Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 juillet 2013 3 10 /07 /juillet /2013 23:00

Zoonymie (origine du nom) du papillon

  Le Petit Collier argenté Boloria selene

 ([Denis et Schiffermüller], 1775).

 


   La zoonymie (du grec ζῷον, zôon, "animal" et ónomaὄνομα, "nom") est la science diachronique  qui étudie les noms d'animaux, ou zoonymes. Elle se propose de rechercher leurs significations, leurs étymologies, leur évolution et leur impact sur les sociétés (biohistoire). Avec l'anthroponymie (étude des noms de personnes), et la toponymie (étude des noms de lieux) elle appartient à l'onomastique (étude des noms propres).

 

Elle se distingue donc de la simple étymologie, recherche du « vrai sens », de l'origine formelle et sémantique d'une unité lexicale du nom. 

 

 

   De sorte que les yeux noyés dans ce grand astre, tantôt l'un le prenait pour une lucarne du ciel par où l'on entrevoyait la gloire des bienheureux; tantôt un autre, persuadé des fables anciennes, s'imaginait que possible Bacchus tenait taverne là-haut au ciel, et qu'il y avait pendu pour enseigne la pleine lune; tantôt un autre assurait que c'était la platine de Diane qui dresse les rabats  d'Apollon ; un autre, que ce pouvait bien être le Soleil lui-même, qui s'étant au soir dépouillé de ses rayons, regardait par un trou ce qu'on faisait au monde quand il n'y était pas. ( Histoire Comique des États et Empires de la Lune. Savinien Cyrano de Bergerac, 1662)

 


 

 

 

 

Résumé.

Boloria Moore, 1920 : ce genre passait pour un néologisme vide de sens, mais il reprend en réalité le nom de Bolor, une grande chaîne de montagne formant la partie est du Pamir, chez les Ouïghours : la plupart des espèces décrites par Moore dans ce genre fréquentant des altitudes de 3500 à 4500 mètres.

— sous-genre Clossiana Reuss, 1920, du nom d'Adolf Gustav Closs, président d'une association d'entomologistes berlinois qui fit paraître en 1919 un ouvrage sur les papillons de la région de Berlin.

selene : du nom de la déesse Séléné, fille de Titans et sœur du Soleil et de l'Aurore. Vêtue d'une robe d'argent, elle parcourt le ciel de la nuit sur son char tiré par ses chevaux blancs ; elle forme, avec Artémis et Hécate, une triade lunaire où elle préside à la Pleine Lune. C'est surtout l'amante du bel Endymion, berger à qui elle sut obtenir qu'il conserve éternellement sa beauté juvénile.

—   Étienne Louis Geoffroy  avait nommé en 1762 "Collier argenté" les deux Colliers, (avant la description de Papilio selene 13 ans plus tard),  par allusion à la chaîne de lunules triangulaires argentées bordant le revers des ailes postérieures. Une fois que les deux espèces très proches Papilio euphrosyne et P. selene eurent été décrites en 1775, Engramelle put en 1779 créer les noms de "Grand Collier" (euphrosyne) et de "Petit Collier" (selene). Godart céda en 1821 à une disgracieuse transposition du nom latin "L'Argynne selene" , puis en 1986, Gérard Chr. Luquet remis à l'honneur "Le Petit Collier argenté". Ce nom rejoint les noms  de Small Pearl-bordered Fritillary (Petit Damier à bordure nacrée) en anglais et de Braunfleckiger Perlmutter (Nacré tacheté de brun) pour décrire les reflets nacrés et ronds comme des perles alignés au dessous des ailes.

 


               I. Nom scientifique.


1. Famille et sous-famille.

      Nymphalidae ; Heliconiinae ; Argynnini ; Boloriina. 

A. Famille des Nymphalidae Rafinesque, 1815

 

1.  Sous-famille des Libytheinae Boisduval, Rambur, Dumesnil & Graslin, [1833]

2. Sous-famille des Danainae Boisduval, [1833] 

3.Sous-famille des Limenitidinae Butler, 1870

4.Sous-famille des Heliconiinae Swainson, 1822 

5.Sous-famille des Apaturinae Boisduval, 1840

6. Sous-famille des Nymphalinae Swainson, 1827

7 .Sous-famille des Charaxinae Doherty, 1886.

 8.Sous-famille des Satyrinae Boisduval, [1833]

 

B. Sous-famille des Heliconiinae Swainson, 1822 

Pelham & al. (2008), se référant aux travaux de Koçak (1981), considèrent Heliconiinae Swainson, 1827, comme invalide, au motif que le nom donné par Swainson est fondé sur le nom générique Heliconius Latreille, 1804, qui est un homonyme d’Heliconius Kluck, 1780. Ces auteurs préconisent l’utilisation d’Heliconiinae Swainson, 1822 (planche 92, « Heliconiae »).

Le nom Heliconiinae provient du genre heliconius créé par Kluk, 1780; Hist. nat. pocz. gospod. 4: 82.

 


 C. Tribu des Argynnini Swainson, 1833Hopeatäplät en suédois,  Fritillaries en anglais. Argynnes ou Nacrés).

Du nom Argynnis créé par Fabricius en 1807 d'après un épithète de Vénus. Argynnus était une femme aimé par Agammemnon, et à qui il érigea après sa mort un temple où Aphrodite/Vénus était vénérée. Ce nom servit pour désigner la famille des fritillaires nommée auparavant "Perlati" par Latreille en raison de l'aspect nacrée des faces postérieures des ailes. A.M. Emmet soupçonne Fabricius d'avoir joué sur le rapprochement avec le grec arguros, "argent", en lien avec cette couleur argentée des ailes.

 Cette tribu des Argynnes se divise, pour les espèces françaises, en deux sous-tribus:

  • Sous-tribu des Boloriina Warren, dos Passos & Grey, 1946 auquel appartient le genre Boloria Moore, 1900
  • Sous-tribu des Argynnina Swainson, 1833.

 Histoire des Argynnes.

  • 1777 : Scopoli crée le groupe argyreus, qui inclut quelques argynnes.
  • 1807 : Fabricius créé un Genre Argynnis (espèce-type: P. paphia). 
  • 1810. Latreille, dans ses Considérations page , regroupe sous son Genre Argynne les genres Argynnis et Melithaea de Fabricius.
  • 1821 : Godart reprend le genre Argynne regroupant les genres Argynnis et Melitaea de Fabricius, soit des espèces vulgairement nommées alors  Damiers et Nacrés (page 50).
  • Une sous-famille Argynninae est issue de la publication de  Duponchel, 1835 

 

 

2. Nom de genre : Boloria, Moore, 1900.

 

a) publication originale.

 Boloria Moore, 1900; Lepidoptera Indica, 4 page 243, TS: Papilio pales Denis & Schiffermüller. 

Il comporte en France dix espèces, dont quatre dans le sous-genre Clossonia : outre B. selene, ajoutons le grand Collier argenté B. euphrosyne (Linnaeus, 1758), le Nacré porphyrin B. titania (Esper, [1793]), et la Petite Violette B. dia (Linnaeus, 1767).

b) étymologie du nom de genre.

    Selon A.M. Emmet (1991), le nom vient  "du grec βολος (bolos), un filet à poisson : du schéma réticulaire des ailes".

H. A. Hürter ne croit pas à cette étymologie, et rappelle l'opinion de Emmet lui-même, qui indiquait à propos du genre Chazara que la plupart des noms de Moore était des néologismes vides de sens. C'était vrai aussi de Ladoga, Moore 1898, et sans-doute de noms d'espèces comme bimbisara, ananta, anjana, cartica, celebica, clinia, duryodana, jumbah, mahendra, manasa, et cetera, ou de ceux que l'on peut découvrir en feuilletant le Lepidoptera indica.                 Quoique... le cocasse bimbisara se révèle être issu du nom de Bimbisâra, premier roi de la dynastie indienne du Magadha, et il faut peut-être chercher la source des noms de Frédéric Moore dans la culture indienne.

On sait que Frederic Moore (Londres 1830-Londres 1907) était conservateur du Muséum de la Compagnie anglaise des Indes orientales.

  La chaîne montagneuse de Bolor forme en géographie, avec celle de l'Himalaya, le Système Bolor-Himalaya, et sépare, en territoire chinois, le Thianchan-nianlou, avec le Turkestan indépendant. C'est du moins la description qu'en donnaît Adrien Balbi en 1843 (page 237). On comprend qu'il s'agit là de quelque chose de plus conséquent que le filet à poissons d'Arthur Maitland Emmet. Bolor était aussi le nom des peuplades qui y vivaient. Le Bolor, ou Belour tagh, en ouïgour Boulit tagh, signifierait Mont des Nuages ou des Cristaux (Bolor), mais accueille aussi le Mont des Oignons, ou Montagnes Bleues (Malte-Brun, Géogr. Univ. p. 9). C'est là que Marco Polo observa cet air raréfié empéchant un feu de s'entretenir, là que Humbolt décrivit de rares cols à travers une contrée âpre et impraticable. Le Bolor tâgh ! Un nom oublié mais qui remplissait de respect et d'effroi les voyageurs de jadis. Un décor de Jules Verne! 

 On le situe mieux comme la chaîne longitudinale située à l'est du Massif du Pamir, s'étendant des Monts Kunlun (haut-lieu du Taoïsme) au sud jusqu'à l'est du chaînon Trans-Alaï. On le trouve sur les cartes sous les noms de Chaînon Kasgar, Cordillière Kunlun, et ses sommets culminants sont le Kongur Tagh (7649m) et le Mustagh Ata. Il appartient tout entier à la province chinoise du Xinjiang ou Turkestan oriental, chez les Ouïgours. C'est Marco Polo qui lui donna le nom de Bolor, lors de son voyage en Chine en 1271 (ici).

 

                                    350px-Mt_Kongur_Lake_Karakul_Xinjiang_Ch

 En 1959, Antoine Mostaert publia les Chroniques mongole écrite par  Rasipungsu-y (1774) sous le titre de Bolor Erike (Cleaves, Cambridge, Mass. 5 vol.) :  ce manuscrit Dai Yuwan-u Bolor Erike biçig ou "Ecrits Chapelets de cristaux des Dai Yuwan" est constitué de neuf cahiers en papier chinois.

 Mon hypothèse prend plus de poids lorsqu'on reprend la lecture de Lepidoptera indica après ce sèjour parmi les purs Cristaux sertis dans l'Azur.

—La première espèce du genre Boloria, B. sipora, a été trouvé dans une vallée du Cachemire (vallée de Boorzil). Sipora ou Sipura est une petite île au large de Sumatra.

B. generator se trouve en Turkestan, en Afghanistan, dans la vallée de Skoro la (maps), à des altitudes de 11000 pieds, soit 3350 mètres.

B. hegemone se plait dans les Montagnes Célestes (Tian Shan), à Namangan (Ouzbékistan), au nord ladak, et à 15 000 pieds d'altitude.

B. jerdoni (ex cashmirensis Moore, 1874) se trouve...au Cachemire entre 6500 et 8500 pieds d'altitude.

B. chitralensis, vient de Chitral, Shitrâl au nord du Cachemire.

B. gemmata vient de l' est de l'Himmalaya, à haute altitude.

B. altissima habite la vallée du Chumbi, (3000 mètres), Sikkim, à la frontière tibétaine, au Bhotan.

B. Mackinnonii vient du Nord-Ouest de l'Himalaya : Mackinnon l'a trouvé à 11 000 pieds dans la vallée de Buspa.

B. clara vient du nord-ouest de l'Himalaya, à 14 000 pieds d'altitude.

    Je crois avoir montré que l'hypothèse que Moore ait donné le nom de montagnes mythiques, Bolor tagh ou Monts de Cristal à un genre où il décrit des papillons qui vivent entre 3500 et 4500 mètres d'altitude n'a rien de fantaisiste.

 Cette trouvaille me permet aussi de reconsidérer l'aphorisme de Emmet sur le nom de Chazara, néologisme vide de sens : il suffit de le placer dans le moteur de recherche pour obtenir la réponse : Chazar "forme alternative de Khazar"...région citée de nombreuse fois par Moore.

 D'une façon générale, les espèces du genre Boloria semble être capable d'affronter les conditions extrêmes, puisqu'on y trouve le Nacré lapon B. chariclea et le Nacré polaire B. polaris, papillons de la toundra arctique, ou le Nacré boréal B. frigga.

N.b : il est aussi possible de reconsidérer le cas du nom de genre Lopinga, Moore, 1893 (cf. La Bacchante Lopinga achine) : la publication Lepid. indic. (2) page 11 indique que les papillons ont été découverts par Oberthür lors de son voyage au Yunnan. Or, les géographes du XVIIIe parlaient d'un Mont Loping en Chine, mais, surtout, la région de Luoping se situe dans le Yunnan à 228 km de Kunming, et semble une hypothèse sérieuse pour le nom de Lopinga.

 

B.Division en sous-genres.

-Sous-genre Clossiana Reuss, 1920 

  • Boloria selene ([Denis & Schiffermüller], 1775). Petit Collier argenté.
  • Boloria euphrosyne (Linnaeus, 1758). Grand Collier argenté.
  • Boloria titania (Esper, [1793]) (220). Nacré porphyrin.
  • Boloria dia (Linnaeus, 1767). Petite Violette.

 -Sous-genre Proclossiana Reuss, 1926.

  • Boloria eunomia (Esper, 1800). Nacré de la Bistorte.

 -Sous-genre Boloria Moore, [1900]

  • Boloria pales ([Denis & Schiffermüller], 1775). Nacré subalpin
  • Boloria napaea (Hoffmannsegg, 1804). Nacré des Renouées.
  • Boloria aquilonaris (Stichel, 1908). Nacré de la Canneberge.
  • Boloria graeca (Staudinger, 1870). Nacré des Balkans.
  • Boloria graeca tendensis Higgins, 1930.

Le Sous-genre Clossiana Reuss,  1920 (= Boloria).

Clossiana : Reuss, 1920, "Die Androconien von Yramea cytheris Drury und die nächtstehenden analogen Scuppenbildungen bei Dione Hbn. und Brenthis Hbn.[Lep.]" Entomologische Mitteilungen, Berlin-Dahlem, 9 : 192 nota 1, TS: Papilio selene Denis & Schiffermüller

 

Étymologie ou origine du nom Clossiana.

— Selon Perrein et al. "En l'honneur de Johan Friedrich Closs ou Clossius (1735-1787), médecin, bibliothécaire et écrivain allemand, (biographie) ou de son fils Karl Friedrich Closs (1768-1797), professeur d'anatomie et chirurgie à Tubingue.

—Selon H.A. Hürter :

"Clossius, i,"

- nom propre latinisé de G. Adolf Closs.(http://de.wikipedia.org/wiki/Gustav_Adolf_Closs).

zu araschnia clossi Kombach äussert sich der Erstbeschreiber Krombach.

"...ich benenne dasselbe zu Ehren des verdienten Vorsitzenden des Berliner Entomologen Bundes, Herrn G. Adolf Closs." (Krombach, Berlin, in : Entomologische Mitteilungen, hrsggb. vom Verein zür Förderung des Deutschen Entomologischen Museums, 1916, Bd. V. S, 299).

Zur Form clossi Heinr. von Erebia lappona esp. (Erebia lappona Esp. is in Glaser, S. 128, als Varietät von Er manto Wien. aufgeführt ; Er. lappona Thunberg 1791 als Synonym zu Er. pandrose Bkh. 1788 ist damit nicht gemeint) bemerkt der Erstbeschreiber Geh. Rechnungsrat Rudolf Heinrich-Charlottenburg ;

...Ich benenne die form zu Ehren des verdienten Vorsitzenden des berliners Entomologenbundes, herrn Kunstmaler A. Closs ab. ♀ clossi ab. nova. (Rudolf Heinrich-Charlottenburg in : "Eine neue Form from Erebia laponna Esp. ♀" in : Int. Ent. Zs.11, 1917,1918.

Jannsen, p. 40 : " (?) Klotho = een van drie schikgodinnen" .

Jannsen meint die Moiren, die jedem Menschen sein Geschick (Glück, Unglück, bsd. den Tod) zuteilen, lat. Parca, dt. die Parzen. Gewöhnlich werden 3 moiren angenommen, Klotho, Lachesis, Atropos.

-anus, -ana, -anum 

Erweiterungssuffix und adjektivisches suffix : zum Eigenschaftswort machende Nachsilbe, besonders bei Eigennammen und Ortsnamen. Deutsch = -isch.

Deutung.

Jansses zeigt mit dem Fragezeichen in Klammern an, dass er seiner Ableitung von der Schicksalsgöttin Klotho nicht sicher ist.

Der Autor von Clossiana, Th. Reuss, schreibt 1921 einen Artikel über Mel. pyronoides in : Int. Ent. Zs. 15, S.5, also nur wenig später als Krombach und Heinrich ; demzufolge war er ein Zeitgenosse Closs's. Somit dürfte nahe liegen, dass er die Gattung Closs zu Ehren benannt hat und nicht etwa nach der Moire Klotho, zumal deren Latinisierung  zu Clossiana grammatisch mehr als unkorrekt wäre.

 

Th. Reuss hat unter dem Namen Clossiana einige Scheckenfalterarten von der einst sehr umfangreichen Gattung Argynnis abgetrennt."

Traduction approximative :

L'auteur de Clossiana, Th. Reuss, a écrit en 1921 un article sur pyronoides Mel dans: Int. Ent. Zs 15, p.5, alors qu'un peu plus tard que Krombach et Heinrich, donc il était un contemporain de Closs de. Ainsi est susceptible d'être proche, qu'il a nommé le genre en l'honneur Closs et ne recherche pas la Moire Clotho, surtout depuis leur romanisation à Clossiana serait grammaticalement plus incorrects.

 

E Reuss a séparé certaines espèces fritillaire du genre une fois très vaste Argynnis sous le nom Clossiana.

Ma conclusion pour Clossania.

      1) Selon Wikipédia, Albert Franz Theodor Reuss, né le 23 mai 1879 à Munich, mort le 24 décembre 1958 à Berlin, fils de Delphina Garbois et de l'occultiste et franc-maçon Albert Karl Theodor Reuss (1855-1923), est un herpétologiste, lépidoptériste et peintre allemand autodidacte connu pour les dizaines de nouveaux taxons qu'il a décrits, sans fondement scientifique, au cours de la période 1923-1939. Reuss vit et travaille à Berlin où il gagne sa vie en vendant du venin de serpents et des papillons. Il a tout d'abord un intérêt pour les lépidoptères, puis ne s'intéresse qu'aux vipères par la suite. Il est aussi un peintre talentueux, les serpents sont les sujets de la plupart de ses œuvres. Il est l'auteur des taxons Macrovipera Reuss, 1927, Acridophaga Reuss, 1927, Vipera eriwanensis Reuss, 1933, et pour les lépidoptères de noms (invalides) comme Fabriciana R. 1920, synonyme d'Argynnis, Melitaea cinxia brenthis Reuss, 1921 Fabriciana adippe bischoffi Reuss, 1922, Fabriciana taliana Reuss, 1922.

2) Vivant à Berlin, il a pu connaître Adolf Gustav Closs— ou Closzs— (6 mai 1864-3 septembre 1938 à Berlin), auteur de Die Grossschmetterlinge des Berliner Gebiets : Im Auftrage des Berliner Entomologen Bundes (E.V.) bearbeitet, Adolf Closs und E. Hannemann Meusser : Berlin 1919 -79 pages : "Les Grands papillons de la région de Berlin, publié au nom de la fédération des Entomologistes de Berlin".

 En effet, cette publication précède d'une seule année celle de Reuss.

 

3. Nom d'espèce : Boloria selene ([Denis et Schiffermüller], 1775)

 

  a) la publication originale.

 

 Protonyme : P[apilio] selene [Denis, J. N. C. M. & Schiffermüller, I.] 1775. Systematische Verzeichniss der Schmetterlinge der Wienergegend  Ankündung eines systematischen Werkes von den Schmetterlingen der Wienergegend, herausgegeben von einigen Lehrern am k. k. Theresianum. Vienne. 322 pp, page 321.

— Localité-type :  environs de Vienne, Autriche

Cette espèce a selon Dupont et al. (2013) une répartition eurasiatique de la péninsule Ibérique jusqu’à l’île de Sakhaline. Elle est considérée comme présente sur le continent nord-américain. En France, cette espèce est absente du sud-est.

Les chenilles se nourrissent principalement sur Viola palustris L. 

— Description : Röthlichtockergelber unten braun und Silberflechticher.

 

 

b) Synonymes (INPN, Muséum) et sous-espèces.

  • Clossiana selene ([Denis & Schiffermüller], 1775) 
    Papilio selene [Denis & Schiffermüller], 1775     

 

c) étymologie.

 Il est bien réducteur de traduire selene (en grec ancien Σελήνη / Selếnê) par "lune", ou de l'assimiler à Artémis :

— A.E. Emmet  (1991): " σεληνη, selene, la lune ; aussi utilisé comme un titre d'Artémis (Diane), déesse de la lune."

 — Spuler 1 (1908) page 26  : "Mond, Göttin des Mondes." Lune, déesse de la lune.

Certes, le dictionnaire latin ne nous aide guère avec la mention "Selene, es, Séléné, prénom de femme". Mais la mythologie grecque fait d'elle à travers la Bibliothèque d'Apollodore I,2,2  ou la Théogonie d'Hésiode (375) la fille des Titans Hypérion et Théia, sœur d'Hélios (le Soleil) et d'Éos (l'Aurore). Selon l'Hymne homérique à Hélios, elle serait la fille d'Hélios et d'Euryphaessa.

  Décrite comme une belle femme à la beauté étincelante, vêtue d'une robe blanche ou argentée,  après s'être baignée dans l'Océan, elle parcourt le ciel nocturne dans un char argenté tiré par deux chevaux, ou par des bœufs blancs obtenus pour avoir cédé à Pan. Sur sa tête, ou dans ses cheveux brille un croissant de lune.

  Elle s'est vouée au blanc et à la couleur argent, et Pan, pour la séduire, dut se transformer en bouc à poils blancs ; Zeus lui fit cadeau d'une magnifique toison blanche, et elle lui donna deux enfants, Pandia et d'Ersé (la Rosée). Mais  son amour le plus célèbre fut pour le beau berger  Endymion avec qui elle eut cinquante filles. Elle obtint pour lui qu'il dorme d'un sommeil éternel dans une grotte du Mont Latmos tout en conservant toute sa beauté. 

                                     9f5744275b66215958c911bf5a4b329b?s=256&d

 Ce fut plus tard qu'elle fut assimilé à Hécate et à Artémis, et encore plus tard qu'elle donna son nom aux Sélénites, qui vivent dans la lune, et au Sélénium. Si Hécate représente la Nouvelle Lune ou Lune noire, sa puissance fertile et ses maléfices, si Artémis est la douce Lune croissant et décroissant, Séléné est la Pleine Lune.

Elle passe ici sur ce marbre romain du IIe siècle, entourée de l'étoile du matin Phosphoros et de l'étoile du soir Hesperos.

 

                                  280px-Altar_Selene_Louvre_Ma508.jpg

 

 

                II. Noms vernaculaires.

 

       Il existe deux "Collier argentés", le Grand, Clossiana euphrosyne (Linné, 1758), et le Petit Boloria selene, qui portent tous les deux un rang de lunules claires sur le bord marginal des ailes. Ils diffèrent peu par la taille (1 à 2 mm de plus pour le Grand), et ce critère est insuffisant à les distinguer, ce qui explique qu'ils ont été décrit sous le même nom d' Euphrosyne par Linné en 1758. Les différences sont :

— 1. Face supérieure des ailes :

 a) la rangée de points noirs est au centre de la bande post-discale du Grand Collier alors qu'il est décentré vers la périphérie des ailes du Petit. 

b) les lunules claires du bord marginal, qui constituent le "collier" sont en forme de demi-lunes ou de triangles  chez le Grand, et de Pleines Lunes chez le Petit (qui porte le nom de la Lune, Séléné).

c) les ailes sont fauve orangé chez le grand, et fauve plus terne chez le Ptit.

— 2. Face inférieure des ailes :

a) critère le plus facile, le discret point cellulaire argenté du Grand est remplacé par un point noir bien visible au centre d'une case orangée du Petit.

b) la bordure de lunules rondes est surmontée d'accents circonflexes noirs chez le Petit, alors que ces chevrons sont orangés chez le Grand.

Voir la confrontation annotée des deux espèces sur le site lepiforum.

 

Je commencerai par présenter le "Collier argenté" de Geoffroy : il n'est une description spécifique reconnue de B. selene, qui n'a été décrit qu'en 1775 mais pourtant c'est cette description qui a créé son nom vernaculaire : Engramelle le divisera ensuite en un Petit et un Grand Collier.

 

 

o) Le Collier argentré, Geoffroy, 1762.

Etienne-Louis Geoffroy, 1762. Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris: dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique ;Paris : Durand 1762  volume 2 page 44 n° 11.

Geoffroy donne les références suivantes :

 - Linné, Syst. Nat. Édit. 10, page 41, n° 142. Papilio nymphalis euphrosyne.

- Linné, Fauna suecica782. Le papillon est nommé Princeps (le Prince) mais il renvoie  aux deux descriptions de Petiver et de Ray :

- Petiver, mus.p. 35 n° 322. Papilio fritillarius maculatus praecox.

- Ray, ins. p. 120 n°;7 ; Papilio fritillarius major...

Les quatre références sont liées entre elles par leurs renvois réciproques, et les deux dernières références que ces auteurs anglais nommaient le Fritillaire d'Avril,sont actuellement considérées comme correspondant à Boloria selene (cf. partie IV). Pourtant, euphrosyne désigne le Grand Collier argenté Clossiana euphrosyne. Geoffroy a donc donné, sous le nom de Collier argenté, la description du Petit Collier argenté. Voici cette description, qui explique le choix du nom.

  "Les ailes de cette espèce sont en dessus de couleur jaune, et plus pâle que dans les précédentes, avec des nervures, des bandes transverses noires, et une double rangée de points de même couleur distincts et isolés, qui parcourent les bords des ailes. Le dessous des ailes supérieures est semblable au dessus, si ce n'est que la couleur jaune est encore plus pâle, et que les taches noires sont moins marquées.

    Les ailes inférieures pareillement jaunes, ont chacune en dessous neuf taches argentées ; savoir, sept triangulaires qui parcourent le bord inférieur de l'aile, et forment comme un collier argenté ; une huitième plus grande située dans le milieu de l'aile ; et une neuvième plus petite vers son bord extérieur."  

J'y vois clair désormais : je croyais que le "collier" était celui des points noirs, et que l'adjectif "argenté" en était détaché. Non, le collier, ce sont les neuf taches "triangulaires" argentées.    


1. Le Petit Collier Argenté , Engramelle 1779 

 Jacques Louis Engramelle 1779, Papillons d'Europe, peints d'après nature, Volume 2 page 59  n° 23 planche XVI par J.J Ernst gravée par .

      et deux variétés Tome I page 319 Suppl. III planche III n° 23 c-f. 

     Engramelle explique le nom dans sa description du Grand Collier argenté : "Le principal ornement des ailes consiste en sept belles taches argentées disposées sur le bord de ses ailes en forme de collier : il leur doit leur nom".

 2. Papilio Selène, Latreille,1803.

Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle appliquée aux arts, Déterville : Paris, 1803 tome XVII page 55

et Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle appliquée aux arts, Déterville : Paris, 1816, Tome II

 

3. Argynne séléné, Godart et Latreille, 1819.

 Argynne séléné, Argynnis selene, Latreille (P.A), Godart (J.B) 1819 , Encyclopédie méthodique, ou Entomologie, Paris : Vve Agasse tome 9, 1819, page 277 n° 43.

Cet article permet de disposer de l'ensemble des références bibliographiques sur cette espèce, notamment par les auteurs germaniques, autrichiens ou suisses.

 


4. Argynne SélénéGodart 1821.

 : Jean Baptiste Godart, Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France Paris : Crevot 1821/1823, page et page 64 n° XVIII  Planche IVtert. fig. 4 peinte par C. Vauthier et gravée par Lanvin. 

Godart ne suit pas Engramelle dans ses noms de Petit et Grand Collier argenté, peut-être parce qu'il s'impose de faire précéder le nom vernaculaire d'espèce par un nom de genre : il nomme donc euphrosyne "Argynne Collier-argenté", et selene "Argynne séléné"  .

   Ce nom  a  été repris par tous les auteurs : par Hippolyte Lucas (1834) page 46, P.A. Duponchel en 1849 page 53, par H. Milne-Edward en 1835, Aristide Dupuis 1865, etc.  De même Le Borgne de Kermorvan, dans Le Tableau Systématique des lépidoptères du Finistère (Souvestre, 1836) page 165, utilise ce nom de Argynne séléné.

 

 

La Chenille.

 Argynne séléné (Duponchel, 1849).

P.A.J. Duponchel, 1849 Iconographie et histoire naturelle des chenilles page 128 n° 52 Planche XVII  fig. 52 par P.  Duménil .  (B.H.L. Libr)

                  

      n164_w330


6. La revue des noms vernaculaires par Gérard Luquet en 1986.

       Dans la révision des noms vernaculaires français des rhopalocères parue dans la revue Alexanor en 1986, Gérard Christian Luquet propose pour Clossiana selene le nom principal  de "Le Petit Collier argenté", et conseille d'éviter l'emploi de "Le Nacré fléché" par un sigle réservé aux "noms équivoques, pouvant prêter à confusion avec d'autres espèces"; En note, il ajoute "Les noms de "Nacré fléché" et de "Nacré sagitté" créés par Rappaz* respectivement pour Clossiana selene et C. euphrosyne, me paraissent sémantiquement trop apparentés pour exprimer une quelconque différence entre les deux espèces, et se révèlent de ce fait peu appropriés. Il convient d'en éviter l'emploi, d'autant qu'il existe pour ces deux Nacrés deux noms traditionnels consacrés par l'usage et parfaitement adéquats".

*Rappaz (Raphy), 1979.— Les Papillons du Valais (Macrolépidoptères). R. Rappaz éditeur : Sion (Valais).


7. Noms vernaculaires contemporains :

 

  Charles Oberthür et Constant Houlbert, dans leur Faune armoricaine de 1912-1921, utilisent le nom scientifique de  Argynnis selene pour présenter ce papillon. 


—Bellmann / Luquet 2008 : " Petit Collier argenté".

— Chinery / Luquet 2012  : non décrit

— Doux & Gibeaux 2007 : "Petit Collier argenté".

— Higgins & Riley /Luquet 1988 : "Petit Collier argenté". 

— Lafranchis, 2000 : "Petit Collier argenté" .

— Perreinet al., 2012 : Clossiana selene "Petit Collier argenté" .

— Tolman & Lewington / P. Leraut 2009 : "Petit Collier argenté".

— Wikipédia : "Le petit Collier argenté ou Boloria à taches argentées".

Le nom "Boloria à taches argentées" semble être employé au Quebec : il est mentionné par Yves Dubuc en 2007 dans les Insectes du Quebec  : un guide d'identification Broquet ed, 456 p.

 


 

 

III. Les noms vernaculaires dans d'autres pays.

 

      Les éléments de dénomination, retrouvés dans tous les pays, concernent soit le motif en damier (fritillaire) des ailes, soit la couleur argent ou nacrée —comme le nacre des perles— des taches de leur face inférieure. La métaphore du collier n'est pas reprise hors de France.

 

  • Boloria à taches argentées au Canada
  • Braunfleckiger-Perlmutterfalter en allemand ("le papillon nacré tacheté de brun").
  • Small Pearl-bordered Fritillary en anglais ("petit damier perlé sur les bords").
  •  Silver-bordered Fritillary ou Silver Meadow Fritillary aux USA
  • Pievinis perlinukas en lithuanien ("Fritillaire parfumé")
  • Perleťovec dvanáctitečný en thèque ("fritillaire bordé de perles")
  • Zilveren maan en néerlandais ("Lune argentée")
  • Brunfläckig pärlemorfjäril en suédois (le papilon nacré tacheté de brun") ou Ängspärlefjäril
  • Brunlig perlemorsommerfugl en danois ("le papillon tacheté de brun")
  • Fakó gyöngyházlepke en hongrois ("papillon jaunâtre perlé")
  • Brunflekket perlemorvinge en norvégien ("le papillon nacré tacheté de brun")
  • Harilik kannikesetäpik en estonien
  • Dostojka selene en polonais
  • Niittyhopeatäplä en finnois
  • Perlada castaña en espagnol ("le châtain nacré")
  • Perlovec dvanásťškvrnný en slovaque 
  • Перламутровка селена en russe. (" le nacré de Séléné).

      Langues celtiques  : 

1. langues gaéliques :  irlandais (gaeilge) ; écossais (Gàidhlig ) ; mannois ( gaelg :île de Man).

  •  en irlandais

  •  en mannois.
  • dealain-dè nan-oirean neamhnaid bheaga  en gaélique écossais*

2. Langues brittoniques : breton (brezhoneg) ; cornique (kernevek); gallois (Welshcymraeg).

  •  pas de nom en breton ; 

  •  Britheg berlog fach / brithegion perlog bach  en gallois.

 *Liste des noms gaéliques écossais pour les plantes, les animaux et les champignons. Compilé par Emily Edwards, Agente des communications gaélique, à partir de diverses sources.   http://www.nhm.ac.uk/research-curation/scientific-resources/biodiversity/uk-biodiversity/uk-species/checklists/NHMSYS0020791186/version1.html

 Voir aussi :http://www.lepidoptera.pl/show.php?ID=70&country=FR

A propos des noms allemands.

     a) Étymologie de Perlmutter : Perlmutter signifie "nacre, nacre de perle" et dérive du latin mater perlarum — mère de la perle — désignant l'huître perlière, puis par restriction, la nacre, couche interne de la coquille.

Au XIXe siècle, B. selene se nommait der taube Perlmutterfalter. Perlmutterfalter était alors le nom des Argynnis, qui comprenaient parmi les Perlmutterfalter  kleiner (A. lathonia), grösster (Paphia),  kleinster (Euphrosyne), tauber (selene), mittler (Adippe), grosser (Aglaja). (Ludwig Glaser 1857 Naturgeschichte der Insecten p. 120).

b) Boloria selene se nomme braunfleckiger Perlmutterfalter (à taches brunes), alors que Clossiana euphrosyne (notre Grand Collier) se nomme Silverfleckiger Perlmutterflater (à taches argentées): 

c) Le site Wikipédia signale un autre nom, "Sumpfwiesen-Perlmuttfalter", ("le Nacré des prairies marécageuses ou des tourbières"?) qui ne semble pas attesté avant 1964. 

Quelques auteurs de langue allemande :

—Fabricius, Entomologia Systema.tome 3 pars I page 147 n° 451.

— Esper, tome I, tableau XXX, suppl. VI, f. 1. variété Papilio Eup page 325

— Ochsenheimer, Pap. Eur. tome I p. 55.

Hübner Pl. 8, fig. 1-2 : Braunfleckiger Perlmutterfalter :

                n11_w372

 

 

IV. Zoonymie vernaculaire anglo-saxonne ( M.A Salmon, 2000). 

 

  • The April Fritillary : Ray, 1710 ; Petiver, 1717 ; Morris, 1853.
  • The Small pearl Border Fritillary : Wilkes, 1741-42.
  • The May Fritillary : Lewin, 1795.
  • The Pearl Border Fritillary : Haworth, 1803.
  • The Pearly Border Likeness : Samouelle, 1819.
  • The Small Pearl-bordered : Jermyn, 1824 ; Morris, 1853 ; et la plupart des auteurs suivants.
  • The Silver Spot Fritillary : Rennie, 1832. 

Lewin PL. XIII fig. 3-4 (BHL)

     n58_w428

— Petiver (James), 1695 Musei petiveriani centura IV & V page 35 n° 322 : Papilio frittilarius maculatus praecox, The April Fritillary. I observe this in Hampstead and others woods about April.

— John Ray 1710, Historia insectorum p. 120 n° 7 Papilio Fritillarius Major, alis fulvis, superne maculis nigris tesselatis. Pap. Fritil. maculatus praecox, The April Fritillary Pet. mus. 322.

— James Petiver, Papilionum brittaniae icones : in Opera, 13-14 : Papilio frittilaria maculata precox. April Fritillary. This has many white and Siver spots below, by which it chiefly differs from fig. 18.

— Lewin, 1795 The papilios of Great Britain, page 30 sp. XIV May Fritillary (Euphrasia, Linnaeus ; Small Pearl Border, Harris).

 — Westwood (J O) & Humphreys (Henry Noël), British butterflies and their transformations, William Smith : London 1841. page 40, species 4, planche IX.

—C. W.Dale, 1890, The History page 190

 —Melitaea selene Stephens, 1827 H. i; 34.

 

J'ai déjà commenté le nom de Fritillary, issu de la plante Fritillaire par comparaison avec l'aspect en damier des pétales de l'une et des ailes de l'autre, alors que le nom de la plante provient du latin fritillus, "cornet de dé".  Zoonymie du papillon la Mélitée du Plantain, Melitaea cinxia.

 On peut imaginer le contenu de ce cornet de dés rempli de dés (tesselae ou tesserae en latin) renversé sur le tapis des ailes comme autant de cubes d'une mosaïque (tesselatus, voir la description de John Ray).

  Les fritillaires sont un nom de groupe non scientifique et hétérogène recoupant partiellement la tribu des Argyninnes, nos Damiers et Nacrés, bien qu'en Amérique certains Mélités (les "checkerspots ou crescentspots") soient nommés ainsi. Ils ont tous en commun une coloration variant entre le brun-orangé et le jaune-fauve, et des marques noires ou brunes en damier ou en taches sur les ailes. Le dessous des ailes est souvent marqué de bandes ou de taches nacrées ou argentées, formées par des écailles blanches réfléchissant la lumière solaire.

 


             Bibliographie, liens et Sources.

 

— Funet : Clossiana. 

— Inventaire national du patrimoine naturel (Muséum) : Boloria selene .

— UK Butterflies : Boloria selene.

— lepiforum : Boloria selene

 —Images : voir les superbes dessins de Hübner: pl. 8.

HÜBNER, Jacob, 1761-1826 Das kleine Schmetterlingsbuch : die Tagfalter : kolorierte Stiche,  Insel-Bücherei ;http://www.biodiversitylibrary.org/item/138312#page/35/mode/1up 

 

                 I.  Étymologie des lépidoptères :


— EMMET (Arthur Maitland) 1991. The Scientific Names of the British Lepidoptera: Their History and Meaning, Colchester, Essex, England : Harley Books, 1991,  288 p. : ill. ; 25 cm.

— GLASER L, 1887 Catalogus etymologicus Coleoperum et Lepidopterum. Erklärendes und verdeutschendes namensverzeichnis der Käfer und Schmetterlinge fûr Liebhaber und wissenschaftliche Sammler, R. Friehändler : Berlin 1887, 396 pages. BHL Openlibrary.

— GLASER, L, 1882 "Zur Nomenklatur des deutschen Tagfalter, in Entomologischen Nachrichten, Stettin 1882  pages 303-317,

  https://archive.org/stream/entomologischena81882berl#page/310/mode/2up/search/lycaena)

— Gozmány, László: Vocabularium nominum animalium Europae septem linguis redactum2 vols. Budapest: Akadémiai Kiadó, 1979. 

—HÜRTER Hans-Arnold 1988 Die wissenschaftlichen Schmetterlingsnamen, Herleitung und Deutung, Bottrop ; Essen : Pomp, 492 pages.

— ISAAK (Mark) Curiosities of the biological nomenclatureen ligne.

— JANSENN (August) 1980 , "Entomologie und Etymologie der Namen der belgischen Tagfalter"; in : Phegea, driemaandelijks tijdschrift van de vereniging voor Entomologie van de Koninklijke Maatschappij voor Dierkunde van Antwerpen, Jgg.8 Nr.2, 1980.

 — KEMPER Heinrich 1959 Die tierischen Schädlinge im Sprachgebrauch, Berlin : Duncker & Humblot 1959. Google books.

— MACLEOD (Roderick Donald) Key to the names of British Butterflies and moths, 86 pp. Londres 1959.

— SODOFFSKY (W), 1837. "Etymologische undersuchungen ueber die gattungsnamen der Schmetterlinge von W Sodoffsky, in Riga", Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, n° VI, Moscou : imprimerie d'Auguste Sémen, 1837, 167 p. Archiv.org.

 — SPANNERT (Anton), 1888, Die wissenschaftlichen Benennungen der Europäischen Großschmetterlinge mit sâmmtlichen anerkannten Varietâten und Aberationen, Karl Duncker : Berlin,1888, 239 pages.

 —SPULER  (Dr Arnold), Die Europas Schmetterlinge, 1901-1908. Vol.1. Allgemeiner Teil —Spezieller Teil. I-CXXVIII + 1-386 + [1]-[6], 265 fig. dans le texte, E. Schweizelbart'sche Verlagsbuchhandlung, Nägele und Dr Sproesser édit., Stuttgart, Allemagne. En ligne sur BHL

 



        II. Bibliographie entomologique : Rhopalocères.

— ALBIN, E.: A Natural History of English Insects: Illustrated with a Hundred Copper Plates, Curiously Engraven from the Life. 1720. GDZ Göttingen

— BELLMANN Heiko, 2008 Quel est donc ce papillon, Les Guides Nathan, Paris : Nathan, 2008. Traduction française et noms vernaculaires par G.C. Luquet.

— BLAB (Josef), RUCKSTULH (Thomas) ESCHE (Thomas)  [et al.], adaptation et traduction française LUQUET (Gérard-Christian), 1988 Sauvons les papillons  : les connaître pour mieux les protéger ; préface de Pierre Richard Paris : Duculot 1 vol. (192 p.) : ill. en coul., couv. ill. en coul. ; 27 cm Trad. de : "Aktion Schmetterling so können wir sie retten". 

 BOISDUVAL Histoire naturelle des insectes Roret 1836 books.google.fr/books?id=2Kgi4FH6kj0C

— BOISDUVAL ( Jean Alphonse),  GRASLIN, (Adolphe Hercule de), Dumesnil (P.C.R.C)  Rambur (Pierre).1833 Collection iconographique et historique des chenilles ou description et figures des chenilles d'Europe, avec l'histoire de leurs métamorphoses et des applications à l'agriculture, Paris : Librairie encyclopédique de Roret, 1832-1837 [1833]. BHL Libr

—  BOISDUVAL (Jean-Alphonse) Essai sur une monographie des zygénides : suivi du Tableau méthodique des lépidoptères d'Europe Paris : Méquignon-Marvis 1829 Gallica

— BOITARD (Pierre ) Manuel d'entomologie ou Histoire naturelle de insectes: contenant la synonymie de la plus grande partie des espèces d'Europe et des espèces exotiques les plus remarquables, Tome second, Paris : Roret, 1828,  Gallica

— BRIDGES (Charles A.) 1993 Bibliography (Lepidoptera: Rhopalocera)  2nd ed. C.A. Bridges in Urbana, Ill . Archiv.org. 

— CHINERY (Michael), Insectes de France et d'Europe occidentale, adaptation française  G. Luquet pour les lépidoptères, Flammarion 2005, 2eme édition 2012, 320 p.

— CURTIS, J. (1823-1840). British Entomology; being illustrations and descriptions of the genera of insects found in Great Britain and Ireland: containing coloured figures from nature of the most rare and beautiful species, and in many instances of the plants upon wich they are found. Vol. V. Lepidoptera, Part. I. Londres.             http://biodiversitylibrary.org/page/8221625#page/71/mode/1up

— DAREMBERG (C.) et SAGLIO (E.),  Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines  (1877-1919) Univ. de Toulouse Le Mirail :http://dagr.univ-tlse2.fr/sdx/dagr/rechercher.xsp?qid=sdx_q3&hpp=51&p=7&filtre=A

— DALE (Charles William) 1890 The history of our British butterflies containing - a full bibliographical note of each species, with copious extracts from the old authors; and full descriptions of all the British species, their eggs, caterpillars, chrysalides and varieties, with a notice of their habits, localities, frequency,  J. Kempster : London 1890 Archiv.org.

— DOUX (Yves), GIBEAUX (Christian), 2007, Les papillons de jour d'Île de France et de l'Oise,Collection Parthénope, Edition Biotope, Mèze, ; Muséum national d'Histoire naturelle, Paris, 2007, 288 p. Préface, index et supervision scientifique de Gérard Chr. Luquet.

— DUPONT (Pascal), DEMERGES (David), DROUET (Eric) et LUQUET (Gérard Chr.). 2013. Révision systématique, taxinomique et nomenclaturale des Rhopalocera et des Zygaenidae de France métropolitaine. Conséquences sur l’acquisition et la gestion des données d’inventaire. Rapport MMNHN-SPN 2013 - 19, 201 p. 

  http://www.mnhn.fr/spn/docs/rapports/SPN%202013%20-%2019%20-%20Ref_Rhopaloceres_Zygenes_V2013.pdf

— DUPONCHEL (Philogène Auguste Joseph) 1849 Iconographie et histoire naturelle des chenilles pour servir à de compléter une l'Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France, de MM. Godart et Duponchel . Paris : Germer Baillère, 1849. BHL.Library

—  ENGRAMELLE (R.P. Jacques Louis Florentin), 1779, Papillons d'Europe peints d'après nature par M; Ernst. Gravés par M. Gérardin et coloriés sous leur direction. Première partie. Chenilles, Crysalides et Papillons de jour [décrits par le R.P. Engramelle, Religi[eux] Augustin, Quartier Saint-Germain] Se vend à Paris chez M. Ernst et Gérardin. Paris : Delaguette/Basan & Poignant 1779. Volume 1 [1]+[VIII],[i-xxxiv] - 206p-errata [i-vi], 3 pl. en noir, 48 planches coloriées (I-XLVIII), 100 espèces. 

— ENGRAMELLE (R.P. Jacques Louis Florentin), 1779, Papillons d'Europe peints d'après nature par M; Ernst et gravés et coloriés sous sa direction. Première partie. Chenilles, Crysalides et Papillons de jour décrits par le R.P. Engramelle, Religi[eux] Augustin, Q[uartier] S[aint-] G[ermain] Se vend à Paris chez M. Ernst, auteur ; Bazan ; P.M. Delaguette, imprimeur ;  Basan & Poignant marchands d'Estampes rue et et Hôtel Serpente. Paris : Delaguette/Basan & Poignant 1779. Tome II . (i-ii), pp 207-229, espèces n° 102-112, puis suppléments pp; 230-333 puis Table. Books-Google.

— ESPER (Eugenius Johannes Christian) Die Schmetterlinge in Abbildungen nach der Natur / mit Beschreibungen, herausgegeben mit Zusätzen von Toussaint von Charpentier. Leipzig : T.O. Weigel, [1829-1839] En ligne BHL.

  — FABRICIUS (Johann Christian) 1807  "Nach Fabricii systema glossatorum" in Johann Karl Wilhelm Illiger, "Die Neueste Gattungs-Eintheilung der Schmetterlinge [...], Magazin für Insektenkunde , Braunschweig [Brunswick] (6) https://archive.org/stream/magazinfrinsek06illi#page/280/mode/2up

— FABRICIUS (Johann Christian) 1787  Fabricii Mantissa insectorum Hafniae 1787 en ligne Goettingen.

— FABRICIUS (Johann Christian)  1798  Supplementum Entomologiae systematica , Hafniae.

 — FOURCROY (A. F.) 1785. Entomologia Parisiensis; sive catalogus insectorum quæ in agro Parisiensi reperiuntur; secundam methodam Geoffrœanam in sectiones, genera & species distributus: cui addita sunt nomina trivialia & fere trecentæ novæ species. Pars secunda. Parisiis. (Hôtel Serpente). 2. 232-544. Traduction en latin de l'Histoire des insectes de E.L. Geoffroy. http://archive.org/stream/entomologiaparis02four#page/n3/mode/2up

 — GEOFFROY (Étienne-Louis, Do

cteur en médecine) 1762. Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris: dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique ;Paris : Durand 1762 Tome second Planches XI à XXII  colorées à la main par Prévost gravées par Defehrt. 744p. http://archive.org/stream/histoireabrg02geof#page/n9/mode/2up

— GEOFFROY [Étienne-Louis] 1798-99 Histoire abrégée des insectes dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique. Nouvelle édition, revue, corrigée, & augmentée d'un supplément considérable. / par M. Geoffroy, docteur en médecine. A Paris :Chez Calixte-Volland, libraire, quai des Augustins, no. 24 :An VII de la République françoise [1799]. http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/14595#/summary

— GEER, (Charles de), Mémoires pour servir à l'histoire des insectes , Stockholm : Hesselberg, 1771.Tome 1 [1]-[15] 707 pages, 37 planches, Gallica .  Tome second première partie 616 pages,  ; Tome second deuxième partie pages 617 à 1175, 43 planches gravées par Bergquist. Gallica.

— GODART (Jean-Baptiste) Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France décrits par M. Godart, ancien proviseur Paris : Crevot 1821 Vol.1, Première partie, environs de Paris, [I]-[vij] + 295 p. Planches dessinées par [Antoine Charles] Vauthier et gravées par Lanvin.

 —  GRIFFITH (W. J. )  Catalogue raisonné des lépidoptères observés en Bretagne jusqu'en 1882, ,... publié par les soins de T. Bézier. Rennes : Impr. Fr. Simon, 1902.

— GRIFFITH (William John) 1879 "Sur quelques-uns de nos lépidoptères nuisibles", Extrait duBulletin de la Société polymathique du Morbihan. 1er et 2e semestre 1879, 37 pages.  

— HAWORTH Adrian Hardy Lepidoptera Britannica;: sistens digestionem novam insectorum Lepidopterorum ...London, 1803, Google books

— HIGGINS (L. G.) et RILEY (N. D.) 1988. Guide des Papillons d'Europe : Rhopalocères. Troisième édition française. Traduction et adaptation par Th. Bourgoin, avec la collaboration de P. Leraut, G. Chr. Luquet et J. Minet. Delachaux et Niestlé édit., Neuchâtel ,1988, 455 pages.

— LAFRANCHIS (Tristan), 2000 Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles, Collection Parthénope, Ed Biotope, Mèze, 448p. 

   LATREILLE (P.A.) 1796 Précis des caractères génériques des insectes disposés dans un ordre naturel par le citoyen Latreille Paris, Brive : 1796 pages 140-149.

 — LATREILLE, P. A., 1804. "Tableau méthodique des Insectes", pp. 184-187 in Nouveau Dictionnaire d’Histoire Naturelle, Paris : Déterville. vol.24. 

LATREILLE (P.A.) Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle appliquée aux arts, Paris : Detreville vol. 17, 1803 ici

LATREILLE (P.A.) Nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle vol. 24 1818 : Classification page 501 http://books.google.fr/books?id=I_NBAAAAYAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q=vanesse&f=false

—LATREILLE, P. A., 1805. Histoire Naturelle, Générale et Particulière des Crustacés et des Insectes. Tome XIII, p. 369. Paris : Dufart.

 — LATREILLE P. A. 1810. Considérations générales sur l'ordre naturel des animaux composant les classes des Crustacés, des Arachnides et des Insectes; avec un tableau méthodique de leurs genres, disposés en familles. Paris: F. Schoell, 444 pp. pp. 350-370.

 —LATREILLE  (P.A) et Olivier Nouveau dictionnaire d'Histoire naturelle 2eme édition tome 27 1818.

 — LATREILLE (P.A), GODART (J.B) 1819 , Encyclopédie méthodique, ou Entomologie, Paris : Vve Agasse tome 9 1819. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58338273/f334.image.r=Godart.langFR

 — LERAUT (Patrice) 1997 "Liste systématique et synonymique des Lépidoptères de France, Belgique et Corse" (deuxième édition) Alexanor, 20, Supplément hors série : 1-526, 10 illustr., photog, 38 fig.

— LEWIN, W. 1795 The Insects of Great Britain, systematically arranged, accurately engraved, and painted from nature, with the natural history of each species BHL library

http://www.biodiversitylibrary.org/item/103670#page/7/mode/1up

 

— LUCAS ([Pierre-] Hippolyte)  Histoire naturelle des lépidoptères d'Europe Paris : Pauquet  1834 ouvrage orné nature de près de 400 figures peintes d'apres, par A. Noel, et gravées sur acier.http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4416154.r=lucas+papillons.langFR 

 http://www.biodiversitylibrary.org/item/53843#page/11/mode/1up

— LUQUET (Gérard Chr.) 1986 "Les noms vernaculaires français des Rhopalocères d'Europe", Alexanor, Revue des Lépidoptéristes français, tome 14, juillet-septembre 1986, suppl.)

— LUQUET (Gérard Chr.) 1986 —in : PFLETSCHINGER (Hans). Papillons.Comment identifier et reconnaître les papillons d'Europe et leurs chenilles traduit et adapté de l'allemand par G. Chr. Luquet. 80 p., 88 illustr. photogr. coul. Collection "Miniguides Nathan tout terrain". Fernand Nathan édit. Paris.

— MOFFET (Thomas) 1634 Insectorum, sive, Minimorum animalium theatrum.  Londini : Ex officin typographic Thom. Cotes et venales extant apud Guiliel. Hope, 1634.  BHL.

— MERIAN (Maria-Sibylla) Histoire générale des insectes de Surinam et de toute l'Europe contenant leur description, leurs figures, leur différentes métamorphoses..., par Mademoiselle Marie-Sybille de Mérian, en deux parties in-folio. Troisième édition, revue, corrigée & considérablement augmentée par M. Buch'oz, ... A laquelle on a joint une troisième partie qui traite des plus belles fleurs, telles que des plantes bulbeuses, liliacées, caryophillées... Tome premier [-troisième] traduit par Jean Marret Paris : Desnos, 1771. PDF Bibliothèque de Toulouse, 3 volumes http://tolosana.univ-toulouse.fr/notice/07558171x

— MERIAN (Maria-Sibylla) Der Raupen wunderbare Verwandelung, und sonderbare Blumen-nahrung: worinnen, durch eine gantz-neue Erfindung, Der Raupen, Würmer, Sommer-vögelein, Motten, Fliegen, und anderer dergleichen Thierlein, Ursprung, Speisen, und Veränderungen, samt ihrer Zeit, Ort und Eigenschaften (Band 2) Nürnberg , Frankfurt , Leipzig, 1683 Volume 2 (insectes d'Europe) digitalisé par  Universitätsbibliothek Heidelberg;

 — MERRET (Christopher) 1667  Pinax Rerum Naturalium Britannicarum. 1667. Google Books

http://books.google.co.uk/books?id=p0SjZ7N6TA0C&printsec=frontcover&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

— MOORE (Frederic) 1890-1913 Lepidoptera indica, L. Reeve : London, 1890-1913. BHL

  — OBERTHÜR (Charles), HOULBERT (Constant), 1912-1921, Faune entomologique armoricaine. Lépidoptères. Rhopalocères, Rennes : Imprimerie Oberthür 1912-1921, 258 pages.

— PETIVER (James), 1702-1706? Gazophylacii naturae & artis, : decas prima-[decima]. In quaÌ‚ animalia, quadrupeda, aves, pisces, reptilia, insecta, vegetabilia; item fossilia, corpora marina & stirpes minerales eÌ€ terra eruta, lapides figuraÌ‚ insignes &c. Descriptionibus brevibus & iconibus illustrantur. Hisce annexa erit supellex antiquaria, numismata, gemmae excisae, & sculpturae, opera figulina, lucernae, urnae, instrumenta varia, inscriptiones, busta, reliquaque ad rem priscam spectantia: item machinæ, effigies clarorum virorum, omniaque arte producta... / Jacobus Petiver Londini: : Ex OfficinaÌ‚ Christ. Bateman ad insignia Bibliae & Coronae, vico vulgo dict. Pater-Noster-Row., MDCCII. [1702-1706?]. Version Google books de 1702 ou mieux GDZ Göttingen (Planches).

— PETIVER (James) 1695-1703 Musei Petiveriani centuria prima-decima, rariora naturae continens: viz. animalia, fossilia, plantas, ex variis mundi plagis advecta, ordine digesta et nominibus propriis signata, London, 1695-1703 Version Books-Google.

— PETIVER (James) 1767 Jacobi Petiveri Opera, historiam naturalem spectantia containing several thousand figures of birds, beats, fifh, reptiles, insects shells, corals, and fossils; also of trees, shrubs, herbs, fruits, fungus's, mosses, sea-weeds, &c. from all parts, adapted to Ray's History of plants on above three hundred copper-plates, with English and Latin names, London, James Empson (éditeur), 1767  Version Books.Google 

— PETIVER (James) 1717 Papilionum Brittaniae Icones (1717)  

— PERREIN (Christian) 2012 et al. , Biohistoire des papillons, Presses Universitaires de Rennes 2012.


— RAMANN (Gustav) 1870-76, Die Schmetterlinge Deutschlands und der angrenzenden Länder in nach der Natur gezeichneten Abbildungen nebst  erläuterndem Text, 4 Bände, Band 1, Arnstadt 1870-1876. 
— RAY  (John) Historia insectorum, Londini 1710 Archive.org
— RÉAUMUR [René-Antoine] de Ferchault 1734-1748 Mémoires pour servir à l'histoire des insectes   Paris : Imprimerie Royale, 6 volumes, de 1734 à 1748 [un 7e, copie du manuscrit original, paraîtra en 1928], 267 planches gravées par Simoneau, Lucas, Haussard et Fillioeul. En ligne BHL.  Voir aussi VALLOT J.N. 1802.
 ROBERT (Paul A.)  1934 — Les Papillons dans la nature, Delachaux et Niestlé : Neufchâtel et Paris,  405 p., 64 pl. couleurs books.google.fr/books?id=jSFDAAAAYAAJ

— RÖSEL VON ROSENHOF De natuurlyke historie der insecten; voorzien met naar 't leven getekende en gekoleurde plaaten. Volgens eigen ondervinding beschreeven, door den heer August Johan Rösel, van Rosenhof, miniatuur-schilder. Met zeer nutte en fraaie aanmerkingen verrykt, door den heer C. F. C. Kleemann ...Te Haarlem,By C. H. Bohn en H. de Wit, boekverkoopers [1764-68] BHL Library 

 — SALMON (Michael A.) 2000, The Aurelian legacy, British butterflies and their collectors, University of California Press, 2000.

SCOPOLI (Jean-Antoine) Ioannis Antonii Scopoli Med. Doct. S.C.R. ... Entomologia Carniolica exhibens insecta Carnioliae indigena et distributa in ordines, genera, species, varietates : methodo Linnaeana. Vindobonae :Typis Ioannis Thomae Trattner ...,1763. En ligne BHL.

 — SCUDDER, S. H. 1875. "Historical sketch of the generic names proposed for Butterflies: a contribution to systematic nomenclature". Proceedings of the American Academy of Arts and Sciences, 10: 91-293. http://biodiversitylibrary.org/page/3076769#page/269/mode/1up

SODOFFSKY (Wilhem),1837. "Etymologische Untersuchungen ueber die Gattungsnamen der Schmetterlinge"  Bulletin de la Société Impériale des Naturalistes de Moscou. 10(6) : 76-97.

 — SOUVESTRE (Émile), 1836  Voyage dans le Finistère par Jacques Cambry, revu et augmenté par- : "Tableau systématique des lépidoptères qui se trouvent dans le département du Finistère" par  [(Hesse et) Le Borgne de Kermorvan] Brest : Come et Bonetbeau, 1835 page 165

— TOLMAN (Tom), LEWINGTON (Richard), Guide des papillons d'Europe et d'Afrique du Nord, traduction et adaptation française Patrick Leraut,  Paris : Delachaux et Niestlé 1999 et 2009, 384 pages.

— VALLOT J.N. Concordance systématique, servant de table de matières à l'ouvrage de Reaumur, Paris : Grégoire, Thouvenin, 1802. En ligne Google books.

  — VILLERS (Charles de) 1789 Caroli Linnaei Entomologia, faunae Suecicae descriptionibus aucta : DD. Scopoli, Geoffroy, de Geer, Fabricii, Schrank, &c., speciebus vel in systemate non enumeratis, vel nuperrime detectis, vel speciebus Galli australis locupletata, generum specierumque rariorum iconibus ornata; curante & augente Carolo de Villers .. Lyon : Pietre et Delamollière, (1789). https://archive.org/stream/carolilinnaeient02linn#page/n11/mode/2up

— WALCKENAER (C.A.) 1802,  Faune parisienne, insectes, ou, Histoire abrégée des insectes des environs de Paris classés d'après le système de Fabricius; précédée d'un discours sur les insectes en général, pour servir d'introduction à l'étude de l'entomologie accompagnée de sept planches gravées Paris : Dentu 1802 en ligne BHL.  

 

— WESTWOOD (J O) & HUMPHREYS (Henry Noël), British butterflies and their transformations, William Smith : London 1841.

— WILKES (Benjamin) One hundred and twenty Copper plates of English moths and butterflies ... with a natural history London : Benjamin White 1773  Books.google.

— WILKES (Benjamin), The english moths and butterflies, etc... London : printed for the author 1747-49 Books.Goggle

— ZIMMER, (Dieter E., rédacteur du mensuel Der Zeit) A guide to Nabokov's Butterflies and Moths et Butterflies and Moths in Nabokov's Published Writings , Web version 2012.


 

                           III. Boite à liens. 

      Liste des références d' auteurs avec les liens vers leurs publications:  http://www.ukbutterflies.co.uk/references.php

Boisduval chenille 1832 :   http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/51588#/summary

Boisduval Tableau meth. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97190k/f1.image.pagination.r=Boisduval.langFR

Boitard, 1828. : http://books.google.fr/books?id=K3ShlXhmFsEC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

Dale https://archive.org/stream/historyofourbrit00dalerich#page/n5/mode/2up

Duponchel, chenilles 1849 : BHL :  

 http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/9410#/summary

Engramelle :    http://books.google.fr/books?id=em0FAAAAQAAJ

et https://archive.org/stream/papillonsdeurop00ernsgoog#page/n159/mode/2up

Engramelle vol. 2 : http://books.google.fr/books/about/Papillons_d_Europe_peints_d_apr%C3%A8s_natur.html?id=jbS5ocRuGsYC&redir_esc=y

Engramelle vol. 3 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84701433

Esper : http://www.biodiversitylibrary.org/item/53441#page/9/mode/1up

Fabricius :1775  http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/36510#/summary

Fabricius 1787 :

http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/home/speciestaxon?id=25707

Fabricius 1807 :  https://archive.org/stream/magazinfrinsek06illi#page/280/mode/2up

 Geoffroy  :    http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/51067#page/9/mode/1up

De Geer :  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97151p/f1.image.r=.langFR

Godart 1821 BHL :  http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/38004#page/256/mode/1up

Godart latreille 1819 :   http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58338273/f334.image.r=Godart.langFR

 https://archive.org/stream/encyclopdiem09metc#page/n3/mode/2up

Kirby  1871: http://www.biodiversitylibrary.org/item/64906#page/9/mode/1up

Latreille 1804 :           http://books.google.fr/books?id=xBsOAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

Latreille 1810 :  http://www.biodiversitylibrary.org/item/47766#page/358/mode/1up

Leach : http://biodiversitylibrary.org/page/17493618#page/136/mode/1up

Linné   http://www.biodiversitylibrary.org/item/10277#page/3/mode/1up

http://books.google.fr/books?id=Jps-AAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q=elinguis&f=false

Linné, Mantissa plantarum   http://bibdigital.rjb.csic.es/spa/Libro.php?Libro=947&Pagina=545

Linné fauna suecica 1746 :http://biodiversitylibrary.org/bibliography/63899#/summary

Linné fauna suecica 1761 : http://biodiversitylibrary.org/bibliography/46380#/summary

Linné S.N. 1767 :http://gdz.sub.uni-goettingen.de/dms/load/img/?PPN=PPN362053723&DMDID=DMDLOG_0001&LOGID=LOG_0001&PHYSID=PHYS_0002

Merian, Insectes d'Europe : http://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/merian1683bd2

Moffet :    http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/60501#/summary

Moore Lep. indic : http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/8763#/summary

Petiver James, Musei petiveriani centura prima 1695 digitalisé par Google  (accès partiel)

http://books.google.fr/books/about/Musei_Petiveriani_centuria_prima.html?id=vp05AAAAcAAJ&redir_esc=y

Petiver, Gazophylacii :books.google.fr/books?id=sp05AAAAcAAJ

Petiver, Papilionum brittaniae 1717  in Opera Books .google  

Ray  : https://archive.org/stream/historiainsector00rayj#page/n11/mode/2up

Réaumur : http://www.biodiversitylibrary.org/item/50298#page/11/mode/1up

Rösel : http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/7362#/summary

http://www.biodiversitylibrary.org/item/31182#page/138/mode/1up

Rottemburg : 

http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/home/speciestaxon?id=8326

Scopoli Entomologia carniolica 1763

   http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/34434#/summary

Soddoffsky :http://www.archive.org/stream/bulletindelas10183768mosk#page/n82/mode/1up

Spuler : http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/9477#/summary

 De Villers 1789 :  https://archive.org/stream/carolilinnaeient02linn#page/n11/mode/2up

Walckenaer : http://www.biodiversitylibrary.org/item/79375#page/289/mode/1up

Westwood et Humphreys 1841 : http://biodiversitylibrary.org/bibliography/12483#/summary

Wilkes, english moths and butterflies http://books.google.fr/books?id=x1xnr4VCDe0C&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false 

Goettingen animalbase : base de donnée : http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/search

Butterflies of America : http://butterfliesofamerica.com/polyommatus_icarus.htm

 Bestimmungshilfe für die in Europa nachgewiesenen Schmetterlingsarten :http://www.lepiforum.de/

— Un beau plaidoyer sur les noms de papillons :

 http://excerpts.numilog.com/books/9782759217045.pdf 

— Articles biographiques sur les taxonomistes entomologistes http://gap.entclub.org/taxonomists/index.html 

  — http://www.reserves-naturelles.org/sites/default/files/fichiers/protocole-rhopalo-liste-especes.pdf

 

— site d'identification ;http://r.a.r.e.free.fr/interactif/photos%20nymphalidae/index.htm

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier
10 juillet 2013 3 10 /07 /juillet /2013 22:58

 Zoonymie (origine du nom) du papillon  le Paon-du-jour, Aglais io (Linné, 1758).

 

I found it and I named it, being versed

in taxonomic Latin ; thus became

godfather to an insect and its first

describer — and I want no other fame.

Vladimir Nabokov, Poems.

 

 

 

 

 

La zoonymie (du grec ζῷον, zôon, animal et ónoma, ὄνομα, nom) est la science diachronique  qui étudie les noms d'animaux, ou zoonymes. Elle se propose de rechercher leur signification, leur étymologie, leur évolution et leur impact sur les sociétés (biohistoire). Avec l'anthroponymie (étude des noms de personnes), et la toponymie (étude des noms de lieux) elle appartient à l'onomastique (étude des noms propres).

 

Elle se distingue donc de la simple étymologie, recherche du « vrai sens », de l'origine formelle et sémantique d'une unité lexicale du nom.

 

Résumé.

Aglais, Dalman 1816 vient du grec ἀγλαΐα, aglaḯa (« splendeur, brillance »); cette espèce était rangée sous la bannière du genre Vanessa, puis Inachis (du nom du dieu-fleuve Inachos, le père de la belle Io), mais ce qualificatif  d'aglaia convient parfaitement à l'une des plus éblouissantes espèces de rhopalocères.

 Aglais io (Linnaeus, 1758) : Selon les Métamorphoses d'Ovide, Io a été poursuivie par le regard concupiscent de Zeus,  par le regard jaloux de la déesse Héra, puis, transformée en génisse, par les cent yeux panoptiques d'Argos, avant que son surveillant ne soit décapité par Hermes et que ses yeux ne viennent orner le plumage du paon royal de Héra. Comme les ocelles du beau papillon avaient été comparés aux yeux du paon, Linné, après l'avoir nommé oculus pavonis, le baptisa Papilio io ; belle revanche de la femme-génisse sur sa rivale ! 

— les noms vernaculaires français ont été La Reine (d'après la description de Moffet qui débutait par Omnium Regina) ; Le Paon de jour (Geoffroy 1762), qui traduit le pavonis de Linné mais le différencie du Paon de nuit ; L'Œil de paon (Geoffroy, 1762), traduction de oculus pavonis ; Le Paon du jour (Engramelle, 1779) ; La Vanesse io, copie du nom scientifique alors en usage (Latreille, 1819) ; La Vanesse Paon de jour (Godart, 1821) ; et enfin depuis la recension de Luquet en 1986 : Le Paon-du-jour. Tous ces noms  honorent l'élément le plus remarquable du papillon, ses quatre ocelles qui partagent avec les "yeux" du plumage du paon leur capacité à iriser les rayons lumineux en couleurs chatoyantes.

.

Voir sur ce blog mes 90 articles de zoonymie des papillons diurnes de Bretagne :

Zoonymie (origine du nom) des papillons diurnes de Bretagne.

http://www.lavieb-aile.com/2015/11/zoonymie-origine-du-nom-des-papillons-diurnes-de-bretagne.html

 

 

               I. NOM SCIENTIFIQUE.

 

1. Famille et sous-famille.

Famille : Nymphalidae

Sous-famille : Nymphalinae

Tribu : Nymphalini.

    

2. Nom de genre : Aglais Dalman, 1816.

 

Aglais, :  Dalman, J. W. 1816. Försök till systematisk Uppställning af Sveriges Fjärillar. (Fortsåttning). Kongliga Svenska Vetenskaps-Akademiens Handlingar, Stockholm,1816(2): 48-101 page 56.  

  Johan Wilhelm Dalman (1787-1828) est un médecin et un naturaliste suédois qui, après des études à Lund et à Uppsala, se passionna pour l’entomologie et la botanique. Il reçoit son doctorat en 1817 à l’université d'Uppsala. C'est l'année suivante qu'il publie, à 29 ans ses Tentatives de présentation systématique des papillons de la Suède.

Il donnera plus tard analecta entomologia 1823  BHL dans lesquels il proposera de nouveaux genres en entomologie. Il deviendra bibliothécaire de l’Académie des sciences de Suède, puis directeur du jardin zoologique, puis démonstrateur de botanique à l’institut Carolinska de Stockholm.

 Aglais vient du latin Aglaia, lui-même du grec ancien Ἀγλαΐα, Aglaḯa, dérivé de ἀγλαΐα, aglaḯa (« splendeur, brillance »), dérivé de ἀγλαός, aglaós (« splendide », « brillant »).

  Certes, Aglaé est, dans la mythologie, la plus jeune des trois Charites (Grâces), les autres étant Euphrosyne et Thalie. Messagère d’Aphrodite, elle est selon Hésiode l’épouse d’Héphaïstos. Elle représente la beauté dans ce qu’elle a de plus éblouissant, la « splendeur ». Mais elle  donne déjà son nom à notre Grand nacré, Argynnis aglaja [graphie ancienne d'aglaia], (Linné 1758).

   Je retiens donc comme étymologie d'Aglais "splendide" (que ni le Paon du jour ni la Petite Tortue ne déméritent), et laisse au Grand Nacré celle liée à la Grâce Aglaé.

 Voir l'étymologie de A. Spuler p. 30 : "eine der 3 Grazien".

 

Le Paon-du-jour a été classé auparavant dans les genres Nymphalis, Vanessa ou Inachis. Ce sont des recherches de biologie  moléculaire qui ont conduit à le ranger dans le genre Aglais, où il rejoint la Petite Tortue : voir Dupont et al, 2013 qui indiquent "Nous suivons la proposition de WAHLBERG & NYLIN (2003) de considérer le genre Inachis Hübner, [1819] comme un synonyme du genre Aglais."

 

   Synonyme : Inachis.

  Inachis Hübner, 1819 : Verzeichniß bekannter Schmettlinge, Augsburg, Verlasser 1816-1826  [1819], 3, p. 37., : épithète de Io, fille du dieu-fleuve Inachos (en grec ancien Ἴναχος / Inakhos) fleuve de l'ancienne Argolide, qui passait à Argos, et est aujourd'hui le Najo ou Pianizza. On le donne aussi parfois comme fils de Thétis et de l'Océan et premier roi mythique d'Argos.

 

 

3. Nom d'espèce : Aglais io, (Linné, 1758).

      P[apilio Nymphalis gemmatus] io Linnaeus, 1758 :  Linnaeus, C. 1758. Systema naturæ per regna tria naturæ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Holmiæ. (Salvius). Tomus I: Regnum animale, (10e éd) 824 pp. page 472 n°88.

Localité-type : Suède, désignée par HONEY & SCOBLE (2001)  Linnaeus's butterflies (Lepidoptera: Papilionoidea and Hesperioidea). Zoological Journal of the Linnean Society, 132(3): 277-399 page 336.

 Dans la classification de Linné, cette espèce appartient aux Papilio (papillons de jour) Nymphales (aux ailes dentelées), gemmati ( aux ailes ocellées), in alis omnibus (ocelles sur les deux ailes). Il choisit les noms de ces Nymphes dans le répertoire des divinités féminines de la mythologie grecque ou latine, et, au premier papillon qui inaugure ses 22 Nymphes, il donne celui de la belle Io, fille du fleuve Inachus et prêtresse d'Hera devenue la maîtresse de Zeus. Nous allons voir que ce nom n'est pas sans rapport avec les ocelles ou yeux ... du paon.

 En effet, Linné, dans son ouvrage précédent Fauna Suevica, page 776 avait nommé cette espèce oculus pavonis, "œil de paon". Dans la première édition de Fauna suevica de 1746, page 235 il donne en référence bibliographique pour cette espèce Goed[art] lat.p.23 f.1, oculus pavonis et Pet[iver] mus[ei] p. 34 n° 314 Papilio oculus pavonis dictus, "le papillon dit œil de paon". Le Musei petiveriani a été composé en 1695-1703, et l'auteur signale qu'il reprend un nom plus ancien. Un peu plus tard, John Ray, également cité ici, donne cette description : (Raj, ins, 122 n°13) : papilio elegantissima ad urticariam accedens, singulis alis maculis oculos imitandis ""une tache sur l'aile imitant un œil". 

  Pour obéir à son dessein de classifier ses papillons avec de nouveaux noms cohérents par rapport à sa taxonomie, Linné allait réussir un beau coup dont il devait être satisfait : trouver la Nymphe la plus évocatrice de l'ancien nom d' "œil de paon".

  Tout le récit des aventures de Io est celui de sa fuite éperdue de la Thessalie jusqu'en Égypte, d'abord pour échapper à Zeus/Jupiter, puis à la jalouse Héra/Junon. Et, comme dans toute fuite, tout le récit, émaillé de métamorphoses, est aussi celui du rôle persécuteur des yeux et du regard. L'histoire est bien connu par le récit qu'en donne Ovide dans le Livre I de ses Métamorphoses :je donne ici le résumé de la traduction de Boxus et Poucet, 2005.

" Jupiter aperçoit Io, décide de la posséder malgré elle, l'empêche de fuir en couvrant la terre de ténèbres, et lui ravit son honneur. Junon soupçonnant que cette obscurité soudaine couvre une infidélité de son mari, descend sur terre, mais Jupiter, pour soustraire Io à la fureur de son épouse, la transforme en une génisse d'une beauté éclatante. Junon, jalouse et méfiante, obtient que la génisse lui soit offerte en cadeau et décide de la confier à la garde d'Argus. (1, 588-624).

  Réduite à courir les pâturages et à ne plus émettre que des mugissements, la génisse Io, impitoyablement surveillée par Argus* aux cent yeux, arrive au bord de l'Inachus et parvient, en traçant des signes sur le sol à l'aide de son sabot, à se faire reconnaître. Argus revient arracher Io à son père consterné, et l'emmène en un lieu où il pourra mieux la surveiller. (1, 625-667)

Jupiter apitoyé par le sort de Io dépêche Mercure sur terre, avec mission de supprimer Argus. Se faisant passer pour un berger jouant sur une flûte de roseaux, Mercure s'approche d'Argus qui, séduit par ses récits et ses chants, cherche à résister à la torpeur qui le gagne en lui demandant l'origine de ce nouvel instrument. (1, 668-688)

Mercure raconte à Argus l'histoire de Syrinx, naïade adepte de Diane et vouée à la virginité. Pour échapper aux poursuites de Pan, elle obtint d'être métamorphosée par les eaux du Ladon qui lui barrait la route, si bien que Pan ne put saisir que des roseaux. En découvrant que, lorsqu'il soupirait, l'air traversant les roseaux produisait une mélodie agréable, Pan songea à assembler des roseaux avec de la cire pour en faire la flûte de Pan, à qui il donna le nom de syrinx. (1, 689-712)

Mercure, dont les récits avaient triomphé de la vigilance d'Argus, endormit complètement le monstre à l'aide de sa baguette magique, puis le décapita d'un coup d'épée. Junon recueillit alors les yeux éteints d'Argus, pour en parer la queue du paon, son oiseau sacré. (1, 713-724).

Habitée par l'Érinye suscitée par Junon, Io fuit à travers le monde et, découragée, échoue en Égypte, d'où elle implore Jupiter de mettre fin à ses malheurs. Jupiter ayant juré solennellement à Junon qu'elle n'aurait plus rien à craindre de sa rivale Io, il rend à celle-ci sa forme primitive. Io devient en Égypte la très honorée déesse Isis, tandis que leur fils, connu sous le nom d'Épaphus, est honoré avec sa mère dans des temples. (1, 724-749)."

*Argus, surnommé Panoptès (« Celui qui voit tout »), est un géant doté d'une force peu commune, héros purificateur de monstres et veilleur infatigable. Il avait selon les variantes, un seul œil, ou quatre yeux, deux devant et deux derrière, ou bien encore une infinité d'yeux répartis sur tout le corps. Ovide lui attribue ici cent yeux.

 

 

Synonymes.

Inachis io (Linnaeus, 1758) 

 Nymphalis io (Linnaeus, 1758) 

 Papilio io Linnaeus, 1758

Vanessa io (Linnaeus, 1758)

Papilio io Linnaeus, 1758

 

 

                II. NOMS VERNACULAIRES.

        La Reine ;  Le paon de jour ou l'œil de paon  (Geoffroy, 1762) ; Le Paon du jour (Engramelle, 1779) ; La Vanesse Io (Latreille, 1819) ; La Vanesse Paon de jour (Godart) ; puis, depuis Gérard  Luquet : Le Paon-du-jour,  Le Paon de jour (Geoffroy), le Paon (Geoffroy), L'Œil-de-Paon (Geoffroy). En Normandie : La Cocarde (Gibeaux).

 

0. Avant l'Âge des Noms : Thomas Moffet, en latin.

Thomas  Moffett, (ou Mouffet, Muffet) (1553-1604) édita son Théâtre des insectes en 1589, mais celui-ci ne fut publié, pour des raisons économiques qu'en 1634, avec de médiocres gravures en bois au lieu des gravures originales. Ce premier ouvrage de l'entomologie est en fait une compilation de  Wotton,  de l’Écluse, Penny, Knivett, Bruer et surtout peut-être Gessner, dont il reprend de façon posthume le traité. On y trouve une illustration du Paon du jour, encore dépourvu de nom propre, mais avec l'une des plus belles descriptions entomologiques latines : page 99 :

001f1cc0

Quarta Omnium Regina dici potest ; nam extremis alis, veluti adamantes quatuor in pala Hyacinthina radiantes, miras opulentias ostendunt, imo fere adamanti & Hyacintho oculum effodiunt. Lucent enim pulcherrimè (ut Stellae). Scintillasque iricolores circumfundunt : his notis ita dignoscitur, ut reliquum corpus describere (licet varis pictum coloribus) supervacaneum esset.

 Comment puis-je traduire cela, sachant que je n'ai trouvé qu'une traduction en anglais ? 

  "Cette quatrième espèce peut être considérée comme la Reine de toutes les autres ; A l'extrémité des ailes, on pourrait croire à quatre diamants scintillants sertis dans autant d'améthystes, d'une opulence époustouflante, telle que le diamant et l'œil de Hyacinthe eux-mêmes s'en trouvent aveuglés. Ils brillent comme les plus belles étoiles ; ils scintillent et répandent des éclats d'arc en ciel. Ces éléments remarquables sont suffisamment faciles à reconnaître pour que la description du reste du corps (peint de diverses couleurs) soit superflu."

 On trouve certes dans le texte latin le mot oculum, de oculus, "œil", mais il n'est pas associé à pavonis, le paon, mais à Hyacintho, qui peut désigner une fleur (jacinthe), une pierre précieuse (améthyste), ou un héros mythologique, Hyacinthos. J'ignore donc qui, le premier, créa la métaphore liant ces ocelles adamantins au plumage du Paon.

 A la page 90, Moffet avait donné une illustration de notre Paon-de-nuit,  en le qualifiant de Regem Papilionum et en décrivant ses "quatuor magnas singulas multi colore oculo donatas, quorum pupilla nigris, iris, circulis et semicirculis mellinis, flammeis, albis, nigris pulcherrimè distincta". 

      N.B : Avant l' Âge des noms, et longtemps après dans les références,  le papillon a été désigné par les premiers mots de la description de Moffet, Omnium regina : c'est sans-doute ce qui explique que Duméril signale l'emploi de son nom de Papillon Reine (in Dictionnaire,  Cuvier 1827 page 27)

 

0' Avant l'Âge des noms : en français, Réaumur.

Dans ses Mémoires pour servir à l'histoire des insectes, tome I mémoire 10 page 441 planche 25 figure 1,2 par Simmoneau, Réaumur montre comment, réduit à l'état infantile (latin in privatif, fari "parler") doit bredouiller une description en brandissant son illustration, seul moyen de montrer alors de quoi il parlait :

 "La figure 1 est celle d'un papillon de la seconde classe des diurnes, qui tient ses ailes perpendiculaire au plan de position et qui n'est appuyé que sur quatre jambes, dont les deux du même coté. La figure 2 est celle du même papillon, qui tient ses ailes ouvertes et qui montre le dessus de toutes les quatre. Elles ont chacune une belle tache en œil de plume de paon. La troisième est la chenille épineuse de l'ortie". 

  Je voudrais lui crier par dessus les siècles : "Paon-du-jour, le Paon-du-jour"!

 

 

 

1. Le paon de jour ou l'œil de paon, Geoffroy, 1762.

 "Le paon de jour ou l'œil de paon" (ni majuscule ni tiret, ni article "du"), Étienne Louis Geoffroy Histoire abrégée des Insectes qui se trouvent aux environs de Paris, Volume 2 page 36 n°2 .

  Geoffroy reprend ici le nom de Linné oculus pavonis (oeil de paon) dans la Fauna suevica (dont il suit la méthode, cf. titre et préface de son livre) ; il suit aussi James Petiver 1699, non seulement dans son nom latin, mais aussi dans son "Peocock's Eyes", le premier nom vernaculaire connu de l'espèce.

Dans l'édition de 1785 par Fourcroy, page 234 le nom devient P[apilio] jo,  Le Paon du jour, ou l'œil du Paon.

  Le nom du paon apparaît dans sa description : "Le paon, ou l'œil du paon, est très aisé à reconnaître par les yeux du paon, qu'il porte en dessus, au nombre de quatre, un sur chaque aile, ce qui lui a fait donner le nom qu'il porte."

 

C. Gibeaux le voit comme "une allusion aux ocelles ornant les ailes, et aux mœurs diurnes de l'adulte". Car le Paon du jour forme, dans l'onomastique de Geoffroy, un doublet avec son Grand Paon de nuit, page 100. Moffet ne les avait rapproché que par deux descriptions assez proches par leurs termes communs, oculus, iris, pulcherrimè, et en les désignant tous les deux (Regem et Regina) comme les souverains des papillons. Linné avait nommé l'espèce diurne oculus pavonis en 1746, et avait décrit le Grand Paon de nuit en 1758 sous le nom de Phalaena pavonis. Geoffroy, conscient que le nom de Œil de paon, traduction de l' ancien nom oculus pavonis, pouvait s'appliquer aux deux espèces et introduire une confusion, créa donc les deux Paon de jour et Paon de nuit. Il créera aussi le Petit Paon et le Paon moyen parmi les phalènes et le Demi-paon parmi les Sphinx, 

 

 

             oeil-de-paon.jpg

Aile de paon, Source de l'image : http://northanger.livejournal.com/452711.html

 

DSCN2726

 

DSCN2730

 

 2. Le Paon du jour , Engramelle 1779.

  Jacques Louis Engramelle Papillons d'Europe, peints d'après nature, Volume 1  page 5 n°2  planche 2 fig. a-f par J.J. Ernst et Lanvin,  1779. 

      Engramelle cite Geoffroy " Les belles taches dont il est orné l'ont fait appeler le Paon du jour ou l'Œil de Paon", mais il modifie "Paon de jour" en notre "Paon du jour". Pour l'anecdote, dans ses références, il commet un lapsus calami  en écrivant Geoffroy "Le ¨Paon du jour ou l'Œil du jour" avant l'édition de Fourcroy.

  Comme on le voit, entre les deux noms de Goeffroy, il retient le seul qui soit une création originale et non une copie du nom latin ancien. 

  On appréciera peut-être comme moi combien ce nom de Paon du jour ou Paon de jour est poétique : on peut entendre en sourdine "le point du jour" et son  lumineux éveil, ou (sans aller jusqu'au "petit pan de mur jaune !)  le "pan de jour", un pan de mur éclairé par le jour entré dans la pièce où on dort, ou le coté inédit et éphémère du "plat du jour", ou toute autre évocation de ce vocable dont le sens nous surprend et laisse flotter notre imagination. 

 

 

 3. P[apillon] Io Walckenaer 1802.

Walckenaer Faune parisienne 1802 page 268.

Le nom est peu significatif, cet auteur se contentant de donner une traduction du nom linnéen.

 

 4. La Vanesse Io , Latreille et Godart 1819.

   Latreille (P.A) Godart (J.B),  Encyclopédie méthodique. Histoire Naturelle. Entomologie, ou histoire naturelle des crustacés, des arachnides et des insectes. Vol. 9. Paris : Vve Agasse,1819 828 pp,  page 311 .

  Dans cette publication, Godart, disciple de Latreille qui est lui-même ami de Fabricius et qui a créé son genre Vanesse en 1810 par similitude avec le Vanessa de Fabricius 1807, reste très près du nom scientifique Vanessa io

 

5. La Vanesse Paon de jour Godart 1821.

Jean Baptiste Godart, Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France Paris : Crevot 1821/1823 page 96 n° XXXI planche 5 peinte par C. Vauthier et gravée par Lanvin.

  J.B. Godart prend d'avantage de liberté pour donner un nom vernaculaire qui garde la structure binominale du nom scientifique, mais qui reconnaît l'originalité du nom de Geoffroy. Il le cite même en début de sa notice,  "Le paon, ou l'œil du paon, est très aisé à reconnaître par les yeux du paon, qu'il porte en dessus, au nombre de quatre, un sur chaque aile, ce qui lui a fait donner le nom qu'il porte. Cette phrase de Geoffroy, et l'excellente figure jointe à notre texte, peuvent nous dispenser de parler du dessus des ailes" et il restitue la graphie "Paon de jour" exacte.

 

image lavieb-aile : Godart, Planche 5, aimable autorisation de la  Médiathèque de Quimper.

DSCN3967c.jpg

 Ce nom "Paon de jour" a été repris par J.V. Audouin 1823 ;  Bory de Saint-Vincent 1823 ; Boisduval, Rambur et Graslin 1832 ; Hippolyte Lucas 1834 ; Henri Milne-Edwards 1841 ; P.A. Duponchel en 1849 ; A. Dupuis 1863 ; Joannes Chatin 1883.

 Le "Paon du jour" est d'emploi plus rare.

Le Borgne de Kermorvan, dans Le Tableau des lépidoptères du Finistère (Souvestre, 1836), utilise l'ancienne forme La Vanesse io.

 

6. La revue des noms vernaculaires par Gérard Luquet en 1986.

       Dans la révision des noms vernaculaires français des rhopalocères parue dans la revue Alexanor en 1986, Gérard Christian Luquet propose de retenir pour Inachis io le nom principal  Le Paon-du-jour, d'admettre en nom accessoire Le Paon de jour (Geoffroy), le Paon (Geoffroy), L'Œil-de-Paon (Geoffroy), et d'écarter, à juste titre, l'Œil-de-Paon-du-Jour mentionné par le suisse P.A. Robert en 1960 par simple traduction littérale de la forme allemande Tagpfauenauge.

L'INPN cite sans discrimination (2013) : Paon-du-jour (Le), Paon de jour (Le), Oeil -de-Paon-du-Jour (Le), Paon (Le), Oeil-de-Paon (L').

 

7. Noms vernaculaires contemporains :

Entre la fin du XIXe et la première moitié du XXe siècle, les lépidoptéristes français cessèrent de mentionner le nom vernaculaire "au profit du" nom Vanessa io. On le vérifie, pour la littérature bretonne, dans le "Catalogue raisonné des lépidoptères" (1882) de Griffith  et la "Contribution à la faune des lépidoptères du Finistère".( 1910) de C. Picquenard .

— Oberthür et Houlbert dans la Faune armoricaine (1912-21) utilisent le nom scientifique Vanessa io et réussissent l'exploit de ne pas utiliser une seule fois le nom vernaculaire qu'ils dédaignent ; pourtant, dans leur texte, ils sont contraints d'utiliser, avec la paire de pincettes des guillemets, et (double précaution) en italique, l'expression "œil de paon". :" Un grand «œil de Paon (1)» moucheté de bleu et cerclé de blanc jaunâtre se voit prés de l'angle apical".

      Comme si chacun ne savait pas in petto comment se nomme ce papillon, ils ajoutent en note ce commentaire comme des ethnographes chez les zoulous : (1)"l'expression est de Geoffroy" ...sous-entendu "et surtout pas de nous" ! 

 

—Bellmann / Luquet 2008 : "Inachis io, le Paon-du-jour, le Paon de jour"

— Blab / Luquet 1988 : ? 

— Chinery / Luquet  2012 : "Inachis io, Paon-du-jour".

— Doux & Gibeaux 2007 : "Inachis io, Le Paon-du-jour".

— Higgins & Riley /Luquet 1988 : "Inachis io, le Paon-du-jour"

 — Lafranchis, 2000 : "Inachis io, le Paon-du-jour".

— Perrein, 1012 : "Inachis io, Paon-du-jour".

— Tolman & Lewington / P. Leraut 2009 : "Aglais io, Paon du jour".

— Wikipédia : "Aglais io, Paon du jour, Le Paon-du-jour .

 

8. Nom régional : La Cocarde.

Christian Gibeaux  signale que, demeurant en Normandie, il a longtemps connu le Paon-du-jour sous la seule dénomination de La Cocarde, liée bien-sûr aux "ocelles sub-apicaux à reflets métalliques, variés de jaune et violacé aux ailes antérieures, bleus aux ailes postérieures". (Doux et Gibeaux, 2007 p. 134). La Revue de l'Avranchin de 1884 page 100 mentionne bien ce nom, mais l'associe au Vulcain Vanessa atalanta.

 

 9. Les fameux yeux du Paon-du-jour.

Puisque ces oculi sont les éléments qui déterminent toute leur onomastique, qu'ont-ils à nous apprendre. 

 

                                 _Io_MU.PNG_Io_MD.PNG

                                     http://www.lepidoptera.pl/show.php?ID=70&country=FR

Ils ont/auraient un rôle aposématique d'intimidation, par l'effroi que cause l'ouverture brutale des ailes en flash devant un prédateur. (on sait que les insectes peuvent choisir entre la stratégie de camouflage et celle d'avertissement de danger). Cette coloration d'avertissement prévient le prédateur des risques qu'il encoure en cas de consommation, ou, après une première expérience, fixe la mémorisation du signal. Aglais io possède une face des ailes consacrée au mimétisme de camouflage (crypsis en anglais) par ses teintes grises, et qui fonctionne grâce à leur immobilité lorsqu'ils sont posés sur des feuilles. Une étude a comparé ainsi le Robert-le-diable, qui utilise le camouflage, la petite Tortue, mi-camouflage et mi-effroi, et Aglais io, la reine de l'intimidation, placée devant des mésanges bleues. Le point fort de Robert, ce sont les "couleurs disruptives" que lui valent les profondes découpures de ses ailes et le contraste de ses couleurs : ces lignes brisées dissimulent mieux un individu sur un fond hétérogène qu'une couleur unie. A. Vallin et coll. ont pu observer que Robert-le-diable est découvert plus tard que les autres, et qu'il se garde bien de bouger s'il est attaqué, alors que les deux autres cliquent des ailes lors de l'attaque. Paon-du-jour, confiant en ses terribles yeux, ouvre ses ailes beaucoup plus tôt que Petite Tortue, qui attend que l'oiseau soit plus proche. 

  Très bien, mais quelle est l'efficacité du système qui fait la fierté d'Œil-de-Paon sur le sentier de la guerre ? Il en est très satisfait, car il a échappé à 100% des attaques des bleues mésanges, alors que 22%  seulement de ceux de la tribu des Robert-le-Diable ont échappés au bec des voraces, et que 8 % des Petites Tortues n'ont pas été scalpées. Paon, Diable ou Tortue, il faut choisir le bon totem! Plus sérieusement, on peut penser que l'organisation des couleurs en ocelles ajoute une efficacité supplémentaire par rapport aux couleurs elle-mêmes. Leur forme géométrique régulière mais hypnotisante sont le choix opposé aux "couleurs disruptives" et aux brisures des formes. Ces ocelles imitent les deux yeux d'un animal beaucoup plus gros et plus dangereux que le papillon que le prédateur s'apprête à gober.

 

 

A Vallin, S Jakobsson, J Lind, C Wiklund -"Crypsis versus intimidation—anti-predation defence in three closely related butterflies"  Behavioral Ecology and Sociobiology, 2006 (59) 455-459- Springer

 

 

Martin Stevens Predator perception and the interrelation between different forms of protective coloration Proc. R. Soc. B 22 June 2007 vol. 274 no. 16171457-1464  

http://rspb.royalsocietypublishing.org/content/274/1617/1457.full.pdf+html

Les Paon du jour ont un autre secret : en cliquant des ailes, elles produisent de violents sons et ultra-sons qui éloignent les chauve-souris.  

 

 

M Olofsson, S Jakobsson, C Wiklund -  "Auditory defence in the peacock butterfly (Inachis io) against mice (Apodemus flavicollis and A. sylvaticus)"…Behavioral Ecology and, Sociobiology 2012 - Springer

http://link.springer.com/article/10.1007/s00265-011-1268-1#page-1

 

 

III. Les noms vernaculaires dans d'autres pays.

 

  J'ai longtemps espéré trouver, dans un dialecte, un patois ou une langue étrangère, un nom qui nous permette, comme dit Proust de l'artiste de génie, de regarder la réalité avec d'autres verres ; mais ici, nous n'échapperons pas à l'Œil du paon, dans toutes les langues.    

 

  • Pfauenaug en dialecte alémanique (Paon du jour)

  • Dagpåfugleøje en danois 'Paon du jour)

  • La mariposa pavo real en espagnol (le papillon paon)

  • Tagpfauenauge en allemand (L'Œil-de-Paon-du-Jour )

  • Päevapaabusilm en estonien

  • Deipau-each en frison

  • Neitoperhonen en finnois

  • Peacag en mannois (le Paon)

  • Danje paunče en croate (Paon du jour)

  • Pawownik en serbe

  • Nappali pávaszem en hongrois (paon du jour)

  • Páfiðrildi en islandais

  • La Vanessa io o Occhio di pavone en italien (la Vanesse Io ou l'Œil de paon)

  • Spungė en lituanien (Paon)

  • Dagpauwoog en néerlandais (Paon du jour)

  • Rusałka pawik en polonais ( la nymphe du paon ?)

  • Babôčka pávooká en slovaque (papillon paon)

  • Павлиний глаз en russe.

  • Påfågelöga en suédois. (œil de paon ?)

  • Сонцевик павиче око en ukrainien (Œil de paon)

  • Babočka paví oko en tchèque

  • Paó de dia en catalan : (Paon de jour)

Langues celtiques  : 

1. langues gaéliques :  irlandais (gaeilge) ; écossais (Gàidhlig ) ; mannois ( gaelg :île de Man).

  • Péacóg (féileacán) en irlandais (le Paon)

  • peacag  en mannois (le Paon)
  • Colleach-peucaig ; coilich-pheucaig en gaélique écossais*
  • mentyll peunod :peucagan ; peucag en gaélique écossais*

2. Langues brittoniques : breton (brezhoneg) ; cornique (kernevek); gallois (cymraeg).

  •  pas de nom en breton ; Mantell paun ? 

  • Mantell paun en gallois (papillon paon).

 *Liste des noms gaéliques écossais pour les plantes, les animaux et les champignons. Compilé par Emily Edwards, Agente des communications gaélique, à partir de diverses sources.

 

http://www.nhm.ac.uk/research-curation/scientific-resources/biodiversity/uk-biodiversity/uk-species/checklists/NHMSYS0020791186/version1.html

      Voir aussi :http://www.lepidoptera.pl/show.php?ID=70&country=FR

 

 

640px-Inachis_io_stamp_deutschland.JPG

 

File:1973 Moth Butterfly 400.jpg

 

IV. Zoonymie vernaculaire anglo-saxonne ( M.A Salmon, 2000). 

 

The Peacock's Eye [L'Œil de Paon] : Petiver, 1699 ; Buddle, c1700 ; Ray, 1710 ; Albin, 1720.

 

The Peacock Butterfly [Le Papillon Paon] (Wilkes, 1741-42 ; Harris, 1766 ; et la plupart des auteurs suivants.

 

 

Liens et Sources.

Funet : nymphalis .

Inventaire national du patrimoine naturel (Muséum) : Aglais io.

Images : voir les superbes dessins de Hübner: page 5.

HÜBNER, Jacob, 1761-1826 Das kleine Schmetterlingsbuch : die Tagfalter : kolorierte Stiche,  Insel-Bücherei ; Nr. 213 http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/69604#/summary 

 

 

— BELLMANN Heiko, 2008 Quel est donc ce papillon, Les Guides Nathan, Paris : Nathan, 2008. Traduction française et noms vernaculaires par G.C. Luquet.

— BLAB (Josef), RUCKSTULH (Thomas) ESCHE (Thomas)  [et al.], adaptation et traduction française LUQUET (Gérard-Christian), 1988 Sauvons les papillons  : les connaître pour mieux les protéger ; préface de Pierre Richard Paris : Duculot 1 vol. (192 p.) : ill. en coul., couv. ill. en coul. ; 27 cm Trad. de : "Aktion Schmetterling so können wir sie retten". 

— BOITARD (Pierre ) Manuel d'entomologie ou Histoire naturelle de insectes: contenant la synonymie de la plus grande partie des espèces d'Europe et des espèces exotiques les plus remarquables, Tome second, Paris : Roret, 1828,  Gallica

  — BOISDUVAL ( Jean Alphonse),  GRASLIN, (Adolphe Hercule de), Dumesnil (P.C.R.C)  Rambur (Pierre).1833 Collection iconographique et historique des chenilles ou description et figures des chenilles d'Europe, avec l'histoire de leurs métamorphoses et des applications à l'agriculture, Paris : Librairie encyclopédique de Roret, 1832-1837 [1833].

— CHINERY (Michael), Insectes de France et d'Europe occidentale, adaptation française  G. Luquet pour les lépidoptères, Flammarion 2005, 2eme édition 2012, 320 p.

— DAVE (Charles William) The history of our British butterflies containing - a full bibliographical note of each species, with copious extracts from the old authors; and full descriptions of all the British species, their eggs, caterpillars, chrysalides and varieties, with a notice of their habits, localities, frequency,  J. Kempster : London .1890 BHL library.

— DOUX (Yves), GIBEAUX (Christian), 2007, Les papillons de jour d'Île de France et de l'Oise,Collection Parthénope, Edition Biotope, Mèze, ; Muséum national d'Histoire naturelle, Paris, 2007, 288 p. Préface, index et supervision scientifique de Gérard Chr. Luquet.

— DUPONT (Pascal), DEMERGES (David), DROUET (Eric) et LUQUET (Gérard Chr.). 2013. Révision systématique, taxinomique et nomenclaturale des Rhopalocera et des Zygaenidae de France métropolitaine. Conséquences sur l’acquisition et la gestion des données d’inventaire. Rapport MMNHN-SPN 2013 - 19, 201 p. 

  http://www.mnhn.fr/spn/docs/rapports/SPN%202013%20-%2019%20-%20Ref_Rhopaloceres_Zygenes_V2013.pdf

— DUPONCHEL (Philogène Auguste Joseph) 1849 Iconographie et histoire naturelle des chenilles pour servir à de compléter une l'Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France, de MM. Godart et Duponchel . Paris : Germer Baillère, 1849. 

— EMMET (Arthur Maitland) 1991. The Scientific Names of the British Lepidoptera: Their History and Meaning, Colchester, Essex, England : Harley Books, 1991,  288 p. : ill. ; 25 cm.

—  ENGRAMELLE (R.P. Jacques Louis Florentin), Papillons d'Europe peints d'après nature par M; Ernst. Gravés par M. Gérardin et coloriés sous leur direction. Première partie. Chenilles, Crysalides et Papillons de jour [décrits par le R.P. Engramelle, Religieux Augustin, Quartier Saint-Germain] Se vend à Paris chez M. Ernst et Gérardin. Paris : Delaguette/Basan & Poignant 1779. Volume 1 [1]+[VIII],[i-xxxiv] - 206p-errata [i-vi], 3 pl. en noir, 48 planches coloriées (I-XLVIII), 100 espèces. 

— ESPER (Eugenius Johannes Christian) Die Schmetterlinge in Abbildungen nach der Natur / mit Beschreibungen, herausgegeben mit Zusätzen von Toussaint von Charpentier. Leipzig : T.O. Weigel, [1829-1839] En ligne BHL.

  — FABRICIUS (Johann Christian) 1807  "Nach Fabricii systema glossatorum" in Johann Karl Wilhelm Illiger, "Die Neueste Gattungs-Eintheilung der Schmetterlinge [...], Magazin für Insektenkunde , Braunschweig [Brunswick] (6) https://archive.org/stream/magazinfrinsek06illi#page/280/mode/2up

— FABRICIUS (Johann Christian) 1787  Fabricii Mantissa insectorum Hafniae 1787 en ligne Goettingen.

— FOURCROY (A. F.) 1785. Entomologia Parisiensis; sive catalogus insectorum quæ in agro Parisiensi reperiuntur; secundam methodam Geoffrœanam in sectiones, genera & species distributus: cui addita sunt nomina trivialia & fere trecentæ novæ species. Pars secunda. Parisiis. (Hôtel Serpente). 2. 232-544. Traduction en latin de l'Histoire des insectes de E.L. Geoffroy. http://archive.org/stream/entomologiaparis02four#page/n3/mode/2up

 — GEOFFROY (Étienne-Louis, Docteur en médecine) 1762. Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris: dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique ;Paris : Durand 1762 Tome second Planches XI à XXII  colorées à la main par Prévost gravées par Defehrt. 744p. http://archive.org/stream/histoireabrg02geof#page/n9/mode/2up

— GEOFFROY [Étienne-Louis] 1798-99 Histoire abrégée des insectes dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique. Nouvelle édition, revue, corrigée, & augmentée d'un supplément considérable. / par M. Geoffroy, docteur en médecine. A Paris :Chez Calixte-Volland, libraire, quai des Augustins, no. 24 :An VII de la République françoise [1799]. http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/14595#/summary

— GEER, (Charles de), Mémoires pour servir à l'histoire des insectes , Stockholm : Hesselberg, 1771.Tome 1 [1]-[15] 707 pages, 37 planches, Gallica .  Tome second première partie 616 pages,  ; Tome second deuxième partie pages 617 à 1175, 43 planches gravées par Bergquist. Gallica.

— GLASER L, 1887 Catalogus etymologicus Coleoperum et Lepidopterum. Erklärendes und verdeutschendes namensverzeichnis der Käfer und Schmetterlinge fûr Liebhaber und wissenschaftliche Sammler, R. Friehändler :Berlin 1887, 396 pages. BHL Openlibrary.

— GODART (Jean-Baptiste) Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France décrits par M. Godart, ancien proviseur Paris : Crevot 1821 Vol.1, Première partie, environs de Paris, [I]-[vij] + 295 p. Planches dessinées par [Antoine Charles] Vauthier et gravées par Lanvin.

— Gozmány, László: Vocabularium nominum animalium Europae septem linguis redactum2 vols. Budapest: Akadémiai Kiadó, 1979. 

— HIGGINS (L. G.) et RILEY (N. D.) 1988. Guide des Papillons d'Europe : Rhopalocères. Troisième édition française. Traduction et adaptation par Th. Bourgoin, avec la collaboration de P. Leraut, G. Chr. Luquet et J. Minet. Delachaux et Niestlé édit., Neuchâtel ,1988, 455 pages.

—HÜRTER Hans-Arnold 1988 Die wissenschaftlichen Schmetterlingsnamen, Herleitung und Deutung, Bottrop ; Essen : Pomp, 492 pages.

— KEMPER Heinrich 1959 Die tierischen Schädlinge im Sprachgebrauch, Berlin : Duncker & Humblot 1959. Google books.

— LAFRANCHIS (Tristan), 2000 Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles, Collection Parthénope, Ed Biotope, Mèze, 448p. 

— LATREILLE, P. A., 1804. "Tableau méthodique des Insectes", pp. 184-187 in Nouveau Dictionnaire d’Histoire Naturelle, Paris : Déterville. vol.24, 

Nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle vol. 24 1818 : Classification page 501 http://books.google.fr/books?id=I_NBAAAAYAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q=vanesse&f=false

— LATREILLE, P. A., 1805. Histoire Naturelle, Générale et Particulière des Crustacés et des Insectes. Tome XIII, p. 369. Paris : Dufart.

 

— LATREILLE P. A. 1810. Considérations générales sur l'ordre naturel des animaux composant les classes des Crustacés, des Arachnides et des Insectes; avec un tableau méthodique de leurs genres, disposés en familles. Paris: F. Schoell, 444 pp. pp. 350-370.

 —LATREILLE  (P.A) et Olivier Nouveau dictionnaire d'Histoire naturelle 2eme édition tome 27 1818.

 — LATREILLE (P.A), GODART (J.B) 1819 , Encyclopédie méthodique, ou Entomologie, Paris : Vve Agasse tome 9 1819. https://archive.org/stream/encyclopdiem09metc#page/n3/mode/2up 

ou  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58338273/f334.image.r=Godart.langFR

 — LERAUT (Patrice) 1997 "Liste systématique et synonymique des Lépidoptères de France, Belgique et Corse" (deuxième édition) Alexanor, 20, Supplément hors série : 1-526, 10 illustr., photog, 38 fig.

— LUCAS ([Pierre-] Hippolyte)  Histoire naturelle des lépidoptères d'Europe Paris : Pauquet  1834 ouvrage orné nature de près de 400 figures peintes d'apres, par A. Noel, et gravées sur acier.http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4416154.r=lucas+papillons.langFR 

 http://www.biodiversitylibrary.org/item/53843#page/11/mode/1up

— LUQUET (Gérard Chr.) 1986 "Les noms vernaculaires français des Rhopalocères d'Europe", Alexanor, Revue des Lépidoptéristes français, tome 14, juillet-septembre 1986, suppl.)

— MACLEOD (Roderick Donald) Key to the names of British Butterflies and moths, 86 pp. Londres 1959.

MOFFET (Thomas) Insectorum, sive, Minimorum animalium theatrum.  Londini : Ex officin typographic Thom. Cotes et venales extant apud Guiliel. Hope, 1634.  BHL.

— OBERTHÜR (Charles), HOULBERT (Constant), Faune entomologique armoricaine. Lépidoptères. Rhopalocères, Rennes : Imprimerie Oberthür 1912-1921, 258 pages.

 

— PERREIN (Christian) 2012 , Biohistoire des papillons, Presses Universitaires de Rennes 2012.
 
— RAMANN (Gustav) 1870-76, Die Schmetterlinge Deutschlands und der angrenzenden Länder in nach der Natur gezeichneten Abbildungen nebst  erläuterndem Text, 4 Bände, Band 1, Arnstadt 1870-1876. 
 
— RÉAUMUR [René-Antoine] de Ferchault 1734-1748 Mémoires pour servir à l'histoire des insectes   Paris : Imprimerie Royale, 6 volumes, de 1734 à 1748 [un 7e, copie du manuscrit original, paraîtra en 1928], 267 planches gravées par Simoneau, Lucas, Haussard et Fillioeul. En ligne BHL.  Voir aussi VALLOT J.N. 1802.

— SALMON (Michael A.) 2000, The Aurelian legacy, British butterflies and their collectors, University of California Press, 2000.

SCOPOLI (Jean-Antoine) Ioannis Antonii Scopoli Med. Doct. S.C.R. ... Entomologia Carniolica exhibens insecta Carnioliae indigena et distributa in ordines, genera, species, varietates : methodo Linnaeana. Vindobonae :Typis Ioannis Thomae Trattner ...,1763. En ligne BHL.

— SODOFFSKY (W), 1837. "Etymologische undersuchungen ueber die gattungsnamen der Schmetterlinge von W Sodoffsky, in Riga", Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou ,n° VI, Moscou : imprimerie d'Auguste Sémen, 1837, 167 p.

— SOUVESTRE (Émile), 1836  Voyage dans le Finistère par Jacques Cambry, revu et augmenté par- : "Tableau systématique des lépidoptères qui se trouvent dans le département du Finistère" par  [(Hesse et) Le Borgne de Kermorvan] Brest : Come et Bonetbeau, 1835 page 165

— SPANNERT (Anton), 1888, Die wissenschaftlichen Benennungen der Europäischen Großschmetterlinge mit sâmmtlichen anerkannten Varietâten und Aberationen, Karl Duncker : Berlin,1888, 239 pages.

—SPULER  (Dr Arnold), Die Europas Schmetterlinge, 1901-1908. Vol.1. Allgemeiner Teil —Spezieller Teil. I-CXXVIII + 1-386 + [1]-[6], 265 fig. dans le texte, E. Schweizelbart'sche Verlagsbuchhandlung, Nägele und Dr Sproesser édit., Stuttgart, Allemagne. En ligne sur BHL:http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/9477#/summary

— TOLMAN (Tom), LEWINGTON (Richard), Guide des papillons d'Europe et d'Afrique du Nord, traduction et adaptation française Patrick Leraut,  Paris : Delachaux et Niestlé 1999 et 2009, 384 pages.

— VALLOT J.N. Concordance systématique, servant de table de matières à l'ouvrage de Reaumur, Paris : Grégoire, Thouvenin, 1802. En ligne Google books.

  — VILLERS (Charles de) 1789 Caroli Linnaei Entomologia, faunae Suecicae descriptionibus aucta : DD. Scopoli, Geoffroy, de Geer, Fabricii, Schrank, &c., speciebus vel in systemate non enumeratis, vel nuperrime detectis, vel speciebus Galli australis locupletata, generum specierumque rariorum iconibus ornata; curante & augente Carolo de Villers .. Lyon : Pietre et Delamollière, (1789).https://archive.org/stream/carolilinnaeient02linn#page/n11/mode/2up

— WALCKENAER (C.A.) 1802,  Faune parisienne, insectes, ou, Histoire abrégée des insectes des environs de Paris classés d'après le système de Fabricius; précédée d'un discours sur les insectes en général, pour servir d'introduction à l'étude de l'entomologie accompagnée de sept planches gravées Paris : Dentu 1802 en ligne BHL.  

— ZIMMER, (Dieter E., rédacteur du mensuel Der Zeit) A guide to Nabokov's Butterflies and Moths et Butterflies and Moths in Nabokov's Published Writings , Web version 2012.

      Liste complète des références des auteurs avec les liens vers leurs publications:  http://www.ukbutterflies.co.uk/references.php

Boisduval chenille 1832 :   http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/51588#/summary

Boitard, 1828. : http://books.google.fr/books?id=K3ShlXhmFsEC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

Duponchel, chenilles 1849 : BHL :   http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/9410#/summary

Engramelle :    http://books.google.fr/books?id=em0FAAAAQAAJ

Esper : http://www.biodiversitylibrary.org/item/53441#page/9/mode/1up

Fabricius :1775  http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/36510#/summary

Fabricius 1787 :http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/home/speciestaxon?id=25707

Fabricius 1807 :  https://archive.org/stream/magazinfrinsek06illi#page/280/mode/2up

 Geoffroy  :    

tp://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/51067#page/9/mode/1up">http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/51067#page/9/mode/1up

 

De Geer :  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97151p/f1.image.r=.langFR

Godart BHL :  http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/38004#page/256/mode/1up

Kirby  1871: http://www.biodiversitylibrary.org/item/64906#page/9/mode/1up

Latreille 1804 :           http://books.google.fr/books?id=xBsOAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

Latreille 1810 :  http://www.biodiversitylibrary.org/item/47766#page/358/mode/1up

Latreille et Godart 1819 :  https://archive.org/stream/encyclopdiem09metc#page/n3/mode/2up

Leach : http://biodiversitylibrary.org/page/17493618#page/136/mode/1up

Linné   http://www.biodiversitylibrary.org/item/10277#page/3/mode/1up

http://books.google.fr/books?id=Jps-AAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q=elinguis&f=false

Moffet :    http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/60501#/summary

Petiver James, Musei petiveriani centura prima 1695 digitalisé par Google  (accès partiel)

Réaumur : http://www.biodiversitylibrary.org/item/50298#page/11/mode/1up

Rottemburg : http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/home/speciestaxon?id=8326

Scopoli Entomologiacarniolica 1763

   http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/34434#/summary

 De Villers 1789 :  https://archive.org/stream/carolilinnaeient02linn#page/n11/mode/2up

Walckenaer : http://www.biodiversitylibrary.org/item/79375#page/289/mode/1up

Goettingen animalbase : base de donnée : http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/search

Butterflies of America : http://butterfliesofamerica.com/polyommatus_icarus.htm

 Bestimmungshilfe für die in Europa nachgewiesenen Schmetterlingsarten :http://www.lepiforum.de/

— Un beau plaidoyer sur les noms de papillons :http://excerpts.numilog.com/books/9782759217045.pdf 

— Articles biographiques sur les taxonomistes entomologistes http://gap.entclub.org/taxonomists/index.html 

   http://www.reserves-naturelles.org/sites/default/files/fichiers/protocole-rhopalo-liste-especes.pdf

                

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Rhopalocères.
10 juillet 2013 3 10 /07 /juillet /2013 22:57

     Zoonymie (origine du nom) du papillon                 le Souci Colias crocea (Geoffroy in Fourcroy, 1785).

 

 

 

La zoonymie (du grec ζῷον, zôon, animal et ónoma, ὄνομα, nom) est la science diachronique  qui étudie les noms d'animaux, ou zoonymes. Elle se propose de rechercher leur signification, leur étymologie, leur évolution et leur impact sur les sociétés (biohistoire). Avec l'anthroponymie (étude des noms de personnes), et la toponymie (étude des noms de lieux) elle appartient à l'onomastique (étude des noms propres).

 

Elle se distingue donc de la simple étymologie, recherche du « vrai sens », de l'origine formelle et sémantique d'une unité lexicale du nom.


Résumé.

 — Colias (Fabricius, 1807) : épithète de Vénus, lié au nom d'un cap de la côte orientale de l'Attique (Grèce), où était édifié un temple et une statue dédiés à Vénus. 

Crocea, (Geoffroy in Fourcroy, 1785) : féminin du latin croceus, "de couleur safran", qualifiant les ailes d'un jaune orangé. Le nom connut une singulière aventure, car le papillon fut d'abord confondu par Linné avec son Papilio hyale, puis nommé Colias edusa Fabricius (celui-ci l'avait décrit en 1787) avant que l'on découvre l'antériorité de Geoffroy vers 1870; mais le nom d'auteur fut celui de Fourcroy, qui avait donné la seule édition latine valide. Ce Colias croceus Fourcroy fut mal accepté par les entomologistes, qui utilisaient encore edusa au XXe siècle. Vers 1965, on corrigea le nom en Colias croceus Geoffroy in Fourcroy. Il restait à accorder l'adjectif au nom féminin du nom de genre, et ce n'est qu'à la fin du XXe siècle que la forme valide Colias crocea (Geoffroy in Fourcroy, 1785) fut acceptée (presque) partout.

— Le Souci : nom d'une couleur jaune orangé semblable à celle de la fleur du Calendula. Le nom de la fleur, Souci, vient du bas latin solsequia, "suivre le soleil", soit en se tournant vers lui, soit en s'ouvrant et se refermant selon sa présence. Le nom a été créé par Geoffroy en 1762, repris par Engramelle en 1779, modifié en "Coliade Souci" en 1821 par Godart qui exigeait une structure binominale, abandonné lorsque les savants méprisaient leur propre langue et parlaient d'edusa, et enfin restauré par Gérard C. Luquet en 1986 sous sa forme la plus simple, Le Souci, qui s'impose désormais.  

On doit donc, fait rare, le nom spécifique et le nom vernaculaire à Étienne-Louis Geoffroy, au médecin qui fut le père de l'entomologie française, et qui donna à la langue française des noms de papillons rares, riches en évocations poétiques littéraires et sensorielles que nous sommes les seuls à posséder : un patrimoine culturel.

 

 

 


               I. Nom scientifique.


1. Famille et sous-famille.

Famille : Pieridae Duponchel 1832 

Sous-famille : Coliadinae, Swainson 1827. Elle réunit les Coliadini, les Goniopterygini et les Euremini : en anglais, The Yellows, Sulphurs, and the Emigrants.  

Tribu Coliadini 

 

 

 

2. Nom de genre : Colias, Fabricius, 1807.

 

  Le genre Colias a été créé par Johan Christian Fabricius en 1807 dans l'article suivant : "Die Neueste Gattungs-Eintheilung der Schmetterlinge aus den Linneischen Gattungen Papilio und Sphinges""Nach Fabricii systema glossatorum Tom 1" , in Johann Karl Wilhelm Illiger*, Magazin für Insektenkunde, Karl Reichard Braunschweig [Brunswick] (6) page 284. n° 24. L'espèce-type, celle sur laquelle se base la description, est Papilio hyale Linnaeus (le Soufré) .

*Illiger a publié dans sa revue les prémisses d'un livre de Fabricius sur sa classification des lépidoptères, son Systema glossata. Il se contente d'y indiquer l'organisation en genres, laquelle était une nouveauté. Le livre lui-même ne parut jamais, en raison de la faillite de l'éditeur, et du décès de Fabricius en mars 1808. Voir le récit détaillé ici : Zoonymie du papillon la Belle Dame, Vanessa Cardui (Linné, 1758).

 

 Dans la note préliminaire d'Illiger, Fabricius divisait l'ensemble de ses Papilio (papillons "de jour") en 49 "genres", dans lesquels il englobait les Sphinx (n°43), les Sesia (n°44) les Zygaena (n°47), sans distinction, alors que Latreille (dont la classification de 1804 est présentée dans la partie B du même article page 90) crée des Sections (Diurnes-Crépusculaires-) divisées en familles (Papillionides et Sphingides), elles-mêmes divisées en quatre sous-groupes.

 Kôlias Κωλιάς «De Kolias» : épithète de Vénus/Aphrodite.  Nom d'un cap de la côte orientale de l'Attique (Grèce), proche de Phalère, l'un des ports d'Athènes. Il y était édifié un temple et une statue dédiés à Aphrodite (Vénus pour les grecs)  selon Strabon (Livre IX page 612) et Pausanias (Description de l'Attique ou Livre I, chapitre 1 page 5). Les anciens prenaient plaisir à rapprocher le nom grec de celui de Kolios, "membre" ; plus précisément, Hesychius compare la forme du promontoire "au pied de devant d'une victime, kólos κωλος ", ce jeu de mot sur Kôlias (Colias) et kôlê ("penis") se retrouvant chez qu'Aristophane (Nuées, v.49-52). D'autres, plus respectueux, disait que l'endroit avait pris ce nom  "de la cuisse (kôlê) de la victime sacrificielle volée par un corbeau et déposée en l'endroit nommé cap Kôlias".

  Se rendre au sanctuaire de Vénus à Kolias tenait plus de l'Embarquement pour Cythère que du pèlerinage de Lourdes. On connaît peut-être la pièce d'Aristophane, Lysistrata, où les femmes font la grève du sexe pour obliger leurs maris à renoncer aux guerres. La pièce commence par une déclaration furieuse de Lysistrate contre les Athéniennes qu'elle a convoquées pour réfléchir à un moyen d'obtenir la paix : il n'y a personne !

 LYSISTRATA, d'abord seule. - Voyez pourtant ! si on les avait convoquées au temple de Bacchus, ou de Pan, ou de Vénus Coliale, ou de Génétyllide, la foule des tambourins ne permettrait pas même de passer

   "Toutes les divinités citées par Lysistrate étaient favorables à la débauche", indique en note le traducteur Georges G. Toudouze. La déesse de Kolias y était vénérée comme présidant (comme Bacchus et Pan) aux plaisirs de l'amour, mais aussi à l'union conjuguale, alors qu'un culte voisin était rendu à une déesse Génétyllide protectrice des engendrements. (Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio en ligne). Les femmes athéniennes se rendaient au cap Kolias le deuxième jour des Thesmophories, ce qui laisse soupçonner une fusion du culte de Déméter (fécondité) avec les deux cultes précédents. La prêtrise du temple était exercée par une femme. 

 Fabricius s'était donné la règle d'attribuer aux genres qu'il créait pour son Systema glossata (Système des lépidoptères) des épithètes de Vénus (épiclèses pour l'épithète grec) aux papillons diurnes, et inversement, des épithètes de la déesse lunaire Diane/Artémis aux genres de papillons de nuit. le genre Colias rentre dans cette série, en numéro 24, après les genres Doritis (Vénus bienfaitrice) et Pontia (protectrice de la mer profonde). A.M. Emmet 1991, qui ignorait manifestement cette convention de Fabricius, attribue ce choix de nom Colias et Pontias liés à la déesse de la beauté "peut-être simplement parce que les papillons eux-mêmes étaient beaux". Pour la même raison, et parce qu'il suspecte toujours Fabricius d'être un joyeux farceur ("his fondness for punning names and word play"), Emmet rapproche Colias du grec κολιας, kolias, un poisson de la famille des thons décrit par Aristote, avec un jeu de mot avec khole, kholos, "bile" (cf notre mélancolie, bile noire"), en raison de leur couleur jaune. Cette étymologie liée au poisson d'Aristote et de Pline avait été dénichée chez Ramann, 1870 p. 18, qui comparait le vol rapide de ce papillon très coloré aux mouvements ondulatoires de la nage des thons. Le même rapprochement est aussi cité par Spannert. Ah, si non e vero... mais Glaser 1887 a souligné la différence entre les noms grecs Κωλιάς  et κολιας

 Dans ce genre où il plaçait 35 espèces aux ailes jaunes , Fabricius distingue deux types : ceux aux ailes arrondies (Papilio palaeno, hyale, glaucippe) et ceux aux ailes anguleuses (Papilio rhamni, cleopatra) qui rentreront plus tard parmi les Gonepteryx. Les autres Pieridae blancs se trouvaient dans le genre Pontia (94 espèces, dont P. crataegi, rapae, daplidice, elathea, belia).


Le genre fut repris par Latreille en 1810 sous le nom de Coliade.

 

 

3. Nom d'espèce :  Colias crocea (Geffroy in Fourcroy, 1785).

 

P[apilio] croceus, Fourcroy, A. F. 1785. Entomologia Parisiensis; sive catalogus insectorum quæ in agro Parisiensi reperiuntur; secundam methodam Geoffrœanam in sectiones, genera & species distributus: cui addita sunt nomina trivialia & fere trecentæ novæ species. Pars secunda. Parisiis. (Hôtel Serpente). Volume 2 pages 232-544. page 250.

 P. alis luteis limbo nigro, primariis maculâ nigrâ, secundaris fulvâ.

3a. Croceus et edusa : la règle de l'antériorité auctoriale, et la règle des noms binominaux en latin.  

  Étienne-Louis Geoffroy avait décrit en 1762 dans le second volume de son Histoire abrégée des insectes page 75 n° 48 son Souci, ses trois variétés, A et B Papilio alis croceis, C papilio alis sulphureis, et sa référence au Papilio croceus de James Petiver (1703). 

 Cette description le plaçait en position de premier auteur, car Linné en 1758 (S.N. 10 p. 468) avait considéré par erreur ce papillon comme une variété de son Papilio hyale, l'actuel Colias hyale (Le Soufré), et ne l'avait donc pas décrit ; d'autre part, Petiver était "hors jeu", car la nomenclature ne reconnaît que les auteurs postérieurs à 1758.

  Mais Geoffroy n'avait pas utilisé, dans cette première édition, la dénomination binominale latine qui donne droit, selon les règles de la Commission de Nomenclature, à la reconnaissance du titre d'auteur d'une espèce. [Il ne s'agit pas ici des noms de genre : parmi les 59 noms de génériques, nouveaux, des deux volumes de son histoire des insectes, 19 ont été validés et inscrits sur la liste officielle, dont, pour les papillons, pterophorus . Voir le cas n° 2292 du Bulletin of Zoological Nomenclature de juin 1991 page 107 ].

  On trouvait en outre que les deux in-quatro de Geoffroy étaient trop volumineux pour être facilement consultés ; aussi demanda-t-on à l'auteur un abrégé, allégé de sa partie historique et générale et de ses planches illustrées  mais conservant la classification. Un livre de poche en quelque sorte, semblable au Botanicon Parisiensis pour les plantes. Il se mit à l'ouvrage, mais ce médecin réputé ne trouvant plus le temps nécessaire, c'est Antoine-François Fourcroy (1755-1809), un ami, docteur en médecine, disciple d'Étienne-Louis en entomologie, titulaire de la chaire de chimie au Jardin du Roi (comme Étienne-François Geoffroy, le père de notre auteur, de 1712 à 1730) qui se chargea d'éditer un petit (2 volumes in-12°) abrégé où Geoffroy ajoute 250 espèces indiquées par une astérisque (aucune parmi les papillons de jour), mentionnant la taille en longueur et largeur de l'espèce et sa localisation du milieu, bois, champs, prés, jardins (la localisation géographique est donnée dans le titre  in agro parisiensi, "des environs de Paris" ) mais se dispensant de la description de l'insecte, de ses mœurs, des références bibliographiques.

   Surtout, Fourcroy remplaça les noms par des dénominations binominales.  Ainsi, dans l'exemple de notre Souci, le titre "48 Papilio alis luteis. Le Souci"  (ou l'adjectif croceus apparait dans le texte), par le laconique mais suffisant "48. P. croceus, le Souci".  Comparer Geoffroy et Fourcroy : plus d'une page de texte d'un coté, 17 courtes lignes dans l'autre.

  Bizarrement, lorsqu'en 1799 l'ouvrage initial de Geoffroy fut réédité dans une " Nouvelle édition, revue, corrigée, & augmentée d'un supplément considérable", l'auteur ne se soucia pas d'ajouter la dénomination latine linnéenne. Non pas qu'il s'opposa, comme Buffon (Geoffroy était du coté de Réaumur, opposé à Buffon qui se moquait des entomologistes), au système binominal et aux idées de Linné, mais l'importance de cette présentation ne lui est pas apparue aussi cruciale qu'elle l'était. Manifestement, l'édition abrégée n'a pas été faite pour résoudre la non-conformité linnéenne de la première édition.

 

  Le premier à avoir utilisé le nom de croceus pour désigner ce papillon fut James Petiver en 1703 (Gazophylacii naturae et artis : deca primas-deca decima,page 14) ; puis, il fut suivi par John Ray en 1710 (Historia insectorum p. 112), qui utilisa l'adjectif au féminin, crocea. Petiver avait décrit le mâle et la femelle sous deux noms différents, the Saffron butterfly et The Spotted saffron Butterfly, puis Ray rassembla le couple sous le même nom. Leur description n'est pas validable, car elles précèdent celle de Linné 1758, le point d'origine de la Nomenclature.

Linné lui-même ne décrivit pas ce papillon, qu'il pensa être une variété de son Papilio hyale. Fabricius, en 1807, en créant son genre Colias, y plaça tous les papillons jaunes, y compris son Papilio edusa, nom sous lequel il avait décrit le "croceus" en 1787. Latreille et Godart  suivirent Fabricius en 1819 en utilisant le nom Colias edusa ; puis pendant près de 50 ans, Colias edusa fut le nom par lequel les français désignaient leur Souci, et les anglais leur Clouded Yellow.

  En 1871, W.F. Kirby, dans un gigantesque recensement des genres et espèces de papillons remarqua que Geoffroy, dans l'édition de Fourcroy, avait décrit le Colias edusa deux ans avant Fabricius sous le nom de croceus ; en toute logique, il proposa l'abandon de edusa au profit de croceus, et donna la description suivante : Colias (Fabr) . C. croceus Fourcr. (Pap.C.) Ent. Paris II p. 250 (1785). Papilio edusa de Fabricius et Colias edusa de Godart étaient relégués à la place de synonymes déclassés. Voir W.F. Kirby 1871 A synonymic catalogue of diurnal Lepidoptera / by London :J. Van Voorst, 1871. 882 pages. Page 490.

 Quelle révolution ! Voici ce que l'on put lire :

 "Colias edusa is one of the best-known names in entomological nomenclature, and is has represented our Clouded Yellow butterfly sever since 1787. In 1785, a gentleman, probably fond of children, named Fourcroy, published a pamphlet in order to amuse their minds, and chose for his subjects the insects caught near Paris [ Note : « Fourcroy's book, in which the autor does not even adopt the Linnean genera, is a very poor pamphlet, written without pretension, and exclusively intended for tyros and boys. Such a book has no scientific claim whatever ; no greater claim than a mere catalogue, for it does not describe insects, but merely gives a notice of them in three or four words » Dr H. Schaum, Ent. Ann. 1860, p. 121 »] The Clouded Yellow is found there : and Mr Fourcroy in 1785 thought croceus an expressive name, and taught it to his boys. Now, either Mr Fourcroy had a very small sale, or his boys never thought enough of his teaching to make themselves into entomologists. It happened, therefore, that after the boys grew up they forgot all about croceus, and everyone has gone on very nicely in the same ignorance for eighty-six years. We are, I think, justified in assuming that none of Mr. Fourcroy's original subscribers are now active entomologists, ans also that his book is now consulted even by the little boys of Paris. No other book in the world contains the name. Fabricius gave the name Edusa two years only after Mr Fourcroy wrote. As Fabricius was known and Mr Fourcroy was not, Edusa was the name used ; and no one of his generation, or the last either, has employed any other for the insect.

   In 1871, Mr W.F. Kirby publishes a big Catalogue, and he tells us to abandon the name Edusa of Fabricius and take up Mr . Fourcroy's croceus !

   In 1871, Dr. Staudinger publishes his Catalogue, and does not recognise Mr. Fourcroy's name, nor Mr. Fourcroy either,—not even quoting him in his list of authors. So far so good ; we are all content for this time to hang to Dr Staudinger, and leave Mr. Fourcroy's new pupil to amuse himself with the pretty croceus (which we let him have all to himself). But it is a most unfortunated thing that the latter will no rest satisfied [ …]

  L'auteur cite, pour s'en offusquer, l'opinion de Staudinger : "To refuse to restore the old name on the pretext that the name is entirely unknown, and that its introduction is inconvenient, would be the mark of an obtues and, I might say, almost egotistical intelligence".  Staudinger, Catalogue, Préface pp xvi-xvii.

  William Arnold Lewis A Discussion of the Law of Priority in Entomological Nomenclature. 1872, page 35.

  En effet, pendant un siècle, le nom de Geoffroy comme auteur n'apparaissait pas et les auteurs étrangers ne mentionnaient que Colias edula, Fabricius 1787. Puis, on vit apparaître "Colias croceus, Fourcroy 1785" sous la plume des auteurs allemands, Spuler en 1908 semblant être le premier; mais les auteurs prenaient soin, comme Oberthür en 1922, de préciser entre parenthèse  "(C.edula, Fabr)".

 La première mention de "Colias croceus Geoffroy" dans une publication remonte à la revue Transactions, Volumes 18 à 19 en 1968. Nouvelle mention en 1970 dans le guide  A Field Guide to the Butterflies and Burnets of Spain de  William Bridgeman Lambe Manley, ‎H. G. Allcard, page 133 : "Colias croceus Geoffroy (edusa Fabricius) ".  1980 par la revue Entomologist's Gazette, Volumes 31 à 32. 

  La première mention de "Colias crocea Geoffroy" se trouve en 1963 dans Insects in colour par Landin, Hahnewald, et Riley  Page 91, suivie en  1971 par ...la Revue de Zoologie Et de Botanique Africaines de H. Schouteden puis en 1975 de  The classification of European butterflies de Lionel George Higgins, Collins, 1975 - 320 pages. 

 

Voir aussi : 

Annales de la Société entomologique de France 1859 p. CCIII: intervention de Reiche sur la nomenclature entomologique.

L. Gangbauer et L. v. Heyden, Über die Entomologia parisensis von Geoffroy und Fourcroy, Wiener Entomologische Zeitung, XXV. Jahr, 1906 p. 301-302.  

 

3b. Croceus ou crocea ? 

Le nom de genre Colias est féminin : son épithète spécifique doit donc être crocea, comme dans Colias edula. Mais Fourcroy a publié Papilio croceus comme protonyme, au masculin accordé à Papilio.

  C'est l'opinion défendue dans l'Entomologist volume 82 1949 -page 275 : "Colias crocea (Fourcroy). The generic name Colias occurs in the classics as a feminine. When Fourcroy described a species under the name Papilio croceus (1785, Ent. Paris, 2:250), it is evident that he used the Latin adjective applicable ...etc....

 Mais cet avis alimenta une controverse dans la même revue sous la plume de  G. H.Hopkins, E., 1951 dans l'article  The gender of the name Colias. Entomologist 59: 175-176, cet auteur préférant maintenir l'ancien nom masculin jusqu'à ce que la Commission Internationale se soit prononcée sur le genre de Colias. 

 On peut constater que les deux genres sont utilisés aujourd'hui, mais que le Muséum, son site de l'INPN, et Gérard Luquet, utilisent le féminin "Colias crocea Geoffroy in Fourcroy, 1785" : Dupond et al, 2013 ont donné l'avis officiel suivant :

"4) Colias crocea (Geoffroy in Fourcroy, 1785) [Papilio croceus Geoffroy in Fourcroy, 1785. Localité-type : environs de Paris] La combinaison d’origine, Papilio croceus doit, conformément à la règle de l’accord grammatical (article 34.2. du Code de Nomenclature), être remplacée par Colias crocea, le nom générique Colias étant du féminin, et le mot crŏcĕus (-a, -um) correspondant en latin à un adjectif (« de la couleur du safran », « jaune safran », « safrané »)." 

 

3c. Étymologie de crocea.

féminin du latin croceus : "jaune safran". Il s'agit selon de Pyrame de Candolle (1813) « d'un rouge-jaune très foncé et très intense »

 Les noms de couleur en -eus ont été créés par Pline à partir de noms de matière, en passant, par exemple, de aureus, "en or", à aureus, "couleur d'or, par un procédé peut-être comparable à celui qui a transformé les matières Or, Argent, Citron, Orange, Cerise, Café, Chocolat, Fuschia, Souci, en noms de couleur. Ainsi sont nés en latin les adjectifs de couleur  argenteus (argent), aereus (bronze), sulphureus (soufre), murreus (terre d'Orient), cereus (cireux), et...croceus.

 Pour qualifier la couleur jaune, les latins peuvent donc choisir l'adjectif aureus, mais aussi flavus, luteus (issu de la gaude), melilotos (comme le miel), luridus, crocinus ou croceus. Ce dernier nom a eu longtemps un usage propre à la poésie pour désigner une couleur jaune dorée, safranée ou orangée, notamment pour qualifier l'Aurore. Si Horace, Catulle, Tibulle ou Lucrèce ne l'emploient pas, on le trouve onze fois chez Virgile et 7 fois chez Ovide. Ainsi, il décrit, dans l'Énéide, l'acanthe brodée sur un voile, le lit de l'Aurore (Énéide I et IX), les ailes d'Iris ou la Chlamide de Chlorée. Dans les Géorgiques (3 occurences), c'est l'adjectif décrivant la couche dorée ou safranée de l'Aurore. Dans la quatrième Bucolique, la nuance tire vers le jaune safrané pour décrire la Gaude. On le voit, il est réservé à la description des matières les plus nobles, voire divine, peut-être en raison de la rareté du safran, évoquant un luxe raffiné.

 De même, Ovide, loin de galvauder cet adjectif, fait appel à lui dans ses Métamorphoses pour décrire les teintes safranées du char de l'Aurore, le centre du narcisse, le vêtement d'Hyménée ou les joues de l'Aurore.

(Voir la thèse de Michel Brillard, Les couleurs dans la poésie latine au Ier siècle av.J.C,  Paris Sorbonne 2012, en ligne).

L'adjectif est donc dérivé du nom latin crocus, qui ne signifie pas "crocus" (le crocus sativa est une fleur violette dont seules les étamines d'où sont tirées le safran, sont orange vif), mais "safran". Le latin crocus vient du grec krokos, "safran", qui signifie aussi "poil, filament" en référence à la finesse des stigmates, et qui dériverait de l'hébreu  kardôm. Parallèlement, dans la langue arabe classique al kharkôm désigne la poudre jaune à usage culinaire qui provient d'une autre plante : le curcuma.


  Korkos est aussi le nom du héros d'un mythe grec ; ce jeune homme très beau, amoureux de la nymphe Smilax et ami d'Hermès,  fut tué accidentellement, frappé en pleine tête par le disque lancé par Hermès,pendant une partie de lancer de disque. Trois gouttes de sang coulèrent de sa blessure sur le sol. C’est alors qu’une petite fleur mauve apparue qui depuis porte son nom. La fleur de Safran devint alors, le symbole de la vie et de la résurrection.

On en trouve la description dans la Matière Médicale de Dioscoride 1:26 qui distingue le crocus sativum et le crocus silvestre. Le crocus est aussi mentionné par Pline :21:1 et Theophraste Histoire des plantes, 6,6,10.

 

  Le crocus et le safran étaient bien connus des médecins comme Fourcroy et Geoffroy, plus particulièrement du Safran du Gâtinois qui figurait dans toutes les pharmacopées et passait pour le meilleur. Chardon de Courcelles (le médecin-chef du port de Brest, qui avait édité la Matière Médicale de Geoffroy Père) le cite dans ses Formules de 1769 ; en 1779, il figure parmi les médicaments de l'hôpital et des coffres de mer confectionnés par l'apothicairerie de Brest. Liste des drogues utilisées pour l'hôpital de la marine de Brest et pour les coffres de mer en 1777.  et    Les plantes et drogues utilisées à l'hôpital maritime de Brest en 1769. Ce Roi des végétaux, cette Panacée végétale (Geoffroy, page 46) est "apéritif, digestif, résolutif, et un peu astringent. Il atténue la masse du sang, li recrée les esprits, c'est pourquoi on l'appelle cordial, et on le prescrit dans la syncope, les palpitations, et aussi contre les poisons [etc... etc...]".



 

 

Synonymes.

Colias crocea Geoffroy, 1785

Colias crocea (Fourcroy, 1785) 

Colias croceus (Fourcroy, 1785)

Colias edusa (Fabricius, 1787)

Papilio croceus Geoffroy in Fourcroy, 1785

Papilio edusa Fabricius, 1787

 

Papilio (Danai (Candidi)) edusa Fabricius, 1787

      Fabricius, J. C. 1787. Mantissa insectorvm sistens eorvm species nvper detectas adiectis characteribvs genericis, differentiis specificis, emendationibvs, observationibvs. Tom. II. - pp. [1], 1-382. Hafniae. (Proft).page 23 .

le nom Edusa désigne une divinité de la Rome antique de type indigitamenta, lorsque la religion romaine était de type animiste et disposait de divinités mineures pour toutes les activités domestiques : Edusa était la "déesse de la nourriture qui veillait sur les jeunes enfants lorsqu'ils mangeaient leurs premiers aliments solides." (wikipédia). Son nom provient du verbe latin edo, edere, "manger", lui-même issu comme le grec ancien  ἔδω, edô  de l’indo-européen commun *h₁ed-, heĝh-. Voir eat en anglais et essen en allemand. 

  Une divinité proche est Edulica, la protectrice des enfants, qui donne son nom à un genre de pyralidae.

 L'adjectif edulis, issu du même verbe edere, signifie "comestible" : il sert d'épithète au Cèpe de Bordeaux Boletus edulis, parmi de très nombreux autres exemples.

 Tout cela n'indique pas que les papillons du genre (caduque) edula aient un rapport à la nourriture, mais seulement que, lorsqu'il est le nomenclateur de milliers d'espèces d'insectes, un auteur fasse appel aux gisements inépuisables de noms de la religion et la mythologie antique, comme une réserve d'étiquettes numérotées. 

 

Edusa Gold : un personnage de Nabobov... et sa sœur Electra.

  Dans le roman Lolita de Nabokov, 2nde partie, chap. XV,(page 1027 de l'édition Pléiade) Humbert Humbert et Lolita, en voiture, croisent dans une autre voiture "une jeune femme mince et cependant athlétique et d'une éclatante beauté (ou l'avais-je vue) avec un teint florissant et des cheveux cuivrés et brillants qui lui descendaient jusqu'aux épaules" dont Lolita donne le nom : Edusa Gold. Sous la plume du passionné de lépidoptères qu'était Nabokov, ce nom évoque immédiatement le Papilio edusa de Fabricius, et je n'ai pas été surpris de voir cette idée partagée par Dieter E. Zimmer dans sa page web consacrée aux papillons de Nabokov. : http://www.dezimmer.net/eGuide/Lep2.1-D-E.htm.

  Si on en doutait, on en trouve une confirmation au chapitre XX (p. 1051) :" Comme me l'avait dit la sœur d'Edusa, Electra Gold". On trouve dans l'Encyclopédie méthodique vol. 9 de 18 la description de Coliade edusa page 101-102, suivie page 103 par celle de la Coliade Electre, Colias Electra "du Cap de Bonne Espérance", décrite par Linné dans son  Systema Naturae 1767 p. 764 n° 101.

 Curieusement, alors qu'une note du "The annotated Lolita " d'Appel signale que Nabokov expliquait que cet Electra était "un proche allié du papillon nommé Souci [Colias croceas]",  Dieter E. Zimmer a recherché en vain une piéride nommée electra et ne résoud pas la devinette.

 En réalité, le jeu de mot onomastique est voilé par le fait que Nabokov, au lieu de choisir le nom d'une espèce du groupe des Cuivrés (Copper) pour nommer ces deux filles bronzées dont l'une est une  resplendissante monitrice de tennis, puise dans le groupe des Coliades (Yellows) qui sont certes Soufré, Ambré, Fluoré et Souci, mais qui sont moins adaptés que les Cuivrés, dont le Cuivré commun que Geoffroy nommait le "Bronzé". D'autant que, dans le contexte d'érotisme langagier du roman, ces Lycénines contenaient L. virgauraea, Cuivré de la Verge d'or que Nabokov fait apparaître pour sa nouvelle The Eyes (écrit en russe en 1930 mais traduit en anglais en 1965).



 La forme Colias crocea helice Hübner 

Si le dimorphisme sexuel de l'espèce est notable, le polymorphisme de la femelle l'est encore davantage, et Hübner a décrit le morphe Helice (du grec ε ́ λ ι ξ, -ι κ ο ς « spirale »)  d' une femelle particulièrement blanche.

Le nom helice peut provenir (Hürter, 1998)  soit de la ville de Helike, du Mont Helikon en Béotie, (en spirale, tortueux), lieu de villégiature des muses ; soit de Helike fille de l'une des Danaïdes, soit du nom de la fille de Lychaon,; soit (Spuler) de celui d'une des nymphes nourricières de Zeus, identifiée à Callisto. Kronos la poursuivie pour la punir d'avoir élevé Zeus, et il la transforma en une constellation, la Grande Ourse. Ou encore, sur le mont Cithéron en Béotie, les deux frères Helikon et Kithairon s'étaient livrés à un concours de musique relaté par Corinne, la poétesse béotienne. Vaincu, Helikon se donna la mort. (ici).

  Le plus simple semblerait de rapprocher ce nom  de la phalange des Heliconii de Linné, mais Coleas croceus appartient plutôt à la phalange des Danaïdes, Candidi.

A défaut, je laisse cette Helike polymorphe parmi les muses, à jouer de l'hélicon sur le mont Hélikon.

 C. Oberthür  a aussi  nommé helicina une forme femelle plus blanche qu'orange (1880; Bull. Soc. Ent. Fr.: 145).

 

                II. Noms vernaculaires.

 

 1. Le Souci, Geoffroy, 1762.

 Le Souci, variété A et B,  Étienne Louis Geoffroy Histoire abrégée des Insectes qui se trouvent aux environs de Paris, Volume 2 page 75 n°48.

 Geoffroy (comme Petiver avant lui) décrit le mâle et la femelle comme deux variétés : 

  La première A est en dessus de couleur de souci, avec une large bordure noire, plus étroite cependant aux ailes inférieures. De plus, les ailes supérieures ont dans leur milieu une tache noire ronde qui tranche sur la couleur souci, et les inférieures ont dans le haut une tache de couleur fauve assez vive.

 

La seconde B diffère de la première, en ce que la bordure de ses ailes est moins noire et plus large, et qu'elle est panachée de taches citronées, au nombre d trois ou quatre sur chaque aile, tant supérieures qu'inférieures. Elle paraît être simple variété de la première.

 J'extrais les qualificatifs en rapport avec la dénomination : "couleur de souci" puis "la couleur souci". 

  On voit que Geoffroy ne donne pas à son papillon le nom de la plante, mais un nom de couleur :  il n'écrit pas " la couleur du souci " ou bien "jaune comme le souci" mais emploie le nom du Calendula métaphoriquement, avec suppression du terme comparatif comme.

  Est-il l'auteur de cette métaphore ? La "couleur souci" appartenait-elle dèjà au vocabulaire ? 

  L'Académie française donne dans son Dictionnaire de 1694 : "SOUCI : Sorte de fleur jaune, qui a une odeur forte. Un bouquet de souci, couleur de souci, il est jaune comme un souci." Puis, dans l'édition de 1718  :"On dit proverbialement « être jaune comme souci » pour dire « avoir le visage extrêmement jaune » ".

On en trouve un exemple dans Le Teinturier parfait de 1708 : " le jaune d'or, l'aurore couleur de souci, l'orange nacarat, la fleur de grenade , le ponceau et la couleur de feu"

  Le nom de couleur va s'affranchir de l'article et se nommer "couleur souci" : 

— "La seconde espèce [de capucines] s'appelle grande , d'autant que sa feuille & sa fleur font plus grandes du double que la première ; sa tige s'élève aussi plus haut sa fleur est veloutée , de couleur souci , veinée de rouge."  de Combles, L' Ecole Du Jardin Potager, 1749.

— "dans tous les temps de l'année plusieurs fleurs bien nuancées de différentes couleurs , d'un jaune pâle , ou de couleur de feuille morte , parsemée de gris , avec un contour de couleur Souci." É. Ganeau , ‎F. Plaignard - 1750 Mémoires pour L'Histoire des Sciences et des Beaux Arts  page 173.

 — "L'hyacinthe ..sa couleur est celle d'un rubis un peu orangé ; celle du Portugal tire sur le souci, et est un peu plus tendre". Histoire naturelle, d'Argenville 1755 (minéralogie).

 —  l'auteur décrit la substance que l'on tire de Naples pour la peinture : le Giallolino qui est « jaune-souci comme le soufre » et « cette substance qui, avait une belle couleur souci, est devenue couleur citron pâle » Histoire de l'Académie royale des sciences 1769.

 

 Une fois encore, le talent littéraire de Geoffroy est évident : non seulement il évite soigneusement les termes qu'ont employé ses prédécesseurs étrangers (le safran de james Petiver, il esquive la tentation de la traduction simple de Crocea par un benêt "Le Crocus", mais il va chercher, dans le vocabulaire des coloristes, ce qualificatif exact de la couleur des ailes, proche de celle du soufre. Comme il l'a fait pour Le Citron et L'Aurore, il utilise un nom de couleur qui est en elle-même évocatrice d'autre chose, et qui fait image. Il faut, pour déguster sa métaphore, comprendre l'ellipse Le [papillon couleur] Souci, avec ses évocations de teintes d'étoffes, de pierres précieuses, de carnation (ictérique), de fleurs choisies, à une époque où on parlait encore de taffetas gommés puce et noisette, de rubans paille, de souliers pistache, de garnitures jonquille, de ceinture soufre, de "gants demi-longs entourés d'une petite corde souci et blanche", de rideaux ponceau ou de nappe cerise.

N.B : comme tout nom propre, le nom Souci doit rester invariable au pluriel.

Les auteurs cités par Geoffroy sont Aldrovandi Insectes page 242 fig 6 ; Petiver, gazophylacium [1702], tableau 14 n°11 Papilio croceus apicibus nigricantibus et  Roesel Insectes vol. 3 tableau 46 fig. 4 et 5.

  La fleur jaune qui porte le nom de Souci et qui a donné son nom à la couleur est une Composée, Calendula officinalis, très connue par les pharmaciens (l'arrière-grand-père, le grand-père et l'oncle de E-L. Geoffroy) et par les médecins (lui-même et son père), qui la décrivent dans leurs Codex et Matières Médicales.

  Le nom Souci vient  du bas latin solsequier, qui signifie, "tournesol",  "qui suit le soleil" car les inflorescences du souci s'ouvrent à l'ascension de l'astre du jour, et se ferme quand il se couche.

 De même, le Calendula tire son nom du cours du soleil, car il vient de Calende, le premier jour de chaque mois "parce que  ses fleurs se renouvellent tous les mois." Selon Nicolas Lemery (d'une grande famille de pharmaciens et médecins proches des Geoffroy) :"cette plante a été appelée Calendula , parce qu'elle fleuri aux premiers jours des mois appelés calendes". Le calendula pluvialis, lui, annonce la pluie en se fermant : le contraire du parapluie


 2. Le Souci , Engramelle 1779.

  Jacques Louis Engramelle Papillons d'Europe, peints d'après nature, Volume 1 page 226 planche 124 n°111 et page 297 planche 79 supplément 25 fig. 11 f-g. par J.J. Ernst,  1779. 

  "Le milieu des ailes supérieures est d'un souci un peu plus pâle qu'en dessous".

 

 

 3. P[apillon] Souci Walckenaer 1802.

Walckenaer Faune parisienne 1802 page 268. Le nom scientifique est encore celui de Linné, Papilio hyale.


 4. Coliade Édusa , Latreille et Godart 1819.

   Latreille (P.A) Godart (J.B), Encyclopédie méthodique. Histoire Naturelle. Entomologie, ou histoire naturelle des crustacés, des arachnides et des insectes. Vol. 9. Paris : Vve Agasse,1819 828 pp,  page 100.

 Latreille a formé son groupe Coliade en le calquant sur le genre Colias de Fabricius ; Godart donnera en 1823 la précision "Partie des Danaïdes blanches (Linné)" pour rappeler la classification initiale où Linné (1758) avait séparé ses Danaïdes (Papilio Danaus) en Candidi ("blanches" mais aussi jaunes) et en Phalerati (bariolées). Ces Candidi sont désormais réparties en Piérides (blanches...) et en Coliades (jaunes). 

 Godart, sous l'influence de son maître Latreille, ami de Fabricius, respecte le nom de l'auteur danois. 

5.  Coliade Souci Godart 1821.

Jean Baptiste Godart, Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France Paris : Crevot 1821/1823 page 48-1 n°5  planche 2 secund peinte par C. Vauthier et gravée par Lanvin.

 Comme il le fait parfois, Godart abandonne le nom utilisé en 1819 avec Latreille pour un nom francophone, et se place sous le drapeau de Geoffroy en reprenant son nom de Souci ; mais, comme toujours, il respecte sa régle d'une structure binominale avec le genre Coliade de Latreille en premier. Il reprend aussi le vocable de Geoffroy : "Le dessus des ailes est d'un jaune-souci."


 

 Ce nom a été repris par J.V. Audouin 1823 ; Pierre Boitard 1828 Bory de Saint-Vincent 1823 ; Boisduval, Rambur et Graslin 1832 ; Hippolyte Lucas 1834 ; P.A. Duponchel en 1849 ; A. Dupuis 1863 


6. La revue des noms vernaculaires par Gérard Luquet en 1986.

       Dans la révision des noms vernaculaires français des rhopalocères parue dans la revue Alexanor en 1986, Gérard Christian Luquet propose "Le Souci" en unique nom vernaculaire. Le site du Muséum INPN donne le seul et même nom. 


7. Noms vernaculaires contemporains :

— Oberthür et Houlbert dans la Faune armoricaine (1912-21) utilise le nom scientifique C[olias] edusa pour désigner cette espèce, avant d'utiliser des formules comme "en Ille-et-Vilaine, nous voyons edusa...à Rennes, un nombreux passage d'edusa, ... la grande année des edusa". Le beau nom dédaigné du Souci n'est présent qu'en légende d'une méchante illustration, gratifié d'un "Le Souci de Geoffroy" qui le renvoie ad patres. Oberthür utilisait donc encore, 40 ans après que l'antériorité du croceus de Geoffroy ait été révélée, le vieux vocable edusa !

 Ce langage scientiste est révolu, et on lit avec plaisir C. Perrein et al. citer le texte d'Oberthür en corrigeant : "En Bretagne, au début du siècle, il était assez exceptionnel de rencontrer un Souci au printemps (Oberthür, 1909)" (Exceptionnels, les Souci ? Eh oui, on ne trouvait plus que des edusa !).

Malgré ma mauvaise humeur, je pointe, dans le texte d'Oberthür et Houlbert, la notion d' "années edusa", car les auteurs anglais utilisaient la même expression d' Edusa Years" pour saluer les explosions migratoires massives et spectaculaires, comme celle de 1932, 1943 et 1955, ou celles, selon les sites, de 1821, 1828, 1835, 1842, 1877, 1900, 1947, 1949, 1983, 1992, 1994, 1996 et 2000 ! 

 

 


—Bellmann / Luquet 2008 : espèce non présentée. 

— Blab / Luquet 1988 : Le Souci.

— Chinery / Luquet  2012 : Le Souci.

— Doux & Gibeaux 2007 : Le Souci.

— Higgins & Riley /Luquet 1988 : Le Souci.

— Lafranchis, 2000 : Le Souci.

— Perrein, 1012 : Souci.

— Tolman & Lewington / P. Leraut 2009 : Le Souci.

— Wikipédia : "Le Souci".

 

 

 

 

III. Les noms vernaculaires dans d'autres pays.

  • Dark Clouded Yellow ou Common Clouded Yellow en anglais
  • Der Postillon, ou PostillionGroßes PosthörnchenGelbes Posthörnchen, Wander-Gelbling ou Wandergelbling ou Orangeroter Kleefalter en allemand. (le postillon, le grand cor de postillon , le cor de postillon jaune, le randonneur jaune, le papillon rouge-orange du trèfle) 
  • Oranje luzernevlinder en néerlandais (le papillon orange de la luzerne)
  • GroguetaLa grogueta ou papallona del alfals en catalan (le jaune, le papillon de la luzerne).
  • yw llwydfelyn en gallois (le gris jaune).
  • Buighag ny shamrag en mannois (gaelg)
  • Kolia arrunt en basque (euskara) (le Colias commun)
  • Etelänkeltaperhonen en finnois. (papillon jaune du sud)
  • Vandregulvinge en norvégien.
  • Oranje Luzerneflinter en frison (papillon orange de la luzerne).
  • Oranje luzernevlinder en néerlandais.
  • Stepinis gelsvys en lituanien (Lesser soufre)
  • Желтушка шафрановая, Zheltushka safran,safran jaunisse en russe.
  • Zhaltushka en bulgare
  • Navadni senožetnik en slovène
  • Rödgul höfjäril en suédois (jaune rougeâtre clouded). 
  • Colias común, amarilla en espagnol
  • Sarı azamet en turc (Grandeur jaune).
  • Orange høsommerfugl en danois (l'orange opacifié).
  • Szlaczkoń siarecznik en polonais.

 

D'où vient le nom allemand de "Postillon" ? Est-ce une comparaison à la tenue jaune de l'uniforme des anciens postiers allemands, ou bien, comme le laisse entendre les noms de Posthörnchen*, une allusion (que je ne comprends pas) au cor de postillon**, semblable peut-être à la trompe du papillon ? [ Sur lepiforum, je trouve ceci, qui indique que les allemands eux-mêmes ne comprennent pas mieux le nom de Postillon, qu'ils pensent d'origine française :Über die Richtigkeit der Schreibweise für den Falter - "Postillion" oder "Postillon" - (Letzteres, da der Name ja aus dem Französischen stammt) ist schon viel diskutiert worden. Das wird wohl weiterhin jeder so halten, wie er will. "Wandergelbling" oder "Wander-Gelbling" wäre eine salomonische Lösung. Ansonsten gibt es noch die Namen: "Posthörnchen“, „Achter“, „Wander-Heufalter“, „Orangeroter Kleefalter"]

* Le  mollusque Gyraulus albus (O.F. Müller, 1774) : Weisses Posthörnchen évoque le cor par sa coquille en spirale, tout comme Spirula spirula, Das Posthörnchen.

** La Sérénade no 9 KV 320 en ré majeur de Mozart, est dite «Posthorn» car c'est un cor de Postillon qui tient le second solo du second menuet.

         Der Postillon                                                      images?q=tbn:ANd9GcRcbpPTwCVHdUU3REyji27image : telefonmuseumgehrer.beepworld.de

 

                            220px-DDR-1964-002.jpg

 

IV. Zoonymie vernaculaire anglo-saxonne ( M.A Salmon, 2000). 

Première illustration : Mouffet, 1634, Insectorum theatrum page 100.

  • The Saffron Butterfly : male, Petiver 1703 ; Ray, 1710 ; Berkenhout 1769 ; Harris 1775 ; Newman et Leeds 1913.
  • The Spotted Saffron Butterfly : female, Petiver 1717 ; les deux sexes : Newman et Leeds 1913.
  • The Clouded Yellow : Wilkes, 1741-42 ; Harris, 1766 ; Jermyn, 1824 ; Coleman, 1860 ; et la plupart des auteurs suivants.
  • The Clouded Orange : Lewin, 1795.
  • The White Clouded Yellow (ab.helice) : Haworth, 1803 ; Jermyn, 1824 ; Rennie, 1832.
  • The Clouded Saffron : Rennie, 1832 ; Coleman, 1860.
  • The Common Clouded Yellow : Yeslop, 1959.

 J'interprète le nom anglais Clouded Yellow (littéralement "le jaune nuageux, assombri") comme décrivant l'encadrement noir des ailes jaunes.

 

Liens et Sources.

Funet : Colias .

Inventaire national du patrimoine naturel (Muséum) : le Souci.

Images : voir les superbes dessins de Hübner :http://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Jacob_H%C3%BCbner 

HÜBNER, Jacob, 1761-1826 Das kleine Schmetterlingsbuch : die Tagfalter : kolorierte Stiche,  Insel-Bücherei ; Nr. 213 http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/69604#/summary 

 

 

— BELLMANN Heiko, 2008 Quel est donc ce papillon, Les Guides Nathan, Paris : Nathan, 2008. Traduction française et noms vernaculaires par G.C. Luquet.

— BLAB (Josef), RUCKSTULH (Thomas) ESCHE (Thomas)  [et al.], adaptation et traduction française LUQUET (Gérard-Christian), 1988 Sauvons les papillons  : les connaître pour mieux les protéger ; préface de Pierre Richard Paris : Duculot 1 vol. (192 p.) : ill. en coul., couv. ill. en coul. ; 27 cm Trad. de : "Aktion Schmetterling so können wir sie retten". 

— BOITARD (Pierre ) Manuel d'entomologie ou Histoire naturelle de insectes: contenant la synonymie de la plus grande partie des espèces d'Europe et des espèces exotiques les plus remarquables, Tome second, Paris : Roret, 1828,  Gallica

  — BOISDUVAL ( Jean Alphonse),  GRASLIN, (Adolphe Hercule de), Dumesnil (P.C.R.C)  Rambur (Pierre).1833 Collection iconographique et historique des chenilles ou description et figures des chenilles d'Europe, avec l'histoire de leurs métamorphoses et des applications à l'agriculture, Paris : Librairie encyclopédique de Roret, 1832-1837 [1833].

— CHINERY (Michael), Insectes de France et d'Europe occidentale, adaptation française  G. Luquet pour les lépidoptères, Flammarion 2005, 2eme édition 2012, 320 p.

— DOUX (Yves), GIBEAUX (Christian), 2007, Les papillons de jour d'Île de France et de l'Oise,Collection Parthénope, Edition Biotope, Mèze, ; Muséum national d'Histoire naturelle, Paris, 2007, 288 p. Préface, index et supervision scientifique de Gérard Chr. Luquet.

— DUPONT (Pascal), DEMERGES (David), DROUET (Eric) et LUQUET (Gérard Chr.). 2013. Révision systématique, taxinomique et nomenclaturale des Rhopalocera et des Zygaenidae de France métropolitaine. Conséquences sur l’acquisition et la gestion des données d’inventaire. Rapport MMNHN-SPN 2013 - 19, 201 p. http://www.mnhn.fr/spn/docs/rapports/SPN%202013%20-%2019%20-%20Ref_Rhopaloceres_Zygenes_V2013.pdf

— DUPONCHEL (Philogène Auguste Joseph) 1849 Iconographie et histoire naturelle des chenilles pour servir à de compléter une l'Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France, de MM. Godart et Duponchel . Paris : Germer Baillère, 1849. 

— EMMET (Arthur Maitland) 1991. The Scientific Names of the British Lepidoptera: Their History and Meaning, Colchester, Essex, England : Harley Books, 1991,  288 p. : ill. ; 25 cm.

—  ENGRAMELLE (R.P. Jacques Louis Florentin), Papillons d'Europe peints d'après nature par M; Ernst. Gravés par M. Gérardin et coloriés sous leur direction. Première partie. Chenilles, Crysalides et Papillons de jour [décrits par le R.P. Engramelle, Religieux Augustin, Quartier Saint-Germain] Se vend à Paris chez M. Ernst et Gérardin. Paris : Delaguette/Basan & Poignant 1779. Volume 1 [1]+[VIII],[i-xxxiv] - 206p-errata [i-vi], 3 pl. en noir, 48 planches coloriées (I-XLVIII), 100 espèces. 

— ESPER (Eugenius Johannes Christian) Die Schmetterlinge in Abbildungen nach der Natur / mit Beschreibungen, herausgegeben mit Zusätzen von Toussaint von Charpentier. Leipzig : T.O. Weigel, [1829-1839] En ligne BHL.

  — FABRICIUS (Johann Christian) 1807  "Nach Fabricii systema glossatorum" in Johann Karl Wilhelm Illiger, "Die Neueste Gattungs-Eintheilung der Schmetterlinge [...], Magazin für Insektenkunde , Braunschweig [Brunswick] (6) https://archive.org/stream/magazinfrinsek06illi#page/280/mode/2up

FABRICIUS (Johann Christian)  Fabricii Mantissa insectorum Hafniae 1787 en ligne Goettingen.

— FOURCROY (A. F.) 1785. Entomologia Parisiensis; sive catalogus insectorum quæ in agro Parisiensi reperiuntur; secundam methodam Geoffrœanam in sectiones, genera & species distributus: cui addita sunt nomina trivialia & fere trecentæ novæ species. Pars secunda. Parisiis. (Hôtel Serpente). 2. 232-544. Traduction en latin de l'Histoire des insectes de E.L. Geoffroy. http://archive.org/stream/entomologiaparis02four#page/n3/mode/2up

 — GEOFFROY (Étienne-Louis, Docteur en médecine) 1762. Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris: dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique ;Paris : Durand 1762 Tome second Planches XI à XXII  colorées à la main par Prévost gravées par Defehrt. 744p. http://archive.org/stream/histoireabrg02geof#page/n9/mode/2up

— GEOFFROY [Étienne-Louis] 1798-99 Histoire abrégée des insectes dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique. Nouvelle édition, revue, corrigée, & augmentée d'un supplément considérable. / par M. Geoffroy, docteur en médecine. A Paris :Chez Calixte-Volland, libraire, quai des Augustins, no. 24 :An VII de la République françoise [1799]. http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/14595#/summary

— GEER, (Charles de), Mémoires pour servir à l'histoire des insectes , Stockholm : Hesselberg, 1

771.Tome 1 [1]-[15] 707 pages, 37 planches, Gallica .  Tome second première partie 616 pages,  ; Tome second deuxième partie pages 617 à 1175, 43 planches gravées par Bergquist. Gallica.

GLASER L, 1887 Catalogus etymologicus Coleoperum et Lepidopterum. Erklärendes und verdeutschendes namensverzeichnis der Käfer und Schmetterlinge fûr Liebhaber und wissenschaftliche Sammler, R. Friehändler :Berlin 1887, 396 pages. BHL Openlibrary.

— GODART (Jean-Baptiste) Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France décrits par M. Godart, ancien proviseur Paris : Crevot 1821 Vol.1, Première partie, environs de Paris, [I]-[vij] + 295 p. Planches dessinées par [Antoine Charles] Vauthier et gravées par Lanvin.

— Gozmány, László: Vocabularium nominum animalium Europae septem linguis redactum2 vols. Budapest: Akadémiai Kiadó, 1979. 

— HIGGINS (L. G.) et RILEY (N. D.) 1988. Guide des Papillons d'Europe : Rhopalocères. Troisième édition française. Traduction et adaptation par Th. Bourgoin, avec la collaboration de P. Leraut, G. Chr. Luquet et J. Minet. Delachaux et Niestlé édit., Neuchâtel ,1988, 455 pages.

—HÜRTER Hans-Arnold 1988 Die wissenschaftlichen Schmetterlingsnamen, Herleitung und Deutung, Bottrop ; Essen : Pomp, 492 pages.

— KEMPER Heinrich 1959 Die tierischen Schädlinge im Sprachgebrauch, Berlin : Duncker & Humblot 1959. Google books.

— LAFRANCHIS (Tristan), 2000 Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles, Collection Parthénope, Ed Biotope, Mèze, 448p. 

— LATREILLE, P. A., 1804. "Tableau méthodique des Insectes", pp. 184-187 in Nouveau Dictionnaire d’Histoire Naturelle, Paris : Déterville. vol.24, 

Nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle vol. 24 1818 : Classification page 501 http://books.google.fr/books?id=I_NBAAAAYAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q=vanesse&f=false

— LATREILLE, P. A., 1805. Histoire Naturelle, Générale et Particulière des Crustacés et des Insectes. Tome XIII, p. 369. Paris : Dufart.

 

— LATREILLE P. A. 1810. Considérations générales sur l'ordre naturel des animaux composant les classes des Crustacés, des Arachnides et des Insectes; avec un tableau méthodique de leurs genres, disposés en familles. Paris: F. Schoell, 444 pp. pp. 350-370.

 —LATREILLE  (P.A) et Olivier Nouveau dictionnaire d'Histoire naturelle 2eme édition tome 27 1818.

 — LATREILLE (P.A), GODART (J.B) 1819 , Encyclopédie méthodique, ou Entomologie, Paris : Vve Agasse tome 9 1819. https://archive.org/stream/encyclopdiem09metc#page/n3/mode/2up 

ou  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58338273/f334.image.r=Godart.langFR

 — LERAUT (Patrice) 1997 "Liste systématique et synonymique des Lépidoptères de France, Belgique et Corse" (deuxième édition) Alexanor, 20, Supplément hors série : 1-526, 10 illustr., photog, 38 fig.

— LUCAS ([Pierre-] Hippolyte)  Histoire naturelle des lépidoptères d'Europe Paris : Pauquet  1834 ouvrage orné nature de près de 400 figures peintes d'apres, par A. Noel, et gravées sur acier.http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4416154.r=lucas+papillons.langFR 

 http://www.biodiversitylibrary.org/item/53843#page/11/mode/1up

— LUQUET (Gérard Chr.) 1986 "Les noms vernaculaires français des Rhopalocères d'Europe", Alexanor, Revue des Lépidoptéristes français, tome 14, juillet-septembre 1986, suppl.)

— MACLEOD (Roderick Donald) Key to the names of British Butterflies and moths, 86 pp. Londres 1959.

— OBERTHÜR (Charles), HOULBERT (Constant), Faune entomologique armoricaine. Lépidoptères. Rhopalocères, Rennes : Imprimerie Oberthür 1912-1921, 258 pages.


— PERREIN (Christian) 2012 , Biohistoire des papillons, Presses Universitaires de Rennes 2012.

— RAMANN (Gustav) 1870-76, Die Schmetterlinge Deutschlands und der angrenzenden Länder in nach der Natur gezeichneten Abbildungen nebst  erläuterndem Text, 4 Bände, Band 1, Arnstadt 1870-1876. 

— RÉAUMUR [René-Antoine] de Ferchault 1734-1748 Mémoires pour servir à l'histoire des insectes   Paris : Imprimerie Royale, 6 volumes, de 1734 à 1748 [un 7e, copie du manuscrit original, paraîtra en 1928], 267 planches gravées par Simoneau, Lucas, Haussard et Fillioeul. En ligne BHL.  Voir aussi VALLOT J.N. 1802.

— SALMON (Michael A.) 2000, The Aurelian legacy, British butterflies and their collectors, University of California Press, 2000.

SCOPOLI (Jean-Antoine) Ioannis Antonii Scopoli Med. Doct. S.C.R. ... Entomologia Carniolica exhibens insecta Carnioliae indigena et distributa in ordines, genera, species, varietates : methodo Linnaeana. Vindobonae :Typis Ioannis Thomae Trattner ...,1763. En ligne BHL.

— SODOFFSKY (W), 1837. "Etymologische undersuchungen ueber die gattungsnamen der Schmetterlinge von W Sodoffsky, in Riga", Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou ,n° VI, Moscou : imprimerie d'Auguste Sémen, 1837, 167 p.

— SOUVESTRE (Émile), 1836  Voyage dans le Finistère par Jacques Cambry, revu et augmenté par- : "Tableau systématique des lépidoptères qui se trouvent dans le département du Finistère" par  [(Hesse et) Le Borgne de Kermorvan] Brest : Come et Bonetbeau, 1835 page 165

SPANNERT (Anton), 1888, Die wissenschaftlichen Benennungen der Europäischen Großschmetterlinge mit sâmmtlichen anerkannten Varietâten und Aberationen, Karl Duncker : Berlin,1888, 239 pages.

—SPULER  (Dr Arnold), Die Europas Schmetterlinge, 1901-1908. Vol.1. Allgemeiner Teil —Spezieller Teil. I-CXXVIII + 1-386 + [1]-[6], 265 fig. dans le texte, E. Schweizelbart'sche Verlagsbuchhandlung, Nägele und Dr Sproesser édit., Stuttgart, Allemagne. En ligne sur BHL:http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/9477#/summary

— TOLMAN (Tom), LEWINGTON (Richard), Guide des papillons d'Europe et d'Afrique du Nord, traduction et adaptation française Patrick Leraut,  Paris : Delachaux et Niestlé 1999 et 2009, 384 pages.

— VALLOT J.N. Concordance systématique, servant de table de matières à l'ouvrage de Reaumur, Paris : Grégoire, Thouvenin, 1802. En ligne Google books.

  — VILLERS (Charles de) 1789 Caroli Linnaei Entomologia, faunae Suecicae descriptionibus aucta : DD. Scopoli, Geoffroy, de Geer, Fabricii, Schrank, &c., speciebus vel in systemate non enumeratis, vel nuperrime detectis, vel speciebus Galli australis locupletata, generum specierumque rariorum iconibus ornata; curante & augente Carolo de Villers .. Lyon : Pietre et Delamollière, (1789).https://archive.org/stream/carolilinnaeient02linn#page/n11/mode/2up

— WALCKENAER (C.A.) 1802,  Faune parisienne, insectes, ou, Histoire abrégée des insectes des environs de Paris classés d'après le système de Fabricius; précédée d'un discours sur les insectes en général, pour servir d'introduction à l'étude de l'entomologie accompagnée de sept planches gravées Paris : Dentu 1802 en ligne BHL.  

— ZIMMER, (Dieter E., rédacteur du mensuel Der Zeit) A guide to Nabokov's Butterflies and Moths et Butterflies and Moths in Nabokov's Published Writings , Web version 2012.

      Liste complète des références des auteurs avec les liens vers leurs publications:  http://www.ukbutterflies.co.uk/references.php

Boisduval chenille 1832 :   http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/51588#/summary

Boitard, 1828. : http://books.google.fr/books?id=K3ShlXhmFsEC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

Duponchel, chenilles 1849 : BHL :   http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/9410#/summary

Engramelle :    http://books.google.fr/books?id=em0FAAAAQAAJ

Esper : http://www.biodiversitylibrary.org/item/53441#page/9/mode/1up

Fabricius :1775  http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/36510#/summary

Fabricius 1787 :http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/home/speciestaxon?id=25707

Fabricius 1807 :  https://archive.org/stream/magazinfrinsek06illi#page/280/mode/2up

 Geoffroy  :    http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/51067#page/9/mode/1up

De Geer :  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97151p/f1.image.r=.langFR

Godart BHL :  http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/38004#page/256/mode/1up

Kirby  1871: http://www.biodiversitylibrary.org/item/64906#page/9/mode/1up

Latreille 1804 :           http://books.google.fr/books?id=xBsOAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

Latreille 1810 :http://www.biodiversitylibrary.org/item/47766#page/358/mode/1up

Latreille et Godart 1819 :  https://archive.org/stream/encyclopdiem09metc#page/n3/mode/2up

Leach : http://biodiversitylibrary.org/page/17493618#page/136/mode/1up

Linné   http://www.biodiversitylibrary.org/item/10277#page/3/mode/1up

Petiver James, Musei petiveriani centura prima 1695 digitalisé par Google  (accès partiel)

Réaumur : http://www.biodiversitylibrary.org/item/50298#page/11/mode/1up

Rottemburg : http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/home/speciestaxon?id=8326

Scopoli Entomologiacarniolica 1763

   http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/34434#/summary

 De Villers 1789 :  https://archive.org/stream/carolilinnaeient02linn#page/n11/mode/2up

Walckenaerhttp://www.biodiversitylibrary.org/item/79375#page/289/mode/1up

Goettingen animalbase : base de donnée : http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/search

Butterflies of America : http://butterfliesofamerica.com/polyommatus_icarus.htm

 Bestimmungshilfe für die in Europa nachgewiesenen Schmetterlingsarten :http://www.lepiforum.de/

— Un beau plaidoyer sur les noms de papillons :http://excerpts.numilog.com/books/9782759217045.pdf 

— Articles biographiques sur les taxonomistes entomologistes http://gap.entclub.org/taxonomists/index.html 

   http://www.reserves-naturelles.org/sites/default/files/fichiers/protocole-rhopalo-liste-especes.pdf

                

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier
10 juillet 2013 3 10 /07 /juillet /2013 22:56

   Zoonymie (origine du nom) du papillon                 la Belle Dame, Vanessa Cardui (Linné, 1758).

      [Cynthia cardui (Linné, 1758)].

 

La zoonymie (du grec ζῷον, zôon, animal et ónoma, ὄνομα, nom) est la science diachronique  qui étudie les noms d'animaux, ou zoonymes. Elle se propose de rechercher leur signification, leur étymologie, leur évolution et leur impact sur les sociétés (biohistoire). Avec l'anthroponymie (étude des noms de personnes), et la toponymie (étude des noms de lieux) elle appartient à l'onomastique (étude des noms propres).

 

Elle se distingue donc de la simple étymologie, recherche du « vrai sens », de l'origine formelle et sémantique d'une unité lexicale du nom.


Résumé.

— Vanessa (Fabricius, 1807), nom de genre choisi par Fabricius comme équivalent d'un épithète de la déesse Vénus, et qu'il a emprunté au poème autobiographique de Swift Cadenus et Vanessa (1713). L'un des zoonymes les plus passionnants par ses multiples résonances et par l'emploi romanesque qu'en a fait le romancier et spécialiste des lépidoptères Vladimir Nabokov.

— Cynthia (Fabricius 1807) : est un des épithètes de Diane, selon A.M. Emmet. J'y vois plutôt la courtisane aux charmes de laquelle Properce, au début de notre ère, consacra ses Élégies.

— cardui (Linné, 1758) : du latin "chardon" qui désigne l'un des genres des nombreuses plantes-hôtes (Carduus nutans, Carduus pratensis, etc.).

— nom vernaculaire : "La Belle Dame", créé en 1762 par Geoffroy en traduction du Bella donna de Linné 1746 ou du papilio bella donna de Petiver (1699) reprend un nom latin plus ancien encore qui célébrait la beauté exceptionnelle des ailes en l'associant avec celle des élégantes qui utilisait la belladone Atropia belladona (Belle Dame) pour dilater leurs pupilles. Le nom est repris par le R.P. Engramelle en 1779, mais l'influence du nom scientifique linnéen va se faire sentir avec Walckenaer en 1807 (Le Papillon du chardon) puis  avec le premier nom de Godart, sa "Vanesse du chardon". Il corrige ce choix en 1821 et sa "Vanesse Belle Dame" est l'un des sommets de l'onomastique entomologique, réunissant tout l'éventail des sonorités de la célébration de Vénus. Depuis G.C. Luquet, "la Vanesse des Chardons" comme nom principal, et comme nom accessoire "la Belle-Dame"  en ex aequo avec "la Vanesse de l'Artichaut" (sic); "la Vanesse du Chardon", et "la Nymphe des Chardons".  

 

 

 


               I. Nom scientifique.


1. Famille et sous-famille.

Nymphalidae, nymphalinae, tribu Nymphalini.

a) la Famille des Nymphalidae Rafinesque 1815. (fr. Les Nymphalides, angl. Brush-footed Butterflies).

 Rafinesque, C.S. 1815: Analyse de la nature, ou tableau de l'univers et des corps organisés. Palerme. L'Imprimerie de Jean Barravecchia. en français, 224 pp page 127. "Les Nymphales, quatre pattes droites, quatre pattes ambulatoires". Les Nymphales sont, pour Rafinesque, une Sous-famille de la famille Ropalocera ; elle comporte alors 23 "genres".

  Constantine Samuel Rafinesque-Schmaltz (1783-1840) est un naturaliste et un archéologue américain d'origine franco-germano-italienne, qui a passé son enfance à Marseille avant de s'installer à Palerme comme herboriste. puis à Philadelphie. 

  Ce grand collectionneur en histoire naturelle s'intéresse à la zoologie, la botanique, la malacologie, la météorologie et la littérature ainsi qu'à la théorie de l'évolution. Grand admirateur de Linné, nom dont il prénomme son fils, il débute son Analyse de la nature par cette dédicace : "La nature est mon guide, et Linneus mon maître".

  (Cette famille comporte actuellement 13 sous-familles.

 Son nom vient de Nymphales, nom de la quatrième phalange de la nomenclature de Linné, aux ailes dentelées (alis denticulatis) et divisée en gemmati (ailes ocellées) et phalerati (ailes ornées). Le nom est dérivé du grec ancien νύμφη / númphê, « jeune fille » et désigne dans la mythologie grecque les divinités féminines de la nature, généralement considérées comme les filles de Zeus et du Ciel, remarquablement belles, et qui peuplaient la plupart des lieux naturels: forêts et bois, vallées fertiles et bocages, sources et rivières, montagnes et grottes…   

 

 

b) Sous-famille des Nymphalinae Swainson, 1827 (Les Nymphalines ; Admirals ou Tortoiseshells en anglais).

William Swainson 1827, ("A Sketch of the Natural Affinities of the Lepidoptera Diurna of Latreille". — Phil. Mag., n. s. 1 (1): 185, 187); genre-type: Nymphalis Kluk, 1780.  

Elle comporte les Nymphales, les Sylvains, les Nacrés ou Argynnes, les Vanesses, les Damiers et les Mélitées.

William Swainson (1779-1855) est un ornithologue, collectionneur (20 000 insectes...) et surtout illustrateur d'histoire naturelle auteur des Zoological Illustrations où il initie l'emploi de la technique de lithographie.

c)  Tribu des Nymphalinii Rafinesque 1815 ou Swainson, 1827 


2. Nom de genre : Vanessa Fabricius, 1807 (ou Cynthia, ex Pyrameis).

 

Le genre Vanessa a été créé par Johan Christian Fabricius en 1807 dans l'article suivant : "Die Neueste Gattungs-Eintheilung der Schmetterlinge aus den Linneischen Gattungen Papilio und Sphinges""Nach Fabricii systema glossatorum Tom 1" , in Johann Karl Wilhelm Illiger*, Magazin für Insektenkunde, Karl Reichard Braunschweig [Brunswick] (6) page 281. L'espèce-type, celle sur laquelle se base la description, est  Papilio atalanta Linnaeus, notre Vulcain.

*Illiger est le fils d'un marchand de Brunswick. Il fut l'élève de Johann Hellwig (1743-1831), un célèbre entomologiste. Le comte  von Hoffmannsegg (1766-1849), naturaliste et grand collectionneur, remarque alors le jeune homme et lui confie, afin qu'il les étudie, ses collections zoologiques. Illiger continue d'étudier les insectes et fait paraître la revue Magazin für Insektenkunde de 1802 à 1807. Les recommandations de Fabricius, de l'université de Kiel, lui valent un titre de docteur honoraire en 18061. Lorsque le musée zoologique de Berlin ouvre ses portes en 1810, Hoffmannsegg lui donne le poste de conservateur, fonction qu'il conservera jusqu'à sa mort.

 

  L'histoire de la publication du Systema glossatorum de Fabricius est en elle-même le petit roman tragique et complexe d'un manuscrit perdu. Ce nom de Systema glossatorum suppose d'abord que l'on sache que Fabricius, dont la classification des insectes reposait sur la structure des pièces buccales  utilisait le terme de Glossata (les Glossates) pour désigner les Lépidoptères, ou Papillons : en d'autres termes, il s'agit de sa Classification des Lépidoptères, la dernière de sa série des Systema après Systema eleutheratorum [les coléoptères] Kiliae 1801, Systema rhyngotorum [les hémiptères], Brunsvigae 1803, Systema piezatorum [les hyménoptères], Brunsvigae 1804 et Systema antliatorum [les diptères], Brunsvigae 1805.

 Le manuscrit du dernier des Systema a été terminé le 4 mars 1806 et envoyé à Reichard, le même éditeur que les précédents à Brunswig, et qui éditait aussi le Magazin für Insektenkunde d'Illiger.  C'est dans la sixième et dernière parution de cette revue que Illiger écrivit un article sur "La dernière classification par genre des papillons des genres linnéens Papilio et Sphinges", Die Neueste Gattungs-Eintheilung der Schmetterlinge aus den Linneischen Gattungen Papilio und Sphinges (cité supra, 1807 pp 277-289), anticipant la parution du premier volume de la Systema Glossatorum, annoncée pour Pâques 1808. Quant à Fabricius, il donna un résumé de son ouvrage dans  "Zeitung fur Literatur und Kunst in den Konigl. Danischen Staaten," Kiel, 11. Sept. 1807 (pp. 81-84) sous le titre: "Etatsrath Fabricius Rechenschaft an das Publikum fiber seine Classification der Glossaten. Joh. Christ. Fabricii systema glossatorum, Vol. I "

  Hélas, avant que ne paraisse le livre, l'éditeur fit faillite, et ses créanciers saisirent le matériel et vendirent les travaux en cours à des chiffonniers. On ignore ce qu'est devenu le manuscrit original de Fabricius, mais néanmoins, les sept premiers feuillets déjà imprimés de son livre ont été conservés, en trois exemplaires. L'un de ceux-ci  est maintenant à la Bibliothèque du Musée zoologique de Berlin : elle comporte les pages 1-112 avec la page de titre et s'intitule Systema glossatorum, sans mentionner "volume I". Elle a fait l'objet d'un fac-similé publié par F. Bryk en 1938. Un autre exemplaire appartenait à K.A Dohrn à Szczecin [Stettin], qui l'a légué au Musée zoologique de Szczecin ; après la seconde guerre mondiale, il devint la propriété de la Bibliothèque Royale de Copenhague. Il comprend les pages 3-112, sans la page de titre. Enfin, l'American Museum of Natural History de New-York  détient depuis au moins 1903 le troisième exemplaire. Il ne se compose que des pages 1-80, page de titre incluse. 

  Comme Dohrn signale que le numéro 6 de la revue d'Illiger avait brûlé lors d'un incendie chez l'imprimeur, Brik pense que le manuscrit de Fabricius a été détruit lors du même incendie. Ce manuscrit ne devait porter que sur le volume I, puisque la liste des genres, par laquelle Fabricius débute (page 9-12) ne comporte pas les Noctuidae et les Geometridae.

 Felix Brik (1938) sembla avoir utilisé une épreuve de la bibliothèque de la Berliner Naturforschung Gesselschaft, publiant un fac simile qui apporte les noms de nouvelles espèces par rapport à Illiger. (J Chr Fabricius Systema Glossatorum Nature 143, 784 (13 Mai 1939). Par son Opinion n° 137 du 30 octobre 1942, l'ICZN établi que les noms génériques publiés par Illiger sont à créditer à "Fabricius (in Illiger), 1807" et par extension de l'Opinion n° 137, les noms triviaux du fac-similé de Briks sont indiqués "Fabricius (in Brik), 1938".  

 

 Dans la note préliminaire d'Illiger, Fabricius divisait l'ensemble de ses Papilio (papillons "de jour") en 49 "genres", dans lesquels il englobait les Sphinx (n°43), les Sesia (n°44) les Zygaena (n°47), sans distinction, alors que Latreille (dont la classification de 1804 est présentée dans la partie B du même article page 90) crée des Sections (Diurnes-Crépusculaires-) divisées en familles (Papillionides et Sphingides), elles-mêmes divisées en quatre sous-groupes.

    Dans son genre n° 11, Cynthia, Fabricius cite en exemple les Papilio Arsinoë, Interrogationis, Oenone, Jatrophae Cardui, Alliovia et annonce 95 espèces au total.

  Dans le genre n° 12, Vanessa, Fabricius classe les Papilio Io, atalanta, urticae, et levana et un total de 30 espèces annoncées.

 Ceux effectivement décrites dans les pages de Fabricius étaient io, antiopa, bibla, cacta, protogenia, amestris et lamina .

  Puisque le genre Cynthia, et son espèce cardui, étaient décrits en 1807, ce nom aurait du s'imposer, par son antériorité, à celui de Vanessa cardui, où l'espèce fut plus tard classée. Mais, "pour des raisons sentimentales" (qu'elle ignore d'habitude), en 1944, la Commission internationale sur la règle de nomenclature zoologique ICZN a décidé qu'une exception devait être faite et que le genre Vanessa, plus connu, pourrait être gardé. Nabokov a fait remarquer à ce sujet: " Sur un strict et à mon avis et en nécessaire application de la loi de priorité, le nom Cynthia F. (1807) et Westwood (1840 ; Type : Papilio cardui L.) aurait dû prendre le pas sur Vanessa F. Le ICZN a décidé autrement ( pour des raisons sentimentales ) " (les Papillons de Nabokov, p. 596 cité par Zimmer 2012).   

Sources du paragraphe: 

 SL Tuxen Annu Rev. Entomol.1967,  http://www.annualreviews.org/doi/pdf/10.1146/annurev.en.12.010167.000245

Voir aussi Taeger, Nota lepidopterologic 2001

 https://archive.org/stream/notalepidoptero242001soci#page/n89/mode/2up/search/fabricius

 Zimmer, 2012 http://dezimmer.net/eGuide/Lep2.1-T-Z.htm

 

 

Étymologie des mots Vanesse et Vanessa.

1) Selon A. M. Emmet (1991),

"le nom vanessa est issu du poème de Jonathan Swift Cadenus et Vanessa, (1726, en ligne) dans lequel le prénom Vanessa est un déguisement pour Esther Vanhombrugh [sic : corrigez en Vanhomrigh]. Comme d'autres noms créé par Fabricius, il a été un casse-tête pour les commentateurs, Sodoffsky le corrigeant en 1837 en Phanessa, du verbe grec phainein, "briller", phane, "torche", et phanos, "lampe". Dans cette recherche d'un nom convenable pour cette famille de papillon brillamment colorés, ces mots grecs ont pu traverser l'esprit de Fabricius qui, faisant appel à ses habituels jeux de mots, choisit un mot qui fait écho à leurs sonorités. La littérature anglaise lui était familière à la suite de ses divers séjours en Grande Bretagne et il a pu souhaiter témoigner de sa reconnaissance en faisant appel à un auteur anglais plutôt qu'à un auteur classique."

 2) Sodoffsky (1837) page 80 :

"Vanessa : Besser, Phanessa. In der griechischen Mythologie, sowie in der ägyptischen, war phanos, der Liebesgott, der Beiname von Amor. Phanesse wäre demnach der weibliche Liebesgott, mithin die in dieser Schmetterlings-Abtheilung, regierende Venus" ( Vanessa, ou, mieux, Phanessa. Dans la Mythologie grecque, mais aussi égyptienne, Phanos, le dieu de l'amour, le surnom d'Amour/Cupidon. Phanesse serait donc sa parèdre, la déesse de l'amour, et donc, dans cette classification des papillons, la classe de Vénus.

 

3) A. Spuler (1901-1901) :

"Vanessa : wohl von  φαίνω Glanz, wegen der schönen Färbung der arten, abgeleitet." (Vanessa : probablement dérivé de  φαίνω, «éclat» en raison de la belle coloration des espèces.

4) G. Ramann (1870-76) :

"Ob dieser Name wohl von vanesco vergehen, verschwinden abzuleiten sein dürfte. Also falter , weiche  in ihrem Flug rasch kommen und rasch verschwinden" (Probablement du latin vanesco, "s'évanouir, de dissiper, disparaître", pour qualifier la façon dont ces papillons, par leur vol, s'éclipsent rapidement).

5) Johannes Leunis, Synopsis des naturgeschischte, Hanovre, 1860 p. 524 :

"richtiger Phanessa, von phanos, fackel, Sonne". (Correctemment phanessa, du grec phanos, "torche", "Soleil").

6) Glaser cité par Hürter :

"Eckige ...Flügel, die sie eitel (vanessa von vanus) in der Sonne öffnen und schliessen , als ob damit prunkend". (place leurs ailes comme si elles s'ouvraient et se refermaient en vain (Vanessa : de vanus, "vain") ostensiblement au soleil.

7) Spannert, cité par Hürter :

"eigenschaftwort aus vannus  schwinge  gebildet ; der wegfall  eines consonanten findet sich häufig... Der Gattung zeichnet  sich besonders  durch den überaus  stark geschwungenen Saum der Flügel, namentlich der vorderen, aus. Die überwiegende Mehrzahl  der Tagfalter hat ganzrandige Flügel. Bisherige Ableitungen phaino , glänze, phano  Fackel, Sonne, Leunis" (le mot est formé sur le latin vannus "van", d'après une caractéristique des ailes, et la perte d'une consonne est fréquente ... Le genre est caractérisée par le bord très fortement incurvé  de l'aile, en particulier à l'avant.)

8) Dictionnaire français CNRTL  :

" Étymol. et Hist. 1810 (Latreille, Considérations gén. sur l'ordre naturel des animaux, p. 354 ds Quem. DDL t. 25). Du lat. sc. mod. vanessa, nom donné par Fabricius à un genre de Lépidoptères diurnes (1807, Mag. f. Insektenk., 6, 281 ds Neave), mot d'orig. obsc. (FEW* t. 21, p. 278b). D'apr. Guir. Lex. fr. Étymol. obsc. 1982, vanesse représenterait le lat. vanities « vanité, frivolité »."

 *FEW désigne l'ouvrage suivant : Walther von Wartburg " Französisches Etymologisches Wörterbuch. Eine Darstellung des galloromanischen Sprachschatzes". Leipzig 1922 en cours de publication.

9) Le Robert historique de la langue française 2010 :

VANESSE n. f. est un emprunt (1810) au latin scientifique vanessa (1807), d'origine inconnue, que P. Guiraud rattache au bas latin vanities « vanité, frivolité », dérivé du latin classique vanus (→ vain)". 

10) Pierre Guiraud, Dictionnaire des étymologies obscures, Payot 1982 page 519 :

  "Vanesse, espèce de papillon, 1836. Étymologie inconnue (B.W). Vanesse représente le latin vanities,« vanité, frivolité », sous une forme dialectale ou, plus vraisemblablement, savante (sans dégagement de yod en avant). Nul nom ne convient mieux au genre des vanessides, espèce de papillons remarquables par leur vol rapide et sautillant, leur beauté, leurs riches et élégantes couleurs ; parmi lesquels la belle dame, le paon du jour."


Étude critique.

1. Vanessa et Jonathan Swift : 1713.

  L'hypothèse suggérée par Emmet est séduisante, qui considère que Fabricius rend hommage par son genre Vanessa au personnage éponyme d'un poème, Cadenus and Vanessa, que Jonathan Swift (1667-1745) a écrit en à Windsor en 1713 mais qui n'a été publié qu'en 1726. C'est une origine parfois admise du prénom Vanessa, très prisé aux États-Unis, mais qui n'est apparu qu'à partir de 1970. (En 1998-99, ce prénom faisait partie du top 10 en Allemagne à la 8 et 9e position).

  Effectivement, le danois Johannes Christian Fabricius (1745-1808)  a séjourné en Écosse puis à Londres lors d'un voyage de 1766 qui le mena ensuite en Italie pour examiner les collections d'Aldrovandi. Puis, de 1772 à 1775, il passe ses étés à Londres où il étudie notamment les insectes rapportés par Solander et Banks de leur voyage. Mais à partir de 1790, il séjourne tous les étés à Paris, étudiant cette fois la collection entomologique d'Olivier et devient ainsi l'ami de Pierre André Latreille (1762-1833), l'auteur du genre Vanesse. 

 

  Emmet aurait pu étayer sa thèse non seulement sur ces séjours londoniens, mais aussi sur le goût de Fabricius pour les jeux de mots, qui aura pu en faire un amateur de l'onomastique de Swift. Car aucun auteur, à ma connaissance, n'usa et n'abusa comme Jonathan Swift du privilège de baptiser ses personnages et les lieux où il les fait évoluer à sa guise, conjurant l'arbitraire des signes en nouant dans chaque nom des clefs et des secrets, des citations occultes, des messages codés pour déjouer les censures, des doubles sens contradictoires, des allitérations sibyllines.

En outre, Fabricius a confié qu'il avait puisé les noms de genre qu'il a créé pour ses papillons diurnes dans le (vaste) répertoire des épithètes de Vénus (ou Aphrodite pour les grecs) alors que ses genres de papillons de nuit recevaient les surnoms de Diane/Artémis, déesse lunaire:

  Fabricius, dans sa présentation du Systema glossatorum ( déjà cité, in Zeitung für Literatur und Kunst in den Königl . Dänischen Staaten [ Kiel ] , Septembre 11 1807, p. 83), donne des indications précieuses sur ses règles d'attribution des noms : il écrit qu'il est en train de changer un certain nombre de nom donnés par Linné car il souhaite faire apparaître le nom de la plante hôte. "Les noms de genre ne posent pas de problèmes importants, il faut seulement éviter qu'ils soient trop longs, et qu'ils ne soient pas déplaisants à l'oreille. Pour les papillons de jour, j'ai choisi différents épithètes [cognomina] de Vénus, et pour les papillons de nuit, ceux de Diane. Ils semblent être les plus appropriés. Leurs homologues grecs [qualificatifs d'Aphrodite ou d'Artémis] ont tendance à être durs, longs et désagréables."


Nous allons voir que Vanessa peut passer pour un néo-épithète de Vénus, désignant une "créature de Vénus", sorte de Venussa depuis la parution du poème de Swift.

 

b) Swift et Cadenus et Vanessa.

Dans le poème Cadenus et Vanessa, on lit habituellement que Cadenus serait l'anagramme de Decanus, "chef de file de dix", ou dean,  "doyen", mais Swift ne devint doyen de la cathédrale Saint-Patrick de Dublin qu'en 1713, alors que le poème a été composé en 1712. Vanessa réunit Van (homrigh) et Hessy, le diminutif d'Esther, son élève de 22 ans plus jeune que lui, Esther Vanhomrigh. 

           File:Millais - Vanessa, 1868.jpg

 

 Esther Vanhomrigh (1688-1723) fille d'un riche marchand hollandais, avait fait la connaissance de Swift à Londres en 1707 : elle avait 19 ans et lui était alors quadragénaire. Elle avait perdu son père en 1703, et Swift devint son tutor (précepteur, sans la sévérité de ce terme) mais aussi son modèle dont elle devint amoureuse ; en 1714, à la mort de sa mère, elle le suivit à Dublin.

Le poème Cadenus et Vanessa, écrit en 1712, daté de 1713, publié en 1726, met en scène la déesse Vénus, qui, pour lutter contre le désintérêt des Bergers à l'égard des Nymphes, crée sa Nymphe idéale parée de tous les charmes, mais dotée aussi par Pallas de toutes les qualités "viriles" de la réflexion. Cette Vanessa trop sage déplaît autant aux frivoles nymphes qu'aux bergers, mais Cupidon, lassé de la voir résister aux charmes de l'amour, la rend amoureuse de son tutor l'écrivain Cadenus, de vingt-deux ans son aîné : embarrassé par ce feu soudain, Cadenus tente de la ramener à une amitié fondée sur les complicités littéraires et les échanges intellectuels. Quand à Vénus, qui ne semblent pas avoir lu la satire de la frivole vanité féminine à laquelle Swift se livre dans ce poème, elle conclut que puisque les bergers dédaignent ses nymphes, c'est qu'ils sont fous, et qu'il faut administrer aux femmes un grain de folie supplémentaire pour mieux les rapprocher. 

 

 

Cadenus et Vanessa : onomastique.

Outre la fusion du début du nom et du prénom d'Esther Vanhomrigh, le nom Vanessa contient d'autres résonances, et  peut se décomposer en van du latin vanus, "vain" et -esse forme verbale du latin sum, "être" : "celle qui est vaine".  On peut aussi y entendre le nom Vénus (le prénom qui a précédé celui de Vanessa était celui de Venisse), associé à la finale de Godness (déesse). On remarque que le nom Cadenus contient  quatre des cinq lettres de Vénus. En somme, la forge littéraire de Swift a pu faire fondre, pour son nouvel alliage, les métaux suivants : Vénus + Godness + Vanished/Vanities + Van[homrigh + Esther/Hessy. Ce qui, pour la récipiendaire du poème, est, somme toute, très flatteur.

 J'ai cité plus haut les auteurs qui attribue l'origine du nom de genre Vanessa ou de son équivalent français Vanesse au latin vanus, ou, pour P. Guiraud, vanities. Mais si Swift l'a glissé insidieusement dans sa propre création onomastique, le mot anglais vanished qui devait avoir le plus de signification pour lui. Or, le verbe intransitif vanish, s'il procède bien du latin  vanus , en a retenu son sens de "vide", car il signifie "disparaître, s'éclipser, s'évanouir" avec une idée de rapidité ou de soudaineté. Sa forme en moyen anglais, vanisshen est une altération du vieux français esvanir, esvanish, lui-même issu du latin esvanescere. ( voir supra G. Ramann proposant de voir le mot vanesco comme étymologie de Vanessa).

 Loin d'introduire un jugement critique sur le caractère vaniteux de sa maîtresse Esther, il ouvre à d'autres interprétations, comme le caractère fugace de la beauté, de l'existence ou des sentiments, ou trahit l'angoisse de la perte de l'être aimé, et qui conduit un artiste à métamorphoser celui-ci en une œuvre d'art  : Esther Vanhomrigh, disparue depuis des siècles, demeure sous la forme impérissable de Vanessa.

 

Sources et liens pour ce paragraphe :

— traduction et adaptation de Cadenus and Vanessa en prose : Antoine Yart Idée de la poësie angloise, ou traduction des meilleurs poëtes anglois par l'abbé Yart, de l'Académie des Belles-Lettres, sciences et arts de Rouen. Paris 1756, pages 140 et ss.

— Traduction de Cadenus and Vanessa en vers : Émile Pons, Œuvres complètes de Swift, édition La Pléiade, 1965.

 

— Encyclopédie Larousse.

— Louise Barnett Jonathan Swift in the Company of Women, Oxford 2007  pp 21-26

— Journal to Stella en ligne.

 

2. Vanessa,  Fabricius et Latreille : 1807-1810.

   a) Je ne retiendrai pas la seconde hypothèse, adoptée par Spuler, Sodoffsky, Leunis, pour expliquer le nom de genre vanessa de Fabricius et qui passe par la "correction" du nom Vanessa en Phanessa, pour le rattacher aux mots grecs  phainein, φαίνω "briller" ou phano, "torche". La glose peut alors être infinie, notamment sur phainein, issu du proto-indo-européen  *bha- doué « d'ambivalence sémantique », car signifiant à la fois “ éclairer, briller ” (phainoi, phami), et « expliquer, parler » (phêmi [ϕημί], fari en latin) ; on peut rappeler  que phainô vient de phôs [ϕῶὖ], « la lumière » et de phao, "briller", ou citer notre mot "phénomène", qui en est issu. Mais il faut une certaine complaisance envers ces auteurs pour admettre le passage de vanessa à phanessa.

 Citons, au passage, l'anecdotique proposition étymologique de Spannert, le vannus, "van"  qui exige des contorsions lexicales avant de permettre une comparaison du panier d'osier avec la courbure des ailes.

  b)  Il reste l'hypothése de Glaser reprise par Pierre Giraud dans son lexique français des étymologies obscures (Payot, 1982) puis par nos lexicographes français les plus honorables : le lien avec le bas latin vanities « vanité, frivolité », dérivé du latin classique vanus (→ vain) :

  "Vanesse, espèce de papillon, 1836. Étymologie inconnue (B.W). Vanesse représente le latin vanities,« vanité, frivolité », sous une forme dialectale ou, plus vraisemblablement, savante (sans dégagement de yod en avant). Nul nom ne convient mieux au genre des vanessides, espèce de papillons remarquables par leur vol rapide et sautillant, leur beauté, leurs riches et élégantes couleurs ; parmi lesquels la belle dame, le paon du jour."

 Bien que le Paon du jour n'appartienne pas au genre Vanessa, et que le nom de Vanesse soit apparu en 1810 et non en 1836, c'est pour ma part l'hypothèse qui me séduit le mieux : Fabricius, le facétieux compositeur de zoonymes à doubles fonds a pu maquiller la racine vanus pour se moquer ainsi des nymphes (nymphalidae), déesses de l'Hamour et autres Belles Dames (bella donna) dont la coquetterie n'est pas la moindre des "qualités" et de les baptiser Les Vaniteuses à leur insu, comme toutes les Vanessa qui les suivront. Rien ne l'empêcherait, cherchant à dissimuler cette vanitas, de se souvenir du poème de Swift Cadenus and Vanessa, et d'en adopter le prénom pour mieux se couvrir. Mais rien n'empêcherait non plus, je l'ai dit, le satirique Swift d'avoir caché lui-même dans son mot-valise Vanessa, non seulement les fragments du nom de sa jeune élève follement éprise de lui, mais aussi la critique ironique du caractère vain de cet amour. 

  Car on se méfiera d 'attribuer trop vite au mot les significations que nous attribuons couramment à "vanité", sous l'influence de l'adjectif "vaniteux", du "vanity case" (minaudière, nécessaire de toilette : voir Vanity table) : celui lié au "caractère d'une personne satisfaite d'elle-même et étalant complaisamment son plaisir de paraître :orgueil ". Longtemps, le mot a signifié tout autant, comme le mot anglais vanity, "ce qui est vain, futile ou inutile,", "vide, vain, oisif ; ce qui est vide, de vaine apparence", voire "mensonge, tromperie".

  Si, dans mon esprit, je l'applique à la coquetterie frivole (celle que Swift critique si joliment dans son poème) traditionnellement liée à la féminité et à la beauté, c'est que ce genre de Fabricius appartient à la famille des Nymphalides, les Nymphes, et que les espèces qui y entreront, notamment dans le genre Vanesse de P.A. Latreille, portent des noms féminins, dont la plupart se termine par -a. Voir cette liste énumérée par Latreille et Godart en 1819, Encyclopédie méthodique Histoire naturelle (9) page 291).

c) J'ai expliqué pourquoi les noms de genre de Fabricius sont liés au nom de Vénus, car ils reprennent les épithètes de la déesse en ses différentes attributions (Limenitis protectrice des ports ; Pontia protectrice de la mer ; Acraea protectrice des lieux élevés ; Euploea de la navigation ; Nymphidium protectrice des mariages ; Melanitis de la nuit ) et en ses différents sanctuaires (à Colias, à Paphios, à Amathus en Chypre, sur le mont Kastion, sur le mont Erix, en Cnide —doritis la bienfaitrice—) ou selon le nom de ses courtisanes (Thaïs, Argennus, Neptis sa petite-fille) ou selon ses qualités (Urania la céleste, Morpho aux belles formes ou aux formes changeantes, Apatura la trompeuse, Mechanitis l'ingénieuse à ourdir des ruses). Maintenant que nous savons combien la Vanessa du poème de Swift est liée à Vénus, il n'est pas exagéré de penser que Fabricius, lorsqu'il recherchait ses noms "vénusiens", s'est souvenu de Cadenus et Vanessa et a créé le genre Vanessa comme un épithète moderne de Vénus.


Au total, je pense que l'hypothèse de A.M. Emmet est juste, et que Fabricius a bien puisé dans le poème Cadenus et Vanessa pour créer son nom de genre dans une série vouée à Vénus. Y a-t-il perçu lui-même les sous-entendus onomastiques renvoyant à Vénus elle-même, aux mots latins vanus et vanities, aux mots anglais vanished et godness ? Connaissait-il même l'origine du nom fondée sur le nom d'Esther Vanhomrigh? Cela correspondrait volontiers à son goût pour le jeu des mots, dont il fait preuve selon Emmet dans d'autres créations de nom.

 Si, par hasard, la richesse de résonance ce nom lui a échappé, elle n'a pas échappé à Vladimir Nabokov, romancier, professeur de littérature, et spécialiste chevronné des lépidoptères connaissant Fabricius aussi bien qu'il connaissait Swift,  qui baptisa Vanessa Van Ness [vanessa vanesse] la mère —la forme imago— de l'une des nymphettes de son roman Lolita (1955).

  

 

 2. Nom de genre encore utilisé : Cynthia (Fabricius, 1807).

Fabricius, 1807 : "Die Neueste Gattungs-Eintheilung der Schmetterlinge aus den Linneischen Gattungen Papilio und Sphinges", "Nach Fabricii systema glossatorum" , in Johann Karl Wilhelm Illiger, Magazin für Insektenkunde , Braunschweig [Brunswick] (6) page 281. Dans la même page où il décrit le genre Vanessa, Fabricius décrit Cynthia.

  Dans ce genre, Fabricius classe les Papilio oenone, Jatrophae, cardui et allionia.  

Selon A.M. Emmet 1991, Cynthia est le nom d'une montagne de l'île de Delos, lieu de naissance de Diane, qui reçut ainsi l'épithète de Cynthia. Le prénom Cynthia ayant été popularisé en Angleterre par les poètes lyriques"

 C'est effectivement le sens le plus courant de Cynthia, du mot grec kynthios signifiant « qui vient du mont Kynthos », comme épithète d'Artémis la vierge chasseresse, déesse lunaire, froide, chaste, indomptée et indomptable, avant de désigner dans la poésie et le théâtre élisabéthain la lune elle-même. C'est elle qui s'impose à l'esprit romantique de Chateaubriand dans sa fameuse Invocation à Cynthia du Livre V de la 4e partie des Mémoires d'Outre-tombe, où il évoque les nuits romaines.     

   Soit :   "Cynthia, puisque la déesse Diane-Artémis était née sur le Cynthe" ; Ovide, Her., 16, 74 ; Sil. Ital., IV, 480 

  Mais le genre Cynthia figure, lui, dans la liste de Fabricius publiée par Illiger, au numéro 10, juste avant son n°11 Vanessa, parmi les autres noms liés à Vénus, aux antipodes de Diane/ Artémis : je peux suggérer que la Cynthia de Fabricius n'est pas celle de la mythologie, mais celle de la poésie élégiaque latine : c'est la Cynthia de Properce (47 av. J.C-16 ap. J.C), celle qui apparaît dans cet extrait de l'Élégie III : 

 

"Le duvet fléchissait mollement sous le poids de Cynthie. Deux dieux téméraires, Bacchus et l'Amour, m'enflammaient à l'envi, et m'excitaient à approcher de cette tête légèrement posée sur un bras d'albâtre, à la soutenir moi-même de mes mains, à cueillir un baiser et à savourer tous ses charmes : mais je n'osais troubler le repos de mon amante, moi qui avais éprouvé déjà ses reproches et son courroux. Mon regard, du moins, restait attaché sur elle comme celui d'Argus sur la forme trompeuse d'Io. Tantôt je détachais de mon front une couronne, et je la déposais sur le tien, ô ma Cynthie ; tantôt j'aimais à toucher ta chevelure en désordre, et à charger furtivement tes mains de quelque fruit mais ces offrandes ne pouvaient rien contre un sommeil ingrat, et bientôt elles s'échappaient en roulant sur ton sein. "

 S'agit-il d'une vierge lunaire, ou d'une courtisane de Vénus ?

 

 

3. Le genre Vanessa (Fab.1807) est repris par Pierre-André Latreille en 1810 sous le nom de Genre des Vanesses  dans ses  Considérations générales sur l'ordre naturel des animaux composant les classes des Crustacés, des Arachnides et des Insectes; avec un tableau méthodique de leurs genres, disposés en familles. Paris: F. Schoell, 444 pp. pp. 354. Ce genre Vanesse regroupe les deux genres Cynthia et Vanessa de Fabricius. Latreille le définit ainsi : "Antennes terminées subitement en un bouton court, turbiné ou ovoïde ; palpes entièrement contigus, et terminées insensiblement en pointe (formant par leur réunion une sorte de bec)."

 


3. Nom d'espèce : Vanessa cardui (Linné, 1758).

 Protonyme P[apilio] N[ymphalis gemmatus] Cardui, n° 107, alis dentatis fulvis albo nigroque variegatis ; posticis utrinque ocellis quatuor :  Linnaeus, C. 1758. Systema naturæ per regna tria naturæ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Holmiæ. (Salvius). Tomus I: 824 pp. p 475.

  Dans Fauna Svecica de 1746 page 236, Linné avait employé le nom de bella donna [Belle Dame] n°778 avec la mention vulgo "vulgaire, vernaculaire" .

 L'épithète spécifique cardui, du latin carduus "chardon" se traduit donc "du chardon", pour qualifier selon Linné la plante hôte. certes l'espèce fréquente les chardons du genre Carduus C. nutans, C. pratensis, mais aussi les Circes, Cirsium vulgare ou Cirse lancéolé, C. oleraceum ou Cirse maraîcher, ainsi qu'un très grand nombre d'autres plantes comme le Groseillier épineux, l'Ortie dioïque, la Mauve musquée, la Vipérine commune, les Cucurbitaceae, Fabaceae, Vitaceae, Brassicaceae, et l'Artichaut qui est mentionné dans les noms vernaculaires.

 

 

 


 

                II. Noms vernaculaires.


 La belle dame (Geoffroy, 1762) ; La Belle-Dame (Engramelle, 1779) ; Le Papillon du chardon (Walckenaer, 1807) ; La Vanesse du chardon (Godart 1819) ; La Vanesse Belle-Dame (Godart, 1821) ; Depuis G.C. Luquet, "la Vanesse des Chardons" comme nom principal, et comme nom accessoire "la Belle-Dame" ; "la Vanesse de l'Artichaut" ; "la Vanesse du Chardon", et "la Nymphe des Chardons".

0. Avant l'Âge des Noms :  Réaumur 1734.

 Réaumur ( René -Antoine Ferchault) Mémoires pour servir à l'histoire des  insectes  Vol.1 page 444 planche 26 fig. 11, 12 par Simonneau.

 Imagine-t-on qu'avant Linné (1758) ou Geoffroy (1762), on ne disposait d'aucun nom pour désigner la Belle Dame ?   Réaumur s'exprimait essentiellement en faisant référence à sa planche d'illustration: "La Figure 8 est celle d'une chenille épineuse que j'ai nourrie des grandes feuilles d'une espèce de chardon, qui ressemblent à celles d'acanthe. Tout le long du dos elle a une raye jaunâtre ; les cotés sont d'un brun gris. [...] La figure 11 est celle du papillon de cette chenille, vû par dessus. La figure 12 est celle du même papillon, ayant les ailes droites, et posée sur quatre jambes[...] Il est de la seconde classe des diurnes."

 

 1. La belle dame, Geoffroy, 1762.

 Étienne Louis Geoffroy Histoire abrégée des Insectes qui se trouvent aux environs de Paris, Volume 2 page 41 n°7.

  Geoffroy commente ainsi ce nom : "L'élégance des couleurs de ce papillon l'a fait appeler la belle-dame, bella donna ". On a vu que Linné, dans sa Fauna svecica de 1746, avait employé ce nom de bella donna, mais Geoffroy cite en référence le musei petiveriani de James Petiver, qui a le premier (1695) mentionné cette appellation : Petiver mus. p. 35 n° 326 Papilio eleganter variegatus, agilis, bella donna dictus.  

  Bella donna dictus, "nommé la belle dame", indique que ce nom n'a pas été inventé par Petiver, mais est plus ancien. Les anglais l'adapteront sous forme de leur "Painted Lady", Femme Peinte ou Femme Fardée, qui a le mérite de conserver le double sens de bella donna. On sait en effet que ce nom fait allusion au maquillage, et plus spécifiquement aux effets de la belladone, Atropa Belladonna, dont les élégantes italiennes usaient, sous forme de pommade ophtalmique, pour séduire les hommes par leurs grands yeux noirs, aux pupilles dilatées par l'effet mydriatique de l'atropine.

  Le nom de Belle Dame de Geoffroy semble perdre ce charme des renvois métaphoriques du nom et de ses allusions à la belladone et au maquillage. Il n'en n'est rien, mais nous avons oublié que Belle Dame était le nom vernaculaire de la belladone (wikipédia), terme utilisé par exemple par Hidegarde de Bingen. Le médecin parisien Geoffroy connaissait parfaitement les propriétés et les dangers de la Belle Dame, son père Étienne-François étant l'auteur de la Matière Médicale qui en enseigne l'usage : Traité de la Matière médicale ; Des plantes de notre pays page 285, où il mentionne que les coquettes italiennes l'utilisaient bien pour se "peindre", c'est-à-dire, à l'époque, se blanchir : " Les Dames d'Italie font avec le suc ou l'eau distillée de cette plante un fard  dont elles se frottent le visage, pour rendre blanche la peau qui était rouge. C'est de là qui lui vient le nom de belladonna." 

 M.A. Salmon écrit dans The Aurelians que "Le nom peut donc être vu comme une allusion au mélange de teintes de carnation et de marques noires sur les ailes, qui rappellent les visages peints des courtisanes à l'époque de Hogarth et Molière".

            gravures_lepidopteres_diurnes_-_vanesse_belle-dame.jpg

          (Godart, Histoire naturelles des Lépidoptères, 1823, planche 5 secund.)

 


 2. La Belle-Dame, Engramelle 1779.

  Jacques Louis Engramelle Papillons d'Europe, peints d'après nature, Volume 1  page 20  n°7  planche VII  fig. a-g par J.J. Ernst,  1779.

 

  "La beauté des couleurs et l'élégance de la forme ont fait donner à ce superbe papillon le nom de Belle Dame. Ce nom lui convient en effet d'autant mieux que la parure de ses trois états semble avoir été plus recherchée que dans les espèces précédentes".

Engramelle donne en référence, outre Geoffroy et Linné, Esper Tome I tableau X page 133 avec la mention d'un nom vernaculaire en français, "Chardonneret" ; mais il s'agit de la traduction du nom vernaculaire allemand (Distelsint) et néerlandais (Distelvlind). Esper, qui cite Geoffroy, donne une transcription erronée du nom vernaculaire sous la forme de La Belle Donne. Méfions-nous des versions de seconde main !


 

 3. Papillon du chardon, Walckenaer 1802.

Walckenaer Faune parisienne 1802 page 262.


 4.  Vanesse du Chardon, Latreille et Godart 1819.

   Vanesse du chardon : Latreille (P.A) Godart (J.B), Encyclopédie méthodique. Histoire Naturelle. Entomologie, ou histoire naturelle des crustacés, des arachnides et des insectes. Vol. 9. Paris : Vve Agasse, 828 pp, tableau page 296, texte page 323 n° 62.

 Ce nom est la simple traduction de Vanessa cardui, le nom scientifique que les auteurs (Latreille qui a créé le genre en 1810, et Godart, qui est alors le "second" de Latreille depuis le décès d'Olivier).

5.  Vanesse Belle-Dame Godart 1823.

Jean Baptiste Godart, Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France Paris : Crevot page 102 n°33, Planche 5 secund peint par C. Vauthier et gravée par Lanvin.

Illustration ici.

 Pour une raison d'antériorité peut-être, ou pour d'autres raisons dont je ne peux que le féliciter, Jean-Baptiste Godart décide de renoncer à Vanesse des Chardons et de reprendre le nom créé par Geoffroy en l'associant (il est très attaché à la structure binominale des noms, même vernaculaires) au nom Vanesse. 

  Ce rapprochement est très heureux puisqu'il réunit Vanesse, genre porte-drapeau de la divine féminité vénusienne, et clin d'œil vers sa vanité éventuelle, à l'un des accessoires de maquillage tiré de son vanity-case, la Belladone, en français galant Belle-Dame, la plante qui rend les regards langoureux. On assiste presque à un défilé de mode, on entend presque fuser les sifflements admiratifs, bruisser la soie et le satin, dans les effluves de parfums capiteux. Ahhh...Vanesse Belle-Dame !  

 Ce nom a été repris par Pierre Boitard 1828 page 301 ; Hippolyte Lucas 1834 ; Bory de Saint-Vincent 1836 ; O.F Constant en 1840 ; Henri Milne-Edwards en 1841 ; P.A. Duponchel en 1849 ; Paul Girod 1912 .

6. La Vanesse de l'Artichaut.

La première attestation de ce zoonyme retrouvée en ligne date de 1928, dans la Revue de Zoologie Agricole et Appliquée - Volumes 27 à 28 - page 157 dans un contexte où les papillons, ou du moins leur chenilles, sont considérées comme des nuisibles, au même titre que "les doryphores, les termites et la mouche des cerises" dont il faut rechercher la parade phyto-sanitaire. 

 R. Poisson, H. Des Abbayes et F. Barbotin  donnèrent — sans utiliser ce zoonyme— une description des dégats (relatifs) causés aux artichauts de la ceinture légumière bretonne en 1939 dans leur article "Sur une migration de la Vanesse du chardon Vanessa cardui en Bretagne", Bulletin de la Société scientifique de Bretagne : Sciences mathématiques, physiques et naturelles,  Rennes : Société scientifique de Bretagne 1939, T.16 page 116. L'attaque des chenilles ne concernent que la côte malouine, et seulement quelques communes, comme celle de Saint-Servan ; la ponte survint en juin, et le 8 juillet, les feuilles rongées logeaient chacune 80 chenilles. Le 25 juillet, certaines feuilles étaient réduites à leurs nervures principales, mais les chenilles, qui avaient resisté à un traitement nicotiné, avaient été mangées par une troupe d'étourneau, et les chrysalides qui restaient avaient été attaquées par les Diptères tachinides, les Hyménoptères Apantales et Pteromalus.

En 2000, la deltamethrine conservait une extension d'emploi dans la lutte contre le "Ravageur".

Ce nom vernaculaire est utilisé notablement au Canada, où on redoute de voir V. cardui attaquer les cultures de soya, le tourneslo et l'artichaut avec la même virulence que dans le Mid-ouest des Etats-Unis et au Mexique, où un deuxième semis est parfois nécessaire. (Agriréseau 2011)

6. La revue des noms vernaculaires par Gérard Luquet en 1986.

       Dans la révision des noms vernaculaires français des rhopalocères parue dans la revue Alexanor en 1986, Gérard Christian Luquet propose "la Vanesse des Chardons" comme nom principal, et comme nom accessoire "la Belle-Dame" ; "la Vanesse de l'Artichaut*" ; "la Vanesse du Chardon", et "la Nymphe des Chardons**". 

 La "Vanesse Belle-Dame" passe donc aux oubliettes, et l'antique "Belle-Dame" de Geoffroy et Engramelle est ramenée au même rang que la "Vanesse de l'Artichaut" !

*Ce nom, dont la plus ancienne mention sur le net date de 1940 (Bull sc. pharmacol.), est surtout employé, non pas par les entomologistes, mais par les maraîchers, jardiniers, phytopharmaciens, lorsque l'on veut faire apparaître ce papillon comme nuisible, et en protéger les cultures. 

** : trouvé par G.C. Luquet dans Paul-A. Robert 1960, Les Papillons dans la nature, Delachaux et Niestlé, Neufchâtel (Suisse).



7. Noms vernaculaires contemporains :

— Oberthür et Houlbert dans la Faune armoricaine (1912-21) utilise le nom scientifique pour désigner V. cardui, mais, incidemment, dans leur texte sur la chrysalide, cite le nom vernaculaire "La Belle Dame" (page 91). 

Les auteurs contemporains ont suivi les propositions de G. Luquet, mais restent très attachés à "La Belle-Dame".

—Bellmann / Luquet 2008 : "La Vanesse des Chardons, la Belle-Dame"

— Blab / Luquet 1988 : "la Vanesse des Chardons"

— Chinery / Luquet  2012 : "La Belle-Dame"

— Doux & Gibeaux 2007 : "La Vanesse des Chardons".

— Higgins & Riley /Luquet 1988 : "La Vanesse des Chardons ou la Belle-Dame."

— Lafranchis, 2000 : "La Belle-Dame".

— Perrein, 1012 : "Vanesse des Chardons, Belle-Dame".

— Tolman & Lewington / P. Leraut 2009 :"Belle dame".

— Wikipédia : "La Vanesse du Chardon ou Vanesse des Chardons, [...] appellé Belle-Dame"

 

 

 

 

III. Les noms vernaculaires dans d'autres pays.

 

  • Ohdakeperhonen en finnois (papillon du chardon).
  • Painted Lady en anglais. (La Dame Peinte, ou Fardée)
  • Tistelfjäril ou Tistelfuks en suédois (Papillon du chardon) 
  • Distelvlinder en néerlandais (Papillon du chardon).
  • Stikelflinter en frison (Papillon du chardon).
  • Tidselsommerfugl en danois (Papillon du chardon). 
  • Tistelsommerfugl en norvégien (Papillon du chardon).
  • Vanesa de los cardos ou Bella Dama o Cardero en espagnol (Vanesse du chardon ; Belle Dame du chardon). 
  • La papallona dels cards ou papallona del card en catalan (Papillon du chardon)
  • Bela-dama ou vanessa-dos-cardos en portuguais (Belle-Dame ou Vanesse du chardon).
  • Vanessa del Cardo en italien (Vanesse du chardon).
  • Distelfalter en allemand (Papillon du chardon).
  • Usninukas en lituanien (Papillon du chardon).
  • Foillycan yn onnane en mannois (île de Man) (Papillon du chardon).
  • Rusałka osetnik en polonais (la Dame-sirène)
  • Farfalla cardaghja en corse (Papillon du chardon).
  • Mantell dramor en gallois (Manteau étranger )
  • Wóstowy kadźenc en serbocroate
  • Perîdanka qîvaran en kurde (Papillon ...)
  • Bogáncslepke en hongrois
  • Babočka bodláková en tchéque (Papillon dame)
  • Diken Kelebegi en turc (Papillon du chardon).
  • Ohakaliblikas en estonien (Papillon du chardon)
  • Чертополоховка Бабочка репейница en russe (Femme fardée : papillon femme trop fardée).
  • Osatnik en slovène
  •  Дяволска пеперуда en bulgare ( Papillon du diable).
  • Stričkov šarenjak en croate
  •  ヒメアカタテハ(姫赤立羽 ヒメアカタ  en japonais.

 

                                    Faroese_stamp_682.jpg

IV. Zoonymie vernaculaire anglo-saxonne ( M.A Salmon, 2000). 

Première illustration : Mouffet, 1634.

  • Papilio Bella Donna: Petiver*, 1699 ; Ray, 1710 ; Linaeus, 1746. (La Belle Dame)
  • "The Painted Lady" : Petiver, 1699, 1704 ; Buddle, c.1700 ; ray, 1710 ; Wilkes, 1741-42 ; Harris, 1766 ; et la plupart des auteurs suivants. (La Femme Fardée)
  • "The Thistle Butterfly" : Lewin, 1795. (Le Papillon du Chardon).

*Petiver (Mus. p. 35 n° 326)  le présente ainsi : papilio eleganter variegatus, agilis, belladona dictus. Ce belladona dictus, "appellé belladonna", signifie qu'il n'est pas lui-même l'auteur du nom, mais qu'il reprend une tradition plus ancienne.


 

 

Liens et Sources.

Funet : Vanessa.

Inventaire national du patrimoine naturel (Muséum) : Vanessa cardui.

 

— BELLMANN Heiko, 2008 Quel est donc ce papillon, Les Guides Nathan, Paris : Nathan, 2008. Traduction française et noms vernaculaires par G.C. Luquet.

— BLAB (Josef), RUCKSTULH (Thomas) ESCHE (Thomas)  [et al.], adaptation et traduction française LUQUET (Gérard-Christian), 1988 Sauvons les papillons  : les connaître pour mieux les protéger ; préface de Pierre Richard Paris : Duculot 1 vol. (192 p.) : ill. en coul., couv. ill. en coul. ; 27 cm Trad. de : "Aktion Schmetterling so können wir sie retten". 

— BOITARD (Pierre ) Manuel d'entomologie ou Histoire naturelle de insectes: contenant la synonymie de la plus grande partie des espèces d'Europe et des espèces exotiques les plus remarquables

, Tome second, Paris : Roret, 1828,  Gallica

  — BOISDUVAL ( Jean Alphonse),  GRASLIN, (Adolphe Hercule de), Dumesnil (P.C.R.C)  Rambur (Pierre).1833 Collection iconographique et historique des chenilles ou description et figures des chenilles d'Europe, avec l'histoire de leurs métamorphoses et des applications à l'agriculture, Paris : Librairie encyclopédique de Roret, 1832-1837 [1833].

— CHINERY (Michael), Insectes de France et d'Europe occidentale, adaptation française  G. Luquet pour les lépidoptères, Flammarion 2005, 2eme édition 2012, 320 p.

— DOUX (Yves), GIBEAUX (Christian), 2007, Les papillons de jour d'Île de France et de l'Oise,Collection Parthénope, Edition Biotope, Mèze, ; Muséum national d'Histoire naturelle, Paris, 2007, 288 p. Préface, index et supervision scientifique de Gérard Chr. Luquet.

— DUPONT (Pascal), DEMERGES (David), DROUET (Eric) et LUQUET (Gérard Chr.). 2013. Révision systématique, taxinomique et nomenclaturale des Rhopalocera et des Zygaenidae de France métropolitaine. Conséquences sur l’acquisition et la gestion des données d’inventaire. Rapport MMNHN-SPN 2013 - 19, 201 p. http://www.mnhn.fr/spn/docs/rapports/SPN%202013%20-%2019%20-%20Ref_Rhopaloceres_Zygenes_V2013.pdf

— DUPONCHEL (Philogène Auguste Joseph) 1849 Iconographie et histoire naturelle des chenilles pour servir à de compléter une l'Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France, de MM. Godart et Duponchel . Paris : Germer Baillère, 1849. 

— EMMET (Arthur Maitland) 1991. The Scientific Names of the British Lepidoptera: Their History and Meaning, Colchester, Essex, England : Harley Books, 1991,  288 p. : ill. ; 25 cm.

—  ENGRAMELLE (R.P. Jacques Louis Florentin), Papillons d'Europe peints d'après nature par M; Ernst. Gravés par M. Gérardin et coloriés sous leur direction. Première partie. Chenilles, Crysalides et Papillons de jour [décrits par le R.P. Engramelle, Religieux Augustin, Quartier Saint-Germain] Se vend à Paris chez M. Ernst et Gérardin. Paris : Delaguette/Basan & Poignant 1779. Volume 1 [1]+[VIII],[i-xxxiv] - 206p-errata [i-vi], 3 pl. en noir, 48 planches coloriées (I-XLVIII), 100 espèces. 

ESPER (Eugenius Johannes Christian) Die Schmetterlinge in Abbildungen nach der Natur / mit Beschreibungen, herausgegeben mit Zusätzen von Toussaint von Charpentier. Leipzig : T.O. Weigel, [1829-1839] En ligne BHL.

  — FABRICIUS (Johann) 1807  "Nach Fabricii systema glossatorum" in Johann Karl Wilhelm Illiger, "Die Neueste Gattungs-Eintheilung der Schmetterlinge [...], Magazin für Insektenkunde , Braunschweig [Brunswick] (6) https://archive.org/stream/magazinfrinsek06illi#page/280/mode/2up

— FOURCROY   (A. F.) 1785. Entomologia Parisiensis; sive catalogus insectorum quæ in agro Parisiensi reperiuntur; secundam methodam Geoffrœanam in sectiones, genera & species distributus: cui addita sunt nomina trivialia & fere trecentæ novæ species. Pars secunda. Parisiis. (Hôtel Serpente). 2. 232-544. Traduction en latin de l'Histoire des insectes de E.L. Geoffroy. http://archive.org/stream/entomologiaparis02four#page/n3/mode/2up

 — GEOFFROY (Étienne-Louis, Docteur en médecine) 1762. Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris: dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique ;Paris : Durand 1762 Tome second Planches XI à XXII  colorées à la main par Prévost gravées par Defehrt. 744p. http://archive.org/stream/histoireabrg02geof#page/n9/mode/2up

— GEOFFROY [Étienne-Louis] 1798-99 Histoire abrégée des insectes  Benoît Louis Prévost; A J Defehrt Paris : Chez Calixte-Volland : Chez Rémont, an VII [1798-1799 Tome deuxième. http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/14595#/summary

— GEER, (Charles de), Mémoires pour servir à l'histoire des insectes , Stockholm : Hesselberg, 1771.Tome 1 [1]-[15] 707 pages, 37 planches, Gallica .  Tome second première partie 616 pages,  ; Tome second deuxième partie pages 617 à 1175, 43 planches gravées par Bergquist. Gallica.

— GODART (Jean-Baptiste) Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France décrits par M. Godart, ancien proviseur Paris : Crevot 1821 Vol.1, Première partie, environs de Paris, [I]-[vij] + 295 p. Planches dessinées par [Antoine Charles] Vauthier et gravées par Lanvin.

— Gozmány, László: Vocabularium nominum animalium Europae septem linguis redactum2 vols. Budapest: Akadémiai Kiadó, 1979. 

— HIGGINS (L. G.) et RILEY (N. D.) 1988. Guide des Papillons d'Europe : Rhopalocères. Troisième édition française. Traduction et adaptation par Th. Bourgoin, avec la collaboration de P. Leraut, G. Chr. Luquet et J. Minet. Delachaux et Niestlé édit., Neuchâtel ,1988, 455 pages.

—HÜRTER Hans-Arnold 1988 Die wissenschaftlichen Schmetterlingsnamen, Herleitung und Deutung, Bottrop ; Essen : Pomp, 492 pages.

— KEMPER Heinrich 1959 Die tierischen Schädlinge im Sprachgebrauch, Berlin : Duncker & Humblot 1959. Google books.

— LAFRANCHIS (Tristan), 2000 Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles, Collection Parthénope, Ed Biotope, Mèze, 448p. 

— LATREILLE, P. A., 1804. "Tableau méthodique des Insectes", pp. 184-187 in Nouveau Dictionnaire d’Histoire Naturelle, Paris : Déterville. vol.24, 

Nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle vol. 24 1818 : Classification page 501http://books.google.fr/books?id=I_NBAAAAYAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q=vanesse&f=false

— LATREILLE, P. A., 1805. Histoire Naturelle, Générale et Particulière des Crustacés et des Insectes. Tome XIII, p. 369. Paris : Dufart.

 

LATREILLE P. A. 1810. Considérations générales sur l'ordre naturel des animaux composant les classes des Crustacés, des Arachnides et des Insectes; avec un tableau méthodique de leurs genres, disposés en familles. Paris: F. Schoell, 444 pp. pp. 350-370.

 —LATREILLE  (P.A) et Olivier Nouveau dictionnaire d'Histoire naturelle 2eme édition tome 27 1818.

 — LATREILLE (P.A), GODART (J.B) 1819 , Encyclopédie méthodique, ou Entomologie, Paris : Vve Agasse tome 9 1819. https://archive.org/stream/encyclopdiem09metc#page/n3/mode/2up 

ou  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58338273/f334.image.r=Godart.langFR

 — LERAUT (Patrice) 1997 "Liste systématique et synonymique des Lépidoptères de France, Belgique et Corse" (deuxième édition) Alexanor, 20, Supplément hors série : 1-526, 10 illustr., photog, 38 fig.

— LUCAS ([Pierre-] Hippolyte)  Histoire naturelle des lépidoptères d'Europe Paris : Pauquet  1834 ouvrage orné nature de près de 400 figures peintes d'apres, par A. Noel, et gravées sur acier.http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4416154.r=lucas+papillons.langFR 

 http://www.biodiversitylibrary.org/item/53843#page/11/mode/1up

— LUQUET (Gérard Chr.) 1986 "Les noms vernaculaires français des Rhopalocères d'Europe", Alexanor, Revue des Lépidoptéristes français, tome 14, juillet-septembre 1986, suppl.)

— MACLEOD (Roderick Donald) Key to the names of British Butterflies and moths, 86 pp. Londres 1959.

— OBERTHÜR (Charles), HOULBERT (Constant), Faune entomologique armoricaine. Lépidoptères. Rhopalocères, Rennes : Imprimerie Oberthür 1912-1921, 258 pages.


— PERREIN (Christian) 2012 , Biohistoire des papillons, Presses Universitaires de Rennes 2012.

RAMANN (Gustav) 1870-76, Die Schmetterlinge Deutschlands und der angrenzenden Länder in nach der Natur gezeichneten Abbildungen nebst  erläuterndem Text, 4 Bände, Band 1, Arnstadt 1870-1876. 

— RÉAUMUR [René-Antoine] de Ferchault 1734-1748 Mémoires pour servir à l'histoire des insectes   Paris : Imprimerie Royale, 6 volumes, de 1734 à 1748 [un 7e, copie du manuscrit original, paraîtra en 1928], 267 planches gravées par Simoneau, Lucas, Haussard et Fillioeul. En ligne BHL.  Voir aussi VALLOT J.N. 1802.

— SALMON (Michael A.) 2000, The Aurelian legacy, British butterflies and their collectors, University of California Press, 2000.

SCOPOLI (Jean-Antoine) Ioannis Antonii Scopoli Med. Doct. S.C.R. ... Entomologia Carniolica exhibens insecta Carnioliae indigena et distributa in ordines, genera, species, varietates : methodo Linnaeana. Vindobonae :Typis Ioannis Thomae Trattner ...,1763. En ligne BHL.

SODOFFSKY (W), 1837. "Etymologische undersuchungen ueber die gattungsnamen der Schmetterlinge von W Sodoffsky, in Riga", Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou ,n° VI, Moscou : imprimerie d'Auguste Sémen, 1837, 167 p.

— SOUVESTRE (Émile), 1836  Voyage dans le Finistère par Jacques Cambry, revu et augmenté par- : "Tableau systématique des lépidoptères qui se trouvent dans le département du Finistère" par  [(Hesse et) Le Borgne de Kermorvan] Brest : Come et Bonetbeau, 1835 page 165

SPULER  (Dr Arnold), Die Europas Schmetterlinge, 1901-1908. Vol.1. Allgemeiner Teil —Spezieller Teil. I-CXXVIII + 1-386 + [1]-[6], 265 fig. dans le texte, E. Schweizelbart'sche Verlagsbuchhandlung, Nägele und Dr Sproesser édit., Stuttgart, Allemagne. En ligne sur BHL :http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/9477#/summary

— TOLMAN (Tom), LEWINGTON (Richard), Guide des papillons d'Europe et d'Afrique du Nord, traduction et adaptation française Patrick Leraut,  Paris : Delachaux et Niestlé 1999 et 2009, 384 pages.

— VALLOT J.N. Concordance systématique, servant de table de matières à l'ouvrage de Reaumur, Paris : Grégoire, Thouvenin, 1802. En ligne Google books.

  — VILLERS (Charles de) 1789 Caroli Linnaei Entomologia, faunae Suecicae descriptionibus aucta : DD. Scopoli, Geoffroy, de Geer, Fabricii, Schrank, &c., speciebus vel in systemate non enumeratis, vel nuperrime detectis, vel speciebus Galli australis locupletata, generum specierumque rariorum iconibus ornata; curante & augente Carolo de Villers .. Lyon : Pietre et Delamollière, (1789).https://archive.org/stream/carolilinnaeient02linn#page/n11/mode/2up

— WALCKENAER (C.A.) 1802,  Faune parisienne, insectes, ou, Histoire abrégée des insectes des environs de Paris classés d'après le système de Fabricius; précédée d'un discours sur les insectes en général, pour servir d'introduction à l'étude de l'entomologie accompagnée de sept planches gravées Paris : Dentu 1802 en ligne BHL.  

ZIMMER, (Dieter E., rédacteur du mensuel Der Zeit) A guide to Nabokov's Butterflies and Moths et Butterflies and Moths in Nabokov's Published Writings , Web version 2012.

 

Boisduval chenille 1832 :   http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/51588#/summary

Boitard, 1828. : http://books.google.fr/books?id=K3ShlXhmFsEC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

Duponchel, chenilles 1849 : BHL :   http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/9410#/summary

Engramelle :    http://books.google.fr/books?id=em0FAAAAQAAJ

Esper : http://www.biodiversitylibrary.org/item/53441#page/9/mode/1up

Fabricius 1775:  http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/36510#/summary

Fabricius 1807 :https://archive.org/stream/magazinfrinsek06illi#page/280/mode/2up

Geoffroy  :    http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/51067#page/9/mode/1up

De Geer :  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97151p/f1.image.r=.langFR

Godart BHL :  http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/38004#page/256/mode/1up

Latreille 1804 :           http://books.google.fr/books?id=xBsOAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

Latreille 1810 :http://www.biodiversitylibrary.org/item/47766#page/358/mode/1up

Latreille et Godart 1819 :  https://archive.org/stream/encyclopdiem09metc#page/n3/mode/2up

Leach : http://biodiversitylibrary.org/page/17493618#page/136/mode/1up

Linné   http://www.biodiversitylibrary.org/item/10277#page/3/mode/1up

Petiver James, Musei petiveriani centura prima 1695 digitalisé par Google  (accès partiel)

Réaumurhttp://www.biodiversitylibrary.org/item/50298#page/11/mode/1up

Rottemburg : http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/home/speciestaxon?id=8326

Scopoli Entomologiacarniolica 1763

   http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/34434#/summary

 De Villers 1789 :  https://archive.org/stream/carolilinnaeient02linn#page/n11/mode/2up

Goettingen animalbase : base de donnée : http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/search

Butterflies of America : http://butterfliesofamerica.com/polyommatus_icarus.htm

 Bestimmungshilfe für die in Europa nachgewiesenen Schmetterlingsarten :http://www.lepiforum.de/

— Un beau plaidoyer sur les noms de papillons :http://excerpts.numilog.com/books/9782759217045.pdf 

— Articles biographiques sur les taxonomistes entomologistes http://gap.entclub.org/taxonomists/index.html 

   http://www.reserves-naturelles.org/sites/default/files/fichiers/protocole-rhopalo-liste-especes.pdf

                

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier
10 juillet 2013 3 10 /07 /juillet /2013 22:47

Zoonymie (origine du nom) du papillon le Robert-le-Diable, Polygonia c-album (Linné, 1758).

 

 

La zoonymie (du grec ζῷον, zôon, animal et ónoma, ὄνομα, nom) est la science diachronique  qui étudie les noms d'animaux, ou zoonymes. Elle se propose de rechercher leur signification, leur étymologie, leur évolution et leur impact sur les sociétés (biohistoire). Avec l'anthroponymie (étude des noms de personnes), et la toponymie (étude des noms de lieux) elle appartient à l'onomastique (étude des noms propres).

 

Elle se distingue donc de la simple étymologie, recherche du « vrai sens », de l'origine formelle et sémantique d'une unité lexicale du nom.

 


Résumé.

Polygonia (Hübner, 1819) vient des racines grecques qui a donné notre nom polygone, " à plusieurs angles" : il renvoie ici à la découpe particulièrement anguleuse des ailes.  

c-album (Linné, 1758) : ce nom latin se traduit en "C-blanc" et désigne la marque blanche de la face inférieure de l'aile postérieure, en forme de lettre, lue par Linné comme un C.

— Les noms vernaculaires créés par Geoffroy en 1762 sont "Le Gamma", justifié si on décrypte la lettre alaire comme un G (gamma en grec), et "Le Robert-le-Diable", en raison de la découpe "à la diable" du bord échancré des ailes, et de la "couleur de diable enrhumé", bariolée de fauve, de noir et de feu. Le nom lui-même est tiré d'un des romans les plus populaires du XVIIe au XIXe, La terrible et merveilleuse vie de Robert le Diable, d'après une légende du XIIIe siècle.  

  Les autres noms vernaculaires ont été "le Papillon C blanc" , De Geer 1771 ; "Le Gamma", Engramelle 1779 ; "le Papillon Gamma", Olivier et Latreille 1803 ; "Vanesse C-blanc",  Godart 1821 ; "Vanesse Gamma", Godart 1821, Lucas 1834, Duponchel, 1849 ; "Vanesse c.blanc", Le Borgne de Kermorvan 1836. 

    Depuis Gérard Luquet 1986,  "Le Gamma" est le nom principal, et  "le C blanc" ; "le C-blanc" ; "le Robert-le-Diable" et "la Vanesse Gamma" sont les noms acceptés.

 

 

I. Nom scientifique

Lepidoptera.


1. Nom de famille et sous-famille :

      

 a) la Famille des Nymphalidae Rafinesque 1815. (fr. Les Nymphalides, angl. Brush-footed Butterflies).

 

Rafinesque, C.S. 1815: Analyse de la nature, ou tableau de l'univers et des corps organisés. Palerme. L'Imprimerie de Jean Barravecchia. en français, 224 pp page 127. "Les Nymphales, quatre pattes droites, quatre pattes ambulatoires". Les Nymphales sont, pour Rafinesque, une Sous-famille de la famille Ropalocera ; elle comporte alors 23 "genres".

Constantine Samuel Rafinesque-Schmaltz (1783-1840) est un naturaliste et un archéologue américain d'origine franco-germano-italienne, qui a passé son enfance à Marseille avant de s'installer à Palerme comme herboriste. puis à Philadelphie. 

 

Ce grand collectionneur en histoire naturelle s'intéresse à la zoologie, la botanique, la malacologie, la météorologie et la littérature ainsi qu'à la théorie de l'évolution. Grand admirateur de Linné, nom dont il prénomme son fils, il débute son Analyse de la nature par cette dédicace : La nature est mon guide, et Linneus mon maître.



Cette famille comporte actuellement 13 sous-familles.

 Son nom vient de Nymphales, nom de la quatrième phalange de la nomenclature de Linné, aux ailes dentelées (alis denticulatis) et divisée en gemmati (ailes ocellées) et phalerati . Le nom est dérivé du grec ancien νύμφη / númphê, « jeune fille » et désigne dans la mythologie grecque les divinités féminines de la nature, généralement considérées comme les filles de Zeus et du Ciel, remarquablement belles, et qui peuplaient la plupart des lieux naturels: forêts et bois, vallées fertiles et bocages, sources et rivières, montagnes et grottes…   

 

 

b) Sous-famille des Nymphalinae Swainson, 1827 (Les Nymphalines ; Admirals ou Tortoiseshells en anglais).

William Swainson 1827, ("A Sketch of the Natural Affinities of the Lepidoptera Diurna of Latreille". — Phil. Mag., n. s. 1 (1): 185, 187); genre-type: Nymphalis Kluk, 1780.  

Elle comporte les Nymphales, les Sylvains, les Nacrés ou Argynnes, les Vanesses, les Damiers et les Mélitées.

William Swainson (1779-1855) est un ornithologue, collectionneur (20 000 insectes...) et surtout illustrateur d'histoire naturelle auteur des Zoological Illustrations où il initie l'emploi de la technique de lithographie.

c)  Tribu des Nymphalinii Rafinesque 1815 ou Swainson, 1827 .

 

2. Nom de genre : Polygonia Hübner, 1819.

 Polygonia Hübner, [1819]; Verzeichniß bekannter Schmettlinge (sic) Augsburg, Verlasser 1816-1826 [1819] (3) page 36, Type spécifique Papilio c-aureum Linnaeus. 

 Vient du grec ancien πολύς - polys, "plusieurs" et γωνία - gōnia, "angle", par référence à l'aspect très découpé des ailes.

Dans certains documents, (Funet) ce papillon peut être classé dans le genre Nymphalis Kluk, 1780 au lieu de Polygonia.  


3. Nom d'espèce : (Linnaeus, 1758).

C.album 115 P. [apilio] N[ymphalis] alis angulatis fulvis nigro-maculatis ; posticis subtus C.albo notatis,   Linnaeus, Systema naturæ per regna tria naturæ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Holmiæ [Stockholm]. Laurentii Salvii, 1758. Tomus I: 824 pp, page 477 n°115 .

  Le nom c-album, "c-blanc" en latin, vient de la marque discale de la face inférieure de l'aile postérieure, lue par Linné et quelques autres comme dessinant la lettre C.

 

 

 

II. Noms vernaculaires.

        "Le Gamma" Geoffroy 1762 ; "Le Robert-le Diable" Geoffroy, 1762  "le Papillon C blanc" , De Geer 1771 ; "Le Gamma", Engramelle 1779 ; "le Papillon Gamma", Olivier et Latreille 1803 ; "Vanesse C-blanc", "Vanesse Gamma", Godart 1821 ; "Vanesse Gamma", Lucas 1834, Duponchel, 1849 "Vanesse c.blanc", Le Borgne de Kermorvan 1836.

     Depuis Gérard Luquet 1986  "Le Gamma" est le nom principal, et  "le C blanc" ; "le C-blanc" ; "le Robert-le-Diable" ; "la Vanesse Gamma" sont les noms acceptés.

 

 

0. Avant l'Âge des Noms : Réaumur, la Bedaude, 1734.

   Réaumur, [René-Antoine] de Ferchault 1734-1748  "Dixième mémoire, De l'industrie des chenilles qui se pendent verticalement par le derrière la tête en bas pour se métamorphose. Comment la Crisalide se trouve penduë par la queuë dans la place où étoit la Chenille ; Et de quoi dépend la belle couleur d'or de plusieurs espèces de Crisalides". Mémoires pour servir à l'histoire des insectes,  1734 page 429 planche XXVII.

  L'industrieux Réaumur porte tout son intérêt aux chenilles et aux mystères de leurs métamorphoses, plutôt qu'aux imagos, et c'est donc la chenille du papillon (qui ne porte pas encore le nom de Polygonia c-album, ni aucune autre sorte de nom), qu'il baptise La bedaude : "Celle que l'arrangement bizarre de ses couleurs m'a fait nommer la bedaude". Il décrit pourtant le papillon, mais sa tache argentée et les découpures de ses ailes ne lui inspire pas de nom : " il y a pourtant sur le même coté de chaque aile inférieure une tache presqu'argentée, et qui tient un peu de la figure du croissant.[...] Le contours de ses ailes sont telles qu'elles semblent déchirées par endroit." La curiosité scientifique est là, mais le réflexe de dénomination-taxonomie attendra Linné pour paraître évident à chacun.

  Littré donne la définition suivante du nom bedaude : "Bedeau, la bédeaude ou bedaude étant ainsi dite à cause qu'elle porte, comme le bedeau, un habit de deux couleurs, c'est-à-dire un rochet blanc sur une soutane noire".

Costume de bedeau, catalogue Biais aîné, 1883 Bnf impr.

 

A4058F_M01.JPG


 1. Le gamma ou robert-le-diable , Geoffroy, 1762.

Étienne-Louis Geoffroy, Docteur en médecine 1762,  Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris: dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique ; Paris : Durand 1762 Tome second Planches XI à XXII  colorées à la main par Prévost gravées par Defehrt. 744 p.,  page 39 .

  Dans la traduction latine de l'Histoire des insectes par Fourcroy en 1785, le nom devient g-album.

 

a) La chenille bedeau : "Sa chenille épineuse est brune sur le coté et a sur le dos une large bande longitudinale blanche qui ne va pas jusqu'aux quatre premiers anneaux, et qui la fait ressembler à l'habillement d'un bedeau, d'où elle a reçu le nom de chenille bedeaueruca* bicolor ;  elle se trouve sur le houblon, le groselier,  et quelques autres arbres".

 * du latin eruca, ae, "chenille".

 

 

b)  "Les ailes de cette espèce sont très anguleuses, et comme déchiquetées à leurs bords. En dessus, elles sont fauves, avec plusieurs taches noires, dont quelques unes, au nombre de quatre ou cinq, sont isolées, et les autres tiennent ensemble. Au dessous, elles sont plus ou moins  brunes, ondées de différentes nuances et quelquefois d'un peu de bleu, et de plus, les ailes inférieures ont chacune dans leur milieu en dessous une tache blanche de la forme d'un G. Cette tache a fait donner à ce papillon le nom de gamma, et sa couleur de diable enrhumé, ainsi que la découpure singulière de ses ailes l'ont fait nommer par d'autres, robert-le-diable ". 

  On constate que Geoffroy n'endosse ni la paternité du nom de Gamma ni celle de Robert-le-Diable. Engramelle, plus tard, écrit également "D'autres lui ont donné le nom de Robert-le-Diable, à cause de sa couleur et de la découpure de ses ailes". Mais qui sont ces "autres" ? Le nom n'étant pas cité par Réaumur, nous sommes amenés à penser que ces auteurs ont employé (mais pas nécessairement écrit ou publié) ce nom entre 1734 et 1762. Le terme n'est pas utilisé hors de France. Hélas, les documents manquent sur les amateurs ou collectionneurs français de papillon pendant cette période.

  Ce zoonyme, véritable patrimoine lexicologique comme beaucoup des noms de Geoffroy, reprend celui  d'un héros d'une légende apparue au début du XIIIe siècle dans un roman La Terrible et merveilleuse vie de Robert le Diable, lequel après fut homme de bien. (édition de 1738 par Garnier le jeune, imprimeur-libraire rue du Temple - 46 pages  sur Gallica ). Je présente cette légende en annexe. On peut penser que le personnage, dans sa période "diabolique" qui précéde sa conversion et qui ne constitue pas la principale partie du récit, mais son préambule, a pu passer en raison de son immense popularité pour un "type" associé à tout ce qui était " moult fort terrible et fort espouvantable", déchaîné, fait de bruit et de fureur, et opposé à l'ordre et à l'harmonie. L'expression "à la Robert-le-Diable" pouvait qualifier un décor, une voix, un mets ("Crêpes de langoustines et mignons de veau à la Robert le Diable, c'est-à-dire fortement parfumés à l'estragon sur fonds d'artichauts"), un chef  "connu à dix lieues à la ronde pour ses équilles à la Robert-le-Diable et bien d'autres chefs-d'œuvre culinaires",  une coiffure (in Balzac mis à nu de Charles Léger, 1928 :"Affichant des airs vainqueurs, il se fit coiffer à la Robert le Diable, laissa pousser ses moustaches mal plantées, et inonda sa personne de parfums capiteux. Ici, comme dans toutes ses recherches successives, il était d'après quelqu'un".)  

  On peut comprendre donc que l'aspect de fauve farouche du papillon, son allure dépenaillée et sauvage,les lignes sinueuses, (serpentines !) des contours frangés de ses ailes ainsi que leur découpe agressive, taillée au couteau, ses couleurs mêlant le roux satanique, le feu, la braise et la suie ait incité les naturalistes à évoquer le héros sanguinaire, méphitique et méphistophélique de leur temps.  

  On ne s'étonnera pas de voir Geoffroy, membre de l'élite parisienne des Lumières (ce médecin fréquente les scientifiques les plus en vue, qui enseignent, comme son père le faisait, au Jardin des Plantes) et amateur d'"humanités" grecques et latines, dédaigner les goûts populaires pour les romans de chevalerie que leur propose, en version d'Épinal, la Bibliothèque bleue. Lui nommera ses papillons Amaryllis et Tircis, Corydon et Myrtil, Céphale et Bacchante, Silène et Faune, et s'il nomme Tristan, c'est sans-doute de Tristan L'Hermitte qu'il s'agit. Ni Fierabras ni Huon, ni Perceval : Geoffroy n'est pas Don Quichotte !

 Mais c'est Geoffroy qui, par une association littéraire astucieuse, renforce le pouvoir évocateur du nom en qualifiant la couleur des ailes de "couleur de diable enrhumé". 

La couleur "diable enrhumé".

 Ce terme désuet est mentionné au XVIIIe siècle : "On dit, burlesquement, d'une couleur manquée et peu agréable, couleur de diable enrhumé. L'Académie ne met pas cette expression, et il n'est pas trop sûr de s'en servir". Dictionnaire critique de la langue française par l'abbé Jean-François Féraud Marseille, 1787

  C'est un mélange de couleurs chamarrées qui jurent entre elles :  "Jamais on n'a fait du blanc en mêlant ensemble ces sept couleurs, soit en poudre, soit en liqueur, soit en pâte, soit en mettant l'un sur l'autre les sept verres des sept couleurs différentes : on a toujours fait par ce mélange une couleur qui n'a pas d'autre nom que celui de « diable enrhumé» ".(Joseph Étienne Bertier 1764 : Principes physiques, pour servir de suite aux Principes ..., Volume 2 Paris : Impr royale page 546).

Il est traduit dans les dictionnaires français-anglais (Abel Boyer 1776 ; Louis Chambaud 1776 ou 1815) par « thunder and lightning colour », "couleur de tonnerre et de foudre".

 Il est utilisé en dehors de toute connotation diabolique ou malséante pour désigner, par exemple, en 1805 dans un catalogue un «œillet diable enrhumé ».

On le trouve mentionné dans de très nombreux ouvrages d'histoire naturelle pour désigner un passereau très coloré, le "Tangara diable enrhumé ou Tangara tacheté de Cayenne : ce tangara est fort commun à Cayenne, où on lui donne le nom de « diable enrhumé », apparemment à cause du mélange de ses couleurs " (Encyclopédie méthodique: Histoire naturelle, Oiseaux, tome second Paris : Panckoucke, 1784.)

 Vers la moitié du XIXe siècle et dès  1835, l'expression en vient à qualifier une voix, par exemple dans Eugène Sue, Les Mystères de Paris, 1845, « crier comme un diable enrhumé ».

 On voit l'habileté de Geoffroy à faire appel au nom —pittoresque— d'une couleur appropriée aux ailes du Gamma pour établir un lien entre les caractéristiques du papillon et le nom qu'il a reçu.

  L'aspect découpé des ailes n'est "diabolique" que si on se rapporte aux valeurs médiévales, où tout ce qui n'était pas uni et homogène, mais rayé, zébré, ponctué, taché, ...et déchiqueté relevait du Malin et était infamant (Cf M. Pastoureau, l'étoffe du diable, une histoire de la rayure et des tissus rayés, Seuil, 1991).

 Mais aujourd'hui, je ne sais plus si le Robert-le-Diable a réellement des allures de faune démoniaque et enragé avec ses ailes embrasées par les feux infernaux, ou si mon regard et mon jugement ont internalisées le théâtre qu'ouvre grand pour moi l'Onomastique : je ne vois plus la réalité sans le masque de son nom propre, collé comme la tunique de Nessos.

 

 


 2. Papillon C blanc, De Geer 1771.

    GEER, (Charles de), Mémoires pour servir à l'histoire des insectes , Stockholm : Hesselberg, 1771. Tome second première partie page 193 n° 3 . 

 

 

3. Le Gamma , Engramelle 1779 .

   Jacques Louis Florentin Engramelle Papillons d'Europe, peints d'après nature, Volume 1 page 14 n° 5 Planche V  par J.J. Ernst, gravée par J.J. Juillet.  1779.  

  

 

4. (Le C. blanc), de Villers, 1789.

VILLERS (Charles de) 1789 Caroli Linnaei Entomologia, faunae Suecicae descriptionibus aucta : DD. Scopoli, Geoffroy, de Geer, Fabricii, Schrank, &c., speciebus vel in systemate non enumeratis, vel nuperrime detectis, vel speciebus Galli australis locupletata, generum specierumque rariorum iconibus ornata; curante & augente Carolo de Villers .. Lyon : Pietre et Delamollière, (1789) page 44 n° 74.

 Le nom donné par de Villers n'est pas à proprement parler un nom vernaculaire, il est la traduction à titre indicatif (entre parenthèses) du nom scientifique linnéen.

 

5. Papillon Gamma, Olivier et Latreille 1803.

 

 Olivier et P.A. Latreille, Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle appliquée aux arts, tome XVII Paris : Deterville, 1803 page 43.   

 

6, Vanesse C-blanc. Latreille et Godart 1819.

 Latreille et Godart, Encyclopédie méthodique, Histoire naturelle, Paris : Vve Agasse, Tome 9 vol. 116, 1819 page 

 

7 . Vanesse C-blanc, Vanesse Gamma , Godart 1821 et la plupart des auteurs du XIXe siècle.

— Vanesse C-blanc, Vanessa C-album, Vanesse Gamma, Jean Baptiste Godart, "Tableau méthodique des lépidoptères" in Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France décrits par M. Godart, ancien proviseur Paris : Crevot 1823 Vol.1, page 40.

 

— Vanesse Gamma, Papilio C-album (Linn), Le Gamma ou Robert-le-Diable (Geoffr). Jean Baptiste Godart, Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France décrits par M. Godart, ancien proviseur Paris : Crevot 1821 Vol.1, Première partie, environs de Paris, [I]-[vij] + 295 p, page 40.   page 85, n° XXVII planche dessinée par [Antoine Charles] Vauthier et gravée par Lanvin.

Le "genre  Vanesse" est créé (Tableau méthodique, page 40) par Godart à partir des genres Vanessa et Cynthia de Fabricius ( Syst. glossat.) regroupant les Nymphales phalerati de Linné.

— Vanesse Gamma, Hippolyte Lucas 1834 ; Duponchel, Chenilles 1849 page 102 n°39.

 — :  Boisduval, Chenilles 1834 page .

— Vanesse c.blanc : Le Borgne de Kermorvan in Souvestre, 1836 page 165.

 

 



6. Revue des noms vernaculaires par Gérard Luquet en 1986.

 

Dans son article paru dans Alexanor, Gérard Christian Luquet retient  Le Gamma en nom principal, et en admet aussi : le C blanc ; le C-blanc ; le Robert-le-Diable ; la Vanesse Gamma. Il rejette la Dentelle* ; la (sic) Gamma** ; le Papillon-C ***.

*R.Rappaz, Les Papillons du Valais, 1979. appartient aux noms jugés "trompeurs,... erronés, ...inexacts".

** J.P. Vanden Eeckhoudt, Papillons de jour, 1965 : "le nom de "Gamma" est du genre grammatical masculin. Il convient donc d'écrire le "Gamma" pour Polygonia c-album et le "Gamma égéen" pour P. egea". (Note 86)

      *** P.A. Robert, Les insectes 2, Lépidoptères 1960. "Le nom de "Papillon-C" cité par Robert pour Polygonia c-album est la traduction littérale de l'un des noms vernaculaires allemands de cette espèce ("C-Falter") " Note 87.

  Je regrette que Le Robert-le-Diable n'ait pas été placé en nom principal. La fréquentation des naturalistes sur le terrain montre combien ce nom reste employé. Certains noms propres devraient être protégés au même titre qu'un monument, comme patrimoine culturel, en raison de  leur histoire et leur passé. Pour l'instant (2013), le site collectif Wikipédia cite Robert-le-diable comme seul nom vernaculaire.

 


7. Noms vernaculaires contemporains :

Au début du XXe siècle, Charles Oberthür et Constant Houlbert ( 1912-1921) utilisent le nom scientifique, mais dans le cours du texte (page 101) on trouve "...un C ou un G blanc, d'où les noms de C.album ou de Gamma qui lui furent donnés par les anciens auteurs", tournure qui fait comprendre que ces noms n'ont plus cours. A la page suivante, les auteurs utilisent l'imparfait pour écrire " Robert-le-Diable ou Gamma, ainsi que l'appelait le P. Engramelle, etc..."

 

Higgins & Riley /Luquet 1988 : Robert-le-Diable .

Bellmann / Luquet  2008 : Le Gamma, le Robert-le-Diable .

Chinery / Leraut : Le Robert-le-Diable ou le Gamma.

Doux et Gibeaux / Luquet 2007 : Le Gamma, le Robert-le-Diable . 

Lafranchis, 2000 : Le Robert-le-Diable, le Gamma.

Perrein, 2012 : Gamma, Robert-le-Diable. .

Tolman et Lewington / Leraut 2009 : Robert le Diable.

Wikipédia : Robert-le-Diable.

 

 

 

 

 

III. Les noms vernaculaires dans d'autres pays.

   La liste suivante permet de mesurer combien un nom vernaculaire comme le "Robert-le-Diable" est un patrimoine lexical rare et précieux face à la stéréotypie des dénominations purement descriptives des autres langues.

  • Vinbärsfuks en suédois ("fuks groseille")
  • Hvit c en norvégien ("C blanc.")
  • Gehakkelde aurelia en néerlandais ("balbutié aurelia")
  • C-Falter en allemand ("Papillon C") ; ou Weißes C
  • Comma en anglais ("Virgule")
  • Herukkaperhonen en finnois ("papillon du groseiller")
  • Det hvide C en danois.  ("Le C blanc")
  • Rusałka ceik en polonais.
  • C-betűs lepke en Hongois ("Papillon Lettre C")
  • Babočka bílé C en tchèque  ("Papillon C. blanc").
  • Väike-kärbtiib en estonien ("petit ?")
  • Karpytūnė en Lituanien.
  • C-flinter en frison ("papillon C").
  • C-blanca en espagnol.

  Un papillon alphabet...

  Nous avons vu que la marque blanche de l'aile postérieure avait été vue comme un croissant par Réaumur ; Petiver en 1717 y voit une virgule, Linné a lu la lettre C, Geoffroy un G, d'autres un delta (Polygonia delta-album Joseph, 1819, synonyme). Esper a lu pour sa part la lettre F, et le nomme Nymph. Phal. F.album  (Die Schmetterlinge in Abbildungen nach der Natur. Th. I, Bd. 2 (8): 168, pl. 87). 

 . 

 

 

 

 IV. Zoonymie vernaculaire anglo-saxonne ( M.A Salmon, 2000). 

 Première mention : Mouffet, 1634.

  • The silver, pale, jagged-wing, and small Commas : Petiver, 1717. ( "Le petit Virgule, argenté, pâle et aux ailes échancrées" )
  • the Comma Butterfly : Wilkes, 1741-42 ; Harris, 1766, et la plupart des auteurs suivants. Le Papillon Comma, ou Papillon Virgule".

"Comma" est, en grec, désigne la virgule : il qualifie ici bien-sûr la marque blanche de la face inférieure de l'aile, départageant les amateurs de papillons anglo-saxons avec le Comma, les francophones avec le Gamma, et les autres européens linnéens avec le C. 

 

 


 

 

      ANNEXE : LE ROMAN DE ROBERT LE DIABLE.

 

 

"Dans la ville de Rouen au pays de Normandie naquit un enfant qui fut nommé Robert le Diable, qui est un nom fort épouventable ; mais la cause pourquoi il fut ainsi nommé, je le vais présentement raconter. [...] Si je conçois aujourd'hui un enfant, qu'il soit la proie du Diable, dès à présent je lui donne de bonne volonté. [...] Lors le duc engendra un enfant qui fit plusieurs maux en sa vie, comme vous le verrez ci-après ; car naturellement il était enclin à tous vices et délits, ; mais toute fois à la fin il se corrigea et se convertit si bien qu'il paya une amende salutaire de ses forfaits à Dieu, cet à la fin il fut sauvé, comme le témoigne assez amplement l'histoire de sa vie."

  Robert le Diable, initialement un roman de chevalerie basé sur le vieux thème folklorique et littéraire du brigand repenti reprend de nombreux éléments d'une tradition orale pour devenir, entre le XVII et le XIXe siècle, Le roman populaire par excellence. 

   Les manuscrits Français 24405 et Français 25516 de la Bibliothèque nationale représentent la version la plus ancienne du texte, écrit en vers par un clerc anonyme au début du XIIIe siècle. Le récit procède à la reformulation chrétienne d'un substrat païen indo-européen et d'une tradition orale populaire.   Il y eut ensuite deux remaniements : un Mystère au XIVe siècle et un Dit de Robert-le Diable au XVe siècle qui présentent déjà d'importantes modifications par rapport au texte primitif. Les premiers textes imprimés datent du début de l'imprimerie et parmi ces incunables, le plus ancien fut imprimé à Lyon en 1446 ; une édition parisienne date du début du XVIe siècle. Illustrés de belles vignettes sur bois, et suivant d'assez près le texte du Mystère et surtout du Dit, ils seront l'origine de toutes les éditions populaires. En effet, alors que les ouvrages précédents concernaient une population aisée et cultivée, va se développer une édition de colportage semi-clandestine distribuée dans les campagnes, par son entrée dans la Bibliothèque bleue dès 1620. Recouverts d'une fragile couverture de papier bleu, sans permis d'imprimé, souvent sans date ni lieu d'impression (mais imprimés à Troyes, Rouen, Paris puis dans diverses villes de province), les volumes de la Bibliothèque bleue accumulent les coquilles et comportent des coupures du texte qui supprimaient les motivations et émotions des protagonistes au profit de l'action ; apparus au XVII et XVIIIe siècles, ils trouvent leur apogée au XIXe siècle, et Robert le Diable est l'une des valeurs les plus sûres. Le succès du roman est tel que Meyerbeer en fait un opéra , mais le livret de Scribe n'a plus grand chose à voir avec l'original et tient plutôt du mélodrame. Réédité jusqu'en 1862, Robert le Diable change alors de statut et devient objet d'étude : les textes anciens sont alors édités. En 1909-1910, il entre dans le domaine du cinéma muet.

 L'histoire.

     Le récit raconte comment la femme du duc de Normandie, par dépit de ne pouvoir avoir d'enfant, voua à Satan un enfant à sa conception, enfant surnommé Robert le Diable et qui  terrifia la contrée par ses exactions (on discerne ici le thème de Merlin, héros rédempteur marqué par ses origines diaboliques). Son enfance est marquée par le meurtre de son précepteur et les violences exercées contre les autres enfants ; son investiture comme chevalier lui donne l'occasion d'exterminer les meilleurs participant du tournoi organisé en son honneur au Mont-Saint-Michel. Mis hors-la-loi, il devint le Capitaine de tous les mauvais garçons du pays et se livre, comme Gilles de Rais, aux pillages, coupant les gorges, forçant les hommes et violant les femmes et les nonnes, profanant les églises, incendiant l'abbaye d'Arquès, "tuant sept hermittes dans un bois", jusqu'au jour où il parvient au château d' Arquès où il rencontre sa mère. Celle-ci lui révèle la malédiction qui pèse sur lui, et Robert se repentit immédiatement et part en pèlerinage à Rome, où il se confesse au Pape. Il va trouver alors un ermite qui lui indique sa pénitence : contrefaire le fou, rester muet et disputer sa nourriture aux chiens.  Viennent ensuite sept années de pénitence à la cour de l'empereur de Rome, dont il devient le fou (la folie pénitentielle succédant à la folie destructrice du début). Mais les Turcs déclarent la guerre contre l'empereur et envahissent l'Italie, tandis que son Sénéchal le trahit et sert le camp des Infidèles. Robert, qui reçoit d'un ange un cheval et une armure,  secourt l'armée par trois fois en conservant l'incognito, et est blessé par un chevalier. le Sénéchal félon prétend être responsable des victoires remportées par Robert, mais la fille de l'empereur, muette jusqu'alors, démasque l'usurpateur et révèle les exploits de Robert. Dans la version médiévale, l'ermite annonce à Robert le pardon de ses fautes et il finit saintement sa vie dans la solitude, l'ascèse et la prière. Il est enseveli à Saint-Jean de Latran avant qu'un seigneur du Puy vienne dérober ses ossements et fonder une abbaye. Dans les versions postérieures au XIIIe, Il épouse la fille de l'empereur puis devient duc de Normandie.

Les textes.

 a) Version initiale en vers.

Le poème a été composé à la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle. Deux versions du texte nous sont parvenues à travers les deux manuscrits qui subsistent aujourd’hui : BnF., Français 25516 et Français 24405  Pour É. Gaucher, le Français 25516 (manuscrit A, seconde moitié du XIIIe siècle) remonte à un original perdu, contrairement à l’hypothèse de Loseth pour qui les deux manuscrits seraient passés par un intermédiaire perdu . Le Français 25516 a été édité par Trébutien en 1837, puis par Löseth en 1903. Le Français 24425 ou Manuscrit B date du fin XIVe-début XVe.

— Bibliothèque nationale de France, Département des Manuscrits, Français 25516 : Beuve de Hantone; Élie de Saint-Gille; Aiol; Robert le Diable.par le Maître du Graal. Enlumineur, 1275-1290.

— Bibliothèque nationale de France, département des manuscrits, Français 24405. 14-15e siècle.

—Le roman de Robert le Diable, en vers du XIIIe siècle, publié pour la première fois d'après les manuscrits de la Bibliothèque du Roi, par G.-S. Trébutien, Paris : Silvestre 1837. Google.

—Robert le Diable, roman d'aventures publié par E. Löseth, Paris, Firmin Didot pour la Société des anciens textes français, 1903, xlviii + 264 p.

b) Le Mystère de Robert le Diable,

Cy commence un miracle de Nostre Dame : BnF Ms Fr 820, XIVe siècle.

 

Miracle de Nostre Dame de Robert le Dyable, filz du Duc de Normendie, a qui il fu enjoint pour ses meffaiz qu'il feist le fol sans parler et depuis ot Nostre Seignor mercy de li, et espousa la fille de l'Empereur.

réécriture moderne par Fournier, historiographe en 1879 Gallica :http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k37226h

c) Le Dict de Robert le Deable, XVe siècle. 

Guillot de Paris : "Le dit de Robert le Diable" in Dits, fabliaux et pièces diverses,1301-1400 Paris, Bibliothèque nationale de France, français, 24432, f. 202ra-215rb, 254 quatrains monorimes : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b90075147

BnF Ms Fr 1881

BnF Ms Fr 12604

 

d) versions imprimées.

 

—édition de Jacques Oudot (Troyes, 1715)

— édition  de Jean Oursel (Rouen, 1715)

— La terrible et merveilleuse vie de Robert le Diable , Lequel après fut Homme de Bien,  Garnier, Troye, 1738. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k721663/f19.image

— édition de Jean de Castilhon (1763) Google.

— édition du comte de Tressan (1784).

Image : http://www.ecoles.cfwb.be/argattidegamond/Contes/Chaperon/Colportage.htm

image005.jpg  

 

Robert le Diable. Édition bilingue. Publication, traduction, présentation et notes par Élisabeth Gaucher, Paris, Champion (Champion Classiques. Moyen Âge, 17), 2006, 512 p.

Élisabeth Gaucher, « Robert le diable : une « œuvre ouverte » », Cahiers de recherches médiévales [En ligne], 2 | 1996, mis en ligne le 04 février 2008, consulté le 05 novembre 2013. URL : http://crm.revues.org/2483 ; DOI : 10.4000/crm.2483

Bauduin Pierre : "Gaucher (Elisabeth). Robert le Diable. Histoire d'une légende".  Revue belge de philologie et d'histoire 2006 Volume   84 pp. 126-1268  

Lise Andries La Bibliothèque bleue : les réécritures de Robert le Diable Littérature1978Volume 30 pp. 51-66 Persée http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/litt_0047-4800_1978_num_30_2_1154

 

 

 

 

[Robert le diable : neuf maquettes de costumes / par François-Gabriel-Guillaume Lepaulle] - 10

 

 

 

Liens et Sources.

Funet :  Nymphalis.

Inventaire national du patrimoine naturel (Muséum) : Polygonia c-album.

— BELLMANN Heiko, 2008 Quel est donc ce papillon, Les Guides Nathan, Paris : Nathan, 2008. Traduction française et noms vernaculaires par G.C. Luquet.

— BLAB (Josef), RUCKSTULH (Thomas) ESCHE (Thomas)  [et al.], adaptation et traduction française LUQUET (Gérard-Christian), 1988 Sauvons les papillons  : les connaître pour mieux les protéger ; préface de Pierre Richard Paris : Duculot 1 vol. (192 p.) : ill. en coul., couv. ill. en coul. ; 27 cm Trad. de : "Aktion Schmetterling so können wir sie retten". 

— BOITARD (Pierre ) Manuel d'entomologie ou Histoire naturelle de insectes: contenant la synonymie de la plus grande partie des espèces d'Europe et des espèces exotiques les plus remarquables, Tome second, Paris : Roret, 1828,  Gallica

  — BOISDUVAL ( Jean Alphonse),  GRASLIN, (Adolphe Hercule de), Dumesnil (P.C.R.C)  Rambur (Pierre).1833 Collection iconographique et historique des chenilles ou description et figures des chenilles d'Europe, avec l'histoire de leurs métamorphoses et des applications à l'agriculture, Paris : Librairie encyclopédique de Roret, 1832-1837 [1833].

— CHINERY (Michael), Insectes de France et d'Europe occidentale, adaptation française  G. Luquet pour les lépidoptères, Flammarion 2005, 2eme édition 2012, 320 p.

— DOUX (Yves), GIBEAUX (Christian), 2007, Les papillons de jour d'Île de France et de l'Oise,Collection Parthénope, Edition Biotope, Mèze, ; Muséum national d'Histoire naturelle, Paris, 2007, 288 p. Préface, index et supervision scientifique de Gérard Chr. Luquet.

— DUPONT (Pascal), DEMERGES (David), DROUET (Eric) et LUQUET (Gérard Chr.). 2013. Révision systématique, taxinomique et nomenclaturale des Rhopalocera et des Zygaenidae de France métropolitaine. Conséquences sur l’acquisition et la gestion des données d’inventaire. Rapport MMNHN-SPN 2013 - 19, 201 p. http://www.mnhn.fr/spn/docs/rapports/SPN%202013%20-%2019%20-%20Ref_Rhopaloceres_Zygenes_V2013.pdf

— DUPONCHEL (Philogène Auguste Joseph) 1849 Iconographie et histoire naturelle des chenilles pour servir à de compléter une l'Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France, de MM. Godart et Duponchel . Paris : Germer Baillère, 1849. 

— EMMET (Arthur Maitland) 1991. The Scientific Names of the British Lepidoptera: Their History and Meaning, Colchester, Essex, England : Harley Books, 1991,  288 p. : ill. ; 25 cm.

—  ENGRAMELLE (R.P. Jacques Louis Florentin), Papillons d'Europe peints d'après nature par M; Ernst. Gravés par M. Gérardin et coloriés sous leur direction. Première partie. Chenilles, Crysalides et Papillons de jour [décrits par le R.P. Engramelle, Religieux Augustin, Quartier Saint-Germain] Se vend à Paris chez M. Ernst et Gérardin. Paris : Delaguette/Basan & Poignant 1779. Volume 1 [1]+[VIII],[i-xxxiv] - 206p-errata [i-vi], 3 pl. en noir, 48 planches coloriées (I-XLVIII), 100 espèces. 

— FOURCROY (A. F.) 1785. Entomologia Parisiensis; sive catalogus insectorum quæ in agro Parisiensi reperiuntur; secundam methodam Geoffrœanam in sectiones, genera & species distributus: cui addita sunt nomina trivialia & fere trecentæ novæ species. Pars secunda. Parisiis. (Hôtel Serpente). 2. 232-544. Traduction en latin de l'Histoire des insectes de E.L. Geoffroy. http://archive.org/stream/entomologiaparis02four#page/n3/mode/2up

 — GEOFFROY (Étienne-Louis, Docteur en médecine) 1762. Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris: dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique ;Paris : Durand 1762 Tome second Planches XI à XXII  colorées à la main par Prévost gravées par Defehrt. 744p. http://archive.org/stream/histoireabrg02geof#page/n9/mode/2up

— GEOFFROY [Étienne-Louis] 1798-99 Histoire abrégée des insectes  Benoît Louis Prévost; A J Defehrt Paris : Chez Calixte-Volland : Chez Rémont, an VII [1798-1799 Tome deuxième. http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/14595#/summary

— GEER, (Charles de), Mémoires pour servir à l'histoire des insectes , Stockholm : Hesselberg, 1771.Tome 1 [1]-[15] 707 pages, 37 planches, Gallica .  Tome second première partie 616 pages,  ; Tome second deuxième partie pages 617 à 1175, 43 planches gravées par Bergquist. Gallica.

— GODART (Jean-Baptiste) Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France décrits par M. Godart, ancien proviseur Paris : Crevot 1821 Vol.1, Première partie, environs de Paris, [I]-[vij] + 295 p. Planches dessinées par [Antoine Charles] Vauthier et gravées par Lanvin.

— Gozmány, László: Vocabularium nominum animalium Europae septem linguis redactum2 vols. Budapest: Akadémiai Kiadó, 1979. 

— HIGGINS (L. G.) et RILEY (N. D.) 1988. Guide des Papillons d'Europe : Rhopalocères. Troisième édition française. Traduction et adaptation par Th. Bourgoin, avec la collaboration de P. Leraut, G. Chr. Luquet et J. Minet. Delachaux et Niestlé édit., Neuchâtel ,1988, 455 pages.

—HÜRTER Hans-Arnold 1988 Die wissenschaftlichen Schmetterlingsnamen, Herleitung und Deutung, Bottrop ; Essen : Pomp, 492 pages.

— KEMPER Heinrich 1959 Die tierischen Schädlinge im Sprachgebrauch, Berlin : Duncker & Humblot 1959. Google books.

— LAFRANCHIS (Tristan), 2000 Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles, Collection Parthénope, Ed Biotope, Mèze, 448p. 

— LATREILLE, P. A., 1804. "Tableau méthodique des Insectes", pp. 184-187 in Nouveau Dictionnaire d’Histoire Naturelle, vol.24, Paris : Déterville.

— LATREILLE, P. A., 1805. Histoire Naturelle, Générale et Particulière des Crustacés et des Insectes. Tome XIII, p. 369. Paris : Dufart.

 —LATREILLE  (P.A) et Olivier Nouveau dictionnaire d'Histoire naturelle 2eme édition tome 27 1818.

— LATREILLE (P.A), GODART (J.B) , Encyclopédie méthodique, ou Entomologie, Paris : Vve Agasse tome 9 1819. https://archive.org/stream/encyclopdiem09metc#page/n3/mode/2up

 — LERAUT (Patrice) 1997 "Liste systématique et synonymique des Lépidoptères de France, Belgique et Corse" (deuxième édition) Alexanor, 20, Supplément hors série : 1-526, 10 illustr., photog, 38 fig.

— LUCAS ([Pierre-] Hippolyte)  Histoire naturelle des lépidoptères d'Europe Paris : Pauquet  1834 ouvrage orné nature de près de 400 figures peintes d'apres, par A. Noel, et gravées sur acier.http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4416154.r=lucas+papillons.langFR 

 http://www.biodiversitylibrary.org/item/53843#page/11/mode/1up

— LUQUET (Gérard Chr.) 1986 "Les noms vernaculaires français des Rhopalocères d'Europe", Alexanor, Revue des Lépidoptéristes français, tome 14, juillet-septembre 1986, suppl.)

— MACLEOD (Roderick Donald) Key to the names of British Butterflies and moths, 86 pp. Londres 1959.

— OBERTHÜR (Charles), HOULBERT (Constant), Faune entomologique armoricaine. Lépidoptères. Rhopalocères, Rennes : Imprimerie Oberthür 1912-1921, 258 pages.


— PERREIN (Christian) 2012 , Biohistoire des papillons, Presses Universitaires de Rennes 2012.

— RÉAUMUR [René-Antoine] de Ferchault 1734-1748 Mémoires pour servir à l'histoire des insectes   Paris : Imprimerie Royale, 6 volumes, de 1734 à 1748 [un 7e, copie du manuscrit original, paraîtra en 1928], 267 planches gravées par Simoneau, Lucas, Haussard et Fillioeul. En ligne BHL.  Voir aussi VALLOT J.N. 1802.

— SALMON (Michael A.) 2000, The Aurelian legacy, British butterflies and their collectors, University of California Press, 2000.

SCOPOLI (Jean-Antoine) Ioannis Antonii Scopoli Med. Doct. S.C.R. ... Entomologia Carniolica exhibens insecta Carnioliae indigena et distributa in ordines, genera, species, varietates : methodo Linnaeana. Vindobonae :Typis Ioannis Thomae Trattner ...,1763. En ligne BHL.

— SOUVESTRE (Émile), 1836  Voyage dans le Finistère par Jacques Cambry, revu et augmenté par- : "Tableau systématique des lépidoptères qui se trouvent dans le département du Finistère" par  [(Hesse et) Le Borgne de Kermorvan] Brest : Come et Bonetbeau, 1835 page 165

SPULER  (Dr Arnold), Die Europas Schmetterlinge, 1901-1908. Vol.1. Allgemeiner Teil —Spezieller Teil. I-CXXVIII + 1-386 + [1]-[6], 265 fig. dans le texte, E. Schweizelbart'sche Verlagsbuchhandlung, Nägele und Dr Sproesser édit., Stuttgart, Allemagne. En ligne sur BHL:http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/9477#/summary

— TOLMAN (Tom), LEWINGTON (Richard), Guide des papillons d'Europe et d'Afrique du Nord, traduction et adaptation française Patrick Leraut,  Paris : Delachaux et Niestlé 1999 et 2009, 384 pages.

— VALLOT J.N. Concordance systématique, servant de table de matières à l'ouvrage de Reaumur, Paris : Grégoire, Thouvenin, 1802. En ligne Google books.

  — VILLERS (Charles de) 1789 Caroli Linnaei Entomologia, faunae Suecicae descriptionibus aucta : DD. Scopoli, Geoffroy, de Geer, Fabricii, Schrank, &c., speciebus vel in systemate non enumeratis, vel nuperrime detectis, vel speciebus Galli australis locupletata, generum specierumque rariorum iconibus ornata; curante & augente Carolo de Villers .. Lyon : Pietre et Delamollière, (1789).https://archive.org/stream/carolilinnaeient02linn#page/n11/mode/2up

— WALCKENAER (C.A.) 1802,  Faune parisienne, insectes, ou, Histoire abrégée des insectes des environs de Paris classés d'après le système de Fabricius; précédée d'un discours sur les insectes en général, pour servir d'introduction à l'étude de l'entomologie accompagnée de sept planches gravées Paris : Dentu 1802 en ligne BHL.  

De Geer :  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97151p/f1.image.r=.langFR

Godart BHL :  http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/38004#page/256/mode/1up

Duponchel, chenilles 1849 : BHL :   http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/9410#/summary

Boisduval chenille 1832 :   http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/51588#/summary

Geoffroy  :    http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/51067#page/9/mode/1up

Engramelle :    http://books.google.fr/books?id=em0FAAAAQAAJ

Latreille 1804 :           http://books.google.fr/books?id=xBsOAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

Latreille et Godart 1819 :  https://archive.org/stream/encyclopdiem09metc#page/n3/mode/2up

Linné   http://www.biodiversitylibrary.org/item/10277#page/3/mode/1up

 De Villers 1789 :  https://archive.org/stream/carolilinnaeient02linn#page/n11/mode/2up

Fabricius :  http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/36510#/summary

Rottemburg : http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/home/speciestaxon?id=8326

Scopoli Entomologia carniolica 1763  http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/34434#/summary

Leach : http://biodiversitylibrary.org/page/17493618#page/136/mode/1up

Goettingen animalbase : base de donnée : http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/search

Butterflies of America : http://butterfliesofamerica.com/polyommatus_icarus.htm

 Bestimmungshilfe für die in Europa nachgewiesenen Schmetterlingsarten :http://www.lepiforum.de/

—  Articles biographiques sur les taxonomistes entomologistes http://gap.entclub.org/taxonomists/index.html 

   http://www.reserves-naturelles.org/sites/default/files/fichiers/protocole-rhopalo-liste-especes.pdf

 

 

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier
10 juillet 2013 3 10 /07 /juillet /2013 22:38

 

 

      Zoonymie du papillon Machaon ou Grand Porte-Queue, Papilio machaon Linnaeus, 1758.

 

La zoonymie (du grec ζῷον, zôon, animal et ónoma, ὄνομα, nom) est la science diachronique  qui étudie les noms d'animaux, ou zoonymes. Elle se propose de rechercher leur signification, leur étymologie, leur évolution et leur impact sur les sociétés (biohistoire). Avec l'anthroponymie (étude des noms de personnes), et la toponymie (étude des noms de lieux) elle appartient à l'onomastique (étude des noms propres).

 

Elle se distingue donc de la simple étymologie, recherche du « vrai sens », de l'origine formelle et sémantique d'une unité lexicale du nom.

 

 

Pin pa ni caille,
Le roi des papillons,

Se faisant la barbe,
Se coupa le menton.

 

Un, deux, trois, de bois ;
Quatre, cinq, six, de buis ;
Sept, huit, neuf, de bœuf ;
Dix, onze, douze, de bouse ;
Va-t’en à Toulouse. »


      Voir aussi :  Les caudataires Machaon et Phaéton de la Marine : délices de l'onomastique navale.

Résumé.

Papilio Linné, 1758 : du latin papilio, onis, "papillon".

machaon Linné 1758 :  Dans la mythologie grecque, Machaon (en grec ancien Μαχάων / Makháôn), fils d'Asclépios (dieu de la médecine) est un héros de la guerre de Troie, soignant avec son frère Podalire les cavaliers grecs, puis se cachant dans le cheval de Troie pour prendre possession de la ville avec d'autres chefs. 

— Les noms vernaculaires ont été successivement : Le Grand papillon à queue, du fenouil (Geoffroy, 1762); le Papillon Basse-la-Reine (de Geer, 1771 / Meiran, 1730); le Grand Porte-Queue (Engramelle, 1779); le  Papillon Machaon (Godart, 1819 et 1821) ; le Grand-Carottier (Godart, 1821); le Machaon (Luquet, 1986). L'usage actuel a consacré Le Machaon en priorité, ainsi que le Grand Porte-queue. Hormis le Machaon, transposition du nom scientifique, ces noms attirent l'attention sur la forme remarquable des ailes, aux prolongements effilés (ressemblant aux "filets" des hirondelles rustiques, ce qui explique que le machaon soit nommé en anglais Swallowtail, queue d'hirondelle) ; sur les plantes hôtes (fenouil et carotte) et sur la grande taille (30 à 50 mm d'envergure) Le curieux Basse-la-Reine semble transposé du hollandais pour souligner la splendeur toute royale de l'espèce.

 

 

I. Nom scientifique

Lepidoptera.


1. Nom de famille et sous-famille :

Papilionidae Latreille 1802 (Papilionides), Papilioninae, Tribu Papilionini  (Latreille, 1802) (Papilionines).

 

 


2. Nom de genre : Papilio, Linné, 1758.

Espèce-type Papilio machaon Linnaeus, 1758.

 P.[apilio] E.[ques] Machaon, Linnaeus, C. 1758. Systema naturæ per regna tria naturæ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis.Holmiæ. (Salvius). Tomus I: 824 pp, page 458.

  Pour Linné, les Papilio regroupent tous les papillons de jour. Les comparant aux armées grecque et troyenne de la guerre de Troie, il les divisent, selon les caractères de leurs ailes, en 6 phalanges, dont la première est celle des Equites ou Chevaliers, séparés en Troiani (Troyens) et Achivi (Achéens, donc Grecs). Le goupe des Papilio va être réduit à ces seuls Achéens, ou plutôt à une seule sous-division crée par Linné, les Achivi alis fasciatis (ses n° 20 à 40) dont la seule espèce européenne est alors (1758) le n° 27 Papilio machaon, qui est donc Eques Achivus, chevalier achéen. Ses compagnons sont Ulysse, Agamemnon, Diomède, Patrocle, Pyrrhus, Leilus, Ajax, Antilochus, Protesilaus, Nestor, Télémaque, Achille, etc. En 1764, il ajoutera une seconde espèce européenne, Podalire. 

 

 Linné a repris le nom latin papilio, onis, "papillon", qui n'a pas d'étymologie plus ancienne. Notre propre nom français dérive de la forme accusative latine papilionem, au XIIe siècle avec la forme paveillon, d'emblée avec le sens d' "insecte lépidoptère". Ce paveillon, qui conduira à notre pavillon, "tente d'armée aux deux rideaux en forme d'ailes de papillon", se transformera sous l'effet d'une altération expressive répétant la lettre p (pap) pour imiter le battement des ailes. Cette sorte d'onomatopée s'entend aussi — ou mieux — dans d'autres langues : farfalla en italien,  papallona en catalan, barbotela en portuguais, parpaillo en occitan (et ur valafenn en breton).

  Si on aime jouer avec les mots, on peut rapprocher ces sonorités de clappement d'ailes de celles de paupière, dans sa forme palpébral, issu du latin palpebra formé de la base pal-pare, qui a le sens originel de "toucher doucement, battre doucement". On dit d'un enfant gagné par le sommeil et dont les paupières papillonnent que "ses yeux parpalègent" ; on parle aussi d'un "baiser papillon" pour désigner un geste tendre effectué par battement des paupières. Et il est si poétique d'imaginer les paupières de l'être aimé(e) endormi comme deux papillons posés sur une fleur !

 

      Emmet (1991) page 145:

Papilio Linnaeus,1758 —papilio, a butterfly : the name was applied by Linnaeus to all the butterflies. Schrank (1801) restricted it to the Nymphalidae but Latreille (1804) reassigned it to the phalanx Equites, and later it was still further restricted to this genus.

Trad : Papilio, un papillon : le nom fut employé par Linné pour désigner tous les papillons diurnes. Schrank en restreignit l'usage en 1801 aux seuls Nymphalidés, Latreille (1804) à la seule phalange des Equites, et plus tard le nom fut encore limité à ce seul genre.

 

 

3. Nom d'espèce : Papilio machaon Linnaeus, 1758.

P.[apilio] E.[ques] Machaon, Linnaeus, C. 1758. Systema naturæ per regna tria naturæ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Holmiæ. (Salvius). Tomus I: 824 pp, page 462 n° 27.

 [http://www.biodiversitylibrary.org/item/10277]  

 

 

  Machaon est d'une famille qui se consacre à la Santé puisque son père n'est autre qu' Asclépios, dieu de la médecine que le centaure Chiron lui avait enseigné, et lui-même fils d'Apollon et de Coronis la Corneille. La mère de Machaon est la nymphe Epione "celle qui soulage les maux", il compte parmi ses sœurs Hygie, déesse de la santé et de l'hygiène, et Panacée, déesse qui soigne tout par les remèdes à base de plante, ou Acèso, déesse de la guérison.

  Ses deux frères sont Podalire, médecin, et Télésphore, dieu de la convalescence. Il est marié à Anticlia, de qui il a Alexanor, Sphyros*, Polémocratès, Nicomachos et Gorgasos.

* l'un des synonymes de Papilio machaon est Papilio sphyrus (Hübner, 1823).

 

  Machaon et Podalire sont tous les deux des héros de la guerre de Troie, accompagnant les combattants achéens venus venger l'honneur de Ménelas dont l'épouse Heléne a été enlevé par Pâris. Ils mènent trente nefs thessaliennes de Trikké, Ithomé et Œchalie. Habiles chirurgiens, ils exercent leur art auprès des blessés grecs, Machaon soignant notamment Ménélas et Podalire Philoctète. Dans l'Iliade, Machaon est blessé par Paris  à l'épaule droite d'une flèche à trois pointes : Et, aussitôt, Idoméneus dit au divin Nestôr :— Ô Nestôr Nèlèiade, gloire des Akhaiens, hâte-toi, monte sur ton char avec Makhaôn, et pousse vers les nefs tes chevaux aux sabots massifs. Un médecin vaut plusieurs hommes, car il sait extraire les flèches et répandre les doux baumes dans les blessures. Il parla ainsi, et le cavalier Gérennien  Nestôr [Νέστωρ Γερήνιος , Nestor Gerēnios, de Gérénia en Méssénie] lui obéit. Et il monta sur son char avec Makhaôn, fils de l’irréprochable médecin Asklèpios. Et il flagellait les chevaux, et ceux-ci volaient ardemment vers les nefs creuses. (Rhapsodie XI) 

 

Selon Quintus de Smyrne, ils feront également partie des guerriers présents dans le cheval de Troie qui mena la ville du roi Priam à sa perte. Selon Virgile (Énéide, 2, 265), Machaon était même le premier de ceux qui sortirent du cheval.

 Mais Machaon mourut lors de la prise de Troie sous les coups du fils de Télèphe. Ses ossements furent rapportés par le vieux Nestor chez lui à  Gérénia en Méssénie, dans un sanctuaire où les malades venaient chercher la guérison.

 

 On aime à croire que Machaon  (en grec ancien Μαχάων / Makháôn) tient son nom de makhaira, "couteau", car il excelle en chirurgie : c'est lui qui soigne Ménélas atteint d'une flèche, ôtant celle-ci puis appliquant des remèdes sur la plaie. C'est à son propos qu'Idoménée eut ce commentaire devenu proverbial : "un médecin, à lui-seul, vaut beaucoup d'hommes".

  Selon d'autres sources ici, Machaon se rattache au verbe grec makhestai, "combattre, lutter".

 

  On désigna les deux frères médecins Machaon et Podalire comme les Asclépiades, puis ce nom engloba leurs descendants, une famille noble prétendant descendre directement d'Asclépios, et dont certains étaient prêtres-médecins : la médecine était dans la Grèce antique, un sacerdoce exercé dans des asclépeions ou temples de soins (incubation) dont les plus connus se trouvaient à Cos et à Épidaure. Enfin, depuis Hippocrate l'Asclépiade, ce sont tous les médecins qui sont désignés sous ce terme. Leur caducée comporte le "bâton d'Asclepios", portant le miroir de la prudence, et autour duquel s'enroule la Couleuvre d'Esculape. Le caducée des pharmaciens comporte pour sa part la coupe d'Hygie, sœur de Machaon.


 

Machaon, son frère Podalire et son fils Alexanor ont donné leur nom à trois Porte-Queues, Papilio machaonIphiclides podalirius et Papilio alexanor. Parmi les synonymes, variantes et sous-espèces de Machaon, je relève  Papilio machaon sphyrus (Rothschild, 1895) (du nom du fils de Machaon) et Papilio machaon var. hippocrates (C. & R. Felder, 1864). Enfin, Nicomaque, autre fils guérisseur de Machaon figure dans la famille très médicale des Porte-Queue :  Papilio polites nicomaque Fruhstorfer, 1909 (synonyme).

  Nicomachos et  Gorgasos était vénéré ensemble dans un sanctuaire de Phares en Messénie (Pausanias, IV,30) par les malades et les estropiés: est-ce Gorgasos qui y figure sous le nom altéré de Papilio machaon ssp gorganus (Fruhstorfer, 1922) ?  J'ai la bonne surprise de constater que H.A. Hürter (1988, p. 41) s'est posé la même question et y a consacré un paragraphe entier pour conclure, comme moi, à une faute d'orthographe. Ce nom gorganus  est cité ainsi  dans la description originale de l' article Der bekannteste mitteleuropäische Tagfalter noch ohne Namen ("Les papillons les plus connus d'Europe centrale encore sans nom"):  "Papilio machaon L. Reg. Pal. exclus. Madeira et Insulae Canariae [...]d) : P. machaon gorganus FRUHST, P. machaon ESPER, HÜBNER, auctores,...Germania, Austria, Europ. centr.". Il est d'autant plus probable que Fruhstorfer ait commis une faute gorganus / gorgasus que c'est lui qui avait déjà créé Papilio polites nicomaque 13 ans auparavant.

 L' épouse de Machaon a donné son nom à Lachnoptera anticlia anticlia (Hübner, 1819), un heliconiiné d'Afrique ; sa mère Epione baptise des papillons de nuit, dont l' Epione marginée Epione repandaria (Hufnagel, 1767).

  Cette famille de toubib, toujours tirée à quatre épingles (surtout dans les collections des chasseurs de papillon), possède d'étranges secrets et est passée maître en aposématisme, cet art d'effrayer les prédateurs. Machaon concocte dans ses alambics des phyltres à base de carotène que sa chenille libère par ses osmeterium en cas de danger. Leurs osmatéries repoussent les Oiseaux, Lézards, Fourmis, (ais non les Guèpes, Vespula germanica étant au contraire attirée par l'odeur de carotte des chenilles pour les croquer alors que des ichneumonidés les parasitent  (H. Descimon 1991).  De même, les larves  du Machaon se nourrit de la Rue fétide, ou Ruta gravaeolens, grande plante médicinale répulsive pour les insectes (puces et pucerons), mais que machaon ne craint pas. En outre, cette espèce sait détourner à son profit les pigments qui lui servent à orner sa livrée de telle façon qu'elle décourage les prédateurs. Elle est inféodée aux Ombellifères et aux Rutacées, plantes qui n'ont pas de parenté botanique mais qui ont en commun des huiles essentielles ( celle du fenouil fœniculum vulgare par exemple, qui parfume nos pastis).

 

 

 

Synonymes.

 Papilio machaon machaon Linnaeus, 1758 


 

II. Noms vernaculaires.

Le Grand papillon à queue, du fenouil (Geoffroy, 1762); le Papillon Basse-la-Reine (de Geer, 1771 / Meiran, 1730); le Grand Porte-Queue (Engramelle, 1779); le Papillon Machaon (Godart, 1819 et 1821) ; le Grand-Carottier (Godart, 1821); le Machaon (Luquet, 1986).


0. Avant l'Âge des Noms : Réaumur.

RÉAUMUR [René-Antoine] de Ferchault 1734 Mémoires pour servir à l'histoire des insectes  Tome I : Chenilles et Papillons : Paris : Imprimerie Royale,  planches gravées par Simoneau.

Mémoire 11 : De l'industrie des chenilles, qui, pour se métamorphoser, se suspendent par un lien qui leur embrasse le dessus du corps ; et des crisalides qui sont suspendues par le même lien, page 484-486.

planche 29 fig. 9. 

planche 30 fig. 1 à 11. : "La figure 1 est celle du papillon à queüe de la belle chenille du fenouil", posé sur six jambes dont trois sont marquées ppp.

 Réaumur décrit ensuite la chenille (c'est sur elle que porte son intérêt), avec ses "cornes" rétractiles (son osmeterium orangé  dont les sécrétions éloignent les prédateurs), et la façon, détaillée avec minutie, avec laquelle la chenille se fixe à la tige de fenouil ; puis il décrit la chrysalide.

n618_w525 


 1. Le grand papillon à queue, du fenouil. Geoffroy, 1762.

Étienne-Louis Geoffroy, Docteur en médecine 1762. Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris: dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique ;Paris : Durand 1762 Tome second Planches XI à XXII  colorées à la main par Prévost gravées par Defehrt. 744p. pages 54-55 n°23.

  Geoffroy, qui a créé de magnifiques noms originaux pour les nymphalides par lesquels il a débuté son ouvrage, aborde ici sa deuxième famille, celle des Papillons à six pieds, et le premier groupe d'entre eux, les Grands Porte-Queues. Plutôt que de reprendre le nom de Machaon de Linné, qu'il cite, il utilise un nom descriptif associant trois qualificatifs, la taille, le caractère caudé de la queue, et l'une des plantes hôtes, le fenouil. Sur le plan de la création onomastique, il est évident que ce choix n'est pas heureux. Il est possible que Geoffroy se soit inspiré de la dénomination anglaise Swallowtail ( Wilkes 1741), Queue d'Hirondelle, bien qu'il ne cite pas ce dernier auteur dans ses 17 références. Mais en réalité, nous venons de voir qu'il reprend le "papillon à queüe, du fenouil" de Réaumur, transformant un fragment de phrase en nom propre.

  

 2. Papillon Basse la Reine, De Geer 1771. (Maria Sybilla  Merian, 1730)

    GEER, (Charles de), Mémoires pour servir à l'histoire des insectes , Stockholm : Hesselberg, 1771. Tome second première partie page 185 .

Godart 1819 et 21 cite ce nom avec la graphie Basse-la-Reine avec la référence Merian, Eur. p. 13  pl.38.:

Merian, Maria Sibylla, - Marret, Jean, De Europischen insecten : naauwkeurig onderzogt, na't leven geschildert, en in print gebragt door /Tot Amsterdam : J.F. Bernard,1730 : page 20 pl. 38. : "Uit deze Pop is de schoone Kapelle, die by de Leif hebbers genaamt word basse la reine, in April en Mai, ook wel in December te vooschyn gekomen, die schoon geel en met swart verçiert is."

 La tentative de traduction du texte ne me permet pas de comprendre d'où peut provenir ce nom, ou à quoi il fait allusion. (" de la chrysalide de ce beau papillon, que les naturalistes nomment communément Basse la Reine, sort quelquefois en avril et mai, et aussi en décembre, un papillon jaune orné de noir" ). Il a été repris par différents auteurs au XVIIIe siècle. Ce qui est étonnant, c'est que ce nom en français apparaisse dans un texte écrit en hollandais par une naturaliste et peintre allemande.

 L'hypothèse que je formule, après avoir découvert que le Machaon et Iphicildes podalirius sont désignés en néerlandais par les noms de Konninginnepage et de Koningspage, puis que le nom néerlandais page désigne la famille des papilionidae (Swallowtail), et donc que ces noms signifiaient Papilionides de la reine, et Papilionides du Roi, est que "Basse-la-Reine" est une francisation grossière de Konninginepage en Page-la-Reine puis Basse-la-Reine. 

  Parmi les auteurs anglais Petiver 1699 avait nommé le machaon Royal William ; Rennie le nomma The Queen (la Reine) en 1832. Puis plusieurs ( J.O Westwood 1841, H.G. Adams 1854) citent une référence Papilio Regina de Geer Gen. 6-30. On retrouve cette mention royale dans les noms catalans Papallona reina.

 

http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/51067#page/64/mode/1up

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97151p/f197.image.r=.langFR

3. Le Grand Porte-Queue Engramelle 1779 .

   Jacques Louis Florentin Engramelle Papillons d'Europe, peints d'après nature, Volume 1 page 146  n° 68 planche 34 a;b;c; par J.J. Ernst, gravée par ? Stignand,  1779.  

4. Le Machaon, de Villers, 1789.

VILLERS (Charles de) 1789 Caroli Linnaei Entomologia, faunae Suecicae descriptionibus aucta : DD. Scopoli, Geoffroy, de Geer, Fabricii, Schrank, &c., speciebus vel in systemate non enumeratis, vel nuperrime detectis, vel speciebus Galli australis locupletata, generum specierumque rariorum iconibus ornata; curante & augente Carolo de Villers .. Lyon : Pietre et Delamollière, (1789) page 3

 

5. Le papillon Machaon, Latreille et Godart 1819.

  • P.A Latreille, Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle Paris : Deterville 1819, t.XXIV. n°89 page 57.

 

5 . Papillon Machaon , Godart 1821.

Jean Baptiste Godart, Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France décrits par M. Godart, ancien proviseur Paris : Crevot 1821 Vol.1, Première partie, environs de Paris, [I]-[vij] + 295 p. Tableau méthodique p. 11, et page 38 dessinée par [Antoine Charles] Vauthier et gravée par Lanvin.

  • Idem,  Latreille et Godart, Encyclopédie méthodique, Histoire naturelle, Paris : Vve Agasse,Tome 9 vol. 116, 1819.
  • Idem, Hippolyte Lucas 1834.
  • Idem Le Borgne de Kermorvan in Souvestre, 1836 page 165.

6. Le Grand-Carottier Godart, 1821).

 Godart cite simplement cette dénomination (Histoire naturelle, 1821 p.40) : "Le fenouil, le peucédan à feuilles menues sont les plantes sur lesquelles on trouve le plus souvent cette chenille. Elle aime également la carotte sauvage et la carotte cultivée. Aussi les paysans de certaines contrées donnent-ils au papillon le nom de Grand-Carottier".

 

6. Revue des noms vernaculaires par Gérard Luquet en 1986.

 Gérard Christian Luquet place Le Machaon en nom principal et accepte aussi Le Grand Porte-Queue, Le Grand Carottier , La Queue d'Hirondelle* (en Suisse). Il écarte, en raison de leur longueur et complexité excessive, Le Papillon Basse-la-Reine, et le Grand Papillon à queue du Fenouil de Geoffroy.

 Ce nom fait l'objet d'une note : "Il semble que ce soit par erreur que Rappaz (Les Papillons du Valais, Sion : 1979) indique avoir lui-même créé le nom de "Queue d'Hirondelle" pour Papilio machaon. Je l'ai en effet rencontré dans plusieurs ouvrages publiés antérieurement au sien. Apparemment, le nom de "Queue d'Hirondelle" est courant en Suisse ; il n'est du reste probablement que la traduction du nom allemand de l'espèce, "Schwalbenschwanz", de même que le nom de "Voilier" attribué en Suisse à Iphiclides podalirus est vraisemblablement aussi la traduction du nom vernaculaire allemand du "Flambé" ("Segelfalter").

 En toute logique, G.C. Luquet aurait donc pu l'écarter pour le motif qu'il a établi : "Les noms traduits d'une langue étrangère, ou imités du latin, mais peu adaptés aux réalités francophone ; il convient d'en éviter l'emploi" (p. [5].


7. Noms vernaculaires contemporains :

Au début du XXe siècle, Charles Oberthür et Constant Houlbert ( 1912-1921) utilisent le nom de "Le Grand Porte-Queue de Geoffroy" (p. 39 fig. 49).

 

Higgins & Riley /Luquet 1988 : Le Machaon, le Grand Porte-Queue.

Bellmann / Luquet  2008 : Le Machaon, le Grand Porte-Queue.

Blab / Luquet 1988 : Machaon

Doux et Gibeaux / Luquet 2007 : Le Machaon.

Lafranchis, 2000 :Le Machaon, le Grand Porte-Queue

Perrein, 2012 : Machaon, Grand Porte-Queue.

Tolman et Lewington / Leraut 2009 : Machaon.

Wikipédia : Le Machaon ou Grand Porte-queue.

 

 

 

 

 

III. Les noms vernaculaires dans d'autres pays.

 

      Ils reprennent le plus souvent l'un des équivalents de ceux que nous avons vus : Machaon ; Queue d'Hirondelle : Reine.

  A noter les qualifications de "chevalier", peut-être en rapport avec la classe des Equites achivi où Linné avait classé le machaon.  

  • Ritariperhonen en finnois : "papillon chevalier".
  • Makaonfjäril en suédois : "papillon machaon".
  • Riddarfjäril  en suédois : "papillon chevalier".
  • Schwalbenschwanz en allemand : "Queue d'Hirrondelle".
  • Swellesturtflinter en frison.
  • Swallowtail Common ou Yellow Swallowtail en anglais : "Queue d'Hirondelle".
  • Old World Swallowtail ou Artemisia Swallowtail en américain
  • Koninginnepage en néerlandais : "Papilio reine" ... Le Flambé Iphiclides podalirius se nomme Koningspage en néerlandais. Page = Papilionidae ou Swallowtails 
  • Ridderkapelle en néerlandais : "papillon chevalier".
  • Otakárek fenyklový en tchèque : "Rare machaon."Lastovičar en slovène
  • Svalehale en danois : "Queue d'Hirondelle".
  • Kırlangıçkuyruk en turc : "Queue (kuyruk) d'Hirondelle"  
  • Maxaon en azeri (azerbaïdjan).
  • Borboleta cauda-de-andorinha en portuguais : "papillon queue d'hirondelle".
  • El Macaón en espagnol.
  • papallona rei, papallona reinapapilió, rei de papallones ou papallona tigre en catalan.  
  • Macaone en italien.  
  • Paź królowej   en polonais.

et :

  • Ar papilio Machaon en Bretagne
  •  Galo (coq) ou boiña (béret) en Galice. 
  • Farfalla finuchjaghja en Corse.
  • Macaon (parpalhòl) en Occitan

 IV. Zoonymie vernaculaire anglo-saxonne ( M.A Salmon, 2000). 

      Première mention Moffet, 1634.

  • The Royal William :Petiver, 1699 ; Newman et Leeds, 1913.
  • The Swallow-tails or Swallowtail : Wilkes 1741-42 ; Harris 1766 ; Jermyn, 1824 ; South, 1906 ; Newman et Leeds, 1913 ; et la plupart des auteurs suivants.
  • The Queen  Rennie, 1832.
  • The Swallow-tailed Butterfly : Coleman, 1860.
  • The Common Swallowtail : Heslop, 1959.

 

V. Autres descriptions.

Linné, Fauna suecica n° 791.

— Scopoli, entomologia carniolica p. 166.

— Fuesli, Ins. n° 543.

— Esper, tome I, page 31, tableau 1 fig. 1.

— Seb. Mus 4, tableau 32 fig.9.

— Petiver, Mus. page 35 n° 328.

— Columnae Ecphr. 2, page 85 tableau 86.

— Mouffet, Theatrum ins.ed. lat. page 99 tableau 968.

— Gronov. Zoolog. 725.

— Harris, tableau 36 fig.9.

— Mullers Systema nat. tome 5 page 575 tableau 15 fig.3.

— Ray, Hist. ins. p. 110 n°1.

— Robert, icon i8.

— Wilkes, p. 47 tableau I n°1

— Merret, Pinax, rer. brit. 198.

— Jonston, Ins. p. 40 n°2 tableau 7.

— Rösel von Rosenhof, tome I Cl. II page i tableau I Pap. diurn.

— Biblioth. regiana par. page 4 n°1, 2 varietas n°4.  

— Höfnagel, ins. I, tome 12 

— Frisch. germ, 2, p.41 tome 10.

— Aldrovandi, Ins. 96 n.5-6 f.1.

— Lewin, Ins. tableau 34,


 

 106c

 

machaon 0103cc

 

 

Sources et liens.

Liens et Sources.

Funet : Papilio 

Inventaire national du patrimoine naturel (Muséum) : Machaon.

 

— BELLMANN Heiko, 2008 Quel est donc ce papillon, Les Guides Nathan, Paris : Nathan, 2008. Traduction française et noms vernaculaires par G.C. Luquet.

— BLAB (Josef), RUCKSTULH (Thomas) ESCHE (Thomas)  [et al.], adaptation et traduction française LUQUET (Gérard-Christian), 1988 Sauvons les papillons  : les connaître pour mieux les protéger ; préface de Pierre Richard Paris : Duculot 1 vol. (192 p.) : ill. en coul., couv. ill. en coul. ; 27 cm Trad. de : "Aktion Schmetterling so können wir sie retten". 

— BOITARD (Pierre ) Manuel d'entomologie ou Histoire naturelle de insectes: contenant la synonymie de la plus grande partie des espèces d'Europe et des espèces exotiques les plus remarquables, Tome second, Paris : Roret, 1828,  Gallica

  — BOISDUVAL ( Jean Alphonse),  GRASLIN, (Adolphe Hercule de), Dumesnil (P.C.R.C)  Rambur (Pierre).1833 Collection iconographique et historique des chenilles ou description et figures des chenilles d'Europe, avec l'histoire de leurs métamorphoses et des applications à l'agriculture, Paris : Librairie encyclopédique de Roret, 1832-1837 [1833].

— CHINERY (Michael), Insectes de France et d'Europe occidentale, adaptation française  G. Luquet pour les lépidoptères, Flammarion 2005, 2eme édition 2012, 320 p.

— DOUX (Yves), GIBEAUX (Christian), 2007, Les papillons de jour d'Île de France et de l'Oise,Collection Parthénope, Edition Biotope, Mèze, ; Muséum national d'Histoire naturelle, Paris, 2007, 288 p. Préface, index et supervision scientifique de Gérard Chr. Luquet.

— DUPONT (Pascal), DEMERGES (David), DROUET (Eric) et LUQUET (Gérard Chr.). 2013. Révision systématique, taxinomique et nomenclaturale des Rhopalocera et des Zygaenidae de France métropolitaine. Conséquences sur l’acquisition et la gestion des données d’inventaire. Rapport MMNHN-SPN 2013 - 19, 201 p. http://www.mnhn.fr/spn/docs/rapports/SPN%202013%20-%2019%20-%20Ref_Rhopaloceres_Zygenes_V2013.pdf

— DUPONCHEL (Philogène Auguste Joseph) 1849 Iconographie et histoire naturelle des chenilles pour servir à de compléter une l'Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France, de MM. Godart et Duponchel . Paris : Germer Baillère, 1849. 

— EMMET (Arthur Maitland) 1991. The Scientific Names of the British Lepidoptera: Their History and Meaning, Colchester, Essex, England : Harley Books, 1991,  288 p. : ill. ; 25 cm.

—  ENGRAMELLE (R.P. Jacques Louis Florentin), Papillons d'Europe peints d'après nature par M; Ernst. Gravés par M. Gérardin et coloriés sous leur direction. Première partie. Chenilles, Crysalides et Papillons de jour [décrits par le R.P. Engramelle, Religieux Augustin, Quartier Saint-Germain] Se vend à Paris chez M. Ernst et Gérardin. Paris : Delaguette/Basan & Poignant 1779. Volume 1 [1]+[VIII],[i-xxxiv] - 206p-errata [i-vi], 3 pl. en noir, 48 planches coloriées (I-XLVIII), 100 espèces. 

— FOURCROY (A. F.) 1785. Entomologia Parisiensis; sive catalogus insectorum quæ in agro Parisiensi reperiuntur; secundam methodam Geoffrœanam in sectiones, genera & species distributus: cui addita sunt nomina trivialia & fere trecentæ novæ species. Pars secunda. Parisiis. (Hôtel Serpente). 2. 232-544. Traduction en latin de l'Histoire des insectes de E.L. Geoffroy. http://archive.org/stream/entomologiaparis02four#page/n3/mode/2up

 — GEOFFROY (Étienne-Louis, Docteur en médecine) 1762. Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris: dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique ;Paris : Durand 1762 Tome second Planches XI à XXII  colorées à la main par Prévost gravées par Defehrt. 744p. http://archive.org/stream/histoireabrg02geof#page/n9/mode/2up

— GEOFFROY [Étienne-Louis] 1798-99 Histoire abrégée des insectes  Benoît Louis Prévost; A J Defehrt Paris : Chez Calixte-Volland : Chez Rémont, an VII [1798-1799 Tome deuxième. http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/14595#/summary

— GEER, (Charles de), Mémoires pour servir à l'histoire des insectes , Stockholm : Hesselberg, 1771.Tome 1 [1]-[15] 707 pages, 37 planches, Gallica .  Tome second première partie 616 pages,  ; Tome second deuxième partie pages 617 à 1175, 43 planches gravées par Bergquist. Gallica.

— GODART (Jean-Baptiste) Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France décrits par M. Godart, ancien proviseur Paris : Crevot 1821 Vol.1, Première partie, environs de Paris, [I]-[vij] + 295 p. Planches dessinées par [Antoine Charles] Vauthier et gravées par Lanvin.

 

— Gozmány, László: Vocabularium nominum animalium Europae septem linguis redactum2 vols. Budapest: Akadémiai Kiadó, 1979. 

— HIGGINS (L. G.) et RILEY (N. D.) 1988. Guide des Papillons d'Europe : Rhopalocères. Troisième édition française. Traduction et adaptation par Th. Bourgoin, avec la collaboration de P. Leraut, G. Chr. Luquet et J. Minet. Delachaux et Niestlé édit., Neuchâtel ,1988, 455 pages.

—HÜRTER Hans-Arnold 1988 Die wissenschaftlichen Schmetterlingsnamen, Herleitung und Deutung, Bottrop ; Essen : Pomp, 492 pages.

— KEMPER Heinrich 1959 Die tierischen Schädlinge im Sprachgebrauch, Berlin : Duncker & Humblot 1959. Google books.

— LAFRANCHIS (Tristan), 2000 Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles, Collection Parthénope, Ed Biotope, Mèze, 448p. 

— LATREILLE, P. A., 1804. "Tableau méthodique des Insectes", pp. 184-187 in Nouveau Dictionnaire d’Histoire Naturelle, vol.24, Paris : Déterville.

— LATREILLE, P. A., 1805. Histoire Naturelle, Générale et Particulière des Crustacés et des Insectes. Tome XIII, p. 369. Paris : Dufart.

 —LATREILLE  (P.A) et Olivier Nouveau dictionnaire d'Histoire naturelle 2eme édition tome 27 1818.

— LATREILLE (P.A), GODART (J.B) , Encyclopédie méthodique, ou Entomologie, Paris : Vve Agasse tome 9 1819. https://archive.org/stream/encyclopdiem09metc#page/n3/mode/2up

 — LERAUT (Patrice) 1997 "Liste systématique et synonymique des Lépidoptères de France, Belgique et Corse" (deuxième édition) Alexanor, 20, Supplément hors série : 1-526, 10 illustr., photog, 38 fig.

— LUCAS ([Pierre-] Hippolyte)  Histoire naturelle des lépidoptères d'Europe Paris : Pauquet  1834 ouvrage orné nature de près de 400 figures peintes d'apres, par A. Noel, et gravées sur acier.http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4416154.r=lucas+papillons.langFR 

 http://www.biodiversitylibrary.org/item/53843#page/11/mode/1up

— LUQUET (Gérard Chr.) 1986 "Les noms vernaculaires français des Rhopalocères d'Europe", Alexanor, Revue des Lépidoptéristes français, tome 14, juillet-septembre 1986, suppl.)

— MACLEOD (Roderick Donald) Key to the names of British Butterflies and moths, 86 pp. Londres 1959.

— OBERTHÜR (Charles), HOULBERT (Constant), Faune entomologique armoricaine. Lépidoptères. Rhopalocères, Rennes : Imprimerie Oberthür 1912-1921, 258 pages.


— PERREIN (Christian) 2012 , Biohistoire des papillons, Presses Universitaires de Rennes 2012.

— RÉAUMUR [René-Antoine] de Ferchault 1734-1748 Mémoires pour servir à l'histoire des insectes   Paris : Imprimerie Royale, 6 volumes, de 1734 à 1748 [un 7e, copie du manuscrit original, paraîtra en 1928], 267 planches gravées par Simoneau, Lucas, Haussard et Fillioeul. En ligne BHL.  Voir aussi VALLOT J.N. 1802.

— SALMON (Michael A.) 2000, The Aurelian legacy, British butterflies and their collectors, University of California Press, 2000.

SCOPOLI (Jean-Antoine) Ioannis Antonii Scopoli Med. Doct. S.C.R. ... Entomologia Carniolica exhibens insecta Carnioliae indigena et distributa in ordines, genera, species, varietates : methodo Linnaeana. Vindobonae :Typis Ioannis Thomae Trattner ...,1763. En ligne BHL.

— SOUVESTRE (Émile), 1836  Voyage dans le Finistère par Jacques Cambry, revu et augmenté par- : "Tableau systématique des lépidoptères qui se trouvent dans le département du Finistère" par  [(Hesse et) Le Borgne de Kermorvan] Brest : Come et Bonetbeau, 1835 page 165

SPULER  (Dr Arnold), Die Europas Schmetterlinge, 1901-1908. Vol.1. Allgemeiner Teil —Spezieller Teil. I-CXXVIII + 1-386 + [1]-[6], 265 fig. dans le texte, E. Schweizelbart'sche Verlagsbuchhandlung, Nägele und Dr Sproesser édit., Stuttgart, Allemagne. En ligne sur BHL:http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/9477#/summary

— TOLMAN (Tom), LEWINGTON (Richard), Guide des papillons d'Europe et d'Afrique du Nord, traduction et adaptation française Patrick Leraut,  Paris : Delachaux et Niestlé 1999 et 2009, 384 pages.

— VALLOT J.N. Concordance systématique, servant de table de matières à l'ouvrage de Reaumur, Paris : Grégoire, Thouvenin, 1802. En ligne Google books.

  — VILLERS (Charles de) 1789 Caroli Linnaei Entomologia, faunae Suecicae descriptionibus aucta : DD. Scopoli, Geoffroy, de Geer, Fabricii, Schrank, &c., speciebus vel in systemate non enumeratis, vel nuperrime detectis, vel speciebus Galli australis locupletata, generum specierumque rariorum iconibus ornata; curante & augente Carolo de Villers .. Lyon : Pietre et Delamollière, (1789).https://archive.org/stream/carolilinnaeient02linn#page/n11/mode/2up

De Geer : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97151p/f1.image.r=.langFR

Godart BHL :http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/38004#page/256/mode/1up

Duponchel, chenilles 1849 : BHL : http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/9410#/summary

Boisduval chenille 1832 : http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/51588#/summary

Geoffroy BHL :1762 :http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/51067#page/9/mode/1up

Engramelle :http://books.google.fr/books?id=em0FAAAAQAAJ

Latreille 1804 :http://books.google.fr/books?id=xBsOAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

Linné   http://www.biodiversitylibrary.org/item/10277#page/3/mode/1up

 De Villers 1789 :  https://archive.org/stream/carolilinnaeient02linn#page/n11/mode/2up

Fabricius :http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/36510#/summary

Rottemburg : http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/home/speciestaxon?id=8326

Scopoli Entomologia carniolica 1763 http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/34434#/summary

Goettingen animalbase : base de donnée : http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/search

Butterflies of America : http://butterfliesofamerica.com/polyommatus_icarus.htm

 

 

 — Bestimmungshilfe für die in Europa nachgewiesenen Schmetterlingsarten :http://www.lepiforum.de/

 

   http://www.reserves-naturelles.org/sites/default/files/fichiers/protocole-rhopalo-liste-especes.pdf

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier
10 juillet 2013 3 10 /07 /juillet /2013 22:36

 

 

              Zoonymie du Myrtil Maniola                                       jurtina (Linnaeus,1758). 

 

 

La zoonymie (du grec ζῷον, zôon, animal et ónoma, ὄνομα, nom) est la science diachronique  qui étudie les noms d'animaux, ou zoonymes. Elle se propose de rechercher leur signification, leur étymologie, leur évolution et leur impact sur les sociétés (biohistoire). Avec l'anthroponymie (étude des noms de personnes), et la toponymie (étude des noms de lieux) elle appartient à l'onomastique (étude des noms propres).

 

Elle se distingue donc de la simple étymologie, recherche du « vrai sens », de l'origine formelle et sémantique d'une unité lexicale du nom.

 

Résumé.

— Maniola jurtina trouve l'origine de son nom scientifique de genre dans les maniolae de la Rome antique, petits épouvantails mimant l'âme des morts, et, pour l'épithète jurtina, peut-être dans la déesse Juturne, qui présidait aux fontaines et aux sources du Latium. Linné avait décerné l'épithète Janira à la forme mâle (plus sombre), considérée par lui comme une espèce proche mais différente. Son nom provenait de celui d'une nymphe marine, une Océanide.

 — De ses noms vernaculaires,  le seul actuellement usité est le Myrtil   car c'est le seul qui a été retenu dans la sélection de Gérard C. Luquet en 1986.  Ce nom que nous devons à Étienne-Louis Geoffroy (1762), renvoie au couple qu'il forme avec Amaryllis dans Il Pastor fido  de J.B. Guarini. Car c'est lui le "Berger fidèle"  d'une œuvre célébrissime du XVIIe au XVIIIe siècle et mise en musique par Haendel et Rameau. Ce nom fut repris par Engramelle avec l'orthographe courante alors Le Mirtil. (1779).

   Mais lorsqu'en 1823, J.B. Godart crée le nom Le Satyre Myrtile  ce nom désigne, cette fois-ci, le héros mythologique Myrtilos, écuyer grec amant d'Hippodamie et qui trahit son maître Œnamaos pour le compte de Pélops sur la promesse d'une nuit avec Hippodamie.

  Linné, puis Geoffroy avaient nommé Corydon, autre berger grec, la forme mâle janira, mais ce nom n'a pas survécu à la réunification des deux membres du couple. C'est aussi un personnage du Berger fidèle, mais c'est surtout un berger des églogues de Virgile.

 

 

 DSCN8236cc

 

 

myrtil 1181cc

 

 

 

Avant de débuter cet article, il faut souligner le  dimorphisme sexuel de l'espèce.  Alors que le dessus du mâle est uniformément marron clair avec un ocelle noir centré de blanc à l'apex de l'aile antérieure, la femelle présente une plage orangée plus ou moins étendue autour de cet ocelle, qui est également plus grand.

 Ces différences ont conduit les auteurs, à commencer par Linné, a décrire ces formes sexuées comme deux espèces distinctes, puis comme des variétés différentes. Pour donner des repères simples, le mâle a porté pour Linné le nom de Janira (Myrtil pour Geoffroy), et la femelle les noms pour Linné de Coridon puis de Jurtina (Corydon pour Geoffroy).

 

 

 

 

I. Nom scientifique

Nom de genre : Maniola Schrank, 1801 ; 

Schrank (Franz von Paula) Fauna boica : durchgedachte Geschichte der in Baiern einheimschen und zahmen Thiere  1 (2): 152, 170.

L'un des cinq genres de Schrank pour les rhopalocères avec les Erynnis ou Dickfalter (les Gros), les Pieris ou Edelfalter (les Nobles), les Maniola ou Stuzfalter (papillons courtauds), les Papilio ou Dornfalter (à Épine), et les Cupido ou Schildsfalter (Signe).

 Schrank décrit notre Maniola jurtina  sous le nom allemand de Rindgras (herbe à bœuf ?) et sous le nom latin de Maniola lemur; il s'agit de son type spécifique pour son genre maniola. Or, cet épithète lemur désigne, dans la Rome antique, les revenants, lemures, um. Horace dans ses épîtres en parle, tout comme Ovide. Selon le site Cosmovisions, les Lémures sont, "chez les Étrusques et les Romains les âmes ou les ombres errantes qui venaient tourmenter la nuit les vivants. On institua pour les écarter des fêtes nommés Lémuries. Elles consistaient en certaines conjurations, pendant lesquelles on jetait des fèves noires aux lémures, et on frappait sur des vases d'airain pour les faire fuir. On célébrait ces fêtes aux ides de mai. Les lémures se divisaient en Lares et en Larves."

      Maniola est selon Emmet "le diminutif de Mania ou Manes, les mânes, l'âme des disparus. J'ai eu du mal à comprendre ce que Schrank avait écrit; il semble les considérer comme les enfants de "furva Proserpine", " dusky Proserpina", et les rapprocher des mânes ou des (frenzy) qui peuvent être vus comme des démons (Hell-born). L'intention, néanmoins, est claire. Il trouvait que même les plus jolis de (ces) papillons avaient des allures lugubres (malgré qu'il y ait inclus l'Apatura iris), et il les traitaient comme des habitants des sombres régions des Enfers, par opposition aux membres de son genre Pieris, les papillons blancs, qui vivent dans les hautes sphères lumineuses. Maniola est l'une des cinq familles dans lesquelles Schrank répartit ses papillons, et est ainsi le nom le plus ancien de ce qui nous est connu comme les Satyrinae ; il est actuellement réduit à un genre, de taille réduite."

   Pour Arnold Spuler , Maniola provient du latin maniolae, "petits esprits maléfiques, images effrayantes pour les petits enfants." Cette proposition me semble la plus simple, et donc la plus judicieuse. Le dictionnaire latin en ligne de Gérard Jeanneau donne en effet : mānĭŏlae, ārum, f.* [mania] :"petits épouvantails, petits loups-garous." Elle me semble bien adapter aux Myrtils, que je regarde maintenant comme des enfants déguisés en loups-garous un soir d'Halloween, le visage passé à la suie, avec un justaucorps marron pour les garçons  et des citrouilles orange pour les filles, trouées d'un gros œil noir !

 * accessoirement, Maniolae, arum est, selon P. Danet 1726, l'ancien nom des Îles Maldives. Pour d'autres, Insulae Maniolae désigne les Philippines. Le terme est employé par Ptolémée.

  Aucun des deux auteurs n'a prêté attention au maniola lemur, mais la mention des lémures indique clairement que pour Schrank, Maniola désigne, même sous une forme diminutive, les spectres des morts venus tourmenter les vivants, et dont la présence malfaisante doit être évitée.  

Conclusion : Maniola signifie "petits épouvantails".

Ce genre est nommé en anglais  Meadowbrown (brun des prairies).


 

Nom d'espèce : M. Jurtina.

1. Jurtina Protonyme Papilio [Nymphalis gemmatus] Iurtina Linnaeus, C. 1758. Systema naturæ per regna tria naturæ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Holmiæ. (Salvius). Tomus I: 824 pp. p.  475, no. 104. 

Linné avait décrit sous le n°106 de la même page le Ianira comme une espèce séparée : il est apparu qu'il s'agissait du mâle de M. jurtina.

Inversement, la description originale du Papilio Iurtina par Linné est celle de la forme femelle.

On considère avec Emmet que ce nom de Jurtina, qui ne correspond à rien, est une coquille typographique pour " Jurturna, nom d'une nymphe d'une fontaine près de Rome, dont les eaux étaient réputées pour leurs propriétés curatives." Mais mes recherches ne retrouvent pas cette Jurturna mais  Juturna, la déesse des fontaines en général, mais aussi des puits et des sources. La Source de Juturne se trouve sur le Forum au pied du Palatin. 

 L'erreur typographique était plausible entre Jurtina et Jurturna, elle l'est un peu moins entre Jurtina et Juturna.

  Depuis la parution de l'ouvrage de A.M. Emmet, la nymphe Jurtuna qui est née de sa plume s'est repliquée par copie, et mène sa vie promise à l'éternité, comme de nombreux êtres qui doivent leur paternité au lapsus calami.  

Juturna apparaît dans l'Énéide de Virgile Livre XII:

Virgile, dans l'Énéide, en fait à la fois la fille de la déesse Vénilia, divinité antique des eaux douces tantôt considérée comme la parèdre de Neptune tantôt comme celle de Janus, et la sœur du roi rutule Turnus. Elle se métamorphose en son cocher Metiscus et lui rend l'épée forgée par Vulcain qu'il avait perdue. Elle fut obligée par une Furie envoyée par Jupiter, de laisser son frère à son destin, et retourna à sa fontaine déplorant son impuissance à secourir son frère. (Wikipédia 2/03/14) 

2. Janira : Papilio [Nymphalis gemmatus] Ianira Linnaeus, C. 1758. Systema naturæ per regna tria naturæ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Holmiæ. (Salvius). Tomus I: 824 pp. p.  475, no. 106. 

  Il s'agit donc de la forme mâle.

 Linné fait lui-même le rapprochement avec Jurtina, après sa description : Alis dentatis fuscis : primoribus subtus luteis ocello utrinque unico ; posticis subtus punctis tribus. Facies P. Iurtina absque litura flava supra primores alas, sed puncta 3 fusca sub posticis. " Ailes dentéles brunes, un seul œil jaune sous les deux ailes antérieures ; trois points sous les ailes postérieures. Même aspect que Iurtina sans la couleur jaune des ailes antérieures, et avec trois points sur les postérieures."

 Janira, Janire, Yanira est une nymphe de l'Océan, une Océanide. Yanira figure dans liste  des Océanides d'Hésiode (Théogonie, 346) . Mais elle est plutôt une Néréïde (nymphe de méditerranée) dans la liste de Homère (Iliade, XVIII, 38) ou d' Apollodore dans sa Bibliothèque. Elle est aussi du nombre des nymphes qui cueillent des fleurs avec Perséphone dans l'Hymne homérique à Déméter.

Die Schmetterlinge in Abbildungen nach der Natur mit ..., Volume 1, Partie 1 Eugen Johann Christoph Esper 1777: 

3. Corydon :  

a) Dans sa Fauna suecica de 1746 page 239 n°786, Linné citait, comme nom vernaculaire (vulgo) celui de Coridon ; et ce nom est cité dans la description de P. Iurtina du Systema naturae page 475 (avec la graphie Corydon). La mention "vulgo" ne signifie pas que Linné cite un nom utilisé couramment, mais seulement que, dans sa Fauna suecica, il n'a pas institué sa taxinomie liée à la dénomination binominale, et qu'il emploie encore la périphrase latine comme élément scientifique. Il place le nom Coridon, écrit sans italique, sous ce qualificatif de "vulgo". 

b) Dans son édition du Fauna suecica de 1761 page 276 n°1052, Linné donne désormais le nom de Papilio Jurtina sans faire référence au nom de Coridon. 

 

 

Synonymes.

 Papilio jurtina Linnaeus, 1758 (seul synonyme cité par l'INPN en 2013).

Mais le site donne, ou a donné, aussi mention de "chrésonymes" qui sont " une combinaison "nom latin + auteur, date" qui se réfère à un usage publié incorrect de la partie "auteur, date" original de l'espèce. L'INPN les indique au même titre que les synonymes." J'ai relevé :

Epinephele jurtina emihispulla Verity, 1919
Epinephele splendida White, 1872
Maniola jurtina emihispulla (Verity, 1919)
Maniola jurtina hispulla (Esper, 1805)
Maniola jurtina jurtina (Linnaeus, 1758)
Maniola jurtina myrtillus (Fourcroy, 1785)*
Maniola jurtina occidentalis Pionneau, 1924
Papilio hispulla Esper, 1805

Papilio myrtillus Geoffroy in Fourcroy, 1785 *  

 

 * Dans la Révision systématique, taxinomique et nomenclaturale des Rhopalocera et des Zygaenidae de France métropolitaine (Dupont et al. 2013), une note 301 page 147 mentionne que P. Leraut retient la présence de cinq sous espèces en France : jurtina Linnaeus, 1758 ; emihispidula Verity, 1919. Hispulla, Esper 1805 ; mirtyllus Geoffroy in Fourcroy 1785. Localité-type : Environs de Paris ; occidentalis Pionneau, 1924. 

  Je ne donne cette précision que pour souligner l'orthographe de mirtyllus, sur laquelle je reviendrai.

 

Si le nom de Janira n'apparaît plus dans cette taxonomie, les deux termes de janira et jurtina désigne aujourd'hui (Dupont et al. 2013) deux lignées génétiques : le taxon jurtina caractérise une lignée occidentale, et le taxon janira  une lignée orientale (janira  Linnaeus, 1758 : localité-type : sud de l'Allemagne).

 


 

File:Maniola jurtina - Großes Ochsenauge.jpg

Jakob Hübner, das kleine Schmetterlingsbuch n°26.

 

II. Noms vernaculaires.

 

Myrtil (Geoffroy, 1762), Corydon (Geoffroy, 1762) Le Mirtil (Engramelle, 1779)  , Satyre Myrtile.   

 

0. Avant l'Âge des Noms : Aldrovandi (1602) et Réaumur, 1734.

— La première description et illustration de ce papillon remonte à Ulysse Aldrovandi dans son De animalibus insectis libri septem, cum singulorum iconibus (1602) tableau septima page 246 fig.13.

  — Ferchault de Réaumur donne en 1734 une bonne description du Myrtil, mais ses amis de l'Académie ne pourront parler de ce papillon qu'en donnant la référence de sa publication : "Vous savez, ce papillon dont Réaumur parle dans " Mémoires pour servir à l'histoire des insectes tome 1 page 270-271 planche 11 fig. 1 et 2"". Comme ses confrères n'avaient pas lavieb-aile pour leur mettre des liens sous leur souris, ils devaient chausser leurs lunettes et consulter dans leur bibliothèque le bon volume  avant de savoir qu'il était question de ce qui deviendra le Myrtil. Commode!

  "Les papillons que nous rassemblons dans la troisième classe ont le même port d'ailes et la même forme d'antennes que ceux des classes précédentes, ils ont même de commun avec ceux de la seconde de ne pas se poser, et de ne marcher que sur quatre jambes, mais ils n'ont point, comme eux, leurs premières jambes terminées en cordon de palatine* ; elles sont faites comme les autres jambes, mais si considérablement petites que les yeux ont peine à les voir.

Un papillon très commun dans les prairies et dans les champs vers la fin de juin, pendant tout le mois de juillet et même plus tard est de cette classe. Le dessous de ses ailes inférieures est d'un gris dans lequel il entre ds teintes de jaunâtre ; le dessous des supérieures est d'un assez mauvais feuille morte, et ce qu'il offre de plus remarquable est une tache en œil, assez noire, et dont le centre est marqué par un petit point blanc ; les surfaces supérieures des quatre ailes ont des couleurs semblables à celles des surfaces inférieures."

  *On me demandera quels sont ces "cordons de palatine" dont parle Réaumur. Je répondrai en citant Littré Les « cordons de palatine sont des fourrures que portent les femmes autour du cou et sur les épaules en hiver. Ils ont été ainsi nommés de la princesse palatine, seconde femme du duc d'Orléans, frère de Louis XIV. L'occasion en est expliquée par la princesse : " Aussi suis-je en ce moment très à la mode ; tout ce que je dis ou fais, que ce soit raisonnable ou absurde, tous les courtisans l'admirent ou s'extasient ; jugez-en vous-même ; j'ai eu l'idée, par le froid qui règne, de reprendre une vieille fourrure, afin d'avoir plus chaud au cou ; voilà qu'aujourd'hui tout le monde en commande sur le même patron, c'est la plus grande mode du moment, Lettre du 14 déc. 1676, dans Revue german. t. XXI, p. 176. 

 

1. Myrtil, Geoffroy 1762 : la femelle.

 Myrtil, Étienne Louis Geoffroy Histoire abrégée des Insectes qui se trouvent aux environs de Paris, Volume 2 page 50 n°18.

Je présenterai l'étude du nom Myrtil, issu du Pastor fido de J.B. Guarini (1589), en fin d'article en raison de l'ampleur du sujet. 

Dans l'édition éditée par Fourcroy en 1785,  abrégée mais comportant les noms latins de structure binominale conformes aux exigences de la taxonomie, le nom devient "18. P[apilio] mirtyllus. Le Mirtil". Myrtil ou Mirtil, l'orthographe du nom français n'était pas fixée à l'époque. Papilio mirtyllus pouvait dés lors prétendre à être reconnu comme synonyme (cf supra) ou sous-espèce sous le nom actuel de Maniola mirtyllus. Mais l'orthographe latine allait favoriser une transcription en M. myrtillus : on voit combien ces détails peuvent être diaboliques.

  Si le nom du héros littéraire s'écrit indifféremment Myrtil ou Mirtil au XVIIIe siècle, il n'en va pas de même du latin myrtillus ou Myrtilus. En toute logique, pour transcrire le nom propre Myrtil, nom français du personnage Myrtillo du poème de Guarini, Fourcroy aurait pu écrire Myrtilus, forme latine du nom grec Myrtilos, héros mythologique, et patronyme latin attesté dans une lettre de Cicéron (Myrtilus, assassin présumé d'Antoine). Choisir l'orthographe Myrtillus le détournait  de façon malheureuse vers l'évocation de Vaccinum myrtillus ("petite myrte") bien connu de la Matière Médicale de E-F. Geoffoy (page 380). Mais rien ne justifie, si ce n'est l'achoppement d'une plume et la distraction d'un rédacteur fatigué, cette forme mirtyllus

 

"En dessus ce papillon est tout brun, si ce n'est que le milieu de ses ailes supérieures est fauve, ce qui forme une large tache de cette couleur...etc."

 

 

  1'. Corydon, Geoffroy, 1762 : le mâle, décrit comme une espèce différente.

Le Corydon, Étienne Louis Geoffroy Histoire abrégée des Insectes qui se trouvent aux environs de Paris, Volume 2 page 49 n° 17.

   On pardonnera à Geoffroy d'avoir décrit comme deux espèces les deux sexes puisque nous avons vu que Linné avait également décrit le mâle sous ce nom de Coridon en 1743 puis Corydon avant d'opter pour le nom de Papilio janira, et la femelle sous celui de Papilio jurtina

  Le nom n'est donc pas une création de Geoffroy, comme je l'ai d'abord pensé.

Geoffroy donne en référence le Fauna suecica de Linné (sans citer le nom Coridon), son Systema Naturae (en mentionnant le nom jurtina), puis Hoffn., Petiver, Ray, et Réaumur.

 "Ses quatre ailes sont en dessus de couleur brune un peu cendrée, et celles de dessus ont chacune une tache longue transverse plus foncée, qui, partant du corps ou de la base de l'aile, s'avance jusqu''à la moitié environ. De plus, elles ont chacune à leur angle extérieur un petit œil noir, avec un point blanc dans son milieu".

  Dans l'édition de Fourcroy, le nom devient : P. jurtina. Le Corydon.

 


 2. Le Mirtil, Engramelle 1779.

   Jacques Louis Engramelle 1779 Papillons d'Europe, peints d'après nature, Volume 1   n° 54 page 125, planche 28  par J.J. Ernst et J. Juillet.

Engramelle donne la description du mâle (fig. 54 c et d), puis d'une femelle (fig.e-f) :

"...elle est plus grande que le mâle. Son fond est à peu près le même que le mâle, mais la couleur fauve de ses ailes est plus distincte. On y trouve le même œil, mais plus grand".

  L'orthographe du Père augustin Engramelle n'est nullement fautive, car Mirtil est une variante courante au XVII et XVIIIe siècle pour Myrtil, soit dans les éditions du Berger fidèle de Guarini (Il pastor fido, ou le berger fidelle, 1664, Paris, Gabriel Quinet : ou Le Berger fidèle, Pierre Marteau, Cologne 1686), soit dans des œuvres inspirés de ce grand succès comme Intermedes de musique et de danse pour la comedie de Mirtil et Melicerte: representée à Fontainebleau le octobre 1698 par Banzy, ‎Guerin d'Estriche, ‎Michel Richard de Lalande ; ou Mirtil: pastoral en musique, ornée de Ballets par ‎Raymond Poisson en 1721 ;  Les amours de Mirtil par Marc Ferdinand Groubentall de Linière en 1761 ; ou Mirtil ou Le moineau des religieuses du couvent de *** de Paris, poëme héroïque de 1762 ; ou enfin Mirtil et Amarilis par Carlo Guiseppe Toeschi, ‎Christian Cannabich, ‎Etienne Lauchery en 1767.

  On a vu que Fourcroy avait repris cette orthographe dans son édition de Geoffroy en 1785.

 

3. Le Jurtine et le Janire, Charles de Villers, 1789.

P.G. jurtina (Jurtine) et P.G. janira (Janire), de Villers, Caroli Linneai Entomologia, 1789, pages 31 et 32 . Comme il s'agit d'une (tentative de) traduction des noms latins, on ne peut leur reconnaître le titre de nom propre qu'à titre indicatif.

 

4. Satyre P[apilio] Janire  Walckenaer 1802.

Walckenaer Faune parisienne 1802 page 271 .

Même remarque que pour De Villers : cette simple traduction ne peut pas être reconnue comme la création d'un nom vernaculaire.

 

5. Le Papillon Myrtil Latreille, 1803.

Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle, Paris :Deterville Volume 17 page 69.

  Le papillon Myrtil est décrit comme étant le P. Janira de Linné, le Myrtil de Geoffroy, alors que le Jurtina de Linné, Corydon de Geoffroy sont présentés comme des variétés.


 6. Satyre Janira, Latreille et Godart 1819.

Le Satyre Janira, Satyrus janiraEncyclopédie méthodique, ou Entomologie, Paris : Vve Agasse tome 9 1819 page 539 n° 163.

 Dans cet article écrit par Jean-Baptiste Godart, les difficultés liées aux formes sexuées et aux variétés sont clarifiées : P.N. janira de Linné est présentée comme le mâle, P.N. jurtina de Linné  et le Coridon du Fauna suecica  1ère édition sont présentés comme la femelle:

 "Linnaeus a donné le mâle de ce satyre sous le nom de Janira, et la femelle primitivement sous le nom de Coridon, puis sous celui de Jurtina. Plusieurs auteurs ont fait de même."

Les références bibliographiques y sont, en outre, très complètes.

    

 

 7Le Satyre Myrtil,  Latreille 1819.

Le Satyre Myrtil  P.A. Latreille, 1819, "Article Satyre",  in  Nouveau dictionnaire d'histoire naturelleappliquée aux arts SA-SEN Paris : Deterville Volume XXX page 230.


8. Le Satyre Myrtile Godart 1823.

Jean Baptiste Godart, Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France Vol.1 p. 151     n°50, planche XXV n°7 sext. par C. Vauthier et Lanvin.

 

 Le Satyre Myrtile ! Il semble qu'un virus ait introduit dès l'origine dans les chromosomes du nom Myrtil un gène très instable responsable de mutation régulière de son orthographe. Mais nous avons affaire ici à Jean-Baptiste Godart, ancien proviseur du lycée de Bonn (il le signale dans la page de titre) après avoir été sous-directeur du lycée Louis-le-Grand. Quelqu'un qui connaît les Belles Lettres et les Humanités. Il me semble qu'il a voulu détourner le Myrtil de Geoffroy, nom d'un personnage de Guarini, vers Myrtilos, héros grec et mythologique, dont la forme française est, dans les dictionnaires de l'époque*, Myrtile.

*Dictionnaire pour l'intelligence des auteurs classiques, grecs et latins par François Sabbathier 1781 page 419

  On sait peut-être que Godart était un admirateur de Napoléon, incitant ses élèves pendant les Cent Jours à souscrire une forte somme à l'Empereur. Il appréciait aussi sans-doute le style empire, ou le peintre David, l'école néo-classique, et le retour des grecs et des romains musclés et virils, armés et exaltés. Signe d'une époque, il n'appréciait peut-être plus les bergers et bergères des pastorales de Virgile, il trouvait peut-être les élégies romaines trop décadentes, et aspirait à plus d'héroisme et de glorieuses épopées ?

  Par le simple lettre -e qu'il ajoute au zoonyme de Geoffroy, il tourne le dos aux amours de Myrtil et de la belle Amaryllis, et accueille Myrtilos l'écuyer mytique du roi Œnomaos. Jetez-moi ces musettes, et sonnez Trompettes !

 

"Le Satyre myrtile" fut repris par Hippolyte Lucas 1834 page 71 ; P.A.J.  Duponchel Chenilles 1849 page 186 n°76 ; le Nouveau Dictionnaire Larousse de 1898 .

 

 


9. La revue des noms vernaculaires par Gérard Luquet en 1986.

       Dans la révision des noms vernaculaires français des rhopalocères parue dans la revue Alexanor en 1986, Gérard Christian Luquet propose de retenir pour  nom Le Myrtil . Il exclut Le Myrtile de Godart* en raison de l'orthographe "erronée" ; La Jurtine et La Janire de C. de Villers qui ne sont qu'une traduction de Linné ; Le Corydon de Geoffroy qui s'applique à la forme sexuée mâle ; et Le Mirtil du R.P. Engramelle qui est une variante orthographique.

* mais repris par  K.F.Berge, H. Rebel 1912, dans l'adaptation française de J. de Joannis : Guide de l'amateur de Papillons, Paris : Baillère et Fils.

 

 

 


10. Noms vernaculaires contemporains :

Entre la fin du XIXe et la première moitié du XXe siècle, les lépidoptéristes français cessèrent de mentionner le nom vernaculaire et parlèrent entre eux du jurtina ou du janira. On le vérifie, pour la littérature bretonne, dans le "Catalogue raisonné des lépidoptères" (1882) de Griffith  et la "Contribution à la faune des lépidoptères du Finistère".( 1910) de C. Picquenard .

 Oberthür et Houlbert dans la Faune armoricaine (1912-21) page 168-170 utilisent le nom scientifique Epinephele janira et évitent toute mention d'un quelconque Myrtil.

 


—Bellmann / Luquet 2008 :  le Myrtil.

— Chinery / Luquet  2012 : Le Myrtil.

— Doux & Gibeaux 2007 : Le Myrtil

— Higgins & Riley /Luquet 1988 : Le Myrtil.

 — Lafranchis, 2000 : le Myrtil.

— Perrein, 1012 :  Myrtil.

— Tolman & Lewington / P. Leraut 2009 : Myrtil.

— Wikipédia : "Le Myrtil".

 

 

 

 

Les noms vernaculaires dans d'autres pays.

Tentatives de traduction à prendre comme de simples indications... La majorité des noms semblent calqués sur le nom anglais Meadow Brown . Le zoonyme allemand est remarquable par la métaphore qu'il crée autour de la présence de l'ocelle ; il est repris en hongrois..

  • Tummahäränsilmä en finnois,
  • Meadow Brown en anglais. (le "Brun des prairies")
  • Slåttergräsfjäril ou Slåtterfjäril en suédois.("Papillon de fauche" : du foin?)
  • Großes Ochsenauge en allemand. ("Grand Œil de bœuf")
  • Pļavas vēršacītis en letton ( ...des prairies)
  • Okáč luční en tchéque, ("Grand des prairies")
  • Očkáň lúčny en slovaque ("Grand des prairies")
  • Nagy ökörszemlepke en hongrois, ("Grand œil de bœuf")
  • Græsrandøje en danois (œil ? prairie)
  • Bruin zandoogje en néerlandais ("Brun des prairies").
  • Rappringvinge en norvégien ("papillon ocellé") 
  • Paprastasis jautakis satyras en lituanien ( "Satyre ?")
  • Çayıresme en turc, 
  • La Loba en espagnol.
  • Przestrojnik jurtina en polonais.

      Langues celtiques  : 

1. langues gaéliques :  irlandais (gaeilge); écossais (Gàidhlig ); manois ( gaelg :île de Man).

  •  ? en irlandais

  •  

    Donnag faiyr 

    en manois 
  • ailean donn en gaélique écossais*
  • leòmainn-donn en gaélique écossais*

2. Langues brittoniques : breton (brezhoneg) ; cornique (kernevek); gallois (cymraeg).

  •  pas de nom en breton ; 

  • Gweirlöyn y ddôl (en gallois Gweir = graminées, Gweirlöyn = Heath anglais  = lande cf. Gweirlöyn bach y waun (Small Heath ou Fadet), Gweirloÿn mawr y waun (Large Heath) )  Il existe une forme gweirloynod y ddôl

 *Liste des noms gaéliques écossais pour les plantes, les animaux et les champignons. Compilé par Emily Edwards, Agente des communications gaélique, à partir de diverses sources.   http://www.nhm.ac.uk/research-curation/scientific-resources/biodiversity/uk-biodiversity/uk-species/checklists/NHMSYS0020791186/version1.html

 Voir aussi :http://www.lepidoptera.pl/show.php?ID=70&country=FR


 IV. Zoonymie vernaculaire anglo-saxonne ( M.A Salmon, 2000). 

 

Première mention : Merrett, 1666.

  • The Brown Meadow Ey'd Butterfly ; male : Petiver, 1699. ("l'Ocellé brun des prairies")
  • The golden Meadow Ey'd Butterfly ; female : Petiver, 1699. ("le papillon Ocellé doré des prairies")
  • The Brown Meadow-Eyed; male : Petiver, 1717. ("l'Ocellé brun des prés")
  • The Golden Meadow-Eyed ; female : Petiver, 1717. ("L'Ocellé d'or des prés")
  • The Meadow Brown or Meadow-Brown, Albin, 1720 ; Wilkes, 1747-49 ; Harris, 1766 ; et la majorité des auteurs. ("Le Brun des prés")
  • The Meadow Brown Argus : Lewin, 1795. ("L'Argus brun des prés")
  • The Large Meadow Brown : Morris, 1853. ("Le Grand brun des prés").

 

 

       

               Origines du zoonyme Le Myrtil.

   Étienne-Louis Geoffroy a créé en 1762, sous le règne de Louis XV, 48 noms de Rhopalocères dont dix d'entre eux, du n°13 au n° 22 portent un nom lié à la mythologie et aux Belles Lettres : ses numéros 13. Le Silène, 14. Le Tristan, 15. La Bacchante , 16. Le Tircis, 17. Le Corydon, 18. Le Myrtil., 19. Le Satyre., 20 L' Amaryllis, 21. Le Procris, 22 Le Céphale. 

   Avec le Myrtil,  Geoffroy choisit de nous laisser avec les bergers d'Arcadie, cette région mythique de Grèce où un Âge d'or permet aux bergers et aux bergères de jouer de la flûte, de composer des odes et de se faire souffrir les uns les autres les mille tourments délicieux de l'amour pastoral.

    1.  Myrtile, le cocher Myrtilos.

A l'origine, selon Pausanias (Pausanias ou le voyage historique en Grèce, traduit en français.  par l' abbé Geyon en 1781, Livre VIII, la plaine de Phéneon), Myrtile, ou Myrtilos Μυρτίλος n'a rien d'un berger, mais ce fils d' Hermes est l'écuyer (ou cocher) d' Oenomaüs, roi de Pisa en Élide. Les lecteurs d'Apollodore Epitomé II, 1-9  ou de Properce, ou seulement de Wikipédia connaissent l'histoire de ce roi à qui un oracle avait prédit qu'il serait tué par son gendre, et qui était si peu pressé de donner sa fille Hippodamie en mariage qu'il avait fixé aux prétendants une condition : le vaincre sur un parcours hippique qu'il était  lui-même sûr de remporter: L'un de ses atouts, c'était l'adroit Myrtilos  : "Il conduisait les chevaux avec tant d'adresse que sur la fin de la course son maître Onemaüs atteignait toujours ceux qui, pour avoir Hippodamie osaient entre en lice avec lui, et aussitôt il les perçait de son javelot. Myrtil lui-même devint amoureux de la princesse, et n'osant pas disputer contre son maître, continua ses fonctions d'écuyer, mais on dit qu'il trahit Onemaüs en faveur de Pelops après avoir fait promettre à celui-ci qu'il le laisserait jouir d'Hippodamie durant une nuit. Pelops ensuite sommé de lui tenir sa promesse fut si indigné de son audace qu'il le jeta de son navire dans la mer. On ajoute que son corps poussé par les flots sur le rivage fut recueilli par les Phénéates qui lui donnèrent sépulture."  Pausanias ne précise pas que c'est en dévissant l'une des roues du char que le cocher donna la victoire à Pélops, ni qu'il avait exigé outre une nuit d'amour la moitié du royaume de Pelops,  ni enfin qu'il mourût en maudissant sa lignée, ce qui est capital puisque ce sont ces imprécations funestes contre Pélops qui sont à l'origine de tous les malheurs des Atrides.

 Hermes projeta l'image de Myrtilos dans le ciel, où le Cocher figure parmi les constellations, mais son cadavre est rejeté sur la côte d'Eubée, et enterré à Pheneos en Arcadie derrière le temple d'Hermes, où on le vénère comme un héros.

Pris de remords, ou pour calmer le fantôme de Myrtilos, on dit que Pélops décida d'ériger un autel en son nom dans l'hippodrome d'Olympie. Avant chaque course, on faisait des offrandes et les conducteurs de chars lui adressaient des prières, de crainte que son fantôme, connu sous le nom de Taraxippos (du grec taraxis, « confusion » et hippos, « cheval »)  ne vienne terrifier par ses apparitions les chevaux et provoquer des accidents.

 

   Mais de cette tragique histoire, les versificateurs français (ou italiens) n'ont retenu qu'une chose : le tombeau de Myrtil se trouve en Arcadie, donc c'est un berger, beau de surcroît (on lit partout :"le beau Myrtil"), et amoureux forcément. Vous prenez votre lyre, vous troussez un poème, il y faut un berger : ce sera Tircis, ou ce sera Myrtil. Voyez Molière, dans la première entrée de ballet des Amants Magnifiques (Pastorale, sc. 5) où Myrtil est amoureux de Climène, ou dans sa pièce (non achevée) Myrtil et Mélicerte (1699), où  des bergers aux noms de tous les jours, Lycarsis, Eroxéne, Daphnis, Mopse, Nicandre, Acante ou Tyréne entourent l'amoureux de service. Ou bien lisez le Myrtil et Chloé de Claris de Florian, grand auteur de poésie pastorale.

  Bref, au XVIe siècle Myrtile et Hippodamie laissèrent la place à un couple autrement célèbre, celui de  Myrtil et Amaryllis.  Frappez les trois coups de brigadier, levez le rideau, car les voilà qui entrent en scène :

 2. Myrtil et Amaryllis, pastorale tragi-comique.

Il Pastor Fido. 

 « Beautés cessés d’estre cruelles
Vous aurés des bergers fidelles. »

La pastorale  Il  Pastor Fido (Le Berger fidèle), fut composée entre 1580 et 1583 et publiée en 1589 par le poète italien Giovanni Battista Guarini (1538-1612) 

     En 1589, Giovanni-Battista Guarini publie une pastorale en forme de tragi-comédie, « Il Pastor fido » (Le Berger fidèle), composée pour rivaliser avec l’Aminta de Torquato Tasso (« Le Tasse »). Le poème, l'une des œuvres les plus célèbres du XVIe siècle, a fait l'objet de plus d'une centaine de réimpressions ;traduit et diffusé dans toute l'Europe, il fait d'Amaryllis l'héroïne favorite des chansons et des romans et la réplique de Mirtillo à l'acte 1 scène 2 deviendra une chanson célébrissime, "Cruda Amarilli", mise en musique par de nombreux compositeurs de l'époque qui l'inclurons dans leurs livres de madrigaux respectifs : Claudio Monteverdi, Luca Marenzio, Benedetto Pallavicino Giaches de Wert, Sigismondo d'India, Alessandro Grandi, Tarquinio Merula et Heinrich Schütz. Nicolas Chédeville en composera six sonates pour musettes... Haendel en tira un opéra (Il Pastor fido, 1712), qu'il remania en 1734. Jean-Philippe Rameau s'en inspira également pour une cantate, Le Berger fidèle (1728).  

Argument :

Les bergers et bergères de la terre d'Arcadie sont soumis à une malédiction qui les obligent à sacrifier chaque année une jeune fille pour éviter les pires tourments dont les affligent Artémis qui a été un jour offensée. Ayant consulté un oracle pour savoir s'ils pouvaient échapper à ce cruel destin, ils reçurent cette réponse : « Vous ne verrez jamais la fin de vos malheurs, Que l'Amour n'ait uni deux cœurs, Qui descendent tous deux d'une race immortelle et qu'un Berger fidèle et généreux n'ait réparé l'honneur d'une femme infidèle, Par la noble ardeur de ses feux. Montano, prêtre de Diane, et qui descend d'hercule, se sent obligé d'accorder son fils Silvio à la belle Amaryllis, fille de Tityre, qui descend lui-même du dieu Pan. Mais Silvio, qui ne s'intéresse qu'à la chasse, est nullement préoccupé par Amaryllis, tandis que celle-ci, au contraire, est très attirée... mais par le beau berger Myrtil, connu comme le fils de Carino, qui vient de débarquer dans la région et qui l'aime passionnément.

La perfide Corisca aime également Myrtil, et tente de se débarrasser de sa rivale en faisant surprendre les amants lors d'une de leurs rencontres. Ils sont conduits devant le grand prêtre, qui doit selon la loi les condamner à mort. Mais, coup de théâtre, Carino révèle qu'il n'est pas le père, et que Myrtil est le fils de Montano : c'est l'heureux dénouement, Myrtil le « berger fidèle », descendant d'un dieu épouse Amaryllis de sang divin également, et l'Arcadie est délivrée de sa terrible peine.

Parmi les personnages des cinq actes de la tragi-comèdie, on trouve aussi, indice précieux dans mon enquête, outre Myrtil et Amaryllis, les noms de Corydone et d'un vieil homme nommé Satyre (Satire et Coridon dans la traduction de Pierre du Marteau). Soit les numéros 17 à 20 des papillons de Geoffroy.  

Dans l'esprit des beaux esprits du XVIIIe siècle comme Geoffroy et ses lecteurs, Amaryllis et Myrtil, comme Procris et Céphale, étaient des noms aussi unis que, pour nous, Roméo et Juliette.

 

 

La première traduction en français fut donnée par Roland Brisset en 1593 Le Berger Fidelle, Pastorale, de l’Italien du Seigneur Baptiste Guarini Chevalier, à Tours, chez Jamet Mettayer Imprimeur Ordinaire du Roy, 1593.  (Autres rééditions: Paris, 1598, Rouen 1600 , 1609 ; Paris, 1609 bilingue, 1610 , 1622 , Rouen 1625 , Rouen 1648 )

En 1623 paraît la deuxième traduction d’Antoine Giraud, à Paris, chez Claude Cramoisy.

En 1637, de la troisième traduction due à Antoine de Bueil  à Paris, chez Augustin Courbé.

Quatrième traduction en 1652,  due à Léonard de Marandé chez Preuveray.

Cinquième traduction du Pastor Fido est due en 1664 à l’abbé de Torche.

En 1677, traduction édité chez Pierre du Marteau à Cologne (Google books)

Guarini  inspire à Haendel  son opéra en trois actes Il pastor fido est un opéra en trois actes dont la Première fut jouée en 1734.

Le Chevalier Simon Pellegrin crée en 1726 sous le titre Le Pastor-Fido  sa "Pastorale heroïque en trois actes, Précedez d'un Prologue". La pièce fut jouée par les Comédiens Français.

Myrtil apparaît encore dans la cantate Le Berger fidèle de Jean-Philippe Rameau composée vers 1728.


 

La Guirlande de Jean-Philippe Rameau, 1751.

Sous le titre de La Guirlande, Rameau compose en un acte de ballet une autre adaptation du Berger fidèle qui sera créé en 1751. Comme elle précède de peu la date de parution de L'Histoire abrégée des insectes de Geoffroy, on peut penser qu'elle joue un rôle important dans son inspiration : j'en présenterai l'argument (Wikipédia), pour noter qu'on y rencontre Amaryllis:

  "Les amants Zélide et Mirtil ont des guirlandes de fleurs magiques qui ont la propriété de rester fraîches et vertes tant qu'ils restent fidèles l'un à l'autre.

Mais Mirtil courtise Amaryllis et sa guirlande commence à se faner puis se dessèche. Regrettant son infidélité, il dépose sa guirlande sur l'autel de l'Amour dans l'espoir que le Dieu la fera reverdir et refleurir et qu'il lui préservera l'amour de Zélide. Mirtil parti, Zélide trouve sur l'autel la guirlande de son amant et l'échange avec la sienne qui est restée fraîche.

Retournant à l'autel de Cupidon, Mirtil y retrouve une guirlande fraîche, qu'il croit la sienne. Il loue le Dieu et va retrouver Zélide pour trouver celle-ci en possession d'une guirlande fanée. Il se refuse pourtant à admettre que sa bien-aimée ait pu le tromper, lui pardonne alors qu'elle lui apprend le stratagème : elle lui pardonne aussi.

Les guirlandes retrouvent leur fraîcheur, et les deux amants célèbrent leur amour."

 

 On voit donc Mirtil et Amaryllis réunis dans La Guirlande de Rameau, Myrtil côtoyer Tyrcis dans Les Amants magnifiques de Molière. Geoffroy, dans le choix de ses noms de papillon, ne s'est pas préoccupé, comme l'était Linné, de puiser dans Homère, Virgile et Horace ses zoonymes ; c'est surtout à la littérature pastorale française du XVII et XVIIIe siècle qu'il rend hommage  et aux œuvres théâtrales et musicales qu'elle inspire. Certes, elle emprunte le nom de ses bergers et bergères aux antiques grecs et latins, mais, à travers la Renaissance italienne, elle parle surtout de la vogue des idylles, pastorales et églogues commence au XVIe siècle avec Clément Marot, Maurice Scève, Ronsard, Honoré d’Urfé, et qui s'épanouit au XVIIe.

  Mais comment prouver qu'Étienne-Louis Geoffroy était amateur de ces pastorales ? Ai-je son ticket d'entrée à l'Opéra (Académie Royale de Musique) pour écouter Rameau ? En 1751, il avait 26 ans.  Non, mais je dispose du catalogue de bibliothèque de son père Étienne-François Geoffroy (1672-1731), décédé lorsqu'il avait 6 ans. On y trouve Il Pastor Fido di Batt. Guarini,  Amsterdam 1654. Mais ce titre, ou les adaptations, ne se trouvent pas dans la bibliothèque ou de son oncle Claude-Joseph (1685-1752), qui l'éleva. 

 Geoffroy choisir ses noms dans le répertoire de la littérature ou des spectacles de son siècle. Sa culture est celle d'un médecin pétri (comme Linné, ou comme tous les médecins, tous les hommes cultivés de son temps) de culture grecque et latine, récitant sans peine Horace et Virgile, et son Histoire abrégée des insectes commence, juste en dessous du titre, par une citation de la 4eme Géorgique de Virgile, admiranda tibi levium spectacula rerum, "je te chanterai le spectacle admirable des petites créatures".

 

 Là encore, si je consulte la bibliothèque de Geoffroy père, je trouve, outre un Horace, quatre éditions de Virgile:

Virgilius, ex emendat. Theod. Pulmanni, Amst. 1637.

Virgilius, cum notis TH. Franabii. Amst. Blaeu, 1650.

Virgilius, per Jo. Ogilvium editus. Lond. 1663.

Virgilius, cum interpret. & notis Car. Ruaei, ad usum Delphini. Paris, 1682.

 La bibliothèque de l'oncle Claude-François [en ligne ici] est encore plus riche, avec trois Virgile en latin, quatre en latin-français, et un volume de commentaires.

 

 

   Le Corydon

 C'est le papillon qui vient dans l'ouvrage de Geoffroy  juste après le Tircis, en toute logique puisque Corydon est le berger qui, dans la septième Églogue de Virgile, affronte Thyrsis dans un duel poétique. 

 Le nom a été choisi, je l'ai signalé, par Linné dans sa première édition de Fauna suecica de 1746.

 Son nom vient du grec κόρυδος korudos, "alouette huppée".

  a)  Corydon apparaît pour la première fois dans la littérature chez le poète bucolique grec Théocrite, de Syracuse, dans sa IVe Idylle. Corydon s'entretient avec Battus, le console de ses chagrins, lui ôte une épine du pied, tout en surveillant ses brebis. Il est selon Carault 1897 "un paysan naïf et maladroit, fort mauvais musicien" 

entete_idylle4.gif image

Il lui apprend la sagesse :

Songe, quand tu gémis, qu'un lendemain s'avance,

Couronné de plaisirs, de fleurs et d'espérance,

Ici bas tout finit, et le ciel tour à tour,

Nous verse les frimas et nous donne un beau jour !

 

b) Corydon est aussi un berger de la Deuxième Églogue du poète bucolique latin Virgile. Riche propriétaire de troupeaux de moutons et de chèvres, il est amoureux d'Alexis ("protection"), un esclave de Iollas, propriétaire urbain. Il a jadis aimé Amaryllis, puis, rebuté avec dédain, il l'a abandonnée. 

"O cruel Alexis, tu dédaignes mes chants, tu n'es point touché de ma peine; à la fin, tu me feras mourir. Voici l'heure où les troupeaux cherchent l'ombre et le frais; où les vertes ronces cachent les lézards; [2,10] où Thestylis broie l'ail et le serpolet odorants, pour les moissonneurs accablés des feux dévorants de l'été. Et moi, attaché à la trace de tes pas, je n'entends plus autour de moi que les buissons qui retentissent, sous un soleil ardent, des sons rauques des cigales. Ne m'eût-il pas été moins dur de supporter les tristes colères [2,15] et les superbes dédains d'Amaryllis? […][2,45] Viens, ô bel enfant! Voici les nymphes qui t'apportent des lis à pleines corbeilles; pour toi une blanche naïade cueillant de pâles violettes, les plus hauts pavots, et le narcisse, les joint aux fleurs odorantes de l'anet; pour toi entremêlant la case et mille autres herbes suaves,[2,50] elle peint la molle airelle des couleurs jaunes du souci. Moi-même je cueillerai les blanches pommes du coing au tendre duvet, et des châtaignes, qu'aimait mon Amaryllis: j'y joindrai la prune vermeille; elle aussi sera digne de te plaire. Et vous aussi, lauriers, myrtes si bien assortis, je vous cueillerai, [2,55] puisqu'ainsi rassemblés vous confondez vos suaves odeurs. Tu es sot, Corydon; Alexis ne veut pas de tes présents" 

  Dans la Septième Églogue, Corydon, tout à son avantage, affronte Thyrsis dans une joute poétique dont le beau et jeune Daphnis est le juge. Il triomphe, et Virgile en fait un maître de poésie, représentatif de l'esthétique virgilienne. 

 

  Il est donc amusant, en suivant Corydon à travers les églogues virgiliennes, de rencontrer deux autres noms de papillons, Amaryllis et Thyrsis. 

 

    N.B Il existe aussi un lycène, Lysandra coridon (Poda, 1761), qui fut aussi nommé Polyommate corydon, Lycaena corydon, c'est notre Argus bleu-nacré.

 

 

 

 


Liens et sources.

— Site Funet


— Inventaire National du Patrimoine Naturel du Muséum d'Histoire Naturelle, Myrtil.

 

Images : voir les superbes dessins de Hübner:

HÜBNER, Jacob, 1761-1826 Das kleine Schmetterlingsbuch : die Tagfalter : kolorierte Stiche,  Insel-Bücherei ; Nr 26http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/69604#/summary 

 

 

— BELLMANN Heiko, 2008 Quel est donc ce papillon, Les Guides Nathan, Paris : Nathan, 2008. Traduction française et noms vernaculaires par G.C. Luquet.

— BLAB (Josef), RUCKSTULH (Thomas) ESCHE (Thomas)  [et al.], adaptation et traduction française LUQUET (Gérard-Christian), 1988 Sauvons les papillons  : les connaître pour mieux les protéger ; préface de Pierre Richard Paris : Duculot 1 vol. (192 p.) : ill. en coul., couv. ill. en coul. ; 27 cm Trad. de : "Aktion Schmetterling so können wir sie retten". 

— BOITARD (Pierre ) Manuel d'entomologie ou Histoire naturelle de insectes: contenant la synonymie de la plus grande partie des espèces d'Europe et des espèces exotiques les plus remarquables, Tome second, Paris : Roret, 1828,  Gallica

  — BOISDUVAL ( Jean Alphonse),  GRASLIN, (Adolphe Hercule de), Dumesnil (P.C.R.C)  Rambur (Pierre).1833 Collection iconographique et historique des chenilles ou description et figures des chenilles d'Europe, avec l'histoire de leurs métamorphoses et des applications à l'agriculture, Paris : Librairie encyclopédique de Roret, 1832-1837 [1833].

— CHINERY (Michael), Insectes de France et d'Europe occidentale, adaptation française  G. Luquet pour les lépidoptères, Flammarion 2005, 2eme édition 2012, 320 p.

— DAVE (Charles William) 1890 The history of our British butterflies containing - a full bibliographical note of each species, with copious extracts from the old authors; and full descriptions of all the British species, their eggs, caterpillars, chrysalides and varieties, with a notice of their habits, localities, frequency,  J. Kempster : London 1890 BHL library.

— DOUX (Yves), GIBEAUX (Christian), 2007, Les papillons de jour d'Île de France et de l'Oise,Collection Parthénope, Edition Biotope, Mèze, ; Muséum national d'Histoire naturelle, Paris, 2007, 288 p. Préface, index et supervision scientifique de Gérard Chr. Luquet.

— DUPONT (Pascal), DEMERGES (David), DROUET (Eric) et LUQUET (Gérard Chr.). 2013.

 Révision systématique, taxinomique et nomenclaturale des Rhopalocera et des Zygaenidae de France métropolitaine. Conséquences sur l’acquisition et la gestion des données d’inventaire. Rapport MMNHN-SPN 2013 - 19, 201 p. 

  http://www.mnhn.fr/spn/docs/rapports/SPN%202013%20-%2019%20-%20Ref_Rhopaloceres_Zygenes_V2013.pdf

— DUPONCHEL (Philogène Auguste Joseph) 1849 Iconographie et histoire naturelle des chenilles pour servir à de compléter une l'Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France, de MM. Godart et Duponchel . Paris : Germer Baillère, 1849. 

— EMMET (Arthur Maitland) 1991. The Scientific Names of the British Lepidoptera: Their History and Meaning, Colchester, Essex, England : Harley Books, 1991,  288 p. : ill. ; 25 cm.

—  ENGRAMELLE (R.P. Jacques Louis Florentin), Papillons d'Europe peints d'après nature par M; Ernst. Gravés par M. Gérardin et coloriés sous leur direction. Première partie. Chenilles, Crysalides et Papillons de jour [décrits par le R.P. Engramelle, Religieux Augustin, Quartier Saint-Germain] Se vend à Paris chez M. Ernst et Gérardin. Paris : Delaguette/Basan & Poignant 1779. Volume 1 [1]+[VIII],[i-xxxiv] - 206p-errata [i-vi], 3 pl. en noir, 48 planches coloriées (I-XLVIII), 100 espèces. 

— ESPER (Eugenius Johannes Christian) Die Schmetterlinge in Abbildungen nach der Natur / mit Beschreibungen, herausgegeben mit Zusätzen von Toussaint von Charpentier. Leipzig : T.O. Weigel, [1829-1839] En ligne BHL.

  — FABRICIUS (Johann Christian) 1807  "Nach Fabricii systema glossatorum" in Johann Karl Wilhelm Illiger, "Die Neueste Gattungs-Eintheilung der Schmetterlinge [...], Magazin für Insektenkunde , Braunschweig [Brunswick] (6) https://archive.org/stream/magazinfrinsek06illi#page/280/mode/2up

— FABRICIUS (Johann Christian) 1787  Fabricii Mantissa insectorum Hafniae 1787 en ligne Goettingen.

— FOURCROY (A. F.) 1785. Entomologia Parisiensis; sive catalogus insectorum quæ in agro Parisiensi reperiuntur; secundam methodam Geoffrœanam in sectiones, genera & species distributus: cui addita sunt nomina trivialia & fere trecentæ novæ species. Pars secunda. Parisiis. (Hôtel Serpente). 2. 232-544. Traduction en latin de l'Histoire des insectes de E.L. Geoffroy. http://archive.org/stream/entomologiaparis02four#page/n3/mode/2up

 — GEOFFROY (Étienne-Louis, Docteur en médecine) 1762. Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris: dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique ;Paris : Durand 1762 Tome second Planches XI à XXII  colorées à la main par Prévost gravées par Defehrt. 744p. http://archive.org/stream/histoireabrg02geof#page/n9/mode/2up

— GEOFFROY [Étienne-Louis] 1798-99 Histoire abrégée des insectes dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique. Nouvelle édition, revue, corrigée, & augmentée d'un supplément considérable. / par M. Geoffroy, docteur en médecine. A Paris :Chez Calixte-Volland, libraire, quai des Augustins, no. 24 :An VII de la République françoise [1799]. http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/14595#/summary

— GEER, (Charles de), Mémoires pour servir à l'histoire des insectes , Stockholm : Hesselberg, 1771.Tome 1 [1]-[15] 707 pages, 37 planches, Gallica .  Tome second première partie 616 pages,  ; Tome second deuxième partie pages 617 à 1175, 43 planches gravées par Bergquist. Gallica.

— GLASER L, 1887 Catalogus etymologicus Coleoperum et Lepidopterum. Erklärendes und verdeutschendes namensverzeichnis der Käfer und Schmetterlinge fûr Liebhaber und wissenschaftliche Sammler, R. Friehändler :Berlin 1887, 396 pages. BHL Openlibrary.

— GODART (Jean-Baptiste) Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France décrits par M. Godart, ancien proviseur Paris : Crevot 1821 Vol.1, Première partie, environs de Paris, [I]-[vij] + 295 p. Planches dessinées par [Antoine Charles] Vauthier et gravées par Lanvin.

— Gozmány, László: Vocabularium nominum animalium Europae septem linguis redactum2 vols. Budapest: Akadémiai Kiadó, 1979. 

— HIGGINS (L. G.) et RILEY (N. D.) 1988. Guide des Papillons d'Europe : Rhopalocères. Troisième édition française. Traduction et adaptation par Th. Bourgoin, avec la collaboration de P. Leraut, G. Chr. Luquet et J. Minet. Delachaux et Niestlé édit., Neuchâtel ,1988, 455 pages.

—HÜRTER Hans-Arnold 1988 Die wissenschaftlichen Schmetterlingsnamen, Herleitung und Deutung, Bottrop ; Essen : Pomp, 492 pages.

— KEMPER Heinrich 1959 Die tierischen Schädlinge im Sprachgebrauch, Berlin : Duncker & Humblot 1959. Google books.

— LAFRANCHIS (Tristan), 2000 Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles, Collection Parthénope, Ed Biotope, Mèze, 448p. 

— LATREILLE, P. A., 1804. "Tableau méthodique des Insectes", pp. 184-187 in Nouveau Dictionnaire d’Histoire Naturelle, Paris : Déterville. vol.24, 

Nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle vol. 24 1818 : Classification page 501 http://books.google.fr/books?id=I_NBAAAAYAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q=vanesse&f=false

— LATREILLE, P. A., 1805. Histoire Naturelle, Générale et Particulière des Crustacés et des Insectes. Tome XIII, p. 369. Paris : Dufart.

 

— LATREILLE P. A. 1810. Considérations générales sur l'ordre naturel des animaux composant les classes des Crustacés, des Arachnides et des Insectes; avec un tableau méthodique de leurs genres, disposés en familles. Paris: F. Schoell, 444 pp. pp. 350-370.

 —LATREILLE  (P.A) et Olivier Nouveau dictionnaire d'Histoire naturelle 2eme édition tome 27 1818.

 — LATREILLE (P.A), GODART (J.B) 1819 , Encyclopédie méthodique, ou Entomologie, Paris : Vve Agasse tome 9 1819. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58338273/f334.image.r=Godart.langFR

 — LERAUT (Patrice) 1997 "Liste systématique et synonymique des Lépidoptères de France, Belgique et Corse" (deuxième édition) Alexanor, 20, Supplément hors série : 1-526, 10 illustr., photog, 38 fig.

— LUCAS ([Pierre-] Hippolyte)  Histoire naturelle des lépidoptères d'Europe Paris : Pauquet  1834 ouvrage orné nature de près de 400 figures peintes d'apres, par A. Noel, et gravées sur acier.http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4416154.r=lucas+papillons.langFR 

 http://www.biodiversitylibrary.org/item/53843#page/11/mode/1up

— LUQUET (Gérard Chr.) 1986 "Les noms vernaculaires français des Rhopalocères d'Europe", Alexanor, Revue des Lépidoptéristes français, tome 14, juillet-septembre 1986, suppl.)

— MACLEOD (Roderick Donald) Key to the names of British Butterflies and moths, 86 pp. Londres 1959.

— MOFFET (Thomas) Insectorum, sive, Minimorum animalium theatrum.  Londini : Ex officin typographic Thom. Cotes et venales extant apud Guiliel. Hope, 1634.  BHL.

— OBERTHÜR (Charles), HOULBERT (Constant), Faune entomologique armoricaine. Lépidoptères. Rhopalocères, Rennes : Imprimerie Oberthür 1912-1921, 258 pages.


— PERREIN (Christian) 2012 , Biohistoire des papillons, Presses Universitaires de Rennes 2012.

— RAMANN (Gustav) 1870-76, Die Schmetterlinge Deutschlands und der angrenzenden Länder in nach der Natur gezeichneten Abbildungen nebst  erläuterndem Text, 4 Bände, Band 1, Arnstadt 1870-1876. 

— RÉAUMUR [René-Antoine] de Ferchault 1734-1748 Mémoires pour servir à l'histoire des insectes   Paris : Imprimerie Royale, 6 volumes, de 1734 à 1748 [un 7e, copie du manuscrit original, paraîtra en 1928], 267 planches gravées par Simoneau, Lucas, Haussard et Fillioeul. En ligne BHL.  Voir aussi VALLOT J.N. 1802.

— SALMON (Michael A.) 2000, The Aurelian legacy, British butterflies and their collectors, University of California Press, 2000.

SCOPOLI (Jean-Antoine) Ioannis Antonii Scopoli Med. Doct. S.C.R. ... Entomologia Carniolica exhibens insecta Carnioliae indigena et distributa in ordines, genera, species, varietates : methodo Linnaeana. Vindobonae :Typis Ioannis Thomae Trattner ...,1763. En ligne BHL.

 

— SCUDDER, S. H. 1875. "Historical sketch of the generic names proposed for Butterflies: a contribution to systematic nomenclature". Proceedings of the American Academy of Arts and Sciences, 10: 91-293. http://biodiversitylibrary.org/page/3076769#page/269/mode/1up

— SODOFFSKY (W), 1837. "Etymologische undersuchungen ueber die gattungsnamen der Schmetterlinge von W Sodoffsky, in Riga", Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou ,n° VI, Moscou : imprimerie d'Auguste Sémen, 1837, 167 p.

— SOUVESTRE (Émile), 1836  Voyage dans le Finistère par Jacques Cambry, revu et augmenté par- : "Tableau systématique des lépidoptères qui se trouvent dans le département du Finistère" par  [(Hesse et) Le Borgne de Kermorvan] Brest : Come et Bonetbeau, 1835 page 165

— SPANNERT (Anton), 1888, Die wissenschaftlichen Benennungen der Europäischen Großschmetterlinge mit sâmmtlichen anerkannten Varietâten und Aberationen, Karl Duncker : Berlin,1888, 239 pages.

—SPULER  (Dr Arnold), Die Europas Schmetterlinge, 1901-1908. Vol.1. Allgemeiner Teil —Spezieller Teil. I-CXXVIII + 1-386 + [1]-[6], 265 fig. dans le texte, E. Schweizelbart'sche Verlagsbuchhandlung, Nägele und Dr Sproesser édit., Stuttgart, Allemagne. En ligne sur BHL:http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/9477#/summary

— TOLMAN (Tom), LEWINGTON (Richard), Guide des papillons d'Europe et d'Afrique du Nord, traduction et adaptation française Patrick Leraut,  Paris : Delachaux et Niestlé 1999 et 2009, 384 pages.

— VALLOT J.N. Concordance systématique, servant de table de matières à l'ouvrage de Reaumur, Paris : Grégoire, Thouvenin, 1802. En ligne Google books.

  — VILLERS (Charles de) 1789 Caroli Linnaei Entomologia, faunae Suecicae descriptionibus aucta : DD. Scopoli, Geoffroy, de Geer, Fabricii, Schrank, &c., speciebus vel in systemate non enumeratis, vel nuperrime detectis, vel speciebus Galli australis locupletata, generum specierumque rariorum iconibus ornata; curante & augente Carolo de Villers .. Lyon : Pietre et Delamollière, (1789).https://archive.org/stream/carolilinnaeient02linn#page/n11/mode/2up

— WALCKENAER (C.A.) 1802,  Faune parisienne, insectes, ou, Histoire abrégée des insectes des environs de Paris classés d'après le système de Fabricius; précédée d'un discours sur les insectes en général, pour servir d'introduction à l'étude de l'entomologie accompagnée de sept planches gravées Paris : Dentu 1802 en ligne BHL.  

— ZIMMER, (Dieter E., rédacteur du mensuel Der Zeit) A guide to Nabokov's Butterflies and Moths et Butterflies and Moths in Nabokov's Published Writings , Web version 2012.

      Liste complète des références des auteurs avec les liens vers leurs publications:  http://www.ukbutterflies.co.uk/references.php

Boisduval chenille 1832 :   http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/51588#/summary

Boitard, 1828. : http://books.google.fr/books?id=K3ShlXhmFsEC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

Duponchel, chenilles 1849 : BHL :   http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/9410#/summary

Engramelle :    http://books.google.fr/books?id=em0FAAAAQAAJ

Esper : http://www.biodiversitylibrary.org/item/53441#page/9/mode/1up

Fabricius :1775  http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/36510#/summary

Fabricius 1787 :http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/home/speciestaxon?id=25707

Fabricius 1807 :  https://archive.org/stream/magazinfrinsek06illi#page/280/mode/2up

 Geoffroy  :    http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/51067#page/9/mode/1up

De Geer :  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97151p/f1.image.r=.langFR

Godart BHL :  http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/38004#page/256/mode/1up

Kirby  1871: http://www.biodiversitylibrary.org/item/64906#page/9/mode/1up

Latreille 1804 :           http://books.google.fr/books?id=xBsOAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

Latreille 1810 :  http://www.biodiversitylibrary.org/item/47766#page/358/mode/1up

Latreille et Godart 1819 :   http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58338273/f334.image.r=Godart.langFR

Leach : http://biodiversitylibrary.org/page/17493618#page/136/mode/1up

Linné  S.N  http://www.biodiversitylibrary.org/item/10277#page/3/mode/1up

Linné Fauna suecica 1743 :

Linné Fauna suecica 1761 : http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/46380#/summary

http://books.google.fr/books?id=Jps-AAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q=elinguis&f=false

Linné, Mantissa plantarum   http://bibdigital.rjb.csic.es/spa/Libro.php?Libro=947&Pagina=545

Moffet :    http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/60501#/summary

Petiver James, Musei petiveriani centura prima 1695 digitalisé par Google  (accès partiel)

Réaumur : http://www.biodiversitylibrary.org/item/50298#page/11/mode/1up

Rottemburg : http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/home/speciestaxon?id=8326

Scopoli Entomologiacarniolica 1763

   http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/34434#/summary

 De Villers 1789 :  https://archive.org/stream/carolilinnaeient02linn#page/n11/mode/2up

Walckenaer : http://www.biodiversitylibrary.org/item/79375#page/289/mode/1up

Goettingen animalbase : base de donnée : http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/search

Butterflies of America : http://butterfliesofamerica.com/polyommatus_icarus.htm

 Bestimmungshilfe für die in Europa nachgewiesenen Schmetterlingsarten :http://www.lepiforum.de/

— Un beau plaidoyer sur les noms de papillons :http://excerpts.numilog.com/books/9782759217045.pdf 

— Articles biographiques sur les taxonomistes entomologistes http://gap.entclub.org/taxonomists/index.html 

   http://www.reserves-naturelles.org/sites/default/files/fichiers/protocole-rhopalo-liste-especes.pdf

   

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier
10 juillet 2013 3 10 /07 /juillet /2013 22:35

 Zoonymie (origine du nom) du papillon                 l'Amaryllis Pyronia tithonus (Linné, 1771).

 

 

 

 

La zoonymie (du grec ζῷον, zôon, animal et ónoma, ὄνομα, nom) est la science diachronique  qui étudie les noms d'animaux, ou zoonymes. Elle se propose de rechercher leur signification, leur étymologie, leur évolution et leur impact sur les sociétés (biohistoire). Avec l'anthroponymie (étude des noms de personnes), et la toponymie (étude des noms de lieux) elle appartient à l'onomastique (étude des noms propres).

 

Elle se distingue donc de la simple étymologie, recherche du « vrai sens », de l'origine formelle et sémantique d'une unité lexicale du nom. 

 

Voir aussi :  L'Amaryllis, la pilotine de Concarneau : un nom de papillon pour un bateau pilote.

Résumé.

— Pyronia Hübner, 1816 : épiclèse de la déesse grecque Artémis en son sanctuaire du mont Krathis en Argolide: Artemis Pyrônia, " Artémis de la flamme", car son temple fournissait le feu sacré des Lernaia (mystères de Déméter à Lerne) en Argolide. Pyronia tithonus, espèce-type du genre, peut, par l'orange "feu" de ses ailes, évoquer les porteurs de flamme se rendant en procession pour célébrer Déméter, déesse des moissons.

 Pyronia tithonus (Linné, 1771) : Tithon est un prince, fils du premier roi de Troie, dont la beauté rendit Éos, l'Aurore, si amoureuse qu'elle l'enleva pour l'épouser. Mais il était mortel, et Éos demanda à Zeus d'y remédier sans penser, l'étourdie, à exiger aussi qu'il demeure jeune et beau. Son mari, certes immortel mais aussi chenu et rassis que Mathusalem devenait encombrant : elle le transforma en une cigale. 

— Noms vernaculaires : C'est le docteur Geoffroy qui créa ce nom en 1762 . Le Père Engramelle reprit ce nom sous la forme d'Amarillis (1779) Godart en fit son Satyre Amaryllis (1823), et Gérard Luquet consacra (1986) Amaryllis comme nom vernaculaire reconnu.

  Bien que le nom d'Amaryllis évoque, depuis les Idylles de Théocrite et les Bucoliques de Virgile, une femme d'une beauté remarquable, mais réputée par sa cruauté, ses colères et son dédain pour les bergers d'Arcadie comme Corydon, Tircis ou Tityre,  c'est seulement dans Il Pastor fido de Guarini (1590), le Berger fidèle, qu'elle forme un couple littéraire avec le beau Myrtil. Les deux papillons se suivant dans l'Histoire des insectes de Geoffroy, c'est bien l'Amaryllis de Guarini (puis de Haendel, de Rameau, etc.) qui donne son nom à ce papillon.


               I. Nom scientifique.


1. Famille et sous-famille.

Famille : Nymphalidae

Sous-famille : Satyrinae  Boisduval, 1833 (Satyrines ou Satyres)

Tribu : Maniolini :

cette tribu renferme les genres Aphantopus, Maniola, Hyponephele, Pyronia.

    

2. Nom de genre : Pyronia Hübner, 1816.

 Jakob Hübner, 1816 , Verzeichniss bekannter Schmettlinge, bei dem Verfasser zu Finden : Augsburg (4) page 58-59 :  Pyronien, Pyroniae, type Tithone.

Ce 5e genre de la 3e famille d'Hübner, Distinctae est suivi par celui des Epinephalae (voir synonymes).

Selon A.M. Emmet, le nom vient du grec puronia, "achat de blé". Ce mot ne convenant pas à Emmet, qui ne voit pas comment le caser dans le Scrabble étymologique, il prend "the next word in the lexicon [who] is puropos, fiery eyed". Bonne pioche, le nom signifie"aux yeux de feu", qui décrit les ocelles sub-apicaux sur fond orange de tithonus. "Hübner may have inadvertently transcripted the wrong world". Emmet aurait fait un de ces excellents psychanalystes qui, n'étant pas inspirés par un symptôme du rêve, allèguent du "renversement en son contraire". Et hop là !

  Comment ses confrères vont-ils s'en tirer ?

Hans-Arnold Hürter 1988 après avoir démonté le mot en racines grecques pyr- signifiant "voie", "poire"  et -onia signifiant "marché" ou "vendre", abandonne cette fausse piste pour valider l'hypothèse la plus simple : Pyronia est un des épiclèses de la déesse Artémis. (voir Classics Technology Center)

   Il est en effet mentionné par Pausanias (Histoire de l'Acadie, VIII, 15, 9) au chapitre "Orchomène et la région de Phénéon", que sur le mont Krathys s'élevait un temple à Artemis pyronia ("de la flamme"), où les Argiens venaient jadis chercher du feu pour leur fête de Lerne. (Voir le trajet parcouru par les flambeaux ou les chaudrons du feu d'Artémis vers les marais de Lerne, passant par Argos, ici sur Maps). (La même nécessité de faire venir le feu pour le sacrifice se trouve dans un des mythes relatifs à la Minerve Lindienne, divinité d'origine égyptienne. Philostrat., Icon., II, 27 ; de même, les Lemniens venaient annuellement chercher à Delos, pour leur foyer civique, le feu d'Apollon Pythien, comme le faisaient à Delphes les Athéniens à l'occasion des Jeux Pythaïques.

  Madeleine Jos (sanctuaires et cultes d'Arcadie, Jean Vrin 1985) ajoute : "Quelque soit la véritable étymologie de l'épiclèse Pyrônia (on a songé à σῖτος"le froment"), il est clair que les anciens y voyaient un dérivé de πῦρ, pûr , "le feu". Dans des temps plus anciens que ceux du Périégète, une pyrphorie se déroulait depuis le petit sanctuaire d'Artémis, isolé dans la montagne, jusqu'à Lerne où l'on célébrait, lors des Lernaia, Dionysos et Déméter  prosymna. 

 L'intérêt que représente pour moi cet approfondissement de la connaissance des traditions grecques, c'est qu'elles illustrent le rôle du feu comme symbole de purification dans des cycles d'anéantissement-régénerescence, tout comme le papillon lui-même (psuché, en grec, le même mot que "âme") en est l'image par ses métamorphoses. Les rites de fondation des cités font appel à ce symbolisme, tout comme la tradition de "rallumer la flamme"auprès du Soldat Inconnu ou de la transporter pour initier les Jeux Olympiques, ou nos feux de la Saint-Jean. Que le nom de Pyronia l'Artémis de la flamme sacrée  soit devenu celui d'un genre de papillon relève surement d'une sorte de hasard, mais c'est un hasard qui me séduit.

  Si l'on souhaite trouver, dans l'allure de Pyronia tithonus, une justification de ce nom, il suffira de considérer l'aspect flammé orange-vif des ailes.

 

 

3. Nom d'espèce : Pyronia tithonus, (Linné, 1771).

      Papilio Pleb Tithonus    Linnaeus, C. 1771. Regni annimalis appendix. in: Mantissa Plantarum Generum editionis VI & Specierum editionis II Holmiae. 521-552 page 537.

 

"Tithonus PAPILIO Pleb. alis subdentatis concoloribus disco luteis : primoribus ocello bipupillato ; posticis punctis duobus albis.
Habitat in Germania. D. Fabricius. Corpus fuscum , magnitudine statura et facie P. Pamphili.
Alæ Primores concolores , fuscæ disco funvo: Ocellus, intra apicem , ater punctis 2 albis. Posticæ supra fuscæ disco fulvescente. Punctum album minutum pone luteum colorem. Subtus fuscæ Fascia pallida undata ; Puncta 2 alba nigro margine pone fasciam."

Référence cité par Linné : Fabricius, pour la localité (Germania).

Dans sa classification des Papilio ou papillons de jour, qui s'amuse à reconstituer les armées grecques et troyennes entourées des nymphes et danaïdes, Linné a placé cette espèce parmi les Plébéiens ruralis, le peuple des campagnes, où il range les petits papillons (les sans-grade) bleus. 

  Pour les auteurs qui se sont penchés sur l'étymologie de ce nom tithonus, Linné a désigné ici le  prince troyen Tithon (en grec ancien Τιθωνός / Tithônós), aimé et enlevé par Éos, déesse de l'Aurore  en raison de sa remarquable beauté. Ainsi selon Arnold Spuler 1 (1908: page 46), tithonius représente  "Gemahl der Eos oder Morgenröte", "époux de Eos ou l'Aurore". C'est aussi l'opinion de C.W. Dave (1890), page 96 : "Tith'onus, the husband of Aurora, the fair and beautiful of approaching sun, fabled to have been transformed by her into a grasshopper", qui rappelle Éos avait demandé pour lui l'immortalité, ce que Zeus avait accordé. En revanche, ayant oublié de réclamer également l'éternelle jeunesse, Tithon était condamné à se dessécher sans fin : abandonné par Éos,  il fut finalement transformé en cigale. 

 A.E. Emmet (1991) reprend ces éléments mythologiques, mais rappelle que le mythe de l'immortalité sans l'éternelle jeunesse a été repris par Swift dans les Voyages de Gulliver (c'est le sort des Struldbrug). Puis Emmet nous confie avoir eu à transcrire en hexamètres latins le poème Tithonius (1833) de Tennyson. 

 On peut ajouter que Tithon est, comme Priam, le fils du premier roi de Troie Laomedon.

   Ces données sur la mythologie ou sur le thème de Tithonius dans la littérature ( n'oubliez pas de citer After a Many of Summer Dies a Swan (1939) d'Aldous Huxley) sont un bon moyen de passer une longue soirée, mais n'apportent rien sur l'étude de l'histoire des lépidoptères, et des raisons pour lesquelles ce papillon porte ce nom. Mais il n'y a a là aucune raison, hormis que Linné a trouvé un excellent filon onomastique parmi les héros de la mythologie. On pouvait s'attendre à ce qu'il pense à donner à ce Plébéïen campagnard un noms de paysan béotien tiré d'Aristophane, ou, comme va le faire Geoffroy, des poésies de bergers et bergères puisées chez Virgile, mais ce Tithon immortel n'a rien à faire avec un papillon, symbole des métamorphoses et du monde flottant sur l'éphémère vanité des choses.

 

Synonymes.

 Epinephele tithonus fulgens Turati, 1912 

Papilio tithonus Linnaeus, 1771
Pyronia tithonus fulgens Turati, 1912
Pyronia tithonus (Linnaeus, 1767)  
Pyronia tithonus paratransiens Verity, 1937
Pyronia tithonus tithonus (Linnaeus, 1771).

 

Fabricius avait décrit l'espèce sous le nom de  P[apilio] S.[atyria] pilosella en 1793 dans Entomologia Systema, III, 1, 240, 746, et mentionne la piloselle, avec la "plantagine" comme plantes hôtes. Il fait référence à Geoffroy (1762) et non à Linné (1771), mais il cite aussi Naturf (?), Wien (Denis et Schiffermüller 1775 ?) et l'Entomologia napolitana specimen primum de Domenico Maria Leone Cyrillo (1787-1792)

Hübner avait utilisé le nom de Papilio herse (Pap. tableau 35 fig. 155, 156) : s'agit-il de Hersé, fille de Cecrops ?

 

 

 

                II. Noms vernaculaires.


L'Amaryllis (Geoffroy, 1762) ; l'Amarillis (Engramelle, 1799) ; le Satyre Amaryllis (Godart, 1823) ; Le Satyre Titon (Bory de saint-Vincent, 1829).

 

1. L'Amaryllis , Geoffroy, 1762.

  L'Amaryllis, Étienne Louis Geoffroy Histoire abrégée des Insectes qui se trouvent aux environs de Paris, Volume 2 page 52 n°20.

Dans l'édition de 1785 par Fourcroy, page 240  le nom devient P[apilio] amaryllis, l'Amaryllis. 

Geoffroy a publié sa description avant celle de Linné 

   Geoffroy, dans  sa Première famille "Papillons à quatre pieds" a débuté sa troisième section à chenilles sans épines, & pattes qui ne font point la palatine" par une série de noms de héros littéraires :  Silène, la Bacchante, Tristan, Tircis, Corydon, Myrtil, et le Satyre ; après Amaryllis, il va poursuivre  par Procris et Céphale. Ce sont, moins des héros mythologiques grecs que des personnages de la poésie élégiaque latine, de Virgile principalement.

 Linné avait baptisé la plante dans son Species plantarum de 1753 page 292  : le nom était donc employé au féminin. 

   Amaryllis n'est pas un personnage mythologique, mais une héroïne littéraire de la poésie bucolique grecque (Théocrite) et latine (Virgile), archétype de la Bella Donna, de la Belle Dame, et dont le nom est issu du verbe grec amaryssein : "resplendir, briller". Mais la Resplendissante ne donne pas son cœur facilement, et fait bien des victimes ; la suivre à travers la poésie, c'est rencontrer les nombreux papillons qui ont reçu le nom de ses soupirants.

  a) Théocrite.

 Le premier auteur qui loue les charmes d'Amaryllis et déplore son indifférence est le grec Théocrite (280 av J.C) dans sa IIIe Idylle : son amant est un chevrier ami de Tityre [ cf. Heodes Tityrus, le Cuivré fuligineux].

"Je chante pour Amaryllis, alors que mes chèvres paissent sur la montagne sous la conduite de Tytire. Tytire, ami de mon cœur, fais paître mes chèvres et conduis-les à la fontaine. Prends garde au bouc blanc de Libye, qu'il ne te frappe de ses cornes."

"Ô charmante Amaryllis, pourquoi, penchée pour regarder, à l'entrée de cette grotte, ne m'appelles-tu plus vers toi en me nommant ton doux ami ? Tu me hais peut-être, tu prends en mépris mon nez trop court et ma barbe trop longue ? je me pendrai de désespoir, ô nymphe, et c'est toi qui me fera mourir."

Amaryllis Ἀμαρυλλίς est chez Théocrite une bergère insensible, dédaigneuse, et très courtisée ; mais dans la IVe Idylle, Battus regrette sa mort : 

Battus.  Ô trop aimable Amaryllis ! jamais je ne t'oublierai. Mes chèvres me sont moins chères que ta mort ne m'a été cruelle. Hélas! quelle fatale destinée m'était réservée !  

 

b) Virgile reprend dans ses dix Églogues ou Bucoliques (boukolica, "chant des bouviers") les Idylles de Théocrite. En les parcourant, on découvre que les bergers ont donné leur nom à beaucoup de nos papillons :

—La première Églogue est un dialogue entre Tityrus [cf] et Mélibée [Coenonympha hero, le Mélibée ou Fadet de l'Elyme] : Amaryllis y est citée au vers 36. La compagne de Tityre est Galathée [Melanargia galathea, le Demi-deuil].

— La deuxième Églogue décrit la passion qu'éprouve le berger Corydon [Le Corydon, Geoffroy, nom de la forme mâle de Maniola jurtina ; ou, Polyommatus corydon Godart 1823 page 54]  pour le berger Alexis [Polyommatus alexis, Godart 1823 page 53]

— La troisième Églogue fait dialoguer Ménalque, Damète, et Palemon [Engramelle vol.1 page 267 , nommé ainsi pour sa proximité avec le Céphale ; ou Papilio P.U. palemon Fabricius, ou Coenonympha dorus , le Palémon ou Fadet des garrigues]. Ajoutons la bergère Nééra [Melitaea didyma neera Fischer de Waldheim, 1840] Dans la troisième èglogue Amaryllis 

— La quatrième Églogue donne la parole à Pollion.

 —La cinquième Églogue est un échange entre Ménalque et Mopsus où sont évoqués Amyntas  [  Papilio amyntas (Denis et Schiffermüller, 1775), synonyme d'Everes argiades l'Azuré du trèfle] et  Alcon [Phaengaris alcon, l'Azuré des mouillères], ainsi que Daphnis [Daphnis neri (Linnaeus, 1758)].

— La sixième Églogue s'intitule Silène [Le Silène (Geoffroy, 1762), Brintesia circe].   

— La septième Églogue met en scène Mélibée, et les bergers Corydon et Thyrcis [ Le Tircis (Geoffroy, 1762) Pararge aegeria] qui s'affrontent lors d'un concours de chant.

— La huitième Églogue est l'épithalame de Damon [ Polyommatus damon, le Sablé du sainfoin] et Alphesibée. 

— La neuvième Églogue nous fait entendre Lycidas [ Battus lycidas Cramer 1777, un Porte-queue américain]  recueillir les lamentations de Méril.

— La dixième Églogue est nommée Gallus. On y trouve Adonis [Polyommatus adonis Godart 1819 p. 691].

 

Dans les Bucoliques de Virgile, (églogue I) Amaryllis est la femme qui a permis à l'heureux Tityre d'acheter sa liberté :

Tu, Tityre, lentus in umbra

Formosam resonare doces Amaryllida silvas.

Toi Tityre, couché sous des ombrages,

De son Amaryllis entretient les bocages !

Dans l' églogue II, Corydon l'a aimé jadis, mais l'a abandonné après avoir été dédaigné (vers 14 et 52).

Dans l'églogue III, la Belle Dame brille surtout par son tempérament colérique.

Triste lupus stabulis, maturis frugibus imbres.
arboribus venti, nobis Amaryllidis irae.

Les étables redoutent le loup, les moissons mûres craignent la pluie..et nous ? La colère d'Amaryllis !

  Enfin, dans l'églogue VIII, vers 101 et suivants, elle est l'assistante d'Alphésibée qui tente par un sacrifice magique de ramener son amant parti vers la ville. " Ramenez, charmes puissants, ramenez Daphnis de la ville en ces lieux !"  Sur cette enluminure, on la voit à coté du berger Damon, tenir une statue de Vénus, alors qu'Amaryllis apporte l'encens mâle et la verveine résineuse : "Amaryllis, serre de trois nœuds ces bandelettes de trois couleurs ; Amaryllis, serre-les à l'instant, et dis : « Je noue les liens de Vénus. "; Et Daphnis revient !

             IRHT_094443-v.jpg Dijon, BM, Ms 0493, folio 15v.

 


 c) Jean-Baptiste Guarini (1538-1612) : Il Pastor fido.

     En 1589, Giovanni-Battista Guarini publie une pastorale en forme de tragi-comédie, « Il Pastor fido » (Le Berger fidèle), composée pour rivaliser avec l’Aminta de Torquato Tasso (« Le Tasse »).Le poème, l'une des œuvres les plus célèbres du XVIe siècle, a fait l'objet de plus d'une centaine de réimpressions ;traduit et diffusé dans toute l'Europe, il fait d'Amaryllis l'héroïne favorite des chansons et des romans et la réplique de Mirtillo à l'acte 1 scène 2 deviendra une chanson célebrissime, "Cruda Amarilli", mise en musique par de nombreux compositeurs de l'époque qui l'inclurons dans leurs livres de madrigaux respectifs : Claudio Monteverdi, Luca Marenzio, Benedetto Pallavicino Giaches de Wert, Sigismondo d'India, Alessandro Grandi, Tarquinio Merula et Heinrich Schütz. Nicolas Chédeville en composera six sonates... Haendel en tira un opéra (Il Pastor fido, 1712), qu'il remania en 1734. Jean-Philippe Rameau s'en inspira également pour une cantate, Le Berger fidèle (1728).  

Argument :

Les bergers et bergères de la terre d'Arcadie sont soumis à une malédiction qui les obligent à sacrifier chaque année une jeune fille pour éviter les pires tourments dont les affligent Artémis qui a été un jour offensée. Ayant consulté un oracle pour savoir s'ils pouvaient échapper à ce cruel destin, ils reçurent cette réponse : « Vous ne verrez jamais la fin de vos malheurs, Que l'Amour n'ait uni deux cœurs, Qui descendent tous deux d'une race immortelle et qu'un Berger fidèle et généreux n'ait réparé l'honneur d'une femme infidèle, Par la noble ardeur de ses feux. Montano, prêtre de Diane, et qui descend d'hercule, se sent obligé d'accorder son fils Silvio à la belle Amaryllis, fille de Tityre, qui descend lui-même du dieu Pan. Mais Silvio, qui ne s'intéresse qu'à la chasse, est nullement préoccupé par Amaryllis, tandis que celle-ci, au contraire, est très attirée... mais par le beau berger Myrtil, connu comme le fils de Carino, qui vient de débarquer dans la région et qui l'aime passionnément.

La perfide Corisca aime également Myrtil, et tente de se débarrasser de sa rivale en faisant surprendre les amants lors d'une de leurs rencontres. Ils sont conduits devant le grand prêtre, qui doit selon la loi les condamner à mort. Mais, coup de théâtre, Carino révèle qu'il n'est pas le père, et que Myrtil est le fils de Montano : c'est l'heureux dénouement, Myrtil le « berger fidèle »,descendant d'un dieu épouse Amaryllis de sang divin également, et l'Arcadie est délivrée de sa terrible peine.

 

Le nom d'Amaryllis (ou, selon l'orthographe en usage en Italie, Amarilli, en France, Amarillis) se prête à toutes les variations autour du verbe "aimer" : Amarilli, Amarilli, Amarailli è il mio amore, ou  Cruda Amarilli, che col nome ancora, d'Amar, ahi lasso! Amaramente insegni  ("Cruelle Amaryllis qui avec ton nom, aimer, hélas, amèrement enseigne.").

 Le couple Amaryllis-Myrtil ne se constitue qu'avec Guarini, puisque si Amaryllis vient de la poésie grecque et latine, Myrtil par contre, Myrtilos, vient de la mythologie. Voir Zoonymie du papillon Myrtil, Maniola jurtina.   Mais dans l'esprit des beaux esprits du XVIIIe siècle comme Geoffroy et ses lecteurs, Amaryllis et Myrtil, comme Procris et Céphale, étaient des noms aussi unis que, pour nous, Roméo et Juliette.

  On verra aussi Amaryllis se libérer de ce lien et devenir un personnage participant à d'autres pastorales et être aimée de Thyrsis (Tragédies et poésies de Mlle Barbier, 1719 ; Le Temple de la Paix , Ballet de Lully de 1685).

 

 

      Source pour ce paragraphe :

http://www.mediterranees.net/litterature/virgile/bucoliques/noms.html

http://www.amaryllidaceae.org/ethno/amaryllis.htm#the , un site (Le site) remarquable consacré à Amaryllis.

 

 

 

 2. L'Amarillis , Engramelle 1779.

  Jacques Louis Engramelle Papillons d'Europe, peints d'après nature, Volume 1 page 123    planche XXVII fig a-e par J.J. Ernst gravée par J. Juillet,  1779. 

 

 

3. Le Titon, Charles de Villers, 1789.

n° 37 Tithonius (Le Titon), de Villers, Caroli Linneai Entomologia, 1789, page 26. Comme il s'agit d'une (tentative de) traduction du nom latin tithonius, on ne peut lui reconnaître le titre de nom propre qu'à titre indicatif.

 

4. Satyre P[apillon] Amaryllis (P. Pilosella)  Walckenaer 1802.

Walckenaer Faune parisienne 1802 page 271 n°30.

Contrairement à son habitude, cet auteur ne se contente pas de donner une traduction du nom linnéen, qui n'est pas cité, mais emploie le nom de Geoffroy.

 

5. Le Nymphale Amaryllis, Nymphalis pilosellae Latreille, 1804.

Histoire naturelle, générale et particulière des crustacés et des..., Paris : Dufart an XIII Volume 14 page 104.

 6. Satyre tithonius , Latreille et Godart 1819.

   N° 166 Le Satyre tithonius Satyrus tithonius: Latreille (P.A) Godart (J.B),  Encyclopédie méthodique. Histoire Naturelle. Entomologie, ou histoire naturelle des crustacés, des arachnides et des insectes. Vol. 9. Paris : Vve Agasse, 1819, 828 pp,  page 542  n° 166.

  Dans cette publication, Godart, disciple de Latreille reste très près du nom scientifique et en donne une traduction littérale. 

Le genre Satyre de Latreille recoupe le genre Hipparchia de Fabricius (1807) et Maniola de Schrank, et en partie le genre Haetera de Fabricius. 

 Dans les références, ils citent (faussement) le tithonius (correct : tithonus) de Linné : il est vraisemblable qu'ils introduisent ce "i" supplémentaire car ils sont embarassés par une homonymie. En effet, dans le même ouvrage page 692, les auteurs présentent le "Polyommate tithonus" (et non tithonius), papillon alpin. 

 

7.  Le Satyre Amaryllis,  Godart 1821.

"Le Satyre Amaryllis, Papilio tithonus (Linn),  Papilio Pilosellae (Fab), Papilio Herse (Hübn)" : Jean Baptiste Godart, Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France Paris : Crevot 1821/1823 page 154 n° 51 planche 7 peinte par C. Vauthier et gravée par Lanvin.

Image lavieb-aile, Godart Planche 7 fig.2, aimable autorisation Médiathèque de Quimper.

 DSCN3978c.jpg

 Ce nom " Satyre amaryllis " a été repris par Hippolyte Lucas 1834, page 69 ; Pierre Boitard 1843 ; P.A. Duponchel en 1849, page 18.

 Boisduval, Rambur et Graslin (Chenilles) 1832 page 33 utilisent la forme "Satyride tithonus".

Le Borgne de Kermorvan, dans Le Tableau des lépidoptères du Finistère (Souvestre, 1836), utilise l'ancienne forme "Satyre tithonus". 

 


8. Satyre Tithon, Bory de Saint-Vincent, 1829.

Bory de Saint-Vincent, Dictionnaire classique d'histoire naturelle Paris : Rey et Gravier, Baudouin (15) page 179 1829 ; 


6. La revue des noms vernaculaires par Gérard Luquet en 1986.

       Dans la révision des noms vernaculaires français des rhopalocères parue dans la revue Alexanor en 1986, Gérard Christian Luquet propose de retenir pour  nom principal L'Amaryllis. Parmi les noms qu'il a relevé dans la littérature (et qui sont toujours mentionnés par le site INPN du Muséum), il réfute Le Satyre tithon avec le commentaire suivant : " Le nom de Satyre tithon créé par Vanden Eeckhoudt pour Pyronia tithonus peut à la rigueur être utilisé, à condition d'écrire Tithon avec une majuscule ; toutefois, il n'est guère original (simple adaptation du nom latin) et il peut éventuellement prêter à confusion avec le nom vernaculaire de Lasiommata megera [ Le Satyre]. C'est pourquoi il semble préférable d'en éviter l'emploi." La recherche en ligne m'a permis de retrouver néanmoins un emploi plus ancien de ce nom —avec la majuscule— par Bory de Saint-Vincent (cf supra), mais cela ne justifie pas pour autant ce nom.

  De même, il écarte Le Titon de Charles de Villiers, pour son orthographe fautive 

* Jean-Pierre Vanden Eeckhoudt, 1965, Papillons de jour, L'école des loisirs éditeur, Paris.




7. Noms vernaculaires contemporains :

Entre la fin du XIXe et la première moitié du XXe siècle, les lépidoptéristes français cessèrent de mentionner le nom vernaculaire et parlèrent entre eux du tithonus. On le vérifie, pour la littérature bretonne, dans le "Catalogue raisonné des lépidoptères" (1882) de Griffith  et la "Contribution à la faune des lépidoptères du Finistère".( 1910) de C. Picquenard .

 Ainsi également Oberthür et Houlbert dans la Faune armoricaine (1912-21) utilisent le nom scientifique Epinephele tithonus et se gardent de citer le nom vernaculaire, très mal vu alors.

 


—Bellmann / Luquet 2008 : l'Amaryllis. 

— Chinery / Luquet  2012 : l'Amaryllis.

— Doux & Gibeaux 2007 : l'Amaryllis.

— Higgins & Riley /Luquet 1988 : L'Amaryllis.

 — Lafranchis, 2000 : l'Amaryllis.

— Perrein, 1012 : Amaryllis.

— Tolman & Lewington / P. Leraut 2009 : l'Amaryllis

— Wikipédia : "Amaryllis ou Satyre Tithon ou Titon ".

 

 

 

III. Les noms vernaculaires dans d'autres pays.

  Où on voit combien on peut dire merci à papa Geoffroy d'avoir donné aux français un nom aussi beau que celui d'Amaryllis.

N.B : les tentatives de traduction sont données sous toutes réserves.

  • Gatekeeper et  Hedge Brown en anglais : le Portier ou le garde-barrière, le Brun des Haies.
  • Gelbe Ochsenauge ou Rotbraun Ochsenauge en allemand. (L'œil de bœuf jaune ; l'œil de bœuf orange/marron)
  • Kelthäränsilmä en finlandais.
  • Buskgräsfjäril en suédois. le papillon des herbes ...
  • Rödgul Slåttergräsfjäril en suédois : (le papillon orange du foin)
  • Kollakas härjasilmik en estonien. (jaunâtre..
  • Buskrandøje en dannois
  • Tüzes manóka en hongrois (mannequin de feu)
  • Oranje Sâneachje en frison 
  • Oranje zandoogje en néerlandais (l'Ocellé orange)
  • Przestrojnik titonus en polonais 
  • Lobito agreste en espagnol
  • Pironiya en turquie.

Langues celtiques  : 

1. langues gaéliques :  irlandais (gaeilge) ; écossais (Gàidhlig ) ; mannois ( gaelg :île de Man).

  • Gatekeeper en irlandais

  •  ...........en mannois 
  • ............en gaélique écossais*
  • ............en gaélique écossais*

2. Langues brittoniques : breton (brezhoneg) ; cornique (kernevek); gallois (cymraeg).

  •  pas de nom en breton ; 

  • Gweirlöyn y perthi (en gallois Gweirlöyn = Heath anglais  = lande cf.) 

 *Liste des noms gaéliques écossais pour les plantes, les animaux et les champignons. Compilé par Emily Edwards, Agente des communications gaélique, à partir de diverses sources.   http://www.nhm.ac.uk/research-curation/scientific-resources/biodiversity/uk-biodiversity/uk-species/checklists/NHMSYS0020791186/version1.html

 Voir aussi :http://www.lepidoptera.pl/show.php?ID=70&country=FR

 

 

 

 

 

 

IV. Zoonymie vernaculaire anglo-saxonne ( M.A Salmon, 2000). 

 

  • The Lesser double-eyed Butterfly : Pertiver, 1699. (Le Petit à l'œil double.)
  • The Hedge Eye with double specks : Petiver, 1717. (l'Ocellé des haies à double point.)
  • The Orange Field Butterfly : Wilkes, 1741-42 ; Harris, 1766. (Le papillon orange des champs.)
  • The Gate Keeper or Gatekeeper : Harris, 1766 ; Rennie ; 1832 ; Humphreys et Westwood, 1841 ;  W.E. Kirby, 1906 ; South, 1906 ; Newman et Leeds, 1913 ; heslop, 1959 ; Emmet et Heath, 1989 ; Thomas, 1991. (le garde-barrière).
  • The Large Keeper or Gatekeeper : Harris, 1775. le Grand Portier ; le garde-barrière.
  • The Clouded Argus : Lewin, 1795. (L'Argus assombri )
  • The Large Heath : Haworth, 1803 ; Jremyn, 1824 ; Wood, 1852 ; Morris, 1853 ; Coleman, 1860 ; Newman, 1871 ; W.F. Kirby, 1896 ; W.E. Kirby, 1906. (Le grand des landes, opposé au Small heath = Coenonympha pamphilis)
  • The Small Meadow Brown : Samouelle, 1819 ; Morris, 1853 ; Newman et Leeds, 1913.(Le petit brun des prairies)
  • The Hedge Brown : Newman et Leeds 1913 ; Frohack, 1924 ; Ford, 1945 ; Emmet et Heayh, 1989. (le Brun des haies)
  • The Hedge Eye : Newman et Leeds 1913. (L'Ocellé des haies)

 

 

 

Liens et Sources.


Funet : pyronia.

Inventaire national du patrimoine naturel (Muséum) : Pyronia.

Images : voir les superbes dessins de Hübner:

HÜBNER, Jacob, 1761-1826 Das kleine Schmetterlingsbuch : die Tagfalter : kolorierte Stiche,  Insel-Bücherei ; Nr. 213 http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/69604#/summary 

 

 

— BELLMANN Heiko, 2008 Quel est donc ce papillon, Les Guides Nathan, Paris : Nathan, 2008. Traduction française et noms vernaculaires par G.C. Luquet.

— BLAB (Josef), RUCKSTULH (Thomas) ESCHE (Thomas)  [et al.], adaptation et traduction française LUQUET (Gérard-Christian), 1988 Sauvons les papillons  : les connaître pour mieux les protéger ; préface de Pierre Richard Paris : Duculot 1 vol. (192 p.) : ill. en coul., couv. ill. en coul. ; 27 cm Trad. de : "Aktion Schmetterling so können wir sie retten". 

— BOITARD (Pierre ) Manuel d'entomologie ou Histoire naturelle de insectes: contenant la synonymie de la plus grande partie des espèces d'Europe et des espèces exotiques les plus remarquables, Tome second, Paris : Roret, 1828,  Gallica

  — BOISDUVAL ( Jean Alphonse),  GRASLIN, (Adolphe Hercule de), Dumesnil (P.C.R.C)  Rambur (Pierre).1833 Collection iconographique et historique des chenilles ou description et figures des chenilles d'Europe, avec l'histoire de leurs métamorphoses et des applications à l'agriculture, Paris : Librairie encyclopédique de Roret, 1832-1837 [1833].

— CHINERY (Michael), Insectes de France et d'Europe occidentale, adaptation française  G. Luquet pour les lépidoptères, Flammarion 2005, 2eme édition 2012, 320 p.

— DAVE (Charles William) 1890 The history of our British butterflies containing - a full bibliographical note of each species, with copious extracts from the old authors; and full descriptions of all the British species, their eggs, caterpillars, chrysalides and varieties, with a notice of their habits, localities, frequency,  J. Kempster : London 1890 BHL library.

— DOUX (Yves), GIBEAUX (Christian), 2007, Les papillons de jour d'Île de France et de l'Oise,Collection Parthénope, Edition Biotope, Mèze, ; Muséum national d'Histoire naturelle, Paris, 2007, 288 p. Préface, index et supervision scientifique de Gérard Chr. Luquet.

— DUPONT (Pascal), DEMERGES (David), DROUET (Eric) et LUQUET (Gérard Chr.). 2013. Révision systématique, taxinomique et nomenclaturale des Rhopalocera et des Zygaenidae de France métropolitaine. Conséquences sur l’acquisition et la gestion des données d’inventaire. Rapport MMNHN-SPN 2013 - 19, 201 p. 

  http://www.mnhn.fr/spn/docs/rapports/SPN%202013%20-%2019%20-%20Ref_Rhopaloceres_Zygenes_V2013.pdf

— DUPONCHEL (Philogène Auguste Joseph) 1849 Iconographie et histoire naturelle des chenilles pour servir à de compléter une l'Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France, de MM. Godart et Duponchel . Paris : Germer Baillère, 1849. 

— EMMET (Arthur Maitland) 1991. The Scientific Names of the British Lepidoptera: Their History and Meaning, Colchester, Essex, England : Harley Books, 1991,  288 p. : ill. ; 25 cm.

—  ENGRAMELLE (R.P. Jacques Louis Florentin), Papillons d'Europe peints d'après nature par M; Ernst. Gravés par M. Gérardin et coloriés sous leur direction. Première partie. Chenilles, Crysalides et Papillons de jour [décrits par le R.P. Engramelle, Religieux Augustin, Quartier Saint-Germain] Se vend à Paris chez M. Ernst et Gérardin. Paris : Delaguette/Basan & Poignant 1779. Volume 1 [1]+[VIII],[i-xxxiv] - 206p-errata [i-vi], 3 pl. en noir, 48 planches coloriées (I-XLVIII), 100 espèces. 

— ESPER (Eugenius Johannes Christian) Die Schmetterlinge in Abbildungen nach der Natur / mit Beschreibungen, herausgegeben mit Zusätzen von Toussaint von Charpentier. Leipzig : T.O. Weigel, [1829-1839] En ligne BHL.

  — FABRICIUS (Johann Christian) 1807  "Nach Fabricii systema glossatorum" in Johann Karl Wilhelm Illiger, "Die Neueste Gattungs-Eintheilung der Schmetterlinge [...], Magazin für Insektenkunde , Braunschweig [Brunswick] (6) https://archive.org/stream/magazinfrinsek06illi#page/280/mode/2up

— FABRICIUS (Johann Christian) 1787  Fabricii Mantissa insectorum Hafniae 1787 en ligne Goettingen.

— FOURCROY (A. F.) 1785. Entomologia Parisiensis; sive catalogus insectorum quæ in agro Parisiensi reperiuntur; secundam methodam Geoffrœanam in sectiones, genera & species distributus: cui addita sunt nomina trivialia & fere trecentæ novæ species. Pars secunda. Parisiis. (Hôtel Serpente). 2. 232-544. Traduction en latin de l'Histoire des insectes de E.L. Geoffroy. http://archive.org/stream/entomologiaparis02four#page/n3/mode/2up

 — GEOFFROY (Étienne-Louis, Docteur en médecine) 1762. Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris: dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique ;Paris : Durand 1762 Tome second Planches XI à XXII  colorées à la main par Prévost gravées par Defehrt. 744p. http://archive.org/stream/histoireabrg02geof#page/n9/mode/2up

— GEOFFROY [Étienne-Louis] 1798-99 Histoire abrégée des insectes dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique. Nouvelle édition, revue, corrigée, & augmentée d'un supplément considérable. / par M. Geoffroy, docteur en médecine. A Paris :Chez Calixte-Volland, libraire, quai des Augustins, no. 24 :An VII de la République françoise [1799]. http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/14595#/summary

— GEER, (Charles de), Mémoires pour servir à l'histoire des insectes , Stockholm : Hesselberg, 1771.Tome 1 [1]-[15] 707 pages, 37 planches, Gallica .  Tome second première partie 616 pages,  ; Tome second deuxième partie pages 617 à 1175, 43 planches gravées par Bergquist. Gallica.

— GLASER L, 1887 Catalogus etymologicus Coleoperum et Lepidopterum. Erklärendes und verdeutschendes namensverzeichnis der Käfer und Schmetterlinge fûr Liebhaber und wissenschaftliche Sammler, R. Friehändler :Berlin 1887, 396 pages. BHL Openlibrary.

— GODART (Jean-Baptiste) Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France décrits par M. Godart, ancien proviseur Paris : Crevot 1821 Vol.1, Première partie, environs de Paris, [I]-[vij] + 295 p. Planches dessinées par [Antoine Charles] Vauthier et gravées par Lanvin.

— Gozmány, László: Vocabularium nominum animalium Europae septem linguis redactum2 vols. Budapest: Akadémiai Kiadó, 1979. 

— HIGGINS (L. G.) et RILEY (N. D.) 1988. Guide des Papillons d'Europe : Rhopalocères. Troisième édition française. Traduction et adaptation par Th. Bourgoin, avec la collaboration de P. Leraut, G. Chr. Luquet et J. Minet. Delachaux et Niestlé édit., Neuchâtel ,1988, 455 pages.

—HÜRTER Hans-Arnold 1988 Die wissenschaftlichen Schmetterlingsnamen, Herleitung und Deutung, Bottrop ; Essen : Pomp, 492 pages.

— KEMPER Heinrich 1959 Die tierischen Schädlinge im Sprachgebrauch, Berlin : Duncker & Humblot 1959. Google books.

— LAFRANCHIS (Tristan), 2000 Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles, Collection Parthénope, Ed Biotope, Mèze, 448p. 

— LATREILLE, P. A., 1804. "Tableau méthodique des Insectes", pp. 184-187 in Nouveau Dictionnaire d’Histoire Naturelle, Paris : Déterville. vol.24, 

Nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle vol. 24 1818 : Classification page 501 http://books.google.fr/books?id=I_NBAAAAYAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q=vanesse&f=false

— LATREILLE, P. A., 1805. Histoire Naturelle, Générale et Particulière des Crustacés et des Insectes. Tome XIII, p. 369. Paris : Dufart.

 

— LATREILLE P. A. 1810. Considérations générales sur l'ordre naturel des animaux composant les classes des Crustacés, des Arachnides et des Insectes; avec un tableau méthodique de leurs genres, disposés en familles. Paris: F. Schoell, 444 pp. pp. 350-370.

 —LATREILLE  (P.A) et Olivier Nouveau dictionnaire d'Histoire naturelle 2eme édition tome 27 1818.

 — LATREILLE (P.A), GODART (J.B) 1819 , Encyclopédie méthodique, ou Entomologie, Paris : Vve Agasse tome 9 1819. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58338273/f334.image.r=Godart.langFR

 — LERAUT (Patrice) 1997 "Liste systématique et synonymique des Lépidoptères de France, Belgique et Corse" (deuxième édition) Alexanor, 20, Supplément hors série : 1-526, 10 illustr., photog, 38 fig.

— LUCAS ([Pierre-] Hippolyte)  Histoire naturelle des lépidoptères d'Europe Paris : Pauquet  1834 ouvrage orné nature de près de 400 figures peintes d'apres, par A. Noel, et gravées sur acier.http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4416154.r=lucas+papillons.langFR 

 http://www.biodiversitylibrary.org/item/53843#page/11/mode/1up

— LUQUET (Gérard Chr.) 1986 "Les noms vernaculaires français des Rhopalocères d'Europe", Alexanor, Revue des Lépidoptéristes français, tome 14, juillet-septembre 1986, suppl.)

— MACLEOD (Roderick Donald) Key to the names of British Butterflies and moths, 86 pp. Londres 1959.

— MOFFET (Thomas) Insectorum, sive, Minimorum animalium theatrum.  Londini : Ex officin typographic Thom. Cotes et venales extant apud Guiliel. Hope, 1634.  BHL.

— OBERTHÜR (Charles), HOULBERT (Constant), Faune entomologique armoricaine. Lépidoptères. Rhopalocères, Rennes : Imprimerie Oberthür 1912-1921, 258 pages.


— PERREIN (Christian) 2012 , Biohistoire des papillons, Presses Universitaires de Rennes 2012.

— RAMANN (Gustav) 1870-76, Die Schmetterlinge Deutschlands und der angrenzenden Länder in nach der Natur gezeichneten Abbildungen nebst  erläuterndem Text, 4 Bände, Band 1, Arnstadt 1870-1876. 

— RÉAUMUR [René-Antoine] de Ferchault 1734-1748 Mémoires pour servir à l'histoire des insectes   Paris : Imprimerie Royale, 6 volumes, de 1734 à 1748 [un 7e, copie du manuscrit original, paraîtra en 1928], 267 planches gravées par Simoneau, Lucas, Haussard et Fillioeul. En ligne BHL.  Voir aussi VALLOT J.N. 1802.

— SALMON (Michael A.) 2000, The Aurelian legacy, British butterflies and their collectors, University of California Press, 2000.

SCOPOLI (Jean-Antoine) Ioannis Antonii Scopoli Med. Doct. S.C.R. ... Entomologia Carniolica exhibens insecta Carnioliae indigena et distributa in ordines, genera, species, varietates : methodo Linnaeana. Vindobonae :Typis Ioannis Thomae Trattner ...,1763. En ligne BHL.

 

— SCUDDER, S. H. 1875. "Historical sketch of the generic names proposed for Butterflies: a contribution to systematic nomenclature". Proceedings of the American Academy of Arts and Sciences, 10: 91-293. http://biodiversitylibrary.org/page/3076769#page/269/mode/1up

— SODOFFSKY (W), 1837. "Etymologische undersuchungen ueber die gattungsnamen der Schmetterlinge von W Sodoffsky, in Riga", Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou ,n° VI, Moscou : imprimerie d'Auguste Sémen, 1837, 167 p.

— SOUVESTRE (Émile), 1836  Voyage dans le Finistère par Jacques Cambry, revu et augmenté par- : "Tableau systématique des lépidoptères qui se trouvent dans le département du Finistère" par  [(Hesse et) Le Borgne de Kermorvan] Brest : Come et Bonetbeau, 1835 page 165

— SPANNERT (Anton), 1888, Die wissenschaftlichen Benennungen der Europäischen Großschmetterlinge mit sâmmtlichen anerkannten Varietâten und Aberationen, Karl Duncker : Berlin,1888, 239 pages.

—SPULER  (Dr Arnold), Die Europas Schmetterlinge, 1901-1908. Vol.1. Allgemeiner Teil —Spezieller Teil. I-CXXVIII + 1-386 + [1]-[6], 265 fig. dans le texte, E. Schweizelbart'sche Verlagsbuchhandlung, Nägele und Dr Sproesser édit., Stuttgart, Allemagne. En ligne sur BHL:http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/9477#/summary

— TOLMAN (Tom), LEWINGTON (Richard), Guide des papillons d'Europe et d'Afrique du Nord, traduction et adaptation française Patrick Leraut,  Paris : Delachaux et Niestlé 1999 et 2009, 384 pages.

— VALLOT J.N. Concordance systématique, servant de table de matières à l'ouvrage de Reaumur, Paris : Grégoire, Thouvenin, 1802. En ligne Google books.

  — VILLERS (Charles de) 1789 Caroli Linnaei Entomologia, faunae Suecicae descriptionibus aucta : DD. Scopoli, Geoffroy, de Geer, Fabricii, Schrank, &c., speciebus vel in systemate non enumeratis, vel nuperrime detectis, vel speciebus Galli australis locupletata, generum specierumque rariorum iconibus ornata; curante & augente Carolo de Villers .. Lyon : Pietre et Delamollière, (1789).https://archive.org/stream/carolilinnaeient02linn#page/n11/mode/2up

— WALCKENAER (C.A.) 1802,  Faune parisienne, insectes, ou, Histoire abrégée des insectes des environs de Paris classés d'après le système de Fabricius; précédée d'un discours sur les insectes en général, pour servir d'introduction à l'étude de l'entomologie accompagnée de sept planches gravées Paris : Dentu 1802 en ligne BHL.  

— ZIMMER, (Dieter E., rédacteur du mensuel Der Zeit) A guide to Nabokov's Butterflies and Moths et Butterflies and Moths in Nabokov's Published Writings , Web version 2012.

      Liste complète des références des auteurs avec les liens vers leurs publications:  http://www.ukbutterflies.co.uk/references.php

Boisduval chenille 1832 :   http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/51588#/summary

Boitard, 1828. : http://books.google.fr/books?id=K3ShlXhmFsEC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

Duponchel, chenilles 1849 : BHL :   http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/9410#/summary

Engramelle :    http://books.google.fr/books?id=em0FAAAAQAAJ

Esper : http://www.biodiversitylibrary.org/item/53441#page/9/mode/1up

Fabricius :1775  http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/36510#/summary

Fabricius 1787 :http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/home/speciestaxon?id=25707

Fabricius 1807 :  https://archive.org/stream/magazinfrinsek06illi#page/280/mode/2up

 Geoffroy  :    http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/51067#page/9/mode/1up

De Geer :  h

ttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97151p/f1.image.r=.langFR

Godart BHL :  http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/38004#page/256/mode/1up

Kirby  1871: http://www.biodiversitylibrary.org/item/64906#page/9/mode/1up

Latreille 1804 :           http://books.google.fr/books?id=xBsOAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

Latreille 1810 :  http://www.biodiversitylibrary.org/item/47766#page/358/mode/1up

Latreille et Godart 1819 :  https://archive.org/stream/encyclopdiem09metc#page/n3/mode/2up

Leach : http://biodiversitylibrary.org/page/17493618#page/136/mode/1up

Linné   http://www.biodiversitylibrary.org/item/10277#page/3/mode/1up

http://books.google.fr/books?id=Jps-AAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q=elinguis&f=false

Linné, Mantissa plantarum   http://bibdigital.rjb.csic.es/spa/Libro.php?Libro=947&Pagina=545

Moffet :    http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/60501#/summary

Petiver James, Musei petiveriani centura prima 1695 digitalisé par Google  (accès partiel)

Réaumur : http://www.biodiversitylibrary.org/item/50298#page/11/mode/1up

Rottemburg : http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/home/speciestaxon?id=8326

Scopoli Entomologiacarniolica 1763

   http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/34434#/summary

 De Villers 1789 :  https://archive.org/stream/carolilinnaeient02linn#page/n11/mode/2up

Walckenaer : http://www.biodiversitylibrary.org/item/79375#page/289/mode/1up

Goettingen animalbase : base de donnée : http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/search

Butterflies of America : http://butterfliesofamerica.com/polyommatus_icarus.htm

 Bestimmungshilfe für die in Europa nachgewiesenen Schmetterlingsarten :http://www.lepiforum.de/

— Un beau plaidoyer sur les noms de papillons :http://excerpts.numilog.com/books/9782759217045.pdf 

— Articles biographiques sur les taxonomistes entomologistes http://gap.entclub.org/taxonomists/index.html 

   http://www.reserves-naturelles.org/sites/default/files/fichiers/protocole-rhopalo-liste-especes.pdf

   

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier
10 juillet 2013 3 10 /07 /juillet /2013 22:15

Zoonymie (origine du nom) du papillon le Citron, Gonepteryx rhamni (Linné, 1758).

 

      La zoonymie (du grec ζῷον, zôon, animal et ónoma, ὄνομα, nom) est la science diachronique  qui étudie les noms d'animaux, ou zoonymes. Elle se propose de rechercher leur signification, leur étymologie, leur évolution et leur impact sur les sociétés (biohistoire). Avec l'anthroponymie (étude des noms de personnes), et la toponymie (étude des noms de lieux) elle appartient à l'onomastique (étude des noms propres).

 

Elle se distingue donc de la simple étymologie, recherche du « vrai sens », de l'origine formelle et sémantique d'une unité lexicale du nom.

 

 

Résumé.

Gonepteryx (Leach, 1815) :Du grec gônia, "angle" et pteron, "aile", par allusion à l'angulation des bords externes des ailes. 

Rhamni (Linné, 1758) : génitif du latin Rhamnus  "nerprun" emprunté au grec rhamnos, même sens, nom de la plante hôte mentionné dans le texte de Linné.

— Le nom vernaculaire Le Citron, Geoffroy 1762, Engramelle 1779, désigne la couleur jaune des ailes du mâle. G.C. Luquet l'a validé comme nom vernaculaire principal en 1986, et il est repris par tous les auteurs contemporains. Les autres noms vernaculaires sont le curieux Papillon caniculaire (de Geer, 1771), la Coliade du Nerprun, (Godart 1819) ; Coliade Citron  (Godart, 1823) et anecdotiquement La Piéride du Nerprun (Luquet, 1986) ou  Le Limon ( Robert 1960, Luquet 1986).

 

 

I. Nom scientifique

Lepidoptera.


1. Nom de famille et sous-famille :

      Pieridae Coliadinae.

 a) la Famille des Pieridae Piérides ou Piéridides (Luquet 1986): du nom des neuf  Piérides , Muses selon Lucrèce, ou  selon Ovide concurrentes des Muses qui les transformèrent en pies.

  Famille crée par P.A.J. Duponchel en 1832. Dans le "Catalogue méthodique des lépidoptères d'Europe" in Godart Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France, par J-B. Godart. Continuée par P.-A.-J. Duponchel.   Suppl. 1 Paris: Méquignon-Marvis, Libraire-Éditeur ,1832: page 382 .

 Dans son Catalogue méthodique (pages 377– 416), Duponchel répartit les papillons diurnes en deux divisions et treize tribus :

Première division : six pattes ambulatoires.

Tribu des Papillonides Latr.

Tribu des Parnassides Mihi.

Tribu des Pièrides, Mihi.

Tribu des Rhodocérides, Mihi.

Tribu des Lycénides, Leach.

Tribu des Erycinides, Boisduval.

Deuxième division : quatre pattes ambulatoires.

Tribu des Danaïdes, Latreille.

Tribu des Argynnides, Mihi.

Tribu des Vanessides, Mihi.

Tribu des Libythides, Boisduval.

Tribu des Nymphalides, Latreille.

Tribu des Satyrides, Boisduval.

Tribu des Hespérides, Latreille.

  Le nom de la tribu des Piérides sera transformée en Pieridae pour désigner une famille, par l'ICZN (International Commission of Zoological Nomenclature). Parmi ses quatre sous-familles, celles qui concernent l'Europe sont les Dimorphiinae (Piérides), les Pierinae (Piérides et aurores), et les Colianidae : 

b) Sous-famille des Coliadinae (Swainson, 1827). "Coliadines : Coliades et Citrons" (Luquet, 1986) ; Sulphurs  and Yellows.

Trois genres en France, Gonepteryx, Colias et Catopsilia.

 Le nom de Colias (Fabricius, 1807) viendrait de celui d'un cap de la côte est de l'Attique où s'élevait un temple dédié à Aphrodite (Vénus Colias) ; la bataille de Salamine se déroula à proximité; selon Pausanias dans sa Description de la Grèce L.I, chap.1, "Le promontoire Colias est à vingt stades de Phalère [port d'Athènes] ; c'est-là qu'après la défaite des Mèdes, les débris de leur escadre furent jetés par les flots. On y voit la statue de Vénus (Aphrodite) Colias et celles des Génétyllides [les Engendrantes]".

 Pour A. Spuler, il s'agit "du surnom de la déesse Aphrodite".

 Emmet, qui suspecte toujours Fabricius de profiter de la création de nom pour se livrer à des plaisanteries, signale que kolias est  le nom d'un poisson de la famille des thons (il cite étrangement Westwood, 1855) mais que kholê, kholos désigne en grec la bile (cf mélancolie) créant un trait d'esprit à cause de la couleur jaune. Il est vrai que Kolias a désigné chez Aristote puis chez Pline un poisson de la famille du thon, mais  Emmet confond κολιως "surnom d'Aphrodite" et  κολιας "poisson, thonidé", termes que L. Glaser (Catalogus etymologicus Coleoptorum et Lepideptorum, Berlin 1887) avait distingué.

  Une autre piste serait de considérer avec  E. Boisacq (rev. Belge philol. Hist. 1926 5, pp.507-514) que la racine indo-européenne ghel-, « éclat, couleur jaune ou verte, etc. » a donné le grec khloê, « verdure nouvelle », khlôros, « d'un vert clair », kholos, kholê, « bile » le latin helvos « de couleur de miel », ou fel « la bile », le gaulois *galvos (>lat.galbus, galbinus >fr. jaune), le lat.germ. Glêsum « ambre » (>all . Glas« verre »), l'allemand Gold « or », Galle« bile », Gelb « jaune », le russe zoloto " or".

   Tant qu'à plaisanter, Emmet aurait pu noter que si la racine grecque coleo "étui, fourreau" (coléoptère) désigne en grec moderne le vagin, des savants du XIXe siècle rapprochait le nom de Vénus Colias, comme Vénus présidant à la génération, de la racine grecque kolos, "membre, dans le sens de membre viril" (L.G. Michaud, Biographie universelle, 1832 page 38).

 

 Ces digressions nous détournent de l'essentiel : le nom de genre Colias est considéré jusqu'à preuve du contraire comme honorant le surnom d'Aphrodite. 

 

2. Nom de genre : Gonepteryx Leach, [1815]

[Leach, W. E.] [1815]. "Entomology.  Familiy I. papilionida [sic]". in: Brewster, D. [Ed] The Edinburgh Encyclopedia. Edinburgh , [1815] 9(1): 57-172.  page 127-128 et 716 . Espèce-type : Papilio rhamni Linnaeus, 1758.

  Du grec gônia, "angle" et pteron, "aile", par allusion à l'angulation des bords externes des ailes. Chez l'espèce-type, cette angulation de l'aile supérieure (apex) est nettement incurvée et angulaire, alors qu'elle est moins soulignée chez G. cleopatra, le Citron de Provence.  De même, l'indentation de l'aile inférieure forme une "queue" bien saillante chez G. rhamni, alors qu'elle n'est qu'esquissée chez G. cleopatra, permettant de différencier les femelles.


3. Nom d'espèce : Gonepteryx rhamni (Linnaeus, 1758).

P. [apilio] D. [anaus] rhamni, Linnaeus, Systema naturæ per regna tria naturæ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Holmiæ [Stockholm]. Laurentii Salvii, 1758. Tomus I: 824 pp, page 470 n° 73.

 

Rhamni, génitif du latin Rhamnus, "nerprun" emprunté au grec rhamnos, même sens, nom de la plante hôte mentionné dans le texte de Linné. En botanique, le genre rhamnus regroupe, en France, principalement trois plantes : Rhamnus alaternus L. — nerprun alaterne ou nerprun à feuilles persistantes ; Rhamnus cathartica L. ou nerprun purgatif, nerprun des teinturiers et Rhamnus frangula ou Bourdaine. Leurs drupes comparables à de petites prunes noires, luisantes, grosses comme un pois et à l'odeur désagréable leur a valu, à partir d'un latin pop. *niger prunus, proprement «prunier noir», les noms successifs de  noirbrun en 1210, puis  *neir prun,   noirprun au début du XVe s ; nerpruin  en 1501; nerprun en 1507.

 Synonymes  de Nerprun purgatif : Épine de cerf, Épine noire ou encore Bois noir et Bourgue épine.

   Le sirop de nerprun, préparé à partir du Rhamnus cathartica, était utilisé à des fins purgatives au XVIII et XIXe siècle. François-Étienne Geoffroy, très célèbre médecin et professeur de Chimie au Jardin du Roi (alors Louis XIV) [et père d'Étienne-Louis Geoffroy auteur de l'Histoire des Insectes] décrivait la plante, puis son usage dans sa Matière médicale (publication posthume en latin par Chardon de Courcelles, avant qu'il ne dirige l'École de chirurgie navale de Brest / Traduction et Suites : tome II-2 les Plantes indigènes, 1750 page 213.) "L'usage le plus ordinaire des bayes de nerprun est d'en faire un Extrait, qui se donne depuis une-demie Once jusqu'à six gros dans les Opiates apéritives, ou d'en faire un syrop.". Chardon de Courcelles l'utilise dans ses Formules pharmaceutiques pour le port de Brest (1769) , Jourdan donne en 1840 (p. 129) les recettes du Rob de nerprun, du sirop ou de la potion purgative, etc...

 Ce mêmes baies étaient employées en teinturerie pour obtenir une couleur nommée vert de vessie qui était utilisée pour les enluminures.

 

 

 

      Les nerpruns sont la plante hôte des chenilles de plusieurs papillons : outre d'autres Gonepteryx (le Citron de Provence G. cleopatra et la Farineuse G. farinosa leurs feuilles nourrissent aussi les larves de la Phalène du marronnier Alsophila aescularia, l'Argus vert ou Thècle de la ronce Callophrys rubi , l'Azuré des nerpruns Celastrina argiolus, le Jason à deux queues Charaxes jasius jasius, la Feuille morte du chêne Gastropacha quercifolia, Eupoecilia ambiguella, , Hemileuca eglanterina eglanterina, Lycia hirtaria, Odonestis pruni, Papilio eurymedon, Saturnia atlanticaSaturnia pavonia, le Thécla des Nerpruns Satyrium spini, la Lithosie complanule ou Lithosie plombée Eilema lurideola. (Funet cité par Wikipédia).


 

 

 

Synonymes.

  Gonepteryx rhamni rhamni (Linnaeus, 1758) 

Gonepteryx rhamni transiens Verity, 1913 

Papilio rhamni Linnaeus, 1758

Rhodocera rhamni (Linnaeus, 1758) 


 

II. Noms vernaculaires.

 

Le citron Geoffroy, 1762  ; le Papillon de la canicule, de Geer, 1771 ; le Citron, Engramelle, 1779 ; Le Coliade Citron, Godart 1819 ; Le Citron Luquet, 1986 ;   La Piéride du Nerprun (Luquet, 1986) ;  Le Limon ( Robert 1960, Luquet 1986). 


 1. Le  citron, Geoffroy, 1762.

Étienne-Louis Geoffroy, Docteur en médecine 1762,  Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris: dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique ; Paris : Durand 1762 Tome second Planches XI à XXII  colorées à la main par Prévost gravées par Defehrt. 744 p. page 74 n° 47.

""Leur couleur est d'un jaune citron, quelquefois verdâtre des deux cotés".

  Le mot désigne depuis le XIIIe siècle le fruit du citronnier ; par métonymie, il est employé comme adjectif de couleur, en apposition, depuis 1680 (Dict. hist. Robert). On appréciera le "génie" de Geoffroy, qui sait prendre ses distances par rapport au nom scientifique, comme aux noms anglo-saxons qui rapprochent la couleur des ailes de celle du soufre. Surtout, son talent est d'éviter la simple mention de la couleur ( nous avons échappé à des noms comme le Jaune, Jaunet,  le Jaune du nerprun) pour choisir, comme il l'avait fait pour l'Aurore, une métaphore, la couleur Citron et ses évocations de forme, de saveur, d'exotisme, ou tout ce que l'imaginaire voudra associer à ce fruit.

 

 

 2. Papillon de la canicule, De Geer 1771.

    GEER, (Charles de), Mémoires pour servir à l'histoire des insectes , Stockholm : Hesselberg, 1771. Tome second première partie page 182 Part. I n° 1. (nommé P. canicularis Tome I page 30 planche 15).

Papilio canicularis est tiré de Linné 1746 Fauna svecica, Stockholmiae, Laurentii Salvii 1746. page 242 n° 795 qui indique : "Vulgo, Papilio canicularis". Repris en 1761 dans la deuxième édition de fauna svecica page 273 n° 1042. Il s'agirait de la transcription latine du nom vernaculaire (suédois) de G. rhamni.

  On sait que le nom canicule, dérivé de l'italien canicula « petite chienne », est appliqué à l' étoile Sirius Alpha Canis Major puis depuis Molière (Sganarelle et le Cocu imaginaire I,2) à l'époque estivale de grande chaleur, l' étoile Sirius ou Canicule se levant et se couchant avec le Soleil du 22 juillet au 22 août. Or, s'il existe un papillon qui ne limite pas son vol au seul mois de juillet, c'est bien Gonepteryx rhamni, qui vole de juin à novembre, puis parfois dès mi-février jusqu'à juin et dont les mâles se réveillent facilement durant les chaudes journées de la fin de l' hiver ! Mais en Suède, pays de Linné, nous nous trouvons à la limite nord (parallèle 64° N. in Lafranchis, 60° in Perrein) de l'aire de répartition, dans une région où G. rhamni réserve ses vols aux mois de juin et juillet (Tolman & Lewington), et où peut-être il était amené par les vagues de chaleur (värmebölja).

 

 

3. Le Citron, Engramelle 1779 .

   Jacques Louis Florentin Engramelle Papillons d'Europe, peints d'après nature, Volume 1 page 223  n° 110 Planche LIII par J.J. Ernst, gravée par J.J. Juillet.  1779.  

   "Le mâle de ce papillon vu en dessus est d'une belle couleur citrine un peu verdâtre. Au milieu de chaque aile, il a une petite tache orangée, et plusieurs points de même couleur à l'extrémité du bord des ailes. Le corps qui est noir en dessus et citron en dessous, est couvert de poils blanchâtres et soyeux. Les antennes sont très courtes, grosses et rougeâtres, et leurs masses sont très allongées."

  "La femelle est dessus et dessous d'une couleur blanchâtre tirant sur le verd d'eau. Et elle a les mêmes taches que le mâle. On voit des femelles dont le dessus est couleur de soufre pâle. Les deux sexes ont à chaque aile un angle bien marqué."

  "Elle [la chenille] vit sur le Rhamnus ou églantier, et aussi sur le Frangula, Aulne noir ou Bourdaine."

 

4. (du nerprun) , de Villers, 1789.

VILLERS (Charles de) 1789 Caroli Linnaei Entomologia, faunae Suecicae descriptionibus aucta : DD. Scopoli, Geoffroy, de Geer, Fabricii, Schrank, &c., speciebus vel in systemate non enumeratis, vel nuperrime detectis, vel speciebus Galli australis locupletata, generum specierumque rariorum iconibus ornata; curante & augente Carolo de Villers .. Lyon : Pietre et Delamollière, (1789) page 16

 Charles de Villers ne crée pas un zoonyme, mais se contente de traduire l'épithète scientifique rhamni.

 

5. Coliade du Nerprun, Latreille et Godart 1819.

 Latreille et Godart, Encyclopédie méthodique, Histoire naturelle, Paris : Vve Agasse, Tome 9 vol. 116, 1819 page 89.

 

5 . Coliade Citron , Godart 1821.

Jean Baptiste Godart, Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France décrits par M. Godart, ancien proviseur Paris : Crevot 1821 Vol.1, Première partie, environs de Paris, [I]-[vij] + 295 p. Tableau méthodique page 43 n° 3 dessinée par [Antoine Charles] Vauthier et gravée par Lanvin.

  • Coliade Citron, Hippolyte Lucas 1834.
  • Coliade Citron, Duponchel, Chenilles 1849  page 60 n°15

 — Rhodocera Rhamni  :  Boisduval, Chenilles 1834 page 35 Planche 3.

— Coliave (sic) du Nerprun : Le Borgne de Kermorvan in Souvestre, 1836 page 165.

 

      J.B. Godart décrit (ouvrage cité page 41) son genre Coliade regroupant "les danaïdes blanches (Linn.)", mais il signale en note après sa description du Coliade Citron que M. le docteur William Leach, l'un des professeurs-administrateurs du Musée Britannique, a fait avec cette espèce et quelques autres qui ont le même port un genre auquel il a donné le nom de gonopteryce (ailes anguleuses)".


6. Revue des noms vernaculaires par Gérard Luquet en 1986.

 

Dans son article paru dans Alexanor, Gérard Christian Luquet retient Le Citron en nom principal, et en admet deux autres :

  "n° 101 Gonepteryx rhamni L. Le Citron Le Limon* ; La Piéride du Nerprun**."

* Robert Paul-A. 1960, Les papillons dans la nature. 405p., 64 pl. coul. Delachaux et Niestlé édit. Neufchâtel (Suisse).

** Villers (Charles de) : cf supra.

  Pourtant, Le Limon aurait pu être écarté, comme mauvaise adaptation dans notre langue qui n'utilise pas ce terme comme nom de couleur et trahit donc l'intention de Geoffroy, ou même la métaphore sous-jacente à notre Le Citron, puisque notre langue ne désigne pas couramment le fruit du citronnier par le nom de limon.

   De même, Charles de Villers n'est pas l'auteur du nom La Pièride du Nerprun, mais se contente de traduire entre parenthèse le latin "rhamni (du nerprun)".

 


7. Noms vernaculaires contemporains :

Au début du XXe siècle, Charles Oberthür et Constant Houlbert ( 1912-1921) utilisent le nom scientifique, mais dans le cours du texte on trouve "Tout le monde connaît le Papillon citron, comme l'appelle Geoffroy". Cette dénomination ne respecte pas à la lettre le nom Le Citron de Geoffroy, et cet exemple montre qu'avant que Gérard Luquet 1986 ait proposé à la communauté des naturalistes un document qui fera référence, chacun traitait le nom vernaculaire avec une certaine légèreté .

 

Higgins & Riley /Luquet 1988 : Le Citron.

Bellmann / Luquet  2008 : Le Citron .

Blab / Luquet 1988 : Le Citron.

Doux et Gibeaux / Luquet 2007 : Le Citron

Lafranchis, 2000 : Le Citron.

Perrein, 2012 :  Citron.

Tolman et Lewington / Leraut 2009 : Citron .

Wikipédia : Le Citron.

 

 

 

 

 

III. Les noms vernaculaires dans d'autres pays.

 Aucun n'évoque la ressemblance des ailes avec une feuille. Un groupe majoritaire reprend le nom créé par Geoffroy et la comparaison avec la couleur jaune-citron. Une autre métaphore est trouvée dans le nom turc qui souligne l'aspect falciforme des ailes. 

  • Citronfjäril en suédois.
  • Sitronsommerfugl En norvégien
  • Citroenvlinder en néerlandais
  • Der Zitronenfalter en allemand,
  • De Zitroonefalter en dialecte alémanique
  • Sitruunaperhonen en finnois.
  • Citronsommerfugl en danois.
  • Listkowiec cytrynek en polonais.
  • Citrinukas En lituanien.
  • La Cedronella en italien.
  • Common Brimstone en anglais.
  • Žluťásek řešetlákový en tchèque (... du nerprun).
  • Melyn y rhafnwydd en gallois (Jaune du nerprun).
  • Orakkanat en turc. (aile en forme de faucille).
  • Gieltsje en frison.

 

 

 IV. Zoonymie vernaculaire anglo-saxonne ( M.A Salmon, 2000). 

 Première mention : Moffet ou Muffet Theatrum insectorum 1634 page 103 fig. 1 (collection du suisse Conrad Gessner (1516-1565) notamment).

  • The Pale Brimstone : mâle Petiver, 1695.
  • The Brimstone : femelle, Petiver, 1695 ; mâle et femelle Jermyn, 1824 ; et la pluapart des auteurs suivants.
  • The Male Straw Butterfly : femelle : ray, 1710 ; par erreur, Petiver, 1717.
  • The Primrose : Rennie, 1832.
  • The Sulphur :Frohawk, 1924.

  Brimstone est le nom obsolète du soufre (sulphur) ; il est issu du vieil anglais brynstān, lié au  vieux norrois brennistein; littéralement "pierre-brûler". Le terme est utilisé par métonymie pour désigner [la couleur du] soufre, comme, supra, notre [couleur de] citron.

  C'est encore la couleur des ailes qui détermine le nom Male Straw Butterfly, "papillon couleur de paille", et —sans-doute— celui de Primrose, que je comprends comme "couleur de primevère".


 

 

 

 

 

 

V. Autres descriptions.


 Linné, Fauna svecica, Stockholmiae, Laurentii Salvii 1746. page 242 n° 795.

Linnaeus, C. 1761. Fauna svecica sistens animalia Sueciae regni: Mammalia, Aves, Amphibia, Pisces, Insecta, Vermes. Editio altera, auctior. Stockholmiae [=Stockholm]: L. Salvii, 48 + 578 pp. n° 1042.

Mullers, Syst. Nat. Tome 5 page 594.

Rösel von Rosenhof, tome 3 suppl. Cl. II. Pap. Diurn. Tab. XLVI. Fig.1, 2, 3 page 264.

Fuesli, Ins. N° 555.

Schaeffer, Icon ins. Rat. Tab. 35 fig. 1, 2,

Ray, Hist. Ins. Page 112 n°4.

Esper, tome 1 tab. IV fig 4 page 73.

Mouffet, Theatr ins. Ed lat. Page 103 fig. 1. / Ed. Anglaise p. 198.

Jonston Ins. Page 42.

Hoffnagel, Ins. I.

Albin, ins.

Petiver, mus. I n°1

 

 

 

 

 

 

 

Sources et liens.

Liens et Sources.

Funet : Gonepteryx 

Inventaire national du patrimoine naturel (Muséum) : Citron.

Le numéro 96 de novembre 2011 de la revue La Hulotte a été consacrée au Citron. Une très riche bibliographie est disponible en ligne : La Hulotte n°96.

 

— BELLMANN Heiko, 2008 Quel est donc ce papillon, Les Guides Nathan, Paris : Nathan, 2008. Traduction française et noms vernaculaires par G.C. Luquet.

— BLAB (Josef), RUCKSTULH (Thomas) ESCHE (Thomas)  [et al.], adaptation et traduction française LUQUET (Gérard-Christian), 1988 Sauvons les papillons  : les connaître pour mieux les protéger ; préface de Pierre Richard Paris : Duculot 1 vol. (192 p.) : ill. en coul., couv. ill. en coul. ; 27 cm Trad. de : "Aktion Schmetterling so können wir sie retten". 

— BOITARD (Pierre ) Manuel d'entomologie ou Histoire naturelle de insectes: contenant la synonymie de la plus grande partie des espèces d'Europe et des espèces exotiques les plus remarquables, Tome second, Paris : Roret, 1828,  Gallica

  — BOISDUVAL ( Jean Alphonse),  GRASLIN, (Adolphe Hercule de), Dumesnil (P.C.R.C)  Rambur (Pierre).1833 Collection iconographique et historique des chenilles ou description et figures des chenilles d'Europe, avec l'histoire de leurs métamorphoses et des applications à l'agriculture, Paris : Librairie encyclopédique de Roret, 1832-1837 [1833].

— CHINERY (Michael), Insectes de France et d'Europe occidentale, adaptation française  G. Luquet pour les lépidoptères, Flammarion 2005, 2eme édition 2012, 320 p.

— DOUX (Yves), GIBEAUX (Christian), 2007, Les papillons de jour d'Île de France et de l'Oise,Collection Parthénope, Edition Biotope, Mèze, ; Muséum national d'Histoire naturelle, Paris, 2007, 288 p. Préface, index et supervision scientifique de Gérard Chr. Luquet.

— DUPONT (Pascal), DEMERGES (David), DROUET (Eric) et LUQUET (Gérard Chr.). 2013. Révision systématique, taxinomique et nomenclaturale des Rhopalocera et des Zygaenidae de France métropolitaine. Conséquences sur l’acquisition et la gestion des données d’inventaire. Rapport MMNHN-SPN 2013 - 19, 201 p. http://www.mnhn.fr/spn/docs/rapports/SPN%202013%20-%2019%20-%20Ref_Rhopaloceres_Zygenes_V2013.pdf

— DUPONCHEL (Philogène Auguste Joseph) 1849 Iconographie et histoire naturelle des chenilles pour servir à de compléter une l'Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France, de MM. Godart et Duponchel . Paris : Germer Baillère, 1849. 

— EMMET (Arthur Maitland) 1991. The Scientific Names of the British Lepidoptera: Their History and Meaning, Colchester, Essex, England : Harley Books, 1991,  288 p. : ill. ; 25 cm.

—  ENGRAMELLE (R.P. Jacques Louis Florentin), Papillons d'Europe peints d'après nature par M; Ernst. Gravés par M. Gérardin et coloriés sous leur direction. Première partie. Chenilles, Crysalides et Papillons de jour [décrits par le R.P. Engramelle, Religieux Augustin, Quartier Saint-Germain] Se vend à Paris chez M. Ernst et Gérardin. Paris : Delaguette/Basan & Poignant 1779. Volume 1 [1]+[VIII],[i-xxxiv] - 206p-errata [i-vi], 3 pl. en noir, 48 planches coloriées (I-XLVIII), 100 espèces. 

— FOURCROY (A. F.) 1785. Entomologia Parisiensis; sive catalogus insectorum quæ in agro Parisiensi reperiuntur; secundam methodam Geoffrœanam in sectiones, genera & species distributus: cui addita sunt nomina trivialia & fere trecentæ novæ species. Pars secunda. Parisiis. (Hôtel Serpente). 2. 232-544. Traduction en latin de l'Histoire des insectes de E.L. Geoffroy. http://archive.org/stream/entomologiaparis02four#page/n3/mode/2up

 — GEOFFROY (Étienne-Louis, Docteur en médecine) 1762. Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris: dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique ;Paris : Durand 1762 Tome second Planches XI à XXII  colorées à la main par Prévost gravées par Defehrt. 744p. http://archive.org/stream/histoireabrg02geof#page/n9/mode/2up

— GEOFFROY [Étienne-Louis] 1798-99 Histoire abrégée des insectes  Benoît Louis Prévost; A J Defehrt Paris : Chez Calixte-Volland : Chez Rémont, an VII [1798-1799 Tome deuxième. http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/14595#/summary

— GEER, (Charles de), Mémoires pour servir à l'histoire des insectes , Stockholm : Hesselberg, 1771.Tome 1 [1]-[15] 707 pages, 37 planches, Gallica .  Tome second première partie 616 pages,  ; Tome second deuxième partie pages 617 à 1175, 43 planches gravées par Bergquist. Gallica.

— GODART (Jean-Baptiste) Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France décrits par M. Godart, ancien proviseur Paris : Crevot 1821 Vol.1, Première partie, environs de Paris, [I]-[vij] + 295 p. Planches dessinées par [Antoine Charles] Vauthier et gravées par Lanvin.

 

— Gozmány, László: Vocabularium nominum animalium Europae septem linguis redactum2 vols. Budapest: Akadémiai Kiadó, 1979. 

— HIGGINS (L. G.) et RILEY (N. D.) 1988. Guide des Papillons d'Europe : Rhopalocères. Troisième édition française. Traduction et adaptation par Th. Bourgoin, avec la collaboration de P. Leraut, G. Chr. Luquet et J. Minet. Delachaux et Niestlé édit., Neuchâtel ,1988, 455 pages.

—HÜRTER Hans-Arnold 1988 Die wissenschaftlichen Schmetterlingsnamen, Herleitung und Deutung, Bottrop ; Essen : Pomp, 492 pages.

— KEMPER Heinrich 1959 Die tierischen Schädlinge im Sprachgebrauch, Berlin : Duncker & Humblot 1959. Google books.

— LAFRANCHIS (Tristan), 2000 Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles, Collection Parthénope, Ed Biotope, Mèze, 448p. 

— LATREILLE, P. A., 1804. "Tableau méthodique des Insectes", pp. 184-187 in Nouveau Dictionnaire d’Histoire Naturelle, vol.24, Paris : Déterville.

— LATREILLE, P. A., 1805. Histoire Naturelle, Générale et Particulière des Crustacés et des Insectes. Tome XIII, p. 369. Paris : Dufart.

 —LATREILLE  (P.A) et Olivier Nouveau dictionnaire d'Histoire naturelle 2eme édition tome 27 1818.

— LATREILLE (P.A), GODART (J.B) , Encyclopédie méthodique, ou Entomologie, Paris : Vve Agasse tome 9 1819. https://archive.org/stream/encyclopdiem09metc#page/n3/mode/2up

 — LERAUT (Patrice) 1997 "Liste systématique et synonymique des Lépidoptères de France, Belgique et Corse" (deuxième édition) Alexanor, 20, Supplément hors série : 1-526, 10 illustr., photog, 38 fig.

— LUCAS ([Pierre-] Hippolyte)  Histoire naturelle des lépidoptères d'Europe Paris : Pauquet  1834 ouvrage orné nature de près de 400 figures peintes d'apres, par A. Noel, et gravées sur acier.http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4416154.r=lucas+papillons.langFR 

 http://www.biodiversitylibrary.org/item/53843#page/11/mode/1up

— LUQUET (Gérard Chr.) 1986 "Les noms vernaculaires français des Rhopalocères d'Europe", Alexanor, Revue des Lépidoptéristes français, tome 14, juillet-septembre 1986, suppl.)

— MACLEOD (Roderick Donald) Key to the names of British Butterflies and moths, 86 pp. Londres 1959.

— OBERTHÜR (Charles), HOULBERT (Constant), Faune entomologique armoricaine. Lépidoptères. Rhopalocères, Rennes : Imprimerie Oberthür 1912-1921, 258 pages.


— PERREIN (Christian) 2012 , Biohistoire des papillons, Presses Universitaires de Rennes 2012.

— RÉAUMUR [René-Antoine] de Ferchault 1734-1748 Mémoires pour servir à l'histoire des insectes   Paris : Imprimerie Royale, 6 volumes, de 1734 à 1748 [un 7e, copie du manuscrit original, paraîtra en 1928], 267 planches gravées par Simoneau, Lucas, Haussard et Fillioeul. En ligne BHL.  Voir aussi VALLOT J.N. 1802.

— SALMON (Michael A.) 2000, The Aurelian legacy, British butterflies and their collectors, University of California Press, 2000.

SCOPOLI (Jean-Antoine) Ioannis Antonii Scopoli Med. Doct. S.C.R. ... Entomologia Carniolica exhibens insecta Carnioliae indigena et distributa in ordines, genera, species, varietates : methodo Linnaeana. Vindobonae :Typis Ioannis Thomae Trattner ...,1763. En ligne BHL.

— SOUVESTRE (Émile), 1836  Voyage dans le Finistère par Jacques Cambry, revu et augmenté par- : "Tableau systématique des lépidoptères qui se trouvent dans le département du Finistère" par  [(Hesse et) Le Borgne de Kermorvan] Brest : Come et Bonetbeau, 1835 page 165

SPULER  (Dr Arnold), Die Europas Schmetterlinge, 1901-1908. Vol.1. Allgemeiner Teil —Spezieller Teil. I-CXXVIII + 1-386 + [1]-[6], 265 fig. dans le texte, E. Schweizelbart'sche Verlagsbuchhandlung, Nägele und Dr Sproesser édit., Stuttgart, Allemagne. En ligne sur BHL:http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/9477#/summary

— TOLMAN (Tom), LEWINGTON (Richard), Guide des papillons d'Europe et d'Afrique du Nord, traduction et adaptation française Patrick Leraut,  Paris : Delachaux et Niestlé 1999 et 2009, 384 pages.

— VALLOT J.N. Concordance systématique, servant de table de matières à l'ouvrage de Reaumur, Paris : Grégoire, Thouvenin, 1802. En ligne Google books.

  — VILLERS (Charles de) 1789 Caroli Linnaei Entomologia, faunae Suecicae descriptionibus aucta : DD. Scopoli, Geoffroy, de Geer, Fabricii, Schrank, &c., speciebus vel in systemate non enumeratis, vel nuperrime detectis, vel speciebus Galli australis locupletata, generum specierumque rariorum iconibus ornata; curante & augente Carolo de Villers .. Lyon : Pietre et Delamollière, (1789).https://archive.org/stream/carolilinnaeient02linn#page/n11/mode/2up

De Geer :  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97151p/f1.image.r=.langFR

Godart BHL :  http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/38004#page/256/mode/1up

Duponchel, chenilles 1849 : BHL :   http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/9410#/summary

Boisduval chenille 1832 :   http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/51588#/summary

Geoffroy  :    http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/51067#page/9/mode/1up

Engramelle :    http://books.google.fr/books?id=em0FAAAAQAAJ

Latreille 1804 :           http://books.google.fr/books?id=xBsOAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

Latreille et Godart 1819 :  https://archive.org/stream/encyclopdiem09metc#page/n3/mode/2up

Linné   http://www.biodiversitylibrary.org/item/10277#page/3/mode/1up

 De Villers 1789 :  https://archive.org/stream/carolilinnaeient02linn#page/n11/mode/2up

Fabricius :  http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/36510#/summary

Rottemburg : http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/home/speciestaxon?id=8326

Scopoli Entomologia carniolica 1763  http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/34434#/summary

Leach : http://biodiversitylibrary.org/page/17493618#page/136/mode/1up

Goettingen animalbase : base de donnée : http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/search

Butterflies of America : http://butterfliesofamerica.com/polyommatus_icarus.htm

 Bestimmungshilfe für die in Europa nachgewiesenen Schmetterlingsarten :http://www.lepiforum.de/

—  Articles biographiques sur les taxonomistes entomologistes http://gap.entclub.org/taxonomists/index.html 

   http://www.reserves-naturelles.org/sites/default/files/fichiers/protocole-rhopalo-liste-especes.pdf

 


Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier
10 juillet 2013 3 10 /07 /juillet /2013 21:40

           Zoonymie du papillon L'Aurore , Anthocharis cardamines, (Linnaeus, 1758).

 

                            Un jour, ils vinrent gentiment me faire cadeau d'un papillon fort rare : le « citron-aurore », qui est d'un jaune pâle un peu vert, comme le « citron » commun, mais qui porte, sur les ailes supérieures, une sorte de nuage délicieusement rose, d'une teinte de soleil levant. Pierre Loti, Le Roman d'un enfant, 1890, p. 202.

 

La zoonymie (du grec ζῷον, zôon, animal et ónoma, ὄνομα, nom) est la science diachronique  qui étudie les noms d'animaux, ou zoonymes. Elle se propose de rechercher leurs significations, leurs étymologies, leur évolution et leur impact sur les sociétés (biohistoire). Avec l'anthroponymie (étude des noms de personnes), et la toponymie (étude des noms de lieux) elle appartient à l'onomastique (étude des noms propres).

 

Elle se distingue donc de la simple étymologie, recherche du « vrai sens », de l'origine formelle et sémantique d'une unité lexicale du nom.

 


 

 026c

 

Résumé.

Le nom de genre Anthocharis associe les mots  grecs  "fleur" et "grâce", les ailes de ces papillons ayant l'élégance chatoyante et florale des pétales.

L'épithète spécifique cardamines mentionne la plante hôte, la cardamine des près des prairies humides.

Le nom vernaculaire principal, l'Aurore (Geoffroy 1762), qualifie la couleur orange des ailes du mâle ; le nom accessoire, la Piéride du Cresson (Godart 1819) mentionne l'un des noms de la plante hôte, la cardamine ou cressonnette.


 

I. Nom scientifique.

Leptoptera, Pieridae.

Nom de genre : Anthocharis : Boisduval 1833, in  Boisduval, Rambur, Dumesnil, Graslin, 1833 Coll. icône. hist. Chenilles Europ. (29): pl. 5 TS : Papilio cardamines Linnaeus.


Vient du grec anthos, "fleur" et kharis, "grâce", "soit que ces papillons aient la grâce d'une fleur, soit qu'ils soient une grâce pour les fleurs qu'ils fréquentent" (Emmet, 1991).

 
 

Nom d'espèce : Anthocharis cardaminesLinnaeus, C. 1758

 protonyme Papilio [Danaus] Cardamines, Linnaeus, C. 1758  Systema naturæ per regna tria naturæ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Holmiæ. (Salvius). Tomus I: 824 pp. 468 , TL : Suède 

Cardamines : "de la cardamine", nom d'une des 3 plantes hôtes citées par Linné : Cardamine, Brassica campestri et Thlapsi.  "Le mot cardamine correspond au grec kardaminê (latinisé en cardamina), lui-même dérivé de kardamon, terme qui désignait le cresson alénois" (Wikipédia)...mais que l'on rapproche aussi de l'épice bien connue, la cardamone aromatique venant de la côte de Malabar. On apprend ainsi (Wiktionnaire) que son nom provient " du latin cardamomum, dérivé du grec καρδάμωμον, kardámōmon, IVe siècle avant Jésus-Christ – une juxtaposition de kard, « cresson de jardin amer » et de amômon, mot oriental désignant une sorte d’épice après le retour d’Alexandre le Grand".

  Il s'agit, chez nous, de la cardamine des près, C. pratensis, plante de terrains humides, comestible (cressonnette).

 

 

Synonymes.

Anthocharis cardamines cardamines (Linnaeus, 1758)  

Anthocharis cardamines meridionalis (Verity, 1908)  
Papilio cardamines Linnaeus, 1758  


 

 

II. Noms vernaculaires.

L'Aurore, la Piéride de cresson, la Piéride Aurore. 

      L'aurore (Geoffroy, 1762) ; l'Aurore (Engramelle 1799) ; la Piéride du Cresson (Godart in Latreille 1819) ; La Piéride Aurore (Godart 1823) ; L'Aurore, la Piéride du Cresson (Luquet, 1986).

1. L'aurore, Geoffroy 1762. 

 Étienne Louis Geoffroy Histoire abrégée des Insectes qui se trouvent aux environs de Paris, Volume 2 page 71-73 n° 44, 1762.

Geoffroy ne donne pas d'explication au choix de ce nom, mais celui-ci apparaît en adjectif dans la description : "Le mâle […] la moitié extérieure des ailes de dessus, depuis le croissant noir jusqu'au bout, est teint d'une belle couleur jaune aurore."

Le nom du papillon est donc un adjectif substantivé désignant une couleur dans la gamme du jaune. Je m'attarderai sur cette couleur en fin de paragraphe.

 

 

 2. L'Aurore, Engramelle 1780.

  Jacques Louis Engramelle Papillons d'Europe, peints d'après nature, Paris, 1780 Volume 2 page 218 n° 107, Planche LI par Ernst, gravée par J.J. Juillet.

  "Ses ailes supérieures [du mâle], mi-partie blanches et aurore, ont une petite tache noire dans le milieu et sont brunâtres vers l'angle d'en haut."

 

3. La Piéride du Cresson, Latreille et Godart, 1819.

Encyclopédie méthodique, Entomologie, ou Histoire naturelle des crustacés, des arachnides et des insectes,   Tome 9, Paris : Vve Agasse, 1819   page 125 n°22.

On le retrouve employé en 1863 par Aristide Dupuis, Le Papillon, guide de l'amateur.


4. La Piéride Aurore,  Jean Baptiste Godart 1823 : Godart (Jean-Baptiste), Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France, Paris 1823 page 48-13 n° 11  pl.2 fig.2 peinte par C. Vauthier et par gravée par Lanvin.

 

  Ce zoonyme de Piéride aurore est repris :

— par Pierre Boitard 1828, Manuel d'entomologie  

— par Hippolyte Lucas Histoire naturelle des lépidoptères d'Europe Paris 1834  page 

— par Alfred Constant 1866 : l'Aurore Geoffr. (Catalogue des lépidoptères de Saone-et-Loire)

— On trouve aussi La Phalène aurore (!), Flore médicale, Chaumeton 1833.


5. Les noms vernaculaires contemporains.

Gérard Chr. Luquet, dans son travail fondateur de 1986 sur les noms vernaculaires des rhopalocères, propose L'Aurore comme nom principal, et admet La Piéride du Cresson.

Blab / Luquet 1988 : l'Aurore

Higgins et Riley / Luquet 1988 : l'Aurore ou la Piéride du Cresson.
 

 

Le nom Aurore.

      Aurore est, pour désigner une couleur, un adjectif invariable employé principalement pour qualifier des tissus : des taffetas aurore, une culotte satin aurore, un drap de damas aurore, ou un châle de jeune fille d'une adorable couleur aurore. 

 Il s'agit d'un orangé clair ou d'un jaune doré évoquant la couleur du soleil levant. 

  L'adjectif peut être pris substantivement : Le CNRTL donne cette citation éloquente : Sa nudité s'enveloppe d'un long peignoir fait de bandes alternées de satin rose et de valencienne. Cela ne fait qu'ennuager d'aurore et de blanc sa chair ambrée, s'enroule autour des jambes, ballonne sur les hanches et s'épanouit à la chute des épaules en dégageant à demi, dans une écume frissonnante de dentelle, l'étonnante exubérance de sa poitrine. T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol, 1933, p. 120. 

Comme tous les mots désignant une couleur, il est masculin lorsqu'on l'emploie substantivement pour parler de la couleur : L'aurore de votre robe est beau.

Cet emploi du terme Aurore, qui désigne depuis le XIIIe siècle le moment où le soleil se lève, comme nom de couleur, ne date que de la seconde partie du XVIIe siècle, et Ronsard, dans Les Amours, ne fait pas encore l'élision du terme "comme, pareille à" dans la métaphore : 

 

Ronsard, Les Amours,VI
Ces liens d'or, ceste bouche vermeille,
Pleine de lis, de roses, et d'oeuilletz,
Et ces couraulx chastement vermeilletz,
Et ceste joue à l'Aurore pareille:
Ces mains, ce col, ce front, et ceste oreille,
Et de ce sein les boutons verdeletz, 
Et de ces yeulx les astres jumeletz,
Qui font trembler les ames de merveille:
Feirent nicher Amour dedans mon sein,...

   Le nom d'aurore, et, par là, la couleur, nous est évocatrice d'ensoleillement matinal, d'orient et de ses sonorités en -or, et ces évocations, qu'entretiennent la couleur et la musique des noms si chères à Proust, s'enracinent dans l'étymologie la plus ancienne. En effet, si le nom dérive de celui de la déesse romaine de l'aurore, Aurora, celui-ci remonte lui-même au  Proto-indo-européen ausus- "aurore" ou au nom de la divinité indo-européenne correspondante. On trouve encore en amont la racine  *aus- "briller"  (voir le grec eos "aurore,", auein "briller, enflammer" ; ou le nom latin du vent du sud (celui qui enflamme), auster; ou notre point cardinal "est", dérivé du viel anglais east).

 

 

  En 1800, Jacques Christophe Valmont-Bomare écrivait  :" Le mâle a une belle tache de couleur de safran sur le dessus des ailes supérieures , ce qui l'a fait nommer par les Naturalistes, aurore".  Mais c'est faire bon compte du génie de nomenclateur de Étienne-Louis Geoffroy, qui aurait pu se contenter de recopier le Orange Tip des auteurs anglais Wilkes ou Dutfield, qu'il connaissait sans-doute, bien qu'il ne cite en référence que Pétiver et Ray.         Choisissant, pour la robe des ailes de ce papillon, un terme dédié aux tissus, il ouvre bien plus largement l'éventail des évocations métaphoriques, associant l'énergie glorieuse du soleil levant au chatoiement somptueux des étoffes, à la puissance de l'or et aux fastes ravageurs du Feu.

  C'était d'autant mieux trouvé que l'Anthocharis cardamines est le tout premier des papillons de début de printemps (si on écarte le Citron et d'autres hivernants), annonciateur de tous ceux qui feront leur apparition plus tard dans le printemps et l'été : il est vraiment l'aurore de la saison du naturaliste chasseur de papillons.

 

 

 

 

. Autres noms vernaculaires ? : 

Le site de l'Inventaire National du Patrimoine Naturel du Muséum http://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/53661/tab/taxo. ne donne que L'Aurore.

 

 

IV. La chenille.

— Philogène Auguste Joseph Duponchel,  Iconographie et histoire naturelle des chenilles pour servir de complément à l'Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de MM. Godart et Duponchel Paris :1849. page 54, Piéride Aurore  n°10 . Planche III.

http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/38600#page/61/mode/1up

— Boisduval, Graslin, Rambur, Collection iconographique et historique des chenilles ou description et figures des chenilles d'Europe, avec l'histoire de leurs métamorphoses et des applications à l'agriculture,Paris : Librairie encyclopédique de Roret, 1832-1837 [1833 : Planche V fig; 6 et 7.

http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/109828#page/33/mode/1up

http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/109828#page/497/mode/1up


V. Les noms vernaculaires dans d'autres pays.

  • Auroraperhonen en finnois.
  • Aurorasommerfugl en norvégien.
  • Orange Tip  en anglais
  • Aurorafjril en suédois.
  • Aurorafalter en allemand
  • Oranjetipje en néerlandais,
  • Gwyn blaen oren en gallois. ("Blanc à extrémité orange")
  •  Mariposa aurora ou Mariposa musgosa en espagnol
  • Zorzynek rzeżuchowiec  en polonais. 

 Cinq de ces zoonymes étrangers ont repris le nom français créé par Étienne-Louis Geoffroy. Deux (néerlandais et gallois) suivent l'anglais "extrémités orange".    

 

VI. Noms vernaculaires anglo-saxons (M.A. Salmon, 2000)

Première mention par Mouffet/Moffet, 1634.

  • The White marbled male Butterfly : mâle, (Petiver, 1699).
  • The White marbled female Butterfly : female (Petiver, 1699)
  • The Common white marbled male Butterfly (Ray, 1710)
  • The common white marbled female Butterfly (Ray, 1710).
  • The Lady of the Woods (Wilkes, 1741-42 ; Harris, 1775).
  • The Orange-tip Butterfly (Wilkes, 1747-49 ; Berkenhout,1769 ; Lewin,1795 ; Donovan,1796 ; Haworth,1803 et la plupart des auteurs.
  • The Wood Lady (Dutfield, 1748 ; Harris, 1766 ; Lewin, 1795 ; Donovan, 1796 ; Rennie, 1832).
  • The Prince of Orange (Dutfield, 1748).
  • The Orange Tipped (Morris, 1853).
  • The Orange-tip White (Heslop, 1959).

On voit donc un premier groupe de nom, simplement descriptif dans la lignée des autres Pieridae ou Blancs (the Black-veined White, the Large White, the Small White, the Wood White, the Green-veined White ) : celui-ci est nommé le "papillon Blanc marbré".  Puis un deuxième groupe soulignant la grâce féminine de cette espèce sous l'appellation de la Dame des Bois (on retrouve cette idée dans le nom de genre Anthrocharis, "Grâce ou Beauté florale"). Et enfin un troisième groupe qui souligne la couleur orange remarquable du mâle, limitée aux extrémités (tip) des ailes. Avec une prime pour le jeu de mots Le Prince d'Orange, qui exprime astucieusement la noblesse princière de la robe.  

  La mention de cette couleur apparaît dès 1747. Elle a pu influencer Geoffroy dans son choix, mais c'est tout le talent du médecin naturaliste d'éviter la traduction littérale, et d'avoir eu recours à un nom plus rare de couleur, qui crée une nouvelle métaphore avec l'aurore.

 


 

Liens et sources.

— Site Funet Anthocharis..

 Inventaire National du Patrimoine Naturel du Museum d'Histoire Naturelle.

 

— BELLMANN Heiko, 2008 Quel est donc ce papillon, Les Guides Nathan, Paris : Nathan, 2008. Traduction française et noms vernaculaires par G.C. Luquet.

— BLAB (Josef), RUCKSTULH (Thomas) ESCHE (Thomas)  [et al.], adaptation et traduction française LUQUET (Gérard-Christian), 1988 Sauvons les papillons  : les connaître pour mieux les protéger ; préface de Pierre Richard Paris : Duculot 1 vol. (192 p.) : ill. en coul., couv. ill. en coul. ; 27 cm Trad. de : "Aktion Schmetterling so können wir sie retten". 

— BOITARD (Pierre ) Manuel d'entomologie ou Histoire naturelle de insectes: contenant la synonymie de la plus grande partie des espèces d'Europe et des espèces exotiques les plus remarquables, Tome second, Paris : Roret, 1828,  Gallica

  — BOISDUVAL ( Jean Alphonse),  GRASLIN, (Adolphe Hercule de), Dumesnil (P.C.R.C)  Rambur (Pierre).1833 Collection iconographique et historique des chenilles ou description et figures des chenilles d'Europe, avec l'histoire de leurs métamorphoses et des applications à l'agriculture, Paris : Librairie encyclopédique de Roret, 1832-1837 [1833].

— DOUX (Yves), GIBEAUX (Christian), 2007, Les papillons de jour d'Île de France et de l'Oise,Collection Parthénope, Edition Biotope, Mèze, ; Muséum national d'Histoire naturelle, Paris, 2007, 288 p. Préface, index et supervision scientifique de Gérard Chr. Luquet.

— DUPONT (Pascal), DEMERGES (David), DROUET (Eric) et LUQUET (Gérard Chr.). 2013. Révision systématique, taxinomique et nomenclaturale des Rhopalocera et des Zygaenidae de France métropolitaine. Conséquences sur l’acquisition et la gestion des données d’inventaireRapport MMNHN-SPN 2013 - 19, 201 p. http://www.mnhn.fr/spn/docs/rapports/SPN%202013%20-%2019%20-%20Ref_Rhopaloceres_Zygenes_V2013.pdf

— EMMET (Arthur Maitland) 1991. The Scientific Names of the British Lepidoptera: Their History and Meaning, Colchester, Essex, England : Harley Books, 1991,  288 p. : ill. ; 25 cm.

—  ENGRAMELLE (R.P. Jacques Louis Florentin), Papillons d'Europe peints d'après nature par M; Ernst. Gravés par M. Gérardin et coloriés sous leur direction. Première partie. Chenilles, Crysalides et Papillons de jour [décrits par le R.P. Engramelle, Religieux Augustin, Quartier Saint-Germain] Se vend à Paris chez M. Ernst et Gérardin. Paris : Delaguette/Basan & Poignant 1779. Volume 1 [1]+[VIII],[i-xxxiv] - 206p-errata [i-vi], 3 pl. en noir, 48 planches coloriées (I-XLVIII), 100 espèces. 

— FOURCROY (A. F.) 1785. Entomologia Parisiensis; sive catalogus insectorum quæ in agro Parisiensi reperiuntur; secundam methodam Geoffrœanam in sectiones, genera & species distributus: cui addita sunt nomina trivialia & fere trecentæ novæ species. Pars secunda. Parisiis. (Hôtel Serpente). 2. 232-544. Traduction en latin de l'Histoire des insectes de E.L. Geoffroy. http://archive.org/stream/entomologiaparis02four#page/n3/mode/2up

 — GEOFFROY (Étienne-Louis, Docteur en médecine) 1762. Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris: dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique ;Paris : Durand 1762 Tome second Planches XI à XXII  colorées à la main par Prévost gravées par Defehrt. 744p. http://archive.org/stream/histoireabrg02geof#page/n9/mode/2up

— GEOFFROY [Étienne-Louis] 1798-99 Histoire abrégée des insectes  Benoît Louis Prévost; A J Defehrt Paris : Chez Calixte-Volland : Chez Rémont, an VII [1798-1799 Tome deuxième. http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/14595#/summary

— GEER, (Charles de), Mémoires pour servir à l'histoire des insectes , Stockholm : Hesselberg, 1771.Tome 1 [1]-[15] 707 pages, 37 planches, Gallica .  Tome second première partie 616 pages,  ; Tome second deuxième partie pages 617 à 1175, 43 planches gravées par BergquistGallica.

— GODART (Jean-Baptiste) Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France décrits par M. Godart, ancien proviseur Paris : Crevot 1821 Vol.1, Première partie, environs de Paris, [I]-[vij] + 295 p. Planches dessinées par [Antoine Charles] Vauthier et gravées par Lanvin.

— HIGGINS (L. G.) et RILEY (N. D.) 1988. Guide des Papillons d'Europe : RhopalocèresTroisième édition française. Traduction et adaptation par Th. Bourgoin, avec la collaboration de P. Leraut, G. Chr. Luquet et J. Minet. Delachaux et Niestlé édit., Neuchâtel ,1988455 pages.

— HÜRTER Hans-Arnold 1988 Die wissenschaftlichen Schmetterlingsnamen, Herleitung und Deutung, Bottrop ; Essen : Pomp, 492 pages.

— LAFRANCHIS (Tristan), 2000 Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles, Collection Parthénope, Ed Biotope, Mèze, 448p. 

— LATREILLE  (P.A) et Olivier Nouveau dictionnaire d'Histoire naturelle 2eme édition tome 27 1818

 — LERAUT (Patrice) 1997 "Liste systématique et synonymique des Lépidoptères de France, Belgique et Corse" (deuxième édition) Alexanor, 20, Supplément hors série : 1-526, 10 illustr., photog, 38 fig.

— LUCAS ([Pierre-] Hippolyte)  Histoire naturelle des lépidoptères d'Europe Paris : Pauquet  1834 ouvrage orné nature de près de 400 figures peintes d'apres, par A. Noel, et gravées sur acier.http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4416154.r=lucas+papillons.langFR 

 http://www.biodiversitylibrary.org/item/53843#page/11/mode/1up

— LUQUET (Gérard Chr.) 1986 "Les noms vernaculaires français des Rhopalocères d'Europe",Alexanor, Revue des Lépidoptéristes français, tome 14, juillet-septembre 1986, suppl.)

— MACLEOD (Roderick Donald) Key to the names of British Butterflies and moths, 86 pp. Londres 1959.

— OBERTHÜR (Charles), HOULBERT (Constant), Faune entomologique armoricaine. Mépidoptères. Rhopalocères, Rennes : Imprimerie Oberthür 1912-1921, 258 pages.


— PERREIN (Christian) 2012 , Biohistoire des papillons, Presses Universitaires de Rennes 2012.

— SALMON (Michael A.) 2000, The Aurelian legacy, British butterflies and their collectors, University of California Press, 2000.

— SOUVESTRE (Émile), 1836  Voyage dans le Finistère par Jacques Cambry, revu et augmenté par- : "Tableau systématique des lépidoptères qui se trouvent dans le département du Finistère" par  [(Hesse et) Le Borgne de Kermorvan] Brest : Come et Bonetbeau, 1835 page 165

SPULER (Dr Arnold), Die Europas Schmetterlinge, 1901-1908. Vol.1. Allgemeiner Teil —Spezieller Teil. I-CXXVIII + 1-386 + [1]-[6], 265 fig. dans le texte, E. Schweizelbart'sche Verlagsbuchhandlung, Nägele und Dr Sproesser édit., Stuttgart, Allemagne. En ligne sur BHL:http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/9477#/summary. 

 

De Geer : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97151p/f1.image.r=.langFR

Godart BHL :http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/38004#page/256/mode/1up

Duponchel, chenilles 1849 : BHL : http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/9410#/summary

   Boisduval chenille 1832 : http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/51588#/summary

 Geoffroy BHL :1762 :http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/51067#page/9/mode/1up

 — Bestimmungshilfe für die in Europa nachgewiesenen Schmetterlingsarten :http://www.lepiforum.de/lepiwiki.pl?Ochlodes_Sylvanus

 

 

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier

Présentation

  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
  • Contact

Profil

  • jean-yves cordier
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)

Recherche