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30 mars 2019 6 30 /03 /mars /2019 21:42

Le bénitier  du "Baptême du Christ aux deux serpents" ou "Des diables" (kersanton, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau.

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Sur Lampaul-Guimiliau : l'intérieur de l'église :

L'extérieur de l'enclos :

Sur les bénitiers :

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PRÉSENTATION.

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René Couffon a décrit les trois bénitiers de l'église :

"-Bénitier en granit [non, en kersanton]  sculpté au trumeau du porche sud, XVIe siècle (C.).

- 2ème bénitier, en kersanton, dit des Diables (1622), avec représentation du Baptême du Christ sous un fronton ; deux démons se tordent sur les bords de la cuve (C.).

- 3ème bénitier, en kersanton, encastré dans la longère nord, près de l'autel de sainte Marguerite, il porte sur son linteau la date de 1609."

Le chanoine Abgrall avait décrit en 1891 le 2ème bénitier ainsi :

"BÉNITIER DES DIABLES Tout à côté de l'autel de Saint-Laurent, est un beau bénitier en kersanton sur les bords duquel se tordent deux démons dont les pieds plongent dans l'eau bénite et dont les queues frétillent au fond de la cuve, sous forme de couleuvres. Au-dessus est sculpté le Baptême de N. S."

L'auteur de l'article Wikipédia sur l'église écrit :

"Le bénitier en kersanton est formé d'une cuve ciselée où deux diables plongent à moitié dans l'eau bénite et se tordent dans des convulsions." 

Le Guide Michelin signale :

"un curieux bénitier du 17e s. représentant deux diables se débattant dans l'eau bénite. "

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Je me propose  d'en donner une description plus détaillée, et de m'interroger sur l'interprétation qui en est donnée.

 

Datation :

Elle est déduite de celle de la porte sud à la droite de laquelle elle est placée, et qui porte en inscription : A : D : 1622.

Attribution.

Inconnue.

Le seul atelier de sculpture sur pierre du Finistère actif en 1622 et taillant le kersanton est celui de Roland Doré (1618-1663), actif à Guimiliau et à Lampaul-Guimiliau, mais dont aucun bénitier n'est connu.

Les frères Prigent de Landerneau, actifs à Lampaul-Guimiliau pour le porche sud, ont produit divers bénitiers de porche (Saint-Houardon à Landerneau, Landivisiau en 1554-1565, La Roche-Maurice) et ont signé celui de la chapelle Saint-Guévroc de Tréflez (1545) mais leur production s'achève en 1577. 

Un bénitier en kersanton de La Martyre porte la date de 1601. Un autre, en vasque, est signé Jean Le Bescond (azctif vers 1664-1682) et daté de 1681.

Jean Le Bescond est aussi l'auteur d'un bénitier circulaire de Ploudiry daté de 1680.

Le bénitier du porche sud de Guimiliau date de 1606-1617. 

Description.

Ce bénitier est scellé dans le mur, où il est suspendu (sans reposer sur une colonne).

"Les architectes du xiiie siècle aimaient à faire tenir aux édifices tous les accessoires nécessaires ; ils étaient portés à prévoir, dans la construction, des objets qui jusqu’alors avaient été regardés comme des meubles ; ils durent disposer des bénitiers faisant partie de l’édifice, près des portes, de même qu’ils accusaient franchement les piscines, les crédences. Ces accessoires devenaient pour eux autant de motifs de décoration. " (Viollet-le-Duc, "Bénitier")

Il associe une cuve hémisphérique reposant sur un culot en fleuron ; un plateau vertical rectangulaire ; et un fronton globalement triangulaire par la réunion de deux volutes. Ce dernier me semble en granite et n'est pas solidaire de la partie inférieure, en kersantite.

Il occupe, sur le bas-coté sud,  la partie droite de l'entrée après la deuxième porte sud (la première étant celle du porche) : cette porte date de 1622. Néanmoins, le bénitier, ou au moins sa partie basse en kersantite, peut être plus ancien.

a) le panneau frontal.

Il est sculpté en bas-relief de trois personnages au dessus d'une coquille et représente le baptême du Christ par Jean-Baptiste, tandis qu'un ange tient la tunique. Cette scène figure aussi au dessus des Fonts baptismaux (1650) de l'église, mais le personnage qui porte la tunique n'y est pas ailé.

Jean-Baptiste, sur une console,  tient un bâton pastoral à croix, et verse l'eau sur la tête de Jésus à l'aide d'un objet circulaire. Le Christ, jambe droite en ouverture, les pieds sur la coquille, et vêtu d'un pagne joint les mains. L'ange, tête légèrement inclinée, est également sur une console. Le rapport entre le bénitier (contenant de l'eau bénite pour que le fidèle se signe à son entrée dans l'église) et le Baptême du Christ est évident, mais rappelle au fidèle qu'en se signant, il réaffirme son propre baptême.

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b) L'extérieur de la cuve

Il est orné en bas relief de têtes d'angelots, de motifs floraux , de rangs de perles et d'éléments géométriques.

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c) L'intérieur de la cuve.

C'est lui qui est intriguant et parfaitement original.

Deux personnages, les épaules et la tête renversées en arrière, sont accoudés sur la margelle, tandis que le reste de leur corps descend dans la cuve ; lorsque celle-ci est fonctionnelle et qu'elle est remplie d'eau bénite, ils y baignent. Ils ont tous les traits d'êtres humains, et aucun des traits des démons. Il est difficile d'affirmer qu'il s'agisse d'un couple, bien que la poitrine et la chevelure du personnage de gauche soient plus fournies.

Au fond de la cuve, leurs pieds entrent en contact avec un ou deux serpents. La présence de serpents sculptés n'est pas rare au fond des bénitiers

 

"Quelquefois les sculpteurs se sont plu à figurer, au fond des cuves des bénitiers, des serpents, des grenouilles, des poissons, puérilités d’assez mauvais goût et qui font l’admiration de beaucoup de gens. Si ces fantaisies avaient pour but de rappeler aux fidèles qu’ils doivent prendre de l’eau bénite en entrant dans l’église, il faut avouer que cette singulière façon d’attirer l’attention eut un plein succès. À l’époque où le zèle religieux se refroidissait, les artistes s’ingéniaient souvent à exciter la curiosité, à défaut d’autre sentiment. Nous pensons qu’il faut classer ces sculptures d’animaux au fond des cuves des bénitiers parmi les fantaisies, parfois burlesques, des sculpteurs du xve siècle, quoiqu’on ait voulu trouver à ces figures un sens symbolique." (Viollet-le-Duc, article "Bénitier")

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Il me semble que l'on ne peut valider la description de deux diables qui se contorsionnent ou se débattent au contact de l'eau bénite : ce serait effectivement de mauvais goût.

J'y vois plutôt la représentation du  Premier Couple sous l'emprise du péché, et tentant d'y échapper, ou celle de l'Humanité avant la rédemption et le Baptême. Ce sens théologique est plus vraisemblable.

Néanmoins, l'interprétation reste ouverte : la première chose à faire était de proposer des images suffisamment précises aux internautes, afin qu'ils puissent y éprouver leur sagacité et leur science. Ce premier temps de l'iconographie, celui du collectage et de la diffusion des images, est le mien. 

Je donne un premier jeu de clichés, tel quel, et un second jeu pris après humectage des volumes, une technique à laquelle le kersanton se prête merveilleusement.

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Bénitier du "Baptême du Christ et des  serpents", kersanton, 1622, bas-coté sud, église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.

Bénitier du "Baptême du Christ et des serpents", kersanton, 1622, bas-coté sud, église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.

Bénitier du "Baptême du Christ et des  serpents", kersanton, 1622, bas-coté sud, église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.

Bénitier du "Baptême du Christ et des serpents", kersanton, 1622, bas-coté sud, église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.

Bénitier du "Baptême du Christ et des  serpents", kersanton, 1622, bas-coté sud, église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.

Bénitier du "Baptême du Christ et des serpents", kersanton, 1622, bas-coté sud, église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.

Bénitier du "Baptême du Christ et des  serpents", kersanton, 1622, bas-coté sud, église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.

Bénitier du "Baptême du Christ et des serpents", kersanton, 1622, bas-coté sud, église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.

Bénitier du "Baptême du Christ et des  serpents", kersanton, 1622, bas-coté sud, église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.

Bénitier du "Baptême du Christ et des serpents", kersanton, 1622, bas-coté sud, église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.

Bénitier du "Baptême du Christ et des  serpents", kersanton, 1622, bas-coté sud, église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.

Bénitier du "Baptême du Christ et des serpents", kersanton, 1622, bas-coté sud, église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.

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SOURCES ET LIENS.

ABGRALL (Jean-Marie), 1891,  Notice sur l'église de Lampaul-Guimiliau , Bulletin de la Société archéologique du Finistère .

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207615d/f92.image

— ABGRALL (Jean-Marie), 1916, Notice  sur l'église de Lampaul-Guimiliau, B.D.H.A.  page 65 .

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/eb8a12b7e12798d2ef6eea2b182e7115.pdf

 

— COUFFON (René), LE BARS ( Alfred), 1988,  Notice sur  Lampaul-Guimiliau , Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.; 28 cm. ISBN 978-2-950330-90-1.

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/ffdece473d8b2cacb3b0124f2e647d77.pdf

— COUFFON (René), 1964 Quelques considérations sur la sculpture religieuse en Basse-Bretagne du 12e au 19e siècle  In: Bulletins et mémoires. Société d'Emulation des Côtes-du-Nord vol. 92 (1964) p. 21-52

 

— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.

http://www.pur-editions.fr/couvertures/1409573610_doc.pdf

—Site Monuments historiques

http://monumentshistoriques.free.fr/calvaires/lampaul/imgs/benitier-porche.html

— VIOLLET-LE-DUC, "Bénitier"

https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Viollet-le-Duc_-_Dictionnaire_raisonn%C3%A9_de_l%E2%80%99architecture_fran%C3%A7aise_du_XIe_au_XVIe_si%C3%A8cle,_1854-1868,_tome_2.djvu/203

 

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Published by jean-yves cordier - dans Chapelles bretonnes.
30 mars 2019 6 30 /03 /mars /2019 21:41

Zoonymie des Odonates : les noms de Coenagrion scitulum (Rambur, 1842), "L'Agrion mignon".

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Zoonymie ? L'étude des noms des animaux (zoo). Comme dans Toponymie, Oronymie, Hydronymie, ou Anthroponymie, mais pour les bêtes. La "zoonymie populaire" (et volontiers extra-européenne) était  jusqu'à présent la seule branche un peu développée de cette science à peine née.

 

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 ZOONYMIE DES ODONATES.

 Les articles précédents : 10 articles de généralités et 41 études de noms d' Anisoptères.

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ZYGOPTÈRES

BIBLIO :

 

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Résumé. 

 

— genre Coenagrion, Kirby (W.F), 1890, Syn. Cat. Neur. Odon., London, :148. Du suffixe coen- "commun à, relatif au plus grand nombre, général", accolé au nom de genre Agrion [Fabricius 1775 puis Sélys] 1850, que Kirby réorganise complètement.  Parmi les Zygoptères (nommés alors Agrionidae), Kirby a réservé l'ancien nom de genre Agrion  aux Calopterygidae dans la sous-famille Agrioninae , et il a placé tous les autres (auparavant nommés Agrions) dans la sous-famille des Coenagrioninae  : le nom (mais non le genre) Coenagrion devait alors, dans ce contexte, être interprété comme "l'ensemble des Agrions"  à l'exception des Calopterygides. 

scitulum, Rambur, 1842 : du latin signifiant "joli, mignon, charmant" par diminutif en -ulus de l'adjectif scitus, de même sens. Ce diminutif répond en écho aux noms Libellula, puella, pulchellum et renvoie à la petite taille des "Demoiselles" et à leur allure féminine.

— noms en français : 1°) "L'Agrion scitule", Sélys 1850 ; 2°) "L'Agrion mignon", Paul-André Robert, 1958.

— Noms en d'autres langues :

- en allemand : "die Gabel-Azurjungfer".

-en catalan : "El Donzell del trinxant"

- en néerlandais : "Gaffelwaterjuffer" 

-en polonais : "Łątka zalotna "

- en anglais : "Dainty damselfly" ,  "Dainty damselfly  Bluet", "Dainty Blue Damselfly"

-en gallois : "Mursen las bert"


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NOM SCIENTIFIQUE.

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NOM DE GENRE COENAGRION, KIRBY, 1880.

Voir :

http://www.lavieb-aile.com/2019/02/zoonymie-des-odonates-le-nom-de-genre-coenagrion-kirby-1890.html

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NOM D'ESPÈCE SCITULUM, RAMBUR, 1842.

[Agrion scitulum], RAMBUR (Pierre), 1842, Histoire naturelle des insectes : Névroptères, Paris, Roret, page 266, et Planches, PL.6, fig.4, d.Type : mâle, Mus. nat. Paris. Localité du type : France.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k61025298/f288.image.texteImage

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6104159n.texteImage

Description originale.

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N° 13. AGRION SCITULUM , mihi. (Pl. 6, fig. i,d.) 

Coeruleum, viridi-aeneo variegatum; abdominis supra maculis antice mucronatis ; appendicibus superioribus gracilibus, curvis, ante basim tuberculo magno, inferioribus brevioribus, prostratis, divaricatis. 

Ressemblant beaucoup au Lindeni, mais un peu plus petit et plus court. Tête ayant une tache bleue ovale, postérieurement de chaque côté, touchant presque à l'occiput, qui forme une ligne de la même couleur. 
Bord postérieur du prothorax un peu sinueux, un peu saillant dans son milieu, surtout chez la femelle, où cette partie est un peu redressée ; thorax comme chez le Lindeni. -Abdomen presque semblable, plus court, bleu de ciel, un peu jaunâtre en dessous, avec des taches d'un vert bronzé noirâtre, disposées ainsi ; une très-large sur le premier segment, ne touchant pas le bord postérieur ; celle du second n'arrivant pas jusqu'au bord antérieur, très-profondément et très-largement échancrée antérieurement, fortement rétrécie à l'endroit où elle touche le bord postérieur ; celle des suivants occupant au moins la moitié postérieure du segment, un peu trifide antérieurement ; celle des 6 et 7e les couvrant complètement ; 8e sans tache ; 9e ayant une tache postérieure fortement échancrée et variant en longueur, celle du 10e le couvrant entièrement ; celui-ci échancré, ayant une petite saillie sur les côtés; appendices supérieurs plus longs que les inférieurs, fortement dilatés avant leur base en une sorte de tubercule épais, grêles , un peu courbés et redressés dans leur longueur ; les inférieurs déprimés, couchés et dirigés en haut et en dehors, venant se terminer en une petite pointe sur le côté externe des supérieurs ; femelle différant du mâle en ce que tout le dessus du ventre est vert bronzé, à l'exception des 3, 4, 5 et 6e segments, dont la partie antérieure est bleue; dessous jaune, avec une large tache de la même couleur sur les cotés du pénultième segment ; dernier échancré et tronqué en dessus postérieurement ; styles courts, presque triangulaires ; valves génitales longues, atteignant l'extrémité anale, ayant leurs appendices noirs. Pattes jaunâtres, ayant la face externe des cuisses, une ligne sur les deux tiers postérieurs du bord antérieur des tibias s'étendant à la partie interne de la base, noires. Ailes transparentes ; ptérostigma d'un roux obscur, plus clair à sa circonférence, en losange allongé 

Se trouve dans les environs de Paris, le long des étangs, pendant l'été ; rare. 

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Note : Rambur a décrit page 269 l'Agrion distinctum, une femelle dont il écrit  "je n'ai pu rapporter cette femelle à aucune des autres espèces, quoique je l'aie comparée avec la plus minutieuse attention, et je pense qu'elle forme une espèce dont le mâle m'est inconnu.". Heinrick Steinmann en fait la femelle de Coenagrion scitulum. Le spécimen conservé au Museum d'histoire naturelle de Paris provient de Sardaigne (offert à Rambur par le marquis de Brème).

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Planche 6 figure 4,d.

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https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6104159n/f17.item.zoom

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6104159n/f17.item.zoom

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ÉTUDE DE L'ÉPITHÈTE SCITULUM.

du latin scitulus, accordé au genre neutre de Coenagrion (et déjà par Rambur au genre Agrion), adjectif diminutif formé sur scitus "beau, élégant, joli, gentil, mignon,' avec le suffixe  -ulus. Gaffiot traduit ce diminutif par "joli, mignon, charmant".

 

https://fr.wiktionary.org/wiki/scitulus

https://www.lexilogos.com/latin/gaffiot.php?q=scitulus

Rambur ne donne aucune explication sur le choix de ce nom, hormis peut-être la phrase "Ressemblant beaucoup au Lindeni, [Erythromma lindeni, Sélys, 1840] mais un peu plus petit et plus court." . Par contre, ce nom forme une série avec  Libellula (libella + -ula), puella (puer + -la), pulchellum (pulcher + -lus),  ou nymphula (nympha + -ula) qui soulignent par la forme diminutive la petite taille et la finesse de ces insectes, et pour les trois derniers , la beauté gracieuse et féminine qui leur a valu le nom de "Demoiselles".

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LES AUTRES AUTEURS EN ZOONYMIE.

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POITOU-CHARENTE NATURE.

http://www.poitou-charentes-nature.asso.fr/agrion-mignon/

"De scitulus (lat) = mignon, élégant."

DRAGONFLYPIX

http://www.dragonflypix.com/etymology.html

"from Lat. scitus, dimin. scitulus, -a, -um = elegant, neat"

 

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D'ANTONIO & VEGLIANTE.

https://www.researchgate.net/publication/316791278_Derivatio_nominis_libellularum_europaearu

 

"scitulum (Coenagrion) - scitulus, a, um = grazioso, carino. Per l’aspetto del corpo."

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H. FLIEDNER, 2009

https://www.entomologie-mv.de/download/virgo-9/Virgo%200902%20Die%20wissenschaftlichen%20Namen%20der%20Libellen%20in%20Burmeisters.pdf

http://dominique.mouchene.free.fr/libs/docs/GENE_Burmeister_Fliedner.pdf

non décrit

 

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VAN HIJUM, 2005.

http://natuurtijdschriften.nl/download?type=document&docid=555521

" scitulum = allerliefst"

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LES NOMS EN LANGUE VERNACULAIRE.

 

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LES NOMS FRANÇAIS DE COENAGRION SCITULUM.

1°) "L'Agrion scitule", Sélys 1850.

Revue des Odonates page 215 n°18.

https://books.google.fr/books?id=25LBNgWMuiMC&dq=scitulum+revue+des+odonates+s%C3%A9lys&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

On connait l'habitude d'Edmond de Sélys-Longchamps : faire suivre le nom scientifique d'un nom "français" dont il est la transcription la plus immédiate, fut-ce comme ici au prix d'un néologisme.

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2°) "L'Agrion mignon", Paul-André Robert, 1958.

Robert ne laisse pas passer le néologisme-barbarisme de Sélys, et choisit une vraie traduction de l'épithète scitulum,  en écrivant ; "signification du nom  : mignon, charmant, délicat".

Ce nom a été adopté par tous les auteurs.

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LES NOMS DE COENAGRION SCITULUM EN D'AUTRES LANGUES.

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- en allemand : "die Gabel-Azurjungfer".

-en catalan : "El Donzell del trinxant"

- en néerlandais : "Gaffelwaterjuffer" 

-en polonais : "Łątka zalotna "

 

- en anglais : "Dainty damselfly" ,  "Dainty damselfly  Bluet", "Dainty Blue Damselfly"

-en gallois : "Mursen las bert"

  http://www.nhm.ac.uk/our-science/data/uk-species/species/coenagrion_scitulum.html

-en breton : "Dimezell goant" ("Belle demoiselle")

CZ: "Šidélko huňaté"

RU: "Стрелка красивая"

UA: "Стрілка гарна"

HU: "Ritka légivadász"

SI: "Povodni škratec"

http://www.hlasek.com/coenagrion_scitulum.html

 

 

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SOURCES ET LIENS.

Bibliographie générale de ces articles de zoonymie des Odonates : voir ici :
http://www.lavieb-aile.com/2018/01/la-bibliographie-de-mes-articles-de-zoonymie-des-odonates.html

OUTILS DE  ZOONYMIE.

— A Dictionary of Prefixes, Suffixes, and Combining Forms from Webster!s Third New International Dictionary, Unabridged ! 200

http://www.mrjonathan.com/mxrm9files/GrammarPages/prefixes%20&%20Sufixes%20Dictionary.pdf

 

— [Boudot J.-P., Dommanget J.-L., 2012. Liste de référence des Odonates de France métropolitaine. Société française d’Odonatologie, Bois-d’Arcy (Yvelines), 4 pp.]

http://www.libellules.org/fra/pdf/503_pagesdynadocs519e54424a6f7.pdf

— http://www.dragonflypix.com/etymology.html
 — PRÉCIGOUT (Laurent), PRUD'HOMME (Eric), 2009, Libellules de Poitou-Charentes, Ed. Poitou-Charentes Nature, 255 pages, 
— POITOU-CHARENTE NATURE (Association) / Philippe JOURDE & Olivier ALLENOU
http://www.poitou-charentes-nature.asso.fr/leucorrhine-a-front-blanc/
— ANTONIO (Costantino D’), VEGLIANTE (Francesca ) "Derivatio nominis libellularum europæarum"(PDF) (en Italien) Étymologie de 197 noms de Libellules européennes.
https://www.researchgate.net/publication/316791278_Derivatio_nominis_libellularum_europaearum
 
— ENDERSBY (IAN D. ), 2012,  : Watson and Theischinger: the etymology of the dragonfly (Insecta: Odonata) names which they published  Journal and Proceedings of the Royal Society of New South Wales, vol. 145, nos. 443 & 444, pp. 34-53. ISSN 0035-9173/12/010034-20 34
https://royalsoc.org.au/images/pdf/journal/145_Endersby.pdf
— ENDERSBY (IAN D., FRS ), 2012, Etymology of the Dragonflies (Insecta: Odonata) named by R.J. Tillyard, F.R.S. Proceedings of the Linnean Society of New South Wales 134, 1-16.
https://openjournals.library.sydney.edu.au/index.php/LIN/article/viewFile/5941/6519
— ENDERSBY (IAN D., FRS ), 2012, The Naming of Victoria’s Dragonflies (Insecta: Odonata,  Proceedings of the Royal Society of Victoria 123(3): 155-178. 
https://www.academia.edu/28354624/The_Naming_of_Victoria_s_Dragonflies_Insecta_Odonata_
— ENDERSBY (IAN D. ), 2015, The naming's of Australia's dragonflies.
https://www.researchgate.net/publication/283318421_The_Naming_of_Australia%27s_Dragonflies
 http://dominique.mouchene.free.fr/libs/docs/GENE_origine_noms_odonates_Australie_Endersby_2015.pdf
— FLIEDNER (Heinrich), 2009, Die wissenschaftlichen Namen der Libellen in Burmeisters ‘Handbuch der Entomologie’ Virgo 9[5-23]
http://www.entomologie-mv.de/download/virgo-9/Virgo%200902%20Die%20wissenschaftlichen%20Namen%20der%20Libellen%20in%20Burmeisters.pdf
— FLIEDNER (Heinrich), "The scientific names of the Odonata in Burmeister’s ‘Handbuch der Entomologie".
http://dominique.mouchene.free.fr/libs/docs/GENE_Burmeister_Fliedner.pdf
— FLIEDNER (Heinrich),  1997. Die Bedeutung der wissenschaftlichen Namen Europaischer Libellen. Libellula, supplement I. Sonderband zur Zeitschrift der Gesellschaft deutschsprachiger Odonatologen (GdO) e.V. Fliedner, Bremen.

— FLIEDNER (Heinrich), (1998): Die Namengeber der europäischen Libellen. Ergänzungsheft zu Libellula - Supplement 1
— FLIEDNER (H.), 2012, Wie die Libelle zu ihrem Namen kam Virgo, Mitteilungsblatt des Entomologischen Vereins Mecklenburg 15. Jahrgang (2012).
https://www.entomologie-mv.de/download/virgo-15/virg%2015104%20Libelle_Namensherkunft.pdf
— HIJUM (Ep van ), 2005, Friese namen van libellen , TWIRRE natuur in Fryslan jaargang 16, nummer 4 page 142-147
http://natuurtijdschriften.nl/download?type=document&docid=555521

— KIRBY, W. F. (William Forsell), 1890 A synonymic catalogue of Neuroptera Odonata, or dragon-flies. With an appendix of fossil species. London,Gurney & Jackson; [etc. etc.]1890.

https://www.biodiversitylibrary.org/item/25894#page/5/mode/1up

— ROBERT (Paul André), 1936, Les Insectes, coléoptères, orthoptères, archiptères, nevroptères,Delachaux et Niestlé .

 

 — ROBERT (Paul-André), 1958, Les Libellules: (Odonates), Delachaux & Niestlé, - 364 pages

https://books.google.fr/books?id=jvQVvAEACAAJ&dq=ROBERT+(Paul-A.),+Les+Libellules:+(Odonates),+Delachaux+%26+Niestl%C3%A9,+1958&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjpiuPbl7zgAhWOnhQKHURrDboQ6AEIKTAA


— STEINMANN (Henrik), 1997, World Catalogue of Odonata, Zygoptera Walter de Gruyter, - 521 pages . Numérisé Google.
https://books.google.fr/books?id=JMR-HkoVtvAC&pg=PA307&dq=tenellum,+World+Catalogue+of+Odonata,&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwilrrz33bjgAhVD2OAKHbcWAsUQ6AEILDAA#v=onepage&q=tenellum%2C%20World%20Catalogue%20of%20Odonata%2C&f=false


  — SITE Libellen - eine (kleine) Einführung . die Namensgebung

http://www.libelleninfo.de/07.html#buch

http://www.libelleninfo.de/071.html

SCHIEMENZ, H. (1953): Die Libellen unserer Heimat. Jena: Urania

— WENDLER (A)., A. Martens, L. Müller & F. Suhling (1995): Die deutschen Namen der europäischen Libellenarten (Insecta: Odonata).Entomologische Zeitschrift 105(6): 97-112


 
EXTRAIT DE LA BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE : 

 

— RAMBUR (Pierre), 1842, Histoire naturelle des insectes :Névroptères, Paris, Roret.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k61025298/f288.image.texteImage

 — SELYS-LONGCHAMPS ( Michel Edmond, Baron de) 1840 - Monographie des Libellulidées d'Europe. - Roret, Paris ; Muquardt, Bruxelles, 220 pages.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k370057n/f148.image.r=selys.langFR
— SELYS-LONGCHAMPS ( E.de),1850 - Revue des Odonates ou Libellules d'Europe. - Bruxelles, Paris.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k26769q.texteImage

 — SELYS-LONGCHAMPS ( E.de) 1860 Synopsis des Agrionines,  première légion : Pseudostigma

https://www.biodiversitylibrary.org/item/132906#page/1/mode/1up

— SELYS-LONGCHAMPS ( E.de) 1860 Synopsis des Agrionines,  dernière légion :  Protonevra.

https://www.biodiversitylibrary.org/item/132906#page/1/mode/1up

— SELYS-LONGCHAMPS ( E.de) 1862 Synopsis des Agrionines, deuxième légion : Lestes.

https://www.biodiversitylibrary.org/item/132902#page/3/mode/1up

 

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Odonates
28 mars 2019 4 28 /03 /mars /2019 22:44

Les crossettes et gargouilles de l'église de Lampaul-Guimilau.

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Je dédie cet article à la mémoire d'Emmanuelle Le Seac'h, dont j'ai utilisé le travail hélas inédit.
 

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Sur Lampaul-Guimiliau : l'intérieur de l'église :

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Sur les crossettes et gargouilles :

 

— Sur les crossettes, voir :

Cet article appartient à une étude des crossettes du Finistère destinée à permettre des comparaisons et à dégager des constantes stylistiques et thématiques. On consultera sur ce blog :

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PRÉSENTATION.

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a) Définition :

— Gargouille : gouttière en saillie par laquelle s'éjectent les eaux de pluie, souvent sculptée en forme d'animal, de démon, de monstre. Elles sont perpendiculaires à la façade pour écarter du mur  l'écoulement de l'eau .

— Crossette : elles ressemblent à des gargouilles mais n'ont pas de fonction d'évacuation des eaux (elles n'ont pas de conduit) et sont (le plus souvent) dans le même plan que la façade. Elles ont une fonction d'amortissement. J'utiliserai le terme de "crossette" tel que je le trouve défini dans Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne (2014) d'Emmanuelle Le Seac'h page 40 :

"Les pierres d'amortissement, nécessaires à la structure et à l'équilibre d'un fronton ou d'un pignon, sont généralement prolongées par des acrotères, des crossettes ou des pots-à-feu. Les crossettes, situées à la terminaison des rampants d'un pignon ou d'un fronton, sont extrêmement nombreuses. Les plus belles sont sculptées dans la pierre de kersanton sur les porches de la vallée de l'Élorn, comme à Landivisiau où un lion et un dragon se font pendant. "

Régulièrement photographiées pour leur beauté et leur thème pittoresque, les crossettes zoomorphes et anthropomorphes de Bretagne ont fait l'objet d'une seule étude réglée, celle d'Emmanuelle Le Seac'h, pour les quatre cantons du Finistère de Landerneau, Landivisiau, Ploudiry, et Sizun : on y trouve ainsi l'étude des crossettes de l'église Notre-Dame de Lampaul-Guimiliau, et j'ai puisé dans ces descriptions et fait connaître ses croquis. Les autres articles de ce blog montrent que le bestiaire, la thématique et la stylistique sont suffisamment homogènes pour en étendre les conclusions à l'ensemble de la Basse-Bretagne.

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b) Datation et attribution.

Ces crossettes étant une partie intégrante de la construction, et non un élément surajouté, elles partagent avec celle-ci sa datation. Or, l'édifice a été commencé par son angle sud-ouest et par son porche sud à la période gothique (avant 1530 ) alors que la partie haute de son porche étant daté de 1533 avec des éléments Renaissance. La construction s'est poursuivie  vers l'ouest (porche occidental, 1573) et vers l'est  (petite porte sud et bénitier de 1622, chevet de 1627) et au nord (porte de 1069), nous serions amenés à supposer que les éléments sculptés ont été taillés par des ateliers différents entre 1500-1533 et 1627. Néanmoins, dans son mémoire, Emmanuelle Le Seac'h les datent de 1609 à 1627.

Ces sculptures ne sont pas attribuées. Les ateliers qui sont connus pour être intervenus sur l'enclos paroissial de Lampaul-Guimiliau (Le Seac'h, 2014) sont ceux de Bastien et Henry Prigent pour la partie haute du porche en 1533, et de Roland Doré avant 1663 pour le Christ de l'ossuaire. Ils travaillaient la pierre de kersanton.

 

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c) localisation, matériau et technique:

Les crossettes et les gargouilles sont en granite et sont souvent fortement érodées. Dix crossettes figurées, en faible relief et en ronde bosse, occupent les rampants droits et gauche des  5 fenêtres passantes de l'élévation sud de l'église. Six gargouilles figurées, en fort relief, drainent la toiture du chevet. 

 

d) codification et motifs.

Les crossettes figurées de l'église sont désignées par la lettre C (ou CM si mutilées) de C1 à CM11 sur l'élévation sud d'ouest en est.

Les crossettes figurées de la chapelle de la Trinité (ancien ossuaire) sont numérotées de Cct1 à Cct 6.

Les six gargouilles sont désignées par la lettre G de G12 à G17 (chevet et sacristie) et G18 à G29 (clocher)

Les deux gargouilles de la chapelle de la Trinité sont désignées par Gct1 et Gct2.

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CM1 : animal, 1609.

C2 : ange tenant un phylactère, 1609.

CM3 : non identifiable, 1609.

C4 : Sirène tenant un miroir.

C5 : lion assis, 1622.

C6 : dragon, 1622.

C7 : buveur au tonneau, 1622.

C8 : chien assis, 1622.

C9 : ange, 1622.

C10 : ange, 1622.

CM 11 : lion mutilé, 1627.

CMct3 : chien, 1667

CMct 4 : lion, 1667.

Cct5 : homme agenouillé, 1667,

Cct6 : tête d'homme, 1667.

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G12 : buste de femme, 1627

G13 : lion tenant une banderole, 1627.

G14 : lion tenant une banderole, 1627.

G15 : lion tenant une banderole, 1627.

G16 : lion, 1627.

G17, tête mi-homme, mi-lion, 1627.

G18 à G29, gargouilles-canons du clocher.

Gct 1 : masque de femme, 1667.

Gct 2 : homme barbu.

 

Une gargouille ithyphallique G30 et son homologue pudique G31 sont situées à l'ouest de l'église : elles ne sont pas érodées et sont d'une facture très différente, sans doute moderne, et non décrite par Le Seac'h.

 

 

 

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e) Intérêts.

Les onze crossettes anciennes (1609-1627) et les 5 gargouilles (1627) de l'église constituent un corpus très précieux.  Parce qu'il reprend les mêmes motifs que sur les églises et chapelles de Basse-Bretagne du XVe siècle, il reflète non pas un choix local et daté, mais la permanence d'un monde imaginaire que les fabriciens exigent de faire représenter dans les parties hautes de leur sanctuaire. Ce corpus trouve souvent son équivalent, à l'intérieur de l'édifice et à la même hauteur, dans les sablières, comme si ce lieu intermédiaire entre la toiture et les murs, lui fournissait un espace marginal d'expression.

Nous n'y trouvons ni représentation chrétienne (alors que celle-ci s'exprime sur les calvaires, les retables et la statuaire intérieure), ni scènes de genre, ni bestiaire familier, ni fables ou proverbes, mais la répétition inlassable, paroisse après paroisse, du même fond sacré populaire. 

Il serait fallacieux d'y voir l'expression d'une âme celte pré-chrétienne, car les dragons (l'un des leitmotiv) envahissent les marges des manuscrits sacrés du XIIe siècle des ateliers parisiens. Il serait fallacieux aussi de croire que ces crossettes sont, par leur éloignement, des manifestations d'un refoulé. Elles ne sont pas moins visibles que les statues des calvaires, et ne sont nullement escamotées. 

Exercent-elles une fonction apotropaïque ? Délimitent-elles une enceinte sacrée pour la protéger par l'énormité inouïe de leur statut ? 

 

Ce dragon, ce chien, ces lions viennent d'un Monde surnaturel au même titre que les anges, et leur message énigmatique, moins terrifiant que fascinant, nourrit cet art de la sculpture sur pierre comme ces Contes qui, répétés cent fois, continuent à dire quelque chose d'essentiel qui ne s'épuise pas. Le Vicieux, tout comme   la Sirène dans sa séduction ou l'Ève primordiale, sont des personnages clefs de ce Grand Guignol constituant un trésor de l'Humanité. Il ne s'agit pas d'un dragon, d'un ange, d'une sirène, mais de Dragon, d'Ange, de Chien, de Sirène ou de Lion, avec la même familiarité, mais aussi la même puissance que les constellations du zodiaque qui tournent dans notre ciel.

Il nous faut donc admettre que nos ancêtres voulaient que ces  figures soient présentes et tournent autour du sanctaire, car elles formaient le firmament de leur psyché sans opposition ni sacrilège avec la divinité chrétienne, mais dans une complémentarité mystérieuse. 

Ces crossettes et ses gargouilles ont donc le statut d'œuvre d'art, car leurs formes expriment une Idée, universelle, énigmatique, toujours et inlassablement surprenante : celle de l'Inconnu fertile.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

L'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

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Éléments de datation de l'élévation sud de l'église d'après les inscriptions.

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Datation de l''église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Datation de l''église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

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Éléments de datation de l'église d'après les inscriptions : plan.

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Les crossettes et gargouilles de l'église de Lampaul-Guimilau.

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Codification des crossettes et gargouilles selon E. Le Seac'h 1997.

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Plan par Emmanuelle Le Seac'h 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

Plan par Emmanuelle Le Seac'h 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

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Première fenêtre passante F1 (à gauche du porche).

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Crossettes de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Crossettes de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Crossettes de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Crossettes de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

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Crossette CM1, animal mutilé, rampant gauche de F1, 1609.

On suppose une forme animale, dont la tête et le haut du buste (en ronde bosse) a disparu ; il reste, en faible relief et érodé, le buste, l'arrière-train et une patte. La description pourrait aussi être faite en partant de l'hypothèse d'un acrobate aux chaussures longues. Voir le buveur au tonneau.

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Crossette CM1 (granite, 1609) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Crossette CM1 (granite, 1609) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

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n.b. On remarque, au dessus du rampant, en réemploi et en remplacement d'un pinacle, une statue en ronde bosse en kersanton : c'est l'évangéliste saint Marc rédigeant son évangile, dont le lion porte dans sa gueule le plumier et l'encrier. Atelier Prigent ?

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Saint Marc évangéliste, kersanton (XVIe siècle) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Saint Marc évangéliste, kersanton (XVIe siècle) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

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Crossette  C2 : ange tenant un phylactère, rampant droit de F1, 1609.

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"Le petit ange joufflu est habillé. Il déroule une banderole qui lui ceint la taille en tendant le bras droit. Le sculpteur a multiplié les plis pour donner de l'étoffe au personnage : plis transversaux pour le bas de la robe qui cache les pieds, plis en accordéons pour le bras et plis rectilignes verticaux pour le buste. Le visage reflète une expression grave et paisible." (E. Le Seac'h 1997)

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Ange au phylactère, crossette C2 (granite, 1609) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Ange au phylactère, crossette C2 (granite, 1609) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

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Deuxième fenêtre passante  F2, à gauche du porche.

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Crossette CM3, rampant gauche de F2. 

Le sujet n'est pas identifiable.

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Crossette C4, rampant droit de F2. Sirène tenant un miroir.

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"La sirène s'admire dans un miroir à pied [plutôt à poignée] qu'elle tient derrière elle. Les écailles de la queue ont presque disparu. Les cheveux longs tombent sur les épaules. Le visage est tourné vers le visiteur". (E. Le Seac'h, 1997).

 

H. Amemiya donne cette description :

"Sirène : couchée sur le ventre, tête à droite. Buste dressé . Visage ovale encadré d'une longue chevelure. Seins en relief. La main droite tendue vers l'arrière tient un miroir (?). Une ceinture à la taille, à partir de laquelle elle prend la forme d'une queue de poisson à écailles sculptées. L'extrémité est bifurique. Disposition analogue à la sirène de l'église Notre-Dame de Bodilis dont la partie visible du corps est semblable à celle-ci."

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En se basant sur des œuvres similaires, nous pouvons imaginer que la femme-poisson tenait un pigne dans la main gauche. Comparez avec la sirène de la rue Kerbrat à Landerneau, à celle de l'église de Saint-Urbain, de l'église Saint-Suliau de Sizun, 

Une autre sirène, ou plutôt une Femme-serpent, est sculptée à Lampaul-Guimiliau sur la partie haute du porche, sous la statue de saint Michel, et au dessus de la date de 1533.

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Sirène au miroir, crossette C4 (granite, 1609) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Sirène au miroir, crossette C4 (granite, 1609) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

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Troisième fenêtre passante F3, (1622), à droite du porche.

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Crossettes C5 et C6 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Crossettes C5 et C6 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

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Crossette C5,  rampant gauche de F3.  Lion assis (1622).

"Le lion est assis sur une console. La gueule ouverte, il tire la langue. La crinière est élégamment peignée, les mèches se suivent sans s'embrouiller. La queue se divise en trois ramifications." (Le Seac'h, 1997)

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Lion assis, crossette C5 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Lion assis, crossette C5 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Lion assis, crossette C5 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Lion assis, crossette C5 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

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Crossette C6, rampant droit de F3 : dragon (1622).

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"Le dragon montre les crocs. Une aile membraneuse de chauve-souris se distingue à peine sur le dos. Le corps recouvert d'écailles se termine en queue de serpent. Des pattes d'animal sont rattachées à l'avant-corps. La tête du monstre est érodée". (Le Seac'h, 1997)

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Dragon ailé, crossette C6 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Dragon ailé, crossette C6 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Dragon ailé, crossette C6 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Dragon ailé, crossette C6 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

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Quatrième fenêtre passante F4 (1622) .

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Crossette C7. Rampant gauche de F4 : le buveur au tonnelet (1622).

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"L'homme nu s'adonne à la boisson en portant à ses lèvres un tonnelet d'alcool qu'il serre dans ses mains" (Le Seac'h, 1997).

 

Ce type de petit tonneau à goulot médian se retrouve  sur les sablières .

Voir un exemple du XIXe :

http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo113332

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Homme buvant au tonnelet,  crossette C6 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Homme buvant au tonnelet, crossette C6 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Homme buvant au tonnelet,  crossette C6 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Homme buvant au tonnelet, crossette C6 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

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Crossette  C8. Rampant droit de F4 : un chien assis (1622).

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"Le chien de race setter ou labrador avec ses oreilles basses et tombantes est assis sur l'arrière-train. La tête est légèrement cachée par le contrefort". (Le Seac'h 1997)

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Chien assis, crossette C7 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Chien assis, crossette C7 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

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Cinquième fenêtre passante F5 (1622)

 

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Fenêtre F5 de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Fenêtre F5 de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Fenêtre F5 de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Fenêtre F5 de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

 

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Crossette C9, rampant droit de F5. Ange (1622).

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"L'ange, en position allongée, s'appuie du bras droit sur la volute et la contre-volute qui terminent la crossette. L'autre bras suit les contours de la robe flottante." (Le Seac'h, 1977)

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Crossette C9 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Crossette C9 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Crossette C9 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Crossette C9 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

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Crossette C10, rampant gauche de F5. Ange (1622).

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"Le visage rond et joufflu de l'ange se rattache directement au reste du corps. Le bras droit est collé au buste. Les cheveux sont coupés en un carré bouclé. L'ange est vêtu d'une longue robe qui par ses plis, laisse deviner l'orientation des pieds vers le haut. La crossette se termine par une volute et une contre-volute." (Le Seac'h, 1977)

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Crossette C10 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Crossette C10 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Crossette C10 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Crossette C10 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Crossette C10 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Crossette C10 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

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Crossette CM 11. Coté droit du lanternon du dernier contrefort de l'élévation sud (  angle sud-est) : lion mutilé (1627).

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"Le lion se tient debout. La tête est mutilée. On devine encore la langue pendante et les boucles de la crinière sur le reste de la sculpture. La pierre de la patte antérieure droite est fendue." (Le Seac'h, 1977)

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Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

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Lion assis, crossette CM11 (granite, 1627),  de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Lion assis, crossette CM11 (granite, 1627), de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Lion assis, crossette CM11 (granite, 1627),  de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Lion assis, crossette CM11 (granite, 1627), de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Lion assis, crossette CM11 (granite, 1627),  de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Lion assis, crossette CM11 (granite, 1627), de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Lion assis, crossette CM11 (granite, 1627),  de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Lion assis, crossette CM11 (granite, 1627), de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Gargouilles G11 à G14 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Gargouilles G11 à G14 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

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LE CHEVET.

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Gargouille G12. Partie frontale du contrefort n°1 du chevet. Une femme bras croisées sur la poitrine (1627).

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"La femme se protège des regards indiscrets. Elle cache pudiquement la poitrine en croisant les bras sur le devant. Elle arrondit la bouche pour laisser s'écouler l'eau. Les yeux en amande sont très tirés sur le coté, avec pour l'œil gauche un petit trou. Les cheveux longs couvrent les épaules. Une frange courte et quelques boucles sur le devant complète la coiffure". (Le Seac'h, 1977)

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Gargouille C12 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Gargouille C12 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Femme bras croisés, gargouille G12 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Femme bras croisés, gargouille G12 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

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Femme bras croisés, gargouille G12 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Femme bras croisés, gargouille G12 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

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Gargouille G13, niche du contrefort n°2 du chevet, sur la face frontale : lion tenant une banderole (1627).

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"L'animal repose sur une banderole qu'il déroule avec les pattes antérieures. Une fleur à pétales stylisés est sculptée sur le rouleau. La gueule ouverte, il sort la langue. La crinière est abondante.  Il est taillé dans la pierre d'une manière géométrique, dans une forme qui rejoint le parallélépipède". (Le Seac'h, 1977)

 

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Lion, gargouille (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Lion, gargouille (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

Gargouilles G13 à G15 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Gargouilles G13 à G15 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

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Gargouille G14, niche du contrefort n°2 du chevet, sur la face frontale : lion tenant une banderole (1627).

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Il est identique aux gargouilles G13 et G15.

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Gargouilles G13 à G15 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Gargouilles G13 à G15 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

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Gargouille G15 : lion tenant une banderole (1627).

Il est identique aux gargouilles G14 et G15.

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Gargouilles G13 à G15 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2019.

Gargouilles G13 à G15 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2019.

Gargouilles G13 à G15 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2019.

Gargouilles G13 à G15 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2019.

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LA SACRISTIE.

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Gargouille G16 sur le contrefort de la sacristie : un lion (1627).

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"Le lion famélique regarde d'un air goguenard les visiteurs avec son large sourire qui quelques siècles plus tôt devait faire peur. Les incisions dans la pierre rappellent celles faites pour figurer la crinière d'un lion. Le mufle de l'animal se devine ainsi que les yeux. La tête est tournée vers le sud."  (Le Seac'h, 1977)

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N.B la sacristie elle-même date de 1673-1679 (inscriptions)

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Lion, gargouille G16 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Lion, gargouille G16 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Lion, gargouille G16 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Lion, gargouille G16 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Gargouilles G16 (granite, 1627 ?) et G17 (granite, 1679) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Gargouilles G16 (granite, 1627 ?) et G17 (granite, 1679) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

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Gargouille G17 sur le mur de la sacristie jouxtant le contrefort  tête mi-homme, mi-lion (1679).

À droite après la rotondité de l'escalier , très basse, environ à deux mètres du sol, et de forme parallélépipédique, en faible relief, érodée et en partie couverte de lichens.

 

"Vue de face, la tête est celle d'un homme avec des yeux ronds et des moustaches. Vue du coté droit, avec une oreille plate et étirée, elle ressemblerait d'avantage à un félin. Le coté droit est contre le contrefort, le dessous est marqué par un creux rond. " (Le Seac'h 1997)

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Gargouille G17 (granite, 1679),  de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Gargouille G17 (granite, 1679), de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Gargouille G17 (granite, 1679),  de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Gargouille G17 (granite, 1679), de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Gargouille G17 (granite, 1679),  de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Gargouille G17 (granite, 1679), de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

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LES GARGOUILLES DU CLOCHER.

G18 à G 29, cantonnées aux deux étages du clocher, elles adoptent la forme de canons tous semblables.

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Gargouilles-canons G18 à G29 du clocher de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Gargouilles-canons G18 à G29 du clocher de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

 

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LES GARGOUILLES DE L'OUEST.

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Non décrites par E. Le Seac'h.

Ce sont deux sculptures jumelles en ronde bosse, de même facture, , réalisées dans la même pierre blanc crème au grain fin, et qui n'exerce plus leur fonction de gargouille puisque l'eau de pluie est collectée dans une gouttière qui passe dans un évidement de leur base. Elles ont en commun une tête, à la gueule caricaturale dévoilant des dents pointues, aux oreilles d'âne, avec une crinière en mèches épaisses couronnée par un collier. Elles diffèrent néanmoins par un détail.

J'y ai d'abord vu un couple de lions, mais le collier, ainsi que l'allure de G31, m'incite à y voir un chien et une chienne. La discussion est ouverte.

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La gargouille  G30 du coté nord de l'élévation ouest : un chien ithyphallique .

Ses pattes antérieures anthropomorphes tiennent un généreux phallus .

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Gargouille G30  de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Gargouille G30 de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Gargouille G30  de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Gargouille G30 de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

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La gargouille G31 coté sud de l'élévation ouest : une chienne ? .

A la différence de son compagnon, dont le pelage du dos était ras, elle est dotée d'un pelage aux longues mèches.

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Gargouille G31  de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Gargouille G31 de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Gargouille G31  de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Gargouille G31 de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

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LA CHAPELLE DE LA TRINITÉ (ancien ossuaire).

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Chapelle de la Trinité (1667), Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Chapelle de la Trinité (1667), Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

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Crossette CctM3, rampant droit de l'élévation à l'opposé du chevet, faible relief, très érodée : un chien mutilé (1667)

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"La tête de la crossette est mutilée. Au vu d'autres crossettes identiques (à Dirinon sur l'église Sainte Nonne, ou à Landerneau sur l'église Saint-Thomas), il s'agit d'un chien". (Le Seac'h 1997)

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Crossette CctM3, un chien mutilé (1667) , Chapelle de la Trinité (1667), Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Crossette CctM3, un chien mutilé (1667) , Chapelle de la Trinité (1667), Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

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Crossette CctM4, rampant de l'élévation à l'opposé du chevet : un lion (1667).

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"Au vu d'autres crossettes identiques (à Trémaouézan sur l'ossuaire de l'église Notre-Dame, ou à Landerneau église Saint-Thomas), l'arrière-train serait celui d'un lion, avec la queue divisée en deux touffes de poils à son extrémité". (Le Seac'h 1997)

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Crossette CctM4,  : un lion (granite, 1667), Chapelle de la Trinité (1667), Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019..

Crossette CctM4, : un lion (granite, 1667), Chapelle de la Trinité (1667), Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019..

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

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PORTE NORD DE LA CHAPELLE.

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Porte de la chapelle de la Trinité (1667), église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Porte de la chapelle de la Trinité (1667), église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

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Crossette Cct5 : un homme agenouillé (1667).

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"Élévation à l'angle tronqué, au centre de l'élévation et au dessus de la porte et de son tympan, ronde bosse et faible relief, bonne facture.

L'homme est agenouillé. Il est habillé d'une veste à col plat. La main gauche est plaquée sur le torse, la main droite est placée contre la hanche. Le visage dégage une expression douloureuse, parcourue d'une moue boudeuse. Il porte un chapeau au bord ondulé." (Le Seac'h 1997)

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Je ne serais pas étonné qu'il s'agisse plutôt d'un jouisseur et de la dénonciation de quelque vice.

Homme agenouillé, crossette Cct5, porte de la chapelle de la Trinité (1667), église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Homme agenouillé, crossette Cct5, porte de la chapelle de la Trinité (1667), église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Homme agenouillé, crossette Cct5, porte de la chapelle de la Trinité (1667), église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Homme agenouillé, crossette Cct5, porte de la chapelle de la Trinité (1667), église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

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Crossette Cct6 : tête d'homme caressant sa barbe (1667).

"Élévation à l'angle tronqué, au centre de l'élévation au dessus de la porte au niveau du tympan, ronde bosse et faible relief, bonne facture.

La tête de l'homme est accroché directement dans le mur au niveau du cou. Le personnage tient sa barbe dans la main droite d'un air songeur et méditatif." (Le Seac'h 1997)

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Le motif du vieil homme se caressant la barbe, déjà présent sur les modillons romans, renvoie à des évocations vicieuses bien établies. Il est très fréquent, en voici quelques exemples en Finistère :

Crossette du tympan de la petite porte sud de l' église Saint-Suliau, enclos paroissial de Sizun.  La ressemblance avec celui de Lampaul-Guimiliau est forte.

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photographie lavieb-aile

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http://www.lavieb-aile.com/2016/10/les-sculptures-exterieures-de-l-enclos-paroissial-de-sizun-29.html

Crossette du rampant du pignon du transept nord de l'église de Loc-Envel, XVIe

http://www.lavieb-aile.com/2018/03/les-crossettes-et-les-gargouilles-de-l-eglise-de-loc-envel-22.html

Console  du Porche des Apôtres de la collégiale du Folgoët

http://www.lavieb-aile.com/2017/04/la-collegiale-notre-dame-du-folgoet.iii.le-porche-des-apotres.html

Console  du Porche des Apôtres de l'abbaye de Daoulas.

http://www.lavieb-aile.com/2017/06/sculpture-sur-pierre-de-l-abbaye-de-daoulas.i.le-porche-aux-apotres-1566.html

Sauvage caressant sa barbe, du porche de l'église de Landivisiau.

http://www.lavieb-aile.com/2017/01/le-porche-de-l-eglise-de-landivisiau.html

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Homme se caressant la barbe, Homme agenouillé, crossette Cct6, porte de la chapelle de la Trinité (1667), église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Homme se caressant la barbe, Homme agenouillé, crossette Cct6, porte de la chapelle de la Trinité (1667), église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

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Homme se caressant la barbe, Homme agenouillé, crossette Cct6, porte de la chapelle de la Trinité (1667), église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Homme se caressant la barbe, Homme agenouillé, crossette Cct6, porte de la chapelle de la Trinité (1667), église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Homme se caressant la barbe, Homme agenouillé, crossette Cct6, porte de la chapelle de la Trinité (1667), église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Homme se caressant la barbe, Homme agenouillé, crossette Cct6, porte de la chapelle de la Trinité (1667), église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

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Gargouille Gct1 : masque de femme (1667).

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"Arête du pan du chevet de la chapelle au niveau du pied des balustres de la galerie de l'arc de triomphe, à l'extérieur de l'enclos, faible relief.

La gargouille est sculptée de manière très stylisée par des incisions dans la pierre. Le visage paisible d'une femme qui dort est représenté. Chacun des cotés de la gargouille est orné de volutes et contre volutes. " (Le Seac'h 1997)

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Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

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Gargouille Gct1 : homme barbu (1667).

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"Arête du pan du chevet de la chapelle au niveau du pied des balustres de la galerie de l'arc de triomphe, à l'intérieur de l'enclos, faible relief.

Le visage d'un homme barbu est sculpté. Les traits sont très épurés et très stylisés. Le sculpteur a éliminé tout détail superflu et a donné au visage une expression grave. La jointure des lèvres est juste marquée, les yeux sont clos. La barbe est symbolisée par des excavations. Chacun des cotés de la gargouille est orné de volutes et contre volutes. " (Le Seac'h 1997)

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  Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.

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SOURCES ET LIENS.

ABGRALL (Jean-Marie), 1891,  Notice sur l'église de Lampaul-Guimiliau , Bulletin de la Société archéologique du Finistère .

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207615d/f92.image

— ABGRALL (Jean-Marie), 1916, Notice  sur l'église de Lampaul-Guimiliau, B.D.H.A.  page .

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/eb8a12b7e12798d2ef6eea2b182e7115.pdf

— AMEMIYA (Hiroko),2005,  Vierge ou démone, statuaire insolite en Bretagne. Keltia Graphic, page 211.

 

— COUFFON (René), LE BARS ( Alfred), 1988,  Notice sur  Lampaul-Guimiliau , Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.; 28 cm. ISBN 978-2-950330-90-1.

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/ffdece473d8b2cacb3b0124f2e647d77.pdf

COUFFON (René), 1964 Quelques considérations sur la sculpture religieuse en Basse-Bretagne du 12e au 19e siècle  In: Bulletins et mémoires. Société d'Emulation des Côtes-du-Nord vol. 92 (1964) p. 21-52

DITTMAR (Pierre-Olivier), RAVAUX (Jean-Pierre), 2006,  « Significations et valeur d'usage : le cas des gargouilles de Notre-Dame de L'Epine », Etudes marnaises,‎ 2006, t.CCXXIII, p.46-50. 

https://www.academia.edu/6446935/_Significations_et_valeur_d_usage_des_gargouilles_le_cas_de_Notre-Dame_de_l_Epine_avec_J.-P._Ravaux_Notre-Dame_de_LEpine_1406_-_2006._Actes_du_colloque_international._LEpine-Ch%C3%A2lons_15_et_16_septembre_2006_t._II_2008_Etudes_Marnaises_t._CXXIII_p._38-80

LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.

http://www.pur-editions.fr/couvertures/1409573610_doc.pdf

LE SEAC'H (Emmanuelle), 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère : Landerneau, Landivisiau, Ploudiry, Sizun. Mémoire de maîtrise d’histoire,  2 vol. 359 p. + 135 p. : ill. ; 30 cm.

VIOLLET-LE-DUC (Eugène ) 1854-1868, « Gargouille », Dictionnaire raisonné de l’architecture française, Paris, Bance-Morel, , t.VI, p.24-28. 

https://fr.wikisource.org/wiki/Dictionnaire_raisonn%C3%A9_de_l%E2%80%99architecture_fran%C3%A7aise_du_XIe_au_XVIe_si%C3%A8cle/Gargouille

Wikipédia "Gargouille".

https://fr.wikipedia.org/wiki/Gargouille

 

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Published by jean-yves cordier - dans Gargouilles et crossettes Chapelles bretonnes.
25 mars 2019 1 25 /03 /mars /2019 15:09

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Descriptions disponibles :

" Continuant à circuler autour de l'église, on descend jusqu'au bas de la nef du Midi et l'on trouve les fonts baptismaux.

La cuve octogonale, sculptée dans le granit, a beaucoup de caractère et porte cette inscription : F ; F : LAVRENS : ROPARTS : E : L : ABGRALL : LORS : FABRIQVES : LAN : 1651.

Le baldaquin en chêne sculpté qui surmonte cette cuve n'a pas la valeur du baptistère de Guimiliau, auquel il est antérieur de vingt-cinq ans, mais il a cependant grand aspect et a le mérite d'avoir servi de modèle et d'inspiration pour ce travail, qui est le chef-d'œuvre de la sculpture sur bois dans cette contrée. Le grand dôme est soutenu par huit colonnes dont quatre sont torses et tapissées de pampres de vigne, les quatre autres cylindriques, entourées d'enroulements de rubans et de branches de laurier. Plus haut, règne une petite arcature abritant le Baptême de N. S. et les statues des douze Apôtres. La frise courant au-dessus des premières colonnes porte cette inscription : F : F : P : MILLIO ; ROPARTZ : E : HERVE : ABGRALL : LORS : FABRICQVE : LAN : 1650." (Abgrall 1891)

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Un siècle plus tard, René Couffon reprenait cette description : 

 

"Fonts baptismaux , dont la cuve octogonale en granit porte l'inscription : "F. F. P. LAVRENS. ROPARTZ. E. L. ABRAL. LORS. FABRIQVES. LAN. 1651.", et dôme : "F. F. P. MILLIO. ROPARTZ. E. HERVE. ABGRALL. LORS. FABRIQVES. LAN. 1650.". Huit colonnes, dont quatre torses, soutiennent un entablement octogonal ; sur celui-ci, un dôme ajouré de petites arcatures abritant un Baptême du Christ et les statuettes des douze Apôtres."

 

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Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

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1°) La cuve octogonale (granite, 1651).

a) présentation.

La cuve octogonale est équipée de sa cuvette en plomb à couvercle carré. Elle est scellée par deux pattes en queue d'aronde, sur son coté oriental, avec sa cuve de vidange, hexagonale. Les deux cuves sont posés sur des piliers , le principal étant octogonal à niches creuses, l'autre cylindrique à cannelures.

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Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

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b) l'inscription .

Elle fait le tour de la cuve principale et s'achève sur la cuve secondaire.

Elle débute par une manicule (main à l'index pointé).

"[main ] F : F : P : LAVRENS : ROPARTZ : E : L : ABGRAL : LORS : FABRIQVE : LAN 1651."

La lettre N de LAN est rétrograde.

La leçon de Couffon est la meilleure, mais ne respecte pas la ponctuation par deux-points.

Transcription : "Fait par Laurent ROPARTZ et L. ABGRALL alors fabriques en l'an 1651.".

Ces deux familles ont eu accès à l'honneur et aux responsabilités du poste de fabricien (membre du conseil de fabrique de la paroisse) déjà en 1650 : cf. infra. De même, on retrouve le nom d'ABGRALL en tant que curé en 1676, cité comme commanditaire du sépulcre ; et en 1667, François ABGRALL appartenait au "corps politique". En 1715, Jacques ABGRALL est cité comme l'un des deux fabriques par l'inscription de la cloche.

La généalogie Lesgall signale, si je déchiffre bien,  un Laurent ROPARZ, décédé le 1er mars 1677,  père de 4 enfants dont Jean ROPARZ marié à Lampaul-Guimiliau et grand-père d'un Laurent ROPARZ, né à Lampaul-Guimiliau, lieu-dit Mespant. Mespant se trouve à moins d'un kilomètre au nord-est de l'église.

Et Laurent ROPARZ, décédé en 1676, époux d'Anne Floch et père de Catherine ROPARZ née en 1658.

http://lesgall.pagesperso-orange.fr/ff599.htm#P_6049

Le prénom de L. ABGRALL était peut-être aussi celui de "Laurent". On retrouve plus tard  un Laurent ABGRALL 1674-1724, fils de Paul. 

https://gw.geneanet.org/flcharlet?lang=fr&pz=valentin&nz=charlet&p=paul&n=abgrall&oc=5

http://www.cgf-forum.fr/phpBB2/viewtopic.php?t=8282

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Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

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Le baldaquin.

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Il est posé sur un soubassement octogonal de deux degrés en pierre.

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Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

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L'inscription courant en frise sur l'entablement des colonnades

F : F : P : MILLIO : ROPARTZ : E : HERVE : GRAL : LORS : FABRICQVE : LAN : 1650

Nous retrouvons le N rétrograde de LAN.

MILLIO, c'est le prénom breton Miliau (sant Milio en breton) qui a donné son nom à Guimiliau ... et à Lampaul-Guimiliau. Il faut comprendre "Miliau ROPARTZ". On retrouve une personne portant ce nom à Plounéventer, mais non ici :

https://gw.geneanet.org/jellegoet?lang=en&iz=8&p=anne&n=ropartz&oc=31

http://www.cgf-forum.fr/phpBB2/viewtopic.php?t=12987

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Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

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Les personnages en ronde bosse occupent, séparés par des colonnades,  les 16 niches du dôme : aux 12 apôtres, se joignent Jean-Baptiste, le Christ et saint Saturnin lors du Baptême, ainsi que le Christ Sauveur.

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Le baptême du Christ.

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Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

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Saint Paul tenant l'épée de sa décapitation.

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Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

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Saint Pierre (identifié à son toupet et son livre) et saint Jacques le Majeur.

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Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

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Deux apôtres.

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Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

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Saint Barthélémy et un autres apôtre.

Saint Barthélémy tient la peau qui lui fût ôtée lors de son martyre.

Les conditions de prise des clichés sont difficiles.

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Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

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Deux apôtres ayant perdu l'attribut de la main gauche.

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Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

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Saint Jean et saint André.

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Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

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Un apôtre et le Christ Sauveur.

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Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

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Les colonnades : oiseaux picorant du raisin et serpents.

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Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

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Colonnades aux feuilles de saule et ruban de pierreries.

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Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

Fonts baptismaux (1650 et 1651) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.

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SOURCES ET LIENS.

COUFFON (René), LE BARS ( Alfred), 1988,  Notice sur  Lampaul-Guimiliau , Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.; 28 cm. ISBN 978-2-950330-90-1.

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/ffdece473d8b2cacb3b0124f2e647d77.pdf

— COUFFON (René), 1964 Quelques considérations sur la sculpture religieuse en Basse-Bretagne du 12e au 19e siècle  In: Bulletins et mémoires. Société d'Emulation des Côtes-du-Nord vol. 92 (1964) p. 21-52

ABGRALL (Jean-Marie), 1891,  Notice sur l'église de Lampaul-Guimiliau , Bulletin de la Société archéologique du Finistère .

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207615d/f92.image

ABGRALL (Jean-Marie), 1916, Notice  sur l'église de Lampaul-Guimiliau, B.D.H.A.  page .

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/eb8a12b7e12798d2ef6eea2b182e7115.pdf

 

 

 

 

 

 

 


 

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Published by jean-yves cordier - dans Chapelles bretonnes.
25 mars 2019 1 25 /03 /mars /2019 10:36

Dans le standard de jazz Caravan, où sont les chameaux ? Pourquoi il est inutile d'attendre que les chiens aboient en écoutant the Duke.

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J'ai toujours pensé que le standard de Duke Ellington et Juan Tyrol évoquait le lent balancement des chameaux et les campements des bédouins, le charme des oasis tapies derrière les étendues de sable brûlant. Les sonorités orientales de la  musique, souvent accentuées à plaisir par le saxo (ou la clarinette de Barney Bigard), suffisaient à faire apparaître la longue procession des chameliers escortant de précieux chargements vers les caravansérails. Je délirais de soif vers Tombouctou, j'écoutais les contes de Shéhérazade, j'étais accueilli par Sémiramis, ou encore c'était à Samarkand que  le rythme chaloupé de ma monture faisait monter en moi les vers du Majoun et Leila du persan Nizami.

 

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Le thème a été écrit par Juan Tyrol puis Duke Ellington a composé l'arrangement et la partie centrale. La première version, purement instrumentale, date de 1936. 

https://secondhandsongs.com/work/140258/versions#nav-entity

https://www.youtube.com/watch?v=YkLBSLxo5LE

 

Ah, très bien, mais si nous écoutons les paroles composées par Irving Mills , nous devons quitter le Sahara ou la Route de la Soie pour venir nous blottir à l'intérieur de notre petite caravane pour une nuit sous les étoiles.

La première version vocale par Duke Ellington et Juan Tyrol a été chantée par Ivie Anderson en 1936, mais c'est surtout par l'enregistrement d'Ella Fitzgerald en 1957 qu'on peut  écouter ces paroles. 

 

https://www.youtube.com/watch?v=5O_ICpYMUds

Je n'y entends parler ni de chameaux, ni de Sahara, mais d'un home sweet home tracté : "Caravan" c'est une roulotte, et la chanson évoque les bonheurs d'une nuit de camping.

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La preuve ? voici les paroles originales . Ce sont principalement et non sans écart, des octosyllabes

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Night and stars above that shine so bright
The myst'ry of their fading light
That shines upon our caravan

 

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Sleep upon my shoulder as we creep
Across the sand so I may keep
This mem'ry of our caravan

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This is so exciting, you are so inviting
Resting in my arms
As I thrill to the magic charms

Of you beside me here, beneath the blue
My dream of love is coming true
Within our desert caravan

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Oui, on y trouve le mot "désert", mais comme adjectif dans le sens de "isolée, solitaire" : rien à voir avec les dunes modelées par le vent brûlant. 

Sait-on si Irving Mills, auteur des paroles, s'adonnait au caravaning ? Non, et pas d'avantage Duke Ellington et Juan Tyrol. Ils ne possédaient, ni caravan, ni travel trailer, ni camper, ni camper trailer, ni tent. Même si le caravaning devint populaire aux Etats-Unis dans les années 1920, et si un Caravan Club fut fondé en 1907, le seul point d'intersection entre la patate "jazz" et la patate "camping" est celui où nous voyons la caravane de  Django Reinhardt (qui était né dans une roulotte de gitans) brûler dans un incendie en 1928 : il sauva sa guitare mais fut sérieusement brûlé à la main et à la jambe et perdit l'usage de deux doigts de la main gauche, comme chacun le sait. Mais cela se passait à Saint-Ouen et non à Washington.

En fait, Irving Mills aurait acheté les paroles d'un auteur dont nous ne savons pas s'il avait passé la nuit au bord d'une plage  (across the sand) dans sa roulotte avec sa petite amie. L'enquête s'avère difficile. 

 

Y-a-t-il ici une allusion aux roulottes des Gypsy ? Aux attelage des cow-boy ? Pas plus. 

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Ces paroles ont été traduites (ou adaptées) par Philippe Elan pour  Laura Figgy

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Nuit semée d'étoiles qui brillent si fort

Le mystère de leur reflet d'or,

Illumine notre caravane.

 

Dors, sur mon épaule tout en rampant,

Dans le vent le sable mouvant,

Souvenir de notre caravane.

 

Tout semble possible, tu es irrésistible

Blottie dans mes bras je subis

Ton mystérieux charme

 

Oh toi, si près de moi sous le ciel roi,

mon rêve se réalisera

Au cœur de notre caravane.

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Enfin, dans une de ces adaptation dont elle a le secret, voici la version de Brigitte Fontaine (1997) : cette fois-ci, les chameaux sont bien là ... dans la baie du Mont-Saint-Michel :

 

L’air se cabre dans la nuit d’hiver
Tout est silence, terre et ciel
Le désert luit loin de la mer
Tout en bas du mont Saint-Michel

Au sommet j’avale un vent muet
Grisant comme un vin de Toscane
Mon regard plonge dans la baie
Je vois passer la caravane

Ils sont bien cinquante
Les chameaux, les gens
Sous la lune errante
Là, se balançant
Le rythme royal
Me charme et m’appelle
Volant, je dévale
Les longues ruelles
Sur le sable doux comme un miroir
Je cours vers eux tout en criant
Ils passent, ils passent sans me voir
Détachés sur le ciel d’argent
Seul, un homme un regard embrasé
Fier comme un prince d’Erevan
Me tend une rose embaumée
Et il rejoint la caravane
Je reste figée
Dans ma peau d’hermine
Et puis je m’en vais
Vers ma limousine
Je pose la rose
Sur le siège avant
Je marque une pause
Je rentre à Dinan

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Je n'ai plus qu'à proposer ma petite composition, comme ça, je pourrais la chanter cet été, au camping de Gazouillis-les Pins :

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Nuit, et tes étoiles scintillantes,

Le mystère des étoiles filantes,

Au dessus de notre caravane.

 

Danse, tes pas s'impriment sur la plage,

Tu peux descendre jusqu'au rivage,

En face de notre caravane.

 

C'est un petit camping,

qui secoue et qui swingue,

un nouveau style de cabane.

 

Tu peux

tirer les petits rideaux bleus

Le paradis des amoureux

C'est notre nouvelle caravane !

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Mon interprétation du moment ?  Celle de l'Avalon Jazz Band, car je succombe au charme de la voix de Tatiana Eva-Marie :

https://www.youtube.com/watch?v=w_HcB84GqxA

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je ne peux mentionner tous mes enthousiasmes, mais je suis bien obligé de citer aussi Mélody Gardot à Juan-les-Pins avec Irwin Hall (saxophone, flûte, clarinette,  Stephan Braun (violoncelle !) , Charnett Moffett (contrebasse) et Charles Staab ( batterie).

 

 

https://www.youtube.com/watch?v=svfYFgqBjW0&list=RDuJ8LiUFJBaQ&index=6

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Published by jean-yves cordier
24 mars 2019 7 24 /03 /mars /2019 15:59

Zoonymie des Odonates : les noms de Coenagrion pulchellum (Vander Linden, 1825), "l'Agrion joli" ou "Agrion exclamatif".

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Résumé. 

— genre Coenagrion, Kirby (W.F), 1890, Syn. Cat. Neur. Odon., London, :148. Du suffixe coen- "commun à, relatif au plus grand nombre, général", accolé au nom de genre Agrion [Fabricius 1775 puis Sélys] 1850, que Kirby réorganise complètement.  Parmi les Zygoptères (nommés alors Agrionidae), Kirby a réservé l'ancien nom de genre Agrion  aux Calopterygidae dans la sous-famille Agrioninae , et il a placé tous les autres (auparavant nommés Agrions) dans la sous-famille des Coenagrioninae  : le nom (mais non le genre) Coenagrion devait alors, dans ce contexte, être interprété comme "l'ensemble des Agrions"  à l'exception des Calopterygides. 

pulchellum, Vander Linden, 1825 : l'auteur avait créé le nom Agrion pulchella , du latin signifiant "jolie" (diminutif féminin de pulcher, "beau") pour souligner la beauté féminine des "Demoiselles", dans le même esprit par lequel Linné avait créé Libellula puella ("jeune fille"), et en reprenant en écho  le diminutif en -ula et -ella de ces deux derniers noms. L'adjectif neutre pulchellum (accordé avec Coenagrion) ne rend plus compte de la subtilité poétique de ce choix.

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— noms en français : 1°) "L'Agrione gentille", Sélys, 1840; 2°) "L'Agrion gentil", Sélys, 1850 ; 3°) "L'Agrion joli",P.-A. Robert, 1958 : 4°) "Le gracieux Agrion",  P.-A. Robert, 1958 4°) "L'Agrion exclamatif", Jourde 2007.

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— Noms en d'autres langues :

- en allemand  : Die Fledermaus-Azurjungfer : la Demoiselle bleue Chauve-souris. 

- en hongrois A gyakori légivadász 

- en estonien Sarvikliidrik

- en lituanien Gražioji strėliukė

- en norvégien Variabel blåvannymfe 

- en polonais Łątka wczesna, łątka nietoperzówka  :  Chauve-souris. 

- en suédois Mörk lyrflickslända :  Libellule sombre fille lyrique ou mörk U-flickslända  « Zygoptère au U  sombre» 

- en finnois Sirotytönkorento = "la libellule jeune fille menue" ( Tytönkorennot = Coenagrionidae) 

- en néerlandais De variabele waterjuffer = la Demoiselle des eaux variable.

- en frison occidental : Blaumasterke Blaumasterke, Stipjufferke, Sompejufferke

- en catalan El Donzell del ratpenat :  la Demoiselle de la Chauve-souris. 

- en anglais The variable damselfly ou variable bluet , UK: Variable damselfly Bluet = la demoiselle bleue variable.

- en gallois Mursen las amrywiol 

 

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NOM SCIENTIFIQUE.

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NOM DE GENRE COENAGRION, KIRBY 1890.

 

Voir :

http://www.lavieb-aile.com/2019/02/zoonymie-des-odonates-le-nom-de-genre-coenagrion-kirby-1890.html

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NOM D'ESPÈCE COENAGRION PULCHELLUM (VANDER LINDEN, 1825).

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[Agrion pulchella ], Vander Linden (Pierre-Léonard) 1825, Monographiae Libellulinarum Europaearum Specimen. Bruxellis, apud J.Frank, bibliopolam, Via Vulgo de la Putterie : 42 pp. Pages 38-39 n° 9.

https://books.google.de/books?id=vxIOAAAAQAAJ

Pierre-Léonard Vander Linden est un médecin et entomologiste belge ( Bruxelles, 12-12-1797/ Bruxelles, 4-04-1831) que les biographies en ligne présentent essentiellement comme un spécialiste des Hyménoptères. Pourtant, il est l'auteur de 7 espèces d'Odonates en 2 publications de 1820 et 1827 . Voir mes  articles sur I. elegans (Vander Linden, 1820) et sur Somatochlora metallica . 

http://www.lavieb-aile.com/2018/10/zoonymie-des-odonates-le-nom-aeshna-affinis-vander-linden-1820-l-aeschne-affine.html

http://www.lavieb-aile.com/2019/02/zoonymie-des-odonates-etude-des-noms-de-somatochlora-metallica.html

Rappel :

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En 1758, Linné avait décrit deux espèces de ce qui deviendra les Zygoptères : Libellula virgo et Libellula puella (avec quatre variétés alpha à delta). La tâche des naturalistes fut, après cette édition du Systema Naturae , de démembrer parmi ces quatre "variétés" (devenues sept dans le SN  , éd. de Gmélin 1789 avec epsilon, eta et chi ) lesquelles étaient les formes sexuées ou immatures de la même espèce, et lesquelles étaient des espèces distinctes. Puis de les corréler avec les descriptions de 3 espèces décrites par Geoffroy en 1762.

Olivier décrit en 1789 six variétés de Libellula puella A à F.

En 1804, Latreille, qui  créa son genre Agrion avec ses deux espèces, virgo (ailes colorées) et puella (ailes non colorées), ne décrit plus que trois variétés a, b, et c de son Agrion puella ou Agrion Jouvencelle .

 

"A. Jouvencelle; agrion puella. Fab. Libellula puella. Lin. Ailes transparentes, sans couleurs.

Var. a. Alternativement bleue et cendrée; un point noir aux ailes. - L'amélie. Geoff. — Roes. insect. tom. II, aquat. clas. 2, tab. 1o , fig. 5, 4.

 Var. b. D'un verd bleu en dessous, brune en dessus ; corselet ayant des bandes brunes et bleuâtres alternes; 'un point noir, marginal, aux ailes. — La dorothée. Geoff. — Rœs. ius. tom. II, aquat. clas. 2, tab. 11 , fig. 7

Var. . d. D'un verd incarnat pâle ; trois bandes noires, longitudinales, sur le corselet; un point brun, marginal , aux ailes. — La sophie. Geoff.

Comme l'on trouve ces variétés réunies pèle-mêle dans leurs amours, il est difficile de savoir si ce sont des espèces."

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En 1825, Vander Linden reprend, dans le genre Agrion de Latreille, les deux groupes I Alis coloratis  aux ailes colorées (A. virgo et haemorrhoidalis),  et II Alis albis aux ailes non colorées.

Dans ce groupe II, il décrit 10 espèces :

  • Agrion viridis correspond à Libellula puella alpha de Linné : ce sera Chalcolestes viridis (Vanderlinden 1825)
  • Agrion sanguinea correspond à Libellula puella beta  de Linné. Ce sera Pyrrhosoma nymphula (Sultzer 1776)
  • Agrion pulchella est une description propre de Vander Linden : ce sera Coenagrion pulchellum (Vander Linden, 1825)
  • Agrion puella correspond à l'Amélie et à la figure 7 du tableau XI de Roesel (mais ne renvoie pas aux variétés de Linné). ce sera Coenagrion puella (Linnaeus, 1758)
  • Agrion elegans est une description propre de Vander Linden  : ce sera  Ischnura elegans (Vander Linden, 1820)
  • Agrion platypoda correspond à la variété chi de Libellula puella du  SN Gmelin : ce sera  Platycnemis pennipes (Pallas, 1771) 
  • Agrion analis sera Agrion najas (Hansemann 1823)
  • Agrion rubella sera Cériagrion tenellum ( de Villers, 1789)

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Description originale :

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A G R I ON PULCHELLA

 A. Capite et thorace suprà nigris, macula post oculum utrumque, strigaque utrinque thoracis, cæruleis aut violaceis : abdomine fusco-æneo , segmentis plurimis basi caeruleis.

Schaeff. lcon. Ins., tab. 120, f. 4, fem.

Mas.

-Caput suprà nigrum, macula post oculum utrumque, et lineola intermedia, cæruleis : anticè cæruleum , strigis duabus transversis nigris. Oculi fusci subtùs cærulei.

-Thorax suprà niger, striga utrinque longitudinali cærulea, aliquando interrupta : subtùs lateribusque cæruleus. -Abdominis primum segmentum cæruleum ; 2. cæruleum macula bifida nigra; 3. 4. 5. 6. nigro-ænea, macula baseos cærulea ; 7. nigro-æneum; 8. cæruleum; 9. cæruleum postice nigrum ; 10. Nigrum.

-Pedes nigri, femoribus extùs, tibiis intùs, cæruleis.

-Alæ albæ, macula marginali obscura, puncto nigro.

Femina.

-Caput, thorax, pedes, alæ ut maris.

-Abdominis segmenta, 3. 4. 5. 6. 7. 8. nigro-aenea macula baseos cærulea; 9. 10. nigra. Variat etiam abdominis segmentis 3. 4. 5. 6. 7. nigris immaculatis : 8. macula baseos virescente.

Long. 14 lin. Ext. alar. M. 16 lin., F. 19 lin.

Habitat in Italia et Bruxellis. Mus. nostr.


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Zoonymie des Odonates : les noms de Coenagrion pulchellum (Vander Linden, 1825).

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ÉTUDE DE L'ÉPITHÈTE PULCHELLUM.

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Vander Linden a accordé son épithète avec le genre Agrion, considéré par Fabricius comme  féminin. Pulchella est devenu pulchellum en s'accordant avec Coenagrion, neutre (alors que nous avons Gomphus pulchellus, car Gomphus est masculin).

L'adjectif latin pulchellus, a, um est un diminutif, par le suffixe -lus,  de pulcher, chra, chrum, "beau" et se traduit par "joli, tout à fait charmant" (Gaffiot p. 1275).

L'usage de cette forme diminutive en -lus s'est accentué avec Linné et a été fréquemment repris ensuite (tenellum, dim. de tener "tendre" ; scitulum, dim. de scitus "beau", viridulum, dim. de viridis "vert", nymphula, dim. de nympha "nymphe", simillimus, dim. de similis, "semblable", flaveolum, dim. de flavus, "jaune", ..) mais son emploi par Vander Linden dans -pulchella  fait surtout écho à Libellula (dim. de libella) et forme un duo sonore avec  puella (de puer, "enfant"). Les trois noms de libellula, puella et pulchella s'accordent en rime pour évoquer la grâce féminine des zygoptères, plus petites et plus minces que les anisoptères, dans une tradition de dénomination populaire des libellules comme Demoiselles attestée dès le XVIIe siècle. 

Dans le texte de Vander Linden, la description d' A. Pulchella fait suite immédiatement à celle d'A. puella.

Enfin, notons que, dans sa description originale, Vander Linden n'utilise pas l'adjectif pulchella, et ne se prononce pas sur la beauté de l'espèce, ce qui confirme que l'épithète est surtout déterminée par le contexte de dénomination de ces Agrions féminins, plutôt que par la qualité esthétique particulière de cette espèce.

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Autrement dit, toutes les formes neutre Coenagrion pulchrellum ou masculine "Agrion joli" trahissent la raison d'être de cette épithète soulignant que ces Agrions sont, dans la tradition populaire et dans le regard des naturalistes, des Demoiselles aux grâces féeriques.

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LES AUTEURS PRÉCÉDENTS EN ZOONYMIE.

 

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POITOU-CHARENTE NATURE.

http://www.poitou-charentes-nature.asso.fr/agrion-joli/

" De pulchellus (lat) = joli, gracieux."

DRAGONFLYPIX

http://www.dragonflypix.com/etymology.html

 

 "from Lat. pulcher, dimin. pulchellus, -a, -um = pretty"

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D'ANTONIO & VEGLIANTE.

https://www.researchgate.net/publication/316791278_Derivatio_nominis_libellularum_europaearu

"pulchellum (Coenagrion) - pulchellus, a, um = molto grazioso. Per l’aspetto generale del corpo."

 

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H. FLIEDNER, 2009

https://www.entomologie-mv.de/download/virgo-9/Virgo%200902%20Die%20wissenschaftlichen%20Namen%20der%20Libellen%20in%20Burmeisters.pdf

http://dominique.mouchene.free.fr/libs/docs/GENE_Burmeister_Fliedner.pdf

"The denomination - pulchellum (Vander Linden) [l. beautiful little ...] shows that Odonata are able to enchant even dry taxonomists."

 

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VAN HIJUM, 2005.

http://natuurtijdschriften.nl/download?type=document&docid=555521

"komt van pulcher (mooi, prachtig) = mooi, lieflijk,"

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LES NOMS EN LANGUE VERNACULAIRE.

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LES NOMS EN FRANÇAIS.

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1°) "L'Agrione gentille", Sélys 1840.

Monographie des Libellulidées d'Europe page 161.

https://books.google.fr/books?id=8aBIt4TdIM0C&dq=agrion+pulchella&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

Sélys, dont le mot d'ordre est de créer un nom français traduit littéralement du nom scientifique, choisit ce nom de genre "Agrione" qui souligne bien que le nom de genre scientifique Agrion de Fabricius (puis de Latreille ?) est féminin, mais il traduit bizarrement pulchella par "gentille" en dépit des dictionnaires latins. Et en dépit aussi du sens, car rien, dans cette espèce, ne justifie spécifiquement ce choix.

2°) "L'Agrion gentil" Sélys, 1850.

Revue des Odonates p. 197 n°12.

Le genre Agrion était féminin chez Fabricius et chez Latreille (qui écrit en 1804 pour A puella "Agrion jouvencelle" ... et non jouvenceau). Comme l'avait fait Toussaint de Charpentier en 1840, et Rambur en 1842, Sélys qui s'approprie le genre, en fait un neutre et il décrit donc Agrion pulchellum (Vander Linden) :  il est donc logique avec lui-même en le traduisant en français "Agrion gentil".

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3°) "L'Agrion joli", "le gracieux Agrion",   Paul-André Robert, 1958.

Les noms vernaculaires tombent en désuètude, jusqu'à ce que le naturaliste suisse se préoccupe de décrire chaque espèce avec un nom en français. Je suppose que la faute de traduction commise par Sélys lui est apparue dans toute sa grossièreté, et qu'il s'est empressée de la corriger en consultant son Gaffiot : la forme "L'Agrion joli" s'imposait. Il propose en synonyme "Le gracieux Agrion", qui n'a pas trouvé grâce pour la postérité.

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4°) "L'Agrion exclamatif", Jourde in Dijkstra 2007.

Dans la traduction en français par Philippe Jourde de Filed Guides to the Dragonflies of Britain and Europe de K.-D. B. Dijkstra, le traducteur introduit le nom d'"Agrion exclamatif", en plaçant "Agrion joli" en deuxième nom. L'intérêt de ces auteurs pour les noms en français est indéniable, et doit être souligné :

"Les noms vernaculaires sont essentiels pour mieux faire connaître les libellules. Ils doivent être aussi compréhensibles, utilisables et cohérents que possibles. "

Ce nom rappelle que "les mâles arborent normalement un point d'exclamation sur les "épaules". (page 106)

Dans Libellule de Poitou-Charente, auquel collabore Philippe Jourde (SFO), ce nom est abandonné.

Depuis 2012 (Liste de référence de la SFO), c'est le nom d'Agrion joli qui s'impose à tous.

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LES NOMS EN D'AUTRES LANGUES.

 

Heureusement, les autres pays savent échapper à l'affligeante traduction littérale du nom scientifique imposée dans notre langue par le belge Sélys-Longchamps, et adopter des noms imagés aidant la mémoire des amateurs :

- en allemand  : Die Fledermaus-Azurjungfer : la Demoiselle bleue Chauve-souris. 

- en hongrois A gyakori légivadász 

- en estonien Sarvikliidrik

- en lituanien Gražioji strėliukė

- en norvégien Variabel blåvannymfe 

- en polonais Łątka wczesna, łątka nietoperzówka  :  Chauve-souris. 

- en suédois Mörk lyrflickslända :  Libellule sombre fille lyrique ou mörk U-flickslända  « Zygoptère au U  sombre» 

- en finnois Sirotytönkorento = "la libellule jeune fille menue" ( Tytönkorennot = Coenagrionidae) 

- en néerlandais De variabele waterjuffer = la Demoiselle des eaux variable.

- en frison occidental : Blaumasterke Blaumasterke, Stipjufferke, Sompejufferke

- en catalan El Donzell del ratpenat :  la Demoiselle de la Chauve-souris. 

- en anglais The variable damselfly ou variable bluet , UK: Variable damselfly Bluet = la demoiselle bleue variable.

- en gallois Mursen las amrywiol 

-  en breton : dimezell duc'hlas (demoiselle bleu-noir), en attente de validation.

OU  http://www.hlasek.com/coenagrion_pulchellum_bh1185.html

DK: Flagermus Vandnymfe

IT: Agrion leggiadro

CZ: Šidélko širokoskvrnné

SE: Mörk U-flickslända

SI: Stanjssani sskratec

RU: Стрелка изящная

UA: Стрілка чудова

SI: Suhljati škratec

 

 

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SOURCES ET LIENS.

Bibliographie générale de ces articles de zoonymie des Odonates : voir ici :
http://www.lavieb-aile.com/2018/01/la-bibliographie-de-mes-articles-de-zoonymie-des-odonates.html

OUTILS DE  ZOONYMIE.

— A Dictionary of Prefixes, Suffixes, and Combining Forms from Webster!s Third New International Dictionary, Unabridged ! 200

http://www.mrjonathan.com/mxrm9files/GrammarPages/prefixes%20&%20Sufixes%20Dictionary.pdf

 

— [Boudot J.-P., Dommanget J.-L., 2012. Liste de référence des Odonates de France métropolitaine. Société française d’Odonatologie, Bois-d’Arcy (Yvelines), 4 pp.]

http://www.libellules.org/fra/pdf/503_pagesdynadocs519e54424a6f7.pdf

— http://www.dragonflypix.com/etymology.html
 — PRÉCIGOUT (Laurent), PRUD'HOMME (Eric), 2009, Libellules de Poitou-Charentes, Ed. Poitou-Charentes Nature, 255 pages, 
— POITOU-CHARENTE NATURE (Association) / Philippe JOURDE & Olivier ALLENOU
http://www.poitou-charentes-nature.asso.fr/leucorrhine-a-front-blanc/
— ANTONIO (Costantino D’), VEGLIANTE (Francesca ) "Derivatio nominis libellularum europæarum"(PDF) (en Italien) Étymologie de 197 noms de Libellules européennes.
https://www.researchgate.net/publication/316791278_Derivatio_nominis_libellularum_europaearum
 
— ENDERSBY (IAN D. ), 2012,  : Watson and Theischinger: the etymology of the dragonfly (Insecta: Odonata) names which they published  Journal and Proceedings of the Royal Society of New South Wales, vol. 145, nos. 443 & 444, pp. 34-53. ISSN 0035-9173/12/010034-20 34
https://royalsoc.org.au/images/pdf/journal/145_Endersby.pdf
— ENDERSBY (IAN D., FRS ), 2012, Etymology of the Dragonflies (Insecta: Odonata) named by R.J. Tillyard, F.R.S. Proceedings of the Linnean Society of New South Wales 134, 1-16.
https://openjournals.library.sydney.edu.au/index.php/LIN/article/viewFile/5941/6519
— ENDERSBY (IAN D., FRS ), 2012, The Naming of Victoria’s Dragonflies (Insecta: Odonata,  Proceedings of the Royal Society of Victoria 123(3): 155-178. 
https://www.academia.edu/28354624/The_Naming_of_Victoria_s_Dragonflies_Insecta_Odonata_
— ENDERSBY (IAN D. ), 2015, The naming's of Australia's dragonflies.
https://www.researchgate.net/publication/283318421_The_Naming_of_Australia%27s_Dragonflies
 http://dominique.mouchene.free.fr/libs/docs/GENE_origine_noms_odonates_Australie_Endersby_2015.pdf
— FLIEDNER (Heinrich), 2009, Die wissenschaftlichen Namen der Libellen in Burmeisters ‘Handbuch der Entomologie’ Virgo 9[5-23]
http://www.entomologie-mv.de/download/virgo-9/Virgo%200902%20Die%20wissenschaftlichen%20Namen%20der%20Libellen%20in%20Burmeisters.pdf
— FLIEDNER (Heinrich), "The scientific names of the Odonata in Burmeister’s ‘Handbuch der Entomologie".
http://dominique.mouchene.free.fr/libs/docs/GENE_Burmeister_Fliedner.pdf
— FLIEDNER (Heinrich),  1997. Die Bedeutung der wissenschaftlichen Namen Europaischer Libellen. Libellula, supplement I. Sonderband zur Zeitschrift der Gesellschaft deutschsprachiger Odonatologen (GdO) e.V. Fliedner, Bremen.

— FLIEDNER (Heinrich), (1998): Die Namengeber der europäischen Libellen. Ergänzungsheft zu Libellula - Supplement 1
— FLIEDNER (H.), 2012, Wie die Libelle zu ihrem Namen kam Virgo, Mitteilungsblatt des Entomologischen Vereins Mecklenburg 15. Jahrgang (2012).
https://www.entomologie-mv.de/download/virgo-15/virg%2015104%20Libelle_Namensherkunft.pdf
— HIJUM (Ep van ), 2005, Friese namen van libellen , TWIRRE natuur in Fryslan jaargang 16, nummer 4 page 142-147
http://natuurtijdschriften.nl/download?type=document&docid=555521

— KIRBY, W. F. (William Forsell), 1890 A synonymic catalogue of Neuroptera Odonata, or dragon-flies. With an appendix of fossil species. London,Gurney & Jackson; [etc. etc.]1890.

https://www.biodiversitylibrary.org/item/25894#page/5/mode/1up

— ROBERT (Paul André), 1936, Les Insectes, coléoptères, orthoptères, archiptères, nevroptères,Delachaux et Niestlé .

 

 — ROBERT (Paul-André), 1958, Les Libellules: (Odonates), Delachaux & Niestlé, - 364 pages

https://books.google.fr/books?id=jvQVvAEACAAJ&dq=ROBERT+(Paul-A.),+Les+Libellules:+(Odonates),+Delachaux+%26+Niestl%C3%A9,+1958&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjpiuPbl7zgAhWOnhQKHURrDboQ6AEIKTAA


— STEINMANN (Henrik), 1997, World Catalogue of Odonata, Zygoptera Walter de Gruyter, - 521 pages . Numérisé Google.
https://books.google.fr/books?id=JMR-HkoVtvAC&pg=PA307&dq=tenellum,+World+Catalogue+of+Odonata,&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwilrrz33bjgAhVD2OAKHbcWAsUQ6AEILDAA#v=onepage&q=tenellum%2C%20World%20Catalogue%20of%20Odonata%2C&f=false


  — SITE Libellen - eine (kleine) Einführung . die Namensgebung

http://www.libelleninfo.de/07.html#buch

http://www.libelleninfo.de/071.html

SCHIEMENZ, H. (1953): Die Libellen unserer Heimat. Jena: Urania

— WENDLER (A)., A. Martens, L. Müller & F. Suhling (1995): Die deutschen Namen der europäischen Libellenarten (Insecta: Odonata).Entomologische Zeitschrift 105(6): 97-112


 
EXTRAIT DE LA BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE : 

 

 

 — SELYS-LONGCHAMPS ( Michel Edmond, Baron de) 1840 - Monographie des Libellulidées d'Europe. - Roret, Paris ; Muquardt, Bruxelles, 220 pages.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k370057n/f148.image.r=selys.langFR
— SELYS-LONGCHAMPS ( E.de),1850 - Revue des Odonates ou Libellules d'Europe. - Bruxelles, Paris.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k26769q.texteImage

 — SELYS-LONGCHAMPS ( E.de) 1860 Synopsis des Agrionines,  première légion : Pseudostigma

https://www.biodiversitylibrary.org/item/132906#page/1/mode/1up

— SELYS-LONGCHAMPS ( E.de) 1860 Synopsis des Agrionines,  dernière légion :  Protonevra.

https://www.biodiversitylibrary.org/item/132906#page/1/mode/1up

— SELYS-LONGCHAMPS ( E.de) 1862 Synopsis des Agrionines, deuxième légion : Lestes.

https://www.biodiversitylibrary.org/item/132902#page/3/mode/1up

 

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Odonates
23 mars 2019 6 23 /03 /mars /2019 22:30

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I. La table de communion et ses dragons.

Les deux retours d'angle de la table de communion reçoivent des dragons, identiques , et qui ont été restitués sous la direction de l'abbé Abgrall à la fin du XIXe siècle sur les modèles de ceux qu'il a fallu remplacer alors.

Il les a décrit ainsi :

" La table de communion est une œuvre récente, qu'il a fallu exécuter par suite d'une modification dans les dispositions du chœur. Elle est composée de balustres en chêne très épais et richement sculptés, surmontés d'une frise en feuilles d'acanthe et d'un tore à feuilles de chêne avec entrelacements de rubans. On a tenu à ce que ce travail fût riche et correct pour être en rapport avec les sculptures anciennes de l'église. Aux extrémités de la table de communion, on voit deux sortes de grillons ou chiens ailés, d'un style et d'un mouvement extraordinaires. Ce sont deux pièces anciennes qu'on a essayé de reproduire dans quelques églises du voisinage, mais qu'on n'a pu imiter que très imparfaitement. "

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Table de communion de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Table de communion de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

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Table de communion de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Table de communion de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

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Table de communion de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Table de communion de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

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II. Les stalles.

L'église dispose de deux rangs de quatre sièges se faisant face. Ces stalles ont également été reconstruites sous la direction du chanoine Abgrall :

"Les stalles aussi sont nouvelles, pour ce qui est de la menuiserie ; mais toutes les parties sculptées sont anciennes ou imitées de l'ancien. Ainsi, les dragons qui forment les accoudoirs, les bouquets et festons, les têtes d'anges et les cariatides sont autant de détails pris dans les vieilles stalles qu'il a fallu remplacer. Les balustrades qui ferment le chœur devant les autels latéraux sont anciennes et n'ont subi qu'un simple remaniement pour être consolidées. "

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Stalles de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Stalles de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

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Stalles de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Stalles de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

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Stalles de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Stalles de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

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Stalles de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Stalles de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

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Stalles de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

Stalles de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.

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SOURCES ET LIENS.

COUFFON (René), LE BARS ( Alfred), 1988,  Notice sur  Lampaul-Guimiliau , Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.; 28 cm. ISBN 978-2-950330-90-1.

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/ffdece473d8b2cacb3b0124f2e647d77.pdf

Mobilier :

" Les stalles du choeur ont été restaurées par J.-M. Abgrall à la fin du XIXe siècle ; on a conservé des éléments sculptés anciens, en particulier les dragons des accoudoirs, des têtes d'anges et des cariatides."

- Balustres du choeur du XVIIe siècle, sans doute dus à François Lorrière (ou Lerrel), alors à Guimiliau.

 

 

—ABGRALL (Jean-Marie), 1891,  Notice sur l'église de Lampaul-Guimiliau , Bulletin de la Société archéologique du Finistère .

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207615d/f92.image

— ABGRALL (Jean-Marie), 1916, Notice  sur l'église de Lampaul-Guimiliau, B.D.H.A.  page 101.

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/eb8a12b7e12798d2ef6eea2b182e7115.pdf

 

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Published by jean-yves cordier
23 mars 2019 6 23 /03 /mars /2019 18:39

Zoonymie des Odonates : étude des noms de  Coenagrion puella (Linnaeus, 1758), "l'Agrion jouvencelle".

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Zoonymie ? L'étude des noms des animaux (zoo). Comme dans Toponymie, Oronymie, Hydronymie, ou Anthroponymie, mais pour les bêtes. La "zoonymie populaire" (et volontiers extra-européenne) était  jusqu'à présent la seule branche un peu développée de cette science à peine née.

 

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 ZOONYMIE DES ODONATES.

 Les articles précédents : 10 articles de généralités et 41 études de noms d' Anisoptères.

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ZYGOPTÈRES

BIBLIO :

 

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Résumé. 

genre Coenagrion, Kirby (W.F), 1890, Syn. Cat. Neur. Odon., London, :148. Du suffixe coen- "commun à, relatif au plus grand nombre, général", accolé au nom de genre Agrion [Fabricius 1775 puis Sélys] 1850, que Kirby réorganise complètement.  Parmi les Zygoptères (nommés alors Agrionidae), Kirby a réservé l'ancien nom de genre Agrion  aux Calopterygidae dans la sous-famille Agrioninae , et il a placé tous les autres (auparavant nommés Agrions) dans la sous-famille des Coenagrioninae  : Coenagrion doit, dans ce contexte, être interprété comme "l'ensemble des Agrions"  à l'exception des Calopterygides. 

puella, Linnaeus 1758 :  du nom latin féminin puella, ae "jeune fille", en raison de la petite  taille et de l'abdomen fin des Zygoptères, mais surtout sous l'influence des noms vernaculaires assimilant celles-ci à des "demoiselles" (attesté dès 1678 en français), et repris par les naturalistes : en hollandais "Juffertjes" Leeuwenhoeck, 1695,  puis en allemand "Jungfer", Frisch, 1738, et en français "Demoiselle" Homberg 1699 et Réaumur,  1742.

— noms communs en français : 1°) "L'Amélie" ou "La Dorothée", Geoffroy, 1762 ; 2°) "La Libellule Amélie", Olivier, 1789 ; 3° L'Agrion jouvencelle Latreille 1800 ; 4°) "L'Agrion fillette", Milne-Edwards in Lamarck, 1835 ; 5°) "L'Agrione vierge", de Sélys, 1840 ; 6°) L'Agrion Jeune fille", Chenu 1860. Depuis de Sélys 1850 et P.-A. Robert 1958, c'est le nom d'"Agrion jouvencelle" de Latreille qui s'est imposé. "Jouvencelle" est une forme vieillie voire médiévaliste, mais élégamment sonore  pour "jeune fille".

— noms communs dans d'autres langues :

Ils mettent en avant la couleur bleue, et le nom de puella = demoiselle, ou la marque en U noir (en fer à cheval) du 2ème segment des mâles.

 

- en anglais The azure damselfly, la Demoiselle (Zygoptères) bleu-azur

- en catalan : El Donzell de la ferradura  : La demoiselle du fer à cheval (marque en S2)

- en néerlandais :De azuurwaterjuffer : la demoiselle des eaux bleu-azur.

-en frison  Blaujufferke : la demoiselle des eaux bleu-azur.

- en allemand : Die Hufeisen-Azurjungfer : La demoiselle bleue au  fer à cheval (marque en S2)

-en russe : Стрелка-девушка, стрелка девушка : (fille-flèche)

- en finnois Eteläntytönkorento : la demoiselle (libellule-jeune-fille) du sud

-irlandais : Béchuil ghormghlas : (bleu-vert)

-en gallois  Mursen las asur : la Demoiselle bleu-azur.

-hongrois Szép légivadász : le beau Coenagrion 

-en lituanien Pasaginė strėliukė

-en letton : Gaišzilā krāšņspāre

-en norvégien  Sørlig blåvannymfe

-en polonais  Łątka dzieweczka

-en slovène  Modra vodendevojčica

-en suédois  Ljus lyrflickslända

 

 

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NOM SCIENTIFIQUE.

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NOM DE GENRE COENAGRION, KIRBY 1890.

 

Voir :

http://www.lavieb-aile.com/2019/02/zoonymie-des-odonates-le-nom-de-genre-coenagrion-kirby-1890.html

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NOM D'ESPÈCE COENAGRION PUELLA (LINNAEUS, 1758). 

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[Libellula puella] Linnaeus, C. 1758. Systema naturæ per regna tria naturæ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Editio decima, reformata. Holmiæ. (Salvius). Tomus I: 1-824.page 546

https://www.biodiversitylibrary.org/page/25034357#page/556/mode/1up

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Description originale.

Puella. 18. L. alis erectis hyalinis. 

— alpha. Libellula corpore sericeo, alis puncto marginali fusco. 

Fn. svec. 760. 
Raj. ins. 51. n. 15. 
Roes. aqu. 2. t. 10, 11. omnes. 
Reaum. ins.  6. t. 40 f. omnes. 

— beta. Libellula corpore incarnato, alis puncto marginali fusco.

Fn. svec. 761. 
Raj. ins 51. n. 16. & 52. n. 17. 
Reaum. ins. 6. t. 3. f. 4. & t. 4. t. II f. 6. 
Roes ins aqu. 2. t. 10, 11. 

—  gamma- Libellula corpore sericeo, alis puncto marginali nigro. 
Fn. svec. 762. 
Raj. ins. 140. n. 1. 

— delta. Libellula corpore caeruleo cinereoque alterno, alis puncto marginali nigro.

Fn. svec. 763. 
Goed. ins 3. p. 29.f. R
List. goed. 228. f 103.

Merian. eur. 78. t. 156. 

Raj. ins. 53. n. 18. 
Reaum. Ins 6. t. 35.f 6.

Frisch. insect. 8. t. 11. 

Habitat ad prata paludosa, victitans Muscis.  Varietates conjunxi, quas copula saepius junctas vidi. 

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Commentaire :

Linné a décrit en 1758 18 espèces de ses LIBELLULA, classées parmi les NEUROPTERA. 

Il les divise en deux groupes (* et **) :

  • oculi distantes remotique [les yeux écartés et distants] : L. virgo et puella : ce sont nos ZYGOPTERA

Il indique pour chacune les références,  à son propre travail, la Fauna suecica de 1746 (Faun. svec) ou description de la faune de Suède, puis aux naturalistes qui l'ont précédé : ici John Ray, Réaumur et Roesel, mais aussi Goedard et Goedard par Lister, Mérian, et Frisch.

Parmi ses deux dernières, qui sont nos Zygoptères, la première correspondra à Calopteryx virgo.  Linné décrit ensuite sous le nom de Libellula puella quatre variétés appariées : deux variétés alpha et beta dont le point marginal des ailes (ptérostigma) est brun (l'une est "soyeuse", l'autre est rouge) et deux autres gamma et delta  dont le ptérostigma est noir (l'une est "soyeuse", l'autre bleu et gris alterné). Dans le texte des références à la Fauna suecica et à John Ray, les espèces "soyeuses" sont décrites avec des couleurs bleu, vert ou "livide". Ces quatre variétés correspondent alors à l'ensemble des zygoptères des collections européennes, aux ailes non colorées !

 

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Zoonymie des Odonates : Coenagrion puella (Linnaeus, 1758).

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Depuis cette description, de très nombreuses autres espèces de libellules aux yeux écartés ont été décrites, l taxonomie a établi le genre Coenagrion aux mâles bleus annelés de noir, et ses 13 espèces européennes. L'espèce Coenagrion puella, l'une des plus communes, se reconnait, pour les mâles  "au U noir du 2ème segment de l'abdomen et aux lignes latérales de l'abdomen".

Illustration par Lucas en 1900 : Coenagrion puella mâle.

http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/home/picture?id=12677

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Source  : animalbase http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/home/picture?id=12677

Source : animalbase http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/home/picture?id=12677

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Les références faites par Linné pour Libellula puella.

 

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a) Sa propre Fauna suecica Linné 1746 page 229.

https://www.biodiversitylibrary.org/item/129804#page/263/mode/1up

Les quatre variétés y étaient décrites comme quatre espèces n° 760 à 763. Si la diagnose est la même que dans le Systema naturae, la description DESCR y est détaillée, et les références à John Ray sont accompagnées de la citation du texte de cet auteur.

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b) John Ray, 1710, Historia insectorum page 140 et page 50 n°15 16 17 et 18 et page 140 n°1.

https://archive.org/stream/historiainsector00rayj#page/50/mode/1up

https://archive.org/stream/historiainsector00rayj#page/139/mode/1up

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c) Roesel, 1749,  Insecten belustigung, 2. aqv. planche X et XI . omnes

Rösel von Rosenhof, August Johann ; Kleemann, Christian Friedrich Carl ; Rösel von Rosenhof, August Johann [Hrsg.]
Der monatlich herausgegebenen Insecten-Belustigung (Band 2): ... welcher acht Classen verschiedener sowohl inländischer, als auch einiger ausländischer Insecte enthält — Nürnberg, 1749

https://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/roesel1749bd2/0295/image

La description des planches est donnée en allemand : Der kleine schmal-leibige Wassernymphen-Wurm mit drey breiten Ruder-Federn, nebst seiner Werwandlung. Tab. X et XI.

https://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/roesel1749bd2/0297/image

Le titre peut se traduire par "La petite larve aquatique à corps mince avec trois "plume-gouvernail" avec sa métamorphose". Le sujet principal du chapitre est la larve, qui est décrite aux quatre premiers paragraphes, et illustrée aux figures 1 et 2 de la planche X et 8 de la planche XI.

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Roesel, 1749,  Insecten belustigung, 2. aqv. planche X .

Roesel, 1749,  Insecten belustigung, 2. aqv. planche X .

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La figure XI fig.9 montre le masque caractéristique des larves.

Puis les imagos sont décrits au paragraphe  6 et 7 de la planche XI avec le détail des couleurs du corps et des yeux :.  

 

Einige fuhren einen grun, braun und gold schillerenden hinter-Leib ; hingegen aber ist der Worder-Leib zuwelien grûnlicht, zuweilen gelb und obenher dunckel braun ; die beeden Augen aber sind glänzend braun-roth, wie die sechste Figur der XI Tabelle zeiget. Wieder eine andere Art sehen wir in der sibenden Figur eben dieser Tabelle, und selbige wird wohl am häussiggsten gefunden, ist auch eine derer kleinesten Arten.

https://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/roesel1749bd2/0300/image

 

 Roesel, 1749,  Insecten belustigung, 2. aqv. planche XI.

Roesel, 1749,  Insecten belustigung, 2. aqv. planche XI.

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Sur la planche X fig. 4 et 5, les imagos sont montrés en tandem, les cerques du mâle (fig. 4) placés sur le pronotum de la femelle, en préparation de l'accouplement en cœur de la figure 6.

Voir  paragraphe 5 en renvoyant aux figures 3, 4 et 5 de la planche X.

 Roesel, 1749,  Insecten belustigung, 2. aqv. planche X .

Roesel, 1749,  Insecten belustigung, 2. aqv. planche X .

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c)  Réaumur, Mémoires pour servir à l'histoire des insectes volume 6 [1742] planche XXXV figure 6 ; référence pour la variété delta.

https://www.biodiversitylibrary.org/item/51203#page/685/mode/1up

 

 

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Réaumur, 1742.

Réaumur, 1742.

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d) Sibylla Merian De europische insecten, 1730, texte page 78 et planche CLVI ; référence pour la variété delta.

 

 

— MERIAN (Anna Maria-Sibylla) De Europische insecten 1730 Jean Marret, M.D. Amsterdam J.F. Bernard https://archive.org/stream/gri_33125008530400#page/n3/mode/2up

La libellule est posée sur une grande Jacinthe bleue Hyacinthus orientalis maximus C.B. Pinus 44 (H. orientalis, L. 1753). Son abdomen porte des marques noires et bleues annelées ; le thorax et les yeux sont bleuâtres, et les ptérostigmas sont noirs.

https://archive.org/stream/gri_33125008530400#page/n159/mode/2up

https://archive.org/stream/gri_33125008530400#page/n161/mode/2up

Dans l'édition française, la planche se trouve page 40, ce qui nous donne accès à la traduction du texte :

— MERIAN (Maria-Sibylla) Histoire générale des insectes de Surinam et de toute l'Europe contenant leur description, leurs figures, leur différentes métamorphoses..., par Mademoiselle Marie-Sybille de Mérian, en deux parties in-folio. Troisième édition, revue, corrigée & considérablement augmentée par M. Buchoz, ... A laquelle on a joint une troisième partie qui traite des plus belles fleurs, telles que des plantes bulbeuses, liliacées, caryophillées... Tome premier [-troisième] traduit par Jean Marret Paris : Desnos, 1771. PDF Bibliothèque de Toulouse, 3 volumes http://tolosana.univ-toulouse.fr/notice/07558171x

https://documents.univ-toulouse.fr/150NDG/T2/PPN07558171X.pdf

"Ces animaux naissants, n'excédant pas la grandeur d'une puce : ils croissent ensuite à vue d'œil, & deviennent beaucoup plus grands. On les trouve dans les fossés, & ils ne se servent d'autre nourriture, si ce n'est qu'ils se mangent les uns les autres. J'ai remarqué qu'un des plus grands a dévoré en peu de temps les plus petits de la même espèce ; d'où vient que ces petits animaux paraissent extrêmement craintifs. De l'un de ces insectes provint cet Animal bleu & ailé, qu'on voit représenté sur la Planche."

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Merian 1730 https://archive.org/stream/gri_33125008530400#page/n161/mode/2up

Merian 1730 https://archive.org/stream/gri_33125008530400#page/n161/mode/2up

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Merian 1730 https://archive.org/stream/gri_33125008530400#page/n161/mode/2up

Merian 1730 https://archive.org/stream/gri_33125008530400#page/n161/mode/2up

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e) Goedart 1662  tome 3 fig. R et Goedaert in Lister 1685 page 228 fig. 103.

— Goedaert (Johannes), Metamorphosis et historia naturalis insectorum, apud Jacobum Fierensium, volume 3, 654 p, page 29 figure R.

La larve est désignée sous le terme général d'Animalcula, et l'imago n'est pas nommé.

https://books.google.fr/books/ucm?id=XYMDFCMqBy0C&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

— GOEDART (Jan), 1685, Johannes Goedartius de Insectis nin methodum redactus cum notularum additione, operâ M. Lister, e Regia Societate Londinensi, Smith : London, 1685 [cf.  page 259 du lien suivant  fig. 103 dans l'édition colorisée : Bibl. Strasbourg]

 

http://docnum.unistra.fr/cdm/compoundobject/collection/coll13/id/64604/rec/1

Dans cette édition colorisée, l'abdomen et le thorax de la libellule sont colorés en bleu entre les anneaux noirs. Cela semble faire l'objet d'un commentaire en italique.

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Goedaert 1662

Goedaert 1662

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Goedaert in Lister 1685.

Goedaert in Lister 1685.

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f) Frisch. insecten, 1730. volume 8. tabellen 11.  référence pour la variété delta.

https://books.google.fr/books?id=78BCHTyXlzkC&dq=jungfer+libella&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

Johannes Leonarhd Frisch consacre plusieurs chapitres du tome VIII de son Beschreibung von allerley Insecten von Teutchslands  (Description de toutes sortes d'insectes d'Allemagne), à partir de la page 16.

https://books.google.fr/books?id=xn-G0Q6gi9MC&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

VIII: Von den Libellis oder sogenannten Jungfer. Der grössen Art.

IX. Von einem Wurm voraus eine breitleibige Libella kommt.

X. Von dem Wurm voraus der Langleibige Libella kriechet

XI. Von den Goldgrünen und Goldbraunen kleinen Libella.

C'est vers ce chapitre Sur la petite Libellule vert-doré et brun-doré que renvoie la référence linnéenne.

Homberg cite, pour souligner la différence entre sa propre description et la sienne, un article de Homberg pour les Mémoires de l'Académie royale des Sciences, daté de 1699 (page 145) : "Observations anatomiques sur les insectes apellées ordinairement Demoiselles" où est figuré l'accouplement de Calopteryx [splendens] sous le nom de Demoiselles. J'ai présenté cet article dans la zoonymie de Calopteryx virgo

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k35013/f302.image

http://www.lavieb-aile.com/2018/05/zoonymie-des-odonates-le-nom-calopteryx-virgo-linnaeus-1758.html

Il renvoie aussi aux descriptions de Johannes von Muralto (Jean de Murat, médecin de Zurich, 1645-1733)  et de Mentzer

 

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J.L. Frisch, vol. VIII tab. XI.

J.L. Frisch, vol. VIII tab. XI.

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RÉCEPTION DE LIBELLULA PUELLA DE LINNÉ

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La tâche des naturalistes fut, après cette édition du Systema Naturae , de démembrer parmi ces quatre "variétés" (devenues sept dans le SN  , éd. de Gmélin 1789 avec epsilon, eta et chi ) lesquelles étaient les formes sexuées ou immatures de la même espèce, et lesquelles étaient des espèces distinctes. Puis de les corréler avec les descriptions de 3 espèces décrites par Geoffroy en 1762.

Olivier décrit en 1789 six variétés de Libellula puella A à F.

En 1804, Latreille, qui  créa son genre Agrion avec ses deux espèces, virgo (ailes colorées) et puella (ailes non colorées), ne décrit plus que trois variétés a, b, et c de son Agrion puella ou Agrion Jouvencelle .

 

"A. Jouvencelle; agrion puella. Fab. Libellula puella. Lin. Ailes transparentes, sans couleurs.

Var. a. Alternativement bleue et cendrée; un point noir aux ailes. - L'amélie. Geoff. — Roes. insect. tom. II, aquat. clas. 2, tab. 1o , fig. 5, 4.

 Var. b. D'un verd bleu en dessous, brune en dessus ; corselet ayant des bandes brunes et bleuâtres alternes; 'un point noir, marginal, aux ailes. — La dorothée. Geoff. — Rœs. ius. tom. II, aquat. clas. 2, tab. 11 , fig. 7

Var. . d. D'un verd incarnat pâle ; trois bandes noires, longitudinales, sur le corselet; un point brun, marginal , aux ailes. — La sophie. Geoff.

Comme l'on trouve ces variétés réunies pêle-mêle dans leurs amours, il est difficile de savoir si ce sont des espèces."

En 1825, Vander Linden reprend, dans le genre Agrion de Latreille, les deux groupes I Alis coloratis  aux ailes colorées (A. virgo et haemorrhoidalis),  et II Alis albis aux ailes non colorées.

Dans ce groupe II, il décrit 10 espèces :

  • Agrion viridis correspond à Libellula puella alpha de Linné : ce sera Chalcolestes viridis (Vanderlinden 1825)
  • Agrion sanguinea correspond à Libellula puella beta  de Linné. Ce sera Pyrrhosoma nymphula (Sultzer 1776)
  • Agrion pulchella est une description propre de Vander Linden : ce sera Coenagrion pulchellum (Vander Linden, 1825)
  • Agrion puella correspond à l'Amélie et à la figure 7 du tableau XI de Roesel (mais ne renvoie pas aux variétés de Linné). ce sera Coenagrion puella (Linnaeus, 1758)
  • Agrion elegans est une description propre de Vander Linden  : ce sera  Ischnura elegans (Vander Linden, 1820)
  • Agrion platypoda correspond à la variété chi de Libellula puella du  SN Gmelin : ce sera  Platycnemis pennipes (Pallas, 1771) 
  • Agrion analis sera Agrion najas (Hansemann 1823)
  • Agrion rubella sera Cériagrion tenellum ( de Villers, 1789)

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Voir ensuite World catalogue of Odonata, Steinmann

https://books.google.fr/books?id=JMR-HkoVtvAC&pg=PA225&dq=%22agrion+puella%22&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjxvb6-1ZjhAhUtAWMBHdXkABgQ6AEIKTAA#v=onepage&q=%22agrion%20puella%22&f=false

 

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ÉTUDE DE L'ÉPITHÈTE PUELLA.

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Puella : du nom latin féminin puella, ae "jeune fille". Puer, eri est "un enfant", et puellus "un petit garçon".

a) Dans sa Fauna suecica de 1746 page 229, les 4 variétés de L. puella étaient décrites par Linné comme quatre espèces "alis erectis sedentes, parvae", "se tenant ailes écartées, petites", et 3 d'entres elles appartenaient aux Libella minor (petites Libellules) de John Ray : ce nom de puella renvoie au fait que cette espèce (représentant alors toutes les Zygoptères, je le rappelle) est plus petite que les autres libellules.

b) Parmi ces quatre variétés, la variété alpha renvoie à la n° 760 du Fauna suecica. Dans cet ouvrage, l'espèce n°760 donne en référence John Ray, mais aussi Leewenhoeck et son [Opera magna, seu ] Arcana naturae detecta ope microscopiorum, Delphis Batavorum 1695 , page 18 figure 9. Il n'indique pour cette référence que le mot JUNFFERTIES.  J'ai déjà signalé que c'était une coquille, une erreur de lecture pour JUFFERTIES. Or, ce mot hollandais est  issu de JUFFER, "demoiselle" dont il est le diminutif. Ce nom commun des libellules signifie donc  "petite demoiselle". C'est le seul nom commun (vulgo selon Linné, vulgaire ou vernaculaire) rapporté par Linné pour ses Libellules, et il y a de bonnes raisons de penser qu'il a influencé son choix de donner à la première espèce de petites libellules aux yeux écartés le nom de virgo, "vierge, jeune fille" et à la seconde le nom de puella, "jeune fille".

Le nom Juffertie est mentionné dans un dictionnaire de 1752 avec la mention "voyez Schillebald [en allemand]" ; mais il faut rectifier en Schillebold, ou Wasserjungfer, Wasserlibelle, termes allemands populaires pour les libellules. Je  trouve Juffertjes  dans une traduction de Rabelais en hollandais, datée de 1682 : Gy spreekt me van jonge Juffertjes te kussen, maer ik sweer je byden heyligen paltrok dien ik draeg, dat ik 'er geefne van ontslagen ben: zorgende dat my gebeuren mogt 't geene den Heer van Guyercharois geschiedde.

Il traduit le passage suivant du Quart Livre : "Vous parlez de baiser damoiselles. Par le digne et sacré froc que je porte, je m'en déporte, craignant que m'advienne ce qu'advint au seigneur de Guyercharois."

On trouve le terme également  en 1642 et en 1655.

Dans l'édition de 1722, le passage occupe la page 18  comme dans l'édition de 1695 ; et la figure (qui porte le n° 4 et non 19) montre ces demoiselles en tandem.

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JUFFERTJES in Leeuvenhoeck, Arcana ... 1722, page 18

JUFFERTJES in Leeuvenhoeck, Arcana ... 1722, page 18

Antonio van Leeuvenhoeck, Arcana ... 1722, figure 4.

Antonio van Leeuvenhoeck, Arcana ... 1722, figure 4.

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c) Si Linné écrit fautivement JUNFFERTJTES au lieu de JUFFERTJES, c'est probablement par contamination par l'allemand JUNGFER "jeune fille". L'équation Libellae = Jungfer figure dès 1738 chez Johannes Leonhard Frisch dans la préface de son Beschreibung von allerlei insecten in Teutschland publié à Berlin. C'est ce même Frisch qui est donné en référence de la variété delta de la puella, et il reprend ce nom de JUNGFER dans son volume VIII. Nous avons vu qu'il citait Homberg et le nom de DEMOISELLE.

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 Johann Leonhard Frisch,  verlegts Christoph Gottlieb Nicolai, 1738

Johann Leonhard Frisch, verlegts Christoph Gottlieb Nicolai, 1738

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JUNGFER, définition : Nouveau dictionnaire de la langue allemande et françoise, 1784

JUNGFER, définition : Nouveau dictionnaire de la langue allemande et françoise, 1784

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d) Si Linné a été influencé dans son choix pour puella par le hollandais JUFFERTJES ("demoiselle") Leeuwenhoeck, 1695, et par l'allemand JUNGFER (même sens) Frisch, 1738,  il l'a été également par le nom que Réaumur donne en 1742  à ses libellules, celui, précisément,  de DEMOISELLE. Il était utilisé depuis cette date par tous les naturalistes français, et donc connu par tous les naturalistes européens. On le trouve dès 1678 dans le Dictionnaire italien et françois de Nathanaël Düez page 126 en traduction de l'italien ba icola : "1. une  brouëtte. 2. une sorte d'insecte appellée demoiselle", puis en 1699 dans le titre de l'article de Guillaume Homberg où il est qualifié d' "ordinaire".

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Conclusion : bien que Linné ait formé son nom de LIBELLULA également sous l'influence de cette tradition populaire voyant dans les libellules de frêles jeunes filles, il restreint cette image, par les deux noms de virgo et de puella, aux espèces les plus petites et les plus fines, qui formeront les Zygoptères.

Puella : du nom latin féminin puella, ae "jeune fille", en raison de la petite  taille et de l'abdomen fin des Zygoptères, mais surtout sous l'influence des noms vernaculaires assimilant celles-ci à des "demoiselles", (attesté dès 1678 en français),  en hollandais "Juffertjes" Leeuwenhoeck, 1695,  puis en allemand "Jungfer", Frisch, 1738, et en français "Demoiselle", Homberg 1699 et Réaumur,  1742.

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LES AUTEURS PRÉCÉDENTS EN ZOONYMIE.

 

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POITOU-CHARENTE NATURE

http://www.poitou-charentes-nature.asso.fr/agrion-jouvencelle/

"De puella (lat) = demoiselle, jouvencelle."

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DRAGONFLYPIX

http://www.dragonflypix.com/etymology.html

"from Lat. puella = girl, maiden"

 

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D'ANTONIO & VEGLIANTE.

https://www.researchgate.net/publication/316791278_Derivatio_nominis_libellularum_europaearu

"puella, ae = fanciulla. Vale quanto detto per ancilla" ("jeune fille. La même chose est vraie pour ancilla" )"

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H. FLIEDNER, 2009

https://www.entomologie-mv.de/download/virgo-9/Virgo%200902%20Die%20wissenschaftlichen%20Namen%20der%20Libellen%20in%20Burmeisters.pdf

http://dominique.mouchene.free.fr/libs/docs/GENE_Burmeister_Fliedner.pdf

"The species name - puella (Linnaeus) [l. maiden, girl] was one of the two first in modern nomenclature of Odonata to reflect tender femininity."

 

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VAN HIJUM, 2005.

http://natuurtijdschriften.nl/download?type=document&docid=555521

 

"puella komt van puer (kind. jongen) = jonge vrouw, meisje"


 

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LES NOMS EN LANGUE VERNACULAIRE.

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LES NOMS EN FRANÇAIS.

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1°) L'Amélie, ou la Dorothée, Geoffroy 1762 .

https://www.biodiversitylibrary.org/item/50613#page/236/mode/1up

Etienne-Louis Geoffroy décrit une de ses  14 espèces , la n°3, sous le nom d'AMÉLIE. Sa description, avec ses ptérostigmas noirs, son thorax bleu à trois bandes brunes (disons noires, il décrit des spécimens de collection) et ses segments abdominaux bleus à anneau noir est compatible avec un Coenagrion.  Il l'identifie comme étant la Libellula puella de Linné dans sa variété delta (Fauna suecica n°763) et il renvoie aussi aux figures de la planche X de Roesel.

 

"LIBELLULA corpore cœruleo cinereoque alterno, alis puncto marginali nigro. Linn. faun. suec. n. 763.

Linn. syst. nat. Edit, 10, p. 546, n. 18. Libellula puella. 
Roesel. ins. vol. 2 , tab. 10 , fig. 3 , 4. Insect. aquatil. class. 2. 
L'amélie. 
Longueur 14 lignes. 
Ses aîles sont blanchâtres, finement veinées de noir avec un point noir sur le bord extérieur vers le bout. Sa tête est d'un bleu cendré avec les yeux bruns. Le corcelet qui est bleu, est orné de trois bandes longitudinales brunes, une au milieu , & deux plus étroites sur les côtés. Les segmens du ventre sont bleus, avec un anneau noir vers leur bout postérieur. Ils sont au nombre de neuf, & les deux derniers font plus gros que les autres & tout bruns. On trouve cet insecte dans les prés."

 

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Il décrit ensuite sous le nom de Dorothée une espèce qui ne diffère de l'Amélie que par une longue raie brune du dessus de l'abdomen. Le dessous du corps est bleu-vert, le dessous brun, le thorax est rayé de brun et bleu alterné, les ptérostigmas sont noirs. Cette longue raie brune dorsale m'a fait douter de l'existence d'anneaux noirs, mais il renvoie à la figure 7 de la planche XI de Roesel qui présente ces anneaux ; Dijkstra décrit pour C. puella, une "ligne longitudinale étroite qui s'étend sur le coté de l'abdomen à partir de chacun de ces anneaux", qui peut correspondre peu ou prou à la ligne brune du dessus du ventre. La forme femelle de couleur verte est également parfaitement compatible avec plusieurs des Coenagrions. "La femelle adulte a des marques semblables à celles du mâle, mais avec une couleur verdâtre au lieu du bleue. Elle a une fine bande noire ininterrompue le long de l'abdomen." (Wikipédia)

"4. LIBELLULA corpore infra cœruleo viridi , supra-fusco, thorace fasciis fuscis , coerulescentibusque alternis , puncto alarum marginali nigro. 
Roesel, ins. vol. 4 , tab. XI, fig. 7. Insect, aquatil. class. 2. 
La dorothée. 
Longueur 14 lignes. 
Je ne vois d'autre différence entre celle-ci & la précédente, que cette raie longue & brune, qui couvre tout le dessus du ventre. Du reste le corcelet & les ailes sont tout-à-fait semblables. Mais ce qu'il faut remarquer , c'est
que dans cette espèce-ci tout ce qui est bleuâtre dans les mâles , est d'un jaune un peu vert dans les femelles. Je 
les ai trouvés souvent accouplés dans les prés. "

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Pour la "variété" de la Dorothée, décrite ensuite, ne s'agit-il pas d'un Sympegma (fusca) ?

"NB. LIBELLULA corpore infra fulvo , supra nigro, thorace fulvo fuscoque vanegato, puncto alarum marginali fusco. 
Celle-ci n'est qu'une variété de la précédente , dans laquelle tout ce qui étoit bleu ou vert dans l'autre se trouve de couleur fauve, tandis que la raie de dessus le corps au lieu d'être brune est noire. Quelquefois aussi les raies du corcelet se trouvent manquer , & ce corcelet pour lors est tout brun , avec les côtés seulement fauves. "


 

 

 


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Enfin, Geoffroy décrit, avant de passer à sa deuxième famille, une espèce qu'il nomme La Sophie, et dont les ptérostigmas sont bruns : je l'écarte donc des Coenagrions, et je ne retiens pas son nom français dans ma liste.
 

5. LIBELLULA corpore viridi pallide incarnato , thorace fasciis tribus longitudinalibus nigrïs , alis puncto marginali fusco . 
Raj. ins. p. yi , n. 19. 
La sophie. 
Longueur 16 lignes. 
Sa couleur est d'un vert un peu rougeâtre & pâle,  elle a seulement trois bandes noires longitudinales sur le corcelet. Le dessus de son ventre est brun, &. quelquefois en-dessus il y a une raie brune longitudinale dans toute 
la longueur , mais elle n'est pas constante. Les a&ic