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5 juillet 2014 6 05 /07 /juillet /2014 11:18

Le vitrail de l'Arbre de Jessé de la cathédrale de Soissons.

 

      Voir dans ce blog lavieb-aile des articles consacrés aux Arbres de Jessé de Bretagne:  

Les sculptures :

Et les vitraux : 

Et en comparaison avec les œuvres bretonnes :

 

Ce vitrail, je ne l'ai pas vu, et lors de ma visite de la cathédrale, ayant été accueilli par des explications sur la façon dont la cathédrale avait été dépouillée de ses verrières, bêtement, j'ai manqué ce rendez-vous.

Néanmoins, afin d'enrichir la comparaison avec les autres Arbres de Jessé, j'ai réuni ici les éléments de documentation que j'ai pu trouver. 

Il s'agit de la lancette en arc brisé de la Baie 100 (maîtresse-vitre ou baie axiale haute) divisée par les barlotières en douze registres eux-mêmes divisés en trois compartiments, soit, si je compte bien, 36 panneaux dont 13 ont été refaits. Elle mesure 9,50 m. de haut et 2,20 m. de large. Le vitrail qui daterait de 1212 est semblable aux Arbres de Saint-Denis (1144), Chartres (1150), Le Mans, Amiens et Beauvais dans sa disposition avec l'alignement vertical de Jessé, de trois rois, de la Vierge et du Christ dans la rangée médiane, et de dix prophètes encadrant latéralement les personnages centraux. Le personnage de Jessé manque actuellement. La tête du Christ était peut-être jadis entourée de colombes, qui auraient été supprimées ; selon Grodecki et al. 1978, le Christ serait de 1727. 

  J'en trouve les images en ligne sur le site de l'Inventaire général de la Région Picardie avec la mention Copyright : (c) Région Picardie - Inventaire général.Droits de communication et de reproduction : reproduction soumise à autorisation du titulaire des droits d'exploitation. Numéro d'immatriculation : 2013 02 1 NUC2 AQ. Auteur du phototype : Lefébure ThierrySoissons, Cathédrale Saint-Gervais-Saint-Protais ; place Cardinal-Binet. Verrière figurée (maîtresse-vitre, verrière royale) : l'Arbre de Jessé (baie 100). 

Ma première constatation est que, là encore, comme dans les autres cathédrales, l'Arbre de Jessé a mérité la toute première place, en situation axiale, mais ici dans les verrières hautes de l'abside éclairant le chœur et non dans la chapelle axiale du déambulatoire. Cette situation d'élection  répétée sans exception (sauf à Chartres où le vitrail de Jessé est placé à l'extrémité occidentale de l'axe) ne peut être observée sans que nous ne prenions conscience de la très haute valeur que les commanditaires attribuaient à la représentation de la lignée royale de Christ et de la prédiction de sa conception virginale.

 En second lieu, je constate que parmi les personnages latéraux figurent, outre Isaïe et Jérémie, Daniel, Michée, Osias et Ézéchiel, deux Sibylles, éléments féminins vétéro-testamentaires qui ne figuraient pas dans les verrières antérieures. 

                                             

                                        

 

  Curieusement, alors que les Services Publics sont plutôt avares en documentation sur les verrières que les citoyens peuvent facilement admirer dans les sites prestigieux, ici, un dossier très complet est mis à notre disposition. J'en donne la copie, afin d'en faciliter la consultation sans basculer sur un nouveau lien :

"Historique

Datation(s) principale(s) : 1er quart 13e siècle ; 4e quart 19e siècle

Datation(s) en années : 1890

Justification de la (des) datation(s) : daté par source ; porte la date

Auteur(s) de l'oeuvre : Didron Édouard (peintre-verrier restaurateur)

Personne(s) liée(s) à l'histoire de l'oeuvre : Philippe II (donateur)

Justification de la (des) attribution(s) : attribution par source ; signature

Nom actuel ou historique du lieu d'exécution : lieu d'exécution: ; lieu d'exécution:

Commentaire historique :

"La verrière où est représenté l'Arbre de Jessé a été réalisée dans le premier quart du 13e siècle, probablement aux alentours de 1212, date de prise de possession du chœur par le chapitre. Elle est traditionnellement considérée comme un don du roi Philippe Auguste. Comme le rapporte le chanoine Claude Dormay vers le milieu du 17e siècle, le Roy Philippe Auguste [...] donna la grande vitre que l'on void à la teste du Chœur. Dormay emprunte sans doute cette information au martyrologe de la cathédrale qui conserve le souvenir du généreux don de 30 livres parisis, fait par le roi au chapitre, et destiné à l'exécution rapide (et sans doute locale) de la maîtresse-vitre. Le thème iconographique de l'arbre de Jessé, qui se développe à partir du milieu du 12e siècle et connaît une grande faveur au 13e siècle, est une préfiguration de l'Incarnation du Christ, qui, ici, domine en majesté depuis le haut de la verrière. Cette thématique en fait donc un des principaux sujets développés dans les verrières axiales. En outre, cette représentation des rois de Juda est particulièrement adaptée à un don royal.

Par la suite, rien de précis n'est connu sur l'histoire de cette verrière jusqu'au début du 19e siècle.

L'ensemble des verrières de la cathédrale souffre d'un manque d'entretien pendant la Révolution et profite d'une restauration vers 1807, à l'aide de panneaux de vitraux provenant de l'église abbatiale Saint-Jean-des-Vignes qu'on commence à détruire. Gravement endommagées par l'explosion de la poudrière du bastion Saint-Remy, le 13 octobre 1815, puis par un ouragan en décembre 1815, les verrières sont réparées en 1816 ou 1817, intégrant au besoin des panneaux ou des verres provenant cette fois de l'église abbatiale de Braine, en cours de démolition partielle. En ce qui concerne l'Arbre de Jessé, le devis de l'expert Louis Duroché signale que dix panneaux, sur les trente-six de la verrière, sont à refaire à neuf. Les verrières de l'abside sont alors complètement remaniées, les manques étant comblés par des scènes ou des personnages empruntés à d'autres verrières de la cathédrale, ou aux édifices précédemment cités. Enfin, le vitrier restaurateur installe au centre de l'Arbre de Jessé un crucifix sur fond violet qu'il vient de créer, dans le but probable de remplacer un panneau détruit.

Le baron Ferdinand de Guilhermy, qui visite la cathédrale de Soissons à plusieurs reprises vers le milieu du 19e siècle, décrit l'aspect de cette verrière avant que soit entreprise la restauration méthodique du vitrage de l'édifice après 1850. Son rapport signale la présence du crucifix moderne, qui interrompt la chaîne des sujets et gâte l'ensemble. Le bas de la fenêtre est alors confus. Le vitrail est occupé par des personnages assis ou debout, ces derniers portant des banderoles. Au centre, se trouve un roi assis, puis le Christ assis, la tête peut-être environnée de colombes. Un autre personnage est assis au-dessus du Christ, impensable composition qui témoigne du déplacement des panneaux. L'aspect de la verrière est tel, que le visiteur - qui excelle pourtant en iconographie - n'arrive pas à reconnaître le sujet traité. Dans la fenêtre voisine (baie 102), également très confuse, le baron de Guilhermy remarque le buste d'un roi nimbé, assis dans des branches, ainsi que la Vierge, également assise entre des branches, personnages dans lesquels il reconnaît enfin des éléments d'un arbre de Jessé. D'autres éléments sont peut-être exilés à l'époque dans d'autres baies de l'abside et des chapelles absidales Saint-Pierre et Saint-Paul. En effet, dans la verrière centrale de la chapelle Saint-Pierre, sont alors placés les morceaux d'un grand personnage portant une banderole où l'on peut lire EZEC (sans doute Ezéchiel). La première fenêtre de la chapelle Saint-Paul accueille la partie supérieure du prophète Habacuc, tandis que la deuxième renferme celle du prophète Joël.

La restauration des verrières de l'abside commence vers 1865 par la verrière 104 consacrée à la mort de la Vierge. Puis le projet de rétablir les quatre verrières voisines émerge progressivement. Ces verrières et les verrières absidales sont déposées en 1882, puis mises en caisses, tandis que les baies sont bouchées par une maçonnerie de brique. Il faut attendre quelques années pour que la fabrique accepte de participer financièrement à cette restauration. En 1889, alors que la somme nécessaire à la remise en état d'une verrière a pu être rassemblée, la restauration du vitrail central (baie 100) est confiée au peintre-verrier parisien Édouard Didron, dont la soumission est la plus avantageuse. La verrière est restaurée en 1889-1890 (elle est datée et signée dans la bordure inférieure), et, au milieu de l'année 1890, Édouard Didron soumissionne à nouveau pour restaurer les trois autres verrières de l'abside. Mais cette fois, le marché est emporté par Félix Gaudin, qui a consenti le rabais le plus important. L'échelonnement du travail dans le temps et son morcellement ont privé Didron d'un certain nombre de panneaux originaux, lors de la réparation de la verrière axiale, en particulier du roi et de la Vierge qui se trouvaient dans la verrière voisine (baie 102). Édouard Didron n'a donc pu que retirer les éléments étrangers à la composition d'origine, recomposer et restaurer les personnages subsistants, et créer dans le style du début du 13e siècle plusieurs panneaux et personnages manquants (un motif décoratif à la place de Jessé endormi, un roi, le prophète Ezéchiel, une Sibylle, enfin la Vierge).

Pendant la Première Guerre mondiale, cette verrière est déposée en deux campagnes, en 1915 pour le tiers inférieur, puis en 1917 pour les panneaux restants. Quelques photographies réalisées par le service des Monuments historiques témoignent que ce vitrail a été peu victime des bombardements et n'a rien subi d'irréparable.

À l'issue du conflit, le chœur, moins atteint que la nef, est rapidement restauré. La réparation de l'Arbre de Jessé est confiée au peintre-verrier parisien Emmanuel Daumont-Tournel (9 rue François Bonvin), et achevée en 1923 ou au tout début de 1924. Déposé une nouvelle fois en 1939, et conservé pendant toute la Seconde Guerre mondiale au musée des Monuments français, le vitrail a été restauré par le peintre-verrier parisien Georges Bourgeot (3 rue des Gobelins) et reposé en 1946.

La Vierge et la partie supérieure d'un roi de Juda, que Guilhermy avait remarqués dans la verrière 102, ont quitté définitivement les fenêtres de la cathédrale en 1890. Ces panneaux devenus superflus, écartés des trois dernières verrières lors de leur restauration par Félix Gaudin, ont été donnés ou vendus au cours des années suivantes, soit par le verrier, soit par décision de la fabrique. La Vierge a été acquise par le Kunstgewerbemuseum de Berlin dans le commerce d'art, en 1904 ou 1905 semble-t-il, puis a été détruite par un bombardement ou une explosion à la fin du second conflit mondial. La partie supérieure du roi (qu'on surnomme "le roi de Bourges") a été achetée en 1921 par le collectionneur américain Raymond Pitcairn, après avoir appartenu à d'autres amateurs privés. Le panneau est actuellement conservé au Glencairn Museum de Bryn Athyn en Pennsylvanie (USA)."

 

"La verrière prend place dans une baie libre en forme de grande lancette, qui s'achève en arc brisé à sa partie supérieure. Elle est composée de douze registres superposés de trois panneaux, accueillant (en l'état actuel) quinze personnages juxtaposés et superposés. Elle est formée d'un assemblage de pièces de "verre antique" rehaussées de grisaille. Comme souvent, le verre rouge, qui est un verre doublé, présente un aspect hétérogène.

Précision sur la représentation :

L'arbre de Jessé, au sens strict, occupe la colonne centrale. À la base, à la place de Jessé endormi, se trouve une composition ornementale, formée de deux dragons vus de profil et adossés. Ils tiennent dans leur gueule du feuillage et un arum. L'arbre se développe à partir de l'espace libre entre leurs deux queues enroulées, et forme des volutes de feuillages sur lesquelles se détache la généalogie terrestre du Christ.

En partant du bas, dans la colonne centrale, prennent place trois rois assis de face, couronnés et nimbés, tenant un sceptre. Au-dessus, est assise la Vierge, elle-aussi de face, couronnée et nimbée, les deux mains ouvertes vers l'observateur. Elle est surmontée du Christ, assis de face, portant l'auréole crucifère. Il tient un livre de la main gauche et bénit de la droite.

Les deux colonnes latérales sont réservées aux prophètes et aux Sibylles qui ont annoncé la venue de la Vierge et la naissance du Christ, ainsi qu'à des anges. Les prophètes et les Sibylles sont debout et de face, sous un arc en plein cintre qui repose sur deux consoles feuillagées. Chacun porte un phylactère sur lequel son nom est inscrit. Leur tête est tournée vers les personnages centraux, et plusieurs font un geste de la main ou du doigt qui symbolise la prise de parole ou l'enseignement. Un ange de profil et les mains jointes surmonte chacune des deux Sibylles. Une frise de feuillage entoure la verrière.

De nombreux auteurs ont rapproché avec pertinence l'iconographie de cette verrière et une miniature de même sujet se trouvant dans le psautier d'Ingeburge de Danemark, épouse du roi Philippe-Auguste et reine de France, conservé à Chantilly. Les différences qu'on remarque sur la verrière peuvent provenir de la rangée supplémentaire de personnages qui y a pris place. Elles peuvent aussi résulter des restaurations successives du 19e siècle. Les divergences principales consistent dans la présence de deux Sibylles au lieu d'une, dans l'absence de la colombe du Saint-Esprit ou des sept colombes qui symbolisent ses dons, et surtout dans le décalage de hauteur qui existe entre les personnages de la colonne centrale et les personnages latéraux, et qui fait buter le Christ sous l'ogive de la baie."

Dimension(s) :  h = 1002 ; la = 250. Ces mesures proviennent du mémoire des travaux de restauration effectués par Emmanuel Daumont-Tournel. Un panneau central mesure 78 sur 77 cm.

Inscriptions, marques, emblématiques et poinçons : inscription donnant l'identité du modèle ; peint ; sur l'oeuvre ; latin ; partiellement illisible ; lecture incertaine ; inscription concernant une restauration ; connu par document

Précisions sur les inscriptions, marques, emblématique et poinçons : Les noms latins de certains personnages sont peints à la grisaille sur un phylactère. Seuls les personnages superposés sur les deux côtés de la verrière sont nommés, les personnages de la partie centrale n'étant accompagnés d'aucune inscription. Les photographies des panneaux, réalisées après la Première Guerre mondiale, facilitent la lecture des noms, l'obscurcissement des verres originaux rendant cette opération presque impossible aujourd'hui in situ. Noms des personnages de la colonne de gauche, de bas en haut : YSAIAS, DANIEL, MICHEAS, SIBILLA. Noms des personnages de la colonne de droite, de bas en haut : JEREMIAS, OSIAS P, EZECHIEL, SIBILLA. Plusieurs historiens du vitrail mentionnent que le peintre-verrier restaurateur Edouard Didron a signé son travail et inscrit la date de 1890 dans la bordure inférieure de la verrière. Cette inscription est invisible depuis le sol.

 AN. Série F ; Sous-série F 19 (Cultes) : F 19, carton 7890 (Travaux exécutés dans la cathédrale de Soissons au cours de la période concordataire ; 1887-1893).

Rapport de l'architecte Paul Gout, en date du 1er août 1889.

AMH (Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine). Série 81 : 81/02, carton 195. Réparations diverses (1923).

Dossier Travaux 1923 (Mémoire des travaux de réparation de vitraux exécutés sous la direction de M. Brunet).

AMH (Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine). Série 81 : 81/02, carton 205. Soissons, cathédrale Saint-Gervais et Saint-Protais, dommages de guerre (1945-1950) ; travaux (1953-1979).

Dossier 17 : travaux de 1945 à 1950 (Mémoire des travaux de pose de vitraux anciens exécutés par Monsieur Bourgeot).

A. Evêché Soissons. Série L (temporel) ; Sous-série 6 L : 6 L Soissons 1815-1818 (travaux de la cathédrale, à la suite de l'explosion).

2e dossier, devis de l'architecte Duroché, daté du 8 février 1816.

BnF (Cabinet des Manuscrits) : naf 6109 (collection Guilhermy, 16). Description des localités de la France (Soissons).

folios 255 v°, 256 r°, 257 r°-258 r°.

 

Bibliographie

 

ANCIEN, Jean. Vitraux de la cathédrale de Soissons. Réédition du livre du 24 juillet 1980. Neuilly-Saint-Front : imprimerie Lévêque, 2006. p. 104-112. 

BINET, chanoine Henri. De Paris à Notre-Dame de Liesse par Villers-Cotterêts et Soissons. Souvenirs de voyage de l'année 1644. Bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons, 1908, Troisième séance, Lundi 2 mars 1908, p. 29-38. p. 35.

BRUNET, Émile. La restauration de la cathédrale de Soissons. Bulletin monumental, 87e volume, 1928. p. 68-71, p. 91. Bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons, 1920-1921, 4e série, t. 1, séance du lundi 6 décembre 1920. p. XXIII.

C. L. Soissons. - Carême de 1892. - Travaux à la Cathédrale. La Semaine religieuse du Diocèse de Soissons et Laon, 1892, n° 14, samedi 2 avril 1892. p. 219.

CARLIER, Claude. Histoire du duché de Valois, ornée de cartes et de gravures, contenant ce qui est arrivé dans ce pays Depuis le temps des Gaulois, & depuis l'origine de la Monarchie Françoise, jusqu'en l'année 1703. Paris : Guillyn, Libraire ; Compiègne : Louis Bertrand, Libraire-Imprimeur du Roi & de la Ville, 1764. 3 vol. t. 2, p. 235.

CAVINESS, Madeline Harrison. Stained Glass before 1700 in American Collections : New England and New York. Corpus Vitrearum Checklist 1. Studies in the History of Art, volume 15, Monograph Series I. Washington (D.C.) : National Gallery of Art, 1985. p. 40, 64, 97.

CAVINESS, Madeline Harrison. Stained Glass before 1700 in American Collections : Mid-Atlantic and Southeastern Seabord states. Corpus Vitrearum Checklist 2. Studies in the History of Art, volume 23, Monograph Series I. Washington (D.C.) : National Gallery of Art, 1987. p. 28, 29, 109, 111.

COLLET, Émile. L'Explosion de la Poudrière de Soissons. Bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons, 2e série, t. 4, 1872-1873, séance du 3 février 1873, p. 219-238.

COLLET, Émile. Le siège de Soissons et l'occupation allemande dans le Soissonnais 1870-1871. 2e édition, Soissons : Eug. Ebel éditeur, 1901. p. 184.   

DORMAY, chanoine Claude. Histoire de la ville de Soissons, et de ses rois, ducs, comtes et gouverneurs. Avec une suitte des Evesques, & un Abbregé de leurs actions : diverses remarques sur le clergé, & particulierement sur l'Eglise Cathedrale ; et plusieurs recherches sur les vicomtez & les Maisons Illustres du Soissonnois. Soissons : Nicolas Asseline, 1663-1664, 2 vol. t. 2, p. 194.

[Exposition. New-York, The Metropolitan Museum of Art. 1982]. Radiance and reflection : medieval art from the Raymond Pitcairn collection. Réd. Jane Hayward, Walter Cahn. New-York : The Metropolitan Museum of Art, 1982. p. 140-142.

FRANCE [sous la direction de GRODECKI (Louis), PERROT (Françoise), TARALON (Jean)]. Corpus Vitrearum Medii AeviLes vitraux de Paris, de la Région parisienne, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais. Recensement des vitraux anciens de la France, vol. 1. Paris : éditions du CNRS, 1978.p. 171.

GRODECKI, Louis. "Un vitrail démembré de la cathédrale de Soissons". Gazette des Beaux-Arts, 1953, série 6, volume XLII, p. 169-176.

GRODECKI, Louis, BRISAC, Catherine. Le vitrail gothique au XIIIe siècle. Fribourg (Suisse) : Office du Livre, 1984. p. 30, p. 37 (ill. 25), p. 38, p. 261.

GRODECKI, Louis. Les vitraux soissonnais du Louvre, du musée Marmottan et des collections américaines. La Revue des Arts, 1960, t. 10, n° 4-5, p. 163-178. p. 171-172.

GRODECKI, Louis. Fragments de vitraux de Soissons à Washington. Bulletin monumental, t. CXVII, 1959, p. 77-78.

 https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1959_num_117_1_4043_t1_0077_0000_1

GUILHERMY, Ferdinand de. Didron. Annales archéologiques, tome vingt-cinquième, 1865, p. 377-395. p. 393.

LECLERCQ DE LAPRAIRIE, Jules-Henri. Notes sur les vitraux de la cathédrale de Soissons. Bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons, t. 5, 1851, 5e séance, 6 mai 1851, p. 102-106.

LEFÈVRE-PONTALIS, Eugène. Soissons. Monuments religieux. Cathédrale. In Congrès archéologique de France. LXXVIIIe session tenue à Reims en 1911 par la Société française d'Archéologie. Paris : A. Picard, Caen : H. Delesques, 1912, t. 1, p. 318-337. p. 335-336.

LÉPAULART, Dom Nicolas. Journal de D. Lépaulart, religieux du monastère de St Crépin-le-Grand de Soissons, prieur de Ste Geneviève, curé de Cœuvres, sur la prise de cette ville par les Huguenots en 1567. Édité aux frais et par les soins de la Société historique, archéologique et scientifique de Soissons. Laon : Imprimerie d'Ed. Fleury, 1862.p. 34, 56.

LUNEAU, Jean-François. Félix Gaudin, peintre-verrier et mosaïste (1851-1930). Collection Histoires croisées. Clermont-Ferrand : Presses Universitaires Blaise-Pascal, 2006.

MIGEON, Gaston. La donation Octave Homberg au musée du Louvre. Gazette des Beaux-Arts, 50e année, 1908, 1er semestre.p. 117-118.

PÉCHENARD, Monseigneur Pierre-Louis. La grande guerre. Le Martyre de Soissons (Août 1914-Juillet 1918). Paris : Gabriel Beauchesne, 1918.p. 85, 131, 191, 263, 345-346.

PERROT, Françoise. Un vitrail démembré de la cathédrale de Soissons : la verrière de Saint Nicaise et de Sainte Eutropie. Bulletin monumental, 1984, t 142-IV, p.455-456.

POQUET, abbé Alexandre, DARAS, abbé Louis-Nicolas. Notice historique et archéologique de la cathédrale de Soissons, avec la biographie de ses évêques. Soissons : Voyeux-Solin, 1848.p. 62-68.

SANDRON, Dany. La cathédrale de Soissons, architecture du pouvoir. Paris : Picard éditeur, 1998.p. 43, 61.

SUIN, Auguste. Procès-verbal devant notaires, du 28 avril 1568, constatant le sac de la cathédrale par les huguenots. Bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons, t. 12, 1858, 5e séance, lundi 3 mai 1858, p. 66-70.

Soissons. - Les Cloîtres de Saint-Jean. - Les Verrières de la Cathédrale. La Semaine religieuse du Diocèse de Soissons et Laon, 1889, n° 50, samedi 15 décembre 1889.p. 901-902."

   La lecture de ce document m'incite à m'intéresser au Psautier d'Ingeburge de Danemark , l'épouse de Philippe-Auguste qui est tenu comme le donateur de ce vitrail : le manuscrit est conservé au musée Condé de Chantilly et dont je trouve des images en ligne ©RMH: Il s'agit du Ms9 folio 14v daté du début du XIIIe siècle. Ce manuscrit a été décrit par Léopold Delisle (Léopold Delisle Notice sur le psautier d'Ingeburge. Bibliothèque de l'école des chartes 1867  Volume 28 pp. 201-210, Persee ). Ici, on trouve au dessus de Jessé allongé un premier roi jouant de la vièle (comme à Amiens), un second roi jouant de la harpe, la Vierge tenant un livre fermé (comme à Amiens), puis le Christ bénissant de la main droite et tenant un livre ouvert. Le Christ est encadré par deux anges qui l'honorent, la Vierge par un prophète et une sibylle, les autres par des prophètes. Les prophètes, nimbés, et la Sibylle, sont inspirés par une colombe dont le bec s'approche de leur oreille. Sept colombes entourent le Christ pour témoigner des Dons dont il dispose et, par l'oiseau supérieur descendant verticalement, de son lien avec le Père.

 Les photographies disponibles ne permettent pas de lire les phylactères et d'identifier les prophètes. 

Note. En octobre 2022, je reçois ce message de David Critchley qui a pu lire les phylactères dans le Psautier d'Ingeburge de Danemark, f14v.

Ils sont les suivants: Gauche Supérieur, “Ecce veniet et quis stabit ad videndum eum ?” (Malachi 3 :1-2) / Droit Supérieur, “omnia cessabunt, tellus confracta peribit” (Sibylle) / Droit Milieu, “Vidi portam clausam, et ecce dominus per eam procedebat” (Ezekiel, 44:1-3) / Gauche Milieu, “Vidi lapidem abscisum de monte sine montibus, et crevit, et factus est quasi mons magnus” (Daniel 2:34) / Droit Inférieur, High Priest, Pas de phylactère / Gauche Inférieur. “Qui edificat in celo ascensionem, dominus nomen eius” (Amos 9:6) 

Je remercie David Critchley.

La phrase associée à la Sibylle est extraite du Judicii signum  ou acrostiche sibyllin de la Cité de Dieu de saint Augustin, XVIII, XXIII. Cela renverrai aà la sibylle d'Érythrée ou de celle de Cumes.

 

 

 

 

D'autre part, le site de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons donne accès sur son site au calque ou carton de deux panneaux restaurés par Didron en 1891 puis "vendus frauduleusement" et, pour celui de la Vierge, détruit par un bombardement. 

 

 

 

Cathédrale de Soissons, verrière de l'Arbre de Jessé.

 

Cathédrale de Soissons, verrière de l'Arbre de Jessé

 

Sources et liens.

 

— Société Archéologique, Historique et Scientifique de Soissons, Cathédrale de Soissons. En ligne 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Vitraux Arbre de Jessé. Arbre de Jessé
4 juillet 2014 5 04 /07 /juillet /2014 22:48
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Published by Lavieb Aile
26 juin 2014 4 26 /06 /juin /2014 21:09

Le vitrail de l'Arbre de Jessé de la cathédrale de Beauvais.  Baie 0 lancette A.


Quand six rois et une vierge essayent l'Acrobranche de Jessé.

 

     Voir dans ce blog lavieb-aile des articles consacrés aux Arbres de Jessé de Bretagne:  

Les sculptures :

Et les vitraux : 

Et en comparaison avec les œuvres bretonnes :


  I. Situation dans la cathédrale.

Comme dans la basilique Saint-Denis (1140), comme dans la cathédrale saint-Julien du Mans (1235), comme dans la cathédrale d'Amiens (v.1242), le vitrail de l'Arbre de Jessé de la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, qui date de 1240, éclaire la chapelle axiale du déambulatoire qui est consacrée à la Vierge. A Soissons (1212), le vitrail de Jessé occupe, de façon comparable, la baie axiale de l'abside du chœur ; à Chartres, il est placé au début de l'axe ouest-est, sur la façade occidentale.

  Cette situation privilégiée célèbre la réalisation du plan du Salut à travers une généalogie glorieuse et miraculeuse, glorieuse parce qu'elle mène de Jessé à Jésus en passant par quinze rois de Juda dont David et Salomon, prodigieuse et mystérieuse parce qu'elle réalise la prophétie d'Isaïe  annonçant que l'Emmanuel naîtrait non seulement de la lignée de Jessé, mais aussi d'une Vierge par une conception virginale inouïe.

 Je m'arrête un instant sur cette constance par laquelle les bâtisseurs de cathédrale du XIIe et XIIIe siècle ont donné la première place, à l'apex de l'axe ouest-est qui oriente la nef puis le chœur, à cette représentation. (On la trouve aussi, à Amiens ou à Saint-Pierre de Beauvais, sculptée dans la pierre du portail occidental). L'Arbre de Jessé est d'abord pour l'Église un point d'origine, puisqu'il illustre l'incipit de l'évangile de Matthieu (Mt 1:1-17), lequel précise la généalogie de Jésus d'Adam à Abraham, d'Abraham à Jessé et son fils le roi David puis de David à Jeconiah (les quinze rois de Juda) et enfin de Salatheil à Joseph, père juridique du Christ. Mais la succession sur le vitrail de Jessé et des Rois mène à la Vierge couronnée, faisant passer cette filiation par la virginité de Marie et par une conception d'origine divine. Enfin, elle culmine par le Christ Rédempteur. Elle témoigne de l'inscription du plan du Salut dans l'Histoire, du rachat de la faute d'Adam par le sacrifice de la Croix, et du rôle d'intercession et de médiation de la Vierge dans un condensé de la Foi qui s'amplifie de la présence latérale des prophètes. Dans ces cathédrales gothiques où c'est la lumière qui tient le premier rôle comme métaphore du Divin, les couleurs bleu et rouge du vitrail axial disent que cette Divinité a pris parole à travers la voix des prophètes annonçant le Christ qui est Verbe. Comme à Saint-Denis où Suger avait élaboré des vitraux qui étaient de profondes leçons de typologie et de théologie médiévales, les Arbres de Jessé du Mans, d'Amiens et de Chartres sont très loin du "livre d'image pour les simples", et reçoivent la lumière du soleil levant pour irradier la fine pointe de la méditation chrétienne sur les mystères de l'Incarnation et de la Rédemption.  


 Dans cette cathédrale comme à Saint-Denis, Le Mans et Amiens, le déambulatoire est entouré en effet de six chapelles rayonnantes, abritant souvent les reliques des saints qui y sont honorés, et entourant la chapelle axiale, la Chapelle de la Vierge aux vitraux consacrés à l'Incarnation et à la Rédemption. Mais à Beauvais, au lieu de comporter deux travées et sept baies et d'être plus grande que les autres, cette chapelle est identique aux six autres, et n'est éclairée que par trois baies. Chaque baie (désignée Baie 1 à gauche, baie 0 au centre et baie 2 à droite) comportant deux lancettes jumelles couronnées par une rose, la chapelle de la Vierge dispose de six vitraux :

— Baie 1 : Vie d'un saint ;  Rose moderne.

— Baie 0 : lancette A à gauche : Arbre de Jessé Au dessus, la Rose : Crucifixion.
           lancette B à droite : Vie de Marie et de Jésus   

— Baie 2 : Miracle de Théophile.  Rose moderne (Théophile et le diable)

 

  Les six chapelles rayonnantes latérales sont ici, de gauche à droite :

à gauche :

  •  la Chapelle Saint-Denis
  • la Chapelle Saint-Vincent-de-Paul ou Notre-Dame de Lourdes (Remploi d'un vitrail médiéval dans une verrière moderne.)
  • la Chapelle Saint-Joseph ou Saint-Étienne 

A droite :

  • la Chapelle Sainte-Anne ou Saint-Jean-l’Évangeliste (Vitraux de Jacques Le Chevallier : Vie de sainte Anne) 
  • la Chapelle Saint-Lucien ou Saint-Sébastien (Vitraux de Barillet)
  • la Chapelle Sainte Jeanne-d’Arc.

 

Vue d'ensemble du vitrail de l'Arbre de Jessé .

Datation : 1240 (règne de Saint Louis ; épiscopat d'Arnout succédant à Geoffroy II d'Eu (1223-1236).

.

Il est divisé par de solides barlotières en neuf registres horizontaux et en trois travées verticales délimitant ainsi vingt-sept panneaux abritant chacun un seul personnage.

La travée qui s'élève au centre part de Jessé en bas, d'où naît six rois de Juda dans une mandorle formée par les branches de l'arbre, puis la vierge, et enfin le Christ entouré de sept colombes.

De chaque coté, deux personnages de l'Ancien Testament témoignent d'une lecture des Livres prophétiques comme annonçant la venue du Rédempteur, mais rappellent aussi que les prophètes, comme le clergé au XIIIe siècle, étaient les conseillers avisés des rois. 

 

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Registre inférieur : Jessé endormi et deux prophètes.

Cliquez sur chaque image pour l'agrandir.

  Ici comme à Saint-Denis, à Chartres, au Mans ou à Amiens, le patriarche Jessé est allongé sur son lit, couché sur le coté droit, la tête (et le tronc) relevée     par des coussins, la main sous la joue dans la posture du songeur ; mais ici, ses yeux sont ouverts. Il n'y a pas d'ambiguïté, Jessé ne dort pas, il est l'objet d'un Songe inspiré, l'un des canaux de communication préférés de Dieu lorsqu'il s'adresse à l'être humain. Et, là aussi, le rêve prophétique de Jessé visualisant la longue lignée de des descendants accédant au trône se concrétise par un tronc qui se dresse en une raide colonne blanche après s'être épanouie précocement par un bouquet initial de feuilles à forme d'acanthe, et par des rejetons formant de généreuses et élégantes volutes. Cette profusion de formes est aussi un jaillissement de couleurs : feuilles jaunes, pourpres, vertes, et rouges.

  Mais, à la différence des œuvres du XIIe siècle, on ne voit ici ni architecture rappelant que la scène se passe à Bethléem, ni lampe allumée témoignant de la Lumière de l'Esprit, ni inscription.

  L'architecture reprend ses droits et sa rigueur dans les deux panneaux latéraux, pour former une niche à arcade (simple cintre ou ébauche de trilobe tracés de verre blanc), et surtout pour placer au dessus de chaque prophète un édifice que deux croix, incitent à considérer comme la préfiguration de l'Église qui, dès à présent, trouve dans les Livres qu'ils écrivent ses prémisses.

Les prophètes sont nimbés, privilège d'habitude réservé aux saints néo-testamentaires.

Bien que cela soit, à cet étage, mal visible, un examen détaillé de l'image montre que les deux personnages tiennent un phylactère qui portent, sinon une inscription, du moins quelques lettres ou caractères. Ils seront plus évidents plus haut, mais nous pouvons déjà déceler leur présence ici.


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 Comparaison :

— Saint-Denis (1144):

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— Chartres (1150) : 

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— Le Mans (1235) :

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— Amiens (v.1242) :

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Deuxième registre : Roi de Juda entre deux prophètes.

Cet arbre de Beauvais compte six rois, sur les quinze que mentionnent la généalogie de Jésus énoncée dans l'évangile de Matthieu 1: 1-17.  Et aucun attribut, aucune inscription n'indiquent leur nom. Pas de harpe donc pour David, si c'est le fils de Jessé qui apparaît ici, assis sur une balancelle de tiges, se tenant des pieds et des mains aux branches et conservant son équilibre sans perdre sa couronne.

Sur le phylactère de gauche, je lis OISOISOI, et sur celui de droite OISOIOI. Sans-doute écrit dans cette "langue des oiseaux" que seuls les poètes et les prophètes entendent. Au dessus d'eux, les deux édifices, parfaitement semblables entre eux et avec les précédents.


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      Comparaison :

— Saint-Denis (1144);

saint-denis 9550c

— Chartres (1150) :

arbre-de-Jesse 6687cc

 

— Le Mans (1235) :

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— Amiens (v.1242) :

arbre-de-jesse 5185c


Troisième registre : Roi de Juda entre deux prophètes.

Fils de David et petit-fils de Jessé, voici Salomon dans toute sa gloire.

Les deux prophètes vous présentent ce message : ITVOIJVOT.


arbre-de-jesse 5488c

 


Quatrième registre : Roi de Juda entre deux prophètes.

      Un prophète dit OSIVO et l'autre VOISOI..

arbre-de-jesse 5489c

 

 


Cinquième registre :  Roi de Juda entre deux prophètes.

VOIVOIVOI  chante le prophète; OVIOVIO répond l'autre. 


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Sixième registre : Roi de Juda entre deux prophètes.

Le prophète de droite dit : .IOVOI.VO


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Septième registre : la Vierge entre deux prophètes.

La Vierge est couronnée, voilée, vêtue  d'un manteau jaune et d'une robe pourpre pâle. elle tient un livre fermé.

Autour d'elle, les prophètes chantent ISOI et VOVISIOV.


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Comparaison :

  —Saint-Denis (1144) :

saint-denis 9553c

—Chartres (1150): 

arbre-de-Jesse 6689c

 

—Le Mans (1235) : 

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 — Amiens (1242 ?):

  arbre-de-jesse 5195c


Huitième registre : le Christ et les sept colombes de l'Esprit.

   Le Christ porte un nimbe crucifère, une robe verte et un manteau vieux-rose ; tandis qu'il trace une bénédiction de la main droite, il présente de la main gauche un livre ouvert.

  Sur la double page de ce livre est représenté un arbre stylisé à cinq branches  avec les inscriptions ISOI / SO.. / IOSI / S.IO. Si celles-ci restent mystérieuses, elles sont semblables à celles des prophètes. Celui de gauche tient le phylactère les lettres OISOISO et celui de droite OISOIVOI.

Puisque ces lettres sont découvertes présentées par le Christ, il n'est pas possible d'en faire, comme j'en avais la tentation en les déchiffrant sur les premières banderoles, des restaurations fantaisistes, ou la signature d'un verrier, ou des caractères aléatoire singeant un verset biblique. Leur répétition amène à penser qu'il s'agit de la langue des anges, parole divine inspiratrice qui n'est accessible qu'à celui qui a reçu de l'Esprit Saint le don de glossolalie et d'interprétation. Dés lors, leur signification sort de l'anecdotique et témoigne d'une réflexion théologique sur le travail de cette parole durant la période vétero-testamentaire, parole à laquelle la rédemption du Christ et la descente du Paraclet donne accès. 

 

  Je vous propose de jeter un coup d'œil au site suivant :http://cathedrale.gothique.free.fr/cathedrale_Chartres_Christ.htm pour constater d'une part que le panneau homologue du vitrail de Chartres est très proche de celui-ci, mais surtout pour constater qu'autour des têtes des sept colombes chartraines, dans leur nimbe, sont inscrites des lettres qui ne sont pas déchiffrables. Correspondent-elles à d'anciennes inscriptions devenues illisibles, ou, comme les constatations que nous venons de faire à Beauvais y incitent, à des lettres isolées et dépourvues de sens, autre exemple de Langue des oiseaux qui ne trouve sa résolution que par la convergence des sept messages dans la personne du Christ qui en révèle le sens ?

 

 

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Comparaison (Cliquez pour agrandir):


— Saint-Denis (1144) :

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— Chartres (1150):

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—Le Mans (1235) : 

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 — Amiens (1242 ?) : panneau manquant.

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— Abbaye de Gercy 1230-1240 ( Vitraux longtemps conservés en l'église de la Varenne-Jarcy et provenant sans-doute de l'abbaye de Gercy (établie en 1260) ; les deux panneaux de cet Arbre de Jessé se trouvent actuellement au musée de Cluny ; Image 

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Rosace : la Crucifixion.

 

  Cette rose placée au dessus des deux lancettes de la baie 0 est consacrée à la Crucifixion. Je rappelle que la lancette de droite est consacrée à la Vie du Christ et de la Vierge. Le motif est donc parfaitement logique sur le plan théologique et complète parfaitement la "démonstration" de l'Arbre de Jessé en plaçant la scène princeps de la Rédemption au dessus de l'Arbre de l'Incarnation. 

   La rose est découpée par le remplage en un cercle central et en huit portions de cercles périphériques. Dans le cercle  s'inscrit un carré et quatre demi-cercles, jouant sur le symbolisme respectivement terrestre et céleste du carré et du cercle. 

Dans le carré le Christ en croix au nimbe crucifère, les reins ceints d'un périzonium pourpre, a succombé à son supplice et Longin lui donne le coup de lance dans le flanc droit qui vérifie son décès. A droite, un soldat tend l'éponge imbibée de vinaigre à l'extrémité de la tige d'hysope. Au dessus, encadré par le soleil et la lune témoignant de l'ébranlement cosmique, le titulus porte l'inscription : JE.V. =J REI.VS Dans les scènes latérales se trouvent Marie, et Jean tenant un livre (son évangile).

Au dessous, entre deux plantes, un homme se dresse hors d'une tombe dont le couvercle est rabattu ; il tient une coupe, indiquant ainsi que le sang du Christ devenu coupe de l'Eucharistie est rédemptrice.



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Détails.

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Discussion.


 I. Les sept colombes.

Dans les cinq exemples de vitraux d'Arbre de Jessé du XII et XIIIe siècle de Saint-Denis (1144), Chartres (1150), Le Mans (1235), Abbaye de Gercy 1230-1240 et Beauvais, les colombes sont au nombre de sept, sont nimbées, sont posées sur (ou reliées à) un rameau de l'arbre, entourent la tête du Christ et le plus souvent convergent vers elle par la pointe de leur bec.  Mais, et c'est ce qui m'interpelle, l'une d'entre elles, au sommet, est verticale et fait un piqué comme si elle voulait enfoncer son bec dans le  divin vertex. Cette singularité m'incite à approfondir l'interprétation habituelle qui y voit "les sept dons de l'Esprit". 

1°) Les colombes d'Isaïe.

    Il semble parfaitement logique de voir ces oiseaux représentés sur les Arbres de Jessé puisque ce motif est intimement lié à la citation du prophète Isaïe  Is 11:1-2 Et egredietur virga de radice Iesse et flos de radice eius ascendet , "Puis un rameau sortira du tronc d'Isaïe [Jessé], Et un rejeton naîtra de ses racines", puisque cette citation se poursuit par  et requiescet super eum spiritus Domini spiritus sapientiae et intellectus spiritus consilii et fortitudinis spiritus scientiae et pietatis,  "L'Esprit de l'Éternel reposera sur lui: Esprit de sagesse et d'intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de connaissance et de crainte de l'Éternel." (Trad. Louis Segond). 

  La mise en image du verset d'Isaïe associe donc la représentation de Jessé, de son rameau (l'arbre), de son rejeton  mais aussi celle de l'Esprit de Dieu et de ses six modalités sous la forme traditionnellement donnée à l'Esprit Saint, la colombe. Effectivement, c'est ce que nous constatons sur l'exemple d'Arbre de Jessé le plus ancien que nous conservions, et qui date de 1085 environ, le Codex Vyssegradensis.

Le Codex Vyssegradensis (1086)

  Ce manuscrit enluminé de 108 folios, aussi connu sous le nom de Codex de Vyšehrad ou Évangile du couronnement de Vratislav II, premier monarque de la Bohême qui était auparavant un duché  a été réalisé à la demande de diplomates tchèques afin d'honorer l'anniversaire du couronnement du roi Vratislav qui a eu lieu en 1085. Il provient probablement du scriptorium du monastère de Saint-Emmeran à Ratisbonne.  Le manuscrit est maintenant à la Bibliothèque nationale tchèque à Prague. L'Arbre de Jessé du folio 4v est précédé par six pages enluminées consacrées aux quatre évangélistes (folio 1v), aux préfigurations du Christ (trois pages de douze personnages), et à deux scènes de l'Ancien Testament (folio  4r). Ces scènes sont importantes pour la compréhension de l'Arbre de Jessé dans son contexte. L'une représente Moïse face au Buisson ardent avec l'inscription Res miranda viret rubus integer et tantam ardet  ("le buisson qui était vert se mit à brûler miraculeusement") et l'autre représente la floraison du bâton d'Aaron témoignant de son élection divine, avec l'inscription contra ius solitum parit arida virgula fructum (" contre toutes les règles, le petit bâton [la verge ou le rejeton d'Aaron] produit des fruits secs").

XIV_A_13_______0I0HG00004R.JPG folio 4r

 

  Dans cette enluminure du folio 4v qui précède le début de l'évangile de Matthieu (Liber generationis...) le prophète Isaïe présente à Jessé un phylactère où est inscrit la prophétie egredietur virga de radice Iesse et flos de radice eius ascendet  et requiescet super eum spiritus Domini, alors qu' un arbre pousse des pieds de Jessé. Il est remarquable de constater qu'au lieu de les ancêtres vus dans les représentations ultérieures, ce sont sept colombes nimbées qui sont dessinées sur les branches. Au dessus est inscrit en lettres capitales VIRGULA JESSE PROCEDIT SPLENDIDA FLORE ("un petit rameau  de Jessé a fait fleurir une fleur splendide"). Le Christ n'est figuré que sous sa forme métaphorique d'une tige fleurie portant les sept oiseaux, en toute fidélité littérale avec la prophétie, et la Vierge n'est suggérée qu'à celui qui devine le jeu de mot virgula (rejeton)/virgo (vierge).

Quoiqu'il en soit, le lien entre l'Arbre de Jessé, la citation d'Isaïe et les colombes est donc parfaitement explicite dès la première apparition du motif iconographique.

 Les colombes sont alignées sur un axe horizontal. Pourtant l'une d'elle, centrale, est seule sur la branche maîtresse, et les six autres sont tournées vers elles, trois tournées vers la droite et trois vers la gauche. Il existe donc déjà une hiérarchisation des sept Esprits en 1+6 , parfaitement conforme au texte d'Isaïe, la colombe centrale étant le Spiritus Domini. 

  Au dessus, dans le registre supérieur, un homme couronné et vêtu selon la mode carolingienne tient un bâton fleuri dans la main droite et une croix dans la main gauche ; il se tient devant la porte d'un bâtiment. Une inscription Clausam rex portam penetrat. Que respicit ortum (+/- "Le roi est passé par la porte close, celle qui regarde vers l'orient.") renvoie à une double citation des visions d'Ézéchiel :

Ez.44:1-2 et convertit me ad viam portae sanctuarii exterioris quae respiciebat ad orientem et erat clausa et dixit Dominus ad me porta haec clausa erit non aperietur et vir non transiet per eam quoniam Dominus Deus Israhel ingressus est per eam eritque clausa "Il me ramena vers la porte extérieure du sanctuaire, du côté de l'orient. Mais elle était fermée. Et l'Éternel me dit: Cette porte sera fermée, elle ne s'ouvrira point, et personne n'y passera; car l'Éternel, le Dieu d'Israël est entré par là. Elle restera fermée."

Ez 11:1 et elevavit me spiritus et introduxit me ad portam domus Domini orientalem quae respicit solis ortum. "L`esprit m`enleva, et me transporta à la porte orientale de la maison de l`Éternel, à celle qui regarde l`orient." Ces versets d'Ézéchiel sont considérés par la typologie médiévale comme annonçant la naissance virginale du Christ*. C'est donc bien lui qui est représenté ici, au sommet de l'Arbre de Jessé, tenant la croix de son sacrifice et le bâton fleuri qui est tout à la fois la verge de Moïse, la virgula du grand-prêtre Aaron et le rameau de Jessé, devant la porte close témoignant de sa conception et de sa naissance virginale. Dans la tradition de l'Église ce passage du Christ à travers la "porte close" de l'utérus et de l'hymen de Marie se poursuit lors du passage de son corps ressuscité hors du tombeau malgré la lourde pierre qui le fermait, puis encore lors de son entrée dans le Cénacle dont les portes étaient fermées (Jean 20:19).

* L'hymne latin composé par saint Ambroise (340-390) et chanté en grégorien aux temps liturgiques de Noël disait Fit porta Christi pervia Referta plena gratia : Transitque Rex, — et permanet Clausa, ut fuit, per saecula. Genus superni numinis Processit aula Virgin is, Sponsus, Redemptor, Conditor, Suae Gigas Ecclesite. Honor Matris et gaudium ...

" pour le Christ la porte s'ouvrit Qui mène à la grâce suprême. Le roi la traverse et elle reste, Comme elle fut, infranchissable pour les siècles." Voir Ambrosius,  In apocalypsin expositione. De visione septima, Patrologie Latine, XVII, col. 948.

L'herméneutique ambrosienne fut reprise par Raban Maur, dans ses Allégories sur la Sainte Écriture , «Porta, Virgo Maria, ut in Ezechiele : «Porta haec clausa erat, et non aperielur», quod Maria et ante partum incorrupta, et post partum mansit illaesa ». Geoffroy de Vendôme dans un sermon pour la Nativité, Rupert de Deutz dans son commentaire sur Ezéchiel et son commentaire sur le Cantique des Cantiques, Honorius dit d'Autun dans son Spéculum Ecclesiae, Adam de Prémontré dans un sermon de l'Avent, font de même. (D'après R. Favreau)

Les deux folio 4r et 4v développent donc directement ou par allusion le thème de la Verge, virga en latin :

virga (verge, rejeton) de la prophétie d'Isaïe 11:1  egredietur virga de radice Iesse et flos de radice eius ascendet.

virgula (petite verge, petit bâton) d'Aaron qui apparaît dans Nombres 17:15-23. Dans la conjuration de Coré, Dathan et Abiron contre Moïse et Aaron, Dieu ordonna à Moïse (Nombres 17 :1-3) de recevoir une verge de chacun des chefs de tribu, et d'y joindre celle d'Aaron, afin que le Seigneur fit connaître par un miracle quelle était la tribu qu'il choisissait pour l'exercice de son sacerdoce. On ramassa donc douze verges, selon le nombre des tribus; celle d'Aaron faisait la treizième. On écrivit sur chacune d'elles le nom du prince de la tribu qui l'avait offerte; on les mit dans la tente de l'assemblée, où le Seigneur avait accoutumé de se manifester à Moïse; et le lendemain on retira ces verges, et on remarqua que pendant cette nuit la verge d'Aaron avait poussé des boutons fleuri, et que ces fleurs s'étaient forées en amandes. "Moïse les déposa devant l'Eternel, dans la tente de l'acte de l'alliance. Le lendemain, il entra dans la Tente et constata que le bâton d'Aaron qu'il avait déposé pour la tribu de Lévi avait produit des bourgeons, et qu'il s'y trouvait des fleurs écloses et même des amandes déjà mûres" (l'amandier fleurit avant tous les autres arbres).

— Verge de Moïse, citée dans Nombre 17:1-3 : c'est à la fois le bâton qui sert à conduire les troupeaux, celui qui se transforme en serpent afin de convaincre le peuple ou le pharaon de ses pouvoirs, et celui de sa fonction sacerdotale. Certes l'artiste représente le Buisson ardent plutôt que la scène où Dieu confère à ce bâton des propriétés miraculeuse, mais l'allusion est perceptible.

Ainsi, le Christ, Verge (rejeton) de Jessé, Grand Prêtre du Christianisme comme Aaron le premier grand prêtre de l'Ancien Testament, initiateur d'une Nouvelle Alliance comme celle conclue entre Dieu et Moïse, tient-il ici dans la main la verge fleurie. Dès la première représentation de l'Arbre de Jessé, les principales réflexions théologiques, typologiques et symboliques sont présentes. La Vierge (Virgo), non représentée elle-même, figure par la mention de Clausam Portam, Porte close qui qualifie sa virginité. 

  Jean Anne Hayes Williams, qui a la première étudié ces enluminures, méconnaît, à mon sens, cette allusion à la Vierge : pour elle, la Mère de Dieu n'apparaît que dans les Arbres de Jessé postérieurs (Bible de Lambeth et vitrail de Chartres). Son interprétation du registre supérieur du folio 4v est étonnante, car elle voit dans le personnage couronné le roi Vratislav II auquel elle estime que l'artiste applique la vision d'Ézéchiel. Ce serait à lui également que s'appliquerait, par un parallèle dithyrambique, les enluminures précédentes des ancêtres royaux du Christ, de Moïse et d'Aaron, et elle considère que c'est à bon droit qu'il serait représenté les pieds posés sur les branches de l'Arbre de Jessé : "ce thème politique célèbre le règne extraordianire de Vratislav II de Bohème. Le caractère unique de cette image tient à son inclusion dans un ensemble qui place le pouvoir salutaire (salvific leadership), l'élection divine et la royauté chrétienne médiévale dans la continuité de la royauté de l'Ancien Testament. Son unique thème est la partie d'un ensemble complexe se référant au couronnement en 1086 du roi Vratislav II de Bohème pour lequel le Codex était commandé." (traduction personnelle et donc non qualifiée). Cela me semble ici peu fondé, mais les liens entre les Arbres de Jessé et le pouvoir royal en exercice seront toujours, quoiqu'il en soit, complexes, comme lorsque, à Soissons, le roi Philippe-Auguste commanditera dit-on la verrière de Jessé vers 1212. 

 

 

 

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La Bible de Sainte-Bénigne (1225-1250).

Cette transcription littérale se retrouve 50 à 70 ans plus tard, dans l'initiale U du Livre d'Isaïe de la Bible de Sainte-Bénigne (1125-1150) où ne se voit que Jessé endormi, son arbre et les sept colombes, mais cette fois-ci elles ne sont plus horizontales mais placées en cercles, et elles-mêmes sont placées dans des cercles semblables aux fruits de l'arbre. L'une d'entre elles culmine dans une position centrale.

 — Bibliothèque  Municipale de Dijon Bible de Sainte-Bénigne Ms0002 folio 148  . © IRHT.

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La Bible de Lambeth (1150-1170).

    Si on peut penser que l'enluminure précédente a été réalisée avant que ne soit créé le vitrail de Jessé de Saint-Denis (1144) et celui de Chartres (1150) cette Bible de l'abbaye Saint-Augustin de Cantorbéry a été illustrée après cette date : le tronc de l'arbre se confond avec le corps de la Vierge et culmine dans un médaillon contenant le buste du Christ entouré des sept colombes qui adoptent la disposition dyonisienne de l'oiseau apical et de la convergence des becs vers le centre.

Comme l'écrit Jean Anne Hayes William, "L'arrivée de la figure de Marie dans les Arbres de Jessé du XIIe siècle témoigne de l'influence du culte de Marie qui émerge lors de ce siècle. C'est durant cette période que l'Église répond aux questions concernant son rôle comme Mère du Christ divin dans sa forme humaine. En conséquence, la Vierge devint une figure centrale du Christianisme. En plaçant Marie en position éminente sur l'arbre entre Jessé et le Christ, l'artiste souligne son rôle dans l'économie du Salut." 

  Dans le médaillon supérieur gauche, deux apôtres entourent la figure féminine couronnée de l'Église, alors qu'à droite la Synagogue, voilée par une main venue des Cieux, est soutenue par Moïse (aux cornes de lumière) et par un autre prophète. Aux quatre coins, deux rois (David et Salomon ?) et deux prophètes nimbés désignent du doigt le Rédempteur dont ils annonçaient la venue. D'autres prophètes occupent les médaillons, et l'un d'eux est Isaïe tenant le phylactère de sa prophétie Is. 11:1-2. Les deux médaillons qui entourent Marie reçoivent les quatre Vertus de la Bonté, la Vérité, la Justice et la Paix, dont parle le Psaume 85 verset 10 :Misericordia et veritas obviaverunt sibi ; iustitia et pax osculatae sunt "La bonté et la fidélité se rencontrent, la justice et la paix s’embrassent ". La Bonté tient un vase, la Justice sa balance. dans le commentaire de Saint Jérôme, la Bonté représente les Chrétiens et la justice les Juifs, leur rencontre symbolisant la réunion des Juifs et des gentils, de l'Ancien et du Nouveau Testament. Ce type d'image est représentateur du goût de l'époque pour les diagrammes et les arborescences diffusant les doctrines théologiques en les schématisant. 

  Le talent de Maître Hugo ou du Maître de Lambeth, la délicatesse des couleurs, l'inspiration byzantine et les fonds d'or sauvent cette image des risques de lourdeur qu'impliquent le didactisme studieux.

 Bible de Lambeth folio 198r,  : 

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La Bible des Capucins (1180).

       On trouve une enluminure de l'Arbre de Jessé (vers 1180) dans la Bible des Capucins BNF, Manuscrits, latin 16746, f. 7 v°-8  qui montre la tête du Christ vers lequel converge les sept colombes. Une inscription indique en dessous ego flos campi et lilium convallium, citation du Cantique des Cantiques 2:1 dans un rapprochement avec Jessé qui vient de saint Jérome, In Is. exposit. et est repris dans la liturgie  dans les Leçons du second Nocturne " cette Branche sans aucun nœud qui sort de la tige de Jessé, est la Vierge Marie, et la Fleur est le Sauveur lui-même, qui a dit dans le Cantique : Je suis la fleur des champs et le lis des vallons ".

 

Médaillons :

  • L'Eglise couronnée présentée par un saint (Pierre ? notez la tonsure)
  •  la Synagogue perdant sa couronne, présentée par un saint ou un prophète.
  •  Daniel et ? ...
  • Jeroniah ou Jeremiah et Habacuc
  • Navon? et  Jonas 
  • Ezechiel et Sophonias
  • Euzachias ;;?; Zacharias 
  • Igyrus?? ?? Ogée ??

Personnages centraux : Jessé, deux rois (David et Salomon), la Vierge et Jésus.


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 Bible de Manerius (1180)

— Paris Bibliothèque Sainte-Geneviève Bible de Manerius folio 132 c. 1180 provenant peut-être de l'Abbaye de Saint-Loup de Troyes : un Arbre de Jessé est associé à la représentation de Matthieu recevant l'évangile des mains de son ange, dans la partie horizontale de l'initiale L de l'incipit de l'Évangile de Matthieu Liber generationis. A partir de Jessé s'élèvent deux tiges formant quatre loges losangiques qui accueillent successivement deux rois, la Vierge et le Christ. 

 Parmi les enluminures du fond français, (  site enluminure.culture.fr recense, mot clef "Jessé", 100 manuscrits conservés dans les bibliothèques municipales, les Bibliothèques Mazarine et Sainte-Geneviève de Paris), c'est le premier exemple d'une série très bien représentée où l'Arbre de Jessé sert de lettrine pour l'initiale L de l'évangile de Matthieu. Dans cette série, les deux tiges vont bientôt se croiser pour formes des entrelacs ovales et le nombre de rois va s'accroître. 

Mais ici, les colombes disparaissent.

 

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 — Musée Condé de Chantilly, Psautier d'Ingeburge du Danemark, début du XIIIe siècle (vers 1200). Ms9 folio 14v ©MRH.

Le Psautier de la malheureuse seconde épouse de Philippe II "Auguste" (le roi enferma la jeune reine de dix-huit ans au couvent puis en prison dès le lendemain des noces célébrées à Amiens et cette détention dura vingt ans) est enluminé d'un Arbre de Jessé dont on pense qu'il servit de modèle au vitrail de Jessé de la cathédrale de Soissons. Les sept colombes sont conformes au schéma concentrique, symétrique et hiérarchisée de la Bible des Capucins, les oiseaux sont portés par les rameaux ou du moins placés dans leurs entrelacs, mais ce manuscrit ajoute un élément nouveau puisque la tête de chaque personnage latéral de l'Ancien Testament (cinq prophètes et une Sibylle) est pointée par le bec d'une colombe sym

bolisant ainsi l'Inspiration divine. 

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— Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève Ms 1185 vers 1220-1230 Bible folio 256. Arbre de Jessé formant le L de l'initiale de l'incipit de l'Évangile de Matthieu. 

Jessé endormi, trois rois, la Vierge, le Christ. Absence de colombes.

 

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— Voir aussi le manuscrit de la Bibliothèque de Troyes ms. 0252 folio 113v dit " la Maison de la Sagesse" avec son inscription  Sapientia aedificavitr sibi domum, excidit columnas septem. Proverbes IX:1 "La sagesse s'est bâtit une maison, elle a taillé ses sept colonnes".

 


— De même, dans le Psautier de Scherenberg (Strasbourg) qui date de v.1260. Les sept colombes n'y sont pas hiérarchisées.

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— Arras, Évangiles glosés, incipit de l'évangile de Matthieu, BMS Ms 0053 folio 1v, vers 1230 : 

 

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2°) Les colombes de l'Apocalypse.

A l'abbatiale de Saint-Denis, , ce motif des sept colombes est présent sur un autre vitrail contemporain de l'Arbre de Jessé, la fenêtre des Allégories de saint Paul, sur le panneau du Christ entre l'Église et la Synagogue : (cliquez)


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   Ce vitrail (ma photographie ne montre que le calque qui remplace, dans la basilique, le panneau original conservé à Champs-sur-Marne) est décrit ainsi par Louis Grodecki : "Au milieu, une grande figure du Christ couronné et nimbé, vêtu d'un ample manteau, la poitrine surchargée d'une sorte d'étoile faite de sept petits cercles reliés entre eux et contenant des oiseaux ; ce sont évidemment les dona Spiritus sancti, les colombes des sept dons du Saint Esprit" (page 69). 

 Mais pour cet auteur, leur origine n'est pas Isïe 11:1-2 comme pour l'Arbre de Jessé, et  la disposition inhabituelle en étoile centrée sur la poitrine du Christ l'incite à y voir une référence au texte de l'Apocalypse de saint Jean : 

Ap 5:5   Alors l'un des vieillards me dit: -Ne pleure pas. Voici: il a remporté la victoire, le lion de la tribu de Juda, le rejeton de la racine de David , pour ouvrir le livre et ses sept sceaux.  Alors je vis, au milieu du trône et des quatre êtres vivants et au milieu des vieillards, un Agneau qui se tenait debout. Il semblait avoir été égorgé. Il avait sept cornes et sept yeux, qui sont les sept esprits de Dieu envoyés par toute la terre.  

  Ap 5:12 : Et ils chantaient un cantique nouveau:

    Oui, tu es digne
    de recevoir le livre,
    et d'en briser les sceaux
    car tu as été mis à mort
    et tu as racheté pour Dieu,
    par ton sang répandu,
    des hommes de toute tribu,
    de toute langue, de tout peuple,
    de toutes les nations.

 Tu as fait d'eux
un peuple de rois et de prêtres
au service de notre Dieu,
et ils régneront sur la terre.

 Puis je vis, et j'entendis la voix d'anges rassemblés en grand nombre autour du trône, des êtres vivants et des vieillards. Ils étaient des milliers de milliers et des millions de millions .

 Ils disaient d'une voix forte:
    Il est digne,
    l'Agneau qui fut égorgé,
    de recevoir la puissance,
    la richesse et la sagesse,
    la force et l'honneur
    et la gloire et la louange.

 Et toutes les créatures dans le ciel, sur la terre, sous la terre et sur la mer, tous les êtres qui peuplent l'univers, je les entendis proclamer:
    A celui
    qui siège sur le trône
    et à l'Agneau
    soient louange et honneur,
    gloire et puissance
    pour toute éternité.

Si Louis Grodecki considère que les sept colombes du panneau des Allégories de saint Paul ne se réfèrent plus à Isaïe mais à l'Apocalypse de Jean, et qu'elles prennent un sens différent de celles de l'Arbre de Jessé, devenant la puissance, la richesse et la sagesse, la force et l'honneur et la gloire et la louange, que reçoit l'Agneau égorgépourtant, il est évident que le texte de l'Apocalypse renvoie à la prédiction d'Isaïe et à Jessé, comme en témoignent ces extraits : "le lion de la tribu de Juda, le rejeton de la racine de David "    et "Tu as fait d'eux un peuple de rois et de prêtres" .

 Je suis donc amené à suggérer que les deux références bibliques vont, chez les théologiens comme chez les artistes postérieurs à Suger, se réunir dans le motif des colombes, sacralisant la valeur du chiffre sept qui est capitale dans l'Apocalypse comme symbole de la totalité : nous sommes autorisés à penser qu'ils le considéraient à la fois comme une référence au texte d'Isaïe 11:1-2 (le rejeton de Jessé doté de l'Esprit de Dieu et de ses six modalités), mais aussi au texte de l'Apocalypse qui y ajoute la dimension sacrificielle de l'Agneau immolé. A l'Incarnation dont traite le Liber generationis de Matthieu s'ajoute la Rédemption.

3°) La colombe du Baptême du Christ.

   Enfin, un autre texte de Jean, dans son évangile cette fois, y ajoute une autre dimension, celle de la Filiation affirmée lors du baptême de Jésus :  

 Jean 1:32-34  Jean rendit ce témoignage: J'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe et s'arrêter sur lui. Je ne le connaissais pas, mais celui qui m'a envoyé baptiser d'eau, celui-là m'a dit: Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre et s'arrêter, c'est celui qui baptise du Saint Esprit.  Et j'ai vu, et j'ai rendu témoignage qu'il est le Fils de Dieu.

      C'est la seule qui me semble pouvoir expliquer le motif de la colombe centrale et verticale. Les colombes de la citation d'Isaïe étaient, pour parler vite, des colombes ascensionnelles, dont la vitalité, végétale comme celle des tiges fleurs et des feuilles étaient nourries par la sève générationnelle de Jessé : elles poussaient pour venir glorifier l'Emmanuel. Les sept esprits de l'Apocalypse étaient des attributs de l'Agneau, ses sept yeux et ses sept cornes, mais ne constituaient ni un lien ni un mouvement. 

Je donnerai quelques exemples de Baptêmes où la colombe de l'Esprit vient, verticalement, se planter dans le nimbe du Christ.

Bibliothèque Municipale de Troyes, Ms 0458 folio 147 Bible vers 1140-1150

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Bibloithèque municipale d'Amiens Ms 0108 folio 170v vers 1197

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— Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève Psautier Ms 1273 folio 010v, 13e siècle


 

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Conclusion sur le motif des sept colombes : 

      Dans la série des vitraux de l'Arbre de Jessé du XII et XIIIe siècle, les sept colombes placées sur des rameaux de l'arbre et entourant la tête du Christ semblent réunir plusieurs valeurs théologiques. Elles sont d'une part la représentation de l'Esprit de Dieu reposant sur la tête du rejeton de Jessé, selon la prophétie d'Isaïe "L'Esprit de l'Éternel reposera sur lui: Esprit de sagesse et d'intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de connaissance et de crainte de l'Éternel". Le nom de "Sept Dons de l'Esprit", qui se réfère à saint Paul, semble mal adaptè puisque le Christ ne reçoit pas des Dons, mais les porte, comme la branche de l'arbre. D'autre part, par le chiffre sept qui est constant, ce motif renvoie aux sept louanges dont l'Agneau immolé est digne et renvoie ainsi à la notion de Sacrifice et de rédemption par le sang versé. Enfin, la colombe centrale dans son mouvement de descente provient de l'iconographie du Baptême du Christ et insiste sur la notion de Filiation divine et d'origine céleste de ces oiseaux. Posés sur les branches, les sept oiseaux sont le témoin de l'Alliance, dans la rencontre de la force ascensionnelle végétative qui pousse à partir de Jessé, de rois en rois juqu'à la Vierge dans une logique générationnelle, et de l'énergie descendante du don et de la grâce dans l'unité de la séquence Dieu-le-Père / Esprit Saint / Christ.

 

 


Sources et liens:

Laissez-vous conter la cathédrale de Beauvais : http://www.beauvais-cathedrale.fr/docs/vpah-cathedrale.pdf

Patrimoine-histoire.fr  : http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Beauvais/Beauvais-Saint-Pierre.htm

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Beauvais/Beauvais-eStPierre_v15.htm

— Le Codex Vyssegradensis en ligne.

 — BARRAUD ( Abbé Pierre Constant ) 1856 et 1860 Description des Vitraux des hautes fenêtres du choeur de la Cathédrale de Beauvais, contenant en abrégé la vie des principaux saints du diocèse de Beauvais  Desjardins, 39 pages (non consulté)

 — COTHREN (Michael W.) 1996  "Restaurateurs et créateurs de vitraux à la cathédrale de Beauvais dans les années 1340" in  Revue de l'Art Volume  111  pp. 11-24  http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rvart_0035-1326_1996_num_111_1_348248

DESJARDINS (Gustave 1865 Histoire de la cathédrale de Beauvais en ligne

FISCHER (Elisabeth L.) 2005 The Virgin of Chartres : ritual and the cult of the virgin Mary at the thirteenth-century cathedral of Chartres. A thesis submitted in partial fulfillment of the requirements for the Degree of Bachelor of Arts with Honors in Art History Williams College Williamstown, Massachusetts Mai 2005.    http://library.williams.edu/theses/pdf.php?id=50

HAYES WILLIAMS (Jean Anne) , The Earliest Dated Tree of Jesse Image: Thematically reconsidered  Athanor.XVIII(2000): 17 

 

 

 

 

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Published by jean-yves cordier
24 juin 2014 2 24 /06 /juin /2014 11:36

Le vitrail de l'Arbre de Jessé de la cathédrale d'Amiens.

      Voir dans ce blog lavieb-aile des articles consacré aux Arbres de Jessé de Bretagne:  

Les sculptures :

Et les vitraux : 

Et en comparaison avec les œuvres bretonnes :

 

 

                                            "C'est avec l'Arbre de Jessé, ensemble d'une qualité exceptionnelle, que les verriers amiènois témoignent de l'avancée du dessin gothique dans le Nord de la France" (N. Frachon-Gielarek.)


Les chapelles rayonnantes d'Amiens et leurs vitraux.

Les sept chapelles absidiales de la cathédrale Notre-Dame d'Amiens forment un ensemble architectural ramarquable par leurs verrières de plus de 14 mètres de haut. Ces sept chapelles rayonnantes réparties autour du déambulatoire ont été conçues dans le plan d'origine de la cathédrale, à la différence des onze chapelles de la nef, non prévues dans le plan conçu par Robert de Luzarches peu avant 1220. Leurs vitraux étaient initialement consacrés à la Vierge et à l'Incarnation dans la baie axiale, et aux vies de saints tutélaires dans les chapelles latérales, honorant ceux dont la cathédrale détenait les reliques (Saint Léonard, Jacques, Jean-Baptiste et Georges) ou faisant référence à l'archidiocèes de Reims et aux diocèses voisins.

 

De gauche (côté nord) à droite, on trouve :

1) La chapelle Saint-Quentin (diocèse de Laon) : les noms anciens évoquent les liens de l'Église d'Amiens avec les diocèses voisins. Il s'agit de l'actuelle chapelle Sainte-Thérèse de l'Enfant-Jésusen fait été supprimée en 1853 pour permettre l'accès à la chapelle des catéchismes. 

   Baies 19 et 21. Le vitrail, du XIIIe siècle (1255-1260?), relate des épisodes de la vie de la Vierge (Dormition et Couronnement, ) et de celle de saint Léonard, dont la cathédrale détenait des reliques. La présence de léopards d'or dans la bordure conduit les érudits à penser qu'elle a peut-être été donnée par Éléonore de Castille, femme d'Édouard Ier d'Angleterre.

2) La chapelle de saint Jean-Baptiste, dont le nom souligne l'importance de la relique amiénoise (le chef de saint Jean), fut décorée de 1775 à 1779 par Jacques-Firmin Vimeux. Chapelle de la corporation des tanneurs.  Elle contient les reliques de saint Antoine Daveluy, martyr en Corée en 1866.

La baie 15 qui était consacrée à saint Georges et à saint Jean-Baptiste a été déplacée afin d'honorer le Sacré-Cœur dans une chapelle au sud, puis dans une baie du XIVe de la nef, en en mélangeant les panneaux .

Baies 13, 15 et 17.

3) La chapelle Saint-Augustin-de-Cantorbéry, actuellement chapelle de sainte Theudosie.  En 1853  l'évêque d'Amiens, monseigneur de Salinis, ramena de Rome les reliques provenant des catacombes, d'Aurelia Teudosia présumée Amiénoise.  

 — Baie de droite : Baie 7 :  les deux lancettes  de la vie des évêques d'Amiens saints Firmin et Honoré ou vitrail des tisserands de toile datent du XIIIe siècle (vers 1250) et ont été restaurées en 1853-1854 par Coffetier et Steinheil. Ce sont très vraisemblablement des éléments rescapés de l'importante verrière de la chapelle axiale Notre-Dame-Drapière (ou de la Vierge).  La chapelle axiale servait en quelque sorte de centre de prière pour les métiers du drap : drapiers et drapiers-chaussetiers d'Amiens. Ces corporations, qui avaient un rôle économique si important dans la ville, sont les donateurs de cette verrière aujourd'hui disparue.

 — Baie centrale : verre blanc et bordure d'encadrement.

— Baie 11 de gauche : Alfred Gérente créa un nouveau vitrail relatant la vie de sainte Theudosie, sa mort, la découverte de son corps, etc. "Le bas du vitrail représente les donateurs, l'empereur Napoléon III et l'impératrice, en prière dans une représentation de la cité d'Amiens. L'empereur s'était montré un donateur généreux : il avait sorti 30 000 francs de sa cassette personnelle pour la décoration de la chapelle Sainte-Theudosie que l'évêque, monseigneur de Salinis, s'était mis en tête de réaliser. Comme il était habituel à cette époque, Gérente a créé un pastiche des vitraux du XIIIe siècle : l'empereur et l'impératrice sont représentés agenouillés devant un autel, à la manière des donateurs médiévaux.

4) La chapelle axiale est appelée chapelle de la Vierge Drapière ou chapelle de la Petite paroisse. Comportant sept baies, c'est la plus grande et la plus longue des chapelles absidiales (15,25 mètres de profondeur). Elle ressemble par son architecture à la Sainte-Chapelle de Paris, dont elle put servir de modèle. Elle fut restaurée et entièrement redécorée entre 1859 et 1862 par Eugène Viollet-le-Duc et son équipe.

Les vitraux installés lors de cette restauration avaient été faits en grisaille par Achille Touzet. En 1933, on les remplaça par des créations de Pierre Gaudin, illustrant la vie de la Vierge. Baies 0, 2, 4, 6 et 1, 3, 5.

C'est dans cette chapelle que se trouvait à l'origine le vitrail de l'Arbre de Jessé, entouré sans-doute "des scènes de la Vie de la Vierge, de l'Enfance du Christ, de sa Vie publique et de sa Passion." (Grodecki et Brisac 1984). La baie 1 (la première à gauche de la baie centrale) était dédiée à la Vie du Christ et aux Actes des apôtres ; elle comprtait une bordure ornés d'oiseaux fantastiques affrontés et de filets de pirouettes (disques convexes) à l'antique (actuellement au Musée de Picardie).

5) La chapelle Saint-Jacques (actuelle chapelle du Sacré-Cœur) élevée dans les années 1240, et dont le vocable rappelle l'importance de l'étape amiénoise sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle. Cette chapelle était le siège de l'importante confrérie des merciers amiénois. La cathédrale détenait au XVIe siècle dans un reliquaire  le menton de saint Jacques, offert par le chanoine Guillaume aux Cousteaux († 1511) et qui se trouve actuellement en l'église Saint-Jacques d'Amiens.

 En 1866, une épidémie de choléra décimait la ville. L'évêque d'Amiens décida de consacrer la ville et son diocèse au Sacré-Cœur de Jésus. La chapelle Saint-Jacques-le-Majeur fut dédicacée au Sacré-Cœur.

 Baies 8, 10, 12. Les anciennes verrières du XIIIe siècle relatant les vies de saint Jacques le Majeur et de saint Gilles furent complétées au XIXe siècle par un vitrail neuf se rapportant à la dévotion au Sacré-Cœur (baie 10).  Ces panneaux ont été presque intégralement détruits dans l'incendie de l'atelier où ils étaient entreposés en 1920. Les verrières que l'on voit aujourd'hui ont été réalisées en 1932-1933 par Jean Gaudin assisté du cartonnier Jacques Le Breton. 

6) La chapelle saint Nicaise (Saint Nicaise était évêque de Reims, qui est la métropole ecclésiastique du diocèse d'Amiens), actuelle chapelle de saint François d'Assise, fut décorée de 1775 à 1779 pour un chanoine par Jacques-Firmin Vimeux.

Baies 14, 16 et 18.

7)  La chapelle de saint Éloi (en lien avec le diocèse de Noyon), antichambre menant à la chapelle des Macchabées et au trésor de la cathédrale. Baies 20, 22.

Source : http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Amiens/Amiens-Notre-Dame2.htm

 

 


La Baie 14, l'Arbre de Jessé de la chapelle Saint-Nicaise.

    Chacune de ces chapelles absidiales de près de 20 mètres d'élévation sont dotées de baies très allongées, à deux lancettes surmontées de trois trilobes : les deux chapelles les plus proches de la partie rectangulaire du chœur possèdent deux baies, la chapelle axiale, de loin la plus vaste, en a sept. Les quatre restantes, dont la chapelle Saint-Nicaise, ont trois baies.

La lancette droite de la baie latérale gauche de la chapelle Saint-Nicaise est consacrée à un Arbre de Jessé, et réalise, avec ses dix-sept registres et ses cinquante-quatre panneaux, la plus grand verrière dédiée à ce thème à ma connaissance. On y trouvait jadis 14 rois* mais il n'en reste que huit, auxquels succèdent cinq panneaux  de restauration précédant la Vierge du sommet et le Christ, manquant.

* on ne compte pourtant que 13 emplacements disponibles.

Datation : 1242 ? (Grodecki et Brisac), la construction de la cathédrale ayant débuté en 1220 (Geoffroy d'Eu 1222-1236), la première campagne de vitraux pour les baies basses de la nef datant de 1236 environ, la campagne suivante qui nous interessse ayant porté sur les chapelles du déambulatoire.

Je présume que le schéma de ces arbres de Jessé est connu : du patriarche Jessé endormi s'élèvent les tiges d'un arbre dont les rameaux forment un appui (ici, ils forment une loge ovale) pour les fils de la généalogie de Jessé, les rois de Juda, ancêtres de Joseph dans la généalogie de l'Évangile de Matthieu Mt 1 :1-17, et dont ancêtres du Christ. La Vierge prend une place centrale par le rapprochement de deux prophéties d'Isaïe, Isaïe 11:1 "Puis un rameau sortira du tronc de Jessé, et un rejeton naîtra de ses racines", et Isaïe 7:14 "Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu'elle appelera Emmanuel". L'Évangile de Matthieu cite 15 rois de David à Jéconiah avant la déportation à Babylone, mais seule une partie d'entre eux est représentée, dans un chiffre symbolique de la totalité comme le chiffre douze. D'Isaïe, prophète sous le règne d'Ezéchias (11ème dans la généalogie) à Jérémie (prophète sous Jéchonias), les prophètes ont encadré l'exercice du pouvoir royal, tel Nathan qui conduisit le roi David au repentir après son adultère. Aussi les deux prophètes qui trouvent place, debout, dans chaque registre, faisant face au roi, le doigt dressé vers la Vierge et le Christ qu'ils annoncent, témoignent du plan de rédemption dont les chrétiens lisent la préparation à travers tout l'Ancien Testament, mais illustrent aussi la valeur essentielle des ecclésiastiques comme conseillers des rois attentifs à redresser leurs devoiements.

 

 

 

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Premier registre : Jessé songeur entouré de deux prophètes.

  Comme à Saint-Denis, première occurrence du thème en vitrail, Jessé est allongé sur le coté gauche, , la main sous la joue, les yeux fermés; il semble dormir mais, dans cette posture, tout sommeil est impossible et l'artiste indique ainsi qu'il est plongé dans un songe. C'est un songe inspiré et prophétique dans lequel il voit croître comme un arbre la succession de ses fils devenus rois de Juda. Le tronc de l'arbre naît ici de son bassin, nous laissant deviner qu'il trouve son origine dans la semence sexuelle ; puis il se divise en rameaux qui font la roue et fleurissent ou donnent des feuilles rouges et roses. Il songe encore et il voit, comme les rêves l'autorisent, un rejeton de sa tige se transformer en une jeune femme vierge qui, prodige plus grand encore qu'une dynastie de rois, donne naissance à un enfant, qui vient sauver le monde. Heureux Jessé !

  Il ne voit pas, c'est notre privilège, les deux prophètes qui lui soufflent le script de son scénario : ce sont, bien qu'ici aucune inscription ne nous aide à les identifier, Isaïe et Jérémie. Ces deux personnages aux pieds nus de l'Ancien Testament tiennent leur texte sous forme d'un phylactère pour l'un, d'un livre pour l'autre, et l'artiste (ou un restaurateur ?) les a doté d'un nimbe réservé d'habitude aux saints du Nouveau Testament.

Son lit est solidement posé sur quatre pieds rouges. Il peut songer tranquille.

Les bordures sont rouges à crossettes blanches, ponctuées de fruits faits de quatre à six grains verts.

 

  

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Comparer ce vitrail de ca 1240 avec ceux de :

Saint-Denis (1144)                                                  Chartres (1150)

saint-denis 9558cc  arbre-de-Jesse 6784c

Le Mans (1235):

arbre-de-jesse 1670cc

 

Deuxième registre : le roi David et deux prophètes.

Dieu merci, l'artiste a mis entre les mains de ce roi couronné (c'est le fils de Jessé) une harpe qui l'identifie sans ambiguïté comme le roi David, l'auteur-compositeur des Psaumes. Il s'inscrit dans une mandorle (une loge en forme d'amande, mandorla) et sa colonne vertébrale, pour ne pas dire son tronc, prolonge celui de l'auguste arbre de son père. 

  C'est une drôle de harpe, plus proche d'un psaltérion puisqu'un plectre est utilisé pour faire sonner les cordes. L'emplacement des deux mains, très peu anatomiques, relève des remaniements d'un vitrail qui a beaucoup souffert.


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Troisième registre : un roi de Juda (Salomon ?) et deux prophètes.

S'il s'agit du fils de David, c'est le beau roi Salomon, un chanteur à succès lui aussi à qui l'on doit le Cantique des Cantiques. 


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Quatrième registre : un roi de Juda encadré de deux prophètes.

Dans la généalogie de Jessé, le troisième roi porte le nom de Roboam. Rien dans la Bible ne justifie de confier à ce roi une vièle, mais c'est une tradition à Amiens de représenter des rois musiciens.

  Néanmoins, on trouve dans l'enluminure de l'Arbre de Jessé du Psautier d'Ingebruge du Danemark (Musée Condé de Chantilly Ms9 folio 14v) la succession d'un premier roi jouant d'un instrument similaire, et d'un second roi jouant de la harpe.

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Cinquième registre : un roi de Juda encadré de deux prophètes.

Ce serait Abijam, fils de Roboam.

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Sixième registre : un roi de Juda encadré de deux prophètes.

Attribut : un sceptre, comme arrière-grand-papa Salomon. Il s'agit d'Asa, qui régna 41 ans, fut un grand bâtisseur et un grand destructeur d'idoles, pour la grande satisfaction de Yahvé son Dieu.

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Septième registre : un roi de Juda encadré de deux prophètes.

Le roi Josaphat mit, comme son père, du baume au cœur de l'Eternel en luttant contre les hiérodules.

Ce sont des prostituées sacrées : des prêtresses.

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Huitième registre : un roi de Juda encadré de deux prophètes.

Fils de Josaphat et petit-fils d'Asa, voici, si l'artiste a suivi scrupuleusement la généalogie de Jessé (qui est aussi celle de Jésus) rapporté par Matthieu 1 :1-17, le roi Joram, dans sa mandorle.

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Neuvième au quatorzième  registres :  rois de Juda encadrés de deux prophètes. Panneaux incomplets.

      panneaux restaurés de 1991 à 14994 par Jeannette Weiss-Gruber.

Quinzième registre : la Vierge.

La Vierge est couronnée, voilée, nimbée de rouge ; elle présente la paume de sa main droite dans un geste bienveillant d'intercession, alors que sa main gauche est posée sur un livre. 

On comparera cette posture à celle de la Vierge du psautier d'Ingeburge, (v.1200) qui tient également un livre. 

  Il paraît très probable que, dans le vitrail d'origine, elle trouvait place en dessous d'un panneau consacré au Christ, comme à Saint-Denis, Chartres ou Le Mans.

arbre-de-jesse 5195c

 

 


Saint-Denis(1144)                                                                     Chartres (1150)   

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Le Mans

arbre-de-jesse 1669cv

 

 

Seizième registre : les colombes de l'Esprit-Saint.

Le panneau final a perdu sa figure christique, qui devait être entourée de sept colombes comme à Saint-Denis, Chartres et Le Mans.

 arbre-de-jesse-5195c--2-.jpg

 

 


Saint-Denis                                                                 Chartres.

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Le Mans

arbre-de-jesse 1668cv

 

En conclusion, 

  L'Arbre de Jessé de la cathédrale d'Amiens suit manifestement le modèle dyonisien de Suger  avec la série Saint-Denis (1144) et Chartres (1150) puis Le Mans (1235) et Amiens (v1250). On ajoute à cette série l'Arbre de la Sainte Chapelle (v1244), de Beauvais (1240) ou de Soissons (1212).  Cette série se caractérise par la posture allongée de Jessé, par l'alignement vertical en un seul fût des rois de Juda, de la Vierge et du Christ, par la culmination par les sept colombes de l'Esprit, et par la présence dans des panneaux latéraux de couples de prophètes vétérotestamentaires ; c'est la persistance durant un siècle du même modèle iconographique qui est remarquable, plus que les différences (à Amiens, absence de lampe au dessus de Jessé et de rideau ou d'architecture autour de lui, absence d'inscriptions) dont je ne sais pas si elles sont dues aux aléas des destructions et des restaurations.

  L'un des points communs  de ces Arbres est aussi leur situation à une place d'élection, axiale, de l'édifice religieux : soit, à Chartres, dans la façade occidentale, soit le plus souvent dans la chapelle axiale orientale, dédiée à la Vierge.    Le thème iconographique de l'arbre de Jessé, qui se développe à partir du milieu du 12e siècle et connaît une grande faveur au 13e siècle, est une préfiguration de l'Incarnation du Christ, qui domine en majesté depuis le haut de la verrière. L'Arbre de la concrétisation du plan divin du Salut par une longue et ancienne lignée royale culminant dans le prodige d'une naissance virginale voisine alors deux autres verrières consacrées à l' Enfance du Christ et à sa Passion, et parfois à la Vie de la Vierge. En outre, cette représentation des rois de Juda illustre les liens unissant le Divin et la Royauté, soit comme rappel par les Rois de France de leur élection divine, soit a contrario  comme rappel par l'évêque ou par le chapitre cathédrale de l'emprise du pouvoir sacerdotal et spirituel sur le pouvoir temporel. 

  On objectera qu'à Amiens, l'Arbre de Jessé se trouve dans une chapelle latérale ; mais cette situation en baie 14 de la chapelle saint-François d'Assise ne date que de 1991, et le vitrail occupait bien, à l'origine, la chapelle axiale à sept baies de Notre-Dame "de la Draperie" (siège de la corporation des drapiers ou drapiers-chaussetiers), où elle voisinait avec une Vie de la Vierge, des vitres de l'Enfance du Christ, de sa Vie publique et de sa Passion, la baie 1 (la première à gauche de la baie centrale) étant dédiée à la Vie du Christ et aux Actes des apôtres.

  Les couleurs.

L'emploi des couleurs est aussi propre à cette série, avec la dominance du bleu qui n'est utilisé  que pour le fond, véritable équivalent des fonds d'or des tableaux médiévaux comme rayonnement de pure sacralité (un bleu plus clair est tout-de-même employé pour les tuniques de quelques prophètes). De même, le rouge est presque réservé à l'encadrement des mandorles, au fleur de l'Arbre et au fond des loges des prophètes, mais se retrouve aussi dans la robe de Jessé et de David, dans le manteau de Salomon, de Josaphat et de Joram, ou dans le nimbe de Marie. Ce verre rouge est, on le sait, un verre très fin placé sur un verre incolore, et il perd par endroit sa teinte, comme sur la manche de Jessé. Les autres couleurs sont le vert, le jaune, le vieux-rose et le poupre ou encore le brun-rose des carnations. La comparaison des teintes des habits de la Vierge dans les quatre cathédrales montre la constance de la robe verte et du manteau vieux-rose, bien qu'à Amiens cette dernière teinte soit plutôt remplacé par un ocre. 

   A Amiens, dont la fortune au XIIIe siècle reposait en bonne partie sur la culture du Pastel des teinturiers ou guède Isatis tinctoria (en picard waide, vouède) et à son négoce, il est tentant de voir dans la prédominance des fonds bleus une célébration du pigment, mais son utilisation dans les autres cathédrales, notamment à Chartres affaiblit cette hypothèse. Cela qui n'interdit pas de souligner l'importance des waidiers ou guédons comme bienfaiteurs et donateurs comme Hugues Liénart Le Secq, maieur (chef de la corporation) des waidiers en 1296 et Robert de Saint-Fuscien.    Adrien (Andrieu, Drieu) Malherbe, maieur (bourgmestre) en 1292 laissa à sa mort en 1295 "le tonlieu du guaide qui était alors de revenu non petit pour le grand trafique qui se faisait de cette marchandise en cette ville d'Amiens" (A. de la Morlière p. 328), qui finança six grandes baies de la cathédrale.  

L'étude stylistique dépasse mes compétences et ne prendrait toute sa valeur que si on connaissait les verres authentiquement anciens ; à défaut, j'ai pris plaisir à zoomer sur les détails des visages et des mains ou des plis des vêtements.

Enfin, je note la fréquence avec laquelle les rois ou les prophètes retiennent par la main droite la sangle qui rassemble, sous le cou, les deux pans du manteau.

L. Grodecki et N. Frachon-Gielarek  remarquent :

  • l'absence de tout élément d'architecture.
  • une rationalisation et une  schématisation conduisant à une simplification, dans le cadre d'un mouvement général du vitrail et de l'architecture initié par les ateliers amiénois entre 1225 et 1235. "Ainsi les chantiers amiènois et parisiens propagent des formes énergiques et dynamiques qui contrastent avec vla souplesse du style laonnois ou du style chartrain, vers 1200" "...une parenté étroite entre les vitraux de la cathédrale de Beauvais et ceux d'Amiens, notamment dans le traitement des  visages et des draperies de l'Arbre de Jessé"  (N. Frachon-Gielarek).
  • l'opposition dans le traitement des prophètes, au profil accusé, et des rois caractérisé par leur frontalité.
  • "La grande avancée du maître d'Amiens est d'avoir limité son décor à d'étroites volutes bien embranchées sur le motif central, donnant ainsi une meilleure lecture des personnages. Mais encore, contrairement à Beauvais et même à la sainte-Chapelle, les silhouettes perdent de leur épaisseur pour privilégier le corps en mouvement, les dotant d'une certaine élégance ; l'accentuation du profil des visages participe aussi de l'élan ascensionnel qui caractérise cet ensemble. On décèle une peinture rapide mais d'une grande précision, donnant lieu à une exécution raffinée, que ce soit dans les visages à l'expression vive, les drapés au style anguleux, modelés par un lavis.  " (J. Frachon-Gielarek).

La restauration.

  La verrière appartenait au vitrage des baies de la chapelle de la Vierge, construite en 1242 (?) et qui servit de modèle à la Sainte-Chapelle, mais malheureusement les vitraux de toute cette partie du choeur, comme ceux du transept, ont été victimes de nombreux accidents, bombardements, explosions de moulins à poudre au XVIIe, ouragans du XVII et XVIIe siècle, destructions systématiques au XVIIIe siècle par les chanoines, puis par les révolutionnaires, puis de l'incurie des restaurateurs du XIXe siècle qui déplacèrent des parties de vitraux et mélangèrent les panneaux, ou de l'introduction dans le même XIXe de nomveaux cultes au Sacré-Cœur, à Ste-Thérèse ou à Sainte Theudosie.  

Vers  1860, Viollet-le-Duc fit restaurer la verrière par  N. Coffetier et L. Ch. A. Steinheil.

  Les vitraux ont été déposés lors de la Première Guerre, tardivement en 1918, puis confiés à la restauration du peintre-verrier Socard. En 1920, beaucoup furent détruits lors de l'incendie de l'atelier de l'ébeniste Selmersheim, beau-frère de Socard.  De nombreux panneaux de cet Arbre de Jessé ont été retrouvés dans les débris brulés.

En 1984, Grodecki et Brisac mentionnent que la verrière de l'Arbre de Jessé se trouvait en restauration dans l'atelier de Jean-Jacques Gruber. Il a été restauré dans cet atelier par Jeannette Weiss-Gruber (1934-), les panneaux manquants ont été créés en poursuivant la succession des mandorles et en y suggérant des personnages (rois au centre et prophètes sur les cotés) et replacé entre 1991 et 1994 dans la chapelle Saint-François. La lancette jumelle (14 A) a été créée entiérement par J. Weiss-Gruber qui a respecté la dominante bleu et les compartiments latéraux inscrits dans des parenthèses blanches.

Dans la même chapelle, la lancette B de la baie 16 placée au centre a accueilli les six panneaux restant du vitrail de l'Enfance de la Vierge, là encore complétés par des créations de J. Weiss-Gruber. On y trouve la Rencontre d'Anne et de Joachim sous la Porte dorée de Jérusalem, ou Marie filant le voile pendant son adolescence, ou les fiançailles de la Vierge.

 


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Sources et liens.

— DURAND (Georges) 1901-1903..  Monographie de l'église Notre-Dame, cathédrale d'Amiens. Mobilier et accessoires .impr. Yvert et Tellier (Amiens) Éditeur : A. Picard et fils (Paris) Gallica

 — DUVAL (Abbé), et JOURDAIN (Abbé) 1868, "Deux verrières de la cathédrale d'Amiens", Bulletin de la Société des antiquaires de Picardie, T. XXII pp 561-606 Gallica

— FRACHON-GIELAREK (Nathalie) 2003  Amiens, les verrières de la cathédrale, L'Inventaire,Image du Patrimoine, Ed. AGIR-Pic, Amiens, 48 pages.

GRODECKI (Louis) BRISAC ( Catherine)  Le vitrail gothique au XIIIe siècle, Vilo/office du livre, 1984 - 279 pages

LA MORLIERE (Adrian de) 1642, Le premier livre des antiquitez, histoires et choses plus remarquables de la ville d'Amiens, Paris : Google

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22 juin 2014 7 22 /06 /juin /2014 22:37

Le mariage du Myrtil Maniola jurtina.

Lieu : arrière-dune de la Palue à Crozon.

Date : 22 juin 2014.

Origine du nom :  Zoonymie du papillon Myrtil, Maniola jurtina.


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22 juin 2014 7 22 /06 /juin /2014 21:57

L'Azuré du Genêt Plebejus idas (Linnaeus, 1761) à Crozon.

Lieu : au sud-est de Saint-Hernot.

Date: 22 juin 2014.

Guide et identification : Mikaël Buord.

   Sur le sentier côtier, nous découvrons un rassemblement de petits papillons bleus (azurés) puis, les ayant identifié comme Plebejus idas ou Azuré du Genêt et connaissant la myrmécophilie (symbiose avec les fourmis) de cette espèce, nous découvrons deux dômes de fourmilières. Les mâles bleus évoluent sur un périmètre d'une vingtaine de mêtres autour des solariums des fourmis. Nous ne parvenons pas à assister à une ponte des femelles bien plus discrètes.

Les fourmis en question appartiennent soit au genre Formica (comme ici) soit au genre Lasius.


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Le mâle :

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 la femelle :

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Détail : les ocelles marginales des ailes postérieures sont pupillées d'un bleu métallique ; les lunules submarginales oranges sont coiffées de lunules noires sagittées (en triangle comme la pointe d'une flèche.)

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Cette femelle, qui recherche sans-doute les signaux d'un lieu de ponte, abaisse et incurve son abdomen tout en agitant et faisant tournoyer  sa trompe comme si elle fouettait l'air.

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22 juin 2014 7 22 /06 /juin /2014 21:25

L'Azuré du Thym Pseudophilotes baton  (Bergsträsser, 1779) à Crozon.

 

Lieu : entre Kerdreux et la plage de la Palue.

Guide et identification : Mikaël Buord.

Date : 22 juin 2014.

Origine et histoire du nom ? Voir : Zoonymie du papillon l' Azuré du Thym ou Azuré de la Sarriette, Pseudophilotes baton (Bergstrasser, 1779)  


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9 juin 2014 1 09 /06 /juin /2014 11:19

L'église de Plouedern (29) après son sauvetage de l'incendie de 1974.

 


  Cette visite est un retour. En 2011, j'avais été estomaqué par la découverte des blochets superbement sculptés et peints qui m'avaient lancés leur muet appel :  Formidable ! Les blochets de l'église Saint-Edern à Plouedern.

  Je compris qu'ils témoignaient d'un drame, l' incendie de mai 1974 qui avait détruit tout le mobilier et la charpente. "Seule la statue de Saint Edern chevauchant un cerf au sommet du baptistère a été préservée !". Si je compris aussi qu'ils résultaient d'une formidable aventure, celle du sauvetage d'un monument historique contre l'évidence du désastre, je ne réalisais que tardivement que ce sauvetage avait été mené avec un panache éblouissant, puisque l'architecte Gérard Cailliau et l'économiste-métreur Gérard Jamain avaient réussi non seulement à rendre au culte l'église paroissiale sur le seul budget de l'assurance en janvier 1978, mais encore à compenser l'irréparable perte des œuvres d'arts du passé par un luxe de décoration et par une ambition dans le choix des artisans et artistes. Attirés dans la commune du Léon , le peintre décorateur Paul Mériguet et les compagnons du Tour de France, ou le sculpteur Vincent Fancelli mirent à la disposition des 2250 Ploudernéen, et bien moins de paroissiens les techniques qu'ils déployaient habituellement à Versailles ou dans les palaces princiers. Leur savoir-faire rejoint celui du landernéen Roland Doré, auteur des plus beaux calvaires bretons, qui a laissé ici en 1641 une vasque baptismale.

 Je veux donc leur rendre hommage en consacrant à leur travail une description détaillée. Mais l'exigence de perfection brille souvent par l'absence, quasi indétectable, d'imperfections. J'en donnerai un seul exemple. Alors que, dans tant d'églises renommées, j'ai photographié les statues et les sablières dénaturées par des câbles électriques noirs ou blancs fixés par de gros cavaliers, des boites électriques grises, des projecteurs ou des hauts-parleurs, ici, ce matériel n'apparaît nulle part. Les boites électriques, lorsqu'elles sont décelables à mon téléobjectif ont été peintes dans le même bleu que la voûte. 

Non contents d'égaler en talent leurs prédecesseurs, ils  en ont adopté aussi l'art des facéties, des  signatures dissimulées et des clins d'œil reservés aux curieux. Ces professionnels se sont bien amusés.

Mais trois ans plus tard, l'humidité suintant des murs décollait la peinture de la partie basse des murs, et les boiseries de la sacristie révélaient la présence de la mérule. L'architecte fut condamné pour avoir omis  de veiller à organiser une ventilation suffisante.

  Cette visite est donc une méditation sur la perfection dans l'idéal du Beau, qui reste toujours hors d'atteinte ; sur les conflits qui animent toutes les collectivités ; sur le temps qui passe et qui effaçait déjà les noms et les visages des acteurs de ce sauvetage ; sur les destructions et les ruines, et sur les œuvres d'art qui disparaissent ; sur les églises, cœur jadis ardent des paroisses au centre des villages, et cœur inanimé et déserté aujourd'hui, dans lesquelles je reste pendant des heures sans voir entrer une seule personne. Visite qui mêle amertume et émerveillement, et où les notions de patrimoine et d'héritage (tiens, c'est le nom de la société de Gérard Jamain), de la page qui se tourne et de la page du passé qui se lit encore comme un palimpseste par ceux qui s'y attachent, ne m'ont pas quitté. 

Je remercie les deux interlocuteurs qui m'ont aidé à retrouver les traces d'un passé pourtant bien proche et à mettre un nom sur les blochets : Gérard Jamain et Hervé Duhot. Merci aussi à Jean-Yves Le Roux pour ses messages.


 

 

 

 

 


blochets 4917c

 

 

 

 


         L'ÉGLISE VUE DE L'EXTÉRIEUR.  

 L'aiguille du clocher, de type léonarde avec ses balustres de pierres est ajourée et lui donne une silhouette élancée.

 

               139c

 


  

 

Sa façade sud :


140c

 

 

Son calvaire ou croix de cimetière:

"La croix du cimetière, du Moyen Âge, repose sur un socle cubique à degrés. Son fût rond porte un croisillon court sur lequel une Vierge et saint Jean encadrent une Vierge de Pitié. La croix du crucifix a des branches rondes et se termine par des fleurons carrés." 

 Voir Atlas des Croix et calvaires du Finistère n°1802. 

133c

 

Le portail d'entrée nord.

 Le porche nord de type classique et monumental en granit à gros grain est de style Renaissance comme le confirme la date sculptée de 1609 sur la frise. A cette date, la Bretagne est réunie à la France depuis plus de 70 ans, et Henri IV règne. La nouvelle construction a donc débuté avec la fin des guerres de religion et le retour à la paix.

Les autres dates relevées sont celles de 1626 ( au sud, au dessus d'une petite porte Renaissance), de 1679 et de 1680 sur la sacristie.

 "L'entablement de la porte d'entrée extérieure est soutenu par des colonnes doriques composites et amorti par un fronton. Au-dessus, attique supportant une niche à coquille et fronton cintré brisé, volutes très accusées. Sur le rampant du gable, décoration  en S. Ce porche est voûté sur croisée d'ogives, il n'y a pas de niches pour des Apôtres." (Couffon 1981)  

  Il porte paraît-il une statue de saint Edern (Topic-topos) mais j'y reconnais pour ma part (et René Couffon comme moi)  saint Pierre, pieds nus avec sa clef dont le penne est brisé : celui-ci ne serait-il pas le patron de la paroisse plutôt que saint Edern ? Pourtant ce saint, qui a donné son nom à la paroisse de Plou-edern (et à celle de Lann-edern), ermite d'origine irlandaise débarqué au IXe siècle près de Douarnenez, est bien le patron reconnu de l'église.

 

 

                    143c

 

La porte d'entrée nord .

                 138c

 

L'inscription de fondation de la sacristie :

Au dessus d'une fenêtre sud de la sacristie, on lit :

M : H : QVEFELEAN : RECT

IAC : MORRI : PIER : COGN : FABRIQVE

               1680

(le relevé de Couffon et le Bars comporte deux erreurs)

"Notez le N rétrograde.

Selon le site d'André Croguennec, * "la signature du recteur Hervé Quefelean  apparaît sur les BMS de 1671 à 1677 à Pont-Christ et il est désigné comme curé dans un aveu du 23/4/1671. En 1677, il quitte Pont-Christ pour devenir recteur de Plouedern." Il succéda donc à Allain Riou que nous allons découvrir bientôt.

http://andre.croguennec.pagesperso-orange.fr/cures.htm    

134c

 

 


 

      L'ÉGLISE VUE DE L' INTÉRIEUR.

Je débuterai par les éléments les plus anciens, qui ont survécu, après restauration, à l'incendie de 1974.

Les fonds baptismaux.

La chapelle sud abritait jadis un retable du rosaire.Elle accueille aujourd'hui, devant un enfeu et un lavabo au bel encadrement de pierre, la cuve des fonds baptismaux, signée du sculpteur landernéen Roland Doré et datée de 1641. Elle a perdu son baldaquin hexagonal sur colonnes feuillagées et seule la cuve de granit subsiste, rénovée en 1977.

.

  

028cc

 

La cuve porte l'inscription suivante : 

A : RIOV : REC[T]EVR : I : K[ER]DELENT : H : APERVE : FABRIQVE : LAN : 1641 : R : LE : DORE : FECIT.

 

Le sculpteur et architecte du roi Roland Doré, né à Landerneau, est  décédé à Plouedern en 1663 (acte de décès retrouvé). Sur l'ensemble des très nombreuses œuvres de cet artiste en granit ou en kersanton, ce dernier n'a laissé sa signature que sur sept d'entre elles, dont cette cuve ; témoin indirect de son attachement à la paroisse ou à son recteur.

 

Le recteur Allain Riou apparaît comme parrain dans plusieurs actes de baptême, notamment celui d'Anne Rolland ( 17 janvier 1641 / premier mai 1663), fille d'Alain Rolland et de Marguerite Le Hir : Anne Rolland épousa le 18 mai 1660 Yves Kerdelant (10 avril 1634-18 août 1709). Nous ne pouvons pas considérer que cet Yves Kerdelant est le fabricien en fonction en 1641, date de la réalisation de cette cuve, puisqu'il avait alors 8 ans. Son père se prénommait Fiacre.

Allain Riou fut aussi parrain de Julien Barz, fils de Mathieu Barz et de Janne (le) Dantec et né le 28 octobre 1639, comme il fut le parrain de Alain le Guen, né le 4 août 1650.

Le patronyme Apperé (Abhervé) est attesté à Plouedern par les généalogistes (Yves Abhervé 1615-1676 père de Jean Abhervé 1642-?)

           043c

 

              fonds-baptismaux 4901c

      Nota bene :

 

 

Autre inscription (détruite).

 Le baldaquin en bois polychrome, brûlé en 1974, portait l'inscription : "M. H. MILBEAV. R. Y. KDELANT. F. T. Y. BOVRHIS. FABR. 1661."

Cette fois-ci, il s'agit bien de Yves Kerdelant (1634-1709)

 

 



 

Les pierres tombales.

Deux pierres tombales très semblables avec leur bénitier en forme de cœur sont préservées, mais leur inscription n'a pas été relevée à ma connaissance. La première, bien conservée, se trouve dans la chapelle sud près de la vasque baptismale. J'y lis ceci (sous réserve):

ICI GISE

LE CORPS

DE ANNE

LE GOF E

POUSE DE

JEANNARIE LE

COR.... [CORBERE? COIBERCE]

VI DECEDE

LE 9 7BRE

1638 PRIEZ

DIEU POUR

EL       LE 

La date 1638 est logique par rapport au style et aux autres dates de l'église, mais le chiffre 6 est douteux à la lecture.

Les généalogistes mentionnent Anne Le Goff, de Plouedern, mariée le 6 novembre 1684 avec François Kerdelant (fils de Yves Kerdelant, cf supra).  Ce n'est donc pas notre défunte, mais cela atteste le patronyme Le Goff dans la commune.

056c

 

059c

 

La seconde pierre tombale se trouve sur le seuil de la porte d'accès à la sacristie, sur la façade sud : elle est si usée que sa lecture supposerait un calque ; je suppose qu'il s'agit de l'époux:

                         124c

 

Les sculptures.

1. Saint Guénolé.

Placé devant un enfeu vide du coté nord, l'abbé de Landévennec tient un livre et sa crosse. J'ai tout lieu de croire que la pierre qui lui sert de support a été taillée et sculpté par le l'artiste Mourad Horch. L'inscription signifie bien sûr "St Gwenolé", mais dans une calligraphie qui détourne le rôle signifiant des mots pour faire danser les lettres et les spiritualiser. Ce qui est parfaitement adapté à un personnage qui nous présente un livre saint.

 

081c

                    095c

 

 

2. Saint Laurent.

  Ce saint dont l'attribut est le grill sur lequel il fut brûlé lors de son martyre est bien placé pour nous faire mesurer l'épreuve terrible que traversa l'église de Plouedern en 1974, et le miracle que fut se reconstruction. On considérerait bien facilement aujourd'hui que la décision de relever les ruines calcinées allait de soi. Pourtant, d'autres églises, après de tels sinistres, sont livrées par leur maire à la pelleteuse des démolisseurs.

                sculptures 4891c

 

3. La sainte et l'ange.

Bas-coté sud. Est-ce une Vierge ? sainte Marthe ? une autre sainte ?

                    sculptures 4945c

sculptures 4948c

 

 

4. La porte de l'entrée principale coté nord. Pierre et Paul.


                 116c

 

 

                  115c

 

                              106c

 

5. Les têtes d'anges de la porte ouest.


137c

 

6. La cuve octogonale  de 1679.

 

                       sculptures 4807c

 


7. Bénitier à godrons.

Bénitier en forme de cuve hexagonale, décoré de niches ornées de coquilles et d'accolades formées de galons plats, XVIe siècle. (Couffon et le Bars)

sculptures 4809c

 

8. Bénitier à godrons et anges.

Le Nouveau répertoire de Le Bars et Couffon le décrit comme un "bénitier daté 1679 et surmonté de deux personnages tenant une massue".

                    sculptures 4810c

 

 

LES ŒUVRES CONTEMPORAINES (1976-1978).

 


L'autel du Saint-Sacrement de Mourad Horch.

Chapelle du chevet à gauche du chœur .

En dessous du tabernacle de bronze orné du calice et de l'hostie, une inscription de la même calligraphie que celle du support de saint Guénolé est une paraphrase le l'évangile de Luc 24 :13-31 consacré à la rencontre des pèlerins d'Emmaüs avec le Christ ressuscité :

Jésus rentre pour rester avec eux il partage le pain ils le reconnaissent.

Les quatre symboles des évangélistes (tétramorphe) encadrent l'autel : le lion et l'aigle en haut, et l'homme et le taureau en bas. Ces derniers sont taillés dans une pierre noircie au feu : rappel émouvant de l'incendie.

 

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Les vitraux de l'atelier d'Hubert Sainte Marie.

Les anciens vitraux.

Selon le blog du maître-verrier Jean-Pierre Le Bihan, en 1614 un bref état des prééminences du marquisat de Carman dressé par Charles de Maillé, marquis de Carman (mort en 1628) et contenant le relevé au lavis par Jean Bourricquen de 72 verrières du Léon  donne des indications sur les vitraux existant au XVIIe : Dans la baie du chevet, trois lancettes à plein cintre et six soufflets accompagnés de cinq écoinçons portaient le blason Carman du Chastel. Ils étaient consacrées à la Fontaine de Vie (Le Christ sur la croix, dont le sang remplit une vasque où se baignent huit personnages) avec la Vierge et saint Jean en haut des lancettes latérales, et Saint Germain évêque présentant un donateur (ou « avec un personnage le suppliant selon le Bihan) et saint Antoine de l'autre coté assis, lisant et accompagné de son fidèle cochon à clochette. On lisait leur nom Seint Germai et Seint Anton.

 

la vitre du coté de l'épître avait deux lancettes à plein cintre et celle du pignon sud deux lancettes et deux soufflets.

Les Carman du Chastel étaient seigneurs des Granges, à Plouedern.

I. Baie 1 : l'Eucharistie.

Signature HSM Quintin 1976. Placé immédiatement au dessus de l'autel de Mourad Horch, ce vitrail est organisé en trois registres : la multiplication des pains en bas, la Cène au milieu, la rencontre d'Emmaüs en haut, trois références au partage du pain. Les ajours du tympan montrent que le pain et le vin sont le fruit de la terre et du travail des hommes.


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Baie centrale ou baie 0.

On voit le Christ au nimbe crucifère bénissant des pêcheurs qui font cuire leurs poissons , ou qui trient leur filet, ou apportent des mannes remplies de sardines ou de langoustines ; un peu plus haut, le village et son clocher à droite, le port et ses voiliers à gauche. Ce sont les images de la pêche et du poisson, le Christ ICHTUS symbolisé par un poisson dans l'Église primitive, les récits évangéliques de Luc 5:1-11 de la pêche miraculeuse au lac de Génésareth, lac de Tibériade de Jean 6:1 avec la métaphore des apôtres "pêcheurs d'hommes", etc. En même temps, bien que Plouedern ne soit pas une commune maritime et que sa richesse ait été bâtie sur l'agriculture toilière, cela évoque la Bretagne et son activité littorale.

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Baie 2. Scènes de la vie de Marie.

Marie tricotant tandis que le petit Jésus aide son papa. Ces vitraux (comme ceux de J.P. Le Bihan) ont un coté puéril évoquant des illustrations pour la jeunesse catholique des années 1950-1970 parfois agaçant.

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 Baie 6. Chapelle sud. Baptême du Christ Pentecôte et Assomption.

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Détail : signature :

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Baie 4 et 8, 3, etc. : jeux de lumière.

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La nef centrale et sa voûte .

      " Les grandes arcades en plein cintre de la nef pénètrent directement dans les piliers cylindriques ; les nefs latérales sont aussi lambrissées en berceau." (Couffon, 1981)

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      La voûte est peinte en bleu constellé —pléonasme— d'étoiles d'or et frappé de monogrammes. Le monogramme christique IHS avec une croix et un cœur est classique. On en Ltrouve le commentaire suivant :

Le monogramme IHS qui représente le nom de Jésus est parfois interprété de plusieurs manières, et notamment en latin comme Iesus Hominum Salvator. En réalité il s’agit d’une abréviation en trois parties du nom de Jésus, dans laquelle le I et le H sont les premières et le S la dernière lettre du nom écrit en grec IH-SOUS. Le H est la lettre grecque ETA et se prononce E, ce qui est important pour identifier les lettres du monogramme. Souvent un petit trait horizontal surmonte les trois lettres indiquant qu’il s’agit bien d’une abréviation. Plus tard la lettre centrale deviendra même une croix. http://www.jesuites.com/2011/09/ihs/

Le monogramme MÃR appartient bien-sûr à Marie. On peut aussi le lire comme Auspice Maria, "sous la protection de Marie".

Mais que signifie J~MP ? Dans la convexité du jambage médian (en V) de la lettre M se distingue, à peine, une trace qui, en vision rapprochée, correspond aux quatre chiffres 1978. J'ai la conviction qu'il s'agit là de la signature rusée du peintre. 

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On admirera les moulures ou nervures peintes très soigneusement en noir, ocre-rouge, blanc et gris pour obtenir cet élégance rare.

 

 

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Le lustre est remarquable : je le qualifierai de "tout à fait dans le goût de l'époque".

 

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      Les anges ont-ils abusé des fruits du jardin d'Eden, qui ne leur est pas fermé, pour obtenir des joues si mûres ? Ou bien — on le chuchote— le peintre a-t-il saisi en son émoi les couleurs des belles villageoises avec lesquelles il croquait le fruit défendu ? Certaines, levant les yeux vers le ciel, y liraient le reflet de leurs fautes, mais n'en pleureraient pas.

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Le portrait d' Anne-Marie Favé ?

  Il est évident qu'il s'agit ici, non plus d'un ange plus ou moins ému, mais d'un portrait. On me certifie qu'il faut y reconnaître Anne-Marie Favé, qui occupera le mandat de maire divers droite "de 1971 à 1995" selon Wikipédia (tines, Hervé Ropars n'est pas mentionné). Peu importe pour mon propos, mais nous voyons que nous avons affaire à un peintre facétieux dans la ligne droite des artisans médiévaux et Renaissance, pour qui les sablières, les gargouilles et autres lieux haut situés, ou au contraire les miséricordes des stalles capitulaires permettaient de laisser libre cours à leur fantaisie irrespectueuse. 

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Les bas-cotés de la nef. 

 

Les premières photographies du chantier montrent que les blochets (" terme de charpente, se dit d'une pièce de bois placée horizontalement et formant une jambe de force avec le pied d'un arbalétrier") se trouvaient dans la nef elle-même, surplombant le chœur. Or, ces pièces de bois sont sculptées pour représenter en demi-nature les divers intervenants du chantier de construction, qui tiennent sous les combles leur réunion de chantier. On y trouve le maire en face de l'architecte, le métreur près du recteur, le sculpteur de bois devant le sculpteur de pierre, le couvreur et le charpentier près des flammes menaçantes du chauffagiste, au total quinze marionnettes croquées par Vincenzo Fancelli et peintes par Paul Mériguet. Ce dernier nous toise de là-haut en tenue d'Adam.

N.B : les identifications sont proposées, mais des erreurs sont possibles.

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I. Les blochets du coté nord.

 

1. Josset, l'électricien.

Attribut la lanterne. Peut-être Mr JOSSET, directeur technique de l' entreprise d'électricité CADIOU.

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2. Hubert SAINTE MARIE, le maitre-verrier.

Attribut : le panneau de verre mis en plombs.

C'est bien Hubert de Sainte Marie (1923-1991) (Entreprise HSM de Quintin) qui a réalisé les vitraux, mais ce n'est pas forcément son portrait, car le maître-verrier avait de petites lunettes cerclées comme Tryphon Tournesol. Néanmoins le sculpteur a ôté les lunettes de tous ses modèles.

                     blochets 4895c

 

3. Paul MÉRIGUET, le peintre.

 attribut : le pinceau.

Identification : Paul Mériguet  "le peintre de toutes les têtes couronnées" : voir le site de l'Atelier Mériguet-Carrère  qui donne une haute idée des techniques qui ont été employées sans-doute à Plouedern. Cet atelier créé en 1960 est dirigé aujourd'hui par Antoine Courtois, qui a pris le relais de Paul Mériguet 

 Notice nécrologique de  Paul Mériguet en 2014 dans La Nouvelle République : "Après son CAP de peintre, passionné d'art et d'histoire ancienne, il réalise des décors de théâtre pour la troupe de son village. A 30 ans, il crée un atelier de décoration à Paris. Il avait de par son savoir-faire une réputation internationale. Spécialiste du trompe-l'œil, des dorures, des cuirs gaufrés, il a travaillé à la restauration de monuments historiques nationaux étrangers.

Il a participé en particulier aux travaux de décoration et de restauration du château de Versailles, des cathédrales d'Amiens et de Beauvais, de l'opéra Garnier, du palais de l'Élysée et l'hôtel Matignon. Son atelier compte encore aujourd'hui 120 compagnons amoureux du travail bien fait.
A Preuilly-sur-Claise (Indre-et-Loire) dont sa femme est originaire, il a été l'instigateur de la résurrection de l'antique foire au safran (qui aura lieu cette année le 15 février). Il est également un des précurseurs de la culture du chêne truffier en Touraine. 
Il était chevalier de la Légion d'honneur, chevalier national du mérite, chevalier des arts et lettres et chevalier du mérite agricole. Il est décédé samedi 18 janvier [2014] dans sa 83e année."


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4. Le métreur : Gérard JAMAIN.


Attribut : le bon vieux mètre pliant jaune en bois.

Gérard Jamain, alors Gérard JAMAIN, Métreur Monuments Historiques 6bis rue Louis Barthou Rennes et actuellement Ingénieur-Conseil et économiste du patrimoine : il a fondé en 1986 "HÉRITAGE", bureau d'études spécialisé dans la restauration de bâtiments anciens.

Voir sa Notice biographique professionnelle d'où je tire ce portraits.

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                              blochets-4916c.jpg

 

5. Non identifié.

Attribut : le calepin et le stylo. Inscription NISAT PAIX COMM/UN. Un représentant de la commission diocésaine d'Art Sacré CDAS ?? 

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6. Le recteur  Jacques MALLÉJAC.

plouedern 5939

 

7. Le menuisier .

Attribut : le rabot ; Peut-être Paul XX, contre-maître d'AMC.

 

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8. Le maçon : Christophe GAILLARD, de Bénodet.

 attribut, la truelle.

 

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II. Bas-coté sud.


068c

 

9. Vincenzo FANCELLI, le sculpteur-bois.

attribut la masse et le ciseau .

 "le sculpteur du château de Versailles" : Vincenzo Fancelli, d'Alfortville restaurateur officiel du château de Versailles, est intervenu aussi dans la restauration des 22 stalles de la cathédrale Saint-Pierre de Saint-Claude (Jura) qui avaient été détruites par un incendie en 1983 (près de 200 statues de Jehan de Vitry). 

Vincent Fancelli appartient à une lignée d'artisan ; Otello Fancelli ouvrit d'abord dans les années 1920 un atelier à Pise sur la célèbre Piazza Miracoli, puis s'installa à Paris après la seconde guerre mondiale avec son fils Vincenzo, en se spécialisant dans la restauration et la reproduction de modèles anciens. Ils intervinrent dans la restauration du Musée Carnavalet, de l'Hôtel de Sully, du Château de Chambord, et, sous la direction de Gérard Van der Kemp, dans celle de la Chambre à coucher de Marie-Antoinette à Versailles. Depuis 1985, l'Atelier Fancelli (Paris-New-York) est dirigé par Jean-Pierre Fancelli.

 

                            blochets 4929c

 

 

10. L' architecte Gérard CAILLIAU.

Ses attributs : le compas et le niveau.

 Gérard CAILLIAU, DPLG et ABF, architecte des Bâtiments de France était le maître d'œuvre  -Il est surtout connu pour la réalisation du Pont de Cornouaille à Bénodet en 1972. (Il serait apparenté avec la sœur aînée du général de Gaulle, Marie-Agnès, qui avait épousé en 1910 Alfred Cailliau).

                           blochets 4921c

 

 

 

11.  le couvreur Hervé DUHOT .

Attributs : le toit d'ardoise, et un outil en bois.

Hervé DUHOT, Société Duhot de Landerneau. Il était assisté par Jean-Louis Ropars.

                          blochets 4937c

 

12. L'entreprise de chauffage STEINER.

Attribut : les flammes.

L'artisan responsable du chauffage était Mr STEINER de Ploudalmézeau (S.A Steiner Equipement)

                blochets 4942c

 

 

 

13 : L'entreprise de peinture RAUB, Brest.

Attribut : les pinceaux ; Claude JAOUEN, peintre chez Raub.

                      blochets 4943c

 

 

14.   le charpentier d'AMC Rennes.

attribut : la scie.

Identification : DAVALIS de l'entreprise Entreprise de Menuiserie-Charpente A.M.C. Rennes, ou JULIOT, chef charpente. d'AMC de Rennes ?

 

                       blochets 4938c

 

15. le maire Hervé ROPARS.

attribut : le village : la Mairie de Plouédern était Maître d'ouvrage.

                        blochets 4922c

 

 

 

16. Le sculpteur sur pierre MOURAD HORCH .

Identification : Mr MOURAD-HORCH.  il a réalisé aussi l'autel de pierre de la chapelle nord.

Cet artiste est connu pour avoir sculpté deux lions pour le Palais de Justice de Nantes : ceux-ci ont été déplacés lorsque le Palais fut converti en un hôtel de luxe. Ouest France 19 oct. 2010. A Nantes encore, il réalisa en 1979 la fontaine de la Place Pirmil. L'Ecole des pyramides de la Roche-sur-Yon lui doit un Totem.

                            blochets 4933c

 

 

 

 

 

Sources et liens.

 —  René Couffon et Alfred Le Bars, Nouveau Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper et de Léon Quimper 1988, en ligne 

 

— (pour info : Barral I Altet, Javier  « Décor peint et iconographie des voûtes lambrissées de la fin du Moyen Âge en Bretagne »  Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres1987 Volume   131 No   3 pp. 524-567   Persée. )

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Published by jean-yves cordier
8 juin 2014 7 08 /06 /juin /2014 21:54

            Oreina caerulea Olivier 1790,

une chrysomèle bleue de la Centaurée.


Coleoptera ; Chrysomelidae

Synonyme : Chrysomela rugulosa Suffrian, 1851.

Lieu : Prairie humide, Scaer (29).

 "9-12 mm, 3 premiers articles des antennes tachés de roux, bourrelets latéraux du pronotum larges et saillants, élytres densément ponctués..., seule espèce de ce genre à se trouver en montagne et en plaine " (http://aramel.free.fr/INSECTES11-32.shtml)

Plante-hôte : Centaurée des bois

début juin et jusqu'à l'éclosion des fleurs mi-juillet

écologie et évolution de la chrysomèle du genre Oreina (Université de Neufchâtel) :

Les chrysomèles du genre Oreina se nourissent sur plusieurs espèces végétales des familles Asteraceae et Apiaceae. Généralement colorées de bleu ou de vert métallique, ce coléoptère adresse ainsi un message d'alerte indiquant à ses prédateurs sa capacité à se défendre chimiquement. Deux modes de défense sont connu à l'interieur de ce genre: certaines espèces synthétisent des cardénolides à partir de precurseurs stéroliques alors que d'autres sont capables de séquestrer des alcaloïdes pyrrolizidine (APs) contenus dans leurs plantes hôtes; certaines espèces sont à même d'utiliser les deux voies de défense. Se répartissant à travers toute l'Europe, des Pyrénées aux Balkans, il semble qu'elles atteignent un niveau maximal de diversité dans les Alpes et les Apennins.

 Le groupe "Oreina" de Neuchâtel travaille sur les interactions entre différentes espèces du genre, entre elles et avec leurs plantes hôtes, leurs prédateurs et des champignons phytopathogénes. 

 

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                      oreina-caerulea 0012c


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8 juin 2014 7 08 /06 /juin /2014 21:38

L'Étoilée, la chenille de l'Orgyia antiqua L..

 

Lieu : prairie humide à Saules, Guiscriff (56).

Date : 8 juin 2014

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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