Les navires de la Penfeld à Brest,
vus de la Tour Tanguy.
Lorsque le visiteur qui découvre Brest se rend au pied de la Tour Tanguy, il contemple le panorama des rives de la Penfeld avec, devant lui, le Château, et à sa gauche le pont levant de Recouvrance. A ses pieds, l'Arsenal et le port militaire.
S'il identifie rapidement la Belle-Poule et l'Étoile, ou le yawl La Grande Hermine il s'interrogera peut-être comme moi sur les navires amarrés le long des quais et des passerelles. Cet article est destiné à lui répondre, bien que je n'ai aucun titre et aucune compétence pour le faire.
Je remercie Jean-Michel Roche qui m'a autorisé à utiliser les informations qu'il donne sur les navires militaires dans ses articles du site netmarine.net.
I. Les navires amarrés rive gauche sous le château.
Entre le pont de Recouvrance et le Château, on trouve successivement (en 2013) :
II. Les navires amarrés rive droite.
1. En amont du pont de Recouvrance :
2. En aval du pont :
a) Ponton de la Gendarmerie Maritime :
b) Vedettes transrade de la Société Morlenn :
Rassurez-vous, je vais reprendre plus lentement pour ceux qui veulent rester :
III. PORTRAITS.
1. Le bateau-pompe AVEL ABER Y783.
Cette embarcation de la compagnie des marins-pompiers est, en terme technique, une VIR ou Vedette d'Intervention de Rade comme la Loude Y784 et la Divette Y785 construites par le chantier Sibiril de Carantec en 1994, mesurant 14,60 m de long, 4,60m de large, 1,94 m de tirant d'eau et disposant de deux moteurs Baudouin V6Ti 450 de 375 cv assurant une puissance de 750cv. Le déplacement de 16 t passe à 23,5 t en pleine charge, la vitesse atteint 17 nœuds. C'est l'ex-ELORN, dont le nom n'était pas officiel qui a été baptisée officiellement en 2008 AVEL ABER, signifiant "Vent des Abers".
Leur équipement repose sur un radar (Furuno ou Raythéon), 2 canons à eau à 10 bars de pression de 72.000 l/h) , un générateur à mousse, 2 pompes de 150 m³/h actionnées par 2 moteurs FAPMO de 80 CV, 10 bouches à incendies réparties en deux groupes AV et AR (2 de 100 mm – 2 de 65 mm – 1 de 45mm par groupe), et 6 bouteilles de CO² de 200 kg , 1600 l de mousse et 1080 l d’émulseur AF3 à 3%.
L'équipage est formé de six hommes (patron, mécanicien, chef d'agrès, binôme d'attaque et binôme d'alimentation).
2. La pilotine Y780.
Construite en 1993 au chantier Sibiril à Carantec, cette Vedette de Pilotage VP qui peut accueillir 6 hommes d'équipage mesure 14,40 m de long, 4,60m de large et 1,9 m de TE, avec un déplacement de 16 t. Avec une puissance de 750 cv, elle peut atteindre la vitesse de 20 à 25 nœuds. Les Vedettes de Pilotage appartiennent aux Vedettes de servitude type V14.
Leur durée de vie est estimée à 20 ans, et, en 2013, cette pilotine de 1993 arrive en fin de carrière. En 2010, le Télégramme de Brest annonçait son remplacement (ainsi que l'Enez-Hir) par deux vedettes nommées Léon et Cornouaille: voir mer et marine.
On réalise que les deux vedettes, le bateau-pompe et la pilotine placée tête bêche sont parfaitement semblables, si on ôte les lances incendies du bateau rouge. Elles sont toutes les deux semblables également aux vedettes de la Gendarmerie Maritime.
3. Les remorqueurs.
Ce sont six sisters ships, 3 RP12 et 3 RPC12, "de 12 tonnes de traction au point fixe" qui ne différent que par leurs équipements,les RP ou Remorqueurs Portuaires dont le numéro débute par la lettre Y n'étant pas équipés comme les RPC ou Remorqueurs Portuaires et Côtiers dont le numéro débutent par la lettre A.
Ces navires de 25m de long et 8,4 m de large sont propulsés par 2 propulseurs Voith Schneider sous l'effet de deux moteurs Baudouin de 660 cv. Les cinq pâles verticales de chaque propulseur permettent une manœuvrabilité à 360°. Sur ce type de navire, le pilote prend le volant au lieu de tenir la barre.
Ils ne sont pas armés...sinon d'un canon à eau car ils participent au soutien incendie. Ils sont aussi équipés pour la lutte anti-pollution (barrage flottant, produit dispersant)
Voir Netmarine.net: construits à Lorient chez Lorient Naval Industrie ou à Boulogne à la SOCARENAM,
a) Remorqueurs portuaires de type RP12.
Leur numéro débute par Y ; ces remorqueurs portuaires se nomment NIVIDIC Y643, MENGAM Y640 et LE FOUR Y647. Par rapport aux remorqueurs côtiers, ils ne disposent pas de cuisine ni de chambres et à la cabine de pilotage, on ne trouve ni gyro, ni pilote automatique.
Leur équipage est de 5 personnes.
b) Les 4 remorqueurs Portuaires et Côtiers RPC12.
Ce sont la HOUSSAYE A678, AR MEN A677 et KÉRÉON A679 et TAUNOA A680. Leur champ d'action va de Brest à Lorient.
L'équipage se compose de six à huit membres : un premier-maître (le patron du bord), un maître manœuvrier (second du bord), un maître mécanicien, et trois brigadiers (deux seconds-maîtres et un matelot).
Le remorqueur La HOUSSAYE doit son nom à un cap de l'Île de la Réunion (qui rend lui-même hommage à un capitaine breton, Guillaume La Houssaye) ; il a été mis en service le 30 octobre 1992.
Le TAUNOA tient son nom d'un quartier de Papeete , car il était prévu qu'il soit affecté à Mururoa. Il a été mis en service en mars 1996.
4. Les 4 pousseurs de sous-marins nucléaires lanceurs d'engins type PSS 10 : n° 101, 102,.
Construits à Lorient Naval Industrie à Lorient, ils sont en service depuis juillet 1993, mesurent 17 mètres x 6,4 m x 2,4 m, ont un déplacement de 44 tonnes qui passe à 69 t en pleine charge. Leur puissance est de 450 cv, leur vitesse est de 6 noeuds, et ils sont maniés par un équipage de deux hommes (netmarine.net, "flotte française en 2012"). Ajoutons à cela 2 moteurs diesels Poyaud-Wärtsilä UD 25 L 6 M 4, 2 hélices - 900 ch (660 kW) et une puissance électrique 3 kW.
La liste de la Flotte française 2012 ne mentionne que 2 pousseurs à Brest, le 101 et le 102, et deux à Cherbourg: j'ignore si les deux autres navires, strictement semblables apparemment, que nous voyons sont aussi des PSS 10.
5. Le Caudataire MACHAON.
C'est un navire nommé caudataire qui, comme son sister-ship basé à Toulon le PHAÉTON, est chargé de mettre en place et de récupérer les antennes ETBF des sous-marins SNLE et SNA avant et après leur patrouille.
Ce Machaon mérite un article spécial d'onomastique navale : voir Les caudataires Machaon et Phaéton de la Marine : délices de l'onomastique navale.
6. Les pousseurs portuaires de type PS4 A et B.
Les pousseurs portuaires de type PS4 mesurent tous 11,9 mètres de long, 4,51 m de large, 1,27 m de tirant d'eau, ils ont tous un déplacement de 27 tonnes qui passe à 83 t en pleine charge, tous ont la même puissance de 440 cv et la même vitesse de 9 nœuds ; tous sont conduits par deux hommes d'équipage. Ils ont encore en commun 2 moteurs diesels Poyaud-Wärtsilä UD 6 PZ M 1 (6) , ou UD 18 V M 1 (13 à 30 ), ou Baudoin V 6 TI 330 (31 à 38), 2 hélices - 440 ch (325 kW) et une puissance électrique de 1 kW.
Enfin, tous doivent leur nom de type à leur puissance de traction au point fixe qui est de 4 tonnes.
Mais Dieu le Père, ou l'un de ses représentants galonnés sur mer, en leur infinie sagesse, a distingué le pousseur PS4 simple (à Brest, c'est le n° 14) du PS4 de type A (représenté ici par le n°22) et du PS4 de type B (à Brest, le n° 32).
Enfin, aucun ne porte de nom propre, sauf le n° 31 (MARACUDJA) et le n° 34 (CARAMBOLE), qui servent tous les deux à Port-de-France.
Pourquoi, Mon Dieu, pourquoi tant de subtilités dans tes décisions ?
Si la diversité des espèces s'appauvrit, ce n'est pas la faute de la Marine.
Saurez-vous les trouver ?
Le dessinateur distrait a fait deux erreurs en recopiant son pousseur ; laquelle ?
(un trois au lieu d'un deux ; la couleur des pare-chocs)
7. Les Pontons-grues automoteurs.
les PGA3 Y677 et PGA 4 Y678.
Comme je ne savais pas ce qu'était un "ponton-grue automoteur", le site meretmarine.com m'a fait un beau dessin en coupe et m'a donné les explications suivantes :" Ces nouveaux moyens portuaires permettront d'effectuer les manutentions courantes sur les navires de la Marine nationale, qu'il s'agisse de radeaux de survie, de munitions ou de pièces de rechanges. Ils pourront également relever des ancres de 4 tonnes. A cet effet, ils seront équipés d'une grue d'une capacité de 8.3 tonnes à 8.5 mètres et de 3.3 tonnes à 18.5 mètres, ainsi que d'un treuil d'une capacité de 12 tonnes. Capables de transporter 24 tonnes de fret, les nouveaux pontons-grues seront manoeuvrés par trois hommes d'équipage pour les manutentions et de cinq hommes pour les opérations d'ancrage".
Construites par la SOCARENAM de Boulogne et livrées en février 2008, les PGA3 et PGA4 de Brest, comme les PGA1 et PGA2 de Toulon et la PGA5 de Cherbourg mesurent 21,4 x 9,9 x 1,7 mètres, leur déplacement de 146 t passe à 172 t en charge. La puissance du moteur est de 300cv avec une vitesse de 6 nœuds. Trois hommes d'équipage sont à bord, dont l'un est chef.
8. Les vedettes de la Gendarmerie Maritime.
Pour remplacer les anciennes VSC de 10 à 14 m, 24 Vedettes Côtières de Surveillance Maritime ont été conçues par Raidco Marine de Lorient, construits par le chantier CNB de l'Herbaudière et livrées en 2013 : Concarneau a reçu la première ( l'ELORN), et Brest reçut les P615 et P621 baptisés PENFELD et ABERWRACH. Longues de 20 mètres hors-tout, elles déplacent 42 t en charge et ont une vitesse de 25 à 28 nœuds grâce à deux moteurs diesel MAN 12 cylindres en V pour une puissance totale de 2000 cv. Elles reçoivent un équipage de huit hommes. Un pneumatique de huit places dispose d'un moteur de 70 cv. L'armement est constitué par une mitrailleuse de 7,62 mm.
Source : Marine Nationale
La BRIGANTINE P798.
Elle appartient au groupe de huit VSMP ou Vedette de Sûreté Maritime et Portuaire qui portent toutes le nom d'une pièce d'armure. Je rappelle que l'on nomme brigantine "une cuirasse formée de plaques de métal fixées sur du tissu ou du cuir".
Les autres vedettes se nomment Rondache, Haubert, Pavois, Écu, Harnois, Heaume et Gantelet.
Elles mesurent 12,64 mètres de long, 3,88 m de large déplacent 11 tonnes et peuvent atteindre 30 à 35 nœuds sous l'effet de 3 moteurs diesels. L'équipage est de six hommes, qui disposent de 4 mitrailleuses de 7,62 mm.
Source : Marine Nationale.
9. Les vedettes transrades de Morlenn Express.
La Société Morbihannaise de Navigation/ Morlenn Express arme à Brest des vedettes à passagers nommées ARUN, BINDY, TIBIDY, TREBERON, TÉRÉNEZ qui assure les liaisons avec l'Île Longue et les établissements de l'École Navale à Lanvéoc. Ces sisters ships de 36,30m et d'une puissance de deux fois 1120 KW, construits par le chantier Gamelin de La Rochelle peuvent accueillir 400 passagers.
Leurs noms correspondent à celui d'îles de la Rade de Brest.
Source : marine-marchande.net
10. Le remorqueur côtier A696 BUFFLE.
C'est un des trois RCVS type Bélier assurant une traction au point fixe de 30 tonnes. Leur appellation de RCVS, Remorqueur Côtier Voith-Schneider indique qu'ils sont équipés des propulseurs cycloïdaux verticaux à pales Voith-Schneider qui leur assurent une manœuvrabilité à 360°.
Le Buffle a été lancé le 18 janvier 1980.
Voir le site Wiki-Brest. et celui de la Marine Nationale.
Sources et liens:
liste de la Flotte française 2012, netmarine.net
Nombreux renseignements sur netmarine.net.
Onomastique navale et zoonymie :
Machaon et Phaéton, les "caudataires" de Brest et Toulon.
Cette petite friandise onomastique est très simple, mais fait mes délices : la voilà en quelques mots :
Les sous-marins lanceurs d'engins et les SNA de la Marine Nationale doivent mettre en place pour chacune de leur patrouille une antenne dite ETBF, ce qui signifie "écoute à très basse fréquence". L'antenne linéaire, long câble doté d'hydrophones, est remorquée par le sous-marin en traine derrière lui. Et à la fin de la patrouille, il s'agit de récupérer cette antenne : la mise en place et la récupération de cette longue queue, c'est précisément le rôle de navires conçus exprès pour cela, et on les nomme, pour cette raison, des caudataires.
La flotte française dispose de deux navires caudataires, le Machaon à Brest et le Phaéton à Toulon : ce sont des navires construit par CIB à Brest, lancés en juillet 1993 et juillet 1994 et dont les caractéristiques sont les suivantes ; Longueur : 19,20 mètres Largeur : 6,82 mètres Tirant d'eau : 1,20 mètres Tirant d'air : 8,70 mètres Déplacement : 69 tonnes et 75 tonnes en pleine charge Vitesse : 8 nœuds Distance franchissable : 270 nautiques à 7 nœuds Énergie et propulsion 2 moteurs diesels SACM UD 18 V 8 M 5 2 hydrojets - 720 ch (530 kW) Puissance électrique : 10kW Équipement électronique 1 radar Decca 181-4 Équipage 4 hommes (source : site Marine Nationale)
Le MACHAON Y657 amarré à Brest (avril 2013) : on voit le système d'enroulement et déroulement du câble de l'antenne.
Le site mermarine.com montre des images de la récupération d'une antenne de SNA par le Phaéton à Toulon.
ONOMASTIQUE.
Le dictionnaire (CNRTL) nous indique, pour l'article "caudataire", ceci :
"CAUDATAIRE, subst. masc. et adj. : A.− (Celui) qui porte la queue de la robe ou du manteau d'un grand personnage (pape, cardinal, roi, reine, etc.) lors des cérémonies. Synonyme. porte-queue. Gentilhomme caudataire (Ac. 1835-1932). Les cardinaux se sont avancés, (...); deux caudataires portent leur queue violette (Taine, Voyage en Italie,t. 1, 1866, p. 123). B.− P. métaph., litt. Courtisan servile .
Étymol. et Hist. 1546 (Rabelais, Tiers-Livre, éd. Marty-Laveaux, t. 2, p. 182 : fol caudataire). Dér. du lat. cauda (queue*) d'apr. légataire, donataire; cf. lat. médiév. caudatarius « porte queue » "
Ceux qui ont baptisé ainsi du nom de caudataire ces navires chargés de porter et de récupérer l'antenne ont ainsi créé une très belle et très juste image, associant dans le même mot le fait que ces bateaux sont des "navires de servitude" (c'est le terme employé), et qu'ils sont chargés de dérouler et enrouler la traine ou queue du câble-antenne.
Ils ont fait mieux, puisqu'ils ont baptisé MACHAON le caudataire de Brest, et PHAÉTON celui de Toulon.
On apprécie mieux la finesse de la dénomination lorsqu'on apprendra que le papillon Machaon est aussi désigné par le nom de Grand Porte-queue, en raison de l'appendice qui prolonge la partie caudale de ses ailes (voir la zoonymie du Machaon : Balade en Baie de Douarnenez : le Machaon.
Quand au Phaéton, on comprend immédiatement la justification de ce choix en lisant la définition de cet oiseau de mer "de taille moyenne, nichant sur les îles océaniques des régions tropicales, et caractérisé par des plumes rectrices centrales très allongées" : c'est lui qu'on surnomme Paille-en-queue. Petit-paille-en-queue (ou Petit-paille-en-cul) pour le Phaéton à bec jaune Phaethon lepturus Daudin, 1802 ; et Paille-en-queue à brins rouges Phaethon rubricauda, Boddaert, 1783 ; ou Grand Paille-en-queue pour le Phaéton à bec rouge Phaethon aetereus Linnaeus, 1758.
(source Wikipédia)
L'histoire ne dit pas comment se nomment les marins composant l'équipage des caudataires de Brest et de Toulon, ni si la Marine leur impose dans leur uniforme le port de la queue-de-pie, ni comment ces porteurs de queue sont considérés par les sous-mariniers.
BONUS : Le tampon de la Poste Navale militaire pour le Machaon :
.
http://www.postenavalemilitaire.com/t2209-machaon

La Jacinthe sauvage Hyacinthus non scriptus.
plus exactement Hyacinthoides non-scripta (L.) Chouard ex Rothm., 1944.
Puisque les orchidées mâle et bouffon sont régulièrement nommées "jacinthes sauvages", je place ici cette photographie pour faire la différence ; en breton elle est nommée bokidi-koukou, pour-bran, roz-koukou , kilked-broen.
C'est le port affaissé et fatigué de la tige sous le poids des clochettes qui l'a fait nommer aussi Endymion nutans, du nom de ce héros mythologique plongé dans un sommeil éternel par la déesse de la lune dont il était l'amant.
Linné, dans Species plantarum de 1753 page 316, la classe parmi les hyacinthus en suivant Bauhin et le Hyacinthus oblongo flore caeruleus major de son Pinax Theatri page 43 .
Si le nom Jacinthe, Hyacinthus, vient des grecs Théophraste et Dioscoride, c'est au botaniste flamand Rembert Dodoens que revient en 1568 celui de Hyacinthus non scriptus, comme l'expliquent Daléchamps et Desmoulins.
Dodoens écrit page 168 de Florum, coronariarum odoratarumque nonnullarum herbarum historia
: cognominatur autem hic hyacinthus nons scriptus, ad differentiam nempe alteriius superius descripti qui luctus notas inscriptas habet. "Il porte maintenant ce nom pour le distinguer de l'autre décrit plus haut et qui porte les inscriptions de son trépas." (adaptation (très) personnelle).
On estime que Dodoens a voulu marquer la différence avec la jacinthe mythologique, celle de la littérature grecque, où le héros Hyacinthe est aimé d'Apollon : alors que celui-ci lui apprend le lancer du disque, le beau Hyacinthe est frappé à la tempe par le disque et meurt ; de son sang naît une fleur, la Jacinthe, mais les larmes d'Apollon viennent marquer les pétales des lettres AIAI (hélas) (Ovide, Métamorphoses, livre X). Apollon s'écrit :
Nouvelle fleur écrite aux marques des douleurs
Tu iras imitant mes soupirs et mes pleurs
Le temps viendra après qu'un héros très illustre
Changé en cette fleur relèvera son lustre
Et en la même feuille on y lira son nom.
Le "héros très illustre" est Ajax, dont le nom est proche d'AIAI.
Nous comprenons maintenant pourquoi cette jacinthe des bois, dont les pétales ne portent aucun mot d'amour et de lamentation, porte l'épithète non scriptus.
ANNEXE : le texte latin : Trad.de A.-M. Boxus et J. Poucet, Bruxelles, 2008
Te lyra pulsa manu, te carmina nostra sonabunt
flosque nouus scripto gemitus imitabere nostros.
Tempus et illud erit, quo se fortissimus heros
addat in hunc florem folioque legatur eodem. ”
Talia dum uero memorantur Apollinis ore,
ecce cruor, qui fusus humo signauerat herbas,
desinit esse cruor Tyrioque nitentior ostro
flos oritur formamque capit quam lilia, si non
purpureus color his, argenteus esset in illis.
Non satis hoc Phoebo est (is enim fuit auctor honoris) ;
ipse suos gemitus foliis inscribit, et AI AI
flos habet inscriptum, funestaque littera ducta est.
"Ma lyre sous mes doigts, et mes chants retentiront pour toi
Et, fleur nouvelle marquée d'une inscription, tu symboliseras mes plaintes
Viendra aussi un temps où le plus vaillant des héros
Aura son nom sur les mêmes pétales et s'ajoutera à cette fleur.
Tandis qu'Apollon à la bouche véridique tient ces propos,
Voici que le sang, qui avait taché l'herbe en s'écoulant sur le sol
Cessa d'être du sang, et plus brillant que la pourpre tyrienne,
Une fleur éclot, qui par sa forme ressemblerait à un lys,
Si elle n'était pas pourpre et si les lys n'étaient pas argentés."
Promenade naturaliste à Crozon : Cordulie bronzée, Petite Nymphe à corps de feu, Poliste, Point-de-Hongrie, Grémil prostré, etc...
Tiens, le coucou ! Premier coucou, coucou tardif, tu me porteras chance, car voici bientôt les premières Aurores de la Cardamine, les premières Nymphes à corps de feu, les premières Cordulies bronzées, les premiers... Nous sommes le 30 avril, mais c'est aujourd'hui véritablement le Printemps. Ils reviennent ! Ils reviennent !
Notre promenade autour de l'ancienne gare de Perros-St-Fiacre près de l'étang de Kerloc'h nous ménera, en deux heures de temps, de découvertes en découvertes.
1. La Cordulie bronzée.
L'année dernière en 2012, mon article datait du 13 mai : Cordulie bronzée et libellule fauve à Crozon.
2. La Petite Nymphe à corps de feu Pyrrhosoma nymphula.
La zygène :
pas encore éclose :
Le Point-de-Hongrie:
La guèpe et son nid de pâte à papier:
L'Araignée-loup et les œufs portés derrière l'abdomen :
Le Grémil étalè Lithodora prostrata: la Crozonnaise, quoi !
Les autres plantes.
Le "Lièvre aux pattes croisées de fatigue"
de Per Jaïn.
Exposition l'Art brut à l'Ouest à la Bibliothèque d'Étude de Brest ; commissaire Françoise Daniel.
Merci aux organisateurs pour cette belle exposition, et merci à la famille de Pierre Jaïn pour leur autorisation à publier ces images de leur collection.
1. "Le Lièvre aux pattes croisées de fatigue".
Lui, fatigué ? Bien qu'il soit malséant d'utiliser à propos de ce lièvre un terme qui rappelle celui de renard, je le décrirais plutôt comme goguenard. Oui oui, c'est vraiment Le Goguenard, avec tout ce que le mot, qui vient, paraît-il, de faire goguette, "se régaler", être en goguette, "être de bonne humeur", et surtout de l'ancien français gogue, "plaisanterie, raillerie", porte avec lui de taquinerie moqueuse.
Monsieur est goguenard, il se marre in petto, c'est, avec son oreille gauche crânement inclinée, ses moustaches gasconnes, un bon vivant dont le meilleur passe-temps est de s'adosser contre le mur de son gîte et de vous regarder. Vous contempler le met en joie. Deviner votre prochaine bévue fait ses délices. Attendre patiemment que vous posiez le pied sur le râteau oublié dans l'herbe, ou que vous vous aperceviez que vous avez encore oublié vos clefs, constitue pour lui un bonheur gourmand et que vous savez renouveler avec, à son goût, un art consommé ; Monsieur est expert, il sait apprécier à sa valeur la manière dont vous vous y prenez pour arroser vos plates-bandes alors qu'il sait pertinemment qu'il va bientôt pleuvoir.
Plaisantin, il s'ingénie à vous poser un lapin.
Avec cela, le meilleur voisin du monde.
C'est à dessein qu'il a choisi ce titre : adepte du contre-pied, pour ne pas dire de la contrepèterie, il manie l'humour aussi bien que Magritte avec sa pipe. Et mine de rien, beaucoup de nos poètes farceur, nos Prévert, Dac, Queneau et notre La Fontaine, le jalousent car ils auraient bien aimé avoir le "Lièvre aux pattes croisées de fatigue" parmi les titres de leur catalogue.
Ce Lièvre se suffit bien à lui-même. Qu'ai-je besoin de rajouter autre chose ? Je suis comme ma tante qui a toujours peur que les gens finissent son repas avec un petit creux. Alors je vous ai préparé :
En Deux, et du même auteur, La Femme et le Dragon.
Et en Trois, la Vierge de Victoire.
Cette exposition présente des œuvres de l'abbé Fouré, l'ermite de Rothéneuf, l' auteur des fameux rochers sculptés de Rothéneuf (entre Cancale et Saint-Malo), et des photographies de Gilles Ehrmann, mais je me suis intéressé à ces sculptures d'un agriculteur de Kerlaz (près de Douarnenez) Pierre Jaïn dit Per Jaïn ( 1904-1967), sculpteur sur bois, pierre et os, et connu également pour un petit orchestre de percussions bricolées qu'il avait installées à l'arrière de son jardin dans sa ferme à Kerlaz.
Son lièvre est présenté avec le panneau suivant : Lièvre aux pattes croisées de fatigue, entre 1955 et 1965 ; Bois sculpté, H. 72,5cm. Collection particulière. Animal aux significations multiples, le lièvre ou le lapin est symbole de fécondité, mais aussi de mauvaise augure.Ici, Pierre Jaïn personnifie un ami et voisin, reconnu pour son caractère facétieux et se moqueries (faisait-il "marcher" voire courir les gens ?) "
La Femme et le Dragon : œuvre présentée ainsi : "souche d'arbre sculptèe et peinte (rouge, vert, bleu), H :52 cm. Collection particulière."
La Vierge de Victoire : "entre 1956 et 1965. Bois sculpté et peint (rouge, jaune, bleu). H : 112 cm. Collection particulière. Cette sculpture polychrome est une interprétation très personnelle d'une Vierge de la Victoire, peinture sur verre espagnole du XVIIe siècle reproduite sur une carte-postale couleur détenue par l'artiste. A l'exception de la colombe du Saint-Esprit, on y retrouve des motifs floraux souvent employés par l'artiste".
Je n'ai mis ici que trois tronçons de cette exposition : qu'attendez-vous ? Prenez vos jambes à votre cou et courez à la Bibliothèque de Brest voir la suite !
C'était le bon temps de la peinture murale !
Une réclame pour l'apéritif Saint-Raphaël sur une maison du port de Fret (29).
Faudrait-il la classer Monument historique ?
Faut-il la classer ? Ah, tous les nostalgiques qui ont trompé l'ennui des longs départs en vacance en Dauphine Gordini, en Aronde ou en 4L en déchiffrant ces messages multicolores, tous ceux qui ont collé, entre deux stations de métro, leur nez de mioche à la vitre pour lire les DUBO...DUBON......DUBONNET, tous ceux pour qui le coquillage SHELL, le biscuit LU, la SUZE, le BIRRH, le CINZANO le jambon OLIDA, la peinture RIPOLIN et BÉBÉ CADUM ont l'étrange et entêtant parfum de l'enfance, tous ceux là répondront en chœur CLASSEZ ! Préservez-nous ces lambeaux en ruine d'une France des petits commerces, des hommes-sandwiches, de la TSF ou de l'ORTF, de la Piste aux Étoiles et de la Deux-chevaux, des scoubidous et des porte-clefs, du hula hoop et du Jokari !
Cette publicité pour l'apéritif St-Raphaël Quinquina montre dans un cercle l'image des "deux jumeaux" qui symbolisent les deux apéritifs, le blanc et le rouge, thème qui est apparu en 1932 (selon Wikipédia, et qui a été épurée en 1937 par l'affichiste Charles Loupot dans un graphisme très inspiré par le cubisme, le futurisme et le surréalisme.
Dans l'entre-deux-guerres, les deux supports publicitaires sont l'affichage et la presse écrite : chaque petite ville possède son ou ses ateliers de peinture Lettres et Décors qui réalisent ces peintures murales.
L'encart porte aussi la mention PUBLI-ARMOR Brest Emplacement réservé. Je n'ai retrouvé que la mise en vente en ligne d'une facture au nom de Publi-Armor datant de 1936.
Il est possible que cette publicité soit plus ancienne, puisque le nom de marque est écrit en lettres capitales et non dans l'écriture manuelle qui lui succédera, et surtout que les deux jumeaux n'ont pas le caractère stylisé et cubique créé par Loupot.
La peinture est très délavée, et le rouge du second personnage (un faux jumeau plus petit et plus rond) n'apparaît plus.
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Fou, j'erre. Que ne suis-je la Fougère ?
www.lavieb-aile.com
Fou, j'erre. Que ne suis-je la Fougère Qui s'amuse au mois d'avril à danser en…
http://www.lavieb-aile.com/article-fou-j-erre-que-ne-suis-je-la-fougere-117411009.html
Fou, j'erre.
Que ne suis-je la Fougère
Qui s'amuse en avril
à danser en bigoudis verts ?
Fou, j'erre,
Que ne suis-je la Fougère
Qui danse en tenue légère
Dans des dentelles de béryl ?
Fou, j'erre,
Que ne suis-je Fougère
Pour attirer les étrangères
A s'étendre sans péril
Sur mon parterre ?
Vraiment, Fougère,
Tu exagères,
Tu es indigne d'être potagère
Avec ces manies puériles.