Zoonymie des Odonates : le genre Platycnemis, Burmeister, 1839, les Pennipattes.
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Zoonymie ? L'étude des noms des animaux (zoo). Comme dans Toponymie, Oronymie, Hydronymie, ou Anthroponymie, mais pour les bêtes. La "zoonymie populaire" (et volontiers extra-européenne) était jusqu'à présent la seule branche un peu développée de cette science à peine née.
Bibliographie des articles de zoonymie des Odonates.
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Résumé.
Platycnemis, Burmeister 1839. Toussaint von Charpentier, le vrai auteur de ce nom générique, donne lui-même l'étymologie : du grec platys "large" et knēmis "tibias", il décrit les tibias élargis de l'espèce-type, P. Pennipes, et de la majeure partie des espèces du genre.
Nom en français :
1. Platycnème, Selys, 1850.
2. Pennipatte, Jourde in Dijkstra 2007 (par transposition avec la forme anglaise "Featherleg" (jambe de plume) Dijkstra 2006)
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LE NOM DE GENRE PLATYCNEMYS (BURMEISTER, 1839).
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Explications préalables.
En attribuant ce nom de genre à Burmeister, je me plie, par principe rédactionnel, au choix du Museum et de l'INPN ; et donc, à la taxonomie admise par la Commission.
[On trouve aussi Platycnemys, Selys, 1841. https://fr.wikipedia.org/wiki/Platycnemis]
Si on consulte la publication de Burmeister, le nom platycnemis est attribué à Charpentier : "Platycnemis Charp." Mais Charpentier n'a publié son travail qu'en 1840, et Burmeister avait eu accès, plus tôt, au manuscrit de Charpentier. À la différence de Toussaint von Charpentier, Burmeister n'a pas décrit le genre qu'il mentionne, hormis une mention des pattes larges et "lancéolées".
En 1840, dans sa Monographie des libellulidées, E. de Sélys-Longchamps en fait un sous-genre de son genre Agrion, en citant le manuscrit de Charpentier (Charp. Mss) et écrit : "On pourrait, à la rigueur, en faire un genre distinct, en adoptant le nom proposé par M. de Charpentier".
Puis, en 1850, lorsque Sélys décrit dans sa Revue des Odonates, le genre Platycnème, il associe celui-ci à Platycnemis Charp.
La justice voudrait donc que l'on reconnaisse à Charpentier la paternité évidente de son genre, comme l'ont fait Burmeister et Sélys, mais si la dure loi de la Commission de Nomenclature impose le nom de Burmeister, il faut s'y soumettre, sans être dupe.
Ce qui m'importe, dans ces travaux de zoonymie, c'est que c'est bel et bien Toussaint von Charpentier qui nous fournit la clef étymologique de son nom, associée à la description originale qui le justifie.
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Fliedner (traduit par D. Mouchette) remarque :
"Very important for Burmeister’s presentation of Odonata in the ‘Handbuch’ was Toussaint de Charpentier (1779-1847), who was then ‘Berghauptmann’ at Brieg/Silesia, i.e. the supreme mining officer in Silesia (WEIDNER 1960). He was a keen hobby entomologist and had specialised in Orthoptera and Odonata. In 1825 he had published a volume comprising 40 European odonate species and had continued his studies preparing an illustrated monograph of 61 species thoroughly described and depicted, which was to be published in 1840. Charpentier had placed a draft of his treatise at Burmeister’s disposal, which led to the effect, that some genus names that Charpentier was going to introduce have Burmeister as author (v.infra).
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Voici ce qu'écrit en ligne Cyrille Deliry :
"Dans les fait ce genre est rapidement évoqué, sans utilisation, chez Burmeister (1839). Comme l'indique Fliedner (2009) il fait partie des genres donnés par de Charpentier (mss) et que Burmeister (1839) a pu consulter. Burmeister (op.cit.) ne donne pour toute description que le fait que les espèces associées ont "les pattes dilatées", mais il n'a pas d'intention de description, ni même d'utilisation du dit genre. Il nous apparaît par ailleurs délicat d'attribuer ce genre par monotypie d'espèce, en l'occurrence Platycnemis pennipes car Burmeister (op.cit.) utilise le genre Agrion pour désigner ce taxon (com.pers.).
Ce genre n'est dûment décrit que dans l'ouvrage de Toussaint de Charpentier (1840), ce qui nous paraît la juste solution. Fliedner (op.cit.) en précise l'étymologie qui est d'origine grecque, à savoir platys (large, plat), knemis (attelle de jambe, guêtre) qui désigne le tibia élargi de la plupart des espèces [et en l'occurrence européennes] de ce genre."
"Platycnemis - Attribué à de Charpentier ce nom est indiqué sans description (seul un indice de description est donné dans le corps du texte et ce genre n'est pas utilisé par Burmeister). Il s'agit de Platycnemis de Charpentier in Burmeister, 1839 (nomen nudum). Nous devrions avoir Platycnemis de Selys Longchamps, 1840 mais la priorité est donnée par de Selys Longchamps à de Charpentier (1840)."
Mehrere verwandte Arten wird herr v. Chapentier in seiner Monographie des Europaïchen Libellulinen genauer erdrern
Schienen erweitert, lanzettförmig, zumal di hinteren Platycnemis Charp.
Traduction proposée : " Plusieurs espèces apparentées sont mentionnées plus précisément par m. Chapentier dans sa monographie des Libellules européennes.
Beta : Pattes élargies, lancéolées, surtout les postérieures Platycnemis Charp ."
Pis suit la description d'Agrion lacteum, que Charpentier classera comme seule espèce de son genre Platycnemis (P. lactea) à la page 25 de son Libellulinae europaeae de 1840, qu'il avait décrite dans Horae entomologiae de 1825, et qui est aujourd'hui un synonyme de Platycnemis pennipes (Pallas, 1771).
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Platycnemis Burmeister, 1839, Handbuch der Entomologie (2) Berlin page 822.
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2°) La description de Toussaint von Charpentier 1840.
Platycnemis, CHARPENTIER (Toussaint von) 1840, Libellulinae Europaeae descriptae ac depictae, Lipsiae, Leopold Voss , page 21 § 8 et planche 43 figures 2 et 3.
Charpentier place dans son genre féminin Platycnemis une seule espèce, lactea (page25). La planche 43 figure 1 porte la légende Agrion (Platycnemis) lacteum, mas. et foem.
9. PLATYCNEMIS. Denominatio e Graecis vocabulis plathys et knemis desumta propter tibiarum latera in membranulam dilatata.
Non solum autem proprietate, per ipsam denominationem expressa et indicata, hoc distinguitur subgenus a reliquis, cum eius species tibias pedum mediorum et posticorum ad utrumque latus, per totam longitudinem habeant dilatatas in membranulam attenuatam: sed etiam eo prae aliis distinguitur, quod caput est valde latum, oculi igitur inter se valde distant.
Color albidus speciebus huius subgeneris peculiaris esse videtur, sed ita tamen, ut nunc in subcoeruleum, nunc in subluteum colorem quasi vergat. Maris appendices caudales sunt depressae, horizontales.
Europa unam tantummodo speciem Platycnemidis hucusque praebuit. Ex America et ex India eiusdem subgeneris plures species possideo.
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3°) Les platycnèmes, Selys 1850.
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E. de Sélys-Longchamps, Revue des Odonates, Gallica
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ÉTUDE DU NOM GÉNÉRIQUE PLATYCNEMIS.
Platycnemis, Burmeister 1839. Toussaint von Charpentier, le vrai auteur de ce nom générique, donne lui-même l'étymologie : du grec platys "large" et knēmis "tibias", qui décrit les tibias élargis (dilatés in membranulam) de l'espèce-type de ce genre, P. Pennipes, et de la majeure partie des espèces du genre.
Knēmis a été repris par le latin cnemis et se retrouve dans le nom des protège-tibias des guerriers grecs, les "cnémides", ou dans le nom, créé par Linné en 1758, de l'Oedicnème criard Burhinus oedicnemus où il s'associe à oedeo "gonflé".
Les tibias sont en effet hérissés de barbes comme les pennes d'une plume, d'où l'épithète de l'espèce-type, P. Pennipes.
De platys (gr) = large et Khemis (gr) = tibia ; qui a les tibias larges.
Pennipes de penna (lat) = plume et pes (lat) = pied : qui a les pieds en forme de plume, du fait de la forme lancéolée des tibias.
Acutipennis, de acutus (lat) = pointu, aigu et penna (lat) = plume, mis ici pour ailes : selon Sélys-Longchamps (1850), cette espèce à des ailes un peu plus étroites et plus pointues que chez P. pennipes.
Latipes De latus (lat) = large et pes (lat) = pied : cette espèce se caractérise par une importante dilatation des tibias.
from Grk. πλατύς = wide + κνημίς = greave, shin-pad
Platycnemis pennipes (Pallas, 1771) from Lat. penna = feather + pes = foot, leg ⮎ for the wide tibiae and bristly legs
Platycnemis acutipennis Selys, 1841 from Lat. acutus, -a, -um = pointed + penna = feather, wing ⮎ for the narrower and more pointed wings (compared to P. pennipes)
Platycnemis latipes Rambur, 1842 from Lat. latus, -a, -um = broad + pes = foot, leg ⮎ for the noticeably broader shins, especially in the male (compared to P. pennipes)
acutipennis (Platycnemis) - acutus, a, um = affilato, aguzzo, sottile + penna, ae = ala; dalle ali affilate. Questa specie presente le ali più appuntite della congenere pennipes
Platycnemis [gr. platys - wide, broad / flat; knēmis - greave, legging] describes the widened tibiae of this genus shared by most species of this family.
- pennipes (Pallas) [l. penna -feather; pes - foot, leg] is another description of the widened tibiae, which with their bristles look somewhat like feathers.
2. En 1958, Paul-André Robert écrit : "Platycnemis = "jambes élargies ou aplaties". En effet, les tibias des paires médianes et postérieures sont très élargies dans les deux sexes, ce qui permet de reconnaître immédiatement les représentants de ce genre". Mais il ne donne pas de nom français à ce genre, et il nomme l'espèce qu'il décrit ensuite, P. pennipes, "Agrion à larges pattes".
3. Pennipattes, Jourde in Dijkstra 2007.
Dans le Guide des Libellules de France et d'Europe, le genre Platycnemis "Pennipattes" comporte trois espèces, les Pennipattes bleuâtre, maghrébin, orangé, blanchâtre, ivoire et pruineux.
Le traducteur a adapté ce nom depuis celui de Featherlegs utilisé pour la version originelle en anglais parue en 2006 (Fields Guide to the Dragonflies..). Dans ce guide, en Annexe (Appendices 3), ce Featherlegs est accompagné du sigle AF signalant qu'il s'agit de l'appellation employée en Afrique [Afrique du Nord ?] tandis que les anglosaxons utilisent la forme White-legged Damselflies.
Grand et Boudot construisent leur nom d'espèce, comme Robert, sur le premier terme Agrion (ex :Agrion à larges pattes) .
4. L'INPN désigne les espèces du genre en français comme des Agrions (ex :Agrion à larges pattes) mais mentionne en deuxième alternative les noms créés par Philippe Jourde.
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SOURCES ET LIENS.
Bibliographie générale de ces articles de zoonymie des Odonates : voir ici :
http://www.lavieb-aile.com/2018/01/la-bibliographie-de-mes-articles-de-zoonymie-des-odonates.html
OUTILS DE ZOONYMIE.
— Animalbase
http://www.animalbase.org/
— A Dictionary of Prefixes, Suffixes, and Combining Forms from Webster!s Third New International Dictionary, Unabridged ! 200
— [Boudot J.-P., Dommanget J.-L., 2012. Liste de référence des Odonates de France métropolitaine. Société française d’Odonatologie, Bois-d’Arcy (Yvelines), 4 pp.]
— DIJKSTRA (K.-D.B.), et LEWINGTON, (R. ), 2006). Field guide to the Dragonflies of Britain and Europe. British Wildlife Publishing, 1-320.
— DIJKSTRA (K.-D.B.), et LEWINGTON, (R.) 2015. Guide des libellules de France et d'Europe. Guide Delachaux. Delachaux et Niestlé. Paris. 320 p. [http://www.delachauxetniestle.com/ouvrage/guide-des-libellules-de-france-et-d-europe/9782603021538]
— DIJKSTRA K.-D.B., LEWINGTON, R. et JOURDE (P.), traducteur (2007), Guide des Libellules de France et d'Europe, Delachaux et Niestlé.
— GBIF
https://www.gbif.org/species/1424076
— GRAND (D.) & BOUDOT (J.P.) ,2007 Les libellules de France, Belgique et Luxembourg. Biotope, Mèze. Collection Parthénope. 480 pp.— http://www.dragonflypix.com/etymology.html
— PRÉCIGOUT (Laurent), PRUD'HOMME (Eric), JOURDE (Philippe) 2009, Libellules de Poitou-Charentes, Ed. Poitou-Charentes Nature, 255 pages,
— POITOU-CHARENTE NATURE (Association) / Philippe JOURDE & Olivier ALLENOU
http://www.poitou-charentes-nature.asso.fr/leucorrhine-a-front-blanc/
— ANTONIO (Costantino D’), VEGLIANTE (Francesca ) "Derivatio nominis libellularum europæarum"(PDF) (en Italien) Étymologie de 197 noms de Libellules européennes.
https://www.researchgate.net/publication/316791278_Derivatio_nominis_libellularum_europaearum
— ENDERSBY (IAN D. ), 2012, : Watson and Theischinger: the etymology of the dragonfly (Insecta: Odonata) names which they published Journal and Proceedings of the Royal Society of New South Wales, vol. 145, nos. 443 & 444, pp. 34-53. ISSN 0035-9173/12/010034-20 34
https://royalsoc.org.au/images/pdf/journal/145_Endersby.pdf
— ENDERSBY (IAN D., FRS ), 2012, "Etymology of the Dragonflies (Insecta: Odonata) named by R.J. Tillyard", F.R.S. Proceedings of the Linnean Society of New South Wales 134, 1-16.
https://openjournals.library.sydney.edu.au/index.php/LIN/article/viewFile/5941/6519
— ENDERSBY (IAN D., FRS ), 2012, The Naming of Victoria’s Dragonflies (Insecta: Odonata, Proceedings of the Royal Society of Victoria 123(3): 155-178.
https://www.academia.edu/28354624/The_Naming_of_Victoria_s_Dragonflies_Insecta_Odonata_
— ENDERSBY (IAN D. ), 2015, The naming's of Australia's dragonflies.
https://www.researchgate.net/publication/283318421_The_Naming_of_Australia%27s_Dragonflies
http://dominique.mouchene.free.fr/libs/docs/GENE_origine_noms_odonates_Australie_Endersby_2015.pdf
— FLIEDNER (Heinrich), 2009, Die wissenschaftlichen Namen der Libellen in Burmeisters ‘Handbuch der Entomologie’ Virgo 9[5-23]
http://www.entomologie-mv.de/download/virgo-9/Virgo%200902%20Die%20wissenschaftlichen%20Namen%20der%20Libellen%20in%20Burmeisters.pdf
— FLIEDNER (Heinrich), "The scientific names of the Odonata in Burmeister’s ‘Handbuch der Entomologie".
http://dominique.mouchene.free.fr/libs/docs/GENE_Burmeister_Fliedner.pdf
— FLIEDNER (Heinrich), 1997. Die Bedeutung der wissenschaftlichen Namen Europaischer Libellen. Libellula, supplement I:1-111. Sonderband zur Zeitschrift der Gesellschaft deutschsprachiger Odonatologen (GdO) e.V. Fliedner, Bremen.
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— FLIEDNER (H.), 2012, Wie die Libelle zu ihrem Namen kam Virgo, Mitteilungsblatt des Entomologischen Vereins Mecklenburg 15. Jahrgang (2012).
https://www.entomologie-mv.de/download/virgo-15/virg%2015104%20Libelle_Namensherkunft.pdf
— HIJUM (Ep van ), 2005, Friese namen van libellen , TWIRRE natuur in Fryslan jaargang 16, nummer 4 page 142-147
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— KIRBY, W. F. (William Forsell), 1890 A synonymic catalogue of Neuroptera Odonata, or dragon-flies. With an appendix of fossil species. London,Gurney & Jackson; [etc. etc.]1890.
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— STEINMANN (Henrik), 1997, World Catalogue of Odonata, Zygoptera Walter de Gruyter, - 521 pages . Numérisé Google.
https://books.google.fr/books?id=JMR-HkoVtvAC&pg=PA307&dq=tenellum,+World+Catalogue+of+Odonata,&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwilrrz33bjgAhVD2OAKHbcWAsUQ6AEILDAA#v=onepage&q=platycnemis&f=false
— SITE Libellen - eine (kleine) Einführung . die Namensgebung
http://www.libelleninfo.de/07.html#buch
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—SCHIEMENZ, H. (1953): Die Libellen unserer Heimat. Jena: Urania
— WENDLER (A)., A. Martens, L. Müller & F. Suhling (1995): Die deutschen Namen der europäischen Libellenarten (Insecta: Odonata).Entomologische Zeitschrift 105(6): 97-112
EXTRAIT DE LA BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE :
— BURMEISTER H. 1839 - Handbuch der Entomologie. - Enslin, Berlin [Libellulina : 805-862]. -
— SCHAEFFER (Jacob-Christian). 1769, Icones insectorum circa Ratisbonam indigenorum coloribus naturam referentibus expressae... = D. Jacob Christian Schäffers natürlich ausgemahlte Abbildungen Regensburgischer Insecten... Regensburg, gedruckt bey Heinrich Gottfried Zunkel. [1766-1769] Illustrations par Johann Jakob Haid, (1704-1767). Johann Nepomuk Maag (1724?-1800). G. P. Trautner, . Johann Gottlieb Friedrich, (1742-1809). et Loibel.
— SCHAEFFER (Jacob-Christian). 1804, D. Jacobi Christiani Schaefferi Iconum insectorum circa Ratisbonam indigenorum enumeratio systematica par Georg Wolfgang Franz, Panzer, 1755-1829 (nomenclature systématique) :
LES NOMENCLATEURS DES NOMS DES 68 ESPÈCES D'ODONATES DE L'OUEST DE LA FRANCE.
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Zoonymie ? L'étude des noms des animaux (zoo). Comme dans Toponymie, Oronymie, Hydronymie, ou Anthroponymie, mais pour les bêtes. La "zoonymie populaire" (et volontiers extra-européenne) était jusqu'à présent la seule branche un peu développée de cette science à peine née.
Depuis le Systema naturae de Linné en 1758, les entomologistes ont organisé la taxonomie des Odonates, Ordre rapidement séparé des Névroptères où Linné avait classé ses 18 Libellula (Odonata, Fabricius, 1793). Cet ordre fut divisé en 1854 en deux sous-ordres, Anisoptera et Zygoptera par Édmond de Sélys.
Cette tâche taxonomique s'accompagna d'une dénomination binominale genre-espèce des taxons. Les noms des 68 espèces dénombrées dans l'Ouest de la France offrent ainsi à l'étude un corpus de 29 noms génériques, créés par 15 auteurs, et de 68 épithètes spécifiques, créés par 23 auteurs.
Quels sont ces nomenclateurs ? Quels sont leurs choix, leurs méthodes de dénomination?
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LISTE DES NOMENCLATEURS DES NOMS DES 68 ESPÈCES D'ODONATES DE L'OUEST DE LA FRANCE.
En rouge, les Anisoptères.
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Deuxième moitié XVIIIe siècle : 25 espèces.
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Linnaeus 1758 :11 espèces , dont 9 Anisoptères. [sur 18 espèces mondiales décrites au total dans le Systema naturae]
Libellula depressa
Libellula quadrimaculata
Cordulia aenea
Aeshna grandis
Gomphus vulgatissimus
Onychogomphus forcipatus
Orthetrum cancellatum
Sympetrum vulgatum
Sympetrum flaevolum
Calopteryx virgo
Coenagrion puella
O.F Müller 1764.
Libellula fulva
Brachytron pratense
Sympetrum sanguineum
Aeshna cyanea
O.F Müller 1767.
Aeshna isoceles
Drury 1773.
Aeshna junius
Pallas, 1771.
Platycnemis pennipes
Sulzer 1776
Sympetrum danae
Pyrrhosoma nymphula
Harris 1782
Calopteryx splendens
Geoffroy in Fourcroy 1785.
Ophiogomphus cecilia
De Villers 1789.
Ceriagrion tenellum
Fabricius, 1798.
Orthetrum coerulescens
Lestes barbarus
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XIXe siècle. 43 espèces.
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Latreille, 1805.
Aeshna mixta
Donovan 1807.
Cordulegaster boltonii
Leach, 1815.
Anax imperator
Vander Linden 1820.
Aeshna affinis
Ischnura elegans
Sympecma fusca
Hanseman, 1823
Erythromma najas
Lestes sponsa
Charpentier 1825.
Stylurus flavipes
Lestes virens
Leucorrhinia pectoralis
Ischnura pumilio
Vander Linden 1825.
Calopteryx haemorrhoidalis
Coenagrion pulchellum
Chalcolestes viridis
Leucorrhinia dubia
Somatochlora flavomaculata
Somatochlora metallica
Brullé, 1832.
Crocothemis erythraea
Dale, 1834.
Oxygastra curtisii
Eversmann 1836.
Lestes macrostigmata
Fonscolombe, 1837.
Orthetrum brunneum
Fonscolombe, 1838.
Boyeria irene
Burmeister, 1839.
Hemianax ephippiger
Leucorrhinia albifrons
Selys, 1839
Anax parthenope
Charpentier, 1840
Coenagrion mercuriale
Ennallagma cyathigerum
Erythromma viridulum
Sympetrum striolatum
Onychogomphus uncatus
Leucorrhinia caudalis
Selys 1840
Erythromma lindenii
Gomphus pulchellus
Sympetrum fonscolombii
Selys, 1841.
Sympetrum meridionale
Platycnemis acutipennis
Rambur, 1842.
Coenagrion scitulum
Gomphus graslinii
Platycnemis latipes
Selys 1848
Orthetrum albistylum
Selys 1850
Gomphus simillimus
Kirby, 1890
Lestes dryas
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COMMENTAIRES.
L'établissement, forcément laborieuse, de cette liste était nécessaire, car celle-ci n'était pas disponible en ligne, et n'avait peut-être pas encore été dressée puisqu'elle relève d'un intérêt, assez récent, pour la biohistoire et la zoonymie.
Elle ne concerne que les 60 espèces de Libellules (Odonates) observées en Bretagne administrative et les 8 espèces supplémentaires de la Loire Atlantique et de la Vendée, d'après un recensement de 2021. Mais ses résultats restent significatifs néanmoins à l'égard des 90 espèces observées en France (Dijkstra 2700). D'autres étudieront peut-être les 120 espèces européennes, voire les 5700 espèces mondiales (Dijkstra), avec des résultats bien-sûr différents.
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1°) Les 25 dénominations du XVIIIe siècle.
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Cette liste apprend déjà ceci : dès la fin du XVIIIe siècle, plus du tiers de nos espèces avaient été décrites, d'abord par Linné (12 espèces), puis par ses correspondants. Parmi ces 26 espèces, 19 sont des Anisoptères, les Odonates les plus gros et donc les mieux observables. Les descriptions sont dues à 9 auteurs :
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— Carl von Linné (1707-1778) : Suède (Uppsala). Son édition de 1758 du Systema Naturae est le point de départ de la taxonomie en botanique et en zoologie en fondant la dénomination binominale latine nom de genre + nom d'espèce. Toutes ses espèces sont regroupées sous le genre Libellula, classé parmi les Neuroptera.
— Otto Friedrich Müller (1730-1784) : Danemark (Copenhague). En 1764 et 1767, il décrit la faune entomologique autour de Fridrichsdal, la maison de plaisance, proche de Copenhague, de sa protectrice la comtesse de Schulin. Sa Libellula fulva respecte la nomenclature linnéenne.
— Dru Drury (1725-1804) : Grande Bretagne (Londres), est un collectionneur d'insectes qui a décrit et illustré (gravures colorisées secondairement) ses découvertes dans Illustrations of Natural History de 1770-1787.
— Peter Simon Pallas (1741-1811) : Prusse, a effectué des voyages d'exploration en Russie (Saint-Petersbourg) pour Catherine II. La description de sa Libella pennipes se trouve dans la 1ère partie de ses Voyages dans diverses provinces du Royaume de Russie, 1771 :
— Johann Heinrich Sulzer (1735-1813) : Suisse (Winterthur). Il publie en 1776 son Histoire abrégée des insectes selon le système de Linné (1776), qui emploie le système de nomenclature binomiale développé par Carl von Linné .
— Moses Harris (1731-1785), Grande Bretagne (Londres) est célèbre par The Aurelian consacré aux Papillons, mais il a publié en 1776 An exposition of English Insects, ouvrage bilingue anglais/français où les insectes de 50 planches gravées et coloriées sont nommés et décrits.
— Étienne-Louis Geoffroy (1725-1810) , France (Paris) a fait paraître son Histoire abrégée des Insectes qui se trouvent aux environs de Paris en 1762 avec de multiples références à Linné, mais sans épithète spécifique des espèces. La taxonomie ne le reconnaît comme auteur qu'à travers une édition de 1785 par Antoine Fourcroy abrégée mais dotée des dénominations exigées. Son tome II décrit sous le titre "Libellula, Les Demoiselles", 14 espèces, qui portent toutes comme nom vernaculaire un prénom féminin afin de développer la métaphore des Demoiselles.
Geoffroy, ami de Bernard de Jussieu, possédait une riche collection entomologique dont hérita le Museum.
— Charles de Villers (Rennes 1724-Lyon 1809), France (Lyon) a fait paraître les 4 tomes de son Caroli Linnaei entomologia en 1789 en décrivant les collections de son cabinet de curiosité.
— Johan Christian Fabricius (1745-1808), Danemark (Copenhague) a suivi l'enseignement de Linné à Uppsala et fut, en entomologie, son disciple.
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On remarquera un élément important. Parmi les 12 épithètes spécifiques créées par Linné, — les noms de genre ne sont pas de lui bien entendu— tous ceux des 10 Anisoptères sont descriptifs (morphologie, couleur, détail remarquable). Au contraire, les deux épithètes des Zygoptères, virgo ("vierge, non mariée") et puella ("jeune fille) se réfèrent à la dénomination vernaculaire et traditionnelle bien établie de "Demoiselles", liée à la finesse de leur taille et à leurs déplacements légers et gracieux. Il initie ici une tradition de nomenclature qui sera suivie par de nombreux auteurs, pas toujours pour les Zygoptères (danae, nymphula, najas, sponsa, dryas). Dans la même tradition associant les libellules aux jeunes filles, Geoffroy avait choisi d'attribuer à chacune des Libellules qu'il décrit en 1762 un prénom féminin ; il n'en est resté dans notre nomenclature que son caecilia. Les autres noms de Libellules du XVIIIe sont descriptifs, hormis le barbarus de Fabricius, qui est une épithète géographique liée à la Barbarie, ou Algérie.
Les nomenclateurs appartiennent à six pays européens (*), se connaissent, se lisent, se citent par les références de leurs descriptions, et se reçoivent lors de leurs voyages destinés notamment à examiner les collections réunies par chacun. (*) Suède, le Danemark, l'Allemagne, la Suisse, la Grande-Bretagne et la France
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2°) Les 43 dénominations du XIXe siècle.
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L'ensemble des espèces du XIXe, à une seule exception, sont décrites dans sa première moitié , qui est une période majeure dans l'histoire de l'étude des Libellules. Vingt nouvelles espèces de Zygoptères sont décrites, presque autant que d'Anisoptères (vingt-deux), et les auteurs s'intéressent de façon égale aux deux sous-groupes.
Trois auteurs sont responsables de plus de la moitié (26/42) des descriptions :
— Pierre Léonard Vander Linden (1797-1831), Belgique (Bruxelles) est l'auteur de 9 espèces, notamment après son séjour à Bologne où il étudiait la médecine. Edmond de Sélys-Longchamps lui dédiera l'espèce E. lindenii.
— Johann Friedrich Wilhem Toussaint von Charpentier (1779-1847), Allemagne (Breslau) publia Horae entomologicae en 1825 et Libellulinae europaeae en 1840, avec des planches illustrées. Il a décrit dix espèces.
— Le baron Edmond de Sélys-Longchamps (dont on doit omettre l'accent en taxonomie) (1813-1900), Belgique (Bruxelles) est l'un des géants de la taxonomie des Odonates, mais aussi un homme politique qui présida le Sénat belge entre 1880 et 1884. Il a décrit 7 espèces entre 1839 et 1850.
Il faut rendre aux auteurs français leur importance.
—Pierre-André Latreille (1726-1833) peut être considéré comme le père de l'entomologie française au début du XIXe siècle. Il accueillit Linné à Paris. Il a fondé la Société entomologique de France en 1832 (avec ou en présence de Brullé et Rambur).
— Gaspard-Auguste Brullé (1809-1873) (Paris puis Dijon) participa comme entomologiste à l'Expédition de Morée en Péloponnèse en 1829-1833.
— Étienne Boyer de Fonscolombe (Aix, 1772-Aix 1853) consacra ses loisirs de rentier à l'entomologie des environs d'Aix, en prospectant aussi autour de la Montagne Sainte-Victoire. Il nomma l'une des deux espèces de Libellules dont il est l'auteur d'après le prénom de son épouse Irène. Edmond de Sélys-Longchamps lui rendit hommage en nommant en 1840 le Sympetrum fonscolombii.
— Pierre Rambur (Paris 1801-Genève 1870) explora avec Graslin la Faune entomologique de l'Andalousie (2 volumes 1837-1840) avant de se consacrer à son Histoire naturelle des Névroptères (1842, 2 volumes et un atlas de planches).
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Les auteurs sont Français (x4), Anglais (x3), Belges (x2), ou Allemands —Prusse— (x4).
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Les épithètes sont en majorité descriptives de forme, de taille ou de couleur.
Les épithètes féminines liées à la métaphore des Demoiselles ont déjà été citées.
On retrouve six épithètes nominatives choisies en hommage à des naturalistes (boltonii, curtisii, lindenii, graslinii, fonscolombii) ou à une épouse (irene).
Trois épithètes sont géographiques : barbarus (Algérie), meridionale, et parthenope (Naples).
Cinq épithètes sont taxonomiques : simillimus, affinis, mixta, elegans et dubia.
Charpentier, 1840. 3 Genres Pyrrhosoma, Ischnura et Enallagma [et Platycnemis]
Selys-Longchamps, 1841. Genre Platycnemis [ou Burmeister 1839 ou Charpentier 1840]
Evans, 1845. Genre Brachytron
Selys-Longchamps, 1854. 2 Genres Onychogomphus et Ophiogomphus
Brittinger, 1850. Genre Leucorrhinia
Brauer, 1868. Genre Crocothemis
Selys-Longchamps, 1870. Genre Oxygastra
Selys-Longchamps 1871. Genre Somatochlora,
Selys-Longchamps, 1876. Genre Ceriagrion
Selys-Longchamps, 1883. Genre Hemianax
Kirby, 1890. Genre Coenagrion,
Mac Lachlan 1896. Genre Boyeria,
Needham, 1897. Genre Stylurus,
Kennedy, 1920. Genre Chalcolestes.
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Edmond de Sélys-Longchamps est l'auteur de 7 noms de genre, ce qui illustre son rôle capital dans la taxonomie des Odonates. Un seul nom, Boyeria est un hommage à un entomologiste, Boyer de Fonscolombe.
Zoonymie des Odonates : Sympecma fusca Vander Linden, 1820, le Leste brun, la Brunette hivernale.
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Zoonymie ? L'étude des noms des animaux (zoo). Comme dans Toponymie, Oronymie, Hydronymie, ou Anthroponymie, mais pour les bêtes. La "zoonymie populaire" (et volontiers extra-européenne) était jusqu'à présent la seule branche un peu développée de cette science à peine née.
Bibliographie des articles de zoonymie des Odonates.
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Résumé :
— Genre Sympecma Burmeister, 1839, Handb. Ent. (2) :1047/823 cité sans description (nomen nudum), puis Sélys-Longchamps, 1840, Mon. Lib. eur. :144 ou Sympycna Charpentier 1840 Libell. europ. Lipsiae : 19. Du grec σνμ, sum, ensemble et πικνοσ, pycnos, puknos, "compact" et, dans le contexte, "serré ensemble", par référence aux ailes que ce genre maintient jointes au repos, et non ouvertes.
— espèce : Sympecma fusca. Vander Linden, 1820. Vander Linden dénomme son espèce Agrion fusca, l'épithète étant accordé au genre Agrion, alors féminin. Du latin fuscus, a, um, "sombre, brun foncé", qui qualifie, dans la description originale la couleur du dessus du corps, des yeux, du thorax. L'adjectif employé par Vander Linden est plus précisément fusco aeneus, "brun-bronze", soulignant les reflets métalliques de cette teinte. Un autre adjectif, brunneus, "brun" qualifie les bandes longitudinales plus claires du thorax, ainsi que les ptérostigmas. Les individus s'assombrissent jusqu'à l'automne et les plus vieux peuvent devenir presque noirâtres.
2°) "[La] Lestes brune" Lestes fusca (Vanderl) ", Selys-Longchamps, 1850 - Revue des Odonates ou Libellules d'Europe.
3°) "Le Leste brun", Paul-André Robert, 1936, par reprise du nom de Selys-Longchamps en atténuant le barbarisme "Le Lestes" avec "Le Leste"
4°) "La Brunette hivernale", Jourde in Dijsktra 2007 mentionne une caractéristique importante des Sympecma, celle d'hiberner à l'état imaginal (adulte), alors que tous les autres Odonates européens passent l'hiver à l'état d'œufs ou de larves.
La première illustration est celle peinte en aquarelle sur vélin, vers 1575, par le miniaturiste flamand Joris Hoefnagel pour le volume Ignis, partie entomologique d'une encyclopédie animale en quatre volumes qui sera offerte à l'empereur Rodolphe II. L'espèce, qui ne porte alors aucun nom, figure sur la planche 63 sous le n°3 en compagnie de sept autres insectes et d'une fleur d'Ancolie (symbole de mélancolie) sous le titre FLOS CINIS ("La fleur s'achève en cendre") qui est un adage d'Erasme. Les n° renvoyaient certainement à un répertoire des insectes peints, avec peut-être leur description et leur origine (collection naturaliste).
Joris Hoefnagel,1575-1580, Animalia Rationata et Insecta, Ignis planche LXIII, Sympecma fusca, Rutpela maculata, Silpha vespillo, et autres, Ancolie blanche et bleu. Aquarelle et gouache sur vélin, 14.3 x 18.4 cm.
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Joris Hoefnagel,1575-1580, Animalia Rationata et Insecta, Ignis planche LXIII,(détail) Sympecma fusca. Aquarelle et gouache sur vélin, 14.3 x 18.4 cm.
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I. LE NOM SCIENTIFIQUE.
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LE NOM DE GENRE SYMPECMA(BURMEISTER, 1839).
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Sympecma, Burmeister, Handbuch der Entomologie (2) page 1047 (Table alphabétique, avec renvoi à la page 823). Voir :
La date de la description originale est celle de 1820 ; mais l'INPN ne précise pas la publication en cause, et renvoie, dans son onglet taxonomie, à KIRBY 1890. Or cet auteur donne, page 163 d'A synonymic catalogue of Neuroptera Odonata, la date de 1823 (et utilise le nom de genre Sympycna). La nouvelle référence serait alors : Vander Linden, P. L. (1823) Opuscoli scientifici, IV, p.102, n°, tab. 3 fig. 2-3.
En effet, la publication de 1820 (une brochure de 11 pages et 1 planche ?) est rare, et non consultable en ligne. Il faut se référer à la publication de 1823, Opuscoli scientifici, numérisée par Google, dans son chapitre Agriones bolonienses [Agrions de Bologne]. Dans celui-ci, Vander Linden décrit 7 espèces ; il est l'auteur de trois d'entre elles :
Agrion virgo [Calopteryx virgo (Linnaeus, 1758)]
A. viridis. [Chalcolestes viridis ? (Vander Linden, 1825)]
A. fusca [Sympegma fusca, ( Vander Linden, 1820)].
A. platypoda [Platycnemis pennipes (Pallas, 1771) ]
A. puella [Coenagrion puella (Linnaeus, 1758)]
A. elegans [Ischnura elegans, (Vander Linden, 1820)]
A. rubella [Ceriagrion tenellum (de Villers, 1789)].
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L'Agrion fusca est décrit page 102 de l'Opuscoli scientifici, avec deux figures 2 (détail des ptérostigmas des ailes) et 3 (spécimen, mâle) sur la planche III, hélas de mauvaise qualité, du moins sur le document numérisé.
[Agrion fusca], Vander Linden, P. L. (1823) Opuscoli scientifici, IV, p.102, n°, tab. 3 fig. 2-3.
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Diagnose en latin :
" A[grion] supra fusco aenea, fascia utrinque longitudinali in thorace brunnea ; subtus pallide rufa aut cinerea ; alis in quiete ad invicem admotis. Tab. III, fig. 3.mas..
Traduction de la diagnose.
"Agrion dont le dessus est brun-bronze, marqué de lignes brunes longitudinales des deux cotés sur le thorax. Le dessous est rouge pâle ou gris-cendré. Les ailes sont rapprochées l'une de l'autre au repos. Planche III figure 3, mâle."
Description.
Supra caput fusco aeneum, oculis fuscis, antennis nigris ; thorax fusco aeneus fascia utrinque longitudinali brunnea. Abdominis segmenta, fasciâ longitudinali fusco aeneâ utrioque sinuatâ , at vix in tribus aut quatuor ultimis; basi segmentorum primo et tribus ultimis exceptis, omniumque lateribus rufis. Appendiculae abdominis albidae, maris unguiculatae.
Subtus tota cinerea aut rufescens, Pedes rufi aut cinerei, ciliati, lineolis nigris . Alae albae , maculâ marginali brunneâ, in quiete, secundum corporis longitudinem ad invicem admotae.
+ + Maculâ marginali alarum rhombiformi: cellulis rarioribus fere cunctis tetragonis. Tab. III. fig. 2
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J'ai mis en gras le qualificatif de couleur fusco aenum, "brun bronze", qui nous importe dans cette étude de zoonymie et qui concerne dans la description originale le dessus du corps, le dessus de la tête, les yeux, et le thorax.
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Agrion fusca mâle, Opusc. scientif. planche III figures 2 et 3.
Vander Linden dénomme son espèce Agrion fusca, l'épithète étant accordé au genre Agrion, alors féminin. Du latin fuscus, a, um, "brun foncé", qui qualifie, dans la description originale la couleur du dessus du corps, des yeux, du thorax. L'adjectif employé par Vander Linden est plus précisément fusco aeneus, "brun-bronze", soulignant les reflets métalliques de cette teinte. Un autre adjectif, brunneus, qualifie les bandes longitudinales du thorax, ainsi que les ptérostigmas.
Le dictionnaire Gaffiot 1934 traduit fuscus par "noir, sombre", ou "basané"" sans utiliser le terme " brun", mais l'adjectif est précédé par le verbe fusco, avi, atum "brunir, noircir".
Le dictionnaire de Lewis et Short 1879 traduit fuscus par "dark, swarthy, dusky, tawny", soit "sombre, basané, fauve ou tanné" (couleur du tan, écorce de chêne utilisé dans le tannage).
L'adjectif de couleur "marron" serait sans doute une traduction plus fidèle.
Le qualificatif fusco-aeneus n'appartient pas au latin classique, et on ne le trouve en réalité qu'en entomologie, au XIXe siècle notamment pour qualifier les élytres brillantes des coléoptères (Buprestis, Clerus, ...) Mais la référence au bronze par Vander Linden est judicieuse puisque "Bronze est un nom de couleur, d'après celle du bronze, un alliage métallique de couleur brune dans son état patiné. L'adjectif bronzé est synonyme de bruni, c'est-à-dire « plus foncé ». Il s'applique à la couleur hâlée que prend par l'action du soleil la peau de personnes pâles si elles ne s'y exposent pas." (Wikipédia)
L'auteur ne confond pas fuscus et brunneus, puisqu'au contraire il les distingue. Brunneus n'appartient pas au latin classique, et est une latinisation du XIXe siècle du français "brun" (proto-germanique brunaz), soit "brown" en anglais. Cela montre à quel point les entomologistes doivent jouer sur toutes les nuances de la langue, et l'enrichir de nouveaux adjectifs, pour donner des descriptions précises, et fidèles aux variétés de palette des êtres vivants. Sur le thorax, les bandes longitudinales brun-clair se détachent sur le fond marron sombre. Et les ptérostigmas sont brun-clairs.
En résumé, la traduction la plus fidèle de fuscus serait "sombre, brun-bronze" et brunneus "brun". Il est possible que le spécimen décrit par Vander Linden était d'un brun presque noirâtre, puisque "la couleur brune s'assombrit jusqu'en automne et peut devenir noirâtre chez les vieux individus" (Jourde in Dijkstra.
La présentation du genre par Dijkstra montre les subtilités nécessaires : "Corps brunâtre pourvu de marques dorsales bronze sombre, en forme de torpilles sur S3-S6. Ptérostigmas brun clair en rectangle allongé [...]. Bien que les marques métalliques des jeunes immatures soient verdâtres, les Sympecma ne présentent jamais la coloration vert brillant des Lestes.
"- fusca (Vander Linden) [l.- blackish brown] evokes the dark brown dorsal coloration of the species. Increasingly with age the lighter parts are also more and more obfuscated."
(- fusca (Vander Linden) [Latin. "-brun noirâtre"] évoque la coloration dorsale brun-foncé de l'espèce. S'accentue de plus en plus avec l'âge, les pièces les plus claires devenant également de plus en plus sombres.)
Le principe de Selys-Longchamps est de donner pour le nom vernaculaire une transcription la plus littérale possible du nom latin. Il choisit donc "La Sympecma brune" sans se préoccuper du barbarisme "La Sympecma" ni des distinctions de couleur évoquées supra.
3°) "Le Leste brun",Lestes fuscus , Paul-André Robert, Les insectes : Coléoptères, orthoptères archiptères. Delachaux & Niestlé 1936 page 120, puis "Le Leste brun", Sympecma fusca in Les Libellules (Odonates), Delachaux & Niestlé 1958 page 89.
L'auteur écrit : "Signification du nom : fusca ou fuscus = sombre, brun sombre, brun". Il ajoute dans sa description : "Toutes les parties brunes ont de légers reflets cuivrés, tandis que le dessous du corps est mat".
Le nom est repris par Jean-Louis Dommanget 1987 et Aguilar et Dommanget 1988.
"Leste brun" est comme nous l'avons vu une traduction incomplète de Sympecma fusca, et il aurait fallu dire "Leste brun sombre", ou "leste brun bronze", "Leste marron" ou "Leste bronzé".
Dans le texte de leur guide, on trouve page 87, sous la plume de R. Jödicke, l'explication de ce nom vernaculaire dans le paragraphe consacré au genre Sympecma : "Contrairement à tous les autres odonates européens qui passent l'hiver à l'état d'œufs ou de larves, les Sympecma hivernent à l'état imaginal. Après l'émergence, ils fréquentent des habitats semi-ouverts (friches, landes parsemées de buissons, lisières forestières par exemple). Ils y recherchent de la nourriture à l'automne et y passent l'hiver, affrontant les frimas accrochés à une tige ou dissimulés sous une pierre ou de l'écorce. Peu d'adultes sont observés entre novembre et mars mais ils peuvent occasionnellement se montre durant les journées ensoleillées."
Le nom serait en fait la traduction de Winter Damsels, Winter Damselflies de l'édition originale, Field Guide to the Dragonflies of Britain and Europe de Dijkstra paru en 2006. En tout cas, ces noms apparaissent dans la 2ème édition de 2020. Le Sympecma paedisia ou "Brunette sibérienne" port le nom de Siberian Winter Damselfies, et le Sympecma fusca celui de Common Winter Damselflies.
"La Brunette hivernale" est un très beau nom, car il évite le barbarisme de la francisation de Lestes ou de Sympecma, et il précise deux caractéristiques importantes de l'espèce, sa couleur et son comportement. Ce n'est pas celui qui est retenu par l'INPN (Museum), ni par "Les Libellules" de Grand et Boudot.
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LES NOMS EN D'AUTRES LANGUES.
Une fois de plus, nous constatons que la dénomination française ne parvient pas à se libérer de la transcription du nom scientifique imposée par Selys-Longchamps, tandis dans les autres langues, les naturalistes ont su créer des noms vernaculaires qui apportent des informations utiles aux néophytes. Dans la plupart des langues, l'hibernation à l'état adulte est rappelée par la dénomination vernaculaire.
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- en anglais : "the common winter damselfly"
-en polonais : "zimówka rudawa"
-en suédois : "Vinterflickslända"
-en néerlandais : "Bruine winterjuffer"
-en allemand : "Die Gemeine Winterlibelle "
- en gallois : "Mursen y gaeaf" (Demoiselle d'hiver)"
-en breton : "Damezell c'hell" (Demoiselle brune), d'après le nom français
Bibliographie générale de ces articles de zoonymie des Odonates : voir ici :
http://www.lavieb-aile.com/2018/01/la-bibliographie-de-mes-articles-de-zoonymie-des-odonates.html
OUTILS DE ZOONYMIE.
— Animalbase
http://www.animalbase.org/
— A Dictionary of Prefixes, Suffixes, and Combining Forms from Webster!s Third New International Dictionary, Unabridged ! 200
— [Boudot J.-P., Dommanget J.-L., 2012. Liste de référence des Odonates de France métropolitaine. Société française d’Odonatologie, Bois-d’Arcy (Yvelines), 4 pp.]
— DIJKSTRA (K.-D.B.), et LEWINGTON, (R. ), 2006). Field guide to the Dragonflies of Britain and Europe. British Wildlife Publishing, 1-320.
— DIJKSTRA (K.-D.B.), et LEWINGTON, (R.) 2015. Guide des libellules de France et d'Europe. Guide Delachaux. Delachaux et Niestlé. Paris. 320 p. [http://www.delachauxetniestle.com/ouvrage/guide-des-libellules-de-france-et-d-europe/9782603021538]
— DIJKSTRA K.-D.B., LEWINGTON, R. et JOURDE (P.), traducteur (2007),Guide des Libellules de France et d'Europe, Delachaux et Niestlé.
— GBIF
https://www.gbif.org/species/1424076
— GRAND (D.) & BOUDOT (J.P.) ,2007 Les libellules de France, Belgique et Luxembourg. Biotope, Mèze. Collection Parthénope. 480 pp.— http://www.dragonflypix.com/etymology.html
— PRÉCIGOUT (Laurent), PRUD'HOMME (Eric), JOURDE (Philippe) 2009, Libellules de Poitou-Charentes, Ed. Poitou-Charentes Nature, 255 pages,
— POITOU-CHARENTE NATURE (Association) / Philippe JOURDE & Olivier ALLENOU
http://www.poitou-charentes-nature.asso.fr/leucorrhine-a-front-blanc/
— ANTONIO (Costantino D’), VEGLIANTE (Francesca ) "Derivatio nominis libellularum europæarum"(PDF) (en Italien) Étymologie de 197 noms de Libellules européennes.
https://www.researchgate.net/publication/316791278_Derivatio_nominis_libellularum_europaearum
— ENDERSBY (IAN D. ), 2012, : Watson and Theischinger: the etymology of the dragonfly (Insecta: Odonata) names which they published Journal and Proceedings of the Royal Society of New South Wales, vol. 145, nos. 443 & 444, pp. 34-53. ISSN 0035-9173/12/010034-20 34
https://royalsoc.org.au/images/pdf/journal/145_Endersby.pdf
— ENDERSBY (IAN D., FRS ), 2012, "Etymology of the Dragonflies (Insecta: Odonata) named by R.J. Tillyard", F.R.S. Proceedings of the Linnean Society of New South Wales134, 1-16.
https://openjournals.library.sydney.edu.au/index.php/LIN/article/viewFile/5941/6519
— ENDERSBY (IAN D., FRS ), 2012, The Naming of Victoria’s Dragonflies (Insecta: Odonata, Proceedings of the Royal Society of Victoria 123(3): 155-178.
https://www.academia.edu/28354624/The_Naming_of_Victoria_s_Dragonflies_Insecta_Odonata_
— ENDERSBY (IAN D. ), 2015, The naming's of Australia's dragonflies. https://www.researchgate.net/publication/283318421_The_Naming_of_Australia%27s_Dragonflies
http://dominique.mouchene.free.fr/libs/docs/GENE_origine_noms_odonates_Australie_Endersby_2015.pdf
— FLIEDNER (Heinrich), 2009, Die wissenschaftlichen Namen der Libellen in Burmeisters ‘Handbuch der Entomologie’ Virgo9[5-23]
http://www.entomologie-mv.de/download/virgo-9/Virgo%200902%20Die%20wissenschaftlichen%20Namen%20der%20Libellen%20in%20Burmeisters.pdf
— FLIEDNER (Heinrich), "The scientific names of the Odonata in Burmeister’s ‘Handbuch der Entomologie".
http://dominique.mouchene.free.fr/libs/docs/GENE_Burmeister_Fliedner.pdf
— FLIEDNER (Heinrich), 1997. Die Bedeutung der wissenschaftlichen Namen Europaischer Libellen. Libellula, supplement I:1-111. Sonderband zur Zeitschrift der Gesellschaft deutschsprachiger Odonatologen (GdO) e.V. Fliedner, Bremen.
— FLIEDNER (Heinrich), (1998): Die Namengeber der europäischen Libellen. Ergänzungsheft zu Libellula- Supplement 1
— FLIEDNER (H.), 2012, Wie die Libelle zu ihrem Namen kam Virgo, Mitteilungsblatt des Entomologischen Vereins Mecklenburg 15. Jahrgang (2012).
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— HIJUM (Ep van ), 2005, Friese namen van libellen , TWIRRE natuur in Fryslan jaargang16, nummer 4 page 142-147
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— KIRBY, W. F. (William Forsell), 1890 A synonymic catalogue of Neuroptera Odonata, or dragon-flies. With an appendix of fossil species. London,Gurney & Jackson; [etc. etc.]1890.
— ROBERT (Paul André), 1936, Les Insectes, coléoptères, orthoptères, archiptères, nevroptères, Delachaux et Niestlé .
— ROBERT (Paul-André), 1958, Les Libellules: (Odonates),Delachaux & Niestlé, - 364 pages
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— STEINMANN (Henrik), 1997, World Catalogue of Odonata, ZygopteraWalter de Gruyter, - 521 pages . Numérisé Google.
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— SITE Libellen - eine (kleine) Einführung . die Namensgebung
http://www.libelleninfo.de/07.html#buch
http://www.libelleninfo.de/071.html
—SCHIEMENZ, H. (1953): Die Libellen unserer Heimat. Jena: Urania
— WENDLER (A)., A. Martens, L. Müller & F. Suhling (1995): Die deutschen Namen der europäischen Libellenarten (Insecta: Odonata).Entomologische Zeitschrift105(6): 97-112
EXTRAIT DE LA BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE :
— BURMEISTER H. 1839 - Handbuch der Entomologie. - Enslin, Berlin [Libellulina : 805-862].
— CHARPENTIER (Toussaint von).1825,Horae Entomologicae, adjectis tabulis novem coloratis. Vratislaviae, , in-4, avec 9 pl. coloriée, 261 pages.
— SCHAEFFER (Jacob-Christian). 1769, Icones insectorum circa Ratisbonam indigenorum coloribus naturam referentibus expressae... = D. Jacob Christian Schäffers natürlich ausgemahlte Abbildungen Regensburgischer Insecten... Regensburg, gedruckt bey Heinrich Gottfried Zunkel. [1766-1769] Illustrations par Johann Jakob Haid, (1704-1767). Johann Nepomuk Maag (1724?-1800). G. P. Trautner, . Johann Gottlieb Friedrich, (1742-1809). et Loibel.
— SCHAEFFER (Jacob-Christian). 1804, D. Jacobi Christiani Schaefferi Iconum insectorum circa Ratisbonam indigenorum enumeratio systematicapar Georg Wolfgang Franz, Panzer, 1755-1829 (nomenclature systématique) :
— SELYS-LONGCHAMPS ( E.de) 1862 Synopsis des Agrionines, deuxième légion : Lestes, Extrait des Bulletins de l'Académie royale de Belgique2. sér., t. XIII, no 4
Bibliographie des articles de zoonymie des Odonates.
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PRÉSENTATION.
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Toute contribution participative sera la bienvenue
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INTRODUCTION.
La zoonymie est la science de l'étude des noms d'animaux, et la zoonymie des Odonates étudie l'origine et le sens des noms de Libellules. Or, même si cela me surprend encore, les noms des insectes ne datent officiellement que de 1758, lorsque Linné a procédé au grand baptême zoologique dans la dixième édition de son Systema naturae, où il a créé le nom Libellula.
Bien-sûr, une démarche quasi archéologique peut retrouver quelques termes préalables, comme ceux de Libella (1550, pour une larve de libellule), et de Perla (1602, pour toutes les Libellules), mais, dissimulés dans des ouvrages savants, ils soulignent plutôt la grande aphasie des langues du Monde pour désigner ces insectes féeriques.
Nos ancêtres s'intéressaient-ils, voyaient-ils même les petits animaux qu'ils ne nommaient pas ?
Ce n'est que dans la seconde moitié du XVIe siècle, voire son dernier quart, que, dans une vaste opération de compilation des données des Anciens sur la Botanique et la Zoologie, associée à la constitution de collections thématiques systématiques, les naturalistes, souvent médecins, s'intéressèrent aux Insectes en France (Belon du Mans, Rondelet à Montpellier), en Italie (Aldrovandi à Bologne), en Suisse (Gessner à Zurich) ou en Flandres (Charles de l'Escluse). Néanmoins, la première publication, celle d'Aldrovandi dans son De animalibus insectis libri septem , attendra l'aube du XVIIe siècle, en 1602.
Dans le domaine de l'illustration, des insectes, et notamment des libellules, sont représentées sous forme d'enluminures en marge des Livres d'Heures, mais dans un but décoratif ou ludique et rarement dans un souci de rendre compte de la réalité.
Les bordures botaniques enluminées du Grand Livre d'Heures d'Anne de Bretagne réalisé en 1505-1510 et peint par Bourdichon, contient un grand nombre de Libellules.
Ignis, Animalia Rationalia et Insecta, est le premier volume d'un ensemble de quatre, décrivant les espèces animales, dont l'homme. Ils portent en titre, dans une volonté de décrire le Vivant comme un Tout, le nom des quatre éléments, Ignis (le Feu ), Terra (la Terre) pour les animaux terrestres (Animalia quadrupedia et Reptilia), Aqua (l'Eau) pour les animaux aquatiques (Animalia Aquatilia et Cochiliata), et Aier (l'Air) pour les animaux aériens (Animalia Volatilia et Amphibia). Dans une reliure de cuir rouge à ferrures, ils regroupent 58 à 79 feuilles de vélin numérotés, peints à l'aquarelle et à la gouache à 'intérieur d'un ovale peint à l'or. Chaque feuille reçoit une ou des inscriptions en latin qui ne qualifient pas les animaux, mais citent des aphorismes ou des poèmes. Les feuilles mesurent environ : 14.3 x 18.4 cm, ce qui indique la précision des miniatures pour chaque insecte.
Le volume Ignis est le plus riche, avec 79 dessins, y compris la page de titre. Cette dernière comporte les initiales G HF de Joris Hoefnagel (Georg Hufnagel).
Joris Hoefnagel (Anvers 1542, Vienne 1601) est un artiste flamand qui est l'héritier de l'école des miniaturistes ganto-brugeoise (Bréviaire Grimaldi 1510-1520), de la peinture flamande de natures mortes, et des fantasmagories décoratives du grotesque italien. Son souci de fidélité à la réalité observée fait merveille dans ses travaux de vues de villes et paysages illustrant le Civitates orbis Terrarum de Georg Braun et F. Hogenberg.
C'est au service du duc de Bavière Albert V, après 1577, qu'il réalise son encyclopédie animale. Les volumes ont probablement été présentés par Hoefnagel à l'empereur Rodolphe II en 1590, lorsqu'il rentra à son service.
Datation : certaines feuilles contiennent des dates de 1575 et de 1582 ; certaines planches peuvent être antérieures à 1575 et certaines postérieures à 1582 (RDK)
Mais s'il s'inspire de gravures et dessins puisés dans la bibliothèque impériale de Prague pour les volumes II à IV, il semble bien avoir travaillé directement en observant des spécimens naturels pour le volume Ignis, réalisant les premières illustrations entomologiques de caractère scientifique, c'est à dire reproduisant au plus près la réalité de l'insecte observé.
J'ai déjà présenté ses planches présentant des papillons (Lepidoptera). Mais les Libellules (Odonata) illustrent 12 des 78 planches et on dénombre 16 dessins, et au total 12 ou 13 espèces différentes.
En effet, la détermination des spécimens permet de définir non seulement le genre, mais le plus souvent l'espèce représentée, ce qui n'avait (presque) jamais été le cas auparavant dans l'histoire de l'illustration entomologique.
En 2014,, l'entomologiste et passionné d'histoire de l'étude des Odonates Marcel Wasscher a reconnu parmi ces Libellules l'Orthetrum brunneum de la planche 17, le Sympétrum du Piémont Sympetrum pedemontanum de la planche 47 , etAeshna cyanea de la planche 53.
En 2015, malgré mon absence de connaissances entomologiques, j'ai mis en ligne les planches d'Ignis, j'ai traduit et donné la source des inscriptions qu'elles comportaient, et j'ai tenté de dénombrer les espèces d'Insectes, et de les identifier, en lançant sur la toile cette bouteille à la mer susceptible de provoquer des discussions et critiques. Mais, n'appartenant pas à la communauté scientifique, je ne reçus aucun correctif.
Plus tard, dans un article non daté (dernière correction 6/12/2020) de World Odonata Web, Cyril Deliry publia, sans citer mon travail ni celui de Wasscher, 12 planches des Odonates d'Hoefnagel et donne une liste de 9 espèces + Coenagrion sp. Il indique qu'il pense que les espèces dépeintes proviennent de France.
Je reprends ici mon travail de 2015, en le centrant exclusivement sur les Odonates.
Le même travail peut être fait sur deux volumes de gravures issues des peintures de Joris Hoefnagel et publiées par son fils :
Hoefnagel Jacob, 1592, Archetypa studiaque Patris :
Hoefnagel, D. I. 1630. Diversæ insectarum volatilium icones ad vivum accuratißime depictæ. - pp. [1], pl. 1-16. [Amsterdam]. (N. I. Vißcher). 32 pages, 16 planches.
L'inventaire peut concerner les autres productions de Joris Hoefnagel comme son Mira calligraphiae monumenta (1591-1596), ou ses peintures conservées ici ou là.
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Liste des espèces identifiées par M. Wasscher puis C.Deliry :
II. Joris Hoefnagel (1542-?1601; Mira calligraphiae, 1591-1596.
Le Livre de calligraphie de l'empereur Rodolphe II a été enluminé en 1591-1596 par Joris Hoefnagel sur le Livre de modèle de calligraphie réalisé en 1561-62 par Georg Bocksay, secrétaire impérial de l'empereur Ferdinand I. Comportant 129 folios sur un vélin de très grande qualité, il est associé à un Alphabet, dont les folios 130 à 151 sont également enluminés par Hoefnagel . Ce petit volume détenu par le J. Paul Getty Museum a été édité en 1992 par Hendrix et Vignau-Wilberg, et une sélection de planches composent deux autres publications de 1997, Nature illuminated et An Abecedarium, des mêmes auteurs.
Georg Bocksay (texte) Joris Hoefnagel (miniature), Mira calligraphiae monumenta (1561-1562 / 1591-1596), folio 76. Aquarelle, peinture d'or et d'argent, encre sur velin. J. Paul Getty Museum
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Folio 99 : Odonata Zygoptera Deux Demoiselles (accouplement imaginaire ?)
Joris Hoefnagel, 1591-1596, Mira calligraphiae, folio 99 (détail).
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III. Jacob Hoefnagel, Archetypa : 1592. 14 espèces d'Odonates.
Les 16 belles gravures représentent 302 insectes, soit 37 Coléoptères , 22 Orthoptères, 14 Odonates, 16 Névropères 72 Lépidoptères, 35 Hyménoptères, 78 diptères, 21 Hémiptères et 7 larves; du centre et du nord de l'Allemagne. Jacob Hoefnagel a utilisé les copies gravées des dessins de son père Joris.
tentative de présentation des Odonates :
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Pars I, planche 8 : Calopteryx virgo.
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Calopteryx, Joris Hoenagel, Archetypa Pars I planche 8.
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Pars I, Planche 10 : Libellulidae
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En 1840, Hagen identifie cette espèce comme Orthetrum cancellatum.
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Libellulidae, gravure d'après Joris Hoefnagel, Archetypa studiaque, 1592, Pars X planche 10.
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Pars I, Pl.11 : Calopteryx.
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Calopteryx, gravure d'après Joris Hoefnagel, Archetypa studiaque, 1592, pars I planche 11.
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Pars II, Pl. 3 : Aeshnidae.
Hagen proposait en 1840 Aeshna juncea .
Au vu de la similitude avec le spécimen représenté dans la planche LIII d'Ignis, identifié comme Aeshna cyanea ou Aeshne bleue par Marcel Wasscher, il parait logique de reprendre cette identification ici.
Aeshnidae, gravure d'après Joris Hoefnagel, Archetypa studiaque 1592, Pars II pl. 3
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Pars II, Pl. 6 : Zygoptera.
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Zygoptera, gravure d'après Joris Hoefnagel, Archetypa studiaque, 1592. Pars II planche 6.
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Pars II, 9 : Calopteryx.
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Calopteryx, gravure d'après Joris Hoefnagel, Archetypa studiaque 1592. pars II planche 9
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Pars III, planche 2 : Aeshnidae.
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Aeshnidae, gravure d'après Joris Hoefnagel, Archetypa studiaque patris, 1592, Pars III planche 2.
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Pars III, planche 3 : Anisoptera ??.
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Anisoptera, gravure d'après Joris Hoefnagel, Archetypa studiaque patris, 1592, Pars III planche 3.
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Pars III, planche 4 : Anisoptera.
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Anisoptera, gravure d'après Joris Hoefnagel, Archetypa studiaque patris Pars III planche 4.
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Pars III, planche 5 : Libellulidae.
H.A. Hagen a reconnu en 1840 Libellula depressa, comme Marcel Wasscher 2014 .
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Libellulidae, gravure d'après Joris Hoefnagel, Archetypa studiaque patris, 1592, Pars III planche 5.
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Pars III, planche 6 : Libellulidae.
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Libellulidae, gravure d'après Joris Hoefnagel, Archetypa studiaque patris, 1592, Pars III planche 6.
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Pars III, planche 6 : Calopteryx splendens.
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Calopteryx splendens gravure d'après Joris Hoefnagel, Archetypa studiaque patris, 1592, Pars III planche 6.
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Pars III, planche 10 : Zygoptera.
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Zygoptera, gravure d'après Joris Hoefnagel, Archetypa studiaque patris 1592 Pars III planche 10.
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Pars IV, planche 4 Libellulidae.
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H.A. Hagen proposait (avec un ?) Libellula Paedemontana (allioni), notre Sympetrum pedemontanum Müller in Allioni, 1766, ou Sympetrum du Piémont. Gravée d'après Ignis planche XXXVII, dans laquelle Marcel Wasscher a reconnu en 2014 S. pedemonatum.
https://rkd.nl/nl/explore/images/120788
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Libellulidae, gravure d'après Joris Hoefnagel, Archetypa studiaque patris, 1592, Pars IV planche 4.
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IV. Jacob Hoefnagel 1630 Diversæ insectarum volatilium icones
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Hoefnagel, D. I. 1630. Diversæ insectarum volatilium icones ad vivum accuratißime depictæ. - pp. [1], pl. 1-16. [Amsterdam]. (N. I. Vißcher). 32 pages, 16 planches.
— HOEFNAGEL (Joris), c. 1575/1580 Animalia Rationalia et Insecta (Ignis).
— HOEFNAGEL (Joris), 1580-1590, Missale romanum, une copie du missel catholique romain pour l'archiduc Ferdinand II d'Autriche, comte de Tyrol (1529-1595). 658 pages Vienne, Österreichische Nationalbibliothek (ONB) Cod. 1784
— HOEFNAGEL (Jacob.), 1630, Diversæ insectarum volatilium : icones ad vivum accuratissmè depictæ per celeberrimum pictorem, [Amsterdam] : Typis[que] mandatæ a Nicolao Ioannis Visscher
—HENDRIX (Lee), VIGNAU-WILLBERG (Théa), Nature illuminated, Flora and Fauna from the court of the emperor Rudolf II. The J. Paul Getty Museum. 64 pages.
—HENDRIX (Lee), VIGNAU-WILLBERG (Théa), An Abecedarium. Illuminated alphabets from the court of the emperor Rudolf II. The J. Paul Getty Museum. 64 pages.
—HENDRIX (Lee), VIGNAU-WILLBERG (Théa), 1992, Mira calligraphiae monumenta, The J. Paul Getty Museum. 412 pages.
—HENDRIX (Lee), VIGNAU-WILLBERG (Théa), Mira Calligraphiae Monumenta: A Sixteenth-Century Calligraphic Manuscript Inscribed by Georg Bocksay and Illuminated by Joris Hoefnagel, Volume 1, Getty Publications, 13 Aug, 1992.
— LECLERCQ, J., THIRION, C., 1989 -" Les insectes du célèbre diptyque de Joris Hoefnagel (1591) conservé au musée des Beaux Arts de Lille" . Bull. Ann. Soc.R. belge Ent., 125, 302-308.
— Masterworks from the Musee des Beaux- Arts, Lille
https://archive.org/stream/Masterworks
— OGILVIE (Brian W.) 2012 Attending to insects: Francis Willughby and John Ray
Notes and records of the Royal Society, DOI: 10.1098/rsnr.2012. http://rsnr.royalsocietypublishing.org/content/66/4/357
— OGILVIE (Brian W.) 2013 “The pleasure of describing: Art and science in August Johann Rösel von Rosenhof’s Monthly Insect Entertainment,” inVisible Animals, edited by Liv Emma Thorsen, Karen A. Rader, and Adam Dodd, accepted by Penn State University Press in the series “Animalibus: Of animals and cultures” http://www.philosophie.ens.fr/IMG/Ogilvie,%20Pleasure%20of%20describing%20%282013%29.pdf
— ANDROSSOV (Sergey ), 1994. Two Drawings by Hoefnagel, The Burlington Magazine, 136 (1095) : 369-372.
— VIGNAU-WILLBERG (Théa) 1994, Archetypae studiaque Patris Georgii Hoefnagelii 1592. Natur, Dichtung und Wissenschaft in der kunst um 1600. München, Staatl.
— VIGNAU-WILLBERG (Théa) Lee Hendrix, Thea Vignau-Wilberg, Mira Calligraphiae Monumenta: A Sixteenth-Century Calligraphic Manuscript Inscribed by Georg Bocksay and Illuminated by Joris Hoefnagel, Volume 1, Getty Publications, 13 Aug, 1992, p. 15-28
— VIGNAU-WILLBERG (Théa) Lee Hendrix and Thea Vignau-Wilberg, Nature Illuminated: Flora and Fauna from the Court of the Emperor Rudolf II, Getty Publications, 1997
Que signifie « Ménez-Hom » ? Dans le pays, on prononce Ménéhom, parfois Ménéhomb, toujours avec h fortement aspiré. -Corn ou -comb est un terme celtique, qui se trouve en Galles comme en Armorique au début ou à la fin des mots avec l' idée de creux, de vallon. Chez nous, jusqu'à à la fin du XIXe siècle, - kom (ar hom) était l'auge, la pierre creusée, ou munie d'un entourage qui en faisait un creux où l'on pilait l'ajonc. Menez-Hom serait donc « la montagne du creux, de la dépression ». Les documents anciens portent «Notre-Dame de Menez Com », rarement «Come». La mutation de C ou K en H ne s'écrivait pas autrefois; mais on la prononçait. La formule actuelle " Menez-Hom » apparaît pour la première· fois dans une sentence d'ordre du 20 janvier 1708 et dans un «baille à ferme» du 23 juillet 1708. Quant à Saint Côme, il n'a rien à voir avec le nom de Ménez-Hom qui existait bien des siècles avant sa chapelle. (J. Thomas)
" Le mot breton Menez signifie « mont » ou « montagne ». Komm (mutée ici en C'homm) signifie en vieux et moyen breton « vallée », et ressemble au gallois « Cwm » (même définition)." (Wikipedia)
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Données géographiques.
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a) Un croisement routier ?
Le visiteur qui se rend aujourd'hui à Sainte-Marie-du-Ménez-Hom est frappé de voir la route Crozon-Châteaulin D887 traverser ce village en ligne droite (avec des véhicules et poids-lourds roulant rapidement malgré la limitation à 50 km/h) et longer le pignon ouest de la chapelle. Venant de Crozon, il a franchi les vastes landes dénudées couvrant les deux sommets de grès armoricain du Ménez-Hom, le Yed (329 m) et le Yelc'h (298 m) et, juste après la chapelle (193 m) et son parking, il peut continuer vers Châteaulin ou tourner à droite vers Quimper et Douarnenez par la D47.
Il peut alors, et l'examen de la carte ne le démentirait pas, attribuer l'implantation de ce sanctuaire à ce croisement routier situé à 21 km de Crozon, 12 km de Châteaulin et 28 km de Quimper.
Mais il doit alors réaliser que cette départementale rectiligne D887 est fort récente et que le Chemin de Grande Communication n°181 puis CGC n°8 Châteaulin-Camaret n'existait pas sur la carte de Cassini de 1784. Elle ne figure pas non plus sur le cadastre napoléonien de 1810, et elle est postérieure à 1817. Pour se rendre de Crozon à Châteaulin, on empruntait, sous l'Ancien Régime, un trajet qui contournait par le nord le massif difficilement franchissable du Ménez-Hom, et non par le sud comme aujourd'hui ; on descendait vers Le Cosquer, le Moulin du Veyer et on atteignait Dinéault, avant de poursuivre vers Châteaulin, laissant Sainte-Marie-du-Ménez-Hom à 2 km au sud.
C'est en réalité un tout autre axe routier, bien délaissé aujourd'hui, qui doit être considéré, celui qu'emprunte aujourd'hui la D47 et qui reliait Brest et Douarnenez en traversant l'Aulne par un gué ou un passeur au lieu-dit Le Passage. Il suit, pour monter vers Sainte-Marie-du-Ménez-Hom, le cours du Gavran et ses moulins (notamment Pont-Carvan, le Cosquer, Coz Veil, le Moulin de Lezaff ). C'est cette route qu'empruntaient les pèlerins en route vers Le Folgoët ou les marchands et fermiers attirés par les grandes foires du Ménez-Hom.
On pouvait gagner aussi Sainte-Marie-du-Ménez-Hom à partir de Saint-Nic. Mais dans tous les cas, en 1830, Jean-François signalait : "Là sont les chemins les plus cahoteux, les plus détestables du Finistère : on n'apporte aucun soin à leur entretien, aucun même pour empêcher leur dépradation, leur destruction."
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b) La source du Gavran ?
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On peut, par hypothèse, proposer que si les calvaires de croisement marquent comme des cairns les trajets routiers, leurs haltes et leurs croisées, les emplacements des chapelles ont plus de rapport avec le réseau hydrographique (mais ce réseau se superpose souvent aux chemins) ; et c'est un lieu commun de remarquer que les fontaines et sources ont fait l'objet d'un culte bien avant la pénétration du christianisme en Bretagne.
"La présence d'une fontaine à proximité du carrefour [d'une voie romaine sud-nord — carte dressée par Picquenard et corrigée par Eveillard —avec la route Le Mans-Camaret] est un élément fondamental de cet ensemble ; elle marque une étape et ajoute aux présomptions que l'on peut avoir de l'existence, à cet emplacement ou à proximité, d'un sanctuaire païen christianisé." (Dizerbo)
Nous pouvons penser, sans preuves tangibles, que la présence des fontaines a favorisé l'implantation des ermitages des saints évangélisateurs de la Bretagne au Ve-VIe siècle, et/ou que les points d'eau vénérés à la période gallo-romaine ont été christianisés et ont vu le développement de pèlerinages amenant ensuite la construction de sanctuaires, d'abord en bois, puis en pierre.
À Sainte-Marie-du-Ménez-Hom, on constate que la fontaine de dévotion, à 300 m au nord de la chapelle, est située sur la source du Gavran, et que le sanctuaire est au centre du chevelu hydrographique qui ruisselle des pentes du Ménez-Hom. La Montagne elle-même est certes un point haut, solaire, mâle, jovien, mais fort aride en son sommet mais c'est aussi un centre nutritif, délivrant sur ses pentes l'eau indispensable aux cultures. Là encore, l'examen d'une carte est éloquente. Et, on l'a vu, la dénomination Hom, C'hom célèbre plutôt le vallon fertile que le sommet.
Enfin, certains auteurs(le recteur Celton cité par Dizerbo) ont fait remarquer que cette chapelle est, de Camaret à Châteaulin, la seule de la région consacrée à la Vierge, et non à un saint patron ; sa statue portant l'Enfant est au centre du retable.
Le groupe sculpté de 126 cm de haut et 48 cm de large occupe la deuxième pile nord. Le saint, dont la tête est couverte de la capuche de son habit, s'appuie sur un bâton (brisé) et pose la main droite sur l'épaule de son guide, le jeune Guiharan. Ce dernier tient le loup apprivoisé par une corde passée au cou. Le costume du guide est remarquable, associant une toque, un pourpoint à 5 boutons ronds et ceinture, des hauts de chausse plissés et des chaussures et chaussettes à revers (houseaux ?).
Selon Dizerbo, "il y a lieu de rapprocher son culte de la protection qu'il assure contre les loups, qui ont persisté ici jusqu'à la fin du XIXe siècle."
Trois foires anciennes se tenaient autour de la chapelle, sur un champ de foire situé à l'est et au sud. Elles se tenaient le 17 juin pour la Saint Hervé, et le 15 août et le 8 septembre en l'honneur de la Vierge, patronne de la chapelle, pour les fêtes de l'Assomption et de la Nativité. Au XVIIe et début du XVIIIe s'institua la foire du 10 août, fête de la Saint-Laurent.
Les saints Hervé et Laurent sont donc représentés par leur statue dans la chapelle.
Selon Jacques Thomas, "cette vénérable statue a été transportée de l'église paroissiale à la chapelle du Ménez-Hom. C'est ici Saint Mahouarn, le patron de Plomodiern."
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Saint Hervé, son guide et son loup, chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile
Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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SAINT HERVÉ ET SON GUIDE GUIHARAN, GROUPE SCULPTÉ EXTÉRIEUR. KERSANTON,
Saint Hervé est également présent sur le groupe sculpté (kersanton) de la niche du tympan du portail d'entrée ("arc de triomphe").
L'attitude de l'ermite est comparable à la statue précédente : il tient un bâton et pose la main gauche sur l'épaule de Guiharan. Ses épaules et sa tête sont protégées par un camail à capuche. Il est barbu et ses paupières sont closes.
Guiharan guide son maître par le bras. Il semble franchir un obstacle, le genou gauche forment fléchi. Son pourpoint serré par une ceinture n'est plus boutonnée, mais marquée par des entailles losangiques correspondants aux taillades à la mode sous François Ier et Henri II. Il porte, suspendu au poignet gauche, une bourse ou une gourde. Sous les hauts-de-chausses plissés, les jambes sont couvertes de guêtres au dessus de solides chaussures de marche.
Si nous tenons compte de l'indice de la tunique à crevés, suggérant la mode vestimentaire du règne de Henri II (1547-1559), nous situons ce groupe un peu après la datation du calvaire (1544) et proche des premières datations de la chapelle elle-même (1570). Mais ces crevés se retrouvent encore sous François II, comme le montre le portrait du roi.
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Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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II. SAINTE BARBE TENANT LA TOUR À TROIS FENÊTRES. BOIS POLYCHROME, DÉBUT XVIe SIÈCLE.
Cette statue de 126 cm de haut occupe le deuxième pilier nord, au dessus d'une table d'offrande.
Elle est invoquée partout en Finistère, car elle protégeait de la mort brutale (donc sans confession ni sacrement), et sa statue est fréquente dans la plupart des sanctuaires.
Statue d'applique à revers plat, monolithique, de 111 cm de haut
Le saint est représenté tête nue, vêtu d'une dalmatique, d'un surplis et d'une cotte talaire, tenant le livre de fondation de son monastère, et la crosse ( brisée) tenue à droite comme tout abbé. Il persiste des traces de polychromie, notamment ocre rouge.
La reliure du livre porte des ferrures ou joyaux en quinconce.
Cette représentation est stéréotypée, et on la retrouve par exemple sur le saint Maudez de la chapelle, ou sur la statue de saint Budoc à Trégarvan.
Je propose par simple hypothèse, l'identification de ce saint abbé avec saint Budoc, puisque celui-ci est un compagnon de saint Maudez (identifié par inscription dans le chœur), et que son culte est attesté à l'église éponyme de Trégarvan, proche de Sainte-Marie du Ménez Hom.
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Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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IV. SAINT ÉLOI EN FORGERON. BOIS POLYCHROME, XVIIe SIÈCLE.
Cette statue de 114 cm de haut est adossée à l'angle de la deuxième pile sud de la nef. Le saint est représenté, dans la tradition bretonne, avec les attributs rappelant le miracle qu'il opéra en ferrant le cheval d'un inconnu (en fait, le Christ) en lui coupant la patte, puis en la replaçant. Mais il manque cette patte, qui était vraisemblablement tenue par la main gauche. L'enclume (de forme particulière), le marteau et le fer à cheval sont présents. Le saint porte la coiffure et le tablier propres à son métier. Mais la moustache, ou les guêtres et les chaussures, relèvent du style Louis XIII.
Cette statue atteste de l'importance du culte de ce saint comme protecteur des chevaux.
Sur le mur de la nef, cette statue d'applique en kersantite, monolithique, mesure 140 cm de haut, avec traces de polychromie. Le saint est tête nue, il porte une tonsure en couronne, est vêtu d'une chasuble aux bords perlés et frangés au dessus d'une cotte ou aube formant autour du cou un épais bourrelet. Ses attributs sont le grill de son supplice et le livre témoignant de sa foi.
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Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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SAINT LAURENT, STATUE DU RETABLE (1703-1710).
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Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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SAINT LAURENT SUR UN BAS-RELIEF DU RETABLE (1703-1710).
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Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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VI. SAINT MAUDEZ EN ABBÉ. KERSANTON POLYCHROME (traces), XVIe SIÈCLE.
Statue d'applique à revers plat de 131 cm de haut. Inscription en lettres gothiques sur la base : MAUDEZ.
Le saint d'origine irlandaise a fondé au Ve siècle le monastère de l'île Maudez, près de Bréhat, avec saint Budoc et saint Tudy ou Tugdual. Il est représenté en abbé, avec sa mitre à fanons, sa crosse (brisée et tenue par l'intermédiaire d'un sudarium), et son livre à reliure dotée de ferrures en quinconce. Il porte le manipule à l'avant-bras gauche. Il est vêtu d'une chape ou chasuble à orfrois, d'un surplis aux bords frangés. La ganse à gland de passementerie de son poignet gauche est peut-être lié à la présence de gants ou chirothèques.
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Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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VII. SAINT MICHEL ? OU ANGE DU PARADIS. BOIS POLYCHROME.
Deuxième pile du bas-coté nord. Statue d'applique de 168 cm de haut.
Les auteurs de la notice de la base Palissy y voient saint Michel et décrivent "un effet de mouvement et une relation bienveillante".
J'y vois plutôt un ange (simple tunique serrée par une ceinture rouge) qu'un archange, armé de l'épée flamboyante, et indiquant d'un geste du bras gauche l'expulsion du Paradis ; mais on ne peut exclure que ce geste soit celui du Jugement dernier.
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Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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VIII. PERSONNAGE ITHYPHALLIQUE : LE VICE DE LUBRICITÉ. GRANITE.
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Ce personnage en buste est vêtu d'un manteau plissé. Ses longs cheveux bouclés, sa calvitie frontale, son nez imposant et ses grosse lèvres au sourire béat attirent l'attention, mais moins que ses deux mains qui caressent un phallus en érection.
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Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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LE CORPUS DES INSCRIPTIONS.
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- Sur le calvaire, l'inscription JEHAN LE ALONDER FABRICQVE FEIST CESTE C / ROIX FAIRE L M VCC XLIIII (1544).
Soit "Jehan Le Alonder fabrique a fait faire cette croix en l'an 1544."
C'est la seule inscription de la chapelle en lettres gothiques.
Voir mon analyse de ce patronyme : https://www.lavieb-aile.com/2019/09/le-calvaire-de-la-chapelle-sainte-marie-du-menez-hom-en-plomodiern.html
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Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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LES PREMIÈRES INSCRIPTIONS DE LA CHAPELLE . PIGNON OUEST DE LA "CHAMBRE DES MOINES", 1570 et 1572.
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La plus haute est placée sous un blason. Elles étaient peu apparentes lors de mes visites successives, mais un éclairage plus propice les rend peut-être plus lisibles que sur mes clichés. Quoiqu'il en soit, on les distingue encore, et elles ont été clairement relevées :
H HO MOREAU F EN LAN 1570 ;
H OLIER FA EN LAN 1572 ;
Soit : "Honorable Homme MOREAU fabricien en l'an 1570", et "H. OLIER fabricien en l'an 1572.
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Une première campagne, non fondée sur des chronogrammes est incertaine mais probable, accompagnant ou précédant le calvaire de 1544 dans la première moitié du XVIe siècle. Il en subsisterait le transept et le chœur dont on remarque les remplages de style gothique flamboyant. Il existait peut-être au départ un bas-coté nord, et la chapelle originelle se présenterait alors suivant un plan en croix latine à deux vaisseaux principaux (transept et nef) avec un chœur peu saillant. Le calvaire est daté par inscription de 1544 et est attribué par éléments stylistiques à un atelier de Landerneau (Prigent) : il relève de cette première campagne, et a ensuite bénéficié d'interventions postérieures.
Puis vient la première campagne de construction fondée sur datations, lors du dernier tiers du XVIe siècle (1570-1591). La chapelle est alors agrandie au nord, avec la construction de la « chambre des moines » en 1570 et 1572 (inscription au pignon ouest).
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Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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LE BAS-COTÉ NORD ET LA NEF COTÉ NORD : 1573, 1574 et 1591.
R POLESEC FA LAN 1573
l MAUGUEN FAB LAN 1574
AV MOREAU FAB LAN 1591 .
Les arcades nord de la nef portent les dates de 1574 et 1591, tandis qu'on relève la date de 1573 à l'écoinçon des arcades est du vaisseau central du bas-coté nord.
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Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Inscription du bas-coté nord : 1573.
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POLEZEC
FA : LA[N] : 1573
Soit "POLEZEC fabricien l'an 1573."
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Le patronyme POLEZEC ou POLESEC est attesté par les généalogistes à Saint-Nic, à Plomodiern et Plonévez-du-Porzay.
Mais pour la période citée, (élargie à 1550-1650), le site Geneanet ne fournit aucun individu. Ce n'est qu'au XVIIIe siècle que les données apparaissent à Plomodiern (Jean le Polesec né en 1700, Yves le Polesec né en 1706, Corentin né en 1720, etc. Cette inscription prouve que ce patronyme y est attesté en 1573.
Le calvaire de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic , daté de 1645, porte l'inscription "SEB. POLESEC." La généalogie de Yves Le Floch sur geneanet.org mentionne ainsi Sébastien Polezec, né à Saint-Nic en janvier 1612, marié à Françoise Guern (dont 5 enfants) et décédé le 1er juillet 1676 au Manoir de Brenalen à Saint-Nic, à l’âge de 64 ans.
La charpente de la chapelle Saint-Côme et saint-Damien porte une inscription mentionnant Jacques [IAC] Polesec qui a boisé (posé la charpente ) la chapelle et sculpté les sablières, alors que maître Perfezou était recteur de Saint-Nic. Il est vraisemblable que ce soit le même menuisier-charpentier [I. POLESEC] qui a son nom en 1638 sur l'inscription de la rampe de l'escalier de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien.
Jacques POLEZEC est mentionné dans la généalogie de Louis Brun. Il est né en 1590 et mort le 18 avril 1684 à Saint-Nic, laissant trois enfants, Hervé , Anne et Marguerite.
Il est certain que cette famille était très impliquée au XVI et XVIIe siècle dans l'édification des chapelles de Saint-Nic et Plomodiern.
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Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Inscription de la nef coté nord : 1574.
Lettres capitales aux fûts perlés, sculptées en réserve sur le bloc de granite sur deux lignes séparées par une réglure. Ponctuation par deux-points pour la ligne supérieure, par un point seul au dessous d'une lettre suscrite pour la ligne inférieure.
I : MAVGVEN
FAB LAN 1574
La base Geneanet indique que Plomodiern est l'une des communes les plus référencées pour le patronyme [le] MAUGUEN, qu'on retrouve aussi dans les communes voisines comme Saint-Nic, Dinéault, Ploéven, Quéménéven et Cast. https://www.geneanet.org/genealogie/mauguen/MAUGUEN. Il provient du breton mauu- (moderne mav-) suivi de -gwenn, "blanc".
L'initiale I: peut correspondre à Jean ; mais je ne retrouve pas de Jean Mauguen pour l'année indiquée (ou le créneau 1500-1600).
On connait à Plomodiern Jean Le Mauguen (1695-1730), prêtre, demeurant à Keryel en Plomodiern.
Le nom de M.Mauguen est sculpté sur la fenêtre de la sacristie de Ploéven vers 1680.
Cette inscription date donc la construction de ce mur du coté nord de la nef, entre la nef et le bas-coté nord.
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Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Inscription de la nef coté nord, près du transept.
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AV : MOREAV
FAB : LAN : 1592
(Le dernier chiffre de la date est lu par certains comme un 1).
Ce fabricien se prénomme-t-il Auguste ? Aurélien ?
Le patronyme MOREAU peut adopter diverses graphies. On le retrouve, dans cette chapelle, sur le pignon ouest de la chambre des moines (H[onorable] H[omme] MOREAU F. EN LAN 1570) ainsi que sur le retable du chœur ( Noël MOROS fabricien en 1703) (voir infra).
Sur la galerie du clocher de Trégarvan (commune voisine) peut se lire le nom du fabricien F. MORO 1696.
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Inscription non datée du sommet du pignon de la deuxième lucarne coté nord.
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Elle n'est pas datée, mais on peut la rapprocher, sur le plan stylistique, des trois inscriptions précédentes. Elle comporte trois lignes entre réglures :
GVILLA
VMMEDH
HERVE F
Soit "Guillaume d'Hervé Fabricien".
Le patronyme est bien attesté à Plomodiern, mais au plus tôt en 1670 (Alain d'Hervé).
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Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Les inscriptions du retable 1703-1715.
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Ces trois retables qui se développent sur les 21 mètres du chevet de la chapelle ont pu être rapprochés de ceux de l'église Notre-Dame-de-Rumengol au Faou et de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal, où le retable sud est daté de 1706-1707. On y retrouve notamment les deux portes d'accès à la sacristie du retable de droite (des Apôtres).
Or, le retable et la chaire à prêcher de la chapelle Saint-Sébastien porte le nom du commanditaire, le recteur Yves Coquet, qui avait fait construire en l'église de Pleyben en 1698 l'autel du Rosaire par Jean Le Seven, maître-menuisier du Cloître-Pleyben, et Jean Cevaër, maître-sculpteur de Pleyben. Le même style se reconnaît sur le retable du Rosaire de 'église de Lopérec. Il est tentant d'attribuer à ces deux artisans locaux le retable de Sainte-Marie-du-Ménez-Hom.
J'en donnerai ici un argument supplémentaire.
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Retable central (1703).
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L'inscription se trouve sous la statue de saint Joseph :
NOEL : MOROS : F : 1703.
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C'est un membre de la famille MOREAU déjà signalée dès 1570 et 1592.
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Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Retable de gauche (retable des apôtres et évangélistes), 1715.
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Les inscriptions se trouvent de chaque coté du tabernacle, au dessus des bas-reliefs.
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1°) Au dessus du bas-relief de Marie-Madeleine et le Christ ressuscité (Noli me tangere).
N & D : MRE : OL : BOVRDVLOVS : R
Soit "Noble et discret messire Olivier Bourdulous Recteur.", à rectifier en BOURDOULOUS.
Olivier Bourdoulous (1688-1717 ), est né à Plougastel-Daoulas. Il a été nommé à Plomodiern en 1687, il prit possession tout de suite par le recteur de Cléden-Cap-Sizun et par lui-même le 22 août 1688, en présence de «Messeigneurs de Lanvilliau, Tréanna et de Trémaria, ses fils, des Messeigneurs de Moellien, du Vieux-Châtel et de Tronjoly ses enfants ». En 1696 il déclara ses armes à l'Armorial : «d'or à la couronne d'épines de sinople», Il dirige une Grande mission en 1715. Les registres le mentionnent comme témoin de nombreux mariages et décès à Plomodiern entre 1688 et 1712 .
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Si on compare cette inscription avec celle du médaillon de la chaire à prêcher de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal, dont le texte est "N : & D : MRE : Y COQVET : DOCFEVR & RECTEVR", nous retrouvons le nom du recteur Yves Coquet commanditaire des retables de Pleyben (1698) et Saint-Sébastien (1706-1707), mais aussi le texte exact de l'inscription présentée ici, ainsi que sa forme, avec ses abréviations et l'usage de l'esperluette &. Mieux, la forme assez originale de cette esperluette, —dont on sait que la graphie est très variée — est strictement identique. On peut affirmer que la même main a sculpté les deux inscriptions, et que cette main est celle de Jean Cevaër.
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Chaire à prêcher, chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photo lavieb-aile.
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Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Au dessus du bas-relief de la rencontre du Christ avec les pèlerins d'Emmaüs (les deux bas-reliefs sont consacrés au thème des Apparitions du Christ ressuscité) :
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GUILLAVME NICOLAS : F : 1715.
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Est-ce Guillaume NICOLAS (Plomodiern 1683-Ty Nast, Plomodiern 1725, ménager ? Le témoin de son mariage en 1722 avec Marie d'Hervé est Guillaume d'Hervé (cf. inscription lapidaire supra) ...
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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L'INSCRIPTION DE L'ARC DE TRIOMPHE : 1739.
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"Un joli arc de triomphe, composé d'une grande porte centrale et de deux petites arcades latérales, forme l'entrée du cimetière. Sur la face ouest, tournée vers la route, on lit la date de 1739. Dans la niche est une statue de la Sainte Vierge. A l'intérieur, une statue de saint Hervé avec Guiharan, mais sans le loup. Au-dessus, cette inscription : HERVE LASTENNET FABRICQUE ... 1739 " (Thomas 1966)
Hervé LASTENNET est né le 26 octobre 1718 à Saint-Nic [Grand-Launay ?] et décédé à Plomodiern, Lescobet, le 22 juillet 1772.
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Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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L'inscription de 1766.
Elle est inscrite en lettres capitales sous le monogramme christique IHS et se dispose, sculptée en réserve, sur quatre lignes régulées.
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Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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MISSIRE : M : CRAVEC : RECTE[U]R
DE : PLOMODIERN : GUILL : LE
DOARÉ : PRETRE : VICAIRE
C : ROIGNANT : F : 1766.
Soit "Missire M. Cravec recteur de Plomodiern, Guillaume Le Doaré prêtre vicaire, C. Roignant Fabricien."
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Michel CRAVEC a été curé de Pleyben en 1742 puis recteur de Plomodiern de 1744 à 1769. Son nom est inscrit sur le linteau d'une fenêtre de la sacristie de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal en 1742.
Il fit bénir la grande cloche de Saint-Mahouarn en l'église de Plomodiern en 1764.
Guillaume LE DOARÉ est mentionné sur la généalogie d'Alain Gautier sur Geneanet. Il est le fils d'Yves Le Doaré et de Marguerite SALAUN et est né à Plomodiern le 16 mai 1738, et est décédé le 31 juillet 1769, âgé de 38 ans, à Plomodiern. Il demeurait à(ou tenait l'exploitation de) La Forest. Les témoins de son décès étaient ses deux frères, mais aussi le recteur de Cast J. ROSPARS, le recteur de Ploéven Joseph LE GUYADER, ainsi que quatre prêtres, J. LE DHERVÉ, C. RIOU, Jacques LE MARCHADOUR et J. PICLET.
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Le fabricien pourrait être rapproché de Corentin ROIGNANT, Plomodiern 1737-Plomodiern 1797. Son père Jacques était né au village de Kervennec à Plomodiern, mais son grand-père Jacques et son arrière-grand-père Alain étaient nés à Saint-Nic (lieu-dit Nézert). Or, les inscriptions relevées sur la chapelle Saint-Côme et sur l'église de Saint-Nic mentionnent le nom d'Alain Roignant en 1675 avec sa profession de charpentier et son rôle de fabricien :
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Les inscriptions de la deuxième lucarne.
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Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Les inscriptions du clocher (1772-1773).
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"Ce qui d'abord attire le regard, c'est le clocher à dômes superposés, l'un des plus jolis monuments de ce genre qui s'échelonnent pour ainsi dire, le long de la chaîne des Montagnes-Noires. On en voit de remarquables exemplaire à Notre-Dame de Châteaulin, Notre-Dame de Kergoat, a Plogonnec, à Edern (église paroissiale, chapelles de Lannien et du Niver), à l'église paroissiale de Châteauneuf, ainsi que plus loin, à Roudouallec et Gourin. Le clocher s'élève sur l'angle sud-ouest de la chapelle, et la porte formidablement voûtée qui est à sa base. constitue le porche latéral. Au centre, très belle clef de voûte avec feuille d'acanthe. De chaque côté, un pilastre ionique avec chapiteau et entablement, style XVIIe siècle. Au-dessus des chapiteaux la frise présente, d'une part, le chiffre 16, d autre part, le chiffre 63 (1663). Sur le ressaut du milieu de la corniche, au pied de la niche qui la surmonte, on lit: JACQVES- NICOLAs., F. 1670 Immédiatement plus haut, une niche, accostée de deux grandes volutes, abrite une statue de Notre Dame de Pitié, à la figure très expressive, statue montée sur une petite pile en gâtine et cannelée. A 8 mètres de hauteur saillit, sur la face sud; une petite galerie robuste, où l'on aperçoit deux légers édicules en lanternes carrées, correspondant aux contreforts d'angle . Puis à 5 mètres plus haut, une seconde balustrade, portée sur un encorbellement, contourne les quatre côtés et s'orne, aux quatre angles, de canons en pierre servant de gargouilles. Là commence la chambre des cloches. Sur la pierre qui fait linteau, à mi-hauteur des arcades, se détache cette inscription : MISSIRE. MATHIAS JEAN LE QVINQVIS PLASSART. RECTEVR FABRICQVE. 1772 Sur la pile de l'angle sud-ouest de la galerie on lit : GERMAIN. HILLIE. 1773 Une troisième galerie domine les cloches. Elle est surmontée de trois dômes, dont le second forme lanterne octogonal~ et le troisième, de dimension fort réduite, supporte la croix. Le clocher de Sainte-Marie a donc été construit de 1663 à 1773." (Thomas 1966)
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Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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L'inscription de la chambre des cloches.
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MISSIRE : MATHIAS
PLASSART : RECTEVR
: JEA : LE QVINQVIS
FABRICQVE :1772.
Soit "Missire Mathias Plassart recteur, Jean Le Quinquis fabricien 1772".
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Messire Mathias Plassart a été curé de Berrien de 1750 à 1774 (sic), et serait né le 23 février 1719 à Berrien.
Jean Le Quinquis peut correspondre à celui cité par les généalogistes comme étant né à Plomodiern le 14 mars 1739 et décédé à Gorre Ribl (Plomodiern) le 18 avril 1796. Il avait épousé le 16 juin 1756 Marie Marzin, d'où 4 enfants. Profession cultivateur, fils d'Alain Quinquis et de Marie Horellou. Son lieu de décès (et probablement sa ferme) de Gorre Ribl se situe à 1400 m au sud de la chapelle.
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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L'inscription de la galerie.
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GER
MAIN
HILI.F
1773.
Soit Germain Hily, fabricien en l'an 1773 .
Les généalogistes décrivent Germain HILY, agriculteur, né le 22 avril 1734 à Plomodiern de Alain Hily , et décédé à Plomodiern le 21 octobre 1807. Il épousa le 16 juillet 1754 Anne MARC'HADOUR.
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Les inscriptions des cloches (1810 et 1876).
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La chapelle Sainte-Marie possède deux cloches.
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Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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MARIA VIRGINIA, la cloche de 1810.
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Voici l'inscription que porte la plus ancienne, qui est aussi la plus petite : « J'ai été fondue du temps de Monsieur Gabriel Marc'hadour curé de la paroisse de Plomodiern et de Monsieur Thomas Poquet maire pour servir à la chapelle de Menez Come. Parrain et marraine ont été Monsieur Guillaume Gorec et dame Corentine Seznec qui m'ont nommée Maria Virginia. Monsieur Corentin Boussard marguillier. A Brest en avril l'an 1810. M. Lebeuvriet m'a fait. » (Marraine et marguillier sont de Penfond)." (Thomas 1966)
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Ce que je remarque, c'est l'anse sculptée d'une face d'homme, une caractéristique qui se retrouve sur les cloches fondues par Le Soueff et par Le Beurrier de la Rivière sous l'Ancien Régime. La face visible depuis le sol, et que j'ai photographiée, ne montre pas l'orthographe du fondeur, donnée comme LEBEUVRIET par Thomas et comme LEBEURRIER par Couffon.
Cette signature atteste de la persistance d'une fonderie à Brest dirigée par la famille Le BEURRIER, ce qui justifierait des recherches. Le dossier photographique devrait être complété par des clichés des faces non visibles ici, et par la recherche de marques ou médaillons supplémentaires. Le calvaire visible ici est à fleurons et à spirales.
Les deux frères Le Beurier. Venus de La Colombe, ils sont arrivés vers 1684 et se sont vite mariés, Jacques avec une Bretonne, Jeanne Le Douarain, qu'il laissa veuve en 1686 et qui contracta en 1689 une nouvelle union avec Thomas Le Souef, un fondeur de cloches quimpérois d'origine normande ; Etienne dont la femme, Suzanne Delabaye, appartenait aussi à une famille de poêliers normands, en eut plusieurs enfants, une fille qui épousa un chirurgien, un fils qui entra dans les ordres et Joseph Le Beurier qui, après la disparition de son père en 1719, continua à fondre des cloches jusqu'à sa mort en 1734.
BEURRIER DE LA RIVIÈRE, Jean. Fondeur du Roi à Brest. II fit; avec Jean-François Beurrier de la Rivière, une cloche à Lampaul-Guimiliau en 1715, deux cloches à Milizac en 1718, une cloche à Bodilis en 1719. Il fondit seul, en 1725, deux cloches à Milizac, en 1726, une à Landerneau, et, en 1729, la cloche de Saint-Eloi de Plouarzel, en 1732, un timbre de 27 livres pour Saint-Melaine, en 1742, une cloche pour Plougonvelin.
BEURRIER DE LA RIVIÈRE, Jean-François. Fondeur du Roi à Brest, voir ci-dessus ..
BEURRIER DE LA RIVIÈRE, René. Il fondit à Brest pour Ploumoguer une cloche en 1760 et une autre en 1765.
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Cloches de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Cloches de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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MARIE CORENTINE, la cloche de 1876.
"Sur la grande cloche on lit l'inscription suivante : «Je me nomme Marie Corentine. Mon parrain Mr Guillaume Briant et ma marraine Melle Marie Balcon. Bénite par M. Quéré curé archiprêtre de Châteaulin. M. Guill. Deroff recteur de Plomodiern, Celton et Louest vicaires, Balcon maire, Sébastien Colin trésorier, L. Poquet fabricien de Ste Marie de Menez-Hom. Jean fondeur à Quimper 1876. » (Thomas 1966)
L'inscription de trois lignes débute par des manipules tenant une couronne, le passage à la ligne étant indiquée par trois étoiles ou un médaillon.
Le motif est, sur la face visible, un calvaire à spirales.
Voir sur ce fondeur les cloches de l'EHPAD de Châteaulin , de la chapelle Saint-André d'Ergué-Gabéric datant de 1854 ou de Guengat 1872.
Cloches de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Cloches de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Cloches de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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LA CLÔTURE ET LES STALLES : 1891-1892 .
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"La balustrade et les stalles du choeur sont dues au sculpteur Toularc'hoat, de Landerneau. Inscriptions : "G. GOURLAN. F. 1891." sur la balustrade, - "1892" et les initiales "J. L. D. - M. A. P." (Jean Le Doaré - Marie Anne Péron, donateurs) sur les stalles." (Couffon)
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Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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LA SECONDE GUERRE MONDIALE.
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Les réseaux de résistance : le réseau Bordeaux Loupiac.
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"Réseau de récupération et d’évasion du B.C.R.A [Mars/Juin - Octobre 1943]
Jean-Claude Camors arrive à Lyon à partir de mars 1943 sur ordre du B.C.R.A, pour créer un réseau de récupération et d’évacuation des aviateurs alliés et d’agents français. Après avoir étudié les possibilités, le réseau opte pour la création d’une filière de passage vers l’Espagne. A la mi-1943, ce réseau s’implante en Bretagne, notamment à Rennes grâce au pharmacien André Heurtier. Camors est appréhendé dans l’été mais arrive à s’évader et rejoindre Lyon au mois d’août. Le réseau grossit et recrute des patriotes pour loger, nourrir, habiller et fournir des faux papiers aux candidats à l’évasion. Des agents de liaison et de convoyage sont également recrutés pendant que le réseau s’implante également dans le nord de la Belgique.
En octobre 1943, on dénombre plus de 80 aviateurs déjà récupérés par le réseau. Ils sont principalement hébergés dans l’Yonne et dans la région parisienne. La filière d’évasion par l’Espagne échoue, on fait alors évacuer les aviateurs par voie maritime, avions ou par la Suisse. Le 11 octobre 1943, Jean-Claude Camors se rend à Rennes pour faire le point avec ses contacts de la région Bretagne-Normandie. Il est abattu le jour même au café de l’Europe par un agent double au service de la Gestapo. Ce dramatique incident provoque la rupture des liens entre le réseau et la Bretagne, notamment pour les agents brestois qui se tournent alors vers le réseau Bourgogne (*) pour la récupération d’aviateurs et le réseau Jade Fitzroy pour tenter d’organiser le rapatriement de leurs protégés anglo-américains. Le reste du réseau subira entre janvier et mars 1944 une vaste traque, provoquant une hécatombe dans ses rangs, notamment auprès de son comité directeur. La liquidation est prononcée en avril 1944, seuls quelques membres restent actifs dans la région parisienne le temps de confier les aviateurs à d’autres réseaux d’évasion." https://www.resistance-brest.net/mot49.html
(*) dans ce réseau : Michèle Agniel, ou Claude Leclercq.
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Le monument de la Libération, Ménez-Hom 2 septembre 1944 FFI-FTPF.
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Monument
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MISCELLANNÉES
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LES CROSSETTES (vers 1570-1573).
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La chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
La chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
La chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
La chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
La chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
La chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
La chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
La chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Christ en croix, bois polychrome, XVIIe siècle.
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La chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
La chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Vitrail à deux lancettes. Saint Joseph et sainte Anne.
Don de la famille Balcon 1872 et des amis de Guy Vourch 1988
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La chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Bannière de procession (fin XIXe ou XXe siècle ?). Inscription AVE MARIA et monogramme marial.
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La chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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SOURCES ET LIENS.
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— ABGRALL (Jean-Marie), 1896-1902, "Livre d'or des églises de Bretagne."
— ABGRALL (Jean-Marie), 1891, "La chapelle Sainte-Marie du Ménez-Hom", Bulletin de la Société archéologique du Finistère.
— CADIOU (Didier), 2013, "Itinéraires sur le Menez-Hom" Avel Gornog n°22 pages 40-53
— CHAURIS (Louis), 2013, "Nature et provenance des pierres dans trois édifices religieux : Sainte-Marie-du-Ménez-Hom, Dinéault et Argol", Avel Gornog n°22 pages 30-36.
— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, "Plomodiern", Nouveau répertoire des églises de chapelles du diocèse de Quimper
Edifice de plan irrégulier par suite d'adjonctions : il comprend une première travée accostée d'une ancienne sacristie au nord et de la tour au sud, - deux travées à bas-côté simple au sud et bas-côté double au nord, - puis deux travées à doubles bas-côtés, un vaste choeur occupant la cinquième et dernière travée. Le chevet plat est peu débordant.
Autres statues anciennes
- en pierre : Pietà (tour) ; - en pierre polychrome : saint Maudez, saint Laurent, groupe de saint Hervé et Guic'haran, saint abbé ;
- en bois polychrome : Christ en croix, XVIIe siècle (C.), Ange de l'Eden, sainte Barbe, XVe siècle, saint Eloi.
La balustrade et les stalles du choeur sont dues au sculpteur Toularc'hoat, de Landerneau. Inscriptions : "G. GOURLAN. F. 1891." sur la balustrade, - "1892" et les initiales "J. L. D. - M. A. P." (Jean Le Doaré - Marie Anne Péron, donateurs) sur les stalles.
Le vitrail de la fenêtre axiale consacré à Sainte Marie du Ménez-Hom et signé "J.-L. NICOLAS père et fils, MORLAIX, 1872" n'existe plus.
Cloche portant l'inscription : "... A BREST. EN. AVRIL. 1810. M. LEBEURRIER. MA. FAIT."
* Arc de triomphe à grand fronton cintré et deux ouvertures secondaires (C.). Il porte l'inscription : "HERVE. LASTENNET. FABRICQVE. 1739 (ou 1759 ?)." Statues de la Vierge et du groupe de saint Hervé.
Sur le placitre, calvaire à trois socles disposés en diagonale (C.). Les croix des larrons sont mutilées. La croix du Christ est à double traverse : sur le croisillon inférieur, statues géminées encadrant une Pietà et, au revers, une Vierge à l'Enfant. Sur le croisillon supérieur, cavaliers, anges au calice et, au revers, Christ attendant le supplice. Au pied de la croix, la Madeleine à genoux. Sur le socle, inscription : "IEHAN. LE. ALONDER. FABRICQVE. /FEIST. CESTE. CROIX. FAIRE. L. MVccXLIIII." Fontaine dans une prairie en contrebas, en ruines
— DIZERBO (A. H.),1987 -1989, La chapelle de Sainte-Marie du Ménez-Hom , Bulletin de la Société archéologique du Finistère, tome CXVI, 1987 (première partie) et tome CXVIII, 1989 (2e partie).
L'église Saint-Laurent de Kairon (Saint-Pair-sur-Mer) : le vitrail de Gabriel Loire (dalle de verre, 1967) et les deux statues en tuffeau (fin XV ou début XVIe), le Trône de grâce et la Vierge de Pitié.
Le toponyme Kairon (noté Quéron au XVIIIe) dériverait de ker- "habitation, village", (E. Le Hérichier, 1881) et signifierait "le petit monastère". Nous retrouvons ce ker- à Carolles, ker-hoel. Pour certains, ce nom de Kairon semble indiquer que c’était là un des asiles des ermites de Scissy et que dès cette époque très reculée un oratoire a du s’élever sur ce lieu consacré. Ces ermites du V et VIe siècle ont leur tombeau dans l'église de Saint-Pair : les saints Pair, Gaud, Aroaste, Scubilion et Senier.
Avant la Révolution, l'abbaye du Mont-Saint-Michel dispose à Kairon d'une maison de convalescence pour les religieux infirmes ou âgés. La chapelle de cette maison s'appelle alors « Notre Dame du Petit Monastère » (Ecclesia N.D. de Parvo Monasterio de Quéron, mss du Mont-Saint-Michel n°14) et sert d'église paroissiale aux populations avoisinantes. En 1802, à la restauration du culte, la chapelle est conservée comme chapelle vicariale de Saint-Pair.
Cet édifice fut déplacé et reconstruit au XIIIème siècle et bientôt un curé fut nommé. C’est en 1662 que le curé de Kairon [la cure ? fut supprimé. Le culte ne sera restauré qu’en 1802 et la paroisse rétablie en 1828.
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La carte de Cassini montre la situation de "Queron" sur les hauteurs nord de la vallée du Thar et de la Mare de Bouillon, et sa proximité du littoral. On y lit au dessus du symbole de l'église la mention Saint-Pair Succursale.
Carte générale de la France. 127, [Saint-Malo - Grandville]. N°127. établie sous la direction de César-François Cassini de Thury ; 1758-1759
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Le patrimoine mobilier de l'église de Kairon ne semblait d'abord pas avoir fait l'objet d'un recensement ou d'une description disponible en ligne ; l'interrogation des bases Palissy et Pop-culture.gouv, ou de la Liste des Monuments Historiques de la Manche est restée d'abord vaine. La recherche d'une documentation iconographique est peu fructueuse. Le site Wikimanche signale le cadran solaire de 2013, la restauration du coq-girouette, celle d'un Christ en croix du XVIIe, et un vitrail patriotique 1914-1918.
Pourtant, on peut souligner l'intérêt des vitraux du XXe siècle (par Charles Champigneulle entre 1922 (?), 1926 et 1927), mais aussi celui du vitrail de 1967 exécuté en dalle de verre (technique innovante) par Gabriel Loire, et surtout surtout, les très remarquables, très anciennes et très belles statues ( ou groupes sculptés) en pierre calcaire polychrome : ce sont à mes yeux des œuvres majeures.
Avec plus de temps, on noterait la présence d'une bannière (fin XIXe ou XXe siècle) dédiée au patron [depuis quand ?] de l'église, saint Laurent et une statue du saint avec la grille de son supplice. La bannière de l'autre coté montre une Assomption. Les figures peintes sur toile sont cousues sur un velours rouge et entourées de rinceaux brodés au fil d'or, tandis que les lambrequins et la bordure sont enrichies de cannetilles dorées. Inscrite MH 06/08/199
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Finalement, la liste des œuvres classées a été fournie par Ludivine Leteurtois, de l'Office Culturel de Saint-Pair-sur-Mer. Je la remercie. Voici la liste classée en fonction de la date d'inscription :
Statue Christ en croix XVIIIe siècle Œuvre restaurée Inscrite MH le 04/02/1974
Groupe sculpté – « La Pieta » (vierge de pitié) Limite XVe siècle-XVIe siècle ; Bon état ; Inscrite MH le 09/12/1975
Retable XVIIe siècle Œuvre restaurée Inscrite MH le 09/04/1975
Groupe sculpté – « La Trinité » XVIe siècle Etat moyen Inscrit MH le 06/06/1977
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Autel XVIIIe siècle État moyen Répertorié MH le 06/08/1998
Église Saint-Laurent de Kairon. Photographie lavieb-aile 15 mai 2021.
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I. LE VITRAIL DE GABRIEL LOIRE (dalle de verre, 1967, 2m²).
Cette baie placée au coté nord du chœur montre un moine (tonsure en couronne) remettant un drap (suaire?) à une femme voilée (peut-être une moniale) agenouillée devant lui et levant les mains pour recevoir ce drap. Il faut aussi remarquer ce qui ressemble, dans le coin inférieur droit, à un panier d'osier.
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Le sujet.
Le sujet de ce vitrail reste à déterminer. Ce moine est nimbé, c'est donc un saint, et il est vêtu d'un manteau rouge comme un prêtre célébrant la messe ; il porte une étole. On ne voit ni crosse ni mitre permettant d'évoquer un évêque ou un abbé.
La forme du drap blanc n'est guère compatible avec l'idée que le saint porte un défunt. Il pourrait s'agir de la remise de l'habit monastique. Une hypothèse séduisante, proposée par Christiane Paurd, propose de voir ici saint Vital remettant l'habit à sa sœur Adeline. Saint Vital (1050-1122) fut ermite au Neufbourg avant de fonder en 1105 le monastère de la Sainte Trinité au Neufbourg avec sa parente Adeline. Vers 1110, il fonde le monastère de Savigny selon la règle de Saint Benoit et à proximité, au lieu de "La Prise aux Nonnes", il pose les bases d'une communauté de femmes, à l'image des abbayes doubles fondées par Robert d'Arbrissel.
Par ailleurs, la couleur blanche de l'habit est cohérente avec cette notice Nominis sur sainte Adeline (ou Aline):
"Adeline (ou Aline) fut la première abbesse de l'abbaye des "Dames Blanches" à Mortain dans le département de la Manche en Normandie, au diocèse de Coutances.
"Sœur de saint Vital, abbé de Savigny, elle était comme lui attirée par la vie monastique et fonda un groupe de moniales au Neufbourg près de Mortain. Lorsque Vital fit bâtir un couvent à Mortain, la communauté s'y installa en adoptant la règle et l'habit de Cîteaux. On l'appela " abbaye des Dames Blanches " et plus tard " Abbaye Blanche ". Avec Adeline on fête ce jour les autres saints de Savigny, saint Geoffroy, abbé, et saint Guillaume Niobé, religieux." (diocèse de Coutances et Avranches - calendrier diocésain)
À Savigny en Normandie, vers 1125, sainte Adeline, première abbesse du monastère de Mortain, qu'elle avait construit avec l'aide de son frère saint Vital. "
Le fait que saint Vital et sainte Adeline appartiennent au calendrier diocésain du diocèse de Coutances et d'Avranches est évidemment un argument important.
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L'inscription :
DON DES PAROISSIENS ET ESTIVANTS. 1967 . A. DOUCET CURÉ
L'abbé Doucet fut curé de Kairon et était le fils d'un Inspecteur de l'Enregistrement.
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La petite inscription
GABRIEL LOIRE CHARTRES FRANCE 1967.
Gabriel Loire fut élève puis associé (1929) du maître-verrier de Chartres Charles Lorin avant de créer son propre atelier à Chartres en 1946 et de participer à la restauration et la réparation par des créations originales de très nombreux sanctuaires de France (on en dénombre 450) dont les baies avaient été victimes de destructions pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Il utilise la peinture sur verre avec sertissage au plomb, mais il excelle dans la technique dite de la dalle de verre.
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La technique : la dalle de verre sur béton:
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La dalle de verre sur béton est une spécialité des ateliers Loire depuis leur fondation : ces vitraux sont réalisés à partir de dalles de verre de 22 mm d'épaisseur (et jusqu'à 30 ou 40 mm), colorées dans la masse.
Le Maître verrier taille la dalle de verre à la marteline et en éclate la surface pour que la lumière soit diffractée. Après avoir disposé les verres sur la table de coulage et réalisé un coffrage aux dimensions du panneau, il "coule" un mortier de ciment avec armature métallique (ou ensuite de résine époxy) pour les sertir. https://www.ateliers-loire.fr/fr/dalle-de-verre.php
"Mise au point au début des années 30 (Jean Godin, Jules Albertini), les réalisations en Dalles de Verre sont un élément architectural du patrimoine national (religieux et civil) et, néanmoins, un univers peu connu du grand public. Le Métier d’Art associé est une « niche » dans les Métiers d’Art du vitrail. Contemporaine, la Dalle de Verre offre un éventail élargi de visions et de formes où les signatures de peintres, de maîtres verriers et de mosaïstes se sont exercées, dont certaines reconnues sur la scène internationale : Jean Godin [en 1929 dans la verrerie Albertini], Gabriel Loire, Fernand Léger, Henri Guérin, Max Ingrand, Louis Barillet, Jacques Le Chevallier, Joseph Guevel, Jean Lesquibe, Henri Martin Granel, Claude Idoux, Tristan Ruhlmann, Pierre Soulage, Frédérique Duran, et d’autres. Depuis la fin du XXème siècle, une nouvelle dimension artistique contemporaine est en voie de développement grâce à des créateurs de talent dont l’ambition est de redonner ses lettres de noblesse à cette matière et à son Métier d’Art oublié. "
Parmi ces noms, il ne faut pas oublier celui d'Auguste Labouret, qui avait déposé un brevet dès 1933
Cette technique a été reprise par l'atelier monastique d'En-Calcat et de Saint-Benoit-sur-Loire et se retrouve en Bretagne pour les vitraux de l'Île d'Hoedic, ou en Normandie pour ceux de l'Île de Chausey.
Vitrail de Gabriel Loire (dalle de verre, 1967), église Saint-Laurent de Kairon. Photographie lavieb-aile 15 mai 2021.
Vitrail de Gabriel Loire (dalle de verre, 1967), église Saint-Laurent de Kairon. Photographie lavieb-aile 15 mai 2021.
Vitrail de Gabriel Loire (dalle de verre, 1967), église Saint-Laurent de Kairon. Photographie lavieb-aile 15 mai 2021.
Vitrail de Gabriel Loire (dalle de verre, 1967), église Saint-Laurent de Kairon. Photographie lavieb-aile 15 mai 2021.
Vitrail de Gabriel Loire (dalle de verre, 1967), église Saint-Laurent de Kairon. Photographie lavieb-aile 15 mai 2021.
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II. LE TRÔNE DE GRÂCE, pierre blanche calcaire (tuffeau ?), larges traces de polychromie, XVIe siècle. Inscrit MH le 06/06/1977
Au fond de la nef coté nord. Hauteur 102 cm, largeur 50 cm. Il manque une aile à la colombe.
(On trouve encore l'appellation de "Trinité"). Comme l'explique correctement l'article Wikipédia, le Trône de grâce est une représentation verticale de la Trinité où Dieu le Père vêtu assis sur une cathèdre tient entre ses bras écartés la croix où son Fils est crucifié, tandis que la colombe de l'Esprit-Saint, issu des lèvres du Père comme son Verbe, pose le bec sur la tête du Fils. En peinture, l'exemple-type en est la fresque (1426-1428) de Masaccio pour Santa Novella de Florence.
Dieu le Père est tête nue (et non coiffée de la tiare), il est vêtu d'un manteau blanc aux pans croisés et d'une robe rouge aux plis resserrés par une fine ceinture. Son visage assez jeune et à la barbe taillée le rapproche de son Fils. Celui-ci, vêtu d'un pagne, a la tête légèrement inclinée ; tous les deux regardent devant eux.
Les couleurs sont le noir, le rouge et le jaune d'or, qui se retrouve aussi en sous-couche.
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Trône de grâce, calcaire et polychromie, fin XVe, église Saint-Laurent de Kairon. Photographie lavieb-aile 15 mai 2021.
Trône de grâce, calcaire et polychromie, fin XVe, église Saint-Laurent de Kairon. Photographie lavieb-aile 15 mai 2021.
Trône de grâce, calcaire et polychromie, fin XVe, église Saint-Laurent de Kairon. Photographie lavieb-aile 15 mai 2021.
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III. LA VIERGE DE PITIÉ,pierre blanche calcaire (tuffeau ?), traces de polychromie, Fin XVe siècle-début XVIe . Inscrit MH 09/12/1975.
Au fond de la nef coté sud. Hauteur 60 cm, largeur 40 cm.
(On trouve encore l'appellation, italienne, de "pietà").
La Vierge est assise et tient son Fils sur ses deux genoux ; la main droite soutient la tête, la main gauche le bassin. Elle regarde devant elle, c'est à dire qu'elle fixe du regard le spectateur ou fidèle. Elle est coiffée d'un voile formant un large auvent carré, mais sa gorge n'est pas couverte par la guimpe traditionnelle. Le nez est fin, la bouche est petite et triste.
Bien que les données de l'Inventaire donnent à cette Vierge de Pitié une date à cheval entre XVe et XVIe siècle, tandis que le Trône de grâce est daté du XVIe siècle, ces deux œuvres forment une unité tant par leur matériau que par le thème représenté, celui du Père tenant son Fils et celui de la Mère tenant son Fils. Néanmoins, nous n'avons pas ici une Trinité souffrante (où le Père porte le corps de son Fils d'une façon très analogue à celle de la Vierge), mais, avec ce trône de grâce, une affirmation plus théologique, et moins centrée sur le chagrin, du Plan du Salut.
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Vierge de pitié, calcaire et polychromie, fin XVe, église Saint-Laurent de Kairon. Photographie lavieb-aile 15 mai 2021.
Vierge de pitié, calcaire et polychromie, fin XVe, église Saint-Laurent de Kairon. Photographie lavieb-aile 15 mai 2021.
Vierge de pitié, calcaire et polychromie, fin XVe, église Saint-Laurent de Kairon. Photographie lavieb-aile 15 mai 2021.
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IV. FRAGMENTS D'UN RETABLE EN BOIS POLYCHROME ET CRUCIFIX DU XVIIe.
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La prédelle de l'ancien tabernacle en bois polychrome et doré (Dimension 106 cm x 64 cm) montre deux saints apôtres (dont celui de gauche dérobé (*)) autour du Christ Sauveur du Monde. Il s'agirait de saint Pierre et de saint Paul. Les personnages sont séparés par des colonnes torves et enserrés chacun dans une niche et entouré d'un décor végétal.
(*)Vers le 15 août 2019, un voleur dérobe une statue en bois datant du 17e siècle incrustée dans le retable restauré quelques année plus tôt.
Le Christ en croix du 17e siècle de 128 cm de haut a été restauré par l'atelier Frédéric Rouchet de Granville. Il provient de la poutre de gloire (ou perque, ou tref en Bretagne). Les deux pieds ensanglantés reposent sur deux têtes d'anges. La main gauche est mutilée.
"Sur une colline , entre la Mare de Bouillon et l'embouchure du Thar, où se trouve le Caillou-du-Thar, rocher d'où saint Pair fit jaillir une eau vive , s'élève l'église de Quéron. C'est une grande chapelle, dont on vient d'allonger la nef, sans : tour ni transept , couronnée seulement d'un campanier. Pla- . cée au milieu d'une bourgade de pêcheurs , elle est sous l'invocation de Notre-Dame, et n'offre que peu d'intérêt pour l'art et l'archéologie. Quéron , jeté entre la mer et le lac de Bouillon , entre de riantes campagnes et les montagnes sévères du Pignon-Butor, est dans un site admirable de grandeur et de variété. L'église est une annexe de celle de Saint-Pair ; mais Quéron forme une commune. Son nom d'Église du-Petit-Monastère semble indiquer que c'était un des asiles des ermites de Sciscy, et dès une époque très - reculée, un oratoire a dû s'élever sur ce lieu consacré. On a vu par les citations précédentes qu'il y avait une église au moins au XIII siècle, puisqu'un manuscrit de ce temps mentionne : « Ecclesia N. D. de Parvo monasterio de Queron . » Nous trouvons une plus ancienne mention de Quéron dans le Cartulaire de la Luzerne : « Unum pratum juxta pratum Geroldi de Cuiron , 11623. » Ce nom de Quéron semble être un nom propre normand, assez commun, Caron, ainsi prononcé à la manière saxonne. Il y avait dans la vicomté de Caen une paroisse de Caron aujourd'hui Cairon ."
— LE HÉRICHER (Édouard), 1881, Etymologie familiales de la topographie de la France... Manche.
— NORMAND (Michel), 2012, La longue et riche histoire du patrimoine immobilier et mobilier à Saint-Pair-sur-Mer, Le Saint-Pairais , Bulletin municipal n°51, mai 2012
Baie n°0 à double lancettes La Crucifixion, 1897, inscrite 08/08/2011. La fiche CACOA indique une date par inscription de 1897 sur cette verrière n°0 à double lancettes, la signature A. VERMONET, Reims, 1897 et la mention ROBERT DE LA VARDE 1897. Cet officier, saint-cyrien, (Cherbourg 4/03/1878, Saint-Pair 19/03/1961) fut conseiller municipal de Saint-Pair et surtout l'un des plus éminents bryologues — spécialistes des Mousses — européens. Il publia en 1925 une Contribution à la flore du département de la Manche . Il était membre de la Société linnéenne de Normandie depuis 1919. Le maître-verrier est André Vermonet-Pommery.
Baies 9 à 12 : verrières décoratives dont une est datée de 1903, à médaillons et rinceaux, bordure de rinceaux de vigne eucharistique. La verrière portant la date de 1903 indique don de Mr le Commandant DETIEUX et Mme DETIEUX 1903]
— BOESPFLUG (François), 2009, , « La Trinité dans l’art breton (xve-xviiie siècle) », Revue des sciences religieuses [En ligne], 83/4 | 2009, mis en ligne le 15 novembre 2013, consulté le 04 octobre 2018. URL : http://journals.openedition.org/rsr/441 ; DOI : 10.4000/rsr.441
— BOESPFLUG (François), La Trinité dans l’art d’Occident (1400-1460). Sept chefs d’oeuvre de la peinture, préface de Roland Recht, Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 2000, 22006.
— BOESPFLUG (François), « La Trinité dans l’art alsacien (XIIe-XVe siècle). À propos de quelques oeuvres, du Hortus Deliciarum à la tapisserie de Saint-Jean-Saverne », Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, XL, 1997, p. 99-123.
— BOESPFLUG (François), ZALUSKA ( Yolanta) , Le dogme trinitaire et l'essor de son iconographie en Occident de l'époque carolingienne au IVe Concile du Latran (1215) Cahiers de Civilisation Médiévale Année 1994 37-147 pp. 181-240.
Au sommet des rampes de l'escalier qui relie le cimetière bas et le cimetière haut de l'église de La Forest-Landerneau ont été placées deux statues en kersantite dans lesquelles se reconnaît au premier coup d'œil l'art et la manière de Roland Doré, dont l'atelier de Landerneau fut actif à Landerneau entre 1608 et 1663. Elles en ont le visage rond, et le fin sourire qualifié de "doréen" pour ce je ne sais quoi de serein et d'ironique qu'on n'oublie pas.
Occupent-t-elles leur emplacement d'origine, ou bien ont-elles été placées ici en ré-emploi, dans un site riche en calvaires fragmentaires ou remaniés ? En tout cas, elles ne sont pas géminées, et ne proviennent donc pas (a priori) des croisillons d'un calvaire.
Elles ne portent aucune inscription, et aucune archive ne permet d'en préciser la datation. Viennent-elles du même site ? Le faciès du kersanton, gris fin dans les deux cas, ne m'a pas semblé identique (plus jaune pour la Catherine), mais je ne suis pas docteur es géologie. Mes photos rapprochées ne témoignent plus de cette différence qui était convaincante à mon regard in situ.
Ce sont les statues d'un saint évêque, à gauche et de sainte Catherine à droite.
Les pupilles de l'évêque sont creusées, selon un trait caractéristique du sculpteur ayant atteint la maturité de son art. Celles de Catherine ne le sont pas. Est-ce un indice fiable ?
Elles ne sont pas inconnues, et E. Le Seac'h qui les signale en donne un cliché page 209 de son ouvrage ; par contre, elles n'ont jamais été décrites spécifiquement.
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Quoiqu'il en soit, ce sont des œuvres magnifiques, qui confirment une fois de plus du talent du grand Roland. Surtout, ne les loupez pas !
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Statues des piles de l'escalier du cimetière de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
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Le saint évêque.
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Il porte les attributs épiscopaux, que sont la mitre, la crosse tenue à gauche, et le geste de bénédiction. Aucun attribut ne permet de l'identifier parmi les nombreux saints évêques bretons.
Ses cheveux sont longs et tombent sur les épaules. Son visage est d'un ovale très allongé. Les yeux sont comme deux olives dénoyautées entre les paupières saillantes. Le nez, d'abord fin comme une lame, s'évase en narines presque épatées. Le philtrum est visible. Le sourire doréen, en zig-zag, se reconnaît aux deux fossettes qui creusent les commissures.
La chape, ou manteau, tombe jusqu'au sol, et ses pans sont réunis par un fermail comparable à une sangle, dont le mors est un cabochon prismatique. Il recouvre le surplis au plis fins s'évasant sous le cou comme une petite fraise , et une cotte talaire aux plis plus larges. Le saint, en avançant la jambe droite, fait apparaître en museau de souris la courbe arrondie d'une solide chaussure.
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On peut le comparer aux saints évêques des statues géminées du Passage à Plougastel, de Locmélar d'Irvillac, de Saint-Vendal à Pouldavid-Douarnenez (où un poisson permet d'identifie saint Corentin), de Saint-Nicodème de Ploéven et de la chapelle Seznec de Plogonnec (voir liens supra).
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Saint évêque, (kersanton, Roland Doré, v.1620-1660), escalier du cimetière de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
Saint évêque, (kersanton, Roland Doré, v.1620-1660), escalier du cimetière de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
Saint évêque, (kersanton, Roland Doré, v.1620-1660), escalier du cimetière de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
Saint évêque, (kersanton, Roland Doré, v.1620-1660), escalier du cimetière de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
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Sainte Catherine d'Alexandrie.
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Roland Doré a représenté cette sainte ici, ainsi que sur le calvaire de Pen ar Feunteun de Guiclan, et sur celui de la chapelle de Sainte-Anne-du Portzic à Plonévez-Porzay.
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Elle porte une couronne à larges fleurons, des cheveux bouclés, et tient ses attributs, l'épée de sa décollation dans la main droite, pointe en haut vers la poitrine, et la roue équipée de lames, mais brisée, dans la main gauche. Elle est vêtue d'un manteau, qui s'entrouvre sur une robe serrée très haut sous la poitrine par une ceinture. Elle est cambrée et projette le ventre vers l'avant, selon la mode dont témoignent les Vierges gothiques.
Son visage est vraiment rond (et non ovale comme celui de l'évêque), mais le sourire caractéristique est bien là, animant une bouche petite entre les parenthèses des sillons naso-géniens.
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Sainte Catherine, (kersanton, Roland Doré, v.1620-1660), escalier du cimetière de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
Sainte Catherine, (kersanton, Roland Doré, v.1620-1660), escalier du cimetière de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
Sainte Catherine, (kersanton, Roland Doré, v.1620-1660), escalier du cimetière de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
Sainte Catherine, (kersanton, Roland Doré, v.1620-1660), escalier du cimetière de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
Sainte Catherine, (kersanton, Roland Doré, v.1620-1660), escalier du cimetière de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
Sainte Catherine, (kersanton, Roland Doré, v.1620-1660), escalier du cimetière de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
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SOURCES ET LIENS.
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— ABGRALL (Jean-Marie), 1910, "Notice sur La Forest-Landerneau", Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie Quimper, Kerangal.
— CASTEL ( Yves-Pascal), 1985, « Roland Doré, sculpteur du roi en Bretagne et architecte (première moitié du xviie siècle) », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, tome 94, pages 97-116.
— COUFFON (René), LE BARS ( Alfred), 1988, Répertoire des églises : paroisse de LA FOREST-LANDERNEAU, Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.; 28 cm.
"Près de l'église, calvaire : base rectangulaire à pinacles gothiques, croix des larrons sur le croisillon"
—— COUFFON (René), 1961, "L'évolution de la statuaire en kersanton" Mémoires de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord, Saint-Brieuc t. LXXXIX, 1961 p. 1-45.
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.
Zoonymie des Odonates : le genre Sympecma, Burmeister, 1839 ou Sélys, 1840: les Brunettes.
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Zoonymie ? L'étude des noms des animaux (zoo). Comme dans Toponymie, Oronymie, Hydronymie, ou Anthroponymie, mais pour les bêtes. La "zoonymie populaire" (et volontiers extra-européenne) était jusqu'à présent la seule branche un peu développée de cette science à peine née.
Bibliographie des articles de zoonymie des Odonates.
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Résumé :
— Genre Sympecma Burmeister, 1839, Handb. Ent. (2) :1047/823 cité sans description (nomen nudum), puis Sélys-Longchamps, 1840, Mon. Lib. eur. :144 ou Sympycna Charpentier 1840 Libell. europ. Lipsiae : 19. Du grec σνμ, sum, ensemble et πικνοσ, Pycnos, puknos, "compact" et, dans le contexte, "serré ensemble", par référence aux ailes que ce genre maintient jointes au repos, et non ouvertes.
Nom en français :
1. "Sympecma"; de Sélys-Longchamps 1840 p.145
2."Sympecme", Paul-André Robert, 1958, Les Libellules ou Odonates p.89.
3."Brunettes", Jourde in Dijkstra 2007
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LE NOM DE GENRE SYMPECMA (BURMEISTER, 1839).
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Sympecma, Burmeister, Handbuch der Entomologie (2) page 1047 (Table alphabétique, avec renvoi à la page 823).
À la page 823, nous trouvons la description de l'Agrion phallatum de Charpentier Hor. Entom. :10, mais sans mention du genre Sympecma.
a) Dans sa publication de 1840, Charpentier décrit un genre SYMPYCNA page 19, et il en donne l'étymologie : Nomen a Graeco sympecnos, desumtum, propter alarum arcte erectarum situm, quem animal vivens in sedento prae se fert. ("Le nom issu du grec sympecnos "assujeti" [desuo, ere : "fixer solidement, assujettir] en raison des ailes fermement placées [l'une contre l'autre] lorsque l'animal est au repos."
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b) Puis, il décrit plus loin, et sans indiquer ce genre Sympycna, l'Agrion phallatum (avec la référence à l'Agrion fuscum de Vander Linden] et il écrit Inter sedendum hoc Agrion alas non gerit patulas, sed compressas, uti omnes Agrionidum species, quae in sequentibus pagellis describentur. "Au repos les ailes de cet Agrion ne sont pas ouvertes, mais serrées, à la différence des autres espèces d'Agrion décrites dans les pages ci-dessous".
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D'après C. Deliry :
"Burmeister (1839) évoque bien le nom de Sympecma et l'attribue à de Charpentier, sur la base d'un manuscrit qu'il avait reçu, mais il n'en donne pas de description (nomen nudum). En conséquence la première description de ce genre se trouve chez de Selys Longchamps (1840) et précède de peu celle donnée par de Charpentier la même année, mais plus tard. Bridges (1993) émet la même opinion. L'ADDO (Dijkstra 2020) utilise aussi de Selys Longchamps (1840) comme descripteur.
On trouve dans de Selys Longchamps (1862) un retour à l'orthographe Sympycna (sous Lestes (Sympycna)) et une attribution à de Charpentier, précisant Sympecma en synonymie utilisée par Burmeister, lui-même et olim. Bechly (2014) précise : Sympecma Selys, 1840 (nec Burmeister, 1839), ce qui est en phase avec notre point de vue [2019]."
"de Selys Longchamps (1840) - L'auteur scinde le genre Libellula en Libellula, Libella et utilise le genre Cordulia déjà présenté par Leach (in Brewster 1815). Pour le genre Aeshna il impose les genres - déjà définis - Lindenia, Gomphus, Cordulegaster, Aeschna et Anax. Il utilise côté Agrion, Calepteryx, Lestes, Sympecma et Agrion. Le genre Sympecma paraît nouveau. En effet, il n'a été que cité par Burmeister (1839), sans description (nomen nudum). - Présence d'un ptérostigma (cf. parastigma). Ailes hyalines, relevées au repos, ptérostigma allongé (cf. Lestes, Agrion)."
On l'a vu, c'est à lui que nous devons la description du genre Sympecma.
Texte.
XI. GENRE SYMPECMA.
SYMPECMA. (CHARP.)
Synonymie. - Subgenus SYMPECMA. T. de Charp. MSS.
Lestes. De Selys. Catal., 1839. .
Agrion. Vander L. Charp. Fonscol. Burm.
Caractères.- Les mêmes que ceux du genre Lestes, avec les modifications suivantes :
1° Les ailes sont relevées perpendiculairement dans le repos;
2° Elles sont plus pointues, et l'espace qui surmonte leur triangle discoïdal est triangulaire régulier, très-étroit et très-allongé transversalement;
3° Les jambes sont moins longues, et les cils qui les garnissent plus courts;
4° Les deux appendices anals de la femelle sont rapprochés l'un de l'autre, grands, lancéolés à peu près comme ceux des Æschnes. Les valvules vulvaires sont petites et n'atteignent pas l'extrémité de l'abdomen.
La coloration des Sympecma est d'un brun plus ou moins métallique, mélangé de roussâtre, et n'offre pas ces teintes vert-doré, qui caractérisent les Lestes. Le parastigma des ailes est aussi plus étroit et plus allongé; mais je ne me serais pas décidé à adopter comme genre distinct le sous-genre proposé par M. de Charpentier , si la manière de porter les ailes relevées ou horizontales dans le repos ne me paraissait d'une importance extrême chez les Libellulidées : par ces caractères, les Sympecma forment le passage des Lestes aux Agriones. L’Agrion zonatum (Burmeister) de l'Océanie est du genre Sympecma."
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ETUDE DU NOM DE GENRE SYMPECMA.
"Du grec σνμ, sum, ensemble et πικνοσ, Pycnos, puknos, "compact" et, dans le contexte, "serré ensemble", par référence aux ailes que ce genre conserve jointes au repos, et non ouvertes.
Comme l'écrit Charpentier en 1840 pour la forme équivalente Sympycna, "Le nom est issu du grec sympecnos "assujeti" [desuo, ere : "fixer solidement, assujettir] en raison des ailes fermement placées [l'une contre l'autre] lorsque l'animal est au repos."
Pycnos, du grec ancien puknos, "épais", se réfère à quelque chose de "dense, compact, épais".
"Du grec σνμ, sum, ensemble et πικνοσ, puknos, "compact" ; que l'on pourrait traduire par « étroitement réuni » (de par la forme resserrée des ailes)."
"Chez cette demoiselle, le corps des individus jeunes est brun clair cuivré. Pendant la reproduction, le corps devient brun mat. Les ailes sont jointes au repos. Cette caractéristique lui a valu son nom de genre, Sympecma, qui vient du grec « serré ensemble »."
"Sympecma ou Sympycna = serré ensemble : ailes fermées au repos. Les Sympecma se distinguent des Lestes par des ailes plus pointues à nervulation brune et à membrane vaguement laiteuse. Au repos, l'insecte les tient toujours fermées, c'est-à-dire serrées les unes contre les autres. L'insecte lui-même s'applique contre son support. Ce sont les seules Libellules qui, chez nous, passent l'hiver à l'état adulte."
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NOM VERNACULAIRE.
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1. "Sympecma"; de Sélys-Longchamps 1840 p.145
2. "Sympecme", Paul-André Robert, 1958, Les Libellules ou Odonates p.89.
3."Brunettes", Jourde in Dijkstra 2007
Le Guide des libellules d'Europe décrit ainsi la "Brunette hivernale" S. fusca, et la "Brunette sibérienne" S. paedisa. Néanmoins, les espèces reçoivent un deuxième nom, respectivement "Leste brun" et "Leste enfant", proposé par Grand et Boudot 2006 qui reprennent Paul-André Robert 1958..
L'INPN n'accepte que les noms "Leste brun" et "Leste enfant"
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SOURCES ET LIENS.
Bibliographie générale de ces articles de zoonymie des Odonates : voir ici :
http://www.lavieb-aile.com/2018/01/la-bibliographie-de-mes-articles-de-zoonymie-des-odonates.html
OUTILS DE ZOONYMIE.
— Animalbase
http://www.animalbase.org/
— A Dictionary of Prefixes, Suffixes, and Combining Forms from Webster!s Third New International Dictionary, Unabridged ! 200
— [Boudot J.-P., Dommanget J.-L., 2012. Liste de référence des Odonates de France métropolitaine. Société française d’Odonatologie, Bois-d’Arcy (Yvelines), 4 pp.]
— DIJKSTRA (K.-D.B.), et LEWINGTON, (R. ), 2006). Field guide to the Dragonflies of Britain and Europe. British Wildlife Publishing, 1-320.
— DIJKSTRA (K.-D.B.), et LEWINGTON, (R.) 2015. Guide des libellules de France et d'Europe. Guide Delachaux. Delachaux et Niestlé. Paris. 320 p. [http://www.delachauxetniestle.com/ouvrage/guide-des-libellules-de-france-et-d-europe/9782603021538]
— DIJKSTRA K.-D.B., LEWINGTON, R. et JOURDE (P.), traducteur (2007), Guide des Libellules de France et d'Europe, Delachaux et Niestlé.
— GBIF
https://www.gbif.org/species/1424076
— GRAND (D.) & BOUDOT (J.P.) ,2007 Les libellules de France, Belgique et Luxembourg. Biotope, Mèze. Collection Parthénope. 480 pp.— http://www.dragonflypix.com/etymology.html
— PRÉCIGOUT (Laurent), PRUD'HOMME (Eric), JOURDE (Philippe) 2009, Libellules de Poitou-Charentes, Ed. Poitou-Charentes Nature, 255 pages,
— POITOU-CHARENTE NATURE (Association) / Philippe JOURDE & Olivier ALLENOU
http://www.poitou-charentes-nature.asso.fr/leucorrhine-a-front-blanc/
— ANTONIO (Costantino D’), VEGLIANTE (Francesca ) "Derivatio nominis libellularum europæarum"(PDF) (en Italien) Étymologie de 197 noms de Libellules européennes.
https://www.researchgate.net/publication/316791278_Derivatio_nominis_libellularum_europaearum
— ENDERSBY (IAN D. ), 2012, : Watson and Theischinger: the etymology of the dragonfly (Insecta: Odonata) names which they published Journal and Proceedings of the Royal Society of New South Wales, vol. 145, nos. 443 & 444, pp. 34-53. ISSN 0035-9173/12/010034-20 34
https://royalsoc.org.au/images/pdf/journal/145_Endersby.pdf
— ENDERSBY (IAN D., FRS ), 2012, "Etymology of the Dragonflies (Insecta: Odonata) named by R.J. Tillyard", F.R.S. Proceedings of the Linnean Society of New South Wales 134, 1-16.
https://openjournals.library.sydney.edu.au/index.php/LIN/article/viewFile/5941/6519
— ENDERSBY (IAN D., FRS ), 2012, The Naming of Victoria’s Dragonflies (Insecta: Odonata, Proceedings of the Royal Society of Victoria 123(3): 155-178.
https://www.academia.edu/28354624/The_Naming_of_Victoria_s_Dragonflies_Insecta_Odonata_
— ENDERSBY (IAN D. ), 2015, The naming's of Australia's dragonflies. https://www.researchgate.net/publication/283318421_The_Naming_of_Australia%27s_Dragonflies
http://dominique.mouchene.free.fr/libs/docs/GENE_origine_noms_odonates_Australie_Endersby_2015.pdf
— FLIEDNER (Heinrich), 2009, Die wissenschaftlichen Namen der Libellen in Burmeisters ‘Handbuch der Entomologie’ Virgo 9[5-23]
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— FLIEDNER (Heinrich), "The scientific names of the Odonata in Burmeister’s ‘Handbuch der Entomologie".
http://dominique.mouchene.free.fr/libs/docs/GENE_Burmeister_Fliedner.pdf
— FLIEDNER (Heinrich), 1997. Die Bedeutung der wissenschaftlichen Namen Europaischer Libellen. Libellula, supplement I:1-111. Sonderband zur Zeitschrift der Gesellschaft deutschsprachiger Odonatologen (GdO) e.V. Fliedner, Bremen.
— FLIEDNER (Heinrich), (1998): Die Namengeber der europäischen Libellen. Ergänzungsheft zu Libellula - Supplement 1
— FLIEDNER (H.), 2012, Wie die Libelle zu ihrem Namen kam Virgo, Mitteilungsblatt des Entomologischen Vereins Mecklenburg 15. Jahrgang (2012).
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— ROBERT (Paul André), 1936, Les Insectes, coléoptères, orthoptères, archiptères, nevroptères, Delachaux et Niestlé .
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— SITE Libellen - eine (kleine) Einführung . die Namensgebung
http://www.libelleninfo.de/07.html#buch
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—SCHIEMENZ, H. (1953): Die Libellen unserer Heimat. Jena: Urania
— WENDLER (A)., A. Martens, L. Müller & F. Suhling (1995): Die deutschen Namen der europäischen Libellenarten (Insecta: Odonata).Entomologische Zeitschrift 105(6): 97-112
EXTRAIT DE LA BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE :
— BURMEISTER H. 1839 - Handbuch der Entomologie. - Enslin, Berlin [Libellulina : 805-862].
— CHARPENTIER (Toussaint von). 1825, Horae Entomologicae, adjectis tabulis novem coloratis. Vratislaviae, , in-4, avec 9 pl. coloriée, 261 pages.
— SCHAEFFER (Jacob-Christian). 1769, Icones insectorum circa Ratisbonam indigenorum coloribus naturam referentibus expressae... = D. Jacob Christian Schäffers natürlich ausgemahlte Abbildungen Regensburgischer Insecten... Regensburg, gedruckt bey Heinrich Gottfried Zunkel. [1766-1769] Illustrations par Johann Jakob Haid, (1704-1767). Johann Nepomuk Maag (1724?-1800). G. P. Trautner, . Johann Gottlieb Friedrich, (1742-1809). et Loibel.
— SCHAEFFER (Jacob-Christian). 1804, D. Jacobi Christiani Schaefferi Iconum insectorum circa Ratisbonam indigenorum enumeratio systematica par Georg Wolfgang Franz, Panzer, 1755-1829 (nomenclature systématique) :
— SELYS-LONGCHAMPS ( E.de) 1862 Synopsis des Agrionines, deuxième légion : Lestes, Extrait des Bulletins de l'Académie royale de Belgique 2. sér., t. XIII, no 4
Le cimetière de La Forest-Landerneau, qui entoure l'église, est divisé en un cimetière haut, à gauche de l'allée qui mène vers le sanctuaire, et un cimetière bas. C'est dans la partie orientale de ce dernier qu'est érigé le calvaire présenté dans cet article.
Il est décrit ainsi en 1980 par Yves-Pascal Castel dans l'Atlas des Croix et Calvaires du Finistère (je complète les abréviations) :
"n°534. La Forest-Landerneau cimetière bas, kersanton, haut de 6 mètres, XVIe siècle. Trois degrés, Madeleine à genoux. Socle cubique à griffes: 1762, MISSION 1887. Croisillon, écus aux armes de France et de Bretagne. Statues géminées: Vierge-sainte martyre, Jean-évêque. Croix à branches rondes, crucifix, groupe Notre-Dame de Pitié. [YPC 1980]"
L'abbé Castel, qui avait indiqué pour les fragments d'un calvaire du cimetière haut (Atlas n°533, cf. mon article précédent) la datation vers 1550 et avait évoqué l'atelier des Prigent, ne s'engage pas pour ce calvaire du cimetière bas (alors qu'il est l'un des meilleurs spécialistes des ateliers de sculpture en kersanton du XVI et XVIIe siècle).
Trente quatre ans plus tard, Emmanuelle Le Seac'h, dans sa thèse publiée en 2014, attribue à l'atelier Prigent non seulement les fragments (atlas n°533) du cimetière haut, mais aussi ce calvaire en écrivant dans son catalogue :
"La Forest-Landerneau, Calvaire du cimetière bas (Atlas n°534) :
Je suis surpris de cette attribution, hormis celle de Marie-Madeleine, qui s'impose (voir article précédent), voire celles du Crucifié, et de la Vierge de Pitié ("pietà"). En effet, je ne reconnais pas, sur les visages des statues géminées, le style et l'allure de l'atelier Prigent.
L'attribution du calvaire est clairement énoncée dans le Catalogue de fin d'ouvrage (p.326), mais, semble contredite dans le texte principal, page 168, ou le calvaire du cimetière bas est classé dans le paragraphe "Vestiges de croix et de calvaires" avec la phrase "Dans le cimetière bas, sur le socle de la croix, une Madeleine éplorée, les mains levées vers le Christ, est de la même facture [que les vestiges du cimetière haut, sculptés par les Prigent]". En définitive, je crois que Le Seac'h a laissé passer, dans son Catalogue, une coquille.
C'est l'intérêt d'une mise en ligne des photographies détaillées de ce calvaire que d'ouvrir une discussion sur ce point.
Dans cette discussion, nous pourrons nous référer aux différents calvaires à un croisillon et 6 personnages attribués aux Prigent :
-Saint Derrien, 1557 ?, Crucifié, Vierge, Jean, saint Georges et pietà.
-Lanhouarneau, Croas-ar-Chor, saint Hervé au revers du Crucifié, le guide et le loup géminé avec la Vierge. Saint Houarneau sous le Crucifié
-Bourg-Blanc, calvaire du cimetière, Crucifié/Christ aux liens, et croisillon à 3 personnages Vierge, Jean et Marie-Madeleine géminées aux trois acteurs de saint Yves entre le Riche et le Pauvre.
-Saint-Divy, croisillon vide, le Crucifié/Christ aux liens et pietà en dessous.
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Et d'autre part, nous remarquons que le sculpteur Roland Doré est intervenu à La Forest-Landerneau (statues d'un évêque et de sainte Catherine en haut de l'escalier).
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LE COTÉ OCCIDENTAL. LA VIERGE ET JEAN AUTOUR DU CRUCIFIÉ ; BLASON DE FRANCE.
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Calvaire du cimetière bas de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
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Le Christ crucifié. Le blason aux armes du roi de France.
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Sous un titulus à l'inscription INRI en lettres romaines (alors que les tituli des calvaires du XVIe siècle me semblent porter généralement une inscription en lettres gothiques), le Christ crucifié possède les caractéristiques stylistiques suivantes :
Les mèches de cheveux qui ne sont pas collés au cou, laissant un vide, un espace ajouré entre les mèches de cheveux et le visage. La mèche droite, épaisse et tubulaire, passe devant la poitrine, celle de gauche au dessus de l'épaule.
La couronne tressée à deux brins dessinant des 8.
Les yeux clos, étirés, les pommettes saillantes, la bouche petite, aux lèvres fermées et avancées.
Une moustache partant des bords des narines, et une barbiche à deux mèches en parenthèses.
Un torse étiré, aux côtes horizontales déployées en éventail ; le nombril peu marqué ; la plaie du flanc droit peu visible.
Un pagne aux plis croisés sur le devant, avec une extrémité libre sortant du coté gauche tandis que l'extrémité droite est en dessous (les pagnes des Prigent sont noués sur le coté par une grande boucle).
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Calvaire du cimetière bas de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
Calvaire du cimetière bas de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
Calvaire du cimetière bas de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
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Le blason est aux armes de France sous une couronne royale.
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Les armes de France en alliance avec la Bretagne (coté est) datent au plus tôt de 1499, date du mariage d’Anne de Bretagne à Louis XII , ou de 1532, le rattachement de la Bretagne au royaume. Les armoiries ne sont guère utiles à l'enquête d'attribution, car elles peuvent être très tardives.
Par contre, bien que je n'ai pu fonder mon affirmation sur une recherche précise, la présence de ces armes de France et Bretagne et l'implication du pouvoir royale sur un calvaire du Finistère me semble être une exception, peut-être due à une restauration.
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Calvaire du cimetière bas de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
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La Vierge au calvaire.
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Son allure toute rectiligne et hiératique avec les mains jointes n'est animée que par l'avancée de la jambe droite et du pied. La robe au col rond est serrée par une ceinture, mais celle-ci n'est pas bien visible. Le col du manteau passe au dessus du voile. La guimpe qui entoure soigneusement le bas du visage est discrète car recouverte par l'encolure.
Le visage est très rond et juvénile.
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Calvaire du cimetière bas de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
Calvaire du cimetière bas de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
Calvaire du cimetière bas de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
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L'apôtre Jean au calvaire.
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Son beau visage est également remarquable par ses traits juvéniles et angéliques. La robe est serrée par une ceinture et fermée par une fente pectorale à deux ou trois boutons. Jean pose une main gauche sur sa poitrine et ramène à soi le pan de son manteau.
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Calvaire du cimetière bas de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
Calvaire du cimetière bas de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
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LA FACE EST.
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Calvaire du cimetière bas de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
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Le blason est moucheté de 12 hermines sous la couronne royale.
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Calvaire du cimetière bas de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
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La Vierge de Pitié.
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La composition triangulaire barrée par la diagonale du corps du Christ est habituelle. La Vierge, agenouillée un seul genou à terre soutient l'épaule droite de son Fils et pose sa main gauche sur sa cuisse. Le visage est une fois encore rond et juvénile, et les pupilles sont creusées (comme le fait Roland Doré). Le lichen ne permet pas de dire si les trois larmes (assez caractéristiques des Prigent) sont présentes, mais il me semble que ce n'est pas le cas.
Le voile forme un repli au sommet de la tête, ce qui est un trait stylistique des Prigent.
Au total, je me garderai de proposer une attribution.
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Calvaire du cimetière bas de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
Calvaire du cimetière bas de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
Calvaire du cimetière bas de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
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Une sainte, vierge et martyre.
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Ce visage encore naïf ou poupin est celui d'une vierge et martyre, comme l'indique la palme de sa main gauche. Nous ne pouvons aller plus loin dans l'identification.
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Calvaire du cimetière bas de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
Calvaire du cimetière bas de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
Calvaire du cimetière bas de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
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Un saint évêque.
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Il a la mitre à fanons, la crosse et le geste de bénédiction des évêques.
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Calvaire du cimetière bas de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
Calvaire du cimetière bas de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
Calvaire du cimetière bas de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
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La date de 1762 du socle.
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Calvaire du cimetière bas de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
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Sainte Marie-Madeleine éplorée au pied de la croix. Kersanton, atelier Prigent vers 1555.
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Je l'ai décrite dans mon article sur le calvaire fragmentaire du cimetière haut. Il est de la main de l'atelier Prigent. Les trois larmes caractéristiques sont bien visibles.
"532. La Forest-Landerneau, , 1. g. k. 3 m. XVIe s. Trois degrés. Socle octogonal, Christ lié. Fût à pans avec trois petites croix en creux. Croix à pans, crucifix. [YPC 1980]"
b) La Forest-Landerneau n°533 La Forest-Landerneau n°2 . cimetière haut.
"533. La Forest-Landerneau, 1550. Trois statues provenant d’un calvaire. Groupe N.-D. de Pitié. Statues géminées: Vierge-Madeleine, Jean-personnage sans attribut. Ces pièces se rattachent à la manière des frères Prigent qui ont sculpté le calvaire de Plougonven. [YPC 1980]"
c) La Forest-Landerneau n°534 La Forest-Landerneau n°3. cimetière bas.
"534. La Forest-Landerneau, k. 6 m. XVIè s. Trois degrés, Madeleine à genoux. Socle cubique à griffes: 1762, MISSION 1887. Croisillon, écus aux armes de France et de Bretagne. Statues géminées: Vierge-sainte martyre (*), Jean-évêque. Croix à branches rondes, crucifix, groupe N.-D. de Pitié. [YPC 1980]"
— CASTEL (Yves-Pascal), 2001, Les Pietà du Finistère.( Revue bilingue breton-français Minihy-Levenez n°69 de juillet-août 2001)
— COUFFON (René), LE BARS ( Alfred), 1988, Répertoire des églises : paroisse de LA FOREST-LANDERNEAU, Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.; 28 cm.
"Près de l'église, calvaire : base rectangulaire à pinacles gothiques, croix des larrons sur le croisillon"
—— COUFFON (René), 1961, "L'évolution de la statuaire en kersanton" Mémoires de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord, Saint-Brieuc t. LXXXIX, 1961 p. 1-45.
Zoonomie des Odonates : Lestes virens (Charpentier, 1825), "le Leste verdoyant".
Zoonymie ? L'étude des noms des animaux (zoo). Comme dans Toponymie, Oronymie, Hydronymie, ou Anthroponymie, mais pour les bêtes. La "zoonymie populaire" (et volontiers extra-européenne) était jusqu'à présent la seule branche un peu développée de cette science à peine née.
Bibliographie des articles de zoonymie des Odonates.
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Résumé :
— Genre Lestes, Leach, 1815. Entomology, in Brewster's Edinb. Encycl. 9(1): 137. Le nom vient du grec λῃστής = "voleur, brigand, pirate". La seule espèce décrite en 1815 étant Agrion barbara de Fabricius, et celle-ci devant son nom à sa provenance du nord-ouest de l’Afrique, région géographique où vivaient les Berbères et dénommée alors Barbarie ou Etats barbaresques, il est logique de considérer que Leach a donné le nom de genre Lestes , "pirate" par référence aux pirates et corsaires barbaresques basés à Alger.
— Espèce Lestes virens (Charpentier 1825) , Horae Entomologicae, adjectis tabulis novem coloratis. Vratislaviae : XII & 8. L'épithète, du latin virens, "verdoyant", est justifiée dans la description originale : Agrion supra laete viridi-nitens, subtus luteum : "Agrion d'un beau vert brillant [ ou éclatant] sur le dessus et jaunâtre en dessous". E. de Sélys-Longchamps, dans sa description en français de 1840, insiste sur ce dessus d'un vert bronzé beaucoup plus brillant que celui des espèces voisines, dépassant même en éclat Calopteryx virgo. En 1850, il décrit l'espèce comme étant "vert doré en dessus", et en 1862 "vert bronzé doré".
L.v vestalis (Rambur 1842), le "Leste verdoyant des Vestales" (Jourde in Dijkstra) ou "Leste verdoyant septentrional" (INPN), présent de l'ouest de la France et de l'Italie à la Sibérie occidentale.
Le nom de la sous-espèce, virens vestalis (Rambur 1842) signifie "relatif aux vestales ou vierges consacrées à Vesta". Il appartient, comme par exemple Lestes sponsa, à la série des équivalents de l'épithète virgo choisie par Linné en 1758 pour les "Demoiselles".
— Noms en français.
1°) " [La] Lestès verdoyante", De Selys-Longchamps 1850, Rev. des Odonates :33,
2°) "[Le] Lestes verdoyant", G. du Plessis, Bull. Soc. entom. suisse 1868.
3°) "Le Leste verdoyant", Paul-André Robert 1958 Les Libellules (Odonates) : 84.
5°) "Leste verdoyant" est le nom vernaculaire utilisé par tous les guides naturalistes et préconisé officiellement par le Museum (INPN), avec ses deux sous-espèces méridionale et septentrionale.
La description est celle d'un Agrion d'un beau vert éclatant sur le dessus et jaunâtre en dessous, à la bouche jaune, aux pattes jaunes ; il vit en Portugal (Lusitanie). Le spécimen provient du Musée de Berlin (probablement Museum zoologicum Berolinensis), Toussaint von Charpentier étant membre de la Société Naturelle de Berlin.
La description souligne ensuite les similitudes mais aussi les différences avec Agrion forcipula [Lestes sponsa].
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Voir aussi la description de Toussaint von Charpentier en 1840 (avec deux illustrations planche XXXIV fig. 3 et 4) :
3. Lestes virens, SELYS-LONGCHAMPS ( E.de) 1862 Synopsis des Agrionines, deuxième légion : Lestes, Extrait des Bulletins de l'Académie royale de Belgique 2. sér., t. XIII, no 27 page 33
L'épithète, du latin virens, "verdoyant", est justifiée dans la description originale : Agrion supra laete viridi-nitens, subtus luteum : "Agrion d'un beau vert brillant [ ou éclatant] sur le dessus et jaunâtre en dessous". E. de Sélys-Longchamps, dans sa description en français de 1840, insiste sur ce dessus d'un vert bronzé beaucoup plus brillant que celui des espèces voisines, dépassant même en éclat Calopteryx virgo. En 1850, il décrit l'espèce comme étant "vert doré en dessus", et en 1862 "vert bronzé doré".
On distingue deux sous-espèces :
L. v. virens (Charpentier, 1825), le "Leste verdoyant méridional", présent sur le bassin méridional occidental, — d'où son nom—, dont de façon dispersée sur une petite moitié sud de la France.
L.v vestalis (Rambur 1842), le "Leste verdoyant des Vestales" (Jourde in Dijkstra) ou "Leste verdoyant septentrional" (INPN), présent de l'ouest de la France et de l'Italie à la Sibérie occidentale.
Le nom de cette sous-espèce, vestalis = "relatif aux vestales ou vierges consacrées à Vesta", est une variation sur les équivalents de l'épithète virgo choisie par Linné en 1758 , avec celui de puella, pour les "Demoiselles". Comme par exemple Lestes sponsa.
2°) "Le Lestes verdoyant", G. Du Plessis 1868, Libellules des environs de l'Orbe, in Bull. de la Société entomologique suisse page 320.
Le nom de genre est devenu masculin. Mais l'auteur conserve la lettre -s finale du genre dans ce nom en "français".
3°) Le Leste verdoyant, Paul-André Robert, Les Libellules (Odonates), 1958 page 83.
"Syn. L. vestalis (Rambur 1842); picteti (Selys, 1840). Signification du nom : virens = verdoyant ; vestalis = vestale ; picteti = de Pictet."
Paul-André Robert corrige ou atténue le barbarisme "Lestes".
Le nom "Leste verdoyant" est ensuite repris en 1986 par Dommanget et D'Aguilar dans leur A Field Guide to the Dragonflies of Britain, Europe and North Africa, puis par les différents auteurs de guides naturalistes francophones.
Il est utilisé par l'INPN.
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III. LES NOMS DE LESTES VIRENS EN D'AUTRES LANGUES.
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- en anglais : "Small spreadwing" ou "Small emerald spreadwing"
Bibliographie générale de ces articles de zoonymie des Odonates : voir ici :
http://www.lavieb-aile.com/2018/01/la-bibliographie-de-mes-articles-de-zoonymie-des-odonates.html
OUTILS DE ZOONYMIE.
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— SELYS-LONGCHAMPS ( E.de) 1862 Synopsis des Agrionines, deuxième légion : Lestes, Extrait des Bulletins de l'Académie royale de Belgique 2. sér., t. XIII, no 4
:
1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
"Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)