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8 août 2017 2 08 /08 /août /2017 22:24

Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus : le manuscrit du duc Albert V de Bavière de l' Österreichische Nationalbibliothek de Vienne, Mus.Hs.18744/1-4 Mus 

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Sur les enluminures des Livres de chœur d'Albert V par  Hans Mielich, voir :

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— Sur les Sibylles, voir :

— Sur les Sibylles du Finistère, voir :

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    Un texte a récemment été découvert qui permettrait de se replonger dans la vie d’Albert V, l’employeur de Lassus, à cette époque. La probabilité qu’il s’agisse d’un texte authentique est voisine de zéro. Mais il stimule l’imagination...

    « Dans la salle de musique de son palais, à Munich, Albert V s’est paré de sa large écharpe de velours rouge et de ses deux rangées de colliers d’argent. Il a aussi revêtu sa coiffe ornée de dessins dorés en forme de V. Assis devant la grande table, il contemple ses trésors. Quels chefs-d’œuvre ! Sans l’ombre d’un doute, les générations futures lui élèveront des autels pour les avoir initiés. Pour l’heure, il se les réserve pour sa satisfaction personnelle. Exclusive ! Il profitera seul de ces plaisirs hors norme... et hors de prix. Tant qu’il vivra, les partitions ne quitteront pas son palais. Quelques maigres informations sur ces partitions secrètes pourront fuiter, par-ci, par-là... Un parfum de légende n’a jamais nui à l’exercice du pouvoir, bien au contraire. Mais cela n’ira pas plus loin. Hormis pour de rares exécutions privées.

    Il en convient, sa politique n’a pas amélioré les finances de la Bavière. Toutefois, la dette du pays, il ne l’a pas inventée. À son arrivée au pouvoir, elle était déjà là, abyssale. Ce qui ne l’a pas empêché de déployer des moyens considérables pour unifier la Haute et la Basse Bavière. Et au passage, lutter contre l’hérésie protestante. Sans oublier les recruteurs qu’il a envoyés parcourir l’Europe pour tenter de convaincre les meilleurs chanteurs, les instrumentistes d’exception, de venir enrichir sa Chapelle musicale. Ces charlatans de recruteurs l’ont si souvent escroqué.

    Les quatre grands livres de chœur des Psaumes de la pénitence de Roland de Lassus sont là, ouverts devant lui. Une réalisation hors du commun. Plusieurs années de travail. La partition suit la disposition habituelle, celle qui permet de chanter à quatre depuis le livre, deux voix notées sur la page de gauche, deux sur celle de droite. Quelle chance d’avoir eu Jean Pollet comme copiste. Il a donné la mesure de son talent. La graphie est somptueuse. Mais ce n’est pas ce que le souverain admire en premier. Les quatre zones de la partition sont littéralement enveloppées d’une profusion de dessins et de gravures ! Les couleurs sont flamboyantes. Ce qui n’est pas surprenant quand on connaît le nom de leur auteur, le génial Hans Mielich. Oui, cette partition est sans équivalent, à la hauteur du seul Lassus.

    Il repense au recrutement de Lassus, quinze ans auparavant, comme simple ténor. Et déjà à prix d’or ! Depuis, son compositeur et ami a pris une envergure européenne. Il suffit qu’un éditeur, que ce soit à Venise, à Paris ou à Amsterdam, mette son nom sur un recueil, parfois pour une unique chanson perdue au milieu des autres, et les ventes s’envolent.

    Que de souvenirs. Et combien son propre père, Guillaume IV, apprécierait le spectacle de cette partition ! En son temps, il en a bien fait une équivalente pour des Messes du grand Josquin. Aujourd’hui, grâce à ses propres efforts, Munich est désormais la capitale de l’Europe. Les plus célèbres peintres, sculpteurs, graveurs de médailles, musiciens sont prêts à tout pour se faire engager à sa cour. Tiens, par exemple, le petit Gabrieli qui insiste tant pour venir tenir l’orgue et apprendre la composition auprès de Lassus. Il faudrait peut-être le faire venir ? Il semble avoir du talent.

    Le Duc range avec soin les quatre livres et sort un autre ouvrage, moins imposant, Les Prophéties des Sibylles. Lassus n’a jamais voulu lui révéler quand il a composé cette musique sur la langue énigmatique des prêtresses d’Apollon. Peut-être à Rome. Il a dû être marqué par les Sibylles que Michel-Ange a peintes sur le plafond de la Chapelle Sixtine. Mais Michel-Ange n’en a seulement peint que cinq. Mielich, lui, a réalisé une miniature pour chacune des douze. Et au passage, il a fait un des plus beaux portraits qui soit de Lassus.

    Pourtant, ce qui fascine Albert V est d’une autre nature. Il se chante l’introduction. Le texte est de Lassus lui-même : « Ces chants que tu entends, élaborés selon une mélodie chromatique, ce sont ceux-là par lesquels, jadis, les douze Sibylles ont chanté d’une voix intrépide les secrets de notre salut. » Ah, ce chromatisme ! Quel mystère... Quand les malheureux compositeurs italiens qui s’agitent dans les cameratas de Ferrare l’utilisent pour une horrible musique expérimentale, réservée aux connaisseurs, brutale pour l’oreille, Lassus a réussi une réalisation bien supérieure. Puissante et discrète. Albert ne saurait dire pourquoi, mais cette musique est belle, mystérieuse et envoûtante. Les règles anciennes y sont abolies, un monde neuf entrouvert. Il le sent, l’héritage de cette œuvre devra attendre longtemps avant d’être reçu ! Un jour, peut-être, quelqu’un percera le mystère de ces nouvelles lois. »

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    Ce texte, légèrement effrayant et opaque, est une prophétie chrétienne, une annonciation de la venue du Christ. Mais la figure de la Sibylle est plus ancienne que cela. Elle remonte à l’Antiquité. On la confond parfois avec la Pythie de Delphes. Il y a d’ailleurs un lien. Les deux disent des oracles et font des prophéties. Mais, d’une certaine façon, la Pythie est la version titularisée, fonctionnarisée, de la prophétesse. Elle réagit seulement quand on vient la voir. Et alors, elle annonce – mais de façon cryptée – son avenir au visiteur. Pour sa part, la Sibylle est libre. Elle ne parle que lorsqu’elle a une vision. Et elle cultive une façon très particulière, très « sibylline », de transmettre ses visions.

    Avant tout, la Sibylle est simplement la version féminine du Prophète. Et les compositeurs ont d’innombrables fois mis les Prophètes en musique. Par contre, pour les Sibylles, en dehors de Lassus, il semble n’y avoir que Maurice Ohana qui l’ait fait au XXe siècle.

    Comment Roland de Lassus a-t-il eu l’idée de traiter ce thème ? Mais aussi, quand l’a-t-il fait ? Dans quelle ville ou pays ? Sait-on même de qui sont les textes qu’il met là en polyphonie ? Et pourquoi précisément douze Sibylles ? Voilà une belle liste de questions. Les spécialistes en débattent encore.

    La Sibylla europaea, la Sibylle européenne, neuvième de la liste de Lassus chante :

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    PRÉSENTATION.

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    Albert V de Bavière dit Albert le Magnifique (né le 29 février 1528 à Munich ; † 24 octobre 1579 à Munich) fut duc de Bavière de 1550 à 1579.

    Hans Mielich ou Müelich (Munich 1516-1573) est un peintre, miniaturiste et  dessinateur allemand de la Renaissance tardive, connu principalement pour ses portraits (il fut le portraitiste favori de la bourgeoisie de Munich), miniatures et enluminures. Ses relations avec le duc Albert V de Bavière, grand amateur d'art qui lui commande à partir de 1546-1547 de plus en plus d'œuvres, évoluent bientôt vers une étroite amitié. Mielich devient un peintre de cour apprécié. En 1558 il est élu chef de la corporation des peintres.  Dans le domaine des miniatures sont à ranger les deux Inventaire des bijoux d'Albert (1546–55) et de son épouse Anne (1552–55), et surtout l'illustration d'un recueil de Motets de Cyprien de Rore (1557–59, 300 pages) et des Psaumes pénitentiels de Roland de Lassus. Il était lié d'une amitié d'artiste avec ce compositeur.

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    Roland de Lassus ou Orlando di Lasso (Mons,1532-Munich,1594) , est un compositeur de l'école franco-flamande, vers la fin de la Renaissance. Estimé d'abord pour la qualité de sa voix, à Mons, puis Milan, Naples en 1550, il occupe le poste de Maître de chapelle de Saint-Jean-de-Latran à Rome en 1553, puis séjourne à Anvers où il publie ses premières compositions en 1555.

     C'est en 1556 qu' il rejoint à Munich la cour d'Albert V de Bavière, qui désire s'entourer de musiciens prestigieux à l'instar des cours des princes italiens.

    En 1558, il épouse Regina Wäckinger, la fille d'une dame d'honneur de la duchesse.

     

    Son art fut d'emblée reconnu et Roland de Lassus était, dès le milieu du siècle, surnommé le « divin Orlande » par le poète Ronsard, ou « Prince de la musique » par ses contemporains, ou encore, plus tard, l'« Orphée belge ». Dans les années 1560, Lassus était déjà devenu très célèbre, et des compositeurs se rendaient à Munich pour étudier avec lui.

    En 1563, Lassus est nommé maître de chapelle à Munich, succédant à Ludwig Daser à ce poste. Il demeure au service d'Albert V et son héritier, Guillaume V de Bavière, jusqu'à sa mort en 1594.

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    Les prophetiae sibyllarum.

    Roland de Lassus s'est illustré dans un style connu à l'époque comme Musica reservata (ou musica secreta). Il s'agit de mettre le texte en musique de façon expressive et intense, en mêlant échelle chromatique et échelle diatonique. Un exemple célèbre d'une composition de Lassus, écrite dans ce style, est sa série de 12 motets intitulé Prophetiae Sibyllarum (les Prophéties des Sibylles), qui annonce le chromatisme de Carlo Gesualdo. Innovante pour l'époque, cette manière de composer n'est réapparue qu'au XXe siècle. Mais  le duc Albert V  ne lui permettait pas de les faire éditer parce qu'il s'en réservait la propriété exclusive pour la cour de Bavière afin de les faire jouer pour un usage privé. C'est notamment le cas  pour les Prophetiae Sibyllarum  et surtout les Psaumes pénitentiels (Psalmi pœnitentiales Davidis), tous écrits entre  1556 et 1559. Il faisait copier les partitions sur manuscrit, les faisait enluminer par Mielich et relier à prix d'or et faisait garder  ces chefs d'œuvre de bibliophilie dans son Trésor, en réservant la présentation à quelques hôtes illustres.

    J'ai déjà présenté dans ce blog les trois livres de chœur conservés à la Bibliothèque Nationale de Munich : a) les partitions de 26 motets de Cypriano de Rore copiés sur velin par Johannes Pollet datant de 1559 (Mus. Ms B I ) et leur commentaire par le médecin et bibliophile Samuel Quickelberg , et  b) Les sept Psaumes pénitentiels et deux psaumes Laudate de Roland de Lassus  copiés sur velin par Johannes Pollet et enluminés par Mielich  datant de 1565  (cote Mus.Ms A I et II ). 

    Mais un troisième livre de chœur est conservé à la  Bibliothèque Nationale de Vienne sous la cote 18744 : les Prophetiae sibyllarum, datant de 1560 environ.

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    Les manuscrits enluminés des Lectiones ex libris Hiob et Prophetiae sibyllarum.

    Österreichischse Nationalbibliotek  Cote Mus.Hs.18744/1-4 Mus sous le titre Lectiones ex libris Hiob und Prophetiae Sibyllarum .

    Lien vers la notice et le manuscrit numérisé :  http://data.onb.ac.at/rec/AL00234956

    Il s'agit de quatre volumes manuscrits (velin ?) de 18,6 x 25,6 cm. Chaque volume est sensiblement identique.

    Ils réunissent deux ensembles composés vers 1552-1553 (?) à la forme SATB : les Sacrae lectiones ex propheta Job, neuf lectures ou leçons de l'Office des défunts aux Matines, avec les Prophetiae sibyllarum, douze Prophéties des Sibylles .

    L’édition en fac-similé a été publiée  et introduite par J. A. Owens  en 1986.

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    Les neuf Leçons de Job sont ornées par une lettrine dorée. Ce sont :

     

    1."Parce mihi Domine". "Peccavi, quid faciam tibi" (Job 7,16-21)

    2."Taedet animam meam" "Indica mihi, cur me ita iudices" "Numquid sicut dies hominis" (Job 10 1-7)

    3."Manus tuae. Domine fecerunt me" "Nonne sicut lac" (Job 14,1-6)

    4."Responde mihi, quantas habeo" "Scribis enim contra me".

    5"Homo natus de muliere" "Et dignum ducis" "Constituisti terminos".

    6 "Quis mihi hoc tribuat". "Vocabis me, et ego respondebo"

    7 "Spiritus meus attenuabitur". "Libera me, Domine, et pone me" "Si sustinuero, infernus domus mea".

    8 "Pelli meae, consumptis carnibus". "Quare persequimini" "Scio enim, quod redemptor".

     9 "Quare de vulva eduxisti me". "Dimitte me ergo".

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    Les 12 pièces des Sibylles sont précédés d'une introduction musicale où Lassus explique qu'il a voulu provoquer l'étonnement par une écriture inattendue.  En effet,   "l’écriture de ce cycle est complètement originale : Lassus y recourt à ces altérations ou chromatismes très étonnants qui font qu’immédiatement on perçoit la volonté de sortir du langage ordinaire, c’est-à-dire du langage du mode diatonique caractérisé à l’inverse par son absence de tout dièse ou bémol " (I. His)

    Le texte des prophéties est celui d'hexamètres issus  d' un recueil imprimé à Bâle en 1545 et  intitulé Sibyllinorum oraculorum libri octo, multis huiusque seculis abstrusi nuncque primum in lucem editi ... Per Xystum Betuleium ...Sixt Birck, Ex offic. J. Oporini, 1545, qui donne en appendice au texte principal les douze textes anonymes choisis (hormis le prologue), rassemblés sous le titre Sibyllarum de Christo vaticinia.  Le musicien en a sans doute plutôt utilisé la réédition de 1555), [Oracula Sibyllina].  Sibyllinorum oraculorum libri VIII. Addita Sebastiani Castalionis interpretatione latina... cum annotationibus Xysti Betulei in graeca sibyllina oracula et Sebastiani Castalionis in translationem suam... / Basileae : per J. Oporinum , [1555] ).  Voir 1599 Sibylliakoi Chrēsmoi hoc est Sibyllina Oracula ex vett. codd. aucta ..page 458


     

    "L’éditeur dit fournir ici en supplément des chants latins qu’il a récemment trouvés dans un livre « ancien » ; l’ordre des douze textes y est bien celui repris par Lassus, excepté l’interversion entre les deux dernières sibylles, Agrippa et Erythraea, qui reste à expliquer  " (I. His).  En fait, ces hexamètres pourraient être une traduction approximative des poèmes en italien populaire qui accompagnent douze gravures de Baccio Baldini.

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    Le portrait.

    Les manuscrits se terminent, pour trois des quatre volumes, par un portrait de Roland de Lassus "à l'âge de 28 ans", soit en 1560.

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    Isabelle His a suggéré que les Psaumes pénitentiels, les Leçons de Job et les Prophéties des Sibylles pouvaient constituer un corpus cohérent : 

    "Le fait est qu’elles [les Prophéties] y voisinent avec un autre cycle musical, celui de neuf Leçons de Job, et qu’un autre manuscrit consacré à Lassus fait cohabiter quant à lui un ensemble de sept Psaumes de pénitence et deux psaumes Laudate. Les Sibylles appartiennent donc, matériellement, à une sorte de triptyque dont elles peuvent former le volet  central : Leçons de Job /Sibylles/Psaumes. Par ailleurs, un lien avec le corpus des psaumes est avéré par la représentation, rassemblées sur une page de son manuscrit, des douze sibylles dont l’autre manuscrit contient la musique . L’ensemble que forment ces manuscrits de Lassus semble correspondre à des corpus composés autour de 1560, peu après sa prise de fonctions à Munich, peut-être selon un programme défini par son prince, donnant en tout cas la mesure des divers talents de son jeune musicien."

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    RAPPEL SUR LES SIBYLLES.

    J'ai présenté le thème iconographique des 12 Sibylles dans mon premier article sur l'église de Brennilis (cf. lien supra). Quelques dates :

     

    1461-1465 : Les Oracula sibyllina dites de Saint-Gall, du nom du monastère qui conserve cet ouvrage : première apparition de la série organisée de 12 prophétesses antiques, associées chacune à un épisode de la vie du Christ, qu'elles annoncent : un attribut symbolise leur prophétie. Avec 12 xylographies. 

    v. 1470 : le 12 gravures des  Prophètes et les Sibylles par le florentin Baccio Baldini . Cette série, – dont Francesco Rosselli, vers 1485-1490, fit des copies  – daterait  vers 1470-1475, selon Hind, Oberhuber et Levenson, vers 1475-1480, selon Zucker ; pour cette série, Baldini s’inspira parfois des gravures du Maître E. S., graveur allemand dont les dernières œuvres sont datées des environs de 1466-1467 . La séquence est : Persica / Libica / Delphica / Cimmeria / Erythrea / Samia / Cumana / Hellespontica / Phrygia / Tiburtina / Europa / Agrippa.

    1470-1480 : le manuscrit enluminé des Heures de Louis de Laval réserve douze doubles pages aux Sibylles, en reprenant le texte et la systématisation liturgique des Oracula Sibyllina de  saint-Gall : 

    a) Les sept Sibylles de la Vie de la Vierge et Enfance  de Jésus : Persica Libica Erythrea Cumana Samia Cimmeria Europa : Etoile des Bergers / Incarnation de la Lumière / Annonciation / Accouchement / Mise au berceau / Allaitement/ Fuite en Egypte Massacre des Innocents

    b) Les cinq Sibylles de la Passion et de la Résurrection : Tiburtina Agrippa Delphica Hellespontica Phrygia  : la Passion : Le Soufflet / La Flagellation / Le Couronnement d'épines / La Crucifixion / La  Résurrection.

    1481 : Philippo Barbieri (= de Barberis) donne la première publication imprimée dans  Discordantii sanctorum doctorum, 1481,  réed. 1505 d'une suite de 12 Sibylles en indiquant leur âge, leur attribut, et en les accompagnant d'un texte en latin.

    1493. Le  Liber chronicarum, la Chronique de Nuremberg, donne sur les marges d'une page le portrait et les prophéties de huit Sibylles. https://www.wdl.org/fr/item/4108/view/1/140/

    1509 : Michel-Ange peint cinq Sibylles sur le plafond de la chapelle Sixtine.

    1545 et 1555 : recueil imprimé à Bâle en 1545 et  intitulé Sibyllinorum oraculorum libri octo, Bâle,  J. Oporini, 1545,  réédition Bâle  1555).

    vers 1552 : composition des Prophetiae sibyllarum par Roland de Lassus :

    La série ainsi composée par Lassus, : Persica / Libica / Delphica / Cimmeria / Samia / Cumana / Hellespontica / Phrygia / Europa /Tiburtina / Erythrea / Agrippa, est  différente à la fois de celle de Barbieri en 1481, de celle des Heures de Louis de Laval, et de celle de Jean Dorat, illustrée par Jean Rabel, en 1586. 

    1560 : réalisation du manuscrit de la partition enluminé par Hans Mielich pour le duc Albert V.

    1570 : apparition de Sibylles sculptées sur les voûtes de l' église de Pleyben (Finistère) et de la chapelle seigneuriale de Kerjean (Saint-Vougay, Finistère).

    1600 : publication des Prophetiae sibyllarum de Roland de Lassus à Munich par Nicolaï Henrici.

     

     

     

     

     

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    LES ENLUMINURES DES MANUSCRITS VIENNA MUS.Hs.18744 PAR HANS MIELICH. LES DOUZE SIBYLLES ; LE PORTRAIT DE ROLAND DE LASSUS.

    Après la série d'émissions de Musicopolis consacrée en avril 2017 par Anne-Charlotte Rémond  à Roland de Lassus à Munich, en cette semaine d'août 2017, cinq épisodes de sept minutes d'une émission est diffusée par France Musique : Roland de Lassus et les Prophéties des Sibylles, dans Les enquêtes musicales  de Claude Abromont. À cette occasion, et aiguillonnée par mes précédents articles d'iconographie des Sibylles, je découvre que je ne connais pas  les enluminures des Sibylles par Hans Mielich pour ces Prophéties. Et pour cause : elles  ne sont pas disponibles en ligne.

      

    Bien que les Prophetiae Sibyllarum aient été très soigneusement étudiées par les musicologues, Peter Bergquist et Ann Owens en tête, et que les manuscrits aient été publiés en fac-similé par ce dernier auteur, l'internaute  ne dispose pas  des portraits des 12 Sibylles ou du compositeur : et l'article d'Isabelle His ne donne  accès qu'aux reproductions en noir et blanc de ces 12  sibylles. J'ai voulu profiter de la numérisation du Vienna Mus. Hs 18744 pour proposer ici des documents. Tous les droits relèvent de la Bibliothèque Nationale de Vienne.

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    La ferrure centrale de la reliure : monogramme AH et armoiries.

    Les quatre manuscrits sont reliés avec, au centre une pièce métallique portant le monogramme AH (Albrecht Herzog = le duc Albert V ?), d'un blason aux anciennes armes  écartelés de Bavière entouré du collier de la Toison d'or et surmonté d'une devise mal lisible  I CANTRAT ENORS (???).

    Ces armoiries sont à comparer aux garnitures en métal (des pièces d'orfèvrerie) du manuscrit Mus.ms.A de Munich

     http://www.lavieb-aile.com/2015/05/autoportrait-de-hans-mielich-suite-le-mus-ms-a-i-et-ii.html

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

     

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    L'INTRODUCTION MUSICALE : CARMINA CHROMATICO.

    Les douze pièces sont précédées d’une sorte d’introduction musicale, dont le texte est peut-être de la main de Lassus lui-même, qui explique :

    Carmina chromatico quae audis modulata tenore
    Haec sunt illa quibus nostrae olim arcana salutis
    Bis senae intrepido cecinerunt ore Sibyllae

     

    "Ces chants que tu entends avec un ténor chromatique
    Ce sont ceux avec lesquels autrefois nos deux fois six sibylles
    Annoncèrent d’une bouche sans crainte les secrets de notre salut. » (I. His 2004)

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    On notera la lettrine, dans le pur style des calligraphies de la chancellerie ducale, ou du moins de celles que Georg Bocksay secrétaire de l'empereur Ferdinand Ier assembla en 1561 dans un Livre de modèles qui sera enluminé 30 ans plus tard par Joris Hoefnagel (le Mira calligraphiae monumenta).

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Voici la liste des 12 sibylles que nous allons découvrir : 

     

     

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    1. La Sibylle de Perse tenant la lanterne : la lumière  de l'étoile des bergers.

    2. La Sibylle de Libye tenant un flambeau : la lumière fait Christ Ego sum lux.

    3. La Sibylle de Delphes tenant une couronne : le Couronnement d'épines.

    4. La Sibylle Cimmérienne tenant une corne à usage de biberon : l'allaitement de l'Enfant-Jésus.

    5. La Sibylle de Samos tenant un berceau : la Nativité dans la Crèche.

    6. La Sibylle de Cumes tenant un bassin ovale : la Nativité

    7. La Sibylle d'Hellespont  tenant une croix, préfigurant la Crucifixion.

    8. La Sibylle de Phrygie tenant l'étendard de la Résurrection, annonçant ...la Résurrection.

    9. La Sibylle Europe, tenant une épée, annonçant la Fuite en Égypte et le Massacre des Innocents.

    10. La Sibylle de Tibur tenant une main coupée, annonçant l'affront fait au Christ pendant sa Passion (gifle d'un soldat).

    11. La Sibylle d'Erythrée, tenant une fleur, reliée au lys tenu par Gabriel lors de l'Annonciation.

    12. La Sibylle Agrippa, tenant un fouet, préfigurant la Flagellation.

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    Chacune est associée à un mode musical 

     

     

     

     

    1. LE CARTOUCHE   "SIBI : PERSICA" ET LA SIBYLLE PERSIQUE.

     

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    Le cartouche de "cuir découpé à enroulement" : il constitue un sujet d'étude à part entière. Venu d'Italie, développé par l'École de Fontainebleau vers 1526, il est repris par les artistes flamands et de l'Europe du nord. Il m'intéresse de le retrouver ici, en 1560, après en avoir admirer les développements savants sur les sablières de la chapelle de Kerjean (vers 1570) où sont sculptés de belles Sibylles.

    Avant Hoefnagel, qui en fera ses délices, Hans Mielich s'ingénie à enchevêtrer des cuirs de plusieurs couleurs, à y pendre des colliers, des rubans ou des guirlandes, à y placer des feuillages et des oiseaux, à y suspendre des masques, à y faire évoluer des putti,  etc. 

    Comme nous avons quatre manuscrits dont les enluminures diffèrent légèrement, ce sont quarante-huit cartouches qu'il faudrait étudier.

    En outre, les médaillons dans lesquels s'inscrivent les Sibylles sont eux-mêmes placés dans des cartouches. Y'a d'koi faire !

    Je donnerai à chaque fois deux exemples d'enluminure de chaque Sibylle, parmi les quatre manuscrits, tirés du premier et du dernier proposés en numérisation.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    La Sibylle Persica : 

    Elle est âgée de 30 ans (chiffre 30 sur le fond noir)  et son attribut est la lanterne. Elle annonce la lumière  qui guida les Bergers et les Mages à la Nativité. Par contre, Hans Mielich ignore une solide tradition, celle de la représenter piétinant un serpent. Comme ici sur l'oracula Sibyllina de saint-Gall (vers 1460) :

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    Texte : Mode musical associé : 8 (Sol).

    ​​​​​​Pour chaque folio, je donnerai le texte en latin de la pièce musicale de Roland de Lassus, puis la traduction.

     

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    Virgine matre satus, pando residebit asello,
    Iucundus princeps, unus qui ferre salutem
    Ritè queat lapsis : tamen illis fortè diebus
    Multi multa ferent, immensi fata laboris.
    Solo sed satis est oracula prodere verbo :
    ille Deus casta nascetur virgine magnus.

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    "Né d'une mère vierge, il sera assis sur un âne à l'échine courbée,

    Prince gracieux, qui seul peut porter le salut

    Selon les rites aux pécheurs ; pourtant sans doute en ces jours

    Beaucoup supporteront les nombreuses prophéties d'une souffrance immense.

    Mais une seule parole suffit pour rendre les oracles :

    Ce grand Dieu naîtra d'une vierge pure." Copyright Trad. Guy Laffaille

     

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Sur chaque vignette, nous verrons la Sibylle lever l'index, en signe d'énonciation oraculaire, et tenir un attribut. 

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Sur un autre manuscrit :

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    2. LE CARTOUCHE "SIBI : LIBICA" ET LA SIBYLLE DE LIBYE.

     

    Deux cartouches dont l'un est orné de deux oiseaux dont un chardonneret, et l'autre de fleurs et de masques.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    La Sibylle de Libye. 

    Mode musical associé : 8 (Sol). Son attribut est le flambeau. Elle annonce la Lumière apportée au Monde par le Christ. :L'âge de 24 ans est indiqué, la Sibylle tient son cierge allumé, les vêtements et la coiffure diffèrent d'une enluminure à l'autre. 

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    Le texte de la Sibylle Libica :


    Ecce dies venient, quo aeternus tempore princeps,
    Irradians sata laeta, viris sua crimina tollet,
    Lumine clarescet cuius synagoga recenti :
    Sordida qui solus reserabit labra reorum,
    Aequus erit cunctis, gremio rex membra reclinet
    Reginae mundi, sanctus, per saecula vivus.
    ans, et gloria certa manebit.

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    "Voici que les jours viennent où le Prince éternel

    Irradiant d'une lumière joyeuse, enlèvera aux hommes leurs crimes.

    La Synagogue s'illuminera de sa lumière nouvelle.

    Lui qui seul ouvrira les lèvres viles des accusés,

    Il sera bienveillant pour tous, roi,

    il reposera ses membres sur le sein de la reine du monde,

    Saint, vivant dans les siècles." (Trad. Guy Laffaille copyright 2010)

     

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    Pour cet exemple, je vais comparer ces six vers aux diverses sources que j'ai étudié dans mi=on étude sur les Sibylles de Brennilis. Pour les autres, le lecteur pourra s'y référer. Ici, on constatera que l'incipit ecce dies venient (qui citent le prophète Jérémie) se retrouvent dans tous les cas, de même que la référence à la Synagogue, 

     

    Baccio Baldini (1470-1480) : SIbILLA·LIbICA· (S à rebours). Assise dans un jardin, coiffée d’un chapeau conique à plumes, elle tourne les pages d’un livre posé sur ses genoux. Un cartouche porte l'inscription  Ecce venientem diem et latentia aperientem tenebit gremio gentium regina

     Tentative de traduction "Voici venir le jour ou sera révélé celui que la reine des nations  tiendra en son giron"

    Le poème en italien est le suivant :

    Il di Verra che ll'etterno signiore

    Lume dara alle chose naschose

    E legami iscora del nostri errore

    Fara le sinagoge luminose

    E solvera le lab[ra] al pechatore

    E fie stadera di tute le chose

    En grenbo alla rina delle giente

    Sedra questo re santo evivente

     

    Voir Marjorie Roth 2005.

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    — Filippo Barbieri (1481) : Sibylla Libyca ornata serto viridi et florido in capite, vestita pallio honesto et non multum juvenis sic ait : Ecce veniet dies et illuminabit condempsa [sic] tenebrarum et solventur nexus Sinagogae et desinent labia hominum et videbunt regem viventium ; tenebit illum in gremio virgo domina gentium et regnabit in misericordia et uterus matris erit statua [ou statera] cunctorum. "Elle porte une guirlande verte et fleurie  sur la tête, elle est vêtue d'une belle robe et elle n'est plus toute jeune." A défaut de pouvoir donner une traduction claire de la suite, je remarque que la Libyque est associée à la venue de la Lumière dissipant l'obscurité de la Synagogue, mais aussi à celle d'un Roi régnant dans la miséricorde et issu de l'utérus d'une Vierge . cf in gremio virgo, "dans le giron d'une vierge" et uterus matris.

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    — Prophète associé par Barbieri : Jérémie 23:5  Ecce dies veniunt dicit Dominus et suscitabo David germen iustum et regnabit rex et sapiens erit et faciet iudicium et iustitiam in terra "Voici, les jours viennent, dit l'Éternel, Où je susciterai à David un germe juste; Il régnera en roi et prospérera, Il pratiquera la justice et l'équité dans le pays." 

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    — Livre d'Heures de Louis de Laval  folio 18v: "La Sibylle Libyque  tient à la main un cierge allumé. L'inscription qui l'accompagne est ainsi conçue : « Sibylla Libyca, XXIV annorum, cujus meminit Euripides. Videtur clare vaticiriari de adventu Salvatoris cum prophetis. Ecce veniet deus et illuminabit condensa tenebrarum et solvet nexus Synagogœ... »

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    3. LE CARTOUCHE "SIBI : DELPHICA" ET LA SIBYLLE DE DELPHES.

     

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    La Sibylle de Delphes

    Son attribut est la couronne, annonçant le Couronnement d'épines de la Passion. L'âge est de 20 ans. Elle porte un voile, des voilages transparents, et, dans le deuxième exemple, elle tient la couronne par l'intermédiaire d'un linge.

    Texte :


    Non tarde veniet, tacita sed mente tenendum
    Hoc opus, hoc memori semper qui corde reponet,
    Huius pertentant cor gaudia magna prophetae
    Eximii, qui virginea conceptus ab alvo
    Prodibit, sine contactu maris, omnia vincit
    Hoc naturae opera : at fecit, qui cuncta gubernat.

     

    "Il ne viendra pas tard, mais il doit être gardé en secret

    Cet acte ; celui qui le mettra dans son cœur pour toujours

    D'une grande joie son cœur sera rempli par les Prophètes

    Éminents, conçu dans le ventre d'une vierge

    Il se présentera, sans le contact d'un homme, ceci vainc

    Les actes de la nature, mais c'est celui qui gouverne tout qui l'a fait."(Trad. Guy Laffaille)

    Source : poème en italien sur une gravure de Baccio Baldini vers 1470-1480 ; 

    None daeser lenta matraquilla

    Averta lopera echonsiderare

    Lavenimento che alta villa

    Dovel profeta grande aincharnare

    Nel ventre verginal dumanancilla

    Sansa congiunto duom mortalsafare

    Ecchotalchosa fie sopra natura

    Fatta per chuel chepvo che idio dara

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    4. LE CARTOUCHE "SIBI CIMMERIA" ET LA SIBYLLE CIMMÉRIENNE.

     

     

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Notez la différence de graphie Cimmeria / Cimeria.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    La Sibylle Cimmérienne.

     

    Mode musical : 1 (b Sol) . Âge 18 ans. Elle tient une corne, utilisée comme biberon, pour annoncer que Marie allaitera son Fils.

    Le texte  mis en musique : 


    In teneris annis facie praesignis, honore
    Militiae aeternae regem sacra virgo cibabit
    Lacte suo : per quem gaudebunt pectore summo
    Omnia, et Eoo lucebit sidus ab orbe
    Mirificium : sua dona Magi cum laude ferentes,
    Obiicient puero myrrham, aurum, thura Sabaea.

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    "Dans ses tendres années, d'une beauté insigne, honorée

    Par l'armée éternelle, une vierge sainte nourrira un roi

    De son lait ; par lui de grand cœur ils se réjouiront

    Tous et l'étoile du Matin brillera dans un ciel magnifique,

    Les Mages portant leurs dons avec respect

    Présenteront à l'enfant la myrrhe, l'or et l'encens de l'Arabie." (Trad. Guy Laffaille)

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    5. LE CARTOUCHE "SIBI : SAMIA" ET LA SIBYLLE SAMIENNE.

     

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    La Sibylle de Samos.

    Mode musical : 2 (b Sol). Âgée de 15 ans, elle tient un berceau à bascule annonçant la crèche de la Nativité. Dans la première enluminure, elle est entièrement vêtue d'un manteau bleu couvrant la tête ; dans l'autre, un voile blanc recouvre les cheveux.

    Texte.

     


    Ecce dies, nigras quae tollet laeta tenebras,
    Mox veniet, solvens nodosa volumina vatum
    Gentis Judaeae, referent ut carmina plebis.
    Hunc poterunt clarum vivorum tangere regem,
    Humano quem virgo sinu inviolata fovebit.
    Annuit hoc coelum, rutilantia sidera monstrant.

     

    "Voici le jour, qui enlèvera joyeusement les ténèbres noires,

    Il viendra bientôt, résolvant

    les volumes compliqués des prophètes

    De la race de Judée, les chants du peuple rapportent

    Qu'ils pourront toucher ce brillant roi des vivants,

    Qu'une vierge intacte réchauffera sur son sein humain.

    Le ciel l'indique par un signe, les étoiles éclatantes le montrent." (Trad. Guy Laffaille)

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    6. LE CARTOUCHE "SIBI : CVMANA" ET LA SIBYLLE DE CUMES.

    Mode musical : 2 (b Sol).

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    La Sibille de Cumes

    Elle est âgée de 18 ans. Elle tient un bassin. Ceci est intéressant, car il est difficile de reconnaître sur les autres exemples iconographiques l'attribut de cette prophétesse pourtant clairement associée à la Nativité dans les Heures de Louis de Laval, et Émile Mâle hésitait entre un petit pain rond, ou un coquillage de forme vulvaire comme les porcelaines. Ici, ce bassin, accessoire fréquemment représenté dans les Nativités et présenté par une servante alors que la Vierge est couchée, peut être celui du premier bain donné à l'Enfant. Ce qui ne trouve aucune résonance dans le texte mis en musique.

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    Texte :

     


    Iam mea certa manent, et vera, novissima verba,
    Ultima venturi quod erant oracula regis,
    Qui toti veniens mundo cum pace, placebit,
    Ut voluit, nostra vestitus carne decenter,
    In cunctis humilis, castam pro matre puellam,
    Deliget, haec alias forma praecesserit omnes.

     

    "Maintenant mes paroles restent certaines, vraies et tout à fait neuves,

    En ce qu'elles étaient les dernières prophéties de l'arrivée du roi,

    Qui en venant plaira au monde entier avec la paix,

    Comme il l'a voulu, revêtu de notre chair avec grâce,

    Humble en toutes choses, comme mère une jeune fille chaste

    Il choisira, cette forme aura emporté sur toutes les autres." (Trad. Guy Laffaille)

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    7. LE CARTOUCHE "SI : HELLESPONTICA" ET LA SIBYLLE D'HELLESPONT.

     

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    La Sibylle Hellespontine.

    Mode musical : 7 (Sol). Elle est âgée de 50 ans et tient une croix, car elle a prophétisé la Crucifixion. Une fois de plus, le texte n'a aucun rapport avec la tradition iconographique issue du Manuscrit de Saint-Gall et des Heures de Louis de Laval.

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    Dum meditor quondam vidi decorare puellam,
    Eximio (castam quod se servaret) honore,
    Munere digna suo, et divino numine visa,
    Quae sobolem multo pareret splendore micantem :
    Progenies summi, speciosa et vera Tonantis,
    Pacifica mundum qui sub ditione gubernet.

     

    "Pendant que je méditais, un jour j'ai vu orner une jeune fille

    D'un honneur extraordinaire parce qu'elle se gardait pure,

    Un don et une vision dignes de sa puissance divine,

    Elle qui porterait une lignée brillant d'un grand éclat,

    Descendance belle et vraie du Dieu de tonnerre

    Qui gouverne le monde sous son pouvoir pacifique." (Trad. Guy Laffaille)

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    8. LE CARTOUCHE  "SIBI PHRIGIA" ET LA SIBYLLE  PHRYGIENNE.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    La Sibylle Phrygienne.

     

    Mode musical : 7 (Sol). Pas d'indication d'âge. Elle tient l'étendard à croix  rouge sur fond blanc qui est celui du Christ sortant du tombeau dans la tradition iconographique.

    Texte mis en musique :

    Ipsa Deum vidi summum, punire volentem
    Mundi homines stupidos, et pectora caeca, rebellis.
    Et quia sic nostram complerent crimina pellem,
    Virginis in corpus voluit demittere coelo
    Ipse Deus prolem, quam nunciet Angelus almae
    Matri, quo miseros contracta sorde levaret.


    "J’ai vu moi-même un Dieu très grand qui voulait punir,
    En ce monde, les hommes stupides et rebelles dans leurs cœurs aveuglés ;
    Et parce que les crimes remplissaient notre peau,
    Il a voulu faire descendre du ciel dans le corps d’une vierge,
    Lui Dieu, un enfant qu’un ange annoncerait à la mère bienveillante,
    Pour laver les malheureux de la souillure qu’ils ont contractée."

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    9. LE CARTOUCHE  "SIBI : EVROPEA" ET  LA SIBYLLE D' EUROPE.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    La Sibylle Europe.

    Âgée de 15 ans, son  attribut est  l'épée ou glaive : elle annonce la Fuite en Égypte et le Massacre des innocents. Mode musical : 4 (Mi).

    Texte de la partition.

     


    Virginis aeternum veniet de corpore verbum
    Purum, qui valles et montes transiet altos.
    Ille volens etiam stellato missus Olympo,
    Edetur mundo pauper, qui cuncta silenti
    Rexerit imperio : sic credo, et mente fatebor :
    Humano simul ac divino semine gnatus.

     

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    "Du corps d'une vierge viendra l'éternel Verbe

    Pur, qui passera les vallées et les hautes montagnes,

    Lui aussi volant, envoyé de l'Olympe étoilé,

    Pauvre il naîtra au monde,

    Lui qui dans un pouvoir silencieux sera le roi de tout.

    Ainsi je crois et je reconnaîtrai :

    Il est né d'une semence humaine en même temps que divine." (Trad. Guy Laffaille)

     

     

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    10. LE CARTOUCHE "SI : TYBVRTINA" ET  LA SIBYLLE DE TIBUR.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    La Sibylle de Tibur.

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    Âgée de 20 ans, elle tient une main coupée annonçant le soufflet d'un soldat lors de la Passion. On notera le turban ou balzo, très à la mode à la Renaissance, mais qui permet de conférer une touche orientale à la prophétesse, bien que Tibur, ou Tivoli, se trouve en Italie.

    Texte. Le mode musical associé est le 4 (Mi).

     

    Verax ipse Deus dedit haec mihi munia fandi,
    Carmine quod sanctam potui monstrare puellam,
    Concipiet quae Nazareis in finibus, illum
    Quem sub carne Deum Bethlemica rura videbunt.
    O nimium felix, coelo dignissima mater,
    Quae tantam sacro lactabit ab ubere prolem.

     

    "Le vrai Dieu lui-même m'a donné cette charge de parler

    Parce que j'ai pu montrer dans un chant la sainte Vierge

    Qui concevra dans le pays de Nazareth ce Dieu

    Que les campagnes de Bethléem verront incarné.

    Ô mère trop heureuse, très digne du ciel,

    Qui allaitera de son saint sacré un si grande descendance." (Trad. Guy Laffaille)

     

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    11. LE CARTOUCHE : "SI : ERYTHREA" ET   LA SIBYLLE D'ERYTHRÉE.

     

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    La Sibylle d' Erythrée.

    Âgée de 25 ans, elle tient une fleur, qui préfigure l'Annonciation (et le lys présenté par l'ange Gabriel à Marie). Dans le premier manuscrit elle est coiffée d'un hénin, et dans le dernier d'un turban d'où descend un long ruban blanc.

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    Texte. Le mode musical associé est le 6 (b Fa).

     

    Cerno Dei natum, qui se demisit ab alto,
    Ultima felices referent cum tempora soles :
    Hebraea quem virgo feret de stirpe decora,
    In terris multum teneris passurus ab annis,
    Magnus erit tamen hic divino carmine vates,
    Virgine matre satus, prudenti pectore verax.

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    "Je vois le fils de Dieu, qui est descendu du ciel,

    Quand des soleils heureux ramèneront les temps ultimes.

    Lui qu'une belle vierge portera d'une racine hébraïque,

    Sur terre depuis ses tendres années il souffrira beaucoup.

    Pourtant il sera un grand prophète au chant divin,

    Né d'une mère vierge, véridique dans la sagesse de son cœur." (Trad. Guy Laffaille)

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    12. LE CARTOUCHE :  "SIBI : AGRIPPA" ET  LA SIBYLLE AGRIPPA.


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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    La Sibylle Agrippa.

    Son attribut est le fouet car elle annonce la Flagellation de la Passion du Christ. Âge : 30 ans.

     

    Texte.  Mode musical associé: 6 (bFa) .

     

    Summus erit sub carne satus, charissimus atque,
    Virginis et verae complebit viscera sanctum
    Verbum, consilio, sine noxa, spiritus almi :
    Despectus multis tamen ille, salutis amore,
    Arguet et nostra commissa piacula culpa :
    Cuius honos 
    constans, et gloria certa manebit.

    "Il sera très grand, semé sous la chair, et très aimé,

    Il emplira le ventre d'une vraie vierge,

    Verbe saint, sans dommage, par l'action de l'esprit saint,

    Pourtant méprisé par beaucoup, par amour du salut,

    Il montrera les châtiments encourus par notre faute

    Son honneur sera constant et sa gloire n'aura pas de fin." (Trad. Guy Laffaille)

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    FOLIO 36 :  LE PORTRAIT DE ROLAND DE LASSUS ÂGÉ DE 28 ANS (Hans Mielich, 1560).
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    A la fin du volume, au folio 35, Hans Mielich a peint un portrait du compositeur dans un médaillon en pleine page.

     En haut, Athéna (avec sa  lance et son bouclier ou Égide à tête de Méduse, telle qu'elle est sortie toute armée de la tête de Zeus) et d'Hermès (avec son caducée) forment le couple de l'Hermathena, alliance de la sagesse et de l'éloquence que chaque artiste se donne comme modèle depuis le XVe siècle, et que Hoefnagel, successeur de Hans Mielich à la cour de Bavière, reprendra indirectement comme emblème sous forme de la chouette au caducée et aux pinceaux. Voir mon étude de l'Hermathena et de la chouette/hibou chez Hoefnagel dans ce blog.

    La chouette d'Athena est bien présente, entre la tête des deux divinités, devant une urne. Parfaitement au centre, ce qui lui donne une importance tutélaire qui confirme celle que lui donnera Joris Hoefnagel. L'artiste, avant d'être un individu inspiré par une Muse ou une emprise divine, se veut être un sage et un savant.   (Et, par les temps de déchaînement des conflits religieux qui courent alors, un adepte de la paix).

    Voir aussi :

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    Des fruits, des feuillages de chêne et d'olivier entourent ces dieux.

    Le médaillon est encadré par deux petites scènes mythologiques en grisaille. À gauche, Apollon joue de la lyre et Pan de la flûte.

    A droite est figuré le supplice de Marsyas attaché à un pin. On sait que ce silène, devenu fort habile à la flûte qu'il avait ramassée après qu'Athéna l'eut jetée,  avait eu l'impudence de défier Apollon dans un concours musical. Les muses ayant déclaré le dieu vainqueur, celui-ci punit Marsyas de son orgueil en le condamnant à être écorché vif par un esclave scythe.

    Le concours entre Apollon et Marsyas, symbolise la lutte entre les influences apolliniennes et dionysiennes de l'homme.

    Ces deux grisailles associées à la chouette et au couple Athena-Hermès composent un véritable manifeste sur le statut de l'artiste à la cour d'Albert V.

    Le médaillon lui-même est supporté par un appareil ornemental doré associant deux griffons en guise de volutes, à l'enroulement d'un cuir découpé où est suspendu une tête de bouc (celui du sacrifice dyonisien de la tragédie antique, car le mot tragôidía est composé de « bouc » et de « chant» ?)

    Rappelons que Hans Mielich peint ici des miniatures, dans la tradition des enluminures médiévales sur parchemin.  L'ovale est peint en bleu, ce bleu de lapis-lazuli très précieux que l'artiste réserve à ce type d'usage. On y lit, en lettres d'or, "ORLADVS * DE * LASSO * AETATIS * SVAE * XXVIII, "Roland de Lassus à l'âge de 28 [ans]". Si on admet la date de 1532 pour celle de sa naissance, cela conduit à dater ce portrait de 1560.

    Le musicien est peint en buste, de trois-quart, le regard tourné vers le spectateur. Les cheveux aux tempes grisonnantes sont dégarnis, les yeux bleus, le nez fin et aigu, le menton caché par une barbe châtain. 

    La tenue vestimentaire  associe un manteau noir (dont le pan est retenu par un ruban passé autour du cou)  à un habit de cour de satin violet, boutonné par devant comme une soutane, très ajusté à l'encolure qui laisse passer une fraise finement plissée. La même dentelle frisée, ourlée de noir, s'échappe des manches. Les étoffes sont fines, souples, soyeuses, presque moirées, au fil souligné par des lignes horizontales régulières. 

    La main gauche, seule visible, serre un mouchoir ou un rouleau de papier. Une bague en jonc est passée à l'annulaire.

    L'impression générale est celle d'un homme riche, élégant et soigneux, contrôlant un caractère bouillonnant et sensible par un goût de la précision et de maîtrise technique.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Dans les autres manuscrits, le cadre change : il est couronné par deux  Muses ailées, parmi les masques, le lion et la lionne (animaux du duc et de la duchesse)  et les guirlandes, ou bien entouré de deux putti qui portent les trompettes de la renommée.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.

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    Hans Mielich a peint aussi,  cinq ans plus tard, le portrait de Roland de Lassus pour le manuscrit des Psaumes pénitentiels, que j'ai précédemment décrit : 

    Voir

     http://www.lavieb-aile.com/2015/05/autoportrait-de-hans-mielich-suite-le-mus-ms-a-i-et-ii.html

    L'aspect général est le même, avec le quelques années en plus et quelques cheveux en moins. On remarque un pendentif accroché au ruban noir déjà visible en 1560 : tous les membres de la cour peints par Hans Mielich en portent un.

     Roland de Lassus / Orlando di Lasso, Les sept psaumes pénitentiels de David avec le motet Laudes Domini : Livre de chœur volume I,  BSB-Hss Mus.ms. A I(1), Bibliothèque Nationale de Bavière Bayerrische Staat Bibliothek BBS , Munich, 1565

    .

    http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0008/bsb00089635/images/index.html?id=00089635&groesser=&fip=qrsfsdrxdsydwewqxdsydwwxdsydsdasfsdr&no=&seite=44

     

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    Nous disposons d'autres portraits encore sous forme de gravures (publiés dans les articles Wikipédia).

     :

     

    Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus.
    Orlando di Lasso gravure sur cuivre de René Boyvin

    Orlando di Lasso gravure sur cuivre de René Boyvin

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    SOURCES ET LIENS.

    — Edition et traductions des Prophéties des Sibylles de Roland de Lassus :

    http://www.lieder.net/lieder/assemble_texts.html?SongCycleId=945

     

    — ABROMONT (Claude), Les enquêtes musicales de Claude Abromont, France musique, 5 émissions de 7 minutes, , 7 au 11 août 2017

    — BERGQUIST (Peter), 1979, "The Poems of Orlando di Lasso's "Prophetiae Sibyllarum" and Their Sources", Journal of the American Musicological Society, Vol. 32, No. 3 (Autumn, 1979), pp.516-538 University of California Press on behalf of the American Musicological Society

    http://www.jstor.org/stable/831253

     

    — HEITZ  (Paul), 1903,  Oracula sibyllina (Weissagungen der zwölf Sibyllen) nach dem einzigen, in der Stiftsbibliothek von St. Gallen aufbewahrten exemplare , Stiftsbibliothek Sankt Gallen

    https://archive.org/details/oraculasibyllin00gallgoog

    — HIS (Isabelle) "La Sibylle en musique : d’Orlande de Lassus à Maurice Ohana"  , in LA SIBYLLE, Parole et représentation Monique Bouquet y Françoise Morzadec (dir.), page 255-272, Presses Universitaires de Rennes

    http://books.openedition.org/pur/30373?lang=es#bodyftn18

    — OWENS (Jessie Ann)  Vienna, Österreichische Nationalbibliothek, Musiksammlung, Mus. Hs. 18.744 : in four parts introduction by Jessie Ann Owens.


    http://booktoday.ru/Vienna-%C3%96sterreichische-Nationalbibliothek-Musiksammlung-Mus-Hs-18744--in-four-parts--or--cintroduction-by-Jessie-Ann-Owens/2/ccgeba

    — ROTH (Marjorie A.), 2005, The voice of Prophety, Orlando di Lasso's Sibyls and Italian humanism

    / Ann Arbor (Mich.) : ProQuest LLC, UMI , 2005, cop. 2005  University of Rochester, 414 pages.

    — RAYBOULD (Robin)   The Sibyl Series of the Fifteenth Century

    https://books.google.fr/books?id=XTtFDQAAQBAJ&pg=PA134&dq=Sibyllarum+de+Christo+vaticinia.+(%C2%A0%5BOracula+Sibyllina%5D&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwj37rnI-srVAhVInBoKHWDlBZMQ6AEISjAF#v=onepage&q=Sibyllarum%20de%20Christo%20vaticinia.%20(%C2%A0%5BOracula%20Sibyllina%5D&f=false

     

    — WIKIPEDIA

    https://en.wikipedia.org/wiki/Prophetiae_Sibyllarum

    .

    Sur les Sibylles.

    .

    EL ENIGMA DE LA SIBILA

    https://sites.google.com/site/omnedecus/Home/art/el-enigma-de-la-sibila

    HÜE (Denis), 2004, La Sibylle au théâtre, in Sibylle, parole et représentation, Presses Universitaires de Rennes p. 177-195 http://books.openedition.org/pur/30366

    Dans les vitraux :

    http://ndoduc.free.fr/vitraux/htm5601/sibylles.php

    Baie 12 d'Ervy-le-Chatel (Aude), v1515 : 

    http://ndoduc.free.fr/vitraux/htm8601/eg_StP@Ervy_12.php

    Article de Wikipédia

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Sibylle

    https://it.wikipedia.org/wiki/Sibilla

    ABED ( Julien) 2010, La Parole de la sibylle. Fable et prophétie à la fin du Moyen Âge, thèse de doctorat préparée sous la direction de Mme Jacqueline Cerquiglini-Toulet, soutenue le 13 mars 2010 à l’université Paris-Sorbonne.

    https://peme.revues.org/85

    ABED ( Julien), 2007, "Une à la douzaine : le statut du personnage de la sibylle dans le BnF fr 2362 "in Façonner son personnage au Moyen Âge Chantal Connochie-Bourgne, Coll. Sénéfiance, Presses Universitaires de Provence,  pages 9-19 http://books.openedition.org/pup/2255?lang=fr

    BARBIERI (Filippo de) [Philippus de Barberiis] [Filippo Barberio], 1481,  [Discordantiae sanctorum doctorum Hieronymi et Augustini, et alia opuscula] ([Reprod.]) / [Philippus de Barberiis] , Bnf, Gallica :

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k591531, 

    — BELCARI (Feo), « Sacra rappresentazione » du mystère de l’Annonciation. Ce mystère fut joué à Florence, en 1471, à l’occasion de la visite du duc Galeazzo Maria Sforza. la première édition en parut à Florence, sans nom d’auteur, à la fin du xve siècle.

    https://archive.org/details/bub_gb_ZTjxnHHEHGgC

    http://www-personal.usyd.edu.au/~nnew4107/Texts/Fifteenth-century_Florence_files/Belcari_Annunciation.pdf  

     

    BOUISSOUNOUSE (Jean), 1925, Jeux Et Travaux D'apres Un Livre D'heures Du XV Siecle : Livre d'heures Chantilly n°1362 « Livre d'heures de la duchesse de Bourgogne, Adélaïde de Savoie » Xve siècle folio 21r :La Vierge et l'Enfant, en gloire et les sibylles.  Paris 1925, Reprints Slatkine Genève 1977.

    https://books.google.fr/books?id=ZUq0Pgh2ye8C&dq=%22livre+d%27heures%22sibylles&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

     

     —CASTEL (Yves-Pascal), 2006, "Les 70 sibylles du Finistère", Bulletin de la Société Archéologique du Finistère - T. CXXXV - 2006 pages 201 et suivantes

    http://patrimoine.dufinistere.org/art2/index.php?art=ypc_sibylles 

    CLERC (C de ), 1979, "Quelques séries italiennes de Sibylles", Bulletin de l'Institut historique belge de Rome, fasc. 48-49 pages 105-127.

    CHAMPIER (Symphorien), 1503, "Les prophéties, dits et vaticinations des Sibylles, translatés de grec en latin par Lactance Firmian", 3ème partie de  La nef des dames vertueuses, 

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k79103w/f124.item.zoom

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k79103w/f31.vertical

    GIUSTINIANI (Giulia), 2014 « Gli esordi critici di Emile Mâle : la tesi in latino sulle sibille »,Mélanges de l’École française de Rome - Moyen Âge 

     http://mefrm.revues.org/1527 

    HEURES DE LOUIS DE LAVAL , avant 1489,  Horae ad usum romanum Bnf Latin 920. 

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52501620s/f42.item

     

    KRIEGER (Denis), Autour des vitraux d'Arnauld de Moles à la cathédrale Sainte-Marie d'Auch

    (un dossier iconographique sur les Sibylles)

    http://www.mesvitrauxfavoris.fr/index_htm_files/Auch%20et%20les%20Sibylles.pdf

     — LAMBERT (Gisèle), Les premières gravures italiennes =  Les gravures de Baccio Baldini : une suite de 24 prophètes et 12 Sibylles .

    http://books.openedition.org/editionsbnf/1365

    — LE VERDIER, (Pierre Jacques Gabriel,) 1884, Mystère de l'incarnation et nativité de Notre Sauveur et Rédempteur Jésus-Christ : représenté à Rouen en 1474, publié d'après un imprimé du XVe siècle Société des bibliophiles normands

    https://archive.org/stream/mysteredelincarn01leve#page/n69/mode/2up

    MÂLE  (Émile), 1925,  L'art religieux de la fin du Moyen Age en France  : étude sur l'iconographie du Moyen Age et sur ses sources d'inspiration  3e éd., rev. et augm. / Paris : A. Colin ,  p. 254-279.

    https://archive.org/stream/lartreligieuxde00ml#page/252/mode/2up

    https://archive.org/stream/lartreligieuxde00ml/lartreligieuxde00ml_djvu.txt

    MÂLE  (Émile) , 1899, Quomodo Sibyllas recentiores artifices repraesentaverint [Texte imprimé] / E. Mâle,.. / Parisiis : E. Leroux , 1899  

    MONTEIRO (Mariana), 1905, As David and the Sibyls says. A sketch of the Sibyls and the sibylline oracles  

    https://archive.org/details/asdavidsibylssay00montrich

    PASCUCCI (Arianna), 2011, L'iconografia medievale della Sibilla Tiburtina in Contributi alla conoscenza del patrimonio tiburtino, Vol. VIII, Liceo classico statale Amedeo di Savoia di Tivoli, 2011,

     http://www.liceoclassicotivoli.it/Pascucci_Sibilla_Tiburtina_2011.pdf

    https://www.academia.edu/9789364/Liconografia_medievale_della_Sibilla_Tiburtina_di_Arianna_Pascucci_Tivoli_2011

    RÉAU (Louis), Iconographie de l'art chrétien, II, Iconographie de la Bible, Ancien Testament, p. 420-430.

    ROBERTET (Jean), Œuvres. Édition critique par Margaret Zsuppán, Genève, Droz; Paris, Minard (Textes littéraires français, 159), 1970, 208 p.

    https://books.google.fr/books?id=3Kn4gp0HSEQC&dq=Jean+Robertet,+%C5%92uvres.&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

     

    ROESSLI (Jean-Michel), 2002,  Catalogues de sibylles, recueil(s) de Libri Sibyllini et corpus des Oracula Sibyllina Remarques sur la formation et la constitution de quelques collections oraculaires dans les mondes gréco-romain, juif et chrétien Jean-Michel Roessli (Université de Fribourg, Suisse)  in E. NORELLI (ed.), Recueils normatifs et canons dans l'Antiquité. Perspectives nouvelles sur la formation des canons juif et chrétien dans leur contexte culturel. Actes du colloque organisé dans le cadre du programme plurifacultaire La Bible à la croisée des savoirs de l'Université de Genève, 11-12 avril 2002 (Lausanne, 2004; Publications de l'Institut romand des sciences bibliques 3), p. 47-68

     

    http://www.concordia.ca/content/dam/artsci/theology/profiles/jean-michel-roessli-catalogues-sibylles.pdf

    ROESSLI (Jean-Michel) , 2007 « Vies et métamorphoses de la Sibylle », Revue de l’histoire des religions :

     http://rhr.revues.org/5265

     — Sibyllae et prophetae de Christo Salvatore vaticinantes - BSB Cod.icon. 414 (1490-1500) http://bildsuche.digitale-sammlungen.de/index.html?c=viewer&lv=1&bandnummer=bsb00017917&pimage=00017917&suchbegriff=&l=fr

    TASSERIE (Guillaume), 1499  Le Triomphe des Normans composé par Guillaume Tasserie traictant de la Immaculée Concepcion Nostre Dame

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k424472s

    Le Triomphe des Normans traictant de la Immaculée Conception Nostre Dame est un mystère qui fut joué en 1499. Une seule copie de ce texte nous est parvenue, dans un manuscrit ayant appartenu jadis au Duc de la Vallière. La mise en ligne et la mise en page ont été assurées par Denis Hüe à l’Université Rennes

    2http://www.sites.univ-rennes2.fr/celam/cetm/triomphe/triomphe.html

    Tractatus Zelus Christi, Venise 1592

    https://books.google.fr/books?id=eItlAAAAcAAJ&pg=PA44-IA1&lpg=PA44-IA1&dq=ensem+nudum+sibylla&source=bl&ots=mmZ9XSX-Hd&sig=mpqSs1Y5_ou3a9KrWaEIqX-w4eo&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiS4_Ghx8nPAhXnDsAKHeLyAXEQ6AEIHDAA#v=onepage&q=ensem%20nudum%20sibylla&f=false

     

     

     

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    Published by jean-yves cordier - dans Sibylles
    5 août 2017 6 05 /08 /août /2017 09:02

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    Fondée sur une dune, terrain pris sur la mer, à l'initiative des armateurs de la cité et  par les marchands du bourg en 1522, l'église Notre-Dame-de Croas-Batz (ou Croaz-Batz : "la croix de Batz"), De style gothique flamboyant,  a été commencée vers 1520 par la nef, s'est poursuivie au cours du 16ème siècle par le porche occidental, ne fut achevée qu'en 1545 (voire jusqu'en  1605, par le chœur à chevet plat). Le clocher (1575-1576) est de type Renaissance, à deux galeries et à deux étages de cloches amortis par un dôme couronné de deux lanternons superposés ; de chaque côté s'élève une tourelle - celle du sud renferme les escaliers d'accès à la première galerie. La sacristie, adossée au chevet, est de 1639 ; le mur de l'enclos, de la même période. Il n'y a pas de porche méridional ; deux petites portes permettent d'accéder aux collatéraux nord et sud.

     Deux ossuaires, l'un du XVIe siècle (gothique et cantonné de quatre crossettes), l'autre du XVIIe siècle (Renaissance Henri II et dépourvu de crossettes figurées), occupent aussi le placître. Les façades de l'église sont ponctuées de caravelles de pierre, et de 18 crossettes figurées, hommes et bêtes. 

    Les crossettes sont les pierres d'assise (d'amortissement) à la terminaison des rampants d'un pignon ou d'une lucarne, dont elles assurent la stabilité. Placées à l'angles de deux élévations, elles assurent alors en outre la fonction de pierre d'angle.  Elles ne doivent pas être confondues avec des gargouilles, qui sont creuses et permettent l'écoulement de l'eau de pluie. Sur le plan esthétique, elles ponctuent l'architecture aux angles des pignons et des gables. Elles sont soit simples, soit ornées, soit — les seules qui nous intéressent ici — figurées, sculptées en ronde bosse et simple relief.

    Les figures sont angéliques, humaines ou anthropoïdes, animales, et animales fantastiques.

    Les anges, souvent en vol,  tiennent des phylactères, ou des écus, ou des livres, rarement des couronnes ou des instruments de musique.  Les humains sont soit des soldats armés d'une épée, soit de plantureux notables, soit des buveurs, mangeurs, des hommes ou femmes se tenant le sexe, soit des hommes déculottés exhibant leur fondement des deux mains,  soit des acrobates empoignant leurs chevilles, soit des hommes âgés se caressant la barbe, soit des musiciens, soit des femmes nues. Parmi les représentations mi-humaines figurent les femmes-serpents et les sirènes, à corps de poisson.  Les trois animaux qui viennent en tête sont le lion, le dragon et le chien. Les lions et les dragons tiennent fréquemment un ossement (parfois résumé à un rouleau) ou un être humain en réduction, qu'ils emportent dans leurs pattes ou leur gueule, c'est pourquoi je leur attribue une fonction de serviteurs de la Mort. Enfin, précisément, on trouve quelques squelettes armés de lances, figuration de l'Ankou des légendes bretonnes.

     Dans une série de 381 pièces de crossettes et gargouilles (dont 146 crossettes)  recensées dans quatre cantons du Finistère, Emmanuelle Le Seac'h a dénombré 34 anges, 67 humains, 5 sirènes, 45 monstres,  29 dragons,  49 lions, 24 chiens.

    Datation.

    Les crossettes de Basse-Bretagne ne sont ni datées ni signées; elles n'ont pas bénéficié d'une étude stylistique suffisante pour les attribuer à des ateliers spécifiques. Leur datation est estimée par celle de l'édifice qui les porte. Les plus anciennes sont peut-être celles de la Basilique du Folgoët (atelier du Maître du Folgoët : 1423-1509). Celles de Landivisiau, de Pencran ou de Guipavas sont attribuées à l'atelier de Bastien et Henri Prigent (1527-1577), actif dans 50 paroisses, dont 35 dans le Léon. Les autres ateliers de sculpture sur pierre sont ceux du Maître de Plougastel (1570-1621) ou de Roland Doré (1618-1663), et d'une mosaïque de petits maîtres paroissiaux (1500-1589) dont certains introduisent les tendances de la première Renaissance bretonne (1511-1589). Mais les crossettes et gargouilles, dont l'apogée se situe au XVIe et XVIIe siècle, se placent en héritières d'une tradition médiévale, elle même reliée à l'art des modillons romans (voir le remarquable article Iconographie des modillons romans sur Wikipédia).

    Une autre élément de datation pourrait se baser sur les costumes et coiffures des personnages.

    Pour Roscoff, j'ai retenu les dates d'édification de l'église, dans le deuxième quart du XVIe siècle.  

    Attribution.

    Elle n'a pas été définie, mais je pense qu'on peut exclure les ateliers que je viens de citer, et parler, faute de mieux et sans rire, d'un "Maître des crossettes de Roscoff". Il me faudrait examiner la statuaire sur pierre contemporaine à Saint-Pol-de-Léon et dans les paroisses voisines. Un des traits stylistiques que je note, c'est une façon malhabile de rendre les gueules des animaux par des parts de camembert statistique. 

     

     

    Matériau.

    Les crossettes les  plus belles, car les mieux conservées, sont en kersanton, au Folgoët, à Landivisiau, à Pencran. Ailleurs, elles sont en granite (Bodilis) ou en pierre de Logonna (Dirinon).

    À Roscoff, nous avons la chance de disposer de l'expertise lithologique du Pr. Louis Chauris : la pierre utilisée est le beau granite gris  de l'Île de Batz.

     

     

     

    L’essentiel des parements vus, en pierres de taille soigneusement façonnées, des élévations du corps de l'église, a fait appel à un granite de nuance légèrement grisâtre, à grain fin, souvent recoupé par des filonnets de pegmatite blanchâtre 48, de faible épaisseur, parfois entrecroisés. La fréquence de ces filonnets - jusqu'à quatre veines dans une seule pierre - confère à l'édifice un aspect des plus singuliers simulant des balafres. Parfois, ces pegmatites sont recoupées, à leur tour, par de minces veinules de tourmalinite noir-bleuté-.

    Localement, le granite des élévations est plus clair, presque blanchâtre. Il renferme alors des amas pluri centimétriques de tourmaline poeciloblastiquesl, un peu en relief par suite de l'érosion de l'encaissant moins résistant. Pour se former, la tourmaline, minéral boré, capte le fer de la roche où elle cristallise : cette déférisation entraîne un net blanchiment de ladite roche .

    Le granite gris clair à filonnets pegmatitiques a été également employé pour les piliers, le porche occidental, la sacristie (en association avec le faciès à nids de tourmaline), le mur de l'enclos, ainsi que - pour partie - dans le clocher et pour le dallage.

    L’observateur familiarisé avec la géologie régionale aura immédiatement reconnu, dans ces deux variétés granitiques, les roches qui affleurent à l’île de Batz et dans les récifs situés entre cette île et Roscoff. Les rivages de Batz présentent une impressionnante succession de perrières abandonnées; les vestiges de ces anciennes exploitations, au nombre d'une cinquantaine au moins, s'échelonnent presque tout au long de la côte. Leur grand nombre compense, en quelque sorte, la faible dimension individuelle des chantiers. En fait, les rompeurs - ancien nom des carriers - attaquaient la pierre partout où elle paraissait offrir des garanties de qualité et où elle pouvait être extraite sans difficulté majeure.

    ...Sur le continent, la pierre de Batz a été utilisée à la fin du 15ème siècle et au début du 16ème siècle pour la reconstruction de l'église Saint-Melaine à Morlaix, comme l'attestent les observations in situ, confirmées par les archives : «Le 18 janvier 1490, deux batelées de grosses pierres de Batz... remontent la rivière du Dossen» jusqu'au pied du chantier. Pour l'église de Roscoff, les données archivistiques relatives à l'emploi des granites de l'île de Batz concernent uniquement la construction de la sacristie dans la première moitié du 17ème siècle. Comme les deux variétés granitiques utilisées pour cette partie de l'édifice sont absolument identiques à celles employées antérieurement pour le reste de l'église, une même provenance insulaire paraît pleinement assurée.

    Depuis leur mise en oeuvre dans l’église de Roscoff, les granites de Batz, soumis aux vicissitudes du climat océanique, subissent, au moins localement, des altérations assez prononcées. En certains points, la pierre s'effrite superficiellement sous la main ; ou bien présente des desquamations, se détachant en plaquettes. Plus grave, la fissuration est sans doute due aux effets de surcharge." (Chauris 2003)

     

    Nombre.

    Le nombre de crossettes par édifice est variable, allant de une (Tréflénévez) à quelques unités jusqu'à une vingtaine, lorsque chaque angle, chaque rampant de lucarnes, chaque angle d'ossuaire se trouvent dotés d'une crossette. Les églises de Dirinon et de Lampaul-Guimiliau en comptent chacune 10, celle de Saint-Suliau de Sizun en compte au moins 14.

    On voit qu'avec un corpus de 18 crossettes, s'il se vérifie,  Notre-Dame de Croas-Batz mérite tout notre intérêt.

    Liste informelle et Thématique:

    —Le coté sud

    un dragon

    un chien

    un chien

    un lion

    un homme main à la ceinture

    un ange tenant un phylactère

    — Ossuaire : 4 crossettes :

    un lion

    un chien

    ? un lion et un chien.

    — le coté ouest :

    un dragon

    un lion

    angle de la tour : un chien ?

    un homme tenant un phylactère à la lettre B

    — le coté nord :

    Un homme tenant un fusil ou un outil

    Un homme tenant une raquette ou un miroir

    Un homme se caressant la barbe

    Un homme tenant un livre ouvert

    — Où ça ?

    Un Fou se tenant le ventre

    Un homme montrant son fondement

    Un homme assis.

    Deux anges autour d'une lucarne

    un ange tenant un phylactère

    Un lion.

    Dans une estimation rapide d'une seule séance photo, je trouve un total de 23 crossettes entre église et ossuaire (tant que ça ? j'ai du me tromper). J'ai dans mon jeu  5 lions, 5 chiens, 9 hommes, et 4 anges. Il faudra que j'y retourne plus sérieusement, c'est mon coté dilettante caressant  le doux tapis du monde flottant qui prend toujours le dessus.

    Nous retrouvons ici les thèmes retrouvés sur toutes les crossettes de Basse-Bretagne : le sculpteur, loin de se livrer à une création pleine d'imagination et de verve personnelle, s'est plié à la commande, celle de reproduire les grands poncifs du vocabulaire ornemental de ces éléments architecturaux. Seul le personnage de Fou n'est pas courant dans la région. On comparera avec le travail des huchiers sur les miséricordes et accotoirs des 66 stalles de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon, où le bestiaire est bien plus vaste et les scénettes variées.

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    LE COTÉ SUD.

     

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    A. La première lucarne : un dragon (qui a perdu la tête).

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    1. L'angle sud-ouest de la première lucarne sud : le dragon ailé.

    C'est le dragon typique des crossettes finistériennes, avec son corps couvert de pustules nauséabondes, ses ailes nervurées de chauve-souris, sa queue qui forme des boucles et ses pattes de reptile. Comme à Landivisiau, Pencran, Dirinon, etc.

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le rampant droit de la première lucarne : un chien.

    Image difficile à interpréter : "j'ai une queue qui pourrait être celle d'un renard, une balle ronde, l'extrémité d'un os avec ses deux condyles, une tête de chien à la place du postérieur, qui suis-je ? " Mystère.

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    B. Les rampants de la première chapelle : crossettes ornées de motifs géométriques  à volutes. Je passe.

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    C. Les rampants de la deuxième lucarne sud : un chien ? et un lion.

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    2. rampant gauche : Le chien ?

    La queue de ce chien sans tête est particulièrement longue et gracile. Les pattes se terminent par des boules. 

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    3. rampant droit : un lion courant .

    C'est un lion d'une part car je distingue l'épaississement de la crinière, d'autre part car la queue passe entre les pattes et s'enroule autour du dos, comme chez tous les lions de crossettes que je connais. Il coure comme un dératé, et quelque chose pend de sa gueule : sa langue, ou bien une petite âme humaine qu'il vient d'arracher au monde des vivants ?

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    C. Les rampants de la troisième lucarne (chapelle des Trois Vierges) : Homme tenant son pied, et ange à phylactère.

     

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    La crossette du rampant gauche et le cadran solaire CRAIGNEZ  LA DERNIÈRE.

    Cette association est intéressante car je considère que les crossettes ne sont pas un exutoire où se libèrent les pulsions réprimées par la morale chrétienne, mais une mise en garde adressée aux fidèles, soit par des figures du Vice (le Lubrique, l'Obscène, le Scatologique, le Goinfre, le Buveur, le Joueur, l'Acrobate) soit par des Serviteurs de la Mort : Ankou, Lion tenant un os, Dragon ailé, etc, tandis que l'imminence de la Fin Dernière, et du Jugement  est rappelée par les  sentences d'anges porteurs de phylactères.

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    4. Rampant gauche : un homme empoignant sa cheville. 

    C'est un soldat (ou un écuyer) coiffé d'un bonnet ou d'un casque sur des cheveux coupés à la mode sous Louis XII (en tout cas avant François Ier). Il porte une tunique courte. Sa main gauche repose sur sa ceinture. Ce n'est que la connaissance de ce motif de "celui qui empoigne sa cheville" qui permet de deviner que le bras droit , qui disparaît derrière le buste, se poursuit par ou vers la partie horizontale située derrière. L'insistance avec laquelle les fabriques des paroisses bretonnes faisaient figurer ce motif laisse présumer qu'il possédait pour eux une signification bien claire, analogue à celle qu'un pied-de-nez (entre cent exemples) a pour nous. Cette signification est vraisemblablement érotique.

    On le retrouve sur les abouts de poinçon de Pleyben (1571-1580), sur les crossettes de Dirinon, sur les sur un acrobate de la tour-clocher de Roscoff, à La Martyre, Rue Jean-Louis Rolland à Landerneau, etc, etc, ...ou bien ici même, sur la façade nord, chez l'homme se caressant la barbe.

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    Dirinon :

     

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    Landerneau :

     

     

     

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    La Martyre :

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    Roscoff :

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    5. Ange volant et présentant un phylactère.

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    D. L'angle sud-est du chevet : un dragon.

     

     

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    Crossette de l'angle sud-est  de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossette de l'angle sud-est de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    L'OSSUAIRE SUD.

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    A. Le pignon sud. Un lion et un chien.

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    Crossettes de l'ossuaire sud de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'ossuaire sud de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

     

    Le lion ... est un lion pour les mêmes motifs que précédemment : épaisse crinière, et queue faisant retour sur le dos. La gueule hilare fait aussi partie de la panoplie.

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    Crossettes de l'ossuaire sud de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
    Crossettes de l'ossuaire sud de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'ossuaire sud de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Un chien ...ou plutôt un loup ou un renard, vu la queue.

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    B. Le pignon nord de l'ossuaire. lion?? et dragon ailé.

     

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    Crossettes de l'ossuaire sud de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'ossuaire sud de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'ossuaire sud de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'ossuaire sud de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    LE PORCHE OCCIDENTAL.

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    A. La lucarne, du coté sud.

    Au dessus d'une fenêtre à meneaux encadrée par deux colonnes, un lion et une dragon se tournent le dos et encadrent un blason martelé.

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le dragon ailé

    Il est comparable au précédent (angle sud-ouest), mais la tête a été conservée. Malgré les contorsions de mon angle de prise de vue, j'ai eu du mal à voir si, oui ou non, cette gueule tient une proie, ou se contente de me tirer la langue. Je penche pour la première hypothèse car les deux pattes antérieures se referment sur une proie. J'y vois un malheureux Roscovite, qui se voit ainsi signifié le terme de sa petite existence et se dit in petto : "nous sommes bien peu de chose" ; pense qu'il aurait mieux écouter le recteur ; ...ou se souvient qu'il a laissé sa cuisinière allumé sous son pot-au-feu.

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le Lion.

    Le Maître des animaux règne ici, tel un Stylite,  sur le chapiteau mouluré d'une colonne.

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    B. Le coté nord.

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    Homme tenant un phylactère et la lettre B.

    Je verrais volontiers ici, occupant ce poste élevé,  un notable, coiffé du bonnet des échevins, et tenant à l'extrémité d'une banderole jadis pleine de sens un blason à son monogramme. La lettre B est certaine, précédée peut-être d'un J. (J incertus, B certissimus). Il faudrait connaître la liste des armateurs et édiles de Roscoff : à vos archives !

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    LA TOURELLE DE L'ESCALIER DE LA TOUR.

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    LE COTÉ NORD DE L'ÉGLISE.

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    Homme tenant un outil ou une arme.

    Soit ce sculpteur n'est pas doué pour faire les têtes, soit j'ai un problème pour les comprendre. Où sont les yeux, où sont les traits du visage ? Ce que je vois, c'est le bec de canard de Donald coiffé du chapeau de Charles dans Madame Bovary. 

    Je retrouve plus d'assurance pour décrire les deux jambes allongées comme celles d'un plongeur nageant dans Le Monde du Silence, le bras droit replié contre le thorax pour saisir le manche d'un instrument, et le bras gauche qui croise la poitrine pour maintenir cet engin des deux mains. Ce dernier se termine par une sorte de crosse. Kesako ? Un fusil ne se tiendrait pas ainsi. Un agrès de pêche ? Un outil agricole ?

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Homme allongé tenant une raquette / un miroir.

    Cet homme coiffé à la mode du tout début du XVIe et vêtu d'une courte tunique s'est allongé vers l'orient, mais la jambe droite est repliée : il est vraisemblable que le bras gauche, dont on perd la trace, aille empoigner la cheville, selon le motif déjà étudié sur l'élévation sud. Le bras droit croise la poitrine et tient un objet rond muni d'un manche. C'est la posture du joueur de tennis lors du revers qui m'a fait évoquer une raquette, mais plus sérieusement, cela pourrait être un miroir, si nous avions affaire à une belle femme nue stigmatisant la Coquetterie. Une fois de plus, je meurs de soif auprès de la fontaine sans pouvoir conclure une interprétation.

    Je meurs de seuf auprès de la fontaine,
    Chaud comme feu, et tremble dent à dent ;
    ...

    Rien ne m'est sûr que la chose incertaine ;
    Obscur, fors ce qui est tout évident ;
    Doute ne fais, fors en chose certaine ;
    Science tiens à soudain accident ;
    Je gagne tout et demeure perdant ;

     

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Homme montrant ses fesses.

    Pas d'ambiguïté ici : il montre son cul, il nous pète au nez. On trouve la même scène un peu partout, sur les modillons romans comme... sur les sablières de cette église, coté ouest.

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    Crossettes du coté nord de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes du coté nord de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Rampant de la lucarne suivante : lion à droite, homme tenant un livre à gauche.

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    Crossettes de la lucarne du coté nord de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de la lucarne du coté nord de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Un lion .

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Homme tenant un livre ?

     

     

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Homme se caressant la barbe.

    On connaît sans-doute la signification lubrique du motif, déjà attestée sur les modillons romans. Il s'ajoute ici à celui de l'emprise de la cheville, clairement visible cette fois.L'homme est coiffé d'un béret ou bonnet, et il est vêtu d'une veste courte boutonnée, et de chausses. 

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    A l'angle nord-est de l'église : un homme assis.

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    LOCALISATION INCERTAINE / NOTRE JEU DE L'ÉTÉ.
     

    Le vent d'ouest ayant éparpillé ses photos, le photographe  ne sait plus retrouver leur localisation. Sauriez-vous l'aider ?

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    Homme en tenue de fou, se tenant le ventre.

    Le seul indice pour parler d'un costume de Fou médiéval, c'est le chaperon très ajusté autour du visage et qui retombe sur les épaules en fronces qui évoquent (finalement assez vaguement) les découpes en pointes munies de grelots de ces costumes. 

    En réalité, il ne s'agit peut-être là que d'un quidam dans son habit de tout les jours, un Jean-des-champs qui, assis jambes écartées, se donne un peu de bon temps. Allez savoir !

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Un lion .

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Un lion courant gueule ouverte.

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Deux anges encadrant une lucarne.

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Un ange tenant un phylactère.

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Un lutin ?

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Un masque.

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Pour conclure.

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    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    SOURCES ET LIENS.

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    — CHAURIS ( Louis ) 2003, « Roscoff, Église Notre-Dame de Kroaz-Batz : Large appel à des granites insulaires », in Bulletin de la Société archéologique du Finistère, Monuments et objets d’art du Finistère, Tome CXXXII,

    http://www.roscoff-quotidien.eu/eglise-construction.htm

    — COUFFON (René), 1988, Notice sur Roscoff :

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/5b9d41b14be8a023a102773179807997.pdf

    — LE SEAC'H (Emmanuelle), 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère : Landerneau, Landivisiau, Ploudiry, Sizun. Éditeur: s.n.,  2 vol. : 359 p. + 135 p. : ill. ; 30 cm .

    http://portailcrbc.univ-brest.fr/cgi-bin/koha/opac-detail.pl?biblionumber=34066

    — LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014,  Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle , 1 vol. (407 p.) - 1 disque optique numérique (CD-ROM) : ill. en coul. ; 29 cm ; coul. ; 12 cm . Note : Index. - Notes bibliogr., bibliogr. p. 373-395  Rennes : Presses universitaires de Rennes , 2014 Éditeur scientifique : Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page, François Roudaut

    — Roscoff-tourisme :

    http://www.roscoff-tourisme.com/fr/pays-art-et-histoire/label-pays-d-art.php

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    Published by jean-yves cordier - dans Gargouilles et crossettes
    3 août 2017 4 03 /08 /août /2017 11:09

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    Lors de ma visite de l'exposition Picasso du Fonds Hélène et Édouard Leclerc aux Capucins de Landerneau (été 2017), j'ai été frappé par la "ressemblance" entre l'un des portraits exposés, et les fameux portraits du Fayoum, ces peintures sur bois ou lin réalisées entre le Ier siècle et le IVe siècle de notre ère dans l'Égypte romaine. Ce sont les premiers portraits conservés dans l'histoire de l'art. 

    Le portrait de Picasso s'intitule "Jacqueline" : c'est une huile sur papier de 42 cm sur  27 cm , annoté au crayon  "13.6.62.  IV" . Il représente donc Jacqueline Roque (1926-1986), que le peintre a rencontré en 1952 à Vallauris alors qu'elle avait 27 ans,  et épousé en 1961.

    Le visage triangulaire est de face, mais un léger trois-quart permet de voir le chignon et le bandeau. Les couleurs employées sont principalement le gris et le noir, avec des rehauts ocre pâle pour les reflets de lumière, et le vert la robe et le bandeau. Les yeux sont très grands, et la pupille d'un noir homogène nous fixe de façon mélancolique. Le nez est long, aux narines pincées, au dessus d'une bouche étroite au sourire fantomatique.

    Le fond est uniforme : gris à gauche, et ocre jaune à droite, d'où vient la lumière.

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    "Jacqueline", huile sur papier, collection particulière. Exposition Picasso, FHEL de Landerneau. Photographie lavieb-aile juin 2017.

    "Jacqueline", huile sur papier, collection particulière. Exposition Picasso, FHEL de Landerneau. Photographie lavieb-aile juin 2017.

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    Or, beaucoup de ces caractéristiques se retrouvent dans les portraits des momies découvertes à Fayoum, ville moderne d'Égypte qui fut successivement nommée Sedhet ou Crocodilopolis, et à Hawara (Arsinoë), ou dans d'autres endroits d'Égypte.

     Ces portraits étaient fixés sur les momies de romains qui ont colonisé l'Égypte entre le 1er et le IVe siècle : ils reproduisent les traits du défunt de façon reconnaissable, mais idéalisée. 

     En effet, les spécialistes indiquent à leur propos (Wikipédia) que :

     

    — Les portraits du Fayoum sont  peints selon une palette de quatre couleurs : le blanc, le noir, l'ocre jaune et la terre rouge.

    — Ils sont de face, ou de trois-quart. Le sujet fixe le spectateur (sauf exception).

    —  Les cheveux et sourcils sont peints de larges traits de noir. Les sourcils sont sombres et épais, le nez long et étroit.

     le fond est systématiquement sobre, gris ou vert.

    — L'expression de vie est si saisissante que les spécialistes pensent qu'ils ont été peints du vivant de la personne, qu'ils n'aient été qu'ensuite découpés puis posés sur son corps une fois embaumé.  Du vivant du propriétaire, le portrait était ainsi suspendu au mur dans un cadre.

    "La fonction funéraire des « portraits du Fayoum » est enrichie à l'époque romaine par la recherche de ressemblance des traits héritée de la culture romaine. La présence de l’image du défunt, idéalisée ou non, directement liée au corps du défunt connaît déjà des précédents de manière continue tout au long de l’époque pharaonique. Le défunt doit en effet survivre physiquement et spirituellement, et son corps sert d’attache physique aux parties immatérielles qui le composent (kâ et bâ). Mais la présence des momies au sein de la maison, voire au cours de banquets funéraires, laisserait penser que la ressemblance physique du portrait funéraire rendrait le défunt physiquement présent."

    — La personne ne sourit pas, ou arbore un sourire triste.

     

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    Il est difficile pour moi de choisir, parmi les quelques 900 portraits découverts, et les multiples exemples proposés en ligne, un exemple particulier à placer en face du portrait de Jacqueline. Le flash de reconnaissance ou d'évocation a fonctionné pour moi comme une réminiscence proustienne, avec sa force de conviction parfaitement subjective, que je ne peux rendre fidèlement par un raisonnement analytique en présentant des pièces justivicatives.

    Mes choix sont donc imparfaits. Je les ai choisi dans ce site :

    http://portraits.fayoum.free.fr/fayoum/fayoum2b.php?imgport=146&img=140&mus=0&pas=2&dat=0&ori=0

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    https://lombradelleparole.wordpress.com/2015/08/08/poesie-di-annalisa-comes-autoantologia-da-ouvrage-de-dame-2004-da-racconti-italoamericani-2007-da-fuori-della-terraferma-2013-poesie-inedite/roma-citta-di-fondi-ritratti/

    https://lombradelleparole.wordpress.com/2015/08/08/poesie-di-annalisa-comes-autoantologia-da-ouvrage-de-dame-2004-da-racconti-italoamericani-2007-da-fuori-della-terraferma-2013-poesie-inedite/roma-citta-di-fondi-ritratti/

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    Peut-on sérieusement penser que Picasso a pu s' inspirer des portraits du Fayoum ?

    Je réponds positivement car :

    1. C’est en 1954, avec sa relation avec Jacqueline, que Picasso abandonne les peintures politiques pour se lancer dans « la peinture de la peinture » en prenant comme modèle quelques tableaux importants de l’histoire de l’art européen comme Goya, Vélasquez, Greco, Zurbaran, Melendez, Poussin, mais il s'est inspiré depuis toujours de l'art non européen, notamment pour remettre en cause les fondements picturaux mis en place à la Renaissance. 

    2. Il est attesté que Picasso a examiné attentivement  les portraits du Fayoum conservés au Musée du Louvre : voir ici : http://museumlab.fr/exhibition/06/about.html

    Dans un article http://www.christies.com/features/mummy-portraits-a-visual-record-of-evolving-styles-in-roman-egypt-7723-1.aspx, je lis : "Fayum portraits have been a source of inspiration for artists working in the modernist tradition, with Picasso known to have studied them carefully at the Louvre. Buste d’homme, painted in 1965 and sold at Christie’s in 2016, echoes the intense, confronting eyes found on mummy portraits from Graeco-Roman Egypt."

    3. Alors que Picasso vit à Paris depuis 1900 sa Période bleue où il est marqué par le thème mélancolique de la mort après le suicide d'un ami , la Gazette des beaux-arts  avait publié dans son n° de juillet 1903  l'article de Maurice Pernot  Portraits antiques de la région du Fayoum (collection de M. Th. Graf) :cinq reproductions, qui rend compte d'une exposition à Paris en 1899 et 1890 de 34 portraits de la collection réunie par Théodore Graf. J'en extrait ceci :

     

    "Les caractères dominants des portraits, c'est l'expression vibrante et individuelle qui les anime. Elle éclate dans les yeux très brillants et démesurément grandis ; on la retrouve dans toutes les parties du portrait : le port de tête, le jeu des muscles du cou et de s joues, le mouvement des lèvres et des narines, les lumières du front et du menton atteste,t, poussée très loin, la recherche du caractère individuelle et du détail expressif, et prouvent en même temps une connaissance profonde de la technique. La tête « tourne et se détache habilement sur le fond ; dans certains portraits, la distribution des ombres et des lumières, la perfection du modelé, l'exacte mise en valeur des différents tons et le surprenant fondu des contours rappellent la manière de certains peintres modernes. L'importance donnée à la saillie anormale d'un muscle, à une déformation de la bouche, à un pli du front, révèle un souci réaliste de la ressemblance et de l'individualisation. Le coup de pinceau ou de couteau à palette est donné dans le sens du muscle, et le relief est parfois obtenu, non seulement par le jeu des lumières et des ombres, mais par un véritable empâtement de la couleur.

    ...L'exagération des yeux : les Égyptiens s'agrandissaient les yeux avec des fards ; et sans-doute ce maquillage faisaitencore partie de la toilette des morts...Une faute de dessin qui allonge démesurément le cou … L'inégale hauteur des yeux ...L'attache du nez est si haute …

    Le sentiment profond de la vie qui anime ces peintures, l'expression particulière, qui fait qu'un on sent chacune d'elles inspirée par un modèle déterminé dont le peintre a voulu concentrer dans son œuvre le caractère individuel et distinctif. »

     http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k203159n/f350.image.r=fayoum

     

    4. Il a été fasciné par le visage humain.

    5. Ces portraits possédaient une fonction funéraire afin d'assurer la renaissance effective du défunt dans l'au-delà. C'est aussi la démarche d'un peintre vis à vis de sa muse. Mais le peintre ne recherche pas tant la ressemblance photographique du modèle que l'expression de sa vie mentale, et  de cette conscience tragique de la coexistence entre une apparence fugace, datée ("13 juin 1962, IV"), et une certitude, partagée entre le peintre et son modèle, de l'existence de la mort.

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    Diorama, Portraits funéraires trouvés dans la région du Fayoum, Gazette des beaux-arts 1903 p.303 :  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k203159n/f358.image.r=fayoum
    Diorama, Portraits funéraires trouvés dans la région du Fayoum, Gazette des beaux-arts 1903 p.303 :  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k203159n/f358.image.r=fayoum
    Diorama, Portraits funéraires trouvés dans la région du Fayoum, Gazette des beaux-arts 1903 p.303 :  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k203159n/f358.image.r=fayoum
    Diorama, Portraits funéraires trouvés dans la région du Fayoum, Gazette des beaux-arts 1903 p.303 :  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k203159n/f358.image.r=fayoum
    Diorama, Portraits funéraires trouvés dans la région du Fayoum, Gazette des beaux-arts 1903 p.303 :  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k203159n/f358.image.r=fayoum

    Diorama, Portraits funéraires trouvés dans la région du Fayoum, Gazette des beaux-arts 1903 p.303 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k203159n/f358.image.r=fayoum

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    J'ai recherché en ligne, en proposant au moteur de recherche les mots Picasso + Fayoum (ou Fayum), une confirmation de mon intuition. Mais ma récolte a été pauvre.

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    — Pablo Picasso, Pinacothèque de Paris, Picasso intime: la collection de Jacqueline Skira, 2003  page 35 : « Elle devient un portrait du Fayoum, avant qu'elle ne s'incarne en carreaux de céramique, puis à nouveau en tôle peinte."

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    Pablo Picasso, ‎Guy Tosatto, ‎- 2001 Picasso, la peinture seule, 1961-1972: exposition, Musée des .. - ‎exposition, Musée des beaux-arts de Nantes, 5 octobre 2001-14 janvier 2002 Souvent de face, figées, elles font songer à des icônes ou à des portraits du Fayoum.

    .

    —  Klaus Gallwitz, Picasso: The Heroic Years, Abbeville Press, 1985 - 230 pages, page 99 : "According to one of Picasso's friends, Jacqueline's startling resemblance to one of the seated Moorish women inspired ... other pictures of Jacqueline of the same period have a mysteriously soulful (émouvante) expression recalling Fayum mummy portraits"

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    — Pierre Cabanne - 1992 Le Siècle de Picasso L'époque des métamorphoses (1912-1937) : "Car tandis qu'il travaille à ces Femmes à la fontaine, qu'il peint des visages féminins dont le type se situe entre la Grèce au profil droit et le Fayoum, la peau mate, les yeux écarquillés, et qu'il se penche, crayon en main, sur le berceau de Paulo, Picasso dresse, comme une monumentale anthologie cubiste, les deux versions simultanées des Trois Musiciens "

    .

    — Pierre Daix - 2007 Pablo Picasso : "Certaines, ressemblantes comme des portraits du Fayoum, sont sur papier ; d'autres en carreaux de céramique"

    Marie-Laure Bernadac, ‎Michèle Richet - Hélène Seckel-Klein, 1985, Musée Picasso: Peintures, papiers collés, tableaux-reliefs, ... - Page 31‎ "... sans doute un portrait de Jacqueline, qui nous rappelle ceux du Fayoum et les images de l'impératrice Théodora dont elle a la monumentalité"

    .

    —  Pierre Dufour, Picasso 1950-1968: Biographical and Critical Study Skira, 1969 - :

    "The archaic elegance of the design frames in a scroll of dark dots a face that is vaguely reminiscent of Coptic art or the Fayum. Is Picasso simply "having a little fun" or does he want to prove that one can make a work of art with anything and ..."

     

    .

     

     Gillian McIver Art History for Filmmakers: The Art of Visual Storytelling page 59 : Egyptian Realism: The Fayum Portraits Depicting real people looking as they do in real life was developed to an almost perfect ... In the twentieth century, artists like Picasso also turned away from naturalism, though he could paint it very well

    .

     

     Pablo Picasso, ‎Yolande Clergue, Pablo Picasso: portraits d'Arlésiennes : 1912-1958 - Page 155 ‎Fondation Vincent van Gogh--Arles - 2005 - ‎".. beauty, which reminds us of the Fayum effigies, was enlivened by neat Nice headdresses or Vincent's straw hat lent by Picasso."

     

     

    Finalement, je trouve ce titre "Roma Fayum portrait compared with Picasso’s self-portrait" accompagné du montage suivant : un autoportrait de Picasso placé contre un portrait de femme du Fayoum :

     

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Dés lors, j'ai poursuivi la visite de l'exposition en confiant à mon objectif celui —j'aime les zeugmes — de traquer les visages et les regards pour y déceler l'influence du Fayoum. Cela m'a procuré le "matériel" iconographique suivant, sans être réellement interpellé une seconde fois, alors que je retrouvais toujours les grands yeux noirs tournés vers l'infinie béance du temps.

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Le visage de Jacqueline en quarante jours et vingt-deux reprises.

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    Mais c'est le tableau intitulé L'Arlésienne qui est le plus émouvant pour exprimer cette hantise enragée de saisir l'insaisissable de la conscience de la mort à travers le visage quotidien de l'être aimé. Car ce Ripolin et huile sur toile de 61 cm sur 41 cm porte, en colonne sur le coté gauche, les dates successives des 22 reprises du portrait de Jacqueline, vêtue d'un costume et d'une coiffe d'arlésienne, du 8 juillet au 15 août 1958.

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    L'Arlésienne, Coll. part., exposition Picasso au FHEL de Landerneau. Photographie lavieb-aile juin 2017.

    L'Arlésienne, Coll. part., exposition Picasso au FHEL de Landerneau. Photographie lavieb-aile juin 2017.

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    Exposition Picasso à Landerneau : un portrait du Fayoum !

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    Published by jean-yves cordier
    31 juillet 2017 1 31 /07 /juillet /2017 13:33

    Les six carvelles sculptées sur la façade de l'église Notre-Dame de Croas-Batz à Roscoff, de son ossuaire et de la chapelle Saint-Nicolas.

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    Voir aussi sur les carvelles et autres embarcations sculptées : 

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    Voir aussi  sur Roscoff :

    http://www.lavieb-aile.com/2017/07/les-six-sibylles-de-la-tribune-1606-de-l-orgue-de-l-eglise-n-d.de-croas-batz-a-roscoff.html

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    Un patrimoine mis en valeur par les services de la Région et de la Ville à destination des touristes.

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    Roscoff, avant-port de Morlaix à l'entrée sud-ouest de sa Baie, conserve de son passé maritime du XV et XVIe siècle un témoignage précieux : les sculptures en bas-relief de sept navires sur les murs de l'église, de l'ossuaire et d'une chapelle, commandées en témoignage de donation par leurs riches armateurs.

    Un cartel apposé devant l'église en donne une  présentation précieuse sous le titre "Les vaisseaux de pierre", accompagnée d'une liste et d'un schéma.

    On y lit :

    "L'église Notre-Dame de Croas-Batz est l'un des rares édifices religieux du Nord-Finistère à posséder des vaisseaux taillés dans la pierre, témoins d'une prospérité remarquable au XVIe siècle.

    Cette décoration extérieure de l'église confirme ainsi la vocation maritime des Roscovites, recommandant leur vaisseaux à la protection divine contre les "périls et fortunes de mer"

    Puis vient une description, extraite de Choses et gens de Bretagne, de Louis Le Guennec (1937), des  quatre vaisseaux de l'église, de celui de l'ossuaire et de celui de la chapelle Saint-Nicolas. J'en donnerai le texte plus bas.

    Enfin, le schéma annote sur le plan de l'église la localisation des sculptures et donne le relevé des quatre premières.

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    Je reprendrai ici l'ordre de description de ce panonceau.

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    Documentation apposée devant l'église de Roscoff.

    Documentation apposée devant l'église de Roscoff.

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    Documentation apposée devant l'église de Roscoff.

    Documentation apposée devant l'église de Roscoff.

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    Ces six navires ont des caractéristiques communes : ce sont tous des bâtiments à trois-mâts (mats de misaine, grand-mât, mât d'artimon) sans compter le mât de beaupré, à fort château arrière (et un discret gaillard), faisant voile sous voilure réduite car seule est établie la voile carrée d'avant (misaine).  Ils sont donc représentés en manœuvre, soit de départ, soit d'atterrissage et d'entrée de port. À Roscoff, cela correspondrait au  moment où ils passent devant la Pointe Sainte-Barbe. 

    Au sommet de chaque mât se voit une sorte de chapeau soit en demi-tonneau, soit conique, qui correspond moins à une hune,  (plate-forme intermédiaire du bas-mâts des navires pour servir de fixation et de renvoi pour les haubans de mât de hune, ou de plate-forme pour l'équipage pour exécuter des travaux dans la mâture), qu'à une gabie, position dominante aménagée en poste d'observation pour la vigie par un grand panier ou gabion. C'est cette cage qui adopte, sur certaines illustrations de l'époque, une forme conique.

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    Dans un manuscrit du XIVe siècle, Tractatus de Sphaera de Johannes de Sacrobosco, (Bibl. Mazarine Ms 0643 f. 009), représentant une nef entrant dans un port, on voit une vigie (ou plutôt un pilote) effectuant le relèvement d'un amer du haut d'un nid-de-pie.

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    .

    A la différence du bordé à clins de la cogue de cette enluminure, à un seul mât, au gaillard d'avant plus haut que le château arrière, au gouvernail d'étambot suspendu,  la coque des navires roscovites est lisse ("à carvel, cf. infra), mais renforcée par deux forts listons.

     

     

    Le mât d'artimon  porte un espars oblique (parallèle aux étais des mâts) dont il est difficile de dire s'il s'agit de l' antenne ou vergue d'une voiles latine (permettant de bien remonter au vent, et équipant souvent l'artimon) ou  de la vergue d'une voile carrée, fort efficace par vent portant.

    Enfin, ces navires portent de longs étendards, qui flottent vers l'avant puisque ces nefs naviguent vent arrière. On y lisaient peut-être autrefois des marques d'armement, ou le nom du bateau.

    Ils doivent déplacer de 30 à 50 tonneaux, et sont destiner au "roulage", transport de marchandise vers Bordeaux et l'Aunis-Saintonge pour y chercher du vin, vers Cadix ou Bilbao, ou vers l'Angleterre et l'Europe du Nord. 

    Ces navires sont décrits comme des carvelles. Mais la définition de ce terme est floue.  Augustin Jal, dans son Glossaire nautique de 1848, définit les mots Carveel, Carveille, Carvelle Carvel-work ou "bordage à carvelle", Carveil-ship, Clou à carvelle, et Karveel. 

    Augustin Jal illustre le terme en citant  Antoine de Conflans (Les faits de la marine et navigaiges, vers 1515) , dans un sens bien approprié aux navires de Roscoff :  "sont navires à carvelles, allant en marchandises à Bordeaux et à La Rochelle, etc."

    Le dictionnaire Godefroy  donne : Caruelle "bateau" (1438). 

    Caravelle 2 : http://micmap.org/dicfro/search/dictionnaire-godefroy/caravelle

    "A Calais arriva une petite carvele, non sachans ceulz de dedens que le duc de Warvick y fust "(Wavrin, Recueil des croniques et anchiennes istories de la Grant Bretaigne, a present nommé Engleterre, II, 203, vers 1455-1475)

     

    La première attestation absolue du substantif « caravelle » remonte à 1439. Le mot apparaît sous une forme probablement populaire, avec syncope du /ə/, dans un document conservé à Lille, qui concerne la comptabilité des ducs de Bourgogne. Il s'agit des dépenses faites pour une caravelle, construite à la manière portugaise, commandée par Philippe le Bon, laquelle était sortie d'un chantier près de Bruxelles en 1439 (Degryse 228-229) : À Jehan Perhouse et ses compaignons, maistre de faire vaisseaulx de mer des pays de Portugal, pour don à eulx faits par MS [Philippe III le Bon, duc de Bourgogne] quant ils ont eu parfait une caruelle, qu'ils ont faite par l'ordonnance d'icellui S, après ce qu'ils l'ont boutée en l'eaue, xviij francs, et au maistre des escluses de Brouxelles, pour avoir tenu l'eaue de la rivière haulte durant ce que ladite caruelle y a esté........xlviij sols (Comptes Lille L., volume 1, page 356, in DMF2 = Jal 2 = Gdf s.v. caruelle). http://micmap.org/dicfro/search/dictionnaire-godefroy/caravelle

    Jacques Paviot donne tous les détails sur cette commande de plusieurs carvelles par le duc de Bourgogne Philippe le Bon à un maître-charpentier portugais nommé Joao Afonso a Bruxelles en 1438-1439.  Elles furent construites dans un chantier de Bruxelles et gréées à L'Écluse. 

    Par ailleurs, la construction " à carvel " définit un principe de construction "membrure première " pour un assemblage à franc-bord, opposée à l'assemblage à clins. Au Moyen Âge, les coques étaient construites à partir d'un assemblage de bordés renforcé ensuite de membrures. À la fin du XVe siècle, une nouvelle technique est apparue, accompagnant le développement des caravelles, celle qui consiste à procéder dans l'ordre inverse. Les membrures assemblées en premier dans la quille, les bordés venaient les garnir ensuite.

    "La seconde moitié du XVIe siècle correspond, en matière d’architecture navale, à la fin d’une phase de transition débutant au milieu du XVe siècle. Cette période, au cours de laquelle sont apparus les voyages océaniques, voit en premier lieu l’apparition du “ navire ” à trois mâts, succédant à la “ nef ” médiévale à mât unique. Par ailleurs, les régions bordant l’océan Atlantique connaissent un bouleversement dans les méthodes de construction des navires avec le passage d’une construction à clin “ bordé premier ”, d’origine scandinave, à une construction à franc-bord “ membrure première”, d’origine méditerranéenne ; les modalités de l’adoption de cette technique ne sont pas précisément connues, mais donnent naissance à une tradition de construction dite “ ibéro-atlantique ” conforme aux principes généraux de la construction méditerranéenne, mais qui s’en distingue cependant par quelques caractéristiques architecturales." Anne Gérardot 2004 http://theses.enc.sorbonne.fr/2004/gerardot

    Au total, les différences avec les caravelles destinées aux traversées de l'Atlantique ne sont pas évidentes pour moi, et j'ai consulté avec intérêt le site qui les décrit :

     http://www.mandragore2.net/dico/lexique2/lexique2.php?page=caravelle

    Ou bien cette description d'un "Model of a Hanseatic League carvel-built ship de 1470 :

    http://www.modelships.de/Verkaufte_Schiffe/Hanse_Schiff_1/Hansa_ship.htm

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    1. LE PORCHE OCCIDENTAL.

    Le porche à la base de la tour fut édifié vers 1550.

    "La carvelle se trouve entre deux niches surmontées d'une accolade au-dessus du porche Ouest. Elle est dominée par un petit personnage - l'armateur peut-être - dont on croit qu'il tient dans sa main gauche une bourse d'écus. La coque est dépourvue de tonture, c'est-à-dire que le pont est bien droit. La tonture est l'arrondi du pont de façon à ce que les paquets de mer s'échappent du bateau. Elle porte deux bordés en forte saillie, ce sont peut-être les préceintes de bordé "est à francs bords ". Les préceintes sont des pièces de bois qui renforcent la structure du bateau longitudinalement. Elles sont bien visibles. La guibre à l'avant est une pièce de bois reliée à la pièce d'étrave et qui supporte le beaupré (ou bout dehors) et la figure de proue. Ici, la guibre porte une petite tourelle dissimulant partiellement le beaupré. L'arrière légèrement relevé et peu voûté se termine par un tableau. Un safran maintenu par des fermetures aux dimensions exagérées est fixé sur l'étambot qui est un morceau de bois fixé à la voûte et à la quille. La mâture est constituée par un beaupré, un mât de misaine portant un phare carré, un grand mât et un mât d'artimon (ou mât de tape-cul) avec une vergue apiquée. C'est sur la vergue que la voile est gréée - le phare carré est une voile carrée. Les haubans munis d'enflêchures sont fixés sur le porte-haubans en légère saillie sur les flans sur tribord. Le "porte-haubans" s'appelle aussi "cadene de haubans". Les haubans soutiennent le grand mât, le mât de tape-cul et le mât de misaine. Entre le grand mât et le mât de misaine, sous le hunier (nid de pie) un étais soutient le grand mât sur l'avant et l'empêche de cabaner vers l'arrière. Des rides d'étais du mât de misaine sont bien visibles sur le beaupré. Une hune coiffe chaque mât. On l'appelle aussi "nid de pie". On aperçoit une flamme au haut du mât de misaine." (?, sur Infobretagne)

    "Surmontant le porche, un vaisseau cingle, misaine tendue. Un petit personnage tenant une bourse est campé sur la hune centrale. Maître après Dieu de son navire, l'armateur voulait-il ainsi indiquer qu'il ferait volontiers largesse de ses écus au profit de l'église si la protection d'En-Haut gardait nef et cargaison de toute mésaventure." (Le Guennec, 1937)

     

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    Porche et clocher-tour de l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Porche et clocher-tour de l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Sur la corniche sont alignées les deux niches de chaque coté, avec leurs accolades à crochets et retombant sur des masques, et la nef centrale.

    Les niches accueillent des anges scutifères, aux cheveux en boules.

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    Porche et clocher-tour de l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Porche et clocher-tour de l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Carvelle du porche occidental de l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Carvelle du porche occidental de l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le personnage perché sur la gabie du grand-mât est peut-être l'armateur tenant une bourse, comme le pensait Le Guennec, Il tiendrait alors aussi son chapeau.Mais c'est peut-être aussi le pilote car la forme triangulaire qu'il tient dans la main gauche peut correspondre à un instrument de navigation (comme sur l'enluminure montrée plus haut). Ou bien un matelot qui fait des signaux. 

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    La vigie de la carvelle du porche occidental de l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La vigie de la carvelle du porche occidental de l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    II. LE PIGNON DE LA  CHAPELLE LATÉRALE SUD.

    "Un trois-mâts orné à sa proue d'une grosse tête d'animal fait route vers l'Occident. Le négociant qui fonda cette chapelle n'avait pas oublié d'y joindre l'image de son navire, afin d'attirer l'attention du Tout-Puissant sur ses entreprises commerciales." (Le Guennec, 1937)

     

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    La chapelle sud  de l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La chapelle sud de l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Il faut d'abord décrire trois éléments disposés sur une corniche à rinceaux. La niche centrale, à accolade sommé d'un fleuron, et rehaussée à son pied d'un écu. A sa gauche,  un phylactère plié pour former une boucle autour d'un cercle central, orné peut-être d'un triskel. L'inscription de cette banderole n'est plus lisible. El enfin, à droite, la carvelle orientée avec la proue tournée vers la gauche.

    Ce bâtiment armé de trois-mâts est sculpté en deux blocs de pierre, l'un rectangulaire et l'autre en trapèze. Il possède un château arrière, et des sabords. Une voile carrée, la misaine, semble double car elle est coupée par la ligne de jonction des deux blocs. Le beaupré, légèrement apiqué, sert de point d'origine à une forme en S dirigée vers l'angle de la voile : c'est cette forme qui a été interprétée comme une tête d'animal à la proue, par Le Guennec.

     

    Carvelle du pignon de la chapelle sud  de l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Carvelle du pignon de la chapelle sud de l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Carvelle du pignon de la chapelle sud  de l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Carvelle du pignon de la chapelle sud de l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    III. LA CARVELLE DE L'ARRIÈRE  DE LA FAÇADE ORIENTALE, MUR DE  LA SACRISTIE.

     

    "Cette carvelle est de construction plus récente, début du XVIIème siècle, quand le nouveau chevet de l'église a été construit (comprenant le chœur et la sacristie). Elle est très bien conservée. Ce peut-être un navire de convoi à cause des sabords visibles entre les préceintes qui suivent l'arrondi de la coque. Le château avant relevé se termine par une guibre dépouillée. Le château arrière présente une voûte importante. Le safran d'étambot est bien visible. La mâture est composé de mât de misaine avec phare, un grand mât avec enfléchures et un mât de tape-cul ou d'artimon portant une vergue apiquée. Trois hunes coiffent les mâts." (cité dans Infobretagne)

    "Un de ces compères (de l'armateur du navire de la chapelle sud) imita ce pieux exemple et fit tailler la figure de son vaisseau d'un galbe admirable sur l'arrière de la sacristie. Ce navire devait avoir des dimensions supérieures à celles des autres bâtiments roscovites car il possède une galerie de poupe." (Le Guennec 1937)

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    Carvelle de la façade orientale du chevet,  mur de la sacristie de l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Carvelle de la façade orientale du chevet, mur de la sacristie de l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    IV. LA CARVELLE DE LA FACE NORD DU CLOCHER.

     "Sur la face nord du clocher, un armateur, qui avait sans-doute notablement contribué aux frais de l'édifice, est représenté en costume de gentilhomme Henri II, bourse à la main, rappelant l'argent généreusement consacré à ce louable dessein. A ses cotés, un vaisseau à trois-mâts — le sien — fait route vers l'Est." (Le Guennec, 1937)

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    Carvelle de la face nord de la tour-clocher,  l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Carvelle de la face nord de la tour-clocher, l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Entre les deux fausses-gargouilles en canons, et sous une corniche cantonnée de masques, le navire est à la droite de deux personnages.

    À gauche, un homme marchant vers l'ouest et coiffé d'un très large chapeau tient dans ses bras écartés deux objets verticaux. Je me plais à voir dans celui de sa main droite un poisson. 

    A sa droite, un acrobate fait un saut en grand écart, en empoignant ses chevilles dans cette posture pleine de jovialité qui est souvent retrouvée sur les ornementations sculptées du haut des églises, et qui est héritée des modillons romans.

    Le vaisseau de pierre est semblable aux autres, et un ou plusieurs matelots se dissimulent peut-être dans la  gabie principale qui est cylindrique.

     

    Carvelle de la face nord de la tour-clocher,  l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Carvelle de la face nord de la tour-clocher, l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Carvelle de la face nord de la tour-clocher,  l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Carvelle de la face nord de la tour-clocher, l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Carvelle de la face nord de la tour-clocher,  l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Carvelle de la face nord de la tour-clocher, l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Carvelle de la face nord de la tour-clocher de l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Carvelle de la face nord de la tour-clocher de l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    V. LA CARVELLE DU PIGNON NORD DE L'OSSUAIRE.

    Cet ossuaire étant daté du XVIIe siècle, cela précise la datation de ce vaisseau de pierre :

    "Deux ossuaires forment les angles de l'enclos.
    L'un est daté du 16e siècle, à droite en entrant dans l'enclos. Il est très sobre.
    L'autre est daté du 17e siècle, à gauche en entrant dans l'enclos et retient notre attention.
    Il est admirablement ajouré d'un double rang de balustres. L'accès bizarrement se fait par une porte cintrée située à l'extérieur de l'enclos.
    Sur la seconde face extérieure on distingue un bas-relief représentant une caravelle qui illustre la prospérité du commerce maritime autrefois. C'est un ex-voto." (Petit patrimoine)

    http://www.petit-patrimoine.com/fiche-petit-patrimoine.php?id_pp=29239_1

    "Le bâtiment sculpté sur le pignon nord de l'ossuaire possède trois mâts sommé de hunes. Selon l'usage, seule sa voile de misaine est déployée, mais elle est surmontée d'une vergue et d'un drapeau, tandis qu'un second étendard est arboré au mât d'artimon." (Le Guennec, 1937).

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    La carvelle de l'ossuaire de l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La carvelle de l'ossuaire de l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Cette carvelle fait route, à une allure portante, vers l'occident. Ce qui frappe, c'est la hauteur du mât de misaine, prolongé au dessus de la hune par un second mât, celui qui arbore le pavillon de l'armement. Mais surtout, nous sommes intrigués par la boule ovoïde posée, comme une pleine lune, sur le sommet du grand-mât, et qui est coiffée elle-même par une construction pyramidale que nous ne pouvons plus identifier. 

    Le plus curieux, ce n'est certainement pas ce gigantesque ballon, dont la taille dépasse la distance allant "de la quille à la pomme du mât", pour reprendre le titre du dictionnaire de Marine du capitaine Paasch (1885). Non, le plus curieux, c'est que cette énigme, proposée depuis plus de trois siècles par le sculpteur, n'ait pas excité d'avantage la curiosité des roscovites, ou des millions de visiteurs de la "Perle du Léon". 

    Est-ce une allusion au nom du navire ? A celui de son armateur ? Un renvoi aux circonstances  d'un vœu, bien que rien n'affirme que, comme l'affirme le site du Petit patrimoine, ces vaisseaux de pierre ne soient des ex-voto ? 

    Cette sphère approximative portait-elle un blason ? Une inscription ?

    Je l'observe longuement, assis,  laissant le soleil faire jouer sa lumière sur ses doux volumes avant de gagner, lui aussi, l'occident. Mais cet œuf qui vire alors au rouge ne se décide pas à éclore. 

    Je reviens à zen le lendemain matin. Les goélands lancent leurs koan, koan dans le ciel tandis que les heures passent. Un vieux s'assied sur le même banc que moi ; il éternue : Hua tou !

    La montgolfière  chauffée à blanc par le fourneau de la hune refuse de décoller. Le télégraphiste qui fait l'équilibriste à son sommet refuse de tomber. 

    Le soir, c'est moi qui laisse tomber. Est-ce que je lui en pose, des questions, à ce  citron, à cet oocyte, à cette bulle sans texte, à cette coquille pondue ici par un dinosaure antédiluvien ? Sait-il au moins où se trouve la virure d'hiloire des barrots de gaillard ? Et le Grand Vistemboir ?

     

     

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    La carvelle de l'ossuaire de l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La carvelle de l'ossuaire de l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    La carvelle de l'ossuaire de l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La carvelle de l'ossuaire de l' église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    VI. LA CARVELLE DU PIGNON DE LA  CHAPELLE SAINT-NICOLAS.

    "La chapelle Saint-Nicolas est aussi ornée d'une superbe carvelle, fort bien taillée pour la course, aux mâts munis d'enflèchures, de dunes rondes, pourvue d'une galerie et d'une lanterne de poupe." (cartel d'information)

    Le bas-relief occupe trois blocs de pierre différents.

    Trois petits drapeaux flottent sur les trois gabies.

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    La carvelle du pignon de la chapelle Saint-Nicolas à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La carvelle du pignon de la chapelle Saint-Nicolas à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    La carvelle du pignon de la chapelle Saint-Nicolas à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La carvelle du pignon de la chapelle Saint-Nicolas à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Annexe : 

    la carte des ports de Bretagne sur le Manuel de pilotage du cartographe du Conquet  Guillaume Brouscon (1548).

    La Bretagne compte au XVe et XVIe siècle 130 ports, dont certains sont mal abrités et d'autres peu commodes d'accès car situés au fond d'estuaires. On lit sur cette carte (ma flèche rouge) les noms de Morlaix (Morles) et de Saint-Pol-de-Léon, mais non celui de Roscoff, sans-doute assimilé au précédent.

     

    Manuel de pilotage à l'usage des pilotes bretons par G. Brouscon, 1548.  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b55002488s/f7.zoom

    Manuel de pilotage à l'usage des pilotes bretons par G. Brouscon, 1548. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b55002488s/f7.zoom

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    SOURCES ET LIENS.

    Illustrations : https://fr.pinterest.com/pin/810155420437874869/

    — Histoire maritime de la Bretagne

    https://abp.bzh/histoire-maritime-de-la-bretagne-la-construction-navale.-10-11-27361

    — ROSCOFF AU QUOTIDIEN. "La chapelle Saint-Nicolas."

    http://www.roscoff-quotidien.eu/st-nicolas.htm

    — Wikipédia "Carvelle" https://fr.wikipedia.org/wiki/Carvelle

     

    — LE GUENNEC (Louis) 1979 - ‎Morlaix et sa région - Page 345

    Sous la Révolution, Roscoff fut un port de relâche important pour les corsaires, et aussi le centre d'une contrebande ... Des caravelles, des vaisseaux de haut bord à château d'arrière élevé sont sculptés au portail sur la tour et en divers

    Des ports de Kerity-Penmarc'h et de Roscoff partaient pour de longs voyages des bateaux reproduits avec fidélité dans le granite des monuments: une caraque - trois-mâts de haut-bord ... 2); des caravelles sur celles de Poullan, Audierne.

    — LE GUENNEC (Louis) 1937, Choses & gens de Bretagne, Edition de la Société "Les amis de Louis Le Guennec" , in 8°, 290 pages.

    — PAVIOT (Jacques), La Politique navale des ducs de Bourgogne 1384-1482 page 107 https://books.google.fr/books?id=sXi4VtUdFCoC&pg=PA106&lpg=PA106&dq=%22carvelle%22&source=bl&ots=69Ye38owlt&sig=h7jYBCtNtWcnrhtPpu9sMRqKrgw&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjXx92I67jVAhXJ2hoKHRp2D604ChDoAQhUMAw#v=onepage&q=%22carvelle%22&f=false

    — PORCHER ( Françoise),  Histoire, Patrimoine et promenades de Roscoff à l'île de Batz

    https://books.google.fr/books?id=r6wvpCo8AgIC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q=carvelle&f=false

    — TANGUY (Jean)  1975 Le port et havre de Roscoff: ou, Histoire d'une vocation maritime, Éditions des Paludiers, 1975 - 116 pages

    https://books.google.fr/books?id=r6wvpCo8AgIC&pg=PT23&dq=caravelles+roscoff&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwi64Iuww7PVAhUESRoKHbsfCHgQ6AEIJzAA#v=onepage&q=caravelles%20roscoff&f=false

    — TANNEAU (Georges), 2007, Les vaisseaux de pierre.

    http://www.la-mer-en-livres.fr/vaisseaux.html

    TOUCHARD (Henri)  1967. Le commerce maritime breton à la fin du Moyen Âge ; Annales littéraires de l'Université de Nantes, fascicule 1 ; Paris, Les Belles Lettres, 1967, XXXIX-451 p. (dont 27 pages pour les pièces annexes) : : Perrin Charles-Edmond. Le commerce maritime breton à la fin du Moyen Âge [Henri Touchard. Le commerce maritime breton à la fin du Moyen Âge ; Annales littéraires de l'Université de Nantes, fascicule 1]. In: Journal des savants, 1968, n° pp. 244- 254; http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1968_num_4_1_1183

    — PÉRÉNNÉS (Henri), Roscoff, perle du Léon;

    http://www.roscoff-quotidien.eu/roscoff-perle-leon.htm#ossuaires

    — INFOBRETAGNE "L'église de Roscoff" 

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    Published by jean-yves cordier
    29 juillet 2017 6 29 /07 /juillet /2017 09:23

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    Dans le Finistère, trois églises offrent la représentation de la série des douze Sibylles, ces prophétesses de l'Antiquité païenne qui, selon l'Église, auraient annoncé par leurs vaticinations douze événements de la Vie et de la Passion de Jésus : ce sont celles de Brennilis, de Lampaul-Guimiliau et de Saint-Herbot en Plonévez-Le-Faou.

    Et  neuf autres en offrent une série partielle, à Guimiliau (deux  endroits, sur la chaire et autour du chœur), Pleyben, Plouzévédé,  Irvillac, La Martyre, Le Faou, au château de Kerjean, à Plabennec, ...et à Roscoff.

    Au total, douze sanctuaires offrent treize séries partielles ou complètes des Sibylles totalisant plus de soixante-dix personnages, sculptés dans le bois aux XVIe et XVIIe, et jusqu'au XIXe siècle pour Rumengol.

    J'ai étudié dans mon article sur Brennilis l'apparition de ce thème iconographique et la tradition qui s'établit, depuis Filippo Barbieri en Italie en 1481, et surtout depuis les Heures de Louis de Laval enluminées avant 1489, de constituer une série de douze (comme les douze Apôtres et les Prophètes) Sibylles, de donner à chacune un attribut, et de les coupler à douze événements de l'Enfance de Jésus et de la Passion.

    A Roscoff, dans l'église Notre-Dame de Croas-Batz, c'est la tribune de l'orgue, réalisée en 1606, qui fut ornée de sept panneaux en bas-relief sur bois polychrome représentant les Sibylles, séparées par des statues en ronde-bosse des Apôtres (deux actuellement en place) et peut-être dans les niches vides aux prophètes ou aux docteurs de l'église.  Six des sept panneaux des  Sibylles sont associés à un panneau plus petit, de thème allégorique d'interprétation difficile. 

    La tribune mesure, selon la base Palissy,  8 m de haut, 3,60 m de large et 3,60 m de profondeur. Elle est classée au titre immeuble aux Monuments historiques depuis le 12 juillet 1886. On peut lui décrire, pour la part qui nous intéresse, trois cotés qui sont ceux d'un demi-hexagone : une façade principale encadrée par deux grandes statues et équipée elle-même d'un pupitre hémihexagonal comporte trois panneaux de Sibylle. De chaque coté, des pans obliques réservent encore au visiteur deux autres grands panneaux sculptés chacun. Une photo éclaircira cela : 

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    Tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

     

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    Demandez le programme !

    • La Sibylle Cimmérienne et sa corne à office de biberon, liée à la Crèche de la Nativité. En dessous : Femme goûtant des fruits, avec son singe : Le Goût ?
    • La Sibylle Europa et son glaive liée au Massacre des Innocents. En dessous : Femme respirant le parfum des fleurs, devant un lévrier : l'Odorat ?
    • La Sibylle de Tibur tenant une main liée à la gifle lors de la Passion . Au dessous : l'Organiste = l'Ouïe ?
    • La Sibylle Delphique et la couronne d'épines liée à la Passion. En dessous : la date 1606.
    • La Sibylle de Perse tenant une lanterne et piétinant le serpent liée à l'Incarnation et la Rédemption. En dessous :  le Faucon apprivoisé et la Tortue terrassée.
    • La Sibylle Agrippa et son fouet de la Flagellation. En dessous : un joueur de luth et un cerf : l'Ouïe (2) ?
    • La Sibylle Hellespontique tenant la croix ...de la Crucifixion. En dessous : une femme tenant un miroir devant un aigle. La Vue ?
       

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    Je débuterai par le coté sud de la tribune.

     

     

    Coté sud de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Coté sud de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    1. La Sibylle Cimmérienne et sa corne à office de biberon.

    Elle annonce ainsi que la Vierge allaitera son Fils, comme elle le fit après l'avoir mis au monde dans une étable à Bethléem.

    Elle est entourée, comme les autres,  de quatre étoiles, allusion possible à la croyance au lien entre l'Astronomie et la prédiction de l'avenir. Elle lève l'index gauche dans un geste d'énonciation et d'indication, comme celle qui prononce une parole importante.

    Elle est coiffée d'un turban orientalisant, mais semblable aux bazlos, ce bourrelet de brocart, de velours ou de soie à la mode au XVIe siècle, (Voir l'Esclave turc de Parmigianino, 1530, ou la Fornarina de Raphaël 1519). De ce turban descendent devant les joues, comme les branches d'un stéthoscope ou les fils d'écouteurs d'un adepte de la Génération Y, deux cordons qui se réunissent avant de donner corps à un gland à pompon : la dame était coquette. Elle serait originaire de la Mer Noire, même si les Cimmériens restent un peuple plus ou moins mythique

    Ses cheveux s'échappent librement sur ses épaules. La robe, serrée à la taille par une ceinture avant de se soulever en deux trous de souris d'où pointent les chaussures, et le manteau,  au pan droit ramené vers le coude gauche, sont par contre d'un commun achevé : on les trouvent sur toutes les statues de Vierges ou de Saintes. 

     

     

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    La Sibylle Cimmérienne, Coté sud de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La Sibylle Cimmérienne, Coté sud de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    La Sibylle Cimmérienne, Coté sud de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La Sibylle Cimmérienne, Coté sud de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    1bis. Une femme goûtant des fruits devant un singe qui l'imite. "Le Goût" ? La Gourmandise ? 

    La femme, nonchalamment étendue au pieds d'un pommier entre deux corbeilles de fruits, s'apprête à croquer la pomme, tout en offrant en spectacle les appâts de sa poitrine dénudée .Elle porte aussi un turban, ainsi qu'un pendentif suspendu à un collier. Ses pieds sont nues, et une cuisse gauche échappe à la vigilance de la robe. Un singe, devant elle, la singe.

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    Une femme goûtant des fruits devant un singe qui l'imite, coté sud de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Une femme goûtant des fruits devant un singe qui l'imite, coté sud de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    2. La Sibylle Européenne tenant le glaive et levant l'index droit.

    Elle indique ainsi qu'elle avait, lors d'un accès de voyance, annoncé le Massacre des Innocents ordonné par l'odieux Hérode.De sa tenue, nous retiendrons surtout sa coiffure : la tête est couverte par un voile sommé par un ornement en fleur de lis, puis ce voile entoure par des spires un bourrelet avant de retenir les cheveux derrière la nuque.

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    coté sud de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    coté sud de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Les sept Sibylles de la tribune (1606) de l'orgue de l'église N-D. de Croas-Batz à Roscoff.

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    2 bis. Femme respirant le parfum des fleurs d'un vase, devant son lévrier. L'Odorat ? 

    De même qu'il y avait deux paniers de pommes, nous trouvons deux hauts vases remplis d'un bouquet. La dame, guère plus sage que la précédente malgré son décolleté carré (voyez la nudité ostensible de  cuisse et la jambe droite), daigne sortir de sa sieste pour respirer le parfum d'une des fleurs qui l'entourent. Son lévrier  fait le beau devant elle. Si ces panneaux ont débuté une série des sept péchés, nous aurions ici quelque chose comme la Lascivité, ou l'Oisiveté. Le Bon Plaisir.

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    coté sud de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    coté sud de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    L'apôtre qui marque la transition entre le pan coupé sud, et la façade.

    Ses pieds nus et son livre font bien de lui un apôtre, et celui-ci a perdu son attribut, un bâton ou un manche tenu dans la main gauche.

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    L'apôtre qui marque la transition entre le pan coupé sud, et la façade, tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    L'apôtre qui marque la transition entre le pan coupé sud, et la façade, tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Les trois Sibylles de la façade centrale.

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    La façade centrale  de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La façade centrale de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    3. La Sibylle Tiburtine tenant la main coupée .

    Elle préfigure le soufflet reçu par le Christ lors de sa Passion. Elle est entourée de six étoiles.

     La coiffure est ici ce bandeau passé à l'arrière de la nuque qu'on retrouve si souvent en statuaire religieuse du Finistère, notamment sous le ciseau de Bastien Prigent dans ses statues de Marie-Madeleine. (Pour le distinguer des autres bandeaux, je l'affuble du surnom de "chouchou" ce qui me permet une recherche iconographique plus facile dans mon blog.)

    Des vêtements, je retiens surtout la découpe à trois pointes de l'étoffe sous la ceinture et sous le bracelet de bras. À Brennilis, c'est la Sibylle Agrippa qui présente de telles indentations en feuilles sous sa ceinture et son devant de tablier.

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    La Sibylle de Tibur, façade centrale  de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La Sibylle de Tibur, façade centrale de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    La Sibylle de Tibur, façade centrale  de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La Sibylle de Tibur, façade centrale de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    3 bis. L'organiste. L'Ouïe, ou La Musique.

     

    Il s'agit d'une organiste, puisque la musicienne porte un voile à l'arrière de cette sorte de turban aux spires d'étoffe plissées qui font fureur parmi les Sibylles roscovites. Sa tête se superpose sur un soleil aux doubles rangs de rayons, qui peut être interprété comme un nimbe. Dès lors, il est judicieux d'y voir la figure de sainte Cécile, patronne des musiciens, parfaitement à sa place sur cette tribune d'orgue. On retrouve sur ses vêtements les crénelures des manches et de la ceinture notés chez la Sibylle de Tibur.

    La sainte joue peut-être d'un orgue positif de chœur, si on en juge par le soufflet représenté à gauche (on distingue l'orgue portatif, joué d'une seule main, l'orgue positif de table et de chœur, et l'orgue de tribune).

    Les représentations de sainte Cécile jouant de l'orgue  sont fréquentes, comme sur la terre-cuite de la cathédrale du Mans, datant de 1633.  

    C'est l'occasion de parler de l'orgue de Roscoff :

    Selon Castel et Bardedor 1985, la tribune d'orgue est  datée de  1606,  vestige d'un ancien orgue construit vers 1610 par John Bourne et réparé par Olivier de La Motte en 1624 ; l'orgue actuel a été construit entre 1649 et 1650 par Thomas Harrisson et Robert Dallam, le buffet exécuté par le menuisier Yves Richard en 1649. En 1649,  le menuisier Jean Malgorn  ajouta  deux panneaux à la tribune.   Florentin Grimont procède au relevage en 1786 et répare 873 tuyaux, l'orgue a alors 13 jeux distincts ; en 1811, Joseph Gardet répare les soufflets ; en 1840, lors de la restauration par Herland, l'orgue a 14 jeux distincts ; instrument par Clauss en 1887. L'électrification de la soufflerie par Gloton survint en 1926 ; installation d'une machine Barker en 1930 ; dernière restauration en 1980 ou 1985 par Jean Renaud. 

    Il est doté de 2 claviers ; 56 notes ; go : bourdon 16 ; salicional 8 (1930) ; montre 8 ; bourdon 8 ; prestant 4 ; octavin 2 ; cornet V (1930) ; récit : quintaton 8 ; flûte harmonique 8 ; voix Céleste ; gambe 8 ; flûte octaviante 4 ; trompette 8 ; basson ; haut bois 8 ; pédalier 30 notes : bourdon 16 (du go) ; Dolce 8 (1930) ; console séparée, l'organiste a le dos à l'orgue ; Barker au go (1930) ; copula II. I, tirasse II. I. Voir aussi ici.

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    L'organiste,  façade centrale  de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    L'organiste, façade centrale de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    4. La Sibylle de Delphes tenant une couronne tressée. Le chronogramme 1606.

    La Sibylle Delphique ou Pythie annonce ainsi le Couronnement d'épines du Christ lors de sa Passion. Elle tient la couronne par l'intermédiaire d'un linge, comme cela se faisait pour la relique de la Couronne conservée dans le reliquaire de la Sainte-Chapelle, et comme cela se voit sur les statues de saint Louis.

    Elle porte un voile retenu par un bourrelet semblable à celui de ses consœurs, mais ce voile est sommé par un pompon d'où s'échappe deux longs rubans. La robe plissée serrée par une ceinture a une encolure ajustée, sous laquelle un dessin en V laisse imaginer une broderie en chaînons. Un pan de la robe est retenu au dessus de la chaussure gauche par une pince munie d'un gland. Mais le plus notable est la cordelière médiane qui porte six roses et un gland. 

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    La Sibylle de Delphes, façade centrale  de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La Sibylle de Delphes, façade centrale de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    La Sibylle de Delphes, façade centrale  de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La Sibylle de Delphes, façade centrale de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le chronogramme 1606 est précieux, car la plupart des autres séries de Sibylles du Finistère ne sont datées que par estimation. Cette date nous place sous le règne de Henri IV, lequel a signé l'Édit de Nantes en 1598. Les guerres de  la Ligue liées à la révolte du Duc de Mercœur en Bretagne, s'achèvent également en 1598. 

     

     "Après les guerres de religion, Morlaix profite pleinement de l'apogée du commerce de la toile de lin au XVIIe siècle. La ville est le principal port d'exportation des toiles de lin de Basse-Bretagne vers l'Angleterre et de nombreux marchands britanniques s'installent sur ses quais. Il exporte aussi du papier produit également dans son arrière-pays et importe principalement du vin. Mais le trafic a déjà tendance à migrer en direction de ses avants-ports, Saint-Pol-de-Léon et surtout Roscoff ." ("Morlaix", Wikipédia)

    Attirés par cette prospérité, des fabricants d'orgues anglais traversèrent la Manche pour exercer leur art en Bretagne. John Bourne fut le premier, et aurait œuvré non seulement à Roscoff, mais aussi à Quimper en 1610 (Stephen Bicknel) et ? pour l'église Sainte-Melaine de Morlaix en 1613 (BIOS). Il fut suivi par Thomas Alport vers 1640, avant l'ère des Thomas Dallam (Lesneven 1654, Crozon, Le Faou, Ergué-Gabéric, Guimiliau, Morlaix, Pleyben, etc..) et du gendreThomas Harrison  (Roscoff, etc).

     

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    5. La Sibylle Persique tenant une lanterne et écrasant le serpent.

    Elle annonce l'avènement du Christ, Lumière pour l'Humanité déchue et Victoire sur le Péché (serpent).

    Elle porte un voile maintenu par un bandeau de grosses perles.

    La Sibylle de Perse,  façade centrale  de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La Sibylle de Perse, façade centrale de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    La Sibylle de Perse,  façade centrale  de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La Sibylle de Perse, façade centrale de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La Sibylle de Perse,  façade centrale  de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La Sibylle de Perse, façade centrale de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    5 bis. Femme éduquant un faucon et écrasant une tortue du pied. Au loin, un bateau de pêche et ses filets.

    La femme est coiffée, comme la Sibylle de Tibur, ou la Femme goûtant des fruits, du bandeau derrière la nuque en "chouchou". En position de chevalier servant, elle apprend à un faucon à venir chercher sa pâtée, en dressant l'index droit. Devant elle, un soleil. Sous son pied, une tortue. La scène se passe au bord de la mer, et un bateau de pêche est figuré, filets relevés sur le plat-bord.

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    Femme éduquant un faucon,  façade centrale  de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Femme éduquant un faucon, façade centrale de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Les deux Sibylles du pan coupé nord.

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    Les deux Sibylles du pan coupé nord de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Les deux Sibylles du pan coupé nord de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    6. La Sibylle Agrippa tenant le fouet.

    Elle a, par ses vaticinations, annoncé la Flagellation du Christ lors de sa Passion.

    Elle porte un bonnet sur des cheveux longs et bouclés.

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    La Sibylle Agrippa,  pan coupé nord de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La Sibylle Agrippa, pan coupé nord de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    La Sibylle Agrippa,  pan coupé nord de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La Sibylle Agrippa, pan coupé nord de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    6 bis. Le musicien de luth devant un cerf. L'Ouïe (2) ?

    Le musicien joue une sorte de luth étroit, en forme de demi-poire comme la mandoline, mais sans ouïes visibles ni rosace décorative, à cinq cordes, à cheviller formant un angle de 75° avec le manche. Les chevilles ne sont pas visibles mais la main gauche du joueur semble régler la tension d'une cheville. Un livre (de partition) est ouvert à ses pieds.

    Un cerf est agenouillé devant lui et semble envoûté  par la musique.

    Trois autres instruments sont visibles : un violon ou une viole (aux ouïes hautes, au dessus des éclisses), et une trompette Renaissance, plutôt qu'un "serpent" comme le suggère un commentateur. Et, "en bas de tout", comme on dit dans le pays, un cornet à bouquin

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    Le musicien jouant du luth devant un cerf,  pan coupé nord de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Le musicien jouant du luth devant un cerf, pan coupé nord de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    7. La Sibylle Hellespontique tenant une croix.

    Elle annonce bien-sûr la Crucifixion.

    Elle porte la même ceinture aux sept roses  que la Sibylle de Delphes, sur une châle au bord frangé en bas, et découpé en pointes sur les épaules. 

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     La Sibylle de l'Hellespont, pan coupé nord de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La Sibylle de l'Hellespont, pan coupé nord de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    La Sibylle de l'Hellespont, pan coupé nord de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La Sibylle de l'Hellespont, pan coupé nord de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    7 bis. Femme se regardant dans un miroir, sous la lune, avec un aigle. La Vue ?

    Sous la lune, mais aussi sous un arbre, madame la coquette s'admire dans son miroir. Mais que fait ici cet aigle aux ailes éployées ?

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    La coquette au miroir, pan coupé nord de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La coquette au miroir, pan coupé nord de la tribune de l'orgue (1606), église Notre-Dame de Croas-Batz. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

     

     

     

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    SOURCES ET LIENS.

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    CASTEL (Yves-Pascal), Les 70 Sibylles du Finistère, en ligne, Société Archéologique du Finistère http://patrimoine.dufinistere.org/art2/index.php?art=ypc_sibylles

    CASTEL (Yves-Pascal), 2006, "Les 70 sibylles du Finistère", Bulletin de la Société Archéologique du Finistère - T. CXXXV - 2006 pages 201

    CASTEL (Yves-Pascal), BARBEDOR (Isabelle), 1985, Notice de la base Palissy :

    http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy_fr?ACTION=RETROUVER&FIELD_6=REPR&VALUE_6=SIBYLLE%20CIMMERIENNE&NUMBER=5&GRP=0&REQ=%28%28SIBYLLE%20CIMMERIENNE%29%20%3aREPR%20%29&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P&SPEC=9&SYN=1&IMLY=&MAX1=1&MAX2=200&MAX3=200&DOM=Tous

    COUFFON (René), 1988,  Répertoire des églises : paroisse de ROSCOFF,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, consulté le 29 juillet 2017, http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/items/show/1015.

    — FEUTREN (Jean), 1968,  "Les Orgues à Roscoff", article du Bulletin paroissial La voix de Sainte-Barbe, n°225,  juillet-août -septembre  et n° 226

    http://www.roscoff-quotidien.eu/histoire-bulletin-paroissial-225.htm

    http://www.roscoff-quotidien.eu/histoire-bulletin-paroissial-226.htm

    http://www.roscoff-quotidien.eu/histoire-bulletin-paroissial-227.htm

    — GUERET (Jean-Claude), 1983, "L'orgue de Roscoff, de 1609 à 1984", Bulletin de la Société Archéologique du Finistère.

    — LECLERC (GUY), 1996, Les enclos de Dieu, édition Jean-Paul Guisserot, 141 p. 

    https://books.google.fr/books?id=jr0qsPpgWpkC&pg=PA30&lpg=PA30&dq=sibylles+roscoff&source=bl&ots=1tEkVYnmFR&sig=m17DdO2WOltTZ1dfh-jJ0KMzUsk&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiZgNSiiK7VAhXJ1BoKHXdkB6wQ6AEIOTAE#v=onepage&q=sibylles%20roscoff&f=false


    — PÉRÉNNES (Henri), 1939, Roscoff, perle du Léon, http://www.roscoff-quotidien.eu/roscoff-perle-leon.htm

     

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    Published by jean-yves cordier
    27 juillet 2017 4 27 /07 /juillet /2017 15:20

    La charpente sculptée de l'église de Pleyben (vers 1571) par le Maître de Pleyben : le chœur et le haut de la nef. Sablières et  blochets.

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    Voir aussi :

    — Sur les sablières et sculptures du Maître de Pleyben :

     

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    — Et sur les sablières bretonnes :

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    Cet article prolonge les trois articles étudiant les sculptures de la charpente de la croisée du transept, du transept sud et nord de l'église de Pleyben : j'attaque in medias res, en renvoyant le lecteur aux liens placées en introduction.

    Les sablières des bras du transept, avec leurs seize cartouches dont sept à motifs religieux liés  à la Passion ou à la Vie de Jésus sont complétées, sur l'axe orthogonal, par  deux sablières du chœur et deux sablières de la nef, dans lesquelles on reconnaît le style et le programme iconographique du Maître de Pleyben, mais aussi la frise distinctive. Ce sont :

    Dans le chœur :

    • La sablière de la Sainte-Face présentée par deux anges, à droite.
    • Le cuir découpé des Cinq Plaies du Christ, à gauche.

    Dans la nef :

    • La sablière du Paysan écrasé par son attelage, à droite.
    • Le blochet de Sonneur de Cornemuse, à droite.
    • Le cuir découpé du Cadavre dévoré par les vers, à gauche,
    • Le blochet du Jeune homme lisant, à gauche,

    Enfin, au fond de la nef, cachée par le buffet d'orgue, du coté sud, une sablière est à joindre à ce corpus :

    • Le Cuir découpé de la Sainte-Face présentée par deux anges.

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    LES SABLIÈRES ET BLOCHETS DU CHŒUR.

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    1°) Du coté sud : le Voile de la Sainte-Face.

    a) la frise :  comme sur les bras du transept, elle associe en ses rinceaux des grappes ou des épis, des feuilles lancéolées ou sagittées, ou les quatre proéminence du  fond d'une courge.

    b) Ce sont, comme pour la majorité des sujets religieux, des anges allongés comme s'ils volaient, tenant d'une main le linge blanc qui va présenté le motif, et tendant l'index, soit vers celui-ci, soit vers l'extérieur. On y retrouve les caractéristiques propres à l'atelier du Maître sculpteur, dont les plus évidentes sont la chevelure ramassée en sept boules chocolat,  les manches bouffantes,  les graciles bras nus,  le regard franc, la tunique courte cintrée au dessus d'une partie libre gondolée, ou le pliage régulier du linge avant qu'il ne se concentre dans la main. Ou bien ce coup de vent qui emporte vers l'extérieur la longue robe, et les deux jambes.

    c) Le cartouche : pas de cuir découpé ici, mais le linge qui servait, sur les autres sablières, de moyen de suspension et qui forme ici un fond blanc ourlé d'or dont on ne peut dire si il s'agit du Voile de Véronique,  ou simplement d'un écrin pour la Sainte-Face.

    d) le motif. Il s'agit de la tête couronnée d'épine du Christ, très différente de son équivalent  olympien de la chapelle de Kerjean : les cheveux longs en mèches épaisses et la barbe encadrent une face pathétique, mais dont le nez long et étroit, ou les sourcils en arc sont propres au style du  Maître.

    Le motif est présent en doublon à Pleyben, sur les sablières de Saint-Divy et sur celles de Kerjean, où il orne aussi le nœud central d'un entrait. 

     

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    Sablière de la Sainte-Face,  coté sud du chœur par le Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Sablière de la Sainte-Face, coté sud du chœur par le Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Sablière de la Sainte-Face,  coté sud du chœur par le Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Sablière de la Sainte-Face, coté sud du chœur par le Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Sablière de la Sainte-Face,  coté sud du chœur par le Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Sablière de la Sainte-Face, coté sud du chœur par le Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Au passage : un ange sculpté dans le chœur.

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    Un ange,  coté sud du chœur, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Un ange, coté sud du chœur, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Et une statue d'une sainte femme (la Vierge sans-doute) aux épaules couverte par une chape bleue.

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    Blochet du coté sud du chœur, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Blochet du coté sud du chœur, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    2°) Le coté nord du chœur. Les Cinq Plaies.

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    a) la frise : différente (restaurée ?) des autres, elle associe un masque et des volutes.

    b)  Les anges présentateurs. Ils sont parfaitement semblables aux anges les plus archétypaux du Maître, et on identifie au premier  coup d'œil les manches élargies en cloches d'où émergent des bras et avant-bras nus et maigres aux coudes globuleux. Ou leurs pieds patauds qui s'appuient sur le montant vertical, ou leur façon d'empoigner les rubans qui suspendent les cuirs, ou bien, ou bien...

    c) le cartouche : comme tous ceux de Pleyben, qui diffèrent en cela de ceux, très sophistiqués, de Kerjean, celui-ci est un simple cadre rectangulaire mouluré vert, posé sur le cuir découpé à enroulement blanc muni de quatre œillets par où se faufilent les rubans verts.

    d) le motif : c'est celui des Stigmates, ou Cinq Plaies du Crucifié. Au centre, le cœur transpercé. De chaque coté, les pieds et les mains avec la marque ensanglantée des clous. Ce motif existe aussi à Pleyben dans le transept sud, à Kerjean dans le chevet, 

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    Sablière des Cinq Plaies,  coté nord du chœur par le Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Sablière des Cinq Plaies, coté nord du chœur par le Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Sablière des Cinq Plaies,  coté nord du chœur par le Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Sablière des Cinq Plaies, coté nord du chœur par le Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    II. LES SABLIÈRES ET BLOCHETS DU HAUT DE LA NEF.

     

    Pour suivre un parcours cohérent, je passe du nord du chœur au nord de la nef.

    1°) Le coté nord de la nef, après son dernier entrait.

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    Le coté nord du haut de la nef, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Le coté nord du haut de la nef, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le cuir découpé au Cadavre dévoré par les vers.

    a) la frise : nous retrouvons les feuilles sagittées et lancéolées, les épis et les grappes, et les courges à quatre sections.

    b) les personnages présentateurs : pour ce motif sérieux mais non religieux, l'artiste a chois de faire figurer deux hommes. L'un, accroupi,  est nu ; il porte une main derrière la tête et présente le cartouche en s'en écartant. L'autre, aux allures d'acrobate, porte, depuis l'intervention d'un Braghettone breton du XIXe, un short bleu. Il se détourne du cartouche, et, tenant sa tête d'un air horrifié, s'enfuit à toutes jambes.

    c) le cuir découpé. C'est encore le sempiternel cadre rectangulaire mouluré, posé sur une peau de cuir qui ne déploie son enroulement que sur le bord supérieur. Quelle indigence de créativité !

    d) Le motif. Un cadavre, dont rien ne permettrait de préciser le sexe, si ce n'étaient les deux masses de cheveux descendant en mèches le long de la tête, alors que le front et le vertex sont glabres. Donc, une femme, avec ses sourcils arqués et ses lèvres peintes , avec sa peau dont la blancheur est accentuée par la pâleur cadavérique, mais dont le décès n'est pas récent puisque sa poitrine est décharnée. Une femme riche peut-être,  puisque le linceul qui drape son bassin est orné d'un galon d'or.

     

    La mort est rendue hideuse par le contraste entre l'apparente conservation du corps et la présence de deux vers, aux pattes de reptiles, à la queue de serpent et à la tête de dragon, qui rampent depuis les jambes et pénètrent par l'abdomen pour surgir sous l'aisselle et au dessus de la clavicule gauche. Pouah !

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    Cet art du Memento mori, "Souviens-toi que tu es mortel", cherche à convaincre le fidèle, non pas de profiter au mieux de la vie, mais de redouter que l'échéance fatale ne le surprenne en état de péché : c'est une exhortation à la conversion, à la rectitude morale et à la pratique rigoureuse des préceptes de l'Église. Si elle n'est pas récente, elle s'est exacerbée en Bretagne avec les épidémies, les guerres (Guerre de religion 1562-1598), et surtout la construction d'ossuaires dans lesquels les ossements qui ne trouvaient plus place sous les dalles des églises ou dans les cimetières furent rassemblés. L'ossuaire de Pleyben date de 1560, moins de dix ans avant ces sablières. Mais la date de celles-ci (1571) indiquée dans le transept nord peut aussi être rapprochée de la date de parution du Mirouer de la Mort, imprimé à Morlaix en 1575, et rédigé en 1519 par Jehan Larcher. 

    Le titre exact en est : "Le Mirouer de la Mort en Breton, auquel doctement et Devotement est trecté des quatre fins de l'home : c'est à scavoyr de la Mort, du dernier Jugement, du très-sacré Paradis : et de l'horible Prison de L'enfer et ses infinis tourments." Au-dessous viennent les deux vers suivants 

    En Marv, en Barn, en Iffern, yen, preder map den, ha na enoe, - Ha nepret nep lech ne pechy, gat laquat da spy en ty Doe.

    "A la mort au jugement, à l'enfer froid, pense, fils de l'homme, et ne te lasse point. — Et jamais nulle part tu ne pécheras, si tu mets ton espoir dans la maison de Dieu".

    Puis vient une gravure sur bois figurant un crâne humain serrant un tibia entre ses mâchoires, avec l'inscription "Mire toi là, Fils".

    Dans le même esprit, dans l'église de Pleyben, nous avons vu dans le transept nord le blochet présentant aux fidèles une tête de mort. Crâne qui se retrouve sur les sablières de la nef, entourée d'une couronne.

    On pourrait aussi se référer aux multiples représentations de l'Ankou, squelette grimaçant armé d'une lance, à Brasparts,  La Martyre (1619), Landivisiau, Lannédern, La Roche-Maurice ou Ploudiry par exemple.

    Mais on ne trouve nulle part en Finistère une représentation si naturaliste de la mort.

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     Le cuir découpé au Cadavre dévoré par les vers par le Maître de Pleyben (vers 1571), coté nord du haut de la nef de l' église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Le cuir découpé au Cadavre dévoré par les vers par le Maître de Pleyben (vers 1571), coté nord du haut de la nef de l' église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le cuir découpé au Cadavre dévoré par les vers par le Maître de Pleyben (vers 1571), coté nord du haut de la nef de l' église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Le cuir découpé au Cadavre dévoré par les vers par le Maître de Pleyben (vers 1571), coté nord du haut de la nef de l' église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le cuir découpé au Cadavre dévoré par les vers par le Maître de Pleyben (vers 1571), coté nord du haut de la nef de l' église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Le cuir découpé au Cadavre dévoré par les vers par le Maître de Pleyben (vers 1571), coté nord du haut de la nef de l' église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le blochet : Un homme jeune tenant un livre.

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    Le livre porte (dans une inscription récente bien-sûr) sur la page de gauche Notre père qui êtes aux cieux, et sur la page de droite Je crois en Dieu le père tout puissant.

    Les sablières suivantes, reconnaissables par une frise en ove répétitive, sortent d'un autre atelier. Il faut traverser la nef et passer du coté sud pour retrouver la production du Maître de Pleyben.

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    Le blochet : Un homme jeune tenant un livre,  par le Maître de Pleyben (vers 1571), coté nord du haut de la nef de l' église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Le blochet : Un homme jeune tenant un livre, par le Maître de Pleyben (vers 1571), coté nord du haut de la nef de l' église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    2°) Le coté sud de la nef, après son dernier entrait.

    Après la statue de l'évangéliste Matthieu, qui marque l'angle de la croisée du transept, vient une sablière où se reconnaît une scène de labourage. Pourquoi fait-elle face au tableau macabre placé coté nord ?

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    Sablières du coté sud du haut de la nef de l' église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Sablières du coté sud du haut de la nef de l' église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    La sablière de La mort accidentelle du paysan écrasé par son propre attelage .

    a) la frise : on y reconnaît les mêmes feuilles, légumes et épis que sur toutes les sablières du Maître de Pleyben : nous sommes encore sur le même corpus.

    b) Ni personnages présentateurs, ni cartouche. Manque de place ?

    c) Le motif. Après avoir observé les sablières de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom (Plomodiern), il est facile de reconnaître l'épisode de la mort accidentelle du paysan écrase par son attelage, qui côtoyait, là-bas, la Fuite en Égypte.  Car la victime, étendue visage épouvanté tourné vers le ciel,  était plus facilement identifiable. Ici, c'est par analogie que l'on comprend que l'homme qui lève les bras juste derrière les chevaux a les jambes écrasées par la roue de la charrue, coincé entre le palonnier et la roue, et que son collègue assiste au drame en témoignant de son impuissance par ses bras écartés. Cet accident a peut-être été causé par l'étourderie du chef d'attelage, qui, au lieu de regarder ce qu'il fait, s'est retourné vers l'arrière pour observer dans le ciel quelque chose (mais certainement pas le blochet, qui n'appartient pas à ce récit).

    L'attelage à trois chevaux  qui a été choisi associe deux chevaux de front, et le troisième devant les deux autres. Ce dernier, "qui marche dans la raie", et qui est trop éloigné pour être accessible au fouet du conducteur, n'est pas placé entre les deux chevaux noirs, mais sur le coté droit. 

    Les chevaux sont attelés grâce à un collier d'épaule. Ils n'ont pas de mors.

    La charrue à roue.

    Les parties métalliques sont peintes en gris anthracite. La charrue se compose du "coultre tranchant" qui ouvre la terre et coupe verticalement la tranche à renverser, frayant le chemin au soc. La bande de terre est alors tranchée par l'aile du soc, qui casse les tiges, puis basculée vers la droite par le versoir. La charrue est guidée par deux mancherons (comme à Sainte-Marie-du-Ménez-Hom) ou par un seul (comme ici). Le laboureur appuie dessus pour faire pénétrer le soc. Coultre et soc sont réunis à l'age, ou perche

    Le sillon, tranchée ouverte dans le sol par la charrue, se nomme "raie". Et on nomme "guéret" la partie non encore labourée.

     

    On distingue dans l'avant-train des charrues la roue de raie et la roue de guéret . La première roulait dans la raie, la seconde sur la terre non encore fraîchement labourée, c'est-à-dire sur l'ancien guéret. 

     Il reste quelque chose à comprendre. Les trois chevaux ont au moins une patte posée sur un élément architectural polygonal grisâtre (qui n'existe pas à Plomodiern). Le cheval de tête, qui a franchi cet obstacle, s'est emballé. Le cheval noir redresse la tête et semble hennir. 

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    Le chanoine Abgrall avait indiqué, dans son analyse de cette scène à Sainte-Marie-du Ménez-Hom,, placée à coté de la Fuite en Égypte,  "La tradition du pays dit que c'est la traduction d'une légende d'après laquelle ces gens, labourant leur champ, se seraient moqués de la Sainte Vierge et de saint Joseph fuyant en Égypte, et auraient été punis sur le coup et blessés par leur chevaux pris d'une terreur panique.". Mais cette explication, suscitée sans-doute a posteriori aux habitants par la proximité des deux motifs, ne tient plus à Pleyben, où la Fuite en Égypte n'est pas représentée. D'autre part, cette tradition locale n'a jamais été confirmée par une autre source. 

    A défaut de comprendre avec exactitude à quel récit ou quelle fable morale fait allusion ces deux scènes, je propose d'y voir l'illustration de la "mort accidentelle", telle qu'elle peut survenir pour frapper n'importe qui, menaçant d'emporter en Enfer un paroissien  de Pleyben (en majorité des agriculteurs) s'il n'est en règle avec les exigences de l'Église. 

     

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    La mort accidentelle du paysan écrasé par son propre attelage,    sablière par le Maître de Pleyben (vers 1571)  du coté sud du haut de la nef de l' église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La mort accidentelle du paysan écrasé par son propre attelage, sablière par le Maître de Pleyben (vers 1571) du coté sud du haut de la nef de l' église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    La mort accidentelle du paysan écrasé par son propre attelage , sablière par le Maître de Pleyben (vers 1571) du coté sud du haut de la nef de l' église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La mort accidentelle du paysan écrasé par son propre attelage , sablière par le Maître de Pleyben (vers 1571) du coté sud du haut de la nef de l' église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    La mort accidentelle du paysan écrasé par son propre attelage , sablière par le Maître de Pleyben (vers 1571) du coté sud du haut de la nef de l' église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La mort accidentelle du paysan écrasé par son propre attelage , sablière par le Maître de Pleyben (vers 1571) du coté sud du haut de la nef de l' église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    La mort accidentelle du paysan écrasé par son propre attelage , sablière par le Maître de Pleyben (vers 1571) du coté sud du haut de la nef de l' église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La mort accidentelle du paysan écrasé par son propre attelage , sablière par le Maître de Pleyben (vers 1571) du coté sud du haut de la nef de l' église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le blochet : le sonneur de cornemuse.

    Le Maître de Pleyben a sculpté quatre sonneurs de cornemuse : un about de poinçon à la chapelle de Kerjean , un blochet à l'église de saint-Divy, un about de poinçon de la voûte de la croisée du transept de Pleyben, et ce blochet.

    Celui-ci est le plus spectaculaire, par sa taille, sa conservation, sa restauration et sa polychromie. 

    Dans son Iconographie de la cornemuse, Jean-Luc Matte indique seulement : "1 bourdon d'épaule dont il ne reste que la souche". 

    http://jeanluc.matte.free.fr/fichpr/pleybsab.htm

    On peut remarquer aussi que le sac est tenu sous le coude droit, à la différence des trois autres sonneurs (et des documents photographiques de sonneurs) et  que le pavillon du hautbois est intact.

    Mais c'est le costume du musicien qui est le plus intéressant peut-être, ainsi que sa posture. Il est coiffé d'un bonnet, hélas mal visible du sol. Le visage est typique du Maître, avec sa forme triangulaire, ses sourcils en arc, ses yeux larges et francs, et surtout son nez long, fin en étroite pyramide avant de s'élargir en deux narines en V. Le costume associe un gilet sans manches, comme la chupenn bretonne, fendu par devant, au dessus d'une tunique plissée qui tombe au dessus des genoux, et d'un bragou braz bouffant et plissé. Le gilet et le pourpoint sont ourlés d'or. Les deux détails remarquables sont les poignets de chemise blanche qui sont plissés en fraise,  et bien-sûr les rubans dorés noués par une rosette sous les genoux. Si on examine attentivement ces rubans, on voit qu'ils servent à maintenir des guêtres de tissu fin que l'on suit jusqu'aux souliers noirs. 

    Ce costume est proche des costumes bretons traditionnels des sonneurs, tels qu'on les découvre sur les images en ligne.

    Enfin, la position sous les  jambes croisés en X, des pieds, parallèles et tournés vers la gauche, évoque un pas de danse, même si l'un des buts de cette posture est de répondre aux contraintes de la sculpture d'une pièce de bois, en moyen relief dans la partie basse.

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    Le sonneur de cornemuse, blochet par le Maître de Pleyben (vers 1571) du coté sud du haut de la nef de l' église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Le sonneur de cornemuse, blochet par le Maître de Pleyben (vers 1571) du coté sud du haut de la nef de l' église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le joueur de cornemuse de Kerjean par le Maître de Pleyben (photo lavieb-aile)

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    Le joueur de cornemuse de Saint-Divy par le Maître de Pleyben (photo lavieb-aile)

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    Le joueur de cornemuse de l'about de poinçon de Pleyben (photo lavieb-aile)

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    Le sonneur de cornemuse, blochet par le Maître de Pleyben (vers 1571) du coté sud du haut de la nef de l' église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Le sonneur de cornemuse, blochet par le Maître de Pleyben (vers 1571) du coté sud du haut de la nef de l' église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    III. LA SABLIÈRE DU  FOND DE LA NEF, BAS-COTÉ SUD.

    La présentation de la Sainte-Face par deux anges.

    Je ne m'étendrai pas sur ce motif, déjà présent sur le coté sud du chœur, mais l'existence de ce doublon devait être signalée.

     

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    La présentation de la Sainte-Face par deux anges. sablière par le Maître de Pleyben du bas-coté sud  de la nef de l' église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La présentation de la Sainte-Face par deux anges. sablière par le Maître de Pleyben du bas-coté sud de la nef de l' église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    SOURCES ET LIENS.

     

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    1°) Les cartouches et cuirs découpés.

    — ANDROUET DU CERCEAU (Jacques), Le premier volume des plus excellents bastiments de France : Le Louvre, Vincennes, Chambord, château de Madrid (Philibert Delorme 1548-1559), Covussi, Folambray, Montargis, La Muette, Saint-Germain, Creil, Vallery, Verneuil, Ancy-le-Franc, Gaillon, Manne.

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k10411354/f45.image

    Le second volume : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3137097/f12.image

    Blois, Amboise, Fontainebleau, Villiers, Charleval, Les Tuileries, St-Mort, Chenonceau, Chantilly, Anet, Ecouen, Challueau, Dampierre, Beauregard, Bury.

    — ANDROUET DU CERCEAU (Jacques), s.d, Termes et cariatides, 

    http://architectura.cesr.univ-tours.fr/Traite/Images/INHA-4R85BIndex.asp

    — ANDROUET DU CERCEAU (Jacques) (1510?-1585?), [Entre 1542 et 1545] Grands cartouches,  [20] pl., Eau forte ; 38 cm [S.l.], [s.n.] 2 suites sans titre ni inscription. 7 des 20 planches reprennent des compositions de Fantuzzi connues par des estampes publiées vers 1542-1543.

    http://bibliotheque-numerique.inha.fr/viewer/1807/?offset=#page=5&viewer=picture

    — ANDROUET DU CERCEAU (Jacques) (1510?-1585?), [Entre 1545 et 1547] Petits cartouches de Fontainebleau,  [31] pl., Eau forte ; 26 cm, [S.l.], [s.n.]Suite sans titre d'ornements inspirés par l'art de Fontainebleau et destinés à servir de modèles. Certaines planches reprennent des compositions de Fantuzzi connues par des estampes publiées entre 1542 et 1545 ; D'autres figurent déjà dans la première ou la seconde suite des grands compartiments

    http://bibliotheque-numerique.inha.fr/viewer/1801/?offset=#page=5&viewer=picture

    http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb40564725t

    — DIETTERLIN (Wendel), 1598, Architectura, Nuremberg.

    http://architectura.cesr.univ-tours.fr/Traite/Images/INHA-Res207Index.asp

    — FLORIS (Cornelis II de Vriendt ,dit) 1556, Veelderley Veranderinghe van grottisen  avec HIERONYMUS COCK (graveur et éditeur) 

    https://collections.vam.ac.uk/item/O977184/veelderley-veranderinghe-van-grotissen-ende-engraving-floris-cornelis-ii/

    https://www.nationalgalleries.org/art-and-artists/60572/plate-veelderley-veranderinhe-van-grottissen-ende-compartimenten-design-fantastic-fountain-published

    — FLORIS (Cornelis), 1557, Veelderley Niewe Inuentien,  HIERONYMUS COCK (graveur et éditeur) 

    — VREDEMAN DE VRIES (Hans), 1557 Architectura ou batiments prins de Vitruve, Anvers,  

    http://architectura.cesr.univ-tours.fr/Traite/Images/INHA-Res207Index.asp

     

     

    2°) Sur l'église de Pleyben :

    ABGRALL, Jean-Marie (1892), Pleyben. Eglise, calvaire, ossuaire, chapelle Notre-Dame de Lannélec Bulletin dee la Société archéologique du Finistère pages 55-72

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207622m/f136.item

    COUFFON (René), 1988, Notice sur Pleyben

    http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/PLEYBEN.pdf

    — DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. ; préf. d'Alain Croix, Rennes :Presses universitaires de Rennes, 1997 : thèse de doctorat en histoire sous la direction d'Alain Croix soutenue à Rennes2 en 1997. 

    — LECLERC (GUY), 1996, Les enclos de Dieu, édition Jean-Paul Guisserot, 141 p. 

    — LECLERC (Guy), 2007, Pleyben, son enclos et ses chapelles, éditions Jean-Paul Guisserot, 31 pages pages 18 et 19.

    https://books.google.fr/books?id=hWctwxQfyhgC&pg=PA18&lpg=PA18&dq=sibylles+pleyben&source=bl&ots=kzc-VMkVBx&sig=29B6LVXN1nHu2s5hEpHEt3en1vA&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiI596WxpfVAhXH2xoKHQ5WDd4Q6AEIQjAF#v=onepage&q=sibylles%20pleyben&f=false

    LE FLOCH (Jean-Claude), Pleyben : l'ensemble de sablières sculptées.

    http://www.mairiepleyben.fr/joomla-mairie/images/stories/documents/docs_historiques/sablires.pdf

    — Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Enclos_paroissial_de_Pleyben

    Infobretagne : http://www.infobretagne.com/pleyben-eglise-sablieres.htm

    LECLERC (Guy), 2007, Pleyben, son enclos et ses chapelles, éditions Jean-Paul Guisserot, 31 pages pages 18 et 19.

    https://books.google.fr/books?id=hWctwxQfyhgC&pg=PA18&lpg=PA18&dq=sibylles+pleyben&source=bl&ots=kzc-VMkVBx&sig=29B6LVXN1nHu2s5hEpHEt3en1vA&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiI596WxpfVAhXH2xoKHQ5WDd4Q6AEIQjAF#v=onepage&q=sibylles%20pleyben&f=false

    http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/PLEYBEN.pdf

    Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Enclos_paroissial_de_Pleyben

     

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    Published by jean-yves cordier - dans Pleyben Sablières
    23 juillet 2017 7 23 /07 /juillet /2017 21:49

     

    La charpente sculptée de l'église de Pleyben (vers 1571) par le Maître de Pleyben : le transept nord. Sablières, blochets et entraits.

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    Voir aussi :

    — Sur les sablières du Maître de Pleyben :

     

     

     

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    — Et sur les sablières bretonnes :

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    Présentation générale : voir mon article sur les sablières du transept sud. Comme pour ce dernier, je débute par l'angle de la croisée du transept proche du chœur, c'est à dire ici à gauche de la statue de l'évangéliste saint Marc, et j'étudie pour chaque sablière la frise inférieure, les personnages présentant le cartouche de cuir découpé, et enfin le motif principal.

    Nous trouverons successivement :

    — sur le coté oriental au dessus du retable (quatre cartouches) :

    • Le cuir découpé de La Trahison de Judas face au grand prêtre au pied de la Croix.
    • Un blochet : jeune homme tenant un bâton.
    • Le cuir découpé de La femme montrant un livre et tenant un rouleau de papier.
    • Le premier entrait à engoulant.
    • Le cuir découpé du Couple autour d'un cœur.
    • Le second entrait à engoulant.
    • Les cuirs au chronogramme 1571.
    • Le blochet d'un Homme tenant une couronne d'épines.

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    — sur le coté occidental (quatre cartouches):

    • Le blochet de la Femme tenant un objet (brisé).
    • Le cuir découpé à l'objet brisé, présenté par quatre oiseaux.
    • Le second entrait à engoulant, aux armoiries de Mgr Sergent.
    • Le cuir découpé de Deux personnages couchés tenant un cuir.
    • Le premier entrait à engoulant, aux armoiries de Pie IX.
    • Le cartouche du Nain vert tenant un poireau.
    • Le blochet d'un Personnage présentant un crâne.
    • Le cuir découpé des Soldats jouant aux dés la Tunique du Christ.

    ... avant d'arriver à l'angle de la croisée du transept, avec la statue de l'évangéliste Jean.

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    La voûte du transept nord et sa charpente, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La voûte du transept nord et sa charpente, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    La charpente sculptée de l'église de Pleyben (vers 1571) par le Maître de Pleyben : le transept nord. Sablières, blochets et entraits.

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    La voûte du transept nord et sa charpente, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La voûte du transept nord et sa charpente, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    I. LE COTÉ ORIENTAL.

     

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    Les sablières du coté oriental du transept nord, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Les sablières du coté oriental du transept nord, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    1. De l'évangéliste Marc au premier entrait.

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    Les sablières du coté oriental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Les sablières du coté oriental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le cuir découpé  Le Remord ou la Trahison de Judas, face au grand prêtre au pied de la Croix.

    a) la frise : inspirée des guirlandes Renaissance, elle alterne des grappes de fruits ou des épis de grains avec des feuilles lancéolées et la partie distale d'un légume charnu, à quatre lobes souvent centrés par un bouton. 

    b) Les anges présentateurs du cuir.

    Ils sont les pendants de leurs homologues de la première sablière du transept sud, dont le premier tenait un clou et portait une écharpe blanche,  et le second une trompette. Ici, l'objet tenu par le premier ange est moins facile à identifier, et le second ne tient pas de trompette, mais désigne la scène centrale de l'index. Autre différence, les anges tiennent le cuir en s'éloignant de lui. Mais on retrouve toutes les spécificités des anges du Maître. En sixième année, vous êtes censés les connaître sur le bout des doigts.

    c) Le cuir découpé : il s'agit plutôt d' un cadre rectangulaire mouluré, posé, comme un objet indépendant, sur deux cuirs à enroulements blancs à bords dorés, par les oreilles desquels passent les deux brins du linge blanc tendu par les anges. 

    d) Le motif :

    La traverse d'une croix en T s'intègre au cadre, dans une indistinction du cadre et du motif très habituelle au Baroque : le Monde est un théâtre, nous en sommes les acteurs et les spectateurs, rêveurs éveillés sur une scène qui se confond avec la salle.

    A la base de cette croix sont plantés trois clous : c'est la Croix de la Passion, comme le confirme la couronne d'épines, celle qui fut posée sur la tête du Christ en dérision de sa royauté.

    Comme deux marionnettes de guignol, deux personnages semblent s'interpeller en s'accoudant à leur fenêtre. L'un est le grand prêtre du Temple de Jérusalem, Caïphe, ou du moins l'un des "chefs des prêtres", et l'autre est Judas Iscariote tenant un sac rempli de pièces : les fameux "trente deniers" :

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    "Alors, l’un des Douze, celui qui s’appelait Judas Iscariot, se rendit auprès des chefs des prêtres pour leur demander: Si je me charge de vous livrer Jésus, quelle somme me donnerez-vous? Ils lui versèrent trente pièces d’argent." (Matthieu 26:14-15)

    ...

    "En voyant que Jésus était condamné, Judas, qui l’avait trahi, fut pris de remords: il alla rapporter aux chefs des prêtres et aux responsables du peuple les trente pièces d’argent et leur dit: J’ai péché en livrant un innocent à la mort!

    Mais ils lui répliquèrent: Que nous importe? Cela te regarde! Judas jeta les pièces d’argent dans le Temple, partit, et alla se pendre. Les chefs des prêtres ramassèrent l’argent et déclarèrent: On n’a pas le droit de verser cette somme dans le trésor du Temple, car c’est le prix du sang. Ils tinrent donc conseil et décidèrent d’acquérir, avec cet argent, le «Champ-du-Potier» et d’en faire un cimetière pour les étrangers. Voilà pourquoi ce terrain s’appelle encore de nos jours «le champ du sang». Ainsi s’accomplit la parole du prophète Jérémie: Ils ont pris les trente pièces d’argent, le prix auquel les descendants d’Israël l’ont estimé, et ils les ont données pour acheter le champ du potier, comme le Seigneur me l’avait ordonné." (Matthieu 27 : 3-10)

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    Puisque Judas et Caïphe se trouvent de part et d'autre de la Croix, il est logique de penser que c'est le Remords de Judas, et non sa Trahison, qui est représentée, mais on peut aussi voir la composition comme une accusation dénonçant la cupidité du disciple de Jésus et l'implication des chefs Juifs et les présentant comme les responsables de sa mort. Alors que la première sablière du transept sud dénonçait la responsabilité de Pilate.

    Cette scène est également représentée sur les sablières du chœur de Roscoff, alors que celles de l'église de Saint-Divy comporte le motif de la Croix et de la Couronne, encadrée par l'aiguière et le bassin du lavement de main de Pilate.

     

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     Judas face au grand prêtre au pied de la Croix, première sablière du coté oriental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Judas face au grand prêtre au pied de la Croix, première sablière du coté oriental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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     Judas face au grand prêtre au pied de la Croix, première sablière du coté oriental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Judas face au grand prêtre au pied de la Croix, première sablière du coté oriental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le blochet : un homme jeune tenant un bâton (et un objet brisé dans la main gauche).

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    Blochet du coté oriental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Blochet du coté oriental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Entre le blochet et l'entrait :

    Cuir découpé de La femme montrant un livre et tenant un rouleau de papier.

    C'est une femme puisqu'on discerne une coiffe au dessus de cheveux ramassés sur les cotés. Mais que veut-elle dire en tendant l'index droit sur la page de son livre, et en brandissant un codex ? "C'était écrit là " ? .

    La femme montrant un livre et tenant un rouleau de papier,  sablière du coté oriental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La femme montrant un livre et tenant un rouleau de papier, sablière du coté oriental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    2. Du premier au second entrait.

    Le premier entrait à engoulant.

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    Le cuir découpé du Couple autour d'un cœur.

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    Le  Couple autour d'un cœur, sablière du coté oriental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Le Couple autour d'un cœur, sablière du coté oriental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le  Couple autour d'un cœur, sablière du coté oriental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Le Couple autour d'un cœur, sablière du coté oriental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le cuir est encadré par un groupe de deux personnages. Nous voici devant le premier personnage du groupe de droite : c'est une femme qui fait face au spectateur et lui sourit. Elle est richement vêtue d'un manteau bleu clair à manches courtes et d'une robe blanche, usant avec largesse des  galons or.  

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    Le  Couple autour d'un cœur, sablière du coté oriental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Le Couple autour d'un cœur, sablière du coté oriental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Cette voisine est couchée sur le coté et tient de la main gauche un livre ouvert, qu'elle désigne de l'index. 

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    Le  Couple autour d'un cœur, sablière du coté oriental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Le Couple autour d'un cœur, sablière du coté oriental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le couple apparaît dans des niches dorées comme à la fenêtre de leur demeure. Lui est coiffé d'un chapeau rond, peu éloigné d'une barrette. Ses deux mains sont posées sur des tablettes noires. Au centre, un cœur vermillon blessé de trois entailles en losange. Elle est accoudée à une tablette, et tient un objet cylindrique brun. Sa coiffure, élaborée, demande à être décryptée.

    La signification exacte de cette scène m'échappe.

    La frise semble inclure le motif des deux dragons accouplés par le col (sablière du transept sud), mais le bois est fort dégradé. 

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    Le  Couple autour d'un cœur, sablière du coté oriental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Le Couple autour d'un cœur, sablière du coté oriental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    A gauche, l'énigme se poursuit car le personnage d'allure féminine tient une massue et un fouet, tous les deux verts, et sa voisine une sorte de quenouille. 

    La frise donne à voir un masque libérant de sa bouche des tiges végétales.

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    Avec cette sablière, nous changeons de style puisque non seulement le motif, même énigmatique, est profane, alors que le transept sud et le chœur sont décorés de sablières à sujets religieux, mais aussi que les anges présentateurs aux lignes dynamiques et déliées  laissent la place à ces femmes aux corps ramassés dans des postures acrobatiques, et encore que les frises s'enrichissent de mascarons et animaux fantastiques.

    Il est difficile pour moi d'affirmer qu'il s'agit du travail d'un autre artiste, ou bien d'une capacité du Maître de Pleyben à s'adapter à un autre style, en sachant qu'il faut mieux parler d'un atelier, avec plusieurs "mains" restant fidèles aux spécificités communes tout en exprimant des talents particuliers.

     

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    La partie gauche du cuir du  Couple autour d'un cœur, sablière du coté oriental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.  Couple autour d'un cœur, sablière du coté oriental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    La partie gauche du cuir du Couple autour d'un cœur, sablière du coté oriental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017. Couple autour d'un cœur, sablière du coté oriental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    3. Après le second entrait : la dernière sablière orientale et le blochet final.

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    La dernière sablière orientale : le chronogramme 1571.

     

    A l'entrée du transept, près de la sacristie (1680)-(1690), on trouve l'inscription A LONNEUR DE DIEU ET NOTRE DAME . MONSIE / GNEUR SAINCT GERMAIN ET SAINCTE KATHERINE CETE OEUVRE FUST FAICTE . LAN / MILL CINQ . CENTZ SOIXANTE QUATRE . / VENERABLE MAISTRE ALAIN KERGADALEN  RECTEUR POUR LORS .

     Cette inscription a été complétée en caractères gravées par la mention : FUT ENTIEREMENT RESTAUREE  DE 1857 À 1860.

    Sur le mur du bas côté Sud, au dessus de la porte située entre le porche et le transept, se trouve une autre inscription  LAN (1583) VE VOBIS GENTIBUS IN TEMPLO VANA LOQUENTIBUS.

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    Dernière sablière du coté oriental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Dernière sablière du coté oriental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    II. LE COTÉ OCCIDENTAL.
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    Le coté occidental du transept nord, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Le coté occidental du transept nord, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le blochet : une femme vêtue du bleu tenant un objet (brisé).

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    Blochet nord-ouest du  coté occidental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Blochet nord-ouest du coté occidental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Entre le blochet nord-ouest et le second entrait : le cuir de l'Objet blanc  tenu par deux oiseaux-volutes .

    a) la frise : rinceaux et épis.

    b) les deux oiseaux : on distingue de la tête le bec rehaussé de rouge, la langue, l'œil noir, et un collier doré. Le bas du corps est remplace par deux volutes.

    c) le cartouche : un cadre rectangulaire en bois mouluré est posé par dessus le cuir, aux doubles enroulements latéraux.  Rien de sorcier, mais c'est pourtant un modèle différent des précédents.

    d) Le motif : il est intercalé entre deux enroulements, et la convexité est brisée. S'agissait-il d'un cœur ?

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    Dernière sablière  du  coté occidental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Dernière sablière du coté occidental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Dernière sablière  du coté occidental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Dernière sablière du coté occidental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Entre les deux entraits.

    Le cuir des Deux personnages allongés tenant un cuir . 

    a) la frise : assez riche, elle comporte un masque (femme sous une coiffe), une coquille, et deux dragons liés par la queue, qui est une volute. De fait, ces dragons étaient aussi présent sous le cuir précédent.

    b) les personnages présentant le cuir.

    Nous sommes ici loin des anges raffinés qui, près de la croisée, ou dans le transept sud, présentaient les cuirs à motifs religieux. Et pourtant, nous retrouvons le traitement particulier des cheveux en petits choux, ou les manches à ballons, qui indiquent que la production sort du même atelier. 

    A droite, une femme vêtue de rouge à manches or déroule une étoffe dorée. A la différence des "cuirs à anges", cette étoffe ne se resserre pas en un lien qui sert d'accrochage au cuir en se faufilant par des opercules. Le décor est-il moins précis, moins élaboré ?

    A gauche, nous virons à la franche gaudriole frivole voire grivoise,avec ce personnage en habit bleu, empoignant ses chevilles et faisant le grand écart. Nous trouvons sur les clefs (abouts de poinçons) en ronde bosse de tels acrobates, mais ici, les dimensions étroites et le bas-relief imposent des contraintes qui accentuent le caractère grossier, naïf  ou grotesque du saltimbanque. Mais sa fraise rose au galon doré, les crevés de son gilet ou les rubans de ses coudes soulignent son élégance. 

    c) le cuir : proche du précédent, avec un rectangle mouluré posé sur deux cuirs latéraux.

    d) le motif.

    Deux personnages ( féminins ?), l'un en habit bleu et l'autre en beige, reprennent la posture allongée avec les pieds nus appuyés aux montants, des anges et autres personnages  présentateurs de cuirs. Et, effectivement, ce que j'avais pris pour une colonne n'est autre qu'un cuir enroulé. Autrement dit, l'image, plus ingénieuse qu'il n'y paraît, est une mise en abyme. Le cartouche montre deux présentateurs de cartouche, placés en miroirs. Comme un théâtre posé sur la scène d'un théâtre, ou bien une pièce de théâtre qui montre des acteurs préparant une pièce de théâtre. Hamlet date de 1603, le Songe d'une nuit d'été de 1600, La Vie est un songe, de 1635. Quand au changement du regard humain sur son environnement, qu'il se met à placer dans un cadre pour l'observer en développant la notion de Théâtre de la Nature, il correspond à l'apparition des œuvres de Joris Hoefnagel, vers 1580. Placer le cadre dans le cadre, cela ne relève sans-doute pas, de la part de l'atelier du Maître de Pleyben, de l'initiative d'une seconde main, dégradée et de tradition populaire, mais d'un esprit vif, averti des mutations en cours dans l'art. L'acrobate de gauche est ici parfaitement à sa place.

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     Le cuir des Deux personnages allongés tenant un cuir , sablière du coté occidental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Le cuir des Deux personnages allongés tenant un cuir , sablière du coté occidental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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     Le cuir des Deux personnages allongés tenant un cuir, sablière du coté occidental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Le cuir des Deux personnages allongés tenant un cuir, sablière du coté occidental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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     Le cuir des Deux personnages allongés tenant un cuir, sablière du coté occidental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Le cuir des Deux personnages allongés tenant un cuir, sablière du coté occidental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le blochet du personnage tenant une tête de mort.

    On a pu penser qu'il s'agissait de Marie-Madeleine, qui sera, plus tard dans l'Histoire de l'art, requise dans ce rôle. Le personnage androgyne aux jambes croisées associe les traits d'un ange, tels que nous les connaissons, à ceux de saint Jean. 

    Une aide précieuse nous serait apportée par la connaissance des attributs des autres blochets, mais beaucoup de ceux-ci sont brisés. Le crâne est peut-être celui d'Adam, souvent rencontré au pied de la Croix pour affirmer que le Christ libère, par sa mort, l'humanité de la malédiction du premier homme. Ou bien, ce crâne est tendu par cet ange bleu comme un Memento mori, si commun aux ossuaires bretons. On comprendrait alors que ses orbites creuses soient dirigées vers l'assistance, alors que le craniféraire (ce néologisme me démangeait) dirige son regard vers les Cieux, comme un exemple à suivre.

    Un mot sur le nain vert encadré à la droite de ce blochet. 

    Le cartouche du Nain vert tenant un poireau.

    Il n'est nain que pour le plaisir du titre, mais c'est bien un indubitable poireau qu'il brandit dans sa main droite, alors que la gauche est posée sur son genou. Est-ce un rébus ? Un autoportrait et une signature de l'artiste, comme l'envisage (sur d'autres motifs) Jean-Claude Le Floch ? Un poireau se dit " pour" en breton, ce qui ne mène pas loin. 

    Mais je vois aussi une courge dressée droit sur son épaule gauche. "Koulourdr" en breton. Bof. 

     

    Le blochet du personnage tenant une tête de mort, sablière du coté occidental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Le blochet du personnage tenant une tête de mort, sablière du coté occidental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Du premier entrait jusqu'à la statue de saint Jean.

    Voici le dernier cartouche, qui vient en vis à vis avec le premier, celui de la Trahison ou du Remord de Judas au pied de la Croix. Or, nous revenons ici à un motif religieux, et à une scène évangélique au pied de la Croix.

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    Le cuir des Deux soldats romains jouant aux dés la Tunique du Christ.

    a) frise. On y trouve à l'extrême gauche une feuille sagittée (j'ai cru à une étoile de mer et à une seiche),  des feuilles lancéolées, des épis, des grappes, et enfin un escargot. Cet escargot est présent aussi sur les sablières de la chapelle de Kerjean, sous le cuir des Cinq Plaies. Il évoque ceux qui grimpent le long des pampres des colonnes des retables bretons,  ou ceux des voussures et piédroits des porches, sculptés en kersanton par l'atelier du Maître du Folgoët (1423-1509) ou des frères Prigent de Landerneau (1527-1577).

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    Le cuir des Deux soldats romains jouant aux dés la Tunique du Christ, sablière du coté occidental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Le cuir des Deux soldats romains jouant aux dés la Tunique du Christ, sablière du coté occidental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    b) les soldats.

    Ils occupent l'emplacement en dehors du cartouche qui est celui des anges et autres personnages chargés de présenter et de soutenir par des cordages ces encarts, alors qu'en fait ils appartiennent au motif , dans un nouvel exemple de confusion ou du brouillage de la convention du cadre et du hors-cadre.

    Comme ces anges présentateurs, ils sont presque couchés (pour figurer en pied malgré la hauteur très réduite de la sablière), et comme eux, ils fléchissent une jambe, dont le genou est tendu devant eux, et ils étendent l'autre jambe, dont le pied (ici chaussé) atteint avec vigueur les limites de la sablière. 

    Leur posture d'escrimeur et leur menton projeté par l'hyperextension du cou leurs confèrent des allures de ridicules matamores, d'autant qu'en guise d'épées, ce sont leurs dès qu'ils mettent si martialement en avant : un cinq à gauche, un quatre à droite.

    Ce ridicule est achevé par celui de leur toilette.  À droite, le perdant porte une armure d'opérette, sans casque, avec des jambes et des bras nus. A gauche, cette armure bleu métal est portée sur des bragou braz, ces larges braies ou culottes bouffons des Bretons, au dessus de chaussures de cuir noir fort civiles. Les envolées des manches (qui singent celles, identiques, des anges présentateurs) et la ressemblance du bas de l'armure avec une jupette dénient, malgré son casque, toute crédibilité à ce légionnaire mal échappé d'une page d'Astérix.

     

     

    Le cuir des Deux soldats romains jouant aux dés la Tunique du Christ, sablière du coté occidental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Le cuir des Deux soldats romains jouant aux dés la Tunique du Christ, sablière du coté occidental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le cuir des Deux soldats romains jouant aux dés la Tunique du Christ, sablière du coté occidental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Le cuir des Deux soldats romains jouant aux dés la Tunique du Christ, sablière du coté occidental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    c) le cuir. Oh, rien de plus sobre ! Ce sont les vaches maigres ! Un tableau de bois à moulures, et un cuir à enroulements de chaque coté. Mais le comique provient des découpes de ces enroulements, qui servent de fenêtres de passage aux mains de soldats, avec leur dès.

     

     

    Le cuir des Deux soldats romains jouant aux dés la Tunique du Christ, sablière du coté occidental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Le cuir des Deux soldats romains jouant aux dés la Tunique du Christ, sablière du coté occidental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    d) Le motif. La scène décrite est très sérieuse, elle est tirée de l'évangile de Jean 19:23-24 : ayant crucifié Jésus, les soldats se partagent ses vêtements, en faisant quatre parts, mais ils se refusent à partager la tunique en la déchirant, car elle est "sans couture, d'une seule pièce depuis le haut jusqu'en bas". Au pied de la Croix, pendant l'agonie du Christ, ils décident de la tirer au sort (en latin : sortiamur, de sortio, is, ire "tirer au sort".

    Au centre du cartouche, ne figurent que la tunique et les deux mains tenant les dès. 
    La tunique est rouge, une couleur d'emploi exceptionnel sur ces sablières. Elle est pliée, l'encolure à galon doré rabattue sur le  devant, alors que les manches à crevés sont écartées. Ainsi, ce vêtement devient une représentation du Christ mort, la tête inclinée sur la poitrine et les bras en croix. Dans la solitude crée par l'expulsion des deux soldats hors-champ, elle atteint une dense signification spirituelle qui évoque ce qu'écrivait Joseph Malègue dans Augustin : " Il  [le Christ] a subi le délaissement de son Père, l'abandon de Dieu, la sécheresse et le désert des dérélictions absolues : cette croix sur la Croix, cette mort dans la mort".

    Ce motif est également représenté sur les sablières de la chapelle de Kerjean, et, deux fois, sur celle de Sainte-Marie-du-Ménez-Hom.

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    Le cuir des Deux soldats romains jouant aux dés la Tunique du Christ, sablière du coté occidental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Le cuir des Deux soldats romains jouant aux dés la Tunique du Christ, sablière du coté occidental du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    LES ENTRAITS.

    Le centre de ces entraits porte, visible de la croisée du transept, deux blasons, celui du pape et celui de l'évêque en fonction lors de la campagne de restauration du XIXe siècle. Le recoupement des dates de Pie XI (1846-1878) et de Monseigneur Sergent (1855-1871) donne le créneau de 1855-1871, cohérent avec les dates de la restauration générale indiquée par l'inscription lapidaire proche de la sacristie, de 1857 à 1860. 

    Nœud du premier entrait. Armoiries du pape Pie XI (1846-1878).

     Le nœud sculpté porte les armoiries écartelé en 1 et 4 d'azur au lion couronné d'or et en 2 et 3 d'argent aux deux bandes de gueules.

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    Nœud du premier entrait. Armoiries du pape Pie XI (1846-1878), transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Nœud du premier entrait. Armoiries du pape Pie XI (1846-1878), transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    L'engoulant du second entrait.

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    Le second entrait du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Le second entrait du transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le nœud du second entrait. Armoiries de Mgr Sergent (1855-1871).

    Il porte les armoiries d'azur à la Vierge entourée de douze étoiles dans une gloire et posée sur une nuée mouvant de la pointe de l'écu, le tout d'argent.

     

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    Nœud du second entrait. Armoiries de Mgr Sergent (1855-1871),  transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Nœud du second entrait. Armoiries de Mgr Sergent (1855-1871), transept nord, atelier du Maître de Pleyben (vers 1571), église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    CONCLUSION PROVISOIRE.

    Avec ce deuxième article sur les sablières des deux bras du transept de Pleyben, et celui sur la voûte de la croisée du transept, il est possible de rechercher une concept global, un programme derrière les seize cartouches sculptées.  La première remarque est  de constater que  sept ont un thème religieux, deux au nord et cinq au sud, et que neuf  cartouches sont profanes. La deuxième remarque est de noter que les quatre angles de la croisée sont occupés par des thèmes liés à la Passion  : la Lâcheté de Pilate lors du Lavement de main, et des Stigmates, au sud, et du Remord de Judas au pied de la Croix, et de la Tunique tirée au sort, au nord. (bien que les Stigmates soient précédées, à l'angle sud-ouest, par les deux dragons). Le thème central est donc christique, et traite de la Passion. Les autres thèmes religieux sont tirés de l'enfance, puis de la vie de Jésus : Nativité, Présentation au Temple, et Rencontre de la Samaritaine.

     

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    SOURCES ET LIENS.

     

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    1°) Les cartouches et cuirs découpés.

     

    ANDROUET DU CERCEAU (Jacques), Le premier volume des plus excellents bastiments de France : Le Louvre, Vincennes, Chambord, château de Madrid (Philibert Delorme 1548-1559), Covussi, Folambray, Montargis, La Muette, Saint-Germain, Creil, Vallery, Verneuil, Ancy-le-Franc, Gaillon, Manne.

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k10411354/f45.image

    Le second volume : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3137097/f12.image

    Blois, Amboise, Fontainebleau, Villiers, Charleval, Les Tuileries, St-Mort, Chenonceau, Chantilly, Anet, Ecouen, Challueau, Dampierre, Beauregard, Bury.

    ANDROUET DU CERCEAU (Jacques), s.d, Termes et cariatides, 

    http://architectura.cesr.univ-tours.fr/Traite/Images/INHA-4R85BIndex.asp

    ANDROUET DU CERCEAU (Jacques) (1510?-1585?), [Entre 1542 et 1545] Grands cartouches,  [20] pl., Eau forte ; 38 cm [S.l.], [s.n.] 2 suites sans titre ni inscription. 7 des 20 planches reprennent des compositions de Fantuzzi connues par des estampes publiées vers 1542-1543.

    http://bibliotheque-numerique.inha.fr/viewer/1807/?offset=#page=5&viewer=picture

    ANDROUET DU CERCEAU (Jacques) (1510?-1585?), [Entre 1545 et 1547] Petits cartouches de Fontainebleau,  [31] pl., Eau forte ; 26 cm, [S.l.], [s.n.] Suite sans titre d'ornements inspirés par l'art de Fontainebleau et destinés à servir de modèles. Certaines planches reprennent des compositions de Fantuzzi connues par des estampes publiées entre 1542 et 1545 ; D'autres figurent déjà dans la première ou la seconde suite des grands compartiments

    http://bibliotheque-numerique.inha.fr/viewer/1801/?offset=#page=5&viewer=picture

    http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb40564725t

    DIETTERLIN (Wendel), 1598, Architectura, Nuremberg.

    http://architectura.cesr.univ-tours.fr/Traite/Images/INHA-Res207Index.asp

    FLORIS (Cornelis II de Vriendt ,dit) 1556, Veelderley Veranderinghe van grottisen  avec HIERONYMUS COCK (graveur et éditeur) 

    https://collections.vam.ac.uk/item/O977184/veelderley-veranderinghe-van-grotissen-ende-engraving-floris-cornelis-ii/

    https://www.nationalgalleries.org/art-and-artists/60572/plate-veelderley-veranderinhe-van-grottissen-ende-compartimenten-design-fantastic-fountain-published

    FLORIS (Cornelis), 1557, Veelderley Niewe Inuentien,  HIERONYMUS COCK (graveur et éditeur) 

    VREDEMAN DE VRIES (Hans), 1557 Architectura ou batiments prins de Vitruve, Anvers,  

    http://architectura.cesr.univ-tours.fr/Traite/Images/INHA-Res207Index.asp

     

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    2°) Sur l'église de Pleyben :

    ABGRALL, Jean-Marie. Pleyben, son église, son calvaire. Editions d'art Jos Le Doaré, Quimper, 1969.

    ABGRALL, Jean-Marie (1892), Pleyben. Eglise, calvaire, ossuaire, chapelle Notre-Dame de Lannélec Bulletin dee la Société archéologique du Finistère pages 55-72

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207622m/f136.item

     

    COUFFON (René), 1988, Notice sur Pleyben

    http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/PLEYBEN.pdf

    — DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. ; préf. d'Alain Croix, Rennes :Presses universitaires de Rennes, 1997 : thèse de doctorat en histoire sous la direction d'Alain Croix soutenue à Rennes2 en 1997. 

    — LECLERC (GUY), 1996, Les enclos de Dieu, édition Jean-Paul Guisserot, 141 p. 

    LECLERC (Guy), 2007, Pleyben, son enclos et ses chapelles, éditions Jean-Paul Guisserot, 31 pages pages 18 et 19.

    https://books.google.fr/books?id=hWctwxQfyhgC&pg=PA18&lpg=PA18&dq=sibylles+pleyben&source=bl&ots=kzc-VMkVBx&sig=29B6LVXN1nHu2s5hEpHEt3en1vA&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiI596WxpfVAhXH2xoKHQ5WDd4Q6AEIQjAF#v=onepage&q=sibylles%20pleyben&f=false

    LE FLOCH (Jean-Claude), Pleyben : l'ensemble de sablières sculptées.

    http://www.mairiepleyben.fr/joomla-mairie/images/stories/documents/docs_historiques/sablires.pdf

    Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Enclos_paroissial_de_Pleyben

    Infobretagne : http://www.infobretagne.com/pleyben-eglise-sablieres.htm

    — http://monumentshistoriques.free.fr/calvaires/pleyben/pleyben.html

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    Published by jean-yves cordier - dans Sablières Pleyben
    22 juillet 2017 6 22 /07 /juillet /2017 08:19

    La charpente sculptée de l'église de Pleyben (vers 1571) par le Maître de Pleyben : le transept sud. Sablières, blochets et entraits.

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    Voir aussi :

    — Sur les sablières du Maître de Pleyben :

     

     

     

     

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    — Et sur les sablières bretonnes :

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    LE SCULPTEUR SUR BOIS DIT LE "MAÎTRE DE PLEYBEN".

    Vers 1580, un sculpteur anonyme, désigné aujourd'hui sous le nom de convention de "Maître de Pleyben", réalisa les sculptures de la charpente de la chapelle du château de Kerjean, en Saint-Vougay, à la demande de Louis Barbier, seigneur de Kerjean. Un véritable chef-d'œuvre, influencé par l'École de Fontainebleau qui avait introduit vers 1535 le motif décoratif du cuir découpé à enroulement, et par la diffusion du style de la Seconde Renaissance française dans des recueils de gravures : le prospère Léon était largement ouvert à l'Europe par ses ports de Landerneau, Morlaix et Roscoff.

    Cet artiste a reçu ce nom car son style, et ses cuirs, et ses thèmes, se reconnaissent dans une partie des sablières de l'église de Pleyben, en Haute Cornouaille datées vers  1571.  On les retrouvent sur la charpente de l'église de Saint-Divy, dans le Léon, et  dans la chapelle de Sainte-Marie du Ménez-Hom en Plomodiern, située à 23 km de Pleyben et 70 km de Kerjean.

    Son style ? On le distingue à ces cuirs découpés à enroulements, car l'artiste  faufile dans les découpes des linges et des cordages dont il confie les extrémités à des anges ou autres personnages. Ses anges aussi sont caractéristiques, avec une coiffure faite de mèches rondes cerclant  la périphérie du visage, et avec une tunique aux plis prononcés, bouffante à la taille en formant une ligne sinueuse, avant de filer vers les pieds avec une grande liberté. Ajoutons que les manches de ses tuniques s 'évasent en larges couronnes au dessus des coudes, qui sont globuleux. Ses personnages en pied (Évangélistes ou Sibylles, notamment) ont en commun un visage fin, ovale, avec des nez longs et fins, de grands yeux aux pupilles en creux,  des bouches charnues, à nouveau des manches bouffantes, ou, pour les femmes, des bandeaux de cheveux. 

    Mais ce sont surtout ses motifs iconographiques qui se répètent en tableaux stéréotypés :  mascarons zoomorphes ou anthropomorphes sur le plan profane, guirlandes et frises à petits pois, musiciens, et, sur le plan religieux, des thèmes plus christiques que mariaux :  Sainte Face, Tunique du Christ, Plaies du Christ, Instruments de la Passion, Rencontre de la Samaritaine. Et les Sibylles, à Kerjean et à Pleyben.

    Datation : un chronogramme de la sablière du transept de Pleyben indique "1571". Sophie Duhem, qui estime que cette pièce n'est pas de la main du Maître de Pleyben mais appartient à une partie qui s'inspire de son travail, et qui indique que la construction du chœur date de 1564, propose la fourchette 1564-1571. Guy Leclerc propose celle de 1571-1580. Dans la première hypothèse, Pleyben aurait précédé les trois chantiers de Kerjean, Plomodiern (Ménez-Hom) et Saint-Divy de 10 à 20 ans, qui seraient des œuvres de maturité du Maître. Dans la seconde, les quatre chantiers sont pratiquement contemporains.

    Pour Couffon, " L'inscription de 1564, qui se trouve a l'angle du chœur et du croisillon sud, se rapporte, comme nous le verrons, à l'abside. La date de 1571, inscrite sur la charpente du croisillon nord, indique l'époque où l'on couvrait le transept. "

    Descriptions :

    Les sablières de Pleyben ont été décrit par le chanoine Abgrall en 1892 aux page 63-65 du Bulletin de la Société archéologique du Finistère (recopié sur Infobretagne), en 1996 par Guy Leclerc dans Les enclos de Dieu, avec un plan, en 1997 dans la thèse de Sophie Duhem et enfin par Jean-Claude Le Floch (s.d) dans un article en ligne de 8 pages ; les thèmes sont énumérés sur l'article Wikipédia.

    On y dénombre (G. Leclerc)  255 personnages et 116 clefs pendantes.

    Restauration. 

    a) "En 1699, la foudre fit tomber le couronnement du clocher sur le croisillon sud. Il fallut donc refaire en partie le mur de fond, tout le pignon et la charpente de ce bras du transept : les travaux n'étaient pas terminés en 1719. " (Couffon)

    b) " Enfin, la restauration générale entreprise de 1857 à 1860, connue par le complément d'inscription qui se voit près du choeur, ne parait pas avoir rien apporté de nouveau au gros oeuvre." (Couffon)

    c). S. Duhem indique : "L'église de Pleyben a fait l'objet d'une restauration récente: la structure externe de la charpente a été entièrement refaite en bois de chêne, un matériau pourtant onéreux, et les sculptures abîmées ont été remplacées par des reliefs taillés à l'identique. L'absence délibérée de polychromie sur les parties restaurées permet l'identification rapide des éléments insérés". (p. 41)

    Cette restauration a du s'achever en 1990, comme en témoigne le document du Ministère de la Culture ETU/0340 "Restauration de la toiture du transept, du chœur et fin des travaux de la nef. Restitution des lambris de l'ensemble de l'édifice."

    Polychromie

    A la différence des sablières de Kerjean, de Saint-Divy et de Sainte-Marie-du-Ménez-Hom, les sablières de Pleyben ont conservé leur polychromie, même si ce que nous voyons est le résultat des différentes restaurations. A l'origine, toutes les sablières étaient peintes, et,  selon Duhem, 41 % des pièces de bois du Finistère sont encore polychromes.

    Les couleurs privilégiées sont, pour les vêtements, le bleu clair et plusieurs teintes de vert et  l'or. le blanc est utilisé pour les carnations, pour les fonds, et les étoffes. Le rouge est exceptionnel (sauf pour rehausser les lèvres, les joues, etc), réservé au cœur des Trois Plaies. Le noir est rare.

     

    En voiture Simone !

     

    J'ai décrit pour commencer la croisée du transept, riche en statue mais dépourvus de sablières et de cuirs. Mais nous allons trouver ces dernières et ces derniers dans les bras du  transept et dans la nef. Un programme si vaste que je débute par le bras sud du transept. Suivez le guide !

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    Je débuterai par le coté gauche ou oriental et la statue de l'évangéliste Matthieu : je vous y rejoins. 

    Nous verrons successivement :

    — Du coté est :

    • Le cuir découpé de L'aiguière et du bassin.
    • Blochet : Homme jeune.
    • Le cuir de la Nativité
    • l'entrait à engoulant.
    • Le cuir découpé de la Présentation au Temple
    • Blochet : un évêque.
    • Le cuir découpé de La rencontre du Christ et de la Samaritaine.
    • Blochet : l'Ange à la colonne.

    — Du coté ouest :

    • Blochet : l'Ange à la couronne d'épines.
    • Le cuir découpé à l'œuf et aux figues.
    • Blochet : Homme barbu.
    • Prométhée et l'aigle de Jupiter
    • L'entrait à engoulant.
    • Le cuir des  Trois Plaies du Christ.
    • Blochet : Homme jeune.
    • Les deux dragons accouplés par le col.

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    Coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    I. Le coté oriental du bras sud du transept.  Au dessus du retable du Sacré-Cœur.

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    Coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    A. De la statue de saint Matthieu jusqu'à l'entrait.

    (On nomme "entrait" la poutre transversale)

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    Coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Cuir découpé présenté par deux anges : Une aiguière et un bassin. La disculpation de Pilate.

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    Nous pouvons divisé cette pièce de bois en quatre sujets d'étude.

    a) La frise inférieure.

    Nous pourrons la suivre tout du long, pour y trouver des grappes, des légumes, des feuillages, et plus loin des masques. Ces motifs proviennent des encadrements des fresques du château de Fontainebleau. Les grappes sont-elles des grains de raisin ? Elles sont serrées en épi à disposition souvent géométrique. 

    b) les anges.

    Ils suivent un modèle constant que nous avons déjà vu à Kerjean, à Saint-Divy et à Sainte-Marie-du-Ménez-Hom, avec leur visage et leur tronc de face, leurs jambes allongées comme s'ils volaient, leurs bras écartés avec enthousiasme théâtral, leurs courtes manches béantes, leurs coudes globuleux, les vagues  que forme le feston de leur tunique, et on retrouve comme de vieux amis leurs cheveux disposés en sept  beignets autour d'une assiette, leur regard franc comme l'or sous l'arc de leurs sourcils.

    Mais leur spécialité, c'est de glisser leur main à travers les poignées des cuirs découpés, comme de petits chapardeurs.

    L'ange de gauche tient un clou, une "pointe" comme disent les menuisiers ; on y voit une allusion aux clous de la Crucifixion.

    Son collège de droite embouche une trompette, comme une Renommée.

    c) Le cuir découpé.

    Je ne reviens pas sur leur histoire, leur intérêt et leur description, mais l'artiste de Pleyben a le génie pour  créer à chaque fois des nouveautés. Ici, le schéma est très simple, rectangulaire aux quatre bords enroulés, mais chaque enroulement est divisé en deux languettes qui s'enroule en volutes, ménageant entre elles des orifices, que les deux petits malins vont utiliser pour y glisser leur menotte.

    d) le motif.

    Il résiste à toute interprétation simple, et je me contentai de le décrire comme un pichet, et une coupe,

    Un pichet ?  Et pourquoi pas plutôt une aiguière, une carafe, un vase, voire un broc ou une cruche ?

    – Pichet :  Récipient de petite taille, de terre ou de métal, de forme galbée avec un collet étroit où s'attache une anse, utilisé pour servir une boisson.

    – Aiguière :Vase élégant avec anse et bec, pouvant affecter les formes les plus diverses, destiné à contenir de l'eau (parfumée ou non) pour l'ablution des doigts ou des mains généralement après les repas, de l'eau (tiède) pour la toilette, ou de l'eau (fraîche) pour boire. Du provençal « aiguiera » (vase à eau), l’aiguière est un récipient destiné à contenir et verser de l’eau. Façonnée à l‘origine en poterie, les premières aiguières en verre apparaissent à la fin du XVe siècle. On les trouve en argent ou en or, en étain, en faïence

    Nous avons ici un récipient doté d'un pied, d'un ventre, d'un col, d'un bec et d'une anse, mais aussi d'un couvercle.

     Si j'utilise le terme de "pichet", je suppose que la fonction est de servir à boire. Dés lors, la coupe est un récipient pour boire. 

    Si j'adopte, comme le chanoine Abgrall,  le terme d'aiguière, je présume alors qu'elle sert à une ablution, et que la "coupe" est en fait un bassin. Or, cette fonction ne m'était pas venue à l'esprit. Cela me tente. Nous aurions ici, présentée au centre de ce cuir, une ablution rituelle, ou sacrée, un rite de purification, comme celui du Lavabo de l'Office, où le prêtre prononçait le verset du  psaume 25 6:7 lavabo inter innocentes manus meas et circumdabo altare tuum Domine

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    Très bien, mais au centre, entre coupe et pichet, entre aiguière et bassin, qu'est-ce que je vois ?

    — Un champignon ?

    — Une pomme, et sa tige ?

    — Un cœur, qui saigne ?

    Si je retiens cette dernière interprétation, qui introduit une dimension eucharistique à la scène, les possibilités de lecture théologiques de "Le Pichet et la Coupe" s'enrichissent tant que je décide d'y mettre un terme.

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    Note : lors de ma visite des sablières de l'église de Saint-Divy, j'ai observé ce motif , cette fois-ci entourant une croix et la couronne d'épines.  Ce qui montre que ces objets ne doivent rien au hasard, et qu'ils se placent dans un contexte liturgique lié à la Passion.

    Mais c'est Jean-Claude Le Floch qui m'apporte la clef d'interprétation en faisant remarquer que la sablière placée dans la même position dans le transept nord représente la Trahison de Judas. " Comme pendant à droite, ce sont des emblèmes – bassin et aiguière – qui rappellent le geste de Pilate, le gouverneur romain, se lavant les mains de la mort de Jésus ". Cette observation est convaincante : l'artiste a débuté les cuirs du transept sud par la scène décrite par les évangiles :

    "Et Pilate, voyant qu'il ne gagnait rien, mais que plutôt il s'élevait un tumulte, prit de l'eau et se lava les mains devant la foule, disant : Je suis innocent du sang de ce juste ; vous, vous y aviserez." (Matthieu 27:24).

    Matthieu disculpe Pilate de la responsabilité de la mort du Christ, mais ce geste du lavement des mains est vu traditionnellement comme un signe de lâcheté du procurateur romain. La scène figure sur toutes les Passions des maîtresses-vitres finistérienne du XVIe siècle.

     

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    Cuir Le Pichet et la Coupe, Maître de Pleyben vers 1570-1580,  sablière du bas-coté sud de l'église de Saint-Divy, photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Cuir Le Pichet et la Coupe, Maître de Pleyben vers 1570-1580, sablière du bas-coté sud de l'église de Saint-Divy, photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    "Le Pichet et la Coupe ", bois polychrome, Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    "Le Pichet et la Coupe ", bois polychrome, Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    "Le Pichet et la Coupe ",  bois polychrome, Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    "Le Pichet et la Coupe ", bois polychrome, Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Le cuir découpé Le Pichet et la Coupe,  bois polychrome, Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Le cuir découpé Le Pichet et la Coupe, bois polychrome, Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Le blochet : un homme jeune.

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    Coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Le cuir découpé de la Nativité présenté par deux anges. Bois polychrome, Maître de Pleyben vers 1571.

    a) frise : épis, fleurs, feuilles, gueule d'un animal .

    b) les anges : ils tiennent des deux mains un linge blanc qui va passer dans la volute de l'enroulement du cuir, afin de le maintenir. Ce sont eux qui nous présentent la Nativité. Ils sont drapés par une écharpe blanche. Comme précédemment, l'ange de gauche nous regarde, son voisin regarde vers la droite.

    c) le cuir découpé : rectangle à quatre enroulements divisés en deux languettes. Mais ici, quatre découpes permettent le passage du linge, qui devient un cordage auquel le cuir est suspendu.

    d) le motif : la Nativité. La Vierge est agenouillée, mains jointes. L'âne et le bœuf sortent leur tête sous l'arche des enroulements supérieurs, et réchauffent de leur souffle l'Enfant Jésus. Celui-ci tient une pomme d'or (le globe terrestre) dans la main gauche, et bénit le monde de la main droite. Le personnage de droite est trop richement vêtu pour être le vieux Joseph. Ce serait un roi Mage, d'autant qu'il tient un objet brisé dans la main droite, et un sac (d'or ?) dans la main gauche.

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    Le cuir découpé de la Nativité présenté par deux anges,  bois polychrome, Maître de Pleyben vers 1571,  coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Le cuir découpé de la Nativité présenté par deux anges, bois polychrome, Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Le cuir découpé de la Nativité présenté par deux anges,  bois polychrome, Maître de Pleyben vers 1571,  coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Le cuir découpé de la Nativité présenté par deux anges, bois polychrome, Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Le cuir découpé de la Nativité présenté par deux anges,  bois polychrome, Maître de Pleyben vers 1571,  coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Le cuir découpé de la Nativité présenté par deux anges, bois polychrome, Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Le cuir découpé de la Nativité présenté par deux anges,  bois polychrome, Maître de Pleyben vers 1571,  coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Le cuir découpé de la Nativité présenté par deux anges, bois polychrome, Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    B. De l'entrait vers le blochet d'angle.

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    Le cuir déroulé de La Présentation au Temple.

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    a) la frise. cf.

    b) les anges : ça alors, l'ange de gauche a changé de sens ! Le voilà qui vole de droite à gauche ! Ils tiennent tous les deux un gros cordage pour remplir leur fonction de tireurs de cuirs. Leurs manches à air se dilatent avec enflure et  démesure.

    c) Le cuir découpé : encore plus simple, car dépourvu d'enroulement supérieur.

    d) Le motif. Non, monsieur le chanoine Abgrall, il ne s'agit pas d'une Circoncision, mais d'une Présentation au Temple  tel que relaté dans l'évangile de Luc 2:22-40 . En effet, le premier personnage est Joseph, puis vient une servante qui tient le couple de tourterelles ou les deux petites colombes exigées pour le sacrifice rituel. Puis vient Marie, l'Enfant, et le grand prêtre, mais celui-ci ne tient aucun instrument contondant.  Enfin, nous trouvons une femme particulièrement élégante.

     

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    Le cuir déroulé de La Présentation au Temple, bois polychrome, Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Le cuir déroulé de La Présentation au Temple, bois polychrome, Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Le cuir déroulé de La Présentation au Temple, bois polychrome, Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Le cuir déroulé de La Présentation au Temple, bois polychrome, Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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     Le cuir déroulé de La Présentation au Temple, bois polychrome, Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Le cuir déroulé de La Présentation au Temple, bois polychrome, Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Le cuir déroulé de La Présentation au Temple, bois polychrome, Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Le cuir déroulé de La Présentation au Temple, bois polychrome, Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Le cuir déroulé de La Présentation au Temple, bois polychrome, Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Le cuir déroulé de La Présentation au Temple, bois polychrome, Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Blochet (ou corbel) : un évêque.

    avec mitre, crosse, chirothèques, bagues et anneau épiscopal,  chape pluviale à orfroi  à fermail, surplis, et pantoufles . 

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    Un évêque, corbel, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Un évêque, corbel, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Deux anges présentant le cuir découpé La Rencontre du Christ et de la Samaritaine.

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    a) la frise : présence d'un cuir à ove et d'un masque à la tête de lion, ainsi que deux exemples de cette  "quelconque variété de courge vue du côté du pédoncule" (J-C. le Floch) si souvent rencontrée.

    b) Les anges : égaux à eux-mêmes ; notez le geste de l'ange de gauche, désignant la scène centrale de son index.

    c) le cuir : identique aux précédents.

    d) le motif. La Rencontre du Christ et de la Samaritaine au Puits de Jacob tirée de l'évangile de Jean 4:1-30 est aussi traitée à la chapelle de Kerjean : mais alors, le Christ est du coté droit, et la Samaritaine est coiffée d'un turban.

    Ici, le Christ, accroupi près du puits, tend l'index de la main droite, ce qui indique qu'il énonce une demande "Donne-moi à boire" ou plutôt une vérité évangélique : "Quiconque boira de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l'eau que moi je lui donnerai n'aura plus jamais soif ; et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau jaillissant pour la vie éternelle". De la main gauche, il montre la margelle du puits.

    La femme, à robe verte à décolleté carré et manches bouffantes et ourlées d'or au dessus de manches de chemise à crevés, et de bracelets, verse l'eau d'un pichet à long col dans une cruche. 

     

     

     

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    Deux anges présentant le cuir découpé La Rencontre du Christ et de la Samaritaine., Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Deux anges présentant le cuir découpé La Rencontre du Christ et de la Samaritaine., Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Deux anges présentant le cuir découpé La Rencontre du Christ et de la Samaritaine., Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Deux anges présentant le cuir découpé La Rencontre du Christ et de la Samaritaine., Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Deux anges présentant le cuir découpé La Rencontre du Christ et de la Samaritaine., Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Deux anges présentant le cuir découpé La Rencontre du Christ et de la Samaritaine., Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Deux anges présentant le cuir découpé La Rencontre du Christ et de la Samaritaine., Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Deux anges présentant le cuir découpé La Rencontre du Christ et de la Samaritaine., Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Deux anges présentant le cuir découpé La Rencontre du Christ et de la Samaritaine., Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Deux anges présentant le cuir découpé La Rencontre du Christ et de la Samaritaine., Maître de Pleyben vers 1571, coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Le blochet ou corbel : une femme tenant une colonne brisée.

    Cette colonne appartient peut-être aux Instruments de la Passion, en tant que Colonne de la Flagellation.

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    Coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Coté oriental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    II. Le coté occidental du bras sud du transept.

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    Coté occidental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Coté occidental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Le blochet d'angle : femme (ange) portant la Couronne d'épines.

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    Le blochet d'angle : femme (ange) portant la Couronne d'épines,coté occidental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Le blochet d'angle : femme (ange) portant la Couronne d'épines,coté occidental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Le blochet d'angle : femme (ange) portant la Couronne d'épines, coté occidental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Le blochet d'angle : femme (ange) portant la Couronne d'épines, coté occidental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    A. Du blochet d'angle jusqu'à l'entrait.

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    Coté occidental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Coté occidental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Deux anges présentant un cuir découpé "à l'œuf et au figues".

    Nous voyons d'emblée que si la structure de base de deux anges tenant un cuir est présente,  le style est très différent. 

    a) La frise : des feuilles allongées, des légumes et deux cuirs découpés, l'un centré par un cartouche et l'autre par un ove (un ovale en forme d'œuf).

    b) les anges. Très curieux. Ce sont bien des anges puisqu'ils ont des ailes, mais celles-ci ont un bord rectiligne enroulé sur lui-même, selon un procédé que j'ai rencontré sur les liernes et nervures de la croisée du transept (article précédent). Le visage est bien entouré de ses sept boules de glace au chocolat, mais le torse est nu (et androïde), au dessus d'un bouquet de feuilles d'acanthes charnues. En guise de ceinture, cette chimère porte trois ou quatre "fruits" ovales. C'est ma première rencontre avec ce type d'énergumène, depuis mon départ à la découverte des œuvres du Maître de Pleyben.

    c) Le cuir. Ah, je retrouve les cuirs sophistiqués observés à Kerjean : une forme arrondie, à enroulements supérieur et inférieur, percé de huit œillets par où passent deux cordages verts, et de deux autres orifices qui laissent passer les tiges de deux fruits de même couleur verte.Mais aussi, fusionné à ce cuir souple, fin, et aux bords ronds, les deux bras en H d'un matériau plus épais et plus rigide, tracé à la règle, et aux extrémités crénelées.

    d) Le motif. C'est un ovale à axe horizontal, vaguement ovoïde, blanc cerné par un jonc vert, énervant par son insignifiance. Tout un cuir, toute une sablière pour cet œuf d'autruche ! Pour cette énigme dure et lisse ! J'en ai vu à Kerjean, mais qui portaient, au moins, les armoiries du maître des lieux. J'en ai vu, de petite taille, à l'extrémité gauche de la dernière sablière de Saint-Divy, mais j'ai cru pouvoir faire l'impasse sur son interprétation. Que disent les érudits ? Eggs and dart : "les oves alternés avec des dards en forme de flèche symboliseraient l'alternance de la vie et de la mort". Mais quid de l'egg sans dart ?

    e) Pire. Devant cet œuf, je reste coi , mais calme. Mais les six objets verts  en forme de poire,  à cul de coing et à tige de figue que l'artiste a cru nécessaire de suspendre sous les bras des anges et, mieux encore, de faire mûrir à travers le cuir me narguent par leur formes molles, triviales, voire obscènes me turlupinent et m'horripilent. 

    Pourtant. J' ai déjà observé ces cucurbites (c'est le nom que ces choses verdâtres méritent, pour sa sonorité). A Saint-Divy, mais sur une autre cuir que celui de l'ove : le cuir à la tête de lion. Je le retrouve dans mes archives : oh, surprise, la forme générale du cuir est la même. Mais je n'en sais pas plus pour autant.

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    Le cuir "aux figues" de l'église de saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Le cuir "aux figues" de l'église de saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le cuir "à l'œuf et aux figues", coté occidental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Le cuir "à l'œuf et aux figues", coté occidental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Le cuir "à l'œuf et aux figues", coté occidental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Le cuir "à l'œuf et aux figues", coté occidental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Blochet : saint homme barbu tenant un livre rouge.

    Un apôtre, car il a les pieds nus.

    N;b : La frise : un mascaron sur un cuir.

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    coté occidental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    coté occidental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Prométhée enchaîné : son foie est dévoré par l'aigle du Caucase par vengeance de Jupiter.

    C'est l'une des sablières les plus intéressantes, car elle offre un exemple unique de motif profane, ou du moins lié à la mythologie grecque.

    On connaît l'histoire depuis Hésiode, mais Eschyle a écrit sa tragédie Prométhée enchaîné vers 450 av. J.C. 

    "Lorsque Zeus décide d'abolir la race humaine afin d'en fonder une nouvelle, seul Prométhée s'y oppose et donne aux hommes le feu (symbole de la connaissance) jalousement gardé par les dieux. Il leur apprend également la notion de temps, les mathématiques (le nombre), l'écriture, l'agriculture (par la soumission de l'animal), le dressage des chevaux, la navigation maritime, la médecine, l'art divinatoire et l'art métallurgique. Sur ordre de Zeus, il est alors enchaîné, à contrecœur, par Héphaïstos (fils de Zeus, dieu du feu et des métaux) à un rocher aux confins de la Terre.

    Océan apparaît alors, qui lui promet d'intercéder en sa faveur auprès de Zeus, suivie d'Io qui raconte les malheurs qui lui sont arrivés avant que Prométhée ne lui dévoile son destin.

    Prométhée révèle ensuite que sa punition ne durera pas éternellement mais qu'il sera délivré par un descendant d'Io (Héraclès) et que Zeus ne restera pas au pouvoir éternellement mais sera renversé. Prométhée ne peut en dire plus car il doit garder le secret connu de lui seul, sous peine que Zeus ne puisse se soustraire à son destin.

    Hermès intervient alors, au nom de Zeus, pour demander à Prométhée de livrer son secret, sans quoi il sera torturé. Prométhée ne cède pas car il sait que Zeus ne peut le faire mourir. Il est condamné à être torturé par un aigle qui lui dévorera éternellement le foie, celui-ci se régénérant sans cesse." (Wikipédia)

     

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    Le mythe a été mis en parallèle avec le récit biblique d'Adam et Ève, chassés du Jardin d'Éden pour avoir goûté le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal dans le Livre de la Genèse. C'est sans doute pour cette raison qu'il est représenté ici. Mais pour le professeur de  philosophe Jean-Claude  Le Floch "... le Prométhée des Anciens apparaît alors comme une préfiguration du Christ : comme le Verbe fils de Dieu, il prend part à la création des choses ; comme lui, par amour des hommes, il assume les rigueurs du supplice ; comme lui il sera délivré."

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    Coté occidental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Coté occidental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    a) frise : présence d'un cuir à ove, à défaut de cœur parmi "des fruits des fleurs des  feuilles et des branches".

    b) anges : je dirais que ce sont là les plus beaux, si chaque sablière n'entraînait le même enthousiasme radical. Le premier est archétypal. Le cordage qui nous sert de passe à travers ces œuvres est ici une sangle verte qui se fronce en passant devant la tunique plissée jaune d'or. La couleur ponceau de la robe ourlée d'or trouve un rappel dans le vermillon des lèvres et le feu des joues. Et ce bandeau dans les cheveux !

    c) Le cuir : on retrouve le rectangle à quatre volutes latérales.

    d) Le motif : Prométhée, allongé sur le dos,  est enchaîné aux poignets et aux chevilles sur le Rocher de Caucase, tandis qu'un aigle noir lui dévore le foie, avec une belle précision de l'emplacement anatomique. Notez les ailes aux bords enroulés, selon le procédé propre à l'artiste.

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    Coté occidental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Coté occidental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Coté occidental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Coté occidental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Coté occidental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Coté occidental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    De l'entrait vers la statue de saint Matthieu à l'angle de la nef.

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    Le cuir des Trois Plaies.

    a) la frise : des grappes, des feuilles, et encore un cuir à ove.

    b) Les anges : parfaits. Ils tiennent d'une seule main les deux brins du linge qui tend le cartouche.

    c) le cartouche en cuir découpé : un rectangle en cadre, débordé par les quatre enroulements. Huit orifices pour les cordages blancs. 

    d) Le motif : c'est une version abrégée des Cinq Plaies, qui associent les plaies des mains et pieds du Christ Crucifié avec celle du cœur (la plaie du flanc droit n'est pas facile à figurer). Ici, ne sont représentées que les mains et le cœur.

    Le cuir des Cinq Plaies se voit sur les sablières de la chapelle de Kerjean, mais aussi, tout simplement, sur celles de Pleyben, dans le coté gauche du chœur.

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    Coté occidental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Coté occidental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Coté occidental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Coté occidental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Blochet.

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    Volutes des deux dragons réunis par un collier commun.

    a) frise : des feuilles effilées, et un épi .

    b) les anges et le cuir : remplacés par deux rubans blancs aux bords frangés de feuilles d'or.

    c) le motif : deux dragons sont réunis par le col par un collier de maillons d'or. Les oreilles pointues ont pu en abuser pour des licornes. Ce seraient des chevaux, à cause de leur crinière, si ce n'était la couleur rouge des naseaux et de la bouche en feu. De même, on voit l'amorce de deux ailes. Le corps est remplacé par une verdure faite de feuilles d'acanthe, avec un tronçon doré. Nous retrouvons là le procédé utilisé pour les anges du cuir "de l'œuf et des figues".

    Je reconnais dans ce motif des dragons accouplés celui que j'ai observé dans les sculptures de pierre de Bastien et Henri Prigent à diverses reprises, notamment sur le porche de Landivisiau.

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    Coté occidental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Coté occidental du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    La voûte lambrissée : l'entrait et les abouts de poinçon.

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    La voûte lambrissée et l'entrait du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    La voûte lambrissée et l'entrait du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Le "nœud" (l'élément central) de l'entrait 

    Ce détail exploite la veine comique ou paillarde.  C'est un ange qui semble être passé à travers un cuir découpé, ses jambes nues et roses gesticulant sous lui.

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    Nœud central de l'entrait du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

    Nœud central de l'entrait du bras sud du transept, église Saint-Germain de Pleyben. Photographie lavieb-aile 2017.

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    SOURCES ET LIENS.

     

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    1°) Les cartouches et cuirs découpés.

     

     

    ANDROUET DU CERCEAU (Jacques), Le premier volume des plus excellents bastiments de France : Le Louvre, Vincennes, Chambord, château de Madrid (Philibert Delorme 1548-1559), Covussi, Folambray, Montargis, La Muette, Saint-Germain, Creil, Vallery, Verneuil, Ancy-le-Franc, Gaillon, Manne.

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k10411354/f45.image

    Le second volume : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3137097/f12.image

    Blois, Amboise, Fontainebleau, Villiers, Charleval, Les Tuileries, St-Mort, Chenonceau, Chantilly, Anet, Ecouen, Challueau, Dampierre, Beauregard, Bury.

    ANDROUET DU CERCEAU (Jacques), s.d, Termes et cariatides, 

    http://architectura.cesr.univ-tours.fr/Traite/Images/INHA-4R85BIndex.asp

    ANDROUET DU CERCEAU (Jacques) (1510?-1585?), [Entre 1542 et 1545] Grands cartouches,  [20] pl., Eau forte ; 38 cm [S.l.], [s.n.] 2 suites sans titre ni inscription. 7 des 20 planches reprennent des compositions de Fantuzzi connues par des estampes publiées vers 1542-1543.

    http://bibliotheque-numerique.inha.fr/viewer/1807/?offset=#page=5&viewer=picture

    ANDROUET DU CERCEAU (Jacques) (1510?-1585?), [Entre 1545 et 1547] Petits cartouches de Fontainebleau,  [31] pl., Eau forte ; 26 cm, [S.l.], [s.n.]Suite sans titre d'ornements inspirés par l'art de Fontainebleau et destinés à servir de modèles. Certaines planches reprennent des compositions de Fantuzzi connues par des estampes publiées entre 1542 et 1545 ; D'autres figurent déjà dans la première ou la seconde suite des grands compartiments

    http://bibliotheque-numerique.inha.fr/viewer/1801/?offset=#page=5&viewer=picture

    http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb40564725t

    DIETTERLIN (Wendel), 1598, Architectura, Nuremberg.

    http://architectura.cesr.univ-tours.fr/Traite/Images/INHA-Res207Index.asp

    FLORIS (Cornelis II de Vriendt ,dit) 1556, Veelderley Veranderinghe van grottisen  avec HIERONYMUS COCK (graveur et éditeur) 

    https://collections.vam.ac.uk/item/O977184/veelderley-veranderinghe-van-grotissen-ende-engraving-floris-cornelis-ii/

    https://www.nationalgalleries.org/art-and-artists/60572/plate-veelderley-veranderinhe-van-grottissen-ende-compartimenten-design-fantastic-fountain-published

     

    FLORIS (Cornelis), 1557, Veelderley Niewe Inuentien,  HIERONYMUS COCK (graveur et éditeur) 

    VREDEMAN DE VRIES (Hans), 1557 Architectura ou batiments prins de Vitruve, Anvers,  

    http://architectura.cesr.univ-tours.fr/Traite/Images/INHA-Res207Index.asp

     

     

    2°) Sur l'église de Pleyben :

    — ABGRALL, Jean-Marie. Pleyben, son église, son calvaire. Editions d'art Jos Le Doaré, Quimper, 1969.

    — ABGRALL, Jean-Marie (1892), Pleyben. Eglise, calvaire, ossuaire, chapelle Notre-Dame de Lannélec Bulletin dee la Société archéologique du Finistère pages 55-72

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207622m/f136.item

     

    — COUFFON (René), 1988, Notice sur Pleyben

    http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/PLEYBEN.pdf

    — DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. ; préf. d'Alain Croix, Rennes :Presses universitaires de Rennes, 1997 : thèse de doctorat en histoire sous la direction d'Alain Croix soutenue à Rennes2 en 1997. 

    — LECLERC (GUY), 1996, Les enclos de Dieu, édition Jean-Paul Guisserot, 141 p. 

    LECLERC (Guy), 2007, Pleyben, son enclos et ses chapelles, éditions Jean-Paul Guisserot, 31 pages pages 18 et 19.

    https://books.google.fr/books?id=hWctwxQfyhgC&pg=PA18&lpg=PA18&dq=sibylles+pleyben&source=bl&ots=kzc-VMkVBx&sig=29B6LVXN1nHu2s5hEpHEt3en1vA&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiI596WxpfVAhXH2xoKHQ5WDd4Q6AEIQjAF#v=onepage&q=sibylles%20pleyben&f=false

    — LE FLOCH (Jean-Claude), Pleyben : l'ensemble de sablières sculptées.

    http://www.mairiepleyben.fr/joomla-mairie/images/stories/documents/docs_historiques/sablires.pdf

    Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Enclos_paroissial_de_Pleyben

    — Infobretagne : http://www.infobretagne.com/pleyben-eglise-sablieres.htm

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    Published by jean-yves cordier - dans Sablières Pleyben
    20 juillet 2017 4 20 /07 /juillet /2017 10:47

    La charpente sculptée de l'église de Pleyben par le Maître de Pleyben (vers 1571-1580). I. La croisée du transept et ses Sibylles.

     

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    Voir aussi :

    — Sur les sablières du Maître de Pleyben :

     

     

     

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    — Et sur les sablières bretonnes :

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    LE SCULPTEUR SUR BOIS DIT LE "MAÎTRE DE PLEYBEN".

    Vers 1580, un sculpteur anonyme, désigné aujourd'hui sous le nom de convention de "Maître de Pleyben", réalisa les sculptures de la charpente de la chapelle du château de Kerjean, en Saint-Vougay, à la demande de Louis Barbier, seigneur de Kerjean. Un véritable chef-d'œuvre, influencé par l'École de Fontainebleau qui avait introduit vers 1535 le motif décoratif du cuir découpé à enroulement, et par la diffusion du style de la Seconde Renaissance française dans des recueils de gravures : le prospère Léon était largement ouvert à l'Europe par ses ports de Landerneau, Morlaix et Roscoff.

    Cet artiste a reçu ce nom car on lui attribue aussi une partie des sablières de l'église de Pleyben, en haute Cornouaille vers 1564 et 1571.  On reconnaît aussi son style sur la charpente de l'église de Saint-Divy, dans le Léon, et  dans la chapelle de Sainte-Marie du Ménez-Hom en Plomodiern, située à 23 km de Pleyben et 70 km de Kerjean

    Son style ? On le distingue à ces cuirs découpés à enroulements, car il  faufile dans les découpes des linges et des cordages dont il confie les extrémités à des anges ou autres personnages. Ses anges aussi sont caractéristiques, avec une coiffure faite de mèches rondes cerclant  la périphérie du visage, et avec une tunique aux plis prononcés, bouffante à la taille en formant une ligne sinueuse, avant de s'évaser vers les pieds avec une grande liberté. Ajoutons que les manches de ses tuniques s 'évasent en larges couronnes au dessus des coudes, qui sont globuleux. Ses personnages en pieds (Évangélistes ou Sibylles, notamment) ont en commun un visage fin, ovale, avec des nez longs et fins, de grands yeux aux pupilles en creux,  des bouches fines, des manches bouffantes, ou, pour les femmes, des bandeaux de cheveux. 

    Mais ce sont surtout ses motifs iconographiques qui se répètent en tableaux stéréotypés :  mascarons zoomorphes ou anthropomorphes sur le plan profane, guirlandes et frises à petits pois, musiciens, et, sur le plan religieux, des thèmes plus christiques que mariaux :  Sainte Face, Tunique du Christ, Plaies du Christ, Instruments de la Passion, Rencontre de la Samaritaine. Et les Sibylles, à Kerjean et à Pleyben.

    Datation : un chronogramme de la sablière du transept indique "1571". Sophie Duhem, qui estime que cette pièce n'est pas de la main du Maître de Pleyben mais appartient à une partie qui s'inspire de son travail, et qui indique que la construction du chœur date de 1564, propose la fourchette 1564-1571. Guy Leclerc propose celle de 1571-1580. Dans la première hypothèse, Pleyben aurait précédé les trois chantiers de Kerjean, Plomodiern (Ménez-Hom) et Saint-Divy de 10 à 20 ans, qui seraient des œuvres de maturité du Maître. Dans la seconde, les quatre chantiers sont pratiquement contemporains.

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    Vue d'ensemble de la voûte de la croisée du transept.

    Aux quatre angles du transept siègent les Évangélistes sous forme de statues à encorbellement (ou corbel). Ils tiennent, chacun, un phylactère avec les premiers mots de leur évangile. Leur positionnement aux quatre angles affirment  le rôle fondamental, crucial, du Nouveau Testament .

    La voûte forme, à la croisée, un grand carré découpé par deux diagonales reliant deux à deux les angles : ces diagonales  réalisées en nervures moulurées se croisent en une clef pendante. Je nomme ces diagonales "liernes" (le couvre-joint des arêtes du lambris), et ce sont elles qui reçoivent seize sculptures en haut-relief. Le réseau est structuré par cinq nervures qui dessinent autant de carrés emboîtés. Enfin, quatre grandes nervures traversent en croix l'édifice, d'un transept à l'autre ou de la nef vers le chœur : elles sont rythmées par des abouts de poinçons (ou clefs). 

    Au total, nous aurons donc à examiner 4 Évangélistes,  16 personnages de liernes, une clef pendante, et 20 des 116 clefs de voûte. Soit 41 pièces sculptées, et même d'avantage car je vais dépasser un peu les limites du cadre imparti.

    Le but est d'enrichir l'iconographie disponible en ligne. De favoriser la connaissance du patrimoine artistique de Bretagne. Et de poursuivre mon étude des Sibylles du Finistère, des instruments de musique de la Renaissance, et de la production du Maître de Pleyben.

    L'exploration rapprochée de ces sculptures m'ont révélé (comme sur les autres sites, à Saint-Divy, Sainte-Marie-du-Ménez-Hom et même à Kerjean) le mauvais état de conservation, ou l'attaque par les parasites du bois. J'ai été choqué par la façon dont les figures sculptées ont été fixées au support par des vis cruciformes qui les transpercent et dont les têtes sont restées apparentes, sur un site classé par les Monuments historiques. 

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    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    Angle nord-ouest de la voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Angle nord-ouest de la voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    I. LA LIERNE NORD-OUEST.

     

    1. L'évangéliste saint Jean et son aigle.

    Phylactère : In principio erat Verbum. "Au commencement était le Verbe". Une citation qui prend un sens particulier si on considère que les Sibylles, comme les Prophètes, ont été, dans leurs paroles, inspirées par Dieu bien avant l'avènement du Christ, pour en annoncer la venue. 

    Les quatre évangélistes sont également sculptés à Kerjean et  à Saint-Divy où deux seulement sont conservés.

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    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    1. Femme tenant un objet (brisé) dans la main gauche.

    La femme est vêtu d'un manteau bleu sur lequel tombent ses longs cheveux. Marie-Madeleine ?  L'objet pourrait être un miroir.

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    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    2. Femme en brun.

    Elle est vêtue à la mode d'Anne de Bretagne (mais nous sommes sous Henri II) avec une coiffe en chaperon, dont les ailes retombent sur les épaules, et un décolleté carré. D'une main, elle tient le pan du manteau, et l'autre main est placée sur la poitrine. Mais l'index de cette main est tourné vers le haut, comme chez les Prophètes qui, sur les Arbres de Jessé, indiquent par ce geste que leur prophétie se réalise par le Christ, et également comme les Sibylles, ces prophétesses antiques.

    Alors, serait-ce ici une Sibylle, dépourvu d'attribut d'identification ?

     

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    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    Éléments de décor : un masque féminin.

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    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    3. Femme en bleu tenant une une tige verte .

    Pris par mon sujet, j'en ferais volontiers une Sibylle Lybique tenant un flambeau ; mais, est-ce raisonnable ? . N'est-ce pas un roseau, celui de la dérision du Christ lors de sa Passion ?

    Notons pourtant cette main gauche placée sur la poitrine, et cet index expressif. Elle veut nous dire quelque chose, mais quoi ?

     

    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    4. Femme tenant une palme. 

    La palme est l'attribut des vierges et martyres. 

    Mais ici, l'index gauche placé face au pouce alors que les autres doigts sont repliés est indubitablement "indicatif". 

    Est-ce la Sibylle Érythréenne et son rameau fleuri, elle qui a deviné la survenue de l'Annonciation  (car on sait que l'ange Gabriel apporte à Marie un lys, ou du moins un rameau) ?

    Comme les précédentes, elle est agenouillée. On notera l'élégance de son col, nervuré comme une fraise et couvrant ses épaules.

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    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    II. LA LIERNE NORD-EST.

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    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    L'évangéliste Marc et son lion.

    Le phylactère indique le texte de l'incipit Marc 1:1  Initium evangeli jesu christi. "Commencement de l'évangile de Jésus-Christ".

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    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    5. Un ange tenant une lanterne. Ou la Sibylle Persique.

    Puisqu'il s'agit d'un ange avec deux ailes et des pieds nus, ce ne peut être la Sibylle Persique, dont la lanterne est l'attribut. Ah, c'est irritant, d'autant qu'elle montre clairement par son index gauche qu'elle avait prédit l'avènement de cette Lumière éclairant le Monde. 

    Ce serait un ange tenant la lanterne des gardes de l'arrestation de Jésus à Getsémani ?

    A moins que ce ne soient pas ici des ailes, mais un écran doré appartenant au décor sous-jacent ? Et à moins d'interpréter les deux "ailes " dorées comme un dossier aux bords enroulés. 

    Notez les manches courtes évasées en spires concentriques, caractéristiques du Maître, tout comme la tunique cintrée au dessus d'un feston en coquille Saint-Jacques

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    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    6. La Sibylle Europa et son glaive.

    Là, plus de doute. C'en est une. Elle porte le glaive parce qu'elle avait prévu, plusieurs années ou siècles auparavant, le Massacre des Innocents. C'est fort, non ? 

    Mais quelle jolie brune ! Si élégante et si bien maquillée !  Et cet art pour laisser échapper, d'un manteau trop grand pour elle, une cuisse fine et bronzée !

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    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    7. Sainte Barbe tenant sa tour à trois fenêtres.

    Sainte Barbe, je ne vous la présente pas. Sa coquetterie ne se dément pas ici, avec ses sourcils et son front épilés, son rouge au joues, ses longs cheveux châtains dénoués comme toute jeune fille. Comme elle protège de la foudre, elle est ici fort utile sous ce lambris qui n'attend qu'une étincelle ...

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    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    8. Jeune homme barbu.

    Qui est ce quidam  chaussé de sabots ? Un pèlerin dans sa pèlerine ? Et que tient-il dans la main droite ?

    —Un presse-agrume !

    —  Un moule à Kouglof !

    — Une coquille ?

    — Mais non, ce sont les doigts de sa main gauche sortant du poignet de sa houppelande. Un genou à terre, il prie, les mains jointes.

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    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    III. LA LIERNE SUD-EST.

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    Lierne sud-est, voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Lierne sud-est, voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.


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    Saint Luc et son taureau. 

    Sur sa banderole se lit son incipit Luc 1:1 : Quoniam quidem multi conati sunt. "Puisque beaucoup ont entrepris de composer un récit".

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    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    9. Une femme tenant une aiguière. La Samaritaine.

    On reconnaît ici la femme qui a puisé de l'eau au Puits de Jacob, à la demande de Jésus. Comment la reconnaît-on ? Car elle figure de façon plus explicite sur une sablière du transept sud de Pleyben, mais aussi de la chapelle de Kerjean. 

    On comprend que l'artiste a choisi de représenter en majorité sur la voûte des femmes, n'appartenant pas au peuple Juif (Sibylles ; Barbara l'orientale ; la Samaritaine) ou réprouvée par les Pharisiens (Marie-Madeleine),  mais qui l'ont annoncé ou reconnu ou ont joué un rôle important dans la Foi .

     

     

    La Samaritaine, voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    La Samaritaine, voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    La Samaritaine, voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    La Samaritaine, voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    10. La Sibylle de Tibur tenant la main coupée.

    Cette main montre qu'elle a prédit par ses vaticinations le soufflet qu'un soldat romain infligea au Christ lors de sa Passion.

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    La Sibylle de Tibur,  voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    La Sibylle de Tibur, voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    La Sibylle de Tibur,  voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    La Sibylle de Tibur, voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    11. La Sibylle de Samos tenant son berceau.

    car elle a, pars ses oracles, prévu la Nativité du Christ.

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    La Sibylle de Samos,  voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    La Sibylle de Samos, voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    La Sibylle de Samos,  voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    La Sibylle de Samos, voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    12. La Sibylle Cimmérienne tenant la corne servant de biberon.

    annonçant que la Vierge donnerait le sein à l'Enfant-Jésus. 

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    La Sibylle Cimmérienne,  voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    La Sibylle Cimmérienne, voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    La Sibylle Cimmérienne,  voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    La Sibylle Cimmérienne, voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    IV. LA LIERNE DU SUD-OUEST.

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    La lierne sud-ouest de la  voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    La lierne sud-ouest de la voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    L'évangéliste Matthieu et son ange .

    .... ainsi que le phylactère portant l'incipit de son évangile Liber generationem jesu  christi."Livre de la genèse de Jésus Christ".

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    L'évangéliste Matthieu,  voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    L'évangéliste Matthieu, voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    La lierne sud-ouest de la voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    La lierne sud-ouest de la voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    13. Ange tenant la Couronne d'épines. Ou la Sibylle de Delphes

    On ne peut assimiler cet ange avec la Sibylle de Delphes, qui porte le même attribut...à moins d'interpréter les deux "ailes " dorées comme un dossier aux bords enroulés. La Sibylle Delphique aurait annoncé le couronnement d'épines du Christ lors de sa Passion.

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    La lierne sud-ouest de la voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    La lierne sud-ouest de la voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    14. Ange présentant la Croix. Ou la Sibylle Hellespontique.

    On ne peut confondre cet ange avec la Sibylle Hellespontique, qui porte le même attribut, ...à moins d'interpréter les deux "ailes " dorées comme un dossier aux bords enroulés. La Sibylle Hellespontique aurait prévu la Crucifixion. 

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    La lierne sud-ouest de la voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    La lierne sud-ouest de la voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    La lierne sud-ouest de la voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    La lierne sud-ouest de la voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    15. Un évêque.

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    La lierne sud-ouest de la voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    La lierne sud-ouest de la voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    La lierne sud-ouest de la voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    La lierne sud-ouest de la voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    16. Une femme en vert, bras croisés sur la poitrine. Ou une Sibylle lambda, sans attribut.

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    La lierne sud-ouest de la voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    La lierne sud-ouest de la voûte de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    DISCUSSION: LES SIBYLLES DE PLEYBEN

    Si je m'en tiens aux prophétesses  identifiables sans ambiguïté, je retiens les Sibylles Europa avec son glaive, de Tibur avec sa main, de Samos avec son berceau et Cimérienne  avec son biberon. J'accepte à la rigueur la Lybique et son flambeau, l'Erythréenne et son rameau. Si on prend le parti de considérer les "ailes" dorées des trois anges comme des dossiers, parti que j'adoptai d'abord après examen du bord rectiligne et enroulé de deux-ci, on accepte alors d'y reconnaître   la Persique et sa lanterne, la Delphique avec la Couronne d'Épines, et l'Hellespontique avec la Croix. Au maximum, on enrôle la dernière, dépourvue d'attribut, mais au vêtement et à la coiffure soignée dignes d'une de ces dames vaticinatrices. Donc, quatre certainement, et peut-être neuf parmi les douze Sibylles.

    Après examen des anges des nervures du chœur, qui ont tous leurs ailes à bords rectilignes et enroulés (voir ici en fin d'article),  je ne conserve que les quatre Sibylles certaines.

    Pour l'abbé Yves-Pascal Castel,  "les Sibylles, au nombre de cinq sont l'Européenne, la Samienne, la Libyque, l'Erythréenne et Agrippa". L'attribut de cette dernière est le fouet, que je n'ai pas observé.

    Le frère des Écoles chrétiennes Guy Leclerc (frère d'Edouard) décrit "La sibylle de Samos porte un berceau et annonce la Nativité du Christ, celle de Perse porte une lanterne et annonce  le Christ lumière du monde, celle de Tibur tient le gant qui rappelle le soufflet du soldat romain, la sibylle cimérienne tient un biberon en forme de corne d'abondance [sic], et ainsi de suite". Cet "ainsi de suite" témoigne de la difficulté à donner une identification définitive.

    Je rappelle qu'à Kerjean, le même sculpteur a représenté cinq ou six Sibylles, Agrippa, celle de Samos, de Crimée (cimmérienne), de Delphes, et Hellespontique. 

    Il est possible que le thème des Sibylles se mêle avec, ou soit détourné au profit du culte des Instruments de la Passion, et  de la compassion pour les souffrances du Christ, qui est évident sur les quatre sanctuaires ornés par le Maître de Pleyben avec les cuirs des Cinq Plaies, de la Couronne d'épines autour de la Croix, de la Sainte Face, des porteurs de la Colonne de Flagellation, entre autres.

    De manière générale, le culte christique l'emporte sur le culte marial. Enfin, notons l'absence, sur ces personnages des liernes, des thèmes profanes, qui apparaissent sous forme de masques dans le décor intermédiaire.

     

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    LA CLEF PENDANTE CENTRALE ET LES ABOUTS DE POINÇON SUR LES QUATRE NERVURES.

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    Nous n'avons fait que la moitié du chemin — et encore ! —et nous devons encore rester un bon moment le nez levé, pour observer le réseau des nervures qui, à partir de la clef pendante centrale, se dirigent vers les quatre directions cardinales, égrenant à chaque croisement avec les carrés des nervures transversales leur 20 à 24 "abouts de poinçons". Nous y trouverons des anges, des musiciens et des acrobates, mais aussi quelques fleurons. 

    Dirigeons d'abord nos jumelles vers la clef pendante. 

    I. La clef pendante : les quatre anges du Jugement Dernier.

    Quatre anges buccinateurs ont embouché leur trompette qu'ils dirigent vers nous pour annoncer le Jugement Dernier. Assis sur le même siège, ils portent une tunique or, vers l'Orient,  bleu et blanche, vers le Septentrion, verte vers l'Occident, et bleue, vers le Midi. Ah, mes amis, quel vacarme ! À réveiller les morts !

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    Clef pendante des quatre anges buccinateurs de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Clef pendante des quatre anges buccinateurs de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    Clef pendante des quatre anges buccinateurs de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Clef pendante des quatre anges buccinateurs de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    Clef pendante des quatre anges buccinateurs de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Clef pendante des quatre anges buccinateurs de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    Les abouts de poinçon des quatre nervures.

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    Pour chaque nervure, je me dirigerai du centre vers la périphérie.

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    II. La nervure se dirigeant vers le chœur.

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    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    1. Un ange en tunique blanche.

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    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    2. Un joueur de vièle.

    En bonnet, tunique bleue, braies brunes, chaussures noires, il joue avec un archet sur un instrument à (trois) cordes.

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    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    3. Un fleuron. Je passe.

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    4. Un joueur de luth. Là, je prends.

    Barbu, le regard inspiré, vêtu d'une tunique jaune à manches bouffantes, jambes écartées et  comme saisi en plein vol plané, il joue (sans plectre visible)  d'un instrument à cordes pincées, dépourvues d'ouïes : un luth, si on veut, malgré sa forme peu ventrue. Ou une guiterne (joué avec un plectre), une mandore, ou une mandoline (plus ventrue), etc.

    Voir S. Duhem pages 225-228 et tableau page 357 et qui mentionne les instruments de Bodilis, Lannédern (1559-1581), Saint-Divy, Roscoff, et Ploermel, . Voir le joueur de luth de Kerjean sur mon blog, par le Maître de Pleyben.

    Il faudrait voir, comme pour le joueur de vièle, le manche de l'instrument et ses chevillers.

    D'une manière générale, sur les musiciens sculptés en Bretagne ou aux XV-XVIe siècle, voir dans mon blog, entre autre :

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    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    5. Le sonneur de cornemuse.

    Il figure dans le site Iconographie de la cornemuse de Catherine et Jean-Luc Matte avec quatre photos de Joël Jubin, avec le seul commentaire "Cornemuseux aux genoux repliés ; un bourdon d'épaule". En effet, Jean-Luc Matte a fait remarqué que les cornemuses du Moyen-Âge, et jusqu'au XVIe siècle, ne sont pas toujours représentées avec un  bourdon d'épaule.

    Notre joueur presse le sac de cuir sous le coude gauche, veille à remplir ce sac en soufflant dans le porte vent, et place trois doigts sur les trous du hautbois, dont il assure la prise par le pouce et l'auriculaire. De la main droite, il désigne la direction de l'est, c'est à dire l'autel du chœur.

    Il est coiffé d'un bonnet qui est replié vers l'avant (déjà observé à Saint-Divy) et il est vêtu d'un grand manteau vert ourlé d'or, frioncé à la taille, au col rond, et à revers bleu couvrant en vagues les genoux.

    Le Maître de Pleyben a également sculpté en blochet  un autre cornemuseux à Pleyben (vers 1571) , que je présenterai dans un futur article sur les sablières, mais aussi à l'église de Saint-Divy (blochet, 1575-1580) et dans la chapelle du château de Kerjean (about de poinçon,1575-1580). 

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    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    6. L'ange gris-souris tenant un cuir découpé.

    Ce cuir portait sans doute une inscription peinte. Les "cuirs découpés" introduits en France par les décorateurs italiens du château de Fontainebleau sont l'une des particularités stylistiques du Maître de Pleyben. L'une de ses autres manies est d'encadrer la tête de ses créatures de sept choux bruns comme autant de bouclettes frisées.

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    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    7. L'ange bleu aux bracelets d'or.

    Chut ! (et non "chute") : il vole, bras écartés, les yeux écarquillés par la contemplation de Dieu. Les choux frisés précédents se sont transformés en délicieuse anglaises.

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    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    II. La nervure se dirigeant vers le transept sud.

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    1. Le joueur de percussion.

    Que tient-il ? Deux objets blancs resserrés au centre, que j'interprète comme deux petits tambours ou boites à rythme, la partie évasée me semblant recouverte d'une peau. En tout cas, il est emporté par la musique. On retrouve le bonnet  "de musicien (voir le sonneur de cornemuse). La tunique bleu-gris est rayée sur le torse comme la livrée d'un domestique, serrée à la taille avant de se terminer par une fronce charmante, caractéristique du sculpteur (voir les anges présentateurs de cuir à Kerjean, par exemple).

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    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    2. L'ange à la tunique vert-d'eau.

    Il vole, une main sur le chœur et l'autre, inspirée et déclamative.

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    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    3. L'acrobate bleu et brun.

    Un acrobate apporte toujours avec lui ses valeurs ou contre-valeurs de rupture avec l'ordre conventionnel et de pratique ludique alors condamnée, comme le théâtre et les arts de tréteaux, par l'Église. Mais cette dernière tolérait cette transgression, et mieux, elle lui donnait une place, notamment dans les hauteurs de ses sanctuaires, sans que l'on puisse dire jamais si il s'agit d'un exutoire, d'une condamnation de Mal, ou d'une capacité à conjoindre les contraires pour mieux proclamer la gloire divine. Je renvoie à Michael Bakhtine et la carnavalisation médiévale, ou de la Fête des Fous instituée à la Sainte Chapelle pour les enfants de chœur, etc., 

    Celui-ci fait la roue, et saisit ses pieds. Le geste de la préhension des pieds très fréquemment représenté sous forme de crossettes, et auparavant sous forme de modillons romans en sculpture sur pierre. Il possède manifestement une valeur érotique.

    Mais notre saltimbanque fait mieux : c'est par l'intermédiaire d'une sorte de grande  pince à linge qu'il empoigne sa cheville. Ce qui mériterait de plus amples recherches.

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    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    4. L'homme brun et bleu une main gauche sur la poitrine.

    5. ?

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    III. La nervure allant vers la nef.

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    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    1. L'homme au plastron doré.

    Il est coiffé du bonnet "des musiciens", ce qui me conduit à remarquer qu'il a dans les mains des sortes de cymbales ou de castagnettes.

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    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    2 et 3 : Deux fleurons.

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    4. Un ange blanc faisant un bras d'honneur  esquissant un geste de salutation.

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    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    5. Un ange vert présentant un rouleau de papier.

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    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    6. Un fleuron.

    7. Un homme (?) vêtu d'une robe bleue tenant ses chevilles.

    C'est la fameuse posture licencieuse dont je parlais à propos de l'acrobate bleu.

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    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    IV. La nervure allant vers le transept nord.

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    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    1. L' ange blanc jouant de la trompette.

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    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    2., 3, et 4 : trois fleurons.

    5. Un ange blanc tenant une trompette droite.

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    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    6. Un satyre  au pourpoint brun.

    Barbu, les oreilles pointues et le sexe ostensible : c'est un satyre, malgré ses pieds nus. Et, hasard, cet être lubrique tient ses chevilles empoignées.

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    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    7. Un ange jouant du pipeau ou un hautbois.

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    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Nervure de la croisée du transept de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    Voûte de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Voûte de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.


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    9. Un ange à tunique rouge tenant un objet vert.

    Quel est cet objet dont l'extrémité est pyramidale ?

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    Voûte de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Voûte de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    Voûte de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Voûte de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    10. Un homme déguisé en grenouille, portant une pancarte.

    Cet homme vert porte l'écriteau suivant : BATISTE LARS / DEC Sd MOUCHE. 

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    Voûte de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Voûte de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    11. Un ange bleu tenant un rouleau.

    Nous sommes arrivés à l'extrémité du transept nord.

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    Voûte de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Voûte de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    UN BONUS : L'ABSIDE DU CHŒUR.

    Elle ouvre en éventail ses quatre voûtains.

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    Vue générale du coté nord.

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    Abside du chœur de  l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Abside du chœur de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    Ange tenant la Couronne d'épines.

     

    Abside du chœur de  l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Abside du chœur de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    Ange tenant un objet brisé.

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    Abside du chœur de  l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Abside du chœur de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    Ange au monogramme de Marie.

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    Abside du chœur de  l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Abside du chœur de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    Ange au tétragramme.

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    Abside du chœur de  l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Abside du chœur de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    Ange au monogramme christique IHS.

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    Abside du chœur de  l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Abside du chœur de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    Clef pendante.

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    Abside du chœur de  l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Abside du chœur de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    Joueur de luth à cinq cordes. Absidiole de gauche.

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    Abside du chœur de  l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Abside du chœur de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    BONUS BIS : ANGES DES NERVURES.
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    Ange des nervures du chœur  de  l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Ange des nervures du chœur de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    Ange au hautbois.

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    Ange des nervures du chœur  de  l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Ange des nervures du chœur de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    Ange de l'Annonciation.

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    Ange des nervures du chœur  de  l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Ange des nervures du chœur de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    Ange des nervures du chœur  de  l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Ange des nervures du chœur de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    Ange des nervures du chœur  de  l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Ange des nervures du chœur de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

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    Ange à la colonne.

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    Ange des nervures du chœur  de  l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Ange des nervures du chœur de l'église Saint-Germain de Pleyben, photographie lavieb-aile 2017.

    Euh, comment dirais-je ? 

    Ouf !

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    SOURCES ET LIENS.

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    — CASTEL (Yves-Pascal), Les 70 sibylles du Finistère. site de la Société Archéologique du Finistère.

    http://patrimoine.dufinistere.org/art2/index.php?art=ypc_sibylles

    — CASTEL (Yves-Pascal), 2006, "Les 70 sibylles du Finistère", Bulletin de la Société Archéologique du Finistère - T. CXXXV - 2006

    — LECLERC (Guy), 2007, Pleyben, son enclos et ses chapelles, éditions Jean-Paul Guisserot, 31 pages pages 18 et 19.

    https://books.google.fr/books?id=hWctwxQfyhgC&pg=PA18&lpg=PA18&dq=sibylles+pleyben&source=bl&ots=kzc-VMkVBx&sig=29B6LVXN1nHu2s5hEpHEt3en1vA&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiI596WxpfVAhXH2xoKHQ5WDd4Q6AEIQjAF#v=onepage&q=sibylles%20pleyben&f=false

    http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/PLEYBEN.pdf

    — Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Enclos_paroissial_de_Pleyben

    BIBLIOGRAPHIE NON CONSULTÉE.

    - J.M. Abgrall : Pleyben. Eglise, calvaire, ossuaire, chapelle Notre-Dame de Lannélec (B.S.A.F. 1892) ; Pleyben (Quimper, 1908) ; Le Livre d'Or des églises de Bretagne

    - A. de La Barre de Nanteuil 1914, : Pleyben (S.F.A. C.A. 1914)

    -  Le Coz (Y) : Construction et translation du calvaire de Pleyben (B.D.H.A. 1910)

    - B.D.H.A. 1938 : Notice de Pleyben

    - R. Lisch : Pleyben (S.F.A. C.A. 1957)

    - M. Moreau-Pellen : Pleyben (Châteaulin, 1950)

    - Ass. Bret. : Congrès de Châteaulin, 1960 (Pleyben) 

    - G. Leclerc : Pleyben, la rogue paroisse (Châteaulin, s.d.)

    - A. Legrand : Pleyben (Rennes, 1979)

     

     

    — ABGRALL, Jean-Marie. Pleyben, son église, son calvaire. Editions d'art Jos Le Doaré, Quimper, 1969.

    — BARREAU, Loïc, MARCEL-ROUAULT, Claude. Les enclos paroissiaux de Bretagne. Editions OUEST-FRANCE, 2006, p. 88-89.

    — LEGRAND, André. Pleyben. Editions OUEST-FRANCE, Rennes, 1979.

    — MOREAU-PELLEN, Madeleine. Pleyben, son église, son calvaire. Collection 'Reflet de Bretagne'. Editions d'art Jos Le Doaré, Châteaulin, 1957.

    — MUSSAT, André. Arts et cultures de Bretagne. Paris, 1879.

     

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    Published by jean-yves cordier - dans Sablières Sibylles
    19 juillet 2017 3 19 /07 /juillet /2017 20:08

    La charpente sculptée du chœur de l'église Notre-Dame-de Croas-Batz à Roscoff par l'atelier du Maître de Pleyben vers 1545  ou plutôt vers 1610 ?

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    — Sur les sablières et sculptures du Maître de Pleyben :

     



     

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    — Et sur les sablières bretonnes :

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    Vers 1580, un sculpteur anonyme, désigné aujourd'hui sous le nom de convention de "Maître de Pleyben", réalisa les sculptures de la charpente de la chapelle du château de Kerjean, en Saint-Vougay, à la demande de Louis Barbier, seigneur de Kerjean. Un véritable chef-d'œuvre, influencé par l'École de Fontainebleau qui avait introduit vers 1535 le motif décoratif du cuir découpé à enroulement, et par la diffusion du style de la Seconde Renaissance française dans des recueils de gravures : le prospère Léon était largement ouvert à l'Europe par ses ports de Landerneau, Morlaix et Roscoff.

    Cet artiste a reçu ce nom car on lui attribue aussi une partie des sablières de l'église de Pleyben, en haute Cornouaille vers 1571. On reconnaît aussi son style sur la charpente de l'église de Saint-Divy, dans le Léon, et dans la chapelle de Sainte-Marie du Ménez-Hom en Plomodiern, située à 23 km de Pleyben et 70 km de Kerjean

    Son style ? On le distingue à ces cuirs découpés à enroulements, car il faufile dans les découpes des linges et des cordages dont il confie les extrémités à des anges ou autres personnages. Ses anges aussi sont caractéristiques, avec une coiffure faite de mèches rondes cerclant la périphérie du visage, et avec une tunique aux plis prononcés, bouffante à la taille en formant une ligne sinueuse, avant de s'évaser vers les pieds avec une grande liberté. Ajoutons que les manches de ses tuniques s 'évasent en larges couronnes au dessus des coudes, qui sont globuleux. Ses personnages en pieds (Évangélistes ou Sibylles, notamment) ont en commun un visage fin, ovale, avec des nez longs et fins, de grands yeux aux pupilles en creux, des bouches fines, des manches bouffantes, ou, pour les femmes, des bandeaux de cheveux. 

    Mais ce sont surtout ses motifs iconographiques qui se répètent en tableaux stéréotypés :  mascarons zoomorphes ou anthropomorphes sur le plan profane, guirlandes et frises à petits pois, musiciens, et, sur le plan religieux, des thèmes plus christiques que mariaux : Sainte Face, Tunique du Christ, Plaies du Christ, Instruments de la Passion, Rencontre de la Samaritaine.

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    I. LES SABLIÈRES ET BLOCHETS DU CHŒUR.

    Parmi les sablières de l'église de Croas-Batz à Roscoff, celles qui ceinturent le chœur, à droite et à gauche, se remarquent par leur facture particulière. Faites de quatre pièces de bois séparées par le dernier entrait de l'église, on y voit, dans des couleurs à dominance jaune, verte et orange, des anges tenant des banderoles, mais surtout — vu l'intérêt que j'y trouve — des cuirs découpés soutenus à l'aide de linges par des anges, exactement comme à l'église de Pleyben, ou dans la chapelle du château de Kerjean, dans l'église de Saint-Divy et dans la chapelle de Sainte-Marie-du-Ménez-Hom à Plomodiern. Autrement dit, ces sablières de Roscoff semblent devoir être attribuées au même sculpteur qui a réalisé celles des quatre autres édifice, désigné selon la convention en usage comme le "Maître de Pleyben". D'autant qu'on reconnait ici non seulement cet usage des cuirs à enroulement, des volutes, des masques, des guirlandes de légumes vus en fuite, etc... typiques de la seconde Renaissance et des influences de l'École de Fontainebleau, mais aussi deux cartouches à thème religieux, consacrés à la Sainte Face et à la Trahison de Judas dans des représentations très spécifiques à cet artiste.

    Pourtant, Sophie Duhem, auteure de référence en matière de sablières bretonnes depuis sa thèse de 1986, semblait hésiter à lui en confier la paternité, et  faisait en tout état de cause des sablières de Roscoff des "œuvres de jeunesse" :  

     

    "Il existe enfin à Roscoff quelques poutres qui semblent avoir été décorées par l'artisan [le Maître de Pleyben] : la trahison de Judas et la Sainte-Face sont représentées sur des cartouches , mais il faut remarquer la facture peu maîtrisée de l'ensemble. Selon A. Le Bars et R. Couffon, l'église de Croatz-Batz aurait été achevée en 1545, il est donc probable qu'il s'agisse d'une œuvre de jeunesse, dépourvue de la finesse et de la maîtrise des reliefs caractéristiques des sablières des autres sanctuaires." Page 146.

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    Madame Duhem maintiendrait-elle ce point de vue aujourd'hui ? Pour en discuter, j'ai voulu photographier ces sablières et les confronter à celles des quatre autres sites. 

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    1. Le coté sud du chœur (à droite).

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    Voûte et sablière du coté sud du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    Voûte et sablière du coté sud du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

     

    a) Du blochet jusqu'au dernier entrait.

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    Le blochet.

    Ces sablières débutent après un blochet d'un saint : probablement un évangéliste tenant un phylactère dont l'inscription est illisible. La peinture, restaurée depuis peu,  est attaquée par une altération qui génère un réseau noirâtre. La sculpture elle-même est peut-être récente.  Je ne la présente que pour donner un repère.

     

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    Blochet  du coté sud du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    Blochet du coté sud du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    La première sablière sud du chœur.

    Elle correspond à cinq longueurs de planches de lambris séparés par des nervures moulurées noires et blanches.

    On peut y décrire trois motifs habilement réunis par des linges faufilés comme des cordage. Et ce premier trait stylistique est caractéristique du Maître de Pleyben. On s'attachera — sans jeu de mots — à déceler l'ingéniosité avec laquelle ces linges (peints ici en orange) prennent différents aspects .

     

     

     

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    Première sablière du coté sud du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    Première sablière du coté sud du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

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    Le premier motif est un cuir tenu par deux putti . La complexité de ce cuir ne m'incite nullement à y voir une œuvre de jeunesse des années 1545. Elle égale les tracés les plus savants de la chapelle de Kerjean, en superposant les volutes d'un cuir à enroulement et à découpes avec une bande rectangulaire (comme une épaisse  lame métallique) poinçonnée par deux fleurs, dans une opposition de l'arrondi  et du rectiligne. Et ces deux artifices sont placés sur une gerbe de feuillages et de légumes, avec notamment  cette sorte de courge à quatre lobes, vue par le fond, qui est omniprésente dans la frise inférieure des sablières de Pleyben et de Kerjean, comme un leitmotiv ou une auto-citation. 

    Puis, émergeant sur les cotés de cette pièce montée, les deux cordes de linge torsadé, qui rejoignent les bras des petits garçons roses.

    Ce n'est pas tout, puisque des éléments rectilignes en frise grecque courent derrière tout cela, puisque nous les voyons apparaître de chaque coté.

    Le but de l'artiste n'est certainement pas d'obtenir que le spectateur s'y retrouve dans ce labyrinthe. Mais au contraire qu'il s'y perde dans la confusion, la saturation de l'espace, l'entremêlement des formes et le mélange des genres : naturel (feuillage et légumes), artificiel (la peau animale découpée en cuir souple qui s'enroule) et abstraite (les lignes géométriques).

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    Début de la première sablière du coté sud du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    Début de la première sablière du coté sud du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

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    On notera aussi la frise inférieure : là encore, nous reconnaissons les légumes, les feuilles, les grappes de raisin et les cuirs découpés des frises de Pleyben et de Kerjean. Il ne manque que les cosses de pois.

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    Début de la première sablière du coté sud du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    Début de la première sablière du coté sud du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

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    La partie médiane de la première sablière sud nous montre une mégère qui semble sortie de son lit coiffée de son bonnet pour lancer une bordée d'injures du haut de sa fenêtre. Mais c'est un cuir découpé déroulant ses volutes qui lui sert de balcon. Deux détails sont propres au Maître de Pleyben : les manches retroussées en  larges anneaux, et les avant-bras nus aux coudes osseux. Ces saillies anatomiques caricaturales se reconnaissent immédiatement.

    Elle tient avec peine les deux boucles du cordage orange qui fait la navette entre les scènes.

    Ce personnage comique et vulgaire relève de la veine carnavalesque qui, à Pleyben, a été repoussée dans la nef, à l'écart du chœur.

     

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    Suite  de la première sablière du coté sud du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    Suite de la première sablière du coté sud du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

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    Milieu de  la première sablière du coté sud du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    Milieu de la première sablière du coté sud du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

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    première sablière du coté sud du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    première sablière du coté sud du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

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    La dernière partie de cette sablière est une composition réunissant les cuirs à enroulement en volutes, tout en rondeur, avec les bandes géométriques. Le linge qui passe à l'intérieur d'un orifice rond du cuir, à droite, est là encore un jeu  "typique" du Maître de Pleyben.

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    Dernière partie de la première sablière du coté sud du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    Dernière partie de la première sablière du coté sud du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

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    b) du dernier entrait jusqu'au pignon est du chœur.

     

    La plus proche du chevet, c'est elle qui accueille la scène religieuse de la Sainte Face.

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    La deuxième sablière  du coté sud du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    La deuxième sablière du coté sud du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

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    a) la première partie.

    On trouve d'abord un masque de profil, puis un double cuir à la tête de lion.

    Ces deux motifs n'ont rien à envier à ceux — considérés comme une œuvre de maturité— de la chapelle de Kerjean. Quitte à me répéter, je souligne la superposition du cuir à torsade et du ruban "métallique" poinçonné sur le précédent par quatre  "rivets" : la peinture bicolore (bleu à bords jaunes et orange-brique à bords bleu) donne une excellente lisibilité à cette superposition, alors que les boiseries de Kerjean, qui ont perdu leur polychromie, sont de lecture plus ardu. Mais, comme je l'avais souligné, ces entrelacs et association de deux types de cartouches relèvent d'une évolution plus élaborée, sous influence flamande, des premiers cuirs bellifontains : on ne les trouve pas à Pleyben, et je penserai volontiers que ces ornementations auriculaires poinçonnées de Roscoff sont plus tardifs, et mieux maîtrisés, que ceux de Pleyben.

    Quant à la tête de lion, elle est digne de ses homologues de Kerjean, de Saint-Divy, de Sainte-Marie-du-Menez-Hom et de Pleyben.

    Ici à Saint-Divy :

     

     

     

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    À Sainte-Marie-du-Menez-Hom :

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    La deuxième sablière  du coté sud du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    La deuxième sablière du coté sud du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

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    b) la deuxième partie : la Sainte Face dans un cartouche présenté par deux anges.

    Là, le Maître de Pleyben donne le meilleur de son savoir-faire et de ses spécificités.

    Le sujet de la Sainte-Face. 

     Il l'affectionne particulièrement, et il l'a représenté à Pleyben, à Kerjean, et à Saint-Divy. Cliquez sur les liens pour obtenir l' image originale.

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    — À Pleyben vers 1571 :

    a) dans le chœur, coté sud (exactement le même emplacement qu'à Roscoff)

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    b) au fond de la nef au sud :

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    À Kerjean 1570-1580 :

    a) Au centre d'un entrait :

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    b) Sur une sablière nord du chevet :

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    À Saint-Divy (bas-coté sud de la nef) :

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    Dans tous ces cas, le Christ aux cheveux longs est barbu, couronné d'épines, avec un beau visage évoquant presque le dieu Neptune . Il est représenté quatre fois au centre d'un linge (évoquant le Voile de Véronique) tenu par deux anges, et une fois sur un cuir, également tenu par un ange.

     

     

    La Sainte Face de la deuxième sablière  du coté sud du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    La Sainte Face de la deuxième sablière du coté sud du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    La Sainte Face de la deuxième sablière  du coté sud du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    La Sainte Face de la deuxième sablière du coté sud du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

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    Le traitement de ce motif de la Sainte-Face est tout a fait comparable à celui des autres sablières du Maître de Pleyben, mais la couronne d'épines est absente ici. 

    Un cartouche rectangulaire doré est comme posé sur un cuir à enroulement auriculaire très simple. Deux anges passent leur main à travers un orifice supérieur du fond de ce cuir pour tenir le voile de la Sainte-Face témoignant du miracle survenu lors de la Passion, selon une tradition qui s'est développée au XVe siècle : l'image du visage souffrant du Christ s'est imprimée sur le linge avec lequel Véronique l'a essuyé  lors de la montée du Golgotha.

    Le visage, tourné vers le fidèle ou le clerc placé dans le chœur, est encadré par une épaisse chevelure et une non moins épaisse barbe.

    Ce sont les anges qui le présentent qui sont les plus caractéristiques du Maître. On retrouve la chevelure en boucles jointives, la tunique plissée retroussée à la taille pour dessiner une fronce, les coudes saillants, les manches en ronds concentriques, les pieds épais au premier orteil déformé, etc..

     .

     

    La Sainte Face de la deuxième sablière  du coté sud du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    La Sainte Face de la deuxième sablière du coté sud du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

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    2. Le coté nord du chœur (à gauche).

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    a) Entre le  blochet de l'apôtre et le dernier entrait : la première sablière.

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    Sablières du coté nord du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    Sablières du coté nord du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

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    le blochet. 

    Probablement un évangéliste sans signe distinctif.

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    Blochet du coté nord du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    Blochet du coté nord du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

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    Première sablière du coté nord du chœur.

     

    Nous passons à un motif très différent, et qui n'est pas attesté dans les autres œuvres du Maître de Pleyben. Trois anges présentés de face, bras écartés, tiennent des banderoles qui portent des inscriptions. Étaient-elles lisibles avant leur restauration ? Ont-elles été attestées dans le passé ? Cette pièce de bois est-elle une création récente ? On y lit :

     AVE GRATIA PLENA / DNS TECVM BENNEDICTA TV[A] / IN MVLIERIBVS ET  BENNEDICTVS

    soit l'incipit du Je vous salue Marie : Ave Maria, gratia plena, Dominus tecum,benedicta tu in mulieribus, et benedictus fructus ventris tui Iesus.

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    Première sablière du coté nord du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    Première sablière du coté nord du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

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    Première sablière du coté nord du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    Première sablière du coté nord du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

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    Première sablière du coté nord du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    Première sablière du coté nord du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

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    Première sablière du coté nord du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    Première sablière du coté nord du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

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    b) Entre le dernier entrait et le mur est du chœur : la deuxième sablière.

     Faisant face au cartouche de la Sainte-Face, elle est au moins aussi intéressante et aussi caractéristique du Maître de Pleyben que cette dernière.

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    Je passe brièvement sur le premier cuir, non sans souligner le nouvel exemple d'enchevêtrement des linges plissés, du cuir à volutes et oreilles, et du cuir en bandes rectilignes. Notez les courges à quatre lobes, qui sont presque une signature de l'artiste.

    Puis viennent deux anges soufflant dans une trompe (Renommées, ou anges buccinateurs du Jugement Dernier), comme l'ange présentant, à Pleyben, le cartouche du Lavement de mains de Pilate. Là encore, ils ont toutes les spécificités des anges allongés teneurs de cartouche du Maître, et notamment leur façon de soutenir le cartouche par un linge torsadé replié dans le poing.

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    Deuxième  sablière du coté nord du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    Deuxième sablière du coté nord du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

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    Deuxième  sablière du coté nord du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    Deuxième sablière du coté nord du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

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    Le remords de Judas.

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    Le cartouche central est un simple rectangle inclus dans un cuir découpé  à quatre oreilles enroulées. On y voit une croix et une couronne d'épines, encadrée à gauche par le grand prêtre tendant l'index vers la croix, et à droite par Judas ramenant la bourse aux trente denires, selon le texte de l'évangile de Matthieu : « pris de remords, il rapporta les pièces d'argent aux grands prêtres et aux anciens, en disant : j'ai péché en livrant un sang innocent [...]. Alors, il se retira en jetant l'argent du côté du sanctuaire et alla se pendre » (Matt. 27,5, TOB / Traduction œcuménique de la Bible, éd. Cerf).

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    Le Remords de Judas, deuxième  sablière du coté nord du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    Le Remords de Judas, deuxième sablière du coté nord du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

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    Comparaison avec Pleyben, Sainte-Marie-du-Ménez-Hom et Saint-Divy :

    A l'église de Pleyben.

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    À Sainte-Marie-du-Menez-Hom:

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    À Saint-Divy :

    le cartouche associe la croix et la couronne d'épines des panneaux du Remords de Judas avec la scène du Lavement de mains de Pilate :

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    ..

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    Le dernier cartouche : une tête d'animal 

    Un bœuf ou un autre animal tient dans sa gueule une écuelle dorée.

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    Cartouche de la deuxième  sablière du coté nord du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    Cartouche de la deuxième sablière du coté nord du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

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    LES ABOUTS DE POINÇON.

    Ils sont certainement du même artiste, puisqu'on retrouve les poinçons semblables à Pleyben, Kerjean et au Menez-Hom. Et que les spécificités du Maître sont là, comme la coiffure en boules, les manches courant d'air, la fronce de la tunique plissée à la taille, la mandore "molle", etc...

    L'ange porteur de la couronne d'épines.

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    About de poinçon de la voûte lambrissée  du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    About de poinçon de la voûte lambrissée du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

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    Le joueur de mandore.

    Je nomme "mandore", mandole  ou luth guiterne cet instrument en demi-poire à trois cordes, sans archet, sans ouïes, mais je devrai le désigner sous le terme de "mandore molle (comme les montres de Dali) puisque le sculpteur le représente systématiquement incurvé autour de la poitrine du joueur, pour résoudre ses difficultés techniques. 

    Voir guiterne sur Musiconis

    C'est le portrait juré de ses semblables à Pleyben et  Kerjean :

    Pleyben, croisée du transept.

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    Kerjean :

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    About de poinçon de la voûte lambrissée  du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    About de poinçon de la voûte lambrissée du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

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    Le contorsionniste.

    Ce fréquent motif de la sculpture romane (présente sur les chapiteaux et les modillons) peut être aussi désigné sous le terme d'acrobate ou de jongleur. Il est présent aussi à l'époque gothique (Christiane Prigent, Sculptures de danseurs et de jongleurs dans les édifices religieux à l'époque romane et gothique) et, comme ici, sous la Seconde Renaissance .

    Celui-ci est torse nu, coiffé d'un bonnet ou d'une capuche à pointe. Il porte une moustache, son nez est épaté.

    On  trouve le contorsionniste sur plusieurs abouts de poinçon de Pleyben (croisée du transept, nef) .

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    About de poinçon de la voûte lambrissée  du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    About de poinçon de la voûte lambrissée du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

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    Jongleur jouant d'une paire de [tambourins].

    Ce musicien vert salade m'intéresse, car  j'ai photographié le même à Pleyben. Mais ici, je ne m'en aperçois qu'après coup, à l'examen de mes photos, qui montrent assez mal ce que le joueur tient dans ses mains tout en dansant ou sautant. 

    C'est donc, en attendant des photographes mieux inspirés, la comparaison avec l' about de poinçon de Pleyben qui nous permettra une interprétation :

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    About de poinçon de la voûte lambrissée  du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    About de poinçon de la voûte lambrissée du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

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    Un acrobate.

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    About de poinçon de la voûte lambrissée  du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

    About de poinçon de la voûte lambrissée du chœur de l'église de Croas-Batz à Roscoff. Photographie lavieb-aile août 2017.

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    DISCUSSION.

     

    L'attribution de ces sablières et abouts de poinçon me paraît indiscutable. Sophie Duhem les considérait comme des œuvres de jeunesse  dépourvues de finesse en se fondant sur une datation de 1545 proposée par Alfred Le Bars et  René Couffon pour l'achèvement de l'église.

    Ces auteurs écrivaient en effet :

    "Fondée par les marchands du bourg en 1522, elle ne fut achevée qu'en 1545. Elle comprend une nef de trois travées avec bas-côtés et chapelles en ailes au droit de la seconde, nef séparée par un arc diaphragme d'une seconde partie comprenant deux travées avec bas-côtés et un choeur terminé par un chevet plat. ….Du type à nef obscure, le vaisseau est lambrissé avec grandes arcades à pénétration directe dans les piliers cylindriques. Le lambris a ses entraits engoulés apparents et des sablières sculptées."

    La notice de l'enquête de Yves-Pascal Castel et Isabelle Barbedor pour les services de l'Inventaire, concernant 4 sablières et 4 blochets (du chœur, à l'évidence)  rejoint cette estimation, en  indiquant la datation de "2ème quart XVIe siècle". Pourtant, la Notice générale de l'édifice, par Christel Douard et Catherine Toscer dans leur enquête de 1985, indique ceci :

    "Fondation des marchands et amateurs de Roscoff. Porche ouest à étage avec chambre forte fin 15e siècle. Nef entre 1515 et 1545. Clocher à deux chambres superposées vers 1576. Choeur et ossuaire vers 1609. Lambris de couvrement vers 1610. Sacristie et enclos 1639. Chapelle nord datée 1701. Campagne de restauration en 1777."

    Ce qui se confirme ici :

     

    "L'église se présente sous la forme d'un beau berceau droit de style gothique, voûté de bois selon la coutume bretonne. Le lambris date de 1610, car à l’origine la charpente était apparente. En 1550, date de l'ouverture de l'église au culte, celle-ci se limitait à la nef actuelle, terminée par un chevet plat à hauteur des marches du chœur actuel."

    http://www.roscoff-quotidien.eu/eglise.htm

    Si on admet que le chœur a été terminé vers 1609 et que le lambris de couvrement a été achevé vers 1610, il faut  dater ces sablières de la même époque, ce qui en ferait alors des œuvres de maturité du Maître de Pleyben ou de ses successeurs, réalisées  30 ans après celles de la chapelle de Kerjean. L'écart temporel est un peu difficile à justifier dans la carrière d'un sculpteur (tout en notant que la seule date argumentée de son corpus est celle de 1571 inscrite à Pleyben), mais derrière ce nom de convention se cache peut-être un atelier. D'autre part, le style des sablières de Roscoff me semble au moins aussi sophistiqué, voire davantage que celui de Kerjean (1570-1580), ce que j'espère avoir illustré ici.

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    II. LES NOUVEAUX BLOCHETS ?

    Je ne dispose que d'informations très parcellaires en ligne, mais celles-ci indiquent que ces blochets sont des créations récentes :

    "Cette église a fait l’objet d’une profonde restauration en 2000 2001 : révision de la charpente, chaulage intérieur, création de blochets, découverte d’un litre funéraire, polychromie des poutres et des sablières."

     

    "Perrault Frères ATELIERS PERRAULT FRERES - 30 rue Sébastien Cady - CS 60057 - 49290 Saint-Laurent-de-la-Plaine  : Eglise de Roscoff (29) - Restitution de la voûte lambrisée en châtaignier avec peintures et polychromiesé

    http://www.ateliersperrault.com/fr/charpente/eglise-de-roscoff-29#

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    ".. Daniel Lefebvre, architecte en chef des Monuments historiques, a officialisé le lancement d'une opération de restauration qu'il qualifie lui-même de rare, compte tenu de l'importance de l'enveloppe fournie pour restaurer la charpente et la couverture de l'église Notre-Dame de Croas-Batz. Accompagné de Dominique Cheneau, adjoint de M.-Simonet, conservateur, Daniel Lefebvre était accueilli par Joseph Seité, maire de Roscoff, entouré de Paul Gloaguen et René Tardif, adjoints, l'abbé Gourvennec, curé du secteur paroissial de Saint-Pol-de-Léon, Hervé Caraës et Jacques Choquer, recteurs, pour établir officiellement le calendrier de l'opération: 10-millions 428 mille francs ont été réunis pour ce dossier: "Il est exceptionnel de réunir autant d'argent sur une seule tranche, et c'est grâce à l'apport de la communauté européenne que le budget a été bouclé". Depuis la délibération municipale de mai 98, les instances concernées n'ont pas perdu de temps, et le plan de financement relevait de décisions coordonnées à cinq niveaux: 40-% FEDER, 3.458.706-F; 20-% Etat, 1.729.353-F; 15-% Région Bretagne, 1.297.015-F; 15-% Finistère, 1.997.015-F; la commune assurant 10-% du hors taxe, soit 860.000-F; un emprunt relais pour TVA s'élève à 1.781.234-F et 4.677-F relèveront des fonds libres de la commune. Le calendrier des travaux Au cours de l'après-midi de mardi, la commission d'appel d'offres a établi la liste des candidats retenus parmi ceux qui avaient répondu en juin à l'appel de candidatures. L'ouverture des plis aura lieu à la mi-septembre de sorte que les ordres de service pourront être donnés avant la fin de l'année.Daniel Lefebvre a confirmé la possibilité de réaliser le chantier en deux parties pour préserver l'accès partiel de l'édifice à usage paroissial.Les travaux dureront cependant jusqu'au premier trimestre 2001, l'église de Roscoff devant être libérée de tous échafaudages au printemps 2001." © Le Télégramme

    http://www.letelegramme.fr/ar/viewarticle1024.php?aaaammjj=19990714&article=st_pol_de_leon2&type=ar#10xXrlRzgXIoqJmI.99

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    La charpente sculptée du chœur de l'église Notre-Dame-de Croas-Batz à Roscoff ...par le Maître de Pleyben.

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    La charpente sculptée du chœur de l'église Notre-Dame-de Croas-Batz à Roscoff ...par le Maître de Pleyben.

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    La charpente sculptée du chœur de l'église Notre-Dame-de Croas-Batz à Roscoff ...par le Maître de Pleyben.
    La charpente sculptée du chœur de l'église Notre-Dame-de Croas-Batz à Roscoff ...par le Maître de Pleyben.

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    La charpente sculptée du chœur de l'église Notre-Dame-de Croas-Batz à Roscoff ...par le Maître de Pleyben.

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    La charpente sculptée du chœur de l'église Notre-Dame-de Croas-Batz à Roscoff ...par le Maître de Pleyben.

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    SOURCES ET LIENS.

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    — Yves-Pascal Castel : articles du Progrès de Cornouaille / Courrier du Léon

    1459 Restauration de l'église de Roscoff... 26.08.2000.,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, consulté le 19 juillet 2017, http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/items/show/1436.

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/d7eb5920da5d0d5455b98ce3419b0954.jpg

    COUFFON (René), 1988,  Répertoire des églises : paroisse de ROSCOFF  Notice extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, par René Couffon, Alfred Le Bars, Quimper, Association diocésaine, 1988.

     

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/5b9d41b14be8a023a102773179807997.pdf

     

    Notice de la base Palissy par Yves-Pascal Castel 1985

    http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy_fr?ACTION=RETROUVER&FIELD_98=DENO&VALUE_98=%20blochet%20&NUMBER=43&GRP=0&REQ=%28%28blochet%29%20%3aDENO%20%29&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P&SPEC=3&SYN=1&IMLY=&MAX1=1&MAX2=200&MAX3=200&DOM=Tous

    — 

    — DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. ... Sophie Duhem ; préf. d'Alain Croix. Vue : ... Publication, Rennes :Presses universitaires de Rennes, 1997 : thèse de doctorat en histoire sous la direction d'Alain Croix soutenue à Rennes2 en 1997. 

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    Published by jean-yves cordier - dans Sablières

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