Genre Calopteryx, Leach, 1815. Brewster's Edinb. Encycl. 9(1): 137. Le nom qui vient du grec kalos "beau" et pteryx "aile" signifie "qui a de belles ailes" en raison de la couleur métallique de celles-ci, surtout chez les mâles.
.
.
.
.
I. LA PUBLICATION ORIGINALE. LEACH 1815.
En 1813, William Elford Leach (1791-1836), diplômé en médecine de l'université St-Andrews (Ecosse) après avoir étudié à Edimbourg, devint responsable des collections zoologiques du British Museum. En 1815, il rédigea la première bibliographie, extraordinairement détaillée, de l'entomologie, dans la partie historique d'un article "Entomologie" de l'Edinburgh Encyclopaedia de David Brewster. Il publia entre 1814 et 1817 ses Zoological Miscellany, mais en 1822, atteint de dépression et de surmenage, il démissionna de son poste pour voyager.
— LEACH , W.E. (1815). "Entomology". In Brewster, David. Edinburgh Encyclopaedia. Vol. 9. Edinburgh: William Blackwood. pp. 57–172 [137] (in 1830 edition) – via Biodiversity Heritage Library.
FAMILY I. LIBELLULIDA.
489. Libellula
490. Cordulia.
FAMILY II. ÆSHNIDES.
482. Cordulegaster
483. Gomphus
484. Anax
FAMILY III. AGRIONIDA.
485. Agrion
486. Lestes
487. Calepteryx.
.
486. GENUS CCCCLXXXVII. CALOPTERYX. Leach's MSS. Agrion Fabricius Latreille.
Wings coriaceo-membranaceous, without a real stigma, in place of which is sometimes an irregular opaque spot. Abdomen of the male furnished with a forceps-like appendage.
Obs. This genus comprehends those Agrionida with coloured wings.
.
.
Leach décrivait son genre Calepteryx ainsi : "ailes coriaceo-membraneuses, sans réel stigma, remplacé par une zone opaque irrégulière . L'abdomen des mâles est équipé d'appendices en forme de pince [ou de forceps] . Ce genre comprend ceux des Agrionidés aux ailes colorées."
.
.
L'espèce type du genre est Libellula virgo Linnaeus, 1758.
.
II. ÉTUDE DU NOM.
.
Calopteryx vient du grec kαλοσ, α, ον = belle + πτεριξ, υγοσ = aile et signifie "qui a de belles ailes", qualificatif qui ne nécessite pas d'explication pour celui qui connait les splendides couleurs bleu-vert métallique irisé des ailes des mâles de l'espèce-type C. virgo.
La graphie CALEPTERIX de Leach, fautive à l'égard des racines grecques, a été corrigée par Burmeister en 1839 dans Handbuch der Entomologie, 2, 825. Ce dernier attribue le nom Calopteryx à Charpentier.
.
III. RECEPTION du genre.
Leach, qui sépare ses Agrionida en trois genres AGRION Latreille, LESTES Leach et CALEPTERYX Leach, signale qu'il reprend sous son nom Calepteryx les espèces du genre Agrion (ou Agrionida) "qui ont les ailes colorées".Il renvoie aux AGRIONS du danois Fabricius [1775 puis 1798 Syst. Ent. 286 (emendation)] et du français Latreille [1801 Hist. Nat. T.3 p. 287 ]. C'est ce dernier qui y place la Libellula virgo de Linné. Latreille définissait son genre Agrion ainsi :
"Antennes à troisième article allongé, et terminées par une soie qui n'est pas deux fois plus longue que la tête, sans articles distincts. Lèvre inférieure à trois pièces assez grandes; les latérales ayant une pièce palpiforme et un angle saillant; celle du milieu fortement échancrée.
Téte et corselet ne faisant que le tiers de la longueur totale du corps ; tête courte, large. Yeux gros, écartés. Vessie frontale petite.Petits yeux lisses, très-apparens, sans élévation vésiculeuse au milieu d'eux. Ailes élevées. Abdomen très-long, menu, cylindrico-linéaire."
Le genre fut repris par les auteurs suivants :
CALOPTERYX Burgmeister 1839 Handbuch Ent.2, 285
CALEPTERYX Hagen 1840 Syn. Lib. Eur. 61.
CALOPTERYX Selys et Hagen 1850 Revue des Odonates Paris 133
SYLPHIS Selys 1852 Synopsis des Calopterygines.
AGRION Selys 1876, Bull. Acad. r. Belg. 2 41 1
AGRION Kirby, 1890 Syn. Cat. Neur. Odon. London
CALOPTERYX Jacobson et Bianqui 1905, Pryam Lozhnos Ross imp. 796.
Les Caloptéryx se caractérisent parmi les Zygoptères :
par la coloration métallique d' ailes grandes et larges. Le plus souvent bleu chez le mâle et vert métallique ou brun chez les femelles.
par leur forme non pédonculée (mais ovales, progressivement rétrécies vers la base), ce qui les distingue des Lestes, plus petites et au corps vert métallique.
par l'absence de ptérostigmas des mâles alors que les pseudoptérostigmas des femelles sont pâles, mal définis et traversés de nervure.
par la nervation très serrée.
Par leur cantonnement le long des cours d'eau, à berges végétalisées en grand nombre. Au repos, les ailes sont maintenues ensemble ou légèrement entrouvertes selon un axe de 30 ° environ par rapport à l'abdomen.
par la parade précopulatoire des mâles en vol stationnaire devant la femelle avec un battement des ailes à haute fréquence, extrémité de l'abdomen relevé.
.
ESPÈCES FRANÇAISES :
Calopteryx haemorrhoidalis (Vander Linden, 1825) - le Caloptéryx méditerranéen
Calopteryx splendens (Harris, 1782) - le Caloptéryx éclatant (présent partout en Bretagne)
Calopteryx virgo (Linnaeus, 1758) - le Caloptéryx vierge (présent partout en Bretagne)
Calopteryx xanthostoma (Charpentier, 1825) - le Caloptéryx occitan
— ANTONIO (Costantino D’), VEGLIANTE (Francesca ) "Derivatio nominis libellularum europæarum"(PDF) (en Italien) Étymologie de 197 noms de Libellules européennes.
— ENDERSBY (IAN D. ), 2012, : Watson and Theischinger: the etymology of the dragonfly (Insecta: Odonata) names which they published Journal and Proceedings of the Royal Society of New South Wales, vol. 145, nos. 443 & 444, pp. 34-53. ISSN 0035-9173/12/010034-20 34
— ENDERSBY (IAN D., FRS ), 2012, Etymology of the Dragonflies (Insecta: Odonata) named by R.J. Tillyard, F.R.S. Proceedings of the Linnean Society of New South Wales 134, 1-16.
Les stalles basses de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Les inscriptions des enfants de la psallette, des recteurs et des choristes. En avant la Musique !
Les stalles du choeur en bois sculptées datent de 1510-1520 : on y voit en effet les armoiries de Mgr de Carman (1504-1514) et celles de Mgr Guy Leclerc (1514-1523).
Les sièges se présentent en quatre rangées disposées par groupe de deux, de part et d'autre du chœur : 17 stalles hautes et 16 stalles basses de chaque coté. Le chœur est entouré d'un chancel de pierre contre lequel viennent s'adosser les dosserets des stalles et leur dais. L'entrée dans le chœur se fait par deux portes situées l'une en face de l'autre du coté nord et sud du chancel, entre le chœur liturgique et le chœur des chanoines.
L'accès aux stalles hautes depuis les stalles basses se fait par une volée de deux marches située au centre des rangs inférieurs. Un autre accès est possible entre les deux rangs coté est, par deux marches et une porte basse.
Avec les appuie-main et les miséricordes de chaque stalle, les jouées qui les ferment sur les cotés, les rampants des volées de marches, les dais encadrés de deux frises haute et basse, avec les pendentifs et les statues des montants, les stalles de Saint-Pol-de-Léon constituent un ensemble d'une richesse exceptionnelle. Celui-ci a été étudié par Florence Piat dans un mémoire de maîtrise de 2004, suivi d'une thèse de 2012 consacrée plus largement aux stalles de dix sites de l'ancien duché de Bretagne (Dol, Tréguier, Quimper, Saint-Herbot, Saint-Pol-de-Léon, etc.).
.
Où l'iconographie empêche d'entendre des voix.
.
Grâce aux données de cette thèse disponible en ligne, j'ai étudié successivement les frises des dais, et les jouées. Mais tous les travaux sur les stalles, toutes les photographies partagées, toutes les visites proposées ont un défaut irréductible, celui d'être basés sur l'image et le regard, alors que les stalles n'ont en réalité qu'une fonction : le chant de l'office canonique. Les figures cocasses ou édifiantes des appuie-main et miséricordes captent toute l'attention, mais la détournent de la destination, et, en réalité, de l'âme même du lieu.
"Les études relatives à l'iconographie des stalles du chœur ne peuvent ignorer la fonction liturgique de ce mobilier. Construit comme une caisse de résonance enfermée dans le chœur des grands édifices, l'ensemble des stalles doit sa conception aux pratiques musicales progressivement adaptées à la liturgie catholique." (F. Billiet)
Pour mettre l'accent sur l'activité chorale au XVIIe et XVIIIe siècle dans ces stalles, les stalles de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon possèdent un atout. Certes, elles n'ont conservé ni antiphonaire, ni partition, ni bien-sûr d'enregistrement, certes les instruments de musique n'y sont presque pas représentés sur ses sculptures, mais les enfants de la maîtrise, ou "psallette" (de psallere, "chanter des psaumes) et divers choristes, et même les recteurs ont inscrit leur nom sur le dossier du siège qu'ils occupaient, principalement vers 1635 et 1679. C'est un corpus d'une centaine d'inscriptions qui est ainsi disponible, sur la quasi totalité des 32 sièges des stalles basses (les stalles hautes, réservées aux chanoines et personnalités, en sont dépourvues).
.
Or, la découverte de ces inscriptions, mélange de graffiti et de textes soigneusement gravés, si elle n'offre pas un intérêt documentaire considérable, suscite une émotion comparable à celle de lire, sur les murs de Pompei, ARRUNTIUS HIC FUIT CUM TIBURTINO, "Arruntius est venu ici avec Tiburtino" : l'irruption des bruits de la rue, de l'étoffe de la robe de Gravida, et de la mélancolie des ruines. Mais à la différence de la Melancolia maladive issue du Problème XXX du Pseudo-Aristote, cette émotion est plutôt une dilatation de la rate qu'un accès de bile noire, sa nostalgie est chaleureuse et joyeuse comme la retrouvaille, dans ses papiers, d'une vieille photo de classe. Un instant, le présent se déchire et laisse entendre le rire de François Morvan, qui tente désespérément et inlassablement d'inscrire son nom, pour suivre l'exemple de son camarade Alain Simon "enfant de la Psallette".
Et ce sont les présences de six enfants recrutés parfois dès l'âge de sept ans pour une formation d'une dizaine d'année qui surgissent, et, peut-être, en tendant l'oreille, font entendre leurs voix fluettes mais soucieuses de s'affirmer.
Ces inscriptions indiquent que ces enfants occupaient les sièges du bas-chœur (29 à 31 et 62 à 64 selon la numérotation adoptée par F. Piat). On les imagine se battant pour s'approprier telle ou telle place.
Plus près du chœur, une basse contre, une haute contre et un joueur de Serpent ont laissé leurs noms !
Mais ces places ne sont pas attribuées au hasard, mais à l'oreille.
« Pour le musicien, la cathédrale est instrument de musique, la voûte résonnant, tels les cieux, du chant des anges ; comme le ventre du violon, elle amplifie, de sa gigantesque caisse de résonance, la voix du chanteur ; elle l'habille d'échos, elle l'enrichit d'harmoniques inattendues, elle le transporte à l'autre bout de la nef pour toucher au plus juste l'âme du fidèle.
Le maître de musique connaît bien toutes les ressources de ce large vaisseau, qu'il doit remplir chaque jour de fugues et de contrefugues : il sait où placer l'enfant et le chantre ; il a appris au cours des ans à y élever sa voix et celle des autres ; il a cherché où porter le son au mieux ; il a eu l'occasion d'expérimenter chaque geste, chaque posture, chaque nuance ; il maîtrise tous les effets de la pierre, il en enseigne tous les pièges à son élève.
Dans le grand vaisseau cathédral, la voix au moment même où elle se met à vibrer, ébranle cette immense masse d'air, courant tout au long de la nef, par delà le jubé, se faufile dans les bas-cotés. Avec elle, tous les autres corps sonores, les tuyaux de l'orgue, le serpent, la viole, le basson, le luth, la cloche … et, lors des grandes cérémonies, les violons, qui viennent enrichir un décor de tapisseries, de peintures, d'illuminations « faits exprès ».
Loin de n'être qu'un réceptacle, qu'un écrin à musique, la cathédrale vibre ainsi par sympathie, comme le corps du violon par sympathie des vibrations de la corde. Et c'est au symphoniarche que revient la lourde responsabilité de faire sonner cet instrument colossal, de choisir les voix et les instruments susceptibles de mettre le vaisseau en vibration, de penser les mélodies et les harmonies en fonction du caractère de chaque fête.
Dans la cathédrale, on chante plusieurs types de musique selon les moments de l'office, mais aussi selon son importance : plain-chant, que l'on entonnera avec plus ou moins de solennité selon les fêtes, faux-bourdon, et musique figurée polyphonique que l'on déclinera dans diverses catégories selon les effectifs utilisés (quelques solistes, chœur seul ou avec quelques instruments ou même avec tout l'orchestre pour les fêtes nécessitant quelque apparat). » (J. Duron)
Ces inscriptions sont donc les faibles mais précieux indices pour répondre aux questions "qui chante ?" et "Où chante-t-on ?".
.
La psallette de la Cathédrale de Saint-Pol (-de-Léon) fut fondée par Guillaume Féron, évêque de Léon (1439-1472), le 9 Juillet 1455, peu d'années après la fondation de la psallette de la Cathédrale de Quimper, qui existait avant 1433, 'pour doter l'église de Léon, notre épouse, d'un chant plus harmonieux pour contribuer plus dignement au service divin et procurer le salut des âmes.'
Elle fut composée d'un maître de chant, d'un maître de grammaire et de six enfants. Ces enfants résidaient dans la "maison de la psallette" (deux maisons figurent dans la donation initiale ; par la suite, faut-il la distinguer de l'actuelle "Maison prébendale" , qui donne sur la Rue de la Psallette?). Un maître de musique s'ajouta ensuite (1541) au maître de grammaire et à l'administrateur. Les six enfants de la psallette sont astreints à suivre les leçons de musique ; mais les jeunes clercs (ou bacheliers) admis au service du choeur y étaient également obligés.
Le maître est tenu aux obligations suivantes :
"il fera aux enfants deux leçons de musique et instruments par jour, une avant la grand'messe, l'autre après vêpres, chacune d'une heure.
"Il apprendra le plain-chant et la musique quatre fois la semaine à ceux du bas choeur que le Chapitre désignera.
"Le maître empêchera les enfants de parler breton entre eux et n'aura pas de servante qui ne sache que le breton, dans la crainte qu'ils ne puissent apprendre le français."
Le fonds musical était important comme le montre la découverte en 1790, à Saint-Pol-de-Léon, de 231 œuvres de différentes natures dans un meuble de la maison de la psallette. Il s’agissait de « 18 messes en musique, 50 motets, 42 Jérémiades ou leçons de ténèbres, 7 Te Deum, 11 odes, Noël, Réponses, versets et autre Stabat, 28 motets de procession, 4 motets de majeurs, 22 hymnes, 35 Magnificat et Exaudiat, 14 antiennes à la Vierge » (ADF – 1Q2473, extrait du procès-verbal des commissaires du district de Brest chargés de l’exécution des ordres du conseil de l’administration du département du Finistère, 3 décembre 1790). Rien n'indique s'il s'agissait de créations locales ou de copies, et j'ignore si ces partitions ont été conservées. Toutefois," le 22 Mars 1625, le Chapitre députe deux chanoines, M. de Poulpiquet et M. Floch, pour « faire l'inventaire de la musique que feu Missire Couvart a baillé pour servir en cette église ; Michel Durant la fera copier par les enfants » (G. 298). Le compte de 1630 porte en dépenses 4 livres payées « en cinq livres de musique auxquels il y a diverses messes et huit tons de Magnificat ». C'était, en effet, des messes en musique et non en plain-chant que l'on chantait d'habitude, comme le constate la délibération du Chapitre du 22 Mai 1631 (R. G. 473) .
.
Répartition des sièges.
Il faut réaliser que l'état actuel n'est pas celui d'origine. Avant que le Concile de Trente n'entraîne la disparition du jubé entre le chœur des chanoines et le transept, une rangée de stalles se disposait de chaque coté de la porte de ce jubé, et les sièges qui s'y trouvaient étaient les plus honorifiques, autour du trône épiscopal. Parmi les chanoines, le chantre ou cantor , les archidiacres de Léon et d'Acre Léon devaient y prendre place.
On notera que la fourchette de datation des inscriptions de Saint-Pol-de-Léon n'est pas éloigné de cette petite révolution de l'espace sacré. Cette disparition du jubé et des stalles de retour qui y étaient adossés a pu jouer un rôle déterminant sur la présence des inscriptions.
Ainsi, à Tréguier pour les stalles hautes :
"À Tréguier neuf stalles hautes portent ainsi le nom de leurs occupants. Mais, contrairement aux stalles basses, il ne s’agit que d’un seul nom, gravé avec soin au niveau du haut du dossier ou de l’accotoir. Ces inscriptions sur des stalles hautes ne sont visibles sur aucun autre ensemble du corpus breton et il est à gager que le phénomène soit à mettre en lien avec les querelles de prééminences générées par la destruction du jubé de la cathédrale, vraisemblablement en 1648-49." (F. Piat 2012)
La responsabilité des décisions du Concile de Trente menaçant l'emploi des chanteurs sont aussi évoquées par les auteurs dans diverses publications :
" À Amiens, quelques stalles ont reçu des graffiti. Les auteurs seraient-ils les chanoines qui s'ennuyaient pendant les offices? Les recherches effectuées avec les noms et les dates ont montré qu'il s'agissait de stalles occupées par les chantres, dont la fonction était appelée à être supprimée. Peut-être est-ce une manière de manifester leur mécontentement, un début de révolte, comme le suggère Kristiane Lemé, spécialiste de l'histoire des stalles?"
" Les miséricordes, les rampes, les jouées et les accoudoirs ornés de sujets musicaux correspondent rarement aux places occupées par des musiciens. En revanche, il faut constater la présence de nombreux graffiti sur les dossiers de leurs sièges. Ces inscriptions illicites couvrent une grande partie du mobilier. Sur le dossier de la stalle n°100, l'inscription « Harle » correspond sans doute au nom de Lambert Harlé, enfant de chœur qui, retiré de la maîtrise par son père en 1710, fut condamné à réintégrer l'Église et de « rapporter en même temlps les robes rouges et autres habillements qu'il avait emportés » Les graffiti gravés sur le dossier des stalles réservées aux instrumentistes pourraient dater de cette époque (stalle 41)."
"Ainsi, à Rodez, il faudrait identifier Lessiere, Deci et Ivenelles, noms gravés sur le dossier de la stalle attenante. Il faudrait aussi s'interroger sur les inscriptions illicites — Raynal, Lau et Vindex, 1601 — lisibles sur les dossiers des stalles de la collégiale de Villefranche-de- Rouergue, toujours aux mêmes emplacements des musiciens (stalles basses n° 14-15 et celles qui leur font face)."
Aucune explication n'a été retrouvée à propos de ces graffiti mais, dans la mesure où ils sont, au XVIe siècle, l'instrument d'une revendication d'appartenance, je risque l'hypothèse suivante : menacés d'éviction à la suite des conclusions du concile de Trente (1545-1563), les instrumentistes admis dans les stalles auraient gravé leurs noms, leurs instruments et certaines notations musicales pour bien marquer la place dans laquelle ils souhaitaient être maintenus. La date de 1552 qui accompagne les graffiti de la cathédrale de Rodez rend crédible cette hypothèse que des études plus approfondies pourront, sans doute, vérifier. 5. Par la suite, les chantres ont pris l'habitude d'inscrire leur nom au moment de leur installation dans le chœur. Sur un des dossiers des stalles d'Amiens, on peut lire : Dupuis entre le 10 juin 1736 (dossier n° 101)." Frédéric Billiet, La vie musicale dans les maîtrises de Picardie. l.e, p. 157.
.
Il faudrait aussi tenir compte de l'emplacement du lutrin Grand-aigle ou de lutrins latéraux, ainsi que des luminaires qui les éclairaient, puisque les chanteurs devaient y avoir facilement accès : accès direct par escalier au centre du chœur où se trouve le lutrin, situation centrale pour être entendu de toute la communauté .
"A Paris, « la place des « choristes » est devant le grand aigle, face à l'autel... parfois ils marchent devant le chœur durant tout le temps de la psalmodie » 27 . Il faut insister sur le fait que tous les chanteurs chantent essentiellement depuis les stalles ou au centre du chœur, face au lutrin central vers l'abside et que toutes les grandes œuvres polyphoniques des XIVe , XVe et XVIe siècles ont été composées pour être entendues dans ces conditions acoustiques. L'observation de la place des chanteurs, que peuvent confirmer les trous destinés à recevoir les lutrins latéraux et les luminaires, permet aussi de constater la présence de nombreux graffiti sur les dossiers de leurs sièges. Ces inscriptions illicites couvrent seulement quelques sièges dans la plupart des ensembles européens mais leur signification et leur datation reste délicate. Les graffiti gravés dans les stalles de la cathédrale d'Amiens, probablement datés par leurs auteurs à la fin du XVIe siècle, indiquent la place supposée des instrumentistes." (F. Billiet, La vie musicale dans les maîtrises de Picardie)
Dans la disposition actuelle une fois le jubé détruit, les chanoines occupaient les stalles hautes, ainsi que les dignitaires ecclésiastiques et civils, et les chanteurs et musiciens les places centrales des stalles basses.
Le Catalogue des desservants de la cathédrale de Saint-Pol en 1644 dénombre seize chanoines, sept vicaires des sept paroisses du Minihy Léon, huit prêtres choristes (dont un sacriste, trois chappiers, un dyacre, un sous-dyacre, et Jean Ladoryan, le Maître de la psallette), trois choristes clercs, et les six enfants de la psallette, soit quarante desservants.
La localisation des inscriptions a permis à Florence Piat certaines déductions, qu'elle a synthétisées sur un plan.
"La taille de ces inscriptions suggère qu’elles ont été réalisées en accord avec les chanoines, peut-être pour régler quelques conflits. La qualité des occupants est signalée par la présence du « p » renvoyant à la prêtrise. Au vu des inscriptions, nombreuses, présentes sur certains dossiers, toutes les stalles basses ne se valent pas et font l’objet d’attributions « sauvages » répétées. Les stalles entourant les accès médians vers les rangs hauts se distinguent ainsi par la multitude de graffiti qu’elles accueillent, de même que les stalles 30 et 31, ces dernières pour des raisons différentes. "
"Les prêtres choristes et musiciens semblent avoir occupé la partie haute du chœur ou, tout du moins, les stalles intermédiaires 21 à 25. Pour le reste, nous ne pouvons que faire des suppositions mais les inscriptions s’arrêtent dès lors que l’on se rapproche du maître-autel.
Les stalles 32, 33, 65, 66, 18 à 20 et 51 à 53 n’ont pas été gravées de noms probablement parce que leur attribution ne faisait aucun doute. Tout au plus peut-on trouver sur certains de leurs dossiers les monogrammes « IHS » ou « MARIA », graffiti témoignant plutôt d’une certaine ferveur que d’une tentative d’appropriation d’un siège.
Toujours est-il que l’ensemble des inscriptions saintpolitaines, si elles datent pour la plupart du XVIIe siècle, indiquent probablement une tradition qui perdurent depuis longtemps dans la répartition des occupants des stalles basses, notamment dans la disposition face-à-face des choristes et enfants, mais aussi dans cette dichotomie entre haut-chœur et bas-chœur qui apparaît en filigrane.La figure suivante [fig. n°39] présente la répartition hypothétique des occupants des stalles basses d’après les inscriptions relevées sur les dossiers. On y remarque que les noms des musiciens et enfants de chœur apparaissent essentiellement côté sud, ce que l’on retrouve aussi à la cathédrale d’Amiens à la fin du XVIe siècle (F. BILLIET, « Un mobilier pour le chant… »,Op. cit., p. 31." (Florence Piat 2012)
.
Vue générale, depuis le chœur liturgique des stalles de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Plan des principales inscriptions des stalles de la cathédrale, et déductions sur les attributions des stalles, par Florence Piat : image emprunté à sa thèse mise en ligne.
– Psallette Maîtrise, manécanterie. Chorale d’une cathédrale. Ensemble vocal chargé de soutenir les voix des chanoines pendant les offices. Elle comprend le maître de musique, les musiciens, les choristes ou gagistes, les enfants de chœur, le maître de latin des enfants…
– Le corps ecclésiastique est divisé en Haut-chœur qui comporte les dignitaires hiérarchiques et en Bas-chœur le bas clergé, les clercs et les laïcs, réunis autour des choristes, autrefois professionnels (et souvent amenés, du moins pour les principaux, à prendre les ordres, mineurs comme celui de lecteur, ou majeurs comme ceux de sous-diacre, diacre ou prêtre). Dans un collège de chanoines, ils pouvaient aussi bénéficier d'une semi-prébende canoniale, ou même d'une prébende, affectées aux stalles inférieures du Haut-chœur. (Wikipédia)
– Haut-chœur Ensemble des chanoines d’une cathédrale.
– Chapitre Ensemble des clercs séculiers attachés au service d’une cathédrale ou d’une collégiale. Désigne aussi la réunion plus ou moins fréquente des chanoines.
– Chanoine Clerc, prêtre ou non, membre d’un chapitre et titulaire d’un canonicat. Il perçoit une Prébende, revenu attaché au canonicat.
–Bas-chœur Ensemble des personnels de second rang d’une cathédrale : semi-prébendés, musiciens, choristes, enfants de chœur
– Semi-prébende Ou demi-prébende. Rétribution du semi-prébendé, membre du bas-chœur titulaire d’une semi-prébende. Le semi-prébendé n’a ni voix ni entrée au chapitre.
– Chantre Dignitaire chargé du gouvernement du chœur. Véritable intendant du chœur, il exerce la police du culte et veille à la qualité de l’office divin et de la liturgie.
.
Eh ! une dernière question : dans quel tenue pouvons-nous imaginer les enfants de la psallette, assis plus ou moins sagement à leur place ?
En robe rouge fourré de duvet au dessus d'une une aube, le col couvert d'un amict, et sur la tête une calotte ou le bonnet carré. (Peyron 1901)
.
LA VISITE.
.
J'ai débuté ma découverte des dossiers à inscriptions des stalles basses par l'angle sud-ouest, en progressant vers l'ancien autel et son ciborium, puis en passant au nord pour remonter la rangée d'est en ouest.
.
.
.
.
I. LES STALLES BASSES DU COTÉ SUD. N° 33 à 18 de l'ouest vers l'est.
.
.
Siège n° 33.
Pas d'inscription. "Stalle réservée" selon F. Piat, comme le siège suivant n°32 et les stalles en vis à vis au nord n°65 et 66.
Miséricorde : chanoine encapuchonné, tenant un livre. Notez le "pectoral" à quatre barres : un laçage ?
.
Miséricorde n°33, stalles basses sud de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
Siège n° 32.
.
Pas d'inscription. "Stalle réservée"
.
Miséricorde : Ange tenant un phylactère.
Un bandeau retient les boucles de ses cheveux . Le col de l'amict remonte jusqu'à ses joues. Le phylactère ne semble pas destiné à accueillir une inscription. Bien que la naissance pyramidale de la console viennent lui former une sorte de paire d'ailes, rien, hormis sa grâce, n'en fait un ange stricto sensu, et on pourrait se plaire à y voir un enfant du chœur. Un homologue occupe la miséricorde n° 37, au nord, sur les stalles hautes.
.
Miséricorde n°32, stalles basses sud de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Appui-main : tête à la face simiesque, tirant la langue, coiffée d'un capuchon.
.
Le siège n°31.
.
R
ALAIN :
SIMON 1635 :
FRAN : MORVAN
ALAIN : SIMON : ENFANT :
DE LA : PSALETTE : A : SCT :
PAVL : DE : LEON : FAICT :
L AN : 1635 :
F:MOR
T:L:M / T:L :
F : M F:M
FRANCOIS : MO
FRANCOIS : PIERRE
.
ALAIN SIMON :Une partie du texte est très soigneusement inscrit en lettres capitales régulières et aux mots séparés par le deux-point. Il s'agit de " Alain Simon 1635", qui reprend son inscription sous la forme "Alain Simon Enfant de la Psalette à Sct Paul de Léon lan 1635". Or, neuf ans plus tard, le Catalogue des desservants de la cathédrale en 1644 mentionne son nom (avec la graphie Alain Symon) parmi les "choristes clercs".
Les trois lettres T:L:M possèdent la même qualité d'exécution. Elles peuvent être rapprochés du nom d'un autre des trois choristes clercs de 1644 : THOMAS LE MAIGRE. C'est peut-être aussi lui qui répète T : L.
.
Le nom Thomas Le Maigre se retrouve, hasard des homonymies, être celui d'un tisserand joueur d'instruments de musique rue du Pot-de-Fer à Paris, qui accueille par contrats de jeunes enfants en apprentissage pour leur apprendre la musique. (Jurgens M, Documents du minutier central concernant l'histoire de la musique (1600-1650) )
Enfin, FRANÇOIS MORVAN, enfant de la psallette en 1644 selon le même Catalogue, tente ici d'écrire son nom en parasitant l'inscription de son aîné, mais semble en permanence interrompu par un mauvais génie. Du moins parvient-il à inscrire, deux fois, ses initiales. Il lui reste la stalle voisine pour tenter à nouveau sa chance.
Enfin, il nous reste le prénom PIERRE en lettres minuscules. Peut-être Pierre Pezron, enfant de la psallette en 1644.
En définitive nous avons ici un premier texte, de belle facture, daté de 1635, et plusieurs inscriptions maladroites, plus tardives de quelques années, par quatre "enfants de la psallette". C'est le dossier de stalle le plus émouvant.
.
"François Morvan est le premier des enfants de la psallette et a occupé le siège n°30 où il n’a pas eu le temps de terminer son inscription :« FRANCOIS : MORVAN : 1639 ( ?) : ENFANT : DE. »
(La date a été lue 1631 par Y.-P. CASTEL dans les documents qu’il a joints au dossier de l’Inventaire consacré à la cathédrale. Néanmoins, nous préférons opter pour celle de 1639, le dernier chiffre étant maladroitement gravé, maladresse qui se remarque ailleurs dans l’inscription. Les graffiti présents au-dessus de celui-ci mentionnent l’année 1635. Leurs positions et le soin avec lequel ils ont été exécutés tendraient à prouver leur antériorité sur l’inscription de François Morvan. Y.-P. CASTEL, « Inscriptions relevées sur les stalles basses du chœur », carton : 29 – Saint-Pol-de-Léon – III Cathédrale Saint-Paul-Aurélien – Canton de Saint-Pol-de-Léon – P.I.N.). Sans doute voulait-il imiter les inscriptions déjà présentes au-dessus de deux recteurs des paroisses du Minihy de Léon, Matthieu Simon et Alain Le Borgne. Il retenta sa chance sur le dossier de la stalle n°31 à quatre reprises sans plus de succès…" (Florence Piat, 2012)
"Alain Simon réussit à apposer une inscription complète sur ce même siège 31 : « ALAIN : SIMON :ENFANT : DE : LA : PSALETTE : A SCT : PAUL : DE : LEON : FAICT : 1635 » Il s’agit de l’une des inscriptions les plus longues des stalles basses, qui double une autre, du même Alain : « ALAIN : SIMON : 1635 ». Par ailleurs, Alain Simon et Thomas Le Maigre sont les seuls des six enfants de la psallette à poursuivre leur carrière cléricale et neuf ans plus tard, nous les retrouvons choristes-clercs desservants de la cathédrale. Le relevé des inscriptions des dossiers des stalles basses de Saint-Pol indique que les enfants de la psallette se répartissaient entre les sièges 28 à 31 et 61 à 64, c’est-à-dire face-à-face. " (F. Piat 2012)
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
Le siège n° 30.
.
P : F
S M
M:MATHIEV : SIMON :
RECTEVR : LAN : 1635 : FAICT
M : ALAIN : LE : BORGNE :
RECTEVR : DE : SCT : AN 1631.
FRANCOIS MORVAN
ENFANT DE
.
"Néanmoins, on peut également remarquer que parmi ces sièges, certains étaient également attribués à au moins deux vicaires déjà mentionnés auparavant, Matthieu Simon et Alain Le Borgne."
"Tous deux occupaient la stalle n°30 et y ont laissé deux inscriptions également longues : « M : MATTHIEU : SIMON :RECTEUR : LAN : 1635 : FAICT » et « M : ALAIN : LE : BORGNE : RECTEUR :DE : SCT : AN ». Le premier, sous-chantre, était vicaire de la paroisse de Toussaints, l’une des sept paroisses du Minihy de Léon. Le second, quant à lui, était vicaire de Saint-Jean, également paroisse du Minihy. Au XVIIe siècle, le bas du chœur semble donc avoir été occupé à la fois par la psallette et par les vicaires des sept paroisses du Minihy ( Le Minihy-Saint-Paul signifie littéralement « le territoire du monastère de saint Paul ». Il s’agit d’une zone dépendant directement de la juridiction de l’évêché. À Saint-Pol-de-Léon, le Minihy englobait sept vicariats : Saint-Jean-Baptiste, Notre-Dame de Cahel, le Crucifix de la ville (la chapelle du Kreisker), le Crucifix des champs, Toussaints (Roscoff), Saint-Pierre (Santec), Saint-Jean l’Évangéliste (Trégondern).P. Peyron, La cathédrale de Saint-Pol…, p. 4-6) et la présence des graffiti des enfants et des recteurs laisse à penser que la cohabitation ne devait pas se faire sans heurt." (F. Piat, 2012)
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
L'appui-main n° 30. Chanoine portant le bonnet et l'aumusse.
Nota bene : j'ai donné aux appui-mains le numéro du siège placé à sa gauche. Ce n'est pas le choix de F. Piat.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
—PIERRE PEZRON est l'un des six enfants de la psallette dans le Catalogue de 1644, avec François Morvan, Yvon Labbat, Guillaume Noël et un certain Rolland Le ... (nom que Peyron n'a pas déchiffré aux Archives). Est-ce ROLLAND LE PRERIN , ou LE PERRIN ?
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
La miséricorde n°29 : tête d'homme sous son capuchon.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
L'appui-main n° 29 : lièvre (?) accroupi sur une feuille d'acanthe.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Le siège n°28.
Pas d'inscriptions.
Appui-main n° 28 : chanoine tête recouverte d'un capuchon, mains croisées. Face brisée.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
Le siège n°27.
.
Inscriptions sauvages.
.
DENCH[O] ou PENCH[O]
H:LE F-- A
PO FO H. GRALL
PIERRE
LANGIO [?]
.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Le siège n° 26.
.
Nombreuses inscriptions sauvages, monogrammes et entailles.
I:A
I:M
I:D
PENCHO
GLAV
Monogrammes MÃR et IHS (MARIA et IESUS)
COVARDE IAN GVILLAVME
RENARD SYMON
.
COVARDE, "Couarde", est attesté à la fois comme adjectif féminin de couard "peureux", comme toponyme, en Charente-Maritime mais aussi en Bretagne : c'est le nom d'un prieuré de Bieuzy rendu célèbre par la découverte de la Vénus de Quilipily, et qui dériverait selon Jean Ogée du breton ar C'ward. C'est aussi un patronyme. Faut-il le rapprocher de celui de "feu Missire Couvart", mentionné en 1625 pour avoir produit la musique de la cathédrale ?
Les noms suivants semblent devoir être associés ainsi : JEAN RENARD et GUILLAUME SYMON. On retrouve le nom IAN RENARD entaillé sur l'appui-dos en haut du dossier.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
Marches d'accès aux stalles hautes et rampant gauche : la moitié est des stalles basses sud.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
Le siège n°25.
.
Inscriptions soignées et profonde à la gouge :
NL / ICL
NIKL / MV
Quelques tracés en pointillé (cercle et triangle).
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
Le siège n°24.
.
Inscription à la gouge, à coté d'un cercle.
ND. (N. Dufaur ??)
Miséricorde n°26 : Rameau de trois feuilles (pas de photo)
Appui-main n° 26 : feuille formant une boule.(pas de photo)
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
Le siège n° 23.
Appartient aux sièges des choristes et musiciens 21 à 23 et 54 à 56.
.
Inscriptions : dues à plusieurs mains, et associées à deux cercles.
N PELLEN
F. FVR : P / LO
1679
PC
CLAVI
H IAN H
N TRAON DESSUS
N : DUFAVR : BASSE CONTRE : 16
16-5
.
Nous trouvons en premier un dénommé PELLEN, patronyme courant dans le Finistère.
Un prêtre (lettre P) F. FUR a fait inscrire (facture soigneuse à la gouge et recherche graphique) son nom ici en 1679. Il a procédé de même, la même année, du coté nord sur le siège n°58.
Le troisième personnage qui a laissé son nom est [N] TRAON, patronyme également courant dans le Finistère et notamment dans le Léon. Est-ce lui qui se définit comme "dessus" ?
Enfin vient l'inscription de N. DUFAUR, basse contre en 1655 (?). C'est la première identification précise d'un choriste, et cela permet de connaître la place qui lui avait été attribuée. Florence Piat attribue, dans son plan des stalles, les sièges n° 23 à 25 et 54 à 56 aux choristes et musiciens. Elle estime que c'est à N. DUFAUR (qu'elle lit "DUFOUR) qu'est liée le qualificatif "dessus", ce qui est logique à l'égard du registre de haute contre.
Rappel :
On classe les voix de la plus aigüe vers la plus basse en Haute-contre, Contre-ténor, (très aigüe), Ténor (aigüe), baryton (moyenne), Basse chantante ou Basse-taille (grave) et Basse-contre (la plus grave).
.
"Dans la partie haute du chœur, les stalles 22 et 23 sont occupées par des choristes et musiciens. Sur le dossier de la stalle n°23, « N. DUFOUR » indique en 1655 qu’il est « BASSE CONTRE » et précise même « DESSUS » dans la partie supérieure. Cet ajout signifie probablement que N. Dufour avait une tessiture plus large que celle de basse-contre et qu’il pouvait aussi chanter en voix de tête, peut-être pour accompagner les enfants de la psallette dont nous avons vu qu’ils occupaient le bas chœur. ." (Florence Piat 2012)
Appui-main n° 23 : Volute.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Miséricorde n° 23 : Homme coiffé d'un bonnet à oreilles d'âne.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
Le siège n°22.
Appartient aux sièges des choristes et musiciens 21 à 23 et 54 à 56.
.
Dossier haut
IAN LE ELAER [ LE ALLANER ?]
IRENARD--
Dossier
PICARD
GORREC SERP[ENT]
PIERRE QVEMMENER
.
Je n'ai pas déchiffré le premier patronyme. On trouve ensuite I[an] RENARD, pui PICARD, Puis GORREC. Ce patronyme, éventuellement sous la forme LE GORREC, est attesté dans le Finistère, même si F. Piat lit ici "GARREC". Enfin Pierre QUEMMENER, graphie également attestée quoique plus rare que QUEMENEUR.
.
"Occupant la stalle n°22, Hamon Cam exerçait quant à lui au poste de haute-contre." (F. Piat)
L'information la plus précieuse réside dans les quatre lettres SERP, dans lesquelles il est très tentant de lire le début de SERPENT.
Le serpent, comme le basson, sont introduits dans les églises au XVIIe siècle pour l'accompagnement du plain-chant.
"A Bordeaux, la cathédrale recourt aux services de dix choristes et de cinq instrumentistes. Les choristes sont une haute-taille, cinq basses-tailles, deux hautes-contre et deux basses-contre. Les instrumentistes sont l'organiste, un joueur de serpent deux joueurs de basson et un joueur de basse de viole. Les collégiales moyennes se contentent d'un organiste, d'un serpent et de deux ou trois choristes professionnels." (Philippe Loupès).
.
"Ce même siège [n°22] était également celui d’un certain Garrec qui eut juste le temps de dessiner les lettres « SERP», renvoyant au serpent, instrument de musique de la famille des cuivres dont la forme rappelle effectivement celle du serpent,et qui était utilisé pour accompagner les chœurs lors des offices (Fréquemment cités à partir du XVIIe siècle, les joueurs de serpents se retrouvent également dans la cathédrale Notre-Dame d’Amiens, stalle n°41, où deux d’entre eux ont gravé leurs noms dans le dossier de la stalle. F. BILLIET, « Un mobilier pour le chant. La vie musicale dans les stalles d’Amiens », Autour des stalles de Picardie et de Normandie. Traditions iconographiques au Moyen Âge, (ed. K. LEME-HEBUTERNE), actes du 4e colloque international de Misericordia International, Amiens, septembre 1999,Amiens, Encrage, 2001, p. 29
J'ai retrouvé en ligne l'image de la stalle n°41 d'Amiens, où j'ai entouré les deux serpents, et une portée musicale :
.
Capture d'écran de la figure de l'article de Frédéric Billiet "Un mobilier pour le chant"
.
" Les enfants de la psallette épaulent des chanteurs, ou chantres, qu’il n’est pas toujours facile de distinguer des véritables musiciens dans la mesure où, dans les registres de délibérations, le terme musicien désigne aussi bien un choriste qu’un instrumentiste : seule la mention de l’instrument ou de la partition chantée permet alors de les distinguer. Certains sont cependant polyvalents : Jacques Raoul est ainsi « chantre et musicien » de Saint-Pol-de-Léon de 1771 à 1790 Les choristes accompagnent les offices de leurs voix de haute-contre, basse-contre, haute-taille ou basse-taille, soutenus par la musique du chapitre. Que l’on soit à Rennes, Saint-Malo, Saint-Pol-de-Léon, Tréguier ou Vannes, cette dernière est constituée d’un ou deux serpents accompagnés d’une basse ou d’un basson et d’un organiste. À Rennes, où l’orgue, très abîmé, a été démonté en 1732, elle est renforcée par un violon et un violoncelle ; à Saint-Pol-de-Léon, par une contrebasse, un alto, un violon, une clarinette ; à Tréguier, par une viole ; à Vannes, par un violon, une viole, un violoncelle et une clarinette. Rien ici de très original puisque l’on retrouve l’équivalent de Bordeaux à Rouen en passant par Le Mans. La présence de musiciens jouant de plusieurs instruments – comme à Vannes, où les mêmes personnes jouent du serpent et du violon d’une part ; du serpent, du basson et du violoncelle d’autre part – ainsi que le manque de précision des documents interdisent d’assimiler systématiquement le nombre d’instruments au nombre d’instrumentistes." (Olivier Charles)
.
Miséricorde n° 22 : feuillages (pas de photo)
Appui-main n°22 : boule. (pas de photo)
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
Le siège n°21.
Appartient aux sièges des choristes et musiciens 21 à 23 et 54 à 56.
.
GOULI V (pour Guillaume ??)
PM
.
Miséricorde n° 21 : géométrique (pas de photo)
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Appui-main n° 21 : Chanoine (ou femme coiffée d'un bonnet), tenant un livre.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
Siège n° 20.
Pas d'inscription.
Les sièges 18 à 20 et leurs vis à vis 51 à 53 sont des stalles réservées, comme les trois premiers à l'extrémité ouest. .
Miséricorde n°20. Deux feuilles issues d'un gland.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
.
.
Siège n°19.
.
Pas d'inscription. Stalle réservée.
Miséricorde : rameau à deux feuilles (pas de photo)
.
.
Appui-main n° 19. Tête de mort encapuchonnée.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
Siège n° 18.
Pas d'inscription. Stalle réservée.
.
Miséricorde n° 18. Chimère à tête de femme au dessus d'une tête d'homme.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
LES STALLES NORD DE L'EST VERS L'OUEST, N° 51 à 66
.
.
Le siège n°51.
Pas d'inscription. Stalle réservée.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
Le siège n° 52.
.
Pas d'inscription. Stalle réservée.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
Le siège n°53.
.
Inscription IHS. Stalle réservée.
.
Miséricorde n°53 : visage d'homme suçant les pattes de deux chiens qui encadrent son visage.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Appui-main n°53 : cavalier nu
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
Le siège n°54.
Appartient aux sièges des choristes et musiciens 21 à 23 et 54 à 56.
.
Monogramme MAR
CLAV (voir CLAVI siège n°23)
.
Miséricorde n° 54 : cep de vigne.
Appui-main 54 : homme étendu (raboté).
.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
Le siège n°55.
Appartient aux sièges des choristes et musiciens 21 à 23 et 54 à 56.
.
LABARE RADIN (LAVARE ?)
OP / COSK / IAC / LS /
PIERRE QVEMMEN/ER
CLAUDE / COAT.
Monogramme IHS
MERRET FOL
IL
L
GUIL [LAUME]
.
Faut-il lire LABARE RADIN et MERRET FOL comme des injures entre "camarades" ?.
COSK correspond sans doute à COSQUER.
Le nom CLAUDE COAT est complet. PIERRE QUEMMENER avait déjà inscrit son nom sur le siège n°22, ... qui fait vis à vis à celui-ci.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Appui-main n° 55
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
Le siège n° 56.
Appartient aux sièges des choristes et musiciens 21 à 23 et 54 à 56.
.
Inscriptions : associées à un cercle, à un visage et à une croix :
IHS
M F . P . A .
CA
I / A
PEZRON
Nous retrouvons l'enfant de la psallette Pierre Pezron, transfuge du siège n°29, mais qui serait devenu choriste, ou bien un homonyme.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Appui-main n°56 : tête d'homme barbu.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Le siège n°57.
.
YVP
.
Miséricorde n° 57 : feuilles de chêne.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Appui-main n° 57 : Homme travaillant sur un objet posé sur un support. Un cordonnier ?
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
Le siège n°58.
.
L'inscription y est si soignée, si composée, si délicate dans sa calligraphie qu'il s'agit d'un travail de professionnel. Si on en croit les dates, c'est en 1674 que [Pierre] Le Goff, prêtre, fit inscrire son nom sur le dossier de ce siège, suivi en 1679 par F[rançois Le] Fur, prêtre également.
A l'intérieur de cartouches formés par des courbes se terminant par des losanges, les lettres sont disposées avec une recherche de symétrie et une utilisation astucieuse des lettres conjointes. La ponctuation de séparation des mots utilise, à la place du deux-point, le double losange. L la lettre G de Goff n'est pas une majuscule, mais une paire de bésicles, dont le cercle inférieur trouve écho dans le -O- suivant.
LE FUR répète son nom un peu plus bas, mais en plaçant le V médian en suspension sur les deux piliers des autres lettres.
"Une autre inscription de « F.FUR.p » est visible sur le dossier de la stalle n°23, indiquant que ce prêtre a changé de stalle au moins une fois. La signature, beaucoup moins soignée que sur la stalle n° 58, est probablement antérieure." (F. Piat)
Enfin, sur la parclose, le monogramme YVP est celui de la stalle précédente.
La position de ce siège, immédiatement à droite des marches qui donnent accès aux stalles hautes, explique-t-elle la dignité esthétique de ce dossier ?
F : FVR : P
A 1679 A
P: LE : GOFF :
16 P 74.
FVR
Sur la parclose :
YVP
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Les marches vers les stalles hautes et les deux rampants.
.
.
.
Le siège n° 59.
.
Accumulation en palimpseste de sigles (rectangle et diagonales), de 6 monogrammes IHS et 1 monogramme Maria, de prénoms et noms, et de traits verticaux par gravure assez profonde à la gouge.
AI IAN / HAMON CAM / X : PEZ / BON / M : CARON : TANQVE / GIACOM / IAN : LE : / MASSON / IACQVES QVEMMENER
Les patronymes isolés sont CARON, TANQUER, les prénoms isolés sont ceux de IAN (JEAN), IVON, ALLAIN, les noms et prénoms complets sont ceux de HAMON CAM, JACQUES QUEMMENER et de IAN LE MASSON . peut-être X : PEZ correspond-il à Christian PEZRON.
Nous avons quelques renseignements sur Hamon Cam : D'une part Florence Piat nous signale qu'il occupait la stalle 22. D'autre part, les archives du Chapitre rapportent qu'il s'agit d'un prêtre-choriste, haute-contre, et qu'il fut autorisé en 1678 à faire le tour de France des cathédrales :
"Les musiciens avaient, paraît-il, l'habitude de faire leur tour de France, car l'on voit souvent figurer dans les comptes, l'allocation donnée aux musiciens passants.
Le compte de 1659 porte que l'on donna au sieur Gentilhomme, maître de la psallette, 27 livres 10 sols « pour la passade des musiciens pendant un an. Et la même année, il est payé 6 livres au sieur Montoir, organiste de la Cathédrale de Quimper, par forme de passant ».
C'est ainsi également que nous voyons le Chapitre donner, le 10 Décembre 1678 (R. G. 297), l'autorisation à l'un des chantres de faire son tour de France.
« Hamon Cam, prêtre choriste, haute-contre, y servant depuis son enfance à la Cathédrale, demande à se retirer afin de voir d'autres cathédrales où sa bonne fortune le conduira, pour le temps qu'il plaira à Messieurs du Chapitre de lui limiter, attendu qu'il est pourvu d'une chapellenie affectée aux gens du choeur, sur laquelle il a été promu aux ordres sacrés ». Le Chapitre l'autorisa à s'absenter pendant trois ans." (Paul Peyron)
Cette indication permet ainsi de dater cette donnée vers 1650-1678.
.
Appui-main n°59 : néant
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
Siège n° 59, la parclose :
.
Inscription désordonnée en haut, mais cadrée par une réglure en bas.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Miséricorde n° 59 : feuillage
.
.
.
Le siège n° 60.
.
Inscriptions assez soignées, entaille profonde à la gouge, emploi du deux-point.
AL
IAN
EVA (?)
F : B : II
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Miséricorde n° 60 : chanoine assis tenant des deux mains un livre fermé par des fermails.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Appui-main n°60 : tête de femme joufflue, voilée.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
Le siège n° 61.
.
Miséricorde n°61 : tête d'animal cornu (bouc), langue tirée.
.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
Siège n°62.
.
IAN
.
.
Miséricorde n°62 : chien tenant un os et mordant un autre os.
.
Florence Piat fait le commentaire suivant :
"La miséricorde n°62 est sculptée, avec un soin naturaliste extrême, d’un chien qui diffère, dans sa morphologie, des chiens rencontrés dans les frises du même groupe et qui participaient à des scènes de chasse. Vu de profil et tourné vers la gauche de la console, il est massif, ses pattes sont épaisses,ses oreilles larges et tombantes et son museau court et carré. Il tient dans sa gueule un os alors qu’un autre est coincé entre ses pattes antérieures. Ce chien a l’apparence d’un mâtin, animal réputé pour sa force."
"Mais, dans le cas saintpolitain, le chien de la miséricorde n°62 est seul et s’affaire à ronger non pas un, mais deux os. Une miséricorde avec un sujet similaire se trouve, encore une fois, sculptée sur les stalles de la cathédrale Saint-Pierre de Genève. Comme le chien de Saint-Pol-de-Léon, il a une allure massive, pattes larges, grandes oreilles tombantes, et est en train de ronger deux os qu’il a coincés sous ses pattes antérieures. La composition est donc proche de la miséricorde de la cathédrale léonarde et ce chien qui ne peut se contenter d’un seul os est vraisemblablement une représentation de l’Envie. La tentation est donc grande de voir dans les images des animaux saintpolitains une allégorie des sept péchés capitaux."
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Appui-main n°62 : homme assis.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Inscription au dessus des stalles n° 62 et 63.
Cette pièce porte dans un cartouche la belle inscription :
CHRISTIEN GILET.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
Siège n° 63.
.
inscription : lettre M
Miséricorde n° 63 : trois feuilles
Appui-main n°63 : feuille d'acanthe recourbée sur elle même.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
Le siège n° 64.
.
Inscription soigneusement gravée en lettres capitales.
YVON K[ER]ANGVEN 1635 AC
ROIETC
ROL
sur la parclose : P (Prêtre ?), lettre peu soignée, entaille superficielle.
Faut-il en déduire que le qualificatif de prêtre s'applique à Yvon Keranguen ?
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Miséricorde n°64 : trois feuilles.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Appui-main n°64 : chimère à visage féminin.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
.
Le siège n° 65.
.
"Stalle réservée" selon F. Piat, comme le siège suivant n°66 et les stalles en vis à vis au sud n°32 et 33.
.
Inscription sauvage :
MC / MC / MC / MC
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Miséricorde n° 65 : tête de Maure.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Appui-main n° 65. Chanoine assis, tenant un objet en main gauche.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
.
Siège n° 66. Dernière stalle nord-ouest.
.
"Stalle réservée".
.
Inscriptions sauvages M / E / MI / MC et inscriptions poinçonnées en pointillé MC / MC.
.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Miséricorde n°66. Tête coiffée d'un bonnet à oreilles d'âne.
Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
ANNEXE.
CATALOGUE DE CEUX QUI SONT AUJOURDHUY 4 JUIN 1644 DESERVANTS EN L'EGLISE CATHEDRALE DE LEON. (Archives départementales G.119) in PEYRON 1901
Mgr II et RR. Robert Cupiff, évêque et comte de Léon, qui est inséré sur les cahiers Dominus Episcopus.
Nobles et circumspects Missires,
Rolland Poulpiquet, chantre et chanoine, cantor,
Christophe Lesguen, chevalier du Saint-Sépulcre de Jérusalem, ayant faict le voyage de la Terre Sainte en l'an 1625, protonotaire éapostolique, archidiacre et chanoine de Léon, archidiaconus Leonem
Yves de Poulpry, archidiacre de Quimilidili et chanoine, archidiaconus de Quimilidili.
Jean Touronce, archidiacre d'Acre Léon, archidiaconus Agnensis.
Jean de Kerlec'h, trésorier et chanoine, thesaurarius
François Floch, docteur en théologie de la Faculté de Paris, chanoine.
Nicolas Le Maître, chanoine,
Hamon Querguz, chanoine.
François Tréguier, chanoine.
Mathurin Chouin, chanoine.
Jean Guillerm, docteur en théologie de la Faculté de Paris, chanoine pénitencier,
Claude de Penhoadic, docteur en théologie de la Faculté de Paris, chanoine théologal.
Guy Querscau, chanoine.
Nicolas Filmon, chanoine.
François Guergorlay, chanoine,
Guillaume Le Page, précepteur, lequel ne porte pas habit au chœur.
Sept vicaires de la dite église.
Vénérables et discrets Maîtres,
Louis Colin, vicaire du Crucifix devant le Chœur.
Mathieu Marrec, vicaire de Saint-Pierre.
Alain Le Borgne, vicaire de Saint Jean.
Mathieu Simon, vicaire de Toussaints, sous chantre.
Yves Kerdelan, vicaire de Treffgondern.
Yves Corbé, vicaire de Notre-Dame de Cancellis, dicte Kael.
Mathieu Pichart, vicaire du Crucifix devant le Trésor, docteur en droit canon.
Choristes.
Yves Souryman, sacriste.
Marc Penortz, chappier.
François Aminot, dyacre.
Jean Henry, soubz dyacre-
François du Chastel, chappier.
Hervé Olivier, chappier.
Jan Ladoryan, mestre de la psalette.
Morice Raonou.
Tous prêtres choristes.
Choristes clerc.
Alain Symon, Thomas Le Maigre, Guillaume Kerfourn.
Six enfants de la psalette.
François Morvan, Yvon Labbat, Pierre Pezron, Antoine Noël, Rolland L ... , Hervé de ...
Chacun des sept vicaires était chargé du service à tour de rôle pendant une semaine, et c'est durant cette semaine seulement qu'il ne pouvait s'absenter sans l'autorisation du Chapitre, à peine d'être privé des distributions qui lui seraient revenues pour droit d'assistance à un ou deux obits ou anniversaires.
Les autres vicaires, non de semaine, étaient également tenus à la résidence quotidienne, quoique moins rigoureusement ; cependant, si l'un d'eux venait sans le congé du Chapitre à s'absenter pendant un mois entier, il perdait pour toute l'année les gros fruits de son vicariat.
Le vicaire de semaine, avec l'aide d'un chapelain rétribué par lui et des deux chapelains spécialement chargés de desservir la chapellenie dite de Saint-Gouesnou, était tenu chaque jour de chanter en l'église cathédrale, les petites heures, prime, tierce, sexte, nonne et compiles, ainsi que les heures de la Sainte Vierge les jours qu'on doit les réciter, aux- quelles heures de la Sainte Vierge devaient assister les bacheliers (les plus jeunes clercs) de l'église, «sous peine de perdre 6 deniers chaque fois qu'ils y manqueront ; quant aux vicaires et chapelains, s'ils sont défaillants, ils seront plus gravement muletés selon que le Chapitre en décidera. »
Tous les vicaires, chapelains et clercs étaient en outre tenus d'assister aux vêpres, matines et messes de toutes les fêtes du rite double et aux processions publiques et solennelles, sous peine d'être privés du gain du dernier obit auquel ils auraient assisté.
Un dernier statut défend à tout clerc attaché au service du chœur, qu'il soit dignitaire, chanoine, vicaire, chapelain ou bachelier, d'entrer au chœur au moment de la célébration de l'office sans porter l'habit de chœur, c'est-à-dire le surplis et l'aumusse ou la cappe noire, selon la saison ; les contrevenants, s'ils sont chanoines, payeront 12 deniers d'amende, . les chapelains 6 deniers, les bacheliers 4 deniers, et les enfants de chœur seront punis selon qu'en décidera le maître de la psalette.
L'enquête de 1698 nous apprend que les vicaires seuls, à l'exclusion des autres prêtres employés au chœur, avaient droit de porter l'aumusse, et étaient placés et installés par leur prise de possession dans les hautes chaises du chœur aussi bien que les dignitaires et chanoines; quand ils chantent leur première messe au dit chœur, après leur prise de possession, on sonne toutes les cloches comme à l'égard de l'Évéque ou des chanoines ». Les autres prêtres employés au chœur portent le petit camail mais non l'aumusse."
.
ET AILLEURS ?
Les inscriptions se retrouvent sur d'autres stalles, comme à Tréguier (noms des chanoines sur les stalles hautes), aux cathédrales d' Amiens, de Rouen, Beauvais, Rodez, de la collégiale de Villefranche-de- Rouergue etc.
J'attirerai l'attention sur deux dossier des stalles d'Amiens, et notamment sur la très belle phrase latine VRSINUS STALLO IACET OSSA NEOTRITON VRNA.
"Certains chapelains, chantres ou chanteurs ont clairement inscrit leur installation sur les dossiers des stalles d'Amiens : Ursinus stallo iacet ossa neotriton urna, ou encore : Capron arrive 1784. Sur les dossiers du chœur de Saint- Andreas (Allemagne), figure la même préoccupation : Gerardus Bechen choralis-fuit. "
Copie d'écran de https://www.richesses-en-somme.com/cath%C3%A9drale-insolite-int%C3%A9rieur/stalles-de-la-cath%C3%A9drale/
Copie d'écran de https://www.richesses-en-somme.com/cath%C3%A9drale-insolite-int%C3%A9rieur/stalles-de-la-cath%C3%A9drale/
.
SOURCES ET LIENS.
— PIAT (Florence), 2004, Les stalles de la cathédrale de Saint-Pol-de Léon. Image et culture à la fin du Moyen Âge, 2 vol., mémoire de Maîtrise : Histoire de l’art (dir. X. MURATOVA) : Rennes 2, 2004.
— PIAT (Florence), 2007, Les stalles de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Un édifice au chœur de l'édifice, Bulletin de la Société Archéologique du Finistère.
— PIAT (Florence), 2012, Les stalles de l’ancien duché de Bretagne, de la fin de la guerre de Succession jusqu’au concile de Trente, [thèse : Histoire de l’art], Rennes, Université de Rennes 2, 2012, 2 vol.2.
— BILLIET (Frédéric) 2001, « Un mobilier pour le chant. La vie musicale dans les stalles d’Amiens », Autour des stalles de Picardie et de Normandie. Traditions iconographiques au Moyen Âge, (ed. K. LEME-HEBUTERNE), actes du 4e colloque international de Misericordia International, Amiens, septembre 1999, Amiens, Encrage, 2001, p. 29).
— BILLIET (Frédéric) La maîtrise de la cathédrale d'Amiens d'après le cérémonial du chanoine Villeman au XVIIIe siècle, page 343, in Maîtrises & chapelles aux XVIIe & XVIIIe siècles: Des institutions musicales ...Par Bernard Dompnier,Centre d'histoire "espaces et cultures."
« La maîtrise de la cathédrale d'Amiens fait partie de l'ensemble des institutions musicales préstigieuses qui, dans le Nord de la France, ont contribué au rayonnement européen picard de la naissance de Guillaume Dufay à la mort de Josquin des Prez. »
— Le miroir des miséricordes: XIIIe-XVIIe siècle : actes du colloque Université de Toulouse-Le Mirail. Images et sociétés, Université de Toulouse-Le Mirail. Section d'histoire de l'art Centre européen d'art et de civilisation médiévale, 1996 - 262 pages
— BILLIET (Frédéric) 1992, La vie musicale dans les maîtrises de Picardie : Amiens, Abbeville, Saint-Quentin (1300-1600), thèse soutenue à Paris 4 sous la direction de Edith Weber
Cette thèse met en évidence l'influence de la vie musicale des institutions pédagogiques, sur le répertoire polyphonique franco-flamand. Trois maitrises représentatives ont été étudiées - Amiens, Abbeville et Saint-Quentin - à partir de leur fondation, vers 1300, jusqu'au déclin de l'école franco-flamande, en 1600, sous les aspects suivants : les structures, les fonctions, la vie quotidienne, le règlement, l'emploi du temps, l'organisation et le niveau des enseignements. Conjointement, l'analyse du répertoire a permis de déterminer les facteurs d'influence : une formation identique dans toute la région, la mobilité des maitres, la compénétration du sacré et du profane. Enfin, l'identification de sources iconographiques de première importance, confirme les informations d'archives.
.— BLOCK (Elaine C.), 2003,Corpus of medieval misericords. France. XIII - XVI century, Turnhout, Brepols, 2003,444 p.
— E. C. Block: 'Proverbs on Choir Stalls in the Rhineland', ProfaneA. Mid. Ages, v/1 (1996), pp. 25–45
.— BLOCK (Elaine C.), BILLIET (Frédéric) Stalles de la cathédrale de Rouen (Les)
— BOURNOT-DIDIER (Nancy) , 2000, André Sulpice et les stalles du Rouergue Thèse de doctorat en Histoire de l'art soutenue à Toulouse 2
"Andre sulpice, ligni faber menuisarlus fusterius, selon les textes, originaire de bourges, fut le concepteur entre 1462 et 1489-90, des stalles de la cathedrale de mende. De la chartreuse saint-sauveur et de la collegiale notredame de villefranche-de-rouergue ainsi que de la cathedrale notre-dame de rodez. D'autres chantiers lui furent longtemps attribues : les stalles de la cathedrale de bourges, de la cathedrale de vence, de notre-dame de la carce de marvejols de la cathedrale de beziers, de l'eglise de l'abbaye de loc-dieu et une partie des actuelles stalles basses de la cathedrale de rodez. Cette these declasse ces ensembles en s'appuyant, soit sur une stricte analyse comparative, soit sur l'existence de documents. Lorsqu'il ne subsiste aucun vestige, ni aucun texte d'archives les stalles ont ete definitivement ecartees des realisations possibles de l'atelier d'andre sulpice. Malgre des qualites techniques de menuiserie et de sculpture dont ont fait preuve les ouvriers particulierement experimentes de l'atelier de sulpice, son rayonnement dans le rouergue et les environs fut peu important. Seules les stalles de salles-curan refletent son influence en devellopant deja les motifs ornementaux de la renaissance, visibles depuis 1492-1498 aux dossiers des stalles consulaires de villeneuve d'aveyron, puis de conques et dans une moindre mesure a sauveterre-de-rouergue. Conjointement et systematiquement a l'analyse formelle de chaque ensemble de stalles est menee une etude sur les chapitres de chanoines, les emplacements et les questions de preseance des ecclesiastiques et parfois des laics et la liturgie propre aux stalles. Ce travail ne se cantonne pas a une description iconographique des misericordes, il aborde le fonctionnement d'un atelier de menuiserie la personnalite d'un maitre-d'oeuvre en compte la destination originelle des stalles en tant que mobilier liturgique, reflet d'une severe hierarchie capitulaire, parfois facteur de conflits politiques."
— CASTEL (Yves-Pascal) s.d, « Inscriptions relevées sur les stalles basses du chœur », carton : 29 – Saint-Pol-de-Léon – III Cathédrale Saint-Paul-Aurélien – Canton de Saint-Pol-de-Léon – P.I.N.). Non consulté, indisponible en ligne.
— CHARLES (Olivier ), 2004, Chanoines de Bretagne, carrières et cultures d'une élite cléricale au siècle des Lumières, Presses Universitaires de Rennes
http://books.openedition.org/pur/17414
— DOMPNIER (Bernard), 2003, " Maîtrises & chapelles aux XVIIe & XVIIIe siècles: Des institutions musicales au service de dieu : [actes du colloque les maîtrises capitulaires aux XVIIe et XVIIIe siècles, des institutions entre service d'église et stratégies sociales, organisé par le centre d'histoire espaces et cultures de l'université Blaise-Pascal, le Puy-en-Velay, 25 au 27 octobre 2001]Presses Univ Blaise Pascal, 2003 - 568 pages
— DURAND (Georges) : Monographie de l'église Notre Dame, cathédrale d'Amiens. Tome II . Yvert et Tellier, 1903.
http://www.stalles-dg.info/Acc/durdescrip.htm
— DURON (Jean ), Le chant des cathédrales : des voix, effectifs, répertoire des maîtrises en France au XVIIe siècle, page 379, in Maîtrises & chapelles aux XVIIe & XVIIIe siècles: Des institutions musicales ...Par Bernard Dompnier,Centre d'histoire "espaces et cultures."
— GUILLOT (Pierre) 1997, et Louis Jambou Histoire, humanisme et hymnologie: mélanges offerts au Professeur Édith Weber Presses de l'Université Paris-Sorbonne, 1997 - 410 pages
R. Hancock: Notes on the 'Graffiti' Carved on the Panels Fronting the Side Stalls in Carlisle Cathedral (Carlisle, 1995)
Artists are depicted on several sets of choir stalls and they usually represent the workers on thestalls. The little Jehan Trupin, discontented with his pay and working conditions carved himself on an arm-rest of the Amiens choir stalls with a graffiti message on a nearby partition.
— KRAUS (Dorothy et Henry), 1968, Le monde caché des miséricordes. Suivi du répertoire de 400 stalles d'églises de France. Paris, 263 p. Les éditions de l'amateur.
— MISERICORDIA INTERNATIONAL MEDIEVAL ICONOGRAPHY
http://misericordia-international.blogspot.fr/
— SITES PHOTO
http://tchorski.morkitu.org/14/stpol-01.htm
— PELAD-OLIVIER (Monique), L'emplacement et l'organisation des stalles de la cathédrale de Rouen des origines à nos jours.
— LANGLOIS (E.-H.) 1827, Notice sur les bas-reliefs des stalles de la cathédrale de Rouen et sur le Lay d'Aristote, E.-H. Langlois, Rev. de la ST. Lib. d'Em. de la S.-I., 1827, p.12. — LANGLOIS (E.-H.) 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, E.-H. Langlois, 1838.
— LEMÉ (K.) 1994, Stalles de Haute-Normandie, K. Lemé, Etudes Normandes, 1994/3, p. 21. — LEMÉ (Khristiane), 1993, Images de la société à travers les stalles du nord-ouest de la France, XIVe http://www.theses.fr/1993PA040260
— LEMÉ (Kristiane) : Le costume au début du XVI°siècle à travers les stalles de la cathédrale d'Amiens. Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie. 4° trimestre 1996
— LEME-HEBUTERNE, Kristiane. Les Stalles de la cathédrale Notre-Dame d'Amiens. Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie. Paris : Picard, 2007, tome XXVI.
p. 17-44 ; p. 57-114 ; p. 168-173
— TOURTIER, Guy (de), PRACHE, Georges. Les Stalles de la cathédrale d’Amiens, XVIème siècle. Lyon : Lescuyercz, 1970.
Kristiane Lemé-Hébuterne, Les stalles de la cathédrale Notre-Dame d’Amiens, Paris, Picard, 2007, 28 cm, 248 p., 213 fig. en n. et b. et en coul., carte, plans, dessin. – ISBN : 978-2-7084-0792-3
— JOURDAIN (Edouard) et DUVAL (Charles) : Les stalles de la cathédrale d'Amiens. Extrait des Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie. Amiens, Duval et Herment 1843.
Genre Lestes, Leach, 1815. Entomology, in Brewster's Edinb. Encycl. 9(1): 137. Le nom vient du grec λῃστής = "voleur, brigand, pirate". La seule espèce décrite en 1815 étant Agrion barbara de Fabricius, et celle-ci devant son nom à sa provenance du nord-ouest de l’Afrique, région géographique où vivaient les Berbères et dénommée alors Barbarie ou Etats barbaresques, on pouvait penser que Leach avait donné le nom de genre Lestes , "pirate" par référence aux pirates et corsaires barbaresques basés à Alger.
En juin 2023, Matti Hämäläinen et Heinrich Fliedner ont pu démontrer que Leach n'avait pas pu avoir accès au spécimen de Fabricius, ce qui invaliderait l'explication précédente.
Dans sa description originale, Leach décrit comme caractère distinctif, outre les ptérostigmas rectangulaires des ailes transparentes, les appendices anaux des mâles, en forme de forceps. M. Hämäläinen suggère que c'est la forme de ces appendices qu'il compare aux coutelas des pirates, qui a pu évoquer à Leach le choix de son nom. (Cf Addenda infra)
.
.
.
I. LA PUBLICATION ORIGINALE. LEACH 1815.
En 1813, William Elford Leach (1791-1836), diplômé en médecine de l'université St-Andrews (Ecosse) après avoir étudié à Edimbourg, devint responsable des collections zoologiques du British Museum. En 1815, il rédigea la première bibliographie, extraordinairement détaillée, de l'entomologie, dans la partie historique d'un article "Entomologie" de l'Edinburgh Encyclopaedia de D. Brewster. Il publia entre 1814 et 1817 ses Zoological Miscellany, mais en 1822, atteint de dépression et de surmenage, il démissionna de son poste pour voyager.
— LEACH , W.E. (1815). "Entomology". In Brewster, David. Edinburgh Encyclopaedia. Vol. 9. Edinburgh: William Blackwood. pp. 57–172 [137] (in 1830 edition) – via Biodiversity Heritage Library.
FAMILY II. ÆSHNIDES.
482. Cordulegaster
483. Gomphus
484. Anax
FAMILY III. AGRIONIDA.
485. Agrion
486. Lestes
487. Calepteryx.
.
486. GENUS CCCCLXXXVI. LESTES. Leach.
Wings membranaceous, with an oblong quadrate stigma. Abdomen of the male armed with a forceps-like appendage.
Obs. We have three indigenous species.
.
Leach décrivait son genre Lestes ainsi : "ailes nervurées, avec des stigma longs et rectangulaires. L'abdomen des mâles est armé d'appendices en forme de forceps."
.
II. ÉTUDE DU NOM.
Le nom du genre Lestes vient du grec λῃστής = "voleur, brigand, pirate". Pour D'Antonio et Vegliante, "Lestes - ληστησ , ον [sic= maraudeur . Fait allusion au comportement prédateur des espèces de ce genre". Pour H. Fliedner repris par Endersby, Il n'y a pas d'explication pour ce nom puisque tous les Odonates sont des prédateurs [prédateur = autre sens du mot grec] (Fliedner 2009, Endersby 2012).
Leach n'accompagne ce nom, après la description, que de la mention "Obs. We have three indigenous species".
Néanmoins, seule l'espèce que Fabricius avait décrit en 1798 est antérieure à 1815, et il l'avait nommé Agrion barbara. Elle provient, comme l'indique Fabricius dans son Supplementum Entomologiae Systematicae (Agrion barbara ...Habitat in Barbaria Dom. Rehbinder [et, pour d'autres spécimens "Habitat in Algier", etc]) de la collection du baron Johann von Rehbinder (1751-1825), qui avait été consul du Danemark à Alger et avait écrit ses Notices et remarques sur Alger, Altona 1798 Nachricten und Bemerkungen ûber den Algierischen Staat (von J.-Ad.-Frhn. von Rehbinder). Altona, Hammerich, 1798-1800 , 3 vol. Il est donc possible de valider l'affirmation de l'Association Poitou-Charentes Nature : "Lestes (gr) = brigand, pirate ; barbarus (gr/lat) = barbare. Cette espèce a été décrite du nord-ouest de l’Afrique, région géographique où vivaient les Berbères et dénommée Barbarie ou Etats barbaresques jusqu’au début du XIXe siècle." Le nom de genre Lestes , "pirate" lui est donné par son espèce, Lestes barbarus, par référence aux pirates et corsaires barbaresques basés à Alger (cf la captivité de Cervantes).
J'ai un moment envisagé l'hypothèse séduisante que ce nom trouve son explication dans les "forceps-like appendage", les cerques des mâles recourbés en pinces ou en forceps, par assimilation du crochetage des femelles avec la technique d'abordage des pirates. Mais, outre le coté un peu farfelu de cette solution, on peut lui opposer le fait que ces tenailles ne soient pas caractéristiques du genre, puisqu'on les retrouve dans la description des "Calepteryx" de l'auteur.
En 1958, Paul-André Robert, auteur qui est à l'origine d'une majeure partie de nos noms vernaculaires publiés dans Les Libellules (Odonates), interprète mal la signification du genre Lestes en écrivant page 75 :
"Ces deux noms s'appliquent très bien à ces insectes, qui se posent légèrement sur des objets bien dégagés, avec les pattes tendues, le corps obliques, les ailes à demi-ouvertes, semblant toujours prêts à s'envoler. Lorsqu'ils le font, la rapidité de leurs mouvements, leurs ailes transparentes et leur corps fin les font bien vite disparaître aux regards."
ADDENDA L'article de Matti Hämäläinen et Heinrich Fliedner en juin 2023.
Ces deux auteurs sont bien connus pour leurs travaux en zoonymie. Ils ont publiés en juin 2023 l'article suivant :
"Why did William Elford Leach call a small damselfly a ‘pirate’? – Revisiting the etymology of the genus Lestes (Odonata: Lestidae)," Notulae odonatologicae 10(1), 8-16, (1 June 2023). https://doi.org/10.5281/nodo.v10i1.a2
.
Le résumé est le suivant :
"We present evidence supporting the widely accepted interpretation that the genus name Lestes Leach, 1815, is based on the Greek masculine word λῃστής [lēstēs] meaning ‘robber or pirate’. Comparison of Leach’s brief definition of Lestes with that of the genus Agrion Fabricius, 1775, from which the new genus was split, suggests that W.E. Leach selected the piratical name because the males of species in this genus are armed with pincer-shaped appendages; hence the name is an allusion to the edged weapons carried by pirates. The common view that the name was suggested by the voracious predatory behaviour of lestids, as well as the interpretation that the genus name is based on the French word leste [= nimble] are both rejected."
Dans celui-ci, ils citent mon article et en examinent l'hypothèse zoonymique (ils n'emploient pas ce terme bien-sûr), qu'ils qualifient de tirée par les cheveux (rather fat-fetched), et qu'ils rejètent comme invalides pour "plusieurs" raisons.
La première est que dans les années 1810, il n'y avait pas de spécimens de Lestes barbarus disponibles à Leach dans les collections en Angleterre.
In the early 1810s there were no specimens of Lestes barbarus available for Leach in the collections in England. Selys (1846: 225) wrote of this species: "Not described by English authors". Even in the unlikely case that Leach recognized from Fabricius’ description (of the colour pattern) that Agrion barbara resembles a Lestes species, he could not have known the shape of its male appendages, since the description does not include any information on the appendages of the type specimen. It is not even possible to identify the sex from Fabricius’ brief description."
La description de Leach repose sur trois "espèces indigènes" et donc britanniques reconnues actuellement comme trois spécimens de Lestes sponsa. Et, les auteurs soulignent que chez cette espèce, les appendices supérieurs du mâle portent des épines intérieures acérées, donnant l'impression que les appendices en forme de pince sont "semblables à une arme". Mais Leach écrit , tant pour son genre Agrion que pour celui de Lestes , que les collections du British Museum possèdent plusieurs spécimens de ces genres "We have of this genus several indigenous species" ,"We have three indigenous species", ce qui ne veut nullement dire qu'il ne connait pas les spécimens des autres collections.
Les auteurs écartent ensuite l'hypothèse des nombreux auteurs anglosaxons qui voient dans le nom Lestes (voleur, pirate) une description des mœurs voraces de ce genre, car il est pour eux "peu probable" que Leach, bien qu'il ait été très tôt un collectionneur d'insectes, et notamment de libellules en Ecosse, ait pu avoir une appréciation du comportement des Lestes suffisante pour la qualifier par ce nom de genre.
Ils ajoutent que la comparaison des appendices des mâles Lestes avec des armes a été plus tard remarquée par deux auteurs, Hansemann et Charpentier :
"Our ‘pirate armed with forceps-like appendages’ hypothesis as the base of the name Lestes may be supported by the fact that two other early 19th century authors also considered male appendages as ‘weapons’ of some kind. In the original description of Agrion [= Lestes] sponsa, Hansemann (1823: 159-160) wrote (translated from German) as follows: »If this species wanted to mix [= copulate] with the above [= females of various species of Coenagrionidae], which never occurs, the sharp pincers on the male abdomen would prevent it.« Charpentier (1840: 164) gave the species epithet armatum [= armed] for his new species Agrion [= Coenagrion] armatum from Lüneburg (Germany), as reference to the exceptionally long inferior appendages of the male: »appendicibus caudalibus inferioribus magnis, compressis, latis [with large, flat, broad inferior appendages]"
.
Discussion.
L'hypothèse envisagée par Matti Hämäläinen et Heinrich Fliedner reprend celle que j'avais évoquée en 2018 en la qualifiant de séduisante (cf supra) :"J'ai un moment envisagé l'hypothèse séduisante que ce nom trouve son explication dans les "forceps-like appendage", les cerques des mâles recourbés en pinces ou en forceps, par assimilation du crochetage des femelles avec la technique d'abordage des pirates. "
Mais dans leur texte, ils ne comparent par les appendices à des crochets ou grappins d'abordage, mais à des armes, qualifiés de "coutelas"
"Since in former times pirates were usually armed with edged weapons, such as cutlasses [short, slightly curved swords], we believe that Lestes males being ‘armed’ with forceps-like superior appendages (Fig. 2) inspired Leach to give them an epithet referring to pirates or armed robbers."
Cela rend la démonstration moins convaincante, car aucun coutelas, fut-ce de pirate, n'a une forme de "forceps" (pour reprendre le terme de la description originale de Leach). Cet accessoire d'obstetrique se compose de deux cuillères articulées en pince. La comparaison de Leach avec les cerques des Lestes est tout à fait convaincante, mais celle de Hämäläinen et Fliedner avec une arme de pirate ne l'est pas.
Le Gomphe à forceps avait déjà inciter Linné à utiliser cette image dans sa dénomination de 1758.
.
Forceps des Chamberlen, retrouvés en 1813.
.
Les appendices supérieurs mâles de Lestes sponsa. Dessin de H.A. Hagen, publié dans Selys & Hagen (1850).
.
Gravure du pirate anglais Barbenoire dans A General History of the Pyrates de 1724
.
Au total, s'il pouvait être démontré que Leach n'a pas parcouru les collections européennes et n'a pu examiner les spécimens de la collection de Fabricius, et qu'il ignorait les caractères de l'Agrion barbara de Fabricius 1798 qui le classent désormais comme un Lestes (ses ailes transparentes, ses longs ptérostigmas rectangulaires et ses appendices anaux en pinces), cela affaiblirait l'explication que j'ai suggéré.
En tout cas, il est établi que l'action de William Elford Leach au British Museum a été de diffuser Outre-Manche les idées nouvelles de classification des naturalistes français ou continentaux, avec lesquels il échangea une riche correspondance. Or, à partir de 1790, Fabricius séjourne tous les étés à Paris et devient ainsi l'ami de Pierre André Latreille (1762-1833). Son intérêt pour Paris est en partie dû aux portes que lui ouvrent des savants français, et aux collections qu'ils lui font voir.
N.B Une collection nommée "Fabricius 1793" est conservée au Musée-aquarium de Nancy, inv. 8357, avec un spécimen de L. sponsa étiqueté postérieurement.
Néanmoins, cela ne justifierait pas la thèse qui explique le nom Lestes comme étant inspiré à Leach par la forme des appendices en forme de forceps, car les pirates n'utilisent pas d'armes en forme de cuillère articulé en pinces. En outre, le choix d'un nom de genre met l'accent sur un caractère distinctif de ce genre, or Leach signale que les mâles de son genre Calepteryx possède également a forceps-like appendage. Le fait qu'il écrive "armed with a forceps-like appendage" pour les Lestes et " furnished with a forceps-like appendage" pour les Calepteryx ne peut valoir comme argument distinctif.
En réalité, si on considère la classification de la famille Agrionida de Leach, nous constatons qu'il distingue ses trois genres par les caractères des ailes, et non par leurs appendices : d'abord par la transparence (Agrion et Lestes) ou au contraire la couleur fauve —coriaceo— des ailes, puis la forme des ptérostigmas, rhomboïdale pour les Agrions, rectangulaire pour les Lestes, remplacés par une tache opaque irrégulière pour Calepteryx. La présence des appendices en forceps oppose les deux derniers genres au premier. Par conséquent, si Leach avait choisi ses deux noms de genre (Agrion existant déjà depuis Latreille) en fonction d'un caractère morphologique propre, il n'aurait surement pas choisi le seul caractère qu'ils ont en commun.
Je considère donc que la proposition zoonymique de Hämäläinen et Fliedner n'est pas entièrement convaincante.
On sait que la nomenclature de Leach était souvent personnelle - il nomma dix-neuf espèces et un genre d' après son employé et ami John Cranch , décédé lors de la collecte des espèces en Afrique lors de l'expédition du HMS Congo . Il a nommé neuf genres d'après une femme inconnue appelée Caroline, en utilisant des anagrammes de ce nom et la forme latinisée Carolina, par exemple : Cirolana , Conilera et Rocinela . Ceux-ci incluent le crustacé isopode marin Cirolana cranchi qu'il a nommé en 1818 d'après Caroline et Cranch. Le nom de genre Lestes peut-il être entièrement élucidé, ou bien nos travaux de zoonymies doivent-ils continuer à louvoyer par essais et erreurs autour de la vérité ?
I see that you were unconvinced by our paper on the etymology of the name Lestes. Firstly, I must emphasize that for the text which refers to your ‘Algerian Barbary pirates’ theory (which we dared to call ‘invalid’), you can blame me, and not Heinrich Fliedner.
In the ‘ATTENDA’ you write: > Au total, s'il pouvait être démontré que Leach n'a pas parcouru les collections européennes et n'a pu examiner les spécimens de la collection de Fabricius, et qu'il ignorait les caractères de l'Agrion barbarade Fabricius 1798 qui le classent désormais comme un Lestes (ses ailes transparentes, ses longs ptérostigmas rectangulaires et ses appendices anaux en pinces), cela affaiblirait l'explication que j'ai suggéré. < Here is some information which, in my opinion, greatly ‘weakens’ your theory.
According to the voluminous publication on the type material of Fabricius by Ella Zimsen (1964, p. 623)
there is only one type specimen of Agrion barbara, and it is preserved in the Zoological Museum in Kiel. Zimsen did not specify whether the holotype is a male or female. Neither can this be concluded from the original description (see attached, the Latin text was translated by Heinrich Fliedner). Later, all Fabrician odonate types have been transferred from Kiel to Copenhagen. The local museum curator informed me that the single type specimen (holotype) is a male with abdomen tip (including appendages) missing.
The detailed book on Leach’s life and scientific legacy by Harrison & Smith (2008) does not provide any information suggesting that Leach ever visited Kiel or Copenhagen. The information on his travels is quite extensive and nowhere is it suggested he ever visited Germany, although he was in contact with several scientists and a member of several German societies.
Leach’s first visit to France took place in 1815, followed by new visits in 1817 and 1818 . An earlier visit there was not possible due to the Napoleonic wars. There is no information in this source, or in Harrison & Smith, that he had visited any other foreign country before 1815.
In summary, it can be concluded that Leach never saw the holotype of Agrion barbara in Kiel.
- Since Leach did not visit any foreign museums while he was working on the manuscript defining the new odonate genera (or before that), he did not have an opportunity to study any other ‘Agrion barbara’ specimens. As stated by de Selys Longchamps (1846), no specimens of this species were in the collections in Britain. Actually, during Leach’s life-time, besides the holotype, there were no other lestid specimens identified as ‘barbara’ in any museums in the world. The few Lestes barbarus specimens (as known at present), collected in Europe in 1820s (or before), had been described or identified with different species names in the genus Agrion.
- When Leach introduced the name Lestes, he could not know (from Fabricius’ original description), how the male anal appendages of ‘Agrionbarbara’ looked. [I admit that, in theory, if Leach had seen a male specimen of Lestes barbarus in some collection, he might have been able to recognize it as the same species as Fabricius’ barbara, because the colour pattern and the bicolorous pterostigma matches the original description. However, this did not happen.]
Even if Leach had known that there exists a Lestes species called barbara, collected in Algeria, I find it most unlikely that he would have named his new genus based on the reason that there were Barbary pirates in the same area. Since, all other Leach’s new genus names for odonates refer to morphological characters, why would this name be an exception? If it was, then one would expect that, instead of merely writing “There are three indigenous [= British] species”, Leach would have added some words on the existence of the species Lestes barbarus known from ‘Barbaria’.
In your critique you wrote:
> Mais dans leur texte, ils ne comparent par les appendices à des crochets ou grappins d'abordage, mais à des armes, qualifiés de "coutelas" < > "Since in former times pirates were usually armed with edged weapons, such as cutlasses [short, slightly curved swords], we believe that Lestesmales being 'armed' with forceps-like superior appendages (Fig. 2) inspired Leach to give them an epithet referring to pirates or armed robbers." Cela rend la démonstration moins convaincante, car aucun coutelas, fut-ce de pirate,
n'a une forme de "forceps" (pour reprendre le terme de la description originale de Leach).
Cet accessoire d'obstetrique se compose de deux cuillères articulées en pince. La comparaison de Leach avec les cerques des Lestes est tout à fait convaincante,
mais celle de Hämäläinen et Fliedner avec une arme de pirate ne l'est pas. <>
Je considère donc que la proposition zoonymique de Hämäläinen et Fliedner n'est pas valide.<
Obviously, we could have written somewhat differently and with more details. While comparing the superior appendages with a cutlass, we referred to the general shape and structure of an individual (left or right) superior appendage of Lestes sponsa, not to the whole pincer-like ‘set’ at the abdomen tip. As seen from the attached image, (which we perhaps should have included, together with illustrations of a few different types of cutlasses), the curved shape of the superior appendage with sharp edges, gives (only with some imagination, of course) an impression of a sharp weapon resembling a curved cutlass (the shape and structure of which was rather variable) or an executioner’s axe. Of course, we did not mean to suggest that the shape of the appendage was exactly identical with pirate’s armature. Anyway, since the editor and three reviewers (all odonatologists) had no problems to understand our meaning, I presume, and sincerely hope, that other readers will do likewise.
Anyway, let the other odonatologists decide which one of these two ‘pirate’ theories they will keep more likely,
or whether they prefer to stick to the old ‘voracious behaviour’ theory.
Yours sincerely,Matti Hämäläinen
Cher Monsieur Cordier,
Des ajouts immédiats à votre blog à
https://www.lavieb-aile.com/2018/01/zoonymie-des-odonates.le-nom-de-genre-lestes-leach-1815.html
Je vois que vous n'étiez pas convaincu par notre article sur l'étymologie du nom Lestes. Premièrement, je dois souligner que pour le texte qui fait référence à votre théorie des "pirates barbaresques algériens" (que nous avons osé appeler "invalide"), vous pouvez m'en vouloir, et non Heinrich Fliedner.
Dans l''ADDENDA' vous écrivez:
> Au total, s'il pouvait être démontré que Leach n'a pas parcouru les collections européennes et n'a pu examiner les spécimens de la collection de Fabricius, et qu'il ignorait les caractères de l'Agrion barbarade Fabricius 1798 qui le classer désormais comme un Lestes (ses ailes transparentes, ses longs ptérostigmas rectangulaires et ses appendices anaux en pinces), cela affaiblirait l'explication que j'ai suggéré. <
Voici quelques informations qui, à mon sens, « affaiblissent » grandement votre théorie.
Selon la volumineuse publication sur le matériel type de Fabricius par Ella Zimsen (1964, p. 623)
https://archive.org/details/typematerialofic0000zims
il n'y a qu'un seul spécimen type d'Agrion barbara, et il est conservé au Musée zoologique de Kiel. Zimsen n'a pas précisé si l'holotype est un mâle ou une femelle. Cela ne peut pas non plus être conclu à partir de la description originale (voir ci-joint, le texte latin a été traduit par Heinrich Fliedner). Plus tard, tous les types d'odonates de Fabricius ont été transférés de Kiel à Copenhague. Le conservateur du musée local m'a informé que le spécimen type unique (holotype) est un mâle avec la pointe de l'abdomen (y compris les appendices) manquante.
Le livre détaillé sur la vie et l'héritage scientifique de Leach par Harrison & Smith (2008) ne fournit aucune information suggérant que Leach ait jamais visité Kiel ou Copenhague. Les informations sur ses voyages sont assez détaillées et nulle part il n'est suggéré qu'il ait jamais visité l'Allemagne, bien qu'il ait été en contact avec plusieurs scientifiques et membre de plusieurs sociétés allemandes.
Selon cette source :
https://books.google.fi/books?id=TgUNAAAAIAAJ&pg=PA147&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false
La première visite de Leach en France eut lieu en 1815, suivie de nouvelles visites en 1817 et 1818. Une visite antérieure n'était pas possible en raison des guerres napoléoniennes. Il n'y a aucune information dans cette source, ou dans Harrison & Smith, qu'il ait visité un autre pays étranger avant 1815.
En résumé, on peut conclure que
- Leach n'a jamais vu l'holotype d'Agrion barbara à Kiel.
- Comme Leach n'a visité aucun musée étranger pendant qu'il travaillait sur le manuscrit définissant les nouveaux genres d'odonates (ou avant), il n'a pas eu l'occasion d'étudier d'autres spécimens d''Agrion barbara'. Comme l'a déclaré de Selys Longchamps (1846), aucun spécimen de cette espèce ne figurait dans les collections en Grande-Bretagne. En fait, du vivant de Leach, à part l'holotype, il n'y avait aucun autre spécimen lestide identifié comme "barbara" dans aucun musée du monde. Les quelques spécimens de Lestes barbarus (tels que connus à l'heure actuelle), collectés en Europe dans les années 1820 (ou avant), avaient été décrits ou identifiés avec différents noms d'espèces dans le genre Agrion.
- Lorsque Leach a introduit le nom de Lestes, il ne pouvait pas savoir (d'après la description originale de Fabricius), à quoi ressemblaient les appendices anaux mâles de 'Agrion barbara'. [J'admets qu'en théorie, si Leach avait vu un spécimen mâle de Lestes barbarus dans une collection, il aurait pu le reconnaître comme la même espèce que la barbara de Fabricius, car le motif de couleur et le ptérostigma bicolore correspondent à l'original description. Cependant, cela ne s'est pas produit.]
Même si Leach avait su qu'il existe une espèce Lestes appelée barbara, collectée en Algérie, je trouve très peu probable qu'il aurait nommé son nouveau genre en se basant sur la raison qu'il y avait des pirates barbaresques dans la même zone. Puisque tous les autres nouveaux noms de genre de Leach pour les odonates font référence à des caractères morphologiques, pourquoi ce nom serait-il une exception ? Si c'était le cas, alors on s'attendrait à ce qu'au lieu d'écrire simplement "Il y a trois espèces indigènes [= britanniques]", Leach aurait ajouté quelques mots sur l'existence de l'espèce Lestes barbarus connue de "Barbaria".
Dans votre critique, vous avez écrit : > Mais dans leur texte, ils ne se comparent pas par les annexes à des crochets ou grappins d'abordage, mais à des armes, qualifiés de "coutelas" <
> "Puisque autrefois les pirates étaient généralement armés d'armes blanches, comme des coutelas
[épées courtes et légèrement incurvées], nous pensons que les mâles Lestes étant « armés » de forceps appendices supérieurs (Fig. 2) ont inspiré Leach à leur donner une épithète faisant référence aux pirates ou voleurs à main armée." Cela rend la démonstration la moins convaincante, car aucun coutelas,
fut-ce de pirate, n'a une forme de "forceps" (pour reprendre le terme de la description originale
de Leach). Cet accessoire d'obstétrique se compose de deux cuillères articulées en pince.
La comparaison de Leach avec les cerques des Lestes est tout à fait convai
Dans votre critique, vous avez écrit :
> Mais dans leur texte, ils ne se comparent pas par les annexes à des crochets ou grappins d'abordage, mais à des armes, qualifiés de "coutelas" <
> "Puisque autrefois les pirates étaient généralement armés d'armes blanches, comme des coutelas
[épées courtes et légèrement incurvées], nous pensons que les mâles Lestes étant « armés » de forceps appendices supérieurs (Fig. 2) ont inspiré Leach à leur donner une épithète faisant référence aux pirates ou voleurs à main armée." Cela rend la démonstration la moins convaincante, car aucun coutelas, fut-ce de pirate, n'a une forme de "forceps" (pour reprendre le terme de la description originale de Leach). Cet accessoire d'obstétrique se compose de deux cuillères articulées en pince.
La comparaison de Leach avec les cerques des Lestes est tout à fait avérée, mais celle-là
de Hämäläinen et Fliedner avec une arme de pirate ne l'est pas. <
> Je considère donc que la proposition zoonymique de Hämäläinen et Fliedner n'est pas valide.<
Évidemment, nous aurions pu écrire un peu différemment et avec plus de détails. En comparant les appendices supérieurs avec un coutelas, nous nous sommes référés à la forme générale et à la structure d'un appendice supérieur individuel (gauche ou droit) de Lestes sponsa, et non à l'ensemble en forme de pince à l'extrémité de l'abdomen. Comme on le voit sur l'image ci-jointe (que nous aurions peut-être dû inclure, ainsi que des illustrations de quelques types différents de coutelas), la forme incurvée de l'appendice supérieur avec des arêtes vives, donne (seulement avec un peu d'imagination, bien sûr) une impression d'une arme tranchante ressemblant à un coutelas courbe (dont la forme et la structure étaient assez variables) ou à une hache de bourreau. Bien sûr, nous ne voulions pas suggérer que la forme de l'appendice était exactement identique à celle de l'armature du pirate. Quoi qu'il en soit, puisque l'éditeur et les trois relecteurs (tous odonatologues) n'ont eu aucun problème à comprendre notre sens, je présume, et j'espère sincèrement, que d'autres lecteurs feront de même.
Quoi qu'il en soit, laissons les autres odonatologues décider laquelle de ces deux théories "pirates" ils vont garder plus probable, ou s'ils préfèrent s'en tenir à la vieille théorie du « comportement vorace ».
Cordialement,
Matti Hämäläinen
Ma réponse le 16 juin
Bonjour Monsieur,
j'apprécie beaucoup la qualité de votre réponse, qui engage, pour la première fois, un vrai débat sur le fond. Les arguments que vous fournissez sur la localisation du spécimen type de L. barbarus et sur les déplacements de Leach en Europe sont tout à fait convaincants et sont ceux qui me manquaient. Je reconnais la force de votre critique de mon hypothèse, sans abandonner totalement celle-ci.
Je reste sceptique néanmoins sur votre propre proposition 1°) parce que si Leach veut caractériser son genre en le nommant, il devrait éviter de choisir un qualificatif renvoyant aux appendices propres aux Lestes mais aussi aux Calepteryx, 2°) parce que malgré vos nouveaux et nécessaires arguments, ces appendices ne ressemblent nullement à des armes de pirates, ni à mes yeux, ni à ceux de Leach qui les comparent à des forceps.
Ce qui est certain pour moi, c'est que dans une discipline aussi peu développée que la zoonymie, nous devrions accueillir les propositions des auteurs et prendre contact avec eux avant de les critiquer par des formules définitives, — ou de pointer leurs fautes d'orthographe— et que c'est en échangeant respectueusement nos arguments que nous enrichirons les connaissances. C'est précisément le cas avec votre courtoise réponse et je vous en remercie. J'espère au moins que nous aurons contribué ensemble à remettre en cause the old "voracious behaviour" theory encore bien présente.
M'autorisez-vous à la reproduire dans mon article ?
Je dois dire aussi que je n'imaginais pas que la seule réaction des entomologistes à l'ensemble de mes travaux sur l'histoire des noms des Lépidoptères et des Odonates depuis plus de 10 ans soit une critique.
Thank you for your kind response. Please, feel free to refer to the contents of my email, if you modify your blog article.
>parce que si Leach veut caractériser son genre en le nommant, il devrait éviter de choisir un qualificatif renvoyant aux appendices propres aux Lestes mais aussi aux Calepteryx<
Yes, both Lestes sponsa and Calopteryx virgo/splendens have forceps-like appendages, but only in L. sponsa are the superiors furnished with sharp extensions, which make them look more 'weapon-like'.
One more detail concerning Leach's travels. According to Harrison & Smith, his first visit to France took place in October 1815.
With kind regards,
Matti Hämäläinen
Traduction : Merci pour votre aimable réponse. S'il vous plaît, n'hésitez pas à vous référer au contenu de mon e-mail, si vous modifiez votre article de blog.
>parce que si Leach veut caractérisé son genre en le nommant, il devrait éviter de choisir un qualificatif renvoyant aux annexes propres aux Lestes mais aussi aux Calepteryx<
Oui, Lestes sponsa et Calopteryx virgo/splendens ont tous deux des appendices en forme de forceps, mais ce n'est que chez L. sponsa que les supérieurs sont munis d'extensions pointues, ce qui les fait ressembler davantage à des «armes».
Un détail de plus concernant les voyages de Leach. Selon Harrison & Smith, sa première visite en France eut lieu en octobre 1815.
Cordialement,
Matti Hämäläinen
Traduction : Merci pour votre aimable réponse. S'il vous plaît, n'hésitez pas à vous référer au contenu de mon e-mail, si vous modifiez votre article de blog.
>parce que si Leach veut caractérisé son genre en le nommant, il devrait éviter de choisir un qualificatif renvoyant aux annexes propres aux Lestes mais aussi aux Calepteryx<
Oui, Lestes sponsa et Calopteryx virgo/splendens ont tous deux des appendices en forme de forceps, mais ce n'est que chez L. sponsa que les supérieurs sont munis d'extensions pointues, ce qui les fait ressembler davantage à des «armes».
Un détail de plus concernant les voyages de Leach. Selon Harrison & Smith, sa première visite en France eut lieu en octobre 1815.
Cordialement,
Matti Hämäläinen
.
Au total, j'admets que mon hypothèse est affaiblie au regard de cette brillante et solide argumentation par M. Hämämäilen du fait que Leach ne connaissait pas l'espèce A. barbarus de Fabricius. Je le félicite et le remercie des précisions apportées, et je suis convaincu qu'en matière de zoonymie, une collaboration entre auteurs ne peut être que très fructueuse. Je modifie mon "résumé".
— GRAND (Daniel), BOUDOT (Jean-Pierre), 2006 Les Libellules de France, Belgique et Luxembourg. Collection Parthénope, Biotope 479 pages
— ANTONIO (Costantino D’), VEGLIANTE (Francesca ) "Derivatio nominis libellularum europæarum"(PDF) (en Italien) Étymologie de 197 noms de Libellules européennes.
— ENDERSBY (IAN D. ), 2012, : Watson and Theischinger: the etymology of the dragonfly (Insecta: Odonata) names which they published Journal and Proceedings of the Royal Society of New South Wales, vol. 145, nos. 443 & 444, pp. 34-53. ISSN 0035-9173/12/010034-20 34
— ENDERSBY (IAN D., FRS ), 2012, Etymology of the Dragonflies (Insecta: Odonata) named by R.J. Tillyard, F.R.S. Proceedings of the Linnean Society of New South Wales 134, 1-16.
La bibliographie de mes articles de zoonymie des Odonates.
.
.
OUTILS ODONATES.
.
—ALBARDA Herman 1889 Catalogue raisonné et synonymique des Névroptères, observés dan les Pays-Bas et dans les Pays limitrophes, Tijdschrift voor entomologie 1857
— BARBUT, (James) 1781, Les genres des insectes de Linné : constatés par divers échantillons d'insectes d'Angleterre, copiés d'après nature The Genera Insectorum of Linnaeus exemplied by various specimens English insects drawn from Nature by James Barbut London : Imprimé par Jacques Dixwell, dans St. Martin's Lane, et se vend au profit de l'auteur chez J. Sewell, Libraire, dans Cornhill. Dessins de Barbut gravés par James NEWTON.
— GEOFFROY (Etienne-Louis), 1762, Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris. Chez Durand, à Paris 1762, in-4 (4) xxviij, 523pp. et (4), 2 volumes reliés.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k991697/f615
— GEOFFROY (Etienne-Louis), 1799 Histoire abrégée des insectes, dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique.Tome 2 / par M. Geoffroy, C. Volland / Rémond (Paris)
—HARRIS, Moses, 1731-1785, 1786, Exposition des insectes que se trouvent en Angleterre; comprenant les différentes classes des Neuroptera, Hymenoptera, et Diptera: ou des abeilles, mouches, et Libellulae. Londres, B. White et J. Edwards,1786.
—LA CHESNAYE-DES BOIS (François-Alexandre Aubert de) Dictionnaire raisonne et universel des animaux ou le regne animal etc, Volume 2 chez Claude-Jean-Baptiste Bauche, 1759 page 19
— LATREILLE (P.A.), Histoire naturelle, générale et particulière des crustacés et des insectes , Paris :F. Dufart, An X-XIII [1802-1805] , Troisième volume (1805).
— LATREILLE, 1829, in Cuvier Le règne animal distribué d'après son organisation pour servir à l'histoire .Paris Déterville Volume V « Suite et fin des insectes ».page 239
— LEACH, (W. E.) 1814. The zoological miscellany; being descriptions of new, or interesting animals. Illustrated with coloured figures, drawn from nature, by R. P. Nodder. Vol. I. - pp. 1-144, Pl. 1-60. London. (Nodder).
— LEACH, (W. E.) 1815. The zoological miscellany; being descriptions of new, or interesting animals. Illustrated with coloured figures, drawn from nature, by R. P. Nodder. Vol. II. - pp. 1-154, [1-6], Pl. LXI-CXX [= 61-120]. London. (Nodder).
— LEACH, (W. E.) . 1817. The zoological miscellany; being descriptions of new, or interesting animals. Illustrated with coloured figures, drawn from nature, by R. P. Nodder. Vol. III. - pp. i-v [= 1-5], [1], 1-151, Tab. 121-149. London. (Nodder).
—LEEUWENHOEK (Antoni van), 1695, Arcana naturae detecta, 1695 page 18
— LINNÉ (Carl von,) 1764, Museum Ludovicae Ulricae reginaeSuecorum, in quo animalia rariora , exotica imprimis insecta et conchilia describuntur,etc. Holmiae, l764 , 2 t. en 1 vol. in-8.
—— LINNÉ (Carl von,) 1767, Caroli Linnaei...Systema naturae per regna tria naturae... 12eme édition, tome II pages 901-906.
— Tome VI : Suite de l'Histoire des Mouches à quatre ailes avec un supplément des Mouches à deux ailes, Imprimerie royale, Paris, 1742, 608 p., 48 pl. ;
—SWAMMERDAM, (JAN), 1682, Histoire générale des insectes ou l'on expose clairement la manière lente & presqu'insensible de l'accroissement de leurs membres , & ou l'on découvre evidemment l'Erreur ou l'on tombe d'ordinaire au sujet de leur pretendue transformation, par Jean Swammerdam, docteur en médecine, avec des figures A Autrecht, chez Guillaume de Walcheren, Marchant Libraire demeurant en la place de St-Jan 1682 - 215 pages
— SWAMMERDAM (Jan), 1758, Histoire générale des insectes : tome V de la collection académique de la Faculté de Dijon traduite du Biblia naturae avec 36 planches et des notes de Savary et de Guénau de Montbeillard.
—DUPONT P. 2010. Plan national d'actions en faveur des Odonates 2011-2015.Office pour les insectes et leur environnement, Société française d’Odonatologie et Ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer. 170 pp.
— ANTONIO (Costantino D’), VEGLIANTE (Francesca ) "Derivatio nominis libellularum europæarum"(PDF) (en Italien) Étymologie de 197 noms de Libellules européennes.
— CRAIG (John), 1858, A New Universal Etymological, Technological, and Pronouncing Dictionary of the English Language, Embracing All the Terms Used in Science, Literature and Art, George Routledge&Company,
— ENDERSBY (IAN D. ), 2012, : Watson and Theischinger: the etymology of the dragonfly (Insecta: Odonata) names which they published Journal and Proceedings of the Royal Society of New South Wales, vol. 145, nos. 443 & 444, pp. 34-53. ISSN 0035-9173/12/010034-20 34
— ENDERSBY (IAN D., FRS ), 2012, Etymology of the Dragonflies (Insecta: Odonata) named by R.J. Tillyard, F.R.S. Proceedings of the Linnean Society of New South Wales 134, 1-16.
— HELLER(John Lewis) - 1983 -"Studies in Linnaean method and nomenclature", Marburger Schriften zur Medizingeschichte, Bd.1983;7:1-326.Frankfurt am Main ; New York : P. Lang,
— ISAAK(Mark) Curiosities of the biological nomenclature, en ligne.
—BOISDUVALHistoire naturelle des insectesRoret 1836
books.google.fr/books?id=2Kgi4FH6kj0C
— BOITARD(Pierre ) Manuel d'entomologie ou Histoire naturelle de insectes: contenant la synonymie de la plus grande partie des espèces d'Europe et des espèces exotiques les plus remarquables, Tome second, Paris : Roret, 1828, Gallica
— BURMEISTER (Hermann), 1839, Handbuch der Entomologie, Berlin
— CHINERY(Michael), Insectes de France et d'Europe occidentale, adaptation française G. Luquetpour les lépidoptères, Flammarion 2005, 2eme édition 2012, 320 p.
— CURTIS, J. (1823-1840). British Entomology; being illustrations and descriptions of the genera of insects found in Great Britain and Ireland: containing coloured figures from nature of the most rare and beautiful species, and in many instances of the plants upon wich they are found.Vol. V. Lepidoptera, Part. I. Londres. http://biodiversitylibrary.org/page/8221625#page/71/mode/1up
— FABRICIUS(Johann Christian) 1807 "Nach Fabricii systema glossatorum" in Johann Karl Wilhelm Illiger, "Die Neueste Gattungs-Eintheilung der Schmetterlinge [...], Magazin für Insektenkunde , Braunschweig [Brunswick] (6) https://archive.org/stream/magazinfrinsek06illi#page/280/mode/2up
— FABRICIUS(Johann Christian) 1787 Fabricii Mantissa insectorumHafniae 1787 en ligne Goettingen.
—FRISCH(Johann Leonhard.) 1730 . Beschreibung von allerley Insecten in Teutsch-Land : nebst nützlichen Anmerckungen und nöthigen Abbildungen von diesem kriechenden und fliegenden inländischen Gewürme : zur Bestätigung und Fortsetzung der gründlichen Entdeckung : so einige von der Natur dieser Creaturen herausgegeben : und zur Ergäntzung und Verbesserung der andern (1730) Berlin : Verlegts Christ. Gottl. Nicolai https://archive.org/stream/johleonhardfrisc01fris#page/n7/mode/2up
— FOURCROY(A. F.) 1785. Entomologia Parisiensis; sive catalogus insectorum quæ in agro Parisiensi reperiuntur; secundam methodam Geoffrœanam in sectiones, genera & species distributus: cui addita sunt nomina trivialia & fere trecentæ novæ species. Pars secunda. Parisiis. (Hôtel Serpente). 2. 232-544. Traduction en latin de l'Histoire des insectesde E.L. Geoffroy. http://archive.org/stream/entomologiaparis02four#page/n3/mode/2up
— FUESSLI(Johan Caspar) Verzeichniss der ihm bekannten Schweizerischen Inseckten : mit einer augemahlten Kupfertafel: nebst der Ankhundigung eines neuen InsectenWerks Joh. Caspar Fuesslins 1775. BHL libr
— GEER,(Charles de), 1771 Mémoires pour servir à l'histoire des insectes, Stockholm : Hesselberg, .Tome 1 [1]-[15] 707 pages, 37 planches, Gallica. Tome second première partie 616 pages, ; Tome second deuxième partie pages 617 à 1175, 43 planches gravées par Bergquist. Gallica.
— GEOFFROY(Étienne-Louis, Docteur en médecine) 1762.Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris: dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique; Paris : Durand 1762 Tome second Planches XI à XXII colorées à la main par Prévost gravées par Defehrt. 744p. http://archive.org/stream/histoireabrg02geof#page/n9/mode/2up
— GEOFFROY[Étienne-Louis] 1798-99 Histoire abrégée des insectes dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique. Nouvelle édition, revue, corrigée, & augmentée d'un supplément considérable./ par M. Geoffroy, docteur en médecine. A Paris :Chez Calixte-Volland, libraire, quai des Augustins, no. 24 :An VII de la République françoise [1799]. http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/14595#/summary
— GOEDART(Jan), 1685, Johannes Goedartius de Insectis nin methodum redactus cum notularum additione, operâ M. Lister,e Regia Societate Londinensi, Smith : London, 1685
— HARRIS, M. 1776-[1780]. An exposition of English insects. Including the several classes of Neuroptera, Hymenoptera & Diptera, or bees, flies & Libellulæ. Exhibiting on 51 copper plates near 500 figures, accurately drawn & highly finished in colours, from nature. The whole minutely described, arranged & named, according to the Linnean-system, with remarks. The figures of a great number of moths, not in the Aurelian collection, formerly published by the same author, and a plate with an explanation of colours, are likewise given in the work. White & Robson, London. - [Rééd. complète en 1782 ]. 166 pp.
— HOEFNAGEL[Jacob], 1630, Diversae insectarum volatilium icones ad vivum accuratißime depictæ per celeberrimum pictorem.[Amsterdam] Typis[que] mandatæ a Nicolao Ioannis Visscher , 32 pages, 16 planches,
— LATREILLE(P.A.) 1796 Précis des caractères génériques des insectes disposés dans un ordre naturel par le citoyen LatreilleParis, Brive : 1796 pages 140-149.
— LATREILLE, P. A., 1804. "Tableau méthodique des Insectes", pp. 184-187in Nouveau Dictionnaire d’Histoire Naturelle, Paris : Déterville. vol.24.
—LATREILLE(P.A.) Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle appliquée aux arts, Paris : Detreville vol. 17, 1803 ici
— LATREILLEP. A. 1810. Considérations générales sur l'ordre naturel des animaux composant les classes des Crustacés, des Arachnides et des Insectes; avec un tableau méthodique de leurs genres, disposés en familles. Paris: F. Schoell, 444 pp. pp. 350-370.
—LATREILLE(P.A) et Olivier Nouveau dictionnaire d'Histoire naturelle2eme édition tome 27 1818.
— LEWIN,W. 1795 The Insects of Great Britain, systematically arranged, accurately engraved, and painted from nature, with the natural history of each speciesBHL library
— LINNÉ 1758 Linnaeus, C. 1758. Systema naturæ per regna tria naturæ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Editio decima, reformata. Holmiæ. (Salvius). Tomus I: 1-824
— MERIAN(Maria-Sibylla) Histoire générale des insectes de Surinam et de toute l'Europe contenant leur description, leurs figures, leur différentes métamorphoses..., par Mademoiselle Marie-Sybille de Mérian, en deux parties in-folio. Troisième édition, revue, corrigée & considérablement augmentée par M. Buchoz, ... A laquelle on a joint une troisième partie qui traite des plus belles fleurs, telles que des plantes bulbeuses, liliacées, caryophillées... Tome premier [-troisième] traduit par Jean Marret Paris : Desnos, 1771. PDF Bibliothèque de Toulouse, 3 volumes http://tolosana.univ-toulouse.fr/notice/07558171x
— MERIAN(Maria-Sibylla) 1683 Der Raupen wunderbare Verwandelung, und sonderbare Blumen-nahrung: worinnen, durch eine gantz-neue Erfindung, Der Raupen, Würmer, Sommer-vögelein, Motten, Fliegen, und anderer dergleichen Thierlein, Ursprung, Speisen, und Veränderungen, samt ihrer Zeit, Ort und Eigenschaften(Band 2) Nürnberg , Frankfurt , Leipzig, 1683 Volume 2 (insectes d'Europe) digitalisé par Universitätsbibliothek Heidelberg;
b) [Illustrations de Veranderingen der Surinaemsche Insecten...] / Maria Sybilla Merian, dess., aut. du texte ; I. Mulder, P. Sluyter, D. Stoopendaat, grav. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b2300244f
— PETIVER(James), 1702-1706?Gazophylacii naturae & artis, : decas prima-[decima]. In quaÌ‚ animalia, quadrupeda, aves, pisces, reptilia, insecta, vegetabilia; item fossilia, corpora marina & stirpes minerales eÌ€ terra eruta, lapides figuraÌ‚ insignes &c. Descriptionibus brevibus & iconibus illustrantur. Hisce annexa erit supellex antiquaria, numismata, gemmae excisae, & sculpturae, opera figulina, lucernae, urnae, instrumenta varia, inscriptiones, busta, reliquaque ad rem priscam spectantia: item machinæ, effigies clarorum virorum, omniaque arte producta.../ Jacobus Petiver Londini: : Ex OfficinaÌ‚ Christ. Bateman ad insignia Bibliae & Coronae, vico vulgo dict. Pater-Noster-Row., MDCCII. [1702-1706?]. Version Google booksde 1702 ou mieux GDZ Göttingen(Planches).
— PETIVER(James) 1695-1703 Musei Petiveriani centuria prima-decima, rariora naturae continens: viz. animalia, fossilia, plantas, ex variis mundi plagis advecta, ordine digesta et nominibus propriis signata, London, 1695-1703 Version Books-Google.
— PETIVER(James) 1767 Jacobi Petiveri Opera, historiam naturalem spectantia containing several thousand figures of birds, beats, fifh, reptiles, insects shells, corals, and fossils; also of trees, shrubs, herbs, fruits, fungus's, mosses, sea-weeds, &c. from all parts, adapted to Ray's History of plants on above three hundred copper-plates, with English and Latin names, London, James Empson (éditeur), 1767 Version Books.Google
— PODA(Nicolaus) 1761.Insecta Musei Græcensis, quæ in ordines, genera et species juxta systema naturæ Caroli Linnæi.Graecus [= Graz]. (Widmanstadius). 127 pp. Google books
— RAMBUR (Pierre), 1842,Histoire naturelle des insectes: névroptères,
— RAY (John) Historia insectorum, Londini 1710 Archive.org
— RÉAUMUR[René-Antoine] de Ferchault 1734-1748 Mémoires pour servir à l'histoire des insectes Paris : Imprimerie Royale, 6 volumes, de 1734 à 1748 [un 7e, copie du manuscrit original, paraîtra en 1928], 267 planches gravées par Simoneau, Lucas, Haussard et Fillioeul. En ligne BHL. Voir aussi VALLOT J.N. 1802.
— RÖSEL VON ROSENHOF 1764-68 De natuurlyke historie der insecten; voorzien met naar 't leven getekende en gekoleurde plaaten. Volgens eigen ondervinding beschreeven, door den heer August Johan Rösel, van Rosenhof, miniatuur-schilder. Met zeer nutte en fraaie aanmerkingen verrykt, door den heer C. F. C. Kleemann...Te Haarlem, By C. H. Bohn en H. de Wit, boekverkoopers [1764-68] BHL Library
— Rösel von Rosenhof 1746 Der monatlich herausgegebenen Insecten-Belustigung Nürnberg.
— SCHAEFFER(Jacob-Christian) Iacobi Christiani Schaefferi 1766, Icones Insectorum circa Ratisbonam indigenorum coloribus naturam referentibus expressae= Natürlich ausgemahlte Abbildungen Regensburgischer InsectenRegensburg [Ratisbonne]: gedruckt bey H.G. Zunkel, [1766?-1779?] ; Gravure par Haid, Johann Jacob (1704-1767), 5 tomes in-4° avec 220 planches coloriées VOL. II Google
— SCHAEFFER(Jacob-Christian), 1779, Icones insectorum circa Ratisbonam indigenorum coloribus naturam referentibus expressae. Volum. 1. pars 1. tertium et vltimum. D. Iacob Christian Schäffers natürlich ausgemahlte abbildungen Regensburgischer Insecten. Ersten Bandes erster Theil dritter und lezter Band. Mit dem register Volum 1. pars 1. pars. 2.
— SCHAEFFER(Jacob-Christian), 1766, Iacobi Christiani Schaeffer, s. theolog. et philos. ... Elementa entomologica ... = Iacob Christian Schaeffers ... Einleitung in die Insectenkenntnis Regensburg :Gedruckt mit Weissischen Schriften.
—SCOPOLI(Jean-Antoine) Ioannis Antonii Scopoli Med. Doct. S.C.R. ... Entomologia Carniolica exhibens insecta Carnioliae indigena et distributa in ordines, genera, species, varietates : methodo Linnaeana. Vindobonae :Typis Ioannis Thomae Trattner ...,1763. En ligne BHL.
— SELYS-LONGCHAMPS ( E.de) 1840 - Monographie des Libellulidées d'Europe. - Roret, Paris ; Muquardt, Bruxelles. http://www.deliry.com/selys1840.pdf
— SELYS-LONGCHAMPS ( E.de), 1840b - Enumération des Libellulidées de Belgique. - Bull. Ac. r. Bruxelles, Sér. 1 (7) : 31-43. -
— SELYS-LONGCHAMPS ( E.de),1850 - Revue des Odonates ou Libellules d'Europe. - Bruxelles, Paris. http://www.deliry.com/selys1850.pdf
— SELYS-LONGCHAMPS (Michel Edmond, Baron de), 1840 - Monographie des Libellulidées d'Europe. - Roret, Paris ; Muquardt, Bruxelles, 220 pages.
-1825 sa Monographiae Libellulinarum europaearum specimen de 42 pages.
https://books.google.de/books?id=vxIOAAAAQAAJ
— VILLERS(Charles de) 1789 Caroli Linnaei Entomologia, faunae Suecicae descriptionibus aucta : DD. Scopoli, Geoffroy, de Geer, Fabricii, Schrank, &c., speciebus vel in systemate non enumeratis, vel nuperrime detectis, vel speciebus Galli australis locupletata, generum specierumque rariorum iconibus ornata; curante & augente Carolo de Villers.. Lyon : Pietre et Delamollière, (1789). https://archive.org/stream/carolilinnaeient02linn#page/n11/mode/2up
— WALCKENAER (C.A.) 1802, Faune parisienne, insectes, ou, Histoire abrégée des insectes des environs de Paris classés d'après le système de Fabricius; précédée d'un discours sur les insectes en général, pour servir d'introduction à l'étude de l'entomologie accompagnée de sept planches gravées Paris : Dentu 1802 en ligne BHL.
Anax, Lech, 1815, "Entomology". In Brewster, David. Edinburgh Encyclopaedia. Vol. 9. Edinburgh: William Blackwood. pp. 57–172 [137] (in 1830 edition) : Anax vient de l'ancien grec ἄναξ anax qui signifie « seigneur », « chef [de guerre] » ou « roi [tribal] ». Il est interprété comme qualifiant le comportement dominant d'Anax imperator, la seule espèce décrite par Leach 1815 sous son genre Anax. L'auteur lui-même ne fait aucun commentaire ni sur la justification de son nom de genre, ni sur le comportement de l'espèce qu'il nomme sans la décrire. Néanmoins, les liens unissant Anax "roi" en grec et imperator "empereur" en latin, sont évidents, comme il est évident que cette espèce est de morphologie tout à fait royale, par sa taille , l'une des plus grandes des Libellulidae (son envergure peut atteindre 11 cm) ou par les couleurs bleu et noir de l'abdomen des mâles (vert et/ou bleu et noir chez les femelles). Le vol des mâles est également majestueux, lorsqu'ils dominent "de manière impériale un territoire allant d'une simple flaque à une zone atteignant 2400 m2, duquel ils repoussent leurs congénères. Ils patrouillent continuellement au dessus de l'eau, parfois loin des rives" (Grand et Boudot, 2006).
.
.
I. LA PUBLICATION ORIGINALE. LEACH 2015.
(n.b : le renvoi à la publication originale vers Zoological Miscellary donné par Grand et Boudot 2006 est erronée).
En 1813, William Elford Leach (1791-1836), diplomé en médecine de l'université St-Andrews (Ecosse) après avoir étudié à Edimbourg, devint responsable des collections zoologiques du British Museum. En 1815, il rédigea la première bibliographie, extraordinairement détaillée, de l'entomologie, dans la partie historique d'un article "Entomologie" de l'Edinburgh Encyclopaedia de D. Brewster. Il publia entre 1814 et 1817 ses Zoological Miscellany, mais en 1822, atteint de dépression et de surmenage, il démissionna de son poste pour voyager.
— LEACH , W.E. (1815). "Entomology". In Brewster, David. Edinburgh Encyclopaedia. Vol. 9. Edinburgh: William Blackwood. pp. 57–172 [137] (in 1830 edition) – via Biodiversity Heritage Library.
.
484. ANAX. GENUS CCCCLXXXIV. ANAX. Leach's MSS.
Hinder wings of the male not angulated at their anal edge, but resembling those of the female. Abdomen cylindric in both sexes ; not clavate. . Imperator. Sp. 1. Imperator. Inhabits England.
.
.
.
II. COMMENTAIRES.
a) Datation.
L'Edinburgh Encyclopaedia publiée par William Blackwood et éditée par David Brewster est parue en 18 volumes de 1808 et 1830, mais le volume 9 England to Fruit, qui contient l'article Entomology, est paru en 1830. Le volume 7 contient l'article Crustaceology de Leach, page 383, est également daté de 1830. Pourtant, les espèces de crustacés décrites dans le volume 7, sont mentionnés Leach, 1817, et les genres et espèces d'insectes du volume 9 sont mentionnées Leach, 1815.
Les articles ne sont pas signés, mais l'encyclopédie a publié dans le volume 1 (1830) la liste des contributeurs, dont William Leach pour les articles "Craniometry, &c., &c. Crustaceology, Insecta, Entomology".
Cette datation de 1814 et 1815s'expliquerait par les manuscrits originaux de Leach, qui portent ces dates.
La base Animalbase dénombre 42 taxons nommés par Leach et encore en usage, des Mammifères jusqu'aux Céphalopodes. Parmi les Odonates, outre Anax, il est l'auteur, en 1815, des genres Calopteryx [Calepteryx], Cordulegaster, Cordulia, Gomphus, Lestes, et de l'espèce A. imperator. En 1811, il avait été l'auteur de Libellula scotica.
Il faudrait ajouter à cette liste le genre Petalura, Leach 1815 (Anisoptera).Ou bien la famille des Aeschnidae et des Libellulidae, etc.
La nomenclature de Leach est souvent très personnelle. Il nomma 19 espèces et un genre d'après le nom de son employé et ami John Cranch, décédé en 1816 pendant qu'il récoltait des spécimens en Afrique dans l'expédition chargée d'explorer les sources du fleuve Congo. (Achaeus cranchii Leach 1817, L'Achée de Cranch ; Ebalia cranchii Leach, 1817 ou Ébalie de Cranch ; Eualus cranchii Leach 1817 ou Hippolyte bouledogue de Cranch ; Cirolana cranchi ou Cirolane de Cranch Leach 1818 Ocythoë cranchii Leach 1817, Pandarus cranchii, Leach 1819, etc.)
Il nomma 9 genres d'après une mystérieuse Caroline (voir infra en Annexe), en utilisant les anagrammes de Carolina comme Cirolana, Conilera et Rocinela. Il associa Cranch et Caroline pour le nom d'un crustacé isopode marin qu'il nomma en 1818 Cirolana cranchi . De nombreux genres de Leach des noms de l'Antiquité comme Hippolyte, Eurydice et Palaemon.
Mais les noms choisis pour les Odonates sont descriptifs des morphologies ou des comportements.
.
.
c) Le zoonyme ANAX.
Anax vient de l'ancien grec ἄναξ anax qui signifie « seigneur », « chef [de guerre] » ou « roi [tribal] ». Il est interprété comme qualifiant le comportement dominant d'Anax imperator, la seule espèce décrite par Leach 1815 sous son genre Anax. L'auteur lui-même ne fait aucun commentaire ni sur la justification de son nom de genre, ni sur le comportement de l'espèce qu'il nomme sans la décrire. Néanmoins, les liens unissant Anax "roi" en grec et imperator "empereur" en latin, sont évidents, comme il est évident que cette espèce est de morphologie tout à fait royale, par sa taille , l'une des plus grandes des Libellulidae (son envergure peut atteindre 11 cm) ou par les couleurs bleu et noir de l'abdomen des mâles (vert et/ou bleu et noir chez les femelles). Le vol des mâles est également majestueux, lorsqu'ils dominent "de manière impériale un territoire allant d'une simple flaque à une zone atteignant 2400 m2, duquel ils repoussent leurs congénères. Ils patrouillent continuellement au dessus de l'eau, parfois loin des rives" (Grand et Boudot, 2006).
Costantino D'Antonio écrit : "Anax - αναξ, ανακτοσ = seigneur, souverain, roi [des zones humides]"
Anax est le terme grec qui désigne les rois de la période mycénienne (1600-1100 av. J.C), c'est à dire les maîtres de maison des palais fortifiés. A la période classique, le terme basileus fut utilisé, et "le passage d' anax à basileus représente le passage d'un système de subordination personnelle, caractéristique du système palatial à un système fondé sur le titre et la fonction, et annonce ainsi l'émergence de la «cité» et du politique." (E. Levy, 1987). Dans l'Iliade d'Homère, il se réfère à Agamemnon, roi de Mycènes.
Il est assimilé au terme wanax inscrit en Linéaire B sur des vases et tablettes ( wa-na-ka (ϝάναξ / wánax) pour désigner celui qui nomme ou mute les fonctionnaires et fait travailler des artisans à son service. Le titre n'étant jamais accompagné d'un nom propre, on suppose donc qu'il est le seul dirigeant. Il est très probablement identifiable au ἄναξ / anax homérique (« seigneur divin, souverain, maître de maison »), mais son rôle est moins bien défini — il est sans doute militaire, juridique et religieux, et peu étendu car les marqueurs d'un pouvoir royal fort sont limités dans le monde mycénien." (Wikipédia)
.
c) Les autres noms de genre d'Odonates créés en 1815.
— Calopteryx vient du grec et signifie "qui a de belles ailes".
— Cordulegaster vient de deux mots grecs κορδύλη kordylē - "massue, renflement, bosse, gonflement"; et gastēr - "abdomen", pour désigner la forme typique du corps de ces libellules. (Fleidner, 2009 ; Précigout 2009 ; Endersby 2012)
— Cordulia est basé sur un adjectif issu du grec κορδύλη kordylē -"massue renflement, bosse, gonflement" et s'explique par la forme de l'abdomen des mâles. (Fleidner 2008 et 2009) ou du grec kordyleia "massue", pour même raison ; Précigout 2009)
— Gomphus vient du latin gomphus, issu de grec gomphos, "clou, coin, cheville", du fait de la forme en massue de l'abdomen des mâles. (Fleidner, 2009 ; Endersby 2012)
— Lestes Le nom du genre Lestes vient du grec λῃστής = voleur, brigand, pirate. Pour Fleidner repris par Endersby, Il n'y a pas d'explication pour ce nom puisque tous les Odonates sont des prédateurs. (Fleidner 2009, Endersby 2012). Leach n'accompagne ce nom, après la description, que de la mention "Obs. We have three indigenous species". Néanmoins, seule l'espèce que Fabricius avait décrit en 1798 est antérieure à 1815, et il l'avait nommé Agrion barbara. Elle provient, comme l'indique Fabricius (Agrion barbara ...Habitat in Barbaria Dom. Rehbinder [et, pour d'autres spécimens "Habitat in Algier", etc]) de la collection du baron Johann von Rehbinden (1751-1825), qui avait été consul du Danemark à Alger et avait écrit ses Notices et remarques sur Alger, Altona 1798 NACHRICTEN und Bemerkungen ûber den Algierischen Staat (von J.-Ad.-Frhn. von Rehbinder). Altona, Hammerich, 1798-1800 , 3 vol. Il est donc possible de valider l'affirmation de l'Association Poitou-Charentes Nature : "Lestes (gr) = brigand, pirate ; barbarus (gr/lat) = barbare. Cette espèce a été décrite du nord-ouest de l’Afrique, région géographique où vivaient les Berbères et dénommée Barbarie ou Etats barbaresques jusqu’au début du XIXe siècle." Le nom de genre Lestes , "pirate" lui est donné par son espèce type, Lestes barbarus, par référence aux pirates et corsaires barbaresques basés à Alger (cf la capitivité de Cervantes).
.
Conclusion.
Les six noms de genres d'Odonates créés par William Leach en 1815 montrent une réelle homogénéité par leur origine directe ou par le biais du latin à la langue grecque ancienne, et par leur caractère descriptif, soit de la morphologie (Calopteryx, Cordulegaster, Cordulia, Gomphus), soit du comportement (ou des couleurs ?) avec Anax, soit de l'origine géographique avec Lestes.
1°) Le genre de Leach fut adopté par MM. Curtis, Stephens 1829, Westwood,
2°) En 1840, Edmond de Selys-Longchamps refusait à Anax le statut de genre, et le réduisait à celui de sous-genre d'Æshna. Il y plaçait deux espèces, Æshna formosa Vander Linden 1820 (qui se substituait à Anax imperator) et A. parthenope Selys-Longchamps :
"Description de deux nouvelles espèces d'Aeshna du sous-genre Anax (Leach).
Par Michel-Edmond baron de Sélys-Longchamps, 1840, 8 pages, extrait du tome VI n°10 des Bulletins de l'Académie royale de Bruxelles https://books.google.fr/books?id=fjMqAAAAYAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
"Le genre AEshna, après en avoir écarté, sous le nom de Petalura, les espèces dont les yeux sont éloignés l'un de l'autre comme chez les Agrions, et les Cordulœgaster où ils se touchent à peine, se subdivise encore-en deux sections caractérisées par des différences qui ne sont bien sensibles que dans les mâles. C'est ce qui m'empêche d'adopter le genre Anax de Leach., fondé sur celles dont les ailes inférieures sont semblables et arrondies dans les deux sexes, tandis que l'auteur anglais réservait le nom d'AEshna aux espèces dont les mâles ont le bord anal des secondes ailes subitement anguleux, caractère qui est commun aux Petalura, aux Cordulœgaster et aux Cordulia du même auteur. Je pense donc que cette coupe d'Anax doit être présentée comme un simple sous-genre propre a faciliter le classement des espèces. Il présente encore la particularité, que les mâles n'ont pas sur les côtés du second segment abdominal ces deux petits renflemens qui caractérisent plus ou moins les autres AEshnes.
C'est à Vander Linden que l'on doit la distinction de la seule espèce indigène d'Anax qui était connue jusqu'ici. Il la décrivit sous le nom d'AEshna formosa et la croyait particulière à l'Italie. Je l'ai retrouvée depuis en Belgique. Aujourd'hui je ferai connaître deux nouvelles espèces européennes que j'ai recueillies dans le midi et qui sont surtout caractérisées par leur taille, ainsi que par une forme très-différente dans les appendices anales des mâles, comme on peut en juger par les figures que j'en donne ici. Les côtes équatoriales fournissent plusieurs espèces du même groupe, qui semble exclu des contrées froides.
ESPÈCES.N° 1 .(AEshna (Anax) Formosa. Vander Linden, 1820. — B. De Fonscol. — Steph. — Curtis.
Long. M. 34 1. F. 32 | ; envergure 46 à 48 1.; longueur de l'appendice anale inférieure du mâle 1 ligne.
Synonymie : Oeshna Azurea, Toussaint de Charpentier, 1825. Anax imperator , Leacb.
cf. Tête jaune, bouche brune; une tâche transverse bleue sur le haut du front et une autre petite triangulaire noire devant les ocelles; yeux verts à fond bleu. Thorax d'un beau verdâtre clair sans taches, à l'exception des deux plaques latérales supérieures qui précèdent le bouclier et sont bleues, et séparées par une ligne dorsale jaunâtre. Le dessous entre les pieds roussâtre. Abdomen déprimé, long, renflé à sa base, étranglé au milieu du 3e segment. Le 1" segment verdâtre avec deux taches basales brunes; la base du 2e verdâtre; tous les autres d'un bleu brillant en dessus avec les bords noirs. Une tache transversale noire sur le 2°, et une bande dorsale anguleuse depuis le 3e jusqu'au dernier segment. Cette bande traversée à la base des 3e, 4e, 5e, 6e, 7e et 8e segmens par une raie courte également noire. Appendices anales brun-noirâtres. Les deux supérieures ayant deux fois la longueur du dernier segment, atténuées à leur base, ensuite élargies, puis tronquées à leur extrémité. Une ligne élevée les traverse longitudinalement en dessus. Le bord interne de cette ligne est cilié. L'appendice inférieure égale à peine en longueur le tiers des supérieures. Elle est à peu près carrée , recourbée en haut et à bords renflés. Pieds noirs, la base des cuisses rousse. Ailes un peu teintées de jaunâtre surtout au milieu. Parastigma très-allongé brun-roussâtre. Membranule accessoriale blanche à la base, ensuite cendrée. Nervure costale jaune extérieurement.
. Elle diffère du mâle par la forme des deux appendices anales supérieures qui sont lancéolées sans ligne élevée, et par la couleur de l'abdomen. Le 1er segment est brunâtre, le 2° verdâtre, le 3° bleu à la base, et les autres d'un vert un peu bleuâtre ou mélangé de jaunâtre. La bande dorsale noire anguleuse part du milieu du 2" segment.
La Formosa est répandue dans une grande partie de l'Europe méridionale et tempérée, depuis l'Italie jusqu'en Belgique et en Angleterre. Dans la Campagne de Rome, je l'ai prise vers le 25 mai : en Belgique, elle paraît plus tard, c'est-à-dire de la fin de juin au milieu de juillet. Elle voltige sur les étangs et ne s'éloigne pas de l'eau. Les mâles, qui sont beaucoup plus nombreux que les femelles, sont d'un éclat admirable.
Toussaint de Charpentier, qui a reçu cette espèce de Hongrie, l'a décrite sous le nom A. Azurea, d'après des individus secs; c'est pour cela qu'il indique par erreur la couleur bleue et non le vert comme étant celle du thorax. Il y a dans plusieurs collections de Paris des AEshnes reçues d'Afrique et des îles Canaries qui ne m'ont pas paru différer de celle-ci."
... sans rendre à Leach son espèce A. imperator, qu'il continuait à remplacer par A. formosus Vander Linden, ou Anax formose.
4°) En 1863 et 1865, William Kirby et William Spence (An introduction to Entomology) utilisait la dénomination Anax imperator de Leach.
.
.
ANNEXE. LES NOMS CRÉÉS PAR LEACH.
.
Je donne ici la copie d'un extrait de mon article commentant le nom des espèces de la famille des Lycaenidae : Callophrys rubi, Lycaena phlaeas, Lycaena tutyrus et Lampides boeticus.
a) Famille des Lycaenidae, William Elford Leach, 1815.
La référence de la publication originale de Leach ne fut pas facile à trouver, d'autant qu'elle se cacha derrière le nom de Brewster. La voici :
Leach, William Elford, 1790-1836 "Insecta" pp. 329-336."Entomology". pp 646-747 in D. Brewster éditeur, Brewster's Encyclopaedia Edinburgh, [Edinburgh, volume 9, 1, 04/1815 pp. 57-172 : selon Sedborn 1937] [Philadelphia, E. Parker,1816? selon BHL Library] page 718. [ Article publié anonymement et attribué à Leach, qui avait annoté son propre manuscrit]
L' Edinburgh Encyclopædia était une encyclopédie en 18 volumes, imprimée et publiée par William Blackwood et éditée par David Brewster entre 1808 et 1830. En rivalité avec l'Encyclopædia Britannica publiée à Edimbourg, elle était considérée comme étant la meilleure sur les sujets scientifiques ; la plupart des articles étaient rédigés par le physicien D. Brewster, qui fut recteur de l'Université de 1859 à 1869, mais elle faisait appel à d'éminents contributeurs.
Ce n'est qu'en 1832 que Joseph Parker de Philadelphia, et Whiting et Watson de New York éditèrent la version américaine.
Cette publication de Leach donne la première bibliographie jamais publiée en entomologie. Cet auteur, alors bibliothécaire adjoint en zoologie au British Museum, a fondé également les ordres Phasmida, anoploures, thysanoures et Rhaphidides, les familles hémiptères Pentatomidae, Coreidae, Belostomidae ; la famille de diptères Tipulidae et la famille des hyménoptères Chrysididae.
Leach et les anagrammes de Caroline.
Puisque mon sujet est la zoonymie, je ne laisserai pas passer l'occasion de signaler les particularités des créations onomastiques de W. Leach. On dit en effet qu'il avait été amoureux d'une certaine Caroline, dont on ne sait si elle était son épouse, sa sœur, ou sa maîtresse, mais dont il s'ingénia, l'année de ses 28 ans, à dissimuler les acronymes de son prénom dans ses noms de genre de crustacés, tels que Anilocra (1818), Canolira (1818), Cinolara (1818), Conilera (1818), Nelocira (1818), Nerocila (1818), et Rocinela (1818) ! D.M. Damkaer, qui relate cette originale série (The Copepodologist cabinet, page 148) en citant Stebbing, 1893 et Gosse, 1860, aurait pu citer aussi Lironeca 1818 / Livoneca 1818, ou Olencira 1818. Ses successeurs s'amusèrent à poursuivre le jeu avec Renocila(Miers, 1880), Alcirona (Hansen, 1890 ), Lanocira (Hansen, 1890 ) et Corilana (Kossman, 1880), Nalicora (Moore, 1902) , Orcilana (Nierstrasz, 1931) , Creniola (Bruce, 1987) et Norileca (Bruce, 1990).
Ces noms ont été publiés dans le Dictionnaire d'histoire naturelle Tome 12, Levraut, Le Normant : Paris 1818, page 69-75 dans lequel Leach était chargé de l'article Crustacés. Page 74, il écrit page 74 "Je crois utile de donner la liste des noms de tous les genres de crustacés qui ont été publiés jusqu'à ce jour", de Aegée, Aeglée jusqu'à Zoé, Zozime, Zuzare. Voir la liste de tous les noms de crustacés créés par Leach ici. Mais c'est dans l'article Cymothoadées page 338 que les genres sont présentés. Ils débutent, est-ce un hasard, par le genre Eurydice Belle (on connaît l'air de Gluck Che farò senza Euridice "J'ai perdu mon Eurydice, rien n'égale mon malheur"..) Les noms de genre en français sont les anagrammes de Caroline, et leurs espèces se déroulent comme une longue marche orphique appelant de l'Hades les entomologistes : Nélocire de Swainson, Conilère de Montaigu, Rocinèle de Devonshire, [Aega (une nymphe)], Canolire de Risso, Anilocre de Cuvier, Olencire de Lamarck, Nérocile de Blainville, Livonèce* de Redman ou de Rafinesque, puis se termine (après Cymothoa de Fabricius) par son Limnorie, qui porte le nom d'une Néreïde.
* Livonèce Il s'agit d'une faute typographique pour Lironeca, comme en témoigne une version anglaise du texte français, écrit de la main de Leach et conservé aux archives de la Société linnéenne de Londres , dans lequel il a clairement écrit Lironeca. De même, dans sa liste donnée page 74 du même dictionnaire, c'est le terme Lironecée qui est indiquée. Dans la réédition du dictionnaire, Latreille a corrigé à plusieurs reprises "Livoneca / Livonèce" par "Lironeca / Lironèce". La Commission Internationale de nomenclature zoologique a néanmoins déterminé "Livoneca" comme la forme valide pour ce genre. Dans un article paru en 1994 dans le Bulletin de nomenclature zoologique, Ernest H. Williams , Jr. et Thomas E. Bowman ils ont défendu l'orthographe originale de Lironeca et demandé à la Commission Internationale de nomenclature zoologique de décider que Livoneca est une orthographe originale incorrecte de Lironeca.
Dans ses manuscrits inédits , il avait également utilisé le nom Cilonera . " Ibid . ( Note 116 , p.402
Depuis près de 200 ans, des esprits curieux ont tentés de savoir qui se cachait derrière Caroline. Leach n'était pas marié, n'avait pas de maîtresse connue, si tant est que son dévouement pour la science, ses fonctions au Muséum et ses publications incessantes [ son Entomology de 1815 est un travail considérable] lui en ait laissé le temps. Il avait une sœur, mais elle se prénommait Jenny. On a pensé à Caroline de Suède, à l'astronome Caroline Herschel, à Caroline de Brunswick et à Caroline Clift, la fille du naturaliste William Clift ; il pourrait s'agir d'une simple combinaison aléatoire de phonèmes.
J'ai tout de suite pensé au poème d'Edgar Poe : Annabel Lee.
It was many and many a year ago, In a kingdom by the sea, That a maiden there lived whom you may know By the name of Annabel Lee;— And this maiden she lived with no other thought Than to love and be loved by me.
[...]
And so, all the night-tide, I lie down by the side Of my darling, my darling, my life and my bride In the sepulchre there by the sea— In her tomb by the side of the sea.
Quel merveilleux moyen d'élever un Tombeau à un amour d'enfance que d'immortaliser le nom de l'aimée dans le marbre de l'onomastique zoologique des animalcules marins, et de le laisser se refermer sur l'indicible secret ?
La Caroline de Leach rejoint alors — pour moi seul —la Vanessa de Fabricius, et les amours que Nabokov a exprimé pour mieux les cacher dans le personnage de sa nymphette Lolita.
(N.B Ces données sont issues de la présentation d'un travail artistique inspiré par ce thème : voir :http://www.victoriamanning.com/statement/elfortiana/elfortiana_statement.html. L'auteur y évoque les autres pistes possibles, telles que Cornelia, Caroli Linné, Lonicera, Craniola, Carniola, Coraline, Caroline, Cerniola, et Arenicola.)
Leach ne se limitait ni au prénom de Carolina, ni aux isopodes, ni à l'année 1818 : il avait déjà osé nommer un martin pêcheur australien Dacelo Leach 1815, par anagramme du genre Alcedo des martins-pêcheurs de la vieille Europe. Ses créations avaient parfois le don d'irriter, et en 1842, six ans après la mort de Leach , le Comité de l'Association britannique sur la " Révision de la nomenclature botanique et zoologique " a éliminé les noms Azéka et Assiminea pour leur absence de sens. En 1900 , le révérend Knight a enquêté sur ces noms ...et a découvert que ces "nonsense names" correspondaient sans-doute à la ville biblique de Azekah et à Assémani, un «grand savant oriental ". De plus, lors de l'examen des dizaines d'autres noms, il a également conclu que Leach semblait avoir une prédilection particulière pour les indications géographiques et des noms dérivés de personnes, ayant souvent une origine biblique ou oriental . (Journal of conchology , Vol. 9, n ° 9, Janvier 1900)
David M. Damkaer (2002). "Adding pages". The Copepodologist's Cabinet: A Biographical and Bibliographical History, Volume 1. Memoirs of the American Philosophical Society, Volume 240. American Philosophical Society. pp. 131–155. ISBN 978-0-87169-240-5.
— ANTONIO (Costantino D’), VEGLIANTE (Francesca ) "Derivatio nominis libellularum europæarum"(PDF) (en Italien) Étymologie de 197 noms de Libellules européennes.
— ENDERSBY (IAN D. ), 2012, : Watson and Theischinger: the etymology of the dragonfly (Insecta: Odonata) names which they published Journal and Proceedings of the Royal Society of New South Wales, vol. 145, nos. 443 & 444, pp. 34-53. ISSN 0035-9173/12/010034-20 34
— ENDERSBY (IAN D., FRS ), 2012, Etymology of the Dragonflies (Insecta: Odonata) named by R.J. Tillyard, F.R.S. Proceedings of the Linnean Society of New South Wales 134, 1-16.
Je suivrai le parcours d'un visiteur qui, venant du déambulatoire, entrerait dans le chœur par le coté nord, longerait les stalles nord, traverserait l'axe centrale pour rejoindre les travées sud qu'il suivrait pour regagner la sortie sud. Visiteur qui aurait déjà admiré les frises supérieures et se proposerait un parcours à thèmes où il réserverait l'examen des stalles proprement dites (avec leurs miséricordes et leurs appuie-main) à plus tard.
.
I. LES JOUÉES ET RAMPANTS DU COTÉ NORD.
.
Au nord, il aurait, à examiner six ensembles : les deux jouées orientales, — la jouée haute et la jouée basse, faisant face à l'ancien autel (et à l'entrée par où le visiteur pénètre dans le chœur en venant du déambulatoire) —, les deux rampants des marches donnant accès, en milieu du chœur des chanoines, aux sièges hauts, et enfin les deux jouées ouest, vers l'autel moderne .
Il débuterait alors par le Jugement dernier, puis par la scène emblématique du patron de la cathédrale, celle de saint Pol asservissant le dragon, poursuivrait par la statue de saint Pierre et par l'enlacement de deux dragons, avant d'atteindre une Annonciation, puis de découvrir les statues de deux ou trois saints.
Il constaterait peut-être alors que son trajet rebroussait le parcours iconographique d'une méditation théologique sur le Salut (de l'Incarnation vers la Rédemption), et il attendrait avec impatience de savoir si le coté sud, par lequel il aurait peut-être dû commencer, allait être riche en scène de l'Ancien Testament.
Effectivement, il trouvera au sud les figures de Moïse, de Samson et enfin de Jean-Baptiste, le Dernier Prophète et le Précurseur, qui le confortera dans son intuition. Mais pour un amateur d'art et d'iconographie, cette logique théologique n'a plus à être suivie dans l'orthodromie d'un Pèlerinage de la Vie Humaine. D'autant que, s'il est comme moi, il reviendra sur ses pas pour mieux apprécier ce qu'il a vu grâce à la saveur du revenez-y.
.
"La distinction entre rangs sud et nord se comprend dans un schéma linéaire et didactique opposant le côté sud et les figures vétérotestamentaires, au côté nord où l’on retrouve plus volontiers des images du Nouveau Testament. Déjà sensible à La Guerche-de-Bretagne, cette observation s’applique plus nettement aux stalles de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon, en particulier au niveau des stalles basses. Plusieurs sculptures présentes sur les rampes des stalles basses sud possèdent des sujets liés à l’Ancien Testament qui, associées, offrent une lecture Ouest-Est des événements avant de se poursuivre du côté nord." (Florence Piat 2012)
.
.
Lecture sud-nord des rampants des stalles par Florence Piat 2012
.
.
.
A. LES JOUÉES NORD-EST (du coté de l'autel).
.
Entrée nord-est des stalles de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
1°) La jouée haute : le Christ de la Parousie.
Cette jouée est dite "haute" parce qu'elle ferme les dix-sept stalles de la rangée haute. C'est la partie verticale étroite qui s'élève jusqu'aux dais, et qui peut se sub-diviser en trois ou quatre parties, dont seule la partie basse n'est pas ajourée.
.
Entrée nord-est des stalles de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Ce qui est amusant, c'est de ne pas savoir ce que l'artiste a voulu représenter et de mener seul son enquête. Cette jouée a plusieurs parties, mais l'œil est attiré au sommet par le Christ montrant ses plaies et couronné d'épines, bras écartées et paumes en évidence. Il porte le manteau du Ressuscité (comme sur le retable d'Issenheim, 1515), mais ici fermé par un mors cubique. Sa tête, recouverte par le manteau de gloire, porte le nimbe crucifère. Il est assis sur un arc-en-ciel émergeant de nuées. De la nuée de coton hydrophile, à gauche, sort un ange qui embouche une trompe. On pense à un Jugement dernier, comme sur le diptyque de New York par Hubert van Eyck, (vers 1425) ou comme sur le retable de Beaune par Rogier van der Weyden vers 1450 .
Il faut alors chercher, les personnages sortant de leur tombe à l'annonce de cet ange buccinateur, et on les trouve, très discrètement sculptés sur le montant de droite, en bas. Ils sont trois, dont deux, sous un fronton à crochets d'acanthes et fleuron, semblent tenter d'échapper à un effondrement de leur tourelle. Leurs gestes et leurs regards désespérés contrastent avec les mains jointes de leur compagnon, qui les domine.
Je cherche d'autres figures dans le labyrinthe des éléments floraux, des feuilles et des bourgeons qui s'ingénient à multiplier les pièges par leurs yeux et leurs formes zoomorphes. Rien d'autre, si ce n'est une statue d'un saint posé sur un socle.
C'est un moine nimbé, en habit de dominicain, et tenant un livre dans sa main gauche. Le dominicain canonisé le plus connu dans la Bretagne ducale depuis Jean V, qui le fit venir d'Espagne, c'est Vincent Ferrier, qui a sa sépulture à Vannes. Surnommé « l'Ange du Jugement » , il parcouru la province pour prêcher le repentir et la confession en annonçant les périls de l'Enfer. Il était venu prêcher dans la cathédrale Saint-Pol-de-Léon lors de son dernier voyage en Bretagne (1418-1419) .
Conclusion tentante : cette jouée haute est consacrée au Christ du Jugement dernier et tente de susciter chez les fidèles la peur, la contrition et la pratique cultuelle. Mais ici, nous ne voyons pas l'archange saint Michel et pas d'avantage la pesée des âmes. Par de démon suppliciant les damnées, mas de feu, donc pas d'enfer.
Il est plus juste de parler d'un Christ de la Parousie (et non de "seconde parousie") , c'est à dire de sa seconde venue, après la première venue, celle de l'Incarnation. [Ce mot vient du grec ancien παρουσία / parousía qui signifie «présence » (ou encore "visite", "« arrivée », « venue »). C'est celle qui est annoncée par Matthieu 24:30-31] :
"Alors le signe du Fils de l'homme paraîtra dans le ciel, toutes les tribus de la terre se lamenteront, et elles verront le Fils de l'homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et une grande gloire. Il enverra ses anges avec la trompette retentissante, et ils rassembleront ses élus des quatre vents, depuis une extrémité des cieux jusqu'à l'autre."
Il ne s'agit pas d'un Jugement, mais de la préfiguration heureuse du retour glorieux de Jésus-Christ à la fin des temps bibliques dans le but d'établir définitivement le Royaume de Dieu sur la terre. Belle entrée en matière, non ?
.
.
Jouée haute nord-est des stalles de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Jouée haute nord-est des stalles de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Jouée haute nord-est des stalles de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Jouée haute nord-est des stalles de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
A propos de saint Vincent Ferrier, Florence Piat écrit dans sa thèse :
"Ce dernier est situé sur la jouée haute NE à coté du Jugement Dernier. Tenant un livre dans la main gauche et effectuant un geste de bénédiction de la main droite, l’absence de polychromie permet néanmoins de reconnaître l’habit du dominicain, mais c’est véritablement l’association au thème de la fin des temps présent sur la jouée qui permet de reconnaître dans cette sculpture celui que l’on surnommait« l’ange de l’Apocalypse ». Arrivé à Nantes le 8 février 1418 à la demande du duc Jean V, il prêche en terres bretonnes durant près de deux ans, jusqu’à sa mort qui intervient à Vannes le 5 avril 1419. Il sillonna ainsi la côte nord puis la côte sud, parcourant plus d’une cinquantaine de localités. Parmi celles-ci, dix-huit possédaient un couvent de Mendiants comme le couvent des Carmes à Saint-Pol-de-Léon, institutions sur lesquelles le prédicateur catalan pouvait s’appuyer pour véhiculer le message divin. Ces prêches étaient, d’après les récits des contemporains, suivis par une foule nombreuse,composée de clercs, laïcs, nobles, bourgeois ou simples paysans, venus parfois de loin pour l’écouter. Il semble que ses prédications aient fortement impressionné les Bretons notamment grâce à l’éloquence et aux qualités quasi théâtrales de Vincent Ferrier. Ce dernier s’exprimait pourtant dans un dialecte valencien qui pouvait être, ça et là, mâtiné de français, ou, comme l’indique H. Martin « une sorte de sabir latino-catalan-occitan,accessible à une partie de son public, habitué à des passages du latin à la langue vulgaireau cours d’une même allocution ». Le recours à des traducteurs, peut-être des commerçants espagnols installés dans la province, était également possible. Tout du moins a-t-il suffisamment interpelé le public de l’évêché du Léon pour que son effigie apparaisse dans les stalles de la cathédrale quelques décennies plus tard. La présence de cette sculpture renvoie par ailleurs à une réalité de l’époque. En effet, la prédication, et par extension les ordres mendiants, connaissent un véritable succès en Bretagne durant le XVe siècle comme les travaux d’H. Martin l’ont déjà démontré.
Réclamé par la population elle-même, y compris au XVIe siècle, ces prêches n’avaient pas spécifiquement pour objectif de convertir des hérétiques, musulmans ou juifs, mais bien de redresser des mœurs jugées dissolues et une éducation ecclésiastique insuffisante. Les témoins du procès en canonisation de Vincent Ferrier rapportent par exemple que celui-ci apprit au peuple à faire « le signe de croix, à invoquer le nom de Jésus et fléchir pour cela le genou pendant la messe et le service divin ».
L’action même de prêcher devient à cette époque un véritable métier, rémunéré par des autorités laïques et bourgeoises, dont les qualités laborieuses sont mises en avant dans quelques discours révélés par des sermonnaires. Cependant, le clergé séculier plus «traditionnel » comme celui des chapitres cathédraux n’accueille pas toujours ces prédicateurs, en particulier les carmes, avec bienveillance car nombreux sont ceux qui critiquent le train de vie mené par les chanoines." (F. Piat 2012)
.
Jouée haute nord-est des stalles de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
La partie inférieure de la jouée est sculptée de motifs végétaux gras et prometteurs, gorgés de sève et de vie (une allégorie ?) ; les tiges et pétales sont lisses, soyeuses, animées par des sinuosités quasi liquides, tandis que les boutons floraux sont poinçonnés de points et d'yeux en un agréable contraste.
.
Jouée haute nord-est des stalles de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
.
2°) La jouée basse : le miracle de Saint Pol-Aurélien menant le dragon par son étole.
Elle est décorée d'arcatures à remplages flamboyants, et surmontée d'un rampant sculpté en ronde bosse d'une scène hagiographique.
La rampe de la jouée basse N.E illustre en effet la scène emblématique de la vie de saint Pol Aurélien, l' un des Sept saints fondateurs de la Bretagne continentale et premier évêque de Saint-Pol-de-Léon au VIe siècle : le moment où Pol libère l'île de Batz (devant Roscoff, port de la ville) d'un dragon qui la désolait (figure du paganisme), en passant son étole autour de son cou.
Cette scène est rapportée dans la Vita sancti Pauli Aureliani, la Vie de Paul Aurélien, achevée, et peut-être rédigée dans le courant de l'année 884 dans le monastère de Landeuinnoch (Landevennec), alors dirigé par l'abbé Uurdisten. La Vita a sans-doute été commandée à Uurmonoc, prêtre et moine de Landévennec, par l'évêque de Léon Hinworet, sans doute pour fournir un manuel aux clercs de l'école épiscopale,
Nous avons de la Vita deux manuscrits : le premier, le plus ancien, des IXe et Xe siècles, est conservé à la bibliothèque de la ville d'Orléans sous la cote Orléans 261 pages 42-134, et provient de l'abbaye toute proche de Saint-Benoît-sur-Loire, anciennement Fleury. L'autre des XI-XIIe siècles, autrefois à Saint-Germain-des-Prés, est actuellement à la Bibliothèque nationale sous la cote Latin 12942, folio 103v-129v. Le texte latin a été édité par Ch. Cuissard dans la Revue Celtique de 1881 et reproduit dans les Analecta Bollandiana en 1882 I p 208-253. Voir aussi Acta sanctorum.
"Après avoir reçu la cloche de Marc, saint Paul s'occupa du dragon qui ravageait la côte orientale de l'île. C'est à peine si les cadavres de deux hommes et de deux bœufs pouvaient apaiser quotidiennement sa faim. Pourvu d'une queue immense, il mesurait 120 pieds ou plus (soit près de 40 m). Uurmonoc, le rédacteur, après avoir douté de l'estimation, la croit fondée d'après la taille de son repaire : selon les paysans, il ne faudrait pas moins d'un muid et demi de semence d'orge, céréale la plus cultivée dans l'île, pour en ensemencer la surface.
« Ses écailles griffues lui servaient de mains, ses côtes en se contractant remplaçaient des jambes ; les traits rebondissaient sur son dos ; il mordait, il écrasait, il empoisonnait de son haleine. Malgré les prières du comte Withur, Pol alla contre lui.
Saint Paul marcha vers la bête d'un pas ferme et lui ayant passé son étole autour du cou, il y fit un nœud, dans lequel il glissa, en guise de corde, son bâton. Il le conduisit ainsi à l'extrémité nord de l'île et lui ordonna de disparaître à jamais dans les profondeurs marines." (B. Tanguy)
Le texte latin, émouvant par son ancienneté et précieux afin de le confronter à la traduction résumée en français, est le suivant :
Caput XVIII. De cujusdam serpentis in eadem insula reperti expulsione. [...]
Et cum hæc dixisset, stolam qua induebatur illius nefario circumstringens collo suique astile baculi eidem nodoso adacti ligamini quasi profune in manibus arripiens, per viam quæ ad plagam ipsius insulae borealem tendit, eodem se sequente usque ad mare progreditur serpente, stantique in confino maris littorisque praecipiens ait : a Serpentina crudelitas, priusquam coerulei maris fallacibus demergaris caribdibus, maculosa gorgonei gutturis extende colla et sine ut mea propria accipiam vestimenta.
.
Bnf latin 12942 Stolam qua induebatur illius nefario circumstringens collo
.
Le texte qui précède le passage le plus anecdotique est intéressant par les allusions à l'Écriture sainte, qui montre clairement que le dragon est une représentation du Malin, et que le geste du saint s'inscrit dans l'exemple du Christ. Ainsi, caput serpentis fait allusion à caput serpentis antiquis, le Péché. Calcabitis super serpentes et scorpiones 'et coetera" cite l'évangile de Luc 10:19 ecce dedi vobis potestatem calcandi supra serpentes et scorpiones et supra omnem virtutem inimici et nihil vobis nocebit "Voici, je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions, et sur toute la puissance de l'ennemi; et rien ne pourra vous nuire.". Mais c'est un renvoi par ricochet à Marc 16:18, ou au Psaume 91 "tu fouleras le lionceau et le dragon". Puis vient les mentions d'Éve, de la tromperie d'Adam et du Second Adam.
La représentation, dans les stalles des chanoines de la cathédrale, de saint Pol Aurélien et de son dragon s'inscrit donc dans une démonstration théologique.
Caput enim serpentis cito conterendum est. Tantum mihi itineris ducatum præbete. Contradicente autem principe, se talem bestiam non visurum, ne simili morte ut coeteri periret, cum juramento protestatus est cum eo panem non esurum nec aquam gustaturum donec de tam horribili diabolicæ fraudis fantasmate aut ipse vinceretur aut ipse potius vindicaret, Deique populos de sub jugo mortiferi principis liberaret. Et cum hæc dixisset omnibus qui inerant secum licet nolentibus commitantibus tamen quid faceret videre cupientibus, pervenit ad locum ubi insulanus draco extra terminos proprii patrimonii sederat.
Illevero ut de longe venientium tumultus audierit, statim solito more quasi miles armatus ad pugnam se præparando serpentinum caput praefato lapidi quasi scuti lumbo superposuit< Sed mox ut Paulum utpote militem fortiorem sibi cum impetuvenientem animadvertit, lumina flectens lucifuga, quasi se occultando latebrosa quaerit latibula.
Sanctus itaque memor divini eloquii ubi dicitur : Calcabitis super serpentes et scorpiones, et coetera, ilium desuper comminando his dictis increpat, dicens : « Quid hie pestiferæ segetis malignae sator, struis ? Quare has non proprias tuos in usus sedes vindicare voluistit Sic ille cujus similitudinem tenes aliquando dixerat : Sedebo in monte testamenti, in lateribus aquilonis, in coelum conscendam, similis ero Altissimo ; sed suo nisu deterior factus, mersus et praecipitatus in infernum est, ubi te paria exspectant regna. Ibi te paterna hereditas futurum exposcit heredem : cui enim alii patrii census vectigal jure debetur ?
Quid igitur nostri juris septa effringere præsumpsisti ? Nam hie tibi blandienti Aeva decepta protoplastique Adæ deceptrix ad fallendum : secundi Adam sumus qui nos ad cavenda tuae malignae emissionis jacula vere sapienterque edocuit; aut si tu similia posse agere aestimaveris, nescis quia qui sibi grandea repromittunt cito deiciuntur ? Tuos igitur deponere tumores Christique ediscere trophea ne pigriteris. Vere enim, ut ait quidam, magna cadunt, inflata crepant, tumefacta premuntur. »
.
Notons que le thème du dragon (*) va se poursuivre, jusqu'à la jouée opposée où sainte Marguerite sort victorieuse de la bête pestilentielle qui l'a avalée. Il faudrait se livrer à une grande étude du rôle de cet animal dans la cathédrale, ou en Finistère, ou dans l'Église, qu'il soit terrassé par l'archange ou plus rarement par saint Georges, qu'il serve de crossette au coin de la plupart des rampants des églises (et, à Saint-Pol-de-Léon, dans deux bâtiments voisins de la cathédrale), ou qu'il orne les sablières, la base des rinceaux des porches, etc, etc.
(*) Selon F. Piat, le dragon est l’animal fabuleux le plus fréquent sur les stalles bretonnes, en particulier dans les groupes épiscopaux.
Sur le rampant des stalles, saint Pol fait face au dragon, qui ouvre la gueule de façon menaçante et dresse ses ailes épineuses, tandis qu'il a posé sa queue écailleuse sur la boucle de la volute. Il porte déjà en collier l'étole du saint. Ce dernier est vêtu d'une tunique longue, serrée par une ceinture, et un manteau ample qui traîne derrière lui. La main droite est brisée, et on peut imaginer qu'elle tenait, aidée de la main gauche, l'extrémité de l'étole, ou une crosse.
Florence Piat fait observer que sur cette sculpture, la tête du saint patron de l'édifice n'est pas celle d'origine. Elle est coiffée d'un bonnet plat, à fanons.
.
Jouée basse nord-est des stalles de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Saint Pol et le dragon, jouée basse nord-est des stalles de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Saint Pol et le dragon, jouée basse nord-est des stalles de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
B. LES RAMPANTS DES JOUÉES MÉDIANES NORD.
Au niveau de l’accès médian menant à la rangée supérieure, les deux rampes de la jouée sont sculptée de deux enroulements de volutes sur lesquels prennent place des personnages et ou des créatures.
1°) Le rampant droit des jouées encadrant les marches médianes stalles nord : saint Pierre, et un prophète.
Cette rampe inclinée droite est faite d'une simple volute sur les boucles desquelles s'appuient les statues de saint Pierre, au front dégarni et une clef dans la main gauche, et, lui tournant le dos, d'un personnage biblique qui pourrait être un Prophète coiffé d'un bonnet hébraïque et déroulant sur une banderole son verset prophétique.
.
Rampant droit des marches centrales des des stalles nord de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
2°) Le rampant gauche des jouées encadrant les marches médianes stalles nord : deux dragons.
Nous n'aurons pas quitter longtemps l'animal de compagnie de saint Pol. Ici, une paire de dragons sont placés l'un contre l'autre, les cous entrecroisés et les faces se regardant. Leurs queues reposent sur la boucle des volutes. L'un a le corps écailleux et des ailes nervurées, l'autre un corps lisse et des sortes d'élytres.
.
.
Rampant gauche des marches centrales des stalles nord de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Rampant gauche des marches centrales des stalles nord de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
C. LES JOUÉES NORD-OUEST.
.
1°) La jouée basse nord-ouest : l'Annonciation.
Elle est décorée en partie basse de rinceaux polycycliques sur les panneaux, et surmontée d'un rampant sculpté d'une l'Annonciation en ronde bosse.
L'archange Gabriel est figuré dans l'attitude habituelle du messager qui vient juste d'atterrir, genou droit en avant, et la Vierge enveloppée dans un manteau croise les bras sur la poitrine.
Il suffit de chercher un peu pour découvrir le phylactère du texte prononcé par l'ange : il déroule ses spires dans la concavité des volutes. De même, c'est sans-doute la colombe de l'Esprit qui se dissimule à gauche.
.
La Vierge Marie, assise sur la droite, les bras croisés sur la poitrine, reçoit les paroles de l’archange agenouillé devant elle. — le rampant situé à l'ouest est sculpté d'une scène d'Annonciation très simple où la Vierge reçoit les paroles de l'archange, les mains croisées sur sa poitrine.
.
Vue générale des stalles nord de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
L'Annonciation. jouée basse nord-ouest des stalles nord de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
L'Annonciation. jouée basse nord-ouest des stalles nord de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Si la scène est observée de l'intérieur des stalles, on est surpris de découvrir, dans la volute, un petit animal à queue longue (une hermine ?) qui pointe le museau vers l'orifice d'un petit tunnel, ou d'un bonnet.
C'est aussi l'occasion de voir que les volutes sont occupées par les feuillages (lys ?), ou d'examiner la coiffure de Marie, dont les deux masses latérales se réunissent au centre pour rentrer dans l'encolure du manteau.
.
L'Annonciation ; jouée basse nord-ouest des stalles nord de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
2°) La jouée haute nord-ouest.
.
Les jouées hautes du coté de la nef, au nord comme au sud, n'offrent à voir qu'une seule face sculptée, du coté intérieur. Deux saints personnages y sont sculptés en bas-relief. Le premier, tête nue inclinée sur la droite, nimbée, est vêtu d'un vêtement liturgique très enveloppant, sans manches réelles, finement plissé sur la poitrine. Est-ce la tunique d'un sous-diacre ? Sur le poignet gauche pend un manipule ou une étole, ce qui est une autre indication en faveur d'un diacre.
Il tient des deux mains un livre ouvert. Celui-ci est suffisamment précieux pour être protégé par une couvrure ou chemise, une reliure d'étoffe qui le protège, en tant qu' objet sacré, de la manipulation directe et qui est dérivée du manutergium des premiers temps du christianisme. Cette couvrure forme un étui qui s'achève par une boule.
.
Saint tenant un livre, jouée haute nord-ouest des stalles nord de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Au dessus de lui, une vierge et martyre (car elle tient la palme) est sculptée de trois-quart. Elle porte également un livre ouvert, également protégé par un étui d'étoffe.
Sa tête est parée d'un bandeau à bijou central, puis d'un double nimbe.
On peut proposer, parmi d'autres suggestions, d'y voir sainte Pithère, qui a les mêmes attributs et qui est honorée à Le Tréhou.
.
Sainte, vierge et martyre, tenant un livre, jouée haute nord-ouest des stalles nord de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Un peu plus haut et occupant l'angle nord-ouest, une statue en ronde bosse montre une femme vêtue de deux tuniques et la tête recouverte d'un voile au dessus d'une guimpe. Elle aussi tient un livre, dans la main gauche. Sainte Anne ?
.
Personnage féminin, angle ouest des stalles nord de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
.
I. LES JOUÉES ET RAMPANTS DU COTÉ SUD.
.
A.LES JOUÉES SUD-OUEST.
.
1°) La jouée sud-ouest basse.
La signification du rampant de cette jouée est incertaine. Un moine est agenouillé devant un évêque ou un abbé, qui est assis. Le moine tient dans ses mains un objet non identifié, et le personnage mitré tient également dans la main gauche deux objets. Ils regardent tous les deux légèrement sur le coté. Est-ce une scène de présentation d'une commande ?
Dans la volute, un blason surmonté d'une boule a été martelé, nous privant d'une indication précieuse.
.
Jouée basse sud-ouest des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Jouée basse sud-ouest des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Jouée basse sud-ouest des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
2°) La jouée sud-ouest haute. Moïse et un autre personnage.
Comme du coté nord, seul le coté intérieur est sculpté. Adossée à une double arabesque, la statue en ronde bosse d'un personnage barbu est identifiable comme étant Moïse, par les "cornes" (en réalité des flammes) de sa tête. Il tient un objet long et courbe, que j'assimile à son bâton/serpent à défaut de meilleure proposition.
.
Moïse, jouée haute sud-ouest des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Au dessus, et en arrière, dans l'angle sud-ouest de la stalle, un autre personnage pourrait être un prophète : il n'est pas nimbé, est barbu, et lève le bras droit au dessus de la tête en un geste plein d'expression.
.
Jouée haute sud-ouest des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Première stalle ouest des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
B. LES DEUX RAMPANTS DES JOUÉES MÉDIANES SUD.
Au niveau de l’accès médian menant à la rangée supérieure des stalles, les deux rampes des jouées sont sculptées de deux enroulements de volutes sur lesquels prennent place des personnages et ou des créatures.
.
.
.
Rampant droit de l'accès médian aux stalles hautes sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
1°) Le rampant droit des marches centrales : Samson et le lion / un dragon.
.
Ce rampant représente Samson ouvrant la gueule du lion, selon le texte biblique du Livre des Juges.
Juges XIV:5-6 :
"Samson descendit à Thimna, et il y vit une femme parmi les filles des Philistins. 2 Lorsqu’il fut remonté, il le déclara à son père et à sa mère, et dit: J’ai vu à Thimna une femme parmi les filles des Philistins; prenez-la maintenant pour ma femme. 3 Son père et sa mère lui dirent: N’y a-t-il point de femme parmi les filles de tes frères et dans tout notre peuple, que tu ailles prendre une femme chez les Philistins, qui sont incirconcis? Et Samson dit à son père: Prends-la pour moi, car elle me plaît. 4 Son père et sa mère ne savaient pas que cela venait de l’Eternel: car Samson cherchait une occasion de dispute de la part des Philistins. En ce temps-là, les Philistins dominaient sur Israël. 5 Samson descendit avec son père et sa mère à Thimna. Lorsqu’ils arrivèrent aux vignes de Thimna, voici, un jeune lion rugissant vint à sa rencontre. 6 L’esprit de l’Eternel saisit Samson; et, sans avoir rien à la main, Samson déchira le lion comme on déchire un chevreau. Il ne dit point à son père et à sa mère ce qu’il avait fait. 7 Il descendit et parla à la femme, et elle lui plut."
Le sens littéral du texte est simple, mais il ne nous permet pas de comprendre la valeur de cette scène pour les chanoines de Saint-Pol-de-Léon : un jeune héros, en route pour ses fiançailles, "déchire un lion" parce qu'il est saisit par l'Esprit de l'Eternel.
L'analyse critique nous apprend que Samson, né miraculeusement d'une mère stérile, a été voué à Dieu : c'est un nazir(comme Jean-Baptiste), qui ne doit se couper ni les cheveux ni s'approcher de quelque chose d'impur (*), et qui doit être le sauveur d'Israël. Doué d'une force surhumaine (comme Hercule), il perdra tous ses pouvoirs s'il révèle que ceux-ci sont conférés par la longueur de ses cheveux, et si ceux-ci sont coupés, ce qui arrivera après la confidence faite à Dalila.
(*) Le nézirat est un engagement de durée limitée, à la suite d'un vœu, sauf dans deux cas où il est à vie : celui de Samuel et celui de Samson. Le nézirat de Samson est très particulier puisqu'il ne s'oppose pas à ce qu'il se marie (avec une femme des ennemis d'Israël).
Nous voyons aussi que ce déchaînement de violence à l'égard du "jeune lion rugissant" suscite de la culpabilité chez le héros, qui se garde d'en parler à ses parents.
En quoi cette scène est-elle exemplaire ? En quoi mérite-t-elle d'être proposée à la méditation pieuse des chanoines ? En quoi témoigne-t-elle de la dimension messianique de Samson?
La question se pose d'autant plus que Samson et le lion sont également figurés dans les stalles d'Amiens (1508-1522, contemporaines de celles-ci) et de Rouen (achevées en 1471).
— Dans la cathédrale d'Amiens, toute la rampe nord (sept ensembles des rampes n°106 et 107) sont consacrées à la vie de Samson : Samson , les Philistins et la mâchoire ; Samson déchire le lion ; Samson et les portes de Gaza ; De l'eau coule de la machoîre d'âne ; Samson et Dalila ; Dalila rase les cheveux de Samson ; Samson prisonnier.
« Samson met en pièces un jeune lion qui se jetait sur lui . Barbu, bras et jambes nus, il n'a pour vêtement qu'une longue tunique fendue par devant, à larges manches et serrée à la taille, sans doute pour montrer qu'il ne tirait sa force que de l'esprit du Seigneur. Sa longue chevelure est retenue par un bandeau noué par derrière. Il vient de terrasser le lion dont il écarte de ses mains les deux mâchoires. » (Durand)
— À Rouen, deux miséricordes des stalles de la cathédrale sont consacrées aux scènes de la vie de Samson : Samson et le lion, Samson et les portes de Gaza. "Sur la miséricorde de Rouen, il a des cheveux longs coiffés en turban. Le lion est assez petit et Samson n'est pas monté sur la bête. Il est possible qu'il s'agisse d'Hercule." Elaine C. Block p. 169
C'est en accédant à l'analyse typologique et au sens allégorique des Écritures que nous comprenons le sens à donner à cette représentation. Cet épisode est une préfiguration de la descente du Christ aux limbes et de l'ouverture de la gueules des enfers.
" L'Ancien Testament est devenu [dans la lecture des théologiens médiévaux] un monde de prophétie et de prédiction des événements futurs. Par contre le Nouveau Testament se révèle comme l’espace de plénitude et de réalisation d`anciennes promesses. La relation entre l’Ancien et le Nouveau Testament, nommée typologie consiste dans la correspondance entre typus, c’est à dire le personnage ou l’événement antico-testamentaire qui est une ombre et une image, et antitypus – un personnage ou l’ événement néotestamentaire, prédit par des ombres et des images. Cela est fruit de la pensée théologique fine et de réflexions venues d’une grande tradition.
Cette lecture typologique se déploie dans les illustrations des éditions de la Biblia pauperum, la "Bible des pauvres", apparue au dernier quart du XIVe , ou dans celles du Speculum humanae salvationis. Samson et le lion apparaissent à la troisième page des Biblia pauperum
"Voici la troisième page, qui contient dans sa partie centrale la représentation de la Descente aux Enfers.
– Jésus ressuscité, vêtu d'un manteau royal, le bâton à la main, s'approche d'une gueule terrifiante et en retire Adam.
– Dans la représentation à droite nous voyons David décapitant Goliath vaincu.
– David se prépare à tuer son ennemi étendu par terre, la pierre dans son front.
– A gauche nous voyons Samson qui lutte contre un lion. Notre héros déchire la gueule de l` animal.
En apparence il n’ y a aucune similitude dans ces trois images. Nous observons plutôt des différences. Mais l’étude approfondie nous permet de découvrir des analogies de haute importance. En fait, dans chaque image il y a une entité terrifiante et menaçante – le lion, la gueule, Goliath. Par devant eux se présentent des personnages qui les confrontent et les vainquent. La peur d’une part et la victoire d’autre part – Des images « La victoire de David sur Goliath » et « Samson déchirant la gueule de lion » deviennent les allégories de l’image « La descente du Christ aux enfers ».
Aux arcades en haut apparaissent David, à droite – inscription Contrivit portas aereas et vectes ferreos confregit (Ps. 106, 16) et prophète Osée – O mors, ero mors tua, morsus tuus ero inferne (Os 13, 14). En bas à gauche nous voyons le prophète Zaccharie qui nous présente l’inscription : Tu quoque in sanguine testamenti tui emisisti vinctos tuos (Za 9, 11) et Jacob qui tient le rouleau avec l’inscription : A praeda filii mei ascendisti (Gen 49, 9)."
A la page suivante, l'épisode de Gaza où Samson s'échappe en arrachant les portes de la ville (Jug. 16:1-3) préfigure la Résurrection du Christ parce que le Christ, comme Samson, devait recouvrer une force surhumaine pour se libérer : Samson de Gaza et le Christ du tombeau. Troisième scène, Samson et Dalila.
Samson et le lion, rampant droit de l'accès médian aux stalles hautes sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Samson est figuré barbu, vêtu d'une longue tunique ceinturée et aux manches remontées sur les avant-bras. Sa fameuse chevelure est coiffée d'un bonnet pointu et retroussé. Juché sur le lion, ses pieds aux chaussures pointues ne touchent pas le sol et prennent comiquement appui sur les montants des volutes. Les lèvres serrées par l'effort, il ouvre à pleine mains la gueule du lion, en appuyant le dessous de son menton sur le crâne de l'animal.
La volute est occupée par un serpent.
.
.
Samson et le lion, rampant droit de l'accès médian aux stalles hautes sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Samson et le lion, rampant droit de l'accès médian aux stalles hautes sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Derrière lui, un dragon escalade la convexité de la volute et ouvre une gueule hargneuse vers le fleuron intermédiaire.
.
Samson et le lion, rampant droit de l'accès médian aux stalles hautes sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
2°) Rampant gauche des marches d'accès à la rangée haute des stalles sud : deux monstres mordent le fleuron central.
Ces monstres sont des chimères. Les deux ont une gueule et une tête de dragon, mais l'un sort d'une corne annelée enroulée en spirale dans la volute du montant, tandis que l'autre, aux pattes griffues, aux ailes nervurées et au corps couvert d'écailles, se prolonge à son extrémité caudale par son double. Ce dernier, de taille plus réduite, mord l'extrémité de la volute. Quand au "fleuron", il a l'aspect d'une tête de serpent.
Ce couple monstrueux répond en écho aux deux dragons du montant des marches nord.
.
Rampant de l'accès médian aux stalles hautes sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
C. LES DEUX JOUES SUD-EST.
.
1°) La jouée haute : sainte Marguerite issant du dragon.
.
Jouée haute sud-est des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
La partie basse est constituée d'un panneau de bas relief sculpté de motifs végétaux.
.
Panneaux inférieurs de la jouée haute sud-est des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
La partie médiane de la jouée, sculptée en ronde bosse, représente le miracle de sainte Marguerite sortant du ventre du dragon grâce à la petite croix qu'elle serre dans sa main droite.
Un rouleau muet formant une grande boucle se déploie derrière elles et un ange la regarde, accroché au montant droit de la jouée.
Bien que les statues de sainte Marguerite et de son dragon abondent dans chaque chapelle et chaque église du XV ou XVIe siècle, et que la sainte soit invoquée par les femmes enceinte contre les périls de la délivrance, c'est évidemment ici la présence du dragon qui a motivé le choix des chanoines commanditaires, pour mener d'un bout à l'autre des stalles l'allégorie de la lutte contre le si bestial Malin.
La statue est particulièrement élégante, avec son déhanchement accentué par la ligne oblique de la pointe des seins et par la saillie du genou droit. Mais le dragon est tout aussi réussi, l'artiste ayant soigné le détail de la crinière, des écailles et des pustules avant de sculpter pour la queue une deuxième tête rugissante.
.
Sainte Marguerite issant du dragon, jouée haute sud-est des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Sainte Marguerite issant du dragon, jouée haute sud-est des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
La bordure du panneau médian.
Un autre dragon passerait facilement inaperçu, c'est celui qui, dans la bordure, crache la tige d'un pampre dont il ne manque que les vrilles. Symboliquement, c'est l'alliance de la puissance vitale sous sa forme animale et végétale.
.
Bordure de la jouée haute sud-est des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
La partie supérieure est composée d'arabesques en ronde bosse dont les enroulements sont habités de bourgeons succulents, de feuilles frisées, d'une étoile, de têtes, et d'un petit lapin.
.
Panneau supérieur de la jouée haute sud-est des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Toujours dans cette section de la jouée, une Vierge allaitante est représentée sur la tranche, faisant face aux rangs nord.
.
Vue intérieure du panneau supérieur de la jouée haute sud-est des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Vierge allaitante, montant de la jouée haute sud-est des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Jouée haute sud-est des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
La volute sommitale est habitée par un petit personnage et par un serpent. résisterais-je à la Tentation d'y voir Adam et le Serpent.
.
Volute sommitale de la jouée haute sud-est des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
2°) La jouée basse : saint Jean-Baptiste et saint Yves.
.
Elle est décorée de motifs formant, comme le remplage de vitraux, de lancettes et de roses sur les panneaux, et elle est surmontée d'un rampant sculpté de deux saints en ronde bosse.
Le support du rampant est formé par deux volutes accolées en un fleuron médian. Un dragon s'enroule sur la boucle de la volute gauche. Mais en se plaçant à l'intérieur des stalles, nous découvrons les têtes de deux autres dragons.
Parmi les deux personnages en ronde bosse, saint Jean-Baptiste peut être identifié par ses pieds nus, ses cheveux longs et sa barbe, caractères du Nazir, mais aussi à son vêtement en peau de chameau, si on veut bien reconnaître dans la forme complexe des plis de la robe, près du pied, une tête de camélidé. Jean-Baptiste tient un livre ouvert, posé à plat sur la paume gauche, et sa main droite se tend vers un objet absent. Cet objet, c'est l'agneau, attribut manquant ici.
Son voisin est vêtu d'un surcot au dessus d'une cotte, et ses épaules sont recouvertes par un chaperon à capuchon. de fines chaussures à bout pointu dépassent des plis de la cotte. Il tient en main gauche des "sacs à procès" : il s'agit de saint Yves, qui fut Official du diocèse de Tréguier.
.
.
Jouée basse sud-est des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Les saints Jean-Baptiste et Yves, jouée basse sud-est des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Les saints Jean-Baptiste et Yves, jouée basse sud-est des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Saint Jean-Baptiste, jouée basse sud-est des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Ce sera le point final de notre visite... sauf si vous voulez la refaire dans l'autre sens !
.
.
.
SOURCES ET LIENS.
.
— PIAT (Florence), 2007, Les stalles de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Un édifice au chœur de l'édifice, Bulletin de la Société Archéologique du Finistère.
— PIAT (Florence), 2012, Les stalles de l’ancien duché de Bretagne, de la fin de la guerre de Succession jusqu’au concile de Trente,[thèse : Histoire de l’art], Rennes, Université de Rennes 2, 2012, 2 vol.2.
— François KERLOUÉGAN. La Vita Pauli Aureliani d'Uurmonoc de Landévennec. Job AN IRIEN. Le culte de saint Paul Aurélien et de ses disciples. Yves-Pascal CASTEL-KERGRIST. Les reliques de Paul Aurélien. , 1991, Sur les pas de Paul Aurélien Colloque international Saint-Pol-de-Léon 7-8 juin 1991, organisé par le CRBC sous la direction de Bernard Tanguy et Tanguy Daniel
Ce site présente plus de 850 scènes musicales sculptées dans les stalles médiévales conservées dans les églises européennes. Un module diaporama et un lexique permettent de découvrir ce monde caché des miséricordes
Les soixante six stalles conservées dans l'ancienne cathédrale (jusqu'en 1801) de Saint-Pol-de-Léon composent l'un des ensembles les plus remarquables de Bretagne par leur très bon état de conservation, par la richesse de leur iconographie et la qualité de leurs sculptures. Réalisées en chêne foncé, et datées du premier quart du XVIe siècle par la présence des armes de Jean de Carman, évêque de Saint-Pol de 1504 à 1514, et de Guy Le Clerc, qui lui a succédé de 1514 à 1523, elles constituent, par le nombre de stalles, le deuxième ensemble de Bretagne après Dol de Bretagne (soixante-dix-sept sièges, du XIVe siècle), mais elles ont l'avantage sur ces dernières d'avoir conservées leurs parties supérieures, c'est à dire leurs stalles hautes et leur dais. Elles furent classées MH le 11/04/1902. Elles ont été étudiées parFlorence PIAT dans un article de 2007 et dans sa thèse de 2012. Je ferais un large emploi de ces publications.
.
Elles formaient jadis, comme partout, un U car un rang de sièges en retour fermait l'espace à l'ouest et séparait le chœur de la nef laissé aux fidèles. Ces rangs occidentaux étaient les plus prisés, centrés par le trône épiscopal. Ce retour a été supprimé après la destruction du jubé au XVIIIe siècle.
Les sièges se présentent en quatre rangées disposées par groupe de deux, de part et d'autre du chœur : 17 stalles hautes et 16 stalles basses de chaque coté. Le chœur est entouré d'un chancel de pierre contre lequel viennent s'adosser les dosserets des stalles et leur dais. L'entrée dans le chœur se fait par deux portes situées l'une en face de l'autre du coté nord et sud du chancel, entre le chœur liturgique et le chœur des chanoines. Ceux-ci se réservaient les stalles hautes, alors que les stalles basses accueillaient, par exemple, les enfants de la "psallette" ou maîtrise cathédrale.
Les stalles hautes sont surmontées d'un dossier qui supporte un dais continu, en arc de cercle, repeint sur la face interne par l'atelier Nicolas de Morlaix en 1873. Ces dais sont surmontés de pinacles de trois tailles différentes et alternées (un grand, trois petits, un grand) ainsi que d'une décoration répétitive de petites armatures entrecroisées, surmontées d'un fleuron ("crête de dais"). Des pendentifs sculptés d'anges, de végétaux ou d'animaux retenus par les pattes sont situés sous les pinacles les plus grands. En dessous, les dosserets à arcades ogivales, arcades triangulaires et roses à remplage gothiques sont également compartimentés par des montants, plus forts sous les grands pinacles et qui reçoivent alors des statues en ronde bosse.
C'est ce dais qui est encadré en haut en en bas d'une frise sculptée en haut relief : celle du haut est nommée Frise de dais, et celle du bas Frise de haut-dossier.
Ce dais est rythmé par des nervures moulurées en compartiments correspondants aux stalles qu'elles coiffent. Il y a dix-sept stalles hautes (8 + 1 + 8) et donc autant de dais individuels. Mais la succession des pinacles et des montants découpent la succession de ces derniers en une première section pour le premier dais de l'ouest puis quatre sections de quatre dais. La frise haute, elle-même interrompue par les grands pinacles, est concernée par cette partition en cinq ensembles que je nommerai "sections".
Les motifs iconographiques à végétaux, scènes de chasse et animaux fantastiques sont placés différemment entre la frise de dais et la frise de haut-dossier. La première dispose ses éléments à l'intérieur des cadres limités par les pinacles et les nervures. Au contraire, la frise basse centre les siens dans l'axe des nervures et des pinacles, dont la ligne virtuelle qui les réunit divisent les éléments des frises en leur milieu. Les éléments décoratifs des deux frises sont ainsi placés délibérément en chicane, pour une lecture plus aérée et pour rompre un alignement désagréable. Leurs thèmes semblent indépendants, plutôt que de se répondre entre registres.
.
Je renvoie à mon article précédent sur les frises du coté nord. On constatera que des éléments décoratifs se répètent ici : vigne chardons, dragons, serpent, renard, etc..
.
Les stalles sud de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
I. LA FRISE DE DAIS.
.
Liste des motifs ornementaux, de l'est vers l'ouest.
.
Tête de dragon mangeant les raisins d'une vigne qui se prolonge vers la droite.
Diverses feuilles et fleurs de chardons à l'âne
Masque émergeant d'une feuille.
Renard poursuivant une poule sur fond de feuillages.
Feuilles
Biche courant vers la gauche.
Feuillage
Personnage en buste, de face, crachant deux tiges de feuillages
Chien sortant d'une feuille et courant vers la gauche.
Feuillages
Serpent formant un huit à l'abri de deux feuilles.
Dragon dont la queue en boucle se termine par une tête de serpent.
Chien lèchant les fruits d'une branche d'olivier.
Feuilles d'Arum (Gouet ou Pied-de-veau)
Sanglier se dirigeant vers un pied d'Arum.
.
Frise de dais des stalles sud de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Frise de dais des stalles sud de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Pendentif des stalles sud de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Frise de dais des stalles sud de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Frise de dais des stalles sud de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Frise de dais des stalles sud de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Frise de dais des stalles sud de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Frise de dais des stalles sud de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
Frise de dais des stalles sud de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Frise de dais des stalles sud de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Frise de dais des stalles sud de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Frise de dais des stalles sud de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Montant des stalles sud de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Jouée sud-ouest des stalles sud de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
II. LA FRISE DE HAUT DOSSIER. .
J'ai ramené moins de photo : ai-je été moins scrupuleux, ou, comme je le crois, les motifs y sont-ils plus rares ?
Liste des motifs :
Femme à la chevelure en vague, regardant vers sa gauche.
Feuille de vigne, et grappe.
Dragon à tête de chat, portant une cape, et à la queue entortillée se terminant en tête de serpent.
Deux dragons accroupis se retournant l'un vers l'autre.
.
Frise de haut-dossier des stalles sud de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Frise de haut-dossier des stalles sud de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
Frise de haut-dossier des stalles sud de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Frise de haut-dossier des stalles sud de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
.
SOURCES ET LIENS.
— PIAT (Florence), 2007, Les stalles de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Un édifice au chœur de l'édifice, Bulletin de la Société Archéologique du Finistère.
— PIAT (Florence), 2012, Les stalles de l’ancien duché de Bretagne, de la fin de la guerre de Succession jusqu’au concile de Trente,[thèse : Histoire de l’art], Rennes, Université de Rennes 2, 2012, 2 vol.2.
Ce site présente plus de 850 scènes musicales sculptées dans les stalles médiévales conservées dans les églises européennes. Un module diaporama et un lexique permettent de découvrir ce monde caché des miséricordes
— Æshna Fabricius 1775, Syst. Ent.: 424. Le nom de genre Æshna Fabricius 1775 ne peut être expliqué, mais l'entomologiste danois a peut-être été inspiré par le nom tout aussi mystérieux "Æschna" donné par Thomas Mouffet en 1634 et 1658 à un de ses Phryganides, sur la même page où il décrivait ses libellules. Bien que Æshna soit "fautif" s'il s'agissait d'un nom inspiré du grec, un lapsus calami ou une erreur typographique n'est pas envisageable puisque cette graphie a persisté telle quelle dans les publications écrites et supervisées par l'auteur en 1781, 1789 et 1792. Il n'est donc pas licite de modifier sa graphie en Æschna comme l'avait proposé Illiger en 1807, mais cette dernière forme, souvent utilisée par les entomologistes jusqu'à la décision de la Commission Internationale de Nomenclature en 1939, est à l'origine de notre nom français actuel, Aeschne.
— Nom vernaculaire :
En 1803, Olivier ou Latreille (Nouveau dict. Hist. Nat.) écrivaient AEshne
En 1805, Latreille, qui en créa le genre, écrivait ÆSHNE, œshne.
Latreille encore, en 1829 (in Cuvier, Le règne animal), décrivait dans sa famille des Subulicornes Les Æshnes (Æshna Fabricius).
C'est en 1840 que l'entomologiste belge de Sélys-Longchamps écrit dans sa Monographie des Libellulidés d'Europe AESCHNE.
C'est cette graphie qui est reprise par les auteurs des Guides et Atlas actuels (Dijkstra par Delachaux et Niestlé; Libellules de Poitou-Charentes, Libellules de France, Belgique et Luxembourg, etc).
.
.
Le nom de genre AESHNA, créé par Fabricius en 1775 pour créer des sous-catégories dans les Libellula de Linné 1758, a été une énigme pour tous les entomologistes qui ont essayé d'en comprendre le sens, la plupart du temps en supposant une erreur typographique et en en modifiant la graphie. Je lève aujourd'hui une partie du voile qui recouvre la solution de cette énigme.
.
Pour débuter, les règles à suivre en zoonymie : j' emprunte à Fabien Raimbaud les principes de son article rédigé en 1992 :
"Les principes permettant de s'assurer de la véritable origine d'un nom d'insecte sont au nombre de cinq.
1 • Suivre une bonne méthode pour savoir distinguer un emprunt d'une adaptation et d'une production. Après avoir commencé la recherche bibliographique à l'aide d'ouvrages de référence comme ceux de Neave (Nomenclator zoologicus) et de Sherborn (Index Animalium), il est donc indispensable de consulter les dictionnaires de langues anciennes, grec et latin pour l'essentiel. II faut aussi rechercher les formes intermédiaires qui justifient l'évolution dans le temps d'un mot et de sa signification (sémantique diachronique).
2. Une référence aux spécialistes qui ont déjà approfondi le sujet s'impose
3 . Quand cela est possible, il faut remonter à la source
4 • S'il y a plusieurs hypothèses, il faut recouper les informations
5 • Enfin, il faut être logique.
Mais Fabien Raimbaud constate son échec face à l'obstacle historique d'AESHNA :
"Rares sont les cas qui résistent à une telle investigation. Il en existe cependant. Par exemple, celui d'Aeshna Fabricius, 1775 et de son émendation en Aeschna Illiger, 1801, qu'il serait trop long de détailler ici. Le facteur limitant est la véritable source qui a peut-être disparu, auquel cas on ne peut qu'user des quatre autres principes."
.
À ces règles, j'ajouterai donc celles :
1. De consulter les sources du nomenclateur.
2. De se référer au corpus des noms créés par le nomenclateur pour déceler ses habitudes et ses méthodes de création de noms.
3. De connaître les noms créés par les auteurs qui ont précédé le nomenclateur, et dans le fil desquels il s'inscrit parfois.
.
Donc, première mission, consulter la publication originale et y scruter le moindre indice.
.
I. CONSULTER LA PUBLICATION ORIGINALE.
.
Le danois Johan Christian Fabricius n'avait pas encore créé le nom d'ODONATA (ce sera en 1793) lorsqu'il publia en 1775 son "Système Entomologique", dont le titre est une référence évidente au Systema naturae de Linné, paru en 1758 dans sa 10ème édition. Comparons son Systema Entomologiae, sistens Insectorum Classes, Ordines, Genera, Species, adiectis Synonymis, Locis, Descriptionibus, Observationibus avec le titre de l'œuvre princeps de son maître, Systema naturæ per regna tria naturæ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis.
En effet, Fabricius, après avoir étudié à Copenhague, s'était rendu à Uppsala âgé de 17 ans pour suivre l'enseignement de Linné entre 1762 et 1764. En 1768, Linné nomma Apis fabricianaun hyménoptère observée à Uppsala par son élève.
Ensuite, il séjourna dans les capitales européennes aux Provinces-Unies, en Ecosse et Angleterre, en France et en Italie où il rencontra des naturalistes comme Joseph Banks ou les principaux entomologistes comme Dru Drury, ou Giovanni Antonio Scopoli (professeur à Pavie) tout en consultant les grandes collections comme celle de Drury (11000 espèces) ou d'Aldrovandi à Bologne. Il obtiendra son titre de docteur en médecine en 1770. C'est en 1775 qu'il obtint un poste d'enseignant d'histoire naturelle et d'économie à l'université de Kiel.
La classification des insectes était basée, pour Linné, sur les caractéristiques des ailes. Celle de Fabricius repose sur les organes de la bouche : leur nombre, leur proportion, leur situation, leur forme. En 1775, ils les divisent en 8 groupes. Les insectes ont soit pas de mâchoires (Glossata, Ryngota, Antliata), soit des mâchoires. Parmi ces derniers, ils ont soit deux mâchoires (Eleuthérata, Ulonata, Synistata), soit plusieurs (Agonata, Unogata). Toutes ses noms se terminent par -ata ou -ta.
Il place alors les Libellulae de Linné dans ses Unogata, qu'il décrit comme "os palpis duobus, Maxilla inferior saepius unguiculata" [une paire de palpes maxillaires, les mandibules très souvent dentées]. Elles y accompagnent les Iulus, les Scolopendra, Aranea, etc. Plus tard, il placera les Libellules dans le groupe des Odonata, et réservera les Unogates aux Araignées et Scorpions.
On voit donc qu'il a réparti les 18 Libellulae de Linné 1758 (ou les 21 espèces du Systema Naturae 1767) en trois sous-catégories, LIBELLULA, AESHNA et AGRION. Il y a ajouté ses propres descriptions, soit 30 espèces.
Le groupe AESHNA est décrit par la phrase latinelabium trifidum : laciniis aequalibus ; lateralibus apice fissis. (les Agrion sont dites labium quadrifidium , et les Libellula labium trifidium comme les Aeshna, mais lacinia dorsali minutissima ). Ses4 espèces sont forcipata, grandis, variegata, et clavata. Les deux premières avaient été décrites par Linné dans ses Libellula avec ces épithètes de forcipata et grandis. La troisième a été ramenée de Terre de Feu et provient de la collection de Joseph Banks. La quatrième vient de "China" et appartient à la collection de Drury.
—Labium : organe impair provenant de la soudure de la deuxième pièce des maxilles
— Maxille: n. f. [du latin maxilla : mâchoire] syn. mâchoire
La seconde paire inférieure des pièces buccales placée en dessous des mandibules. Les maxilles permettent à l'insecte de maintenir et de triturer les particules alimentaires.
Beaucoup plus complexe que la mandibule, la maxille typique n'est qu'en partie sclérifiée. Elle comporte une pièce basale, le cardo sur lequel s'articule un stipès et un palpe maxillaire de plusieurs articles. Le stipès porte distalement deux lobes, l'externe est la galéa et l'interne, la laciniaqui porte de longues soies raides sur sa marge intérieure.
Selon les groupes on remarque une orientation vers la simplification et la réduction. Par exemple, le palpe qui compte 7 articles chez les Machilidés (Thysanoures) n'en a qu'un seul en forme de crochet chez les Odonates ; le stipès porte une lacinia très réduite chez Melolontha (Coléoptère) et a ses deux lobes réunis chez les Odonates.
— Mandibule : n. f. [du latin mandibula : mâchoire ; de mandere, manger]
La paire supérieure des pièces buccales. Elles sont, dans de nombreux ordres, dures et cornées avec des muscles puissants. Placées devant la bouche, elles permettent à l’insecte de saisir et de broyer.
.
.
.
Malgré une lecture attentive de ces pages consacrées à AESHNA, nous ne trouvons aucun indice permettant de comprendre ce qui a pu motiver le nom choisi ici par Fabricius. Ce nom ne se trouve pas dans un dictionnaire latin comme le Gaffiot, ni dans un dictionnaire grec (je me fonde surtout sur les entomologistes qui ont fait la même recherche), et ce mot n'a aucune signification.
.
II. EXAMINER LES AUTRES NOMS CRÉÉS PAR FABRICIUS.
L' autre nom de "genre" de libellules créé par Fabricius, AGRION, est dérivé du grec άγριος = d'agros « champs » : « sauvage, vivant dans les champs ou les bois » car « en période de maturation, ces insectes fréquentent souvent les prairies » (B. Rochelet, 2009 Poitou-Charentes). Cela n'éclaire pas le nom Aeshna.
.
III. VOIR LES AUTRES PUBLICATIONS DE FABRICIUS.
La consultation de ces ouvrages et la recherche des pages consacrée à Aeshna m'a pris, on l'imagine, un temps certain. J'ai lu :
Species Insectorum, exhibentes eorum differentias specificas, synonyma auctorum, loca natalia, metamorphosin, adjectis observationibus, descriptionibus (1781), page 525. Nous y apprenons un élément essentiel : la graphie AESHNA a été maintenue, ce qui est un argument important contre la suggestion d'y voir une erreur typographique : Fabricius l'aurait alors corrigée dans ses autres ouvrages. J'ai vérifié ce point sur les publications suivantes : cette orthographe ne change pas d'un iota.
.
Mantissa insectorum 1789 page 339. Je retrouve la graphie AESHNA. Accessoirement, le nombre de Libellulae est de 34, celui des Aeshnae s'est augmenté d'un A. minuta, habitant en "Chine" tandis que Fabricius nous précise que A. grandis provenait des Îles Sandwich. Les Agrion s'accroissent de trois nouvelles espèces.
.
La lecture de l'Entomologia systematica emendata et aucta (1792–1794) volume 2 page 383. me permet de vérifier la permanence obstinée de la graphie AESHNA. Je prends le soin de lire la description complète en bas de page pour ne négliger aucun indice :
Aeshnae corpus magnum , elongatura , immarginatum, agile, capite magno, exserto, rotundato, oculis maximis, ovatis, prominulis, lateralibus, apice coeuntibus, antennis brevibus , tenuibus in cantho oculorum insertis, fronte vesiculosa, elevata, thorace elevato , villoso , scutello vix distincto , abdomine elongato, cylindrico, ano foliolis quatuor aequalibus, planis, pedibus brevibus, validis, ciliatis, tartis triarticulatis , colore vario curo vita pereunte.
.
.
IV. CONSULTER LES AUTEURS PRÉCÉDANT FABRICIUS ET CITÉS EN SOURCE.
Scientia entomologica in incunabilis adhuc tenera iacet. Vix aetatem Caesalpini Botanices attingit. Veterum scripta de insectis ante Raium perperam leguntur, fabulis miraculisque referta. Praeterea descriptiones specierum vix ullae et figurae partim fictitiae, partim inextricabiles, ita ut specierum cognitio omnino desit. Raius primus descriptiones insectorum composuit distinctiores, at, nullo suffulrus systemate, saepius errores evidentissimos admisit.
Nomina et generica et trivialia semper retinui. Mutata nunquam usum, saepius confusionem , praebent. Verba enim valent uti nummi praetio distincto, determinato.
Synonyma apposui e systematicis et ichniographis praestantioribus. E primis summum Linnè, lynceum Geoffroy, accuratissimum Raium; ex ultimis solidissimum Roesel, nitidissimum Sepp et ditissimum Drury semper addiddi.
Veterum vero synonymiam obscuram, semper incertam, plane omisi. Difficillime eruitur, et eruta omnino nil praestat.
.
Il énonce d'abord que l'entomologie est encore une science au berceau, et que la lecture des ouvrages anciens avant John Ray offre souvent des affabulations et autres miracles. Nous en sommes encore dans ce domaine à l'âge de la Botanique de Cesalpino (v. 1583) [Andrea Cesalpino, dont la Botanique eut une influence considérable sur Linné.]. En outre, les descriptions et les illustrations sont soit fictives, soit incompréhensibles. Ray est le premier à donner des descriptions d'insectes distincts, encore qu'il ne soit étayé par aucune systématique, et que les erreurs y soient fréquentes.
Il rend ensuite hommage à Linné, qui a introduit les Classes, les Ordres, les Genres et les Espèces, puis à Geoffroy "à l'œil de lynx" (auteur de l'Histoire des insectes 1762) , au très scrupuleux John Ray (Historia insectorum 1710), au très solide August Johan Roesel von Rösenhof (Insekten belustigung 1746-1761) , au très brillant Jan Christian Sepp (auteur du Beschouwing der wonderen Gods aux belles illustrations de papillons), et à Dru Drury à la très riche collection.
Il a écarté délibérément les textes anciens aux synonymes obscurs, toujours incertains.
.
2°) Dans sa description des espèces de libellules, Fabricius cite en référence les auteurs déjà cités par Linné. Ce sont :
James Petiver, Petiveriani musei page 84 n°819 (forcipata)
John Ray, 1710, Historia insect. Page 50
René- Antoine Ferchault de Réaumur, 1738 et 1742, Mémoires Insectes vol. IV et VI
August Johan Roesel von Rösenhof Insekten belustigung 1746-1761 Aquat. II 2
Etienne-Louis Geoffroy, 1762, Histoire des Insectes II page 227 n°12 et 228
Iacob Christian Schaeffer ,[1766-]1779, Icones Insectorum circa Ratisbonam planche IV
Mais aussi "Seb, Musei", "Drury, Ins.I planche 48", "Am. acad.", "Mus. D. Hunter", "Edw. Av.", "D. Lewin" et la collection de Banks, "Mus. Bankianum". Ou encore, pour Aeshna grandis, les Acta Nidros de Johan Ernst Gunner(1718-1773),évêqueetbotanistenorvégien.
Geoffroy page 228 n°13. L'auteur français nomme cette espèce "Caroline".
Petiver, Musei Petiveriani page 84 n°819Libella major, corpore compresso flavescente. Notez que Petiver renvoie aussi à Thomas Mouffet1634 (Libella maxima, page 66 n°5) et à Aldrovandi 1602 (Perla, Insect. page 305 n°9), à Jonston et à Merret.
Reaumur Mémoires Ins. 4. tab 10. fig.4 et page 133 "Ces longues mouches à quatre ailes, appelées des demoiselles, dont la plupart ont le corps en baguette" et Reaumur Mémoires Ins. 6, planche.35 fig. 5
Je ne peux pas jurer avoir consulté les publications de tous ces auteurs, mais j'ai fais le principal du travail (Petiver, Ray, Geoffroy et Réaumur) sans trouver mention d'AESHNA, ou même d'une graphie approchante. Pour montrer comme je suis lynceus, acuratissimus, solidissimus à défaut d'être niditissimus et encore moins ditissimus, je mentionne la vague proxémie de l'épithète aenea de Linné avec Aeshna.
.
V. CONSULTER LES AVIS DES ENTOMOLOGISTES.
.
Là, c'est pas difficile, il n'y a qu'à se baisser.
1°) Illiger et AESCHNA.
Nous commençons par Johann Karl Wilhem Illiger (1775-1813), entomologiste allemand qui fut chargé des collections du comte von Hoffmannsegg et qui obtint un titre de docteur honoraire de l'université de Kiel grâce aux recommandations de Fabricius. C'est dire les liens qui les unissaient. Il édita le Magazin für Insektenkunde de 1802 à 1807 et il publia dans cette revue en 1801 les prémisses de la classification de Fabricius sur les Lépidoptères, Nach fabricii systema glossatorum.
La page 126 mentionne AESHNA sous la forme AESCHNA :
.
.
"AESCHNA, ae (nicht Aeshna) - f . - Schmaljungfer vielleicht Aeschyna von αςχύνη Schamhaftigkeit [pudeur] nach der Aehnlichkeit [ressemblance] mit Jungser? In Charleton. Exercitatt. de differentiis et nominib. animal. Oxon. 1677. kommt αςχνα als Name eines Insekts vor."
L'auteur anonyme [Illiger ??] prend l'initiative de corriger Fabricius et d'écrire Aeschna, nicht Aeshna, "et non Aeshna", mais il en ignore manifestement le sens puisqu'il propose d'y voir Aeschyna. Voir la plante AESCHYNANTHUS, du grec aischyno "avoir honte, rougir". Ou les Fabacées nommées AESCHYNOMENE , ou l'adjectif AESCHYMENOS / AESHYNOMENOUS, du grec aischynein "défigurer, avoir honte" + laton -osus "plein de" pour des plantes sensitives, qui referment leurs feuilles lorsqu'on les touche.
C'est de cette forme AESCHNA d'Illiger que provient notre nom français AESCHNE, et le CNRTL résume parfaitement tout ce que nous venons de voir en écrivant :
AESCHNE Étymol. ET HIST. − 1805 œshna (Cuvier, supra); 1809 œschne (J.-B. Lamarck, Philos. zool., t. 1, p. 303 : ... ephemere, agrion, æshne, libellule). Empr. au lat. sc. aeshna « insecte de l'ordre des odonates » dep. 1775 (Fabricius, Systema Entomologiae, 424 ds Neave, Nomenclator zoologicus, t. 1, s.v.), attesté sous la forme aeschna en 1802 (Illiger, Magazin für Insectenkunde, I, 126, ibid.).
2°) La perplexité de M.C. DUMERIL (Paris) et son scepticisme à l'égard de l'hypothèse d'Illiger.
"AESHNA. (Fabricius.) CARACTÈRES : Névroptères à bouche recouverte par les lèvres dilatées, écailleuses, antennes en soie très-courtes; la tête arrondie, dont les yeux sont très-gros et presque contigus, à ventre allongé, étroit, à peu près cylindrique ou en baguette. Ce nom, par la manière dont Fabricius nous l'a transmis, semblerait tout à fait grec ΑΙΣΗΝΑ ? mais nous n'en avons pu découvrir l'étymologie ; et même, d'autres entomologistes l'ont écrit Aeschna, qui aurait quelque analogie avec le nom grec αςχύνη ; mais ce nom n'aurait qu'un très-mauvais sens." Constant Duméril, 1860, Entomologie analytique,2, page 731 1860 -
.
3°) Un reflet de la complexité des discussions.
"M. Kirby explique les principes qu'il a adoptés en matière de nomenclature. A mon avis il se montre ultra-radical dans l'application excessive des lois de priorité; il faut, me semble-t-il, plus de tolérance vis-à-vis des faits accomplis qui ont en leur faveur une longue prescription, souvent centenaire, et l'usage depuis un grand nombre d'années. Ne cherchons donc pas à ressusciter quand même, envers et contre tous, des choses tout-à-fait oubliées et remises au jour à la suite de curieuses recherches bibliographiques faites dans des ouvrages souvent introuvables à consulter et par suite, à contrôler. Il vaut mieux dans l'intérêt de la science, ne pas bouleverser de cette façon à tout moment les travaux généraux et les monographies patiemment et savamment élaborés par des spécialistes récents.
"M. Kirby ne se contente pas d'accepter comme base pour le droit de priorité la 12« édition du Systema Naturae de Linné (1767), ce qui est généralement admis ; se ralliant à l'opinion de plusieurs autres nomenclateurs il recule jusqu'à la Xe (1858). Quant à moi je prétends qu'un fondateur, un réformateur de la valeur de Linné avait le droit et même le devoir de modifier dans une édition ultérieure ce qu'il avait reconnu d'amendable dans une précédente.
"On sait que Fabricius, créant le genre AEshna en 1775, avait en vue toutes les espèces de la famille actuelle des AEschnidæ, divisée aujourd'hui en deux sous-familles : AEschnines et Gomphines, et que le g. AEshna de Fabricius fut adopté comme tel par Cuvier en 1798 et par Latreille. Leach en 1815 sépara sous le nom de Gomphus les espèces d'AEschna chez lesquelles les yeux sont éloignés l'un de l'autre (comme chez les Agrion) et constitua aussi les genres Petalura et - et Cordulegaster. M. Kirby croit que la vulgatissima était le type de AEshna. Il efface donc de la nomenclature le nom de Gomphus pour le remplacer par celui de AEshna Fab. (sans c) puis dans la seconde sous-famille (AEschninæ) il maintient un second genre AEschna Illiger (avec c) pour les espèces à yeux contigus faisant jusque là partie du même genre AEshna de Fabricius et de Latreille. L'opinion de M. Kirby si elle prévalait, aurait pour effet une confusion déplorable; mais elle n'est pas justifiée. Il est évident que AEshna et AEschna,avec ou sans c, sont deux mots équivalents et qu'Illiger en ajoutant la lettre c à AEshna n'a entendu faire qu'une correction grammaticale et nullement de créer un nom différent de celui donné par Fabricius, suivi par Cuvier en 1798 qui ne décrit que la grandis L. et Latreille, qui en caractérise cinq espèces, annulata, maculatissima, grandis, mixta et vulgatissima (confondue avec forcipata) qui par parenthèse est la dernière énumérée.
"Conservons donc le genre Gomphus, créé en bon droit par Leach en 1815, genre dont le nom est admis par tous les Neuroptérologistes. " Comptes-rendus des séances de la Société entomologique de Belgique, 1889, page CLXI
4°) L'hypothèse AESHNA / AECHMEA. (Tillyard v. 1910)
.
On la doit à Robert John Tillyard (1881-1937), auteur en 1917 de The Biology of Dragonflies, qui a considéré (avant 1912) que l'orthographe d'origine était due à une erreur typographique pour αίχμη , Aechma « une lance », terme qui fait allusion à la forme longue et mince du corps.
On sait que ce terme grec est à l'origine du nom de genre Aechmea de la famille botanique des Bromeliaceae.
L'hypothèse de Tillyard fut reprise par William Hunter Piersol en 1912, ou par E.M. Walker la même année ; elle est actuellement citée par les articles Wikipedia "Aeshna" en anglais et en français.
"The name Aeshna, formerly coextensive with the modern family Aeshnidae, was given to these insects by Fabricius in 1775 (Syst. Ent., p. 424), but was afterwards changed to Aeschna by the editors of “ Illiger’s Magazin fur Insektenkunde” (Bd. 1, S. 126, 1822). In this form it was universally quoted until Calvert, in 1905, restored the original spelling, in which he has been generally followed by American but not by European writers. Various attempts have been made to interpret this word. The first suggestion is found in “Illiger’s Magazin” ( loc . Cit.).Williamson (Drag. Ind., p. 303, 1899) regarded the word as probably derived from αίσχύῥός, “ugly,” but recently the same writer has communicated to me a suggestion made by Mr. R. J. Tillyard that the original spelling was a printer’s error for αίχμη Aechma “a spear, ” in allusion to the long slender form of the body. As, however, it is impossible to decide the question of the meaning of this word with any approach to certainty it is unfortunately necessary to fall back upon the original spelling, for although “ Aeshna ” is impossible as a Greek word, “Aeschna, ” in spite of its better appearance, is also meaningless and impossible to derive from any Greek word without making allowance for errors. This is the more unfortunate as the composites of Aeshna must all retain the emended form in which they originally appeared ( Basiaeschna , etc.). Walker
Opinion 34 Æshna vs Æschna, Opinions and declarations rendered by the International Commission on Zoological Nomenclature. Édité par Francis Hemming 1939
Summary,— Since evidence of the derivation of the word is not contained in the original publication, the original spelling of Æshna should be preserved.
Statement of case. — Mr. R. A. Muttkowski has submitted the following case for opinion :
Æshna vs. Æschna.
Æshna Fabricius, Systema Entomologiae, p. 424, 1775.
Æschna, 111. Magazine, p. 126, 1801 (author anonymous).
In view of the fact that Æshna as a derivation is an anomaly, are authors justified in emending the barbaric Æshna to Æschna, a lapsus calami being assumed ?
I submit the following points :
1. Manifestly, the word is a Greek derivative. Æshna as originally spelled
It is not pure Greek at all since "h" can never follow an « s » in Greek. « H " is an aspirate and is expressed by the spiritus asper ( ' ) above the vowel beginning the word. Furthermore, it can be used only in the beginning of a word.
2. "S" and "h" never coming together in a word, the only other possible solution is " sigma " and " chi " of Greek. In such case the " sh " in Æshna is wrongly transcribed, and the word obviously is Æschna if correctly spelled.
3. Fabricius being a purist, as is evident from most of his generic names, the elision of " c " in Aeshna suggests a typographical error.
4. Fabricius was wont to derive his names from the appearance (form) or the habits of the insect before him; as witness the following names: Cryptus, Centris,... Agrion.
Applying this method to Æschna and looking for words beginning with αίσχ which would suggest habits we find none that expresses anything. If we look to "general appearance" we find the words αίσχῥός — ugly, and αίσχύνω — disfigured (after death).
— Considering the insect itself:
(a) if we examine the habits, we find that the insects are brilliantly colored species (thorax green, blue, or yellow- striped, abdomen with yellow and blue spots), of quick dashing flight,
(b) If captured and killed, we find that the insects lose all of their colors after death, assuming an ugly brown similar to the rest of the body, the former colors being scarcely discernible as vague, brownish spots.
In this light- the derivation from αίσχῥός — ugly, is not far-fetched, although Æschna ought then to read Æschrus. Aside of this, we have αίσχύνω, which seems the more probable derivation, especially in view of the meaning of the word and its pertinency to a condition actually found in the insect. αίσχύνω — disfigured, in the sense of being "disfigured after death," as used by Euripides in Hippolytes, is certainly significant and seems the proper solution.
It is probable that the printer omitted the "c" from Æshna with the barbarism resulting. The original Æshna offended the classical sense of the early entomologists. They emended the word and it was spelled Æschna, as emended, until Kirby in 1890 revived its earlier spelling. Since then spelling has been a mooted point among odonatologists, either mode of spelling being alternately adopted and again refused by writers.
.
Discussion.
— Æshna Fabricius, 1775, p. 424, was published originally without citation of its derivation.
— Illiger, 1801, p. 126, cites Æschna as follows: " Æschna, ae (nicht Æshna)— i. — Schmaljungfer vielleicht Aeschyna von αςχύνη Schamhaftigkeit nach der Ehnlichkeit mit Jungferf In Charleton. Exercitatt. de differentiis et nominib. animal. Oxon., 1677, kommt αεχνα als Name eines Insekts vor." [ Æschna (not Æshna) from αςχύνηÆschyna from modesty, because of the similarity to maiden? In Charleton, 1677, αεχνα va is used as name of an insect."]
— Ludwig, 1886a, 522, cites Æschna, stating: « verdorben aus αίσχύνη Schamhaftigkeit (werden selten in Paarung gesehen). » [2 Perhaps a corruption from αίσχύνη "modesty" (are seldom seen pairing). ]
In the brief submitted by Muttkowski, it is stated that the derivation from αίσχύῥός « ugly » is not farfetched.
From the foregoing it is seen that a certain amount of speculation is required in arriving at the derivation of the name. From the very fact that two authors quote Schamhaftigkeit (= modesty) and a third quotes " ugly " and "disfigured after death " in explanation of the origin of the word, it seems clear that the reason which led Fabricus to select the name is not " evident," and in fact all three authors admit a doubt in regard to the derivation.
To the Commission it seems perfectly possible that Æshna is a corruption traceable to the Greek αίσχύῥός . So far as the evidence goes, however, it is equally possible that this word is an intentional barbarism or that it is the name of a ship, or of a goddess unknown to the Commission, or that it is an arbitrary combination of letters, or that it is the name of some friend of Fabricius.
Without taking issue with either Illiger, Ludwig, or Muttkowski, the Commission is of the opinion that since the original publication of Æshna Fabricius, 1775, 424-425, does not indicate clearly the origin of the word, it is not evident in this instance that there is either an error of transcription, a lapsus calami, or a typographical error present. It is, therefore, the opinion of the Commission that the original spelling, namely, Æshna, should be preserved.
.
Résumé.
Muttkowski, dans un document soumis à la Commission, fit remarquer que Æeshna était manifestement dérivé du grec, mais de manière fautive puisque dans cette langue, le "h" ne pouvait jamais suivre un "s", que le "h" est une lettre aspirée et doit être suivie d'un esprit (') sur la voyelle commençant le mot, et qu'enfin il ne peut être employé q'en début de mot. Si bien que Æeshna est transcris de manière fautive, et qu'il doit être remplacé par Æschna pour être correct. La forme Æshna serait attribuable à une erreur de transcription du copiste. En recherchant de possibles étymologies de ce mot, il considéra les mots grecs αίσχρός, "laid ", et αίσχύνω = "défiguré" (ce qui peut s'appliquer à cette espèce qui perd ses couleurs après sa mort et prend une teinte brune assez laide), avec une préférence pour ce dernier, puisque le premier aurait conduit à écrire Æschrus. La forme "correcte Æschna fut adoptée par les entomologistes du monde entier, jusqu'à ce qu'en 1890 Kirby ne revienne à la graphie initiale.
Dans leur discussion, les membres de la Commission tinrent compte de l'interprétation d'Illiger 1801, et observèrent qu'en 1886, Ludwig avait émis l'hypothèse d'y voir une corruption du mot grec αίσχύνη "pudeur" , "car ces insectes sont rarement vus accouplés".
Ils conclurent :
Sans prendre partie pour Illiger, ou pour Ludwig, ou pour Muttkowski, la Commission est d'avis que, puisque la publication originale de Æshna Fabricius , 1775, 424-425, n'indique pas clairement l'origine du mot, il est pas évident dans ce cas qu'il y a soit une erreur de transcription, un lapsus calami ou une erreur typographique. L'avis de la Commission est, par conséquent, que l'orthographe originale, à savoir, Æshnia, doit être préservée.
Néanmoins, la graphie -aeschna est retenue comme racine des zoonymes of Adversaeschna, Austroaeschna, Notoaeschna, Spinaeaschna.
.
.
VII. RETOURNONS-NOUS VERS LES PREMIERS AUTEURS. THOMAS MOUFFET 1634.
Le chapitre consacré aux libellules dans le De animalibus insecti libri septem d'Aldrovandi, paru à Bologne en 1602. Son chapitre X De Perla vulgo dictis pages 302-305 ne comporte aucun terme approchant celui d'Æshna.
C'est ma lecture de l' Insectorum sive minimorum animalium theatrum de Thomas Moffet (ou Mouffet), paru en 1634, qui m'a permis de trouver le nom employé plus tard par Fabricius. Certes, les pages 66 à 68 ne me réservèrent aucune révélation, et la fin de la description de la dernière classe de libellule, les Libellae minimae, en haut de la page 69, me laissèrent sur ma fin, mais mon attention fut attirée par un nom inscrit en italique un peu plus bas : Aeschnae !
Avec un -c-, c'était la forme que pressentait les héllenistes. La première vérification à laquelle je me livrait fut de consulter la version en anglais, The Theater of Insects, parue en 1658, afin de m'assurer de la graphie : je retrouvais le nom orthographié AESCHNA.
.
Thomas Mouffet, Insectorum .. 1634 page 69
.
Thomas Mouffet, The Theater of Insects, 1658, page 94.
.
Mouffet décrit ici l'Æschna parmi ses Phryganides, les Phryganea ou plus largement Phryganeidae (Trichoptera), ou Caddisflies en anglais : Voici le texte qui les concerne :
"Water Flies, of the Greeks called ----, or Lacustres, as abiding in fenny places, are those that feed upon things that swim upon the surface of the water, and that live especially upon the water, as these and the like, Phryganides, Macedonica , Tigurina, Æschna, Lutea, Fusca, etc.
Phryganides comes from the little worm Phryganium (which in English is called Cados worm) living in the waters, and in the midst of August ascending to the top or superficies of the waters; it hath four wings of a brown colour, the body somewhat long, having two short horns, the tail forked, or rather bristles coming out of the tail. The form or figure of this Fly is various, in regard of the great variety of those little Cados worms where of they come.
Among the Macedonians about the River Austraeum which runs in the midst between Beroza and Thessalonica there fly a kinde of Flies, which are not every where to be found, neither are they any way like other Flies, they are neither like the Bees, Wasps or Hornets, yet resemble all in something, in bignesle the Hornet, in colour the Wasp, in humming the Bee ; in audacity and boldnefsse all the rest of the Flies ; the country people call them ----, the Latines Equiseles ; these flying upon the surface of the waters become a prey to the fish that are in the river. The greater summer Water-fly is seen in Helvetia in the moneth of May (commonly call Tes glafft) as we have heard reported by a Gentleman, but which we leave to those of that Countrey to describe.
The Æschna so called, are a kinde of Water-fly of an ash colour, with four wings, six feet, near the tail having as it were many downy hairs.
The Water-fly called Lutea is of a yelIowish dun colour, it hath long wings, alwaies standing bolt upright upon the shoulders so long as it flies, the eyes big and standing out of the head, the tail long and knotty, having two long hairs or bristles at the end of it; fhe is conversant alwaies about rivers, seldome elsewhere, especially after rain. (etc.)
.
DISCUSSION.
.
Il est impossible de dire si Fabricius a voulu reprendre le nom (resté inemployé en entomologie linnéenne) d'Æschna de Mouffet pour l'appliquer à son nouveau genre de libellules, ou bien si ce nom était resté gravé dans sa mémoire depuis la lecture du Theater of insects, ou si le nom d'insecte employé par Mouffet n'a eu aucune influence sur la création onomastique de Fabricius. J'ai exprimé ma conviction que la proposition d'un lapsus calami par Fabricius ou d'une erreur typographique par l'imprimeur, dans l'hypothèse qu'il souhaitait baptisé AESCHNA son genre, ne pouvait être crédible, puisque l'auteur aurait obligatoirement corrigé cette faute dans les publications entomologiques suivantes. Nous sommes donc obligé de considérer que le caractère "fautif" vis à vis de la langue grec ne pouvait échapper à l'auteur ni à ses amis, et que puisqu'elle n'a pas été corrigée, cette graphie AESHNA est délibérée.
Ce qui reste troublant, c'est d'une part la proximité de ce nom Æschna chez Mouffet avec sa description et ses illustrations de libellules, et d'autre part que Linné a décrit les Phryganea page 147 du Systema Naturae, deux pages après ses Libellula (dans ses Neuroptera, il décrit les Libellula, les Ephemera puis les Phryganea). C'est l'ordre inverse dans le Fauna suecica.C'est différent ches Fabricius, où les Pryganes appartiennent à ses Synistata.
.
La présence du zoonyme ÆSCHNA chez Mouffet, et ses rapports avec ÆSHNA de Fabricius, ont été apparemment signalés par Elliot Pinhey , puisque je trouve en ligne ces deux extraits :
842 Family AESHNIDAE Rambur, 1842 Genus Aeshna Fabricius, 1 775 According to Pinhey (1985) the spelling Aeschna is traced back to a pre-Linnean use by Mouffet in 1634, but whether Fabricius based his description on the name used by Mouffet and his spelling, Aeshna, was a lapsus calami, is irrelevant. Since the Moufett name preceded the starting point date. 1 January 1758 (ICZN Art. 3), the Fabrician spelling remains the oldest available name ( ICZN Art. 23. 1 , Principle of) ... Durban Museum Novitates, Volumes 23 à 2 1998
.
AESHNIDAE Buchecker Genus Aeshna Fabricius, 1775: 424 Type-species Libellula grandis Linnaeus ( 1758, palaearctic) Note that Illiger's emended spelling, Aeschna Illiger (1802), was made redundant by Cowley (1934: 249). However, it is of interest to realize that Mouffet was apparently the first to use the spelling Aeschna as early as 1634. Some Odonatists in fact still adhere to that rendering. . Journal of the Entomological Society of Southern Africa, Volumes 48 à 49 1985, page 7
.
CONCLUSION.
Æshna Fabricius 1775, Syst. Ent.: 424. Le nom de genre Æshna Fabricius 1775 ne peut être expliqué, mais l'entomologiste danois a peut-être été inspiré par le nom tout aussi mystérieux "Æschna" donné par Thomas Mouffet en 1634 et 1658 à un de ses Phryganides, sur la même page où il décrivait ses libellules. Bien que Æshna soit "fautif" s'il s'agissait d'un nom inspiré du grec, un lapsus calami ou une erreur typographique n'est pas envisageable puisque cette graphie a persisté telle quelle dans les publications écrites et supervisées par l'auteur en 1781, 1789 et 1792. Il n'est donc pas licite de modifier sa graphie en Æschna comme l'avait proposé Illiger en 1807, mais cette dernière forme, souvent utilisée par les entomologistes jusqu'à la décision de la Commission Internationale de Nomenclature en 1939, est à l'origine de notre nom français actuel, Aeschne.
Nom vernaculaire :
En 1803, Olivier ou Latreille écrivaient (Nouveau dict. Hist. Nat.) AEshne
En 1805, Latreille, qui en créa le genre, écrivait ÆSHNE, œshne.
Latreille encore, en 1829 (in Cuvier, Le règne animal), décrivait dans sa famille des Subulicornes (je ne résiste pas) Les Æshnes (Æshna Fabricius).
C'est en 1840 que l'entomologiste belge de Selys-Longchamps écrit dans sa Monographie des Libellulidés d'Europe AESCHNE.
C'est cette graphie qui est reprise par les auteurs des Guides et Atlas actuels (Dijkstra par Delachaux et Niestlé; Libellules de Poitou-Charentes, Libellules de France, Belgique et Luxembourg, etc.)
.
.
RÉCEPTION.
Heinrik Steinmann 2013 World Catalogue of Odonata II, Anisoptera, page 3
— GEOFFROY (Etienne-Louis), 1762, Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris. Chez Durand, à Paris 1762, in-4 (4) xxviij, 523pp. et (4), 2 volumes reliés.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k991697/f615
— GEOFFROY (Etienne-Louis), 1799 Histoire abrégée des insectes, dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique. Tome 2 / par M. Geoffroy, C. Volland / Rémond (Paris)
— HARRIS, Moses, 1731-1785, 1786, Exposition des insectes que se trouvent en Angleterre; comprenant les différentes classes des Neuroptera, Hymenoptera, et Diptera: ou des abeilles, mouches, et Libellulae. Londres,B. White et J. Edwards,1786.
—LA CHESNAYE-DES BOIS (François-Alexandre Aubert de) Dictionnaire raisonne et universel des animaux ou le regne animal etc, Volume 2 chez Claude-Jean-Baptiste Bauche, 1759 page 19
— LATREILLE (P.A.), Histoire naturelle, générale et particulière des crustacés et des insectes , Paris :F. Dufart, An X-XIII [1802-1805] , Troisième volume (1805).
— LATREILLE, 1829, in Cuvier Le règne animal distribué d'après son organisation pour servir à l'histoire .Paris Déterville Volume V « Suite et fin des insectes ».page 239
— LINNÉ (Carl von,) 1764, Museum Ludovicae Ulricae reginaeSuecorum, in quo animalia rariora , exotica imprimis insecta et conchilia describuntur, etc. Holmiae, l764 , 2 t. en 1 vol. in-8.
—— LINNÉ (Carl von,) 1767, Caroli Linnaei...Systema naturae per regna tria naturae... 12eme édition, tome II pages 901-906.
— HELLER (John Lewis) - 1983 -"Studies in Linnaean method and nomenclature", Marburger Schriften zur Medizingeschichte, Bd.1983;7:1-326.Frankfurt am Main ; New York : P. Lang,
— ISAAK (Mark) Curiosities of the biological nomenclature, en ligne.
—BOISDUVALHistoire naturelle des insectes Roret 1836 books.google.fr/books?id=2Kgi4FH6kj0C
— BOITARD (Pierre ) Manuel d'entomologie ou Histoire naturelle de insectes: contenant la synonymie de la plus grande partie des espèces d'Europe et des espèces exotiques les plus remarquables, Tome second, Paris : Roret, 1828, Gallica
— CHINERY (Michael), Insectes de France et d'Europe occidentale, adaptation française G. Luquetpour les lépidoptères, Flammarion 2005, 2eme édition 2012, 320 p.
— CURTIS, J. (1823-1840). British Entomology; being illustrations and descriptions of the genera of insects found in Great Britain and Ireland: containing coloured figures from nature of the most rare and beautiful species, and in many instances of the plants upon wich they are found. Vol. V. Lepidoptera, Part. I. Londres. http://biodiversitylibrary.org/page/8221625#page/71/mode/1up
— FABRICIUS (Johann Christian) 1801 "Nach Fabricii systema glossatorum" in Johann Karl Wilhelm Illiger, "Die Neueste Gattungs-Eintheilung der Schmetterlinge [...], Magazin für Insektenkunde , Braunschweig [Brunswick] (6) https://archive.org/stream/magazinfrinsek06illi#page/280/mode/2up
— FABRICIUS (Johann Christian) 1787 Fabricii Mantissa insectorumHafniae 1787 en ligne Goettingen.
—FRISCH (Johann Leonhard.) 1730 . Beschreibung von allerley Insecten in Teutsch-Land : nebst nützlichen Anmerckungen und nöthigen Abbildungen von diesem kriechenden und fliegenden inländischen Gewürme : zur Bestätigung und Fortsetzung der gründlichen Entdeckung : so einige von der Natur dieser Creaturen herausgegeben : und zur Ergäntzung und Verbesserung der andern (1730) Berlin : Verlegts Christ. Gottl. Nicolai https://archive.org/stream/johleonhardfrisc01fris#page/n7/mode/2up
— FOURCROY (A. F.) 1785. Entomologia Parisiensis; sive catalogus insectorum quæ in agro Parisiensi reperiuntur; secundam methodam Geoffrœanam in sectiones, genera & species distributus: cui addita sunt nomina trivialia & fere trecentæ novæ species. Pars secunda. Parisiis. (Hôtel Serpente). 2. 232-544. Traduction en latin de l'Histoire des insectes de E.L. Geoffroy. http://archive.org/stream/entomologiaparis02four#page/n3/mode/2up
— FUESSLI (Johan Caspar) Verzeichniss der ihm bekannten Schweizerischen Inseckten : mit einer augemahlten Kupfertafel: nebst der Ankhundigung eines neuen Insecten Werks Joh. Caspar Fuesslins 1775. BHL libr
— GEER, (Charles de), 1771 Mémoires pour servir à l'histoire des insectes , Stockholm : Hesselberg, .Tome 1 [1]-[15] 707 pages, 37 planches, Gallica . Tome second première partie 616 pages, ; Tome second deuxième partie pages 617 à 1175, 43 planches gravées par Bergquist. Gallica.
— GEOFFROY (Étienne-Louis, Docteur en médecine) 1762. Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris: dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique ; Paris : Durand 1762 Tome second Planches XI à XXII colorées à la main par Prévost gravées par Defehrt. 744p. http://archive.org/stream/histoireabrg02geof#page/n9/mode/2up
— GEOFFROY [Étienne-Louis] 1798-99 Histoire abrégée des insectes dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique. Nouvelle édition, revue, corrigée, & augmentée d'un supplément considérable. / par M. Geoffroy, docteur en médecine. A Paris :Chez Calixte-Volland, libraire, quai des Augustins, no. 24 :An VII de la République françoise [1799]. http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/14595#/summary
— GOEDART (Jan), 1685, Johannes Goedartius de Insectis nin methodum redactus cum notularum additione, operâ M. Lister, e Regia Societate Londinensi, Smith : London, 1685
— LATREILLE (P.A.) 1796 Précis des caractères génériques des insectes disposés dans un ordre naturel par le citoyen Latreille Paris, Brive : 1796 pages 140-149.
— LATREILLE, P. A., 1804. "Tableau méthodique des Insectes", pp. 184-187 in Nouveau Dictionnaire d’Histoire Naturelle, Paris : Déterville. vol.24.
—LATREILLE (P.A.) Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle appliquée aux arts, Paris : Detreville vol. 17, 1803 ici
— LATREILLE P. A. 1810. Considérations générales sur l'ordre naturel des animaux composant les classes des Crustacés, des Arachnides et des Insectes; avec un tableau méthodique de leurs genres, disposés en familles. Paris: F. Schoell, 444 pp. pp. 350-370.
—LATREILLE (P.A) et Olivier Nouveau dictionnaire d'Histoire naturelle 2eme édition tome 27 1818.
— LEWIN, W. 1795 The Insects of Great Britain, systematically arranged, accurately engraved, and painted from nature, with the natural history of each speciesBHL library
— LINNÉ 1758 Linnaeus, C. 1758. Systema naturæ per regna tria naturæ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Editio decima, reformata. Holmiæ. (Salvius). Tomus I: 1-824
— MERIAN (Maria-Sibylla) Histoire générale des insectes de Surinam et de toute l'Europe contenant leur description, leurs figures, leur différentes métamorphoses..., par Mademoiselle Marie-Sybille de Mérian, en deux parties in-folio. Troisième édition, revue, corrigée & considérablement augmentée par M. Buchoz, ... A laquelle on a joint une troisième partie qui traite des plus belles fleurs, telles que des plantes bulbeuses, liliacées, caryophillées... Tome premier [-troisième] traduit par Jean Marret Paris : Desnos, 1771. PDF Bibliothèque de Toulouse, 3 volumes http://tolosana.univ-toulouse.fr/notice/07558171x
— MERIAN (Maria-Sibylla) 1683 Der Raupen wunderbare Verwandelung, und sonderbare Blumen-nahrung: worinnen, durch eine gantz-neue Erfindung, Der Raupen, Würmer, Sommer-vögelein, Motten, Fliegen, und anderer dergleichen Thierlein, Ursprung, Speisen, und Veränderungen, samt ihrer Zeit, Ort und Eigenschaften (Band 2) Nürnberg , Frankfurt , Leipzig, 1683 Volume 2 (insectes d'Europe) digitalisé par Universitätsbibliothek Heidelberg;
b) [Illustrations de Veranderingen der Surinaemsche Insecten...] / Maria Sybilla Merian, dess., aut. du texte ; I. Mulder, P. Sluyter, D. Stoopendaat, grav. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b2300244f
— MOFFET (Thomas) 1634 Insectorum, sive, Minimorum animalium theatrum. Londini : Ex officin typographic Thom. Cotes et venales extant apud Guiliel. Hope, 1634. BHL.
— PETIVER (James), 1702-1706? Gazophylacii naturae & artis, : decas prima-[decima]. In quaÌ‚ animalia, quadrupeda, aves, pisces, reptilia, insecta, vegetabilia; item fossilia, corpora marina & stirpes minerales eÌ€ terra eruta, lapides figuraÌ‚ insignes &c. Descriptionibus brevibus & iconibus illustrantur. Hisce annexa erit supellex antiquaria, numismata, gemmae excisae, & sculpturae, opera figulina, lucernae, urnae, instrumenta varia, inscriptiones, busta, reliquaque ad rem priscam spectantia: item machinæ, effigies clarorum virorum, omniaque arte producta... / Jacobus Petiver Londini: : Ex OfficinaÌ‚ Christ. Bateman ad insignia Bibliae & Coronae, vico vulgo dict. Pater-Noster-Row., MDCCII. [1702-1706?]. Version Google books de 1702 ou mieux GDZ Göttingen (Planches).
— PETIVER (James) 1695-1703 Musei Petiveriani centuria prima-decima, rariora naturae continens: viz. animalia, fossilia, plantas, ex variis mundi plagis advecta, ordine digesta et nominibus propriis signata, London, 1695-1703 Version Books-Google.
— PETIVER (James) 1767 Jacobi Petiveri Opera, historiam naturalem spectantia containing several thousand figures of birds, beats, fifh, reptiles, insects shells, corals, and fossils; also of trees, shrubs, herbs, fruits, fungus's, mosses, sea-weeds, &c. from all parts, adapted to Ray's History of plants on above three hundred copper-plates, with English and Latin names, London, James Empson (éditeur), 1767 Version Books.Google
— PODA (Nicolaus) 1761. Insecta Musei Græcensis, quæ in ordines, genera et species juxta systema naturæ Caroli Linnæi. Graecus [= Graz]. (Widmanstadius). 127 pp. Google books
— RAY (John) Historia insectorum, Londini 1710 Archive.org
— RÉAUMUR [René-Antoine] de Ferchault 1734-1748 Mémoires pour servir à l'histoire des insectes Paris : Imprimerie Royale, 6 volumes, de 1734 à 1748 [un 7e, copie du manuscrit original, paraîtra en 1928], 267 planches gravées par Simoneau, Lucas, Haussard et Fillioeul. En ligne BHL. Voir aussi VALLOT J.N. 1802.
— RÖSEL VON ROSENHOF 1764-68 De natuurlyke historie der insecten; voorzien met naar 't leven getekende en gekoleurde plaaten. Volgens eigen ondervinding beschreeven, door den heer August Johan Rösel, van Rosenhof, miniatuur-schilder. Met zeer nutte en fraaie aanmerkingen verrykt, door den heer C. F. C. Kleemann ...Te Haarlem, By C. H. Bohn en H. de Wit, boekverkoopers [1764-68] BHL Library
— SCHAEFFER (Jacob-Christian) Iacobi Christiani Schaefferi 1766, Icones Insectorum circa Ratisbonam indigenorumcoloribus naturam referentibus expressae = Natürlich ausgemahlte Abbildungen Regensburgischer Insecten Regensburg [Ratisbonne]: gedruckt bey H.G. Zunkel, [1766?-1779?] ; Gravure par Haid, Johann Jacob (1704-1767), 5 tomes in-4° avec 220 planches coloriées VOL. II Google
— SCHAEFFER (Jacob-Christian), 1779, Icones insectorum circa Ratisbonam indigenorum coloribus naturam referentibus expressae. Volum. 1. pars 1. tertium et vltimum. D. Iacob Christian Schäffers natürlich ausgemahlte abbildungen Regensburgischer Insecten. Ersten Bandes erster Theil dritter und lezter Band. Mit dem register Volum 1. pars 1. pars. 2.
— SCHAEFFER (Jacob-Christian), 1766, Iacobi Christiani Schaeffer, s. theolog. et philos. ... Elementa entomologica ... = Iacob Christian Schaeffers ... Einleitung in die Insectenkenntnis Regensburg :Gedruckt mit Weissischen Schriften.
—SCOPOLI (Jean-Antoine) Ioannis Antonii Scopoli Med. Doct. S.C.R. ... Entomologia Carniolica exhibens insecta Carnioliae indigena et distributa in ordines, genera, species, varietates : methodo Linnaeana. Vindobonae :Typis Ioannis Thomae Trattner ...,1763. En ligne BHL.
— SWAMMERDAM (Jan) 1685 Historia insectorum generalis et 1737-38 Biblia naturae (Leyde)
— VALLOT J.N. Concordance systématique, servant de table de matières à l'ouvrage de Reaumur, Paris : Grégoire, Thouvenin, 1802. En ligne Google books.
— VILLERS (Charles de) 1789 Caroli Linnaei Entomologia, faunae Suecicae descriptionibus aucta : DD. Scopoli, Geoffroy, de Geer, Fabricii, Schrank, &c., speciebus vel in systemate non enumeratis, vel nuperrime detectis, vel speciebus Galli australis locupletata, generum specierumque rariorum iconibus ornata; curante & augente Carolo de Villers .. Lyon : Pietre et Delamollière, (1789). https://archive.org/stream/carolilinnaeient02linn#page/n11/mode/2up
— WALCKENAER (C.A.) 1802, Faune parisienne, insectes, ou, Histoire abrégée des insectes des environs de Paris classés d'après le système de Fabricius; précédée d'un discours sur les insectes en général, pour servir d'introduction à l'étude de l'entomologie accompagnée de sept planches gravées Paris : Dentu 1802 en ligne BHL.
Les soixante six stalles conservées dans l'ancienne cathédrale (jusqu'en 1801) de Saint-Pol-de-Léon composent l'un des ensembles les plus remarquables de Bretagne par leur très bon état de conservation, par la richesse de leur iconographie et la qualité de leurs sculptures. Réalisées en chêne foncé, et datées du premier quart du XVIe siècle par la présence des armes de Jean de Carman, évêque de Saint-Pol de 1504 à 1514, et de Guy Le Clerc, qui lui a succédé de 1514 à 1523, elles constituent, par le nombre de stalles, le deuxième ensemble de Bretagne après Dol de Bretagne (soixante-dix-sept sièges, du XIVe siècle), mais elles ont l'avantage sur ces dernières d'avoir conservées leurs parties supérieures, c'est à dire leurs stalles hautes et leur dais. Elles furent classées MH le 11/04/1902. Elles ont été étudiées par Florence PIAT dans un article de 2007 et dans sa thèse de 2012. Je ferais un large emploi de ces publications.
.
Elles formaient jadis, comme partout, un U car un rang de sièges en retour fermait l'espace à l'ouest et séparait le chœur de la nef laissé aux fidèles. Ces rangs occidentaux étaient les plus prisés, centrés par le trône épiscopal. Ce retour a été supprimé après la destruction du jubé au XVIIIe siècle.
Les sièges se présentent en quatre rangées disposées par groupe de deux, de part et d'autre du chœur : 17 stalles hautes et 16 stalles basses de chaque coté. Le chœur est entouré d'un chancel de pierre contre lequel viennent s'adosser les dosserets des stalles et leur dais. L'entrée dans le chœur se fait par deux portes situées l'une en face de l'autre du coté nord et sud du chancel, entre le chœur liturgique et le chœur des chanoines. Ceux-ci se réservaient les stalles hautes, alors que les stalles basses accueillaient, par exemple, les enfants de la "psallette" ou maîtrise cathédrale.
.
Stalles du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Les stalles hautes sont surmontées d'un dossier qui supporte un dais continu, en arc de cercle, repeint sur la face interne par l'atelier Nicolas de Morlaix en 1873. Ces dais sont surmontés de pinacles de trois tailles différentes et alternées (un grand, trois petits, un grand) ainsi que d'une décoration répétitive de petites armatures entrecroisées, surmontées d'un fleuron ("crête de dais"). Des pendentifs sculptés d'anges, de végétaux ou d'animaux retenus par les pattes sont situés sous les pinacles les plus grands. En dessous, les dosserets à arcades ogivales, arcades triangulaires et roses à remplage gothiques sont également compartimentés par des montants, plus forts sous les grands pinacles et qui reçoivent alors des statues en ronde bosse.
.
Stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
C'est ce dais qui est encadré en haut en en bas d'une frise sculptée en haut relief : celle du haut est nommée Frise de dais, et celle du bas Frise de haut-dossier.
Ce dais est rythmé par des nervures moulurées en compartiments correspondants aux stalles qu'elles coiffent. Il y a dix-sept stalles et donc autant de dais individuels. Mais la succession des pinacles et des montants découpent la succession de ces derniers en une première section pour le premier dais de l'ouest puis quatre sections de quatre dais. La frise haute, elle-même interrompue par les grands pinacles, est concernée par cette partition en cinq ensembles que je nommerai "sections".
Les motifs iconographiques à végétaux, scènes de chasse et animaux fantastiques sont placés différemment entre la frise de dais et la frise de haut-dossier. La première dispose ses éléments à l'intérieur des cadres limités par les pinacles et les nervures. Au contraire, la frise basse centre les siens dans l'axe des nervures et des pinacles, dont la ligne virtuelle qui les réunit divisent les éléments des frises en leur milieu. Les éléments décoratifs des deux frises sont ainsi placés délibérément en chicane, pour une lecture plus aérée et pour rompre un alignement désagréable. Leurs thèmes semblent indépendants, plutôt que de se répondre entre registres.
.
Stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Coin ouest des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Liste des 36 éléments de décor des frises.
En raison de la disposition décalée des deux frises, les éléments de la frise de haut-dossier sont en réalité à cheval sur deux sections.
.
Première section.
— frise de dais :
un coq
un lion assaillant un cheval.
un coq
— frise de haut-dossier.
Tête de dragon crachant des feuillages et un de ses petits.
Deux tiges de chardon.
Deuxième section.
— frise de dais :
feuillage
tête d'un homme dévoré par deux chiens.
feuillage, main tendue vers un phylactère
—Pendentif du grand pinacle: un lion.
— frise de haut-dossier.
Deux animaux affrontés aux collerettes dentelées.
Rapace saisissant un marcassin.
Chasseur sortant avec sa pique et son chien d'un buisson,
tige à feuilles larges (Figuier ?)
Troisième section.
— frise de dais :
Tête
Chien / feuillage
Renard emportant un oiseau.
Deux chiens attaquant un lièvre.
— frise de haut-dossier.
Hermine passant par les spires d'une banderole.
Pampre de vigne.
Chat se jetant sur deux souris.
Dragon à queue en tête de serpent
Quatrième section
— frise de dais :
Chien mordant une corde
Suites de feuilles d'acanthe sur la corde.
Masque tenant les tiges de deux feuilles dans sa bouche.
Feuillages
— frise de haut-dossier.
Un lion attaquant le dragon de la troisième section.
Feuillages
Chien débusquant un lièvre d'un bosquet.
Chien surgissant derrière le lièvre précédent.
Cinquième section.
— frise de dais :
Masque difforme mordant la tige d'une Vigne.
Vigne : feuilles et grappes.
Vigne : feuilles et grappes.
Tête d'un dragon mordant l'extrémité du pampre.
— frise de haut-dossier.
Feuillages
Chien avalant la queue d'un mâtin au cou difforme
Serpent en tête à queue tendant la langue.
Un chat tourné vers le serpent.
.
.
.
I. LA FRISE HAUTE OU FRISE DE DAIS.
.
.
1°) Première section.
.
Frise haute des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Un coq .
Réduit à sa partie antérieure, il tend avec vigueur son bec vers la suite de la frise, et exhibe sa crête dentelée et ses barbillons.
.
Frise de dais des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Un lion assaillant un cheval.
Les animaux sont stylisés et figurés en raccourci, pris dans le vif de leur lutte : un lion a saisi la croupe d'un cheval, lequel se retourne avec rage. Les flammes des deux crinières et les naseaux dilatés peuvent amener d'autres commentateurs à voir ici deux dragons.
.
Frise de dais des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Un deuxième coq.
Il est le pendant du précédent, auquel il fait face ; mais les pattes sont mieux visibles.
.
Frise de dais des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
2. Deuxième section.
.
Feuillage (non photographié).
.
Tête d'un homme attaqué par un chien et un lion.
Selon un procédé comique qui se retrouve dans les sablières, un malheureux quidam est attaqué conjointement par un chien, à sa droite, et par un lion, à sa gauche, si bien que les oreilles des deux bêtes semblent implantées sur son crâne. L'effroi de la victime est rendu par les yeux exorbités, par le réseau des rides et sillons faciaux et par le rictus de la bouche entrouverte.
.
Frise de dais des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Une main émerge de deux feuilles de vigne et se tend vers un phylactère aux spires enroulées.
Ce phylactère portait peut-être jadis une sentence peinte.
.
Frise de dais des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Pendentif du grand pinacle : un lion.
.
Pendentif des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Pendentif des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
2°) Troisième section.
.
Une tête coiffée sort d'une feuille et se tend vers la suite de la frise.
Ou bien la "feuille" n'est que le repli dentelé de la coiffe du sujet, plutôt masculin avec son nez dilaté.
.
Frise de dais des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Un chien lancé à la poursuite d'un renard qui emporte un oiseau est arrêté par un buisson de deux feuilles en chou frisé.
Ce chien courant au pelage lisse, à la taille fine et au fouet en queue de cochon sera peut-être identifié par un amateur de chiens de chasse. Basset, briquet, est-ce que je sais ?
.
Frise de dais des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Le renard s'enfuit avec sa proie.
Florence Piat parle d'une poule, mais j'y vois un oiseau, au mieux une colombe.
.
Frise de dais des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Deux chiens attaquant un lièvre.
Les deux chiens de chasse sont assez semblables, avec des oreilles larges, un pelage lisse, une taille fine, un fouet long et fin. La seule différence est le collier de celui qui mord la patte postérieure du lièvre.
.
Frise de dais des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Frise de dais des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
C'est entre la troisième et la quatrième section que passe la ligne médiane des stalles, à droite de la stalle haute n° 9 à laquelle on accède par une volée de marche, et dont le dossier est particulièrement soigné. Le pendentif du pinacle est une composition de feuilles de vigne et d'une grappe.
.
4°) Quatrième section.
La quatrième section est faite toute entière d'une frise de feuilles d'abord convexes puis aux bords retroussés et dentelés, dont les tiges naissent de la bouche d'un masque central, et qui s'enroulent sur une corde mordue, à gauche, par un chien. Ce ne sont ni des feuilles de vignes ni des feuilles d'acanthe, ni des feuilles de figuier. Kèsedon ? Kekcédon ?
.
Frise de dais des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Chien mordant la corde qui forme l'âme de la frise de feuilles.
Ce chien est peu ou prou de même race que les chiens de chasse précédents, mais ses babines retroussés sur ses fortes dents lui donnent un air plus féroce.
.
Frise de dais des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Frise de dais des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Masque dont la bouche donne naissance aux tiges des rinceaux .
Ce motif, très habituel sur les sablières, entre ici en écho avec la tête mordue par deux animaux de la deuxième section, et en reprend les traits faciaux accentués, les yeux proéminents et la bouche montrant les dents.
.
Frise de dais des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
5°) Cinquième section.
.
Un masque encapuchonné mord dans une grappe de raisin, extrémité d'une vigne qui vient de la droite, et dont la tige, passant entre les dents, donne une dernière feuille à l'extrême gauche. Là encore, un écho s'établit avec le masque coiffé de la deuxième section, dont la coiffe était aussi couverte par une feuille. Mais ici, le faciès anthropomorphe est outré, déformé par des sourcils en auvent, par un nez dilaté en figue, par une gosse verrue et par une lèvre supérieure excessivement longue.
.
Frise de dais des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Frise de dais des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Frise de dais des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
À l'autre extrémité, un dragon (aux oreilles d'âne et au cou de serpent) semble libérer en un braiement la tige du pampre qui va se dérouler ensuite.
.
Frise de dais des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Détail supplémentaire : Montant de la jouée nord-est.
La jouée haute qui termine les stalles nord est consacrée au Jugement dernier, et on voit, en bas du montant, l'ange buccinateur. Plus haut, un ange et un masque.
.
Montant de la jouée nord-est des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
II. LA FRISE BASSE "DE HAUT-DOSSIER".
.
1°) Première section.
.
.
.
Coin ouest des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Tête de dragon libérant des feuillages où se tient un petit dragon.
La tête de l'animal sort elle-même d'un feuillage, comme sur la frise haute.
.
Frise de haut-dossier des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Deux tiges de Chardon aux ânes.
Ce chardon, Onopordum acanthium L., 1753, ou Onopordon (littéralement "pet d'âne") aux feuilles d'acanthe est l' emblème de l'Écosse et de la Lorraine. Répandu dans toute l'Europe, il a sans-doute ici une valeur satirique plutôt qu'emblématique.
.
Frise de haut-dossier des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Deux animaux fantastiques affrontés.
Ils portent tous deux des collerettes dentelées, agrémentées d'une capuche à droite. Ils n'ont qu'une paire de pattes, arrières. Leur échine dentelée est celle des dragons.
Frise de haut-dossier des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Un rapace (faucon ?) a saisit de ses serres un marcassin qui tente de s'enfuir.
.
Frise de haut-dossier des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Le chasseur et son chien.
Un chasseur armé de sa pique, et accompagné de son chien, sort d'un bosquet : peut-être souhaitait-il aussi s'emparer du marcassin. Le chien, au museau fin et aux longues oreilles porte un collier. Son maître est vêtu d'une courte tunique serrée par une ceinture et des chausses très ajustées ; il est coiffé d'un bonnet qui recouvre les boucles de ses cheveux mi-longs. Il porte en bandoulière sa trompe.
C'est, hormis les têtes et masques, la seule figure humaine de ces frises.
Florence Piat y consacre la page 273 de sa thèse :
"Les stalles de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon sont sculptées de nombreux animaux, que ce soit sur les miséricordes, appuie-main ou encore dans les frises des dais ou de haut-dossiers. Ces dernières accueillent d’ailleurs toute une série de saynètes ayant pour thème principal la chasse, que celle-ci soit pratiquée par la noblesse, des chats ou d’autres créatures à la valeur symbolique forte. Dans les frises des dais des stalles hautes sud, des chiens prennent part à des scènes de chasse,poursuivant des lièvres ou des biches et accompagnés de piqueurs. Ces chiens ont une typologie très différente les uns des autre et leurs morphologies respectives permettent de distinguer un petit lévrier débusquant un lièvre, un chien courant, le fouet bien fourni, mordant la queue d’un monstre, et un limier reconnaissable à son large collier (*). Les colliers sont d’ailleurs sculptés avec précision, la boucle de certains d’entre eux étant même visible.
(*)[J. BUGNION, Les chasses médiévales. Le brachet, le lévrier, l’épagneul, leur nomenclature, leur métier, leur typologie, Paris, édition Folio, 2005, p.137-138]
Le piqueur lui-même est représenté avec beaucoup de réalisme. Sortant rapidement du buisson dans lequel il était dissimulé, suivi d’un chien, il tient entre les mains une longue pique tandis que dans son dos, on remarque l’harnachement qui lui sert à accrocher son cor, mais aussi un étui que l’on distingue sur le devant de sa tunique et qui doit probablement contenir son couteau. C’est en effet le même type de liens et de nœuds qui apparaît sur une des miniatures du ms fr. 616 du Livre de la chasse de Gaston Phébus [folio 63r] où un piqueur arpente les bois en compagnie de son limier.
Le cor de chasse, ou cornue, est maintenu par deux liens en cuir entrecroisés formant un « X ». Le cor est un outil indispensable au piqueur, qui lui permet notamment de sonner l’hallali, une fois l’animal mort. À Saint-Pol, le piqueur se lance à la poursuite de la biche qu’il vient de débusquer et qui s’enfuit dans la frise supérieure tandis que le sanglier glane tranquillement de l’autre côté de cette même frise. À un autre endroit, des chiens se disputent un oiseau, un autre est sur le point d’attraper un lièvre et un renard repart fièrement, une volaille dans la gueule. La chasse prend un côté plus anecdotique avec l’image du chat qui réussit à tenir dans sa gueule les queues de deux souris essayant tant bien que mal d’échapper au félin. En de nombreux endroits de ces stalles, des animaux s’enfuient ou se cachent derrière des buissons."
Frise de haut-dossier des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
2°) Troisième section.
.
Feuillages à feuilles larges.
.
Une hermine passant dans les spires d'une banderole dont elle tient l'extrémité dans sa gueule.
Cette figure est une emblème ducal, largement représenté dans les édifices relevant du mécénat du duc de Bretagne, au Faouët, à Saint-Herbot ou à Quimperlé, etc..., mais à des emplacements honorifiques. Dans les stalles de Saint-Pol-de-Léon, on la retrouve sur la miséricorde de la stalle haute nord n°45. On retrouve cet emblème sur l’appui-main de la stalle n°25 (rang inférieur, côté sud) sous une forme plus limitée, une hermine, dont le corps est entouré d’un ruban, tenant un blason vide de sa patte avant gauche .
Florence Piat s'interroge sur cet emplacement étonnant :
"L’hermine, emblème du duc depuis Pierre Mauclerc (1187-1250) se diffuse rapidement comme emblème du pouvoir ducal à partir de 1381, date à laquelle Jean IV relève l’ordre de l’Hermine. Cet ordre de chevalerie, confondu à partir de 1448 avec l’ordre de l’Hermine et de l’Épi, prévoyait pour ses membres un collier constitué d’une banderole tourbillonnant autour d’une file d’hermines passantes. Dans le cas saintpolitain, il ne fait guère de doute que la banderole portait la devise ducale « À ma vie » Les raisons de la présence de ces hermines sur les stalles de Saint-Pol peuvent être variées : affirmation de l’autorité ducale au moment du passage de la duchesse dans la cité, témoignage d’une donation ou signe d’affection de la part d’un clergé qui, même durant les conflits, est bien souvent resté fidèle à la maison ducale ou encore référence au rôle de conseiller et aumônier exercé par Guy Le Clerc comme nous avons pu le voir auparavant. Le cas saintpolitain demeure néanmoins unique et l’on peut effectivement s’étonner de ne pas trouver d’autres références au duché dans les stalles bretonnes, si ce n’est pour une cause évidente : les ducs font des donations pour des reconstructions,fondations et créations d’œuvres de dévotion, mais ne s’impliquent pas dans la commande de stalles qui ne concerne, en définitive, que les chanoines des chapitres cathédraux et, dans une moindre mesure, l’évêque." (Piat 2012 page 174)
Effectivement, bien que la duchesse Anne ait effectué son « Tro Breizh » (littéralement « Tour de Bretagne ») en 1505 dans un pèlerinage ayant pour but le sanctuaire du Folgoët (pèlerinage, durant trois mois, pour obtenir la guérison de Louis XII dont la santé s’était fortement dégradée suite à son retour d’Italie) mais au cours duquel elle s’arrêta à Nantes, Quimper, Brest, Saint-Pol-de-Léon, Tréguier, Saint-Brieuc, Dinan,Vitré où l’accueil qui lui est réservé a toujours été très chaleureux, il est un peu étonnant que "l'enthousiasme" des chanoines les ait incité à choisir des emplacements si atypiques et, pour les miséricordes, si prosaïque.
Dans le cas de cette frise, la présence de cette hermine semble plutôt se justifier comme motif animalier parmi d'autres, et non pour une valeur honorifique, et il n'est pas certain que la banderole portait ici la devise ducale A MA VIE.
Elle est située à peu près en dessous de la main tendue vers une phylactère enroulée, de la frise de dais.
.
.
Frise de haut-dossier des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Deux pampres de vigne avec feuille, grappe et vrilles.
.
Frise de haut-dossier des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Chat attrapant deux souris à la fois et mordant leur queue.
.
Frise de haut-dossier des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Un dragon ailé à queue doté d'une tête de serpent.
.
Frise de haut-dossier des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
4°) Quatrième section.
.
Un lion.
Ce lion affronte le dragon placé à sa gauche, constituant ainsi le couple dragon/lion si courant sur les crossettes du Finistère.
.
Frise de haut-dossier des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Feuillages
.
Un chien de chasse tente d'attraper un lièvre qui se cache derrière un "bosquet" de deux feuilles de figuier.
.
Frise de haut-dossier des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
.
Un autre chien sort d'un bosquet et se lance vers le lièvre.
.
.
Frise de haut-dossier des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
.
Cinquième section.
Un chien combattant un chien-monstre.
Le chien de droite est semblable aux chiens de chasse de cette frise, hormis son fouet qui se termine par un panache. Il a saisi la queue de son adversaire dans la gueule.
L'animal de gauche présente la même apparence, au détail près d'un cou anormalement gracile et sinueux, peut-être seulement dû à une maladresse du sculpteur pour rendre le mouvement d'un chien qui retourne la tête en arrière.
.
Frise de haut-dossier des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Un serpent en tête à queue, tendant sa langue vers le chat.
Derrière deux feuilles proches de celles du figuier, un serpent forme un huit qui amène sa tête au dessus de sa queue. Il tire la langue vers la droite, ... c'est à dire vers le chat qui ferme la frise.
.
Frise de haut-dossier des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
Un chat.
Ce chat est tendu dans une attitude hostile, il forme donc, avec le serpent précédent, un duo pour une saynette animalière.
.
Frise de haut-dossier des stalles nord du chœur de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
.
DISCUSSION.
Les frises nord et sud, les panneaux des dossiers et les statues des montants, les quatre jouées qui ferment les stalles, et surtout peut-être les miséricordes et les appuie-main des sièges, qui attirent toujours l'attention des visiteurs, forment un corpus ornemental qui a été soigneusement étudié par Florence Piat.
Ici, malgré un décompte parfois hasardeux, sur les 36 éléments décoratifs à plusieurs objets, je compte 10 à 15 feuillages, 33 animaux et 3 humains, 1 main, deux phylactères. C'est dire l'écrasante majorité des végétaux et animaux. Les végétaux sont des feuilles, ou des pampres de vigne. La liste des animaux comprend, dans le désordre, 2 coqs, 2 chats, 2 souris, 2 lions, 1 cheval, 1 hermine, 1 rapace, 1 marcassin, 1 renard, 1 oiseau (colombe?), 1 serpent, mais surtout 10 chiens de chasse et un chien hybride, et deux lièvres. Le contingent d'animaux imaginaires comporte 3 dragons et deux têtes isolées de dragon.
La gente humaine est surtout représentée par un chasseur, mais il faut y ajouter 4 têtes ou masques, et la main isolée.
Ces données numériques rendent mal compte de la spécificité de ces frises. Il faut d'abord noter que ces animaux ne servent aucun discours moralisateur et n'illustre aucun proverbe ou aucune fable (*). Ils participent à des mises en scène décoratives où, cachés ou séparés par des feuilles qui font figures de bosquet ou de forêts, ils s'affrontent par deux ou par trois. Le thème central est bien celui de la chasse, parfaitement exposé lorsqu'un chasseur et son chien se dressent à la poursuite d'un petit de sanglier. Les 10 autres chiens répartis ailleurs sont tous des chiens de chasse.
(*) Ainsi, le renard emportant un oiseau ne se réfère pas au thème de Renart prêchant aux poules.
Les frises des stalles sud sont globalement identiques, par leur genre et par leur thème, de celles-ci. À qui étaient-elles destinées ?
Bien que la frise inférieure reste dans une certaine pénombre, elles étaient bien visibles des stalles qui leur font vis à vis à quelques mètres de distance. Elles se proposaient donc comme un aimable sujet de distraction aux chanoines (principaux commanditaires), enfants de la psallette et autres personnalités religieuses et civiles réunis pour les offices, et, par leur caractère familier tout comme par la neutralité de leur thème dégagée de tout discours religieux, biblique, moral, allégorique ou anagogique, elles formaient un apaisant décor, semblable à ces scènes de tapisseries murales n'ayant d'autres prétentions que de servir de support au regard qui cherche un point focal pour s'y fixer.
En cela, elles entrent en opposition avec le décor des montants, consacrés aux saints et saintes (saint Yves, saint Roch, saint Vincent Ferrier), avec celui des jouées, inspiré par des scènes eschatologiques (Jugement dernier), évangélique (Annonciation) ou hagiographiques (saint Pol Aurélien asservissant le dragon), avec celui des appuie-main et des miséricordes et leurs scènes sentencieuses ou licencieuses.
En ce sens, ces saynètes s'apparentent avec l'iconographie des [ou de certaines] sablières.
.
Cette prudence à l'égard d'une sur-interprétation des frises semble partagée par Florence Piat lorsqu'elle écrit, à propos des végétaux :
"L’utilisation de ces modèles pour la réalisation des éléments végétaux des stalles, indifféremment appliqués à plusieurs espèces de feuilles, modère toute tentative d’interprétation symbolique de la flore des stalles. Bien sûr, dans le cas de grappes de raisins, la valeur christique du végétal, sa répétition en différents endroits,notamment sur les frises des dais et des haut-dossiers, expliquent sa présence. Mais,dans l’ensemble, il apparaît que les menuisiers des stalles se sont plus particulièrement attachés à la forme de ces « feuillaiges », tels qu’ils sont mentionnés dans les contrats,plutôt qu’à leur fonction symbolique. " (Piat 2012, page 277)
.
Par contre, je ne l'accompagne pas entièrement dans son interprétation des scènes animales :
"La chasse est un thème iconographique fréquent aux XIVe et XVe siècles, en particulier dans les manuscrits, porté notamment par une littérature cynégétique florissante à cette époque. Occupation aristocratique par excellence, la chasse relève d’une symbolique ambiguë pour l’Église. Forcer l’animal, utiliser des pièges, ruser, et surtout, faire couler le sang, sont des attitudes qui assimilent le chasseur au diable lui-même puisque ce dernier utilise et abuse de ruses pour corrompre l’âme humaine. La pratique de la chasse est d’ailleurs interdite aux clercs depuis le concile d’Agde en 505, mais les rappels continuels à cette interdiction tout au long du Moyen Âge indiquent que celle-ci devait être transgressée régulièrement.
À Saint-Pol-de-Léon cependant, la chasse ne semble pas recouvrir de valeur négative, bien au contraire. Car, ce qui est mis en avant dans ces scènes de chasse, c’est une sorte de jeu de cache-cache où la traque prend une tout autre dimension, allégorique, révélée par certaines sculptures.
Sur la frise du haut-dossier des stalles nord, un chien est ainsi représenté en train de tirer sur la queue d’un animal monstrueux. Celui-ci tourne vivement la tête vers le chien, menaçant et protestant contre la morsure du limier. L’hybride ressemble à d’autres créatures monstrueuses présentes sur les stalles bretonnes, en particulier à Tréguier, mais aussi à Saint-Pol-de-Léon, qui sont toujours empreintes d’une connotation négative. Le chien de cette frise ne fait donc pas que débusquer une proie, mais bien une créature diabolique et donc le Mal lui-même. Toujours sur cette même frise, le message apparaît sans ambiguïté un peu plus loin, lorsqu’un lion se lance à l’assaut d’un dragon menaçant. Le corps serpentiforme de ce dernier est pourvu d’ailes de chauve-souris et sa longue queue se termine d’ailleurs par une tête, rappelant bien que l’animal est dangereux aux deux extrémités. Cette image est d’ailleurs une nouvelle fois mentionnée dans la miséricorde n°01 qui, comme nous avons eu l’occasion de le voir auparavant, représente un lion écrasant de tout son poids un serpent, image ayant une forte connotation christologique.
Si le caractère quasi anecdotique de la chasse de Saint-Pol-de-Léon est visible sur une partie de ses sculptures qui relatent avec précision cette activité noble, elle finit par prendre un aspect inquiétant dès lors que les créatures monstrueuses et menaçantes se multiplient et obligent le spectateur à s’interroger sur la nature même de cette chasse. Toujours est-il qu’elle est aspectée pour son côté positif et que le réalisme de certaines de ses sculptures supposent une connaissance de la pratique par le sculpteur ou plus vraisemblablement le commanditaire. Il n’était d’ailleurs pas rare que, malgré les condamnations de l’institution ecclésiastique, les chanoines s’adonnent à ce genre de sport comme en témoignent quelques documents d’époque." (Piat 2012, page 274)
.
Enfin, j'ai lu avec intérêt son commentaire sur le bestiaire des stalles :
"Le bestiaire occupe une place importante : présent à seulement 21% sur les miséricordes et les appuie-main, il trouve sa place dans les frises des dorsaux ; au niveau des dais, dans des scènes de chasse.Un piqueur sort du buisson derrière lequel il était caché, précédé de son chien, le cor de chasse accroché à sa ceinture ; un chien débusque un lièvre tandis qu'une biche est déjà forcée par deux autres ; un renard s'enfuit, une volaille dans la gueule ; à un autre endroit, c'est un chat qui vient d'attraper deux souris qu'il tient par la queue ; enfin un lion pourchasse un dragon dans une approche plus symbolique du sujet. Chat, chien, bouc, ours, porc, aigle, lion, singe ne sont qu'un aperçu de la richesse iconographique du thème.
Les animaux qui peuplent les stalles de Saint-Pol ont ce point commun d'être tous sculptés de façon naturaliste, les rendant aisément reconnaissables. Par contre, les sources utilisés par les huchiers sont, quant à elles, difficilement reconnaissables, car multiples en cette fin du Moyen-Âge : littérature, traditions orales, proverbes, autres sculptures, etc. La question des sources pose le problème de l'interprétation de telles figures, interprétation qui se heurte à la polysémie et à la polyvalence intrinsèque des images médiévales. La confrontation avec d'autres ensembles de stalles et d'autres supports peut alors fournir quelques orientations à défaut de réponses claires.
Par exemple, les stalles de Saint-Pol-de-Léon comportent plusieurs représentations de chiens qui n'ont pas la même signification.
Dans la frise des dais des stalles hautes sud, des chiens prennent part çà des scènes de chasse, poursuivant des lièvres ou des biches et accompagnés de piqueurs. Ces chiens ont une typologie très différente les uns des autres et leurs morphologies respectives permettent de distinguer un petit lévrier débusquant un lièvre, un chien courant, le fouet bien fourni, mordant la queu d'un monstre, et un limier reconnaissable à son large collier. Un autre chien est représenté sur une miséricorde de la rangée basse nord. Ce chien n'a pas du tout le même aspect que ceux situés sur les frises. Vu de profil et tourné vers la gauche de la console, il est massif, ses pattes sont épaisses, ses oreilles larges et tombantes et son museau court et carré. Il tient dans sa gueule un os alors qu'un autre , cassé, est coincé entre ses pattes antérieures. Ce chien a l'apparence d'un mâtin, animal réputé pour sa force." (Florence PIAT)
.
.
SOURCES ET LIENS.
.
— PIAT (Florence), 2007, Les stalles de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Un édifice au chœur de l'édifice, Bulletin de la Société Archéologique du Finistère.
— PIAT (Florence), 2012, Les stalles de l’ancien duché de Bretagne, de la fin de la guerre de Succession jusqu’au concile de Trente,[thèse : Histoire de l’art], Rennes, Université de Rennes 2, 2012, 2 vol.2.
Ce site présente plus de 850 scènes musicales sculptées dans les stalles médiévales conservées dans les églises européennes. Un module diaporama et un lexique permettent de découvrir ce monde caché des miséricordes
— Libellula Linnaeus, 1758, Syst. nat. :543 , est le nom créé par Linné pour désigner les Odonates. C'est un diminutif de Libella, nom latin qui désigna d'abord dans les temps anciens et médiévaux le « niveau », un instrument des charpentiers en forme de T. Ce nom avait été choisi par le naturaliste français Guillaume Rondelet en 1554 pour nommer le requin-marteau (libella marina « niveau marin ») en raison de la similitude de la forme en T de la ligne des yeux excentrés. Rondelet repris en 1555 ce nom pour désigner par libella fluviatilis, « niveau des cours d'eau » les larves des zygoptères dont les yeux sont également déportés latéralement. A partir de Thomas Moffet en 1634, les naturalistes ont étendu l'usage de Libella à tous les Odonates adultes.
Linné a utilisé la première fois Libellula dès la première édition du Systema naturae (Leyde, 1735), en donnant comme synonyme « Perla » (Aldrovandi 1602) et « Virguncula ». Ce dernier nom, « petite vierge », suggère que Linné a créé une forme diminutive de Libella sur les modèles virgo /virguncula, puella/puellula, "fillette, demoiselle" et à travers eux domina/domnicella "Demoiselle" par condensation et contamination de l'image métaphorique des noms vernaculaires comparant ces insectes à des jeunes filles (français) ou des fées malicieuses (anglais ou allemand).
.
.
Chaque mot est une aventure, chaque mot a une vie, chaque mot est un récit, si nous voulons bien lui donner la parole. Aujourd'hui, notre beau nom de Libellule.
.
I. CARL LINNÉ DE 1758 ... à 1736.
.
Nomina si nescis, perit cognitio rerum "la connaissance des choses périt par l'ignorance du nom."
.
En 1758, Linné créa, dans sa 10ème édition du Systema naturae, la première nomenclature scientifique des animaux. Il a regroupé les espèces, que nous regrouperons ensuite sous le nom d'Odonates avec Fabricius, sous celui de Libellula, et a décrit 18 espèces.
Il est donc l'inventeur de ce nom de Libellula, qu'il avait déjà introduit dans sa Fauna suecica (Faune de Suède) de 1746. Il sera traduit en français en "libellule" en 1792 par Guillaume-Antoine Olivier, ami de Fabricius, dans l'Histoire Naturelle des Insectes t. VII (Encyclopédie méthodique des Insectes T. Panckoucke) page 555.
Avant l'introduction du nom Libellula par Linné, les auteurs italiens employaient le terme "Perla" (Aldrovandi 1602), les auteurs germaniques les termes de "Wasserjungfern“, "Schleifer“ "Augenstecher“, les auteurs français celui de "Libella" puis de "Demoiselle" (Réaumur, 1738) et les auteurs anglais ceux de "Libella", (Mouffet, 1634) ou de "Dragon-fly" (Ray, 1710). On ignore quasiment tout de la façon du terme dont usait l'homme de la rue (ou des champs), et même s'il en usait ; peut-être employait-il des périphrases, ou les montraient-ils du doigt, peut-être s'en moquait-il ; car on ignore souvent ce qui ne porte pas de nom.
Ce nouveau terme de Libellula dérivait, comme nous allons le voir, de Libella, "niveau" utilisé par les naturalistes du XVIIe (Belon 1551, Salviani 1554, Rondelet 1554, Gessner 1558, Mouffet 1634, Ray 1710), et je le retrouve d'abord sous la plume de Linné en 1743 dans un texte nommé Elenchus animalium per Sueciam observatorum et publié avec l' Oratio de necessitate peregrinationum intra patriam page 77. Dans ce "Discours sur la nécessité de voyage en son propre pays", Charles Linné énumère 14 types (j'hésite à prononcer le terme d'"espèce", mais il faut s'y résoudre pour être clair) de libellules, dont 13 sont en fait copiées sur l'Historia insectorum (1710) de John Ray.
.
Elles ne sont pas nommées, mais décrites par une diagnose, une phrase descriptive en latin, et 12 reprennent le terme "libella" de l'auteur anglais. Deux (pourquoi ?) intègrent le terme libellula à la place de libella. Dont la seule qui ne soit pas accompagnée de cette référence à John Ray, la Libellula alis argenteis, cauda forcipata qui deviendra en 1758 L. forcipata, qui deviendra notre Onychogomphus forcipatus, une grosse bête qui n'a aucune raison d'être qualifiée d'un diminutif -ulla par rapport aux autres libella.
Comme l'Oratio de 1743 était en fait la re-publication de l' Animalia per Sveciam observata de Linné, qui fut d'abord publié dans lesActa literaria Sueciae, vol. 4 Uppsala 1736 , il est passionnant d'aller retrouver cette publication afin de savoir si l'on pouvait reculer à cette date l'acte de naissance de ce zoonyme. Et oui ! La liste est strictement identique entre les deux publications.
.
De plus, je lis dans le texte introductif "Insecta vero fuere summæ meæ deliciae, in his arsit mea juventus. upsàliae degens ab anno 1728 ad 1734 horas vacuas hisce animalibus indagandis, contemplandis describendis impendi", [Les insectes, cependant, ont fait le comble de mes délices dans l'ardeur de mes jeunes années. Je séjournais à Uppsala [à l'université pour ses études de médecine] de 1728 à 1734, où j'occupais mes temps libres à suivre la piste de ces animaux, à les contempler et à les décrire]. On le croira d'autant plus que dans le Fauna suecica de 1761, on trouve 1691 espèces d'insectes, pour 575 autres animaux (53 mammifères, 221 oiseaux, 77 poissons, etc.)
Il resterait à vérifier que pour la deuxième espèce à porter ce terme de Libellula, sa n°8 de sa liste, Libellula alis argenteis, duplici puncto marginali qui se réfère à John Ray, Ins. page 49 n°3, l'auteur britannique n'a pas utilisé le mot en question. Un click, et la réponse est : non.
.
Conclusion provisoire.
Notre joli nom de libellule est très récent, il est né à Stockholm sous la forme latine libellula sous la plume de Charles Linné, père de tous les noms d'animaux, en 1758 pour désigner d'un nom générique les 18 espèces de libella alors connues, mais il reprenait un terme qu'il avait déjà employé dès 1736 pour désigner deux espèces observées dans la région d'Uppsala (Suède) et les différencier de 12 autres libella. Le suffixe latin -ulus étant un diminutif, mais les deux espèces n'étant pas plus petites que les autres, a-t-il fait un lapsus calami qu'il n'aurait pas corrigé ensuite? C'est mal le connaître. A-t-il été attendri par ces petites créatures pour leur attribuer ce diminutif touchant ? Ce serait le premier exemple d'effusion sentimentale de notre descendant de pasteurs luthériens. Donc, mystère, mais coup de génie pour notre langue.
L'ironie de l'histoire est que les suédois n'aient pas repris la création lexicale de leur compatriote : ils nomment les libellules Trollslända, trollsländor "fuseau de Troll", un peu comme les Allemands qui les nommaient Teufelsnadel, "aiguille du diable". Les Troll se servaient de ces demoiselles pour coudre la paupière des gens pendant leur sommeil.
.
Où j'approfondis ma recherche.
Sur la suggestion d'un commentaire de Cyrille Deliry en décembre 2108, je reprends mes plongées dans les eaux profondes des textes et je découvre que Linné avait déjà utilisé Libellula dans la première édition du Systema naturae de 1735, publiée à Leyde ("Lugdunum Batavorum") :
Le nom est accompagné de deux noms latin, "Perla" (Aldrovandi 1602) mais aussi "virguncula". Ce dernier formé de virgo "vierge" et de -cula, et dont le synonyme est puellula , diminutif de puella "jeune fille" peut être considéré comme la traduction de "Demoiselle".
C'est un argument de poids pour penser que Linné s'est inspiré de ces diminutifs virgo /virguncula, puella/puellula, "fillette, demoiselle"et à travers eux domina/domnicella "Demoiselle" pour former un diminutif de libella "niveau" évoquant la comparaison établie, en langue vernaculaire, entre cette classe d'insecte et les jeunes filles. Selon un procédé qui échappe à la rigueur de la construction grammaticale ou philologique pour s'apparenter à la "condensation" dans le travail du rêve :
La « condensation » est le fait que plusieurs représentations s'amalgament et n'en font plus qu'une. Ainsi, un seul élément du rêve manifeste peut recouvrir plusieurs pensées latentes du rêve : « la condensation s'organise autour de certains des termes du contenu manifeste, sortes de points de nouage sous lesquels s'est effectuée une fusion entre plusieurs pensées latentes très différentes les unes des autres »
.
Linné, Systema naturae Leyde, 1735.
.
"La forme définitive de Libella revient à Linné qui l'applique en 1758 à toutes les espèces d'Odonates. L'origine de cette dénomination est discutée : l'édition de 1872 du dictionnaire Le Littré propose que libellule est un diminutif du latin liber, libellus, « petit livre », ce qui évoque les ailes étendues comme les feuillets d'un livre lorsque l'insecte se pose (libellules stricto sensu, c'est-à dire les Libellulidae). L'édition de 1873 du Grand Larousse propose la même étymologie mais avec une explication contraire, certaines libellules gardant les ailes relevées et jointives comme un livre fermé (caractéristique des demoiselles). Pour les dictionnaires espagnols et des auteurs comme Mac Callum, ce mot serait un diminutif de libra, « balance », en référence au mouvement d'oscillation des ailes des libellules en vol. Les dictionnaires français actuels donnent comme étymologie le latin libella qui signifie « niveau », en référence au vol plané horizontal de ces insectes. Ils reprennent l'explication du naturaliste Guillaume Rondelet (1554 et 1558) qui est le premier à avoir donné le nom de Libella fluviatilis à des larves de Zygoptères pour la similitude de corps qu'elles ont a avec le requin marteau nommé Zigæna ou Libella, allusion à la « la figure faite comme un niveau duquel usent les architectes»."
On retrouve Libellula dans la sixième édition du Systema naturae de 1748 page 62 :
Note : Drachenhuren : drachen "dragon et huren "courtisane, putain".
.
Conclusion.
Linné a créé le nom de Libellula pour désigner les insectes que nous appellerons ensuite Odonates, pour la première fois en 1735 dans la première édition du Systema naturae, en donnant comme synonyme « Perla » (Aldrovandi 1602) et « Virguncula ». Ce dernier nom, « petite vierge », suggère que Linné a créé une forme diminutive de Libella sur les modèles virgo /virguncula, puella/puellula, "fillette, demoiselle"et à travers eux domina/domnicella "Demoiselle" par condensation et contamination de l'image métaphorique des noms vernaculaires comparant ces insectes à des jeunes filles (français Demoiselles) ou des fées malicieuses (anglais ou allemand Wassernymphen).
.
.
II. ALLELUIA ! LA DÉCOUVERTE DES ORIGINES DE LIBELLULA .
.
C'est un secret de Polichinelle : Libellula vient de Libella, lui-même dérivé du latin signifiant "niveau" : cela est désormais largement diffusé par Wikipédia :
"La forme définitive de Libella revient à Linné qui l'applique en 1758 à toutes les espèces d'Odonates. L'origine de cette dénomination est discutée : l'édition de 1872 du dictionnaire Le Littré propose que libellule est un diminutif du latin liber, libellus, « petit livre », ce qui évoque les ailes étendues comme les feuillets d'un livre lorsque l'insecte se pose (libellules stricto sensu, c'est-à dire les Libellulidae). L'édition de 1873 du Grand Larousse propose la même étymologie mais avec une explication contraire, certaines libellules gardant les ailes relevées et jointives comme un livre fermé (caractéristique des demoiselles). Pour les dictionnaires espagnols et des auteurs comme Mac Callum, ce mot serait un diminutif de libra, « balance », en référence au mouvement d'oscillation des ailes des libellules en vol. Les dictionnaires français actuels donnent comme étymologie le latin libellaqui signifie « niveau », en référence au vol plané horizontal de ces insectes. Ils reprennent l'explication du naturaliste Guillaume Rondelet (1554 et 1558) qui est le premier à avoir donné le nom de Libella fluviatilisà des larves de Zygoptères pour la similitude de corps qu'elles ont a avec le requin marteau nommé Zigænaou Libella, allusion à la « la figure faite comme un niveau duquel usent les architectes»."
Tout est dit, au revoir.
Voire.
.
Car où serait le plaisir si tout est ainsi livré tout préparé ? Et simplifié, dépouillé de toute la chair de la complexité des choses et de tout feuilletage des dictionnaires et des livres anciens?
.
Je vais me payer le luxe de tout reprendre à ma façon. Car j'aime occuper mes heures creuses à chasser les mots, les contempler, et les décrire. Comme dirait l'autre, "horas vacuas hisce nominibus indagandis, contemplandis describendis impendi".
.
Je vais commencer par mon Gaffiot : voyons -libella :
.
Dictionnaire Gaffiot 1934.
.
J'élimine d'emblée la tentation de Libellulus, i, "petit livre" malgré Tertullien et Martianus Capella qui m'attendaient dans cette loge. Et dans la foulée de -libellus, diminutif de liber, d'où nous avons tiré notre "libelle". En effet, le nom utilisé par les naturalistes est libella, au féminin, ce qui est bien normal pour ces Demoiselles.
Je porte toute mon attention à libella, ae, f. (libra). Je saute sur l'opportunité de consulter le mot -libra, quoique je connaisse très bien Libra, la constellation de la Balance :
.
Dictionnaire Gaffiot 1934 page 908.
.
Je reviens à l'article -libella de Gaffiot : le premier pied de mouche donne le sens 1. "as, asse", "petite pièce de monnaie" et le second 2. "niveau, niveau d'eau". C'est ce sens qui est illustré d'un instrument de maçon qui évoque plutôt le fil à plomb. Et c'est ce sens qui est en relation avec libra "balance", puisqu'ils ont en commun la notion de mesure et d'équilibre.
Cet usage de Libella est attesté par un auteur aussi cher à tout épicurien que Lucrèce, livre IV vers 515, pour soutenir un raisonnement que reprendra Montaigne (Essais, III) : nos sens sont nos instruments de mesure, et s'ils viennent à faillir, l'incertitude de nos sens rend incertain tout ce qu'ils produisent :
Denique ut in fabrica, si prava est regula prima,
Normaque si fallax rectis regionibus exit,
Et libella aliqua si ex parti claudicat hilum;
Omniamendose fieri, atque obstipa necessum est,
Prava, cubantia, prona , supina , atque absona
tecta
"Enfin , dans la construction d'un édifice, si l'architecte se sert d'une règle fausse, si l'équerre s'écarte de la direction perpendiculaire, si le niveau s'éloigne par quelque endroit de sa juste situation, il faut nécessairement que tout le bâtiment soit vicieux, penché, affaissé, sans grâce, sans aplomb, sans proportion; qu'une partie paraisse prête à s'écrouler, et que tout s'écroule en effet, pour avoir été d'abord mal conduit : de même, si l'on ne peut compter sur le rapport des sens, tous les jugements qu'on portera seront trompeurs et illusoires."
Chap. 51 : Structuram ad norma et libellam fieri et ad perpendicularum respondere oportet
"Les constructions doivent être faites à l'équerre et au niveau, et être d'aplomb".
Chap. 63 : materia crassitudine semipedali ad regulam et libellam exigitur et est forma terrena
"à cette couche, la règle et le niveau à la main, on donne une épaisseur d'un demi-pied".
.
Montrer que "libella" signifie "niveau", quelle belle affaire ! Quel jeu de bonneteau ! Puisqu'enfin, notre nom "niveau" vient de nyviel « instrument » 1339 (Cartulaire de l'Eglise St Pierre de Lille, t. 2, p. 692) ou nevel ( 1343, Inv. de J. de Presles, Bibl. de l'Ec. des ch., XXXIX.). Il faut retenir que c'est d'abord un instrument de mesure, et que le sens figuré, qui nous est plus courant, est plus tardif mettre a nivel (1429 , Béthune, ap. La Fons, Gloss. ms., Bibl. Amiens ds Gdf.). On trouve le latin nivellum, et on ajoute nivellum sive plumbum, "le niveau ou le plomb", kif kif..
Il vient, c'est là que c'est amusant, d'une altération (par assimilation de l'n initiale à l'l finale) de livel, liveau attesté du xiiie au xvies. et , lui-même issu du latin populaire *libellus, lat. classique libella «instrument servant à niveler, niveau» (dérivé de libra « balance à deux plateaux ou à contrepoids », puis « niveau »); cf. l'italien levello. CNRTL. Cette parenté des deux termes sonne d'avantage avec le verbe "niveler" qui a le sens de "mesurer".
Il faudrait citer le Dictionarium d'Ambrosio Calepinus (1550) auquel je renvoie, ou le très complet article du Lexicon philologum de 1697, qui cite Vitruve livre VII chapitre 3 : Longitudines ad regulam et lineam, altitudines ad perpendiculum, anguli ad normam respondentes exigantur . "Des bandes bien dressées à la règle et au cordeau, afin de faire l'enduit en mortier bien droit dans sa longueur, et d'aplomb dans sa hauteur, et que les angles soient bien d'équerre."
.
Conclusion.
"Libellule" (Olivier, 1792), "libellula" (Linné 1736), ou "libella" au sens de libellule, et "niveau" proviennent du même mot latin libella, instrument de maçon servant à construire droit, niveau (voire selon Gessner "équerre", "règle", "plomb").
Les choses vont se préciser avec Rondelet 1558.
.
.
III. UN DÉTOUR PAR LE REQUIN-MARTEAU OU LIBELLA OU ZYGENA. SIX SAVANTS DES ANNÉES 1550.
.
Avant d'être appliqué aux libellules, le nom Libella le fut à un poisson que nous appelons Requin-Marteau Sphyrna zygaena Linnaeus, 1758. J'ai consacré un article à ce requin dans Sur le nom de Genre des Zygènes, Zygaena Fabricius 1775. En effet, Fabricius a plus tard appliqué à ces papillons qu'il a nommé Zygènes et dont les antennes forment comme les deux bras d'une balance le nom grec du poisson à tête de marteau nommé par Bellon Zygaena. Ce nom grec signifie "joug" aussi bien que "balance". Il peut donc être considéré comme l'équivalent grec du latin Libella.
Dans l'article en question, j'ai donné les descriptions et les illustrations du requin-marteau Zygaena ou Libella par Bellon 1555, Rondelet 1554 en latin et 1558 en français, Gessner 1558, Aldrovandi 1638, Bochart 1663 et Willughby 1687. Je n'ai donc pas démérité, mais je peux améliorer mon score. D'une part en montrant que la première apparition du nom Libella en ichtyologie date de 1551, et non de 1555. Puis en donnant une (petite) place à Edward Wotton, qui consacre trois lignes à Zygaena-Libella en 1552. D'autre part en faisant une place à Ippolito Salviani, et à son Aquatilium animalium historiae, liber primus de 1554.
En somme, nous avons entre 1551 et 1558, une véritable ichtyomanie (Zucker, 2013) européenne qui amène six éminents médecins, du Mans (Bellon, médecin de François de Tournon), de Montpellier (Rondelet, médecin du cardinal François de Tournon), de Rome (Salviani, médecin du pape Jules III), de Londres (Edward Wotton, médecin de Henri VIII), et de Zurich (Gessner) [liste à laquelle il faut ajouter Aldrovandi, de Bologne] à publier des traités qui étudient les descriptions d'Aristote ou de Pline. Comprenant le grec, ils peuvent consulter et analyser en les compilant mais aussi en les critiquant et en les complétant, les sources antiques. Surtout, ils accompagnent leur description d'une illustration (gravure sur bois ou, mieux, sur cuivre), qui prend une valeur scientifique de premier plan, à coté du Nom (Nomen) grec, latin et vernaculaire avec ses commentaires, et de la Description (Descriptio). "Elle est l’identifiant du poisson, et le nom n’est plus l’ancrage ontologique et le fondement de l’animal, mais le titre historique qu’il a reçu des anciens et qui permet à la fois de le reconnaître dans la littérature, et de le désigner dans la communication." (Zucker)
.
La liste dressée par A. Zucker des mousquetaires de l'icthyologie des années fifties est la suivante :
Pierre Belon (1551), L’Histoire naturelle des estranges poissons marins, Paris [55 pages doubles] ;
Edward Wotton (1552), De differentiis animalium libri decem : cum amplissimis indicibus in quibus primum authorum nomina, unde quaeque desumpta sunt, singulis capitibus sunt notata et designata : deinde omnium animalium nomenclaturae, itemque singulae eorum partes recensentur, tam Graece quam Latine, Paris [Poissons : livre VIII, p. 136-174 – doubles- (ch. 154-196) ; Zygaena Libella est décrit en trois lignes à la page 149 .https://archive.org/stream/bub_gb_qkbj1BMhrYsC#page/n321/mode/2up
Pierre Belon (1553), De aquatilibus, libri duo : Cum eiconibus ad vivam ipsorum effigiem, quoad ejus fieri potuit, expressis, Paris [448 pages] ;
Ippolito Salviani (1554), Aquatilium animalium historiae liber primus cum eorundem formis, aere excusis, Rome, [256 pages doubles] Cuvier écrivait « ce sont les meilleurs dessins qu’on ait eus jusqu’à notre temps ; ils sont au nombre de quatre-vingt-dix-neuf « [en réalité il n’y en a que 98, numérotés de 1 à 99, mais sans planche 54]. Salviani prit un soin particulier à faire réaliser – sur cuivre et non plus sur bois – les quatre-vingt-dix-huit planches de son ouvrage par les meilleurs artistes de la cour papale ( Antoine Lafréry pour l’essentiel, et peut-être en partie N. Béatrizet). Dans chacun de ses chapitres, il distingue régulièrement (par un intitulé en majuscules) six sections qui sont (1) nomen ; (2) descriptio ; (3) locus et partus ; (4) natura et mores ; (5) qua arte capiatur ; (6) praestantia, ut nutriat et ut condiatu . L’épître au lecteur de Salviani est datée du 1er septembre 1554.
Guillaume Rondelet (1554), Libri de piscibus marinis in quibus verae piscium effigies expressae sunt, Lyon [583 pages] ;Rondelet, qui place lui aussi une illustration en tête de chaque chapitre, sous le titre, la commente comme si l’image de l’animal constituait l’intermédiaire ou l’interface entre la nature et la littérature . La dédicace de Rondelet au cardinal François de Tournon est datée du 1er août 1554 (et le privilège du roy figurant en tête de son traité du 28 juin 1554).
Guillaume Rondelet (1555), Universae Aquatilium historiae pars altera, cum veris ipsorum imaginibus, Lyon [ 245 pages] ;
Olaus Magnus (1555), Historia de Gentibus Septentrionalibus, earumque diversis statibus, conditionibus, moribus, ritibus, superstitionibus, disciplinis, exercitiis, regimine, victu, bellis, structuris, instrumentis, ac mineris metallicis, & rebus mirabilibus, necnon universis penè animalibus in Septentrione degentibus, eorumque natura, Rome [Poissons : p. 697-778. Livres XX-XXI, De piscibus. & De piscibus monstrosis] ;
Pierre Belon (1555), La Nature et diversite des poissons, avec leurs pourtraicts, representez au plus pres du naturel, Paris [448 pages] ;
Conrad Gesner (1556), De piscibus et aquatilibus omnibus libelli III novi, Zürich [contient, p. 12-74, un catalogus aquatilium ex Plinio (catalogue alphabétique glosé des ichtyonymes pliniens) ; un plan de l’ouvrage de Rondelet de 1554, p. 75-92 ; et un Aquatilium animantium nomina germanica et anglica, serie literarum digesta, ou Teütsche Nammen der Fischen und Wasserthieren, p. 93-269] ;
Guillaume Rondelet (1558), La première [-seconde] partie de l’histoire entière des poissons, Lyon [418 pages + 181 pages] ; Voir Livre XIII chapitre X page 304 "Du Marteau ou Poisson Juif". Il s'agit de la réunion en deux livres d'un seul ouvrage du Libri de piscibus marinis et de l'Universae aquatilium historiae, traduits en français.
Conrad Gesner (1558), Historiae animalium liber IIII qui est de piscium et aquatilium animantium natura, Zürich. Gessner Voir ici
Pour Aldrovandi De Piscibus libri III chapitre XLIII De Zygena (page 407) voir ici.
.
.
A. Pierre Belon du Mans, 1551, 1553 et 1555.
1°) Pierre Belon du Mans, L'histoire naturelle des estranges poissons marins, avec la vraie peincture et description du daulphin, et de plusieurs autres de son espèce, imp. de R. Chaudière, Paris 1551. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k82816p/f90.item
.
Chapitre XV page 45 : Que l'artifice des hommes puisse excuser le défaut de nature, et donner grâce au mauvais goût des poissons.
"Suivant ceci, je veux raconter combien l'artifice des hommes peut ajouter à nature : car les pauvres mariniers et pêcheurs, ayant pris des poissons qui d'eux même sont de saveur ingrate, comme sont les espèces de Chiens nommés en latin Galei, ou plusieurs autres cartilagineux, comme Lamia, Amia, etc. , et celui-ci que j'ai ici portrait nommé Zigena, ou Libella , ils leur savent faire une sauce si propre, que la saveur de la sauce surpasse la saveur ingrate du poisson, laquelle leur ôte la mauvaise odeur, et les rend délectables ; et ainsi que les plus riches font telles sauces avec bonnes Muscades, Girofles, Macis et Cannelle battue, Beurre, Sucre, Vin aigre, pain rôti, lesquelles choses les cuisiniers assaisonnent si bien au Marsouin que encore qu'il sentit le Renard écorché vif toute fois ils le rendront d'un goût plus friand, et d'une saveur plus esquisse que ne sont les rougets, Barbets, ou Lamproies, aussi les pauvres gens n'ayant point tant de choses à commandement, ayant seulement de l'ail et des noix, qu'ils battent avec du pain et de l'huile, et du vin aigre, ils feront une sauce à leur poisson, qu'ils rendront à leur appétit si délicieuse qu'on n'en peut manger, sinon par grande singularité et telle manière de sauce est généralement connue de touts pêcheurs qu'ils nomment vulgairement de l'Aillade."
"Le portrait de Libella que les Grecs nomment Zygena, et les Romains Balesta, c'est à dire une arbalète."
.
Pierre Belon 1551 : la Libella (page 45), Bnf gallica
.
2°) Petri Bellonii Cenomani de aquatilibus duo, cum eiconibus ad vivam ipsorum effigiem quoad ejus fieri potuit; ad amplissimum cardinalem Castilioneum (Parisii, apud C Stephanum (Ch. Étienne), 1553, pages 60 et 61.
La traduction va suivre, dans Bellon 1555 et Rondelet 1554.
"Zigaenam Graeci, Libellam Latini vocauerunt, fabrorum lignariorum et architectorum instrumentum, è quo dependente perpendiculo, rectas parietum ac lignorum facies oculorum nictu pernoscunt : cui instrumento quod is pictis (cuius hic picturam vides) velut adamussim respondeat, Oppianus, Galenus, Aetius, Plinius, caeterique doctiores Zigaenae ac Libellae nomen indiderunt : nos vulgo Nivellum appellamus : quos instrumentum inversum, quia ad arcus et tormenti bellici similitidinem accedat, Itali Balistam nominare maluerunt. Massiliensis a dentium saevite Cagnolam, atque a fe ritate Iudaeum, et fortassis a deceptione Baratellam incerta nomenclatura dicunt. Cetaceus est piscis, cartilagineus, rotundus, oblongus, horridus, ac plane monstruosus, Mediterranei ad Smirna maxima incola mustelini generis, damnosus magis quam utilis. Quamobrem natura carnem insipida, et humanis corporibus noxiam illi tribuit : dentesque (quos in quinque ordines digestos, numerosissimos, planos, ut Carcharias gerit,) sub cute ad praeda recoditos, atque oculos praeter aliorum more in pronam capitis partem excavatos, ut deorsum potius, quam sursum leonina quadam voracitate convertat. Caetera pinnis cute, ac branchis plane mustelam refert, sed tanta asperitate non horret."
1553 : Libella, in Petri Bellonii Cenomani de aquatilibus duo, cum eiconibus ad vivam ipsorum effigiem folio 60
Libella, Petri Bellonii Cenomani de aquatilibus duo, cum eiconibus ad vivam ipsorum effigiem folio 61.
.
3°) Belon donna en 1555 trois éditions ou rééditions successives en français de cet ouvrage, avec changements, sous les titres suivants:
1° La Nature et diversités des poissons, avec leurs pourtraicts représentés au plus près du naturel (Paris, 1555, in-8);
2° De la Nature et, diversité des poissons traitant de leur nature et propriétés, avec leurs descriptions et naïfs pourtraicts, en sept livres (Paris, 1555, in,-fol.);
3° L'Histoire des poissons traitant de leur nature et propriétés, avec les pourtraicts d'iceux (Paris, 1555, in-4), en latin et en français. Dans ce traité sur les poissons, se trouvent réellement les bases de l'ichtyologie moderne.
Voici La Nature et diversité des poissons, avec leurs pourtraicts représentez au plus près du naturel, de 1555.
"Les Provenceaulx appellent ce poisson cy apres presenté Cagnole et Juif pour sa cruaulté : par ce qu'il est plus dommageable que nulle autre beste de sa sorte. Et pour ce aussy qu'en malfaisant en la mer, il trompe et deceoit les autres poissons, et mesme les pescheurs : ils l'ont appellé Baratelle. Les Grecs et Latins pour ce qu'il ha la façon comme d'un nyveau de Charpentier ou Maçon, l'ont appelé Zigena et Libella. Les Italiens l'ont mieulx aymé nommer Arbalestre pour ceste mesme figure. Ce poisson est fort grand, rond, long et monstrueux, de chair fadde, insipide et malfaisante au corps des personnes"
.
.
La Libella, ou Zygaena, Pierre Belon 1555 La Nature & diversité des poissons page 54.
.
.
.
.
B. Ippolito Salviani (1554), Aquatilium animalium historiae liber primus cum eorundem formis, aere excusis, Rome,
Cet auteur donne en premier la gravure sur cuivre très soignée (page 128), puis le titre DE HISTORIA AQATILIVM ANIMALIVM, 129 HISTORIA TRIGESIMA OCTAVA / DE LIBELLA , suivi de cinq paragraphes : Nomen ; Descriptio ; Locus ; Natura et Mores ; Ut sapiat et Nutriat [ Nom ; Description ; Localisation ; Nature et mœurs ; pour le goût et les qualités nutritives.]
LIBELLA, Ippolito Salviani, 1554, Aquatilium ...page 128 ; gravure sur cuivre par Antonio Lafreri.
.
Ν Ο Μ Ε N
"Hic noster quadragesimus piscis, quem Romae ciambetta, et in aliquibus Italiae vocis pesceMartello , in ahiisque pesceBalestra (eo quod sua figura vtrumque repraesentet, aduertendum tamen est, non huc sed septuagesimum sextum nostri ordinis, Roma pesce Balestra vocari) ac Massilias peis iouzou ( quod capitis tempora ceu cornicula promineant, Iudaeorum more,qui sic colim Massiliae induebantur) in Hispania vero peis Limo et Toilandalo vocant ; a Graecis libella dicitur, (apo ---os-..
"Nam cum jugos boum iugum, et libram sive balancem, nec non librile transversum, ex quo lances dependent, significet ; hos omnibus , sui corporis forma [grecc] piscis simillimus est. Cum vero nullus latinorum (quod quidem sciam ) eius meminerit , latino nomine caret . Quamobrem Theodorus Gaza in Aristotelis versione (*) , [greccc] libellam interpretatus est.
"Verum cum Libella fabrile instrumentum sit ab Italis Arcopendolo vocatum , ad cuius similitudinem nequaquam piscis iste accedit, Theodorum (ignorata nominis Libellae proprietate ) vti libra balancem significat, ita Libellam, paruam bilancem significare ratum , [grecc] libellam vertisse suspicor ,cumm Libram potius, Librileve, aut iugum vertere oportebat.
(*) Traduction de l'Historia animalium d'Aristote par Théodore Gaza
"Hunc autem piscem nostrum, Graeorum [grecc] esse, praeter id, quod ex eius figura, Graecam nomenclaturam egregie aemulante , manifeste intelligitur ; ijs etiam omnibus declaratur, quae zygenae a veteribus tribuuntur ; vt quae ei probe respondeant.
." Quamobrem a Petro Gyllio desiciendum est, quippe qui hunc piscem nostrum ab Aristotele non [grecc] a Theodoro vero non sed [grecc] appellari arbitratur; , a Theodoro vero non Libellam seu Malleum appellari arbitratur. Ea, (vti opinor) coniectura ductus, quodalicubi ( vt diximus ) pesce Martello vocetur, quodque malleo simillimus sit; qua nos ceu leui & friuola reiecta, nonum nostri ordinis piscem [grec ] ( vt octaua hisloria docuimus ) hunc vero [grecc libella?] esse , procul dubio affeueremus . Quem vna cum Theodoro , ne nomma nouare videamur, Libella vocabimus "
.
C. Guillaume Rondelet, 1554, Libri de piscibus marinis , et 1558 Histoire entière des poissons.
.
Guillaume Rondelet (1507-1566), docteur en médecine, professeur royal en 1545, a été chancelier de la faculté de Montpellier ; il est connu des littéraires puisqu’il a été caricaturé par son ami Rabelais sous le personnage de Rondibilis dans Pantagruel. Il a aussi été un compagnon du cardinal de Tournon qu’il a accompagné dans beaucoup de ses voyages sur les côtes de l'Aquitaine puis à Rome en 1549.. Après avoir visité Venise et les universités italiennes il revient à Montpellier où il fait élever un imposant amphithéâtre anatomique et fait installer des viviers dans sa propriété proche de Montpellier et l’on rapporte qu’il disséquait des poissons que ses amis et élèves lui apportaient.
Avec cet ouvrage dans lequel il ébauche une classification naturelle, c'est l'un des premiers observateurs de la faune aquatique, et avec Belon, l'un des précurseurs de l'ichtyologie en France. L'ouvrage traite de tous les animaux aquatiques regroupés soue le nom de "poissons" : cétacés, coquillages, arthropodes, grenouilles et même du castor dont Rondelet décrit l'anatomie et la morphologie. A ces précisions biologiques, l'auteur a ajouté des considérations sur le milieu, les comportements, l'alimentation émaillant parfois sa description de notes gastronomiques.
Alors que depuis l’Antiquité 117 espèces de poissons étaient répertoriées et toujours reprises, Rondelet innove en recensant dans son œuvre 440 espèces animales aquatiques, dont 241 espèces de « vrais » poissons.
Rondelet (qui fut caricaturé par son ami Rabelais sous le surnom de Rondibilis) accueille durant 10 ans dans sa maison Charles de l'Escluse, ami des Fugger, les fameux banquiers d'Augsbourg, puis Jean Bauhin. Il est en relation avec tous les naturalistes connus d'Europe, et chez son maître Rondelet, Clusius rencontre Laurent Joubert, anatomiste, médecin renommé et chancelier de l'Université, ainsi que Félix Plater qui sera professeur de médecine à Baie et le premier maître de Gaspard Bauhin. Puis la chaîne savante se poursuit : Après 1561, c'est Jean Bauhin qui vient demander à Rondelet des leçons d'anatomie ; puis c'est Mathias de L'Obel, fils de la Flandre française, qui brûle d'explorer la flore du Languedoc et des Cévennes. En 1565, il rencontre, toujours chez Rondelet, le médecin-botaniste Pierre Pena dont le frère Adrien est conseiller au Parlement d'Aix ; celui-ci a fréquenté les principales Universités de France et d'Italie, comme fera plus tard un autre parlementaire d'Aix, Peiresc — et les connaissances du savant et du linguiste sont aussi étendues que celles du jurisconsulte.
Le célèbre Gesner de Zurich , ancien étudiant de Montpellier, est en rapport avec le cercle de Rondelet par l'intermédiaire de Gaspard Wolf de Zurich, alors étudiant à Montpellier.
.
Mais revenons à notre Marteau.
.
1°) Rondelet 1554, Libri de piscibus marinis page 389.
Notez les termes français "le plomb", l'équerre", "Niveau", "la règle", qui commente le nom Libella.
.
Rondelet 1554 Libri de piscibus marinis page 389 De Zygaena, BnF Gallica
.
2°) Rondelet, 1558, La Première partie de l'Histoire entière des poissons.
.
La Première [seconde] partie de l'Histoire entière des poissons, composée premièrement en latin par maistre Guillaume Rondelet,... maintenant traduites ["sic"] en françois... [par Laurent Joubert.] Avec leurs pourtraits au naïf. Lyon : M. Bonhomme, 1558.
Cette première édition française est illustrée d'un portrait et de 439 belles gravures sur bois (d'auteur inconnu). C'est le premier grand livre en français consacré aux poissons, et l'un des plus beaux illustrés de zoologie du XVIe siècle. L'ouvrage était paru antérieurement en latin en 1554 ( Libri de piscibus marinis)https://fr.wikipedia.org/wiki/Odonata et 1555 ; il ne s'agit pas de l'œuvre originelle de Rondelet, mais d'une re- traduction probablement due à Laurent Joubert qui fut l'élève de Rondelet. (Le livre semble avoir été écrit originellement en français par Rondelet, traduit ensuite en latin par Charles de l’Escluze pour être publié en 1554, puis retraduit en français pour l’édition française de 1558.)
Du Marteau, ou Poisson Iuif. Chap. X.
"ΖΥΓΑΙΝΑ, en Latin Libella est nommé ce poisson de la figure qu'il a comme un instrument de maçon et charpentiers, appelé en français niveau, qui est fait d'un bois mis de travers au milieu duquel est dressé un autre, et d'icelui pend une petite corde avec un plomb au bout. Tel est la figure de ce poisson ayant la tête de travers, le corps posé au milieu d'icelle, ou bien est nommé Ζυγαινα pour la figure d'une balance ou la figure d'un joug lequel on lie de travers aux têtes de bœufs. Pour cette même façon de tête, d'aucuns en Italie est nommé Balista, d'autres Pesce martello, car il est fait comme un marteau, à Marseille Peis iouzio poisson juif de la similitude de l'accoutrement de tête duquel usaient au temps passé les juifs en Provence, en Espagne Peisz limo, Limada, toilandalo. Ce poisson est grand et cetacée, il a les ouïes découvertes aux côtés, la bouche au-dessous, la tête différente de tous les autres, à savoir mise de travers comme l'arc d'une arbalète, ou la tête d'un marteau, en chaque bout de la tête sont mis les yeux. Il a la bouche grande, garnie de trois rangs de dents, larges pointues, fortes, tendentes vers les côtés. La langue large comme la langue de l'homme. Le dos est noir, le ventre blanc. Il a deux ailes [nageoires] aux ouïes, au dos point, près de la queue il en a deux petites, la queue finit en deux grandes, inégales. Il a un col, et un long conduit par où dévale la viande en l'estomac, il est horrible à voir, sa rencontre porte malheur aux navigateurs. Il est de chair dure, de mauvais goût, de mauvaise odeur, de mauvaise nourriture."
.
.
Du Marteau ou Poisson Iuif, Guillaume Rondelet 1558, BnF Gallica
.
.
Conclusion.
C'est avec Rondelet 1554 et 1558 que nous disposons des informations les plus explicites, et, notamment, de ce que ses contemporains désignent précisément sous le nom de "libella" ou "niveau" :
"un instrument de maçon et charpentiers, appelé en français niveau, qui est fait d'un bois mis de travers au milieu duquel est dressé un autre, et d'icelui pend une petite corde avec un plomb au bout."
Cela correspond exactement au dessin donné par Gaffiot dans son Dictionnaire latin-français, mais encore fallait-il le vérifier.
C'est aussi lui qui nous précise exactement pourquoi ce poisson a reçu ce nom, pour sa forme en T, qui évoque aussi un joug de bœuf, zygaena en grec :
"Tel est la figure de ce poisson ayant la tête de travers, le corps posé au milieu d'icelle, ou bien est nommé Ζυγαινα pour la figure d'une balance ou la figure d'un joug lequel on lie de travers aux têtes de bœufs."
.
.
.
IV. L'APPLICATION DU ZOONYME "LIBELLA" AUX LARVES DES LIBELLULES. RONDELET 1555 et 1558.
.
Il est bien connu depuis Jacques d'Aguilar et J.L. Dommanget (1985 et 1998) relayés par Wikipédia, que c'est Guillaume Rondelet qui a nommé Libella fuviatilis une larve de zygoptère dont il donne l'illustration. Encore faut-il étayer, illustrer et commenter cette donnée.
.
1°) Rondelet 1558, Histoire entière des poissons.
Dans la même Histoire entière des poissons où il a décrit le Marteau et mentionné son nom latin de Libella, mais dans le Second Livre, Guillaume Rondelet décrit, page 157, dans la partie Des poissons de rivière, un petit insecte auquel il attribue le nom de Marteau ou Niveau d'eau douce. Il faut bien comprendre que ce n'est pas un Niveau d'eau, mais un Niveau (d'eau douce, par opposition à son grand homologue, marin). C'est par comparaison des deux yeux excentrés et non contigus (qui caractérisent les Zygoptères) avec les deux yeux écartés du Requin Marteau ou Libella que Rondelet attribue le même nom aux deux espèces, l'un étant le Niveau d'eau douce et l'autre le Niveau marin, et tous les deux ayant grossièrement la forme en T d'un Niveau ou Libella de maçons et architectes..
.
Du Marteau ou Niveau d'eau douce. Chap. 35.
Ce petit insecte se peut appeler Libella fluviatilis, pour la similitude de corps qu'il a avec le poisson marin nommé Zigæna ou Libella, pour la figure faite comme un Niveau, duquel usent les Architectes, lequel aussi en Italie s'appelle poisson Marteau. Cette bête est fort petite, de la figure d'un T, ou d'un Niveau, ayant trois pieds de chaque côté. La queue finit en trois pointes vertes desquelles, et des pieds elle nage.
.
Rondelet, 1558, Histoire entière des poissons page 157 : Du Marteau ou Niveau d'eau douce. BnF gallica
.
.
Larve de Coenagrion puella photographie de Siga sur Wikipédia
.
.
2°) Rondelet 1555, Universae aquatilium historiae page 213.
Dans cet ouvrage, où Rondelet décrit 100 mollusques, et qui constituera le Second livre de l'Histoire entière des poissons, nous trouvons le premier acte de baptême de Libella fluviatilis, le Niveau d'eau douce.
"Insectum hoc libellam fuviatilem libuit appellare, à similitudine quae illi est cum fabrili instrumento, et cum Libella marina. Haec bestiola parva est admodum T literae figuram referens, pedes ternos utrinque habet, Cauda in tres appendices definit, quae viridi sunt colore, iisdem et pedibus natat."
[Je choisis de nommer Libella (ou Niveau) fluvial cet insecte pour sa similitude avec l'instrument de l'ouvrier et avec le Libella marin [ou Marteau] . Cette petite bestiole a la forme de la lettre « T », il a trois pattes de chaque coté, des deux côtés, sa queue est divisée en trois appendices, qui sont de couleur verte, conçues pour nager tout comme les pattes ?"]
.
.
De Libella fluviatili, G. Rondelet 1555, Universae aquatilium historiae page 213
.
.
Conclusion.
Un an après avoir décrit sous le nom de Niveau ou Libella le Requin-Marteau, Rondelet établit, sur des critères morphologiques, une comparaison entre ce requin de près de 5 m de long et une minuscule larve de zygoptère, qui partage avec lui sa forme en T liée à des yeux excentrés, semblable au niveau du contremaître : le "Niveau fluvial" ou Labella fluviatilis est né.
Il faudra une autre étape, avant-dernière avant le Libellula de Linné, celle qui fera de ce Libella le terme générique de toutes les libellules des auteurs du XVII et XVIIIe siècle. Place à Thomas Mouffet.
.
.
.
V. LIBELLA DEVIENT LE TERME SCIENTIFIQUE LATIN DÉSIGNANT TOUTES LES LIBELLULES DÉCRITES PAR THOMAS MOFFET EN 1634.
Après la parution des ouvrages d'ichtyologie de 1551 à 1558, et cette naissance du nom libella, il n'y eu aucune publication significative en entomologie jusqu'en 1602, où paraît De Animalibus insectis libri septem, cum singulorum iconibus expressis d'Ulisse Aldrovandi, de Bologne. Cet ouvrage consacré aux insectes. Aldrovandi y décrit 19 libellules, mais puisqu'il utilise à leur propos le nom de Perla ("Perles", par allusion à leurs yeux saillants)et, à aucun moment des pages 302-305, le nom de Libella, nous allons le laisser dans les rayonnages de notre bibliothèque numérique.
Conrad Gessner avait été emporté par la peste en 1565 sans pouvoir publier le matériel entomologique qu'il avait réuni pour le sixième tome de son Histoire des Animaux. Il avait confié ses notes et les spécimens de ses collections à Edward Wotton, et à Thomas Penny.
Ce matériel, enrichi du travail préparatoire de Thomas Penny parvint à la mort de ce dernier en dépôt entre les mains de son ami Thomas Moffet (Muffet, Moffet, Moufet) , qui en prépara une publication. Egalement frappé par la mort en 1604 avant de réussir à publier son ouvrage, ce dernier a été publié en 1634 sous le titre Insectorum sive Minimorum Animalium Theatrum. La page de titre ajoute après le titre "olim ab Edoardo Wottono, Conrado Gesnero, Thomaque Pennio inchoatum" (d'après les ébauches rédigées autrefois par Edward Wotton (1492-1555), Conrad Gessner et Thomas Penny (1530-1588)), et on y fait aussi mention de Charles de l'Escluse ou Clusius, ce qui indique que toute la bande des amis de Guillaume Rondelet avait participé. Quant au londonien Penny, qui avait étudié la médecine à Cambridge, il avait entrepris de voyager pour rencontrer Gessner et Rondelet. Hélas, il atteint Zurich peu avant la mort de Gessner, le 13 décembre 1565 et Montpellier juste après la mort de Ronchelet. Malgré les 80 années écoulées, des liens intellectuels et de fortes affinités relient le Theatrum Insectorum avec les publications des années 1550.
Il n'est donc pas étonnant que le terme Libella soit utilisé dans cet ouvrage, mais il sert désormais non plus à désigner la larve de libellule, mais l'ensemble des insectes
.
— MOFFET (Thomas) 1634 Insectorum, sive, Minimorum animalium theatrum. Londini : Ex officin typographic Thom. Cotes et venales extant apud Guiliel. Hope.
Les libellules y occupent les pages 64 à 69. Elles sont classées en 8 Libellas Maximas, 6 Libellas Medias et 4 Libellas Minimas, soit 18 espèces.
Le paragraphe les concernant débute en plein texte au bas de la page 64 par une description générale :
.
"Il faut maintenant dénombrer ces Mouches qui sont appelées en latin Mullei, Pavones et Libellae, et que les Grecs appellent Zygaena à cause de la ressemblance avec un poisson de même nom. En anglais ils sont nommés Adders, Boults, Dragon-flies, et Water-butterflies, et s'ils sont dits « papillons aquatiques », c'est parce qu'ils sont rarement observés dans les terres, mais toujours sur les eaux des rivières ou des étangs.
"Les Italiens les nomment Cevettoni; les Hollandais, Romdoubt: Ils ne diffèrent peu ou prou par leur formes, mais surtout par leur couleurs. Certains ont un corps qui ne mesure pas plus de deux onces de long, mais ils sont néanmoins longs et minces, en forme de pipe ou de trompe. Et on leur décrit trois parties : une tête, un thorax et le reste du corps qui forme une queue.
"La tête, avec deux grands yeux fureteurs, est de la même couleur que le reste du corps. Elle s'attache à un cou très court, auquel les deux pattes antérieures sont fixées, toutes les autres étant réunies au thorax. Les pattes postérieures sont les plus longues, les plus appropriées à sauter ou à maintenir le corps.
"Toutes ont des queues fourchues par lesquelles, lors de l'accouplement, elles demeurent longtemps attachés. La plupart des naturalistes pensent que ces insectes prennent naissance à partir des vers qui poussent dans les joncs putrides ; ce que je tiendrais volontiers pour vrai, mais [à quoi servirait alors la copulation??] . "
.
La description se poursuit page 65 avant que ne débute la description particulière des 8 Libellas Maximas (pages 65 et 66), celle des 6 Libellas Medias (page 66 et 68) et celle des 4 Libellas Minimas (page 69).
.
Maximae Libellae, Thomas Mouffet 1634 page 66
.
Des planches sont illustrées des gravures sur bois aux figures non numérotées.
.
Thomas Moffet, 1634, Insectorum sive minimorum animalium Theatrum page 67.
.
.
Libellae mediae et minimae, Thomas Moffet, 1634, Insectorum sive minimorum animalium Theatrum page 68.
.
.
En 1658 sera publiée, également à Londres, la traduction en anglais du Theater insectorum de Moffet sous le titre The Theater of Insects, à la fin du The history of four-footed beasts and serpents de Topwell.Le terme latin de Libella n'est pas traduit et reste encore employé comme nom scientifique de cette famille d'insectes aquatiques;
.
.
VI. LES NATURALISTES DU XVIIe ET XVIIIe REPRENNENT DANS LEURS DESCRIPTIONS LE NOM LIBELLA.
.
L'apothicaire londonien James Petiver décrit dans son Musei Petiveriani de 1700 deux spécimen de Libella anglica page 64. Sa n° 714 Libella Anglica media est comparée à la Libella media n° 6 de Moffet page 69 (sic) et sa n°715 Libella Anglica media est également rapportée à la Libella media I Moffet page 66. En 1701 ou 1703, trois Libella sont décrites page 84, sous le nom de Libella maxima et de Libella major, avec à nouveau des références aux illustrations et descriptions de Moffet.
En 1710; l'Historia insectorum de John Ray, publiée de façon posthume à Londres, décrira ses libellules page VII sous le nom de Libella seu Perla, 'Libella ou Perla" , et ses 23 espèces seront décrites par une phrase latine (diagnose) débutant par Libella. Elles renverront aux descriptions de Moffet. (exemple : Libella maxima vulgatissima, alis argenteis. Majorum tertia Moufetti
.
CONCLUSION
.
Le zoonyme "Libella" a acquis ses lettres de noblesse au XVIIe et au début du XVIIIe siècle après avoir été employé par Thomas Moffet comme terme descriptif général des (futures) Odonates. Linné, qui utilisera surtout l'Historia insectorum de John Ray pour identifier ses propres spécimens et sa systématisation des libellules, reprendra naturellement ce terme.
Il ne suffira plus que les deux lettres UL pour que Libellula fasse son éclosion dans le royaume de l'Entomologie.
.
.
ANNEXE. QUELQUES NOMS DES LIBELLULES DANS WIKTIONNAIRE.
— "A l'origine du nom "libellule" : Rondelet 1558"
https://www.sylvestris.org/odonata/libella.htm
— AGUILAR (Jacques d'), DOMMANGET (Jean-Louis), 1998, Guide des libellules d'Europe et d'Afrique du Nord, Delachaux et Niestlé, 1998, p. 16.
— BELON DU MANS (Pierre), 1555, La nature et diversité des poissons, avec leurs pourtraicts, représentez au plus près du naturel / par Pierre Belon du Mans A Paris. Chez Charles Estienne, Imprimeur ordinaire du Roy. M.D.LV
— GESNER, C. 1558 : Historiae Animalium Liber IIII, qui est de Piscium et Aquatilium animantium natura, cum iconibus singulorum ad vivum expressis. Froschover, Turici (= Zürich).
— GESNER, C. 1560: Nomenclator Aquatilium animantium. Icones animalium aquatilium in mari et dulcibus aquis degentium, plus quam DCC, cum nomenclaturis singulorum Latinis, Graecis, Italicis, Hispanicis, Gallicis, Germanicis, Anglicis aliisque interdum, per certos ordines digestae. Froschover, Turici (= Zürich).
— JARRY, D. 1962: Die seltsame Geschichte des Namens »Libelle«. Ent.Z. 72: 60-62.
— KEMNER, N. A. 1942: Über die Herkunft des Namens Libella für die Odonaten sowie die ältere Geschichte dieses Namens. Lychnos. Lärdomshistorika Samfundets Årsbok 1942: 76-86.
— MOFFET (Thomas) 1634 Insectorum sive minimarum animalium theatrum., olim ab Edoardo Wottono, Conrado Gesnero Thomaque Pennio inchohatum, tandem Tho. Moufetii Londinatis opera sumptibusque maximis concinnatum, auctum et perfectum et ad vivum expressis iconibus supra quingentis illustratum. Londini : Ex officin typographic Thom. Cotes et venales extant apud Guiliel. Hope, Cap. XI. De Muscarum differentijs page 58
— MOFFET (Thomas), 1658, The Theater of Insects: Or, Lesser Living Creatures, As, Bees, Flies, Caterpillars, Spiders, Worms, Ect., a Most Elaborate Work Edward Topsell, E. Cotes, 1658 - 242 pages. Publié à la suite de The history of four-footed beast :
The history of four-footed beasts and serpents describing at large their true and lively figure, their several names, conditions, kinds, virtues ... countries of their breed, their love and hatred to mankind, and the wonderful work by Edward Topsell ; whereunto is now added, The theater of insects, or, Lesser living creatures ... by T. Muffet ...1658.
— NITSCHE, (Georg) ,1965: Die Namen der Libelle. (Wörterbuch der deutschen Tiernamen, hg.v. W. WISSMANN, Beiheft 3). Akademie-Verlag (Ost-) Berlin.
— RONDELET, (Guillaume). 1554: Libri de piscibus marinis, in quibus veræ piscium effigies expressæ sunt. Bonhomme, Lugduni (=Lyon). page 389
— RONDELET, (Guillaume). 1555: Gulielmi Rondeletii, Vniuersæ aquatilium historiæ pars altera, cum veris ipsorum imaginibus. Bonhomme, Lugduni (=Lyon), page 113
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97272x
—SALVIANI (Ippolito, ou Hippolytus Saluianus ), 1554, Aquatilium animalium historiae liber primus, cum eorumdem formis, aere excusis , Aretinus, Bernardus, , illustration , Beatrizet, Nicolas, , graveur ; Lafréry, Antoine, 1512-1577 , graveur, page 128-129 https://www.biodiversitylibrary.org/item/156187#page/276/mode/1up
— SCHÄFER, L. 1947: Deutsche Synonymik der Libelle. Diss.Univ.Marburg (masch.).
— ZUCKER (Arnaud), 2013, « Zoologie et philologie dans les grands traités ichtyologiques renaissants », Kentron [En ligne], 29 | 2013, mis en ligne le 22 mars 2017, consulté le 20 décembre 2017. URL : http://journals.openedition.org/kentron/702 ; DOI : 10.4000/kentron.702
.
2. Bibliographie des Odonates.
ZOONYMIE.
— CHARLESTON (Walter) (1619-1707), 1668, Onomasticon zoicon : plerorumque animalium differentias & nomina propria pluribus linguis exponens. Cui accedunt mantissa anatomica ; et quaedam De variis fossilium generibus. Londini : apud Jacobum Allestry ..., 1668.
Walter Charleton is best known today for his long paraphrase of the mechanical philosophy of Pierre Gassendi, known as Physiologia. He was a physician with strong royalist sympathies, a member of the Royal Society and an author. The name of the work displayed here, Onomasticon zoicon, means a dictionary of names of living things. It is a work on taxonomy and is the first English book to provide pictures of the English birds it describes and is indicative of the important role that physicians played in the study of natural philosophy.
— CHARLESTON (Walter) (1619-1707), 1677 Exercitationes de Differentiis & Nominibus Animalium. : réédition de l'ouvrage précédent. Voir page 39 Perla
— Jacques d'AGUILAR, Jean-Louis DOMMANGET et René PRÉCHAC. 1985. Guide des libellules d'Europe et d'Afrique du Nord. Delachaux & Niestlé. (341 pp.)
— BELIN-MILLERON, (J.), 1952, « Les naturalistes et l’essor de l’humanisme expérimental (fin du XVIe, début du XVIIe siècle) ; de Rondelet au conseiller Peiresc ».Revue d’histoire des sciences et de leurs applications. 1952, tome 5 n°3, p. 222-233.
— GEOFFROY (Etienne-Louis), 1762, Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris. Chez Durand, à Paris 1762, in-4 (4) xxviij, 523pp. et (4), 2 volumes reliés.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k991697/f615
— GEOFFROY (Etienne-Louis), 1799 Histoire abrégée des insectes, dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique. Tome 2 / par M. Geoffroy, C. Volland / Rémond (Paris)
— HARRIS, Moses, 1731-1785, 1786, Exposition des insectes que se trouvent en Angleterre; comprenant les différentes classes des Neuoptera, Hymenoptera, et Diptera: ou des abeilles, mouches, et Libellulae. Londres,B. White et J. Edwards,1786.
—LA CHESNAYE-DES BOIS (François-Alexandre Aubert de) Dictionnaire raisonne et universel des animaux ou le regne animal etc, Volume 2 chez Claude-Jean-Baptiste Bauche, 1759 page 19
— LINNÉ ( Carl von,) 1758, Caroli Linnaei...Systema naturae per regna tria naturae :secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Holmiae : Impensis Direct. Laurentii Salvii, 1758-1759. pages 543-546.
— LINNÉ ( Carl von,) 1764, Museum Ludovicae Ulricae reginaeSuecorum, in quo animalia rariora , exotica imprimis insecta et conchilia describuntur, etc. Holmiae, l764 , 2 t. en 1 vol. in-8.
— LINNÉ (Carl von), 1736, Animalia per sveciam observata, Acta literaria et scientiarum Sveciae, volume 4, Uppsala pages 97-138.
http://linnean-online.org/119957/
— LINNÉ (Carl von) Caroli Linnaei ... Oratio de necessitate peregrinationum intra patriam : ejusque Elenchus animalium per Sueciam observatorum. accedunt Johannis Browallii Examen epicriseos Siegesbeckianae in systema plantarum sexuale. et Johannis Gesneri ... Dissertationes de partium vegetationis et fructificationis structura
— RÉAUMUR. (René-Antoine Ferchault de), 1738 Mémoires pour servir à l'histoire des insectes, Imprimerie Royale, Paris ; tome IV, tome 4, Histoire des gallinsectes, des progallinsectes et des mouches à deux ailes dessinateurs et graveur Cl. Lucas, Filloeul, Haussard, Pl. 10, dépl., p. 160. Fig. 4 à 6 : mouche demoiselle à deux ailes.
— RÉAUMUR. (René-Antoine Ferchault de), 1742, Mémoires pour servir à l'histoire des insectes, Imprimerie Royale, Paris. Tome VI 11e mémoire, Des mouches à quatre aisles nommées demoiselles. page 387-456.
— Wissmann, Wilhelm [Hrsg.], Wolfgang Pfeifer und Georg Nitsche:
Wörterbuch der deutschen Tiernamen. Beihefte 1 - 4: Käfer. Schabe. Die Namen der Libelle. Spanische Fliegen und Maiwürmer. Deutsche Akademie der Wissenschaften zu Berlin. Institut für deutsche Sprache und Literatur.
Berlin: Akademie Verlag, 1963-66. 33, 40, 41, 39 S.
:
1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
"Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)