9 anges musiciens (1360-1380) :Galoubet (flûte à trois trous et tambourin à grelot).Cymbales à mains Monocorde ou trompette marine Harpe Trompette. Triangle à anneaux. Cornemuse. Mandore
Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. VIII. La baie 208 (1325-1330) de l'Assomption offerte par Blanche de Navarre.
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Cet article est le huitième d'une série sur l'apparition du jaune d'argent dans les vitraux du chœur de la cathédrale d'Évreux au XIVe siècle. Les quatre premiers articles montrent les vitraux des baies des chapelles du déambulatoire avant cette apparition du "jaune d'Évreux" : voir l'introduction dans le premier article. Le cinquième présente la première baie du chœur qui a bénéficié de cette innovation, la baie 23 datée de 1325-1327 et offerte par l'évêque Geoffroy du Plessis. Le sixième nous faisait accéder aux 15 fenêtres les plus hautes du chœur, pour examiner la baie la plus ancienne de cet ensemble, la baie 211 datée vers 1325-1327 du coté nord des travées droites. De la même campagne relève la baie 207 offerte par le chanoine Raoul de Ferrières , et/puis la baie 208 , qui lui fait face du coté sud et qui fait l'objet de cet article.
Puis viendront, dans une deuxième campagne, les baies du rond-point 200 à 202 .
Comme déjà dans le Déambulatoire en baie 12, 16, 18, 22, 23, 27, la Vierge (Notre-Dame d'Évreux) est représentée dans chacune des baies hautes du chœur du 2ème quart du XIVe : Vierge à l'Enfant tenant une fleur (207), Vierge allaitant son Fils (208), Vierge en Assomption (208), Vierge à l'Enfant (200), Vierge de l'Annonciation (201), Vierge du couronnement (202). Dans ce programme iconographique cohérent, la dignité des donateurs progress d'ouest en est : noble, puis chanoines, famille royale, et enfin évêque d'Évreux pour le rond-point.
Les fenêtres supérieures du chœur sont numérotées de 200 à 214, (les numéros impairs étant situés au nord), au dessus des baies du triforium dont les vitraux héraldiques sont plus tardifs, car réalisés au 3ème quart du XVe siècle.
Ces fenêtres hautes du chœur bénéficient toutes de l'apport du jaune d'argent.
Je suis guidé par les articles de Françoise Gatouillat, et notamment par Gatouillat 2019.
La baie 208 est haute de 6,50 m et large de 3,60 m et elle comporte 4 lancettes trilobées et un tympan à 1 pentalobe, 2 trilobes et 9 écoinçons.
C'est une verrière recomposée en 1955. Elle fut restaurée en 1988 par Tisserand. En 1686, Lebeurier la décrit ainsi : "Les trois premières formes de la verrière de la fenêtre 4 sont composées de fragments méconnaissables, sauf une Vierge dans la seconde forme. La quatrième contient un personnage couronné à genoux sur un pupitre portant un livre ouvert ; au- dessous un écusson couronné: parti au 1er de France, à fleurs de lys sans nombre, au 2 de Navarre, coupé sur Evreux."
Une verrière recomposée.
Si les trois lancettes de gauche composant une Assomption sont datés vers 1325-1330, la quatrième lancette où est agenouillée Blanche de Navarre est datée vers 1390-1400. Ces derniers panneaux appartiennent au groupe des "verrières royales" faites pour la nef et signalés au XIXe siècle en baie 130 [ou 132], avec une Vierge à l'Enfant assise dans une cathèdre (déposée en 1939).
"De même ne connaîtrons-nous sans doute jamais le contenu des trois lancettes qui complétaient la verrière de la reine Blanche. Mais celle-ci se trouvait bien dans une fenêtre haute de la nef (sans doute celle de la troisième travée du côté Nord en partant de l'ouest) : le panneau est trop large pour avoir appartenu à une fenêtre des chapelles. Pareillement l'écusson qui l'accompagne. En effet, des blasons de même échelle se voient dans le haut chœur à côté des personnages du vitrail d'Harcourt antérieur de quelques années. Le en style est des bien celui des « vitraux royaux » et le dais ne diffère en rien des autres. » Jean Lafond 1973
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Les panneaux colorés des 4 lancettes sont placées dans une verrerie décorative losangique peinte à festons, les panneaux étant centré par un fermaillet. Dans chaque losange est peinte une fleur à cinq pétales jaunes et cinq sépales blancs autour d'un cœur. Les fermaillets sont des cercles au fond coloré contenant un quadrilobe, ou une fleur de lys, ou une feuille au jaune d'argent.
Les bordures alternent des pièces vertes avec d'autres pièces rouges ou blanche, alors peintes à la grisaille de motifs d'entrelacs.
Panneaux colorés : Aux couleurs bleu, rouge et jaune s'ajoutent un bel orange et un pourpre pâle. La Vierge est entièrement rendue en verre blanc rehaussé de jaune (plus encore que dans la belle baie 207, où un manteau en verre jaune complétait le verre blanc).
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Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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La première lancette : anges thuriféraires et musicien.
Deux anges volent en balançant leur encensoir vers la Vierge.
Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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L'ange musicien joue d'une vièle à 3 cordes doubles frottées par un archet. Le cheviller comporte 5 chevilles visibles. Le geste de tenue d'archet et celui des doigts de la main gauche est très gracieusement dessiné. L'archet est découpé dans une pièce de verre bleu particulièrement fine.
La robe est orange, le manteau rouge, les nuages bleus (avec un arc vert), les ailes pourpres, et la chevelure et le nimbe sont visage est rehaussés au jaune d'argent.
On retrouve cet ange, au carton inversé, dans la 3ème lancette.
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En bas de lancette est placé un écu d'azur au chef d'or, non identifié.
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Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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La deuxième lancette : la Vierge en Assomption dans une mandorle soutenue par 11 anges.
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La Vierge, couronnée, nimbée de rouge, le visage peu gracieux ou peu expressif, s'élève dans les Cieux, mains jointes. Les cheveux, la couronne et la bordure de son manteau sont peints au jaune d'argent.
Les nuées bleues en mandorle sont entourés de onze anges (cheveux et ailes au jaune d'argent).
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Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Deuxième lancette (suite) un ange jouant de l'orgue portatif.
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L'instrument porté sur le genou gauche et soutenu par la main gauche comporte deux rangs de 8 tuyaux coniques à anches. Le soufflet n'est pas visible. La barre de maintien des tuyaux est formée par une pièce de verre blanc très fine.
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Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Les trois lancettes, vue générale.
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Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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La troisième lancette : anges thuriféraires et musicien. Inscription.
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L'inscription indique : VENI : ELECTE : MEA : ET : PONANE~U ITE : TRONU~: NN : U[M]
Il s'agirait du verset 5, ou 12 du psaume 44 (ce qui ne se vérifie pas), sous la forme Veni electa mea, et ponam te in thronum meum, qui a concupivit rex speciem tuam, "Venez, mon élue, et je vous établirai sur mon trône, car le roi s'est épris de votre beauté". Certains y voient une citation du Cantique des Cantiques. Ce verset appartient à la liturgie de la fête de l'Assomption le 15 août, Beatae Mariae Virginis Assumptio, mais aussi à celle duCommun des vierges. Elle appartient déjà à l'Antiphonaire de l'abbaye de Saint-Gall, datant du Xe siècle. Jacob Clemens non Papa (1510-1556) en fera un motet à 5 voix.
L'inscription a été relevée par John Westlake en 1882, mais je ne la retrouve pas chez les autres auteurs décrivant les vitraux d'Évreux.
Elle est remarquable par la première lettre V qui résulte d'un savant découpage de verre bleu, pour que l'inscription ressemble à l'initiale peinte (alternativement en bleu et rouge) des manuscrits.
Elle est également remarquable par sa réglure, par ses rehauts de jaune d'argent, par sa ponctuation à trois points verticaux, par ses tildes et lettres conjointes ... et par ses erreurs de graphie (electe pour electa, etc..).
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Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Les anges thuriféraires.
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Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Je remarque, dans le coin supérieur droit des panneaux de ces deux anges, pour figurer des nuées, l'emploi d'un verre vert strié de rouge (ou l'inverse) dont la technique m'intrigue.
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Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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À la réflexion, il se retrouvait aussi, en plus pâle, sur les nuées des anges de la première lancette :
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Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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L'ange joueur de la viole à archet.
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Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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La quatrième lancette (1390-1400) : la reine Blanche de Navarre.
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Sous un dais dont l'arcature trilobée soutient une tenture verte, une reine est agenouillée, mains jointes, tournée vers la droite devant son prie-dieu ; le sol est carrelé en jaune et noir.
Il s'agit de Blanche de Navarre, troisième fille du comte d'Évreux et de Jeanne II de Navarre . Reine de France, elle devint veuve de Philippe VI de 1350 à 1396 et fut la principale donatrice des Verrières royales d'Évreux :
"Blanche de Navarre, surnommée Belle Sagesse, devint reine de France en 1350 lorsqu’elle épousa Philippe VI de Valois ; celui-ci mourut à peine quelques mois plus tard, la laissant enceinte d’une fille. Blanche, quant à elle, allait vivre encore un demi-siècle, quittant ce monde en 1398 à l’âge avancé de 67 ans – veuve riche et respectée, ayant derrière elle, aux dires de la Chronique de Charles VI, une vie passée dans la chasteté, protégeant veuves, orphelines et pauvres, à tel point que son hôtel tenait plus d’un « cloître de religieux que d’un palais de reine » . Son nom ne se laisse rattacher à aucun de ces nombreux manuscrits enluminés créés pour des femmes de la haute noblesse française tout au long du XIVe siècle, comme, et pour ne mentionner que ceux-là, les célèbres Heures enluminées par Jean Pucelle pour sa tante Jeanne d’Évreux ou le tout aussi magnifique livre d’heures exécuté pour sa mère Jeanne II de Navarre (Paris, Bibl. Nat. de France, nouv. acq. Lat. 3145. )
Fille de Philippe III d’Évreux et de Jeanne II de Navarre, Blanche descendait du côté maternel de la branche aînée issue de Louis IX, Philippe le Bel étant son arrière-grand-père. Sa mère avait du reste été celle qui s’était vue écartée de la succession à la couronne lors de la mort de son père, Louis X le Hutin, et avait été remplacée, en vertu de la règle qui plus tard devait prendre le nom de loi salique, par son oncle, Philippe V le Long. Par ailleurs, Jeanne avait aussi été contrainte de céder la Champagne et la Brie en échange de la reconnaissance de son droit à régner sur la Navarre et de quelques seigneuries en Normandie, territoires qu’il était beaucoup moins gênant pour le domaine royal de perdre. Ces deux décisions furent la source nourrissant l’opposition acharnée du frère de Blanche, Charles II de Navarre, à Jean le Bon et à Charles V, opposition souvent armée, qui plusieurs fois mena la France au bord de la guerre civile. Rappelons que Charles est passé à l’histoire, depuis le XVIe siècle, avec le surnom de Mauvais, tout en ajoutant que ce n’est pas sans justice qu’il estimait que le trône de France aurait dû lui échoir plutôt qu’à ses cousins de la branche cadette des Valois ."
Brigitte Buettner, « Le système des objets dans le testament de Blanche de Navarre », Clio. Femmes, Genre, Histoire [Online], 19 | 2004, Online since 27 November 2006, connection on 13 November 2019. URL : http://journals.openedition.org/clio/644 ; DOI : 10.4000/clio.644
"Il faut penser que tous ces « vitraux royaux », ceux qui sont perdus et ceux qui subsistent, ont été offerts par la grande bienfaitrice de la cathédrale, Blanche de Navarre, sœur de Charles le Mauvais, femme du roi de France Philippe VI. Le « roi de France » de la baie 125 doit être Philippe VI ; ce vitrail commémoratif s'accompagnait sans doute d'une verrière de Blanche de Navarre elle-même, dont des fragments subsistent dans la fenêtre 124 du chœur (Mais, contrairement à ce que l'on en a dit, l'effigie de la reine de la fenêtre 124 n'a jamais appartenu à la série qui nous intéresse : elle est beaucoup plus petite et vient d'une fenêtre basse. Par contre, le blason sous cette effigie, qui est celui de Blanche de Navarre, vient d'une fenêtre supérieure de la nef et devait appartenir aux « verrières royales )." Grodecki 1968.
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On constate la présence de la tenture de chœur damassée à feuilles "de laminaires" ; les fonds d'abord unis au début du XIVe siècle ont été ornés de rinceaux depuis la baie 23 de 1327, mais de manière homogène avant de voir apparaître et cet artifice d'une tenture suspendue dans la niche qui devient une petite chapelle dont la profondeur est soulignée par les lignes hexagonales du sol carrelé (mais dont l'alignement marque pas beaucoup la perspective).
La reine porte le surcot ouvert blanc (car il était d'hermine), au dessus d'une robe (de velours?) rouge. Son statut de veuve royale est signalé par la guimpe et le voile sous la couronne ; et son visage semble recouvert d'un voile transparent. Le double lacet de sa poitrine sort d'une rosette de perles et passe devant une rangée de boutons.
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Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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L'écu reprend les armes de la reine : parti de France d'Évreux , soit parti, en 1 de France, qui est d'azur aux trois fleurs de lys d'or et en 2 coupé de Navarre, qui est de gueules aux chaînes d'or posées en orle, en croix et en sautoir, chargées en cœur d'une émeraude au nature et d'Évreux qui est d'azur semé de fleurs de lys d'or à la bande componée d'argent et de gueules.
Néanmoins, car il y a un "mais", l'émeraude a été omise dans les armes de Navarre, et d'autre part, il reste à expliquer ce réseau de losanges sur les armes de France.
— BEUCHER (Monique), 1978, « Les verrières du chœur d'Évreux », Dossiers de l'archéologie, n° 26, 1978, pp. 63-75, et Beucher (Monique), 1975, "Cathédrale d'Évreux : verrières hautes du chœur antérieures à 1340", thèse de 3e cycle : non consultés.
—BONNENFANT (Georges),1939, Notre-Dame d’Evreux (Paris: H. Laurens, 1939), 43-44, pl. 16;
— BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.
— BOUSQUET (Jacques et Philippe), 2019, Donateurs avec la Madone, le cas de la cathédrale d'Evreux, site artiflexinopere.
https://artifexinopere.com/?p=17412
— BUREY (comte de), 1897, Le chœur de la cathédrale d'Évreux depuis sa restauration
— DEUFFIC (Jean-Luc), 2011, « Les livres manuscrits de la reine Blanche de Navarre († 1398) » , billet de blogue, sur Le Manuscrit médiéval / The Medieval Manuscript, Pecia : Le Livre et l'écrit, 14 septembre 2011.
— FOSSEY Jules 1898, Monographie de la cathédrale d'Evreux par l'abbé Jules Fossey,... Illustrations de M. Paulin Carbonnier,...
— GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385
— GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.
—GAVET Philippe, Si l'art m'était conté. La cathédrale d'Évreux.
http://www.philippe-gavet.fr/05/36/index.html
–GOSSE-KISCHINEWSKI ( Annick ) et Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Evreux, Evreux, Hérissey, 1997.
–GOSSE-KISCHINEWSKI ( Annick ), HENRY (Virginie), 2016, Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07
— HEATON (Noël ), 1947-1948,, « The origin and Use of Silver Stain », dans Journal of the British Society of Master Glass-Painters, X/1, , pages 9-16
— KURMANN-SCHWARZ (Brigitte), LAUTIER (Claudine), 2009, « Le vitrail médiéval en Europe : dix ans d’une recherche foisonnante », Perspective [En ligne], 1 | 2009, mis en ligne le 21 février 2018, consulté le 01 novembre 2019.
— LAFOND (Jean), 1973, "Les vitraux royaux et princiers de la cathédrale d'Évreux et les dessins de la collection Gaignières". In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1973, 1975. pp. 103-112; doi : https://doi.org/10.3406/bsnaf.1975.8252 https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_1975_num_1973_1_8252
— LASTEYRIE (Ferdinand), 1853-1857, Histoire de la peinture sur verre après ses monuments en France , impr. de Firmin-Didot frères, fils et Cie (Paris), 2 vol. in-fol., dont un de pl. coloriées, dessinées et lithographiées par l'auteur.
Fol. 13. 4167. — Vitrail exécuté dans le XV* siècle sur lequel est représenté un chevalier portant un haubert d'or [sic]. Armes : de gueules à deux fasces d'or au lambel à trois pendants d'azur chargé de neuf besants d'argent. Tiré de la cathédrale d'Ëvreux. Aquarelle. — [Portrait de Guillaume d'Harcourt, sieur de Ia Saussaie, queux de France, f 1337.]
— LILLICH (Meredith Parsons), 1986, “European Stained Glass around 1300: The Introduction of Silver Stain,” Europäische Kunst um 1300 6, Akten des XXV. Internationalen Kongresses für Kunstgeschichte, Gerhard Schmidt and Elizabeth Liskar, eds. (Wien, Köln and Graz: Hermann Böhlaus Nachf., 1986).
— LILLICH (Meredith Parsons), 1992, "Heraldry and Patronage in the Lost Windows of Saint-Nicaise de Reims.", L'Art et les revolutions, 27e Congres international d'histoire de l'art, vol. 8 (Strasbourg: 1992), pp. 71-102.
— LAUTIER (Claudine), 2000, "Les débuts du jaune d'argent dans l'art du vitrail ou le jaune d'argent à la manière d'Antoine de Pise", Bulletin Monumental Année 2000 158-2 pp. 89-107
— LAUTIER (Claudine), 2004, Un vitrail parisien à Chartres : la grisaille du chanoine Thierry. Glas, Malerei, Forschung, Internationalen Studien zu Ehren von Rüdiger Becksmann, Deutscher Verlag für Kunstwissenschaft, Berlin, p. 143-150, 2004.
— MUNIER Claudine, À travers le verre, du Moyen Age à la Renaissance, catalogue Expo. Rouen, Musée départemental des Antiquités [compte-rendu], Bulletin Monumental Année 1990 148-4 pp. 462-464
— PHILIPPE (Michel ), 1992, "Chantier ou atelier : aspects de la verrerie normande aux XIVe et XVe siècles" Annales de Normandie Année 1992 42-3 pp. 239-257
: À la fin du XIIIe siècle et au début du XIVe, il semble que les verreries de verre plat soufflés en cive se sont développées en Normandie, pour devenir prédominantes à la fin du XIVe et au XVe siècle.
— VAIVRE (Jean-Bernard de), 1973, Les armoiries de Pierre de Mortain , Bulletin Monumental Année 1973 131-1 pp. 29-40
— Le bréviaire de Belleville : Breviarium ad usum fratrum Predicatorum dit Bréviaire de Belleville. Ce manuscrit destiné à suivre les prières durant la célébration de la messe comprend deux volumes, l'un destiné aux prières pendant l'été (volume 1), l'autre pendant l'hiver (volume 2). BnF lat. 10483 et 10484.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8447295h
— Bible de Robert de Billying BnF latin 11935 Décoration achevée en 1327.
Note. La fille de Louis d'Évreux et de Marguerite d'Artois, Jeanne d'Évreux, deviendra reine de France de 1325 à 1328 par son mariage avec Charles IV le Bel. Veuve et douairière depuis 1328, elle fut enterrée à sa mort en 1371 à l'abbaye de Saint-Denis. Or, l'enlumineur Jean Pucelle (dont l'influence sur les cartons des vitraux d'Evreux après 1330 est reconnue) a orné le Livre d'Heures de Jeanne d'Évreux entre 1325 et 1328 et son Bréviaire à l'usage des franciscains après 1325. Une autre influence exercée sur la peinture sur verre de l'époque est celle de l'orfèvrerie, et on se reportera à la statue en argent doré de 69 cm de la Vierge à l'Enfant, réalisée entre 1324 et 1339, pour la comparer aux Vierges des baies du XIVe siècle d'Évreux.
Orfevrerie : statue de la Vierge à l'Enfant offerte par Jeanne d'Evreux en 1339 à Saint-Denis.
Cet article est le septième d'une série sur l'apparition du jaune d'argent dans les vitraux du chœur de la cathédrale d'Évreux au XIVe siècle. Les quatre premiers articles montrent les vitraux des baies des chapelles du déambulatoire avant cette apparition du "jaune d'Évreux" : voir l'introduction dans le premier article. Le cinquième présente la première baie du chœur qui a bénéficié de cette innovation, la baie 23 datée de 1325-1327 et offerte par l'évêque Geoffroy du Plessis. Le sixième nous faisait accéder aux 15 fenêtres les plus hautes du chœur, pour examiner la baie la plus ancienne de cet ensemble, la baie 211 datée vers 1325-1327. De la même campagne relève la baie 207 offerte par le chanoine Raoul de Ferrières qui est présentée ici. . Viendront ensuite, dans les travées droite, la baie 208, puis, dans une deuxième campagne, les baies du rond-point 200 à 202 : la Vierge est représentée dans chacune d'entre elles.
Les fenêtres supérieures du chœur sont numérotées de 200 à 214, (les numéros impairs étant situés au nord), au dessus des baies du triforium dont les vitraux héraldiques sont plus tardifs, car réalisés au 3ème quart du XVe siècle.
Ces fenêtres hautes du chœur bénéficient toutes de l'apport du jaune d'argent, et elles furent réalisées en plusieurs campagnes.
Je suis guidé par les articles de Françoise Gatouillat, et notamment par Gatouillat 2019.
Succession des vitraux dans le haut chœur, d'après Gatouillat 2001.
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Vue générale des travées droites du chœur, coté nord. Baies 211, 209, 207, 205.
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Les baies hautes du chœur, coté nord. Photographie lavieb-aile.
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La baie 207 entre la baie 209 à gauche et la baie 205 à droite.
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Les baies hautes du chœur, coté nord. Photographie lavieb-aile.
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La baie 207.
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Comme ses voisines, la baie 207 est large de 3,60 m et haute de 6,50 m, elle comporte 4 lancettes trilobées et un tympan à 1 pentalobe, 2 trilobes et 9 écoinçons.
Elle a été recomposée dans sa forme actuelle en 1955, alors qu'elle était autrefois complétée, jusqu'à la dépose en 1939, par les figures de saint Pierre et de Pierre de Mortain actuellement remontés en baie 209. Lebeurier les a décrit ainsi en 1868 : "La verrière de la fenêtre 42 contient quatre formes : 1° un saint pontife portant la tiare; 2° un chanoine à genoux offrant un vitrail à la Sainte Vierge ; au-dessous l'inscription : M.Raul de Ferrieres; 3* La Sainte Vierge debout tenant l'enfant Jésus; 4° Charles-le-Mauvais, roi de Navarre et comte d'Evreux, qui a été déplacé de la nef, comme nous l'avons déjà dit. Le roi est à genoux, les mains jointes, l'épée au côté ; sa cotte d'armes est rehaussée de ses armoiries : écartelé de Navarre et d'Evreux. "
La disposition générale quitte la disposition "en litre" des verrières précédentes pour placer les panneaux colorés et figurés dans un encadrement de verrerie claire losangiques à fermaillets circulaires bicolores et fleurettes au jaune d'argent .
Les couleurs des panneaux centraux sont celles du trio traditionnel bleu, rouge, et jaune (avec deux petites pièces vertes), mais l'innovation est de figurer les deux personnages dans un verre blanc peint à la grisaille et au jaune d'argent, à l'exception notable du manteau jaune de la Vierge, de son nimbe et de celui de l'Enfant, en verre teintés dans la masse.
La vitrerie géométrique festonnée est décorée de fleurettes répétitives à 5 pétales jaunes et 5 blancs. Les fermaillets bicolores sont centrés par une petite fleur.
Les bordures (qui s'interrompent le long des panneaux colorés) alternent des verres bleus ou rouges avec des entrelacs à fleurs jaunes.
Les dais sont semblables à la baie 205 (et bien moins riches que la baie 23) ; ils sont centrés par une flèche (ornée de feuillages) entourée de quatre pinacles à crochets reliés par des contreforts. Le rehaut de jaune d'argent souligne surtout les crochets. En dessous, au dessus du chanoine, et pour compenser sa dimension plus faible, une arcature trilobée s'orne de feuillages et couvre, en gigogne, les gables et la flèche d'une arcade bilobée.
Les fonds des panneaux figurés, rouge ou bleu sont unis, sans le moindre damas, comme sur les verrières du début du siècle.
Les deux personnages sont posés sur une corniche, sans sol carrelé et sans perspective.
C'est, pour Grodecki 1968, "un pur chef-d'œuvre" . Selon Gatouillat 2019, "Devant les arrière-plans architecturaux colorés, les deux personnages, représentés sur du verre blanc associé à deux couches de jaune, imitent de grandes statues en pierre dorée. Les grandses pièces de verre, encore décelables malgré les nombreux plombs de casse, contribuent à la souplesse des formes et à leur monumentalité, rehaussées par des peintures d'une grande finesse. (Against the colored architectural backgrounds, the two figures, depicted on white glass combined with two layers of yellow, imitate large gilded stone statues. The large pieces of glass, still detectable despite the many mending leads, contribute to the suppleness of the forms and theirs monumentality, enhanced bu painting of great delicacy.)
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Le jaune d'argent (d'après Lautier 2000).
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L'apparition du jaune d'argent, qui permet de teinter localement le verre sans coupes ni mise en plombs supplémentaires, est alors toute récente, à Paris un peu avant 1300, dans le milieu passionné pour la préciosité et le raffinement, des enlumineurs et orfèvres : bien que tous les vitraux parisiens de cette époque aient disparus, les exemples conservés sont datés de 1313 au Mesnil-Villeman (Manche), entre 1307 et 1312 dans la nef de la cathédrale d'York, vers 1310 dans la chapelle de la Vierge de la cathédrale de Rouen, après 1318 au déambulatoire de l'abbatiale Saint-Ouen de Rouen, vers 1320-1324 sur le panneau provenant de la chapelle Saint-Louis de la nef de l'abbatiale de Saint-Denis, en 1328 sur la baie 36 de Chartres, avant 1336 sur les vitraux de Dives-sur-Mer, en 1328-1329 dans la chapelle de Navarre de Mantes ... et dans la cathédrale d'Évreux en baie 23 entre 1325 et 1330.
Dés ces premiers exemples (Mesnil-Villeman, cathédrale de Rouen), le jaune d'argent a été utilisé à la fois sur verre blanc (tapis ornemental, architectures, têtes, vêtements) et sur verre bleu, tant sur les verreries décoratives que sur les panneaux colorés. Il est posé tantôt sur la face interne (architectures), comme cela deviendra la règle, et tantôt sur la face externe (cheveux, vêtements).
Le jaune d'argent est une teinture obtenue par la cémentation des ions d'argent qui pénètrent dans la couche superficielle du verre, tandis que les ions de potassium ou de sodium qu'il contient en sortent. Les ions d'argent provoquent une coloration jaune qui peut varier du jaune pâle à l'orangé foncé, tout en laissant sa transparence au verre. Il est ainsi possible d'obtenir des détails colorés sur une seule et même pièce de verre, comme blondir la chevelure d'une tête peinte sur verre blanc, ourler de vert un vêtement bleu ou nuancer d'or un rinceau ornemental. La coloration du verre par le jaune d'argent commence à apparaître autour de 540°. Le plus souvent, le jaune d'argent est cuit en même temps que la grisaille, c'est-à-dire autour de 620°, mais la cuisson du jaune d'argent peut être poussée jusqu'à 660°.
Pour Jean Lafond et de Meredith P. Lillich, reprenant les travaux de Heaton en 1947, le jaune d'argent était fabriqué à l'aide de chlorure ou de sulfure d'argent selon une recette utilisée par les Fatimides égyptiens au XIIe siècle, et qui serait arrivée en France au XIIIe siècle grâce à un manuscrit ayant appartenu au roi de Castille Alphonse X le Sage, le Lapidario. Le minerai employé serait la pyrargyrite, qui contient des sulfures d'argent et d'antimoine.
Claudine Lautier a suggéré, et a vérifié par des expériences, que le jaune pouvait être mis en œuvre plus simplement par application de limaille d'argent broyée mélangée à de l'œuf et le latex du figuier (et donc utilisée a tempera), comme le décrit Antoine de Pise, peintre verrier toscan de la fin du XIVe siècle .
--Voir à Chartres, la création en 1328 d'un soubassement entièrement en grisaille et jaune d'argent, en bas de la baie 36 de la Vie de saint Apollinaire : celui du chanoine Guillaume Thierry. Cf Lautier 2004.
Le donateur, tonsuré, vêtu d'une sorte de mosette couvrant ses épaules et d'un habit aux manches larges sur une robe ajustée (dont le rose pourpre n'apparaît qu'aux poignets et sur le sol), est agenouillé, visage de 3/4 regardant la Vierge.
Il est principalement rendu en verre blanc, le jaune d'argent ne rehaussant que les boucles de sa tonsure.
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L'inscription indique :
M : RAAUL DE
FERIERES
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Il était chanoine d'Évreux depuis 1313. Était-il apparenté à Jean Ier de Ferrières, qui avait épousé en 1290 Alix d'Harcourt, dame de Bourtheroulde ?
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La baie 207 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
La baie 207 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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La troisième lancette : la Vierge debout allaitant son Fils.
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Elle est nimbée de rouge, couronnée, et vêtue d'un manteau doré. Elle incline la tête vers son Fils, qu'elle tient sur le bras droit dans un linge blanc à filet d'or (jaune d'argent). L'Enfant tête le sein qu'il entoure de ses mains.
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La baie 207 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Le motif de la Vierge allaitant son Fils est rare au XIVe siècle.
Le site Enluminures réunissant les peintures des manuscrits des bibliothèques municipales françaises comporte dans son index un item "Vierge à l'Enfant allaitant", qui propose 15 réponses. Deux d'entre elles sont antérieures à notre verrière. La plus ancienne, de la fin du XIIe siècle, Tours ms 0352 folio 080 est une initiale C ornée du livre 3 de la Théologie systématique de Pierre le Lombard. La Vierge est voilée, nimbée mais non couronnée, elle est assise et son enfant emmaillotée est sur ses genoux.
Le second exemple , Le Mans ms 0691 folio 015, le Juratoire de la chapelle royale de Maulny, représente Louis II d'Anjou agenouillé au pied de la Vierge debout, nimbée, couronnée et voilée, portant son enfant sur le bras droit. Voilà donc une peinture très proche par son sujet (un donateur) et son dessin des panneaux de la baie 207. Mais la datation du XIVe siècle des enluminures du manuscrit ne correspond qu'aux 2 premières miniatures, et celle-ci est datée du début du XVe . Louis II d'Anjou, né en 1377, époux de Yolande d'Aragon, est décédé en 1417.
En conclusion, aucune des réponses du site Enluminures ne peut être intéressante pour des liens d'iconographie de cette verrière.
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Louis II d'Anjou au pied de la Vierge allaitant son Fils. Le Mans BM ms 0691.
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L'autre source d'information est le site Mandragore des collections de la BnF. La recherche thématique propose 480 images de Vierge à l'enfant", mais il faut rechercher parmi ces images les "Vierges allaitant" et sélectionner celles antérieures au milieu du XIVe siècle : j'ai peut-être laissé passer quelques manuscrits, mais je retiens :
latin 11767 f 12, 12e, entre 1102 et 1123, regula s. benedicti corbie,
Français 9220 folio 3v Verger de soulas 13e
Latin 3023 f 197v Petrus lombardii, sententiarium libri iv italie, Bologne, 3e quart 13e
Latin 10438 f 203 breviarium ad usum fratrum praedicatorum vers 1323-1326, Jean Pucelle
Français 13342 folio 45vTraité sur la messe 1er quart XIVe, dialogue du père et du fils , angleterre, edmond rich (s.), speculum ecclesiae (trad. Anonyme) , 1er quart XIVe
[Français 162 Bible historiale Paris, milieu ou 3e quart XIVe]
[Et pour mention, quelques manuscrits du XVIe :
latin 10532 f.324 heures de frédéric d'aragon 1501 jean bourdichon
NAL 302 foli 83v heures d'antoine le bon 1533
NAL 392 f 47 horae ad usum rotomagensem heures ango Rouen vers 1515]
Parmi ces manuscrits, l'un retient l'attention, c'est le Bréviaire de Belleville Latin 10438 de Jean Pucelle, puisque tous les auteurs récents ont souligné que cet artiste a exercé une influence certaine sur les maîtres-verriers de Rouen et d'Évreux. Mais cette influence reste générale, sans que ces auteurs ne puissent fournir une enluminure ayant clairement servi de modèles aux vitraux.
C'est dire l'intérêt de cette enluminure du folio 203 du 1er volume (volume d'hiver) du Bréviaire. Il introduit le Sermon sur l'Annonciation de saint Augustin De annunciatione dominica, lectio prima, du premier samedi après l'octave de l'épiphanie. Castissimum beate Marie virginis uterum clausum, ventris cubiculum signatum pudoris cenaculum merito plenissime collaudarem, si messem meterem quam non seminavi.
Devant un groupe de trois personnes, une femme mains jointes est agenouillée devant la Vierge assise, nimbée, couronnée, tournée vers la gauche et présentant son sein gauche à l'enfant qui s'en détourne.
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Jean Pucelle, Bréviaire de Belleville I folio 203r. BnF Gallica.
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En cherchant bien, je trouve aussi, dans les Heures de Jeanne de Navarre, enluminées un peu plus tard (1330-1340) par Jean Pucelle, Jean Le Noir et Jean Mahiet, les deux miniatures suivantes :
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Horae Johannae reginae Navarrae
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BnF Gallica Horae Johannae Navarrae
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BnF Gallica Horae Johannae Navarrae
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La baie 207 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Le tympan.
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Dans l'oculus, une tête de la Vierge, couronnée, est entourée de motifs architecturaux formant redents. Les lobes du pentalobe et du trilobe reçoivent des rinceaux de feuillages enroulés (très restaurés).
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La baie 207 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Le triforium : baie 107. Les armes d'Évreux et de France (3ème quart XVe).
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La baie 107 (3ème quart XVe siècle) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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UN AUTRE VITRAIL OFFERT PAR RAOUL DE FERRIÈRES VERS 1315.
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Parmi les vitraux déplacés, F. Gatouillat décrit deux panneaux rectangulaire de 0,70 m sur 0,63 m qui sont les premiers éléments d'une donation du chanoine Raoul de Ferrières, provenant d'une des chapelles du déambulatoire et datés vers 1315-1320. Dans un encadrement architectural, le donateur agenouillé sur un coussin rouge est identifié par l'inscription placée à la base de la composition. Le jaune d'argent est employé sur la chevelure et le col. À la différence de la baie 207, sa tête est recouverte d'un capuchon, l'aumusse.
Inscription en haute et étroites lettres gothiques : MISSIRE : DE FERIERES : CHANOINE : DE : CEANS : DONNA CESTE VERRIERE .
Entre le milieu du XIXe siècle et 1939, ces panneaux occupaient la première lancette de la baie 211, que Lebeurier décrivait ainsi :La verrière de la fenêtre 44 contient: 1° «un chanoine à genoux et au-dessous l'inscription: messire raoul de ferieres chanoine de céans donna ceste verrière; 2° la Vierge portant l'enfant Jésus; 3- une grisaille ; 4° S. Denis portant sa tète mitrée et revêtu d'une chasuble d'azur semée de fleurs de lys d'or.
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Raoul de Ferrières en donateur, vers 1315. Photographié dans Gatouillat 2001 planche XI . Voir aussi Gatouillat 2019 figure 23:2 Droits réservés.
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Raoul de Ferrières en donateur, vers 1315. Photographié dans Gatouillat 2001 planche XI .
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SOURCES ET LIENS.
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— Histoire des évêques d'Évreux : avec des notes et des armoiries / par M. A. Chassant,... et M. G.-E. Sauvage,..1846.
— BEUCHER (Monique), 1978, « Les verrières du chœur d'Évreux », Dossiers de l'archéologie, n° 26, 1978, pp. 63-75, et Beucher (Monique), 1975, "Cathédrale d'Évreux : verrières hautes du chœur antérieures à 1340", thèse de 3e cycle : non consultés.
—BONNENFANT (Georges),1939, Notre-Dame d’Evreux (Paris: H. Laurens, 1939), 43-44, pl. 16;
— BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.
— BOUSQUET (Jacques et Philippe), 2019, Donateurs avec la Madone, le cas de la cathédrale d'Evreux, site artiflexinopere.
https://artifexinopere.com/?p=17412
— BUREY (comte de), 1897, Le chœur de la cathédrale d'Évreux depuis sa restauration
— FOSSEY Jules 1898, Monographie de la cathédrale d'Evreux par l'abbé Jules Fossey,... Illustrations de M. Paulin Carbonnier,...
— GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385
— GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.
—GAVET Philippe, Si l'art m'était conté. La cathédrale d'Évreux.
http://www.philippe-gavet.fr/05/36/index.html
–GOSSE-KISCHINEWSKI ( Annick ) et Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Evreux, Evreux, Hérissey, 1997.
–GOSSE-KISCHINEWSKI ( Annick ), HENRY (Virginie), 2016, Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07
— GRODECKI ( Louis), 1957. "Architectures peintes dans les vitraux". In: Bulletin Monumental, tome 115, n°3, année 1957. pp. 226-228; https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1957_num_115_3_4022_t1_0226_0000_4
— HEATON (Noël ), 1947-1948,, « The origin and Use of Silver Stain », dans Journal of the British Society of Master Glass-Painters, X/1, , pages 9-16
— KURMANN-SCHWARZ (Brigitte), LAUTIER (Claudine), 2009, « Le vitrail médiéval en Europe : dix ans d’une recherche foisonnante », Perspective [En ligne], 1 | 2009, mis en ligne le 21 février 2018, consulté le 01 novembre 2019.
— LAFOND (Jean), 1973, "Les vitraux royaux et princiers de la cathédrale d'Évreux et les dessins de la collection Gaignières". In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1973, 1975. pp. 103-112; doi : https://doi.org/10.3406/bsnaf.1975.8252 https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_1975_num_1973_1_8252
— LASTEYRIE (Ferdinand), 1853-1857, Histoire de la peinture sur verre après ses monuments en France , impr. de Firmin-Didot frères, fils et Cie (Paris), 2 vol. in-fol., dont un de pl. coloriées, dessinées et lithographiées par l'auteur.
Fol. 13. 4167. — Vitrail exécuté dans le XV* siècle sur lequel est représenté un chevalier portant un haubert d'or [sic]. Armes : de gueules à deux fasces d'or au lambel à trois pendants d'azur chargé de neuf besants d'argent. Tiré de la cathédrale d'Ëvreux. Aquarelle. — [Portrait de Guillaume d'Harcourt, sieur de Ia Saussaie, queux de France, f 1337.]
— LILLICH (Meredith Parsons), 1986, “European Stained Glass around 1300: The Introduction of Silver Stain,” Europäische Kunst um 1300 6, Akten des XXV. Internationalen Kongresses für Kunstgeschichte, Gerhard Schmidt and Elizabeth Liskar, eds. (Wien, Köln and Graz: Hermann Böhlaus Nachf., 1986).
— LILLICH (Meredith Parsons), 1992, "Heraldry and Patronage in the Lost Windows of Saint-Nicaise de Reims.", L'Art et les revolutions, 27e Congres international d'histoire de l'art, vol. 8 (Strasbourg: 1992), pp. 71-102.
— LAUTIER (Claudine), 2000, "Les débuts du jaune d'argent dans l'art du vitrail ou le jaune d'argent à la manière d'Antoine de Pise", Bulletin Monumental Année 2000 158-2 pp. 89-107
— LAUTIER (Claudine), 2004, Un vitrail parisien à Chartres : la grisaille du chanoine Thierry. Glas, Malerei, Forschung, Internationalen Studien zu Ehren von Rüdiger Becksmann, Deutscher Verlag für Kunstwissenschaft, Berlin, p. 143-150, 2004.
— MUNIER Claudine, À travers le verre, du Moyen Age à la Renaissance, catalogue Expo. Rouen, Musée départemental des Antiquités [compte-rendu], Bulletin Monumental Année 1990 148-4 pp. 462-464
— PHILIPPE (Michel ), 1992, "Chantier ou atelier : aspects de la verrerie normande aux XIVe et XVe siècles" Annales de Normandie Année 1992 42-3 pp. 239-257
: À la fin du XIIIe siècle et au début du XIVe, il semble que les verreries de verre plat soufflés en cive se sont développées en Normandie, pour devenir prédominantes à la fin du XIVe et au XVe siècle.
— WHATLING (Stuart), 2010, Narrative art in northern Europe, c. 1140-1330 : a narratological re-appraisal.
— Le bréviaire de Belleville : Breviarium ad usum fratrum Predicatorum dit Bréviaire de Belleville. Ce manuscrit destiné à suivre les prières durant la célébration de la messe comprend deux volumes, l'un destiné aux prières pendant l'été (volume 1), l'autre pendant l'hiver (volume 2). BnF lat. 10483 et 10484.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8447295h
— Bible de Robert de Billying BnF latin 11935 Décoration achevée en 1327.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105097447
— Les Heures de Jeanne de Navarre enluminées par Jean Pucelle, Jean Le Noir et Jean Mahiet entre 1330 et 1340..
Note. La fille de Louis d'Évreux et de Marguerite d'Artois, Jeanne d'Évreux, deviendra reine de France de 1325 à 1328 par son mariage avec Charles IV le Bel. Veuve et douairière depuis 1328, elle fut enterrée à sa mort en 1371 à l'abbaye de Saint-Denis. Or, l'enlumineur Jean Pucelle (dont l'influence sur les cartons des vitraux d'Evreux après 1330 est reconnue) a orné le Livre d'Heures de Jeanne d'Évreux entre 1325 et 1328 et son Bréviaire à l'usage des franciscains après 1325. Une autre influence exercée sur la peinture sur verre de l'époque est celle de l'orfèvrerie, et on se reportera à la statue en argent doré de 69 cm de la Vierge à l'Enfant, réalisée entre 1324 et 1339, pour la comparer aux Vierges des baies du XIVe siècle d'Évreux.
Orfevrerie : statue de la Vierge à l'Enfant offerte par Jeanne d'Evreux en 1339 à Saint-Denis.
La Vierge de Jeanne d'Évreux (69 cm de haut) est une œuvre anonyme réalisée à une date située entre 1324 (date où Jeanne devient reine) et 1339 (date du don inscrite sur le socle), conservée et exposée au musée du Louvre, dans les salles du Trésor de Saint-Denis du département des Objets d'art. Jeanne d'Évreux, reine de France de 1324 à 1328, en a fait don à l'abbaye de Saint-Denis en 1339. Sur un socle soutenu dans les angles par des figurines de lion, Marie tient l'Enfant Jésus. Dans sa main droite, elle tient une fleur de lys, reliquaire qui contenait à l'origine les reliques du lait, des vêtements et des cheveux de la Vierge, tandis que l'Enfant pose sa main sur sa joue.
Sur le socle, des petits piliers ornés des figures de prophètes séparent des plaques d'émaux qui retracent les événements de la vie du Christ sur terre.
Ces influences, qui s'exercent à partir de 1325, incitent à séparer les vitraux d'Évreux du XIVe postérieurs à cette date, de ceux qui lui sont antérieurs.
Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. VI. La baie 211 (1325-1327) offerte par Guillaume d'Harcourt.
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Cet article est le sixième d'une série sur l'apparition du jaune d'argent dans les vitraux du chœur de la cathédrale d'Évreux au XIVe siècle. Les quatre premiers articles montrent les vitraux des baies des chapelles du déambulatoire avant cette apparition du "jaune d'Évreux" et celle des fonds ornés : voir l'introduction dans le premier article. Le cinquième présente la première baie du chœur qui a bénéficié de cette innovation, la baie 23 datée de 1325-1327 et offerte par l'évêque Geoffroy du Plessis.
Avec la baie 211, nous grimpons dans les hauteurs des fenêtres supérieures du chœur (numérotées de 200 à 214, les numéros impairs étant situés au nord), au dessus des baies du triforium dont les vitraux héraldiques sont plus tardifs, car réalisés au 3ème quart du XVe siècle.
Ces fenêtres hautes du chœur bénéficient toutes de l'apport du jaune d'argent, et elles furent réalisées en plusieurs campagnes. La plus ancienne est cette baie 211, offerte vers 1325-1327 par Guillaume d'Harcourt qui y est représenté agenouillé devant la Vierge et sainte Catherine. Viendront ensuite les baies 207 offerte par le chanoine Raoul de Ferrière (1325-1330), la baie 208, puis les baies du rond-point 200 à 202 : la Vierge est représentée dans chacune d'entre elles.
Je suis guidé par les articles de Françoise Gatouillat, et notamment par Gatouillat 2019.
Cette baie étant très haute, elle est peu accessible à l'appareil photo du touriste, qui a fait ici ce qu'il a pu et supplie le lecteur de lui accorder son indulgence.
Large de 3,60 m et haute de 6,50 m, elle comporte 4 lancettes trilobées et un tympan à 1 pentalobe, 2 trilobes et 9 écoinçons.
La disposition générale s'inspire de celle, dite en litre, des verrières précédentes, mais ici la verrerie claire losangiques à fermaillets bicolores et fleurettes au jaune d'argent se réserve la moitié haute et laisse toute la moitié basse aux panneaux colorés.
Les couleurs sont le bleu, le rouge, le jaune et parfois le vert du XIIIe siècle, et nous ne trouverons pas ici les teintes plus atténuées et délicates remarquées dans la baie 23 (et pas d'avantage le verre bleu rehaussé de jaune d'argent). De même, les dais sont plus timides, et désertées des statuettes de la baie 23.
Pourtant, une nouveauté doit être signalée, le verre bleu gravé du lambel des armoiries du tympan.
Les bordures des lancettes alternent les carreaux rouges et les fleurs d'or (qui sont, par coïncidence, les couleurs du donateur), où le bleu et l'or, ou le vert et l'or.
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Les deux saints personnages sont placés dans des niches surmontés de haut dais à clochetons et pinacles. Les deux donateurs occupent des niches moins élevées. Tous se détachent sur des fonds bleus, rouge ou vert à ornementation feuillagée.
Le donateur est Guillaume d'Harcourt, baron d'Elbeuf. Les donateurs des baies que nous avons étudiées chronologiquement au XIVe siècle dans le déambulatoire ont été le Comte d'Évreux Louis de France vers 1301-1310, puis le cardinal Nicolas de Layde, puis les évêques Mathieu des Essarts et Geoffroy du Plessis. Dans les hautes baies du chœur, nous allons trouvé le chanoine Raoul de Ferrière, puis Blanche de Navarre épouse de Philippe VI, puis les évêques d'Évreux Jean du Prat et Geoffroy Faë, puis le chanoine Renault de Moulins. La présence de ce baron parmi ces clercs ou ces membres de la famille royale interroge.
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La verrière occupait la baie 209, mais en 1956 elle a été transférée à cet emplacement, sans modification sauf l'inversion entre la Vierge et sainte Catherine.
Elle avait été restaurée par Steinheil et Leprévost vers 1890.
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Baie 211 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Situation du coté nord du chœur, entre la baie 213 (vers 1450) et la baie 209 (vers 1390-1400).
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Baies 213, 211, et 209 de gauche à droite. Photo lavieb-aile.
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Les lancettes de gauche : Blanche d'Avaugour agenouillée devant la Vierge.
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Baie 211 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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La première lancette (lancette de gauche) : la donatrice Blanche d'Avaugour.
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Blanche d'Avaugour, fille de Henri III d'Avaugour et de Marie de Brienne, dite de Beaumont, Dame de Margon près de Nogent-le-Rotrou, épousa avant mars 1312 Guillaume d'Harcourt, qui figure dans la dernière lancette.
Elle porte les armoiries des d'Harcourt (de gueules à deux fasces d'or). La partie haute de sa robe blanche au niveau pectoral et bleu au niveau des manches, doit rappeler le lambel qui affecte ses armoiries, d'azur à trois pendants, chargés chacun de trois besant d'argent, puisqu'une série de cinq boutons blancs rappelle un peu ces besants.
Sa tête coiffée d'un bonnet et ornée de boucles est couverte d'un voile, qui pourrait signifier son veuvage.
Sur le panneau inférieur sont les armes d'Avaugour (d'argent au chef de gueules) dans un polylobe à fond damassé bleu détouré sur le fond de vitrerie ornementale. Curieusement, les deux champs des armoiries, (rouge et jaune) sont ornés d'un décor de feuilles en grisaille.
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Baie 211 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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La Vierge à l'Enfant.
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Elle est nimbée et couronnée (comme toutes ces Vierges des vitraux d'Évreux) et présente une fleur blanche à cœur jaune à son Fils. Celui-ci, qui détourne la tête, tient également un objet que je ne peux identifier.
Le manteau de Marie est bleu, sa robe est jaune.
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Baie 211 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
Baie 211 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
Baie 211 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Troisième lancette : sainte Catherine.
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Par sa couronne, Catherine d'Alexandrie, très vénérée par les femmes nobles (et incontournable dans leurs Livres d'Heures) répond à la Vierge. Elle tient la roue armée de lames du supplice dont elle triompha, et l'épée de sa décollation ultime.
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Baie 211 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
Baie 211 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Quatrième lancette : Guillaume d'Harcourt.
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Guillaume d'Harcourt († août 1327), baron d'Elbeuf et de la Saussaye, conseiller du roi, grand maître d'hôtel et grand-queux de France, fut le fondateur de la collégiale de La Saussaye..
"Une des plus grandes seigneuries et dynasties féodales de Normandie, la maison de Harcourt, nommée plus tard la maison d'Harcourt, est issue d'un lignage aristocratique d'origine scandinave, compagnons de Rollon.
Bernard le Danois s'installe en Normandie avec ses compatriotes vikings vers 900. Il est compagnon de Rollon.
Rollon nomme Bernard le Danois Gouverneur et régent du duché de Normandie vers 911. Il lui attribue la seigneurie d'Harcourt, près de Brionne, et le comté de Pont-Audemer. Bernard le Danois sera Vicomte de Pont-Audemer, Comte de Rouen, Seigneur d'Harcourt. Il meurt en 955.
Torf, son fils, devient Seigneur d'Harcourt. Et ainsi de suite de père en fils, ou de frère en frère, les Seigneurs d'Harcourt traversent le temps.
La baronnie d'Harcourt fut érigée en comté d'Harcourt, conjointement avec les seigneuries de Lillebonne, Troispierres, La Saussaye et Elbeuf, par lettres de Philippe VI en mars 1338.
Outre de grands barons, la première maison d'Harcourt compte parmi ses cadets de grandes personnalités politiques, intellectuelles et ecclésiastiques."
Guillaume d'Harcourt, mort en 1327, fils de Jean Ier d'Harcourt et de Alix de Beaumont-en-Gâtinais, fille de Jean Ier de Beaumont-en-Gâtinais et d'Alix de Mauvoisin, fut Seigneur d'Elbeuf et de la La Saussaye, Conseiller du Roi, Grand maître d'hôtel et grand-queux de France. Il épousa en première noce Jeanne de Meulan, Baronne de Neufbourg, puis Isabeau de Léon et enfin Blanche Clémence d'Avaugour.
(*) Grand queux : Le grand queux ou chef des cuisines était encore , au moyen âge un des principaux officiers de la maison du roi.
Il était le fils de Jean I d'Harcourt et de son épouse Alix de Beaumont. Jean I d'Harcourt avait accompagné le roi Louis IX de France à la septième croisade en 1248 puis participé encore, avec son fils Jean II d'Harcourt, à la 8e croisade en 12691 alors qu'il était âgé de plus de 70 ans. Le château d'Harcourt se situe sur le territoire de la commune d'Harcourt dans le Centre-Ouest du département de l'Eure, entre Brionne et Le Neubourg.
On notera ce lien fort de la famille avec saint Louis. En effet, Guillaume d'Harcourt met en avant, sur l'inscription qui le concerne, son titre de seigneur de La Saussaye, car il a fondé en cette localité de 1307 à 1317 la Collégiale Saint-Louis. De même, sa sœur Agnès d'Harcourt, abbesse de Longchamp de 1263 à 1279, est l'auteure d'une Vie d'Isabelle de France, sœur de Saint Louis.
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Parmi les frères de Guillaume d'Harcourt, trois furent des religieux :
Robert d'Harcourt († 1315), baron de Saint-Sauveur, conseiller de Philippe III le Hardi et de Philippe IV le Bel, cofondateur du collège d'Harcourt, ambassadeur à Rome en 1288, évêque de Coutances (1291)
Raoul d'Harcourt († 1307), chanoine de Paris (1305), conseiller de Philippe IV le Bel, aumônier de Charles de Valois, fondateur du collège d'Harcourt à Paris (actuel Lycée Saint-Louis)
Guy d'Harcourt évêque et comte de Lisieux (1303), fondateur du collège de Lisieux à Paris (1336)
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Le donateur est représenté, comme c'est la règle, en armure complète (y compris solerets et éperon, mais bien-sûr sans gants et heaume), avec une épée passée dans un fourreau très ouvragé suspendue à la ceinture. La cotte de maille est rehaussée de séries de cinq-points et de billettes au jaune d'argent.
Son buste est encadré à sa droite d'un carré vert, et à sa gauche d'un écu carré à ses armes, alors même que ses armoiries sont représentées sur son tabard : ces deux écus correspondent, comme l'a bien vu de Gaignières dans son relevé, à deux boucliers d'épaule .
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Baie 211 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
Le panneau inférieur reprend les armoiries de Guillaume d'Harcourt.
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Baie 211 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Lasteyrie, 1853, planche XXXV, Gallica BnF
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L'inscription au dessus du donateur est rédigé dans la même textura quadrata que celles de la baie 23 de l'évêque Geoffroy du Plessis.
Elle énonce :
MONSEIGNEUR :
GUILLAUME : D
HA RECOURT SEGN
EUR DE LA SAUCHL
IE : ET MADAME
BLANCHE 'AVAUGOUR
"Monseigneur Guillaume d'Harecourt segneur de la Sauchlie et madame Blanche Avaugour."
L'orthographe de La Saussaye (dans l'Eure, au sud d'Elbeuf ) varie : la Saucée, la Saulcée, la Chaussaye, parfois la Saucoye.
Baie 211 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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LE TYMPAN.
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L'oculus du pentalobe contient, dans un polylobe redenté, l'écu armorié parti d'Harcourt et d'Avaugour, pouvant indiquer que la donation est postérieure à la mort du sénéchal (Gatouillat 2001). Les lobes de la rose et des trilobes inférieur contiennent des enroulements de feuillage cernés de filets perlés.
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Baie 211 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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SOURCES ET LIENS.
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— Histoire des évêques d'Évreux : avec des notes et des armoiries / par M. A. Chassant,... et M. G.-E. Sauvage,..1846.
— BEUCHER (Monique), 1978, « Les verrières du chœur d'Évreux », Dossiers de l'archéologie, n° 26, 1978, pp. 63-75, et Beucher (Monique), 1975, "Cathédrale d'Évreux : verrières hautes du chœur antérieures à 1340", thèse de 3e cycle : non consultés.
—BONNENFANT (Georges),1939, Notre-Dame d’Evreux (Paris: H. Laurens, 1939), 43-44, pl. 16;
— BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.
— BOUSQUET (Jacques et Philippe), 2019, Donateurs avec la Madone, le cas de la cathédrale d'Evreux, site artiflexinopere.
https://artifexinopere.com/?p=17412
— FOSSEY Jules 1898, Monographie de la cathédrale d'Evreux par l'abbé Jules Fossey,... Illustrations de M. Paulin Carbonnier,...
— GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385
— GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.
—GAVET Philippe, Si l'art m'était conté. La cathédrale d'Évreux.
http://www.philippe-gavet.fr/05/36/index.html
–GOSSE-KISCHINEWSKI ( Annick ) et Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Evreux, Evreux, Hérissey, 1997.
–GOSSE-KISCHINEWSKI ( Annick ), HENRY (Virginie), 2016, Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07
— GRODECKI ( Louis), 1957. "Architectures peintes dans les vitraux". In: Bulletin Monumental, tome 115, n°3, année 1957. pp. 226-228; https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1957_num_115_3_4022_t1_0226_0000_4
— KURMANN-SCHWARZ (Brigitte), LAUTIER (Claudine), 2009, « Le vitrail médiéval en Europe : dix ans d’une recherche foisonnante », Perspective [En ligne], 1 | 2009, mis en ligne le 21 février 2018, consulté le 01 novembre 2019.
— LAFOND (Jean), 1973, "Les vitraux royaux et princiers de la cathédrale d'Évreux et les dessins de la collection Gaignières". In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1973, 1975. pp. 103-112; doi : https://doi.org/10.3406/bsnaf.1975.8252 https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_1975_num_1973_1_8252
— LASTEYRIE (Ferdinand), 1853-1857, Histoire de la peinture sur verre après ses monuments en France , impr. de Firmin-Didot frères, fils et Cie (Paris), 2 vol. in-fol., dont un de pl. coloriées, dessinées et lithographiées par l'auteur.
"La verrière de la fenêtre 43 contient : 1°- une donatrice à genoux, les mains jointes et au-dessus ses armes : d'argent, au chef de gueules ; 2° une sainte Catherine tenant une roue dans la main droite et un glaive de la main gauche; 3° la Sainte Vierge portant l'enfant Jésus ; 4° un personnage à genoux, les mains jointes, l'épée au côté. Au-dessus son écusson : de gueules à deux fasces d'or, qui est d'Harcourt; brisé en chef d'un lambel d'azur à trois pendants, chargés chacun de trois besant d'argent. Au-dessus encore l'inscription : Monseigneur GUILLAUME HA RECOURT SEGNEUR DE LA SAUCHIE ET MADAME BLANCHE DAVAUGOUR , qui montre que les personnages représentes sont Guillaume d'Harcourt, seigneur de la Saussaye, qui mourut en 1327 et Blanche d'Avaugour, sa troisième femme, qui mourut veuve en 1345. Leurs armes sont encore reproduites dans la rosace de la fenêtre et sur leurs vêtements."
— "Inventaire des dessins exécutés pour Roger de Gaignières et conservés aux départements des estampes et des manuscrits"
Fol. 13. 4167. — Vitrail exécuté dans le XV* siècle sur lequel est représenté un chevalier portant un haubert d'or [sic]. Armes : de gueules à deux fasces d'or au lambel à trois pendants d'azur chargé de neuf besants d'argent. Tiré de la cathédrale d'Ëvreux. Aquarelle. — [Portrait de Guillaume d'Harcourt, sieur de Ia Saussaie, queux de France, f 1337.]
— LILLICH (Meredith Parsons), 1986, “European Stained Glass around 1300: The Introduction of Silver Stain,” Europäische Kunst um 1300 6, Akten des XXV. Internationalen Kongresses für Kunstgeschichte, Gerhard Schmidt and Elizabeth Liskar, eds. (Wien, Köln and Graz: Hermann Böhlaus Nachf., 1986).
— LILLICH (Meredith Parsons), 1992, "Heraldry and Patronage in the Lost Windows of Saint-Nicaise de Reims.", L'Art et les revolutions, 27e Congres international d'histoire de l'art, vol. 8 (Strasbourg: 1992), pp. 71-102.
— LAUTIER (Claudine), 2000, "Les débuts du jaune d'argent dans l'art du vitrail ou le jaune d'argent à la manière d'Antoine de Pise", Bulletin Monumental Année 2000 158-2 pp. 89-107
— MUNIER Claudine, À travers le verre, du Moyen Age à la Renaissance, catalogue Expo. Rouen, Musée départemental des Antiquités [compte-rendu], Bulletin Monumental Année 1990 148-4 pp. 462-464
— PHILIPPE (Michel ), 1992, "Chantier ou atelier : aspects de la verrerie normande aux XIVe et XVe siècles" Annales de Normandie Année 1992 42-3 pp. 239-257
— Le bréviaire de Belleville : Breviarium ad usum fratrum Predicatorum dit Bréviaire de Belleville. Ce manuscrit destiné à suivre les prières durant la célébration de la messe comprend deux volumes, l'un destiné aux prières pendant l'été (volume 1), l'autre pendant l'hiver (volume 2). BnF lat. 10483 et 10484.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8447295h
— Bible de Robert de Billying BnF latin 11935 Décoration achevée en 1327.
Note. La fille de Louis d'Évreux et de Marguerite d'Artois, Jeanne d'Évreux, deviendra reine de France de 1325 à 1328 par son mariage avec Charles IV le Bel. Veuve et douairière depuis 1328, elle fut enterrée à sa mort en 1371 à l'abbaye de Saint-Denis. Or, l'enlumineur Jean Pucelle (dont l'influence sur les cartons des vitraux d'Evreux après 1330 est reconnue) a orné le Livre d'Heures de Jeanne d'Évreux entre 1325 et 1328 et son Bréviaire à l'usage des franciscainsaprès 1325. Une autre influence exercée sur la peinture sur verre de l'époque est celle de l'orfèvrerie, et on se reportera à la statue en argent doré de 69 cm de la Vierge à l'Enfant, réalisée entre 1324 et 1339, pour la comparer aux Vierges des baies du XIVe siècle d'Évreux.
Orfevrerie : statue de la Vierge à l'Enfant offerte par Jeanne d'Evreux en 1339 à Saint-Denis.
La Vierge de Jeanne d'Évreux (69 cm de haut) est une œuvre anonyme réalisée à une date située entre 1324 (date où Jeanne devient reine) et 1339 (date du don inscrite sur le socle), conservée et exposée au musée du Louvre, dans les salles du Trésor de Saint-Denis du département des Objets d'art. Jeanne d'Évreux, reine de France de 1324 à 1328, en a fait don à l'abbaye de Saint-Denis en 1339. Sur un socle soutenu dans les angles par des figurines de lion, Marie tient l'Enfant Jésus. Dans sa main droite, elle tient une fleur de lys, reliquaire qui contenait à l'origine les reliques du lait, des vêtements et des cheveux de la Vierge, tandis que l'Enfant pose sa main sur sa joue.
Sur le socle, des petits piliers ornés des figures de prophètes séparent des plaques d'émaux qui retracent les événements de la vie du Christ sur terre.
Ces influences, qui s'exercent à partir de 1325, incitent à séparer les vitraux d'Évreux du XIVe postérieurs à cette date, de ceux qui lui sont antérieurs.
Le vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux V: la baie 23 offerte par l'évêque Geoffroy du Plessis vers 1327.
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Cet article est le cinquième d'une série sur l'apparition du jaune d'argent dans les vitraux de la cathédrale d'Évreux au XIVe siècle. Les quatre premiers articles montrent les vitraux avant cette apparition du "jaune d'Évreux" et celle des fonds ornés : voir l'introduction dans le premier article.
Avec la baie 23 nous voyons apparaître plusieurs changements :
l'utilisation du jaune d'argent en rehaut du verre blanc, mais aussi du verre bleu qui devient vert.
la présence de deux fonds bleus à décor de feuillages, à coté de trois fonds rouges encore uniformes.
L'enrichissement des dais par des statuettes d'anges musiciens pleins de grâces ou de personnages bibliques ou religieux, des rosaces, des mouchettes très aériennes avec utilisation de verres aux coloris plus clairs et plus délicats.
Dans les verres clairs géométriques, les têtes de 4 personnages dans des médaillons,
Dans les mêmes verres clairs, des rinceaux rehaussés au jaune d'argent de plusieurs nuances.
Mais la perspective est absente, sauf dans le fauteuil de la Vierge de la 2ème lancette. Elle est également absente des dais.
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Cette baie 23 datée de 1325-1327 sous l'épiscopat de Geoffroy du Plessis, va nous introduire dans une nouvelle campagne de pose de vitraux dans le chœur de la cathédrale, après la période 1300-1310. On trouvera dans ce nouveau groupe des baies placées en hauteur :
la baie 211 offerte par Guillaume d'Harcourt (1325-1327) du coté nord
la baie 207 offerte par le chanoine Raoul de Ferrière (1325-1330), du coté nord
la baie 208 du coté sud
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À peine plus tard viendront les baies relevant d'une troisième campagne vers 1330-1333, et qui occupent la place la plus prestigieuse, au centre de l'abside ou rond-point, et sous l'épiscopat de Jean du Prat et de Geoffroy Faë .
Cette nouvelle période, avec ces changements stylistiques conséquents, correspond d'une part à l'apparition dans l'enluminure parisienne des peintures de Jean Pucelle, notamment les Heures de Jeanne d'Évreux (1324-1328), et d'autre part à de grands chantiers par des maîtres-verriers influents : à Paris (dont il ne reste rien), mais surtout en Normandie à Rouen (cathédrale et Saint-Ouen) et à Jumièges.
"les maîtres-verriers de Saint-Ouen ont essaimé dans toute la Normandie : on retrouve leur savoir-faire dans les années 1310-1340 à la cathédrale de Rouen, à la cathédrale d'Évreux, dans les vestiges de Jumièges, à la Mailleraye, à Fécamp, à Dives-sur-Mer, à Auffay, à Saint-Hymer-en-Auge. Les maîtres-verriers anglais contemporains exercèrent un art très similaire notamment à la cathédrale d'York (grande baie occidentale de 1339, Annonciation de 1340). (Vitraux de Haute-Normandie)"
Elle correspond aussi (ou succède ) à l'expression du gothique rayonnant dans la construction du chœur de la cathédrale : "L'édification du chœur s'échelonne sur une période comprise entre 1260-1310. Le sanctuaire est conçu selon le style du gothique rayonnant (technique et esthétique) : l'architecture doit permettre de laisser entrer la lumière divine. Pour cela, les fenêtres sont élargies, les murs pleins disparaissent au bénéfice des vitraux et les faisceaux de colonnettes sans rupture jusqu'à la voûte accentuent l'effet de verticalité."
La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Voisine des baies 25 et 27 offertes par l'évêque Mathieu des Essarts, la baie 23 mesure 5,20 m de haut et 3,50 m de large. Elle compte 4 lancettes trilobées, couronnées par un tympan à 9 ajours principaux.
Les lancettes adoptent, comme les baies précédentes, la disposition en litre où une bande horizontale colorée et figurée occupe le milieu d'une verrière décorative claire.
Les bordures colorées étroites portent des motifs végétaux, des castilles et des fleurs de lys.
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Je décrirai les panneaux figurés lancette après lancette, comme le fait spontanément le regard.
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La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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La première lancette.
Elle reçoit deux panneaux figurés superposés dans un édicule.
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La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Les panneaux supérieurs montrent un évêque agenouillé en donateur de la fenêtre dont il tient une maquette. Au dessus, une inscription est partiellement conservée :
EVESQUE : DONNE : CESTE : V
Lebeurier a lu : LEVESQUE GIEFROY DONNE CESTE VERRIÈRE
Nous pourrions hésiter entre Geoffroy de Bar (en titre en 1298-1299) et Geoffroy du Plessis (en titre en 1310-1327), mais les caractéristiques stylistiques imposent de choisir Geoffroy du Plessis.
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Pour L. Grodecki, « La fenêtre est composite ; les panneaux nos 5-6 que M. Baudot attribue au temps de l'évêque Geoffroi de Bar (1298-1299) sont nettement plus récents : le jaune d'argent y est employé à profusion, le décor d'architecture est identique à celui des vitraux des chapelles droites du chœur de SaintOuen de Rouen (vers 1315-1325). On peut penser que le personnage représenté est Geoffroy du Plessis (avant 1327). "
Pour Baudot (note de l'article de Grodecki), " La fenêtre 12, imposerait l'identification de l'évêque figuré avec ce personnage s'il n'y avait pas eu remaniement du vitrail. Mais le style des architectures justifie une datation nettement postérieure. Nous possédons, il est vrai, une certitude d'emploi du jaune d'argent en Normandie, au Mesnil-Villeman, dans une église rurale, grâce à l'inscription datant de 1313 cette verrière. On pourrait aussi admettre que, par suite de la mort rapide de ce Geoffroy, sa donation n'a pu être réalisée que tardivement par les soins du chanoine Alain de Balau et de son frère qui figurent avec leur nom sur le vitrail."
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Je recueille sur cet évêque les données suivantes :
GEOFFROY II du Plessis.1311—1327.
Mathieu des Essarts mourut le 1er octobre 1310.
Aussitôt après la mort de Mathieu des Essarts, le Chapitre envoya deux chanoines demander l'autorisation d'élire son successeur à Philippe le Bel qui l'accorda, le 8 du même mois (2). Cependant la nomination de Geoffroy du Plessis souffrit quelques difficultés, car il paraît que l'évêché resta en régale jusqu'au 1" juin 1311, et certains auteurs prétendent que Baoul d'Elbeuf précéda Geoffroy. Quoi qu'il en soit de cette question qu'un examen plus approfondi des cartulaires pourra éclaircir, Geoffroy du Plessis était évoque en 1315 lorsque le comte d'Évreux lui enleva le manoir de Saint-Germain par retrait féodal.
Geoffroy II du Plessis, neveu de Geoffroy, chancelier de l'église de Tours, élu évêque d'Evreux, fut chargé par le roi Philippe IV, le 14 février 1311, de conclure un traité entre le roi de France et le roi des Romains. A la date du 5 mars 1311, il est encore appelé évêque-élu dans les registres du Vatican. Par une bulle de Clément V, datée de Vienne, 5 des ides d'avril (9 avril), septième année du pontificat de Clément, Geoffroy, évêque d'Evreux, fut nommé commissaire avec Geoffroy du Plessis, chancelier de l'église de Tours, pour terminer un différend survenu au sujet d'un canonicat. On trouve aussi son nom dans un grand nombre d'actes rédigés dans les années suivantes. On croit qu'il est mort en 1327.
En 1318, Geoffroy du Plessis, évêque d'Evreux, institua la fête du très-Saint Sacrement. Il avait, en 1314, assisté à la dédicace de l'église d'Ecouis (Escoïacum). En 1320, il confirma la collégiale de douze chanoines avec un doyen fondée en 1311 à Saint-Martin-Ia-Corneille, et il approuva la fondation des chapelles de S. Pierre et de S. Jean dans l'église Notre-Dame de Vernon.
en 1320, Protonotaire de France, Geoffroy du Plessis fonde le collège du Plessis dans la rue Saint-Jacques à Paris, pour y accueillir les enfants démunis des diocèses d'Evreux, Reims, Rouen, Saint-Malo, Sens et Tours.
Il fut remplacé par Adam de Lîle, mort avant d'avoir été consacré, puis par Jean du Prat en 1328.
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La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Décor d'architecture.
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On le comparera à celui des vitraux des chapelles droites du chœur de Saint-Ouen de Rouen (vers 1315-1325).
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Rouen, église Saint-Ouen, baie 5 de saint Jean-Baptiste (1325-1339)
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Le dais est un bel exemple de ces nouvelles architectures couronnant les niches, où un gable central orné de feuillages est entouré de dix pinacles dont deux contiennent des statuettes. Ce sont des anges musiciens, sveltes, aux beaux drapés, l'un jouant de la harpe et l'autre pinçant les cordes d'un instrument à identifier (toutes ces statues auraient mérité des photos de détail). Voir les anges de la baie 19 (entre 1325 et 1339) de Saint-Ouen de Rouen:
Le fronton est découpé par une dentelle évoquant les remplages des fenêtres, associant deux rosaces (bleue et rose) et des mouchettes, chacun de ces éléments étant à nouveau divisé par des arabesques, des roses et des mouchettes. Au rouge et au bleu des vitraux précédents s'ajoutent des teintes roses et bleu-clair.
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Les pièdroits (qui apparaissent dans les panneaux sous-jacents) accueillent aussi, parmi des fenestrages semblables, des statuettes , dont celle d'un roi tenant son spectre et d'un ange jouant de la harpe.
Cette architecture nouvelle des peintures sur verre est celle du gothique rayonnant. Mais elle évoque déjà la dentelle du portail nord (gothique flamboyant) de la cathédrale de la fin du XVe-début XVIe (avant 1507) :
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La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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L'évêque mitré, revêtu de la dalmatique, est agenouillé et présente la fenêtre qu'il offre à Notre-Dame. Sa tête et son col sont peints à la grisaille rehaussé de jaune d'argent sur un verre blanc, tout comme la maquette du vitrail. Le fond bleu recouvert d'abord d'un lavis de grisaille révèle son coloris par enlevé de cette grisaille dans un décor de rinceaux.
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La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Comparez avec le détail de la baie 19 de Saint-Ouen (retournée pour favoriser la comparaison) :
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Rouen église Saint-Ouen, baie 19 (détail), image retournée.
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La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Le panneau inférieur montre un autre donateur : c'est un ecclésiastique, un dignitaire comme l'indique les orfrois du col et de la bordure de son aube. Son identité est précisée par une inscription :
MAISTRE ALAIN DE BALAIS.
Lebeurier a lu DE BALAIT, Grodecki DE BALAU et F. Gatouillat DE BALAN.
Le patronyme le plus probable est celui de DE BALAY, famille noble de Bourgogne (La Chesnay-Desbois page 226).
Mais aucun chanoine, aucun clerc d'Évreux ne répond à ce nom.
Le jaune d'argent permet de n'utiliser qu'une seule pièce de verre pour la face du clerc, et sa chevelure tonsurée.
Le manipule est en verre bleu. La dalmatique est lie-de-vin.
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Il est temps de présenter cette technique du jaune d'argent :
IL faudrait, maintenant présenter ce fameux jaune :
"Le jaune d'argent est un mélange de sels d'argent (chlorure, nitrate ou sulfure) et d'ocre. Historiquement, la composition des premiers vitraux rassemblaient essentiellement les couleurs rouge, bleue, jaune et verte. Une nouvelle technique de coloration apparaît en Occident au début du XIVe siècle, elle s'applique au revers de la pièce avant cuisson et permet de teinter localement le verre sans coupe ni mise en plombs supplémentaires. L'apparition de cette méthode coïncide avec une évolution fondamentale de l'esthétique et du style de l'art de la peinture sur verre. Le procédé donne alors une palette de couleurs enrichie : les teintes obtenues varient du jaune clair (chlorure d'argent + ocre), au jaune orangé (sulfure d'argent + ocre), en passant par le vert quand il est apposé sur un verre bleu. A la même époque, la qualité des verres s’améliore, ils sont plus fins, plus réguliers et l'utilisation de verres incolores permet d'éclairer largement les verrières.
L'une des plus belles verrières de la cathédrale d'Évreux se situe dans la chapelle Saint-Louis (la 4ème côté nord du chœur). Il s'agit de la baie 23, dont les panneaux ont été exécutés vers 1325-1330 avec l'emploi du jaune d'argent, notamment sur verre bleu. Les verrières des lancettes représentent l'évêque Geoffroy agenouillé en donateur, un chanoine, la Vierge à l'enfant et la charité de saint Martin. La qualité du jaune d'argent utilisé par le maître-verrier a fait notamment la renommée des vitraux de la cathédrale lui donnant le nom de jaune d'Évreux, passé à la postérité." (GOSSE-KISCHINEWSKI & HENRY) .
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La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Détail sur l'inscription.
Elle est limitée par des réglures. Ses fûts droits, épais, serrés, aux empattements en losange évoquent la textura quadrata (en usage du XIIIe au XVe siècle). On note des lettres conjointes DE, un signe de séparation des mots en point prolongé par une petite queue. Cette écriture diffère franchement de l'inscription précédente, mais on la retrouve en quatrième lancette pour mentionner Jehan de Balay.
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La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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La deuxième et la troisième lancettes. La Vierge à l'Enfant ; la Charité de saint Martin.
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La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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La deuxième lancette : la Vierge à l'Enfant assise dans une cathèdre.
Le fond rouge est uniforme. La Vierge est couronnée, nimbée et voilée et porte une robe bleue sous un manteau pourpre. Elle tient une fleur à la main gauche tandis que son Fils repose sur son bras droit. Sous l'effet d'une probable restauration, la main droite compte six doigts.
Les rehauts de jaune d'argent porte sur les chevelures et les détails d'architecture et du fauteuil. Ce fauteuil introduit ici un effet de perspective avec ses lignes de fuite convergents plus ou moins vers l'épaule droite de la Vierge.
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La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Là encore, le dais à triple gable (chacun centré par une rose) et pinacles est surmonté de statuettes. Ce sont deux anges tenant des phylactères et faisant un geste très gracieux de la main ; le carton a été renversé. Une inscription est presque lisible.
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La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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La troisième lancette : la Charité de Saint Martin.
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Sous un dais semblable au précédent , où deux anges jouent de la harpe et de la viole ou mandole, et sur un fond de verre rouge uniforme, saint Martin, à cheval, coupe un pan de son manteau d'officier pour l'offrir à un pauvre qui s'appuie sur un bâton. Le manteau bleu forme un V inversé qui réunit comme une tente les protagonistes.
De nombreux détails sont soigneusement peints et rehaussés de jaune d'argent, comme les chevelures, la barbe, les mors, les grelots de l'harnachement, l'étrier, mais la réputation de ce panneau vient surtout de la bande verte du manteau du saint, sous son coude, puisqu'elle est obtenue par application de jaune d'argent sur un verre bleu clair. Hélas, mes photos ne rendent pas suffisamment justice à cet événement artistique.
On admirera aussi les sinuosités fluides des deux chevelures et de la crinière, ainsi que le fin tracé de l'œil du cheval.
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La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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La quatrième lancette. Deux donateurs, l'évêque et Jean de Balay.
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Dans un édicule semblable à celui de la première lancette, à trois étages et à huit statues, deux personnages — un évêque et un clerc— en dalmatique jaune sont présentés en donateur, par reprise inversée des cartons de la première lancette.
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La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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L'évêque [Geoffroy du Plessis] en donateur.
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Sous les statuettes d'un saint évêque et d'un roi tenant un phylactère, l'évêque est figuré agenouillé mains jointes, mais il ne tient plus la maquette de la baie. Le fond bleu est orné de rinceaux.Geoffroy du Plessis est-il représenté deux fois, ou bien s'agit-il, par commémoration, d'un autre évêque ?
La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Le donateur suivant est un clerc (tonsuré) en vêtement liturgique de cérémonie et portant au bras le manipule (vert). Une inscription indique ABE IEHAN DE BALAU.
Il appartient donc à la même famille qu'Alain de Balay (ou balau, Balan, Balait) qui lui fait face en première lancette .
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La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Enfin, on trouve une inscription en bas de lancette, dans une écriture différente des précédentes, et de lecture difficile.
HSN~ IEHAN DE BARES .
P.F. Lebeurier a lu : ..SSU JEHAN DE BA ..."
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La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Les médaillons des verreries décoratives .
Quatre médaillons en grisaille et jaune d'argent occupent le centre des panneaux placés immédiatement au dessus des panneaux colorés. Les têtes de deux rois et deux jeunes hommes sont peints de trois-quart.
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La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Les têtes de lancettes.
Elles sont occupées par deux médaillons et deux écus armoriés.
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La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Dans le premier médaillon, la tête d'un homme d'âge mur, aux cheveux courts (mais non tonsurés) est peinte en grisaille et jaune d'argent.
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La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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La tête de lancette suivante renferme un écu armorié d'un évêque, puisqu'il est traversé par une crosse en pal. Il a été blasonné en 1874 comme étant d'argentà deux fasces échiquetées de gueules et d'azur, de deux traits, accompagnées de neufmâclesde sable posées 3.3.3..Les armoiries ont été attribuées par l'auteur de l'article de 1874 comme étant celles de Geoffroy de Bar, mais uniquement en raison de leur présence sur la baie 23 (où l'évêque était identifié alors comme tel).
Sur mon cliché, les fasces sont plutôt échiquetées de sable et d'azur.
Il serait précieux de pouvoir lire ces armoiries à partir de données héraldiques. Aujourd'hui, nous ne pouvons pas affirmer que ce sont celles de Geoffroy de Bar, ni de Geoffroy du Plessis.
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La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Le document ci-dessous n'est qu'une mise en image des attributions basées sur les verrières d'Evreux : il ne confirme donc rien.
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La troisième tête de lancette reprend le même écu, mais sans la crosse épiscopale. Mais le damier de la fasce comporte des carrés rouge, donc "de gueules" : le mystère s'épaissit.
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La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Enfin, la dernière tête de lancette offre un médaillon où est peint un clerc, tonsuré.
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La baie 23 (vers 1325-1330) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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SOURCES ET LIENS.
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— Histoire des évêques d'Évreux : avec des notes et des armoiries / par M. A. Chassant,... et M. G.-E. Sauvage,..1846.
— BEUCHER (Monique), 1978, « Les verrières du chœur d'Évreux », Dossiers de l'archéologie, n° 26, 1978, pp. 63-75, et Beucher (Monique), 1975, "Cathédrale d'Évreux : verrières hautes du chœur antérieures à 1340", thèse de 3e cycle : non consultés.
—BONNENFANT (Georges),1939, Notre-Dame d’Evreux (Paris: H. Laurens, 1939), 43-44, pl. 16;
— BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.
— BOUSQUET (Jacques et Philippe), 2019, Donateurs avec la Madone, le cas de la cathédrale d'Evreux, site artiflexinopere.
https://artifexinopere.com/?p=17412
— FOSSEY Jules 1898, Monographie de la cathédrale d'Evreux par l'abbé Jules Fossey,... Illustrations de M. Paulin Carbonnier,...
— GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385
— GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.
—GAVET Philippe, Si l'art m'était conté. La cathédrale d'Évreux.
"Les vitraux des chapelles du chœur mis en place à partir de 1300 ne reflètent pas seulement les remaniements de l'édifice au XIIIe siècle, mais aussi des changements d'ordre technique, liturgique et religieux. L'introduction et le développement de la technique du jaune d'argent peuvent être suivis à leur exemple. Les plus anciennes verrières des chapelles du chœur (celles de Louis de France ou de l'évêque Matthieu des Essarts) ne montrent pas encore de trace de cette nouvelle technique. Dans la deuxième décennie, en revanche, elle s'affirme, quoique hésitante au début, comme dans l'image du chanoine Raoul de Ferrieres, récemment redécouverte. Au XVe siècle, les réseaux des fenêtres furent refaits selon les formes modernes de l'architecture flamboyante, mais ces travaux achevés, les vitraux gothiques furent remis en place. Aussi les panneaux des réseaux ont-ils été mal insérés dans les ouvertures des nouveaux couronnements, comme on peut l'observer dans la chapelle de Louis de France, comte d'Evreux . A l'époque du flamboyant, on ne réemploya pas seulement des vitraux anciens, mais on ajouta aussi des éléments nouveaux, surtout dans les grisailles du XIVe siècle. Ces compléments du XVe siècle ont été enlevés à l'occasion du remontage des vitraux après la guerre pour garder l'unité du style . Ces panneaux représentent des personnes ayant fait des fondations dans les chapelles. Pour en laisser un témoignage visuel, ils ont fait insérer leurs images dans les grisailles déjà en place . En les mettant en dépôt après la guerre, on a amputé les chapelles de témoins historiques importants. Nous avons observé ailleurs que, quand les chapelles passaient à une autre famille, cette dernière adaptait les vitraux à cette nouvelle situation . Ainsi la famille de l'Aubespine a introduit ses armoiries dans le vitrail de Jacques Cœur à Bourges ; on peut mentionner un changement encore plus profond à la cathédrale de Moulins : dans le vitrail dit des ducs , trois grands personnages et une sainte ont été introduits dans celui-ci par la famille de Dornes .
Les verrières les plus connues sont celles du chœur. Se sont aussi les seules qui ont été prises en considération hors des frontières. Ainsi ces vitraux sont-ils régulièrement considérés comme des modèles utilisés par les artistes qui ont exécuté les peintures de la clôture du chœur de la cathédrale de Cologne . Mais faut-il vraiment penser à un rapport direct entre Évreux et Cologne? La recherche antérieure a toujours daté les vitraux d'Évreux du 2e quart du XIVe siècle en rapport avec ceux de Saint-Ouen de Rouen (1325-1339). En revanche, F. Gatouillat les rapproche, à juste titre, de la peinture parisienne des années 1330. Il est donc plus probable que les verriers d'Evreux et les peintres colonais se sont servis des mêmes modèles parisiens, aujourd'hui perdus, pour la création de leurs œuvres. F. Gatouillat, qui connaît parfaitement les conditions de création du vitrail et de sa technique, a réussi à redresser plusieurs jugements erronés sur ces œuvres. En effet, le vitrail est un médium qui demande une approche prudente et une expertise que l'on ne peut s'approprier que par une longue expérience. Ces images fragiles ont rarement été conservées sans restaurations. Souvent les vitraux ont été déplacés à l'intérieur même de l'édifice pour compléter des lacunes. Ainsi, des ensembles importants ont été démembrés ce qui est justement le cas d'une partie des vitraux de la cathédrale d'Évreux et non des moindres. Je mentionnerai le cas des « verrières royales » : F. Gatouillat a fourni la preuve que le roi de France se trouvant depuis 1956 dans la baie 210 du chœur est bien Charles VI parce que la tenture fleurdelisée du fond n'a pas été refaite à la fin du xviir siècle mais date bien de 1390/95. Comme elle le souligne, les verriers du XVllf siècle n'auraient pu, techniquement, créer un tel élément. L'analyse du vitrail dans l'atelier du restaurateur a permis de constater l'état original de cette tenture. L'auteur a pu également reconstituer une troisième verrière de cette série magnifique grâce a une découverte heureuse faite après la parution de la monographie. Une Vierge de très grande qualité, mais très endommagée, a été retrouvée en dépôt à Evreux. Après une soigneuse étude des descriptions anciennes, F. Gatouillat a pu la mettre en rapport avec l'image de Blanche de Navarre, reine veuve de France (aujourd'hui son image et ses armoiries sont placées dans la fenêtre 208 du chœur). L'auteur souligne à juste titre que ces vitraux ont été créés par des artistes au service de la cour, mais qu'ils se distinguent des œuvres encore conservées de ce milieu, comme ceux de Bourges (la Sainte-Chapelle et la cathédrale, particulièrement les chapelles Aligret, Trousseau et Boisratier). Cette observation rejoint les recherches faites sur l'art des cours européennes. L'art commandité par les membres des cours princières ne recherche pas l'unité de l'expression, mais se plaît à affirmer les goûts personnels des différents personnalités impliquées . Le chapitre sur le vitrail ébroïcien du XV est d'un intérêt primordial. La restauration en cours des verrières de la chapelle d'axe commandées par le roi Louis XI a incité l'auteur à entreprendre une recherche approfondie sur ces œuvres. Elle a réussi à reconstituer la production de trois ateliers différents, deux travaillant à Evreux (à l'église Saint-Taurin) et un à Rouen, qui se sont partagés la création des vitraux de la chapelle d'axe de la cathédrale d'Evreux. Il est rare dans l'histoire de l'art français du XV siècle, surtout dans l'histoire du vitrail, de pouvoir redécouvrir des groupes cohérents d'œuvres et de suivre l'activité des mêmes artistes sur plusieurs décennies. Souvent, comme par exemple à Bourges ou à Moulins, on ne connaît que les vitraux d'un ou de deux monuments tandis que le reste de la production de l'atelier a disparu. Quoique ces vitraux de la troisième décennie du XV siècle n'atteignent pas la qualité des verrières royales, leur étude nous renseigne d'avantage sur le fonctionnement des ateliers, la manière de travailler des verriers et la coopération entre les différents ateliers. Ceci n'est possible que lorsqu'une grande densité de vitraux a été conservée comme c'est le cas en Haute-Normandie."
–GOSSE-KISCHINEWSKI ( Annick ), HENRY (Virginie), 2016, Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07
— GRODECKI ( Louis), 1957. "Architectures peintes dans les vitraux". In: Bulletin Monumental, tome 115, n°3, année 1957. pp. 226-228; https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1957_num_115_3_4022_t1_0226_0000_4
" Puis, vers le troisième quart du XIIIe siècle, préparé par quelques essais isolés et disparates (à Chartres, en particulier), apparaît l'encadrement par arcade brisée sous un gable gothique. A côté de l'exemple célèbre de la cathédrale d'Amiens (fenêtre centrale du chœur, 1268), on pourrait citer certaines baies de Saint-Urbain de Troyes, où l'ancienne forme du dais voisine avec celle-ci, proprement gothique, et que Mme Kraft-Frodl compare à une épure d'architecte.
Ce décor, tantôt d'une grande simplicité, tantôt enrichi de claires-voies, de galeries, de pinacles, de pignons à arcs-boutants (comme à Saint-Ouen de Rouen, dans les fenêtres basses du chœur, vers 1325), reste rigoureusement « plat », découpé sur un fond uni ou quadrillé. Ces architectures peintes de la fin du XIIIe et du XIVe siècle sont l'expression parfaite de la tendance gothique à multiplier, dans l'édifice, ses éléments en miniature, ses « répétitions » réduites (selon la thèse de Sedlmayr).
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Mais, dès le milieu du XIVe siècle, une nouvelle tendance naît et se développe : celle de l'architecture « en perspective », due à l'influence italienne, giottesque ou siennoise. Les verrières de Koenigsfelden, celles du chœur d'Evreux, puis celles de la cathédrale de Vienne montrent ces perspectives qui, à nouveau, introduisent dans l'encadrement peint des formes qui ne sont pas celles de l'architecture gothique contemporaine : coupoles, mâchicoulis et motifs d'architecture militaire, constructions semblables à des praticables de théâtre : la Herzogsfenster de Saint-Étienne de Vienne en est le meilleur exemple.
la double évolution qui, chez nous, se dessine à la fin du xive siècle : d'une part, naissance du « dais en perspective », véritable tour peinte sous laquelle s'abrite le personnage isolé (à Saint-Séverin de Paris, à Évreux, etc.) ; d'autre part, apparition d'architectures en perspective qui unifient plusieurs compositions de lancette, véritables « enfeus » comme celui qui couronne la fenêtre de Charles VI à la cathédrale d'Evreux"
— KURMANN-SCHWARZ (Brigitte), LAUTIER (Claudine), 2009, « Le vitrail médiéval en Europe : dix ans d’une recherche foisonnante », Perspective [En ligne], 1 | 2009, mis en ligne le 21 février 2018, consulté le 01 novembre 2019.
— LAFOND (Jean), 1973, "Les vitraux royaux et princiers de la cathédrale d'Évreux et les dessins de la collection Gaignières". In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1973, 1975. pp. 103-112; doi : https://doi.org/10.3406/bsnaf.1975.8252 https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_1975_num_1973_1_8252
— LEBEURIER (P-F.), 1868, Description de la Cathédrale d'Evreux accompagnée d'une vue générale et d'un plan géométrique, Huet ed., Evreux 1868
"La chapelle 42 montre, dans la partie supérieure de la verrière, deux écussons semblables à celui de la chapelle précédente. Ses formes contiennent: 1° l' inscription : LEVESQUE GIEFROY DONNE CESTE VERRIÈRE ; au-dessous un évêque à genoux, présentant un vitrail ; plus bas, un personnage, les mains jointes, avec l'inscription: MAISTRE ALAIN DE BALAIT; au-dessous encore l'inscription : MAISTRE ALAIN DE BARES ;
2° un écusson d'argent, à la fasce d'azur,, accompagnée de 3 cœurs de gueules, 2 en chef et 4 en pointe ; la Vierge et l'enfant Jésus dans un berceau; au-dessous un cavalier (S. Maurice?) et des fragments de l'inscription : SANCTA MARIA ORA PRO NOBIS;
3° Saint Martin donnant la moitié de son manteau ; au-dessous un évêque bénissant de la main droite et tenant une croix de la gauche, un fragment d'inscription: CUJUS G' AMEN ;
4° un évêque à genoux, les mains jointes, l'inscription: MOS. JEHAN DE BALAIT; au-dessous un autre personnage ayant la couronne de moine et un fragment d'inscription: ...SSU JEHAN DE BA ..."
— LILLICH (Meredith Parsons), 1986, “European Stained Glass around 1300: The Introduction of Silver Stain,” Europäische Kunst um 1300 6, Akten des XXV. Internationalen Kongresses für Kunstgeschichte, Gerhard Schmidt and Elizabeth Liskar, eds. (Wien, Köln and Graz: Hermann Böhlaus Nachf., 1986).
— LILLICH (Meredith Parsons), 1992, "Heraldry and Patronage in the Lost Windows of Saint-Nicaise de Reims.", L'Art et les revolutions, 27e Congres international d'histoire de l'art, vol. 8 (Strasbourg: 1992), pp. 71-102.
— LAUTIER (Claudine), 2000, "Les débuts du jaune d'argent dans l'art du vitrail ou le jaune d'argent à la manière d'Antoine de Pise", Bulletin Monumental Année 2000 158-2 pp. 89-107
— MUNIER Claudine, À travers le verre, du Moyen Age à la Renaissance, catalogue Expo. Rouen, Musée départemental des Antiquités [compte-rendu], Bulletin Monumental Année 1990 148-4 pp. 462-464
— PHILIPPE (Michel ), 1992, "Chantier ou atelier : aspects de la verrerie normande aux XIVe et XVe siècles" Annales de Normandie Année 1992 42-3 pp. 239-257
— Le bréviaire de Belleville : Breviarium ad usum fratrum Predicatorum dit Bréviaire de Belleville. Ce manuscrit destiné à suivre les prières durant la célébration de la messe comprend deux volumes, l'un destiné aux prières pendant l'été (volume 1), l'autre pendant l'hiver (volume 2). BnF lat. 10483 et 10484.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8447295h
— Bible de Robert de Billying BnF latin 11935 Décoration achevée en 1327.
Note. La fille de Louis d'Évreux et de Marguerite d'Artois, Jeanne d'Évreux, deviendra reine de France de 1325 à 1328 par son mariage avec Charles IV le Bel. Veuve et douairière depuis 1328, elle fut enterrée à sa mort en 1371 à l'abbaye de Saint-Denis. Or, l'enlumineur Jean Pucelle (dont l'influence sur les cartons des vitraux d'Evreux après 1330 est reconnue) a orné le Livre d'Heures de Jeanne d'Évreux entre 1325 et 1328 et son Bréviaire à l'usage des franciscainsaprès 1325. Une autre influence exercée sur la peinture sur verre de l'époque est celle de l'orfèvrerie, et on se reportera à la statue en argent doré de 69 cm de la Vierge à l'Enfant, réalisée entre 1324 et 1339, pour la comparer aux Vierges des baies du XIVe siècle d'Évreux.
Orfevrerie : statue de la Vierge à l'Enfant offerte par Jeanne d'Evreux en 1339 à Saint-Denis.
La Vierge de Jeanne d'Évreux (69 cm de haut) est une œuvre anonyme réalisée à une date située entre 1324 (date où Jeanne devient reine) et 1339 (date du don inscrite sur le socle), conservée et exposée au musée du Louvre, dans les salles du Trésor de Saint-Denis du département des Objets d'art. Jeanne d'Évreux, reine de France de 1324 à 1328, en a fait don à l'abbaye de Saint-Denis en 1339. Sur un socle soutenu dans les angles par des figurines de lion, Marie tient l'Enfant Jésus. Dans sa main droite, elle tient une fleur de lys, reliquaire qui contenait à l'origine les reliques du lait, des vêtements et des cheveux de la Vierge, tandis que l'Enfant pose sa main sur sa joue.
Sur le socle, des petits piliers ornés des figures de prophètes séparent des plaques d'émaux qui retracent les événements de la vie du Christ sur terre.
Ces influences, qui s'exercent à partir de 1325, incitent à séparer les vitraux d'Évreux du XIVe postérieurs à cette date, de ceux qui lui sont antérieurs.
Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux : IV. La baie 27 offerte par l'évêque Mathieu des Essarts vers 1300-1310.
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Cet article est le quatrième d'une série sur l'apparition du jaune d'argent dans les vitraux de la cathédrale d'Évreux au XIVe siècle. Ces premiers articles montrent les vitraux avant 1330, avant cette apparition du "jaune d'Évreux" : voir l'introduction dans le premier article.
La baie 27, qui éclaire la chapelle des saints évêques d'Évreux, est haute de 5,20 m et large de 3,50 m. Elle comporte 4 lancettes trilobées et un tympan à 9 ajours et 9 écoinçons. On y retrouve la disposition en litre courante à l'époque, avec une verrière décorative claire et une bande horizontale de panneaux colorés et figurés.
La baie 25 qui éclaire la chapelle voisine (jadis chapelle Saint-Claude), où se trouve l'enfeu de Mathieu des Essarts, répondait à la même disposition, mais les panneaux colorés ont été regroupés avec ceux de la baie 27.
Les verres blancs sont répartis dans un réseau de plombs dessinant des quadrilobes concentriques, avec, au centre des panneaux, un fermaillet losangique coloré. Les verres blancs sont peints à la grisaille de rinceaux à feuilles de chêne et glands : nous retrouvons donc ici cet arbre utilisé de façon emblématique dans les baies précédentes (les photographies rendent mal ce détail, et les verres semblent blancs si la lumière n'est pas réduite : il est mieux visible sur le registre inférieur plus tardif de la dernière lancette).
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Les bordures.
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Les bordures à verre bleu, rouge et jaune alternent des armoiries de gueules au lion d'argent à la queue fourchée (non déterminées par les différents auteurs) avec celles du donateur, de gueules au chevron d'or avec la crosse en pal. Où plutôt, les armes au chevron sont placées sur la bordure gauche, et celles au lion sur la bordure droite.
Je ne vois pas d'autre solution pour le blason de gueules au lion d'argent à la queue fourchée (d'autant que la queue n'est pas passée en sautoir) que de l'attribuer aux seigneurs de Monfort, qui furent comte d'Évreux de 1198 à 1195 avant que ce comté ne rentre dans le domaine royal en 1200 et qu'il soit donné en apanage à Louis de France en 1298. Il reste à expliquer le choix de cette référence par l'évêque. Ces armoiries ne relèvent pas d'une restauration fantaisiste, car elles ont été décrites par de Gaignières dans un manuscrit de la Bibliothèque nationale (BnF., Fond Gaigneres, 468), où on voit la représentation de son tombeau, avec une verrière au-dessus; la description suivante accompagne le dessin:
MATHIEU DES ESSARTS
Vitre dans la chapelle Saint-Claude, dans l'aile de gauche du chœur de l'église N.-D. d'Evreux.
Mathieu des Essarts, la mitre en tête, & genoux, mains jointes, manteau, chape jaune, sur fond rouge, accosté aux quatre angles d'une rose blanche; au-dessus de sa tête, dans l'ogive : MATHEUS EPISCOP' EBROICEN.
La vitre entourée, bordée à gauche d'une série d'écussons de gueules au chevron d'or avec une crosse; à droite, écussons de gueules au lion d'argent lampassé la queue fourchue. ,
Au-dessous de la vitre est la statue en pierre de l'évêque Mathieu, couchée, en habits pontificaux, mains jointes, mitre. Cy gist révérend père en Dieu messire Mathieu des Essartz, jadis evesque d'Evreux.
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Armoiries des Essarts
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Armoiries de Simon III et d'Amaury de Monfort, comtes d'Évreux, travail personnel par Odejea sur Wikipédia
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Les panneaux colorés.
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Les panneaux colorés utilisent des verres rouges (tous les fonds), bleus, jaunes, plus rarement verts. Dans quatre panneaux sur cinq, deux à quatre étoiles (ou roses) jaunes sont placées au sein du fond rouge, sans doute jadis en chef-d'œuvre (la pièce de verre étant trouée pour y sertir la pièce) même si les refends réparés par des plombs de casse ne permettent plus de l'affirmer.
Les dais sont semblables à ceux des bais précédentes de 1300-1310, avec leurs piliers en pierre, leur arcature trilobée sous un gable encadré de pinacles, au dessous d'un étage supérieur de trois flèches. Les gables principaux sont ornés de feuilles, qui sont franchement des feuilles de chêne dans la plupart des cas (et avec un gland sur un fleuron dans la première lancette).
Le jaune d'argent n'est retrouvé que sur la Vierge en grisaille de la lancette de droite, qui date des années 1400 et sort donc de notre sujet.
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Le donateur.
Les baies 25 et 27 ont été offertes par l'évêque Mathieu des Essarts, comme le prouve l'inscription qui le représente en tenue épiscopale, à genoux et tenant la maquette d'une baie. Or, ce dernier fut évêque d'Évreux de 1299 à 1310, ce qui fournit une date ultime pour la datation de ces baies. Le créneau de datation 1300-1310 est le même que celui des baies de la chapelle Saint-Joseph (du coté sud du chœur), baies offertes par le comte d'Évreux Louis et son épouse, et où il figure dans la même posture, tenant également une maquette de vitrail. Nous avons donc "du coté de l'évangile" (le plus sanctifié) la donation de l'évêque, et, du coté de l'épître, la donation contemporaine faite par le comte d'Évreux.
"Mathieu des Essarts. 1299—1310. Il est issu du chapitre cathédral d'Évreux. Il est mentionné comme chantre en mai 1298. Il accède en 1299 au siège d'Évreux et succède à Geoffroy de Bar. Le gros-œuvre et la décoration du chœur de la cathédrale d'Évreux sont achevés avant 1310, date de sa mort. Il est inhumé dans la chapelle des saints évêques d'Évreux, dans un enfeu avec un gisant en cuivre. Sa tombe a aujourd'hui disparu.
En 1286 , Mathieu des Essarts fit l'acquisition d'un fief à Saint-Germain-les-Évreux, puis en 1304 du manoir de Saint-Germain . En 1306, il en fait donation à la manse de l'évêché.
Son frère Roger († avant 1308) est trésorier en 1302 et archidiacre d'Ouche. Jean et Gilbert, fils de Pierre des Essarts, sont respectivement archidiacre d'Ouche et chantre du chapitre en 1309. D'autres membres de sa famille ont accédé au siège épiscopal d'Évreux: Guillaume (1333-1334) et Vincent (1334-1335), frère de Guillaume. (Wikipédia)
L'évêque a également fait apposer ses armoiries sur la voûte du chœur de la cathédrale.
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Les verrières 25 et 27 ont été restaurée par E. Champigneulle en 1894, puis recomposées en 1950 : quatre panneaux offerts par Georgette Le Gras en 1509 à l'occasion de la refondation de la chapelle Saint-Claude (baie 27) ont été déposés, puis reposés en 2001 au nord de la nef.
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La baie 25.
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Baie 25 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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La baie 27.
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Baie 27 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
Baie 27 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Lancette de gauche.
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Baie 27 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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En haut : Vierge à l'Enfant debout.
La Vierge, couronnée et nimbée de bleu, et son Fils, au nimbe crucifère, sont tournés vers la gauche où se trouvait sans doute le donateur, et l'Enfant le bénit.
On notera les yeux en virgule, et la pupille en raisin noir déporté sur le coté plein de celle-ci .
La Vierge est cantonnée de quatre roses-étoiles d'or.
Le gable du dais est orné de feuilles de chêne, et en fleuron de deux glands à pédoncules courts : il s'agit donc de chêne rouvre, ou sessile, l'essence prédominante en forêt d'Évreux.
Cette insistante présence du chêne m'est déjà apparue comme emblématique, mais de quoi ou de qui ? De l'importance des forêts en Haute-Normandie (forêts d'Évreux, d'Eu, de Lyons-la-forêt ) ? Du lien associant celles-ci avec la fabrication du verre (cendre de bois) ? De la valeur nutritive du gland pour les porcs ? L'arbre est-il reconnu comme le roi des forêts, et le gland devient-il par métonymie leur emblème, comme la pomme est devenu le Fruit par excellence ?
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Baie 27 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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En dessous : panneau déplacé : saint Martin en archevêque de Tours.
Inscription S. MARTINUS.
Sous le même dais à feuille de chêne, saint Martin mitré et tenant la crosse bénit un personnage placé à sa droite.
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Baie 27 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Les trois lancettes suivantes.
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Baie 27 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Deuxième lancette : l'évêque Mathieu des Essarts en donateur.
L'évêque agenouillé mains jointes est tourné vers sa droite et vénère la Vierge à l'Enfant (ou le Christ). Il est mitré mais sans sa crosse.
Inscription :
MA
THEUS
: EPISCOPIS :
EBROICENSIS
"Mathieu évêque d'Évreux".
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Baie 27 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Baie 27 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
Baie 27 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Troisième lancette : le Christ en croix.
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Nous retrouvons pour la 3ème fois le gable aux feuilles de chêne et les glands.
Le buste du Christ a été restauré. La Vierge regarde la croix, les mains serrées témoignant de son chagrin, tandis que Jean détourne et baisse la tête, les deux mains entourant le livre de son évangile. Ce détournement de Jean se retrouve sur le Calvaire de Jean de Baumetz en 1390.
Le buste du Christ, avant restauration, est tourné légèrement vers la droite, et les jambes pliées sont de profil, les pieds croisées. Voir un peu plus tard la Crucifixion de Jean Pucelle :
Baie 27 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
Baie 27 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Quatrième lancette : l'évêque Mathieu des Essarts en donateur, tenant la maquette d'une baie.
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Inscription :
MA
THEUS :
EPISCO
PUS : EBRO
ICENSIS.
Mathieu, évêque d'Évreux.
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Baie 27 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Quatrième lancette, registre inférieur : Vierge à l'Enfant vers 1400.
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Ce panneau de complément exécuté vers 1400 montre une Vierge à l'Enfant peinte à la grisaille sur un verre coloré bleu clair, debout sur un carrelage bicolore. Elle est couronnée, nimbée mais non voilée, vêtue d'un manteau blanc à roses d'or, et elle tient une fleur de lys.
Le jaune d'argent rehausse la couronne, les nimbes, les chevelures, les ornements des vêtements et la fleur.
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Baie 27 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
Baie 27 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Baie 27 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.
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Le tympan et les têtes de lancettes.
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a) les têtes de lancettes.
Les têtes des lancettes 1 et 3 contiennent les armoires de Mathieu des Essarts de gueules au chevron d'or avec la crosse en pal, déjà observé dans les bordure.
Dans les lancettes 2 et 4, nous retrouvons les armes des Monfort de gueules au lion d'argent à la queue fourchée, mais dans un ensemble complexe, qui rappelle la succession de rectangles colorés des bordures, avec deux quadrants jaunes (opposés par la pointe) dont l'un, en 1, laisse la place à un demi-quartier bleu, et un quadrant rouge opposé au blason des Monfort. Ces couleurs ont-elles une valeur héraldique ? Elles proviennent plutôt de la rencontre au sommet des deux bordures droite et gauche. Enfin, au centre, une mandorle de verre blanc est ornée à la grisaille d'un végétal et d'une bande à annelets, sans doute par souci de se rapprocher de l'écu de l'évêque avec sa crosse en pal.
La présence des armes anciennes du comté d'Évreux indique-t-elle une double donation, civile et ecclésiastique ?
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b) Le tympan : la vitrerie géométrique.
Il est semblable à tous les tympans examinés jusqu'à présent dans les baies des chapelles sud du chœur, et qui datent tous du 3ème quart du XVe (ou de leur copie lors des restaurations du XIXe), avec ses soleils ondés.
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SOURCES ET LIENS.
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— Histoire des évêques d'Évreux : avec des notes et des armoiries / par M. A. Chassant,... et M. G.-E. Sauvage,..1846.
—BONNENFANT (Georges),1939, Notre-Dame d’Evreux (Paris: H. Laurens, 1939), 43-44, pl. 16;
— BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.
— BOUSQUET (Jacques et Philippe), 2019, Donateurs avec la Madone, le cas de la cathédrale d'Evreux, site artiflexinopere.
https://artifexinopere.com/?p=17412
— FOSSEY Jules 1898, Monographie de la cathédrale d'Evreux par l'abbé Jules Fossey,... Illustrations de M. Paulin Carbonnier,...
— GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385
— GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.
—GAVET Philippe, Si l'art m'était conté. La cathédrale d'Évreux.