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1 avril 2012 7 01 /04 /avril /2012 20:54

        L'église du Vieux Bourg à Lothey :

               Anne trinitaire.

 

Voir d'abord  L'église du Vieux Bourg à Lothey et ses statues.

 

  La niche qui abrite le bas-relief du XVIe siècle en bois polychrome de Sainte Anne est placée à droite du choeur, du coté de l'épître, en vis à vis de celle de saint Jean. Elle est surmonté d'un ovale peint en bleu mais où se découpent cinq "fusées" qui ne peuvent être que les cinq fusées rangées et accolées accompagnées de quatre roses de même" qui sont de Kergoët : un restaurateur bien intentionné aura peint en "azur" ce qui était rouge, "de gueules", et on comprend alors les roses adjacentes, mêlées de marguerites ou de fleurs sp.

vieux-bourg 0759

 

Ce groupe en bois polychrome du XVIe siècle mesure 95 cm de haut, 55cm de large et 27 cm de profondeur.

  Le bas-relief montre deux femmes assises. L'une, placée un peu plus haut que l'autre, la tête recouverte d'un voile verdâtre ou guimpe est Sainte Anne la mère de Marie, laquelle est représentée avec de longs cheveux dénoués, retombant sur les épaules et devant la poitrine. La couronne qui repose sur ces cheveux semble être une fine tresse dorée.

  Ces deux femmes ont la tête légèrement inclinée sur la gauche et leur regard, un peu rêveur, est dirigé vers le bas et la droite. Ce jeu des regards est particulier, inhabituel, Anne notamment semble à la fois feuilleter son livre, présenter un fruit à son fils, sans rien perdre de son émission préférée sur le poste de télévision placé en bas à droite. Mais comme cela est légèrement anachronique, je laisse à chacun le soin d'imaginer une autre explication.

  La mère de Marie est vêtue d'une grande robe rouge à larges manches tandis que sa fille porte une robe de ton écru, à décolleté rectangulaire. Sur les genoux de la Vierge se tient le troisième personnage de ce groupe trinitaire, l'Enfant-Jésus dont le corps et le regard sont tendus dans une direction oblique vers le haut et la droite qui conduit à un triangle presque central de la sculpture.

Ce triangle est constitué sur le bord droit d'une belle grappe de raisin, pointée vers le haut ; et trois mains forment les trois coins, main de l'enfant en haut, saisissant le fruit pour le presser, main de la grand-mère proposant la grappe, et main de Marie soutenant le bras de son fils pour guider sa prise et participer à son acte.

  A coté de ce point nodal de la composition, la main gauche de Sainte Anne tourne la page du livre qu'elle tient sur ses genoux, et la main droite de Marie, que la menotte de l'enfant vient tenir fermement, soutient les fesses du garçonnet.

vieux-bourg 0736c   

    Ce groupe  appartient à l'ensemble d'une dizaine d'oeuvres semblables d'Anne trinitaire de la moyenne vallée de l'Aulne. Mais Guy Leclerc a montré (Bull. Soc. Arch. Finist. CXXXXIV, 2005 pp 68-72) qu'une oeuvre en réalise un double presque parfait, alors qu'elle se trouve aux Îles Canaries, et qu'elle a été fabriquée à Anvers !

  Il s'agit de la Sainte Anne Trinitaire de l'église paroissiale san Francisco de Asis à Santa Cruz sur l'île de La Palma, et qui porte (ainsi que cela a été découvert par hasard en juillet 1998 par un restaurateur lors d'un gazage contre les insectes), la marque de la guilde d'Anvers. Elle est datée vers 1510-1525. Elle mesure 115cm de haut pour Sainte Anne, 94 cm pour la Vierge, 27 cm pour l'Enfant ; elle est en bois polychrome essentiellement dorée.

 http://www4.gent.be/sintpietersabdij/05_El_Fruto/extra_fruto3_fr.htm

 

  Cette découverte laisse présumer que la statue de Lothey a été réalisée à la même date et par le même atelier d'Anvers, bien que les personnages soient de taille plus petite d'une vingtaine de centimètres à Lothey, (Anne 87 cm contre 115, Marie 80 cm contre 90, Jésus 21 cm contre 27).

  Certes les relations économiques, politiques et artistiques entre la Bretagne et la Flandre au XIVe, XVe et XVIe siècles sont parfaitement établies, mais Guy Leclerc fait aussi remarquer qu'une vingtaine d'année avant la date présumée de cette sculpture, le seigneur de Guilly en Lothey, Hervé de Launay, était sieur de Port-Launay, le port qui assurait, sur l'Aulne maritime, le débouché vers l'Océan, la Manche et la Mer du Nord : ce qui procurait au commanditaire potentiel des contacts avec la Flandre.

 

Interprétation religieuse de l'oeuvre:

  a) Cette "trinité" de la Grand-mère, la Mère de Dieu et l'Enfant-Jésus peut être considérée en parallèle de la Sainte Trinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit selon la théologie de l'Incarnation pour illustrer comment se sont unies la nature humaine et la nature divine en la personne du Christ. En 1519 à Chartres, à l'époque même de fabrication de l'Anne Trinitaire de Lothey, Jehan Soulas sculpte sur le pourtour du choeur de la cathédrale la rencontre d'Anne et de Joachim à la Porte Dorée de Jérusalem, là où les époux échangèrent, selon la Légende Dorée,  le baiser d'où naquit, selon la prédiction de l'ange, la Vierge Marie : la pensée médiévale voyait dans cette conception par un baiser, "sans semence d'homme", la preuve de la virginité miraculeuse d'Anne, et de la conception de Marie par l'intervention divine. 

  La croyance en une conception virginale de l'enfant Marie par Anne accompagne celle de sa naissance échappant au péché originel, c'est-à-dire l'immaculée conception de la Vierge : croyance discutée pendant tout le Moyen-Âge mais réaffirmée par le Concile de Trente.

  b) En même temps l'oeuvre peut se lire, un peu comme un arbre généalogique, selon un axe de filiation honorant Sainte Anne, de la famille de David, en illustrant sa descendance.

c) Ces trinités célèbrent le chiffre trois, mais introduisent toujours à coté des trois personnages des attributs qui orientent l'interprétation théologique du trio dans une direction particulière. Ici, à Lothey, deux attributs sont présents : le livre, et la grappe de raisin.

  • Le livre peut être considéré comme celui de l'Ancien Testament, l'histoire juive du Salut qui se clôt avec Anne avant que ne débute, avec Marie, le Nouveau Testament.
  • Il est remarquable que le livre de l'iconographie de sainte Anne soit presque toujours un livre ouvert en son milieu (alors que les évangélistes ou les apôtres ou les Pères de l'église portent plutôt des livres fermés) : il est le double symbole de la lecture, et de l'enseignement. Anne est souvent représentée apprenant à lire à sa fille, plus rarement à son petit-fils, illustrant le rôle éducatif du parent ; mieux, elle devient (beaucoup plus que Saint Joseph) la représentante du Parent en tant que tuteur, exemple et  initiateur. Anne est à la fois , prosaïquement, le modèle de la Mère de famille, puis spirituellement,celui de l'Éducatrice chrétienne, et enfin  le modèle de la lecture prophétique, déchiffrement de l'Ancien Testament pour initier sa fille à la mission qui l'attend. Ce rôle est celui qu'illustrent les Éducations de la Vierge, duo mère-fille. Sur 60 statues du diocèse du Mans, 57 ont le livre comme attribut : il est ouvert dans 53 cas ; c'est souvent un abécédaire  link
  • Enfin Sainte Anne est figurée en train de tourner une page, et annonçant ainsi la page qui va se tourner pour l'humanité dans l'histoire du Salut. 
  • La  grappe de raisin est un symbole de l'eucharistie, elle évoque la grappe mystique écrasée sous le pressoir (torculus christi) durant la Passion du Christ, son sang étant le jus de raisin puis le vin de l'eucharistie rachetant les âmes du péché. Présentée ici par Anne éducatrice et prophétique, elle est saisie par l'enfant dont le bras est guidé par la main de sa mère. Ainsi les deux femmes apparaissent ainsi comme actrices essentielles du sacrifice christique, mais leur regard détourné indique qu'elles n'en sont que les vecteurs, et que c'est en partie à leur insu que se réalise le Plan Divin : par leurs corps et par leurs gestes mais, pour ainsi dire, sans que cela ne les regarde, ou lisant ailleurs les instructions qu'elles reçoivent et qu'elles exécutent.



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Published by jean-yves cordier
1 avril 2012 7 01 /04 /avril /2012 19:21

        Groupes dits de Sainte-Anne Trinitaire :

               l'ensemble de la vallée de l'Aulne

 


      Introduction.

sources :link

               link

  La Bretagne voue à Sainte-Anne un culte si particulier qu'on a pu qualifier la mère de Marie de Mamm goz ar Vretoned, "grand-mère des bretons" ( Job an Irien et Y.P. Castel, Santez Anna, mamm goz ar Vretoned, Sainte Anne et les Bretons Minihi Levenez, 1996). Si la dévotion des bretons est devenue considérable après que la sainte soit apparue en 1623 à Yves Nicolazic, date de fondation du sanctuaire de Sainte-Anne d'Auray et de son pèlerinage, elle est très antérieure à cette date et remonterait au VIe siècle. Certes le prénom Anne (Anna en breton) n'apparaît pas en Bretagne avant le XVe siècle et le prénom de la Duchesse Anne (1477-1514) lui aurait été transmis par Anne de Beaujeu. Certes encore le prénom de la mère de la Vierge ne lui était pas attribué avant le VIIIe siècle, et si en 1381 Urbain VI autorisa sa fête pour toute l'Angleterre, ce n'est qu'en 1584 que Grégoire VIII fixa sa fête au 26 juillet pour toute la chrétienté. En 1622, Grégoire VX en faisait un fête chômée, et les apparitions à Nicholasic commencèrent l'année suivante.

  Les statues qui vont être étudiées sont du XVIe siècle, et donc antérieures à cette date charnière de 1622. Elles représentent trois personnages groupés, Sainte Anne, la Vierge et l'Enfant-Jésus, sous le nom de groupe d' Anne trinitaire (ou Trinités mariales)  représentation qui n'est pas, loin s'en faut, propre au Finistère. Mais le long de la moyenne vallée de l'Aulne, sur une quarantaine de kilomètres entre Carhaix et Châteaulin, sept groupes rassemblent des caractéristiques qui incitent à les considérer comme un ensemble cohérent. Géographiquement, ce Bassin de Châteaulin traversé par l'Aulne après sa rencontre avec son affluent l'Hyère, est une dépression entre Monts d'Arrée au nord et Montagnes Noires au sud, ancien golfe marin aux riches terres sédimentaires, qui offre des paysages doucement ondulés sillonnés de vallons verdoyants, alternant les prairies et les champs, les haies plantées, et le cours paisible du fleuve.

   De l'ouest à l'est, de Châteaulin à Saint-Hernin, 7 groupes trinitaires peuvent y être relevés, même si on est tenté d'y ajouter quelques autres exemples excentrés (8 à 10) :

1. Châteaulin, chapelle Notre-Dame.

2. Lothey, église du Vieux-Bourg.

3. Gouezec, chapelle de Tréguron.

4. Saint-Thois, église St-Éxupère.

5. Saint-Gouazec, Le Moustoir, chapelle de la Madeleine.

6. Châteauneuf-du-Faou, église Saint-Julien.

7. Saint-Hernin, ossuaire.

8. Edern, chapelle Notre-Dame de Hellen (idem).

9. Daoulas, chapelle Sainte-Anne.

10 Quéménéven, fontaine de Kergoat.



 

valee-aulne-IGN-1.jpg

 

En 1991, Guy Leclerc publia une première étude du groupe de Châteaulin et énuméra les différents exemples de l'Ensemble de la Vallée de l'Aulne dans Bulletin de la Société Archéologique du Finistère (pp 150-154).

  En 2005, le même auteur, actuel vice-président de la Société Archéologique du Finistère, publiait dans le Bulletin (Bull.S.A.F. Tome CXXXIV, pp 68-72) un nouvel article indiquant l'origine flamande du modèle.

 

Caractères communs :

les caractères qui sont communs à ces groupes statuaires sont : 

  • la position assise de sainte Anne et de la Vierge,
  • La taille presque semblable d'Anne et de Marie, mais avec une différence au profit d'Anne,
  • La coiffure d'Anne, constituée par, un voile,
  • la présence d'au moins un de ces objets : fruit, livre, globe terrestre.
  • les dimensions générales du groupe, avec une hauteur proche de 1,30m.

Seule la statue de Châteauneuf crée un écart, la Vierge étant de taille trés inférieure à celle de sa mère. 

Le matériau n'est pas le même pour tous, le groupe de Châteaulin étant en pierre, et celui de Lothey en bois.

  La signification religieuse et spirituelle, qui fait tout l'intérêt de ces sculptures, provient de la circulation qui s'établit entre les trois personnes par le biais "d'objets transitionnels", si on peut emprunter à Donald Winnicot et détourner cet élément essentiel de la relation mère-enfant : dans chaque groupe, la grappe de raisin, symbole eucharistique du don que Jésus devra faire de sa chair, la pomme, rappel de la pomme de la Genèse, mais aussi du sein maternel nourricier, le globe terrestre, symbole de la descente du Dieu sauveur pour le rachat de l'humanité, et le livre, symbole du Verbe et aussi du passage de l'Ancien au Nouveau Testament, créent une dynamique de don et de contre-don, et témoignent de la chaîne de transmission suivante :

  • Dieu a envoyé son ange à Anne et Joachim pour donner la vie à Marie
  • Dieu a envoyé son ange à Marie pour qu'elle porte Jésus,
  • Jésus a donné sa chair et son sang pour sauver l'humanité
  • le Verbe ou le message évangélique continue à être délivré par l'intercession agissante des deux femmes.


 

      1. Châteaulin, chapelle Notre-Dame :


Jésus tient la pomme dans la main droite, et tend la main gauche vers la grappe de raisin présentée par Anne, alors que Marie guide le bras et participe ainsi, véritable co-rédemptrice, à réaliser le dessein de Dieu. Anne tourne la page des Livres Saints.

  Les cheveux d'Anne sont couverts par un voile qui les circonscrits, alors que ceux de Marie, couronnée, ruissellent librement comme une source productive.

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 2. Église du Vieux-Bourg, Lothey :

L'église du Vieux Bourg à Lothey : Anne trinitaire.

Bois polychrome, XVIe

La pomme est absente et Jésus tend la main vers le bras de sa mère comme pour rechercher son soutien ; un triangle est formé par les trois mains qui se rejoignent autour du dessein eucharistique représenté par la grappe mystique.

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3. Chapelle Notre-Dame de Tréguron, Gouezec :

Vierges allaitantes I : N.D de Tréguron à Gouezec, la chapelle et ses saints.

  C'est ici le livre qui est au premier plan, représentant d'abord le rôle d'apprentissage rempli par Anne, qui est pleine de vie et très présente : la prévalence de la grand-mère comme éducatrice non seulement de la Vierge, comme dans les duos nommés Éducation de la Vierge, mais aussi de l'Enfant rédempteur, ouvre des perspectives nouvelles. 

  Ici, les trois mains se rejoignent autour de Livre, Biblos, pour rappeler que le Christ est le Verbe qui s'est fait chair. Le globe terrestre rappelle cette incarnation qui est descente sur la terre du Très-Haut.

 Sur le socle, les deux paires de pied sortant comme sous un rideau de scène de l'étoffe des robes soulignent, avec un leger effet comique, la solidarité féminine entre mère et fille dans le jeu des ressemblances mutuelles.

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4. Saint-Thois, église St-Éxupère :

L'église Saint-Exupère de Saint-Thois : les statues; le manipule.

       Le visage de sainte Anne garde la vivacité du groupe précédent, et les mêmes coussins se retrouvent également. Pourtant, malgré la proximité des statues deTréguron et de Saint-Thois, le livre a ici disparu, pour recentrer le message autour de l'eucharistie. Anne a nourri sa fille, Marie a allaité Jésus, le Christ donne son sang, dans un grand flux de générosité sacrificielle et salvatrice. La pomme parle de l'ambivalence de ce fruit qui est à la fois symbole du péché et de la sexualité, car ce fruit introduit Éve et le Malin dans la dramaturgie du Salut, mais qui est à la fois Le fruit par excellence, la fructification, le don productif et la transmission de la Vie.

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 5. Église Saint-Julien, Châteauneuf-du-Faou :

L'église Saint-Julien et Notre-Dame à Châteauneuf du Faou.

 

   La scène est plus étrange et déroutante par son coté irréaliste voire fantastique où l'ancêtre tient sa fille et son petit-fils comme deux poupées, deux marionnettes qu'elle semble mettre en scène autour d'un livre, ce qui crée une situation d'égalité de Marie et de Jésus. Si on oubliait l'identité des personnages, on pourrait voir deux enfants apprenant à lire, un frère et sa grande  soeur. Il faut par un effort rétablir l'interprétation correcte et y voir Marie apprenant à lire à son fils sous le regard d'Anne.

   Ce qui est troublant sur le plan théologique retrouve toute la force de l'expérience vécue lorsqu'on pense qu'aux yeux d'une grand-mère, sa fille devenue mère reste toujours son enfant, reste toujours sa petite fille.

  Là encore, le jeu des pieds est drôle à observer, avec les petits pieds sur les petites jambes de l'Enfant-Jésus, les moyens pieds sur des moyennes jambes de la Mère de Dieu, et les grands pieds sur des grandes jambes de la grand-mère.

 

Par rapport aux groupes où les deux femmes adultes ont à peu-prés la même taille, que j'intitulerai de type I, je nommerai type II cette disposition où Marie adulte puisque mère est représentée avec une taille d'enfant proportionnellement à sa mère.

 


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6. Chapelle de la Madeleine, le Moustoir à Saint-Goazec

http://fr.topic-topos.com/groupe-de-sainte-anne-saint-goazec

  Il s'agit donc d'un exemple de mon "type II".

  L'effet de drôlerie involontaire est encore accentué par le caractère naïf et presque maladroit de ce groupe, par la grimace d'Anne, par la couronne posée de guingois sur la tête de Marie.

  J'ai mentionné trois personnages, et trois objets, le livre, la grappe et la pomme/globe. Mais il existe un quatrième objet qui est le siège sur lequel Anne est assise. Si on s'interroge sur son rôle, on réalise qu'il joue, par sa raideur hiératique, celui de trône, et qu'il doit provenir des lointains héritages pré-chrétiens avec des Déesses-Mères, des grandes figures tutélaires de la féminité réunissant les significations de Déméter, de Cybèle et d'Astarté. On décrit ainsi "Cybèle assise majestueusement sur un trône, vêtue d'un chiton et d'un himation, et, en tant que déesse chtonienne, portant sur la tête le calathos. Comme protectrice des villes, elle porte une couronne en forme de tour crénelée" (in Divinités d'Asie Mineure sur le littoral de la Mer Noire, M.M. Kobylina, 1976)

7. Ossuaire de Saint-Hernin.

Ce groupe est cité par Guy Leclerc dans son article de 1991.

  Il est décrit ainsi  (Inventaire Général des Monuments, Carhaix-Plouguer p. 70) : Groupe : Sainte Anne enseignant à lire à la Vierge enfant, debout et couronnée ;  sainte Anne assise, tient l'Enfant Jésus bénissant et portant le globe, sur son genou gauche, et écrase sous ses pieds une femme aux seins nus, à queue de serpent, tenant une pomme. Fin XVIIe (Catalogue National des Arts et Traditions populaires, juin-sept. 1951). Bois, polychromie, h. 1,32. Sur le livre, inscription : "STE ANNE PRIEZ POUR NOUS LE 21 JLET 1870. DÉPART DES SOLDATS POUR PRUSSE"

(M.H. 1931) A rapprocher du groupe des Vierges terrassant des Éves-serpents. Provient de l'ossuaire de Saint-Hernin.

 Je n'ai pu le visiter qu'en août 2012 :  La sainte Anne Trinitaire de Saint-Hernin (29) et la guerre de 1870.

                        st-hernin 6053x

8. Chapelle Notre-Dame à Edern

http://catholique-quimper.cef.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf_notices/edern.pdf

  Je n'ai pas trouvé l'occasion de me rendre dans cette chapelle, qui n'est ouverte que sur demande.

9. Chapelle Sainte-Anne à Daoulas.

La chapelle Sainte-Anne à Daoulas.

  Bien que ce groupe à trois personnages soit bien différent de ceux de l'Ensemble de la vallée de l'Aulne puisque les trois personnes sont sculptés  en statues indépendantes, il me semble intéressant de l'inclure dans cette étude par la présence du tabernacle remplaçant ici la grappe de raisin avec la même signification : la même dynamique s'établit en une vaste boucle des bras et des mains, des corps et des regards, boucle qui inclut l'assemblée des fidèles, et l'humanité entière ; les deux femmes participent à part entière au geste rédempteur de l'Enfant bénissant et portant le Monde, alors que, invisible, montré-caché, le Corps  eucharistique du tabernacle sert de point d'appui et de base de sa Royauté.

chapelle-sainte-anne 0584c

 

 

  10. Quéménéven, Fontaine de la chapelle de Kergoat :

  La fontaine est particulièrement émouvante à découvrir car il faut s'écarter du bourg de Kergoat, longer des champs, pénétrer dans un bois aux troncs moussus vénérables et s'imbiber de forces telluriques et aquatiques très prégnantes avant de découvrir, dans un décor de fées des romans arthuriens, ce groupe de pierre finalement très altéré, mais où l'on retrouve bien le triangle du Don autour des mains, de la grappe, de la pomme et du livre Anne tourne la page des Livres Saints


fontaine 1172c

 

AUTRES EXEMPLES EN FINISTERE:

11. Église Notre-Dame à Collorec 

Statue en bois polychrome, mauvais état. h = 1,25 m, 17e : Sainte-Anne est assise, tenant la Vierge et Jésus sur ses deux genoux comme deux enfants ; Marie, couronnée, tient le livre qu'elle semble présenter à son fils, lequel tient un globe terrestre d'une main et bénit de l'autre.

  C'est un autre exemple de type II.

collorec 1597c

12. Chapelle Sainte-Anne à Lampaul-Guimiliau :

http://fr.topic-topos.com/sainte-anne-trinitaire-lampaul-guimiliau

  Ce groupe fait exception car Marie y est représentée plus grande que sa mère, dans une scène pleine de vie mais où aucun objet n'ajoute une signifcation symbolique.

  C'est aussi le premier groupe où les personnages sont représentés debout.

13. église de La Martyre 

   Ce sera le deuxième exemple où Anne et Marie sont debout. Pas de livre, pas de grappe, mais un globe terrestre brandi par l'Enfant.

la-martyre-1777c.jpg

 



14 Eglise de Saint-Sauveur (29)

  Un groupe assis, de type II intermédiaire, avec le livre et la pomme/monde. 

  Je remarque que dans les types II, sainte Anne englobe Jésus et Marie de ses bras, et qu'elle ne participe plus dés lors à la présentation des attributs.


DSCN0440c

15. église Saint-Nonna de Penmarc'h:

  La statue est bien abimée, il semble que la tête de l'Enfant ait été recollée à l'envers, mais ce nouvel exemple de type II m'a semblé particulièrement émouvant. 

DSCN3008c

16. Chapelle Saint-Diboan, Trémeven :http://fr.topic-topos.com/groupe-de-sainte-anne-trinitaire-tremeven-pays-de-quimperle

  Un type II très simple où les trois personnages sont placés l'un derrière l'autre par ordre de taille, et où Anne pose les mains d'un geste émouvant car très maternel sur les épaules de sa fille?

17. église Saint-Pierre, Riec-sur-Belon :http://fr.topic-topos.com/sainte-anne-trinitaire-riec-sur-belon

  Un groupe qui fait exception puisque sainte Anne, tenant un livre dans son rôle d'éducatrice, entoure de son bras droit Marie qui est représentée en Vierge allaitante.

 


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Published by jean-yves cordier
28 mars 2012 3 28 /03 /mars /2012 22:14

      L'église du Vieux-Bourg à Lothey,

          et ses statues 

 


      1. Présentation:

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        La paroisse de Lothey remonte au Moyen-Âge où elle était un ancien bénéfice de l'abbaye de Landevennec qui y possédait un prieuré.  Au XVIe siècle, les seigneurs de Guilly, un domaine situé à un kilomètre à l'ouest, possédaient des droits prééminenciers en l'église de Lothey, et on apprend dans le culturezine d'Hervé Torchet qu'en 1529, une sauvegarde est prononcée à Chateaulin pour Maître Guillaume de Kergouet sur prééminences en l'église de Lothey.

   Je retrouve donc ici ces seigneurs de Kergoët que j'avais rencontré à la chapelle de Lannelec en Pleyben : Vierges allaitantes VII : Chapelle de Lannelec à Pleyben, la Vierge., dont les armes sont d'argent à cinq fusées rangées et accolées de gueules accompagnées de quatre roses de même, et la devise En christen mad, mé bev en doué, "en bon chrétien, je vis en Dieu". Ces armoiries étaient donc en prééminence dans la maîtresse-vitre de l'église.

  Le fondateur de cette branche des Kergoët, originaire de Saint-Hernin, est Pierre de Kergoët. En 1502 est relevé "une réintégrande de certains écussons et armes es églises de Lotey avoir ésté démoliz et obtenue par Maître Pierre Kergouet curateur de Henry de Launay sieur du Guilly au nom dudict Launay".  En 1529, nous venons de découvrir "Maître Guillaume Kergoët", lequel est tué lors d'un combat (qualifié de meutre)  "devant la maison de Jean du Vieux Chastel et de Jehanne Fremant" par Henri et Geoffroi de Kerfredect. La veuve de Guillaume Kergoët est Françoise de Tréguen. Elle marie sa fille Gillette avec René de St Alaouarn. La généalogie semble être celle-ci:

  • Pierre de Kergoët, vivant en 1502, épouse en 1499 Catherine de Launay et devient sieur du Guilly et de Trohemboul. Il a deux fils, Guillaume et Alain. Il reprend la seigneurie du Guilly à Hervé de Launay, sieur de Port-Launay.
  • Leur fils Guillaume Kergoët, vivant en 1529, mort en 1530,  épouse Françoise de Tréguen (Trégaïn). Il est en 1525 lieutenant et procureur du roi à Châteaulin. 
  • Gilette leur fille épouse en 1533 René de St Alaouarn.
  • Jean Kergoët, frère de Guillaume, bailli de Châteaulin, épouse en 1541 Perrine de Kerpaen.
  • leur fils Alain de Kergoët épouse en 1567 Juliette de Trégain.
  • François de Kergoët (1610-1693), Sénéchal de Cornouaille se déclare en 1639  fondateur de l'église paroissiale de Lothey, seul prééminencier, avec droit de placer ses armes en la maîtresse-vitre, dans la chapelle de Notre-Dame et de Saint-Sauveur, au dessus du portail d'entrée, au pignon méridional de la sacristie, aux quatre quarrés du clocher, sur tous les bois de l'église, et sur la croix du cimetière. En 1668 est mentionné, à l'occasion du baptême de son fils François Claude, François de Kergoët, sieur de Guilly et autre lieux, conseiller du roi, époux de Marie-Yvonne de Rosily.
  • François de Kergoët 1694 
  • En 1690, René François de Kergoët (décédé le 30 mars 1705) et Marie du Dresnay baptisent leur fils Jean-Baptiste
  • Jean-Baptiste de Kergoët, décédé le 26 avril 1726 à Lothey
  • Les enfants de Jean-Baptiste revendiquent leurs droits prééminenciers en 1726.

Le clocher contient selon l'inventaire des Monuments historiques une cloche portant cette inscription : Franciscus du Quergoët dominus temporalis du Guilly et [trois mots illisibles ] dono dedit eccesie parrochiali de Lothey 1636 avec les armoiries et la devise des Kergoët.

 

   Cette église de Lothey devient église de Vieux-Bourg lorsqu'en 1846, le chef-lieu est transféré   au village de Landrémel, dont la chapelle Saint-Fiacre est agrandie pour devenir l'église paroissiale de Lothey-Langrémel. L'examen d'une carte IGN permet de comprendre combien l'ancien bourg était enclavé dans une anse formée par les méandres, particulièrement resserrés ici, de l'Aulne. Certes un bac permettait de traverser le fleuve pour se rendre, par exemple, vers Pleyben, mais c'est ce bac qui fut à l'origine du drame de Tresiguidy (le lieu-dit de l'autre rive) où, en 1693 en retour d'une Mission à  Lothey que prêchaient les Jésuites, 77 personnes dont 61 habitants de Pleyben se noyèrent; (Voir article Lothey de Wikipédia link). 

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     Un des facteurs qui expliquent l'abandon de Lothey-goz comme centre paroissial est sans-doute l'évolution de l'industrie ardoisière, qui était depuis le Moyen-Âge l'activité principale de Lothey. Louis Chaumeil, dans sa monographie (L'industrie ardoisière en Basse-Bretagne, résumé dans Annales de géographie, 1940, 49 n°280, pp. 236-238 link ) précise que tant que la voie principale de transport fut la mer, les exploitations se groupaient autour de Châteaulin et exportaient par Port-Launay les ardoises vers Brest principalement, mais aussi la Normandie voire la Grande-Bretagne. "Au milieu du XIXe siécle, le bassin de Châteaulin garde sa prépondérance mais l'établissement du canal de Nantes à Brest permet une migration le long de l'Aulne vers l'amont autour de Châteauneuf-du-Faou et de St-Goazec avec transports par chalands. Depuis, chemins de fer at automobiles ont permis à l'industrie de s'installer à l'est du bassin de Châteaulin en pleine Montagnes Noires. D'industrie littorale elle est devenue industrie intérieure." Le Vieux-Bourg possède une situation avantageuse vis à vis de la voie fluviale, mais l'actuel Lothey est mieux placée par rapport au réseau routier et ferroviaire. Lorsqu'en 1889 H. Diverres visite le village, d'abord séduit par le magnifique paysage boisé traversé par le ruban d'argent de l'Aulne serpentant entre sa double rangée de peupliers et charmé par "le silence de ce lieu charmant où le dieu de la paix semble avoir élu domicile", il déchante lorsqu'il constate que le lieu est désert, en ruine, autour d'une église dévastée : "le bourg paraît vide, la mort semble y être rentrée".

  Le nom de Lothey vient de l'association de -loc, "lieu consacré" et de -They, nom d'un disciple de Saint Guénolé qui fut moine à Landevennec, puis choisit de venir s'installer dans les bois de Lothey en ermite . Ce saint du VIe siècle est connu en Grande-Bretagne dans le Cornwall sous le nom de Saint Day, et près de Quimperlé sous le nom de Théa en l'église de Lothea. On verra la statue de ce saint dans l'église. Celle-ci date du XVIIe siécle, mais le calvaire est du XVe.


 Les recteurs de Lothey :


  • Raoul Siochan, 1405
  • Yves Gouzec, 1405
  • Michel de Kergadalen (recteur de Landeleau également), déces en 1559.
  • Roland Le Bars, 1642-1666. François Créau, Jean Creac'h et Hervé le Douguet, curés en 1657
  • Curés en 1663 : Yves Porc'hel, François Rolland, Paul Gourlay
  • Alexandre Floch, recteur de 1666 à 1671, décédé le 27 juin 1771
  • François Cevaër, de 1671 à 1677
  • François (le) Creis, de 1677 à 1705.
  • Yves Gourlay, curé de Lothey en 1705
  • Yves Roparz, né à Lothey le 30 septembre 1686, en fonction en 1725. Il serait l'auteur d'un ouvage intitulé Boquet ar mission (Bouquet des missions). 
  • Gilles-François Floc'h, 1726 à 1764
  • Yves Kerriou, 1765-1790
  • François Le Cann, 1790-1795, prêtre réfractaire.

Yves Roparz a écrit Instructions chrétiennes ou le Bouquet spirituel de la mission, Instructionou christen, pe ar Boquet eus ar mission gant an Autrou Ropars, Quimper e ty Périer 1764, in 12, dont il y eut cinq ou six éditions jusqu'en 1824 (edition S. Bolt).

  La BNF possède en base gallica un ouvrage intitulé An Imitation Jésus-Christ hor salver biniguet Lequet e Brezonec a nevez-flam gat Euzen Roparz, Belec euz a barres Lothey, Quimper 1743. link

 Il s'agit de la seconde édition d'une traduction en breton de l'Imitation de Jésus-Christ, oeuvre anonyme de la fin du XIVe siècle attribuée à Thomas a Kempis. L'ouvrage paru à Brest en 1707 (é Brest, é ty intanvez Malassis ha R. Malassis vis à vis ty an Intendant) porte  une approbation des docteurs en théologie de 1689. H. Pérennès fait remarquer qu'à cette date, Y. Ropars avait 3 ans, et que le véritable auteur était un autre Yves Ropars, oncle du précédent. 

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      L'église mesure une vingtaine de mètres de long et 17 mètres de large au transept. Elle avait anciennement deux bas-cotès qui ont été supprimés.Le clocher est dépourvu de flèche. A proximité, à 500 mètres à l'est dans le bois de Coat-Mao se trouve la fontaine de l'ermitage de Saint-They. Le dimanche avant les Rogations, on s'y rendait en procession pour le pélerinage des trois-Lundis, qui guérissait la fiévre (H. Diverres). Selon H. Pérennès, les fêtes paroissiales avaient lieu le premier dimanche après la Saint-Pierre, où on fêtait la Saint-They, le second dimanche d'août pour la fête de la dédicace, le dimanche immédiatement après la Saint-Simon et Saint-Jude, et le dimanche de la Passion : pour chacun de ces pardons, le pape Alexandre VI concéda en l'an 1500 cent jours d'indulgence, à perpétuité.

2. Le  calvaire : 

daté du XVe siècle par l'atlas des calvaires du Finistère de Y.P. Castel.

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3.  inscriptions lapidaires  :

a)  Sur la facade sud :

FAIT F . PAR . J KRIO

J. MAIRE. BOZEC.F.

Ter MOCAER A

Kerriou, Le Bozec et Mocaer sont des patronymes attestés à Lothey. 

Henri Pérénnes la déchiffre ainsi :

FAIT : F : PAR JF RIOU RCT

MAIRE BOZEC J 1837

Ter MOCAER A D J 

La date de 1837 est inscrite sur le bloc de pierre de droite.
 

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      b)  Au dessus de la fenêtre de sacristie on retrouve le patronyme Kriou (Keriou ou Cariou)

KRIOU R :

  Elle a été déchiffrée ainsi par H. Pérénnes :

F. RIOU R, 

S:P: HM

S. 1788

  Je propose d'y voir la mention du recteur de Lothey, Yves Kerriou qui exerça cette fonction de 1765 à 1790. Né à Lennon en 1736, il fut nommé recteur de Lothey en janvier 1765 et résigna ses fonctions par acte notarié le 7 janvier 1790.

 

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4. La sacristie :

      Henri Pérennès y voyait "un vieil autel et un ancien meuble qui ressemble à un baldaquin"

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5. L'intérieur de l'église :


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 6. La voute lambrissée et les quatres blochets de la croisée du transept :

  Ces quatre "cariatydes" (H. Pérennés) portent l'un une couronne centrée par une fleur, l'autre une clef, le troisième l'étole sacerdotale, le quatrième un livre.

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L'aspect du choeur: 

à droite, Saint-They, puis derrière la cloture de choeur le banc des fabriciens, et  le groupe de sainte-Anne dans sa niche ; à gauche, Notre-Dame, puis la porte de la sacristie, Saint Jean dans sa niche. 

De part et d'autre, les deux chapelles latérales Notre-Dame et du Saint-Sauveur.

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7. A droite de la nef, le Christ en croix :

On voit l'emplacement des statues de la Vierge et de Saint Jean, statues qui, du fait de leur grand âge, avaient été reléguées dans la sacristie.

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     8. Sainte Barbe , bras doit du transept

  s'appuie nonchalamment sur sa tour tandis qu'elle s'évente de sa palme.

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     9. Saint They:

  représenté ici en abbé :

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 10. Notre-Dame de Bon Secours :

Placée au transept nord, elle tient encore de la main droite la tige de ce qui fut un lys, alors que du pied gauche, elle foule, sur le globe du monde, le serpent tenant en sa gueule un rameau vert où pend une (petite) pomme.

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      11. Saint Jean

La niche de bois polychrome est placée du coté de l'évangile, donc à gauche de l'autel, et contient cette statue où Jean l'évangéliste trace de la main droite une bénédiction alors qu'il tient de la main gauche la coupe de poison qu'il but miraculeusement "cul sec" comme s'il s'agissait de petite bière. Plus  imberbe que jamais, l'éternel adolescent, le beau Jean dont on comprend qu'il ait été "le disciple préféré du Christ" est surmonté d'un ovale bleu qui contenait jadis les armes des Kergoët.

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      12. Le coeur du Père Guillaume Le Roux :

http://catholique-quimper.cef.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf_notices/gouezec.pdf

http://catholique-quimper.cef.fr/opac/doc_num.php?explnum_id=25 page 329

  En juillet 1725, le père Guillaume Le Roux, jésuite, présidait une mission à Gouezec lorsqu'il tomba malade en chaire "au moment où il faisait un exercice spirituel". Transporté au manoir de Guilly le 14 juillet, il y mourut le mardi 17 vers trois heures du matin. Le corps du défunt reposa dans l'église de Lothey au cours d'un office funèbre, puis il fut accordé au recteur de Gouezec, pour être transféré en cette paroisse. On l'inhuma le 17 juillet dans l'église de Gouezec. Vers six heures du soir, le coeur du missionnnaire fut enterré dans l'église de Lothey : Sur les cahiers de l'église de Lothey on trouve écrit : 

   "En l'année 1725 le 17 juillet a été inhumé par Monsieur Guillaume Tromeur Recteur de Leuhan vers six heures du soir dans notre église paroissiale de Lothey du coté de l'évangile le coeur du Révérend Père Guillaume Le Roux, missionnaire jésuite, mort le même jour à trois heures du matin au manoir du Guilly après avoir reçu tous les sacrements.

   " Le corps du Révérend Père, après avoir été dans notre église pendant le temps voulu pour faire les cérémonies ordinaires, a ètè donné par nous, prêtres et paroissiens de Lothey, à Monsieur Julien Gouezel, recteur de Gouezec pour être inhumé dans son Église où le Père Le Roux avait commencé une mission, et ceci à cause de la mission, aux prières et à la demande du Révérend Père François-Xavier de Coëtlogon son supérieur, Recteur du Collège des Péres jésuites à Quimper, et d'après les demandes de Messieurs les Missionnaires, selon l'avis du monde et de ceux qui faisaient leur mission en l'église parroissiale de Gouezec. Et ont signés

-G. Tromeur, prêtre, recteur de Lehan ;

-Yves Ropars, prêtre ;

- H. Toulancoat, recteur d'Edern ;

- Abibon-Paul Le Coz, prêtre, curé de Blévin ;

-Yves Balc'h, prêtre;

- Julien Gouezel, recteur de Gouezec ;

- Bertrand Le David, prêtre ;

- G.H. Chiron, jésuite missionnaire ; [qui succéda au R. P. Le Roux comme supérieur des missions]

- G. F. Floc'h, prêtre, nommé par Monseigneur l'Évêque pour tenir lieu de resteur, en la paroisse de Lothey.

 

L'inhumation à Gouezec eut lieu le 18 juillet dans le sanctuaire de l'église paroissiale, au bas des degrés de l'autel, vis à vis de tabernacle où est le Saint-Sacrement, c'est-à-dire à la place la plus éminente. La plaque tombale de Gouezec porte l'inscription suivante :

Hic jacet R. P. Guillelmus Le Roux J. I. In missionibus diu versatus, plenus dierum ac meritorum, positis hic corporie reliquiis, coelum adiit. Inter agrestes, quos verbo et exemplo sancte vivere docuerat, obiens, ne quid apostolico muneri deesset, sancte mori docuit.

" Ci-git le R. P. Guillaume Le Roux. Longtemps occupé aux missions, plein de jours et de mérites, sa dépouille ici déposée, il entra dans le ciel. Par sa parole et son exemple il avait appris aux paysans à vivre saintement. Pour que rien ne manquât à son enseignement, c'est au milieu d'eux qu'il est mort leur apprenant à saintement mourir".



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La plaque de cuivre porte l'inscription

IHS    COR REVERENDI PATRIS GVILLELMI LE ROUX SOC.IESV MISSIONNARII 

OBIIT DIE XVII MENSIS IULII

ANNO MDCCXXV

"Coeur du Révérend Père Guillaume Le Roux de la Société de Jésus missionnaire mort le 17 juillet 1725."

  Le Révérend Père Guillaume Le Roux :

selon l'article de Trévidy dans le Bulletin de la Société Archéologique du Finistère 1902 pp 111-133 :link

" Aux premières années du XVIIIe siècle, les Pères Jésuites de Quimper poursuivaient concurremment deux oeuvres d'évangélisation : les missions dont nous allons parler d'abord, et les retraites dont nous dirons quelques mots plus loin. L'oeuvre la plus ancienne était celle des missions surtout dans les campagnes : oeuvre inaugurée par l'abbé Michel Le Nobletz, continuée, on sait avec quel zéle et quel succes par le P. Maunoir, et à laquelle ce merveilleux apôtre avait donné un développement que M. Le Nobletz n'avait pu espérer.

" Dès les débuts du P. Maunoir, des personnes riches reconnaissant les services que rendaient les missions se préoccupaient d'en assurer la perpétuité. C'est ainsi que Sébastien  II de Rosmadec et de Molac, alors gouverneur de Quimper, versa au collège une somme suffisante pour fonder à perpétuité la pension de deux missionnaires. Mais deux missionnaires ne "travaillent" pas seuls, il leur fallait des prêtres auxiliaires. Trente ou quarante ont été parfois réunis autour du P. Maunoir.

  " Il y avait nécessité d'assurer l'entretien de ce collège de missionnaires. C'est à ce besoin qu'allait pourvoir les "fondations de missions" en diverses paroisses. Nous verrons ces fondations se continuer au milieu du XVIIIe siècle."

L'article se poursuit en rappellant que le Père Maunoir, " l'une des plus importantes figures de notre histoire provinciale du XVIIe", évangélisant 100,000 bretons en la seule année de 1664, donnant prés de 400 missions de 1640 et 1683, participa lors de la révolte du papier timbré à arréter la rebéllion, sachant que "ses ouailles étaient au premier rang des insurgés". 

  L'auteur rappelle aussi que, tout comme le R.P. Le Roux, c'est lors d'une mission que le P. Maunoir, agé de 70 ans, décéda à Plévin en 1683, et que son successeur, le P. Vincent Martin, trouva la mort en 1686 à Plouisy après avoir "vu trente mille communions". A Plévin, le corps du Père Maunoir fit l'objet de pourparlers identiques à ceux que nous avons vu pour le R.P. Le Roux : car Mgr de Coëtlogon, évêque de Quimper réclama son corps pour l'enterrer dans la cathédrale du diocèse, mais les paysans réunis en troupe et armés s'y opposèrent par la force, refusant de se séparer de la dépouille du saint homme, et acceptant seulement d'en concéder le coeur, qui fut amené au collège des jésuites de  Quimper (et, depuis 1977, à Plouguerneau).

  Le collège des Jésuites à Quimper (actuel collège La Tour d'Auvergne) a été établi en 1656 ; il accueille 1000 élèves dès 1665. Une chapelle est construite entre 1667 et 1747, puis en 1670 une maison contigüe permet d'accueillir deux cents personnes pour des retraites de dix jours, lsequelles se succédaient au nombre d'une quinzaine par an. En 1762, le Parlement décrète l'expulsion des Jésuites, qui quittent alors Quimper.

Biographie du R.P. Le Roux:

Il est né près de Carhaix le 03 ou le 13 décembre 1653 et devient novice de la Compagnie de Jésus à Paris le 27 septembre 1673 après trois années de philosophie ; De 1675 à 1680 il est professeur de collège à Hesdin, puis professeur de seconde à Arras jusqu'en 1681, avant d'étudier 4 ans la théologie à La Flèche au Mans, et d'être ordonné prêtre. Il est missionnaire à Quimper de 1685 à 1686, puis après la troisième annèe de probation à Rouen, à nouveau missionnaire à Quimper en 1688, il fait profession le 2 février dans la chapelle du collège. Il succède depuis 1686 au P. Maunoir et au P. Vincent Martin pour diriger les équipes de dix, vingt ou trente membres du clergé, jésuites ou jeune clergé séculier qui parcourent les paroisses de Basse-Bretagne pour l'évangéliser. Supérieur des missions de 1686 à sa mort en 1725, il fut aussi procureur du collège et confesseur à l'église et directeur de la "retraite des hommes". 

  


  La bibliothèque du diocèse de Quimper conserve les oeuvres suivantes :

  • De l'imitation de Jésus-Christ, Quimper, Jean Perier 1696
  • Instructions de la mission sur les sacrements de pénitence et d'eucharistie avec un traité du sacrifice de la messe, chez Jen Périer, Quimper 1697.
  • Les missions du Père Le Roux en Cornouailles 1687-1719
  • Moyens de persévérance pour augmenter le fruit des missions et des retraites, chez Jean Périer, Quimper 1703
  • recueil des vertus et des miracles du Révérend Père le Maunoir, chez Jean Périer 1756 et édition 1786 (également sur gallica, édition St Brieuc 1848 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5624088k.r=guillaume+le+roux.langFR qui mentionne que la première édition date de 1716)

On peut trouver aussi :

  •  Le Parfait missionnaire du Père Le Roux Gaulthier Buitthing Quimper 1696 (à ne pas confondre avec Le Parfait missionnaire, R.P. Boschet, 1696)

En résumé, il s'agit du coeur du successeur du Pére Maunoir qui a multiplié les missions d'évangélisation autour de Quimper de 1686 à 1725. C'est lors d'une de ces missions que survint le drame de la mission de 1693 sur le bac surchargé de Trésiguidy. 

 

Sources : 

H. Diverres, Notice historique sur la commune de Lothey-Landremel, Bull. Soc. Arch. Fin. 1889, LXXV-LXXX  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2076052/f85.image

Henri Pérénnés, Notice sur la paroisse de Lothey-Landermel, Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie n°51 1930 p 125 et suivantes. http://catholique-quimper.cef.fr/opac/doc_num.php?explnum_id=51

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Published by jean-yves cordier
25 mars 2012 7 25 /03 /mars /2012 00:13

     Le repas de Meloé proscarabeus.

 

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Published by jean-yves cordier
24 mars 2012 6 24 /03 /mars /2012 20:47

      Citrondelle ne fait pas le printemps.

 

  Ah, enfin les beaux jours, et le retour des papillons ! J'ai bien cru que j'allais être enfermé dans les chapelles du Finistère jusqu'à la fin de mes jours ! mais les rayons du soleil de mars a réveillé le Citron, qui hivernait sous quelque branche.

 

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Published by jean-yves cordier
21 mars 2012 3 21 /03 /mars /2012 10:31

        La chapelle Notre-Dame de la Roche

                       ou Notre-Dame des Anges

                à Saint-Thois.

 

  La chapelle Notre-Dame de la Roche a été bâtie dans la cour de l'ancien château de La Roche Helgomarc'h et probablement avec les pierres issues des ruines de ce château. Elle date du XVIe siècle (cf date 1561) et sa nef comprend quatre travées. Au XVIIIe siècle sont construites la sacristie, le bas-coté nord et le clocheton à dôme (porte nord datée de 1781).

  Très soigneusement restaurée au début du XXIe siècle, elle vient d'être inaugurée lors du pardon annuel du deuxième dimanche de juillet  en 2011.

1. La seigneurie de La Roche.

On signale une ancienne motte féodale, escarpement rocheux défensif où se construit au XIe siécle un château.

   La seigneurie appartenait aux seigneurs de La Roche-Helgomarc'h, et, en 1294, à Jean de la Roche-Helgomarc'h qui servit l'ost pour quinze jours pour ce fief. Puis elle passa successivement par mariage à la famille de Rostrenen, puis à celle de Quelenec, de Rosmadec, puis de Mescoüez qui l'éleva en 1576 au rang de marquisat. A cette époque, la forteresse seigneuriale est abandonnée depuis le XIVe siècle, même si La Fontenelle croit bon d'en brûler symboliquement les ruines en 1595 pendant la Ligue .

  Le Marquisat de La Roche-Helgomarc'h et de Coatarmoal fut créé artificiellement par Henri III en faveur de Troïlus de Mesgouez en 1576 par la réunion des seigneuries de Coatarmoal, de La Roche-Helgomarc'h, de Laz et de Botiguigneau, ces trois dernières terres étant contiguës link.

  Ce Troïlus de Mesgouez (Landerneau 1536-1606) est un personnage :  A 13 ans, il est page à la cour de Henri II, mais, arrivé pauvre, il s'attire rapidement les faveurs de Catherine de Médicis pour avoir paraît-il un jour, au palais des Tournelles, poussé un cri d'exclamation en découvrant les jambes de la Reine, chaussée de bas de soie bien tirée (Histoire de la Bastille, A. Arnoud 1844 link). Il faut dire que la reine, qui avait les jambes parfaites, avait lancé la mode d'en placer une sur le pommeau de la selle lorsqu'elle passait sur sa haquenée. L'admirateur participa, dit-on, à soigner Catherine de Médicis de sa stérilité. Il en fut récompensé en étant promu chevalier, capitaine et conseiller d'État, nommé en 1565 gouverneur de Morlaix, avant d'obtenir en 1578 le titre de Vice-roi de Nouvelle-France. Il organisa alors diverses expéditions vers le Canada, Terre-Neuve et le Labrador ; pendant la Ligue, partisan bien-sûr du roi, il est arrêté par le duc de Merceur et emprisonné sept ans à Nantes jusqu'en 1596. En 1597 et 1598, il mène deux nouvelles expéditions. Un canton du Quebec porte en son honneur le nom de Canton de La Roche.

   Si le seigneur de La Roche fut comblé de tant de bienfaits par sa contribution à la féconde descendance de la reine (dix enfants), il pouvait bien offrir une chapelle et une statue de Mater-gratiae aux villageoises de ses terres qui souhaitaient imiter l'exemple royal. Mais il ne vivait pas sur son fief, qui était géré par un intendant demeurant au manoir de Merdy, alors qu'un procureur rendait la justice.


  Très vite le siège de ce marquisat se porta au manoir de Trévarez. Le fief et le titre  passèrent aux familles suivantes :

  • 1606-1624 : Anne du Juch, nièce et héritière de Troïlus de Mesgouez  s'allie à la famille de Coatanezre. Ils préfèrent séjourner au manoir de Trégarez, et le site de La Roche n'est plus qu'une métairie dotée de moulins et de la chapelle.
  • 1624-1677 : Charles de Kernezre puis 1677-1759 famille de Kernezre
  • 1759-1767 : Marie-Aude Jacquette du Chastel
  • 1767-1826 : famille du Greco
  • 1826 -1886 : famille de Pontbellanger

  Ce qui signifie que pour les périodes d'édification de la chapelle, ce sont les famille de Mescoüez (pour la date 1561) et du Greco ( pour celle de 1781) qui nous concernent.

 

 Sources : j'ai consulté entre autre le site Topic topos : http://fr.topic-topos.com/saint-thois

 

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     Inscription sur le linteau de la fenêtre de la sacristie : Y : MERRIEN F : (manque la date) : Y(ves ?) MERRIEN, Fabricien. Les généalogistes link signalent un Yves Merrien né le 25 février 1695 à St Thois, décédé le 10 août 1770 à St-Thois, époux de Marie Le Cam et fils d' Yves Merrien (né en 1675, et qui épousa en 1695 à St Thois Gilette Jaouen).

  Un troisième Yves Merrien, fils et petit-fils des précédents, épousa Marie-Vincente Mevel. Cette sacristie datant du XVIIIe siècle, ce serait peut-être lui le meilleur candidat pour être l'auteur de cet épigraphe.

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   Cette tête de cheval rappelle le nom du seigneur de la Roche-Helgomarc'h, dans lequel on retrouve le nom breton du cheval, marc'h


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Le calvaire :

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   Le calvaire donne à voir un blason présenté par deux anges et qui porterait les armoiries des marquis de La Roche. Celles de Mescoüez sont d'or au chevron d'azur accompagné de tréfles de gueules, ou bien, et ce serait plutôt celles qui sont présentées, écartelées de La Roche et de Coetarmoal, sur le tout : de Mescoüez. Leur devise était : Rien de trop.  Les armoiries de Coetarmoal sont d'azur à deux épées d'argent garnies d'or passées en sautoir. 

  

 


 

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 La porte d'entrée :

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      VE : ET : DIS : MISSIRE : IEAN LOVIS : TRANVOEZ : RECTEVR 1781

"Vénérable et Discret Messire Jean-Louis Tranvouez Recteur 1781".

  Jean-Louis Tranvouez, né le 22 mars 1742, était originaire d'une famille paysanne de Pleyben ; recteur de St Thois de 1779 à 1785, Monseigneur de saint-Luc le tient en haute estime :" il prêche avec succès, homme de haute conduite". 

  En 1785-1791, Jean-Louis Tranvouez était recteur de Pleyben ; en 1789, il est du nombre des électeurs diocésains chargés de désigner les députés de Cornouaille aux États Généraux. En 1791, il refusa de prêter serment. Le 19 mai 1791, le Directoire du discrict de Châteaulin somme le sieur Tranvoez "de vider de corps et de biens la maison presbytérale de Pleyben" et fut interdit de fonction et assigné à demeurer à plus de quatre lieues de la paroisse. Il est transféré aux Carmes de Brest du 11 juillet jusqu'au 27 septembre 1791.  En été 1792, suite à l'ordonnance du 22 juin 1792, il fut arrêté et enfermé à Quimper en l'ancienne communauté de Kerlot jusqu'en 1793, puis après novembre 1793 aux anciens Capucins de Landerneau avant d'être déporté en printemps 1794 avec 28 autres prêtres à Rochefort. On retrouve ici le sort déjà décrit pour le recteur de Kerlaz, l'abbé Le Garrec Vierges allaitantes IV, Kerlaz, église Saint-Germain, les vitraux, 3ème partie.  Comme celui-ci, il est incarcéré sur le Washington, l'un des pontons de Rochefort censés conduire les prêtres réfractaires en déportation en Guyane, mais qui stationnent à Rochefort en arison du blocus des anglais. Les conditions de survie y sont terribles, mais J.L. Tranvouez, comme Le Garrec font partie des 20 rescapés (parmi les 29 partis des geoles de Landerneau en 94) qui sont libérés autour du 15 mai 1795 et reviennent en Finistère.

  En 1795, il est autorisé à célébrer l'office en l'église de Pleyben, avant de tomber sous le coup de nouvelles interdictions, et d'être écroué au Collège de Quimper.

 Nommé recteur de Pleyben en 1805, il meurt le 6 décembre de la même année.

  Source : H. Pérennès, Les ecclésiastiques du diocèse de Quimper déportés à Rochefort et à l'île de Ré, Bull dioces. Hist. Archéol. Bdha 1927 p. 157-158 link

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  Notre-Dame des Anges :

 

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 Certains éléments la rapprocheraient du groupe des Vierges allaitantes, à commencer par le témoignage du chanoine Peyron (Bull. Sociét. Archéol. Finistère 1910 p. 168) qui indique que les nourrices viennent boire l'eau de la fontaine, ou bien la date du socle (1561) ou encore la façon dont le voile se prolonge en bandeau à l'arrière de la nuque, mais néanmoins cette Vierge n'allaite pas, elle présente son enfant qui bénit les fidèles.

   Elle était aussi invoquée par les femmes enceintes pour obtenir une bonne délivrance. Le site Topic topos relate que le jour du pardon (le lundi de la Pentecôte selon Peyron), la Vierge était habillée d'un costume breton, comme à Quillidoaré  Vierges allaitantes III : Chapelle de Quillidoaré à Cast, la Vierge.. d'une tenue spécialement confectionnée composée d'une coiffe amidonnée, d'une jupe et d'un corsage de velours noir, alors que l'Enfant-Jésus portait une robe et un bonnet de baptême.


 

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      Inscription du socle :

S Maria : Mater : Gratie : mater mis. 1561 :

"Sainte Marie mère (de) grâce mère (de) miséricorde 1561."

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  Au dos de la bannière paroissiale de St Thois, la bannière Notre Dame de la Roche :

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      Saint-évêque : 

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 Christ en croix :


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Saint Éxupère :

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Published by jean-yves cordier
21 mars 2012 3 21 /03 /mars /2012 10:17

         L'église Saint-Exupère de Saint-Thois :

              les statues ; la bêche ; le manipule.

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L'église fut successivement nommée Sanctus de 884 à 914, Sanctoes vers 1330, Sainctois en 1559. (Site Infobretagne) 

  Après un édifice plus ancien, citée au Xe siècle dans le Cartulaire de Landevennec, l'église a d'abord été bâtie au XVIe siècle, puis largement reconstruite en [1701 et] 1732 (date sur un pilier), réparée en 1856, 1869 (bas-cotés et pignons) . Le clocher de type léonard à deux galeries date du tout début du XVIIe. La façade ouest présente un portail polylobé surmonté d'une niche contenant un saint dont l'attribut, une pelle, le désigne comme Saint-Fiacre.

 

  Les professionnels s'interrogeront sur l'outil dont le patron des jardiniers fait ici promotion : est-ce une bêche, ou bien un louchet (dont le manche est isolé de la terre par un fourreau rigidifiant l'emmanchage)? Fiacre a choisi en tout cas le manche en T (manche bois béquille 70cm), qui confère plus de force dans l'action. On observera l'extrémité du fer plat tranchant ou "taillant" (modèle 28 ou 30 cm) en forme d'écusson : il est renforcé sur le bord d'attaque par un élégant croissant scaphoïde qui fait de ce taillant un must que l'on ne trouvera sur aucun des quelques 45 modèles de bêches et de louchets disponibles, qu'ils soient "Bretagne", "Normandie", "Senlis", "Nantes", "Nord", "Limoges" ou Vosges", même dotés de la "trempe diamant", que le taillant soit droit, ou rond, ou bombé. 

   C'est ici le modèle "Fiacre", en pur kersanton, qui fait des miracles.


 

      Saint Fiacre, statue du XVIe siècle, kersantite :

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      Inscription de la tour du clocher : je déchiffre : illisible en haut à gauche, M : HERVE en haut à droite,  A PORCHEL : F : A : en dessous et à droite.

Les deux noms sont attestés à St Thois.

   Nous allons retrouver ce A. Porchel associé à une date :

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  Sur le bord de la fenêtre de la sacristie ? je lis

                           MI :re N: =

                           GVIOMAR: F :

                                PE ::

                           MI : V : MA :

                           SSON : C :

                          A : POR :

                          CHEL : F : 

                           1701


 Je traduis ainsi : "Messire N. Guiomarch fabricien PE Messire V. Masson Curé A. Porchel Fabricien 1701".

Urbain Masson fut curé de Châteauneuf du Faou de 1719 à 1737 : est-ce le même curé ?

 

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        L'église est en forme de croix latine avec une nef lambrissée en berceau et deux bas-cotés de trois travées, un transept et un choeur.

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   Saint Éxupère.

  Statue en bois polychrome du 17e, classé MH, H = 1,30m (la crosse est moderne)

  Est-ce le premier évêque de Bayeux, fêté le 1er août, ou l' évêque de Toulouse, fêté le 28 septembre ? Je vote pour Bayeux, puisqu'à Dinéault (29) à Loguispar, une chapelle du XVIe siècle est dédié au saint normand sous le nom breton de Sant Ispar ou Sant Dispar. Les deux noms d'Éxupère et de Dispar semblent distincts mais le saint normand est aussi connu sous le nom de Saint Spire. Il vient du latin exsuperare, "surpasser". On le retrouve comme saint patron de l'église paroissial de Brèce (35), de Gahard (35); j'en ai vu une statue en l'église de Saint-Denis-le-Vêtu (50).


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      Groupe trinitaire de Sainte Anne.

Statue en bois polychrome du XVIIe,classée MH, H = 100cm.

   Comme dans les autres groupes, Sainte Anne est assise, mais elle est accompagnée de sa fille la Vierge Marie qui est assise à coté d'elle : les genoux et les pieds se rejoignent, les robes fusionnent presque, si bien que l'on ne pourrait dire sur les genoux de qui l'Enfant-Jésus est assis. Il dispose d'un coussin à lui tout-seul, en maroquin rouge gaudronné centré par un bouton doré, le même que celui du fauteuil de maman et de grand-maman, et il tient dans la main gauche une pomme ou une balle rouge. Il est coiffé avec un toupet blond qui le fait ressembler à Tintin, il porte une robe blanche rehaussé d'un capuchon ou d'un col doré. 

  Sainte Anne porte un manteau bleu constellé d'or qu'elle a doublé de rouge, alors qu'elle a fait pour sa fille avec le même tissu et sur le même patron un manteau qu'elle a doublé de vert.  Sa robe est bleue également, ourlée d'or à l'emmanchure et sur le galon inférieur ; elle a mis de belles manches vertes, dont le poignet doré laisse voir la fine chemise de batiste blanche. Elle offre à l'enfant un fruit : est-ce une grenade, comme l'indique le site Topic-topos pour décliner les significations symboliques de ce fruit ? J'en doute, puisque nous avons affaire à un objet qui n'est pas rond, lisse et uni jusqu'au tulipage de son apex comme la grenade, mais oblong et cloisonné (comme une grenade à main...) comme une pomme de pin, ou une grappe de raisin.

  Ellle porte un voile et une guimpe de drap blanc.

La vierge n'est pas voilée, et ses longs cheveux tombent sur ses épaules. Le reste de son costume ne diffère de celui de sa mère que par le coloris : vieux-rose pour la robe, blanc pour les manches.

  L'ensemble, qui réalise dans sa forme générale un grand coeur de carte à jouer, est touchant par le caractère très réaliste d'intimité familiale de la scène. Pourtant, celle-ci met en scène une théologie de la Grâce, du Don et de la Génération qui est très élaborée : ne considérons ici que la boucle des bras :

bras gauche de Ste Anne...bras droit de Marie...bras gauche de Marie... Enfant-Jésus...Main gauche de Jésus...Pomme/Monde...Grappe de Raisin... bras droit d'Anne...etc...

 : Grâce par laquelle Anne devint enceinte...Grâce par laquelle Marie devint enceinte...Nativité...Grâce conférée au Monde par le sacrifice du Christ, par le Précieux Sang... Vin eucharistique...


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      Groupe sculpté Saint-Joseph à l'Enfant :

Statue en bois polychrome du XVIIIe, classé MH, H = 1,20m.

   Le groupe est intéressant car il date d'une époque où le culte de Joseph n'avait pas l'ampleur qu'il prit à la fin du XIXe siècle, que Saint Joseph est représenté grand, beau, jeune, le visage christique, comme un grand frère de Jésus ou comme sa préfiguration. Il se tient dans le choeur, du coté de l'évangile, où il répond en triangulation au groupe de Sainte Anne , complétant ainsi la Sainte Famille, et à celui de la Crucifixion. 

   Les mains du fils et du père nourricier forment une belle croix, un beau symbole du rôle du parent.

   Mais ce duo, face aux groupes trinitaires aux significations théologiques très élevées, paraît pauvre, trop simple, et je pense à ce que pourrait être une trinité paternelle dans laquelle le roi David (dont Joseph est le descendant) serait assis à la droite de Joseph qui porterait le Christ dans ses bras : cela aurait une belle allure...trop belle peut-être pour le beau-père qui doit rester au second plan, tel Cyrano sous le balcon de Roxane.

  Ici, Joseph tient, un peu bêtement, le lys de la chasteté : cela ne le valorise pas beaucoup.

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Crucifixion du XVIIIe

Bois polychrome classé MH, H = 1,10m

  Cette crucifixion a été réalisée pour une poutre de gloire, mais sa position actuelle met parfaitement en scène la dramaturgie de la Passion. Tout y est admirable, mais les supports anthropomorphes aux allures de démones que piétinent la Vierge et Saint Jean sont remarquables, ainsi que le voile de Véronique exposé entre ces deux représentations du Mal terrassé.

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Vierge à l'Enfant dite Notre-Dame de Grâce :

  Statue de bois polychrome du XVIIe, classée MH, H = 1,30 m

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Groupe de Saint-Yves entre le pauvre et le riche.

Statue en bois polychrome du XVIe siècle, classé MH, H = 1,10m


advocatus erat, sed non ladro, res mirabilis populo.

"Il était avocat mais non voleur, chose admirable pour les gens".

   Saint-Yves est représenté dans sa fonction d'official, ou juge des affaires ecclésiastiques, revêtu d'une robe noire au dessus d'une soutane de même couleur, les épaules recouvertes d'un camail blanc sans hermines, coiffé de la barrette, et tenant attaché autour du poignet un livre, lequel ne pouvait être au XIIIe siècle ( Yves Hélory de Kermartin a vécu de 1250 à 1303) qu'un codex de parchemins ou de papier.

  Il se tourne vers le pauvre, tournant le dos à la pratique juridique de l'époque, où les juges se prononçaient en fonction des placets ou documents écrits que rédigeaient, en se faisant payer à la ligne d'écriture, les avocats : la défense des riches était alors bien mieux assurée que celle des pauvres. Cela paraît à peine croyable de nos jours.

  Le riche est sculpté d'une taille légèrement inférieure au Saint, mais il est coiffé de la même façon avec des cheveux assez longs bouclés dissimulant les oreilles. Son couvre-chef ressemble à un bonnet de feutre. Il porte un beau manteau dont les manches courtes (qui sont peut-être un élément séparé) sont godronnées en plis épais. En dessous se trouve une tunique verte galonnée et ceinturée d'or. Sous les chausses, une paire de guètres brille par l'élégance de ses mouchetures et de son boutonnage.

  Mais ce qui m'interesse, ce sont les trois poches dont l'une est une aumonière renforcée de ferrures rondes. Le riche y puise de la main gauche l'argent dont il compte soudoyer le juge (le pauvre ! il ne sait pas encore à qui il a affaire !) sans lacher néanmoins son couteux placet et sa plaidoirie. Mais il porte aussi deux sacs attachés à ses manches : c'est là que les rouleaux de l'"affaire" sont enveloppés, et c'est de ces deux pochons que nous vient l'expression "l'affaire est dans le sac" :

   Sous l'Ancien Régime, on réunissait les pièces de procédure  d'un procés dans de grands sacs de toile de jute ou de cuir suspendus à des crochets. Quand le dossier est prêt, le procureur (avocat) dit : "l'affaire est dans le sac" : à l'audience, lors de la plaidoirie, "il vide son sac". (On lit aussi que le juge déclarait "l'affaire est dans le sac" lorsqu'elle était classée et que l'on ne reviendrait plus dessus).

  Le pauvre n'a ni sac, ni placet, ni aumonière, ni guêtres ; il se tient à peu près comme le pauvre du groupe de Saint Martin dans l'église voisine de Châteauneuf-du-Faou  L'église Saint-Julien et Notre-Dame à Châteauneuf du Faou., un genou à terre, s'appuyant sur un bâton, s'abaissant encore par le regard suppliant et tragique qu'il adresse au juge.

   

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      Saint Sébastien 

Il n'a pas l'air de croire à son malheur, et exhibe les plaies de flêche comme d'autres leurs percing : même pas mal !

 

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        Saint Herbot et son chien

  si c'est bien Saint Herbot, et si c'est bien un chien.

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Saint François d'Assise :

Cette statue de Saint François d'Assise est très semblable à celle de l'église Saint-Julien de Châteauneuf-du-Faou. Mais les attributs sont traités de façon plus grossière, plus naïve, ce qui donne plus de force à leur signification : la ceinture de corde aux trois noeuds (le fameux noeud de capucin que j'ai appris aux Louveteaux pour avoir mon badge, mais que le chef de bord des Glénans vous apprendra lorsque vous irez sur Fort Cigogne ou à Penfret) en l'honneur de la sainte Trinité, et le chapelet...Celui-ci est original, ce n'est pas celui des sept allégresses, il ne comporte que cinq gros grains, et je ne le trouve sur aucun des catalogues de patenôtrier (fabricants de chapelets). Je le rapproche du chapelet des Cinq Plaies de Jésus des Pères Passionnistes ( qui comporte cinq perles entre chaque grain, et qui est plus tardif que la statue, la Congrégation de la Passion ayant été créé en 1720 par Paul de La Croix). On peut penser qu'il était utilisé pour réciter la Prière de Sainte Claire d'Assise aux Cinq Plaies.


 

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      Saint Alain :

  Alain ou Alan (V ou VIe siècle) est censé avoir été le 4ème évêque de Quimper après avoir été ermite à Corlay, et c'est donc en tenue épiscopale qu'il est ici représenté, dans le geste de bénédiction.

Il est fêté le 27 décembre.


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      Saint Primel :

  Sa présence s'explique par l'existence à St-Thois d'une chapelle actuellement détruite qui lui était dédiée. Elle était édifiée sur un ancien sanctuaire. Une fontaine était sous la sacristie. 

  Saint Primel ou Primaël fait partie des moines irlandais du VIe siècle qui installèrent un ermitage en Cornouaille comme saint Corentin sur les pentes du Menez Hom, ou Saint Guénolé. Albert le Grand, qui en connaît la vie sur le bout du doigt, raconte cette anectode très touchante :


"En mesme temps, vivoit un saint Prestre solitaire, nommé Primael, ou Primel, lequel menoit une vie fort sainte dans une forest en Cornoüaille (1). S. Corentin l'alla visiter, pour recevoir de luy quelques salutaires instructions; S. Primel le recueillit gracieusement, & passerent les deux Saints le reste de la journée en saints propos & colloques spirituels, & la nuit suivante en prieres et Oraisons. Le matin, saint Corentin desira dire la Messe en l'Oratoire de saint Primael, qui, luy ayant disposé tout ce qui estoit requis & nécessaire, s'en alla querir de l'eau à une fontaine assez éloignée de son Hermitage; Saint Corentin l'ayant longtemps attendu, sortit de la Chapelle & vid venir le Saint vieillard tout doucement & à petits pas tant pour sa lassitude & que la fontaine estoit loin de là, que parce qu'il estoit boiteux. Saint Corentin, le voyant tout hors d'haleine, en prit pitié & supplia Nostre Seigneur de luy octroyer de l'eau plus près de son Hermitage; puis, dit la Messe, pendant laquelle il reitera son Oraison; Dieu exauça sa priere, car au lieu mesme où il mit son baston en terre, après la Messe, il rejaillit une source d'eau, dont les deux Saints rendirent grâces à Dieu; &, ayant séjourné quelques jours avec S. Primael, il s'en retourna en son Hermitage à Plovodiern."

Il est fêté le 15 mai.

  Il est habillé en diacre, avec une tunique recouverte d'un surplis recouvert d'une chasuble qui laisse voir les deux extrémités de l'étole. 

 

   Il porte aussi le manipule, et c'est Dieu qui nous l'envoie pour réviser nos connaissances sur cet article de paramentique : Mais disons d'abord qu'il s'agit de ce que les garçons de café nomment un liteau , cette serviette de service qu'ils portent au bras gauche. Dans le service divin on emploie les termes de manipule, de manuale, de brachiale, et de sudarium, à l'usage duquel je répugne.

  Au Moyen-Âge, sous le nom de sudarium, de fanon ou de mappula (du carthilaginois mappa, "serviette", ce n'était guère qu'un mouchoir, comme ceux que les italiens utilisaient pour s'essuyer le visage, à moins que, l'ayant fermé de quatre petits noeuds à chaque coin, ils ne l'aient transformé en couvre-chef improvisé un jour de canicule. D'autres opuscules précisent qu'il s'agissait d'une serviette de table dont les romains s'essuyaient les doigts, la bouche, les mandibules ; alors que d'autres fascicules stipulent en préambule que ce bidule était porté par les femmes à la manière d'un réticule, un chiffon minuscule attaché au poignet gauche et dont elles usaient machinalement pour oter la poussière.  C'est d'ailleurs le même morceau de tissu qui porta, privilège des abbés et des archévêques, le nom de pallium pour tenir leur crosse. Mais nous sommes ici à l'embranchement émouvant de la sémantique, ce jour médieval du IXe siècle où le mappula se scinda en deux : à doite, la voie du pallium, à gauche, la voie du manipule. 

  C'est à force d'être froissé, chiffonné et plissé par les clercs que le tissu de lin se mit à ressembler à un petit faisceau de tiges, une poignée d'épis, une gerbe, en un mot (latin) manipulus, a, m, terme qui avait déjà servi à désigner par métaphore l'étendard des légionnaires romains, et qui vient de manus pleo, "qui se prend à poignée". Un jour de 1611 le terme latin entra sans scrupules dans la langue française : le nom fit rapidement des émules, jusque chez les pharmaciens qui en usaient pour composer leurs globules, leurs granules et leurs gélules : "prenez un manipule de fleurs d'orangers" (1835, 1878, Trésor de la Langue Française qui en signale le caractère désuet pour ne pas dire ridicule).

  Il n'était d'abord porté que par les diacres de l'église romaine, puis les évêques le réclamèrent, les prêtres en voulurent un, bientôt même les sous-diacres eurent leur manipule, et même les clercs inférieurs aux sous-diacres (il y en avait). Mais au XIe siècle, il fut attribué aux seuls ordres majeurs et devint comme tel l'insigne du sous-diaconat : ils le conserveront en montant les degrés de la hiérarchie écclésiastique, selon qu'ils soient honorés du sacerdoce, ou même de l'episcopat.

  Le mouchoir de cérémonie se transforma en une bande étroite parée aux extrémités de deux carrés ou trapézes agréablement enrichi de glands ou de franges. Il sera trapézoïdal du X au XIIIe siècle, en bandes d'égale largeur du XIII au XVe, en forme de pelle au XVIIe. Il doit être brodé d'une croix à la partie supérieure, croix que le prêtre baise avant de s'en revêtir ; et, souvent, deux autres croix sont ajoutés aux extrémités. L'évêque, le prêtre le diacre ou le sous-diacre n'en font usage que durant la messe, ou bien, mais c'est là une exception, pour la bénédiction des Rameaux, en veillant à ne pas le conserver lors de la procession. 

  L'Église, avec un É majuscule, aime, nous dit le site Cérémoniaire.net, voir dans le manipule le symbole du travail et de la pénitence d'ici-bas que couronnera une joie éternelle, et l'évêque, l'imposant au nouveau sous-diacre , l'invite à le recevoir comme une exhortation aux bonnes oeuvres. Le sous-diacre répond à la clausule de la période oratoire de son berger ainsi : "Puissé-je mériter, Ô Seigneur de porter la gerbe des larmes et des douleurs ; afin que je recoive dans la joie la récompense de mon labeur".

 La formule évoque bien-sûr le Psaume 125, 5-6 : "Ceux qui sèment dans les larmes, moissonneront dans l'allégresse. Ils vont, ils vont en pleurant, portant et jetant la semence ; ils reviendront avec des cris de joie, portant les gerbes de leur moisson" (portantes manipulos)

  Car le manipule associe en son symbole la sueur et les larmes du travail, mais aussi la fécondité de ce travail, du dur  labeur-labour. Et s'il est porté sur le bras gauche, c'est que c'est le coté des affaires terrestres, alors que le coté droit est le coté du ciel.

   Ne méprisons pas ces humbles linges de maison qui sont les silencieux serviteurs de notre corps : car celui-ci  garde en  mémoire leur tendresse ancillaire. Peut-être un jour ferons-nous, bouleversés par le froissement d'un mouchoir, l'empoix d'une serviette, le pli d'un manipule, l'expérience de Proust et verrons-nous se déployer "réparti dans ses pans et dans ses cassures, le plumage d'un océan vert et bleu comme la queue d'un paon", parce que nous aurions jadis essuyer notre front de la même étoffe, devant la fenêtre, à Balbec, au crépuscule.



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      Sainte Catherine,

couronnée, tenant le pommeau d'une épée défunte dont la pointe virtuelle domine encore le roi cruel qui la martyrisa. La vierge tient le livre qui témoigne qu'elle choisit délibéremment et farouchement l'étude des  saints auteurs  plutôt que d'aller au bal danser.

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      L'autel

 est supporté par un bâti de menuiserie dont les faces principales portent en médaillon l'un la Vierge, l'autre Saint Jean.

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        La nef lambrissée est frappée, aux coins du transept, de quatre blochets peints en rouge. Portaient-ils jadis des blasons ?

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      La croix de procession :

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      Deux confessionnaux  

sont sensiblement identiques : les panneaux sont sculptés d'épis de blés et de pampres de vigne, de feuille d'acanthe, d'une rosace, des clés du paradis, d'une coquille, et, en dessous, d'un motif plus inhabituel où le serpent entoure la croix inversée comme un caducée, alors qu'une tiare (?) est reliée à une cordelette.

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Published by jean-yves cordier
19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 12:00

              Église Notre-Dame de Brélès :

                    anges musiciens

       et Isidore en costume breton.

 

Présentation.

  L'église Notre-Dame de Brélès, en forme de croix latine a été fondée par les seigneurs de Kergroades au XIVe ; elle était initialement simple chapelle dédiée à Notre-Dame, puis devint église tréviale de Plourin-Léon. une bulle d'indulgence lui est accordée en 1381. Vers 1408, Olivier du Chastel frappe ses armoiries sur le portail ouest. Les vitraux portaient les armoiries des familles nobles de la paroisse, comme les Kergroades, les Kergadiou ou les Kerdalaez, et ces seigneurs possédaient droit de sépulture à l'intérieur du sanctuaire. 

  L'église est remaniée au XVIIe puis largement reconstruite et agrandie en 1855. Elle comprend une nef avec bas-cotés de cinq travées et deux chapelles latérales qui forment un faux transept.


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  De part et d'autre du choeur, sur un fond blanc frappé du monogramme marial, les armoiries de l'évêque et du pape en fonction lors de la cérémonie de dédicace de l'église, que l'on peut dater de 1887 à 1892.

      Armoiries épiscopales  de Mgr Lamarche, évêque de Quimper et de Cornouailles de 1887 à 1892 : d'azur à la croix d'or au chef d'hermine. Cri : Doue hag ar vro (Dieu et Patrie) ; devise  Ama et confide "Aime et garde confiance". 

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         Armoiries papales de Léon XIII (1878-1903), D'azur au cyprès de sinople planté sur une plaine de même accompagné au francs quartier d'une comète d'or et en pointe de deux fleurs de lys d'argent, à la fasce d'argent brochant sur le tout. Devise : Lumen in coelo.

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      Au sommet du portail gothique en kersanton un ange présente les armoiries en alliance d'Olivier du Chastel et de Jeanne de Ploeuc, mariès en 1408. La famille du Chastel porte fascé d'or et de gueules à six pièces et la famille de Ploeuc porte d'hermine aux trois chevrons de gueules.

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Notre-Dame de Brélès

Statue du XVIe siècle

  Notre-Dame de Brélès est la patronne de la paroisse depuis au moins le XIVe siècle.

La position de l'index de l'Enfant n'est pas heureuse, peu physiologique, et laisse suspecter une erreur lors de la restauration du bras, dont on voit le raccordement au tronc.

  Le mouvement de drapé du manteau de la Vierge est enlevé ; Notre-Dame tient une fleur de lys, tandis que l'enfant joue avec le globe crucigère.

 

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Sainte Anne, Éducation de la Vierge

  Sainte Anne est vêtue de son inusable robe rouge. Dans l'iconographie, Anne porte toujours le voile, et sa fille est tête nue : c'est comme ça.  Marie apprend à lire sur son livre de lecture ouvert à la page 2 : la leçon du jour porte sur le Gloria. Les plus assidus des Proustophiles pourraient penser qu'il s'agit d'une page de Sodome et Gomorrhe de la Recherche du temps perdu, celle où M. de Charlus dit "Vous allez prendre quelque chose avec nous, comme on dit, ce qu’on appelait autrefois un mazagran ou un gloria*, boissons qu’on ne trouve plus, comme curiosités archéologiques, que dans les pièces de Labiche et les cafés de Doncières".

 

Certains Proustomanes réfutent l'idée que la Vierge puisse lire Sodome et Gomorrhe et trouvent dans La Bible d'Amiens sous la plume de Ruskin traduite par Jeanne Weil, la conviction que la jeune fille parlait certes hébreu, en bonne fille de Joachim, mais aussi latin, langue de l'occupant. Aussi pensent-ils qu'elle a sous les yeux  Du coté de Guermantes, lorsque le duc cite Robert de Saint-Loup : "je ne connais pas d'exemple de Sic transit gloria mundi** plus touchant".

 

 Mais il s'agit, selon toute vraisemblance, plutôt de l'incipit de la prière Gloria in excelcis deo, Gloire à Dieu au plus haut des cieux.

 

* gloria : café mélangé d'alcool qu'Alphonse Daudet nomme, lui, un "champoreau" dans Les Lettres de mon Moulin.

 

** Sic transit gloria mundi : ainsi passe la (vaine) gloire du monde.

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Anges musiciens 

Au sommet des angles des deux chapelles latérales et de la nef, quatre anges musiciens du XVIIe  jouent du haut de leur blochet respectif qui de la cornemuse, qui des cymbales, qui de la bombarde et qui du tambourin.

  La disposition générale des musiciens du quatuor est la suivante : à gauche, cymbales et cornemuse, à droite (au dessus des fonts baptismaux) tambour et bombarde :

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1. Le joueur de cymbales :


Serait-il là pour permettre au prédicateur d'illustrer le fameux premier verset du chapitre 13 de la Lettre aux Corinthiens "Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas l'amour, je suis un airain qui résonne, ou une cymbale qui retentit"?

L'usage des cymbales sera condamnée par Pie X, dans son Motu propio de 1903 Tra le sollecitudini sur la restauration de la musique sacrée : "L'usage du piano dans l'église est interdite, comme aussi celui des instruments bruyants ou légers comme le tambour, la grosse caisse, les cymbales, les clochettes etc...Il est rigoureusement interdit à ce qu'on appelle fanfare de jouer dans l'église."

  Saint Pie X peut être tranquille : l'ange est doté actuellement de disques de bois qui, au mieux, produiraient ce son de la simandre de Koutloumousiou (c'est sur le mont Athos), inventée par les moines orthodoxes lorsque les turcs leur interdirent les cloches.

    Addict de facebook, je mets un "j'aime" au gland de clef que l'artiste a su faire pendre au coin du pagne de pudeur du chérubin. Ce petit accessoire de passementerie négligemment appendu à un simple morceau d'étoffe se paye le luxe d'entrer en écho avec le mince bandeau qui ceint la chevelure artiste de la divine créature : un chic fou. Et il le sait, le bougre !



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2. Le joueur de cornemuse (biniou kozh)

Catherine et Jean-Luc Matte, qui recensent toutes les représentations de leur instrument fétiche, décrivent ici "un bourdon d'épaule de taille identique à celle du hautbois, et un porte-vent cylindrique". 

   Nous sommes alors amenés à apprendre qu'une cornemuse est composée d'un sac étanche en cuir, d'un tuyau pour le remplir avec la bouche et qui s'appelle le porte-vent (sutel en breton), de tuyaux qui produisent le son et dont l'un, ne disposant pas de trous, produit un son continu et est nommé "bourdon", alors que l'autre, nommé tuyau mélodique ou "hautbois", est percé de trous comme une flûte et d'une anche double. 

  Le "bourdon" est, ici, celui qui repose sur l'épaule de l'ange, alors que les petits doigts agiles du putto courent d'un trou à l'autre du "hautbois". 

  A défaut de savoir en jouer, je commence à me débrouiller avec le vocabulaire, non ?

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      Le biniou, c'est la bête noire des recteurs, l'instrument ventripotent et cornu par lequel le Malin débouche les garçons et les filles. Et on cite un bas-breton qui portait la bannière de procession, et qui plaqua tout pour aller danser, sans même quitter le surplis, lorsque les sonneurs attaquèrent la gavotte dans le pré voisin : diabolique.

  Même lorsque c'est un ange qui en joue, c'est encore la corne-musette qui mène la danse.

 

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3. Le joueur de tambour (coté sud).

Si la cymbale est un idiophone, qui fait du bruit par lui-même, le tambour est un membranophone, qui suppose que la membrane de peau soit tendue sur un cadre. 

  De sa première paire de baguette, il ne conserve qu'un morceau qu'il tient encore collé sur la main gauche, l'olive de la baguette bloquée sur la première commissure. 

    Si les fanfares n'étaient pas en odeur de sainteté auprès du pape, par contre, les tambours étaient indispensables pour mener les processions des pardons. Ils formaient souvent un duo fifre-tambour, tout le long du XIXe siècle et jusqu'en 1930. Et même à l'intérieur de l'église, au moment de l'élévation, "les tambours battent aux champs, remplissant la nef d'une rumeur formidable : c'est le salut au grand roi descendu sur l'autel" (Un pardon en 1905, Henri Morice, 

http://carmes.alvinet.com/historique/pardon.html)

  Joua-t-on un jour du tambour, des cymbales ou de la cornemuse dans l'église de Brélès ? Sans-doute pas. Mais là-haut, au ciel, les anges ne se privent pas, et certains jours, j'ai pu les entendre distinctement.

 

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4. Le joueur de flûte (coté sud) :

  Pour les uns, ce serait une bombarde (tenue ainsi verticalement?), pour d'autres une flûte. Mais pourquoi pas un chalumeau, ou chalémie, instrument médiéval de tonalité haute et à anche double utilisé en plein-air pour accompagner la cornemuse ? 

 

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5 et 6 les anges du choeur.

Muets, ils se contentent d'écouter leurs collègues, ou de mimer le jeu des castagnettes.

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Anges musiciens du tympan de la maîtresse-vitre:

  Selon J.P. Le Bihan la verrière néo-gothique du chevet peut être datée entre 1855 et 1872 par un reste d'inscription P. PRE, verrier d'art, Abbé Bervas, recteur. Elle est consacrée à la vie de la Vierge avec Annonciation, Visitation et Nativité. 


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   Cette verrière donne à voir en son tympan deux anges joueurs de harpe et deux joueurs de rebec, comme sur un vitrail médieval.

 

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Encore un ange : l'ange-lutrin.

   C'est une très belle oeuvre, qui vient compléter ma collection de lutrins : Bulat-Pestivien : lutrin anthropomorphe en costume breton.  Guiscriff : un lutrin anthropomorphe en costume breton.   Un ange serpentiste : le lutrin de l' église Saint-Louis, Brest.  C'est même un ange qui porte deux lutrins, un lutrin sur ses ailes et l'autre lutrin dans ses bras. Voilà qui change du train-train.

 Notez qu'il n'a pas l'air contrit de ne pas jouer du tambourin. Chevauchant son cumulus préféré, qu'il monte pied-nus, sans étrier, irradié par les tons citrins et purpurins des vitraux, il fonce dans l'immobilité éternel, absorbé par le concert ravissant des sphères célestes qui préfigure l'harmonie des âmes. Il est aux anges.

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Saint Isidore en costume breton:

  On connaît Saint-Isidore :  Statues et retable de l'église d'Élliant (Finistère)., le saint qui porte un nom grec signifiant isi-doros, don d'Isis, comme Pandore (tous les dons) ou Théodore (don de Dieu) : ce patron des laboureurs vient toujours à l'église habillé de son costume du dimanche, avec le bragou braz ou pantalon bouffant de droguet écru et la ceinture de flanelle rouge  nommée an turban. Il apporte en offrande une gerbe de blé, qui sera vendue aux enchères par le fabricien après la messe au pied du calvaire. 


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Le gilet est blanc, fermé, orné de quatre rangs de broderies, et recouvert par une veste (chupenn) courte, ouverte, de drap bleu. Un galon rouge et or en fait le tour y compris à l'encollure, alors que les bords sont doublés d'une bande brodé par un motif floral. Quatre gros boutons de laitons sont là pour la décoration, avec leur boutonnière factice à gauche. Les manches sont soulignés par un galon rouge et or et par une succession de petits boutons dorés. Le col de la chemise est brodée également.

 

 Le costume de Brélés appartient à la "guise" du Bas-Léon  ou de Saint-Renan , qui est semblable selon R.Y Creston à celui de St-Pol de Léon avec toutefois un col de veste droit, légèrement montant, des revers moins longs et moins larges et le bas des manches boutonnés. Yann  Guesdon (2011) décrit pour le paysan du Bas-Léon du début du XIXe "un costume caractérisé par une longue veste à basques en forme de pourpoint, rappelant l'habit à la française. De drap bleu foncé, plissé dans le dos et munie dans toute sa longueur de boutonnières, elle se portait ouverte sur un gilet noir ou croisé avec des revers de couleur plus ou moins important comme à Ploudaniel. Boutonnée, elle ne laissait apparent que le col montant d'une chemise blanche. Les bragou braz serrés aux genoux par de longs lacets étaient très amples, en droget marron ou noir. Ils se portaient indifféremment avec des bas de laine ou des guêtres à boutons. Pendant les moissons, les paysans portaient une chemise sous un petit gilet croisé sérré par une écharpe (an turban) et des culottes étroites (bragou berr) de toile blanche munie de poches profondes et laissant les jambes nues". (Costumes de Bretagne, ed Palantines)

 

 Cette description ne correspond que partiellement à notre Isidore.


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Les guêtres méritent qu'on s'y arrête : fermées par six gros boutons de cuivre, elles sont joliement recouvertes par le ruban rouge qui serre le bragou braz tandis qu' en bas,elles couvrent la chaussure par une pointe soulignée d'un trait rouge.


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Saint Sébastien.

 

  devinette : quel est le signe astrologique de Sébastien??

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Saint-Michel.

  Lui-aussi s'est mis, comme Isidore, sur son trente-et-un, son grand tralala. Il en a seulement un peu trop fait, comme d'habitude. 

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Saint Jean l'évangéliste

  C'est tout-à-fait lui, ou tout-à-fait elle. Saint-Jean tient la coupe de poison d'où, souvent, on voit surgir deux serpents. Voilà, selon Jacques de Voragine et la Légende Dorée, quelle en est la raison :

  "Alors le grand prêtre Aristodème souleva une sédition dans le peuple, au point que les deux partis s’apprêtaient à en venir aux mains. Et l’apôtre lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour t’apaiser ? » Et lui : « Si tu veux que je croie en ton Dieu, je te donnerai du poison à boire ; et, s’il ne te fait aucun mal, c’est que ton Dieu sera le vrai Dieu. » Et l’apôtre : « Fais comme tu l’as dit ! » Et lui : « Mais je veux que d’abord tu voies mourir d’autres hommes par l’effet de ce poison, pour en constater la puissance ! » Et Aristodème demanda au proconsul de lui livrer deux condamnés à mort : il leur donna à boire du poison, et aussitôt ils moururent. Alors l’apôtre prit à son tour le calice, et, s’étant muni du signe de la croix, il but tout le poison et n’en éprouva aucun mal : sur quoi tous se mirent à louer Dieu. Mais Aristodème dit : « Un doute me reste encore ; mais s’il ressuscite les deux hommes qui sont morts par le poison, je ne douterai plus, et croirai au Christ. » L’apôtre, sans lui répondre, lui donna son manteau. Et lui : « Pourquoi me donnes-tu ton manteau ? Penses-tu qu’il me transmettra ta foi ? » Et saint Jean : « Va étendre ce manteau sur les cadavres des deux morts en disant : l’apôtre du Christ m’envoie vers vous, pour que vous ressuscitiez au nom du Christ ! » Et Aristodème fit ainsi, et aussitôt les deux morts ressuscitèrent. Alors l’apôtre baptisa le grand prêtre et le proconsul avec toute sa famille ; et ceux-ci, plus tard, élevèrent une église en l’honneur de saint Jean." Source : Wikisource :link

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Published by jean-yves cordier
17 mars 2012 6 17 /03 /mars /2012 22:34

               L'église Saint-Julien 

        à Châteauneuf du Faou : les statues.

  L'église a été édifiée à l'emplacement d'un sanctuaire du XVe siècle, puis reconstruite en 1878 par Jules Boyer.  Elle comprend une nef de six travées avec bas-cotés et clocher encastré, un transept et un choeur à chevet polygonal. Le clocher de 1737 a été conservé, clocher-porche amorti par dôme et lanternon.

 

 

I. Les Vierges : 

  Notre-Dame de  Victoire à droite de la nef, célébrerait la fin du siège de La Rochelle en 1628, dernier épisode des Guerres de religion qui opposaient depuis 1562 les catholiques et les protestants. La Rochelle était l'une des 150 places fortes concédées par Henri IV aux protestants, ou huguenots, par l'Édit de Nantes de 1598. Mais Louis XIII et Richelieu estimèrent que La Rochelle, soutenue par les Anglais, pouvait devenir une tête de pont pour menacer le Royaume. Après plus d'un an de siège, les huguenots doivent capituler ; s'ils conservent leur liberté de culte, ils perdent leurs droits territoriaux et politique. En 1685, Louis XIV révoquera l'Édit de Nantes et enverra ses troupes de dragons-missionnaires obtenir la conversion des "hérétiques".

   La Vierge et son fils portent les regalia : couronne, manteau de royauté, sceptre ou main de justice (ici terminé par une flamme), le globus cruciger ou orbe. L' Enfant-Jésus bénit le monde, la paume ouverte. Rien, si ce n'est l'inscription du socle, ne rappelle l'évènement historique.


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          N.D DE Bonne-Nouvelle dans la nef, en vis à vis de N.D. de Victoire.

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   Notre-Dame de Délivrance

 En 1905, J.M Abgrall la décrivait "gothique, assise, tenant une fleur ou une branche terminée par un fruit, tandis que l'Enfant-Jésus vêtu d'une longue robe à ceinture, tient un oiseau."

    Pour l'inventaire des Monuments historiques, N.D de Délivrance, ce n'est pas celle-ci, mais l'autre, et cette vierge assise qui porte, sur la photographie prise par J. Le Doaré en 1954 pour l'inventaire, http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_98=REF&VALUE_98=PM29000107 l'inscription N.D de Délivrance, est intitulée Vierge à l'Enfant.


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 Vierge à l'Enfant .

 Bois, 16e siècle.          

Derrière la tête de la Vierge, une inscription anachronique (XIXe-XXe) énonce en auréole : "Voici ce coeur qui a tant aimé le monde".

  La statue me paraît particulièrement belle par la sveltesse de sa robe au beau plissé. Le manteau est agrafé par deux fermaux réunis par une chaîne en or, chaque fermail servant aussi de fixation à la chaîne d'un bijou rond. La ceinture est également fermée par quatre anneaux d'or, d'où pend une lanière courte.

  La chevelure est retenue par un voile qui se croise derrière la nuque, formant un bandeau qui est d'autant plus évocateur du "chouchou" des Vierges allaitantes que deux nattes s'en échappent devant les épaules.  Virgo lactans ou miss Néné ? Les candidates du Finistère. Les Vierges allaitantes.

La Vierge, comme l'Enfant, semble tenir dans la main droite un objet fin, tige de fleur par exemple, qui a disparu.

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II. Dieu le Père.

  Les artistes parent d'habitude notre Père éternel d'une chevelure plus luxuriante, en relation avec la puissance de sa fécondité créatrice ; mais ici, elle semble avoir glissée comme une perruque distraitement posée par le regretté savant Cosinus.

   Il a revêtu son manteau royal , s'est emparé de son orbe afin de témoigner de son pouvoir sur le bas-monde qu'il toise, mais qu'il bénit  sans hésiter : après tout, c'est lui qui l'a créé, en se frottant les mains de la qualité du résultat : Genèse 1, 31 : Dieu vit tout ce qu'il avait fait : cela était très bon. Il y eut un soir et il y eut un matin : sixième jour". En hébreu, "très bon" se dit tov meod (en breton : traou mad, ou wahoo, trooop mad!). 

  Le sixième jour, c'est celui où tad kozh et mamm gozh Adam et Éve ont été créés, et c'est cela qui suscite les petis cris gourmands de Dieu le Père, Tov meod, tov meod ! Car le jour où il n'avait créé que la terre et la mer la mer toujours recommencée, en Genèse 1,10, il ne mit sur sa copie qu'un commentaire : " Dieu vit que cela était bon", un simple tov hébraïque. C' est bon mais ça manque un peu d'humain, je vais en ajouter. 

  Selon le Talmud et la numérologie hébraïque ou gématria, MEOD a la valeur 45 : exactement la même que ADAM ! Et ce sont même exactement les mêmes lettres Mèm-Alef-Dalèt pour les deux mots! (La valeur de TOV, 2+6+9 n'est que de 17). Comme Dieu a bien fait cela!  Cela veut bien dire ce que ça veut dire : un monde, pour que cela soit TRES BON, il y faut l'être humain : avec ça, dit Dieu, on va bien rigoler, et rigoler, dit encore Dieu, c'est TRES BON, Tov Meod.

   Je partage avec Dieu ce point commun (parmi d'autres) de penser que c'est très bon de s'amuser. Dans ma gaie matria, la valeur de RIGOLER est XXL, la même que TRAOU MAD et qu' ALCOFRIBAS.

 En 1954, photographiée par Le Doaré pour les Monuments historiques, la statue était intitulée "statut de saint" et dépourvue de bras gauche.

 



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 Groupe trinitaire de Dieu le Père :

  Statue en grès arkosique du XVe siècle.

Trinitaire, c'est vite dit : mais il est plus exact de parler de divine "quaternité", ou mieux de divin quatuor. Car ce groupe en pierre aligne de manière rare la tête de Dieu, coiffé de sa tiare, puis la colombe du Paraclet curieusement placée comme un trait d'union entre la bouche de Dieu et celle de son Fils, puis le Christ en croix, mais enfin aussi le globus cruciger ! 

    Ces deux particularités, présence du globe terrestre, et disposition du Saint-Esprit comme une parole, un Verbe allant de la bouche du Créateur à celle du Verbe Incarné, confèrent un intérêt d'une richesse spirituelle exceptionnelle à cette statue.

 Le chanoine Abgrall signale qu'il a vu cette statue alors qu'elle se trouvait encore dans la chapelle Saint-Michel, qui était située à l'entrée du Bourg et qui a aujourd'hui disparue. Il y voit la Colombe semblant recueillir le dernier souffle du Christ expirant.

 Dans cette chapelle se trouvaient aussi les statues de Sainte-Anne, de Saint-Martin et de Saint-Michel qui font suite.

 La singulière position de la colombe évoque à tout lecteur de Freud la fameuse interprétation du groupe trinitaire de Léonard de Vinci dans Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci, (Eine Kindheitserinnerung des Leonardo da Vinci, Franz Deuticke, 1910, 71p.) dans lequel est analysé ce souvenir de Léonard de Vinci : "Il semble qu'il m'était déjà assigné auparavant de m'interesser  aussi fondamentalement au vautour  [ le peintre retrouve ce souvenir en dessinant cet oiseau] car il me vient comme tout premier souvenir qu'étant encore au berceau un vautour est descendu jusqu'à moi, m'a ouvert la bouche de sa queue et, à plusieurs reprises, a heurté mes lèvres de cette même queue

  Le fait qu'il s'agissait, dans le texte italien, en réalité d'un milan (nibio) et non d'un vautour, ce qui fait perdre une grande partie de la pertinence de l'interprétation du psychanalyste, ne nous concernera pas, pas plus que les comparaisons, ici très déplacées, qu'établit le Viennois avec la queue de l'oiseau. Délaissant ces viennoiseries, je me contente d'évoquer cette réminiscence littéraire.

   De même me revient le rituel funéraire d'ouverture de la bouche chez les égyptiens, précédé de la purification d'Horus (dieu faucon) et de Thot (dieu ibis), ouverture du sarcophage par une herminette permettant au bâ (l'âme-oiseau) de réintégrer le corps. Le fait que ces évocations ne soient pas théologiquement judicieuses n'ote rien au fait que l'image, impérieusement mais confusément, les génèrent.

  

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J'ai lu depuis l'article de Daniel Briant, Le Trône de grâce de Châteauneuf du Faou, Bulletin de la Société Archéologique du Finistère Tome CXXXIX pp. 83-88, 2011 qui en donne une étude approfondie et compare cette trinité à un Trône de grâce semblable, mais en calcaire dans la chapelle de la Trinité de Kergloff.

 Selon cet auteur, le groupe de Châteauneuf se trouvait auparavant dans la chapelle du Moustoir.

 


III. Les saints et saintes.


1. Sainte Anne trinitaire (1632)

  J'ignore sur quelle base la date de 1632 est attribuée, mais en la chapelle Saint-Michel où elle se situait, selon J.M.Abgrall les comptes indiquent la dépense de 16 livres quarante cinq sols qui figure en 1630 pour "aider à faire l'autel et l'image de madame sainte Anne".

Il est intéressant de trouver cette statue à la suite de la Trinité paternelle que nous venons d'examiner, puisque c'est par un parallèle avec le dogme trinitaire que ce thème iconographique, nommé Anna Metterza en Italie, trouve son sens.

 Rappellons d'abord l'histoire de sainte Anne selon le proto-évangile de Jacques:

  Anne est issue de la tribu de Juda et de la lignée royale de David. Mais Anne et Joachim, riches israélites de Jérusalem, se désolent de n'avoir point d'enfant. Ils sont convaincus, comme les autres juifs, que cette stérilité est un signe de malédiction. D'ailleurs, Jaochim voit son sacrifice au temple rejeté par les prêtres : humilié, la mort dans l'âme, il tente la dernière chance, et part dans le désert quarante jours pour jeûner et prier. Anne n'ayant pas de ses nouvelles redoute le pire, et le croit mort, jusqu'à ce qu'un ange lui apparaisse en songe et lui annonce qu'elle enfantera bientôt.  Aussitôt après, deux messagers lui annoncent que Joachim est vivant, qu'il a eu la visite d'un ange en rêve, et qu'il revient à Jérusalem. Les deux vieux amants se retrouvent à la porte d'or de Jérusalem et y échangent un baiser. Ils décident que l'enfant s'appellera Marie et sera consacrée à Dieu et ira vivre dans son Temple. 

  Sainte Anne est honorée en Orient dès le Ve siècle, puis en Occident depuis l'époque des croisades : son culte est reconnu par Urbain VI en 1382, et c'est au XVIe siècle qu'il culmine en Europe. Le plus ancien missel à mentionner sa fête date de 1505. Le culte est supprimé par Pie V en 1568, rétabli par Grégoire XIII comme fête double en 1584; Clément XII en fit un double-majeur en 1738, et Léon XIII un double de seconde classe en 1879. Enfin Paul VI fusionne les fêtes de Saint-Joachim ( 20 mars et 16 août) avec celle de sainte-Anne le 26 juillet.

   Elle est particulièrement à l'honneur en Bretagne, depuis qu'elle est apparue à Yves Nicolazic de Keranna de 1623 à 1625, et que fut institué le pélerinage de Sainte-Anne d'Auray.


Le nom hébreu Hannah signifie "grâce", la grâce accordée par Dieu, et le prénom Joachim signifie "promesse de Dieu".

  La trilogie Anne-Vierge-Jésus illustre une triple incarnation de la Grâce divine. Elle illustre aussi la séquence Ancien Testament / Naissance du Christ / Nouveau Testament. 

  Mais, comme précédemment, cette Trinité cache un quatrième terme qui est ici central : le Livre. Biblos. C'est lui qui va faire circuler les multiples interprétations possible :

  • Anne apprend à lire à sa fille,
  • Marie apprend à lire à son fils,
  • Jésus "révèle" à Anne et Marie le sens des Écritures (comme devant les Docteurs de la Loi) : c'est lui qui apprend à lire aux deux femmes,
  • le Livre est engendré par Anne (il est devant son ventre), mais fécondé par Marie et Jésus,
  • Les trois personnages présentent à l'humanité les Saintes Écritures,
  • etc...


 

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2. Saint Martin . 

  C'est un très beau groupe en pierre daté de 1634. En 1632, les comptes de la chapelle Saint-Michel indiquent que M. Can, peintre, reçut 4 livres 10 sols pour peindre l'image de Mr Saint Martin et de son pauvre", ce qui semble peu (erreur pour : "14 livres"?) en regard des 16 livres 45 pour Sainte Anne et 14 livres pour Saint Michel.

  On connaît la scène : saint Martin de Tours coupe son manteau pour en donner la moitié au pauvre. Mais c'est l'occasion d'en savoir plus: on consulte Wikipédia, on apprend que c'est à 18 (ou 22) ans en Gaule en 338 de notre ère que le jeune Martin, enrôlé de force par son père dans l'armée en tant que "circitor", chargé de la ronde de nuit, rencontre en plein hiver à Amiens un pauvre transi de froid, et lui donne la doublure de son manteau : le lendemain, le Christ lui-même lui apparaît, vêtu de la pelisse. 

  


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Je compare cette statue à celle qui est proposée sur Wikipédia et qui a été réalisée plus de cent ans auparavant:

Le maître de Lesve a placé son saint Martin à l'envers sur son cheval, mais l' harnachement du cheval est comparable, les étriers aussi, et l'armure également, bien que l'on analyse mieux le système d'attache des cuissots et genouillères ; mais la statue bretonne présente un manteau à la bordure orfrayée d'or, et une coiffure différente.

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"La Charité de saint Martin", chêne polychrome, école mosane, vers 1520-30, groupe sculpté par le maître de Lesve (dérobé en 1994, retrouvé à Munich en 2001) - Eglise romane Saint-Martin de Tohogne, Belgique. Wikipédia.

  

   Le bonus, pour moi, ce fût d'apprendre que notre mot chapelle vient de la cape de saint Martin : du latin capella, diminutif de capa, "manteau à capuchon", il fut d'abord attesté en 679 en latin médiéval pour désigner la cape de saint Martin conservée en relique à la cour des rois francs, pour désigner plus généralement le trésor des reliques royales, puis en 788 l'oratoire du Palais Royal qui le conservait, puis vers 810 l'oratoire d'un domaine privé, et en 1100 le terme français chapele est attesté pour désigner le sanctuaire du palais d'un souverain et enfin un lieu de culte desservant un domaine privé (château, hôpital, collège) ou non pourvue des pleins droits paroissiaux. (Source ; CNRTL, Trésor de la Langue Française)

3. Saint Michel :


 

 

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 4. Sainte Barbe.

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5. Sainte Marguerite d'Antioche.

Statue en bois, XVIIe : Marguerite, "la perle" car elle est pure et n'a pas fauté,  est représentée "issant" du monstre ailé et zélé qui n'en n'avait fait qu'une bouchée mais qui est en train de le regretter.

    La direction de Lavieb-aile se doit de signaler que la réalité de ce fait n'est cependant pas attestée et qu'au XIIIe siècle Iacoppo de Varazze le tenait comme " vain et mal fondé". 

  "Issant" vient du verbe "issir", "sortir" que les amateurs de décadentisme raffiné peuvent apprécier sous la plume caressante de Pierre Louys. 

  Elle est la patronne des sages-femmes, à qui elle conseille de remplacer le vulgaire "poussez, poussez" par l'élégant "il serait sage que vous issiez l'enfant d'ici, afin que nous l'ississions pas au Levret-Baudelocque, sinon, on n'est pas issu de l'auberge". 

  Elle était fêtée le 20 juillet.

 

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6. Saint François d'Assise :

Statue en bois du XVIIe. François porte la tenue des "cordeliers", serrée à la ceinture par une cordelière à trois noeuds qui rappellent, comme les trois fenêtres de la tour de Sainte-Barbe, la sainte Trinité. Voué au chiffre trois, il porte aussi les deux sandales franciscaines, les cinq stigmates, et enfin  le chapelet "des sept allégresses".

  Ce dernier a été introduit dans l'Ordre après qu'un novice, qui avait l'habitude d'apporter à la Vierge une couronne de fleurs chaque jour, se trouva fort dépourvu quand il fut dans le couvent. Mais Marie lui apparut :" Récitez, lui dit-elle, une fois l'oraison dominicale et dix fois la salutation angélique pour chacune des sept allégresses dont tressaillit mon coeur :

  • Dans la conception du Verbe éternel,
  • lors de la visite à ma cousine Élisabeth,
  • à la naissance de mon divin Fils,
  • Lors de l'adoration des Mages,
  • lorsque j'ai retrouvé Jésus au Temple en train d'en remontrer aux Docteurs,
  • à sa résurrection,
  • et bien-sûr lors de mon assomption au firmament."

  Chaque fois que les franciscains ou les cordières récitent ce chapelet, ils obtiennent une indulgence plénière ; aussi ne s'en séparent-ils pas.


 

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IV. La Cène :

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V. Quelques vitraux :

 

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Published by jean-yves cordier
17 mars 2012 6 17 /03 /mars /2012 21:47

          La chapelle sainte-Anne à Daoulas.

 

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La Vierge de Pitié ou Pietà


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La poutre de gloire portant le groupe de la crucifixion:

sous le Titulus portant INRI, le Christ en croix entouré de la Viege (manteau bleu) et de saint Jean (manteau rouge)


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      Le Christ aux liens : 

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  Deux chandeliers en bois

du XVIIe sont fixés à la table de communion.

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La table de communion en bois sculptè :

 

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      Saint Augustin: 

On remarquera que l'évêque d'Hippone porte sa crosse par l'intermédiaire du pallium, comme saint Germain à Kerlaz  Vierges allaitantes IV : Kerlaz, les statues et inscriptions.

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      Sainte Anne trinitaire :

  Je termine avec le groupe statuaire qui a motivé ma visite, et qui vient compléter ma recherche des autres Anne trinitaire du Finistère Voir : L'église Saint-Julien et Notre-Dame à Châteauneuf du Faou. et  Les vitraux de Jacques Simon de Quettreville-sur-Sienne.

  L'interêt de ce groupe est qu'une fois de plus, on peut découvrir un quatrième terme caché dans cette Trinité. Aussi caché que la Lettre Volée de Poe, puisqu'il s'agit du tabernacle.

  J'ai eu tendance à l'exclure visuellement, comme par un automatisme dicté par l'examen des oeuvres précédentes, alors que c'est l'elément théologique central : le tabernacle, receptacle du corps eucharistique du Christ, entretient avec le ventre de la Vierge Marie une relation métaphorique exacte, elle qui porta le corps divin. 

  Cela est si vrai que Saint Anne, qui porta Marie qui porta Jésus, est pour cette raison la patronne des ébenistes et des menuisiers, à coté de Joseph qui est leur saint patron.

 C'est aussi la patronne des grands-mères.

 Et encore c'est la patronne de la Bretagne, Mamm Gozh ar Vretonned, "la grand-mère des Bretons".

Et puis la patronne des couturières, car elle apprenait à Marie à coudre et à réaliser son alphabet en canevas lorsqu'elle ne lui apprenait pas à lire.

 Elle est fêtée aussi par les lingères et des professionnels du tissu. 

  Et par les meuniers

Par les pompiers, lorsqu'ils délaissent Ste Barbe,  et par les  sauveteurs.

 Les femmes stériles comme les femmes enceintes l'invoquent également, le vendredi.

C'est dire que si le 26 juillet n'est pas jour de fête nationale, une bonne partie de la population doit se retrouver à la messe matinale, ou bien se rendre au pardon de Sainte-Anne d'Auray ou de Sainte-Anne-La-Palud.

  Sainte Anne tient dans la main gauche une tige, une digitation rosée que je n'ai pas identifiée.

  Les deux mères présentent l'enfant bénissant le monde, qu'il tient d'ailleurs dans la main gauche. Un petit vent frais souléve sa robe.

 

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A droite de l'autel, une console offre sur ses portes un beau travail de sculpture sur bois, chacune étant frappée d' un prénom ; on les déchiffre trop rapidement si on ne considére que la calligraphie, et jusqu'au choix des noms, répond à une réflexion artistique : car l'artisan aurait du choisir le nom Anne, à moins qu'il n'est choisi la transcription bretonne Santez Anna : nous aurions de l'autre coté non pas Joseph, mais Job, Jos, Jozep, Joseb.

  Mais Anna forme un palindrome que souligne encore la graphie aux deux N rétrogrades.

Quand au mot Joseph qui est transcrit IOSEPH, il est remarquable par les I et O conjointes.

  Le fait que le meuble associe les deux saints patrons des ébénistes n'est sans-doute pas un hasard, même s'il complète le meuble qui lui fait vis à vis pour honorer la Sainte Famille.

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        En effet, en face, est disposé le meuble jumeau, frappé du monogramme du Christ IHS, Iesus Hominem Salvator (ce qui justifie en miroir IOSEPH) et du prénom MARIA aux lettres M et A enlacées, et aux lettres M et R conjointes, le R fusionnant partiellement avec le I .

  Les deux coeurs transpercés se répondent, mais sont différents.

  J'imagine qu'un médaillon ovale était collé à la partie inférieure, là où se voit une trace gris-bleuté.

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  • : Le blog de jean-yves cordier
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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