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9 juillet 2025 3 09 /07 /juillet /2025 11:37

 

Au-delà de l'oratoire de Marguerite se trouve la chapelle de son conseiller, Laurent de Gorrevod, dédiée à Notre-Dame de Pitié. Elle abrite les tombeaux de Laurent de Gorrevod et de ses deux épouses, Philiberte de la Palud et Claude de Rivoire, ainsi que de plusieurs membres de leur famille. Les magnifiques gisants en bronze de Gorrevod et de ses épouses furent détruits à la Révolution, et seule subsiste la dalle sur laquelle reposaient les statues, portant la devise du fondateur — POUR JAMES (lire :"jamais") — et les initiales L. F. et L. C. (lettres de son nom et de celui de ses épouses ), reliées par la cordelière de Savoie.

L.F = Laurent et Filiberte, pour Filiberte de la Pallud, décédée en 1509

L.C = Laurent  et Claudine de Rivoire, décédée en 1535

 

Rappel :

La famille de Gorrevod joua un rôle considérable dans le duché de Savoie. Louis de Gorrevod, évêque de Maurienne et abbé d'Ambronay, avant de devenir le premier et éphémère évêque de Bourg puis cardinal, en 1530, avait présidé au mariage savoyard de Marguerite d'Autriche, en 1501 . Et c'est lui qui consacra l'église de Brou en 1532.

 

La Chapelle de Ducs de Pont-de-Vaux , située du côté nord et dans laquelle on pénètre par une arcade supportant la galerie haute qui mène à l'oratoire de la princesse, est due à Laurent de Gorrevod, qui fut le chef du conseil pour la construction de la maison et de l’église de Brou. Acté par la Princesse à la date du 28 avril 1520, Laurent de Gorrevod choisit sa sépulture pour lui et successeurs dans cette chapelle. Les gisants en bronze ont été fondus à la Révolution pour en faire des canons.

Laurent de Gorrevod (né en Bresse vers 1470 ; † 6 août 1529 à Barcelone)  faisait partie de la haute noblesse savoyarde. Il fut écuyer de Philibert Le Beau puis gouverneur de Bresse ; il suivit Marguerite d'Autriche aux Pays-Bas en tant que son chevalier d'honneur avant d'être attaché à Charles Quint.  Il fut baron de Marnay et de Montenai, comte de Pont-de-Vaux et vicomte de Salins.

Il porte d'azur au chevron d'or.

https://ia601300.us.archive.org/1/items/histoireetdescri00rous/histoireetdescri00rous.pdf

 

 

1. Le blason de Laurent de Gorrevod.

L'écu est entouré du collier de la Toison d'Or, est suspendu à un heaume entouré de lambrequins, surmonté d'une licorne comme cimier, reposant sur un tortil.

J'intérprête l'élément animal à crinière de cheval et dont la tête est brisée comme une licorne en me basant sur le R.P. Rousselet : "Contre le pilier où le Mausolée est adossé on a suspendu  l'écu des armes de la Maison de Gorrevod , d'azur au chevron d'or , ayant pour supports deux Lions d'or & une licorne d'argent pour cimier».

 

L'emblématique (amoureuse) de Marguerite d'Autriche à Brou.

 

2. Les lettres L et F réunies par la cordelière de Savoie.

Les lettres L pour Laurent et F pour Filiberte sont perlées, tressées, et leurs empattements fleurissent en prolongements exubérants, qui viennent jouer avec les entrelacements de la cordelière à glands de passementerie.

On notera, sur la droite du phylactère portant le mot POUR JAMES, les fleurs de marguerite, ultime hommage à Marguerite. 

J'ai, débarquant ici en touriste, cru d'abord très naïvement que le monument honorait un défunt prénommé JAMES.

James (ou jamès) est une forme rare de jamais, retrouvée toujours en lien avec Marguerite d'Autriche. Elle est d'abord  attestée dans un courrier de Maximilien à Marguerite : 

"Très chière et très amée fylle, jé entendu l'avis que vous m'avez donné par Guyllain Pingun, nostre garderobes vyess, dont avons encore mius pensé desus.

Et ne trouvons point pour nulle résun bon que nous nous devons franchement marier, maès avons plus avant mys nostre délibération et volonté de jamès plus hanter faem nue."

Ou dans un courrier de Marguerite à son valet :

"Premier, que je desire sur toute chose mestre ma religion en tel estat que pour jamés  ils n'aient grant povreté; mes qui puissent vivre sans mandier..."

Et enfin dans un charmant rondeau que Marguerite d'Autriche a écrit de sa main :

"C'est pour jamès qu'un regret me demeure;

Que sans sesser nuit et jour à tout eure

Tant me tourmant que bien voudroi mourir;

Car ma vie n'est fors seulement languir,

Et s'y faudra à la fin que j'en meure.

De l'infortune estais bien seure

Quan le regret maudit où je demeure

Me coury sus pour me faire mourir,

Car ma vie n'est fors

Seulement languir:

Sy faudra que j'en meure "(Bibliothèque royale de Bruxelles, cité par E. E.Tremayne

 

 sur le vitrail en place, des armoiries des Gorrevod, accompagnées de la devise «pour james » et celles de sa seconde épouse, ..

https://dn790002.ca.archive.org/0/items/firstgovernessof00tremuoft/firstgovernessof00tremuoft.pdf

 

 

https://www.anglo-norman.net/entry/jam%C3%A9s

L'emblématique (amoureuse) de Marguerite d'Autriche à Brou.

3. Le blason en losange de l'épouse, entouré de la ceinture Espérance.

L'emblématique (amoureuse) de Marguerite d'Autriche à Brou.

4. Deuxième réunion des lettres L et F.

L'emblématique (amoureuse) de Marguerite d'Autriche à Brou.

5. Les lettres L et C réunies par la cordelière de Savoie.

L'emblématique (amoureuse) de Marguerite d'Autriche à Brou.

6. Le blason en losange de l'épouse, entouré de la ceinture Espérance.

L'emblématique (amoureuse) de Marguerite d'Autriche à Brou.

7. Deuxième réunion des lettres L et C.

On en admirera la préciosité de graphie des lettres. Non seulement leurs fûts sont perlés et les empattements sont bifides, mais certains fûts sont aménagés d'une fente où se faufilent les traverses et les diagonales, aux extrémités parfois tressées en brandebourg.

 

 

L'emblématique (amoureuse) de Marguerite d'Autriche à Brou.
L'emblématique (amoureuse) de Marguerite d'Autriche à Brou.

8. Sur le monument : le briquet et la croix écotée.

L'emblématique (amoureuse) de Marguerite d'Autriche à Brou.
 

Le vitrail de l'Incrédulité de saint Thomas, baie 13 (1527-1531).

Numérotation des vitraux selon le Corpus Vitrearum

Ce vitrail de la chapelle de Gorrevod porte les armes de Laurent de Gorrevod et de sa seconde épouse Claudine de Rivoire.

 

 

Baie 13, chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Baie 13, chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Baie 13, chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Baie 13, chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Le tympan : 15 anges en prière.

Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Registre supérieur : suspendues aux arches de l'architecture gothique flamboyant, les armes de Philibert le Beau et de Marguerite d'Autriche.

Voir : https://www.lavieb-aile.com/2025/05/l-emblematique-amoureuse-de-marguerite-d-autriche-a-brou.html

 

On remarque les élements de décor Renaissance, comme les dauphins (au sommet ou en frise) et les médaillons de personnage de profil.

 

Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Deux femmes à la poitrine nue et au bas du corps qui se transforme dans le rinceau feuillagé affrontent les têtes de "dauphins".

Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Le registre principal : l'Incrédulité de saint Thomas vénérée par Laurent de Gorrevod et Claudine de Rivoire, en donateurs.

Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

L'Incrédulité de saint Thomas: l'apôtre Thomas met ses doigts sur la plaie du flanc droit du Christ ressuscité, sur l'injonction de ce dernier.

 

Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Laurent de Gorrevod agenouillé en donateur sur son prie-dieu, en armure recouvert d'un tabard à ses armes, est présenté par saint Laurent, tenant le grill de son martyre.

Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Le blason de Laurent de Gorrevod.

Ses armes  d'azur au chevron d'or sont entourées du collier de l'Ordre de la Toison d'or (dont les briquets sont bien visibles) et timbrées de la couronne de baron.

Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Claudine de Rivoire présentée par saint Claude.

Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Le blason losangique (féminin) mi-parti de Claudine de Rivoire

Née en 1465 et décédée le 28 décembre 1535 à Besançon, c' est la fille de  Louis, seigneur de Gerbaiset de Marguerite d'Albon. Elle a épousé Laurent de Gorrevod en 1509. Elle est veuve depuis décembre 1529. Le couple eut une fille, Louise.

Dans une guirlande d'honneur, les armes de Gorrevod, en 1, sont associées à celle de la famille de Rivoire, en 2 , Fascé d'argent et de gueules à la bande d'azur brochant sur le tout chargé de trois fleurs de lys d'or posées en bande.

https://man8rove.com/fr/blason/dkdvpc6-rivoire

 

 

Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Chapelle de Gorrevod, monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

SOURCES ET LIENS

— BEAUME (Florence), 2015, LA FAMILLE GORREVOD ET SES COMMANDES ARTISTIQUES La famille Gorrevod et ses commandes artistiques, in Colloque organisé par Laurence Ciavaldini Rivière, professeur d' université Grenoble-Alpes et Magali Briat-Philippe, conservateur, responsable du service des patrimoines, monastère royal de Brou, Bourg-en-Bresse

https://www.academia.edu/37759011/Princesses_et_Renaissance

— collectif, 2015, Princesses et Renaissance(s), La commande artistique de  Marguerite d'Autriche et de son entourage, Colloque organisé par Laurence Ciavaldini Rivière, professeur d' université Grenoble-Alpes et Magali Briat-Philippe, conservateur, responsable du service des patrimoines, monastère royal de Brou, Bourg-en-Bresse

https://www.academia.edu/37759011/Princesses_et_Renaissance

Autres sites de photos

http://ndoduc.free.fr/vitraux/htm9601/eg_monastere@Brou_StThomas.php

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Published by jean-yves cordier - dans Emblématique Héraldique XVIe siècle. Sculpture
7 juillet 2025 1 07 /07 /juillet /2025 20:25

L'emblématique (amoureuse) de Marguerite d'Autriche au monastère royal de Brou : armes parlantes,  lettres entrelacées, cordelières, briquets de Bourgogne, Croix de Bourgogne, devise FERT, ceintures d'Espérance, blasons... etc.

Voir : 

"Silentium" : la lanterne du dortoir des moines de Brou. 

L'emblématique de la chapelle de Laurent de Gorrevod (v. 1540) au monastère royal de Brou. Les monuments funéraires. Le vitrail de l'Incrédulité de saint Thomas.

 

 

 

PRÉSENTATION

C'est après avoir achevé cet article que j'ai réalisé qu'écrire l'emblématique du monastère royal de Brou, consistait en fait à décrire tout, absolument tout de l'église Saint-Nicolas-de-Tolentin...

 A l’origine, une merveilleuse histoire d’amour

"Fille de l’empereur Maximilien de Habsbourg et petite-fille du dernier grand-duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, Marguerite d’Autriche (1480-1530) est veuve à 24 ans de Philibert le Beau, duc de Savoie, qui meurt en 1504 après une partie de chasse. Dès 1506, elle décide de bâtir aux portes de la ville de Bourg en lieu et place d’un modeste prieuré bénédictin, le monastère royal de Brou pour perpétuer sa gloire et le souvenir de l’amour qu’elle portait à son époux, mais aussi son ambition politique d'héritière du duché de Bourgogne et de régente des Pays-Bas. Suite à la décision de la princesse d’être inhumée aux côtés de son époux, il s’agit désormais de construire un écrin digne de son rang qui abritera trois somptueux tombeaux : ceux de Philibert le Beau, de sa mère et le sien propre. En souvenir du jour de la mort de Philibert, Marguerite exige que l’église soit placée sous le vocable de saint Nicolas de Tolentin, moine augustin italien très populaire en Savoie.

Nommée en 1506 régente des Pays-Bas pour le compte de son père puis de son neveu l’empereur Charles Quint, Marguerite suit depuis la Belgique ce chantier exceptionnel, rapidement mené (1505-1532). Elle y envoie les meilleurs maîtres d’œuvre et artistes de toute l’Europe, dont l’architecte de renom Loys Van Boghem qui succède à Jean Perréal. En juillet 1513, la première pierre de la nouvelle église est posée. Il ne faudra que 26 ans pour construire ce magnifique chef d'œuvre, ce qui est exceptionnel à cette époque. Marguerite s’éteint le 1er décembre 1530, sans avoir vu son œuvre achevée. Son corps est inhumé à Brou en juin 1532."

 

L'EXTÉRIEUR : LES PORTAILS OUEST ET NORD, LES FAÇADES.

LA FAÇADE OCCIDENTALE

" Un ample arc en anse de panier est surmonté d’une accolade ouvragée sur laquelle figure une statue de saint André (saint patron de la Bourgogne). Cette façade occidentale a la forme d’un vaste triangle divisé en trois bandes verticales : le corps central correspond à la nef et les deux pignons latéraux couvrent les bas-côtés. Le corps central est divisé lui-même en trois étages par des balcons ajourés.

Le portail dont les sculptures très riches encadrent un tympan, montre Philibert et Marguerite présentés au Christ par leurs saints patrons. Sur le trumeau, on trouve saint Nicolas de Tolentin avec son étoile. L’église de Brou est placée sous son patronage. De part et d’autre, figurent les apôtres saints Pierre et Paul, patrons du prieuré bénédictin antérieur. Aux niveaux supérieurs se détachent trois grandes fenêtres gothiques puis encore au dessus un pignon triangulaire terminé par un fleuron et deux pinacles."

Mais on peut décrire encore 7 frises emblématiques (photo) à côté des blasons losangiques, donc féminins, de Marguerite, où se succèdent les marguerites,  le P et le M liés par les lacs d’amour, et les emblèmes bourguignons : la croix de saint André (en X) unie au briquet. 

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

I. LES LETTRES P et M ET LES ENTRELACS.

Elles sont partout sur les moulures des deux portails, leur recherche dans le décor devient une chasse jubilatoire mais inlassable.

Ce sont les initiales de Philibert le Beau et de son épouse Marguerite d'Autriche. En signe d'amour, d'union indéfectible malgré la mort de Philibert en 1504, à 24 ans, trois ans après son mariage en 1501.

[En 1483, à la mort de leur mère, Marguerite de Bourbon,  Philibert et Louise de Savoie avaient été envoyés à la cour. Une partie de leur enfance s’était donc déroulée à Amboise, en compagnie de Marguerite d’Autriche qui, alors promise au dauphin Charles, futur Charles VIII, vivait également auprès d’Anne de Beaujeu, et ce depuis cette même année 1483... ]

La légende dit que le beau Philibert est mort d'avoir bu de l'eau trop glacée alors qu'il avait excessivement chaud lors d'une partie de chasse. On peut penser à un accès de fièvre, peut-être d'une pneumonie, car son épouse lui avait , dit-on, déconseillé d'aller chasser, alors qu'il était déjà bien grippé. Mais la chasse est, chez les seigneurs, une addiction parfois maudite, comme en témoignent les légendes de saint Hubert ou de saint Eustache.

Philibert était si mordu de chasse que, duc de Savoie à 17 ans, il avait laissé le gouvernement de ses États à son demi-frère René de Savoie, pour s'y adonner.  

Marguerite d'Autriche, imitant en cela Louise de Savoie, veuve dès 1496  ne se remariera jamais et ne cessera, dès lors, de porter le deuil de son époux ou d'honorer sa mémoire. Mais si Louise de Savoie portait le deuil en noir, Marguerite porta le deuil blanc, qui se différencie par la présence d’un voile blanc plissé, recouvrant le corps du menton jusqu’à la poitrine ou la taille, d’inspiration flamande ou germanique. Et elle porte l'attifet presque toujours doublé d’un serre-tête blanc, qui cache le front comme le bandeau des religieuses. Ses manches sont doublées d'hermines. Un fin anneau noir est passé à son index gauche.

Bernard van Orley (atelier de) Portarit de Marguerite d'Autriche vers 1518 Musée royal des beaux-arts de BelgiqueInv. 4059

 

Les lettres en écriture gothique ont le fût perlé et leur empattement est bifide. Cet empattement vient parfois se prolonger par des éléments de feuillage, comme s'ils portaient en eux une sève fertile.

Certaines sont réunies par un cordage qui se termine par des glands de passementeries. Et sont placées entre des branches écotées, qui, nous le verront, sont fortement emblématiques. Et pas seulement des bois et de leur gibier.

 

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

La plupart de ces lettres accouplées sont réunies plus soigneusement par une cordelière qui forme un ou plusieurs huit. Ce sont alors des entrelacs, des lacs d'amour.

Puisque Philibert était duc de Savoie, faut-il y voir des "nœuds de Savoie", attesté depuis 1382 dans la Maison de Savoie depuis Amédée VI, dit "Le comte vert"? La sœur de Philibert, Louis de Savoie, mère de François Ier, en introduisit l'usage à la cour de France, sous le nom de "cordelière", corde à plusieurs nœuds, cordelières combinant nœuds de Savoie et cordon franciscain, avec boucle, gland et grains serrés.

On trouve ces nœuds de Savoie à Brou sur le jubé  ou la cuve baptismale.

 

Le noœud de Savoie.

"Dérivé des lacs d’amour médiévaux, ce nœud – un nœud lâche, à double boucle, en forme de huit – constitue l’une des devises le plus traditionnellement associées à cette maison. À l’origine, il s’agit du badge personnel du comte Amédée VI de Savoie (1343-1383), dit "le comte vert" : à l’occasion d’une joute organisée au moment de Noël 1354, Amédée VI arborait une selle peinte avec des lacs d’amour; en 1356, c’est tout son équipement de joute qui est décoré de tels nœuds. Puis au moment de la croisade, décidée en 1364 à Avignon, par le pape Urbain V, le badge personnel d’Amédée VI devient un badge dynastique et héréditaire représentant la maison de Savoie : le jour du départ pour la croisade, le comte portait, comme ses compagnons d’armes, des vêtements de velours vert, ornés de broderies représentant ce type de nœuds. Dès lors, comtes et ducs de Savoie arborèrent le nœud lâche en forme de huit sur les objets de leur vie quotidienne ou sur les monuments et objets d’art qui leur étaient associés.

Parallèlement, le nœud de Savoie figure – associé au mot FERT – sur le collier de l’ordre chevaleresque du Collier, un ordre fondé par le même Amédée VI, en 1364, à l’occasion de la prestation de serment de croisade générale contre les Turcs (plus tard, en 1434, l’ordre sera rebaptisé ordre de Saint-Maurice par Amédée VIII, puis réformé en ordre de l’Annonciade au xvie siècle). Notons que, sur le collier de l’ordre – qui est sculpté notamment sur le gisant de Philibert le Beau à Brou –, les nœuds de Savoie alternent avec le mot FERT mais ils ne forment pas une cordelière à proprement parler; quant au pendentif du collier, il est formé de trois lacs d’amour, allusion à la Trinité, trois lacs d’amour dont la présence est déjà attestée dans les formes primitives du collier.

Dans la plupart des occurrences, le nœud de Savoie apparaît de façon isolée (un seul nœud noué sur un petit morceau de cordelette). Au début du xvie siècle, quand se multiplient les images du nœud de Savoie, sous l’influence de Philibert II de Savoie et de Marguerite d’Autriche, le nœud apparaît toujours seul. La médaille qui est modelée et coulée à l’effigie de Philibert et Marguerite en 1502, à l’occasion de l’entrée de la princesse dans la ville de Bourg-en-Bresse, montre ainsi des nœuds de Savoie uniques, et non regroupés sur une corde à la manière d’une cordelière. Il en va de même sur le Grand Sceau équestre de Philibert II (sceau appendu à un document daté de 1497) ou, bien sûr, dans le monastère royal de Brou, où des nœuds de Savoie ornent notamment le jubé  ou la cuve baptismale – nœuds qui se distinguent aisément des lacs d’amour reliant les initiales P et M. Si, sur la médaille de 1502, le jubé ou la cuve baptismale, le nœud se termine par un gland, évoquant par là le cordon franciscain, le nœud est toujours unique, et non répété en plusieurs exemplaires sur un même cordon.

Plus tard, les ducs de Savoie recourent encore à cet emblème : Charles III, duc de Savoie, le successeur de Philibert II, utilise le nœud de Savoie tel qu’il a été dessiné sous le règne du comte Amédée VI, comme en témoigne son sceau (appendu à un document daté de 1531)17. Ainsi, le nœud de Savoie n’est pratiquement jamais répété de façon à former une cordelière. Or, c’est bien l’usage qu’en fait Louise de Savoie, comme le montre par exemple son sceau (1515) 18. La plupart des cordelières qui lui sont associées se présentent même comme des cordelières combinant nœuds de Savoie et cordon franciscain, avec boucle, gland et grains serrés." (Laure Fragnart 2025)

 

Dans la dentelle de pierre des façades de Brou, les cordages sont parfois brisés, mais leur forme en huit est toujours évident ; et le gland du cordon est parfois présent.

 

 

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Ici, le nœud est plus complexe.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Fermaillet d'une verrière de la nef.

 

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

II. LE MOTTO FERT.

On le trouve sous la statue de saint Philibert du trumeau du portail ouest. 

Au tympan de ce portail, le couple ducal est agenouillé devant le Christ aux liens. Philibert le Beau est présenté par son patron, saint Philibert figuré avec une tonsure sous la capuche de son habit monastique. Le duc, mains jointes, porte la couronne ducal, le manteau et le camail frappé d'hermines.

Entre les lettres accouplées, son blason (aujourd'hui muet) est entouré des lettres FERT entre lesquelles passe un ruban plat  à glands.

En dessous figure un nœud de Savoie, sans ambigïté puisqu'il rejoint une croix pommelée, la croix de Savoie telle qu'elle figure sur les jetons du duché en 1579.

"Le nœud de Savoie figure – associé au mot FERT – figurait sur le collier de l’ordre chevaleresque du Collier, un ordre fondé par Amédée VI, en 1364, à l’occasion de la prestation de serment de croisade générale contre les Turcs. Sur le collier de l’ordre  qui est sculpté  sur le gisant de Philibert le Beau à Brou  –, les nœuds de Savoie alternent avec le mot FERT mais ils ne forment pas une cordelière à proprement parler; quant au pendentif du collier, il est formé de trois lacs d’amour, allusion à la Trinité, trois lacs d’amour dont la présence est déjà attestée dans les formes primitives du collier. Quant à la signification du mot FERT, dont l’apparition est liée à l’institution de l’ordre du Collier, elle demeure problématique. Pour Michel Pastoureau, ce mot pourrait évoquer le présent de l’indicatif du verbe latin ferre, à la troisième personne. Ainsi devrait-il se comprendre par rapport à l’ordre du Collier, chacun des quinze chevaliers portant (FERT) le collier de l’ordre." (Laure Fragnart)

Sur la médaille en or créée par Jean Marende pour l'entrée de Marguerite d'Autriche en 1502 dans la ville de Bourg-en-Bresse ou sur sa copie en bronze argenté du XIXe conservée au MBA de Lyon, les profils du couple en buste derrière un plessis (nouage symbolique ?) se détache sur un fond de lacs d'amour et de fleurs de lys, mais aussi des marguerites. L'envers montre les marguerites autour du blason mi-parti, et le nœud de Savoie au dessus. Le mot FERT est inscrit horizontalement de part et d'autre.

 

 

https://collections.mba-lyon.fr/en/notice/medfr2-philibert-le-beau-et-marguerite-d-autriche-17deea88-57fa-43fa-9741-1c74a62d8483

 

Sur un autre exemplaire  du même musée , la devise FERT est absente, et ce sont les nœuds de Savoie et des hermines qui sont devant les profils du couple.

https://collections.mba-lyon.fr/en/notice/e-347-1-philibert-le-beau-et-marguerite-d-autriche-2b4bc36b-dd4a-42d6-b602-0084572b4e27

Ces devises, nœud et mot FERT , figurent également sur son tombeau, placé au centre du chœur (sur le collier, les armes et les ornements du gisant supérieur, ainsi que sur les socles des statuettes des sibylles) et, pour les nœuds, au revers du jubé regardant vers ce même tombeau.

 

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

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III. LA PALME ET LES MARGUERITES.

 

Selon Françoise Blattes-Vial, "la palme peut avoir de multiples sens : par exemple, le martyre de la sainte patronne de la fondatrice ou l’amour conjugal . [...] La palme fichée dans le plant de marguerites est riche d’ambiguïtés qui pourraient s’additionner plus que s’exclure : sainte patronne, mariage et signe de victoire associé ou associés à la paix de l’olivier,[ comme sur les panneaux héraldiques de la chapelle Sainte-Apolline]."

Je pensai à un lien plus étroit entre la palme (ou bien est-ce une plume?) et le prénom Philibert, ou le saint patron, mais je n'ai pu valider cette hypothèse. Voyons donc ici la palme du martyre de sainte Marguerite.

 

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

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IV. LA CROIX DE SAVOIE ET LE BRIQUET (ou FUSIL) DE BOURGOGNE

 Le briquet de Bourgogne et la croix de Bourgogne, croix en X de saint André en bois écoté, sont deux éléments qui font référence à la filiation bourguignonne de Marguerite d’Autriche, arrière-petite-fille de Philippe le Bon, duc de Bourgogne.

Le briquet

Cet emblème choisi par Philippe le Bon (début 15e siècle) a été longtemps la marque des Ducs de Bourgogne dans toutes leurs possessions. Fabriqué en fer forgé, le briquet médiéval servait à allumer le feu en le percutant contre une pierre de silex dans le but de produire des étincelles. On le tenait par une poignée en forme de B majuscule, qui évoque l’initiale du mot Bourgogne. Les anneaux du collier de l’ordre de la Toison d’or, ordre de chevalerie fondé en 1430 par Philippe le Bon, se composent également de deux B accolés dos à dos.

La croix de Bourgogne

On appelle croix de Bourgogne une croix de saint André rouge dont les branches sont écotées sur fond blanc. Cet emblème se blasonne ainsi : « d'argent au sautoir écoté de gueules ».

C’est sous la protection de saint André, réputé pour avoir évangélisé les Burgondes, ancêtres des bourguignons, que Philippe Le Bon a placé la Bourgogne. L’attribut principal de saint André est une croix en X sur laquelle il fut martyrisé.

Des nœuds entrelaçant la croix de Bourgogne formées de bâtons noueux, comme pour signifier l'union des Maisons de Bourgogne et de Savoie, figurent aussi sur les verrières aux armes de Marguerite placées dans la chapelle Sainte-Apolline.

 

Les Pays-Bas et la Franche-Comté constituent l’héritage bourguignon des Habsbourg depuis le traité de Senlis (1493), et ne seront séparés politiquement qu’au traité de Nimègue (1678), date à laquelle le comté de Bourgogne est définitivement intégré au royaume de France.

 

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

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Sur un fermaillet des vitraux de la nef

 

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V. LES BLASONS DE MARGUERITE

On les trouve sur les portails mais aussi tout atour des façades nord et ouest. Ils ont perdu leurs armoiries, qui y étaient peintes, mais leur forme losangique, celle des femmes, permet de les imaginer. Ils sont présentés par des anges, des putti, des personnages fantastiques.

 

 

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

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LES ARMOIRIES EXPLICITES PAR LES PANNEAUX DU MUSÈE.

Les armoiries de Marguerite se blasonnent ainsi :

parti, à dextre, de gueules à la croix d’argent (Savoie) ;

   à senestre, écartelé, au 1, de gueules à la fasce d’argent (Autriche) ; au 2, d’azur, semé de feurs de lys d’or, à la bordure componée d’argent et de gueules (Touraine ou Bourgogne moderne) ; au 3, bandé d’or et d’azur, à la bordure de gueules (Bourgogne ancien) ; au 4, de sable au lion d’or, armé et lampassé de gueules (Brabant) ; sur le tout de l’écartelé, d’or au lion de sable, armé et lampassé de gueules (Flandre) 

 

 

 

 

Du côté dextre ( à notre gauche), les armes de son mari :

Du côté sénestre, les armes en écartelé de son héritage familial :

 

 

 

Son père Maximilien 1er de Habsbourg :

 

Le reste de l'écartelé lui vient de sa mère Marie de Bourgogne

...Fille de Charles le Téméraire et d'Isabelle de Bourbon

 

DEUXIÈME PARTIE : À L'INTÉRIEUR DU MONASTÈRE.

DANS LA NEF : LES FONTS BAPTISMAUX.

Ces fonts en marbre noir du XVIe siècle (1546 ou 1548) associent par scellement une vasque hexagonale et un pietement.

Le piètement est orné de feuillages et repose sur quatre masques en forme de tête de dauphins. La cuve est également ornée de larges feuilles aux indentations évoquant des feuilles de figuier, deux masques animaux et  deux têtes opposées : celle d'un angelot, et une tête de mort.

Le rebord hexagonal porte une inscription en hautes lettres romaines.

1. Venant de Philibert le Beau, la devise FERT et la cordelière de Savoie, à glands.

 

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

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2. Venant de Marguerite d'Autriche, la devise FORTVNE * INFORTVNE * FORT * VNE

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

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Il convient bien de lire  FORTVNE INFORTVNE FORT VNE, "la fortune [en] infortune beaucoup une". Les mots sont séparas par des fleurons (que j'ai remplacés par une étoile). Mais ces fleurons sont discrets pour ne pas troubler l'apparente et ludique symétrie de la devise nous faisant lire d'abord Fortune infortune fortune.

Nous avons conservé l'adjectif infortuné, mais non le verbe "infortuner" attesté en moyen français (Godefroy) par exemple chez Clément Marot en 1517 : Rien cognoissant que despite Fortune/ Et non pas toy, à présent m'infortune".

Oui, Fortune, la déesse Fortuna qui tourne la roue du destin et des vers et revers de l'existence, a réservé à la jeune Marguerite beaucoup d'infortunes, puisqu'elle perdit sa mère, Marie de Bourgogne d'une chute de cheval, alors qu'elle était enfant. Elle a d'abord été fiancée en 1483 au dauphin Charles, fils de Louis XI. Elle avait alors ... 3 ans.  Elle est répudiée en 1491 lorsque Charles lui préfère, pour des raisons d'alliance politique, Anne de Bretagne. 

 

 "En 1493, Marguerite est donc de retour en Flandre, dans son pays qu’elle ne connaît pas. À peine a-t-elle le temps de s’accoutumer à la langue et aux mœurs de son peuple que son père organise pour elle un nouveau mariage lui donnant l’espoir de monter sur le trône espagnol. Elle sera la femme de Don Juan, prince des Asturies, fils des Rois catholiques, Isabelle et Ferdinand.

Cependant, le voyage vers la péninsule Ibérique ne va pas être de tout repos. Ne pouvant traverser le royaume de France, avec lequel les relations sont plus que fraîches, Marguerite embarque à Flessingue, à l’embouchure de l’Escaut, et traverse le golfe de Gascogne. Par une nuit de mars, son navire essuie une telle tempête que, le soleil étant revenu, elle propose un divertissement aux dames de sa suite : chacune doit rédiger l’épitaphe qui lui aurait convenu en cas de naufrage ! La sienne est parlante : « Ci-gît Margot, la gente demoiselle / Qu’eut deux maris et si mourut pucelle. »

L’arrivée en Espagne, à La Corogne, est triomphale et le mariage, d’une pompe extraordinaire. Mais Don Juan est déjà gravement atteint aux poumons et les jeux de l’amour vont précipiter sa fin. Six mois après cette deuxième union, Marguerite est veuve à l’âge de 17 ans.

Pourtant, un espoir subsiste car elle est enceinte.

Pour son malheur, la petite fille à laquelle elle va donner naissance ne survivra que quelques jours. Elle a tout perdu : son mari, son enfant et sa place à la cour d’Espagne.

Drapée de noir et de tristesse, Marguerite regagne les paysages brumeux de la Flandre tandis que son père et son frère la remettent déjà sur le marché des princesses à marier. Il s’agit pour eux de trouver un prétendant qui servira leurs ambitions diplomatiques. L’oiseau rare s’appelle Philibert II de Savoie. Ce choix recueille l’assentiment des souverains espagnols, du roi de France, de l’empereur d’Autriche et des cantons suisses : une prouesse !

Mais Marguerite acceptera-t-elle de sortir de sa retraite pour nouer un nouvel hymen ? Dans son château du Quesnoy, elle écrit des vers mélancoliques : « Le temps m’est long et sait bien le pourquoi, / Car un jour m’est plus long qu’une semaine / Dont je prie Dieu que mon coeur tôt ramène / Où est mon coeur qui n’est plus avec moi. »

C’est son frère, Philippe le Beau, qui propose à Marguerite ce nouveau parti. Au préalable, il a pris soin d’envoyer à Philibert un médaillon représentant sa soeur sous son meilleur jour. Le duc est enthousiaste : l’alliance est prestigieuse et la jeune fille, ravissante. Après avoir hésité, la princesse accepte d’épouser celui qui fut son compagnon de jeu pendant son enfance à la cour de France. Pourquoi risquer de devoir accepter un époux dont elle ignorerait tout alors qu’elle n’a gardé de celui-ci que de bons souvenirs ? Et puis, sa réputation précède le duc, qui a le même âge que Marguerite : beau, excellent cavalier, fort et amoureux de la vie, il a tout pour séduire une femme. La voici donc de nouveau partie, vers les Alpes cette fois. Un premier mariage par procuration est organisé à Dole avec René, le demi-frère bâtard de Philibert, selon le rite germanique : tandis que Marguerite est allongée sur un lit public, « le Grand Bâtard de Savoie » se couche à côté d’elle, une jambe dévêtue. Un homme étant entré dans le lit de la princesse, elle est considérée comme mariée. La rencontre avec Philibert et le serment religieux ont lieu cinq jours plus tard, dans le petit monastère bénédictin de Romainmôtier. Contre toute attente, le troisième mariage de Marguerite sera des plus heureux. Trop, peut-être, pour celle qui va à nouveau perdre son époux en septembre 1504, après trois ans d’union : Philibert, qui vient d’achever une partie de chasse sous un soleil de plomb, s’abreuve à une fontaine glacée et meurt de pleurésie. Cette fois, Marguerite sera inconsolable et refusera de quitter le noir. " (Historia)Après la mort de son frère Philippe le Beau le 25 septembre 1506, Marguerite devint gouverneur des Pays-Bas bourguignons de 1507 à 1515 et de 1517 à 1530 et prit en charge l'éducation des enfants de Philippe à la cour de Malines.

Jean Lemaire de Belges, futur historiographe de la cour de Marguerite, composa la Couronne Margaritique autrement le triomphe d'honneur à l'occasion de la mort de Philibert de Savoie . 

 Avec la figure allégorique d' Infortune , Lemaire introduit le côté négatif personnifié du destin, Fortuna adversa , dans sa description.  L'Infortune voit dans le meurtre de Philibert sa dernière chance de briser la vertu de Marguerite, qu'il déteste.  Le complot du couple et le meurtre de Philibert sont illustrés dans les miniatures.

Philibert victime d'une chute de cheval et soutenu par des chasseurs, sous le regard d'Infortune et de son la Mort, à droite.

Jean Lemaire de Belges, La Couronne de Marguerite, mais le Triomphe de l'Honneur, 1504. – Bibliothèque nationale d'Autriche, Cod. 3441, fol. 4v (détail)

À gauche, Infortune vise offre à boire une eau glacée et fatale à Philibert, tandis que son acolyte, la Mort e vise de sa flèche . À droite, Philibert meurt, assisté de ses amis et de son médecin, en manteau rouge et bonnet carré qui porte l'urinal ou matula insigne de son titre.

 

Jean Lemaire de Belges, La Couronne de Marguerite, mais le Triomphe de l'Honneur, 1504. – Bibliothèque nationale d'Autriche, Cod. 3441, fol. 14v, détail

Marguerite, entourée de ses suivantes, pleure la mort de son mari, causée par Infortune.

 

Jean Lemaire de Belges, La Couronne de Marguerite, mais le Triomphe de l'Honneur, 1504. – Bibliothèque nationale d'Autriche, Cod. 3441, fol. 14v (détail)

La veillée funèbre de Philibert II, duc de Savoie en présence de Marguerite.

Jean Lemaire de Belges, La Couronne de Marguerite, mais le Triomphe de l'Honneur, 1504. – Bibliothèque nationale d'Autriche, Cod. 3441, fol. 21 (détail)

 

 

Cependant, dans son manuscrit, Lemaire soutient que le pouvoir du destin n'est pas illimité en montrant comment Marguerite défait l'allégorie de l'Infortune avec l'aide de la figure allégorique de Vertu et de ses deux filles, Prudence et Force .

Jean Lemaire de Belges, La Couronne de Marguerite, mais le Triomphe de l'Honneur, 1504. – Bibliothèque nationale d'Autriche, Cod. 3441, fol. 27 (détail)

 

Marguerite parvient ainsi à vaincre définitivement l'Infortune grâce à sa vertu. Cette idée était déjà citée par les stoïciens. En récompense de sa force, Vertu couronne sa protégée de la couronne de vertu dans la deuxième partie du manuscrit. Lemaire présente Vertu et l'Infortune comme des adversaires sur le plan allégorique.  Il semble subordonner la Fortune, ou en l'occurrence l'Infortune, à la providence divine.

Dans Le Changement de Fortune en toute prospérité, écrit entre 1504 et 1507 par Michele Riccio, le thème de l'inconstance du destin est également abordé : la devise Fortune Infortune Fort Une est inscrite aux quatre coins de la page de titre et l'ouvrage semble être une dissertation à son sujet . Mais Fortuna n'apparaît pas comme un personnage actif dans le dialogue ; à la place, Riccio crée un dialogue fictif entre l' Acteur , qui peut probablement être vu ici comme un homologue littéraire de l'auteur, et un Chevalier . Tous deux philosophent sur le pouvoir de Fortuna et sur les coups du sort de Marguerite.  Ici, la déesse du destin est présentée comme une femme, étant désignée dans le texte par le pronom elle ou par la désignation dame Fortune. Riccio blâme Fortuna pour les malheurs du peuple et surtout pour les malheurs subis par Marguerite, y compris la perte de la couronne de France.

Fortuna y est représentée sous la forme de Kairos (l'opportunité), aux talons ailés, chevelue par devant, mais chauve par derrière, telle qu'on ne peut la saisir lorsqu'elle est passée. En équilibre sur la roue de la chance, du hasard ou de la Vie qui tourne, elle tient deux fils d'or.

Michele Riccio, Changement de fortune en toute prospérité, entre 1507 et 1509 – Bibliothèque nationale autrichienne ;  Cod. 2625, fol. 2v, détail

 

Michele Riccio, Changement de fortune en toute prospérité, entre 1507 et 1509 – Bibliothèque nationale autrichienne ;  Cod. 2625, fol. 2v, détail

Les deux fils d'or sont noués à la couronne de la duchesse, sur la page de droite.

 

Mais Fortesse et Prudence sont les alliées de Marguerite.

Michele Riccio, Changement de fortune en toute prospérité, entre 1507 et 1509 – Bibliothèque nationale autrichienne ;  Cod. 2625, fol. 10v, détail

 

Michele Riccio, Changement de fortune en toute prospérité, entre 1507 et 1509 – Bibliothèque nationale autrichienne ;  Cod. 2625, fol. 11v, détail

 

La devise est partout dans le Monastère de Brou. Comment la comprendre?

Dès la construction, l’état des travaux daté de 1527 décrit « les clez principalles » du chœur « avec les armes et blason de Madicte dame, contenant ces motz : FORTUNE INFORTUNE FORT UNE »

"Le mot accompagne souvent les armoiries de Marguerite d’Autriche, tant à Brou que sur plusieurs manuscrits et objets d’art, et apparaît en plusieurs lieux de l’église. Outre les écus losangés de l’abside, les lettres formant cette devise sont également sculptées sur la corniche couronnant les murs de l’abside sous les vitraux, au sommet du baldaquin du tombeau de l’archiduchesse, sur les consoles supportant les statues des apôtres Philippe et André dans les angles de sa chapelle, sur la corniche du lutrin monumental daté de 1532. La sentence est également peinte dans sa chapelle, sur un phylactère accompagnant le chifre ducal sur la clef de voûte centrale et autour de ses armes sur la verrière de l’Assomption. On la retrouve sur le vitrail oriental de la chapelle du Prince. On a beaucoup spéculé sur ce mot . Certains y ont lu, à tort, « Fortune, infortune, fortune » en voyant dans cette devise l’alternance de la bonne et la mauvaise fortune de Marguerite, tandis que Dagmar Eichberger en a proposé la traduction « Luck, misfortune makes one strong ». J’en conserverai la traduction la plus simple : « le destin accable beaucoup une [femme] ». Cette signification est en effet la seule attestée au XVIe siècle. Dans une apologie latine de la princesse publiée en 1532 et dédiée à son chevalier d’honneur, fidèle ami et exécuteur testamentaire Antoine de Lalaing, Cornelius Grapheus (Cornelis De Schrijver), magistrat malinois proche de la princesse puis secrétaire de la ville d’Anvers, mais aussi poète et musicien, traduit la devise par ce vers latin : « Fortis fortuna infortunat fortiter unam ». Or, cette traduction n’est pas une invention du poète de cour : elle a été ajoutée, de la propre main de la princesse semble-t-il, sur le premier feuillet du manuscrit de la Complainte de Marguerite, poème qui lui a été ofert vers 1507 par Antoine de Lalaing et qui relate sa vie et ses deuils. Au bas du folio, figure en guise d’ex-libris, sa devise en français, FORTUNE INFORTUNE FORT UNE, et en latin, Fortis fortuna infortunat fortiter unam. À la fn du XVIIe siècle, le Père Raphaël adopte une traduction proche : Fortuna infortunat valde unam, id est personam . Le verbe infortuner n’est qu’un démarquage du latin tardif et rare infortunare, passé en ancien italien avec le sens de blesser, au propre comme au figuré. Un autre poème de Jean Lemaire écrit à l’occasion de la mort de Philippe le Beau en 1506, en caractérisant Marguerite comme la « dame infortunée » et en concluant le poème par le mot de l’archiduchesse, confrme cette lecture en l’associant au deuil de son frère. Marguerite elle-même, pleurant la mort de son père dans la Complainte sur le trépas de l’empereur Maximilien, se dépeint ainsi : "Car onque à dame qui fut sur la terre Les infortunes firent tant de guerre Que font à moy triste et infortunée, Trop forte a moy ma dure destinée". C’est encore le sens que donne à la devise Corneille Agrippa, devenu archiviste et historiographe de la princesse à la fn de sa vie, dans son oraison funèbre de Marguerite, rédigée en latin. Il cite la devise en français et l’associe à la mort de Philippe le Beau : "Ainsi elle supporta avec constance et modération tous ces malheurs et ces calamités domestiques, le décès de son époux et la mort de son frère, maîtrisant et refoulant la sévérité, la douleur et la rudesse de son destin (« violentiam fortunae ») par sa grandeur d’âme, en triomphant même et se contentant de témoigner à la postérité de son sort par le mot emprunté à la langue française (« Gallico verbo ») : Fortune infortune fort une". Un rondeau de Julien Fossetier dédié à l’archiduchesse – dont il « ne fut pas l’indiciaire officiel mais l’historiographe officieux et dévoué » – développe l’idée que l’infortune révèle sa vertu et assure même son salut : Vertu en infortune apere. Qui fort soefre, il vainct infortune. Fortune infortune fort une. Mais en tous assaulx [var. : efors] de fortune Fortitude en celle prospere.  Que la vertu permette de triompher de l’infortune et des caprices du destin est également illustré par une médaille à l’effigie de Marguerite (Vienne, Kunsthistorisches Museum, Münzkabinett), qui la commanda vers 1505, et dont le revers porte la légende : VICTRIX FORTVNAE FORTISSIMA VIRTVS. La composition montre une Vertu debout, probablement la Force car elle appuie son bras sur une colonne, qui élève une couronne de la main droite. À ses pieds se voit la Fortune, renversée, tenant une couronne dans chaque main. Pour Camille Picqué, « la femme renversée, c’est la mauvaise fortune de la princesse ; les couronnes qu’elle tient sont celles de France et d’Espagne », tandis que « la troisième couronne est celle que lui offre, en 1501, Philibert de Savoie ». On ignore si Marguerite adopta ce mot dès la mort de son époux, en septembre 1504, ou bien après le décès de son frère, deux ans plus tard. Françoise Blattes-Vial observe qu’il n’est attesté qu’à l’automne 1506 et orne la page de titre du Changement de Fortune en toute prospérité de Michele Riccio, dans lequel « le juriste napolitain décline la devise que Marguerite venait d’adopter pour rédiger l’ouvrage qu’il lui destine ». On n’en connaît pas davantage l’auteur, mais peut-être a-t-il été composé par Marguerite elle-même ou par son secrétaire et historiographe Jean Lemaire de Belges. Son rédacteur pourrait s’être inspiré du curieux texte d’un autre poète de cour français, André de la Vigne, qui publie à Paris, dès 1501, Les Complaintes et Épitaphes du Roy de la Bazoche, dont le vers 30 du prologue, rédigé dans un sabir incompréhensible farci de mots latinisants, livre une formule analogue : « Rogue Fortune, [ex]orundant fort une » . L’emploi du mot FORTUNE INFORTUNE FORT UNE comme évocation des épreuves et deuils successifs que Marguerite avait traversés apparaît donc comme la seule signifcation attestée par elle-même et ses contemporains. Les autres interprétations résultent des spéculations postérieures. Pourtant, plus encore que les armoiries ou la devise au sens moderne du terme, ce qui frappe à Brou, c’est la prolifération d’emblèmes qui peuvent se répartir en trois catégories : une devise personnelle, un chiffre conjugal et une devise dynastique à laquelle s’ajoute un emblème d’alliance." (Pierre Gilles Girault 2022)

Mais on ne peut lire cette devise que comme un éloge de la détermination de Marguerite d'Autriche a surmonter ces revers de sort grâce à ses vertus, la Force, la Prudence et l'art de saisir sa chance lorsqu'elle se présente (kairos). Elle avait fait réaliser en 1505 une médaille ((Vienne, Kunsthistorisches Museum, Münzkabinett) ) représentant Fortune avec la légende VICTRIX FORTVNAE FORTISSIMA VIRTVS. La Vertu, Virtus, s'oppose au Destin et en triomphe.

 
Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

 

POURSUIVONS LA VISITE

Les présentations étant faites, je ne décrirai pas chaque motif.

Dans les vitraux de la nef.

 

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Dans la chapelle du Prince, fenêtre ouest, le blason est timbré du bonnet archiducal en forme de couronne :

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Dans le vitrail de la chapelle de Marguerite, baie 5 de l'Assomption et du Couronnement de la Vierge.

 

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

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Philibert le Beau, duc de Savoie

https://patrimoine.auvergnerhonealpes.fr/dossier/IM01000025

Le duc porte sur son armure un  tabard à ses armes de gueules à la croix d'argent. Il porte le collier d'or gravé de son motto FERT et de la cordelière en 8. On distinguera mieux ensuite le motif du médaillon: l'Annonciation.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Les blasons de Philibert le Beau et de Marguerite d'Autriche.

Armes du duc de Savoie timbré d'un heaume entouré de lambrequins et sommé d'un cimier à tête de lion ailé.

Armes de Marguerite d'Autriche  sous sa couronne , au dessus de sa devise FORTVNE INFORTVUNE FORT VNE.

 

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Sur la baie 1 du chœur, lancette inférieure : Philibert le Beau agenouillé en donateur.

 

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

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Sur la baie 0, lancette inférieure, Apparition du Christ ressuscité à la Vierge.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

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Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

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Sur la baie 2, lancette inférieure, Marguerite d'Autriche en donatrice présentée par sainte Marguerite.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

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Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

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DANS LE CHŒUR

Toute l'emblématique est rassemblée dans le chœur sous et autour des vitraux :

-le blason en losange entouré de la ceinture au dessus du phylactère portant la devise FORTVNE INFORTVNE FORT VNE

-La devise en lettres capitales découpèes dans la pierre de la console

et dans le remplage des baies :

-la croix écotée en X et le briquet de Bourgogne, 

-la palme et les marguerites.

 

 

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

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Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

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Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

SUR LE TOMBEAU DE MARGUERITE D'AUTRICHE, SUR LE JUBÉ , SUR LE RETABLE DES SEPT JOIES DE LA VIERGE DE LA CHAPELLE DE L'ASSOMPTION.

Il m'est impossible de détailler la description de ces monuments, mais tous les éléments héraldiques et emblématiques s'y retrouvent. Je me contente de quelques photos.

1. Le jubé.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

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Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

 

2. Le tombeau à deux étages de Marguerite.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

On notera le manteau constellé de larmes, comme sur les draps funéraires.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

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Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

3. Sur le tombeau de Philibert, le collier avec le motto FERT et les noeuds en 8.

 

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

4. Le retable des Sept joies de la Vierge (sculpteurs bruxellois, avant 1522).

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

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Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

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Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

DANS LE MUSÉE DU MONASTÈRE

 

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

SOURCES ET LIENS

 

—Collectif d'auteurs: 2015, Princesses et Renaissance(s),  La commande artistique de Marguerite d'Autriche et de son entourage, Colloque organisé par Laurence Ciavaldini Rivière, professeur, université Grenoble-Alpes et Magali Briat-Philippe, conservateur, responsable du service des patrimoines, monastère royal de Brou, Bourg-en-Bresse

 https://www.academia.edu/37759011/Princesses_et_Renaissance

—BARON (Françoise), 2004. Quelques dessins de la collection Hippolyte Destailleur à la Bibliothèque nationale de France. In: Bulletin dela Société Nationale des Antiquaires de France, 2004-2005, 2011. pp. 373-380;

https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_2011_num_2004_1_10955

— BLATTES-VIAL (Françoise), 2015, Le manuscrit de la Couronne margaritique de Jean Lemaire de Belges offert par Marguerite d’Autriche à Philippe le Beau en 1505 La rhétorique et l’image au service d’une princesse assimilée à la paix

https://shs.cairn.info/revue-le-moyen-age-2015-1-page-83?lang=fr

—FAGNART ( Laure) 2015, "Les entrelacs : nœuds de savoie et cordelière de Louise de Savoie" in Colloque  Princesses Et Renaissance, La commande artistique de Marguerite d’Autriche et de son entourage, Colloque scientifique international 27 et 28 février 2015, monastère royal de Brou, Bourg-en-Bresse

https://www.academia.edu/38344452/PrincessesEtRenaissanceFINAL_pdf

— FRIES (Aline) 2018, Sur l'idée de Fortuna dans l'environnement de Marguerite d'Autriche, mémoire de recherche de master université de Trèves

https://cusanus.hypotheses.org/1055

— GIRAULT (Pierre-Gilles) 2022 "L’emblématique de Marguerite d’Autriche au monastère royal de Brou : images de soi, affirmation dynastique et revendication politique à l’aube de la Renaissance" , in Devises, lettres, chiffres et couleurs : un code emblématique 1350-1550, par  Miguel Metelo de Seixas, Matteo Ferrari, Christian de Mérindol, Lea Debernardi, Johnatan Saso, et Catarina Fernandes Barreira.

https://www.academia.edu/89387114/DEVISES_LETTRES_CHIFFRES_ET_COULEURS_UN_CODE_EMBL%C3%89MATIQUE_1350_1550

—HABLOT (Laurent), FERRARI (Matteo), METEO DE SAIXAS (Miguel ), sous la direction de, 2022 Devises, lettres, chiffres et couleurs : un code emblématique 1350-1550, Colloque Lisbonne

— MÉRINDOL (Christian de), 1994, "Le décor emblématique et les vitraux armoriés du couvent de Saint-Nicolas-de-Tolentin à Brou" In: Revue française d'héraldique et de sigillographie vol. 64 (1994) p. 149-180

— MÉRINDOL (Christian de),1993, « Le couvent de Saint-Nicolas de Tolentino à Brou. Réfexions sur les églises et les chapelles à destination funéraire à la fn du Moyen Âge », Bulletin de la société nationale des Antiquaires de France, 1993, p. 140-152 ;

— ROUSSELET (révérend père Pacifique), 1767, Histoire et description de l'église royale de Brou, 1767

https://ia601300.us.archive.org/1/items/histoireetdescri00rous/histoireetdescri00rous.pdf

— TREMAYNE (ELEANOR E. ), 1908, THE FIRST GOVERNESS OF THE NETHERLANDS MARGARET OF AUSTRIA

https://www.gutenberg.org/files/38528/38528-h/38528-h.htm

 

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Published by jean-yves cordier - dans Sculptures XVIe siècle. Emblématique Devises. Inscriptions

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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