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9 mai 2017 2 09 /05 /mai /2017 16:55

Quelques azulejos du Salon de Charles Quint et de la chapelle de l'Alcazar royal de Séville par Cristobal de Augusta en 1577-1578. Deuxième partie. Le hibou — ou la chouette— harcelé par deux oiseaux. La chasse à la Chevêche depuis l'Antiquité.

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Voir les autres parties : 

 

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Voir les autres articles sur Séville :

 

– Au Musée des Beaux-Arts de Séville :

Autres articles :

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— Sur le hibou harcelé, voir :

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Lorsque je visitai, en juin 2015, l'Alcazar de Séville, j'avais encore  en tête l'article que je venais d'écrire sur la valeur emblématique du Hibou pour Joris Hoefnagel, l'exceptionnel miniaturiste et premier naturaliste au service de Ferdinand II, du duc Albert de Bavière puis de l'empereur Rodolphe II entre 1580 et 1600 : je venais de découvrir dans son œuvre le thème du hibou harcelé par les oiseaux, allégorie de l'artiste persécuté ou incompris des Ignares, avec en filigrane celle du Christ confronté aux Juifs.

Aussi, lorsque j'aperçu sur les azulejos qui ornent les soubassements du Palais Gothique de l'Alcazar et qui furent réalisés sous Philippe II vers 1577 par Cristobal de Augusta, un hibou harcelé par deux oiseaux qui tentaient de lui crever les yeux, le rapprochement de cette scène avec celles que j'avais analysé s'imposa.

Le motif se retrouvait sur de nombreux panneaux, plus ou moins bien conservés et avec des raccords entre carreaux de faïence parfois difficiles. D'ailleurs, dans l'ensemble des 589 m2 du décor de faïence du Palais Gothique, le thème de l'agressivité des animaux semblait dominer.

 

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Hibou harcelé par deux oiseaux, Cristobal de Augusta, azulejos, 1577-1578, soubassement du Palais Gothique de l'Alcazar de Séville. Photographie lavieb-aile juin 2015.

Hibou harcelé par deux oiseaux, Cristobal de Augusta, azulejos, 1577-1578, soubassement du Palais Gothique de l'Alcazar de Séville. Photographie lavieb-aile juin 2015.

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Hibou harcelé par deux oiseaux, Cristobal de Augusta, azulejos, 1577-1578, soubassement du Palais Gothique de l'Alcazar de Séville. Photographie lavieb-aile juin 2015.

Hibou harcelé par deux oiseaux, Cristobal de Augusta, azulejos, 1577-1578, soubassement du Palais Gothique de l'Alcazar de Séville. Photographie lavieb-aile juin 2015.

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Partant du principe que la différence entre les Chouettes et les Hiboux repose sur la présence d'aigrettes (souvent prises pour des oreilles) chez ces derniers, je considérais au vu des plumes hérissées en huppe sur la tête des Rapaces ici représentés qu'il s'agissait de hiboux. 

La couleur jaune des yeux était compatible avec cette piste et j'avais le choix entre Grand-duc, Moyen-duc et Petit-duc.

Mais l'artiste n'avait aucun souci de l'exactitude naturaliste de ses animaux (tout le contraire de Hoefnagel), comme le montrait soit l'allure des oiseaux persécuteurs  (un échassier doté d'une plume en coquille d'escargot et un improbable colibri dépourvu de queue), soit celle des libellules, des canards (semblables à des perroquets) et des hérons qui occupaient le panneau. Nous étions dans le monde semi-onirique et semi-fantastique des grotesques, où triomphait madame Imaginacion. Scènes de chasse et de prédation qui ont été signalées sur une frise gallo-romaine du Puy. 

N.B : B. Ducos a observé cette scène de la chouette harcelée sur la fameuse fresque de Raphaël Les Amours de Psyché du palais de la Farnésine.

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J'avais mis ces images de coté, lorsque je reçus il y a quelques jours le numéro 105 de l'illustrissime revue La Hulotte, dessinée et rédigée par Pierre Déom. Sous le titre de La petite Chouette, il était consacré à la  Chevêche, Athene noctua (Scopoli, 1769). Une chouette à la tête arrondie, de la taille d'un merle, et aux yeux jaunes.

Or, j'appris à la page 12, sous le titre "La manif des oiseaux" , que :

 "Le soir, si la chevêche a le malheur de sortir un peu trop tôt, elle risque de se retrouver dans un chahut pas possible. Sitôt qu'ils l'aperçoivent, les passereaux se mettent à l'invectiver. Ils s'approchent d'elles et la houspillent en poussant des cris d'alarme. Certains font même mine de se précipiter sur elle — en prenant quand même garde à leurs plumes, car un coup de griffe est vite arrivé. Depuis la pie jusqu'au minuscule troglodyte, en passant par la mésange bleue, le merle, le pic-épeiche, tout le monde se croit autorisé à venir lui balancer des horreurs. Sous les huées, la petite Chouette reste impassible. Elle attend que tous ces casse-pieds se fatiguent et se décident à aller dormir, car la nuit tombe. Lorsqu'elle prend son bain de soleil en plein après-midi, même tapage : alors, parfois, la Chevêche en a marre. Elle s'envole de son perchoir et va se réfugier dans son trou".

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Sur la même page, l'auteur décrivait aussi l'utilisation de ce comportement par les chasseurs, "depuis plus de 23 siècles" (au 2e ou 3e siècle avant J.C ? pendant la République romaine et la période hellénistique ?) : ils plaçaient une Chevêche apprivoisée sur un piquet et lorsque des alouettes passaient dans le ciel, ils tiraient sur une corde pour obliger leur prisonnière à battre des ailes. Les oiseaux descendaient invectiver le rapace, sans voir les chasseurs cachés dans une hutte, et leurs filets.

Ce comportement était-il propre à cette espèce ? L'artiste de l'Alcazar avait-il doté d'une crête iroquoise une brave Chevêche ? J'ai voulu en savoir davantage.

Témoignages de la chasse à la chevêche.

Le Catalogue des espèces du genre Strix, publié à la suite de la thèse de Charles Naudin soutenue en 1842 sur la végétation des Solanées, me donna une première description en note de la description de Strix passerina Linn. qui est l'ancien nom d'Athene noctua, notre Chevêche) :

"Pour faire cette chasse, un homme se blottit sous un panier assez vaste pour le cacher entièrement, tout en lui laissant la liberté de se mouvoir. La chevêche est attachée en dehors sur un perchoir d'un demi mètre de long, fixé horizontalement à la partie supérieure du panier, et disposé de manière que l'homme peut, du dedans, lui imprimer à volonté divers mouvements qui forcent la chevêche à s'agiter et à battre des ailes. A une petite distance du point où ce perchoir pénètre dans le panier, se trouve une ouverture de la grandeur de la main par la par laquelle le chasseur fait passer les deux branches entrouvertes d'une longue pince de bois qu'il tient à la main et qu'il peut fermer au besoin. Lorsque les oiseaux ont été attirés par la vue de leur ennemie, ils se posent pour la harceler, sur l'une des branches de la pince qui leur offre un point d'appui commode ; mais celle-ci venant à se fermer brusquement, ils se trouvent saisis par les pattes et deviennent aisément la proie du chasseur."

On retrouve cette pratique sous la plume de Jacques Henri Fabre , dans ses Éléments de zoologie de 1882 page 244

 

" La Chouette commune ou Chevêche a la grosseur du geai, mais elle est beaucoup plus courte, plus ramassée. Son plumage est brun avec des taches blanches, rondes ou ovales. Pour exprimer l'étonnement, la surprise, la crainte, elle fléchit les jambes, s'accroupit, puis se redresse brusquement en allongeant le cou et tournant la tête tantôt à droite, tantôt à gauche. On la dirait poussée par un ressort. Ce geste se répète coup sur coup à plusieurs reprises, chaque fois accompagné d'un claquement de bec. C'est la chouette qui autrefois était utilisée dans la chasse à la pipée. A la vue de l'oiseau de nuit, à son cri, les oisillon du voisinage accouraient pour harceler l'ennemi abhorré, et étaient pris aux gluaux. Dans le midi s'utilise toujours cette singulière antipathie : l'alouette est attirée sous le plomb du chasseur, encore mieux par la présence de la chouette lancée en l'air que par le scintillement du miroir. "

Cette description m'indique que la technique se nomme "chasse à la pipée". Mais la chevêche capturée peut être remplacée par son seul cri, ou par une imitation de celui-ci, comme le décrit J.B. Noulet dans la  Mosaïque du Midi, dans un numéro de 1840, juste à la suite de sa description de la Chevêche :

 

"Les oiseaux diurnes ont une antipathie naturelle, instinctive, contre les oiseaux de nuit, qui sont leurs plus cruels ennemis; aussi, s'il arrive que l'un de ces derniers quitte son repaire pendant le jour, il est bientôt entouré d'une nuée d'oiseaux , qui arrivent de toute part et l'entourent comme pour jouir de son embarras, l'éclat de la lumière le forçant à prendre une attitude embarrassée et grotesque ; enfin, assailli au milieu des cris divers de cette multitude courroucée, il finit par payer de la vie son imprudence ; ce n'est plus le tyran de la nuit, avide de sang , portant partout l' effroi et le carnage, c'est une victime laissée sans défense.

"La connaissance de ce fait singulier a donné l'idée de la chasse qu'on nomme pipée. On sait que la pipée consiste à faire choix d'un arbre de médiocre élévation, dans des bois de haute futaie, à portée d'un taillis de deux ou trois ans : on abat les branches les plus proches du tronc qui paraissent superflues; on n'en conserve qu'une certaine quantité que l'on dépouille de leurs rameaux jusques vers leur extrémité, ayant le |plus grand soin de laisser à cet arbre la tête de verdure la plus touffue que l'on a pu trouver. Il faut aussi autant qu'il est possible , que les branches que l'on conserve ne soient point placées dans une position perpendiculaire les unes au-dessus des autres; mais, dans leur trajet d'élévation , les supérieures doivent coïncider avec les vides qui se trouvent entre les inférieures. On fait de distance en distance, d'avant en arrière, sur les branches que l'on a dépouillées de leurs rameaux, des entailles, dans lesquelles on place une petite branche d'osier , à laquelle on a donné le nom de gluau , parce qu'effectivement elle est enduite de glu dans toute son étendue , jusqu'à un décimètre prés de son plus gros bout : on incline ces gluaux le plus près possible les uns sur les autres, et on en garnit ainsi tout l'arbre.

"Lorsque l'arbre est ainsi préparé et tendu, on élève une petite loge au bas du tronc. Cette loge n'est autre chose que quelques branches de verdure que l'on a amoncelées de manière à pouvoir se tenir dessous le moins incommodément possible: on y ménage quelques ouvertures, afin de ramasser, sans en sortir, avec un petit râteau de bois, les oiseaux qui, après s'être englués sur l'arbre, tombent tout autour et souvent sur la loge.

"On ne doit jamais commencer cette chasse qu'une heure au plus tôt avant le coucher du soleil ; et ce n'est que quand cet astre a disparu de dessus l' horizon , que l'on contrefait la voix de la chouette. C'est à ce moment que les merles , les grives, les geais, les pies, et la nombreuse tribu de becfins, etc. , accourent en foule pour harceler l'oiseau de nuit qu'ils croient entendre, et que, dans leurs diverses évolutions, que leur colère anime, ils se prennent sur l'arbre : lorsque l'on tient l'un d'eux et surtout un geai, qu'on fait crier, tous les autres accourent avec une sorte d'acharnement et de fureur, parce qu'ils croient qu'il est tombé dans les serres de la chouette ; ils vont et viennent en foule, ils crient a tue-tète, s'élancent étourdîment sur les gluaux et en tombant poussent de nouveaux cris, qui attirent vers ce lieu tous leurs semblables. J.-B. Noulet, La Mosaïque du Midi 1840, p. 21.

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Constant Duméril (Elémens des sciences naturelles, Volume 2 page 1133), en 1830, m'apprend qu'on utilise pour imiter ce chant "en frouant, à l'aide de certains instruments ou d'une feuille de graminée". Le verbe "Frouer", dérivé de l'onomatopée frou, désigne spécifiquement l'action de contrefaire, par un pipeur, le chant de la chouette : 

"le Pipeur commence à frouer, ce qu’il fait en soufflant dans une feuille de lierre, à laquelle on fait un petit trou, en levant le côté du milieu assez près de la queue, ce qui fait le cri d’un petit oiseau, qui appelle les autres à son secours : il y a encore diverse manières de frouer. Aussitôt qu’on a froué, plusieurs oiseaux, comme des rouges-gorges, viennent se prendre." — (L’Agronome ou dictionnaire portatif du cultivateur, Rouen, 1787)

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Ceux qui préfèrent le style de Buffon liront le passage suivant de son Histoire naturelle .

 

"Les yeux de ces oiseaux sont d’une sensibilité si grande, qu’ils paroissent être éblouis par la clarté du jour, et entièrement offusqués par les rayons du soleil : il leur faut une lumière plus douce, telle que celle de l’aurore naissante ou du crépuscule tombant ; c’est alors qu’ils sortent de leurs retraites pour chasser, ou plutôt pour chercher leur proie, et ils font cette quête avec grand avantage ; car ils trouvent dans ce temps les autres oiseaux et les petits animaux endormis, ou prêts à l’être : les nuits où la lune brille sont pour eux les beaux jours, les jours de plaisir, les jours d’abondance, pendant lesquels ils chassent plusieurs heures de suite, et se pourvoient d’amples provisions : les nuits où la lune fait défaut sont beaucoup moins heureuses ; ils n’ont guère qu’une heure le soir et une heure le matin pour chercher leur subsistance ; car il ne faut pas croire que la vue de ces oiseaux qui s’exerce si parfaitement à une foible lumière, puisse se passer de toute lumière, et qu’elle perce en effet dans l’obscurité la plus profonde ; dès que la nuit est bien close, ils cessent de voir, et ne diffèrent pas à cet égard des autres animaux, tels que les lièvres, les loups, les cerfs, qui sortent le soir des bois pour repaître ou chasser pendant la nuit : seulement ces animaux voient encore mieux le jour que la nuit ; au lieu que la vue des oiseaux nocturnes est si fort offusquée pendant le jour, qu’ils sont obligés de se tenir dans le même lieu sans bouger, et que quand on les force à en sortir, ils ne peuvent faire que de très-petites courses, des vols courts et lents, de peur de se heurter ; les autres oiseaux qui s’aperçoivent de leur crainte ou de la gêne de leur situation, viennent à l’envi les insulter : les mézanges, les pinçons, les rouge-gorges, les merles, les geais, les grives, etc. arrivent à la file : l’oiseau de nuit perché sur une branche, immobile, étonné, entend leurs mouvemens, leurs cris qui redoublent sans cesse, parce qu’il n’y répond que par des gestes-bas, en tournant sa tête, ses yeux et son corps d’un air ridicule ; il se laisse même assaillir et frapper, sans se défendre ; les plus petits, les plus foibles de ses ennemis sont les plus ardens à le tourmenter, les plus opiniâtres à le huer : c’est sur cette espèce de jeu de moquerie ou d’antipathie naturelle, qu’est fondé le petit art de la pipée ; il suffit de placer un oiseau nocturne, ou même d’en contrefaire la voix, pour faire arriver les oiseaux à l’endroit où l’on a tendu les gluaux : il faut s’y prendre une heure avant la fin du jour, pour que cette chasse soit heureuse ; car si l’on attend plus tard, ces mêmes petits oiseaux qui viennent pendant le jour provoquer l’oiseau de nuit, avec autant d’audace que d’opiniâtreté, le fuient et le redoutent dès que l’obscurité lui permet de se mettre en mouvement, et de déployer ses facultés." Buffon, Histoire naturelle, Tome XVI. Les Oiseaux. Les oiseaux de proie nocturne. 1770.

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La description la plus précise, la plus amusante et la mieux illustrée de la pipée  est celle Noël Chomel (1633-1712) dans son Dictionnaire oeconomique de 1708 et ses nombreuses rééditions. Mais elle est un peu longuette et je l'ai réservée à la troisième partie de cet article. Notons qu'alors, vers 1708, la chevêche passe pour la femelle du hibou, ce qui coupe court à toutes les supputations naturalistes sur les illustrations qui précèdent, et notamment sur le panneau d'azulejos de l'Alcazar.

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Comme le signalait la revue La Hulotte, cette espèce de chasse était connue des Anciens ; car vers 343 av. J.C,  Aristote l’indique clairement dans les termes suivants dans le Livre IX, chap. II, § 5 de son Histoire des animaux :

Καὶ γλαὺξ δὲ καὶ ὄρχιλος πολέμια· τὰ γὰρ ᾠὰ κατεσθίει καὶ οὗτος τῆς γλαυκός. Τῆς δ´ ἡμέρας καὶ τὰ ἄλλα ὀρνίθια τὴν γλαῦκα περιπέταται, ὃ καλεῖται θαυμάζειν, καὶ προσπετόμενα τίλλουσιν· διὸ οἱ ὀρνιθοθῆραι θηρεύουσιν αὐτῇ παντοδαπὰ ὀρνίθια.

Ou pour les latinistes :

 Die cæteræ aviculæ omnes noctuam circumvolant, quod mirari vocatur, advolantesque percutiunt. Qua propter eâ constitutâ avicularum genera et varia multa capiunt.   

Autrement dit : 

"Dans le jour, tous les petits oiseaux volent autour de la chouette; et l'on dit que c'est pour l'admirer; mais en volant autour d'elle, ils lui arrachent les plumes; aussi, les oiseleurs prennent-ils les petits oiseaux de toute espèce au moyen de la chouette, qui les attire."

Un peu plus près de nous, Pline l'Ancien rapportera ceci :

"Les Noctua [Chevêches] soutiennent avec adresse les attaques des oiseaux : entourées par une foule trop nombreuse, elles se couchent sur le dos, se défendent avec leurs pattes, et, se ramassant, protègent toutes les parties de leur corps avec le bec et les ongles. " Pline, Histoire naturelle, Livre X chap. XIX

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Après ce passage long comme un jour sans pain, il vous faudrait quelques images, non ?

Passons donc à l'iconographie de la Chouette harcelée.

Je débuterai par le folio 55 du Pontifical d'Antoine de Chalon, Bibliothèque Municipale d'Autun BM 0129 peint par le Maître des prélats bourguignons. En marge de l'enluminure montrant la bénédiction de cloches, en relation avec le texte De benedictione signi seu campane, dans le coin supérieur droit, une chouette est harcelée par trois petits oiseaux (dont des hirondelles ?).

Puisqu'il s'agit de marginalia, nous ne pouvons pas y attribuer une intention allégorique, mais seulement constater que la scène du harcélement est bien connue des enlumineurs.

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Chouette harcelée par trois oiseaux dont une pie.

Dans le même ordre, voici la lettrine d'un manuscrit londonien de la fin du XIIe siècle. Source : Eule, Rdklabor.de VI, 271, fig.4. ou mieux http://bestiary.ca/beasts/beast245.htm

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British Library, Harley MS 4751, Folio 47r. Source : http://bestiary.ca/beasts/beast245.htm

British Library, Harley MS 4751, Folio 47r. Source : http://bestiary.ca/beasts/beast245.htm

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Hibou harcelé par quatre oiseaux.

La gravure attribuée à Dürer et datée vers 1515 porte le titre de Eule, von Vögeln angegriffen. Elle montre la même scène, mais il ne s'agit plus de marginalia ou de lettrine, et la scène du Hibou harcelé par quatre oiseaux est devenu le sujet principal, et fait l'objet d'une gravure. D'autre part, la banderole dessinée au dessus de l'oiseau nocturne est destiné à une inscription qui donne à la scène une visée allégorique. La voici :  Der Eülen seyndt alle Vögel neydig und gram . Elle peut se traduire par "Le Hibou . tous les oiseaux envieux et tourmentés."

J'ai étudié cette gravure dans mon article de mars 2015 sur ce thème. J'y renvoie puisqu'il renferme déjà plusieurs exemples iconographiques.

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Dürer, Eule, von Vögeln angegriffen, vers 1515. http://www.zeno.org/Kunstwerke/B/D%C3%BCrer,+Albrecht+%28Schule%29%3A+Eule,+von+V%C3%B6geln+angegriffen

Dürer, Eule, von Vögeln angegriffen, vers 1515. http://www.zeno.org/Kunstwerke/B/D%C3%BCrer,+Albrecht+%28Schule%29%3A+Eule,+von+V%C3%B6geln+angegriffen

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Il reste à étudier l'iconographie concernant la chasse ayant recours à la Chevêche, ou, plus largement, la chasse à la pipée sur le double aspect de sa technique cynégétique, et de ses significations allégoriques. Ce sera l'objet de mon troisième article de cette série.

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SOURCES ET LIENS.

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— DÉOM (Pierre), 2017, La petite chouette, numéro consacré à la Chevèche. La Hulotte, n° 105, Boult-aux-Bois

— Maria Angels Roque, La cigogne et la chouette en Castille: Symboles de vie et de mort, Ethnologie française nouvelle serie, T. 19, No. 4, Mélanges (Octobre-Décembre 1989), pp. 371-381,  Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40989147

Heinrich Schwarz et Volker Plagemann (1970)  Site LABOR RDK http://www.rdklabor.de/wiki/Eule

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Published by jean-yves cordier - dans Séville Chouette
9 mai 2017 2 09 /05 /mai /2017 16:55

Quelques azulejos du Salon de Charles Quint et de la chapelle de l'Alcazar royal de Séville par Cristobal de Augusta en 1577-1578. Première partie.

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Ce premier article servira d'introduction à la Deuxième partie qui étudiera le motif du hibou harcelé par les oiseaux. Je n'en dis pas plus !

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Voir les autres articles sur Séville :

 

– Au Musée des Beaux-Arts de Séville :

Autres articles :

 

 

 

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PRÉSENTATION.

Le palais Gothique de l'Alcazar, édifié par Alphonse X (1252-1284) fut réaménagé par Charles Quint, qui conserva les voûtes rythmées d'ogives du rez-de-chaussée tout en faisant percer les mûrs de larges baies. Il comporte la Chapelle, la salle des Célébrations, et la salle des Tapisseries.

  Le soubassement des murs a été décoré de carreaux de faïences ou azulejos de style Renaissance réalisés pour les plus remarquables ont été  réalisés vers 1577-1578 par le céramiste sicilien (ou né à Estella, Navarre)  Cristóbal de Augusta pendant le règne de Philippe II, sur une surface de 589 mètres carrés dans la Salle des Célébrations (ou salle des Voûtes, salle des Fêtes, Hall de Charles V) et de la Chapelle.  L’œuvre rend hommage à Charles Quint et son épouse Isabelle de Portugal, dont le banquet des noces  se déroula très probablement ici le 10 mars 1526.

 Ces carreaux de céramique stannifère ont été considérés comme les plus importants du genre existant en Espagne, associant un décor de fleurs , d' oiseaux, d'animaux fantastiques et de masques. Ils sont en partie attribués à Cristóbal de Augusta, d'une part car  Augusta apparaît fréquemment dans les dépenses du Palais comme « maître de la fabrication et des tuiles de fabrication Pisane » (dans un document de date du 9 Mars 1577, il engage à ne pas à effectuer d'autres travaux pendant la période des travaux), mais aussi car certains panneaux de personnages mythologiques ou allégoriques portent les signatures AVGSTA, AVS, dont il ne reste parfois que le A.

Je n'aurai pas la prétention de montrer l'ensemble des panneaux, et j'emprunte au site Wikipédia les photos attribuables à ANUAL qui donnent une idée de leur superficie :

La Chapelle

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La "Salle des Voûtes (Sala de las Bóvedas ) ou plutôt Salle des Tapisseries:

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Anual - image sur Wikipédia https://es.wikipedia.org/wiki/Cer%C3%A1mica_sevillana

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Néanmoins, comme les panneaux sont répétés plusieurs fois, quelques images suffiront à rendre compte d'une bonne part de l'ensemble. On pourra consulter le lien http://www.retabloceramico.net/bio_augustacritobalde.htm pour la biographie de Cristóbal de Augusta et des clichés complémentaires.

Description.

Les murs sont recouverts jusqu’à mi-hauteur par de très beaux azulejos bleu et verts sur fond jaune d’or,  formés d’arabesques végétales et des animaux qui se terminent parfois par des figures fantastiques. Ce type de motifs, appelé grotesques, très à la mode durant la Renaissance, s’inspiraient en grande partie de peintures décoratives de la Maison Dorée de Néron qui fut découverte à Rome à la fin du 15ème siècle et qu’elle était à moitié enterrée, ressemblant à une grotte. D’où le nom de "grotesque".

Brève histoire de la céramique Renaissance à Séville.

La production de céramique à Séville a été très variée, localisée depuis l' époque romaine dans le quartier de Triana, et consolidée au cours de la période musulmane. Jusque-là, les carreaux hispano-mauresques  étaient recoupés, les couleurs vives étaient appliquées en à-plats  pour chaque pièce d'un puzzle constituant le carreau, formant des motifs géométriques non figuratifs.  Au début de la Renaissance , à la fin du XVe siècle, et sous l'influence de la majolique italienne, se produisent des changements fondamentaux pour l'évolution de l'azulejo. Les faïenciers — la ville de Faenza, centre de production important, donnant le mot « faïence » en français — utilisèrent alors une glaçure, c’est-à-dire une sorte de pâte à base d’étain, qui leur permettait de peindre comme sur un tableau des motifs de différentes couleurs sur des plats ou vases de terre cuite émaillés, puis sur des carreaux avec des décors colorés très élaborés : rinceaux, personnages, grotesques. La palette de bleu, jaune clair, jaune foncé, vert, brun, blanc, noir, violet est déclinée en introduisant les dégradés.  On passe ainsi d'une production artisanale, basée sur une répétition quasi-industrielle, à une création artistique, produisant de grands panneaux décorés, présentant des scènes figuratives et narratives trouvant leur sources érudites dans les recueils de gravures et les œuvres picturales. Ainsi, il a été montré que La Grande Prostituée, panneau de carreaux de faïence de Cristobal de Augusta. Séville, circa 1575 au monastère de la Mère de Dieu de Séville s'inspire de La Grande Prostituée, trouvée dans Figures du Nouveau Testament, publié à Lyon par Jean de Tournes en 1554.

Il vint alors à Séville plusieurs potiers étrangers, sans-doute attirés par le prestige et la richesse  dont bénéficiait la ville depuis la découverte de l'Amérique,  qui y enseignaient le nouvel art céramique, dont l' un des plus importants fut l'artiste italien Francisco Niculoso Pisano ( Pise , XVe siècle - Séville , 1529) qui s'installa dans la ville vers 1498.  On lui doit  l'introduction en Espagne des décors de grotesques récemment popularisés par Raphaël. Plusieurs de ses œuvres sont toujours en place, tels le retable de la chapelle de l'Alcazar de Séville (1504).

Cristobal de Augusta,(actif de 1569 à 84), né à Estella (Navarre), était depuis 1569 le gendre du faïencier Roque Hernandez. Il se révéla comme le grand peintre en azulejos. 

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I. PANNEAU AUX FONTAINES ET AUX CERFS.

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On le rencontre sur le mur à gauche de l'autel de la Chapelle, et dans la Salle des Célébrations. Il est encadré par des vases encadrés par deux lapins. Deux frises supérieures et inférieures font courir des alternances de putti, de masques et d'oiseaux en haut, et de rinceaux en bas. La bande la plus haute est ornée de couronnes royales parmi des arabesques.

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Panneau à la fontaine aux cerfs par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Salon de Charles Quint  de l'Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Panneau à la fontaine aux cerfs par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Salon de Charles Quint de l'Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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Les encadrements.

Vase au masque et aux lapins.

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Panneau à la fontaine aux cerfs par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Salon de Charles Quint de l'Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Panneau à la fontaine aux cerfs par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Salon de Charles Quint de l'Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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Panneau à la fontaine aux cerfs par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Salon de Charles Quint  de l'Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Panneau à la fontaine aux cerfs par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Salon de Charles Quint de l'Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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Frise de putti menacés par des serpents.

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Panneau à la fontaine aux cerfs par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Salon de Charles Quint de l'Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Panneau à la fontaine aux cerfs par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Salon de Charles Quint de l'Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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Lion couronné tenant dans sa gueule des tiges florales.

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Panneau à la fontaine aux cerfs par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Salon de Charles Quint de l'Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Panneau à la fontaine aux cerfs par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Salon de Charles Quint de l'Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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Le même panneau aux cerfs dans la Chapelle.

Profitons-en pour le décrire. Au centre, un entrelacs bleu renferme deux oiseaux picorant de leur bec acéré le mamelon d'un buste ailé.

Cette arabesque bleue forme plus haut un trépied qui reçoit un couple de chimères, dont le nez est mordu par des oiseaux. 

Chaque chimère tient un ruban auquel pend un bouquet floral dans un vase. Deux lapins (des lièvres si vous voulez) tiennent les rubans inférieurs.

Une fontaine laisse écouler l'eau des deux étages de ses jets dans sa vasque, gardée par deux cerfs couchés,  aux bois généreux.

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Panneau à la fontaine aux cerfs par Cristobal de Augusta en 1577-1578, chapelle de l'Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Panneau à la fontaine aux cerfs par Cristobal de Augusta en 1577-1578, chapelle de l'Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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Panneau à la fontaine aux cerfs par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Panneau à la fontaine aux cerfs par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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Même dessin ailleurs, avec des couleurs différentes (cerfs, lapins) :

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Panneau à la fontaine aux cerfs par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Panneau à la fontaine aux cerfs par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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La fontaine aux cerfs.

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Panneau à la fontaine aux cerfs par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Panneau à la fontaine aux cerfs par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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Le buste picoré par les oiseaux.

 

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Panneau à la fontaine aux cerfs par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Panneau à la fontaine aux cerfs par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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Panneau à la fontaine aux cerfs par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Panneau à la fontaine aux cerfs par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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II. PANNEAU AUX HIBOUS, PERROQUETS  ET HÉRONS.

1. Encadrements.

Les encadrements supérieurs et latéraux sont les mêmes que précédemment. En bas, une frise oppose un griffon à la langue en fer de lance et un lion mordant un serpent. Entre les queues enchaînées des lions se lit la date 1577.

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Frise inférieure,  Panneau aux chouettes, escargots, perroquets et hérons par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015. Emprunt au site https://www.bluffton.edu/homepages/facstaff/sullivanm/spain/seville/alcazar/alcazar9.html
Frise inférieure,  Panneau aux chouettes, escargots, perroquets et hérons par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015. Emprunt au site https://www.bluffton.edu/homepages/facstaff/sullivanm/spain/seville/alcazar/alcazar9.html

Frise inférieure, Panneau aux chouettes, escargots, perroquets et hérons par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015. Emprunt au site https://www.bluffton.edu/homepages/facstaff/sullivanm/spain/seville/alcazar/alcazar9.html

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Sur ce panneau, l'artiste a représenté :

– dans le registre supérieur deux hibous dont les yeux jaunes sont menacés par le bec pointu de deux oiseaux dont un échassier. Puis viennent en dessous deux lampes à huile attirant des libellules.

– dans le registre médian, deux escargots grimpent sur les arabesques des rinceaux. Deux "perroquets" à bec plat (peut-être des canards souchets, mais l'exactitude naturaliste n'est pas de mise ici) saisissent la tige terminale d'une guirlande de fruits.

– dans le registre inférieur, deux hérons prennent leur déjeuner sous la forme d'un poisson (ou serpent) ailé.

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Panneau aux hibous, escargots, perroquets et hérons par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Panneau aux hibous, escargots, perroquets et hérons par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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Le registre supérieur : les deux hibous harcelés.

Je rappelle que ce motif sera étudié dans la deuxième partie de mon article.

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Panneau aux hibous, escargots, perroquets et hérons par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Panneau aux hibous, escargots, perroquets et hérons par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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Le registre médian et le registre inférieur. Escargots, "perroquets" et hérons gourmands.

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Panneau aux hibous, escargots, perroquets et hérons par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Panneau aux hibous, escargots, perroquets et hérons par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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III. PANNEAU AUX RINCEAUX ET ENTRELACS.

 

Les azulejos du Salon de Charles Quint de l'Alcazar royal de Séville. Première partie.

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IV. PANNEAU AUX MÉDAILLONS ROYAUX.

Ces médaillons représentent sur fond bleu les profils de Charles Quint et de son épouse, Isabelle du Portugal.

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Panneau aux médaillons de Charles Quint et d'Isabelle du Portugal, par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Panneau aux médaillons de Charles Quint et d'Isabelle du Portugal, par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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Le modèle de ces portraits pourrait être une médaille biface par Leone Leoni :

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 médaillon d'Isabelle du Portugal, par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

médaillon d'Isabelle du Portugal, par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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Le modèle de Charles Quint pourrait être son portrait à cheval à Mühlberg par Titien (1548) :

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Médaillon de Charles Quint  par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Médaillon de Charles Quint par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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Bandeau emblématique.

Dans le bandeau supérieur, nous pouvons observer les blasons de Charles Quint en alternance : c’est-à-dire les 2 colonnes d’Hercule avec la devise PLVS VLTRA « plus oultre », les armes de Bourgogne bandé d'or et d'azur, bordé de gueules, et les armes de la maison d'Aragon d'or aux quatre pals de gueules .

Devise PLVS VLTRA « plus oultre », armes de Bourgogne et  armes de la maison d'Aragon, par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Devise PLVS VLTRA « plus oultre », armes de Bourgogne et armes de la maison d'Aragon, par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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Ailleurs, on trouve le blason de la Castille et du Léon avec le lion, celui de la Navarre avec les chaînes).

Les écus sont présentés par deux femmes, l'une tenant une épée et l'autre un pichet d'étain. Le collier de la Toison d'or, aux maillons en forme de briquets, entoure les écus.

 

Ecu aux armes du Léon par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Ecu aux armes du Léon par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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Devise PLVS VLTRA entre les Colonnes d'Hercule (détroit de Gibraltar).

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Devise PLVS VLTRA entre les Colonnes d'Hercule  par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Devise PLVS VLTRA entre les Colonnes d'Hercule par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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V. LES PANNEAUX LATÉRAUX À PERSONNAGES MYTHOLOGIQUES ET ALLÉGORIQUES.

De nombreux panneaux sont encadrés par des éléments verticaux représentant des personnages ; certains portent des noms, des dates, ou la signature d'Augusta. 

 

1°) Protée : PROTEO.

Protée, divinité marine assujetti à Poseïdon (Neptune), est connu comme un vieillard prophétique, ou pour sa capacité d'adopter toutes les  formes possibles. Il est décrit ainsi par Ovide dans le Livre VIII des Métamorphoses :

«Il est des corps qui, métamorphosés une fois, conservent à jamais leur nouvelle forme ; mais il en est d'autres qui ont reçu du ciel le privilège de se transformer à leur gré. C'est le vôtre, divin Protée, habitant de la mer dont les bras entourent le monde : on vous a vu prendre tantôt la forme d'un jeune homme, tantôt celle d'un lion ou d'un sanglier furieux ; on vous a vu couvert de la peau d'un serpent qu'on aurait eu horreur de toucher, ou bien, armé des cornes d'un taureau ; vous devenez tour à tour arbre et rocher ; tantôt, empruntant la liquide transparence des eaux, vous vous changez en fleuve, et tantôt vous êtes la flamme ennemie de l'onde."

L'artiste le peint ici avec un visage barbu, des bras en trompes cornues, le buste musclé vêtu d'une cuirasse romaine, et les jambes comme deux serpents ou monstres marins écailleux, dotés d'ailes ou nageoires épineuses. 

Il pourrait résumer le monde baroque, fait de chimères et d'impermanence des formes ou des points de vue.

Le dessin peut trouver l'une de ses sources dans les Emblemata d'Alciat (1551) page 196 (édition lyonnaise par Mathias Bonhomme) dont la gravure est accompagnée de l'épigramme suivant:

"Vieillard de Pallène, ô Protée, à l'air histrionique / Qui a tantôt corps d'homme et tantôt d'animal / Dis-moi quel raison te fait prendre tous les aspects / Et tant varier que tu n'as pas forme assurée ?  / — J'exhibe de l'antique et du premier âge les signes / Sur quoi chacun rêve selon sa fantaisie"

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Protée, par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Protée, par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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Protée, par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Protée, par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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2°) Metra, METRA.

Ce personnage a parfois été identifié comme le dieu Mithra, mais ce n'est autre que Metra, fille d'Érysichthon. Pour s'en convaincre, il suffit d'apprendre que sa légende est décrite par Ovide dans le Livre VIII des Métamorphoses juste après le passage consacré à Protée. Et e comprendre que cette Metra est elle aussi, comme Protée, capable de se transformer en diverses formes pour tenter d'échapper à la voracité insatiable de son père. 

Le personnage peint ici n'a guère de traits féminins, et se présente plutôt comme une version juvénile de Protée ; seule la tête diffère, mais le buste et le corps anguilliforme sont identiques au panneau ci-dessus.

L'artiste, ou son commanditaire, a donc représenté deux sortes d'allégories de l'insaisissable et du mouvant

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Metra, par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Metra, par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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3°) Autres figures analogues (avatars des deux précédents ?). 

D'autres panneaux représentent le sosie de Metra, mais sans la nommer. L'un d'entre eux porte la date de 1578.

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Metra, par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.
Metra, par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Metra, par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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4°) Pensée et Imagination.

Deux autres panneaux représentent Pensamiento, la Pensée, et Imaginacio, l'Imagination. Il est évident que l'association de ces deux entités complète parfaitement, par le champ des métamorphoses du mental et des images, les deux divinités de Protée et de Metra.

a) Pensamiento (la Pensée).

Pensamiento est une figure engainée et ailée, barbue, âgée, dont la main désigne un panier plein de boules rondes et blanches (pièces ? œufs ?).

Chronogramme 1578.

 

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Pensamiento, photo Anual sur Wikimédia https://es.wikipedia.org/wiki/Cer%C3%A1mica_sevillana#/media/File:Azulejos_001.jpg

Pensamiento, photo Anual sur Wikimédia https://es.wikipedia.org/wiki/Cer%C3%A1mica_sevillana#/media/File:Azulejos_001.jpg

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b) Imaginacion.

Il s'agit encore d'une figure engainée, mais ici féminine, souriante, dont les bras ornés de bracelets sont croisés sur le ventre. Le chronogramme est aussi de 1578.

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Imaginacion, par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Imaginacion, par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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5°) Autres personnages.

Nous avons encore affaire à des gaines ou termes. Le premier est assez identique à Pensamiento. 

Pensamiento ? par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Pensamiento ? par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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Autre figure engainée, par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Autre figure engainée, par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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Autre figure engainée, par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Autre figure engainée, par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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Autre figure engainée, par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Autre figure engainée, par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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Autre figure engainée, par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Autre figure engainée, par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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Pomone ?  par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Pomone ? par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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VI. CINQ  AUTRES PETITS DÉTAILS.

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Azulejos par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Azulejos par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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Azulejos par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Azulejos par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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Azulejos par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Azulejos par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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Azulejos par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Azulejos par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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Azulejos par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

Azulejos par Cristobal de Augusta en 1577-1578, Alcazar royal de Séville . Photographie lavieb-aile 2015.

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SOURCES ET LIENS.

http://azulejos.fr/

— PLEGUEZUELO (Alfonso), 2013, « Un palacio de azulejos », Apuntes del Alcázar, no 14,‎ 2013, p. 216-232 (ISSN 1578-0619)

— BOS, (Cornelis et Metsys) (1506?-1556) : gravures de style grotesque :

http://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/item/19126-redirection

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Published by jean-yves cordier - dans Séville
8 mai 2017 1 08 /05 /mai /2017 22:23

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Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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Datation.

Si on en croit une inscription d'une pierre actuellement posée sur la pelouse de l'ancien Doyenné, et portant le texte C...E CROIX FVST FAICTE EN LA MV. XL. III "Cette croix fut faite en l'an 1443", et si on relie, comme le propose E. Le Seac'h,  ce vestige au calvaire, on le date de 1443. Une reconstitution en a été proposée en 1896 par De Lorme, avec un socle hexagonal encadré de fins contreforts qui se terminaient en pinacles pyramidés, et des arcs boutants qui les reliaient au fût central. Des statues étaient disposées entre eux. 

Alain de Coëtivy, identifié au personnage agenouillé et portant un chapeau de cardinal,  est traditionnellement considéré comme le donateur du calvaire. Pourtant, il n'a été nommé cardinal que le 16 décembre 1446, et n'accéda au titre de Sainte-Praxède qu'en 1449.

Enfin, on peut aussi tenir compte de la note manuscrite de la page 61 de l'ouvrage de Miorcec de Kerdanet (exemplaire numérisé du diocèse de Quimper) datant ce calvaire de 1456, lors du don du reliquaire des dix-mille martyrs ramené de Rome, Alain est alors légat pontifical de Calixte III auprès de Charles VII pour préparer la nouvelle croisade et obtenir l'abrogation de la Pragmatique Sanction.

 

 

 

 

D'autre part, Jean-Marie Guillouet écrivait en 2007 (Congr. archeol. 2009) : 

"Enfin, les restes imposants du calvaire situé immédiatement au sud de l’édifice sont remarquables bien que leur attribution par la tradition au cardinal Alain de Coëtivy (identifié par la plupart des auteurs dans le clerc agenouillé aux côtés de la Vierge de Pitié) ne repose, à notre connaissance, que sur des éléments fragiles : le chapeau cardinalice porté par le personnage, la date stylistiquement assignable à l’œuvre et la présence ancienne de ses armes dans la vitre de la chapelle du Carman."

Enfin, il regroupe aujourd'hui des statues de kersanton disparates : dans l'ordre chronologique :

— Le cardinal de Coëtivy et le saint évêque : atelier du Folgoët , vers 1449.

— La Pietà : atelier de Bastien et Henry Prigent (1527-1577)

— Le Crucifié : Maître de Plougastel (1570-1621).

Il est décrit dans l'Atlas en ligne des Croix et Calvaires du Finistère initié par l'abbé Yves-Pascal Castel, sous le n° 520, avec trois croquis et les mentions suivantes (dont j'élucide les abréviations) :

520. Le Folgoët, église, granit, kersanton . 6 mètres. XVe siècle. et 1600. Massif architecturé octogonal avec banc, deux degrés et base à moulures prismatiques du calvaire du XVe siècle. Socle cubique à chanfrein, Vierge de Pitié, statue géminée mutilée, autre statue géminée: sainte femme-Marie Madeleine, groupe du cardinal de Coetivy avec son saint patron. (Alain de Coetivy, mort en 1474, tombeau dans l’église Sainte-Praxède, à Rome). Fût à écots. Croix à branches rondes, fleurons-boules, crucifix, angelot. [Yves-Pascal Castel 1980]

 

Reconstitution du calvaire par De Lorme, Congrés archéologique 1898, Gallica

Reconstitution du calvaire par De Lorme, Congrés archéologique 1898, Gallica

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Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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1°) Le Christ crucifié. Kersanton, Maître de Plougastel (1570-1621).

Il est l'œuvre du Maître de Plougastel, auteur du fameux Calvaire de cette paroisse. Le style de ce sculpteur est caractérisé, selon E. Le Seac'h, par son hiératisme, "une note d'intériorité froide", où "la rondeur des traits imprimés aux visages donne aux sculptures une quiétude magnifiée proche de l'ataraxie de pierre".

Au Folgoët, on lui doit aussi rien de moins que  la statue de la Vierge à l'Enfant qui a été élevée à la dignité du Couronnement de 1888 sous le nom de statue miraculeuse de Notre-Dame-du-Folgoët. Il a aussi sculpté le Christ aux liens placé à l'entrée dans l'intérieur du sanctuaire. Voir mon article V.  

Outre les 167 personnages du calvaire monumental de Plougastel, il a réalisé une série de quatre croix et vingt-quatre petits calvaires.

On retrouve ici les caractéristiques communes à ceux-ci. La tête est fortement inclinée sur l'épaule droite, le visage est paisible, encadré par les longues mèches de cheveux ; la barbe dessine des parenthèses sous les narines et sous la lèvre inférieure, et ces courbes sont finement  peignées. La couronne d'épines suit les entrelacs de deux brins tressés, mais ces brins s'hérissent de boutons en guise d'épines.  Le thorax aux côtes horizontales est réduit, les flancs sont creusés, le nombril est en bouton,  les bras sont lisses, sans articulation visible. Le pagne est formé de plis plats ressemblant à des bandelettes, maintenu par un nœud simple dont un pan s'échappe vers le bas sur la cuisse droite en un serpentin de volutes, et l'autre sort par dessus avant de retomber sur la face l'externe de la cuisse. Les pieds, en rotation interne, se croisent, pied droit recouvrant le gauche. 

Ce qui attire l'attention, c'est la succession de gouttes de sang, en tronc de cône, géométriquement alignées le long de la face ventrale des avant-bras à partir des clous des poignets. Ce détail est d'ailleurs dessiné en croquis dans l'Atlas. 

Sur le pied droit, le clou fait jaillir six gouttes concentriques, semblables à des petits pointes.

La croix est écotée, les bras s'achèvent en fleurons-boules.

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Christ crucifié, kersanton, Maître de Plougastel (1570-1621).  Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

Christ crucifié, kersanton, Maître de Plougastel (1570-1621). Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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Christ crucifié, kersanton, Maître de Plougastel (1570-1621).  Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

Christ crucifié, kersanton, Maître de Plougastel (1570-1621). Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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Christ crucifié, kersanton, Maître de Plougastel (1570-1621).  Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

Christ crucifié, kersanton, Maître de Plougastel (1570-1621). Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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2°) La Pietà ; saint Jean et une sainte Femme au pied de la Croix. Kersanton, Atelier de Bastien et Henry Prigent (1527-1577).

Un détail vite remarqué est caractéristique de cet atelier établi à Landerneau pour bénéficier du transport du kersanton depuis ses sites d'extraction par voie maritime sur l'Elorn. Ce sont les grosses larmes qui s'écoule des yeux des trois personnages au pied de la croix : la Vierge, Jean l'évangéliste, et une Sainte Femme. Certes, ici, la tête de Jean est perdue, mais d'autres détails stylistiques incitent à lui attribuer ces émouvants écoulements lacrymaux.

J'ai déjà décrit ce détail dans ma description du  calvaire de Dinéault et de la Pietà de Saint-Nic. 

Voir aussi d'autres œuvres de Bastien ou Henry Prigent:

 

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Au Folgoët, l'Atelier Prigent a sculpté le groupe (dissocié) de saint Yves entre le Riche et le Pauvre de l'angle sud-ouest de la façade, ainsi que le Christ aux liens, et les deux Vierges à l'Enfant de la façade sud : ces œuvres sont décrites dans mon article La Collégiale du Folgoët V : les statues.

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 La Pietà. Kersanton, Atelier de Bastien et Henry Prigent (1527-1577)..  Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

La Pietà. Kersanton, Atelier de Bastien et Henry Prigent (1527-1577).. Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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La Vierge, visage recouvert par un voile-manteau et cerné par la guimpe, a les yeux baissés ; ses traits sont plus recueillis sous l'effet d'un chagrin intériorisé que bouleversés. La robe, lisse sur la poitrine, se plisse ensuite de sobres plis verticaux convergents vers la taille et sous le genou droit avant de tracer une volute plus tourmentée cachant le pied gauche. Marie soutient son Fils sous les épaules, alors que la main gauche saisit l'avant-bras gauche. Le bras droit du Christ pend, vertical, exposant la plaie dde la paume.

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La Pietà. Kersanton, Atelier de Bastien et Henry Prigent (1527-1577).  Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

La Pietà. Kersanton, Atelier de Bastien et Henry Prigent (1527-1577). Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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La Pietà. Kersanton, Atelier de Bastien et Henry Prigent (1527-1577).  Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

La Pietà. Kersanton, Atelier de Bastien et Henry Prigent (1527-1577). Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

La Pietà. Kersanton, Atelier de Bastien et Henry Prigent (1527-1577).  Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

La Pietà. Kersanton, Atelier de Bastien et Henry Prigent (1527-1577). Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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Saint Jean l'évangéliste.

Puisque la tête du saint n'a pas été retrouvée, nous suivons plus attentivement le drapé et les détails vestimentaires ; la fente pectorale boutonnée tracée avec un soin presque gourmand par le sculpteur évoque celle des tuniques ou robes des apôtres du porche de Landivisiau

 

 

 

 

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La Ceinture oppose sa ligne horizontale au tuyautage de la robe, tandis que le pan gauche du manteau se casse en une succession de plis en becs pour s'accrocher à la taille, et que le pan droit trace d'autres rythmes et d'autres mélodies au dessus de la manche bouffante. 

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Saint Jean.  Kersanton, Atelier de Bastien et Henry Prigent (1527-1577).  Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

Saint Jean. Kersanton, Atelier de Bastien et Henry Prigent (1527-1577). Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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Sainte Femme au pied de la Croix.

Mêmes manches bouffantes, même pan faisant retour vers la ceinture. Le voile coqué et la guimpe découpe une fenêtre en hublot pour un visage aux yeux caves, comme à Saint-Nic. Le pli de l'encolure est le même que celui de la Pietà.

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Sainte Femme au pied de la Croix.. Kersanton, Atelier de Bastien et Henry Prigent (1527-1577).  Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

Sainte Femme au pied de la Croix.. Kersanton, Atelier de Bastien et Henry Prigent (1527-1577). Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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Le groupe du cardinal de Coëtivy et du saint évêque. Atelier du Folgoët (vers 1449 ?)

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Le cardinal de Coëtivy, surnommé "le cardinal d'Avignon", a été un personnage de premier plan pour le duché et pour les relations entre le pape et la royauté. Né le 20 novembre 1407 au château de Coët-Lestremeur en Plounéventer, à 13 km au sud-est du Folgoët, il fut abbé de Redon, évêque de Dol et de Cornouaille et évêque d'Avignon en 1437 puis évêque d'Uzés de 1442 à 1447.  Conseiller du roi Charles VII en 1440, il a été créé cardinal in petto par le pape Eugène IV, et confirmé par Nicolas V en janvier 1447, puis  il reçu le titre de cardinal de Sainte-Praxède le 20 décembre 1448. Après avoir obtenu du pape en 1455 la création de la paroisse de Saint-Yves-aux-Bretons à Rome, il a joué un grand rôle dans la canonisation le 29 juin 1455 de saint Vincent Ferrier (1350-1419), ce dominicain espagnol qui vint prêcher en Bretagne à la demande du duc Jean V en 1418. C'est le cardinal qui confirma, comme légat du pape Callixte III, la canonisation de Vincent Ferrier en juin 1456 en faisant, à Vannes, l'élévation du corps (recueil des reliques dans un reliquaire).

 

La statue représente le cardinal agenouillé sur un coussin à glands, les mains jointes, un bâton ( de pèlerin ? pastoral, à la crosse brisée ?) sous le bras gauche. Il porte une tunique serrée aux poignets par six boutons ronds, et recouverte par un long mantelet sans manches formant une traîne derrière lui, comme la cappa magna.  Un chapeau rond à fond plat est maintenu derrière la tête par une forte cordelière qui vient dessiner un huit autour des coulisseaux : c'est le  galero, le chapeau de cardinal muni de ses cordons à houppe. Il est coiffé comme un moine avec une tonsure coronale. Les yeux en amande donnent l'impression que le religieux regarde vers le ciel. Les commissures des lèvres suivent la même direction. Le nez est large et épaté." (E. Le Seach p. 94)

 

Derrière lui, sur la face nord (voilà pourquoi on oublie de le photographier), un évêque est debout, relevant le manteau du cardinal d'une main et tenant sa crosse de l'autre. "Il porte une tunique longue dont l'amict est à col montant. Les plis de sa tunique se drapent en V et donnent au tissu une apparence de lourdeur et de richesse de l'étoffe. La tête est coiffée d'une mitre. Les yeux sont ourlés. Il s'agit probablement de saint Alain, patron du donateur et évêque de Cornouaille." (E. Le Seach p. 94). D'autres y voient Allain de la Rue, évêque du Léon qui a consacré l'église en 1419.

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Le cardinal de Coëtivy , Kersanton, Atelier du Folgoët (vers 1449).  Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

Le cardinal de Coëtivy , Kersanton, Atelier du Folgoët (vers 1449). Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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Le cardinal de Coëtivy , Kersanton, Atelier du Folgoët (vers 1449).  Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

Le cardinal de Coëtivy , Kersanton, Atelier du Folgoët (vers 1449). Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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Le cardinal de Coëtivy , Kersanton, Atelier du Folgoët (vers 1449).  Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

Le cardinal de Coëtivy , Kersanton, Atelier du Folgoët (vers 1449). Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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SOURCES ET LIENS.

— ABGRALL (Jean-Marie) 

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/1dff008d90abab0badb8551ddb7a4c06.pdf

— ABGRALL (Jean-Marie), 1896, Le Folgoët (Finistère), « Livre d’or des églises de Bretagne », Rennes, 

— COËTLOGON (Marquis de), 1851, Dessins, histoire et description de l’église de Notre-Dame du Fologët, Brest, 1851

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Répertoire des églises : paroisse de LESNEVEN. Notice extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, par René Couffon, Alfred Le Bars, Quimper, Association diocésaine, 1988.

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c07f91a4317a870c35de08f576183805.pdf

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Répertoire des églises : paroisse de LE FOLGOET. Notice extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, par René Couffon, Alfred Le Bars, Quimper, Association diocésaine, 1988.

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/FOLGOET.pdf

— COUFFON (René),  1948, « À quelle époque convient-il de dater l’église actuelle de Notre-Dame du Folgoët ? », Nouvelle revue de Bretagne, 5, 1948.

— GUILLERMIT (Augustin),1922  Le Folgoat Monographie paroissiale. ed. A. Lajat (Morlaix)

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/8c56e3a44e19df315b7cd0de70f0f172.pdf

— GUILLOUET (Jean-Marie), 2009,  Le Folgoët, collégiale Notre-Dame, Congrés archéologique de France (2007), Finistère. 165, pp.166-176.

https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00557740/document

— JOB AN IRIEN 1989, A la recherche de la vérité sur Notre Dame du Folgoët = Itron Varia ar Folgoet. Ed Minihi Levenez (Landerneau) 24 p.: ill.; 25 cm.

 

— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle , 1 vol. (407 p.) - 1 disque optique numérique (CD-ROM) : ill. en coul. ; 29 cm ; coul. ; 12 cm . Note : Index. - Notes bibliogr., bibliogr. p. 373-395 Rennes : Presses universitaires de Rennes , 2014 Éditeur scientifique : Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page, François Roudaut. Pages 95-100.

— LÉCUREUX ,1914,  « Le Folgoët. Église collégiale. 3ème excursion », dans Congr. arch. de France. Brest et Vannes, 1914, p. 99-110.

— LORME (A. de ), 1896, « L’art breton et l’église du Folgoat », dans Congr. arch. de France . Brest, 1898, p. 218-236.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k356651/f290.item

— MIORCEC DE KERDANET ( Daniel), 1853, Nouvelle notice sur N.-D. du Folgoët et sur ses environs, J.-B. Lefournier (Brest), 144 p.; 22 cm.

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/33e093346604e23fe86b2fdaa39ca374.pdf

 

— INFOBRETAGNE :

http://www.infobretagne.com/folgoet.htm

http://www.infobretagne.com/folgoet-basilique.htm

— LES AMIS DU FOLGOËT.

http://les-amis-du-folgoet.pagesperso-orange.fr/Basilique.htm

— monumentshistoriques.free.fr

http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/folgoet/descriptif.html

 

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Published by jean-yves cordier - dans Le Folgoët
7 mai 2017 7 07 /05 /mai /2017 02:12

La Basilique du Folgoët XII. Les vitraux du XIXe siècle : la promulgation du dogme de l'Immaculée Conception par Pie IX en 1854. Baie 2, Émile Hirsch 1870.

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Sur Le Folgoët, voir :

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Baie à droite du chevet (baie 2) : La Proclamation du dogme de l'Immaculée Conception par Pie IX en 1854 (Émile Hirsch 1870) . Quatre lancettes surmontées de trilobes et un tympan à rosace.  La scène  figure le pape, debout sur une estrade sous un dais ponceau, entouré d' évêques et de cardinaux, tenant un rouleau avec l'inscription "Immaculée Conception".

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La promulgation du dogme de l'Immaculée Conception par Pie IX en 1854. Baie 2, Émile Hirsch 1870. Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

La promulgation du dogme de l'Immaculée Conception par Pie IX en 1854. Baie 2, Émile Hirsch 1870. Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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Il s'agit de la représentation de la cérémonie de promulgation ex cathedra de la bulle Ineffabilis Deus du 8 décembre 1854, le 8 décembre étant la date de la fête de l'Immaculée Conception. La décision papale a été précédée d'une Congrégation antépréparatoire du 22 décembre 1848, d'un "Concile par écrit" de 1849, puis par le Consistoire secret du 1er décembre 1854. 

Pie IX se tient devant une assemblée de 12 prélats (*),  tous revêtus de leurs habits pontificaux, dont un cardinal à sa droite, 8 évêques à sa gauche, et trois hommes devant lui, dont l'un porte la calotte de pourpre cardinalice. Le rouleau dans sa main droite porte l'inscription "Promulgation de l'Immaculée Conception".

(*) il s'agissait des 12 plus anciens archevêques, dont le cardinal Macchi, doyen du Sacré Collège, le le cardinal Mattei, sous-doyen. 

Le visage du pape est manifestement inspiré d'un portrait photographique, comme celui d'Henri Le Lieure en 1860

 

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La cérémonie du 8 décembre à la chapelle Sixtine de Rome eut lieu en réalité devant 200 évêques dont 21 français. Elle fut représentée en peinture par Francisco Podesti (qui en avait été témoin) sur une fresque de la Salle de l'Immaculée Conception du  Vatican,  Si Émile Hirsch s'est inspiré de cette fresque en en modifiant le point de vue, il a commis une erreur puisque sur celle-ci les cardinaux et évêques sont tous décoiffés devant Sa Sainteté. Par ailleurs, le dais est bien rouge et or, mais le trône papal est blanc. Le décret (qui sera publié par la bulle Innefabilis Deus ) est tenu dans la main gauche car le pape en donne lecture, proclamant "que la doc­trine qui affirme que la Bienheureuse Vierge Marie a été préservée et affranchie de toute tache du péché originel dès les premiers ins­tants de sa Conception, en vue des mérites de Jésus-Christ, Sau­veur des hommes, est une doctrine révélée de Dieu "

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Je n'ai pas retrouvé d'autres vitraux de la proclamation de l'Immaculée Conception par Émile Hirsch, mais le sujet est largement traité par les peintres-verriers de la deuxième moitié du XIXe, à commencer par l'auteur de la baie 9 de la cathédrale de Quimper.

Le thème a été choisi par le recteur du Folgoët  Jean-Marie La Haye (rectorat de 1859 à 1882) après celui de la Remise du scapulaire à Simon Stock (baie 1 en 1868), et celui du Don du Rosaire à saint Dominique (baie axiale, 1868), c'est à dire dans le cadre d'un programme d'iconographie mariale parfaitement en phase avec le contexte religieux de la seconde moitié du XIXe siècle et l'influence ultramontaine (cf. Callias-Bey 2009). Ce contexte est marqué par l' apparition de la Vierge de la Médaille Miraculeuse à Catherine Labouré en 1830, apparition de la Vierge à deux bergers à La Salette (Isère) en 1846, apparition de la Vierge de Lourdes à Bernadette Soubirous en 1858,  précédent le grand mouvement de pèlerinages qui se multiplièrent en France à partir de 1872-1873, vers Lourdes et Paray-le-Monial.

Mais cette influence romaine ne doit pas faire oublier qu'au Folgoët, le thème de l'Immaculée Conception et de l'hommage à la Vierge dont la pureté est comparée à celle du Lys blanc est parfaitement logique dans un sanctuaire construit sur la tombe de Salaün ar Foll, où fleurit miraculeusement un lys dont les pétales blancs portaient les mots AVE MARIA . Voir la baie 4. 

 

 

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La promulgation du dogme de l'Immaculée Conception par Pie IX en 1854. Baie 2, Émile Hirsch 1870. Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

La promulgation du dogme de l'Immaculée Conception par Pie IX en 1854. Baie 2, Émile Hirsch 1870. Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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Le pape porte la tiare  conique formée de trois couronnes superposées se terminant en ogive et surmontée d’un globe et d’une croix. Elle  symbolise  les pouvoirs du pape sur le sacré, le juridique et le politique.

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Le pape Pie IX, in La promulgation du dogme de l'Immaculée Conception par Pie IX en 1854. Baie 2, Émile Hirsch 1870. Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

Le pape Pie IX, in La promulgation du dogme de l'Immaculée Conception par Pie IX en 1854. Baie 2, Émile Hirsch 1870. Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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SOURCES ET LIENS.

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— Recensement de vitraux de l'Immaculée Conception sur le site suivant :

 

http://ndoduc.free.fr/vitraux/htm/immaculeC_1.htm

http://ndoduc.free.fr/vitraux/htm8/dogmeIC.htm

 

— ABGRALL (Jean-Marie) 1909 Notice sur Le Folgoat  Bulletin Diocésain d'Histoire et d'Archéologie, Quimper page 175 et 209

https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/bdha/bdha1909.pdf

— ABGRALL (Jean-Marie), 1896, Le Folgoët (Finistère), « Livre d’or des églises de Bretagne », Rennes, 

— ABGRALL (Jean-Marie), 1901, L'église Notre-Dame du Folgoat, in A.Le Grand, La vie des saincts...page 88

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5038760/f126.item.r=Folgoet

 — CALLIAS-BEY ( Martine), 2009,  « Les édifices néogothiques parisiens et leurs verrières : églises et chapelles catholiques », In Situ [En ligne], 11 | 2009, mis en ligne le 24 avril 2012, consulté le 19 mai 2017. URL : http://insitu.revues.org/7052 ; DOI : 10.4000/insitu.7052 

— COËTLOGON (Marquis de), 1851, Dessins, histoire et description de l’église de Notre-Dame du Folgët, Brest, 1851

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Répertoire des églises : paroisse de LE FOLGOET. Notice extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, par René Couffon, Alfred Le Bars, Quimper, Association diocésaine, 1988.

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/FOLGOET.pdf

 

— COURCY   Notice sur Notre-Dame du Folgoët, par Pol et Henri de Courcy. ln-12. Saint- Brieuc, Prud'homme; 1860

DANTEC (Dominique), 1986, La basilique de Notre-Dame-du-Folgoët : un programme classique de vitraux au XIXe siècle Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1986  Volume 93  Numéro 4  pp. 405-410

http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1986_num_93_4_3237

— GUILLERMIT (Augustin),1922  Le Folgoat Monographie paroissiale. ed. A. Lajat (Morlaix)

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/8c56e3a44e19df315b7cd0de70f0f172.pdf

— GUILLOUET (Jean-Marie), 2009,  Le Folgoët, collégiale Notre-Dame, Congrès archéologique de France (2007), Finistère. 165, pp.166-176.

https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00557740/document

— JOB AN IRIEN 1989, A la recherche de la vérité sur Notre Dame du Folgoët = Itron Varia ar Folgoet. Ed Minihi Levenez (Landerneau) 24 p.: ill.; 25 cm.

 

— KERBIRIOU (Louis) 1938, Un grand Sanctuaire Marial en Bretagne · Notre·Dame du Folgoët Notice descriptive, historique et archéologique, Brest, Impr. Le Grand

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c02069db4918a110fe135511d651ae02.pdf

LE GRAND (frère Albert), Les vies, morts, gestes et miracles  des Saints de la Bretagne Armorique : première édition à Nantes en 1636 chez Pierre Doriou / 1659 Rennes, Ferré, Jean Vatar / Rennes, Veuve de Ian Vatar à la Palme d'or, 1680 / édition annoté et augmenté par Miorcec de Kerdanet Brest, P. Anner et fils 1837 / édition par A.M. Thomas et J.M. Abgrall Quimper 1901.

https://archive.org/stream/LaVieDesSaintsDeLaBretagneArmorique/saints_vie_bretagne#page/n1/mode/2up/search/folgoat

 

Frère Albert Le Grand, baptisé Jean, est un frère Dominicain né à Morlaix en 1599 et décédé à Rennes en 1641. Cette Vies des Saints est la première somme hagiographique bretonne en français et comprend 78 vies de saints, trois récits et neuf catalogues épiscopaux, un pour chacun des diocèses bretons (Saint-Pol-de-Léon, Quimper, Tréguier, Saint-Brieuc, Vannes, Saint-Malo, Nantes, Dol-de-Bretagne et Rennes). L’ouvrage est réédité, augmenté sous les auspices de Guy Autret de Missirien (Rennes, Jean Vatar, 1659), qui avait collaboré avec le dominicain. Puis en 1680. Daniel-Louis Miorcec de Kerdanet en offre une nouvelle édition, sans les catalogues épiscopaux, parue en 1837 (chez P. Anner à Brest). L’édition de référence demeure celle dite « des trois chanoines », publiée en 1901 (J. Salaün, Quimper), due à Alexandre-Marie Thomas, Jean-Marie Abgrall et Paul Peyron.

 

— LÉCUREUX ,1914,  « Le Folgoët. Église collégiale. 3ème excursion », dans Congr. arch. de France. Brest et Vannes, 1914, p. 99-110.

— LORME (A. de ), 1896, « L’art breton et l’église du Folgoat », dans Congr. arch. de France . Brest, 1898, p. 218-236.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k356651/f290.item

— MIORCEC DE KERDANET ( Daniel), 1853, Nouvelle notice sur N.-D. du Folgoët et sur ses environs, J.-B. Lefournier (Brest), 144 p.; 22 cm.

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/33e093346604e23fe86b2fdaa39ca374.pdf

Ou : in A.Le Grand, La vie des saincts 1837 :

https://books.google.fr/books?id=BYITAwAAQBAJ&dq=%22La+vie+des+saints+de+la+Bretagne+armorique%22&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— PENNEC (Cyrille), 1825,  Le dévot pèlerinage de Notre-Dame du Folgoët, Rennes

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/061c8316a48418d20634b1b408c93613.pdf

 

— INFOBRETAGNE :

http://www.infobretagne.com/folgoet.htm

http://www.infobretagne.com/folgoet-basilique.htm

— LES AMIS DU FOLGOËT.

http://les-amis-du-folgoet.pagesperso-orange.fr/Basilique.htm

— monumentshistoriques.free.fr

http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/folgoet/descriptif.html

 

 

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Published by jean-yves cordier
7 mai 2017 7 07 /05 /mai /2017 02:10

La Basilique du Folgoët XI : les vitraux du XIXe siècle : la baie axiale (baie 0) : Don du Rosaire à saint Dominique en la présence de sainte Catherine de Sienne et de saint Vincent Ferrier (Émile Hirsch 1866). 

 

 

 

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Sur Le Folgoët, voir :

 

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Baie axiale (baie 0) : Don du Rosaire à saint Dominique en la présence de sainte Catherine de Sienne et de saint Vincent Ferrier (1866).  La Vierge figurée avec l'enfant Jésus, assise sur un trône richement orné, remet le rosaire à saint Dominique en la présence de sainte Catherine de Sienne et de saint Vincent Ferrier, évangélisateur de la Bretagne. En arrière-plan, Salaün ar Foll en "bragou braz" se balance à la branche d'un arbre. Autour de la scène principale sont repris les quinze mystères du Rosaire et, dans les formes de la rosace, les litanies de la Vierge sous les armes de Monseigneur Sergent.

 

Vitrail du Don du Rosaire, (baie axiale ou baie 0), Émile Hirsch 1866. Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

Vitrail du Don du Rosaire, (baie axiale ou baie 0), Émile Hirsch 1866. Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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Vitrail du Don du Rosaire, (baie axiale ou baie 0), Émile Hirsch 1866. Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

Vitrail du Don du Rosaire, (baie axiale ou baie 0), Émile Hirsch 1866. Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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La Vierge, couronnée, tenant l'Enfant sur le bras gauche, tend le chapelet du Rosaire à saint Dominique.

Le rosaire est le nom d'une prière composé de quatre chapelets d'oraison, consacrée à Marie. Au sens strict, le chapelet est un "petit chapeau" ou comme une couronne. On avait en effet coutume, au Moyen Age, de couronner de roses les statues de la Vierge, chaque rose symbolisant une prière, d'où le mot de rosaire.
 
Un rosaire comprend 150 "Je vous salue Marie", qui rappellent les 150 Psaumes, et on a longtemps appelé le Rosaire Psautier de Marie. Les 150 "Je vous salue Marie" furent partagés en trois parties, en l'honneur de la Trinité. Puis chaque partie en cinq dizaines, chacune étant précédée d'un Notre Père et suivie du Gloire au Père ou Gloria, en l'honneur de la Sainte Trinité.

Saint Dominique en répandit l'usage, prescrivant à ses religieux de porter un chapelet à leur ceinture. La grande peste de 1349, qui ravagea tous les royaumes d'Europe, amena les foules à un surcroît de piété, qui contribua également à l'essor de la piété mariale. Et c'est en fait au siècle suivant que cette prière prit le nom de Rosaire. Le Pape Pie V engagea l’Église entière à cette prière, face à l'avancée turque qui menaçait l'Europe. C'est ainsi que fut attribuée au Rosaire la victoire décisive de Lépante, en 1571.

 

C'est au frère Alain de la Roche, né en Bretagne en 1428, entré dans l'Ordre des Prêcheurs (Dominicains) que l'on doit la diffusion du Rosaire dont il  attribue l'origine du Rosaire à saint Dominique, le fondateur de son ordre, mort en 1221.  C'est aussi à lui que l'on doit la division des trois cinquantaines (Mystères joyeux, douloureux et glorieux) et en 15 mystères précis.

La fête de Notre-Dame du Rosaire, célébrée le 7 octobre, a été instituée par le Pie V en 1573, pour remercier Marie de cette victoire.

Au XIXe siècle, les apparitions de la Vierge à Lourdes ont renforcé cette dévotion. En 1883, le pape Léon XIII décrétait que le mois d'octobre de cette année-là serait entièrement consacré à "la Saint Reine du Rosaire", et depuis, le mois d' octobre est traditionnellement resté le mois du Psautier de Marie. Des congrégations liées au Rosaire, se créeront, comme les Dominicaines du Très Saint Rosaire de Sèvres (fondée par Mère Marie-Rose du Sacré-Cœur avant 1868), de Montheils, ou la Congrégation des Sœurs du Rosaire. ( D'après Jacques Nieuviarts, La Croix, et Wikipédia)

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A droite se tient Catherine de Sienne, tertiaire dominicaine mystique. La plupart des tableaux et retable du Rosaire (un peu comme celui de l'église de Crozon que j'ai décrit ici) montre la Vierge donnant le chapelet à la fois à saint Dominique et à sainte Catherine de Sienne. Voir un autre exemple ici. Sainte Catherine est couronnée d'épines et tient un lys dans la main gauche.

Ce qui est beaucoup moins habituel, c'est la présence de saint Vincent Ferrier, mains jointes et regardant la Vierge, derrière saint Dominique. Selon un manuel du Très Saint Rosaire de 1859, presque contemporain de notre vitrail, l'auteur présente diverses modalités de récitations du Rosaire "si possible en entier" entrant dans le cadre de la dévotion du Très Saint Rosaire : les Quinze Samedis, les Quinze Mardis (précédant la fête de saint Dominique) ... et les Sept Vendredis précédant la fête de saint Vincent Ferrier le 5 avril . Un jour à son choix de ces sept vendredis assurant l'Indulgence plénière. Saint Vincent Ferrier est un dominicain espagnol qui vint en 1418 prêcher en Bretagne à la demande du duc Jean V alors qu'il était en Auvergne. Il arrive à Nantes le 8 février 1418 et se rend à Vannes, avant d'entamer une grande tournée de prédication en Bretagne, jusqu'à  sa mort à Vannes le 5 avril 1419.  Lire Jean-Christophe Cassard 1999.

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Vitrail du Don du Rosaire, (baie axiale ou baie 0), Émile Hirsch 1866. Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

Vitrail du Don du Rosaire, (baie axiale ou baie 0), Émile Hirsch 1866. Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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Ce qui amène beaucoup de vie dans cette verrière très conventionnelle et à la dévotion très datée, c'est l'apparition de Salaün ar Foll, l'innocent mendiant qui ne savait dire que "Salaün manger pain, Ave Maria" et qui fut récompensé dans sa foi en  cette prière mariale inlassablement répétée (comme lors de la récitation du Rosaire, au fond) lorsque, à sa mort, un lys issu de sa bouche poussa sur sa tombe, portant sur ses pétales les mots AVE MARIA. La baie 4,  qui est consacré à sa Légende, m'a permis de comprendre pourquoi il est représenté se balançant en chantant sur la branche d'un chêne : pour échapper au froid après la mortification qu'il s'impose en se baignant nu dans sa fontaine. 

Il est donc bien légitime de la part d'Émile Hirsch de le représenter, jeune breton à la barbe de trois jours, vêtu de la chupenn au revers brodé ouverte sur une chemise débraillée, et du bragou,  et les reins ceints  de la ceinture de flanelle, découvrant avec des yeux émerveillés ces trois éminents théologiens à la langue d'or qui reçoivent comme consigne de piété de répéter cette simple salutation à Marie qui lui a si bien réussi et lui a valu, sinon la canonisation, du moins le titre de bienheureux. 

L' irruption de ce Robin des Bois, coiffé comme un faune d'une couronne de feuillages, dans la très respectable Transmission du Très Saint Rosaire,  a un coté transgressif qui est, somme toute, très évangélique : Heureux les simples, car ils verront Dieu.

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Vitrail du Don du Rosaire, (baie axiale ou baie 0), Émile Hirsch 1866. Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

Vitrail du Don du Rosaire, (baie axiale ou baie 0), Émile Hirsch 1866. Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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SOURCES ET LIENS.

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— ABGRALL (Jean-Marie) 1909 Notice sur Le Folgoat  Bulletin Diocésain d'Histoire et d'Archéologie, Quimper page 175 et 209

https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/bdha/bdha1909.pdf

— ABGRALL (Jean-Marie), 1896, Le Folgoët (Finistère), « Livre d’or des églises de Bretagne », Rennes, 

— ABGRALL (Jean-Marie), 1901, L'église Notre-Dame du Folgoat, in A.Le Grand, La vie des saincts...page 88

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5038760/f126.item.r=Folgoet

 

— COËTLOGON (Marquis de), 1851, Dessins, histoire et description de l’église de Notre-Dame du Folgët, Brest, 1851

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Répertoire des églises : paroisse de LE FOLGOET. Notice extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, par René Couffon, Alfred Le Bars, Quimper, Association diocésaine, 1988.

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/FOLGOET.pdf

 

— COURCY   Notice sur Notre-Dame du Folgoët, par Pol et Henri de Courcy. ln-12. Saint- Brieuc, Prud'homme; 1860

DANTEC (Dominique), 1986, La basilique de Notre-Dame-du-Folgoët : un programme classique de vitraux au XIXe siècle Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1986  Volume 93  Numéro 4  pp. 405-410

http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1986_num_93_4_3237

— GUILLERMIT (Augustin),1922  Le Folgoat Monographie paroissiale. ed. A. Lajat (Morlaix)

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/8c56e3a44e19df315b7cd0de70f0f172.pdf

— GUILLOUET (Jean-Marie), 2009,  Le Folgoët, collégiale Notre-Dame, Congrès archéologique de France (2007), Finistère. 165, pp.166-176.

https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00557740/document

— JOB AN IRIEN 1989, A la recherche de la vérité sur Notre Dame du Folgoët = Itron Varia ar Folgoet. Ed Minihi Levenez (Landerneau) 24 p.: ill.; 25 cm.

 

— KERBIRIOU (Louis) 1938, Un grand Sanctuaire Marial en Bretagne · Notre·Dame du Folgoët Notice descriptive, historique et archéologique, Brest, Impr. Le Grand

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c02069db4918a110fe135511d651ae02.pdf

LE GRAND (frère Albert), Les vies, morts, gestes et miracles  des Saints de la Bretagne Armorique : première édition à Nantes en 1636 chez Pierre Doriou / 1659 Rennes, Ferré, Jean Vatar / Rennes, Veuve de Ian Vatar à la Palme d'or, 1680 / édition annoté et augmenté par Miorcec de Kerdanet Brest, P. Anner et fils 1837 / édition par A.M. Thomas et J.M. Abgrall Quimper 1901.

https://archive.org/stream/LaVieDesSaintsDeLaBretagneArmorique/saints_vie_bretagne#page/n1/mode/2up/search/folgoat

 

Frère Albert Le Grand, baptisé Jean, est un frère Dominicain né à Morlaix en 1599 et décédé à Rennes en 1641. Cette Vies des Saints est la première somme hagiographique bretonne en français et comprend 78 vies de saints, trois récits et neuf catalogues épiscopaux, un pour chacun des diocèses bretons (Saint-Pol-de-Léon, Quimper, Tréguier, Saint-Brieuc, Vannes, Saint-Malo, Nantes, Dol-de-Bretagne et Rennes). L’ouvrage est réédité, augmenté sous les auspices de Guy Autret de Missirien (Rennes, Jean Vatar, 1659), qui avait collaboré avec le dominicain. Puis en 1680. Daniel-Louis Miorcec de Kerdanet en offre une nouvelle édition, sans les catalogues épiscopaux, parue en 1837 (chez P. Anner à Brest). L’édition de référence demeure celle dite « des trois chanoines », publiée en 1901 (J. Salaün, Quimper), due à Alexandre-Marie Thomas, Jean-Marie Abgrall et Paul Peyron.

 

— LÉCUREUX ,1914,  « Le Folgoët. Église collégiale. 3ème excursion », dans Congr. arch. de France. Brest et Vannes, 1914, p. 99-110.

— LORME (A. de ), 1896, « L’art breton et l’église du Folgoat », dans Congr. arch. de France . Brest, 1898, p. 218-236.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k356651/f290.item

— MIORCEC DE KERDANET ( Daniel), 1853, Nouvelle notice sur N.-D. du Folgoët et sur ses environs, J.-B. Lefournier (Brest), 144 p.; 22 cm.

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/33e093346604e23fe86b2fdaa39ca374.pdf

Ou : in A.Le Grand, La vie des saincts 1837 :

https://books.google.fr/books?id=BYITAwAAQBAJ&dq=%22La+vie+des+saints+de+la+Bretagne+armorique%22&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— PENNEC (Cyrille), 1825,  Le dévot pèlerinage de Notre-Dame du Folgoët, Rennes

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/061c8316a48418d20634b1b408c93613.pdf

 

— INFOBRETAGNE :

http://www.infobretagne.com/folgoet.htm

http://www.infobretagne.com/folgoet-basilique.htm

— LES AMIS DU FOLGOËT.

http://les-amis-du-folgoet.pagesperso-orange.fr/Basilique.htm

— monumentshistoriques.free.fr

http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/folgoet/descriptif.html

 

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Le Folgoët
7 mai 2017 7 07 /05 /mai /2017 01:36

 

 

INTRODUCTION GÉNÉRALE AUX VITRAUX DE LA BASILIQUE DU FOLGOËT.

a) Alain Cap, début XVIIe.

Les vitraux anciens de la Collégiale ont été réalisés au XVIIe siècle par le peintre-verrier  Alain Cap (1578-1644), originaire de Lesneven, et qui intervint aussi sur  d'autres édifices du Finistère, tels que la cathédrale Saint-Corentin, Saint-Pol-de-Léon, Notre-Dame-de-Rumengol et Cuburien (Morlaix). 

"Vers 1630, il fait des réparations « sur et autour des vitres aux frais des seigneurs prééminenciers ». Il reste peu de chose de ces célèbres vitraux, que l’incendie de 1708 abîma et que la Révolution saccagea en 1793.  On voit, au presbytère, des débris d’un vitrail, don du R.P. Raoul de Kerdanet. L’un de ces morceaux représente la figure du fameux cardinal Alain de Coëtivy." (Kerbiriou)

 Il nous reste cependant les dessins des cartons d’origine de plusieurs d’entre eux. Voir la description et dessins de ces vitraux anciens sur le blog du  maître-verrier Jean-Pierre Le Bihan

b) Émile Hirsch 1866-1889 : les six  verrières du chevet, de la chapelle sud et de la façade occidentale

Émile Hirsch,  qui remporta le concours lancé par Mgr Sergent, évêque de Quimper et Léon pour la décoration de la  fenêtre axiale de la basilique, réalisa les cartons et  les fit réaliser par trois peintres verriers : Loglet, Queynoux, Poutet .  À partir de 1889, peu satisfait du résultat, il se chargea lui-même  de la fabrication des verres, pour le vitrail du Couronnement.

 

De gauche à droite :

  • Baie à gauche du chevet (baie 1) : Notre-Dame-du-Scapulaire-du-Mont-Carmel remettant le scapulaire à saint Simon Stock en présence de sainte Thérèse (1868). La bordure inférieure reproduit les armes de Pie IX et de Monseigneur Sergent.

  • Baie axiale (baie 0) : Don du Rosaire à saint Dominique en la présence de sainte Catherine de Sienne et de saint Vincent Ferrier (1866).  La Vierge figurée avec l'enfant Jésus, assise sur un trône richement orné, remet le rosaire à saint Dominique en la présence de sainte Catherine de Sienne et de saint Vincent Ferrier, évangélisateur de la Bretagne. En arrière-plan, Salaün ar Foll en "bragou braz" se balance à la branche d'un arbre. Autour de la scène principale sont repris les quinze mystères du Rosaire et, dans les formes de la rosace, les litanies de la Vierge sous les armes de Monseigneur Sergent.

  • Baie à droite du chevet (baie 2) : La Proclamation du dogme de l'Immaculée Conception par Pie IX en 1854 (1870) . La scène sous arcature figure le pape, debout sur une estrade, entouré de sa cour, évêques et cardinaux, tenant un rouleau avec l'inscription Immaculée Conception".

  • Baie à droite du chevet (baie 4) : La Légende du Bienheureux Salaün ( 1869) offert par le recteur Le Haye.  La scène principale figure l'apparition de la Vierge à Salaün dans son arbre. De part et d'autre et en dessous, dix scènes racontent sa légende à l'exception de deux panneaux floraux et feuillagés. Chaque scène reprend un vers du cantique de "Salaün ar Folgoat" auquel sont ajoutés deux épisodes ayant trait à la véracité et à la renommée de la légende : l'abbé de Landévennec Don Jean De Langouesnou constatant le miracle, et la reine Anne priant devant l'autel.

  • Baie de la chapelle sud  dite de Coëtivy (baie 6) : Le Couronnement de la statue miraculeuse de Notre-Dame-du-Folgoët, et la rosace. (1889)

  • Baie haute de la façade occidentale (baie 100) : Quatre Donateurs. Les principaux donateurs figurent en pied sous arcature florale et sur un fond damassé violet : l'évêque Alain de la Rue, la Duchesse Anne, le duc Jean V, le cardinal De Coetivy. Le tympan reçoit les armes de ceux qui avaient contribué à l'érection de l'église, dont les blasons étaient sculptés sur la pierre, ou dont les armoiries ornaient les verrières. A la base du vitrail, deux cartouches reprennent le nom des douze paroissiens qui rachetèrent l'édifice pour le rendre au culte : sont regroupés ici tous les souvenirs historiques qui se rattachent au monument.

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    c)  Auguste Labouret 1954 : les 14 baies de la nef.

    Auguste Adolphe Labouret est né à Laon, le 20 mars 1871 et est mort à Crozon, Finistère, le 13 février 1964. Il créa en 1933 le vitrail en dalle de verre, éclatant et cloisonné en ciment.

    Responsable de l’entretien des vitraux de Bretagne, il refit à partir de 1954, les 14 fenêtres de la nef  sur le thème des saints fondateurs des paroisses du voisinage.

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    Schéma de J-P. Le Bihan avec la numérotation des baies selon le Corpus vitrearum:

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    La verrière de la Légende de Salaün le Fol (baie 4). Emile Hirsch 1869.

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    Localisation : elle éclaire par l'est la chapelle sud, au dessus de l'autel du Coëtivy.

    Cette verrière est composée d'un ensemble de quatre lancettes à têtes trilobées — consacrées à la Légende de Salaün —, et d'un tympan ajouré complexe — consacré à un déploiement d'armoiries — associant trois groupes principaux et de nombreux écoinçons.

    La baie a été offerte par le recteur La Haye (1859-1882) :

     

    "Dès 1860, il se met à l'œuvre: il fait dé-badigeonner les statues et les niches des apôtres, laver toute l'église, réparer les mutilations; en 1865 il aliène,, avec l'autorisation préfectorale, des terrains que la fabrique possédait en Plounéour-Trez et en Ploudaniel, et en consacre le prix à faire le dallage ; il fait une belle chaire à prêcher en bois sculpté, sur-laquelle sont reproduites des scènes de la vie de Salaün; de 1866 à 1868, il commande les beaux vitraux qui remplissent les quatre fenêtres de l'abside droite du Levant. La verrière qui Se trouve au-dessus de l'autel du cardinal de Coëtivy fut payée de ses deniers . Dans son journal il s'extasie sur la beauté de ce vitrail : «le dessin, dit-il, en' est riche et splendide, l'exécution semble l'emporter sur celle de la grande verrière. » Et il ajoute: Le Recteur en a fait don à son église. Il aime à croire er il espère, oh! il espère que cette légende vivante saura inspirer plus que de l'admiration ; oui, il espère! que, la Sainte Vierge aidant; cette poétique et religieuse peinture prêchera à plusieurs bonnes âmes, sinon l'esprit de mortification du bienheureux Salaün, du moins son esprit de simplicité et sa tendre dévotion envers la divine Marie ... et il termine en répétant, avec une joie que l'on devine, les paroles de Salaün: Ave Maria, Salaün a zeppre bara ; o Maria, o ! o ! · o ! o ! . o ! o! Maria» "

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    La verrière de la Légende de Salaün le Fol par  Emile Hirsch 1869. Chapelle de Coëtivy, baie 4 de la Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    La verrière de la Légende de Salaün le Fol par Emile Hirsch 1869. Chapelle de Coëtivy, baie 4 de la Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    LES QUATRE LANCETTES.

    Leurs seize panneaux associent dix médaillons racontant la vie du saint, et deux panneaux décoratifs, à un élément central montrant Salaün dans son arbre face à la Vierge.

    Histoire de Salaün ar Foll

    "Au XIVe siècle, tout ce pays était couvert par une immense forêt, qu'un incendie brûla en 1427. Dans la première moitié de ce siècle vivait au milieu des bois, sur le bord d'une fontaine, un pauvre innocent que les gens de Lesneven appelaient Salaün ar Foll (Salaün l'Idiot). Il était né au village. de Kerbriand dans la paroisse d'Elestrec, de parents pauvres. Dans son enfance, il avait fréquenté l'école; mais il n'y avait jamais appris autre chose que les deux premiers mots de la salutation angélique : Ave Maria. Après la mort de ses parents, il abandonna ~n village, et vint s'établir près de la fontaine. « La terre nue et froide était son lit ; une grosse pierre. lui servait d'oreiller; et il n'avait d'autre couverture que les feuilles d'une souche sous laquelle il se reposait la nuit. » (Langueznou). Toutes ses journées se ressemblaient ·: le matin, il assistait à la messe à Lesneven, et il s'en allait ensuite mendier de porte en porte, disant ces seuls mots qu'il accompagnait d'un sourire: «Ave Maria, Salaün a zepre bara» (Salaün mangerait du pain). Puis il revenait à sa fontaine, dans laquelle il trempait le pain qu'on lui avait donné. C'était sa seule nourriture. Il aimait à se balancer sur la branche d'un arbre, au-dessus de la fontaine, et il chantait à pleine voix: 0 o o o o o Maria, répétant six fois o avant de prononcer Maria; en même temps il se plongeait dans l'eau jusqu'aux épaules, même au milieu de l'hiver, par mortification sans doute, comme les vieux saints de Bretagne qui avaient cette coutume et dont il avait peut-être retenu ce trait raconté à l'école. « Comme un passereau tout solitaire, dit un religieux du XVII• siècle, le Père Pennec, qui écrivit le "dévôt pèlerinage du Folgoat" d'après des documents authentiques, il solfiait à sa mode les louanges de la Vierge sacrée, à laquelle, après Dieu, il avait consacré son cœur; et, de nuit, comme le gracieux rossignol, perché sur l'espine de l'austérité, il chantait mille fois: Ave Maria. » . Salaün vécut ainsi jusqu'à l'âge de quarante .ans environ, considéré par tous comme un pauvre innocent que l'on accueillait avec sympathie, car il ne faisait de mal à personne. Pendant la guerre de succession de Bretagne, il rencontra un jour une troupe de soldats qui lui demandèrent à quel parti il appartenait: «Je ne suis ni Blois ni Montfort, répondit-il ; ave Maria. » Les soldats se mirent à rire et, le traitant de fou, le laissèrent à ses manies. Un jour, le 1er Novembre 1358, ses voisins le trouvèrent mort près de la fontaine ; et, ne voulant pas se donner la peine de transporter en terre chrétienne la dépouille d'un pauvre idiot, comme le cimetière· se trouvait à une lieue de là, ils creusèrent une fosse au· pied d'un arbre, et l'y enterrèrent comme une bête, sans prêtre ni les cérémonies accoutumées de l'église.» (Yves Guillerm). Quel ne fut pas leur étonnement, quelques jours après, quand ils virent sur la tombe un beau lys aux fleurs éclatantes de blancheur, sur les pétales duquel étaient inscrites en lettres d'or le refrain de Salaün: Ave Maria. On ouvrit la fosse et l'on constata que les racines du lys plongeaient dans la bouche de l'innocent. Le miracle dura plusieurs semaines ; la renommée s'en répandit très vite aux alentours et dans la Bretagne tout entière : des ecclésiastiques, des seigneurs, des paysans vinrent en foule contempler le tombeau fleurdelisé et décidèrent qu'en mémoire de cette merveille, on édifierait une chapelle en l'honneur de Notre-Dame du Folgoat."

     

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    Les lancettes de la verrière de la Légende de Salaün le Fol par  Emile Hirsch 1869. Chapelle de Coëtivy, baie 4 de la Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Les lancettes de la verrière de la Légende de Salaün le Fol par Emile Hirsch 1869. Chapelle de Coëtivy, baie 4 de la Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Le registre inférieur.

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    Six médaillons de la Légende de Salaün ar Foll.

    De gauche à droite en partant du haut :

    — Salaün se balançant sur son arbre 

     

    Cf infra

    — Salaün à l'école, peinant à répondre au maître ;

     

    Il fut à l'école

    Mais nulle parole

    Ne le captiva ;

    Quand, tout l'importune,

    Il n'en retient qu'une,

    Ave Maria !

    — Salaün mendiant son pain, pendant que des enfants tirent sur les basques de son vêtement ;

    Chaque matin, pour entendre la messe,

    Salaün se rend, dès l'aube, au bourg voisin ;

    Il y redit le même nom sans cesse

    Et tout le temps de l'office divin.

    Puis ( car il mendie),

    Pour gagner sa vie,

    Va tendant la main,

    ...

    Objet de risée,

    La foule insensée

    le poursuit parfois ;

    La bande ennemie

    Des enfants lui crie :

    « C'est le fou du bois ! »

    — Salaün à la fontaine, plongeant son pain dans l'eau

     

    Il prend son asile

    Sous l'arbre tranquille

    Du bois qu'il chérit;

    Sur la terre nue

    Sa tête ingénue

    Repose la nuit.
    ...

    Revient à son chêne,

    Et dans sa fontaine Il trempe son pain.

    — Salaün se baignant dans la fontaine ;

     

     

    — Salaün entre partisans de Charles de Blois et partisan de Jean de Monfort.

    Au centre, deux panneaux sont occupés d'une composition à rinceaux et oiseaux stylisés à longue queue, plaçant ces six médaillons dans un environnement naturel et boisé.

     

     

     

     

     

     

    De ses parents sonne l'heure suprême;

    il resta seul, enfant abandonné ;

    Plus de refuge; il faut quitter même

    Ce pauvre toit sous lequel il est né :




     

    Depuis longtemps, le sol couvrait ses restes, Et mieux encore l'oubli couvrait son nom, Quand Dieu montra, par des signes célestes, Combien. du fou. la sainte affection Était douce et chère A son divin fils. A travers la mousse Sur la tombe pousse un blanc et beau lys . Dieu le posa gracieux sur sa· tige , Le parfuma; mais il fit plus encor; Dans son calice opérant un prodige , Le doigt divin traça des lettres d'or : Sur chaque corole Dieu mit la parole Que Salaün aima; Tous peuvent y lire, 1 Et chacun admire l'AVE MARIA!

    On accourut de toute la Bretagne Pour contempler les deux mots merveilleux; Tout le pays , la ville, la campagne Vint adorer .le lys miraculeux. I.e seigneur, ,le prêtre Au tombeau champêtre Courbent le genou; Au lieu de l'insulte . On lui rend un culte, A Salaün le Fou. En admirant la puissance divine, Les plus savants vo'ulurent découvrir . D'où s'échappait la mystique racine, Et par le, urs soins la toinbe dut s'ouvrir. 0 Grandeur suprême! · De la bouche même Sortait le beau lys ! · C'ét.ait .encore elle Qui disait, fidèle, Ces deux mots chéris ... La simple innocènce, 1\'IIeux que la science Au Seigneur sourit ; Ce sont ses mystères! ' " Bienheureux; mes frères . .: ' ' ' ,, Les pauvres ;d'esprit. ,

    Registre inférieur des lancettes de la verrière de la Légende de Salaün le Fol par  Emile Hirsch 1869. Chapelle de Coëtivy, baie 4 de la Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Registre inférieur des lancettes de la verrière de la Légende de Salaün le Fol par Emile Hirsch 1869. Chapelle de Coëtivy, baie 4 de la Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Je m'intéresserai à l'un des épisodes, qui m'intrigue, et qui est figuré deux fois sur le vitrail : Salaün se balançant. 

    Le médaillon de Salaün se balançant à son arbre.

    Le peintre a représenté Salaün, vêtu d'un bragou bleu et d'un manteau rouge au pan emporté par le vent, suspendu par les bras à la branche d'un chêne, sur fond d'un vague paysage de basses montagnes et d'un autre chêne étêtée. Que fait-il ainsi ? De la gymnastique ? Ce Fou est-il un Acrobate, comme dans le Tarot de Marseille où le Mat (le Fou) voisine la lame du Bateleur ? La signification de cette scène est-elle ésotérique ? Ou simplement spirituelle, louant l'aspiration à se détacher de la Terre et de s'approcher du Ciel ? 

    En un mot, qu'est-ce que c'est que ce bin's ?

    Miorcec de Kerdanet  versifie ainsi cet épisode :

    Le repas fait, de son abri paisible

    De branche en branche il gagne le sommet;

    Il se suspend au bout d'un bois flexible,

    Et sans effroi dominant la forêt,

    Avec innocence

    Dans l'air se balance

    Et chante plus fort

    Son hymne chérie ,

    Le nom de Marie ,

    Dans un doux transport.

    Autrement dit, Salaün fait de l'acrobranche pour gagner la canopée, lieu d'élection pour adresser ses chants à la Vierge. Soit.

    Les deux cantiques  de Notre-Dame du Folgoët, connus sous le titre Patronez dous ar Folgoat, car c'est bien en breton qu'il se chante,  consacrent à la scène énigmatique un couplet :

    Le premier cantique daterait de 1852.

     

    Gwechall er vro man 'veve
    Eur paour berr a spered
    Salaun ar Foll ne ouie
    Netra Koule lavared
    Daou her "Ave Maria"
    Setu e oll bedenn
    N'ehane ket d'o hana
    Diwar skourr e wezenn

    Jadis, vivait en ce pays
    Un pauvre, simple d'esprit,
    Salomon Le Fou ne savait
    Pour ainsi dire rien, sinon
    Deux mots "Ave Maria"
    Voilà toute sa prière
    Qu'il ne cessait de chanter
    Perché sur la branche d'un arbre

     

    Pell amzer, kan a zavas
    A-us d'ar wezenn deo.
    Eun deiz ar vouez a davas,
    Salaün ne oa mui beo.
    E ene gant an Elez
    Oa aet d'ho lez, Itron,
    Da gana ho madelez
    Bepred e-tal ho tron.

    Longtemps, le chant s'éleva
    Au-dessus du gros arbre.
    Un jour, la voix se tut,
    Salaün n'était plus en vie.
    Avec les anges, son âme
    Vous a rejoint, Notre-Dame, en votre cour,
    Pour chanter votre bonté
    Chaque jour devant votre trône.

     

    Le second a été composé par l'abbé Jean Guillou et fut publié par la revue « Feiz ha Breiz » du 14 juin 1873.

    https://www.youtube.com/watch?v=-MbJzQK1ubs

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c02069db4918a110fe135511d651ae02.pdf

     

    Salaün var skourr eur vezen, Evit kaout he vara, Ne lavare ken peden Nemet : ô Maria !

    Salaün sur sa branche, Pour obtenir son pain, Ne faisait d'autre prière Que : ô Maria

    .

    Nous comprenons bien que ce balancement est associé à la fois à la prière ô Maria, mais aussi au chant. Bien-sûr, il est fréquent de se balancer un peu en chantant, mais se pendre à une branche pour le faire, voilà qui est moins banal. Je ne suis pas théologien, mais c'est du jamais-vu au Royaume des Cieux, parmi les Saints et les Bienheureux, non ? 

    .

     

    Salaün suspendu à son arbre. Registre inférieur des lancettes de la verrière de la Légende de Salaün le Fol par  Emile Hirsch 1869. Chapelle de Coëtivy, baie 4 de la Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Salaün suspendu à son arbre. Registre inférieur des lancettes de la verrière de la Légende de Salaün le Fol par Emile Hirsch 1869. Chapelle de Coëtivy, baie 4 de la Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    .

    Le registre supérieur.

     Les quatre médaillons.

    — les voisins de Salaün le trouvent mort au pied de son arbre ;

    II passe ainsi quarante ans de sa vie,

    Sans autre abri, ni l'été, ni l'hiver,

    Soudain, frappé par une maladie,

    Plus d'un asile lui fut offert !

    Mais quitter son chêne,

    Sa chère fontaine, Salaün ne veut pas ;

    Au bois le pauvre être fait venir un prêtre ,

    Et meurt dans ses bras.

    .

    — L'abbé de Landévennec, dom Jean de Langoueznou, vient voir la tombe fleurdelisée ;

    Jean de Langoueznou, abbé de Landévennec aurait été le témoin oculaire de la mort de Salaün le Fol et aurait rédigé un écrit en latin sur ce miracle du lys fleuri sur sa tombe. Ce texte, aujourd'hui perdu, aurait été remis à l'évêque du Léon (1563-1613) Rolland de Neufville, abbé de Monfort qui l'aurait fait paraphraser en français par René Benoît et Pascal Robin . Cette paraphrase, qui a servi de source à Albert le Grand en 1636, a été publié par Miorcec de Kerdanet en 1837.  Voir sur ce poète, à qui nous devons Languentibus in  Purgatorio , l'article de synthèse de André-Yves Bougès, qui lui attribue le Chronicon Briocense : http://hagiohistoriographiemedievale.blogspot.fr/2005/11/jean-de-langouesnou-abb-de-landvennec.html

     

     

    "...Depuis donc que cet innocent fut decedé, il fut enterré, par les voisins, au lieu mesme, en la place de son lict, dessous son arbre, auprès de sa fontaine. Il advint, peu près, qu'un Lys très beau crut miraculeusement sur sa fosse, dont les fleurs representoient en elles ces mots escrits en Lettres d'Or : Ave Maria, c'est à dire en français : Je te salue Marie ! Ce qui fut cause que le bruit courut incontinent par tout le paIs circonvoisin, de sorte qu'un tel miracle fit amasser là une foule infinie de monde, tant de gens d'Église que de gentilshommes et d'auiltres personnes de tous estats, & tant d'hommes que femmes, pour admirer telle merveille, dont tous ensemble adviserent & conclurent, par deliberation & resolution prise sur la place, qu'on feraoit bastir une Église en l'honneur de la Vierge Marie, laquelle depuis, en perpetuelle memoire et commemoration de ce miracle, & du leiu où il fut veu publiquement de tosu, fut appellée, comme elle est encore dicte a present, l'eglise de Nostre Dame du Folgoat, c'est a dire du Bois ou Hermitage du Fol, nom dont on reputoit le dict saint Salaün... ; en laquele, par permission de Dieu, sont faits infinis & grands miracles, a la vue de tous les habitants voisins et pelerins y allant incessament en voyage par devotte & chrestienne affection & vray zele catholique, imitant & suivant la trace tres salutaire de leurs predecesseurs. ...

    Je, Jan de Langoezou, Abbé dudit lieu de Landevennec, ay esté present au miracle cy dessus, l'ay veu, ouy, & si l'ay mis par escrit à l'honneur de Dieu & de la Benoite Vierge Marie ; & a fin que je puisse mériter d'avoir place de repos eternel avec le simple & pauvre innocent, j'ai composé un cantique en latin pour les trepassez, auquel il y avait six fois ô Maria ô Maria ! Lequel est encores jusques aujourd'huy solennellement chanté en très grande dévotion en notre royal Moustier, & par tous les Prieurés qui en dépendent, comme aussi en plusieurs lieux, & est tel qu'il en suit en latin :

    Languentibus in Purgatorio

    Qui purgántur ardóre nímio,

    Et torquéntur gravi supplício,

    Subvéniat tua compássio :

    O María !

    [etc..]"

    .

     

    — L'évêque de Léon pose la première pierre de la chapelle.

    C'est en 1419 qu'Allain de la Rue, évêque de Léon, consacra l'église du Folgoët, bâti sur la fontaine de Salaün, mais dont la première pierre aurait été posée à la suite d'un vœu du duc Jean IV à la fin du XIVe siècle. 

    .

    — Anne de Bretagne et ses dames de compagnie à genoux devant l'autel de la Sainte Vierge.

    Anne de Bretagne vient plusieurs fois à Folgoët, en 1491, 1499, et en 1505 pour remercier Notre-Dame de la guérison du roi Louis XII d'une grave maladie.

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    Registre supérieur des lancettes de la verrière de la Légende de Salaün le Fol par  Emile Hirsch 1869. Chapelle de Coëtivy, baie 4 de la Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Registre supérieur des lancettes de la verrière de la Légende de Salaün le Fol par Emile Hirsch 1869. Chapelle de Coëtivy, baie 4 de la Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    La Vierge apparaissant à Salaün se balançant à son arbre : les quatre panneaux centraux du registre supérieur.

    A la place centrale du vitrail, la scène mystérieuse revient à nouveau. Ah, il y tient, à sa branche ! Offrez-lui des agrès ! Le jeune athlète y poursuit si opiniâtrement ses tractions qu'il ne semble pas apercevoir la jeune femme qui lui tend les bras.

    Pour trouver la solution de mon énigme, j'abandonne les auteurs du XIXe siècle, et j'effectue une plongée dans le temps. J'atterris en plein XVIe : 

    "Or, son lict estoit seulement de terre nue, avec une pierre qui luy servoit d'oreiller sous sa teste, & icelle terre estoit amassée sous un arbre tordu & peu eslevée de terre, auprès d'icelle fontaine. Quand donc il estoit transy de trop grande froidure d'hiver, il gravissoit dans cet arbre, &, empoignant les branches souples d'icelui arbre, il se brandeloit & secouoit de telle sorte qu'au branle et mouvement qu'il se donnoit, à la façon des brandelles des rustiques, il moderoit la rigueur du froid, en chantant, à pleine bouche, ces mots par six fois continuelles : ô Marie ! ô Marie ! ô Marie ! ô Marie ! ô Marie ! ô Marie !"

    En clair, s'il se brandelait et secouait tant à la branche d'icelui arbre, c'était pour échapper au froid ! Mais il suffisait de le dire !

    Retenez : brandeler signifie, dans le DMF (1330-1500) :  1 Emploi intransitif : A  au sens propre, "se balancer, s'agiter". B. Au figuré : "être hésitant". 2. Emploi transitif : "Agiter , remuer, brandir". Voir Godefroy. ou Roman de Renart vers 19571 : "agiter" (Mes mout fu durement lassez Que des cox, que du brandeler Qu'il ot pris as vignes garder, Qu'il n'i remest os a brisier.)

    Retenez aussi : "les brandelles des rustiques" : le CNRTL donne pour brandelle : "position branlante, critique", qui est le sens donné par Godefroy, mais qui ne convient pas ici. Mais le mot apparaît sous la plume de Rabelais dans le chapitre XXII du Gargantua (1534), dans la fameuse liste des 215 jeux : ..."à sainct Cosme ie viens adorer, au chesne forchu, au chevau fondu, à la queue au loup, à pet en gueulle, à guillemain baille my ma lance, à la brandelle, au trezeau, à la mousche, à la migne migne beuf,", et "à la brandelle" est alors traduit par les spécialistes comme "à la balançoire", ce qui convient parfaitement à notre texte. Dans la revue Romania de 1888, les auteurs reconnaissent que "ce mot est peu exactement défini dans le Dictionnaire de Godefroy, et l'historique en est très incomplet. Il fallait dire que sa première signification est celle de « balançoire, escarpolette », et que de là il a passé naturellement, comme le mot balance, au sens métaphorique de « situation critique, périlleuse » .

     

    Attention : Branler : intrans. « chanceler, faiblir » , est une contraction de brandeler « vaciller » , dérivé du rad. de brandir; suff. -eler*. D'ailleurs, une branloire (1350, branlouere) désigne, comme la brandelle, une balançoire.

    Cet homme était vraiment dérangé. En plein hiver, il se baignait nu dans une fontaine, puis, il se rhabilloit, et escaladait son chêne pour se réchauffer en se balançant. Pardon, en se branslant en l'air  ainsi qu'en atteste frère Albert Le Grand:

    "Lorsqu'il faisoit froid, il se plongeoit dans l'eau de sa fontaine jusques aux aisselles et y demeuroit longtemps, chantant toujours quelque couplet ou rythme Breton à l'honneur de N. Dame : puis, ayant repris ses accoutremens, il montoit dans son arbre, &, empoignant une branche, se bransloit en l'air, criant à pleine teste : O ! Maria, O ! Maria ! "(Albert le Grand)
     

    C'est pas raisonnable, ça ; j'suis pas médecin, mais c'est un coup à vous donner des hallucinations.

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    Registre supérieur des lancettes de la verrière de la Légende de Salaün le Fol par  Emile Hirsch 1869. Chapelle de Coëtivy, baie 4 de la Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Registre supérieur des lancettes de la verrière de la Légende de Salaün le Fol par Emile Hirsch 1869. Chapelle de Coëtivy, baie 4 de la Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Mais au fond, la balançoire n'est-elle pas l'équivalent sur le plan physique de la lecture ?

    Comme l'écrivait Jacques Amyot en 1618 :

    " au moins en lisant à haulte voix : car ce que la branloire est au regard de l'exercice du corps, cela mesme en proportion est la lecture au regard du parler, remuant tout doucement & promenant la voix dedans la parole, ne plus ne moins que dedans un coche ou voitture d'autruy "

    (Les règles et préceptes de santé, Oeuvres Morales et philosophiques de Plutarque V, p. 297)

     

    Registre supérieur des lancettes de la verrière de la Légende de Salaün le Fol par  Emile Hirsch 1869. Chapelle de Coëtivy, baie 4 de la Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Registre supérieur des lancettes de la verrière de la Légende de Salaün le Fol par Emile Hirsch 1869. Chapelle de Coëtivy, baie 4 de la Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    LE TYMPAN ARMORIÉ.

    D'après Guillermit :

    Bretagne.

    2°) Mi-parti Bretagne France (Jean V et Jeanne ).

    3°) Le Gouzillou de Kernao (d'or fascé d'azur, accompagné de trois merlettes d'azur, membrées et becquées de gueules).

    4°) Rivoalen de Mezléan (d'argent au chevron de gueules, cantonné de 3 quintefeuilles de gueules).

    5°) De gueules à la bande d'or. (Il doit y avoir une erreur. Devrait être d'azur parti de gueules a la bande d'or, qui sont les armes de Sourdis, un des fondateurs de l'église du Folgoat).

    6°) Léon (d'or au lion morné de sable).

    7°) Goulaine (mi-parti Angleterre et France. Angleterre : de gueules à trois léopards ; France : d'azur à une fleur de lys et demie d'or). 

    8°) Rohan (de gueules à neuf mâcles d'or accolées et aboutées 3, 3, 3. Devise : A plus).

    9°) Penhoët (d'or à une fasce de gueules).

     10°) Beaumanoir (d'azur à dix ou onze billettes d'argent. Devise :" J'aime qui m'aime).

    11°) De la Forest (d'argent au chef de sable).

    12°) Du Châtel en alliance avec du Juch (mi-parti fascé d'or et de gueules, six pièces (du Châtel) et d'azur au lion d'argent, armé et lampassé de gueules (du Juch).

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    Tympan de la verrière de la Légende de Salaün le Fol par  Emile Hirsch 1869. Chapelle de Coëtivy, baie 4 de la Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Tympan de la verrière de la Légende de Salaün le Fol par Emile Hirsch 1869. Chapelle de Coëtivy, baie 4 de la Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Tympan de la verrière de la Légende de Salaün le Fol par  Emile Hirsch 1869. Chapelle de Coëtivy, baie 4 de la Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Tympan de la verrière de la Légende de Salaün le Fol par Emile Hirsch 1869. Chapelle de Coëtivy, baie 4 de la Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Tympan de la verrière de la Légende de Salaün le Fol par  Emile Hirsch 1869. Chapelle de Coëtivy, baie 4 de la Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Tympan de la verrière de la Légende de Salaün le Fol par Emile Hirsch 1869. Chapelle de Coëtivy, baie 4 de la Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Tympan de la verrière de la Légende de Salaün le Fol par  Emile Hirsch 1869. Chapelle de Coëtivy, baie 4 de la Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Tympan de la verrière de la Légende de Salaün le Fol par Emile Hirsch 1869. Chapelle de Coëtivy, baie 4 de la Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    LA CHAIRE À PRÊCHER.

    Elle fut commandée par le recteur La Haye entre 1852 et 1882. Elle reprend les différents épisodes de la Légende de Salaün ar Foll : 

    1. SALAUN SE BALANÇANT.

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    La Collégiale Notre-Dame du Folgoët. X. Les vitraux du XIXe siècle : La Légende de Salaün le Foll.

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    La Collégiale Notre-Dame du Folgoët. X. Les vitraux du XIXe siècle : La Légende de Salaün le Foll.

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    2. SALAUN ARRÊTÉ PAR LES SOLDATS..

    ... ou plutôt Salaün sommé de choisir entre Charles de Blois et Jean de Monfort lors de la Guerre de Succession ou Guerre des deux Jeanne. 

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    La Collégiale Notre-Dame du Folgoët. X. Les vitraux du XIXe siècle : La Légende de Salaün le Foll.

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    3. LA S.V. APPARAIT À SALAUN.

    Traduire S.V par "La Sainte Vierge".

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    La Collégiale Notre-Dame du Folgoët. X. Les vitraux du XIXe siècle : La Légende de Salaün le Foll.

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    4. LE LYS MIRACULEUX.

    ...avec l'abbé Jean de Langouesnou et, curieusement, le soldat du panneau 2 qui est venu déposer son épée sur la tombe du pauvre innocent.

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    La Collégiale Notre-Dame du Folgoët. X. Les vitraux du XIXe siècle : La Légende de Salaün le Foll.

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    ANNEXE .

    HISTOIRE DE LA FONDATION DE NOSTRE DAME DU FOLLCOAT, par Albert Le Grand (1636, édition 1901)

    "En Léon, le 8 Mars.

    I. L'histoire Miraculeuse de Nostre Dame du Follcoat, au Diocèse de Léon, a esté écrite par Jean de Land-Goëznou, Abbé du Monastère de Land-Tevenec, Ordre de S. Benoist, Diocèse de Cornouaille, lequel est témoin oculaire ; & de luy a prise Messire René Gaultier [ Comme on pourra le voir à l' Indication des sources où a puisé Albert Le Grand, cet historien serait non René Gaultier, mais René Benoist.] qui l'a insérée en sa Légende, & est telle : Environ Tan de grâce 1350, séant en la Chaire Apostolique le Pape Clément VI, Charles IV du nom tenant les resnes de l'Empire, & le Roy Jean régnant en France, durant le plus fort des guerres Civiles entre le Duc Jean de Montfort (depuis surnommé le Conquérant) et Charles de Chastillon, dit de Blois, Comte de Penthévre, devers sa femme, pour la Duché de Bretagne, Guillaume de Roche-fort estant Evesque de Léon, vivoit, au territoire de Les-Neven, un pauvre garçon idiot, nommé Salaun, qui signifie Salomon, lequel avoit l'esprit si grossier, qu'encore qu'il fust envoyé de bonne heure aux écolles, jamais il ne peut apprendre autre chose que ces deux mots : Ave Maria; lesquels il recitoit continuellement avec grande dévotion & consolation de son Ame.

    II. Ses parens estans décédez, il fut contraint de mendier sa vie, ne sçachant aucun mestier pour la gagner. Il faisoit sa demeure dans un bois, à l'extrémité de la Paroisse de Guic-Elleaw, prés d'une fontaine ; n'usant d'autre lict que la terre froide, sur laquelle il se couchoit, à l'ombre d'un arbre tortu, qui luy servoit de Ciel 8c de pavillon. Il estoit pauvrement vestu, deschaux la plus part du temps. Il alloit, tous les matins, à la Ville de Les-Neven, distante de demie lieuê de son bois, où il entendoit la Ste Messe, pendant laquelle, il prononçoit continuellement ces mots : Ave Maria, ou bien en son langage O ! Itroun Guerhez Mari, c'est à dire : O ! Dame Vierge Marie ! La Messe oûye, il alloit mendier l'aumône par la ville de Les-Neven, que luy donnoient volontiers les Citoyens & Soldats de la Garnison ; puis, s'en retournant à son Hermitage, rompoit son pain & le trempoit dans l'eau de sa fontaine & le mangeoit sans autre assaisonnement que le saint Nom de Marie, qu'il repetoit à chaque morceau. Lorsqu'il faisoit froid, il se plongeoit dans l'eau de sa fontaine jusques aux aisselles et y demeuroit longtemps, chantant toujours quelque couplet ou rythme Breton à l'honneur de N. Dame : puis, ayant repris ses accoutremens, il montoit dans son arbre, &, empoignant une branche, se bransloit en l'air, criant à pleine teste : O ! Maria, O ! Maria !

     

    III. Les villageois du voisiné, voyans ses déportements, le jugèrent fol, & ne l'appelloit-on partout autrement que Salaun-ar-foll , c'est à dire, Salomon le fol. Une fois, fut rencontré par une bande de Soldats qui couroient la poule sur la campagne, lesquels l'arresterent & luy demandèrent qui vive : « Je ne suis (dit-il) ny Blois, ny Montfort (voulant dire, qu'il n'estoit partisan ny de Charles de Blois, ny du Comte de Montfort), Vive la Vierge Marie! » A ces paroles, les Soldats se prirent à rire, l'ayant fouillé, ne luy trouvant rien qui leur fust propre, le laissèrent aller. Il mena cette manière de vie l'espace de 39 ou 40 ans, sans jamais avoir ofîensé ny fait tort à personne. Enfin, environ l'an 1358, il tomba malade, & ne voulut, pour cela, changer de demeure, quoy que les habitans des villages circonvoisins luy offrissent leurs maisons. Il demanda le Curé de Guic-Elleaw, auquel il se confessa, &, peu après, deceda paisiblement, le premier de Novembre, jour de Toussaints. Son corps fut enterré dans le cimetière de Guic-Elleaw (et non au lieu où il mourut, qui estoit terre prophane) sans autre solemnité. Mais Dieu vouloit que sa sainte Mère fust glorifiée en ce sien serviteur, & fit paroistre aux yeux de tous combien cette devotieuse affection qu'il portoit à la glorieuse Vierge Marie luy avoit esté agréable.

     

    IV. Car, comme on ne parloit plus de Salaun & que sa mémoire sembloit avoir esté ensevelie dans l'oubliance , aussi-bien que son corps dans la terre , Dieu fit naistre sur sa fosse un Lys blanc, beau par excellence, lequel répandoit de toutes parts une fort agréable odeur ; et, ce qui est plus admirable, c'est que dans les feuilles de ce Lys estoient écrites en caractère d'Or ces paroles : Ave Maria ! Le bruit de cette merveille courut, en moins de rien, par toute la Bretagne, de sorte qu'il s'y transporta une infinité de monde pour voir cette fleur miraculeuse, laquelle dura en son estre plus de six semaines, puis commença à se flétrir ; & lors fut advisé, par les Ecclésiastiques, Nobles & Officiers du Duc, qu'on fouiroit tout à l'entour de sa tyge, pour sçavoir d'où elle prenoit sa racine, & trouva-t-on qu'elle procedoit de la bouche du corps mort de Salaun ; ce qui redoubla l'estonnement de tous les assistans, voyans un témoignage si grand de la Sainteté & Innocence de celuy que, quelques années auparavant, ils estimoient fol.

    Lors, par délibération commune des Seigneurs qui se trouvèrent là et des Officiers du Duc, fut conclu et arresté qu'en mémoire de cette merveille on édifieroit, au lieu mesme où Salaun avoit fait son Hermitage, une Chappelle en l'honneur de Nostre Dame, qui seroit appelée Ar-Follcoat, c'est à dire le bois du fol. Le Duc Comte de Montfort, adverty de ces merveilles & de la délibération de ces Seigneurs, approuva leur dessein, & promit à Dieu & à la Glorieuse Vierge, que si, par son assistance, il devenoit paisible possesseur de son héritage de Bretagne, il luy édifieroit l'Eglise du Follcoat, la dotteroit et donneroit salaire aux Ecclésiastiques pour y faire le divin Service.

    V. Et de fait, ce Prince, ayant défiait ses ennemys à la bataille d'Auray, l'an 1364, où son compétiteur Charles de Blois fut tué, s'alla faire reconnoistre par toutes les villes de son Duché, &, estant à Les-Neven, au mois de Janvier 1365, il fit ladite fondation, & assigna des rentes pour les Doyens, Chanoines, Chappellains &, Sallette du Follcoat, fit prendre les fondemens de l'Eglise & y posa la première pierre. On continua le bastiment jusqu'à l'an 1370, que la guerre commença entre le Roy de France Charles VI [Charles V.] & le Duc, de l'obéissance duquel la plus part de ses sujets se révoltèrent, en haine de ce qu'il avoit logé des Garnisons Angloises à Morlaix, Kemper & Les-Neven, où ils commirent des insolences si grandes, que tout le païs se rua sur eux & les chassèrent hors. Cette guerre dura jusques à l'an 1381 , pendant laquelle, l'ouvrage ne s'avança aucunement, les deniers qui y estoient destinez ayant esté divertis pour subvenir aux frais de la guerre, laquelle estant sur le point de se rallumer, l'an 1388, à cause de l'emprisonnement du Connestable Olivier de Clisson au Chasteau de l'Hermine, à Vennes ; &, l'an 1392, le Roy de France Charles VI menaçant de fondre sur la Bretagne, les susdits deniers furent derechef arrestez pour survenir aux nécessitez occurrantes du pais; enfin, le Duc, mourant au Chasteau de Nantes, l'an 1399, le jour de Toussaints, en chargea trés-expressement à son fils, le Comte de Montfort, qu'au plustost que faire se pourroit il s'aquitast de cette fondation ; à quoy il ne manqua.

    VI. Car, incontinent qu'il fut de retour de France, en l'an 1404, il vint à Les-Neven ; il fit son entrée & receut les hommages des Nobles de la Comté de Léon, fut au Foll- coat, fit venir des ouvriers de toutes parts et y fit continuellement travailler, en sorte que l'Eglise, parfaite, fut dédiée, l'an 1419, par Allain, Evesque de Léon, peu avant qu'il fut transféré à l'Evesché de Treguier par le pape Martin V. Cette Chappelle est l'un des plus dévots Pèlerinages de toute la Bretagne, renommée par tout pour les grands Miracles que Dieu y a opérés par l'intercession de sa sainte Mère. Tous nos Princes, depuis Jean le Conquereur jusques à François II, y ont fait plusieurs voyages, Se, en leurs affaires les plus urgentes, s'y sont vouez. La Reyne Anne de Bretagne, estant venue faire un tour en son païs de Bretagne, y vint en Pèlerinage, l'an 1506, y fit sa neufvaine, y laissa de riches presens, comme aussi le Roy François ler, en Septembre l'an 1532, à l'issue des Estats de Vennes, où la Duché de Bretagne fut incorporée & inséparablement urne à la Couronne de France.

    Cette Histoire est prise de René Benoist, en sa légende, laquelle il a tiré d'un extrait authentique tiré du manuscrit Original, à luy envoyé par feu Rolland de Neuville, Evesque de Léon et Abbé de Mont-fort, partie aussi des mémoires manuscrits de Messire Yves Le Grand, Chanoine de S. Paul de Léon, Recteur de Ploudaniël, Aumosnier et Conseiller du Duc François II, le tout rendu conforme aux- Annales de Bretagne."

     

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    SOURCES ET LIENS.

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    — ABGRALL (Jean-Marie) 1909 Notice sur Le Folgoat  Bulletin Diocésain d'Histoire et d'Archéologie, Quimper page 175 et 209

    https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/bdha/bdha1909.pdf

    — ABGRALL (Jean-Marie), 1896, Le Folgoët (Finistère), « Livre d’or des églises de Bretagne », Rennes, 

    — ABGRALL (Jean-Marie), 1901, L'église Notre-Dame du Folgoat, in A.Le Grand, La vie des saincts...page 88

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5038760/f126.item.r=Folgoet

     

    — COËTLOGON (Marquis de), 1851, Dessins, histoire et description de l’église de Notre-Dame du Folgët, Brest, 1851

    — COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Répertoire des églises : paroisse de LE FOLGOET. Notice extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, par René Couffon, Alfred Le Bars, Quimper, Association diocésaine, 1988.

    http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/FOLGOET.pdf

     

    — COURCY   Notice sur Notre-Dame du Folgoët, par Pol et Henri de Courcy. ln-12. Saint- Brieuc, Prud'homme; 1860

    — DANTEC (Dominique), 1986, La basilique de Notre-Dame-du-Folgoët : un programme classique de vitraux au XIXe siècle Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1986  Volume 93  Numéro 4  pp. 405-410

    http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1986_num_93_4_3237

    — GUILLERMIT (Augustin),1922  Le Folgoat Monographie paroissiale. ed. A. Lajat (Morlaix)

    https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/8c56e3a44e19df315b7cd0de70f0f172.pdf

    — GUILLOUET (Jean-Marie), 2009,  Le Folgoët, collégiale Notre-Dame, Congrès archéologique de France (2007), Finistère. 165, pp.166-176.

    https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00557740/document

    — JOB AN IRIEN 1989, A la recherche de la vérité sur Notre Dame du Folgoët = Itron Varia ar Folgoet. Ed Minihi Levenez (Landerneau) 24 p.: ill.; 25 cm.

     

    — KERBIRIOU (Louis) 1938, Un grand Sanctuaire Marial en Bretagne · Notre·Dame du Folgoët Notice descriptive, historique et archéologique, Brest, Impr. Le Grand

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c02069db4918a110fe135511d651ae02.pdf

    — LE GRAND (frère Albert), Les vies, morts, gestes et miracles  des Saints de la Bretagne Armorique : première édition à Nantes en 1636 chez Pierre Doriou / 1659 Rennes, Ferré, Jean Vatar / Rennes, Veuve de Ian Vatar à la Palme d'or, 1680 / édition annoté et augmenté par Miorcec de Kerdanet Brest, P. Anner et fils 1837 / édition par A.M. Thomas et J.M. Abgrall Quimper 1901.

    https://archive.org/stream/LaVieDesSaintsDeLaBretagneArmorique/saints_vie_bretagne#page/n1/mode/2up/search/folgoat

     

    Frère Albert Le Grand, baptisé Jean, est un frère Dominicain né à Morlaix en 1599 et décédé à Rennes en 1641. Cette Vies des Saints est la première somme hagiographique bretonne en français et comprend 78 vies de saints, trois récits et neuf catalogues épiscopaux, un pour chacun des diocèses bretons (Saint-Pol-de-Léon, Quimper, Tréguier, Saint-Brieuc, Vannes, Saint-Malo, Nantes, Dol-de-Bretagne et Rennes). L’ouvrage est réédité, augmenté sous les auspices de Guy Autret de Missirien (Rennes, Jean Vatar, 1659), qui avait collaboré avec le dominicain. Puis en 1680. Daniel-Louis Miorcec de Kerdanet en offre une nouvelle édition, sans les catalogues épiscopaux, parue en 1837 (chez P. Anner à Brest). L’édition de référence demeure celle dite « des trois chanoines », publiée en 1901 (J. Salaün, Quimper), due à Alexandre-Marie Thomas, Jean-Marie Abgrall et Paul Peyron.

     

    — LÉCUREUX ,1914,  « Le Folgoët. Église collégiale. 3ème excursion », dans Congr. arch. de France. Brest et Vannes, 1914, p. 99-110.

    — LORME (A. de ), 1896, « L’art breton et l’église du Folgoat », dans Congr. arch. de France . Brest, 1898, p. 218-236.

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k356651/f290.item

    — MIORCEC DE KERDANET ( Daniel), 1853, Nouvelle notice sur N.-D. du Folgoët et sur ses environs, J.-B. Lefournier (Brest), 144 p.; 22 cm.

    https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/33e093346604e23fe86b2fdaa39ca374.pdf

    Ou : in A.Le Grand, La vie des saincts 1837 :

    https://books.google.fr/books?id=BYITAwAAQBAJ&dq=%22La+vie+des+saints+de+la+Bretagne+armorique%22&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

    — PENNEC (Cyrille), 1825,  Le dévot pèlerinage de Notre-Dame du Folgoët, Rennes

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/061c8316a48418d20634b1b408c93613.pdf

     

    — INFOBRETAGNE :

    http://www.infobretagne.com/folgoet.htm

    http://www.infobretagne.com/folgoet-basilique.htm

    — LES AMIS DU FOLGOËT.

    http://les-amis-du-folgoet.pagesperso-orange.fr/Basilique.htm

    — monumentshistoriques.free.fr

    http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/folgoet/descriptif.html

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    Published by jean-yves cordier - dans Le Folgoët
    7 mai 2017 7 07 /05 /mai /2017 00:46

     

    La Basilique Notre-Dame du Folgoët. IX. Les vitraux du XIXe siècle : Notre-Dame-du-Scapulaire-du-Mont-Carmel remettant le scapulaire à saint Simon Stock en présence de sainte Thérèse d'Avila. Baie à gauche du chevet (baie 1) Emile Hirsch 1868.

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    Sur Le Folgoët, voir :

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    — Sur le don du scapulaire, voir :

     

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    Il s'agit de la baie à gauche du chevet (baie 1) : Notre-Dame-du-Scapulaire-du-Mont-Carmel remettant le scapulaire à saint Simon Stock en présence de sainte Thérèse d'Avila, réalisé par le peintre, puis peintre-verrier parisien Émile Hirsch en 1868 à la demande du recteur Jean-Marie La Haye et sur recommandation de l'évêque de Quimper, Mgr Sergent. La bordure inférieure reproduit les armes de Pie IX et de Monseigneur Sergent. 

    Je ne présenterai pas longuement  le thème de la Remise du scapulaire, parfaitement traité dans l'article Wikipédia . Mais on distinguera bien ici le scapulaire de dévotion, sacramental mineur destiné aux laïcs et diffusé depuis la fin du XVIe siècle avec la promesse de protection et du salut de l'âme, et d'indulgences pour ceux qui le porterait avec dévotion, du scapulaire monastique, pièce de l'habit monastique couvrant les épaules (latin scapula = épaule) : si, selon la tradition, saint Simon Stock eut en 1251 la vision de la Vierge lui remettant la large bande de tissu  brun qui allait caractériser son Ordre des Carmes, le vitrail montre en réalité la Vierge tendant au saint deux carrés reliés par un cordon : le scapulaire de dévotion.

    Sur le vitrail, ces carrés sont bleus et on y lit le monogramme MA. Mais le véritable Scapulaire du Mont Carmel est de couleur brune. Les deux pièces de tissu sont destinées à être portées sous les vêtements, l'une sur la poitrine, l'autre dans le dos.

    L'abbé La Haye peut avoir au moins quatre bonnes raisons de choisir cette scène pour ce vitrail voisin de la baie axiale, pour laquelle il avait choisi deux années auparavant le thème du Don du Rosaire à saint Dominique en présence de sainte Catherine et de Vincent Ferrier. 

    a) Les deux scènes vont de pair : le  chapelet du Rosaire et le scapulaire du Mont Carmel sont les deux principaux sacramentaux mineurs ; leur représentation donne lieu à une disposition analogue d'un saint et d'une sainte à genoux face à la Vierge et de l'Enfant.

    b) Le programme iconographique du Rosaire, du Scapulaire et du Couronnement se conforme à l'action de Rome dans le milieu du XIXe siècle, et notamment de Pie IX pour favoriser les pratiques dévotionnelles mariales. Pie IX a accordé des indulgences liées au port du scapulaire par des rescrits des 27 juin 1847,  21 mars 1848, 19 juillet et 13 septembre 1850. 

    c) Le Don du Rosaire est lié à l'Ordre des Dominicains, tandis que la Remise du scapulaire est lié à l'Ordre des Carmes (ou du Carmel). Ces deux Ordres, l'un prêcheur, l'autre mendiant, ont été favorisés par les ducs de Bretagne, avant que François II n'adopte comme emblème la cordelière des Franciscains. Le duc Jean V favorisa les Dominicains en faisant venir en Bretagne Vincent Ferrier. Le développerai plus loin l'importances des Carmes pour le Duché.

    d) Surtout, puisque la basilique du Folgoët honore le Bienheureux Salaün, dont la seule dévotion était la répétition des deux mots Ave Maria, et le seul miracle la pousse d'un lys blanc sur sa tombe avec ces deux mots sur les pétale, le Rosaire et le scapulaire donnent une place centrale à l'Ave Maria. On sait que la récitation du Rosaire égrène  cent cinquante Je Vous Salue Marie. Mais on sait peut-être moins que la seconde partie de cette prière, est reprise des ultimes paroles prononcées sur son lit de mort par saint Simon Stock, supérieur de l'Ordre du Carmel, en 1265 : « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen. »

    En définitive, les deux baies du Rosaire et du Scapulaire forment un glorieux hommage à la prière à Marie prononcée par Salaün, tout en s'inscrivant dans le contexte historique de reprise en main des pratiques liturgiques par Rome après une période de gallicanisme, et dans celui du culte marial relancé par les Apparitions (Lourdes, La Salette), les Pèlerinages (dont Le Folgoët), et plus tard les Couronnements de statues de Vierge (dont Le Folgoët en 1888).... et en témoignant d'une fidélité à l'élan des mécènes fondateurs, les ducs de Bretagne.

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    Les Carmes en Bretagne.

     

    La toute première congrégation des Carmes s’installa pour sa part en Palestine en 1185. Entre 1230 et 1238, ils essaimèrent en Europe, et seront admis au rang des Ordres Mendiants en 1235. Présents à Rouen en 1260, à Caen en 1278, puis à Pont-Audemer, les Carmes eurent comme général en 1247 saint Simon Stock, un anglais, qui rédigea la règle définitive validée par Innocent IV, et fut à l'origine de la dévotion au Scapulaire du Mont Carmel. Les Carmélites furent réformées par sainte Thérèse d'Avila au XVIe siècle.

    Les Carmes fondèrent leur premier couvent breton à Ploërmel.  s'installent ensuite à Nantes en 1318, puis à Rennes en 1260, à Saint-Pol-de-Léon en 1353, à Hennebont en 1379, à Pont-l'Abbé en 1383. En 1384 la Province de France se scinde et crée la Province de Touraine, qui inclut parmi ses 10 couvents ceux de Bretagne. D'autres couvents se créent à Dol en 1401, à Vannes en 1425, , Le Guildo, Quintin, Josselin,  au couvent  Saint-Sauveur en Saint-Hernin en 1644, et enfin Sainte-Anne-d'Auray au XVII siècle. Une confrérie du Saint-Scapulaire est attestée à Saint-Pol-de-Léon au XVIIe siècle.

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    Les Carmes et les Ducs de Bretagne.

    Jean II : sa tombe aux Carmes de Ploërmel.

    Saint Louis en 1254 revenant de la sixième Croisade, décida six Religieux à l'accompagner à Paris. Mais une tradition veut que Jean de Bretagne, Comte de Richemont et fils du duc Jean Ier, en a également amené deux à Ploërmel en 1271 où sera fondé le premier couvent breton des Carmes.

     Jean II y sera finalement inhumé le 16 décembre 1305 à l’âge de 66 ans dans le chœur du nouveau monastère. Tombeau du duc Jean II à Ploërmel.

    Arthur II : son cœur aux Carmes de Ploërmel.

    Le successeur de Jean II, Arthur II, mourut à son tour en 1312. Il poursuivit le geste de son père, en y transférant son cœur. 

     Jean III : inhumé aux Carmes de Ploërmel.

    Jean III, fils d'Arthur II confirma cette tradition à sa mort mais également de son vivant en réaffirma les privilèges de la communauté  des Carmes de Ploërmel en 1318, et, à sa mort en 1341, il souhaita à son tour y être inhumé. Le monument consacré ne sera finalement réalisé et monté qu’en 1365 par son neveu, le duc Jean IV, sous la forme d'un tombeau de marbre. Tombeau du duc Jean IV à Ploërmel .

     

    Jean IV.

    La victoire de Jean IV sur Charles de Blois profita aux Carmes, car les franciscains du couvent des Cordeliers avait soutenu le camp des vaincus.

    Jean V.

    - En 1419, le duc Jean V emprisonné se voua à Notre-Dame-du-Carmel. Libéré, il se rendit au couvent des Carmes de Nantes et y fit élever un monument. (Louis de Sambucy https://books.google.fr/books?id=EdiWq1ZHJK4C&pg=PA90&lpg=PA90&dq=%22duc+de+bretagne%22+scapulaire&source=bl&ots=IImX0M-8Vx&sig=78IEH_Vk3isy4oOHOcE3zYFDYac&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwi32oexgIPUAhXEuRQKHecPDu4Q6AEIJzAA#v=onepage&q=%22duc%20de%20bretagne%22%20scapulaire&f=false

    - Le premier couvent des Carmes de Vannes fut fondé en 1425 par le duc Jean V près de la chapelle Notre-Dame du Bondon

    Pierre II.

    La duchesse Françoise d'Amboise, veuve du duc Pierre II fonde en 1463 le premier carmel féminin de France, à Vannes.

     

    Anne de Bretagne.

    —Entre 1499 et 1507, Anne de Bretagne fait réaliser dans la chapelle des Carmes de Nantes un tombeau pour ses parents, François II de Bretagne et Marguerite de Foix.  

    —  À sa mort en 1514, Anne de Bretagne est inhumée dans la basilique Saint-Denis, comme tous les monarques capétiens, mais son cœur, déposé dans un écrin  en or, sera  placé dans la chapelle des Carmes de Nantes. à la tête du tombeau entre François II et Marguerite de Foix, dans un coffret, entouré d'un scapulaire d'étoffe.

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    Iconographie :

    La présence de sainte Thérèse d'Avila lors de la Remise du scapulaire  se retrouve dans diverses peintures de la seconde moitié du XIXe, comme à Saint-Bonnet-le-Château par Ravery en  1836 pour le couvent des Ursulines, ou à Bonifacio, où l'ex-voto est en réalité une lithographie éditée à Paris par Turgis.  Le Musée de Bretagne, à Rennes, conserve une bannière ancienne sur fond de soie claire représentant une Donation du Rosaire et du Scapulaire à Simon Stock et Thérèse d'Avila et provenant de la paroisse de Gévezé (Ille et Vilaine).

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    Notre-Dame-du-Scapulaire-du-Mont-Carmel remettant le scapulaire à saint Simon Stock en présence de sainte Thérèse. Baie 1, Emile Hirsch 1868. Basilique Notre-Dame du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Notre-Dame-du-Scapulaire-du-Mont-Carmel remettant le scapulaire à saint Simon Stock en présence de sainte Thérèse. Baie 1, Emile Hirsch 1868. Basilique Notre-Dame du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Notre-Dame-du-Scapulaire-du-Mont-Carmel remettant le scapulaire à saint Simon Stock en présence de sainte Thérèse. Baie 1, Emile Hirsch 1868. Basilique Notre-Dame du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Notre-Dame-du-Scapulaire-du-Mont-Carmel remettant le scapulaire à saint Simon Stock en présence de sainte Thérèse. Baie 1, Emile Hirsch 1868. Basilique Notre-Dame du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Notre-Dame-du-Scapulaire-du-Mont-Carmel remettant le scapulaire à saint Simon Stock en présence de sainte Thérèse. Baie 1, Emile Hirsch 1868. Basilique Notre-Dame du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Notre-Dame-du-Scapulaire-du-Mont-Carmel remettant le scapulaire à saint Simon Stock en présence de sainte Thérèse. Baie 1, Emile Hirsch 1868. Basilique Notre-Dame du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    e-du-Scapulaire-du-Mont-Carmel remettant le scapulaire à saint Simon Stock en présence de sainte Thérèse. Baie 1, Emile Hirsch 1868. Basilique Notre-Dame du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    e-du-Scapulaire-du-Mont-Carmel remettant le scapulaire à saint Simon Stock en présence de sainte Thérèse. Baie 1, Emile Hirsch 1868. Basilique Notre-Dame du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    La bordure inférieure associe les armes de Pie IX, à gauche, et celles de Monseigneur Sergent à droite.

    Les armoiries papales de Pie IX, (1846-1878) sont  Écartelé en 1 et 4 d'azur au lion couronné d'or et en 2 et 3 d'argent aux deux bandes de gueules.

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    Armoiries de Pie IX, bordure de la baie 1, Emile Hirsch 1868. Basilique Notre-Dame du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Armoiries de Pie IX, bordure de la baie 1, Emile Hirsch 1868. Basilique Notre-Dame du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Les armoiries épiscopales de Monseigneur Sergent, évêque de Quimper et Léon de 1855 à 1871 sont : d’azur à la Vierge entourée de douze étoiles dans une gloire et posée sur une nuée mouvant de la pointe de l’écu, le tout d’argent.

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    Armoiries de Pie IX, bordure de la baie 1, Emile Hirsch 1868. Basilique Notre-Dame du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Armoiries de Pie IX, bordure de la baie 1, Emile Hirsch 1868. Basilique Notre-Dame du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    SOURCES ET LIENS.

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    — ABGRALL (Jean-Marie) 1909 Notice sur Le Folgoat  Bulletin Diocésain d'Histoire et d'Archéologie, Quimper page 175 et 209

    https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/bdha/bdha1909.pdf

    — ABGRALL (Jean-Marie), 1896, Le Folgoët (Finistère), « Livre d’or des églises de Bretagne », Rennes, 

    — ABGRALL (Jean-Marie), 1901, L'église Notre-Dame du Folgoat, in A.Le Grand, La vie des saincts...page 88

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5038760/f126.item.r=Folgoet

     

    — COËTLOGON (Marquis de), 1851, Dessins, histoire et description de l’église de Notre-Dame du Folgët, Brest, 1851

    — COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Répertoire des églises : paroisse de LE FOLGOET. Notice extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, par René Couffon, Alfred Le Bars, Quimper, Association diocésaine, 1988.

    http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/FOLGOET.pdf

     

    — COURCY   Notice sur Notre-Dame du Folgoët, par Pol et Henri de Courcy. ln-12. Saint- Brieuc, Prud'homme; 1860

    DANTEC (Dominique), 1986, La basilique de Notre-Dame-du-Folgoët : un programme classique de vitraux au XIXe siècle Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1986  Volume 93  Numéro 4  pp. 405-410

    http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1986_num_93_4_3237

    — GUILLERMIT (Augustin),1922  Le Folgoat Monographie paroissiale. ed. A. Lajat (Morlaix)

    https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/8c56e3a44e19df315b7cd0de70f0f172.pdf

    — GUILLOUET (Jean-Marie), 2009,  Le Folgoët, collégiale Notre-Dame, Congrès archéologique de France (2007), Finistère. 165, pp.166-176.

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    — JOB AN IRIEN 1989, A la recherche de la vérité sur Notre Dame du Folgoët = Itron Varia ar Folgoet. Ed Minihi Levenez (Landerneau) 24 p.: ill.; 25 cm.

     

    — KERBIRIOU (Louis) 1938, Un grand Sanctuaire Marial en Bretagne · Notre·Dame du Folgoët Notice descriptive, historique et archéologique, Brest, Impr. Le Grand

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c02069db4918a110fe135511d651ae02.pdf

    LE GRAND (frère Albert), Les vies, morts, gestes et miracles  des Saints de la Bretagne Armorique : première édition à Nantes en 1636 chez Pierre Doriou / 1659 Rennes, Ferré, Jean Vatar / Rennes, Veuve de Ian Vatar à la Palme d'or, 1680 / édition annoté et augmenté par Miorcec de Kerdanet Brest, P. Anner et fils 1837 / édition par A.M. Thomas et J.M. Abgrall Quimper 1901.

    https://archive.org/stream/LaVieDesSaintsDeLaBretagneArmorique/saints_vie_bretagne#page/n1/mode/2up/search/folgoat

     

     

    — LÉCUREUX ,1914,  « Le Folgoët. Église collégiale. 3ème excursion », dans Congr. arch. de France. Brest et Vannes, 1914, p. 99-110.

    — LORME (A. de ), 1896, « L’art breton et l’église du Folgoat », dans Congr. arch. de France . Brest, 1898, p. 218-236.

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k356651/f290.item

    — MIORCEC DE KERDANET ( Daniel), 1853, Nouvelle notice sur N.-D. du Folgoët et sur ses environs, J.-B. Lefournier (Brest), 144 p.; 22 cm.

    https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/33e093346604e23fe86b2fdaa39ca374.pdf

    Ou : in A.Le Grand, La vie des saincts 1837 :

    https://books.google.fr/books?id=BYITAwAAQBAJ&dq=%22La+vie+des+saints+de+la+Bretagne+armorique%22&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

    — PENNEC (Cyrille), 1825,  Le dévot pèlerinage de Notre-Dame du Folgoët, Rennes

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/061c8316a48418d20634b1b408c93613.pdf

     

    — INFOBRETAGNE :

    http://www.infobretagne.com/folgoet.htm

    http://www.infobretagne.com/folgoet-basilique.htm

    — LES AMIS DU FOLGOËT.

    http://les-amis-du-folgoet.pagesperso-orange.fr/Basilique.htm

    — monumentshistoriques.free.fr

    http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/folgoet/descriptif.html

     

     

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    Published by jean-yves cordier - dans Le Folgoët
    6 mai 2017 6 06 /05 /mai /2017 22:50

    La Collégiale Notre-Dame du Folgoët. VIII. Les vitraux du XIXe siècle : la verrière occidentale par Émile Hirsch en 1889.

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    Sur Le Folgoët, voir :

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    Cette verrière, la baie n°100,  a été réalisée dans son atelier parisien et posée par Émile Hirsch en 1889 en même temps que la verrière du Couronnement ou baie n°6. Elles avaient été commandées par Monseigneur Lamarche, évêque de Quimper et du Léon, et financée par une souscription de la Semaine Religieuse du chanoine Rossi, dont le montant atteindra 2173 fr. Les noms des  souscripteurs (parmi lesquels les personnalités dont les portraits figurent sur le vitrail du Couronnement) furent publiés le 19 juillet 1889 (290 fr), puis le 2 août (106 fr), le 9 août (189 fr), le 23 août (534 fr), le 6 septembre (190 fr), le 4 octobre(764 fr) . La pose a eu lieu le 30 août 1889. Les deux vitraux furent dévoilés aux 25 000 fidèles rassemblés pour le premier anniversaire du Couronnement de la Vierge du Folgoët le 6 septembre 1889 en présence de Mgr Lamarche.

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    DESCRIPTION GÉNÉRALE.

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    «Les pèlerins de l'année dernière avaient remarqué avec peine au-dessus de ta porte d'entrée un vitrail de verres blancs: c'était encore une lacune, désormais elle disparaîtra : on va placer un vitrail représentant Ies principaux fondateurs de l'église. Le duc Jean V la duchesse Anne, l'évêque Allain de la Rue, et enfin le cardinal de Coetivy qui fut après les premiers, un des plus célèbres bienfaiteurs du sanctuaire."

    "Mgr Lamarche a désiré grouper ainsi tous les souvenirs historiques qui se rattachent au monument, d'abord les fondateurs ; puis il demanda à M. Hirsch de placer dans le tympan de cette verrière les armes de ceux qui autrefois avaient contribué à l'érection de l'église et dont les blasons avaient été sculptés sur la pierre de l'édifice ou dont les armoiries figuraient dans les anciennes verrières détruites depuis longtemps. On retrouva là les noms des plus illustres familles de Bretagne."

    " D'autre part, il était désirable que les noms des pieux paroissiens qui se liguèrent pour acheter l'église après la Révolution et la rendre au culte, y figurassent également. Leurs noms sont inscrits dans 2 cartouches qui forment le soubassement du vitrail. Une très grande difficulté se présentait. Il fallait songer à la question de lumière pour ne pas obscurcir l'église et laisser passer le plus de jour possible pour éclairer le jubé. M. Hirsch a résolu ce problème en exécutant ces personnages en grisaille ; ce genre de peinture sur verre est d'une coloration blanche augmentée de quelques notes de couleur qui ranime cet ensemble de tons très doux et harmonieux.

    "Le tympan sera décoré par 21 armoiries, il offrira un contraste très heureux. Ces armes de couleurs variées, soutenues par des rinceaux du style de l'époque,forment une décoration vive et d'un grand effet. C'est d'ailleurs la tradition qui nous montre de tels exemples, Nous rencontrons presque toujours les armoiries des donateurs dans les tympans des anciennes verrières. Ce couronnement des fenêtres est généralement réservé à la partie glorieuse du vitrail. C'est le ciel avec les anges, les étoiles, les fleurs et au milieu des arabesques. Viennent les armoiries des familles qui ont généreusement contribué à l'érection du monument. C'était donc une heureuse inspiration de Monseigneur de faire revivre tous ces souvenirs historiques. Nous ne citerons ici pour le moment que les armoiries de la famille très ancienne et si honorable de Mlle Le Jannic de Kervizal (*). Nous aurons occasion d'y revenir. Elles occupent la place d'honneur. Le peintre verrier a tenu à rester dans la couleur locale en s inspirant des statues qui sont au Folgoët pour représenter les pieux personnages, et le vitrail reproduit Ies statues du Duc Jean et de Monseigneur Allain représentées sur la porte orientale de l'église. L'église du Folgoat va donc recevoir une nouvelle parure digne d'elle et aussi du diocèse. Tous les travaux seront terminés, et les vitraux mis en place pour la prochaine fête du 8 septembre, anniversaire du Couronnement. " (Semaine Religieuse 1889)

    (*) Le Jannic de Kervizal a publié en 1892 la généalogie des Du Chastel, dont il était le descendant.

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    La verrière occidentale ou Baie n°100, Émile Hirsch 1889, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    La verrière occidentale ou Baie n°100, Émile Hirsch 1889, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    LES QUATRE LANCETTES.

    Elles  représentent deux des principaux mécènes de la basilique, le duc Jean V qui la fonda comme collégiale en 1423, et sa petite fille la reine Anne de Bretagne qui y vint en pèlerinage  le 19 août 1505 lors de son Tro Breizh pour remercier Notre-Dame de la guérison du roi Louis XII qui avait échappé à la mort la même année. Deux autres donateurs les encadrent, le cardinal de Coëtivy, qui dota la basilique de reliques en 1456,  et l'évêque du Léon Allain De la Rue, qui consacra l'église en 1419, et passe pour être le fondateur du porche méridional qui porte son nom.

    Les quatre personnages se détachent en grisaille sur un fond bleu où se répètent de façon mécanique des losanges contenant des fleurons. 

    Quelques incongruités égayent cette verrière : partons à leur recherche !

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    Les lancettes de la Baie n°100, Émile Hirsch 1889, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Les lancettes de la Baie n°100, Émile Hirsch 1889, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    La lancette A : le cardinal de Coëtivy.

     En 1456, le cardinal Alain de Coëtivy envoya en don au Folgoët,   de Rome, où il résidait, un magnifique reliquaire des restes de martyrs conservés au monastère de Saint-Anastase des Trois-Fontaines. J'ai étudié cet épisode dans mon article : les reliques sont-elles celles des Dix mille martyrs du mont Ararat en Arménie (fête du 22 juin du Martyrologue romain, selon un récit  d'Anasthase le Bibliothécaire faisant de ces martyrs des soldats de l'empereur Adrien dirigés par leur officier saint Acace), ou bien plus probablement celles des 10203 soldats romains de saint Zénon persécutés sous Dioclétien, reliques conservées à l'abbaye des Trois Fontaines ?

    Miorcec de Kerdanet écrit pourtant page 61 de sa Nouvelle Notice sur le Folgoët

    "1456. Envoi de Rome au Folgoët, par le cardinal Alain de Coëtivy, d'un magnifique reliquaire renfermant de précieux restes des 10,000 martyrs, conservés au monastère de Saint-Anastase de~ Trois-Fontaines."

    http://www.lavieb-aile.com/article-legende-des-dix-mille-martyrs-alain-de-coetivy-et-le-reliquaire-de-folgoet-113185282.html

    La même année 1456 (ou vers 1443 selon E. Le Seac'h), le cardinal aurait fait faire la statue qui le représente à genoux, au pied du calvaire du Folgoët. Elle a manifestement servi de modèle au peintre-verrier.

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    Le cardinal de Coëtivy, par Émile Hirsch 1889, Baie n°100, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Le cardinal de Coëtivy, par Émile Hirsch 1889, Baie n°100, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    La statue du cardinal, agenouillé au pied de la croix du calvaire, a peut-être inspirée Émile Hirsch, car nous ne disposons par d'autres portraits, si ce n'est celui de son gisant de Sainte Praxède à Rome. Mais nous constatons plusieurs différences. 

    La statue représente le cardinal agenouillé sur un coussin à glands, les mains jointes, un bâton de pèlerin sous le bras gauche. Il porte une tunique serrée aux poignets par six boutons ronds, et recouverte par un long mantelet sans manches formant une traîne derrière lui.  Un chapeau rond à fond plat est maintenu derrière la tête par une forte cordelière qui vient dessiner un huit autour des coulisseaux. 

    Si on accepte la date de 1443 (c'est celle d'une inscription d'une pierre posée devant le Doyenné et qui proviendrait du calvaire), Alain de Coëtivy a alors été successivement chanoine du Léon, évêque d'Avignon en 1437, et évêque d'Uzès de 1442 à 1445. Son bâton est peut-être un bâton pastoral, à la crosse brisée. Mais si on estime que le chapeau est un galero, le chapeau cardinalice muni de ses cordons à houppe, cela retarde la date puisqu'il a été nommé cardinal de Sainte-Praxède qu'en décembre 1448. Enfin, si on tient compte de la note manuscrite de la page 61 de l'ouvrage de Miorcec de Kerdanet (exemplaire numérisé du diocèse de Quimper) datant ce calvaire de 1456, date  de la date du don du reliquaire, Alain est alors légat pontifical de Calixte III auprès de Charles VII pour préparer la nouvelle croisade et obtenir l'abrogation de la Pragmatique Sanction.

    Note : La même année 1456, dans la nuit du 4 au 5 avril 1456 le cardinal présidait comme légat du pape à la cérémonie par laquelle "le corps de saint Vincent Ferrier fut solennellement levé de l’église cathédrale où il avait été déposé à pareille date, en 1419, par les soins de la duchesse Jeanne. Le duc Pierre II, la duchesse sa femme, toute sa cour, quatorze prélats, tant archevêques qu’évêques, et une multitude de témoins assistèrent aux cérémonies qui furent célébrées à cette occasion. Il fit agréer à la duchesse, à titre de don personnel, la ceinture du bienheureux, son bonnet doctoral et un doigt de sa main." (Histoire de Charles VII). 

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    Le cardinal de Coëtivy, statue en kersanton vers 1443, calvaire du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.
    Le cardinal de Coëtivy, statue en kersanton vers 1443, calvaire du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

    Le cardinal de Coëtivy, statue en kersanton vers 1443, calvaire du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

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    Émile Hirsch a choisi de représenter Alain de Coëtivy en habit de chœur de cardinal du XIXe siècle, avec soutane, surplis, rochet, et avec le galero et sa cordelière   in tutti fiocchi , étalant par ses entrecroisements, la pyramide des 15 houppes organisés en cinq rangs. 

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    Le cardinal de Coëtivy, par Émile Hirsch 1889, Baie n°100, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Le cardinal de Coëtivy, par Émile Hirsch 1889, Baie n°100, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Lancette B : le duc Jean V.

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    Lancette B : le duc Jean V par Émile Hirsch 1889, Baie n°100, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Lancette B : le duc Jean V par Émile Hirsch 1889, Baie n°100, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Le chanoine Rossi indique spécifiquement que la statue en pied du duc, qui se trouve au dessus du Porche des Apôtres,  a servi de  modèle pour le  vitrail. La comparaison montre que Hirsch a été fidèle au modèle.

    Néanmoins, il aurait été préférable de ne pas inverser le carton, afin que le sceptre soit tenu dans la main droite et le livre dans la main gauche. (seule la main de justice, aux trois doigts ouverts, est tenue dans la main gauche).

    D'autre part, le sceptre est l'attribut du roi de France, l'une de ses regalia, mais n'a jamais été adopté par les ducs de Bretagne, comme me l'a fait remarquer Jean-Yves Copy. Il est donc probable que la statue du personnage en armure du Folgoët ne soit pas celle du duc Jean V (d'autant que son manteau est frappé de fleur de lys.

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    La statue du XVe siècle qui a servi de modèle à E. Hirsch . Porche des Apôtres, Basilique du Folgoët, photographie lavieb-aile avril 2017.

    La statue du XVe siècle qui a servi de modèle à E. Hirsch . Porche des Apôtres, Basilique du Folgoët, photographie lavieb-aile avril 2017.

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    Lancette B : le duc Jean V par Émile Hirsch 1889, Baie n°100, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Lancette B : le duc Jean V par Émile Hirsch 1889, Baie n°100, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Lancette C : Anne de Bretagne.

    Anne de Bretagne vient plusieurs fois à Folgoët pour implorer Notre-Dame : en 1491 (l'année même de son mariage avec le jeune roi de France Charles VIII), en 1494 (alors que Charles VIII guerroyait en Italie), en 1499 (à l'occasion de son mariage avec Louis XII), et en 1505 (pour remercier  de Notre-Dame, de la guérison du  roi Louis XII qui avait été gravement malade).  Elle a fait don de robes de noce, a financé la statue de Jean V ainsi que le pinacle de la basilique, appelé aujourd'hui le pinacle Anne de Bretagne. Elle a également fait réaliser la bande passante d'hermines, le symbole des ducs de Bretagne. 

    C'est certainement le "portrait" le moins réussi de ce vitrail, et qui ne nous évoque nullement la Duchesse Anne, avec son chaperon noir et son décolleté carré. La tête est mal ajustée à un cou trop raide et trop gracile, sur lequel un collier de perle est fort mal venu. Le voile a été choisi au lieu du bonnet noir La robe damassée au jaune d'argent à l'élégance de rideaux défraîchis. L'ensemble évoque une production issue des catalogues de Cachal-Froc et de Froc-Robert

    Comparer au fameux portrait des Grandes Heures d'Anne de Bretagne par Jean Bourdichon.

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    Lancette C : Anne de Bretagne par Émile Hirsch 1889, Baie n°100, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Lancette C : Anne de Bretagne par Émile Hirsch 1889, Baie n°100, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Lancette C : Anne de Bretagne  par Émile Hirsch 1889, Baie n°100, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Lancette C : Anne de Bretagne par Émile Hirsch 1889, Baie n°100, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Lancette D : l'évêque du Léon  Allain De La Rue.

    Là encore, le chanoine Rossi nous a appris, dans sa Semaine Religieuse, quel fut le modèle d'Émile Hirsch : la statue du Porche méridional, ou Porche d'Allain de la Rue. Mais il en a donné une version stéréotypée de saint-évêque ou d'évêque-fondateur, sans reproduire les deux traits caractéristiques de la statue du porche : son écu aux armes à trois croissants surmontés d'une billette, (mais c'est vrai qu'il est érodé et mal lisible), et surtout le baudrier auquel sont suspendus des coquilles de Saint-Jacques. Voir la description de cette statue ici.

    Bien qu'Allain de la Rue soit donné comme celui qui a consacré l'église en 1419, il ne figure pas comme donateur dans la longue liste donnée par Miorcec de Kerdanet.

     

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    Statue d'Allain de la Rue, atelier ducal du Maître du Folgoët (1423-1433), trumeau du porche méridional, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

    Statue d'Allain de la Rue, atelier ducal du Maître du Folgoët (1423-1433), trumeau du porche méridional, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

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    L'évêque du Léon  Alain de La Rue par Émile Hirsch 1889, Baie n°100, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    L'évêque du Léon  Alain de La Rue par Émile Hirsch 1889, Baie n°100, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Lancette D : l'évêque du Léon  Alain De La Rue  par Émile Hirsch 1889, Baie n°100, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Lancette D : l'évêque du Léon  Alain De La Rue par Émile Hirsch 1889, Baie n°100, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Les douze bons paroissiens : l' inscription du soubassement des deux lancettes médianes.

     

    L'église, victime d'un incendie en 178 qui la ravagea, laissée en ruine, vendue à la Révolution au sieur Anquetil en 1792 et transformée en magasins,  fut rendue au culte grâce à 12 paroissiens qui la rachetèrent pour 10.000 fr et  en firent don à la commune par acte du 25 août 1810. Leurs noms ont été transmis à la postérité par le marquis de Coëtlogon : Anne Le Gall, François Le Gall, Hervé Le Goff, François Uguen, instituteur, Marie-Anne  André, Guillaume Loaec, Jean Arzur, / Jean Toutous Jean Gac,  Yves Laot Guillaume Kerbrat et Gabriel Abjean, maire de Ploudaniel.
     

    Le peintre sur verre en a inscrit, comme le souhaitait l'évêque, les noms  en bas des deux lancettes médianes, mais (peut-être en retard sur le délai imposé par la cérémonie du 6 septembre), il s'est interrompu au prénom du 11e nom. 

    Anne Le Gall, François Le Gall, Hervé Le Goff, François Uguen, Marianne André, Guillaume Loaec, Jean Arzur, / Jean Toutous Jean Gal Yves Laot  Guillaume

     

    Notez aussi la signature 1889 E. HIRSCH.

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    L' inscription du soubassement de la lancette B. Baie n°100, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    L' inscription du soubassement de la lancette B. Baie n°100, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    L' inscription du soubassement de la lancette C. Baie n°100, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    L' inscription du soubassement de la lancette C. Baie n°100, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    LE TYMPAN.

    Il comporte 9 mouchettes et 7 à 9 écoinçons. L'écoinçon supérieur contient une inscription :

    RESTAURATION 1982-1983 / JEAN-PIERRE LE BIHAN MAÎTRE-VERRIER /  B[ENJAMIIN]. MOUTON ARCHITECTE EN CHEF M H..

    Les mouchettes renferment 20 écus armoriés. J'identifie les suivants :

    1. De gueules au chevron d'or cantonné de trois croisettes d'argent. Guillermit propose De Neufville, mais cette famille porte en réalité d'azur au chevron d'or accompagné de trois croisettes ancrées du même.  Voir Neuville-sur-Saône . Je trouve plutôt pour ce blasonnement "Auvray, seigneur de Meurville : de gueules, au chevron d’or, accompagné de trois croisettes de même.". Dans les deux cas, il n'y a pas de rapport avec le Folgoët. Le peintre a pu s'égarer dans sa documentation tout en voulant  représenter les armoiries de Roland de Neufville, évêque du Léon de 1563 à  1613, qui, en 1562, fit faire une paraphrase du récit originel du Miracle de Salaün par Jean de Langoueznou, abbé de Landévennec. C'est aussi lui qui institua en 1598  la procession générale à N.-D. du Folgoët, au 15 août, ·jour de l'Assomption, déclarée obligatoire pour toutes lès paroisses de Léon. Son écusson, un sautoir vairé, se voit encore aujourd'hui sur son gisant en la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon.

    2 D'argent, au sautoir, cantonné d'un annelet en chef et de trois roses pour les autres quartiers, le tout de gueules. De Coëtquis.

    Philippe de Coëtquis, (v.1376 - Tours, 12 juillet 1441), Chanoine de Tournai, Evêque-Comte de Saint-Pol-de-Léon (1419-1426), Puis Archevêque d'Embrun et Prince du Saint-Empire (1426, non-sacré), Comte de Beaufort, de Guillestre,, puis Archevêque de Tours (1427), Pseudo-Cardinal-Prêtre (1440)

    3. d'or à la fasce d'azur  accompagnés de trois merlettes  de même béqués et membrés de gueules. De Gouzillon de Kernao.

    En 1510, Paul de Gouzillon, était recteur d'Elestrec, frère du  suivant. Gabriel Gouzillon fut doyen du Folgoët de 1508 à sa mort en 1519.  Gabriel Gouzillon, trésorier, chanoine puis doyen du Folgoët en 1531. Jean de Gouzillon, doyen du Folgoët en 1544. 

    4. D'argent à deux fasces de sable. Le Barbier ?. Guillermit propose Barbier de Lescoët.

    5.  d'argent au chevron de gueules, cantonné de 3 quintefeuilles de gueules : Rivoalen de Mezléan,

    6.  mi-parti de Poulmic Échiqueté d’argent et de gueules. et ? Jean Prégent, évêque d'azur à la fasce d'or, accomp. de trois molettes de même.  Poulmic / Prégent.

    7. Fascé de gueules et de vair : De Coëtmenec'h

     Tanguy de Coëtmenec'h, fils juveigneur de Charles de Coëtmenec'h et de Basille du Chastel, est, en 1410, le premier donateur,  inaugurant la liste de bienfaiteurs du Folgoët : il offrit un champ dit An Ero hir, en Elestrec. (de Kerdanet p. 48)

    8. fascé ondé d'argent et d'azur. Selon Guillermit, plusieurs familles du Léon portaient fascé ondé d'argent et d'azur, entre autres les Kergadiou, seigneurs du dit lieu de Porspoder, et les Autret, seigneurs de Kerguiabo, et de Kerazan en Larret. Mais le chef d'argent comporte une croix de gueules.

    9. fascé d'or et de gueules : du Chastel.

    10  D'azur, aux onze billettes d'argent, ordonnées 4,3,4. De Beaumanoir

    11 Mi parti d'Angleterre et de France (mi-parti de gueules à trois léopards d’or passant l’un sur l’autre et d’azur à trois fleurs de lys d'or). Famille de Goulaine

    12 d'or au lion morné de sable : Léon

    13 d'hermine à trois fasces de gueules : Rostrenen

    14 : d'or à la fasce de gueules : Penhoët

    "Les seigneurs de Penhoët  ont aussi concouru à l'érection de ce collège , ainsi qu'il est appris de ce Jean de Penhoët, amiral de Bretagne, si souvent rechanté dans nos chroniques, lequel accompagna le dic Jean V au voyage qu'il fit à Lesneven et au Folgoët sur la fin de l'an 1434. Cette seigneurie possède de très belles prééminences au chœur de cette église, du coté de l'évangile. La terre et le château du Penc'hoët sont situés dans la paroisse de Taulé près Morlaix " (Cyrille Pennec, p. 30)

    15   fascé d'or et de sable de six pièces. de Coëtivy.

    16  d'argent au rencontre de cerf de gueules. de Poulpry

    17 mi-parti de gueules, à une tête de cheval d'argent bridée d'or, le cou et les crins aussi d'argent (Penmarc'h) et  losangé d'argent et de sable à une fasce de gueules, chargée d'un croissant d'argent. (Kermenguy)  Penmarch. Kermenguy.

    18. d'argent au lion d'azur Carman. 

    19:Mi-parti D’azur, au lion d’argent qui est du Chastel/ Famille du Juch : alliance Tanguy du Chastel et Marie du Juch

    20 de gueules à 9 macles d'or posées 3, 3, 3. Rohan

     

     

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    Tympan armorié de la Baie n°100, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Tympan armorié de la Baie n°100, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    SOURCES ET LIENS.

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    — ABGRALL (Jean-Marie) 1909 Notice sur Le Folgoat  Bulletin Diocésain d'Histoire et d'Archéologie, Quimper page 175 et 209

    https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/bdha/bdha1909.pdf

    — ABGRALL (Jean-Marie), 1896, Le Folgoët (Finistère), « Livre d’or des églises de Bretagne », Rennes, 

    — ABGRALL (Jean-Marie), 1901, L'église Notre-Dame du Folgoat, in A.Le Grand, La vie des saincts...page 88

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5038760/f126.item.r=Folgoet

     

    — COËTLOGON (Marquis de), 1851, Dessins, histoire et description de l’église de Notre-Dame du Folgët, Brest, 1851

    https://books.google.fr/books?id=4udhAAAAcAAJ&dq=Dessins,+histoire+et+description+de+l%E2%80%99%C3%A9glise+de+Notre-Dame+du+Folg%C3%ABt&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

    — COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Répertoire des églises : paroisse de LE FOLGOET. Notice extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, par René Couffon, Alfred Le Bars, Quimper, Association diocésaine, 1988.

    http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/FOLGOET.pdf

     

    — DANTEC (Dominique), 1986, La basilique de Notre-Dame-du-Folgoët : un programme classique de vitraux au XIXe siècle,  Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1986  Volume 93  Numéro 4  pp. 405-410

    http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1986_num_93_4_3237

    — GUILLERMIT (Augustin),1922  Le Folgoat Monographie paroissiale. ed. A. Lajat (Morlaix)

    https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/8c56e3a44e19df315b7cd0de70f0f172.pdf

    — GUILLOUET (Jean-Marie), 2009,  Le Folgoët, collégiale Notre-Dame, Congrès archéologique de France (2007), Finistère. 165, pp.166-176.

    https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00557740/document

    — JOB AN IRIEN 1989, A la recherche de la vérité sur Notre Dame du Folgoët = Itron Varia ar Folgoet. Ed Minihi Levenez (Landerneau) 24 p.: ill.; 25 cm.

     

    — KERBIRIOU (Louis) 1938, Un grand Sanctuaire Marial en Bretagne · Notre·Dame du Folgoët Notice descriptive, historique et archéologique, Brest, Impr. Le Grand

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c02069db4918a110fe135511d651ae02.pdf

     

    — LÉCUREUX ,1914,  « Le Folgoët. Église collégiale. 3ème excursion », dans Congr. arch. de France. Brest et Vannes, 1914, p. 99-110.

     

    — MIORCEC DE KERDANET ( Daniel), 1853, Nouvelle notice sur N.-D. du Folgoët et sur ses environs, J.-B. Lefournier (Brest), 144 p.; 22 cm.

    https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/33e093346604e23fe86b2fdaa39ca374.pdf

    Ou : in A.Le Grand, La vie des saincts 1837 :

    https://books.google.fr/books?id=BYITAwAAQBAJ&dq=%22La+vie+des+saints+de+la+Bretagne+armorique%22&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

    — PENNEC (R.P. Cyrille), 1634, réimpr. 1825,  Le dévot pèlerinage de Notre-Dame du Folgoët, Rennes, Vatar imp. 58 p. 

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/061c8316a48418d20634b1b408c93613.pdf

     

    — INFOBRETAGNE :

    http://www.infobretagne.com/folgoet.htm

    http://www.infobretagne.com/folgoet-basilique.htm

    — LES AMIS DU FOLGOËT.

    http://les-amis-du-folgoet.pagesperso-orange.fr/Basilique.htm

    — monumentshistoriques.free.fr

    http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/folgoet/descriptif.html

     

    Semaine Religieuse de Quimper du 12 juillet 1889 : pages 434-437

    http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf_semaines-religieuses/SRQL_1889.pdf

     

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    Published by jean-yves cordier - dans Le Folgoët
    6 mai 2017 6 06 /05 /mai /2017 22:01

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    Les couronnements de statues de la Vierge au XIXe siècle.

    Les statues de Vierges sont couronnées depuis fort longtemps, comme en témoignent par exemple celles du Folgoët : la Vierge à l'Enfant offerte par Olivier du Chastel et sculptée entre 1423 et 1433 (niche du Porche des Apôtres), la Vierge à l'Enfant qui occupait jadis la Fontaine et qui est placée aujourd'hui dans le bas-coté sud (1423-1433), ou celle qui reçut le Couronnement représenté sur le vitrail, et qui est parfois nommée "la Vierge noire" (vers 1600), portent chacune une couronne. 

    La cérémonie dite du couronnement d'une statue de la Vierge ne consiste donc pas à mettre une couronne sur  une statue qui en est dépourvue, mais d'y placer en grande pompe une nouvelle couronne,  en or ou matériau précieux, sur la tête de la représentation de la Reine des Cieux, et de son Fils, en signe de reconnaissance officielle et papale d'un lieu de culte (et de pèlerinage) local. 

     

    Dès le XVIIe siècle, le Comte Alexandre Sforza, pour montrer sa piété envers la Mère de Dieu, envoyait à ses frais, des couronnes d’or aux Vierges les plus célèbres de son temps. Depuis 1631, date de cette initiative, plus de 400 couronnes ont été distribuées. Mais cette tradition prit une toute autre ampleur au XIXe siècle, dans le contexte du renouveau du culte marial. Le 8 décembre 1854, le pape Pie IX promulgua le dogme de l’Immaculée Conception dans la bulle Ineffabilis Deus. Dès lors, de nombreux évêques français décidèrent, pour obtenir la reconnaissance officielle par l’église catholique romaine du renouveau des dévotions mariales,  de renouer avec l’ancienne pratique du couronnement des statues de la Vierge, dans les centres de pèlerinage mariaux, anciens ou nouveaux, après autorisation de Rome ; car c’est au Souverain Pontife ou au chapitre de Saint-Pierre qu’est réservé le droit de couronner les statues de la Mère de Dieu en  déléguant un dignitaire apostolique pour présider la cérémonie. Ainsi, entre 1853 et 1903, quatre-vingt statues de sanctuaires français font l’objet d’un couronnement solennel, la première Vierge couronnée en France étant celle de Notre-Dame-des-Victoires à Paris le 9 juillet 1853.

    En Bretagne, la première statue  qui obtint ce privilège fut celle de Notre-Dame-de-Bon-Secours à Guingamp, en 1857. Puis ce fut le tour de  Notre-Dame de Rumengol le 30 mai 1858, de Notre-Dame du Roncier le 8 septembre 1868 à Josselin, avant le couronnement de Notre-Dame du Folgoët le 8 septembre 1888. Les Bretons obtinrent d'étendre cet honneur aux statues de Sainte Anne, d'abord à  Auray le 30 septembre 1868, puis à Sainte-Anne-La-Palud en 1913. Dans tous les cas, les cérémonies réunirent des foules immenses, des indulgences furent assurées aux pèlerins,  la renommée du pèlerinage s'en trouva accru, des cérémonies anniversaires furent célébrées, et des œuvres artistiques commémoratives furent crées. 

    Le couronnement de la statue du Folgoët en 1888.

    L'église du Folgoët, bâtie pour honorer la dévotion légendaire du pauvre Salaün ar Foll en ce lieu pour la Vierge Marie , et le miracle qui survint sur sa tombe à sa mort vers 1358, fut érigée en Collégiale (dotée d'un chapitre de chanoine) en 1422 par le duc Jean V puis élevée au rang de basilique mineure en 1427. Elle devint le lieu d'un pèlerinage marial renommé, le second en Finistère après  Notre-Dame du Rumengol dans les Monts d'Arrée. Presque désertée après un incendie en 1708, et ruinée à la Révolution, elle fut remise en état à partir de 1829. Les anciens vitraux d'Alain Cap (1578-1644) étant ruinés, Mgr Sergent, évêque de Quimper et du Léon, commanda au peintre parisien Émile Hirsch —qui avait peint son portrait en 1852 —  une première verrière pour la baie axiale en 1866 : Notre-Dame-du-Rosaire. Puis suivirent trois  commandes pour les autres baies du chevet, consacrées au Don du Scapulaire, à la Légende du Bienheureux Salaün, et , en 1870, à l'Institution du Dogme de l'Immaculée Conception. En 1868, Émile Hirsch, qui ne signait jusqu'alors que les cartons, ouvrit son propre atelier de vitraux rue Gauthey à Paris. Entre 1868 et 1875, il réalisa 20 verrières pour la cathédrale de Quimper, soit plus de la moitié des fenêtres basses : principalement des Vies de saints.

    L'idée de demander pour Le Folgoët le bénéfice du Couronnement revient selon Guillermit au recteur La Haye (1859-1882), qui, dès 1860,  :

    "pense faire couronner Notre-Dame : il charge Monsieur de Courcy de s'enquérir à Rome des démarches nécessaires pour obtenir du pape la faveur désirée. Il affilie son église à N. D. de Lorette. Il s'inquiète de savoir si les nombreuses indulgences accordées à la collégiale par les Souverains Pontifes ne sont pas périmées par suite des profanations de la Révolution. Les vicaires généraux le rassurent à ce sujet ; mais il ne s'en tient pas à le;ur appréciation, et pour être plus certain, il prie Monsieur de Courcy de provoquer une réponse de Rome.

    En 1873, organise-t-il un grand pèlerinage de prières et d'actions de grâces au Folgoat. Quarante mille hommes, soixante-dix paroisses représentées par croix et bannières assistèrent à cette fête présidée par Monseigneur l'Evêque de Quimper et de Léon. C'est à cette occasion que fut composé par Monsieur Guillou, recteur de Penmarc'h, le beau cantique si entraînant et si émouvant que l'on chante encore : Patronez clous ar Folgoat. ". (Guillermit)

    Les démarches furent reprisent par le recteur Couloigner et son évêque Mgr Lamarche, dont l'épiscopat débuta en 1887 :

    "...Il fut remplacé par Monsieur Couloigner qui fut recteur de 1882 à 1892. Avec l'aide de Monseigneur Roull, protonotaire apostolique, curé-archiprêtre de Saint-Louis de Brest, qui était alors principal du collège de Lesneven, ils organisèrent en 1886 un grand pèlerinage et réunirent. aux pieds de Notre-Dame plus de 40.000 pèlerins et 80 processions. Deux ans après, le pape Léon XIII accorda à Monseigneur Lamarche l'autorisation de couronner la Vierge du Folgoat." (Guillermit)

    C'est la statue en kersanton de grain très sombre représentant la Vierge à l'Enfant (aujourd'hui exposée au centre du chevet sous un dais) qui fut choisie pour cet honneur, plutôt que celle de la fontaine du pauvre Salaün. Elle fut qualifiée de "statue miraculeuse".

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    La cérémonie du Couronnement fut un grand succès.

    "La fête fut plus brillante encore que celle de 1886. On évalua à 60.000 le nombre des pèlerins qui y prirent part. Cinq évêques entouraient le cardinal Place, archevêque de Rennes, délégué par le pape pour couronner la Sainte-Vierge, et Monseigneur Lamarche, évêque de Quimper ; ce furent : Monseigneur Laouénan, archevêque de Pondichéry ; Monseigneur Freppel, évêque d'Angers, député de la circonscription ; Monseigneur Bougaud, évêque de Laval ; Monseigneur Bécel, évêque de Vannes ;  Monseigneur Trégaro, évêque de Séez." (Guillermit).

    Le vitrail du Couronnement.

    Dans le même temps, le nouvel évêque se montra résolu de poursuivre le programme de dotation de verrières si bien mis en œuvre par Mgr Sergent, et projeta de faire ouvrir l'ancienne baie sud de la chapelle dite de Coëtivy ; il exposa ce projet le jour même de la cérémonie de Couronnement. Il fallut démurer l'ouverture, puis consolider le pignon qui s'avéra affaissé "Les traces des meneaux dans tes appuis et les naissances des lobes de Ia rosace furent retrouvées, et servirent à l'établissement des pierres du vitrail et de ses divisions.". Émile Hirsch fut désigné tout naturellement pour faire le carton du nouveau vitrail, qui représenterait le moment fort des fêtes du Couronnement, d'autant plus qu'il y avait assisté. 

    On remit à Émile Hirsch un certain nombre de photographies prises lors des festivités, afin qu'il représente fidèlement les assistants les plus honorifiques, les bannières les plus belles, et les fidèles venus en costume régional. 

     

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    Cette verrière de sept mètres sur cinq comporte cinq lancettes consacrées à la cérémonie du Couronnement et une rose à seize rayons.

    Elle peut devenir, pour les esprits curieux, le cadre d'un passionnant jeu de piste pour identifier les membres du milieu catholique breton de la seconde moitié du XIXe siècle.

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    I. LES LANCETTES : LA CÉRÉMONIE DU COURONNEMENT.

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    La verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889,  baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    La verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Lancettes de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889,  baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Lancettes de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    LA TROISIÈME LANCETTE.

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    Au centre de la baie, la statue de la Vierge à l'Enfant, alors surnommée « la Vierge Noire », est sur un piédestal sur lequel se lit l'inscription en breton AVE MARIA SALAUN ZEBFRE BARA. "Ave Maria Salaün manger pain" (du verbe dibri, debret, "manger").

    Ces derniers mots proviennent de l’histoire miraculeuse de Saläun ar Foll


    "Vers le milieu du XIVè siècle vivait dans une clairière de la forêt lesnevienne, un homme nommé Salaün. Les habitants le nommaient familièrement "Le Fou du Bois" (Fol ar Coat).
    Considéré comme un "innocent", Salaün mendiait son pain de ferme en ferme. Il demandait l'aumône, en répétant inlassablement :

    "Ave Maria ! Salaün mangerait bien un morceau de pain ! » (Salaün a zebfre bara !)


    Il aimait à se balancer sur la branche d'un arbre, au-dessus de la fontaine, et il chantait à pleine voix : "Ô Maria". En même temps, il se plongeait dans l'eau jusqu'aux épaules.

    Sa mort survenue vers 1358 (à 48 ans) laissa les gens indifférents. Il fut enterré au village de Lannuchen qui occupe l'ancien emplacement du cimetière et de l'église d'Elestrec (ancienne paroisse du Folgoët), près du manoir de Kergoff. Aujourd'hui encore on peut voir le calvaire encadré des quatre pierres ovoïdes qui proviennent de son tombeau. Mais peu de temps après sa mort, on découvrit sur sa tombe, près du chêne où il se balançait et de la fontaine où il trempait son pain, un lys sur lequel on lisait ces mots écrits en lettres d'or : "AVE MARIA". En ouvrant la tombe, on constata que ce lys avait pris racine dans la bouche du défunt. Le miracle attira rapidement les foules et on voulut bâtir une chapelle sur la tombe de "l'innocent". (site de l'ensemble paroissial)

    Cette inscription fondée sur une légende de Salaün faisant la part belle à la nature (Folgoët = Fol-coat = Fou du bois), à la puissance de l'eau (fontaine de guérison), à la puissance végétale (le lys fleurissant sur la tombe de Salaün) ou à celui de la Maternité (la Vierge à l'Enfant), mais aussi  liée à l'indigence et la faim, à la mendicité et au manque d'éducation (Salaün est analphabète),   placée juste en dessous des très coûteuses couronnes en or et pierres précieuses doit-elle être vue comme une récupération insolente et méprisante par les notables, le pouvoir politique et le clergé, de la foi populaire? Ce fut déjà le cas lorsque le duc Jean V fit du Folgoët un bastion de sa propagande par mécénat.

     Ou bien au contraire, ce piédestal est-il l'expression de la volonté de l'Église de s'ouvrir au catholicisme social, ouverture qui ne sera inaugurée que quatre ans après le Couronnement par l'encyclique Res Novarum de Léon XIII :

    "S'inspirant des réflexions (notamment les travaux de l'Union de Fribourg) et de l'action des « chrétiens sociaux », l'encyclique, écrite face à la montée de la question sociale, condamne « la misère et la pauvreté qui pèsent injustement sur la majeure partie de la classe ouvrière » tout autant que le « socialisme athée ». Elle dénonce également les excès du capitalisme et encourage de ce fait le syndicalisme chrétien et le catholicisme social." (wikipédia)

    Les personnages qui figurent sur ce vitrail sont-ils des catholiques conservateurs ou monarchistes, ou des partisans de cette orientation qui s'illustrera  à la fin du XIXe siècle par le mouvement de christianisme démocratique et social du Sillon de Marc Sangnier ?

    L'année même où fut posé ce vitrail, correspondait aussi à la [contre-]commémoration de la Révolution de 1789.

     

     

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    Lancette médiane de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889,  baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Lancette médiane de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Lancette médiane de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889,  baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Lancette médiane de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Au centre du soubassement, sous la signature E. HIRSCH 1889, un cartouche contient le texte suivant, qui est ponctué d'une hermine finale :

    "Comment à la demande de Monseigneur Lamarche, évêque de Quimper & de Léon, sa Sainteté  Léon XIII fit couronner la statue miraculeuse de Notre-Dame du Folgoët par Son Eminence le cardinal Place, Archevêque de Rennes, le huitième jour de septembre 1888."

    L'identification des deux personnages est maintenant un problème réglé.

    Quel as ce détective !

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    Inscription de la lancette médiane de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889,  baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Inscription de la lancette médiane de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    A droite, le cardinal Place, archevêque de Rennes dépose la couronne sur la tête de la Vierge, accompagné à gauche de Monseigneur Lamarche, évêque de Quimper et de Léon. Approchons nous.

    1°) Le cardinal Place.

     

    Le cardinal Place porte la mitre, la cappa magna, le surplis au dessus d'une robe rouge et de chaussons rouges.
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    Le cardinal Place, lancette médiane de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889,  baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Le cardinal Place, lancette médiane de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    "Charles-Philippe Place, né le 14 février 1814 à Paris et mort le 5 mars 1893 à Rennes, fut homme d'Église, évêque, puis archevêque et cardinal français. Père conciliaire de Vatican I, Mgr Place fit partie de la minorité opposée au dogme de l'infaillibilité papale, cette prise de position lui valant de sérieuses difficultés dans son diocèse.

    Promu archevêque de Rennes, le 15 juillet 1878, Mgr Place obtint le 13 février 1880 le rétablissement du titre de cathédrale au profit des églises Saint-Samson de Dol et Saint-Vincent de Saint-Malo, l'archidiocèse étant désormais celui de Rennes, Dol et Saint-Malo : il devint le premier prélat à porter le titre d'archevêque de Rennes, Dol et Saint-Malo.

    Prélat énergique, voire autoritaire, Mgr Place se distingua tant par ses prises de position publiques sur les questions de l'enseignement (1879-1880), du service militaire pour les séminaristes (1881), que par son refus au cardinal Rampolla d'assumer l'annonce de la politique de ralliement des catholiques à la IIIème République. Mission qui sur la suggestion du cardinal Place, devait finalement échoir au cardinal Lavigerie, archevêque d'Alger et de Carthage, primat d'Afrique. Mgr Place s'expliqua de ce choix en souhaitant que cette annonce soit portée par un prélat plus jeune que lui, dont le charisme naturel, habitué des prises de position bien tranchées, imposerait à tous ce changement politique. D'autre part, dans ses échanges avec le cardinal Rampolla, Mgr Place expose l'avantage d'une annonce de ralliement prononcée hors de la Métropole, loin des soutiens monarchiques et surtout loin de la noblesse de son diocèse que le cardinal Place sait peu enclin à soutenir la République.

    Dans son archidiocèse, Mgr Place institua le principe des visites canoniques annuelles des paroisses ainsi que celui des retraites presbytérales annuelles.

    Le 7 juin 1886, il fut créé cardinal par Léon XIII.

    Chevalier de la Légion d’honneur, grand-croix du Saint-Sépulcre, il devait s'éteindre à Rennes le 5 mars 1893." (Wikipédia)

    Ses armoiries :

    Coupé au premier parti d'azur à la Vierge de Notre-Dame de la Garde, couronnée et portant l'Enfant Jésus, le tout d'argent, et de gueules à l'agneau pascal des catacombes, au nimbe crucifère et portant une croix avec banderole, le tout d'argent; au second d'or, au château fort ou place d'armes de sable maçonné d'argent, ouvert et ajouré du champ; brochant sur le tout, une fasce d'hermines en divise.

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    Nous pouvons retrouver son portrait photographique par Nadar (Gallica) sur un vitrail de l'église de Bédée (35) ou, accompagné de son auxiliaire, sur un vitrail de La Guerche-de-Bretagne.

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    Portraits  et armoiries (travail de Chatsam) du cardinal Place, https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Philippe_Place et http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53098095q
    Portraits  et armoiries (travail de Chatsam) du cardinal Place, https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Philippe_Place et http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53098095q
    Portraits  et armoiries (travail de Chatsam) du cardinal Place, https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Philippe_Place et http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53098095q
    Portraits  et armoiries (travail de Chatsam) du cardinal Place, https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Philippe_Place et http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53098095q
    Portraits  et armoiries (travail de Chatsam) du cardinal Place, https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Philippe_Place et http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53098095q

    Portraits et armoiries (travail de Chatsam) du cardinal Place, https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Philippe_Place et http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53098095q

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    2°) Monseigneur Lamarche évêque de Quimper et du Léon.

     Jacques-Théodore Lamarche né le 15.03.1827 à Paris, évêque de Quimper en 1887 , décédé le 15.06.1892 à Quimper. Armes : d’azur à la croix d’or – au chef d’hermines. Devise : Ama et confide. Cri : Doué hag ar vro (Dieu et Patrie)

    https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf_divers/blasons_cornouaille_quimper.pdf

    Le portrait provient des collections numérisés du diocèse de Quimper ; il est de face, mais l'air de ressemblance avec le profil du vitrail s'impose néanmoins. J'ajoute les armoiries, vous allez comprendre pourquoi.

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    Monseigneur Lamarche évêque de Quimper et du Léon, et ses armoiries.  http://diocese-quimper.fr/fr/archives/story/644/les-eveques-de-quimper-et-leon
    Monseigneur Lamarche évêque de Quimper et du Léon, et ses armoiries.  http://diocese-quimper.fr/fr/archives/story/644/les-eveques-de-quimper-et-leon
    Monseigneur Lamarche évêque de Quimper et du Léon, et ses armoiries.  http://diocese-quimper.fr/fr/archives/story/644/les-eveques-de-quimper-et-leon

    Monseigneur Lamarche évêque de Quimper et du Léon, et ses armoiries. http://diocese-quimper.fr/fr/archives/story/644/les-eveques-de-quimper-et-leon

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    Monseigneur Lamarche, lancette médiane de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889,  baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Monseigneur Lamarche, lancette médiane de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Les armoiries des deux prélats sont réunis en sommité de la rosace de la baie 6.

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    Armoiries épiscopales du cardinal Place et de monseigneur Lamarche, rose de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889,  baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Armoiries épiscopales du cardinal Place et de monseigneur Lamarche, rose de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    PRENONS LA DIRECTION DE LA  PREMIÈRE LANCETTE.

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    Première  lancette  de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889,  baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Première lancette de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Parmi les nombreuses personnes représentées, sept semblent être des portraits. Deux personnages  en costume breton, deux chanoines, et deux ou trois civils. Mais comment m'y retrouver ? Voyons mes sources. Et elles m'indiquent que le paysan breton du premier plan est "un sénateur Monsieur Soubigou, maire de Lesneven " (Dantec). Je commence par lui.

    [Louis Soubigou, maire de Lesneven,] ou François Soubigou, sénateur ?

    — Louis Soubigou est un homme politique français né le 14 avril 1863 à Plounéventer (Finistère) et décédé le 21 octobre 1914 à Lesneven (Finistère). Neveu de François Soubigou , sénateur du Finistère, il est notaire à Lesneven en 1889, il est maire, puis conseiller général en 1897. Très proche des milieux catholiques, il est député du Finistère de 1912 à 1914, siégeant à droite. (Wikipédia) . Sa photographie sur le site de l'Assemblée Nationale avec une large moustache en pointe ne correspond pas à notre homme.

     

    François  Soubigou est un homme politique français né le 11 février 1819 à Plounéventer (Finistère) et décédé le 17 février 1902 en la même commune. Propriétaire terrien, il est élu représentant de droite à l'assemblée constituante de 1848. Il n'est pas réélu à l'assemblée législative de 1849. Il réapparaît en politique aux débuts de la IIIe République en étant élu sénateur du Finistère de 1876 à 1894. Il siège à droite. Il était également conseiller général du canton de Landivisiau. (Wikipédia) Son portrait dessiné, sur le site du Sénat, offre de grande ressemblance avec notre homme en costume breton. 

     

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    Première  lancette  de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889,  baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Première lancette de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Le sénateur François Soubigou (1819-1902) sur la lancette A de la baie 6, ou en dessin https://www.senat.fr/senateur-3eme-republique/soubigou_francois0789r3.html
    Le sénateur François Soubigou (1819-1902) sur la lancette A de la baie 6, ou en dessin https://www.senat.fr/senateur-3eme-republique/soubigou_francois0789r3.html

    Le sénateur François Soubigou (1819-1902) sur la lancette A de la baie 6, ou en dessin https://www.senat.fr/senateur-3eme-republique/soubigou_francois0789r3.html

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    Mais quel est le personnage barbichu qui se tient à droite, à coté de François Soubigou ? Parions qu'il s'agit d'Émile de Kermenguy, député du Finistère de 1871 à 1893.

    "Émile de Kermenguy est élu conseiller général du canton de Plouzévédé en 1842, puis maire de Saint-Pol-de-Léon en 1848. Il démissionne de son mandat de conseiller général en 1851 pour désapprouver le coup d'État du 2 décembre.

    En 1869, sur l'insistance de ses amis, il accepte de se présenter aux élections au Corps législatif et obtient 10 000 voix contre 12000 au candidat officiel. En 1871, il reprend par l'élection son siège de conseiller général et est élu représentant monarchiste du Finistère pour la 2e circonscription (Morlaix) en février. Faisant partie des monarchistes majoritaires, mais, divisés, il siège à la droite de l'Assemblée nationale, et, après la fin de la Commune (juin 1871), il rallie les partisans d'Henri V, comte de Chambord, méfiants tant à l'égard des royalistes réalistes comme Adolphe Thiers que des royalistes catholiques ultramontains emmenés par Monseigneur Dupanloup,.
    En 1875, il vote contre l'amendement Wallon qui confirme la République en ayant voté auparavant pour le prolongement du mandat de Mac Mahon et contre l'exil de la famille royale.

    Réélu comme député du Finistère à la Chambre des députés en 1877, en 1881, en 1885, 1889 et en 1893, il se montre un opposant résolu aux lois sur l'enseignement et à la politique coloniale des gouvernements républicains. En 1885, il est réélu sur une liste monarchiste conservatrice qui est élue tout entière et votera contre le retour au scrutin d'arrondissement.

    Il meurt trois mois après sa dernière réélection, le 27 novembre 1893 à Paris, en ayant siégé comme législateur pendant 22 ans." (Wikipédia)

     

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    Le député Émile de Kermenguy, lancette A, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
    Le député Émile de Kermenguy, lancette A, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Le député Émile de Kermenguy, lancette A, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    La croix pectorale des chanoines de Quimper.

     

    On remarquera que les deux ecclésiastiques portent une décoration en sautoir sur un large ruban bleu, qu'on retrouve sur six à sept autres ecclésiastiques du vitrail. Il s'agit selon toute vraisemblance de la croix pectorale des chanoines de la cathédrale de Quimper. Celle-ci est décrite ainsi :

     

    Elle a été octroyée au diocèse par un bref de Rome du 18 novembre 1856. Elle est en forme de croix grecque, dont les branches blanches sont constituées d'hermines émaillées reliées par un nimbe à rayons en vermeil agrémenté de rinceaux. Au centre se détache sur fond bleu le buste de Pie IX entouré de l'inscription PVIS.PAPA.NOVUS.A.D.MDCCCVI. Au verso,se trouve le buste de saint Corentin, auréolé avec mitre et crosse avec son légendaire  poisson, et l'inscription SANCTE .CORENTINE . ORA. PRO. NOBIS. La croix est portée avec un large ruban moiré bleu céleste. Elle était fabriquée par l'orfèvre Ch. LE PAUL de Quimper, 17 place Terre-au-Duc. (en partie d'après Olivier Charles, Quimper, La Grâce d'une cathédrale).

    Source image : http://www.massol-svv.com/html/fiche.jsp?id=1652796&np=1&lng=fr&npp=10000&ordre=1&aff=1&r=

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    Croix pectorale des chanoines de Quimper, http://www.massol-svv.com/html/fiche.jsp?id=1652796&np=1&lng=fr&npp=10000&ordre=1&aff=1&r=

    Croix pectorale des chanoines de Quimper, http://www.massol-svv.com/html/fiche.jsp?id=1652796&np=1&lng=fr&npp=10000&ordre=1&aff=1&r=

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    Viennent donc ensuite deux chanoines de Quimper.

    Les sept chanoines mentionnés par Kerbiriou   dans son récit de la cérémonie sont les suivants :

    — le chanoine Lucien Rossi (Quimper 1844- 1920), fondateur de la Semaine Religieuse et chargé par l'évêque de tout ce qui touche au matériel.

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/e0557f9660f6ca14be25c1599ac8ab7a.pdf

    Rossi http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/e0557f9660f6ca14be25c1599ac8ab7a.pdf

    " Né le 16‐10‐1844 à Quimper (Saint‐Corentin) ; 1870, prêtre (à Rome), vicaire à Loctudy ; 1873, sous‐principal de Lesneven ; 1875, aumônier de Kernisy, Quimper ; 1884, chanoine honoraire ; 1915, prêtre résidant à Saint‐Corentin ; décédé le 3‐01‐1920. Étude : Semaine religieuse de Quimper et Léon, 1920 p. 37‐39.

    En Octobre 1886, transformant et développant le Bulletin de l’Enseignement, créé en 1882 pour combattre les lois Ferry, il fonde la Semaine religieuse et la dirige jusqu'en Mai 1892. Déjà, depuis quelques années, en collaboration avec M. de Penfeuntenyo, curé de la Cathédrale, il entraine vers la Grotte de Lourdes les premiers pèlerins dont le flot pieux, chaque année grossi, ne s'arrêtera que devant les impossibilités créées par la guerre. Il organise les fêtes du couronnement de N. D. du Folgoat et les réceptions dont elles sont l'occasion. Les graves problèmes de l'enseignement chrétien ne peuvent le laisser indifférent : s'il s'agit de fondations d'école, de constitution de sociétés civiles, il offre son nom, les avantages de sa situation indépendante, son temps, ses démarches personnelles et, mieux encore, ses ressources"

     

     Jean Favé (1828-1905) curé de Plouguerneau, chanoine honoraire depuis 1881.

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/4b3cbc0506fe8b277a4d36f3b2d414c1.pdf

    Jean-François Belbéoch (1841-1910), supérieur du Petit Séminaire de Pont-Croix, chanoine honoraire en 1883; Sa photo est disponible ici : http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/be2d682df09b6a77a7c9e739d1db80e1.pdf

    Peut-être n°7, lancette D

    Les quatre curés de Brest :

    Émile Fleiter, curé de Notre-Dame du Mont-Carmel, paroisse de Brest : Emile-Alain-Marie Fleiter, 1836-1913... en 1873, curé de N.-D.-du-Carmel à Brest en 1879, chanoine honoraire en 1884, Vicaire général de Mgr Lamarche en 1888, vicaire général capitulaire en 1891, protonotaire apostolique en 1911.

    Noël Arhan (1835-1897), curé de Saint-Martin de Brest de 1882 à 1897, chanoine honoraire en 1888 http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/8033740e464aa50ec3f4f9a609bcfa42.pdf

    Joseph-Henri Bellec, curé de la paroisse de Moélan de 1874 à 1880 puis de Saint-Sauveur de Brest de 1880 à 1893

    Hervé Cloarec (1816-1892), chanoine honoraire depuis 1864, archiprêtre de Saint-Louis depuis 1873, "Il devait avoir aussi son rôle dans la fête, puisqu’il prêchera après les vêpres, en langue bretonne" (Kerbiriou)

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/1161946d6e4e6fa3d81a79b5e6344d4f.pdf

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    Première  lancette  de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889,  baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Première lancette de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Un chanoine du chapitre de Quimper, Première  lancette  de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889,  baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Un chanoine du chapitre de Quimper, Première lancette de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Un chanoine du chapitre de Quimper, Première  lancette  de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889,  baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Un chanoine du chapitre de Quimper, Première lancette de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Délaissons les chanoines et les sénateurs pour nous intéresser aux bannières représentées ; rien ne permet de les reconnaître précisément, mais elles appartiennent aux grands modèles en vogue : Crucifixion, Vierge, Saint Patron en évêque, Monogramme marial, etc..

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    Première  lancette  de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889,  baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Première lancette de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    PASSONS À LA DEUXIÈME LANCETTE.

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    Deuxième  lancette  de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889,  baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Deuxième lancette de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Deuxième  lancette  de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889,  baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Deuxième lancette de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    J'identifie le personnage tête nue et en manteau bleu comme étant Mgr du Marhallac'h, protonotaire apostolique, vicaire général de Quimper, en vertu de la description donnée par Kerbiriou  : "revêtu des insignes de sa dignité". Or, le protonotaire apostolique ont comme insignes la croix pectorale (bien visible), la barrette à pompon rouge (plus exactement "à houppe amarante") qui correspond à la tache cramoisi de la main droite, et il porte sur le rochet ou le surplis (en dentelle blanche) et sur la soutane violette une mantelleta violette. C'est ce dernier vêtement qui emporte ma conviction.

    Je n'ai trouvé aucun portrait d'Auguste du Marhallac'h (Quimper1808-Plomelin1891),  cette personnalité singulière, nommée inspecteur des Monuments Historiques qui épousa en 1839 la britannique Mélanie Harrington et eut trois enfants. Il les perd rapidement, ce qui le motive sans-doute pour entrer au séminaire de Quimper, dont il sort prêtre en 1854. C'est précisément en 1888, l'année du Couronnement, qu'il reçut de Léon XIII le titre de protonotaire apostolique, la distinction du plus haut prélat romain après l'évêque.

    Armoiries : d'or à trois pots à eau (ou orceaux) de gueules. Devise : Usque ad aras.

    "Député du Finistère de février à octobre 1871, il démissionne pour devenir, à sa demande, recteur (curé) d'une paroisse rétablie dans l'archipel des Glénan, au large de Fouesnant où les conditions de séjour sont très rudes en hiver. Il y fait bâtir une église sur l'île du Loc'h.

    En 1873, l'évêque de Quimper, Monseigneur Anselme Nouvel de la Flèche le rappelle pour le nommer vicaire général auprès de lui. Il se consacre particulièrement à l'ouverture d'écoles catholiques gérées par les Frères des écoles chrétiennes (80 sont créées dans le Finistère). En 1888, le pape Léon XIII lui confère la dignité de protonotaire apostolique, ce qui lui donne droit au titre de Monseigneur.

    Lors de ses moments de repos, il recevait dans son château du Pérennou (en Plomelin) des personnalités religieuses, et dirigeait la fouille archéologique d'une villa gallo-romaine avec ses thermes du ier siècle découverts dans le parc par son père. Il fut vice-président pendant 17 ans de la Société archéologique du Finistère, dont il enrichit le musée par ses découvertes." (Wikipédia)

     

    Notice sur Mgr du Marhallac'h https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/1617d9f95b96e0a6453d5ef48a594318.pdf

    J'ai placé en regard du détail du vitrail le portrait de Mgr Perrier, protonotaire apostolique également.

    http://www.cstjean.qc.ca/public/65ea2bc4-166b-4136-a916-c2b8f639c6aa/bibliotheque/patrimoine/livres_patrimoine/mgr_perrier_web.jpg

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    Mgr du Marhallac'h, protonotaire apostolique, vicaire général de Quimper, comparé, pour sa tenue, à Mgr Perrier.
    Mgr du Marhallac'h, protonotaire apostolique, vicaire général de Quimper, comparé, pour sa tenue, à Mgr Perrier.

    Mgr du Marhallac'h, protonotaire apostolique, vicaire général de Quimper, comparé, pour sa tenue, à Mgr Perrier.

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    J'identifie à l'extrême gauche de la lancette monseigneur Charles-Émile Freppel (1827-1891) évêque d'Angers et député du Finistère.

    C'est lui qui prononça le discours inaugural du Couronnement :

    "L'évêque d'Angers est un orateur prestigieux. Quelle page éloquente va donner à ses soixante mille auditeurs l'intrépide champion de l'Eglise, dont. la parole s'imposait à la Chambre, même aux adversaires les plus passionnés.  Aura-t-il le secret de dire des choses nouvelles après ses admirables panégyriques d'Urbain Il, de Gignion de Montfort et de Jean-Baptiste de la Salle ? Personne n'en doute, car il sait rajeunir ses thèmes. Le pèlerinage cinq fois séculaire du Folgoët lui inspira un discours impérissable, qui a fait connaître au pays tout entier la merveilleuse histoire de l' l'Innocent du Bois, "le sublime ignorant" et les motifs pour lesquels la Mère de Dieu a choisi, pour opérer le miracle du lys, la terre de Léon." (Kerbiriou)

    "Charles-Émile Freppel, né à Obernai (Bas-Rhin) le 1er juin 1827 et mort à Angers le 23 décembre 1891, fut évêque d'Angers et député du Finistère à l'Assemblée nationale. Il est le fondateur de l'Université catholique de l'Ouest. Il fut réélu député du Finistère, le 14 octobre 1885,  Théologien consulteur au Concile Vatican I, il fut nommé le 27 décembre 1869 à l'évêché d'Angers, où il créa une université catholique en 1875.

    Après une première tentative à Paris lors des élections législatives complémentaires du 2 juillet 1871 (sur la liste de l'Union parisienne de la presse), il fut élu député de Brest le 6 juin 1880. Il siégea à droite, dans le groupe monarchiste, et prit une part des plus actives aux débats parlementaires.

    Il s'éleva notamment contre l'instruction laïque et étatique qu'il jugeait « inutile, inefficace, et tendant au socialisme d'État », et combattit le rétablissement du divorce. En 1884, les catholiques du diocèse d'Angers lui offrirent une crosse d'honneur, en témoignage de leur admiration pour le courage et l'éloquence avec lesquels il a constamment défendu les droits de l'Église.

    Il fut réélu député du Finistère, le 14 octobre 1885, et il s'opposa notamment aux poursuites contre le général Boulanger.

    Comme évêque, en 1876, il excommunia le comte de Falloux pour une question d'immeuble d'église. S'il a été cité comme l'une des sources du nationalisme intégral, il était dans les faits foncièrement opposé au nationalisme de son époque.

    Économiste, il fut un défenseur du catholicisme social et influença fortement la rédaction de l'Encyclique sociale Rerum Novarum par le Pape Léon XIII." (Wikipédia)

    Voir sa biographie politique sur le site de l'Assemblée Nationale. 

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    Charles-Émile Freppel, évêque d'Angers  sur le vitrail du Folgoët et en photographie .
    Charles-Émile Freppel, évêque d'Angers  sur le vitrail du Folgoët et en photographie .
    Charles-Émile Freppel, évêque d'Angers  sur le vitrail du Folgoët et en photographie .

    Charles-Émile Freppel, évêque d'Angers sur le vitrail du Folgoët et en photographie .

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    Au total, le vitrail représente cinq évêques (porteurs de mitres) en plus de Mgr Lamarche. Il m'en reste donc quatre à identifier. Or mes sources m'indiquent que sur ce vitrail "Mgr. Bougaud paraît le premier : c’est l’évêque de Laval, l’auteur estimé d’ouvrages de spiritualité, qui ont fait les délices des communautés et de tant d’âmes d’élite dans le monde.  Puis viennent Mgr. Trégaro, évêque de Séez, un Breton et un marin ; Mgr. Bécel, évêque de Vannes, qui a voué sa vie à la gloire de sainte Anne "..." L'Archevêque de Pondichéry et Nos Seigneurs les Evêques de Vannes, d'Angers, de Séez, de Laval, avec Mgr du Marhallac'h revêtu des insignes de sa dignité, sont groupés autour de la statue."  Mgr Edouard Ribault [et non Ribaud], prélat de la Maison du Pape, grand vicaire du Cap Haïtien, était présent mais ne serait pas représenté.

     

    Quel est l'évêque qui se penche avec un air gourmand vers l'oreille de Mgr Freppel ? Mgr Bécel évêque de Vannes ou Mgr Trégaro évêque de Séez ? 

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    Deuxième  lancette  de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889,  baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Deuxième lancette de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Un coup d'œil sur les bannières de la lancette B.

    On y reconnaît deux bannières du Sacré-Cœur-de-Jésus, et l'Assomption.

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    Deuxième  lancette  de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889,  baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Deuxième lancette de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    LA QUATRIÈME LANCETTE.

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    Sept personnages ont ici leur portrait, dont trois évêques et trois chanoines.

     

     

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    Évêques et chanoines de la quatrième lancette de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889,  baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Évêques et chanoines de la quatrième lancette de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    L'archevêque de Pondichéry est facile à reconnaître à sa longue barbe : 

    "Mgr. Laouénan, archevêque de Pondichéry et patriarche des Indes, imposant par la distinction de sa personne, la majesté de sa physionomie, que rehausse encore la longue barbe blanche qui le fait ressembler aux vieilles images des saints primitifs." (Semaine religieuse de Quimper)

    https://en.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Jean-Marie_Laou%C3%ABnan

    Mgr. Laouénan, archevêque de Pondichéry et patriarche des Indes, quatrième lancette de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889,  baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Mgr. Laouénan, archevêque de Pondichéry et patriarche des Indes, quatrième lancette de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    A la cérémonie assistaient, nous le savons, quatre autres évêques, Mgr Bougaud évêque de Laval, Mgr Trégaro évêque de Séez,  et Mgr Jean-Marie Bécel évêque de Vannes.

    Je propose de voir ici au centre Monseigneur Bougaud, évêque de Laval.

     

    Monseigneur Émile Bougaud, évêque de Laval.

    L'article de la Semaine religieuse écrivait : "Les pontifes portent tous les insignes de leur haute dignité. Mgr. Bougaud paraît le premier : c’est l’évêque de Laval, l’auteur estimé d’ouvrages de spiritualité, qui ont fait les délices des communautés et de tant d’âmes d’élite dans le monde. Puis viennent Mgr. Trégaro, évêque de Séez, un Breton et un marin ; ..."

    "Louis Victor Emile Bougaud est né le 26 février 1824 à Dijon, en Côte-d'Or. Evêque de Laval pendant moins d'un an de 1887 à 1888. Il est décédé à Laval le 7 novembre 1888, il est inhumé dans sa Cathédrale. Tout comme son prédécesseur, Mgr Bougaud passa très peu de temps dans son diocèse : 9 mois. Prêtre du diocèse de Dijon, avant d'être nommé au siège de Laval, il fut vicaire général de Mgr Félix Dupanloup, évêque d'Orléans. " (Wikipédia) Source image https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89mile_Bougaud#/media/File:Abbe-bougaud.jpg

    Le deuxième portrait date précisément de 1888, date du Couronnement.

    http://www.diocese-laval.fr/se-former-s-informer/archives-actualites/?articlePreview=4344

     

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    Mgr Bougaud, évêque de Laval (?), lancette D de la baie du Couronnement, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
    Mgr Bougaud, évêque de Laval (?), lancette D de la baie du Couronnement, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
    Mgr Bougaud, évêque de Laval (?), lancette D de la baie du Couronnement, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Mgr Bougaud, évêque de Laval (?), lancette D de la baie du Couronnement, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Je n'ai pas clairement identifié :

    a) Monseigneur François-Marie Trégaro (1824-1897), évêque de Séez  J'ai trouvé son portrait sur le lien http://www.peillac.fr/content/view/173/173/

    Aumônier de Marine de 1852 à 1878, aumônier en chef de la Marine impériale en 1868, il s'opposa violemment à la loi sur la laïcité de Jules Ferry.

    Monseigneur Trégaro évêque de Séez.

    Monseigneur Trégaro évêque de Séez.

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    b) Monseigneur Bécel, évêque de Vannes, malgré un portrait conservé à l'église Saint- Pierre de Beignon, sa paroisse natale. On peut aussi observer la statue de marbre de son tombeau dans la chapelle Sainte-Anne de la cathédrale de Vannes, ou bien la photographie en pied prise après 1861 disponible sur le site du Musée d'Orsay.

     

    "Jean-Marie Bécel (Beignon le 1er août 1825, mort à Vannes le 6 novembre 1897), est un ecclésiastique qui fut évêque de Vannes de 1866 à 1897.

    Jean-Marie Bécel originaire du département du Morbihan est le fils de modestes cultivateurs. Il fait ses études au petit puis au grand séminaire d'Auray. Vicaire de l'église de la Sainte-Trinité de Paris, il est un moment précepteur de l'héritier de la famille Saint-Bris à Tours avant de devenir curé archiprêtre de la cathédrale Saint-Pierre de Vannes. Il se fait apprécier d'une cousine de l'empereur Napoléon III la princesse Élisa Napoléone Baciocchi qui possède une résidence à Colpo et son « gallicanisme impérial » lui permet d'être nommé par décret évêque de Vannes début 1866. Il est confirmé le 22 juin. Pendant son long épiscopat de près de 32 ans il est fait chevalier de la Légion d'Honneur le 13 août 1867 et reçoit le pallium à titre personnel le 14 juillet 1871. Il fait également restaurer la basilique Sainte-Anne d'Auray. Il meurt à Vannes en 1897." (Wikipédia)

     

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    Monseigneur Bécel,évêque de Vannes.

    Monseigneur Bécel,évêque de Vannes.

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    Les bannières de la quatrième lancette.

    Les bannières de la quatrième lancette  de la baie du Couronnement, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Les bannières de la quatrième lancette de la baie du Couronnement, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    LA CINQUIÈME LANCETTE.

    On y trouve huit portraits : ceux de deux chanoines, de deux ou trois laïcs, d'un clerc en calotte blanche, d'un breton porteur de bannière, et celui d'une femme en costume.

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    Cinquième lancette de la baie du Couronnement, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Cinquième lancette de la baie du Couronnement, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    "Quatre vingt processions sont arrivées. Les « trésors » des églises ont sorti ce qu’ils contiennent de plus précieux : des croix de grand style, riches par les dimensions, par l’abondance des métaux rares, par l’ornementation des dorures ; des bannières aux fins dessins, aux somptueuses broderies. On admire la pittoresque polychromie des costumes, où se remarquent les coiffes étranges et les châles écossais du groupe nombreux des femmes de Plougastel ; la gracieuse coiffure à brides des Ouessantines à la longue chevelure, qui ont affronté les flots agités du Fromveur et du goulet de Brest.

    Deux cents paroisses sont représentées. Cinq cents pèlerins de Saint-Pabu ont parcouru sept lieues et demie derrière leur croix et leur bannière : beaucoup sont venus à jeun, afin de pouvoir communier, et cette paroisse n’était pas une exception.

    Le long cortège s’ébranle. Six cents prêtres défilent, précédés de la bannière de Saint-Corentin de Quimper, représentant ici l'Eglise-mère du diocèse, et de la croix de l’évêque. Quatre chanoines portent un brancard garni de soieries et surmonté d’un coussin de satin blanc : sur ce coussin reposent les deux couronnes d’or, avec leur parure de pierres précieuses. Précédant les évêques, s’avancent Mgr. Ribaud, prélat de la Maison du Pape, grand vicaire du Cap Haïtien et Mgr. du Marhallac'h, protonotaire apostolique, vicaire général de Quimper." (Kerbiriou)

     

    Cinquième lancette de la baie du Couronnement, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Cinquième lancette de la baie du Couronnement, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    La Collégiale Notre-Dame du Folgoët. VII. Les vitraux du XIXe siècle : le vitrail du Couronnement.

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    On notera que cette femme porte autour de son cou le scapulaire.

    Sur le scapulaire (remis par la Vierge à Simon Stock), voir le vitrail du Folgoët, ou mieux :

    http://www.lavieb-aile.com/article-notre-dame-de-carmes-a-neulliac-et-le-scapulaire-109795239.html

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    Cinquième lancette de la baie du Couronnement, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Cinquième lancette de la baie du Couronnement, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    La femme agenouillée tenant un foulard vert a été identifiée .

    Selon Maunoir de Maussol, il s'agit de son aïeule Geneviève Blanchet de La Sablière : il m'écrit :

    "J'ignore la raison de sa présence sur ce vitrail si ce n'est peut-être le fait qu'elle ait été une donatrice.

    Geneviève Blanchet de La Sablière n'a jamais été mariée et était propriétaire par sa mère (Hermine de Kerret) du château de Lanniron à Quimper.

    Elle a ensuite transmis cette propriété à sa nièce Françoise Hersart de la Villemarqué qui a épousé Abel de Massol mon arrière-grand-père.

    Voici une photo de nos archives familiales qui m'a mis sur la piste. "

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    copyright Maunoir de Massol

     

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    Voir :

    https://man8rove.com/fr/profile/n6hx4rkl-marie-blanchet-de-la-sabliere

    Hermine de Kerret et son mari possédait aussi le manoir de Boutiguery à Goeusnac, égaleùent sur la rive de l'Odet.

    http://kastell29.blogspot.com/2016/05/manoir-de-boutiguery.html

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    Cinquième lancette de la baie du Couronnement, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Cinquième lancette de la baie du Couronnement, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    LA ROSACE.

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    "En réseau, le lys est présent dans les 12 principaux lobes de la rosace, les armes du saint Père figurent au centre de celle-ci, entourés de celles des prélats présents à la cérémonie. Dans les écoinçons sont représentées les armes des chapitres de Quimper et de Léon, l'hermine de Bretagne et la devise de la duchesse Anne. Une dimension nouvelle est ainsi donnée au pèlerinage." Dantec

     

    "La rosace qui domine le sujet ne le cède en rien comme architecture aux plus belles rosaces connues. Sa coloration est d'une grande richesse, elle vient merveilleusement rayonner au sommet de la verrière. Son programme décoratif est le symbolisme d'une part et les souvenirs historiques de l'autre. C'est tout d'abord le lis, emblème de Marie Immaculée, qui domine dans tes douze principaux lobes de la rosace; il figure, au milieu des rinceaux multicolores qui l'entourent de leurs brillants ramages; L' Ave Maria que Salaün aimait chanter se retrouve dans ces mêmes panneaux, inscrit sur un philactère dont les enroulements répétés forment une couronne de louanges à la Reine du Ciel. Au centre, dans la rosace du milieu, les armes du Saint-Père, entourées des armes des prélats présents à la cérémonie. Aux deux côtés, sur les écoinçons qui relient la rosace à la partie rectangulaire du vitrail, sont placées les armes des Chapitres de Quimper et de Léon. Enfin, dans les festons de granit qui encadrent la rosace et en forment les derniers panneaux, on retrouve l'hermine de Bretagne avec la devise de la duchesse Anne : A ma vie." (Semaine religieuse 1889)

     

    Rosace de la baie 6, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Rosace de la baie 6, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Autour des armes du pape Léon X placées au centre, sont disposées les armoiries des évêques présents : 

    — Au centre : Léon XIII D'azur au cyprès de sinople planté sur une plaine de même accompagné au francs quartier d'une comète d'or et en pointe de deux fleurs de lys d'argent, à la fasce d'argent brochant sur le tout

    En haut à gauche : Cardinal PlaceCoupé au premier parti d'azur à la Vierge de Notre-Dame de la Garde, couronnée et portant l'Enfant Jésus, le tout d'argent, et de gueules à l'agneau pascal des catacombes, au nimbe crucifère et portant une croix avec banderole, le tout d'argent; au second d'or, au château fort ou place d'armes de sable maçonné d'argent, ouvert et ajouré du champ; brochant sur le tout, une fasce d'hermines en divise.

    — En haut à droite : Mgr Lamarche, évêque de Quimper d’azur à la croix d’or – au chef d’hermines.

    — à partir de là, dans le sens horaire : Mgr Laouénan, évêque de PondichéryEcartelé : au 1 d'azur à 3 oiseaux contournés d'argent ou d'or en pal ; au 2 d'argent au monogramme des M. E. de gueules; au 3 d'argent à un monde d'or (?) posé sur un roc(?) du même et sommé d'une croix de sable ; au 4 d'azur à l'agneau pascal couché d'argent. — Couronne ducale.

    Mgr Bécel, évêque de Vannes : d'hermines à la croix d'azur.

    Mgr Trégaro évêque de SéezD'azur à la bande d'argent chargée de 3 mouchetures d'hermine (Bretagne) accompagnée d'une étoile d'or en chef (devise du prélat) et d'une ancre d'argent en pointe (souvenir de la Marine). Devise : Stella Maris spes mea

    Mgr du Marhallac'h, protonotaire apostolique : d'or à trois orceaux de gueules

    Mgr Bougaud, évêque de Laval D'azur au Sacré Cœur d'or surmonté d'une croix haute, sommé d'une couronne et accosté de deux palmes d'or posées en rinceau

    Mgr Freppel, évêque d'Angers : d'azur à l'abeille d'or

     

     

     

    Cœur de la Rosace de la baie 6, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Cœur de la Rosace de la baie 6, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    La devise des ducs de Bretagne A MA VIE inscrite sur un phylactère enroulé, traversé par une hermine passante colletée portant l'écharpe.

    Voir : http://www.lavieb-aile.com/2017/04/la-collegiale-notre-dame-du-folgoet.iv.les-emblemes-devises-et-marques-des-ducs-de-bretagne-1423-1505.html

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    Rosace de la baie 6, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Rosace de la baie 6, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Petite énigme.

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    Rosace de la baie 6, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Rosace de la baie 6, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Rosace de la baie 6, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Rosace de la baie 6, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    SOURCES ET LIENS.

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    — ABGRALL (Jean-Marie) 1909 Notice sur Le Folgoat  Bulletin Diocésain d'Histoire et d'Archéologie, Quimper page 175 et 209

    https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/bdha/bdha1909.pdf

    — ABGRALL (Jean-Marie), 1896, Le Folgoët (Finistère), « Livre d’or des églises de Bretagne », Rennes, 

    — ABGRALL (Jean-Marie), 1901, L'église Notre-Dame du Folgoat, in A.Le Grand, La vie des saincts...page 88

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5038760/f126.item.r=Folgoet

     

    — COËTLOGON (Marquis de), 1851, Dessins, histoire et description de l’église de Notre-Dame du Folgët, Brest, 1851

    https://books.google.fr/books?id=4udhAAAAcAAJ&dq=Dessins,+histoire+et+description+de+l%E2%80%99%C3%A9glise+de+Notre-Dame+du+Folg%C3%ABt&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

    — COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Répertoire des églises : paroisse de LE FOLGOET. Notice extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, par René Couffon, Alfred Le Bars, Quimper, Association diocésaine, 1988.

    http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/FOLGOET.pdf

     

    DANTEC (Dominique), 1986, La basilique de Notre-Dame-du-Folgoët : un programme classique de vitraux au XIXe siècle Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1986  Volume 93  Numéro 4  pp. 405-410

    http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1986_num_93_4_3237

    — GUILLERMIT (Augustin),1922  Le Folgoat Monographie paroissiale. ed. A. Lajat (Morlaix)

    https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/8c56e3a44e19df315b7cd0de70f0f172.pdf

    — GUILLOUET (Jean-Marie), 2009,  Le Folgoët, collégiale Notre-Dame, Congrès archéologique de France (2007), Finistère. 165, pp.166-176.

    https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00557740/document

    — JOB AN IRIEN 1989, A la recherche de la vérité sur Notre Dame du Folgoët = Itron Varia ar Folgoet. Ed Minihi Levenez (Landerneau) 24 p.: ill.; 25 cm.

     

    — KERBIRIOU (Louis) 1938, Un grand Sanctuaire Marial en Bretagne · Notre·Dame du Folgoët Notice descriptive, historique et archéologique, Brest, Impr. Le Grand

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c02069db4918a110fe135511d651ae02.pdf

     

    — LÉCUREUX ,1914,  « Le Folgoët. Église collégiale. 3ème excursion », dans Congr. arch. de France. Brest et Vannes, 1914, p. 99-110.

     

    — MIORCEC DE KERDANET ( Daniel), 1853, Nouvelle notice sur N.-D. du Folgoët et sur ses environs, J.-B. Lefournier (Brest), 144 p.; 22 cm.

    https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/33e093346604e23fe86b2fdaa39ca374.pdf

    Ou : in A.Le Grand, La vie des saincts 1837 :

    https://books.google.fr/books?id=BYITAwAAQBAJ&dq=%22La+vie+des+saints+de+la+Bretagne+armorique%22&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

    — PENNEC (R.P. Cyrille), 1634, réimpr. 1825,  Le dévot pèlerinage de Notre-Dame du Folgoët, Rennes, Vatar imp. 58 p. 

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/061c8316a48418d20634b1b408c93613.pdf

     

    — INFOBRETAGNE :

    http://www.infobretagne.com/folgoet.htm

    http://www.infobretagne.com/folgoet-basilique.htm

    — LES AMIS DU FOLGOËT.

    http://les-amis-du-folgoet.pagesperso-orange.fr/Basilique.htm

    — monumentshistoriques.free.fr

    http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/folgoet/descriptif.html

     

    — Semaine Religieuse de Quimper 1889

    http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf_semaines-religieuses/SRQL_1889.pdf

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    Published by jean-yves cordier - dans Le Folgoët
    6 mai 2017 6 06 /05 /mai /2017 21:15

    La Collégiale Notre-Dame du Folgoët VI : les crossettes du Doyenné (ou Presbytère).

     

    Sur le Folgoët, voir :

    Sur les crossettes, voir :

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    Juste en face de la Collégiale du Folgoët, et à coté du Musée, s'élève la belle façade du Doyenné, qui fut restauré au XIXe pour être transformé en presbytère jusqu'à très récemment. 

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    LE DOYENNÉ DU FOLGOËT.

    Le Folgoët a été érigé en collégiale par le duc Jean V le 10 juillet 1422 ; or, une collégiale est une église qui possédait un chapitre, bien qu’elle ne fût pas dans la ville épiscopale. Et les chanoines de ce chapitre sont sous l'autorité du Doyen.  Le Doyenné est l'habitation de ce doyen ( le terme peut désigner aussi le territoire soumis à son autorité ; voir "le doyenné de Lesneven") .

     Le chapitre du Folgoët comptait à sa fondation quatre des chanoines-chapelains ; le doyen (nommé en 1427) était Jean de Kergoal. Le doyen exerçait sa souveraineté sur les habitants, les hôteliers, les aubergistes ; il avait puissance entière de justice et de police sur ces derniers, ainsi que sur les étrangers, les voyageurs et les pèlerins. Le sous-doyen remplissait les mêmes fonctions, en l’absence du doyen. 

     A  l' apogée de la Collégiale,  le clergé y comptait un doyen, un sous-doyen ou vice-gérant, trois prébendiers, un pénitencier, un théologal, un prédicateur, un grand chantre, un maître de psallette, un sacristain, un organiste, un trésorier, tous chanoines. Après ces dignités venaient les grands et petits choristes, les chantres et les bedeaux. Le doyen et les chanoines étaient nommés par le duc, du temps des ducs ; par le roi, du temps des rois. Les prébendiers, au contraire, recevaient leurs lettres de provisions, donc leur nomination, des fondateurs de prébendes.

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    Par les bénéfices ecclésiastiques qu'elle générait, la situation de doyen du Folgoët était assez estimée et par conséquent recherchée. En 1665, Le doyenné de Folgoet valait "en argent porté, toutes charges payées, quatre mil livres de ferme, bénéfice simple possédé par le sieur neveu du Sr de Cohon, évesque de Nismes". 

    Les principaux doyens du Folgoët furent :

     

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    • 1422. Jean de Kergoal, dune famille distinguée de Guissény, chef des quatre chapelains établis au Folgoët, lors de son érection en église collégiale, par Jean V, le 10 Juillet 1422. 
    • 1433. Geoffroy de Kerguen, doyen des chanoines.
    • 1472. Guy de Lesquelen, doyen de la collégiale.
    • 1508-1519. Gabriel Gouzillon, doyen, mourut en 1519.
    • 1528. Prigent Kerlezroux, doyen.
    • 1531. Gabriel Gouzillon, trésorier, chanoine doyen
    •  1535-1542. François du Fou, doyen. 1544.
    • Jean de Gouzillon, doyen. 1548-1564.
    • Jean Postel, pourvu en régale du doyenné, en 1548, aumônier d'Henri II.
    • 1591-1599. Alain de Poulpry, Sr de Lanvengat. conseiller en la Cour du Parlement de ce pays, chanoine et grand archidiacre de Léon, doyen du doyenné de l'église collégiale du Folgoët; le 8 Mars 1591, fonda deux nouveaux chanoines et un troisième en 1599, année de sa mort.
    • 1629-1650. Robert Cupif, nommé doyen en 1629; le ll Juillet 1635, il fournit aveu au Roi de sa collégiale, y prenait les titres de « prêtre grand archidiacre, chanoine official et vicaire général de Cornouaille, prieur commandataire de Lochrist, doyen et gouverneur du Folgoët; en 1625, fut reçu avocat et substitut du procureur général et du Parlement de Rennes ; quitta le doyenné du Folgoët en 1650 ; mourut à Dol en 1660.

    Dès 1682 le doyenné du Folgoët avait été supprimé et donné aux Jésuites qui l'attachèrent au séminaire d'aumôniers de la marine qu'ils possédaient à Brest. Après l'incendie de 1708 ils se contentèrent de faire dire des messes par trois ou quatre recollets.

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    Le Doyenné est décrit ainsi :

    "Le premier doyen, dom Jean de Kergoal fit élever les bâtiments du doyenné et l'hôtel des pèlerins, appelé l'hôtel de la reine Anne depuis son passage en 1505. Cet hôtel sert aujourd'hui de presbytère. Par lettres patentes du duc Jean V datées du 7 décembre 1432,  cette maison était franche de toutes impositions, parce que les doyens devaient y tenir une hôtellerie pour y recevoir, nourrir et loger les pèlerins." (Guillermit 1922 / Coëtlogon 1851)

    « Elle se compose d'un corps-de-logis dont les fenêtres du premier étage sont en accolade et à croisées de pierre. Celles du comble, surmontées d'un fronton aigu garni de crochets ou bouquets de feuillage, ont des monstres sculptés sur les impostes. Les fenêtres du rez-de-chaussée sont simplement garnies de meneaux. L'archivolte de la porte principale est garnie de crochets ; la fenêtre de droite est surmontée des armes de Kergoal : d'azur à une main gantée d'argent mouvant du côté senestre, et supportant un épervier aussi d'argent. Ce bâtiment est flanqué, à gauche, d'une tour hexagonale unie à une tourelle ronde en cul-de-lampe ; à droite d'une tourelle carrée de construction récente, contrastant assez fortement avec l'élégance du reste. Dans la tourelle de gauche se trouve un très bel escalier en spirale, en belles pierres de taille, qui conduit à une chambre ronde. Suivant le Père Cyrille, tous les ducs de Bretagne depuis Jean IV ont honoré ces lieux de leur présence ; mais les voyages de Jean V et d'Anne au Folgoat sont les mieux constatés ». (De Courcy : description de l'église collégiale du Folgoat 1863).

     

    La fourchette de datation de ce Doyenné va donc de 1427 (date de nomination du premier doyen) à 1432 (date de la franchise d'imposition). 

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    Façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

     

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    Façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    LES LUCARNES ET LEURS CROSSETTES.

    Ces auteurs vous ont fait visiter le bâtiment. Il me revient de vous transporter près des combles, pour admirer les crossettes figurées qui ornent, en pierre d'amortissement, le gable des deux lucarnes. J'ignore si elles ont déjà fait l'objet d'une description, si leur datation dans la première moitié du XVe siècle est confirmée, si elles ont été attribuées à un atelier de sculpture (et notamment à l'Atelier ducal du Folgoët), mais elles se placent, par leur sujet et par leur style, dans une continuité avec les autres crossettes des bâtiments civils et religieux du XVIe siècle en Basse-Bretagne, ou même à leur origine.

     

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    I. LA LUCARNE GAUCHE.

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    Lucarne gauche, façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Lucarne gauche, façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    La crossette de gauche : un acrobate.

    Cet homme jeune, coiffé d'un bonnet sur de longs cheveux bouclés, adopte la posture acrobatique cambrée, les genoux fléchis et les talons ramenés vers la fesse. Dans un geste peu physiologique, le bras droit vient se saisir du genou pour étendre la hanche. 

    Il est vêtu d'un pourpoint à manches plissées, de chausses, de chaussures soigneusement sculptées ; un phylactère, jadis peint sans-doute d'une inscription, est enroulée devant son ventre. Un dessin carré orne son plastron.

    Le motif de l'acrobate, déjà fréquent sur les modillons de l'art roman se retrouve fréquemment dans les églises et chapelles du XVIe siècle :

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    — à Dirinon

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    — à Dirinon : 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Acrobate, crossette de la lucarne gauche , façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Acrobate, crossette de la lucarne gauche , façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    A la base de la crossette, est sculptée une hermine passante, colletée,  tenant dans sa gueule une banderole enroulée autour de baguettes. C'est là un emblème des ducs de Bretagne 

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    Hermine, base de la  crossette gauche de la lucarne gauche, façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Hermine, base de la crossette gauche de la lucarne gauche, façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Acrobate, crossette de la lucarne gauche , façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Acrobate, crossette de la lucarne gauche , façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    La crossette de droite : un dragon ailé.

    Il a  les babines retroussées sur des dents auxquelles il ne ferait pas bon de se frotter, des naseaux dilatés, des yeux proéminents, des  oreilles larges et arrondies, un corps écailleux, une aile aux pennes en éventail, une queue de serpent contorsionnée sur elle-même et dont l'extrémité répète en réduction la tête de la bête. Sa langue, si c'est bien elle, s'étale en deux pointes devant sa gorge. Ses pattes crochues (tous ces dragons n'en disposent que d'une seule paire) s'appuient sur le bord vertical du piédestal. 

    Je ne suis pas parvenu à identifier le motif sculpté dans l'angle gauche, mais il est sans-doute important, s'il répond à l'hermine précédente.

    Ce type de dragon ailé se retrouve aussi sur les crossettes de Pencran, de Dirinon, de Landivisiau, etc...

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    Dragon ailé, crossette de la lucarne gauche , façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Dragon ailé, crossette de la lucarne gauche , façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Dragon ailé, crossette de la lucarne gauche , façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Dragon ailé, crossette de la lucarne gauche , façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Dragon ailé, crossette de la lucarne gauche , façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Dragon ailé, crossette de la lucarne gauche , façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    II. LA LUCARNE DROITE.

    La lucarne coiffe une fenêtre à meneaux sommée d'une accolade, et  encadrée de deux belles colonnes engagées à motifs taillées en losanges ou pointes de diamant. Ses crossettes sont deux dragons ailés. 

    Partie droite de la façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Partie droite de la façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Lucarne droite de la façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Lucarne droite de la façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    La crossette de gauche. Dragon ailé.

    Il a comme le précédent une gueule ouverte aux crocs pointus, des naseaux dilatés, des yeux proéminents, des  oreilles larges et pointues, un corps écailleux, une aile losangique et nervurée, une queue de serpent contorsionnée sur elle-même et dont l'extrémité forme une gueule de serpent. Sa particularité repose dans sa langue, pendue hors de la bouche, bifide, et tenue par les pattes antérieures. 

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    Dragon ailé, crossette de gauche, lucarne droite de la façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
    Dragon ailé, crossette de gauche, lucarne droite de la façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Dragon ailé, crossette de gauche, lucarne droite de la façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Dragon ailé, crossette de gauche, lucarne droite de la façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Dragon ailé, crossette de gauche, lucarne droite de la façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    La crossette de droite. Dragon ailé à queue de serpent.

    Il a comme le précédent une gueule ouverte aux crocs pointus, des naseaux dilatés, des yeux proéminents, des  oreilles larges et pointues, un corps écailleux, une aile losangique et nervurée, une queue de serpent contorsionnée sur elle-même et dont l'extrémité forme une gueule de serpent. Les pattes repliées vers l'arrière prennent appui sur le mur.

     

    Dragon ailé, crossette de droite, lucarne droite de la façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Dragon ailé, crossette de droite, lucarne droite de la façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    Le fleuron de la lucarne : un musicien joueur d'instrument à vent.

    Le fleuron sommital du gable à crochet est transformé en un musicien assis sur un banc délimité par les deux pétales latéraux. Il est coiffé d'un chapeau rond (sur des cheveux coupés mi-court, à la Charles VIII), est vêtu d'une veste sur des hauts de chausse, et il joue d'une flûte évasée mais sans pavillon : je laisse les organologistes débattre de son nom.

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    Joueur de flûte, kersanton, XVe siècle,  sommet de la lucarne droite de la façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

    Joueur de flûte, kersanton, XVe siècle, sommet de la lucarne droite de la façade nord du Doyenné du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

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    III. QUELQUES SCULPTURES PLACÉES DEVANT LE DOYENNÉ.

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    Armoiries Rohan / Léon entourées d'épis.

    Armoiries Rohan / Léon entourées d'épis.

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    La Collégiale Notre-Dame du Folgoët VI : les crossettes du Doyenné.
    La Collégiale Notre-Dame du Folgoët VI : les crossettes du Doyenné.

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    SOURCES ET LIENS.

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    — ABGRALL (Jean-Marie) 1909 Notice sur Le Folgoat  Bulletin Diocésain d'Histoire et d'Archéologie, Quimper page 175 et 209

    https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/bdha/bdha1909.pdf

    — ABGRALL (Jean-Marie), 1896, Le Folgoët (Finistère), « Livre d’or des églises de Bretagne », Rennes, 

    — ABGRALL (Jean-Marie), 1901, L'église Notre-Dame du Folgoat, in A.Le Grand, La vie des saincts...page 88

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5038760/f126.item.r=Folgoet

    — COATIVY (Yves) 2006, La monnaie des ducs de Bretagne. Presses Universitaires de Rennes.

    http://books.openedition.org/pur/25404

     

    — COËTLOGON (Marquis de), 1851, Dessins, histoire et description de l’église de Notre-Dame du Folgët, Brest, 1851

    https://books.google.fr/books?id=4udhAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

    — COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Répertoire des églises : paroisse de LE FOLGOET. Notice extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, par René Couffon, Alfred Le Bars, Quimper, Association diocésaine, 1988.

    http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/FOLGOET.pdf

    — COUFFON (René),  1948, « À quelle époque convient-il de dater l’église actuelle de Notre-Dame du Folgoët ? », Nouvelle revue de Bretagne, 5, 1948.

    — COURCY   Notice sur Notre-Dame du Folgoët, par Pol et Henri de Courcy. ln-12. Saint- Brieuc, Prud'homme; 1860

    DANTEC (Dominique), 1986, La basilique de Notre-Dame-du-Folgoët : un programme classique de vitraux au XIXe siècle Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1986  Volume 93  Numéro 4  pp. 405-410

    http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1986_num_93_4_3237

    FABRE (Martine) 2006. La symbolique des Du Chastel d’après les sceaux et les armoriaux.. Yves Coativy. Actes du colloque, Juin 2004, Trémazan, France. Centre de Recherche Bretonne et Celtique / Association SOS Château de Trémazan, pp.141-160, 2006.

    https://halshs.archives-ouvertes.fr/hal-00480136/document

    — GUILLERMIT (Augustin),1922  Le Folgoat Monographie paroissiale. ed. A. Lajat (Morlaix)

    https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/8c56e3a44e19df315b7cd0de70f0f172.pdf

     

    — GUILLOUET (Jean-Marie), 2009,  Le Folgoët, collégiale Notre-Dame, Congrés archéologique de France (2007), Finistère. 165, pp.166-176.

    https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00557740/document

    — JOB AN IRIEN 1989, A la recherche de la vérité sur Notre Dame du Folgoët = Itron Varia ar Folgoet. Ed Minihi Levenez (Landerneau) 24 p.: ill.; 25 cm.

    — JONES (Michael ) , 2010, Les comptes d’Auffroy Guinot, trésorier et receveur général de Bretagne, 1430-1436. Édition et commentaire , Journal des savants  Année 2010  Volume 1  Numéro 1  pp. 17-109

    http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_2010_num_1_1_5900

    — KERBIRIOU (Louis) 1938, Un grand Sanctuaire Marial en Bretagne · Notre·Dame du Folgoët Notice descriptive, historique et archéologique, Brest, Impr. Le Grand

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c02069db4918a110fe135511d651ae02.pdf

    — LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle , 1 vol. (407 p.) - 1 disque optique numérique (CD-ROM) : ill. en coul. ; 29 cm ; coul. ; 12 cm . Note : Index. - Notes bibliogr., bibliogr. p. 373-395 Rennes : Presses universitaires de Rennes , 2014 Éditeur scientifique : Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page, François Roudaut. Pages 95-100.

    — LÉCUREUX ,1914,  « Le Folgoët. Église collégiale. 3ème excursion », dans Congr. arch. de France. Brest et Vannes, 1914, p. 99-110.

    — LORME (A. de ), 1896, « L’art breton et l’église du Folgoat », dans Congr. arch. de France . Brest, 1898, p. 218-236.

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k356651/f290.item

    — MIORCEC DE KERDANET ( Daniel), 1853, Nouvelle notice sur N.-D. du Folgoët et sur ses environs, J.-B. Lefournier (Brest), 144 p.; 22 cm.

    https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/33e093346604e23fe86b2fdaa39ca374.pdf

    Ou : in A.Le Grand, La vie des saincts 1837 :

    https://books.google.fr/books?id=BYITAwAAQBAJ&dq=%22La+vie+des+saints+de+la+Bretagne+armorique%22&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

    — PENNEC (Cyrille), 1825,  Le dévot pèlerinage de Notre-Dame du Folgoët, Rennes

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/061c8316a48418d20634b1b408c93613.pdf

    — THOMAS (chanoine A.M) , 1901, Le duc de Bretagne et le Folgoat; in A.Le Grand, La vie des saincts

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5038760/f126.item.r=Folgoet

    — INFOBRETAGNE :

    http://www.infobretagne.com/folgoet.htm

    http://www.infobretagne.com/folgoet-basilique.htm

    — LES AMIS DU FOLGOËT.

    http://les-amis-du-folgoet.pagesperso-orange.fr/Basilique.htm

    — monumentshistoriques.free.fr

    http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/folgoet/descriptif.html

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    • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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