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23 février 2020 7 23 /02 /février /2020 17:40

Les navires sculptés (leucogranite, v. 1528) de la façade occidentale de l'église de Confort-Meilars. Son inscription. Ses 13 statues d'apôtres en kersanton (Maître de Plougastel, v.1588-1602).

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— Voir sur l'église Notre-Dame de Confort-Meilars :

 

 

 

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Voir aussi sur les carvelles ou les embarcations de pêche sculptées sur pierre en Finistère : 

Voir les embarcations de pêche sculptées sur bois sur les sablières :

 

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Voir les graffiti normands :

-Dives-sur-mer, église : 400 graffiti

-Saint-Vaast la Hougue, chapelle des Marins, graffito,  XVIe

http://www.saintvaast.fr/pageLibre000125fc.aspx

-Vatteville-la-rue graffiti des murs de l'église

http://www.jpdugene.com/camping_car/normandie_2012/2012-08-07.htm

-Fécamp, abbatiale Ste-Trinité, graffiti

http://www.unicaen.fr/recherche/mrsh/sites/default/files/forge/vignettes/abbatialeFecamp.jpg

-Région de Fécamp :

http://www.fecamp-terre-neuve.fr/GalerieGraffiti.html

-Honfleur, Maison Erik Satie, graffiti XVIe-XIXe

-Eglise d'Hénouville:

http://perso.numericable.fr/~arnaudser/serander/Henouville/Graffiti.htm

-Dreux, beffroi, graffiti de 1537 :

https://www.sagaphoto.com/photo.asp?from=liste&id=PF008391#.XlEHBWhKiM8

-Couvent Sainte-Barbe de Canteleu près de Rouen:

https://rouen.blogs.com/photo/2007/11/o-trouver-ce-gr.html

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Sur l'atelier de taille du kersanton du Maître de Plougastel (1570-1621) dans le Cap Sizun :

 

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PRÉSENTATION.

La façade occidentale (1528) de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars, globalement triangulaire sous la tour du clocher et sa tourelle ronde, est fortement structurée horizontalement par une moulure et verticalement par deux contreforts à quatre niches à dais, couronnés de pinacles à crochets. D'où trois espaces, entre ces contreforts (avec le portail) ou à l'extérieur de ceux-ci.

À l'extérieur des contreforts,   nous n'aurons à décrire que les niches coiffés de demi-pinacles, et leur statue. Mentionnons la porte murée gauche, qui donnait accès à la chapelle des Fonts (ou des lépreux).

Au centre, le portail en plein cintre puis à peine ogival est rythmé par ses colonnes engagées. Une arcade ogivale à choux frisés et fleurons dessine sa belle courbe tandis que deux très hauts pinacles encadrent le gable du fronton.

Deux niches à dais sont occupées par leur statue d'apôtre.

La pointe du fronton est un fleuron sur lequel saint Michel triomphe d'un démon.

Tout en haut, une baie et son ouverture ogivale.

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Façade occidentale (1528) de l'église de  Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Façade occidentale (1528) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

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I. L'INSCRIPTION DE FONDATION.

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Elle est sculptée en cinq lignes sur trois blocs de granite, l'un (trois lignes) faisant toute la largeur disponible sous la corniche du fronton, les deux autres étant moins longues de moitié.

Elle n'a jamais été déchiffrée entièrement, alors qu'il serait encore temps de procéder à un estompage, ou à une lecture en éclairage rasant. 

Je lis le début de la première ligne LAN MIL --- et le début de la deuxième ligne DE CEAN, ces dernières lettres moins certaines. Ce sont des caractères gothiques en minuscules.

Le site Pop.culture donne la date : MILVCXXVIII (1528).

Nous sommes donc autorisés à dater les bas-reliefs de la façade de cette année 1528 (également inscrite sur le chevet nord).


 

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Inscription (1528)  de la façade ouest de l'église de  Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Inscription (1528) de la façade ouest de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Inscription (1528)  de la façade ouest de l'église de  Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Inscription (1528) de la façade ouest de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

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II. LES BATEAUX DE PÊCHE ET LES POISSONS EN BAS-RELIEF (GRANITE).

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Les commanditaires (les paroissiens représentés par leur fabricien, ou Alain II de Rosmadec et son épouse Jeanne du Chastel, malgré l'absence de tout rappel héraldique) ont tenu à souligner la vocation maritime de leur paroisse en sculptant quatre embarcations entourés de poissons ou cétacés. En effet, au XVIe siècle, profitant d'un heureux concours de circonstance (neutralité de la Bretagne), le Finistère connait une expansion économique liée aux transports commerciaux maritimes entre Espagne, Angleterre et Flandres, et liée également au succès de la pêche côtière. 

La situation de ces sculptures de nefs et de poissons au dessus et immédiatement au dessous de l'inscription de fondation n'est peut-être pas attribuable à un souci décoratif, et elle peut être l'expression, de la part des seigneurs du lieu, de leurs prérogatives, très lucratives, tant en droits de pêche qu'en droits sur la construction et la navigation. On évaluera leurs étendues à la lecture de l'extrait d'un article de J. Darsel cité en bibliographie, où Alain [Ier, père d'Alain II] de Rosmadec est nommément cité pour ses droits de « lods et ventes » sur la construction des navires construits à Audierne.

Il faut consulter une carte pour voir Confort, sur le plateau où passe la route Douarnenez-Pont-Croix, dominer le cours du Goyen, rivière qui arrose ensuite Pont-Croix, puis Audierne. On rappellera alors qu'Alain de Rosmadec est seigneur de Tyvarlen mais aussi de Pont-Croix, où il est donateur de l'église de Roscudon.

Les meilaristes ne sont pas seuls à honorer ainsi leurs marins et armateurs, et les paroisses du Cap Sizun sont riches en ces bas-reliefs, tout comme, au nord du département, le port de Roscoff lié à Morlaix. En Normandie, la pierre calcaire se prête d'avantage à des graffiti marins, et ceux-ci apparaissent plus nombreux lors du déclin de la primauté bretonne.

 

Ces navires sont, à Confort-Meilars au nombre de cinq : deux forts rouliers (I et II) en position haute à l'extérieur des contreforts, et,  au dessus du porche, deux embarcations de pêche, non mâtés, plus un navire mâté, entourés de poissons ou cétacés en deux ensembles (III et IV).

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Carvelles et scènes de pêche  (1528)  de la façade ouest de l'église de  Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Carvelles et scènes de pêche (1528) de la façade ouest de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

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Le bas-relief I : un trois-mâts de transport maritime, ou "roulier".

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On peut voir un exemple de ce type de navire sculpté au palais Jacques Cœur de Bourges au milieu du XVe siècle.

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Bas-relief d'une galée (XVe siècle), palais Jacques Cœur. Photo lavieb-aile

 

Parmi les miniatures, je choisis, quoique ce soit un deux-mâts, celle peinte par Jean Colombe vers 1485 dans les Faits des Romains BnF fr. 22540 f. 59r sous la légende Comment les bretons se rebellerent contre les rommains.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b85144325/f125.item.zoom

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Faits des Romains, par Jean Colombe vers 1485 BnF 22540 f.59r, droits réservés Gallica.

 

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Carvelle (1528)  de la façade ouest de l'église de  Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Carvelle (1528) de la façade ouest de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Carvelle (1528)  de la façade ouest de l'église de  Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Carvelle (1528) de la façade ouest de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

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Le bas-relief II : un navire de transport maritime, ou "roulier".

Celui-ci n'a qu'un mât (on devine à l'avant une forme  compatible avec un espar), mais il est néanmoins identique au précédent, tant par sa carène que ses superstructures, son gouvernail et son nid-de-pie.

Ce type de navire est couramment représenté dans les enluminures du XVe siècle :

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Persée, source mandragore

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BnF Français 2643 f. 352v, 1401-1500 « Les nouvelles Croniques de France et d'Angleterre , faittes et compilées par JEHAN FROISSART ».

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La geste ou hystoire, BnF mandragore

 

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BnF  Français 5594 f. 217r « Passages faiz oultre mer par les François contre les Turcqs et autres Sarrazins et Mores oultre marins », traité commencé à être rédigé à Troyes, « le jeudi XIIII e jour de janvier » 1473, XV e siècle

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On trouve également ce gréement, nommé Cogge  peint sur le vitrail du palais Jacques Cœur à Bourges vers 1451.

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Vitrail du XVe siècle du palais Jacques Cœur de Bourges. Photo lavieb-aile.

 

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Carvelle (1528)  de la façade ouest de l'église de  Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Carvelle (1528) de la façade ouest de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Carvelle (1528)  de la façade ouest de l'église de  Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Carvelle (1528) de la façade ouest de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

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Les bas-reliefs III, à droite du fleuron de l'arcade du portail. 

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Vue des groupes III (à droite) et IV (à gauche) .

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Les navires sculptés (v. 1528) de la façade occidentale de l'église de Confort-Meilars.

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Le groupe III est constitué de 4 blocs de leucogranite, irrégulièrement rectangulaires, qui montrent deux scènes de pêche sur deux embarcations différentes.

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Les navires sculptés (v. 1528) de la façade occidentale de l'église de Confort-Meilars.
Scènes de pêche (1528)  de la façade ouest de l'église de  Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Scènes de pêche (1528) de la façade ouest de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

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En haut à gauche : une barque de pêche.

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La barque à clins à trois lames, dont la quille et la haute étrave convexe sont individualisées, possède un tableau arrière, ou du moins une poupe) droite, verticale. L'étambot est bien distinct, descendant moins que la quille, et s'élevant au dessus du franc-bord, pour permettre la fixation d'une barre, que le maître de la barque semble tenir. Il tend l'autre bras vers l'avant, mais nous ne voyons ni le mât ni les apparaux de pêche, ni les avirons, ni la ligne ni son matelot,  comme cela s'observe sur les sablières de Pont-Croix ou Primelin.

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Scènes de pêche (1528)  de la façade ouest de l'église de  Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Scènes de pêche (1528) de la façade ouest de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

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En haut à droite.

Le bloc suivant est difficile à décrire. On y a vu, je crois, un oiseau pêchant (comme à Saint-Herlé à Ploaré).

Scènes de pêche (1528)  de la façade ouest de l'église de  Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Scènes de pêche (1528) de la façade ouest de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

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Ensemble III, en bas à gauche : un navire de pêche.

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C'est un navire à mât central, étayé en avant et en arrière (l'étai arrière semblant empennelé), à proue convexe et étambot vertical, à clins, avec deux marins à son bord. Nous pouvons suggérer qu'il est en pêche car il remorque une ligne (ou une annexe ?), et qu'il est suivi par trois formes vaguement évocatrices de poissons. Surtout, son mât est encadré de deux formes en hameçon.

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Scènes de pêche (1528)  de la façade ouest de l'église de  Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Scènes de pêche (1528) de la façade ouest de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

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Ensemble III, en bas à droite : deux poissons.

Cétacés ? Simples sardines ou maquereaux.

Deux gros poissons sont sculptés l'un au dessus de l'autre, remarquables par leur tête plus forte que le corps et par une solide mâchoire. On distingue bien deux nageoires ventrales, mais je ne distingue pas (défaut d'éclairage) de nageoire dorsale. La queue ou nageoire caudale, homocerque et fourchue, est placée verticalement (alors que les cétacés ont une queue horizontale), mais le sculpteur est tenu par ses impératifs à la placer ainsi.

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Scènes de pêche (1528)  de la façade ouest de l'église de  Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Scènes de pêche (1528) de la façade ouest de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

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Les bas-reliefs IV, à gauche du fleuron de l'arcade du portail. 

Le groupe IV est constitué de 3 blocs de granite,  rectangulaires, en deux registres, qui montrent en haut une scène de pêche sur une barque à deux marins, et en bas des poissons ou cétacés bondissants .

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Scènes de pêche (1528)  de la façade ouest de l'église de  Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Scènes de pêche (1528) de la façade ouest de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Scènes de pêche (1528)  de la façade ouest de l'église de  Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Scènes de pêche (1528) de la façade ouest de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Scènes de pêche (1528)  de la façade ouest de l'église de  Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Scènes de pêche (1528) de la façade ouest de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

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Ensemble IV, en haut .

Une barque non mâtée est au mouillage sur son ancre ; un homme, à l'arrière, tient le gouvernail, tandis qu'à l'avant, le second matelot tend un bras vers la ligne de mouillage. La barque possède les mêmes caractéristiques que celle de l'ensemble III. Dans l'eau, un poisson, comparable à un maquereau, nage librement.

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Scènes de pêche (1528)  de la façade ouest de l'église de  Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Scènes de pêche (1528) de la façade ouest de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Scènes de pêche (1528)  de la façade ouest de l'église de  Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Scènes de pêche (1528) de la façade ouest de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

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Ensemble IV, en bas à gauche .

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Trois poissons nagent dans le même sens. On distingue une queue verticale,  une nageoire ventrale triangulaire et deux nageoires caudales arciformes, une caractéristique qui semble peu commune.

Rappel : 

Les cétacés ont :

  • une queue horizontale

  • deux nageoires pectorales

  • un aileron dorsal

  • ils respirent avec des poumons par un évent

Les poissons ont :

  • une queue verticale

  • deux nageoires pectorales

  • deux nageoires ventrales

  • une à deux nageoires dorsales

  • une nageoire anale

  • ils respirent avec des branchies

 

 

Conclusion : soit c'est une vue fantaisiste d'un sculpteur, soit une tentative de montrer à la fois une nageoire dorsale et une nageoire pectorale, ou bien quelque chose comme ça.

Mais on ne peut y facilement voir des cétacés.

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Scènes de pêche (1528)  de la façade ouest de l'église de  Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Scènes de pêche (1528) de la façade ouest de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

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Ensemble IV, en bas à droite  : quatre poissons.

Ils sont restés en partie à l'ombre lors de ma prise de vue, pourtant patiente. Quatre "poissons" aux mêmes caractéristiques que les précédents font des bonds en position presque verticale en s'entrecroisant (ou bien, c'est une vue de haut d'un panier de pêche !)

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Scènes de pêche (1528)  de la façade ouest de l'église de  Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Scènes de pêche (1528) de la façade ouest de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

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III. LES 13 STATUES EN RONDE-BOSSE.

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Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

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LES DOUZE APÔTRES du CREDO APOSTOLIQUE (KERSANTON, MAÎTRE DE PLOUGASTEL, v. 1588-1602).

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Les douze apôtres de la façade ont tous perdu l'attribut qui permet leur identification, et souvent le livre qui renvoie au Livre des Apôtres, mais ils tiennent encore le phylactère sur lequel était peint l'un des douze articles du Credo, ou Symbole des Apôtres, auquel ils étaient associés.

Plusieurs d'entre eux portent une robe plissée et serrée par une ceinture, fermée sous le cou par trois boutons soigneusement sculpté, selon un procédé propre à l'atelier des Prigent ou du Maître de Plougastel. Sur cette robe, ils ont un manteau dont un pan revient vers le bras ou la ceinture, occasion d'un élégant jeu de pli qui introduit entre eux de la variété. C'est bien au Maître de Plougastel (actif de 1570 à 1621), sculpteur du calvaire monumental de Plougastel en 1602-1604, que'Emmanuelle Le Seac'h attribue les apôtres de Confort-Meilars.

On lui doit le portail intérieur du porche sud de Bodilis en 1570, une œuvre de jeunesse. Ses ouvres principales sont, outre le calvaire de Plougastel, , une part de celui de Guimiliau en 1606-1617, et le calvaire de Locmélar vers 1600. Dans le Cap-Sizun, il a travaillé aux douze apôtres de Notre-Dame de Confort, aux onze statues de la chapelle Saint-Tugen de Primelin (après 1582 ?), et à un apôtre du porche ouest de Plogoff (v.1621). Je renvoie aux articles de ce blog qui les décrivent.

"Les visages sont ronds, fermés, sévères avec des barbes  régulières et soigneusement peignées. La chevelure rappelle étonnamment le saint Pierre de Locmélar. Les épaules sont étroites et basses. Les douze apôtres sont vêtus de longues tuniques flottantes. Les plis des vêtements sont très structurés avec toujours les mêmes formes : plats, à festons et ronds.Les statues sont de grande dimensions. le format utilisé est le plus grand rencontré dans l'œuvre du Maître et l'on retrouve le même à la chapelle Saint-Tugen." (E. Le Seac'h p. 189) 

 

On sait que ces 12 apôtres occupaient, sur l'imposant calvaire à soubassement triangulaire de Confort devant cette façade, des niches . Mutilés et décapités à la Révolution, ils furent enfouis près de l'église avant d'être déterrés en 1849. Les têtes furent recollés par  le sculpteur Yan Larch'antec en 1870, mais celui-ci décida de les placer dans les niches à dais de la façade ouest . Pour le calvaire, il réalisa 13 statues (les 12 Apôtres et saint Paul), et plutôt que de le replacer dans leur niche, il les campa tout autour de la plateforme. C'est également Yan Larch'antec qui sculpta le Saint-Michel de la façade.

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I. Un Apôtre.

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Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

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II. Un Apôtre.

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Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

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III. Un Apôtre.

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Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

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IV. Saint Matthieu tenant sa balance.

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Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

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V. Un Apôtre.

Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

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VI. Un Apôtre.

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Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

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VIII. Apôtre tenant un livre en main droite.

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Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

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IX. Saint Jacques le Majeur.

Il tient un livre en main gauche. On devine son baudrier à coquilles.

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Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

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X. Un Apôtre.

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Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

 façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

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XI. Un Apôtre.

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Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

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XII. Apôtre.

Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Credo des Apôtres de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

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XIII. Saint Michel terrassant le démon (kersanton, Yan Larch'antec, 1870)

 

La façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

La façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Saint Michel, (kersanton, Yan Larc'hantec,  1870) de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

Saint Michel, (kersanton, Yan Larc'hantec, 1870) de la façade ouest de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile.

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Tout en  haut : un cavalier et un ange.

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Les navires sculptés (v. 1528) de la façade occidentale de l'église de Confort-Meilars.
Les navires sculptés (v. 1528) de la façade occidentale de l'église de Confort-Meilars.

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SOURCES ET LIENS.

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Congrès archéologique de France 1957.

 

— COUFFON (René) & LE BARS (Alfred), 1988, Notices de Meilars-Confort.

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/MEILARS.pdf

"Suivant la généalogie de la Maison de Rosmadec, l'édifice actuel fut bâti en même temps que l'ancienne église de Landudec, entre 1528 et 1544, par les soins d'Alain de Rosmadec et de sa femme Jeanne du Chastel. La date de fondation inscrite sur la face nord du chevet, "EN. LAN. MVCSXXVIII. LE. SECOND. DIMANCHE. DAVST", vient confirmer cette assertion, mais les nombreux poissons et les caravelles sculptées sur le tympan du portail ouest montrent la participation importante des pêcheurs et armateurs, comme à Roscoff et à Penmarc'h."

" Statues en pierre du pignon ouest : saint Michel terrassant le dragon sur le fleuron du gable, et, dans les niches, saints dont les Apôtres, retrouvés, mutilés, après la Révolution"

 

— DARSEL (Joachim), 1966 Bulletin philologique et historique:vol.1, Les seigneuries maritimes en Bretagne.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6430324f/f110.item.r=rosmadec.texteImage

 

 



"Les seigneuries maritimes en Bretagne comme en Normandie et autres régions riveraines de la Manche ou de l'Atlantique ont joué un rôle capital dans la vie économique et administrative, voire militaire, de leur pays respectif .  En Normandie, leurs propriétaires se divisaient en deux catégories : les « gravagers » ou « hauts justiciers »; et les « bordiers » ou « bas justiciers ». Cette distinction se retrouvera en Bretagne mais seulement dans les faits, dans l'exercice de certains droits, sans qualification aucune; et l'emploi de ces épthètes demeurera extrêmement rare. Les uns et les autres, en revanche, se partageront sur le même pied quantité d'autres redevances féodales, portant sur la navigation et la pêche. Ces redevances étaient, pour la plupart, communes à toutes les régions maritimes de l'Europe occidentale : péages, coutumes, dîmes du poisson et du sel, tonlieu, ancrage, passage, halage, jeaugeage, etc.

Droits sur la pêche.

Au Moyen Age, le poisson était d'une abondance incroyable dans la Manche. Outre diverses grosses espèces, comme la morue, les cétacés (baleines, marsouins, cachalots), y étaient aussi courants que celles plus communes du hareng, du maquereau, du merlan ou du congre . Or, si la mer relevait de l'autorité du duc de Bretagne
jusqu'à trente lieues de la côte, le rivage, lui, demeurait du domaine des seigneurs particuliers riverains . Et ceux-ci en exploitaient au maximum les nombreuses ressources, car ils disposaient de tout : du milieu et des hommes. Seuls, répétons-le, ils pouvaient exploiter édifier des estacades, construire des chaussées et des quais aux limites maritimes ou fluviales de leurs fiefs; seuls, donc, ils pouvaient construire et armer des nefs; seuls, organiser la pêche et la navigation; seuls, créer et mettre en valeur des salines. Les preuves de ces diverses activités nous sont fournies en Bretagne par une foule de documents qui ne concernent pas seulement les domaines ducaux mais encore et surtout les fiefs seigneuriaux, des plus importants aux plus modestes. Sur la côte septentrionale notamment, pêcheries et sêcheries abondent .

Sur la côte sud, les pêcheries de Cornouaille, aux seigneurs de Penthièvre, rivalisaient avec celles, ducales, de Saint-Mathieu, avant leur totale décadence du XVIIe siècle. Les pêcheurs des terroirs de Douélan, de Cap-Sizun, de Cap-Caval, au xvie siècle, étaient obligés d'abandonner aux receveurs du duc de Penthièvre, à un prix déterminé, les congres, merlus et autres poissons qu'ils prenaient. Ils pouvaient racheter ce droit en versant une certaine somme pour chacun des maîtres, des compagnons et des « pages » ou mousses.

Ceux qui cessaient de pêcher, ou qui allaient pêcher ou naviguer ailleurs, autrement dit les « vacanteurs » devaient acquitter en espèces, la moitié de ce droit. Les uns et les autres se faisaient enregistrer, par paroisse, chaque année, par devant un notaire de la seigneurie ( Les maîtres et les compagnons du Cap-Sizun payaient de 25 à 50 sous chacun, suivant les paroisses; les « pages » et les  "vacanteurs ", de 12 sous 6 deniers à 25 sous. ).

Le baron de Pont-l'Abbé exerçait ce même droit de « vacanteaige », avec celui de pêcherie et sècherie dans les paroisses de Loctudy, Combrit et Treffiagat .

Le seigneur de Lezoualc'h, en Goulien, jouissait au port et rade de Loc'h, de la faculté de prendre une fois l'an, un merlu sur tout « compagnon de bateau » qui déchargeait au dit port; outre un droit de sennage consistant en le septième des merlus, dorades et autres poissons péchés sur les côtes de Cléden,
Plogoff, Goulien et aux environs de l'île de Sein .

Le baron de Névet possédait la rivière de Pouldavid avec les havres de Porz Ru et de Tréboul, avec droit de prétendre aux poissons royaux (dauphins, esturgeons, etc.) capturés en la dite rivière et en celle de Plolan (Poullan); et au cinquième des mulets et maquereaux ramenés par toute barque de pêche; pour les turbots, le plus beau revenait au seigneur.
 

Droits sur la navigation

Le domaine maritime seigneurial ne s'étendait que sur les grèves jouxtant le fief, fort peu loin en mer. Sur la terre ferme, en revanche, aux embouchures des rivières et sur le cours inférieur de celles-ci, le maître du domaine exerçait une autorité exclusive sur la navigation et le trafic par eau.

 

Note :En Normandie, le domaine maritime seigneurial, l'« aquagium » ou « ewagium », sera administré au XIIE siècle par un officier particulier, l'« aquarius », sorte d'intendant et de justicier, auquel succédera un Vicomte de la Mer ou de l'Eau. J. DARSEL, Bailliages et vicomtés des eaux de part et d'autre de la Manche, communication à la 32e Semaine d'Histoire du Droit Normand, Avranches, juin 1961.
En Bretagne, rien de pareil : le sénéchal et le procureur fiscal assumeront ce rôle, assistés de receveurs ou de fermiers. Nous relevons cependant l'existence, au XIe siècle, près de l'abbaye de Redon, d'un officier chargé de la recette des droits dus sur les cargaisons de vin et le sel, mais nous ignorons l'étendue de ses attributions; il s'agit d'un certain Helgomarc'h « qui fuerat ante serviens monachorum de salinagio et vinagio navium » (1066-1075). — Cartulaire de Redon, éd. A. DE COURSON, p. 260.).

 

D'abord sur toute barque, bateau ou navire en construction ou en réparation (En 1543, Jean du Quélénec, baron du Pont, vicomte du Fou et du Quélénec, déclare un devoir sur les navires en construction ou en réparation sur les rivages de la mer; devoir qu'il estime à 50 sous par an (Arch. dép. de la Loire-Atlantique, B 2025). En 1678, Armand du Plessis, duc de Richelieu, héritier de Françoise de Guémadeuc, comtesse d'Auray, sa mère, déclare un droit calculé d'après le tonnage
et le bois employé, sur tous les navires, grands ou petits, que l'on fera construire, radouber ou « rhabiller » sur le rivage de la mer, dans les limites de la terre et seigneurie d'Irvillac et Logonna. (Ibid., B. 2041.)).

Ensuite sur la cession de tout bâtiment de mer. Ce droit était dit de « lods et ventes ». Il fut octroyé, le 20 mai 1476, à Alain de Rosmadec, écuyer, seigneur de Tiouarlen, sur les vaisseaux construits au port d'Audierne. — Bibl. nat., ms. fr. 8269, fol. 134. A Brest, il était attaché à la charge de voyer, prévôt et sergent féodé de la ville, relevant héréditairement de la seigneurie de Kérénou (Arch. dép. du Finistère, B 1346, 1374, 1669). Un arrêt du Conseil d'État, rendu en 1693, réunit tous les droits du voyer au domaine royal et ne laissa au seigneur de Kérénou que le dixième du produit de leur recette. A Landerneau, le prince de Léon exigeait de tout propriétaire de navire construit dans l'année, un droit de « quintaine » à disputer le 1 er mai sur la rivière, par « vesseau » (Arch. dép. de la Loire-Atlantique, B 1694).

 

Lorsqu'un navire était destiné au cabotage, lui et sa cargaison se voyaient frappés d'un très grand nombre de droits. En premier lieu, de droits de ports et havres ou d'entrée et d'issue, perçus au profit des seigneurs locaux avant de devenir impositions ducales, pour la plupart. Dès la seconde moitié du XIVe siècle, le prince breton voyant les revenus ordinaires de son domaine fort diminués à cause des guerres et contraint de trouver de nouveaux subsides pour couvrir les frais d'entretien de son armée, décide de traiter avec ses vassaux les plus dociles. Il obtient ainsi de l'évêque-comte de Saint-Malo les deux tiers des droits levés en ce port (1365) ; puis de l'évêque de Cornouaille, de nouveaux tributs sur les marchandises dans les ports du diocèse; enfin de l'évêque de Tréguier, en 1394, la totalité des impositions exigées à Tréguier et à La Roche Derrien et dont la perception, semble-t-il, avait été suspendue ( DOM MORICE, Preuves, I, 1602, 1603; II, 626, 627. ). Ces concessions à titre temporaire furent reconduites et devinrent définitives. Les ducs Jean IV et Jean V ne connurent point le même succès près des seigneurs laïques : celui de Léon, entre autres, refusa obstinément de partager avec eux. Les ports d'entre Couesnon et Arguenon, propriété des Penthièvre, confisqués en 1420, restitués en 1448, rattachés au domaine ducal en 1485, firent retour à leurs premiers détenteurs, avec tous les autres biens
du comté de Penthièvre, en 1536; puis Jean de Bretagne, duc d'Étampes, les reçut définitivement, en 1555, contre l'abandon au roi de tous ses droits sur le duché de Bretagne."

 

 

—LE BOUEDEC (Gérard ),2008, « le cabotage sur la façade atlantique française (XVe-XVIIIe siècles), Revue d’Histoire maritime, n° 8, Presses Universitaires de Paris Sorbonne, 2008, p. 9-37.

—LE BOUEDEC (Gérard ), 2016, Les trajectoires portuaires en Bretagne du XVe au XXe siècle

https://doi.org/10.4000/nuevomundo.69922


"En effet aux XVe, XVIe et XVIIe siècles, c’est l’ensemble de l’économie bretonne agricole et proto-industrielle qui porte la dynamique maritime. Ce modèle a pu émerger car les Bretons ont su saisir certaines opportunités que leur offrait la conjoncture internationale. La gestion de la neutralité bretonne, les difficultés que connaissaient les ports normands, l’orientation scandinave et baltique de la flotte hollandaise et zélandaise ont sans nul doute favorisé « les rouliers bretons ». Ils possèdent une flotte nombreuse mais de taille unitaire médiocre. Il n’y a pas de frontière étanche entre cabotage et pêche pas plus qu’entre activités maritimes et activités agricoles. Mais cette fonction de rouliers ne reposait pas sur un capital maritime solide. Dès la fin du XVIe siècle, les caboteurs bretons de la grande rocade européenne sont submergés par l’offensive hollandaise. La réussite bretonne devait beaucoup à la conjoncture. L’organisation de l’armement breton n’était pas prête à affronter la concurrence étrangère. La Bretagne présentait une sorte de modèle intégré, dont Saint-Malo incarne la réussite, certes qui ne disparaît pas, mais qui est déstabilisé par les effets de la première mondialisation et de la mise en œuvre en Bretagne de la politique mercantiliste durant le règne de Louis XIV"

 

—LESPAGNOL, André et TANGUY, André, 1993 dans « Penmarch port européen aux XVe-XVIe siècles. Réflexion sur un destin problématique », Le pays bigouden à la croisée des chemins, n° 17 de la Revue du Cap Caval, 1993.


— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.pages 189-191

http://www.pur-editions.fr/couvertures/1409573610_doc.pdf

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 — Pop.culture

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA00006261

"Chapelle fondée et bâtie entre 1528 et 1544 par Alain de Rosmadec et Jeanne du Chastel sa femme ; inscription sur le mur nord du chevet : EN LAN MILVCXXVIII (1528) LE SECOND DIMANCHE D'AUST (août) et sur l'élévation ouest inscription illisible sauf : MILVCXXVIII (1528) ; restaurations faites dés 1651 (inscription sur la 1ère fenêtre nord : 1651 M A BRONELOC RECTEUR IEAN DONAR F (ABRIQUE) ; restauration de la façade sud et modification de la corniche en 1707 (date sur l'un des pignons) ; reconstruction de la tour de 1711 à 1714, ; haut de la tour rebâti de nouveau en 1736 (inscription : M (ESSI) RE JOSEPH LE DOURGUY R (ECTEUR) R 1736 ; tourelle d'escalier surélevée au 18e siècle ; fenêtres est des bas côtés bouchées à une date inconnue ; devient église paroissiale en 1910"

— PARCHEMINOU (Corentin), 1933, Meilars-Confort, Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie (BDHA)

 

"C'est aujourd'hui l'église paroissiale. Elle fut construite par Alain de Rosmadec, Baron de Molac. L'édifice appartient donc à la première moitié du XVIe siècle et présente tous les caractères de la, dernière période du style ogival. Les murs, sont· en pierres de taille, dont plusieurs  mesurent jusqu'à 2 mètres de longueur.

La façade occidentale, accotée de contreforts garnis de statues et couronnés de pinacles feuillagés, est très .belle avec sa porte ornée de moulures et de colonnettes, surmontée d'un gable aigu sur lequel se dresse une statue de saint Michel, d'attitude très mouvementée, armé en chevalier et terrassant le Dragon. Dans le champ du fronton sont sculptés des bateaux et des poissons, genre de représentation que l'on · .trouve sur la plupart des églises du littoral, depuis la Pointe du Raz jusqu'à Penmarc'h. Sur la même ·sur- .face il y a une longue inscription gothique devenue malheureusement trop fruste pour être déchiffrable."

"La façade occidentale, accotée de contreforts garnis de statues et couronnés de pinacles feuillages, est très belle avec sa porte ornée de moulures et de colonnettes, surmontée d'un gable aigu sur lequel se dresse une statue de saint Michel, d'attitude très mouvementée, armé en chevalier et terrassant le Dragon. Dans le champ du fronton sont sculptés des bateaux et des poissons, genre de représentation que l'on trouve sur la plupart des églises du littoral, depuis Ia Pointe du Raz jusqu'à Penmarc'h. Sur la même surface il y a une longue inscription gothique devenue malheureusement trop fruste pour être déchiffrable.

Le calvaire monumental qui se dresse devant la façade principale peut être classé au nombre des calvaires de second ordre, ll est constitué par un massif de maçonnerie de forme triangulaire dont les angles sont armés d'éperons. Sur chacune des faces, légèrement concaves, sont percées trois niches. Chaque éperon en a une autre. Soit un total de douze. Autrefois ces niches abritaient les statues des douze Apôtres. Pendant la Révolution, elles furent décapitées et mutilées puis enterrées auprès de l'église. Ce n'est qu'en 1849 qu'elles furent retrouvées. Plus tard, elles furent restaurées et placées dans les niches de la façade Ouest de l'église, où elles sont d'un bel effet. Vers 1870, Yann Larc'hantec, de Plougonven, dont l'atelier se trouvait d'abord à Morlaix, ensuite à Landerneau, fut chargé de sculpter de nouvelles statues pour le calvaire. Il s'en acquitta soigneusement. Au lieu de loger les Apôtres dans les niches, il les campa tout autour de la plate-forme, au-dessus de la corniche, et il faut convenir qu'ils offrent ainsi une silhouette imposante, dominés par une grande croix fort artistique, taillée par le ciseau du même ouvrier breton."

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/295fd408ca344ed8913a9ae63b8516cd.pdf

 

 

— ROLLAND (J.), 1922,  La chapelle Notre-Dame de Confort (Saint-Brieuc, 1922) : in Infobretagne 

 

Le champ du fronton principal, à l'ouest, est garni d'un nombre considérable de statues et orné de sculptures de barques mouillées sur leurs ancres. Ces embarcations sont montées par des pêcheurs occupés à inspecter l'horizon et paraissant attendre dans le recueillement et la prière l'arrivée prochaine des grands et des petits poissons qui, non loin, prennent leurs ébats.

Dans cette même surface se trouve une longue inscription gothique malheureusement assez fruste et par suite peu déchiffrable.

http://www.infobretagne.com/meilars-confort-chapelle.htm

— TOUCHARD (Henri)  1967. Le commerce maritime breton à la fin du Moyen Âge ; Annales littéraires de l'Université de Nantes, fascicule 1 ; Paris, Les Belles Lettres, 1967, XXXIX-451 p. (dont 27 pages pour les pièces annexes) : : Perrin Charles-Edmond. Le commerce maritime breton à la fin du Moyen Âge

[Henri Touchard. Le commerce maritime breton à la fin du Moyen Âge ; Annales littéraires de l'Université de Nantes, fascicule 1]. In: Journal des savants, 1968, n° pp. 244- 254;

http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1968_num_4_1_1183

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Published by jean-yves cordier
21 février 2020 5 21 /02 /février /2020 18:08

Les armoiries et le sceau de Salomon de Kergoanac, archidiacre du Goëlo,  au tympan de la maîtresse-vitre de Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic (22).

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Un errata et addenda de l'article La maîtresse-vitre de Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic.

 

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Dans son courriel du 19 février 2020, Marc Faujour, que je remercie, m'écris qu'il n'est pas d'accord avec l'interprétation que j'avais donné d'un blason  du tympan de Lantic, occupant la fleur de gauche, à 8 mouchettes et 3 quadrilobes. En réalité, j'étais bien incapable d'interpréter quoique ce soit, et  j'avais repris l'analyse d'Anatole de Barthélémy, telle que je l'avais trouvé sur le site poudouvre, Etudes héraldiques par Anatole de Barthélémy. J'avais écris : "

Au cinquième rang, armes d'argent à l'arbre arraché de sinople, le fût chargé d'un greslier de sable lié de gueules de Salomon Mahault, seigneur de Kerangouarc'h et archidiacre de Goello. L'archidiacre de Goëllo dans la circonscription duquel se trouvait Lantic ne pouvait manquer d'accompagner l'évêque de Saint-Brieuc."

 

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Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017

Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017

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Je n'avais néanmoins pas suivi les auteurs du Corpus Vitrearum lorsqu'ils attribuaient — à tort— ce blason à la famille Rougeart, dont j'ai décrit récemment le blason visible en l'église de Pont-Croix (Finistère) : D'argent au pin arraché de sinople, le fût chargé d'un greslier de sable lié de même.

http://www.lavieb-aile.com/2020/01/les-blasons-de-l-autel-de-saint-joseph-de-notre-dame-de-roscudon-a-pont-croix.html
 

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J'aurai pu remarquer que sur le blason du tympan de Lantic, l'arbre était bien vert (de sinople) mais non arraché (pas de chevelu racinaire), et que le greslier (la trompe de chasse), certes de sable (noir), n'était pas lié de gueule puisque sa  sangle n'était pas rouge. Les armoiries de Salomon Mahault, seigneur de Kerangouarc'h et archidiacre de Goello n'étaient donc pas respectées. D'autant que si j'avais tenté de confirmer l'information, j'aurais trouvé, dans Genouillac 1860, et Potier de Courcy 1846, [MAHAULT , Sr de Kerangouarc'h , — de Menezhuellou. • Anc. ext. R 1671. 6 générations. R. 1426. 1536. M. 1481. 1562. Par. de Melguen, évêché de Cornouaille] que les armoiries de la famille Mahault étaient en réalité d'argent au grêlier de sable, lié et enguiché de gueules, accompagné de trois feuilles de houx de sinople renversées. Or, les dites feuilles de houx manquaient. Un Mahault a-t-il été d'ailleurs archidiacre ailleurs que sous la plume d'A. de Barthélémy ? A-t-il jamais existé un Salomon Mahault ?

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J'ai donné dans mon titre la bonne réponse, que Marc Faujour me révèle : ce sont ici les armoiries de Salomon de Kergoanac, archidiacre du Goëllo. Appréciez les ruses de l'Histoire : même prénom Salomon, même fonction ! (Rappel : l'évêché de Saint-Brieuc comportait deux archi-diaconé, celui de Penthièvre — dont le titulaire portait le titre de Grand Archidiacre— et, au nord-ouest, celui du Goëlo. Lantic appartient au Goëlo.)

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Il n'est plus grande joie pour un auteur de blog que de pouvoir bénéficier d'une observation qui l'amène à corriger son texte, surtout si celle-ci l'amène à contempler les sommets d'érudition atteints par nos meilleurs spécialistes en héraldique bretonne tels que Marc Faujour, mais aussi Martine Fabre, Paul-François Broucke, Michel Mauguin ou Thibaut le Huede.

Mais en la matière, le résultat de l'énigme importe moins que le parcours du détective. Aujourd'hui, nous allons avoir la chance  de mettre nos pas dans ceux d'un fin limier : voici le courriel de Marc Faujour : 

 

 

"A. de BARTHELEMY, dans ses « Etudes héraldiques, Paris, Lib J. B. Dumoulin, 1878 » écrit page 15 :

« Il s'agit de Notre-Dame de La Cour, située dans la commune de Lantic (Côtes-du-Nord) ; d'après la nouvelle édition du Dictionnaire d'Ogée, elle aurait succédé à une autre chapelle, plus ancienne, qui s'élevait à trois kilomètres plus loin, au lieu dit La Vieille-Cour, dans un bois voisin de Buhen.

Aucun document d'archives ne nous révèle la date de la construction de Notre-Dame de La Cour telle qu'elle est aujourd'hui; mais de nombreux blasons peints sur la maîtresse vitre nous apprennent que cette magnifique page de verre, consacrée à l'histoire de la sainte Vierge fut exécutée au milieu du quinzième siècle.

Examinons les écussons qui sont placés dans un ordre hiérarchique et dont nous donnons le dessin, grâce à l'obligeant concours que nous prête M. P. Chardin, notre ami et confrère.
Au premier rang, et seul au haut du vitrail, on voit l'écu ducal de Bretagne, avec la devise A MAVIE qui était celle du duc François Ier donnée à l'ordre de l'Hermine, fondé par lui en 1450 (n° 1).
Au second rang deux écus partis :…..
…..
Au cinquième rang sont les armes des évêques de Saint-Brieuc et de Tréguier, des abbés de Bégar et de Beauport, savoir ….
…..
Dans les rangs inférieurs plusieurs écussons manquent ; parmi ceux qui sont conservés nous notons ceux-ci : d'argent à l'arbre arraché de simple, le fût chargé d'un greslier de sable lié de gueules (n° 12). Jusqu'ici on a attribué ce blason à la famille Rougeart, de la paroisse de Plouhinec (Finistère), sans que rien ne justifiât la présence en Goëllo des armoiries d'une famille qui n'y était pas possessionnée; d'autres personnes ont voulu y retrouver les Le Roux, seigneurs de Bourgogne et Fontaine-Bouché dans les paroisses de Lantic et de Plourhan, qui portaient d'argent au houx de sinople feuille de trois pièces (n° 15); dans cette hypothèse il faudrait admettre que le greslier figure ici comme brisure, et que les armes primitives des Le Roux ont subi quelque modification. Je crois que le blason en question est celui de l'archidiacre de Goëllo dans la circonscription duquel se trouvait Lantic et qui ne pouvait manquer d'accompagner l'évêque de Saint-Brieuc. A la date où nous sommes, l'archidiaconé de Goëllo était tenu par Salomon MAHAULT, seigneur de Kerangouarc'h qui avait justement les armoiries ci-dessus décrites ( note : Anciens évêchés de Bretagne ; diocèse de Saint-Brieuc, t. I, p. 182.). »

 

 

 

 

"Je suis totalement d’accord avec l’analyse de A de Berthélemy lorsqu’il dit : « que rien ne justifiât la présence en Goëllo des armoiries d'une famille qui n'y était pas possessionnée » mais je ne le suis pas dans son identification avec les armes de la famille Mahault que Pol Potier de Courcy donne pour différentes

: MAHAULT, Sr de Minuello, par. de Melguen,— de Kerangouarc'h.
Anc. ext., réf. 1671, six gén. ; réf, et montres de 1426 à 1562, par. de Melguen, év. de Cornouailles.
D'argent au greslier de sable, lié et enguiché de gueules, accomp. de trois feuilles de houx de sinople, renversées.

 


"Les armes sont inconnues des armoriaux or la famille Rougeart !

"La clé du mystère vient de M. Fabre qui donne une référence (Martine FABRE, héraldique médiévale bretonne, Paris, ANRT, 1993. fiche 1579.) pour le sceau de Salomon de KERGOANAC, archidiacre de Goëllo dans les années 1470. Le sceau a fait l’objet d’une communication de A. de Barthélemy à la société nationale des antiquaires de France en 1876, (Bulletin de la société nationale des antiquaires de France – 1876 – p 103 – 106.) qui en donne une analyse et le dessin joint. On y voit Salomon de Kergoanac, habillé en chanoine, l’aumusse sur le bras et priant Saint Salomon, roi de Bretagne, couronné, tenant de la main droite un livre, de la gauche un sceptre. Il est revêtu d’un manteau royal semé d’hermines et ses yeux sont crevés, signe de son martyr. Le chanoine est identifié par ses armes : un grelier suspendu à une branche d’arbre, ainsi que la légende : S. SALOMONIS DE KAOGOANAC / ARCHIDIACONI GOLOVIE /. Alfred de Barthélemy précise que Salomon de Kergoanac, figure en tant que chanoine dans un acte de 1475, dans lequel sont arrêtés les statuts du chapître de St Brieuc.

"Il ne faut pas le suivre dans son essai d’attribution de ces armes, mais il faut y voir simplement les armes de la famille de Kergoanac, Sr dudit lieu en Plougourvest :

"Le marquis de Molac (BnF ms. fr. 11 551) nous apprend que Jehanne était la fille d’Yves et de Jehanne du Bois (de Cozlen, qui porte d’argent à deux fasces de sable). La famille est déjà présente à Plougourvest lors de la réformation de 1426 (Hervé TORCHET, Réformation des fouages de 1426 – Léon , Ed de la Pérenne) où Yvon Kergoannac est recensé parmi les nobles et où il sauve un métayer à Kergoanac. Salomon Kergoanac sauve un métayer à son manoir dudit lieu et un autre à Kersaliou en 1441 à Plougourvest.

"Nous trouvons un autre Yves à la montre de 1481 (Hervé de PARCEVAUX de TRONJOLY « Montre de 1481 », BSAF 2004.) à Plougourvest : Maistre Yves Kergoanac avec 50 livres de revenus nobles, vougier en brigandine à deux chevaux, puis à celle de 1503, où il se fait remplacer par Pezron Boedeuc. Molac nous précise que, devenue veuve, Jeanne se remarie avec Jan de Botquenezle. En 1512, Jehanne de Kergoanac est citée comme « dame de Kergoanac en son nom et come tutrice de Alain Kercoent son douarren Sr de Botguezle » (ADF 151 J 453-165. Minu du 18 février 1511.). Jehanne, comme héritière de Kergoanac, apportera ce lieu aux Kerhoënt de Trohéon. Ainsi, lors de de la réformation de 1536, « la maison de Kergouadnec appartient à Allain Kerhouault, noble personne et maison ». L’écriture difficile de la réformation de 1536 amène à une confusion entre les termes Kergoanac et Kergournadec’h lors de la réformation de la noblesse de 1668 pour les Kerhoent de Coatanfao « que dans la refformation de 1536, faicte des maisons, terres et herittages nobles dudict evesché de Leon, soubz le rapport de la paroisse de Guycolvest (Sans doute Guicourvest, aujourd’hui Plougourvest ; on remarquera toutefois que la maison de Kergournadech n’est pas située dans cette paroisse, mais dans celle de Cléder.), est desnommé la maison de Quergournadech, appartenant à Allain Querhouant, noble personne et maison » (ROSMORDUC), Connu plus tard sous la graphie Kervoanec, le manoir a été reconstruit au XIXe et est actuellement converti en maison de retraite. (J.Y. le GOFF, les chateaux et manoirs du canton de Landivisiau, SFHA, Quimper, 2003, p 40.)
Les armes en alliance avec Kerhoent sont présentes dans les prééminences du manoir de Trohéon en 1684 (ADF 151 J 58 - Déclaration des biens de la succession de Didier de Kercuvelen et de Catherine de Keryvon, Sr et dame de Tromeur du 5 juin 1693 – copie d’extrait du 4 décembre 1765).

"Le blason n°12 de Notre-Dame de La Cour en Lantic sont donc pour moi celles de Salomon de Kergoanac, Archidiacre du Goello et membre de la famille des Kergoanac, seigneurs de Kergoanac en Plougourvest, évêché du Léon." (Marc Faujour)

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Mais ce n'est pas tout. En consultant sur archive.org la référence donnée par Marc Faujour (A. de Barthélémy, Bulletin de la société nationale des antiquaires de France – 1876 – p 103 – 106), j'ai pu admirer le sceau de Salomon de Kergoanac (que je ne trouve pas sur la base SIGILLA).

 

Le voici, avec les armoiries du sigillant en bas à gauche :

 

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https://archive.org/details/BulletinDeLaSocieteNationaleDesAntiquaires1876/page/n117/mode/2up

https://archive.org/details/BulletinDeLaSocieteNationaleDesAntiquaires1876/page/n117/mode/2up

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Il est décrit ainsi par A. De Barthélémy :

"Le sceau que j'ai l'honneur de soumettre une empreinte à la Société représente un personnage tenant de la main droite un livre; de la gauche un sceptre ; ce personnage, couronné et revêtu d'un manteau royal semé d'hermines, est debout sous un dais richement orné.

Au-dessous on voit un chanoine à genoux, tourné à gauche, l’aumusse sur le bras ; devant lui un écusson porte un grélier suspendu à une branche d’arbre.

La légende que M. Demay a bien voulu m’aider à déchiffrer porte : S. SALOMONIS D’KAOGOANAC, ARCHIDIACONI GOLOVIE. Ce monument offre un double intérêt ; d’abord il nous donne la représentation d’un saint breton dont les archéologues de la province qui se sont occupés d’iconographie hagiologique n’avaient pas encore parlé. Ensuite il nous révèle le nom, ignoré jusqu’ici, d’un dignitaire du chapitre de Saint-Brieuc."

"L'archidiacre de Goëllo dont nous avons le sceau sous les yeux avait le saint roi breton pour patron : nous le voyons, sous le nom de Salmon de Kergoanac, figurer comme chanoine dans un acte de 1475, dans lequel sont arrêtés les statuts du chapitre ; il paraît encore dans les statuts adoptés en 1471 . Ses armes sont un grélier pendu à un arbuste ; en compulsant le Nobiliaire de Bretagne de M. Alfred de Courcy, je ne vois qu’une famille à laquelle cet archidiacre pourrait être rattaché ; c'est celle des Mahault, seigneurs de Minuello et de Kérangouarch , paroisse de Melguen, en Cornouailles; ils portaient d' argent au greslier de sable lié et enguiché de gueules , accompagné de trois feuilles de houx.

L'archidiaconé de Goëllo était l'une des deux grandes divisions ecclésiastiques du diocèse de Saint-Brieuc ; l'autre  division s’appelait l'archidiaconé de Penthièvre. Le premier comprenait 33 paroisses qui dépendaient au féodal de la seigneurie de Goëllo dont elles formaient la plus grande partie. i. Anciens évéchés de Bretagne, t. I, P- 182."

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1° Le propriétaire du sceau (ou sigillant) .

Je dois corriger légèrement la leçon de ce M. Demay, car je lis S. SALOMONIS DE KOAGOANAC / ARCHIDIACONI GOLOVIE ce qui se transcrit Signum Salomonis de Kergoanac archidiaconi Golovie, et se traduit Sceau de Salomon de Kergoanac'h, archidiacre de Goëlo.

On sait que la maîtresse-vitre est datée vers 1460-1470. Or, La présence de Salmon ou Salomon de Kergoanac ou Kergoannac comme chanoine du chapitre de la cathédrale de Saint-Brieuc est attestée en 1445 et en 1471, date à laquelle il a signé les statuts de ce chapitre. En 1471, il est cité en 4ème position, après le doyen Jean de Parthenay, Henri Cadoret, et Hervé Le Corre. Il n'appartient bien-sûr  au chapitre ni en 1529 ni en 1579. Voir Geslin De Bourgogne ( Jules-Henri ), 1855, Anciens évêchés de Bretagne: histoire et monuments, Volumes 1 page 182

Le blason montre un arbre (un peu arraché tout de même) et un grélier suspendu par sa sangle à la plus haute branche.

 

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2°) Salomon, roi de Bretagne.

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« Le personnage principal représenté en costume royal est un martyr, et son martyre est indiqué par les instruments qui accompagnent sa figure et indiquent qu’il eut les yeux crevés. Il s’agit ici de saint Salomon, roi de Bretagne, assassiné en 875 par les comtes Paskwiten et Gurwand.

Voici ce que dit la légende, d'après Albert le Grand :

"Les comtes ayans ouy la response de l'Evesque, se mirent en chemin avec leurs soldats, et, entrans en l’Eglise, trouvèrent le Roy dans le chœur priant Dieu, lequel se leva et s’assit en son siège pour les ouyr; mais les comtes, sans le saluer, commencèrent à luy reprocher le meurtre du defifunt Roy, son cousin Héruspée, et, luy ayant chanté mille vilainies et indignitez, luy dirent que l’heure estoit venue, qu'il falloit par son sang espier ce crime. Le Roy ne leur répliqua rien, sinon que la volonté de Dieu fust faite. Incontinent, ils prirent le prince Abligeon, et, l’ayant mené vers le Roy son père, le poignardèrent en sa présence ; puis jettans leurs mains sacrilèges sur le Roy, le précipitèrent de son siège, et, l’ayans jetté par terre, l’outragèrent à coups de pieds et de poings et le livrèrent ès mains d’une bande de soldats françois qui le lièrent étroittement et le trainsnèrent dans la nef de l’église où son propre filleul lui tira les yeux de la teste et les jetta par terre les foulant à ses pieds *, et lui ayant fait mille autres maux, enfin ils luy couppèrent la teste."

« Le sceau de Salomon de Kergoanac offre cet intérêt qu'il nous donne la plus ancienne représentation du roi saint Salomon : jusqu'à ce jour on ne le connaissait que par des statues assez modernes, tantôt en costume antique, avec un manteau qu'il écarte de la main gauche pour laisser voir un poignard enfoncé dans son cœur, une couronne radiée sur la tête et un sceptre dans la main droite ; tantôt assassiné par des soldats habillés à la romaine, tantôt à genoux recevant d'un ange la palme du martyre . »

Le roi Salomon est présenté par D'Argentré dans son Histoire de Bretaigne  mais aussi par Alain Bouchart dans ses Grandes Croniques de Bretaigne (1ère édition 1514); livre II chap. VI Du roy Salomon premier de ce nom, roy de Bretaigne armorique, mais ces auteurs ne mentionnent pas la légende de son martyre. Par contre, c'est, selon la tradition, l'origine du nom de la paroisse de La Martyre (près de Plougourvest, paroisse des Kergoanac) : "Le village doit peut-être ses noms breton et français à un événement qui y est survenu le 25 juin 874 : l'assassinat du roi Salomon de Bretagne qui avait trouvé refuge dans l'église (« Salomon se réfugia dans l'église d'un monastère où il fut pris et traité avec une sauvagerie inouïe. On lui arracha les yeux avec tant de violence qu'il en mourut dans la nuit »). C'est en effet l'église qui fut appelée « La Martyre » (Ar Merzher) en souvenir de cet événement pour avoir été profanée (Salaün étant le nom breton pour « Salomon ») https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Martyre

 


 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Héraldique
20 février 2020 4 20 /02 /février /2020 21:46
 
 

Le vitrail de la Passion (Maîtresse-vitre, vers 1520) de l'église Saint-Thurien de Plogonnec (29).

Cet article  reprend celui du 12 mars 2014, avec un texte corrigé, et des  photographies de février 2020. Des gros plans sur les visages montrent comment le verre blanc est dessiné  à la grisaille et coloré à la sanguine dont les lavis ou les très fines hachures  indiquent le modelé des chairs.

 

Introduction.

Cette verrière est fait partie de deux ensembles de ce blog :

1. Celui des Vitraux de l'église St-Thurien de Plogonnec :

2. Celui d'autres verrières contemporaines du Finistère, avec lesquelles existent des rapports de similitude (mêmes cartons), de thème, d'histoire (même influence des familles nobles) ou de comparaison :

Voir aussi ma liste de tous mes articles sur les vitraux.

et aussi :

Ma visite de l'église de Locronan le 3 avril 2012 (statuaire, chaire, dalle funéraire de Jacques de Névet datant de 1616, inscriptions..

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Et encore, sur Plogonnec :

 

 

 

 

 

 

 

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L'étude de ce vitrail est basée sur les travaux de Couffon (avec réserves) et surtout sur ceux de Roger Barrié qui a consacré sa thèse à cet ensemble, mais aussi sur la description de F. Gatouillat et M. Hérold pour le Corpus Vitrearum en 2005.

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Présentation d'ensemble. 

Le chevet plat à trois pignons de l'église St-Thurien a été construit aux environs de 1510 ; ses trois baies ont été alors dotées de verrières. 

La Baie 0 ou Maîtresse-vitre, ouverte sur le pignon Est, est placée au dessus du maître-autel ; elle est plus étroite que les baies latérales. La verrière de 24 panneaux, haute de 5,60 m et large de 2,50 m  est composée de quatre lancettes trilobées et d'un tympan à trois ajours. Elle est estimée (Gatouillat et Hérold) dater de 1520. Les lancettes seront numérotées de gauche à droite par les lettres A, B, C et D.

Chaque lancette est divisée en six panneaux séparés par des barlotières, mais ces panneaux ne tiennent pas compte des représentations historiées : la description ne se fera pas panneau par panneau, mais motif par motif.

Un regard éloigné distingue deux bandeaux colorés historiés séparés par des ensembles plus gris correspondants à des éléments architecturaux. Cette organisation correspond en fait à deux registres horizontaux dont le supérieur (deux panneaux et demi) correspond aux scènes de Crucifixion, Mise au tombeau et Résurrection, et l'inférieur (trois panneaux et demi) à l'interrogatoire par Pilate (Comparution) et la montée au Golgotha, encadrées par deux couples de donateurs et leur saint tutélaire.

 Si on considère au contraire chaque lancette verticalement, on la trouve formée à la base d'un soubassement architectural à modillons (ce qui soutient une corniche), où des personnages tiennent des médaillons à armoiries. Au sommet, ce sont deux angelots qui entourent une composition à tresses et sculpture.

Le fond est bleu (pour le sommet des lancettes extérieures notamment) ou rouge (sommet des lancettes centrales), les couleurs dominantes étant ce rouge et ce bleu et en troisième position le vert.

Son intérêt est iconographique (représentation de la Passion et comparaison des cartons des Passions finistériennes. Représentation des couples de donateurs au XVIe siècle),  artistique (technique de peinture sur verre du XVIe siècle ; atelier quimpérois dit "Le Sodec"), esthétique (avec de très beaux visages), historique (par exemple pour l'histoire des familles nobles) et héraldique ( 8 blasons différents, et 2 tabards armoriés). 

 


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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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 I. LE REGISTRE INFÉRIEUR. DEUX COUPLES DE DONATEURS FACE À DEUX

ÉPISODES DE LA PASSION.

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Dans chaque lancette, une niche architecturée isole soit un couple de donateurs, soit une scène de la Passion (Portement de croix et Comparution), alors que le soubassement porte les blasons des familles nobles de Plogonnec autres que celle des donateurs, l'illustre famille de Névet.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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A. Les armoiries.

Elles sont en grande partie du XVIe siècle, mais les écus armoriés datent d'une restauration de 1904 et correspondent de gauche à droite aux armes des familles de Plogonnec  Kerpaen, Kerléan, Le Guirieuc et Guenguat, sans conformité attestée avec la disposition antérieure. Elles occupent un emplacement secondaire par rapport aux armes des seigneurs prééminenciers, qui figurent en donateurs avec lesurs armes, et dont,   selon un aveu de prééminence de 1644, les armoiries  étaient en-effet en supériorité.

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B. Le soubassement à modillons.

Ce sont les éléments architecturaux qui présentent ces armoiries, deux personnages en cuirasses, mais au visage féminin, soutenant chaque blason. C'est un fin travail de dessin exécuté à la grisaille et au jaune d'argent. Un collier de perle doré terminé par un gland de même court à travers cette composition. Techniquement, c'est "un soubassement à stylobate encadré de deux pilastres et posé sur un sol fleuri. En A et D les panneaux des pilastres sont occupés de rinceaux Renaissance alors qu'un motif gothique se laisse apercevoir derrière l'écu. " (Roger Barrié).

Le sol est présenté comme une prairie parsemé de fleurs en rosettes,  aujourd'hui plus bleue que vertes.

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Lancette A :  Kerpaën (de):

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 d’argent au chêne arraché de sinople, au sanglier brochant sur le fût de l’arbre.

Potier de Courcy : Kerléan (DE), Sr dudit lieu, — de Lopéau et du Quenquis, par. de Plogonnec, — de Kerguistan, par. de Plomodiern, — de Lestréménez, par. d'Argol, — de Kersallo, par. de Cléguer. Anc. ext., réf. 1669, dix gén.; réf. et montres de 1426 à 1562, par. de Plogonnec et Plomodiern, év. de Cornouailles. Bernard, fils de Jean et de Léonore, épouse vers 1415 Jeanne de Lanvilliau.

Cette famille possédait donc le manoir de Lopéau, près de la chapelle de Saint-Théleau, hérité des Boscher en 1464.

Jehan de Kerpain (Kerpaën) est présent à la Montre de 1481 comme archer en brigandine.

Noble homme Alain de Kerpaën, seigneur de Lopézeau, fut inhumé en 1551 dans la chapelle privative des seigneurs de Guengat en la cathédrale de Quimper. (Le Men, Monographie p. 112). Seigneur de Lopéau et de Kergustant,  il avait épousé en 1544 Julienne du Parc-Locmaria, d'où un fils Jean.

Jean de Kerpaën épousa Renée Guegant, d'ouù un fils Alain.

Alain de Kerpaën épousa Jeanne Guimarho, d'où un fils, Vincent.

Vincent de Kerpaën épousa Catherine Moysan.

Vincent de Kerpaën est sr de Lopéau en 1666, alloué et lieutenant des affaires criminelles à Quimper.

 

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Ces armoiries figurent aussi au chevet et sur le calvaire  de la chapelle Saint-Sébastien à Saint-Ségal (Perrine de Kerpaën/x 1541 Jean de Kergoët, en sont les fondateurs) .

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Lancette B : de Kerléan.

 

 

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Ici, la cimaise du stylobate est timbrée d'une tête de grotesque (ours ? lion ? ) tenant un court phylactère où est inscrit une devise  JE EC---OER. (Roger Barrié a lu JE...)

D'autre part, ce ne sont plus des chevaliers en cuirasse, mais de charmant(e)s anges blonds et nimbés qui présentent le médaillon, vêtues d'aube à ceinture dorée

..

Le blason :  Kerléan (de): fascé ondé d'or et d'azur de 6 pièces ;

"possessionné en Plourin, évêché du Léon.  Sr dudit lieu et de Kervérien, par. de Plourin, — de Lanvénec, par. de Lanrivoaré, — de Kerhuon, par. de Guipavas, — de Coëtmanac'h, — de Kermeur, —de Kerhuel, — de Kerimen, — de Kerassel et du Timen, par. de Taulé, — de Poulguinan, — de Keravel. Anc. ext., réf. 1668, six gén. ; montres de 1503 à 1534, par. de Plourin et Brélès, év. de Léon. Cette famille portait anciennement le nom de Bohic, voyez BOHIC"(Potier de Courcy) 

Bohic ou Boc’hic, sr de Kerléan et de la Motte, par. de Plourin. Réf. et montres de 1427 à 1481, dite par., év. de Léon. Fascé ondé d’or et d’azur de six pièces. Hervé, conseiller du duc Jean IV, enseigna le droit à Paris et composa en 1349 un livre sur les Décrétales, imprimé en 1520. Une branche de cette famille n’a gardé que le nom de Kerléan, voyez Kerléan."

 

Un aveu du 30 septembre 1778 au marquisat de Nevet apprend que  le propriétaire de Bonezgat est messire de Kerléan, dont relèvent, à titre de ligence, les manoirs du Beuzit [ou de la Boissière] et de Coëtmorvan. Il possède les prééminences du seigneur de Cludon dans l’église paroissiale, à savoir, une chapelle avec banc et tombe, ses armes dans la grande vitre au-dessous de celles de Nevet, ses armes en bosse dans le clocher".

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Lancette C:  Le Guirieuc.

 

 "d'azur à la fasce d'or accompagnée de trois étoiles d'argent".

 

"Guirieuc (le), sr de Bonescat, par. de Plogonnec, — du Rumain, par. de Landrévarzec, — de Kerraabeuzen, par. de Penhars.

Déb., réf. 1670; montres de 1534 à 1562, par. de Ploudiry, év. de Léon et Plogonnec, év. de Cornouaille.

D’azur à la fasce d’or, accomp. de trois étoiles d’argent.

Jean, époux en 1441 de Catherine de Botquénal ; Hervé, archidiacre de Cornouaille, puis doyen de la Guerche, † à Rome en 1471 et enterré a Saint-Yves-des-Bretons ; Jean, receveur de Landerneau en 1511." (De Courcy)

Cette famille occupa le manoir de Bonezgat (sur la route de Plogonnec à Quimper) à partir de 1562 et jusqu'en 1654.

En 1562, François Le Guirieuc est à la montre de Quimper de 1562 parmi les nobles de Plogonnec :  "François le Guirieuc, sieur de Bonnescat, presant, dict faire corselet. ". (Fréminville)

https://www.tudchentil.org/IMG/pdf/Montre_de_1562_en_Cornouaille.pdf

Selon R. François Le Men  (1877) "Francoise Le Guirieuc, femme de Jehan Le Gac, et fille de noble maître Alain Le Guirieuc, et de Pezronnelle Le Baud, avait aussi sa sépulture dans la chapelle de Saint-Roch" de la cathédrale de Quimper

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Le blason inclu dans une bordure bleu clair et un médaillon rouge damassé est tenu par deux anges semblables aux précédents.

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                          la-passion-0331c.jpg

 

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Lancette D :  Guengat. 

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d'azur à trois mains dextres appaumées d'argent en pal ;

​​​​​​ devise : "Trésor", et ?( sans aucune certitude ni preuve réelle) "Léal à ma f[oy ?]".

Voir le vitrail de saint Sébastien de cette église de Plogonnec, où Alain de Guengat est présenté au saint avec son épouse Marie de Tromelin.

http://www.lavieb-aile.com/article-les-vitraux-de-plogonnec-i-saint-sebastien-95903456.html

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Les scènes figurées  du registre inférieur.

 

 

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1. Les donateurs de la lancette A : le seigneur et la dame de Névet.

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Le couple noble est présenté par saint Jean-Baptiste, identifié par son attribut, l'Agneau : cela peut inciter  à penser que le seigneur se prénomme Jean.

Ce dernier porte une cotte jaune ornée d'un lion rouge et signale ainsi ses armoiries d'or au léopard morné de gueules, qui est Nevet. Nous devrions donc identifier un Jean de Nevet. La consultation de l'article Wikipédia m'en propose deux : 

 1) Jean II de Névet (>1480-1493), seigneur de Nevet. Il meurt sans postérité. Son frère Hervé lui succède.

  2) Jean III de Névet (1616-1647), baron de Nevet. Il épouse en octobre 1629 Bonaventure de Liscoët. Auteur de l'aveu du 6 juin 1644.

Le premier est déjà décédé à la date où ce vitrail a été exécuté. En 1520, date (présumée) de ce vitrail, c'est Jacques de Nevet qui occupe les fonctions de seigneur de Nevet : Jacques Ier de Névet (1494-1555), de religion réformée, seigneur puis premier baron de Nevet. Il épousa Claudine de Guengat, fille d' Alain, gouverneur de Quimper, vice-amiral de Bretagne et maître-d'hôtel de la reine Claude de France, et de Marie de Tromelin. Ce dernier couple (Alain de Guengat/Marie de Tromelin) est représenté à l'église  de  Plogonnec sur le vitrail de Saint-Sébastien.

Il est logique de considérer que c'est Jacques de Nevet qui a commandité ce vitrail, et qu'il est présenté ici par un saint intercesseur qui ne correspond pas à son prénom. C'est précisément la solution qu'adopta Roger Barrié.

Néanmoins, on voit mal un adepte de la Réforme (opposée au culte des saints ou à la sanctification de la Vierge) se faire représenter, présenté par un saint.

Rappel généalogique par Le Men dans sa Monographie de la cathédrale de Quimper :

 La chapelle Saint-Corentin  de la cathédrale de Quimper  appartenait primitivement aux barons de Nevet, dont les armes : d’or au léopard morné de gueules, et la devise bretonne « PERAC » (Pourquoi ?) se voient au-dessus des portes de la cathédrale du côté de l’ouest et du nord.

Henri de Nevet était un des quatre seigneurs bretons qui portaient la chaise de l’évêque, lors de l’entrée solennelle de Guy du Bouchet, vice-chancelier de Bretagne, dans sa cathédrale, le dimanche 15 octobre 1480.

Son fils, Jean de Nevet, remplit les mêmes fonctions honorifiques, à l’entrée de l’évêque Raoul le Moël, en 1496. Le fief de cette baronnie qui jouissait du droit de haute, moyenne et basse justice, s’étendait sur la paroisse de Plogonnec, où était situé l’ancien château de Nevet, et sur seize autres paroisses. Sa juridiction s’exerçait au bourg de Pouldavid.

Dans le milieu du XVIe siècle, Jacques de Nevet, gouverneur de la ville de Quimper, et lieutenant du roi, embrasse la religion prétendue réformée, et épousa la fille du seigneur de Guengat, qui était du même parti.

René, son fils aîné, renonça au protestantisme, après la mort de son père, et lui succéda dans ses charges et dans son gouvernement.

Il mourut sans enfant et sa succession fut recueillie par Claude de Nevet, son frère (J’ai relevé dans la chapelle de Saint-Pierre, en la commune de Plogonnec, l’inscription suivante qui a trait à ce seigneur :Clavigeri templi quod longum diruit aevum, Claudius hic Nemeus prima fundamenta jecit. Tertius Henricus Francos cum jure regebat Pontifice et summo Sixto, tum prœsule Carlo, Ac humilis pastor Lodovicus sacra ministrat. 1594. Henri III, était mort depuis 1589, mais on l’ignorait probablement à Plogonnec. ) qui épousa Élisabeth d’Acigné, fille du seigneur de la Rochejégu, qui était aussi de la religion réformée.

Ils moururent pendant les guerres civiles, laissant un fils mineur [Jacques], qui épousa dame Françoise de Tréal. En 1616, il reçut l’ordre, de la régente Anne d’Autriche, de fortifier le fort de l’île Tristan, près Douarnenez, qui avait servi de repaire à La Fontenelle pendant les guerres de la Ligue, et que le roi Henri IV avait ensuite fait raser. La même année le seigneur de Nevet, s’étant rendu à Rennes pour assister aux États de la province, y fut assassiné pour avoir « soustenu les interestz du Roy et du publicq, » par le seigneur de…… qui fut exécuté à la poursuite de la dame de Tréal, veuve de la victime (1). Par contrat passé avec le chapitre, le 4 octobre 1596, Messire Jean du Marc’hallac’h ou du Marc’hallec’h, suivant l’orthographe du temps, sieur de Trelen, chanoine de Cornouaille et recteur des paroisses de Ploneis et de Plozévet, prit possession de cette chapelle, et y fit mettre ses armes, qui sont : d’or à trois orceaux de gueules, dans la vitre et dans l’arcade de l’enfeu, à la place de celles des seigneurs de Nevet. Une action intentée contre lui à ce sujet par Jean de Nevet, ne fut suivie d’aucun effet."

Voir Infra : Discussion sur les donateurs.

Les armes de Névet figurent sur la maîtresse-vitre de Locronan (1476-1479) et sur le cénotaphe du Pénity de Locronan.

http://www.lavieb-aile.com/2017/11/le-tombeau-de-saint-ronan-dans-la-chapelle-du-penity-de-l-eglise-de-locronan.html

http://www.lavieb-aile.com/2017/11/la-maitresse-vitre-de-la-passion-1476-1479-de-l-eglise-saint-ronan-de-locronan.html

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Voici  le panneau comparable à Guengat (baie 3) qui reprend le même carton :

http://www.lavieb-aile.com/article-l-eglise-de-guengat-29-i-les-vitraux-122885533.html

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 vitraux 0370c 

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Description.

  Le donateur.

Ce chevalier est en armure complète, et il a posé son casque près de lui ; celui-ci est surmonté d'une sorte de plumet en étoile, et sa pièce faciale montre qu'il s'agit, non pas d'un morion ou d'une salade, mais d'un heaume, d'un armet assez rétrograde. Certainement pas la coiffure d'un Jean III de Nevet.

Le chevalier a aussi ôté ses gants de fer, posés également à terre ; c'est la moindre des choses pour réciter ses prières, mains jointes, à genoux devant le prie-dieu et son livre de prières (sur lequel se remarque une lettrine D, sans-doute Dominus).

On remarque aussi les molettes de ses éperons. Voir les pièces d'armure de mon bon cousin Aux-Épaules :  Église de Sainte-Marie-du-Mont : Henri-Robert Aux-Épaules.

C'est après avoir rendu visite à Henri-Robert et m'être rappelé de sa fraise, que je constate que ce seigneur-ci en porte une également, certes très discrète et courte, mais incontestable, ce qui pourrait aider les experts à dater cette tenue (de même que la coupe de cheveux caractéristique, et l'absence de barbe qui apparut après 1521). Selon mes données, ces fraises très courtes datent de 1560.

Il porte un tabard à ses armes, d'or au léopard morné de gueules.

C'est bien un léopard car il a la tête tournée vers nous ; et il est bien "morné" car  il n'a pas de griffes , mais il eut fallu ne pas lui donner une langue si bien pendue ("morné" : Se dit des animaux dépourvus de leurs armes naturelles : sans dents, bec, langue, ou griffes (certains auteurs enlèvent aussi la queue). Enfin le léopard est "de gueules" puisqu'il est rouge.

Voir ces armes, création contemporaine sur Wikipédia :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Armorial_au_lion#/media/Fichier:Blason_fam_fr_N%C3%A9vet.svg

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Le visage.

Remarquer l'utilisation de verres roses pour les carnations (comme pour la baie 4 de Guengat). Mais aussi les rehauts à la sanguine (lèvres) et au  jaune d'argent (coin de l'œil). Ou le soigneux travail de collage des fragments de verre par le restaurateur, ce qui a permis de supprimer les plombs de casse.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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La donatrice.

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Madame de Nevet va peut-être nous aider également. J'admire d'abord son somptueux manteau en velours damassé pourpre, ou plus exactement son corselet à larges manches (voir ici)  puis son bustier (ou surcot ouvert) d'hermine — un accessoire vestimentaire réservé habituellement aux princesses mais visible aussi à Guengat  en baie 4 chez les donatrices —. Celui-ci est orné de rosettes et de perles en ligne verticale.

 

 

Sa robe  bleu pâle (de même couleur que le revers de la cotte de Monsieur) est serrée par une ceinture aux maillons d'or (auquel peut être suspendu par un anneau un ustencile).

 Je perds la compréhension du costume dans la partie basse, où le tissu frappé aux armes de la famille de Nevet semble traîner par terre (réemploi ?).

 Elle porte un décolleté très court, mais rond et dépourvu de collerette, cet accessoire apparu vers 1550. Elle n'a pas non plus ce décolleté carré des années 1510. Mais sa coiffure, qui évoque celle de nombreux portraits d'Anne de Bretagne, correspond pourtant à cette période, qui est celle de la datation du vitrail.

A noter l'absence de bagues. Le collier  alterne deux perles et un cercle or et argent. Noter la ressemblance de ce collier avec celui d'Anne de Bretagne sur l'enluminure de Bourdichon : fascinant, non ?

La coiffe associe un bonnet de dentelle, très ajusté, et un voile noir (ou brun-noir) brodé de perles groupées en étoile par cinq.

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En conclusion, Madame de Nevet est habillée à la mode 1510-1520, et son mari à celle de 1510-1560. 

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Saint Jean-Baptiste.

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      Saint Jean-Baptiste se reconnaît à ses cheveux longs, sa barbe et son vêtement en poil de chameau; ainsi que par  l'Agneau mystique tenu sur l'avant-bras gauche.

En entourant paternellement l'épaule de la donatrice, il adopte la posture du "saint patron intercédant", et sa silhouette, comme celle de sa croix de victoire à oriflamme rouge, se détachent sur le fond damassé bleu du drap d'honneur tendu derrière lui. La croix blanche de l'oriflamme est gravée sur le verre rouge, offrant le seul exemple d'emploi de cette technique sur ce vitrail.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Le motif du damassé se retrouvera ailleurs ; c'est une association de palmettes et de rinceaux à tige épaisse. Il est probablement appliqué au pochoir.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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La niche est coiffée par une voûte en cul de four à la base de laquelle est inscrit (sur deux verres différents) les lettres  -RAMOM/USALVE.

 

"Des arcatures en plein cintre créent une niche au dessus de chaque scène pour l'isoler de la voisine. Elles culminent en une clef de voûte en forme de bourgeon entrouvert  d'acanthes. 

L'épaisseur de l'arcade est garnie d'oves qui accentuent la perspective. Afin de garnir les écoinçons au dessous de la corniche horizontale, sont posés, sur chaque portion extérieure du plein cintre, deux motifs dont on constate la forte fréquence dans les architectures proposées tant à Plogonnec qu'ailleurs : il s'agit de deux feuilles d'acanthes opposées et liées par un anneau à rebord constituant ainsi une série symétrique de courbes et de contre-courbes.

L'arcade délimite un cul-de-four occupé par une coquille, selon une habitude de première Renaissance, et séparé du fond damassé par un bandeau décoré de couleur plus sombre. Sur le bandeau en a1 on lit ...RAMON et en c1 VEMITE ADOREMU qui est l'antienne d'invitatoire commençant l'office de matines. cette antienne est donc fort courante puisqu'elle se retrouve, outre le Bréviaire dans tous les offices où le début des Matines sert d'introduction comme celui de Noël ("Christus natus est...; adeste fideles..") ou dans celui des défunts ("Regem cui...")." Roger Barrié.

Cette découverte me passionne puisque elle rejoint d'autres constatations identiques dans le Finistère à Guenguat, à Kerfeunten (Quimper). A Plogonnec, le vitrail de la Transfiguration porte, sur la tenture qui forme le fond des niches, les lettres SALEREGI (l'antienne Salve regina) et LONREANS (considéré par beaucoup comme "Laurent [le Sodec]").

Le psaume 94 Venite adoremus et procidamus ante dominum, ou l'Adeste fideles,  Venite adoremus Dominum, pourraient donc être à l'origine de ces inscriptions.

Pour ma part, je lis dans le bandeau de la première lancette ....(O)RAMO(M)VSALVE  et dans la troisième VEMITE ....

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

 

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Registre inférieur de la lancette B. Le Portement de croix.

 

 

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Le Christ, couronné d'épines, nimbé, vêtu d'une robe violette, ligoté au niveau de la ceinture, porte, non pas la croix, mais la traverse horizontale sur laquelle il sera cloué (cela est conforme à la réalité de ce supplice). Son corps courbé forme l'une des diagonales, prolongée par le sabre et la jambe du soldat romain qui le surveille. L'autre diagonale est formé par la poutre de bois, doublée de la hallebarde du soldat. Derrière, un homme coiffé d'un bonnet rouge porte les clous. La sensation de tension dramatique est crée par le cadrage serré et par les nombreuses armes qui viennent hérisser l'horizon, mais aussi par le caractère dense de la foule casquée.

Le visage du Christ mérite un examen rapproché (cliquer pour agrandir) : s'il était possible de le débarrasser des altérations ocres dues à la corrosion, on verrait la finesse des traits, et le réseau de pilosité que cet artiste dessine avec une grande précision, comme nous le verrons plus loin.

      N.B : les têtes des deux soldats ont bénéficié d'une restauration récente.

Le motif du  coup de genou donné par un soldat au Christ est très fréquent, sur les enluminures, les retables et les vitraux..

Le même carton a été employé à Ergué-Gaberic, dans le sens inverse .

http://www.lavieb-aile.com/article-les-vitraux-anciens-de-l-eglise-d-ergue-gaberic-123229458.html

 

Maîtresse-vitre (1517) d'Ergué-Gabéric. Photo lavieb-aile.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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La demi-coupole de la niche : pas d'inscription, mais une série de O.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Le sol : comme un tapis mille-fleurs.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

 

 

 

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Le registre inférieur, lancette C et D :

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                          la-passion 0340c

 

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Registre inférieur de la lancette C : la Comparution devant Pilate.

 

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Le Christ est présenté à Pilate : un personnage haut en couleur, coiffé d'un exubérant chapeau à aigrette, sorte de lansquenet aux manches retroussées, agrippe Jésus par la gorge. Un lancier en armure, poing sur la hanche, crie quelque injure. Pilate, coiffé d'un couvre-chef rose, longue barbe, longs cheveux, fixe l'inculpé des yeux en présentant ses mains au dessus d'un bassin. un serviteur y verse le contenu d'une aiguière, tout en reprenant — curieusement— la posture du "coup de genou" de la scène du Portement de croix ; en réalité, il plie le genou par référence pour son maître.

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Là encore, on retrouve le même carton repris à Lanvénégen en 1515 et à Ergué-Gabéric en 1517 :

 

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Maîtresse-vitre (1515) de Lanvénégen. Photo lavieb-aile.

 

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Maîtresse-vitre (1517) d'Ergué-Gabéric. Photo lavieb-aile.

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On comparera aussi avec la même scène de la maîtresse-vitre (1535, même atelier quimpérois) de l'église Saint-Mathieu de Quimper, avec une composition identique, mais des différences franches :

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Maîtresse-vitre de l'église Saint-Mathieu de Quimper. Photo lavieb-aile.

 

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Détail : le chien de Pilate.

Aux pieds de Pilate se trouve un petit chien ; dans la Passion de Guengat, on remarque aussi un chien aboyant vers la croix, au pied d'un cheval monté par un centurion. On peut trouver la source de ce détail soit dans une gravure de Dürer de 1509-1501 conservée à Lyon A16DUR000701, ou, à une date antérieure, dans un Ecce Homo de 1475-1480 de Martin Schongauer conservée à l'Unterlinden de Colmar, ou dans une autre gravure de Schongauer où figurent deux chiens.

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https://www.musee-unterlinden.com/oeuvres/ecce-homo/

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6951448r.r=pilate+schongauer.langFR

https://www.gettyimages.fr/detail/photo-d%27actualit%C3%A9/christian-motifs-copper-engravings-gospel-of-matthew-photo-dactualit%C3%A9/541469005

 

 

 

Le Christ devant Pilate de Martin Schongauer (1448-1491, Germany)

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Le chien (ici, un petit caniche dont la "crinière" contraste avec le dos glabre) se retrouve aussi sur la Passion de 1520-1530 de Saint-Vincent de Rouen :

https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Rouen/Rouen-Sainte-Jeanne-d-Arc.htm

 

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Il est représenté, dormant dans une corbeille,  sur les stalles de la sacristie de la cathédrale du Mans.

http://www.lavieb-aile.com/article-les-stalles-du-xvie-siecle-de-la-cathedrale-du-mans-123594149.html

J'écrivais alors dans ma description :

 J'ajoute au dossier "Chien de Pilate" d'autres références, celles de gravures de Wenceslas d'Olmütz (v.1496) ou Michel Wohlgemuth (monogramme W), inventeur de la gravure à l'eau forte : celle où Pilate est accompagné, au Prétoire, de deux chiens, et celle, qui suit la précédente, où Jésus est présenté au peuple par Pilate tandis qu'un chien montre ses dents. ici. En fait, ces gravures, comme celles de Jean de Culmbach (même référence p.383) ou d'autres d'un graveur inconnu, sont des copies de celles de la Passion de Schongauer avec un chien sur l'Ecce Homo (Unterlinden, Colmar) et deux chiens sur la Comparution. Dans cette série, le grand-prêtre est accompagné aussi par un chien.

 

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Il est présent au pied de la croix, près d'un cavalier, dans la Passion (v. 1550) de Guengat :

http://www.lavieb-aile.com/article-l-eglise-de-guengat-29-i-les-vitraux-122885533.html

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Lancette D : le couple des donateurs présenté par saint Michel.

 

 

                                   la-passion 0330c

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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On retrouve sensiblement le même carton (Saint Michel et les donateurs) à Guengat, en A2 de la baie 1.

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 vitraux 0371c

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Saint-Michel, dans la même attitude d'intercession que saint Jean-Baptiste à gauche, présente le couple ; il est couronné, vêtu d'une cuirasse d'apparat, porte l'épée à la ceinture, et il brandit une croix à longue hampe. Ses ailes vertes sont déployées de chaque coté, sur le fond damassé violine.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Le seigneur de Nevet, identifié par les armoiries de son tabard, est identique à son vis-à-vis : même armure, même courte fraise, même coiffure, même Livre d'Heures à la tranche dorée, même lettrine D. Mais celle-ci est inversée, "comme si" on avait utilisé le carton des donateurs de droite en le renversant. Dans ce jeu des sept erreurs, le "léopard" est positionné autrement, et ce seigneur-ci porte une belle épée.

 

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Sa Dame est aussi la sosie de celle de gauche : même chaperon de velours noir, même collier dérobé au portrait d'Anne de Bretagne, même manteau à large manche, même robe frappé d'hermines, même alignement de boutons en marguerites de perles, même ceinture à anneau d'or, etc.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

 

 

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II. LE REGISTRE SUPÉRIEUR.

         

 

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Lancette A (à gauche) : Christ en croix.

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La scène cruciale se découpe sur un fond damassé rouge. La croix est fichée au sol parmi les fleurs, à coté du crâne d'Adam.

 Marie, en pâmoison au pied de la croix, croise ses bras dans un geste des mains qui renvoie à celui qu'elle eut, face à l'ange Gabriel, lors de l'Annonciation. Mais ce geste ici se referme, comme le cycle de la Vie de Jésus. Stabat Mater dolorosa Juxta crucem lacrimosa Dum pendebat Filium...

Outre l'apôtre Jean, qui, un genou à terre, soutient la Vierge, quatre personnages, que leur tenue désigne comme des Juifs, forment un cadre où les gestes se répondent.

Le premier personnage à gauche est  Longin, qui donne le coup de lance dans le flanc droit et, de la main droite, désigne son œil.  Selon la Légende dorée, ilreçoit une goutte du sang issu de la plaie, ce qui le guérit d'un trouble (physique, mais aussi spirituel) de la vision. Il devrait alors porter la tenue de soldat romain. . A sa gauche, un cavalier désigne le Christ du doigt en s'adressant à son voisin qui le regarde. Il s'agit du Centenier lorsqu'il s'écrit (Marc,15,39) Vere filius dei erat iste, "Vraiment, celui-ci est le Fils de Dieu !".

J'ai abondamment commenté cette scène dans ce blog, tant elle est fréquemment illustrée sur les vitraux et sur les calvaires sous la forme de deux cavaliers encadrant la croix.

 

http://www.lavieb-aile.com/2019/09/le-calvaire-de-la-chapelle-sainte-marie-du-menez-hom-en-plomodiern.html

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Roger Barrié a noté l'absence, inhabituelle, de Marie-Madeleine au pied de la Croix.

Ce panneau est fondé sur le même carton que le panneau C3 d'Ergué-Gabéric, et se rapproche d'un panneau B3 de Lanvenegen.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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2. Déposition de croix.

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La croix à titulus INRI se dresse sur un fond damassé violet.

Joseph d'Arimathie soutient le corps sans vie dans un geste d'une grande compassion. Il porte un bonnet vert, une barbe blanche, une robe rouge ouverte sur des hauts-de-chausses roses, et des bottes à revers.

 

Nicodème le bricoleur a apporté son échelle et s'est armé d'une paire de tenailles pour ôter les clous et libérer celui dont il est le disciple. On lit sur le galon or de son manteau vert les lettres  OVIERIVA, que Roger Barrié lit OLIERAV, dans laquelle, par un parti-pris hérité de Couffon, il voit "probablement une signature Olivier Le ..." [évoquant celle du maître-verrier quimpérois Olivier Le Sodec ]. Il la rapproche d'une inscription comparable à Kerfeunten, toute aussi discutable.

Les artistes oublient rarement de souligner par des codes vestimentaires la judeité d'Arimathie et de Nicodème : longue barbe, riches vêtements, chapeau rituel, vaguement conique et enturbanné,et, inévitable, l'aumônière. 

Le visage du Christ est admirable, mais on le doit à une restauration récente ; Roger Barrié notait néanmoins une facture plus rapide (que le modèle ancien d'Ergué-Gaberic), un dessin moins assuré, un modelé plus sommaire et les ailes du nez traitées différemment.  Le visage de la Vierge est plus ingrat. 

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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3. Mise au tombeau.

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Sur un arrière-plan composé d'arbres, de rochers et d'un fond damassé rouge, six personnages procèdent à la mise au tombeau du Christ : la Vierge, guimpe blanche, robe violette et manteau bleu ; saint Jean, en prières, mains jointes et yeux levés vers le ciel ; une sainte femme ; Marie Madeleine ;  Joseph d'Arimathie, barbe, sourcils et cheveux blancs sous un bonnet vert ; et Nicodème, coiffé d'un bonnet pointu à turban et vêtu d'une somptueuse robe en brocart purpurin, aumônière bleue à la ceinture. 

On remarque aussi la précision avec laquelle le dessin de la pilosité de l'abdomen est reproduite.

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      Cette mise au tombeau est réalisée sur le même carton que le panneau D3 de la Vie du Christ de Penmarc'h.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Sur le galon de la demi manche  de Nicodème (personnage qui porte les jambes du Christ) se lisent les lettres  ???ENTO. (VOENTO selon R.Barré).

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Sur la robe dorée de Nicodème, des bandes diagonales portent les lettres  RSEAT - AOVEI - VO.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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4. Résurrection.

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                        la-passion 0292c

 

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Sur un fond bleu damassé, le Christ se dresse en enjambant son tombeau, vêtu du manteau violet-pourpre de sa passion et non du manteau rouge de la Résurrection. Il tient une longue hampe terminée par une croix, et trace une bénédiction de la main droite. Derrière lui, deux soldats casqués, les yeux révulsés, sont terrassés par l'événement. Au premier plan, un garde au costume pittoresque semble plongé, les yeux ouverts, dans un état second. 

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

 

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 Les éléments architecturaux  des têtes de lancettes trilobées.

 

Ces têtes de lancettes sont occupées chacune par un couple de "génies" blonds qui maintiennent des tresses ou guirlandes fixées à des pinacles évasés, et dont la pointe est ornée d'une couronne, d'un lys et d'un bouquet d'acanthe.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

 

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Les armoiries.

Ce sont les armes des familles Treanna et [Tinteniac].

 

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1. Treanna (de) : d'argent à la macle d'azur. Devise Sine macula macla

La résidence manale des Treanna se trouvait à Elliant, mais ils possédait à Plogonnec trois domaines : Coat-Morvan, Kergoff-Uhella et Kergoff-Izella. 

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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2. Tinteniac ?   : "Écartelé au 1 et 4 de Treanna, au 2 et 3 d'argent au croissant (ou à la merlette) de gueules." (Chanoine Abgrall, Notice de Plogonnec).

Selon R. Barrié, c'est une restauration fautive des armes des Tinteniac après 1520, d'hermines au croissant de gueules, cette famille rentra en possession de la seigneurie de Treanna en la paroisse d'Elliant. En effet, Pierre de Tinténiac, seigneur du Porcher, qui revint en Bretagne par son mariage, en 1520, avec Françoise, dame de Quimerc'h, fille unique de Louis de Quimerc'h et de Françoise de Broons, prit alors les armes de Quimerc'h [kerimerc'h ?] qui sont : « D'hermines au croissant de gueules ». C'est en 1640 que Maurice de Tinteniac devint seigneur de Treanna.

Roger Barrié fait remarquer que les meubles des armoiries, réalisés postérieurement, sont montés en chef d'œuvre au sein d'œuvres anciennes. On appelle "sertissage en chef d’œuvre", l’incrustation d’un verre, tenu par un plomb, à l’intérieur d’un autre verre plus grand et de couleur différente. Je le remarque pour la pièce blanche au sein du losange bleu du blason des Treanna. 

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

 

  

                  

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 III. LE TYMPAN.

 

 

 

 

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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A. Les armoiries.

Deux mouchettes.

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Des couronnes de gloire sont constituées de motifs d'acanthe à fruit, liés par les extrémités des feuilles.

Dans ces chapiteaux de triomphe , en partie conservés, se trouvent deux écus modernes.

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1. Celui de la famille Boscher, d'azur à l'aigle [éployée] d'or :

 Boscher ou Boher, sr de Lopéau, par. de Plogonnec. Réf. de 1426 à 1443, dite par., év. de Cornouaille. D'azur à l'aigle d'or (Arm. de l'Ars.). Fondu an 1464 dans Kerpaên.

 Potier de Courcy, 1890.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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2. Celui de la famille Quillou, seigneur de Keroncuff, d'argent au chef de sable.

Quiliou (du), sr dudit lieu, par. de Plougastel-Sainl-Germain,— de Keroncuff, par. de Plogonnec, év. de Cornouaille. D’argent au chef de sable (G. le B.). Moderne : le Barbu. Nobiliaire et armorial de Bretagne T. III.

 

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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B. La Vierge à l'Enfant.

Ce panneau provient d'une Adoration des mages, ce qui explique l'attitude de Marie, assise sur une cathèdre et celle de l'Enfant-Jésus recevant une boite précieuse en cadeau royal. La scène correspond à la taille d'une lancette.

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On peut la comparer à la scène analogue de la baie 3 (1546) de la chapelle N-D. du Crann à Spézet :

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Adoration des Mages, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

 

              

 

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Les carnations sont rendues par un verre rose (comme à Guengat et Locronan, par exemple) peint à la grisaille et au jaune d'argent, et touches de sanguine pour les lèvres et les ombres, qui sont également rendus par des hachures.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Sur le galon du manteau bleu de la Vierge se   lisent des successions de lettres que je déchiffre ainsi : (entre parenthèses les lettres douteuses)

XFAOCSODEESOVOEUVRAEVEMSOEN*R

 VERFOVRON*

*N rétrograde.

Roger Barrié y a lu OLSODEG, ce qu'il interprète comme le nom de famille Sodec ou Sodeg précédé du prénom Olivier abrégé, ou des initiales O.L, signature d'Olivier Le Sodec, le verrier quimpérois. 

Pour moi, il s'agit de séquences aléatoires de lettres, ornementales, un procédé courant dans la peinture flamande et dans les enluminures d'île de France ou de Touraine ; ou , du moins, on ne peut y isoler une séquence sous prétexte qu'on la recherche, et passer outre les lettres qui ne satisfont pas ces attentes, pour affirmer qu'il s'agit de la signature du peintre-verrier.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Restauration et conservation.

(D'après R. Barrié).

Restauration.

— Une première restauration a eu sans-doute lieu en 1622 par Yvon Bernard dit Camart : les comptes de fabrique ne précisent pas si la réfection des vitraux par ce dernier a concerné la baie 0, mais on peut le supposer au vu de la somme élevée qui a été versée à l'artisan;

— En 1634, la remise en plomb est confiée à Jean Lagneau, mais celui-ci n'effectue pas le travail, qui sera réalisé par les frères Bernard, Yvon et Mathieu.

— Du XVIIIe siècle datent les armoiries qui timbrent l'arcade des lancettes C et D.

Des restaurations de détails comme les mains de Jacques de Nevet, le sabot du cheval dans la Crucifixion, ou l'épaule gauche du Christ dans la mise au tombeau datent du XVIIIe ou du début XIXe.

— En 1845, un devis de restauration est demandé à l'architecte Bigot devant l'état très inquiétant de la verrière, puis la restauration est menée, sans-doute par Cassaigne de Quimper.

— En 1901, le rapport de Magne permet le classement du vitrail en 1904, et une campagne de restauration, au cours de laquelle de nombreux verres anciens sont remplacés, comme tous les blasons, une bonne partie des soubassements, et tous les couronnements des lancettes. Selon Roger Barrié, cela se fit par copie fidèle de l'ancien, par une technique picturale "pas mauvaise", en diminuant la mise en plomb par des pièces de verre de plus grande dimension.

— Les vitraux furent déposés en 1942 et abrités en caisse dans le presbytère, puis replacés en 1953 par Jean-Jacques Gruber après un nettoyage à l'eau claire. (Devis de M. Lisch, architecte ; somme réglée à J.J. Gruber 1.043.430 F)

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Conservation.

Celle-ci est jugée moyenne: c'est le verre incolore qui s'avère le plus attaqué lorsqu'il n'est pas protégé par le jaune à l'argent, mais qu'il comporte une grisaille à la face intérieure.

 Les verres rouges bleus et verts sont au contraire peu corrodés. Lorsqu'un damassé à la grisaille a été peint sur la face interne d'un verre rouge, comme la robe de Joseph d'Arimathie dans la descente de Croix, les tavelures extérieures suivent le dessin du damassé.

Ce sont les verres bleuté du tombeau du Christ et vieux rose du couvre-chef de Pilate, à l'extérieur irisé et indemne de toute tavelure, qui ont le mieux résisté aux attaques des agents atmosphériques et à la dégradation chimique.

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Discussion sur les donateurs.

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1. Identité des donateurs.

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Nous l'avons vu, la seule certitude est donnée par les armoiries qui sont celles de la famille de Nevet, mais la solution proposée par les différents auteurs est d'y voir Jacques 1er de Nevet (1494-1555)  et son épouse Claudine de Guengat à gauche dans la lancette A, et leur fils aîné René de Nevet (1555-1585) à droite dans la lancette D, accompagné de son épouse.

L'un des arguments avancé est que le même carton des donateurs se retrouve à Guengat (mais sans armoiries permettant une identification) sur un Jugement Dernier de 1525: chacun des époux aurait commandité un vitrail dans l'église de leur fief, Jacques de Nevet à Plogonnec et Claudine de Guengat à Guengat. Pour R. Barrié, "l'importance de ce baron premier du nom comme celle de son épouse justifie leurs donations aux églises de leur paroisse respective à cette époque".

Annuaire de la noblesse 

https://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9vet

https://gw.geneanet.org/jcbo?lang=en&n=de+guengat&oc=0&p=claude

Le couple s'est marié en 1524 (Wikipédia qui cite Le Moigne), date qui est plus tardive que celle de création du vitrail (vers 1520, mais proche des vitraux de Lanvénégaen en 1515 et d'Ergué-Gabéric en 1516-1517).

Jacques de Névet est de confession réformée, ce qui n'incite pas à se faire présenté par un saint.

Le couple de droite serait, pour R. Barrié, "René de Nevet, le fils aîné de Jacques de Nevet, figuré seul avant son mariage à Guengat, et avec son épouse à Plogonnec".

D'autre part, si ce vitrail a été fait en 1520, René de Nevet  ne saurait y figurer, et encore moins son épouse.

Enfin, à la différence d'autres sites, les donateurs ne sont pas présentés individuellement, mais en couple, les épouses ne sont pas identifiables par leur armes mi-parti, et les deux couples sont identiques, et en miroir. 

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Je propose de résoudre ces difficultés ainsi : les donateurs aurait souhaité souligner que la famille de Névet se  revendique comme fondatrice de l'église de Plogonnec ; ils auraient fait figurer deux couples fictifs (les épouses ne sont pas identifiées par les armes de leur famille), en utilisant les canons de représentation des donateurs en vigueur à leur époque au début du XVIe siècle. Tant il est vrai que, sur les vitres finistériennes, tous les donateurs et, a fortiori, toutes les donatrices se ressemblent (et celles-ci ressemblent au portrait d'Anne de Bretagne). C'est aussi ce que nous constatons dans les gisants, qui ne donnent pas un portrait réaliste, mais figure le défunt idéalisé à la fleur de l'âge et en armure. Cette proposition peut expliquer la reprise d'un même carton pour deux donateurs différents, et l'absence de coïncidence avec les données généalogiques.

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2. Les saints intercesseurs.

Saint Jean-Baptiste et saint Michel, dont l'identification ne fait pas de doute, ne présentent pas les personnages portant leur nom ; on trouve bien des Jean de Nevet, mais aucun Michel de Nevet. Ils sont donc là comme saints intercesseurs, ces saints qui étaient invoqués, dans les Livres d'Heures notamment, pour leur puissance de protection contre les périls. 

 Le couple saint Jean-Baptiste / saint Michel est connu comme intercesseurs du Jugement dernier, "suivant une habitude ancienne qui revient en faveur en Allemagne à la fin du Moyen-Âge" selon R. Barrié, ce qui incite cet auteur à supposer " un grand ensemble consacré au Jugement Dernier" : les donateurs auraient été déplacés alors qu'ils trouvaient leur place à l'origine au soubassement de la verrière du Jugement Dernier, "probablement en remplacement de panneaux détruits. La tête de la donatrice en A1 est constituée par le réemploi d'une tête de damnée retournée pour l'occasion". Mais cette hypothèse est jugée non recevable par les auteurs du Corpus Vitrearum, "en raison de la parfaite intégration des panneaux de donation à l'ensemble de la baie 0, restée intacte comme la baie 1 à l'inverse des autres, perdues en tout ou parties".

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 En réalité, la visite de l'église de Guengat apporte un éclairage nouveau, car, quoique placée sous le patronage de saint Fiacre, elle consacre une place importante à saint Jean-Baptiste et à saint Michel, le premier ayant sa statue dans le chœur et le second dans la chapelle de bas-coté, et ces saint servant d'intercesseurs auprès de trois couples de donateurs, deux dans la baie 1, et un dans la baie 4. Surtout, un magnifique vitrail des années 1500, donc antérieur à celui de Plogonnec, présente les deux saints encadrant la Vierge :

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 Baie-2 0414x

 

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En outre, l'église de Guengat ne renferme pas de donateurs portant les armoiries de la famille de Guengat, alors que celle de Plogonnec montre, dans l'actuel vitrail de saint Sébastien, Alain de Guengat et Marie de Tromelin, et, dans le vitrail de la Passion, les armoiries aux trois mains de cette famille. Ces éléments incitent à s'interroger sur les liens réciproques entre les deux paroisses et leurs églises, le château de Guengat se trouvant à la limite des deux paroisses.

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SOURCES ET LIENS.

 

 

 

 — BARRIÉ (Roger)  Etude sur le vitrail en Cornouaille au 16e siècle : Plogonnec et un groupe d'églises de l'ancien diocèse de Quimper / ; sous la direction d' André Mussat, 1979  Thèse de 3e cycle : Art et archéologie : Rennes 2 : 1979. Bibliogr. f. 9-32. 4 annexes (vol. 2)

 GATOUILLAT (Françoise) HEROLD (Michel), Les Vitraux de Bretagne, Corpus vitrearum France recensement VII, Presses Universitaires de Rennes : Rennes 2005 pages 157-159.

— LE GUENNEC (Louis),   1921, L’Elégie de Monsieur de Névet et le baron Huet, Bull. SAF

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1921_0204_0213.html

 

— LE MOIGNE (Gérard), 1999,  "La seigneurie de Névet", Bulletin de la Société archéologique du Finistère, tome CXXVIII, année 1999

— PEYRON (chanoine Paul), 1900 Plogonnec, Bull. SAF, p. 24-54.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2076531/f114.image

— PEYRON (chanoine Paul), 1919, "Les derniers seigneurs de Névet, 1602-1721", Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie, 1919

https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/bdha/bdha1919.pdf

— Jean TREVIDY (Jean), 1888, Histoire de la maison de Névet racontée par Jean, baron de Névet (1664)", Bull. Société archéologique du Finistère t. XV page 351.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2081934/f436.item

 

— Base Sigilla

http://www.sigilla.org/fr/sgdb/recherche-sceau-type

— Base ARMMA

https://armma.saprat.fr/

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Héraldique
12 février 2020 3 12 /02 /février /2020 11:28

Les crossettes et gargouilles (vers 1528) et les inscriptions et sculptures de l'église de Confort-Meilars (façade occidentale exceptée).

 

 

 

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Voir sur l'église Notre-Dame de Confort-Meilars :

 

 

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— Cet article appartient à une étude des crossettes du Finistère destinée à permettre des comparaisons et à dégager des constantes stylistiques et thématiques. On consultera sur ce blog :

 

 

PRÉSENTATION.

 

Les crossettes et les gargouilles de l'église de Confort-Meilars n'ont pas fait l'objet ni d'une description spécifique, ni d'un dossier photographique complet, et il en va de même des quelques sculptures annexes. Les inscriptions lapidaires de datation ont été mieux relevées, mais on ne trouve pas leurs photographies. (voir monumentum.fr des monuments historiques). 

1°) Les inscriptions et dates.

A la fin du XIXe siècle, le chanoine Abgrall  a noté les inscriptions lapidaires suivantes de la chapelle (elle ne sera église paroissiale qu'en 1910) de Confort-Meilars :

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La seconde inscription est la plus précieuse car elle donne l'année de construction et de fondation. Elle a été relevée ensuite en 1922 par l'abbé Rolland qui signale son accès difficile (et, de fait, je ne l'ai pas remarquée) : "Sur le mur latéral nord de l'abside est cette inscription haut placée, qu'on ne peut lire qu'en montant à l'échelle : EN LAN MVCXXVIII (1528) LE SECOND DIMANCHE D AUST"  .

Il faut donc admettre la construction de la chapelle en 1528, date de mariage du couple fondateur, Alain de Rosmadec et Jeanne du Chastel. Et, par la même, l'attribuer aux  crossettes et aux gargouilles . Une inscription au dessus du portail ouest compléterait utilement ces données, si nous parvenions à la déchiffrer (ce serait l'affaire d'un estompage, mais qui ne peut relever que de l'autorité, et de la motivation, des services publics).

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L'inscription de 1651 sur la première fenêtre nord (ma lucarne VI) est également confirmée par l'abbé Rolland : " Et sur ce même côté nord, près de la première fenêtre : 1651. — M. RECTEUR. A. BRONELOC. JEAN. DONAR. F.", soit en suivant Abgrall  : " 1651, M[essire]. A. Broneloc, recteur,  Jean Donar, fabricien. Elle indique une restauration. Je ne l'ai pas remarquée non plus. Pourtant, il serait utile de vérifier la graphie BRONELOC, qui n'est pas attestée comme patronyme.

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On trouve ensuite la date de 1707 sur le pignon de la première fenêtre sud , à l'occasion d'une restauration de la façade sud et d'une modification de la corniche : je la présenterai plus tard.

Enfin, on sait que la tour fut reconstruite de 1711 à 1714, et que le haut de la tour fut rebâtie en 1736, comme l'atteste l'inscription portant le nom du recteur Le Dourguy. J'en donnerai la photographie.

Enfin, le cadran solaire au stylet brisé n'indique plus l'heure, mais dit encore la date de sa pose : 1788.

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2°) Description des sculptures extérieures  par Rolland en 1922

 

« A l'extérieur, on remarque d'abord les nombreuses fenêtres qui toutes sont, surmontées de frontons triangulaires dont les chevronnières hérissées de crosses végétales ont pour couronnements, d'un côté des croix, de l'autre, des bouquets trilobés.

L'abside à pans coupés offre une ordonnance des plus remarquables. Ses gables sont très élancés, ses contreforts, malgré leur grande solidité, n'ont rien de disgracieux. Ses pinacles sont assemblés par des trèfles à quatre feuilles, au bas desquels sont placées des gargouilles recevant les égoûts des toitures.

L'une des fenêtres absidales, celle du côté de l'Evangile, contient une magnifique fleur de lys ; c'est sans contredit la plus élégante de toutes les fenêtres fleurdelisées qui soient dans le pays.

Au côté sud, on remarque à la base de chaque fronton des cariatides [ comprendre : "crossettes"] aux figures grimaçantes, qui semblent bien être des emblèmes destinés à représenter les principaux défauts dont l'humanité est affligée."

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Je débute donc mon tour de l'église dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, en faisant l'impasse sur l'intéressante façade occidentale, à laquelle je consacrerai un article séparé.

Placé sur le parking devant l'élévation sud, je lève les yeux et le m'intéresse à l'inscription du clocher.

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LA TOUR DU CLOCHER ET SON INSCRIPTION.

 

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"Cette façade est couronnée par un gracieux petit clocher haut de 32 mètres, dont l'aspect général semble indiquer qu'il remonte au Moyen-Age. Toutefois, ses baies à plein cintre et ses pilastres, de même que ses galeries saillantes indiqueraient plutôt un remaniement qu'il aurait subi au XVIIIème siècle, ainsi que semble d'ailleurs l'indiquer l'inscription suivante placée au côté sud, sur le croisillon de la chambre des cloches : MÈRE JOSEPH. LE DOURGUY. Rr. 1736.

Messire Joseph Le Dourguy de Roscerf, originaire de l'ancien évêché du Léon, et né au manoir de Trégué, en Bodilis, fut en effet recteur de Meilars, entre 1723 et 1742, année de sa mort. Sa mère était une demoiselle Thépault de Créac'haliou, fille du seigneur de Lambezre, vieux manoir également en Bodilis. »(Rolland)

 

L'inscription placée sur le croisillon de la chambre des cloches doit plutôt se lire aujourd'hui  ME[SSI]RE IOSEPH LE DOVRGVi R-73- Elle occupe deux cartouches (l'un pour le texte, l'autre pour la date). Ses lettres majuscules romaines sont en réserve dans le creux du cartouche. La lettre D est en minuscule. 

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Cloche de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Cloche de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Cloche de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Cloche de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

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Le cadran solaire de 1788.

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Cadran solaire (ardoise, 1788) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Cadran solaire (ardoise, 1788) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

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L'ÉLÉVATION SUD ET SES TROIS LUCARNES.

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L'élévation sud est percée de 3 lucarnes, que j'ai désigné comme LI, LII et LIII en partant de l'angle sud-est, et qui correspondent aux baies 4, 6 et 8 de la typologie du Corpus Vitrearum.

La première n'est pas ornée de crossettes, mais son fronton porte une précieuse inscription lapidaire.

Les deux suivantes portent à la retombée du gable chacune deux crossettes, numérotées C1 à C4 en partant toujours de l'angle sud-est.

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La lucarne I  et son inscription.

L'élévation sud débute par un mur seulement ouvert par une étroite meurtrière : cet espace correspond, à l'intérieur, à l'ossuaire, le seul de Bretagne à être à l'intérieur de l'église où il s'ouvre par des fenêtres à forts barreaux de fer. Selon la coutume, les fidèles pouvaient par ces grilles, dans un émouvant memento mori, voir les ossements de leurs prédécesseurs.

 

Au fronton de la lucarne, l'inscription est gravée dans un élégant cartouche en saillie. Les lettres majuscules romaines sont taillées en réserve dans le granite. On y lit :

H : LASTEN

NET .F.  1707.

soit "H. Lastennet, fabricien en 1707".

Les généalogistes mentionnent un Henri Lastennet, né en 1659 et décédé le 17 janvier 1719, à Tromilio (Confort-Meilars). Il épousa Marie Le Brusq (ca 1660-1705), dont il eut 6 enfants, puis Marguerite Le Quéré, dont il eut une fille, Hélène, en ... 1707.

https://gw.geneanet.org/mastrec34?lang=en&p=henry&n=lastennet

Ce toponyme Tromilio désigne un lieu-dit que la carte IGN désigne comme Tromiliou, sur la route se rendant à Poullan, un village de 5 maisons sur la carte d'État-Major 1820-1866, bien moins peuplé que Menez-Tromiliou, plus proche de l'église. La carte de Cassini indique Tromillon. Le nom vient du breton Traon, "lieu encaissé", et du nom d'homme Milio ( comme dans Ploumiliau et Guimiliau).

http://p9.storage.canalblog.com/92/65/986343/118848823.pdf

 

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Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

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La lucarne II  et les crossettes C1 (homme buvant) et C2 (lion).

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Après avoir dépassé la petite porte sud à l'ouverture en anse de panier souligné d'une accolade, et la rupture de continuité de l'élévation, puisque la largeur de l'édifice se rétrécit, nous parvenons à la deuxième lucarne qui, comme la suivante, diffère de la première par un gable à crochets et à fleuron.

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Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

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La crossette C1. Homme coiffé d'un chapeau rond, barbu ou buvant, tenant un récipient.

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L'homme parait accroupi et allongé sur la pente du gable, mais seul son buste est sculpté avec précision. La tête est tournée vers le sud, c'est à dire vers nous. Son visage rond et large au niveau des pommettes se termine par une barbe en éventail ; ses deux mains tiennent un récipient qui est placé sous ses lèvres.  Il  est ainsi la figuration du Buveur ou du gros Mangeur, dont il illustre le Vice.

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Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

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Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

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La crossette C 2. Un lion couché, langue tirée.

C'est bien un lion, le type même du lion de crossette avec sa gueule débonnaire à la langue longue et tombante, la  crinière bouclée contrastant avec le corps lisse, et avec la queue qui passe entre les pattes postérieures pour faire retour sur le dos. Bien qu'il soit très fréquent parmi les crossettes du Finistère, on peine à lui attribuer une signification précise. Je le considère le plus souvent comme une force vigilante ou menaçante, prêt à emporter dans sa gueule  les âmes des paroissiens qui s'écartent du droit chemin (les buveurs ou les lubriques, par exemple ...).

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Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

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La lucarne III  et les crossettes C3 (acrobate lubrique) et C4 (homme buvant).

Nous avons dépassé un contrefort orné d'un pinacle à crochet, puis une porte murée ; au passage, puisque nous n'en n'avons pas encore pris le temps, nous jetons un coup d'œil à l'appareillage régulier en pierres de belle taille, peut-être un leucogranite du Cap Sizun .

La lucarne LIII est la jumelle de LII, mais qui aurait mangé moins de soupe : elle est plus étroite, et le remplage des deux lancettes de sa baie ne forme qu'un soufflet. Elle n'a pourtant, en terme de truculence dans son ornementation sculptée, rien  à envier à sa sœur.

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Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

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La crossette C3 : l'acrobate lubrique.

Il est le type même des acrobates qui hantent le bord des toits, empoignant sa cheville et se donnant du plaisir. L'interprétation serait incertaine si la même scène ne se répétait pas, mais la constance de ce geste de tenue de la cheville (ici en croisant, main gauche tenant la cheville droite), et la position de la main entre les cuisses deviennent éloquentes. 

Mais non, esprit retors ! il soulage seulement sa vessie, c'est tout ! 

Aucun vêtement n'est sculpté, alors que le nombril est visible : ce personnage aggrave son cas en étant nu comme un ver.

Voir les deux acrobates de l'église de Dirinon (l'un nu, l'autre vêtu) ; ou l'acrobate de l'angle de l'arc de triomphe de  La Martyre, avec ses chaussures pointues, ou celui de la chapelle Saint-Nicodème de Ploéven, ou les exemples du même type en sculpture sur bois des sablières. Et mieux encore, l'acrobate du Doyenné du Folgoët. Peu à peu la liste de ces exemples s'accroit.

 

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Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

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La crossette C4 : un homme intempérant.

Ne le condamnons pas et tenons-nous en aux faits : cet homme ramassé sur lui-même, barbu, tourne la tête pour nous regarder alors que ses mains entourent un vase placé sous son menton. Où est le mal ?

Mouais. Gageons que, si ce vase n'est pas rempli de boisson forte, c'est que notre malin s'apprête à y vomir ses excès de table.

De C1 à C4, le projet iconographique se précise : les tombées des lucarnes servent de tréteaux pour célébrer (ou dénoncer) les plaisirs de la chair et de la chère, et pour mettre en garde ceux qui s'y adonnent.

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Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

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LE CHEVET À TROIS PANS ET SES GARGOUILLES.

 

Chemin faisant, après la troisième lucarne, et la porte de la sacristie, nous parvenons à l'extrémité orientale de l'église avec son chevet à trois pans. Comme l'écrit Couffon, "Le chevet, du type Beaumanoir, est contrebuté par des contreforts ajourés d'un quatre-feuilles du plus heureux effet.". Ce sont ces contreforts qui portent, juste en dessous de leur coiffure ajourée, des paires de gargouilles, pour évacuer les eaux pluviales.

G1 est un homme accroupi, main vers la bouche, et dont la tête est brisée.

G2, à la tête monstrueuse, est proprement ithyphallique.

G3 semble s'extraire comme un Passe-muraille de l'angle du contrefort. Le granite est usé, mais sa tête difforme laisse imaginer qu'il ne vaut pas mieux que ses collègues.

G4 est un homme crapaud qui rampe tête en bas sur l'angulation ; là encore, et c'est tant mieux, le temps a su effacé les traits de la gueule qui crache sa vilenie.

Enfin G5 termine en beauté, ou plutôt en laideur, cette série patibulaire : c'est, disons,  un chien, mais alors un bouledogue qui aboie sa hargne au vent. Mais vainement, vainement !

 

 

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Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

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Voici donc G1, l'homme accroupi, main vers la bouche, et dont la tête est brisée. Nous voyons ainsi la goulotte d'écoulement des eaux (qui différencie la gargouille, à fonction d'évacuation, d'une crossette, qui a  fonction d'amortissement).

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Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

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Et maintenant l'ignoble G2, mais les parents devront d'abord éloigner leurs enfants.

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Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

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Puis G3, le Passe-muraille, qui commence déjà, à peine sorti,  à retrousser sa tunique.

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Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

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Hélas, mesdames et messieurs, il nous faut poursuivre avec G4 l'homme crapaud. Mais évitez de rester dessous, car il vise bien, l'animal !

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Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

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Arc-bouté des quatre pattes sur sa console, G5 marque la fin de ce petit périple. Enfin ! Couché Médor, couché!

 

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Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

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L'ÉLÉVATION NORD ET SES TROIS LUCARNES LIV, LV ET LVI.

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Avant de prendre la direction plein ouest pour suivre cette élévation, il faut remarquer un couple de lions qui, sous nos yeux, emportent dans leur gueule un malheureux paroissien. Cela devait finir comme ça, à force de vivre dans le stupre et le lupre.

Et remarquez que le sculpteur a pris soin, dans un beau souci didactique (ou craignant que ses talents de sculpteur animalier laisse planer une hésitation), d'inscrire le nom LEO sur la pierre.

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Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

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Ici, un homme assis, coiffé du chaperon, et tenant en main gauche un parchemin à peine déroulé.

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Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

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La lucarne IV  et ses crossettes C5 et C6.

La lucarne répond par symétrie à la lucarne LIII, avec son gable à crochets et fleuron, et le remplage simplifié de la baie 3.

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Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

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De la crossette C5, je ne dirai rien, c'est sa faute, elle a résisté à mes tentatives d'entrer en contatc.

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La crossette C6 est un fieffé buveur, de la même confrérie que C1 et C4. J'ai cru avoir affaire à un ange, mais ce que je prenais pour des ailes n'est que le bassin de notre ivrogne.

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Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

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La lucarne V (dont la baie abrite un beau vitrail ancien de 1554, Jean Floch étant fabricien) ne nous intéresse pas : elle n'a aucune crossette, la tombée du gable étant amortie par deux pinacles à crochets. Nous avançons.

Nous retrouvons le redan formé par l'élévation, symétrique à celui du sud, et chapeauté lui aussi par un petit contrefort, nous passons devant la porte nord, qui hésite avec le plein-cintre avant d'opter pour une anse de panier, et nous parvenons à la lucarne VI. Pas de pinacles à crochet (comme en L. V), pas de gable à crochet non plus, mais deux crossettes.

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La lucarne VI  et ses crossettes C7 et C8.

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La crossette C7 est un lion, comme la C2. Mais ici, nous remarquons mieux les pattes velues, un attribut important des lions de crossettes qui se respectent.

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Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

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Et la crossette C8 est encore un lion, avec les pattes velues, la queue revenant sur le dos, et la tête qui ... Non, la tête de ce lion est brisée, me dispensant d'une énième description.

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Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

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Nous voici au terme de notre circumduction, à l'angle nord-ouest. Nous venons de remarquer, après la lucarne VI, une fenêtre toute en hauteur, divisée par un meneau : elle éclaire la chapelle des fonts baptismaux (Couffon), une pièce fermée symétrique à l'ossuaire, et  où les lépreux assistaient à l'office dominical .

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Pour finir, à cheval sur notre prochaine excursion qui visitera la façade occidentale, je vais décrire le gable de ce toit, descendant depuis la tourelle d'escalier du clocher, car sa crossette C9 appartient légitimement à mon sujet d'aujourd'hui.

C9, c'est un homme accroupi "en chevalier servant", dont la tête est brisée. Que fait-il ? Étire-t-il son psoas ? Est-ce un guetteur ? Il porte des chaussures à extrémité larges, mais on ne distingue pas de vêtement. Ses fesses sont posées sur une sorte de rocher  rond ; j'espère que nous ne sommes pas ici sur un sujet scabreux.

Mais ce brave C9 appartient à une saynète qui débute plus haut : un  animal (chien ? ours?) est couché sur la moulure est aboie vers lui de façon menaçante. Seul le sépare le crochet en feuille de chou. 

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Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

Crossettes et gargouilles (1528?) de l'église de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile 2020.

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SOURCES ET LIENS.

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COUFFON (René) & LE BARS (Alfred), 1988, Notices

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/MEILARS.pdf

"Suivant la généalogie de la Maison de Rosmadec, l'édifice actuel fut bâti en même temps que l'ancienne église de Landudec, entre 1528 et 1544, par les soins d'Alain de Rosmadec et de sa femme Jeanne du Chastel. La date de fondation inscrite sur la face nord du chevet, "EN. LAN. MVCSXXVIII. LE. SECOND. DIMANCHE. DAVST", vient confirmer cette assertion, mais les nombreux poissons et les caravelles sculptées sur le tympan du portail ouest montrent la participation importante des pêcheurs et armateurs, comme à Roscoff et à Penmarc'h.  Au cours de la construction, il y eut repentir, les deux premières travées ayant une largeur légèrement supérieure aux deux dernières.

L'édifice actuel comprend une nef de quatre travées avec bas-côtés et un choeur terminé par un chevet à noues multiples. De part et d'autre du clocher encastré sont deux réduits : côté sud, ossuaire ajouré de deux baies et donnant sur l'intérieur ; côté nord, chapelle des fonts. Le pignon ouest est percé à la base par un portail influencé par celui de Saint-Corentin, mais les voussures ne sont décorées par aucune guirlande de feuillages.

Le chevet, du type Beaumanoir, est contrebuté par des contreforts ajourés d'un quatre-feuilles du plus heureux effet. L'un des remplages renferme une fleur de lys, les deux autres sont flamboyants.

Du type à nef obscure, l'édifice est lambrissé en berceau avec entraits apparents ; les grandes arcades en tiers-point pénètrent directement dans les piliers ; elles sont simplement épannelées dans les deux premières travées et bien moulurées dans les deux dernières.

Sablières sculptées au-dessus de la quatrième arcade et dans les collatéraux.

Arcs diaphragmes sur la nef et les bas-côtés entre la troisième et la quatrième arcade.

BIBL - B.D.H.A. 1933 : Notice (par l'abbé Parcheminou) - J. Rolland : La chapelle Notre-Dame de Confort (Saint-Brieuc, 1922) - R. Couffon : Notre-Dame de Confort (S.F.A. C.A. 1957) - R. Grand : L'art roman en Bretagne (Paris, 1958) - Ass. Bret. : Congrès de Douarnenez, 1965

— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.

http://www.pur-editions.fr/couvertures/1409573610_doc.pdf

— LE SEAC'H (Emmanuelle), 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère : Landerneau, Landivisiau, Ploudiry, Sizun. Mémoire de maîtrise d’histoire,  2 vol. 359 p. + 135 p. : ill. ; 30 cm.

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— Pop.culture

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA00006261

"Chapelle fondée et bâtie entre 1528 et 1544 par Alain de Rosmadec et Jeanne du Chastel sa femme ; inscription sur le mur nord du chevet : EN LAN MILVCXXVIII (1528) LE SECOND DIMANCHE D'AUST (août) et sur l'élévation ouest inscription illisible sauf : MILVCXXVIII (1528) ; restaurations faites dés 1651 (inscription sur la 1ère fenêtre nord : 1651 M A BRONELOC RECTEUR IEAN DONAR F (ABRIQUE) ; restauration de la façade sud et modification de la corniche en 1707 (date sur l'un des pignons) ; reconstruction de la tour de 1711 à 1714, ; haut de la tour rebâti de nouveau en 1736 (inscription : M (ESSI) RE JOSEPH LE DOURGUY R (ECTEUR) R 1736 ; tourelle d'escalier surélevée au 18e siècle ; fenêtres est des bas côtés bouchées à une date inconnue ; devient église paroissiale en 1910"

PARCHEMINOU (Corentin), 1933, Meilars-Confort, Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie (BDHA)

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/295fd408ca344ed8913a9ae63b8516cd.pdf

ROLLAND (J.), 1922,  La chapelle Notre-Dame de Confort (Saint-Brieuc, 1922) : in Infobretagne 

 

Le champ du fronton principal, à l'ouest, est garni d'un nombre considérable de statues et orné de sculptures de barques mouillées sur leurs ancres. Ces embarcations sont montées par des pêcheurs occupés à inspecter l'horizon et paraissant attendre dans le recueillement et la prière l'arrivée prochaine des grands et des petits poissons qui, non loin, prennent leurs ébats.

Dans cette même surface se trouve une longue inscription gothique malheureusement assez fruste et par suite peu déchiffrable.

http://www.infobretagne.com/meilars-confort-chapelle.htm

 

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Published by jean-yves cordier - dans Gargouilles et crossettes
10 février 2020 1 10 /02 /février /2020 11:27

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La baie 10 (vers 1530 ; v. 1544 ; v.1560) de la chapelle du Rosaire de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Voir sur l'ancienne collégiale de Pont-Croix :

 

 

— Voir  : La liste des 225 articles de ce blog  traitant des vitraux (dont plus de 120 sur les vitraux de Bretagne).

 

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PRÉSENTATION (d'après Gatouillat et Hérold 2005).

La collégiale Notre-Dame de Roscudon possédait d'après une enquête de 1403 une maîtresse-vitre figurant Sinquin de Pont-Croix (1240-1293), seigneur du lieu en 1290. Sa fille Pleslou, héritière du fief, fait entrer Pont-Croix dans la seigneurie de Landudec par son mariage avec Alain de Tyvarlan. En 1384, Alix de Tyvarlan, héritière à son tour, épouse en 1391 Jean Ier de Rosmadec (famille originaire de Telgruc). La lignée des Rosmadec va régner sur Pont-Croix jusqu'au XVIIIème siècle.

Il ne reste rien de cette verrière, et  d'ailleurs, le chevet droit où elle se trouvait jadis fut transformé en chevet polygonal par Alain de Rosmadec et Jeanne du Chastel entre 1528 (date de leur mariage) et 1544 (date du décès de Jeanne, Alain décèdera en 1560). Dans le même temps,  les fenestrages des chapelles méridionales furent alors refaits. 

Ces derniers s'étaient fait représenter sur un vitrail, comme l'attestent les panneaux où ils figurent en donateur, et qui ont été replacés dans la baie 10, dans la chapelle du Rosaire, ou bras méridional du transept. Cette grande baie était à l'origine toute entière dédiée à l'Enfance du Christ. Comme l'ont remarqué Abgrall (1894 et 1904) et Couffon (1951 et 1957), la parenté du décor Renaissance peuplé de putti de ces représentations avec celui de la Nativité de la chapelle du Crann en Spézet replace l'œuvre dans le contexte de la production quimpéroise autour de 1540.

http://www.lavieb-aile.com/2016/06/les-vitraux-de-notre-dame-du-crann-a-spezet-l-adoration-des-mages-et-des-bergers.html

"Vers 1850, la volonté d'"éclaircir" la chapelle fit sacrifier certains panneaux des lancettes et ceux du tympan, remplacés par du verre blanc. La fenêtre a depuis été regarnie de panneaux colorés : elle présente un regroupement de vitraux de plusieurs époques du XVIe siècle, parmi lesquels une Annonciation et des épisodes de la Passion, sans doute récupérés dans d'autres parties de l'église, abside et bras nord. En 1991, à la suite de la restauration de la verrière qui lui avait été confié en 1983, Jean-Pierre Le Bihan en a complété les ajours avec des panneaux abstraits de coloration accordée aux panneaux anciens.

Les seules restaurations modernes documentées ont été pratiquées en 1922 par Labouret puis par Gruber  1953, après les déposes de 1942." (Gatouillat et Hérold)

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Datation.

Gatouillat et Hérold donne pour la baie 10 le deuxième tiers du XVIe siècle, et pour la baie 3 qui accueille des fragments d'une Passion, à émaux bleus, le quatrième quart du XVIe siècle.

Nous avons vu que le nouveau fenestrage du transept sud, ou chapelle du Rosaire, date entre 1528 et 1544.

On reconnait dans la baie composite n°10  diverses "citations" d'autres réalisations de l'atelier quimpérois dit "des Sodec" : une Transfiguration de Plogonnec (v.1520) et du Faouët (v. 1510-1515), une Adoration des Mages de Spézet de 1546, le portrait des donateurs également présent à Confort-Meilars (v. 1530), ou encore la Passion, en lien avec la vingtaine de Passions finistériennes d'origine quimpéroise du début au troisième quart du XVIe siècle. Ces citations sont thématiques (même motif) mais aussi stylistique (même atelier, voire même carton).

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Intérêts.

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Ce vitrail composite est d'un abord un peu ingrat. Les visages, lorsqu'ils n'ont pas été remplacés par d'autres au XVIIe siècle ou plus tard sont fortement altérés par la lèpre noire des micro-organismes. Les panneaux sont incomplets, souvent amputés de leur moitié inférieure. Les macédoines de fragments anciens qui les complètent forment un galimatias visuel. 

C'est son analyse pièce par pièce qui en révèle la richesse. Le premier intérêt est de les resituer dans la production d'un atelier quimpérois prestigieux tant par son savoir-faire que par l'importance de sa production, celui des Le Sodec. Une comparaison  s'impose d'abord avec l'Adoration des Bergers et des Mages de Notre-Dame-du Crann, puisque certains  panneaux sont identiques, mais il faut aussi créer des rapprochements avec l'Arbre de Jessé de Confort-Meilars, en raison de la proximité géographique des deux sanctuaires, et  du partage du même donateur, Alain de Rosmadec, ou avec celui de Kerfeunten à Quimper. L'emploi de verres rouges gravés, celui du jaune d'argent en touches sur les visages (celui de Jeanne du Chastel), l'ornementation des galons par des inscriptions peuvent retenir longtemps l'amateur.

Je note aussi l'art consommé de représentation des gestes de maniement des instruments de musique, comme à Confort-Meilars.

Le deuxième intérêt est ma découverte, dans la Fuite en Égypte, de deux modèles conjugués, une gravure de Dürer et une autre, qui n'est connue que par  un dessin plus tardif de Taddeo Zuccaro. Or, Le Bihan avait déjà repéré cette influence des gravures tant dans cette Fuite en Égypte que pour des scènes de la Passion. 

Un troisième intérêt est de voir une nouvelle fois attestées les armoiries écartelées d'Alain de Rosmadec, que j'avais déjà observées à Confort-Meilars, mais qui attendent des éclaircissements dans le champ de l'héraldique bretonne.

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Remarque.

Le travail d'iconographie comparative, particulièrement nécessaire ici,  est compliqué. Une publication par écrit se prête mal à la présentation des œuvres qu'on se propose de rapprocher. La publication numérique offre la possibilité de renvoyer, par lien hypertexte, vers d'autres articles, mais alors la confrontation des images n'est pas immédiate. J'ai choisi de placer les images comparatives avant l'image appartenant à l'œuvre étudiée, au prix d'une confusion possible entre celles-ci. Pour les différencier, les images que j'appelle en confrontation sont systématiquement plus petites et en retrait.

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DESCRIPTION.

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La baie 10 du coté sud de la chapelle du Rosaire mesure 6 m de haut et  5,80 m de large. Elle comporte 6 lancettes et un tympan de 15 ajours. 

Le registre supérieur rassemble des éléments d'une Enfance du Christ puis de la Passion

Un registre intermédiaire s'insère au milieu du registre précédent : la partie supérieure de la scène de donation par Alain de Rosmadec et son épouse y a pris place.

Le registre inférieur est une Adoration des bergers et des Mages, comme à Spézet.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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REGISTRE INFÉRIEUR : ADORATION DES MAGES ET DES BERGERS .

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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La Vierge . Première lancette.

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Elle est debout mains jointes devant plusieurs anges, dont l'un joue du luth et l'autre une harpe à montants parallèles et droits.

Ces anges sont vêtus au dessus de leur aube (blanche ou bleue) de luxueuses chasubles rouges ou vertes à parement d'or. Ils portent un diadème centré par un bijou en or. 

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Le joueur de luth.

Nous comptons 5 ou six cordes. La position des doigts des deux mains est très précise.

On peut le comparer à celui de l'Arbre de Jessé  (v. 1530) de Confort-Meilars :

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Luthiste de l'Arbre de Jessé de Confort-Meilars. Photo lavieb-aile.

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ste de l'Arbre de Jessé de Confort-Meilars. Photo lavieb-aile.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Le joueur de harpe.

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Six cordes visibles. Des montants parallèles. Et à nouveau une position très crédible des doigts de l'instrumentiste. On peut le comparer à celui de l'Arbre de Jessé  (v. 1530) de Confort-Meilars :

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Ange harpiste de l'Arbre de Jessé de Confort-Meilars (v. 1530). Photo lavieb-aile.

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Le roi David de l'Arbre de Jessé de Confort-Meilars (v. 1530). Photo lavieb-aile.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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La position des doigts :

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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L'ange joueur d'orgue portatif.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Le concert des anges. Deuxième lancette.

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L'Enfant (moderne) est dans un berceau en osier, surveillé par les mufles de l'Âne et du Bœuf, et chauffé par un pot à feu. Les anges joufflus jouent du luth, de la vièle à archet, de l'orgue portatif, et d'un instrument à identifier, devant d'autres qui chantent ou prient.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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La partie inférieure est très semblable à celle de la baie 3 de Notre-Dame du Crann à Spézet, daté de 1546.

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Registre supérieur, Adoration des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

 

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Verre rouge gravé.

Pour rendre la flamme du flambeau, le maître-verrier a utilisé la savante technique du verre double gravé (deux verres fins, l'un rouge, l'autre blanc, sont accolés, et le verre rouge est meulé par endroit) .

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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L'ange joueur de luth.

Cinq cordes, cordier bien visible.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
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L'ange jouant de l'orgue portatif.

À deux rangs de cinq tuyaux. La main droite est posée sur les touches, tandis que celle qui actionne le soufflet est dissimulée.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
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Les anges musiciens : jouant de la vièle à archet ou de la flûte.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Troisième lancette. Saint Joseph et le concert des anges.

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Saint Joseph, identifié à sa houlette souffre d'une restauration de son visage au XVIIe siècle et de modifications qui rendent sa tenue et  posture bien peu naturelle.

Derrière lui, trois joueurs de flûte et un harpiste.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
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Adoration de bergers offrant des colombes et des œufs. Quatrième lancette.

Un premier berger est agenouillé et offre des colombes dans un panier d'osier. Un autre offre des œufs dans un panier. En arrière-plan, un joueur de flûte et un joueur de cornemuse (tête restaurée).

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Là encore, la comparaison avec la baie 3 de la chapelle du Crann est éloquente :

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Registre supérieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Adoration des rois Melchior et Gaspard. Cinquième lancette.

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Deux têtes ont été restaurées au XVIIe siècle.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Il faut remarquer ici :

a) Les bergers qui assistent à la scène derrière une palissade : parmi ceux-ci, un joueur de cornemuse.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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b) l'emploi de verre rouge gravé (dans le "crevé" de la manche). C'est une innovation technique témoignant de la maîtrise du verrier (Cf Roger Barriè). Nous en trouvons de nombreux exemples (avec croisillons comme ici) sur l'Arbre de Jessé de Confort-Meilars.

c) le motif du damas du manteau jaune d'or : c'est une "grenade" peint par trois lunules au centre et 8 petites couronnes en périphérie. Il est si stéréotypé qu'on peut le voir comme une spécificité des verriers quimpérois. Il se remarquait déjà dans les lancettes précédentes.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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d)  L'inscription du galon du scapulaire (cliché de détail infra) : AVE GRCIA PENA AVE  / INOS / IOI

dans laquelle on déchiffre l'oraison Ave [Maria] Gracia Plena. Ce type d'inscription est presque constant dans les productions quimpéroises comme sur la Passion de Plogonnec,  l'Arbre de Jessé de Kerfeunteun à Quimper, ou, à profusion, sur  celui de Confort-Meilars. Ces inscriptions qui occupent le plus souvent le bord d'un vêtement   sont parfois dépourvues de sens (les lettres aléatoires permettant à certains auteurs des supputations sur la signature des verriers), mais lorsqu'elles sont déchiffrables, c'est toujours pour citer une oraison, le plus souvent mariale. La graphie est la même.

 

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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e) avec de bons yeux, vous pouvez voir la très discrète inscription suivante : REST - LE BIHAN- QUIMPER 1989. ARCHITECTE : DANIEL LEFEVRE. CONSERVATEUR : GENEVIÈVE LE LOUARN. INSPECTEUR : PHILIPPE BONNET. DOCUMENTATION : ERWAN LE BRIS DU REST ET INVENTAIRE GÉNÉRAL 1988-1989. (cliché de détail infra)

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Sixième lancette. Adoration du roi Balthazar. Un saint agenouillé.

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Panneau supérieur.

La composition générale est semblable au panneau de la baie 3 de la chapelle du Crann : un portique tiré des Antiquités romaines, une palissade avec une armée des lances et des bannières en arrière-plan, et un roi tenant dans la main droite un flacon de myrrhe et en main gauche un turban orientalisant, à ruban .  Les couleurs du vêtement sont les mêmes, et le collier en chaîne d'or fait deux fois le tour du cou.

 

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Balthazar, Adoration des Mages , chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

 

Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Ici, la robe rouge est un verre gravé, dont les zones meulées, en amande, ont été peintes au jaune d'argent. Ces petites navettes gravées sont communes dans les autres œuvres de l'atelier, comme par exemple, une nouvelle fois, sur l'Arbre de Jessé de Confort-Meilars.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Saint Jean agenouillé.

Ce panneau a été placé ici, mais il doit être séparé de cette séquence de l'Adoration des Mages. Le saint se détache sur un fond rouge à nuages blancs qui renvoie à une Transfiguration.

Plus précisément, ce fond évoque la Transfiguration de la baie 1 de l'église de Plogonnec, datée vers 1520 et attribuée également à l'atelier Le Sodec :

http://www.lavieb-aile.com/article-vitrail-de-plogonnec-iii-la-transfiguration-92501268.html

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Transfiguration (v. 1520) de l'église de Plogonnec. Photo lavieb-aile.

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Cette Transfiguration  est également présente à la chapelle Sainte-Barbe du Faouët :

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Le Christ entre Moïse et Elie, Baie 2 , Verrière de la Transfiguration, Chapelle Sainte-Barbe, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

 

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On remarque dans notre vitrail de Pont-Croix,  au dessus de saint Jean, les retombées du dais architecturés, ainsi qu'un bandeau derrière le nimbe, portant en guise d'inscription une série de O (comme derrière la Vierge à l'Enfant de la baie 1 de Plogonnec.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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LE REGISTRE INTERMÉDIAIRE : LE COUPLE DES DONATEURS.

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Seule la partie haute de la scène a été conservée. A gauche, le donateur Alain de Rosmadec agenouillé en armure est présenté par un saint évêque accompagné de deux anges (les têtes sont nimbées).

Alain de Rosmadec porte un tabard à ses armes, un palé d'argent et d'azur de 6 pièces.

 

Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Le donateur Alain de Rosmadec présenté par un saint évêque.

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1. Le saint évêque.

Gatouillat et Hérold proposent de voir dans ce saint accompagné d'un enfant René d'Anjou, mais tempère cette proposition d'un point d'interrogation.

À Plogonnec, la baie 5 représente Alain de Guengat présenté à saint Sébastien par un saint évêque, dont l'identité est précisé par une inscription : S : ALLAN, forme bretonne pour saint Alain. Il est donc logique de penser qu'Alain de Rosmadec est présenté ici par son saint patron. C'est encore un rapprochement avec les vitraux de l'église de Plogonnec, datés de 1520-1525

http://www.lavieb-aile.com/article-les-vitraux-de-plogonnec-i-saint-sebastien-95903456.html

Les deux enfants ou anges sont nimbés, mais il est impossible d'expliquer leur présence ou leur identité.

 

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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2. Alain II de Rosmadec.

Nous ne voyons que la partie supérieure de la scène de donation, qui répondait au canon du genre : un homme agenouillé mains jointes face à son prie-dieu (où un livre de prières est parfois ouvert) vénère une figure sacrée placée sur le panneau suivant, ou supérieur Le donateur est parfois un chanoine, parfois un bourgeois (rarement en Bretagne) mais lorsque c'est le seigneur prééminencier du lieu, il est en armure, et son tabard (ou le drap du prie-dieu) porte ses armoiries.

L'identité du personnage est précisé par ses armoiries, et, — parmi sa famille, celle de Rosmadec —, par les données historiques, qui nous apprennent que les donateurs actifs à Pont-Croix au XVIe siècle sont Alain de Rosmadec et son épouse Jeanne du Chastel, mais surtout par les armoiries de la donatrice, celles du Chastel.

a) Son père est Jean III de Rosmadec, sr de Tyvarlen (en Landudec) et de Pont-Croix, de Lesperez et de Pratheir  époux de Jeanne de La Chapelle, fille d'Alain, baron de Molac, sr. de Serent et de Pestivien. Il fut inhumé dans la tombe familiale dans l'église de Pont-Croix.

https://gw.geneanet.org/kerguelen29570?lang=fr&n=rosmadec+de&oc=0&p=jean+iii

Dans l'église Saint-Cyr et Sainte -Julitte de Molac, on relevait dans le transept les armoiries écartelées au 1 de Rosmadec, au 4 de Pont-Croix, au 2 de Chapelle, au 3 de Molac, sur le tout de Tyvarlen.

 

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b) Son arrière-grand-père est  Jean II de Rosmadec qui en 1450 avec sa femme Jeanne Thomelin fit aménager le transept de l'église de Pont-Croix de façon à édifier sur son carré le clocher actuel, construire la chapelle des fonts et transformer la chapelle à l'est de l'aile sud. Ils y fondèrent deux chapellenies et se firent inhumés dans le tombeau de ses prédécesseurs dans l'église.

c) Lui-même est né vers 1509 et décédé en 1560 :

  "Alain, sire de Rosmadec, II du nom, de Tyvarlan, de Pont-Croix, baron de Molac, de La Chapelle, et de Sérent, vicomte de Bignan, maréchal de camp aux armées du roi en Bretagne, capitaine d'une compagnie de gens d'armes, de la noblesse et de la côtes de Basse-Bretagne. 

    Étant demeuré mineur à la mort de son père, sa mère lui servit de tutrice.

    L'an 1528, il épousa Jeanne du Chastel, fille aînée de feu Tanguy, sire du Chastel, de Poulmic, de Leslein, de Kersalio, et de Marie dame du Juch, du Mur, de Coëtivy, et de Kersimon, laquelle dame eut pour partage la terre et châtellenie de Kerlourenan, maison qui à eu ses seigneurs particuliers et chevaliers anciens. 

    L'an 1532, il assista parmi les barons aux États tenu en la ville de Vannes, où le duché de Bretagne fut uni à la couronne de France à la requête des États de ladite province, et ensuite il se trouva à Rennes, à l'entrée de François dauphin, et y porta le second bâton de poile, ainsi qu'il lui appartenait le droit héréditaire, comme seigneur de Molac. 

    L'an 1539, en la réformation de la coutume de Bretagne, il fut le premier député en l'ordre de la noblesse de la part des États, pour l'assemblée avec des commissaires du roi. 

    Il rendit son aveu au roi, qui se trouve en la chambre de comtes en date du 4 avril 1541. Il exerça l'Office de Maréchal de Camp en l'armée du roi en Bretagne, commandée par Monsieur le duc d'Étampes, gouverneur dudit pays l'an 1543. 

    Dame Jeanne de La Chapelle était décédée l'an 1544, Henry fils aîné du roi dauphin de Viennois, et duc de Bretagne, lui fit don de rachat en considération de ses services, par lettres données au Camp de Viennes le 10 octobre audit an.     

    Il mourut le 30 janvier l'an 1560 et fut déposé dans le tombeau des seigneur de Molac, en la chapelle de Notre-Dame de Lermain en la paroisse de Molac."    Il eut 6 enfants :

-Tanguy de Rosmadec, dont le fils Sébastien II de Rosmadec ( 1566-1613) reçut le titre de marquis, et fit bâtir le fameux marquisat de Pont-Croix, l'actuel musée du patrimoine.

- Marc,

- Claude,

-Marie,

- Louise,

- Jeanne.

  Signalons deux évêques, Bertrand de Rosmadec (1417-1455)  évêque de Quimper et bâtisseur de la cathédrale (c'est un demi-frère de Jean Ier, ancêtre de notre Alain  II ) et Sébastien de Rosmadec, évêque de Vannes de 1624 à 1646, issu d'un Jean de Rosmadec seigneur de Plessis-Josso.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Alain II est également représenté par le même peintre-verrier comme donateur sur l'Arbre de Jessé de Confort-Meilars  (v. 1530) où le vitrail est mieux respecté ; il y est présenté par le prophète Jérémie :

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Alain de Rosmadec présenté par Jérémie sur l'Arbre de Jessé (vers 1530) de Confort-Meilars

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Son portrait est parfaitement exécuté à la grisaille et sanguine, nous permettant d'imaginer ce qui manque au panneau altéré de Pont-Croix.

 

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Alain II de Rosmarec, verrière de l'Arbre de Jessé de Confort-Meilars. Photo lavieb-aile.

 

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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https://books.google.fr/books?id=tC5NAAAAMAAJ&pg=PA307&dq=alain+de+rosmadec+armoiries+%C3%A9cartel%C3%A9es&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjd3rzt_sLnAhXt1uAKHQbHAy8Q6AEIKTAA#v=onepage&q=alain%20de%20rosmadec%20armoiries%20%C3%A9cartel%C3%A9es&f=false

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Les armoiries.

Elles sont ici écartelées, en 1 et 3 palé d'argent et d'azur de 6 pièces, qui est Rosmadec, et en 2 et 4 d'azur au lion d'argent, qui est de Pont-Croix (ou du Juch).

Voir les armoiries du vitrail (vers 1535) de l'église Saint-Mathieu de Quimper.

Lors de ma description de l'Arbre de Jessé de Confort-Meilars, j'écrivais :

"Le donateur, qu'on imagine agenouillé puisqu' on ne voit que la partie supérieure (existait-il un panneau inférieur ?), les mains jointes, est Alain II de Rosmadec (18 août 1508-30 janvier 1560), d'une famille originaire de Telgruc, en presqu'île de Crozon avant d'obtenir la prééminence sur Pont-Croix, et que les guerziou (chansons populaires bretonnes) ont fait rentrer dans la mythologie bretonne en les présentant comme descendant des anciens rois de Bretagne; une des familles les plus illustres de la région par les fonctions occupées par ses membres et par leurs constructions à Quimper, Pont-Croix, Landudec et Confort, ou par ses alliances avec les grandes familles:

 

 

   Les armoiries portées par Alain de Rosmadec :

Le donateur est vêtu comme un gentilhomme de la Renaissance : en 1528 (le mariage avec Jeanne du Chastel a lieu le 8 mai 1528, et la chapelle dédicacée en août 1528), sous François Ier, 3 ans après le désastre de Pavie et la captivité du roi en Espagne, la mode est au port de la barbe, aux cols qui commencent à présenter à la place du décolleté de François Ier en 1525 une fraise dont les godrons restent encore discrets, un pourpoint court, et les crevés viennent fendre les belles étoffes, les brocarts, les velours et les soies pour faire apparaître la lingerie sous-jacente. 

  Alain porte un corselet de cuirasse et des pièces d'armure protégeant les avant-bras, mais cette tenue militaire est recouverte d'une tunique légère (en soie ?) dont les couleurs ne sont autres que celles de son blason : étudions-les.

  Les Rosmadec "portent palé d'argent et d'azur de six pièces", c'est à dire que leur blason est fait de trois bandes verticales blanches (argent) alternant avec trois bandes bleues (azur). Leur devise est : "BON ESPOIR".

  Alain porte ces armoiries, mais elles sont associées à un lion blanc  dressé sur ses pattes sur fond bleu : traduit en terme d'heraldique, il porte "d'azur au lion d'argent rampant". La langue est de la même couleur que le corps, il n'est donc pas "lampassé". 

  Le sire de Juch porte d'azur au lion d'argent, lampassé et armé de gueules (aux griffes rouges), ce ne sont donc pas ses armes, bien que Jeanne du Chastel soit de cette Maison.

  En 1406,ces armes avaient été partagées après un accord entre le sire du Juch et Jean de Rosmadec qui dut se contenter en signe de juveigneurie du Juch de porter "d'azur au lion d'argent morné", c'est-à-dire dépourvu de griffes, de langue et parfois de queue. Le juveigneur est, dans la noblesse bretonne, un cadet sans distinction d'ordre de naissance ; les armes plaines sont réservées au chef de famille, et les armes brisées (incomplètes), au cadet.

  Ce sont ces armes, devenues celles de Pont-Croix qui apparaissent dans le blason de Sébastien de Rosmadec :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Blason_S%C3%A9bastien_de_Rosmadec.svg

  Mais ici, Alain de Rosmadec porte un lion qui n'est pas "morné" du tout, mais doté d'une belle langue et d'une belle queue.

  Comme il est sire de Pont-Croix, je penche pourtant pour y voir les armoiries correspondantes à son titre, au prix d'une erreur du dessinateur du carton du vitrail.

  C'est, avec son épouse, le commanditaire de ce vitrail, ce qui veut dire que c'est eux qui ont choisi ce thème ; l'arbre de Jessé de l'église de la Sainte-Trinité à Kerfeunteun a été réalisé en 1525-1530, et Alain de Rosmadec et Jeanne de Chastel, mariés en 1528, ont fait construire l'église de Confort en la même année de 1528 : le théme choisi pour Kerfeunteun les a obligatoirement influencé."

Je précise aujourd'hui que Jean Ier de Rosmadec (5 générations au dessus d'Alain II) avait épousé Alix de Tyvarlen et dame héritière de Pont-Croix. Alain II est seigneur de Pont-Croix. 

Par ailleurs, sur ce panneau, le lion est dépourvu de langue : il est morné.

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Ci-après, mes lignes rouges montrent le blason écartelé.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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La tête d'Alain de Rosmadec à Pont-Croix : verre altéré, brisé et recomposé. Les plombs de casse ont été remplacé par un collage. On devine une barbe. Le travail à la sanguine est attesté.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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L'ange accompagnant saint Alain : un beau portrait à la grisaille.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Jeanne du Chastel présentée par saint Jean l'évangéliste (et deux saintes femmes ?).

 

 

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

 

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1. Saint Jean tenant la coupe de poison, entre deux saintes.

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Il est vêtu d'une robe d'or à ceinture rouge, et d'un manteau bleu clair agrafé.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Son visage est l'un des mieux conservés de cette baie, et permet d'admirer la maîtrise de la peinture sur verre à la grisaille et au jaune d'argent. Le visage imberbe et les cheveux longs, bouclés et blonds sont un deuxième attribut du saint.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Il tient la coupe d'où sort un serpent, signifiant qu'il s'agit de la coupe de poison de sa confrontation à Éphèse au grand-prêtre du temple : c'est là un de ses attributs les plus constants et qui permettent de l'identifier avec fiabilité.

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Une sainte femme ? coiffée d'un turban.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Une autre sainte.

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2. La donatrice Jeanne du Chastel.

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Comparez avec le panneau correspondant de l'Arbre de Jessé de Confort-Meilars où la donatrice est placée sous le prophète Isaïe:

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Jeanne du Chastel présentée par Isaïe sur l'Arbre de Jessé (vers 1530) de Confort-Meilars.

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Le visage est comparable, avec la coiffe noire portée très en arrière et ornée d'un large bandeau brodé de perles et de fils d'or.On retrouve aussi la chaîne aux maillons d'or, privilège de la noblesse par son prix exorbitant qui permet un bel investissement. On retrouve aussi le manteau d'or damassé d'un motif à la grenade, de belles épaules de soei bleue, et la dentelle des poignets.

Mais la principale et la plus précieuse différence est qu'à Pont-Croix, Jeanne porte sur le haut de sa robe les armoiries de la famille du Chastel, un fascé d'or et de gueules.

 

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
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Le visage  de la donatrice nous permet de constater le rehaut par des touches au jaune d'argent sur les cheveux bien-sûr, mais aussi  sur les sourcils, le nez et le menton, un usage que j'avais déjà remarqué sur les vitraux de la cathédrale de Quimper.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
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III. LE REGISTRE SUPÉRIEUR : LA VIE DE LA VIERGE ET DE JÉSUS.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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1. La Fuite en Égypte. Des anges cueillent des pommes et les remettent à Joseph.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

 

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Cette cueillette de pomme n'est pas courante dans une Fuite en Égypte.

Le site Enluminures n'en montre aucun exemple parmi les 100 réponses à "Fuite en Égypte".

Taddeo Zuccaro (1529-1566) a dessiné une scène équivalente ; mais la Vierge tend l'Enfant vers les anges et leurs pommes; d'autre part, l'âne est seul, sans être accompagné par le bœuf. Enfin, la date estimée du vitrail est antérieure à l'exécution estimé du dessin. Cornelis Cort a ensuite  gravé 2 fois cette estampe en 1566 et 1571.

https://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/taddeo-zuccaro_sainte-famille-servie-par-les-anges-pendant-la-fuite-en-egypte_encre-dessin

https://fr.muzeo.com/reproduction-oeuvre/etude-pour-une-fuite-en-egypte/taddeo-zuccaro

https://www.ader-paris.fr/lot/81938/7276315?npp=150&

 

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Taddeo Zuccaro Sainte Famille servie par les anges, pendant la Fuite en Egypte Photo (C) RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / image RMN-GP Musée du Louvre

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Ici, deux anges voletant sous les branches d'un pommier cueillent les fruits rouges (ou jaune) et les placent dans le chapeau que leur tend Joseph.

Au dessus de la tête de l'ange de gauche, les pommes sont réalisées "en chef d'œuvre" : le verre rouge est serti dans une découpe du vert blanc.

Gatouillat et Hérold indiquent que ce panneau peut être daté vers 1540.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
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Par contre, la gravure de la Fuite en Égypte par  Dürer (1504-1505) a servi de modèle pour tout, sauf pour l'anecdote de la cueillette des pommes. La posture de la Vierge, son chapeau, la présence de l'âne et du bœuf dont les têtes suivent très exactement la gravure, la posture de Joseph, son habillement, sa coiffure, son bâton, etc sont une copie fidèle de Dürer.

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Albrecht Dürer, La Fuite en Egypte vers 1504-1505. planche 14 de la Vie de la Vierge. Bartsch 89. Gravure sur bois Bibliothèque Nationale de France, département des Estampes et de la Photographie

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
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La scène se prolonge dans la tête de lancette, couronnée, comme les cinq suivantes, de dais à arabesques peuplés de putti adossés

Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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2. Annonciation.

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Elle est datée par Gatouillat et Hérold du 3ème quart du XVIe siècle mais a été très restaurée, et son soubassement est formé de bouche-trous. 

Le visage de l'ange est un réemploi peu approprié. Le phylactère est d'origine, avec son inscription AVE MARIA GRATIA PLENA DOMinum / TEcuM.

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La colombe est bien présente, dans une pièce ronde de verre blanc peint en grisaille et jaune.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
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Dans la même lancette :

 

Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

 

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Tête de la 2ème lancette: dais et guirlandes. Anges écrivant sur une tablette de cire. 

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3. Le couronnement d'épines  du Christ.

vers 1550 ? très restauré

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Tête de la 3ème lancette: dais et guirlandes.

 

Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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4. La Comparution. Pilate se lave les mains du sort de Jésus.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
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Tête de la 4ème lancette: dais et guirlandes.

 

Le personnage à chaperon rouge qui fait son curieux du haut des cieux est certainement un réemploi (d'une Nativité ?). On le voit aussi sur la baie 5 de Plogonnec (Saint Sébastien) et à la chapelle N-D du Crann.

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5. Flagellation (fragments).

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
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Tête de la 5ème lancette: dais et guirlandes.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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6. Crucifixion.

Le ciel hérissé de lances, les chevaux au harnachement caractéristique et les visages des différents acteurs (centurion, lancier, prêtres) sont ceux de toutes les Passions finistériennes de cet atelier quimpérois . En voir un exemple, et la liste avec les liens vers les œuvres, ici :

http://www.lavieb-aile.com/2017/10/la-passion-de-la-maitresse-vitre-de-l-eglise-de-gouezec.html

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
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Tête de la 6ème lancette: dais et guirlandes, pommes et pommier.

On retrouve ici le pommier de la première lancette.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

 

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SOURCES ET LIENS.

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ABGRALL (Jean-Marie) 1894, L'église de Pont-Croix (B.S.A.F. 1894) page 234

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207627h/f312.image

 

— BARRIÉ (Roger), 1976,. Les verres gravés et l'art du vitrail au XVIe siècle en Bretagne occidentale. In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 83, numéro 1, 1976. pp. 35-44; doi : https://doi.org/10.3406/abpo.1976.2796 https://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1976_num_83_1_2796

— BARRIÉ (Roger),1978, Etude sur le vitrail en Cornouaille au 16e siècle, Plogonnec et un groupe d'églises de l'ancien diocèse de Quimper, Université de Haute Bretagne, Rennes.

— BARRIÉ (Roger), 1978 : Eglise Notre-Dame de Roscudon, les vitraux de J.-J. Gruber (B.S.A.F. 1978)

 

 

 

COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988  Notice extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, par René Couffon, Alfred Le Bars, Quimper, Association diocésaine, 1988.

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/items/show/996

 

— COUFFON (René)

 

http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_82/Notre_Dame_de_Roscudon_et_lAtelier_de_Pont_Croix_.pdf

https://m.shabretagne.com/scripts/files/51d0571f3eb5e5.73808665/1951_01.pdf

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— LE  BIHAN (Jean-Pierre), 2010,  Les gravures de repère  dans les vitraux de Roscudon de Pont-Croix. Blog

— LE  BIHAN (Jean-Pierre), 2006, Le vitrail dans le Cap. Blog

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-3617457.html

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-7093514.html

"De cette verrière, il pourrait encore subsister un panneau dans la verrière du bras sud du Transept du même édifice. Il s'agit d'un saint Jean qui provient d'une Transfiguration dont les pièces de verre sont gravées, au dos, de signes de repères.

Le XVIe siècle. Notre-Dame de Roscudon, dans la même fenêtre, nous offre un panorama presque complet et très riche de la créativité de cette époque. Ici, ont été rassemblés les restes des diverses verrières de l?édifice. On peut découvrir : une Nativité des années 1546 et antérieure à celle de Notre-Dame du Crann en Spézet, qui n'en est qu'une copie, une Fuite en Egypte, d'après une gravure de Durer, et deux Passions de styles différents dont une aux émaux bleus, que l'on se doit de dater  après 1560. Dans le puzzle des pièces, il existe aussi des éléments d'une Dormition de la Vierge du milieu du XVIe siècle. Quant aux portraits des deux donateurs, cités plus haut, Alain de Rosmadec et Jean du Chastel, ils ne peuvent dater qu'avant 1544, fin des travaux d'agrandissement de cette église."

 

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-les-gravures-de-repere-a-notre-dame-de-roscugon-de-pont-croix-44531698.html

— LE  BIHAN (Jean-Pierre), 6 sept. 2007, Pont-Croix, Notre-Dame de Roscudon, travaux de 1403 à l'an 2000.. Blog

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-7093514.html

"Sur les XV et XVIième siècles  ,époque riche de vitraux figuratifs, pas de renseignements écrits sur leurs auteurs, on en connaît cependant les donateurs : des seigneurs locaux. De cette belle époque du vitrail, il ne reste plus que la baie sud et quelques éléments dans une baie nord. Sur la première, les portraits des donateurs,
Alain de Rosmadec et Jeanne du Chastel sont encore en place. Pour cette baie, il est plus que possible que l'auteur en soit l'atelier quimpérois Le Sodec
.. 1403, Procès verbal du 8 décembre. Dans la maîtresse vitre,  disparue, dont le sujet des vitraux nous est inconnu, on voyait le portrait de  Sinquin de Pont-Croix , seigneur du lieu, offrant à la Vierge l'édifice qu'il avait fait agrandir vers 1280. Il était représenté à genoux et portait dans ses mains une forme de chapelle, « en semblance qu'il était fondateur d'icelle église ».
,Un saint Jean est actuellement visible dans la baie sud, il a toutes les caractéristiques d'une oeuvre du début XV°.

1528-1546, Alain de Rosmadec et Jeanne du Chastel agrandissent le chevet . Les fenestrages des chapelles sont refaits  et des vitraux probablement posés, dont il reste la baie ouest . Leur portrait en donateurs y sont visibles, ou du moins des éléments, Cette baie recevra à une certaine époque, probablement au XVII° siècle, des vitraux d'autres baies.La Nativité qu'on y trouve est très proche , et du même atelier que celle de Spézet

1652, le 17 novembre, un aveu de Jean de Rospiec et de Marie du Disquay, son épouse, indique la présence de l'écusson de leur maison dans la chapelle Sainte-Marguerite proche du choeur. Il est aussi signalé que les écussons des Quenechbeuzec sont dans les vitres au côté de la maîtresse vitre.
Des seigneurs et de leur présence dans les vitraux de cette église, passons aux acteurs de l'entretien et fourniture des vitraux.de cet édifice.
 Nous ne sommes plus aux XVII° , aux verrières figuratifs, Plus de 150 églises ou chapelles ont subi des transformations dans le Finistère au XVIIe siècle. C?est un constat qui est parlant pour la survie ou perte de nombreux vitraux.  On les déplace plus ou moins bien, on les regroupe, on en fait un patchwork de couleurs et de sujets, c'est ici le cas de la baie sud .Il y a ensuite un analphabétisme  qui commence à se résorber. Les paroissiens, pas tous, mais de plus en nombreux, suivent la messe en lisant dans leur missel.L'invention de Gutemberg est passée par là. D'où une demande de plus de clarté dans les églises.On supprime le réseau de la baie sud La catéchisation qui  se faisait avec le vitrail n'est plus nécessaire

Le Concile de Trente apporte un changement de mentalité et une conception architectural différente. Il jette lentement mais sûrement  le discrédit sur les scènes représentées par les anciens vitraux qui sont jugées grotesques, indécentes, ridicules et voir hérétiques, parfois licencieuses. La verrière traditionnelle aux couleurs vives devient inadaptée.

Qui sont ces peintres vitriers qui travaillent sur cet édifice ?
Le premier que les archives relatent,  est Charles Le Marchand, maître peintre et vitrier,  En 1656-1657,il fournit trois panneaux de vitre(vitraux) en la chapelle de la Madeleine et un à la lucarne sur le grenier, pour 17 livres 30sols. L'année suivante il plombe et accommode 19 panneaux de la vitre de Saint-Jean. En 1658-1659,accommode un panneau de vitre pour 2 livres. En1660-1661, apparait son fils Guillaume Le Marchand,  qui accommode les vitres qui étaient  toutes rompues et brisées au su de l'un et chacun des habitants, moyennant 33 livres.
.Le même en 1666-1667 reçoit 33 livres pour avoir accommodé les vitres et panneaux de l?église. Ces deux peintres vitriers ont peut-être un ancêtre en Le Marchand, Mathieu, que l'on trouve en  1639-1640,  à Cléden-Cap-Sizun, 29, en la chapelle Saint-They,où il remplace 2 vitres,<< l'une dans le grand autel de la chapelle , l'autre devant sainte Barbe.
Il semblerait que ces travaux soient une campagne de restauration de l'ensemble des vitraux qu'un Marchand Charles commence et qu'un Madec poursuivra.
En 1706, Pierre Vincent accommode trois panneaux puis un peu plus tard, avec Jean Dubois, plombent de neuf la vitre du Rosaire pour 180 livres Les mêmes, en 1750, accommodent la vitre de Sainte-Marguerite et fournissent une vitre neuve à la chapelle deSainte-Barbe. Un an plus tard , Jean Dubois, peintre vitrier,  plombe la maîtresse vitre.
1764, Arrive Sébastien René le Roux  maître vitrier de Quimper possédant une maison rue du Sallé, qui, plombe et raccommode les vitraux pour 51 livres . En 1776, fait des travaux de vitrage pour 9 livres 16 s . Il est père de 18 enfants. Travaille sur le vitraux de Plogonnec.

1790, Clet Stéphan peintre vitrier, est noté deux fois pour des  travaux à l?église
1792, la direction de la ville échut à un ancien huissier ivrogne et incapable du nom de Louis Le Corre qui laissa perpétré maintes exactions dont le bris de vitraux.
1793, prélèvement de vitraux à Lochrist en Beuzec-Cap-Sizun pour remplacer, en l?église de Pont-Croix,  les vitraux armoriés, sacagés le 29 mai de la même année par un nomme Cabestran, l?un des volontaires de la ville, qui monté sur une échelle se mit à devoir briser les vitraux. Il faillit se rompre le cou et se faire écharper par les femmes.ref : Gargadennec.

Vers 1850, les têtes de lancettes et les soufflets du tympan de la  baie du bras sud du transept, portant des armoiries, auraient été déposé pour donner plus de lumière et remplacé par des vitraux kaléidoscope, puis par du losange en 1839 et 1898 sous la direction de Just Lisch.
Des vitraux auraient été enterrés et enfouis derrière le choeur avant le dix-neuvième. Aussi en 1973, lors de travaux en cet endroit, le recteur surveille les fouilles mais en vain.
Dans la fenêtre du bras sud, nous trouvons des panneaux de vitraux  provenant de diverses fenêtres de l'église et de diverses époques , entre autres deux Passions, une Transfiguration, un Jugement dernier, une Vie de la Vierge : avec Annonciation, une adoration des mages et des bergers, une fuite en Egypte et une Dormition de la Vierge, ils seront restauré dans les dernières années du XX° siècles par l'atelier Le Bihan vitraux de Quimper. Les éléments de la seconde Passion d'après Durer ont rejoints la baie 3 du côté nord.

Pour conclure,J'allais oublié François Viel sieur de Villereux, maître vitrier à Quimper et Rogeron qui en 1735 font quelques travaux, puis un peu plus tard, avec Jean Dubois, plombent de neuf la vitre du Rosaire pour 180 livres Les mêmes, en 1750, accommodent la vitre de Sainte-Marguerite et fournissent une vitre neuve à la chapelle de Sainte-Barbe."

 

 — GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Inventaire général du patrimoine culturel ; Rennes : Presses universitaires de Rennes , pages 166-168

— LE TELEGRAMME 17 février 1997.

 

 

https://www.letelegramme.fr/ar/viewarticle1024.php?aaaammjj=19970217&article=1709912&type=ar "Il existe à Pont-Croix, une collégiale construite entre le milieu du XIIe siècle et la première moitié du XVIe siècle par les seigneurs de Pont-Croix, puis les sires de Rosmadec, forts de leur richesse et de leurs appuis à la cour des rois de France. Ils ont ainsi apporté au bout du monde, les dernières nouveautés techniques et stylistiques, ce qui se faisait de mieux à la cour en matière d'architecture, sculpture, mobilier et vitrail... C'est sans doute le cas d'un petit vitrail sauvé de l'oubli grâce à un concours organisé par le Pélerin Magazine et intitulé « Un patrimoine pour demain ».

Depuis 1982, quatre panneaux d'un vitrail, classé par les monuments historiques, avaient été descendus des verrières de la collégiale Notre-Dame de Roscudon, et entreposés chez un maître verrier, M. Le Bihan, à Quimper, en attendant le financement de leur restauration. Sur proposition d'Isabelle Gargadennec, conservatrice des antiquités du Finistère, la mairie de Pont-Croix a présenté un dossier, monté par Françoise Decourchelle. Le petit vitrail a été sélectionné et le prix (40.000 F) paiera la moitié de la restauration. L'autre moitié sera subventionnée par l'État, la région, le département, la commune et la paroisse.

Une restauration délicate.

Le maître verrier a sorti de l'ombre les quatre panneaux et commencé à analyser le travail à réaliser. Malgré leur lecture rendue difficile par des restaurations malhabiles, les quatre panneaux laissent apparaître un thème : la Passion. En très mauvais état, les verres d'origine seront répertoriés. Les motifs seront recollés, soutenus par des verres transparents. Seuls les contours d'origine seront cernés de plomb, ce qui les rendra plus lisibles.

Une copie de Dürer.

Beaucoup de pièces sont à reconstituer et en cherchant des exemples sur le sujet, M. Le Bihan est certain que des gravures du peintre et graveur allemand A. Dürer ont servi de modèle. On sait qu'Anne de Bretagne avait fait appel à lui pour des projets de vitraux. Elle avait aussi encouragé l'art des maîtres verriers bretons.

Autre intérêt de ce petit vitrail : on y constate une technique nouvelle pour l'époque « l'émail bleu », associé ou non à la sanguine pour colorer le verre du bleu au violet. Par déduction, on est arrivé à dater approximativement le vitrail. Il aurait été commandé vers 1528 par Alain II, sire de Rosmadec, et son épouse, Jeanne de Chastel.

Autre temps autres techniques.

Une équipe envoyée par le Pélerin Magazine est venue à Pont-Croix filmer la petite verrière où viendront prendre place les vitraux. Ils se sont également rendus chez le maître verrier afin de filmer le travail de restauration. Par images virtuelles, ils vont remettre les vitraux dans leur cadre comme si la restauration était terminée. Le petit film sera projeté lors de la remise des prix qui aura lieu le 24 mars à l'auditorium du Louvre. Douze lauréats sur toute la France ont été retenus dont trois Bretons : pour un vitrail à Pont-Croix, une barrière à Plougourvest et un retable à Ploudiry. Le maître verrier Jean-Pierre Le Bihan en compagnie de Claude Labourbe, réalisateur, et de Stéphane Le Bon, opérateur."

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Roger Gargadennec Monographie sommaire de Pont-Croix Pages 63 à 105 , Bull. SAF 1964

 

 

TEFANY (Auguste), 1901, : Notice sur Pont-Croix (Quimper, 1901). 

—  L'église de Pont-Croix Notre-Dame de Roscudon visitée en dix minutes

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/bc0540526e9f4a26544d92d18f560ddb.pdf

Bibliographie de Couffon: 

 

 

- E. Lefèvre-Pontalis et L. Lécureux : Les influences poitevines en Bretagne dans l'église de Pont-Croix (S.F.A. B.M. 1909)

- R. Couffon : Notre-Dame de Roscudon et l'atelier de Pont-Croix (Mém. Soc. Hist. Arch. Bret., 1951) ; Pont-Croix, Notre-Dame de Roscudon (S.F.A. C.A. 1957)

- R. Grand : L'art roman en Bretagne (1958)

- Ass. Bret. : Congrès de Douarnenez, 1965

- G. Savina : Notre-Dame de Roscudon, Pont-Croix (Châteaulin, 1972)

- M.-M. Tugorès : Eglise Notre-Dame de Roscudon, le retable de saint Joseph (B.S.A.F. 1978).

- R. Barrié : Eglise Notre-Dame de Roscudon, les vitraux de J.-J. Gruber (B.S.A.F. 1978) - R. Gargadennec : Contribution à la datation de l'église de Pont-Croix (B.S.A.F. 1979) ; Le sculpteur Paul de la Haye (B.S.A.F. 1982)

- L.-M. Tillet : Bretagne romane (Coll. Zodiaque, 1982)

- J. Chardronnet : Pont-Croix (Rennes, 1983).

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
3 février 2020 1 03 /02 /février /2020 23:34

La charpente sculptée (sablières et abouts de poinçon vers 1535, 2 pièces de sablières par le Maître de la nef de Plomodiern au milieu du XVIe siècle) de la nef  chapelle Saint-Tugen de Primelin.

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Voir :

Sur les réalisations semblables à celles de l'église de Plomodiern en 1564 ("Jean Brellivet" ou maître de la nef de Plomodiern) :

En proximité avec celles-ci : les artisans anonymes du Cap Sizun au XVIe siècle :

— Et enfin :

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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PRÉSENTATION

Au lieu-dit Saint Tugen, sur le site d’une ancienne chapelle tréviale mentionnée en 1118, l'édifice actuel, long de 29m et large de 25m et dominé par une tour monumentale haute de 28m, a été construit vers 1535 par René du Menez seigneur de Lézurec et son épouse Marie du Fou. Devant l’affluence des pèlerins, il a été agrandi plusieurs fois entre 1610 et 1750. Marguerite d’Angoulême, sœur de François Ier et grand-mère d’Henri IV, y vint en pèlerinage. On trouve des dates inscrites,    comme " 1584 " dans la chambre des cloches, ou  "1595", sur une porte de  la pièce nord de la tour, avec le nom du recteur Henri Capitaine. La tour porte aussi les dates (C. Toscer) de son commencement en 1569 ["K.C. 1659" sur la tourelle d'escalier selon Abgrall ]et de son achèvement en 1582. 

La chapelle nord a été considérablement agrandie  en 1611 par les soins de l'arrière-petit-fils du fondateur, Alain du Ménez, gouverneur d'Audierne et époux de Marie de Gourcuff, et nous trouvons les  inscriptions à cette date avec les noms des fabriciens D. Mérour et F. Moal à l'extérieur de la porte nord  . En 1663, Estienne Ansquer fait graver son nom sur le bois de la porte du porche avec son titre de fabricien. La sacristie  fut construite en 1720-1721, et puis ensuite, de 1749, 1750, 1760  à 1773, la chapelle sud fut très remaniée ; le fabricien de 1750, Brénéol et celui de 1760  Yves Follic ou Follec y ont inscrit leur nom avec la mention "honoré homme".

Jean Brénéol, fabricien en 1766, a fait inscrire son nom dans la pierre à l'extérieur près de la porte.

Également à l'extérieur, sur le mur de la sacristie I. Brechonnet se signale, sans date, comme fabricien sous un buste d'homme surgissant de la façade.

Des lambris portent des peintures datées : un mariage  porte la date de 1705  et le nom du "fabrique" Yves Poulhasan. Un Baptême porte l'inscription "Messire I. Gloaguen curé de Primelin en 1705  baptise cet enfant nay depuis un moment"  Un cycle du Baptême du Christ, de la confirmation et de la confession sur la clôture des Fonts, datée de 1679 porte le nom du recteur Messire Yann Perennes et du fabricien Hervé Ploinec. Auparavant, en 1674, le même recteur Jean Pérénnès avait fait exécuter un ciel étoilé, Pierre Guéguen étant le fabricien de l'année. Et le même recteur a demander à un peintre Parader (Barader) une allégorie de la confirmation.

Le chanoine Abgrall signale aussi l'inscription Ian : Bitar : 1709 : F. sur le lambris

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 Quand la chapelle fut classée le 23 juillet 1909, il était temps, car elle était alors, dit-on, dans un état lamentable. Elle fut restaurée avec le concours des fidèles et d'un ancien missionnaire à Haïti, l'abbé Yves Velly.

Le matériel héraldique est riche. Notamment, de nombreux blasons sont présents sur les abouts de poinçons : ceux des familles du  Menez (seigneurs de Lézurec en Primelin) , Autret (seigneurs de Lézoualc'h en Goulien) , Keridiern (en Cléden-Cap-Sizun) , Saluden (seigneur de Kerazan en Cléden) , et d'autres non identifiés.

C'est un édifice de plan irrégulier précédé du massif de la tour, et comprenant un vaisseau de quatre travées avec bas-côtés et chevet plat. Au nord, au droit des trois dernières travées, une vaste chapelle en aile est  recoupée transversalement par deux arcades. Au sud, au droit de la dernière travée, une chapelle en aile, sur laquelle s'ouvre la sacristie, est alignée à l'est, comme la chapelle nord, sur le chevet de la nef.

"La nef, du type obscur, est lambrissée sur toute sa longueur. Les grandes arcades en tiers-point, de hauteur et de largeur différentes, ont leurs voussures pénétrant directement dans les piliers octogonaux. Les deux arcades édifiées en 1611, transversalement à la nef, lors de l'agrandissement de l'aile nord, sont en plein cintre avec importante clef en console. Elles reposent sur de courtes colonnes ioniques montées sur de hautes bases à corniches saillantes. Les chapiteaux ont leur tailloir décoré de volutes très développées. La plupart des fenestrages flamboyants accusent le début du XVIe siècle, mais une petite fenêtre du XIVe a été remployée dans l'aile nord. " (R. Couffon)

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La datation de la construction de l'édifice est importante pour préciser celle des sablières. Or la date de 1535 communément donnée n'a pas (Tosquer) de confirmation écrite. Mais elle est épaulée par  une pièce d'archive de 1539, qui mentionne la présence de cinq prêtres desservants la chapelle, preuve de son importance déjà grande, et de l'existence d'une couverture. 

La charpente de la nef, à lambris peint, est rythmée par cinq entraits, à engoulants et nœuds sculptés, ainsi que par des nervures qui sont animées chacune  par des abouts de poinçons en deux rangées latérales à mi-hauteur et un rang central. Je désignerai ces entraits de I à V d'est en ouest. 

J'ai compté 23 ou 24 de ces nervures (on multipliera ce chiffre par 3 pour évaluer le grand nombre des abouts de poinçon, et le travail de bénédictin de leur description exhaustive reste à faire), mais leur régularité est interrompue, entre les entraits II et III par deux nervures jumelles (très rapprochées) qui correspondent à la présence d'un blochet des deux cotés. C'est précisément à partir de ces blochets que le style des sablières se modifie brièvement, vers l'ouest, pour deux pièces sculptées par le Maître de la nef de Plomodiern vers 1544. Tout le reste appartient au style à masques espacés, un peu plus précoce.

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Aucun des auteurs de monographies ou notices  n'a décrit cet ensemble sculpté de la charpente : ni Chaussepied en 1809, ni  Velly en 1930, Couffon en 1988 et, ni Cosquer en 1987. 

Sophie Duhem, dans son étude des sablières de Bretagne, signale la chapelle Saint-Tugen à plusieurs reprises, mais ne donne pas de description détaillée de ses pièces. C'est néanmoins elle qui en ordonne le corpus en deux ensembles et qui attribue deux pièces à celui qu'elle nomme "Jean Brellivet" (maître de la nef de Plomodiern" pour moi), et c'est elle qui décrit les ateliers de menuisiers-sculpteurs de sablières très actifs en Finistère sud au début et milieu du XVIe siècle (cf. extraits infra).

Ma propre description ne sera que partielle, car basée sur des photos trop vite prises lors d'une excursion de la SAF.

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I. LES SABLIÈRES À MASQUES ESPACÉS ( VERS 1535 ).

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Au début du XVIe siècle, un artiste anonyme actif en Cornouaille adopte pour le décor sculpté des sablières  un style où celles-ci ne sont sculptées que par intervalle, de masques et de feuillages sur la pièce de bois qui est, sans l'intervalle, lisse et simplement moulurée. On trouve des exemples de ce style tout près d'ici,  dans la chapelle du Rosaire de l'église de Pont-Croix, mais aussi, selon S. Duhem, dans l'église de Combrit et , plus loin à l'est du Finistère, dans celle de Plonévez-du-Faou.

http://www.lavieb-aile.com/2020/01/les-sablieres-des-chapelles-sud-de-notre-dame-de-roscudon-a-pont-croix.html

Ici, dans la chapelle Saint-Tugen de Primelin, ces masques correspondent à la retombée des nervures du lambris peint. Je numérote ces nervures, et donc ces masques, de 1 à 24 d'est vers l'ouest.

Les nombreux  abouts de poinçon sont sans doute contemporains de ces sablières. 

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Sud, nervure 1 : une rose.

Sud, nervure 2 : deux masques siamois

Sud, nervure 3 : une barque de pêche à trois matelots.

ENTRAIT I engoulé, décor à perforation. Poutre en deux portions assemblées  par un trait de Jupiter. Poulie au centre.

Sud, nervure 4 : 2 masques barbus.

Sud, nervure 5 : feuille d'acanthe.

Sud, nervure 6 : une rose (4 sépales, 4 pétales, un cœur)

Sud, nervure 7 : un masque humain, coiffé d'un béret, bouche triste.

ENTRAIT II, engoulé; Noeud à deux dragons (perforations)..

Sud, nervure 8 : feuille.

Sud, nervure 9 : masque humain barbu.

Sud, nervure 10 : masque humain à coiffure en U inversé.

Sud, nervure 11 (jumelle) : blochet : tête de lion.

Sud, nervure 12 et 13 :  deux dragons (style du Maître de la nef de Plomodiern)

ENTRAIT III engoulé. Écu au centre.

Sud, Masque féminin contre l'entrait

Sud, nervure 14 : feuille.

Sud, nervure 15 : masque féminin sous une coiffe.

Sud, nervure 16 : fleur (5 pétales, 5 sépales, 4 feuilles)

ENTRAIT IV semi-engoulé. Deux gueules affrontées au centre

 Sud, nervure 17 [ de part et d'autre de l'entrait] : feuille et rose.

Sud, nervure 18 : masque humain, femme échevelée.

Sud, nervure 19 : feuille d'acanthe.

Sud, nervure 20 :à préciser

ENTRAIT V engoulé (écu au centre) ; Sud, nervure 21, 

Sud, nervure 22 : à préciser

Sud, nervure 23 : à préciser

Sud, nervure 24 contre le mur : Blochet, dragon gueule ouverte langue tirée.

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Le coté nord.

Nord, nervure 1 :

Nord, nervure 2 :

Nord, nervure 3 : fleur (8 sépales)

Nord, nervure 4 : masque humain crachant deux feuilles

ENTRAIT I, engoulé.

Nord, nervure 5 : lion couché, tête tournée à gauche, queue revenant sur le dos.

Nord, nervure 6 : ange souriant, tenant un phylactère

Nord, nervure 7 : masque humain crachant deux feuilles

Nord, nervure 8 contre l'entrait : feuille 

ENTRAIT II, engoulé, à perforations.

Nord, nervure 8 contre l'entrait  : masque humain.

Nord, nervure 9 : masque léonin, bandeau occipital.

Nord, nervure 10 contre le blochet : masque léonin, bandeau occipital.

Blochet : gueule de dragon, décor à perforations.

Nord, nervure 12 et 13 :  deux dragons et médaillons (style du Maître de la nef de Plomodiern)

ENTRAIT III engoulé.

Nord, nervure 14 : feuille.

Nord, nervure 15 : écu.

Nord, nervure 16 : feuille à volutes latérales

ENTRAIT IV engoulé.

Nord, nervure 17 : à préciser

Nord, nervure 18 : à préciser

Nord, nervure 19 : masque de femme bouche ouverte.

Nord, nervure 20 : rose.

ENTRAIT V, engoulé.

Nord, nervure 20 sur l'entrait : feuille

Nord, nervure 21 masque humain cheveux en masses latérales.

Nord, nervure 22 : masque humain coiffé d'un bonnet.

Nord, nervure 23 contre le mur. Feuille d'acanthe.

Blochet : gueule de lion

 

 

 

 

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Les nervures 3 et 4 et leurs sablières.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Sud, nervure 2 : deux masques humains accolés.

Ces gueules patibulaires à la bouche  de travers et aux yeux torves sont néanmoins civilement coiffés d'un bonnet.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Une barque de pêche et trois pêcheurs.

C'est l'un des motifs les plus originaux de la chapelle, et un autre exemple  a déjà été analysé dans le chevet de l'église de Pont-Croix (mais dans la partie créée par le Maître de la nef de Plomodiern, vers 1544).

Cette barque à clins, sans gouvernail visible, laisse apparaître les têtes de trois matelots, à qui les yeux exorbités (maladresse de sculpteur ou parti-pris ?) confèrent des allures de revenants. Elle relève, de la part des paroissiens commanditaires (représentés par le fabricien) du désir de souligner l'importance du milieu maritime dans leurs modes de vie, puisqu'à l'époque,   et pour toute la région du Cap Caval de Penmarc'h à Audierne et Cap Sizun, le commerce par de forts rouliers, et la pêche permettent un développement économique considérable.

L'agrès visible à l'avant est vraisemblablement le mât, rabattu pour la pêche et visible également à Pont-Croix.

Les sablières de 1553 de la chapelle Saint-Trémeur de Cléden-Cap-Sizun en offrent également un exemple où l'on retrouve la barque à clins, les trois pêcheurs, le mât incliné (mais aussi des poissons):

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-saint-tremeur-trouguennour-cleden-cap-sizun/39ce641b-88bf-4768-b36e-dc58a7aef219

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:061_Cl%C3%A9den-Cap-_Sizun_Chapelle_Saint-Tr%C3%A9meur.jpg

 

Je renvois à mes commentaires sur la barque de Pont-Croix.

http://www.lavieb-aile.com/2020/01/les-sablieres-du-chevet-de-l-eglise-notre-dame-de-roscudon-a-pont-croix.html

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Cliquez sur l'image.

Sablières (v. 1544) du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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Sablières de Saint-Trémeur à Cléden-Cap-Sizun? Photo H. Moreau Wikipédia

 

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Sud, nervure 7 : un masque humain, coiffé d'un béret, bouche triste.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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L'entrait n° II : engoulants et nœud sculpté.

Cet entrait est remarquable par les deux gueules de dragons ou engoulants, avec les perforations au foret qui rendent les verrucosités de leur pelage, mais surtout par le nœud (sculpture centrale) ou deux petits dragons s'affrontent gueule à gueule.

Leurs ailes aux pennes taillés à la gouge ronde, et les multiples perforations des sinuosités serpentines de leur corps fin entrainent une confusion dans la lecture des formes, confusion tout à fait conforme au projet global de l'artiste, qui jette le trouble dans nos esprits rationnels pour nous emmener dans un monde intermédiaire et autre.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Sud, nervure 9 : masque humain barbu.

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Ce visage est encadré par une chevelure et une barbe dont les mèches identiques sont repoussés par un vent frontal pour former une véritable crinière de lion. Et la taille du bois pour rendre ces mèches, en forme de 9, sera utilisée aussi pour les lions qui apparaitront plus loin. 

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Sud, nervure 10 : masque humain à coiffure en U inversé.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Sud, nervure 15 : masque féminin sous une coiffe.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Sud, nervure 18 : masque humain, femme échevelée.

C'est encore le même procédé d'animalisation de l'humain : le visage à l'ovale pur de la femme est encadré par des longues mèches enchevêtrées qui évoquent immanquablement des serpents.

 

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Sud, nervure 19 : feuille d'acanthe.

Cette élégante  feuille aux bords frisés peut évoquer une étoile.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Le coté nord.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Nord, nervure 7 : masque humain crachant deux feuilles.

Bois polychrome, jaune pâle et bleu.

Cf infra.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Nord, nervure 5 : lion couché, tête tournée à gauche, queue revenant sur le dos.

Bois,  polychromie jaune, bleu et rouge . La queue passe entre les pattes postérieures pour revenir sur le dos, où le fouet étale ses trois branches. La patte postérieure est marquée d'entailles de gouges pour rendre les mèches de pelage. La crinière est figurée par des rangées de volutes en 9999, dont le centre est peint de bleu. La gueule débonnaire du lion est ouverte sur une balle rosée qui est la langue. Il existe de fortes affinités entre cette façon de sculpter les lion, et celle utilisée par les tailleurs de pierre sur les façades et les crossettes des chapelles.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Nord, nervure 6 : ange souriant, tenant un phylactère.

Le phylactère portait peu-être quelques mots peints.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Nord, nervure 7 : masque humain crachant deux feuilles.

C'est encore un motif très habituel du vocabulaire des sculpteurs de sablière, et des sculpteurs sur pierre dès le XIIIe siècle sur les portails et chapiteaux romans. Il répond au goût de la métamorphose, et de l'alliance/confusion entre les genres animal (et humain) et végétal, accentué  par le succès des Métamorphoses d'Ovide. C'est une variante du "masque feuillu", phytomorphe où le visage est encadré, en guise de chevelure ou de barbe, par des feuilles. Par son aspect fantastique, on peut lui prêter un rôle apotropaïque (conjurant le mauvais sort, ou les esprits mauvais), les sablières formant alors autour de l'espace sacré, liturgique, une ceinture de protection intérieure à laquelle répond, à l'extérieur, celle des crossettes.

L'alternance de feuilles et de masques  humains sur ces sablières relèvent du même souci de fusion/confusion des genres, tout comme, plus loin, les masques anthropomorphes mais léonins.

https://www.sculpturesmedievales-cluny.fr/notices/notice.php?id=8

https://www.sculpturesmedievales-cluny.fr/notices/notice.php?libre_Op=like&libre=masque&pos=4&id=80

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L'homme est coiffé d'une casquette aux oreillettes relevées.

On remarquera ici, mais aussi ailleurs, une intervention de restauration par laquelle un coin très effilé de bois a été introduit, peut-être dans une fissure, puis resculptée.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Nord, nervure 8 sur l'entrait  : masque humain à facies  léonin.

La sculpture est traversée à mi-hauteur par une large pièce de bois taillée en sifflet et re-sculpée. Quoiqu'il soit difficile de faire la part des choses entre des fissures, cette pièce, et le décor, il semble que le pourtour du visage trace, en partie inférieure, des rayons, puis que vienne ensuite un bandeau occipital, et enfin une coiffure, ou plutôt une chevelure tirée en arrière.

Le bandeau occipital est fréquemment représenté en Finistère comme un accessoire qui rassemble les cheveux en arrière de la nuque avant de les laisser se répandre sur les épaules : on le vit sur des statues de la Vierge, de Marie-Madeleine ou plus rarement sur d'autres personnages. Est-ce cela que le sculpteur a figuré ici ?

L'aspect mi-humain mi-animal est dû aux lèvres épaisses (ce sera surtout le cas dans la sculpture suivante, au nez large et au menton fuyant, mais aussi à l'encadrement centrifuge du visage.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Nord, nervure 9 : masque léonin, bandeau occipital.

 

Bois polychrome jaune pâle et bleu. Mêmes remarques que précédemment, mais la chevelure est divisée en deux masses latérales retenues par le bandeau.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Nord, nervure 10 : masque léonin, bandeau occipital.

 Bois polychrome jaune pâle et bleu. Troisième exemple du même motif, dans lequel les pommettes rondes et saillantes contrastent avec le petit menton en courge, avec un effet comique évident. Le fuseau de bois de réparation est ici plus bas.

Remarquez, sur le blochet, les perforations au foret utilisées pour rendre la peau verruqueuse du dragon, un procédé que reprendra le Maître de la nef de Plomodiern.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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II. LES SABLIÈRES À DRAGONS ET MÉDAILLONS (MAÎTRE DE LA NEF DE PLOMODIERN, VERS 1540 ? ).

Seule peut-être une expertise de la charpente, ou une compréhension de l'évolution du chantier (qui aurait selon C. Toscer débuté par le chevet) pourrait expliquer à la fois les deux nervures jumelles, la paire de blochet, et surtout la rupture de style dans deux pièces de sablières, qui abandonnent les masques et leurs répartitions sous les nervures pour un décor continu, associant dragons et médaillons. Ce décor est si caractéristique du sculpteur qui a réalisé  la nef et le porche sud de l'église de Plomodiern qu'on peut les lui attribuer sans hésitation. On reconstitue donc le parcours d'un artisan qui a d'abord œuvré au Cap Sizun, dans cette chapelle Saint-Tugen (en 1535, ou vers 1540? ), pour le chevet de l'église de Roscudon vers 1544, et pour la chapelle Saint-Trémeur de Cléden-Cap-Sizun en 1553. Puis, il s'est rendu en Porzay 40 km plus au nord-est, pour orner la charpente de Plomodiern en 1564, ainsi que celle de la nef et du porche sud de l'église de Saint-Nic en 1562 et 1566.

Dans tous les cas, on retrouve des caractéristiques que j'ai déjà décrites pour les sites précédents.

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Vue d'ensemble, coté sud.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Les deux médaillons contiennent ce profil reconnaissable par son nez imposant, son œil d'horus, son casque (pour l'homme) et sa coiffe à perles (pour la femme), ainsi que le cercle du médaillon marqué à la gouge droite de I successifs et de perforations au foret

Les dragons sont aussi spécifiques par leurs feuilles-plumes attachés au corps par des anneaux, par leur grand œil de profil, leurs grandes oreilles, leur museau retroussé et, là encore, par les marques de gouge en C et en I, les perforations et les estafilades.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Du coté nord ; putto tenant les queues de deux dragons, encadré par deux médaillons de profil.

Pas de surprise pour celui qui traverse la nef et qui retrouve, comme à l'école, le même vocabulaire soigneusement récité sous le regard du même couple emblématique. L'enfant barbu  nu, jambes écartées, coiffé de feuilles, retient les dragons par leur queue.

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Au nord ou au sud, il suffira d'observer les blochets ou les engoulants pour retrouver des coups de gouge et ses perforations au foret. Il n'y a pas de rupture de style entre ces dragons des poutres et ceux de ces pièces de sablières, ce qui incite à penser que ces dernières datent à peu près de la même époque, vers 1535-1540.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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QUELQUES ABOUTS DE POINÇON DE LA NEF.

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Un ange présentant un phylactère.

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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L'acrobate en renversement postérieur.

Comme d'habitude, cet exercice, exécuté nu ou bien, comme ici, habillé, est l'occasion d'une exhibition virile. C'est aussi une expression du renversement des valeurs qui règne souvent  sous les lambris, entre faîte et sablières, les abouts de poinçon  étant vivement disputés entre les anges de toutes sortes (orants, chantants, musiciens, porteurs d'écu ou de phylactère, porteur d'instruments de la Passion), et d'un autre coté par des monstres, des humains difformes ou illustrant des vices, des musiciens, et des acrobates.

 

Le sujet est donc habituel, on en verra des exemples à Pleyben et à Grâces (cf liste de mes articles sur les sablières) .

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Un ange.

 

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Un ange porteur d'un écu muet.

(dans une conversation, parlez "d'ange scutifère").

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Ange porteur d'écu.

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Abouts de poinçon dAbouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.e la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Acrobate coiffé d'un bonnet à oreilles,  en renversement postérieur.

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Ange présentant un écu muet.

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Ange présentant un écu peint.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Ange porteur de phylactère.

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Lion ou dragon.

Les perforations ornementales au foret, l'un des traits stylistiques de l'artiste auteur des sablières, blochets et entraits engoulés,  sont reprises ici pour rendre les particularités du pelage. La découpe  ovale doit correspondre à une réparation.

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Deux roses.

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Oiseau porteur d'écu.

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Homme coiffé d'un bonnet, crachant des feuilles.

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Homme tenant un arceau ou un phylactère ; à élucider.

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Oiseau.

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Feuilles.

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Homme buvant au tonnelet.

Je regrette que ma photo soit floue, car c'est l'un des  abouts de poinçon les plus truculents. On verra ce type de tonneau individuel , et ce type d'ivrognes, sur les sablières de Grâces par exemple.

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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 LES SABLIÈRES DE LA CHAPELLE NORD.

Et / ou: photos en désordre.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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SOURCES ET LIENS.

 

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA00006352

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM29002735

 — ABGRALL (Jean-Marie), 1916, Inscriptions gravées et sculptées dans le Finistère, BSAF, t. 43 p. 88-89.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2077197/f150.image

 

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1916_0122_0159.html

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— Congrés archéologique de France 1956

— CHAUSSEPIED (Charles), 1809, Revue de Bretagne de Vendée & d'Anjou, Volume 42.

LA CHAPELLE DE SAINT-TUGEN EN PRIMELIN (finistère)

La chapelle de Saint-Tugen est un petit édifice assez remarquable situé dans un site pittoresque, au milieu de beaux arbres et non loin de la côte et du bourg de Primelin. Bon nombre d'artistes et d'archéologues, qui s'intéressent à ce monument, se sont justement émus de son état de délabrement, et l'un d'eux, M. Bernard, en a publié, l'année dernière, une savante notice historique qui mieux encore contribuera à faire connaître cet édifice et sur laquelle nous ne reviendrons pas. Nous nous associons à son vœu et à celui de tous ceux qui ont souci de la conservation de nos œuvres d'art, pour obtenir le classement de cette chapelle parmi les monuments historiques.

Ce monument, d'un plan assez irrégulier, mesure intérieurement 29 mètres de long de l'est à l'ouest, sur une largeur de 11 mètres 30 à la base du clocher, et 24 mètres au mur du chevet. Il se compose d'une entrée voûtée accolée de deux réduits d'où partent les escaliers ; d'une nef avec bas-côtés, de transepts et d'un chœur terminés par un même mur droit, enfin d'un porche et d'une sacristie au sud. 

Cette chapelle est de deux époques distinctes, c'est-à-dire que, bâtie au commencement du XVI* siècle, elle fut considérablement agrandie et remaniée au siècle suivant. Les transepts existaient-ils primitivement ? c'est possible, mais ils devaient être plus saillants. L'édifice devenant insuffisant pour l'affluence des pèlerins qui s'y pressaient en foule à certaines époques de l'année, on démolit presque toute la partie orientale pour la reconstruire sur de plus vastes proportions. Le large transept nord est séparé par deux arcades plein cintre ornées de clefs à consoles et retombant sur des piliers massifs d'ordre ionique à chapiteaux aux volutes très développées dans le style jésuitique. La partie la plus intéressante à l'intérieur est la voûte d'arête sous la tour reposant sur de hautes et minces colonnettes dégagées, placées dans les quatre angles de la partie centrale. En raison de l'importance, de cette tour et de la flèche qu'elle devait supporter, les murs et les arcs qui la reçoivent ont une grande épaisseur et sont bien contre-butés principalement au sud par un énorme contrefort.

La plus grande richesse de cet édifice réside à l'extérieur. La façade occidentale est perche d'une belle porte ogivale surmontée d'une accolade et d'un gable flammés. Elle est encadrée de quatre contreforts ornés de niches à dés et culs-de-lampe garnis de statues, les plus rapprochas s'élevent dans toute la hauteur delà tour et sont couronnés de pinacles et de fleurons. Au-dessus de l'entrée, une élégante balustrade repose en encorbellement sur une corniche richement sculptée. La tour proprement dite est percée sur chacune de ses faces de longues et étroites fenêtres à multiples colonnettes et séparées par de petits linteaux dans leur hauteur. Une autre balustrade termine la plate-forme sur laquelle repose un lanternon polygonal bien postérieur à la construction du clocher et sans grand caractère; il remplace la flèche qui ne fut jamais exécutée. Aux angles de la balustrade se vpientles substructions des pinacles qui devaient s'élever autour de la flèche centrale. Au sud de la façade occidentale est une tourelle surmontée d'une belle flèche à pans ornée de crochets ; cette tourelle renferme le premier espalier conduisant à la galerie extérieure, puis de là, à un autre escalier placé à l'angle nord-ouest qui mène alors à la plate-forme supérieure.

Après le clocher et la façade ouest lui servant de soubassement, le porche placé au sud est la partie la plus intéressante et la plus riche de cette chapelle II est bâti sur un plan carré, flanqué de contreforts d'angle ornés de niches et de statues, et couronnés de,pinacles fleuronnés. Le tympan de l'arcade d'entrée est ajouré dans le genre de ceux des édifices de cette région, les parois intérieures des murs latéraux sont garnies de niches accouplées assez profondes pour recevoir des statues. La façade de ce porche est aussi très décorée, les remparts du pignon sont surajoutés d'une crête — sorte de balustrade ajourée —, et un gable à crochets accompagne l'accolade qui couronne l'arcade avec d'élégantes colonnettes supportant des statues.

Malheureusement cette chapelle, mal entretenue, faute de ressources suffisantes est dans un état déplorable et les toitures menacent de s'effondrer. Les bois des charpentes ainsi que les planches qui constituent les voûtes lambrissées sont vermoulus, tombent en poussière ou sont disjoints de toute part ; les ardoises, naturellement mal retenues, se détachent les unes après les autres et achèvent les ruines des parties hautes. Dans le bas-côté sud, juste en face de l'entrée du porche, s'est fait un trou béant dans la couverture par où l'eau tombe dans un puits, et qui offre de plus le grand danger pour les personnes qui pénètrent dans l'édifice de recevoir ardoises ou chevrons sur la tête. L'humidité qui s'infiltre dans les murs par suite de l'état des toitures désagrège petit à petit les maçonneries. Nous avons remarqué de nombreuses fissures, notamment au clocher.

Si l'on veut conserver ce joli monument, si l'on veut préserver les fidèles et les visiteurs d'accidents imminents, il est indispensable et urgent d'y entreprendre dès maintenant les travaux de première nécessité, nous voulons dire la réfection complète des charpentes et des couvertures. — Cela exécuté, nous aurons déjà fait beaucoup pour empêcher la ruine de l'édifice; nous pourrons alors plus tard, quand les fonds nous le permettront, songer aux restaurations des façades et de l'intérieur. Mais pour que toutes ces choses puissent être mises en chantier, il nous faut l'aide et l'appui des Pouvoirs publics. Aussi attirons-nous l'attention de l'administration des Beaux-Arts sur la chapelle de Saint-Tugen, souhaitant qu'elle classe cet édifice parmi les monuments historiques pour conserver ainsi à la postérité un des beaux exemples de notre architecture nationale et bretonne si appréciée aujourd'hui. Quimper le 17 Mai 1909.

COUFFON (René) 1988, Notice sur Primelin

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/PRIMELIN.pdf

"CHAPELLE SAINT-TUGEN (C.) Edifice de plan irrégulier comprenant, précédé du massif de la tour, un vaisseau de quatre travées avec bas-côtés et chevet plat. Au nord, au droit des trois dernières travées, vaste chapelle en aile recoupée transversalement par deux arcades ; au sud, au droit de la dernière travée, une chapelle en aile, sur laquelle s'ouvre la sacristie, est alignée à l'est, comme la chapelle nord, sur le chevet de la nef. Il est dû à la munificence des seigneurs de Lézurec et fut commencé vers 1535 par René du Ménez et Marie du Faou, dont les armes décorent plusieurs clefs du lambris. Terminé à la fin du XVIè siècle, il fut agrandi en 1611 par les soins de l'arrière-petit-fils du fondateur, Alain du Ménez, gouverneur d'Audierne et époux de Marie de Gourcuff. Durant tout le XVIIe siècle, l'on s'occupa de l'embellissement de la chapelle ; puis, au XVIIIe siècle, l'on construisit en 1720-21 la sacristie, répara en 1749 la chapelle sud, qui fut à nouveau consolidée en 1773 ; et en 1770-1772, l'on restaura la tour. La chapelle fut classée le 23 juillet 1909, alors dans un état lamentable. Elle fut restaurée avec le concours des fidèles et d'un ancien missionnaire à Haïti, l'abbé Yves Velly, qui se fixa à Saint-Tugen en 1913 et y mourut le 8 mars 1933. A l'intérieur, le porche ouest, par lequel on pénètre dans la nef, était anciennement voûté sur ogives. Il donne accès à deux chambres latérales dont celle du nord, dite prison de Saint-Tugen, servait à enfermer les personnes enragées pour attendre la mort. La nef, du type obscur, est lambrissée sur toute sa longueur. Les grandes arcades en tiers-point, de hauteur et de largeur différentes, ont leurs voussures pénétrant directement dans les piliers octogonaux. Les deux arcades édifiées en 1611, transversalement à la nef, lors de l'agrandissement de l'aile nord, sont en plein cintre avec importante clef en console. Elles reposent sur de courtes colonnes ioniques montées sur de hautes bases à corniches saillantes. Les chapiteaux ont leur tailloir décoré de volutes très développées. La plupart des fenestrages flamboyants accusent le début du XVIè siècle, mais une petite fenêtre du XIVè a été remployée dans l'aile nord."

 

— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. ... préface d'Alain Croix. , Rennes : Presses universitaires de Rennes, 1997 : thèse de doctorat en histoire sous la direction d'Alain Croix soutenue à Rennes2 en 1997. Pont-Croix cité aux pages 18 ; 19 ; 63 (mutilations des sablières) ;  84 (atelier de sculpture sur pierre) ; 139 ; 141 à 143 ; 156 ; 179 ; 239 ; 267 ; et 301. Voir les pages  142 à 146 pour les sablières attribuées à "Bréllivet".

 

"Le Cap-Sizun : un chantier en effervescence.

Les grands chantiers architecturaux du Cap Sizun sont commencés au cours du Moyen-Âge avec l'édification de la collégiale Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix puis de la chapelle Saint-Tugen à Primelin au siècle suivant, celle des ornemanistes, sculpteurs de statues ou de retables, et peintres de tableaux. Parmi eux, les charpentiers-sculpteurs, bâtisseurs et décorateurs à la fois, ont su trouver au Cap Sizun des occasions d'exercer leurs talents.

 

L'anonyme de Plonévez-du-Faou, première moitié du XVIe siècle :

_Chapelle Saint-Tugen à Primelin, 1ère (ou 2ème) moitié du XVIe s, partie ouest de la nef. Tête d'homme coiffé d'un chapeau. La sculpture représente des visages joufflues, souvent expressifs , coiffés de chapeaux à rebords ou de bonnets qui laissent dépasser des chevelures bouclées.

_Église de Plonévez-du-Faou, 1ère moitié du XVIe siècle. Sablières plutôt postérieures à celles de Primelin. Bustes masculins ou féminins grimaçants, séparés par des feuilles de vigne denticulées, avec un travail très recherché des expressions, des positions et des tenues vestimentaires. L'inclinaison des têtes est caractéristique, comme les modelés des visages aux joues potelées, les boucles agglutinées des cheveux, les chapeaux hauts aux bords fendus ou le traitement des chevelures féminines. Par rapport à Primelin, on trouve en plus des figures de fous en buste, coiffés de capuchons dentelés à oreilles d'âne et de petits animaux.

L'anonyme de Combrit vers 1549.

-Saint-Tugen à Primelin, nef, vers le milieu du XVIe siècle, avec des sculptures présentées à la manière ancienne, disposées à intervalle réguliers sur la sablière, puis bras du transept nord quelques années plus tard, avec des sculptures disposées en frise. Reconnaissable aux fourrures des animaux, aux rebords des végétaux formant des boucles agglomérées. Visages ronds souvent coiffés de chapeaux aux rebords évasés. Thèmes médiévaux mêlant des têtes grimaçantes et des figures dans des positions grotesques.

-Combrit en 1549.

Moutons (lions) aux crinières bouclées. Scène de pêche dans le transept sud comme à Pont-Croix et Cléden-Cap-Sizun. Mais aussi influence Renaissance avec des portraits en bustes dans des médaillons.

-Chapelle Sainte-Marine à Combrit. Scène de pêche également.

-Plomeur, chapelle de Tréminou. Ensemble de sablières inspirées des décors réalisés à Combrit (mais avec plus de maladresse), notamment les figures de dragons ont les mêmes caractéristiques.

L'œuvre de Jean Brellivet vers 1544-1564. (page 142)

"Contemporain de l'anonyme de Combrit, J. Brellivet exerce comme lui son métier sur les chantiers du Cap Sizun avant de gagner des paroisses situées, cette fois, plus au nord. Les dates mentionnées par quelques sablières permettent de suivre son activité durant près d'une dizaine d'années, voire un peu plus si l'on tient compte des dates des campagnes de construction des sanctuaires où son passage est attesté. Avant de découvrir les étapes anciennes de son parcours, arrêtons-nous dans l'église de Plomodiern qui abrite l'ensemble le plus tardif que l'artisan ait réalisé.

L'œuvre, datée de 1564,  est de belle qualité : Brellivet n'hésite pas à évider le bois de manière à obtenir un relief assez haut, et comme l'artiste de la chapelle des saints Côme et Damien à Saint-Nic, il aime ornementer les surfaces de motifs taillés en creux, stries, encoches, facilitent l'identification de son travail. Les mentons sont fuyants, mais les fronts sont bombés net, les yeux immenses, aux contours très dessinés. Les figures originales qu'il représente sont inspirés des décors de la Renaissance : il apprécie surtout les figures humaines et animales « végétalisées » qui prennent la forme dans sa sculpture de bustes d'hommes et de dragons dont les cornes pisciformes sont couverts de végétaux. Il dynamise ses compositions par de petits portraits qu'il représente en buste ou de profil, sur des médaillons.

Ces images sont caractéristiques de sa production et apparaissent à quelques kilomètres de là, pointe du Cap Sizun sur les poutres plus anciennes de l'église de Pont-Croix. L'année 1544 marque la fin de la campagne de construction du chœur et sans doute est-ce durant cette période qu'il entreprend l'ornementation des sablières. Soit près d'une vingtaine d'années en amont de l'œuvre de Plomodiern. Les images choisies sont les mêmes ou du moins partiellement puisqu'une scène de pêche complète la décoration de l'ensemble. En réalité l'auteur n'a pas encore fixé son répertoire : il mêle à ses figures végétales renaissances des thèmes plus « locaux » dans la tradition de l'imagerie divertissante du bas Moyen-Âge. Il lui faudra quelques années avant d'adopter définitivement le registre des images les plus modernes, car son choix n'est toujours pas fait en 1554 : les fragments de sablières conservés dans la chapelle Saint-Trémeur à Cléden-Cap-Sizun le prouvent. Si le nom de Brellivet n'est pas mentionné par l'inscription qui fournit la datation, la paternité ne fait aucun doute.

Bien que nous ne connaissions pas les dates d'édification de la charpente de la chapelle Saint-Tugen à Primelin, une partie au moins est contemporaine des charpentes de Pont-Croix et de Trémeur. La présence de quelques sablières décorées par le sculpteur l'atteste. Nous retrouvons à Primelin l'image du putto tenant entre les mains les queues de deux dragons végétalisés, de même que les petits bustes pleins d'embonpoint qui ornaient déjà les culots des poinçons pontécruciens. C'est probablement vers le milieu du siècle que le sculpteur quitte la pointe du Cap Sizun pour gagner des chantiers situés plus au nord. Comme nous l'avons vu, il réalise les décors de Plomodiern en 1564. Il est à la même époque dans la paroisse de Saint-Nic où il est employé à l'ornementation de la charpente de l'église entre 1561 et 1566. La commande est importante si l'on tient compte des éléments conservés localisés sous le porche et dans la nef. La maîtrise technique de l'ouvrage est incontestable, mais il est vrai que le répertoire est déjà bien connu du sculpteur."

 

Les sculpteurs anonymes de Pont-Croix. (page 143)

Également localisés dans la région du Cap Sizun, les travaux d'un sculpteur anonyme décorent l'église de Pont-Croix.

a) Quelques sablières anciennes placées dans le bras sud du transept présentent des décors qui datent très probablement du début du XVIe siècle. Les figures principales sont constituées de bustes féminins et masculins coiffés de chapeaux et de turbans. Des représentations d'une facture très proche apparaissent dans les sanctuaires de Fouesnant et de Penmarch semblant attester un déplacement de sculpteur jusqu'au sud du diocèse.

b) L'église de Pont-Croix abrite un autre ensemble de sablières, placées à la jonction des deux chapelles du bas-coté sud sans doute au moment des modifications apportées à l'édifice au milieu du XVIe siècle. Le travail d'ornementation est élaboré, composé d'images de dragons déglutissant des végétaux, de personnages grotesques et de grylles monstrueux à plusieurs têtes. Il semble que l'auteur de cet ouvrage ait participé à la décoration de s poutres de l'église de Confort, située à quelques kilomètres de là. La conception de cet ensemble est très hétérogène mais on reconnaît à l'observation de quelques détails la facture de Pont-Croix. Les représentations, que l'on retrouve également dans l'église de Plouhinec, attestent les contacts visuels, et par conséquents la circulation des sculpteurs dans la pointe du Cap Sizun à cette époque." (S. Duhem)

 

— TOSCER (C.), 1987, La chapelle Saint-Tugen en Primelin, SHAB.p. 336-342.

https://www.shabretagne.com/scripts/files/548345e82aa077.10302388/1987_24.pdf

— VELLY (Yves), 1930,   Velly Yves, “Saint Tugen et son église : joyau architectural du Cap-Sizun, monument historique monographie & explication de ses nombreux et merveilleux symbolismes,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, consulté le 3 février 2020, https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/items/show/3472. .

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c3dcdf77786c24d8a65eed75a1f067f4.pdf

Wikipedia

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/31/Primelin_%2829%29_Chapelle_Saint-Tugen_Int%C3%A9rieur_02.JPG

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Published by jean-yves cordier - dans Sablières Chapelles bretonnes.
31 janvier 2020 5 31 /01 /janvier /2020 17:54

Les vitraux du XVe siècle de la cathédrale d'Évreux : la baie 129 (vers 1413-1418) de la nef, offerte par l'évêque Guillaume de Cantiers en 1400 .

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Voir  les vitraux du XVe siècle de la cathédrale d'Évreux :

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Voir aussi les vitraux du XIVe :

 

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PRÉSENTATION.
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Cette baie haute du coté nord de la nef (la quatrième en partant de l'ouest) mesure 8 m. de haut et 3,80 m. de large. On lui compte 4 lancettes trilobées, sous un tympan à 1 octolobe, 2 trilobes et écoinçons. Bien qu'elle ne suive pas la disposition "en litre" des vitraux du chœur du XIVe avec leur rangs de vitreries géométriques en verre transparent, mais qu'au contraire toute la place est occupée par le décor figuratif, elle est néanmoins très claire, car les sept grands personnages sont pour la plupart vêtus de blanc, et sont placés dans des niches architecturales en verre blanc.

L' inscription qui court à la base affirme qu'elle a été offerte " en l'honneur du joyeux avènement" de l'évêque Guillaume de Cantiers, un événement daté de 1400. Le vitrail est néanmoins daté de 1413-1418 ? par François Gatouillat.

À gauche, l'évêque est présenté par sainte Catherine à la Vierge à l'Enfant de la deuxième lancette. Les deux lancettes suivantes montrent une Annonciation détournée, puisque l'ange Gabriel, debout, présente à Marie un donateur, identifié par ses armoiries à Jean de la Ferté-Fresnel, maréchal de Normandie. 

Le registre inférieur contient 4 écus armoriés.

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Batissier a relevé l'inscription suivante : 

ANo D'O M° CCCC° G DE CATER (Cantiers) ELECTUS FUIT IN EPM EJUS ECCLEE, dont le complément est dans la 3ème verrière PER CAPLM QI CONSECRATUS I... ADVENTU VIRGINIS ME HAC DEDIT VITREAM

Lebeurier donne page 10 la description suivante :

"La verrière de la fenêtre 12 porte, à sa partie supérieure, trois écussons. En haut, de France à trois fleurs de lys; au-dessous deux écussons semblables écartelés au 1 e et 4 d'azur, à une fleur de lys d'or et à la bordure componée d'argent et de gueules; au 2 et au 3 d'azur, à trois bandes d'or, orlé de gueules.

Les quatre formes renferment chacune un sujet : 1° un évêque à genoux devant la Vierge qui occupe la 2e forme; derrière lui, Ste Catherine couronnée tenant, de la main gauche, une roue brisée, et , de la main droite, une palme avec la mitre et la crosse de l'évêque. Au-dessous, les armes de l'évêque (Guillaume de Cantiers), fascé d'argent et de gueules de cinq pièces, à l'aigle de sable becquetée et armée d'or ; 2° une Vierge debout tenant dans ses bras l'enfant Jésus auquel elle donne un baiser. Au-dessous un écusson d'azur, à la bande d'argent, chargée de 3 tourteaux de gueules et accompagnée d'une étoile d'or au canton senestre.

La 3e et la 4e forme représentent une Annonciation. En avant de l'ange, qui porte une banderolle chargée des mots: AVE GRATIA PLENA , se trouve un personnage à genoux vêtu d'une tunique écarlate doublée de fourrures. Au-dessous, deux écussons: l'un écartelé au 4 et 4 d'argent à l'aigle de gueules, au 2 et 3 de sable au lion d'argent ; l'autre d'or, à la bande d'azur, chargée de trois anneaux d'argent.

Au bas du vitrail, sur une seule ligne, l'inscription ANO DOI M° CCCC G. DE CA'TER ELECTFUIT l' EP'M HUI' ECCLESIE [PER] CA'PLM QI CONSECRAT9 In EI9 IOCU9 D'AVENTTU VIRGINI M'E HA'C DEDIT VITREAM.

Ce qui veut dire : Guillaume de Cantiers fut élu évêque de cette église par le chapitre en 1400. Après sa consécration, il a donné pour son joyeux avènement cette vitre à la Vierge Marie."

L'inscription complétée de ses abréviations par les 9 (pour -us-) et tilde (pour -n-) donne   Anno domini 1400 Guillelmus de Canteriis electus fuit in episcopum ejus ecclesiae per capitulum qui consecratus in ejus jucundo adventu virgini Mariae hanc dedit vitream 

 

 

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n15/mode/2up

 

Le Joyeux avénement.

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La "perle " de l'inscription est l'expression jucundo adventu, ou "joyeux avènement" qualifiant la première entrée (primum ingressus) de l'évêque. Cette entrée solennelle d'un évêque dans sa cathédrale est l'occasion de festivités et solennités réglées par un protocole précis (coutumier et indépendant du droit canon), et d'échanges de cadeaux prestigieux (contre-don pour les vassaux), mais dont les descriptions sont rares ( Bourges (1482), Paris (1495 et 1503) et Rouen (1494),),

La « première entrée », primum ingressus, lors du « joyeux advenement », jocundus adventus, est l’étape ultime du parcours que doit accomplir l’évêque, selon un rituel établi, pour prendre solennelle possession de l’Église en sa cité après avoir été élu par le chapitre cathédral.. Les différents corps constitués, le clergé régulier et séculier, le chapitre cathédral ainsi que, parfois, la population sont là pour l’accueillir. 

En Cornouaille (B. Yeurc'h), l'évêque est accueilli par des nobles dont c'est le privilège de mener le cheval par la bride, aider à descendre de ce cheval, servir à table, etc. Les vassaux épiscopaux reçoivent en échange de cette manifestation d'allégeance des contre-dons. Il serait intéressant de tenter de savoir si les quatre blasons du registre intérieur ne correspondraient pas à ce protocole.

 

Lire Véronique Julerot La première entrée de l'évêque : réflexions sur son origine, dans Revue historique 2006/3 (n° 639), pages 635 à 675.

https://www.cairn.info/revue-historique-2006-3-page-635.htm#

Lire Bertrand Yeurc'h, Les cérémonies d'intronisation en Bretagne ducale 

https://www.academia.edu/27163212/Les_c%C3%A9r%C3%A9monies_dintronisation_en_Bretagne_ducale_-_publication_papier

 

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En 1968, Grodecki, rendant compte des travaux de Dubuc sur l'héraldique, souligne les nombreux points curieux ou énigmatiques de ce vitrail :  

"L'étude des vitraux du XVe et du XVIe siècle, par M. R. Dubuc, apporte moins de contestations de thèses admises, mais — surtout sur le plan de l'héraldique et de l'histoire — des précisions utiles sur plusieurs vitraux. Ce qu'il dit du vitrail de Guillaume de Cantiers, évêque élu en 1400, est admirablement documenté, mais n'aboutit pas à la solution de tous les problèmes. Cette verrière, installée dans une fenêtre du XIIIe siècle de la nef, est  « signée et datée » et — fait heureux— répond dans ses détails héraldiques aux dessins de Gaignières (Bouchot, n° 2348 et 6731). L'évêque est représenté à genoux devant une Vierge à l'Enfant, présenté (on ne sait pas pourquoi) par sainte Catherine, qui a poussé la complaisance jusqu'à porter à la main, en plus de la palme de son martyre, la mitre épiscopale ; mais le vitrail offre une seconde figure de donateur, présenté à la Vierge par l'ange de l'Annonciation (ce qui n'est pas habituel).

Les blasons qui accompagnent ce personnage semblent se rapporter à la famille de La Ferté-Fresnel ; mais on ne sait pas quelle est la raison de la présence de ce personnage (peut-être Jean, fils d'un autre Jean, maréchal de Normandie), ni la signification d'une fleur de lis sur son épaule... En plus, les armes de France, de Philippe le Hardi de Bourgogne et de Jean sans Peur ornent le réseau ... Il y a là un faisceau de problèmes historiques, presque politiques, à résoudre... Le style de la verrière est également inhabituel (ce n'est pas l'atelier des « vitraux royaux » qui l'exécuta), la merveilleuse clarté de la verrière s'opposant aux teintes plus montées, plus dramatiques, des vitraux des princes d'Évreux-Navarre."

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Gaignières en donna le relevé, mais avec de fortes modifications, associées à une fidélité aux nombreux détails aujourd'hui visibles sur l'inscription. Ainsi, Catherine ne tient ni la mitre, ni la crosse de l'évêque, et le second donateur (qui ne porte pas l'étoile à l'épaule) est présenté au Christ Sauveur. 

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BnF fr. 20878-20889 f.189

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La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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LES LANCETTES A ET B : GUILLAUME DE CANTIERS PRÉSENTÉ À LA VIERGE À L'ENFANT.

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La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La première lancette (à gauche) : sainte Catherine présentant l'évêque Guillaume de Cantiers à la Vierge.

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Cantiers est une commune de l'Eure, à 68 km au nord-est d'Évreux.

Guillaume de Cantiers était Conseiller-clerc au parlement de Paris et chanoine d'Evreux, lorsqu'il fut  élu évêque, après le 23 avril 1400, en succession de Guillaume de Valence. Le samedi 25 février 1401, il siège au conseil du roi de France Charles VI.

"Guillaume de Cantiers, né dans le Vexin-normand, était conseiller-clerc au Parlement de Paris dans les années 1392-95-98 et 99. Dans cette dernière année., le chapitre de l'église d'Evreux, dont il était chanoine, le députa à l'assemblée de l'église de France qui devait se tenir à Paris. L'année suivante, Guillaume de Cantiers fut élu par le chapitre, promu et sacré évêque d'Evreux par Benoît XIII, et à son avènement, il donna à l'église une magnifique verrière sur laquelle est inscrite la date de son élection, 1400."

 Le concile général de l'église de France le délégua en 1408 avec Guillaume, évêque de Lisieux, pour adjuger l'archevêché de Rouen, que se disputaient Louis de Harcourt demandé par le chapitre et Jean d'Armagnac, archevêque d'Auch, nommé par Benoît XIII. Guillaume se prononça pour Louis de Harcourt. L'année suivante, il se rendit au concile de Pise.


En 1410, le Parlement de Paris termina une querelle qui avait éclaté entre Guillaume de Cantiers et son chapitre au sujet de la juridiction, de l'exemption et autres chefs.

Député par le clergé de France au concile de Constance, le 10 novembre 1414, Guillaume de Cantiers fut, au mois de juillet suivant, chargé par le concile et par l'empereur Sigismond d'une mission auprès du roi très-chrétien et de l'Université; il fut arrêté dans le duché de Bar avec ses collègues par Henri de la Tour, dépouillé, retenu en captivité et fort maltraité. Le coupable frappé d'anathème par le concile relâcha ensuite les députés. Guillaume fut plusieurs fois chargé par le roi de France de missions importantes auprès des deux papes de Rome et d'Avignon et auprès du duc de Bourgogne.

"A la fin de 1415, alors que Charles II, duc de Lorraine, qui venait de prendre part à la néfaste expédition d’Azincourt, regagnait son duché, les gens d’armes de sa suite, dans le trajet de Provins à Troyes, avaient fait main-basse sur cinquante-trois chevaux et sur un char ferré, attelé de quatre chevaux, sans parler du menu butin. Quelques mois auparavant, au moment où Guillaume de Cantiers, évêque d’Évreux, Géraud du Puy, évêque de Carcassonne, Guillaume de Marie, doyen de Senlis, se rendaient du concile de Constance à Paris, avec une escorte de quatre-vingts personnes, le maréchal de Lorraine, ce même Charlot de Deuilly dont nous parlions tout à l’heure, Henri et Winchelin de La Tour, Jean de Chauffourt, soudoyés secrètement par le duc de Bourgogne Jean sans Peur, n’avaient pas craint de tendre à ces hauts personnages un véritable guetapens ; ils les avaient attaqués à main armée au passage de la Meuse, entre Foug et Void ; ils avaient fait les deux évêques prisonniers, après avoir tué le chapelain de l’évêque deCarcassonne, blessé et dévalisé quelquesuns des familiers des deux prélats. L’impunité des malfaiteurs avait presque égalé le scandale du méfait ; il avait fallu raser la forteresse de Sancy, près de Briey, appartenant à Henri de La Tour et frapper d’interdit le diocèse de Toul tout entier, pour obtenir la mise en liberté des victimes de cet audacieux coup de main. Revue des Deux-Mondes  https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Revue_des_Deux_Mondes_-_1885_-_tome_69.djvu/73

En 1416 il fait ouvrir dans l'église de Saint-Taurin  la châsse de saint Gaud, évêque primitif du diocèse, pour en reconnaître les reliques.

Deux ans après, les Bourguignons étant entrés dans Paris, Guillaume fut saisi, jeté en prison comme partisan des Armagnacs, puis mis à mort le 12 juin 1418 dans une émeute excitée par les Bourguignons.

 

"Guillaume de Cantiers qui étoit encore au Concile , ayant eu nouvelle qu'Evreux étoit pris & occupé par les Anglois, en fut fort affligé autant pour la désolation que ces ennemis de la France alloient porter dans son Diocèse ; que parce qu'il ne vouloit point changer de maître ; il revint sur la fin de cette année à Paris, où dans une sédition excitée par les gens de la fastion du Duc de Bourgogne, il fut tué avec plusieurs autres Archevêques & Evêques & grands Seigneurs bons serviteurs du Roy, le 11  Juin de l'année 1418. Les Anglois de leur côté pillerent tous ses meubles dans sa maison Episcopale à Evreux ; Guillaume de Cantiers portoit à ses armes de gueule à l'aigle déployé de sable paré d’or , comme on le voit encore aujourd’hui au bas de la représentation, qui est dans une vitre qu'il donna dans le temps de son joyeux avènement, & qui est au côté gauche de la nef de l'Eglise Cathédrale au-dessus de la chaire à prêcher. " (Histoire civile et ecclesiastique du comte d'Evreux,  par Pierre Le Brasseur 1722)

Enfin,  en septembre  1418, après la prise d'Evreux par les Anglais, en 1417,   le roi d'Angleterre, désormais maître de la ville, accorde au chapitre d'Evreux le pouvoir d'élire l'évêque qui succédera à Guillaume V de Cantiers, assassiné le 12 juin précédent.

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Contexte historique : nous sommes ici au cœur de trois événements historiques : la Guerre de Cent Ans (1337-1435), le  conflit entre Armagnacs et Bourguignons (1407-1415), et le Grand schisme d'Occident (1378-1417) ! La folie du roi Charles VI a conduit à sa mise sous tutelle et à une situation de régence. Entre l'année 1400, date de l'avènement de l'évêque , et 1418, date de son décès, la période est marquée en 1407 par l'assassinat du duc d'Orléans par le duc de Bourgogne Jean Sans Peur (qui cherche à prendre le pouvoir du royaume et s'allie aux Anglais), en 1409 par le concile de Pise, en 1414 par le concile de Constance et l'élection du pape Martin V, et en 1415 par  la bataille d'Azincourt. Sur le plan politique et religieux, la terre tremble !

Quinze jours avant l'assassinat de Guillaume de Cantiers, le dauphin Charles, futur Charles VII, venait d'échapper aux hommes de main de Jean Sans Peur à Paris en se réfugiant à Bourges.

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La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Nous pouvons avec Louis Grodecki, nous étonner que ce soit une sainte qui présente un donateur. Pourtant, Gaignières montre le dessin d'un vitrail d'Évreux où sainte Marie-Madeleine présente l'évêque Philippe de Cahors (fin XIIIe).

Sans fournir d'explication, nous pouvons considérer que sainte Catherine est, avec saint Michel, celle dont Jeanne d'Arc entendit l'injonction de sauver le royaume vers 1425.  Catherine, fille de roi et assimilée à une reine (elle porte la couronne)  passe donc pour la grande protectrice du Roi de France. 

L'évêque, tonsuré, vêtu d'une chape à fermail en étoffe blanche brodée de motifs jaune à couronne, est agenouillé mains jointes. 

Hormis le fond rouge, et le nimbe vert, les verres sont blancs et peints au jaune d'argent et à la grisaille.

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La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Détail de la crosse : le couronnement de la Vierge et un ange musicien.

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La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Deuxième lancette : la Vierge à l'Enfant.

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La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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LES LANCETTES C ET D : DONATEUR DANS UNE ANNONCIATION.

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Comment comprendre le dessin donné par Gaignières ? On ne peut supposer qu'il n'avait pas accès à la verrière, lorsqu'on voit la précision avec laquelle il a rendu l'inscription. Le donateur y est rendu avec plus de précision d'habillement que le vitrail lui-même, et il porte un habit de velours rouge fourré d'hermines. Il porte une aumônière à la ceinture, comme un riche bourgeois. 

Si ce donateur est Jean III de la Ferté-Fresnel, maréchal de Normandie, on peut s'étonner qu'il ne soit pas représenté en armure.

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La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La tête de l'ange et les pseudo-inscriptions du nimbe. 

(restauré)

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Détail du dais.

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La Vierge de l'Annonciation de la lancette D.

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La Vierge reçoit le Saint-Esprit sur le haut du front. Elle témoigne de sa surprise en écartant les bras, dans un geste qui peut aussi s'adresser au donateur.

Elle porte un manteau blanc frappé d'hermines.

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La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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LE REGISTRE INFÉRIEUR : LES QUATRE BLASONS.

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1.  Armoiries de Guillaume de Cantiers.

Placées devant un drap d'honneur bleu, elles sont fascé d'argent et de gueules de cinq pièces, à l'aigle de sable becquetée et armée d'or .

Je n'ai pu vérifier cette identification : les armoiries qui sont attribuées à l'évêque le sont par référence à ce vitrail. Seule la pointe d'une crosse en pal est visible, sans crosseton ni mitre ni fanons.

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La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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2. Armoiries indéterminées.

Elles sont  blasonnées ainsi par Lebeurier.:

d'azur, à la bande d'argent, chargée de 3 tourteaux de gueules et accompagnée d'une étoile d'or au canton senestre.

 

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La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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3. Armoiries de Jean III de la Ferté-Fesnel.

Elles sont tendues devant un drap d'honneur vert.

Pour Lebeurier :

écartelé au 4 et 4 d'argent à l'aigle de gueules, au 2 et 3 de sable au lion d'argent . (n.b : le lion est armé d'or et sa queue est fourchue)

http://racineshistoire.free.fr/LGN/PDF/La-Ferte-Fresnel_Chambray.pdf

 

"Ancienne baronnie au diocèse d’Evreux, subdivisée en 2 branches, l’aînée de ce nom et la cadette au titre de Chambray par parage à 6 degrés de consanguinité. Chambray sur les bords de l’Yton, branche cadette sous l’usage normand du parage par lignage jusqu’en 1528."

La terre de Chambray est aujourd'hui sur la commune de Gouville-sur-Iton, à26 km au sud-ouest d'Évreux. Celle de La Ferté-Fresnel est à 50 km à l'ouest d'Évreux.

La Ferté-Fresnel : «(D’argent ?), à une aigle éployée de gueules, becquée & onglée d’azur»

La Ferté-Fresnel, Maréchal de Normandie : écartelé de Meulan (à partir de Jean III, au XIV° siècle), soit  «Ecartelé : aux 1 & 4, d’argent, à l’aigle de gueules, membrée & becquée d’azur; aux 2 & 3, de sable, au lion d’argent».

Ce sont donc les armoiries de Jean III :
 

 

"Jean III de La Ferté-Fresnel + peu après 1389 chevalier banneret, baron de La Ferté-Fresnel, vicomte de Fauguernon, baron de Neufbourg et de Gacé, seigneur des Planches, Maréchal de France dépendant du Roi et de Normandie dépendant du duc de Normandie, sert en Flandres contre les Anglais (cité dans les rôles du Trésorier des Guerres Guillaume d’Ensernet entre 01/03/1382 et 28/02/1383), Capitaine en Normandie (montre de Saint-Sauveur-Le-Vicomte 01/06/1383), sert en Guyenne (rôles de Jean Flamand, Trésorier des Guerres en 1387/88), (montre de Carentan 01/09/1387) (aveu 06/04/1389 de sa terre de Chambray à Agnès des Essarts, en vertu du parage exercé sur Yon, seigneur de Chambray, son parent ; écartèle ses armes de Meulan : «de sable au lion d’argent rampant à la queue fourchue) ép. Béatrix de Rosny "

On remarquera qu'un autre maréchal de Normandie  est représenté, avec son épouse Jeanne du Bec-Crespin  dans une verrière de la cathédrale, la baie 213 dite des Trois Marie :

http://www.lavieb-aile.com/2020/01/les-vitraux-du-xve-siecle-de-la-cathedrale-d-evreux-la-baie-213.html

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La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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4. Écu armorié de Renaud de Trie, amiral de France.

d'or, à la bande d'azur, chargée de trois anneaux d'argent.

https://gw.geneanet.org/arnac?lang=fr&n=de+trie&oc=2&p=renaud

https://www.geni.com/people/Renaud-de-Trie-Amiral-de-France/6000000032647615530

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Si la datation proposée par F. Gatouillat est exacte, Renaud de Trie, décédé en 1406, est honoré ici à titre posthume.

 

"Renaud de Trie, seigneur de Sérifontaine, fils de Mathieu de Trie, dit Lohier, [fol. 178] et de Jeanne de Blaru, était, lors de l'avénement de Charles VI, chambellan du duc d'Anjou, régent du royaume, qui lui assigna en récompense de ses services 100 livres de rente sur les biens de Robert de Picquigny, partisan du roi de Navarre ces lettres de don, datées du 27 octobre 1380, furent confirmées par Charles VI le 26 janvier 1381 (Arch. nat., JJ 118, nos 41 et 267). Renaud de Trie devint bientôt chambellan du roi; c'est à ce titre qu'il prit part, le 3 mai 1389, au tournoi donné en l'honneur des princes d'Anjou armés chevaliers et qu'il assista au mois d'août suivant à l'entrée solennelle d'Isabeau de Bavière à Paris (Religieux de Saint-Denis, t. I, p. 597; Kervyn de Lettenhove, Chr. de Froissart, t. XIV, p. 24). Par lettres du 16 mai 1390, Charles VI gratifia son chambellan de 2,000 francs, et le 11 août de la même année l'envoya auprès du duc de Berry, avec une allocation de 200 francs pour subvenir aux frais de ce voyage (Bibl. Nat., cab. des titres, pièces originales). Le même Renaud est cité par Froissart au nombre des « quatre chevaliers d'onneur » auxquels fut provisoirement confiée la garde du malheureux roi tombé en démence le 5 août 1392 (Kervyn de Lettenhove, Chr. de Froissart, t. XV, p. 46). Il obtint en 1394 la charge de grand maître des arbalétriers, et après la mort de Jean de Vienne, en 1396, fut nommé amiral de France aux gages de 2,000 francs par an. Renaud de Trie était en même temps capitaine du château de Rouen et recevait en cette qualité mille livres par an de pension (Arch. nat., K 54, n° 28 ; Bibl. Nat., cab. des titres, pièces originales). Au mois d'octobre 1401, il se fit décharger d'une rente de 32 livres Parisis qu'il devait au domaine sur la justice de Fontenay, en compensation d'une rente équivalente qu'on lui servait annuellement sur les recettes de Chaumont en Bassigny et de Troyes, dont il lui était dû 640 livres d'arrérages (Arch. nat., JJ 157, n° 36). Vers la même époque, ce seigneur dut se démettre de la capitainerie de Saint-Malo que se disputèrent Olivier de Mauny, investi de cet office en septembre 1404, et le Borgne de la Heuse, appelé au même poste; après de longs débats, le Parlement décida le 17 février 1406 que la question serait réservée et soumise au roi lorsque sa santé serait rétablie (Arch. nat., X1A 1478, fol. 254 v°; X1A 4787, fol. 265 r°). Il était encore amiral de France le 14 janvier 1405, comme le montre une quittance de cette date pour 200 livres Tournois dont le roi lui fit present (Bibi. Nat., cab. des titres, pièces originales). Atteint d'une maladie incurable, il abandonna sa charge d'amiral à Pierre de Breban, dit Clignet, favori du duc d'Orléans, mais ce ne fut point à titre gratuit et bénévole; en effet, Monstrelet (t. 1, p. 127) nous apprend que Renaud de Trie s'en dessaisit « moyennant une grant somme d'argent qu'il en avoit receu par le pourchas du duc d'Orléans. » Le Religieux de Saint-Denis, plus explicite, dit qu'il ne consentit à résigner ses fonctions que contre le payement de 15,ooo écus d'or. Renaud de [fol. 178] Trie occupe une certaine place dans l'histoire littéraire du xive siècle, il fut l'un des auteurs du recueil poétique intitulé Livre des Cent Ballades; marié à Jeanne de Bellangues dès 1395 (Arch. nat., JJ 149, n° 315), il mourut en 1406, sans laisser de descendance directe; sa veuve contracta un nouveau mariage avec Jean Malet, sire de Graville, grand maître des arbalétriers. "

http://corpus.enc.sorbonne.fr/testaments/testament_072

L'article Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Maison_de_Trie  

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La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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LE TYMPAN.

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L'oculus de l'octolobe accueille les armoiries de France, tandis que les trilobes contiennent les armes de Bourgogne. Faut-il y voir une évocation de la mission éffectuée par l'évêque d'Évreux auprès de Jean Sans Peur en 1413 ?

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Verri%C3%A8re_des_%223_Marie%22_-_Pierre_de_Br%C3%A9z%C3%A9_et_Robert_de_Flocques_sous_Marie-Madeleine_Notre-Dame,_%C3%89vreux.JPG

 

— Stained-glass windows of Cathédrale Notre-Dame d'Évreux

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Stained-glass_windows_of_Cath%C3%A9drale_Notre-Dame,_%C3%89vreux?uselang=fr

— BATISSIER, 1849, "Description des vitraux de la cathédrale d'Évreux", Revue de Rouen et de Normandie, volume 17.

https://books.google.fr/books?id=2L5DAAAAYAAJ&dq=%22MARTINUS%22+%22cath%C3%A9drale+d%27%C3%A9vreux%22+vitraux&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.

— DUBUC (René), 1983, "Problèmes héraldiques de la cathédrale d'Évreux", Normandie, Etudes archéologiques. Congrès national des sociétés savantes, Caen

— GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385

 — GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.

 — GAIGNIÈRES (de), 1650-1700,  Manuscrit : Recueil de pièces, la plupart en copies ou en extraits, avec des dessins de sceaux et de tombeaux, pour servir à l'histoire des archevêques et des évêques de France, par Roger de Gaignières. Evreux. BnF fr. 20878-20889. folio 189.

 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b525038493/f191.item.zoom

— GATOUILLAT (Françoise), "Note sur les verrières royales", Connaissance de l'Eure, n°88, p. 33-34.

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ) et  Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Evreux, Evreux, Hérissey, 1997.

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ), HENRY (Virginie), 2016, Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07

http://www.eure.gouv.fr/content/download/18041/123811/file/ESSENTIEL_CONNAISSANCE_07%20Historique%20complet%20de%20la%20Cath%C3%A9drale%20d'Evreux.pdf

— GRODECKI Louis, 1968, Baudot et Dubuc "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in Bulletin monumental, 1968,. 

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1968_num_126_1_4898

 

— LEBEURIER (Pierre-François), 1868,  Description de la Cathédrale d'Evreux accompagnée d'une vue générale et d'un plan géométrique, Huet ed., Evreux 1868, pages 26-27.

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n31

— LE BATELIER d'AVIRON, édition 1865 Le mémorial historique des évêques, ville et comté d'Évreux, écrit au XVIIe et publié pour la première fois par l'abbé P.F. Lebeurier...P. Huet, page 132.

https://books.google.fr/books?id=jvVAAAAAcAAJ&dq=reliques+des+Saintes+Marie+Jacob%C3%A9+et+Marie+Salom%C3%A9+Floques+%C3%A9vreux&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

 

— LE BRASSEUR (Pierre), 1722; Histoire civile et ecclésiastique du comté d'Évreux.

https://books.google.fr/books?id=KjRDAAAAcAAJ&dq=Guillaume+de+Floques&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

— Monuments historiques, Notre-Dame-d'Evreux

http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/evreux/vitraux/1.html

— xxx

http://evreux.catholique.fr/contenu/documents/services/cathedrale_Evreux-bestiaire.pdf

—  Patrimoine-histoire.fr, Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame.htm

— http://www.evreux-histoire.com/evreux-3-1-0.html#icono2

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Évreux
29 janvier 2020 3 29 /01 /janvier /2020 15:10

Le portail sud (1424-1433) de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper.

 

 

 

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Voir aussi  sur Quimper :

 

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Voir sur les porches de Bretagne (entre autres) :

 

 

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 PRÉSENTATION

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Selon Le Men, archiviste du Finistère dont la Monographie de 1877 fait référence, "le Portail latéral sud est aussi désigné sous le nom de « Portail de Notre-Dame » parce que son tympan est orné d’un bas-relief représentant la Sainte-Vierge, et de « Portail de Sainte-Catherine », parce que la statue en kersanton, de cette sainte, se voit dans une niche du contrefort qui limite ce portail à l’ouest peut-être aussi parce qu’il est placé en face de la rue de Sainte-Catherine. Ce porche, dans lequel ouvre une seule porte dont d’une plate-bande à coussinets arrondis, est couronné par une étroite balustrade composée de quatre-feuilles. Son ornementation ne diffère pas de celle du grand portail dont il est contemporain, mais  comme il n’a été l’objet d’aucune mutilation, à part le grattage des armoiries, il attire plus particulièrement l’attention." (Le Men)

C'est mon porche préféré ; je le surnommerai volontiers le Porche aux Dames, parce qu'il est entièrement consacré à la  maternité et à l'enfantement. En effet, la Vierge à l'Enfant du tympan est placée en dessous des armoiries de la duchesse Jeanne (alors que le duc Jean V place les siennes en supériorité dans le porche principal, à l'ouest), et sainte Catherine est celle qu'invoquent les femmes, principalement de la noblesse dans leurs Livres d'Heures, et notamment en relation avec le désir d'enfants (notre fête de la sainte Catherine en garde le souvenir). Dans les verrières du chœur, Catherine vient en tête, (avec 4 représentations) des saintes qui y figurent, avant sainte Anne (x2) et sainte Marguerite (x2).

C'est cette maternité qui est glorifiée, chantée et encensée par les anges. Cette cohérence thématique du l'iconographie est à souligner.

Il faudrait pouvoir l'imaginer (comme les illuminations par Illiz Veur le permettent lors des fêtes pour le porche occidental) toute en couleur, pour s'émerveiller devant la dominance du bleu, couleur mariale, du rouge et du jaune d'or.

Il peut être considéré en deux parties : l'une est sacrée (la Vierge adorée par les anges), et l'autre est héraldique (le gable avec les armes de la duchesse, de l'évêque  et de sa famille, et de deux des officiers ducaux). Mais plus haut encore, dans un troisième espace, sous la balustrade, sert de terrain de jeu aux gargouilles et personnages truculents. 

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Il est l'une des premières réalisations d'un atelier de sculpture qu'Emmanuelle Le Séac'h a désigné sous le nom de Premier atelier ducal du Folgoët, et dont on retrouve toutes les caractéristiques stylistiques (les plus notables étant le traitement des chevelures des anges). Je la laisse présenter les porches que nous devons à cet atelier :

"—Les porches en granite. Le premier atelier du Folgoët [1423-1468] innove dans sa manière de décorer les porches : il superpose des petits personnages (anges, saints, prophètes) dans les niches des voussures des porches de la cathédrale de Quimper (1424-1444), au Kreisker à Saint-Pol-de-Léon (entre 1436 et 1472), et sur le vestige de l'ancienne chapelle de Notre-Dame-des-Portes à Châteauneuf-du-Faou (1438).

— Les porches en kersanton de l'atelier (La Martyre v.1450-1468, Rumengol vers 1468, sont construits sur le même modèle avec une variante : des saynètes y sont rajoutées. Cette particularité est reprise au XVIe siècle dans les porches de Bastien et Henry Prigent (1527-1577) et du Maître de Plougastel (1570-1621).

— Cet atelier a aussi produit d'autres porches ainsi que des sculptures, plus éloignés du Folgoët, à Kernascléden (porche des Hommes et porche des Femmes) et à la chapelle Saint-Fiacre du Faouët, aujourd'hui dans le Morbihan, ainsi qu'à Quimperlé, pour l'église de la haute-ville.

— Le second atelier du Folgoët (1458-1509). On lui doit deux porches en granite, à Plourach vers 1458-1488 et à Saint-Herbot en 1498-1509.

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Les porches de la cathédrale de Quimper (1424-1442).

La construction de la façade occidentale de la cathédrale a commencé le 26 juillet 1424 ; elle s'est achevée au niveau des deux portails latéraux en 1442.

Le programme iconographique de cette façade prise au sens large —soit les trois porches ouest, nord et sud — est limité même si on tient compte des destructions engendrées par la Révolution. Il ne comporte en effet que les voussures sculptées d'anges des porches occidental et méridional ainsi que les statues de la Vierge à l'Enfant et de sainte Catherine. Des trois porches, ceux du sud et du nord sont les moins restaurés. Le portail ouest n'a que ses piédroits et ses voussures qui sont du XVe siècle, ses blasons au dessus sont de la même période. Le tympan et le trumeau ont été supprimés en 1820. En 1866-67, les éléments actuels ont été rajoutés, copiés des cathédrales de Nantes Rouen ou Reims.

 

1. Le porche nord dit porche des baptêmes ne porte plus de sculptures. Il s'appelle ainsi en raison de la proximité de la chapelle des fonds baptismaux et en souvenir du tympan inférieur qui était sculpté d'un groupe du Baptême du Christ. Les niches devaient accueillir les statues des Apôtres. Les sculptures en choux frisés, le style, ainsi que les datations, permettent d'attribuer ce porche nord à l'atelier [grand atelier ducal du Folgoët 1423-1529]. Un arc brisé surmonte les portes extérieures géminées dont les piédroits et les voussures sont décorés de choux frisés, comme le gable à choux qui rejoint la balustrade ajourée et coupe les pinacles.

2. Le porche sud (Le Seac'h page 62-64). Le porche sud de la cathédrale, appelé aussi porche Sainte-Catherine, est sculpté en granite [leucogranite, Chauris] et kersanton. Les armes de Jeanne de France indiquent qu'il devait être achevé avant sa mort en 1433. On voit aussi celles de Bertrand de Rosmadec sur un écu triangulaire avec une crosse et une mitre, et Guillaume son père, aussi palé de six pièces avec sur l'angle gauche un casque orné de lambrequins et un cygne pour cimier.

On retrouve les armes des Bodigneau, seigneurs de Clohars-Fouesnant, avec une tête de cygne dépassant d'une couronne de fleurons et celles de la famille de Quélennec du Faou. Le porche a été restauré en 1999.

L'arc de la porte est en anse de panier. Puis, un tympan abrite une Vierge à l'Enfant et deux anges thuriféraires. La baie en tiers-point est constituée d'une archivolte amortie en accolade. Un fleuron la surmonte. Un gable décoré de choux frisés couronne le tout jusqu'à la balustrade. Les voussures montrent une alternance du même motif avec des anges . Elles sont ornées de choux frisés sur quatre niveaux comme les pièdroits. Les niches de ceux-ci sont vides ainsi que les six niches des voussures. Des consoles feuillagées et des dais gothiques dont quatre en kersanton encadrent les anges.

Au centre du tympan, une Vierge à l'Enfant en kersanton trône, encadrée de deux anges thuriféraires en granite. Elle repose sur une console dont l'ange lève les bras au dessus de sa tête faisant mine de porter la statue, les ailes largement déployées sur le coté.

Des restes de polychromie bleue sur leurs manteaux et rouge sur leur robe sont visibles. Un effet de contraste entre les couleurs des pierres existent aujourd'hui entre le gris anthracite du kersanton et le miel doré du granite." (Le Seac'h)

 

 

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Ce porche a été décrit, pour sa sculpture, par Christiane Prigent puis par Emmanuelle Le Seac'h. Leurs descriptions me serviront de canevas pour mon article. On pourra cliquer sur l'image pour faire défiler le diaporama.

 

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Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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Mini glossaire.

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Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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L'ange au dessus de la porte en anse de panier.

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"Au centre du tympan, une Vierge à l'Enfant repose sur une console dont l'ange lève les bras au dessus de sa tête faisant mine de porter la statue, les ailes largement déployées sur le coté. (E. Le Seac'h)

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"Le groupe de la Vierge repose sur une console ornée d'un buste d'ange aux ailes éployées sur toute la longueur du linteau, à l'instar des consoles ornées de bustes humains du château de Charles V à Vincennes." (C. Prigent)

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Remarques.

a) Nous remarquons les cheveux aux mèches bouclées en "macarons" emportées par une force centrifuge, comme les anges typiques de l'atelier du Folgoët, ainsi que les statues de saint Jean au Folgoët ou de saint Jean-Baptiste à Rumengol, parmi tant d'exemples. J'y reviendrai.

http://www.lavieb-aile.com/2017/04/la-collegiale-notre-dame-du-folgoet-v-les-statues-de-kersanton-1423-1433-par-le-grand-atelier-ducal-du-folgoet-1423-1509.html

b) Également typique de cet atelier, mais aussi retrouvé sur les vitraux de Merléac (1402), il faut aussi noter l'amict (linge formant ici l'encolure) replié sur lui-même pour former un W ou Oméga .

http://www.lavieb-aile.com/2017/09/la-chapelle-saint-jacques-de-merleac-la-maitresse-vitre-iv-le-tympan.html

http://www.lavieb-aile.com/2017/04/la-collegiale-du-folgoet.i.l-autel-des-anges.html

c) La tunique, ou aube, est longue (elle recouvre les pieds), bouffante à la taille au dessus d'un invisible cordon, et barrée en diagonale par un repli qui se perd sur la droite. Les traces de polychromie attestent que la tunique était entièrement bleue.

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Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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LE TYMPAN.

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"Au centre du tympan, une Vierge à l'Enfant en kersanton trône, encadrée de deux anges thuriféraires en granite.

Des restes de polychromie bleue sur leurs manteaux et rouge sur leur robe sont visibles. Un effet de contraste entre les couleurs des pierres existent aujourd'hui entre le gris anthracite du kersanton et le miel doré du granite."(E. Le Seac'h)

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Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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La Vierge à l'Enfant.

"La Vierge, couronnée, tient son Enfant qui sourit délicatement et qui a dans les mains un oiseau. La couronne la rapproche de celle des Vierges de Tournai (Prigent 1982). Sa grande main serre un livre contre sa poitrine. Les cheveux tombent sur les cotés en deux tresses. Comme pour les anges et l'Enfant, ils se partagent en mèches. Le buste simple contraste avec les plis fournis du bas de la robe, taillés en becs lourds et formant des volutes sur la jambe gauche. La robe est ceinturée à la taille ; les pans du manteau retombent sur le coté droit. La draperie particulière rappelle là encore les enluminures peintes par André Beauneveu sur le psautier du duc de Berry en 1380-1385 (Prigent 1982 p. 329). "(E. Le Seac'h)

 

"Assise sur un trône rehaussé d'un dais , la Vierge porte son Enfant assis sur le genou gauche. Confortablement installé, les deux pieds dans le manteau maternel, celui-ci retient un gros oiseau qui picore dans sa main droite.

La façon dont la Vierge tient, serré contre son épaule droite, un livre (discrète évocation de son rôle d'éducatrice) évoque le saint Pierre du Psautier"  (C. Prigent)

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f17.image

"Une grande douceur se dégage du visage de Marie, à l'ovale plein, au front bombé, aux yeux en amande, entre les paupières accentuées, délicatement encadré d'une masse épaisse de cheveux ondulés, d'un type spécifique aux pays flamands. De même, la couronne à bandeau orfévré rehaussé de fleurons découpés s'inspire de modèles tournaisiens. 

C'est le même canon qui a servi pour les deux visages empreints d'une grâce souriante." (C. Prigent)

"Les traces de peinture rouge dans les replis du manteau de la Vierge indiquent que, primitivement, l'ensemble était peint et doré, et se détachait sur un fond d'ocre jaune. On redécouvre que l'église médiévale était un temple de la couleur, comme les murailles de pierres précieuses et fines de la  Jérusalem céleste décrite dans l'Apocalypse de saint Jean Mais la polychromie des extérieurs a beaucoup souffert. Ainsi on est mal renseigné sur une coloration éventuelle des façades en dehors des parties sculptées." (id.)

"La Vierge est le seul vestige dans le chantier quimpérois d'un ensemble sculpté, sans doute assez considérable, à en juger par les niches qui décorent les piédroits des portails et les contreforts, aujourd'hui vides de leurs statues, visibles cependant dans les gravures anciennes. (C. Prigent)

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Remarques.

Ces deux auteures nous conseillent de comparer cette sculpture avec les enluminures d'André Beauneveu dans le Psautier de Jean de Berry. C'est désormais l'affaire d'un clic, et l'étude des drapés est instructive. Mais je n'ai pas retrouvé sur le saint Pierre (f. 8r)  la tenue spécifique du livre qu'adopte ici la Vierge, avec la main dressée verticalement, et la tranche du livre tourné vers le haut. D'autre part, la présence de ce livre n'en fait pas tant une "éducatrice" (une notion qui est admise pour sainte Anne enseignant à sa fille, mais qui est discutable àpropos de celui qui va bientôt enseigner les docteurs du Temple) qu'elle ne rappelle que le Fils est envoyé à l'Humanité pour accomplir le plan du Salut annoncé dans les Écritures.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f17.image

Les cheveux de l'Enfant sont aspirés vers l'arrière et l'extérieur selon ce trait stylistique déjà décrit pour l'ange de la console. 

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Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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Les anges.

"Huit anges, porteurs de phylactères ou musiciens, sont vêtus d'aubes qui cachent leurs pieds. Dans la première voussure de droite, juste au dessus de la Vierge à l'Enfant, l'ange tient une cithare médiévale dont il frotte les cordes avec un archet miniature [sic].Le manche de l'instrument est court. L'ange semble danser, la jambe droite avancée en un plié gracieux, le talon en dehors.

Dans la deuxième voussure plus à droite, un autre ange joue de la harpe gothique en pinçant les cordes. Cet instrument se jouait posé sur les genoux d'où la position légèrement incliné de l'ange.

Les ailes des anges sont géométriques, avec le bout pointu. Ici aussi, les chevelures sont bouclées et indisciplinées comme sur le tombeau de Gatien de Monceaux. Les plissés sont variés, verticaux, en diagonale ou à bec et forment une nuée aux pieds des anges thuriféraires. Ceux-ci accomplissent une génuflexion, leur geste figé à mi-course. L'ange de droite tient dans une main la navette à pied servant à conserver l'encens, ce qui révèle le souci du détail du sculpteur. Tous les anges esquissent un sourire subtil. Leurs ailes sont largement déployées dans une magnificence de plumes." (E. Le Seac'h)

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"Deux anges encadrent le groupe. Cette scène reprend les compositions des grands édifices gothiques. Au début du XVe siècle, les anges conservent les fonctions que leur avait attribuées l'époque gothique : thuriféraires ; musiciens dans les voussures , ils s'accompagnent de la harpe et de la cithare pour chanter les louanges de la Mère de Dieu; d'autres tiennent des phylactères. Leur vêtement se compose d'une chape retenue sur la poitrine par un fermail ou d'une tunique à manches longues, l'amict dépassant parfois de l'encolure. Par leurs chevelures traitées en mèches bouclées, s'écartant des tempes comme attirées par un aimant, un toupet sur la tête, et leurs vêtements, ils s'inspirent des anges qui décorent le soubassement du tombeau en calcaire de l'évêque Gatien de Monceaux (mort en 1416), autrefois dans la cathédrale. De même, les anges du portail sud semblent très proches, par le naturalisme de leur visage, de deux apôtres — dont seules subsistent les têtes — du palais du duc Jean de Berry à Bourges, datant du premier quart du XVe siècle. Simultanément, ces anges font leur apparition au Folgoët, sculptés dans le kersanton, sur l'un des autels alignés contre le mur est de la collégiale." (C. Prigent)

persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1942_num_101_2_9305

https://www.louvre.fr/oeuvre-notices/tete-d-apotre

https://patrimoinebourges.weebly.com/bourges-gothique/les-vestiges-de-la-sainte-chapelle-de-bourges

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Tête d'ange, musée du Berry.

 

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L'ange thuriféraire (qui porte l'encensoir) de droite.

Il donne un exemple de la coiffure en macarons de mèches repoussés vers l'arrière et le haut par un vent spirituel. Le haut du visage est carré, le bas triangulaire.

J'ai étudié ces anges et leurs chevelures dans mon article sur l'Autel des Anges du Folgoët. Je remarquais alors qu'une influence possible pouvait être le Puits de Moïse de Champmol (achevé en 1405).

 http://www.lavieb-aile.com/2017/04/la-collegiale-du-folgoet.i.l-autel-des-anges.html

Je me suis rendu depuis  à Dijon dans le but de documenter cette influence : voir mon article :

http://www.lavieb-aile.com/2019/09/le-puits-de-moise-de-la-chartreuse-de-champmol-a-dijon.html

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L'ange tient en main gauche la navette d'encens et balance l'encensoir dans un mouvement particulièrement élégant et synchronisé avec son acolyte.

À la différence des anges des voussures, des deux anges portent des chapes. Il faut savoir que le terme de "thuriféraire" désigne un servant de messe, et que sa fonction est de préparer, d'allumer et de présenter l'encensoir au prêtre afin qu'il le bénisse, puis c'est ce dernier ou un diacre qui encense l'autel, puis, par trois coups triples, le livre de l'Évangile avant sa lecture. Le thuriféraire, ensuite, balance simplement l'encensoir pendant la Lecture. Il y a donc peut-être une différence entre un célébrant, portant la chape, et faisant de très grands mouvements d'encensement, comme nous voyons ici, et le rôle plus subalterne du thuriféraire proprement dit.

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Le demi sourire fascinant m'a incité à multiplier les clichés. II semble parfois que l'ange est transporté d'aise par les fumées parfumées de l'encens.

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Discussion. 

Ces deux anges en symétrie spéculaire trouvent peut-être leur source unique, pour celui de gauche, dans les Anges de l'Annonciation lançant vers la Vierge le phylactère de leur salutation. On peut ainsi évoquer l'enluminure peinte par Jean Hermant pour les Heures de Rohan BnF lat. 9471 au folio 45, ou celle, assez proche, des Heures de Buz Hougton Library Richardson  42 f. 20, daté vers 1420-1425 ). Comme à Quimper, l'ange est placé plus bas que la Vierge. Mais ce serait alors, de la part de notre  sculpteur, une fameuse inspiration de renoncer au profil pour rendre   ce très beau mouvement de la tête tourné vers nous. On notera que le Maître de Rohan, auteur de ces miniatures, est également le peintre du Livre d'Heures d'Isabelle Stuart, épouse du duc de Bretagne (voir "Contexte artistique infra). Ou que les Grandes Heures de Rohan furent (comme les Heures de René d'Anjou et les Heures d'Isabelle Stuart) probablement commandées par Yolande d'Aragon, mère de Yolande, la première épouse du duc de Bretagne François Ier, fils de Jean V. Leur mariage date de 1431, alors que le porche sud est daté avant 1433 (mort de Jeanne de France).

On notera que cette chevelure est retenue par un bandeau (centré par une croix frontale) qui interrompt la couronne de bouclettes, alors que cette couronne est complète dans les œuvres sculptées de l'atelier du Folgoët.

 

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Jean Hermant, Annonciation (détail), Heures de Rohan BnF lat. 9471 f. 45r. Copyright BnF Gallica.

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Visitation, Heures de Rohan BnF lat. 9471 f. 70r. Droits BnF Gallica.

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Jean Hermant, Annonciation, Heures de Buz, Harvard, Houghton Library, ms. richardson 42, f° 20, détail.Copyright Harvard, Houghton Library.

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Annonciation,f. 23r, Jean Hermant et Maître de Giac, vers 1416.Heures du Roi René BnF lat. 1156A. Droits BnF Gallica.

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Or, les anges de ces enluminures ont tous les cheveux emportés par un vent frontal, comme à Quimper. Le Maître des Heures de Rohan   est partiellement rapproché d'un Jehan Hermant qui aurait travaillé comme libraire à Paris en 1398-1421 avant  de s'installer à Laon en 1422-1428. À Paris, sa maison rue Pierre Sarrazin à l'angle de la rue de la Harpe était contiguë avec l'Hôtel de Forest (situé précisément rue de la Harpe), que Jean IV avait reçu en 1384 de Charles VI, et que Jean V avait offerte en 1395 à Jean de Malestroit, seigneur d'Oudon. (A. Chatelet 2020 et F. Berland 2011). Des contacts avec la cour ducale de Bretagne sont possibles, notamment avec  le cardinal Jean de Malestroit (1375-1443) évêque de Nantes et chancelier du duc. (plutôt que Thibaut de Malestroi, évêque de Quimper jusqu'en 1408).  

 

 

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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L'ange thuriféraire de gauche.

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Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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LES ANGES DES VOUSSURES.

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L'ange musicien jouant de la mandore  par l'intermédiaire d'un plectre.

Je ne reprends pas le nom de "cithare" proposé par Le Seac'h et Prigent, et j'identifie l'objet de la main droite comme un plectre, et non comme "un archet court".

L'instrument piriforme (demi-poire) et apparemment monoxyle possède quatre cordes fixées en bas au cordier et en haut à aux quatre chevilles d'une tête dont il est difficile de préciser la forme en volute ou cassée comme pour un luth. Le plectre est tenu entre pouce et index sur un poignet en supination et très fléchi. 

On retrouve l'instrument et la position de la main (mais le poignet est en extensionpeint par Jean de Bruges pour la chapelle de la Vierge de la cathédrale du Mans:

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Ange jouant de la mandore avec un plectre. Voûtes de la Chapelle de la Vierge par Jean de Bruges vers 1377. Photo lavieb-aile.

 

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http://a51.idata.over-blog.com/3/43/88/27/epigraphie-tilde/le-mans/cathedrale/instrumentarium/concert/concert-1705c.jpg

Voir aussi l'instrumentarium de la cathédrale de Bayeux (vers 1412)

http://www.lavieb-aile.com/2018/09/la-crypte-de-la-cathedrale-de-bayeux-et-ses-anges-musiciens.html

Voir les anges musiciens de Kernascléden (une harpe, mais pas de mandore) :

http://www.lavieb-aile.com/2015/09/les-anges-musiciens-des-voutes-de-kernascleden-56.html

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Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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L'ange joueur de harpe.

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C'était à l'époque un instrument diatonique de  90 cm de haut environ, à 24 cordes en moyenne, et que l'on tenait sur les genoux.

La tenue sur le genou gauche, la base posée sur le milieu de la poitrine, est celle adoptée par l'ange de l'instrumentarium du Mans.

http://www.lavieb-aile.com/article-un-concert-de-noel-pour-nicole-et-michel-125275886.html

 

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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L' ange présentant un phylactère. Voussure intérieure gauche, en bas.

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Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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L' ange présentant un phylactère. Voussure intérieure gauche, en haut.

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Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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L' ange présentant un phylactère. Voussure extérieure gauche.

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Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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L' ange présentant un phylactère. Voussure intérieure droite, sous l'ange au mandore.

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Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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L' ange présentant un phylactère. Voussure extérieure droite, en haut.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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Ange à la tête brisée.

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Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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Ange portant un instrument brisé.

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Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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Le début des rinceaux, entre les moulures des piédroits : chanoines ?.

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L'étude systématique des enracinements des rinceaux (pampres et autres) dans les contre-moulures des pièdroits des porches pourrait leur attribuer une précieuse valeur sémiologique. À un niveau amateur, force est de constater la présence constante d'animaux fantastiques ou non, ou de personnages caricaturaux (chanoines) sur les porches bretons, tant ceux dus aux deux ateliers ducaux du Folgoët que ceux dus à Bastien et Henry Prigent, et d'autres encore. Ici, nous trouvons des personnages assis ou accroupis, coiffés d'une sorte de béret. Je les qualifie de "chanoines" par comparaison aux autres sites. Il resterait à comparer ces motifs dans leur distribution géographique et chronologique.

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Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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SAINTE CATHERINE.

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"Sur le contrefort gauche du porche, sainte Catherine d'Alexandrie, d'une facture plus raide, est placée dans la première des niches superposées, surmontée d'un pinacle à crochets. La sainte couronnée tient une roue dont le tour est agrémenté de dents acérées. Elle s'appuie légèrement sur une épée dans sa main droite, ce qui crée un léger déhanchement. Elle porte une robe longue dont le tissu tombe en plis lourds sur le bout pointu des poulaines. Le pan gauche du manteau qui recouvre les épaules est ramené sous son bras droit et il forme comme un tablier avec des plis étagés. La robe est resserrée à la taille par une grosse ceinture dont les trous semblent renforcés par des pastilles imitant le métal. Elle est fermée au milieu par une série de petits boutons ronds : le col se rabat en un pli large. Les cheveux se séparent en deux tresses étiques qui tombent sur la poitrine. Le visage est de forme ovale et allongée. Les yeux surlignés et pincés à leur extrémité, sont compris dans des arcades sourcilières en forme d'accent circonflexe. Le nez large est épaté, le philtrum large et creusé. Sainte Catherine esquisse un délicat sourire.

Les deux sculptures en kersanton sont caractéristiques de l'atelier du Folgoët avec un plastron plat et un bas du corps au drappé plus fouillé. Les mains sont larges et manquent de naturel." (E. Le Seac'h 2014)

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"Sculptée dans la pierre de Kersanton d'un gris foncé, elle est un peu plus tardive [que les sculptures du porche]. On y note un lointain écho des statues anglaises d'albâtre, dans les mains allongées, le type de couronne au bandeau incurvé et la façon de tenir la roue d'une manière spécifique." (C. Prigent)

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C'est elle qui présente la duchesse de Bretagne Isabelle Stuart sur son Livre d'Heures : voir précision dans Contexte artistique infra.

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Book_of_Hours_(Fitzwilliam_Museum_Ms62)?uselang=fr#/media/File:Stundenbuch_Isabella_Stuart1.JPG

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Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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LE GABLE ET SES BAS-RELIEFS HÉRALDIQUES.

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Il faut pouvoir en lire le contenu comme la suite du complexe héraldique présent sur le gable du porche occidental réalisé entre 1424 et 1433. Le duc Jean V y occupait la place prééminente, puis venaient les armoiries de la duchesse Jeanne et de ses trois fils, celles de l'évêque Bertrand de Rosmadec et de son frère, et, à l'extérieur du gable, celles de quatre officiers ducaux, les seigneurs de Névet, de Guengat (?), de Bodigneau et de Quélennec.

Sur le porche sud, nous avons une forme réduite du porche ouest, où la duchesse Jeanne vient en supériorité sous l'hermine passante, et où, des six blasons précédents, nous en conservons quatre, ceux, dans le cadre triangulaire, de l'évêque Bertrand de Rosmadec et de sa famille, et ceux, en dehors, de Droniou de Bodigneau et de Jean de Quélennec.

Si l'identification de ces écus et de leurs ornements extérieurs, mais aussi de leur devise, a été donnée depuis le XIXe siècle, il reste passionnant de retrouver les formes malgré l'usure de la pierre, et, pour l'amateur d'inscriptions, d'admirer les graphies et la disposition des "cris d'armes". Le temps de l'information ne doit pas occulter le temps de la contemplation attentive des formes.

n.b : Wikipédia ou des sites spécialisés précisent que la devise est placée en dessous de l'écu, et le "cri d'armes" au dessus, comme c'est ici systématiquement le cas, sur les deux porches.

http://www.blason-armoiries.org/heraldique/c/cri-d-armes.htm

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Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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L'hermine tenant les armes de Jeanne de France, duchesse de Bretagne.

 

En supériorité, l'écu en losange de la duchesse Jeanne, parti de Bretagne et de France, est surmonté d'une hermine passante colletée de la jarretière  flottante de Bretagne, tenant un cartouche sur lequel figure la devise : A MA VIE

 

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a) L'hermine passante.

L'hermine passante est présente également sur les autres chantiers du duc Jean V :

— Sur la façade et en frise, ou dans le porche des Apôtres à la Collégiale du Folgoët, où elle traverse les spires d'une banderole portant la devise A MA VIE :

 

http://www.lavieb-aile.com/2017/04/la-collegiale-notre-dame-du-folgoet.iv.les-emblemes-devises-et-marques-des-ducs-de-bretagne-1423-1505.html

— Sur le gable du porche de la chapelle Saint-Herbot :

http://www.lavieb-aile.com/2017/04/l-enclos-paroissial-de-saint-herbot-a-plonevez-du-faou-vi.le-porche-sud-1498-1509-par-le-second-atelier-du-folgoet-l-exterieur-et-le

— Sur les sablières de l'église haute de Quimperlé  avec la date de 1430: hermine passante colletée de la jarretière dans une frise où est inscrit la devise A MA VIE.

http://www.lavieb-aile.com/article-les-sablieres-et-poin-ons-de-l-eglise-notre-dame-et-saint-michel-de-quimperle-123158720.html

.Jeanne de France (1391 - 1433), fille de Charles VI de France et d'Isabeau de Bavière, fut duchesse de Bretagne de 1399 à 1433 par son mariage avec Jean V de Bretagne.

Sablières (1430) de l'église de Quimperlé. Photo lavieb-aile

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—  Sur la façade de la chapelle de Quilinien à Landrévarzec : 

http://michel.mauguin.pagesperso-orange.fr/Les%20armoiries%20dans%20la%20chapelle%20de%20Quilinen.pdf

 

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— La devise A MA VIE avec les armoiries ducales se trouvent aussi à Runan, sur la maîtresse-vitre.

http://www.lavieb-aile.com/article-la-maitresse-vitre-de-l-eglise-de-runan-22-123343694.html

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Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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L'inscription lapidaire A MA VIE.

La banderole  est tenue par l'hermine dans sa gueule et elle s'élève en se pliant. Elle est tracée avec des lettres gothiques minuscules et encadrée par des deux-points qui servent aussi à séparer les groupes de mots. Ces deux-points, selon une tradition presque constante en Basse-Bretagne (j'ignore si elle est établie dans d'autres régions) sont reliés par un motif en forme de S.

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Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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b) les armoiries mi-parti de Jeanne de France :

 

Jeanne de France (1391 - 1433), quatrième fille de Charles VI de France et d'Isabeau de Bavière, fut duchesse de Bretagne de 1399 à 1433 par son mariage  à Paris le 19 septembre 1396 avec Jean V de Bretagne. Elle était la sœur aînée du Dauphin, qui deviendra Charles VII grâce à Jeanne d 'Arc. Elle eut 7 enfants, dont 3 fils, François (1414 † 1450), duc de Bretagne en août 1442, Pierre (1418 † 1457), duc de Bretagne de 1450 à 1457 et Gilles (1420 † 1450), seigneur de Chantocé.

Son écu est losangique, comme c'est la règle pour les femmes. Il n'est plus lisible aujourd'hui, et il faut se fier aux identifications de Le Men.

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dessin par Sodacan

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L'écu losangique figure aussi  dans  le gable du porche ouest de la cathédrale, mais en dessous et à droite de celui du duc, sans lambrequins, et présentés par deux oiseaux (colombes).

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Gable armorié du porche ouest de la cathédrale. Photographie lavieb-aile.

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Les armes de la duchesse figurent aussi sur la voûte du chœur de la cathédrale, portées par un ange.

 

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http://www.lavieb-aile.com/2016/02/les-vitraux-du-choeur-de-la-cathedrale-de-quimper-i.html

Armoiries de la duchesse de Bretagne Jeanne de France, parti de Bretagne et de France : clé de voûte du chœur, photo lavieb-aile

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 Jeanne de France, son époux et ses enfants étaient représentés en donateur sur les baies 101 et 102 , en pole position autour du Crucifix de la baie d'axe n°100. (Ils y sont encore, mais par le biais d'une restitution ).

La baie 102. Les armoiries sont portées par la robe de Jeanne de France.

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Lancette B. Jeanne de France, duchesse de Bretagne (1399-1433) présentée par saint Jean-Baptiste.Baie 102 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile

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J'aimerai trouvé plus de renseignements sur les deux pattes qui, sur la sculpture du gable,  s'écartent des sommets du losange, et que je nomme lambrequins à défaut d'information. Sont-ils attestés ailleurs ? Représentent-ils quelque chose ? Ils se terminent en griffe par des dilatations ampullaires comme des bourgeons.

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Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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2° À gauche à la base du gable : armoiries épiscopales de Bertrand de Rosmadec.

Le Men le décrit comme un écu triangulaire timbré d’une crosse et d’une mitre et portant un palé de six pièces. La mitre et la crosse ne sont plus visibles, tandis qu'on  perçoit les traces des bandes horizontales du palé. Les fanons de la mitre sont bien visibles de chaque coté de l'écu. 

 

Bertrand de Rosmadec, aumônier et conseiller de Jean IV, évêque de Cornouailles après  Gatien de Monceaux. 1416-1443 se démit en août 1444, ; il entreprit en 1424 la réfection de la nef de la cathédrale et inhumé dans la cathédrale. Ses armes sont un  palé d’argent et d’azur de six pièces.

On voit ses armoiries, à la meme place qu'ici, sur le porche ouest de la cathédrale.

 

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Ses armoiries figurent à la voûte rayonnante du chœur de la cathédrale, autour de celle du duc Jean V :

http://www.lavieb-aile.com/2016/02/les-vitraux-du-choeur-de-la-cathedrale-de-quimper-i.html

Il est sans doute figuré en donateur en lancette B de la  baie 105, présenté par un saint évêque  à la Vierge à l'Enfant, alors que sainte Catherine et saint Yves sont peints dans les deux autres lancettes. L'absence d'inscription ou d'armoiries ne permet pas une identification fiable.

http://www.lavieb-aile.com/2016/03/les-vitraux-du-choeur-de-la-cathedrale-de-quimper-ix-la-baie-n-105.html

Les vitraux du chœur de la cathédrale de Quimper IX : la baie n° 105 de Bertrand de Rosmadec.

On les trouvait sur la voûte de l'ancienne abbatiale de Daoulas.

http://www.lavieb-aile.com/2017/06/les-sablieres-de-l-ancienne-abbatiale-de-daoulas-inscription-de-1529-blasons-armories-et-scenes-animalieres.html

Elles sont conservées dans la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic (la famille vient de Telgruc/mer).

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Armoiries épiscopales de Bertrand de Rosmadec. Chapelle Saint-Côme de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Elles figurent sur la clef de voûte de Kernascéden (56) :

http://www.lavieb-aile.com/2015/09/les-anges-musiciens-des-voutes-de-kernascleden-56.html

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Maison_de_Rosmadec#/media/Fichier:Blason_Charles_de_Rosmadec.svg

 

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Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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3° À droite de la base du gable : armoiries de Jean II de Rosmadec, neveu de l’évêque Bertrand .

Le Men décrit un  écu arrondi couché, palé de six pièces, timbré sur son angle sénestre d’un casque orné de lambrequins et sommé d’un cygne pour cimier, et l'attribue à Guillaume de Rosmadec, père de Bertrand.

Les pièces de l'écu sont à peine visibles (le leucogranite s'altère, et se décolle par plaques), mais on reconnapit leur alignement.

On voit aussi cet ensemble héraldique dans le gable  du grand portail ouest. Il y est attribué par P.-F. Broucke à Jean II de Rosmadec (neveu de l'évêque, qui fut son tuteur). Le casque, comme ici, porte un tortil de baron. La banderole verticale est muette, mais elle pouvait porter (en peinture ?) le cri "EN BON ESPOIR", devise de la famille.

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Gable du porche nord de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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Voir aussi :

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Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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Les blasons placés  en dehors du fronton triangulaire,  gauche et à droite : Bodigneau et Quélennec.

 

 À gauche :  les armoiries des Bodigneau.

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Le Men décrit ne targe couchée timbrée d’un casque orné de lambrequins et sommé d’une tête de cygne issant d’une couronne de fleurons, tient dans son bec un cartouche sur lequel on lit la devise : A LAVENTURE :.

Cet écusson qui est aussi sculpté au-dessus du   porche ouest, appartenait à la famille de Bodigneau dont les armes étaient : de sable à l’aigle éployée d’argent becquée et membrée de gueules.

Jean Droniou, seigneur de Botigneau, était un important fonctionnaire du duché, proche de duc Jean (, trésorier et receveur général en Bretagne depuis 1420 et procureur de Cornouaille depuis 1429 .

— Voir la lancette B de la baie 106  du chœur de la cathédrale où Marie-Madeleine présente une dame de Bodigneau épouse d'un membre de la famille de Juch,  agenouillée comme donatrice.

http://www.lavieb-aile.com/2016/03/les-vitraux-du-choeur-de-la-cathedrale-de-quimper-iii-les-baies-106-et-108-et-les-pupilles-au-jaune-d-argent.html

— Voir la lancette C de la baie 108 (voisine de la précédente) où un saint évêque présente en donateur  un seigneur de Bodineau portant un tabard à ses armes.

http://www.lavieb-aile.com/2016/03/les-vitraux-du-choeur-de-la-cathedrale-de-quimper-iii-les-baies-106-et-108-et-les-pupilles-au-jaune-d-argent.html

— Voir les lancettes B, C et D  de la  baie 110 (qui suit les précédentes dans le chœur) : le seigneur de Bodigneau est présenté par Jean l'évangéliste, puis par Jean-Baptiste, puis une dame de Bodigneau en alliance avec Tréanna est présentée par la Vierge. 

"Saint Jean présente un chevalier en armure,  portant l'épée, et  sur son tabard les armes de la famille de Bodigneau, de sable à l’aigle impériale d’argent becquée et membrée de gueules. Le fief de cette famille se trouve dans la paroisse de Clohars-Fouesnant (à 15 km au sud de Quimper), où s'élève le château de Bodigneau, ou Botigneau, Bodignio ou Bodinio. Le Nobiliaire ou Armorial de Bretagne de Pol Potier de Courcy indique :

Botigneau (de), sr dudit lieu et de Kergoat, par. de Clohars-Fouesnant, — de Brunault, par. de Trébrivant. Réf. et montres de 1426 à 1562, par. de Clohars, év. de Cornouaille.

D’azur à l’aigle éployée d’or. Devise : À l’adventure.

Le nom ancien de cette famille est Droniou ; Jean Droniou, épouse Louise du Vieux-Chatel, dame de Brunault, dont : Alain, marié en 1562 à Marie de Kergorlay, père et mère de Jeanne, fille unique héritière, épouse de François de Kerc’hoënt.

 En 1426, le domaine de Botigneau  est tenu en 1426 par Jehan Droniou.

Vers 1500, cette famille fit édifier les vitraux de l'église Saint-Hilaire de Clohars-Fouesnant, avec leurs armes en supériorité, et Pierre de Bodigneau et Marie de Tréanna s'y font représenter en donateurs (Abgrall, Notice).  Voir Iconographie de saint Christophe.

 En 1424, lors de la construction de la façade occidentale, le blason du seigneur de Bodigneau est sculpté sur le tympan du portail, avec celle des trois autres nobles qui ont le privilège de porter le siège de l'évêque Bertrand de Rosmadec : les seigneurs de Nevet (Plogonnec), de Guengat et Du Quélennec (Le Faou). C'est dire qu'il s'agit alors d'une famille de tout premier plan en Cornouaille. Par contre, en 1480, lors de l'entrée épiscopale de Guy de Bouchet, les quatre seigneurs qu'accueillirent dans la cathédrale étaient Jean du Quélennec, Henri,seigneur de Névet, Guillaume, seigneur de Ploeuc,  et Guyomarch, seigneur de Guengat. Bodigneau avait donc laisser la place à de Ploeuc."

 

— Voir la lancette D de la baie 112, où une dame de Bodigneau est présentée par sainte Catherine.

http://www.lavieb-aile.com/2016/03/les-vitraux-des-baies-110-et-112-du-choeur-de-la-cathedrale-de-quimper.html

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Voir le vitrail (vers 1520) de l'église Saint-Hilaire de Clohars-Fouesnant , résultant  "d'un don du seigneur de Botigneau. En 1505, la seigneurie appartenait à l'écuyer Pierre de Botigneau, et en 1541 à son fils Jean. En 1665, la terre de Botigneau fut vendue à Jean de Penfentenyo. Les seigneurs de Botigneau sont fondateurs de l'église paroissiale, et aussi des chapelles Saint-Jean et Saint-Guénolé qui leur appartenaient privativement ; ils possédaient leur tombe dans le chœur, et leurs armoiries d'azur à l'aigle éployée d'or à deux têtes becquées et membrées de gueules dans les deux vitraux éclairant chacune des chapelles latérales. Les vitraux du transept ont sans-doute été déplacés depuis ces chapelles."

 

 

http://www.lavieb-aile.com/2015/09/iconographie-de-saint-christophe-le-vitrail-de-clohars-fouesnant-29.html

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Jean Droniou offrit à la collégiale du Folgoët (relevant du mécénat ducal) une statue en kersanton avec son nom encadré de ses armes  à l'aigle bicéphale. En 1420, c'est lui qui, comme trésorier, vint apporter la donation de Jean V. Que représente cette statue ? comme par hasard, sainte Catherine ! La statue est moins belle que celle de Quimper, mais la comparaison s'impose néanmoins.

http://www.lavieb-aile.com/2017/04/la-collegiale-notre-dame-du-folgoet-v-les-statues-de-kersanton-1423-1433-par-le-grand-atelier-ducal-du-folgoet-1423-1509.html

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Sainte Catherine d'Alexandrie, Kersanton, Atelier du Maître du Folgoët (1423-1433) , angle sud-ouest de la chapelle de Coëtivy, Collégiale du Folgoët, photographie lavieb-aile avril 2017.

 

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Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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L'inscription est portée par une banderole repliée tenue par le bec du "cygne". Elle indique, en lettres minuscules gothiques, la devise  A LAVENTURE : avec les deux-points reliés par le S habituel.

Les fûts sont droits, avec un empattement en losange orienté vers l'avant en bas, et vers l'arrière en haut. Les A sont à double œil , le V est semblable au U ; la traverse du T est longue. L'œil du E est ouvert, tracé par un fin trait en S sur la barre. C'est une écriture de type textura (qui sera adoptée par Gutenberg en 1455 pour sa Bible). 

 

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Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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 À droite : armoiries de la famille du Quélenec, d’hermines au chef de gueules, chargé de trois fleurs de lys d’or, avec la devise : EN DIEU / M /  ATENS :.

 

Jean III du Quélennec (1401-1459), vicomte du Faou, chambellan du duc de Bretagne depuis 1426, capitaine de Brest, amiral de Bretagne aux années 1432, 1442, 1450, 1461, 1471, et lieutenant-général en Bretagne, assiste en 1432 au siège de Pouancé, épouse en 1433 Marie de Poulmic († 1457), fille de Jan, seigneur de Poulmic, et de Jeanne de Kersaliou.

— Ces armes sont également présentes,  au-dessus du  porche ouest, dans la même situation en bas à droite. Mais le casque porte un tortil de baron. Le Men décrit "une  targe couchée timbrée d’un casque orné d’un lambrequin et sommé d’une tête de cygne issant d’une couronne, et tenant dans son bec un cartouche avec la devise : En Dieu m’attens. C’est la devise des seigneurs du Quélenec, barons dudit lieu et vicomtes du Faou. Leurs armes qui sont : d’hermines au chef de gueules, chargé de trois fleurs de lys d’or, se voient dans la voûte du bas-côté sud de la cathédrale. Les seigneurs de Quélenec étaient tenus, comme les seigneurs de Nevet et de Guengat, d’assister à l’entrée solennelle des évêques dans leur ville de Quimper. "

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Porche ouest de la cathédrale de Quimper. Photo lavieb-aile.

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— Ses armoiries en alliance avec Marie de Poulmic figurent sur la façade de la chapelle du Quilinien à Landrévarzec, débutée vers 1450-1457..

 

http://michel.mauguin.pagesperso-orange.fr/Les%20armoiries%20dans%20la%20chapelle%20de%20Quilinen.pdf

—Ses armoiries en alliance avec celles des Poulmic figurent aussi sur le calvaire daté vers 1433-1457 de l'église de Rumengol . Ce calvaire peut être attribué, comme ce porche sud de Quimper, à l'atelier ducal du Folgoët. Ces armoiries figurent aussi sur les vitraux de l'église de Rumengol.

http://www.lavieb-aile.com/2016/11/l-eglise-notre-dame-de-rumengol-29-ii-le-calvaire.html

 

 

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Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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L'inscription en minuscules gothiques, de la même main que la précédente,  EN DIEU / M /  A/TENS :  se clôt par le deux-points  habituel.

(Je ne peux exclure que le repli cache une première lettre T, ce qui donnerait EN DIEU / M /  ATTENS :  )

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Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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SOUS LA BALUSTRADE.

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Une figure d'Ève ?

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Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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Une femme en coiffe, mains sur les oreilles.

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Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (1424-1433) de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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CONTEXTE ARTISTIQUE.

Les trois principaux auteurs d'enluminures du premier quart du XVe siècle sont, selon F. Avril et N. Reynaud, les frères Limbourg, le Maître de Bedford (Bréviaire de Jean de Berry BnF lat. 17294)  et le Maître de Boucicaut alias Jacques Coene (Livre d'Heures, musée Jacquemart-André ms2, vers 1415). Et leurs principales émules seront ensuite le Maître des Grandes Heures de Rohan, et le Maître de Marguerite d'Orléans. Or, ces deux derniers ont travaillé pour les épouses des deux fils de la duchesse Jeanne et, dans les deux cas, avant la fin de réalisation des porches de la cathédrale de Quimper.

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1°) Le Maître de Rohan ( +/- =Jean Hermant et Maître de Giac)

a) Il a  peint les Grandes Heures de Rohan  BnF lat. 9471 pour Yolande d'Aragon en 1416-1417

 

Vierge allaitante f. 33v

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10515749d/f76.item

Annonciation f.45r

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10515749d/f99.image

Visitation (pour les anges) f. 70r

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10515749d/f149.image

Sainte Catherine f. 231v

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10515749d/f99.image

b) Il a peint le Livre d'Heures dit d'Isabelle Stuart (Fitzwilliam museum ms.62). Vers 1417 ou avant 1431. c) 234 folios, 2 miniatures pleines pages, 20 grandes miniatures, 437 miniatures marginales, par le Maître de Rohan (f.  199v, f.20, f. 136, f. 141v, etc) et le Maître de Giac.  Ce livre aurait été commandé par Yolande d'Aragon pour sa fille Yolande (1412-1440), qui épousa le duc de Bretagne François Ier en 1431. Le livre serait alors entré en possession d'Isabelle Stuart (1426-1494), 2ème épouse du duc et donc duchesse de Bretagne de 1442 à 1450. Celle-ci a peint, en folio 20 de la prière Obsecro te — supplication à la Vierge pour obtenir son assistance lors de la mort) —,  son propre portrait par dessus  celui de la première épouse, a placé ses propres armes, et s'est faite présentée par sainte Catherine (ce qui indique clairement l'importance de cette dernière aux yeux de la duchesse Isabelle).

https://www.fitzmuseum.cam.ac.uk/pharos/collection_pages/northern_pages/MS.62/FRM_TXT_SE-MS.62.html

 

PANAYOTOVA (Stella), 2014, , « The Rohan Masters: Collaboration and Experimentation in the Hours of Isabella Stuart », dans Colum Hourihane, Manuscripta Illuminata: Approaches to Understanding Medieval and Renaissance Manuscripts, Princeton, Princeton University Press and Penn State University Press, 

 

https://www.academia.edu/10668335/The_Rohan_Masters_Collaboration_and_Experimentation_in_the_Hours_of_Isabella_Stuart

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N.B. On recense au moins deux autres livres d'heures ayant appartenu à Isabelle Stuart, mais d'intérêt artictique moindre  : l'un à l'usage de Nantes et Paris, datant des années 1460-1465 (Bibliothèque nationale de France, Lat 1369), et un autre à l'usage de Rome (BNF, NAL 588).

— Heures d'Isabelle Stuart BnF NAL 588. La reine est présentée par saint François au folio 33v

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8555843r/f72.item

— Livre d'Heures d'Isabelle Stuart, BnF lat. 1369. La reine est présentée par saint François page 56.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52501939c/f66.item.zoom

Annonciation :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52501939c/f395.item

Sainte Catherine :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52501939c/f332.item

c) Il a peint les  Heures de René d'Anjou BnF lat. 1156. Commandé par Yolande d'Aragon (ou Louis II d'Anjou), vers 1416-1417 à Paris à un atelier dont le Maître de Giac, Jean Hermant. 

Vierge allaitante f. 18v:

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000466t/f48.item

Annonciation f. 23r

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000466t/f57.item

Annonce aux Bergers (voir les anges) f. 52r

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000466t/f115.item

Fuite en Egypte (voir les anges) f. 62v

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000466t/f135.item

Sainte Catherine f. 75v (après Marie-Madeleine)

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000466t/f161.item

d) Il a peint les Heures de Buz  Harvard Houghton Library Ms Richardson 42. 20 grandes enluminures et 40 plus petites. Le folio 155r montre la Vierge embrassant l'Enfant endormi,  entourée de deux anges qui soutiennent un drap d'honneur, avec l'oraison Ie te salue Marie a qui dieu son filz maria a humaine fragilité ;

https://curiosity.lib.harvard.edu/medieval-renaissance-manuscripts/catalog/34-990098818110203941

 

 

e) Un Livre d'Heures à l'usage de Troyes (vendu par Jorn Günther) lui est attribué. On y trouve folio 116 une Vierge à l'Enfant entourée de deux anges avec l'oraison Dulce dame de misericorde mere de pitie fontaine de tous biens qui portastes [Ihesu crist .x. mois en vos precieux  flans et la leitastes  de vos doulces mamelles.]

 C'est l'une des 15 Joies, dont le texte est également cité dans les Heures de René d'Anjou.

https://diocese-quimper.fr/fr/story/3632/notre-dame-des-joies

https://diocese-quimper.fr/fr/story/3632/notre-dame-des-joies

https://guenther-rarebooks.com/artworks/9383-masters-of-the-grandes-heures-de-rohan-likely-book-of-hours-use-of-troyes-c.-1415-1420/

Jean Sonet page 82.

  2°) le Maître de Marguerite d'Orléans  a peint pour cette dernière, épouse de Richard, comte d'Étampes et fils de Jean V, un Livre d'Heures BnF lat. 1156B vers 1426-1428.

Le folio  15r montre un ange agenouillé de profil 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52502614h/f37.item

Au folio 25r, la duchesse est agenouillé devant la Vierge à l'Enfant devant un drap d'honneur et un prie-dieu aux armes France-Orléans (je note le damas aux phénix, comme sur les vitraux de la cathédrale):

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52502614h/f57.item

Dans les suffrages, au f. 185r, sainte Catherine (dont le supplice est très précisément figuré)  est en deuxième position après sainte Madeleine, mais avant sainte Marguerite, patronne pourtant de la destinataire des Heures.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52502614h/f361.item

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Le Livre d'Heures de Pierre II, duc de Bretagne, BnF lat 1159 est plus tardif  (1455-1459):

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b100345449

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ANNEXE. 

La polychromie du porche nord d'après les illuminations de la cathédrale .

http://www.lavieb-aile.com/2019/01/iliz-veur-la-cathedrale-de-quimper-transfiguree-la-nuit.html

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Photo lavieb-aile.

Photo lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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— BROUCKE (Paul-François), 2010, Les prééminences héraldiques de la cathédrale de Quimper au XVe siècle ,UBO master 1.

— CHAURIS (Louis), 2013, Les pierres sacralisées, dans Quimper, La grâce d'une Cathédrale, La Nuée Bleue

— LE SEAC'H (Emmanuelle), décembre 2010, Le ateliers de sculptures sur pierre en Bretagne du XVe au XVIIe siècle. Thèse soutenue à l'UBO sous la direction de Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page et Fañch Roudaut, 409 pages.

http://www.theses.fr/s155543

— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs dur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIIe siècle, sous la direction de Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page et Fañch Roudaut,Presses universitaires de Rennes. sous la direction de Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page et Fañch Roudaut, 409 pages.

— LE MEN (René-François), 1877, Monographie de la cathédrale de Quimper (XIIIe-XVe siècle) , avec un plan

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/1e08593c46eb46336af146045b16d0f4.pdf

— MAUGUIN (Michel), Les armoiries de la chapelle de Quilinen.

http://michel.mauguin.pagesperso-orange.fr/Les%20armoiries%20dans%20la%20chapelle%20de%20Quilinen.pdf

— PRIGENT, (Christiane), 2013, "La sculpture médiévale", dans Quimper, La grâce d'une Cathédrale, Direction scientifique et coordination : Philippe Bonnet, Yann Celton, Jean-Paul Larvol, Jean Marc. Préface de JMG Le Clézio et Philippe Le Guillou. 416 pages, plus de 400 images.  co-édition La Nuée Bleue / Place des Victoires. page 170-172.

 

— PRIGENT, (Christiane), s.d. La cathédrale de Quimper, Quimper p.34.

— PRIGENT, (Christiane), 1992, La Bretagne mariale du XIVe au XVIe siècle en Bretagne : un exemple d'ouverture au monde extérieur, dans J. Kerhervé, D. tanguy (dir.) 1491, La Bretagne, terre d'Europe, Brest-Quimper.

Etude de quelques sculptures bretonnes influencées par les modes venues des pays nordiques, BSAF 1980 Pages 269 à 288

— PRIGENT, (Christiane), La statuaire bretonne aux XIVe et Xve siècle, dans La bretagne au temps des Ducs (1491-1991), Daoulas, 1991.

— PRIGENT, (Christiane) 1984, « Quimper, Cathédrale Saint-Corentin. Le tombeau en calcaire de l'évêque Gatien de Monceaux », BSAF t. CXIII p. 342.

PRIGENT, (Christiane), 1982, « Quimper, Cathédrale Saint-Corentin. Vierge à l'Enfant du portail sud », BSAF t. CX p. 330 .

— PRIGENT, (Christiane), 1992, Pouvoir ducal, religion et production artistique en Basse-Bretagne (1350-1575), Paris.

 

— YEURC'H (Bertrand), Les cérémonies d'intronisation en Bretagne ducale

https://www.academia.edu/24314709/Les_c%C3%A9r%C3%A9monies_dintronisation_en_Bretagne_ducale

https://www.academia.edu/27163212/Les_c%C3%A9r%C3%A9monies_dintronisation_en_Bretagne_ducale_-_publication_papier

CPA

http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo151457

 

http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo225762

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