le plus diabolique parmi tous les instruments. Et il est bien connu que c'est le Diable lui-même qui mène le bal. Cette scène daoulasienne est à relier avec celle des sablières de la chapelle Saint-Sébastien du Faouët (vers 1598).
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Mais parmi les nombreux modes de la Luxure, ce n'est ni la fornication, ni l'adultère, ni l'inceste, ni la masturbation, ni le stupre, ni le rapt, ni le sacrilège qui sont visés, mais plutôt la sodomie.
Il n'est donc pas contournable, devant cet usage du hautbois, d'évoquer ici les emplois ambigus des termes pipeau et piperie (*) chez Rabelais, tels que je les ai évoqués dans mon article sur la Chevêche et la pipée du Cinquième Livre. Ou d'aller lire les interprétations contestées de Thierry Martin sur l'argot en vogue chez Villon et Rabelais, le jobelin.
(*) bag-pipe ou sac-tuyau est le nom de la cornemuse écossaise.
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Deux singes et une chauve-souris/cornemuse, sablière n°5, 1529, ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
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b) à droite : deux anges tiennent un blason de Tréanna-Kerguern.
Ces anges, aux cheveux bouclés en coques tiennent un blason divisé en quatre parties. On s'attendrait à trouver les armoiries de l'abbé Jégou, mais non. En 1 et 4, nous avons la macle que j'attribue bêtement aux Rohan. En 2 et 3, nous trouvons trois annelets. Devinette : à qui sont ces annelets ? Sont-ce ceux de Buzic, sr de Kerdaoulas sur la trève de Saint-Urbain, paroisse de Dirinon : Pol de Courcy signale ancienne extinction, fondu dans Goëbriand. Ecartelé aux 1,4 d'or au léopard de gueules qui est Névet, au 2,3 de gueules à six annelets d'argent, qui est Buzic. Voir Tudchentil.
Je trouve mieux avec les Kerguern , sr dudit lieu, paroisse de Dirinon, évêché de Cornouailles. D'azur à trois annelets d'argent. (Guy le Borgne.) Fondu au XVe siècle dans Lanvilliau, puis Tréanna. Or, quelles sont les armoiries de Tréanna ? D'argent, à la macle d'azur. Ah ah !
J'ai rencontré jadis un Yves de Tréanna, lors de ma visite des vitraux de la cathédrale de Quimper : il résidait en baie 106 et m'avait raconté qu'il avait été sénéchal de Daoulas, seigneur de Kervern et époux d' Amou (ou Amice) de Kerbescat vers 1420. Il vivait au manoir de Tréanna-Kervern, en Dirinon, lequel sera la résidence des Sénéchaux de Daoulas jusqu'à la fin du XVIIe siècle. Par exemple, son descendant Guyaumarch de Tréanna, seigneur de Kervern, sénéchal de Daoulas y vivait en 1529. Voir la Réformation de 1668 sur Tudchentil et le document de 1535:
"ladite terre de Kervern a le droit prohibitif et que le proprietaire d’icelle etoit senechal feodé de ladite juridiction de Daoulas, et que ce droit avoit eté autrefois concedé au seigneur proprietaire de ladite maison de Kervern, par le seigneur comte de Leon, lors seigneur de ladite juridiction de Daoulas, il y a 400 ans ou environ, et que cette maison et terre de Kervern etoit venue à la famille de Treanna par le mariage de dame Amou de Kerbescat, heritiere de ladite terre de Kervern, avec messire Yves de Treanna, qui etoit le bisayeul dudit Guillaume ; ladite information en date du dernier Decembre 1535, signee et garantie par original".
La lignée depuis cet Yves de Tréanna fut :
- Olivier de Tréanna / Catherine de Guisiau
- Guyomar de Tréanna / Alice du Louet.
- Guillaume de Tréanna /1502 Catherine de Lanvilliau
- Yves de Tréanna vivant en 1544/ Jeanne de Coatnezre : cet Yves de Tréanna me reçut en baie 112 de la cathédrale.
- Jacques de Tréanna / Péronnelle Simon
- Guillaume de Tréanna / Bonaventure de Saluden
- Guillaume de Tréanna / 1622 Françoise de Visdelou de la Gourblay.
Au total, ce blason datant de 1529 ne date pas de l'alliance Yves de Tréanna/ Amou de Kerbescat mais honorerait cette alliance et témoignerait de droits ou d'une donation de Guillaume de Tréanna, seigneur de Kerguern et sénéchal féodé de Daoulas. Ou de son fils.
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Blason Tréanna/ Kerguern, sablière n°5, 1529, ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
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La sablière n° 7. Armoiries de Guy Maufuric tenues par deux léopards à queue trifide.
Les deux léopards (en terme d'héraldique) tiennent un blason dans lequel un chevron séparent trois oiseaux ressemblant peu ou prou à des hirondelles. On y reconnaît les armoiries au chevron d'argent accompagné de trois oiseaux de mer de même, celle de Guyomarc'h Maufuric, qui fut abbé de Daoulas de 1441 à 1467, date où il résigna sa charge avant sa mort en 1468. Le blason est surmonté d'une crosse (ou d'une mitre ?)
Le Nobiliaire de Pol de Courcy indique :
MAUFURIC , sr de Lezuzan et de Keramborgne, par. de Dirinon. Réf. et montres de 1426 à 1481, dite par., év. de Cornouailles. D'azur au chevron d'argent, accomp. de trois huppes ou palles (oiseaux de mer) de même. Guy, abbé de Daoulas, t 1468.
La graphie MAUFURIC est attestée dans un document en latin cité par P-H Morice, la Fondation des Cordeliers de Landerneau de 1488 par Jean II de Rohan. Mais dans la même Histoire ecclésiastique de P-H. Morice, on lit aussi MANFURIC.
J'ai rencontré ces armes :
Jean-Luc Deuffic les signale ailleurs sur la charpente de l'église, où je vais bientôt les découvrir. Selon cet auteur,
"...l'abbé Guyomarc'h Maufuric, issu d'une importante famille locale, attestée anciennement à Lezuzan (Dirinon), était licencié en droit canon. Il fut chargé en 1450 de défendre les biens du cardinal Alain de Coëtivy, évêque d'Avignon, dans la province de Tours. Pour ces services le cardinal lui accorda, le 12 avril 1456, le droit et la faculté de porter la mitre et les ornements pontificaux. "
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Armoiries de l'abbé Guyomarc'h Maufuric, Sablière n° 10, 1529, ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
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La sablière n° 9. Un renard volant une poule face à un lion.
Le renard emportant une poule est un grand classique des sablières.
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Renard emportant une poule, face à un lion. Sablière n° 9, 1529, ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
Renard emportant une poule, face à un lion. Sablière n° 9, 1529, ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
Armoiries de l'abbé Guyomarc'h Manfuric, Sablière n° 10, 1529, ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
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II. LES CLEFS DE LA VOÛTE.
Dans ma présentation, j'ai dis que la voûte lambrissée à 8 entraits comptait 27 clefs de voûte , dont certaines armoriées. Dans la description que donne Dom Pinson au XVIIe siècle, on lit page 328 de la transcription de Peyron:
"A la voûte du sanctuaire, il faut encore considérer plusieurs armes considérables et premièrement celles de Bretagne, parti de Bretagne et de France, parti de Rohan et de Bretagne, de Léon, de Vitré, de Rosnivinen, de Tréanna, de Kerverne, parti de Kervern et Tréanna, parti de Tréanna et de Kerverne, de Rosmadec surmonté de la crosse abbatiale. ..."Autre écu surmonté de la crosse abbatiale je crois de Léon, de gueules à six besants d'argent 3, 2, 1, qui est Buzic, Kerdaoulas et les armes de l'abbé de Manfuric surmontées de la crosse." (Dom Pinson)"(Dom Pinson)
- Bretagne : d'hermines plain
- France : d'azur à trois fleurs de lis d'or
- parti de Bretagne et de France : en 1, d'hermines plain ; en 2 d'azur à trois fleurs de lis d'or : Jeanne de France épousa en 1396 le duc Jean V. Peut se référer à Anne de Bretagne.
- parti de Rohan et de Bretagne : en 1, de gueules à neuf macles d'or et en 2, d'hermines plain. Armes d'Alain IX, vicomte de Rohan et de Léon, décédé à 80 ans le 20 mars 1462, et de Marguerite de Bretagne, dame de Guillac, fille du duc Jean IV de Bretagne et de Jeanne de Navarre, morte en avril 1428, .
- Léon : d'or au lion morné de sable
- Vitré : de gueules au lion d'argent
- Rosnivinen : d'or à la hure de sanglier de sable arachée, et armée de gueule bordée, et engrellée de mesme
- de Tréanna : d'argent à une macle d'azur.
- De Kerverne ou Kerguern : d'azur aux trois annelets d'argent
- Parti de Kervern et de Tréanna : en 1, d'azur aux trois annelets d'argent et en 2 d'argent à une macle d'azur.
- Rosmadec : palé d'argent et d'azur de six pièces. Surmonté d'une crosse ("abbatiale" ??), il renvoie à Bertrand de Rosmadec, évêque de Cornouailles de 1416 à 1444.
Pour nous aider, nous pouvons aussi tenir compte des armoiries de la maîtresse-vitre : elles comportaient selon don Minson les armes "de France-Bretagne, Bretagne-Pont-l’Abbé, de Rohan, de Vitré, de Rohan-Bretagne, de Rohan-Vitré, de Léon, de Léon-d’Avaugour, de Léon-de Rohan, de du Chastel, de Manfuric-Lezuzan surmonté de la crosse de l’abbé Manfuric, de l’abbé Jégou, de Lezuzan-Guarlot Rosmadec, de Rosniven, Manfuric Lezuzan-du Chastel, de l’abbé Guerrault, de Manfuric Lezuzan-Kergouarn, de Manfuric Lezuzan-Huon, Manfuric Lezuzan-Rosmadec, de l’abbé Petit, de Kervain, de Trefilis, de Rouazle, de Keroullé, de Guerrault, soit trente armoiries."
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Je les numéroterai cette fois-ci du chœur vers le fond de la nef :
1 : ange ? présentant un phylactère. Contre le mur diaphragme.
2. Ange portant la couronne d'épines.
3. Ange présentant les armes des Rohan.
4. Fleuron.
5. Ange présentant les armoiries épiscopales de Claude de Rohan.
6. Homme sauvage présentant les armoiries avec un lion.
7. Deux anges présentant les armoiries abbatiales (mitre et crosse) avec un lion.
8. Fleuron à "pomme de pin"
9. Ange présentant les armoiries écartelées
10. Ange présentant les armoiries abbatiales de Guy Maufuric.
11. Homme sauvage soulevant sa tunique comme une banderole.
12. Fleuron.
13. Ange présentant un phylactère.
14. Fleuron.
15. Fleuron.
16. Ange présentant un phylactère.
17. Fleuron.
18. Fleuron "pomme de pin".
19. Ange présentant un phylactère.
20. Fleuron.
21. Fleuron à huit pétales.
22. Fleuron au centre carré.
23. Ange présentant un phylactère.
24. Homme sauvage relevant sa tunique et laissant pendre un objet.
25. Fleuron "pomme de pin".
26. Fleuron carré.
27. Visage.
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La voûte lambrissée de la nef, ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
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2. Ange tenant la couronne d'épines.
Ange à la chevelure crêpée soigneusement peignée en deux masses latérales, habillé d'une tunique plissée, bouffante au dessus de la ceinture (cette tunique apparaissant à travers la couronne). Longues ailes bien visibles.
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Ange tenant la couronne d'épines, clef de la voûte de l'ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
Ange tenant la couronne d'épines, clef de la voûte de l'ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
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3. Ange présentant les armes des Rohan à neuf macles.
L' ange (ou du moins le jeune homme aux allures de page ou la jeune femme au décolleté arrondi), aux cheveux bouclés, a la tête posée sur un coussin orné de macles.
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Armoiries des Rohan, évêque de Quimper et abbé de Daoulas, clef de la voûte de l'ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
Armoiries des Rohan, évêque de Quimper et abbé de Daoulas, clef de la voûte de l'ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
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5. Ange aptère ou jeune homme présentant un blason aux armes aux neuf macles des Rohan surmonté d'une crosse et d'une mitre.
On peut l'attribuer à Claude de Rohan, évêque de Quimper de 1501 à 1540 et abbé de Daoulas, mais dont la simplicité d'esprit imposa qu'il fut remplacé dans ses fonctions d'évêque et d'abbé par Jean du Largez
: Jean du Largez, abbé de Daoulas 1502 - 1519, était originaire de Botlézan, évêché de Tréguier. En 1505, il est aussi nommé évêque suffragant de Quimper (administrant le diocèse à la place de Claude de Rohan, l'évêque titulaire évêque de Cornouaille de 1501 à sa mort en 1540. , simple d'esprit) et en 1515 évêque de Vannes. Il démissionne en 1519 et meurt à l'abbaye de Daoulas le 5 juin 1533. Le 8 juin 1505, il est nommé avec une pension de 200 livres « évêque suffragant » de Cornouaille afin d'exercer les fonctions épiscopales pour le compte de Claude de Rohan, l'évêque en titre depuis 1501, qui, du fait de son incapacité, ne sera sacré que le 6 avril 1510 et ne prendra officiellement possession de son siège que le 6 juin 1518.
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Armoiries de Claude de Rohan, évêque de Quimper et abbé de Daoulas, clef de la voûte de l'ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
Armoiries de Claude de Rohan, évêque de Quimper et abbé de Daoulas, clef de la voûte de l'ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
Armoiries de Claude de Rohan, évêque de Quimper et abbé de Daoulas, clef de la voûte de l'ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
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6. Le lion morné. Blason tenu par les deux bras d'un homme sauvage barbu.
Le lion n'a ni langue, ni griffe ni sexe : il est morné. C'est le lion des seigneurs de Léon, et non celui de Vitré ou de Pont-l'Abbé.
La présentation d'armoiries par un couple d'hommes sauvages est ancienne.
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Homme sauvage présentant les armoiries des seigneurs du Léon. clef de la voûte de l'ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
Homme sauvage présentant les armoiries des seigneurs du Léon. clef de la voûte de l'ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
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7 . Deux anges présentant un blason abbatial (mitre et crosse) au lion morné .
La tête de ce lion se détache sur une bande horizontale.
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Deux anges présentant un blason abbatial (mitre et crosse) au lion morné ; clef de la voûte de l'ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
Deux anges présentant un blason abbatial (mitre et crosse) au lion morné ; clef de la voûte de l'ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
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9. Jeune homme présentant un blason écartelé aux léopards, aux hermines et fleurs de lis.
On peut le blasonner approximativement comme écartelé en 1 et 4 au léopard, en 2 et 3 à six hermines, au chef chargé de trois fleur de lis :
Je retrouve le léopard à queue fourchue de la sablière 9 : faut-il y voir les armes des Vicomtes du Faou d'azur au léopard d'or ? Certes, le territoire qui forme aujourd'hui la commune de Daoulas appartenait aux seigneurs du Faou .
Mes recherches me conduisent aussi aux armoiries de Quellenec de Colledo "d'argent, à six hermines de sable; au chef de gueules, chargé de trois fleurs de lis d'or" http://marikavel.com/blasons/fleur-de-lys.htm
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Clef de la voûte de l'ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
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10. Ange présentant les armoiries de l'abbé Guy Maufuric de Lezuzan
Au niveau du septième entrait, avant la sablière n°7 qui porte aussi les armes de cet abbé. Cf supra.
Comme l'ange s'enroule autour de la clef et que la septième poutre gêne le spectateur, il faut deux clichés pour voir d'une part la tête de l'ange et ses mains, la mitre, la crosse et la partie supérieure du blason, d'autre part le blason en entier, au chevron et aux trois oiseaux.
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Armoiries de Guy Maufuric abbé de Daoulas, clef de la voûte de l'ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
Armoiries de Guy Maufuric abbé de Daoulas, clef de la voûte de l'ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
Armoiries de Guy Maufuric abbé de Daoulas, clef de la voûte de l'ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
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11. Un homme sauvage seulement drapé par une banderole révèle sans pudeur son anatomie. Ou : sauvage pissant sur les fidèles.
Heureusement, la voûte est haute et, jadis, les projecteurs actuels n'étaient pas installés. Heureusement aussi, personne ne remarque ce détail riquiqui.
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Homme sauvage se cachant mal derrière son phylactère, clef de la voûte de l'ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
Homme sauvage se cachant mal derrière son phylactère, clef de la voûte de l'ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
Un ange bien déchu, clef de la voûte de l'ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
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13. Ange tenant un phylactère muet.
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Ange tenant un phylactère muet, clef de la voûte de l'ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
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16. Ange tenant un phylactère muet.
Ange tenant un phylactère muet, clef de la voûte de l'ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
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18 Fleuron en "pomme de pin".
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clef de la voûte de l'ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
clef de la voûte de l'ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
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19. Ange tenant un phylactère.
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Ange tenant un phylactère muet, clef de la voûte de l'ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
Ange tenant un phylactère muet, clef de la voûte de l'ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
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AUTRES SCULPTURES DE L'ÉGLISE.
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LE CRUCIFIX.
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Crucifix du coté sud de la nef de l'ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
Crucifix du coté sud de la nef de l'ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
Statue de saint Laurent, coté sud du chœur de l'ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
Vierge à l'Enfant, ancienne abbatiale Notre-Dame, Daoulas. Photographie lavieb-aile juin 2017.
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SOURCES ET LIENS.
— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), 1906, “Daoulas,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, consulté le 5 juin 2017, http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/items/show/328.
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/1f623d8ab53c290b419d50f8f5da88aa.pdf
https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/bdha/bdha1913.pdf
— CASTEL (Yves-Pascal) 11 août 1979 Mieux connaître l'abbaye de Daoulas
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/5706ec4151340cdb93120029fde046d9.jpg
— CASTEL (Yves-Pascal) 1996, "Monuments et objets d'art du Finistère (année 1995) : Daoulas, Porche du cimetière, la statue de saint Cler", Bulletin de la Société Archéologique du Finistère(125, p. 148-149)
— CROGUENNEC (André) Le vitrail de l'église Saint-Yves à La Roche-Maurice http://andre.croguennec.pagesperso-orange.fr/lr/vitrail-lr.htm
— CROGUENNEC (André), Le moulin de Brézal,
http://andre.croguennec.pagesperso-orange.fr/moulin-brezal.htm
— COURCY (Pol de), 1867, Bretagne contemporaine, Finistère, p. 96, Nantes, Charpentier, in-f°, 1867
— COUFFON (René), 1988, Notice extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, par René Couffon, Alfred Le Bars, Quimper, Association diocésaine, 1988.
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/b7a5a075dd70315bdc8d13759ebc81e4.pdf
— DEUFFIC (Jean-Luc), « Les documents nécrologiques de l’abbaye Notre-Dame de Daoulas », dans Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. 106, 1978, p. 83-102 ; 107, 1979, p. 103-148.
— DEUFFIC (Jean-Luc), site facebook Notre-Dame de Daoulas une abbaye entre Léon et Cornouaille
https://fr-fr.facebook.com/Notre-Dame-de-Daoulas-une-abbaye-entre-L%C3%A9on-et-Cornouaille-824697447594776/
— DEUFFIC (Jean-Luc) Daoulas entre Léon et Cornouaille
http://daoulas.blogspot.fr/
—DEUFFIC (Jean-Luc) 2011, Enquête sur les sénéchaux féodés de Daoulas (1535-1536), Bulletin de la Société Archéologique du Finistère pages 307-333.
— LÉCUREUX (Lucien), 1919, église abbatiale de Daoulas, Congrès archéologique de France page 20
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k35688p/f53.vertical
— LEON (Anne), 1995, Etude documentaire, in Michel Baillieu, Les Fouilles de l'abbaye de Daoulas, DRAC Bretagne RAPO1289
http://bibliotheque.numerique.sra-bretagne.fr/pdf/fichiers/958389ee9e1c8cab5618a25606fa814b/958389ee9e1c8cab5618a25606fa814b.html?search=
— LEVOT (P.), "Daoulas et son abbaye", dans B.S.A.B., 1875-76,p.113-190.
— PEYRON (P.), "L'abbaye de Daoulas d'après 1es mémoires de dom Louis Pinson", dans B.S.A.F., 1897, p.49-50.
— PINSON (Chanoine Louis), 1696, Histoire de l'abbaye de Daoulas, par un chanoine de cet abbaye, manuscrit recopié au début du XIXe siècle et publié par PEYRON (Chanoine P. ) 1897,"L'abbaye de Daoulas d'après les mémoires de dom Louis Pinson", Bulletin de la Société archéologique du Finistère pages 49-70, 197-231, 241-256 319-350 et 425-440.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207639m/f443.vertical.r=SOCIETE%20ARCHEOLOGIQUE%20DU%20FINISTERE
— Le manoir de Kervern-Tréanna : l'inventaire de 1579
https://www.facebook.com/notes/notre-dame-de-daoulas-une-abbaye-entre-l%C3%A9on-et-cornouaille/le-manoir-de-kervern-tr%C3%A9anna-dirinon-inventaire-de-1579/1405650816166100
— http://site.erin.free.fr/Bretagne/Finistere/Daoulas.htm#PorcheApotres
— http://www.infobretagne.com/abbaye_de_daoulas.htm