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26 janvier 2024 5 26 /01 /janvier /2024 12:15

Le monument funéraire ou enfeu (calcaire polychrome et marbre, vers 1508-1509) du duc René II de Lorraine dans la  chapelle des Cordeliers de Nancy : la Première Renaissance en Lorraine.

Le décor Renaissance (1508-1512) du Palais ducal.

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Voir, en la chapelle des Cordeliers :

 

 

Voir aussi, chronologiquement, sur l'art funéraire au XVIe siècle :

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Sur d'autres exemples de grotesques, plus tardifs, voir :

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PRÉSENTATION.

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Au milieu du mur sud de la nef de la chapelle des Cordeliers de Nancy (et non dans les chapelles latérales du fond de nef aménagées en enfeu), construite contre le palais ducal par René II en 1487 pour devenir la nécropole des ducs de Lorraine, le visiteur découvre le monument funéraire du fondateur, René II duc de Lorraine.

Or, ce monument témoigne de l'influence très précoce, dès 1509,  de l'art italien introduit par Charles d'Amboise pour son château de Gaillon (1502-1510) et repris largement sur les pilastres du tombeau de l'évêque Thomas James en sa cathédrale de Dol-de-Bretagne en 1507, et plus discrétement sur ceux du tombeau de François II et Marguerite de Foix à Nantes en 1502-1507. Ce sont ces relations stylistiques entre les trois monuments qui sont passionnantes à découvrir : on les découvre aussi à la Porterie du Palais ducal de Nancy construite en 1502-1512. Dès le tout début du XVIe siècle, l'art italien en moins de dix ans s'affirme en Normandie, en Bretagne et en Lorraine, tout comme à Blois en Val-de-Loire dont la cour royale doit être le foyer. 

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La première Renaissance lorraine.

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"D'une manière générale l'Europe se pacifie considérablement après la bataille de Nancy [gagnée par René II de Lorraine] en 1477, qui éradique la possibilité d'émergence d'un état puissant entre royaume de France et Saint-Empire romain germanique. Cette période de paix est favorable à la création artistique, c'est à ce moment qu'apparait une première Renaissance Lorraine (palais ducal de Nancy) dont l'âge d'or sera le règne du duc Charles III de Lorraine [duc de 1545 à 1608]. La Renaissance dans le duché de Lorraine prendra fin avec la guerre de Trente Ans (1618)" Wikipedia

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Le monument funéraire de René II fut commandité après sa mort en 1508 par sa veuve Philippe de Gueldre, et sans doute par son fils Antoine  alors âgé de 19 ans, qui hérite alors du duché. 

La Renaissance débute en Italie puis se propage peu à peu en France après les premières guerres d'Italie par Charles VIII (1494-1497), puis en Lorraine suite à différents évènements dont le plus précoce est l’arrivée d’artistes italiens invités par le roi de France puis en Lorraine par les ducs angevins René 1er et René II : Antonio de Bergame, Citoni, Orphéo Galéani, Stabili…

Antoine le Bon (duc de 1508-1544) passa son enfance au palais ducal de Nancy puis fut envoyé parfaire son éducation à la Cour de France à la cour de Louis XII à Blois avec ses frères Claude, Jean et François. Il  se lie d’amitié avec le duc d’Angoulême, futur François Ier, qui n’a que cinq ans de moins que lui.  Il se alors familiarise avec la première renaissance ligérienne, car à Blois le nouveau décor à l’antique apparaît vers 1500, sur l’aile Louis XII du château, et à l’hôtel d’Alluye de Blois, et il peut découvrir l’encadrement des fenêtres par des pilastres, inauguré au château de Gaillon de 1501 à 1510 pour le cardinal Georges d'Amboise archevêque de Rouen et principal conseiller de Louis XII : ces pilastres déploient en bas-relief à candélabres toutes les inventions de l'art à l'antique, ou à la grotesque. Ces pilastres et ces corniches ornés  de Gaillon et de Blois seront repris à partir de 1510-1515 dans les châteaux de Bury (détruit), Chenonceau, Azay-le-Rideau, Blois et bien sûr Chambord, entrepris en 1519, mais aussi au palais ducal de Nancy notamment sur sa célèbre porterie (1502-1512) inspirée de la porte Louis XII du château de Blois. 

Si Antoine a manifesté tout au long de son règne (1508-1544) un grand intérêt pour l’art péninsulaire, il n’a pas fait venir d’Italiens à sa cour, à la différence de son frère Jean, le cardinal de Lorraine. "Il semble avoir préféré envoyer ses propres artistes étudier dans le duché de Milan les grandes réalisations qu’il avait lui-même pu admirer lors des campagnes d’Italie." (R. Tassin)

 

"Le 10 décembre 1508, le duc René II de Lorraine s’éteignit après avoir pris froid lors d’une chasse au château de Fains, non loin de Bar-le-Duc (Meuse). Après avoir d’abord songé, dans un premier testament de 1486, à être inhumé à la collégiale Saint-Georges auprès de ses prédécesseurs, le défunt formula le souhait, dans un second testament daté de 1506, de reposer dans l’église des Cordeliers qu’il avait fondée et construite. Le souhait de René II était que lui soit dédié un monument très simple au côté droit de l’autel. Accompagné d’une épitaphe, celui-ci devait prendre la forme d’un monument en bronze, gravée de son effigie, aux côtés de laquelle il serait possible de s’agenouiller pour réciter des prières tout en y reposant les bras. Le monument voulu par le duc fut réalisé par un fondeur dénommé « maître Jacques » et prit la forme d’un tapis en trompe-l’œil sur lequel le défunt était représenté couronné et tenant son sceptre. Sur les côtés, apparaissaient également à plusieurs reprises deux anges soutenant les armes de Lorraine ainsi qu’une inscription mentionnant : « Cy-gist tres hault, tres puissant et tres chevaleureux Prince, René de Lorraine, Roy de Jhrlm, de Sicile et d’Arragon, leq[ue]l eagié de lxij ans trespassa le vij de décembre l’an 1508 ».

Néanmoins, la veuve de René II, la duchesse Philippe de Gueldre, ne respecta pas entièrement les dernières volontés de son défunt mari. Si la plaque et l’épitaphe furent bien réalisées, un spectaculaire monument funéraire, dont le concepteur demeure à ce jour inconnu, leur fut adjoint en 1508-1509 comme le montre l’estampe de Sébastien Antoine de 1728 où on distingue la plaque de bronze entourée d’une structure métallique destinée à le protéger. Au sein d’un enfeu creusé dans le mur droit de la nef, deux statues en marbre blanc, peut-être dues au sculpteur Mansuy Gauvain, auteur de la statue équestre primitive du duc Antoine sur la porterie du palais, furent installées. La première représentait le duc René II, revêtu du manteau ducal et d’un camail d’hermine, à genoux devant un prie-Dieu recouvert d’un tissu brodé armorié sur lequel étaient posés la couronne ducale et un livre. Devant lui, debout sur un piédestal, était figurée la Vierge Marie présentant l’Enfant Jésus à la dévotion du duc." (P.H. Pénet)

C'est donc à la découverte de ces bas-reliefs à la grotesque que je vous convie, à la recherche sur les pilastres ou les chapiteaux des candélabres à animaux fantastiques et feuillagés, des médaillons, des coquilles, des bucranes, des arabesques et rinceaux, des dauphins, des putti jouant à la balançoire dans des guirlandes , etc.

Mais je ne négligerai pas, bien qu'elle soit mieux connue, la description des panneaux héraldiques.

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Attribution.

La polychromie d’origine était due entre autre au peintre Pierrequin Fauterel et à l’enlumineur François Bourcier (P.-H. Pénet), également actif au palais ducal et qui avait été envoyé à Paris aux frais du prince pour y apprendre son art.

La sculpture est parfois attribué à Mansuy Gauvain, auteur de la statue équestre de la porterie du palais ducal.

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DESCRIPTION.

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Je diviserai le monument pariétal en trois registres  : en bas, l'enfeu proprement dit, qui contenait jadis les statues du duc devant la Vierge, et qui est par son décor un véritable manifeste de la Première Renaissance en Lorraine. Au dessus, les six niches consacrées à l'Annonciation, et aux saints. Au sommet, les armoiries des royaumes de Hongrie, Sicile Jérusalem et Aragon, coiffées par trois acrotères avec Dieu le Père au centre.

"Au XVIe siècle, le discours de ce spectaculaire monument se prolongeait sur le vitrail qui le surmontait. Celui-ci représentait au sommet une rose ornée dans son centre des armes pleines de Lorraine entourées de celles des différents royaumes ou duchés les constituant. Dans les quatre lancettes, on pouvait distinguer saint Jean-Baptiste apportant une guérison miraculeuse au couple ducal couché dans un lit, puis René II en prière, identique au priant de l’enfeu, et, à l’extrême droite, un personnage armé de toutes pièces portant les armes de Lorraine" (P.-H. Pénet)

Le matériel héraldique se retrouve sur les trois registres.

Je débuterai ma description par le haut, pour consacrer le temps et la place nécessaire au décor à la grotesque des pilastres de l'enfeu.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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I. LE REGISTRE SUPÉRIEUR : LES ACROTÈRES, ET LA RANGÉE HÉRALDIQUE

Le couronnement est  composé de deux parties superposées : en haut , trois acrotères, et plus bas un large linteau est orné de huit anges vêtus de dalmatiques tenant les écus des quatre royaumes de Hongrie, Sicile, Jérusalem et Aragon, prétentions territoriales des ducs de Lorraine héritées de la famille d’Anjou.

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IA. LES TROIS ACROTÈRES.

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La partie supérieure est constituée de trois acrotères de formes insolites composés, sur les côtés, de motifs de coquilles. Au dessus de chacun d’eux, se tiennent des putti tenant des phylactères.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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L'acrotère central : Dieu le Père entre deux anges musiciens.

Dans une niche où il siège sur une cathèdre, Dieu le Père bénit da la main droite et tient le globe crucigère. Il est coiffé d'une couronne impériale, et porte une chape  damassée et dorée sur une robe blanche à sautoirs. 

L'ange à sa droite joue du luth : on ne voit ni plectre, ni archet.

Son voisin joue d'un petit orgue portatif dont il actionne le soufflet de la main gauche.

Le panneau  est entouré d'un arc en fer à cheval s'enroulant en volutes aux extrémités, arc orné de six chérubins et de deux putti ailés tenant un parchemin.

Il est surmonté de l’inscription « Le juste s’élèvera jusqu'à moi ». Il ne s'agit pas d'une citation biblique.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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L'acrotère de gauche.

Il est centré par une coquille découpée en pétales de marguerites, bleus et or.

Au centre, deux griffons (oiseaux au bec crochu et au corps feuillagé)  croquent des raisins dans une coupe dressée en candélabre. C'est le premier exemple d'un ornement à la grotesque témoignant de l'influence des artistes italiens après leur découverte de la Domus aurea romaine vers 1480.

Sur la banderole en fer à cheval sont sculptés, en or sur fond rouge, des volutes réunies en miroir sur des pistils.

Deux anges assis au sommet tenaient un phylactère aujourd'hui brisé.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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L'acrotère de droite.

Il est semblable au précédent, mais le motif central est une tête de lion. Le fer à cheval, où nous retrouvons les rinceaux dorés, s'achève par de charmantes têtes féminines encapuchonnées. Les anges grimpés à califourchons sur l'acrotère sont presque intacts (tête de l'ange de droite brisée), ils tiennent un phylactère où nous lisons Iesus---maria.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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I B. LES ANGES PRÉSENTANT LES ARMES DES ROYAUMES DE  HONGRIE, SICILE, JÉRUSALEM, ET ARAGON .

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"Le large linteau est orné de huit anges vêtus de dalmatiques tenant les écus des quatre royaumes de Hongrie, Sicile, Jérusalem et Aragon, prétentions territoriales des ducs de Lorraine héritées de la famille d’Anjou. Ils faisaient écho à ceux qui étaient initialement gravés sur la plaque de bronze à l’effigie du duc tandis que, dans l’enfeu, les écus des duchés d’Anjou, de Lorraine et de Bar leur répondent toujours." (P.H. Pénet)

Ces revendications sont à la base des guerres d'Italie :

"Le royaume de Naples, jusqu'en 1442, est aux mains de la maison d'Anjou, maison cadette des Capétiens. À cette date, l'Aragon avec le roi Alphonse V en prend le contrôle. La maison d'Anjou essaie alors sans relâche d'en reprendre possession. Son dernier représentant, René d'Anjou meurt en 1480. Ses droits sur le royaume de Naples passèrent alors au royaume de France, où règne Louis XI, puis, à partir de 1483, Charles VIII. 

Charles VIII doit faire d'importantes recherches dans les archives pour prouver le bien-fondé de ses prétentions, d'autant plus que la maison d'Anjou a perdu ses possessions napolitaines en 1442. Ce legs comprend aussi le royaume de Jérusalem, qui est occupé par les Mamelouks jusqu'en 1517. " (Wikipedia)

La fille de René Ier d'Anjou, Yolande d'Anjou (1428-1483), duchesse de Lorraine en 1473 et comtesse de Vaudémont, abdiqua en faveur de René II René II, duc de lorraine 1473 - 1508, Duc de Bar, comte de Vaudémont et d'Aumale, baron d'Elbeuf et de Mayenne, et sire de Joinville, qui réunit sous une même autorité les duchés de Lorraine et de Bar.

Les armes de ces quatre royaumes sont reprises dans les armoiries de René d'Anjou, de Yolande d'Anjou et de René II.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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Le chapiteau : deux masques de profil— couple de souverains couronnés ?— sont figurés sous un chérubin et un couple d'aigles, dans un entrecroisement de deux plantes, peut-être des cardères.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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Deux anges présentant les armes couronnées du royaume de Hongrie fascé de gueules et d'argent de huit pièces (l'argent a noirci).

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Les anges, très naturels,  portent un diadème d'or, une dalmatique dorée à revers rouge et une tunique blanche à amict.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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Deux anges présentant les armes couronnées de Sicile [de Naples] d'azur semé de fleurs de lys au lambel de gueules en chef.

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Les anges, portent  au dessus de leur dalmatique une chape dorée, frangée, à fermail, à revers vert ou rouge .

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On retrouve ces anges sur le vitrail datant vers 1510 de Jean de Lorraine, fils de René II et évêque de Metz conservé au musée lorrain : leur dalmatique pourrait être inspirée des gravures germaniques

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Photo lavieb-aile

 

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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Au milieu, vase à feuilles d'acanthes et masque léonin, flanqué de deux aigles. Deux autres aigles viennent picorer dans des cornes d'abondance.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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Deux anges présentant les armes couronnées  du royaume de Jérusalem, d'argent à la croix potencée d'or cantonnée de quatre croisettes du même.

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Les anges sont vêtus d'une tunique gris clair damassée de motifs dorés et serrée par un cordon.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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Deux anges présentant les armes, couronnées, du royaume d'Aragon d'or à quatre pals de gueules.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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Chapiteau de droite.

En partie haute, en or sur fond bleu : deux dragons enlacés par le cou, aux corps feuillagés.

Partie principale, en or sur fond rouge : quatre "dauphins" (poissons) feuillagés et aux queues liées de part et d'autre d'une guirlande ; deux dauphins tiennent dans leur gueule un collier de perles ou grelots (ou d'un chapelet à neuf grains).

C'est là encore un exemple du vocabulaire à la grotesque d'origine italienne.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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II. LE REGISTRE MÉDIAN : LES SIX NICHES : QUATRE SAINTS AUTOUR DE L'ANNONCIATION.

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"Ce registre  comprend six niches à coquilles où sont sculptées en haut relief six figures de saints identifiés par des phylactères. On peut d’abord y reconnaître, terrassant le dragon, saint Georges, patron des chevaliers, sous le vocable duquel était placé la collégiale jouxtant le palais, puis saint Nicolas, patron de la Lorraine, en l’honneur de qui René II avait fait reconstruire l’église de Port (actuelle basilique de Saint-Nicolas-de-Port). Ce dernier est représenté redonnant la vie aux trois enfants placés dans un baquet.

Au centre sont figurés l’archange Gabriel tenant un phylactère où sont écrits les mots « Ave gracia plena » "Je vous salue, [Marie], pleine de grâces" et la Vierge portant un livre et une croix de Jérusalem autour du cou, rappelant ainsi la dévotion particulière du duc envers l’Annonciation.

À ses pieds, un phylactère indique en abrégé la réponse de Marie :  mihy scdm verbo tuum  (mihy secundum verbo tuum), "Qu’il me soit fait selon ta parole", complétée, entre les deux personnages, d’un lys, symbole de pureté de la Mère de Dieu, sortant d’un vase doré et torsadé accompagné de l’inscription  sit nomen domini , "Que le nom du Seigneur [soit béni]".

Enfin, à droite, apparaissent saint Jérôme, accompagné de son fidèle lion et, sans doute, de sa traduction de la Bible, ainsi que saint François d’Assise montrant ses stigmates. Ces deux dernières figures sont à mettre en rapport avec le précepteur du duc, Didier Birstorff, qui traduisit les écrits de saint Jérôme, et avec la fondation par René II du couvent des Cordeliers, une des branches de la famille franciscaine.

Au dessus des deux premiers pilastres, des phylactères portent deux inscriptions issues du Magnificat : fecit potentiam in brachio suo  "Il a déployé la puissance de son bras", une des devises ducales, et « ecce ancilla Domini fiat  "Voici la servante du Seigneur, qu’il m’advienne [selon ta parole]". Au dessus de celui de droite, on déchiffre, en capitales : « IE SUIS RENE RO[Y] DE IHERUSALEM »." (P.-H. Pénet)

 

 

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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Le sommet du pilastre de gauche et son inscription  fecit potentiam in brachio suo 

Cette devise du duc, qu'il accompagne parfois de UNE POUR TOUTES est extrait du Magnificat ; elle  s'accompagne parfois du dextrochère ou bras armé d'une épée et sortant d'un nuage. On la trouvait aussi gravée sur l'épée de François Ier. Symbole de la puissance divine, elle désigne également la puissance du duc et fait écho à la victoire de René II contre Charles le Téméraire à la bataille de Nancy en 1477. 

Sur la statue équestre du duc Antoine au centre de la porterie du Palais ducal, le duc lève son bras armé de l'épée comme pour revendiquer cette devise. D'ailleurs, le dextrochère figure sur la housse du cheval.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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Saint Georges terrassant le dragon.

Venant juste après cette devise, nous ne pouvons nous empecher de remarquer le bras armé du saint.

La chapelle des Cordeliers a été créée pour accueillir les tombeaux des ducs de Lorraine jadis inhumés en la collégiale Saint-Georges de Nancy.

De chaque côté, une frise d'alerons sur fond noir ou rouge renvoie aux armoiries de Lorraine.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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Les putti jouant avec des rubans dans le pourtour de la coquille, et autres anges ou masques.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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Saint Nicolas en évêque de Myre ressuscitant les trois enfants du saloir. Main droite brisée.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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L'ange Gabriel en dalmatique frangée tenant sur une verge fleurie la salutation de l'Annonciation Ave Maria [gratia] plena.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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L'inscription Ecce ancella domini fiat.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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La Vierge de l'Annonciation tenant ouvert le livre des Écritures.

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Elle porte nautour du cou une chaine en or dont l'extrémité en forme de croix est tenue entre majeur et annulaire.

N.b : la reliure du livre se double d'une étoffe formant un sac de transport : c'est le "livre ceinture".

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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Saint Jérôme, en cardinal, tenant ouvert la Vulgate, sa traduction latine de la Bible, que le lion touche de sa patte.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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Saint François montrant ses stigmates.

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Le saint a toute sa place ici, dans la chapelle des Cordeliers, desservie par  les franciscains.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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L'inscription  IE SUIS RENE RO[Y] DE IHERUSALEM.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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Pilastre de gauche.

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"Les grotesques sont une catégorie de peinture libre et cocasse inventée dans l'Antiquité pour orner des surfaces murales où seules des formesen suspension dans l'air pouvaient trouver place. Les artistes y représentaient des difformités monstrueuses créées du caprice de la nature ou de la fantaisie extravagante d'artiste : ils inventaient ces formes en dehors de toute règle, suspendaient à un fil très fin un poids qu'il ne pouvait supporter, transformaient les pattes d'un cheval en feuillage, les jambes d'un homme en pattes de grue et peignaient ainsi une foule d'espiègleries et d'extravagances. Celui qui avait l'imagination la plus folle passait pour le plus doué. " Giorgio Vasari, "Introduction technique", De la peinture (c. 1550), chapitre XIV
Vasari nous propose ici une définition des grottesques directement inspirée du texte de Vitruve (De Architectura) écrit seize siècles plus tôt. 

À la fin du 15e siècle, la redécouverte de décors antiques dans les sous-sols de la Domus Aurea, palais de l’empereur Néron à Rome enfoui sous les thermes de Trajan et confondu avec des grottes, va permettre la renaissance d’un art appelé « grottesque » puis grotesque le chargeant ainsi du sens de comique, ridicule. Outre le principe de symétrie autour d'une ligne médiane verticale, dans des rinceaux habités, de longues tiges d'acanthe ou de vigne à l'enroulement infini où fourmille toute une faune à échelle variable et des superpositions de vasques et de coupes, l'une de ses caractéristiques principales est selon André Chastel, le jeu et la combinaison de formes hybrides mi-végétales, mi-animales ou mi-humaines qui surgissent dans un foisonnement vivant, dans un jeu de métamorphoses. André Chastel souligne aussi  la négation de l'espace, (il s'agit d'un monde sans poids, sans épaisseur articulé selon un mélange de rigueur et d'inconsistance ; une architecture de la suspension et du vertige),  et le démon du rire fondé sur le jeu, comme dans les  bizarreries, drôleries ou monstres largement présents dans les manuscrits de l'Europe du Nord du XIVe siècle. Ce sont des formes de la pure imagination et de fantaisie .

On retrouve ce décor sur l'encadrement de la Mise au tombeau de Saint-Pierre de Solesmes (1496),  sur le tombeau de Thomas James à Dol-de-Bretagne (frères Juste, 1507), sur les boiseries de chapelle (1510) et les façades et galeries (entre 1507 et I509) du château de Gaillon, à l'hôtel de Bourgtheroulde de Rouen (1506 et après 1520) au bureau des Finances de Rouen (1509) ou sur la voûte de la cathédrale d'Albi (1509), puis à l'Hôtel Cujas à Bourges (1515) et à l'Hôtel Alluye à Blois


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Précision : un candélabre est dans l'art de la Renaissance, un motif fait de coupes, de vases superposés associés à des arabesques et décorant des piédroits ou pilastres ou toute surface haute et étroite.

Des gravures de candélabre circulaient dès le début du XVIe siècle, comme celles de  Giovanni Pietro Birago , gravées vers 1505-1507 par Giovanni Antonio da Brescia :

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INHA

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De même, les gravures de Nicoletto da Modena , postérieures à  1507, pouvaient être disponibles aux nancéens : elles  restituent de nombreux détails qui se trouvent dans les décors du Palazzo dei Pio à Carpi, sur la voûte (1509) de la cathédrale d'Albi et dans le château de Gaillon. Manuela Rossi émet l'hypothèse que les artistes qui ont peint les fresques du Palazzo dei Pio aient eu pour modèle les estampes de Nicoletto, comme le laissent penser certains détails de grotesques et la proximité géographique des chantiers.

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Louvres : Panneau d'ornements Après 1507 gravé par Nicoletto da Modena

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Mais ce décor était aussi présent dans les Livres d'heures imprimés à partir de 1488, par exemple par Vérard,  Simon Vostre, Philippe Pégouchet ou par les Hardouyn.

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Nous trouvons sur ce candélabre, de haut en bas :

  • couple de dragons de part et d'autre d'un arbre sur une coupe
  • couple d'oiseaux picorant des feuilles sur une coupe
  • deux dauphins aux queues feuillagées liées autour d'un médaillon de profil (homme aux traits rustres coiffé d'un bonnet)
  • un bucrane ou plutôt un massacre de cerf
  • deux oiseaux picorant des plantes aux tiges liées (chardon?)

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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III. LE REGISTRE INFÉRIEUR.

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Deux pilastres et un entablement délimitent un espace rectangulaire aujourd'hui vide et dans lequel on a placé une plaque de marbre portant l'épitaphe. Les statues du duc agenouillé à son prie-dieu devant la Vierge à l'Enfant, détruites à la Révolution, avaient été remplacées par des copies  en plâtre du XIXe siècle qui ont été supprimées.

 

"Détruites lors de la Révolution, de même que la plaque à l’effigie ducale envoyée à la fonte, les sculptures du duc et de la Vierge à l’enfant furent refaites en plâtre par François Labroise, en 1818, qui rajouta sur le prie-Dieu une épée, un sceptre et un second livre. Le sculpteur restaura par ailleurs, outre la polychromie, le blason central et les trois écus présents à l’intérieur de l’enfeu : sur la gravure de Sébastien Antoine, les armes de Lorraine et de Bar sont en effet inversées et on distingue des couronnes ducales qui ont aujourd’hui disparu. Refaite en 1738, l’épitaphe murale fut également détruite à la Révolution puis rétablie en 1818 par le marbrier Miller-Thiry mais avec des dimensions moins larges, ce qui permit de rajouter un rideau peint en trompe-l’œil derrière le priant du duc. Jugés très maladroits par le conservateur du Musée lorrain Pierre Marot, les statues en plâtres de Labroise furent finalement retirés vers 1936." (P.-H. Pénet)

 

 

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

 

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1. La plaque de marbre et l'épitaphe copie du marbrier Miller-Thiry en 1818.

Transcription de l’épitaphe actuelle : voir ici.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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2. La partie haute de l'enfeu est oblique aménageant ainsi deux registres horizontaux  richement ornés d'entrelacs et de grotesques ; trois blasons sont intégrés dans le rang inférieur.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

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Du côté gauche : 

  • entrelacs et feuillages dissimulant deux masques d'enfants.
  • larges feuilles d'acanthe
  • deux oiseaux fantastiques (proches des aigles), feuillagés, boivent à la vasque d'une fontaine. Les piètements sont réunis par un lacs à nœuds tressés et rosette.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

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Les armes  d'Anjou, d’azur aux trois fleurs de lis d’or à la bordure de gueules. Restauration  en 1818 par François Labroise.

Ces armes sont "modernes", ce sont celles adoptées par René Ier duc d'Anjou, avec trois fleurs de lis plutôt qu'un semé de fleurs de lis.

La bordure de gueules est remplacée comme sur le blason central par des billes rouges, formant un chapelet.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

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Blason du duché de Lorraine, d'or, à la bande de gueules, chargée de trois alérions d'argent. Restauration  en 1818 par François Labroise.

Les alérions, qu'on retrouve partout sur ce monument, sont, en héraldique des aiglons sans bec ni pieds.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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Suite de ce décor, du côté droit.

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Nous retrouvons le très riche décor à l'antique avec, parmi les rinceaux :

  • deux aigles picorant des fruits dans un vase
  • deux superbes dragons ailés feuillagés s'affrontant
  • deux putti chevauchant une créature fantastique
  • deux dragons feuillagés picorant des fruits dans une vasque.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

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Le blason du duché de Bar, d’azur semé de croisettes recroisetées au pied fiché d’or à deux bars adossés du même. Restauration  en 1818 par François Labroise.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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Les armoiries de René II de Lorraine. Restauration  en 1818 par François Labroise.

 

Elles réunissent les sept blasons dispersés ailleurs.

En langage héraldique ces armoiries sont dites coupées, on y trouve en chef, les quatre royaumes : Hongrie (fascé d’argent et de gueules de huit pièces), Sicile (Anjou ancien : d’azur semé de fleur de lis d’or au lambel de gueules en chef), Jérusalem (d’argent à la croix potencée d’or cantonnée de quatre croisettes de même) et Aragon (d’or à quatre pals de gueules) et, en pointe, les deux duchés : Anjou moderne (d’azur semé de fleurs de lis d’or à la bordure de gueules) et Bar (d’azur semé de croisettes recroisetées au pied fiché d’or à deux bars adossés du même), ainsi que, sur le tout, un écusson aux armes de Lorraine (d’or à la bande de gueules chargée de trois alérions d’argent).

L'écu est surmonté d'un heaume à grille à six barres, tourné de 3/4 vers la gauche, accompagné de ses lambrequins coiffé de la couronne ducale et d'un cimier portant un aigle aux ailes éployées.

On le comparera à celui qui figure sur la porterie du palais ducal, mais il fut restauré au XIXe siècle.

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Porte piétonne du palis ducal de Nancy. Photo lavieb-aile 2024.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

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LES PILASTRES DU REGISTRE INFÉRIEUR.

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Quelques vues générales.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

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  • Profils casqués  feuillagés
  • Oiseaux feuillagés tenant un collier
  • Candélabre à collier et oiseaux.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

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  • couple de dauphins feuillagés affrontés

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N.B On a pu les rapprocher de ceux du frontispice de l'édition vénitienne de Térence 1499, mais on les retrouve ailleurs.

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Frontispice du Terentius cum quinque commentis (Gallica, dans une édition de 1518)

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

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  • couple de dauphins feuillagés affrontés, aux queues entrelacées.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

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  • candélabre à figures grotesques, etc.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

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  • candélabre à couples de putti jouant avec des cordes. Putti grimpant dans les rinceaux.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

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  • personnage coiffé de plumes buvant au tonnelet.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

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  • aigle aux ailes déployées.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

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  • candélabre et rinceaux.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

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  • candélabre avec personnage tenant un écu à croix pattée, oiseaux picorant, chimères feuillagés.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

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  • couple de dauphins feuillagés affrontés, les queues liées.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

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  • épis de blé.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

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  • couple de serpents feuillagés affrontés

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

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  • couple de dauphins feuillagés buvant à une coupe ; queues faufilées dans un entrelacs.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

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  • couple de griffons ou félins feuillagés affrontés ; queues en rinceaux faufilées dans un entrelacs.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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  • candélabre à putti jouant et oisillons.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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Le monument funéraire de René II en la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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UN AUTRE EXEMPLE DE LA PREMIÈRE RENAISSANCE LORRAINE : LA FRESQUE DE LA VOÛTE AU DESSUS DU MAÎTRE-AUTEL .
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Cette fresque représentant les Anges tenant les instruments de  la Passion, accompagnés de saints dans des chapeaux de triomphe est attribuée à Hugues de la Faye, peintre du duc Antoine, et elle est datée du premier quart du XVIe siècle. Elle est donc voisine spatialement et chronologiquement du monument funéraire  de René II et le commanditaire est le même. Parmi les saints, se trouvent Saint Louis d'Anjou vêtu de ses ornements épiscopaux dont une chape fleurdelisée, Saint Bonaventure, Saint Bernardin de Sienne et Saint Antoine de Padoue portant un coeur . Mais les figures sont accompagnées de séraphins tenant des cartouches à inscription, décor Renaissance, et les médaillons, rinceaux, candélabres et rubans relèvent du vocabulaire de la première renaissance.

Voir, pour la description détaillée et le relevé des inscriptions :

http://palaisducalnancy.canalblog.com/archives/2020/01/26/37972290.html

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Voûte de la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Voûte de la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Voûte de la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Voûte de la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Voûte de la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Voûte de la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Voûte de la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Voûte de la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Voûte de la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Voûte de la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Voûte de la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Voûte de la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Voûte de la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Voûte de la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Voûte de la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Voûte de la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Voûte de la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Voûte de la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Voûte de la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Voûte de la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Voûte de la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Voûte de la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Voûte de la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Voûte de la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Voûte de la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Voûte de la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Voûte de la chapelle des Cordeliers de Nancy.  Photographie lavieb-aile 2024.

Voûte de la chapelle des Cordeliers de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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UN AUTRE MONUMENT DE LA PREMIÈRE RENAISSANCE LORRAINE : LE PALAIS DUCAL.
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À la suite de la défaite de Charles le Téméraire, lors de la bataille de Nancy en 1477, le château des ducs de Lorraine était dans un état de délabrement avancé. Le duc René II (1473-1508) ordonna en 1502 la reconstruction du château dans le style Renaissance. Les travaux se poursuivirent jusqu'en 1512, sous le règne du duc Antoine qui est certainement l'instigateur de la porterie comportant sa propre statue équestre. Cette Porterie, ou entrée du château, construite en 1511-1512, est très inspirée de celle du château de Blois (Antoine avait passé une partie de son enfance à la Cour de Louis XII). Ses pilastres encadrant la porte sont ornés à l'antique, principalement avec des trophées d'armes, où des putti soutiennent des casques, cuirasses, tambours, carquois,  boucliers et flèches, reprenant le décor du château de Gaillon dont les pilastres conservés au Louvre datent de 1510.

" Quant aux trophées militaires ornant les piédroits de la grande arcade du rez-de-chaussée, ils se distinguent, par leur précision et leur rigueur, des rinceaux et candélabres que l’on trouve sur le reste du monument. Doit-on vraiment leur conception et leur réalisation à l’un des ouvriers placés sous les ordres de Jaco de Vaucouleurs, comme le pense Paulette Choné (La Renaissance en Lorraine) , Gauvain se limitant exclusivement à la ronde-bosse [pour la statue équestre] ? Quoi qu’il en soit, ces reliefs martiaux figurent parmi les exemples les plus précoces de ce genre d’ornement au nord des Alpes, sans doute avant ceux de la façade des loges à Blois, et pourraient avoir été inspirés par des exemples lombards tels que le tombeau de Gian Galeazzo Visconti, réalisé par Gian Cristoforo Romano à la chartreuse de Pavie, entre 1492 et 1497" (R. Tassin 2020).

D'autres décors en bas-reliefs, à rinceaux et candélabres, sont visibles sur les pinacles et lucarnes du toit.

On retrouvera ces bas-reliefs Renaissance avec grotesques des piles de la galerie voûtée de la cour intérieure.

Comme le souligne Francine Roze pour le Congrès archéologique de 2006,  les vestiges du palais :

 "...représentent  l'exemple le plus éclatant de l'architecture lorraine du début du XVIe siècle : un art venu de France, ponctué d'italianismes de seconde main plaqués sur une structure essentiellement gothique. Ils constituent donc un témoignage particulièrement éloquent des influences, des nouveautés et des archaïsmes qui se conjuguèrent en Lorraine à cette époque."

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Raphaël Tassin défend en 2013 l'hypothèse d'une influence des gravures de l’Hypnerotomachia Poliphili (Le Songe de Poliphile) de Francesco Colonna publié à Venise en 1499, et de du De artificiali perspectiva, (2ème édition, Toul, Pierre Jacobi, 1509) deJean Pélerin dit Le Viator, chanoine de Saint-Dié vers 1498.

 

"Ainsi n’est-il pas incongru de trouver une probable influence desdits ouvrages dans les premiers grands monuments de la Renaissance des duchés, au début du règne du duc Antoine : la porterie du nouveau palais ducal et le tombeau de son père dans l’église attenante du couvent des Cordeliers.

La porterie du palais (v. 1511-1512), dans sa conception générale, reprend celle du château de Blois, où Antoine avait passé une partie de son éducation avec son frère Claude, auprès du roi Louis XII. Jean Pélerin lui-même s’est certainement rendu en Touraine vers 1501, et l’on trouve une planche représentant probablement l’aile Louis XII – avec quelques différences – dans la première édition de son traité. Les deux édifices adoptent une composition similaire caractérisée par un fort verticalisme, combinant un portail d’entrée et une grande niche où trône une statue équestre, dans un monument d’une forte empreinte gothique. Cependant des innovations non négligeables témoignent d’une prise de distance du bâtiment nancéien par rapport à son modèle et d’une inspiration encore plus tournée vers les territoires transalpins.

En effet le détail du vocabulaire décoratif employé est presque exclusivement issu de celui de la Renaissance – dauphins, coquilles, médaillons à l’antique, etc. – bien que l’effet visuel général reste plutôt « flamboyant » avec les pinacles et l’espèce de gâble couronnant la niche. Selon toute probabilité, le cloître de Saint- Gengoult à Toul a exercé ici une influence considérable, que l’on mesure aussi bien dans les contreforts ornés de médaillons à l’antique, les candélabres et les gâbles similaires à celui de Nancy couronnant la quasi-totalité des arcades des quatre galeries.

Mais le meilleur exemple en est sans doute le décor de candélabres, de grotesques et de trophées ornant les piliers encadrant la porte, dont le Quattrocento italien avait fait un abondant usage dans l’architecture tant réelle que feinte. Cette mode s’était installée en France au retour de la première guerre d’Italie menée par Charles VIII et l’on en trouve des exemples parmi les plus intéressants dans l’entourage du cardinal Georges d’Amboise à Gaillon. Dans le détail, les décors de grotesques et de candélabres de la porterie ont probablement été, non pas copiés tels quels, mais en tout cas inspirés en partie par les gravures sur bois accompagnant les livres comme celui de Francesco Colonna."

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Palais ducal de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Palais ducal de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Palais ducal de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Palais ducal de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Palais ducal de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Palais ducal de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Palais ducal de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Palais ducal de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Palais ducal de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Palais ducal de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Palais ducal de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Palais ducal de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Palais ducal de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Palais ducal de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Palais ducal de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

Palais ducal de Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

 

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SOURCES ET LIENS.

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— BLANCHARD (Jean-Christophe), 2016,  Georges Gresset, peintre et héraut d’armes des ducs de Lorraine (1523- 1559). 2016. ffhalshs-01264665f

https://shs.hal.science/halshs-01264665/document

—CHONÉ (Paulette) , 2011, "Le tombeau de René II aux Cordeliers", in Le duc de Lorraine René II et la construction d'État princier, numéro spécial Lotharingia t. XVI, 2010, p. 81-106.
—CHONÉ (Paulette) , 1991 , Emblèmes et pensée symbolique en Lorraine (1525-1633). « Comme un jardin au cœur de la chrétienté », Paris, Klincksieck, 1991

—CHONÉ (Paulette) ,2007, "Le cas singulier des emblèmes en Lorraine aux XVIe et XVIIe siècles", in Littérature 2007/1

https://www.cairn.info/revue-litterature-2007-1-page-79.htm

— GERMAIN ( Léon), 1885, "Le lit d'Antoine, Duc de Lorraine, et de la Duchesse Renée de Bourbon au musée historique lorrain" Bulletin Monumental  Année 1885  51  pp. 239-262

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1885_num_51_1_10567

— GUILLAUME (abbé Pierre-Etienne), 1851, "Cordeliers et chapelle ducale de Nancy",  Bulletin de la société archéologique lorraine, pages 95 et suiv.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k33672t/f98.item

—LEPAGE (Henri) 1852 Le palais ducal de Nancy.

https://lorexplor.istex.fr/Wicri/Europe/France/Lorraine/fr/index.php/Le_Palais_ducal_de_Nancy_(1852)_Lepage,_1_b

— PÉNET (Pierre-Hippolyte), Monument funéraire de René II de Lorraine, notice du Musée Lorrain.

https://musee-lorrain.nancy.fr/les-collections/catalogues-numeriques/nancy-capitale-des-ducs-de-lorraine/xvie-siecle/monument-funeraire-du-duc-rene-ii

https://musee-lorrain.nancy.fr/les-collections/catalogues-numeriques/la-lorraine-pour-horizon/laffirmation-de-la-souverainete-des-duches-de-lorraine-et-de-bar-1477-1572/fragment-dun-ange-agenouille-tenant-les-armoiries-du-duc-de-lorraine-rene-ii-ou-de-son-fils-antoine

— PÉNET (Pierre-Hippolyte), Le lit d'Antoine

https://journals.openedition.org/insitu/24089?fbclid=IwAR0vcCMyrNtW1XnUhliTha7JP_Id-Ox1QV-ZSrTmkjkayD61lkAmufu5mhc

—PETIT (Olivier), 2017, Musée Lorrain : Enfeu du duc René II de Lorraine, 

https://patrimoine-de-lorraine.blogspot.com/2017/01/nancy-54-musee-lorrain-enfeu-du-duc.html?fbclid=IwAR3-1zgGgWjuWsC7NTixGMYh6J9o1sCNzwy3U_bb1Cr6cc1YaexEzJxctpk

—RABAUD (Wanda), BOULEAU (Nicolas), 2020, A la source de la Renaissance française, Le livre d’Heures parisien Livres d’Heures imprimés à Paris entre 1488 et 1550

https://shs.hal.science/halshs-02898229/document

 

— SANTROT (Jacques), 2017,  À Nantes, le tombeau des parents d'Anne de Bretagne, le duc François II et Marguerite de Foix.

https://www.academia.edu/44399771/A_NANTES_LE_TOMBEAU_DES_PARENTS_DANNE_DE_BRETAGNE_LE_DUC_FRAN%C3%87OIS_II_ET_MARGUERITE_DE_FOIX

—TASSIN (Raphaël), 2013, "Toul et Saint-Dié : deux centres artistiques aux sources de la Renaissance lorraine", in Renaissance à Toul. Morceaux choisis, catalogue d'exposition, sous la dir. A. Harmand et P. Masson, Toul, 2013, p. 214-223.

https://www.academia.edu/3990004/_Toul_et_Saint_Di%C3%A9_deux_centres_artistiques_aux_sources_de_la_Renaissance_lorraine_in_Renaissance_%C3%A0_Toul_Morceaux_choisis_catalogue_dexposition_sous_la_dir_A_Harmand_et_P_Masson_Toul_2013_p_214_223

—TASSIN (Raphaël), 2020, "Les artistes italiens en France orientale aux xve et xvie siècles : circulation, production, influence",  Cahiers d’études italiennes .

https://journals.openedition.org/cei/7111

—THOMAS (Évelyne ),2012, "Un monument insigne de la première Renaissance en Lorraine", Bulletin Monumental  Année 2012  170-1  pp. 70-71

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2012_num_170_1_8247

UN MONUMENT INSIGNE DE LA PREMIÈRE RENAISSANCE EN LORRAINE. – Paulette Choné étudie sous toutes ses facettes le tombeau de René II, duc de Lorraine, mort en 1508, dont l’inhumation eut lieu en l’église des Cordeliers de Nancy qu’il avait fondée. Les relations concernant ce tombeau sont nombreuses, beaucoup de voyageurs l’ont mentionné, mais peu d’auteurs l’ont vraiment regardé, et moins nombreux encore sont ceux qui ont tenté de restituer l’historique de sa réalisation. Quelques textes – essentiellement du XVIIe siècle – font toutefois exception, et apportent des détails précieux sur des dispositions aujourd’hui disparues.

Dans un premier temps, P. Choné restitue le tombeau prévu par le duc lui-même dans son testament. Elle s’attarde sur le sens précis des mots utilisés par René II pour analyser les intentions exactes du duc, qui voulait un tombeau « libre » – et non adossé contre un mur –, du côté de l’épître, entièrement en bronze, avec une plaque gravée à son effigie et une longue épitaphe. Sa faible hauteur n’était pas un signe d’humilité, mais devait permettre que l’on s’agenouillât devant pour prier. P. Choné propose de voir dans ce tombeau un parti « royal », où tout contribuait à proclamer la « souveraineté du prince ». L’auteur étudie ensuite le monument qui fut érigé, plus magnifique que prévu par la volonté de sa veuve, Philippe de Gueldre. En effet, le sarcophage bas fut réalisé, mais placé contre un mur, sur lequel fut ajouté un monument funéraire haut de six mètres, dont le registre inférieur, en forme de niche, abritait deux statues en marbre. Celles-ci représentaient René II agenouillé devant un prie-Dieu, et la Vierge présentant l’Enfant à son adoration, dans une disposition qui rappelait celle de l’Annonciation. La Révolution fit disparaître les statues, ainsi que le sarcophage et la plaque portant l’inscription. Les sources d’archives, lacunaires, ne permettent pas de préciser avec certitude l’emplacement de l’effigie gravée, ni celui de la plaque portant la longue inscription voulue par le duc, cette dernière pouvant avoir été fixée au mur du monument pariétal, au fond de la niche abritant les deux statues (le mot « enfeu » nous semble trompeur puisque le tombeau ne s’y trouvait pas). P. Choné analyse les comptes de dépenses relatives au tombeau, qui fourmillent d’indications concernant certains corps de métier, (menuisier, peintres, enlumineur, serrurier, fondeur, etc.), mais restent muets quant aux sculpteurs, laissant place aux seules hypothèses. Enfin, la dernière partie de l’article est consacrée à ce qui reste du tombeau aujourd’hui, c’est-à-dire le monument pariétal, en pierre, richement sculpté et peint, même si la polychromie a été assez malheureusement reprise au XIXe siècle. Au-dessus de la grande niche, aujourd’hui vide de statues, qui formait « une sorte d’arc triomphal », le registre supérieur, traité comme un polyptyque, comporte six petites niches à coquilles, avec des statues de saints et de l’Annonciation. L’auteur y lit un ensemble extrêmement cohérent et relève l’omniprésence de l’héraldique dans « l’ornementique ». Elle remarque aussi la « tonalité singulière » de cette petite architecture, sans base, qui néglige la mouluration et la symétrie, et où les raccordements ne sont pas toujours heureux.

Les sources proposées pour éclairer le répertoire de la première Renaissance qui foisonne sur le monument sont peut-être un peu moins convaincantes. P. Choné voit, dans les ornements « insolites » du couronnement, quelque antéfixe d’inspiration grecque ou étrusque. En l’absence de référence précise pouvant confirmer une telle hypothèse, nous serions plutôt tentée de voir ici des formes hésitantes de petits frontons cintrés à coquille. Quant à la page extraite d’une édition de Térence parue à Venise en 1499, elle présente des rinceaux et des candélabres bien éloignés de ceux qui décorent le monument de René II. Mais nous partageons entièrement l’opinion de Paulette Choné sur « la saveur pittoresque et éclectique » des détails de la sculpture. – Paulette Choné, « Le tombeau de René II aux Cordeliers », Lotharingia. Le duc de Lorraine René II et la construction d’un État princier, XVI, n° spécial, 2011, p. 81 à 106. Évelyne Thomas Centre André Chastel (Erham)

—Site Canalblog 2019, le palais ducal de Nancy : la porterie

http://palaisducalnancy.canalblog.com/archives/2019/08/02/37551119.html

— PLANCHES DE GROTESQUES INHA

--NUM PL EST 123 recueil factice de 7 planches de Giovanni Pietro Birago , gravées vers 1505-1507 par Giovanni Antonio da Brescia

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/item/19650-panneaux-grotesques?offset=1

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Published by jean-yves cordier - dans Monument funéraire Renaissance. Grotesques Sculptures Héraldique
22 janvier 2024 1 22 /01 /janvier /2024 12:04

"Voyage organisé sur  l'Adriatique", Erik Dietman 1999, fer et verre de Murano. MBA Nancy

 

 

Voir aussi :

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PRÉSENTATION.

Erik Dietman (Jönköping,1937-Neuilly-sur-Seine, 2002) est, comme Marcel Duchamp, "un farceur" (Nelly Collin, pour l'exposition Entre lard et l'art) qui participerait du Nouveau Réalisme avec Tinguely, Klein, César, Arman, Spoerri, Robert Filliou ou Hains s'il ne préservait pas son indépendance entre poésie et réalisme. 

Mais pour ce Voyage organisé sur l'Adriatique, il délaisse ses habituels pansements de sparadrap et de gaze et nous invite à une escale à Murano pour nous présenter, dans une méchante caisse en ferraille, sa collection de crânes de verre, aux couleurs raffinées et aux or précieux. Il déclare :

 

"Nous ne vivons plus dans un siècle d’édification. Nous avons haché menu l’idée de Dieu et tentons d’ignorer la mort. Il nous faut parfois buter physiquement contre un obstacle pour que son idée saugrenue nous revienne en mémoire. Oui, nous mourrons. Vous. Moi. Tous. Nous finirons dans une caisse. Ou une cage. Tous les divertissements que nous avons inventés ne nous sauveront jamais du terme qui est le nôtre. Jadis Pascal évoquait la chasse, les jeux de balle. Aujourd’hui nous avons les voyages, les croisières, en Adriatique pourquoi pas. On charge des retraités sur des paquebots comme on entasserait des marchandises dont on ne veut plus. Où donc aller les jeter ? Au large. Loin des yeux."

https://izi.travel/fr/6ef9-erik-dietman-voyage-organise-dans-l-adriatique-1999/fr

Chacun de ces crânes est un objet de luxe, mais le détournement de ces luxueux presse-papiers de collectionneurs fortunés dans une cage-ossuaire proche de la benne de déchetterie crée le "choc au noir propre à l'art  macabre. Chaque crâne voit le caractère somptueux et inestimable de son individualité déniée par  ce destin collectif de rebut, et d'incarcération.

Mais Murano n'était qu'une escale sur l'Adriatique, et les touristes se réjouissent de vivre "une odyssée à la découverte d'une mosaïque fascinante de cultures et de panoramas", pour relier les prestigieuses cités adriatiques, émaillant un rivage idyllique. 

Ils sont fiers de participer à cette aventure de dévellopement économique, puisque "à l’horizon 2025, les professionnels du secteur tablent sur la construction de plusieurs centaines de paquebots, la plupart estimant que le marché de la croisière va doubler voire tripler avant 2030, pour atteindre les 117 milliards €, avec à la clé la création de plus de 900 000 emplois."

Certes, "les navires de croisières, toujours plus gigantesques et plus nombreux sur les divers mers et océans , hébergent en moyenne plus 3 000 passagers et membres d’équipage. Ils constituent de véritables cités flottantes dont la majeure partie des déchets, même si certains sont traités, est rejetée directement dans l’océan. Les croisières, au-delà de leur attractivité touristique et de l’image idyllique qu’en diffusent les tour-opérateurs, sont en réalité trop souvent synonymes de pollution du fond des mers, des ports et des régions côtières ; de dégradation de sources d’eau ; de destruction des habitats offerts par les herbiers et les récifs de corail (ancrage des navires et des petits bateaux) ; d’émissions de polluants atmosphériques dans l’air et dans l’eau ; de pression exercée sur les sites terrestres de rejets des déchets ; de production de quantités de déchets pouvant entraîner de graves risques sanitaires et des coûts de nettoyage.  Ces navires peuvent produire jusqu’à 120 000 litres d’eaux usées par jour, et 28 000 litres d’eau huileuse de cale, tout en étant exempts du programme de contrôle de rejet des déchets issu de la principale loi de lutte contre la pollution de l’eau, le Clean Water Act américain (s’y ajoutent des émissions de cheminée et d’échappement équivalentes à 12 000 automobiles chaque jour). Chacun utilise l’équivalent de 33 camions-citernes d’eau de ballast, y compris plantes et animaux pouvant causer des maladies, prélevés d’endroits lointains et déchargés dans des ports et des baies à un autre bout du monde ». Même au mouillage, les navires de croisière ne s’arrêtent jamais." Jean-Marie Breton

Mais il n'y a pas de quoi grincer des mandibules et tintinabuler des fémurs ; et il faut bien danser sur le volcan avant que Mort nous fasse danser.

 

 

 

 

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"Voyage organisé sur  l'Adriatique", Erik Dietman 1999. MBA Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

"Voyage organisé sur  l'Adriatique", Erik Dietman 1999. MBA Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

"Voyage organisé sur  l'Adriatique", Erik Dietman 1999. MBA Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

"Voyage organisé sur  l'Adriatique", Erik Dietman 1999. MBA Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

"Voyage organisé sur  l'Adriatique", Erik Dietman 1999. MBA Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

"Voyage organisé sur  l'Adriatique", Erik Dietman 1999. MBA Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

"Voyage organisé sur  l'Adriatique", Erik Dietman 1999. MBA Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

"Voyage organisé sur  l'Adriatique", Erik Dietman 1999. MBA Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

"Voyage organisé sur  l'Adriatique", Erik Dietman 1999. MBA Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

"Voyage organisé sur  l'Adriatique", Erik Dietman 1999. MBA Nancy. Photographie lavieb-aile 2024.

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Published by jean-yves cordier - dans Macabre Sculptures
21 janvier 2024 7 21 /01 /janvier /2024 16:20

Les sculptures extérieures (XVe siècle, vers 1442-1480) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët : héraldique  ducale, et consoles des niches à dais.

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Les articles sur la chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët :

Et dans l'église du Faouët.

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PRÉSENTATION.

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1. Un mécénat ducal.

Le chantier de la chapelle Saint-Fiacre est à rapprocher de celui de la chapelle de Kernascleden, portant au transept  les armes de Jean V et de son épouse Jeanne de France (décédée en 1433), chantier peut-être débuté en 1420, mais terminé en 1453 (dédicace). La forme du clocher de Saint-Fiacre, le porche sud ainsi que la sculpture témoignent de l'activité d'un même atelier avec Kernascléden.

Kernascléden avait été précédé par un autre chantier bénéficiant du mécénat ducal de Jean V, celui de Notre-Dame de Quimperlé (v. 1425-1435).

À la fin du XVe siècle sera élevée la chapelle Saint-Herbot, relevant du même mécénat ducal, cette fois de François II et Anne de Bretagne).

Dans ces quatre cas, les armoiries et emblèmes ducales sont sculptées sur les façades, comme déjà à la collégiale du Folgoët (consacrée en 1423), à Runan (vers 1437) et sur les porches de la cathédrale de Quimper (1424-1433), associées à celles des grands seigneurs et prélats bretons.

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2. La construction.

Précédée par un hôpital fondé en 1436 par le seigneur de Boutteville (une pierre porte l'inscription : L'AN 1436 FUT FAIT CEST OSPITAL PAR C (BOUTE) VILE ), la chapelle Saint-Fiacre débuta au milieu du XVe siècle, mais l'érosion trop prononcée de l'inscription de fondation de la façade ouest ne nous permet pas de connaître la date exacte de celle-ci. Un mandement de Jean V, signé et daté du Faouët en 1442, ne faisant aucune allusion au chantier de la chapelle, laisse penser que cette date en est postérieure. 

Le pignon du chevet porte un complexe héraldique, présentée ici, où se reconnaissent les emblèmes des ducs de Bretagne, mais ceux-ci  ne permettent cependant pas de les attribuer avec certitude à Jean V (duc de 1399 à 1442) ou à l´un de ses successeurs, François Ier (1442-1450), Pierre II (1450-1457), Arthur III ou François II (1458-1488), les armes sculptées au chevet de Saint-Fiacre. Quoi qu´il en soit, la date certaine de 1480 portée par le jubé avec la signature de son auteur, Olivier Le Loergan, donne le terminus ad quem du chantier.

Les armes des Boutteville figurent sur un panneau héraldique de la face est de leur oratoire seigneurial, mitoyen au panneau ducal du chevet, et, plus modestement, sur le côté sud du chevet . Jean de Boutteville (1385-1463), fils de Bizien et époux d'Isabeau de Penhoët était seigneur du Faouët jusqu'en 1463, suivi par Jean de Boutteville (1405-) époux d'Alix de Coëtquénan puis par  Jean de Boutteville baron du Faouët et Marie de Kerimerc'h qui fondèrent en 1489 la chapelle Sainte-Barbe. Leur fils Louis et son épouse Jeanne du Chastel placèrent leurs armes vers 1512 sur la tribune et les vitraux de la chapelle Sainte-Barbe  et sur les sablières et les vitraux  de Saint-Fiacre.

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 L´iconographie des sauvages, apparemment peu utilisée par les ducs bretons, figure toutefois sur un sceau de Jean IV entre 1370 et 1378, et la représentation de la bannière de Bretagne surmontant les armes ducales se retrouve sur les Portes Mordelaises à Rennes, reconstruites au XVe siècle en même temps que l´enceinte de la ville. Ces références ne permettent cependant pas d´attribuer avec certitude à Jean V ou à l´un de ses successeurs, François Ier, Pierre II, Arthur III ou François II, les armes sculptées au chevet de Saint-Fiacre. Quoi qu´il en soit, la date certaine de 1480 portée par le jubé avec la signature de son auteur, Olivier Le Loergan, donne le terminus ad quem du chantier. La verrière est du bras sud a conservé les deux tiers de ses panneaux, dont le style de la fin du XVe siècle semble confirmer l´achèvement du chantier à cette date. Sans préjuger de la réalisation complète ou non du programme décoratif de l´édifice à l´époque gothique, la totalité du reste des verrières date du milieu du XVIe siècle et le réseau de la moitié des fenêtres a été entièrement refait à la même époque.

L´édifice semble n´avoir fait l´objet d´aucune campagne de travaux entre le XVIe et le XIXe siècle : les archives totalement inexistantes jusqu´à cette époque ne renseignent guère. Durant la seconde moitié du XIXe siècle, plusieurs séries de travaux d´assainissement tentent de remédier au problème récurrent de l´humidité de la chapelle qui nuit à la conservation du jubé. Ce dernier fait l´objet entre 1862 et 1866 d´une restauration peu convaincante qui remplace des panneaux disparus par des pastiches sans grâce, puis d´une nouvelle intervention en 1951 qui supprime les apports inesthétiques du XIXe siècle et enfin d´une dernière et récente restauration, exigée par un taux d´humidité alarmant, qui a tenté de retrouver l´esprit de la polychromie originelle.

 

 

 

 

 

 

Motifs héraldiques H en rouges. Consoles figurées * en vert.

 

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I. MOTIFS HÉRALDIQUES H1 (EFFACÉS) ET INSCRIPTIONS DE LA FAÇADE OUEST.

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Au dessus du portail de la façade ouest, se trouvent une niche à dais (vide) placée au dessus du fleuron, et trois fausses baies ogivales soulignées d'une accolade à choux frisés, qui devaient accueillir des emblèmes et blasons, et, pour celle de droite du moins, un cartouche à inscription gothique.

 

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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Cartouche de gauche.

Le cartouche est vide, mais une banderole en position basse indique une inscription effacée. L'accolade s'appuie sur des masques.

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Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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Cartouche de droite de la façade occidentale. Armoiries buchées et inscription non déchiffrée.

L'accolade vient reposer, à droite, sur un masque bifrons, et , à gauche, sur un blason muet.

On lit à la fin de l'inscription : LAN sans avoir accès au chronogramme.

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Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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II. H2. LE PANNEAU HÉRALDIQUE DE LA SACRISTIE. Face Est, fenêtre du premier étage.

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Decrivons d'abord cette sacristie :

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" Le pignon de la sacristie élargit le chevet. La sacristie n'a pas de contrefort. Cependant l'arête de son angle nord-est est chargée d'une niche à dais que couronne un pinacle" (Wikipedia)

La sacristie actuelle est l'ancien oratoire seigneurial des Boutteville, communiquant avec le chœur par un hagioscope. Il s'agit en fait de deux oratoires seigneuriaux superposés. Description :

"Dans le mur nord du choeur, une porte ouvre sur une petite pièce dont la fonction récente de sacristie n´est certainement pas d´origine : cet espace comporte un petit autel, une crédence ainsi qu´une fenêtre basse que son appui presque au ras du sol signale comme un guichet destiné à recevoir la communion agenouillé, dispositions qui permettent d'y reconnaître un oratoire seigneurial. L´escalier qui mène à la pièce de l´étage est moderne et il est difficile de savoir l´emplacement et la forme de celui d´origine, si toutefois il en existait un. À l´étage, une fenêtre à coussièges* ouverte dans le pignon est, une cheminée dans le mur gouttereau nord et enfin, dans le mur surplombant le chœur, une baie actuellement murée qui formait hagioscope*, portant encore sur son linteau les armes des Boutteville, indiquent un autre oratoire seigneurial. Des photographies prises lors de l´enquête de l´Inventaire en 1966 montrent, entre l´oratoire de l´étage et la vis d´escalier, contre le mur nord du chœur, une coursière extérieure en dalles de granite sur corbeaux moulurés. Cette disposition, qui avait sans doute été assez fortement restaurée lors du remontage du mur ouest de la sacristie en 1911, présentait toutefois le grand intérêt de conserver la distribution ancienne de l´étage de l´oratoire. La présence d´un système de coursière semblable sur la façade principale du logis du château du Saint, résidence habituelle de la famille de Boutteville, aujourd´hui détruite, confirmerait l´authenticité du dispositif disparu de Saint-Fiacre."

"Entre 1911 et 1919, le mur ouest de la sacristie menaçant ruine a été refait entre 1911 et 1919. Le mur ouest de la sacristie est alors percé d'une porte au rez-de-chaussée permettant un accès direct depuis l'extérieur. Au-dessus, une autre porte est créée associée à deux fenêtres à meneaux. Cette porte ouvrant alors sur une autre création ; une coursière portée par des consoles de pierre reliant l'étage de la sacristie à l'escalier en vis du bras nord. Cette disposition a été supprimée lors des travaux de restauration des années 1970."

 

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Plan de la sacristie.

 

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Vue de l'escalier et de la tribune depuis le chœur. Photo lavieb-aile.

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Fenêtre murée du mur nord du chœur surmontée des armes des Boutteville : les tenants sont des lions (ou mieux des éopards lionnés) rampants.

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Chœur côté nord, Photo lavieb-aile 2023.

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Vue générale de la sacristie, façade est.

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Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le panneau héraldique.

Sur la façade est, au dessus de fenêtres, un ensemble héraldique rectangulaire est coiffé d'une accolade gothique. Les deux tenants sont des hommes sauvages, barbus, aux cheveux longs, aux jambes et pieds nus. Le caractère sauvage est rendu par les lignes sinueuses du vêtement, pourtant à pans croisés tenus par un bouton.

Les hommes sauvages soutiennent un écu en bannière, aux meubles buchés.

À Runan, un écu, également buché, est présenté par deux hommes sauvages (H9 de mon article). De même à l'église de Champeaux sur des boiseries du XVIe siècle.

En l'abbaye de Daoulas, un homme sauvage présente l'écu de Léon dans la charpente de l'église.

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Bizarrement, ce panneau a été peu décrit. Dans la notice de 1965, il est écrit "sous une accolade flamboyante, un couple désormais mutilé soutient un blason martelé." Pourquoi parle-t-on ici d'"un couple", et, au dessus de la maîtresse-vitre, de "sauvages", alors que c'est l'inverse que l'on observe? Et pour quoi J.J. Rioult ne décrit-il pas cette pierre, et qualifie-t-il le couple du complexe ducal de "sauvages"?  

Lefèvre-Pontalis se contente d'écrire : "Un autre écu s'y trouve ".

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Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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Sur ce cliché, il est possible de deviner la pointe des cinq fuseaux des Boutteville. 

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Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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Détail d'un sauvage.

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Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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III. PANNEAU HÉRALDIQUE DU CHEVET. Sommet de la maîtresse-vitre.  Armes ducales H3 dont les tenants sont un couple nu, avec un cimier  au lion. Lions portant la bannière ducale.

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"Au-dessus de la maîtresse-vitre, l´axe du pignon est marqué par l´importante composition des armes ducales qui occupe toute la hauteur depuis la pointe de la baie jusqu´au sommet du pignon et dont la qualité est encore perceptible, malgré les méfaits de l´érosion. Le fort relief de l´ensemble, les attitudes gracieuses du couple de sauvages qui tiennent l´écu, le lion du cimier traité de trois quarts et la bannière ducale légèrement penchée et flottant au vent confèrent à cette grande composition héraldique une dimension plastique qui affirme de façon brillante un message hautement politique."

 

"Les armes sculptées sur le pignon du chevet, parfois attribuées à tort aux Boutteville, et que Léon de Groër a justement restituées au duc, reprennent tous les éléments héraldiques dont usait celui-ci mais y ajoutent au-dessus de l´écu, sous le heaume, une hermine passante au naturel, et de chaque côté un couple de sauvages servant de tenants, et enfin au sommet du heaume deux lions tenant la bannière au champ d'hermine de Bretagne.

L´iconographie des sauvages, apparemment peu utilisée par les ducs bretons, figure toutefois sur un sceau de Jean IV entre 1370 et 1378, et la représentation de la bannière de Bretagne surmontant les armes ducales se retrouve sur les Portes Mordelaises à Rennes, reconstruites au XVe siècle en même temps que l´enceinte de la ville. Ces références ne permettent cependant pas d´attribuer avec certitude à Jean V ou à l´un de ses successeurs, François Ier, Pierre II, Arthur III ou François II, les armes sculptées au chevet de Saint-Fiacre. " (J.J. Rioult)

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Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le panneau : le couple tenant le blason.

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Les deux personnages sont figurés de profil en partie basse, puis de trois-quart et enfin de face pour leur visage. L'homme n'est pas velu, mais porte une barbe carrée. La femme n'est pas velue, ses cheveux sont longs.

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Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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J.-J.  Rioult qualifie les tenants de "sauvages" alors que je les décrirais plutôt comme un couple "au naturel", nus.

Le sceau de Jean IV entre 1370 et 1378 montre de veritables "sauvages", barbu et velus, qui ressemblent assez bien à ceux du panneau de la sacristie.

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Sceau de Jean IV entre 1370 et 1378, base Sigilla.

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L'homme semble écarter le lambrequin qui prend son origine d'un cordon coiffant le casque.

Ils tiennent un blason incliné pointe à droite, orné en moyen-relief d'une hermine au naturel, passante,  colletée d'une cape . Là encore, nous pouvons comparer avec les deux sceaux secrets de Jean V . L'écu est incliné pointe à droite, il est frappé d'hermines (au lieu de porter une hermine au naturel) et le cimier porte, dans les deux cas, un lion.

a) L'hermine passante.

L'hermine passante est présente également sur les autres chantiers du duc Jean V :

— Sur la façade et en frise, ou dans le porche des Apôtres à la Collégiale du Folgoët, où elle traverse les spires d'une banderole portant la devise A MA VIE :

http://www.lavieb-aile.com/2017/04/la-collegiale-notre-dame-du-folgoet.iv.les-emblemes-devises-et-marques-des-ducs-de-bretagne-1423-1505.html

— Sur le porche sud de la cathédrale de Quimper

https://www.lavieb-aile.com/2020/01/le-portail-sud-de-la-cathedrale-de-quimper.html

— Sur les sablières de l'église haute de Quimperlé  avec la date de 1430: hermine passante colletée de la jarretière dans une frise où est inscrit la devise A MA VIE.

http://www.lavieb-aile.com/article-les-sablieres-et-poin-ons-de-l-eglise-notre-dame-et-saint-michel-de-quimperle-123158720.html

—  Sur la façade de la chapelle de Quilinien à Landrévarzec : 

http://michel.mauguin.pagesperso-orange.fr/Les%20armoiries%20dans%20la%20chapelle%20de%20Quilinen.pdf

 

— Sur la façade méridionale de l'église de Runan, et sur la maîtresse-vitre.

https://www.lavieb-aile.com/2022/06/la-facade-meridionale-de-l-eglise-de-runan-et-ses-armoiries.html

https://www.lavieb-aile.com/article-la-maitresse-vitre-de-l-eglise-de-runan-22-123343694.html

— Sur le gable du porche de la chapelle Saint-Herbot :

http://www.lavieb-aile.com/2017/04/l-enclos-paroissial-de-saint-herbot-a-plonevez-du-faou-vi.le-porche-sud-1498-1509-par-le-second-atelier-du-folgoet-l-exterieur-et-le

— Sur la façade de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Guingamp :

https://www.lavieb-aile.com/2023/03/retour-en-graces-cotes-d-armor-les-motifs-heraldiques-de-l-eglise-notre-dame-de-graces.html

Mais nous n'avons pas d'exemple d'écu avec l'hermine au naturel. 

Par contre, nous ne trouvons pas ici l'emblème de François II, repris par sa fille, la cordelière franciscaine présente sur le jubé de Saint-Fiacre.

Les cornes bovines du casque sont bien visibles sur ces sceaux, ce qui est moins le cas sur le panneau de Saint-Fiacre où elles se confondent un peu avec les pattes des lions.

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Sceau du secret de Jean V, 1409. Base Sigilla.

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Sceau du secret de Jean V 1420-1425, base Sigilla.

 

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Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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c. La tête de lion du cimier et les deux lions tenant la hampe de la bannière.

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Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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c. La bannière frappée d'hermines.

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Ses bords sont frangés. On compte neuf hermines.

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Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

 

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III. LE BLASON DES BOUTTEVILLE H4, CONSOLE DE LA NICHE DU CONTREFORT MÉDIAN DU CÔTÉ SUD DU CHEVET.

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On  retrouve aussi ces armoiries, d'argent à cinq fusées de gueules posées en fasce, dans le chœur au dessus de la baie murée du côté nord, formant hagioscope, comme montré supra. Ici, la partie basse de l'écu, et des cinq fusées, ont été brisées.

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Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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IV. CONSOLE AVEC UN BLASON MUET PLACÉ SUR UN DRAGON.

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Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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V. QUELQUES CONSOLES DES NICHES À DAIS.

"L´élévation sud présente une alternance d´avancées et de retraits de proportions variées qui, comme autant de temps forts et de temps faibles, rythment la composition, et frappe par son unité de style que renforce l´emploi de contreforts ornés de niches à dais et dont le sommet en glacis à quatre pans, forme moderne massivement employée sur le chantier de Kernascléden, sert de socle à des pinacles aigus posés à 45°. Quelques légères différences entre le choeur et le bras sud suggèrent une évolution. Tandis que les consoles des contreforts du choeur sont ornées de feuilles refouillées, celles du bras sud sont sculptées de personnages grotesques jouant avec des chiens, mais surtout la petite porte qui donne accès directement dans le choeur présente encore de grêles colonnettes à peine perceptibles comportant bases prismatiques en flacon et minuscules chapiteaux, modèle sans doute repris des transepts de Quimperlé, alors que celle qui est murée dans le mur ouest du bras sud, dont l´arc externe anguleux vient se fondre dans les piédroits sans chapiteau et les pinacles latéraux atteignent la hauteur du fleuron sommital, témoigne d´une évolution stylistique indéniable semblable à celle constatée sur le porche sud. Enfin, au-dessus de la petite porte du choeur, la superposition d´une niche à dais et d´une rose, percée pour l´élégance du motif, distinguent l'accès réservé au clergé et au seigneur supérieur. " (J.J. Rioult)

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1.Façade sud, pignon du croisillon, détail du contrefort sud, angle sud-ouest, console de la niche. Homme (ou femme) tenant devant lui la patte antérieure de deux animaux (chiens? lièvres ?).

 

Le personnage au visage lunaire, au nez épaté et au sourire béat est coiffé d'un très large chapeau et porte une collerette crénelée ; ses genoux sont serrés mais  jambes sont écartées. Cela pourrait être un fou. Il tient réuni devant lui l'une des pattes antérieures de deux animaux, probablement des chiens, comme pour qu'ils se saluent. Le museau de l'animal de gauche est brisé. Les pattes postérieures sont larges, sans griffes,  et diffèrent des pattes de chiens.

Une scène semblable est sculptée au dessus du porche occidental de la chapelle Saint-Herbot à Plonévez-du-Faou.

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Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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2. Niche du contrefort sud du bras du transept sud. Homme ou femme tenant dans sa bouche la queue d'un animal fantastique (dragon?).

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Il s'agit plutôt d'une femme, à visage lunaire comme sur la console précédente, et nue (ou revêtue de chausses très ajustées mais marquant le milieu du pied droit), coiffée d'une sorte de chaperon à extrémité trifide. Dans un  geste  équivoque, elle place dans sa bouche la queue d'un dragon dépourvue de pattes postérieures.

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Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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3.Niche du contrefort sud-ouest du porche sud.

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Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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4. Niche du contrefort nord-ouest du bras du transept nord (perpendiculaire au mur nord). Visage de femme portant la coiffe.

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Là encore, le visage de la femme est très rond, ses yeux sont globuleux à grosses paupières, les commisures labiales sont accentuées. Elle porte une coiffe associant un bourrelet et un linge tuyauté, faisant retour sous la gorge.

Ce visage évoque celui d'une console intérieure de la chapelle.

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Elle évoque aussi les visages féminins caricaturés des sablières :

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Photo lavieb-aile 2023

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Photo lavieb-aile 2023

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Photo lavieb-aile 2023

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Photo lavieb-aile 2023

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Photo lavieb-aile 2023

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Photo lavieb-aile 2023.

 

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Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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SOURCES ET LIENS.

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— BONNET, Philippe, RIOULT, Jean-Jacques. 2008, l'architecture  gothique en Bretagne.

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/l-architecture-gothique-en-bretagne/edf099cf-f62b-4e87-a606-c2469d8ae1ab

— GROER (Léon de). L'architecture gothique des XVe et XVIe s. dans les anciens diocèses de Quimper et de Vannes. Etude de quelques ateliers. Thèse Ecole des Chartes, 1943. Doc dactylographié inédit, non consulté.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3370857s/f1.item.texteImage

—LEFEVRE-PONTALIS (Eugène), 1914. Le Faouët, chapelle de Saint-Fiacre, dans Congrès archéologique de France, LXXXIe session tenue à Brest et à Vannes en 1914 par la Société française d´Archéologie, Paris, 1919, p. 348-355.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4224131z/f512.item

- RIOULT (Jean-Jacques), 2021 , MOIREZ (Denise), 1965, 1969, 2021, Notice de l'Inventaire général IA00008411 réalisé en 1965.

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA00008411

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/4613b595-0f59-4fae-8e14-169027523909

—Etude d'inventaire sur le canton du Faouët, 1965 :

https://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00008411_01.pdf

https://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00008411_02.pdf

—Cantons Le Faouët et Gourin. Inventaire topographique. Paris, Impriimerie Nationale 1975, p 43-50. 

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Published by jean-yves cordier - dans Sculptures Héraldique XVe siècle Chapelles bretonnes. Le Faouët.
17 janvier 2024 3 17 /01 /janvier /2024 14:06

Les peintures murales  (v.1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny (Moselle). IV. La chasse de saint Hubert.

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Sur ces peintures, voir : 

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Sur la légende de la "chasse saint-Hubert", voir :

 

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PRÉSENTATION.

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Cette peinture occupe le début du côté sud de la nef, entre deux piliers, sous une verrière. Elle est accompagnée d'un cartouche en trompe-l'œil en haut à gauche représentant saint Paul, participant à un Credo apostolique qu'on retrouve dans toute l'église en registre supérieur avec les articles de Credo (ici Creatorem celi et terra et ....).

Ce cartouche n'appartient pas au thème représenté, qui est celui de la "chasse saint-Hubert".

Celle-ci montre comment Hubert, peu soucieux des rites chrétiens, part chasser dans une forêt plutôt que d'assister à l'office du Vendredi saint. Un merveilleux cerf blanc lui apparait, portant un crucifix entre ses bois. Hubert tombe à genoux, son bonnet à plumets à terre. Il se convertit au Christ et joint les mains, tandis qu'un ange descend du ciel et lui confie une étole. 

Un piqueur arrive, portant sur son dos un sanglier, la pique sur l'épaule et tenant en laisse deux chiens aux longues oreilles, des "saint-Hubert".

L'écuyer d'Hubert est représenté en arrière, tenant son chapeau en signe de respect et tenant les rènes du cheval. Cet écuyer est remarquable par ses chausses à crevés, caractéristique de la mode du XVIe siècle et bien présent aussi sur la Chasse de Cast, vers 1520-1530.

Un paysage de forêt complète cette scène, avec des oiseaux et des lapins poursuivis par des chiens.

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La chasse de saint Hubert, peinture murale vers 1540, église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

La chasse de saint Hubert, peinture murale vers 1540, église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

La chasse de saint Hubert, peinture murale vers 1540, église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

La chasse de saint Hubert, peinture murale vers 1540, église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

La chasse de saint Hubert, peinture murale vers 1540, église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

La chasse de saint Hubert, peinture murale vers 1540, église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

La chasse de saint Hubert, peinture murale vers 1540, église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

La chasse de saint Hubert, peinture murale vers 1540, église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

La chasse de saint Hubert, peinture murale vers 1540, église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

La chasse de saint Hubert, peinture murale vers 1540, église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

La chasse de saint Hubert, peinture murale vers 1540, église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

La chasse de saint Hubert, peinture murale vers 1540, église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

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Le piqueur.

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La chasse de saint Hubert, peinture murale vers 1540, église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

La chasse de saint Hubert, peinture murale vers 1540, église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

La chasse de saint Hubert, peinture murale vers 1540, église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

La chasse de saint Hubert, peinture murale vers 1540, église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

La chasse de saint Hubert, peinture murale vers 1540, église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

La chasse de saint Hubert, peinture murale vers 1540, église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

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L'écuyer.

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La chasse de saint Hubert, peinture murale vers 1540, église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

La chasse de saint Hubert, peinture murale vers 1540, église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

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Le donateur agenouillé mains jointes : JOHAN DENAVITI (?).

 

 

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UT DINY EFICIAMUR PROMISIONIBUS 

CHRISTY

JOHAN DENAVITI

 

Traduction :

"Priez pour nous, saint Hubert

afin que nous soyons rendus dignes des promesses de Notre-Seigneur Jésus-Christ."

"Ut digni efficiamur promissionibus Christi" est une formule empruntée aux Litanies de Lorette

JOHAN DENAUIT ou bien DENAUITI . "Dans la première manière de lire , denavit serait mis pour donavit ; dans la seconde manière , la terminaison indiquerait un nom italien , qui serait peut - être celui de l'artiste . ( Schnabel)

Il est certain pour moi que le phylactère porte l'oraison du donateur suivi de son nom (et non la signature du peintre). Or, ce donateur est vêtu et coiffé comme un noble. Ce n'est surement pas le nom du peintre ; et c'est très probablement celui d'un membre de la noblesse locale. La consultation de la liste des noms de la noblesse lorraine au XVIe siècle, par Dom Calmet, ne fournit qu'une proposition : "de nancy". Or, les peintures ont été très reprises et  le restaurateur du XIXe siècle a pu avoir modifié la graphie du XVI siècle.

Je note néanmoins que Jehan de Nancy est le nom d'un peintre-verrier lorrain.

D'autre-part, sur les autres peintures de la nef, de nombreux personnages sont figurés agenouillés, en échelle plus réduite que les saints : ces pèlerins (mais aucun pèlerinage ne semble attesté ici) ou ces donateurs sont parfois accompagnés de leur nom, dont "Estène Bara" et "Didié le Mouelt maître-échevin".

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_familles_nobles_de_Lorraine#cite_note-Notice_de_la_Lorraine_par_Dom_Calmet-9

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La chasse de saint Hubert, peinture murale vers 1540, église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

La chasse de saint Hubert, peinture murale vers 1540, église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

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L'arrière-plan : arbres, petits oiseaux et lapins.

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La chasse de saint Hubert, peinture murale vers 1540, église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

La chasse de saint Hubert, peinture murale vers 1540, église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

La chasse de saint Hubert, peinture murale vers 1540, église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

La chasse de saint Hubert, peinture murale vers 1540, église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

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 J'ai donné plus de détail sur cette Légende dans mon article sur la Chasse de Cast (vers 1525), sur le linteau de la chapelle du château d'Amboise, et sur le vitrail de Beauvais (baie 25 de la cathédrale, par Engrand Le Prince en 1522). Dans ces deux derniers cas, le détail de l'ange descendant avec l'étole est représenté. Le même récit est rattaché à la vie de saint Eustache et à celle de saint Julien l'Hospitalier.

Dans l'article sur Cast, j'ai réuni une abondante iconographie de cette scène avec de nombreuses enluminures.

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La Chasse de l'église de Cast (Finistère). Photo lavieb-aile.

 

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Linteau de la chapelle Saint-Hubert d'Amboise. Photo lavieb-aile.

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Vitrail de Roncherolles, cathédrale de Beauvais. Photo lavieb-aile.

 

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Heures de Louis de Roncherolles, BnF Arsenal. Ms-1191 réserve f. 103r vers 1500.

 

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SOURCES ET LIENS.

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— BASE PALISSY

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/APMH00260785

—BASTIEN (René), PIRUS (Jean-Marie), 2019, "Les peintures de Sillegny", Paraige Patrimoine, 40 pages.

— RUSSO (Daniel), 2005,  « Peintures murales médiévales », Presses universitaires de Dijon, et  Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre | BUCEMA [En ligne], 10 | 2006, mis en ligne le 15 septembre 2006, consulté le 17 janvier 2024. URL : http://journals.openedition.org/cem/328 ; DOI : https://doi.org/10.4000/cem.328

https://www.persee.fr/doc/hista_0992-2059_2006_num_58_1_3127

—SCHNABEL (Abbé), 1858, « Rapport sur les peintures murales de Sillegny », Bulletin de la Société d'archéologie et d'histoire de la Moselle,‎ 1858.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k33403f/f43.item

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Published by jean-yves cordier - dans Peintures murales. Saint Hubert. XVIe siècle.
17 janvier 2024 3 17 /01 /janvier /2024 11:54

Les peintures murales  (1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny (Moselle). III. L'Arbe de Jessé.

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Sur ces peintures, voir : 

 

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PRÉSENTATION.

Présentation des peintures : voir article I.  Toute l'église est décorée de peintures à la détrempe du milieu du XVIe siècle (le Jugement dernier est daté de 1540), qui furent recouverte sous un badigeon en 1845, restaurées par Malardot, classées en 1881,  puis nettoyées entre 2002 et 2004.  Grâce à Jean Marie Pirus curé de la paroisse, une association la Sixtine de la Seille a vu le jour le 9 décembre 1987 et est très active pour rendre accessible et faire découvrir ces peintures.

Dans le choeur, sous la voûte nervurée gothique, le pan gauche est occupé par un Arbre de Jessé d'une hauteur de 7 mètres sur 3,6 mètres.

Rappel : on nomme sous le terme d'Arbre de Jessé , la représentation étagée de l'arbre généalogique de Jésus de Nazareth à partir de Jessé, père du roi David, généalogie détaillée par les évangiles de Matthieu 1:1-17 et Luc 3:23-38. Ce thème —dont la première représentation en France est le vitrail de la basilique Saint-Denis en 1144 —se fonde sur le verset d'Isaïe Is 11:1-3 : Egredietur virga de radice Jesse, et flos de radice eius ascendet. Et requiescet super eum Spiritus Domini. “Une tige sortira de la racine de Jessé, une fleur s’élèvera de ses racines. Et sur elle reposera l’Esprit du Seigneur” (Is 11, 1-3)

 Ces versets engendrent des réflexions théologiques et herméneutiques issues de Tertullien au IIIe siècle, puis de saint Jérôme et des Pères de l'Église et qui, à travers le jeu de mots virga [tige]/virgo [vierge] basé sur l'utilisation de citations d'Isaïe, permettent d'étayer un culte marial affirmant la conception virginale du Christ par Marie.

Dès le Xe siècle, Fulbert, évêque de Chartres a formulé cette interprétation Virga = Virgo dans un poème pour la Nativité, qui fut repris en répons des liturgies des offices célébrant Marie : le Stirps Jesse ("Souche de Jessé")

Stirps Jesse virgam prodúxit, vírgaque florem : Et super hunc florem requiéscit Spíritus almus.℣. Virgo Dei Génitrix virga est, flos Fílius ejus. Et super hunc florem requiéscit Spíritus almus. Glória Patri, & Fílio, & Spirítui Sancto.

"La souche de Jessé a produit un rameau, et le rameau une fleur : et sur cette fleur s’est reposé l’Esprit Saint. ℣. La Vierge Mère de Dieu est le rameau, et la fleur est son Fils. (Texte de saint Fulbert de Chartres)  Et sur cette fleur s’est reposé l’Esprit Saint.Gloire au Père, & au Fils, & au Saint-Esprit."

L'autre thème, aussi ardu sur le plan théologique, et associé au précédent, est celui de l'Incarnation, et de la double nature du Christ. Ce n'est pas la filiation généalogique, fût-elle royale, qui est représentée par ces Arbres, mais le passage d'une transmission généalogique à une conception d'origine divine. Le thème n'établit pas que le Christ soit "de la race de David" car tout serait alors faux puisque c'est, selon la généalogie présentée par Matthieu, Joseph qui est le descendant des rois de Juda* ; et Joseph n'est pas le géniteur biologique de Jésus, bien qu'il soit son père selon la loi hébraïque puisqu'il l'a reconnu.

* Marie descend de David, comme l'indique l'évangile de Luc, mais non pas par son fils Salomon, mais par son autre fils Nathan ; sa lignée généalogique ne passe pas par les Rois de Juda.

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 Voir dans ce blog :

A. ARBRES DE JESSÉ SCULPTÉS.

 

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B. VITRAUX DE L'ARBRE DE JESSÉ 

 

 En Bretagne, par ordre chronologique :



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DESCRIPTION.

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Jessé, père du roi David, est allongé sur le sol, appuyé sur son coude droit dans l'attitude traditionnel du songeur. Son rêve donne forme au verset d'Isaïe "Une tige sortira de la racine de Jessé, une fleur s’élèvera de ses racines. Et sur elle reposera l’Esprit du Seigneur”. Il rêve donc qu'un arbre s'élève de sa poitrine et que chacun de ses rejetons deviennent des rois, les rois du royaume de Juda. Et c'est justement ce qui s'est passé selon le texte biblique, puisqu'à partir de David,  les 12 rois de Juda appartiendront à la "Maison de David". 

Bien-sûr, ce nombre de rois est symbolique, la généalogie donnée par Matthieu 1:1  cite quatorze rois de Juda jusqu'à la déportation à Babylone (et encore quatorze générations depuis l’exil à Babylone jusqu’au Christ). 

Chaque roi est soit assis sur une fleur lui servant de coussin, soit à califourchon sur une branche, soit déambulant, mais portant tous leur couronne, leur sceptre, une tunique courte et une cape. Tous sont accompagnés d'une banderole blanche portant leur nom : LE ROY ---.

Les noms sont ceux cités par l'évangile  de Matthieu :

 

  • David,
  • Salomon,
  • Roboam,
  • Abia,
  • Asa,
  • Josaphat,
  • Joram,
  • Ozias,
  • Joatham,
  • Ézéchias,
  • Manassé,
  • Josias.

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L'Arbre de Jessé (peinture murale, vers 1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Arbre de Jessé (peinture murale, vers 1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

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L'Arbre de Jessé (peinture murale, vers 1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Arbre de Jessé (peinture murale, vers 1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

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L'Arbre de Jessé (peinture murale, vers 1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Arbre de Jessé (peinture murale, vers 1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

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L'Arbre de Jessé (peinture murale, vers 1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Arbre de Jessé (peinture murale, vers 1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

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L'Arbre de Jessé (peinture murale, vers 1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Arbre de Jessé (peinture murale, vers 1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Arbre de Jessé (peinture murale, vers 1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Arbre de Jessé (peinture murale, vers 1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Arbre de Jessé (peinture murale, vers 1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Arbre de Jessé (peinture murale, vers 1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

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La Vierge, couronnée, portant l'Enfant, dans une gloire de rayons d'or, posée sur un bourgeon floral.

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L'Arbre de Jessé (peinture murale, vers 1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Arbre de Jessé (peinture murale, vers 1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

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SOURCES ET LIENS.

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— BASE PALISSY

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/APMH00260785

— DIVERS

https://histoiresduniversites.wordpress.com/2017/06/12/fresques-de-la-sixtine-de-la-seille/
 

—  DOBBY (Margaret), Le motet et l'Arbre de Jessé, Une métaphore qui met en lumière la complexité des relations entre profane et sacré au Moyen Age. 

http://pdf.actualite-poitou-charentes.info/086/Actu086oct2009_37-39..pdf

— FOURNIÉ (Eléonore), LEPAPE (Séverine), 2012,« Dévotions et représentations de l’Immaculée Conception dans les cours royales et princières du Nord de l’Europe (1380-1420) », L’Atelier du Centre de recherches historiques [En ligne], 10 | 2012, mis en ligne le 11 mai 2012, consulté le 24 septembre 2015. URL : http://acrh.revues.org/4259 ; DOI : 10.4000/acrh.4259 

—  LEPAPE (Séverine), 2009,  « L’Arbre de Jessé: une image de l’Immaculée Conception ? »,Médiévales [En ligne], 57 | automne 2009, mis en ligne le 18 janvier 2012, consulté le 22 septembre 2015. URL : http://medievales.revues.org/5833 

 — LEPAPE (Séverine) 2004 Étude iconographique de l’Arbre de Jessé en France du Nord du xive siècle au xviie siècle, Thèse Ecole des Chartes

http://theses.enc.sorbonne.fr/2004/lepape

—SCHNABEL (Abbé), 1858, « Rapport sur les peintures murales de Sillegny », Bulletin de la Société d'archéologie et d'histoire de la Moselle,‎ 1858.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k33403f/f38.item

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Published by jean-yves cordier - dans Peintures murales. Arbre de Jessé XVIe siècle.
13 janvier 2024 6 13 /01 /janvier /2024 17:55

Les peintures murales  (1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny (Moselle). II. Saint Christophe.

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Sur ces peintures, voir : 

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— Sur l'iconographie de saint Christophe : Voir (classement plus ou moins chronologique) :

 

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PRÉSENTATION.

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Présentation générale : voir l'article I.

Parmi le riche corpus des peintures murales de l'église de Sillegny, datées de 1540, un gigantesque saint Christophe traversant le gué, l'Enfant-Jésus sur ses épaules, accueille sur cinq mètres de haut le fidèle, dès l'entrée à gauche de la nef, sur la tour ronde de l'escalier et sur le mur adjacent à l'est. 

Cette peinture est donc en partie  courbe, et d'autre part répartie sur deux volumes, ce qui rend difficile son analyse en un seul cliché photographique.

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Le saint, conformémént à la tradition, franchit le gué en portant l'Enfant figuré en Sauveur du Monde, bénissant et tenant le globe terrestre, et il est peint au moment où, se sentant menacé par le poids considérable qui pèse sur ses épaules, il se retourne vers l'Enfant qui révèle son identité : il fonde sa confiance en lui (Christophe est qualifié de "Champion de la Foi), le poids s'allège, et il parvient à reprendre sa progression, d'autant qu'il est alors guidé par un ermite qui, sur la rive, 

Saint Christophe est représenté comme un géant, selon une tradition très attestée en Espagne, mais plus rare en France, à l'exception de la peinture murale de Louviers  et de celle de Wissembourg (et d'autres exemples possibles que je n'ai pu documenter). A l'église Saint-Jean de Malines, en Belgique, sur des peintures évaluées vers 1400, il mesure aussi plus de 4 mètres de haut.

Dans la même tradition, rare en France hormis sans doute à Louviers, il porte dans la besace de sa ceinture des "pèlerins", soit captifs de cet ogre, soit transportés gracieusement. Ce détail iconographique sera étudié.

Bien d'autres détails sont à examiner : les poissons (dont l'un est couronné), la sirène, l'ermite et sa lanterne, et un nid de quatre cigognes.

Par contre, le bâton n'est pas feuillu, en signe de reverdie. Et on ne voit pas la pierre de meule q'il porte ailleurs en Espagne.

Sur cette iconographie, lire, outre les liens cités supra, Dominique Rigaux 1996.

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Vue générale vers l'ouest, peintures murales (1540) de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Vue générale vers l'ouest, peintures murales (1540) de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

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La taille gigantesque.

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La taille gigantesque de saint Christophe est attestée dès les premières versions de la légende, tant orientales qu'occidentales, et, selon Jacques de Voragine qui en écrit l'histoire dans sa Légende dorée du XIIIe siècle, c'était "un Cananéen d’énorme stature, qui avait douze coudées de hauteur et un visage effrayant." Soit près de 6 mètres de haut. 

Ce géant au visage repoussant témoigne de "l'imprégnation de certains éléments mythologiques païens dans la tradition chrétienne" : on le relie, entre autre, à Anubis, divinité égyptienne  psychopompe, à Enée portant son père Anchise, à Hercule, à Charon passeur du Styx, etc. Ce gigantisme est bien attesté dans l'iconographie avant le Concile de Trente, puis s'atténue dans les représentations plus tardives.

Il confère au saint une vertu apotropaïque, conjurant le mauvais sort, et protectrice de la mort subite lors des traversées : passages de seuils (portes) et voyages. Au Moyen Âge, on croyait que -par le contact visuel d'une image de Saint Christophe, éventuellement associé à la récitation d'une formulette - le danger de mort subite sans sacrement  serait évité ce jour-là  : Christophorum videas postea tutus eas : "Vois Christophe et puis va en sûreté". (inscription du début XIIIe siècle) . La mort subite était particulièrement redoutée, car on croyait que de mourir  sans pouvoir se confesser, ou bénéficier de l'assistance d'un prêtre allongerait le séjour au Purgatoire, voire conduirait à l'Enfer en cas de péché capital non expié.

Saint Christophe était également l'un des quatorze saints auxiliaires invoqués pour se protéger des malheurs : il était chargé de  protéger de la peste , véritable terreur pour les hommes médiévaux.
Il était également le protecteur des voyageurs, des pèlerins et des professions nécessitant des déplacements fréquents , comme celui de charretier ou de vendeur ambulant.

Ainsi, d'immenses peintures de saint Christophe étaient placées soit à l'extérieur près de la porte des églises (35 exemples en Italie dans le Trentin et le Frioul-Vénétie (*)), soit à l'intérieur juste après l'entrée (en Espagne dans les cathédrales de Séville, Tolède, Burgos, Leõn). En France, la plus grande fresque du saint atteint 11,50 m, sur le transept de l'abbaye de Wissembourg, dans le Bas-Rhin : elle date du XIVe siècle. Celle de Louviers est placée à droite de l'entrée. En Allemagne, dans la cathédrale de Cologne la statue du saint, datant de 1470, mesure 3,73 m.

 

(*) Voir site Il capochiave avec nombreuses illustrations : Cathédrale de Trente : fin du XIIIe , Église de San Vigilio à Molveno, Église de Sant'Alessandro à Sanzeno, seconde moitié XIIIe ;  Église de San Tommaso in Cavedago, XVIe ; Église des Saints Pietro et Biagio de Cividale del Friuli (Udine), début du XVIe siècle ; Église de San Vigilio à Pinzolo, Cathédrale de Spilimbergo (Pordenone) : probablement du XVe siècle. Baptistère de Parme, etc.

En Espagne, pour montrer sa force herculéenne, saint Christophe est représenté portant en guise de bracelet une lourde pierre de meule.

Mais à Sillegny, Christophe n'est pas représenté frontalement et fixant le fidèle "droit dans les yeux" dans un regard hypnotique avec des yeux aggrandis, comme dans les figures géantes de la région de Trente et en Espagne au XIIIe-XVe siècle.

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Saint Christophe, peintures murales (1540) de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Christophe, peintures murales (1540) de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

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Le passage du gué.

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Saint Christophe est représenté les jambes de profil, s'appuyant sur son bâton, dans la posture de celui qui franchit un gué, dans sa fonction de passeur. Mais par une rotation du tronc et de la tête, il se tourne vers le Christ, au moment où il se sent fléchir, ou plus exactement au moment où il reconnaît la puissance de l'Enfant et trouve la Foi.

Les deux rives très escarpées, le sol caillouteux, et les poissons abondants soulignent le danger du passage.

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Saint Christophe, peintures murales (1540) de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Christophe, peintures murales (1540) de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

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L'ermite le guidant de sa lanterne.

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Le bon ermite symbolise la fonction clericale guidant le peuple. C'est lui qui a incité Christophe à devenir passeur afin de mettre sa force au service du Christ : 

"Enfin il rencontra un ermite qui lui dit : « Le maître que tu désires servir exige d’abord de toi que tu jeûnes souvent. » Et Christophe : « Qu’il exige de moi autre chose, car cette chose-là est au-dessus de mes forces ! » Et l’ermite : « Il exige que tu fasses de nombreuses prières. » Et Christophe : « Voilà encore une chose que je ne peux pas faire, car je ne sais pas même ce que c’est que prier ! » Alors l’ermite : « Connais-tu un fleuve qu’il y a dans ce pays, et qu’on ne peut traverser sans péril de mort ? » Et Christophe : « Je le connais. » Et l’ermite : « Grand et fort comme tu es, si tu demeurais près de ce fleuve, et si tu aidais les voyageurs à le traverser, cela serait très agréable au Christ que tu veux servir ; et peut-être consentirait-il à se montrer à toi. » Et Christophe : « Voilà enfin une chose que je puis faire ; et je te promets de la faire pour servir le Christ ! » Puis il se rendit sur la rive du fleuve, s’y construisit une cabane, et, se servant d’un tronc d’arbre en guise de bâton pour mieux marcher dans l’eau, il transportait d’une rive à l’autre tous ceux qui avaient à traverser le fleuve." (Légende dorée)

 

Saint Christophe, peintures murales (1540) de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Christophe, peintures murales (1540) de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Christophe, peintures murales (1540) de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Christophe, peintures murales (1540) de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

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Les pèlerins transportés dans une besace ou aumônière suspendue à la ceinture.

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Parmi les 32 œuvres de la liste Wikipedia des peintures de saint Christophe aux XVe-XVIIIe siècle, seul une montre ce détail (qui n'appartient pas à la Légende dorée) : le retable (v.1480) de Juan Sanchez de Castro pour le couvent San Benito de Calatrava, exposé au Musée des beaux-arts de Séville, et que j'ai décrit en 2015.

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Juan Sánchez de Castro 1480-1502, Saint Antoine avec saint Christophe, Musée des Beaux-Arts de Séville.

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J'avais écrit dans ma description de ce retable : 

"La ceinture du saint attire aussi l'attention : en cuir noir, elle est régulièrement cloutée de pièces métalliques en forme de demi-sphères et se termine par un passant doré ; mais, bien-sûr, ce sont  les deux personnages qu'elles retient fermement qui nous intéressent. Ils semblent bien vivants, et, comme la pierre meulière, ils soulignent la taille gigantesque du saint, qui atteint douze coudées dans une légende carolingienne, soit plus de cinq mètres (une coudée = 45 cm). Les commentateurs les désignent habituellement sous le nom de "pèlerins", et je reprends volontiers ce qualificatif, qui supposerait que Christophe les a passés ainsi à sa ceinture pour les protéger ou leur faire profiter de sa foulée digne des bottes de sept lieues des contes de Perrault. Pourtant, ils gesticulent avec impatience : l'un (qui porte le même bandeau que le saint) se penche comme s'il appelait à l'aide, et l'autre, qui repousse la meule d'un bras, tient un récipient de fer blanc ou d'étain qu'il semble agiter. tandis qu'il maintient son chapeau sous le coude. Quel est le sens de cette mascarade de marionnettes ? Il me semble probable que ce détail cocasse n'est pas seulement destiné à souligner le gigantisme de Christophe, où à illustrer combien ce saint protège les pèlerins et autres voyageurs, mais qu'il est relié aux anecdotes d'une légende populaire ; néanmoins, je n'ai pas retrouvé d'éléments en faveur de cette notion."

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Or, c'est en Espagne que ce détail se retrouve fréquemment, associé à la grande taille des peintures, et à leur situation au seuil des églises. Il est souvent associé à une pierre de meule, portée par le saint, pierre qui est absente à Sillegny.

Au total, sur 23 peintures et 2 statues  de Saint Christophe en Espagne du XIV-XVIIe siècle, 12  présentent des "pèlerins" à la ceinture..

 

 Burgos (Castille-et-Léon)- Cathédrale: peinture murale du XIVe siècle : Regard frontal, meule au bras gauche, 3 pèlerins à la ceinture.

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photo lavieb-aile 2015

 

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Photo lavieb-aile 2015

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— Salamanque (Castille-et-Léon), Cathédrale ancienne, sacristie. Peinture murale. Meule au bras gauche, 4 ou 5 pèlerins à la ceinture.

Salamanque, église Saint-Marc. V. XIVe, 3 pèlerins à la ceinture, pierre de meule.

— León (Castille-et-Léon), cathédrale, haut relief, roue de moulin et trois pèlerins à la ceinture.

—León (Castille-et-Léon), Musée d'Art Sacré de la cathédrale et du diocèse de León, Retable de saint Christophe venant de Nuestra-Señora del Mercado  ancienne paroisse de Santa-Maria del Camino (cité par L. Grau-Lobo) "Tabla protogótica de san Cristóbal, pintada al temple, recientemente descubierta en la Iglesia del Mercado,oculta debajo de un Ecce Horno del siglo XVI.". Roue de moulin, trois pèlerins à la ceinture et deux dans une poche.

— Barcelone, Musée Mares,  statue de saint Christophe venant de San Cristóbal de Entreviñas (province de Zamora, Castille-et-Léon), cité par Grau-Lobo.Meule, trois pèlerins.

— Ségovie (Castille-et-Léon), église San Millán, peinture murale de saint Christophe à tête cinocéphale, quatre pèlerins à la ceinture.

—  Cotillo-Anievas (Cantabrie), Eglise de Saint-André , statue en pierre du  XIVe siècle. Position frontale ; meule de moulin ; quatre pèlerins à la ceinture. 

 —Huelva, Aroche, ermitage Saint -Mamés. Cinq pèlerins accrochés à la ceinture.

— Huelva, Moguer, couvent de Santa Clar.

—Au Musée du Prado de Madrid, un retable anonyme du XIVe siècle, 2,66 x 1,84 m.

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Saint Christophe, peintures murales (1540) de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Christophe, peintures murales (1540) de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Christophe, peintures murales (1540) de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Christophe, peintures murales (1540) de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

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L'Enfant en Christ Sauveur du monde.

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Saint Christophe, peintures murales (1540) de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Christophe, peintures murales (1540) de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

 

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Le nid de cigognes.

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Saint Christophe, peintures murales (1540) de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Christophe, peintures murales (1540) de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

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Le fleuve, ses poissons, ses barques et sa sirène.

Ce fleuve est dangereux, et, comme l'a affirmé l'ermite, "on ne peut le franchit sans danger mortel". Symboliquement, l'élément aquatique est relié aux forces profondes et incontrolables. C'est le sens qu'il faut donner à ces poissons qui s'entre-dévorent, à cette anguille proche du serpent, et, sans doute, à ce poisson couronné, maître du royaume aquatique.

Ces poissons sont néanmoins en partie dominés par les hommes, qui les pêchent dans leur barques.

À partir du début du XVIe siècle, peut-être sous l'influence de Jérôme Bosch, on observe que les eaux prennent une connotation de plus en plus inquiétante. Habitée par des monstres marins et des sirènes, l'eau, désormais placée sous le signe de la tentation sous toutes ses formes, devient le lieu de l'épreuve et de la souffrance. Chez Alaert du Hamel, par exemple, la traversée du fleuve, décrit comme un espace de confusion et de vice, correspond très clairement à cette confrontation à la tentation, qui est aussi propre à l'iconographie de saint Antoine. Voir : Alaert du Hamel, vers 1500, Saint Christophe portant l'Enfant, estampe, Londres, British Museum.

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Saint Christophe, peintures murales (1540) de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Christophe, peintures murales (1540) de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Christophe, peintures murales (1540) de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Christophe, peintures murales (1540) de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

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La sirène se peignant devant son miroir.

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Cette sirène ou femme-poisson souligne le lien classiquement établi entre la féminité et le monde aquatique. Elle personnifie la beauté, et c'est aussi une figure associée à la luxure, ou, du moins, à la frivolité et à la coquetterie, surtout lorsque, comme ici, elle se coiffe devant un miroir grâce à son peigne. 

La présence d'une sirène dans l'iconographie de saint Christophe, pour animer le fleuve traversé et en souligner les dangers (moraux...) est rare mais néanmoins attestée.

-Le premier exemple que j'en donnerai est le volet d'un retable daté de 1516, provenant de la chapelle de l'Ossuaire à Baden (Suisse) et conservé au Musée des beaux-arts de Dijon. Ce volet montre Saint Christophe et un donateur, Niklaus Eberler figurant avec ses armoiries, tandis qu'un autre volet montre  Saint Jérôme et une donatrice, sa femme , née Engelhardt , de Zurich.  Niklaus Eberler , dit Gruenenzweig , qui vécut de 1460 à 1520 environ , appartenait à une famille riche et puissante de Bâle , mais dans sa jeunesse ( 1476 ) il avait émigré avec son père à Baden , en Argovie , où il possédait le domaine le plus important de la contrée , et il devint maire de la ville . Les panneaux internes de ce retable, des reliefs de tilleul sculptés, sont conservés à Düsseldorf, ainsi que le revers peint et daté 1516.

 

 

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Musée des Beaux-arts de Dijon. Photo lavieb-aile.

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Musée des Beaux-arts de Dijon. Photo lavieb-aile.

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Musée des Beaux-arts de Dijon. Photo lavieb-aile.

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-Le deuxième exemple est celui du San Cristóbal du transept sud de l'église Santa María del Azogue de Benavente (Zamora), datant de la première moitié du XVIe siècle. J.L. Hernando Garrigo a consacré un bel article  à la sirène qui, comme à Sillegny, se peigne tout en se contemplant dans un miroir.

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Santa María del Azogue en Benavente (Zamora), photo Hernando Garrigo

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c. Gerson Alex

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- Au pied d'un haut-relief de Saint-Christophe (ca. 1331-32), à l'entrée de  la cathédrale de Gémona del Friouli,  une sirène est sculpté près du pied gauche. Elle tient les deux parties de sa queue bifide.

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- Sur une gravure du Maître E.S. réalisée vers 1450-1467 le  Maître E.S., et conservée au Louvre, une sirène se baigne dans les eaux traversées par saint Christophe.

 

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-On la retrouve au cloitre du dôme de Bressanone, entre les pieds du saint. Ou, dans la même situation, sur la peinture extérieure de la chapelle de Sainte-Lucie de Puy-Chalvin (Puy-Saint-André, Hautes-Alpes), tenant son miroir.

- cet inventaire n'est que partiel.

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Saint Christophe, peintures murales (1540) de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Christophe, peintures murales (1540) de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Christophe, peintures murales (1540) de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Christophe, peintures murales (1540) de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Christophe, peintures murales (1540) de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Christophe, peintures murales (1540) de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

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SOURCES ET LIENS.

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En gras, les références importantes.

— BASE PALISSY

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/AP16R001983?mainSearch=%22sillegny%22&last_view=%22list%22&idQuery=%22fe50e1-d57c-b4ec-f32b-363c45884df%22

—BASTIEN (René), PIRUS (Jean-Marie), 2019, "Les peintures de Sillegny", Paraige Patrimoine, 40 pages.

 

— GRAU LOBO, Luis (1994-1995): “San Cristóbal, Homo Viator en los caminos bajomedievales: avance hacia el catálogo de una iconografía particular”, a Brigecio, 4-5, p. 167-184. 

http://dialnet.unirioja.es/servlet/articulo?codigo=1402347

— GRUMEL (V.) 1938, "Rosenfeld (Hans-Friedrich). Der hl. Christophorus, Seine Verehrung uns seine Legende. Eine Untersuchung zur Kultgeographie und Legendenbildung des Mittelalters"  Échos d'Orient Volume 37 Numéro   191-192pp. 464-470

  http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_1146-9447_1938_num_37_191_3006_t1_0464_0000_2#

— GUENEBAULT Louis Jean 1850,  Dictionnaire iconographique des figures, légendes et actes des saints ... 

https://books.google.fr/books?id=tRAGAAAAQAAJ&pg=RA2-PT42&dq=%22saint+christophe%22+meule&hl=fr&sa=X&ei=EAh2VdPfC8yvU_2RgqgK&ved=0CCgQ6AEwAg#v=onepage&q=%22saint%20christophe%22%20meule&f=false

 

— HERNANDO GARRIDO (José Luis), 2013,  "San Cristóbal y la sirenita: aviso para peregrinos y navegantes", Fundación Santa María la Real-TEMPLA,  Codex Aquilarensis 29/2013.

https://www.romanicodigital.com/sites/default/files/2019-09/C29-14_Jos%C3%A9%20Luis%20Hernando%20Garrido.pdf

— MANZARBEITIA VALLE (Santiago), Universidad Complutense de Madrid, 2010,  "El mural de San Cristobalón en la iglesia de San Cebrián de Muda. Pintura medieval y devoción popular: del mítico Cinocéfalo al Polifemo cristiano"  Anales de Historia del Arte 293 2010, Volumen Extraordinario 293-309.   

http://revistas.ucm.es/index.php/ANHA/article/viewFile/ANHA1010010293A/30823

—RIGAUX (Dominique), 1996, "Une image pour la route. L'iconographie de saint Christophe dans les régions alpines (XIIe-XVe siècle)", Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public  Année 1996  26  pp. 235-266

https://www.persee.fr/doc/shmes_1261-9078_1996_act_26_1_1681

—Site CONSULTADO

https://www.consultatodo.com/sanCristobal/sanCristobal2.htm

—SCHNABEL (Abbé), 1858, « Rapport sur les peintures murales de Sillegny », Bulletin de la Société d'archéologie et d'histoire de la Moselle,‎ 1858.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k33403f/f38.item

 

— VORAGINE (Jacques de) 1261, ou IACOPO DA VARAZZE, Legenda aurea, traduite en français par JEAN DE VIGNAY sous le titre de Légende des Sains au plus tard en 1348.

Bnf Fr. 242 folio 149r Gallica http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8426005j/f313.image

Bnf fr. 244-245 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8442920n/f1.image

 

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Published by jean-yves cordier - dans Peintures murales. Saint Christophe.
10 janvier 2024 3 10 /01 /janvier /2024 14:02

Les peintures murales ( 1540) de Sillegny (Moselle). I. Le Jugement dernier.

Voir aussi :

 

PRÉSENTATION.

Ces peintures murales exécutées à la détrempe en  1540  furent à une époque inconnue recouvertes d’un badigeon, les protégeant ainsi des effets du temps. Ce n’est qu’en 1845 lors d’un grattage de l’abside, qu'elles furent découvertes et remises à jour par l’Abbé Schnabel, curé de la paroisse de 1840 à 1891, et restaurées par le peintre Malardot, de Metz. Elles furent classées en 1881. De janvier 2002 à décembre 2004 les peintures furent restaurées par simple nettoyage par  la société ARCAMS d' Autun dirigée par  Joël Oliveres. Grâce à Jean Marie Pirus curé de la paroisse, une association la Sixtine de la Seille a vu le jour le 9 décembre 1987 et est très active pour rendre accessible et faire découvrir ces peintures.

Le corpus est très riche, associant dans la nef et le transept des scènes religieuses (une Chasse de saint Hubert notamment), des figures de saints, un Credo des apôtres, à un Jugement dernier sur le mur de l'ouest, un saint Christophe de cinq mètres de haut à l'entrée, et, dans le chœur, un arbre de Jessé, tandis que les quatre évangélistes occupent la voûte de la croisée du transept.

 

La plus grande fresque est ce Jugement dernier d’une superficie de 42 mètres carrés, peinte sur le mur ouest au-dessus de l’entrée.

 

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

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Le Christ de la Parousie.

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Le registre supérieur illsutre le passage de l'évangile de Matthieu 24:29-31

"Aussitôt après ces jours de détresse, le soleil s'obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées.  Alors le signe du Fils de l'homme paraîtra dans le ciel, toutes les tribus de la terre se lamenteront, et elles verront le Fils de l'homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et une grande gloire.  Il enverra ses anges avec la trompette retentissante, et ils rassembleront ses élus des quatre vents, depuis une extrémité des cieux jusqu'à l'autre."

 

Le Christ est assis sur l'arc en ciel rappelant l'Alliance et ses pieds sont posés sur le globe terrestre. Il apparaît dans la gloire de sa résurrection, nu sous le manteau de pourpre, et montrant ses cinq plaies preuves de sa crucifixion.

Il est entouré des phylactères portant les inscriptions :

-à sa droite (vers le Paradis)  :  Venite benedicti Patris mei, "Venez les bénis de mon Père", citation de l'évangile de Matthieu 25:34

-à sa gauche (vers l'Enfer) : Ite  Maledicti  in Ignem Aeternum  , "Allez, vous les maudits, dans le feu éternel", citation de l'évangile de Matthieu 25:41, 

 

Au dessus de lui sont les anges du Jugement, soufflant dans leurs trompettes au dessus des astres du Jour et de la Nuit.

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Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

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Le Christ est entouré de la Vierge et de Jean-Baptiste en prière.

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Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

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Le Christ Sauveur de la Porte du Salut.

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Le Christ Sauveur bénit le monde dont il tient le globe dans la main gauche. Sa représentation est très souvent sculpté au dessus des portes des porches.  Il est placé ici devant un drap d'honneur sous le tympan, orné d'un ange, d'une porte. On lit derrière sa tête la date de la fresque, MIL Vc XL, 1540, tandis que l'inscription en latin ERGO SUM VIA VERITAS VITA, signifie "Je suis la voie, la vérité et la vie". 

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Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

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Le Paradis ou Royaume des Cieux, sous forme d'un château auquel mène un escalier. Les élus y sont guidés par des anges et accueillis par saint Pierre tenant la clef.

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Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

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L'Enfer, à gauche du Christ.

L'enfer occupe toute la partie gauche, mais le diable qui fait le pendant avec le Royaume est figuré avec une tête de taureau et des pattes fourchues. Il est enchaîné à une colonne et il tient un arbre noir, parmi des langues de feu. Il correspond à Satan, Nelsébuth ou Mammon. Autour de lui, des diables supplicient les damnés.

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Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

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Registre inférieur, à gauche : le Jugement des humains ressuscités par saint Michel Archange muni de sa balance. Les anges annoncent le jugement dernier par leurs trompes.

Les pieds de l'archange sont posés sur les ailes d'un autre ange.

Le phylactère indique Venite ad judicium, "Venez devant la justice divine". Le début de la citation, Surgite mortui "Debout les morts", est du côté gauche.

Sous cette injonction, les morts sortent de leur tombeau, aidés par les anges qui les emportent ensuite vers la balance de la pesée de leur âme.

 

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Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

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Registre inférieur, à l'extrême gauche : le purgatoire.

À l'extrême gauche, d'autres hommes et femmes semblent vouloir échapper à des flammes, mains jointes ou bras tendus  vers les anges qui, effectivement, viennent les sauver.

Depuis le Moyen-Âge en effet, l'iconographie chrétienne représente le purgatoire, lieu de purification et d'expiation avant le pardon et l'accès aux Cieux, comme un feu, lieu de souffrance mais qui n'expose pas, comme celui de l'Enfer, au desespoir. Ainsi, dans les Très Riches heures du Duc de Berry  vers 1416 :

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Très Riches heures du Duc de Berry Chantilly f. 113

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Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

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Registre inférieur, à droite : les supplices des damnés.

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En haut, un diable porte une femme sur ses épaules, et enfonce son bâton dans la bouche d'un.e damné.e qui est étendu.e au sol.

Trois damnés, dont une femme, sont transpercés au niveau du bas-ventre par une perche portée par un diable.

Un couple est traîné au sol, ligoté, par un autre diable. Un autre en porte deux dans un tonneau sur son dos et  en pousse deux autres dans une brouette.

Un damné vêtu d'une tunique (Judas ??) est pendu à la branche d'un arbre.

Un homme est ligoté à une perche et tourné par un diable en rotissoire sur un feu, tandis qu'un diable assistant attise ls flammes de son soufflet.

Enfin, seize visages émergent des flammes  et de la gueule d'un Léviathan.

Certains de ces supplices (pendaison, brouette, hotte) se retrouvent sur les peintures murales des Jugements de la Cathédrale d'Albi,  du Mont-Dol ou de Kernascleden (tous de la fin XVe), mais avec moins de liens avec les éditions du Calendrier des biergers publiés par Guiot Marchant à Paris, ou Nicolas Le Rouge à Troyes en 1529 (BnF RES-V 274). Dans ces ouvrages, chaque type de supplice correspond à l'un des péchés capitaux.

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Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

Le Jugement dernier, peinture murale (1540) de l'église de Sillegny. Photographie lavieb-aile 2024.

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SOURCES ET LIENS.

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—BASTIEN (René), PIRUS (Jean-Marie), 2019, "Les peintures de Sillegny, Paraige Patrimoine, 40 pages.

—SCHNABEL (Abbé), 1858, « Rapport sur les peintures murales de Sillegny », Bulletin de la Société d'archéologie et d'histoire de la Moselle,‎ 1858.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k33403f/f38.item

— BASE PALISSY

https://www.pop.culture.gouv.fr/search/list?mainSearch=%22sillegny%22

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00107006

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/AP57W01423

— DIVERS

https://www.blelorraine.fr/2022/09/de-la-chapelle-sixtine-lorraine-a-sillegny/

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Published by jean-yves cordier - dans Peintures murales. Jugement dernier
9 janvier 2024 2 09 /01 /janvier /2024 11:18

Les 14 jeunes musiciens des stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival, dont un joueur de serpent. Remonté dans la chapelle des Cordeliers de Nancy.

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Cet article appartient à trois catégories :

1. Celle  sur les Termes gainés, cariatides et atlantes (ou "supports anthropomorphes") :

-Sculpture en pierre :

-Sculpture en bois :

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2. Celle sur l'étude des instruments sur les sculptures et vitraux ("anges musiciens") et particulièrement sur l'iconographie du serpent :
 

3. Celle sur l'étude des stalles : quoique celles de Salival n'offre pas un grand intérêt dans le décor des miséricordes et appuie-bras, elles peuvent renseigner par ses statues de la musique de la fin du XVIIe siècle :

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 En Bretagne par ordre chronologique :

 

Hors Bretagne :

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PRÉSENTATION.

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Je renvoie à la notice de Pierre-Hyppolite Pénet pour le Musée Lorrain:

https://musee-lorrain.nancy.fr/les-collections/catalogues-numeriques/nancy-capitale-des-ducs-de-lorraine/xviie-siecle/lambris-et-stalles-de-lavant-choeur-des-chanoines-de-labbaye-des-premontres-de-salival

Je me contente d'en citer cette introduction :

"Fondée par la comtesse Mathilde de Salm-Hombourg, entre 1140 et 1157, l’abbaye des Prémontrés de Salival (Moselle) dut son nom (en latin Salina vallis) à la présence des nombreuses sources salées de la Seille qui contribuèrent à sa grande richesse. Après avoir été dévastée en 1590 lors des guerres de Religion, l’abbaye fut principalement reconstruite à partir de 1670. Les travaux furent commencés par l’abbé Antoine Collart et poursuivis par Rémi Josnet qui orna somptueusement l’intérieur de l’église. C’est sous son abbatiat (1681-1720) que furent mises en place les stalles de l’avant-chœur des chanoines, datées de 1695, complétées en 1776 par les boiseries du sanctuaire exécutées par Joseph François Brêche dit la Bonté (v.1717-1784) également chargé du buffet d’orgue. Après la nationalisation des biens du clergé en 1789, les bâtiments de l’abbaye furent mis en vente en 1796. Jugée dangereuse, l’église fut finalement démolie en 1823."

 

Les stalles de l'abbaye de Salival ont donc  été démontées, dispersées, et une partie de celles-ci et de leurs lambris ont été recomposées pour s'adapter à la chapelle des Cordeliers de Nancy. 

 Vingt-cinq travées de lambris en chêne sont aujourd’hui séparées alternativement par douze pilastres cannelés corinthiens et par quatorze "putti", dont dix sont des termes. On désigne sous ce nom, ou plutôt sous celui de supports anthropomorphes, des statues de forme humaine (atlantes, termes, télamons cariatides), servant de support vertical soutenant un entablement, et dont la partie inférieure n'est pas humaine, mais architecturale, proche des bornes , et souvent fusiforme vers le bas. Même pour la partie supérieure, le respect de l'anatomie humaine n'est que partielle, et notamment les bras sont parfois réduits à des moignons en spirale.

Ces dix termes et les quatre personnages intègres ont pourtant un point commun, celui de représenter des garçons (j'évite le terme de "putti" qui désigne des petits enfants souvents nus) ou adolescents, dont dix jouent des instruments de  musique et quatre, au centre, pourraient être des chanteurs. Au total, ils composent donc un ensemble musical, ce qui est cohérent avec la fonction des stalles abbatiales, où les moines se réunissaient pour chanter les offices, parfois accompagnés à l'orgue ou au serpent.

On pourrait, si les vêtements de ces garçons n'évoquaient pas plutôt des pâtres, y voir des membres d'une psallette, ou école de musique attachée à une église, autrement dit, des enfants de chœur au sens littéral. Mais les instruments représentés sont inhabituels dans ce cadre : ainsi, à la cathédrale de Metz en 1790, on ne signale que des organistes, des joueurs de serpent, de basse continue et violoncelles, et de bassons, ainsi que 14 chantres et sous-chantres (adultes) et 8 enfants de chœur. Enfin ces psallettes n'existaient pas dans les abbayes. 

Le cartel de la chapelle des Cordeliers donne pour ces stalles la date de 1691 ; la notice du musée lorrain celle de 1695.

Le premier rang de stalles aurait été rajouté vers 1980. 


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Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

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Au centre, le lutrin en fer forgé, qui servait à accueillir les livres de plain-chant, provient de la basilique Saint-Epvre de Nancy. Il se compose "d’un double pupitre mobile orné, sur une face, d’un médaillon portant l’inscription : « 1752 / AMETZ » et, sur l’autre, d’un second médaillon portant le chiffre « JC ». Le pupitre est surmonté de quatre aigles dorés aux ailes déployées et d’une croix à double traverse. Selon le Père Eugène, celle-ci aurait remplacé un petit globe primitif ce qui nous semble peu probable. Le lutrin repose sur un imposant pied tripode, orné sur chaque face d’un nouveau cartouche portant les chiffres : « GD », « LL » et « ES »." (P.-H.Pénet)

Lutrin de 1752. Photographie lavieb-aile 2024.

Lutrin de 1752. Photographie lavieb-aile 2024.

Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

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Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

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Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

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Liste des musiciens et chanteurs.

N.B la détermination des instruements est de moi, elle est sujette à caution.

1. Le jeune joueur de flûte traversière piccolo, en support anthropomorphe.

2. Le jeune joueur de chalemie (rauschpfeife, cornet, hautbois..), en support anthropomorphe.

3. Le jeune joueur de cymbales.

4. Le jeune joueur de tambourin ou "bedon", en support anthropomorphe.

5. Le jeune joueur de douçaine (basson baroque?).

6. Un jeune homme en support anthropomorphe.

7. Un jeune homme bras croisé en support anthropomorphe.

8. Un jeune homme main gauche levée,  en support anthropomorphe.

9. Un jeune homme sans bras, en support anthropomorphe.

10. Un joueur de serpent.

11. Un joueur de violon en support anthropomorphe.

12. Un jeune joueur de triangle.

13. Un jeune joueur de trompette en support anthropomorphe.

14. Un jeune joueur de trompe de chasse en support anthropomorphe.

 

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1. Le jeune joueur de flûte traversière piccolo, en support anthropomorphe.

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Il porte, comme un jeune berger, une tunique dénudant l'épaule droite et ses cheveux bouclés sont noués par un ruban au dessus du front.

C'est un terme, dont la tête soutient l'entablement, et son support qui se termine paer une volute est feuillagé.

La flûte, courte, dont mon point de vue ne permet pas de voir les trous, se termine par une virole plus large.

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Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

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Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

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2. Le jeune joueur de chalemie (chalumeau, rauschpfeife, cornet, hautbois..), en support anthropomorphe.

Sa tête joufflue est couronné de laurier, sa tunique courte s'envole; le support est feuillagé.

J'ai des hésitations pour désigner l'instrument (doté d'une anche), toute aide sera la bienvenue.

 

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Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

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Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

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3. Le jeune joueur de cymbales.

Il porte sur sa tunique une sur-tunique aux lambrequins à glands, ornée de rinceaux. Une écharpe est nouée sur son côté.

Ce n'est pas un terme, puisque ses deux jambes et ses pieds nus sont bien visibles, mais il prend appui sur un petit support anthropomorphe dont le tronc aux moignons d'épaules adopte la forme d'une feuille libérant des rameaux.

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Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

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Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

Les 14 putti musiciens des stalles de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

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4. Le jeune joueur de tambourin ou "bedon", en support anthropomorphe.

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 Albert Jacquot définit le bedon comme "un long et gros tambourin du moyen âge, qui se frappait comme la grosse-caisse, à l’aide d’un ou de deux bâtons courts, munis d’un tampon", et en donne en illustration ce joueur de Salival.

Le bâton tenu par la main gauche est brisé.

Il porte une tunique aux manches courtes ; le support est feuillagé.

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Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

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5. Le jeune joueur de douçaine (basson baroque?).

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La tunique, plus longue que les précédentes, et fendue, s'orne d'une petite rose. Le genou droit fléchi et le pied soulevé donne un bel élan à ce personnage.

Nouvelle hésitation pour désigner l'instrument. Le "bocal" est brisé, mais l'anche est bien visible dans la bouche du garçon. Le tuyau de perce n'est pas conique, mais cylindrique, à peine éffilé vers les extrémités.

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Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

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Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

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Exemple des chutes de fruits et fleurs placés sous chaque personnage. On reconnait ici des pommes et des poires, une grenade, des raisins, et des petits fruits (cerises ?).

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Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

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6. Un jeune homme en support anthropomorphe.

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Ce terme est privé de bras, il est vêtu d'une tunique nouée sur l'épaule droite, une guirlande de fruit forme un baudrier. Il a la tête tournée vers sa gauche, et donc vers le centre des stalles. Sa bouche est entrouverte, laissant penser qu'il s'agit d'un chanteur.

Le support est une feuille lancéolée.

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Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

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7. Un jeune homme bras croisé en support anthropomorphe.

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Il peut s'agir d'un chanteur, les bras expressivement croisés sur la poitrine. La tunique dégage l'épaule droite.

 

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Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

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Le blason au dessus de la cathèdre.

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Ce sont les armes du duché de Lorraine à partir d'Antoine Le Bon. Le blason aurait été ajouté en 1962 et proviendrait de la devanture de la fameuse librairie du collectionneur René Wiener (1855-1939) à Nancy.

https://en.m.wikipedia.org/wiki/File:Armoiries_Lorraine-Vaud%C3%A9mont.png

Voir aussi la planche gravée  de La musique en Lorraine d'Albert Jacquot p. 29.

On les comparera à celles de son père René II de Lorraine, où manquent les deux lions affrontés sur le Bréviaire de René II, BnF arsenal MS-601-res f.44r, datant du XVe siècle. Les enluminures de ce bréviaire montrent de nombreux instruments en usage sous René II.

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Bréviaire de René II, BnF, f. 44r, Gallica.

 

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Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

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8. Un jeune homme main gauche levée,  en support anthropomorphe.

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Sa tunique frangée  est ceinturée d'une guirlande. On peut supposer qu'il est en train de chanter, avec cette gestuelle propre à la rhétorique baroque.

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Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

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Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

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Nouvel exemple des chutes de fruits et fleurs assemblées autour d'un linge noué.

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Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

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9. Un jeune homme sans bras, en support anthropomorphe.

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La tunique serrée par une ceinture et une sangle  laisse l'épaule droite dénudée. Le jeune homme a le visage tourné vers le centre des stalles. 

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Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

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10. Un joueur de serpent.

 

 

 

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Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

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C'est l'instrument le plus attesté en accompagnement du chant liturgique et du chœur dont il renforçait la partie grave lors des offices religieux et  il fut donc, pendant plus de deux siècles, essentiellement voué au soutien des formations vocales religieuses. En témoignent les inscriptions gravées sur le dossier des stalles bretonnes.

Albert Jacquot présente cet instrument ainsi :

"SERPENT. Instrument à vent, en bois recouvert de cuir ou en cuir bouilli, inventé, au XVIe siècle, par Edme Guillaume, chanoine d’Auxerre. Il servait de basse aux cors ; il est à l’unisson des hautbois, il a six trous et quelquefois plusieurs clefs. On s’en servait encore, il y a quarante ans, dans les musiques militaires et dans les églises. Il y en a une grande variété : le serpent militaire, celui de cavalerie, qui permettait de passer le bras et de le maintenir facilement. Il y en eut aussi en fer. Parmi les sculptures du portail de la cathédrale de Strasbourg, on remarque, du côté droit, un joueur de serpent, qu’un sculpteur du XVIIe siècle y sculpta, pour remplacer une statue détruite, qui représentait, sans doute, un autre musicien. Cet artiste ne vit aucun inconvénient d’y mettre un type d’instrument si fort en vogue dans les églises, au XVIIe siècle. La figure ci-contre représente cette intéressante sculpture. Un. autre personnage, jouant aussi du basson, se voit aux boiseries du chœur de l’église de Salival, transférées à l’église des Cordeliers de Nancy. C’est aussi du XVIIe siècle. L’Ophicléide, aujourd’hui abandonné, remplaça le serpent. Une embouchure d’ivoire terminait le tube d’insufflation. Le nom de l’ophicléide vient du grec ophis, serpent, et cléïdes, clefs."

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L'instrument représenté à Salival montre au moins dix trous, dont certains occultés par les doigts du serpent (nom du joueur). Il est suspendu par une sangle noué autour de l'instrument.

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Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

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11. Un joueur de violon en support anthropomorphe.

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Le joueur porte une tunique courte dont on admirera la ceinture dont la boucle est joliement détaillée.

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Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

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12. Un jeune joueur de triangle.

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Sa sur-tunique serrée par un cordon à glands de passementerie est frappée de lys. La tunique elle-même est un surplis garni de broderies ou de dentelle en partie inférieure.

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Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

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13. Un jeune joueur de trompette en support anthropomorphe.

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Il est coiffé d'une sorte de casque et ses épaules sont couvertes d'une pièce d'armure, sur son torse nu. Main gauche sur la taille dans une posture martiale, il sonne de la trompette, dont seule l'embouchure est conservée. Il porte sur les reins une jupe à lanières. Le support est  sculpté d'une chute de fruits et fleurs.

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Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

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14. Un jeune joueur de trompe de chasse en support anthropomorphe.

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Il est tourné, comme son homologue de l'extrémité droite des stalles, vers la nef. Et, comme lui également, ses cheveux bouclés sont noués d'une rosette frontale. Sa tunique se rassemble en un gros nœud à l'arrière.

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Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.

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SOURCES ET LIENS.

— DECOMPS (Claire)

https://core.ac.uk/download/pdf/19545758.pdf

—JACQUOT (Albert), 1886, Dictionnaire pratique et raisonné des instruments de musique anciens et modernes

https://www.luthiers-mirecourt.com/jacquot1.htm

—JACQUOT (Albert), 1882, La Musique en Lorraine, étude rétrospective d'après les archives locales. Paris : Quantin et Fischbacher, 1882.

https://archive.org/details/lamusiqueenlorra00jacq/page/84/mode/2up

—MUSEE LORRAIN

https://musee-lorrain.nancy.fr/les-collections/catalogues-numeriques/nancy-capitale-des-ducs-de-lorraine/xviie-siecle/lambris-et-stalles-de-lavant-choeur-des-chanoines-de-labbaye-des-premontres-de-salival

—SITE PHILIDOR

https://philidor.cmbv.fr/Publications/Bases-prosopographiques/MUSEFREM-Base-de-donnees-prosopographique-des-musiciens-d-Eglise-en-1790/Moselle

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8 janvier 2024 1 08 /01 /janvier /2024 11:52

Le piédestal de la croix cénotaphe (calcaire, milieu XVIe siècle chapelle des Cordeliers de Nancy, coll. Musée lorrain) de la duchesse de Lorraine Philippe de Gueldre (1464-1547).

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PRÉSENTATION.

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Mon but initial était de partager ma découverte, en la chapelle des Cordeliers de Nancy,  de ce piédestal aux figures et aux inscriptions macabres. Mais ma consultation de la notice du musée lorrain dédiée à ce monument m'a vite convaincu de l'inutilité de cette démarche, tant cette notice était complète et accompagnée d'un riche dossier photographique. 

Ayant saboté par cette introduction mon article, mais sans renoncer à le rédiger, il me reste à tâcher d'aller un peu au delà de cette notice de Pierre-Hippolyte Pénet. Ce que je ferais en deuxième partie dans une réflexion sur les liens entre Philippe de Gueldre l'art macabre .

J'ai d'abord naïvement cru que Philippe (ou Phelippe) de Gueldre était un personnage masculin, avant de découvrir qu'il s'agissait de l'épouse du duc René II de Lorraine, dont le monumental et luxueux monument funéraire occupe, sur 7 mètres de haut, le centre du côté sud de la chapelle des Cordeliers. René II est le vainqueur en 1477 de la Bataille de Nancy , dans laquelle Charles le Téméraire trouva une  mort sordide (on retrouva son corps nu dans un étang gelé).

Dame Philippe épousa René II le 1er septembre 1485 à Orléans. Née en 1464, elle était la fille d'Adolphe, duc de Gueldre, et de Catherine de Bourbon, elle-même fille de Charles Ier duc de Bourbon, et sœur de Jean II duc de Bourbon jusqu'en 1488, du cardinal Charles II duc de Bourbon en 1488, d'Isabelle, épouse de Charles le Téméraire et grand-mère de Charles Quint et de Pierre II qui épousa Anne de Beaujeu régente de France. J'ai présenté la nécropole des Bourbon ici :

L'emblématique et l'héraldique monumentales de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude.

 Orpheline dès 1469, elle fut éduquée à la cour du duc de Bourgogne, sous l’autorité de Marguerite d’York jusqu’en 1483, puis à la cour du roi de France, sous celle d’Anne de France, dame de Beaujeu, jusqu’en 1485. Cette dernière la donne alors en mariage au duc de Lorraine, René II. Douze enfants naîtront de cette union, dont cinq fils survivront.

 

Devenue veuve en 1508, Philippe de Gueldre refusa la régence instituée en sa faveur par le testament de son mari, laissant le pouvoir aux mains du prince Antoine, l'aîné de ses fils. Retirée durant quelques années au château de Bar, qui lui avait été assigné en douaire, elle entra, vers la fin de 1519, au monastère des Clarisses de la ville de Pont-à-Mousson (*). Sa prise d'habit eut lieu le jeudi 8 décembre de la même année et sa profession solennelle l'année suivante, le jour de la fête de la Conception, 8 décembre 1520. Elle mourut vingt-sept années plus tard, le 26 février 1547, à l'âge de quatre-vingt-sept ans.

(*) Ce monastère fut fondé par sainte Colette, cédant aux sollicitations du duc Charles II de Lorraine et de sa femme Marguerite de Bavière. Les travaux, commencés en 1431, furent terminés en 1447, sous le règne du duc René Ier. Les religieuses, au nombre de treize, prirent possession des bâtiments le 21 septembre de cette même année.

 

"Cependant, Philippe dispose d’un statut particulier au sein de la communauté. Elle possède une pièce à part et ne dort pas dans le dortoir commun. Elle est rapidement dispensée des rigueurs de la règle, en raison de son état de santé. Lorsqu’elle est malade elle bénéficie d’un traitement particulier, recommandé par ses médecins. Philippe peut donc s’affranchir des normes de vie du cloître. Elle n’oublie d’ailleurs pas la politique terrestre.

Aidée d’une sœur secrétaire, elle maintient une active correspondance avec les princes et l’aristocratie. À Pont-à-Mousson elle demeure une princesse. Le receveur de la ville a ordre de subvenir à ses demandes. Elle interpelle également les autorités locales, comme en 1529, où elle ordonne au maître-échevin de distribuer des aumônes aux pestiférés, jetés hors de la ville.

Philippe dote son couvent de multiples œuvres, dont un magnifique retable (*) encore visible à l’église Saint-Laurent de Pont-à-Mousson." (Est-Républicain)

(*)Retable d'Anvers à six compartiments sculptés et dorés et quatre volets peints.

Elle décède le 26 février 1547 d'une péritonite par perforation vésiculaire. Dans son testament rédigés dès le 23 octobre 1520, elle avait déjà spécifié : "& voulons notre corps viande aux vers soit enterré au cimetière dudict couvent ". Elle aurait obtenu, de son vivant, de faire élever au milieu du cimetière des religieuses, situé dans le cloître, un grand crucifix taillé en pierre afin d’indiquer l’emplacement de sa sépulture. Le crucifix a disparu, et le piédestal fut retrouvé en 1890 au cimetière de Vilcey-sur-Trey. 

Piédestal de la croix cénotaphe de Philippe de Gueldre, 1ère moitié du XVIe siècle, Calcaire, H. 116 ; L. 60 ; Pr. 57 cm, Musée lorrain de Nancy Inv. 2121.1 Achat auprès de la commune de Vilcey-sur-Trey, 1895

 


 

 

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DESCRIPTION.

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Photo Musée lorrain de Nancy

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Le piédestal débute par un soubassement carré sans sculpture, auquel succéde un étage à deux inscriptions de cinq lignes en ecriture gothique, puis un étage plus étroit dont deux faces opposées montrent un cadavre ou un crâne, et les deux autres une invocation pieuse. Au sommet, la base du crucifix détruit.

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La face qui attire immédiatement le regard est ornée d’un petit squelette assis sur un rocher, dans la figure du penseur mélancolique, vu de trois-quart, la tête posée sur la main en signe de douleur et d’abattement. Mais en contraste avec le squelette décharné, les intestins sont représentés par des boyaux en spirale.

Ainsi la duchesse décédée, jadis enterrée en pleine terre du cloitre sous le monument,  invitait-elle ses sœurs clarisses à une méditation sur la mort.

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Cénotaphe de Philippe de Gueldre, v.1547, calcaire, Chapelle des Cordeliers de Nancy. Photo lavieb-aile 2024.

Cénotaphe de Philippe de Gueldre, v.1547, calcaire, Chapelle des Cordeliers de Nancy. Photo lavieb-aile 2024.

Cénotaphe de Philippe de Gueldre, v.1547, calcaire, Chapelle des Cordeliers de Nancy. Photo lavieb-aile 2024.

Cénotaphe de Philippe de Gueldre, v.1547, calcaire, Chapelle des Cordeliers de Nancy. Photo lavieb-aile 2024.

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Sur la face opposée, un crâne  est sculpté en moyen-relief dans un médaillon suspendu par un ruban. Le sculpteur compose ainsi un "miroir de la Mort". C'est, en littérature macabre, le titre de l'ouvrage Le miroir de mort , "ung excellent et tres prouffitable livre pour toute creature humaine" publié dès 1470 puis en 1481-1482 par George Chastelain historiographe des ducs de Bourgogne. L'inplicit et l'explicit du manuscrit Carpentras BM 0410 reprennent les mêmes vers :

...le miroir de la mort

a glace obscure et tenebreuse

la ou on voit chose doubteuse

et matiere de desconfort.

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Le texte reprend vite la métaphore :

 

Pour au miroer de mort mirer

Penser y fault en remirant

Et sy nous fault tous amirer

De ceulx que nous voyons mirer

Pour la mort qui nous va minant

Rien n'y vault don non mie nant

...

 

Comme ou mirouer si est la glace

La ou on voit sa remembrance

On y choisist et corps et face

Mais de legier elle s'efface

Car elle n'a point de souffrance

Elle ne peut avoir grevance

Que de legier ne soit cassee

Nostre vie est plus toust passee

Mirons nous dont et remirons

Et il se conclut par une série d'anaphores dont la dernière est :

 

Mirons nous au grand jugement

Mirons nous en la passion

Mirons enfer en dampnement

Mirons la mort et son tourment

Mirons nostre inclinacion

Mirons le monde et sa façon

Mirons nostre fragilité

Mirons nous pour estre saulvés

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En Bretagne, Jehan An Archer Coz compose en 1519 le Mirouer de la mort, en breton, imprimé à Morlaix en 1575. Sa couverture est illustrée d'un miroir de la mort avec cette injonction : MIRE TOY LA.

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Couverture du Mirouer de la mort BnF RES P-YN-1.

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Cénotaphe de Philippe de Gueldre, v.1547, calcaire, Chapelle des Cordeliers de Nancy. Photo lavieb-aile 2024.

Cénotaphe de Philippe de Gueldre, v.1547, calcaire, Chapelle des Cordeliers de Nancy. Photo lavieb-aile 2024.

Cénotaphe de Philippe de Gueldre, v.1547, calcaire, Chapelle des Cordeliers de Nancy. Photo lavieb-aile 2024.

Cénotaphe de Philippe de Gueldre, v.1547, calcaire, Chapelle des Cordeliers de Nancy. Photo lavieb-aile 2024.

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Sur la paroi latérale, on peut lire dans un petit cartouche suspendu à un anneau par des rubans l'inscription en lettres romaines « JESU.MA/IOSEPH » (Jésus, Marie, Joseph).

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Cénotaphe de Philippe de Gueldre, v.1547, calcaire, Chapelle des Cordeliers de Nancy. Photo lavieb-aile 2024.

Cénotaphe de Philippe de Gueldre, v.1547, calcaire, Chapelle des Cordeliers de Nancy. Photo lavieb-aile 2024.

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Sur la paroi latérale opposée, on peut  lire dans un  cartouche identique l'invocation « AVE.MAA/MERE.D. » (Ave Maria, Mère de Dieu).

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Cénotaphe de Philippe de Gueldre, v.1547, calcaire, Chapelle des Cordeliers de Nancy. Photo lavieb-aile 2024.

Cénotaphe de Philippe de Gueldre, v.1547, calcaire, Chapelle des Cordeliers de Nancy. Photo lavieb-aile 2024.

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Sous les deux motifs à squelette, deux inscriptions sculptées en lettres gothiques auraient été rédigées par la duchesse elle-même. Le coin droit de chaque inscription est abimée,  d'où des lettres et mots absents:

Sous le squelette méditatif :

 

« Cy gist . Ung . Ver . Tourn . en .porriture . re[n]dant . Amort . le tribut . De . nature. Seur. phelip de. Gueldres .fust .roine du passe. terre . lost pour toute. conieture. Cest . La . Mal. De . to[u]te. creature. Seurs. Dictes. lui Req. Pa »

Cy gist ung ver tourn en porriture

rendant à mort le tribut de nature

seur phelip de gueldres fust roine du passé

terre lost soulat pour toute couverture

cest la ma[…] de toute creature

Seurs dites lui  requiecat in pace

 

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L'insistance sur les vers qui décomposent le cadavre et le transforme en pourriture et en poussière est caractéristique de l'art macabre. On trouve souvent au XVIe siècle en sculpture des "têtes de mort" où des vers sortent par les orbites.

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Cénotaphe de Philippe de Gueldre, v.1547, calcaire, Chapelle des Cordeliers de Nancy. Photo lavieb-aile 2024.

Cénotaphe de Philippe de Gueldre, v.1547, calcaire, Chapelle des Cordeliers de Nancy. Photo lavieb-aile 2024.

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Sous la face sculptée d'un crâne

 on lit la supplique suivante, dont la dernière ligne est presque détruite:

 

« O REDEMPTUR.BEOIST.CRUFIE.E.Q.MO
CUEUR.IAMAIS.NADEFFIE.MAIS.ESPER
A.TA.CROIS.JE.MACORDE.COME.A.CELLE.Q
A.VIVIFIE.LE.GENRE.HUMAIN.DU.JOUR »

 

O redempteur benoiste crucifie

que mon cueur jamais na deffie

mais espere à la croix je maccorde

comme a celle qui a vivifie

le genre humain du jour [moult rude

mon ame priant à ta misericorde]

soit
« Ô Rédempteur benoît crucifié à qui mon cœur jamais n’a défié mais espéré, à ta croix je m’accorde comme à celle qui a vivifié le genre humain du jour horrifié. Mon âme prie en ta miséricorde ».

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Cénotaphe de Philippe de Gueldre, v.1547, calcaire, Chapelle des Cordeliers de Nancy. Photo lavieb-aile 2024.

Cénotaphe de Philippe de Gueldre, v.1547, calcaire, Chapelle des Cordeliers de Nancy. Photo lavieb-aile 2024.

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Pierre-Hippolyte Pénet conclue sa notice ainsi :

"Cette iconographie et ces inscriptions sont une transcription du motif du transi funéraire, apparu au XIVe siècle, qui décrit le défunt en état de décomposition. Elles ne sont pas sans évoquer les reliefs très proches appelés « miroirs de la mort » de l’église Notre-Dame de Bar-le-Duc ou du monument funéraire de Claude de la Vallée à l’église Saint-Didier de Clermont-en-Argonne qui sont tous deux accompagnés de l’inscription : « Mirez-vous et considérez comme je suis telz vous serez ». Le monument de Clermont-en-Argonne, représentant le squelette du défunt allongé, complète par une inscription proche de celle de Philippe de Gueldre : « Considérez ma hideuse figure / Quelque belle que vous ayez la face / Sy fauldra-t-il que telle la vous face / Quant consumez servez en pourriture ».

Loin du faste inhérent à son statut princier, le monument de la duchesse témoigne ainsi de son mépris du corps et de sa foi dans le Christ souffrant pour lequel elle avait développé une dévotion particulière."

a) La pierre de l'église Notre-Dame de Bar-le-Duc

Dans un médaillon bordé d’une inscription un crâne tenant un tibia entre les dents est représenté de trois-quarts ; les angles de la pierre sont ornés de crânes et la partie inférieure est gravée d’une citation. Le cadre circulaire comporte cette phrase : « Mirez-vous et considérez, comme je suis tels vous serez » ; l’ordre indique clairement aux vivants de se regarder comme dans un miroir pour connaître leur devenir. Le bandeau inférieur indique : « Naistre, labourer et mourir, L’on ne fait qu’à la mort [courrir] ».

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Bas-relief, XVIe siècle, bas-côté nord, chapelle Saint-Louis de Gonzague de l'église de Bar-le-Duc

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b) Le monument funéraire de Claude de la Vallée, dans l'église Saint-Didier de Clermont-en-Argonne, est daté de 1548. Le squelette gisant est surmonté des 3 trois allégories: la justice divine, le miroir de la mort, très semblable au précédent avec les mêmes inscriptions.

Le miroir porte les sentences :

Miroir ou l'homme au naturel,

Se doit recongnoistre mortel.

 

Mirez vous et considerez

comme je suis tels vous serez.

 

Naistre labourer et mourir,

Lon ne fait qua la mort courrir

Au-dessous de ces trois premiers bas-reliefs, une niche rectangulaire présente un transi presque à l’état de squelette ; en haut un cartouche explique : « Tu feras ce que vouldras avoir fait au jour que moras » ; près de la tête « Memento mori » et près des pieds « Memento finis ».

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Monument funéraire de Claude de La Vallée, photo François Janvier © Ministère de la Culture (France), Conservation des antiquités et des objets d’art de la Meuse, tous droits réservés

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Monument funéraire de Claude de La Vallée, photo François Janvier © Ministère de la Culture (France), Conservation des antiquités et des objets d’art de la Meuse, tous droits réservés

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COMPLÉMENTS.

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Le caractère macabre des termes du testament de Philippe de Gueldre, et de l'inscription qui figure sur ce pièdestal, amène plusieurs réflexions complémentaires :

1. Philippe de Gueldre a fait rédiger en 1506 par Guillaume le Ménant une traduction de la Grande Vie de Jésus-Christ de Ludolphe le Chartreux, qui a été illustrée de 111 enluminures par un artiste nommé par convention, et pour cet ouvrage (Lyon B.M 5125), le Maître de Philippe de Guelde, actif à Paris et peut-être à Rouen entre 1495 et 1510.

René de Lorraine et Philippe de Gueldre devant leurs enfants, Vie de Jésus Christ enluminé par le Maître de Philippe de Gueldre.

 

Le Maître de Philippe de Gueldre fournit des illustrations pour les imprimés de luxe d'Antoine Vérard, et, outre la famille de Lorraine, il travailla pour Louise de Savoie et Georges d'Amboise (le cardinal d'Amboise). Or, cet artiste est selon F. Avril, dans un style inspiré de Bourdichon,  l'enlumineur du manuscrit BnF français 995 (vers 1500-1510 ?) associant la Danse macabre (dérivant de la D.M de Guyot Marchant 1486), le Dit des trois vifs et des trois morts et la Danse macabre des femmes

Or, cette dernière Danse débute par la déclaration de l'acteur :  "Mirez vous icy mirez femmes Et mettes vostre affection A penser a voz poures ames Qui desirent saluacion ...."

Puis, parmi les femmes entrainées par les morts, viennent en premier la reine (Phelippe de Gueldre est reine de Jérusalem et de Sicile), et la duchesse, mais ensuite la veuve dont voici le dialogue avec la morte (notez les cheveux de son cadavre).

La morte : "Femme vefue venez auant Et vous auancez de venir. Vous voyez les autres dauant Il conuient vne foys finir Cest belle chose de tenir lestat ou on est appellee Et soy tousiours bien maintenir Vertus est tout par tout louee."

La veuve : "Depuis que mon mary mourut  Jay eu affaire grandement Sans ce que aucun me secourut Si non de dieu gard seulement Jay des enfans bien largement Qui sont ieunes et non pourueux Dont iay pitie: mais nullement Dieu ne lesse aucuns despourueux."

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Danse macabre des femmes, La veuve, BnF fr 995 f 29v enluminure Maître de Philippe de Gielde.

 

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Mais la réponse de la damoiselle est plus en rapport avec l'épitaphe de Philippe de Gueldre :

"Que me vallent mes grans atours Mes habitz. ieunesse. beautequant tout me fault lesser en plours Oultre mon gre et voulente Mon corps sera tantost porte Aux vers et a la pourriture: Plus nen sera bale: ne chanteIoye mondaine bien peu dure "

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2. Le Maître de Philippe de Gueldre a enluminé également le mirouer des pécheurs et des pécheresses de Jean Castel édité par Antoine Vérard en 1505-1507. On y trouve les  enluminures suivantes, suffisament éloquentes :

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Le mirouer des pécheurs et pécherresses , par Jean de Castel BnF RES livres rares Velins-2229 vue 14. Source Gallica.bnf.fr/BnF

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BnF, RES livres rares Velins-2229 vue 73. Source Gallica.bnf.fr/BnF

 

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3. Malgré un monument funéraire de plus grande envergure fut édifié après sa mort, vers 1547-1548, au sein de la chapelle de la Conception qu’elle avait fait construire dans l’église conventuelle. Commandé par les descendants de Philippe de Gueldre (dont le duc Antoine le Bon) ou par les clarisses, ce monument, installé dans un enfeu orné de motifs sculptés polychromes, était constitué d’un sarcophage de marbre gris foncé sur lequel était placé le gisant de la duchesse, exposé aujourd'hui en la chapelle des Cordeliers tout près du cénotaphe. Il est attribué au sculpteur lorrain Ligier Richier, dont le duc Antoine s'était attaché les talents dès 1530. La duchesse n'est pas idéalisée au summum de sa jeunesse et dans ses plus beaux atours (comme dans la plupart des gisants) mais est représentée en habit de clarisse, et son visage est bien celui d'une femme âgée que Delacroix décrivit  comme "une vieille de quatre-vingts ans dont la tête est encapuchonnée, maigre à faire peur et tout cela représenté de manière à ce qu’on ne l’oublie jamais et qu’on n’en puisse détacher les regards". Ce type de gisant est proche du "transi", défini comme  "représentant le défunt de façon réaliste, nu, voire en putréfaction, contrairement au gisant représentant un personnage couché et endormi, dans une attitude béate ou souriante. C'est un genre qui se développe au XVIe siècle en France et en Europe, où on compte 155 tranis, contre 75 au XVe siècle et 29 au XVIIe siècle.

 

Or, la réalisation la plus connue de Ligier Richier est le Transi de René de Chalon dans l'église Saint-Étienne de Bar-le-Duc, un chef-d'œuvre de l'art macabre qui surmonte le tombeau du cœur et des entrailles de ce dernier, prince d’Orange et ... gendre d'Antoine Le Bon : le traitement en écorché du transi suggère des connaissances étendues en anatomie et une volonté d'émouvoir le spectateur par son réalisme. Ce transi est daté de 1545-1547, il précède de très peu le gisant de Philippe de Gueldre .

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Gisant de Philippe de Gueldre, Ligier Richier, v.1548, calcaires polychrome, Chapelle des Cordeliers de Nancy. Photo lavieb-aile 2024.

Gisant de Philippe de Gueldre, Ligier Richier, v.1548, calcaires polychrome, Chapelle des Cordeliers de Nancy. Photo lavieb-aile 2024.

Gisant de Philippe de Gueldre, Ligier Richier, v.1548, calcaires polychrome, Chapelle des Cordeliers de Nancy. Photo lavieb-aile 2024.

Gisant de Philippe de Gueldre, Ligier Richier, v.1548, calcaires polychrome, Chapelle des Cordeliers de Nancy. Photo lavieb-aile 2024.

Gisant de Philippe de Gueldre, Ligier Richier, v.1548, calcaires polychrome, Chapelle des Cordeliers de Nancy. Photo lavieb-aile 2024.

Gisant de Philippe de Gueldre, Ligier Richier, v.1548, calcaires polychrome, Chapelle des Cordeliers de Nancy. Photo lavieb-aile 2024.

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SOURCES ET LIENS.

— BOURDIEU-WEISS (Catherine), 2005, « Réflexions sur les Vanités lorraines au XVIIe siècle : diverses formes artistiques »,  Littératures classiques 2005/1 (N° 56), pages 169 à 175

https://www.cairn.info/revue-litteratures-classiques1-2005-1-page-169.htm

—DENIS (Paul), 1911, Ligier Richier, l'artiste et son œuvre; avec 51 planches hors texte et 44 illustrations dans le texte par Denis, Paul, 1911

https://archive.org/details/ligierrichierlar00deniuoft/page/n5/mode/2up

— DIVERS

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b100212581

https://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_de_Gueldre

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ligier_Richier

https://fr.wikipedia.org/wiki/Transi_de_Ren%C3%A9_de_Chalon

https://fr.wikipedia.org/wiki/Transi

https://musees-meuse.fr/wp-content/uploads/2016/10/Plaquette-LR-pour-impression-BD.pdf

— L'EST REPUBLICAIN

https://www.lorrainemag.com/sorties/deux-monuments-du-patrimoine-lorrain/

—FAVREAU, épigraphie...

https://shs.hal.science/halshs-03322724/document

— MUSEE LORRAIN DE NANCY

https://musee-lorrain.nancy.fr/les-collections/catalogues-numeriques/nancy-capitale-des-ducs-de-lorraine/xvie-siecle/piedestal-de-la-croix-cenotaphe-de-philippe-de-gueldre

https://musee-lorrain.nancy.fr/les-collections/catalogues-numeriques/nancy-capitale-des-ducs-de-lorraine/xvie-siecle/gisant-de-philippe-de-gueldre

— TRANIÉ (Ghislain) 2011, Un exemple d'articulation du féminin et du masculin à travers le mécénat. Les pratiques de Philippe de Gueldre (1467–1547) et d'Antoine de Lorraine (1489–1544) , dans Le Moyen Age 2011/3-4 (Tome CXVII), pages 531 à 544

https://www.cairn.info/revue-le-moyen-age-2011-3-page-531.htm

"Lors de son entrée au couvent, Philippe de Gueldre emporte avec elle de nombreux ouvrages de liturgie et de dévotion, acquis de son propre fait ou retirés de la bibliothèque ducale. Quelques-uns de ces ouvrages ont pu être identifiés par les bibliophiles du XIXe siècle : des heures, un temporal, un bréviaire et un passionnaire illustrent le mécénat ducal pour les manuscrits à peinture mais on rencontre également des livres imprimés, tels que La discipline de l’amour divin, un Dialogue de consolation entre l’âme et la raison, les Dialogues de saint Grégoire le Grand, la Vita Christi de Ludolphe le Chartreux/ de Saxe, une Horloge de la Passion de Jésus Christ et, plus étonnant, Le livre de vraie et parfaite oraison de Luther."

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Published by jean-yves cordier - dans Macabre Sculptures XVe siècle
30 décembre 2023 6 30 /12 /décembre /2023 10:54

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny.II . le registre supérieur, une chapelle fictive ou un précieux document ? 

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Voir :

Le tableau (vers 1445-1446) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny, provenant de la chapelle Saint-Rémy de la cathédrale Notre-Dame de Paris. I. Les personnages : Jean Jouvenel (1360-1431), sa femme Michelle de Vitry et leurs onze enfants.

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Ce second article étudie le registre supérieur du célèbre tableau représentant la famille Jouvenel des Ursins en donateurs, tableau réalisé vers 1445-1456 et qui ornait un mur de leur chapelle de fondation Saint-Rémi au sud du chœur de la cathédrale Notre-Dame de Paris, lieu de sépulture du couple fondateur Jean Jouvenel des Ursins et Michelle de Vitry, du chancelier Guillaume des Ursins puis d'autres membres de cette famille.

"En mars 1415, le sire de Bourbon propose au chapitre de fonder une messe basse quotidienne, avec messe haute le dimanche, et de redécorer la chapelle Saint-Rémi, en laquelle seraient célébrés les offices. La proposition est apparemment sans suite. Vingt-six ans plus tard, les héritiers de Jean Jouvenel proposeront à leur tour au chapitre de leur concéder cette chapelle, dont ils renouvelleront le décor." (G. Eldin)

En effet, ce registre dépeint avec une grande précision un décor architectural en trompe-l'œil, comme ci les treize personnages étaient agenouillés, tournés vers l'est, devant une tenture damassée tendue entre les colonnes devant les niches à personnage et les vitraux de leur chapelle aux voûtes gothiques.

Il n'en est rien, car nous avons ici une absidiole centrale à sept baies encadrées par deux chapelles, ce qui ne correspond pas à la situation de la chapelle Saint-Rémi (aujourd'hui Saint-Guillaume). Néanmoins, comme l'avait suggéré Henry Kraus, ces statues ou ces vitraux peuvent-ils témoigner de l'aménagement de Notre-Dame de Paris au XVe siècle? La suggestion n'a pas été adoptée par les auteurs qui ont suivi, mais je souhaite présenter ici les détails de ce décor à la précision bluffante. Il semble bien témoigner, notamment par sa succession de vitraux armoriés, d'une réalité.

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L'architecture.

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Les personnages sont agenouillés devant le drap d'honneur, tendue entre deux colonnes à chapiteaux ornés de feuilles naissantes recourbées en crochets. Ces colonnes servent d'appui à trois arcades retombant sur des clefs tombantes 

 

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Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny.II . le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny.II . le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

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I. LES QUATRE BLASONS.

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Je passerai rapidement, le sujet ayant été traité de façon chevronnée et exhaustive par Matteo Ferrari pour l'ARMMA.

À la retombée des arcades, au dessus des colonnes ou sur les clefs pendantes quatre anges aux ailes déployées présentent les armoiries familiales, alternativement  pleines , ou mi-parti de  Jean Jouvenel des Ursins et Michelle de Vitry.

On se souvient que les armes des Jouvenel étaient également figurées, sur la peinture, sur le tabard de Jean I et de cinq de ses fils, et que les armes des époux étaient également figurées sur le soubassement de leur tombeau, au centre de la chapelle Saint-Rémi .
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Au total, ces quatre blasons montrent que le peintre représente  une chapelle décorée par la famille qui y a acquis des droits, de fondation, de sépulture et d'ornementation.

Dans la chapelle Saint-Rémi, il est évident que des blasons, dans cette disposition ou dans une autre, affichaient l'identité des propriétaires sur les murs. On les retrouvait sur le soubassement du tombeau, et, probablement sur les tentures, la ou les tapisseries, et sans doute encore sur les livres liturgiques.

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1. Armoiries de la famille Jouvenel des Ursins, bandé d'argent et de gueules de six pièces, au chef d'argent soutenu d'or,  chargé d’une rose de gueules, boutonnée d’or.

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Colonne de gauche, la plus proche de Jean Jouvenel des Ursins, au dessus d'un chapiteau. Le blason est incliné. L'ange aux ailes dorées est agenouillé en chevalier servant, vêtu d'une tunique longue à amict  ; sa courte chevelure est celle des fils de Jean.

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Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

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2. Armoiries du couple fondateur Jouvenel/Vitry.

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Première clef pendante. L'ange est identique au premier. Le blason est incliné, c'est une targe soutenue par une sangle. Le parti Jouvenel est plus contourné, le parti Vitry (d’azur, à la fasce losangée de trois pièces d’or, accompagnée de trois merlettes du même) est à bord plus droit. L'azur s'est assombri et se rapproche du noir.

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Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

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2. Armoiries de la famille Jouvenel des Ursins.

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Deuxième clef pendante. La targe est soutenue par une sangle bien détaillée.

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Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

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4. Armoiries du couple fondateur Jouvenel/Vitry.

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Au dessus de la colonne de droite. Le blason est coupé par le bord du tableau, mais on peut affirmer qu'il est mi-parti.

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Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

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II. LES SIX NICHES À STATUES D'APÔTRES.

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De gauche à droite, nous trouvons les apôtres Jacques le Majeur,  Jean, Barthélémy, Jacques le Mineur, Philippe et Simon. L'ordre n'est pas aléatoire, mais il suit globalement la séquence du Credo des apôtres (qui débute par Pierre et André), tel qu'il apparaît, notamment, en marge du calendrier des Petites Heures de Jean de Berry, BnF latin 18014 enluminé par Jean Le Noir élève de Jean de Pucelle. Dans ce calendrier, la séquence est Pierre, André, Jacques le majeur, Jean, Thomas, Jacques le Mineur, Philippe, Barthélémy, Matthieu, Simon et Thaddée. On retrouve, du même atelier, le même calendrier dans les Heures de Jeanne de Navarre BnF latin 3145 (1330-1340). De même, on retrouve ce Credo à la marge du calendrier des Grandes Heures de Jean de Berry, BnF Latin 919 illustré par Jean de Pucelle. Le même Jean Pucelle a enluminé le Bréviaire de Belleville BnF 10483 que Marie Jouvenel des Ursins eut en sa possession : son calendrier ne conserve aujourd'hui que la page où figure saint André. Dans tous ces cas, l'ordre des apôtres est le même. Mais aucun d'entre eux ne tient un attribut (il est désigné par une inscription).

Deuxième remarque, ils sont peints en grisaille. C'est précisément Jean Pucelle qui introduisit en France cette technique dans les enluminures vers 1325. Dans le Psautier de Jean de Berry BnF français 13091, les apôtres sont représentés par André Beauneveu en pleine page, assis, alternant avec des prophètes, tenant un attribut, et en grisaille.

Bien entendu, les apôtres peints ici sont bien différents de ceux dont je viens de citer les références. Ils sont très expressifs, leurs visages sont fortement caractérisés, leurs barbes sont longues et en bataille, comme leurs cheveux (sauf Simon).

En tout cas, l'ordre presque canonique  adopté dispense de rechercher ici un rapport avec les prénoms de Jean Jouvenel et de ses fils Jean II, Louis, Denis, Guillaume, Pierre, Michel  et Jacques.

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1. Saint Jacques le Majeur tenant le bourdon et la besace frappé de la coquille et coiffé du chapeau de pèlerin.

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Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

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2. Saint Barthélémy tenant le couteau de dépeçage (ou saint Thomas ?).

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Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

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3. Saint Jean l'évangéliste, imberbe,  tenant la coupe de poison.

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Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

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4. Saint Jacques le Mineur tenant le bâton de foulon.

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Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

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5. Saint Philippe et sa croix à longue hampe.

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Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

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6. Saint Simon et sa scie.

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Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

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III. LES TREIZE BAIES ET LEURS VERRIÈRES.

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Treize baies sont visibles sur cette peinture, dont onze clairement. Deux sous la première arcade de gauche, puis neuf sous la deuxième arcade  (dont sept, à une seule lancette ogivale, pour la chapelle d'axe), et à nouveau deux sous la dernière arcade, à droite. Les baies les plus latérales étant vues en enfilade, elles ne peuvent être décrites. Il en reste onze.

—1. Dans la première chapelle latérale, entre les statues de Jacques et de Barthélémy, une baie à remplage gothique à deux lancettes et un tympan à oculus en trèfle, armoriée , et écoinçons.

—2. Dans la même chapelle, à côté de la niche de Jean l'évangéliste, une baie a priori semblable, mais masquée par la clef pendante.

—3 à 9. Sept baies lancéolées à une seule lancette.

—10. Dans la  chapelle latérale à notre droite, à côté de la niche de Jacques l'évangéliste, une baie a priori semblable aux baies 1 à 3, mais masquée par la clef pendante.

—11. Dans la même chapelle latérale, entre les statues de Philippe et de Simon, une baie à remplage gothique à deux lancettes et un tympan à oculus en trèfle, armorié , et écoinçons.

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Remarques :

Les armoiries des tympans des baies 1 et 11 sont celles de la famille Jouvenel des Ursins.

Chaque lancette abrite un personnage en pied, soit (1 et 11) dans une niche gothique, soit dans les baies 3 à 9, sur un soubassement hexagonal. Toutes se détachent sur un fond vitré à losanges et bordures.

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Liste des personnages identifiables.

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1a : un saint diacre ou moine, tenant un livre, et à gauche un objet non identifié. Saint Éienne tenant la pierre de son martyre, et la palme du martyre.

1b : un saint religieux ; saint Antoine???

3 : un saint évêque.

4 : saint Louis tenant la couronne d'épines ? 

5 : saint tenant une palme de martyre sur l'épaule gauche. Laurent tenant son grill ?

6 (au centre de la baie axiale) : la Vierge à l'Enfant.

7 : Marie-Madeleine.

8 : saint Pierre.

9 : une sainte tenant une croix sur l'épaule droite, et un livre (Hélène?).

11a : saint Michel terrassant le dragon.

11b : saint Christophe traversant le gué et portant l'Enfant.

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Baie n°1.

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Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

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Baie n°1a. Saint Étienne tenant en main droite la pierre de sa lapidation, et en main gauche la palme du martyre.

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Comparer à l'enluminure (peut-être du Maître de Jouvenel) du folio 313 des heures de Jeanne de France BnF NAL 3244.

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Saint Étienne, Heures de Jeanne de France, 1440-1460, BnF NAL 3244 f.313v.

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Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

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Baie n°1b. Un saint moine, barbu, tenant un livre.

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Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

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Baies n° 3 à 9.

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Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

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Baies n°3 et n°4 . Un saint évêque (saint Rémi évêque de Reims ?). Saint Louis tenant la couronne d'épines. 

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Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

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Baies n°4 et n° 5. Saint Louis tenant la couronne d'épines. Saint Laurent tenant son grill et la palme du martyre.

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Comparer à saint Laurent des heures de Jeanne de France.

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Saint Laurent, Heures de Jeanne de France, 1440-1460, BnF NAL 3244 f.315v.

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Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

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Baie n°6 : la Vierge à l'Enfant.

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L'Enfant est tenu sur le côté droit.

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La Vierge, Heures de Jeanne de France, 1440-1460, BnF NAL 3244 f.299v.

 

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Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

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Baie n°7 : Marie-Madeleine tenant le flacon d'onguent.

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Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

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Baie n°8 : saint Pierre tenant sa clef et un livre.

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Saint Pierre, Heures de Jeanne de France, 1440-1460, BnF NAL 3244 f.312v.

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Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

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Baie n°9.

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Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

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Baie n° 10.

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Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

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Baie n° 11. Saint Michel et saint Christophe.

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Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

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Saint Michel , un saint psychopompe, et saint Christophe, saint apotropaïque (donc tous les deux invoqués pour la Bonne Mort)  sont réunis aussi (avec saint Jacques) sur la baie 34 de l'abbaye de la Trinité à Vendôme datant du XVe siècle , avec des points communs frappants avec cette peinture, notamment la symétrie des postures avec le bâton/lance en diagonale:

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Baie 34 de l'abbaye de la Trinité à Vendôme. Photo lavieb-aile.

Voir aussi pour voir le soubassement ndoduc.com

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Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

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Baie n° 11a : saint Michel terrassant le dragon.

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Note : on ne peut écarter l'hypothèse qu'il s'agisse de saint Georges terrassant le dragon, si c'est bien ce dernier qui, ailé, est représenté sur un livre d'heures à l'usage de Nantes enluminé par le Maître de Jouvenel (et le Maître de Boccace) au folio 166 du B.L Add.28785, accompagné d'une prière à ce saint.

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Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

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Baie n° 11b. Saint Christophe traversant le gué en s'aidant de sa perche, l'Enfant-Jésus sur l'épaule gauche.

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Comparer avec l'enluminure par le Maître du Smith-Lesouef dans un ouvrage principalement enluminé par le maître de Jouvenel des Ursins, les Heures à l'usage d'Angers BnF 3211 p.224  datées entre 1450 et 1455:

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 Horae ad usum Andegavensem BnF NAL 3211 page 224,  O beneuré amy de Dieu saint Christofle vrai champion de la foy , enlumineur Maître du Smith-Lesouëf

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L'intention de cette série de mon blog est de replacer chaque œuvre dans un ensemble iconographique étudiant les variations et les reprises du thème de saint Christophe traversant le gué en portant le Christ enfant sur ses épaules. Et de faire apparaître l'importance de ce culte au XVe et XVIe siècle.

A Quimper, ce culte tenait une place prépondérante

Saint Christophe sur les vitraux de la cathédrale de Quimper :

Autres exemples iconographiques :

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Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

Le tableau (v. 1445) de la famille Jouvenel des Ursins au musée de Cluny : le registre supérieur. Photographie lavieb-aile 2023.

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DISCUSSION.

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Je ne suis pas qualifié pour tenter d'identifier l'éventuel sanctuaire représenté ici (seule l'analyse par moteur de recherche d'une large base de données des sites candidats actuels ou détruits mais documentés pourrait y prétendre; ou un heureux hasard) et je préfère me débarrasser de cette contrainte et admettre qu'il s'agit d'un décor fictif, afin de faire remarquer plusieurs points qui soulignent l'intérêt de ce décor.

1. Bien que les statues d'apôtres soient attestées dès les premières cathédrales, le thème des Credo apostoliques, ordonnant ces statues dans un ordre fixé (quoique sujet à variation) se diffuse en iconographie dans les livres enluminés par Jean Pucelle et son élève Jean Le Noir au XIVe siècle, pour le compte du duc de Berry, se retrouve dans les vitraux sur des sites aussi prestigieux que la Sainte-Chapelle de Bourges, toujours pour le duc de Berry (en grisaille, cartons d'André Beauneveu, v.1395) et la cathédrale du Mans (rose nord, vers 1430-1435)  et en sculpture, par exemple, en la chapelle de Jean de Bourbon à Cluny vers 1460. La famille Jouvenel adopte donc pour sa chapelle fictive un thème très à la mode dans l'entourage du roi.

2. La précision avec laquelle le peintre représente ici ses vitraux, et leur mise en plomb, laisse supposer qu'il connait bien le sujet. Selon Philippe Lorentz, "durant tout le XVe siècle, la quasi totalité de ceux à qui on commande des vitraux sont des peintres de chevalet" et des peintres de retables, en Bourgogne, en Provence ou ailleurs. Mes connaissances sont minimes, mais je ne connais pas d'exemple de représentation aussi réaliste des vitraux en peinture à cette époque. Soit l'artiste anonyme est parti d'un espace vitré réel, soit il est un de ces peintres-verriers créateur des cartons de vitraux.

3. C'est bien à la fin du XIVe et au XVe siècle que les peintres-verriers se mettent à placer dans leurs lancettes un seul personnage, de plein pied, dans une niche architecturale, alors que dans les siècles antérieurs, les lancettes historiées faisaient se succéder de bas en haut des scènes dans des cadres de formes géométriques savantes et variées. Ces lancettes à un seul personnage se voient, par exemple, en Normandie (Rouen Saint-Maclou, cathédrale d'Evreux (baie 17 v.1370), Saint-Lô, Carentan, Pont-Audemer 1475 (baie 17), Verneuil sur-Avre 1470, Caudebec-en-Caux, Bourg-Achard ( baie 3 vers 1430) et en Bretagne en la cathédrale de Quimper à la fin du XVe siècle (baies 105, 109, 113 par exemple). Conclusion : la chapelle représentée sur la peinture est bien contemporaine de la famille Jouvenel qui y est représentée. Et ces niches architecturées intégrent le vitrail dans l'architecture fictive du monument.

4. Le choix des onze personnages identifiés sur les vitraux est parfaitement cohérent avec le programme iconographique des grands sanctuaires mariaux du XVe siècle, notamment dans la chapelle d'axe où la Vierge occupe la place centrale. Il manque sainte Catherine à côté de Marie-Madeleine. La présence de saint Louis est conforme à nos attentes.

5. Bien que les représentations d'intérieur de chapelles, avec leurs vitraux, sont nombreuses en peinture (d'enluminures notamment) comme en témoigne l'inventaire Biblissima, cette représentation ne devient réaliste voire "illusioniste" qu'au XVe siècle. C'est alors qu'on trouve ces décors d'absides ou chapelles rayonnantes vues en perspective (ou en trompe-l'œil) derrière des accolades à clefs pendantes. En voici quelques exemples :

) Messe de l'Avent,  missel de Louis de Guyenne, Bibliothèque Mazarine folio 7, par le Maître de Bedford, 1415. Célébration d'une messe en la Sainte-Chapelle de Paris. Mais le décor des vitraux est remplacé par des losanges. N.B : Denis Juvenel des Ursins fut écuyer et échanson de Louis de Guyenne. Ce dernier avait une dévotion toute particulière pour la Sainte-Chapelle. Le manuscrit est resté inachevé au décès du Dauphin le 18 décembre 1415.

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Paris. Bibliothèque Mazarine, Ms 406 folio 7, Missale Parisiense [latin]. Enlumineur Maître de Bedford

 

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2°) L'Annonciation, Heures d'Etienne Chevalier, Jean Fouquet 1452-1460. Intérieur de la Sainte-Chapelle de Bourges. On reconnait dans les verrières les apôtres dessinés par André Beauneveu vers 1395.

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3°)Les Heures de l'année liturgique, la Messe de Noël,  Très Riches Heures du duc de Berry, Musée Condé, Chantilly, MS65 f°158v par Jean Colombes, 1485 (sur un dessin antérieur, peut-être des Limbourg, ou du Maître de Bedford).

On y a reconnu l'intérieur de la Sainte-Chapelle de Paris. Mais l’architecture de celle-ci est plus fidèlement rendue au frontispice du Missel de Louis de Guyenne (supra), enluminé par le Maître de Bedford (Inès Villela-Petit, Bibliothèque nationale de France, 2008).

Notez l'ange scutifère sur la clef tombante, comme sur la peinture des Jouvenel, et le réseau de nervures en arrière des arcades.

 

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4°)Les Obsèques de Raymond Diocrès,  Très Riches Heures du duc de Berry, Musée Condé, Chantilly, MS65 f°86v par Jean Colombes, 1485 (sur un dessin antérieur, peut-être des Limbourg, ou du Maître de Bedford).

 

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5. Dans un processus inverse, ou de mise en abyme, certains vitraux des chapelles du XVe siècle représentent, comme sur ces enluminures, l'intérieur de chapelles avec leurs vitraux..

 L'Annonciation de la baie Jacques Cœur, ou baie 25 de la cathédrale de Bourges, datant de 1451 peut-être par Jacob de Littemont.

Les quatre personnages ont été placés dans une architecture complexe, voutée d'ogives ornées de fleurs de lys sur fond bleu. A la différence de la peinture des Jouvenel (réalisée 5 ans auparavant), mais selon le même procédé, c'est la scène liturgique qui figure au premier plan, devant une tenture rouge damassée tendue entre les colonnes. Au premier plan de la partie supérieure, les clefs pendantes s'avancent dans l'espace fictif, devant la voûte nervurée. 

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Photo lavieb-aile

 

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L'Annonciation baie n°25, cathédrale de Bourges. Photo lavieb-aile.

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Les vitraux de la peinture peuvent-ils représenter  ceux de Notre-Dame, soit ceux de la chapelle axiale, soit ceux de la chapelle Saint-Rémi au XVe siècle ?

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Réponse : on ne sait pas.

"Il ne reste plus rien de la vitrerie médiévale, à l'exception de deux médaillons médiévaux aujourd'hui replacés dans la chapelle Saint-Guillaume, ... ancienne chapelle Saint-Rémi, mais provenant d'un autre emplacement.
Les historiens ne possèdent aucune information sur la nature des vitraux du XIIe siècle et sur l'iconographie retenue pour les trois niveaux d'élévation. L'historienne du vitrail Françoise Gatouillat rappelle que la vitrerie de cette époque a dû se constituer grâce à des donations, mais sans doute aussi avec des remplois des verrières de l'église que la nouvelle cathédrale remplaçait. Ainsi, un triomphe de la Vierge, offert par l'abbé Suger, a été réutilisé dans les tribunes.
Au XIVe siècle, le problème de la cathédrale restait sa pénombre extrême. Et la vitrerie en place allait en faire les frais : quelques verres blancs joignirent les étages supérieurs ; parfois des scènes diverses en camaïeu ou en grisaille et jaune d'argent. Néanmoins des chapelles reçurent des vitraux historiés avec commanditaires à leur partie inférieure, mais on les compte sur les doigts d'une main. Rappelons que les confréries, pourvoyeuses habituelles de vitraux, étaient interdites de séjour dans la cathédrale de Paris (voir le financement de la construction plus haut). Pis encore au XVIIIe siècle : les vitraux des grandes fenêtres seront détruits pour gagner de la lumière.
Les seuls vitraux médiévaux importants qu'il nous reste sont les trois grandes roses du XIIIe siècle"

https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Paris/Paris-Notre-Dame.htm

Source : La cathédrale Notre-Dame de Paris, La Nuée Bleue, collection La grâce d'une cathédrale, 2012, article de Françoise Gatouillat.

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L'architecture représentée sur la peinture peut-elle correspondre à elle de Notre-Dame, soit ceux de la chapelle axiale, soit ceux de la chapelle Saint-Rémi au XVe siècle ?

Réponse : non, ce qui est représenté ici est une absidiole axiale et deux chapelle latérales, or le chevet de Notre-Dame ne possède pas de chapelles rayonnantes (comme en la cathédrale de Bourges) et de chapelle absidiale  axiale plus importante, (comme en la cathédrale du Mans ou en celle de Rouen, par exemple.

Plan de Notre-Dame : https://passerelles.essentiels.bnf.fr/fr/image/926747b1-1473-4117-8441-ef7668e80a69-plan-notre-dame-paris.

Il faudrait encore comparer ce chevet avec celui des cathédrales de Troyes (origine de la famille Jouvenel), de Laon, dont Jean II Jouvenel était évêque ou de Reims, dont Jacques Jouvenel était archevêque , ou de Poitiers.

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Quels sont les éléments descriptifs dont nous disposons sur la chapelle Saint-Rémi ?

La chapelle Saint-Rémi, actuelle chapelle Saint-Guillaume, est conjointe (non séparée par un mur) de la chapelle Saint-Pierre-et-Saint-Etienne, actuelle chapelle d'Harcourt, plus à l'est. Elle est éclairée aujourd'hui par une large baie à 2x2 lancettes à vitrerie et un tympan à trois roses, devant lequel le mausolée de Jean Jouvenel et Michelle de Vitry est disposé (alors que le dessin de Guilhermy le montre devant un mur). En effet, C.P. Gueffier signale en 1753 que la peinture étudiée ici était placée contre le mur devant lequel était le tombeau, de marbre noir. 

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Quels sont les éléments descriptifs dont nous disposons sur les chapelles du chœur de Notre-Dame ?

Document décrivant le déambulatoire et le chevet de Notre-Dame :

"Un double collatéral environne tout le chevet. Quatre piliers et dix-sept colonnes le partagent en deux galeries. Le nombre de ses travées est donc de vingt, c’est-à-dire qu’il en a cinq de plus que le chœur et l’abside ensemble. La différence du rayon de la courbe à décrire explique naturellement cet accroissement dans le nombre des arcs et dans celui des points d’appui nécessaires pour les soutenir. C’est d’ailleurs toujours le même système dans la structure des voûtes. Seulement, au rond-point, comme la disposition des travées à couvrir ne se prêtait plus au croisement régulier des nervures, on s’est contenté de réunir entre eux les points d’appui par des arcs en ogive, dont les intervalles ont été remplis au moyen de portions de voûtes de formes diverses. Les colonnes libres et les groupes engagés dans les murs de refend des chapelles appartiennent à la première construction, comme le prouvent suffisamment le style de leurs chapiteaux et les feuilles en relief sur les angles de leurs socles. Deux harpies, l’une mâle, l’autre femelle, à corps d’oiseau et tête humaine, sculptées dans un feuillage, sur un chapiteau, entre les septième et huitième chapelles au sud, marquent la transition du style qui se plaisait à l’emploi des personnages et des animaux, à celui qui leur a substitué presque exclusivement le règne végétal.

Si de la colonnade intermédiaire nous passons aux chapelles, nous voyons qu’elles présentent un total de vingt-trois travées. À mesure qu’on s’éloigne du centre, le nombre des subdivisions devient forcément plus considérable.  Les cinq premières, de chaque côté, n’ont pas plus d’une travée d’étendue. La première surtout est plus restreinte encore, envahie par le massif qui renferme l’escalier de la tribune.

Vers le rond-point, l’architecte du xive siècle a voulu que ses chapelles fussent plus dégagées et plus élégantes. Il a donc pris le parti de supprimer huit murs de refend pour avoir deux chapelles doubles et trois triples. Le collatéral y a gagné plus de légèreté et plus de lumière. Dans les chapelles simples, les nervures croisées reposent sur des colonnettes engagées dans les angles. Les chapelles doubles et triples ont des faisceaux de colonnes pour soutenir leurs voûtes et leurs arcs doubleaux. Les nervures sont rondes, quelques-unes même avec ce filet en saillie sur le tore qui devint ordinaire dans la seconde moitié du xiiie siècle. Le feuillage des clefs et des chapiteaux, chêne, lierre, trèfle, vigne, etc., a été traité avec une délicatesse et une vérité charmantes. Les arcs doubleaux et les arcs d’ouverture sont fortifiés de nombreuses moulures toriques. Il est intéressant de comparer sur place, et souvent dans l’espace d’une même travée, la manière du xiie siècle et celle du xive. Il est resté dans plusieurs de ces chapelles, comme dans quelques-unes de celles de la nef, des piscines creusées dans les murs et surmontées de petits pignons. Tout était prévu. Ainsi, ces piscines présentent un double bassin, l’un communiquant avec l’extérieur par un déversoir pour rejeter l’eau qui a servi à purifier les mains du prêtre avant le canon de la messe ; l’autre, percé d’un conduit qui va se perdre dans le sol même de l’église, afin de ne pas laisser tomber sur une terre profane l’eau dont le prêtre se lave les doigts après avoir touché aux saintes espèces.

Quelques vagues indices de peinture murale s’aperçoivent çà et là sur les murs des chapelles absidales. Les traces d’une décoration polychrome plus complète se sont trouvées sous le badigeon dans les trois chapelles du fond. On a découvert il y a quelques mois sur le mur de refend de droite de la chapelle du fond, une belle peinture du xive siècle représentant la Vierge assise sur un trône avec l’enfant Jésus ; à gauche est saint Denis à genoux tenant sa tête entre ses bras ; à droite un évêque également agenouillé ; au-dessus de la Vierge on voit deux anges enlevant une âme sous forme d’un jeune homme nu. Une arcature en pierre entourait cette peinture, qui se trouvait probablement placée au-dessus du tombeau de Matiffas de Bucy, le fondateur de ces chapelles. L’évêque placé à la droite de la sainte Vierge serait alors le pieux prélat. Dans la crainte de voir disparaître ces restes qui dénotent un art fort avancé, les architectes les ont fait copier en fac simile de grandeur naturelle par M. Steinheil. " (M. De Guilhermy et Viollet-le-Duc 1856)

 

Dans ces chapelles latérales du choeur de Notre-Dame, les statues que signalent Gueffier au XVIIIe siècle sont rares : ce sont, sur des colonnes,  celles de Simon de Batifas évêque de Paris, fondateur des chapelles saint Nicaise, saint Rigobert et saint Louis (*), d'une part, et, dans la chapelle Saint-Denis et Saint-Georges, celle de Denis Dumoulin, évêque de Paris patriarche d'Antioche et conseiller de Charles VII, décédé en 1441 Cette statue fut brisée à la Révolution.

(*)En 1602 les chapelles Saint-Louis et Saint-Rigobert sont rassemblées pour accueillir les tombeaux du cardinal et du maréchal de Retz. La chapelle est aujourd’hui connue sous le vocable de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs.

 

Remarque : Sur le mur méridional de la chapelle d'axe de Notre-Dame de Paris, dédiée à saint Nicaise, subsiste aujourd'hui une importante peinture murale du XIVe siècle parisien. Vestige du tombeau à enfeu de Simon Matifas de Bucy, évêque de Paris de 1290 à 1304, l'œuvre, lourdement restaurée par Viollet-le-Duc au XIXe siècle, constitue pourtant possiblement l'unique témoignage de l'activité de Jean Pucelle, connu pour ses enluminures, dans le domaine de la peinture monumentale. En effet, Jean-Marie Guillouet est parvenu à cette attribution, en 2008, en la rapprochant de  la Crucifixion et l’Adoration des Mages des folios 68v. et 69 des Heures de Jeanne d’Evreux (entre 1325 et 1328), conservées au Metropolitan Museum de New York. Cela confirme que les artistes enlumineurs pouvaient réaliser, non seulement des cartons de vitraux, mais aussi des peintures monumentales, et cela démontre l'intérêt de recherches de cet ordre.

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Peinture murale, chapelle axiale Saint-Nicaise, Notre-Dame de Paris

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Jean Pucelle, Heures de Jeanne d'Evreux folio 69, Adoration des Mages.

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On remarque l'absence sur la peinture de statues dressées sur des colonnes, soit des donateurs, soit des patrons des chapelles :

"Nous avons connaissance, de manière plus ou moins fragmentaire, de treize supports établis ainsi au devant ou à l'intérieur des chapelles pour recevoir une statue. Ces statues représentaient des donateurs, tels que Simon Matiffas de Bucy, à l'entrée de la chapelle Saint-Nicaise, au devant de son tombeau, Michel du Bec, devant l'entrée de la chapelle Saint-Michel, Etienne de Suizy, "contre un pilier de sa chapelle", Thomas de Courcelles, Jean de Courcelles, encadrant l'autel de la chapelle Saint-Martin-Sainte-Anne, l'évêque Denis du Moulin devant la chapelle Saint-Denis-Saint-Georges, ainsi qu'un chanoine non identifié dans la chapelle de la Décollation.  Des statues à l'effigie de leurs saints patrons ou d'autres personnages étaient placées soit isolément soit vis-à-vis de ces donateurs : saint Michel face à Michel du Bec, l'Enfant Jésus et saint Joseph dans la chapelle de la Décollation, saint Denis face à Denis du Moulin. Dans certains cas, des saints intercesseurs pouvaient même être placés sur le même support que les donateurs. [...] La décoration projetée par Etienne Yver dans la chapelle Saint-Nicolas comportait apparemment un ensemble de statues reposant sur deux colonnes, sur le thème de l’Annonciation. Dès le XIVe siècle, on trouvait en la chapelle Saint-Crépin-Saint-Crépinien une représentation de ces saints, qui pourrait bien avoir été exposée de la même façon que les saints que nous avons mentionnés." (G. Eldrin)

Un exemple : la statue de Beatrix de Bourbon, morte en 1383, en sa chapelle funéraire  des Jacobins de Paris (aujourd'hui conservée à la basilique de Saint-Denis) :

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Un témoignage important est la façon dont Philippe de Mortvilliers aménagea sa chapelle funéraire, dans le chœur de Saint-Martin-des-Champs, et, notamment, de l'existence de statues sur colonnes ou culots.

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Cet avocat d'Amiens, conseiller de Jean Sans Peur puis du duc de Bedford, fut nommé premier président du Parlement de Paris pour le parti "bourguignon" en 1418 et accompagna, pendant l'occupation anglaise, l'évêque de Beauvais Pierre Cauchon auprès de Jean de Lancastre. Dans le même temps, du côté "armagnac", Jean Jouvenel des Ursins était premier président du Parlement à Poitiers, et le rival direct de Philippe de Mortvilliers. En 1436, Charles VII réunit les deux parlements.

Philippe de Mortvilliers mourut en 1436 (cinq ans après Jean Jouvenel). Il s'était soucié dès 1426 de fonder sa chapelle funéraire au prieuré clunisien de Saint-Martin-des-Champs en la chapelle Saint-Nicolas, la deuxième chapelle rayonnante nord du chevet, et d'y élever un tombeau pour lui et son épouse Jeanne de Drac . Mais, à la différence des Jouvenel, l'ensemble des textes très détaillés concernant les diverses tractations avec les religieux de Saint-Martin-des-Champs, le financement de la chapelle, les cérémonies liturgiques, l'aménagement et l'ameublement de celle-ci, les calices, vêtements liturgiques et parements d'autels (le poste le plus coûteux), missels et livres (à ses armes et d'emblèmes), etc. ont été conservés et Philippe Plagnieux en a rendu compte. Du monument funéraire lui-même, seule le gisant de Philippe de Mortvilliers, en pierre et marbre blanc, est conservé au Louvre.

"On a montré comment les démarches entreprises par la famille Jouvenel pour inhumer à Notre-Dame, plus de dix ans après sa mort, l'ancien président du parlement de Poitiers, constituaient une réplique aux fondations effectuées en l'église de Saint-Martin-des-Champs par Philippe de Morvilliers. Ce dernier avait présidé le parlement de Paris durant l'occupation anglaise tandis que Jean Jouvenel présidait celui de Poitiers et les occasions de rivalité n'avaient pas manqué entre les deux familles. [...]. Rien d'étonnant par conséquent à ce que la famille Jouvenel ait repris à son compte les principes appliqués par son rival dans l'une des chapelles du chevet de Saint-Martin-des-Champs : droit d'inhumation étendu aux descendants par filiation directe issue de mariage, célébration d'une messe quotidienne dans la chapelle, représentation physique, sur un tombeau élévé de terre, des chefs de la lignée sous la forme de sculptures dont la peinture devait accroître le réalisme. L'instauration de la procession le jour de l'obit des différents membres de la famille peut elle-même apparaître comme une copie de la procession qui le jour de l'obit du président de Morvilliers devait après la célébration se rendre du choeur au tombeau du fondateur, y chanter plusieurs oraisons avant de s'en retourner en entonnant une antienne à saint Martin." (G. Eldin)

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Les fondateurs déjà figurés en gisants se firent  représenter sous forme de statues, également de pierre, mais cette fois debout. Adossées aux deux piliers d'entrée de la chapelle, sous un dais ouvragé, elles se dressent sur des consoles en forme d'anges présentant leurs armoiries. A l'instar des gisants, mais de façon nettement plus ostentatoire, ces statues représentent les deux personnages au sommet de leur gloire, vêtus de costumes de cérémonie . Philippe de Morvilliers est vêtu de sa longue robe rouge de premier président du Parlement, et tient un curieux édicule ( une maquette symbolisant la chapelle Saint-Nicolas?). Quant à son épouse, mains jointes, mondaine et élégante, elle porte un riche habit doré,. Sur les deux piles composées de la chapelle, dessinées par Gaignières, grimpent deux tiges de rinceaux à feuilles de chêne.Elles s'entrecroisent et déterminent des médaillons, séparés par la devise hac virtutis iter, puis enchâssent alternativement les armes des deux époux et la herse liée à F Y.

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Roger de Gaignières, BnF, Est. RESERVE Pe-11-Fol.

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Philippe de Morvilliers et Jeanne du Drac dans le choeur de l'église de st-Martin des Champs Gaignières, BnF, Est. RESERVE Pe-11-Fol.

 

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SOURCES ET LIENS.

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BATTIFOL (Louis), 1894, Jean Jouvenel, prêvôt des marchands de la ville de Paris (1360-1431), thèse, Honoré Champion

https://ia600201.us.archive.org/17/items/jeanjouvenelpr00batiuoft/jeanjouvenelpr00batiuoft.pdf

https://www.mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/ABC/Batiffol_L/Jouvenel_Jean/Jouve_10.htm

BATTIFOL (Louis), 1893, L'origine italienne des Juvenel des Ursins, Bibliothèque de l'école des Chartes

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1893_num_54_1_447749

 

BOUCHOT, Henri, Inventaire des dessins exécutés pour Roger de Gaignières et conservés aux départements des estampes et des manuscrits, Paris 1891.

DEMURGER ( Alain), « La famille Jouvenel. Quelques questions sur un tableau », Annuaire-Bulletin de la Société de l’Histoire de France, 1997 (1999), p. 31-56.

https://books.google.fr/books?id=wEwo4Lx75-8C&pg=PA55&lpg=PA55&dq=%22ce+sont+les+representations+de+nobles+personnes+messire%22&source=bl&ots=AoJTrBx6NL&sig=ACfU3U3jgikE9L_rPNh2Z0OLR3S8tB6khw&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjc4qbU66KDAxWtcKQEHfo8Ay8Q6AF6BAgKEAM#v=onepage&q=%22ce%20sont%20les%20representations%20de%20nobles%20personnes%20messire%22&f=false

ELDIN (Grégoire), 1994, Les chapellenies à Notre-Dame de Paris (XIIe au XVIe siècles) ,thèse de l' Ecole nationale des Chartes, 3 volumes, vol.I

https://bibnum.explore.psl.eu/s/psl/ark:/18469/465kd

"La relation étroite entre décor et sépulture, que l'on ressent particulièrement à la fin du Moyen Âge, nous a conduit plusieurs fois déjà, dans notre étude des tombeaux, à évoquer la décoration des chapelles. Notre propos n'est pas ici de présenter l'aspect de chacune d'elles ; ces éléments ont été réunis dans la description topographique que l'on trouvera en fin d'étude. Il est plutôt de nous interroger sur les règles qui ont présidé à l'aménagement des chapelles, tout en sachant que l'information réunie, qui restera toujours fragmentaire, ne permet pas d'analyse de type statistique.

L'un des écueils auxquels nous nous heurtons est notamment le fait qu'une bonne part de notre documentation se compose de descriptions portant non sur des oeuvres, mais sur des projets, dont rien ne confirme qu'ils furent suivis d'exécution.

L'information dont nous disposons témoigne d'un nombre respectable d'entreprises de décoration des chapelles du tour du choeur. Pour les chapelles de la nef, les données sont beaucoup plus rares. Il est probable qu'elles aient été beaucoup plus négligées. Comme on l'a vu, elles n'avaient attiré que très peu de sépultures.

Comme pour les inhumations, les fondateurs de chapellenies ou de cycles de messes peuvent être tenus pour responsables d'une bonne part des réalisations. L'étroitesse des chapelles, dont on a dit qu'elle expliquait en partie que l'on n'eût élevé que très peu de tombeaux au-dessus du sol, peut aussi justifier l'usage consistant à dresser sur des colonnettes les représentations des donateurs. A plusieurs reprises, les délibérations du chapitre attestent du souci de ne pas endommager les maçonneries de l'édifice en y insérant des pièces rapportées.

Nous avons connaissance, de manière plus ou moins fragmentaire, de treize supports établis ainsi au devant ou à l'intérieur des chapelles pour recevoir une statue. Ces statues représentaient des donateurs, tels que Simon Matiffas de Bucy, à l'entrée de la chapelle Saint-Nicaise, au devant de son tombeau, Michel du Bec, devant l'entrée de la chapelle Saint-Michel, Etienne de Suizy, "contre un pilier de sachapelle", Thomas de Courcelles, Jean de Courcelles, encadrant l'autel de la chapelle Saint-Martin-Sainte-Anne, l'évêque Denis du Moulin devant la chapelle Saint-Denis-Saint-Georges, ainsi qu'un chanoine non identifié dans la chapelle de la Décollation.  Des statues à l'effigie de leurs saints patrons ou d'autres personnages étaient placées soit isolément soit vis-à-vis de ces donateurs : saint Michel face à Michel du Bec, l'Enfant Jésus et saint Joseph dans la chapelle de la Décollation, saint Denis face à Denis du Moulin. Dans certains cas, des saints intercesseurs pouvaient même être placés sur le même support que les donateurs. [...] La décoration projetée par Etienne Yver dans la chapelle Saint-Nicolas comportait apparemment un ensemble de statues reposant sur deux colonnes, sur le thème de l’Annonciation. Dès le XIVe siècle, on trouvait en la chapelle Saint-Crépin-Saint-Crépinien une représentation de ces saints, qui pourrait bien avoir été exposée de la même façon que les saints que nous avons mentionnés.

Qui sont les commanditaires de ces sculptures ? On les connaît dans le cas des frères de Courcelles et d'Etienne Yver. Faut-il en déduire que tous les personnages représentés en aient eux-mêmes fait la demande ? Marcel Aubert propose la date de 1330 pour la figuration du plus ancien de ces personnages, Simon Matiffas de Bucy. Il n'est pas impossible en effet qu'après l’achèvement des chapelles du choeur on ait souhaité commémorer par une série de statues à leur effigie certains personnages ayant contribué à la construction. Ainsi auraient été élevées les statues de Michel du Bec et d'Etienne de Suizy. Il est fort possible également que cet ensemble de sculptures — pour peu qu'il s'agisse effectivement d'une commande d'ensemble, or rien n'est moins sûr — ait été financé par un ou des personnages lui-même ou eux-mêmes désireux d'être représenté. Mais n'espérons pas connaître le poids exact de la modestie ou de la vanité de chacun de ces personnages

Nous n'irons pas jusqu'à assimiler ces statues, comme l'a proposé H. Kraus, à celles figurées sur le tableau représentant la famille Jouvenel des Ursins, que l'on entrevoit dans des niches placées entre les fenêtres d'un déambulatoire. La comparaison s'impose, mais point l'identification. (H. Kraus, Notre-Dame's vanished médiéval glass, dans la Gazette des Beaux-arts, t. LXVIII, n° 1172 (septembre 1966), p. 140 et suiv.).

Les craintes du chapitre quant à la maçonnerie de l'édifice ne laissèrent point de choix à ceux qui souhaitèrent orner les murs des chapelles à leurs frais : la peinture était la seule façon de les décorer de façon permanente, l'utilisation de tentures constituant le moyen de les revêtir de façon provisoire. Les Jouvenel des Ursins envisagent également de faire peindre le mur séparant la chapelle Saint-Rémi de la chapelle Saint-Géraud. Avant eux, le sire de Bourbon et ses gens avaient envisagé de réaménager la même chapelle en y faisant notamment peindre la Vierge, entourée de leurs armoiries. (27 mars 1415, LL 112, p. 43).

Moins accessibles au badigeonnage, les voûtes des chapelles ont plus longtemps que les murs conservé la trace de peintures. Plusieurs donateurs y firent peindre leurs armoiries. La date de ces travaux n'est pas connue, mais les observateurs de l'époque moderne ont pu reconnaître ainsi les armes des Jouvenel des Ursins à la voûte de la chapelle Saint-Rémi et celles de Denis Dumoulin à celle de la chapelle Saint-Denis-Saint-Georges.

Mais la famille Jouvenel des Ursins offrit le premier cas de fidélité durable à une fondation. Cette fidélité pluriséculaire fut cependant axée sur le droit de sépulture concédé à la descendance du président du parlement de Poitiers.

 

 

 

FERRARI (Matteo),  , Paris, Notre-Dame (chapelle Jouvenel des Ursins), base ARMMA/SAPRAT

https://armma.saprat.fr/monument/paris-notre-dame-chapelle-jouvenel-des-ursins/ 

FERRARI (Matteo),  Paris, Hôtel Jouvenel des Ursins, base ARMMA/SAPRAT

https://armma.saprat.fr/monument/paris-hotel-des-ursins/

FERRARI (Matteo),  Troyes, Hôtel Jouvenel des Ursins, base ARMMA/SAPRAT

https://armma.saprat.fr/monument/troyes-hotel-juvenal-des-ursins/

 

 

—  GUILHERMY (Ferdinand de), 1873, Inscription de la France du Ve au XVIIIe, t. 1. Ancien diocèse de Paris, Paris, Imprimerie nationale, 1873.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6377940n/f94.item.r=

https://gallica.bnf.fr/view3if/ga/ark:/12148/btv1b69074450/f2

PATTOU (Etienne)

http://racineshistoire.free.fr/LGN/PDF/Jouvenel-des-Ursins.pdf

REYNAUD, (Nicole), 1999 « Les Heures du chancelier Guillaume Jouvenel des Ursins et la peinture parisienne autour de 1440 », Revue de l’Art, 126, 1999, p. 23-35.

Photo RMN

https://www.photo.rmn.fr/archive/87-005856-2C6NU0HGUCXF.html

https://www.fontaine-fourches.com/625.Histoire.annexe.1.famille.Juvenal.des.Ursins.html

 

Source du deuxième article

AUBERT (Marcel) , 1950, La cathédrale Notre-Dame de Paris. Notice historique et archéologique, page 86

https://archive.org/details/lacathdraleno00aube/page/86/mode/2up

DAVIS (Michael T.), 1998, "Splendor and Péril: the Cathedral of Paris. 1290-1350" . Art Bulletin, LXX X (1998), p. 34-66.

https://www.jstor.org/stable/3051253

—  FREIGANG (Christian), 2002,  "Chapelles latérales privées. Origines, fonctions, financement: le cas de Notre-Dame de Paris", in  Art, cérémonial et liturgie au Moyen Age, actes du colloque de 3e cycle Romand de Lettres, Lausanne-Fribourg, 24-25 mars, 14-15 avril, 12-13 mai 2000 (sous la dir. de Nicolas Bock, Peter Kurmann, Serena Romano et Jean-Michel Spieser), Paris, 2002.

https://d-nb.info/1212516060/34

Les nouvelles chapelles commencent à être bâties comme annexes de la nef. Le chevet, en revanche, ne se verra enrichi de ces espaces supplémentaires que pendant la deuxième moitié du XIIIe et au début du XIVe siècle . Les chapelles latérales de Notre-Dame ne sont donc évidemment pas à confondre avec les absidioles entourant souvent les déambulatoires des grandes églises romanes et gothiques.

...chapellenie. dont les fondations ont été des fois interprétées comme témoignage de la construction matérielle d'une de ces édicules annexes. Cependant, fundare, construere ou edificare unam capellaniam veut, dans notre contexte, surtout dire la dotation d'un bénéfice avec la charge du prêtre de célébrer régulièrement une ou plusieurs messes dans une église, et souvent à un autel précis. Généralement, il s'agit de messes commémoratives pour le fondateur et ses proches, après la mort de celui-ci. la dotation d'un tel bénéfice. S'y ajoute, dès le début du XIIIe siècle, que le fondateur désigne un autel particulier qu'il dote aussi des instruments liturgiques nécessaires, des habits, de la vaisselle et/ou de la lumière.

[...]Ctte constatation peut être confirmée pour le clerc et professeur Eudes de Sens qui, en 1315, fait dotation d'une chapellenie dans la chapelle St-Pierre et St-Etienne (la cinquième, côté sud, du déambulatoire), où il sera également enseveli. Les anciennes représentations dans les vitraux nous renseignent davantage sur le contexte de cette fondation: on y voyait le frère et les parents d'Eudes, dont le père avait déjà fondé une messe annuelle pour son fils, en 1303. La figure d'Eudes, en habit de diacre, portait une chapelle dans sa main. C'est ici presque une véritable chapelle privée, où plusieurs chapellenies sont consacrées à une même famille et où figure un donateur, Eudes lui-même, en tant que fondateur de la chapelle elle-même. [...]

La chapelle latérale a, dans ce contexte, tendance à devenir un point de repère très important. Cette tendance à la concentration familiale et à l'isolation est confirmée par l'organisation de l'entretien des chapelles.... Apparemment, les chapelles avaient des clôtures en forme de treillage, ce qui interdisait l'accès à toute personne non autorisée.

Conformément aux prescriptions ecclésiastiques, au XIIe siècle, ne se trouvent à l'intérieur, dans le chœur, que des tombeaux de la famille royale et des évêques. Cependant, l'abbaye de St-Victor étant plus prestigieuse comme lieu de sépulture pour les évêques parisiens durant tout le XIIe siècle, ceux-ci ne deviennent plus nombreux qu'ave c Eudes de Sully, en 1208. Suivent les chanoines qui, dès le milieu du XIIIe siècle, ne sont plus enterrés principalement dans le cloître, mais aussi dans la nef et ses chapelles, ainsi que dans les chapelles du chevet. Il convient cependant de souligner que les laïcs n'étaient nullement privés de tels privilèges, comme le montre l'exemple du chevalier Robert de Millet, qui aura en 1329 son tombeau figuré dans la quatrième chapelle côté nord des parties droites du chevet.

Les chapelles individuelles ne deviennent plus intéressantes qu'au moment où elles peuvent également servir de lieu de sépulture du fondateur et de cadre de représentation familiale par les médias de l'image et de l'épigraphie, vers la fin du XIIIe siècle. Mais il est important de constater que l'architecture reste, jusqu'au XIVe siècle, un cadre neutre et non soumis à une quelconque intervention du donateur. En fait, l'étonnante homogénéité des chapelles latérales de Notre-Dame peut être comprise à la lumière de cet aspect. Même si l'on peut observer quelques modifications dans les détails durant l'étape de construction des chapelles de la nef, avant le milieu du XIIIe siècle, l'espace mis à disposition des fondateurs, comme la largeur des fenêtres et la richesse du remplage, ne changent pratiquement pas. En ce qui concerne les chapelles du chevet, leur ressemblance à l'identique résulte d'un esprit de standardisation qui ne connaît presque pas de modifications. Les chapelles suivent un plan préétabli, et cela n'est pas seulement l'application d'un procédé développé par l'architecture gothique du XIIIe siècle, procédé qui consiste en la conception théorique préalable d'une partie architecturale. L'unité du langage architectural des chapelles, qui forment, par leurs gables ajourés, un ensemble indissociable avec les nouveaux bras des transepts ainsi qu'ave c la Porte Rouge, démontre clairement que les chapelles latérales ne sont nullement des espaces individuels, indépendants du reste de la cathédrale. Ceci est confirmé par leur disposition à l'intérieur, où il ne faut pas surestimer l'aspect d'isolement des espaces annexes. Certes, en ce qui concerne les parties droites, les contreforts s'imposent naturellement en tant que clôtures entre les chapelles. Quant aux chapelles rayonnantes cependant, il y a des groupements de chapelles à deux et à trois unités. Ces chapelles ont donc un caractère ambigu, puisqu'elles peuvent également être interprétées comme un agrandissement de l'intérieur de la cathédrale par un troisième déambulatoire . Le fait que les chapelles étaient, de toute évidence, séparées du déambulatoire par des clôtures à serrures ne contredit pas cette observation. Ces clôtures étaient des treillages translucides qui laissaient pénétrer le jour des fenêtres et permettaient d'entendre publiquement le service divin. Les chapelles font donc visiblement partie de l'ensemble architectural de l'église principale.

 

 

 GUEFFIER, (Claude-Pierre ), 1753, Curiosités de l'église Notre-Dame de Paris, avec l'explication des tableaux qui ont été donnés par le corps des orfèvres, BnF Arsenal 8-H-13286

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1518656k/f65.item

GUILLOUET (Jean-Marie ), Guillaume Kazerouni. 2008, Une nouvelle peinture médiévale à Notre-Dame de Paris : le tombeau de Simon Matifas de Bucy. Revue de l'Art, 2008, I (158), pp.35-44. 

Sur le mur méridional de la chapelle d'axe de Notre-Dame de Paris, dédiée à saint Nicaise, subsiste aujourd'hui une importante peinture murale du XIVe siècle parisien. Vestige du tombeau à enfeu de Simon Matifas de Bucy, évêque de Paris de 1290 à 1304, l'œuvre, lourdement restaurée par Viollet-le-Duc au XIXe siècle, constitue pourtant possiblement l'unique témoignage de l'activité de Jean Pucelle dans le domaine de la peinture monumentale. Des relevés et documents indirects permettent de reconstituer en partie l'histoire matérielle de ce monument et d'en évaluer la place dans l'histoire de l'art du premier tiers du XIVe siècle.

https://shs.hal.science/halshs-00560732

 

 

KRAUS (Henry ), 1966, Notre-Dame's vanished medieval glass I : the iconography II : the donors ,la Gazette des beaux-arts,

KRAUS (Henry ), 1993, A prix d'or, L'argent des cathédrales / L'argent des cathédrales de Henry Kraus, les Éditions du Cerf, CNRS Éditions, 2012

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1993_num_151_3_3398_t1_0532_0000_4

KRAUS (Henry ), 1967, Notre-Dame's vanished medieval glass ,la Gazette des beaux-arts, 1967 - 32 pages

KRAUS (Henry ), 1969 "New Documents for Notre-Dame's Early Chapels", Gazette des Beaux-Arts, CXI (1969). p. 121-134. k

KRAUS (Henry ), 1970. "Plan of the early Chapels of Notre-Dame de Paris", Gazette des Beaux-Arts, CXII (1970). p. 271.

Les premières chapelles latérales de la cathédrale Notre-Dame n'ont assurément pas eu la même fonction. Toutefois, une documentation abondante et quelques vestiges de l'ancien mobilier des chapelles nous permettent de redessiner les conditions de leur fondation et de leur édification, ainsi que d'expliquer leur forme architecturale et leur place dans la genèse des oratoires privés latéraux des XIVe et XVe siècles. L

Chapelle Saint-Guillaume

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM75000728

PLAGNIEUX Philippe 1993 La fondation funéraire de Philippe de Morvilliers, premier président du Parlement. Art, politique et société à Paris sous la régence du duc de Bedford

Bulletin Monumental  Année 1993  151-2  pp. 357-381

 

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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