Le calvaire monumental (kersanton, 1610, Maître de Saint-Thégonnec, et Roland Doré) de Saint-Thégonnec. I. Les 41 personnages (Passion et Résurrection) du socle.
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Sur Saint-Thégonnec, voir :
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Le calvaire de Saint-Thégonnec. II, les croix (kersanton, 1610, Maître de Saint-Thégonnec).
- L'arc de triomphe (1587, granite de Plounéour-Ménez et 1589, kersanton) de l'enclos paroissial de Saint-Thégonnec. Son Annonciation et son inscription en vers bretons.
- Les statues (kersanton, Maître de Plougastel v. 1610 et Roland Doré 1625 et 1635) du clocher-porche sud de l'église de Saint-Thégonnec.
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L'arbre de Jessé de l'église Notre-Dame de Saint-Thégonnec. (1610)
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Sur les calvaires, voir :
— Ateliers du XVe et début XVIe siècle :
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Le calvaire (kersanton, 2nde moitié XVe s.) de l'église Notre-Dame à Chateaulin
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Le calvaire de l'église d'Argol. (kersanton, début XVIe)
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— Atelier Prigent
- Le calvaire de Lambader en Plouvorn.(kersantite, XVIe siècle vers 1550, atelier Prigent, et anonyme, 1910)
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Le calvaire de l'église de Lopérec. Le calvaire (Fayet, 1552 ou Prigent 1542?) de l'église de Lopérec. .
—Atelier du Maître de Plougastel.
- Sortir d'une épidémie de peste (1598) et sortir d'une guerre (1598 ET 1944) : le calvaire monumental (microdiorite de Logonna et kersantite, Maître de Plougastel, 1602-1604) de Plougastel-Daoulas . Première partie. le soubassement
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Sortir d'une épidémie : le calvaire de Plougastel-Daoulas. Deuxième partie : la plate-forme.
— Atelier du Maître de Saint-Thégonnec (selon Castel et Le Seac'h)
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Saint-Ségal : le calvaire du bourg (vers 1550 et 1630, kersanton, atelier Prigent et Roland Doré) (3 larmes)
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La chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal : le calvaire. ( 1541-1554, kersanton et Logonna, atelier Prigent ou Maître de Saint-Thégonnec).
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— Atelier de Roland Doré.
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Calvaire de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic.
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Le calvaire de la chapelle de Kerluan à Châteaulin (1639).
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Les calvaires de Dirinon II. Le calvaire de la Croix-Rouge ou Beg-ar-Groaz (vers 1640).
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Saint-Ségal : le calvaire du bourg (vers 1550 et 1630, kersanton, atelier Prigent et Roland Doré).
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Le calvaire (Roland Doré, 1655) de la chapelle Saint-Vendal de Douarnenez (quartier de Pouldavid).
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Le calvaire de la chapelle Saint-Vendal de Douarnenez : de nouvelles photos.
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— Divers ateliers.
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Les sculptures sur pierre de l'abbaye de Daoulas. II. Le calvaire du cimetière.
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Les sculptures sur pierre de Daoulas. V : le calvaire du Champ de Foire.
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La chapelle Sainte-Barbe de Ploéven. Son calvaire, son vitrail, sa statuaire, son Pardon.
- Ploéven III. L'église : le calvaire du cimetière.
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Les calvaires de Dirinon IV : la croix de Kerniouarn / Kerpierre (XVe siècle).
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PRÉSENTATION.
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L'un des sept calvaires monumentaux.
On désigne sous le terme des "sept calvaires monumentaux bretons" sept grands calvaires à nombreux personnages "jouant" la Passion au pied de la croix. Six d'entre eux sont en Finistère, seul celui de Guéhenno est en Morbihan.
-Tronoën en Saint-Jean-Trolimon (14501470). Granite. Mace rectangulaire.
-Guéhenno en 1550. Granite, mace rectangulaire à quatre ailes.
-Plougonven, kersantite, 1554 par Bastien et Henri Prigent. Mace (base d'implantation) octogonale
- Pleyben, kersantite, 1555 par Bastien et Henri Prigent. Mace octogonale prolongée par quatre ailes,
-Plougastel, Kersantite, 1602 à 1604, Maître de Plougastel. Mace octogonale prolongée par quatre ailes
-Guimiliau en 1581-1588, Maître de Guimiliau. Mace octogonale prolongée par quatre ailes
-Saint-Thégonnec, kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec (et Roland Doré)
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On pourrait ajouter :
-Saint-Vénec à Briec-sur-Odet, 1556, à mace triangulaire (2 massifs triangulaires superposés en étoile)
-Quilinen en Landrevarzec à mace triangulaire (2 massifs triangulaires superposés en étoile). ( granite, fin XVe ? XVIe ?)
-Confort-Meilars à mace triangulaire.
-Cléden-Poher 1575, kersantite.
-Kergrist-Moëllou 1578 par Guillaume Jézéquel. Mace octogonale
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Matériau. Le kersanton.
Les statues du socle sont en majorité en kersanton noir à grain fin , une pierre remarquable par son aptitude à la taille et son étonnante résistance à l'érosion. Mais plusieurs éléments sont en kersanton gris : la Mise au Tombeau ; le Christ aux liens ; la Flagellation ; le Lavement des mains.
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Description générale.
Daté par inscription de 1610, le calvaire de Saint-Thégonnec est le dernier en date des grands calvaires des enclos paroissiaux.
Sa mace (terme local pour désigner le massif de soubassement) est une maçonnerie de base rectangulaire en granite proposant aux paroissiens un banc de taille basse, puis élevant ses flancs sans aucun décor sculpté, sauf à l'ouest où un "autel" ou table d'offrande est surmonté de la niche abritant la statue du saint patron de l'église.
Les parois de ce massif s'élargissent en une corniche moulurée, contribuant alors à une plateforme où une quarantaine de personnages en costumes Henri III se succèdent, groupés par 3 ou 4, pour donner à voir, comme dans les Mystères médiévaux, la Passion et la Résurrection du Christ.
Sur ce socle se dressent trois croix, celles des Larrons et celle du Christ. Le fût de cette dernière est barrée de deux croisillons, et on y dénombre dix personnages et quatre anges, ainsi que Marie-Madeleine au pied de la Croix. Cet ensemble sera décrit dans le second article.
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Le sculpteur ; éléments stylistiques.
L'auteur anonyme de ce calvaire est nommé par Y.-P. Castel et E. Le Seac'h d'un nom de convention, "Maître de Saint-Thégonnec". Selon ces auteurs, ce sculpteur a aussi réalisé le calvaire de Saint-Sébastien en Saint-Ségal, datable de 1541-1554 et donc près de 60 ans avant le calvaire de Saint-Thégonnec, ainsi que les deux saints (Yves et François) de l'arc de triomphe de cette chapelle. Ils lui attribuent aussi celui de Locquénolé, près de Morlaix, daté vers 1600.
Le critère stylistique d'attribution est une certaine "moue triste" des personnages, et l'utilisation de motifs décoratifs classiques (volutes, godrons, agrafes) s'inscrivant dans le courant Renaissance et témoignant de l'influence des motifs décoratifs du château de Kerjean.
"Les personnages ont de grandes oreilles plaquées sur les têtes (Jean de la Mise au Tombeau, Marie-Madeleine au pied de la croix). Leurs visages sont ovales, affichant des barbes taillées en pointe pour les hommes, des nez droits un peu larges, des sourcils arrondis, et une bouche faisant la moue avec des commissures des lèvres tombantes qui voisine avec le rictus dédaigneux." (Le Seac'h p. 288)
Le style du Maître de Saint-Thégonnec a été reconnu aussi (Le Seac'h) :
-dans des vestiges de calvaire de Bourg-Blanc.
-sur l'arc de triomphe de Guimiliau
-sur le grand calvaire de Guimiliau, pour les statues géminées de la Vierge/Pierre et de Jean/Yves
-dans la Marie-Madeleine de la fontaine de Pleyben
-dans la Sainte Pétronille de la fontaine de Ploudaniel
-dans un évêque du fût de la Croas-ar-Vossen de Plougastel
-dans une statue géminée de la croix de la chapelle de Pont-Christ à La Roche-Maurice
-sur le calvaire du nord de l'église de Saint-Thégonnec
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Les costumes.
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"Un contraste existe entre d'une part, les costumes à l'antique des principaux personnages religieux (Jésus, les Saintes Femmes, Jean, ceux de la Mise au Tombeau) ou des notables (Pilate), et d'autre part les soldats qui sont inspirés de la mode Henri III (1574-1589). Ils sont ainsi vêtus de hauts-de-chausses courts et bouffants à crevés (à petites ouvertures appelées mouchetures — le bon larron — ou à grandes ouvertures appelées taillades : soldats tireurs de corde ou tirant la langue du Portement de croix), à la gréguesque (avec des bandes verticales laissant voir le tissu du dessous pour le mauvais larron, soldat siffleur du Portement de croix) ou moulants avec braguettes proéminentes."
"Les pourpoints sont variés, souvent à col rond, carré ou rabattu et fermé par une rangée de boutons visibles (Portement de croix) ou cachés sous une glissière (Christ aux liens). D'autres s'enfilent simplement par la tête avec des manches bouffantes remontées très haut sur les bras (Flagellation). Un seul soldat porte un col à fraise (soldat siffleur du Portement de croix). Marie-Madeleine au pied de la croix du Christ et de la pietà bénéficie elle aussi de cette coquetterie. Trois soldats de la Résurrection et le cavalier Longin sont pour leur part revêtus d'armures.
Les tenues sont complétées par des bottes à rabats bien visibles pour les soldats du Christ aux liens et Joseph d'Arimathie. Les couvre-chefs sont de toutes les formes : calotte avec ou sans pompons (soldats du Portement de croix, soldats de la Flagellation), chapeau à fond conique tronqué et à bords relevés (Simon de Cyrène, personnage à la banderole Ecce Homo, Gamaliel) ou chapeau à fond mou (soldat siffleur du Portement de croix), casque à cime (soldats de l'Arrestation, de la Résurrection) ou casque protégeant le haut du crâne appelé cervelière (soldat tirant la langue du Portement de croix), feutre à bord étroit (personnage de la banderole de l'Arrestation, Longin) et feutre à bords découpés et arrondis fixés par des boutons et à cime sphérique ([soit-disant] Stéphaton).
Nicodème porte un chapeau plus mou et plus bas. Pilate est coiffé d'un bonnet conique à rebras, qui ressemble à une petite tour carrée et moulurée se terminant par un pompon. Il est vêtu d'une robe à fausses manches dites pertuisées qu'arboraient les hommes de loi, boutonnée sur le buste et recouvrant une tunique talaire.
Un personnage de l'Arrestation est vêtu d'une tenue d'ecclésiastique, un camail par dessus une tunique talaire et il porte un bonnet conique à l'orientale. Le bonnet conique à l'orientale est constitué de plusieurs lobes élevés sur le pourtour du crâne — ici deux — formant des évidements, ici devant et derrière. Il est important de ne pas le confondre avec la mitre dont les cornes se portent devant et derrière, (C. Enlarts, Manuel d'archéologie religieuse 1929). Joseph d'Arimathie est habillé d'une robe ouverte sur lescotés par des fentes dentelées qui recouvre une tunique s'arrêtant plus haut que les genoux. Les femmes sont drapées dans des manteaux enfilés sur des tuniques talaires. La Vierge et Véronique portent une guimpe autour du cou et leurs manteaux leur servent de voile (Saintes Femmes, Vierge de la pietà et de la Mise au Tombeau.)" Le Seac'h p. 288, citant Hélène Remeur 1997)
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Une typologie traditionnelle des costumes et traits des visages, héritée des enluminures depuis le XVe siècle, permettait aux spectateurs de reconnaître par codage quatre groupes : 1. les saints personnages évangéliques proches de Jésus, 2. les pharisiens et plus largement les Juifs, 3. les bourreaux, et 4. enfin les gardes et soldats, romains ou juifs. Ici, les saints personnages sont effectivement sobrement vêtus de robes longues, intemporelles, tandis que les costumes Henri III sont portés par les trois autres groupes, mais le codage est brouillé. Les éléments de reconnaissance des Juifs (bonnets coniques et à oreillettes, franges, barbes et cheveux longs, archaïsme, éléments orientalisants) sont absents ou inconstamment présents, et parfois à mauvais escient (Pilate). Les crevés et taillades ont été introduits par les lansquenets allemands et suisses, avant d'être adoptés par la Cour de France, mais ici, ils sont indifférement distribués aux pharisiens, aux bourreaux et aux soldats lorsqu'ils ne sont pas en armure.
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Datation.
La date de 1610 est très clairement lisible sur le nœud de la croix principale, au dessus de la Vierge à l'Enfant.
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Polychromie.
Le calvaire devait être polychrome à l'origine comme le suggère un compte de fabrique de 1703-1704 où il est fait mention d'une rémunération pour Godefroy de Morlaix et Yvon Thoribé du bourg qui ont peint la grande croix : "[...] disent avoir payé au sr Godefroy de la ville de Morlaix pour avoir peint et estoffer la grande croix de pierre de grain qui est dans le cimetière 102 livres. [...] payé à Yvon Thoribé du bourg pour avoir aydé lors de la peinture de la croix du cimetière 3 livres 5 sols» [...] . (A.d. 255 G 60) Cité par Guy Leclerc , Les Enclos de Dieu 1996.
Ce Godefroy, maître-peintre à Morlaix, avait fait, avec Bourricquen, la peinture vers 1702 de la Mise au Tombeau de la crypte de l'ossuaire.
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"Ce calvaire a été l’objet d’un acte de vandalisme dans la nuit du 28 septembre 1908. Plusieurs groupes ont été renversés sur le socle et d’autres jetés à terre. Trois sujets : la flagellation, le portement de croix et Jésus souffleté par des soldats, ont même été brisés." (F. Quiniou)
Le calvaire a été restauré en 1970 par l'atelier Marcel Maimponte de Paris, également restaurateur de celui de Plougastel.
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Des bases littéraires bretonnes.
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La Passion.
Cette pratique des Mystères n'était pas abandonnée à la Renaissance, puisqu'en 1530, Yves Quillévéré édita à Paris le Mystère breton de la Passion (Aman ez dezrou an Passion). Cet imprimeur-libraire parisien avait imprimé en latin en 1516 le Bréviaire de Léon et en 1526 le Missel du Léon, c'est dire que cet évêché du Nord de la Basse-Bretagne, à laquelle Saint-Thégonnec appartient comme une majorité d'enclos paroissiaux, n'est pas indifférent à cet imprimeur. On sait qu'il existait à Paris jusqu'en 1610 un Collège de Léon, doté de sa chapelle Saint-Yves-des-Bretons. Ce Collège formait une quarantaine de clercs qui seront abbés, évêques ou à défaut recteurs après avoir obtenu leur bonnet de docteurs.
Tout cela pour souligner que cette Passion bretonne, quoiqu'imprimée à Paris, devait être diffusée dans les couches les plus cultivées du Léon, et on sait que les fabricants et marchands de toile de Saint-Thégonnec n'étaient pas, tant s'en faut, incultes.
Le Mystère de la Passion et de la Résurrection sera réimprimé en 1609, puis à Morlaix à l'époque baroque en 1622, par Georges Allienne, et suivi de la Buhez Mabden ("La Vie de fils d'homme"), des Pemzec Leuenez Maria ("Les quinze joies de Marie") et du Tremenuan an Ytron Guerches Maria (Le Trépassement de madame la vierge Marie) Le texte est corrigé et amendé par Tanguy Guéguen, prêtre et organiste de Notre-Dame-de-Murs à Morlaix et natif de Saint-Pol-de-Léon.
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Le Stabat Mater.
Ce même Tanguy Guéguen a traduit en breton le Stabat Mater sous le titre Ouz hars an Croas ["Au pied de la croix"], et l'a publié à la suite de sa Doctrin an christenien (Morlaix, 1622). Or, ce Stabat Mater est une incitation franciscaine à participer émotionnellement (de cœur) aux souffrances de Marie et de Jean au pied de la croix. Et cette incitation est à la base de l'érection des calvaires en Bretagne.
Voir le texte sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8608266g/f64.item.zoom
Voir la traduction par Y. Le Berre :
Ouz hars an croas chanté par Yann-Fañch Kemener :https://www.youtube.com/watch?v=_TFiKx9VrtU&feature=emb_logo
https://lyricstranslate.com/en/stabat-mater-stabat-mater.html-1
Tanguy Guéguen a publié aussi l'auteur en 1623 d'une traduction d’une Vie de saint Yves , de deux poèmes acrostiches (1623); et des Nouelou ancien ha devot publiés après sa mort (1650).
À propos du Stabat traduit par Tanguy Guéguen, Y. le Berre écrit que cet auteur assigne à son travail les buts suivants : "faire comprendre à tous les fidèles le message pédagogique qu’ils n’auraient pu recevoir en latin; produire un niveau de langue capable de favoriser la perception du mystique, plus souvent portée par une langue sacrée ; provoquer chez les auditeurs des sentiments d’admiration et d’exaltation esthétiques susceptibles d’entraîner leur adhésion spontanée à l’exécution publique de l’œuvre."
Mutatis mutandis, ce sont sans doute aussi les buts des commanditaires des calvaires des enclos, dans un projet bien plus fin que celui d'éduquer des masses supposées ignares par un "livre d'images". Il s'agit moins de convertir les foules que de fournir à une communauté un lieu et une scène de participation collective à un exaltant mystère.
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On n'oubliera pas les éléments suivants, que je jetterai en vrac, pour témoigner du bain culturel et spirituel du Léon et de la frange ouest du diocèse de Tréguier :
-L'existence de l'inscription en vers breton de l'arc de triomphe de Saint-Thégonnec, daté de 1587.
-L'existence à Morlaix d'un couvent de franciscains (Cordeliers), le monastère Saint-François de Cuburien, fondé en 1458, construit en 1527-1530 et consacré en 1531 par Jean du Largez, abbé de Daoulas. Onze kilomètres séparent ce couvent de l'enclos de Saint-Thégonnec. Christophe de Penfeunteuniou en fut le frère le plus renommé, puisqu'il devint en 1571 général de son ordre. Une imprimerie y aurait fonctionné entre 1575 et 1585. Le fameux Mirouer de la Mort, rédigé en 1519 par Jehan an Archer Coz de Plougonven fut imprimé à Cuburien en 1575.
-Un couvent de Cordeliers s'installa à Landerneau en 1588.
-La rédaction en 1499 du Catholicon par Jehan Lagadeuc, de Plougonven.
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Vu du coté ouest.
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Calvaire monumental (granite, kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
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Vu du coté est.
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Calvaire monumental (granite, kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
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I. L'AUTEL DU COTÉ OUEST ; LA STATUE DE SAINT THÉGONNEC.
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Dominant la table d'offrande, la statue du saint patron occupe une niche sommaire. Il est vêtu en évêque (chape à fermail, surplis, cotte plissée, mitre et crosse) et il bénit l'assemblée. À ses pieds, un chariot tiré par un animal (loup ? Cerf ? bœuf ? âne ?) rappelle la légende selon laquelle il apporta miraculeusement toutes les pierres de la construction de l'église. (Cf. F. Quiniou ; cf. la statue du saint sur le clocher-porche (vers 1606) et la niche à volets du bas-coté nord). La tête a été recollée, et des fragments brisés de la hampe ou des plis témoignent des dégâts subis.
La console soutenant la table d'offrande est à godrons divergents et cupules.
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Calvaire monumental (granite, kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
Niche et statue de saint Thégonnec (granite, kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
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II. LA PASSION ET LA RÉSURRECTION DE LA PLATEFORME.
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A. LE COTÉ SUD.
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L'Arrestation. Kersanton,1610, Maître de Saint-Thégonnec, coté sud.
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Le point de départ du récit se trouve à l'angle sud-ouest. On y voit deux hommes tenant un phylactère accompagnés d'un soldat, qui serait le vestige d'une Arrestation du Christ au Jardin des Oliviers après le Baiser de Judas. Ces personnages seraient les grands prêtres chargés de l'arrestation, accompagnés d'un garde l'épée en bandoulière.
Selon F. Quiniou
"À certains groupements, il manque même quelques personnages. Quand ces personnages ont-ils disparu, et à quelle époque, l’ordre des groupes a-t-il été bouleversé ? D’après une tradition encore vivante à Saint-Thégonnec, ce serait lors de l’époque révolutionnaire.
Les officiers municipaux de Saint-Thégonnec, comme bien d’autres d’ailleurs, reçurent une lettre pleine de menaces du district de Morlaix pour n’avoir pas encore abattu les croix qui se trouvaient sur le territoire de la commune.
« 16 Thermidor, an II (3 Août 1794). Je suis instruit que, malgré les diverses instructions que nous avons faites d’enlever les croix qui existent sur votre commune, vous n’avez fait jusqu’ici aucune démarche pour les faire disparaître ; je vous déclare que si, à la prochaine tournée que je ferai dans votre arrondissement, ces restes impurs du fanatisme insultent encore aux yeux des bons citoyens, je serai forcé de vous dénoncer aux autorités supérieures, et vous serez traités comme suspects, et vous savez la honte attachée à cette punition. »
La municipalité n’exécuta pas cet ordre impie. On peut croire que, si les croix du calvaire sont encore debout, c’est que la chute de Robespierre et la réaction thermidorienne qui en fut la conséquence, arrêtèrent le zèle du district de Morlaix. Quant aux statuettes posées sur le socle du calvaire, la population se chargea elle-même de les faire disparaître. C’est à qui prendrait sa statue pour la soustraire à la haine iconoclaste des sans-culottes. Lorsque revint le calme, on vit le calvaire se reconstituer comme par enchantement. Les statuettes remontèrent de nouveau sur leur socle, et la reproduction des groupes se fit tant bien que mal. Quelques personnages de ces groupes furent même si bien cachés, qu’il fut dans la suite impossible de les retrouver."
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On remarquera sur ce cliché les deux faciès de kersanton.
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Coté sud (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
Coté sud (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
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Le Christ aux outrages. Kersanton, Roland Doré, vers 1625-1632, coté sud.
Datation : Roland Doré a sculpté pour le porche de l'église plusieurs statues, dont deux sont datées de 1625 et de 1635. Sa carrière autonome débute en 1618, et son style ne s'affirme avec maîtrise qu'à partir de 1624.
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"Roland Doré a ajouté au calvaire réalisé en 1610 la célèbre scène du Christ aux outrages. Les deux soldats qui encadrent le Christ sont traités avec une parfaite symétrie, les mains levées à hauteur d'épaules, prêts à frapper. Ils tirent sur une corde qui lie les mains du Christ sur le devant. La position de leurs pieds est la même. Seuls les bas des pourpoints diffèrent : en pointe pour l'un, en rond pour l'autre. La fermeture du vêtement est aussi traitée différemment sur le milieu, par un bord droit ou par un bord dentelé et arrondi. Les coiffures des soldats changent d'un personnage à l'autre : barbu et les cheveux frisés à la droite du Christ et pour l'autre imberbe, une mèche rassemblée sur le front. Les bas-de-chausses sont collants, resserrés aux genoux par des boutons et avec une braguette proéminente. Entre les deux, Jésus se tient droit et impassible, les yeux ceints d'un bandeau. À sa droite, le soldat serait la caricature d'Henri IV, assassiné en 1610, l'année de l'érection du calvaire de Saint-Thégonnec." (E. Le Seac'h p. 215)
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On notera les pupilles creusées, caractéristiques de la maturité de Roland Doré (bien qu'on les retrouvera sur d'autres personnages de ce calvaire, sur l'Ecce Homo).
Remarque. J'ai respecté la dénomination d'usage, employé par Y.-P. Castel puis par Le Seac'h, mais elle peut faire l'objet de discussions dont voici les éléments.
http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/la-statuaire-du-christ-aux-outrages/4d898a0f-1de3-4efc-bb0e-caa23a953180
https://patrimoine.bretagne.bzh/decouvrir/les-christ-aux-outrages-memoire-universitaire-et-inventaire/
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La même scène, où le Christ est frappé par les bourreaux tandis qu'il a les yeux bandés, est représentée sur le calvaire de Plougastel (Maître de Plougastel, 1602-1604).
https://www.lavieb-aile.com/2020/04/sortir-d-une-epidemie-le-calvaire-de-plougastel.ii.html
Elle résulte d'un vaste iconographie (enluminures, vitraux, etc.)
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52501620s/f57.item.zoom
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Christ aux outrages, (kersantite, 1625-1532?), Roland Doré) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
Christ aux outrages, (kersantite, 1625-1532?), Roland Doré) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
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B. LE COTÉ EST.
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Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
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La Flagellation. Kersanton,1610, Maître de Saint-Thégonnec, coté est.
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"Dans la scène de la Flagellation de la face est, la violence est contenue dans la gestuelle des bourreaux. Jésus, en pagne et le visage impassible, est encadré de deux soldats. Le premier l'empoigne par les cheveux en lui tirant la langue, un fouet à la main. Le second lui tourne le dos en serrant la corde relié à ses mains nouées dans le dos. Le jeu de jambes des soldats contraste avec l'impassibilité du visage du Christ. L'un lève le pied, alors que ceux de l'autre sont tournés vers l'intérieur." (Le Seac'h)
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Je remarque les yeux globuleux, mais aux paupières ourlées; les lignes sinueuses des rides du front ; les barbes taillées en pointe. Ce sont des éléments que nous retrouverons.
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Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
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Ecce Homo. Kersanton,1610, Maître de Saint-Thégonnec, coté est.
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"À coté, un pharisien, les rouleaux de la loi à la main, proclame : ECCE HOMO". Le Christ, les mains liées, se tourne vers lui, portant la cape royale et la couronne d'épines. Il semble manipulé comme un pantin, le corps déséquilibré par le soldat qui le pousse en avant." (Le Seac'h)
Le pharisien est coiffé du bonnet conique serti d'un turban.
Je remarque les pupilles creusées des personnages. Faut-il attribuer ce groupe à Roland Doré ?
Voir aussi les traces de polychromie ocre.
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Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
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Le Lavement de main de Pilate. Kersanton,1610, Maître de Saint-Thégonnec, coté est.
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Pilate, assis, se lave les mains dans un bassin qu'un serviteur remplit en levant très haut son broc tout en proposant au gouverneur de la Judée une serviette sur son avant-bras droit.
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Ponce Pilate est coiffé d'un bonnet conique à rabats ; son visage aux cheveux longs et à la barbe longue est marqué de rides frontales. Il porte un robe à rangée de boutons ronds, et aux manches à crevés, recouverte d'un camail.
Son serviteur, à la barbe taillée, est coiffé d'un bonnet plat ; il porte des hauts-de-chausses ajustés en collants.
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Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
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Ecce Homo (2) : le Christ présenté à la foule. Kersanton,1610, Maître de Saint-Thégonnec, coté est.
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"Ensuit, Jésus, après sa condamnation, est amené par deux soldats au visage grave, pour l'un, et exprimant une certaine bêtise, pour l'autre. Il est habillé d'une grande robe longue. " (E. Le Seac'h)
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Le Christ est couronné d'épines ; sa bouche est entrouverte, sa barbe taillée en pointe. L'ouverture de sa robe se ferme par un unique bouton rond grâce à une patte en S bien connue des ateliers de taille du kersanton depuis le XVe siècle, notamment pour les statues des apôtres. Ses mains sont liées par deux tours d'une corde épaisse. Son hiératisme, qui témoigne de son courage face aux bourreaux, est atténué par l'avancée de la jambe gauche, fléchie, qui donne aux plis de la robe une discrète ondulation.
Les deux gardes sont coiffés d'un bonnet rond assimilable à un casque. Les narines larges, les lèvres épaisses, le menton retroussé, les paupières supérieures plissées et les rides horizontales du front du premier participent de la caricature soulignant la bestialité cruelle des bourreaux. Ils portent une veste fendue en avant et courte, un peu comme le chupenn breton, et des braies plissées (ou fendues ?) semblables aux bragou ; les jambes sont protégées par des houseaux. Les braguettes rembourrées sont peut-être un peu démodées au début du XVIIe siècle.
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Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
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Marie, Jean et Marie-Madeleine lors de la Montée au Golgotha . Kersanton,1610, Maître de Saint-Thégonnec, coté est.
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Ce groupe de trois personnages associe Marie-Madeleine (très élégante, aux cheveux longs et libres, au pan de manteau retroussé vers le poignet droit, et qui tient son flacon de parfum), saint Jean ( beau, jeune et imberbe, à la chevelure en mèches solaires, pieds nus, portant la robe à bouton rond et patte en S déjà signalée) qui soutient Marie (voilée, portant la guimpe, les mains jointes).
C'est un très beau groupe, et le visage de Marie-Madeleine (tête recollée) est d'une finesse remarquable. E. Le Seac'h a été frappé par son "drôle de sourire vague aux lèvres". Sans doute l'artiste voulait souligner son charme en évitant de la faire grimacer de chagrin.
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Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
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C. LE COTÉ NORD.
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Le Portement de Croix. Kersanton,1610, Maître de Saint-Thégonnec, coté nord.
Sainte Véronique.
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Sept personnages en trois groupes sont réunis par la diagonale de la croix, puis par la corde à laquelle le Christ est lié.
En premier (et appartenant encore en partie à la face ouest) est figurée sainte Véronique présentant à la foule le voile avec lequel elle a essuyé le visage en sueur et ensanglanté du Christ ; et ce voile porte l'empreinte, l'image vraie du supplicié.
La sainte porte un long manteau qui n'attire pas l'attention, alors que les traits dramatiquement attristés de son visage concentrent toute l'expressivité du personnage. La tête est voilée, le cou entourée d'une sorte de fraise.
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Coté nord (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
Coté nord (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
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Le deuxième personnage est Simon de Cyrène, qui a été requis pour aider le Christ à porter la lourde pièce de bois. Son chapeau, sa barbe et son manteau long tentent peut-être de souligner qu'il s'agit d'un monsieur lambda, un brave passant, qui revenait des champs et passait par là ; sa seule particularité est être originaire de Cyrène, ville d'Afrique du Nord, mais on comprend bien que cela ne puisse fournir un "type" capable de le caractériser. On le reconnait néanmoins car au lieu d'être impliqué activement dans la scène, il n'y figure que du bout des doigts, le corps un peu en retrait, et le regard ailleurs.
Il faut, pour imaginer comment les gens regardaient ces saynètes, avoir en tête le texte (que les paroissiens connaissaient peut-être par cœur, si c'était leur rôle) de la Passion en breton. En voici la traduction par Y. Le Berre, pour cette scène :
— Gadifier (l'un des soldats, s'adressant à Simon) : "Celui-là n'en peut plus. Eh, mon gars, au lieu de passer ton chemin, fais donc un crochet par ici!"
—Simon de Cyrène : "Pour quoi faire, mon Dieu ?"
— Dragon (autre soldat) : "Prends cette croix-là, bonhomme, Donne un coup de main à cet homme qui n'en peut plus."
— Simon : "Moi ? Sauf votre respect, je ne veux point le faire."
— Bruyant : "Tu ne veux pas ? Tu vas le faire, ou je te casse le nez"
— Simon : "Vous n'avez qu'à la porter, vous, si ça vous plaît. Moi, je n'y toucherai pas ; c'est tout !"
— Bruyant : "Tu vas la prendre sur ton dos, maraud ! Et tiens ça ! Tu en veux une autre ?"
— Simon : "Malheur à moi ! Ce serait une grande honte [de toucher à cette croix]"
— Dantard : "Allons, allons, avance ! Fais ce qu'on te dit"
— Simon : "Ah ! Il va bien falloir que je la porte, hélas !"
— Gadifier : "Oui, et illico !"
—Simon : "Bon, donnez moi la croix, maintenant. Elle a beau être fort conséquente et fort grande, j'arriverai sûrement à la porter. Mettez-la moi donc vivement (sur le dos). que je l'emporte sans traîner sur la hauteur, en dehors de la ville. Oh oh, j'ai beau être costaud, elle pèse son poids ! J'ai eu tort de croire que je serais capable de porter aujourd'hui un poids pareil jusqu'en haut. Je ne tiens plus ! Laissez-moi ici, parce que, là, je suis rendu. !"
—Dragon : "Allons, allons, maraud, marche, marche !"
— Simon : "Alors, là, si vous me donnez des coups, je n'avancerai pas, j'en serai bien incapable. Vous avez tort de me presser. Laissez-moi me reposer un petit peu, ou je vais tomber sous la charge. J'ai la tête qui tourne ; je n'en puis plus."
— Bruyant : " Redresse-toi, ou je te torche le nez !"
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Coté nord (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
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Vient ensuite le soldat qui frappe du pied le Christ tombé à terre, une anecdote que les artistes manquent rarement de représenter. Il porte un casque rond, une tunique à manches courtes et à encolure fermée par la patte en S et à bouton rond, et des chausses à deux motifs de crevés. Il tire la langue vers le condamné.
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Son voisin menace le Christ de son gourdin (ou de son fouet). Si on interprète le pompon de son casque comme un plumet, c'est peut-être un officier. Sa veste est boutonnée jusqu'en bas.
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Devant lui, un autre soldat, arc-bouté, tire violemment sur la corde pour inciter le Christ à se relever.
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Coté nord (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
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Enfin, en tête, un soldat tient un épais bâton et porte la main à la bouche, pour crier (ou siffler) un ordre. Sa culotte à la braguette généreuse est bouffante et ornée de crevés ; sa veste boutonnée est serrée par une ceinture, et enfin il porte une fraise.
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Coté nord (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
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D. LE COTÉ OUEST.
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La Mise au Tombeau. Kersanton,1610, Maître de Saint-Thégonnec, coté ouest.
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Sous cette dénomination d'usage, il faut plutôt voir ici l"Embaumement du corps du Christ sur la pierre de l'onction", pour reprendre l'analyse que Nicole Reynaud a donné de l'enluminure des Heures d'Etienne Chevalier par Jean Fouquet.
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En effet, nous n'assistons pas à une scène, active, de descente du corps du Christ dans le sépulcre "taillé dans le roc" Jn19:41, (comme ici ou là) mais au recueillement, passif, de huit personnages autour du corps placé sur un linge plissé. Joseph d'Arimathie vient de lui ôter la couronne d'épines et Nicodème s'apprête à le couvrir d'un linceul. Outre Marie-Madeleine — dont c'est l'attribut —, un second personnage tient un flacon d'onguent destiné à l'embaumement. Il s'agit sans doute de Gamaliel, oncle de Nicodème selon l'évangile apocryphe éponyme. Voir ma discussion sur ce personnage ici:
Voir La Mise au Tombeau (calcaire, v.1500) de l'abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé.
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Nous avons donc de gauche à droite : Joseph d'Arimathie ; une Sainte Femme ; Marie-Madeleine ; Jean soutenant Marie ; une Sainte Femme (ou le jeune Abibon fils de Gamaliel, car le bonnet ne correspond pas au voile habituel des saintes femmes) : Nicodème.
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Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
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COMPARATIF.
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La Sortie du Tombeau : la Résurrection. Kersanton,1610, Maître de Saint-Thégonnec, coté ouest.
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"La résurrection est traitée beaucoup plus simplement qu'à Guimiliau et se rapproche davantage de celle de Plougastel-Daoulas, sensiblement contemporaine. " (E. Le Seac'h)
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Le Christ ressuscité enjambe la margelle. Il porte au dessus du pagne le grand manteau (rouge) témoignant de la gloire de la Résurrection, et il tenait jadis en main gauche la hampe de l'étendard de sa victoire dur la Mort. Il est barbu, bouche entrouverte, le front plissé. Les stigmates sont peu ou pas visibles.
De chaque coté, les deux soldats chargés de veiller le corps se sont endormis. Leur lance est brisée. Ils portent l'armure et le casque.
Un autre soldat, également en armure complète et casqué, est allongé sur le devant du tombeau, lui aussi profondément endormi, les jambes pliées, tenant une hallebarde.
Derrière le tombeau, deux hommes sont casqués, mais en habit civil ; et l'un d'entre eux lève les yeux, comme émerveillé ou ébloui par le Christ.
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Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.
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COMPARATIF. Cliquer sur l'image.
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Calvaires de Plougonven (1554) et Pleyben (1555) par l'atelier Prigent.
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L'atelier Prigent a réalisé une Sortie du Tombeau pour les deux calvaires monumentaux de Pleyben et de Plougonven (tous les deux restaurés). La cuirasse des soldats est à deux facettes formant un angle sternal, comme pour le soldat assis de Saint-Sébastien.
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Chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Calvaire attribué par Y.-P. Castel au Maître de Saint-Thégonnec et daté de 1541-1554.
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Calvaire de Plougastel, Maître de Plougastel 1602-1604
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SOURCES ET LIENS.
— ABGRALL (chanoine Jean-Marie), 1902, Les croix et les calvaires du Finistère, Bulletin monumental 66 pp. 176-209
https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1902_num_66_1_11302
— CASTEL ( Yves-Pascal) 1956 Saint-Thégonnec, Renaissance du Haut-Leon, collection Reflet de Bretagne , ed. Jos Le Doaré
http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_137/Saint_Thegonnec_Renaissance_du_Haut-Leon_.pdf
— CASTEL ( Yves-Pascal) 1988, Roland Doré et les enclos paroissiaux, exposition au Musée des Jacobins de Morlaix, conservatrice Françoise Daniel.
http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_233/roland__dore__et__les_enclos__paroissiaux.pdf
— CASTEL (Yves-Pascal), 1997, En Bretagne croix et calvaires, Kroaziou ha kalvariou or bro, Minihi Levenez, Saint-Thonan, 1997, ISBN 2.908230.09.7
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/9374
— CASTEL (Yves-Pascal), 2005 (trad. Lorañs Stefan, Job an Irien, photogr. Jean Feutren), « Guide des sept grands calvaires bretons / Ar seizh kalvar braz », Minihi-Levenez Saint-Thonan, n°92., août 2005, p. 0-106 (ISSN 1148-8824)
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/f0824151eb305fc701d19c07bec6270b.pdf
— CASTEL (Yves-Pascal), 1998, les larrons en Bretagne , articles du Progrès de Cornouaille / Courrier du Léon
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/a36ed6ce279ecec1b3fb8aff74cf6302.jpg
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/f102406c740df26fa859695c87b46090.jpg
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/512240fd9710421f0c9c5f3960a6a552.jpg
— CASTEL ( Yves-Pascal), 1985, « Roland Doré, sculpteur du roi en Bretagne et architecte (première moitié du xviie siècle) », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, tome 94, pages 97-116.
— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Répertoire des églises : paroisse de SAINT-THEGONNEC,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon,
http://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/1039.
— DEBIDOUR (Victor H.) 1954, Grands calvaires de Bretagne ed Jos Le Doaré.
—DE L'ORME (A.), 1900, Saint-Thégonnec, in L'art Breton du XIIIe au XVIIIe siècle. Bulletin de la Société archéologique de Brest p.103 à 123.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2076565/f100.item
— ÉLÉGOËT (Louis), 1996, Les Juloded Grandeur et décadence d'une caste paysanne en Basse Bretagne, Presses Universitaires de Rennes. 299 p.
https://books.openedition.org/pur/11548?lang=fr
— ENLART (Camille), 1929, Manuel d'archéologie religieuse 1929 tome II et III
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k36492m.image
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— GAUTHIER (Joseph Stany), 1944, Croix et calvaires de Bretagne.
— GRUYER Paul, 1930 ? Les calvaires bretons, Paris : H. Laurens (Paris), 64 p
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/57074072b6d66d3a38320a0005bb8854.pdf
— LE BERRE (Yves), 2011, La Passion et la Résurrection bretonnes de 1530, UBO CRBC.
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.
http://www.pur-editions.fr/couvertures/1409573610_doc.pdf
— QUINIOU (François), 1909, Saint-Thégonnec. L’Église et ses annexes F. Paillard, 1909.
https://fr.wikisource.org/wiki/Saint-Th%C3%A9gonnec._L%E2%80%99%C3%89glise_et_ses_annexes/Texte_entier
—Hélène Remeur a consacré un mémoire de maîtrise (UBO, Brest, 1997) à l'Étude des costumes dans les grands calvaires bretons. Mais je n'ai pu consulter ce document de deux volumes (120 +113 pages) illustrés.
— ROUDAUT (F.) (dir.), 1998, Saint-Thégonnec. Naissance et renaissance d'un enclos, Brest, CRBC, 183 p
— Site Les 7 calvaires monumentaux
http://www.7calvaires.fr/saint-thegonnec/