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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 01:00

 


 

 

 

Aujourd'hui nous allons prendre notre cahier de Vocabulaire, ( Euh, qui a dit:" encore! " ?) et écrire :

               

                  Dissection linguistique du papillon dit Vulcain.

 

    Le mot Vulcain vous a été distribué, vous l'épinglez sur la planche de liège et vous ouvrez votre trousse de dissection, nous allons prendre tous notre temps, voire même le perdre en digression sur les détails qui sont les  épices de notre quotidien. ( commençons par un détour : le mot espèce (zoologique) a la même étymologie que le mot épice )

 

 

I) Sur les noms vernaculaires du Vulcain.

  

 

  a) des papillons immatriculés : Cher ou Tarn ?

 

DSCN2704

 

   Cette image m'a amené à consulter et à lire avec passion l'article de Jacques d'Aguilar et Fabien Raimbault  " Les noms vernaculaires de Vanessa Atalanta (L.)", dans la revue  Insectes 17 n°132 - 2004, (1).

   Les auteurs nous apprennent une appellation méconnue du Vulcain, le "papillon à numéro" ou encore "numéro quatre vingt dix-huit "  Regardez l'aile postérieure et vous y lirez distinctement un 8 , plus ou moins précédé d'hiéroglyphes que je pourrais déchiffrer comme 138P, mais qui sont plus communément lus comme 98 ou 18, avec un effet de miroir selon que l'on regarde l'aile droite  ( 18 ou 98) ou comme ici l'aile gauche (81 ou 8P).

           Alors, Vulcain immatriculé Cher (18) ou Tarn (81) ?

   Les mêmes auteurs mentionnent la dénomination espagnole numerada, le numéroté, proche de notre papillon "Chiffre", mais sont surtout parvenus à retrouver une publication germanique de 1756, le tome I de l' Insecten-Belustigung où Rösel von Rosenhof décrit ces inscriptions .

 D'autres auteurs y  ont lu  8118, ou 980, comme une forme précoce et naturelle de baguage.

 

DSCN2718

 

 

  b) sur le nom Vulcain lui-même.

   Cela paraît bien simple : Vulcain, c'est l'homologue latin du dieu grec Héphaïstos, c'est le fils de Jupiter et de Junon, qui naquit si laid que sa mère le balança du haut de l'Olympe, le quartier chic réservé aux stars. Il se blessa le pied dans la chute et restera boiteux, ce qui n'arrangea pas son allure, mais il fut recueilli par les filles d'Océan et devint forgeron, réalisant de magnifiques bijoux. Plus tard, il remonta sur la divine montagne, mais pour confectionner les orfévreries, les armes des héros, et même les foudres de son père, il se rendait dans sa forge installée sous une des îles Lipari, l'île Vulcano.

   De même que le nom grec hephaïstos avait été utilisé dès Homère pour désigner le feu, le mot latin vulcanus servit par métonymie du dieu du feu et de la forge pour désigner la flamme et l'incendie.

   En français, le latin vulcano, par l'italien vulcano ou volcano a donné notre mot volcan, pour désigner les montagnes de feu. Toujours par métonymie du dieu du feu, le substantif masculin vulcain, d'abord écrit vulcan (1552) a pu être employé par latinisme pour "feu" :Paul Claudel l'utilise ainsi  (Poésies diverses, 1952) :

                                    Le soleil dans un trou plein d'eau

                                    Vulcain dans une marmite,

                                     Admire parmi les roseaux

                                   La flamboyante pépite !

 

           Mais ce n'est qu'en 1762 qu'il devient le nom courant du papillon qui avait déjà alors reçu de Linné son nom scientifique.C'est  E.L Geoffroy qui l'emploie  dans son Histoire abrégée des insectes des environs de Paris, Paris, Tome 2, p.40.    Mais Etienne Louis Geoffroy , ce pharmacien et entomologiste  français (1725-1810) n'est pas l'inventeur du nom puisqu'il écrit : "Le nom de vulcain a apparemment été donné à ce beau papillon à cause des taches ou bandes couleur de feu qui sont sur ses ailes ". Dans son livre, il cite, comme on doit le faire, les références bibliographiques de ses prédécesseurs, avec le nom qu' utilise l'auteur : Papilio nymphalis atalanta pour Linné 1758, Inferne pour Goed. (Goedart ), ce qui permet de vérifier que les auteurs français ou francophones n' utilisent pas d'autre nom vernaculaire (Réaumur, De Geer ) . La mention de "inferne" suggère un rapprochement avec Vulcain.

   Si Geoffroy n'a pas inventé le nom, il ne l'a certainement pas récolté dans le langage courant puisque le mot n'avait auparavant que des usages érudits, poètiques ou précieux, et ce n'est pas un mot "vulgaire" et vernaculaire: j'imagine pour ma part une invention par un zoologue contemporain de Geoffroy.

 Nos voisins italiens le nomment aussi Vulcano, mais j'ignore si le nom italien est attesté à une date antérieure ou postérieure à notre vulcain.

 En Allemagne, il peut s'appeler der Admiral, der Mars, die Jungfrau, der nummerpapillon, der acht und neunziger, et aussi pour Jakob Hübner ou pour N.J Brahm (1791) der Heiternesselfalter, le beau (ou gai) papillon de l'ortie.

   En Grande-Bretagne il répond au nom de Red Admiral, l'Amiral rouge (il existe aussi, pour le Petit Sylvain , the White Admiral), comparant ainsi la bande rouge de ses ailes ("son grand ruban ponceau" comme l'a écrit Gérard de Nerval) avec l'écharpe de l'uniforme d'un amiral anglais. L'occasion d'apprendre que le mot amiral vient de l'arabe émir : le chef.

 

 

II) Origines du nom scientifique Vanessa atalanta.

 

a) Nom de genre : Vanessa.

 

    Le premier terme du nom scientifique est dans la nomenclature binominale, le nom de genre. Dans la dénomination initiale, le "protonyme" que l'on doit à Linné, Papilio atalanta, la notion de genre n' avait pas cours et il nommait tous les papillons diurnes Papilio (l'équivalent actuel d'une superfamille), séparés des Sphinx et des Phalènes aux moeurs nocturnes ou crépusculaires. Ce sont ses successeurs, tout au long de la fin du XVIIIème siècle et du début du XIXème, qui s'efforcèrent de créer des rangs entre la superfamille et l'espèce, de définir cette notion de genre et de la faire apparaître dans la dénomination : ce fut donc une période de flottement taxonomique, responsable de dénominations synonymes.

   Puisque le nom initial de Linné n'a pas été retenu, on écrit son nom entre parenthèse : Vanessa atalanta (Linnaeus, 1758).

  Le genre Vanessa a été créé par Johan Christian Fabricius dans Magazin f.Insektenk. (Illiger) 6 : 281. en 1807.

 

   Un mot sur cette publication : Johan Karl Wilhem Illiger, (1775-1813) est un zoologiste allemand , élève et gendre de l'entomologiste Johan Hellwig, qui fut chargé des collections naturalistes  du comte J.C.von Hoffmannsegg puis fut  à partir de 1810 le conservateur du Musée zoologique de Berlin .

     C'est l'auteur de "Prodromes systematis mammelum et avium " en 1811, publication où il reprend la classification linnéenne en mammologie et ornithologie en introduisant l'idée de famille, un rang supra-générique.

     De 1802 à 1807, il édita son  Magazin für Insektenkunde. C'est dans la sixième volume  de 1807,  que parut un article anonyme donnant  une synthése des classifications de lépidoptères de Fabricius, de Latreille telle que celui-ci l'avait présenté dans le Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle de Buffon en 1804, et enfin de Schrank . Les 41 "familles" de papillons diurnes (Papilio) de Fabricius y sont nommées ; celle de Vanessa comptait 30 espèces.

 

Fabricius  (1745-1808) est un Danois qui suivit les cours de Linné dont il est le disciple le plus distingué; professeur d'histoire naturelle à Copenhague puis en 1775 à Kiel, qui ne disposait ni d'un jardin botanique, ni de collections, il dut se déplacer fréquemment à Paris, où il devint l'ami de P.A.Latreille, à Londres ou à Copenhague. Sa classification repose sur la structure des pièces buccales.

  Il proposa aussi pour ce genre vanessa les noms de Cynthia (1807) -que l'on retrouve dans l'un des noms de l'autre vanesse bien connue, la Belle-Dame Cynthia cardui.

Il décrivait en même temps Colias, Limenitis, Lycaena, Pamphila, Thymele, Pontia, Hesperia, etc.

 

 

L'origine du nom Vanessa attribué par  Fabricius  se trouve dans le poème de Jonathan Swift Cadenus and Vanessa.

    Quoi, l'auteur des Voyages de Gulliver , le créateur des "Yahoo" et de la Laputa, le satiriste auteur du Conte du tonneau et de "Méditation sur un balai",  un poète? Oui, et qui tient une place majeure dans la poésie irlandaise.

   Swift a créé  le prénom Vanessa à partir du début du nom d'Esther Vanhomright, son élève et son amante frustrée , morte à trente-trois ans en 1723 : le poème écrit à Windsor en 1713 dissimule le nom de l'amante  dans un collage :  Van-/-Essa , Essa étant le diminutif d'Esther. Depuis le prénom fut attribué aux jeunes anglaises, puis aux françaises et allemandes, explosant chez nous depuis 1970.

   Cadenus and Vanessa est une histoire de bergers et de nymphes dont la vie,comme partout ailleurs, se complique à cause d'un certain Cupidon : alors que Vanessa est en train de lire les poésies de Cadenus, Cupidon décoche une flèche qui transperce le volume du poète et le coeur de la bergère : voilà la belle amoureuse du doux versificateur, qui voue sa plume à l'hommage de son amante. Une plume ? elle espérait plus, et, de dépit, elle rend l'âme.

    Ce que je voudrais savoir, c'est l'origine du nom Cadenus.Sur la toile, il est aussi inséparable de celui de Vanessa que l'aurait voulu celui qui les a imaginé.

   Swift,homme d'église, doyen de la cathédrale Saint Patrick de Dublin fut aussi amoureux d'une autre Esther, Esther Johnston, qu'il désigna sous le nom de Stella,et de Jane Waring, surnommée Varina. mais aucune ne donna son nom à un papillon.

Puisque nous en sommes aux prénoms terminant par -a, mentionnons Lolita, pour dire que Vladimir Nabokov tout autant écrivain que chasseur de papillons, dédicaçait à son épouse Vera ses ouvrages en ornant la page de garde d'un dessin de papillon qu'il baptisait à sa fantaisie Colias verae nabokov,Verina raduga, Papilionita-mot valise associant papilio et Lolita- verae, ou Verina verae, pour décliner par cette lépidopteronymie imaginaire son hommage à Vera.

 

b) Nom de genre synonyme : Pyrameis.

   Jakob Hübner était un entomologiste allemand (1761-1826) qui s'interessait particuliérement aux papillons et notamment à leur illustration. On lui doit les planches remarquables du Geschichte europaïscher Schmetterlinge, 1806-1824.

Fidéle à l'esprit Linnéen et à la culture classique latine et surtout grecque,Il y proposa de baptiser les vanesses du nom de Pyrameis (1819), de Bassaris (1821) et enfin de Pyrameides (1826).

Scudder en 1889 proposa "Neopyrameis".

   On trouve donc dans le début du XIXème siècle des publications désignant le vulcain sous le nom de Pyrameis atalanta.

 C'est au couple de Pyrame et Thisbé qu'il voulait rendre hommage, et à l' histoire racontée par Ovide dans les Métamorphoses, Iv, 55-166. A priori aucun rapport avec l'aspect du vulcain, sauf si on veut voir dans ses couleurs celles de la fameuse écharpe ensanglantée de Thisbée qui fit croire à son amant qu'elle avait été dévorée par une lionne.



 c) L'épithète spécifique atalanta.

 

   L'épithète spécifique atalanta fait référence à Atalante, héroïne dans la mythologie grecque.

 Selon la tradition développée en Béotie (région de Thèbes en Grèce), cette jeune-fille  résiste aux projets de mariage en exigeant de n'épouser qu'un homme capable de la vaincre à la course à pied, où elle excelle : bien-sûr, les prétendants sont distancés par la championne d'athlétisme, et payent  de leur vie leur tentative, jusqu'à ce que le jeune et bel Hyppomène, qui a l'appui de la déesse de l'amour Aphrodite agacée de voir une joggeuse mépriser les joies d'Eros, trouve l'idée de faire tomber pendant sa course trois pommes d'or : est-ce l'envie, est-ce la curiosité, Atalante ralentit sa foulée pour les saisir et Hyppomène est vainqueur.

  On connaît ces jeunes filles rétives au mariage et vouées à Artémis la vierge chasseresse, telle Sara qui, dans le Livre de Tobie, avait fait périr dans le lit nuptial sept soupirants avant d'être délivrée des sortilèges d'Asmodée par le fieil de poisson péché par Tobie et son archange gardien.

 

   Mais que signifie" Swift" en anglais ? rapide. Sa Vanessa avait composé un rébus de son nom où mon premier était  le début du nom de Joseph, mon second était le prophète Nathan et mon troisième était :"what a horse is that runs very fast.", et Jonathan Swift se retrouvait ainsi sous les puissances tutélaires d'un mari passif ou délaissé, d'un prophète qui faisait la leçon à David après qu'il eût séduit Bethsabée,, et d'un cheval courant très vite :
Like a racer he flies, to succour with speed,
When his friends want his aid, or desert is in need.

Curieuse alliance dans ce Vanessa atalanta d'une héroïne qui meurt d'une ardeur  frustrée par un amant voué  à sa Muse, et de sa figure inverse, véloce et glacée : le Vulcain, papillon ardent, rapide, affairé et curieux.Mais il est inutile de chercher dans la figure d'Atalante la raison pour laquelle le papillon fut ainsi dénommé : en réalité, il semble que les causes de ce parrainage soit autre.



 

   d) atalanta, suite : Linné

 

L'attribution de l'épithète spécifique des 542 espèces de papillons  que Linné a du nommer dans son Systema naturae de 1758 s'est faite selon des critères liés le plus souvent non pas à la morphologie, au comportement ou aux particularités de l'espèce à baptiser, mais selon son rang dans la Classification Générale: dans celle-ci, Linné détermine trois groupes qu'il nomme "genre" , les Papilio, les Sphinx et les Phalenae.

   Très influencé par sa culture classique gréco-latine, Linné va classer ses papillons en créant des parallèles avec la civilisation et la mythologie grecques. ainsi les Papilio sont divisés en six "phalanges", comme les formations de soldats d'infanterie, les hoplites. Il crée les phalanges des Cavaliers (Equites), des Muses habitant sur le mont Hélicon, (Heliconii), des Danaïdes, les cinquantes filles du roi Danaus, (Danai), des Nymphes (Nymphales), des gens de la plèbe pour les plus petits papillons (Plebeji), et des Barbares ( Barbari).

 

    Poursuivant sa création comme un joueur inventant une nouvelle civilisation, il répartit ses Cavaliers entre Troyens (Trojani) et Achéens -les grecs de la guerre de Troie venus venger Mélénas dont la belle Héléne a été ravie par Pâris - (Achivi) .

  Les papillons de la phalange des Heliconii reçoivent le nom des Muses, ou de leur patron Apollon, ou de leurs sosies les pierides.

  Les Danaïdes sont de deux camps : les blancs (Candidi) où nous trouvons nos actuels piérides et les colorés (Festivi), tous dotés de noms grecs.

  Les Plebéiens sont soit des gens des villes, soit des gens des champs: Urbicoles ou  Rurales.

 Enfin les Nymphes,  qui inspireront le nom de notre famille des  Nymphalidés, sont aussi de deux groupes :

        - les Gemmati, dont le nom latin signifie "ornés de pierres précieuses", car leurs ailes sont ocellés.

         - et les Phalerati, " ornés de phalères" dépourvus d'ocelles.

 

  Notre Vulcain , le vigoureux forgeron boiteux s'est retrouvé embrigadé dans la phalange... des Nymphes , dans la section des Phalerati. Je dois donc vous expliquer ce que sont des " phaléres" , qu' en langage contemporain on désignerait sous le nom de " bling-bling ". Ce sont des plaques de métal sonnant et brillant portées par les soldats en décoration ou par les chevaux en ornement. Le mot latin a été aussi utilisé pour désigner le clinquant, le tape à l'oeil.

   Les 33 papillons phalerati reçoivent des noms de nymphes, ou d'héroïnes grecques, sans égard à leur aspect, leur localisation (peu sont européens, la plupart sont d'Inde ou d'Asie ) ce sont Cydippe, Tiphia, Antiopa, Polychloros (c'est notre Grande tortue), Ariadne, Dirce, Venilia, Alimena, Leucothoe, Phaerusa, et le Vulcain hérite ainsi du nom  d'Atalante.

    Cela a permis à Linné de faire vivre les chers personnages dont il lisait à l'école les aventures dans Homère, Ovide, Virgile ou Horace, et c'est vrai qu'ils sont attachants.

   Par exemple, Cydippe est une  belle athénienne qui a séduit Acontios lorsqu'ils se sont vus aux fètes d'Artemis à Delos. Le rusé Acontios lui lance une pomme où est écrit  "je jure devant Artemis de n'épouser personne d'autres qu' Acontios" ; la jolie étourdie lit tout haut ce qu'il y a écrit, et la voilà liée  malgré elle à son admirateur lanceur  de pomme sans qu'elle n'y prenne garde. Revenue à Athènes, elle veut se fiancer à un autre, mais elle tombe malade dès qu'on prépare les noces, et il faudra que la Pythie de Delphes en personne lui explique le stratagème . Cydippe et Acontios se marièrent, et ils eurent beaucoup d'enfants, ou du moins, grace à papa Linné,  beaucoup de petits Cethosia cydippe, superbe lépidoptère australien, ou de Neptis cydippe, l'exemplaire de Linné qui  provenait d'Inde.

 

 

En résumé, le Vulcain ne s'appelle atalanta que parce qu'il est le numero 175 de la classification de Linné.

 

      Sources et liens.

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— BLAB (Josef), RUCKSTULH (Thomas) ESCHE (Thomas)  [et al.], adaptation et traduction française LUQUET (Gérard-Christian), 1988 Sauvons les papillons  : les connaître pour mieux les protéger ; préface de Pierre Richard Paris : Duculot 1 vol. (192 p.) : ill. en coul., couv. ill. en coul. ; 27 cm Trad. de : "Aktion Schmetterling so können wir sie retten". 

— BOITARD (Pierre ) Manuel d'entomologie ou Histoire naturelle de insectes: contenant la synonymie de la plus grande partie des espèces d'Europe et des espèces exotiques les plus remarquables, Tome second, Paris : Roret, 1828,  Gallica

  — BOISDUVAL ( Jean Alphonse),  GRASLIN, (Adolphe Hercule de), Dumesnil (P.C.R.C)  Rambur (Pierre).1833 Collection iconographique et historique des chenilles ou description et figures des chenilles d'Europe, avec l'histoire de leurs métamorphoses et des applications à l'agriculture, Paris : Librairie encyclopédique de Roret, 1832-1837 [1833].

— DOUX (Yves), GIBEAUX (Christian), 2007, Les papillons de jour d'Île de France et de l'Oise,Collection Parthénope, Edition Biotope, Mèze, ; Muséum national d'Histoire naturelle, Paris, 2007, 288 p. Préface, index et supervision scientifique de Gérard Chr. Luquet.

— DUPONT (Pascal), DEMERGES (David), DROUET (Eric) et LUQUET (Gérard Chr.). 2013. Révision systématique, taxinomique et nomenclaturale des Rhopalocera et des Zygaenidae de France métropolitaine. Conséquences sur l’acquisition et la gestion des données d’inventaireRapport MMNHN-SPN 2013 - 19, 201 p. http://www.mnhn.fr/spn/docs/rapports/SPN%202013%20-%2019%20-%20Ref_Rhopaloceres_Zygenes_V2013.pdf

— EMMET (Arthur Maitland) 1991. The Scientific Names of the British Lepidoptera: Their History and Meaning, Colchester, Essex, England : Harley Books, 1991,  288 p. : ill. ; 25 cm.

—  ENGRAMELLE (R.P. Jacques Louis Florentin), Papillons d'Europe peints d'après nature par M; Ernst. Gravés par M. Gérardin et coloriés sous leur direction. Première partie. Chenilles, Crysalides et Papillons de jour [décrits par le R.P. Engramelle, Religieux Augustin, Quartier Saint-Germain] Se vend à Paris chez M. Ernst et Gérardin. Paris : Delaguette/Basan & Poignant 1779. Volume 1 [1]+[VIII],[i-xxxiv] - 206p-errata [i-vi], 3 pl. en noir, 48 planches coloriées (I-XLVIII), 100 espèces. 

— FOURCROY (A. F.) 1785. Entomologia Parisiensis; sive catalogus insectorum quæ in agro Parisiensi reperiuntur; secundam methodam Geoffrœanam in sectiones, genera & species distributus: cui addita sunt nomina trivialia & fere trecentæ novæ species. Pars secunda. Parisiis. (Hôtel Serpente). 2. 232-544. Traduction en latin de l'Histoire des insectes de E.L. Geoffroy. http://archive.org/stream/entomologiaparis02four#page/n3/mode/2up

 — GEOFFROY (Étienne-Louis, Docteur en médecine) 1762. Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris: dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique ;Paris : Durand 1762 Tome second Planches XI à XXII  colorées à la main par Prévost gravées par Defehrt. 744p. http://archive.org/stream/histoireabrg02geof#page/n9/mode/2up

— GEOFFROY [Étienne-Louis] 1798-99 Histoire abrégée des insectes  Benoît Louis Prévost; A J Defehrt Paris : Chez Calixte-Volland : Chez Rémont, an VII [1798-1799 Tome deuxième. http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/14595#/summary

— GEER, (Charles de), Mémoires pour servir à l'histoire des insectes , Stockholm : Hesselberg, 1771.Tome 1 [1]-[15] 707 pages, 37 planches, Gallica .  Tome second première partie 616 pages,  ; Tome second deuxième partie pages 617 à 1175, 43 planches gravées par BergquistGallica.

— GODART (Jean-Baptiste) Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France décrits par M. Godart, ancien proviseur Paris : Crevot 1821 Vol.1, Première partie, environs de Paris, [I]-[vij] + 295 p. Planches dessinées par [Antoine Charles] Vauthier et gravées par Lanvin.

— HIGGINS (L. G.) et RILEY (N. D.) 1988. Guide des Papillons d'Europe : RhopalocèresTroisième édition française. Traduction et adaptation par Th. Bourgoin, avec la collaboration de P. Leraut, G. Chr. Luquet et J. Minet. Delachaux et Niestlé édit., Neuchâtel ,1988455 pages.

— LAFRANCHIS (Tristan), 2000 Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles, Collection Parthénope, Ed Biotope, Mèze, 448p. 

— LATREILLE  (P.A) et Olivier Nouveau dictionnaire d'Histoire naturelle 2eme édition tome 27 1818

 — LERAUT (Patrice) 1997 "Liste systématique et synonymique des Lépidoptères de France, Belgique et Corse" (deuxième édition) Alexanor, 20, Supplément hors série : 1-526, 10 illustr., photog, 38 fig.

— LUCAS ([Pierre-] Hippolyte)  Histoire naturelle des lépidoptères d'Europe Paris : Pauquet  1834 ouvrage orné nature de près de 400 figures peintes d'apres, par A. Noel, et gravées sur acier.http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4416154.r=lucas+papillons.langFR 

 http://www.biodiversitylibrary.org/item/53843#page/11/mode/1up

— LUQUET (Gérard Chr.) 1986 "Les noms vernaculaires français des Rhopalocères d'Europe",Alexanor, Revue des Lépidoptéristes français, tome 14, juillet-septembre 1986, suppl.)

— MACLEOD (Roderick Donald) Key to the names of British Butterflies and moths, 86 pp. Londres 1959.

— OBERTHÜR (Charles), HOULBERT (Constant), Faune entomologique armoricaine. Mépidoptères. Rhopalocères, Rennes : Imprimerie Oberthür 1912-1921, 258 pages.


— PERREIN (Christian) 2012 , Biohistoire des papillons, Presses Universitaires de Rennes 2012.

— SALMON (Michael A.) 2000, The Aurelian legacy, British butterflies and their collectors, University of California Press, 2000.

— SOUVESTRE (Émile), 1836  Voyage dans le Finistère par Jacques Cambry, revu et augmenté par- : "Tableau systématique des lépidoptères qui se trouvent dans le département du Finistère" par  [(Hesse et) Le Borgne de Kermorvan] Brest : Come et Bonetbeau, 1835 page 165

SPULER (Dr Arnold), Die Europas Schmetterlinge, 1901-1908. Vol.1. Allgemeiner Teil —Spezieller Teil. I-CXXVIII + 1-386 + [1]-[6], 265 fig. dans le texte, E. Schweizelbart'sche Verlagsbuchhandlung, Nägele und Dr Sproesser édit., Stuttgart, Allemagne. En ligne sur BHL:http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/9477#/summary. 

 

De Geer : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97151p/f1.image.r=.langFR

Godart BHL :http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/38004#page/256/mode/1up

Duponchel, chenilles 1849 : BHL : http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/9410#/summary

   Boisduval chenille 1832 : http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/51588#/summary

 

 — Bestimmungshilfe für die in Europa nachgewiesenen Schmetterlingsarten :http://www.lepiforum.de


 

 

 

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Published by jean-yves cordier
14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 00:32

Lieu : sablières de Bodonou.

Date : 15 septembre 2011

 

 

                                                     La chenille de Phalera bucephala  (Linnaeus, 1758) la Bucéphale, la Lunule, le Porte-écu jaune.

 

phalera-bucephala-la-Bucephale 1196cc 

 

 

    C'est Linné qui  décrit  ce papillon dans la dixième édition du Systema Naturae, page 508 n° 61 sous le protonyme de Phalaena Noctua bucephala et avec la description de la chenille que voici : "larva pilosa nigra annulis lineisque luteis", chenille velue noire avec des anneaux et des lignes jaunes, et il donne comme plante-hôte le tilleul, le chêne, le saule et l'aulne.

  Il donne en référence Lister, Mérian, Albin, Frisch, de Geer, Roesel, Wilks, mais en premier le plus ancien, Jan Goedart (1617-1668) le peintre et naturaliste hollandais qui décrit cette espèce dans ses Métamorphoses de 1662. C'est lui qui l'aurait nommé "le Porte-écu jaune", ou, plus exactement et selon Engramelle, "C'est la forme et la couleur de cette tache ( jaune de l'aile) qui a fait donner à ces phalènes en Hollande et en Allemagne le nom de Porte-écusson et de Coin jaune".

Le nom vernaculaire de La Lunule a été donné par Étienne-Louis Geoffroy en 1662 dans son Histoire abrégée des insectes qui se trouvent dans les environs de Paris, tome 2, page 123 n° 28. Il écrit : "ses ailes sont d'un gris de perle cendré [...] une grande tache jaune marbrée ovale en forme de lunule qui termine le bout de l'aile."

  Le nom est repris par Charles de Geer dans Mémoires pour servir à l'histoire des insectes,(1752-1778) I, p. 317 sous la forme de Phalène lunule.

 

  Le R.P Jacques Louis Engramelle reprend aussi ce zoonyme en 1786 dans Papillons d'Europe vol.4, p. 325, pl 185 n° 240. Voici sa description des moeurs de la chenille :

   " On trouve ordinairement les oeufs de ces insectes au milieu de juillet sur le revers des feuilles des différents arbres qui servent de nourriture aux chenilles. Ils sont d'un blanc bleuâtre avec un point noir au milieu, et dix jours environ suffisent pour faire éclore lesjeunes chenilles. Elles ne dévorent point leurs coquilles comme beaucoup d'autres espèces ; mais dès qu'elles voient le jour elles se rassemblent sur les feuilles et en mangent la superficie en se tenant trés prés les unes des autres ; aussitôt qu'elles sont rassasiées, elles se mettent par tas les unes sur les autres. Après leur première mue, qui arrive  au bout de huit jours environ, elles ne se contentent plus du parenchyme des feuilles, mais les rongent par les bords comme les autres chenilles. elles ont atteint toute leur croissance à la fin d'août. [...] Leur société ne dure que jusqu'à leur croissance parfaite." L'apparition du chevron jaune signe le terme de leur vie grégaire et l'acquisition de leur autonomie.

Jean-Baptiste Godart le nomme Bombyx bucéphale dans Histoire Naturelle des Lépidoptères et Papillons de France, vol. 4, p. 236 n° 66 pl 22 fig. 1 :

bucephale-Godart.png

 

  Boisduval, Rambur et Graslin utilise le nom scientifique de Pygaera bucephala dans leur traité sur les chenilles, Collections iconographiques et historiques des chenilles vol. 1, pl 17 fig 1 et 2.

 

phalera-bucephala-la-Bucephale 1212cc

 

   Ce cliché montre la chenille dans une attitude qui lui est familière. Lisons encore Engramelle (ouvrage cité) : " Elles sont remarquables par l'attitude qu'elles prennent dans l'état de repos : elles tiennent alors le derrière élevé, et la dernière paire de pattes forme une espèce de queue fourchue. De Geer remarque qu'elles font peu usage de ces pattes en marchant, et que l'extrémité de leur corps est presque toujours relevé. Elles filent beaucoup, et tapissent de soie tous les endroits qu'elles parcourent ".

 

Un autre aspect remarquable est le chevron jaune de leur tête :

phalera-bucephala-la-Bucephale 1206cc

 

DSCN9018cc

 

 

  Iconographie :

 

Jan Goedart, Metamorphosis,p. 213, n° 95 : version numérisée de l'Université de Strasbourg, éditée à Londres en 1685 et complétée par Lister :

 

bucephale-goedart.jpg

 

J.A Boisduval, P. Rambur, A.Graslin, Collections...chenilles,  planche 17. (1832) (source : Google books) :

 

boisduval-bucephala-chenille.jpg

 

   Le nom scientifique de genre Phalera   Hübner, 1819 vient du grec Phaleros, "tacheté de blanc".

L'épithète bucephala attribué par Linné vient du grec boukephalos, "tête de boeuf", ce qui me paraît inspiré par la forme de la tête de l'imago, même si Bucéphale est aussi le nom fameux du cheval d'Alexandre le Grand.

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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 00:30

               La Cidarie enfumée

            Lampropteryx suffumata ([Denis & Schiffermüller], 1775)

 

Plouzané, venu à la lumière, 11 avril 2012:

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Zoonymie :

_ Nom scientifique :

  •  Lampropteryx suffumata: le nom de genre (Stephens, 1831) vient du grec lampros, "brillant, éclatant, splendide", qui qualifie la forte brillance des ailes (pteryx).  
  •  Protonyme Geometra suffumata Denis & Schiffermüller, Vien Verz Illig. Gotze Hubn.1775 : l'épithète spécifique suffumata, sub-fumata, est traduit par notre terme "enfumé". (Ce terme évoque la technique picturale de sfumato où, au contraire du clair-obscur, les contours ne sont pas soulignés par des lignes et des bords nets, mais fondus par une transition progressive. Mais ici, il désignerait plutôt la couleur sombre, comme dans l' épithète piceata, "couleur de la poix" qu' a proposé Stephens avec  Lampropteryx piceata 1831). La terminaison -ata est celle qui est utilisée pour les geometridae.

_ Nom vernaculaire :

P.A.J Duponchel in Jean-Baptiste Godart, Cidarie enfumée, Histoire naturelle des Lépidoptères, 1830  p. 320 n° DCCCLV ; illustration pl. 193 fig.2 par P. Duménil.

 http://books.google.fr/books?id=t2dh_pphB7EC&pg=PA593&lpg=PA593&dq=cidarie+enfumée+godart&source=bl&ots=fUsmpkJ5yR&sig=CqWi1LBcf5nlF7oDwVWWNp0Uuns&hl=fr&sa=X&ei=lZ2GT7ryBMW2hQeP2OyoCA&ved

 

010c

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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 00:28

Le Biston marbré ou la Phalène précoce

         Biston strataria Hufnagel, 1767.

 

Lieu: Plouzané (29)

Date : 12 avril 2012, venu à la lumière.

Mâle.

 

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Zoonymie :

Le Biston marbré ou la Phalène précoce, Biston strataria Hufnagel 1767, the Oak Beauty.

Envergure 40-50 mm.

Vole de mars à avril en milieu boisé et suburbain.

Plante hôte : un grand nombre d'arbres et pas seulement le chêne comme le fait penser son nom anglais.

Nom scientifique :

d'après A.M. Emmet, 1991 :

Biston : Learch, 1815 : c'est le nom d'un des fils de Mars et l'ancêtre de la tribu Thrace des Bitones en Grèce antique. 

strataria : du latin stratum, i : "couverture de lit, natte, tapis" pour décrire la ressemblance des motifs avec ceux d'une tapisserie (en anglais, ce papillon fait partie d'une famille nommé "carpet").

 


Nom vernaculaire :


  • La printanière, Etienne Louis Geoffroy 1765, Histoire abrégée des insectes, II, n° 22 p. 118-119
    link
  • La marbrée, Geometra marmorata, Charles de Villers, 1789 entomologie linnéenne T. II n° 639 p. 385
  • La Précoce, Geometra prodomaria Charles de Villers, 1789 entomologie linnéenne t. IV p. 500.
  • L' Amphidase précoce, P.A.J. Duponchel in Godart, 1829 Histoire naturelle des lépidoptères tome VII n° DCLIII p. 275 link Le terme d'amphidase est emprunté à Treitschke, Amphidasis prodomaria, Schmett. von europ. tome 4 p. 234.

 

 

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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 00:26

              Le Sphinx du peuplier

        Laothoe populi (Linnaeus, 1758).

 

Lieu : L'Aber, Crozon.

Date : 23 mai 2012.

Envergure : 65-90 mm

Vole de mai à juillet.

Plante hôte : peuplier, peuplier-tremble, saule.

Au repos, il tient ses ailes antérieures repliées vers l'arrière, tandis qu'il ramène vers l'avant les postérieures. Il ressemble alors à un amas de feuilles ou aux écailles des écorces, et ne se distingue pas s'il est posé sur les arbres. Dérangé, il écarte ses ailes antérieures et fait apparaître la couleur rougeâtre de ses ailes postérieures ce qui aurait un rôle de défense contre les prédateurs.

 

056c

 

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Zoonymie : 

Nom scientifique :

- Nom de genre : Laothoe Fabricius, 1807 tire son nom de l'une des maitresses de Priam, roi de Troie.

- Nom d'espèce : Laothoe populi (Linnaeus, 1758), du latin populus, le peuplier qui est, avec le saule, la plante hôte.


Nom vernaculaire : 

  • Le sphinx à ailes dentelées, 1764, Louis-Étienne Geoffroy, Histoire abrégée des insectes, tome II n°3 p. 81.link
  • Papillon-bourdon du peuplier, 1771, Charles de Geer, Histoire abrégée des insectes II  p. 243, link
  • le sphinx du peuplier, 1782, Jacques-Louis Engramelle, Papillons d'Europe peints d'après nature, n°162 p. 106, illustration  planche 114, 115 et 116 par Fossier et Ernst gravée par J.J. Juillet. link
  • Smérinthe du peuplier, 1822, Jean-Baptiste Godart, Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France, Les crépusculaires, tome III n° 18 p. 71. Illustration Planche 20 fig. 3 dessiné et peinte par Vauthier, gravée par Lanvin. link Le genre Smérinthe (Latreille 1802 "répond au genre Laothoe dans le systema glossatorum de Fabricius" (p. 63) et est encore utilisé pour désigner le sphinx demi-paon (Smerinthus ocellata). Ce nom est tiré du grec smerinthos, "le fil", peut-être celui de la vie, filé par les Parques et coupé par Atropos, en se souvenant que le sphinx tête de mort se nomme Acherontia atropos.

 Dans les autres langues :

GB : Poplar Hawk-moth,

D : Pappelschwärmer.


 

La planche d'illustration de Jacques-Louis Engramelle (Google Books) :

                  sphinx-du-peuplier-engramelle.png

 

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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 00:22

 

L'Angeronie du prunier, la Phalène du noisetier Angerona prunaria (Linnaeus, 1758).

Lieu : Plouzané (29)

Date : 11 juillet 2012

 

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Zoonymie.

 

Geometridae,

tribu Angeronini, Forbes 1948

Nom de genre : Angerona Duponchel, 1829. Histoire naturelle des lépidoptères ou Papillons de France  Tome IV p. 181.

  C'est donc notre compatriote Philogène Auguste Joseph Duponchel (1774-1846), l'ancien militaire bonapartiste renvoyé à l'étude de ses chers papillons à la Restauration, qui décrivit ce genre en poursuivant la publication de l'Histoire des lépidoptères de Jean-Baptiste Godart. Il s'avisa que Treitschke avait placé dans le genre Ennomos une espèce qui n'avait rien à y faire, et qui en différait trop "par la brièveté de ses pattes, l'absence de toupet frontal, l'échancrure des secondes ailes, la forme des pattes postérieures, la débilité du corps, etc..." Boisduval le replaça à tort parmi les Ennomos, puis reconnut son tort dans son Histoire Naturelle des Insectes après que Herrich-Schoeffer ait rectifié l'erreur.

angerona.png

 

  Il donna à ce genre monospécifique le nom d'une très ancienne déesse de la mythologie romaine. Je découvre avec Wikipédia cette Angerona, une très belle divinité du silence (elle est représentée l'index posé sur la bouche close par un bandeau), silence de la concentration de pensée et de l'effort nécessaire à sa tâche. Car celle-ci est ardue, qui consiste en rien de moins que d'aider le soleil, le jour du solstice d'hiver, à franchir ce passage très étroit qui lui permet de vaincre les ténèbres. C'est un monde de glace et d'effroi qui se dessine dans mon imagination, alors que se conjuguent les sombres mélodies du Winterreise de Schubert avec les souvenirs de récits d'explorateurs tentant de découvrir le Passage du Nord-Ouest. Vaste silence oppressant de l'Arctique. Angoisse. Angoisse de la naissance, lorsque l'enfant traverse le détroit de tous les dangers, et qu'un ange, lui appliquant sur les lèvres un doigt pressant, lui interdit de parler la langue du pays dont il vient. 

  Puis le premier cri, la déchirure triomphale des brumes, l'éclat des trompettes, le monde renaît, et reprend sa course vers l'été.

  L'Angéronie possède la couleur orangée, solaire, radieuse, de ce triomphe tout en conservant encore les traînes persistantes des ténèbres vaincues. Parfois, ses ailes en sont entièrement rayées suivant des lignes concentriques, comme si elle avait abîmée sa peinture en ayant été happée par un vortex. Ou bien, l'ombre brune recouvre plus de la moitié des ailes, en large cadre funèbre comme un faire-part. Mais l'individu que mon objectif a capturé ressemble plus à des mouillettes de pain d'épice trempées dans du café. Il s'agit sans-doute d'un mâle, car ce sont ceux-ci qui ont la chaleur de ton la plus fauve.

 

Nom d'espèce : Angerona prunaria (Linnaeus, 1758). Systema Naturae p. 520

  Linné cite en référence deux anglais, Wilkes (English Moths), et Albin puis Uddmann et ses dissertations : c'est le même Isaac Uddmann que je vient de découvrir en capturant le Tortrix  Epiblema uddmanniana

L'épithète prunaria provient de l'une des plantes hôtes le prunus spinosa , seul signalé par Linné, alors que la chenille de cette espèce se nourrit sur le saule, le chêne, la ronce, le lilas le noisetier ou le chêvrefeuille, et bien d'autres encore.

Nom vernaculaire

  • Phalène du prunier, ( Geom. prunaria) 1775, Charles de Villers, Encyclopédie linnéenne tome II p. 297 n° 409 et Olivier, Encyclopédie methodique tome 10 p. 87 n° 58.
  • Phalène du noisetier (Phal. corylaria), Olivier, Encyclopédie méthodique tome 10 p. 87  n° 59.
  • L'Angérone du prunier, 1829, P.A.J. Duponchel in J.B. Godart Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France, tome VII p. 181, illustration planche 147 fig. 1-4 peinte par Dumesnil.

 angerona-planceh.png

  Sous ce nom d'Angeronie du prunier, Duponchel décrit deux variétés, que certains auteurs avaient considérés comme deux espèces différentes : A. prunaria prunaria, ou Angérone du Prunier (fig. 1&2)  et A. prunaria corylaria ou Angérone du coudrier (fig. 3&4)

  Dans les deux variétés, le mâle est plus coloré, et plus petit.

 La variété la plus commune est prunaria : "Les quatre ailes du mâle prunaria, tant en dessus qu'en dessous sont d'un beau jaune-orangé, et plus ou moins chargées de petites stries noires, avec un croissant, ou plutôt une ligne un peu courbe de cette dernière couleur sur le disque de chacune d'elles, et leur frange entrecoupée de noir. La femelle ne diffère du mâle que parce que chez elle la couleur orangée est remplacée par le jaune d'ocre."

  " Le fond de la couleur de la corylaria est le même que chez la précédente, c'est-à-dire orangée chez le mâle et jaune d'ocre chez la femelle, mais ce fond est absorbé en grande partie par une large bande d'un brun-noir qui termine les quatre ailes, ainsi que par une grande tache de même couleur placée à leur base. Dans quelques individus, le noir domine tellement sur les ailes inférieures que l'on n'aperçoit plus que quelques atomes du fond, au milieu."

  J'en conclue donc que je n'ai pas attrapé la forme la plus courante, mais bel et bien une Angéronie corylaria, ma chère, et, parmi celles-ci, l'une de celles qui se piquent de ne pas laisser le galon de feutrine noir dissimuler par trop la belle étoffe d'or aux mouchetures sépia. Une forme rare, à rendre jaloux un bas-breton dans sa chupenn brodée.

Nom vernaculaire anglais : Orange Moth  

                       allemand : Schelenspanner

 

  La chenille de l'Angéronie "sort de l'oeuf en septembre, passe l'hiver engourdie sous de la mousse ou dans quelques fentes d'arbre, et n'atteint toute sa croissance que vers la fin de mai de l'année suivante. A cette époque, elle se renferme entre des feuilles, qu'elle attache ensemble par quelques fils et dont elle tapisse l'intérieur d'un léger tissu, pour s'y changer en une chrysalide d'un brun-rouge, avec l'enveloppe des ailes noires ; et le papillon en sort trois semaines après, c'est-à-dire à la fin de juin ou au commencement de juillet" C'est alors que j'interviens, avec mon petit appareil photo, clic-clac, merci Kodak !

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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 00:20

La Râtissée Habrosyne pyritoides (Hufnagel, 1766)

 

Lieu : Plouzané

Date : 11 juillet 2012

Plante hôte : Ronces.

060c

 

064xc

 

Zoonymie

Hétérocère

Nom scientifique :

DrepanidaeThyatyrinae

Nom de genre : Habrosyne, Hübner, 1821

  L'adjectif grec habros signifie "tendre, doux, délicat", comme dans le terme habrodiaitos qualifiant par exemple Aphrodite, "celle qui vit délicatement"; il intervient dans la construction du nom du rat-chinchilla Abrocome (au poil délicat), ou en zoonymie ornithologique dans la construction du nom de genre Abroscopus, sylviidés d'Asie. Les grecs avaient surnommés Sardanapale "Panabros", "le Tout-délicat, le tout-efféminé". En botanique, les grecs anciens nommaient sous le seul nom d'Habrotonon deux plantes différentes, une Artémisia et une santoline. Parmi les liliacées, l'Habranthus est "une fleur délicate". Citons encore le Kakapo ou perroquet-hibou Strigops habroptila, "à la plume douce".

  Habros, c'est bien, mais que veut dire Habrosyne ? A. Maitland Emmet (1991) traduit : du grec habrosune, "splendeur", mais cela laisse de coté des subtilités qui viennent enrichir notre manière d'admirer ce papillon.  On peut s'appuyer sur la lecture de l'article de Mario Lombardo, Habrosyne nel habra'nel mondo greco arcaico, Publications de l'École Française de Rome, 1983 pp. 1077-1103, disponible en ligne ici : link, ou bien considérer que habrosyne et habra sont, à l'origine, des notions de valeurs archaïques qui définissent ensemble des goûts aristocratiques associés au luxe, au raffinement, à la délicatesse, à la recherche d'étoffes précieuses, d'objets en or ou de mets gastronomiques, développés initialement au VIIe et VIe siècles chez les Perses ou dans l'aristocratie grecque d'Ionie au contact de l'Orient, mais qui furent rattachés plus tard à des valeurs plus décadentes de mollesse, de licence et de déprédation ou de corruption des moeurs, notamment lorsque, sous la dynastie des Ptolémés, elles en vinrent à participer à une politique ostentatoire d'exhibition des richesses et de prestige social lors de dîners à la Lucullus ou dans des bâtiments. Sous le nom de tryphé, cela devient, après les guerres du Péloponnèse, une valeur négative, s'opposant au mode de vie spartiate pour dénoncer le laxisme ionien puis athénien responsable des défaites, et pour Platon, elle rend compte du déclin des grands foyers de civilisation d'Asie et d'Occident. 

  On voit que ce mot peut introduire à une découverte passionnante des phénomènes aussi diverses que ceux des dons et contre-dons, des mentalités grecques lors de la colonisation, des phénomènes d'acculturation ou des réflexions sur la "décadence de moeurs". Mais concernant le regard que l'entomologiste peut porter sur ce papillon de nuit nommé Habrosyne pyritoïdes, et sur les raisons historiques qui amenèrent Hübner à le nommer ainsi , il s'enrichira d'y voir un bijou raffiné, un élément d'une parure ornementale alliant les matériaux les plus précieux et d'imaginer les damasquinures ou les glaçures de ce chef-d'oeuvre dans une vitrine de musée, dans son écrin, comme un céladon Goryeo, le gobelet d'or d'un roi Achéménide, un camée en sardonyx au veinage sépia, ou plus près de nous  l'oeuf Empire Fabergé en néphrite que Nicolas II offrit un jour à Maria Fedorovna. 

  C'est dire combien notre nom vernaculaire "la ratissée" est éloigné de ces fastes : 

 

 

Nom d'espèce : Habrosyne pyritoides (Hufnagel, 1766) Beschreibung einer seltene und besonders schönen Phaläne (Phalaena pyritoides), Berlinisches Magazin, oder gesammlete Schriften und Nachrichten für die Liehaber der Arzneiwissenschaft, Naturgeschichte und der angenhmen Wissenschaften überhaupt 3,(6) [1767]: 560-562. Berlin.

 l'épithète pyritoïde signifie "qui ressemble à la pyrite", ce minerai d'éclat métallique doré pâle tirant son nom du grec pyros -lithos, "pierre à feu" en raison de sa capacité à produire des étincelles.

Il fut établi que la pyritoides de Hufnagel était le papillon décrit par Linné dans la 12ème édition du Systema Naturae en 1867 sous le nom de Phalaena derasa.Cet épithète provient du latin derasus, a, um, part. passé du verbe derado, et signifiant "raclé, ratissé".


Nom vernaculaire :

  •   La Décorcée,   1775, Charles de Villers, Entomologie linnéenne, tome II p.229 n° 220.

 

  • La Râtissée, 1792, Engramelle, Papillons d'Europe peints d'après nature, tome VIII p. 5 n° 530 illustration planche 507. link Ce nom vernaculaire est la traduction du derasa de Linné, et Engramelle l'explique ainsi : " Les ailes supérieures de cette phalène sont ornées de manière très remarquable. La couleur grise qui y domine est tellement coupée de larges lignes blanches qu'elles forment différentes bandes et différentes taches. Une d'entre-elles, triangulaire, placée au bord d'en bas, d'un gris tout uni, a été désignée par Linné comme une partie qui semble rasée, et cette apparence lui a fait donner à la phalène le nom de Deraza." J'avais, pour ma part, cru que ce terme de "ratissée" désignait les zébrures des ailes, semblables à celles qu'un jardinier esthète trace dans le sable des allées, et qu'Engramelle qualifie de chevrons en point de Hongrie.

 

  • Noctuelle ratissée,1827 P.A.J. Duponchel in Godart, Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France vol.7 partie 1, p. 412 n° 43 link  Illustration par Dumesnil, gravée par Tourvaty, Planche CIII p. 13 n° 2 (mâle).

 

  • l'Agathe : on trouve ce nom mentionné de nos jours (site Papillon de Poitou-Charentes). C'est, d'après Engramelle, Fuesly qui nomma ce papillon La Phalène d'Agathe dans son "Magasin Entomologique" (Johann Caspar Füssly, Magazin für die Liebhaber der Entomologie, Zurich, 1778, 4 vol.in-8); et Engramelle approuve en notant que " ce nom désigne bien les dispositions et les nuances des ornements des ailes supérieures". Duponchel écrivait dans la référence précédente que " Cette belle noctuelle, dont la couleur naturelle est d'un blond d'écaille ou d'agathe, est très remarquable par le dessin de ses ailes supérieures. 

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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 00:18

Deux microlépidoptères de la famille des Torticidae :

Tortrix viridana et Epiblema uddmanniana.

 

Lieu : Plouzané (29)

Date : 6  juillet 2012

I. La Tordeuse verte du chêne Tortrix viridana (Linnaeus, 1758), 

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Zoonymie : 

Nom scientifique :

Nom de genre: Tortrix Linnaeus, 1758. : "tordeuse".

Nom d'espèce : tortrix viridana (Linnaeus, 1758), protonyme Phalaena Tortrix viridana ; Linné cite en référence Réaumur, Mémoires pour servir à l'histoire des insectes, 2, t. 18.

Nom vernaculaire : 

  • La chappe verte, 1762, Louis Etienne Geoffroy, Histoire abrégé des insectes Tome II p. 171 n° 123.
  • La Verte (Tort. viridana) 1775, Charles de Villers, Entomologie linnéenne, Tome II p. 388 n° 650.
  • Pyrale verdâtre, Serville et Lepelletier de St-Fargeau, Encycl. meth. Tome X p. 256 n°4. 
  • Pyrale verdâtre, Walckenaer, Faune parisienne Tome II p. 314.
  • La Tordeuse verte, 1834, P.A. J. Duponchel in Jean-Baptiste Godart, Histoire naturelle des lépidoptères ou Papillons de France Tome IX p. 98, n° 1139, illustration planche 240 p. 96 n° 3 par J. Delarue, gravure Melle Plée. (Le graveur en histoire naturelle Plée père, rue du Faubourg St-Jacques a un fils, François, et un neveu, Auguste, qui gravèrent les figures d'un ouvrage de botanique en 1811 ; nul doute que la fille ait également pris le relais de l'atelier paternel).link
  • L'Halias verte, 1867, Blanchard, Revue des Cours scientifiques, Paris.

   "Elle est d'un joli vert uni, avec la côte et la frange blanchâtre sur les ailes supérieures et d'un gris cendré, avec la frange également blanchâtre sur les inférieures. Le dessous des quatre ailes est d'un blanc luisant et comme argenté, avec un léger reflet verdâtre aux premières ailes seulement ; Les palpes, les antennes et la tête sont d'un vert jaunâtre. Le corselet est d'un même vert que les ailes supérieures, et l'abdomen participe de la couleur des inférieures. [...] L'espèce dont il s'agit est bien certainement la plus commune du genre ; il suffit à l'époque de son apparition de secouer les branches des chênes qui bordent les allées [de Paris] pour en faire partir des centaine d'individus, qui ne tardent pas à se réfugier sous les feuilles après avoir voltigé quelque temps." (Duponchel, op. cité, p. 98-100) 

  Comme l'avait déjà observé Geoffroy, la chenille puis la chrysalide s'abritent dans la feuille roulée du chêne ; mais auparavant, en mars, la chenille a pénétré dans les bourgeons pour les dévorer, avant de s'en prendre aux jeunes feuilles et aux inflorescences. Cette "tordeuse défoliatrice" peut donc défolier totalement un chêne.



II. La Tordeuse de Solander Epiblema uddmanniana (Linnaeus, 1758) Bramble Shoot

 

018c

 

      La couleur chocolat de la tache dorsale apparaît mal sur mon cliché.

Zoonymie :

Nom scientifique:

Olethreutinae

Nom de genre : Epiblema Hübner, 1825. L'epiblema est, en Gréce antique, un voile jeté sur les épaules, ou, dans les évangiles synoptiques (par ex. Mat.9, 16) une pièce (de tissu) ("personne ne met une pièce de drap neuf sur un vieil habit"). Le mot dérive du grec epi-ballo, "jeter sur", où le verbe ballo signifie "jeter". On retrouve cette construction dans emblema, "ce qui est appliqué sur", ou dans notre "problème", venant de pro-ballo, "jeter devant, mettre en avant un argument" (Trésor de la Langue Française).

Nom d'espèce : Epiblema uddmanniana Linnaeus, 1758 , protonyme Phalaena Tortrix uddmaniana.

Synonyme : Notocelia uddmanniana

   Il s'agirait d'un hommage à un entomologiste et médecin finlandais qui vint à Uppsala, Isaac Uddman (1733-1781) et à sa publication (Johan Leche, Isaac Uddman) Novae insectorum species (1753). Ce fils d'un négociant de Kristinestadt collectait les insectes autour de Turku, et les adressait à Linné qui les nommait. Le Muséum d'Histoire Naturelle d'Helsinski conserve encore ses collections.

   Uddman a publie en 1761 à Uppsala sous la présidence de Linné un opuscule de 14 p. intitulé Lepra quam dissertaniones medica. En effet, Uddman est l'auteur de la première thèse de médecine écrite sur la lépre, où il défend la théorie actuellement admise que la forme prise par la maladie ne dépend pas seulement de la durée d'évolution, mais aussi de la constitution de l'individu. Cent ans avant que le bacille ne soit isolé des nodules, il argumentait pour la responsabilité d'un "small animal of infinitesimal smallness" qu'il faudrait pouvoir rechercher dans les nodules.

 Le double n final Udmann me faisait hésiter, mais cette hypothèse zoomymique est également celle de An accentuated list of the British Lepidoptera with hints of the derivation of the names, de l' Entomological Societies of Oxford and Cambridges, London, 1858.

  

Nom vernaculaire:   La Tordeuse de Solander, la Tordeuse des ronces

  • La Solander ? 1775, Charles de Villers, Entomologie linnéenne, T. II 
  • L'Aspidie de Solander Aspidia Solandriana 1834, P.A. J. Duponchel in Jean-Baptiste Godart, Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France tome IX p. 181 n° 1181 Illustration pl. 245 fig. 2 par J. Delarue gravée par Melle Plée.

Daniel Solander (1733-1782) est un suédois, élève de Linné, qui a participé au premier voyage de Coock sur l'Endeavour en 1768-1771. Il en ramena des collections de milliers d'oiseaux, de plantes et d'insectes.

Le nom français semble en rapport avec une confusion initiale entre Epiblema uddmanniana et Epinotia solandriana (Linnaeus, 1758) dont la tache sombre est plus étendue, décrite par Linné comme Phalaena tortrix solandriana, et qui se développe sur les bouleaux, les saules marsault et les noisetiers alors que E. uddmanniana occupe les ronces,  framboisiers et autres espèces de la famille des Rubus.


Nom vernaculaire anglosaxon : Bramble Shoot webber ou  Udmann's Bell moth

                        allemand : Brombeertriebwickler

                        dannois : Brombaevikler

                        neerlandais : Bramebradroller

                        norvégien : Bjornebaervikler


   

 

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Published by jean-yves cordier
14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 00:18

 

   La Porcelaine, Pheosia tremula (Clerck, 1759).

 Notodontidae

 

 

  • date : 9 juin 2012
  • Lieu : Poulancre-Boquen, Saint-Gilles Vieux-Marché (22).
  • Modalités

    : piège à lumière (drap + ampoule mercure).

     

     

     

    Stage de formation hétérocère organisé par Bretagne Vivante et le GRETIA et animé par Maël Garrin que je remercie pour sa patiente supervision de nos tentatives d'identification.

     

     

 

 

 

  • envergure : 44-55 mm
  • Vole de mi-avril à mi-juin, et juillet à septembre en deux générations
  •  Plante hôte : Peuplier, érable, saule et bouleau.

                          015cc


027cc

 

Zoonymie

La Porcelaine Pheosia tremula (Clerk, 1758) Swallow prominent.

1) Nom scientifique : 

 Genre : Pheosia Hübner, 1819, Verz. bek. Schmett. (10) : 145 link qui inclut dans ce genre Pheosia dictaea Linn et P. dictaoides Esp. (cf infra).  Le nom provient selon A. Maitland Emmet (1991) du grec pheos, qui désigna en botanique chez Pline, Dioscoride et Théophraste une plante épineuse dont les foulons se servaient pour carder leur drap (comme notre cardère) ;  [un hononyme pheos signifie "brun"].Le qualificatif se comprend bien si on considère l'aspect épineux des lignes blanches du bord externe de l'aile antérieure.

espèce : tremula, (Clerck, 1759), du latin tremulus, a, um, "tremblant". Là encore, l'épithète est convaincant, pour peu que l'on ait essayé de photographier l'individu et que l'on ait du attendre longtemps la fin du tremblement des ailes. Mais A.M. Emmet se plaît à imaginer que Clerck ait voulu aussi jouer sur le double sens de  tremulus, qui désigne aussi l'arbre nommé "tremble" ou Populus tremula, l'une des plantes hôtes. Mais il n'a certainement pas voulu écrire le Pheosia "du tremble", car il aurait utilisé alors la forme tremulae.

Publication : Clerck, C. (1759) : Icones insectorium rariorum cum nominus eorum trivialibus, locique e C. Linnaei. Tab.9, fig 13, Stockholm. Le disciple suédois de Linné  Carl Alexander Clerck (1710-1765) est surtout connu par son ouvrage sur les araignées (Aranei suecici, 1757) mais il n'a pu achever son ouvrage illustré sur les papillons, qui est dépourvu de commentaires et s'arrête prématurément au troisième fascicule. On doit néanmoins à Clerck de nombreux noms d'hétérocères.

2) Nom vernaculaire : Il provient du Révérend-Père Engramelle :

  • La Porcelaine, la chenille du peuplier noir : 1786, Jacques Louis Engramelle, Papillons d'Europe peints d'après nature, Tome V, n° 260, P. pl. 197, fig. a et b link . On remarque l'étendue de la bibliothèque d'Engramelle, qui cite 14 auteurs, dont la publication princeps de Clerk.   Il existe deux espèces bien similaires  que le Père Engramelle a confondu sous le même nom de Porcelaine ; il se déclare incapable de trancher sur la question alors débattue de savoir si les deux papillons, alors nommées Phalènes tremula et dictaea, étaient deux espèces différentes, ou deux variété de la même , mais il réserve deux numéros (260 et 261) pour les deux Porcelaines.    Linné , dans sa 12ème édition du Systema Naturae (1766-1768) I, 2 p. 826 utilisait les deux termes de dictaea et de tremula comme une seule espèce. 

 Il explique qu'il a donné ce nom français car certains auteurs utilisaient le nom latin de "porcellanea" : il n'est donc pas l'inventeur du terme. Ces auteurs, cités par Engramelle, sont le suisse Fuessly, Hüfnagel (Mag. de Berlin tome II p. 420) Goeze, Lang, Scheider, et l'auteur du Catalogue des Papillons des environs de Holzm.

  • La Porcelaine, Bombyx dictaea  : 1822, Jean-Baptiste Godart, Histoire Naturelle des lépidoptères ou Papillons d'Europe, vol. 4, Nocturnes Ière partie, n° 49 p.196. Ill. Planche 19 fig.1 par Dumenil, gravée par Perrot fils. link

L'illustration donnée par Godart (Google Books, lien supra) : la figure 1 représente Bombyx dictaea (Pheosia tremula) et la figure 2 Bombyx dictaoïde ( Pheosia gnoma) :

pheosia-tremula-.png

 

 

         Godart, lui, sépare le Bombyx dictaea (B. dictaea et tremula de Linné ) et le Bombyx  dictaoïde (B. gnoma de Fabricius).

Actuellement, on décrit  Pheosia gnoma (Fab, 1777), la Faïence et  Pheosia tremula, la Porcelaine. Cette dernière est plus grande, sa tache blanche triangulaire des ailes antérieures est plus étendue et plus allongée, et ses ailes postérieures sont plus blanches. ( R. Robineau). Ces différences sont parfaitement décrites par Godart, qui ajoute : que "la liture noirâtre de leur angle interne" offre un croissant inversé chez tremula, et un "petit quarré blanchâtre" chez gnoma

Nom vernaculaire d'autres langues :

GB : Swallow prominent (et Small Swallow Prominent pour P. gnoma) : la langue anglo-saxonne choisit une voie originale avec ce terme, dont j'ignore s'il faut le traduire par "Hirondelle remarquable" ou par "Gorgée saillante".

D : Pappel-Zahnspinner ou Porzelanspinner, où on reconnaît le "spinner", le caractère épineux du mot pheos.


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Published by jean-yves cordier
14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 00:16

La Périzome coupée Perizoma alchemillata (Linnaeus, 1758), Small Rivulet.

 

Lieu : Plouzané (29)

Date : 11 juillet 2012.

041c

 

Zoonymie

Nom scientifique :

Geometridae

Larentiinae

Nom de genre : Perizoma Hübner, 1825. Le perizome (du grec signifiant "autour de la ceinture" désigne la culotte, ou, dans l'iconographie chrétienne, le pagne (perizonium) qui ceint le bassin du Christ crucifié. En 1836, c'est aussi le nom que quelques chirurgiens donnent au bandage herniaire...

Le genre réunit 14 espèces (Fauna Europaea), dont P. affinitata, une espèce très proche de P. alchemillata, mais  plus grande ( 24-30 mm d'envergure contre 14-18mm pour alchemillata) et qui ne possède normalement pas de double indentation de la ligne blanche des ailes antérieures (UKMths,http://ukmoths.org.uk/show.php?bf=1803).

Nom d'espèce : Perizoma alchemillata (Linnaeus, 1758),Systema Naturae 10ème edition tome I p. 526 pour lequel on retrouve la construction zoonymique habituelle à Linné pour l'épithète spécifique de ses geometridae : nom de la plante hôte + terminaison en -ata.

  L'alchemille commune alchemilla vulgaris doit son nom au fait que les alchimistes croyaient que la rosée trouvée sur les feuilles de cette plante pouvait changer les métaux vils en or. (CNRTL, Trésor de la Langue Française).

 Synonyme : Rivulata ([Denis & Schiffermüller], 1775), d'où provient le nom vernaculaire anglais Rivulet (cf.infra). Stephens 1831, reprit par Boisduval & Guenée 1857, proposera Emmelesia.

Nom vernaculaire :

  • Phalène du pied de lion, 1775, Charles de Villers, entomologie linnéenne tome II p. 347    n°529. L'alchemille commune est effectivement désignée en langage venaculaire par les termes de Manteau de Notre-Dame ou de Pied-de-lion.
  • La Coupée, 1775, Charles de Villers, op. cité 
  • La Mélanippe de l'alchemille, 1830, P.A.J. Duponchel in Godart, Histoire naturelle des lépidoptères ou Papillons de France, Tome 8, p. 294 n° 845, illustration planche 191 fig. 2 par Dumenil. Le genre Mélanippe avait été créé par Duponchel pour regrouper, parmi les Cidaries, Acidalies et Zérènes de Treitschke,  des espèces à ailes noires à bandes blanches.  Duponchel nommait Mélanippe coupée sa Melanippa rivulata, op. cité. page 289. Il s'agit de la même espèce : rivulata = alchemillata.

     

  • Périzome coupée :  date ?


Nom vernaculaire  anglais : Small Rivulet, "ruisselet, ru", petit courant (de l'italien rivoletto, lui-même issu du latin rivulus, "petit ruisseau, filet d'eau", diminutif de rivus,i, "cours d'eau". Rivulet étant déjà un diminutif, on imagine qu'un "small rivulet" ne soit plus qu'un tout petit ruisselet. Mais l'adjectif Small qualifie plutôt le papillon, qui est plus petit que son grand frère Rivulet, Perizoma affinnata. Le ruisseau en question, c'est bien-sûr celui que dessine la bande blanche des ailes, avec ses méandres, ses atermoiements, ses "vire-courts". Car sur les ailes de notre Périzome, en effet, comme le dit Ronsard, "soit de jour, soit de nuit / un petit ruisselet y jaze d'un doux bruit,/ murmurant ton beau nom dans ses rives sacrées."

Nom vernaculaire allemand: Hohlzahn Kapselspanner : Hohlzahn désigne la plante hôte galeopsis tetrahit.

Nom suedois : Pillikemittari.

Ce papillon vole de juillet à août en une génération, dans les bois, les prairies et les clairières ; sa chenille se trouve sur l'oeillet (dianthus), le lamium, le galeopsis tetrahit, les Stachys. Cette dernière plante est une lamiée, aussi nommée Ortie royale, qui tire son nom Galeopsis du grec galon, "belette, putois" et ôpsis, "en forme de ", en raison de l'aspect de gueule carnassière de sa fleur. La chenille se nourrit de sa graine ou de sa fleur.

 http://books.google.fr/books?id=t2dh_pphB7EC&pg=PA289&dq=melanippe+coup%C3%A9e&hl=fr&sa=X&ei=jj3_T9PFOdKYhQfY9vjJBw&ved=0CDsQ6AEwAQ#v=onepage&q=melanippe%20coup%C3%A9e&f=false

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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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