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13 mai 2013 1 13 /05 /mai /2013 12:04

             

         Le vitrail de l'Arbre de Jessé

    de l'église de Moncontour (22).

 

 

XVIe siècle
Classé Monument Historique en 1890.

  Est-ce parce qu'il a été "trop bien" restauré ? Ou parce qu'il ne m'a réservé aucune surprise, aucune énigme, avec ses treize rois parfaitement comptés, ses deux prophètes à leur place en faction autour de son Jessé bien endormi, sa Vierge sage ? Je n'ai pas eu le coup de foudre.

 Cela ne fait rien, il vient s'ajouter à ma série des Arbres de Jessé bretons sur la liste récapitulée ici :  Le vitrail de l'arbre de Jessé à Férel (56).

      Il occupe la baie 4, du coté sud, et mesure 5 mètres de haut sur 1,90 m de large. Il se compose de trois lancettes, celle du centre montant jusqu'au sommet de la baie où elle est encadrée de deux écoinçons.

      Daté par estimation des années 1530-1540, il a été restauré en 1891-1893 par l'atelier Bonnot de Paris avec reconstitution de remplage, les meneaux ayant disparu.

 

                          vitrail-arbre-jesse 6557c

      I. Registre inférieur.

 

 vitrail-arbre-jesse 6561c

 

Panneau Ia, le prophète Jérémie.

Inscription suscitabo david germen justum, citation de Jérémie 23,5 : Ecce dies veniunt, dixit Dominus, suscitabo david germen justum : "Le temps vient, dit le Seigneur, où je susciterai à David une race juste : un roi régnera qui sera sage, qui régnera selon l'équité, et qui rendra la justice sur la terre".

Le panneau est moderne, mais il reprend le carrelage en damier noir et blanc, la tenture rouge et la posture de désignation par l'index du panneau 1c.

 .

                        vitrail-arbre-jesse 6574c

 

Panneau 1b : Jessé endormi.

 

Jessé est assis sur un banc blanc avec un ornement d'or devant une draperie rouge tendue en dais depuis le panneau 2b. Le registre du dessus permet de découvrir que deux angelots sont accoudés sur cette tenture, comme pour découvrir le spectacle tout en retroussant l'étoffe.

  Jessé est vêtu d'un manteau damassé d'or, d'une tunique verte laissant apparaître les manches violettes, dont celle de droite montre un revers bleu clair sur le poignet. Il est coiffé d'un turban violet. Un coussin de velours rouge se termine par deux glands à franges bleus.

  Le tronc de l'Arbre, sous forme d'une masse grisâtre, sort de la partie basse de sa poitrine.

                                 vitrail-arbre-jesse 6562xc

 

Panneau 1c : Isaïe.

Le bas du panneau a été refait entièrement, ainsi que la tête du prophète.

Un phylactère énonce la citation fondatrice des Arbres de Jessé, Et flos de radice ejus ascendet. “Un rameau sortira du tronc de Jessé, et de ses racines, un rejeton poussera”

 vitrail-arbre-jesse 3874c

    II.  Registre intermédiaire inférieur.


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Panneau 2a. David

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Panneau 2b. Le roi Salomon.

Il est entièrement moderne, couronné comme un roi de France, doté d'un sceptre, d'un collier évoquant celui d'un Ordre royal. Je le nomme Salomon par présomption.

                         vitrail-arbre-jesse 6571c

 

Panneau 2c.

 L'élement remarquable est l'emploi de verre rouge gravé. 

          vitrail-arbre-jesse 6572c

 


III. Registre intermédiaire supérieur.

        Je renonce à décrire chaque panneau : l'arbre porte au total treize rois de Juda, dont seul David est identifiable, qui portent tous la couronne, tous (sauf David) le sceptre, dont trois sont imberbes, dont un est assis, six debout et cinq en "chevalier servant". Les rois de la colonne centrale nous font face, les autres sont tournés vers l'axe médian, et la plupart semblent saluer, ou désigner de la main ou du sceptre, la Vierge et son Fils. Leurs vêtements et aspects rassemblent des caractères de rois hébraïques (longs manteaux et longues barbes, turbans) et ceux des costumes des nobles de la Renaissance (chausses, barbes taillées, bottes ou chaussons à crevés, camail d'hermine, etc...).

 L'arborescence en rinceaux tracés au compas prend des allures de sculptures de pierre, dont les feuilles servent de support à des bases de colonne où les rois prennent place.

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Panneau 3a. Un roi.

                             vitrail-arbre-jesse-3883c.jpg


Panneau 3 b. Deux rois. 

 

 


Panneau 3c. Un roi.

 

 


IV. registre supérieur.


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 Panneau 4a, deux rois.

Emploi de verre rouge gravé pour le roi supérieur.

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Panneau 4b, deux rois.

 

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panneau 4c, deux rois.

 vitrail-arbre-jesse-6568cc.jpg

V. Faux tympan.

Il est formé par le dernier panneau de la lancette médiane et de deux écoinçons.


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Panneau central, La Vierge.

Vierge à l'Enfant (très restaurée), couronnée et nimbée, en robe vieux-rose et manteau bleu, se détachant sur un réseau de rayons de lumière blanche. L'Enfant tend la main gauche vers une colombe.

Les écoinçons sont modernes.


Liens et Sources.

René Couffon, Contribution à l'étude des verrières anciennes du département des Côtes-du-Nord

  mémoires de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord. 1936, pages 100 à 121

 http://bibnum.enc.sorbonne.fr/gsdl/collect/tap/archives//HASH014a/bb4393a0.dir/0000005422685.pdf 

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Published by jean-yves cordier
12 mai 2013 7 12 /05 /mai /2013 22:10

 

            Le vitrail de l'arbre de Jessé

      de l'église Saint-Gilles à Malestroit.

 

 

 

 

  Ce vitrail se situe sur la baie 12 ou tympan du portail sud et date de 1530-1540. il se compose de quatre lancettes d'un tympan à trois ajours, et de quatre écoinçons. Un registre inférieur regroupe  quatre lancettes recevant chacune des groupes de deux rois, série qui se poursuit au registre supérieure où l'élement central superpose aux deux rois la Vierge et l'Enfant. Hauteur 2,50 m - Largeur 3,10 m.

  Classé aux Monuments historiques en 1912, il a été restauré en 2012

  Cet arbre de Jessé diffère donc des autres vitraux bretons du même thème par sa disposition, plus horizontale ici, alors qu'on retrouve habituellement un étagement en arbre à partir du trio Isaïe/Jessé/Jérémie à la base.

  Il différe aussi par les personnages mentionnés, qui sont Abraham, Joatham, Oziam et Joram, deux personnages sans nom (Jessé), Manessen et Ezechias, Azor et Ozeas, David et Ozias, Asa et Ezéchias. On sait que les vitraux de la généalogie du Christ, dit "arbres de Jessé", sont une illustration de l'incipit de l'évangile de Matthieu : ce dernier cite trois séries de noms des ancêtres de Jésus : 

— D'Abraham à David = quatorze noms.:

Abraham - Isaac - Jacob - Juda - Pharès - Esrom - Aram - Aminadab - Nachschon ou Naasson - Salmôn - Booz - Obed - Jessé - David -

— De Salomon à Jéconiah : quatorze noms des rois de Juda

Salomon - Roboam - Abia - Asa - Josaphat - Joram -Osias - Jotham - Achaz - Ézéchias - Manassé -

 Amon - Josias - Jeconiah.

— De Salathiel à Joseph : douze noms.

Salathiel - Zorobabel - Abioud - Eliaqim - Azor - Sadoq - Ahim - Elioud - Eléazar - Matthan - Jacob - Joseph 

       J'ai indiqué en gras les noms cités dans ce vitrail ; alors que les arbres de Jessé bretons citent le plus souvent exclusivement les rois de Juda, celui-ci puise dans les trois séries de nom. Erreur lors d'une restauration ? Fantaisie  du verrier ? réelle réflexion théologique ? On remarquera que "Abraham" est représenté couronné, incongrüité qui pourrait indiquer une mauvaise lecture d'un restaurateur pour Roboam, par exemple. La logique voudrait que, si le programme décide délibéremment de faire figurer Abraham, il soit placé en premier, et sans-doute chenu avec la barbe la plus longue.

 

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Etude de bas en haut et de gauche à droite :

 

1. Abraham et Joatham

   Abraham est représenté en roi avec couronne et sceptre. Joatham tient un couteau. 

On remarque un paysage en grisaille dans le fond bleu et vert (collines, campagne et habitations).

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Idem, détail.

 

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2. Oziam et Joram.

Ces deux rois snt couronnés et barbus, l'un tient un sceptre ; 

Inscription "et verbum".

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Idem, détail.

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3.  Jessé et Salomon ??

 

Il semble que le restaurateur se soit efforcé de faire rentrer dans le puzzle deux têtes, deux sceptres, une jambe et des robes, comme il a pu. Sur le siège en pierre aux allures de cathèdre, on s'attend à voir Jessé, endormi ou rêvant: l'une des deux têtes lui appartient, celle qui s'appuie sur le poing droit, mais il ne devrait pas être couronné (père du roi David, il n'est lui-même qu'un éleveur de brebis de Béthléem).

Le deuxième personnage suspendue à la branche de l'arbre généalogique serait volontiers son fils David, si on ne retrouvait pas celui-ci à l'étage supérieur. Il reste donc Salomon, fils de David.

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4. Manassen et Ezechias.

  La lecture des noms semble claire, MANASSEN (pour Manassé, fils d'Ézechias) et ESECHIAZ (pour Ézechias, dixième successeur de David sur le trône de Juda).

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Idem, détail.

 

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5. Registre supérieur. Azor et Ozeas.

       Azor est, litteralement, en hébreu Azzuwr "celui qui aide". On trouve aussi dans la Bible Azar, "secours". Azor est, selon Matthieu, le fils d'Eliakim et le père de Sadok. Matthieu suit, dit-on, la généalogie du Premier Livre des Chroniques 1Ch3,10-24, mais Azor ne fait pas partie de cette liste. L'ancien Testament ignore Azor, mais cite 3 Assuwr, Azzour, dans Jérémie 28,1 ; Néhémie  10, 27  et Ezechiel 11,1.

  Il est donc impossible de trouver des renseignements biographiques sur ce personnage, et de comprendre ce qui a guidé le choix du concepteur du vitrail.

 Dans les années cinquante, on trouvait dans Jour de France la série de dessins humoristiques  "Azor par Coq" relatant les aventures d'un basset. J'indique aux experts cette piste de recherche.

 

  Ozeas est une forme d'Ozias, ou Osias, ou Azarias, dixième roi de Juda.

Au dessus de ces rois, les armoiries de gueules à neuf besants d'or 3, 3 et 3  des seigneurs de Malestroit. A l'époque de la datation présumée du vitrail (1530-1540), ce  seigneur  est Jean de Laval-Chateaubriant (1487-1543), baron de Malestroit et alors Gouverneur de Bretagne , mais ces armoiries étant restaurées et ne correspondant pas à celles d'origine, on ne peut certifier qu'il est le donataire du vitrail. 

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6. Vierge à l'Enfant.

inscription (Ave) MARIA GRATIA PLENA DOMINE sur le dais en forme de tente.

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7. David et Ozias.

  On identifie David à sa harpe. 

Ozias fait doublet avec Ozeas de l'étage sous-jacent. Comment expliquer ces incongruités, qui vont se poursuivre avec, dans la scène suivante, un deuxième Ezechias ? 

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8. Asa et Ezechias.


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9. Écoinçons.

  Deux anges musiciens encadrent la Vierge, tandis que deux autres, en adoration, sont ceints des paroles du Te Deum (Te deum laudamus pour l'un, Te dominum confitemur pour l'autre) 

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Sources et liens.

Topic-topos :http://fr.topic-topos.com/arbre-de-jesse-malestroit

Les vitraux de Bretagne, Françoise gatouillat et Michel Hérold, Presses Universitaires de Rennes 2005 pp303-304.

Cayot-Délandre, Le Morbihan, son histoire ses monuments, Vannes-Paris 1847 p. 296.

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Published by jean-yves cordier
12 mai 2013 7 12 /05 /mai /2013 22:08

 

 Les vitraux de l'église Saint-Armel de Ploërmel.

 

Voir : Le vitrail de l'Arbre de Jessé de l'église Saint-Armel de Ploërmel.

  Je n'ai pas pu photographier l'ensemble des verrières. Jusqu'au bombardement de la ville en juin 1944, l'église Saint-Armel possédait le décor vitré le plus important du Morbihan (Corpus Vitrearum, p. 311). Après ce bombardement, les vitraux jonchent le sol, bien que les tympans aient mieux résistés, et les fragments sont réunis dans des caisses grâce à la vigilance de Pierre Thomas-Lacroix. L'atelier Jacques Bony est chargé de la restauration entre 1955 et 1972. "Au terme de ces travaux, les parties anciennes paraissent diminuées. Certaines verrières ont pu être restaurées à leur emplacement antérieur à la guerre, d'autres, en moins bon état, ont été déplacées et mêlées, formant des verrières qui défient l'oeil des archéologues les plus avertis" (Corpus Vitrearum).

 Tout se passe comme si plusieurs boites de puzzle avaient été mélangées et que de nouvelles compositions en étaient sorties. Le donataire d'un vitrail est désormais séparé de l'épouse qui lui faisait face sur le prie-dieu. Les spécialistes nomment les fragments hétérogènes réunis en nouveaux motifs des "macédoines" : la description de ces verrières devient alors parfois fastidieuse, et l'amateur d'iconographie comparative peut rester déçu. 

Baie 1 : Verrière de la Passion, chapelle de Crévy.

   Haute de 4,50m et large de 2,50m, elle comporte 4 lancettes trilobées et un tympan de 13 mouchettes et 8 écoinçons. Réalisée vers 1480 pour la baie éclairant l'autel de la chapelle de Crévy située sur le bas-cotè nord du chœur, elle a subi au cours des siècles un certain nombre de transformations qui en font un ensemble composite. La Crucifixion, la Descente de Croix et le Saint Christophe datent c.1480, c'est-à-dire avant que la chute du clocher en 1508 n'impose une reconstruction de l'église.

   En 1602, la baie est largement restaurée, avec intégration des donateurs du registre inférieur, sans-doute Jean Rogier, seigneur de Crévy, sénéchal de Ploërmel en 1560, mort en 1593 et son épouse Hélène Josse, ou son fils François Rogier, sénéchal de Ploërmel en 1581, Président à mortier au Parlement de Bretagne, mort en 1625, époux d'Henriette de Kerveno morte en 1618. 

  Cette chapelle, construite vers 1598 et consacrée à Notre-Dame-de-Pitiè puis Notre-Dame-du-Rosaire, possédait le banc et l'enfeu des seigneurs de Crévy. Les armoiries des Rogier sont d'argent au greslier de sable, accompagné de cinq mouchetures d'hermines de sable, 2 en chef et 3 en pointe.

En 1912, le Marquis de Bellevue décrivait la verrière ainsi : "La fenêtre au-dessus de l'autel de la Vierge est garnie d'un vitrail, qui porte au bas la date de 1602. On y distingue des scènes de la Passion : le crucifiement, la descente de Croix, la Résurrection, les disciples d'Emmaüs, l'Apparition de Jésus en jardinier à Marie-Madeleine ; on y voit encore Marie-Madeleine avec son vase de parfum, sainte Barbe avec sa tour, saint Christophe traversant une rivière portant l'Enfant-Jésus sur ses épaules ; enfin, le donateur et la donatrice, agenouillés sur des prie-dieu au bas du vitrail et présentés par leurs patrons, saint Jean et sainte Hélène. Cette vitre porte deux écussons : celui de gauche est aux armes des Rogier ; celui de droite est mi-parti des armes des Rogier et de celles des Josse (d'azur à une fleur de lys d'argent, au chef échiqueté d'argent et de gueules). Le donateur et la donatrice sont donc : Jean Rogier, sgr. du Crévy, du Clyo, sénéchal de Ploërmel en 1560, mort en cette ville, en avril 1593, et sa femme, Hélène Josse, de la Morinais, en Montauban, père et mère de François Rogier, époux d'Henriette de Kerveno, qui dut faire exécuter ces deux verrières." (mis en ligne par le site Infobretagne)

  En 1923, l'atelier Tournel procède à une restauration et inscrit cette date sur les panneaux 1b et 1c.

  Après les bombardements de 1944, les verrières n'ayant pas été démontées et mises à l'abri, l'atelier Jacques Bony restaure le vitrail de 1956 à 1957 en introduisant des éléments modernes.

 


                vitre-1 4279c


      Registre inférieur.

  Il est daté de 160. ([1602] sur le panneau 1d.

— A gauche, panneau 1a, un donateur à genoux présenté par saint Jean-Baptiste et identifié à Jean Rogier. Inscription non déchiffrée (O..MISERIC ISAI ??). Tableau composite selon le Corpus Vitrearum, saint Jean-Baptiste datant c.1480 et le donateur c.1600

— Panneau 1b, Noli me tangere, c.1600, avec importante intervention moderne

— Panneau 1c apparition du Christ aux pélerins d'Emmaus, c.1600.

 — Panneau 1d, c1600, donatrice présentée par sainte Hélène, la mère de l'empereur Constantin, identifiable par sa croix puisqu'elle est connue pour l'invention de la Vraie Croix. On en déduit que la donatrice est Hélène Josse, épouse de Jean Rogier. Inscription non déchiffrée, O NIHI ME MEI??)

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      Registre intermédiaire.

— Panneau 2a montage autour d'un écu aux armes des Crevy, c.1600.

— Panneau 2b : Déposition de Croix, c.1480 (tête et tronc du Christ moderne).

— Panneau 2c, Résurrection, je note que parmi les quatre soldats romains endormis deux seuls portent le casque et la cuirasse, celui de droite porte la cuirasse mais un chapeau civil à turban, et ceklui de gauche est entièrement en tenue civile : la couleur jaune de la tunique et la forme conique du bonnet le désigne comme juif.

— Panneau 2d, composition moderne autour d'un écu armorié incomplet du XVIe siècle, blasonné d'azur à une fleur de lys d'argent, au chef échiqueté d'argent et de gueules par le marquis de Bellevue et attribué par lui à la famille Josse.

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Registre supérieur. 

— Panneau 3a sainte Marie-Madeleine portant son flacon de parfum, sur fond de damas d'or ; presque entièrement moderne.

— Panneau 3b Saint Christophe, c.1480, provenant d'une autre baie. L'Enfant-Jésus auréolé du nimbe radié tient le globe crucifère. Saint Christophe progresse entre les deux rives, dans un grand élan de son manteau rouge qui rappelle de Saint Christophe de Hans Memling à Bruges de 1484. Ici, le bâton se divise dans sa partie supérieure mais ne donne pas une pousse verte comme dans le tryptique de Memling.

— Panneau 3c Crucifixion, c.1480. L'élément remarquable (car inhabituel) en est ce personnage debout au premier plan, à coté de la Vierge éplorée : revêtu du manteau de pourpre et tenant un sceptre, coiffé d'une sorte de couronne, est-ce Pilate ? Ses cheveux longs et sa barbe lui donne un visage de Christ aux outrages.

— Panneau 3d : Sainte Barbe, "presqu'entièrement moderne (tête par jacques Bony)" selon le Vitrearum Corporeum. Les trois attributs de la sainte sont là : le livre témoignant de sa science des Écritures ; la palme du martyre ; et la tour aux trois fenêtres affichant la foi de la sainte dans le dogme trinitaire.

vitre-1 4281c

 

      Tympan.

Au sommet, le Christ bénissant est moderne ; sept anges musiciens l'entourent, dont deux sont restaurés. Je dénombre à gauche une harpe, un orgue (deux anges, dont l'un tient l'instrument), un chanteur déchiffrant une partition, et à droite un chanteur symétrique du précédent (à moins qu'il ne frappe avec un plectre sur un xylophone ?), une flûte à trois trous se jouant à une main alors que l'autre frappe un tambour, et un joueur de flûte (?).

Dans les deux mouchettes inférieures, autour de l'Ange de l'Annonciation et de la Vierge,quatre musiciens : à gauche luth et chalemie,   ; à droite harpe et chalemie.  

Voir :  Les vitraux de Bulat-Pestivien : les Anges Musiciens.


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Baie 11 : Verrière de la Pentecôte.

      Cette verrière de 5,20m de haut et 2,60m de large comporte quatre lancettes trilobées de cinq panneaux, et un tympan à six mouchettes, un soufflet et trois écoinçons. Elle résulte de la restauration des verrières effectuée après les bombardements de 1944 par l'atelier de Jacques Bony en 1969-70. Celui-ci a associé au vitrail d'origine d'autres éléments appartenant aux baies 3 (chapelle de Crécy), 9 et 13, et des éléments du XIXe siècle de la baie 8.  

                            vitre-3 4278c

       Je renonce à décrire les registres supérieurs, où apparaissent une paire de mains jointes, une paire de jambes, un saint moine en grisaille tenant une maquette d'église et une croix à double traverse, saint Pierre et sa clef, un saint-évêque et son fer à carder le chanvre ou la laine qui le désigne comme saint Blaise, etc... Dans la partie la plus haute, des éléments d'une Pentecôte se mélangent à ceux d'une Dormition de la Vierge à laquelle saint Pierre devait appartenir. Quel méli-mélo !

 Le tympan renferme principalement une Assomption de la Vierge datant du XVIe siécle, mais "confondue avec d'importants compléments de Jacques Bony sur le thème de la Pentecôte" (Corpus Vitrearum).

      Registre inférieur :

L'inscription la plus basse, MVc XXXIII MAI était autrefois dans la baie 13 et elle est rapportée ainsi  : l'an M.C.xxxxXXXIII (1533), Yvon Audran [ou ANDREU, ou AUDREN]a doné ceste vitre, Dieu luy pardoing [donnée par ROPARZ] . avec le commentaire de de Bellevue en 1912"On prétend que cette verrière avait été donnée, en expiation du meurtre de son frère, par Yves Audren, sgr. de Malleville et des Petits-Prés."

   L'inscription latine centrale du XIXe siècle provient de la Chapelle de Malville, dans le transept droit, où elle occupait la baie 8 ; elle était décrite ainsi par le marquis de Bellevue : "Cette chapelle était éclairée par trois fenêtres, qui ne portaient plus, en 1860, que des fragments de vitraux et des écussons [...]. Les vitraux existants ont été placés vers 1872. Celui de la fenêtre au-dessus de l'autel Sainte-Anne, au Sud, retrace des scènes de la vie de saint Gaëtan, et porte en bas les écussons de ses donateurs, le marquis Marc-Antoine de la Boëssière, châtelain de Malleville, époux de Françoise-Ghislaine de Thiennes, et leur fils Gaëtan, époux de Henriette de Lannoy. ."

 Je déchiffre ceci (on pardonnera mes erreurs de lecture) : 

  Avo ac patri Cajetasnus Marchio de la Boëssière  Thiennes cum conjugue Ludovicae comitibus de Lannoy : hanc fenestram variis distinctam coloribus sancto Cajetano Thien.Laeo sacram, ponendam curaverunt anno MDCCCLXXIIII, sesnos püs Ploërmeliensium precibus commendant() proenobili duci Marchioni de la Boëssière, districtus ad ora maritima septentrionalia olim militari praefecto, ad comitionationalia tera con civibus delecoptanec? non ejus filio Marco Antonia Marchioni de la Boëssière, socero ac conjugi Marchionissa de la Boëssière et comitibus de Thiennes.

  En attendant un latiniste, j'en traduis ces bribes : grand-père et père Gaétan Marquis de la Boëssière-Thiennes et son épouse Louise, comtesse de Lannoy cette fenêtre aux différentes couleurs distinctes saint Gaëtan de Thiene annèe 1874 ...marquis de la Boëssière,  ...Marc-Antoine Marquis de la Boëssière, ... épouse marquise de la Boëssière et comtesse de Thiennes.

 —Panneau 1a : Le personnage représenterait saint Yves. On se demande alors pourquoi il tient une trompe, et pourqoi il ressemble à un page. Sur ce panneau, les experts de l'Inventaire Général ont lu RESTAURÉ ET COMPLETÉ EN 1970 PAR JACQUES BONY.

Panneau 1d : un donateur est présenté par un saint aux jambes nues, et tenant une sorte de panier. Bizarre...


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Baie 17. 

Haute de 5 mètres et large de 1,80 mètres, elle se compose de trois lancettes trilobées et d'un tympan à trois soufflets et quatre écoinçons.

  Elle a été composée par Jacques Bony à partir du vitrail de la baie 3, celle qui accompagnait la baie 1 dans la chapelle de Crévy, et qui comportait cinq lancettes. On y retrouve donc la famille Rogier. François Fournier, marquis de Bellevue en donnait la description suivante en 1912 : "Celle au-dessus du tombeau des ducs est de la fin du XVIème siècle. La Trinité, entourée de la Cour céleste et d'anges tenant les instruments de la Passion, remplit le tympan de l'ogive. Au centre, la Cène occupe les cinq panneaux de la fenêtre. Au-dessous, sont trois écussons : celui du centre et celui de gauche portant les armoiries des Rogier (d'argent au greslier de sable, accompagné de cinq mouchetures d'hermines de sable, 2, 3) ; celui de droite est mi-parti : « au 1, de trois feuilles de chêne en pal (le Forestier) ; au 2, d'azur à dix (ou six) étoiles d'argent (de Kerveno) ». Au bas du vitrail sont représentés : le donateur, François Rogier, présenté par son patron, saint François, et la donatrice, Henriette de Kerveno, présentée par son patron, saint Henry, la jupe de sa robe est armoriée, mi-parti d'étoiles et d'hermines. Ces deux donateurs sont donc : François Rogier, sgr. du Crévy, de Quéheon, du Clyo, de la Villeneuve, conseiller du roi, sénéchal de Ploërmel en 1581, mort à Rennes en 1625, et sa femme, Henriette de Kerveno, veuve en première noces de Julien le Forestier, qu'il avait épousée en 1588 et qui fut inhumée, en 1618, dans le caveau de la chapelle du Crévy."

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      Registre inférieur.

— Panneau 1a ( c.1600, très restauré): Saint François présente un donateur que l'on rapproche de François Rogier de Crévy, sénéchal de Ploërmel. Un ange.

— Panneau 1b : Vierge de Pitié ; dans le fond, Golgotha en grisaille.

— Panneau 1c : poursuite du panneau 1b : saintes femmes et saint Jean. Sainte Madeleine au centre, coiffée d'un turban et portant les aromates.

Dans le coin inférieur gauche, fine inscription indiquant les dates relevées jadis dans la verrière : 1538, 1570, 1602, avec la signature de Jacques Bony.

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Registre intermédiaire :

Armoiries de François Rogier entourées des colliers de l'Ordre de Saint-Michel et du Saint-Esprit ; écu vide au milieu ; à droite, armoiries mi-parti Forestier / Kerveno d'Henriette de Kerveno épouse de François Rogier.

Registre supérieur :

La Cène. 

Tympan :

Macédoine avec diverses pièces anciennes

 

Baie 19. 

Haute de 4,50 mètres et large de 2mètres, la verrière se compose de deux lancettes cintrées et d'un tympan aux ajours en fleur de lys, mouchettes et écoinçons. Composée en 1971-72 par Jacques Bony à partir de divers vitraux, elle renferme des panneaux de la baie 3 (cf baie 17) mais aussi des baies 15, 11 et 13...


 

 

                    vitre-4 4287c

 

Registre inférieur.

Panneau 1a.

Nous retrouvons des fragments de la Dormition de la Vierge, dont on peut imaginer l'importance dans son état d'origine. 

                                vitre-4 4291c

 

Panneau 1b.

 Henriette de Kerveno présentée par un saint roi : cf la description du marquis de Bellevue pour la baie 3. Sa robe reprend les armoiries déjà décrites , celles d'azur aux étoiles d'argent des kerveno, celles de sable mouchetées d'hermines des Rogier. Comme pour son mari actuellement agenouillé bais 17, un ange s'associe à la présentation de la donatrice.

  Le roi serait saint Henri, c'est-à-dire Henri II du Saint-Empire.

                   vitre-4 4288c

Registres médian et supérieurs.

— A gauche et à droite , deux couples d'anges tiennent les instruments de la Passion : ils proviennent de la baie 3 de la chapelle de Crévy.

—  lancette gauche, registre supérieur : Trinité souffrante provenant de l'ajour supérieur de la baie 3.

— lancette droite,  registre supérieur : Résurrection venant du tympan de la baie 15.


  vitre-4 4292c     vitre-4 4290c

 

vitre-4 4286c

 

 


Vitraux modernes


      1. Saint Armel patron de Ploërmel, vitrail de Jacques Bony.

Meilleure image sur le site Gigapan.com.

Inscriptions: Gloriam in Excelcis Deo, Caritas, Justicia,, Pax Hominibus Bonnae voluntatis, Civitas Dei Civitas Hominum, Saint Armel Patron de Ploërmel, et la signature Jacques Bony 1956-1957.

Plus de 25 personnages.


 


                vitres-modernes 4293c

 


      2. Adam et Éve chassés du Paradis : Jacques Bony.

Vitrail signé Jacques Bony 1962. 

Meilleure image sur Gigapan.com 

                      vitres-modernes 4294c

 

 

Sources et liens.

— Françoise Gatouillat, Michel Hérold, Les Vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, Presses Universitaires de Rennes 2005 pp. 311-315.

— Site Infobretagne.com

— Notices de l'Inventaire Général sur culture.gouv.fr/public : 

Baie 1Baie 11, Baie 19, etc..;

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Published by jean-yves cordier
12 mai 2013 7 12 /05 /mai /2013 22:05

             

            Le vitrail de l'arbre de Jessé 

      de l'église Saint-Armel de Ploërmel :

           inspiré de la Biblia pauperum ?

 

 

      Voir la liste de l'ensemble des Arbres de Jessé étudiés sur ce blog en tête de l'article  Le vitrail de l'arbre de Jessé à Férel (56).

 


   Haute de 6,50m et large de 2,10m, cette verrière qui occupe la baie 12 (au sud) a été construite au milieu du XVIe siècle, puis restaurée et presque entièrement refaite par Antoine Lusson du Mans en 1868. Les parties anciennes sont estimées à 10%, dans les deux panneaux supérieurs de la lancette gauche ou, au centre, entre les pieds de la Vierge et le sommet du dais de Jessé : on retrouve des  verres anciens (2e quart 16e siècle) dans le dais.  En 1944, ce vitrail a été l'un des moins touchés de l'ensemble des verrières de l'église par les conséquences des bombardements , mais une  restauration a été effectuée en 1953 par Jacques Bony, puis une  nouvelle restauration a été réalisée en 1984 par l'atelier de Jean-Pierre Le Bihan de Quimper.

 Elle se compose de deux lancettes latérales de 9 panneaux et d'une lancette médiane de dix panneaux, couronnées par un tympan de 7 mouchettes.

L'arbre porte, outre la Vierge à l'Enfant, 20 personnages dont Jessé, Abraham, Isaac, "Jacob", deux autres prophètes, 15 rois,  et enfin 8 anges.

  Parmi les nombreux vitraux consacrés à Jessé et à son Arbre au XVIe siècle, celui-ci est remarquable à mes yeux par :

  • son premier registre consacré à Abraham et au sacrifice d'Isaac.
  • la présence de trois prophètes (dont Balaam).
  • son inscription sur le dais de Jessé, extraite de la "Bible des pauvres".
  • le nombre des rois (15), supérieur à douze. On trouve les noms de David, Salomon, Roboam, Abias, Josaphat, Joram, Ozias, Joatan, Jéconias, mais aussi  Eliaquim et Azor.

 

 


                                         arbre-jesse 4271c

 

 

I. Registre inférieur : le sacrifice d'Abraham.

      

 

  Au lieu de la disposition courante où Isaïe et Jérémie encadrent Jessé, nous trouvons au centre un bûcher, très richement orné, avec à sa droite Abraham se préparant à sacrifier son fils Isaac, lequel, obéissant et confiant, ramène un fagot de bois pour l'autel de son propre holocauste. C'est l'illustration exacte du texte de la Genèse 22 6-8 : Abraham prit le bois pour l'holocauste, le chargea sur son fils Isaac, et porta dans sa main le feu et le couteau. Et il marchèrent tous deux ensemble. Alors Isaac, parlant à Abraham, son père, dit: Mon père! Et il répondit: Me voici, mon fils! Isaac reprit: Voici le feu et le bois; mais où est l'agneau pour l'holocauste? Abraham répondit: Mon fils, Dieu se pourvoira lui-même de l'agneau pour l'holocauste. 

Le Mont Moriah, où a lieu la scène, est ici tapissé de fleurs.

  C'est l'un des rares exemples où l'Arbre de Jessé, au lieu de débuter la généalogie de Jésus par Jessé, reprend le texte évangélique de Matthieu 1, 1-6 et place Abraham et Isaac à l'origine de la filiation.

 Voir ci-dessous mes Commentaires.

 

arbre-jesse 5691c

 

      Panneaux 1a et 2a : Abraham.

arbre-jesse 5705c

 

 

      Panneaux 1c et 2c : Isaac.

arbre-jesse 5692c

 

 

II. Registre intermédiaire inférieur.


Panneaux 2a et 3a : Jéconias.

 

arbre-jesse 5704c

 

 

Panneaux 3a, 4a et 5a : le roi Abia et un prophète.

Outre le roi Jéconias déjà vu, nous trouvons ici le roi ABIA (Abijam, fils de Roboam) mais aussi un personnage en bleu qui ne porte ni couronne ni sceptre, mais le bonnet juif. Hélas, l'inscription du phylactère a disparu. Il occupe une place symétrique au prophète Balaam situé à droite, et semble dessiné par le même carton inversé, avec les mêmes gestes. On peut donc affirmer qu'il s'agit d'un prophète, dont la citation biblique aurait disparu.


                                  arbre-jesse 5701c

 

Panneau 3b 4b et 5b : Jessé.

 

    Inscription gravée sur verre rouge et peinte au jaune d'argent : IC DE RADIXE PROSESSIT VIRGVLA IES. :

  Je ne sais si cette inscription a retenu l'attention de mes prédécesseurs. L'interrogation d'un moteur de recherche permet d'en retrouver l'origine dans la cinquième édition en xylographie de la Bible des pauvres (Biblia paupeum),  recueil du fin XIV-XVe siècle destiné à la documentation et la formation des prédicateurs  pour leur procurer les bases religieuses de leur sermons, et qui comporte des gravures où une scène du Nouveau Testament est encadrée de vignettes créant un lien avec l'Ancien Testament. Elles utilisent donc la typologie biblique illustrée comme une bande dessinée.  Ces Biblia pauperum, comme le Miroir de Salvation humaine, sont essentiellement des livres d'images : dépourvus de longs textes , ils pouvaient permettre l'utilisation de l'impression par xylographie, quitte à copier à la main les textes.

  Il s'agit ici de la citation suivante : Hic de radice processit virgula Jessé . Elle sert de légende à une vignette représentant "Jessé avec les branches généalogiques issant de sa poitrine", qui accompagne "la Nativité de la Vierge" (Sicut spina rosam genuit) et à droite "Balaam et l'âne devant l'Ange" avec la troisième légende Ex Jacob ista processit stellula clara. On peut en voir un exemple sur l'exemplaire de la BNF en ligne sur Gallica de la Biblia pauperum 1480-1485.

 

http://archive.org/stream/guidedulibrairea00lepe#page/130/mode/2up

http://archive.org/stream/guidedulibrairea00lepe#page/136/mode/2up

Principia typographica

Cette citation incite à penser que l'artiste  s'est inspiré d'une telle Bible pour concevoir son dessin, ou que le clerc commanditaire s'en est servi comme d'une aide pédagogique. Plus généralement, elle conduit à s'interroger sur l'influence de ces xylographies sur le programme iconographique de nos églises. (J'en retrouve une utilisation comme modèle d'un des vitraux de Saint-Lô in Callias-Bey, Vitraux de Basse-Bretagne, p. 35). Dans Bible et art, l' âme des sens, , Françoise Mies estime que cette influence, ainsi que celle du Speculum humanae salvationis fut "très importante". Même opinion sur les vitraux de la Sainte-Chapelle de Vic-le-Comte.

 

Notule 1. 

On peut se demander si cette inscription n'est pas due à la documentation d'Antoine Lusson en 1868 lors de sa restauration. Heureusement, le 5ème volume du Bulletin Archéologique de l'Association Bretonne, daté de 1854, contient cette mention : ". M. Delabigne-Villeneuve signale au Congrès qu'il a constaté à Ploermel, au dessus du portail méridional, les restes d'une verrière représentant l'arbre de Jessé, avec cette inscription : « Sic de radice processit virgula Jesse."

Notule 2. 

   Le terme virgula, remplace ici le terme habituel de virga de la fameuse citation d'Isaïe 11,1 Egredietur virga de radice Jesse, et flos de radice eius ascende.

  La forme virgula, ae,f, diminutif de virga, est traduite par "1 - petite branche, rameau. - 2 - petit bâton, baguette. - 3 - verge" (Dict. latin en ligne Gérard Jeanneau). Elle est, on le sait, à l'origine de notre virgule, depuis 1534. Dans le contexte qui est le notre, virgula Jessé, on la traduit, comme virga, par  "rejeton" .

  Elle est employée dans des cantiques de la fête de la Nativité : Ecce virgo nascitur /.../ FloretJesse virgula/ Diffugere nubila / Lux redit mortalibur / .

      On trouve aussi : Veni, o Jesse Virgula / Ex hostis tuos ungula  

  ou encore Ave , Jesse virgula / Rosa verit primula 

 ou bien Flos de Jesse virgula / ut fructu replet saecula 

 Le principal intérêt de cette forme semble être de permettre des rimes en -ula. Je n'ai pas trouvé Virgula Jessé utilisé en prose. 

 Cela confirme donc que cette inscription du vitrail de Ploermel provient d'une forme versifiée, dont le nombre est restreint, ce qui renforce la conviction qu'il s'agit d'une transcription du vers léonin placé en légende de la gravure de la Biblia pauperum

Notule 3.

Cette découverte incite à rechercher dans le vitrail d'autres détails inspirés de la Biblia pauperum notamment dans les scènes originales : c'est ce que je vais découvrir à propos du soit-disant Jacob, et aussi en re-considérant le registre inférieur du sacrifice d'Abraham.


 

 

                                          arbre-jesse 5702c

 

 Panneau 3c et 4c : deux rois et Jacob/Balaam.

  Je ne comprenais pas clairement ce panneau, et je ne déchiffrais pas l'inscription du phylactère, hormis le mot Jacob (voir panneau 5c infra). Après avoir découvert l'influence de l'image de la Biblia pauperum, avec sa vignette consacrée à Balaam et son âne, je réalisais que l'inscription qui s'y trouvait Orietur stella ex Jacob, était celle qui était inscrite sur le vitrail.

  On comprend mieux alors la présence de ce personnage en robe violette, habillé non comme un roi mais comme un prêtre hébreux. Jacob n'est pas représenté ici en tant que fils d'Isaac pour poursuivre la série généalogique Abraham-Isaac-(Jacob-Juda-Phares...), mais pour présenter cette citation biblique de Nombres 24,17 : Videbo eum, sed non modo: intuebor illum, sed non prope. Orietur stella ex Jacob, et consurget virga de Israël: et percutiet duces Moab, vastabitque omnes filios Seth :  "Je le vois, mais non maintenant, Je le contemple, mais non de près. Un astre sort de Jacob, Un sceptre s'élève d'Israël. Il perce les flancs de Moab, Et il abat tous les enfants de Seth".

   D'ailleurs, ce n'est peut-être pas Jacob, mais le prophète Balaam qui figure ici. Un début de phylactère, à droite, montre que son nom était jadis indiqué.


                                   arbre-jesse 5693c

 

III. Registre intermédiaire supérieur

      Panneau 6a et 7a : trois rois.

 Le roi en position de chevalier servant est nommé ELIACIM, son nom Eliaquim figure dans la généalogie de Jésus de l'évangile de Matthieu, dans la séquence - Zorobabel - Abioud - Eliaqim - Azor - Sadoq etc... Ce n'est pas à proprement parler un roi de Juda, puisque le royaume de Juda s'interrompt à la déportation à Babylone avec Jeconiah - Salathiel. Notons aussi que, si Matthieu le cite, son nom ne se retrouve pas dans l'Ancien Testament. Son nom figure aussi sur la généalogie de Luc 3, 31, au cinquième rang après David.

  Son fils AZOR est ce roi dont le turban couronné porte des cornes. Le phylactère qui le désigne appartient au panneau 8a. (Le vitrail de l'arbre de Jessé de Malestroit comporte aussi un roi Azor Le vitrail de l'arbre de Jessé de l'église de Malestroit. )

                                  arbre-jesse 5699c

 

 

      Panneau 5b, 6b, 7b : David et sa harpe et le roi Roboam.


                                 arbre-jesse 5700c

 

      Panneaux 5c et 6c : Un roi

Sur le panneau 6c, un roi, dont le sceptre est curieusement abaissé, est désigné comme .IUDA 

   Le panneau 5c montre la tête d'un personnage non couronné, sans sceptre, que l'on pense être Jacob (le fils d'Isaac) notamment en raison de l'inscription du phylactère : ....Jacob : cf supra.

                     arbre-jesse 5694c

 

 

 

IV. Registre supérieur.

 

      Panneaux 8a et 9a : un prophète. 

Le personnage au genou fléchi face à la Vierge n'est pas couronné, et, plutôt qu'un sceptre, il tient un rouleau de parchemin qui le désigne comme un prophète. Le meneau vient couper le phylactère qui le désigne ...SA. C'est le troisième prophète du vitrail.


arbre-jesse 5698c

 

 

Panneaux 8b, 9b et 10b : Vierge à l'Enfant, Joatan et Salomon.

Vierge à l'Enfant, entourée de deux anges, sous un dais qui répond à celui de Jessé

Verre rouge gravé (dais)

Panneau 8b : tête de deux rois : JOATAN (Jotham?) et Salomon.

                                arbre-jesse 5697c

 

 

Panneaux 7c, 8c et 9c. Trois rois, Oram, Josaphat et Ozeas.

— Inscription ORAM, IOSAPHAT, OZEAS

— Inscriptions gravées sur verre rouge et peintes au jaune d'argent sur la tunique d'Ozéas: V (inversé), VO, V..IV, OMN VV DOMINI.

arbre-jesse 5695c

 

      Tympan :

Anges musiciens dont deux, symétriques par carton retourné, sont anciens, et anges porteurs du dais de la Vierge. Colombe de l'Esprit-Saint.

 

 

Commentaires.

  Le thème iconographique de l'Arbre de Jessé s'articule autour d'un module de base construit autour du symbole de l'arbre.

Le module de base.

 Représentant, sous sa forme la plus simple, Jessé assis ou couché d'où sort un tronc qui conduit à la Vierge et/ou à Jésus, complété, dans sa forme plus riche, par une arborescence où trouvent place un ou plusieurs rois de Juda, descendant depuis David de Jessé, il donne une image verticale de la succession de générations qui mènent à la naissance de Jésus.

Ce module est lui-même constitué de:

—Sous-module de l'homme endormi :

 -Adam endormi lorsque Dieu créa la femme à partir d'une côte d'Adam.

—Sous-module du rêveur prophétique.

-Jacob endormi voyant en songe l'échelle s'élevant vers le Ciel.

—Sous-module du rêveur donnant naissance à un tronc.

- illustrant la prophétie d'Isaïe "Puis un rameau sortira du tronc d’Isaïe, et un rejeton naîtra de ses racines ".

—Sous-module des rois de Juda .


  Bien que souvent confondu avec un arbre généalogique, il diffère pourtant totalement d'une arborescence de transmission familiale construit selon une logique génétique (succession des enfants biologiques d'un ancêtre) ou d'une logique sociale (succession des héritiers du nom après reconnaissance de paternité, fondée ou non biologiquement).

  En effet, cet arbre ne représente pas une réalité généalogique, mais au contraire, une "aberration" biologique, un écart par rapport au réél, que seule la foi religieuse peut valider : la naissance d'un enfant conçu par une femme vierge. C'est cette rupture entre la transmission génétique des générations, humaine, celle qui fait se succéder Jessé, David, Salomon, Roboam,/.../et enfin Joseph époux de Marie, et la naissance miraculeuse de Jésus "né de la Vierge-Marie" qui est l'objet de cette représentation.

 On peut donc donner à ce premier module au moins trois significations.

1. Le Christ des chrétiens est bien celui que le prophète Isaïe avait annoncé.

2. Ce Christ est de la race de David, race royale.

3. Sa naissance est surnaturelle, car il est conçu d'une vierge.

Module complémentaire : les prophètes.

  Si l'image ne donne à voir que le prophète Isaïe tenant le texte d'Isaïe 11,1, nous restons dans le cas précédent. Mais si, comme à Saint-Denis ou à Chartres, ce sont la plupart des prophètes qui sont représentés (14 à Chartres) le thème de base s'enrichit d'une réflexion typologique beaucoup plus approfondie : le Christ n'accomplit pas seulement la prophétie d'Isaïe, mais celles de tous les prophètes par la bouche desquels Dieu s'exprimait : c'est tout l'Ancien Testament qui est ainsi réalisé, c'est lui qui est le tronc qui vient fleurir par le Christ. 

Module complémentaire : Jessé et le Livre.

Lorsque Jessé est représenté tenant encore le livre qui a suscité son rêve, c'est une façon d'illustrer autrement comment le tronc d'arbre est autant l'Arbre de Jessé que celui de la Bible.

Module complémentaire : Jessé et la Démone.

La présence au pied de l'arbre d'une Démone, représentation féminisée du serpent de la tentation, et donc du Mal, s'oppose au Christ rédempteur.

L'Arbre de Jessé de Ploermel : L'Arbre, le Bois et le Feu.

 Si les modules précédents ne sont que des compléments du théme principal construit autour de l'arbre, le vitrail de Ploermel, en plaçant à l'origine, au pied de l'axe vertical qui monte vers la Vierge à l'Enfant un fourneau/autel dans lequel semble brûler un feu vient créer un paradoxe bouleversant et enrichissant considérablement la symbolique engagée jusqu'à présent.

  Avec ou sans Livre, avec ou sans Prophètes, avec ou sans Démone, l'Arbre de Jessé restait assez un symbole assez circonscrit : la poussée verticale, la circulation de la sève, l'énergie vitale et sa puissance de création, la racine se réalisant dans la fleur ou dans le fruit, la fécondation et la fécondité, l'Arbre de Vie et l'Arbre de la Connaissance, le lien entre la terre et son sous-sol et le ciel, les valeurs d'abondance et de régénération, tout cela reste dans le domaine de la production, de l'anabolisme, de l'axe temporel passé —>présent—>futur.

  Avec l'introduction du Feu et de sa symbolique, le thème de Jessé éclate en s'ouvrant, certes à la chaleur liée à l'amour, mais aussi à la destruction, à la perte, au sacrifice, à la transformation stérile. Autant l'Arbre nous apparaît humain, terrestre, familier, autant le Feu et sa puissance évoque quelque chose d'insaissisable et de dangereux.

  C'est bien le brasier qui est placé au centre, là où, habituellement, nous trouvons le corps endormi de Jessé et le tronc de l'Arbre

La présence d'Abraham au panneau 1b auraît paru logique, en référence à la généalogie de  Jésus dans Matthieu 1, qui débute par lui. Et si une scène avait due être choisie, dans ce thème général de la filiation, cela pouvait être celle des chênes de Mambré, avec l'annonce faite à Sarah de sa grossesse à venir, malgré son grand âge: mais l'artiste a choisi de représenter Abraham sur le coté, et de mettre en évidence ce moment troublant du sacrifice d'Isaac.

  Ce que Dieu demande dans Genèse 22, 11-19 à Abraham, c'est de lui offrir en holocauste son fils Isaac. Un holocauste est un sacrifice par le feu, où l'animal offert est détruit entièrement.

  Prenant le contre-pied des représentations centrées sur la croissance, la floraison et la fructification, l'artiste place à la base de son vitrail le signe du Sacrifice du fils, et le symbole de la destruction par le feu.

  On s'attendrait à ce que, au sommet du vitrail, comme à Kerfeunten, il montre le Christ en croix, l'Arbre montant ainsi d'un sacrifice à un autre. S'il n'a pas cette audace, et si, par la suite, son exemple trop déstabilisant ne sera pas suivi, il n'en reste pas moins que son choix de placer le brasier du sacrifice avec ses valeurs de renouveau par la destruction comme un préalable à la montée en croissance de l'Arbre introduit un changement radical de regard théologique porté sur l'Incarnation.

  Bien-sûr, les figures d'Abraham s'apprêtant à obéir à Yahvé, et d'Isaac aidant son père, rappellent que cette radicalité du Feu, de la Mort de l'échec et de la destruction ne trouvent ici leur sens que dans la foi chrétienne en une rédemption.

 L'Arbre et le Bois : le retour de la Biblia pauperum.

Devant Isaac et Abraham descendent les rinceaux des branches de l'Arbre de Jessé, qui finissent par se croiser en entrelacs devant l'autel du sacrifice. 

 Absorbé par ce thème du Feu, je n'avais pas vu la relation que l'artiste souligne pourtant avec insistance : c'est le bois du bûcher, ce bois qu'apporte Isaac, qui en brûlant sacrificiellement, alimente l'axe vertical. Cet axe invisible est composé de : bois du sacrifice d'Abraham / bois de l'Arbre de Jessé / bois de la croix du Christ. 

  Le lecteur qui m'a suivi jusqu'ici et dont j'admire la perséverance se dira que je me suis engagé dans des divagations religiosoïdes bien peu fondées. J'ai dit plus haut que la découverte d'une citation de la Bible des pauvres allait m'inciter à  découvrir d'autres références, et, effectivement, en suivant les pages de l'exemplaire de la BNF, je découvre deux gravures consacrées au sacrifice d'Isaac.

Le folio 68  est composée comme suit : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k850504w/f68.

Isaac porte le bois pour son sacrifice. 

Ligna ferens Christe / Te presignat puer iste.

— Le portement de croix.

Fert crucis hoc lignum Christus reputans sibi dignum.

—  La veuve de Sarepta qui porte deux morceaux de bois.

Mistica sunt signa Crucis hec vidue duo ligna.

 

 Dans la démarche typologique de recherche des récits de l'Ancien Testament préfigurant la vie du Christ, le bois de la croix, ou plutôt les deux morceaux disposés en croix, symbole du sacrifice accepté du Fils, se retrouve dans le bois qu'Isaac porte à son père pour son propre sacrifice, et celui de la veuve de Sarepta.

 Je rappelle briévement cet épisode biblique : le prophète Elie se rend à Sarepta et demande à une femme un morceau de pain. Elle lui répond qu'elle n'a rien de cuit, seulement un peu de farine et de l'huile, "et voici, je ramasse deux morceaux de bois puis je rentrerai et je préparerai cela pour moi et pour mon fils. Nous mangerons et puis nous mourrons" (1 Rois, 17,12). La veuve accepte de donner ce bois et la farine pour confectionner un gateau à Elie, et elle est récompensée par l'abondance miraculeuse de nourriture, puis par la guérison de son fils sauvé de la mort. Ce récit est donc lu comme un exemple de mise à l'épreuve, de sacrifice accepté, puis de rédemption et de fécondité. Dans les représentations en gravure, et dans les vitraux (Chartres, Orbais, Bourges) les deux morceaux de bois sont placés en croix pour souligner leur valeur préfiguratrice.

 

Le folio 72 represente à gauche Abraham, le glaive levé ; au centre le Christ en croix ; à droite le serpent d'airain.

 

On voit donc que, sur le vitrail de Ploërmel, le fagot de bois n'est pas du tout anecdotique, mais qu'il est hautement symbolique, et relié au bois de l'Arbre de Jessé, et au bois de la croix rédemptrice vers lequel cette élan vital vertical s'élève.

 

ANNEXE : quelques pistes sur l'influence de la Biblia Pauperum dans les vitraux.

 La Biblia Pauperum sive figurae veteris et novi testamentum après avoir été manuscrite a été produite par xylographie en latin en cinq éditions, les quatre premières de 40 tableaux, la dernière de 50 tableaux.

1.  Extrait de Stained Glass in England During the Middle Ages Richard Marks Londres 1993, pp 67-68.

  "Towards the end of the Middle Ages the forty-leaf block-book edition of the Biblia Pauperum which was first produced in Netherlands  c-1464-65 was used quite extensively by English glaziers. The Tattershall cycle was almost totally dependent on the woodcut illustrations of this work in the iconography and in the overall arrangement of the cycle, with the New Testament "anti-type" flanked by the two "types" in each window corresponding with the page layout of the Biblia Pauperum. A number of the Old and New testament scenes at Great Malvern are based partly on the Biblia Pauperum and partly on another popular block-book, the Speculum Humanae Salvationis. Some appear to be direct copies, other borrow certain features and texts only. The west window at Fairford, wich depict the Last Judjement and its Old Testament precursors, the Judgement of Solomon and the Death of the Amalekite, are taken from the Biblia Pauperum ; the same work provided the models for some of the King's College windows."

La figure 48 illustre ce propos par un exemple : 

" Fig. 48 : Stamford, St Martin's Church (Cambs) : Moses stricking the rock, Samson carrying the gates of Gaza, and David and Goliath from the chancel glazing of tattershall (Lincs),c.1466-80. Below, corresponding scenes from the Netherlandish block-book edition of the BIBLIA PAUPERUM, c.1464-5."

Les vitraux cités dans ce passage sont:

  • le vitrail du Pieuré de Great-Malvern (Priory Church of Great Malvern) : 1480-1490.
  • Les vitraux de l'église St-Martin de Stamford, qui proviennent de l'église de la Sainte-Trinité de Tattershall.
  • l'église St Mary de Fairford, Gloucestershire.

2. Les vitraux typologiques de l'église Saint-Etienne de Mulhouse sont basés plutôt sur le Speculum Humanae Salvationis.

3. Vitraux du chœur de l'église Saint-Jacques de Lisieux : voir E. Deville.

4. Vitrail de Saint-Lô.

5. Sainte-Chapelle de Vic-le-Comte.

 

2. Arbre de Jessé et Speculum humanae salvationis.

 Dans le Speculum humanae, à la différence de la Biblia Pauperum, c'est le texte qui prime, et qui est illustré par les miniatures.

Il contient quand il est complet 45 chapitres et 192 figures. Chaque chapitre est construit autour d'un type, scène du Nouveau Testament, et de trois antitypes, ou scènes de l'Ancien testament préfigurant le type. Le volume, écrit sur deux colonnes de 25 lignes, commence par un prélude et une table des matières. J'en extrait le contenu des chapitres III et IV (selon J.M Guichard) :

Chapitre III :

1. Un ange annonce à Joachim la naissance de Marie sa fille (Protévangile de Jacques).

2. Astyage, roi des Mèdes, voit sortir du ventre de sa fille Mandane une vigne qui étend ses racines sur l'Asie entière. Cette anecdote est empruntée à Justin livre I chapitre 4 qui l'avait lui-même prise dans Hérodote livre I chapitre 108. L'auteur du Speculum compare Joachim, père de Marie au roi Astyage, auquel un devin prédit que sa fille mettrait au monde un fils plus puissant que lui. Ce fils fut Cyrus.

3. Une fontaine dans un jardin clos de murs : figure symbolique de Marie provenant du Cantique des Cantiques 4,12.

4. L'ânesse de Balaam arretée par un Ange : Nombres,22.

Chapitre IV

1. Naissance de Marie.

2. L'arbre généalogique de Marie sortant de la poitrine d'Isaïe ou Jessé, fils d'Obed et père de David.

3. La porte du sanctuaire : figure symbolique de la virginité de Marie (Ézéchiel, 44,1-2).

4. Le temple de Salomon, autre figure de Marie.

 

 a)  L'exemplaire du Speculum humanae salvationis de la BNF latin 511 sur Gallica ( XIVe siècle, 49 folios à deux colonnes, 183 miniatures) contient au folios 4r et 4v les enluminures entourant la scène de la Nativité : comme pour la B.P, nous trouvons Jessé endormi, donnant naissance à un arbre portant des feuilles ou fleurs au sommet duquel un oiseau est perché (folio 4v) et Balaam sur son âne face à l'ange. Le texte* placé en dessous de Balaam renferme la citation biblique ex jacob orietur stella mais sous celle de Jessé et de la Nativité, on ne lit pas la phrase hic de radice processit virgula Iesse, qui nous concerne, mais la citation d'Isaïe egredietur virga de radice Iesse. Le speculum humanae, ou du moins cet exemplaire, n'est pas la source du vitrail de Ploërmel.

* voir sa transcription ici :

  Je remarque néanmoins l'association typologique Jessé / Nativité / Balaam présente dans ce manuscrit du XIVe antérieur aux xylographies de la B.P, et je suis interessé à découvrir comment, dans cet exemplaire, Jessé est représenté.

b) autre exemple : le Speculum humanae de Sarnen c. 1427 Benedictinerkollegium cote Cod.membr.8 en ses folio 6r et 6v sur la bibliothèque virtuelle des manuscrits e-codices. http://www.e-codices.unifr.ch/fr/bks/membr0008/6v/large


Quelques liens : 

 

—  Jean Philibert Berjea Speculum Humanae Salvationis: le plus ancien monument  Volume 1, 1861

 

 Joseph Marie Guichard  Notice sur le Speculum humanæ salvationis, Paris, 1840.

 

— Biblia pauperum Guide du libraire-antiquaire p. 134  :http://archive.org/stream/guidedulibrairea00lepe#page/134/mode/2up

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Published by jean-yves cordier
12 mai 2013 7 12 /05 /mai /2013 20:08

     L'église de Férel et ses curiosités : Rosace,

    vitraux patriotiques, bannières, et découpage en frairies.

 

  Comme nous sommes aveugles ! Une vie ne suffira pas à dévoiler le regard, à en élargir le champ, à le détourner de ses focalisations. Pire, le temps qui passe, tout en l'éveillant par une patiente éducation au "savoir voir", l'obscurcit en même temps d'une cataracte alimentée par l'habitude, la pernicieuse habitude.

  Je me suis rendu le 12 mai à Férel pour admirer le vitrail de l'arbre de Jessé Le vitrail de l'arbre de Jessé à Férel (56). , mais l'église était comble. Pavoisée de toutes ses bannières, elle accueillait une foule trop endimanchée, des jeunes mères de famille soucieuses de leur robe à fleur, de lointains cousins mal emmanchés dans des vestes lilas, de fiers maris portant le fils paré d'un costume de petit monsieur, d'adolescents gênés de se sentir manches en chaussures simili-cuir, de jeunes grands-pères rétifs à leur col trop serré, de grands-mères attendries mais corrigeant nerveusement un faux-pli de corsage, et, au fond, à gauche, trop vite aperçus lorsque j'entrebâillais la porte, le groupe des premiers communiantes en aube blanches, effarouchées de se voir métamorphosées en anges, qui se serraient les uns contre les autres, se poussaient du coude et, pour ne pas ronger leurs ongles, torturaient la cordelière de coton dont elles étaient ceintes.

  Bien-sûr, Le Sujet photographique était là, document anthropologique rare, enclave d'un siècle passé enfermé dans ce sanctuaire comme une blanche colombe parvenue là miraculeusement, avec sa charge d'intense nostalgie, l'émotion palpitante des regards, et, bientôt, la ferveur des cantiques. 

  Mais, comme un étranger à l'entrée d'une noce, n'étant pas invité à cette fête, j'en attendis la fin sur la place voisine. Lorsque les cloches m'annoncèrent la sortie et, comme de joyeuses fillettes, vinrent me prendre par la main pour me faire entrer, à contre-courant du fleuve des fidèles qui sortaient, une fois encore, je n'eus d'attention qu'aux bancs posés en rangées d'obstacle dans ma progression vers le vitrail convoité, qui se trouvait caché au fond du bras droit du transept. Des familles étaient restées, entourant leur communiante, la faisant poser devant l'autel, un cierge tenu des deux mains, entre parrain et marraine, immortalisant la jeune et fragile nymphe si ressemblante aux Vierges et Martyres qu'un artiste saint-sulpicien avait représenté, la palme à la main, sur les vitraux de la nef. Sans-doute papi et mamie n'avaient plus à offrir, en 2013, dans leur poche, la montre de première communion dans un étui couvert de feutre, ou la première Bible dans laquelle se glisseraient de pieuses images, mais, pourtant, aucun metteur en scène n'aurait pu réussir une meilleure reconstitution d'une Première Communion de l'Après-Guerre.

  Indifférent, aveugle, le nez en l'air, je photographiais les rois de Juda accroupis sur leur arbre, puis je me dirigeais vers la sortie, tout en jetant un regard méprisant sur cette église néo-romane et ses vitraux qui ne se donnaient pas la peine de dater de la Renaissance. Aucun intérêt.

   Quoique....

I. La Rosace patriotique de Férel.

  Dans le bras gauche du transept, à l'opposé de l'arbre de Jessé se trouvais cette rosace datant de la construction de la nouvelle église en 1890, mais ornée d'un vitrail datant de 1948 et consacré aux Prisonniers de Guerre. Une notice nous explique que :

   " Sur l'initiative de Mr Coué, vicaire, les anciens prisonniers de guerre 39/45, pour remercier N.D. de Bon-Garant de les avoir protégés et gardés décidèrent de prendre à leur charge la rosace du transept nord. Mais en voyant le montant de la facture de l'artiste verrier Mr Uzureau de Nantes, ils sont contraints pour mettre leur projet à exécution de faire appel à la générosité de toutes les familles (330.000 à 340.000 Frs). La paroisse elle-même qui vient de vider sa caisse à payer les vitraux leur offre 50.000 Frs .

   " La pose de la rosace a commencé au début avril 1948 et s'est achevée à la fin du mois. L'ensemble est d'un bel effet, chacun des neuf panneaux qui entrent dans la constitution de la rosace reproduit une scène. Au centre, N.D. de BON-Garant revêtue de son beau manteau de velours bleu. Dans les huit pétales on trouve :

  • Prisonniers et Déportés de guerre au pied de Sainte-Anne d'Auray.
  • Les mêmes en pèlerinage d'Action de Grâces  à Lourdes.
  • Les Prisonniers de guerre s'en allant au travail accompagné d'un gardien en arme.
  • Notre-Dame de la Mercie, patronne des Prisonniers, qui enveloppe de son simple manteau les prisonniers telle une poule ses poussins.
  • Messe au camp.
  • Notre-Dame de Bon-Garant s'en allant vers sa chapelle au Tertre sur un blanc mouton (ainsi le dit la légende).
  • Un cimetière de Stalag avec les humbles croix de bois, souvenir de ceux restés en terre étrangère.
  • Notre-Dame de Boulogne que viennent implorer à son passage à Férel deux paroissiens et une paroissienne, celle-ci portant la coiffe du pays, ce qui donne à cette scène une vraie couleur locale.

   "Le pourtour de la rosace elle-même est constitué de dessins géométriques à teintes rouges formant un bel encadrement à la partie centrale et le barbelé qui encadre le tout et qui est là comme une couronne d'épines rappelle au mieux le triste souvenir des vrais barbelés et afit songer à toute une somme de souffrances physiques et morales endurées derrière ceux-ci.

  "Mr le Recteur M. BELLAMY."

Le verrier Henri Uzureau possédait son atelier 21 Passage Sainte-Anne à Nantes et succédait à L. Uzureau. Actifs à La Bouëxière (1893), Guérande (1935), La Copechanière (1924), Cleguer, Herbignac (1914), Limerzel, Saint-Avé, etc...

 Néanmoins, si je lis correctement les informations données par Les Vitraux de Bretagne de Françoise Gatouillat et Michel Hérold," Le vitrail du bras nord du transept (baie 119) a été réalisé par l'atelier RAULT après la Seconde Guerre Mondiale."     

 

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  II. Les vitraux patriotiques de Férel.

  Les vitraux de la nef et du chœur présentent une particularité bien singulière (ce serait l'un des très rares exemples d'une telle pratique), qui est de faire figurer sous chaque saint et sainte la photographie d'un des soldats de Férel morts pour la Patrie lors de la Première Guerre Mondiale. Deux plaques de marbre noir en donne par ailleurs la liste des cent deux noms, avec leur grade. En 1914, la commune comptait 2057 habitants ; 400 de ses hommes partirent au front. Les familles des soldats décédés offrirent ces vitraux à l'église.

  Des vitraux transformés en cénotaphe, je ne l'avais jamais vu.

  Ils ont été réalisés par Henri Uzureau, de Nantes, dont on trouvera la signature sous le vitrail représentant saint Michel et la photographie de J.M.Le Floch. (Auteur des vitraux : Le volume du Corpus Vitrearum Les Vitraux de Bretagne de Françoise Gatouillat et Michel Hérold indique que " le décor du nouveau chœur a été mis en place en 1891-1893. Les verrières des baies 5, 9 et 11 sont respectivement datées de 1890, 1893 et 1891. Les verrières des baies 108 et 110 sont des productions de l'atelier Etienne et Mouilleron de Bar-le-Duc (1891). Dans les années qui suivent la Première Guerre Mondiale, est installé une nouvelle série de verrières par l'atelier Uzureau de Nantes (baies 10 et 11 signées et datées 1919), dans lesquelles sont intégrés des portraits photographiques des soldats morts. " )


 

N.B. Aucune photographie de ces vitraux n'était, jusqu'à présent et selon mon moteur de recherche, disponible en ligne. On regardera ces visages jeunes et beaux, et on frémira en découvrant que, sans ces portraits, leur mention sur le monument aux morts et leur numéro de régiment, on ne découvrirait que laborieusement les renseignements biographiques qui les concernent : j'ignore la date de leur décès, leur histoire, leur statut familial, et tel Ulysse dans le chant XI de l'Odyssée, la Nekuia, j'appelle au seuil de l'Hades leur fantôme, je crie "Debout les morts" et il me parlent, à mots couverts, de la Grande Boucherie qui les engloutit à 20 ans ; des gaz ou ypérite ; des tranchées ; et de l'horreur. 

  Ainsi, j' apprends que  Clair Tendron (premier exemple ici) est mort au champ d'honneur en l'année 1916 ; il appartenait au 211ème Régiment d'Infanterie, qui est l'unité de réserve du 11ème RI , et qui porte sur son emblème les noms de Revigny 1914, Verdun 1916. Clair Tendron est donc vraisemblablement mort à Verdun.

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Le caporal Louis Mondeguer appartenait au 154ème Régiment d'Infanterie, qui était caserné en 1914 à Bar-le-Duc ; il est décédé également en 1916, alors que son régiment participait à la bataille de Verdun (Février - mars : Mort-Homme ; Avril : Cumières ; 6 octobre : bataille de la Somme : Rancourt, Sailly - Saillisel ; bois de Saint Pierre Vaast ). 


                           vitraux-patriotiques 4755c

 

Louis Denigot appartenait au 11ème Régiment d'Infanterie, l'ancien Régiment de la Marine de 1636, et qui était caserné en 1914 à Castelnaudary et Montauban. En 1916, année où Louis Denigot est tombé au champ d'honneur, son régiment combattait en Artois, en Champagne et participait à la bataille de Verdun.

Quatre membres de la famille Denigot figurent sur le monument aux morts.

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Henri-Marie-Joseph Gouvier, né le 4 janvier 1882 et décédé en 1915 comme son (frère) Emile Gouvier, appartenanait au 95ème Régiment d'Infanterie, qui occupait alors divers positions autour d'Apremonts-la-Forêt.

 C'est dans cette unité, le 8 avril 1915, dans le Saillant de Saint-Mihiel au cours d'un combat de tranchées sur une redoute du Bois-Brûlé, que l'adjudant Jacques Péricard lance l' apostrophe célèbre   "Debout les morts!" : à ses hommes épuisés ou blessés afin de ranimer leur courage, ce qui permet de sauver une position juste conquise et menacée

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Emile Pierre-Marie Gouvier né le 13 août 1884, est décédé la même année 1915 que son frère aîné. Il n'appartenait pas au même régiment, mais au 116ème Régiment d'Infanterie dont le blason porte trois hermines bretonnes : en 1914, il était formé à Vannes (où une rue porte son nom); il combattit dans la Somme et en Champagne en 1915, à Verdun en 1916.

 

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François Jouin du 11ème R.I, est décédé en 1918, à Verdun, ou lors de la seconde bataille de la Marne, ou à celle de l'Ailette.

 

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François Rival, du 116ème régiment d'Infanterie, est mort en 1916 donc sans-doute à Verdun.

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Jean-Marie Le Floch (mentionné sergent Jean Le Floch sur le marbre des Morts pour la France) est décédé en 1916 ; il appartenait au 154ème Régiment d'Infanterie, comme Louis Mondeguer.

      (on lit la signature H. UZUREAU en bas du vitrail)


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Le vitrail suivant rend hommage à l'abbé Boulo : Jean-Marie BOULO,  (1889-1915) sorti du Séminaire des Missions Étrangères, était missionnaire à Séoul lorsqu'il fut mobilisé ; "il est mort au champ d'honneur le 23 avril 1915 à la tête de ses zouaves", avec le grade de sergent.


A ses cotés, le portrait de Jean-Marie EONNET né le 3 février 1883 et mort à 32 ans en 1915 comme Alexandre Jean-Marie et Joseph-Jean-Marie-Alexandre  Eonnet (nés  le 6 11 1891 et le 04 mars 1894) ; il appartenait au 116ème Régiment d'Infanterie et est donc mort dans la Somme ou en Champagne.

 

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      Joseph Delalande : trois membres de cette famille portent ce prénom et sont morts pour la France, l'un en 1914, l'autre en 1915, le troisième en 1917. Ils sont nés le 17/09/1886 (Joseph Louis Marie), le 18/05/1882 (Joseph Marie) et le 19/02/1890 (Joseph Marie)

  Sans compter Jean-Louis et François Delalande, et le caporal François Delalande. 

  Ce Joseph Delalande appartenait au 19ème régiment d'Infanterie, formé à Brest en 1914, et qui combattit en Belgique en 1914 (victoire de Maissin), en Champagne et au Chemin des Dames en 1915, à Verdun en 1916, à L'Avre et à  Somme-Py en 1918  .

Joseph Pierre-Marie Logodin né le 3 janvier 1896 est mort en 1917, à 21 ans, alors qu'il combattait au sein du 70ème Régiment d'Infanterie alors engagé à Verdun. Ce régiment était caserné à Vitré avant la guerre.

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      Sous sainte Mélanie, Jean-Marie ANÉZO. Né le 10 septembre 1897, et décédé en 1918, il appartenait au 66 régiment d'Infanterie.

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   Au total, parmi ces quatorze exemples (d'autres encore, me dit-on, sont conservés en sacristie), les numéros des régiments inscrits sur le col sont ceux des 11, 19, 66, 70, 95, 116, , 154 et 211èmes régiments, ce qui montre une dispersion de la population paroissiale.

 

 

III. La statue de Notre-Dame de Bon-Garant.

  Cette dénomination mariale, également attestée comme Bongarand, Bongarant ou Bon-Garand est aussi attestée près de Nantes, à Sautron, avec un pèlerinage qui attire autour d'une Vierge de miséricorde au manteau protecteur des milliers de pèlerin.

  Cet épithète marial est fort beau, formé du mot garant qui signifie depuis le XIIe siècle " personne qui certifie la vérité de quelque chose, qui répond de quelque chose", "qui garantie la tenue d'une promesse".

  Le pèlerinage de Férel était autrefois aussi fort fréquenté le lundi de Pentecôte, mais déclina après 1709, où 70 habitants de Marzan périrent dans le naufrage du bac franchissant la Vilaine.

  C'est une statue miraculeuse ou miraculée après l'incendie de la chapelle de Notre-Dame-du-Tertre où elle se trouvait. Ou bien, cette chapelle ayant été profanée après qu'un protestant y soit venu mourir, elle avait été transportée par les paroissiens au bourg, mais elle retourna, sur le dos d'une blanche brebis, dans sa chapelle d'origine au village du Tertre. Elle n'accepta de rester au bourg que lorsqu'on lui construisit une chapelle extérieure de laquelle, le visage tourné vers le tertre, elle pouvait regarder ses origines.

  

C'est une statue en pierre polychrome du XVe siècle où la Vierge, couronnée, présente un fruit à l'enfant qui se tend pour le saisir.



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IV Les bannières et le découpage en frairie.

 

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Outre deux bannières représentant le Christ en croix et l'Assomption de la Vierge, la paroisse conserve six bannières du XIXe siècle réalisées sur le même modèle : sur un fond d'étoffe chamois constellée d'hermines ou d'étoiles, un ovale central cerné de perles renferme une toile peinte représentant le saint tutélaire d'un quartier nommé "frairie".

  On apprend en effet que " Il n'y a qu'une chapelle dans cette paroisse : c'est celle de Saint-Antoine, à Trégus. Les chapellenies étaient : — 1° Celle de Trégrain, desservie dans l'église paroissiale, à l'autel de Sainte-Madeleine. — 2° Celle de Trégus, desservie dans la chapelle de ce nom. Il y avait en outre plusieurs fondations particulières. Les frairies étaient celles du Bourg, de Cozculan, de La Grée, de Trégus et de Keras. Ces frairies existent encore, et ont chacune leur bannière dans les processions. 

     " Chaque Frairie possédait un Bâtonnier ou homme de vertu, véritable chef de Frairie, qui cumulait souvent ce titre avec celui de marguillier. Au-dessus des chefs de Frairies il y avait un chef de paroisse. A eux tous ils composaient le conseil, que nous appellerons paroissial et qui répond à peu de chose près à l’assemblée nommée alors le Général, corps politique en même temps que religieux, sorte de conseil mi-partie municipal et de fabrique, chargé de tous les intérêts matériel et religieux de la paroisse. Nommé ordinairement à vie, le bâtonnier ou chef de Frairie centralisait toutes les ressources de la Frairie."

   J'avais déjà rencontré les traces de cette subdivision de paroisse apparue au Moyen-Âge dans certaines localités et qui avait chacune son saint protecteur, sa chapelle "frairienne", sa bannière, ses responsables, sa comptabilité, ses réunions, ses devoirs ert ses règles, sa fête annuelle avec sa procession et son banquet. J'éprouvais parfois des difficultés à les distinguer des confréries, parfois orthographiées confrairies. Leur survivance après la Révolution est donnée comme rare, et en rencontrer la survivance au XIXe siècle est exceptionnelle. A Plougastel, le découpage de la paroisse et de ses 157 villages est complexe, entre les anciennes seigneuries, les 23 Breuriez (mot issu du breton signifiant "frère", comme le français frairie) pour les rites des morts, et les six kordennad, institution la plus proche de la frairie.( Sainte Gwenn à la chapelle St-Guenolé de Plougastel.)

 

Le 15 août 1932, Augustin Dubois, vicaire à Nivillac, en dressa la carte : il indique alors pour la commune de Férel une surface de 2.890 ha, 4750 habitants, 70 villages, 5 frairies, 451 maisons, 60 hab./km ; le recteur est Paul Guimard, le vicaire Pierre Payen. Le maire n'est pas nommé, il s'agissait alors de François de Boisrouvray possesseur du manoir de Coëtcouron.

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Je découvre successivement les bannières suivantes (on remarquera que la plupart des frairies correspondent à une seigneurie, et que chacune dispose d'un moulin):

1. Frairie du bourg patronnée par Notre-Dame de Bon-Garant. Au verso : Saint Joseph.

Fête patronale le 15 août.

Cette frairie inclut Le Bourg, Riégas, Perrin, Kerostein, Le Gastre, Moulin du Gastre, Haut- et Bas-Kercado, Kergal, Trémorhel, Kerbalan, Kerrabin, Kersauvage, Kerlégan, Kerioche, Kerverte, Kerhallais.

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2. Frairie de Tregus, patronnée par Saint Antoine. Au verso saint Fiacre.

Fête patronale le 17 janvier.

Cette frairie inclut : Tregud et Kerbalet, Sainte-Marie, Coëtcouron* , Kervigné, Kerjubault, Kermois, Questaubin, Kerdivet, Kernoil, Trelidan, Hautes et Basses Métairies, Kerjosse, Moulin de Kerbert. Mais aussi Ville Jossy, Coldan.

  Le manoir de Trégus, près de l'ancienne  chapelle du Tertre : siège de l’ancienne seigneurie de Trégus (ou Trégu ou Trégut), ayant appartenu à Guillaume de Trégus en 1453. Il possédait autrefois une chapelle privée dédiée à Saint Antoine. Ce fut la demeure de Mr de Martimont, seigneur de Trégus, ce protestant qui fut accusé de s'être fait enterré au Tertre en 1577 et de profaner ainsi la chapelle (voir légende de la statue de N.D.de Bon-Garant). 

*Le Manoir de Coëtcouron est la propriété privée du Comte de Jacquelot du Boisrouvray.

 

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3. Frairie de Kéras ou Queras, patronnée par St Dys  ou Theis (Taicus) du VIe siècle. Au verso Saint Corneille.

Fête patronale le 2ème dimanche de juillet.

Cette frairie inclut : Keras, Moulin de Kerrouault, Kerrouault, Kerboutais, La Porte, Le Guernet, Trégrain* , Kerivalno, Coëtcastel** , Kerboulard, Ally et le Couvent d'Ally, et Keraude.

*le Manoir de Trégrain est la propriété actuelle du Dr Pouverin de la Chapelle.

** le Manoir de Coët-Castel : la seigneurie a appartenu autrefois successivement aux familles Jean Le Henos (1453), François Le Courtois (1681), Coude (1775), Guilloré de la Landelle, acquise par les Chomart de Kerdavy (1820)et transmise par héritage aux Kersauzon de Pennendreff puis l'Estourbeillon. Actuellement propriété privée du Marquis de l’Estourbeillon.

 

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4. Frairie de Cozculan patronnée par Saint Gildas (de Rhuys). Au verso Saint René.

Fête patronale le 11 mai.

Cette frairie inclut : le grand Moulin de Trégus ; Tréguet, Kervézo, Drezet, Lisle*, Kertalet, Kergamet, Stéril, Cozculan, Kernélo, Lisherbignac, Kerniguyot. 

l’ancien château de l’Isle est mentionné par OGÉE en 1779 ; ses ruines se voyaient encore sur le bord de la Vilaine en 1863.

 

 

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5. Frairie de la Grée dont le patron est saint Cyr. Au verso sainte Apolline.

Fête patronale le 16 juin.

Cette frairie inclut : La Grée, Moulin de la Châtaignière, La Châtaignère, La Voûte, Rosquet, Kerandrin, Fontaine au Beurre, Kerolet, René, Ville au Carroux, La Ville Bleue, Kergaval, Kermahé.

 

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Published by jean-yves cordier
12 mai 2013 7 12 /05 /mai /2013 19:38

         Le vitrail de l'arbre de Jessé,

église Notre-Dame-de-Bon-Garant à Férel (56).

 

  Explorant les représentations de l'Arbre de Jessé en Bretagne, en rayonnant à partir du Finistère, j'ai traité successivement de 15 vitraux (dont 12 anciens) et de 7 groupes sculptés:


Je traiterai plus tard de :

  • Vitrail de l'Arbre de Jessé de la Chapelle St-Fiacre de La Faouët : c.1480.

Et en comparaison avec les œuvres bretonnes :

 

  Je découvre maintenant celui de l'église de Férel, en Morbihan. Il est accompagné d'un panneau explicatif de grande qualité qui reproduit un article de 1933 de l'abbé Joseph Blarez (1887-1940), vicaire de la cathédrale de Vannes : j'y trouve un commentaire suffisamment complet pour y puiser largement ici.

Je présenterai le vitrail comme j'en ai l'habitude panneau par panneau après une vue générale. 

 

  I. Présentation.

   Ce vitrail est, avec les fonts baptismaux, les seuls éléments visibles dans la nouvelle église construite entre 1884 et 1890 de l'ancien édifice qui datait du Moyen-Âge et fut démoli en 1894. Le vitrail lui-même daterait de la première moitié de XVIe siècle (entre 1530 et 1548), ce qui le situe au début de la pleine période des arbres de Jessé bretons conservés.

 Il est remarquable par le bel emploi de verres rouges gravés (rayons autour de la Vierge ; tunique de Josias), peut-être (je ne suis pas expert) de verre bleu gravé (c'est plus rare encore, mais ne sont sans-doute pas d'origine) dans les vêtements de Jechonias. Par ailleurs, il est assez comparables autres autres vitraux du même thème dans la disposition des rois de Juda sur des branches issus de Jessé endormi, branches fleurissant en sommité dans la Vierge à l'Enfant.

  Il est composé de quinze panneaux.

                         arbre-jesse 7647c


II. Histoire (d'après J. Blarez).

  Lorsqu'en 1894, l'ancienne église fut démolie, le vitrail qui ornait son chevet fut jugé indigne de la nouvelle construction ou, du moins, il n'y trouva pas place  et il fut placé en caisses dans le grenier du presbytère. Les caisses ne furent ouvertes que dans l'atelier de la veuve Laumonnier à Vannes en 1932.  Cette année-là, la rosace sud de la nouvelle église menaçant ruine, on remania le pignon du transept, grâce à l'action du maire, François Boisrouvray, du recteur Guilhard et des Beaux-Arts. Le vitrail fut restauré par la maison Rault comme l'indique l'inscription en bas du vitrail :  RESTAURÉ EN 1933 PAR LES MONUMENTS HISTORIQUES E. RAULT Verrier d'Art Rennes.

  Le vitrail fut classé le 7 mars 1932 grâce à l'action de Mr. Thomas-Lacroix, archiviste départemental.

Il a été étudié par J.  de Kersauzon dans sa Monographie sur la paroisse de Férel Imprimerie Lafolye, Vannes, 1891. (voir annexe).

  Les deux blasons qui entourent la Vierge sont une reconstitution récente (1933), car les armoiries d'origine avaient été perdues ou détruites et ne permettaient pas une attribution et une datation, mais le raisonnement de Joseph de Kersauzon, qui rapproche le père Eternel de cette verrière à celui d'Assérac (canton d'Herbignac), commandité par les sires de Rieux et de Rochefort Claude et François de Rieux    seigneurs  d'Assérac, permit alors de penser que ces mêmes seigneurs avaient commandité la maître-vitre de Férel. J. de Kersauzon proposait dés lors la date de 1540, date cohérente avec le style du vitrail. Pierre Thomas-Lacroix, directeur des Archives du Morbihan, décida donc de remplacer les armoiries manquantes par celle des seigneurs de Rieux. L'érection de Férel en vicariat d'Herbignac date de 1530-1548.

  

  En janvier 1945, Férel se trouvant situé dans la poche de Saint-Nazaire fut frappé par les bombardements et le vitrail fut touché par des obus. Il fut alors démonté et conduit à Paris, où il fut confié pour sa restauration à l'atelier de Max Ingrand. De retour à Férel, il fut rétabli en 1951, puis restauré en 1985 par l'atelier J.P. Le Bihan de Quimper pour reprendre les ferrures de fixation rongées de rouille, remettre en plomb trois panneaux et réparer le reste. 

 

 

III. Étude panneau par panneau.

  Baie 8, baie en arc brisé de 4,20m de haut, 1,80m de large. Elle occupait jadis le chevet de l'ancienne église, dans une baie à trois lancettes. 

De gauche à droite et de bas en haut : 

 

Isaïe et David.

   Le prophète Isaïe (YSAYE), coiffé du bonnet juif tient un phylactère où s'inscrit le début de la citation du Livre d'Isaïe XI, 1-2 :  Egredietur virga de radice Jesse,[ et flos de radice eius ascendet. Et requiescet super eum Spiritus Domini.] :

"Une tige sortira de la racine de Jessé, une fleur s’élèvera de ses racines. Et sur elle reposera l’Esprit du Seigneur."  C'est sur cette métaphore qu'est construit toute la tradition de l'arbre de Jessé comme arbre généalogique de Jésus, à la suite des évangiles canoniques de Matthieu (Mt I,1-17), et de Luc (Lc III,23-38) et d'une liste de trois séquences de quatorze générations chacune.

 

 A ses cotés se tient un roi tenant un sceptre, les épaules couvertes d'hermine, et la tête couronnée, avec l'inscription LE ROY (DAVID ?, non lisible). Je suis étonné que David ne tiennne pas sa harpe traditionnelle. L'emplacement de David (et de Salomon au troisième panneau) au registre inférieur est inhabituel, ce registre étant le plus souvent occupé par Isaïe, Jessé et Jérémie, et les rois se disposant au dessus.


                       arbre-jesse 4725c

 

Jessé endormi.

Au centre du registre inférieur, Jessé (aussi nommé Isaïe) dans un costume qui mélange la robe sémite et la cuirasse, dort sous sa tente et rêve que de sa souche va naître les générations de rois de Juda : son rêve se concrétise sous forme d'un tronc qui part de sa cuisse et s'élève vers l'étage supérieur. Quatorze rois trouvent place sur ses branches. Il aboutira à la Vierge.

On lit YSA et YESSE.

 Les 14 rois qu'on trouvera figurés ici  sont :

  • (David) fils de Jessé, qui régna 40 ans (1010-970 av J.C.)
  • Salomon fils de David, qui régna 39 ans (970-931)
  • Roboam fils de Salomon, (931-915)
  • Abia (Abijam) fils de Roboam (915-912)
  • Asa fils d'Abia (912-875)
  • Josaphat fils d'Asa (875-850)
  • Joram fils de Josaphat (850-842)
  • Ozias 4ème descendant et 4ème successeur de Joram (782-751)
  • Joathan fils d'Ozias, (751-736)
  • Achaz fils de Joathan (736-721), durée du règne 16 ans.
  • Ezechias fils d'Achaz (721-693)
  • Manassé, fils d'Ezechias (693-639)
  • Josias, petit-fils de Manassé (638-609)
  • Jechonias (Jéconiah), petit-fils de Josias (609-609), avant-dernier roi de Juda avant l'exil à Babylone et la destruction du royaume.

n.b : les dates indiquées ne sont pas celles sur lesquelles s'accordent les spécialistes actuels de l'Ancien Testament, qui, d'ailleurs, ne s'accordent pas.

 Cette liste est celle que propose Matthieu Mt I,7-16 : David - Salomon - Roboam - Abia - Asa - Josaphat - Joram-Osias - Jotham - Achaz - Ézéchias - Manassé - Amon - Josias - Jeconiah - ( suivis de Salathiel - Zorobabel - Abioud - Eliaqim - Azor - Sadoq - Ahim - Elioud - Eléazar - Matthan - Jacob ) avant de se clore avec  Joseph puis Jésus.)  On voit qu'elle omet Amon, afin de se clore avec Jeconiah, dernier roi de Juda pour la tradition chrétienne. On voit aussi que c'est Joseph qui est le descendant de Jessé, et non, comme le laisserait croire la représentation, la Vierge Marie.

 

 

                           arbre-jesse 4726v

 

 

Salomon et le chiffre 41 ; Jérémie.

 Le troisième panneau inférieur montre deux personnages : le roi Salomon, fils de David, porte sceptre, couronne et cuirasse tout comme son père ; l'inscription SALOMON est accompagnée du chiffre 40, interprété astucieusement par J. Kersauzon comme indiquant la durée de son régne selon la Bible, de 1001 à 962. 

  Le prophète Jérémie (supposé), qui fait pendant à Isaïe, tient le phylactère où s'inscrit sa prophétie CREABIT DNS NOVUM SUPER TERRAM, citation du verset de Jérémie 31,22  Creavit Dominus novum super terram femina circumdabit virum : "Le Seigneur a fait du nouveau sur la terre, une femme entourera [ou "environnera"] l'homme". Ce verset abscond (comment une femme peut-elle "environner" un homme ? Un enfant, oui, à la rigueur, pendant la grossesse, mais un homme ? ) a été interprété par Saint Bernard comme annonçant la Vierge, qui concevra Jésus, homme parfait dès sa présence dans le sein de Marie, non par la maturité de l'âge, mais par celle de la sagesse :

http://www.abbaye-chaise-dieu.com/Les-Peres-de-l-Eglise-commentent.html

 

 

                        arbre-jesse 4727c

 

Chaque panneau va désormais représenter deux des douze rois de Juda, assis ou s'aggripant aux branches de l'arbre généalogique qui méne au Christ.

ASA et le chiffre 41 ;  ABIA

L'inscription ASA REX 41 correspond au roi Asa et aux 41 années de son règne de 944 à 904 selon Kersauzon, ou de 911 à 870 selon les éxégètes actuels .

ABIA REX correspond au roi Abia/Abijam.

                    arbre-jesse 4728c

 

 

ROBOAM   et JOSAPHAT

                            arbre-jesse 4729c

 

 

 JORAM et OZIAS 

 

 

                         arbre-jesse 4730v   

 

      EZECHIAS et IECHONIAS

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      JOATHAN et ACHAZ avec le chiffre 16

arbre-jesse 4732v

 

MANASSE et JOSIAS.

arbre-jesse 4733c

 

 

Armoiries de Claude de Rieux.

Armoiries (atelier de E. Rault, 1933) de CLAUDE DE RIEUX SIRE DE RIEUX et de ROCHEFORT :  Ecartelé : aux I et IV d'azur, à cinq besants d'or, ordonnés en sautoir qui est de Rieux, aux II et III vairé d'or et d'azur qui est de Rochefort, sur le tout de gueules à deux fasces d'or qui est d'Harcourt.

  Claude de Rieux (1497-1532) épousa Catherine de Laval, dont il eut deux filles, Claude et Renée. Il se remaria avec Suzanne de Bourbon, dont il eut un fils, Claude II de Rieux (1530-1548, sd.), et une fille, Louise.

 

arbre-jesse 4735c

 

 

 

      Vierge à l'Enfant adorée par deux anges.

 

arbre-jesse 4734v

 

      Armoiries de François de Rieux.

FRANC(OIS) DE RO.... SIRE DE RIEUX ET DE ROCHEFORT.

Les armoiries associent :

 

En 1 les armes de la Maison de Rieux : D'azur à dix besants d'or posés 4, 3, 2, 1.

En 3 les armes des seigneurs d'Assérac issus de la Famille de Rochefort : vairé d'or et d'azur. 

en 2 et 4 : les armoiries de La Feuillée : d'or à la croix engreslée d'azur.

 

Ces armoiries sont à peu de chose près la reproduction de celles qui ornaient la maîtresse-vitre de l'église d'Assérac, et qui ont été décrites par Régis de L'Estourbeilon comme celles de Claude de Rieux, comte de Rochefort et d'Harcourt, marié à Catherine, comtesse de Laval ;  et de son frère François de Rieux, qui eut la terre d'Assérac en 1518, et qui épousa Renée de la Feillée. Tous les deux étaient les fils de Jean de Rieux, Maréchal de Bretagne, régent du Duché à la mort d'Anne de Bretagne, puis Maréchal de France. 

  Il resterait à interprété la couronne placée au dessus des deux blasons, couronne qui d'une part n'est pas exactement la couronne héraldique de marquis, et qui, si c'était le cas, ne concernerait que le fils de François de Rieux, Jean de Rieux, qui obtint le marquisat en 1574.

  S'il est certain qu'il s'agit des commanditaires du vitrail (perdu) d'Assérac, il n'est pas établi avec certitude que ce sont les commanditaires de celui de Férel ; si non e vero, e ben trovato.


arbre-jesse 4736c

 

      Dieu le Pére

avec le Saint-Esprit au dessus de sa tête.

arbre-jesse 7662c

 

 

      Annexe :

   Les anciens vitraux du comté nantais : verrières de Férel, Missillac et Assérac (in. Revue de Bretagne et Vendée) / KERSAUSON J. de ; L'ESTOURBEILLON Régis de. p. 183-195 : 

cliquer : Vitraux de Fèrel.

 

 

   " Férel est une petite paroisse du diocèse de Vannes, située sur les bords de la Vilaine, rive gauche. Dépendant autrefois, au spirituel, du diocèse de Nantes et, au temporel, de la baronnie de la Roche-Bernard et du marquisat d'Assérac ; elle a été, lors de la Révolution, annexée, avec tout le canton de la Roche-Bernard, au département du Morbihan. Ancienne trêve ou fillette d'Herbignac, Férel fut érigée en paroisse indépendante, en 1749. Son église est assez ancienne, et M. de Courson, dans la Bretagne contemporaine (T. I, pp. 45 et 50), s'exprime ainsi à son sujet :  «L'église de Férel date  de l'époque de transition et aurait été fondée, si l'on en croit la  tradition, par les Templiers. Le transept est relié au chœur par de larges arcades à cintre légèrement brisé, reposant sur des piliers à chapiteau simple. Dans la nef, et au bras sud de l'église, le lambris, divisé en plusieurs panneaux, était et est encore couvert de fresques et d'inscriptions gothiques à demi effacées. Dans le transept, des anges, revêtus de longues robes, semblent former un concert en l'honneur de N.-D., comme dans la chapelle de Saint-Jacques, au village de Saint-Léon, en Merléac (Côtes- du-Nord), ou dans celui de Kernascleden, en Saint-Caradec (Morbihan). Le tableau de la maîtresse-vitre, à morceaux rayonnants, dépend du chœur et représente la généalogie de la sainte Vierge, qu'on aperçoit au-dessus du Père éternel tenant dans ses bras l'Enfant Jésus. Des légendes, en capitales romaines désignent les différents personnages. On prétend qu'une verrière toute semblable existe dans l'église de Missillac (Loire-Inférieure), qui, comme celle de Férel, était à la présentation des moines de Saint- Gildas-des-Bois. »

 

   Nous n'avons pas certes la prétention de donner ici de plus intéressants et plus complets détails sur l'église de Férel, dont nous n'avons du reste à parler qu'incidemment. Nous voulons seulement dire quelque chose de son vitrail, et expliquer, du moins à notre sens, plusieurs chiffres placés dans certains de ses panneaux. Sans être en tout semblable à celle de Missillac, comme le croit M. de Courson, la verrière de Férel offre pourtant avec elle bien des points de similitude. Toutes deux, en effet, représentent ce que l'on appelle un Arbre de Jessé. Nous ne ferons pas ici ressortir leurs dissemblances et leurs ressemblances. Nous en reparlerons quand nous aurons à décrire l'église de Missillac et la belle et intelligente restauration de sa maîtresse vitre.

   Ce que nous ne sommes pas disposés à admettre, et ce que semble vouloir faire induire M. de Courson, c'est que le vitrail de Férel dut avoir la même origine et les mêmes donateurs que celui de Mîssillac, c'est-à-dire les moines de Saint-Gildas, présentateurs des deux églises. D'abord, ainsi que nous le démontrerons plus tard, à propos de Missillac, la verrière de cette église fut conjointement offerte par les barons de la Roche-Bernard et l'abbé de Saint-Gildas. Ensuite celle de Férel doit être antérieure de plus d'un demi-siècle à la première. Nous n'avons pourtant, par malheur, ni millésime inscrit, ni armoiries indiquant les donateurs ; mais certaines pièces et panneaux, absolument identiques à d'autres vitraux de date certaine, entre autres à celui d'Assérac, permettent d'arriver à une quasi-certitude sur l'âge de celui qui nous occupe. Nous sommes du reste sur la voie, nous l'espérons du moins, de retrouver les anciens écussons qui décoraient autrefois le haut du vitrail, et qui nous permettront alors d'être fixés sur ce point. Le panneau le plus élevé du vitrail de Férel représente, en effet, le Père éternel absolument semblable à celui correspondant d'Assérac et comme va le démontrer M. le comte de Estourbeillon, qui s'est chargé de ce travail, la verrière d'Assérac, dont il ne reste plus, hélas ! que quelques bribes, remonte à la première moitié du XVIe siècle. Ne doit-on donc pas assigner la même date à celle de Férel ? Ne peut-on même pas ajouter, sans crainte de se tromper, qu'elle a en les mêmes donateurs qu'Assérac, c'est-à-dire les sires de Rieux, seigneurs et plus tard marquis d'Assérac ? En adoptant ce système, qui est pour nous la vérité, le vitrail de Férel serait de 1540 environ.

Après ces explications, entrons dans la description de la verriëre elle-même. Elle se divise en treize panneaux, représentant les rois de Juda depuis Isaïe ou Jessé, père de David, jusqu'à Jéchonias, qui fut, on le sait, emmené captif à Babylone. Tous ces rois sont placés dans un ordre peu régulier, et quelques lacunes existent même parmi eux.

Le médaillon médial du bas nous montre Jessé, père de David ;à gauche de celui qui regarde l'autel, se trouve David lui-même, avec son sceptre royal et accompagné du prophète Isaïe, deJa bouche duquel sortent ces mots : Egredietur virga de radice Jesse. A droite, de l'autre côté de Jessé, on voit le roi Salomon avec cette devise : Salomon roy creabil DNS novum super terram. En avant se lit le nombre 40. Or, pour nous ces deux chiffres ne peuvent et ne doivent avoir qu'une signification : la durée du règne du fils de David qui occupa en effet le trône de 1001 à 963 av. J.C., soit 40 ans. Dans le panneau au-dessous de Jessé nous voyons Roboam et Josaphat à côté; à droite, Osnias rex, Joram et Ozias. A gauche, les deux rois Asa et Abia. Le premier est précédé, sur une banderole, du nombre 41, durée de son règne (944-904 av. J.-C), et suivi du chiffre 3, son numéro d'ordre comme roi de Juda. Nous croyons devoir faire aussi remarquer que le nom d'Osnias, cité tout à l'heure, est mis pour Ochozias. Au-dessus de Roboam, dans la travée médiale, se dessine Joathan rex avec Archaz (pour Achaz), ce dernier précédé du nombre 16, durée de son règne (737-122) ; à droite, on voit Manassé et Josias, à gauche, Jéchonias et Ezéchias. Au-dessus, et au milieu, est Notre-Dame, et de chaque côté deux vitraux blancs, avec anges remplaçant évidemment les anciens blasons que nous avons l'espoir de retrouver. Enfin, au-dessus, et comme panneau le plus élevé, le Père éternel bénissant la sainte Vierge et toute une ligne d'ancètres.

Tel est ce vitrail de Férel, qu'il eût été désirable d'avoir, ainsi que toutes nos autres anciennes verrières du diocèse, reproduits par la photographie.

 

Pour faciliter l'élude des différents rois de Juda représentés à Férel, nous croyons utile de donner ici un tableau chronologique.

Israël ou Jessé, père de David.

 David roi de 1040 â 1001, durée de règne, 39 ans

 Salomon — 1001 à 902 - 33 ans

Roboam — 9C2 à 946 — 16 ans

Abia — 946 à 944 - 2

Asa — 943 à 904 — 41

Josaphat — 904 à 880 — 24

Joram — 880 à 876 — 4

Ochozias — 876 à 875 — 1

Athalie (omise au vitrail) — 875 à 870 — 5

Joas (omis au vitrail) — 870 à 831 — 39 ans

Amassias (omis au vitrail), ~ 831 à 803 — 28 ans

Ozias — 803 à 752 — 51

Joathan — 752 à 737 — 15

Archaz ou Achaz — 737 à 723 — 14

Ezéchias - 723 à 694 — 29

Manassé - 694 à 640 — 64

Amos (omis au vitrail)  640 à 639 — 1

Josias — 639 à 609 — 30

Joachaz (omis au vitrail) — 609 à 008 — 1

Eliacim ou Joachim (omis au vitrail) — 608 à 598 — 10

Jéchonias - 598 à 597 —  3 mois.

Sédécias (omis au vitrail). — 597 à 587 — lO ans.

Destruction du royaume de Juda.

En terminant cette courte et succincte notice sur la verrière de Férel, nous exprimons un désir et un espoir : c'est que la démolition imminente de la vieille église ne nuise en aucune façon à la conservation de ce vieux monument d'un autre âge, et que ce beau vitrail, qui, même au point de vue artistique, a une réelle valeur et possède de très belles couleurs, trouve sa place, comme à Missillac, dans le nouveau temple qui va être édifié. " J. de Kersauson. 

  

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Published by jean-yves cordier
10 mai 2013 5 10 /05 /mai /2013 22:45

                  El Sulero de Santoña (Espagne).

 

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                                espagne 4619

 

          espagne 4621

 


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Published by jean-yves cordier
5 mai 2013 7 05 /05 /mai /2013 21:50

 

 

   Les navires de la Penfeld à Brest,

          vus de la Tour Tanguy.


  Lorsque le visiteur qui découvre Brest se rend au pied de la Tour Tanguy, il contemple le panorama des rives de la Penfeld avec, devant lui, le Château, et à sa gauche le pont levant de Recouvrance. A ses pieds, l'Arsenal et le port militaire.

   S'il identifie rapidement la Belle-Poule et l'Étoile, ou le yawl La Grande Hermine il s'interrogera peut-être comme moi sur les navires amarrés le long des quais et des passerelles. Cet article est destiné à lui répondre, bien que je n'ai aucun titre et aucune compétence pour le faire.

  Je remercie Jean-Michel Roche qui m'a autorisé à utiliser les informations qu'il donne sur les navires militaires dans ses articles du site netmarine.net.

 

I. Les navires amarrés rive gauche sous le château.

Entre le pont de Recouvrance et le Château, on trouve successivement (en 2013) :

  • Le bateau-pompe rouge Y783 AVEL ABER
  • Le bateau pilote ou Vedette de pilotage (VP) Y780, sans nom.
  • 3 remorqueurs RP12 : Y643 NIVIDIC, Y640 MENGAM, ...
  • 4 remorqueurs RCP12 : A678 LA HOUSSAYE, A680 TAUNOA, A679 KEREON, A677 AR MEN
  • 4 pousseurs de Sous-marins lanceurs d'engins type PSS 10 : n° 101, 102, 
  • Le caudataire Machaon Y657
  • 2 pousseurs de port type PS4 : 32 et 22.

 

navire-militaire-penfeld 3276c

 

DSCN1901c.jpg

 

II. Les navires amarrés rive droite.

1. En amont du pont de Recouvrance :

  • 2 Pontons-grues automoteurs : PGA3 Y677 et PGA 4 Y678. 

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2. En aval du pont :

a) Ponton de la Gendarmerie Maritime :

  • Vedette Côtière de Surveillance Maritime VCSM P621 ABERWRACH
  • VCSM P615 PENFELD
  • Vedette de Surveillance Maritime et Portuaire VSMP BRIGANTINE P798

b) Vedettes transrade de la Société Morlenn :

  • TRÉBÉRON
  • BINDY

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Rassurez-vous, je vais reprendre plus lentement pour ceux qui veulent rester :

 

III. PORTRAITS.

 

1. Le bateau-pompe AVEL ABER Y783.

Cette embarcation de la compagnie des marins-pompiers  est, en terme technique, une VIR ou Vedette d'Intervention de Rade comme la Loude Y784 et la Divette Y785 construites par le chantier Sibiril de Carantec en 1994, mesurant 14,60 m de long, 4,60m de large, 1,94 m de tirant d'eau et disposant de deux moteurs Baudouin V6Ti 450 de 375 cv assurant une puissance de 750cv. Le déplacement de 16 t passe à 23,5 t en pleine charge, la vitesse atteint 17 nœuds. C'est l'ex-ELORN, dont le nom n'était pas officiel  qui a été baptisée officiellement en 2008  AVEL ABER, signifiant "Vent des Abers".

  Leur équipement repose sur un radar (Furuno ou Raythéon), 2 canons à eau à 10 bars de pression  de 72.000 l/h) , un générateur à mousse, 2 pompes de 150 m³/h actionnées par 2 moteurs FAPMO de 80 CV, 10 bouches à incendies réparties en deux groupes AV et AR (2 de 100 mm – 2 de 65 mm – 1 de 45mm par groupe), et  6 bouteilles de CO² de 200 kg , 1600 l de mousse et 1080 l d’émulseur AF3 à 3%. 

 L'équipage est formé de six hommes (patron, mécanicien, chef d'agrès, binôme d'attaque et binôme d'alimentation).


 

 navire-militaire-penfeld-3276cc.jpg

 

 

 

2. La pilotine Y780.

Construite en 1993 au chantier Sibiril à Carantec, cette Vedette de Pilotage VP qui peut accueillir 6 hommes d'équipage mesure 14,40 m de long, 4,60m de large et 1,9 m de TE, avec un déplacement de 16 t. Avec une puissance de 750 cv, elle peut atteindre la vitesse de 20 à 25 nœuds. Les Vedettes de Pilotage appartiennent aux Vedettes de servitude type V14.

 Leur durée de vie est estimée à 20 ans, et, en 2013, cette pilotine de 1993 arrive en fin de carrière. En 2010, le Télégramme de Brest annonçait son remplacement (ainsi que l'Enez-Hir) par deux vedettes nommées Léon et Cornouaille: voir mer et marine.

  On réalise que les deux vedettes, le bateau-pompe et la pilotine placée tête bêche sont parfaitement semblables, si on ôte les lances incendies du bateau rouge. Elles sont toutes les deux semblables également aux vedettes de la Gendarmerie Maritime.

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3. Les remorqueurs.

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Ce sont six sisters ships, 3 RP12 et 3 RPC12, "de 12 tonnes de traction au point fixe"  qui ne différent que par leurs équipements,les RP ou Remorqueurs Portuaires dont le numéro débute par la lettre Y n'étant pas équipés comme les RPC ou Remorqueurs Portuaires et Côtiers dont le numéro débutent par la lettre A.

  Ces navires de 25m de long et 8,4 m de large sont propulsés par 2 propulseurs Voith Schneider sous l'effet de deux moteurs Baudouin de 660 cv. Les cinq pâles verticales de chaque propulseur permettent une manœuvrabilité à 360°. Sur ce type de navire, le pilote prend le volant au lieu de tenir la barre.

 Ils ne sont pas armés...sinon d'un canon à eau car ils participent au soutien incendie. Ils sont aussi équipés pour la lutte anti-pollution (barrage flottant, produit dispersant)

 Voir Netmarine.net: construits à Lorient chez Lorient Naval Industrie ou à Boulogne à la SOCARENAM, 

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a) Remorqueurs portuaires de type RP12.

Leur numéro débute par Y ; ces remorqueurs portuaires se nomment  NIVIDIC Y643, MENGAM Y640 et LE FOUR Y647. Par rapport aux remorqueurs côtiers, ils ne disposent pas de cuisine ni de chambres et à la cabine de pilotage, on ne trouve ni gyro, ni pilote automatique.

  Leur équipage est de 5 personnes.

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b) Les 4 remorqueurs Portuaires et Côtiers  RPC12.

  Ce sont la HOUSSAYE A678, AR MEN A677 et KÉRÉON A679 et TAUNOA A680. Leur champ d'action va de Brest à Lorient.

  L'équipage se compose de six à huit membres : un premier-maître (le patron du bord), un maître manœuvrier (second du bord), un maître mécanicien, et trois brigadiers (deux seconds-maîtres et un matelot). 

Le remorqueur La HOUSSAYE doit son nom à un cap de l'Île de la Réunion (qui rend lui-même hommage à un capitaine breton, Guillaume La Houssaye) ; il a été mis en service le 30 octobre 1992.

Le TAUNOA  tient son nom d'un quartier de Papeete , car il était prévu qu'il soit affecté à Mururoa. Il a été mis en service en mars 1996.

 navire-militaire-penfeld 3291c

 

 

4. Les 4 pousseurs de sous-marins nucléaires lanceurs d'engins type PSS 10 : n° 101, 102,.

Construits à Lorient Naval Industrie à Lorient, ils sont en service depuis juillet 1993, mesurent 17 mètres x 6,4 m x 2,4 m, ont un déplacement de 44 tonnes qui passe à 69 t en pleine charge. Leur puissance est de 450 cv, leur vitesse est de 6 noeuds, et ils sont maniés par un équipage de deux hommes (netmarine.net, "flotte française en 2012"). Ajoutons à cela 2 moteurs diesels Poyaud-Wärtsilä UD 25 L 6 M 4, 2 hélices - 900 ch (660 kW) et une puissance électrique 3 kW.

 La liste de la Flotte française 2012 ne mentionne que 2 pousseurs à Brest, le 101 et le 102, et deux à Cherbourg: j'ignore si les deux autres navires, strictement semblables apparemment, que nous voyons sont aussi des PSS 10.

 


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5. Le Caudataire MACHAON.

C'est un navire nommé caudataire qui, comme son sister-ship basé à Toulon le PHAÉTON, est chargé de mettre en place et de récupérer les antennes ETBF des sous-marins SNLE et SNA avant et après leur patrouille.

Site de la Marine Nationale.

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 Ce Machaon mérite un article spécial d'onomastique navale : voir  Les caudataires Machaon et Phaéton de la Marine : délices de l'onomastique navale.


6. Les pousseurs portuaires de type PS4 A et B.

  Les pousseurs portuaires de type PS4 mesurent tous 11,9 mètres de long, 4,51 m de large, 1,27 m de tirant d'eau, ils ont tous un déplacement de 27 tonnes qui passe à 83 t en pleine charge, tous ont la même puissance de 440 cv et la même vitesse de 9 nœuds ; tous sont conduits par deux hommes d'équipage. Ils ont encore en commun  2 moteurs diesels Poyaud-Wärtsilä UD 6 PZ M 1 (6) , ou UD 18 V M 1 (13 à 30 ), ou Baudoin V 6 TI 330 (31 à 38), 2 hélices - 440 ch (325 kW) et une puissance électrique de 1 kW.

 Enfin, tous doivent leur nom de type à leur puissance de traction au point fixe qui est de 4 tonnes.

  Mais Dieu le Père, ou l'un de ses représentants galonnés sur mer, en leur infinie sagesse, a distingué le pousseur PS4 simple (à Brest, c'est le n° 14) du PS4 de type A (représenté ici par le n°22) et du PS4 de type B (à Brest, le n° 32).

Enfin, aucun ne porte de nom propre, sauf le n° 31 (MARACUDJA) et le n° 34 (CARAMBOLE), qui servent tous les deux à Port-de-France.

Pourquoi, Mon Dieu, pourquoi tant de subtilités dans tes décisions ? 

  Si la diversité des espèces s'appauvrit, ce n'est pas la faute de la Marine.


 Saurez-vous les trouver ?

Le dessinateur distrait a fait deux erreurs en recopiant son pousseur ; laquelle ?

(un trois au lieu d'un deux ; la couleur des pare-chocs)

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7. Les Pontons-grues automoteurs.

  les PGA3 Y677 et PGA 4 Y678. 

  Comme je ne savais pas ce qu'était un "ponton-grue automoteur", le site meretmarine.com m'a fait un beau dessin en coupe et m'a donné les explications suivantes :" Ces nouveaux moyens portuaires permettront d'effectuer les manutentions courantes sur les navires de la Marine nationale, qu'il s'agisse de radeaux de survie, de munitions ou de pièces de rechanges. Ils pourront également relever des ancres de 4 tonnes. A cet effet, ils seront équipés d'une grue d'une capacité de 8.3 tonnes à 8.5 mètres et de 3.3 tonnes à 18.5 mètres, ainsi que d'un treuil d'une capacité de 12 tonnes. Capables de transporter 24 tonnes de fret, les nouveaux pontons-grues seront manoeuvrés par trois hommes d'équipage pour les manutentions et de cinq hommes pour les opérations d'ancrage".

  Construites par la SOCARENAM de Boulogne et livrées en février 2008, les PGA3 et PGA4 de Brest, comme les PGA1 et PGA2 de Toulon et la PGA5 de Cherbourg mesurent 21,4 x 9,9 x 1,7 mètres, leur déplacement de 146 t passe à 172 t  en charge. La puissance du moteur est de 300cv avec une vitesse de 6 nœuds. Trois hommes d'équipage sont à bord, dont l'un est chef.


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8. Les vedettes de la Gendarmerie Maritime.

  Pour remplacer les anciennes VSC de 10 à 14 m, 24 Vedettes Côtières de Surveillance Maritime ont été conçues par Raidco Marine de Lorient, construits par le chantier CNB de l'Herbaudière et livrées en 2013 : Concarneau a reçu la première ( l'ELORN), et Brest reçut les P615 et P621 baptisés PENFELD et ABERWRACH. Longues de 20 mètres hors-tout, elles  déplacent 42 t en charge et ont une vitesse de 25 à 28 nœuds grâce à deux moteurs diesel MAN 12 cylindres en V pour une puissance totale de 2000 cv. Elles reçoivent un équipage de huit hommes. Un pneumatique de huit places dispose d'un moteur de 70 cv. L'armement est constitué par une mitrailleuse de 7,62 mm.

      Source : Marine Nationale

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La BRIGANTINE P798.

      Elle appartient au groupe de huit VSMP ou Vedette de Sûreté Maritime et Portuaire qui portent toutes le nom d'une pièce d'armure. Je rappelle que l'on nomme brigantine "une cuirasse formée de plaques de métal fixées sur du tissu ou du cuir".

  Les autres vedettes se nomment Rondache, Haubert, Pavois, Écu, Harnois, Heaume et Gantelet.

Elles mesurent 12,64 mètres de long, 3,88 m de large déplacent 11 tonnes et peuvent atteindre 30 à 35 nœuds sous l'effet de 3 moteurs diesels. L'équipage est de six hommes, qui disposent de 4 mitrailleuses de 7,62 mm.

Source : Marine Nationale. 


      9. Les vedettes transrades de Morlenn Express.

La Société Morbihannaise de Navigation/ Morlenn Express arme à Brest des vedettes à passagers nommées ARUN, BINDY, TIBIDY, TREBERON, TÉRÉNEZ qui assure les liaisons avec l'Île Longue et les établissements de l'École Navale à Lanvéoc. Ces sisters ships de 36,30m et d'une puissance de deux fois 1120 KW, construits par le chantier Gamelin de La Rochelle peuvent accueillir 400 passagers.

  Leurs noms correspondent à celui d'îles de la Rade de Brest.

Source : marine-marchande.net

 

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10. Le remorqueur côtier A696 BUFFLE.

  C'est un des trois RCVS type Bélier assurant une traction au point fixe de 30 tonnes. Leur appellation de RCVS, Remorqueur Côtier Voith-Schneider indique qu'ils sont équipés des propulseurs cycloïdaux verticaux à pales Voith-Schneider qui leur assurent une manœuvrabilité à 360°. 

Le Buffle a été lancé le 18 janvier 1980.

Voir le site Wiki-Brest. et celui de la Marine Nationale.

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      Sources et liens:

liste de la Flotte française 2012, netmarine.net

http://www.defense.gouv.fr/marine/decouverte/equipements-moyens-materiel-militaire/batiments-de-soutien/remorqueurs/cotiers/remorqueurs-cotiers-type-frehel

 

Nombreux renseignements sur netmarine.net.

 

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Published by jean-yves cordier
4 mai 2013 6 04 /05 /mai /2013 20:07

Onomastique navale et zoonymie :

Machaon et Phaéton, les "caudataires" de Brest et Toulon.

 

  Cette petite friandise onomastique est très simple, mais  fait mes délices : la voilà en quelques mots :

Les sous-marins lanceurs d'engins et les SNA de la Marine Nationale doivent mettre en place pour chacune de leur patrouille une antenne dite ETBF, ce qui signifie "écoute à très basse fréquence". L'antenne linéaire, long câble doté d'hydrophones, est remorquée par le sous-marin en traine derrière lui. Et à la fin de la patrouille, il s'agit de récupérer cette antenne : la mise en place et la récupération de cette longue queue, c'est précisément le rôle de navires conçus exprès pour cela, et on les nomme, pour cette raison, des caudataires.

La flotte française dispose de deux navires caudataires, le Machaon à Brest et le Phaéton à Toulon : ce sont des navires construit par CIB à Brest, lancés en juillet 1993 et juillet 1994 et dont les caractéristiques sont les suivantes ; Longueur : 19,20 mètres Largeur : 6,82 mètres Tirant d'eau : 1,20 mètres Tirant d'air : 8,70 mètres Déplacement : 69 tonnes et 75 tonnes en pleine charge Vitesse : 8 nœuds Distance franchissable : 270 nautiques à 7 nœuds Énergie et propulsion 2 moteurs diesels SACM UD 18 V 8 M 5 2 hydrojets - 720 ch (530 kW) Puissance électrique : 10kW Équipement électronique 1 radar Decca 181-4 Équipage 4 hommes (source : site Marine Nationale)

.

Le MACHAON Y657 amarré à Brest (avril 2013) : on voit le système d'enroulement et déroulement du câble de l'antenne.

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Le site mermarine.com montre des images de la récupération d'une antenne de SNA par le Phaéton à Toulon.

 

ONOMASTIQUE.

  Le dictionnaire (CNRTL) nous indique, pour l'article "caudataire", ceci :

 

"CAUDATAIRE, subst. masc. et adj. : A.− (Celui) qui porte la queue de la robe ou du manteau d'un grand personnage (pape, cardinal, roi, reine, etc.) lors des cérémonies. Synonyme. porte-queue. Gentilhomme caudataire (Ac. 1835-1932). Les cardinaux se sont avancés, (...); deux caudataires portent leur queue violette (Taine, Voyage en Italie,t. 1, 1866, p. 123). B.− P. métaph., litt. Courtisan servile 

Étymol. et Hist. 1546 (Rabelais, Tiers-Livre, éd. Marty-Laveaux, t. 2, p. 182 : fol caudataire). Dér. du lat. cauda (queue*) d'apr. légataire, donataire; cf. lat. médiév. caudatarius « porte queue » "

 

 Ceux qui ont baptisé ainsi du nom de caudataire ces navires chargés de porter et de récupérer l'antenne ont ainsi créé une très belle et très juste image, associant dans le même mot le fait que ces bateaux sont des "navires de servitude" (c'est le terme employé), et qu'ils sont chargés de dérouler et enrouler la traine ou queue du câble-antenne.

 Ils ont fait mieux, puisqu'ils ont baptisé MACHAON le caudataire de Brest, et PHAÉTON celui de Toulon.

  On apprécie mieux la finesse de la dénomination lorsqu'on apprendra que le papillon Machaon est aussi désigné par le nom de Grand Porte-queue, en raison de l'appendice qui prolonge la partie caudale de ses ailes  (voir la zoonymie du Machaon :  Balade en Baie de Douarnenez : le Machaon.

 

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  Quand au Phaéton, on comprend immédiatement la justification de ce choix en lisant la définition de cet oiseau de mer "de taille moyenne, nichant sur les îles océaniques des régions tropicales, et caractérisé par des plumes rectrices centrales très allongées" : c'est lui qu'on surnomme Paille-en-queue. Petit-paille-en-queue (ou Petit-paille-en-cul) pour le Phaéton à bec jaune Phaethon lepturus Daudin, 1802 ; et Paille-en-queue à brins rouges Phaethon rubricauda, Boddaert, 1783 ; ou Grand Paille-en-queue pour le Phaéton à bec rouge Phaethon aetereus Linnaeus, 1758.

 

                            (source Wikipédia)

 

L'histoire ne dit pas comment se nomment les marins composant l'équipage des caudataires de Brest et de Toulon, ni si la Marine leur impose dans leur uniforme le port de la queue-de-pie, ni comment ces porteurs de queue sont considérés par les sous-mariniers.

 

BONUS : Le tampon de la Poste Navale militaire pour le Machaon :

.

http://www.postenavalemilitaire.com/t2209-machaon

 

 

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Published by jean-yves cordier
1 mai 2013 3 01 /05 /mai /2013 17:28

La Jacinthe sauvage Hyacinthus non scriptus.

plus exactement Hyacinthoides non-scripta (L.) Chouard ex Rothm., 1944.


 

   Puisque les orchidées mâle et bouffon sont régulièrement nommées "jacinthes sauvages", je place ici cette photographie pour faire la différence ; en breton elle est nommée bokidi-koukou, pour-bran, roz-koukou ,  kilked-broen.

 


 019v

 

 C'est le port affaissé et fatigué de la tige sous le poids des clochettes qui l'a fait nommer aussi Endymion nutans, du nom de ce héros mythologique plongé dans un sommeil éternel par la déesse de la lune dont il était l'amant.


Linné, dans Species plantarum de 1753 page 316, la classe parmi les hyacinthus en suivant Bauhin et le Hyacinthus oblongo flore caeruleus major de son Pinax Theatri page 43 .

 Si le nom Jacinthe, Hyacinthus, vient des grecs Théophraste et Dioscoride, c'est au botaniste flamand Rembert Dodoens que revient en 1568 celui de Hyacinthus non scriptus, comme l'expliquent Daléchamps et Desmoulins.

 Dodoens écrit page 168 de Florum, coronariarum odoratarumque nonnullarum herbarum historia

 : cognominatur autem hic hyacinthus nons scriptus, ad differentiam nempe alteriius superius descripti qui luctus notas inscriptas habet. "Il porte maintenant ce nom pour le distinguer de l'autre décrit plus haut et qui porte les inscriptions de son trépas." (adaptation (très) personnelle).

  On estime que Dodoens a voulu marquer la différence avec la jacinthe mythologique, celle de la littérature grecque, où le héros Hyacinthe est aimé d'Apollon : alors que celui-ci lui apprend le lancer du disque, le beau Hyacinthe est frappé à la tempe par le disque et meurt ; de son sang naît une fleur, la Jacinthe, mais les larmes d'Apollon viennent marquer les pétales des lettres AIAI (hélas) (Ovide, Métamorphoses, livre X). Apollon s'écrit :


Nouvelle fleur écrite aux marques des douleurs

Tu iras imitant mes soupirs et mes pleurs

Le temps viendra après qu'un héros très illustre

Changé en cette fleur relèvera son lustre

Et en la même feuille on y lira son nom.


 Le "héros très illustre" est Ajax, dont le nom est proche d'AIAI.


  Nous comprenons maintenant pourquoi cette jacinthe des bois, dont les pétales ne portent aucun mot d'amour et de lamentation, porte l'épithète non scriptus.

 

ANNEXE : le texte latin : Trad.de A.-M. Boxus et J. Poucet, Bruxelles, 2008

 

Te lyra pulsa manu, te carmina nostra sonabunt

flosque nouus scripto gemitus imitabere nostros.

Tempus et illud erit, quo se fortissimus heros

addat in hunc florem folioque legatur eodem. ”

Talia dum uero memorantur Apollinis ore,

ecce cruor, qui fusus humo signauerat herbas,


desinit esse cruor Tyrioque nitentior ostro

flos oritur formamque capit quam lilia, si non

purpureus color his, argenteus esset in illis.

Non satis hoc Phoebo est (is enim fuit auctor honoris) ;

ipse suos gemitus foliis inscribit, et AI AI

flos habet inscriptum, funestaque littera ducta est.


"Ma lyre sous mes doigts, et mes chants retentiront pour toi

Et, fleur nouvelle marquée d'une inscription, tu symboliseras mes plaintes

Viendra aussi un temps où le plus vaillant des héros

Aura son nom sur les mêmes pétales et s'ajoutera à cette fleur.

Tandis qu'Apollon à la bouche véridique tient ces propos,

Voici que le sang, qui avait taché l'herbe en s'écoulant sur le sol

Cessa d'être du sang, et plus brillant que la pourpre tyrienne,

Une fleur éclot, qui par sa forme ressemblerait à un lys,

Si elle n'était pas pourpre et si les lys n'étaient pas argentés."


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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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