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24 avril 2013 3 24 /04 /avril /2013 21:46

    L'Orchis mâle Orchis mascula (L.), L. 1755

 

Lieu : Rostellec (Le Fret) ; falaises de Postolonnec.

 

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Origine du nom :

I —Nom scientifique:

Linné, Flora suecica ed.2 1755 p. 310 n° 795 : Orchis (mascula).

Du latin mascŭlus, a, um : - 1 - mâle, masculin, de sexe masculin. - 2 - digne d'un homme, viril. 

Synonyme ou Basionyme :Orchis morio var. mascula L., 1753 : Linné ayant décrit O.mascula comme une variante de O. morio  en 1753 dans Species Plantarum avant de le décrire comme espèce propre en 1755, la nomenclature place deux fois le nom de Linné, la première fois entre parenthèses : Orchis mascula (L.) L. , ou (Linnaeus) Linnaeus. Ce transfert à deux ans d'intervalle montre la proximité des deux espèces chez les botanistes contemporains.

 

 La discussion sur l'origine de ce nom a dèjà été développée à propos de l'Orchis morio : L'Orchis Bouffon Orchis morio à Crozon. En effet depuis les descriptions de R. Dodoens, on associait deux formes proches sous les noms de Testiculus morio mascula et Testiculus morio foemina, qui deviennent ensuite Orchis morio mascula et foemina, avant de se simplifier avec Linné en Orchis mascula, et Orchis morio. Avec Linné, l'Orchis mâle perd son épithète de morio, "fol (de cour), bouffon" qui faisait allusion à la forme en bonnet de fou de sa fleur.

 


 

Nom vernaculaire :

 Orchis mâle : simple traduction du nom scientifique Orchis mascula.

On la nomme aussi Satyrion,  Satyrion mâle,  et Pain de couleuvre (nom qui désigne aussi l'Hellébore fétide, ou l'Actée rouge), Herbe à la vipère, Herbe à la couleuvre, Mâle fou, Testicule de prêtre [et ses variantes régionales coulho de piétré, (Haute Vienne) coulhou dë pétr (Creuse), mais dont je n'ai pu vérifier qu'elles s'appliquent à cette espèce ], Queue de renard. On trouve aussi "pentecôte".

Dans d'autres langues :

  • Early Purple Orchid, (Anglais) : l'orchidée pourpre précoce ; Male fool-stone.
  • De mannetjesorchis (Nederland)
  • Das Männliche Knabenkraut , ou Stattliches KnabenkrautManns-Knabenkraut et Kuckucks-Knabenkraut , Allemagne (l'orchidée mâle, l'orchidée élégante, l'orchidée coucou)
  • Sankt Pers nycklar,  N. St. Persnökler, (Suéde)
  • o orchidea maschile (Corse)
  • orchide maschia (Italie)
  • en Bretagne elle est surnommée "bokedou koukouk"  fleur-coucou .
  • En Bretagne  (Flore de Douarnenez) on signale le nom Galligot.

  L'onomastique de cette plante est donc déterminée par trois de ses caractères : sa couleur d'une part ("purple"), son apparition précoce en avril d'autre part ("early", "pentecôte", "coucou, kuckucks", "koukouk"), et enfin la forme de ses bulbes ou tubercules souterrains qui a suscité les noms orchis ("testicule"), mascula, "mâle", "satyrion", et autres dérivés.

  L'Orchis mâle est, parmi les orchidées, celle qui est la plus liée à cette évocation testiculaire. C'est Théophraste (372-287), élève de Aristote et père de la botanique  qui a utilisé le premier le nom grec όρχις grec «orchis» dans son  livre "De historia  plantarum" (L'histoire naturelle des plantes), en s'inspirant de la forme des tubercules.

 

  Une étude d'ethnobotanique dans le département de la Manche par Alain Rongier en 2005 a permit de montrer la fréquence respective des dénominations vernaculaires ("pentecôte", "vipère", "jacinthe", mais aussi "coucou", "mouron", "pied-de-loup", "clochette", "orchidée tachetée"), qui témoigne tout autant des confusions et méconnaissances du public interrogé sur un marché et à qui on présente un plant fleuri d'O. mascula, que de la dénomination vernaculaire.

  Le nom "herbe à la vipère" est aussi utilisé pour désigner la vipèrine, Echium vulgare, "car on attribuait jadis aux racines la propriété de paralyser le venin de la vipère" (A. Cariot 1865). Le même nom désigne aussi Dactylorhyza maculata et D. incarnata

 


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ANNEXE : TEXTES ANCIENS.

 1. Carl von Linné.

 Flora suecica 1755 p. 310 n° 795 : Orchis (mascula).

 

 

orchis-mascula-linne.png

a) Les auteurs cités sont :

  • Bauhin, Pinax Theatri botanici page 81,
  • Olof Rudbeck (celui du Rudbeckia) :Reliqui] Rudbeckian], Sive, Camporum Elysiorum Libri Primi, Olim AB Olao Rudbeckio Patre Et Filio, Upsali] Anno 1702 Editi, Qu Supersunt, Adjectis Nominibus Linn]anis. . Cura Jacobi Edvardi Smith.
  •  Sébastien Vaillant et de son Botanicon parisiense de 1727. Je vais donc m'interesser en second lieu à cet auteur français.
  • Joachim Camerarius le Jeune (1534-1598), De Plantis epitome Matthioli Senensis 1586. La page 624 décrit Testiculi species IV de Matthioli, qui est reconnu comme le lectotype de.

b) Linné précise les différences avec Orchis morio, sa plante jumelle : Je tente de traduire (sous réserve) par : "tige deux fois plus haute ; fleurs plus nombreuses ; les deux pétales dorsaux sont relevés, au lieu de se réunir ensemble en casque (galeam) ; lobes intermédiaires (latéraux?) du labelle plus petit". Le reste de la description initiale (bulbis indivis, nectarii labio quadrilobho crenulato ; cornu obtuso) est commune aux deux espèces. 

 On peut voir ces différences sur le site Florealpe.com.

  Je me fais cette réflexion : dans la description princeps de Rembert Dodoens, le bonnet de fou qui justifie le nom de testiculus morio, puis orchis morio, fol mâle et folle femelle est composé d'une corne (l'éperon), d'un casque (les sépales convergents) et de deux oreilles burlesques (les sépales relevés). Or l'une des deux espèces, O. morio (ou Anacapmtis morio) est caractérisée par son casque, et l'autre, O. mascula, par ses deux oreilles : finalement, aucune n'a le bonnet de bouffon complet. Ou bien, je n'ai rien compris.

 

  2. Sébastien Vaillant (1669-1722), exerça d'abord le métier de chirurgien, mais, passionné de botanique, devint élève de Tournefort, secrétaire de Guy Fagon  et fut ensuite en charge du Jardin du roi. Il  réunit alors un immense herbier de la région parisienne qui fait l'objet duBotanicon . Il fut le premier en France à démontrer le caractère sexué des plantes, et Linné rendit hommage par la suite à ses dons d'observations et son habileté à établir des genres. En 1726, il  identifie les hybrides naturels Orchis purpurea x Orchis militaris et Orchis purpurea x Orchis simia, alors même que l'idée de l'hybridation naturelle n'était pas reconnue..

Premier observateur de la pollinisation et par là précurseur de la classification naturelle des végétaux, Sébastien Vaillant a laissé un manuscrit publié en 1727, le Botanicon parisiense édité par Herman Boerhaave sur les notes de l'auteur. 

Il est l'auteur du Botanicon Parisiense ou Dénombrement par ordre alphabétique des plantes, qui se trouvent aux environs de Paris compris dans la Carte de la prévôté & de l'élection de la dite ville par le sieur Danet Gendre année 1722. Avec une description des plantes, leurs synonymes, le tems de fleurir et de grainer et une critique des auteurs de botanique. A Leide & à Amsterdam, chez Jean & Herman Verbeek et Balthazar Lakeman, 1727.  On y trouve des planches dessinées par Claude Aubriet « peintre du Cabinet du roy » et gravées par Jan Wandelaar.

 Il donne la présentation suivante : 

Orchis morio mas, foliis maculatisC.B.Pin 81 & orchis morio foliit sessilibus maculatis 2 C.B Pin 82 [...] Satyrion apuleii Bry. Couillon de chien mâle à feuilles étroites Fuschse chap. CCX

 

2. Dictionnaire universel de médecine, de chirurgie, de chymie - Volume 5 - Page 179 -Robert J. James, Julien Busson, Michel-Estienne David ((Paris)) - 1748 :

   "Cet Orchis est le Satyrion commun des herboristes ; il a deux racines ovales, à peu près de la grosseur d'une petite olive, d'une couleur blanchâtre, pleine d'un suc bourbeux ; au lieu que toutes les autres plantes ont différentes fibres qui croisent autour d'elles. De ces racines au contraire part une seule tige pleine de suc, environnée de trois feuilles luisantes, unies, semblables à celles du lys, et marquetées de noir. Ses fleurs croissent au sommet des tiges en un épi long ou en tyrse ; elles sont d'une couleur purpurine. Chaque fleur a une forme irrégulière, est composée de six feuilles & presque en forme de casque avec un bout d'oreille dressé de chaque coté et des lèvres larges marquetées de taches obscures. Ses semences sont fort petites et sont contenues dans une longue capsule triangulaire ; cette plante croît dans les près humides et fleurit en avril. Ses racines sont les seules parties qu'on emploie.

  " On dit qu'elles sont aphrodisiaques ou qu'elles provoquent à l'acte vénérien, qu'elles fortifient les parties génitales, qu'elles favorisent la conception, et que c'est par cette raison qu'on les fait rentrer dans l'électuaire qui porte le nom de cette plante. Appliquées extèrieurement en forme de cataplasme elles dissolvent les tumeurs dures et les enflures.

  "L'électuaire dont nous venons de parler est la seule préparation qu'on en tire. [...] Sa vertu principale consiste selon Schroder à fortifier les parties destinées à la génération, effet qu'elle produit tant sur les hommes que sur les femmes. Ce qui a fait dire qu'elle favorisait la conception."

 

3. Planche du XIXe siècle : peinte par Turpin et gravée par Lambert dans Flore médicale, Volume 5 p. 45 par François-Pierre Chaumeton, Jean-Baptiste-Joseph-Anne-César Tyrbas de Chamberet,Ernest Panckoucke,Jean Louis Marie Poiret,Pierre Jean François Turpin  - 1818 , Google books :

 

                               orchis mâle

   4.    Autre Planche  : adresse :http://runeberg.org/nordflor/401.html

 

 

 

Liens :

 http://www.lekermeur.net/~jmlucas/pages/orchis_mascula.htm

Pollinisation et anatomie des organes reproducteurs : je recommande les beaux schémas du Dictionnaire de F. Ramade p.420.

 

    Linnaean sources and concepts of orchids Charlie Jarvis and  Phillip Cribb, Ann Bot (2009) 104 (3): 365-376. 

   http://www.tela-botanica.org/page:Etymologie_orchis_morio_orchis_bouffon

Penacion Dioscoride Anazarbeen :

PLINE l'ANCIEN, livre XXVI 

Le salep à Istanbul

Historio-biologie des orchidées  


 

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Published by jean-yves cordier
23 avril 2013 2 23 /04 /avril /2013 23:04

L'Orchis Bouffon Orchis morio (Anacamptis morio) (Linné) R.M.Bateman, Pridgeon & M.W.Chase, 1997


Falaise de Postolonnec, Crozon, 23 avril 2013.

 

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Origine du nom : 


I. Nom scientifique


  Orchis morio (L.)  Anacamptis morio  R.M.Bateman, Pridgeon & M.W.Chase, 1997

 Richard M. Bateman ( 1955 ) est un botaniste britannique .

Alec M. Pridgeon ( 1950 ) est un botaniste anglais , internationalement reconnu  dans le domaine de l'orchidologie, membre de la Société linnéenne de Londres , fondateur de la revue lindleyana .  

 Mark Wayne Chase ( 1951 ) est un botaniste britannique , connu pour ses études sur la classification et l'évolution des plantes .

Travaux :Pridgeon, AM, PJ Cribb, MW Chase, FN Rasmussen. 1999 . Générer Orchidacearum: Volume 1: Introduction générale, Apostasioideae, Cypripedioideae . Ed Oxford University Press.

Publication : Linné : Species Plantarum 940. 1753. (1 May 1753) : orchis morio

  

 

1. De l'Orchidée morio en tant que couillon.

        On ne me pardonnera peut-être pas ce sous-titre vulgaire, mais nos ancêtres étaient moins snobs que  Swann et Odette qui, dans La Recherche du temps Perdu, utilisent le nom d'une orchidée et disent "faire catleya" plutôt que "faire l'amour". De même, nous parlons pudiquement  d'"orchidées" là où nos aïeux parlaient de Couillons, qu'Orchis ne fait que traduire. S'il me faut faire comprendre l'origine du nom "orchis", je ne peux faire l'économie de ce paragraphe. Sans reprendre l'historique des descriptions et des dénominations de la plante, on peut voir par quelques exemples comment, dans un dédale complexe, les auteurs ont repris les differents termes d'orchis, de couillon, couillon de chien, testiculus, satyrion, fol, morio, morion, mâle, femelle, dans leurs tentatives d'interprétation des textes antiques de Dioscoride, Théophraste et Pline l'Ancien. 

 

 

   Les tubercules des orchis en général, mais en particulier d'O. mascula et O. morio, sous le nom de "salep" (bulbes desséchés) étaient considérés comme des nourritures fortifiantes, stimulantes et/ou aphrodisiaques, ce qui a fait écrire à Linné que les taureaux de Dalécarlie, au centre de la Suéde, étaient mieux disposés que les autres à l'acte générateur parce qu'ils paissaient volontiers les feuilles d'orchis dont leurs pâturages sont riches. Nous avons là un parfait exemple de ce que Michel Foucault a désigné sous le nom de pensée analogique basée sur des rapports de correspondance. Puisque les tubercules des orchidées ressemblaient à des testicules, ils devaient conférer la puissance sexuelle. La recherche de ces harmonies analogiques a été poursuivie depuis les présocratiques et les platoniciens jusqu'à la fin du Moyen Âge, et, en médecine, elle s'est appliquée aux plantes médicinales selon la théorie des signatures, forme du principe Similia similibus curantur, "les semblables soignent les semblables. Le Salep (le mot saleb signifie en arabe "couille de renard") est toujours vendu par les marchands ambulants des rues d'Istanboul en hiver aux cris de Saaaalep, Saaaleeeep : c'est une boisson crémeuse saupoudrée de cannelle préparée avec la farine de tubercules d'Anatolie, du lait et de l'amidon, et ce secret échappé des harems ottomans a le succès que l'on devine.

  Par une distorsion (ou ce qui en semble une à nos esprits "modernes") de ces principes, la forme de ces bulbes testiculoïdes s'est vue qualifiée de mâles (mascula) pour les bulbes les mieux formés, et de femelles (foemina) pour les plus chétifs ou flétris. 

  Ainsi, Bauhin (Pinax, p.82) décrit-il en 1596 deux Orchis morio : Orchis morio mas foliis maculatis (l'orchidée morio mâle aux feuilles maculées) qui correspond à notre Orchis mascula, et Orchis morio foemina , notre Orchis morio, que Fuchs avait nommé Cynosorchis foemina minor, Dodoens Testiculus morionis foemina, et Lobel Cynosorchis morio foemina.

  Cette distinction se comprend mieux si on utilise un concept complémentaire proche des conceptions d'Hahnemann : bien que l'Orchis semble conférer la virilité par similitude, la même plante peut avoir un effet inverse si elle est, non pas diluée, mais choisie dans ses caractères les plus "bas", les moins "typiques" : c'est la lecture de Pierandrea Mattioli (1544) qui m'a donné accès à ce concept :

a) Commentaires sur les six livres de Pedarus Dioscoride, P. Mattioli 1544.

" Le Couillon de chien, que les Grecs appellent Cynos-orchis, [...] produit des racines bulbeuses, longuettes, étroites comme une olive, et double dont celle qui est la plus haute est pleine et charneuse ; et la plus basse est est plus molle et plus ridée. Ses racines sont bonnes à manger, cuites, comme on fait les bulbes. On dit que si les hommes mangent la plus grosse racine, elle fait engendrer les mâles, et que l'autre mangée des femmes fait engendrer des femelles. On dit aussi qu'en Thessalie les femmes broient la racine la plus charnue, en lait de chèvre, pour s'inciter au jeu d'amour, et usent de l'autre racine, qui est ridée, en la même sorte, pour se refroidir. Et qu'une racine empêche la vertu de l'autre, la prenant en breuvage" ( Mattioli, Sur Dioscoride Livre III chap. CXXIIII). 

 Tout bien considéré, ce n'est qu'une application du principe de similitude : si la glande est ridée et molle, elle est comme impuissante à conférer la virilité, que ce soit dans la conception ou dans l'exercice de la sexualité.

  Le propre de cette plante est donc d'être bipolaire, ses deux tubercules ayant deux effets opposés, ce que nous retrouvons en onomastique dans les formes attestées en bas-saxon : Adam-en-eva, "Adam et Éve". Et celui qui, croyant qu'en mangeant ces racines, il deviendra un guai boute-en-train, il sera déçu "car ceux qui les mangent toutes deux ne sentent aucun échauffement". A contrario, la plante suivante, le Satyrium, a une racine de la grosseur d'une pomme, elle est rouge en dehors et blanche en dedans : elle est univalente, et "quand on voudra jouster avec les dames, il est bon d'user de cette racine, car elle rend l'homme gentil compagnon". Avec un degré de plus, une autre variété de Satyrium, S. erythronium, sine rubrum, est rouge en excès, et "sa graine excite à luxure" ; quant à sa racine, il suffit de la tenir à la main pour qu'elle vous mette en chaleur ; et "échauffe encore plus la personne après les femmes, la buvant avec du vin".

  On comprend combien les effets des plantes, quoiqu'étant toutes des Orchis, des testiculii, peuvent différer, et combien Pattioli peut s'emporter à juste titre contre :

  "les médecins et apothicaires de [son] temps [qui] abusent grandement en cet endroit de leur art, et principalement en ce que au lieu du satyrium, ils mettent ordinairement le couillon de chien en leurs compositions. Car combien que ces plantes soient quasi d'un même naturel, néanmoins selon Dioscoride, elles sont bien différentes en forme et en figure. Car en premier lieu les racines des couillons de chien viennent à doubles, comme les couillons, et sont longuettes, et pendent d'un coté et l'autre ; toutefois la plus haute est la mieux nourrie ; car celle d'en-bas est plus flasque, et vide à demi.  Mais la racine de satyrion est bulbeuse et poulpue, étant ronde comme une pomme". 

  Il est évident que ces deux plantes ne procurent pas les mêmes effets (dont le lecteur découvre quelques lignes plus loin les prodiges) et qu'il faut choisir son apothicaire avec soin plutôt qu'un charlatan plus prompt à vider votre bourse qu'à tenir ses promesses.

  Au terme de la lecture de ce premier auteur, nous avons 5 descriptions :

  • Cynosorchis ou Couillon de chien (à deux bulbes, l'un plutôt mâle, l'autre plutôt femelle) excitant ou freinant la virilité, ou la conception des garçons.
  • Serapias, "moins propre au jeu d'amour",
  • Satyrium ou Satyrion ou Trifolium , franchement aphrodisiaque.
  • Satyrium erythronum, aphrodisiaque jusqu'à la luxure,
  • Palma Christi, propre à soigner la dysenterie et autres caquessangues.

b) Les questions de genre se compliquent avec Fuchse, et avec Dodoens en 1557 qui décrit parmi les Couillons, ou Orchis, des espèces mâles et des espèces femelles: Il discerne

  • le Couillon de chien (cinq espèces) : Cynosorchis
  •  le Couillon de Bouc ou couillon de lièvre: Tragorchis
  • le Triple couillon de chien (deux espèces mâle et femelle) : Triorchis ou Serapias
  •  le Couillon de renard et le Couillon odorant : testiculus vulpis et T. odoratus

 

 Rien, dans la description, ne m'a permis de comprendre sur quel critère les espèces sont baptisées mâle et femelle, ni la taille ou l'épaisseur de la tige, ni la taille des bulbes, ceux des mâles étant comparés à des noix de muscade ou de petites olives. Beaucoup présentent cette dyssymétrie des bulbes précedemment décrite pour Cynosorchis. Notons donc qu'ici, les mots mascula et foemina  n'ont pas de signification sexuelle  mais indiquent simplement une différence d'aspect, un dimorphisme.

 Quoiqu'il en soit, Dodoens, dans son chapitre "les vertus et les opérations", reprend ce qui a été dit par Mattioli : le bulbe de bouc est fortifiant et puissamment stimulant, mais pour les autresl leurs propriétés différent non par l'espèce mâle ou femelle, mais par l'usage du bulbe le plus plein par opposition au bulbe flétri.

  Dans une autre publication en 1568  Florum, coronariarum odoratarumque nonnullarum herbarum historia,  Dodoens considère cinq espèces de Couillon de chien, mais aussi deux espèces nommées Testiculus morionis :

1. testiculus morionis mas (comme mascula)

 

Source : http://www.biusante.parisdescartes.fr/histmed/medica/page?pharma_res019124&p=207

 

2. Testiculus morionis foemina :

Voir le texte correspondant, page 205

 

 

 

 

 

c) Les auteurs : Lobel Plantarum stirpium icones en 1570 ; John Gerard*  Herball or Generall Historie of Plantes 1597Bauhin (Pinax Theatri Botanici) en 1596 ; Schwenckfelt, (Stirp. foss. Siles. catal) en 1600 ; Sidney Parkinson en 1629 (Parad. sole parad. terr.) ; John Ray 1670, Catal. pl. angliae, p. 225 ;  Sébastien Vaillant en 1727, font ainsi ajouter leurs descriptions et leurs classifications. On voit alors apparaître un consensus pour décrire deux principales espèces, qui se distinguent par leur qualificatif de Mâle (mascula ) et femelle (foemina) et qui reprennent les deux Testiculus morionis de Dodoens:

  • Orchis morio mas folii maculatis, qui deviendra avec Linné notre Orchis mâle O. mascula
  • Orchis morio foemina, qui deviendra notre Anacamptis (Orchis) morio.

*John Gerard ou Gerarde, 1545 -1611 ou 1612  botaniste anglais, célèbre pour son herbier, The Herball or Generall Historie of Plantes 1597. Il s'agit en réalité d'une adaptation de l'œuvre de Dodoens.  

 Finalement, Orchis morio a été créé par Linné dans son Species Plantarum en 1753. Il donne comme sources "Orchis morio femina. Bauh. pin. 82. vaill. paris. t. 31. f. 13. 14. Segu. ver. t. 15. f. 7" : Je les reprendrais l'une après l'autre :

a) Gaspard Bauhin, 1596 Pinax theatri botanici sen Index in Theoplirasti, Dioscoridis, Plinii, et botanicorum qui a seculo scripserunt opera p.82.

b) Sébastien Vaillant en 1727 : Botanicon parisiense

c) Jean-François Séguier, Plantae Veronenses p. 125.

 

  Au total, les auteurs ont repris sous des noms parfois différents les deux espèces décrites en 1568 par Dodoens sous les noms couplés de Testiculus morio mascula et Testiculus morio foemina, transformés en Orchis morio mas et Orchis morio foemina avant de perdre chacun une part de leur nom et de devenir depuis Linné Orchis mascula et Orchis morio.

      Cette recherche génétique parmi les auteurs me permet désormais l'étude onomastique de l'épithète morio.

2. De l'épithète morio.

 

a) Pour certains (FloreAlpes.com) cet orchis tient son nom latin de l’Espagnol catalan Morion qui désignait le casque des fantassins de la Renaissance, ses sépales formant un casque bien régulier.

   Cette étymologie a le mérite de souligner une des caractéristiques morphologiques de la plante, la façon dont les sépales et pétales latéraux sont réunis en un casque sub-globuleux.

b) Pour d'autres, le nom morio vient du grec moros, "fou", qui rejoint notre qualificatif français de "bouffon". Mais comment justifier ce qualificatif ? 

 c)  D'autres encore (Nicolas Lémery, dictionaire ou traité des drogues simples, 1711, p. 394) font venir morio du grec signifiant "partie génitale": c'est alors, si je peux me permettre l'expression, le chat qui se mord la queue, et nous revenons au sens du mot orchis . Cette hypothèse est reprise dans une discussion du forum telebotanica (cf sources) :

  "Il semble qu'il y ait eu ici une confusion entre "morion" et "moorion" (oo pour oméga). Il s'agit vraisemblablement du grec morion, "partie(s)", spécialement parties génitales, aussi bien mâles que femelles, ce que semble tout à fait confirmer l'existence des dénominations Orchis morio femina et Orchis morio mas. La répétition du nom de genre (ou de sa signification) dans l'épithète spécifique sous une autre forme n'est pas rare en botanique. Voyez Lobel (1581, Kruydtb., p 214 ; 1581, Pl. s. st. ic., p. 176), C. Bauhin (1623, Pinax, p. 82), Vaillant (1727, Bot? par., p. 151), Linné (1753, Sp. pl., II,

En grec, morion a le sens général de "partie" (mais aussi d'article, d'élément, de particule, etc.), de membre du corps, et plus spécialement de parties sexuelles, l'application à la femme étant attestée dans Lucien (Dialogue des morts)."

 

  Je vais désormais m'attacher à démontrer que l'origine de l'épithète morio est, plutôt que le casque militaire nommé morion, le bonnet de fou.

 1. Mon premier argument passe par la consultation du texte du premier auteur à utiliser ce qualificatif, Dodoens, dans son Florum de 1668 :

  Dans sa description, je relève pour Testiculus morionis mascula : "Morionis duplex est (...) anterior vero cucullum auriculatum et cristatum Morionis referunt. Nant cuculli quidam et patentis galea modo flosculus hiat, et angusta foliola quae a lateribus surgunt auriculas ; quod cero e medio attolitur, cristam refert : radices gemini sunt, nucleo nucs myristicae similes, supra quos fibrae exeunt."

Et pour Testiculus morio foemina : Description: "flores hiantes quoque et veluti patentes cuculli, a tergo dependente singulis corniculo, sed foliolis quae cristae aut auricularum modo adnascuntur nus erectis, sed ipsi floris cucullo ita incumbentibus, ut non facile observentur : gemini et his  testiculis similes globuli ; exeunt et supra anexum aliquot fibrae."

  • Lexique : cucullus "voile, capuchon couvrant la tête (Columelle, TLL) capuche, froc, pélerine, " ; a donné "cagoule". A ne pas confondre avec cuculus, "coucou" ou, chez Plaute "imbécile".
  • Morionis : génitif singulier de morio, onis  mŏrĭo, ōnis, m. cf. gr. μῶρος. 1 - un fou, un bouffon -( Plin.  Ep. 9, 17, 1 ; Mart. 8, 13, 1 ) 2 - un imbécile : Aug. (Ep. 166, 17.) ; 3 - un monstre, une personne contrefaite.- Mart. 6, 39, 17.
  • referunt : refero : "remporter, gagner ; porter en arrière".
  • adnascuntur : agnascor : "pousser à coté, pousser sur, en excroissance"
  • hians, hiantis: part.prés. de hio : "béant" ; ou, à propos d'une fleur : "éclose".
  • veluti : "par exemple ; comme si"
  • patentes : "étant découvert, ouvert, exposé"
  • a tergo : à l'arrière
  • corniculo : "petite corne", avec ce commentaire :"CORNICULUM: de cornu, toute petite corne ; mais, dans un sens plus particulier, ornement conféré par le chef aux soldats qui le méritaient, comme marque de distinction (Liv. X, 44) ; il avait, à ce qu'on suppose, la forme d'une corne, et il était porté sur le casque pour supporter l'aigrette"
  • cristae : pluriel de crista "aigrette, crête, huppe, touffe"

 

2. Mon second argument sera la description en français de l'Histoire générale des plantes de Dalechamps et  Desmoulins Livre XV p. 424.

La plante y sont décrites comme "Couillon de fol" : le terme de Dodoens testiculus morionis a donc été traduit littéralement ainsi, ce qui confirme que "morionis" doit être compris comme " fol, de fou, de bouffon" et non autrement.

 La description va être précisément la traduction de celle de Dodoens :

   Pour le mâle : "Ses fleurs sont entassées en un épi, purpurines et blanchâtres vers le nombril, odorantes et de bonne grâce, qui ont comme une petite corne pendante par derrière, quasi semblable à la corne de la fleur Royale ; mais par devant elles retirent au capuchon crêté d'un badin, avec les oreilles. Car la fleur est ouverte à mode d'un capuchon ou d'un morion ouvert, et a des feuilles étroites par le coté qui représentent les oreilles, et ce qui est relevé par le milieu ressemble à la crête. Pour les racines, il a deux petites boules, semblables à une noix muscade, au dessus desquelles il sort des chevelures."

orchis-mascula 4044ccc     050c

Le casque ou bonnet de fou : O. mascula à gauche, O. morio à droite.

   "Quand à la femelle [O morio], elle a semblablement des feuilles lisses, mais elles sont plus étroites, avec quelque peu de veines ou de cannelures aucunement semblables à celles du plantain aux feuilles étroites. Ses fleurs sont aussi ouvertes à mode de capuchon, ayant chacune une corne pendante par derrière ; mais les petites feuilles qui sortent de la crête à mode d'oreille ne sont pas droites, mais si couchées contre le capuchon de la fleur qu'il est malaisé de les apercevoir. Elle a aussi deux pelotes à mode de couillons, avec quelques chevelures au dessus."

 Le "capuchon crêté d'un badin" doit se comprendre comme "bonnet de fou", si on prend en compte la signification du mot badin (CNRTL) :  " "Qui manifeste un naturel gai et enjoué, parfois un peu folâtre ou moqueur". Étymologie et hist : A.- Subst. 1. 1452 « fou, sot »  B.− Adj. 1. 1543 « sot, niais »  Le changement de sens au xviies. s'explique par le fait que badin a été employé pour désigner le bouffon dans les comédies au xves. (Lew., p. 153) et au xvies. (Rab., III, 37 ds Hug.), personnage qui fait le sot, par conséquent qui provoque un rire facile."

 La phrase "par devant elles retirent au capuchon crêté d'un badin, avec les oreilles" et la traduction de anterior vero cucullum auriculatum et cristatum Morionis referunt. 

 Ce bonnet de fou est composé d'un bonnet en casque, d'une ou deux cornes en arrière, et de deux oreilles : de quoi obtenir un franc succès.

 

 

 En somme, l'épithète morionis se traduit par "badin, "bouffon", et qualifie la fleur des deux orchis comparée à un bonnet de fou, au capuchon d'un bouffon avec sa forme en casque, sa crête, ses oreilles, et avec son éperon comparé à une corne. Notre nom vernaculaire "Orchis bouffon" est la traduction juste d'Orchis morio

  Les bouffons, fous du roi ou fous de cour  portaient un costume  formé d'une jaquette généralement bariolée de jaune et de vert, découpée à angles aigus, avec une culotte de même genre; à la ceinture, le plus souvent une épée de bois doré, ou parfois une vessie suspendue à l'extrémité d'une baguette et renfermant une poignée de pois secs; sur la tête, une sorte de bonnet, ou plutôt de grand capuchon pointu, avec deux grandes oreillettes en forme d'oreilles d'âne, terminées par des grelots.

 

                                 http://calligraphieetenluminure.blogspot.fr/

 

II. Nom vernaculaire :

Orchis bouffon.

Autres noms vernaculaires: 

Orchis casque
Satirion
Soupe à vin
Morion
Folle femelle
Damette 

 Couillon de Chien, Couillon de Renard, Petite Dame des Prés, Monrion,   

 Etymologie des noms d'Orchis morio et orchis bouffon, telebotanica.

Dans d'autres langues : 

 

— Green-winged Orchid or Green-veined Orchid (orchidée veinée de vert), en anglais.

— Kleine Knabenkraut (petite orchidée), Salep-Knabenkraut (orchidée-salep) ,  Narrenkappe (bonnet du bouffon (narren))  en allemand

— Orchide minore (petite orchidée) en italien, ZonzelleGiglio caprino (Lily chêvre ?), Giglio vino (couleur de vin) , ou Pan di cuculo (pain de coucou ?), Cimiciattolo, ou Salep /Thaleb, testicolo di cane (testicule de chien) en 1544 (Matt.)

  — Testículo de perro, Coyen de perro (couillon de chien) en español:

—De harlekijn en néerlandais (arlequin)

— Göknycklar en suédois. (orchidée coucou)

 — Adam-en-eva (Adam et Éve) en bas-saxon et bas-allemand

 Mais aussi : Azərbaycanca: Mürgü səhləbi · Беларуская: Ятрышнік дрэмлік · Česky: Vstavač kukačka · · Eesti: Arukäpp ; Hornjoserbsce: Mała pihawka · Latviešu: Zalkšu dzegužpuķe · Lietuvių: Mažoji gegužraibė · Magyar: Agárkosbor · Norsk bokmål: Narrmarihand · Polski: Storczyk samiczy · Română: Untul vacii · Slovenčina: Vstavač obyčajný · Suomi: Ruusukekalkkikämmekkä· 

  Cette revue onomastique permet de déterminer des séries sémantiques liées aux particularités de cette orchidée:

1. Description :

  • "veinée de vert".
  • "petite", "orchide minore", "Kleine Knabenhaut"
  • "bonnet de fou" , Monrion, "Orchis casque", "morion"
  • couleur violette comme le vin: "Soupe à vin", "Giglio vino"

2. Précocité d'apparition, caractère printannier : 

  • "coucou" ; Pan di cuculo ; Göknicklar

3. Thème burlesque (ou description de la fleur en bonnet de fou):

  • fol ; folle femelle ; bouffon
  • arlequin

4. Thème analogique / testicule:

  • Couillon de chien", "couillon de renard", "Testiculo de perro",
  • Satyrion.
  • Salep (remède aphrodisiaque).
  • Adam-en-eva (cf supra)

5. Caractère "féminin" :

  • Folle femelle, Damette, Petite Dame des prés

                        043x

 

  Annexe

  Il eût fallu peut-être,, pour mieux suivre mon propos, débuter par la lecture de l' Histoire generale des plantes contenant XVIII livres egalement de partis en deux..1615,  Chapitre XII, Du couillon de chien de  Jacques Dalechamps (1513-1588) et Jean Desmoulins ( 1580-1620) page 428 , qui est pleine d'intérêt :

 "Il faut mettre parmi les bulbes, Hyacinthes et Oignons, et autres semblables, les Couillons et Satyrions. Entre lesquels celui qui est appellé en grec orchis, est aussi appellé en latin orchis, et cynosorchis, et par les Apothicaires Testiculus Canis, en Arabe Chasi Alkes, en Italien testicolo di cane, en Espagnol Coyon de Perro ; en Allemagne Knabenkraut, en Français Couillon de chien et Satyrion suivant les Apothicaires qui appellent Satyrions les Couillons et se servent de leurs bulbes au lieu de vrai Satyrions de quoy Apulée semble avoir été cause, d'autant qu'il ne met point de différence entre les Couillons et les Satyrions, mais confond l'un et l'autre avec le Couillon appellé de chien et l'autre appellé Sérapias. Les Grecs, dit-il, appellent Satyrions, ou Cynosorchis, ou Eutaticos, Panion, Serapion, et les autres Orchis ce que les Gaulois appellent vram, les Italiens Priapiscus, ou Orminalis, ou Couillons de Lièvre.

  "Cette herbe a été dite Orchis, pour ce que ses racines s'entretiennent à la mode de deux testicules ; et Cynosorchis pour ce que sa racine est faite à la mode de Couillon de chien. Dioscoride, Pline et Galien ont établis deux espèces d'Orchis ou Couillons, à savoir le Couillon de chien, et l'Orchis Serapias. Mais les modernes en ont remarqué bien d'avantage, toutes lesquelles ils ont nommé de même à cause de la figure de leurs racines. Fusche met deux espèces de Couillons, à savoir le mâle et la femelle. Quand au mâle il y en a aussi deux sortes, dont l'un a les feuilles larges et l'autre les a étroites. Quand à la femelle il y en a semblablement deux sortes, l'une grande et l'autre moindre."

   "Matthiol* a mis le portrait de cinq espèces de couillons, qui sont différentes quant aux feuilles et à la fleur, ajoutant en outre une Palma Christi grande, et une autre petite, desquelles nous parlerons au chapitre du Satyrion. Dodon** a divisé les Couillons en quatre genre ; et quant au premier, qui est l'Orchis, ou Couillon de chien, il en met cinq espèces, dont il appelle les deux premières mâles et les trois autres femelles. Quand au second il l'appelle Tragorchis, c'est à dire Couillon de bouc. Quand au troisième, il en fait aussi deux espèces, à savoir le mâle et la femelle. Comme aussi du quatrième, l'une grande et l'autre petite. En un autre livre il comprend tous les Couillons sous cinq genres, dont il appelle le premier Cynosorchis, ou Couillon de chien, et en met cinq espèces. Quand au second il l'appelle Testiculus morionis ; le troisième Tragorchis ; le quatrième Couillon serapias ; le cinquième Couillon odorant, ou couillon petit."

      Sources et liens :

* Pierandrea Mattioli (1501-1577), médecin et botaniste italien, a écrit en 1544 Commentarii in libris sex Pedacii Dioscoridis, dont le succès fut immense.

** Rembert Dodoens (ou Rembert Van Joenckema ou Rembert Dodonée), né le 29 juin 1517 à Malines et mort le 10 mars 1585 à Leyde, est un botaniste et un médecin flamand qui écrivit un herbier, utilisant les planches du travail de Leonhart Fuchs en y ajoutant des gravures nouvelles. Une édition en flamand, sous le titre Crŭÿdeboeck, paraît en 1554 suivie d'une version en français, Histoire des plantes traduite par Charles de l'Écluse. En 1583, Dodoens fait paraître Pemptades, une œuvre plus botaniste que la précédente. Ses propres observations sont mêlées à celles de Charles de l'Écluse et Mathias de Lobel.   Rembert Dodoens 1557 Histoire des plantes en laquelle est contenue la description entiere des ... p.153

 

— Gaspard Bauhin, 1596 Pinax theatri botanici sen Index in Theoplirasti, Dioscoridis, Plinii, et botanicorum qui a seculo scripserunt opera p.82:http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97448m/f105.image

— Mathias de Lobel (1538-1616) Stirpium adversaria nova 1570 ; Icones stirpium  http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/9308#/summary

Dalechamps, Jacques, 1513-1588; Desmoulins, Jean, 1580-1620? : Histoire generale des plantes : contenant XVIII livres egalement de partis en deux..1615,  Chapitre XII, Du couillon de chien page 428.

 Sébastien Vaillant, Botanicon parisiense 1727. 

Jean-François Séguier,1745 Plantae Veronenses p. 124

— Linné, Species plantarum p. 940 http://www.botanicus.org/page/358961

Voir aussi : Bibliothèque Latine-Française, 1833 Volume 86

 

 

 

 

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Published by jean-yves cordier
21 avril 2013 7 21 /04 /avril /2013 20:24

                               L'Ophrys brun silloné

            Ophrys sulcata P. DEVILLERS & J. DEVILLERS-TERSCHUREN 1994.

 

 

 

 

 

 

 

 

                            065c

 

         036c

 

                                        038c

 

 

                                                      046c

 

 

                               061c

 

Origine du nom :

du latin sulcata, "silloné", en raison du sillon longitudinal très prononcé des fleurs, qui se prolonge jusqu'au lobe central.

 

Il procède d'une publication dans Les Naturalistes Belges, supplément Orchidées Hors-série : Devillers, P. & Devillers-Terschuren, J. 1994.- Essai d’analyse systématique du genre Ophrys. Natural. belges 75 (Orchid. 7 suppl.): 273-400.  

 C'est une espèce méditerranéo-atlantique du groupe fusca (brun), qui atteint en Bretagne, et a fortiori à la pointe de la Presque-Île de Crozon, sa limite septentrionale.

 

Liens : 

Le site de François Seïté et Brigitte Lorella

Lire : 

Orchidées en presqu'île de Crozon  Paule Ragot , André Ragot  -Les éditions buissonières 2005.

Voir aussi : Orchidées sauvages de la Presqu'Île de Crozon.

 

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Published by jean-yves cordier
21 avril 2013 7 21 /04 /avril /2013 11:41

        Au port de commerce à Brest.

 

L'une de ces œuvres est connue de tous, car elle est située sur la voie d'accès à Brest par le port de commerce, et parce que son sujet, l'Abbé Pierre, et la qualité de sa réalisation lui confère une force remarquable.

                                      DSCN1915c

 

Les autres, à cinquante mètres de celle-ci,  sont... différentes, et je les ai découvertes en allant photographier d'anciennes facades pleines de charmes que je vous propose aussi de découvrir :

                           DSCN1912v


DSCN1911c

 

 DSCN1909c

 

 

         graffiti 3348c

 

    Longtemps, je me suis égaré sur l'étymologie du mot pin-up :  une pin-up girl, c'est "une jeune fille épinglée au mur", le mot anglais pin signifiant "punaise". Mais quel terme inventé lorsque les effeuilleuses sont peintes sur les transformateurs?

  On notera le tag de l'artiste de street-art, "Shape".


 

 

                                      DSCN1908c

 

      Voir aussi :  Graffiti de Brest : Tu n'es pas mur !

 

Lien :

http://www.wiki-brest.net/index.php/Portail:Fresques

http://www.wiki-brest.net/index.php/Portail:Fresques/Galerie/Vignettes

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21 avril 2013 7 21 /04 /avril /2013 00:16
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Published by Lavieb Aile
20 avril 2013 6 20 /04 /avril /2013 23:40

    Les cabanons de pêcheurs du "port"

   de Maison Blanche à Brest.

 

  C'est le plus proche voisin du Port Militaire de Brest, avec ses lourdes structures bétonnées, son périmètre hérissé de barbelé, ses jetées immenses derrière lesquels veillent les grises silhouettes des bâtiments de guerre.

  Son plus proche voisin, mais son antithèse absolue, un petit camp de joyeux anars qui proclament leurs réglements sur deux plaques de cuivre affichés à l'entrée :

" LES IRREDUCTIBLES GAULOIS".  "DERNIER VILLAGE GAULOIS (LA MAISON BLANCHE) Ces grands pêcheurs devant l'Eternel se nourrissent de patates et de potion magique (liqueur à base de raisins)"

  Avec un esprit de contradiction solidement chevillé, ils mettent un point d'honneur à barbouiller cette "Maison Blanche" des couleurs les plus criardes, couleurs qui proviennent sans-doute de fonds de pots empruntés à leurs voisins de la Royale.

   Dans ce village des Pieds Nickelés, la rue la plus connue est la Rue de la Soif. Le bric à brac est de rigueur et la "récup" est de bon ton dans capharnaüm où le plastoc est roi, mais, Ô surprise, les dédales de ces cabanes prennent parfois l'allure des ruelles des Îles de la Mer Egée !  

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Published by jean-yves cordier
20 avril 2013 6 20 /04 /avril /2013 22:58

L'Amarylis, la pilotine de Concarneau : un nom de papillon pour un bateau pilote.

  Pour celui qui, comme d'autres chassent les papillons, collectionne les noms de bateau  ou les noms d'animaux, la découverte en onomastique navale d'une pilotine portant le nom d'un papillon est un vrai bonheur. J'avais déjà consacré un article au Machaon, navire militaire amarré dans la Penfeld à Brest  Les caudataires Machaon et Phaéton de la Marine : délices de l'onomastique navale., et j'avais aussi décrit les pilotines de la station de pilotage de Brest, dont dépend Concarneau :  La Vandrée et la Luronne, bateaux pilotes du Port de Brest. 

  En escale à Concarneau, je peux photographier l'AMARYLIS, pilotine de Concarneau. Les bateaux pilotes de Brest reçoivent tous des noms d'écueils de la mer d'Iroise, et je ne trouve pas par quel hasard le pilote de Concarneau a été baptisé du nom d'un des papillons les plus communs sur les sentiers côtiers de Bretagne. Néanmoins, on remarque que la graphie AMARYLIS est fautive puisqu'il aurait fallu écrire AMARYLLIS.

  Ce nom a été donné à ce papillon par Étienne-Louis Geoffroy en 1762 pour reprendre celui d'une bergère ou d'une nymphe dans les pastorales de Virgile et de Théocrite.

  C'est aussi, bien-sûr, le nom d'une fleur ornementale.

Le nom vient du grec amaryssein, "resplendir", qui s'applique facilemement à une nymphe éblouissante ou à une fleur magnifique. 

  Le mérite d'un nom bien choisi est de jouer sur sa polysémie, et de laisser chacun faire jouer à sa guise les différents reflets qui scintillent sur chaque facette. Pour ce bateau pilote, je vais délaisser la fleur et le papillon et imaginer que l'Amarylis est une bergère qui, si l'orage gronde, rentre à bon port ses blancs moutons.

Et je vais apprécier à son juste prix la coquetterie de sa graphie à une seule L (une lettre, qui est féminine, s'accorde au féminin) qui la singularise. Gageons qu'elle recevra l'L qui lui manque  lorsqu'elle gagnera le paradis des pilotines. Dans les eaux émeraudes de l'Iroise.

.

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  D'autres navires de Concarneau portent ou ont porté ce nom :

.

Note en février 2020 : je reçois ce message de Jean-Yves Nicol (dont j'indique le lien vers le site Degemer):

https://www.passionnaviredebretagne.fr/

"Photographe naval professionnel indépendant, je peux vous apporter la réponse concernant l'amarylis de Concarneau. Ce nom, avec la faute orthographe est due à une demande de l'administration préfectorale maritime, pour la différencier du navire de pêche. Enfin, la raison de porter un différent de ceux de Brest, est parce que la station de pilotage, même si les intervenants sont Brestois, est indépendante de Brest à la demande de plusieurs intervenants économiques maritimes de Concarneau, car chaque station fixe ses propres tarifs de pilotage, et à Concarneau le principale utilisateur (Piriou) négocie ces tarifs, qui sont bien plus bas qu'à Brest.
Voilà, en espérant vous aiguillez un peu."

Merci, c'est de l'histoire participative du patrimoine maritime !
 

 

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Published by jean-yves cordier
20 avril 2013 6 20 /04 /avril /2013 22:51

        Port de Commerce de Brest :

         un départ de la Recouvrance.

  

Un matin d'avril, larguer les amarres quai Malbert,...

 

recouvrance-3669c.jpg

 

 

 

 évoluer dans les bassins pour établir les voiles...

 

recouvrance 7373c

 

passer devant le parc aux bouées des Phares et Balises...

recouvrance 3684vc

 

laisser à bâbord le premier feu vert...

 

recouvrance 3692c

 

 Le vent est faible : à Guipavas, il relève un vent de nord-est de moins de 10 km/h.

 

                         recouvrance 7379c

 

Passer entre les deux feux des môles ne posera pas de grandes difficultés : c'est parti pour la journée !

recouvrance 3694c

 

 

Belle occasion pour admirer le tableau arrière de la Recouvrance. Il a été dessiné et sculpté par André Miossec. On y reconnaît, parmi des symboles guerriers*, les armoiries de Brest, parti d'azur à trois fleurs de lys d'or  et d'hermine plain, que l'on peut voir aussi sur les murailles sous l'Escalier Gabin, ou sur l'immeuble de la Chambre du Commerce. On remarquera aussi avec quel soin du détail l'encadrement doré est sculpté comme s'il s'agissait de cinq joncs liés ensemble par six nœuds de filins. André Miossec est, non seulement un modéliste hors-pair, mais aussi maître-doreur. 

* un canon, six boulets, quatre drapeaux, deux ancres sans jas dont une porte son organeau, et de longs rubans.

 

 


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  Il est évident qu'André Miossec s'est inspiré des ornements créés par les sculpteurs des vaisseaux du roi comme Pierre Puget ou Jacques Caffieri dont les splendides et monumentaux "tableaux de poupe" étaient destinés à impressionner l'adversaire, et à servir la publicité royale par une symbolique bien codifiée. Il s'est placé dans une filiation avec les grands artistes de l'Arsenal de Brest, dont le Musée de la Marine conserve les œuvres. Comment ne pas penser à Yves Collet (1761-1843), qui réalisa de grandes figures de proue et de poupe ? Mais on admirera comment l'artiste a su éviter les pièges habituels et conserver une sobriété de bon aloi.

  

 

 Voir aussi sa figure de proue:  La Sirène de la Recouvrance : Bondage au port d'attache.


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20 avril 2013 6 20 /04 /avril /2013 20:19

 

  La grue portuaire Paindavoine n°4 à Brest : un monument historique !

 

 

              grue-port-commerce 3155v

 

 Cette grue a pris sa retraite après soixante années de durs labeurs. C'était à l'époque faste de la reconstruction du port et des Trente Glorieuses où le port tournait à plein régime avec ses dockers qui déchargeaient des cargaisons de ciment, charbons, billes de bois, vin en barriques, agrumes, pommes de terre, poulets, viande etc... Elle avait été construite en 1951, financée par le plan Marshall comme ses consœurs les grues Paindavoine n°1, n°2 et n°3, mais à la différence de celles-ci qui ont terminé chez le ferrailleur, une bonne fée a reconnu qu'elle faisait partie de notre patrimoine industriel et maritime, et le 5 avril 2012, elle reçut son classement aux Monuments historique, comme, par exemple, la grue Titan de Nantes.

   Dés lors, ellle a été protégée contre la corrosion, peinte, mise en sécurité et dotée de projecteurs qui mettent en valeur, la nuit, sur le quai du 5ème bassin ouest, son treillis jaune et sa plateforme rotative bleue.

 C'est une "grue à flèche relevable" d'une capacité de charge de 6 tonnes et une portée de 12 mètres. Cet Hercule du temps jadis  passe peut-être  pour un gringalet à coté des  grues qui équipent Brest actuellement et qui vous soulèvent  27 à 100t au terminal multimodal,  8 à 40t au vrac agro-alimentaire (6 grues, capacité 9000t/j), 7,5 à 40 t au terminal frigorifique (4 grues, capacité 2000t/j), ou comme les huit grue des formes de radoub de 15 à 150 t de capaicté. (La recordman mondiale, la Liebherr HM 600  soulève 208t avec une portée 58m mais  n'équipe pas Brest !). 

       Elle avait été mise en service en 1956 et "travaillait au crapaud et au crochet". Le crochet, c'était sa spécialité, alors que les trois autres Paindavoines ne travaillaient qu'à la benne. Elle était également la seule à être dédiée à la réparation navale, et a donc déplacé ses propres 150 tonnes sur différents quais pour remplir ses diverses missions. C'est sur ce quai du cinquième bassin, jadis nommé "quai aux chevaux", et actuellement occupé par les pêcheurs à la ligne, qu'elle fut affecté en dernier, jusqu'en 2004, à décharger et charger les agrumes et les produits surgelés.

 

Sa base mobile grâce à quatre doubles roues est peinte en bleue, ainsi que sa plateforme de giration, alors que le bloc cabine-moteur et le fût où s'articule le palan (dont le moufle supérieur est fixe en pointe de flèche) est jaune.

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  Ces grues à flèche relevable étaient une spécialité de l'entreprise Paindavoine, un nom oublié mais qui aurait pu être aussi illustre que celui d'Eiffel.

L'entreprise Paindavoine, spécialisée en constructions métalliques et matériel de levage, est fondée à Lille en 1860 sous le nom « Amédée Paindavoine constructeur » et  fabrique dès le départ des ponts et des charpentes métalliques.et employa environ 700 personnes. Elle réalisa à Lille la partie charpente de la Nouvelle Bourse, de l'immeuble de la Voix du Nord, et le Palais des expositions. Son service "Ponts et Charpentes" produit également de nombreux ponts outre-mer, notamment à Madagascar, au Nigéria, en Equateur, au Pakistan et en Iran. Ces ponts "Paindavoine" à platelage métallique étaient fabriqués sous licence Callender-Hamilton.

 Le service "Levage", quant à lui, produit de 1920 aux années 1960 ponts roulants, portiques et grues, et notamment les grues "Paindavoine" à flèche relevable. Jusqu’à la crise de 1934-1936, l’entreprise grandit considérablement et exporte dans le monde entier, et l’entreprise Paindavoine sera un concurrent de l’entreprise Eiffel. En difficulté en 1936 puis pendant  la Seconde guerre mondiale, l'entreprise réussit toutefois à dissimuler ses stocks de matière première, ce qui lui permet, dès la fin de l’occupation de participer à la reconstruction des ponts de toute la région. En plein redémarrage,  l’entreprise développe très rapidement l’activité profitant des grands chantiers de reconstruction, du développement des colonies, mais aussi de l’exportation, en Iran, en Amérique Centrale et du Sud (Equateur) et en Asie. Des succursales sont créées à Dakar (Sénégal) et Tananarive (Madagascar). Un bureau est ouvert à Téhéran (Iran). A cette époque, 800 personnes travaillent sur le site de Lille.

 Au milieu du XXe siècle,  les activités sont pour les deux tiers consacrées à la charpente métallique, et pour un tiers, aux appareils de levage : pylônes, grues fixes et mobiles, portes d’écluses, ponts-levis, ponts roulants, transbordeurs, portiques de levage, élévateurs. Elle réalise les grues du port de Dunkerque.

En 1964 elle se reconvertit en société de location de matériel et d'entrepôts, mais elle dépose son bilan en 1965.

  Une autre grue Pandavoine à Strasbourg, au port de Lauterbourg est affectée au déchargement  des vracs avec benne preneuse (elle peut être munie d’un crochet pour manutention) charge de levage maximum : 6 tonnes. Il semble qu'il ne s'agit pas de celle qui est classée aux  Monuments historiques depuis 2008 à Strasbourg sous le nom de Machine à lever à bâti mobile guidé No 2 : grue à portique Paindavoine, qui est hors d'état de marche et  située au Port d'Austerlitz. J'en citerai la description qui peut s'appliquer à la grue de Brest :

  "La cabine et la superstructure reposent sur un portique métallique en caissons à âme pleine soigneusement entretoisés. Muni de roues regroupées dans quatre boggies, il permet à la grue de se déplacer le long du quai du bassin d'Austerlitz au moyen d'une voie de translation. A l'avant, une échelle permet de monter sur la plate-forme de la cabine. La couronne de giration ne repose pas directement sur le portique support mais sur une structure intermédiaire constituée de profilés en L et en I assemblés par rivets. Elle permet le mouvement de rotation de la totalité de la partie supérieure de la grue. La cabine, en tôle est desservie par une passerelle circulaire dont les garde-corps portent l'inscription : "ARMEMENT SEEGMULLER". La cabine est divisée en deux parties : à l'avant, formant avant-corps, le poste de pilotage, à l'arrière, la salle des treuils et des moteurs. Le poste de pilotage, vitré sur l'ensemble de ses faces, abrite les commandes correspondant aux quatre mouvements de la grue : translation, orientation de la cabine par rotation de la partie supérieure, levage de la charge et relevage de la flèche. Il porte sur la face antérieure les inscriptions "PAINDAVOINE CONSTRUCTEURS LILLE" et "FORCE 6 T". Une échelle flanque la cabine sur l'une des faces latérales pour donner accès à la plate-forme supérieure et à la superstructure en treillis, constituée de profilés en I ou en L assemblés par rivets. La grue est équipée d'une flèche de relevage, mouvement qui permet de modifier sa portée. Elle peut soulever indifféremment des colis au moyen d'un crochet ou décharger des cargaisons de céréales ou de charbon, acheminées par chalands, au moyen d'une benne preneuse dont il subsiste un exemple sur le site.  h = 520 ; l = 1050 ; la = 590 "

  "A l'origine, le môle Seegmuller était équipé de grues à vapeur, propriétés du Port et louées aux occupants des entrepôts. A la fin des années 1920, la société Seegmuller était ainsi locataire de quatre grues à vapeur construites entre 1894 et 1898. A la suite des travaux de transformation du Bassin d'Austerlitz celles-ci sont réformées et l'entreprise s'équipe de ses propres grues. Cette grue à portique alimentée électriquement est acquise auprès des établissements Paindavoine de Lille (59) probalement après la Deuxième Guerre mondiale puisqu'elle ne figure pas sur l'inventaire dressé par les forces d'occupation. Elle reste en service jusqu'à la cessation d'activité consécutive à la liquidation judiciaire de l'Armement Seegmuller en septembre 2000. Cédée au Port Automone de Strasbourg elle est toujours présente sur le quai méridional du terre-plein nord."

 

 

 

Sources et liens :

Historique sur l'entreprise Paindavoine: www.archivesnationales.culture.gouv.fr

Image d'une autre grue Pandavoine à Strasbourg 

idem, Pandavoine 6 tonnes à Strasbourg.

 

D'autres grues portuaires à Brest :

 

grue-port-commerce 3160c

 

 

Sur la forme de radoub :

grue-port-commerce 3627c

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Découvrez absolument  comment l'artiste-peintre Mathias a traduit la beauté de la grue Paindavoine n°4 :

http://mathiaspeintre.wix.com/site#!images/vstc3=peinture-ii/photostackergallery0=24

http://mathiaspeintre.wix.com/site#!images/vstc3=peinture-ii/photostackergallery0=21

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Published by jean-yves cordier
19 avril 2013 5 19 /04 /avril /2013 18:00

         

       L'escalier du Cours Dajot à Brest.


 Cet escalier descend du Cours Dajot vers le Port de Commerce et le "Parc à chaînes". Il comporte d'abord une première partie seulement divisée en deux voies par une double rampe centrale, puis un palier donne le choix d'emprunter l'une des deux volées symétriques de l'escalier.

 

escalier-gabin 3604c


escalier-gabin 3603c

 

 


On y distingue deux cartouches, l'un vide et l'autre portant la date de 1867 ; ces deux cartouches sont surmontés des armoiries de Brest. On les blasonne "Parti d’azur à trois fleurs de lis d’or et d’hermine plain ou Parti de France et de Bretagne". 


escalier-gabin 3303

 

 

   Curieusement, il ne semble pas avoir un nom, et un photographe l'a astucieusement baptisé "Escalier Gabin", tant il a été immortalisé par cet acteur qui le descend, dans le film Remorques de Jean Grévillon.

  La municipalité a d'ailleurs fait placer à son sommet un panonceau avec la photographie suivante, extrait du tournage du film :

                                  

 

escalier-gabin-5930c.jpg

      (Montage présenté au Musée des Beaux-Arts de Brest)

 La Ville de Brest intitule, sur ce panonceau, cet escalier "Escalier de 1857" (malgré la date de 1867 inscrite sur le mur). On y lit ce texte :

  "Pour relier la ville et le nouveau port de commerce de Porstrein voulu par Napoléon III, la Municipalité fait construre ces magnifiques escaliers de pierre commençant sur le cours Dajot et se terminant par une double volée au niveau de la rampe qui conduit au port. Achevés en 1857, ces escaliers ont été immortalisés par le film de Jean Grémillon Remorques, lorsqu'ils sont descendus sous la tempête —due aux lances des pompiers ! — par Jean Gabin qui vient tout juste de quitter Michèle Morgan ! Roger Vercel, dans le livre dont était tiré le film, s'était inspiré de la vie de Louis-Marie Malbert qui commandait le remorqueur Iroise à partir de 1922 et qui sauva en dix ans plus de180 bateaux et plus de 3000 personnes".

 J'ai donc été  le prendre en photo, et j'ai choisi une version sépia ou monochrome pour rendre hommage au cinéma d'antan.

 


                              escalier-gabin 3311c

 

 

 

escalier-gabin 3320c

 

 

 

escalier-gabin 3302c

                                 escalier-gabin 3618c

 

 

 

      Photographie de nuit :  Brest : de nuit dans un port de l'Atlantique Nord.

 

Liens :

Finalement, les photographies de ce célèbre escalier ne sont pas nombreuses :

pbase.com

pixpopuli.fr

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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