.
Accroupis-toi : que la moindre herbe du pré te soit planète ; et que la fétuque t'élève jusqu'à elle.
.
.
.
Accroupis-toi : que la moindre herbe du pré te soit planète ; et que la fétuque t'élève jusqu'à elle.
.
.
.
Note : cet article contient certainement des coquilles et des bourdes : à chacun de les corriger.
.
PRÉSENTATION.
1. Les Saintes-Chapelles.
Saint Louis édifia la Sainte-Chapelle entre 1241 et 1248 pour abriter la Sainte Couronne d'épines et d'autres reliques. Ses descendants obtinrent le privilège de recevoir des fragments de ces reliques et de construire pour les abriter une Sainte-Chapelle sur le même plan (à un ou deux étages), à nef unique éclairée de hautes verrières, et surmontée d'une flèche. Un service d'office y était célébré par des chanoines.
Ces monuments sont l'équivalent en architecture des reliquaires d'orfèvrerie. L'importance donnée à la surface vitrée leur confère une valeur inestimable pour les amateurs de vitraux, lorsque ceux-ci ont pu être préservés (Sainte Chapelle ; Crypte de la cathédrale de Bourges où ceux commandés par Jean de Berry ont été déplacés).
http://www.lavieb-aile.com/2017/09/les-vitraux-de-la-sainte-chapelle-de-bourges.html
Philippe VI en fonda une au Mans, et Charles V fonda celle du Viviers à Fontenay-Trésigny et la Sainte-Chapelle de Vincennes.
Sept autres chapelles furent des fondations princières entre 1315 et 1505. Parmi celles-ci :
-Louis Ier de Bourbon, petit-fils de Saint-Louis, fonda celle de Bourbon-L'Archambault en 1315.
-Louis Ier de Bourbon-Montpensier fils de Jean Ier de Bourbon, fonda en 1475 celle d'Aigueperse, achevée par son fils Gilbert.
-Jean II de Bourbon fonda la seconde chapelle de Bourbon-L'Archambault en 1483.
-Louis de Bourbon-Vendôme et Louise de Bourbon-Montpensier fondèrent la sainte chapelle de Champigny-sur-Veude .
C'est dire l'importance de cette tradition pour la Maison de Bourbon.
.
2. L'extinction de la branche aînée des Bourbon et le passage à la branche cadette des Bourbon-Montpensier.
Depuis Louis Ier de Bourbon, sept ducs se sont succédé, jusqu'à Pierre II (1438-1503), marié à Anne de Beaujeu. Ce couple sans héritier mâle eut comme héritière Suzanne de Bourbon, qui épousa Charles III de Bourbon-Montpensier (1490-1520) : ce dernier, le Connétable de Bourbon, devint le 8ème duc de Bourbon.
Lorsqu'en 1523, il, quitta le roi François Ier qui l'avait spolié de ses fiefs pour se tourner du côté de Charles Quint, Louise de Montpensier, sa sœur aînée put récupérer le comté de Montpensier qui fut alors érigé en duché.
En secondes noces, elle épousa, en 1504 ou 1508, un cousin de la branche de Bourbon-Vendôme, Louis de Bourbon (1473 † 1520), prince de La Roche-sur-Yon. Elle y sera inhumée après sa mort le 5 juillet 1561. Elle est à l’origine de l’unique lignée des Bourbon-Montpensier qui s’éteint ensuite avec La Grande Mademoiselle, restée sans descendance.
C'est Louis de Bourbon-Vendôme qui fit construire en 1499 le château de Champigny-sur-Veude et y fonda une Sainte-Chapelle (collégiale Saint-Louis de 9 membres, statuts approuvés par bulle papale de 1499 et modifiés en 1507). La date de sa construction qui varie selon les sources, aurait débutée dès le début du XVIe siècle, mais la nef de chapelle ne fut achevée par son fils Louis III de Montpensier qu'en 1543-1546 (chronogramme) , avec la pose des vitraux offerts, sans doute pour son mariage en 1538, par le cardinal de Longwy, oncle de son épouse Jacqueline de Longwy. Ces vitraux ne furent achevés que longtemps après, puisque l'on voit sur l'un d'eux Henri de Bourbon et Henriette de Joyeuse, qui se marièrent en 1597.
La riche emblématique doit-elle être attribuée au couple fondateur, ou à leur fils ? Les lettres L ou leur transcription sous forme d'une aile, largement répétées, ne permettent pas de choisir entre ces trois personnages porteurs du même prénom Louis, reprenant celui de l'ancêtre Louis Ier de Bourbon.
.
3. L'emblématique et les Bourbon.
Sur les murs de la chapelle ou sur les clefs de voûte de la nef vont se trouver différents emblèmes, privilégiant 1. la ceinture Espérance ; 2. les L et Ailes ; et 3. les Cerfs ailés.
C'est là la reprise d'une emblématique remontant, deux siècles auparavant, à Louis II, 3ème duc de Bourbon et comte de Clermont et reprise par ses différents descendants.
Mais nous y découvrons aussi des motifs moins connus : 4. Les coquilles Saint-Jacques, la besace et les bourdons des pèlerins ; 5. la lance brisée enflammée ; Les lettres L et I réunis par un lacs d'amour.
.
.
4. L'héraldique des Bourbon.
Elle va décliner sur les clefs de voûte et sur les vitraux les armoiries non seulement des deux lignées de la branche aînée des Bourbon de France d'azur à trois fleurs de lis d'or à la bande de gueules et de la branche cadette des Bourbon-Montpensier qui reprend celles de Louis de Bourbon-Vendôme, d’azur à trois fleurs de lys d’or, au bâton de gueules péri en bande chargé en chef d’un croissant d’argent , mais aussi de toutes leurs alliances.
Entourant les blasons, le collier de l'Ordre de Saint-Michel se retrouve régulièrement, sous ses deux modèles, avant et après 1516, c'est-à dire à aiguillettes nouées en lacs d'amour, puis en doubles cordelières : " Le grand collier de l'Ordre de Saint-Michel était composé de doubles coquilles d'or, attachées d'aiguillettes rondes de soie noire à longs ferrets d'or, liées et nouées en lacs d'amour. Au bout de ce collier pendait sur l'estomac un ovale d'or émaillé d'une terrasse, sur laquelle était l'image de Saint-Michel foulant aux pieds le Dragon. Le Roi François Ier, au premier chapitre de l'Ordre qu'il tint après son sacre en septembre 1516, changea ces aiguillettes en doubles cordelières d'or, ( en mémoire de Saint-François ) tant à cause qu'il s'appelait François, que pour conserver la mémoire de la Reine Anne de Bretagne, mère de la Reine Claude, sa femme, qui l'en avait prié."
La première promotion de 15 chevaliers, crée à Amboise en 1469, comprenait Jean II de Bourbon (1426-1488) duc de Bourbon, pair de France et son frère Louis de Bourbon (1450-1487), comte de Roussillon, amiral de France. Charles III, le Connétable de Bourbon était chevalier de cet ordre. Voir infra.
.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
.
.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
.
.
LA CEINTURE ESPÉRANCE.
.
Entre l'élévation nord et le toit court une galerie à balustrade dont les intervalles sont remplis du motif de la ceinture emblématique, formant une frise de S en miroirs.
.
C'est l'emblème majeur. Elle est figurée par paires, plissée en S plus ou moins formé, munie de sa boucle avec son ardillon, son passant, son bout ferré en griffes, mais sans perforation.
L'inscription ESPERANCE est portée en lettres capitales.
Cette ceinture a été adoptée comme emblème par Louis II (1376-1446), deuxième duc de Bourbon et comte de Vendôme, à la suite de son séjour en captivité à la cour d'Édouard III comme otage (1361-1366) en échange de la libération de Jean II le Bon. Il avait été initié outre-Manche à la nouvelle emblématique associant devise, mots et couleurs (livrée).
Rentré dans son duché qu'il trouve dévasté par les Compagnies, il reprend autorité sur les barons en les ralliant à un ordre de chevalerie, l'Ordre de la Ceinture d'Espérance (Noël 1366) et de l'Ecu d'Or (jour de l'an 1367), dont il récompense les principaux gentilshommes lors d'une fête, s'en assurant la fidélité en les distinguant. La réalité de cet Ordre de l'Espérance est discutée, mais la ceinture marquée du mot Espérance devient le signe personnel du duc, sa devise, qu'il grave sur des cadeaux offerts à ses beaux-frères Jean de Berry, Philippe le Hardi, Louis d’Anjou, et Charles V, ainsi qu'à ses neveux.
Sa signification n'est pas claire : "Elle appartient au registre des nœuds, cordages et ceintures dans lequel puisent fréquemment les devises pour souligner les liens qui unissent ceux qui la portent . Peut-être est-elle censée représenter la ceinture dont on paraît les chevaliers à l’issue de leur adoubement ou peut-être encore évoque-t-elle l’écharpe verte remise par aux chevaliers de la Table Ronde mentionnée dans le poème rédigé à cet époque Gauvain et le Chevalier vert. On pourrait aussi y voir une allusion à la fin de la captivité du duc, une ceinture ouverte, contrairement à la Jarretière, ou à la ceinture de la Vierge dont plusieurs reliques était alors objet de dévotions. " (L. Hadot). Il est significatif que le mot figure sur le statue de Notre-Dame offerte par le couple ducal en 1372 à la collégiale Notre-Dame d'Espérance
Louis II est inhumé au prieuré de Souvigny, et la ceinture Espérance est sculpté sur les dais de marbre coiffant la tête des gisants de Louis et de son épouse Anne Dauphine.
La ceinture ESPERANCE va se maintenir chez les Bourbon jusque tard dans le XVIe siècle comme marqueur lignagier. Plus que les autres princes, les membres de cette maison montreront un goût prononcé pour les formules emblématiques qu’ils ne cesseront de créer et d’utiliser jusqu’au début de l’époque moderne (L. Hadot).
Elle est adoptée par le duc Jean Ier (1382 †1434), puis par Charles Ier (qui fait graver la ceinture et son mot sur le portail de Notre-Dame d'Espérance en 1459), par son fils Jean II, par Jean II de Bourbon (1427 †1488), et par Pierre II de Beaujeu (1439 †1503) qui l'utilise abondamment lors de son principat. On la retrouve par exemple sur la chape portée par saint Pierre sur le triptyque du maître de Moulins peint vers 1499 sur ses sceaux ou sur des jetons de compte.
A la mort de Pierre II en 1503, la branche aînée de la maison de Bourbon s’éteint et le duché passe à la branche cadette des Bourbon-Montpensier. Le Connétable Charles III qui épouse en 1505 sa fille unique et héritière, adopte l’emblématique familiale de la ceinture ESPERANCE. La sœur du connétable, Louise de Bourbon-Montpensier, épouse de son cousin Louis de Bourbon-Vendôme, prince de la Roche-sur-Yon, l’utilise sur un jeton de compte frappé après 1538, associée à son chiffre L et à la figure parlante de l’aile.
.
.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
.
.
LES L COURONNÉS ET LES AILES OU VOLS.
.
Les ailes correspondent à l'initiale de Louis, ou de Louise, tandis que les deux ailes (ou "vols") reprennent cette lettre selon une forme "parlante". C'est donc un renvoi au couple Louis de Bourbon-Vendôme/ Louise de Bourbon-Montpensier, mais il reste valide pour leur fils Louis III de Montpensier.
.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
.
.
LES CERFS AILÉS. LES ARMOIRIES DU DUC DE BOURBON-MONTPENSIER.
a) Les cerfs ailés ou cerfs volants.
On connait bien cet emblème car ce fut celui que le roi Charles VI a adopté en 1381, et qui fut repris par Charles VII ou Louis XII. Son oncle Louis de Bourbon, qui faisait déjà usage de cet emblème, l'aurait conseillé au roi.
Il fut repris par la Maison de Bourbon et par la branche cadette; Selon L. Hadot, c’est apparemment Pierre II de Beaujeu (1439 †1503) qui introduisit la figure du cerf volant dans l’emblématique de cette maison en l’associant à la ceinture. Il est repris par Charles III. Sa présence ici montre sa reprise par Louise de Bourbon-Montpensier et son fils.
.
b) les armoiries ducales de Bourbon-Montpensier.
On les blasonnent d'azur à trois fleur-de-lys d'or, brisé d'un bâton péri de gueules, surbrisé d'un croissant d'argent. Elles sont surmontées de la couronne ducale et entourées du collier de l'Ordre de Saint-Michel (modèle post-1516).
Ce sont les armes :
-de Louise de Bourbon-Montpensier (1482-1561), duchesse de Montpensier à partir de 1522. Mariée à Louis de Bourbon-Vendôme, prince de La Roche-sur-Yon, chevalier de l'Ordre de Saint-Michel en 1507.
-de son fils le duc Louis III de Bourbon-Montpensier (1513 † 1582), duc à partir de 1561 ; chevalier de l'Ordre de Saint-Michel en 1539. marié en premières noces avec Jacqueline de Longwy († 1561 ; fille de Jeanne d'Angoulême et nièce de François Ier) ; marié en secondes noces Catherine de Lorraine (1552-1596). Il décéda à Champigny.
https://gw.geneanet.org/soudet2?lang=en&pz=olivier&nz=soudet&p=louis&n=capet&oc=21
https://fr.wikipedia.org/wiki/Seconde_maison_de_Bourbon-Montpensier
- de François de Bourbon-Montpensier (1542-1592), fils du précédent et de sa première épouse, duc à partir de 1582 , chevalier de l'Ordre de Saint-Michel et de l'Ordre du Saint-Esprit, marié à Renée d'Anjou (1550-1590), marquise de Mézières, héroïne de la nouvelle La princesse de Montpensier de Madame de La Fayette (1662).
- de Henri (1573-1608), fils du précédent, duc à partir de 1592, marié avec Henriette-Catherine (1585-1656), duchesse de Joyeuse. L'Ordre de Saint-Michel était tombé en désuétude en faveur de l'Ordre du Saint-Esprit.
https://gw.geneanet.org/soudet2?lang=en&pz=olivier&nz=soudet&p=henri&n=capet&oc=27
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_comtes_puis_ducs_de_Montpensier
.
Le premier candidat possible est donc Louis III de Bourbon-Montpensier. C'est le seul qui soit accordé à la présence du chiffre L et des ailes parlantes
.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
.
.
LA CEINTURE ESPÉRANCE. LES ARMOIRIES DU DUC DE BOURBON-MONTPENSIER. LES COQUILLES ET LES BESACES DE COMPOSTELLE.
Les armoiries sont martelées mais les fleurs de lis laissent supposer qu'il s'agit des mêmes que les précédentes. Le collier de Saint-Michel est absent.
Les coquilles et les besaces, enrubannées, indiquent l'adoption des emblèmes des pèlerins de Compostelle ; soit parce que l'un des fondateurs avait fait ce pèlerinage, soit par ce que cette vénération s'était transmis chez les Bourbon-Vendôme ou les Bourbon-Montpensier.
.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
.
.
LA LANCE BRISÉE ENFLAMMÉE.
Couronne ducale ; Collier de l'Ordre de Saint-Michel. Armoiries martelées.
Je trouve mention de l'emploi emblématique de la lance brisée par Catherine de Médicis comme signe de son affliction après la perte de son mari Henri II. Elle s'accompagnait de l'inscription Lacrymae hinc, hinc dolor (de là ma douleur, de là mes larmes). Mais cette figure n'est pas décrite comme étant enflammée.
.
Je signalerai infra qu'elle se retrouve sur le relevé du tombeau de Henri de Bourbon-Montpensier. Cela me laissait d'abord penser que cet emblème est l'expression du chagrin de sa fille Marie de Montpensier et qu'il est donc postérieur à 1608.
Mais Ch. de Chergé indique, en citant le Cérémonial de France, que "la main armée sortant d'une nue, tenant lances brisées jetant feux de toutes parts est une devise adoptée par Louis II de Bourbon, premier duc de Montpensier". J'ai retrouvé cette source :
Théodore Godefroy, Neufville, Le cérémonial François, recueilli par Théodore Godefroy, Chez Sebastien Cramoisy, 1649 - 1014 pages, page 274 :
"Ledit Prince de la Roche-sur-Yon avait son accoutrement de satin bleu Turquin, tout chargé de riches broderie faite de fil d'or trait, à la devise, qui est une main armée sortant d'une nuée, tenant lances brisées, jetant feu de toutes parts : de sorte qu'on ne voyait point le champ dudit accoutrement. Et la bordure d'iceluy était d'un grand demi-pied de large, toute chargée d'orfèvrerie d'argent doré, enrichie et semée de grands branlans de même, à feuillages de sauges. Et son épée bien dorée, le fourreau couvert de même. Le bonnet était de velours cramoisi, les rebras chargés à deux rangs de riches pierreries de diamants, rubis, saphirs, et balais à grosses perles de moult grande estimation."
.
Il s'agit donc d'une des devises de Louis de Bourbon-Vendôme, prince de la Roche-sur-Yon, (1473-1520), constructeur du château et de la chapelle.
.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
.
.
.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
.
.
ARMOIRIES DE JACQUETTE DE LONGWY ; COQUILLES , BESACES ET BOURDONS DE COMPOSTELLE.
Les armoiries mi-parti Bourbon-Montpensier/ Longwy renvoient au couple formé par Louis III de Bourbon-Montpensier et Jacquette ou Jacqueline de Longwy, donc entre leur mariage en 1538 et le décès de Jacqueline en 1561.
Aux coquilles et aux besaces s'ajoutent les bourdons (avec leur crochet permettant d'accrocher la gourde) lacés par deux avec un ruban.
.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
.
.
Le portique occidental.
.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
.
.
La frise de l'entablement : L couronné , emblèmes de Saint-Jacques de Compostelle, et ceinture ESPERANCE. Aux angles, des ailes couronnées.
.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
.
.
LA PORTE NORD.
En haut : les cerfs ailés présentent les armoiries ducales de la branche aînée des Bourbons, d'azur à trois fleurs de lis d'or à la bande de gueules entourées du collier de l'Ordre de Saint-Michel dans son premier modèle antérieur à 1516. Cela pourrait être un hommage à Jean II duc de Bourbon (1426-1488).
Au milieu, sur des cuirs à enroulement : deux vertus théologales : la Foi avec un livre et l'Eucharistie et la Charité portant un enfant, un autre étant à ses pieds. Au centre, l'Espérance avec une ancre à ses pieds.
En bas à gauche : le L couronné et la ceinture ESPERANCE.
En bas à droite : l'Aile couronnée et la ceinture (sans inscription)
Une porte assez semblable ferme le portail ouest, mais avec des armoiries différentes et les quatre Vertus ;
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/0c/Champigny-sur-Veude_04.JPG
Bossebœuf page 65 :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k141969p/f66.image
.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
.
.
L'ENTRÉE OUEST.
.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
.
.
.
L'INTÉRIEUR.
.
Les clefs de voûte armoriées de la nef.
.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
.
.
Le quinconce occidental.
.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
.
.
Au centre : les armoiries du couple Louis III de Montpensier-Jacqueline de Longwy (1538-1561).
En 1 d'azur au trois fleurs de lys d'or au bâton de gueules péri en bande brochant, chargé d'un croissant d'argent en chef ; en 2 d'azur à la bande d'or.
Ces éléments héraldiques permettent de confirmer la construction de la nef entre 1538 et 1561.
.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
.
.
Couronne aux emblèmes de Saint-Jacques de Compostelle (une besace et deux bourdons noués).
Cette situation dans le quinconce incite à attribuer cette vénération de Compostelle à ce couple, sans pouvoir préciser s'il revient à l'un ou à l'autre.
.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
.
.
Couronne au chiffre L-I.
Les deux initiales de Louis et de Jacqueline (Iacqueline) sont couronnées et réunis par un lac d'amour.
.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
.
.
Deuxième quinconce.
Les armoiries précédentes (Louis III de Bourbon-Montpensier/Jacqueline de Longwy) sont entourés de quatre couronnes ou guirlandes au cerf volant.
.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
.
.
Dernier ensemble de sept médaillons des Instruments de la Passion, au dessus du chœur.
.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
.
.
LES CLEFS DE VOÛTE DE LA CHAPELLE DE LA DUCHESSE.
.
Au centre : le blason ovale (féminin) de Jacqueline de Longwy mi-parti Montpensier/Longwy, couronné, entouré des emblèmes de Compostelle. Cela incite à penser que ces emblèmes sont propres à la duchesse.
Autour : deux armoiries pleines des Longwy ; l'une avec la couronne de comte, l'autre avec le galero cardinalice renvoyant au cardinal Claude de Longwy de Givry (donc après 1533)
Autour : les armoiries associant celles de la branche aînée des Bourbon et celle de Longwy.
Autour : le blason losangique plus complexe pour la partie gauche, entouré de la cordelière (adoptée par Anne de Bretagne, puis François Ier et, semble-t-il par les femmes de la cour royale).
.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
.
.
AUTRES CLEFS DE VOÛTE ARMORIÉES.
Voir de Scevole :
.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
.
.
DANS LA CHAPELLE DU DUC ?
.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
.
.
Collier de Saint-Michel avant 1516.
.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
.
Collier de Saint-Michel avant 1516.
.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
.
.
LE PRIANT D' HENRI DE BOURBON-MONTPENSIER (1592-1608).
Henri de Bourbon-Montpensier est le fils de François et de Renée d'Anjou-Mézières. Il épousa Catherine-Henriette duchesse de Joyeuse.
"Titré prince de Dombes du vivant de son père, il combattit les Ligueurs et particulièrement le duc de Mercœur en Bretagne à partir de 1590, prenant par ruse la ville de Quimperlé en avril 15902. Celui-ci le battit à Craon en 1592. Il fut nommé ensuite gouverneur de Normandie, entreprit de reconquérir cette province pour le roi et fut grièvement blessé au siège de Dreux (1593).
En 1596, il combattit les Espagnols en Artois, pour le compte d'Henri IV, se trouva à la bataille d'Ivry puis participa en 1600 à la campagne de Savoie.
Il hérita des biens de son père et fut duc de Montpensier, de Châtellerault et de Saint-Fargeau, pair de France, prince souverain de Dombes, prince de la Roche-sur-Yon et de Luc, dauphin d’Auvergne, comte de Mortain et de Bar sur Seine, vicomte d’Auge, de Domfront et de Brosses, baron de Beaujolais, du pays de Combrailles et de Mirebeau, seigneur de Champigny, d’Argenton et de Saint-Sever. De sa mère, il hérita notamment le marquisat de Mézières. Il devint par ailleurs chevalier des ordres du Roi, gouverneur de Dauphiné puis de Normandie.
Il épousa en 1597 Henriette Catherine (1585 † 1656) duchesse de Joyeuse, fille d'Henri, duc de Joyeuse, et de Catherine de Nogaret. Leur fille unique, Marie (1605 † 1627), étant l'une des plus riches héritières du royaume, elle fut mariée à Gaston de France (1608 † 1660), duc d'Orléans et frère cadet de Louis XIII, parents de la Grande Mademoiselle, dernière héritière des Bourbon-Montpensier."
https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_de_Montpensier
.
La statue était jadis dressée sur son tombeau de marbre noir dans le chœur de la Sainte-Chapelle de Champigny. On y voit les L couronnées, les ailes avec la ceinture ESPERANCE, mais aussi la lance brisée et enflammée, devise du Prince de la Roche-sur-Yon.
"La tombe se situe sous l'arcade séparant le choeur de l'église de la chapelle des ducs. Sa position est exactement signalée sur le plan qu'a par ailleurs fait exécuter Gaignières. Le relief héraldique ornant l'arcade, fait écho au décor extérieur de la chapelle. Il s'agit des devises et motto de Louis de Bourbon qui en fut le fondateur. Le tombeau d'Henri de Bourbon présente deux inscriptions dorées, gravées dans le marbre noir, visibles dans l'entablement et sous le sarcophage. Le coté opposé présentait d'autres inscriptions semblables. Les unes et les autres font l'objet d'une transcription sur une planche à part. Les colonnes de marbre noir et la plateforme qu'elles portaient n'existent plus ; le priant de marbre blanc est aujourd'hui déposé au centre de la nef. Jean Adhémar," Les tombeaux de la collection Gaignières. Dessins d'archéologie du XVIIe siècle", Gazette des Beaux-Arts, 1976, p. 126, n°1821
.
.
Il est barbu, il porte ici la fraise Henri-IV, une chape fleurdelisée, et, sur un camail d'hermines, le collier de l'Ordre du Saint-Esprit fondé en 1578 par Henri III. Ce collier inclut son chiffre à deux H couronnées. Sur le dessin, l'épée était présente dans son fourreau.
Voir son portrait (gravure) :
Voir son tombeau au château de Champigny :
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM37000645
Voir son épitaphe (Gaignières) :
Inscriptions du tombeau :
.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
Emblématique et héraldique monumentale de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.
.
.
.
SOURCES ET LIENS.
— HABLOT (Laurent) 2001, La ceinture Espérance et les devises des ducs de Bourbon. Fr. Perrot. Espérance : le mécénat religieux des ducs de Bourbon à la fin du Moyen Âge, Musée Municiapl de Souvigny, pp.91-103, 2001.
— Nicole Dupont-Pierrart, La cour d’Aigueperse, in CLAIRE DE GONZAGUE COMTESSE DE BOURBON-MONTPENSIER (1464-1503) Une princesse italienne à la cour de France Coll. Histoire et civilisations
— BOSSEBOEUF (abbé L.-A.), 1887, Le Château et la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude (Indre-et-Loire), notice historique et archéologique, ,...(Tours) 1887
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k141969p.image
.
Le calvaire (kersanton, seconde moitié du XVe siècle) de l'église Notre-Dame de Châteaulin.
.
.
Voir sur cette église :
—Voir sur Châteaulin :
Vierges allaitantes VI : Chapelle Notre-Dame de Kerluan à Châteaulin : Les vitraux et les statues.
La chapelle de Kerluan à Châteaulin : inscriptions et crossette.
Le calvaire (Roland Doré, 1639) de la chapelle Notre-Dame de Kerluan à Châteaulin.
.
Voir sur le calvaire d'Argol :
POURQUOI CE CALVAIRE M'INTÉRESSE-T-IL ?
1. C'est l'un des plus anciens de Basse-Bretagne.
2. Il comporte un motif rare : le Jugement dernier.
3. Un calvaire semblable se trouve devant l'église d'Argol.
4. Il porte une belle inscription qui reste à élucider.
5. Il est en kersantite.
6. Il permet de découvrir l'ancienne chapelle Notre-Dame, dont les plus anciennes parties dateraient du 13e ou 14e siècle et qui porte les dates de 1722 et 1753.
.
C'est l'un des plus anciens de Basse-Bretagne.
Après ceux de
.
.
Il comporte un motif rare : le Jugement dernier.
Le Christ ressuscité lève les bras et montre les plaies de ses paumes. Il est assis sur un arc-en-ciel ; ses pieds reposent sur le globe terrestre. À sa gauche, la vierge implore. À sa droite un ange sonne la trompe du Jugement au son de laquelle les morts ressuscitent. Ils sont symbolisés par trois petits personnages nus qui sortent de la terre : deux hommes au centre, une femme à droite.
.
.
Un calvaire semblable se trouve devant l'église d'Argol.
Le calvaire d'Argol résulte dans son état actuel de plusieurs restaurations successives puisqu'il porte les dates de 1593, de 1617, et le blason de Jean Briant abbé de Landevénnec de 1608. à 1632. À son revers, le Christ du Jugement Dernier est assis sur un arc-en-ciel (en forme de trapèze), présentant les paumes de ses mains, les pieds reposant sur la boule terrestre, tandis qu'un ange aptère joue du cor et qu'à sa gauche une femme lève les mains devant la poitrine.
http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/Calvaire/8ec861c2-6392-403d-bd43-6de18e724bad
.
.
Il porte une belle inscription qui reste à élucider.
.
La banderole qui surmonte le tout porte une inscription qui à ce jour n'est pas totalement déchiffrée : « GARDE... QU'IL FERA SELO(N) SES... JUGERA" (Selon YP Castel, à rapprocher du texte de la banderole du calvaire d'Argol qu'il comprend comme : « Garde qu'il fera, le roy estant jugera », que l'on peut traduire en français moderne : « Prends garde à ce qu'il fera, celui qui est le roi te jugera » ; un rappel aux fidèles catholiques bretons que leur véritable roi n'est pas Henri de Navarre, suspect à leurs yeux, mais le Christ qui les jugera). Le calvaire serait donc contemporain à Henri de Navarre qui abjura le catholicisme en 1576."
Si nous préférons la leçon SELON à celle LEROI, cette hypothèse ne tient pas.
.
.
Il est en kersantite, ou pierre de kersanton, un matériau remarquable par son grain serré, sa teinte gris sombre et sa résistance à l'altération. Elle doit son nom à l'un de ses sites d'extraction en rade de Brest. Les principaux ateliers qui l'ont sculptée étaient installés à Landerneau.
.
.
PRÉSENTATION.
.
Au Xeme siècle, les seigneurs de Châteaulin érigèrent un château fort sur la butte dominant de 35 mètres les premiers gués sur l'Aulne et le Hent Haès, le chemin menant de Carhaix à Camaret, dont ils contrôlaient l'accès.
Une impressionnante forteresse de schiste était entourée d'une enceinte de 544 mètres par des murs atteignant 2 mètres d'épaisseur.
L'église Notre-Dame, construite à flanc de coteau sur la face sud-ouest de la butte, doit son origine, comme chapelle seigneuriale, à la construction de ce château fortifié au sommet de la butte et à l'établissement d'une bourgade au lieu-dit Le Vieux-Bourg.
.
.
.
.
Sur cette photo satellite, la croix rouge correspond à l'église (cliquez).
.
.
.
.
La chapelle fut l'église de Châteaulin jusqu'au début du XVIIIe siècle en concurrence avec l'église prieurale de Saint-Idunet, située sur l'autre rive de l'Aulne, et dépendant du prieuré de Landévennec.
Au XIXe siècle, on pénétrait dans l'enclos après avoir gravi un grand escalier, qui fut détruit pour aménager une route. Il laissait à gauche la porte monumentale, (Pors ar Maro, la Porte des morts) datant — comme le calvaire — de la seconde moitié du XVe siècle. Sa grille ne s'ouvrait que pour laisser passer le convoi funéraire.
.
.
.
.
.
Le calvaire de 6 mètres de haut, placé entre la porte monumentale et le porche sud , date de la seconde moitié du XVe siècle. Le fût à pans, posé sur les trois degrés en granite (le premier à large corniche moulurée) et le socle à griffes feuillagées, porte un croisillon à nœud tronçonique.
.
.
.
LA FACE OCCIDENTALE.
On y voit la croix des larrons et au centre le crucifix sous un dais et le titulus, la Vierge et Jean.
.
Calvaire (kersantite, XVe siècle) de l'église Notre-Dame de Châteaulin. Photographie lavieb-aile juillet 2020.
Calvaire (kersantite, XVe siècle) de l'église Notre-Dame de Châteaulin. Photographie lavieb-aile juillet 2020.
Calvaire (kersantite, XVe siècle) de l'église Notre-Dame de Châteaulin. Photographie lavieb-aile juillet 2020.
Calvaire (kersantite, XVe siècle) de l'église Notre-Dame de Châteaulin. Photographie lavieb-aile juillet 2020.
Calvaire (kersantite, XVe siècle) de l'église Notre-Dame de Châteaulin. Photographie lavieb-aile juillet 2020.
Calvaire (kersantite, XVe siècle) de l'église Notre-Dame de Châteaulin. Photographie lavieb-aile juillet 2020.
Calvaire (kersantite, XVe siècle) de l'église Notre-Dame de Châteaulin. Photographie lavieb-aile juillet 2020.
Calvaire (kersantite, XVe siècle) de l'église Notre-Dame de Châteaulin. Photographie lavieb-aile juillet 2020.
Calvaire (kersantite, XVe siècle) de l'église Notre-Dame de Châteaulin. Photographie lavieb-aile juillet 2020.
.
.
LA FACE ORIENTALE : LE JUGEMENT DERNIER.
.
.
.
Le Christ (cheveux courts, visage imberbe) est torse nu dans le manteau de gloire : c'est le Christ de la Résurrection, qui présente au monde les plaies de ses mains. Il est assis sur un arc-en-ciel , et ses pieds reposent sur le globe terrestre.
À sa gauche, la Vierge, mains croisées, la tête recouverte de son manteau-voile qui forme un large auvent, semble implorer le Sauveur. Elle n'est guère différente des Vierges des calvaires, mais saint Jean est remplacé ici par un ange (sans ailes) qui sonne de la trompe et annonce ainsi le Jugement et la Résurrection des morts.
Trois petits personnages nus se dressent et lèvent leurs bras vers le Ressuscité : deux hommes au centre, une femme à droite.
Il illustre la doctrine exposée par Paul dans la première épître aux Thessaloniciens :
"Nous ne voulons pas, frères, que vous soyez dans l'ignorance au sujet de ceux qui dorment, afin que vous ne vous affligiez pas comme les autres qui n'ont point d'espérance.
Car, si nous croyons que Jésus est mort et qu'il est ressuscité, croyons aussi que Dieu ramènera par Jésus et avec lui ceux qui sont morts.
Voici, en effet, ce que nous vous déclarons d'après la parole du Seigneur: nous les vivants, restés pour l'avènement du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui sont morts.
Car le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d'un archange, et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront premièrement.
Ensuite, nous les vivants, qui seront restés, nous serons tous ensemble enlevés avec eux sur des nuées, à la rencontre du Seigneur dans les airs, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur.
Consolez-vous donc les uns les autres par ces paroles." (1 Thess 4:13-18)
.
Le thème est rare sur nos calvaires, mais il est très répandu en peinture, en enluminure et en sculpture de retable. Je pourrais donc multiplier les exemples, mais en voici cinq, dont deux en Bretagne.
.
Sous les lys le texte écrit en blanc : « venite benedicti Patris mei possidete paratum vobis regnum a constitutione mundi » (venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde ")
.
.
.
.
.
Voir également :
sur le site de l'IRHT
Paris, Bibl. Mazarine, 0391 f. 004v
Paris, Bibl. Mazarine, 0870, f. 000A-191 f. 044v
Paris, Bibl. Sainte-Geneviève, 0246 Cité de Dieu (vers 1475) f. 371v Inscriptions "Surgite mortui. Venite ad judicium""Nolumus vos ignorare de dormientibus""Mortui resurgent et qui in sepulcris erunt suscitabuntur" "Ecce dominus noster omnipotens veniet, et quis sustinebit diem adventus ejus".
et sur le site Mandragore :
.
Le texte du phylactère est parfaitement agaçant ; il y a d'abord, il y a surtout ces lichens qui prospèrent ici comme les vrillettes sur un vieux mobilier. L'œuvre n'est-elle pas classée ? N'est-ce pas une relique du passé ? Ne mérite-t-elle pas d'être protégée et restaurée ? Ne mérite-t-elle pas d'être étudiée, afin d'en élucider le message ?
Je compare les photos prises par E. Le Seac'h, celles que j'ai prises en 2012 et celles que j'ai prises en 2019. L'attaque par les lichens s'aggrave d'année en année.
Malgré tout le phylactère est en trois parties. La partie en bas à droite, qui se termine en rouleau serpentin, semble la plus facile; mais elle résiste à ma lecture : MRLT ? MRDT ? Elle n'a pas été incluse dans les lectures des auteurs précédents.
Au dessus, la bande horizontale n'est pas moins aisée. Au dessus de la tête, on peut lire FERATELORE, qui peut être agencé comme FERA SELON (avec un N abrégé).
La partie en bas à gauche résiste également. Ne se termine-t-elle pas par un N ?
Au total, je reprendrai volontiers la leçon de Y.-P. Castel GARDE... QU'IL FERA SELO(N) SES... JUGERA, si les lectures de cet auteur n'avaient jamais été prises à défaut (mais qui, parmi les meilleurs épigraphistes, pourrait avoir cette prétention ?), si il avait indiquer sur un schéma la correspondance avec les trois parties de la banderole, si cette inscription avait un sens, et mieux, si elle renvoyait à un texte contemporain similaire. Ce n'est pas le cas.
En examinant les Jugements derniers des enluminures et autres supports peints, (site Mandragore, site Enluminure de l'IRHT, etc), je ne retrouve aucune inscription ressemblant à celle-ci.
On attendrait plutôt SURGITE MORTUI/ VENITE AD JUDICUM.
.
.
.
Les saints personnages.
.
.
.
Les morts sortant de leur tombeau.
.
.
.
LES INSCRIPTIONS ET ÉLÉMENTS REMARQUABLES DE L'EXTÉRIEUR DE L'ÉGLISE.
.
.
.
Le porche méridional porte une inscription dont la première partie se trouve à gauche du gable :
"CE. TEMPLE. QVA/SI. RVINE. E. RED/
[RESSÉ] LAN. 1720."
"Ce temple quasi ruiné est redressé l'an 1720" (date d'une restauration).
.
.
.
Du coté droit du gable :
LESRIJ :
IAMET. F.
En 1720, il doit s'agir de Louis JAMET (ca 1695-1760), fils de Guillaume (1672-1705), lui-même fils de Louis, un marchand poillier né à Saint-Fleury-sur Coutances (à l'ouest de Villedieu-les-Poêles, grand centre dinandier) et venu s'établir à Châteaulin où il épousa le 10 janvier 1763 Gabrielle LE VILLAIN. Ce grand-père est décédé le 10 octobre 1665 ; il s'est marié et fut inhumé à Saint-Idunet.
Louis JAMET, le petit-fils du marchand de poêle, fut inhumé au cimetière Notre-Dame : il appartenait donc bien à cette paroisse. Il épousa le 24 février 1721 Yvonne SALAUN.
https://gw.geneanet.org/jmignon2?lang=fr&p=louis&n=jamet&oc=1
Bien que la ligne supérieure LESRIJ: ne soit pas facile à comprendre, la proximité de la date de ce mariage avec celle de sa fonction de fabricien plaide en faveur de cette hypothèse.
.
.
.
La face sud de la tour du clocher.
.
MRE JEANLECARRER (*)
ME ALLAIN SANQVER
FAB LAN 17-3
(*) fleur de lys
Pour Couffon : "Mre IEAN LE CARRE. R/Me ALLAIN SANQVER/FAB. LAN. 1753".
Soit "Messire Jean Le CARRE recteur, Maître Alain Sanquer fabricien l'an 1753".
Jean Le Carré est donné comme recteur de Châteaulin de 1757 à 1761.
Pour le fabricien, je suggère Alain Le SANQUER, cultivateur Kergudon 1708-1774
https://gw.geneanet.org/charlieu?n=le+sanquer&oc=&p=alain
.
.
.
Le clocheton à dôme et ses masques.
.
.
.
Les cloches.
Elles portent les inscription :
LES SOINS DE MM LES [TRESORIERS
IN : DURAND CURE DU REST
JEAN FONDEUR A QUIMPER
PAULINE-HENRIETTE
APPARTENANT A LA FABRIQUE DE CHATEAULIN
EN 1885 PAR VIEL-TETREL ---
ET
NOMMEE
PAR MR HENRI GASSIS
ET MME PAULINE COTTES.
Henri GASSIS (1868-1929) était avoué licencié à Châteaulin, directeur du Crédit-Agricole du Finistère, fils d'Armand-Gabriel-Marie Gassis, architecte et maire de Châteaulin, époux de Marie-Louise-Amélie DOUGUEDROIT
https://gw.geneanet.org/alaing44?n=gassis&oc=&p=henri+joseph+marie
.
.
.
.
.
SOURCES ET LIENS.
.
— ABGRALL (Jean-Marie), PEYRON (Paul), 1905, "[Notices sur les paroisses] Châteaulin",Bulletin de la commission diocésaine d'histoire et d'archéologie , Quimper, 5e année, 1905, p. 132-144, p. 153-167.
https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/3d4ddc200b55b91a631b1dee087ef917.pdf
— CASTEL (Yves-Pascal), 1980, Atlas de croix et calvaires du Finistère.
http://croix.du-finistere.org/commune/chateaulin.html
— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Paroisse de Châteaulin, Notice extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, par René Couffon, Alfred Le Bars, Quimper, Association diocésaine, 1988.
https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/eda670fb19cd2344536c61242ae144f6.pdf
.
— VILLE DE CHÂTEAULIN. "La chapelle Notre-Dame"
— WIKIPEDIA
"Taillé dans la pierre noire de Kersanton, le calvaire une œuvre curieuse et rare. Sur la face ouest, le Christ en croix est entouré de saint Jean et de la Vierge. De part et d’autre, les deux larrons en croix complètent la scène.
La face exposée à l’est est plus étonnante. La scène représentée est le jugement dernier. Le Dieu du jugement lève les bras dans un signe d’apaisement. Il est assis sur un arc-en-ciel qui sort d’un nuage ; ses pieds reposent sur une boule qui représente le Monde. À sa gauche, la vierge implore. À sa droite un ange sonne la trompette du jugement au son de laquelle les morts ressuscitent. Ils sont symbolisés par trois petits personnages nus qui sortent de la terre. Deux hommes au centre, une femme à droite. La banderole qui surmonte le tout porte une inscription qui à ce jour n'est pas totalement déchiffrée : « GARDE... QU'IL FERA SELO(N) SES... JUGERA" (Selon YP Castel, à rapprocher au texte de la banderole du calvaire d'Argol : « Garde qu'il fera, le roy estant jugera », que l'on peut traduire en français moderne : « Prends garde à ce qu'il fera, celui qui est le roi te jugera » ; un rappel aux fidèles catholiques bretons que leur véritable roi n'est pas Henri de Navarre, suspect à leurs yeux, mais le Christ qui les jugera). Le calvaire serait donc contemporain à Henri de Navarre qui abjura le catholicisme en 1576."
.
.
C'est ma nature. Crozon, avril 2020.
.
Voir aussi :
Le moulin de Kereuzen (Crozon) et son inscription de 1795.
Liste de mes 150 articles sur la presqu'île de Crozon.
.
.
Qui est Eugène Andrieux, de Trélannec (Crozon) ? Le linteau de l'élévation nord d'une longère appartenant à une exploitation agricole de Trélannec porte l'inscription :
FAIT FAIRE PAR
EUGENE ANDRIEUX 1867.
.
.
.
Le généalogiste Patrick Voirin consacre une fiche à Eugène Henri ANDRIEUX , né le 29 juin 1814 à Crozon et décédé le 5 novembre 1890 à Crozon à 76 ans. Il avait épousé Marie Anne LE CORRE le 3 octobre 1842. Il en eut trois filles, Jeanne Louise en 1843, Henriette Marie en 1852 et Rosalie Marie en 1863.
Il était le fils de Antoine Aubin ANDRIEUX 1775-1858 Lieutenant des douanes retraité, et de Marie-Henriette Le SENECHAL 1781-1861 ; il était le 6ème de leurs dix enfants.
Son épouse Marie Anne LE CORRE était la fille de Jean Marie et de Marie Claudine LASTENNET
La généalogie de Nathalie Bervas indique que la jeune fille était mineure, née le 12 novembre 1824 et âgée de 18 ans. À leur mariage, l'époux (notre Eugène Henri) habitait, comme ses parents, Kerarstrobel (le village voisin) et était cultivateur;
.
La fille aînée, Jeanne Louise ANDRIEUX.
Elle est née le 7 octobre 1843 à Trélannec. Elle était domicilée à Trélannec lorsqu'elle épousa le 16 février 1867 à Crozon Jean Marie HERJEAN, né en 1843, cultivateur, né à Kerbasguen.
https://gw.geneanet.org/nbervas?lang=fr&pz=nathalie+catherine&nz=bervas&p=marie+anne&n=le+corre&oc=1
.
.
J'en déduis que Eugène Henri a quitté son domicile de Kerarstrobel pour s'installer dans le village de son épouse, dès son mariage. À son tour, Jean Marie Herjean, lorsqu'il a épousé la fille aînée Jeanne Louise, est venue s'installer dans le village de celle-ci.
C'est à Trélannec que le registre de recensement de 1896 les recense (page 124) : Jean Marie Herjean cultivateur, Jeanne Louise Andrieux femme, et leurs quatre filles Henriette, Marie, Marie et Claudine.
.
Nous pouvons penser que Eugène Henri a fait construire le corps de ferme de 1867 sur laquelle il fait porter l'inscription, en raison de l'agrandissement de la famille liée à l'installation de son gendre. Ses deux autres filles (et leur époux Jean-Claude Danielou et Jean François POSTIC) ne sont pas mentionnées à Trélannec en 1896.
http://www.notrepresquile.com/population/recensement/crozon/1896.php
.
Aujourd'hui, l'exploitation, sauf erreur, est celle d'Hervé Le Roux, en élevage laitier.
.
Le contexte.
Selon l'enquête de Christel Douard, de Florent Maillard et Judith Tanguy-Schroër en 2010 pour l'Inventaire général :
"Des résultats observés et plus particulièrement des chronogrammes relevés sur le bâti, se dégagent plusieurs tendances situant le corpus des constructions rurales dans une chronologie allant de la fin du 16e siècle aux années 1930. Les dates inscrites sur les bâtiments vont de 1580 à 1934, elles sont majoritairement gravées ou sculptées sur les linteaux de porte, rarement sur les souches ou les linteaux de cheminées. Le grès local étant très difficile à tailler, seul 14, 3 % du bâti rural est daté : 146 chonogrammes ont été relevés sur 1020 maisons rurales recensées. Les dates figurent sur des pierres importées, plus propices à la taille (microdiorite quartzique, granite, kersantite), parfois sur une ardoise incluse dans la maçonnerie. Deux dates gravées dans du grès armoricain ont été relevées : 1785 sur une maison de Ménesguen et 1854 sur une maison du Bouis.
En l'absence de chronogrammes, il est parfois délicat de dater avec précision des maisons construites entre la deuxième moitié du 18e siècle et la première moitié du 19e siècle car les proportions sont quasiment identiques durant un siècle et les baies sont dépourvues de décors. Les baies des maisons construites entre la fin du 16e siècle et le début du 18e siècle font souvent l'objet d'une ornementation sculptée sur des pierres importées (accolades, chanfreins, moulures, volutes et coeurs sur les linteaux, griffes, sifflets et amortissements à la base des piédroits).
LES COMMANDITAIRES
Quelques inscriptions ou monogrammes relevés sur des logis révèlent le nom des bâtisseurs : DV : PRE : 1590 : GVILLAUME CO : KANDRIN (Porte provenant de Kerandrin remployée à Morgat) ; RENE HERIAN 1626 (Le Bouis) ; F : M : 1627 (Kergonan) ; A L : STEHAN 1663 JC (Dinan) ; H : H : MICHEL LE : DV 1696 (Saint-Jean-Leïdez) ; FAIT FAIRE PAR EUGENE ANDRIEUX 1867 ; A : P : 1745 (Dinan) D V 1855 J (Penfrat) ; E 1927 R (Poraon). Deux beaux puits moulurés du 17e siècle sont également signés et datés, ils témoignent de l'aisance des constructeurs et d'une certaine fierté paysanne : JEAN CANVET 1644 (Tromel) ; Y. CARN 1646 (Kerellot-Tremet). Trois anciennes maisons d'artisan affichent les attributs professionnels de leurs propriétaires : à Kervezennec, la maison d'un tailleur de pierre se signale par une équerre et un marteau sculptés en relief sur le linteau de porte avec son nom YVON et la date 1688 ; à Kerigou, la porte d'un logis de maréchal-ferrant du 17e siècle conserve la pince, le marteau et l'enclume sculptés dans la microdiorite quartzique ; à Trébéron une tenaille et un marteau sont gravés à côté de la date et des initiales du maréchal-ferrant (H : D 1814) ; à Kernaou le linteau du puits est orné d'une navette de tisserand."
.
L'inscription du moulin de Kereuzen, que je viens de relever (article précédent) employait déjà en 1795 la formule "fait faire par", mais par abréviation F F P.
La rareté relative de ces inscriptions justifie mon souci d'en rendre compte en ligne et de tenter de préciser, derrière les texte, le contexte anthropologique.
.
Le moulin de Kereuzen à Crozon, et son inscription de 1795.
.
Voir aussi :
.
.
— Sur les inscriptions lapidaires de la Presqu'île de Crozon, voir :
Sur l'inscription lapidaire Anne FOLGAR / LE BEULIN 1730 du bourg de Lanvéoc.
Les inscriptions lapidaires des maisons de Lanvéoc II. Les dates de 1694 et 1752 au 14 Grand'rue.
Les inscriptions lapidaires et maisons remarquables du bourg de Lanvéoc III.
Les blasons sculptés de quelques abbés de Landévennec . Et les inscriptions lapidaires du bourg. (de Landévennec)
Épigraphie de Roscanvel : son église et ses cloches, sa fontaine, ses manoirs et demeures.
Et
.
Mes remerciements à Mr Joseph Pigent pour son accueil.
.
Je passe souvent, dans mes promenades autour de la Réserve naturelle de l'Aber, devant cet ancien moulin.
Le moulin à eau de Kereuzen, sur la rivière de l'Aber à Crozon, est connu depuis le XVIIIe. Il figure, sous le nom de Moulin Colin, sur la carte de Cassini de 1783, et sous celui de Kereuzen, sur le cadastre de 1831. Il a été fermé en 1961.
.
.
.
Toponymie.
Disons d'abord que ce nom de lieu Kereuzen est rare. Je le trouve attesté à Elliant sur un aveu de 1663.
(le village de Kereuzen ô ses issues & apartenances & autres terres non icy spéciffiées sont sittuées en la Trêve nommée Treffnevez en laditte paroisse d'Eslyan).
Comme l'a remarqué M. Guilcher (12), le déterminatif de la plupart des villages en Ker— est un nom d'homme. Il s'agirait de Ker -Euzen, le village d'Euzen ou Eusen. Albert Deshayes signale pour ce nom Euzen 1446, Ploemeur ; 1513, Remungol ; 1644, Quimper, etc. Il dériverait du vieux breton Eudon , "bon talent", et se diffuse sous les formes Abeozen, Euzenat, Euzénou, Euzénès . Aucune de ces formes n'est attesté à Crozon avant le XVIIe siècle (sauf Guillaume EUSEN 1678).
Si le toponyme KEREUZEN est rare, l'anthroponyme correspondant ne l'est pas moins. À Lannion , Jean LE GUALLES, écuyer, sieur de Kereuzen, Ledict sieur de KERYVON, se fait connaître en 1600 par ses prééminences en l'église de Baly. Un Kereuzen représente Plonéour à la montre de 1481. On trouve un Kereuzen-Brelivet en Châteauneuf-du-Faou ; un Jehan Nouvell Kereuzen à Plougasnou ; à Plouezoc'h en 1545-1550 une Françoise de Kereuzen puis en 1578-1608 Maria de Kereuzen ou Marie de Kereuzen de Kerjean. Et enfin à Bieuzy (56) Françoise Le RUYET DE KEREUZEN 1580-1611, Jan Le RUYET DE KEREUZEN son frère, Yvonnette Le RUYET DE KEREUZEN sa soeur.
.
Pour en revenir au toponyme, Pierre Trépos note en 1953 : "Quant à Kerezen et Petit- Kerezen, j'ai d'abord hésité à les classer avec les toponymes en « Vrins » : M. Buffet a interprété le Kerezen de Port-Louis par Ker-Euzen ; mais deux formes relativement anciennes de ce toponyme morbihannais, avec 2 r, (en Hello Querrezen } Besquellec Querrezen , 1080) me font penser que l'hypothèse Kezen, au lieu de Euzen peut au moins se discuter — avant qu'elle cède peut-être la place à une troisième : Kerezen, cerisier."
Henri-François Buffet, étudiant la toponymie du canton de Port-Louis suggère de rattacher à Ker-Euzen les lieux-dits Querezen, 1640, et Kerzine.
Quoiqu'il en soit, ce toponyme en ker- est très ancien, vers le Xe siècle :
"Les Bretons venant de l’île de Bretagne apportent en Armorique leur système toponymique. Aux nobles, l’on doit les noms formés sur Lez (qui désigne une cour et résidence seigneuriales). Aux prêtres, les différents Lann (lieu consacré), remplacés par Log après le Xe siècle ; aux paysans, les noms en Trev (lieu habité et cultivé), puis en Kêr. Ce dernier désignait d’abord un lieu défensif, comme c’est toujours le cas en gallois (cf. Car dans Cardiff). Mais c’est à partir du Xe siècle que fleurissent partout les noms en Kêr, lorsque le terme prend le sens d'exploitation rurale et d’endroit habité." (Office Public de la langue bretonne)
http://www.fr.brezhoneg.bzh/7-noms-de-lieux.htm#par889
.
Il signale peut-être une seigneurie disparue, puisque de nombreux moulins à eau dépendaient des manoirs de seigneurs, qui les affermaient à des meuniers.
.
.
.
Je découvre pour la première fois aujourd'hui qu'une pierre a été conservée de l'ancien moulin, détruit au XXe siècle pour construire une exploitation agricole. Ce bloc de kersantite porte la date de 1795 et le nom du meunier d'alors, Isidore KERAUDREN. Les inscriptions, c'est ma passion. Surtout lorsque j'apprends que plusieurs ne sont pas parvenus à déchiffrer celle-ci. Un défi ?
.
.
.
L'inscription se déchiffre ainsi :
F : F : P : IIOSSE KINEC
ISIDOR KAUDREN 1795.
Soit "fait faire par [Joseph] Kerinec. Isidore Keraudren 1795".
Les lettres IIOSSE me tracassent un peu. On connait l'habitude d'abréger les noms en Ker- par la seule lettre K, aussi il n'est pas difficile de transcrire KINEC par KERINEC et KAVDREN par KERAUDREN. La date ne prête pas à discussion, lorsqu'on connait la façon d'écrire le 5 en forme de S.
Ma lecture va se trouver validée dès que je vais interroger les données généalogiques.
.
.
.
.
Une deuxième inscription, en pierre de Logonna cette fois, est sculptée dans une pierre de réemploi de la façade ouest du logis : On y lit en réserve dans un cartouche :
ANNE / COLIN.
.
.
.
On trouvera aussi sur le mur est de la grange rénovée qui lui fait face le chronogramme 1831 : une inscription plus tardive donc.
.
.
.
Les deux premières inscriptions prennent tout leur sens lorsque l'on sait qu'Isidore KERAUDREN a été le meunier de Kereuzen au XIVIIIe siècle, qu'il avait épousé Anne COLIN, et que sa mère était Marguerite KERINEC.
Les données généalogiques sont bien documentées.
.
.
Un peu de généalogie.
.
https://gw.geneanet.org/gabrielle5?n=keraudren&oc=&p=isidore
https://gw.geneanet.org/fharmegnies?n=keraudren&oc=&p=isidore
https://gw.geneanet.org/aperson?lang=fr&iz=10684&p=marie&n=keraudren&oc=10
Isidore KERAUDREN est né le 12 octobre 1741 à Kerdaniou – Crozon ; il faut assimiler le toponyme à celui de Kersaniou , noté Kerdaniou sur la carte de Cassini. Le lieu-dit Kersaniou se trouve sur le flanc sud de la vallée de l'Aber, à 1,2 km du moulin. Isidore a été baptisé le lendemain de sa naissance, à Kerdaniou.
.
Il est né de Jacques KERAUDREN, décédé avant 16 février 1813, et de Marguerite KERINEC, décédée avant 16 février 1813.
Jacques KERAUDREN, né le 17 décembre 1721 à Kerdaniou, Crozon, est décédé le 18 octobre 1787 à Moulin Rhun, Crozon à l'âge de 65 ans. Il se maria le 21 novembre 1740 à Crozon, avec
Marguerite KERINEC, née le 20 avril 1715 à Kerglintin Tréboul - Crozon, et décédée le 6 août 1779 à Kerglintin Tréboul - à l'âge de 64 ans. Elle était la fille de Jean KERINEC, né en 1692 à Ranvédan (au dessus de Postolonnec) et décédé le 20 janvier 1716 à Kerglintin Tréboul à l'âge de 24 ans . Marié le 5 juillet 1714 avec Jeanne SENECHAL, née en 1683, et décédée le 14 mai 1771 à Kerglintin Tréboul : veuve à 31 ans, elle épousa Jean KERAVEL, d'où 6 enfants. Marguerite KERINEC avait un frère Jean, né en septembre 1716- (contradiction avec le décès du père) ; j'y reviens.
Quel est ce "Moulin Rhun" de Crozon où décéda Jacques Keraudren ? Était-il lui-même meunier ? La carte de Cassini indique, en aval du moulin Colin, le moulin Kerune.
Isidore a donc un oncle maternel, Jean KERINEC (Kerglintin 1716-Kerdaniou1782), qui épousa Gilette KERAUDREN, 1718-1776, née à Kerdaniou (comme Isidore lui-même, et comme son père) et décédée à Kerdaniou, où le couple s'était semble-t-il installé. Enfin, il faut remarquer parmi les 8 enfants de ce couple Joseph KERVINEC, né à Kerglintin en 1749, et dont la date de décès est ignorée. Je le rapproche du IOSSE KERINEC de l'inscription de kersanton.
.
Isidore est l'aîné de 5 garçons, Jean (ca 1744-1747), Corentin (1749-1750), Allain (1752 -?), marié en 1775 avec Anne BOUSART, et Joseph, marié en 1767 avec Marie BOZENEC.
Isidore épousa le 8 juillet 1761, à Crozon, Anne COLIN, décédée avant le16 février 1813. Elle était la fille d'Yves et de Marguerite LE ROUX. Le couple eut 7 enfants.
Yves KERAUDREN ca 1767-1799
Joseph KERAUDREN 1767-1841 marié Avec Marie Françoise ROLLAND /1777
Marie KERAUDREN 1770- Mariée le 23 juillet 1788 avec Henry LE BOUSSARD. Leur fille Anne Marguerite épousera en 1811 à Telgruc Louis Maurice LE MONZE (Telgruc 1789-Crozon 1857) . Ils eurent trois enfants, Louis-Maurice (Telgruc 1816-Crozon 1878), Jean-Pierre (Crozon 1817 -Crozon 1853) qui épousa en 1850 Marie Perrine LE CAP, et Corentin (Crozon 1820-Crozon 1889) qui épousa en 1844 Marie HERJEAN.
Julien KERAUDREN 1772-1808 Marié le 16 février 1802 à Crozon, avec Marie LE CORRE/1785
Anne KERAUDREN 1776-1844 Mariée le 18 juillet 1799 à Crozon avec Pierre LE MIGNON ca 1771-
Marie Anne KERAUDREN ca 1780-1781
Pour ces sept enfants, nous disposons pour la plupart du lieu de leur baptême, à Kerglintin-Tréboul, près du Véniec, à près de 3 km du moulin. C'est a priori leur lieu de naissance. Anne Colin venait donc accoucher à Kerglintin ? C'était la maison d'origine de sa belle-mère (le domicile de ses beaux-parents ?) et certainement un lieu de convergence familiale. La petite Marie-Anne y fut inhumée le 21 novembre 1781.
- J'ai surligné en gras les enfants du couple Marie KERAUDREN/Henry LE BOUSSARD, car les naissances montrent que ce couple est venu s'installer à Crozon en 1817. Or, les noms de Louis LE MONZE et de Corentin LE CAP figurent au cadastre de 1831 pour les moulins de Pont-Men et de Kereuzen.
- J'ai surligné en gras le nom de Jeanne KERAUDREN, car c'est apparemment elle et son mari Pierre-Marie GOURMELEN I (déclaré meunier à leur mariage en 1802 et à son décès en 1808) qui reprirent le moulin. Elle est déclarée cultivatrice. Jeanne Keraudren est décédée à Kereuzen à 76 ans le 4 juin 1859. Son fils Pierre-Marie II Gourmelen est qualifié à son décès à Kereuzen de "forgeron cultivateur meunier".
.
Isidore KERAUDREN est décédé le 13 février 1813 à Kerdaniou. Il était alors veuf de son épouse Anne Colin.
.
.
Je note incidemment en 1838 un Philippe KERAUDERN demeurant à Trébéron et un Bernard KERAUDREN père et fils demeurant au Véniec.
.
.
.
Une pierre d'une forme particulière.
Le bloc de kersantite, actuellement déposé et présenté sur un muret fleuri devant la cour, n'est pas rectangulaire, mais le biseau du coté droit est sans doute intentionnel, puisqu'il est souligné par une moulure. Il est creusé de deux cavités de 4 cm de diamètre environ, et entaillé en sa partie basse par un onglet biaisé.
Ce n'est pas un linteau habituel, et il devait assurer un emploi précis dans le moulin.
Si on réfléchit au sens de l'inscription Fait faire par Joseph KERINEC / Isidore KERAUDREN 1795, nous pouvons penser que l'oncle et son neveu maternel ont fait exécuter des travaux suffisamment importants pour justifier la commande d'un tel travail de sculpture.
La date de 1795 ne correspond à aucun événement familial connu. Isidore KERAUDREN avait alors 54 ans.
.
.
.
Ce que nous savons du Moulin de Kereuzen.
Aujourd'hui, le moulin a été rasé, les pierres et les meules ont été enfouis par les bulldozer pour permettre la création des bâtiments actuels, qui reprennent des parties anciennes. C'est aujourd'hui une exploitation agricole (Joseph et Laurent Prigent ?) consacrée à l'élevage de vaches allaitantes (Charolais et Blonde d'Aquitaine).
Deux vestiges en pierre sont conservés, qui portent la marque de leur adaptation au fonctionnement du moulin.
.
.
.
Des fragments de la meule en silex.
.
.
.
Qu'apportent les cartes et photos aériennes ?
.
Allons du présent vers le passé. Cliquez sur les photos pour les agrandir. Source Geoportail Remonterletemps
.
La carte IGN.
La station de distribution d'eau potable de Poraon et son bassin de stockage de 3000 m3, qui remplace le moulin de Pont-Men, n'est pas encore indiquée. Elle assure 20% de la consommation d'eau potable de la commune.
.
.
.
La photo aérienne 2015.
L'usine de Poraon y est bien visible, de même que les bâtiments agricoles et d'habitation de Kereuzen et le petit pont.
Le trajet de la rivière peut se deviner par les hésitations de sa ceinture d'arbres, contrastant avec la rectitude des haies.
On lit aussi la persistance partielle de l'ancien maillage (jadis bien plus serré) des parcelles (mez, mezou) lanières orientés dans le sens de la pente.
En 1957, Pierre Flatrès, étudiant la structure rurale du Sud-Finistère d'après les anciens cadastres , écrivait : "Les parcelles des méjous bretons étaient de dimensions et de formes très diverses. On pouvait rencontrer des parcelles de dimensions très variables, depuis les parcelles minuscules des courtils, jusqu'aux lanières de certains terroirs de Crozon qui atteignaient 400 m de long. Dans cette commune, certaines parcelles étaient particulièrement étirées. Nous avons noté, près du Moulin Kereuzen (environs de l'Aber), une parcelle de 394 m x 3,2 m. Toutefois, sur la plupart des terroirs, les dimensions moyennes (100 à 150 m x 10 à 20) prédominaient. La forme des parcelles était aussi variable que leurs dimensions. La plupart, comme il est naturel, étaient longues et étroites, laniérées, mais certaines étaient rectilignes, d'autres incurvées, sans qu'on puisse en donner immédiatement une raison. "
.
.
.
Photo aérienne 2005.
.
.
.
Photo aérienne ancienne 1950-1976.
Deux remarques :
-le maillage plus étroit des champs-lanières
-la meilleure lisibilité du cours d'eau, qui se dédouble après Kereuzen .
.
.
.
Scan50 historique des années 1950.
.
Entre les villages de Poraon et Kerun au nord et de Kersaniou au sud, la rivière passe par Kerenzen (4 bâtiments, dont un sur la rivière), et Moulin de Pont-Men (symbole en roue dentée pour "moulin"). La rivière se dédouble entre les deux lieux en deux bras, forment une retenue apparente.
La graphie Kerenzen est étonnante pour la date de 1959.
.
.
.
Carte d'Etat-Major 1820-1866.
.
Même constatation, mais "Kerenzen" est précédé de la mention "Moulin". Un chemin descend de Kersaniou à Pont-Men , traversant la rivière en ce point pour regagner Trelannec ; un autre long la rivière au sud entre la route Quimper-Lanvéoc et Le Véniec et Kerglintin.
.
.
.
Cadastre de 1831, vue générale.
Le plan montre mieux la rivière se dédoublant en deux bras distincts entre Moulin de Kereuzen et Moulin de Pont-Men. Le bras nord, formant bief, est barré par le bâtiment de Pont-Men. Le moulin de Kereuzen semble avoir aussi un usage de ferme, car les trois bâtiments sont sur le chemin, et non sur la rivière. Il pourrait , comme un petit hameau, rassembler plusieurs familles qui ne travaillent pas en meunerie.
.
.
.
La carte de Cassini (1783).
Les feuilles du Finistère ont été levées vers 1783 et publiées entre 1789 et 1815. Les informations qu'elles comportent datent donc de 1783.
"Les formes des toponymes proviennent des usages locaux. En effet, les ingénieurs ont reçu pour mission de travailler, pour leur collecte, avec les habitants — le plus souvent, les curés et les seigneurs — des lieux cartographiés."
http://cassini.ehess.fr/cassini/fr/html/7_cassini.htm
La feuille Carhaix-Plouher n° 171 dressée les ingénieurs Langelay, Fessard et C. Aldring sous la direction de de César-François de Thury de Cassini (1714-1784) est divisée en 21 rectangles. Celui le plus occidental nous concerne. La route Quimper-Lanvéoc y rejoint la route Le Faou-Crozon au dessus de la chapelle Saint-Laurent, en un carrefour qui deviendra Tal-ar-Groas "croisement des routes"
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53095252f/f1.item.zoom
Nous y voyons l'Ance de l'Aber , la Rivière de l'Aber dominée au nord par Trébéron et Trellanec puis Porraon et au sud par Ruguenes [Raguenes], la Presqu'ile de Rozan et Kerdaniou [Kersaniou]. Lorsque l'estuaire se referme en un trait noir, le tracé de la rivière, les moulins apparaissent, signalé par une roue dentée : celui de Kerune, et celui de Colin. Ce dernier est accompagné du symbole indiquant un hameau. Plus loin, après la chapelle de Port-Salut (Porzh-Salo) un moulin n'est pas nommé : c'est celui de Ronvarc'h.
.
Nous constatons que le moulin Kereuzen a été nommé "moulin Colin" en 1783, du nom d'Anne Colin, la propriétaire (ou locataire), et non de celui de son mari Isidore Keraudren. Rappelons qu'Yves Colin, père d'Anne, y était décédé en 1766, tout comme sa mère Marie LE ROUX en 1779, et son frère Corentin COLIN en 1783 à 36 ans, alors que cette famille COLIN était passé par Landévennec (lieu de naissance d'Anne), Plogonnec ou Lennon, et Telgruc. Anne est venue à Kereuzen accompagnée dès 1766 (et vraisemblablement dès son mariage en 1761) de ses parents et de son frère.
Il n'est pas possible de préciser pourquoi le moulin n'est pas nommé KERAUDREN, alors qu'Isidore n'était pas décédé en 1783 et qu'il a inscrit son nom en 1795.
.
.
.
.
Qu'apportent les plans du cadastre de 1831 ?
.
La limite entre Telgruc et Crozon passe par la rivière : le moulin de Kereuzen est décrit sur le cadastre de Telgruc, ainsi que les terrains du sud de la rivière
Plan cadastral 3P45/2/54 section 24-5.
Etat de section 3P 45/6 volume 4 sections 24-29. Section 24 de Saint-Laurent.
Treboul 3P 45/1/44 section 23-1. Les états de section ne sont pas disponibles (un seul volume, 3P 282/2-3)
.
1. Telgruc, section 23-1.
Le dédoublement des bras, et donc le creusement d'un bief vers Pont-Men n'apparaît pas : il aurait été construit après 1831. Au contraire, c'est en amont de Kereuzen qu'un bief, rectiligne, suit, le long du chemin, le tracé serpentin de la rivière.
Les champs lanières qui descendent de Kersaniou sont orientés soit nord-sud, soit est-ouest.
.
.
.
2. Cadastre de Telgruc, section 23-1. Le moulin de K[er]euzen.
.
Parmi les bâtiments 12, 14 (en pointillé) 15, 18, 22 , le moulin correspond à 15, avec le symbole d'une roue : l'eau venant du bief et de la retenue 19 passe sous l'arche du bâtiment 15. Une autre roue est symbolisée près de 14, correspondant à un trajet accessoire de l'eau dessiné au crayon bleu. L'eau regagne le ruisseau juste après un pont.
Ce plan indique donc une roue horizontale sous le bâtiment, comme au moulin de Rosmadec à Telgruc, avant qu'une roue verticale y soit installée après 1831.
Cette roue à pirouette était sans doute mieux adaptée à un cours d'eau à faible débit et faible dénivelé : l'altitude passe de 23 m environ à Kerledan à 12 m à Kerezeun, 3 km en aval. On la retrouve à Pont-Men.
.
.
.
Le plan cadastral de Crozon.
.
Le moulin de Kereuzen n'y est pas représenté, hormis le "Pont du moulin de Kereuzen". Il correspond à une zone déchirée. Bizarrement (le plan est-il plus tardif ?), juste après ce pont, un bief est figuré, au nord du ruisseau, se dirigeant vers l'étang 2173 puis le moulin avec sa roue. Là encore, une deuxième roue occupe le bâtiment 2175.
Après les parcelles 2423 à 2425, la parcelle 2426, nommée foennec vras ar pont (grand pré du pont) est attribuée sur l'état de section à "Le Cap Corentin, meunier moulin de Kereuzen".
La parcelle 2299 appartenant à Pierre Le Corre est nommée foennec pont ar veil, "pré du pont du moulin".
.
.
.
Entre le bief et la rivière, les parcelles 2175 à 2178 et 2294 à 2297 portent le nom de Tré an daou dour, "pâture entre deux eaux".
Sur la pente nord, les parcelles en lanières 2179 (foennec vras), 2180 (foennec voan) et 2181 (foennec arguyoarch), et suivantes sont soit des landes, soit des près.
.
.
.
Le moulin de Pont Men.
Il est intéressant à étudier pour nous documenter sur celui de Kereuzen. L'état de section indique :
2167 : Le MONZE Louis, meunier. Moulin de Pont-Men : Pratiz ar veil ("la pâture du moulin")
2168 : Le MONZE Louis, meunier. Moulin de Pont-Men . [Soldiv ?] à eau et courtil.
2173 : Le MONZE Louis, meunier. Moulin de Pont-Men ; étang : al len ("la mare")
2174 : Le MONZE Louis, meunier. Moulin de Pont-Men ; ar veil hir du [le long moulin noir]; Moulin à eau [Soldiv ?] à eau et courtil.
Didier Cadou a lu ar rodo goll : "canal de décharge". Il précise comment Louis Maurice Le Monze, cultivateur, demeurant à Kerdaniou, a acquis le 15 septembre 1825 le moulin à Louis, René et Adélaïde Visdelou de Bedée, héritiers de leur père Charles-François Hyacinthe-Claude marquis de Bedée, et de leur mère Bonne du Han, décédée en 1816.
.
.
Le bief aboutit à l'étang de retenue 2173 qui se déverse sous le moulin 2168 avec sa roue placée au milieu (et non latéralement) : une roue à pirouette ? Puis elle traverse la pâture 2167 pour rejoindre la rivière.
L'étang peut être dérivée directement dans la rivière par un canal, auquel se rattache un bâtiment comportant un roue de moulin : 2174, qui est décrit de la même façon que le moulin 2168.
Dans les deux moulins, l'eau passe sous le moulin et non à coté.
Le moulin de Pont-Men, mentionné dès 1725, sera définitivement fermé en 1956 par Alain LE CORRE.
..
.
.
L'apparition de Corentin LE CAP, Meunier à Kereuzen entre (au moins) 1831 et (au moins) 1859.
.
1°) Le nom de Corentin Le Cap avec le qualificatif de meunier au Moulin de Kereuzen apparaît dans l'état de section du cadastre de Crozon pour la parcelle 2426 Foennec vras ar pont.
Il est possible ou vraisemblable que nous aurions retrouvé ce nom pour les parcelles du cadastre de Telgruc correspondant au moulin de Kereuzen, mais l'état de section n'est pas disponible.
2°) Il apparaît comme déclarant sur l'acte de décès de Jeanne Keraudren, cultivatrice, 78 ans, le 5 juin 1859 au moulin de Kereuzen. L'acte précise l'âge de Corentin LE CAP, 65 ans, sa profession, meunier, et son domicile, Moulin de Kereuzen.. Il était donc né en 1794. Il est accompagné d'un deuxième déclarant, Michel LE CAP, cultivateur, 29 ans, Moulin de Kereuzen.
https://gw.geneanet.org/harmegniesmad?lang=fr&p=jeanne&n=keraudren&oc=1
3°) Un généalogiste, François HARMEGNIES, signale son décès un an plus tard, le 27 décembre 1860, au Moulin de Kereuzen.Il indique les identités de son père, Jean LE CAP, né vers 1768, décédé le 4 août 1814 à Kerazoret - Crozon (au nord de Kergoff-Port-Salut), cultivateur, marié le 10 février 1790 avec Anne Le Corre (16 août 1765, Penanhoat en Crozon - 30 novembre 1844 à Crozon, cultivatrice)
https://gw.geneanet.org/fharmegnies?lang=en&pz=francois+edouard&nz=harmegnies&p=corentin&n=le+cap&oc=2
4°) Un autre généalogiste, Jocelyn Person indique sa date de naissance le 12 Octobre 1794 et son décès le 27 décembre 1860, ainsi que son mariage avec Jeanne KERMARREC (12 janvier 1802-17 avril 1885 à Kerbastum, Crozon), fille de André KERMAEC et de Jeanne GOURMELEN.
La même source indique les neuf enfants de Corentin LE CAP :
https://gw.geneanet.org/j438?lang=en&p=corentin&n=le+cap&oc=2
1. Anne Perrine LE CAP 1822-1845 Mariée le 23 Juillet 1844 avec Jean Marie KERAUDREN 1818, d'où :
Marie Perrine KERAUDREN 1845-1884 Mariée le 18 juillet 1865 avec Joseph Marie GRAVERAN 1835-1869
2. Marie Anne LE CAP 1824-1846 Mariée le 23 Juillet 1844 à Crozon (la même date que sa soeur), avec Jean Pierre LE MONZE 1817-1853 d'où
Louis Marie LE MONZE 1846-1856
3. Marie Perrine LE CAP 1827 Mariée le 6 février 1850 à Crozon , avec Jean Pierre LE MONZE 1817-1853 , d'où
Jean Michel LE MONZE 1851-1851
Anne Perrine LE MONZE 1852 x 4 Juillet 1868 à Alain DERRIEN 1846
Puis cette Marie Perrine LE CAP épousa le 14 février 1857 à Crozon Jean Marie BILLANT 1828 d'où 3 enfants
4. Marie Michelle LE CAP 1829-1829
5. Jean Michel LE CAP 1830 Marié le 12 Janvier 1856 à Crozon avec Barbe LE SENECHAL 1838 d'où
Jean Pierre LE CAP 1859-1889
Marie Yvonne LE CAP 1865 Mariée le 6 Janvier 1886 à Crozon avec Alain BOUSSARD 1861
Marie Claude LE CAP 1870-1930 x 29 January 1893 à Jean-Claude LE CORRE 1864 :
6. Pierre Marie LE CAP 1832-1883 x Marie DERRIEN †1897
7. François LE CAP 1835-1899 x 11 Janvier 1864 à Marie Anne BODENAN 1836-1873
8. Corentin LE CAP 1838-1838
9. Jean Claude LE CAP 1839-1840 x Anne Perrine KERAUDREN, décédée 14 February 1820
.
.
.
Pierre-Marie Gourmelen, meuniers à Kereuzen.
.
1. Pierre-Marie GOURMELEN , (Crozon 1777 -Crozon 1808), meunier 1802-1808.
Sa profession de meunier est indiquée sur l'acte de mariage du 16 février 1802 avec Jeanne KERAUDREN, sur l' acte de naissance de son fils Pierre-Marie en 1805, et sur son acte de décès à 36 ans.
https://gw.geneanet.org/harmegniesmad?lang=fr&p=pierre+marie&n=gourmelen
2. Jean Pierre-Marie GOURMELEN , (Crozon 1805-Kereuzen Crozon 1863), forgeron cultivateur meunier .
https://gw.geneanet.org/harmegniesmad?lang=fr&p=jean+pierre+marie&n=gourmelen
Sa profession de meunier apparaît sur un acte de 1849. Cette année, (sans doute en renouvellement d'un bail de 1840), Pierre Gourmelen, "meunier et cultivateur", loue pour neuf ans l'île de Rozan à son propriétaire, Louis-Victor Bourassin. (J.J. Kerdreux, Avel Kornog n°24 p. 53).
Elle apparaît aussi en 1861, 1862, 1863, 1863 et 1865 sur l'acte de naissance de ses enfants Anne, Jean-Pierre, François-Mathurin, et Catherine.
.
.
.
.
Enfin, les actes d'état-civil mentionnent deux femmes :
a) Marie-Anne Kerspern, cultivatrice à Kereuzen en Crozon en 1935
b) Marie-Berbiline RITA, cultivatrice, demeurant Moulin de Kereuzen où elle décéda le 12 avril 1953
https://gw.geneanet.org/ritap?n=rita&oc=&p=marie+berbiline
.
La population de Kereuzen en 1841.
Registre de recensement Crozon 6M241.
Ce registre décrit deux lieux-dits "Moulin de Pont-Neuf": le second doit être assimilé à Kereuzen.
a) Moulin de Pont-Men n° 7863 à 7872. 8 personnes.
Louis LE MONZE, meunier.
Jean-Pierre LE MONZE, son fils, meunier.
Corentin LE MONZE, charpentier
Louis Maurice LE MONZE,, cultivateur,
Marie-Jeanne KERAUDREN, cultivatrice.
Marie-Claude LE BOUSSARD, domestique,
Alain LASTENNET, domestique.
b) Moulin de Pont-Men n° 8098-8118. 22 personnes (moulin de Kereuzen)
Corentin LE CAP, cultivateur
Marie-Jeanne KERMARREC, son épouse,
Anne, Marie-Anne, Perrine, Michel, Pierre, et François LE CAP cultivateurs
Jeanne Cor---ff, domestique, enfant trouvé
Pierre THIEC, domestique.
Pierre GOURMELEN, meunier et Marie-Jeanne POSTIC son épouse,
Jean-Pierre Marie, fils, , Isidore, Anne, Marie Corentine, et Joseph GOURMELEN, cultivateurs,
Anne KERAUDREN cultivatrice
Etienne KERAUDREN, Henry RIOU et Anne Alix, domestiques
.
La population de Kereuzen en 1911.
Le registre de recensement (où Pont-Men ne figure pas) comptabilise trente personnes appartenant à cinq familles : celle de Yves KERSPERN, Pierre LE CORRE, Corentin DERRIEN, Joseph LE CORRE et Alain DERRIEN. Les chefs de famille sont qualifiés de cultivateur, et aucun de meunier. Ainsi :
Yves KERSPERN (né en 1868), "cultivateur", "chef, patron"
Marie-Yvonne (1874), son épouse
Marie (1901), Jeanne (1902), Anna-Perrine (1903?), Marie-Anne (1907) et Joseph-Marie (1911), leurs enfants
Marie-Anne LASTENNET (1834), "mère" (de Marie-Yvonne ?)
Eugène (Kerspern?), domestique, cultivateur
.
Pour évaluer la valeur de ces chiffres de nombre d'habitants au moulin de Kereuzen, je peux me baser sur le registre du recensement de Telgruc en 1841 — page 11— pour le moulin de Ronvarc'h, immédiatement en amont de Kereuzen, avec ses 9 habitants : outre les deux meuniers Jean MORÉ, veuf, ( et ses enfants Yves et Barbe), et Pierre-Marie MORÉ (et son épouse Marguerite FOUEST et leur fils Jean), 3 domestiques sont employés. http://www.notrepresquile.com/population/recensement/telgruc/1841.php
Au moulin de Kerloc'h, toujours sur Telgruc, le meunier Yves FOUEST habite avec sa femme Marie-Jeanne QUEMENER, leurs fils Nicolas et Pierre et leur fille Anne.
.
CONCLUSION.
J'ai abordé ce sujet en simple curieux, sans connaissances locales ni compétences ; mon enquête sur place m'a appris que d'autres m'avaient précédé, mais je n'ai pas trouvé de publication ni de documents : je souhaite que cet article incite les auteurs plus qualifiés que moi à approfondir la connaissance sur ce moulin, et à corriger mes erreurs.
.
.
.
Une mise à jour en novembre 2021 : Tanguy RIVIDIC, meunier de Kereuzen en 1743.
Cette information est attestée par un papier timbré découvert dans des archives familiales privées.
Il permet d'interroger la base Geneanet :
Jean RIVIDIC est né vers 1655 à Crozon et il est décédé à Kereuzen, précisément en cette année 1743. Sa profession est celle de meunier.
https://gw.geneanet.org/villadesresedas?lang=fr&p=jean&n=rividic&oc=1
Il eut un fils Jean qui fut baptisé en 1694 à Kereuzen, et y mourut à 13 ans en 1707. Un autre fils, Daniel, est décédé à 1 an, à Kereuzen.
https://gw.geneanet.org/villadesresedas?n=rividic&oc=4&p=jean
Il a épousé vers 1675 à Crozon Anne DAINCUFF (v.1655-1721) et a eu six enfants, dont le dernier est notre Tanguy.
Ce Tanguy RIVIDIC est né le 1er août 1705 à Crozon, et a épousé le 27 janvier 1724 Marie KERMARREC. Leurs enfants éventuels ne sont pas spécifiés. Les témoins du mariage sont son père Jean, mais aussi son beau-frère (Jean) LE MOIGNE, qui a épousé vers 1719 Anne RIVIDIC. Parmi les quatre filles de ce couple, les deux premières sont nés à Brospell, mais en 1728 et 1730, les deux autres sont nées à Kereuzen : Jean LE MOIGNE a-t-il travaillé auprès de son beau-père comme meunier ?
.
Remontons maintenant au grand-père de Tanguy c'est un homonyme, Tanguy RIVIDIC, né vers 1625 à Crozon et qui eut 8 enfants, dont sept fils. Outre Jean, déjà nommé, il faut citer Guillaume, qui est mentionné comme meunier ; s'il est décédé en 1721 à Kervenguy, Crozon (à 800 m. au nord-est de Kereuzen), sa fille Françoise est décédée en 1726 à Kereuzen.
https://gw.geneanet.org/villadesresedas?lang=fr&p=tanguy&n=rividic&oc=2
https://gw.geneanet.org/villadesresedas?lang=fr&p=francoise&n=rividic&oc=1
Au passage, je note : Catherine LE CORRE, née en 1713 à Kereuzen, décédée en 1758 à Brospell (cf. Jean Le Moign supra). Elle épousa Philippe LE MOIGN.
https://gw.geneanet.org/doma?n=le+corre&oc=&p=catherine
.
.
.
LES AUTRES MOULINS À EAU DE LA PRESQU'ÎLE.
La carte de Cassini en montre :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53095237v/f1.item.zoom
— 6 sur la rivière de l'Aber, Kerune, Colin, [Ronvarc'h], puis sur Telgruc Kerspern, Kerledan et sur Argol Kerenpren.
—2 à Telgruc sur le ruisseau alimentant le Port de Goat : ceux de Kergreac'h (Port du Craon) et Kerstaigoff [Rostégoff]
— 1 sur Roscanvel, "Pointe du Diable" (sur le ruisseau Ragadal IGN).
Cette quantité est sans doute sous-estimée, mais la recherche est rendue plus difficile sur les cartes postérieures. On signale aujourd'hui que plusieurs dizaines de moulins à eau existaient sur la Presqu'île.
Didier Cadiou en compte 10 sur le cours de la rivière de l'Aber : Pont-Men, Kereuzen, Ronvarc'h (ou Meil Gorré), Le Launay, Meil Jeun, Keredan, Peran, Kernon, Kerloc'h, et Moulin-Neuf sur Argol.
Parmi ceux de Telgruc, le Moulin de Kerledan a été restauré et remis en fonctionnement.
Sur la presqu'île de Crozon, il signale en outre ceux de Lostmarc'h, Tromel, Penfond (ou Penfont, sur la rivière de Kerloc'h), La Fraternité (Roscanvel), Poulmic (Lanvéoc), et Rosmadec (Telgruc).
https://www.presqu-ile-de-crozon.com/lanveoc/manoir-de-poulmic-001.php
" Le moulin de Rosmadec est lié au manoir disparu du même nom. La porte du 16e siècle semble être le seul vestige du moulin primitif. Le cadastre ancien figure un moulin à roue horizontale alimenté par un canal qui mène l'eau sous le bâtiment. Le moulin actuel semble avoir été partiellement reconstruit après 1831selon un autre système de fonctionnement. "
Moulin à eau de Roscanvel. https://www.presqu-ile-de-crozon.com/roscanvel/moulin-a-eau-roscanvel-001.php
Les moulins à eau les plus nombreux se trouvaient sur les ruisseaux se jetant dans l'Aulne, à Trégarvan (n=4) et à Dinéault (n=16).
À Trégarvan, : "Des quatre moulins figurant sur le cadastre de 1831 (moulin de Garvan, deux petits moulins au Cosquer, moulin de Kerfréval), seul celui du Garvan subsiste en partie en élévation. Les trois autres, situés sur le Stêr ar Pont Men, un affluent de l'Aulne séparant Trégarvan d'Argol, à l'ouest de la commune, ont disparu. Envisagé en 1837, le projet d´installer un haut fourneau près du moulin du Garvan n'a pas été réalisé."
À Dinéault , il en existait 16 en 1848, dont 9 ont disparu. Il persiste les vestiges des moulins de Coz Veil, Kergoat, de Rouinstin et du Veyer. Le "Moulin d'Eau" dépendait du manoir de Trévoazec (Trefgoazec en 1536). Le Moulin de Rozarnou dépendait du manoir de Rozarnou.
"Pour la plupart déjà présents sur la carte de Cassini (vers 1770), les moulins à eau de Dinéault étaient particulièrement nombreux. Parmi les seize sites localisés sur le cadastre de 1848, douze figurent sur le Garvan, un affluent de l´Aulne (Cosquer, Kerveur, Veyer, Lézaff, Treffiec, Ty Voënnec, le Stir, Kernevez, Kergoat, Roscoat, Coz Milin, Rouistin), un sur un affluent du Garvan (moulin de Dourvénez), un sur un affluent de l´Aulne (Roudouhir) et deux sur des affluents de la rivière de l´Aulne (Moulin d´Eau, Rozarnou). Les édifices, pour l'essentiel bâtis aux 17e et 18e siècles, s'ils n'ont pas disparu, ont connu des remaniements successifs ou des reconstructions entières. En 1799, le moulin de Veyer, tenu à titre de domaine congéable depuis 1766 par un nommé Le Pennec, était couvert de chaume. A l'état de vestiges en 1968, le rez-de-chaussée était divisé en deux parties abritant les mécanismes d'un côtés (deux roues horizontales) et la salle commune de l'autre. Le moulin de Coz Veil, remanié, porte la date de 1799. Le moulin de Kergoat (Ty Coz) abritait en 1970 les vestiges de meules. Plusieurs moulins, dont deux dans un état de conservation critique (Rozarnou, Moulin d'Eau), conservaient encore une partie de leurs mécanismes lors de l'enquête de 1968-1970. Ils font, tout comme le moulin de Lézaff, l'objet de dossiers individuels."
http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/ancien-moulin-rozarnou-dineault/24b97466-8340-4ae2-b701-bcd9b77d1858
Moulin de Lézaff sur le Garvan
Le moulin était alimenté par plusieurs cours d'eau dérivés du ruisseau du Garvan. Il dépendait à l'origine du manoir éponyme situé à quelques centaines de mètres au sud. En 1719, il fait toujours partie du domaine noble de Lézaff. Le bâtiment actuel, qui abritait à la fois les mécanismes et le logis du meunier, porte la date de 1792. L'activité s'est arrêtée dans les années 1950. Parmi les deux meules en place en 1968, une seule subsiste aujourd'hui. Le cadastre de 1848 fait état d'un système hydraulique complexe, encore en grande partie identifiable (retenue, canaux d'amenée) alors que le four à pain situé au milieu de la cour a disparu. D'une ferme au sud subsistent le logis et les dépendances (transformées).
Le site a gardé l'empreinte de son usage ancien. Le moulin de Lézaff est le seul moulin de Dinéault qui conserve encore une de ces meules en pierre calcaire concassé et cerclé.
le Moulin d'Eau (Dinéault)
Le moulin dépendait du manoir de Trévoazec (Trezfgoazec en 1536). Le cadastre de 1848 fait état de deux parties ; les bâtiments au nord correspondent au logis (18e siècle remanié au 19e siècle) et à un four à pain, les deux bâtiments au sud dont un portait la date de 1694 abritaient respectivement les mécanismes d'un moulin à pirouettes avec une roue horizontale et une remise surmontée d'un grenier, à l'origine également un moulin comme le montre le cadastre se 1848. Ces deux corps de bâtiments étaient traversés par un petit ruisseau, affluent de l'Aulne. L'ensemble était en ruine avant 1970. Le logis et le four à pain sont en cours de réhabilitation.
Le Moulin de Rozarnou
Le moulin dépendait du lieu noble de Rozarnou, propriété des Kersauson en 1536. Situé dans l'ancien bois seigneurial et alimenté par un affluent de l'Aulne, il a été reconstruit au 19e siècle. En 1968, la structure du bâtiment et les mécanismes, bien que désaffectés, étaient intacts et le bâtiment était partiellement couvert de chaume. Un nouveau logis a été récemment construit à côté du moulin ruiné. Le site, inaccessible lors de l'enquête, a été profondément restructuré à l'époque contemporaine, avec, notamment, la création d'un étang au nord.
Je signale en Finistère les moulins à eau conservés :
Moulin du Pont à Daoulas (écomusée)
Moulin de Keriolet à Beuzec-Cap-Sizun
Musée de la Rivière à Sizun (Parc d'Armorique)
.
Plans cadastraux de quelques moulins.
.
.
.
SOURCES ET LIENS.
.
— BUFFET (Henri-François), 1952, La toponymie du canton de Port-Louis Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1952 59-2 pp. 313-336
https://www.persee.fr/doc/abpo_0003-391x_1952_num_59_2_4403
— CADIOU (Didier), KERDREUX (Jean-Jacques), 2015, Toponymie de Tal-ar-Goas, Avel-Gornog n°24 pages 73-79.
— CADIOU (Didier), 1994, Le moulin de Pont-Men, Echo des Moulins, 2 pages.
— FLATRÈS ( Pierre), 1957, La structure rurale du Sud-Finistère d'après les anciens cadastres . In: Norois, n°16, Octobre-Décembre 1957. pp. 425-453; doi : https://doi.org/10.3406/noroi.1957.1191 https://www.persee.fr/doc/noroi_0029-182x_1957_num_16_1_1191
https://www.persee.fr/doc/noroi_0029-182x_1957_num_16_1_1191
— TRÉPOS (Pierre), 1953 La notation des toponymes bretons Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1953 60-1 pp. 200-212
https://www.persee.fr/doc/abpo_0003-391x_1953_num_60_1_1927
.
Les sourires de la pluie à Crozon.
Un défilé "Tee shirt mouillé" dans mon jardin.
.
Voir :
.
Cliquez sur l'image pour le diaporama.
.
Le Trèfle des près Trifolium pratense L.
.
.
Le Pavot de Californie Eschscholtzia californica Cham. 1820.
.
.
.
L'Iris de jardin, Iris barbu.
.
.
.
La Pensée sauvage Viola tricolor.
.
.
.
La Marguerite des près.
.
.
.
La Monnaie du pape Lunaria annua L. 1753.
.
.
La Tulipe.
.
Le porche sud (kersantite et microdiorite quartzique, 1665, Jean Le Bescont) de l'église de Ploudiry.
.
Sur cet enclos paroissial, voir :
.
.
La source principale de mon article sera l'ouvrage de E. Le Seac'h 2014, auquel je ferai de nombreux emprunts.
.
PRÉSENTATION.
.
Le porche sud, qui a été conservé lors de la reconstruction de l'église par Le Bigot en 1856, est attribué à l'architecte-sculpteur Jean Le Bescont, actif vers 1650-1682 et qui aurait pu se former auprès de Roland Doré dont l'activité s'achève en 1663. Outre un atelier à Landerneau, comme les ateliers précédents pour l'approvisionnement en pierre par l'Élorn, il en aurait eu un autre à Carhaix où il est maître-architecte, entrepreneur et picoteur (sculpteur sur pierre).
Jean le Bescont est connu par des archives (Castel et Thomas ; Couffon 1961) qui le désignent comme architecte sur l'église de Saint-Thégonnec (chapelles latérales en 1650, associé avec G. Le Tauq) et sur celle de Locmélar. En 1678, il refait le quai de Cornouailles à Landerneau.
A Ploudiry, en 1679, il travaille avec Jean Le Roy, de Landerneau, et quelques autres picoteurs: perçoivent 157 livres 2 sols "pour toutes les journées qu'ils ont employées à tailler les deux battelées de pierre de Logonna qui sont dans le cimetière pour commencer un jour (dieu aydant) à rebâtir l'église".
En 1684, avec le maître-architecte Yvon Le Bescont (son fils ?), il prend en charge le chantier de dépose des pierres de la "pyramide" du clocher de Ploudiry.
Une activité de sculpteur.
En 1681, Jean Le Bescont assisté de Guillaume Abgrall, maître-maçon, construit le chevet sur l'église de Locmélar. Il y aurait sculpté le Apôtres du porche, lequel est daté de 1664. Il sculpta aussi les Apôtres de Goulven et de Dirinon.
.
Il a réalisé aussi les deux termes gainés, commandés en 1679-1680 par la fabrique, de l'ossuaire de Saint-Thégonnec, dont il est l'auteur de 1676 à 1682 .
Enfin, il a sculpté le bénitier de 1681 de La Martyre, et celui de 1680 de Ploudiry.
Toutes ces œuvres permettent de définir ses caractères stylistiques.
"La particularité de Jean Le Bescont est de donner à ses personnages des orbites très rondes avec un fin contour et une arcade sourcilière marquée. Les visages sont compris dans un rectangle aux angles adoucis agrémentés d'une barbe méchée, finement peignée. Le hiératisme des Apôtres est rendu par le dessin des lèvres fines et serrées, dont la commissure sont à peine tirées vers le bas. Les sourcils sont dessinés par la jointure entre la paupière supérieure et le bas du front. Les mains longues et fines ont été sculptées avec un soin particulier. Elles occupent une position centrale en tenant les attributs qui permettent de reconnaître les Apôtres.. Les pommettes sont hautes et peu saillantes. les paupières sont plus accentuées pour donner du relief au modelé. La barbe est stylisée en longues mèches bouclées avec des lignes serrées qui suivent le mouvement ondulé des boucles. L'œil taillé en amande au modelé convexe est enfoncé dans le globe oculaire. La taille des yeux est presque disproportionnée par rapport au visage et donne une force hiératique aux personnages. Les volumes sont fermés et compacts dans une facture compassée et sèche" (Le Seac'h p. 294)
.
Datation.
Elle s'appuie sur le cartouche intérieur mentionnant la date de 1665 après le nom de deux fabriciens. Le portail extérieur n'est pas daté, mais ses contreforts portent les noms de 4 fabriciens différents de l'intérieur : ce qui suppose une ou deux autres années d'exercice des commandes de la fabrique.
.
La structure du porche.
Le porche de style Renaissance 'est pas achevé. Couronné par un toit à quatre pans, il est inspiré par le porche de Saint-Houardon de Landerneau, qui est daté de 1604. Il est en pierre jaune de Logonna (microdiorite quartzique, comme l'ossuaire) et en kersantite pierre gris sombre au grain fin pour les éléments sculptés. Ce sont à l'intérieur les dais à lanternon et à dômes, les colonnes et la frise inférieure à griffons , et à l'extérieur l'arc d'entrée, l'entablement et la partie supérieure des contreforts.
Le porche est formé d'une grande arcade au bord décoré d'une guirlande de boules et de feuillages. Elle est encadrée de colonnes baguées à la Philibert Delorme (dont on sait l'influence sur le château de Kerjean à Saint-Vougay près d'un siècle auparavant).
Piédroits et voussures sont sculptés de petits personnages inspirés de la même thématique de l'Ancien Testament que les ateliers des Prigent à Pencran ( 1553) et Landivisiau (1554-1565) et celui du Maître de Plougastel à Guimiliau (1606-1617), sans que nous sachions si cette inspiration proche de l'imitation relève d'un choix du sculpteur ou d'un souhait de la fabrique.
Voir :
Le porche (Prigent, 1554-1559) de l'église de Landivisiau. II. La grande arcade extérieure.
Le porche (1554-1559) de l'église de Landivisiau. I. L'extérieur.
Voir aussi d'autres porches ou portails :
Le portail sud de l'église de La Roche-Maurice. (vers 1530-1550, kersanton, atelier Prigent ?)
L'église Saint-Salomon de La Martyre. I. L'Arc de Triomphe (vers 1520) et le Porche sud (vers 1450).
L'église Notre-Dame de Rumengol (29). III. Le porche sud (vers 1468).
L'enclos paroissial de Brasparts. I. La Démone tentatrice du porche sud. (1592)
.
Porche sud (1665, kersanton et pierre de Logonna, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Porche sud (1665, kersanton et pierre de Logonna, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
I. L'ENTABLEMENT ; LES CONTREFORTS ; LES COLONNES .
.
Un entablement est posé sur des colonnes cannelées au chapiteau corinthien en kersanton; La frise est décorée d'arabesques, et de rinceaux entourant deux chimères ailées tenant les fleurs d'un vase. Le bas du corps de ces êtres à visage et buste humains se transforme en une queue écaillée de feuilles, s'achevant en plumes.
.
Porche sud (1665, kersanton et pierre de Logonna, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Porche sud (1665, kersanton et pierre de Logonna, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
Les contreforts en pierre de Logonna et leurs inscriptions.
Le contraste entre le jaune veiné de la pierre de Logonna et le gris du kersanton est exploité sur nos plus beaux monuments (chapelle de Rocamadour à Camaret), où le soleil breton se plaît à y créer ses jeux de lumière.
"Des contreforts de biais flanquent les angles du porche. Leurs niches sont surmontées de dais à dômes. La partie inférieure est décorée de têtes de lion sur la face centrale et de masques crachant des tiges de feuillages sur les deux autres faces. Dessous, les motifs ovales entourés de galons plats se répètent. Le sculpteur, faisant preuve d'une grande originalité, est allé jusqu'à placer des ornements sur le haut des cotés ouest et est du porche : ce sont des cercles concentriques alternant avec des denticules. Le vocabulaire de la renaissance et de ses ornements -masques, volutes et arabesques -ponctue les différents niveaux. Il est parfaitement maîtrisé par Jean Le Bescont" (Le Seac'h)
Mais nous pouvons nous étonner de ce recours anachronique au style Renaissance en pleine apogée du classicisme.
.
Les inscriptions occupent les deux cotés :
.
F: K : G/OAT : F / H : NICO/LAS : F
Ce sont les noms des fabriciens : F.K. LE GOAT, fabrique H. NICOLAS, fabrique.
Une famille LE GOAS est attestée. Le deuxième fabricien pourrait être Hervé NICOLAS, qui eut de Françoise KERBRAT 5 enfants entre 1650 et 1655
.
Porche sud (1665, kersanton et pierre de Logonna, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Porche sud (1665, kersanton et pierre de Logonna, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Porche sud (1665, kersanton et pierre de Logonna, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Porche sud (1665, kersanton et pierre de Logonna, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Porche sud (1665, kersanton et pierre de Logonna, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Porche sud (1665, kersanton et pierre de Logonna, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Porche sud (1665, kersanton et pierre de Logonna, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Porche sud (1665, kersanton et pierre de Logonna, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Porche sud (1665, kersanton et pierre de Logonna, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Porche sud (1665, kersanton et pierre de Logonna, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Porche sud (1665, kersanton et pierre de Logonna, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Porche sud (1665, kersanton et pierre de Logonna, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Porche sud (1665, kersanton et pierre de Logonna, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
Les colonnes en kersanton.
.
Le bas des colonne est orné de masques aux yeux globuleux desquels partent des losanges de linges qui s'entrelacent, accueillant dans leur balançoire des grappes de raisins picorées par des couples d'oiseaux.
.
Porche sud (1665, kersanton et pierre de Logonna, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Porche sud (1665, kersanton et pierre de Logonna, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Porche sud (1665, kersanton et pierre de Logonna, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
Les colonnes reposent sur des stylobates avec en médaillon les apôtres Pierre à gauche et Paul à droite.
Porche sud (1665, kersanton et pierre de Logonna, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
La statue de saint Sébastien (kersantite).
.
On a vu que les personnages bibliques des moulures des piédroits et voussures (que nous allons découvrir) sont scrupuleusement imités des porches sculptés par Bastien et Henry Prigent à Pencran et Landivisiau. Mais cette statue de saint Sébastien est attribuée, pour le coup, à Bastien Prigent par Emmanuelle Le Seac'h qui écrit :
"Le martyr se tient droit, fièrement, les mains liées par des cordes à un arbre touffu à la houppe ronde et aux feuilles en écaille. La trace des flèches sont représentées par des petits trous dans la pierre. Le corps maigre possède les mêmes épaules aux articulations souples qu'à Trémaouezan [ contrefort de droite du porche sud : Dieu le Père portant le corps de son Fils sur ses genoux]. On voit sur ces deux statues le point faible su sculpteur Prigent : il est peu à l'aise pour représenter la nudité. Les pieds et les mains des personnages sont souvent disproportionnés par rapport au reste du corps et les articulations manquent de rondeur. Par contre, le visage à l'ovale parfait, encadré d'une chevelure bouclée, est d'une grande maîtrise."
Ces réserves, qui ne parviennent pas à tempérer mon enthousiasme pour cette œuvre, n'ont pas empêché l'auteure, ou ses éditeurs, de la choisir pour la photo de la couverture de Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne".
.
Saint Sébastien, (XVIe siècle, kersanton, Bastien Prigent) niche du contrefort droit du Piédroits du porche sud de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Saint Sébastien, (XVIe siècle, kersanton, Bastien Prigent) niche du contrefort droit du Piédroits du porche sud de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Saint Sébastien, (XVIe siècle, kersanton, Bastien Prigent) niche du contrefort droit du Piédroits du porche sud de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Saint Sébastien, (XVIe siècle, kersanton, Bastien Prigent) niche du contrefort droit du Piédroits du porche sud de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Saint Sébastien, (XVIe siècle, kersanton, Bastien Prigent) niche du contrefort droit du Piédroits du porche sud de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
LES PIÉDROITS ET VOUSSURES DU PORCHE.
.
Les saynètes des piédroits et voussures reprennent le même schéma qu'à Pencran, Landivisiau ou Guimiliau dans un déroulé sur deux moulures qui culminent sur une agrafe centrale. Il faut les lire par niveaux horizontaux, à gauche puis à droite, puis monter d'un cran et lire à nouveau la saynète de gauche, puis de droite.
.
Les piédroits : 3 étages de 2 niches de chaque coté.
1. À gauche. La Tentation d'Adam et Ève .
2. À droite : Adam et Ève expulsés du Paradis par un ange .
3. À droite : Adam et Ève après l'expulsion : maternité et travail de la terre.
4. À droite : les sacrifices de Caïn et Abel .
5. À gauche. Le meurtre d'Abel par Caïn (surmontée de deux enfants sur les dais).
6. À droite. L'ivresse de Noé (surmontée de deux enfants sur les dais).
Transition : 2 petits personnages de chaque coté sur les dais.
Les voussures. 6 étages de 2 niches de chaque coté.
7. À gauche : Deux prophètes bibliques .
8. À droite : Deux prophètes bibliques .
9. À gauche : Deux personnages bibliques dont David et sa harpe .
10. À droite : Deux prophètes bibliques .
11. À gauche : saint Augustin et saint Jérôme.
12. À droite : saint Grégoire en pape et saint Amboise de Milan en évêque.
13. À gauche : Les porteurs des instruments de la Passion : le Fouet de la Flagellation et la colonne ; la croix et les clous.
14. À droite : Les porteurs des instruments de la Passion : l'oreille de Malchus sur le glaive de saint Pierre ; la lanterne de l'Arrestation ; la Couronne d'épines et le roseau de l'Ecce Homo.
15. À gauche : Les porteurs des instruments de la Passion : les dés et la tunique du tirage au sort ; la cruche et le bassin du lavement des mains de Pilate.
16. Les porteurs des instruments de la Passion : l'échelle et la tenaille de la Descente de croix, et le Voile de Véronique .
17. À gauche : Les porteurs des instruments de la Passion : la lance de la Transfixion par Longin et le marteau ; le flacon d'aromates ; (?) les trente deniers de Judas portés en bandoulière dans une besace .
18. À droite : Les porteurs des instruments de la Passion : un bâton et une lance. La lance avec l'éponge.
.
Nous avons donc au total 40 personnages. Bizarrement, E. le Seac'h et l'APEVE décrivent Jean Chrysostome et sa lyre traduisant son éloquence, Grégoire de Naziance en tenue de moine pour signifier la fin de vie érémitique, saint Athanase le Grand d'Alexandrie défendant le mystère de la Trinité qu'il compte sur ses doigts, et saint Basile "levant la main gauche pour dicter la règle des moines basiliens". Je n'ai pu découvrir aucun de ces quatre docteurs d'Orient.
.
Piédroits du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Piédroits du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Piédroits du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Piédroits du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Piédroits du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
DESCRIPTION en passant de gauche à droite tout en montant.
.
Les piédroits.
Il faut les comparer à ceux de Landivisiau pour mesurer la ressemblance :
.
.
Piédroits du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
1. À gauche. La Tentation d'Adam et Ève .
.
Ève, une main sur la feuille de vigne cachant son sexe, tend la main vers le fruit défendu que lui propose un serpent dont le buste à tête humaine et à la poitrine féminine nue, véritable sosie d'Ève, se prolonge par un ventre écaillé disparaissant parmi les feuilles de l'Arbre et enfin par une queue parallèle au pilier central.
Je renvois à mon article sur le porche de Landivisiau (cliquer sur l'image infra) et les liens avec les enluminures, notamment des Heures dites de Henri IV.
Notez aussi les arcades jumelles du dais liées par un anneau : du pur Prigent !
.
.
Piédroits du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Piédroits du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
2. À droite : Adam et Ève expulsés du Paradis par un ange .
.
Nos deux ancêtres paradigmatiques sont bien embarrassés par les conséquences de leur addiction pour les fruits défendus ; Ève se cache la poitrine et envisage d'inventer le soutien-gorge tandis qu'Adam se caresse le menton d'un air songeur : dire qu'il va falloir travailler !
L'ange qui les expulse manu militari, brandissant le glaive, est placé en haut à droite, à la différence de son collègue plus paisible de Landivisiau.
.
.
Piédroits du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Piédroits du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
3. À droite : Adam et Ève après l'expulsion : maternité et travail de la terre.
.
Eh oui, il aurait fallu y penser. Votre Père vous l'avait bien dit.
Ève tient Caïn emmailloté dans ses bras : il ne tient pas en place. Son frère cadet , qui vient de naître, est au berceau. —Appelle le Abel ! dit Adam en regardant sa pelle. — Je l'sens mal, se dit Ève.
.
.
Piédroits du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
.
.
Piédroits du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
4. À droite : les sacrifices de Caïn et Abel .
.
Les deux frères font leurs offrandes à Yahvé. Abel le berger offre un agneau premier-né et la graisse animale. Caïn, le cultivateur offre des fruits. Les repas Vegan, ça plait ou ça plait pas. Dieu laisse monter vers lui le parfum de barbecue qui lui est agréable et rabat la fumée de boulgour grillé vers le cuisinier mal inspiré. Caïn, enfumé, le corps de trois-quart, fait le geste de se protéger les yeux tandis que son frère, en position frontale, à genoux, se tient droit, les mains jointes, fier comme un pharisien au premier rang du Temple.
Caïn est vert. Plus précisément, iratusque est Cain vehementer, et concidit vultus ejus. Il est très irrité, furieux, et son visage est abattu.
.
.
Piédroits du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
5. À gauche. Le meurtre d'Abel par Caïn (surmonté de deux enfants sur les dais).
.
Abel, qui vient de recevoir un mauvais coup de bêche, accuse le coup ; il fléchit le genou ; il s'écroule ; il est mort.
Caïn entend alors Yahvé lui demander : Où est ton frère Abel ? , et il répond : Suis-je le gardien de mon frère ?
Dieu, tenant le globe terrestre qu'il a créé jadis, lui fait les gros yeux.
.
.
.
Piédroits du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Piédroits du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Piédroits du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
.
6. À droite. L'ivresse de Noé (surmontée de deux enfants sur les dais).
.
Noé, qui s'est remis du Déluge, a planté une vigne dont il récolte les grappes, en les portant dans les plis de son manteau.
Un peu plus tard (moulure de droite), le vin lui monte à la tête et il chancelle. Les plis de son manteau s'écartent, exposant ses organes génitaux. La Genèse dit qu'il se retira dans sa tente (tabernaculus) et qu'il se mis à nu : et nudatus in tabernaculo suo.
Noé a trois fils, Sem, Japhet et Cham. Cham, placé en arrière sur la sculpture, écarte un peu plus les pans du manteau (de la tente, si on veut) et rend visible ce qui doit rester caché. Son frère lui repousse le bras et arrête son geste inconvenant.
Quand Noé va se réveiller, et apprendre cette histoire, il va maudire Cham, ainsi que la terre de Canaan. Genèse 9:20-24.
.
.
.
.
Piédroits du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Piédroits du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Piédroits du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
.
.
Les voussures.
Le sculpteur fait enfin preuve d'innovation. Au lieu des anges de Pencran, Landivisiau et Guimiliau, il place quatre prophètes vétérotestamentaires,, quatre Pères de l'Eglise, et 12 porteurs des Instruments de la Passion.
Voussures du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Voussures du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Voussures du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Voussures du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
7. À gauche : Deux prophètes bibliques .
.
Pour E. Le Seac'h, il s'agit de Daniel barbu levant la main droite et d'Isaïe énonçant ses trois prophéties en argumentant, index posé sur le pouce.
Ces éléments d'identification ne me paraissent pas spécifiques, mais le sculpteur reprend les habitudes codifiés des enlumineurs, peintre-verriers et sculpteurs pour tracer le portrait du prophète biblique en les dotant, tantôt l'un tantôt l'autre, des barbes longues ou des cheveux longs, des chapeaux coniques, des turbans orientalisant, des gestes d'argumentation, des camails à glands
.
Voussures du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
8. À droite : Deux prophètes bibliques .
"Jérémie le malchanceux lève le bras en signe de défense et Ézéchiel tire sur sa barbe pour la couper et la peser". (Le Seac'h)
.
Voussures du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
9. À gauche : Deux personnages bibliques dont David et sa lyre .
.
Bizarrement, E. le Seac'h et l'APEVE décrivent Jean Chrysostome et sa lyre traduisant son éloquence, et Grégoire de Naziance en tenue de moine pour signifier la fin de vie érémitique. Les traits propres à l'iconographie du Juif vétérotestamentaire s'opposent, à mon sens , à cette interprétation.
.
Voussures du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
Inscription d'un fabricien.
N : OMNES : F.
.
Voussures du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Voussures du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
10. À droite : Deux prophètes bibliques .
.
De même E. Le Seac'h voit ici , "saint Athanase le Grand d'Alexandrie défendant le mystère de la Trinité qu'il compte sur ses doigts, et saint Basile levant la main gauche pour dicter la règle des moines basiliens".
Voussures du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Voussures du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Voussures du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
Inscription d'un fabricien.
G : LE COULM : F.
Il s'agit probablement de Guillaume (Le) COULM, , né le 6 octobre 1625 à Ploudiry et père de 7 enfants. https://gw.geneanet.org/oberthele?n=coulm&oc=&p=guillaume
.
Voussures du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
.
.
11. À gauche : saint Augustin et saint Jérôme.
.
Saint Augustin, évêque d'Hippone, se reconnaît facilement au cœur tenu sur la poitrine. L'homme agenouillé serait un pénitent.
Saint Jérôme porte le galero cardinalice alors que son lion est à ses pieds.
.
.
Voussures du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
12. À droite : saint Grégoire en pape et saint Amboise de Milan en évêque.
.
Saint Grégoire porte la tiare et la croix pontificale à triple traverse ; saint Amboise de Milan est en évêque et tient un livre. Devant son pied droit, une ruche tressée rappelle qu'il est le patron des apiculteurs.
.
Voussures du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Voussures du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
13. À gauche : Les porteurs des instruments de la Passion : le Fouet de la Flagellation et la colonne ; la croix et les clous.
.
Voussures du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Voussures du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
14. À droite : Les porteurs des instruments de la Passion : l'oreille de Malchus sur le glaive de saint Pierre ; la lanterne de l'Arrestation ; la Couronne d'épines et le roseau de l'Ecce Homo.
.
Voussures du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Voussures du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
15. À gauche : Les porteurs des instruments de la Passion : les dés et la tunique du tirage au sort ; la cruche et le bassin du lavement des mains de Pilate.
.
Voussures du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
16. Les porteurs des instruments de la Passion : l'échelle et la tenaille de la Descente de croix, et le Voile de Véronique .
.
Voussures du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
Voussures du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
17. À gauche : Les porteurs des instruments de la Passion : la lance de la Transfixion par Longin et le marteau ; le flacon d'aromates ; (?) les trente deniers de Judas portés en bandoulière dans une besace .
.
Pourtour du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
18. À droite : Les porteurs des instruments de la Passion : un bâton et une lance. La lance avec l'éponge.
.
Pourtour du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.
.
.
L'INTÉRIEUR DU PORCHE (1665).
.
En dessous de la série de niches vides des statues d'apôtres qu'elles devaient accueillir court de chaque coté une frise débutant par des cuirs à enroulements qui entourent des sphinx et des griffons gardant un vase.
Les cartouches contiennent l'inscription suivante ; à droite :
G : / SANCQVER / 1665.
Et à gauche :
M : LE / ROVX : F
Soit "M. Le Roux fabrique G. Sancquer (fabrique) 1665".
Le prénom de Sancquer pourrait être Guillaume, Gabriel ou Goulven. Un bon candidat pourrait être Guillaume Le SANCQUER, Honorable marchand décédé en 1685, mais il est décédé à Le Tréhou.
Un autre Guillaume SANCQUER est né à La Martyre (trève de Ploudiry, très proche) le 22 novembre 1631, est décédé le 28 octobre 1676 à Ploudiry. Et sa fille aînée Catherine est née en 1662 à Ploudiry, où elle s'est mariée en 1681.
https://gw.geneanet.org/bperramant?n=sancquer&oc=&p=guillaume
Hervé SANQUER (Logonna v.1605-La Martyre 1669) a épousé en 1625 à Ploudiry Marie LE ROUX : leur fils aîné, Guillaume, est né en 1625. Le témoin à leur mariage se nommait ... Michel LE ROUX.
https://gw.geneanet.org/jelisabeth2?lang=en&pz=saskia+louise+lune&nz=jean&p=herve&n=sanquer
.
.
.
.
La deuxième porte sud. Microdiorite quartzique.
Elle est semblable à celle de l'ossuaire de La Roche-Maurice.
.
.
.
SOURCES ET LIENS.
.
— APEVE.
http://www.apeve.net/spip/spip.php?page=page&id_rubrique=9&id_article=186
"Au-dessus de ces scènes de l’Ancien Testament deux petits personnages assis les mains sur les genoux servent de transition de chaque côté. À partir de là, nous avons de part et d’autre douze personnages de taille plus importante qui se déploient dans les voussures, suivant l’arcade en plein cintre du porche, jusqu’à la clé de voûte.
Chaque personnage possède un attribut bien spécifique.
On a le plus souvent interprété les trois premiers niveaux comme étant quatre prophètes : Daniel, Jérémie. Isaïe et Ezéchiel.
Et les quatre docteurs de l’Église orientale : Jean Chrysostome, Grégoire de Naziance, Athanase et Basile.
Et les quatre docteurs de l’Eglise occidentale : saint Augustin, saint Jérôme, saint Grégoire et saint Ambroise.
Peut-être peut-on y voir encore les évangélistes, le pape et les évêques."
— CASTEL (Yves P. ), THOMAS (Georges-Michel) 1987. Artistes en Bretagne: Dictionnaire des artistes, artisans et ingénieurs en Cornouaille et en Léon sous l'Ancien Régime.
— COUFFON, (René) LE BARS (Alfred), 1988, "Ploudiy",
http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/PLOUDIRY.pdf
"Le porche, placé au droit de la deuxième travée, est inspiré de celui de Landerneau ; mais la frise est ornée d'arabesques au lieu d'avoir une inscription, le fronton est incomplet et l'ornementation est particulière dans les piédestaux (images des saints Pierre et Paul) et le bas des colonnes. A l'intérieur, inscriptions : "M. LE. ROVX. F." et "G. SANQVER. 1665." Sur les contreforts et les voussures, les noms des fabriques : "F. KGOAT. F. /M (ou N). OMNES. F. /G. LE. COVLM. F. /H. NICOLAS. F." Pas d'Apôtres dans les niches à dais Renaissance ; Christ aux liens dans la niche classique dominant les portes géminées ; et, dans une niche de contrefort, statue en kersanton de saint Sébastien."
— COUFFON, (René) 1961, L'Evolution de la statuaire en Kersanton In: Bulletins et mémoires. Société d'Emulation des Côtes-du-Nord vol. 89
— LE GUENNEC (Louis), 1981 Le Finistère monumental II, Brest et sa région. Ed. de la Société des Amis de Louis Le Guennec (Quimper), 591 p. Louis Le Guennec (1878-1935) érudit finistérien a publié de nombreux articles, réunis dans les trois tomes du Finistère monumental par ses Amis. Page 493-494
https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/eacd0a2ed3929e4b775beec287004c84.pdf
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre de Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle, ed. Presses Universitaires de Rennes page 294-297
.
L'ossuaire (microdiorite quartzique et kersantite, 1635 et 1731) de l'enclos de Ploudiry.
.
Sur cet enclos paroissial, voir :
.
— Sur les ossuaires, voir :
L'ossuaire (microdiorite quartzique, 1639-1640) de l'enclos de La Roche-Maurice.
L'église Saint-Salomon de La Martyre. IV. L'ossuaire (1619). Les inscriptions. Les crossettes.
Le bénitier à l'Ankou (kersanton, 1619) de l'ossuaire de La Martyre.
Une inscription en breton au Folgoët, venant de l'ossuaire de Guicquelleau.
.
PRÉSENTATION.
"L'ossuaire de Ploudiry, dédié à saint Joseph, date de 1635. Il est antérieur de quatre ans à celui de la Roche-Maurice auquel il a pu servir de modèle. La porte en plein cintre, encadrée de deux colonnes cannelées aux chapiteaux d'ordre corinthien, est surmontée d'un fronton grec dans le tympan duquel est un buste de saint Pierre, coiffé de la tiare. Cinq baies en plein cintre, séparées par des pilastres en gaînes d'ordre dorique, sont couronnées de personnages d'une danse macabre : le laboureur, la noble dame, le juge et le guerrier que conduit la Mort, tenant un dard. A l'angle du contrefort, un ange au-dessus du bénitier tient une banderole portant : BONES: GENTZ: QVI: PAR: ICY: PASSEZ: PRIEZ: DIEU: POUR LES: TREPASSEZ: 1635.
Sur les chapiteaux des gaînes : G. GOVLX: Y: BOSEC: FABRIQVES: LAN: 1635." (L. Le Guennec)
"Pénétrant dans le cimetière, nous nous arrêtons devant l'ossuaire: antérieur de 4 ans à celui de La Roche (1639), il est moins riche mais il offre avec ce dernier une certaine ressemblance .. Au lieu de colonnes pour séparer les fenêtres, il n'y a que des pilastres ou gaines, et les petits personnages qui se trouvent dans les soubassements à La Roche, sont sculptés ici dans des caissons plus haut que la rangée des baies, avec la reproduction des mêmes types représentant les diverses classes de l'ordre social. Au-dessus du bénitier d'angle, un ange tient une banderolle avec ce texte: Bonnes: gentz: qui: par: icy : passez: priez: Dieu: pour: les: trépassez : 1635." (A. Favé)
"le kersanton sombre, trop nerveux, trop gothique, encore obligé pour la sculpture figurative, est employé avec retenue, comme une matière semi-précieuse, pour introduire un hiatus coloré à la façade de l'ossuaire de Ploudiry ."
"Un ossuaire, reconstruit en 1731, par le réemploi de deux monuments plus anciens, présente une frise de 5 personnages : l’ankou, le laboureur, la noble dame, le juge et le guerrier, symbolique de l’égalité de tous devant la mort. Cet édifice, classé monument historique dès 1916, complète l’enclos paroissial."
"Ossuaire, dit jadis chapelle Saint-Joseph (C.). Edifice de plan rectangulaire ayant la même disposition qu'à Pencran et à Sizun. La partie inférieure est percée de baies séparées par des pilastres gainés ; mais au-dessus, au lieu de niches des Apôtres, une haute frise représente des personnages de divers états, émergeant en buste de cartouches et symbolisant, comme les cariatides de Landivisiau et de Sizun, l'égalité de tous devant l'Ankou. Porte classique : arcade en plein cintre avec clef en console et entablement à fronton. L'ossuaire est daté 1635. Un ange, au-dessus du bénitier, tient une banderole portant l'inscription : "BONNES. GENTZ. QVI. PAR. ICY. PASSEZ / PRIEZ. DIEV. POVR. LES. TREPASSEZ / 1635." Sur les chapiteaux des gaines : "G. COVLM /Y. BOSEC / FABRIC/ QVES / EN. LAN /1635." Sur la porte, date de 1731, et, sur le clocheton, inscription : "CE. RELIQUAIRE. A. ETE. REBATI. LORS / FABRIQVES. D. M. H. LE GVEN . V / INISAN. 1731." (Couffon)
.
.
.
PRÉSENTATION PHOTOGRAPHIQUE.
.
.
.
Le clocheton et son inscription.
.
Inscription sur microdiorite quartzique :
CE : RELIQVAIRE : A
ETE REBATI : LORS
FABRIQVES ---
E :LE GVEN
INIZAN
1731
.
Selon Monumentum, "L'ossuaire, daté de 1635, a été ruiné en 1700, reconstruit en 1713, puis déplacé et rebâti à l'identique en 1731."
.
.
L'ange du bénitier en kersantite à l'angle du contrefort.
et son phylactère BONES: GENTZ: QVI: PAR: ICY: PA /SSEZ: PRIEZ: DIEU: POUR LES: TREPASSEZ: 1635.
On trouve ce distique rimé exhortant les fidèles en Midi-Pyrénées, à La Couvertoirade, vers 1500, mais en occitan (Bonas gens que per aissi passatz, Pregatz Dieu per los trespassatz).
On le trouve à Paris sur une pierre du cimetière de la porte Saint-Séverin. Ou bien on signale: "Bonnes gens qui par ici passez, Priez Dieu pour les trépassés Et pour le Maître Grégoire Qui ne mourut que de trop boire."
La formule était donc courante.
.
.
.
Les cinq baies en plein cintre, séparées par des pilastres en gaînes d'ordre dorique, contrastent par la couleur grise du kersanton avec le jaune de la pierre de Logonna. C'est cette dernière qui est sculptée des personnages d'une danse macabre.
.
.
.
La Mort, ou Ankou, armée d'une flèche.
.
.
.
Le Paysan.
.
.
.
La Femme tenant une fleur. Une femme de la noblesse, ou une courtisane.
.
.
.
Le Juge coiffé du bonnet carré, tenant une pièce de procès, et un gant.
.
.
.
Le Roi, couronné, tenant un sceptre.
.
.
.
L'inscription des chapiteaux des gaînes :
"G. COVLM /Y. BOSEC / FABRIC/ QVES / EN. LAN /1635."
L'inscription du clocheton, celle-ci et une placée sur l'église indiquent que la fabrique de Ploudiry était alors composée de deux fabriciens par année.
Un Guillaume COULM ou LE COULM est né à Ploudiry en 1625, fils d'Yves, et de Marguerite CREN. Il aurait 10 ans, trop tôt pour faire un bon fabricien. Il décéda le 6 mars 1676, ou le 29 janvier 1676, après avoir eut onze enfants de son épouse Catherine MOBIANT . C'est quand même un indice. D'autant qu'en 1665, un G. LE COULM est mentionné comme fabricien sur le porche sud (avec 3 autres noms).
https://gw.geneanet.org/oberthele?n=coulm&oc=&p=guillaume
Un Guillaume COULM épousa Marie KERUZORE dont il eut Alain, né en 1618 à Traon, Ploudiry. Si ce Guillaume avait 20 ans lors de cette naissance, c'est un candidat plausible pour notre fabricien.
https://gw.geneanet.org/jcardiles?lang=en&p=guillaume&n=coulm
Les généalogistes connaissent un Yves BOZEC, né vers 1612 et décédé en 1682 à Kernévez, Ploudiry.
.
.
.
La porte en plein cintre et son fronton au buste de saint Pierre (kersantite).
Comparez avec les portes de l'ossuaire de La Roche-Maurice.
Sur l'architrave, entre un ange et la Mort , un blason a été martelé
L'atelier Le Ber de Sizun a réalisé deux très belles portes en if pour cette entrée.
.
.
.
SOURCES ET LIENS.
.
— APEVE.
http://www.apeve.net/spip/spip.php?page=page&id_rubrique=9&id_article=184
— COUFFON, (René) LE BARS (Alfred), 1988, "Ploudiy",
http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/PLOUDIRY.pdf
— FAVÉ (Abbé Antoine), 1899, Au retour d'une excursion (Landerneau-Châteaulin), Bulletin de la Société archéologique du Finistère
— LE GUENNEC (Louis), 1981 Le Finistère monumental II, Brest et sa région. Ed. de la Société des Amis de Louis Le Guennec (Quimper), 591 p. Louis Le Guennec (1878-1935) érudit finistérien a publié de nombreux articles, réunis das les trois tomes du Finistère monumental par ses Amis. Page 493-494
https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/eacd0a2ed3929e4b775beec287004c84.pdf
— WIKIPEDIA