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8 avril 2013 1 08 /04 /avril /2013 21:52

     Le cimetière de bateaux de Rostellec.

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Voir aussi :  PATRIMOINE MARITIME.

 

 Sur la plage de Postolonnec à Crozon : le moteur du thonier "Tante Yvonne" CM 2909. 18 novembre 2011

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— Noël 2015 : Cinquante ans après le naufrage, je retrouve l'épave de la Tante Yvonne, chalutier-thonier de Morgat CM 2909.

 

 

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 Onomastique de la flottille de pêche de Morgat en 1975. 24 mars 2013.

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 Onomastique de la flottille de Pêche au Large de Morgat 1945-1965.

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 Onomastique de la Flottille de pêche côtière de Morgat 1945-1965 ;

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 Le cimetière de bateaux du Fret et le chantier Stipon. 10 avril 2013.

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 Le Cimetière de bateaux sur le Sillon de Camaret. I. 19 février 2013

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 Le cimetière de bateaux sur le Sillon de Camaret (2).

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 Retour à Camaret : le cimetière de bateau du Sillon de Rocamadour. 16 mars 2016.

 

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 La station S.N.S.M de Camaret. 2 avril 2013

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 Le canot tout-temps "Notre-Dame-de Rocamadour" à Camaret. 24 mars 2013

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 Le canot S.N.S.M "Notre-Dame-de Rocamadour" ...devant la chapelle Notre-Dame de Rocamadour à Camaret.

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 Le Hêtre et l'Averse dans l'Anse de Rostellec. 9 avril 2013

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 Le Marivan CM 339774 de retour de pêche à Camaret. 24 mars 2013

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 L'Abeille Bourbon en mouillage d'attente à Camaret. 31 mars 2013

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 Goélette et goélands : la Belle-Poule à la Pointe du Gouin à Camaret. 14 janvier 2011.

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   L'anse de Rostellec, dépendant de la commune du Fret en Presqu'île de Crozon, possède l'un des trois cimetières de bateaux de la Presqu'île avec celui du Sillon de Camaret, le plus touristique Le cimetière de bateaux du Sillon à Camaret (2). , et celui du Fret plus modeste.

  Sa partie la plus nord accueille les épaves de l'Averse et du Hêtre, réciproquement citerne automobile et remorqueur de la Marine. Le Hêtre et l'Averse dans l'Anse de Rostellec. Mais on trouve au moins les membrures et la quille de deux anciennes embarcations de pêche, adossées à l'Averse.

  La partie moyenne fait face au chantier naval : à la différence de Camaret, dont les sept navires, tous en bois, proviennent tous des chantiers locaux, ont tous navigué pour la pêche à Camaret entre 1940 et 1980, et s'alignent le long de la courbe du Sillon, les épaves qui se trouvent à Rostellec  paraissent comme jetés par quelque seïsme dans un beau désordre où se mêlent des bateaux de tout types. Les épaves abandonnées se mélangent aux bateaux qui attendent, ou ont attendu, une éventuelle restauration, du temps où Pierre Tertu, fils d'Auguste, rachetait des coques à remettre en état, à ceux qui sont pris en charge par le chantier actuel ou placés en gardiennage, et à de pimpants canots qui ont choisis ce coin tranquille comme mouillage d'échouage. D'autres datent peut-être du temps où le chantier d'Auguste Tertu était en activité (1957-1981) et produisait des langoustiers et thoniers de 20 mètres.

  Comme l'écrit le commentaire de l'Inventaire régional consacré à ce site, "Le cimetière de bateaux de Rostellec est un condensé de l´histoire maritime de la rade de Brest en général et de la presqu´île de Crozon en particulier. A côté des gabares à eau, les embarcations de transport et de plaisance se disloquent au milieu des langoustiers et des thoniers, les carcasses de bois et de fer se mélangent, certains finissent leur course au pied de la cale où ils ont été lancés voici plusieurs décennies. Ce musée à ciel ouvert est un témoignage éphémère."

  Entre les coques, on voit encore la Cale de lancement en ciment de 18 m de long qui  servait  jusqu´à la fin des années 1970 à mettre à l´eau les bateaux construits par le "charpentier de Rostellec".

 

 J'ai relevé les immatriculations suivantes :

CM 113889

CM 114929 BIHANIG

CM 231672

CM 231669

CM 267721

CM 276825

CM 555336 BIDORIK

CM 231529

CM 732386 

 DZ / CM113887

BR 267679

BR 2678..

BR 578170

GV176160

GV 48.09

CC 645166 KARNOE CONCARNEAU

AY 284883 : Ma Préférée 

LR 316333 (arrière pointu)

AVEL GORNOG 

PIRANHA, GUILVINEC

KERS-ATAO, Le GUILVINEC

CARNAC Port aux Français, baleinière de survie 9p. (Port aux Français est une station des Îles Kerguelen).

JEAN BERNARD-PAUL de Cherbourg. On trouve sur la toile cette information :"Journal de la marine marchande - Volume 45 - Page 2843 1963 - Extraits  : CHERBOURG Le chalutier Jean-Bernard-Paul a ramené dans ses filets, à Saint- Vaast-la-Hougue, une bombe aérienne qui a été détruite par les soins du service départemental de déminage."

Un prédecesseur a relevé le nom d'un langoustier à vivier MAERL.

Le Pierrot-Thérèse BR 267936, jadis acquis par le Musée de la Marine pour être exposé à Port-Louis, se détériore depuis les années 1980.

 

 

 

 

  cimetiere-bateaux 2827cc

 

 

 

      Parmi les coques les plus anciennes et qui ont perdu leur peinture, on remarque un (un seul) langoustier à vivier .

 

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cimetiere-bateaux 2876ccc

 

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Alain Gourret, par son commentaire d'avril 2019, me signale que le bateau suivant est  la Marie Joconde, ancien bateau d'Audierne, puis de Morlaix : http://www.audierne-les-dundees-motorises.com/pages/pageK2600.htm

Le lien me permet de préciser l'immatriculation AU 2600 puis AD 279063 : ce canot ponté construit en 1966 mesure 6,50 m de long, 2,39 m de large, avec une jauge brute de 1,95 tonneaux et un moteur de 39kW.

Il porta à Morlaix l'immatriculation MX279063.

Se souvient-on que Marie Joconde est le titre d'une chanson d'Alain Barrière sortie en 1989 sur des paroles d'Alain Louis Bellec ? Mais si, Reviens vers nous, Marie jolie, Marie la blonde, Du bout du monde, Reviens vers nous, etc !

 

 

 

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      Liens :

La visite (en quelle année ? La baleinière de l'Averse étant toujours visible, c'était avant 2002) d'un amateur de vieilles coques :http://www.touscollectionneurs.com/~ptitquinquin/les_epaves/

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Published by jean-yves cordier
7 avril 2013 7 07 /04 /avril /2013 22:00

 

Le cimetière de bateaux sur le Sillon de Camaret (2).

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Voir :

125 articles de mon blog sur le patrimoine de la Presqu'île de Crozon.


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   Dans mon précédent article, Le Cimetière de bateaux sur le Sillon de Camaret. je me suis contenté de mettre des photographies pour le plaisir. Je vais cette fois-ci décrire plus méthodiquement les navires qui s'y trouvent.

I. Description.

   Un site Wikipédia dénombre sept "cimetières de bateaux" en France. Parmi ceux-ci, trois sont en Presqu'île de Crozon, à Landevennec (navires militaires), dans l'anse de Rostellec au Fret, et à Camaret. C'est dire si ce site du Sillon doit être regardé comme un spectacle rare, et respecté comme un patrimoine précieux.

 L'histoire de ce "cimetière" est liè au déclin de la pêche : initialement se tenait sur la grève interne du Sillon, depuis 1892, le chantier naval de   François-Joseph Keraudren . Cette zone étant classée en Domaine Public Maritime, il obtint  des concessions lui permettant d'obtenir en 1899  300 m² supplémentaires, puis en 1903  200 m². Il dispose alors d´une façade de 31 m sur la grève lui permettant de mettre à l´eau ses bateaux. Son fils Joseph Keraudren reprend le chantier en 1935, jusqu´en 1969. Denombreux chantiers se développent. Mais dès les années 1950, la crise de la pêche à la langouste se faisant sentir, les Keraudren déposent sur leur concession des bateaux désaffectés et abandonnés. D´autres bateaux hors d´usage ou mis en vente et non achetés sont également abandonnés sur le sillon. (Source : Inventaire Régional). Le "vétéran", "Rosier Fleuri", est là depuis 1962.

   Les épaves étant encore possiblement à flot à marée haute de vives-eaux, leur coque a été percée afin qu'elle ne flotte pas.

 

 Le nombre de navires échoué d'abord au Styvel (c'est le toponyme, signifiant "source", de l'enracinement du Sillon de galet) puis dans son prolongement a varié : il atteignait (site GLAD) dix navires, mais nombre d'entre eux ont été retirés en raison de leur dégradation, la "Belle-Étoile", dont l'épave était classée M.H et que l'on peut voir sur une image du site Topic-topos, et la pinasse sardinière" Dominique" CM 185160, radiée en 1994, ou la "Maryvonne" CM2342, le "Louis-Raphaël", CM 2351, l' "Asphodèle" CM 2074, "Notre-Salut" CM 2769, le "Jean-Raymond" CM 2355 et le "Bacchus" CM 2345 ou le "Topaze" CM 2297. D'autres, qui n'avaient pas été construit à Camaret, ont été admis au cimetère de bateaux, le "Thierry de Martel" CM2869, le "Traviata" CM 2585, et enfin le "Canada". (Source : Micheriou Coz n°12). La pinasse sardinière "Rose des mers", CM231603 signalée en 2000, n'est plus là aujourd'hui.  

  Aujourd'hui, en 2013, j'en compte huit: en venant du parking, on trouve :

  • La Salle CM 231627 .
  • Le "Rosier-Fleuri" CM
  • Maïtena MX 195443
  • Étoile du Berger MX 195135
  • Castel-Dinn CM 231646
  • Notre-Dame-Des-Neiges CM 231642
  • Magellan CM 498020
  • Canot CM 231606

On peut y ajouter artificiellement le bateau placé sur le terre-plein, le BR 267570.    

Toutes ces coques sont en bois ; elles ont été construites par des chantiers de la Presqu'île de Crozon soit à Camaret, soit à Rostellec et au Fret. Parmi les sept bateaux principaux, six ont été des langoustiers construits entre 1948 et 1964 et ont suivi l'évolution de cette pêche jusqu'à son interruption en 1989.

  La langouste verte est pêchée au casier sur des fonds rocheux de 20 m, alors que la langouste rose a été pêchée au filet, au chalut puis au casier depuis 1955

II. Vues générales.

 

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      III. Photographies de chaque navire.

      Je suivrai la progression d'un visiteur partant du parking du Styvel pour se rendre vers la chapelle :

1. "La Salle" CM 231627.

Immatriculation CM 3036 de 1954 à 1976 puis CM 231627.

Ce langoustier à vivier de 13,78 m a été construit en 1954 par le chantier Boënnec-Lastennet. Vendu le 26 novembre 1968 par Joseph Goyat et Jean Kermel à  Gilbert Quéré, il est armé pour la pêche au crabe, avant d'être définitivement radié pour inactivité le 29 mars 1985.

Les images des autres sites témoignent de la rapidité de la dégradation de ce qui apparaît aujourd'hui comme une épave après avoir perdu tout son gréement dormant, puis  ses suprastructures (la cabine de timonerie était encore en place en 2003, et jusqu'en 2009). Comparer avec bateauxdepêche.net ou thoniers.free.fr, mais encore avec Berhed, où l'image est datée de 2009.

  Il possède un vivier flottant, autour duquel sont construit les amènagements : voir en quatrième partie (détails) les orifices d'entrée de l'eau de mer dans la coque.

 

A remarquer :

  • La "moustache blanche", long triangle des œuvres mortes de l'avant du bateau ; ce serait (à vérifier) une invention anglaise, destinée à donner une impression de vitesse et de "mordant" au navire. Nous allons retrouver cette fière moustache sur chacun des bateaux.
  • La béquille bâbord encore à poste, alors que celle de tribord n'a pas évité que la coque ne se couche contre "Rosier Fleuri".

 

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  • Les deux écubiers de l'étrave, par où sortent les amarres.

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2. "Rosier-Fleuri" CM 2910.

 

Ce langoustier à vivier  à cul carré construit en 1948 au chantier Le Hir-Péron est échoué sur le sillon depuis 1962, ce qui fait de lui le vétéran des lieux.

  Comme le précedent, il conserve les langoustes dans un vivier central alimenté par l'eau de mer, sa coque étant percée en partie basse de nombreux orifices.

Son safran est encore en bois : celui des navires suivants est en métal.

  

 

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3. "Maïtena" MX 195443.

 

D'abord immatriculé CM 3143 puis DZ 4107, c'est un langoustier mauritanien de 25,21 m construit en 1964 au chantier naval Auguste Tertu à Rostellec pour Louis Salaun. Moteur Beaudouin 552 Kw, jauge brute 162,86 tx, indicatif radio TKPT. 

 

   Langoustier-thonier destiné à la pêche au large en Mauritanie, il passa au quartier maritime de Douarnenez le 16 avril 1965 sous le matricule DZ 4107, puis à Morlaix le 1er septembre 1973. En 1976 il est racheté par Jean-Pierre Salaun pour la pêche au crabe avant d'être cédé le 16 mars 2001 à la commune de Camaret pour 1 franc symbolique. 

Remarquez :

  • l'importance de la passerelle. Les appareils de navigation sont encore en place : radar Raytheon, antenne.
  • la forme tulipée de son étrave.
  • les deux mâts : mât de charge, tripode et disposant de son échelle à l'avant.
  • les plaques inox renforçant la partie centrale du plat-bord, en regard des treuils.
  • la forme des lignes, fortement relevées à l'avant pour dégager un poste avant couvert protégé des lames.

 

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4. "Étoile du Berger" MX 195135.

 

Ce caseyeur , crabier et langoustier de 19 mètres a été construit en 1956 au chantier Keraudren à Camaret. Passé ensuite quartier de Morlaix. Sorti de flotte en 2001 et désarmé au port de Morlaix, le bateau a été ramené à Camaret en 2010. C'est donc le dernier arrivé.

Une image sur bateaudepeche.net  permet de l'imaginer chargé de ses casiers et flotteurs , alors qu'une autre image Bateauxdepeche.netillustre son arrivée à Camaret.  

  Un nouvel "Étoile du Berger" a été construit en 2000, il est immatriculé MX 905646.

 

Remarquez :

  • Comme pour le précédent, les deux mâts encore en place, portant l'antenne VHF (demi-sphère), l'antenne radio. Le radar est sur un mâtereau de l'abri de timonerie.
  • Les structures métalliques arrière permettant l'arrimage des casiers de pêche.
  • le renfort inox de la coque évitant le ragage là où arrivent les filières et les casiers, sous la potence latérale.

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5. "Castel-Dinn" CM 231646.

 

  D'abord immatriculé CM 3116, ce langoustier mauritanien à congélateur de 22,98 m a été construit en 1960 au chantier Albert Péron de Camaret pour Henri Téphany. Moteur Beaudouin de 453 cv, jauge brute 142,98 tx.

Il tient son nom de Kastell Dinn, le "château" rocheux de la Pointe de Dinan à Crozon.

 

 C'était le dernier langoustier mauritanien de Camaret, qui ne cessa cette pêche qu'en 1990 (la dernière campagne en Mauritanie eut lieu en 1989).Il fut alors vendu à Jean Kerdreux qui le transforma pour la pêche au crabe jusqu'en 1998. Comme tel, il se distingue par la superstructure qui entoure la passerelle, et qui permettait de tendre un abri de toile contre le soleil.

  Il est échoué depuis le 5 novembre 1998.

Remarquez :

  • Le léger tulipage de l'étrave.
  • Le mât tripode avant.
  • L'aménagement d'une dunette au dessus de la passerelle.
  • Les longs sabots métalliques de la partie immergée de la coque.

 

 

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6. "Notre-Dame-des-Neiges" CM 231642.

      D'abord immatriculé CM 3099, c'est un langoustier-thonier puis langoustier-crabier de 17,05 m construit en 1959 au chantier naval Corentin  Keraudren à Camaret. Jauge 48,48 tx, moteur Beaudouin de 160 puis 215 cv, il bénéficiait aussi d'une voile d'appoint dont on peut voir les lambeaux pendre sur le mâtereau à l'arrière.

  Son premier patron Charles Mazet et cinq autres quirataires l'ont vendu le 30 juillet 1975 à Jean Kerdreux qui l'a transformé pour le thon et le crabe. Plus tard il a été racheté pour la plaisance.

 Il est mis au sec en 1993.

 

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7. "Magellan" CM 498020.

        Ce chalutier-coquillier de 12,35m a été construit en 1979 au chantier Stipon du Fret. Armement SNACCAM, moteur de 242 kw,  jauge brute 23,92 tx, indicatif radio FP6369. En 1983, il a été vendu par Jean Péron à Jean-Michel Boëzennec Désarmé pour non-conformité à la pêche à la coquille en baie de Saint-Brieuc, Morlaix et Concarneau (il mesurait 35 cm de trop et son moteur était de 80cv trop puissant), il a été cédé pour 1 Euro symbolique à la commune : il est sur le Sillon depuis le 4 décembre 2002.

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8. CM 231606

 

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9. Le BR 267570   "...de la mer" 

       

On peut penser qu'il n'est pas encore au "cimetière", mais en "clinique" et que tout espoir n'est pas perdu de le sauver. Mais les pronostics sont réservés. Il médite sur le sort de ses collègues qui servent de bacs à fleurs sur quelques rond-points.

 

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IV. Quelques images de détails.    

 

 

1. Le sourire du calfat.

  Ce large sourire est créé par le cordon de calfatage (du chanvre bitord) qui s'est détaché du joint qu'il était chargé de colmater.

  Le bitord à calfater se présente en pelote de chanvre enrobé de goudron de pin, que le calfat fait pénétrer dans l'espace entre deux bordés grâce à un fer de calfat frappé par un maillet.

Pour l'amour du vocabulaire, précisons que le chanvre peut se présenter en bitord (3 à 5 fils), ou en luzin ( ligne de 3 torons), servant aux petits amarrages ou en merlin (2 torons) qui sert à merliner, ou surlier .

 

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 2. Cette marque de franc-bord est le symbole de certification du Bureau Véritas B.V.  Elle porte le nom de Ligne internationale de charge, ligne de Plimsoll. Située sur le flanc du navire, la ligne horizontale indique la hauteur maximale de la ligne de flottaison et varie selon la nature de la cargaison du navire.

Le symbole est apparu au Royaume Uni en 1876, il a été proposé par Samuel Pimsoll .
La ligne sécante au cercle est placée au même niveau que la ligne de charge du symbole S (été) .

  Le Bureau Veritas avait, avant le début de la construction, examiné et approuvé les plans au 1/20ème que le charpentier de marine lui avait soumis, et qui doivent respecter les critères en vigueur de la Marine Marchande.

 

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  3. Plaque métallique de franc-bord.

      dont je ne connais pas le mode d'emploi.

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    4. Tableau arrière du 'Notre-Dame des Neiges".

Le mât arrière est tombé, et laisse pendre des lambeaux de la voile qui y était enverguée.

 

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5. Voile du "Notre-Dame des Neiges", détail de matelotage.

Le long de la ralingue de la voile, une cosse est frappée grâce à un cordage qui passe dans deux œillets sertis dans la toile. Cette cosse  permet d'y frapper une goupille qui se fixe sur l'anneau coulissant d'une barre.

 

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6. Voile du "Notre-Dame des Neiges", détail de matelotage (2).

Même détail du travail du voilier ; la voile est renforcée par une pièce semi-circulaire cousue. 

  Une ralingue doit être commise de gauche à droite. Elle est fixée par un double fil qui pique la voile, mais qui se transfile dans les torons de la ralingue sans les piquer.

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        Je ne sais pas qui est le voilier qui a réalisé la voile du "Notre-Dame des Neiges". On a compté jusqu'à 4 voileries à Camaret, les voileries Provost-Le Hir, Meillard, Landrac ; le dernier voilier de Camaret était Jean-Yves Lastennet, dont la voilerie  se trouvait jusqu'en 2001 rue des Palengriers. Elle avait été créée par son grand-père en 1918. 

  Ici, le coton ou le lin des 400m² de surface de voilure des anciens dundees a laissé place au tergal d'une simple voile de tape-cul, et les coutures à l'aiguille et la paumelle ont été détrônées par la machine à coudre (point en zig-zag).

 

7. Mât du Notre-Dame des Neiges, détail (3)

  On voit comment, pour faire passer le cordage qui fixe la voile autout du mât, le voilier a commis les torons d'un petit cordage épissés dans ceux de la ralingue afin de former une erse.

 

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8. La caréne de "La Salle" : le vivier.

 

   Ce détail est destiné à montrer les orifices de la partie moyenne de la carène, permettant à l'eau de mer de circuler en permanence dans le vivier de conservation des langoustes. La conservation des langoustes et la lutte contre la mortalité était un souci majeur; des étagères étaient disposées à l'intérieur du vivier pour limiter l'écrasement des langoustes. On accédait (c'était souvent le rôle du mousse) dans le vivier par deux puits de section carrée d'un mètre de coté qui traversaient la partie habitable du bateau. Il pouvait contenir 12 000 kg soit 30 000 langoustes.

 

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Le même détail sur un navire plus récent, le Castel-Dinn :

le-sillon-2597c.jpg

 

 

9. L'hélice du Castel Dinn.

                                          nouvelles-images-sillon 2712c

 

 

9. L'hélice et le gouvernail du Castel Dinn.

 

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10 Une figure de proue ? Non, une sortie d'arbre d'hélice et d'axe d'étambot.

 

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11. Pièce de charpente pour la mêche du gouvernail.

 

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12. La crapaudine du "Notre-Dame des Neiges".

  Autant l'avouer, le seul motif de cette photo est d'illustrer le terme crapaudine, "partie du talon de la quille sur laquelle est fichée l'extrémité du safran". 

  Ce détour me comble d'aise : je rêve du jour où je cuisinerais des pigeons à la crapaudine ; c'est d'ailleurs tout-simple, il suffit de les ouvrir, de les aplatir et de les rotir sur le grill.

  On croyait jadis que la crapaudine (je parle cette fois  en orfèvre, de la pierre précieuse) provenait de la tête des crapauds ; ils la régurgitaient lorsqu'on agitait devant eux un chiffon rouge, et on en guérissait les épileptiques. Pierre Pomet, dans son Traité des drogues de 1694, n'y croyait plus. Mais la réalité dépasse la fiction, puisqu'il s'agit, selon les autorités compétentes (Wikipédia), d'une concrétisation fossilisée des dents du bar, ou loup de mer, qui n'est pas un poisson d'avril. On les nomme aussi œil de serpent ou œil d'oiseau, ce qui fait beaucoup d'animaux en même temps. Cela ne se trouve pas sous le sabot d'un cheval, mais si vous fouillez les faluns de Touraine, vous découvrirez peut-être un vilain caillou noir comme un chicot de dorade, qui n'est autre que la précieuse crapaudine.

  Comme les pêcheurs (et non les piliers) de bar sont fréquents à Camaret , je m'empresse de corriger l'information donnée par Wikipédia : les crapaudines proviennnent de dorades du Miocène, et non du Dicentrarchus labrax de nos côtes. 

 

   La crapaudine est la pièce la plus basse : chez les autres navires du Sillon, elle est enfoncée dans le sol, et non visible.

le-sillon 1681c

 

le-sillon-2694c.jpg

 

13. Chiffres pêchants du BR 267570.

  Pour conjurer le mauvais sort en pêche, les chiffres sont transformés en forme d'hameçon, comme ces deux sept.

nouvelles-images-sillon 2745c

 

 

V. La pêche à la langouste à Camaret.

      La période de prospérité du port entre 1955 et 1965 a vu le développement de navires nommés langoustiers mauritaniens, d'un tonnage de 250 à 350 tonneaux (les langoustiers traditionnels jaugeaient 60 tonneaux), conçus pour des campagnes de pêche de cinq à six mois, et dont la valeur financières atteignait le million de francs.

A la différence de Douarnenez, où un armateur ou une société d'armement possède 4 à 5 "mauritaniens", où le recours à l'emprunt bancaire est important, et où le "patron" n'est qu'un salarié sans interessement financier au navire, l'armement de Camaret est resté traditionnel, sans armateur professionnel: le patron-pêcheur est le, ou l'un des gros armateurs, et il confie sa gestion à un gérant d'armement. Vers 1967, Camaret s'oriente vers l'armement d'unités polyvalentes, thoniers-langoustiers-chalutiers permettant une rotation des pêches.

 

VI. Annexes.

1. Liste des chantiers navals à Camaret en 1926. (V. Lescop)

Sur le Sillon, de sa base jusqu'à son extrémité :

  • Eugène Le Bris (1921-1948) après un apprentissage chez François Keraudren ; il construisit de nmbreux langoustiers de 17 mètres "à cul de poule".
  • Alexandre Morvan
  • François et Joseph Keraudren (chantier de 1892 à 1969)
  • Corentin Keraudren (1952-1962), cousin germain de Joseph Keraudren, installé en face de la chapelle de Rocamadour. Une dizaine d'ouvriers, pour la construction de mauritaniens de 16-18 m à viviers. Repris par son gendre Paul Belbeoc'h de 1962 à 1966.
  • Louis le Mérour
  • Albert Le Fur - Auguste Férec
  • Hippolyte Le Hir - Louis Péron
  • Alexandre Gourmelon.

Sur le Notic et dans le village :

  • Pierre Boënnec, en face de l'église devant la "maison aux glycines", de 1900 à 1913. Puis il racheta le chantier Michel Provost au Styvel, et sa cale de lancement ; le chantier fut repris par Michel Boënnec, qui s'associera à Jean Lastennet en 1943 puis Pierre Lastennet (chantier Boënnec-Lastennet). 
  • Bernard Hugot

2. Chantiers navals à Camaret après-guerre (1945-95)

  • Chantier Eugène Le Bris jusqu'en 1948.
  • Chantier Albert Péron (1953-1990) dans le local d'Alexandre Gourmelon. Rachat de la forge Barbu puis de l'Atelier de mécanique marine de Guy Bossennec rue des sardiniers. Ce chantier emploiera jusqu'à 40 ouvriers et construira de 1968 à 1990 71 navires. En 1963, création d'un armement de pêche et ouverture d'un magasin d'accastillage quai Téfany  ; le chantier est  devenu Atelier des Charpentiers de Marine Camarétois ACMC .
  • Chantier H. Le Hir-Louis Péron jusqu'en 1949 puis Hippolyte le Hir jusqu'en 1958
  • Chantier Boënnec-Lastennet  de Pierre et André Lastennet, petit-fils de Pierre Boënnec ; transféré au quai Téphany de 1982 à 1989. De 1943 à 1989, ce sont plus de 150 navires qui ont été construits.

3. Chantiers du Fret:

  • Le Moal
  • Stipon : Georges Stipon installa sa baraque de chantier sur le Sillon du Fret en 1921, puis les trois frères Georges, Armand et Jean poursuivirent son activité

4. Chantier de Rostellec

  • chantier Auguste Tertu (1957-1981) puis Pierre Tertu

 

 

Liens et sources :

Patrimoine-région-Bretagne, le site de l'Inventaire régional GLAD

Bateaux-de-pêche.net

bateaux-fecamp.fr

thoniers.free.fr, le site de Thomas Wideman consacré aux thoniers de la presqu'île de Crozon

Site de l'Office du Tourisme de Camaret.

Topic-topos Belle-Étoile

Topic-topos "Notre-Dame des Neiges".

      La vie sur un langoustier de Douarnenez en 1933.

Revue Micheriou coz, les vieux métiers de Bretagne n° 12

Revue Avel Gornog n°3 : Valérie Lescop, La construction navale à Camaret.

Note.

Un tel article ne va pas sans erreurs : signalez-les moi !

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Published by jean-yves cordier
6 avril 2013 6 06 /04 /avril /2013 22:30

              "Rocamadour-sur-mer" :

   la chapelle de Rocamadour à Camaret. 

 

  De même que la commune de Camaret en Finistère se nomme Camaret-sur-mer pour la différencier de Camaret-sur-Aygues dans le Vaucluse, de même la chapelle qui occupe, sur le Sillon de Camaret, à coté de la Tour Vauban, un site maritime exceptionnel pourrait être nommé Rocamadour-sur-mer, moins pour la différencier de la commune homonyme du Lot que pour souligner son caractère foncièrement marin.

  J'ai énuméré dans l'article précédent tous les arguments qui en font sans-doute la chapelle la plus maritime de l'hexagone : Les Ex-voto et maquettes de procession de la chapelle Notre-Dame de Rocamadour à Camaret. Il me reste à illustrer cela par des images.

 

    chapelle-rocamadour-nouvelles 2572c

 

 

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 chapelle-rocamadour-nouvelles 7104c

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chapelle-rocamadour-nouvelles 2683c

 

 

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chapelle-rocamadour-nouvelles 2699c

 

 

 

chapelle-rocamadour-nouvelles 2701c


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Published by jean-yves cordier
6 avril 2013 6 06 /04 /avril /2013 19:19

 

               De quand date la cloche

de la chapelle de Rocamadour à Camaret ?

 

 

  Tenter de lire ce qui est inscrit sur la cloche de la chapelle de Rocamadour à Camaret, lorsqu'on n'a pas accès au clocher, n'est pas aisé, car seule la partie exposée au soleil est lisible. Il faut alors, armé de bonnes jumelles, passer la journée à attendre le passage de Phoebus dans le firmament.

  Ce passe-temps m'a permis de déchiffrer ceci :

Coté Est : ...CROZON ASSISTÉ DE Mr

               ...MEILARD ADJOINT ET

               ...BERNARD LESCOP MAIRE DE CAMARET.

Coté Ouest : (Manchette*) MARIE BAPTISTE PAR

                   (Manchette*) DE CAMARET PARRAIN M

                  (Manchette*) ANTOINETTE LE DALL

                                              FAITE PAR ??? FONDEUR  ? LA ?

* j'indique par là le symbole d'une main qui signale le début de l'inscription)

  L'indice le plus probant est l'indication du maire de Camaret.

1. Les généalogistes (Xavier Petitet sur Geneanet indiquent un Bernard Lescop, né le 1er octobre 1791 à Camaret, baptisé le même jour, fils de Yves Lescop (1764-1801) et de Marie-Françoise Lautrou (ca 1785), petit-fils d'un Bernard Lescop et de Jeanne Provost, et marié le 21 décembre 1813 avec Marie-Anne Le Mignon.

  A noter Bernard-Marie Lescop (8 mai 1790-), cousin du précédent, fils de Jean Lescop (1 juillet 1760), syndic des gens de mer au port de Camaret et de Marie-Catherine de l'Isle de Goulezre (ca 1760), fille d'écuyer.

2. L'annuaire de Brest et du Finistère de 1837 indique pour Camaret : Maire : Lescop, 1040 habitants.

 

  Le patronyme MEILARD est parfaitement attesté à Camaret.

Je n'ai pas pu retrouver d'information sur Antoinette LE DALL.

 

  En conclusion, en attendant de pouvoir inspecter la cloche directement, je peux conclure que, s'il n'y eut pas d'autres maires portant le nom Lescop à Camaret, celle-ci date de 1837 * ou des années avoisinantes. Le recteur de Camaret était alors Mr Victor Pasquet.

* 1823 : lire le commentaire.

 

camaret-7123c.jpg

 

 

camaret-7192c.jpg

La base de donnée Leonore des titulaires de la Légion d'Honneur donne accès au dossier de Bernard Lescop, chevalier LH le 21 janvier 1836, ce qui fournit son acte de naissance (fils d'Yves Lescop et de Marie-Françoise Lautrou né le 1er octobre 1791 à Camaret) et ses activités :

  • maire de Camaret depuis 1817 sans discontinuité.
  • Suppléant du juge de paix du canton de Crozon sans interruption depuis 1824.
  • Syndic des gens de mer du port de Camaret pendant 17 ans 6 mois et 21 jours.

La même base de donnée indique deux titulaires LH, Jean-Pierre Meilard (né le 17 avril 1837)  et François Meilard (né le 18 mars 1841), marin pêcheur, tous les deux fils de Gabriel Marie Meilard (né vers 1794), pêcheur demeurant au Notic et de Marie-Jeanne Téffany. 

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Published by jean-yves cordier
5 avril 2013 5 05 /04 /avril /2013 09:22

        Ex-voto et maquettes de procession

de la chapelle Notre-Dame de Rocamadour

                à Camaret.

 

 

 

 

camaret 2666

 


Introduction : une chapelle maritime.

  Existe-t-il une chapelle plus maritime que celle-ci ?

Marine, elle fut construite  sur la roche Roch a ma Dour qui sert d'appui à un sillon de galet,

...marine, elle n'était jadis seulement accessible à marée basse jusqu'au XVIIe siècle,

...marine, elle marquait le point de débarquement des pèlerins venant du nord en route vers Saint-Jacques de Compostelle en passant prier la vierge noire de Rocamadour en Berry.

...marine, elle est construite de deux roches, Kersanton et pierre de Logonna qui sont des toponymes du littoral de la rade de Brest,

...marine, sa baie ogivale dut être murée tant elle recevait de galets projetés par les vagues heurtant la digue lors des tempêtes,

...marine, elle servait autrefois à guider du son de sa cloche le retour des bateaux de pêche par temps de brume,

...marine, celle dont le pardon en septembre était et est encore suivie de la "bénédiction de la mer" ,

...marine encore, quand vous saurez que c'est un charpentier de marine qui restaura sa charpente, 

...nulle mieux qu'elle mérita les termes de "vaisseau de pierre" ou de "nef" utilisés en architecture religieuse.

Et marine aujourd'hui encore, lorsqu'elle voit devant elle un navire de pêche mis au sec sur le slipway, ou, dans les anciens ateliers des charpentiers, les enfants en "classe de mer" s'apprêtant à embarquer.

  Alors que la plupart des églises des îles du Ponant semblent parfois tout faire (hormis leurs ex-voto) pour ressembler à un sanctuaire d'Arcoat ( Les églises des îles du Ponant IV. Belle-île-en-mer, église St-Nicolas à Sauzon , etc...), celle-ci évoque irrésistiblement la chapelle des baleiniers qu'Ismaël, le narrateur de Moby-Dick, découvre à New Bedford : il y lit d'abord les plaques commémoratives : 

  "À la mémoire de JOHN TALBOT Perdu en mer à l’âge de dix-huit ans près de l’île de la Désolation, au large de la Patagonie 1er novembre 1836 Cette plaque est érigée à sa mémoire par sa sœur. * * * À la mémoire de ROBERT LONG, WILLIS ELLERY, NATHAN COLEMAN, WALTER CANNY, SETH MACY, ET SAMUEL GLEIG de l’équipage de L’Eliza Qui fut entraîné par une baleine et perdu au large dans le Pacifique 31 décembre 1839 Ce marbre a été posé ici par leurs compagnons survivants. * * *À la mémoire du regretté CAPITAINE EZECHIEL HARDY Qui fut tué par un cachalot à l’étrave de sa pirogue sur la côte du Japon 3 août 1833 Cette plaque est érigée à son souvenir par sa veuve." 

  Certes ici, point de baleine, mais les mêmes marins aventureux, et la même mer cruelle, et les mêmes souvenirs de naufrages. 

  Ismaël voit ensuite le recteur, un ancien harponneur, accéder à sa chaire par une échelle de corde "comme s'il se hissait au sommet du grand-mât de son navire" ; et cette chaire est taillée comme la proue d'un navire, du haut duquel le capitaine, pardon, le prêtre va s'adresser à ses paroissiens comme à un équipage : "Que les babordais se rapprochent des tribordais ! tous au centre du navire ! Mes biens-aimés camarades de bord, étalinguez au dernier verset de Jonas. « Camarades, ce livre, avec ses seuls quatre chapitres, quatre bitords, est l’un des plus petits torons du puissant câble des Écritures. Et pourtant à quelle profondeur de l’âme Jonas n’envoie-t-il pas la sonde ? Quelle fécondité dans la leçon du prophète ! Quelle ne fut pas sa noblesse à entonner ce cantique dans le ventre même du poisson ! Quelle majesté de grandes vagues tumultueuses ! Nous sentons les flots passer par-dessus nos têtes, avec lui nous tâtons du varech des grands fonds, tous les goémons et les limons de la mer nous enveloppent ! Mais quelle est cette leçon que nous enseigne le livre de Jonas ? Camarades, c’est une leçon à deux bitords, une leçon qui s’adresse à nous tous pécheurs, et à moi en particulier en tant que pilote du Dieu vivant."  

  Certes, Herman Melville force un peu le trait, mais sa chapelle de baleiniers n'est pas si éloignée de celle de Camaret, qui, après l'incendie qui la dévasta en 1910, vit sa charpente reconstruite par le charpentier de marine François Keraudren, dont le chantier était installé sur le Sillon, et qui adopta tout naturellement une forme de coque renversée, lambrissée et peinte du même bleu peut-être que sa chaloupe.

  Et si vous examinez la chaire de Rocamadour, qui a été faite aussi par François-Joseph Keraudren, vous verrez comment il a tracé son nom à la peinture blanche sur le bois vernis aussi soigneusement que s'il avait à inscrire le nom de son canot sur le tableau arrière.

 

 camaret 2459c

 


 camaret 2461c

 

                 camaret-1846c.jpg

chapelle-rocamadour-nouvelles 2724c

 

  Une chapelle au caractère marin si marqué ne pouvait être dépourvue de modèles des navires de ses pêcheurs : elle totalise 8 œuvres :4 ex-voto, un diorama en vitrine, et trois maquettes de procession suspendue à la voûte.


I. Les "bouées et rames" votives.

  Dans le chœur de la chapelle sont disposées quatre bouées de sauvetage peintes en blanc, dont deux, sur le chevet, sont placées sur des ancres noires, et deux autres sont disposées au centre de l'entrecroisement de deux avirons blancs. Je pris d'abord les inscriptions figurant sur ces bouées  pour de pieuses invocations, ou pour un louable effort de "décoration marine" et ce n'est que tardivement que je réalisais qu'il pouvait s'agir de réels ex-voto, correspondant aux noms de navires ayant réellement navigué et, peut-être aussi, à des "faits de mer" dont des témoignages pourraient être retrouvés. J'ai effectué mes recherches pour tester cette éventualité.

  Jadis (la Notice du Bulletin diocésain, écrite en 1904 avant l'incendie, en atteste), la chapelle contenait de nombreux ex-voto, mais ils ont tous été détruits par l'incendie de 1910. On peut donc penser que les navires cités ici ont navigué après 1910. Mon premier soin a été de vérifier que ces noms ne figuraient pas au tableau des sauvetages effectués par la station de Camaret.


1. Les Bouées et rames.    

 

a) Le "N.D. de Lourdes" d'Ouessant.

       Il n'est pas possible de retrouver un navire ayant Ouessant comme port d'attache, car ce port n'est pas un quartier d'immatriculation, et dépendait du Conquet : Quartier maritime Conquet CO avec ses syndicats de l'île d'Ouessant, Molène, Porspoder, Argenton.

  Par contre, cet ex-voto fait peut-être allusion au naufrage, le vendredi 21 juillet 1916, par beau temps, du sloop "Notre-Dame de Lourdes", patron Yves Avril, qui faisait le service régulier entre Brest et Ouessant et qui sombra sous voile, en surcharge de marchandise, dans le Fromveur. L'équipage fut sauvé, ainsi que sept passagers, par le "Travailleur", ancien courrier de l'île en train alors de renflouer le steamer anglais "L'Ashby" échoué dans l'anse de Porz Doun. Il y eut trois victimes parmi les passagers, un voyageur de commerce, un marin rentrant du long cours, et Émile Boussu, artiste tout juste sorti des Beaux-Arts de Paris. Ce fils d'un avocat rennais était arrivé en pleine guerre sur Ouessant (il avait été réformé pour infirmité du pied) le 8 juin 1915 pour y étudier les rites mortuaires.

Cet ex-voto peut rappeler aussi le naufrage du cotre  "N.D.de Lourdes" de Plouguerneau en 1909-1910 (un marin noyé, le patron fut sauvé), ou celui d'un navire du même nom naufragé en 1905-1906 dont l'équipage de quatre hommes fut sauvé.  

Il est peut-être moins vraisemblable que cet ex-voto fasse référence au naufrage, le 23 mars 1925, du trois-mâts morutier malouin "Notre-Dame de Lourdes" en perdition suite à une voie d'eau en route pour Terre-Neuve." Le remorqueur "L'Iroise"  et le canot de la station de sauvetage de Lampaul sauvèrent les 24 hommes d'équipage et le capitaine.

http://uim.marine.free.fr/URO/archives/biblio/1925.htm

 

camaret 2625c


 

b) Rouanez ar Rosera Audierne.    

  Rouanez ar Rosera signifie "Reine du Rosaire"; Un bateau de pêche est bien connu sous ce nom ici, il correspond au dundee langoustier Rouanez ar Rozera  Au 2436  puis AD 279005   construit en 1958 à l'île de Sein par le chantier Louis Tanguy pour le patron  Noël Menou, qui fut aussi patron du canot de sauvetage de l'île de Sein. Il  mesure 14 m de long,  5 m de large, avec une jauge brute de 22,51 Tx et un moteur de 80 cv. Il sera racheté en 1975 par Jean Louis Fouquet, rebaptisé "Sked Mor"  ( GV 279005 ) et  remotorisé  en 160 cv Baudouin DK6 - Il passera ensuite au quartier de Caen. Photographie en 1958 devant la chapelle, puis en 1975 sur thoniers.free.

    Mais la graphie du nom (Rozera et non Rosera) ne correspond pas, et d'autre part, ces bouées doivent dater de la période de reconstruction de la chapelle (1911-1914), et c'est vraisemblablement à un autre navire que cet ex-voto fait référence, celui qui est mentionné dans un article de l'Almanach du marin breton de 1911 page 90 sous le titre "La dernière Espérance. Pour ceux que la mort menace" et avec la manchette : "Les équipages du «Rouanez Ar Rosera» et du «Muscadet» peuvent témoigner de la toute  puissance de Dieu..."


  "Nous venons de dire qu’il est salutaire et fortifiant d’espérer dans le Tout-Puissant  Sauveteur lorsque la mort nous menace. Mais, voyons, est-il bien prouvé que cette  confiance est fondée et qu’elle peut vraiment être récompensée ? Est-il bien vrai que  Dieu entend nos prières ? Est-il démontré qu’il secoure quelquefois les hommes  d’une façon miraculeuse ? Ah ! Certes oui, et les preuves abondent pour celui qui  ne se bouche pas les yeux. D’abord, ils sont innombrables les marins qui peuvent en  porter témoignage, qui ont vu, dans des situations désespérées, la protection divine sauver la vie à des mourants, en réponse à leurs prières... Tenez, pour ne citer qu’un fait récent, allez donc interroger l’un des douze hommes des petits cotres « Muscadet » et « Rouanez ar Rosera ». Ils ont été sauvés en plein Océan, dans des circonstances tellement extraordinaires, qu’elles apparaissent comme vraiment dirigées par le Maître des vents et des  mers. C’est bien Lui qui a fait échapper, pendant plusieurs jours, aux paquets de mer dévorants, ces deux cotres désemparés; c’est bien Lui qui les a dirigés, à travers l’immensité du large, sur la route précise de deux navires ; c’est Lui qui a fait apercevoir, malgré la nuit et la tempête, ces deux épaves au fond des lames, par deux insouciants navires ; c’est Lui qui a influencé la conscience des deux capitaines pour qu’ils se résignent à sacrifier tant d’heures d’un temps si précieux ; c’est Lui qui a permis, qu’après six heures d’inutiles tentatives, il survienne une embellie incroyable, juste  quand le grand navire embarde sur « Muscadet », et qu’un roulis énorme couche son pont si élevé sur l’épave, exactement de façon à permettre aux naufragés de crocher son bord, au vol. Mais, aussi, ces hommes avaient tant prié depuis trois jours !!!

Et l’autre, le « Rouanez » ! Si l’on savait par quelles péripéties il a passé, l’on n’hésiterait pas à reconnaître, avec ses six hommes, qu’ils doivent bien leur salut à la Vierge qu’ils ont tant suppliée : à « Notre-Dame de Lourdes ! ».

  Dans la même parution de l'Almanach du Marin Breton de 1911, je trouve page 52 une chanson (les Abris du Marin organisaient des concours de chansons destinés à l'édification morale des pêcheurs) intitulée Cent lieues au large et qui donne les explications qui me manquaient :

  "Dramatiques et douloureux drames de mer : «Muscadet» et «Rouanez ar Rosera», deux cotres langoustiers de 16 

tonneaux de l’île de Sein, revenant d’Espagne, ont sombré à quelque 50 milles au large de l’I1e de Sein. 

Leurs hommes furent sauvés dans des circonstances extraordinaires par deux vapeurs anglais dirigés par la Providence ; les navires, après de longues heures d’efforts inutiles et grâce enfin à une houle et à un coup de roulis providentiel, réussirent à les recueillir quelques instants avant l’engloutissement final."  

 

 

  Je donne la copie de ce chant de seize couplets, signé Taillevent en Annexe en fin d'article : sa lecture, ou son chant sur l'air de "Prenez mon cœur" rend la présence de l'ex-voto très émouvant, et en outre, on apprend des détails :

  • la date du naufrage : vers le 17 novembre (1909 ou 1910 ?).
  • le nom du patron : "Thymeur" (ou plutôt Tymeur, nom attesté sur l'île de Sein).
  • le nombre des matelots : 5 ,
  • le trajet effectué : de Cedeira (La Corogne) en Espagne, où le Roanez ar Rosera pêchait la langouste, vers l'île de Sein. Vers 1885, les marins de Paimpol, Camaret, Douarnenez et du Cap-Sizun péchaient la langouste sur la chaussée de Sein, puis, les fonds s'appauvrissant, ils durent descendre en Espagne à partir de  1906 avant d'atteindre plus tard le Maroc et la Mauritanie.
  • le lieu du naufrage : à 20 lieues de Sein (44 milles). Surpris par une tempête dans leur traversée du Golfe de Gascogne, les équipages des deux langoustiers Roanez ar Rosera et Muscadet  doivent se relayer à la pompe pendant deux (ou trois) jours et, alors que leur navire est en train de couler, ils sont sauvés in extremis par deux cargos britanniques différents.
  • la confirmation d'une démarche religieuse pour rendre grâce de leur sauvetage, six mois plus tard (avril 1910 ou 1911) à sainte Anne; mais le vœu d'un pèlerinage à Sainte-Anne (la-Palud) n'est précisé que pour l'autre langoustier qui naviguait de conserve et qui fit naufrage par la même tempête, le "Muscadet".

 

 

camaret 2626c

 

2. Les Bouées et Ancres.


a) Saint-Christophe , Camaret.

 On commencera par remarquer la curieuse orthographe  St CRISTOPH : fautive ou délibérée ?

Je n'ai trouvé qu'un navire de Camaret portant ce nom.

Un premier indice était fourni par  l'Almanach du Marin Breton qui signale dans sa parution de 1909 le naufrage du sloop Saint-Christophe n° 1306 "perdu sur les côtes anglaises" entre octobre 1907 et octobre 1908. Puis j'ai trouvé, dans la liste des naufrages survenu aux Îles Scilly (The Shipwreck of the Isles of Scilly, Richard Larn, Thomas & Lochar,  1993, p. 66) la phrase "Further north, a 15-ton wooden cutter named St Christophe of Camaret, France, was lost on Innisidgen on 16 October 1907, her crew of five landing safely" , "Plus au nord, un cotre en bois de 15 tonnes nommé Saint-Christophe de Camaret, France, fit naufrage à Innisdgen le 16 octobre 1907, son équipage de cinq personnes étant sauf".

 Une confirmation sibylline sur la toile sous forme de cet extrait (en désordre) du rapport de l'H.M Stationery Office Commonwealth Shipping Committee - 1909 -(sans-doute issue d'un tableau)

... “St. Christophe".. France .. .. . . . . .. Cutter, W. 15 5 K. Alexandre . . A. Le Luir, Camaret, France. (Fishing boat.).- St. Ives . . Scilly . . Ballast .. -—- N.E. 10 Inisidgen I 51% 11 <1 . Crow New.  

  Je n'ai pu retrouver ce navire dans le registre d'armement de Camaret conservé au Service Historique de la Marine de Brest, dont les informations  ne débutent qu'en 1911.


camaret 2466c

,  et 

b) Notre-Dame-de-Bon-Secours de Camaret.

  Les résultats précédents m'ont permis d'acquérir la conviction que ces bouées commémorent des sauvetages inespérés d'équipages dans les dix années qui entourent la date de reconstruction de la chapelle en 1911. .

 

  Le registre d'armement du quartier maritime de Camaret (cote 2P 5 16 du Service Historique de la Marine à Brest) débute en 1911. Il mentionne une chaloupe non pontée de 6,63 tx  Notre-Dame du Bon Secours CM 910, patron Le Roy, incrit chaque année en juin pour 1911, 1912 et 1913, mais non en 1914. 

   Je retrouve aussi la mention de la destruction le 14 novembre 1916 d'un voilier  N.D DE BON SECOURS coulé par un sous-marin (canon) 10 S5W de la Jument d’Ouessant. Ce navire appartenait à l'armement  Billette de Villeroche, nom du propriétaire d'une importante sardinerie à Concarneau et maire de la ville (Samuel Billette de Villeroche).

                                      camaret 2548c


 


II. La maquette en vitrine.

 

Il s'agit d'un "diorama", une boite formant paysage avec ses cotés peints figurant un ciel et sa base modelée et peinte comme la surface de la mer.  C'est un travail très soigné mais dont j'ignore l'auteur et la date, qui réunit trois navires.

   Le navire principal est un quatre-mâts barque   toutes voiles dehors (ou presque), qui croise un bateau de pêche gréé en dundee, lequel est suivi par un sloop à hunier (vous me corrigerez si je me trompe).


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        Entre deux visite, j'ai vu apparaître un fanion sous cette vitrine, avec les mystérieuses lettres RYC. Était-ce le Royal Yacht Club, le Redneck Yacht Club, le Rainier Yacht Club (Seattle, WA), le Rivercrest Yacht Club, le Rockport Yacht Club, le Rockland Yacht Club ? Non, mais la silhouette d'une Vierge à l'Enfant aurait pu me mettre sur la voie de la commune de Rocamadour, dans le Lot, si j'avais pu imaginer que celle-ci, située à 300 km de la mer, possédait un Yacht Club !

  Car il s'agit du guidon du Rocamadour Yacht Club, qui affirme ainsi combien  Notre-Dame de Rocamadour possède des liens privilégiés avec les marins qu'elle protège des naufrages !

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    Le voilier de pêche, aux voiles couleur cachou teintes par un savant mélange d'écorces pour  rendre leur coton plus résistant, possède un gréement de dundee comportant un grand-mât doté d'un mât de flèche, et un mât de malet (qui porte son flèche). C'est le gréement utilisé à Camaret pour la pêche au thon (mais il porte alors des antennes, que l'on ne voit pas ici), pour le chalutage l'hiver, et pour la pêche de la langouste. C'est le gréement de la Belle-Étoile dont la maquette est suspendue dans la chapelle.

  Le second bateau de pêche est gréé de manière moins courante. 

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III. Les maquettes de procession suspendues.

 

1. La Belle-Étoile CM 2705.

  A Camaret, chacun connaît le navire que cette maquette reproduit, car il a été construit en 1992 aux chantiers Péron de Camaret en réplique exacte d'un dundee-langoustier construit en 1932. En-effet, l'Association Belle-Étoile, qui le gère, possède sur le Sillon, à trente mètres de la chapelle, une ancienne baraque de chantier naval qui lui sert de base, et, parfois, la Belle-Étoile vient se mettre à sec sur le slipway en face de la chapelle.

  Nous sommes ici vraiment en pays de connaissance puisque l'épave  dont ce navire est la réplique est restée longtemps échouée sur le Styvel, le cimetière de bateaux du Sillon de Camaret. Elle avait été classée Monument historique, mais a du être déclassée en 2002 en raison de sa détérioration.

  Son originalité la plus remarquable est d'être dotée d'un vivier qui forme un lest liquide, et dans lequel les langoustes étaient conservées dans l'eau de mer.

Voir sa présentation et les sorties en mer proposées sur le site de l'Association ou bine ici : http://www.bateaux-fecamp.fr/article-belle-etoile-cm-2705-50475994.html

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2. Le "Souvenir"

      Le nom est factice, et ce navire ne correspond pas à un voilier déterminé. On voit que son gréement diffère du précédent, le mât arrière étant plus haut que le mât avant : c'est un gréement de goélette. Les voiles de ces mâts n'étant pas triangulaire, c'est une goélette de pêche morutière à voiles auriques. Mais ce modèle est dépourvu des huniers qui caractérisent l'Étoile et  la Belle-Poule bien connues des Brestois. C'est une "goélette franche" (fore and aft schooner) équipée de trois voiles d'avant, une voile aurique et son flèche sur le mât de misaine et également une voile aurique et son flèche sur le grand-mât.

  La coque de la maquette est taillée dans un bloc massif, avec pièce de quille rapportée, gouvernail articulé.

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3. Stella Matutina

        On reconnaît le même gréement de goélette franche, mais cette goélette morutière est rendue plus élégante par son arrière en voûte très effilée contrastant avec son étrave courte. Cette finesse de ligne l'apparenterait presque aux riches yachts dessinés par Nathaniel Herreshof au début du XXe siècle.

  Son nom qui signifie "Étoile du matin" est un qualificatif de la Vierge Marie, dans ses Litanies de Lorette ; c'est en fait la fusion de deux épithètes, Stella marina et Lux matutina ("Étoile de la mer" et "Lumière du matin), mentionnés séparément dans un manuscrit du XIIe siècle (Paris, BNF latin 5267) et qui ont fusionnés. L'étoile du matin annonce la lumière de l'aurore, tout comme la Vierge annonce l'avènement du Christ. Elle est, pour les chrétiens, celle qui annonce la fin des ténèbres, tout comme l'étoile du matin annonce pour les marins, la fin des dangers d'une navigation hasardeuse en pleine nuit.

  Cette dénomination Stella matutina est très proche de celle de Maris stella qui se retrouve dans toutes les chapelles et églises du littoral.

  Ce voilier a-t-il existé sous ce nom ? Je n'en ai pas acquis la conviction.

  Un Stella Matutina de Saint-Pierre-et-Miquelon a été acheté en 1923 par la société Ame des Armements Français et Coloniaux pour pêcher la morue à Terre-Neuve ; mais un rapport de jurisprudence de 1923 mentionne qu'il s'agit d'un "trois-mâts goélette".

Une goélette néerlandaise portant ce nom est mentionné dans un recueil de jurisprudence avec une date du 11 décembre 1857.

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IV. Une sorte d'ex-voto : "l'Incendie de la chapelle de Rocamadour" par Charles Cottet.

 

  Si cette chapelle de Rocamadour exposée aux vents et aux vagues est bien semblable aux navires du port de Camaret, elle peut connaître des drames et des sinistres comparables aux naufrages qui menacent les marins. C'est ce qui arriva dans la nuit du 24 au 25 février 1910 où un violent incendie se déclara, détruisant l'ensemble du mobilier et de la toiture, les ex-voto et les statues, les poutres aux engoulants en gueules de dragons. L'alarme donnée par un douanier à 5 heures du matin avait permis l'intervention des pompiers , épaulés par un détachement de la deuxième batterie du 18ème bataillon d'infanterie caserné à Lagadjar, mais leurs efforts survenaient trop tard et lorsque les camarétois alertés se rassemblèrent autour du sanctuaire, ils découvrirent le spectacle d'une ruine noircie et dévastée balayée par le vent.

  C'est le titre exacte du tableau dont une petite copie est suspendue dans le chœur de la chapelle aujourd'hui : " Femmes en larmes autour de la chapelle incendiée de Notre-Dame de Rocamadour". Les camarétoises, habillées de noir, en coiffe blanche ou cape de deuil, pleurent peut-être, prient sûrement, mais elles discutent aussi et, très rapidement, elles décident de tout faire pour rebâtir leur sanctuaire.

  Aucune des maquettes et des bouées que nous venons de découvrir ne sont, à proprement parler, des "ex-voto" : aucune ne résulte d'un vœu, de la réalisation d'une promesse faite à Notre-Dame de Rocamadour au moment même d'un péril. Cette reproduction de tableau est , si modeste soit-elle, le seul élément qui corresponde à la définition d'un ex-voto,  parce qu'il concrétise la promesse que firent ces femmes de Camaret de rebâtir Rocamadour, l'intensité de leur foi et l'énergie qu'elle déployèrent. 

  Elles commencèrent par demander au poète Saint-Pol-Roux de prendre la présidence d'un comité de reconstruction pour récolter les fonds nécessaires. Elles sollicitèrent également les membres les plus illustres de la communauté d'artistes qui fréquentaient Camaret, et notamment les voisins de Saint-Pol-Roux sur les falaises dominant Pen-Had, le peintre Charles Cottet et le directeur de théâtre André Antoine. Ce dernier donna une représentation théâtrale et organisa une vente de tableaux, tandis que Charles Cottet promettait d'offrir un grand tableau.

 Charles Cottet fréquentait la colonie artistique de Camaret  depuis 1886, et était devenu l'ami de l'écrivain Gustave Toudouze qui l'accueillait dans sa maison Dirag-ar-Mor. Sa toile, Rayon du soir, exposée en 1893 au Salon des Beaux-Arts, avait contribué à la réputation du port breton. C'était, avec Eugène Boudin, le peintre le plus réputé parmi les artistes qui gravitaient autour de l'Hôtel de Marine. Une toile du maître était donc, pour le port, un cadeau de taille.

  La toile, en fait, une huile sur carton, fut inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques  le 14 août 1997 et offerte par l'évêché à la commune. Celle-ci fit procéder à sa restauration en 2012 et conserve ce tableau à la Mairie.

  Grâce à la détermination des femmes de Camaret et à la générosité de tous les donateurs, la chapelle de Rocamadour fut reconstruite dès l'année suivante. Sa pierre jaune de Logonna a acquis, par cette épreuve du feu qui l'avait profondément noircie, des teintes embrasées, orangées, fauves qui créent une atmosphère extraordinaire lorsque le soleil éclaire la nef. 

  Lorsqu'on se rend dans ce sanctuaire en pensant, face aux piliers et aux murs veinés comme les vieux bois, à ce grand élan de solidarité qui en permit la renaissance, on sent bien que c'est toute la chapelle qui est un ex-voto, qui est issu du vœu et de l'acte de foi de toute une communauté de marins attachée à son patrimoine. 

  Et dorénavant, lorsque mon regard ira d'une bouée à une autre, d'une maquette à une autre, je retrouverai le souvenir du patron Tymen de Sein et des matelots du "Rouanez ar Rosera", miraculeusement sauvés, ou des cinq marins du "Saint-Christophe", recueillis après leur naufrage aux Îles Scilly, ou à l'équipage rescapé du "Notre-Dame de Lourdes" et au malheureux peintre Emile Boussu qui se noya près de Ouessant, ou encore à toutes ces années si difficiles pour les pêcheurs de sardine de Camaret au début du XXe siècle (crise sardinière de 1905).


 

 

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      Annexe : la chanson Cent lieues au Large.

http://www.marinbreton.com/medias/4/43/1351174667.pdf

                                          CENT LIEUES AU LARGE

Complainte vraie, sur l’air de : « Prenez mon cœur ». Ceux qui ne connaissent pas l’air de « Prenez mon cœur » peuvent aussi bien déclamer ce récit.

Dramatiques et douloureux drames de mer : «Muscadet» et «Rouanez ar Rosera», deux cotres langoustiers de 16  tonneaux de l’île de Sein, revenant d’Espagne, ont sombré à quelque 50 milles au large de l’I1e de Sein. Leurs hommes furent sauvés dans des circonstances extraordinaires par deux vapeurs anglais dirigés par la Providence ; les navires, après de longues heures d’efforts inutiles et grâce enfin à une houle et à un coup de roulis providentiel, réussirent à les recueillir quelques instants avant l’engloutissement final..

Almanach 1911: P. 52

I

Cent lieues de mer ! ah ! langoustes d’Espagne,

Que vous coûtez de labeurs surhumains...

« Allons là-bas, puisque d’autres y gagnent,

Allons, risquons, c’est la vie du marin… »

…Lors l’Océan, le grand Bourreau terrible,

Se fait charmant, d’un charme irrésistible,

Et tous les côtres appareillent en chœur.

Adieu pêcheurs !

II

Pour ces cent lieues, pour braver l’Atlantique,

Pour triompher des fureurs du Géant,

Sans doute ils ont navires magnifiques,

Forts équipages, complets armements ?

Hélas ! terriens, les plus grands ont vingt tonnes,

Quelques-uns sont sans pont (Dieu leur pardonne),

Six hommes au plus... Mais ce sont des Bretons !

Marins bretons !

III

Mais quelquefois malgré leur beau courage,

Malgré leur science des vents et des mers,

Ils sont vaincus par le Bourreau sauvage

Alors ce sont des agonies d’enfer !...

... Écoutez bien ce récit lamentable

Ces quatre jours de temps épouvantables,

Et deux bateaux péris en fiers lutteurs

Au champ d’Honneur

IV

Un clair matin de novembre, le treize,

Deux langoustiers quittaient Cédéira ;

Par ce bon vent du Suette qui pèse,

Au port de Sein dans trois jours on mouill’ra,

Le lendemain le baromètre tombe,

Les vents fraîchissent en tempête, en trombe,

La mer se lève folle en grande fureur !

Pauvres pêcheurs !

V

Alors commence un martyre effroyable ;

De jour, de nuit. quels tourments à leurs bords,

Les équipages, marins admirables,

Dans ce combat seront-ils les plus forts?

Les deux bateaux résisteront... peut-être ?

Ils sont pontés, mais n’ont que dix-sept mètres !

Et clans les cales, l’eau gagne à faire peur...

Pauvres pêcheurs!

VI

Le seize au soir, ils agonisent en cape,

Les fiers bateaux «Muscadet», «Rouanez»

Ils sont à bout... Et pour qu’ils en échappent

Il faudrait un miracle.... Adieu l’Enès !

Depuis deux jours chacun se tue aux pompes,

Pas un ne mange, et leurs muscles se rompent.

N’y a-t-il pas de bornes à la douleur ?

Pauvres pêcheurs !

VII

Vaillants vaincus, vous pleurez de souffrance,

De faim, de froid, ô martyrs de la mer !

Plus rien à faire, adieu toute espérance,

Pas un navire qui mette en travers

Ciel ! feras-tu sangloter tant de femmes

Vois ces marins prier avec tant d’âme !

O Dieu puissant, écarte un tel malheur.

Pauvres pêcheurs !

VIII

Toute la nuit encore et la journée,

A force d’héroïsme ils ont tenu ;

A force de prières résignées,

Un peu d’espoir aux cœurs est revenu.

Oh ! cette nuit du dix-sept, quel délire !

Leurs yeux brûlés voient partout des navires.

Soudain, vrai Dieu ! là-bas, brille un vapeur :

Hardi pêcheurs !

IX

Et le cargo voit leurs feux de détresse,

Il reste en vue. O Dieu bon, sois béni !

Courage, amis, à la pompe sans cesse,

Gagnons le jour, car il n’est que minuit !

Chacun retrouve encor’ mille énergies

Et l’on manœuvre, et l’on pompe et l’on prie...

Voilà le jour : Hélas, plus de vapeur !

Pauvres pêcheurs!

X

C’est, impossible que Dieu nous trahisse !

Dit le patron Jean Noël à genoux :

« Nous avons un grand remords de nos vices,

O sainte Anne, ô saint Joseph, sauvez-nous !

Le mousse ainsi qu’un matelot, mains jointes,

Priaient avec ferveur sans une plainte...

Quand un coup d’mer arrache un des lutteurs ;

Pauvres pêcheurs!

 

XI

Mais Dieu veillait - car sa main à la nage

A rencontré tout juste un des haubans...

Lors tous ensemble, à genoux : - l’équipage

Du «Muscadet», -font le vœu des mourants :

 « Nous irons, sainte Anne, à ton sanctuaire,

Nous aimerons mieux Jésus et nos frères !...

Ah ! le voilà droit sur nous le vapeur:

Notre sauveur !

XII

Le grand navire élonge, il est neuf heures :

Mais sous ces montagnes d’eau s’écroulant,

Va-t-on encor, pour ces hommes qui meurent,

Risquer tout un canot de braves gens ?...

A bord du côtre, c’est l’angoisse atroce,

Car le temps presse, et, la mer plus féroce

Au ras du pont brise : il coule à vue d’œil...

Bientôt cercueil !

XIII

Des heures passent encore : ils désespèrent,

Les sauveteurs impuissants, là, tout près !

Quand, tout à coup, roulis extraordinaire,

Le haut pont gîte à toucher «Muscadet» :

Cinq hommes sautent, au vol, sur le navire ;

Puis Jean Noël, par miracle on peut dire,

A pu crocher l’arrière du vapeur

Bravo pêcheurs !

XIV

C’est à quatre heures qu’à force d’audace,

Sous l’œil de Dieu, tous ont été sauvés.

Cette embellie était l’instant de grâce,

Car aussitôt «Muscadet» a sombré...

Pendant ce temps, tout au plus à dix milles,

Le « Rouanez «, à vingt lieues de son ile,

Désemparé, coulait en pleine horreur,

Pauvres pêcheurs !

XV

Heureux pêcheurs, car le Dieu secourable

Leur envoyait aussi un grand vapeur :

Tant de Foi, tant de courage admirables

Méritaient bien cette insigne faveur.

Le «Rouanez» n’était plus qu’une épave

Coulant avec Thymeur et ses cinq braves

Quand les crocha le cargo sauveteur.

Heureux pêcheurs !

XVI

Six mois après, guéris de leurs souffrances,

Les naufragés sont venus à l’autel

Dire à sainte Anne leur, reconnaissance

Elle a reçu leurs serments solennels!

Et nous, amis, nous que la mort entoure,

Soyons meilleurs pour que Dieu nous secoure,

Méritons que partout l’on dise en chœur

Gloire aux pêcheurs !

TAILLEVENT.

 

AIDEZ-MOI !

  Cet article n'est qu'une tentative d'explication de ces ex-voto, encore bien incomplète et certainement très imparfaite : si vous disposez d'informations ou d'idées complémentaires, merci de me les communiquer.

Liens :

Site Ex-voto marins

 La Chapelle Notre-Dame de Rocamadour de l'Inventaire Général du Patrimoine Culturel GLAD.

  Le guidon du RYC

http://fr.topic-topos.com/tableau-de-charles-cottet-camaret-sur-mer

La chapelle de Rocamadour sur Crozon-Bretagne.com

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Published by jean-yves cordier
3 avril 2013 3 03 /04 /avril /2013 22:37

 

 

Le canot S.N.S.M "Notre-Dame-de Rocamadour" ...devant la chapelle Notre-Dame de Rocamadour à Camaret.

 

  Deux avril 2013 : le printemps est arrivé, bientôt les plaisanciers vont se faire plus nombreux à Camaret et, comme chaque année, le canot tout-temps "Notre-Dame de Rocamadour" de la station de la S.N.S.M a été tiré au sec sur le Sillon de Camaret, juste devant la chapelle à laquelle il doit son nom.

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Published by jean-yves cordier
2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 19:33

   

            Station S.N.S.M. de Camaret :

             visite de l'abri du canot,

             maquettes des canots,

             anciens troncs d'offrande. 

 

Tous mes remerciements au président  Jacques BRUÈRE qui m'a ouvert les portes de la station.

 


 

I. L'Abri du canot à l'extrémité du Sillon à Camaret.

   L'abri, rectangulaire, mesure 24 mètres sur 10 et s'ouvre par une double porte en métal sur la cale de lancement de 85 m sur 5m de large ; elle est équipée des rails du chariot mobile sur lequel se trouve le canot.

 

   C'est à la suite d'une pétition des habitants, des pêcheurs et des industriels de Camaret qu'une cale fut construite, entre 1882 et 1883, à l'extrémité du Sillon. Le premier abri avait été construit en 1866 à l'enracinement du sillon, mais cet emplacement s'était avéré malcommode. En 1901, un nouvel abri fut construit à l'emplacement actuel. Il fut détruit lors de la Première Guerre Mondiale pour permettre d'édifier une base d'hydravions, avant d'être reconstruite en 1919. Elle fut modifiée ultérieurement.

  La station fait partie à son origine en 1866 de la Société Centrale de Sauvetage des Naufragés. Son premier canot fut le Édouard Hollandre qui servit de 1866 à 1899. Il était d'abord mis à l'eau au Styvel, à l'enracinement du Sillon, sur un chariot poussé à la main, coté mer ou coté port.

  Un plaque y est apposée à la mémoire de mademoiselle Amélie Le Boucher (1873-1966), "bienfaitrice de la société qui s'intéressa au sauvetage après avoir visité cette station".

Une autre plaque salue la générosité de Melle Alyette de Lareinty-Tholozan, qui permit l'acquisition en 1969 du premier canot motorisé, le Taï.

  Alyette Anne-Louise-Marie de Baillardel de Lareinty-Tholozan, née le 18 février 1892, décédée le 19 février 1954 à Hyères, a été infirmière bénévole durant la première Guerre Mondiale en tant qu' infirmière S.B.M (Secours aux Blessés Militaires) à Bray-sur-Somme, Mont-Notre-Dame et Dunkerque, puis faisant trois fois le trajet Marseille-Salonique sur un navire-hôpital,  et, à ce titre, décorée de la médaille d'honneur des épidémies et de la Croix de Guerre en juillet 1918 pour avoir "rendu des services appréciés au Maroc, sur le navire-hôpital La Bretagne, en Extrême Orient et dans les H.O.E [HOpital d'Évacuation] du front...", puis en janvier 1921 nommée chevalier de la Légion d'honneur. (Source)

Lareinty_th.JPG (7263 bytes) © Coll. Patrimoine de la grande Guerre

  Elle était la fille d'un député de Loire-Inférieure, le baron Jules de Baillardel de Lareinty-Tholozan, et de Louise de Sabran-Pontéves.

  Son frère Honoré de Baillardel, Comte de Lareinty-Tholozan, capitaine d'aviation, décéda après un accident d'avion en 1916.

En 1920, elle fit don de son château de Ribécourt au Ministère des Anciens Combattants pour la rééducation des mutilés de guerre. A son décès en 1954, le château de Pont-Piétin à Blain (54) dont elle était la dernière châtelaine fut vendu au département et transformé en hôpital psychiatrique.

  Nous découvrons ainsi peut-être la raison du nom de ce canot : Taï peut être rapproché du caractère chinois  tài (), "très grand, suprême", mais surtout des peuples de langue taï du sud de la Chine, du Laos, du Vietnam et de la Thaïlande. Alyette de Lareinty-Tholozan a sans-doute suggéré ce nom en hommage aux peuples qu'elle avait découvert lors de ses sèjours en Extrême-Orient.

  Trois canots successifs ont portés ce nom.

 

 

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Il abrite actuellement le canot Vice-Amiral Lacaze.

  Ce canot en bois construit par Augustin Normand en 1956 a commencé sa carrière à Ouistreham, puis a servi aux Sables d'Olonne avant d'être rénové et affecté à Camaret en 1986 en remplacement du Taï 3 dont nous allons découvrir la maquette. Presque aussi agé que ce dernier, le Vice-Amiral Lacaze n'effectuera que deux sorties avant d'être réformé en novembre 1987 à la suite d'une avarie; il repose sur son chariot dont le treuil est toujours en état, et pourrait être sorti sur la rampe de lancement, comme en juillet 2012 où sa coque a été repeinte ; il est, par contre, impossible de le mettre à l'eau, et n'a plus de moteur.

  Pendant dix ans, il ne sera pas remplacé, jusqu'à l'arrivée en 1997 du Patron Noé Devaud.

 Il porte le nom de l'ancien ministre de la Guerre et trois fois ministre de la Marine (1915-1917) Julien Lacaze, Préfet Maritime de Toulon, membre de l'Académie Française en 1936, qui présida en 1930 la Société Centrale des Naufragés.

L'amiral Lacaze en 1916 Wikipédia

 


 

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      Comme toutes les stations, celle de Camaret a inscrit sur des tableaux toutes les sorties jusqu'aux années 1980.

  L'Édouard Hollandre et les équipages camarétois qui l'armèrent durant ses 32 années de service sauvèrent 80 navires et 140 hommes.

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Cliquer pour agrandir :

 

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II Les modèles réduits des canots conservés par la station de Camaret.

 

Les différentes embarcations :

  Actuellement, les canots tout-temps ont une coque verte, en souvenir des couleurs de la Société Centrale de Secours des Naufragés, et leur immatriculation est de type SNS 0xx (canots de 15,50 à 17,60m, 8 sauveteurs) alors que les vedettes sont en bleu, reprenant les couleurs des Hospitaliers Sauveteurs Bretons, et portent une immatriculation SNS1xx (vedette de 1ère classe supérieure à 13 m, 6 sauveteurs) SNS2xx ( vedette de deuxième classe, 9 à 12 m, 4 sauveteurs) et SNS 3xx (vedette de troisième classe, 8 m, 3 sauveteurs) .

 

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1. Le Canot Taï III (1965-1980).

 

  

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2. L'Amiral Amman SNS 068.

  Ce canot de la station d'Audierne, de 17,60m HT a été construit en 1989 au chantier Bernard Locquimélic. Coque en polyester, 2 moteurs IVECO de 294 Kw, modernisé en 2005. 

  Il porte le nom du premier président de la S.N.S.M. en 1967.

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Son indicatif radio  FG7455 est peint sur le roof de la cabine à l'attention des aéronefs.

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3. Une vedette SNS 198

  C'est un modèle disponible en maquettisme naval au 1/20ème d'un type d'unité en service dans les années 1980. Il ne correspond pas à un navire ayant navigué.

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4. Maquettes conservées dans l'Abri du Canot.


Le "Patron Noé Devaud" de l'Île d'Yeu.

  Le SNS 052 Patron Noé Devaud, du nom d'un patron de canot de l'Île d'Yeu [Noé Devaud, patron du "Paul Tourreil" notamment lors d'un hèroïque et dramatique sauvetage de l'Ymer en 1917]  , a servi a Camaret de 1997 à 2001. Il avait été construit en 1972, avait été affecté à l'île d'Yeu, puis à  Ouistreham en 1995 avant de venir à Camaret. Déclassé en 2001, il a été prolongé pour servir à l'île d'Yeu en remplacement du SNS 084 à la suite d'une panne. Il fut alors offert pour le Musée de sauvetage de Port-Joinville à l'Île d'Yeu.

Coque acier, taille 15,20m, vitesse 12 n, 2 moteurs de 280 cv.

 

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Un côtre pilote

Maquette réalisée par Mr Serge Renard (confiée à la station par son petit-fils Gildas Morvan).

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III. Les "troncs" de récolte des dons.

    La S.N.S.M ne peut poursuivre son activité que grâce au bénévolat de ses membres et aux dons du public, qui assure 68 % du budget, contre 32 % de fonds de l'État. Différents modèles de troncs sont visibles à Camaret.

 

1. Tronc mural des H.S.B. sur la porte de l'abri.

   Photographie du "tronc" encore en poste sur l'abri du canot à Camaret ; il date du temps (1873-1967) où la Société Nationale de Sauvetage en Mer se nommait encore Hospitaliers Sauveteurs Bretons : il a donc près de 50 ans. Néanmoins, il ne vient pas directement de la station de Camaret, qui n'appartenait pas , avant la fusion HSB / SCSN en 1967, aux Hospitaliers Sauveteurs Bretons, mais à la Société Centrale de Sauvetage aux Naufragés. On ne sait pas par qui et comment ce tronc s'est retrouvé ici ; peut-être un échange entre station ?

  La couleur de la coque est verte et le pont orange, ce qui est curieux car c'était les couleurs de la SCSN, comme les Canots-Tout-Temps actuels.


Fonte de fer polychrome,hauteur 27 cm, longueur 41,5 cm.

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Autre exemplaire plus ancien :

(Coll. privée Dr. Pillet)

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2. Tronc mural datant de 1900.

 A l'époque, la station de Camaret faisait partie de la Société Centrale de Sauvetage des Naufragés, dont le siège était 1 Rue de Bourgogne à Paris.

 Il existe deux sortes de modèles de tronc : les "troncs de comptoir", en forme de coque de bateau, et les "troncs muraux", en forme de demi-coque.

Tôle de fer émaillé ou peinte, 19 x 37 x 6,5 cm. Couleur Bleu-Blanc-Rouge. D'autres modéles portent l'inscription Société centrale de Sauvetage des Naufragés en lettres gravées sur la bande blanche, et d'autres, comme à Lesconil, portent, au dessus, le nom du canot.

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3. Tronc mural actuel.

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4. Tronc de comptoir actuel.

(Capitainerie du port)

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 IV. Saint-Pol-Roux et la Station de Sauvetage.

  Une promenade littéraire sur les traces de Saint-Pol-Roux : Camaret et Roscanvel.

  On connaît peut-être les liens d'estime réciproque que le poète Saint-Pol-Roux et les habitants du port de Camaret tissèrent, et la manière avec laquelle l'écrivain utilisa ses relations pour venir en aide aux pêcheurs touchés par la crise sardinière. Il avait composé, lors du baptême du premier Taï un poème Tai de Camaret qu'il dut lire lors du baptème de ce canot, et qui parut dans la Dépêche du 7 août 1929.

 En voici un extrait :

Tai de Camaret  "Coeur nouveau qui va battre au point robuste
de Morvan à la barbe pointue, ô jeune Tai  de blanc vêtu,
laisse le vieux poète te bénir aussi par un coup d'aile de son goéland
attentif dans l'azur !...
Coeur nouveau du pays, sache dompter l'onde méchante
au rayon pur de la jeunesse allant au sacrifice dans tes battements !...
Fais davantage encore, ô véhémente barque, au moyen du spectacle divin
de ta fraternité fais donc s'épanouir  l'immense harpe de la Mer,
pour qu'on  n'entende plus que des hymnes d'amour et  pour que même
la Tempête à la tiare d'arc-en-ciel ne soit plus désormais
qu'un grand sursaut d'enthousiasme en le triomphe de la vie !...".

 

   Plus tard,  à l'occasion de la Fête Nautique qui eut lieu le dimanche 20 août 1939 , il composa un APPEL DES CANOTIERS DU TAÏ AUX HÔTES DE CAMARETplaquette publiée Société Centrale de Sauvetage des Naufragés, Camaret, 1939.

 


  Liens : 

Site de la station S.N.S.M de Camaret : 

Site de l'Inventaire régional sur l'abri du canot de sauvetage.

Topic-topos canot de sauvetage

Crozon-Bretagne.com

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Published by jean-yves cordier
2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 08:59

               

              Visite de la chapelle de Rocamadour

                et de l'église Saint-Rémy à Camaret.

           Petite étude des inscriptions lapidaires

           des églises de Camaret sur Mer :  tildes et N rétrograde .


     Qui ne connaît le port de Camaret ? Placé à l'abri d'un sillon de galet dont il tire son nom de      Kam-eret, le sillon de galet (ero) courbe (kam), c'est une escale commode pour les navires qui remontent vers le Four ou pour ceux qui descendent vers le Raz. Ce fut un grand port de pêche du temps des langoustiers mauritaniens. Mais aujourd'hui, c'est  aux secrets des pierres et aux détails des inscriptions que nous nous intéresserons, en pratiquant une déambulation rituelle autour de la chapelle de Rocamadour. Celle-ci est construite en belle pierre de Logonna dont les chaudes teintes blondes sont accentuées par le sombre microgranite de Kersanton. 

   Prenons du recul pour en voir la situation à coté de la Tour de Vauban, des cabanes passées au brai d'anciens charpentiers, et des vieux navires de pêche venus passer là leur retraite :


 camaret 2666

 

 Un coup d'oeil à la Tour :

camaret 2652

 

 


camaret 2654

  Et nous nous approchons de la chapelle par sa façade sud :

Le tour de la chapelle de Rocamadour :

camaret 2653


On y remarque une porte dont l'entourage de kersantite doit dater de la chapelle de 1527:


camaret 2613c


camaret 2649c



  Il y eut en effet plusieurs édifices ; le premier remonte à 1183 et était déjà dédié à N.D de Rocamadour. Le second est gothique et date de 1527 : la pierre qui mentionne sa fondation est celle à laquelle nous allons nous intéresser, mais elle a peut-être été détruite en 1597 lors de combats entre le gouverneur de Brest Rieux de Sourdéac et le brigand La Fontenelle.

  La chapelle actuelle a été construite entre 1610 et 1683, et nous allons aussi examiner les inscriptions qui témoignent de cette construction. En 1694 lors de la bataille de Trez Rouz, un boulet des anglais aurait décapité le clocher, qui garde encore la mémoire tenace de cet affront.

  En 1910, un incendie détruisit tout le mobilier et la charpente. 

Aujourd'hui, à défaut de coq au sommet du clocher, le Syndicat d'Initiative rétribue des goélands qui viennent à tour de rôle remplacer le coq habituel :

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  Un détail est rarement souligné, c'est la présence, sur le pignon Ouest, des armoiries, martelées mais malgré tout déchiffrable, de la famille de Poulmic, qui porte échiqueté d'argent et de gueules. Bien-sûr les couleurs sont absentes, mais l'aspect en damier "échiqueté" est caractéristique, et n'avait pas échappé à A.H. Dizerbo dans son article sur Les armoiries de la Presqu'île de Crozon (Bull. Société Archéologique du Finistère 1990, vol.19 p. 193).


 chapelle-rocamadour-nouvelles 7159c

 

 

 

  Visite de l'intérieur de la chapelle :

 

  Avant de se préoccuper de paléographie à la petite semaine, faisons comme tout le monde, et entrons dans le sanctuaire admirer les ex-voto :

voir : Les Ex-voto et maquettes de procession de la chapelle Notre-Dame de Rocamadour à Camaret.

camaret 2624c

 

 

La Belle-Étoile  CM 2705.

camaret 2628c

 

Le "Souvenir" : sans immatriculation, il ne correspond pas à un navire réel et son nom est une simple mention religieuse.

camaret 2629c

 

  La Stella matutina.

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Rouanez ar Rosera, Audierne.

camaret 2626c

 

   Pour expliquer leur présence, il faut savoir que Notre-Dame de Rocamadour est très souvent invoquée par les marins face à un péril en mer,  que l'église de Rocamadour dans le Lot contient également de nombreux ex-voto, et qu'un pèlerinage des gens de mer se rend chaque année en septembre pour gravir (à genoux pour les plus motivés) les célèbres 216 marches qui donnent accès au sanctuaire situé sur un à-pic vertigineux dominant de 150 mètres de canyon de l'Alzou.

   En 2009, je grimpais moi-même le Grand Escalier de la Via Sancta pour atteindre le coeur du sanctuaire amadourien, la chapelle Notre-Dame, l'ancien ermitage détruit par un rocher en 1476. Dans la pénombre relative, je découvrais la Vierge noire, la Vierge miraculeuse entourée d'ex-voto et, suspendue à la voûte, un amas de plaques métalliques, la fameuse cloche que l'on entendait tinter lors des miracles, quand par exemple le navire dont l'équipage avait invoqué Notre-Dame avec ferveur venait d'échapper à un naufrage.

  Mais, en face de l'autel, je voyais surtout, dominant de ses 185 cm de long la statue noire de 69 cm, la maquette pimpante  d'un sloup langoustier camarétois, le Red Atao (Cours-toujours) CM 2082, et j'apprenais son histoire.

Red Atao à Rocamadour (Lot) en juillet 2009

rocamadour-cm-2082.jpg


  Son auteur, Jacques-Patrice Bamberger, grand maquettiste et professeur à l'École Nationale Supérieure des Arts Appliqués et Métiers d'Arts, avait mis en chantier ce voilier de pêche lorsqu'il fut victime, avec son épouse Françoise, d'un très grave accident dont il ne se rétablit, après un long coma, que par miracle, soutenu par une chaîne de prières. Il décida de reprendre sa maquette et alla la présenter le 3 septembre 2006 à Camaret lors du Pardon avant de l'offrir le 9 septembre à Notre-Dame de Rocamadour, dans le Lot. 

  Il existe aussi au Quebec une crypte construite en 1919 pour être dédiée à Notre-Dame de Rocamadour en la paroisse Saint-François d'Assise, et elle doit son existence à un miracle dont bénéficia l'équipage de Jacques Cartier : en proie au scorbut en février 1536 lors de leur hivernage au Canada, ils allèrent invoquer la madone en priant au pied d'un arbre où ils avaient fixé son image; peu de temps après, Cartier rencontre des amérindiens qui lui expliquent les vertus de la tisane de cédre blanc ou anédda, dont la consommation fit disparaître les symptomes scorbutique : c'est, comme le relate Jacques Cartier dans son journal de voyage, "un véritable et évident miracle".

  En 2008, une maquette au 1/50è de La Grande Hermine fut réalisée par J.P. Bamberger et transportée par le Cassard, navire de la Marine Nationale, pour être offerte, de la part de l'Évêché de Rocamadour (France) à la paroisse canadienne avec une copie de la statue de la Vierge Noire, lors du 400ème anniversaire de Quebec. Mais  la maquette et la statue du Quercy furent acheminés vers Brest, d'où appareillait la frégate Cassard,  de port en port  par étapes successives auxquelles participèrent de nombreux marins, dont les équipages de la SNSM.

  


 

  Étude des inscriptions de la chapelle de Rocamadour.

Entrons maintenant dans le vif du sujet et étudions la pierre de kersantite qui a été scellée à gauche de l'entrée :

camaret 2609cc

  On  déchiffre couramment (Wikipédia) l'inscription comme : 

   L'an 1527 fut fondée la chapelle Notre-Dame du roc,

et on considère que ce "roc" renvoie au terme utilisé par les Camarétois pour désigner l'endroit comme Roc-A-Ma-Dour, breton signifiant le roc au milieu des eaux. Le site fr.topic-topos.com écrit : "Notre-Dame-du-Roc peut-être le nom d'origine de la chapelle. Jusqu'au travaux de Vauban, au XVIIe siècle, celle-ci s'érige en effet au -dessus d'un promontoire rocheux isolé de la côte à chaque marée haute";.

  Mon but n'est pas de discuter cette interprétation, mais de ne pas passer outre sans remarquer le système abréviatif médiéval, celui qui donne à l'interprétation sa part de mystère, et qui associe:

-l'omission (volontaire par abréviation ?) du second "l" du mot "chapelle". Cette orthographe est courante en ancien français (Froissard cité in Godefroy), mais l'est moins en moyen français.

- la lettre "e" du même mot fusionnée avec la lettre "p" ( "e dans le p")

- un tilde ˜ au dessus du -t- de "notre", pour signaler l'omission des lettres (ot) du mot.

- un e suscrit en final du mot da pour abréger dame (*)

- un e suscrit en final du mot fondée pour abréger -ée (**)

- la forme de la lettre "n" du mot "fondée", qui est graphiquement semblable au "u" de "fut" ( à comparer au "n" de "an"

- l'absence d'article après "notre-dame" là où on attendrait "du".

  En somme, on lit littéralement Lan  m Vc  XXVII fut : foude la chapele nre dae roc

- enfin, un signe dont j'ignore le nom, mais dont la fonction manifeste est celle d'un séparateur de mot, situé entre le mot "fut" et le mot "fondée".

  Ce signe est retrouvé avec la même fonction sur une pierre de kersantite à l'entrée du porche de l'Eglise Saint-Sauveur au Faou : elle a été sculptée en 1593, dans un style calligraphique gothique plus tardif, plus fin, exubérant, "flamboyant", mais ce signe séparateur de mot est retrouver, comme à Camaret, entre les mots "fut"; et "fondé", mais aussi entre les autres mots, avant d'être remplacé par le deux-points.


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(L'an  1593 fut faite cette porche ?)

J'en conclue que ce signe est une forme élaborée du deux-points, où les deux points sont réunis par une accolade barrée.

  L'histoire du deux-points est passionnante : je renvoie à :http://www.lexpress.fr/culture/deux-points-et-guillemets-le-proces-verbal_779087.html

  Si nous continuons à observer les inscriptions de l'extérieur de la chapelle, nous trouvons, aux deux angles de la façade nord, deux prénoms gravés : LOUIS à l'est, LEON à l'ouest ; je les considère comme des graffitis anciens (début XIXe ?).

camaret 2618cDSCN9973

 

 


  Il faut lever les yeux pour découvrir, à la base du clocher, les inscriptions qui rythment l'édification de la chapelle de 1610-1683 :

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  L'inscription lapidaire supérieure comporte son lot d'abréviations et de mystères. On la déchiffre comme indiquant les noms du recteur, Alain Keraudren, inscrit dans les archives comme recteur de 1671 à 1713, du curé (c'est-à-dire le vicaire) I  Daniel, et du fabricien, Y (?) Palud, tous en fonction en 1683. Le Mre initial est est celui de Messire.

 Soit : Messire A(lain) Keraudren : Recteur, I : Daniel Curé 1688 I : Palud : F (abricien)

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  Je rappelle que les paroisses bretonnes sont dirigées par un recteur (du latin recta, "droit") et non par un curé. Je rappelle aussi qu'à la fin du Moyen-Âge et à la Renaissance, la paroisse est gérée pour ce qui concerne sa "fabrique", c'est-à-dire l'ensemble des biens qu'elle  possède (les fonds et revenus affectés à l'entretien, l'argenterie,, les luminaires, les ornements) par un ou plusieurs fabriciens. Le fabricien est choisi parmi les notables ou les personnes les plus recommandables et les plus fiables, c'est une charge et un honneur qui fait de son titulaire un personnage très important , et sans-doute le maître d'oeuvre de la construction d'une église.

En dessous (et donc avant), on trouve l'inscription 1657, et celle, à demi effacée  où j'ai cru déchiffrer N LE NESC, FAB(ricien).

  On remarque :

- l'abréviation en deux signes (v e ?) après la première lettre M : est-ce celle de Messire ?

- l'usage du deux-points comme signe séparateur.

- la curieuse abréviation de A.KERAUDREN avec un K dans l'A.

- la lettre V à la place de notre U, très commune en épigraphie.

- l'inversion systématique de la lettre N  en ce qu'il convient de nommer un N rétrograde, tracée comme on l'écrirait dans une écriture de la droite vers la gauche. J'y reviendrai.

 

Il nous reste à pénétrer dans la chapelle où deux autres inscriptions nous attendent, l'une entre les deux premières travées du mur nord( 1647), l'autre entre les deux premières travées du mur sud (1648):

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  Celle de 1647 se lit comme M:JO:KAV:R, soit Messire Joseph Keraudren, Recteur, conforme aux archives mentionnant ce recteur de Camaret entre 1640 et 1649.

En dessous on lit HE.TORREC.F, correspondant à Hervé Torrec, Fabricien 1647.

En dessus de 1648 on lit sur une pierre en trois fragments HERVE TORREC  F, qui désigne le même personnage.

  La famille Torrec est une famille de fabriciens bien connue à Camaret. Le patronyme signifie en breton "ventru, pansu". Après cet Hervé Torrec, c'est la famille Torrec de Basse-Maison qui joua un rôle important dans la paroisse de Camaret. De cette famille de négociants, armateurs et propriétaires de biens sur Camaret ou Crozon, on connaît   Jean Torrec de Basse-Maison fut collecteur d'impôt en 1710 ; son fils Joseph (1694-1775) est celui qui fit construire en 1630 deux maisons qui existent encore au 43 rue de Dixmude et au 11 rue de Reims. Il est signalé comme bienfaiteur de l'église  de St Rémi.

   Ils contrôlaient tout ou partie de la filière de la pêche à la sardine, disposant d'entrepôts de rogue et de presses à sardines. Tout le quartier du Notic à Camaret était encore consacré, au XIXè siècle, à ce commerce et sur 80 maisons, 66 disposaient de magasins consacrés à cette pêche et au négoce, générant tant de résidus d'huile, d'écailles et de déchets qu'il fallut paver les rues, certainement en pavé de l'île Longue.

 

   Dans les rues de Camaret :

  Je me rends donc rue Dixmude pour voir cette maison :


 DSCN9943

La plaque murale porte une croix avec l'inscription IN HOC SIGNO VINCES, Sous ce signe tu vaincs. On sait qu'il s'agit de la devise de Constantin Ier, qui   a choisi la phrase grecque « εν τούτῳ νίκα »  après avoir une vision du chrisme () dans le ciel un peu avant la bataille du pont Milvius de 312.

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Il faut imaginer qu'au XVII et XVIIIè siècle la rue de Reims ou la rue de Dixmude se trouvaient en front de mer ; les patron de pêche construisaient leur maison avec un entrepot et des magasins au rez de chaussée (la tablette se voit encore parfois où on disposait le poisson à vendre), d'autres créaient au dessus une ouverture vers un local où étaient saisis les agrés et les avirons, les filets séchaient accrochés aux murs par des crochets, parfois les bateaux pouvaient accoster directement contre un escalier dont le plus haut degré correspondait aux marées d'équinoxe. Je parcoure donc le quartier à la recherche de ces témoignages parmi les rues jadis juste assez larges pour faire rouler les fûts de rogue:

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  Ici, la pierre taillée mentionne : 1691 .

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Les N rétrogrades de la chapelle de Rocamadour :


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 Ce n'est pas que sur le clocher de la chapelle de Camaret que la lettre N des inscriptions est inversée en sa lettre rétrograde, et des curieux d'ésotérisme en ont retrouvé de nombreux exemples, sur les titulus Crucis pour l'inscription INRI, ou sur des lames de tarot (le Pendu et la Roue de la Fortune) ou dans beaucoup d'inscriptions. L'interrogation d'un moteur de recherche en signale la constatation sur un cachet d'oculiste galloromain, sur la légende ANS d'une pièce, sur les estampilles de potiers belges ou de Champagne ("quelques lettres sont inscrites de manière rétrograde, en particulier les lettres N et S "), sur la marque de potier AMIN d'une céramique sigillée hispanique de Belo, sur la marque de potier gallo-romain  VICANUS FE à Saint Bonnet, sur une autre poterie antique signalée par Théophile Apert, sur des amphores gallo-romaines, ... On remarque :

-la fréquence de ce N sinistroverse chez les potiers.

- Le caractère néanmoins rare et remarquable, car toujours signalé par les paléographes

- la possibilité de plusieurs inscriptions "correctes" du même mot accompagnant une inscription à N rétrograde.

- De même, si j'examine l'oeuvre d'Antoniello de Messine (1430-1479), je découvre un N rétrograde dans l'inscription INRI qui figure au dessous de l'Ecce Homo de Nex York ( Collection privée, catalogue exposition 2006 à Rome au Quirinale, p. 139). Mais sur ses crucifixions, le Titulus Crucis porte l'inscription INRI avec un N orthodoxe ! ( Crucifixion, Musée National Brukenthal, Sibiu, Roumanie ; Crucifixion avec la Vierge éplorée et Saint Jean, National Gallery, Londres ; Crucifixion entre les larrons d'Anvers ).



  Il est curieux de constater que cette inversion concerne seulement, ou essentiellement la lettre N, la même lettre qui fait l'objet d'une omission scripturale par le moyen du titulus. Y aurait-il eu une croyance en un pouvoir maléfique de la lettre N , telle qu'on refuse de la voir figurer sur des batiments religieux? C'est ridicule, certes, mais pas d'avantage que la superstition des marins qui évitent le mot "lapin" à bord d'un navire, superstition aux effets bien réels. 

  La croyance dans le symbolisme des lettres de l'alphabet a toujours été active, si bien que St Augustin a cru bon de la dénoncer. Je peux relever certains éléments, mais je n'ai pas retrouvé d'argument franc pour soutenir la thèse d'une suspicion médiévale à l'égard de la lettre N.

   • L'origine reconnue de notre lettre N est le hiéroglyphe égyptien à forme de serpent, et il serait facile de penser que, dés lors, la lettre a pu être considérée comme liée au serpent satanique qui séduisit Eve, et donc assimilée au Péché.  De ce hiéroglyphe dérive le num phénicien, le nu grec, 13ème lettre de l'alphabet grec, puis le N étrusque, et enfin le N latin, 14ème lettre d'un alphabet de 26 lettres. Le N est, avec le M qui est treizième, les deux lettres médianes, et il se forme ainsi un couple M/N sur lequel on peut épiloguer en y voyant l'antagonisme AIME/HAINE. 

   • Ce qui est certain, c'est  le pouvoir sacré des lettres de l'alphabet, qui sont considérées comme étant d'inspiration divine (dans toutes les religions il y a un dieu qui donne à l'humanité l'écriture, c'est Thot chez les égyptiens, Hermes/Hermes trigémiste chez les grecs). Lors de la dédicace des églises catholiques, on trace avec de la cendre une grande croix en diagonale sur le sol et l'évêque y trace de son bâton pastoral les lettres de l'alphabet sur une branche de la croix, puis un deuxième sur l'autre branche. On ne peut manquer d'observer que ces branches se croisent sur les lettres M et N.

   Néanmoins,  l'absence de cette particularité dans les psautiers et manuscrits monastiques que j'ai consultés est un argument important contre une utilisation apotropaïque du N rétrograde et contre une valeur pécamineuse du N, et mon opinion provisoire est d'y voir un mode d'écriture propre à une corporation (les tailleurs de pierre, cf les potiers) sans but ésotérique, et sans que cela ait été demandé par les commanditaires.

  Cela reste une curiosité toujours amusante à détecter.

Un autre N rétrograde Place Saint Rémi :

  En cherchant, je finis par découvrir devant l'église Saint-Rémi une belle maison, que je pris d'abord pour l'ancien  presbytère (mais celui-ci se trouvait à gauche de l'église).  Une carte-postale très connue la représente en 1901-1906, qualifiée de "la maison aux glycines" avec, juste devant elle, un langoustier en construction sur la place de l'église. C'est le chantier naval  Pierre Boënnec, qui devait conduire les navires qu'il construisait, sur un chariot, à travers les rues, jusqu'à la place Saint-Thomas puis la rue des Langoustiers avant d'atteindre le port. Pour cette raison, il revend en 1913 ce terrain et achète l'ancien chantier de Michel Provost au Styvel, qui dispose d'une cale de lancement.

 

  

DSCN9972


  Elle porte l'inscription suivante qui offre deux beaux N rétrogrades:


 

 DSCN9958c

 

  Je déchiffre cela difficilement : A.TEPHANI L.K(er) DRU.LAN 1670, si je considère que l'avant-dernier chiffre est un 7 rétrograde. ou 1650 sinon.

   L'anthroponyme Téphany est courant à Camaret. L'annuaire en mentionne 17 sur la commune, on en dénombrerait 64 en Finistère, 45 en Ille-et-Vilaine, 55 dans le Nord. C'est, avec les Drévillon et les Cornec, l'un des noms les plus fréquents de pêcheurs camarétois de jadis, et on peut citer :

"Noble-homme Jean Tephany, du port de Camaret, cy-devant bienfaiteur de la sus-dite église, qui a fait offre de payer de nouveau tout le maçonnage de la sacristie du coté de Midy et de payer un reconnaissance de cinq sols par an, à la Saint-Michel, moyennant qu'on lui accorde une place de cinq pieds en quarré, en bas et à l'entrée de la chapelle du Nort de la sus-dite église, et étant présent a accépté, s'y est obligé et a signé" (délibération du 26 août 1740, in Notice sur Camaret du BDHA de 1904)

- François Téphany, Maître-voilier à Camaret nè le 18 novembre 1791,

- Bertrand Téphany, procureur et ancien procureur térrien de la paroisse (Arch. départ. Finist. séries A et B, 1889)

- François Téphany, patron de pêche,

- le chanoine François-Auguste Téphany (1857-?)

- le chanoine et doyen de Chapître de Quimper Joseph-Marie Téphany, auteur de Camaret-sur-Mer, courte notice, 1902 et de Camaret-sur-Mer, le registre Communal pendant la révolution, 1906.

- Jean Téphany, matelot, bléssé le 26 octobre 1917, cité au J.O,

- Louis-Auguste Téphany, qui a donné son nom au Quai Téphany actuel.

  Mais je n'ai pas retrouvé de A. Téphany ou Téphani en 1620, 1650 ou 1670.

Il reste à élucider les lettres L K DRV qui peuvent être comprises comme L(ouis) KERDRU ; mais mes recherches n'ont pas abouti.

  La date de 1670 étant proche de celle de la chapelle de Rocamadour (1683), on peut imaginer que c'est le même sculpteur qui est responsable des deux inscriptions, dont le style est proche..

 

Visite de l'Église Saint Rémi à Camaret :

 

   Puisque mon flair m'a guidé Place Saint-Remi devant l'Église, je me dois d'y pénétrer : J'y découvre les vitraux racontant le valeureux combat de Trez Rouz, où les anglais ont été boutés hors de la Rade :

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Ils ont été conçu par Eugène dit Jim Sévellec (1897-1971), peintre de la Marine, Faïencier pour Henriot, dont on peut penser qu'il aurait préféré que le buffet d'orgues soit placé ailleurs.

  Toute la décoration est résolument marine :

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La décoration  est tellement dédiée à la pêche et aux marins qu'en admirant un ange musicien, j'ai d'abord cru qu'il s'agissait d'un marin avec son bonnet à pompon :

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Mais je ne suis pas au bout de mes surprises, puisque je découvre une statue d'un vieux

pêcheur de homard :

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C'est Saint Riok, le saint ermite local, qui vécût en ermitage pendant 41 ans dans une grotte située...lisons plutôt, car l'occasion ne nous en est pas donnée tous les jours, Albert le Grand : Quoi, Albertus Magnus, l'évêque de Ratisbonne, le dominicain dont l'opera omnia rivalise avec celle d'Aristote ? Non, mais le frère Albert le Grand de Morlaix, profès du couvent de Rennes, dominicain du XVIè siècle dont la Vie des saints de la Bretagne-Occidentale est parue, à Brest et à Paris, en 1837 :

   " Vie de Saint Riok, anachorète et confesseur, le 12 février:

[...]

Il était lors agé de 15 ou 16 ans ou environ, et ayant vendu tout ce dont il pouvait disposer en donnant l'argent aux pauvres. Il choisit pour sa retraite un rocher dans la mer à la côte de Cornouailles, vers l'embouchure de la Baye ou Golfe de Brest, au rivage de la paroisse de Kamelet, lieu entiérement désert et écarté, ceint de la mer en toute part, fort en basse marée qu'on en peut sortir et venir en terre ferme.

VII. Il entra en cette affreuse solitude en l'an de salut 352 et y demeura 41 ans, tout le temps que Conan Meriadek conquit et subjuga les Armoriques jusqu'au régne du roi Grallon, lequel donna le gouvernement du comté du Léon à Fragan. Iceluy étant venu résider en son gouvernement amena son fils Saint Guénolé, lequel ayant entendu parler de l'Hermite Saint Riok l'alla voir en sa grotte et l'ayant salué appris de lui qu'il y avait quarante et un ans qu'il faisait pénitence en ce lieu, se soutenant d'herbes et de petits poissons qu'il prenait sur le sable en son rocher, son origine et extraction, et toutes les autres particularités de sa vie, quend il monta sur ce rocher, il était vêtu d'une simple soutane,laquelle étant usée par longueur de temps, Dieu lui couvrit le corps d'une certaine mousse roussâtre, laquelle le garantissait de l'injure du temps.

VIII. Saint Guénolé ayant ouï le récit de ces merveilles, fut tout étonné, et en rendit grâce à Dieu; et voyant Saint Riok vieil et cassé d'austérités et macérations, il le pria de venir avec lui en son monastère de Land Tévennec, à quoi il s'accorda. Saint Guénolé lui donna l'habit de son ordre, et chose bien remarquable que sa peau fut trouvée aussi blanche et nette que si elle eut  toujours été couverte de fin lin et de soie" .




Pour finir, une image prise à l'intérieur de la chapelle Notre Dame du Roc de cette Pierre de Logonna,  cette microdiorite du Roz dont les cernes subconcentriques se révèlent, ici plus encore qu'ailleurs, comme une figuration ondoyante des mouvements de la mer bretonne.

 


camaret 2633cc

 

Liens :

Chanoines Jean-Marie Abgrall et Paul Peyron, Notice sur la paroisse de Camaret, Bulletin de la commission diocésaine d'Histoire et d'Archéologie de Quimper, 4ème année, 1904, pp.282-297.

Notice plus récente(après 1984) sur Catholique-quimper.cef

www.crozon-bretagne.com, chapelle de Rocamadour

www.crozon-bretagne.com, église Saint-Rémi.

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Published by jean-yves cordier
1 avril 2013 1 01 /04 /avril /2013 17:43

                 

                  Ophrys sphegodes,

            l'Ophrys araignée à La Palue (Crozon).

 

                                                 Tous mes remerciements vont à Michel David, président de la section locale de Bretagne Vivante.

 

 

Cet article est un élément de l'article principal  Orchidées sauvages de la Presqu'Île de Crozon.

  Selon l'excellent guide Les orchidées en Presqu'île de Crozon de Paule et André Rageot, l'Ophrys sphegodes est la première que l'on puisse observer en Presqu'île, de la fin mars à avril. Une station de la Palue est régulièrement suivie et, cette année, on y comptait sept à huit pieds : c'est dire la fragilité de cette implantation dans un site extrêmement apprécié des surfeurs ou des randonneurs, et menacé par embroussaillement de parcelles, privées ou publiques, jadis cultivées et donc entretenues, mais qui sont vite envahies aujourd'hui par l'ajonc, le prunus ou le saule.

 Les conditions ont été éprouvantes pour les plantes cet hiver et en ce début de printemps où les températures matinales étaient proches de 2°C. Aussi des rosettes prometteuses ont vu leur floraison grillée par le gel.

  Les images que je donne sont celles des deux fleurs "présentables" dans ces conditions, et on trouvera ailleurs des images de spécimens aux tiges et feuilles moins pâles.


                               ophrys-sphegodes 3931cc

 

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                           ophrys-sphegodes 3925c

 

 

 

Onomastique botanique, ou "phytonymie".

1. Noms vernaculaires;

  Cette orchidée porte plusieurs noms vernaculaires : Ophrys araignée, Ophrys guêpe, Oiseau-coquet. On sait que les ophrys se caractérisent par leur mode de pollinisation qui fait appel aux hyménoptères : leur labelle imite par mimétisme le corps d'une femelle, et la plante émet des substances odorantes proche des phéromones émises par les femelles*, les mâles sont attirés et se livrent à des pseudocopulations pendant que l'ophrys leur colle deux sacs polliniques avec la mission de les livrer à la plante voisine. L'insecte n'obtient même pas sa petite récompense, comme avec d'autres fleurs qui les gratifient d'un demi-verre de nectar. Ici, même pas un pourboire, et l'Ophrys sphegodes est ainsi classée dans les "fleurs trompeuses". Les mâles sont même doublement trompés, "doubly duped mâles"

* en l'occurence, une femelle de nigroaenea Andrena

  Dans le cas d'Ophrys sphegodes, il s'agit d'andrènes, différentes selon les stations : Andrena barbilabris en Morbihan, Côtes d'Armor et Ille-et-Vilaine, Andrena thoracica en Finistère. En 2009, François Seité est venu à Crozon photographier et filmé sur la petite station de la Palue la pseudocopulation dans de passionnantes images.

 

  Si les mâles sont les nigauds de cette farce sexuelle, le curieux de nature à qui on va parler de cette orchidée va être, lui le benêt de ce nom vernaculaire d' Ophrys araignée s'il imagine que cette orchidée a été ainsi nommée en raison d'un mimétisme avec l'araignée : quel est le savant qui lui attribua un tel nom, alors qu'aucune araignée ne se confond avec le labelle de cette plante ? Ce nom vernaculaire est inspiré par l'un des synonymes du nom scientifique admis, le nom inventé par Hudson d'Ophrys aranifera, du grec araneus, "araignée", et -fero, "je porte", les anciens ayant trouvé quelque ressemblance avec leurs araignées et le labelle.

  En somme, seul notre Ophrys guêpe est judicieux (les Andrènes sont des guêpes solitaires), mais il ne s'est pas imposé.

 Avant de revenir au nom scientifique examinons le dernier nom, celui d'Oiseau-coquet. Il est attesté en 1862 par Pierre Charles Marie de Pouzolz, en 1884 à Nîmes où on l'attribue à O. scolopax. Ce nom m'intrigue, mais j'en trouve une explication des Statistique du Département du Var, de N. Noyon, Draguignan 1846 page 78 : sa fleur "représente un petit oiseau se regardant dans un miroir".

 

Dans les autres langues elle est nommée Early Spider Orchid (G.B), Spinnenblumme (D) Groβe Spinnen-Ragwurz (D), Spinnenorchis (Nederlands) Calabrone (I), Ofride verde-bruna (I), Ofride ragnu (Corse),  primeras orquídeas araña (E).

2. Noms scientifiques

L'origine du nom de genre, Ophrys, est souvent rappelée, en évoquant Pline l'Ancien, expliquant que c'est lui qui rapproche le nom de cette plante et le mot grec qui signifie "sourcil". Mais ce dernier, dans le Tome second, Livre XXVI chap. XCIII de son Histoire Naturelle, n'écrit que : "La lysimachia rend les cheveux blonds ; l'hypericon, nommé aussi corion, les rends noirs ; de même l'ophrys, qui ressemble au chou dentelé, et qui n'a que deux feuilles". Ce n'est que plus tard qu'on écrivit (Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle) que "l'ophrys sert à teindre les cheveux en noir, et probablement les sourcils, lesquels s'appellent sourcils en grecs;3

    Le nom actuellement admis est Ophris sphegodes Mill., 1768. L'écossais Philip Miller ( 1691-1771)  était jardinier-chef du jardin botanique de Chelsea, et surintendant du Jardin des Apothicaires.  cette orchidée est décrite dans la huitième édition de son Dictionnaire, celle dans laquelle il accepta d'utiliser la taxinomie linnéenne, à l'article OPHRYS, entre OPHIOGLOSSUM et OPUNTIA :  The Gardeners dictionary, containing the methods of cultivating and improving the kitchen, fruit and flower garden, as also the physick garden, wilderness, conservatory and vineyard ,deux volumes, C. Rivington, Londres.

  L'épithète sphegodes vient du grec sphex, "guêpe" ; La comparaison intervient dans la description en latin, que Miller traduit ensuite en anglais : «orchis sive testiculus sphegodes hirsuto flore, Humble Bee* satyrien with green winds"», néanmoins d'une part "Humble bee" signifie "bourdon", et d'autre part dans son texte Miller compare l'ensemble de la fleur à un moucheron  "...a loose spike of herbaceous flowers resembling gnats, composed of five petals...".

* Humble bee est l'ancien nom de Bumble bee.

 Dix ans plus tard, en 1778, William Hudson décrivit dans sa Flora anglica ? la même plante sous le nouveau nom d'Ophrys aranifera, l'Ophris porte-araignée. Ce fut longtemps le nom en usage avant que Camus & Camus, en 1929, ne souligne l'antériorité de la description de Miller, et que Soó ne l'utilise en 1959. (Voir : http://www.orchideurope.be/publicat/1907NS06.htm).

Synonymes :

crucigera Ophrys 
Ophrys fuchsii 
fucifera Ophrys 
Ophrys galeopsidea 
pseudaranifera Ophrys 
Ophrys vindelica  

 


 

 


 

 

 

 

Liens:

Site Les Orchidees-Ouest de François Seité et Brigitte Lorella, site qui appartient au site Nature-Bretagne.


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Published by jean-yves cordier
31 mars 2013 7 31 /03 /mars /2013 20:54

 

              L'Abeille Bourbon

          en mouillage d'attente à Camaret.

 

 Rock Amadour par Gérard Blanchard

   L'abeille Bourbon est un RIAS, Remorqueur d'Intervention, d'Assistance et de Sauvetage, un navire de 80 mètres de long qui a succédé en 2005 à l'Abeille Flandre. Il est à la disposition du Préfet Maritime via le Centre Opérationnel de la Marine et doit, à tout moment, pouvoir appareillé du Quai Commandant-Malbert à Brest en 40 minutes pour intervenir dans la zone des 80 milles.

  Selon la force du vent enregistré à l'anémomètre du Stiff à Ouessant, il se "pré-positionne" dés que le vent dépasse 25 nœuds (46,3 km/h) dans la rade de Bertheaume ou devant Camaret, selon la direction du vent.

  Si le vent dépasse 30 nœuds (55,5 km/h) , il se pré-positionne à Ouessant.

   Aujourd'hui, jour de Pâques glacial, le vent moyen de SE  était à la station du Stiff de 43 km/h, mais il avait atteint 58 km/h à 9h UTC. Les promeneurs découvraient donc, en déambulant sur le sillon vers la chapelle de Rocamadour et la Tour Vauban, la silhouette, barrée de l'écharpe tricolore, du grand navire. 

 

abeille-bourbon 6991c

 

 


abeille-bourbon 6995c

 

  Douze personnes à bord sur ce remorqueur de 16,50 m de large et 6 m de tirant d'eau, capable d'accueillir 300 personnes dans son local de repos des rescapés, et dont la vitesse peut atteindre 19,5 nœuds par mer belle. 

 

abeille-bourbon 6994c

 

 

  Puisque j'y étais, sur les quais, j'ai essayé de vous trouver une photo bien marine à vous offrir en bonus ; la voilà, ma carte postale ; Bons souvenirs de Camaret !

voilier-sur-le-quai 6993c

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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