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3 octobre 2012 3 03 /10 /octobre /2012 12:18

         Le retable des dix mille martyrs,

           église Saint-Pierre de Crozon (29).

 

  L'église de Crozon conserve dans son transept sud un retable du XVIIe siècle consacré "aux dix mille martyrs" du mont Ararat, légionnaires romains convertis à la foi chrétienne et martyrisés sou l'empereur Hadrien.

   Placé au dessus de l'autel,  c'est un ensemble composite regroupant le retable lui même qui est un triptyque à volets avec un autre triptyque beaucoup plus petit placé au dessus de lui. Mais les deux bas-reliefs du bel autel (ce serait l'ancien maître-autel de l'église jusqu'en 1754) consacrés à la Passion du Christ, quoique de facture différente participent à l'ensemble en rappelant le lien entre le martyre des soldats et les souffrances du Christ.


 retable 8535c (2)

 

  Le retable principal est le seul à être consacré au thème très original des dix mille martyrs, thème qui donne tout son intérêt à l'oeuvre. Je le décrirai donc en premier, avant de présenter le petit retable supérieur, puis les panneaux latéraux au thème certes beaucoup plus classique, mais qui ne manquent pas d'intérêt. 

  Je donne une première mouture de cet article sans commenter les images ni étudier le culte de la myriade de martyrs, afin de laisser intact la contemplation silencieuse de l'oeuvre, comme lorsqu'on se trouve dans l'église ; dans une seconde version, j'irai de mon petit couplet sur chaque photographie.

 

I. LE RETABLE DES DIX MILLE MARTYRS. 

    C'est un tryptique à volets : chaque volet comporte six panneaux, de taille plus haute dans le registre inférieur, alors que l'armoire centrale rassemble douze scènes : soit un total de 24 scènes, dont la lecture qui débute par le panneau de gauche de haut en bas, se poursuit par le registre supérieur de la structure centrale, puis ses registres inférieurs, avant de se prolonger sur le panneau de droite.

  L'histoire racontée est en fait  l'épisode central de la vie d'un saint peu connu, saint Acaste, ou "Acace du Mont Ararat" (car il y a huit autres saints Acace, presque tous martyrs), ou Achatius, ou Achaz, qui est fêté le 22 juin. Ce tribun romain subit le martyre en Arménie sur le Mont Ararat avec ses légionnaires dans les circonstances que l'oeuvre nous présente : 

  Elle montre en effet  le martyre par crucifixion de soldats chrétiens sur le mont Ararat en Arménie, en 120 après Jésus-Christ. À la suite d’une révolte de populations arméniennes contre l’occupation romaine, une armée de seize mille soldats est envoyée, mais l’expédition tourne à la déroute. Ne restent que neuf mille hommes pour combattre. Selon la légende, un ange leur assure la victoire s’ils se convertissent et adorent le vrai Dieu. Leur conversion faite, ils remportent triomphalement la bataille. Pressés de sacrifier aux dieux de Rome, ils refusent et affirment leur foi dans le vrai Dieu. Ils sont mis au supplice, mais aucun ne renie, au contraire ; ébranlés par leur courage, mille légionnaires les rejoignent dans le martyre et se convertissent. Ils sont finalement crucifiés.

  Les panneaux de gauche montre la campagne militaire, ceux du milieu le refus de renier leur foi, ceux de droite la mort par crucifixion  sur le Mont Ararat.

  Ayant fourni le cadre nécessaire pour découvrir le retable, je m'éclipse.

1. Volet de gauche : six panneaux.

volet-gauche 8537c

 

a) registre supérieur :



volet-gauche 6386c

 

volet-gauche 8672cc

 

volet-gauche 6538c

 


 

b) registre moyen :


 

volet-gauche 6387c

 

volet-gauche 6562c

 

volet-gauche 6557c

 

c) registre inférieur :

volet-gauche 8537cc

 

volet-gauche 6568c

 

volet-gauche 6574c

 

volet-gauche 6581c

 

2. Caisson central : douze panneaux.

 

L'armoire de chêne est cloisonnée horizontalement par deux étagères et verticalement par d'élégantes colonnades réunissant entre elles des têtes de chérubins, mais ne créant pas de séparation en profondeur. 

  Sur un encadrement bleu lavande cerné de rouge, les personnages sont peints en bleu, rouge, or, rose pour les carnations, noirs pour les accessoires.

retable-principal 8633c

 

a) Registre supérieur.

 


retable-principal 6448c

 

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retable-principal 6460c

 

retable-principal 8667xc

b) le registre moyen.

 

retable-principal 8666cc

 

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retable-principal 8665cc

 

retable-principal 8665ccc

 

c) Registre inférieur.

retable-principal 8670cc

 

retable-principal 8670ccc

 

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retable-principal 8669ccc

 

3. Volet de droite : six panneaux. 

             volet-droit 8538c

 

a) Registre supérieur

volet-droit 6399c

 

volet-droit 8663c

 

volet-droit 8664c

 


b) Registre moyen.

volet-droit 6400c

volet-droit 8662c

 

volet-droit 8661c

 


c) Registre inférieur. 

 

volet-droit 6402c

 

volet-droit 8659c

 

volet-droit 8660c


II. LE RETABLE SUPERIEUR.

 

retables-inf-et-sup 6385c

 

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III. LES PANNEAUX SCULPTÉS DE L'AUTEL.

 

1. A gauche du tabernacle : 

 


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2. A droite : Portement de croix.

 


retables-inf-et-sup 8636c

 

 

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Published by jean-yves cordier
30 septembre 2012 7 30 /09 /septembre /2012 19:48

            La ponte de l'Éphippigère de la vigne

      Ephippiger ephippiger (Fiebig, 1784) . 

Date : 30 septembre 2012.

Lieu : St-Hernot, Presqu'île de Crozon.

Milieu : lande de bruyère.

 

 

I. L'Éphippigère Porte-selle, Éphippigère de la vigne:

voir :  Sortie à Plozevet avec Bretagne Vivante.

On l'identifie par son occiput noir. De ses deux ailes très courtes, atrophiées et non fonctionnelles, ne sont visibles que les élytres qui sont ces deux éléments arrondis et voûtés en écaille à l'arrière du pronotum, à forme de selle blonde et ponctuée comme une écorce d'orange plutôt que comme le cuir d' un vieux maroquin. Son oviscape ou ovipositeur, longue tarière qu'elle porte derrière elle, l'identifie comme une femelle. 

 

042c

 

  Dans mon article précédent, j'avais indiqué l'étymologie d'ephippiger, mais j'avais traité trop brièvement néanmoins la zoonymie, ou la biohistoire de cette espèce : il reste à dire qu'Ephippiger ephippiger a été décrit par Fiebig en 1784 dans l'article suivant :

Beschreibung des Sattelträgers (Gryllus Ephippiger)Schriften der Berlinischen Gesellschaft Naturforschender Freunde, vol. 5, p. 260-263.http://www.ub.uni-bielefeld.de/diglib/aufkl/schriftberlgesnaturfreunde/schriftberlgesnaturfreunde.htm

 

Le titre indique donc le nom vernaculaire allemand sattelträger, qui se traduit "porte-selle" : la paternité du nom est donc entièrement à attribuer à Herrn D. Fiebig, de Berlin. Il nous faudrait connaître cet auteur ; mais hormis son prénom, donné comme étant Johann dans la Bibliographie entomologique de Percheron (1837), je ne trouve pas d'autre renseignement.

 

  Le protonyme est donc Gryllus ephippiger, "grillon porte-selle", dont je rappelle l'étymologie construite avec le grec -ephippios, "couverture ou selle de cheval", et -ger...

  En France, en 1829 Latreille la nomme Sauterelle porte-selle (Locusta ephippiger, Fab.)  (Le règne animal distribué d'après son organisation par G. Cuvier, tome V) .

  Jean Guillaume Audinet-Serville en donne une description complète en 1839  ici :link dans son Histoire Naturelle des Insectes, tome  orthoptères Paris et utilise le nom Ephippigére des vignes ephippiger vitium, parce qu'elle se nourrit sans aucune exclusivité,des feuilles, des sarments et des grains de raisins.

  En 1841, Dufour introduit le synonyme Ephippiger diurnus.

  En 1908, je trouve la dénomination Éphippigère des vignes, avec la mention d'une dénomination populaire de "porte-cymbale", dans la Revue de  zoologie agricole et de pathologie végétale.


 

 


 

 

 

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  La ponte : 

  L'abdome se cintre, la femelle en appui sur ses pattes écartées plante son ovicape jusqu'à la garde dans une direction oblique vers le bas et vers l'avant dans le sol dont elle a évalué le caractère meuble, et y pond ses oeufs.

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Published by jean-yves cordier
29 septembre 2012 6 29 /09 /septembre /2012 08:57

 

La chapelle du Gohazé à Saint-Thuriau.

 

 

 

 

 

 

I. Présentation.

       Placée au bord du Blavet à 5 km au nord de Pontivy, près de la confluence de deux ruisseaux, c'est, par le pont qui y était établi et la proximité de moulins, un lieu stratégiquement bien placé et qui précéda Pontivy en importance. En effet, une charte de 1160 mentionne une paroisse de Gohazé-Pontivy, ou plus exactement Cohazé, toponyme (encore mentionné sur la carte de Cassini) signifiant "ancienne assise" et qui passe pour être le premier lieu d'évangélisation de la région alors païenne. La paroisse est encore mentionnée sous ce nom (Cohassé-Pontivy) en 1667 dans le registre de Malguénac. Officiellement, Pontivy était selon Ogée encore une trève de Cohazé. Elle passa sous le Concordat dans la paroisse de Saint-Thuriau.

La chapelle de plan en croix latine est composée d'une nef, d'un transept, d'un chevet plat et d'une tour massive supportant un clocher à la couverture d'ardoise ; sa partie Est  daterait de la première moitié du XVème siècle et le reste de la seconde moitié.

  On lit partout qu' à l'occasion de l'épidémie de dysenterie (d'autres disent de peste) qui toucha la région en 1695 et 1696, la statue de Notre-Dame de la Joie à Pontivy permit l'arrêt de la propagation de la maladie : la statue de la Vierge aurait fait plusieurs allées et venues entre l'église de Pontivy et Le Gohazé. Je n'ai pas trouvé la source exacte de cette histoire. Le Bulletin de la Société Polymatique de 1860 et 1886 écrit qu'à l'arrêt brutal de ces épidémies de Pontivy après un vœu prononcé le 11 septembre 1696, on offrit une lampe d'argent à Notre-Dame de Joie à l'église de Pontivy et  on organisa des processions dans toute la ville, et même à la chapelle de Cohazé, "dont les malheurs de la cité rappelèrent le souvenir." "Ces processions, approuvées par un mandement de l'évêque de Vannes de 1697, se répétèrent tous les ans à pareille époque."

 

La-Gohaze 7304c

 

Un chancel "en bois sculpté en trilobes à jour posées deux par deux sur des colonettes à base simple et chapiteau feuillé, comme à N.D de la Houssaye" (Bull. Sté Polym. Morbihan 1860 p. 75) s'adosse sur deux tables d'offrandes en pierre. Rester au fond de la nef était le privilège du bon peuple, et la noblesse et le clergé se voyaient obligés d'occuper le transept et le chœur, de l'autre coté de ce chancel.

 J'ai omis de photographier les sablières, les entraits à tête de crocodile et écusson , et, surtout, une inscription au sud où on peut lire, paraît-il, LOY : K(er)LEO : 1610.

 Il existe un, ou plutôt deux toponymes Kerleo dans le canton de Pontivy : Kerleo d'an diaz et Kerleo d'ar Lein, le haut et le bas Kerleau, ou Kerlau, dont l'étymologie pourrait relever d'un Ker, "lieu habité" et lo, où se dissimule lev ou glev "lieue" ou  " Le Gléau".

On peut citer Perrine Jegado, de Saint-Thuriau en 1721, dont les membres de la famille demeuraient les uns à Cohazé, les autres

à Kerleau d'en haut.


La-Gohaze 7296c

 

 

   Je me suis pris pour Jacob lorsque j'ai vu cette longue, longue échelle qui, incroyable girafe en équilibre sur un pied, semblait réservée à ceux-là seuls qui, pour atteindre ce septième ciel, saurait en emprunter les échelons. Là-haut, la porte étroite est une escale pour quelque sonneur de cloche cachant discrétement sous son paletot deux ailes chérubiniques.

                        La-Gohaze 7310c

 


II. Statuaire.


      1. Notre-Dame de Joie.

  Avant de regarder la statue, on peut admirer la niche du XVIIème parfaitement restaurée, aux deux colonnes corinthiennes de faux-marbre noir. Quatre chérubins scandent de leur frimousse l'encadrement de la statue, complétés par une chute de bouquets, tête en bas, dans une alternance de tournesols et de pivoines qui se conclue en des sortes de marguerites. La base de cet édifice, surveillée par deux autres chérubins, est décorée par le portrait en buste d'un pieux quidam, peut-être un apôtre ou un Père de l'Église.

 

                   La-Gohaze 7288c

 

    Notre-Dame-de-Joie est couronnée, comme l'Enfant-Jésus, et, assise sur un trône, elle tient un sceptre tout aussi fleurdelysé que les dites couronnes. Le fils, sérieux comme un pape, bénit de la main droite et tient le Livre de la gauche. Les visages sont très arrondis, les traits sont hiératiques, et les yeux larges ressemblent à ceux des momies égyptiennes. Le manteau bleu à revers blanc de la Vierge s'épanche en une cascade de plis.

 L'ensemble des statues présentées ont  été volées en 1977, et remplacées par des copies récentes mises en place en 1990; elles sont, en tout point, admirables. 


             La-Gohaze 7285c

 

 

La-Gohaze 7286c

 

        On lit l'inscription écrite en lettres capitales peintes en noir : D : T : M : C : R : T : E : D : P : OLICHET : R

           Le patronyme Olichet est attesté dans la région de Pontivy, et on le retrouve à Gohazé dans une recherche généalogique (de Patrick Collin) : Rolland Olichet, laboureur à Gohazé, décédé en 1731, marié à Jeanne Le Bihan, trois enfants dont Pierre Olichet (1702-Gohazé 1751), père lui-même de trois enfants (Julien, Jacques, Pierre, tous mariés).

   Mais quel est le sens des initiales qui le précèdent ? Elles correspondent souvent à des titres tels que D.V.M, "discret et vénérable messire", ou F.F.P pour "fait fait par", mais, ici, je ne trouve pas la solution.

 

      Notule: 

Dans le livre  Manoirs de fortune et d'infortune  de Michel de Galzain - 1968 Page 194 on lit ces lignes : "la statue même de Notre Dame de Joie a été offerte à la paroisse, par la famille Prévost de Kerascoët qui a signé son don en sculptant discrètement sur le socles ses armoireries: trois roses à cinq petales d'argent sur champ d'azur. Elles figurent en outre sur la statue presque identique de la trève du Cohazé."

 

 

      2. Saint Cado.

Dans une niche symétrique à celle de N.D. de Joie, comme co-patron de la chapelle, saint Cado est représenté en saint-évêque.

  La vie de saint Cado ou Cadoud,( du celte kat, "combat") évêque et martyr, fêté le 1er novembre, est relaté dans la Vie des saints de Bretagne Armorique (1659) d'Albert Le Grand. Ce prince gallois est, sous le nom de saint Cadoc, l'un des saints  les plus importants du pays de Galles. Après y avoir fondé l'abbaye de Llacarfan, il vint précher dans la région de Vannes, se rendit en Terre Sainte, rencontra le pape, devint l'évêque de Bénévent en Italie, puis mourut assassiné dans sa cathédrale par des Barbares. Il guérit la surdité (à Belz) et les écrouelles.

  Saint Pierre est représenté en peinture sur la base de cette niche.

                      La-Gohaze 7289c

 

   3. Saint Cornely.

  Saint Cornely est bien connu en sud Bretagne pour être, comme son collègue Herbot, le protecteur des bêtes à cornes. 

La-Gohaze 7293c

 

 

4. Statue de sainte Anne éducatrice.

  Toutes ces statues qui sortent du même atelier ont en commun une allure de santons de crêche en porcelaine, et de grands yeux aux larges prunelles. Sainte Anne est assise, et indique à sa fille Marie un passage particulièrement important des Saintes Écritures, que Marie lit sagement, en suivant du doigt. Comme cela est habituel dans ce thème, les manteaux et les pieds des deux femmes se rapprochent et tendent à se confondre. 

 Marie est tête nue, comme c'est la règle, alors que sa mère est coiffée d'un voile blanc ourlé d'or qui, par sa manière de se relever en visière au dessus de la stricte guimpe, et de s'élargir en ailes sur le coté, prend des allures de coiffe.


               La-Gohaze 7291c

 

5.  Statue de procession de N.D. de Joie.

   C'est, en moins jouflue, la réplique du groupe de la Vierge à l'Enfant.

 

 

La-Gohaze 7292c

 

 


III. Vitraux.

 

 

 

1. Le réseau.

 Il est composé de mouchettes trilobées et de quadrilobes, qui contiennent des armoiries et des fragments issus d'un Jugement Dernier du XVIe siècle. Un Christ central étend les bras, entourés de deux anges buccinateurs annonçant la Résurrection des morts. Plus bas, des anges tiennent des feuilles de trèfle.

Armoiries : de gauche à droite

  • Famille de Rohan, de gueules aux neuf macles d'or, 3,3,3.
  • Armoiries d'Yves de Pontsal D'argent à la fasce de gueules chargée de trois besants d'or et accompagnée de six mouchetures d'hermines de sable. Yves de Pontsal fut évêque de Vannes de 1444 à 1475 et Vice-Chancelier du Duc de Bretagne Pierre II le Simple en 1451
  • blason non identifié entouré du collier de l'Ordre de Saint-Michel: partie de droite, de gueules au lion d'or [Louis de Laval](? et à gauche, de gueules à croix d'or, et un quartier reprenant le blason suivant   [De lantivy : 
  • Blason non identifié entouré du collier de Saint-Michel. D'or à la herse d'azur ???

 Ces armoiries ont permis de dater le vitrail du troisième quart du XVe siècle, dans un style gothique flamboyant d'influence normande.

 Il est à noter que la première promotion de l'Ordre de Saint-Michel date de 1469.

Les armoiries d'Yves de Pontsal sont aussi présentes dans une chapelle de Plescop ; dans la chapelle N.D. de Béléan de Ploeren ; 

La-Gohaze 7294c

 

La verrière est composée de quatre lancettes trilobées de quatre panneaux. Ceux-ci associent  huit éléments anciens, très remaniés dans des restaurations anciennes mais  qui n'ont pas été restaurés en 1980, et des compositions de Jean-Pierre Le Bihan en 1987.    

 La-Gohaze 7283c

 

 Parmi les éléments anciens (fin du XVe), on trouve de gauche à droite :

  • une sainte femme (Marie au pied de la Croix ?) ; 
  • un Christ en Croix ;
  • Une Fuite en Égypte avec une inscription gothique la v(ier)ge d? alla  en egypte
  • Une Pietà ? ;
  • Une Annonciation avec l'inscription (Comment) lange gabriel salua la v(ier)ge  et, autour du lys, ave gratia...ecce anc(ila).
  • ??? Deux personnages (des soldats) arrivent de gauche à la tête d'une troupe (car on voit des lances et hallebardes), comme dans une Arrestation de Jésus. Le personnage de droite est coiffé d'un drôle de chapeau, et il tient un sac rempli d'épis de blé, ou tout autre chose.
  • Une Nativité.
  • Un saint en prière (Saint Jean au pied de la Croix ? 

 

 

 

 La-Gohaze 7284c

 

      Addenda.

      Pierre-Yves Quémener s'est interessé à la zone d'ombre entourant le soi-disant arrêt miraculeux  de l'épidémie de 1696 grâce à la statue de N.D. de Joie de Cohazé et a rédigé les commentaires suivants: 

 

     " 1) Bonjour,

Si l'on en croit l'abbé Euzénot, le document qui mentionne le voeu d'une lampe d'argent à Notre-Dame de la Joie se trouve dans un procès-verbal d'une délibération de la communauté de ville de Pontivy en date du 11 septembre 1696 conservé aux archives municipales de la ville.
Cf. Bulletin archéologique de l'Association Bretonne, tome 6, 1887, pages xxiv et 45.
Bien cordialement,
Pierre Yves Quémener  

   2) "Par curiosité, j'ai été consulter les registres paroissiaux de Saint-Thuriau, m'attendant à trouver une interruption soudaine des décès au 11 septembre et finalement, j'ai l'impression que cette attribution à Notre-Dame de la Joie d'une responsabilité dans l'arrêt de l'épidémie respire assez la récupération religieuse.

Voici un récapitulatif des décès survenus dans la trève en 1696 (St Thuriau dépendait alors de la paroisse de Noyal Pontivy). J'ai procédé à un regroupement en quatre tranches : moins de deux  ans, de 2 à 19 ans, de 20 à 49 ans, 50 ans et plus.

Janvier : 7 décès répartis ainsi : 4 (moins de 2 ans), 3 (de 20 à 49 ans)
Février : 4 décès : 2 (2-19), 2 (20-49)
Mars : 6 décès : 2 (50)
Avril : 6 décès : 2 (50)
Mai : 6 décès : 6 (

 

Septembre 1696 : 7 + 30 + 9 + 2 = 48
Octobre 1696 : 7 + 14 + 2 + 5 = 28

Total 1696 : 35 + 49 + 21 + 14 = 119


 

  Je ferais pour ma part la réflexion que l'arrêt naturel d'une épidémie, liée à des facteurs bio-climatiques, est assez souvent brutal, même sans intervention de Dieu ou de ses Saints. Par ailleurs, c'est la ville de Pontivy, et non de Saint-Thuriau, qui était frappée par l'épidémie.

 

Liens :

Topic-topos 

Infobretagne

Tudchentil

Bulletin de la Société Polymathique du Morbihan

Bull. Sté Polym. Morbihan 1860

Anciennes photographies de G. Estéve

Toponymie de Pontivy (voir Ar Gohazé ; Kerleo)

Vitraux: site de Jean-Pierre Le-Bihan  

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Published by jean-yves cordier
20 septembre 2012 4 20 /09 /septembre /2012 22:34

Chapelle de la Fontaine Blanche à Plougastel : la divinité masculine du culte de la fécondité.

  Itron varia ar Feunteun-Wenn.

 

   Interrogeant un Plougastel  sur cette chapelle, celui-ci me raconta que, petit , il avait été trempé dans l'eau de la fontaine ; il en ignorait les bienfaits éventuels, mais lorsque je lui signalais l'existence d'un culte de la fécondité, il ne me laissa pas terminer ma phrase : "Fécondité ? C'est pour ça ! J'avais à peine posé mon pantalon sur le montant de la chaise que ma femme était déjà enceinte!".

  Ces effets miraculeux méritaient une enquête.

 

I. PRESENTATION.

  Cette chapelle est l'une des huit chapelles de Plougastel, et la plus proche du bourg. Son Pardon a lieu le 15 août.

 
   Au flan d'un vallon exposé au midi, cette chapelle appartient à la même kortennad (quartier) "Bourg-Fontaine-Blanche" que le bourg de Plougastel, situé à l'ouest et dont elle est distante de deux kilomètres. Elle est entourée par les lieux-dits Difrout, Les Rosiers, au sud, et Lesquivit au nord, et elle appartient au même breuriez que Rozeg (Les Rosiers, ancienne seigneurie d'un ramage des comtes du Léon),  Vern, Keravili et Diffroud (Difrout). Sur le plan hydrographique, à une altitude de 50 mètres, les eaux de sa fontaine alimentent  la rivière de l'Auberlac'h. 

   C' est un ancien prieuré dépendant de l'abbaye de Daoulas, et construit au XVe siècle sur un ancien édifice. Il forme un ensemble avec le placître planté de hêtres et de chataîgniers, le calvaire, mais aussi surtout la fontaine à qui il doit son nom. Il comprend une nef à cinq travées à bas-cotés, un choeur dont le maître-autel est dédié à Notre-Dame et deux autels en bas-cotés, l'un  dédié à saint Laurent et l'autre à sainte Madeleine.

  Le pignon ouest, dépourvu de porche, supporte le clocher gothique du XVe à chambre des cloches à deux ouvertures.

 

fontaine-blanche 8349c

 

 

 

 

 

II. Le Dieu de la fécondité de La Fontaine-Blanche.

 

      La civilisation agraire issue de la période néolithique favorise les croyances liées à la fécondité de la nature. L'image de la Grande-Mère, déification de la fertilité du sol, apparaît souvent symbolisée par sa capacité à allaiter, et Lavieb-aile a largement exploré la christianisation de ces cultes dans les articles sur les Vierges allaitantes.Virgo lactans ou miss Néné ? Les candidates du Finistère. Les Vierges allaitantes., les Vierges couchées  Vierges couchées de Bretagne : Le Yaudet, Guiaudet et Kergrist., Sainte Gwen aux trois mamelles pour l'allaitement, Vierges allaitantes V : Saint-Venec à Briec : sainte Gwen Trois-mamelles et ses fils  le culte rendu à sainte Barbe Vierges allaitantes VII : Chapelle de Lannelec à Pleyben, Ste Barbe. , ou à sainte Marguerite (patronne des sages-femmes et garante de l'eutocie des délivrances), à sainte Catherine pour protéger des fausses-couches et des dangers de la grossesse, à saint Gilles ou à sainte Brigitte pour l'allaitement encore, à sainte Anne qui est au premier plan pour les problèmes de stérilité ( Groupes de Sainte-Anne Trinitaire de la vallée de l'Aulne.) , à sainte Agathe pour les problèmes mammaires, etc...

   Les réceptacles de ce culte de la fécondité sont souvent les eaux, principales éléments fécondants de la nature, et les sources, fons, fontis en latin, lieu tangible où se manifeste la grande Déesse-mère  génitrice et dispensatrices de nourriture, celle de qui l'on vient et vers laquelle on retourne au moment du trépas, celle que l'on identifie à la terre, matrice de la vie à travers la mort. A proximité des sources, la société gallo-romaine développe une dévotion populaire matérialisée par des statuettes de terre cuite moulée, exécutées en grande série le long de la vallée de l'Allier et représentant le plus souvent des femmes assises dans un siège en osier tressé et allaitant un ou deux enfants . Groupées le plus souvent par trois, ces Matrae, Matres ou Matronae  furent vénérées dans le Nord-Ouest de l'Europe du 1er au 5ème siècle de notre ère, pour demander tant la protection des enfants, que l'assurance de  fécondité ou comme déesses nourricières. Elles exerçaient une force tutélaire et on plaçait leurs figurines dans les sources, dans les laraires (petite chapelle domestique où l'on plaçait les lares), ou dans les sépultures.

  Auprès de ces Déesses-Mères se trouvent aussi en grand nombre des Vénus anadyomènes (sortant nues de l'écume de la mer) ou "Vénus à gaine", destinées également à trouver place dans les laraires ou à servir d'ex-voto placé dans les sources en formulant un vœu. (Par exemple, les statues trouvées à Tronoën (29) et exposées au Musée de St-Germain-en-Laye).

Mais à coté de ces divinités féminines, on vénérait aussi des divinités masculines, comme en témoigne la statue découverte à La Fontaine-Blanche tout près de la chapelle.

  La divinité ithyphallique de la Fontaine-Blanche.

  Il s'agit d'une statue de kersanton mesurant 0,60m dans l'état actuel, mais dont la hauteur initiale est présumée de 1, 30m. C'est le plus ancien spécimen connu de sculpture en kersantite, roche éruptive effleurant dans la rade de Brest notamment sur le lieu-dit éponyme de la rivière de Daoulas, très résistante et au grain plus fin que le granit.

  Elle a subi des mutilations successives : d'abord brisée au niveau des jambes, puis au niveau du phallus et de la main droite qui a été martelée et arrachée jusqu'à l'épaule, elle a ensuite été débitée en deux blocs. La partie inférieure fut enterrée et placée en guise de calage sous le calvaire lors de sa construction au XVe siècle. Le buste, par contre, continua à être vénéré à coté de la fontaine sacrée jusqu'en 1913, puis l'abbé Yves-Pascal Castel le  retrouva au fond de la chapelle en 1976 lors des campagnes menées par l'Inventaire général des Monuments de France. La partie inférieure avait été retrouvée en  1951, lors du déplacement du calvaire de l'autre coté du chemin. Cinq siècles se sont écoulés avant la réunion des deux parties. La tête, séparée récemment (après 1913) n'a pas encore été retrouvée. 

 

 

 

 

 

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      Musée de la fraise et du Patrimoine, Plougastel.

 

  On remarque les traces de polissage du thorax, attestant des pratiques de frottement contre la pierre, caractéristique des cultes de fécondité, où les frictions du ventre dans le but d'obtenir des enfants étaient courants.

  On distingue aussi au sommet de la poitrine, en faible relief, un torques, attribut divin chez les Gaulois, qui atteste de l'origine antique de la statue. Elle est datée du 1er siècle après J.C

  La statue "représenterait un dieu de la fécondité, barbu, de face, tenant son sexe de la main droite. Elle daterait de l'époque gallo-romaine (1er- Vème siècle de notre ére) et avait du être placée à l'origine dans un petit sanctuaire, un fanum, qui s'élevait à proximité de la Fontaine-Blanche, dont le nom breton Feunten Ven vient du celtique -vindo qui signifie "sacré". ( Jean-Yves Éveillard, Maître de conférence en Histoire ancienne à l'Université de Bretagne Occidentale).

Plus exactement peut-être, l'adjectif breton gwenn correspond au gaulois vindo qui signifie aussi bien "sacré" que "blanc". (irlandais find, gallois gwynn et fem. gwen), mais son usage en toponymie reléverait le plus souvent du sens "pur, sacré". Selon Christian J. Guyonvarc'h, il a donné le dérivé suffixé Vindonnus , surnom d'Apollon dans la religion celtique attesté par trois inscriptions à Essarois en Côte-d'Or , et "il n'est pas impossible que le gaulois ait eu aussi les trois sens fondamentaux du thème vindo- en celtique insulaire : « blanc », « beau » et « sacré », ce dernier sens étant appliqué aux êtres divins, comme l'indiquent le surnom d'Étain, Bé Find (« femme blanche »), et la désignation irlandaise des anges dans le vocabulaire religieux chrétien : in drong find (« la troupe blanche »)" (Encyclopédie Universalis)

       En toponymie, les exemples abondent, comme Vindobona (Vienne en Autriche), Vindoceton (Vennecy) : "bois sacré", Vindoranda (Guérande): "parcelle en friche, ou sacrée", mais on cite aussi Menezguen, Glaosguen, Vendée, Vendeuil, Vendôme, Vendeuvre, Ventujol. Quand au toponyme "Fontaine blanche", dont on relève quatorze exemples en Finistère (Argol), ou à Saint-Jean-du-Doigt, et dont les lieux-dits sont vraisemblablement des sources sacrées pour les gaulois, on le retrouve aussi dans le nom d'une commune de la Manche, Vindefontaine.   

  Outre l'Apollon celtique  Vindonnus ou Vindonus, on cite aussi, découvert sur quatre autels d'un camp romain  de Bowes (North Yorkshire) un Sylvain Vinotonus (deux autels) et Vintonus (deux autels).

  En Pays de Galles, la racine Gwynn se retrouve dans la divinité Gwynn Ap Nud, roi du royaume souterrain et chef de la Chasse sauvage, ou encore Gwenhwyfar, notre Guenièvre (Dictionnaire Webster).

  C'est aussi cette notion de pureté ou de sacralité qui est inscrite dans les noms de saint comme sainte Gwenn et ses fils  saint Guenolé et saint Vennec.

  Francis Gourvil (Noms de lieu communs au pays de Galles et au département du Finistère, Bull. S.A.F. ) cite Guendour (Eau blanche ) en Plomelin, Ploudaniel et Saint-Thonan, proche de Gwendwr en Breckn,  Guenfrout ( ruisseau rapide blanc-d écume-) en Plouvorn et Froutven en Guipavas, rapprochés du Gwenffrd en Monmouth, ainsi que Guenvenez (hauteur bénie ou blanche) en Crozon, rapproché du gallois Gwynfynydd en Montgom.

 

 

                                            fontaine-blanche 6773c

 

  Cette photographie, tirée d'une carte-postale du début du XXe siècle et exposée au Musée de la Fraise et du Patrimoine à Plougastel à coté de la statue (photographie supra) montre la partie supérieure exposée près de la fontaine. Sur cette image, la tête est encore visible, et sera peut-être un jour retrouvée : elle n'a été séparée que très récemment (probablement vers 1913 lors des travaux d'adduction d'eau ), comme en atteste l'examen des contours et l'absence de toute patine sur la surface de section sur la statue.

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  En effet, à proximité des sources, il n'est pas rare de trouver des divinités "ithyphalliques" (au phallus en érection) comme celle-ci, ou bien des éléments plus anciens sous forme de stèles hémisphériques basses comme celle-ci, présentée au Musée de Landevennec (Granit, IV- I siècle avant J.C, Porspoder).

  Néanmoins, en Bretagne, les exemples ne semblent pas si fréquents et en dehors de cette statue de La Fontaine-Blanche à Plougastel, qui fait référence comme prototype, on ne trouve que le groupe de trois personnages ithyphalliques de Bais (35).

 

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  La christianisation de la Bretagne débuta à la fin du IVème siècle en Armorique et ne concerna d'abord que les villes, les "pagani" (habitants des campagnes) heurtés dans leur pratique résistant longtemps encore au monothéisme chrétien. Les anciennes croyances furent combattues dans ce qu'elles présentent d'incompatibles avec l'annonce de l'Évangile, mais assez fréquemment la marque de la croix sera apposée sur des monuments réceptacles de hiérophanies païennes. Les sources et fontaines seront christianisées et les chapelles seront construites à proximité. De nombreux saints se verront attribuer par la population des campagnes des pouvoirs et des vertus qui appartenaient aux divinités païennes, avec le développement parfois divergent de deux traditions, celle qu'entend privilégier l'Église pour mettre en valeur les vertus évangéliques du saint, et celle que transmet la croyance populaire non écrite, et qui intègre des éléments ou des pratiques hérités du paganisme.

   Le culte masculin de la fécondité fut souvent récupéré par la figure de saint Guénolé : ainsi, à Lambezellec près de la Penfeld à Brest,  la chapelle St-Guénolé abritait une statue ornée d'une cheville  en bois. Le saint recevait la visite de jeunes femmes qui souhaitaient devenir mère, et qui prélevaient des copeaux de la statue pour en boire l'infusion...

  Par contre, à La Fontaine-Blanche, il semble que ce soit saint Nicolas, second patron de la chapelle après Notre-Dame, qui ait rempli ce rôle, sans néanmoins à ma connaissance donner lieu à cette pratique de tisane fécondatrice.

  Fontaine de guérison et persistance de rites thérapeutiques:

   La chapelle Notre-Dame-de-la-Fontaine-Blanche jouissait d'une faveur particulière parmi les chapelles de Plougastel, et on s'y rendait en procession plusieurs fois dans l'année ; le pardon du 15 août attirait les foules. Mais surtout, on venait implorer Notre-Dame pour qu'elle fortifiât les enfants rachitiques que l'on trempait à trois reprises dans la fontaine sacrée, ou pour soigner le retard de marche des enfants en leur faisant faire trois fois le tour de la chapelle, deux indications thérapeutiques basées sur l'orthopédie, la capacité de tenir droit.

    Outre la présence de statues de kersanton ou de bois (cf statuaire infra) dans la chapelle vénérant des saints et saintes thaumaturges et guérisseurs (saints Laurent, Claude et Fiacre, saintes Madeleine (lèpre), Barbe (allaitement, mort subite)...), une légende locale associe la vieille statue de la Vierge avec la force vitale de la nature. La tradition populaire transmet en effet que cette statue avait été découverte dans le tronc d'un arbre _ou dans un massif de sureau_ près de la fontaine et que, transportée en l'église paroissiale, elle revint miraculeusement dans son arbre pour faire comprendre que c'est en ce lieu qu'il fallait lui bâtir un sanctuaire.

  Enfin, il existe encore à la Fontaine-Blanche , de l'autre coté du chemin, un bassin alimenté par la même source et où menait rituellement boire les chevaux et les bovins.

 

  Ce site a-t-il permis  d'autres découvertes archéologiques ? Dans la relation de son voyage en Bretagne en 1865, P. Potier de Courcy mentionne la découverte à la Fontaine-Blanche d'un grand nombre de médailles romaines de Tibère à d'Hadrien" ( De Nantes à Brest...Itinéraire descriptif et historique, Paris 1865). On a également découvert une colonne cannelée de haut en bas, qui servait jadis de tronc pour les offrandes près de la fontaine, mais qui est une lec'h, pierre servant à marquer dans l'Antiquité la sépulture des personnages importants. Pour la période gallo-romaine, une colonne à guirlande a été aussi découverte. Enfin, on a souligné que la façon dont le sol schisteux a été creusé profondément au dépens de la petite colline pour établir les fondations de la chapelle semble indiquer une volonté de recouvrir l'emplacement exact de l'édifice païen (Jean Michel). 

 

  Sources :

Ce chapitre a été rédigé à partir des panneaux d'exposition du Musée de la Fraise et du patrimoine de Plougastel où se trouve la statue, et du Musée de l' Ancienne Abbaye de Landevennec, lequel expose un moulage de la divinité masculine de la Fontaine-Blanche. Les photographies prises par mes soins sont celles des oeuvres exposées.

La publication princeps sur la divinité ithyphallique est celle de J.Y. Éveillard,  D. Laurent et Y.P. Castel Un dieu antique de la fécondité à Plougastel-Daoulas (Finistère), Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, 1977 : 71-92. Les informations complémentaires peuvent être trouvées dans l'article de Jean-Yves Éveillard Le dieu de la fécondité de Plougastel-Daloulas, une nouvelle approche, Mélanges en hommage à Yves le Gallo, Cahiers de Bretagne Occidentale n°6, C.R.B.C 1987 : 107-112.

L'article le plus complet sur la chapelle elle-même est celui de Jean Michel dans Plougastel-Daoulas, Patrimoine architectural et statuaire, Les Amis de Patrimoine de Plougastel, Landerneau 197 : 41-49. J'y ai puisé les meilleurs renseignements.

 

 

  VISITE DE LA CHAPELLE DE LA FONTAINE-BLANCHE

  A l'origine, la chapelle a été construite en bois, mais elle fut détruite lors d'une attaque des Normands vers 913, puis reconstruite, modeste sanctuaire de pierre et de bois, à la fin du Xe siècle. C'est alors un prieuré (monastère dépendant d'une abbaye et dirigée par un preiur), qui dépend alors de l'évêché de Cornouailles, avant qu'en 1186, par un legs confirmé et augmenté en 1218, l'évêque Geoffroy en fasse concession à l'abbaye de Daoulas ; on la trouve qualifiée de Rosa Monachorum dans les manuscrits du XIIe siècle.

  Les bâtiments du prieuré, situés face à la chapelle, séparés par le chemin qui conduit au hameau, comportent deux corps de logis en enfilade, dotés de tourelle et datent du XVe siècle .

   La chapelle actuelle a été construite, avec son calvaire, pendant le régne du duc de Bretagne Jean V, au XVe siècle. En 1528, l'abbé de Daoulas vient en consacrer les trois autels. Au XVIIIe siècle, l'abbé Nicolas Marion, recteur de Plougastel et titulaire du bénéfice de la chapelle, la restaure entiérement et la dote du lambris actuel. Le vitrail du chevet a été posé en 1905. En 1980, sa charpente et toiture sont restaurées, puis la rénovation intérieure très complète est menée en 1985 -86 par l'association "Les Amis du Patrimoine". 

 

I. La fontaine.

 Située en contre-bas du chevet de la chapelle, elle affecte la forme d'un enclos triangulaire autour d'un bassin de 0,80m appuyé sur un massif cubique du XVIIe siècle. Une arche gothique abrite une statue de Vierge à l'Enfant en  kersanton du XVIe siècle. L'enfant tient le globe terrestre de la main gauche et tend la main droite vers la poitrine ou vers le pan de manteau de sa mère. La Vierge est couronnée, elle retient de la main droite le pan gauche de son manteau.

 

 

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II. Le calvaire.

  Datant du XVe siècle, il associe la pierre de Kersanton et celle de Logonna. Sur un fût octogonal se dresse la croix monolithique avec le Christ coté est et la Vierge à l'Enfant coté Ouest. 

 

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  La Vierge est coiffée d'une couronne à trois fleurons triangulaire, sous laquelle s'échappe une longue chevelure. Elle tient , sous le sein droit, une pomme ou un globe alors que l'Enfant garde les mains sur l'abdomen ; sa coupe de cheveux ressemble à celle des moines médiévaux, à moins qu'il ne soit coiffé d'un bonnet godronné. La forme de son col est particulière également, formant deux larges revers autour du cou avant de se réunir sur une perle ou un bouton rond qui retient un pendentif . Les visages sont peu expressifs.

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     III.  Cadran solaire.

 Porche sud :  cadran méridional, circulaire, en schiste ; datée de 1622, motif soleil et lune, lignes éffilées en rayon solaire diffusant à partir d'un élément circulaire gravé d'une croix pattée, chiffres sur couronne  6 à 12 à gauche,1 à 8 à droite .

  Le Finistère vient au dixième rang des départements français pour le nombre (590) de ses cadrans solaires, dont 46% sont datés. 

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      IV. La statuaire.

 

1. Le Choeur.

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1a : Notre-Dame  de la Fontaine-Blanche.

   A gauche du chevet . Statue en bois polychrome du XVIe siècle entourée de deux anges adorateurs du XVIIe. Inscription sur la base, Notre-Dame de la Fontaine-Blanche.  La Vierge porte son grand Enfant sur le bras droit. Elle est recouverte actuellement d'un voile et d'une couronne, rajoutés.

 

 

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1b : saint Nicolas.

  A droite du chevet ; bois polychrome de XVIIIe siècle : représenté en tenue épiscopale d'évêque de Myre, avec le saloir d'où sortent, ressuscités, les trois enfants.

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1c : Saint Michel terrassant le dragon.

  Kersanton polychrome, XVe siècle, h = 1m.

Nef, à l'entrée du choeur, contre le pilier de gauche ; statue en kersanton du XVe siècle sur un socle en pierre représentant un ange.

  L'ange embrasant un demi-cercle dont je n'identifie pas le sens est remarquable ; je note sa coiffure, à raie médiane, ou la richesse de sa robe aux emmanchures ornées.

  L'archange est également admirable, mais le dragon grimaçant, cornu et griffu qui lui agrippe la jambe lui volerait peut-être la vedette, si la rondache,  bouclier circulaire que sa légèreté rend précieux dans les combats rapprochés à l'épée courte, ne retenait notre attention.

 

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      2. Autel du bas-coté sud.

 

2a. Saint Claude

      Kersanton, XVIe siècle, h = 1,20m.

La chapelle Saint-Claude de Plougastel justifie peut-être la présence de cette statue. Saint Claude vivait dans le Jura au temps du premier des rois fainéants Clovis II, et descendait d'une des plus anciennes familles romaines, les Claudia. Devenu moine à Condat (aujourd'hui Saint-Claude, célèbre pour ses pipes) au monastère saint-Oyand, il fut distingué pour ses vertus par l'higoumène Injuriose, chef spirituel de la communauté, pour lui succéder. En 685, c'est à saint Gervais qu'il succède comme évêque de Besançon, jusqu'en 692. C'est donc en tenue d'évêque qu'il est représenté sur cette statue, avec crosse, mitre, chape à fermail à quatrefeuille, surplis au dessus de la soutane, et pantoufles épiscopales rouges. Les bagues sont portées comme il se doit au dessus des chirothèques, ou gants épiscopaux, et on note avec intérêt leur présence sur chaque doigt long, soit sur la première phalange, soit sur la deuxième.

  Au XIIe siècle, on constata que son corps était resté intact depuis sa sépulture le 6 juin 699.

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      2b. Vierge à l'Enfant. 

Bois, XIVe siècle. 

  Une sculpture en bois du quatorzième (moi qui suis né dans le quatorzième, rue des Reculettes¹), ça alors ! Avant la construction de la chapelle ! Elle n'a pourtant droit qu'à un coin derrière un pilier (comme Claudel en sa conversion fulgurante derrière le deuxième pilier à droite prés de la sacristie), mais elle nous regarde sans rancune, d'un air très doux. Comme ils savaient sculpter, à l'époque ! Le visage de Jésus est admirable également, il délaisse un instant le globe terrestre et le geste de bénédiction de ces fonctions officielles pour se réconforter près du giron maternel, où sa mère lui présente un objet de couleur verte vers lequel il approche les lèvres.

 Marie, assise,  est couronnée, au dessus d'un voile indépendant de son manteau bleu.

¹La Rue ou ruelle des Reculettes, dans le quartier Croulebarbe, voilà toutes mes armoiries. On me fera perfidement remarquer qu'elle se situe dans le treizième, ce qui n'est pas pour me déplaire, mais c'est la maternité qui se trouvait dans le quatorzième. Je rappelle, en ma qualité d'outsider de l'existence, que jadis, du temps où il n'existait que douze arrondissements, comme les bons apôtres, "se marier dans le treizième" signifiait vivre en concubinage. Lors de l'extension de la capitale, après 1860, on décerna les nouveaux numéros en allant de haut en bas et de gauche à droite et le numéro treize échut aux beaux quartiers des villages de Passy et d'Auteuil, mais les habitants de l'Avenue Foch et de l'Avenue Mozart refusèrent cette attribution, non qu'ils soient superstitieux ou snobs, mais quand même ils estimèrent que le un-trois irait beaucoup mieux aux quartiers ouvriers de la Butte-aux-Cailles...et du quartier Croulebarbe.

 

  C'est donc la statue la plus ancienne, et peut-être, je l'ai dit, celle qui est concernée par la légende locale et fondatrice d'une statue trouvée par des paysans dans un arbre, transportée au bourg et revenant trois fois de suite dans le creux de son arbre. A moins que la légende ne porte sur la fondation du tout premier sanctuaire du Xe siècle, mais les dévotions populaires ne s'embarassent pas toujours d'une logique et d'une chronologie qui n'a pas lieu d'être.  Quoiqu'il en soit, j'ai remarqué, comme chacun peut le faire, qu'une chapelle possède la plupart du temps plusieurs statues de Vierge : la plus récente reçoit les dévotions les plus officielles, plaques de marbre, ifs de cierges, berceau de procession et prières polycopiées ou affichées ; elle est placèe de la manière la plus ostencible. Au contraire, celle qui fait l'objet de croyances, de légendes ou de rites plus anciens et moins avouables, car souvent enracinés dans les pratiques païennes, occupe un emplacement plus discret et les fidèles qui l'implorent le font en catimini. 

 

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    2c.   Sainte Marie-Madeleine.

kersanton, 1528, h = 1m.

  On verra que c'est à elle qu'était dédié, sous le nom abrégé de la Magdal, l'un des trois autels bénis par l'abbé de Daoulas en 1528. Elle est munie de ses deux attributs principaux, le vase à onguent ou de parfum, et ses longs cheveux : on voit que l'artiste a bien fait, en matière capillaire, les choses et qu'elle pourrait servir d'enseigne publicitaire pour une lotion favorisant la repousse des cheveux.

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3. autel coté nord 

3a  Saint Laurent.

Pierre de kersanton polychrome, XVIe siècle, h = 1,10m.

  La présence de ce saint guérisseur est liée aux épidémies (que l'on nommait " peste") survenues en Bretagne au XVIe siècle. Un autel lui était dédié, si on pense lire son nom sur l'inscription qui nous a retardé tout-à-l'heure. Il est invoqué aussi contre les brûlures (bien-sûr, et pas seulement les accidents de barbecue), mais aussi contre le mal de dos. 

    Pour les brûlures, ou pour le zona qui est nommé "mal de saint Laurent",  il suffit de souffler en forme de croix sur la plaie en prononçant cette invocation : Ô grand Saint Laurent tournant et retournant sur un brasier ardent vous n'étiez pas souffrant Faites-moi la grâce que cette ardeur se passe.

                                     fontaine-blanche 8318c

 

      4. Nef

4a Nef coté nord, Saint Fiacre.

Kersanton polychrome, XVIe, h= 1,30m.

        On sait assez que c'est le patron des jardiniers, et sa fameuse bêche serait là pour nous le rappeller si notre mémoire se troublait ; on sait moins que c'est aussi un saint guérisseur de première classe, certes spécialisé dans les maladies vénériennes et les hémorroïdes ou "mal de Saint-Fiacre" (par un calembour entre Fiacre et les grosseurs en forme de figue (ficus) nommées "fic"), mais qui conserve les compétences d'un bon omnipraticien, et d'ailleurs Jean Michel, dans son article (opus citatum) signale qu'il est épatant pour la guérison de la gourme, ou eczéma du cuir chevelu des enfants négligés.

  Enfin, si on lui doit le nom de ces véhicules hippomobiles équipées d'un cocher et où Emma Bovary gagna son septième ciel, c'est tout bêtement que notre saint à la main verte avait son éffigie sur l'enseigne d'un hotel de la rue Saint-Antoine à Paris, devenu plus tard une maison de louage de carosse puis de voitures attelées connues sous le nom de "voitures fiacre". Voilà comment on devient patron des chauffeurs de taxi.  

 

 

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4b. Sainte Barbe.

      Bois polychrome, XVIe, h = 0,95m.

    C'est ma statue préférée, bien que la sainte ait perdu tous ses attributs, son livre et sa tour à trois fenêtres. Je ne reviens pas sur ses pouvoirs para-foudre ( Église Saint-Thurien à Plogonnec II : une inscription du tonnerre!.) . Elle est invoquée en Bretagne par les nourrices pour avoir du lait, pour la raison paradoxale que les seins de la sainte ont été arrachés par ses bourreaux. ( Vierges allaitantes VII : Chapelle de Lannelec à Pleyben, Ste Barbe.

    Si je la préfère, c'est d'abord pour sa beauté, et je comprends bien ses prétendants qui enragaient de la voir s'entêter dans son refus de tout mariage après qu'un certain Valentin, membre d'une secte dont le gourou vivait à Alexandrie, soit venu déguisé en médecin pour la persuader de préserver sa virginité. 

   Sa beauté va de pair avec son élégance : chape de couleur bleu, aux pans retenus par un fermail d'or ; robe d'étoffe rouge très simple,  mais néanmoins galonée d'or, avec son sage décolleté arrondi sur une chemise blanche, et dont la coupe est très ajustée pour souligner la finesse de la taille et la largeur des hanches. Voyez avec quelle grâce, acquise dans les meilleurs écoles de bonnes manières, elle retient d'un doigt les plis soyeux pour permettre à son pied d'avancer ! Cette fille du satrape Dioscore avait eu accès aux maisons d'éducation les plus distinguées d'Héliopolis, réservées aux jeunes filles à qui l'éclat de leur nom (quatre degrés de noblesse paternelle), l'illustration de leur parent dans des emplois éminents et les dignités suprêmes de l'Etat peuvent donner une influence prépondérante sur leur sexe et dont l'exemple peut plus facilement contribuer à répandre les vertus qui rendent les familles plus heureuses.

   Tant d'aisance donnerait à penser que l'art de se tenir debout devant un pilier n'en n'est pas un, et qu'il est tout naturel de tenir la tête droite, de conserver dans la main gauche la palme du martyre avec autant de facilité qu'une coupe de champagne, mais combien d'heures passées sous la férule à veiller à ne pas faire tomber le codex que la professeur a placé sur votre tête ! Combien d'efforts d'enseignements donnés pour corriger ces défauts ordinaires à leur sexe, ces larmes qu'elles versent à si bon marché, pour réprimer en elles les amitiés trop tendres, les petites jalousies, les compliments excessifs, les flatteries, les empressements, car tout cela gâte les demoiselles de qualité, les accoutumant à trouver que tout ce qui est grave et sérieux est trop sec et trop austère, alors qu'au contraire il faut les amener à parler de manière courte et précise. C'est qu'elles sont nées artificieuses, et qu'elles usent de longs détours pour venir à leur but.¹

 

 

¹Fénelon, De l'éducation des filles, 1687.

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  Outre sa beauté et la civilité et la distinction de ses manières, c'est la coiffure de la sainte que j'apprécie le plus. Chacun conviendra d'abord que son turban est remarquable, qu'on le voit comme l'expression, par l'artiste, des origines orientales de la sainte (dont c'est l'attribut inconstant), ou simplement comme le témoignage de la mode de cette époque .

  Comme expression d'orientalité, il est apparu à la Renaissance dans les peintures d'artistes italiens et flamands représentant soit des scènes bibliques, soit des descriptions de l'empire ottoman, de Soliman le Magnifique ou de Barberousse. Il coiffe par exemple la tête de Nicodème dès le milieu du XVe siècle en Bourgogne à Tonnerre ou à Ternant. En 1496, Dürer dessine un Couple turc en turban. Puis cela devient la mode en Italie, puis ailleurs de s'habiller à la turque, et on dit que la reine Elisabeth 1er d'Angleterre, voulant favoriser ses relations diplomatiques avec l'empire ottoman, portait des habits turcs. ; on trouve le turban porté par Philippe le Bon peint par Rogier van der Weiden en 1450 , et par l'Homme au turban rouge de Van Eyck en 1433 :

 

Image illustrative de l'article L'Homme au turban rouge
Jan van Eyck, 1433, l'Homme au turban rouge  

 En 1514, Raphael peint Balthazar Castiglione coiffé du turban, puis en 1519  la Fornarina coiffée elle aussi du turban :

 96px-Balthazar_Castiglione%2C_by_Raffael

Image illustrative de l'article La Fornarina

http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Fornarina

 

 

 

  Dans l'iconographie de sainte Barbe, j'ai retrouvé ce turban :

1.  en Bretagne à Saint-Nicolas-du-Pelem : église : 1ere moitié XVIe siècle, d'origine ou d'inspiration flamande. 

2.à l'église Saint-Ouen-de-Mancelles de Gisay-la-Coudre (Eure), mais il est retenu par un bandeau sous le menton.link 

 3. Dans la Manche, église Notre-Dame de Savigny : statue du XVIe siècle assez proche de celle de La Fontaine-Blanche:

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  Ce turban possède un nom : c'est, depuis l'ouvrage de Cesare Vecellio Degli habiti antichi et moderni di diverse parti del mondo de 1589, celui de balzo, décrit au chapitre "costume de Venise et d'autres lieux d'Italie : " Queste donne portavano il balzo in testa, molto variato di colori ; et era a opera, tissuto d'oro e di seta con fogliami di rose et altri lavori :  Les femmes de ce pays portaient le balzo  de différentes couleurs , oeuvre de tissu d'or et de soie, avec des pétales de rose et d'autres éléments".

  Le balzo est défini comme une toque italienne ressemblant à un turban, mais constitué d'un bourrelet de brocart ou de velours recouvert de résille. Il est apparu dans les années 1400 en Italie, et il était alors porté très en arrière, dégageant largement le front épilé. Vers 1470, il serait tombé en désuétude, mais serait revenu à la mode vers 1510, avec une forme plus ronde et désormais porté plus en avant. Le terme de balzo recouvre donc deux coiffures assez différentes, et en outre sa distinction avec la guirlande (ghirlanda) et la coiffure nommé capigliara est imprécise.

  Le modèle initial (1400-1450) est haut, en forme de bulbe, et ressemble moins à une couronne qu'à un bonnet de poil de grenadier, en moins haut et en plus incliné vers l'arrière. Il est bâti sur une structure en osier en dôme ovale qui reçoit des étoffes, des faux cheveux de soie blanche ou jaune ou des cheveux postiches (capelli morti) puis des ornements comme des bijoux, des plumes de paon, des broderies etc.... Il rassemble toute la chevelure dans son volume, dégageant totalement la nuque et le front épilé. Son usage semble s'être limité à l'Italie du nord, avec une iconographie allant de 1430 à 1445 et on en voit des  exemples sur les fresques des Zavattari de 1440 représentant la légende de Teodolinda à la cathédrale St-Jean-Baptiste de Monza, centré par un bijou au dessus du front très épilé.

i partecipanti alla festa

http://www.arengario.net/momenti/momenti43.html

ou bien sur une peinture de Pisanello (1395-1455) : Théodora, princesse de Trézibonde dans Saint Georges et la Princesse de Trébizonde, 1436-38, chapelle Pellegrini, Vérone :

th_1438balzo.jpg

 

Le balzo du XVIe siècle est moins haut et il est porté moins en arrière : circulaire, il s'apparente d'avantage à une couronne. Il est posé sur les cheveux mais il ne retient pas ceux-ci, qui recouvrent le front, ou la nuque. Il est orné de filets, de tresses de noeuds, de dentelles, de rubans ou de perles, qui s'enroulent sur le rouleau en créant des effets décoratifs d'entrelacs. C'est à lui que ressemble la coiffure portée par sainte Barbe. 

en 1530, Le Parmesan peint sa Schiava turca ou esclave turque (Pinacothèque de Parme)

110px-Parmigianino_-_La_schiava_turca.pn

 En 1534, Le Titien peint Isabelle d'Este. (Kunthistorische Museum, Vienne.)

isabella1.jpg

 

 

 d'autres exemples :

 

 

 th_1530balzo.jpg th_1530sbalzo.jpg

 

Sources : 

http://home.earthlink.net/~lizjones429/balzo-new.htm

 

 

        Deux autres coiffures peuvent s'apparenter au balzo : la ghirlanda et la capigliara.

La ghirlanda  ("guirlande") est  une couronne,  un simple cercle plus ou moins épais formé de fleurs tressées  ou d'autres matériaux naturels comme des plumes. Mais dans la définition de Jacqueline Hérald, auteur de référence avec Renaissance dress in Italy 1400-1500, 1981, ou de Rosita Levi-Pisetsky qui écrit "les ghirlanda des années 1400 ont adopté une forme ronde qui les rapproche du balzo, bien qu'elles se distinguent parce qu'elles sont plus plates", la distinction devient plus ténue.

La capigliara est, au XVIe siècle, un rouleau composé de cheveux postiches, et est donc analogue à une perruque. Mais là encore, la frontière avec le balzo est imprécise, et, au total, j'aurais tendance à retenir que la ghirlanda est la forme légère, le balzo la forme moyenne, et la capigliara la forme volumineuse exubérante  et lourde d'une coiffure organisée autour d'une couronne.

  La coiffure de Lucina Brembati peint par Lorenzo Lotto (1518, Académie Carrare à Bergame) mériterait bien le nom de capigliara.

Portrait de Lucina Brembati

 

fontaine-blanche 8341c

 

   Notre sainte Barbe porte donc une coiffure qui s'est développée en Italie, ce qui indique que l'artiste a été influencé par des modèles italiens ou flamands ; s'il attribue à sainte Barbe cette coiffe, c'est soit pour souligner son origine orientale, soit seulement pour la parer des dernieres parures de la mode et montrer son élégance et sa noblesse, soit pour associer habilement les deux.

    C'est un boudin régulier entouré d'une étoffe blanche, qui retombe en voile sur la nuque, sur lequel une bande de fin tissu bleu clair vient s'entourer, fixé en son milieu par un large medaillon en or. Comparé au balzo de la sainte Barbe de Savigny, celui-ci est plus dépouillé, moins haut, mais néanmoins assez semblable. 

            Outre ce balzo, je trouve un autre intérêt à la coiffure de la vierge et martyre, qui est ce voile fixé sur la couronne et qui couvre l'arrière des cheveux avant de contourner les deux nattes par l'avant et de venir réunir ses deux pointes en arrière des épaules. Si je m'y interesse, c'est parce que j'ai retrouvé assez fréquemment ce mode de maintien de la chevelure, et notamment de façon quasi constante sur les statues des vierges allaitantes de Cornouaille  Vierges allaitantes : le bandeau de cheveu., sans en trouver la description ou le nom dans les ouvrages de mode de la période Renaissance. Il est parfois limité à un simple bandeau ne remontant pas sur la nuque et la tête, ou au contraire il apparaît en continuité avec un voile couvrant toute la tête. Il est particulier, puisqu'on ne retrouve ni à Savigny, ni sur les portraits italiens de la Renaissance ce voile retenu par le balzo.

  Cette vue de profil, destinée à montrer comment le tissu blanc entoure la chevelure au niveau de la nuque avant de la libérer sur les épaules, souligne également le raffinement de la silhouette, avec cette posture qui projete l'abdomen en avant, comme le voulait alors la mode.

 

fontaine-blanche 8342c

 

 

Inscriptions et armoiries :

1. Inscription : Pilier entre le choeur et l'autel sud : partiellement caché par la statue de saint Claude :

  La transcription est donnée ainsi : "L'an mille cinq cent huit, Jean Davennes abbé de Daoulas consacra les trois autels de Notre-Dame, saint Laurent et la Madeleine"  (site Infobretagne). Néanmoins, l'examen (difficile, car l'inscription contourne un pilier et est cachée par une statue) du texte montre la réalité de la graphie et les difficultés  de lecture.

  J'ai du prendre trois photographies, que j'examine l'une après l'autre:

 

Lã: mil:v:c 

daoulas cõ

 dame. Sãt 

 

 

 

fontaine-blanche 8329c

 

( Lã : mil V c III. JE e n 

(daoulas cõ) les troies/

(dame. Sãt )... n et la /

fontaine-blanche 8322c

 

      ( Lã mil vc.. III JE e n ) av /enes : abbé

(daoulas cõ.. les troies) /  auttliers  : ñre

dame. Sãt..n et la / Mag°dal

fontaine-blanche 8323c

 

 

J'obtiens donc, en rétablissant le "n" et autres élisions indiquées par le tilde : La(n) mil cinq cent ...trois JE e avenes abbé daoulas co(n)...les troies auttiers n(ot)re dame Sa(in)t ..n et la Magdal.

  Jean Michel (op.cit) donne la version très proche, mais complétée par les lettres cachées : L:AN MIL Vc JE DAVENES ABBE DE DAOULAS CO(N)SECRE LES TROIES AUTTIERS, NOTRE DAME SAINT IAN ET LA MAGDAL(eine).  Mais la date qu'il donne (1500) est contredite par une autre phrase de son texte qui indique la date de 1528 pour cette consécration, et il omet de prendre en compte de chiffre VIII. En 1528, Jean du Largez n'est plus abbé de Daoulas en titre . 

  J'en donnerais l'interprétation suivante : L'an 1528 (1508 ? ou 1518), Jean d'Avenes, abbé de Daoulas, consacra les trois autels à Notre-Dame, saint Jean et la Madeleine.

Ma première interrogation porte sur le mot auttiers : correspond-il à "autels" ? J'en ai la double confirmation par le Trésor de la Langue française (CNRTL), et par le glossaire français du Moyen-Âge (1987) qui indique : Aultier (1417, 1466), Auter (1369) : "Autel", toutes ces variantes dérivant de altare.

  Le Trésor de la langue Française indique : Emprunté au latin altare, surtout au pluriel en latin classique altaria, "lieu élevé réservé aux sacrifices".... Le changement de la finale -er en -el est dû probablement à une substitution du suffixe -el à la finale -er, rare dans les termes désignant des objets concrets (et peut-être par attraction paronymique avec ostel, "hôpital, hôtel".

 Je m'interroge aussi sur l'orthographe de troies : en Moyen français, selon le DMF, on emploie trois, tres, treis, mais pas troies...

     Jean "Davennes" n'est autre que Jean du Largez ou du Larget, abbé de Daoulas entre 1502 et 1519, mort en 1533, évêque in partibus et dont les armoiries sont d'argent au chef de gueules, au lion de sinople brochant le tout. Il fut nommé évêque titulaire d'Avesne le 30 juillet 1507.

  Jehan du Largez, fils du seigneur de Coatvout en Botlezan et curé de Glomel succéda à Guillaume Le Lay comme abbé de Daoulas en 1502, poste qu'il occupa jusqu'en 1519. Il mourut en son abbaye le 6 juin 1533 ; sa tombe fut placée au milieu du choeur de l'église. Il fonda beaucoup  de chapellenies, comme dans les églises de Daoulas, Belle-Isle-en-Terre, Botlezan, Laneven, Quemperven ou Louargat. Premier chanoine de la cathédrale de Quimper, co-adjuteur de Vannes et de Cornouailles, il fut nommé en 1507 "Episcopus avenetensis", évêque in partibus d'Avennes, : on sait que cette locution latine, abrègée d'in partibus infidelium, "dans les contrées des infidèles" signale un ancien diocèse situé sur les territoires perdu par le christianisme après leur conquète par les "infidèles", ou "sarrasins" : son attribution à un clerc permet son ordination comme évêque, souvent pour occuper des fonctions administratives ( Vatican ou diplomatie) ou comme évêque auxiliaire remplissant les fonctions de vicaire général : ce fut sans-doute le cas ici, auprès de l'évêque de Quimper. En effet, le chanoine Abgrall signale qu'il avait été nommé évêque suffragant de Claude de Rohan en attendant que celui-ci fût en âge d'être nommé évêque, ce qui fut le cas en 1510.

Voir l'article du blog pecia.fr sur Jean du Largez:  http://blog.pecia.fr/post/2010/12/30/Sur-la-piste-d-un-Livre-d-heures-de-l-abbaye-Notre-Dame-de-Daoulas-(Finistère) .

  

  Mais aucun "siège titulaire", aucun diocèse chez les infidèles n'est connu sous le nom d'Avennes : en effet, sous le nom d'Aveneste en Thrace il s'agit d'une francisation du terme latin avenetensis, qui est, comme abydenus et abydensis, en réalité un suffixe  d'Abydos, ville de "Thrace", en Turquie dans le détroit des Dardanelles et siège titulaire d'un diocèse in partibus.

  Le terme est utilisé ailleurs qu'en Bretagne, puisque en 1486 Jean Bolivier, suffragant de Jean II Rolin, vicaire général de l'évêque d'Autun et évêque d'Abydos est nommé "évêque d'Avesne" par la Gallia christiania. On retrouve le même terme  à Mâcon en 1481 sur un document (Messire Jehan, evesque d'Avenes). L'autre évêque d'Abydos breton est Louis "Combonet" ou du Combout, vers 1538, donc comme successeur de Jean du Largez.

Le terme "évêque d'Avennes" a amené certains biographes à comprendre à tort "évêque de Vennes" ou Vannes.

  Cette fonction est sans-doute ce qui a amené Jean du Largez à être un grand consécrateur d'églises et un grand fondateur entre 1519 et 1532 ; notamment à la chapelle Notre-Dame de Fontain

e-Blanche, où le 25 août 1529, il institué "fondation de deux messes aux jours de mardi et samedi de chacune semaine ".

 

 

 

      2. Devant ce pilier,  cartouche sur la robe de saint Claude  sur la statue du XVIe siècle:

b. brener. a . fayct .  fayre . ceste .  Ymage

  Mes prédecesseurs ont lus "Y. brener", mais il me semble bien qu'il s'agisse d'un b et non d'un y.

  Une famille Brenneur est attestée à Plougastel-Daoulas : François (-<1704), Yves (1679-1757), Catherine (1682-1710), mariée à André Laurans. Selon Albert Deshayes ( Dictionnaire des noms de famille breton, Le Chasse-Marée 1995) le patronyme Brenner est attesté depuis 1630 à Quimper, Brenneur en est la variante léonaise, il désigne le marchand de son (du breton bren, "son")

 

 fontaine-blanche 8320c

 

3. Armoiries : 

3a) A l'extérieur, sur le clocher :

On trouverait les armoiries de la famille Buzic qui sont "de gueules à six annelets d'argent 3+2+1". Mais je n'ai photographié que celles de la famille de Guermeur.

 

Selon le Nobilaire de Potier de Courcy :

"Guermeur (de), Sr de Coëtrosec'h, -par de Combrit,-de Bazouar, -de Lezongar,-de Penhoat, par. de Loperhet, -de Lezardo, -de Poulpri, -de Coroac'h. Anc. ext. Chev. R. 1689, R. 1426, 1442, 1536, M. 1562. Par de Combrit, Loctudy et Ploubalannec, évêché de Cornouailles,

De gueules à trois losanges d'argent rangés et accolés en fasce, accompagnés de six annelets de même, trois en chef et trois en pointe, rangés 2 et 1. 

Roland, capitaine à Quimper, pour le Roi, pendant les guerres de la Ligue."

 

  Je n'ai pas trouvé de commentaire sur la tête couronnée qui voisine ces armoiries.

fontaine-blanche 8345c

 

 

3b. Autel sud

  Ces armoiries  se composent à mi-parties des armes des Kérérault d'azur frétté d'argent, une fleur de lys de même sur l'azur, en chef, famille dont la devise est Mervel da véva, "Mourir pour vivre", et d'armes comportant des molettes d'éperon, que je n'ai pas identifiées.

  La chapelle de 1780 du manoir de Kérérault à Plougastel renferme le tombeau de Jehan III de Kérérault, mort de la peste.

fontaine-blanche 8332c

 

3c. Chapelle latérale sud, sous la statue de la Vierge :

      ??

fontaine-blanche 8324c

 

3d Socle de la statue de sainte Barbe, nef.

  Armoiries des Guermeur du Penhoat, identiques à celles du pignon ouest, à trois losanges et six annelets.

 fontaine-blanche 8333c

 

 

 

 

 

Vitraux

1. Maîtresse-vitre.

  La baie possède un tympan flamboyant du XVe siècle ; Le vitrail qui la remplissait représentait autrefois la Crucifixion entre la Vierge et saint Jean avec un apôtre, sans-doute saint Paul. Il était orné de huit écussons (selon l'abbé Abgrall) des familles donatrices, dont je rappellerai les armes :

  • Seigneur du Rosier, vicomte du Léon d'or au lion morné de sable (qui est Léon), à la bordure chargée de onze annelets en orle.
  • Du Louet, Sr de Liorzinic, , par. de Plougastel,avec armes antiques : d'or à trois têtes de loup de sable, arrachées de gueules ; moderne : fascé de vair et de gueules, qui est Coëtménec'h.
  • Buzic de Kerdaoulas, Écartelé : aux 1 et 4, d'or, au léopard de gueules (Névet) ; aux 2 et 3, de Buzic , devise : Comzit Mad, "Parlez bien"., 
  • Guermeur de Penhoat, De gueules à trois losanges d'argent rangés et accolés en fasce, accompagnés de six annelets de même, trois en chef et trois en pointe, rangés 2 et 1.
  • de Kérérault, d'azur frétté d'argent, une fleur de lys de même sur l'azur, en chef, 
  • Kerguern de Kernisi,  (ramage de Clécunan) : de sable à trois aigrettes huppées d'argent, comme Clécunan ; aliàs brisé d'une étoile de même en chef, pour la branche de Kernizi. Devise : utinàm.

La verrière actuelle qui date de 1905 est due à l'atelier parisien Louis Plonquet.

Louis Plonquet travaille à Paris  avec un certain Léon Mansuel ; on lui doit en Bretagne des restaurations de vitraux anciens, à la cathédrale de Quimper, saint Guénolé et saint Mélar, à Plogonnec les bras nord et sud du transept.

  Le vitrail représente le couronnement de la Vierge, laquelle est entourée de  nombreux saints :

  • en bas saint Corentin (avec le roi Gradlon?), saint Guénolé et saint Gwénaël, second abbé de Landevennec.
  • Au milieu, la sainte parenté avec sainte Anne et saint Joachim, sainte Élisabeth et Zacharie en habit de grand prêtre juif ( notamment l'Hoshen ou pectoral),
  • en haut saint Joseph et saint Jean-Baptiste sous saint Michel et un ange, puis au sommet Dieu-le-Père et la colombe.

  Dans le tympan, des anges portent l'inscription ALLELUIA VENI DE LIBANO CORONABERIS,ALLELUIA citation du Cantique des Cantiques 4, 8 : Venez du Liban mon épouse, venez du Liban pour être couronnée. 

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 2. Vitraux des prisonniers.

Deux lancettes et un tympan à trois mouchettes :

  Inscription "Ils m'ont établie leur gardienne 1944".

  Il commémore le retour des prisonniers des stalags à la Libération à la fin de la Seconde Guerre Mondiale ; 

Sous le monogramme de Marie qui s'inscrit dans un bouquet de lys au sommet du tympan, entre  deux chérubins des mouchettes latérales, sous trois autres chérubins voletant dans les nuages des lancettes,  la Vierge étend son manteau bleu sur les familles de Plougastel enfin réunis après les affres de la séparation et de l'emprisonnement des maris après une détention de cinq ans dans les camps allemands, nommés "stalags". Un seul prisonnier est représenté, en tenue kaki portant l'inscription KG, kriegsgefangener "prisonnier de guerre"( de krieg, "guerre" et gefangener, "capturé"). 

  Autour de lui, un garçon en costume vert et deux femmes, à genoux, prient et rendent grâces. A gauche, deux autres femmes tiennent une petite fille. 

  Les costumes des femmes sont étonnants car depuis 1930 à Plougastel, les couleurs ont été abandonnées pour une tenue associant une jupe noire de laine ou de coton l'été, une camisole noire ou bleu marine, un corselet de drap et un un tablier  noir ou bleu, avec, pour couvrir le corselet, un carré de coton plié en triangle, bleu foncé à décors blancs ou en madras marine à carreau blanc. 

  Ici, nous voyons des vêtements de couleurs chatoyantes, avec des verts billard, des violets, , des parme, l'ocre presque or d'un tablier ou d'une paire de manches, le vermillon d'une robe d'enfant, , et une diversité de variétés dans les mouchoirs de cou qui caractérisaient les Plougastéloises d'avant la Première Guerre.

  Trois femmes portent la coiffe, une jeune fille semble encore porter un bonnet, et la petite fille porte le bonnet à trois pièces couvrant les oreilles.

A gauche, une rose en train de tomber du ciel semble se référer à la pluie de roses promises par sainte Thérèse de Lisieux, dont la statue se trouve dans la chapelle, avec celle du Sacré-Coeur, de sainte Bernadette de sainte Anne  et de saint Joseph.

                                     fontaine-blanche 8339c

 

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Published by jean-yves cordier
19 septembre 2012 3 19 /09 /septembre /2012 22:55

          La chapelle Saint-Trémeur

               à Plougastel.

 

  Située sur la kordennad de Rozegat¹ sur la côte sud-est de la presqu'île, avant le village de Saint-Trémeur et la grève de Pors-ar-loc'h , cette chapelle est la plus petite des huit chapelles de la commune, mais elle fut autrefois très fréquentée : une messe mensuelle y était célébrée, deux pardons s'y tenaient à la Sainte-Trinité et le quatrième dimanche d'août et le jour de la fête de saint Marc, on y venait en procession depuis l'église paroissiale située à 3 kilomètres. On y apprécie son beau placître planté de hêtres, de chênes et de châtaigniers, ou bien on se rend à la fontaine de dévotion située à une centaine de mètres en contrebas.

  Au breuriez¹ de Saint-Trémeur appartiennent aussi Lanrivoas, Tévenn, Kergolle et Kervengant.

    Je lis que la chapelle appartenait à la seigneurie de Kergoat, Le Lez et Roscerf. Je fais le lien (sans confirmation) avec la famille Buzic de Kerdaoulas , dont les armes sont de gueules à six annelets d'argent et la devise Comzit mad, "parler bien",   et avec la famille de Roscerf (ou Roscreff, actuel Rossermeur) en Plougastel, dont le cri était Pour les biens bon espoir

 Selon Tudchentil.org http://www.tudchentil.org/IMG/pdf/Genealogie_Roscerf_-_Fonds_des_Blancs-Manteaux.pdf , Marguerite  Buzic, héritiére d'Even Buzic Sr de Kergoët avait épousé en 1416 Olivier du Roscerf, qui était gendarme de la garde du duc en 1427. Un autre Even Buzic, héritier, sr de Kergoêt et sr de Roscreff, fit en 1429 un contrat de fondation avec l'abbaye de Daoulas (http://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-Urbain_(Finist%C3%A8re)#cite_note-12Les armes des Buzic de Kerdaoulas sont présentes sur la tour de la chapelle de Fontaine Blanche.

   On ignore l'histoire de ses origines, et les premiers éléments sont la date de 1581 placée près de la fenêtre sud, et celle de 1636 au nord. Au XVIIe siècle est construit le clocher ; la cloche fut refondue en 1738.

Le pardon a lieu le deuxième dimanche de juillet.

¹. Sur les "kordennad" et les "breuriez", voir  Sainte Gwenn à la chapelle St-Guenolé de Plougastel.


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Inscription en Kersanton sur la façade sud : 

 Y : VIGOVROVX : FF : FAICT : FAIRE : CETTE CHAPE(LLE)P 1581

 On ne considère pas qu'il s'agit d'une inscription de construction, mais de rénovation de la chapelle par le fabricien.

  Toute inscription a ses mystères : le Y initial a la forme d'un V, le X de Vigouroux est très élégant, les initiales FF remplacent d'habitude la formule "fait faire" qui n'est pas omise ici, le mot "faire" est plutôt écrit FAIRA, la fin de "chapelle" est un P.

  Le patronyme Vigouroux est répandu à Plougastel ; on le retrouve inscrit sur le grand calvaire de Plougastel (1604...O.Vigouroux curé).

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Inscription sur la façade nord.

   Celle-ci porte la date de 1636; elle indique F : IVLIANF. 1636 avec un bel exemple de N rétrograde.

  On peut s'interroger sur cette inscription car Julian n'est pas un patronyme de Plougastel. Difficile d'y voir une relation avec la Mission que prêcha Julien Maunoir en 1644.

tremeur 8233c

 

Vue générale de l'intérieur

 Le plan est rectangulaire ; en 1930, le curé de Plougastel, qui était l'abbé Uguen, a fait construire un transept qui a été détruit en 1972. La chapelle étroite et basse est la plus petite de la paroisse. elle est éclairée par cinq fenêtres, en plein cintre sauf la baie orientale qui date du XVe siècle et est ogivale. La voûte est couverte d'un lambris peint uniformément en bleu ciel.

  Le pavage de schiste (le matériau local) et le crépis blanc des murs lui donne une atmosphère simple et recueillie et mettent en valeur les six statues anciennes et le socle de granit, à droite.

 

tremeur 8236c

 

Saint Trémeur

Statue en bois polychrome du XVIIIe siècle, h : 1,20m. Le saint porte sa tête (statue céphalophore) de la main gauche et la palme du martyre à droite. il porte une robe rouge à ceinture et à revers dorés, et un camail marron.

 

  Son nom, en breton sant Tréveur, anciennement Tremoch vient de Trech, "victoire" et mor, "grand". Il est le fils du roi de Domnomée Comonor et de sainte Tréphine, qui est également une sainte céphalophore puisque la mère et le fils eurent tout deux la tête coupée par le cruel Conomor, qui ne voulait surtout pas de fils pour lui ravir sa couronne. 

  La vie de sainte Tréphine a déjà été découverte ici : Chapelle Sainte-Tréphine à Pontivy.. Mais la vie de saint Trémeur est écrite par Dom Lobineau dans la Vie de saint Gildas ici : Guy-Alexis Lobineau, La vie des saints de Bretagne et des personnes d'une éminente piété, Rennes, 1725 page 76  :http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5494000p/f115.image.r=Tr%C3%A9meur.langFR

 

  "Son fils reçut au baptème le nom de Gildas, à quoi  pour le distinguer du saint Abbé on ajouta dans la suite le surnom de Trech-meur. L'enfant fut mis dès ses premières années dans le monastère de Rhuys, où il fut instruit aux lettres & à la piété, & fit des progrès surprenans dans celle-là & dans celle-ci. Sa vie angélique etoit accompagnée de miracles que Dieu operoit par son ministère. Ses actes, tirez par l'auteur de la Cronique de Saint-Brieuc de l'ancien Bréviaire de Quimper assurent qu'il fut tué par son père qui l'aïant trouvé qui se promenoit à la campagne un dimanche après l'office, lui coupa la tête. C'est apparemment la raison pourquoi saint Trémeur est appelé Martyr & invoqué sous cette qualité dans les litanies angloises du VIIe siècle".

 

 

 Ce n'est donc pas dans dom Lobineau que se trouve la légende selon laquelle, après son décollement, Trémeur prit sa tête entre ses mains et l'aurait porté jusqu'à la tombe de sa mère à Sainte-Tréphine, dans les Côtes-d'Armor, paroisse où il aurait été enterré.

  Il est fêté le 8 novembre.

Ses autres lieux de culte sont :

  • Les églises des paroisses de Kergloff (29), Carhaix (29), Camlez (22) 
  • La Chapelle St-Trémeur à Cléden-Cap-Sizun (29)
  • Chapelle St-Trémeur à Le Guilvinec (29)
  • Chapelle St-Trémeur à Guerlesquin.

 

tremeur 8193c

 

 

Le Père Eternel et les deux "anges gardiens".

  Sculpture du XVIe siècle, ou du XVIIe . H= 1,20m

  Ce personnage à la barbe exubérante et à la tiare palmier n'est autre que Dieu, Dieu-le-Père échappé d'une Trinité où il tenait le Fils entre ses Bras et le Saint-Esprit volant entre les Deux.

  Le détail original, ce sont les deux anges qui le désignent du doigt à l'enfant que chacun tient par la main. Vêtus d'une robe rouge superbement ornée de galons verts qui se fixent en beaux drapés sur des boutons or , chaussés de bottes ou guêtres enrichis des mêmes galons, ils sont magnifiques. Ici, on les désignent du nom, bien logique, d'Anges gardiens. Mais ils me rappellent un ange de l'église de Collorec, qu'on avait dénommé Raphaël guidant Tobie :

collorec 1646c(Collorec )

tremeur 8202v


 


 

                                                         tremeur 8204c

 

tremeur-8201c.jpg

 

 

Saint Sébastien

Bois polychrome, XVIe, h = 1,25m

tremeur 8197x

 

Vierge à la démone.

Bois polychrome, XVIIe, h = 1,20m

  C'est encore une très belle statue, où l'aspect très humain de la Vierge et de son Fils contraste avec le fait qu'elle écrase, en Vierge de l'Apocalypse, la démone à la queue de serpent tenant la pomme de la Chute dans la main.


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Saint Luc

Kersanton, XVIe, h = 1,15m

  Elle pourrait appartenir à un ensemble des quatre évangélistes avec chacun son attribut, son Livre, et un phylactère portant, par exemple, l'incipit de son Évangile. On croirait discerner l'inscription...

  (A Aix, dans la cathédrale Saint-Sauveur, ce sont des hexamètres du Carmen Paschale de Sedulius qui sont associés aux évangélistes ; pour Luc, l'inscription est : lura sacerdotii Lucas tenet ore iuvenci)

  Le détail qui m'interroge est l'objet que tient le taureau dans sa gueule : un encensoir ? On sait que le taureau est associé à Luc en raison des premires mots de son évangile qui mentionnent le sacrifice offert par Zacharie : ici, s'agit-il d'un objet rituel?

 On remarque aussi la base de la statue en pierre et l'ange qui y est sculpté.


 

                                                  tremeur 8208c

 


Saint Marc ?

bois polychrome, XVIIe, h = 1,10m

  Il tient un livre, mais a perdu l'objet qu'il tenait de la main droite. Si c'était une palme, ce serait un saint Joseph (le chanoine Perennes indique que la chapelle fêtait la Saint-Marc, la Saint-Joseph, le lundi de Pentecôte et la Saint-Riou).

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Christ en croix

Bois, XVIe siècle.

tremeur 8217c

Saint Roch

Pierre de kersanton polychrome, XVIe, h = 0,80m.

  Ce saint avait perdu sa tête et elle avait été très grossièrement refaite en ciment : mais enfin, peut-être en priant saint Antoine de Padoue, on l'a retrouvé, et il a désormais meilleure mine, malgré le teint terreux de la kersantite. De saint Roch, il a la tenue de pélerin (cape et chapeau), le baton, et le bubon de peste sur la jambe droite.

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Pietà, panneau sculpté

Bas-relief du XVIIe, bois polychrome, h = 0,69m

tremeur 8220c

 

 

Piedestal en kersanton

placé à gauche de la porte d'entrée, mur coté sud. Il représente deux anges portant le saint Graal.

 

tremeur 8221c


  Bénitier

  Sous ce bénitier, une cavité rectangulaire : les fidèles qui souffrent de céphalées y placent leur tête tout en priant saint Trémeur : 

  Ni ho ped a greiz halon

Aotrou, Sant Tréveur hor Patron

Da rei d'eom-ni re ho dre ho skoazel

Eur vuhez fur, iac'h ha santel.

Nous vous prions de tout coeur / Monsieur saint Trémeur notre Patron /Que nous soit donné avec votre aide / Une vie sage, saine et sainte. (Refrain du cantique de saint Trémeur)

 

tremeur 8223c

 

  Ne pourrait-on penser que ce trou servait jadis à l'écoulement d'une source aux eaux thérapeutiques ? 

tremeur 8225c

 

Calvaire

  Il est daté vers 1600.

  Sur son coté Est, les statues géminées posées sur les croisillons à boules montrent saint Trémeur à gauche et saint Gildas, son protecteur à droite.

 

tremeur 8228c

Saint Trémeur:

tremeur 8229v

 

 

  Du coté Ouest, c'est la représentation habituelle du Christ en croix entouré de la Vierge et de saint Jean. Au pied du Christ, trois anges portent le calice du Précieux Sang.

tremeur 8231c

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Published by jean-yves cordier
15 septembre 2012 6 15 /09 /septembre /2012 22:22

La chapelle de La Houssaye à Pontivy (suite).

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I. Présentation.

Une pierre  située dans le choeur porte une inscription découverte par le chanoine Guillon (curé de 1924 à 1926)  :  CESTE OPEUVRE FUT COMMANCEE LE XVIIE  JOUR DE MAY LAN M CCCC XXX V AUX "cette oeuvre fut commencée le 17ème jour de mai 1435".

 Note : Elle est citée le plus souvent comme "ceste opure fut commencée le XVIIe jour de May l'an MCCCC.XXX.VI", mais le mot "opure" n'existe pas en moyen français. Le mot réel comporte plus de lettres.

L'orthographe "commancée" est attestée en moyen français. Le dernier chiffre devrait être "VI" et je lis "V aux", "V an"  ou quelque chose d'approchant.

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    C'est donc en 1435 que fut bâtie cette chapelle sous le duc Jean V le Sage et sous la juridiction du vicomte Alain IX de Rohan le Grand dit le Batisseur (v1382-1462) et Marguerite de Bretagne, en même temps qu'il implantait la sidérurgie aux forges de Pontivy et qu'il construisait l'église de Kernascleden. Elle comporte une nef du XVIe siècle avec un seul bas-coté sud, un transept et un choeur à chevet plat. La nef et la croisée sont séparés par un chancel surmonté d'un Christ en croix de la fin du XVe.

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II. Inscription du clocher et N rétrograde.

  Si le portail occidental date de 1730, le clocher porte la dete de 1779 inscrite sous la deuxième balustrade. On y lit, coté nord, l'inscription suivante :

O : LE GUENNECPTREETCHAPLIN

Dans cette inscription O. Le Guennec prêtre et chapelain, les trois N sont rétrogrades, avec la barre transversale inclinée en bas et à gauche.

L'inscription complète serait LLE ELLOUX TRESORIAE R.S. OLE GUENNEC PTRE ET CH PET 17 L.  MLEBAR RECTEUR 1779...(?) Marie Bour (?) (Relevé des Monument historiques). 

  Je note que Louis-Marie Le Bare "bachelier en droit civil et canon" était recteur de Noyal-Pontivy de 1773 à 1791, et qu'un Le Guennec était en 1791 curé de Kerfourn, ancienne trève de Noyal-Pontivy.

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la-houssaye 6368b

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Le troisième étage de la tour abrite une cloche de 1934 due au fondeur de Villedieu-les-Poêles André Peeters. La flèche du clocher ne fut réalisée qu'au début du XIXe siècle.

 

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III. Vierge à l'Enfant 

Façade occidentale .

  Cette statue en bois de Vierge à l'Enfant est une fidèle copie de la statue qui occupait la niche avant d'être placée à l'intérieur pour la protéger : nous la retrouverons, à droite du retable. Elle a été réalisée en 1991 par Henri Fondeville, sculpteur à Bubry.

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la-houssaye 6365c

 

 

 

 

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Armoiries : placées à droite de la baie du chevet

Je vois douze billettes, au canton dextre chargé d'une main en pal  , devise En Dieu ...

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la-houssaye 6363x

 

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IV. Vitraux

  1. Baie du chevet, le tympan du XVe siècle . 

Je l'étudierai de bas en haut : le "blasonnement" d'amateur n'est là qu'en note de mes efforts de déchiffrement.

 Françoise Gatouillet et Michel Herold (Les Vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, P.U. Rennes 2005) s'appuyant sur l'étude de la chapelle par André Mussat (Congrés archéologique 1983) situent sa réalisation sous le règne du duc François Ier de Bretagne et de son épouse Isabeau d'Ecosse, soit entre 1442 et 1445. La partie inférieure et principale de la baie, soit 5 lancettes trilobées, contient un vitrail de 1901 de Lux Fournier de Tours consacré à l'Assomption de la Vierge, scène offerte par l'abbé Le Beller, recteur de Noyal.

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a) en bas 5 trèfles ou trilobes contenant 8 écus sur fond de feuillage en grisaille et jaune d'argent. 

  Nous trouvons de gauche à droite :

  • Les armoiries mi-parties des Rohan de gueules à sept (ici six) macles d'or 3,3,1 et d'hermines, qui est de Bretagne , 
  • de gueules à cinq besants d'or ; les armoiries de Malestroit sont de gueules à neuf besants d'or, 3, 3 et 3, mais sont retrouvées de gueules à cinq besants en sautoir (en croix, forcément d'ailleurs) écartelées avec celles de Chateaugiron.
  • de gueules à neuf macles d'or, armes modernes de Rohan, adoptées par Henri Ier de Rohan entre 1552 et 1575.
  • de gueules à cinq besants d'or, donc Malestroit.
  • mi-parties Rohan/ ?
  • mi-parties Rohan/  Clisson ( de gueules au lion d'argent armé, lampassé et couronné d'or
  • D'azur et  trois coquilles? d'argent sur fond de gueules au chef... ?
  • quartiers Rohan / ?: d'argent à cinq macles d'or et d'argent à trois croissants d'or ?

et, au sommet des trèfles, deux blasons associant sur fond de gueules dix billettes d'argent et, en canton, une sorte de navette de gueules et un besant d'or...

 

b) puis deux quatre-feuilles contenant un ange portant un phylactère qui reste à déchiffrer; celui de droite est inversé, tête en bas.

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c) puis six mouchettes : deux anges à gauche, deux armoiries, deux anges à droite.

  • 1er ange :phylactère : surgite venite ....into (surgite vigilemus venite adoremus, quia nescimus horam quando veniet dominus : pièce grégorienne)
  • 2eme ange : phylactère : ...
  • armoiries de Bretagne : d'argent à hermines  de sable. Il a été placé à l'envers, et les hermines sont tête en bas !
  • armoiries : mi-parties  Bretagne et Écosse: d'argent à neuf hermines de sable / d'or au lion rampant de gueules : cela est attribué à François Ier de Bretagne et son épouse Isabeau d'Écosse.
  • 3eme ange : phylactère : ...

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d) deux mouchettes latérales aux anges musiciens.

anges buccinateurs soufflant dans les trompettes du Jugement Dernier.

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e) en haut, sous un quatre-feuille,  un groupe central de trois mouchettes :

  • Le quatre-feuille contient un ange tenant un phylactère : ...cus dominis :m 
  • à gauche, le Christ en gloire montrant ses plaies ; nimbe crucifère, manteau violet et même parme.
  • à droite, la Vierge couronnée suivie de deux saintes : manteaux blancs aux orfrois d'or.
  • au centre en position inférieure : ange portant un phylactère : ...laudamus Jésus..

 

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2. Baie 1, au nord :

Inscriptions:

-sur un pilier du pont à gauche : Lux Fournier, Tours, 1905

- en dessous ; CUNCTAS HARESES SOLO INTEREMISTI IN UNIVERSO MUNDO : antienne mariale de l'ancien rite du "missel extraordinaire" : Gaude, Maria Virgo, cunctas haereses tu sola intermisti in universo mundo", Réjouis-toi, Vierge Marie, qui as détruit à toi seule les hérésies du monde entier".

- à droite : MORT GLORIEUSE DU COMTE RENÉ DU DRESNAY SUR LE PONT DE LA HOUSSAYE.

- Sur le phylactère : qui perdiderit animam suam propter me, inveniet eam. : citation de Matthieu 10, 39 : [celui qui aura trouvé sa vie la perdra,] et celui qui aura perdu sa vie à cause de moi la trouvera. (Bible de Jérusalem)

-en haut et au centre, Armes de la Bretagne avec la devise Potius mori quam foedari, plutôt la mort que la souillure.

 

  Il s'agit de la représentation dit de l'échauffourée tragique de Signan, le 21 avril 1594, pendant la guerre de la Ligue. Rappelons que la famille de Rohan a adopté la cause de l'église protestante, et que la forteresse de Pontivy est entre leurs mains. Or, Lézonnet, capitaine de la Ligue (le parti catholique dirigé par le duc de Mercoeur) a confié à du Dresnay seigneur de Kercourtois la tâche de conduire une délégation catholique qui se rend de Concarneau aux Etats de Lamballe. 

  René du Dresnay a la vigueur d'un chef de 25 ans qui s'est déjà illustré à la bataille de Craon. Il est à la tête d'une escorte de 150 cavaliers. Le soir du jeudi avant Pâques, la troupe arrive près de Pontivy, que la délégation préfère éviter pour passer la nuit à la Houssaye, près de la chapelle et du pont du même nom. Au matin, du Dresnay, conscient du danger, s'avance seul sur le pont et se retrouve face à Arradon de Camors avec 600 arquebusiers, qui veulent le passage. De Dresnay engage le combat, mais aucun de ses compagnons d'armes ne vient le soutenir, et c'est seul qu'il résiste contre tous sous le feu de l'arquebusarde pendant une heure durant. Mais, dans un dernier effort, son cheval trébuche sur le pont et tombe, exposant son maître aux coups. Du Dresnay meurt d'un coup d'épée au défaut de la cuirasse. Son sacrifice a permis à la délégation catholique de se réfugier à l'abri des troupes du roi et de Rohan.

  Ce récit est bien mal résumé, et on aurait tort de ne pas se rendre illico sur le site infobretagne http://www.infobretagne.com/ligue-kercourtois.htm pour se régaler des détails qu'en donne le chanoine de Quimper Jean Moreau (1552-1617) dans ses Mémoires.

  L'un de ces détails est que les cavaliers sont nommés du nom de leur casque, la "salade", casque rond prolongé à l'arrière par un couvre-nuque, et équipé à l'avant d'une simple fente pour les yeux, ou d'une visière articulée. Et je me souviens que, dans Don Quichotte chapitre XVII, Sancho Panza a utilisé cette salade comme récipient pour transporter le fromage, et que son maître, trop prompt à s'équiper pour l'un de ses combats imaginaires, place la salade sur sa tête et le fromage avec.

 

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3. Baie 2.

      Composée de quatre lancettes trilobées de cinq panneaux, en verrerie autour d'un élément central consacré au Don du Rosaire : la Vierge entourée d'anges et d'un chérubin remet le chapelet du rosaire à saint Dominique tandis que l'Enfant-Jésus en confie un autre à sainte Catherine de Sienne, ou bien lui remet une  couronne . En arrière-plan, un campanile couvert de tuile peut évoquer la campagne de Sienne.

Oeuvre signée Lux Fournier, de Tours, 1902-1903, restaurée en 1991-1993 par l'atelier de Jean-Pierre Le Bihan de Quimper.

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      V. Les retables latéraux.

 1. Notre-Dame de la Houssaye.

 

      Rosenweig pensait qu'elle venait d'un atelier étranger du XVe. Je remarque le front et les sourcils épilés, le port hanché et le ventre projeté en avant selon la mode de l'époque.

  Marie présente à son Fils le livre des Saintes Écritures,  mais le Livre est tenu d'un coté par la Mére, de l'autre par Jésus : ce n'est pas un enseignement qui est donné à l'enfant, c'est un accord profond des deux êtres pour donner à leur existence l'axe de l'Accomplissement des Écritures. C'est ce livre de couleur rouge que nous retrouvons sur le retable du maître-autel présenté par un ange au Christ lors de son supplice.

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2. Saint Joseph.

 

      Inscription : IVLIE IAN FABRIQV LAN 1742.

  Il tenait dans la main droite le lys qui est, en statuaire, son attribut.

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VI Les statues.

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1. Vierge de Majesté.

  Dans le guide édité par Les Amis de la Houssaye, il est expliqué qu'une première Vierge de majesté était en place dans l'embrasure droite de la verrière du chevet, mais qu'elle a disparu : elle a été remplacée, dans une niche inemployée à la droite du retable, par une statue du XVIIIe siècle qui se trouvait depuis 1730 dans une niche de la tour, exposée aux intempéries. Admirablement restaurée en 1985, elle offre aux fidèles la puissance de son port majestueux. La Mère et le Fils sont bien un peu joufflus, le regard un peu perdu vers de lointaines perspectives, mais l'ensemble est plein de noblesse. Les manches courtes  fendues sont un intéressant détail vestimentaire.

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      2. Saint-Sébastien.

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4. Saint évêque.

  Il présente l'intérêt  d'être attribué au même atelier que le retable de la Passion et que le groupe de sainte Apolline, en pierre blanche. René Couffon avait remarqué la chape ornée d'une grande croix pectorale, motif qui le confirmait dans sa conviction qu'il s'agissait là d'un travail des sculpteurs d'Amiens.

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5. Vierge de Pitié.

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      6. Saint Fiacre.

  La facture du patron des jardiniers est assez naïve, ce qui lui confère un charme certain.

 

                                          statues 7269x

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7. Saint Mathurin.

      Faisant face à saint Fiacre, le saint expert en exorcismes et "rabonnissement des mégères" Les vitraux de Jacques Simon en l'église saint-Vigor de Carolles (50)  tient le crucifix dont il chasse les démons.

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                                               statues 7273x

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8. Le martyre de sainte Apolline.

Voir aussi le même sujet à la chapelle Saint-Fiacre du Faouët,  à la chapelle Saint-Jacques de Merléac,  ou au Musée Départementale Breton de Quimper qui conserve un groupe daté vers 1560 venant de l'ancienne chapelle de Coat-Quéau à Scrignac:

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Apolline_d%27Alexandrie#/media/File:Quimper_132_Sainte_Apolline_et_ses_bourreaux_Chapelle_de_Coatqu%C3%A9au_Scrignac_Mus%C3%A9e_d%C3%A9partemental_breton.JPG

Voir également l'enluminure par Jean Fouquet du Martyre de sainte Apolline dans les Heures  d'Étienne Chevalier, conservées au Musée Condé, Chantilly, R.-G. Ojeda, RMN / musée Condé, Chantilly : 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Livre_d%27heures_d%27%C3%89tienne_Chevalier#/media/File:Sainte_Apolline.jpg

Le martyre de Sainte Apolline est relaté par Eusèbe de Césarée dans son Histoire Ecclésiastique, reprenant une lettre de l’évêque Denys d’Alexandrie à Fabien, évêque d’Antioche. Jacques de Voragine (1228 – 1288) reprit cette histoire dans le tome II de sa Légende Dorée.

 

"Or, il y avait; en ce temps-là, une vierge remarquable, d'un age fort avancé, nommée Apollonie, ornée des fleurs de la chasteté, de la sobriété et de la pureté, semblable à une colonne des plus solides, appuyée sur l’esprit même du Seigneur, elle offrait aux anges et aux hommes le spectacle admirable de bonnes oeuvres inspirées par la foi et par une vertu céleste. La multitude en fureur s'était donc ruée sur les maisons des serviteurs de Dieu, brisant tout avec un acharnement étrange ; on traîna d'abord au tribunal des méchants la bienheureuse Apollonie, innocente de simplicité, fort, de sa vertu, et n'ayant pour se défendre que la conscience d'un coeur intrépide, et la pureté d'une conscience sans tache; elle offrait avec grand dévouement son âme à Dieu et abandonnait à ses persécuteurs son corps tout chaste pour qu'il fût tourmenté. Lors donc que cette bienheureuse vierge fut entre leurs mains, ils eurent la cruauté de lui briser d'abord les dents; ensuite, ils amassèrent du bois pour en dresser un grand billot et la menacèrent de la brûler vive, si elle ne disait avec eux certaines paroles impies. Mais la sainte n’eut pas plutôt vu le bûcher en flammes, que, se recueillant un instant, tout d'un coup, elle s'échappe des mains des bourreaux, et se jette elle-même dans le brasier dont on la menaçait. De là l’effroi des païens cruels qui voyaient une femme plus pressée de recevoir la mort qu'eux de l’infliger. "

 

Ici, nous remarquerons d'abord les bas de chausse de couleur dépareillées "colorées mi-parti", du bourreau armé de la tenaille : cela indique son appartenance au groupe marginal des soldats et des bourreaux, comme cela a été largement illustré lors de l'examen du retable de La Houssaye. Nous remarquerons aussi l'extrémité effilé de ce chaussage, "à la poulaine" à la mode au XVe siècle et jusqu'en 1470 avant de céder la place aux chaussures élargies "en pied d'ours" sous Louis XII.

La sainte se fait remarquer par son front fort épilé, par son attitude hanchée, son corsage lacé.

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Le martyre de sainte Apolline, La Houssaye à Pontivy. Photographie lavieb-aile.

Le martyre de sainte Apolline, La Houssaye à Pontivy. Photographie lavieb-aile.

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Le martyre de sainte Apolline, La Houssaye à Pontivy. Photographie lavieb-aile.

Le martyre de sainte Apolline, La Houssaye à Pontivy. Photographie lavieb-aile.

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15 septembre 2012 6 15 /09 /septembre /2012 17:21

Le retable de la Passion et de la Resurrection de la chapelle Notre-Dame de La Houssaye  (56).

  Rôle du symbolisme des couleurs dans la stigmatisation des "bourreaux".


 

I. Présentation.


        Le retable de La Houssaye est une oeuvre exceptionnelle, et, comme telle, a déjà fait l'objet de publications (celle de René Couffon fait référence, voir Sources) et de présentation en ligne ; aussi vais-je aborder ce joyau selon un jour particulier, l'étude d'un détail remarquable, celui des couleurs comme moyen symbolique de caractériser certains personnages.

  Mais commençons par donner les explications générales nécessaires.

  Ce retable du maître-autel est sculpté dans la pierre blanche ou tuffeau, roche calcaire aussi blanc que la craie, mais recouvert d'une polychromie basée sur quelques couleurs de base : bleu, vert, rouge, or, jaune, violet. Le rose est réservé aux chairs,  et le brun aux  chevelures ou aux accessoires. Le noir est rare, le blanc exceptionnel.

  Autour d'un élément central à deux niveaux consacré à la Crucifixion, le récit de la Passion se déroule en deux registres à gauche (débutant en haut et à gauche) sur six panneaux sans séparation , puis en deux autres registres à droite de six autres panneaux, soit 13 ou 14  panneaux. Sa forme rectangulaire est interrompue au dessus de l'élément central pour adopter la forme d'une croix tronquée. Sur la partie supérieure court une succession de 21 structures en dais gothique à gâble très aigu, peints en rouge, vert et or. Le bord lui-même est sculpté d'une frise alternant un losange (ou macle) et une hermine, par référence aux armes des Rohan et de Bretagne, doublé intérieurement par des feuilles. Ces feuilles sont groupées par paires autour d'un court rameau : feuilles de chêne avec deux glands, feuilles de vigne avec une grappe de raisin, feuilles de houx, d'acanthe, dans lesquelles je vois un symbole de mariage fructueux.

  La macle et l'hermine indiquent que ce retable est un don de Jean II de Rohan et de sa femme Marie de Bretagne, durant l'année 1510 ou les années proches. Il est attribué par René Couffon aux ateliers d'Amiens.

  Jean II de Rohan (1452-1516), vicomte de Rohan, de Léon et comte de Porhoët épousa en 1462 Marie de Bretagne (1446-1511), fille du duc François Ier.

 

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  Le traitement iconographique va souligner un caractère littéraire bien marqué des Évangiles, l'opposition conflictuelle entre deux groupes :

  • d'une part, celui de Jésus, des douze apôtres, des femmes qui les accompagnent (Marie, Madeleine et/ou Marie Madeleine, etc..) des amis et amies (Lazare et ses soeurs) et enfin de la foule des personnes qui suivent les prédications du Christ, attendent ses miracles ou son action politique ou religieuse de messie.
  • d'autre part, englobé au Moyen-Âge dans le terme "les juifs", les pharisiens, scribes, Anciens, prêtres et notables, et puis les occupants romains, Pilate, les soldats et leurs chefs ou centurions.
  • et des éléments transfuges : Judas qui passe dans le camp contraire en livrant Jésus. Et, a contrario, les pharisiens ou notables "convertis" parmi lesquels Nicodème ou Joseph d'Arimathie, et des romains, dont Longin.

  Vu du coté des chrétiens, on trouve donc les Bons, avec Jésus en situation de victime lors de sa Passion, et les Méchants qui participent politiquement, juridiquement ou physiquement à l'arrestation et à la mise à mort du Christ. L'artiste va adopter une façon différente de traiter l'image pour souligner l'appartenance à l'un de ces camps, et pour provoquer la participation des fidèles à la compassion et la sympathie pour le premier, et l'antipathie virulente contre le second.

 

1. L'Agonie au Mont des Oliviers

       La scène se passe dans le jardin de Gethsémani, en araméen "pressoir d'olive".  Jésus porte une robe unie dorée ; les trois apôtres  pêcheurs Pierre et "les deux fils de Zébédée (Mat,26,36) Jacques et Jean portent eux-aussi une robe dorée unie, et un manteau soit rouge, soit bordeaux à motifs de feuilles dorées.

 Pierre est reconnaissable à son épée.

 

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2. L'Arrestation de Jésus, le Baiser de Judas.

  C'est la première scène où les deux camps sont réunis, dans une confusion et une bousculade soulignant l'affrontement des partis et des valeurs. Pacifisme, tolérance et acceptation d'un coté, violence militaire armée, casquée et haineuse de l'autre. Le déséquilibre des forces est marqué par le nombre des méchants (sept soldats casqués, un soldat coiffé d'une tresse, un personnage (pharisien ?) à droite) opposé à la présence d'un seul apôtre, Pierre. La couleur des cuirasses apparaît dorée, comme les robes des Bons, mais l'artiste est bien obligé d'une part de rendre leur aspect métallique, et, d'autre-part, ces cuirasses ont perdu la couleur blanc-argent d'origine.

  L'élément transfuge, Judas, est au centre; mais rien ne le stigmatise ici, sauf peut-être la couleur verte de la robe, le vert étant une couleur mélangée (bleu+jaune) et non pure. Mais les deux visages rapprochés sont beaux, sereins, et même tendres dans l'échange de leur baiser.

  Un autre élément transfuge, ou plutôt un évènement, est représenté par Pierre l'impulsif qui trahit l'idéal de non-violence de son maître, tire son épée et coupe l'oreille du serviteur du Grand-prêtre. Jésus répare cet outrage contraire à son éthique et remet en place, miraculeusement, l'oreille droite. C'est dire que, si deux camps s'opposent, le fin mot de l'histoire, son but, n'est pas l'affrontement, mais l'Accomplissement d'un Dessein.

  Classiquement, en iconographie médiévale de la Passion, Malchus le serviteur du Grand-prêtre porte une lanterne ; j'en ignore la raison. C'est vrai sur les calvaires (comme celui de Plougastel), les vitraux ou les retables. 

  Ce qui est particulier ici, et qui suscite mon intérêt, c'est le vêtement "mi-parti" du serviteur : 

  L'adjectif "mi-parti" désigne un vêtement (pourpoint, chausses, collant) composé de deux parties de couleurs différentes : ici, le collant est mi-parti vert et rouge, et la chemise est verte pour les manches et rouge pour le col. Cette tenue a été adoptée à la fin du XVe-début du XVIe siècle par les lansquenets, affichant ainsi leur arrogance et leur non-conformité. Bien que la mode s'en soit diffusée plus tard, elle reste marquée par cette origine chez des soudards, pillards et reîtres de mauvais aloi. Appliqué aux chausses, l'adjectif  donne le nom de "chausses-parties", dont les couleurs marquaient, comme les blasons, l'appartenance à une maison noble.

  Utilisée ici, cette tenue marque ainsi l'appartenance sociale et professionnelle de cet homme (le "serviteur" étant assimilé à un soldat), mais le signale aussi, ainsi que son groupe de "méchants", au regard du spectateur comme un sujet aux moeurs dépravées et dépourvu de valeurs morales. 

  Par-contre, les soldats n'ont pas de mines patibulaires.

  

 


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3. Le couronnement d'épine.


      Jésus est chez Pilate (ou chez le  grand-prêtre Anne¹, ou chez Caïphe) qui, mains jointes, est assis sur une cathèdre et assiste au couronnement d'épines. Pendant ce supplice, Jésus reste impassible et stoïque, le visage admirable de contrôle-sur-soi, les mains jointes. Une femme, à genoux, lui présente un livre fermé. On peut voir ce personnage comme un ange présentant au Christ le livre des Écritures: encore fermé car c'est à lui de les accomplir. Ce livre, dès lors, rejoint celui que tient dans de nombreuses statues  sainte Anne, et qu'elle donne à lire à Marie, ou bien, dans les groupes trinitaires, le livre qui est placé au centre entre Anne, Marie et le Christ en signe d'accord sur le projet d'Incarnation et de Rédemption. C'est, pourrais-je dire, le plan de Salut que Jésus ne doit pas quitter des yeux s'il veut avoir la capacité de ne pas défaillir. On peut voir aussi une allusion au livre de l'Apocalypse, fermé de sept sceaux et que seul l'Agneau égorgé est digne d'ouvrir.

  Là encore les couleurs sont révélatrices : robe dorée pour Jésus, manteau doré fermé par un fermail d'or au dessus d'une tunique rouge à bordure d'or pour l'ange, livre rouge (couleur de la Passion), mêmes couleurs pour Pilate/Anne, mais les deux soldats-bourreaux² portent soit pour l'un une tunique mi-parti rouge-vert aux manches bleues, soit, pour l'autre, des bottes dépareillées rouge et verte  sur des collants jaunes. La couleur verte est, jusqu'à présent, du coté des "méchants". A l'unicité des couleurs correspond la rectitude morale, à la multiplicité de couleurs la duplicité des moeurs.

 

¹. Selon saint Jean 19, 1-2 :"Alors Pilate prit Jésus et le fit battre de verges. Les soldats tressèrent une couronne d'épine qu'ils posèrent sur sa tête, et ils le revêtirent d'un manteau de pourpre". Mais le personnage ne ressemble pas au Pilate de la scène 5 et porte un chapeau de Grand-prêtre.

² Leur bâton est brisé, mais l'image est tellement répandue qu'on complète mentalement ces barres de bois par lesquelles les tortionnaires enfoncent en force les épines acérées dans le crâne de leur victime.

 

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4. La Flagellation.

  Le personnage du juge porte désormais la barbe, et un chapeau-turban à sommet conique. Le Christ a été dévêtu de sa robe, mais la couleur du pagne reste dorée. Quand aux deux bourreaux, ils continuent à être adeptes du vert, et bariolés dans leur tenue : à gauche, chausses vertes, veste courte rouge aux manches fendues et pendantes et chemise bleue ; à droite, tunique mi-parti rouge et bleue à capuchon et manches courtes jaunes, chausses vertes, guêtres dépareillées rouge et bleue.

  On peut remarquer que le fouetteur, à gauche semble perdre son pantalon. Ce détail va revenir plusieurs fois, si bien que je me demande si ce n'est pas, simplement, une forme de cuissardes ou chausses, délacées à l'arrière. 

  Au Moyen-Âge, les chausses sont des bas qui se portent par paires, fixées au pourpoint par des lacets nommés aiguillettes. Elles se portent au dessus d'un caleçon ou braies.

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5. Comparution devant Pilate.

        Jésus a remis sa robe dorée et garde son flegme. Pilate est également habillé d'or et de bleu. Mais le serviteur qui présente la cuvette d'eau a choisi le vert pour sa tunique, le vieux rose pour ses manches, et les collants mi-parti rouge et bleu. Il en va de même pour le personnage de gauche, aux guêtres bleu et rouge : à la cour de Pilate, on s'est donné le mot !

 

 René Couffon nomme l'objet (j'y vois un gland à l'extrémité du lien emprisonnant le Christ) un "six de trèfle" et le signale comme "tout à fait caractéristique" des ateliers picards.

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6. Portement de croix.

  Après ces trois scènes ou le Christ était seul face à ses ennemis, le voilà à présent accompagné des quelques disciples encore fidèles : Jean, en manteau rouge comme toujours, Marie, en manteau bleu (doublé d'hermine) traditionnel, deux saintes femmes. On trouve aussi un sonneur de trompe, un personnage coiffé d'un chapeau et tenant un maillet (notable juif?), deux hommes dont l'un pose la main sur la croix. 

  Parmi les "méchants", on voit le soldat casqué, en tunique rouge, levant son gourdin. Je crois que ses guêtres sont dépareillées, bleue et grise.

  Devant lui, un autre soldat tire Jésus par une corde nouée à sa taille. Sa tunique est verte, ses chaussess ne sont pas mi-parti, mais, pire, ils tombent en le déculottant de manière injurieuse pour celui qui le suit. N'était-ce pas simplement la mode, en 1510, chez les hommes du peuple, comme c'est la mode au début du XXIe siècle pour les adolescents de ne pas lacer leurs baskets ou de laisser leur pantalon descendre ? Que voit-on ici entre chausses et pourpoint, un sous-vêtement ou une fesse?

  Marie aide le Christ à porter sa croix, ce qui est inhabituel. Je rappelle qu'en réalité, les condamnés ne portaient "que" (c'était une pièce de plus de 35 Kg) la pièce transverse, ou patibulum, alors que le poteau était déjà planté sur le lieu du supplice. Je rappelle aussi que c'est Simon de Cyrène qui, dans l'évangile, fur requis par les romains pour aider le Christ.

  C'est donc à une lecture théologique et métaphorique que l'artiste invite le fidèle en illustrant la terrible compassion de la Mère pour son Fils par une participation concrète à son supplice.

 

 

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7. Élément central : Le Christ en croix.

 

 

7-1 : Partie haute : le Christ en croix entre les deux larrons.    

  Le parti-pris d'honorer le Christ par la couleur or de son vêtement se poursuit sur le perizonium, sobrement croisé sur le bassin mais s'enroulant en plis volubiles vers sa droite et vers le bon larron. Les deux larrons portent un pagne blanc.

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7-2 : Groupe au pied de la Croix.

  Ce groupe comprend :

  • les proches du Christ regroupés à gauche : saint Jean (rouge et or), Marie défaillante (bleu et or), Marie-Salomé selon Marc 15, 40 ( manteau bleu, voile blanc, robe  or) et Marie de Magdala c'est-à-dire Marie-Madeleine, la tête couverte d'un luxueux turban, en robe dorée. Aucun ne regarde vers la Croix, mais chacun semble avoir le regard tourné vers le chagrin intérieur. La couleur verte n'est pas employée ici.
  • les trois soldats romains en cuirasse et casque couleur or, et le centurion, à cheval, (collants verts, chemise rouge, justaucorps bleu). Tous regardent la Croix.
  • deux personnages à droite, dont l'un souffle dans une trompe (tunique verte, manches bleues) alors que l'autre porte une échelle ( Nicodème ? sans conviction).
  • Un groupe central de cinq personnes : de gauche à droite, nous trouvons un dignitaire dont le robe verte orfroyée, le camail rouge doublé de fourrure, l'aumônière à la ceinture, la longue barbe et le chapeau conique désigne comme un juif. Il porte l'index gauche près de son oeil, geste signifiant "je vois clair, je comprends, je réalise" ce qui peut indiquer une conversion au Christ. Si on regarde la main droite, on remarque qu'elle s'accouple à la main de son voisin, dont le regard est tourné vers le sommet du Golgotha. Il porte un chapeau identique, mais ses bottes rouges, ses collants jaunes, sa courte tunique rouge et bleue évoquent les bourreaux des scènes précédentes.  Face à lui se trouve une sorte de général d'opérette, coiffé d'un casque, vêtu d'une tunique verte à boutons dorés où est agrafée une décoration ronde et dorée. Puis un cavalier sur un cheval blanc harnassé d'or, coiffé du chapeau juif, richement vêtu d'un manteau rouge et or, le regard tourné vers les croix : serait-ce Pilate? Enfin, à ses cotés, une femme peut-être, aussi richement vêtue que Pilate, porte sa main sur le coeur ; on se souvient qu'elle avait conseillé à son époux de ne pas condamner Jésus, après des rêves qu'elle avait eu.

  Au total, pas de vêtements mi-partis ici, mais la couleur verte n'est employée que parmi le groupe des "méchants", alors que les "Bons" sont traités en trois couleurs uniquement, le bleu, le rouge et l'or, sans bigarrure.

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8. La Déposition.

  Tous les "méchants" sont partis, Nicodème (un juif acquis à la cause de Jésus) monté sur son échelle vient de décrocher le corps du Christ, que Joseph d'Arimathie reçoit. 

  Joseph d'Arimathie, un membre du Sanhédrin, est vêtu comme le personnage qui, sur la scène 7-2, montrait son oeil : longue robe, ceinture, aumônière, chapeau (dont la partie centrale verte retombe); alors que Nicodème, lui aussi membre du Sanhédrin, est vêtu de collants rouges, d'une tunique verte et d'un manteau court doré ; il est coiffé d'un chapeau rond marron.

Aux pieds du Christ, c'est bien-entendu Marie-Madeleine, qui n'a plus son turban mais dont on retrouve la robe dorée. Son flacon de parfum est posé devant elle.

  A droite, nous retrouvons Marie au manteau bleu doublé intérieurement d'hermine, saint Jean et Marie-Salomé. 

  Conclusion : le vêtements unis sont réservés aux disciples de longue date, alors que les deux juifs "convertis" sont signalés par l'emploi du vert, et par le mélange de couleur, surtout pour Nicodème.

  Cela éclaire peut-être la scène précédente, et les deux personnages qui rejoignaient leur main étaient peut être Joseph d'Arimathie (qui alla demander à Pilate l'autorisation d'emmener le corps de Jésus) et Nicodème.

 

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9. La Mise au tombeau.

  Elle est strictement conforme à la tradition iconographique, Joseph d'Arimathie soutenant le drap du coté de la tête et Nicodème du coté des pieds, sous le regard des saintes femmes. Seul Jean est absent.

      Joseph et Nicodème n'ont pas changé de tenue ; mais Marie-Madeleine, toujours occupée à baigner les pieds de son maître de ses larmes et à les essuyer de ses cheveux, porte désormais une robe mauve. Nous voyons donc apparaître dans la palette réservée aux "bons" une "demi-couleur", un mélange bleu-rouge. C'était autrefois une couleur autorisée au lieu du noir pour le demi-deuil, et le violet se disait, en latin médieval, subniger, demi-noir. Demi-couleur, demi-deuil, demi-noir, voilà qui ne correspond pas à la mentalité médiévale chrétienne qui n'aime pas les demi-teintes et associe la pureté religieuse et le franc-jeu. Mais le violet est la couleur liturgique de la pénitence, du Carême et de l'Avent. L'élégante Madeleine reste coquette même dans l'affliction.

 

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9. La Résurrection.

  Une sortie du tombeau ? C'est désormais prévisible depuis que nous connaissons le code-couleur de l'artiste : le Christ sera vêtu d' or, et les soldats auront cuirasse dorée et guêtres ou tuniques mi-parties.

 Gagné ! Le plus souvent pourtant, le Christ ressuscité porte un manteau rouge, couleur de la Passion et de la Résurrection, mais ici, il a seulement changé la robe contre le manteau à fermail sans renoncer à la couleur dorée. Il sort du tombeau illuminé dans une mandorle de lumière qui éblouit les soldats romains en faction.


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10. Le Christ aux Limbes.

        Selon le Credo, le Christ "a été crucifié, est mort, a été enseveli, est descendu aux Enfers ". Cette descente "aux enfers", ou bien "aux Limbes", un espace intermédiaire aux marges des enfers, se situe dans un entre-deux temporel (entre mise au tombeau et résurrection, Vendredi-Saint et Dimanche de Pâques) et spatial (entre "ici-bas" et "au-delà") qui n'est fondé sur aucun texte des Écritures. Le Rédempteur va y libérer les âmes justes, qui y attendent depuis l'expulsion du Paradis  d'être délivrés de la faute originelle.

  Il  accueille donc ici Adam et Éve, tout pâles d'avoir été mis à l'ombre depuis des lustres, alors que les diablotins, mi-singes mi-reptiles s'écartent en grimaçant.

 C'est la gueule immonde du Léviathan, avec ses grandes dents blanches parmi les flammes, qui bée.

  La scène devrait se placer avant la scène précédente, mais des impératifs de composition artistiques ont fait préferer cette disposition.

  

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10. Noli me tangere.

  Marie-Madeleine n'a pas quitté sa jolie robe lavande et se rend de bon matin  au tombeau, lorsqu'elle aperçoit Jésus ; elle se prépare à renverser sur ses pieds (c'est son habitude) un flacon entier de parfum lorsque le Christ lui dit Noli me tangere, "ne me touches pas".

    L'élément notable de cette scène est ici l'olivier, en situation médiane, comme s'il séparait deux mondes. C'est le même olivier que celui du jardin de Gethsémani de la scène 1. Une légende dit que la croix du Christ était faite de cèdre et d'olivier, qui était, au Moyen-Âge, symbole d'amour. 

 

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      11. L'Ascension.

  Je ne sais pas si cette scène a son équivalent : le Christ disparaissant dans les nuées (ici, une sorte de fraise aux godrons réguliers) et ne laissant voir encore aux disciples rassemblés qu'une paire de pieds nus et le bas d'une robe dorée ou rose-saumon.

   Onze apôtres sont représentés autour de la Vierge ; huit sont barbus, l'un (Pierre ?) est chauve. Les couleurs des robes et manteaux prennent un peu de liberté et si on retrouve le bleu, le rouge et l'or en majorité, on note un violet, deux roses, et, premier écart du peintre par rapport à son code, un vert.

 

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 Conclusion : 

  Le sculpteur et le peintre du Moyen-Âge et de la Renaissance ont un rôle d'artiste, mais aussi un rôle didactique d'explication aux fidèles des Écritures que, pour la plupart, ils ne savent ou ne peuvent lire. Aussi utilisent-ils des procédés scénographiques d'identification des personnages (attributs) et de compréhension de leurs convictions pieuses ou hostiles.  

  Parmi ces procédés, l'un des plus courants est  l'embellissement idélisé des visages des "bons" et la  déformation caricaturale des traits des "méchants", dont les lèvres sont hypertrophiés, les oreilles velues voire pointues, le nez épaté, le rictus édenté ou, au contraire, les dents saillantes. Un autre moyen est de stigmatiser les personnages désignés à la vindicte en leur plaçant des anneaux et autres accessoires de marginalité  aux lobes des oreilles. 

  Sur le retable de La Houssaye, les visages des uns et des autres sont assez comparables, et c'est par une exploitation de la signification des couleurs, consensuelles pour ses contemporains, que le peintre a fait comprendre la tragédie de la Passion, et l'opposition des forces, reflet d'un conflit cosmique entre le Bien et le Mal, Dieu et le Diable.

 

UN AUTRE EXEMPLE : LA STATUE DE SAINTE APOLLINE.

  Dans la chapelle de la Houssaye, un groupe statuaire est sculpté dans la même pierre calcaire blanche, celui du supplice de sainte Apolline. Il proviendrait donc du même atelier d'Amiens. Cette fois-ci, les bourreaux ont la gueule de l'emploi, mais on retrouve, dans un style qui laisse penser que les artistes sont les mêmes que ceux qui ont réalisé le retable, les bottes mi-parties et la bigarrure jaune-bleu-rouge des collants, de la tunique et de la chemise de l'arracheur de dents, et le mélange noir-jaune-vert-rouge du ligoteur, alors que la sainte porte une robe dorée uniformément damassée, s'ouvrant par un laçage médian sur une chemise blanche.

  Si on s'intéresse à la mode féminine du XVIe siècle, on remarquera aussi le front épilé très en arrière de la jeune femme, et ses sourcils très finement épilés également.

  On remarque aussi que le bourreau de droite semble" perdre son pantalon". C'est le troisième exemple, qui n'a aucun sens injurieux ici, ce qui confirmerait mon hypothèse d'une façon de porter, à l'époque, cet accessoire vestimentaire bien visible ici, les chausses.

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Annexe : Le travail de René Couffon.

   Les conclusions de cet auteur, dans son article de 1971, ont fait l'unanimité : ce retable, et deux oeuvres de la même facture, sont "certainement une oeuvre picarde et sans-doute amiènoise", et "l'hypothèse d'ailleurs des plus vraisemblables" est qu'il provient de l'atelier d'Antoine  Ancquier et de son cousin Antoine Morel, d'Amiens. La pierre, une craie très blanche et assez dure, dite de La Faloise, proviendrait alors de la carrière de Collart-Bonne Attacque.

  Un retable du début du XVIe siècle peut être soit flamand (plutôt à volets), soit  rhénan, allemand du sud, normand, ou encore appartenir aux albâtres anglais dits "de Nottingham".

Il serait intéressant de connaître les artistes qui entouraient Jean II de Rohan et Marie de Bretagne, et d'étudier leur action de mécénat sur leur territoire d'influence, couvrant 1/5ème de la Bretagne, dans sa rivalité mécénale avec le Duc de Bretagne . Ainsi, à Dinan, Jean II imposa un chevet Beaumanoir (atelier de Morlaix) pour l'église Saint-Malo.

http://abpo.revues.org/63 Laurent Guitton, Un Vicomte dans la cité, Jean II de Rohan et Dinan, Ann. Bretagne Pays de l'Ouest, 114-2, 2007

Figure 2 – Domaines de Jean II de Rohan

 

 Figure 4 – Le mécénat architectural de Jean II de Rohan en Bretagne

 

La conviction de René Couffon fait suite à sa lecture d'un travail de Georges Durand, Les tailleurs d'image d'Amiens du milieu du XVe siècle au milieu du XVIe siècle, notices biographiques dans Bulletin Monumental, t.90, 1931, p. 333-370.

Antoine Ancquier est connu à Amiens à partir de 1513 pour son exécution de trois écussons aux armes de la ville et du roi ; en 1530, la figure des quatre Docteurs de l'Église lui est commandée pour la porte du choeur de la cathédrale, ainsi que l'effigie du chanoine Adrien de Hénencourt. Il travaille jusqu'en 1537 pour les échevins et pour l'Hôtel-Dieu, et on lui attribue les sculptures de la cloture du choeur, illustrant la vie de saint Firmin, et les 72 miséricordes des stalles.

  Son proche cousin Antoine Morel, "entailleur d'ymages" établi en 1510 à Mailly puis après 1523 à Amiens, est l'auteur vraisemblable de la façade de l'église de Mailly-Maillet au nord d'Amiens.

 

 

Sources et liens :

   

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14 septembre 2012 5 14 /09 /septembre /2012 17:01

Le cocon de l'araignée Misumena vatia (Clerck, 1757).

  La misumène variable, pour peu que l'on se penche sur le coeur des fleurs jaunes, vertes ou blanches, on la rencontre souvent, soit à jeun, soit tenant entre ses machoires une proie plus grande qu'elle ; aussi ai-je déjà pris cette "araignée caméléon" en portrait un certain nombre de fois 

Deux "araignées-crabes", Misumena vatia, et Xysticus sp.

  Mais c'était la première fois, à la mi-juillet à Belle-Île, que j'avais l'occasion de l'observer sur son cocon. La voici :

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  S'étant accouplée au début de l'été, elle a construit son cocon dans l'intersection des tiges de la plante, et l'a camouflé en repliant quelques fleurs par dessus. Elle a pris soin de déclencher la synthèse de son pigment jaune pour se confondre avec les dites fleurs, et le tour était joué. 

  C'était, jolie Misumène, sans compter sur mon sens de l'observation, toujours aux aguets !

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Published by jean-yves cordier
11 septembre 2012 2 11 /09 /septembre /2012 21:15

             L'église de Saint-Thuriau :

               le vitrail du XVIe siècle.


 

 Verrière de la Passion et de la Résurrection.

Il s'agit de la baie 6, c'est-à-dire la sixième à partir du choeur, coté sud. Elle a été classée par les Monuments historiques en 1912, et ses éléments sont datés du troisième quart du XVIe siècle. Dans les autres baies, des verres de moindre intérêt ont été réalisé par l'atelier Bonneville, de Rieux en 1940.

  Un autre vitrail du XVIe siècle, coté nord (baie 5, classée MH 1939) conserve dans les deux panneaux supérieurs une Trinité souffrante à gauche, et une Annonciation à droite. Il a été restauré en 1955 par l'atelier Le Bihan puis en 1990 par Jean-Marie Baladi et Raymond Budet de Quintin.

 Il s'agit d'une baie de trois lancettes trilobées de 3,50m de haut, à quatre panneaux, et d'un tympan de neuf éléments. Elle est consacrée à la Passion. Cette baie 6 a été restaurée au XVIIe siècle (traces de restaurations anciennes) en 1904 par l'atelier Lux Fournier de Tours, puis en 1955 l'atelier Jean-Pierre Le Bihan de Quimper est intervenu à son tour (mais plutôt semble-t-il sur la baie 5 ?). Celui-ci en a donné une description exhaustive dans son blog en 2008, et a formulé, par un rapprochement avec les Passions de Saint-Nicaise en Saint-Nic (29), la chapelle de Sainte-Barbe et celle de Saint-Fiacre au Faoüet, que l'auteur de cette verrière ne soit autre que Laurent Le Sodec, maître-verrier de Quimper ou l'un des membres de cette famille d'artisan responsables de nombreux vitraux du Finistère. http://jeanpierrelebihan2.over-blog.com/article-20629229.html

 

 

 

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I. Registre inférieur : 

Panneau A1 : Déploration

  Marie-Madeleine est à genoux au premier plan, coiffée d'un turban jaune ; son profil, peut-être altéré par une restauration maladroite, a perdu la grâce qu'on lui trouve sur le panneau C2. Elle a posé auprès d'elle le flacon de parfum. Les plis de son manteau rouge s'épandent comme de silencieux sanglots.

La tête du Christ, sans la couronne d'épine, est soutenue par Joseph d'Arimathie alors que Nicodème, au chapeau jaune qui signale son judaïsme, soutient les pieds.  Le drame de la mort, souligné par les ruptures d'axes du corps du Christ dont les bras, la tête, les jambes ou le tronc sont les parties désarticulées d'un sublime pantin, est encore accentué par les pièces de verre qui sont brisées comme par le fracas d'un chaos cosmique.

La Vierge est entourée de saint Jean et des saintes femmes, mais on voit saint Pierre, reconnaissable à son toupet, qui se hausse pour voir son maître.

Panneau B1 : Résurrection, Sortie du tombeau.

  La scène est classique : le ciel est rouge pour signifier la Passion, le manteau du Christ est rouge pour signifier la résurrection, c'est en Sauveur qu'apparaît celui qui a vaincu la mort, tenant la croix qui sera désormais son symbole. Les quatre soldats romains chargés de garder la tombe sont également habituels ; ce qui l'est moins, c'est le turban ou chapeau juif que porte le soldat endormi à gauche. 

  Jean-Pierre Le Bihan remarque que le carton est identique à celui de la Passion de l'église de Saint-Nic (29), que voici : on remarquera peut-être, autour de l'auréole du Christ, deux fleurs de lys qui, de fait, viennent remettre en cause mon idée d'une restauration maladroite du panneau A.

Église saint-Nicaise, St-Nic :

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Panneau C1 : Jésus aux portes de l'Enfer (ou "limbes").

     On comparera  avec le retable de la chapelle de La Houssaye, où le Christ se présentant face à la gueule béante des lieux infernaux accueille Adam et Éve, rédemptés.

 

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 Inscription en bas à droite : Restauré par la famille Le Dain. Lux Fournier peintre-verrier à Tours 1901.

  La famille Le Dain est installée sur la commune de longue date, puisque l'on retrouve une Isabelle Le Dain, St-Thuriau 1670-St-Thuriau 1720.

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II. Registre moyen :

Panneau A2 : Le Portement de croix. Inscription : Come il porta crois

  Si ces descriptions d'oeuvre d'art, ces "ekphrasis" ont un intérêt , c'est de révéler combien notre regard est partiel, orienté, et limité ; car là où je vois dans le personnage gauche, barbu, à la coiffure brune et au gilet vert débraillé sur un torse et un ventre vulgaire, un bourreau s'apprêtant à frapper le Christ d'un bâton qu'il lève de la main droite, Jean-Pierre Le Bihan a vu Simon de Cyrène aidant Jésus à porter sa croix. 

  Un autre détail est incongru : la fleur de lys qu'un restaurateur zélé  a placé sur le nimbe de la tête du Christ.

  Et puis ceci : devant Jésus, qui détourne les yeux et regarde vers l'arrière, un coquin maltraite le condamné en le tirant avec une corde. Or, si Jean-Pierre Le Bihan le décrit comme l'aidant aussi à porter sa croix, vêtu d'une chemise blanche et d'une culotte de même couleur, je le trouve pour ma part étrangement fessu pour un porteur de culotte ; les fesses sont si complaisamment et si inhabituellement musclées, dodues et fendues qu'elles relèvent de la sémiologie, du signe intentionnel et signifiant, de l'indice.

  Il faudrait reprendre l'ensemble des Portements de croix médiévales pour y chercher ce motif du Christ outragé par un bourreau qui impose la vue de son postérieur. Mais inutile d'aller si loin : sur le retable de La Houssaye, à quelques kilomètres, on trouve, sans aucune confusion possible, cette scène déculottée déjà représentée.

 

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Panneau B2 : Le Christ en croix. Inscription : Le crucifiement.

  L'élément notable, mais que l'on retrouve très fréquemment sur les vitraux, les calvaires  ou les retables de la Passion, c'est ce personnage qui tend l'index vers le haut . On lit parfois qu'il s'agit de Longin, ou bien du centenier converti qui s'écrit "Il était vraiment le Fils de Dieu !".

    La Légende dorée de Jacques de Voragine (15 mars Saint Longin) écrit ceci : " Longin fut le centurion qui, debout avec les soldats près de la croix, par l'ordre de Pilate, perça le coté du Sauveur avec une lance. En voyant les miracles qui s'opéraient, le soleil obscurci et le tremblement de terre, il crut en (le Christ) surtout depuis l'instant où, selon le dire de certains auteurs, ayant la vue obscurcie par maladie ou par vieillesse, il se frotta les yeux avec du sang de Notre-Seigneur, coulant le long de sa lance, car il vit plus clair tout aussitôt. Renonçant donc à l'état militaire, et instruit par les apôtres, il passa vingt-huit ans dans la vie monastique à Césarée de Cappadoce". 


Panneau C2 : Déposition .

  Nicodème descend de l'échelle, la paire de tenaille dont il s'est servi pour arracher les clous passée dans sa ceinture. Un linge pendu à la croix retient le corps sans vie.

Comme d'habitude, mais sans que l'habitude ne vienne en émousser l'effet, la présence de Marie-Madeleine au pied de la croix crée une intensité dramatique bouleversante, avec sa longue chevelure blonde dénouée qui n'exprime plus les passions érotiques qui dirigeaient sa conduite, mais le tumulte de sa déréliction. Elle tend désespérément son visage vers le ciel et vers son maître. Le vermillon de sa robe témoigne aussi de la violence passionnelle du drame qu'elle est en train de vivre. 

  Les amateurs de détails remarqueront le filet, la mince cordelette serpentine qui retient ( à peine) ses cheveux en les contournant.

  L'axe de son corps et du profil de son visage, orienté vers le haut et la gauche, vient croiser celui du regard et du profil de la Vierge, qui oppose la sagesse figée de son visage voilé et cerné d'une guimpe à l'élan révolté de Madeleine.

 

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III. Registre supérieur : 

 Panneau A3 : Arrestation de Jésus, Baiser de Judas. Inscription : prince..

  Pas de détail singulier dans cette représentation de l'arrestation de Jésus, du baiser de Judas et de la scène où saint Pierre coupe l'oreille du serviteur du Grand-prêtre.

Panneau B3 : Le Christ aux outrages. Inscription : Come il fut flagellé.

  Depuis le XVe siècle, ce moment de la Passion où le Christ est lié à une colonne et livré à des bourreaux est l'occasion d'une véritable bouffonnerie où les méchants, souvent jeunes et habillés en acrobates, se livrent à des pitreries cruelles et où une diversité de mouvements presque sportifs, une panoplie d'attitudes gestuelles de dérision et d'injures , de de grimaces  contrastent avec l'immobilité héroïque de la Victime. Peut-être les  Passions et Mystères médiévales avaient-elles favorisé, sur les tréteaux des places du village, le développement d'un jeu scénique semblable, où, selon la théorie de Mikhail Baktine sur le renversement carnavalesque des hiérarchies et des valeurs, un temps de défoulement  autorisait la prise de liberté par rapport au respect du à la personne du Christ. 

  L'un frappe Jésus d'un gourdin d'une main et lui donne un coup de poing dans la mâchoire, l'autre le châtie d'un "chat à neuf queues", le troisième semble se préparer à lui cracher au visage et un quatrième, qui resserre les liens, le frappe encore. Une jambe isolée envoie un solide coup-de-pied près de l'aine et un bras reste encore en suspens, à gauche.

  De tels coups de poings ou de pieds sont retrouvés dans d'autres exemples. 

Panneau C3 : Jésus devant Ponce Pilate. Inscription : Come il fut jugé.

      Jésus est présenté à Pilate, habillé selon la tradition médiévale en juif pour le faire figurer parmi les méchants. Six autres personnages sont rassemblés dans cette cohue, et l'artiste donne à chacun de ces complices du jugement un trait dévalorisant : cheveux roux, strabisme, nez crochu, visage disgracieux. 

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 Tympan :

  Il est composé  d'un soufflet, de quatre mouchettes et de quatre écoinçons. Le soufflet central renferme  le Christ du Jugement Dernier, assis les bras ouverts, vêtu d'un manteau rouge, auréolé d'un nimbe rouge. En dessous, les mouchettes contiennent des anges buccinateurs, soufflant dans des trompes pour annoncer le Jugement Dernier.

 Ces trompettes sont efficientes puisqu'elles font surgir de terre, dans les mouchettes inférieures, des hommes et des femmes à la chair rose, aux cheveux blonds ou plus ou moins clairs selon l'altération du jaune d'argent.

 Deux visages d'angelots s'encadrent dans les écoinçons inférieurs.

 

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Published by jean-yves cordier
10 septembre 2012 1 10 /09 /septembre /2012 09:30

              L'église de Saint-Thuriau :

            N rétrogrades et autres curiosités. 

 Les faits et prouesses édifiantes de la Vie de Messire Saint Thuriau.

          Vitrail, peintures murales et retables.

 

 

 

 

I. Les sièges des fabriciens dans les stalles du choeur.

  Préférant le détail curieux aux poncifs, je ne débuterai pas par ce qui fait, à juste titre, la réputation de cette église du XV, XVIe siècle agrandie au XVIIe puis restaurée en 1877. Je m'intéresserai aux sièges placés de chaque coté du choeur, car ils conservent encore, tracés à la peinture blanche, les noms des paroissiens (souvent les notables et les cultivateurs les plus aisés) qui avaient été élus, ou bien (car je n'ai pas la preuve qu'il s'agisse des fabriciens) ceux qui avaient acheté de leurs deniers ou de leur mérite ce privilège.

  Leur intéret historique est accentué par le fait que chaque nom est associé à un toponyme, celui de leur habitat sans-doute, mais peut-être aussi celui de leur quartier, ou d'anciennes frairies, amenant à formuler l'hypothèse que chaque quartier puisse élire un représentant ; bref, il y a là une petite énigme que les historiens de la commune ont peu-être déjà élucidée, mais qui m'a retenu un moment.

 

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  Ces inscriptions ne sont pas datées, mais un indice peut nous aider : il y a parmi la demi-douzaine (j'ai omis de compter le nombre exact) de sièges de chaque coté,  un seul dont le nom est inscrits en lettres d'or Et du coté doit, c'est celui du maire de l'époque, Jean-François Le Par, de Kerautuem 

 

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  Or le Bulletin des Lois de la République de 1871 vol. 36 Bn° 1588 p. 399 mentionne l'attribution du rang de chevalier de la Légion d'Honneur à "M. Le Par, maire de Saint-Thuriau, 38 ans de services municipaux dont 30 ans comme maire". A moins qu'il y ait eu plusieurs maires portant ce patronyme, nous pouvons dire que ces inscriptions datent d'après 1841, ou, en supposant que la décision de la République ne soit  publiée qu'un peu après la cessation d'activité du maire, d'après 1839.

  Or, Saint-Thuriau est une commune assez récente, créée précisément le 1er août 1839 par un arrété de Louis Philippe décrétant que la trève (sous-division d'une paroisse) de Saint-Thuriau sera "distraite" de la commune de Noyal-Pontivy. Je suppose donc que nous voyons inscrit ici le nom du premier maire de la nouvelle commune ; et, pourquoi pas, de son conseil municipal. L'idée avait déjà été évoquée en 1790, puis sans-doute préparée au début du XIXe siècle où les habitants rénovent la chapelle afin qu'elle devienne digne d'être un église paroissiale : construction des fonts baptismaux en 1821, construction de la sacristie en 1831.

  Du coté gauche, c'est Pierre Le Goevel de Perhannes qui est honoré par les lettres d'or. Je n'ai pas trouvé d'information sur ce personnage, même avec la forme Le Guevel qui est la forme attestée.

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  Voici donc la liste partielle des titulaires des sièges des stalles :

1. Stalles de gauche :

  • François Le Par, du Goazu. Il faut sans-doute comprendre "du Gohazé", où se trouve la chapelle du même nom : elle figure sur une chartre de 1160, et apparaît  comme la première paroisse chrétienne fondée dans la région, à partir de laquelle la christianisation se serait étendue ; ce fut une paroisse alors que Saint-Thuriau n'était qu'une trève de Noyal-Pontivy. Le toponyme breton ar Gohazé (Coazé, Cohazé) viendrait de Gozh-, "vieux" et Mazé, où on peut voir une forme bretonne de Matthieu, ou un dérivé de Diazez, "assise" (source : toponymie de Pontivy link).
  • Toussaint Carel, du Goazé. Même commentaire.
  • Louis Le Guidevais de Coconec. Ce toponyme est mentionné par L.T. Rosenzweig dans son Dictionnaire topographique du Morbihan. Une rue actuelle porte le nom de Coet Connec.
  • Pierre Le Goevel de Perhannes (lettres d'or). Le toponyme est retrouvée dans l'actuelle rue Perhanne.
  • Charles Robic du Roch Le Mote(n). L'écluse du Roch se trouve sur le Blavet à l'ouest de la commune, suivie de l'actuelle rue de Rochmotten.
  • Jean-Marie Picard du Moulin. Il existe une rue  Moulin du Roch. Le moulin du Roch date de 1471. En 1860, le canal du Blavet fut agrandie pour permettre le passage de péniches plus fortes, et la minoterie se vit dotée d'une écluse et fut rehaussée de deux niveaux. 
  • Julie Oliviero de la Vieille-Oussaye. Le lieu-dit, puis la rue de la Vieille Houssaye se trouvent au Nord, vers la fontaine de Houssaye (sur la commune) et la Chapelle de la Houssaye (sur Pontivy). Le toponyme figure sur la carte de Cassini. On dispose d'un certificat de naissance du 11 juin 1820en la mairie de Malguenac  concernant l'enfant Guillemette, née de Pierre pierre 37 ans laboureur du village de Coëtmeur et de Julie Oliviero son épouse.

2. Stalles de droite

  • Vincent Guiguende de K/Lodet. C'est le premier exemple de l'abréviation des toponymes en Ker- par un K dont le jambage est barré. J'avais déjà rencontré l'abréviation par omission des lettre -er en épigraphie, notamment sur les murs des monuments religieux de Plogonnec, au XVIe siècle, mais son usage au XIXe siècle et l'emploi de ce signe barrant le K fait l'intérêt de cette constatation ; les autres toponymes en Ker- seront également abrégés par ce procédé. Le Lieu-dit Kerlodet est encore attesté actuellement par une Cité de Kerlodet et une rue au nord-ouest du bourg.
  • st-thuriau 7338c

 

  • Louis Le Par de K(er)autuem. Avec François et Jean-François, c'est le troisième membre de la famille Le Par, manifestement bien implanté à Saint-Thuriau. On n'emploie plus la forme Kerautuem, mais c'est Kerautem qui est toujours attesté comme l'un des quartiers de la commune.
  • Joseph Guégan de Calavre. Calavre est l'un des quartiers actuels de Saint-Thuriau : en partant de l'écluse du Roch à l'ouest et en se dirigeant vers le bourg, on empruntera les rues de Rochmotten, de Kerautem, puis de Calavre. Le toponyme figure sur la carte de Cassini (Calavre).
  • Mathurin L...
  • Pierre Guégan de K(er)ihuel. Le ruisseau de Kerihuel et le lieu-dit du même nom se trouvent au nord de la commune.
  • Jean-François Le Par de K(er)autuem, maire : déjà mentionné; le toponyme correspond à un actuel quartier de la commune.
  • Mathurin Le ...de K(er)leau.
  • Mathurin...L..NE..EK(er).  Bizarrement, tous les noms débutant par Mathurin sont partiellement effacés!
  • Joseph Le Par du Goazé , quatrième Le Par, et troisième mention du quartier de Gohazé.
  • Jean-Pierre Robic du Roch Le Motten. 

 

II. La voûte lambrissée et ses peintures: Vie de saint Thuriau.

 

  Le lambris a été peint par un peintre italien en 1779 ; mais il a sans-doute été repeint (par une main anonyme) puisque l'on sait qu'à la Révolution les "bleus" mirent le feu au mobilier de l'église, et que la voûte en était restée complètement noircie et avait du être repeinte. Quoiqu'il en soit, les peintures dont la vue est offerte au spectateur ont un charme naïf bien séduisant. En outre, les inscriptions accumulent comme à plaisir les N rétrogrades dont je suis friand. Enfin, on peut y étudier les costumes des personnages, reflet sans-doute fidèle de ceux que portaient les paroissiens. 

  Si la voûte a été repeinte, on a respecté les inscriptions des commanditaires, ce qui témoigne d'une fidélité à l'oeuvre de 1779 : ces inscriptions se trouvent à droite et à gauche du choeur, sur le lambris des bras de transept.

  A droite nous lisons "Méliau Le Féllic trésorier en charge a fait faire ce lanbri."

  "Méliau" ou Miliau ou Milio est un prénom breton renvoyant à saint Méliau, à laquelle la paroisse proche de Plumiliau est consacrée.  Méliau Le Fellic, né le 15 juin 1741 s'est marié à Saint-Thuriau le 28 janvier 1765 avec Louise Héno ; il est aussi attesté comme parrain de Méliau Héno. Il eut trois enfants, Pierre, Marie et Jacquette. Il avait donc 37 ans lors de la peinture du lambris. (source : Yasni :link)

  L'orthographe "lanbri" est fautive et non seulement désuète ; mais elle permet de découvrir l'étymologie du verbe lambrisser, à l'origine du nom. Ce verbe, sous les formes lambruschier (1175), lambroissier (1225) puis lambrisser (1449) vient du latin lambruscare, "orner avec les vrilles de la vigne", du latin lambrusca, "vigne sauvage" (Source : CNRTL, Trésor de la Langue Française). On "lambrissait" les murs par des ornements de platre ou de stuc, et non seulement par des planches de bois comme la plupart des charpentes des chapelles et églises bretonnes.

 

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La seconde inscription mentionne : "Messire Lebare recteur Monsieur Le Mouel curé. Le sieur Relo pretre 1779."

  Les deux derniers noms sont attestés au XVIIIe siècle sur la paroisse. (Louis le Mouel, né en 1772 et Jeanne Relo).

Le recteur de Noyal-Pontivy de 1773 à 1791 est bien Louis-Marie Le Bare.

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1. Le cycle de saint Thuriau.

  Il comporte 24 panneaux, faisant le tour de la voûte.

  La vie de saint Thuriau est décrite par Dom Lobineau (Vie des Saints, link) en 1725, ou plus précocément par Albert le Grand v. 1640 dans sa Vie des saints d'Armorique link . C'est le livre de ce dernier auteur qui semble être à l'origine de ces peintures. D'autant que le frère Le Grand était de Morlaix.

 Vue générale de la nef. Le cycle commence au fond à gauche. J'ai reconstitué l'ordre comme j'ai pu. Parmi ces six panneaux de gauche, trois s'inscrivent dans un encadrement en arc  croisé, et les trois autres dans un cadre presque carré, entourés de rinceaux de roses. Au sommet, des anges portant des écus alternent avec des quatrefeuilles et autres motifs.

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LE JENNE St-THURIAU GARDE LES MOUTONS.

  On remarque le costume que porte le jeune Thuriau, très proche de celui des statues de saint Isidore, et donc des cultivateurs aisés de la Bretagne du XVIIIe : chapeau "breton" rond et noir, redingote ou veste longue à boutons dorés au dessus d'un gilet blanc (que l'on découvre sur les autres panneaux) et d'une chemise blanche, ; pantalon court (braies) qui n'est pas ici plissé, et dont la partie basse est serrée par  trois boutons ;  guêtres blanches et chaussures noires à boucle dargent. C'est, d'après les spécialistes, le costume de tous les paysans du royaume, sans particularité régionale avant le milieu du XIXe siècle.

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St THURIAU PRIE AU TOMBEAU DE St SAMSON.

       Saint Samson, l'un des sept saints fondateurs de Bretagne, est mort à Dol vers 565. Son tombeau se trouve dans la cathédrale de Dol.  il  avait fondé l'Abbaye de St-Samson (voir infra) et est reconnu, par tradition, comme le premier évêque de Dol.

  Albert le Grand donne cette scène comme fondatrice dans la vie de Thuriau. 

 

"Ne faisant encore que sortir d'enfance, touché de Dieu, il conçut un saint mépris pour les choses terriennes, élevant son esprit aux Célestes et Eternelles, &,voulant servir parfaitement à Dieu, il sortit de la maison paternelle en habit déguisé. & se rendit dans la cité de Dol, où il visita en grande révérence, le sépulchre de saint Samson, auquel il rendait une spéciale dévotion, fréquentant son église et priant à son tombeau : Ce qu'ayant remarqué un bon personnage de Dol, voyant la modestie, simplicité,  innocence et piété de ce jeune enfant, il le prit en affection, l'emmena avec luy, l'envoya aux champsen une sienne métairie garder ses brebis ; Présage qu'il devait un jour estre Pasteur, non de brebis et d'animaux, mais d'hommes."


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St THIARMAIL ENTEND St THURIAU CHANTER.

  Thiarmail ou Armael était évêque de Dol ; remarquant les dispositions particulières pour l'étude du latin et des matières sacrée tout autant que sa voix mélodieuse, il l'adopta comme son fils, lui enseigna les lettres sacrées, l'ordonna prêtre puis le nomma comme successeur à la tête du diocèse de Dol.

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St THIARMAIL DEMANDE St THURIAU A SON MAITRE.

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CE MONSIEUR DONNE UN PRECEPTEUR AU JEUNE St THURIAU

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St THURIAU RENONCE AU MONDE. 

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  Quittant le coté gauche de la nef pour le bras nord du transept, nous découvrons la suite (quatre panneaux) : on retrouve les deux types d'encadrement, carré et en arc, mais un motif apparaît, celui d'un rideau de théatre frangé d'or soulignant la sollennité de la scène. On verra cette draperie culminé avec les deux dernières réalisations, l'Assomption et saint Isidore.

 

St THURIAU EST ORDONNÉ PRÊTRE.    

avec deux beaux N rétrogrades.

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St THURIAU VISITE LES MALADES.

 

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St THURIAU EST ÉLU ABBÉ DE St SAMSON.

 Avec un N rétrograde à la fin du nom SAMSON.

  Albert le Grand : " Il fut fort soigneux de conserver les lys de la chasteté (qu'il garda entière jusqu'à la mort), son humilité était très profonde ; iune simplicité si naïve et innocente que c'était merveille. Bref, il profitait si bien dans ce monastère que l'archevêque l'ayant promeu d'Ordre en Ordre jusqu'à la Prestrise, le fit Abbé du dict Monastère et Supérieur des autres clercs : à laquelle Dignité se voyant élevé, il s'humiliait et s'abaissait en soy-même, sans, en rien, se préférer à ses compagnons.."

 

On  voit que le peintre a su montrer combien Thuriau était moins dissipé que ses camarades en soutane, trop prompts à chahuter.

 

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      St THURIAU EST SACRE ARCHEVÉQUE DE DOL.

  L'exactitude éxige de préciser que saint Thuriau fut évêque, et non archévêque de Dol, le siège archiépiscopal n'ayant été créé par Nominoé qu'en 848, avant que Dol ne soit rétrogradé au rang d'évêché par Innocent III en 1208.

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  L'histoire se prolonge dans le choeur, coté gauche (deux grands panneaux), puis droit (deux autres panneaux) : elle raconte les aventures d'un certain Rivalon. Elle s'accompagne de  panneaux  décrits plus tard.

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RIVALON MET LE FEU A L'ABBAYE DE St SAMSON

  Rivalon est "un puissant et riche Seigneur, mais  fort meschant furieux et cruel" (A. Le Grand) "lequel, sans aucun sujet, par une pure malice et forcenerie, mit le feu dans un monastère". Tout y brula, sauf, O miracle, le missel où étaient les saintes évangiles, qui, échappant aux flammes, sauta de l'autel pour gagner le jardin où les bons moines regardaient brûler leur monastère. Je commençais à penser que ce détail avait été ignoré par l'artiste, mais en réalité, on voit bien, au dessus de la mitre de l'Abbé, le missel enflammé et volant.

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St THURIAU FAIT A RIVALON RECONNAITRE SA FAUTE.

        C'est ce que l'on nomme du beau nom d'admonestation, un mot issu du telescopage d'admonere (avertir) et de molestus (pénible). Les plus belles et les plus pénibles  admonestations sont vertes, et on peut gager que Thuriau admonesta vertement Rivalon en lui passant un savon. 

 

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St THURIAU IMPOSE UNE PENITENCE A RIVALON.

  Je suis décu : j'ai beau observer la peinture, je ne vois pas que l'artiste ait représenté ce détail crucial du récit de la mirifique Vie de saint Thuriau où, Rivalon ayant promis de réparer sept fois son exaction (et même de rendre au monastère "sept fois le double"), "voilà, chose admirable, une très claire et brillante colombe, laquelle rependait des rayons et une extrème clarté par toute la maison, descendit et se reposa quelques temps sur l'épaule du Saint, lui parlant à l'oreille".

  Une note du texte (de Morcet de Kerdanet) révèle qu'il s'agissait, suivant les actes, de l'archange saint Michel, qui s'était transformé en colombe. Ce qui est un prodige inouï.

 


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RIVALON TRAVAILLE A REBATIR L'ABBAYE DE St SAMSON.

Nouvel N rétrograde sur Rivalon.

 

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Bras sud du transept : quatre panneaux:


      St THURIAU FAIT PLANTER UNE CROIX.

Trois N rétrogrades, dont un sur le titulus.

  On ne comprend rien de cette image si on n'a pas le texte d'Albert le Grand pour expliquer que cette érection est destinée à commémorer une vision qu'eut le saint : car la foule de Dol qui l'accompagnait lors des processions de Rogations l'entendir crier en regardant en l'air : "Or, je vois  le Ciel ouvert et les Anges du Seigneur porter l'Arche du Testament". Une croix de pierre fut plantée à l'endroit même de la vision béatique.

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St THURIAU RESUSCITE UNE FILLE NOMMÉE MELDO.

Outre l'orthographe "resuscite" au lieu de "ressuscite", on note deux nouveaux N rétrogrades

  Saint Thuriau rendit la vie à trois morts ; mais on n'a conservé que le nom de cette jeune Meldoc, la fille de Guiridgal, qui a eu la chance de se faire enterrer au moment où Thuriau passait en présence d'une multitude de fidèles. C'était, d'ailleurs, tout-près de cette croix que nous venons de voir dresser. Il exigea seulement à la famille d'attendre qu'il ait fini sa prédication, pui se mit à l'ouvrage et opéra le miracle. Les parents le remercièrent.

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St THURIAU PRECHAIT AVEC ONCTION.

 Avec deux nouvelles occurences du fameux N à l'envers.

"Prêcher avec onction" et abondance de coeur, c'est prêcher en apôtre, sous l'onction du Saint-Esprit, l'onction secrète de la grâce. Lorsqu'Albert Le Grand écrivait sa Vie des Saints d'Armorique, c'était la grande période de la prédication, des foules rassemblées et édifiées par l'abbé Le Maunoir après Michel Le Nobletz. Cette onction oratoire suscitait les conversions les plus  éclatantes, les guérisons les plus extraordinaires. 


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      St THURIAU MOURRU LE 12  JUILLET   749.

  La date communément acceptée pour le déces du saint est celle du 13 juillet. On corrigera mourru par " mourut" et on s'interessera à la veillèe mortuaire. La chambre est tendue d'étoffes noires ornées de tête de mort et d'os croisés blancs. Un crucifix est placé entre les mains jointes du défunt. Un prêtre est assis à sa droite, et un goupillon placé dans le seau d'eau bénite. On s'étonne de l'absence de cierges.

  En France, l'organisation de la cérémonie, et la capacité de procurer " draps, serges blanches et noires, velours, satins, robe de deuil, plaques, dais, chapelles ardentes, argenterie et toutes autres choses" était le privilège depuis 1641 et jusqu'à l'An II d'une Corporation des Crieurs. Ceux-ci, ou un convieur, un clochetteur, passent chez les amis, les voisins et la famille pour les inviter à la veillée mortuaire plutôt qu'à l'enterrement lui-même pour lequel  on adresse un "billet d'enterrement".

L'assistance récite le chapelet, le Salve Regina, puis à la levée du corps le prêtre asperge le corps d'eau bénite et récite le De Profundis.

 Le saint fut enterré dans la cathédrale de Dol, comme saint Samson.


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Après les dix-huit panneaux consacrès à la vie du saint, on  contemple enfin le lambris de la nef, coté droit : six panneaux sont répartis en symétrie des six du coté gauche, mais se consacrent à la période posthume, aux miracles attribués aux reliques, et au culte de ces reliques :

 

 

 

DES MACONS TRAVAILLENT LA FETE DE St THURIAU.

  Là encore, difficile de comprendre cette image sans l'aide du grand Albert : mais je suis fatigué de recopier le texte, qui est ici un peu long. C'était à Paris, après que les reliques y aient révélé leurs pouvoirs : on fétait la Saint-Thuriau avec faste, mais voilà qu'un architecte mécréant ou aussi ignorant des coutumes que s'il était tombé de la lune, décida de faire travailler ses maçons en ce jour chommé. Ceux-ci "avaient plus besoin de gagner de l'argent que de gagner des pardons" et le patron les menaçait de les licencier sans indemnité. On voit le résultat : patatras ! Les maçons s'y rompirent les quatre membres alors que l'architecte se rompit le col (le cou, et non le col du fémur). C'était le chantier de l'église Saint-Etienne.

 


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  RELIQUES DE St THURIAU EN PROCESSION POUR OBTENIR DE LA (pluie).

        Ces reliques sont figurés ici par un buste bénissant de saint Thuriau en costume d'évêque. 

  " ...la louable coutume à Paris, quand le sécheresse est excessive,de porter en solennelle procession le corps de saint Thurian, et par son intercession, ils obtiennent de la pluye."


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LE FEU PRIT DANS L'AUBERGE ET FUT ETEINT PAR St THURIAU.

    L'incendie est tel qu'il resiste à tout : l'aubergiste a engrangé là une quantité invraisemblable de paille et de foins.  Les gens du quartier viennent de se précipiter à Saint-Germain, où les Os Sacrès de saint Thuriau sont conservés en son reliquaire sur l'autel Saint-Michel ; les bons moines leurs confient les saintes Chasses et les voilà partis. 

  Aussitôt que les reliques sont apposées aux flammes que celles-ci, "chose merveilleuse !", s'éteignent.


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LE FEU DANS LE SELLIER DU ROI ETEINT PAR St THURIAU.

  C'est presque la même histoire : " La saison des vendanges approchant, on accomodait, es celliers du roi, les vaisseaux et fustailles destinez pour y recevoir le vin de provision : comme on faisait bouillir du goudron, de la braye, de la  poix pour poisser et cimenter lesdites tonnes, le feu se prit à la poix & étouppes, de là aux vaisseaux mêmes, puis au cellier, puis du cellier au Palais Royal, qui était tout-joignant. Mais si subitement qu'on ne put si-tost y remédier que la flamme ne se fust eparse partout ; on y accourut de toute part pour tascher à y remédier, mais en vain. On courut aux prochaines églises, d'où l'on apporta les saintes Reliques pour les apposer, comme très forts boulevards à la fureur de cet élément. " Mais ces reliques de premier secours s'avérèrent vaines, et il fallut recourir à celles de saint Thuriau, qui furent mises dans un chariot ; elles y firent miracle.

  L'église de Saint-Germain-des-Prés disposa de la puissance de cette Châsse jusqu'en 1791, où les reliques furent détruites. Une autre partie de son corps, conservée en la cathédrale de Chartres connut le même sort lors de la Révolution. C'est la raison principale de la création par Napoléon du premier corps professionnel de Sapeurs-pompiers.


 

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LES NORMANDS FONT LA GUERRE AUX BRETONS POUR AVOIR LES RELIQUES DE St THURIAU.

        Le peintre a représenté les "normands" comme la troupe de l'ancienne province de Normandie, mais les normands qui ravagèrent le pays de Dol au IXe siècle, ce sont les "gens du Nord", les scandinaves, les Vikings, quoi! Et face à cette invasion, de nombreuses reliques, comme de nombreuses archives, furent transférés vers l'Est. Dol de Bretagne fut pillée, libérée, pillée à nouveau en 944 ou en 996, et les bandes vikings d'Olaf Lagman ne ressemblaient pas du tout aux troupes de cavaliers qui s'affrontent ici. 

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TRANSPORT DES RELIQUES DE St THURIAU A SAINT GERMAIN LAUXERROIS.


 

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III. Voûte lambrissée, les  autres peintures.

Dans les bras du transept, deux grands panneaux montrent, de manière très théatrale, du coté nord l'Assomption de la Vierge et du coté sud saint Isidore.

1. L'Assomption :

  Sous un dais de velours bordeaux couronné, doublé d'hermines, la Vierge s'élève parmi les nuées.

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2. Saint Isidore.

  On sait que ce saint espagnol est le patron des laboureurs. Il a droit ici aux mêmes honneurs que la Vierge, au même dais couronné, mais c'est dans une niche encadrée par deux dauphins, entre les colonnes de marbre et sous les pots à feu qu'il apparaît, la faucille d'une main et la gerbe de blé de l'autre, dans son costume traditionnel. C'est le costume du paysan endimanché du XVIIIe siècle, celui qu'il porte aussi dans toutes les statues à son éffigie de presque chaque chapelle d'une région qui lui voue un culte fervent : de haut en bas le chapeau rond de feutre noir, la veste longues, à basques et  à boutons dorés ; la large ceinture de cuir sur une chemise blanche ; les braies plissées serrées sous les genoux par des rubans rouges; et puis les guêtres blanches qui sont retenues sous les chaussures noires. Bref, la litanie habituelle.

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3. Dix autres figures du choeur :

 

  Et puis viennent dans le choeur les figures de saint Athanase et de saint Patern, des quatre évangélistes (registre inférieur), de saint Joseph tenant le lys de sa chaste pureté, d'un ange présentant un enfant, de saint Etienne (tenant trois pierres de sa lapidation), et d'une sorte de Petit Prince qui est peut-être saint Louis.

Au total, 36 panneaux, auxquels il faudrait ajouter les figures des médaillons : une vraie concurrence à la chapelle Sixtine.

 

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Saint Joseph ; l'ange (gardien?)

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Saint Marc et le lion ; saint Luc et le taureau.

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IV. Les retables.

 

1. Bras de transept sud : saint Jean-Baptiste.

 Jean-Baptiste est entouré de saint Matthieu ...et de ?

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2. Retable bras sud du transept : le don du Rosaire.

  Au centre, tableau représentant le don du Rosaire à saint Dominique et sainte Catherine, avec les médaillons des mystères du Rosaire.

 A droite, Vierge à l'Enfant ; à gauche saint Julien.

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3. retable du maître-autel.

  Sous Dieu le Père dans une niche en situation dominante, un tableau représente l'Assomption. On retrouve, peint sur le mur, le même dais de velours rouge, les mêmes glands de passementerie et le même fond d'hermines que ceux qui présentaient, dans les lambris, saint Isidore ou la Vierge. Une inscription précise "Autel privilégié pour les défunts".

  Les niches latérales abritent la statue de saint Thuriau à gauche et celle  de saint Nicolas à droite.

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 Un exemple des sablières :

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Pour terminer, le cadran solaire de 1636:

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  Lire, à suivre : église de Saint-Thuriau, le vitrail du XVIe siècle. L'église de Saint-Thuriau : le vitrail du XVIe siècle.

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