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21 décembre 2024 6 21 /12 /décembre /2024 12:13

Les peintures murales de l'église du Mont-Dol II : l'Enfer (un grand panneau, fin  du XVe siècle) .

 

Voir :

 

PRÉSENTATION.

 

"Au Mont-Dol, on distingue trois phases chronologiques des peintures murales :

Un décor primitif peint vers 1200 lors de l'édification de l'église et dessinant sur l'élévation des murs un faux appareillage (ocre et rouge sur fond blanc), complété par une frise tracée entre les arcs et les fenêtres hautes. De très élégants rinceaux de palmes souples sont placés entre deux ordures ocre et rouge. L'avant-chœur, réservé aux chanoines de la cathédrale de Dol, est séparé de la nef par une rupture d'alignement entre l'appareillage factice et la frise entre les deuxième et troisième travées.

Un second décor peint, appliqué directement sur le précédent, a été exécuté en technique mixte — fresque et détrempe— dans la seconde moitié du XVe siècle, comme l'indiquent les costumes des personnages et les comparaisons avec d'autres peintures murales. Il est tout entier consacré à la Passion du Christ et se lit dans le sens des aiguilles d'une montre, en débutant par le mur nord. Il se continuait sur l'arc triomphal aujourd'hui disparu avant de se poursuivre sur le mur sud jusqu'à son extrémité occidentale. Ce cycle se composait de 21 panneaux (ceux du nord peints en partie sur les fenêtres alors murées) ; seulement 11 de ceux-ci ont été conservés entièrement ou sous forme de vestiges plus ou moins visibles.

Enfin la célèbre scène de l'enfer, à l'extrémité occidentale du mur sud,  ne s'articule avec le cycle de la Passion ni par son sujet, ni par les dimensions de la mise en page. Elle a été réalisée peu de temps plus tard et correspond probablement à un projet de modification des trois dernières scènes, abandonné après son exécution." (M. Déceneux)

Leurs découvertes en 1867, leurs restaurations en 1972.

Les peintures avaient été recouvertes, comme souvent, par des enduits récents, mais lors de la restauration générale de la charpente et du débouchage des fenêtres nord, un vaste ensemble de peinture est apparu, et fit l'objet d'un relevé (très sommaire) du peintre Théodore Busnel avant d'être recouvert d'un nouveau crépi...

Remis à jour en 1946 grâce à l'intervention du chanoine Descotte, ancien curé du Mont-Dol, l'ensemble fut entièrement restauré par le fresquiste Robert Baudouin en 1972. On découvrit alors de nouveaux éléments.

Comparaison avec Kernascléden (Morbihan) , dont les peintures peintes directement sur la pierre vers 1464 sont contemporaines du cycle de la Passion du Mont-Dol, et présente également une peinture des Enfers plus tardive (après 1492), à côté d'une danse macabre.

Programme des peintures murales du XVe siècle , du nord au sud dans le sens horaire :

—Côté nord :

  • L'Entrée à Jérusalem

  • Trahison de Judas (très partiellement conservé)

  • La Cène. première fenêtre du mur nord. Il ne subsiste que le tiers droit.

  • Le Lavement des pieds

  • Agonie au Mont des Oliviers. Le plus mal conservé.

  • L'Arrestation de Jésus.

—Les scènes disparues de la partie orientale du mur nord (six panneaux : Comparutions, Flagellation, Outrages, Couronnement d'épines, Ecce Homo, Portement de Croix ? ), de l'arc triomphal (Crucifixion?) et du débutr du mur sud (1 panneau). 

— Côté sud

  • Mise au Tombeau

  • Résurrection

  • Descente aux Limbes

  • Apparition à Marie-Madeleine: Noli me tangere.

  • Apparition aux Pèlerins d'Emmaüs

— Côté sud première travée :

  • Deux scènes remplacées par une grande scène de l'Enfer.

 

 

 

LA SCÈNE DE L'ENFER, PREMIÈRE TRAVÉE DE LA NEF CÔTÉ SUD.

Elle présente un  grand intérêt pour celui qui la compare d'une part à l'Enfer de Kernascéden, avec laquelle elle a de nombreux points communs, et qui recherche ses sources d'autre part dans les Calendriers du Berger (Compost et Kalendriers des Bergiers) édités à partir de 1492, et de l'Art de bien mourir (Ars Moriendi), 1ère édition en 1492. Les deux ensembles sont sans-doute contemporains de la toute fin du XVe siècle.

On y trouve en effet regroupés , comme à Kernascléden, sous forme de saynètes les représentations des principales peines reservés aux damnés selon la typologie de leurs fautes, précisément comme elles sont détaillées et commentées et illustrées dans ces deux ouvrages.

Je renvois à mon article sur l'Enfer de Kernascléden pour l'analyse de cette iconographie et de ses sources.

 

I. Le supplice de la roue destiné aux orgueilleux.

II. Le supplice du chaudron réservé aux avares.

III. Le supplice de l'arbre sec aux branches acérées réservé aux héritiers d'un usurier couché dans le puits.

IV. le diable géant Asmodée dévorant un damné.

V. La gueule de Léviathan (effacé).

 

 Relevé par Théophile Busnel 1867.

 

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

 

 

I. Le supplice de la roue, destiné aux orgueilleux.

 

Dans les représentations des Peines de l'enfer, anciennes mais qui, dans la dernière décade du XVe siècle, on décrit en sept châtiments, pour autant que de péchés capitaux.

Ici, il est facile de reconnaître ici  le premier supplice, précisément celui de la roue, qui punit le péché d'orgueil. Dans cette tradition, plusieurs roues tournent  entre de hautes montagnes, et les damnés y sont attachés, passant leur éternité à monter puis à être précipité dans les flammes tandis que  Léviathan, « capitaine des orgueilleux », préside à leurs tortures en les frappant d'un bâton de feu. 

Une roue à huit rayons est posée sur un tréteau, et un grand diable noir, doté d'une longue queue et de très longues cornes, en tourne la manivelle. Sur l'extérieur de la roue sont retenus trois damnés (seuls deux sont visibles aujourd'hui) qui subissent indéfiniment les supplices que leur inflignent trois démons  cornus (dont un est ailé) armés d'épieux. Le bâtit en bois est semblable à celui de Kernascléden, le nombre des rayons également. Le diable tournant la manivelle  se devine  à Kernascléden. Les vues de détail montrent que le diable en haut à gauche est placé sous de grandes flammes, qui devaient se poursuivre vers la droite. La pointe de son épieu est rougie.

On remarque aussi sur les clichés que les damnés sont transpercés par des lames en demi-lune.

On peut intégrer à cette scène les deux démons qui transportent vers le lieu du supplice de nouveaux damnés : l'un (perdu) les portent dans une hotte, l'autre, qui est ailé, dans une brouette.

La scène en bas à gauche montre un diable à califourchon sur une femme nue aux cheveux longs placée à  quatre pattes. Il lui tire les cheveux, et la transperce ou la frappe d'un coutelas. Elle n'appartient pas à ce supplice de la roue.

 

 

 

 

 

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

II. Le supplice du chaudron réservé aux avares.

 

 

 

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

III. Le supplice de l'arbre sec aux branches acérées réservé aux héritiers d'un usurier couché dans le puits.

À Kernascléden, un arbre se dresse à partir d'un puits où baignent des damnés. Aux branches acérées de cet arbre sec sont pendus sept autres damnés, qui y sont liés ou transpercés  en diverses parties de leurs corps. Ils sont tourmentés par quatre ou cinq diables qui les mordrent, les griffes, les fouettent ou les aggripent de leurs crocs.

La fresque du Mont-Dol montre des corps pendant des arbres par les pieds ou par le cou. L’imagination du peintre semble s’être nourrie des lectures du passage de l’Art de bien Mourir. En effet, ici comme à Kernascléden, l'arbre est planté dans un puits. 

 

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

IV. Asmodée dévorant un damné.

Un diable géant, Asmodée, à double paire de cornes et tête de bovin, dévore par les pieds un damné. La lecture de l'image est difficile, il pourrait s'agir d'un enfant.

 

 

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

 

V.La gueule du Léviathan.

Théophile Busnel a représenté, à l'extrême gauche, sous la fenêtre, la gueule d'un Léviathan, aujourd'hui effacé.

 

 

SOURCES ET LIENS.

— Source principale : panneaux explicatifs provenant d'une exposition réalisée par la ville du Mont-Dol et exposés dans l'église, dont les textes sont de Marc Déceneux, docteur en histoire de l'art. 

Je salue la qualité de ces panneaux nombreux et très bien illustrés.

 

— Voir aussi :

2003, Bulletin de l'Association Bretonne T 112 130ème congrés (non consulté)

http://histogen.dol.free.fr/mont-dol/dossiers/peinmur.htm

https://www.patrimoine-histoire.fr/P_Bretagne/DolDeBretagne/Mont-Dol-Saint-Pierre.htm

— CHARTIER  (Jean-Jacques) : l'église du Mont-Dol. Non consulté

 

SUR LA REPRÉSENTATION DE L'ENFER À LA FIN DU XVE SIÈCLE :

 — BASCHET (Jérôme), 1993 Les Justices de l’au-delà. Les représentations de l’enfer en France et en Italie (XIIe -XVe siècle), Rome, EFR, 1993, p. 437-448 et fig. 152-159.

https://journals.openedition.org/ccrh/2886

 — BASCHET (Jérôme), 1993,  Les justices de l'au-delà. Les représentations de l'enfer en France et en Italie (XIIe-XVe s.). Rome, Ecoles françaises d'Athènes et de Rome, 1993. Christe Yves, compte-rendu Cahiers de Civilisation Médiévale  Année 1995  Suppl. 1995  pp. 4-7

 En résumé, on retiendra ces quelques conclusions. L'enfer gothique est figuré le plus souvent par la gueule d'enfer — elle est déjà attestée au xne s. — d'abord comme seuil infernal, ensuite comme lieu de tourments. Celle-ci est également l'image usuelle de l'enfer dans les manuscrits contemporains. Elle est accompagnée par la marmite sur le feu qui, à partir du milieu du xine s. (Bourges, puis Rouen), tend à se confondre avec elle. Il est rare au nord des Alpes que Satan intronisé préside aux supplices infernaux. Le portail de Conques et celui de Notre-Dame de la Couture au Mans, un siècle plus tard, en présentent une illustration exceptionnelle. À cette courte liste, j'ajouterai un témoignage précoce mais très important, celui des tituli de Gauzlin pour le revers de la façade de Saint-Pierre de Fleury au début du xie s. « Satan enchaîné dans une prison qui vomit des flammes » évoque exactement le même sujet dans YHortus Deliciarum d'Herrade de Landsberg.

 — BASCHET (Jérôme), 1985, Les conceptions de l'enfer en France au XIVe siècle : imaginaire et pouvoir, Annales  Année 1985  40-1  pp. 185-207

https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1985_num_40_1_283151

BASCHET (Jérôme) Les fresques du Camposanto de Pise

https://e-l.unifi.it/pluginfile.php/1066072/mod_resource/content/0/BASCHET_Les%20justices...%201993.pdf

DESCHAMPS (Paul), 1957, "Notre-Dame de Kernascleden" , dans Congrès archéologique de France, 1957, Cornouaille, Orléans 1957, p. 100-113

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3210063v/f102.item.r=Landr%C3%A9varzec

DESHOULIÈRES (François), 1924, La danse macabre de Kernascleden (Morbihan) [compte-rendu] Bulletin Monumental  Année 1924  83  pp. 195-196

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1924_num_83_1_12028_t1_0195_0000_3

FRAPPIER ( Jean), 1953,. Châtiments infernaux et peur du Diable. In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1953, n°3-5. pp. 87-96; 

https://www.persee.fr/doc/caief_0571-5865_1953_num_3_1_2020

KERMOAL (Christian), 2020,  « L’enfer froid en images (xve et xvie siècles) », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest 

https://journals.openedition.org/abpo/6473

MÂLE (Émile), 1908, L’art religieux de la fin du Moyen Âge en France, Paris, 1908,  p. 471-475 ;

https://archive.org/details/lartreligieuxdel00mluoft/page/470/mode/2up

MEYER (Paul), 1895, La descente de saint Paul en enfer, poème français composé en Angleterre, Romania  Année 1895  95  pp. 357-375

https://www.persee.fr/doc/roma_0035-8029_1895_num_24_95_5887

SHIELDS (Hugh), 1971, . Saint Paul aux Enfers : Notice d'un incunable en français Romania  Année 1971  365  pp. 87-99

https://www.persee.fr/doc/roma_0035-8029_1971_num_92_365_2267

Photo RMN de l'enfer Camposanto de Pise

https://www.photo.rmn.fr/archive/17-501720-2C6NU0AT95HYP.html

Maître François Vision de l'enfer d'un enfant nommé Guillaume , Musée de Chantilly

https://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/maitre-francois_vision-de-l-enfer-d-un-enfant-nomme-guillaume_peinture-sur-papier_parchemin

Cathédrale d'Albi

https://www.europexplo.com/la-cathedrale-dalbi-un-joyau-dans-une-forteresse/

Le Kalendrier des bergers  Guy Marchant (Paris) 1493

 :  Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, VELINS-518

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1040412v/f32.item

Compost et kalendrier des bergiers Guiot Marchant Paris 1493 BM Valenciennes, INC 66

Compost et kalendrier des bergiers 1496  Guiot Marchant Paris

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k87105966/f76.item

Thomas de Saluces, BnF 12559, 1403.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10509668g/f385.item

 —BnF, Rés XYLO-24, Ars moriendi…, vers 1480-1485, vue 32.

Les visions du chevalier Tondal, Getty museum

https://www.getty.edu/art/collection/object/103RZ8

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vision_de_Tondale#

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans XVe siècle Jugement dernier et enfer.
20 décembre 2024 5 20 /12 /décembre /2024 13:49

Les peintures murales de l'église du Mont-Dol I : la Passion du Christ (11 panneaux restant, seconde moitié du XVe siècle) .

 

 

PRÉSENTATION.

 

 

"Au Moyen-Âge, les murs des églises étaient systématiquement enduits et peints, à l’intérieur mais sans doute aussi à l'extérieur. Mais dans les régions de l'Ouest de la France, ces décors n'ont été que rarement préservés en raison de l'humidité du climat et des nombreux aménagements et des reconstructions des sanctuaires à l'époque moderne.

Pourtant, le territoire de la baie du Mont-Saint-Michel offre un remarquable ensemble de peintures murales médiévales, notamment dans les églises de Saint-Jean-le-Thomas, du Mont-Dol, et de l'abbaye du Mont-Saint-Michel.

Les décors sont réalisés avec des pigments finement broyés employés purs ou en mélange : la chaux pour le blanc, le charbon de bois et le noir de fumée pour le noir, les terres naturelles pour l'ocre rouge et l'ocre jaune, le minium (oxyde de plomb) pour le rouge éclatant, l'argile et des sels de cuivre pour les verts et bleus, le lapis-lazuli pour le bleu éclatant.

Sur nos murs, les grands éléments étaient peints a fresco, directement sur l'enduit frais (ce qui suppose une grande maîtrise de l'art car les reprises sont impossibles) et les détails étaient ajoutés après séchage (a secco) avec des pigments liés par un fixatif (colle de peau, de poisson, d'os bouilli, de blanc d'œuf ou de résine fondue. Le résultat, plus fragile que la fresque, permet des retouches à volonté."

L'église paroissiale du Mont-Dol appartenanit autrefois en propre à l'évêque et aux chanoines de Dol et a été édifiée vers 1200. Elle a fait ensuite l'objet de transformations, dont la reconstruction complète du cœur qui, autrefois, était séparé de la nef par un arc triomphal. Enfin, au XVe siècle, les fenêtres hautes de la nef nord avaient été murées (avant la mise en place des peintures de la Passion).

"Au Mont-Dol, on distingue trois phases chronologiques :

Un décor primitif peint vers 1200 lors de l'édification de l'église et dessinant sur l'élévation des murs un faux appareillage (ocre et rouge sur fond blanc), complété par une frise tracée entre les arcs et les fenêtres hautes. De très élégants rinceaux de palmes souples sont placés entre deux ordures ocre et rouge. L'avant-chœur, réservé aux chanoines de la cathédrale de Dol, est séparé de la nef par une rupture d'alignement entre l'appareillage factice et la frise entre les deuxième et troisième travées.

Un second décor peint, appliqué directement sur le précédent, a été exécuté en technique mixte — fresque et détrempe— dans la seconde moitié du XVe siècle, comme l'indiquent les costumes des personnages et les comparaisons avec d'autres peintures murales. Il est tout entier consacré à la Passion du Christ et se lit dans le sens des aiguilles d'une montre, en débutant par le mur nord. Il se continuait sur l'arc triomphal aujourd'hui disparu avant de se poursuivre sur le mur sud jusqu'à son extrémité occidentale. Ce cycle se composait de 21 panneaux (ceux du nord peints en partie sur les fenêtres alors murées) ; seulement 11 de ceux-ci ont été conservés entièrement ou sous forme de vestiges plus ou moins visibles.

Enfin la célèbre scène de l'enfer , à l'extrémité occidentale du mur sud,  ne s'articule avec le cycle de la Passion ni par son sujet, ni par les dimensions de la mise en page. Elle a été réalisée peu de temps plus tard et correspond probablement à un projet de modification des trois dernières scènes, abandonné après son exécution." (M. Déceneux)

Sa découverte en 1867, sa restauration en 1972.

Les peintures avaient été recouvertes, comme souvent, par des enduits récents, mais lors de la restauration générale de la charpente et du débouchage des fenêtres nord, un vaste ensemble de peinture est apparu, et fit l'objet d'un relevé (très sommaire) du peintre Théodore Busnel avant d'être recouvert d'un nouveau crépi...

Remis à jour en 1946 grâce à l'intervention du chanoine Descotte, ancien curé du Mont-Dol, l'ensemble fut entièrement restauré par le fresquiste Robert Baudouin en 1972. On découvrit alors de nouveaux éléments.

Comparaison avec Kernascléden (Morbihan) : ces peintures peintes directement sur la pierre vers 1464 sont contemporaines du cycle de la Passion du Mont-Dol, et présente également une peinture des Enfers, à côté d'une danse macabre.

Programme, du nord au sud dans le sens horaire :

—Côté nord :

  • L'Entrée à Jérusalem
  • Trahison de Judas (très partiellement conservé)
  • La Cène. première fenêtre du mur nord. Il ne subsiste que le tiers droit.
  • Le Lavement des pieds
  • Agonie au Mont des Oliviers. Le plus mal conservé.
  • L'Arrestation de Jésus.

—Les scènes disparues de la partie orientale du mur nord (six panneaux : Comparutions, Flagellation, Outrages, Couronnement d'épines, Ecce Homo, Portement de Croix ? ), de l'arc triomphal (Crucifixion?) et du débutr du mur sud (1 panneau). 

— Côté sud

  • Mise au Tombeau
  • Résurrection
  • Descente aux Limbes
  • Apparition à Marie-Madeleine: Noli me tangere.
  • Apparition aux Pèlerins d'Emmaüs

— Côté sud première travée :

  • Deux scènes remplacées par l'Enfer ( Apparition aux Apôtres devant Thomas ; Ascension ?)

 

 

Vue de la nef depuis le chœur. Photographie lavieb-aile 2024.

Vue de la nef depuis le chœur. Photographie lavieb-aile 2024.

 

LE CÔTÉ NORD.

 

  

Relevé de Théophile Busnel en 1867. Lithographie A. Paillard Fils de 1869. Seules les deux premùières scènes sont représentées.

 

1°) 1ère travée : l'Entrée triomphale de Jésus à Jérusalem.

La scène est bien conservée, Jésus (nimbe crucifère) est monté sur son ânon, précédant les apôtres avec saint Pierre en tête. Devant Jésus, une palme est posée à terre, puis nous voyons les habitants de Jérusalem sortis des murailles pour dérouler leurs manteaux en guise  de voie d'honneur. L'iconographie traditionnelle place ici l'épisode de Zachée, le riche chef des collecteurs d'impôts, monté sur les branches d'un sycomore car il est de petite taille. Dans les Evangiles, la scène se déroule lors de l'entrée à Jéricho (Luc 19:1-10)

 

 

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

 

2°)  1ère travée, suite : La trahison de Judas.

Il ne reste aujourd'hui que la partie gauche.

Judas est nimbé, il fait face aux pharisiens, et tient une aumônière à la ceinture (non représentée par Théophile Busnel). Judas Iscariote était le trésorier du collège des apôtres, ce qui explique cette aumônière. Judas tend les mains vers la bourse aux trente deniers d'argent, remise par Caïphe et les membres du Sanhédrin en prix de son accord de leur désigner, par un baiser convenu, celui qui est Jésus parmi la troupe des disciples.

 

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales de l'église du Mont-Dol : I :la Passion du Christ.
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

3°) La Cène, première fenêtre du mur nord. Il ne subsiste que le tiers droit.

La scène se déroulait en grande partie sur le mur qui occultait alors la première fenêtre : lorsque les ouvertures nord ont été débouchées en 1867, les deux tiers du Dernier repas du Christ avec ses apôtres a été perdu. On ne voit plus que deux personnages, et notamment Judas, qui, de profil, identifiable à l'aumônière  de sa ceinture, tend le bras gauche vers le plat qu'un apôtre dont on ne voit que la main) lui tend. Judas porte le même nimbe et la même tenue que sur la scène n°2 avec un manteau bleu sombre et une robe blanche et l'aumônière rouge.

Comparer avec la Cène de Kernascléden (vers 1464) :

Peintures murales de Kernascléden. Cliché lavieb-aile 2015.

 

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

 

4°) Le Lavement des pieds des apôtres par Jésus (Jean 13:2-10).

Il manque le haut et la partie droite de la scène. Jésus, en robe blanche, est à genoux devant le bassin des ablutions, face à saint Pierre, dont on ne voit que le genou et la main. Derrière Jésus deux personnes sont debout, dont un qui tient le linge destiné à essuyer les pieds.

 

 

 

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

 

5°) Agonie au Mont des Oliviers : la scène la plus mal conservée.

Le panneau était peint en partie sur la fenêtre murée. Il est amputé du haut et de la moitié gauche et ses couleurs son très atténuées. Jésus est représenté à genoux, et porte la même robe blanche que dans le panneau précédent. Il a les mains jointes en signe de prière, devant l'ange portant un calice, qui n'est pas conservé.

 

 

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

 

6°) L'Arrestation de Jésus. Le Baiser de Judas.

Il manque une partie gauche. On distingue clairement Judas (même  manteau bleu et même robe blanche que précédemment) embrassant Jésus , au nimbe crucifère.

À gauche, un soldat en armure dont le bouclier appuie sa pointe au sol face aux spectateurs, tend le bras pour saisir Jésus. À droite, saint Pierre vêtu de vert, vient de trancher l'oreille de Malchus, qui est allongé au sol.

Comparer avec la scène homologue de Kernascléden :

Kernascléden, Arrestation de Jésus, peintures de la voûte du chœur. Cliché lavieb-aile 2015.

 

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

 

LE CÔTÉ SUD.

 

Relevé de Théophile Busnel en 1867. Lithographie A. Paillard Fils de 1869. Curieusement, Busnel ne reproduit pas la 5ème scène, celle des Pèlerins d'Emmaüs, pourtant en assez bon état.

 

 

7°) La Mise au Tombeau. 6ème travée.

À gauche, Joseph d'Arimathie (ou plutôt Nicodème), en manteau bleu et bonnet, barbu, portant un châle, tient les pieds de Jésus dont le corps est enveloppé d'un linceul, devant un autre personnage, en chausses, pourpoint rayé et chaussé de poulaines. D'autres personnages nimbés (probablement la Vierge et les saintes Femmes, et Jean en manteau rouge) se devinent en arrière-plan.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

8°) La Sortie du Tombeau ou Résurrection. 5ème travée.

La partie supérieure est effacée. Le Christ ressuscité enjambe le tombeau, vêtu du manteau écarlate glorieux et tenant l'étendard de sa victoire sur la Mort. Deux soldats romains sont éblouis par la scène, et un est endormi.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

9°) La Descente aux Limbes. 4ème travée.

 

Jésus, vêtu de la cape rouge et tenant son étendard, enjambe la porte des Limbes, dont sortent Adam et Ève et les autres défunts.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

 

10°) Apparition du Christ ressuscité à Marie-Madeleine, ou "Noli me tangere". 2ème travée.

Le Christ, toujours vêtu du manteau rouge, portant le nimbe crucifère, et tenant la bêche, apparaît, dans un jardin clos de plessis, à Marie-Madeleine qui vient de le reconnaître malgré ses allures de jardinier et s'est agenouillée, tenant encore le flacon d'aromates destiné à l'embaumement. Elle porte un manteau rouge et une belle robe dorée cintrée sous la poitrine ; elle tend la main vers celui qu'elle vient d'appeler Rabouni. Le Christ lève la main droite pour la mettre en garde, illustrant la phrase rapportée dans l'évangile de Jean : Noli me tangere, "ne me touche pas" (Jean 20:11-18)

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

 

11°) L'apparition du Christ ressuscité aux pèlerins d'Emmaüs. 2ème travée.

Le Christ est assis entre les deux pèlerins et rompt le pain. Luc 24 : 13-35

 

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

 

La première travée : l'Enfer : voire partie II

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

SOURCES ET LIENS.

Source principale : panneaux explicatifs provenant d'une exposition réalisée par la ville du Mont-Dol exposés dans l'église, dont les textes sont de Marc Déceneux, docteur en histoire de l'art. 

Je salue la qualité de ces panneaux nombreux et très bien illustrés.

 

— Voir aussi :

2003, Bulletin de l'Association Bretonne T 112 130ème congrés (non consulté)

http://histogen.dol.free.fr/mont-dol/dossiers/peinmur.htm

https://www.patrimoine-histoire.fr/P_Bretagne/DolDeBretagne/Mont-Dol-Saint-Pierre.htm

— CHARTIER  (Jean-Jacques) : l'église du Mont-Dol. Non consulté

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans XVe siècle Passion
17 décembre 2024 2 17 /12 /décembre /2024 15:49

Iconographie de la rencontre de Don Quichotte avec la charrette des Cortès de la Mort (Livre II chap. XI). Ses rapports avec les Danses macabres.

 

PRÉSENTATION.

L'épisode de la confrontation de Don Quichotte et Sancho Panza  avec la troupe de comédiens présentant le spectacle de las Cortès de la Muerte (Tribunaux de la Mort) occupe le chapitre XI de la Deuxième partie (1615) du Don Quichotte de Miguel Cervantes. Son titre, dans la traduction de Viardot, est :  "De l’étrange aventure qui arriva au valeureux Don Quichotte avec le char ou la charrette des Cortès de la Mort".

Ces comédiens se déplacent entre deux villages suffisament proches pour qu'ils aient décidés de conserver leur costume lors de leur trajet : ils voyagent ainsi dans leurs rôles propres. 

La charette est dirigée par un "horrible démon", et ses passagers sont  la Mort, l'Ange, l'Empereur, Cupidon, et un Chevalier mais aussi la Reine, et le Soldat :

"Don Quichotte voulait répondre à Sancho Panza ; mais il en fut empêché par la vue d’une charrette, qui parut tout à coup à un détour du chemin, chargée des plus divers personnages et des plus étranges figures qui se puissent imaginer. Celui qui menait les mules et faisait l’office de charretier était un horrible démon. La charrette était à ciel découvert, sans pavillon de toile ou d’osier. La première figure qui s’offrit aux yeux de Don Quichotte fut celle de la Mort elle-même, ayant un visage humain. Tout près d’elle se tenait un ange, avec de grandes ailes peintes. De l’autre côté était un empereur, portant, à ce qu’il paraissait, une couronne d’or sur la tête. Aux pieds de la Mort était assis le dieu qu’on appelle Cupidon, sans bandeau sur les yeux, mais avec l’arc, les flèches et le carquois. Plus loin venait un chevalier armé de toutes pièces ; seulement il n’avait ni morion, ni salade, mais un chapeau couvert de plumes de diverses couleurs. Derrière ceux-là se trouvaient encore d’autres personnages de différents costumes et aspects. Tout cela, se montrant à l’improviste, troubla quelque peu Don Quichotte, et jeta l’effroi dans le cœur de Sancho."

Le "démon" explique à Don Quichotte qu'ils sont des comédiens de la compagnie d’Angulo-le-Mauvais [Angulo el Malo] qui ont joué le matin même pour le jour de l’octave de la Fête-Dieu, l'acte des  Cortès de la Mort.

" Ce jeune homme fait la Mort, cet autre fait un ange, cette femme, qui est celle du directeur, est vêtue en reine, celui-ci en soldat, celui-là en empereur, et moi en démon ; et je suis un des principaux personnages de l’acte sacramentel, car je fais les premiers rôles dans cette compagnie."

Un des acteurs, restés en arrière, les rejoint : un Bouffon, qui donne un aperçu de ses talents de danseur jonglant avec son bâton à trois vessies de bœuf,  et agitant ses grelots : Rossinante prend peur et se sauve, entrainant Don Quichotte :

"Tandis qu’ils discouraient ainsi, le sort voulut qu’un des acteurs de la compagnie, resté en arrière, arrivât près d’eux. Celui-là était vêtu en fou de cour, avec quantité de grelots, et portait au bout d’un bâton trois vessies de bœuf enflées. Quand ce magot s’approcha de Don Quichotte, il se mit à escrimer avec son bâton, à frapper la terre de ses vessies, à sauter de droite et de gauche, en faisant sonner ses grelots, et cette vision fantastique épouvanta tellement Rossinante, que, sans que Don Quichotte fût capable de le retenir, il prit son mors entre les dents, et se sauva à travers la campagne avec plus de légèreté que n’en promirent jamais les os de son anatomie."

Sancho Panza saute de son âne pour secourir son maître qui vient de chûter, mais le Bouffon, qualifié de "diable aux vessies", s'y juche et part en calvalcade, fouettant le grisson de ses vessies, avant de tomber à son tour.

Sancho, qui vit le péril où était son maître d’être jeté bas, sauta du grison, et courut à toutes jambes lui porter secours. Quand il atteignit Don Quichotte, celui-ci était déjà couché par terre, et auprès de lui Rossinante, qui avait entraîné son maître dans sa chute : fin ordinaire et dernier résultat des vivacités et des hardiesses de Rossinante. Mais à peine Sancho eut-il laissé là sa monture que le diable aux vessies sauta sur le grison, et, le fustigeant avec elles, il le fit, plus de peur que de mal, voler par les champs, du côté du village où la fête allait se passer. Sancho regardait la fuite de son âne et la chute de son maître, et ne savait à laquelle des deux nécessités il fallait d’abord accourir. Mais pourtant, en bon écuyer, en fidèle serviteur, l’amour de son seigneur l’emporta sur celui de son âne ; bien que chaque fois qu’il voyait les vessies se lever et tomber sur la croupe du grison, c’était pour lui des angoisses de mort, et il aurait préféré que ces coups lui fussent donnés sur la prunelle des yeux plutôt que sur le plus petit poil de la queue de son âne."

Don Quichotte veut alors se charger "de châtier l’impolitesse de ce démon, sur quelqu’un des gens de la charrette, fût-ce l’empereur lui-même.  En parlant ainsi, il tourna bride du côté de la charrette, qui était déjà près d’entrer au village, et il criait en courant : « Arrêtez, arrêtez, troupe joyeuse et bouffonne ; je veux vous apprendre comment il faut traiter les ânes et autres animaux qui servent de montures aux écuyers de chevaliers errants. »

Les acteurs se voyant attaqués décident de se défendre : 

En un instant, la Mort sauta par terre, puis l’empereur, puis le démon cocher, puis l’ange, sans que la reine restât, non plus que le dieu Cupidon ; ils ramassèrent tous des pierres, et se mirent en bataille, prêts à recevoir Don Quichotte sur la pointe de leurs cailloux. Le chevalier, qui les vit rangés en vaillant escadron, les bras levés et en posture de lancer puissamment leurs pierres, retint la bride à Rossinante, et se mit à penser de quelle manière il les attaquerait avec le moins de danger pour sa personne.

Sancho raisonne son maître en lui faisant considérer qu'iI n’y a pas là de quoi tirer vengeance des violences faites à l'âne par ce démon, et d'attaquer la troupe puisque, parmi tous ceux qui sont là, bien qu'ils ressemblent à des rois, des princes et des empereurs, aucun  n'est pas un chevalier errant.

"Aussitôt il tourna bride, Sancho alla reprendre son âne, la Mort avec tout son escadron volant remonta sur la charrette pour continuer son voyage, et telle fut l’heureuse issue qu’eut la terrible aventure du char de la Mort."

Les illustrateurs se sont arrêtés sur la première confrontation de Don Quichotte avec la troupe occupant la charrette, ou sur la démonstration du Bouffon aux vessies, ou le tableau du Fou s'enfuyant sur l'âne, ou sur les acteurs lançant des pierres à Don Quichotte.

Sur 17603 illustrations des deux parties du Quichotte réunies par le site cervantesvirtual.com, 123 concernent la Carreta de las Cortès de la Muerte, mais en ne retenant pas les reprises de gravures d'édition en édition, le nombre se réduit de moitié, de 1650 à 1906.

L'intérêt que nous pouvons trouver à examiner ces illustrations est, dans le cadre de cet article, de comparer les acteurs avec les personnages de la Cortès de la Muerte de Lope de Vega, et avec ceux de nos Danses Macabres.

Car cette comparaison suscite, pour l'amateur de ces cortèges du XVe et XVIe siècle montrant une troupe de squelettes invitant à leur danse les vivants classés selon l'ordre des hiérarchies sociales (le Pape, l'Empereur, le Roi, etc.) sur des peintures murales ou des incunables, un plaisir certain, plaisir de la citation, du détournement ironique, et du renouvellement toujours transgressif du thème macabre médiéval.

En outre, le face-à-face savoureux du Bouffon agitant ses vessies et de son double, Don Quichotte, toujours prêt à prendre des vessies pour des lanternes, incite à rechercher, dans nos Danses macabres, la présence, rare mais bien réelle, du personnage du Fou.

 

I. LA RENCONTRE INITIALE DE DON QUICHOTTE AVEC LA CHARRETE.

 

1687, Londres.

1687, Londres.

1834, Rome.

1834, Rome.

1836-37 Paris.

1836-37 Paris.

1848, Tours.

1848, Tours.

1860-1862, Paris

1860-1862, Paris

V. 1863, Paris

V. 1863, Paris

Tony Johannot 1878, Gallica

Tony Johannot 1878, Gallica

Tony Johannot 1878, Gallica

Tony Johannot 1878, Gallica

1880-1883, Barcelone.

1880-1883, Barcelone.

1904, Barcelone.

1904, Barcelone.

Carlos Vasquez

Carlos Vasquez

La rencontre de Don Quichotte avec la charrette des Cortès de la Mort et ses rapports avec les Danses Macabres.
Site Insula Baranaria

Site Insula Baranaria

On trouve sur le site insula barañaria les belles  illustrations suivantes :

 

 

II. LE DÉMON OU BOUFFON AUX VESSIES OU BOJOGANGA.

Le terme Bojiganga dérive de Vejiga « vessie" et sert à désigner aux XVIe et XVIIe siècles, en Espagne, une sorte de courte troupe de comédiens ; mais c'est aussi ce terme que Cervantes utilise pour désigner  un acteur saltimbanque portant des grelots, sautant, faisant des pirouettes et des danses tout en maniant à la grande terreur et à l'amusement du public,  un bâton avec des vessies de vaches gonflées.

Le Fou est également un personnage invité par la Mort lors des Danses macabres.

 

1674, Madrid

1674, Madrid

1650-1652, Paris

1650-1652, Paris

1668-1669 Amsterdam.

1668-1669 Amsterdam.

1695, Paris

1695, Paris

1706, Bruxelles

1706, Bruxelles

1771, Madrid

1771, Madrid

1780, Leipzig

1780, Leipzig

1797-1798, Madrid

1797-1798, Madrid

1797-1798, Madrid

1797-1798, Madrid

v. 1850, Paris.

v. 1850, Paris.

1866, Paris

1866, Paris

Gustave Doré 1863.Paris.

Gustave Doré 1863.Paris.

1898, Amsterdam

1898, Amsterdam

1902, Londres

1902, Londres

1905, Amsterdam

1905, Amsterdam

1905, Amsterdam

1905, Amsterdam

La rencontre de Don Quichotte avec la charrette des Cortès de la Mort et ses rapports avec les Danses Macabres.

 

III. LES COMÉDIENS LANÇANT DES PIERRES À DON QUICHOTTE.

1879, Barcelone

1879, Barcelone

v.1893, Paris

v.1893, Paris

1898, Barcelone

1898, Barcelone

1906-1907, New-York.

1906-1907, New-York.

 

LA SOURCE DE CE CHAPITRE : UN AUTO-SACRAMENTAL DE LOPE DE VEGA

 

Les critiques ont vite reconnu l'allusion du chapitre II,XI du Quichotte à un de ces comédies religieuses, appelées mystères ou moralités au Moyen-Âge et  auto sacramentales depuis la seconde moitié du XVIe siècle, qu’on jouait principalement pendant la semaine du Corpus Christi ( Fête-Dieu). On élevait alors dans les rues des espèces de théâtres en planches, et les comédiens, traînés dans des chars avec leurs costumes, allaient jouer de l’un à l’autre. C’est ce qu’ils appelaient, dans le jargon des coulisses du temps, faire les chars (hacer los carros). 

Ils ont d'abord recherché la source de ce chapitre dans une pièce, les Cortès de la Muerte, commencée par Micael de Carvajal, terminée par Luis Hurtado de Toledo, et imprimée dans la Cité Impériale par Juan Ferrer en 1557. Mais cet auto-sacramental  a été écrit  plus d'un demi-siècle avant  la publication  de Don Quichotte et ne comporte ni  Cupidon  ni l'Empereur, la Reine ou le Soldat.

Actuellement, le consensus est acquis pour reconnaître plutôt l'influence de l'auto-sacramental Las Cortes de la Muerte (Les Tribunaux de la Mort) de Lope de Vega, un texte resté inédit avant sa publication en 1892.

Voir C. Mata Indurain 2016.

Texte :

 https://web.seducoahuila.gob.mx/biblioweb/upload/Vega,%20Lope%20De%20-%20Las%20Cortes%20De%20La%20Muerte.pdf

https://www.scielo.cl/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S0718-22012016000200015

La pièce de Lope de la Vega met en scène 10 personnages, dont 8 correspondent par leur nom ou leur description à ceux évoqués dans le roman de Cervantes : la Mort, le Péché (Reine), la Folie, le Temps, l'Homme (Empereur), l'Ange Gardien, le Diable et « le dieu qu'ils appellent Cupidon ». Il n'y manque que l'Enfant-Jésus, et l'Envie, source de tout péché. La Mort est habillée en squelette et tient une faux. Le Péché est habillée en Reine, couronnée, avec un masque noir couvrant la moitié de son visage. La Folie est habillée de façon bigarrée (mi-partie?), en bouffon ("moharracho"). Le Temps est vêtu en cavalier, avec une épée et un chapeau avec une plume. L'Homme est habillé en Empereur avec un manteau, une couronne et un sceptre. L'Ange a  de grandes ailes peintes. Le Diable est habillé de couleurs de feu, avec des cornes sur la tête et une grande queue. Cuopidon est vêtu d'un tricot couleur chair avec son arc, son carquois et
flèches.

Selon Stefano Arata,

"tout, dans la description de la charrette d'acteurs qui croise le chemin de Don Quichotte , répond à la sphère de la vérité historique, de manière presque documentaire.  L'auto sacramentelle des Cortes de la Muerte que les acteurs viennent de jouer peut être identifiée avec une pièce de Lope de Vega, dont le texte nous est parvenu, et la description de la tenue vestimentaire du showbiz reproduit presque littéralement les instructions de costume du lopesco. manuscrit. Aussi l'étrange personnage qui apparaît à côté de la charrette - ce bojiganga qui sonne des cloches et brandit un bâton avec des vessies de vache - vient également de la réalité vivante des fêtes de la Fête-Dieu. C'est un personnage carnavalesque, personnification de la Folie, qui précédait les voitures lors des cortèges, effrayant les spectateurs avec ses sauts et son bâton. Selon la zone géographique, on l'appelait poutargue, mojarrilla ou moharracho." 

L'inclusion de ces fragments de réalité contemporaine et l'allusion à l'auto sacramentelle de Las Cortes de la Muerte ne sont pas une coïncidence. Il est important de rappeler que la charrette de Lope est la version baroque des anciennes danses de la mort de la fin du Moyen Âge, et met en scène la rencontre entre l'Homme et les figures du Diable, du Temps, de la Folie et de la Mort, qui le soumettent à un procès grotesque. L'homme ne sera sauvé qu'après avoir renoncé à sa folle vie. Dans l'auto sacramental, en outre, apparaît précisément la figure carnavalesque de la poutargue, qui représente, dans la pièce, le rôle de la Folie.

Enfoncés dans une charrette, hors du contexte naturel du théâtre, les acteurs costumés apparaissent comme un mirage dans le paysage rude de La Manche. Ces images sans âme d'un Roi, d'une Reine, d'un Amour, de la Mort, regroupées dans une charrette conduite par le Diable, semblent se transformer, par l'effet même de leur déguisement et de la rencontre avec le chevalier dérangé, en protagonistes d'une histoire paradoxale. danse de la Mort, au centre de laquelle se trouvent le Quichotte et le bojiganga . Curieuse rencontre : voici un fou déguisé en chevalier errant devant un acteur déguisé en fou, c'est-à-dire le fou devant son image emblématique. Rosinnante s'enfuit effrayé et tombe avec Don Quichotte . La Folie "pour imiter Don Quichotte et Rossinante" s'enfuit avec l'âne et tombe. Dans une pantomime grotesque, le bojiganga répétera, comme dans un miroir déformé, les gestes du chevalier."

 

Les critiques ont vite reconnu l'allusion à un de ces comédies religieuses, appelées mystères ou moralités au Moyen-Âge et  autos sacramentales depuis la seconde moitié du XVIe siècle, qu’on jouait principalement pendant la semaine du Corpus Christi ( Fête-Dieu). On élevait alors dans les rues des espèces de théâtres en planches, et les comédiens, traînés dans des chars avec leurs costumes, allaient jouer de l’un à l’autre. C’est ce qu’ils appelaient, dans le jargon des coulisses du temps, faire les chars (hacer los carros). 

Pendant la semaine des festivités de la Fête-Dieu , la soi-disant octave de la Fête-Dieu, les compagnies de théâtre, après s'être produites dans les processions des capitales, emmenaient leurs voitures sacramentelles dans les villes de la région.

Ils ont d'abord recherché la source de ce chapitre dans une pièce, les Cortès de la Muerte, commencée par Micael de Carvajal, terminée par Luis Hurtado de Toledo, et imprimée dans la Cité Impériale par Juan Ferrer en 1557. Mais cet auto-sacramental  a été écrit  plus d'un demi-siècle avant  la publication de Don Quichotte et ne comporte ni  Cupidon  ni l'Empereur, la Reine ou le Soldat.

Actuellement, le concensus est acquis pour reconnaitre plutôt l'influence de l'auto-sacramental Las Cortes de la Muerte (Les Tribunaux de la Mort) de Lope de Vega, un texte resté inédit avant sa publication en 1892.

Voir C. Mata Indurain 2016.

https://www.scielo.cl/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S0718-22012016000200015

La pièce de Lope de la Vega met en scène 10 personnages, dont 8 correspondent par leur nom ou leur description à ceux évoqués dans le roman de Cervantes : la Mort, le Péché, la Folie, le Temps, l'Homme, l'Ange Gardien, le Diable et « le dieu qu'ils appellent Cupidon ». Il n'y manque que l'Enfant-Jésus, et l'Envie, source de tout péché. Dans un procès qui rappelle le Jugement Dernier (ou les distiques des Danses macabres), se succèdent quatre discours, ceux de la Folie, du Diable, du Péché et de l'Ange. Lors d'un intermède, véritable  théâtre dans le théâtre, la Folie chante en s'accompagnant d'une guitare, se déguise en géante, met sur sa tête une tunique, avec des cornes pour indiquer qu'elle est le Diable, etc., reproduisant des éléments communs des célébrations de la Fête-Dieu. Enfin les Cortès reprennent avec le plaidoyer de l'Homme, et se terminent par le Jugement Dernier et une pièce musicale : "Veillez, veillez, pécheur, voyez que le monde vous trompe, que le loup est en campagne : fuyez et craignez sa rigueur". 

Selon Stefano Arata,

"tout, dans la description de la charrette d'acteurs qui croise le chemin de Don Quichotte , répond à la sphère de la vérité historique, de manière presque documentaire.  L'auto sacramentelle des Cortes de la Muerte que les acteurs viennent de jouer peut être identifiée avec une pièce de Lope de Vega, dont le texte nous est parvenu, et la description de la tenue vestimentaire du showbiz reproduit presque littéralement les instructions de costume du lopesco. manuscrit. Aussi l'étrange personnage qui apparaît à côté de la charrette - ce bojiganga qui sonne des cloches et brandit un bâton avec des vessies de vache - vient également de la réalité vivante des fêtes de la Fête-Dieu. C'est un personnage carnavalesque, personnification de la Folie, qui précédait les voitures lors des cortèges, effrayant les spectateurs avec ses sauts et son bâton. Selon la zone géographique, on l'appelait poutargue, mojarrilla ou moharracho." 

L'inclusion de ces fragments de réalité contemporaine et l'allusion à l'auto sacramentelle de Las Cortes de la Muerte ne sont pas une coïncidence. Il est important de rappeler que la charrette de Lope est la version baroque des anciennes danses de la mort de la fin du Moyen Âge, et met en scène la rencontre entre l'Homme et les figures du Diable, du Temps, de la Folie et de la Mort, qui le soumettent à un procès grotesque. L'homme ne sera sauvé qu'après avoir renoncé à sa folle vie. Dans l'auto sacramental, en outre, apparaît précisément la figure carnavalesque de la poutargue, qui représente, dans la pièce, le rôle de la Folie.

Enfoncés dans une charrette, hors du contexte naturel du théâtre, les acteurs costumés apparaissent comme un mirage dans le paysage rude de La Manche. Ces images sans âme d'un Roi, d'une Reine, d'un Amour, de la Mort, regroupées dans une charrette conduite par le Diable, semblent se transformer, par l'effet même de leur déguisement et de la rencontre avec le chevalier dérangé, en protagonistes d'une histoire paradoxale. danse de la Mort, au centre de laquelle se trouvent le Quichotte et le bojiganga . Curieuse rencontre : voici un fou déguisé en chevalier errant devant un acteur déguisé en fou, c'est-à-dire le fou devant son image emblématique. Rossinante s'enfuit effrayé et tombe avec Don Quichotte . La Folie "pour imiter Don Quichotte et Rossinante" s'enfuit avec l'âne et tombe. Dans une pantomime grotesque, le bojiganga répétera, comme dans un miroir déformé, les gestes du chevalier."

 

 

 

 

LES RELATIONS ENTRE LE CHAPITRE XI DE DON QUICHOTTE ET LES DANSES MACABRES EUROPÉENNES.

Existe-t-il une relation entre les deux, hormis les liens intertextes qui se forment spontanément dans l'esprit d'un lecteur, sans que celui-ci puisse le justifier?

La relation la plus évidente est liée à la présence dans ce chapitre II-XI  de la Mort, d'un Empereur d'une Reine et d'un Chevalier face aux deux héros. Mais le Fou n'est pas étranger non plus aux Danses macabres.

Le Fou et la danse macabre.

1. Le Fou est présent dans la Danse macabre du cimetière de l'église Saint-Jean à Bâle (1440), détruite mais dont la reproduction en aquarelle de Rudolf Feyerabend d'après les gravures de Merian est disponible.

La Mort est coiffé du bonnet de fou, et vêtu de la tunique à larges manches et tient un bracelet de grelots. Le Fou tien la marotte, porte la coiffe à grelots et est vêtu de chausses mi-parties vertes et mauves.

La Mort dit au Fou : "Tu te plais à sauter ? Eh bien saute, bouffon /Mon jeu ferait suer le fou le plus agile/ Mais laisse pour toujours la marotte inutile / Tes farces parmi nous ne sont plus de saison.

Le Fou répond : "Oh que j'aimerais mieux n'être qu'un pauvre diable / Porter de lourds fardeaux, être chargé de coups / Que de suivre ce monstre à face épouvantable/ Qui ne respecte rien, non pas même les fous!

(trad : Todtentanz, Bâle 1858)

Danse macabre de Bâle, anonyme, d'après les gravures de Matthaüs Merian (XVIe siècle). Photo lavieb-aile.

 

2. On le découvre aussi à la fin de la danse macabre  historiée éditée par  Guy Marchant 1486.

Comme dans  l'édition de 1510 par Nicolas Le Rouge, le Fou est figuré tenant sa marotte, coiffé du bonnet à oreilles d'âne et grelots, vêtu d'une tenue rayée et à pois les jambes équipées de guètres à grelots.

 

Danse macabre historiée, Guy Marchant 1486. Gallica.

 

Le Mort dit : Que si danser n'est que usage /Mon amy sot: bien vous advient/De y danser comme plus sage/Tout homme danser y convient/Lescripture si men souvient/Dit en ung pas: qui bien lentend/Lomme sen vad point ne revient/Chascune chose a sa fin tend

Le sot répond : Or sont maintenant bons amis /Et dansent icy dun accord:/Pleuseurs qui estoient ennemis
Quant ilz vivoient et en discord/Mais la mort les a mis dacord/La quelle fait estre tout ung/Sages et sotz: quant dieu lacord/Tous mors sont dun estat commun

Voir aussi :

http://www.dodedans.com/Exhibit/Image.php?lang=e&navn=laurens-30

http://www.dodedans.com/Exhibit/Image.php?lang=e&navn=oudot-1641-30a

3. On le trouve encore dans la Danse macabre des femmes de Guy Marchant de 1491 (c'est alors une Folle).

La Mort dit : Sust tost margot venez avant/Estes vous maintenant derriere / Vous deusfiez ja etre devant/et danser toute la premiere/Quelle contenance ; quelle maniere/ Ou est votre fille marotte/ Ne vault faire si mesgre chière/ Car c'est vostre dernière note.

Danse macabre des femmes, Guy Marchant 1491. Gallica.


 

 

4. Le Fou assiste du coin de l'œil et en lui tournant le dos  à la confrontation de la Mort avec le Docteur  dans le Mors de la Pomme (vers 1470) de Jean Mielot BnF 17001 f.113v. Il sert de témoin à la scène, et énonce la morale : Le fol : Ou le sens fault, eschiet folie ; Qui bien scet morir, il est sage ; Nul ne crient Dieu, ne sumilie Tant voye de morir lusage. Corrupti sunt et abominabiles facti sunt non est [verset 1 du Psaume XIII : L’insensé dit en son cœur : Il n’y a point de Dieu ! Ils se sont corrompus, ils ont commis des actions abominables ; il n’en est aucun qui fasse le bien.].

Le Fol tient la marotte, porte une tenue rayée, et le bonnet à tête de coq et oreilles d'âne.

 

Mors de la pomme de Jean Miélot, BnF 17001 f.113v. Gallica.

 

 

5. Le Fou est entrainé par la Mort dans la Nef des Fous de Sébastian Brant en 1494.

Ici dans la traduction française de Pierre Rivière en 1497, La Nef des Folz du Monde, BnF Res Velins-607 folio 75v.

 

BnF Res Velins-607 folio 75v. Gallica.

 

SOURCES ET LIENS

—INDURAIN (Carlos Maria), site Insula Barañaria, catégories Auto Sacramentales et Don Qijote. Quatres articles sont consacrés à "Burla, teatralidad y violencia en el episodio del carro de las Cortes de la Muerte («Quijote»,II, 11" .

https://insulabaranaria.com/

https://insulabaranaria.com/2021/05/06/burla-teatralidad-y-violencia-en-el-episodio-del-carro-de-las-cortes-de-la-muerte-quijote-ii-11-1/

https://insulabaranaria.com/2021/06/04/burla-teatralidad-y-violencia-en-el-episodio-del-carro-de-las-cortes-de-la-muerte-quijote-ii-11-y-4/

—INDURAIN (Carlos Maria), 2016, «Las cortes de la Muerte, auto sacramental atribuido a Lope de Vega, y el episodio cervantino de la carreta de la Muerte (Quijote, II, 11)», Alpha. Revista de artes, letras y filosofía, 43, 2016, pp. 219-231.

Carlos Mata Induráin

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Published by jean-yves cordier - dans Littérature Jugement dernier XVIIe siècle.
16 décembre 2024 1 16 /12 /décembre /2024 10:52

Le vitrail du Fou tirant la langue face à son hibou, avec les armoiries du verrier Barthélémy Linck, Suisse centrale, 1553, Le Louvre inv. OA 1187.

 

Ce panneau rectangulaire de 35,2 cm de haut et de  24,4 cm de large (mesures avec cadre)  en verres transparent, rouge, bleu et mauve  peints sur les deux faces à la grisaille, la sanguine et au  jaune d'argent offre parmi ses multiples intérêts (historique, héraldique, etc.) celui de présenter un exemple de la figure du Fou à la Renaissance. C'est à ce titre qu'il figure dans l'exposition Figures du Fou - du Moyen-Âge aux Romantiques présentée au Louvre en 2024-2025.

Ce costume est parfaitement codé et associe :

-La capuche à oreille d'âne (un vrai bonnet d'âne) et à ligne de crêtes (crêtes de coq ou échine du dragon),

-les grelots qu'on retrouve sur le bonnet, comiquement placés à la pointe des oreilles, sur les poignets, les chevilles, autour des jambes (en bracelet) et à la pointe des chaussures.

-la tunique à manches exagérées et à glands de passementerie

-la bourse (ouverte?)

-les chaussures à la poulaine

-les couleurs mi-parties, associant le blanc et le damier noir et blanc, autre forme de partition.

Il manque ici que la marotte.

Le bouffon se détache, sous une arcade reposant sur deux colonnes à guirlandes, sur un fond jaune damassé (au pochoir ou "gratté à la plume"),  au dessus d'un parapet aux pierres réunies par des crampons.

 Le personnage est barbu, avec un collier se terminant par deux pointes, peut-être par référence à un portrait. Car selon la notice du Louvre, c'était la coutume en Suisse de s’offrir, particulièrement au XVIe siècle, des fenêtres et vitraux entre particuliers, : le donateur se faisait représenter directement ou indirectement sur l’œuvre, qu’il offrait à une connaissance, en signe des liens qui pouvaient les unir, ou en cadeau d'apparat d'une institution qu'il soutenait. Il y plaçait ses armoiries.

Ces armes se blasonnent  « d’écu porte d’or à un dragon du même passant sur un grésoir d’argent posé en bande », soit un dragon surmontant un grésoir – ou grugeoir -, outil des verriers servant à façonner les bords des pièces de verre. Elles renvoient donc au verrier, qui a indiqué son nom, avec la date de 1553 : 

BARTHLIME LINCK 1553 

Barthlime est une forme de Barthélémy, également attesté comme patronyme.

Ce verrier (ses armes indiquent sa profession) était sans doute installé en Suisse centrale, à Zouck ou Zoug, et serait le père d'un autre peintre-verrier, « Bartholome Lingckh, von Zürch », qui devient bourgeois de Strasbourg en 1581.

À Strasbourg, une lignée de peintre-verrier est bien connue : après Barthélémy II Linck, né à Zouck en 1555 (Wikipédia) , viennent ses fils Laurent, Hans Konrad et Barthélémy III, qui réalisèrent les vitraux de la chartreuse de Molsheim. C'est Barthélemy Linck  qui peignit en 1607 les vitraux de l'Hôtel de Ville d'Obernai qui  représentaient les blasons des anciennes familles nobles et bourgeoises d'Obernai.

Le don de vitraux en Suisse aux XVe-XVIe siècle.

"Libres de toute soumission à des rois ou à des princes, les confédérés développèrent, par les victoires sur le duc de Bourgogne (1476-1477), par le triomphe à la guerre de Souabe (1499) et par les campagnes milanaises, un fort « sens commun » et une conscience enthousiaste de leur propre valeur : ils étaient devenus un acteur important et influent en Europe. Par conséquent, le besoin de la représentation augmenta dans la vie de chacun. Des personnes haut placées commencèrent à revendiquer des lettres de noblesse. Des marchands, des aubergistes, des artisans et même des paysans se mirent à la recherche d’armoiries qu’ils arboraient fièrement. Ces prétentions trouvèrent dans les vitraux suisses leur expression la plus appropriée.

Les autorités, les institutions et les bourgeois renommés s’offraient ces vitraux de petit format à l’occasion de nouvelles constructions, de la transformation de bâtiments ou d’événements politiques ou familiaux ou autres encore. L’initiative d’en faire la demande était prise par le propriétaire de la maison, qui s’adressait alors à son entourage public et privé. La fenêtre à vitre blanche formait la base de la donation, mais le vitrail incorporé montrait qui avait offert cette fenêtre si coûteuse.

En général, la donation allait bien au-delà d’une simple aide financière du demandeur. On illustrait ainsi les liens d’amitié réciproques. Tout visiteur pouvait comprendre qui était sous l’autorité de qui et quel rang le fier propriétaire du panneau occupait dans la société. Le vitrail offrait aussi au donateur la possibilité de démontrer sa propre importance et sa position politique ou religieuse par une scène imagée, une inscription et des armoiries." (U. Bergmann)

Uta Bregmann décrit la quinzaine de vitraux suisses de l'Hôtel Rotschild, dont un vitrail montrant l'intérieur d'un atelier de maître-verrier.

 

Vitrail du Fou aux  armoiries du verrier Barthélémy Linck (1553), Musée du Louvre. Photographie lavieb-aile 2024.

Vitrail du Fou aux armoiries du verrier Barthélémy Linck (1553), Musée du Louvre. Photographie lavieb-aile 2024.

Vitrail du Fou aux  armoiries du verrier Barthélémy Linck (1553), Musée du Louvre. Photographie lavieb-aile 2024.

Vitrail du Fou aux armoiries du verrier Barthélémy Linck (1553), Musée du Louvre. Photographie lavieb-aile 2024.

Vitrail du Fou aux  armoiries du verrier Barthélémy Linck (1553), Musée du Louvre. Photographie lavieb-aile 2024.

Vitrail du Fou aux armoiries du verrier Barthélémy Linck (1553), Musée du Louvre. Photographie lavieb-aile 2024.

 

Le Fou tire la langue à un hibou qu'il tient en bout de bras, attachée par un lacet . Si on admet que la chouette est l'animal symbolisant la sagesse, par référence à Athéna, on peut y lire le parti-pris du bouffon de prendre le contre-pied de toute rationalité dans un renversement délibéré des valeurs.

Néanmoins, le Hibou est aussi la figure, très répandue à la Renaissance, de l'oiseau nocturne harcelé par les oiseaux diurnes.

D'autre part, le Fou tirant la langue évoque immanquablement aux contemporains la figure de la Nef des Fous de Sébastian Brant, où cette langue tirée témoigne d'un excès de paroles, d'un bavardage dangereux en miroir de la Pie bavarde qui par son garrulement fait découvrir l'emplacement de son nid et de ses petits.

Voir :

La lecture de ce chapitre nous indique que le Fou tire sa langue non pas par injure ou singerie envers le hibou, mais pour indiquer que sa folie tient à son désordre de langue, à l'aliénantion de sa parole.

 

Enfin on remarquera , si on part sur la piste d'un Fou à la langue bien pendue et bien sonore, que le hibou est un "chat huant" dont le hululement s'intégre parfaitement dans le concert des sons discordants des charivaris. C'est son chant dont on se sert, dans les chasses à la pipée, le verbe piper (du latin pipare) signifiant tout autant "pousser un petit cri, [cf notre expression "sans piper mot"], "piauler, glousser, voire gazouiller", que "tromper" (CNRTL). Le rapprochement avec la figure de la Nef du Fou s'en trouve accentué, mais on peut aussi voir ici deux figures en miroir du jeu de langue, le hibou au chant trompeur attirant les oiseaux trouvant son double dans le Bouffon jouant sur les mots et déconstruisant le "bon sens" du langage.

Vitrail du Fou aux  armoiries du verrier Barthélémy Linck (1553), Musée du Louvre. Photographie lavieb-aile 2024.

Vitrail du Fou aux armoiries du verrier Barthélémy Linck (1553), Musée du Louvre. Photographie lavieb-aile 2024.

 

Dans le registre supérieur apparaîssent dans  un cadre rectangulaire quatre valets d'atelier portant des chevelures de filasses de lin ou chanvre et portant des pagnes de même matériau.

Ils esquissent des pas de danse et trois d'entre eux portent des massues, donnant ainsi à voir des figures de "l'homme sauvage".

Selon W. Wartmann, "La coutume de se déguiser en sauvage, en employant des fibres de chanvre ou de lin, semble avoir été aussi commune qu'ancienne; on se rappellera le récit que fait Froissart (livre IV) du bal où le jeune roi Charles VI faillit perdre la vie (janvier 1393), parce que de semblables déguisements s'y étaient enflammés." (C'est le Bal des Ardents ou Bal des Sauvages).

Ces bals étaient associées dans l'Europe médiévale à Hellequin ou Hannequin, roi des enchantements, la Chasse sauvage ou Mesnie Hellequin étant son cortège nocturne et fantastique de morts qui prenaient tantôt l’aspect de guerriers, tantôt de chasseurs-ravisseurs (K. Hueltschi), notamment lors des périodes de Carnaval ou lors des Douze petits jours de Noël à l'Epiphanie.

Voir aussi :

https://vitrosearch.ch/de/search?keyword=Wilder+Mann

 

Vitrail du Fou aux  armoiries du verrier Barthélémy Linck (1553), Musée du Louvre. Photographie lavieb-aile 2024.

Vitrail du Fou aux armoiries du verrier Barthélémy Linck (1553), Musée du Louvre. Photographie lavieb-aile 2024.

SOURCES ET LIENS.

—LE LOUVRE, Notice

https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010115951

— WARTMAN (Wilhelm), 1908, Les vitraux suisses au Musée du Louvre, Librairie central d'art et d'architecture, 1908 - 112 pages, pages 67-69

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64675066/f88.item

"Vitrail de personnage privé (Suisse centrale, 1553).
Sauzay, F. 206. — V. H. II. — L. 0,21 ; h. 0,32.

Un bouffon soutenant un écu armorié, dans un encadrement architectonique.
Deux fortes colonnes latérales d'un bon dessin, composées chacune d'un socle (h. 0,075) en
verre rouge foncé, d'un fût à peu près cylindrique (1. 0,025; h. 0,12), en verre bleu clair, et d'un
chapiteau en verre mauve (h. 0,04; ornementation identique à celle des chapiteaux du numéro 16),
supportent une sorte d'arcade.
Entre les colonnes, un personnage est debout, qui représente peut-être le donateur lui-même,
peut-être aussi est-ce un simple tenant d'armoiries déguisé en bouffon et s'appuyant sur l'écu. Il porte une tunique assez courte, dont la jupe flottante s'arrête bien au-dessus des genoux, et qui est mi-partie carrelée de noir et de gris (ou de blanc ?) à droite, et entièrement blanche à gauche ; ce vêtement possède des manches longues et très amples et un capuchon muni de deux grandes oreilles d'âne terminées chacune par un grelot. Des grelots sont pareillement attachés autour du genou, au cou de pied et à la pointe des souliers. Sur sa main droite, le personnage tient une chouette (cimier de l'écu?) à laquelle il tire la langue.
Pour fond, le motif central possède d'abord un petit mur ou parapet couleur de pierre, comme le sol sur lequel sont posés l'écu et son tenant ; il n'est guère plus haut que l'écu. Au-dessus
règne le fond proprement dit, un damassé jaune très fin, gratté à la plume dans une légère couche
de grisaille.

La partie supérieure du vitrail (h. 0,075 aux angles, 0,055 au milieu) ne peut figurer qu'un pan
de mur soutenu par les colonnes et remplaçant l'arc que d'ordinaire on trouve à cette place (les
colonnes n'auraient autrement aucune raison d'être) ; seulement, l'artiste, soit à dessein, soit par
négligence, n'a pas respecté la véritable nature de ce pan de mur, car il en a fait une frise avec
quatre enfants déguisés en sauvages (h. 0,06), portant des perruques et des pagnes en fibres de lin
ou de chanvre et armés d'énormes massues ; et ces enfants ne sont pas peints à l'imitation d'un bas-
relief, mais dessinés et modelés sur un fond transparent bordé de jaune.

L'écu (h. 0,10) porte : D'or à un dragon du même passant sur un grésoir d'argent posé en bande. Le grésoir [ou grugeoir] est l'insigne des verriers et peintres-verriers.

Au bas du vitrail, sur une bande de verre bleu très clair, comprise entre les socles des colonnes, on lit, en lettres gothiques minuscules : Barthlime Linck -1553 - (Barthélémi Linck, 1553).

Un peintre-verrier, « Bartholome Lingckh, von Zürch », devient bourgeois de Strasbourg en
1581 ; notre donateur ayant le même métier (le blason le prouve), est peut-être le père de celui-ci.
La façon dont a été introduite la figure du bouffon comme tenant de l'écu, est très personnelle
et originale ; son attitude n'a rien de commun avec le schéma habituel des tenants d'armoiries. On
remarquera avec quelle souplesse cette figure est adaptée aux dimensions et à la forme de la surface
dont l'artiste disposait. Les qualités du dessin, très soigné et d'un modelé bien exécuté, nous dédommagent entièrement du coloris assez terne.

Les morceaux de verre teint dont se composent les colonnes, constituent, en effet, les seules par-
ties colorées dans ce vitrail, tout le motif central, de même que la frise, étant peints uniquement en
grisaille et jaune sur deux grands morceaux de verre incolore. Aux fûts des colonnes, du jaune a
été appliqué au revers du verre bleu, pour produire le vert des guirlandes qui les décorent. Sur le
visage du fou, on constate, pour la première fois dans les vitraux du Louvre, un essai de carnation
à l'aide d'une grisaille brunâtre. La petite barbe qui garnit le menton du personnage est peinte en
jaune d'argent.

Le vitrail semble avoir reçu le choc d'un instrument pointu près de la patte postérieure gauche
du dragon, dans l'écu, car de ce point rayonnent dans toutes les directions six plombs supplémen-
taires (long. 0,045 à 0,195) ; à part cette détérioration, le panneau est intact.

La présence d'un fou dans un vitrail suisse n'a rien d'exceptionnel. Au musée national suisse on trouve même dans un vitrail de prélat un fou comme tenant des armoiries (donation de Félix Klauser, dernier abbé du chapitre de Rüti, 1504-1525; salle XVlIl, 3° fenêtre).
La coutume de se déguiser en sauvage, en employant des fibres de chanvre ou de lin, semble avoir été aussi commune qu'ancienne; on se rappellera le récit que fait Froissart (livre IV) du bal où le jeune roi Charles VI
faillit perdre la vie (janvier 1393), parce que de semblables déguisements s'y étaient enflammés.

Au sujet du grésoir dans les armes d'un (peintre-)verrier, voy., par exemple, au musée de Cluny, le n° 2086.

Sur Barth. Linck, voy. MEYER, op. cit., p. 259 et suiv. ; p. 260, n. 4, M. Meyer publie un extrait du registre du baptistère de l'église Saint-Nicolas de Strasbourg, qui dit que Barth. Linck, peintre-verrier, fait baptiser un fils du nom de Bartholome, en 1597, soit quarante-quatre ans après l'exécution de notre vitrail ; si on admet que celui-ci soit l'œuvre d'un maître âgé d'au moins vingt ans, il est peu probable que ce même maître, âgé de soixante-quatre ans, en 1597, ait pu encore avoir un fils ; le Barth. Linck devenu bourgeois de Strasbourg, se maria trois
fois : en 1581, en 1589 et en 1605 (MEYER, loc. cit., p. 259). Il semble bien que le «Barthlime Linck» qui, en 1553, a mis son nom sur notre vitrail, et le « Bartholome Lingk » qui, en 1597, fait baptiser son fils du même nom, soient deux personnages différents. Notre maître est probablement le père, domicilié en Suisse et y restant, tandis que le fils émigre et se fait bourgeois de Strasbourg. Le fils de celui-ci, baptisé à Strasbourg en 1597, le troisième Barth. Linck qui nous soit connu, pourrait être alors le monogrammiste r. (B. L.), l'auteur de notre numéro 28 a daté de 1628, et le collaborateur de Laurent Linck (autre fils né à Strasbourg en 1582, de Bart. Linck II),
pour la célèbre série des vitraux de l'ancienne abbaye de Molsheim, datés de 1622 à 1631 (LASTEYRIE, Histoire de la peinture sur verre, Paris, 1857, in-fol., pl. xcvm et xcix ; Peintres-verriers étrangers à la France, p. 16). Ainsi, trois générations correspondraient à une période de près de cent ans, s'étendant de 1530 (date de naissance approximative du Barth. Linck du vitrail de 1553) à 1630 (date des vitraux alsaciens signés B. L. et attribués à Barthélémi Linck III), ce qui est conforme aux observations de la statistique historique.

Malgré la note du registre de Strasbourg, qui le qualifie de Zuricois, ni Barthélémy II, ni son père, n'apparaissent parmi les peintres-verriers de Zurich ; il est d'autant plus plausible de classer notre vitrail, conformément aux caractéristiques de son style, parmi les vitraux provenant d'ateliers de la Suisse centrale."

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Published by jean-yves cordier - dans Héraldique Renaissance Fou. Sauvage.
29 novembre 2024 5 29 /11 /novembre /2024 21:39

La chaire à prêcher (1681) et le maître-autel (1686) faits par Jean Briand en la chapelle de Kerfons en Ploubezre.

 

 

Voir sur cette chapelle :

 

 

PRÉSENTATION.

 

À quelques kilomètres en amont de Lannion, la chapelle Notre-Dame de Kerfons ou plutôt "Kerfaouès" ("le lieu planté de hêtres") a été fondée sur les terres de l'ancien fief de Coatfrec dont les ruines du château homonyme se dressent plus au nord sur la rive occidentale du Léguer. Cette chapelle rurale étonne par la mise en œuvre de deux langages architecturaux : le Gothique flamboyant de la nef et de la chapelle nord - visible à l'intérieur dans les arcades, vraisemblablement datable du début du 15e siècle, une deuxième campagne de travaux vers 1450 (élévations ouest et sud), une troisième campagne dans le dernier quart du 15e siècle (fenêtre sud ornée de pampres) et la première Renaissance bretonne visible dans le bras sud (chapelle dédiée à saint Yves) datée des années 1553-1559.

Bâtie pour la puissante famille de Goulaine, la chapelle de Kerfons illustre dans la pierre un vocabulaire décoratif d’avant-garde : porte en plein cintre encadrée de colonnes surmontée d’un fronton triangulaire, modernité et simplicité du dessin des fenestrages, contreforts en forme de tourelle, niches à statues ou original campanile carré flanqué de quatre personnages. La chapelle de Kerfons est inscrite au titre des Monuments historiques depuis 1910.

 

Les gouverneurs étaient responsables de l’entretien et de la réparation des chapelles. A Kerfons, la chapelle dédiée à Notre-Dame était gérée par un gouverneur unique au cours d'un mandat d'un an non renouvelable. C'était un poste très convoité par les notables de Ploubezre. En 1686, c'était Pierre Merrien (cf. infra) qui occupait ce poste.Selon Christian Kermoal, les dénommés Fiacre Le Bihan et Rolland de Trongoff, tous deux gouverneurs, ont organisé le chantier de construction de l'aile sud à partir de 1553 : "ils emploient des carriers, des tailleurs de pierre, des forgerons, des vitriers et des peintres. Ils mettent en place un important charroi et fournissent la nourriture des gens et des bêtes" Selon le même auteur, en 1712, les gouverneurs jouent un rôle de conseil auprès des syndics et marguilliers de la paroisse, qui regroupe six chapelles. Les syndics (deux hommes/an) gère les affaires civiles, et le marguilliers (deux hommes/an) les biens religieux.

 

 

I. LA CHAIRE À PRÊCHER (Bois polychrome, Jean Briand 1681).

https://collectif-objets.beta.gouv.fr/objets/76729

https://pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM22001700

Œuvre classée le 29/03/1983, Base Palissy PM22001700.

La chaire est fixée dans le chœur  contre un pilier sud, immédiatement après le jubé.  Issue de la volonté de la Contre-Réforme de valoriser la prédication,  c'est une chaire suspendue  à dorsal, abat-voix et culot polygonal dont les quatre petits panneaux de la cuve  porte, dans des cartouches verts, les monogrammes IHS et MRA  (Maria, ou Maria Regina Angelorum) puis les noms IOSEF ert ANNA, accompagnés de la date de 1681. On accède à la chaire par un escalier d'une seule volée aux flmancs ornées de trois panneaux sans ornementation. L'ensemble est décoré sobrement de panneaux  peints en jaune (décor en faux-bois, ou marbre feint), avec quatre pots à feu et quatre macarons.

On l'attribue au menuisier Briand, qui a indiqué son nom sur le retable du maître-autel.  L'inscription "I. BRIAND" est lue comme "Yves Briand" par  Geneviève Le Louarn,  qui lui attribue également de deux confessionnaux et de la clôture de chœur. Les généalogistes mentionnent un Yves Briand, né à Ploubezre en 1643 et marié en 1673 avec Catherine Primot.

Mais on peut aussi lire "Jean Briand", ce qui serait plus cohérent avec cette donnée  , précisant que  les comptes des années 1675-1676 de la confrérie du Luminaire de la paroisse de Ploubezre révèlent la dépense de « 85 livres payées à Jean Briand me menuisier pour avoir fait un retable et de mettre un tableau de saint Yves et marche pied ». Le tableau fut doré pour 15 livres réglé par la confrérie par Yves Le Gouliez, maître doreur, suivant une quittance en date du 18 juin 1676.

Les généalogistes mentionnent bien un Jean Briand, "honorables gens" , baptisé le 13 mars 1644 à Ploubezre, décédé le 11 avril 1716 à Ploubezre, marié avant 1671 avec  Marguerite Berezay, Honorables gens , et qui est qualifié de "Maitre" sur l'acte de mariage de sa fille Marguerite en 1706.

Jérôme Lafeuille confirme qu'il faut attribuer cette chaire à Yann Briand, et m'adresse un relevé des apparitions de son nom dans les comptes paroissiaux : voir Annexe.

 

Chaire à prêcher (Jean Briant, 1681) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Chaire à prêcher (Jean Briant, 1681) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Chaire à prêcher (Jean Briant, 1681) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Chaire à prêcher (Jean Briant, 1681) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Le maître-autel et la chaire à prêcher de la chapelle de Kerfons en Ploubezre.
Chaire à prêcher (Jean Briant, 1681) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Chaire à prêcher (Jean Briant, 1681) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Chaire à prêcher (Jean Briant, 1681) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Chaire à prêcher (Jean Briant, 1681) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Chaire à prêcher (Jean Briant, 1681) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Chaire à prêcher (Jean Briant, 1681) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

II. LE MAÎTRE-AUTEL (Bois polychrome, Jean Briand v.1686).

Selon le site minran.free.fr/patrim.htm :

"Le maître-autel en granite est surmonté d'un retable daté de 1686, que l'on [qui ? rapproche d'ouvrages similaires de la même époque en Bavière ; il apparaît comme un assemblage de multiples éléments, tous sculptés avec une minutie et une variété exceptionnelles. Il montre aussi qu'à l'époque, la Bretagne est une plaque tournante du commerce maritime européen, et que les richesses artistiques et les artistes eux-mêmes circulent par les mêmes voies.
Ce retable baroque a été vandalisé par des pillards fin 2008. Leur arrestation rapide a permis de récupérer la plupart des éléments dérobés, et l'ensemble a fait l'objet d'une restauration importante en 2012, y compris la copie d'éléments manquants."

Il a été entièrement restauré en 2010, pour la menuiserie par l'Atelier de l'Arbre aux quarante écus de Muzillac, et pour la peinture par l'Atelier Régional de Restauration de Bignan (madame Champagnac et madame Pris), sous la direction de la DRAC.

Coût et commande :

À titre d'exemple, à Ploubezre, le retable du Rosaire a coûté 300 livres en 1679, soit cinq années de revenus de la confrérie. En 1712, un retable de l'église est confié à Michel Guérin, sculpteur peintre et doreur, pour 1200 livres (C. Kermoal)

 

Ses niches latérales ornées de colonnettes abritent des statues du Christ Sauveur du Monde et de la Vierge de l'Annonciation. Le style Renaissance qui avait été introduit à Ploubezre par Marquise de Goulaine en 1559 sur le campanile de Kerfons se poursuit ici avec les colonnes cannelées et les supports anthropomorphes, ou les guirlandes de fruits-légumes suspendues à des rubans. Comme sur la chaire à prêcher, on trouve ici les monogrammes IHS du Christ et MRA de Marie. Les chérubins et angelots abondent. Dieu-le-Père et un soleil dominent le tabernacle.

Le jaune de la chaire, et les panneaux en marbre feint, se retrouvent également.

 

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

 

III. LE RETABLE DE LA VIERGE TERRASSANT LA DÉMONE.

Ce retable nous permet de poursuivre notre découverte du talent de Jean Briand et d'en connaître la date d'exécution, mais aussi d'enrichir l'iconographie de ces "Vierges à la Démone" bretonne. Hiroko Amemiya, qui leur a consacré sa thèse et un ouvrage, distingue bien celle-ci des Vierges terrassant soit des sirènes, soit des dragons : une "Démone", selon la dénomination du Dr Le Thomas, est une représentation semi-humaine, avec un visage, une chevelure et un buste féminin, et une queue serpentiforme.

Elle en recense pas moins de 69 exemples en Bretagne, dont 28 en Finistère, 11 en Côtes d'Armor, 11 en Morbihan et 3 en Ille-et-Vilaine.

Il en existe des variantes, avec la Sainte-Anne Trinitaire de Saint-Hernin.

Elles symbolisent la victoire de la Vierge, par son enfantement d'un Rédempteur, sur le Mal ou le Péché originel introduit par Ève lors de l'épisode de la pomme. Le thème établit des rapports avec le culte de l'Immaculée-Conception (est sa figure de la Vierge de l'Apocalypse les pieds posés sur un croissant), et avec le thème iconographique des Arbres de Jessé.

Voir dans ce blog : 

.

La composition est placée, sous une coquille , dans une niche jaune et verte au soubassemment et aux colonnes de marbre feint, sous des guirlandes de fruits.

La Vierge est vêtue d'un manteau bleu dont le pan droit vient étager des plis-rideaux frontaux. La robe associe un bustier doré et lisse et une jupe plissée blanche. Les joues de son visage sont rehaussées de taches rouges. Ses cheveux dorées, qui retombent sur ses épaules, sont retenues par ce voile postérieur si souvent retrouvé en Bretagne aux XVI et XVIIe siècle et que j'ai  nommé "bandeau rétro-occipital" à défaut d'autre nom.

Voir par exemple :

La Vierge offre une fleur dorée à son Fils, qu'elle tient assis sur son bras gauche. Les joues de celui-ci sont également rehaussées de rouge, il porte une longue tunique blanche et il pose tendrement la main droite sur la poitrine de sa Mère.

La Démone est couchée sur le ventre au dessous du croissant, tête à droite. Son buste redressé prend appui sur le coude droit et sur la main gauche, laquelle est posée sur une demi-sphère rouge aplatie difficile à qualifier. Le visage rond aux joues rehaussées de rouge tourne vers nous des yeux ronds et noirs aux sourcils épilés. Deux cornes émergent de sa tête largement épilée. La main droite, humaine (ailleurs, elle peut être bestialisée en patte de batracien, ou griffue), tient une pomme dorée qui cache son sein droit.Tout le buste est nu, le bas du corps est peint en vert à écailles marquées et s'achève par une queue de serpent qui s'élève, rebelle et verticale, le long de la cuisse de Marie.

 

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

 

Deux médaillons ovales dorés portent une inscription, qui sera complétée par les inscriptions du retable de droite..

Le premier, à gauche, porte le texte suivant aux mots séparés par de gros points en losange:

F. 1686 /L.R.V./ED.M

Du côté gauche se lit ceci :

GEO/GE.R/IVOLL/AN.R./D.P.

Ce qui a été lu comme suit :

 "F[AIT] 1686 L[ORS] R[ECTEUR] V[ÉNÉRABLE] E[T] D[ISCRET] M[ESSIRE] GEORGE RIVOALLAN R[ECTEUR] D[E] P[LOUBEZRE]"

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/illustration/IVR53_20142200149NUCA

Le recteur Georges Rivoallan est attesté par les actes de baptême, souvent comme parrain, de 1681  jusqu'en 1687 au moins, et sur des actes de mariage, avec le titre de messire, en 1683. En 1712, le successeur est Vénérable et Discret Messire Marc Chrétien, À cette époque, les cures les plus riches sont attribuées à des famolle de la noblesse.

 

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

III. LE RETABLE D'UN SAINT ÉVÊQUE (J. Briand 1686).

Une niche symétrique et strictement similaire est placée à droite de l'autel, en dessus d'un sacraire de style gothique flamboyant. En remplacement d'une représentation du Baptême du Christ, elle abrite un saint évêque mitré, en chape, qui a perdu sa crosse et que nous ne pouvons identifier.

Ploubezre, chapelle de Kerfons : vue intérieure, statue d'évêque

On peut lire l'inscription suivante : "G[OUVERNEU]R HO[NORABLE] HO[MME] PIERRE MER[R]IEN F[AIT] P[AR] I[VES] BRIAND"

Donc, le gouverneur est un notable, Pierre Merrien, et la signature par Jean Briand (je conteste la lecture I.=Yves pour I = Ian ) est répétée, comme sur la chaire

Il est signalé sur Geneanet un seul Pierre Merrien, et il est né en 1656. il a donc ici 30 ans. Il est agriculteur, et a épousé le 12 février 1676 Marguerite Le HOUEROU, d'où 8 enfants. Il est dit "lieutenant de Ploubezre". Sa femme épousera ensuite Nicolas Merrien. Elle est la sœur de Charles HE HOUEROU (1663-1736), 

Parmi les huit membres de la paroisse chargés de surveiller la commande d'un retable pour l'église de Ploubezre en 1712, on trouve outre le recteur deux notaires et trois nobles, deux paysans dont Pierre Merrien. (C. Kermoal). Quand à son beau-frère Charles Le HUEROU, il figure, avec le recteur et un notaire, parmi les membres de la commission de vérification des comptes.

 

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

 

ANNEXE : 

Quelques extraits d'archives relevés par Jérôme Lafeuille (com. pers.) mentionnant le nom de Yan Briand  dans les comptes manuscrits de l'époque.  

 On y lit que c'est lui qui a réalisé en effet la chaire à prêcher, mais aussi le retable de la chapelle de la Vierge (actuellement démonté, à restaurer), les 2 niches de part et d'autre du grand autel, 2 confessionnaux aujourd'hui disparus, ainsi que la balustre et le marchepied, ainsi que divers travaux de menuiserie (fenestrons dans la chapelle et à côté). etc 

 

EXTRAITS DES COMPTES DE LA CHAPELLE DE KERFONS (AD 22 / 20 G 901)

 

Comptes 1674-1675

Retable de l’autel « de la Visitation »

Comme aussi fait voir ledit comptable un acte de marché entre luy et Ian Briand menuisier étant daté

du vingt-sixième septembre mil-six-cent-septante-quatre portant la construction d’un retable fait sur

l’autel de la Visitation du côté de l’Evangille en ladite chapelle de Nostre-Dame de Kerfaouez pour la

somme de nonante livres (…)

De plus fait voir ledit comptable une quittance générale par luy obtenue du Sieur Briand pour avoir

accomply ledit acte demandé portant la somme de quatre-vingt-dix livres et comme aussi celle de

huit livres quinze sols pour (…) travail dans ladite chapelle qui estait nécessaire, faisant en tout

quatre-vingt-dix-huit livres quinze sols, ladite quittance date du premier juin présent an 1675 signé G.

Alain recteur dudit Ploubezre et Ian Briand, et P. Gourbreire Notaire soit…………………………98£ 15 S.

Suite : 3 fenestrons

De plus requiert ledit comptable allouons descharge de la somme de neuf livres qu’il a payé audit

Briand pour avoir fait (…) trois fenestrons pour la maison où demeure ledit Couturier ( ?) suivant

quittance datée du troisième febvrier Mil-six-cent septante-cinq, soit ……….9£

Comptes 1675-1676

Tableau de Notre-Dame

Davantage .. ledit comptable avoir allocation de décharge de la somme de cinquante quatre livres

suivant quittance datée du dix neuvième juillet mil six cent septante six. Signé Charles Simon.

Vu que c’est un tableau de Notre Dame que Simon, peintre de Tréguier a fourny à ladite

chapelle, alloué vu la quittance cinquante quatre livres 54 £.

Comptes 1679-1680

Retable de l’église paroissiale

Ledit comptable a payé pour aider au marché du retable du Saint Rosaire érigé en l’église paroissiale

dudit Ploubezre la somme de Soixante livres comme il faict voir par acte prosnal consenti par le

général (?) de ladite paroisse en date du troisième de novembre dernier dont il demande décharge et

allocquation de la somme s’il plaît à Monsieur le commissaire, soit….. 60 £

Chaire

Davantage ledit comptable a payé à Ian Briand Maître Menuisier la somme de soixante livres pour avoir

fait une chese (=chaire) en ladite chapelle de Kerfauoez suivant quittance du cinquième avril mil six

cent quatre-vingt-un Signé Ian Briand Le tout fait par l’advis dudit Recteur de ladite paroisse et le

général d’icelle dont il demande pareillement allocquation, soit 60 £

Comptes 1680-1681

Confessionnaux

Plus, il aurait à payer à Ian Briand maître menuisier la somme de vingt-sept livres (…) pour avoir fait

deux confessionnaux dans ladite chapelle comme il constate (?) par quittance dudit Briand du vingt-

cinquième 7-embre mil-six-cent quatre-vingt -deux de luy signé de laquelle somme il demande

décharge.

Dorure du retable de St Yves

Ledit comptable aurait encore payé à Yves Le Goulliez maître doreur de la ville de Lannion la somme

de septante-et deux livres pour le marché d’étoffer et dorer ledit retable de Saint Yves et

l’anontiation (?) dans ladite chapelle de Kerfaouez fait par l’advis du Sieur Recteur de la paroisse

suivant acte passé avec ledit Le Goulliez le vingt et neuvième juillet.

Comptes 1684-1685

Marché des niches

Suivant acte du vingt-troisième novembre mil six cent quatre-vigt-cinq ledit comptable aurait par

l’advis du Sieur Recteur de la paroisse de Ploubezre et autres particuliers d’icelle paroisse fait marché

avec Ian Briand Me menuisier et sculpteur .. dudit Ploubezre pour faire deux niches dans ladite

chapelle de Kerfaouez pour mettre aux deux boults du grand autel d’icelle pour la Somme de trente-

cinq livres dix sous comme il est rapporté dans l’acte du marché

… aurait payé audit Briand à valoir la somme de 35 livres et dix sous …

D’avantage Il a payé à Ian Briand M e menuisier et sculpteur dudit Ploubezre la somme de soixante et

une Livres dix sous pour le (parfayre ?) du marché que François Le Gordot ( ??) (a présenté ??) ladite

descharge audit faict avecq ledit Briand de faire deux niches en ladite chapelle comme on doit par

acte du 23 ème février 1685 pour la somme de soixante-une livres dix sous, (…)

Dorure des 2 niches

Ledit (… …) aurait par acte du quatorzième juillet dernier ( ?) faict marché par l’advis dudit Recteur et

autres desnommés de ladite paroisse avecq Bertrand Bayr Maître doreur de la Ville de Lannion de

dorer et étoffer les deux niches estant faictes (….) au deux boults du Grand autel d’icelle chapelle

pour et en (… …) de la somme de cent trente livres, (…)

Balustre du marchepied du maître-autel

Le comptable aurait payé encore audit Ian Briand (…) pour le nombre de soixante livres, journées

qu’il aurait faictes de travail pour faire une balustre de nouveau qu’il a fait faire à l’autour du

marchepied du grand autel de ladite chapelle (à) la place de ceux qui estaient du précédent lesquels

étaient trop courts la Somme de Soixante et onze livres neufs sous …. Vingt-cinq avril 1686

 

 

SOURCES ET LIENS.

— AMEMIYA (Hiroko) 2005, Vierge ou démone, exemple dans la statuaire bretonne, Keltia éditeur, Spézet. 269 p. page 176. Version remaniée de la thèse de 1996.

— AMEMIYA (Hiroko) 1996, Figures maritimes de la déesse-mère, études comparées des traditions populaires japonaises et bretonnes thèse de doctorat d'études littéraires, histoire du texte et de l'image  Paris 7 1996 sous la direction de Bernadette Bricout et de Jacqueline Pigeot. 703 pages Thèse n° 1996PA070129

Résumé : Le thème principal de cette étude est de voir quel rôle la femme non-humaine - et notamment la femme qui appartient au monde maritime - a joué au japon et en Bretagne, à travers les récits relatifs à l'épouse surnaturelle. Pour la Bretagne, les recherches s'étendent également sur l'iconographie religieuse représentant l'être semi-humain telles la sirène et la femme-serpent. La région conserve dans ses chapelles de nombreuses statues des xvie et xviie siècles figurant ce type faites par des artisans locaux. L'imagination populaire s'épanouit ainsi dans la femme non-humaine de deux façons en Bretagne : dans l'expression orale et dans l'expression plastique ce qui nous offre une occasion inestimable d'étudier leur compatibilité dans leur contexte socioculturel. Les récits qui traitent le thème du mariage entre l'être humain et l'être non-humain révèlent la conception de l'univers d'une société. L'autre monde ou les êtres de l'autre monde sont en effet une notion fonctionnelle qui permet a la société de maintenir l'ordre interne par une intervention externe fictive : la suprématie du fondateur du japon s'explique par la transmission d'une puissance surnaturelle par sa mère du royaume maritime, alors qu'en bretagne, la destruction de la cite légendaire d'Is est causée par une fille maudite née d'une fée. Le premier volume de cette étude est composé de trois parties : i. L'autre monde dans la tradition populaire au japon, ii. Récits relatifs au mariage au Japon et en Bretagne, iii. Iconographie d'une femme semi-humaine. Le deuxième volume est un inventaire des différents types de représentation semi-humaine en bretagne.

 

 

—COUFFON, René, 1939, « Répertoire des églises et chapelles de Saint-Brieuc et Tréguier. Second fascicule », Société d’émulation des Côtes-du-Nord. Bulletins et mémoires, 71, 1939, p. 141.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6562108b/f169.item

 

— FRANCE (Abbé), 1885, excursion, Bulletin archéologique de l'association bretonne, volume 27 page 9

https://www.google.fr/books/edition/Bulletin_arch%C3%A9ologique_de_l_Association/McVLAAAAMAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=%22vitraux%22+%22kerfons%22&pg=RA1-PA9&printsec=frontcover

— KERMOAL Christian), 2024,  Christian Kermoal, Notre-Dame de Kerfons. Essai d’histoire monumentale, Pabu, À l’ombre des mots, 2023, 412 p.

 

Isabelle Guégan, « Christian Kermoal, Notre-Dame de Kerfons. Essai d’histoire monumentale, Pabu, À l’ombre des mots, 2023, 412 p. », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 131-3 | 2024, 235-238.

https://journals.openedition.org/abpo/9618

— KERMOAL Christian), ,1886 Les notables de Ploubezre de la fin du XVe au XVIIIe siècle

 

— LE LOUARN, Geneviève. 1983 "La chapelle Notre-Dame de Kerfons". Rennes, Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne, t. 60, 1983, p. 301-305.

https://www.shabretagne.com/scripts/files/5f47279f486ba7.18741049/1983_25.pdf

— LE THOMAS (Louis), 1961 "Les Démones bretonnes, iconographie comparée et étude critique", Bulletin de la société Archéologique du Finistère t. 87 p. 175-175.

 —LÉCUILLER ( Guillaume), 2014, Chapelle de Kerfons (Ploubezre), Inventaire général, Gertrude, 2014. Dossier IA22132120 

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/IA22132120

http://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-de-kerfons-ploubezre/537c3869-09be-477c-a478-f17a69e1a52f

—NOTICE de 1936.

http://www.infobretagne.com/ploubezre-kerfons.htm 

 

 

 

 

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19 novembre 2024 2 19 /11 /novembre /2024 16:35

Le jubé (vers 1493-1495) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre.

 

Voir sur cette chapelle :

 

PRÉSENTATION.

"Le plus beau jubé de Bretagne" Site Patrimoine.bzh.

S'il subsiste encore une douzaine de jubés en bois en Bretagne, celui de la chapelle Notre-Dame de Kerfons à Ploubezre est sans doute l’un des plus remarquables dans le travail du bois ajouré et de la polychromie. Ce jubé de style gothique flamboyant a été réalisé dans les années 1493-1495 puis, recoupé et déplacé, probablement dans la seconde moitié du 16e siècle ou au début du 17e siècle, pour s’adapter aux transformations de la chapelle.

Pour Jérôme Lafeuille et Christian Kermoal (voir bibliographie), "si le maître de Kerfons n’est pas un étranger - Florence Piat évoque le Breton Jean Jouhaff dans sa thèse - le jubé de Notre-Dame de Kerfons témoignerait de la présence d’une culture savante et francophone dans le diocèse de Tréguier à la fin du Moyen Âge et, grâce à la sculpture religieuse, de sa diffusion au plus profond des campagnes bretonnes".

Selon Jérôme Lafeuille et Christian Kermoal, son décor s’inspirerait d’une illustration du Calendrier des Bergers, ouvrage populaire de référence publié en 1493. Le jubé porte le message théologique suivant : la proclamation de la foi par les apôtres et l’annonce de la Résurrection du Christ par Marie-Madeleine.

Selon des observations in situ, il apparaît que le jubé a été recoupé et déplacé depuis un emplacement d’origine plus proche du chœur et plus large (vraisemblablement dans la seconde moitié du 16e siècle ou au début du 17e siècle ?). Par comparaison iconographique, il manquerait aujourd’hui à la composition du jubé de Kerfons, le Christ de la Passion et le Christ en majesté "de façon à constituer avec le Christ ressuscité un triptyque symbolisant la rédemption opérée par la mort et la Résurrection du Christ embrassant les douze apôtres " (Jérôme Lafeuille, 2019).


Le jubé sépare la nef du chœur et sert de support à une tribune.Il mesure 6 m. de long et 4,60 m de large.

Il est en bois, sculpté et peint, de style gothique flamboyant composé d'une clôture à cinq arcatures ajourées en arc brisé, séparées par des colonnes torsadées. L’arcature centrale s’ouvre par une porte à claire-voie. La clôture supporte une tribune en encorbellement, accessible par un petit escalier en vis encore doté de sa porte.

Quinze niches abritent des bas-reliefs en bois polychromes qui représentent de gauche à droite : sainte Barbe, les douze apôtres avec les instruments de leur martyre (Pierre, André, Jacques le Majeur, Jean, Thomas, Jacques le mineur, Philippe, Barthélémy, Matthieu, Simon, Jude, Matthias), sainte Marie-Madeleine et le Christ ressuscité (placé à l’extrême droite). Au-dessus de la tribune, se dressent les statues de la Vierge et de l’apôtre Jean, entre lesquelles se trouvait à l’origine une statue du Christ en croix.

Classé Monument historique dès 1899, le jubé a été restauré de 1978 à 1979."

 

Ce jubé ayant été parfaitement étudié et décrit par Jérôme Lafeuille et Christian Moal, le but de cet article est de fournir mes clichés aux internautes, et de venir compléter, dans ce blog, mes séries sur les jubés bretons, et sur les Credo apostoliques  :

Voir :

 

 

 

DESCRIPTION.

 

I. LE CÔTÉ VISIBLE DEPUIS LA NEF (face occidentale).

A. LA TRIBUNE ET SES QUINZE PANNEAUX.

On y trouve, comme à La Roche-Maurice, Lambader, N.D de Berven, ou Saint-Nicolas en Priziac, les 12 apôtres, dans l'ordre des Credo apostoliques, mais associés de chaque côté à deux saintes, sainte Barbe et sainte Marie-Madeleine, et à l'extrême droite, au Christ ressuscité :

1. Sainte Barbe

2. Saint Pierre

3 Saint André

4. Saint Jacques

5. Saint Jean

6. Saint Thomas

7. Saint Jacques le Mineur

8. Saint Philippe,

9. Saint Barthélémy,

10. Saint Matthieu.

11. Saint Simon.

12. Saint Jude.

13. Saint Mathias

14. Sainte Marie-Madeleine.

15. Le Christ ressuscité.

L'identification des apôtres se fait, lorsque leur nom n'est pas indiqué  d'après leur attribut, ou par leur rang (fixé par le Credo apostolique"), ou par le texte de ce Credo lorsque les apôtres présentent leur article sur un phylactère, ce qui n'est pas le cas ici. (L'absence de ces phylactères pourrait penser que nous n'avons pas affaire à un Credo). Il pourrait s'agir de la présentation des saints personnages auxquels le Christ est apparu après sa résurrection  : les Apôtres, et Marie-Madeleine. Sainte Barbe serait alors l'intruse.

Quoiqu'il en soit, les douze apôtres s'identifient, comme l'a montré Jérôme Lafeuille, par les illustrations du Credo des Apôtres du Calendrier des bergers de 1493, édité par G. Marchant à Paris (première édition en 1491).

On peut penser que le commanditaire a remis au sculpteur cet imprimé ( ou une copie) et que l'artisan a suivi ce modèle, avec de légères difficultés d'interprétation pour Jacques le Mineur ou Philippe par exemple.

Le Calendrier des bergers de 1493.

 

Le Calendrier des bergers de 1493.

 

Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.

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1. Sainte Barbe , sa tour, son livre, sa palme du martyr .

Sainte Barbe est très largement invoquée à la fois par les fidèles dans leurs oraisons privées — dans les livres d'Heures — pour prévenir les dangers de la mort brutale, et dans les édifices pour les protéger de la foudre. Sa présence n'est pas surprenante. On la trouve sur la tribune de La Roche-Maurice, avec les mêmes trois attributs.

Son front est ceint d'un diadème, ses cheveux noirs retombent en nattes jusqu'à sa taille ; elle désigne son livre d'un index décidé, sans doute pour affirmer sa foi dans le dogme de la Trinité.

 

Tribune de La Roche-Maurice (v.1560)

 

Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.

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2. Saint Pierre et sa clef.

Calendrier des bergers 1493

 

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3. Saint André et sa croix en X .

St André, Calendrier des bergers 1493.

 

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4. Saint Jacques le Majeur en tenue de pèlerin.

Chapeau à large bord timbré d'une coquille Saint-Jacques, pèlerine, bourdon et besace.

 

Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.

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5. Saint Jean bénissant la coupe pour en neutraliser le poison  (signalé par un serpent) .

 

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6. Saint Thomas et sa lance.

Calendrier des bergers 1493

 

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7. Saint Jacques le Mineur avec un "bâton de foulon" en crosse.

Jacques le Mineur tient habituellement un "bâton de foulon", dont l'extrémité dilatée en club est tournée vers le bas. Mais ici, au bout d'un bâton à écot, c'est l'extrémité supérieure qui se recourbe comme une crosse végétale, presque épiscopale. C'est inhabituel, mais insuffisant pour nous tromper : soyons indulgents. 

 

Le calendrier des bergers 1493

 

Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.

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8. Saint Philippe et sa croix .

Au lieu d'une croix à traverse orthogonale, notre sculpteur, un peu gêné par le format dont il dispose, a créé une croix en T de traviole. Heureusement, il suit l'ordre du Calendrier, et finalement, son écart du modèle est minime. Notez par exemple l'index placé sur le bois de la croix.

 

 

 

Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.

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9. Saint Barthélémy et son coutelas de dépeçage.

 

 

 

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10. Saint Matthieu et sa hache.

 

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11. Saint Simon et sa croix à longue hampe.

 

 

 

 

Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.

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12. Saint Jude et sa scie.

 

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13. Saint Mathias et sa hallebarde.

St Mathias, Calendrier des bergers 1493.

 

 

Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.

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14. Sainte Marie-Madeleine et son pot d'onguent.

Elle s'identifie à son pot d'onguent, ou d'aromates destinés  à l'embaumement du corps du Christ, mais elle trouve le tombeau vide, et le Christ ressuscité lui apparaît, sous les allures d'un jardinier :  elle est le premier témoin de la Résurrection.

Ses longs cheveux blonds fait aussi partie de ses attributs, car c'est avec ses cheveux qu'elle essuya, chez Simon, les pieds de Jésus qu'elle avait trempé de ses larmes de repentir.

Elle trouve donc toute sa place à côté des apôtres, comme Témoin, et comme figure de la gratitude envers le Rédempteur.

 

 

 

Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.

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15. Le Christ ressuscité.

Vêtu du manteau glorieux, de pourpre doublé d'or, de sa victoire sur la mort  il tient la croix (remplaçant l'étendard marqué de la croix) et il bénit. Dans la figure traditionnelle du ressuscité, les plaies des mains et des pieds sont exposées ; ici, seule la plaie du flanc, et celle du poignet droit, sont visibles.

 

Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.

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B. AU  DESSUS DE LA TRIBUNE, LA VIERGE ET SAINT JEAN.

Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.

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C. SOUS LA TRIBUNE, ONZE ANGES EN VOL.

L'un, à droite, porte un blason (muet), l'autre, à gauche, prie les bras croisés sur la poitrine,  quatre portent les Instruments de la Passion un tient un livre ouvert, les autres tiennent des rectangles qui ont perdu leurs peintures. Ce sont des écus en bannière, portant jadis des armoiries des prééminenciers et autres familles nobles influentes.

En effet, René Couffon fait remarquer ceci :

"La  tribune est  supportée par des arcs soutenus par des angelots tenant entre leurs mains des écussons soigneusement rabotés à la Révolution.

Ce jubé ne porte ni date ni inscription. Il a été daté par quelques auteurs du xve siècle, le plus généralement du xvie siècle sans preuve déterminante.

Or un acte nous permet aujourd'hui de préciser l'époque de sa construction (Archives départementales des Côtes-du-Nord, E. 1644). Un ouragan ayant détruit en 1769 l'une des verrières de la chapelle, le gouverneur fit mettre soigneusement de côté tous les morceaux afin de faire dresser l'état des prééminences, qui fut exécuté le 10 septembre 1771 par un expert héraldiste, François Bahic de Lannion.

Celui-ci mentionna dans la verrière les armes de Bretagne, d'Avaugour, de Coëtmen, de Penhoët et du Parc et ajouta que ces mêmes armes se voyaient également sur le jubé, très précieuse indication. Elles permettent, en effet, d'attribuer le jubé soit à Guillaume de Penhouët, chambellan du duc François Ier et vivant encore en 1470, ainsi qu'à sa femme Beatrix de Coëtmen, soit plutôt à leur fils Jean, époux de Beatrix Péan dont les armes étaient écartelées du Parc et de la Roche-Jagu, ces dernières semblables d'ailleurs à celles de la Maison de Coëtmen de sa belle-mère.

Ce Jean, baron de Coëtfrec en 1475, était décédé en 1489. Or l'examen du jubé de Kerfaoues indique qu'il est légèrement postérieur à celui de Saint-Fiacre du Faouët daté très exactement par une inscription de 1480 et qu'il convient ainsi de le dater d'entre 1481 et 1489."

Si la datation a été précisée par Jérôme Lafeuille en la rapportant aux dates de parution des Calendrier des bergers, la pièce d'archive nous permet d'assurer que ces anges tenaient bien au moins huit panneaux rectangulaires armoriés, ou écus en bannière, et un blason. 

Nous avions donc ici :

Bretagne : d'hermines plain

D'Avaugour :D'argent au chef de gueules chargé d'une macle d'or

De Coëtmen : De gueules à neuf annelets d'argent posés 3, 3, 3.

De Penhoët : d'or à la fasce de gueules.

https://bibliotheque.idbe.bzh/data/cle_140/Les_Seigneurs_de_Penhoet_en_Saint_Thegonnec_.pdf

Lignée des Penhoët baron de Coetfret :

—Guillaume de Penhoët, décédé en 1475, épouse Béatrice de Coëtmen.

—Jean de Penhoët, leur fils, épouse vers 1465 Guillemette Péan (De sable à deux fasces d'or accompagnées de six quintefeuilles d'argent posées 3, 2 et 1 ), d'ou Pierre de Penhoët, marié avec Louise du Juch (pas d'enfant), et Jeanne de Penhoët.

— Jeanne de Penhoët, dame de Kerimel, 4ème baronne de Coëtfrec, épouse François de la Touche, seigneur de La Touche-Limouzinière (d'or à trois tourteaux de gueules).

—La branche des Penhoët-Coatfrec se fond en 1492 dans la famille de La Touche-Limousinière en Loire-Atlantique. Un des fils épouse en 1522 un membre d 'une des plus grandes familles bretonnes, Marquise de Goulaine qui meurt en 1531 et est enterrée dans la chapelle Saint-Yves de Kerfons, c'est-à-dire dans la chapelle sud du transept. En 1533, leur fille Françoise de La Touche est inhumée dans la même chapelle aux côtés de sa mère et leur deuxième fille Claude fera rebâtir en 1559 la chapelle funéraire de la famille. Ces travaux nécessitent la surélévation de la nef avec des modillons et l'aménagement d'une sacristie au bas de la nef.

 

 

https://gw.geneanet.org/zardoz?lang=fr&p=guillaume&n=de+penhoet&oc=4

https://gw.geneanet.org/gilles101?n=de+penhoet&oc=2&p=jean

 

 

Cliché lavieb-aile.

 

De gauche à droite :

 

1. Ange orant.

Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.

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2. Ange tenant la colonne de la Flagellation et sans doute jadis les fouets et verges.

Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.

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3. Ange tenant un panneau.

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4. Ange tenant la croix, les clous (et jadis sans doute un marteau).

Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.

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5. Ange tenant un panneau.

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6. Ange tenant la lance de Longin et ?.

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7. Ange tenant un panneau.

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8. Ange tenant un objet perdu. La tunique qui fut tirée au sort par les soldats ? Le voile de Véronique ?

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9. Ange tenant un panneau.

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10. Ange tenant un livre ouvert.

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11. Ange tenant un écusson (muet).

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D. LA CLÔTURE AJOURÉE À CINQ TRAVÉES.

Quatre travées ont la forme d'ogives étroites ajourées de deux lancettes à découpes gothiques. La porte  rectangulaire occupe la travée centrale sous un tympan ajouré à feuilles d'acanthes et fleurons. Chaque colonne reçoit une ornementation différente, et la porte est entourée d'une frise de pampres et grappes, symbole eucharistique.

 

Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.

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II. LE CÔTÉ VISIBLE DEPUIS LE CHŒUR (face orientale).

De ce côté, la tribune ne comporte plus que 13 panneaux, mais ceux-ci se prolongent par ceux, identiques en couleur et en décor, de l'escalier à vis qui y donne l'accès par le côté droit.

D'autre-part, ces panneaux ne sont pas  à personnages, mais seulement ornementaux.

Par contre, nous retrouvons la succession de neuf anges en vol, tenant là encore alternativement  des panneaux vierges, et des objets souvent perdus.

Séparant les panneaux de tribune et les anges, une frise de branches écotés à phylactères et d'épis s'enrichit de groupes d'animaux et de personnages non religieux.

 

 

Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.

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A. Dans les arcades à feuilles d'acanthes séparées de pinacles, les panneaux décoratifs de la tribune, à entrelacs végétaux, surmontés d'une frise de pampres et de grappes.

Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.

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B. Les neuf anges.

 

1. Ange tenant un panneau muet.

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2. Ange tenant la colonne de Flagellation.

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3. Ange bras écartés tenant un objet perdu.

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4. Ange tenant un objet perdu .

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5. Ange tenant un panneau muet.

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6. Ange tenant un objet perdu .

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7. Ange tenant un panneau muet.

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8. Ange tenant une croix et une tige [clou?.

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9. Ange tenant un objet perdu.

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C. La frise intermédiaire.

Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.

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Un homme coiffé d'un bonnet jaune, allongé, tient l'extrémité de la tige de feuillages et d'épis.

 

Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.

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Un dragon vert (échine dentelée) et un animal jaune à pelage lisse (bœuf? Lapin?)

Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.

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D. L'escalier à vis donnant accès à la tribune.

Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.

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E. La clôture et la porte.

Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.

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SOURCES

— COUFFON (René), 1959, Note sur la chapelle Notre-Dame de Kerfaoues en Ploubezre et la chronologie de quelques jubés, Bulletin Monumental  Année 1959  117-1  pp. 51-54.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1959_num_117_1_3854

 

—LE LOUARN, Geneviève. "La chapelle Notre-Dame de Kerfons". Rennes, Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne, t. LX, 1983, p. 301-305.

https://www.shabretagne.com/scripts/files/6699bf90f223f4.47423932/1983_25.pdf

—LAFEUILLE, Jérôme. KERMOAL, Christian. "Le Calendrier des bergers modèle du Jubé de Notre-Dame de Kerfons. Son interprétation à la lumière du Symbole des apôtres". Société d'émulation des Côtes-d'Armor, 2019, p. 271-294.

—LAFEUILLE, Jérôme. "Le jubé de Notre-Dame de Kerfons : un chef-d’oeuvre tronqué". Société d'émulation des Côtes-d'Armor, 2019, p. 295-310.

 

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/IM22005238

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jub%C3%A9_de_la_chapelle_de_Kerfons-en-Kerfaou%C3%ABs

https://pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM22000878

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17 novembre 2024 7 17 /11 /novembre /2024 17:30

Les statues et le mobilier sculpté de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé.

 

Voir aussi  sur cette chapelle :

 

PRÉSENTATION.

La chapelle de Notre-Dame-du-Loc àSaint-Avé, est un édifice en croix latine construit de 1475 à 1494, par deux recteurs successifs de la paroisse de Saint-Avé, Olivier de Peillac (1475-1488), puis André de Coëtlagat (1488-1504). Contrastant avec un extérieur assez sobre, son mobilier est d'une richesse remarquable et laisse deviner un commanditaire prestigieux, Jean IV de Rieux, maréchal de Bretagne sous le duc François II puis proche du roi Charles VIII et d'Anne de Bretagne. Après avoir décrit ses sablières sculptées, et son exceptionnel retable en albâtre, ce sont les statues et retables en granite, la croix de chancel et le bénitier qui font l'objet de cet article.

La statue de la fin du XVe siècle de Notre-Dame-du-Loc retiendra tout notre intérêt notamment par son thème de l'enfant-Jésus lisant, qui témoigne d'une influence flamande notamment de Malines ou du Brabant. Mais d'autres statues du XVe siècle sont à considérer, tout comme la très rare croix de chancel.

Comme dans les article précédents, celui-ci se nourrit de la remarquable étude de Diego Mens-Casals et en cite les extraits.

 

 

Cliché lavieb-aile 2024.

 

 

Cliché lavieb-aile 2024.

 

1. La statue de Notre-Dame-du Loc. Vierge à l'Enfant à la lecture. Calcaire de Saumur, polychrome, dernier quart du XVe siècle. Côté nord du chœur.

 

 

 

 

 

Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

 Description.

La Vierge a un très beau visage, avec des yeux en amande étirée et des paupières supérieures sans pli palpébral, des sourcils épilés, un nez droit, une bouche triste ou amère mais aux lèvres charnues sous un philtrum marqué, tandis que l'avancée de la lèvre inférieure est indiquée par une fossette. L'étage inférieur est étroit, la rondeur du menton rond et fin est soulignée.

Les cheveux dénoués tombent en boucles dans le dos et sur les épaules.

Le pan gauche du menton fait retour sous le poignet droit où il doit s'attacher. Les deux pans sont réunis par une patte perlée, à deux fleurons.

Les chaussures sont pointues, confirmant la datation du XVe siècle.

Sur la statue de L'Enfant porte un bonnet de docteur, qui peut renvoyer à Jésus parmi les Docteurs de la Loi, et/ou indiquer qu'il est éminemment et précocément  savant. Comme dans le tableau de Vittorio Carpaccio.

Tandis que sa mère garde de l'index  droit la page qu'ils consultaient (comme dans le tableau de Van Eyck), Jésus tourne les pages précédentes, comme pour souligner un lien interne qui en éclaire le sens. La Vierge ne regarde pas le livre, mais son regard  songeur se porte au loin, comme quelqu'un plongé dans ses pensées. Et son visage, figé, n'est pas serein, mais préoccupé par l'avenir, celui de la Passion de son Fils, que la lecture vient de révéler, ou du moins de rappeler. 

Il serait logique de penser que l'Enfant indique, comme dans les œuvres semblables, à sa mère les pages suivantes (celles de son futur) et non les pages précédentes, annonçant ainsi sa Passion, d'où la gravité soucieuse du visage de la Vierge. 

Mais on peut penser qu'ici, le livre est tourné vers nous, qu'il nous est présenté, et que c'est à nous que l'enseignement est donné : l'Incarnation est le préalable de la Rédemption.

 

 Références iconographiques  sur la Vierge à l'Enfant au livre :

Ce thème qui se développe en sculpture à la fin du XVe siécle sous l'influence des peintres flamands, est assez rare : dans le recensement des statues de Vierge à l'Enfant de Normandie aux XIIe-XVIe siècles par Brigitte Bellanger-Menand, je n'en trouve aucun exemple. J'en compte trois en Bretagne avec celle de Saint-Avé. 

—Plobannalec ;  Vierge assise montrant le livre ouvert à l'Enfant, chapelle Saint-Brieuc-de-Plonivel, bois polychrome,  XVIe.

https://pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29000652

— Plouguerneau, chapelle du Grouanec, Vierge à l'Enfant assise, dite N.-D. du Grouanec, XVe siècle.

Vierge assise à l'Enfant lisant, kersanton polychrome, début XVe siècle. Photo lavieb-aile 2024.

 

Vierge assise à l'Enfant lisant, kersanton polychrome, début XVe siècle. Photo lavieb-aile 2024.

Diego Mens en signale un autre exemple en France, à Albiac (Aveyron), et deux en Belgique.

La statue de Jan II Borman datée vers 1500 et conservée dans l'église de Braine-le-Comte (Belgique) est très intéressante, car comme à Saint-Avé, l'Enfant tourne les pages au delà de celle que lit la Vierge .

https://balat.kikirpa.be/photo.php?objnr=10028679

Eglise Saint-Géry à Braine-le-Comte (Belgique). Borman, Jan II (sculpteur) ca 1500

Jan Borman II a également sculpté vers 1490-1500 une Vierge assise à l'Enfant lisant, en chêne, conservée au Louvre (inv RF 1370) . Là encore, l'enfant feuillette le livre au delà de la page antérieurement ouverte. Et là encore Jésus est représenté non pas en nouveau-né, mais comme un enfant plus âgé.

 

Jan Borman II, Vierge à l'Enfant lisant, Le Louvre, Photo Van Acker, Katrien, IRPA, copyright
Jan Borman II, Vierge à l'Enfant lisant, Le Louvre, Photo Van Acker, Katrien, IRPA, copyright

 

 

https://balat.kikirpa.be/photo.php?path=X140694&objnr=11056204&nr=34

Le même Jan II Borman a réalisé à la même date une Vierge à l'encrier pour l'église Saint-Vincent de Soignies (Belgique) : l'Enfant écrit lui-même sur la page du livre présenté par sa Mère.

 

Vierge à l'encrier de l'église Saint-Vincent de Soignies, sculpté par Jan II Borman, ca 1500

 

 

Une quatrième statue de Jan II Borman (ou Jan III, vers 1500-1515) conservée à Anvers est une Vierge à l'encrier, mais plus proche de Notre-Dame-du-Loc car l'Enfant est tenu sur le bras gauche et Marie est couronnée.

 

Anvers, Jan Borman II ou III, Vierge à l'encrier et Jésus écrivant.

https://balat.kikirpa.be/photo.php?path=X137148&objnr=107515&lang=fr-FR&nr=9

Son père Jan Borman I avait traité le même thème en 1480 cf musée d'Anvers:

https://balat.kikirpa.be/photo.php?path=B016743&objnr=11013596&nr=67

 

Le thème est plus souvent représenté en peinture, essentiellement à la même période.

—Le tableau le plus précoce, daté d’après 1433, jadis attribué à Jan Van Eyck est la  Vierge à l’Enfant lisant ou Vierge d’Ince hall, huile sur panneau, , conservé à la National Gallery of Victoria, à Melbourne en Australie.

L'Enfant est assis face au spectateur et tourne les pages d'un livre enluminé, tandis que la Vierge conserve par un index gauche glissé entre les pages, l'endroit de sa lecture. C'est ce détail qui est repris pour Notre-Dame du Loc, mais il est clair ici que Jésus prend connaissance (ou indique à sa Mère) un passage bien plus éloigné des Écritures.

Vierge lisant (détail), atelier de Van Eyck, >1433, cliché Wikipedia

 

—Quinten Massys peint dans la 2nde moitié du XVe siècle  une Vierge, assise,  à l'Enfant tournant les pages d'un livre, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique Inv. 1497 

https://fine-arts-museum.be/fr/la-collection/quinten-massys-la-vierge-a-l-enfant

Vierge à l'Enfant (détail), Quentin Massys

—idem

https://fine-arts-museum.be/fr/la-collection/quinten-massys-la-vierge-a-l-enfant-1

—Botticelli peint en 1480 la Madonna del Libro (Museo Poldi Pezzoli de Milan). Les pages à rubriques (comme un livre d'heures) du livre sont partiellement lisibles, et on lit le début du passage d'Isaïe Ecce virgo annonçant, dans la lecture typologique, l'Incarnation, tandis que l'Enfant porte les clous et la couronne d'épines au poignet gauche et regarde sa Mère d'un air entendu.

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Madone_du_livre_(Botticelli)

—La gravure conservée au Louvre, du Maître Iam de Zwolle (Actif vers 1462-Actif vers 1495) montre là encore l'enfant Jésus tournant les feuillets d'un livre.

https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl020515392

Vittore Carpaccio a peint vers 1499 La Vierge priant devant Jésus lisant et saint Jean Baptiste.] .

—La même scène est reprise par  le Maître au feuillage en broderie, un  peintre anonyme flamand actif entre 1480 et 1510 à Bruges et à Bruxelles : Vierge à l'Enfant, The Philadelphia Museum of Art

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ma%C3%AEtre_au_feuillage_en_broderie#/media/Fichier:Master_of_the_Embroidered_Foliage_-_Virgin_and_Child_in_a_Landscape_-_PMA_2518.jpg

 

—Le même Maître au feuillage en broderie est l'auteur du Triptyque de la Vierge à l'enfant entourée d'anges musiciens, Palais des beaux-arts de Lille

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ma%C3%AEtre_au_feuillage_en_broderie#/media/Fichier:Lille_PdBA_feuillage_brode_tryptique_vierge.JPG

 

ComplémentDescription et analyse par Diego Mens :

"Notre-Dame-du-Loc mesure près d’1,80 mètre et a été réalisée dans un calcaire de la région de Saumur. Si le matériau nous renvoie a priori au Val de Loire, l’œuvre est clairement influencée par les productions flamandes, notamment de Malines ou du Brabant.

Le thème de l’Enfant à la lecture avec la Vierge, déjà traité par Jan Van Eyck  , se développe dans ce dernier quart du XVe siècle dans cette région, avec des variations allant d’une Vierge en majesté offrant le livre à son fils à des compositions proches de celle de Saint-Avé [Statue datée vers 1490-1500 conservée à l’église Saint-Gery de Braines-le-Comte] , comme la Vierge debout partageant la lecture avec Jésus, âgé de quelques années.

C’est notamment le cas pour une statue conservée aux Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles [ Œuvre inventoriée 2542, datée vers 1480] , qui offre plusieurs similitudes avec celle de Saint-Avé : traitement identique des cheveux tombant sur les épaules, vêtements similaires pour Jésus aux pieds nus, grand fermail pour le manteau et qualité du traitement des plis, moins anguleux que sur des œuvres contemporaines en bois. Toutefois, le visage de la statue de Bruxelles est différent, car plus ovale.

À Saint-Avé, le visage est plus proche d’une seconde œuvre, en tilleul et plus petite (1,10 mètre), conservée dans l’église Notre-Dame d’Albiac (Aveyron), qui a également des caractéristiques très proches de la nôtre (fig. 9b). Elle semble avoir été sculptée vers 1480 par un atelier du Hainaut ou de Clèves [Baudouin, Jacques, La sculpture flamboyante en Rouergue, Languedoc, Éditions Créer, 2003, 382 p.,ici  p. 314-31] . Jésus, assis sur le bras gauche de sa mère, regarde le livre ouvert qu’elle tient dans son autre main. La Vierge est vêtue d’un ample manteau et ses cheveux longs et ondulés sont ceints par une couronne assez simple, identique à celle du Loc. Si les plis opulents et cassés du manteau diffèrent, le visage de la Vierge est également un peu anguleux et grave, le regard posé sur le livre. Jésus, à la chevelure frisée, est aussi vêtu d’une robe.

La restauration de la statue de la chapelle du Loc a révélé une qualité supérieure de réalisation : galons avec godrons et perles sur le bord du manteau, orifices permettant d’y placer sans doute des cabochons de verres de couleur, dorure de la chevelure finement sculptée tombant sur les épaules, décor soigné du béguin et de la robe de l’Enfant. L’œuvre pourrait être brabançonne, sauf si la provenance du Val de Loire est confirmée par une nouvelle analyse pétrographique.

Quelle que soit l’origine exacte, la qualité d’exécution de cet ensemble atteste d’une réalisation par un atelier au fait des influences et des thèmes artistiques majeurs de cette fin du XVe siècle.

La commande pourrait émaner de Jean IV de Rieux, maréchal de Bretagne sous le duc François II. Tuteur de sa fille Anne au décès de ce dernier, il est ensuite proche du roi Charles VIII et témoin de son mariage avec la duchesse. Il le suit lors des premières guerres d’Italie et est aussi proche de son successeur, Louis XII, dont il est le chambellan. Héritier du domaine de Largoët au décès de sa première épouse en 1480, Jean de Rieux refaçonne ses châteaux d’Elven et de Rochefort-en-Terre. Par son rang et sa qualité de seigneur prééminencier de la chapelle, il dispose des moyens financiers et des relais nécessaires pour une telle commande. Celle-ci aurait pu être passée par des intermédiaires en relation avec un atelier flamand ou directement par Jean IV à des sculpteurs du Val de Loire, comme ceux ayant travaillé aux « ymages » de la chapelle Saint-Hubert au château de Chinon [confusion avec le château d'Amboise vers 1495 ?], résidence de Charles VIII et d’Anne de Bretagne. Jusqu’aux travaux de 1913, cette statue était placée sur un massif sous la maîtresse-vitre, au-dessus de l’autel en bois."

(*) voir Amboise ici.

 

Diego Mens Casas, Figure 9a – Saint-Avé, chapelle Notre-Dame- du-Loc, statue de Notre-Dame-du-Loc (cl. D. Mens) Figure 9b – Albiac, Vierge à l’Enfant d’Albiac (cl. L. Balsan, Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, Paris)

 

Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

 

 

2a. Le retable en granite (n°9 du plan), côté nord. L’Adoration des Mages devant la Vierge et l’Enfant en majesté ; l’Annonciation à la Vierge par l’archange Gabriel . Bras nord du transept.

 

" Aujourd’hui, deux bas-reliefs sculptés de manière assez fine dans ce matériau local sont déposés sur les deux autels des bras du transept. Cette configuration date des travaux réalisés en 1913, sous la direction de l’architecte vannetais Brihault : à cette date, l’élément le plus important, alors placé sur l’autel nord, a été transféré sur celui du sud. Toutefois, si on l’observe attentivement les moulures périphériques des deux bas-reliefs, sur la bande, on constate que ceux-ci formaient un seul ensemble, un retable monolithe en granite. Ainsi, la Crucifixion redevient logiquement la scène centrale et principale." (D. Mens)

 

 

Retable en granite,  chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Retable en granite,  chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

 

L'Adoration des Mages.

 

La Vierge (aux chaussures pointues propres au XVe siècle) est assise, tandis que l'Enfant-Jésus est debout sur ses genoux. Ils tiennent chacun un objet rond (Monde ou fruit) et sont tournés vers la gauche. Les visages sont assez grossièrement sculptés, les nez forts et les bouches concaves. L'enfant tend le bras pour saisir le présent (l'or) apporté par le roi Melchior, qui est agenouillé devant lui.

De ce dernier, mais aussi de Gaspard qui le suit et enfin de Balthasar, nous ne voyons quee la partie inférieure : la robe et les chaussures du premier, les tuniques et les chausses des deux plus jeunes, tout comme leurs chaussures à poulaines.

Il faut se référer à l'iconographie peinte ou sculptée pour compléter mentalement la scène. On remarque alors que les pieds de Gaspard sont tournés vers nous et même vers l'arrière : il est très probable que, comme à Rumengol sur le tympan du porche, sculpté vers 1468, Gaspard était tourné vers son voisin pour lui désigner l'étoile qui les guidait.

La couronne de Melchior devait être  tenue dans la main ou autour de l'avant-bras, puisque nous ne la voyons pas posée à terre, comme cela peut être le cas ailleurs.

 

Adoration des Mages, tympan du porche de la chapelle de Rumengol. Cliché Lavieb-aile.

On peut se référer aussi au tympan du porche (v. 1433) du Folgoët, et surtout au retable du XVe siècle de l'église de Runan, où l'Enfant est debout et où la Vierge tient un globe :

Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle ?) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022

 

Parmi les multiples enluminures du XVe siècle, voici cet exemple :

 

Adoration des Mages, Maître de la Légende dorée de Munich, 1425-1450, Carpentras BM 0049 f. 71v


 

Sur la partie gauche de ce retable, l’Annonciation, avec l’ange Gabriel, est présentée au milieu, tandis qu’à l’extrémité du retable, figure une Adoration des Mages, face à la Vierge et Jésus bénissant en majesté.

Si l’ordre des épisodes de la vie mariale est inversé sur cette partie droite du retable, c’est sans doute pour permettre la représentation du commanditaire, Olivier de Peillac. En effet, si deux des rois mages sont représentés debout dans une tenue civile de cette fin du XVe siècle [ avec pourpoint à longues manches ou houppelande, et chaussés de poulaines], le troisième, agenouillé face à la Vierge et Jésus, est revêtu d’une soutane. Il pourrait représenter le recteur, accompagné de membres de sa famille, dont son frère Jean. " (D. Mens) [Je ne partage pas cette hypothèse : voir supra, la robe de Melchior]

 

Retable en granite,  chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

 

L'Annonciation.

La scène est centrée par une fleur (un lys) émergeant d'un vase. L'ange Gabriel, à genoux, tient le phylactère portant les mots de son message : AVE MARIA. La Vierge, voilée, tient un livre et pose la main sur sa poitrine dans le geste d'acceptation du "Fiat".

Les cheveux de l'ange sont figurés "en boules", selon un modèle propre au XVe siècle et qui a déjà été souvent décrit ici, dans la sculpture sur kersanton de l'Atelier ducal du Folgoët (1423-1469). 

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Retable en granite,  chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Retable en granite,  chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

 

 

2b. Le retable en granite, côté sud. Le Calvaire avec la Vierge et saint Jean entourant le Christ, le Couronnement de la Vierge, sainte Catherine d’Alexandrie, sainte Madeleine myrophore et sainte Marguerite d’Antioche yssant du Dragon. Bras sud du transept.

Retable en granite,  chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

 

"À la droite de cette scène, on observe le Couronnement de la Vierge, iconographie que l’on retrouve notamment dans un cycle peint de la chapelle de Locmaria en Landévant (Morbihan), mais aussi sur les pavements de proto-faïence de la chapelle Saint-Nicolas de Suscinio en Sarzeau (Morbihan).

 

Trois saintes, particulièrement honorées en cette fin du XVe siècle, complètent la partie droite du retable : sainte Catherine d’Alexandrie, sainte Marie Madeleine myrophore et sainte Marguerite. Ces trois saintes sont souvent associées à des dévotions de femmes des familles nobles, sans que nous puissions établir ici un lien évident avec les Peillac ou les Coëtlagat." (D. Mens)

 

On comparera à nouveau ce retable avec celui, en kersantite, de l'église de Runan, datant du XVe siècle, et qui associe des scènes de la vie de Marie, avec, comme ici, l'Annonciation, l'Adoration des Mages, la Crucifixion et le Couronnement.

 

Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle ?) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022.

 

Le calvaire.

Le Christ en croix est entouré de la Vierge, et de saint Jean ; on remarque la chevelure "en boules".

 

 

Retable en granite,  chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Retable en granite,  chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

 

Le couronnement de la Vierge.

Comme à Runan, la Vierge n'est pas couronnée par la Trinité, mais par un seul de ses termes, un Christ couronné ou un Dieu le Père.

Retable en granite,  chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

 

 

Les saintes Catherine d'Alexandrie couronnée, tenant la roue dentelée de son supplice, et l'épée de sa décollation ; Marie-Madeleine tenant le flacon d'onguent ; et Marguerite d'Antioche yssant du dragon, crucifix entre ses mains jointes.

Retable en granite,  chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Retable en granite,  chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

 

2c . Le lavabo sur le mur sud, granite.

"La taille imposante de ce retable [de granite,supra], sans doute déplacé dans le courant du XVIIIe siècle pour être remplacé par un autel à la romaine en bois, explique sans doute le positionnement assez haut de la réserve eucharistique sur la droite du mur du chevet, mais également celui du lavabo sur le mur sud. Ce dernier est frappé des armes des Peillac à gauche et de celles des Arz [D’argent à trois quintefeuilles de gueules, ici représentées avec une polychromie fantaisiste] , possesseurs des manoirs de Tréviantec et Rulliac en Saint-Avé.

Ce retable, qui conserve plusieurs traces de sa polychromie initiale, a sans doute été façonné par un atelier local, dans le granite des carrières de Guéhenno-Lizio, au faciès à grains fins. On trouve des exemples de retables contemporains et assez similaires à la chapelle Sainte-Anne de Buléon, mais aussi en remploi dans l’ossuaire de l’église de Guéhenno, sans doute l’ancien retable majeur de cet édifice. Cette commande pour la chapelle de Saint-Avé pourrait s’expliquer notamment par la fonction de Jean de Peillac [Il peut s’agir du frère d’Olivier de Peillac] , en sa qualité de prévôt féodé de Saint-Jean-Brévelay, proche de Guéhenno." (D. Mens)

Lavabo en granite,  chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Lavabo en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Lavabo en granite,  chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Lavabo en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

 

2d La réserve eucharistique sur la droite du mur du chevet. Granite.

Réserve eucharistique en granite,  chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Réserve eucharistique en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Réserve eucharistique en granite,  chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Réserve eucharistique en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

 

3 L'autel du bras nord du transept. Calcaire polychrome provenant de la cathédrale de Vannes, dernier quart XVe. Bordure à rinceaux de vigne. Blason.

 

Blason aux armes [fantaisistes?] de sable à une croix d'or accompagnée d'un quintefeuille de gueules

"La concentration de mobilier réalisé dans ce matériau exogène à la Bretagne dans la chapelle traduit, tout d’abord, une commande aristocratique majeure. Que ce soit pour la réalisation des autels latéraux, des consoles ou de la statuaire, le recours au calcaire dénote un souhait du commanditaire de se démarquer dans cette Bretagne de la seconde moitié du XVe siècle.

Toutefois, il faut distinguer dans cet ensemble deux types de commande : la réalisation d’œuvres par des ateliers locaux dans un matériau importé et la commande d’œuvres importées de régions telles la Picardie ou le Val de Loire, où le calcaire est utilisé fréquemment pour la statuaire.

 Dans le premier cas, les sources d’approvisionnement du matériau sont assez bien identifiées à cette période, notamment grâce aux comptes de la cathédrale de Vannes. [...]

 Dans le cas de la chapelle du Loc, c’est sans doute à partir de ce matériau provenant de la cathédrale que les deux autels latéraux ont été réalisés . Avec un décor végétal de rinceaux et de vignes autour du panneau central encadré de pinacles, ces autels ne semblaient pas adossés comme actuellement, étant donné les retours de sculptures sur l’arrière, partiellement buchés. Chacun des panneaux était peint d’une scène en lien avec la vie de la Vierge, soit l’Annonciation, comme sur l’ancien retable majeur de granite et la Nativité.

Sans doute déplacés au XVIIIe siècle, ces autels devaient être positionnés originellement sur le bas de la nef, de part et d’autre du calvaire monumental, devant un chancel en bois. Cette configuration est assez classique en cette seconde moitié du XVe siècle. Elle se retrouve notamment à la chapelle Saint-Fiacre en Melrand mais aussi, plus tardivement, à la chapelle Sainte-Avoye en Pluneret. De manière générale, les autels latéraux de nef étaient dédiés à des cultes secondaires. Dans le cas présent, les statues étaient posées sur la partie supérieure de l’autel." (D. Mens)

 

Autel du bras nord,  chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Autel du bras nord, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Autel du bras nord,  chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Autel du bras nord, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

3'Un autre autel similaire en calcaire polychrome à rinceaux  est placé dans le bras sud.

Autel du bras sud,  chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Autel du bras sud, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

 

4. Statue de sainte Catherine de Sienne, montrant ses stigmates, et  terrassant un dragon, fin XVe siècle, calcaire polychrome. bras nord du transept.

h = 130 ; la = 63 ; pr = 30

Dans le dossier d'inventaire de C. Toscer, elle passait encore pour une sainte Marguerite, en raison du dragon vert qu'elle terrasse.

La statue devait être posée sur l'un des autels en calcaire, et être réalisée comme eux dans des chutes des calcaires de la cathédrale de Vannes, issus de Charente Maritime.

"La statue de la fin du XV e siècle de sainte Catherine de Sienne terrassant des démons serait, en l’état actuel des connaissances, un exemplaire très rare et sans doute unique en Bretagne. Les autres représentations datent majoritairement du XVIIe siècle, en lien avec le développement du culte du Rosaire. Si cette représentation est reproduite dans plusieurs livres d’heures de cette période, sa déclinaison statuaire reste rare et seul un exemplaire assez proche est conservé au Palais des Papes d’Avignon. La représentation de cette dominicaine doit sans doute être rapprochée du culte de saint Vincent Ferrier, très important alors à Vannes, et du rôle de membres de la famille Coëtlagat dans son procès de canonisation." (Diego Mens)

 

Statue en calcaire polychrome, fin XVe,   chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Statue en calcaire polychrome, fin XVe, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Statue en calcaire polychrome, fin XVe,   chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Statue en calcaire polychrome, fin XVe, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Statue en calcaire polychrome, fin XVe,   chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Statue en calcaire polychrome, fin XVe, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Statue en calcaire polychrome, fin XVe,   chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Statue en calcaire polychrome, fin XVe, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Statue en calcaire polychrome, fin XVe,   chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Statue en calcaire polychrome, fin XVe, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

 

5.  La statue dite de sainte Madeleine, plutôt sainte Marguerite sans son dragon. Calcaire polychrome; fin XVe.

h = 132 ; la = 45 ; pr = 26

La statue devait être posée, comme celle de sainte Catherine de Sienne,  sur l'un des autels en calcaire, et être réalisée comme eux dans des chutes des calcaires de la cathédrale de Vannes, issus de Charente Maritime.

Elle  ne correspond pas à l’iconographie mentionnée sur sa terrasse. La confusion tient sans doute à l’absence de voile, mais elle n’est pas dotée du principal attribut de cette sainte, le pot à onguents. En revanche, cette œuvre est très comparable à deux statues orantes, conservées dans la commune de Questembert, domaine des Rieux-Rochefort, et représentant sainte Marguerite 35 . Sans certitude, un dragon aurait été placé au-devant de la terrasse, sur lequel figurent deux orifices ayant servi pour un goujeonnage. L’absence de la sculpture des plis au niveau du genou droit de la sainte pourrait corroborer cette présence de l’attribut monstrueux, au-devant de la statue. Pour ces deux statues et autels, il doit s’agir d’un seul commanditaire, car elles paraissent avoir été réalisées par le même atelier local, ayant travaillé sur le chantier de la cathédrale Saint-Pierre. À Saint-Avé, installés à la fin de réalisation de la nef, ces œuvres sont sans doute une commande des Coëtlagat ou d’une famille noble de 33. Une autre statue de ce type est conservée à la chapelle Saint-Michel en Saint-Avé et présente les armes des Peillac. Elle figure une Vierge au calvaire. 34. Partie basse de la statue composant une plinthe. 35. La chapelle Saint-Michel et celle de Saint-Jean

Statue en calcaire polychrome, fin XVe,   chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Statue en calcaire polychrome, fin XVe, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Statue en calcaire polychrome, fin XVe,   chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Statue en calcaire polychrome, fin XVe, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Statue en calcaire polychrome, fin XVe,   chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Statue en calcaire polychrome, fin XVe, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Console de la statue en calcaire polychrome, fin XVe,  chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Console de la statue en calcaire polychrome, fin XVe, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

 

6. Saint Isidore, patron des cultivateurs ou laboureurs, tenant la faucille et la gerbe de blé. Bois polychrome, XVIIIe siècle, revers évidé.

h = 181 ; la = 130 ; pr = 30

https://www.patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/IM56004532

Objet inscrit MH PM56003039

https://pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM56003039

Saint Isidore patron des laboureurs, accompagne dans le chœur  Saint Cornély, patron des éleveurs de bœufs. Selon une complainte vannetaise San Izidor oe labourer, servitour bras en ur maner , "Saint Isidore était laboureur , il apportait de grands services au manoir " . C’est un saint alors très populaire, revêtu des vêtements des paysans riches. Les saints des statues tiennent tous la faucille et la gerbe de blé témoin de la bonne réussite des moissons.

Ce saint permet de découvrir les tenues traditionnelles des agriculteurs. Ici, il porte une veste bleu-gris à 12 boutons noirs, 3 boutons aux poches à rabats en pointe, 3 boutons aux poignets ; un gilet blanc à plus de 20 petits boutons ; une ceinture de cuir à boucle dorée ; une chemise à col en V ; une culotte courte plissée ou bragou braz, ; des guêtres fines ; des chaussures de cuir noir à languette et boucle de métral argenté. Les couleurs témoignent des repeints des restaurateurs et ne témoignent pas forcément du costume d'origine.

Selon D. Mens, "ces cultes se développent en Bretagne à partir du milieu du XVII e siècle remplaçant des dévotions plus anciennes. Cette introduction de nouveaux cultes et le renouvellement des statues qui en découlent sont très fréquents dans le Morbihan. Ils illustrent notamment une nouvelle gestion des églises et chapelles par des généraux de paroisse dirigées par des notables et le recteur, alors que la noblesse, désormais absente de la paroisse, ne paie plus les droits liés à ses chapelles privatives"

Voir d'autres exemples :

Ou encore : la statue de l'église de Carnac : Les pièces majeures du costume masculin du 17e siècle y apparaissent  avec la superposition d’un gilet fermé et de 2 vestes de couleurs différentes sur la chemise bouffant aux poignets ; les séries de 12 boutons, complétées par les boutons des poches et poignets  ; une ceinture large à boucle ; des bragou berr, culotte étroite et courte, des guêtres (à boutons) et des souliers de cuir.

statue de saint Isidore par le sculpteur Martinet, daté de 1670-1680. Carnac, église St Cornély. Cliché lavieb-aile 2024.

 

 

 

Statue de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Statue de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Statue de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Statue de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Sous la statue, la console porte un blason à une bande présenté par deux lions , sur fond de feuillages et de grappes :

Console (fin XVe) d'une statue de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Console (fin XVe) d'une statue de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

 

 

7. Statue en bois polychrome de Saint Cornély (saint Corneille) accompagné de deux bovins, XVIIIe siècle.

https://pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM56003040

 

Dans le sud de la Bretagne, saint Cornély est le  protecteur, par jeu sur non nom, des bêtes à corne. Son nom est la forme bretonne de Corneille (en latin : Cornelius). Selon la tradition  bretonne, Cornély est pape de 251 à 253

Le saint est coiffé de la tiare papale et il devait tenir la croix à double traverse, comme en l'église de Carnac (actuellement dans la chapelle Saint-Colomban), tandis qu'il trace une bénédiction. Voir aussi la statue du saint en la chapelle Sainte-Croix de Josselin. Ou celle de La Chapelle-Bouëxic.

Statue de saint Cornély de l'église de Carnac, chapelle Saint-Colomban de Carnac. Cliché lavieb-aile 2024.

 

 

Statue de saint Cornély, 1980, Carnac, église Saint-Cornély. Cliché lavieb-aile.

 

Statue en bois de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Statue en bois de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

 

8. Statue en bois polychrome  qualifiée de saint Fiacre, après avoir été identifiée précédemment à saint François d’Assise. Il s’agit en réalité de saint Dominique de Guzman. Fin XVe ou XVIe siècle.

 

Saint Dominique est le fondateur de l’ordre des Dominicains. L’attribut manquant à la main droite, un temps considéré comme une pelle pour correspondre à l’iconographie de saint Fiacre, est en fait une croix sur une grande hampe. Cette représentation apparaît d’ailleurs cohérente et complémentaire de sainte Catherine de Sienne, car ces deux saints sont associés dans les retables et tableaux du Don du Rosaire.

 

 

Statue en bois de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Statue en bois de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

 

Console fin XVe siècle : Armoiries d'Olivier de Peillac : d'argent à trois merlettes de gueules, au franc canton de même.

Console fin XVe d'une statue de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Console fin XVe d'une statue de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

 

9. Statue dite de saint Colomban. Bois polychrome, fin XVe ou XVIe siècle.

Cette statue serait issue du même atelier que la précédente et serait contemporaine de la création de la chapelle. Le saint est représenté en évêque (avec la crosse, perdue, tenue en main gauche, la mitre, les gants épiscopaux, la chape recouvrant un surplis, et des pantoufles pointues).

Colomban de Luxeuil est un moine irlandais du VIe siècle venu évangéliser la Bretagne puis l'Europe ; on lui attribue la Règle de Saint-Colomban inspiré du monachisme irlandais.

https://pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM56003036

 "Moine et abbé, ce saint, réputé guérir de la folie, est représenté ici en tenue d’abbé mitré, alors que d’autres représentations contemporaines le figurent en tenue de moine, notamment à Rosporden (Finistère) ou Guégon (Morbihan). Le doute est permis, aucun attribut ne permettant d’identifier avec certitude cette statue." (D. Mens)

Voir la statue de ce saint (bois polychrome, XIXe) en sa chapelle de Carnac.

 

Statue en bois de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Statue en bois de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

 

 

7. La croix de chancel

Seule à n'avoir pas été restaurée récemment, cette croix (ou calvaire), vestige de la clôture (ou chancel) commandée en 1500 par André de Coëtlagat comme l'indique une inscription et détruite en 1913 se dresse à la croisée du transept. Elle est classée mh depuis 1908.

Cliché Ouest-France.

 

La quasi-totalité des jubés et autres chancels ayant été détruits aux XVIIe et XVIIIe siècles, il est quasi impossible d’établir un lien avec un atelier précis, si ce n’est qu’il soit probablement originaire de Haute-Bretagne et en lien avec les ateliers des autres jubés conservés, ceux de Saint-Fiacre au Faouët (Morbihan), réalisée par Olivier Le Loergan vers 1480 mais aussi celle de Kerfons en Ploubezre (Côtes-d’Armor). Néanmoins, ce type de calvaire supposait d’être adossé à un chancel avec une porte géminée au centre des deux autels latéraux, ce qui diffère de la plupart des ensembles toujours conservés.

Voir :

 

 

On peut lui décrire trois parties.

a) La partie basse est composée d’un tronc d'offrande vers l’ouest, adossé à un fût quadrangulaire avec une niche à dais flamboyants sur chaque face. Selon D. Mens, les blasons peints sur le fond de quatre niches, outre leur positionnement incohérent en cas de présence de statuettes, ont été probablement intégralement repris lors de la restauration de 1913 et ne semblent pas fiables.

 

Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

 

Armoiries  écartelé en 1 et 4 de Cantizac d'argent à la bande de gueules, chargée de 3 alérions d'or, et en 2 et 3 de Peillac 

Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

 

 

Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Armoiries de la famille d'Arz, d'argent à 3 quintefeuilles de gueules.

 

Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

b) Sur un niveau intermédiaire de la face occidentale, au dessus des armes de Malestroit de gueules à 9 besants d'or,  le Christ est entouré des statues de la Vierge (bras croisés) et  de saint Jean (paumes de face) , juchées sur deux branches d'un  arbre,.

Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Au revers, la statue d’un évêque (peut-être saint Avé, patron de la paroisse)  est contemporaine du calvaire, en raison de sa chasuble à pointe et des poulaines. 

l'inscription placée sur le revers de la traverse de la croix, afin d’être lue par la noblesse et le clergé qui occupe le chœur, est la suivante : Mestre André de Coëtlagat recteur de saint ave fit faire ceste eupvre l’an Mil Vc 

Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Les statues et le mobilier sculpté de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé.

c) En partie haute, le dais superpose plusieurs étages de pinacles, de nervures, de dragons les ailes écartées et d'angelots voletants en adoration évoque la tribune du jubé de Saint-Fiacre au Faouët (Morbihan), réalisée par Olivier Le Loergan vers 1480, ou encore celle de Kerfons en Ploubezre (Côtes-d’Armor).

 

 

Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

 

8. Le bénitier à droite de l'entrée.

Il porte deux blasons, dont celui aux armes d'argent à trois merlettes de gueules, au franc canton de même, du recteur Olivier de Peillac identifiable par son canton.

 

Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

 

9. À l'extérieur, côté ouest : la croix-bannière  quadrilobe en granite, fin XVe siècle

https://pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA00114288

Une croix bannière est un ensemble monolithique sculpté sur l'avers et le revers, comme une bannière de procession. Fréquentes en Morbihan où eon en compte une douzaine, elles datent du XVe et XVIe siècle.

 

"La croix bannière de la chapelle est placée à l’ouest du placître et composée d’une mace (soubassement), d’un fût et d’une bannière. Elle semble avoir été remontée sur un autel extérieur réalisé probablement au XVIII e siècle, utilisé lors des pardons très fréquentés de la Nativité de la Vierge, le 8 septembre.

La mace est sculptée en relief sur ses quatre faces : à l’ouest, sous une accolade gothique, la composition de la scène de l’Annonciation est très proche de celle du retable. Sur la face sud, deux saintes martyres, également représentées sur le retable, sainte Madeleine et sainte Catherine, sont sculptées sous deux arcatures en plein cintre, tandis que sur la face opposée, saint Jean Baptiste est représenté au côté de saint Yves. La présence de ce dernier n’est sans doute pas anodine, car le culte de ce saint est largement développé dans le courant du XVe siècle, sous l’impulsion de la famille ducale des Montforts.

Vers la chapelle, à l’est, le côté de la mace présente trois saints également sous arcatures : saint Jacques pèlerin, saint Laurent diacre et de nouveau, saint Jean Baptiste. Cette double représentation de saint Jean se retrouve sur le retable en albâtre.

La bannière est quadrilobe. Sur sa face occidentale, la représentation du calvaire diffère de celle du retable, puisque saint Jean y est sculpté la main soutenant son visage et la Vierge, les mains jointes en oraison. Au revers de la bannière, la Vierge en majesté, accompagnée de Jésus, est entourée de quatre angelots, deux thuriféraires et deux musiciens. 

L’atelier qui a réalisé cette croix bannière est sans doute identique à celui qui a façonné la réserve eucharistique du mur du chevet. Les décors d’acanthe du fût et de l’accolade de la réserve sont très proches, pour des œuvres qui seraient par conséquent datées des années 1475-1480. La sculpture des personnages diffère toutefois de celle du retable et il s’agirait de deux ateliers distincts. Le granite de la croix bannière, comme celui du reste de l’édifice, provient sans doute des perrières (carrières) proches de Coëtdigo ou du Van, citées dans les fermes de la seigneurie de Largoët" . (D. Mens)

 

 

Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

La Vierge couronnée, assise, tient l'Enfant sur ses genoux et lui présente un fruit. Elle est adorée  par quatre angelots, dont  deux , en bas, élèvent l'encensoir. L'ange supérieur droit joue de la cornemuse. Je ne peux préciser l'instrument joué par l'autre musicien.

 

Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

 

Le Christ en croix entre la Vierge et saint Jean.

Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

 

Saint Jean-Baptiste à manteau en poil de chameau et tenant l'agneau ; saint Laurent et son grill ; saint Jacques en tenue de pèlerin avec chapeau, bourdon.

 

Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

 

Côté nord : Saint-Jean-Baptiste et saint Yves.

Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

 

Côté ouest : l'Annonciation.

Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Côté sud : Sainte Catherine et sainte Marguerite.

Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.

 

SOURCES ET LIENS.

 

DANIGO (Joseph), 1983, La chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé, Congrés archéologique de France tome 141 page 216 et suiv.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3210037c/f218.item

DANIGO (Joseph), 1989, églises et chapelles du pays de Vannes, Cahiers de l'UMIVEM

 https://bibliotheque.idbe.bzh/data/cle_130/Morbihan_Cahiers_de_lUMIVEM_1989_nA_42-43_.pdf

 MENS CASAS (Diego), 2020, La chapelle Notre-Dame-du-Loc en Saint-Avé.« Ymages » et décors du dernier quart du xve siècle, Actes du congrés de Vannes sept. 2019,  Mémoires de la Socité d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne, 36 Pages

https://www.academia.edu/43033745/La_chapelle_Notre_Dame_du_Loc_en_Saint_Av%C3%A9_Ymages_et_d%C3%A9cors_du_dernier_quart_du_xve_si%C3%A8cle

GUYOMAR (abbé J.),1914 Notre-Dame du Loc du Bourg d’en-bas en Saint-Avé, Vannes, 1914,
47 p.  ;

http://www.infobretagne.com/saintave-notre-dame-loc.htm

infobretagne  reproduit   les textes de J. Guyomar, de Gustave Duhem 1932 (Les églises de France) et de la Revue Morbihannaise volume 18 page 126 de 1914 :

http://www.infobretagne.com/saintave-notre-dame-loc.htm

— POP

https://pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM56004162

https://pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM56003041

https://pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM56001048

TOSCER Catherine, 1987,inventaire topographique Dossier d’œuvre objet IM56004515 et Dossier de présentation du mobilier IM56004538

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/IM56004515

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/IM56004538

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/IA00114288

Autres sites :

https://patrimoines-archives.morbihan.fr/decouvrir/instants-dhistoire/un-objet-des-histoires/notre-dame-du-loc

 

 

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3 novembre 2024 7 03 /11 /novembre /2024 12:16

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé.

Voir aussi :

Sur cette chapelle :

Sur les albâtres de Nottingham :

 

PRÉSENTATION.

À partir du XIVe siècle, l’Angleterre devient un important centre de production d’oeuvres en albâtre. Provenant des carrières des Midlands du South Derbyshire, l’albâtre constitue une spécialité des artisans de Nottingham du XVe au XVIe siècle. Au XVe siècle, la réalisation de petits panneaux sculptés et peints concerne principalement des images destinées à de la dévotion privée, ou des éléments de retable. 

 Ces œuvres, allant du panneau de retable à la statue en ronde bosse en passant par les décors funéraires, s'exportèrent dans toute l'Europe, ce qui explique que l'on y trouve des exemples intacts, tandis que la plupart de ceux conservés en Angleterre ont été détruits ou mutilés lors du "Putting away of Books and Images Act" d'Edouard VI en 1549.

Suivant des modèles stéréotypés, ces reliefs sont alors reconnaissables par leurs sujets iconographiques, les formes maigres des figures représentées, les visages conventionnels et les draperies sèches et rigides. Pour Diego Mens ces ensembles ont tous pour point commun d’être la commande d’aristocrates de haut-rang ou de prélats aisés, pour une dévotion de chapelles privatives.

Je me suis inspiré de la description et de l'analyse très approfondies de Casas Diego Mens et je renvoie à son article. Mon but est seulement d'apporter un ensembles de clichés analysés et commentés.

 Réalisé dans les ateliers de Nottingham à la fin du XVe siècle, ce retable de  250 cm de haut et   80 cm de large environ est présenté aujourd'hui sur l'autel central. Il réunit au centre la Trinité adorée par des anges, et de chaque côté un Te Deum, assemblée des prophètes et des saints et saintes louant Dieu, soit quarante sept personnages au total.

La Trinité, volée en 1980, est remplacée par un moulage en résine. La disposition photographiée avant 1913 par Géniaux a été remplacée par un nouvel autel en calcaire, realisé en 1913, par le sculpteur Le Merle, de Vannes, dans le style néogothique. Mais deux petites statuettes d’albâtre de saintes, dont une représentant sainte Catherine ont disparu à cette occasion. 

 

 

Géniaux Charles-Hippolyte-Jean (12 novembre 1870 - 19 mars 1931) (Photographe) ; 1900 - 1915 ; Saint-Avé chapelle Notre-Dame du Loc.

 

 

C. Diego Mens

 

 

I. LE PANNEAU CENTRAL : LA TRINITÉ ou TRÔNE DE GRÂCE (moulage en résine).

 

On peut décrire cette œuvre en trois registres. En haut, Dieu le Père, nimbé et portant la tiare, trace une bénédiction de la main droite, index et majeur étendus et légèrement croisés, les autres doigts réunis dans la paume. La main gauche  est ouverte, paume face à nous. Il porte une barbe à pointe bifide et à mèches bouclées. Devant sa gorge , dans la courbe des plis de son manteau se voient trois boules, ou plutôt trois visages qui seraient alors un symbole trinitaire, alors que la colombe de l'Esprit est absente, et qu'aucun point de fixation ne renseigne sur la possibilité qu'elle ait été brisée ou ôtée. 

Les "boules" et les plis peuvent correspondre à la Colombe, modifiée : cf Combrit. Ou bien la Colombe descendait de la bouche du Père jusqu'au sommet de la tête du Fils. Beaucoup de Trinité en albâtre n'ont pas, ou ont perdu le Saint-Esprit. Le spécimen de la VAM est un ajout moderne. L'Esprit-Saint était-il présent à l'origine ? À Nouvoitou, il était indépendant et fixé par un tenon dans la poitrine du Père.

Deux anges de chaque côté, agenouillés sur ce qui doit être un nuage, tiennent une sorte de clef à anneau en losange et à deux branches tandis qu'ils lèvent le bras opposé vers la tiare, dans un geste de thuriféraire, comme dans les autres exemples de ce thème à Nottingham. Dans ce cas, la clavette serait, comme ailleurs les navettes, un accessoire de l'encensoir. En fait, en comparant avec l'exemplaire de la VAM, et avec celui de Monterrein, on voit qu'il s'agit de l'anneau des chaînes de l'encensoir, chaînes et encensoir qui ont été brisés et perdus à Saint-Avé. 

Trinité, albâtre Victoria & Albert Museum

 Nouvoitou (

Trinité, albâtre, Monterrein (Poermel), v. 1500, détail, cliché Bègne Bernard

 

Le registre moyen complète le personnage Paternel, et montre que Dieu le Père est assis sur une cathèdre, pieds nus, vêtu d'un manteau à plis larges.

Il tient entre ses genoux la croix sur laquelle le Fils est crucifié, et les cinq plaies sont marquées par des trous. Le Christ est barbu à cheveux longs, la tête inclinée vers sa droite, vêtu du perizonium. 

Deux anges recueillent dans des calices le sang des mains.

Sous ce registre qui est posé sur une dalle plate se tiennent deux autres anges qui, un genou à terre (si on peut dire cela), soutiennent ensemble un seul calice afin de recueillir le sang s'écoulant des pieds du crucifié.

L'œuvre était peinte et comme sur d'autres exemples,  les cheveux étaient dorés, les bords des textiles étaient peints et dorés, les vêtements recouverts d'ornementation dorée

 

On comparera cette œuvre avec les Trinités en albâtre suivante :

- retable de la Passion de Conches-en-Ouches (Eure), dont les quatre bas-reliefs du retable de Conches ont été volés le 6-7 juillet 1978. La Colombe est absente ; les chaines des encensoir sont intactes ; les anges du registre moyen sont saisis en vol; la main gauche du Père est brisée. C'est "la copie conforme" de celui de Saint-Avé pour Diego-Mens

https://pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM27001837

Le panneau de Conches-en-Ouches, photo dans Bouillet 1901, bulmo.

- Monterrein Ploermel 

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/IM56001649

-Eglise Saint-Tugdual de Combrit (Finistère) : couronne remplaçant la tiare main gauche refaite ; Colombe vue de haut ; donateur en bas à droite ; absence des anges ; phylactère réunissant le Christ et le donateur. 

https://pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29000151

-Musée national du Moyen Âge Thermes de Cluny (Paris) Cl.19342

https://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/albatre-anglais-la-trinite_albatre-b3306e8d-622c-428e-a194-72c040414fa2

 

-MBA Tours :

https://mba.tours.fr/TPL_CODE/TPL_COLLECTIONPIECE/193-8e-15e-s..htm?PIECENUM=1322&NOMARTISTE=Anonyme%2C+Angleterre

-Victoria and Albert Museum 1

https://collections.vam.ac.uk/item/O93915/trinity-with-the-virgin-and-relief-unknown/

V&A Museum

-Victoria and Albert Museum 2: Swansea altarpeace (1460-1490).

Nous retrouverons ce retable à sept panneaux consacrés aux Joies de la Vierge plus bas, à propos des deux saints Jean. 

La colombe est manquante.

 

 

-National Gallery

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Holy_Trinity_sculpture_at_National_Gallery.jpg

Ventes

https://www.proantic.com/en/1360055-trinity-in-alabaster-england-15th-century.html

https://www.proantic.com/1371394-trinite-ou-trone-de-grace-en-albatre-nottingham-xve-siecle.html

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Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

 

II. LE PANNEAU LATÉRAL GAUCHE : Le TE DEUM (SAINTS ET PROPHÈTES) , SAINT JEAN-BAPTISTE ET L'AGNEAU.

 

1. Jean-Baptiste.

Selon Diego Mens,  la présence ici des deux saints « présentateurs »  Jean Baptiste et Jean l'evangéliste indique un lien évident avec Jean IV de Rieux. À Saint-Avé, le positionnement d’origine du retable de Nottingham était différent de celui connu au XVIIIe siècle qui a perduré jusqu’à 1913, avec une installation sur l’autel du bras du transept sud.  Une position initiale probable est suggérée dans la chapelle privative du transept nord sur l'autel, sous la baie au remplage en fleur de lys . En effet, ce motif des remplages est souvent à associer, en Bretagne, à de hauts nobles chevaliers de l’ordre royal de Saint-Michel. Jean IV de Rieux ou maréchal de Rieux est mentionné comme appartenant à cet ordre dans le traité d’Étaples de 1498. Ainsi les panneaux du Te Deum encadrant celui de la Trinité, placés à l’origine dans cette chapelle et associés à la fleur de lys de la baie, pourraient être les témoins d’une dévotion, mais surtout d’une action de grâce et de reconnaissance de Jean IV de Rieux envers Dieu et la Vierge, pour la paix retrouvée dans le duché.

Le saint est figuré jambes nues sous une tunique (en encolure en V) et un manteau qui tombe jusqu'au sol. Un pan central du manteau s'achève par une dilatation qui évoque des pattes de chameau, animal associée dans la tradition à ce manteau. Il y a des rares de peinture brune sur le manteau.

L'agneau, qui lève son museau vers le saint, repose sur un livre. Le saint tend l'index, accompagné d'autres doigts, vers l'agneau par référence à la citation ecce agnus dei. « Voici l’ agneau de Dieu qui enlève le péché  du monde ! » (Jean 1:29)

La tête est remarquable par sa barbe semblable à celle du Père de la Trinité, aux deux pointes peignées et aux mèches bouclées des joues, mais surtout par ses cheveux formant neuf sortes de nattes  triangulaires formant des rayons. On retrouve exactement cette coiffure dans d'autres têtes d'abâtres du saint, cette-fois isolées dans le plat de son martyre. Ces dreadlocks soulignent que Jean-Baptiste est un nazir, consacré à Dieu, qui vit dans le désert, se nourrit de miel et de sauterelle, porte des vêtements en poils de chameau, et ne se coupe ni les cheveux ni la barbe.

 

https://www.bridgemanimages.com/fr/english-school/head-of-john-the-baptist-on-a-dish-nottingham-c-1450-1500-alabaster/alabaster/asset/277195

https://www.lot-art.com/auction-lots/1266-Tete-de-saint-Jean-Baptiste-en-albatre-sculpte-Nottingham/1266-tete_saint-09.12.17-geoffroy

https://www.ngv.vic.gov.au/essay/ymage-dalabastre-a-medieval-sculpture-of-saint-john-the-baptist/

V&A Museum's : le retable de Swansea. Les ressemblances sont frappantes ; remarquons la série de boutons de la tunique, remplaçant l'encolure en V. La polychromie conservée permet de se faire une idée de l'état du retable de Saint-Avé.

https://collections.vam.ac.uk/item/O70204/the-swansea-altarpiece-altarpiece-unknown/

 

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

 

Nous retrouvons, dans la même tenue,  Jean-Baptiste portant l'agneau en tête du cortège de louange de 17 saints et prophètes se dirigeant de gauche à droite vers le panneau central. L'Église tient Jean-Baptiste comme le dernier des prophètes d'Israël.

Dans le premier groupe des Prophètes, l'un des personnages porte un bâton , l'autre une scie , un autre un cimeterre, un autre un rouleau de parchemin. Plusieurs des coiffures sont à rabats ou conique, relevant des codes de désignation des Juifs : ce pourrait être des prophètes et patriarches  de l'Ancien Testament. Ils ont tous la main levée, comme pour attester d'une vérité.

Un seul est tête nue et il tient un bâton : on a proposé d'y reconnaître Moïse, d'autant qu'il porte au sommet de la tête ce qui pourrait être deux flammes, allusion au caractère rayonnant de Moïse descendant du Sinaï après avoir parlé avec Yahweh, flammes qui prennent souvent l'allure de  cornes suite à une erreur de traduction. "Aaron et tous les enfants d'Israël virent Moïse, et son visage rayonna de joie. Ils craignirent de s'approcher de lui." (Exode 34: 30)

Un panneau très proche est conservé à Norwich .

https://www.flickr.com/photos/davidrobarts/49654779393

On y propose les identifications suivantes :

En haut  :

parmi les personnages de gauche Il pourrait y avoir Élie , portant le manteau de prophète dont Élisée allait bientôt hériter. Élie monta au ciel dans un tourbillon…   Élisée… ramassa le manteau qui était tombé d’Élie… et en frappa les eaux. « Où est maintenant l’Éternel, le Dieu d’Élie ? » demanda-t-il. Lorsqu’il frappa les eaux, elles se divisèrent à droite et à gauche, et Élie traversa. (2 Rois 2: 13-14)

Celui qui porte une scie serait Isaïe. Dans le Talmud de Jérusalem (Sanhédrin ), le prophète, craignant pour sa vie, se cacha dans un cèdre. Hélas, les franges de sa robe restèrent visibles et le méchant roi de Juda, Manassé, ordonna à ses serviteurs de scier l'arbre en deux. 

En bas à gauche, Il s’agit peut-être de Jérémie , debout seul, l’air triste et vêtu d’une robe sacerdotale. Jérémie est l’un des prêtres d’Anathoth, dans le territoire de Benjamin. (Jérémie 1:1)

Le suivant serait Daniel.  Traditionnellement d'origine royale, il porte une robe « royale » et tient un parchemin.« Et toi, Daniel, roule et scelle les paroles du livre jusqu’au temps de la fin. » (Daniel 12:4)

Son voisin serait David, il a une barbe fourchue et porte l'épée cimeterre courbée de son ennemi juré Goliath. David triompha du Philistin avec une fronde et une pierre. Il n’avait pas d’épée à la main, il frappa le Philistin et le tua. Il saisit l’épée du Philistin, la tira du fourreau, le tua et lui coupa la tête avec l’épée. (1 Samuel 17: 50-51)

 

Dans le second groupe, les saints ou martyrs de l'Église, on identifie un pape à sa tiare (au dessous de saint Pierre), un archévêque à sa croix et sa mitre, un évêque à sa crosse et à sa mitre, un roi à sa couronne et  un cardinal à son chapeau à cordons à glands. Le roi tient un anneau qui le désignerait comme Édouard le Confesseur, et l'archevêque est rapproché de saint Thomas Becket. Trois autres personnages sont tonsurés, ce sont des clercs, et peut-être des diacres.

Les chaussures pointues sont bien celles portées au XVe siècle.

 L’exemplaire du panneau des prophètes de l’Église conservé au Victoria et Albert Museum Inv. A.188-1946, panneau donné en 1946 par le docteur W. L. Hildburgh. est différent de celui de Saint-Avé et paraît plus ancien dans sa facture. Il prouve que ce thème a été réalisé au moins en deux séries distinctes, à deux époques.

Prophets, V&A Museum

Les collections du V&A Museum renferment aussi un fragment du cortège de Te Deum  des membres de la Sainte Église, dont les détails montrent la parenté avec le panneau de Saint-Avé.  

V&A. Museum A.11-1946

https://collections.vam.ac.uk/item/O71385/holy-church-fragment-of-a-unknown/

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

 

III. LE PANNEAU LATÉRAL DROIT : Le TE DEUM (APÔTRES ET DOCTEURS ; VIERGES ET MARTYRES) ; SAINT JEAN L'EVANGELISTE.

 

 

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

 

Les apôtres, saints et martyrs.

Les personnages tournés vers la gauche lèvent la main, comme ceux de gauche.

Au premier rang on trouve les apôtres Pierre (clef ; bizarre tonsure) et Paul (épée), puis André (croix en X).

Derrière eux, l'apôtre Jean tenant une palme, et un saint de l'Église (tonsure, aube et amict).

Au dernier rang, un pape (tiare, croix), un membre du clergé tenant un livre, un évêque, et un roi.

 

 

 

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les Vierges et martyres.

 

Premier rang : sainte Catherine l'épée de sa décollation et la roue à couteaux de son martyr. Sainte Ursule, couronnée tenant sa flèche. Sainte Marguerite issant du dragon, tenant le crucifix de sa libération.

Deuxième rang : sainte Barbe et sa tour à trois fenêtres. Une sainte abbesse. Sainte Hélène, couronnée et la Croix.

Troisième rang : la troisième est sainte Apolline, couronnée, tenant une dent serrée dans un davier.

 

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

 

Saint Jean l’Évangéliste

Saint Jean l’Évangéliste bénit la coupe empoisonnée que lui a donné un prêtre païen d’Éphèse pour le mettre à l’épreuve mais le venin s’échappe du calice sous la forme d’un petit dragon bicéphale, comme le raconte la Légende dorée de Jacques de Voragine (1228-1298). La palme est celle que portait le saint devant le cercueil de la Vierge Marie que soutenaient les apôtres.  Selon Diego Mens, cette représentation du saint avec ces deux attributs est assez rare et notamment illustrée dans la Prédelle de la Visitation par le maître de Segorbe (cathédrale de l’Assomption, province de Castellon, Espagne), XVe siècle.

 

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

ANNEXE : CATALOGUE DES ALBÂTRES BRETONS (d'après C. Dréan).

https://m.shabretagne.com/scripts/files/669984c1958209.71649055/1987_15.pdf

Les albâtres de Bretagne ont été catalogués, datés et décrits par Colette Dréan. La majorité date de la seconde moitié du XVe siècle. Les retables de la Vie de la Vierge, dont j'ai placé les éléments en rouge, ne sont pas complets et souvent réduits à un ou deux panneaux. Les plus intéressants, en comparaison avec le retable de Kermaria, sont ceux de Saint-Péver et de Nouvoitou. 

 

Côtes d'Armor

  •  Châtelaudren Chapelle Notre-Dame -du-Tertre. Retable volé en 1969. Deuxième moitié du XVe siècle.

  • Châtelaudren Chapelle Notre-Dame -du-Tertre. Vierge à l'Enfant, début XVIe ?

  •  Corlay, presbytère, v. 1428 Ste Anne et la Vierge

  •  Dinan, Musée, seconde moitié XVe. Descente de croix ; Ste Catherine.

  •  Lanvollon, Vierge à l'Enfant, fin XIVe

  • Pléherel église du Vieux-Bourg, fin XVe

  • Ploubezre chapelle Saint-Thècle fin XVe

  • Plougrescant Chapelle Saint-Gomery. Vierge à l'Enfant moitié XVe

  • Plouha, Chapelle de Kermaria an Iskuit, retable de la Vie de la Vierge, deuxième moitié XVe

  • Pommerit-le-Vicomte, église, Retable de la Passion, fin XVe

  • Rostrenen, chapelle de Compostal, Arbre de Jessé , Assomption et Couronnement de la Vierge, deuxième moitié XVe

  • Saint-Brieuc, ancien Carmel, Crucifixion, deuxième moitié XVe

  • Saint-Laurent de Bégard, église, Baiser de Judas, deuxième moitié XVe

  • Saint-Pever, Retable de la Vie de la Vierge : Trinité, Assomption, Couronnement.fin XVe

  • Squiffiec, Retable de la Vie de la Vierge : Adoration des Mages, Couronnement.fin XVe

 

Finistère

  • Cléden-Cap-Sizun

  • Combrit

  • [Elliant, chapelle Sainte Marguerite : hors catalogue, cité in Couffon 1980 p. 105 : Assomption de la Vierge avec saint Thomas]

  • Esquibien, église Saint-Onneau, Vierge de Pitié, ronde-bosse, milieu XVe. Volée en 1980.

  • Locquirec, église Saint-Jacques Vierge de Pitié, fin XVe (Vierge à l'Enfant selon R. Couffon)

  • Morlaix, Musée des Jacobins, Visitation, Trinité, Mise au tombeau, deuxième moitié XVe

  • Morlaix, couvent des Carmélites, Assomption, deuxième moitie XVe

  • Plonevez-du-Faou,  chapelle Saint-Herbot, Annonciation, volée en avril 1969 [et  Couronnement, non confirmé], deuxième moitié XVe.

  • Plouvorn, N-D de Lambader, élus dans le sein d'Abraham, deuxième moitié XVe. (Non retrouvé lors de ma visite, non confirmé)

  • Quimperlé, musée de l'Évêché, Ste Anne, Annonciation, Couronnement, deuxième moitié XVe

  • Quimper, cathédrale, Saint Jean-Baptiste, première moitié XVe

  • Quimper, cathédrale, retable du Christ et des Vertus, Xve

  • Quimper, Musée départemental breton, Baiser de Judas, Flagellation, deuxième moitié XVe

  • Roscoff, église de Croas-Batz, Retable de la Vie du Christ deuxième moitié XVe 

  • Trémaouézan, presbytère, Adoration des Mages entre 1350 et 1390

 

Ille-et-Vilaine

  • Nouvoitou Retable de la Vie de la Vierge : Annonciation, Adoration, Trinité, Assomption, Couronnement fin XVe

 

Retable de la Vierge, Nouvoitou.

Morbihan

  • Arradon chapelle N-D du Vincin, Vierge

  • Guer, Presbytère, Adoration des Mages, fin XVe

  • Guern Chapelle N-D du QuelvenAssomption et Couronnement, deuxième moitié XVe PM56000358

  • Monterrein,Ploermel  église Saint-Malo, Trinité, fin XVe

Monterrein, Ploermel.
  • Plouharnel chapelle N-D des Fleurs, Arbre de Jessé deuxième moitié XVe

  • Riantec, Ste Catherine

  • Saint-Avé, Retable Te Deum et Trinité deuxième moitié XVe

  • Vannes, Musée, Adoration des Mages, Assomption, Flagellation, Descente de Croix, Mise au Tombeau deuxième moitié XVe

  • Vannes Grand Séminaire. Annonciation, Assomption, Couronnement Crucifixion deuxième moitié XVe

  • Ste Anne d'Auray, Retable de la Passion, Première moitié XVe.

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SOURCES ET LIENS.

— BARRAGUÉ-ZOUITA (Laetitia) 2016, L'ensemble de la collection d'albâtre du Musée Boucher-de-Perthes d'Abbeville 

https://www.amis-musee-abbeville.fr/2016/12/09/oeuvre-du-mois-d%C3%A9cembre-2016-alb%C3%A2tres-de-nottingham/

— CHEETHAM, (Françis), 1984. Albâtres médiévaux anglais . Oxford : Phaidon-Christie's Limited, 1984. p. 188 (cat. 115), ill. ISBN0-7148-8014-0

— CHEETHAM , (Francis) 2003,The alabaster men. Sacred images from medieval England  , collection V&A Museum's, Boydel Press

https://www.jstor.org/stable/10.7722/j.ctt1f89s8s

—DRÉAN (Colette), 1987, Les sculptures d'albâtre en Bretagne, SHAB 1987-15.

https://m.shabretagne.com/scripts/files/5f243fd64b5e59.02423570/1987_15.pdf

—PRIGENT (Christiane), 1998, Les sculptures anglaises d’albâtre, Musée national du Moyen Âge, éditions RMN, Paris.

— ROSTANG (A) 1928, Les albâtres anglais du XVe siècle en Basse-Normandie, Bulletin Monumental  Année 1928  87  pp. 257-309

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1928_num_87_1_10045

— Victoria & Albert Museum

https://collections.vam.ac.uk/search/?page=1&page_size=15&id_material=AAT11101&id_category=THES48896&id_collection=THES48600&id_person=N480

—DANIGO (Joseph), 1983, La chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé, Congrés archéologique de France tome 141 page 216 et suiv.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3210037c/f218.item

—DANIGO (Joseph), 1989, églises et chapelles du pays de Vannes, Cahiers de l'UMIVEM

 https://bibliotheque.idbe.bzh/data/cle_130/Morbihan_Cahiers_de_lUMIVEM_1989_nA_42-43_.pdf

— DIEGO MENS (Casas), 2020, La chapelle Notre-Dame-du-Loc en Saint-Avé.« Ymages » et décors du dernier quart du xve siècle, Actes du congrés de Vannes sept. 2019,  Mémoires de la Socité d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne, 36 Pages

https://www.academia.edu/43033745/La_chapelle_Notre_Dame_du_Loc_en_Saint_Av%C3%A9_Ymages_et_d%C3%A9cors_du_dernier_quart_du_xve_si%C3%A8cle

— DREGAN (Colette), 1987, les sculptures d'albâtres en Bretagne, SHAB, p.345  n°56

https://m.shabretagne.com/scripts/files/669984c1958209.71649055/1987_15.pdf

—GUYOMAR (abbé J.),1914 Notre-Dame du Loc du Bourg d’en-bas en Saint-Avé, Vannes, 1914,
47 p.  ;

http://www.infobretagne.com/saintave-notre-dame-loc.htm

— infobretagne :

http://www.infobretagne.com/saintave-notre-dame-loc.htm

reproduit   les textes de J. Guyomar, de Gustave Duhem 1932 (Les églises de France) et de la Revue Morbihannaise volume 18 page 126 de 1914 

— JABLONSKI-CHAUVEAU, Christine et FLAVIGNY (Laurence), 1998, «Sculptures d’albatre du moyen-âge», (D’Angleterre en Normandie), Rouen, musée départemental des Antiquités 12 février - 31 mai 1998, Evreux, musée de l’Ancien Evêché, juillet-Octobre 1998 Ed. Lecerf, 1998

— KIRKMAN (Andrew), English alabaster carvings and their cultural contexts

https://www.academia.edu/43558114/ENGLISH_ALABASTER_CARVINGS_AND_THEIR_CULTURAL_CONTEXTS

— PRIGENT Christiane , 1998, Les sculptures anglaises d'albâtre au Musée national du Moyen Âge – Thermes de Cluny , Paris, Réunion des musées nationaux, 1998, p. 13.

— ROSTAND (A), 1928, Les albâtres anglais du XVe siècle en Basse-Normandie, Bulletin Monumental  Année 1928  87  pp. 257-309

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1928_num_87_1_10045

— SCHLICHT (Markus), La reproductibilité comme gage de succès commercial ? Albâtres anglais de la fin du Moyen Âge, Die Reproduzierbarkeit als kommerzielles Erfolgsrezept? Die english Alabasterskulpturen des späten Mittelalters p. 179-194

https://doi.org/10.4000/perspective.15321

—TOSCER Catherine, 1987,inventaire topographique Dossier d’œuvre objet IM56004515 et Dossier de présentation du mobilier IM56004538

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/IM56004515

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/IM56004538

Autres sites :

https://patrimoines-archives.morbihan.fr/decouvrir/instants-dhistoire/un-objet-des-histoires/notre-dame-du-loc

Vidéo par Alain Peyrus sur Youtube :

https://www.youtube.com/watch?v=cX5G6aKQv9g

retable en albâtre :

https://pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM56001038

 

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Published by jean-yves cordier - dans XVe siècle Sculptures Chapelles bretonnes
29 octobre 2024 2 29 /10 /octobre /2024 22:56

Ensemble de 14 pièces de sablières, de 6 blochets, de 6 entraits à engoulants  taillés entre 1475 et 1494 (choeur et  nef)  et vers 1520 ( transept et les deux premières travées de la nef) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé (Morbihan).

Voir :

 

 

Merci à Violette Beurel, de l’association Les amis de la chapelle de Notre-Dame-du-Loc, qui nous a ouvert la porte de cette chapelle.

PRÉSENTATION.

Cette petite chapelle de la fin du XVe siècle (date de 1475 et 1494 sur les sablières)  a été élevée à la suite d'un voeu ou pour commémorer un fait et est devenue par la suite, est devenue lieu de pélerinage. Elle comprend encore son enclos, son calvaire et sa fontaine. Sur plan en croix latine, elle est bâtie en pierre de taille aux pignons, le reste étant en moëllons. Le pignon ouest est le plus ouvragé, avec mouluration encadrant la porte ogivale en saillie. Une flèche très allongée se trouve au centre de la nef. La fenêtre du chevet est flamboyante et contient quelques restes de vitraux.

Elle est remarquable par son mobilier (sa croix de chancel qui porte la date de 1500 et le nom d'André de Coëtlagat, ses retables en granite, son retable en albâtre de Nottingham (fin XVe), ses statues polychromes (fin XVe), ou dans son enclos son calvaire (1500) et sa fontaine), mais aussi par sa charpente sculptée et par ses sablières  exceptionnelles. (Les sablières ou pannes sablières sont ces pièces de bois (un quart de tronc de chêne), horizontales placées à la base de la charpente sur le haut du mur, rempli d'un lit de sable pour éviter la remontée d'humidité ou pour permettre à la poutre de prendre place lentement). Les 14 sablières, 6 blochets et 6 entraits ont été taillés entre 1475 et 1494 pour une partie localisée dans le choeur et dans la nef et vers 1520 pour l'autre localisée dans le transept et les deux premières travées de la nef.

Exceptionnelles dans le corpus très riches des chapelles et églises bretonnes, ces sablières le sont par leurs inscriptions gothiques précisant les dates de réalisation de cette charpente en 1475 et en 1494 et le nom des commanditaires, Olivier de Peillac chanoine de Guérande et recteur de Saint-Avé, et  André de Coëtlagat, son successeur, chanoine de Vannes et recteur de Plescop et de Saint-Avé ; par leur polychromie ; et par la variété de figures traditionnelles aux ymagiers telles que les bestiaire, les sirènes et centaures, les musiciens (luth, cornemuse , traverso, harpe) et les drôleries. Elles sont remarquables aussi par le riche ensemble héraldique, peint en majorité, qui a échappé aux marteaux révolutionnaires ou a été repeint, et qui fait écho aux blasons sculptés sur d'autres supports, lapidaires notamment, de la chapelle.

Les entraits  également sont  remarquables par les personnages qui combattent ou tentent d'échapper à la gueule des dragons des engoulants, tout comme les blochets à forme de dragons dévorants.

La chapelle a été restaurée en 1913 puis de 2010 à 2012.

La chapelle, avec l'enclos, la fontaine et le calvaire  sont classés par arrêté du 22 juin 1932

Les sablières et entraits en bois sculpté sont classées Mh par arrêté du 11 septembre 1922.

" Par la qualité des sculptures et des reliefs, cet ensemble qui alterne régulièrement des blasons, portés par des angelots en pied de cerces, et des scènes historiées, est l’un des ensembles bretons majeurs du dernier quart du XVe siècle." (C. Diego Mens)

Pour S. Duhem, l'ensemble de Saint-Avé rejoint ceux, de même facture exceptionnelle, de Trédrez, Trémel, Plumelec, Grâces-Guingamp, dont les artisans disposent d'un bagage iconographique, intellectuel et d'habilité technique, que n'auront pas leur successeur, avec des ensembles plus hétérogènes, plus inventifs, plus réfléchis que ceux du XVIe tardif et du XVIIe siècle.

Les inscriptions sont sculptées en creux, et les motifs figurés végétaux, humains, merveilleux (chimères et dragons) et plus rarement animaux disposés de façon isolée et régulière — une caractéristique stylistique bas-médiévale  du XVe siècle— sont sculptés en moyen relief en bois polychrome. Les motifs se détachent franchement de l'épaisseur de la poutre et sont couverts par un "toit".

 

.

I. LE CHOEUR DE 1475.

 

Le commanditaire.

Les sablières portent l'inscription en lettres gothiques qui court de chaque côté nord puis sud du chœur :

MESTRE O. DE PEILLAC CHANOYNE DE GUERÃDE ET RECTE DE ST EVE FIST F

CESTE OUVRE LAN MILL CCCC LX XV 

soit "Maître Olivier de Peillac chanoine de Guérande et recteur de Saint-Avé fit faire cette œuvre l'an 1475".

L'inscription, sculptée et peinte en rouge, comporte des lettres ornées, des lettres liées ou abrégées par des tildes et les mots sont séparés par des deux-points reliés par une accolade. Elle est interrompue régulièrement par des blasons présentés par des anges, aux armes peintes (et repeintes par les restaurateurs). J'aime m'attarder sur la matérialité de ces inscriptions et ne pas les considérer seulement comme des sources documentaires : ces calligraphies sont des œuvres d'art.

La paroisse de Peillac, d'où la famille du chanoine est originaire, se trouve à l'est du Morbihan, à une dizaine de kilomètres au nord-ouest de Redon, mais la famille de Peillac a détenue aussi le château de Lohan à Plaudren, au nord de Saint-Avé.

Pol de Courcy indique dans son Armorial à propos de cette famille :

Peillac (de), sieur dudit lieu et du Plessis, paroisse de Peillac, — du Gouray, paroisse de Pleucadeuc, — de Bodeveno, paroisse de Pluvigaer, — de Lohan, paroisse de Plaudren.

Références et montres de 1426 à 1536, dites paroisses, évêché de Vannes.

D’argent à trois merlettes de gueules ; au franc canton de même.

Fondu dans Rohan, puis Ploësquellec.

Olivier de Peillac était l'un des 14 chanoines à la collégiale Saint-Aubin de Guérande. Un homonyme (son père ? ) participe en 1452 à la montre de Guillaume de Rosnyvinen

Les armes de sa famille ne sont pas présentes sur ces sablières du chœur, mais on les trouve dans celles de la nef nord,  et huit fois dans la chapelle, sur un bénitier, près du portail , sur une crédence, au socle de plusieurs statues et sur les contreforts du portail et du chevet.

Selon D. Mens :

"Olivier de Peillac est d’une famille noble assez importante, vassale de la seigneurie de Rochefort-Rieux et alliée à la puissante branche des Rohan Gué-de-L’Isle. Olivier pourrait être le frère de Jean, mentionné en 1477 et 1484 comme prévôt féodé 4 des paroisses de Plaudren et de Saint-Jean-Brévelay 5 . Cette fonction est obtenue par les Peillac par alliance avec les Tréal. Jean de Peillac perçoit les droitures 6 dues au seigneur de Largoët pour ces paroisses. La fille de Jean, Jacquette, est qualifiée de prévôte féodée de 1494, avec son époux, puis seule en 1503 et 1511 7 . Elle épouse François de Rohan, seigneur du Gué-de-l’Isle et maître d’hôtel de la reine Anne de Bretagne. Outre ses possessions dans la commune de Peillac, la famille détient également les seigneuries de la Gorays en Pleucadeuc, héritée des Tréal, de Botéven en Pluvigner et celle de Lohan en Plaudren, mais apparemment pas dans la paroisse de Saint-Avé. "

Pour le même auteur, il faut  envisager pour le finacenmet de la chapelle outre la contribution des recteurs et de leur famille,  une possible intervention d’un grand féodal breton, Jean IV de Rieux, maréchal de Bretagne, qui entre en possession de la seigneurie de Largoët, dont dépend la paroisse, en 1480, après le décès de sa première épouse.

 

 

A. Le côté nord.

On trouve successivement depuis la croisée des transepts et en suivant le sens des aiguilles  :

—entre deux feuillages verts, les armes des Coëtlagat  d'azur à 3 aiglettes d'or (peintes en 1913 au dessus d'un écusson muet), tenue par un ange à la chevelure divisée en deux boules. Curieusement, ces armes de Coëtlagat ne figuraient pas dans la chapelle. La famille habitait le manoir de Coëtlagat, en la paroisse Saint-Patern de Vannes

—L'entrait à engoulant dont le dragon laisse échapper une langue rouge.

— un masque d'un homme coiffé d'une cagoule à rabats.

— le début de l'inscription interrompue par des feuilles vertes, ou par des blasons

—Les armes écartelées des  Rieux-Rochefort  d'azur à 5 besants d’or en sautoir aux 1 et 4 (Rieux) et aux 2 et 3 vairé d’azur et d’or (Rochefort) sur fond de feuillages. Jean II de Rieux (avant 1343-1417 avait épousé en 1374 Jeanne de Rochefort, d'où Jean III de Rieux (1377-1431). Sa fille Marie de Rieux épousa vers 1425 Louis d'Amboise, son fils François-Jean épousa Jeanne de Rohan d'où Jean IV de Rieux (1447-1518).  Jean IV de Rieux, un grand féodal breton, maréchal de Bretagne, qui entre en possession de la seigneurie de Largoët, dont dépend la paroisse, en 1480, après le décès de sa première épouse Françoise Raguenel, décédée le 18 janvier 1480, aurait (D. Mens) pu participer au financement de la chapelle. Il versa  un paiement à Olivier de Peillac le 26 juin 1481 pour avoir fait mettre les armes de « Monseigneur et de mademoiselle ».

— Celles, tenues par un ange aux cheveux volumineux, des  Rieux-Malestroit en alliance en 1 Rieux-Rochefort comme supra et en 2  Malestroit : de gueules à neuf besants d’or.  Cela peut renvoyer à Gilles de Rieux, fils de Jeanne de Malestroit et de  Michel de Rieux (1394-1473), qui épousa en 1495 Anne du Chastellier.

Les Malestroit était seigneurs de Largoët, une forteresse d'Elven, à 13 km de Vannes, avant que Jean IV de Rieux ne devienne comte de Largoët au XVe siècle. " C'est à cette époque (entre 1474 et 1476) que Jean IV, seigneur de Rieux, y retient Henri Tudor, duc de Richmond, futur Henri VII d'Angleterre. En 1490, Charles VIII démantèle le château, mais il est restauré sous l'impulsion d'Anne de Bretagne. La forteresse est en effet une des pointes du triangle rieuxois (trois grandes forteresses Rochefort-Malestroit-Elven). "

—Celles de Bretagne, tenues par un ange mais douteuse car  à trois hermines seulement.  [le blason modifié pourrait être en lien avec le fait que Jean de Rieux est le petit-fils de Marguerite de Bretagne, fille du duc Jean IV.]

—un masque d'un homme barbu coiffé d'un chaperon, tenant de la main droite un phylactère. Ce dernier portait-il jadis une inscription?

— un blochet débutant par un engoulant et s'achevant par une tête d'homme à l'extrémité de la pièce de bois octogonale.

Il convient en fait d'ordonnancer cette succession de blasons, comme du côté sud, en partant de l'est et de l'autel en respectant les prééminences : duché de Bretagne/Rieux-Malestroit/Rieux-Rochefort, comme au tympan d'une verrière armoriée de haut en bas. Le vitrail ancien du chœur n'a pas été conservé, mais on sait, d'après un mémoire de Galles en 1854, qu'on y trouvait les armes de Bretagne, "et deux écussons : celui de Lestrelin ;  et un autre ainsi alliancé : parti au 1 d'argent à la bande nouée d'azur accompagnée de 7 merlettes de gueules, qui est Lestrelin, au 2 d'or à trois tourteaux "(J. Guyomar).

 

 

 

 

 

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

 

B. Le côté sud.

En poursuivant notre visite dans le sens des aiguilles d'une montre, et donc ici du chevet vers le transept, nous trouvons, en symétrie avec le côté nord :

— Un blochet, semblable au blochet nord avec un personnage tirant la langue

 — Un masque d'homme barbu tenant un phylactère

— les armes de Bretagne, à huit hermines , présenté par un ange

— la suite de l'inscription , "ceste ouvre l'an mill cccc LXX XV", également fragmentée par les motifs ornementaux et les blasons,

—un masque léonin émergeant de feuillages,

— un ange présentant les armes écartelées des  Rieux-Rochefort  d'azur à 5 besants d’or en sautoir aux 1 et 4 (Rieux) et aux 2 et 3 vairé d’azur et d’or (Rochefort)

—un primitif ou homme naturel, de couleur verte, assis jambes croisées et tenant un livre. Pour l'abbé Guyomar, il s'agit d'un tailleur. Ses pieds ressemblent à des pattes. Sa tête est coiffée d'une capuche.

— Les armes, présentées par un ange,  des Malestroitde gueules à neuf besants d’or.

— Un masque de lion, à la crinière rayonnante

— la Lune et le Soleil, entourés de rayons,

— l'entrait à engoulant,

— un lion,

—un agneau à phylactère

— un dragon ailé.

 

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

 

 

On examinera aussi la voûte lambrissée, et notamment la nervure principale est-ouest, qui est ornée de panneaux rectangulaires aux armes de Bretagne, à huit hermines.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Au total, le programme des sablières de ce chœur privilégie les insignes du pouvoir ducal (*) et des grands officiers ducaux, qui ont peut-être participé par donation à la construction, ou qui ont pu en favoriser l'établissement. Les armoiries du commanditaire, d'une famille plus modeste, n'ont pas leur place ici.

(*) Sur la commune de Saint-Avé se trouvait le château de Plaisance, résidence officielle des ducs de Bretagne, démantelée au XVIIe siècle. Jean V, duc de Bretagne (1389-1442) y séjournait fréquemment, et François Ier, duc de Bretagne (1414-1450), y est décédé le 17 juillet 1450. Les sablières de 1474 sont contemporaines du règne de François II (de 1458 à 1488), auquel succède Anne de Bretagne de 1488 à 1514.

 

 

Sophie Duhem, l'auteur de référence sur les sablières de Bretagne, s'interroge sur l'influence ici d'Olivier de Peillac, et du clergé en général :

"Comment imaginer que ce chanoine si soucieux de composer un ensemble décoratif majestueux , n'ait pas, à un moment ou à un autre, donné des directives précises aux artisans-charpentiers ? Sa contribution au choix des sculptures  paraît certaine si l'on considère à la fois la grande qualité de l'iconographie représentée, et la monumentalité de l'ensemble au regard des dimensions de la chapelle." 

Casas Diego Mens sépare bien le programme "protocolaire" du chœur commandé par le chanoine de Peillac, un espace accessible au clergé et à la noblesse, et qui s'avère assez convenable malgré son bestaire et la présence du merveilleux non chrétien, et celui, plus populaire, de la nef, dont le commanditaire André de Coëtlagat appartient pourtant au même milieu, celui des chanoines et recteurs issus de la noblesse bretonne. La nef, séparée du chœur par une clôture ou chancel est réservée au peuple. La clôture à claire-voix permet malgré tout  aux fidèles de voir le chœur et d'entendre les offices. Casas Diego Mens, répondant à Sophie Duhem, écrit :

"Ainsi, le programme iconographique de la nef et d’une partie du chœur, mêlant fantastique, religieux, irrévérencieux et des scènes du quotidien, semble essentiellement destiné à la seule lecture d’une catégorie de la population [On ne prendra pas en compte dans cette analyse les inscriptions portées établissant les commanditaires, dans le chœur et la nef, réservées probablement à la noblesse et au clergé, et une certaine partie de la population lettrée.] 

 Il ne traduit sans doute pas une commande précise d’un clerc mais il compose plutôt un décor voulu par les sculpteurs, mêlant des thèmes populaires ou savants, selon une organisation qui nous échappe désormais."

Outre le fait que cela suppose, comme il le constate, d'oublier l'inscription de fondation de la nef supposant l'accès à la lecture, cela ne tient pas compte des données qui nous apprennent que, pour leurs stalles aux miséricordes très populaires voires grivoises par exemple, ces chanoines, loin de laisser carte blanche aux huchiers et de fermer les yeux sur leurs excès, peuvent exiger par contrat la présence de ces références au merveilleux médiéval, aux fabliaux, aux proverbes, et aux scènes érotiques ou scatologiques, qui se découvrent, sculptés dans la pierre et le bois , et pas seulement dans les marges des sanctuaires. Il faut imaginer d'autres rapports que les notres entre l'obscène et le sacré, exactement comme dans la Rome impériale où les phallus avaient une fonction apotropaïque nullement choquante et très ostensible.

Pour Sophie Duhem p. 270, " à Saint-Avé, les thèmes religieux sont absents et les thèmes courtois ou distrayants sont probablement conçus à la demande de l'élite de recteurs à l'origine de la commande".

 

 

 

 

LA CROISÉE DU TRANSEPT.

Les armes de Bretagne, se poursuivent ici sur la nervure centrale, et sur la clef de voûte.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

 

C'est aux angles de la croisée du transept que sont placées les armes des familles nobles de la paroisse du dernier quart du XVe siècle : les Benoist, seigneurs de Lesnévé sur l'angle nord-est , les Arz, seigneurs de Tréviantec et Rulliac sur l’angle sud-est et enfin, sur l’angle diamétralement opposé les Lestrelin, de Lesvellec d’argent à la fasce nouée d’azur accompagnée de sept merlettes de gueules posées 4 et 3 . Selon C. Diego Mens cette organisation héraldique témoigne sans doute du placement de ces familles nobles, lors des offices, au-devant du chancel.

L'angle nord-est : les armoiries des Benoist de Lesnévé.

Ces armes d' hermines à trois chevrons de gueules chargés de besants d’or sont sculptées et non seulement peintes.

Selon l'article Wikipédia de Saint-Avé, Sébastien de Rosmadec (~1570-1646), évêque de Vannes est né au manoir de Lesnevé. René Descartes (1596-1650), mathématicien, physicien et philosophe, aurait passé "une partie de son enfance dans la métairie du manoir de Lesnevé alors que son père Joachim Descartes (1563-1640), siège aux États de Bretagne lorsque ceux-ci sont réunis à Vannes". Je n'ai pas trouvé la confirmation de ce séjour dans les biographies de Descartes ; il a séjourné au manoir de son frère Pierre, le manoir de Kerleau à Elven.

 

 

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

 

L'angle sud-est : les armoiries  d'une famille à préciser.

Ces armes sont  d'or à la fasce de gueules accompagnée de 3 quintefeuilles de même. L'abbé Guyomar propose d'y voir les armes des Eder, mais celles-ci sont  de gueules à la fasce d'argent accompagnée de 3 quintefeuilles de même.

On les retrouve sur la crédence à côté de celles des Peillac.

Crédence sud de la chapelle Notre-Dame-du-Lac, photo lavieb-aile 2024.

 

C. Diego Mens signale ici les armes de la famille d'Arz  seigneurs de Tréviantec et Rulliac sur l’angle sud d’azur à trois quintefeuilles de gueules .

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

 

L'angle nord-ouest : les armoiries de la famille Lestrelin, de Lesvellec en Saint-Avé.

Ils portent d’argent à la fasce nouée d’azur accompagnée de sept merlettes de gueules posées 4 et 3.

Leurs armes figuraient aussi dans la vitre du chœur. Et dans la chapelle Saint-Avoye de Pluneret.

Le pedigree ?

Lestrelin (de), sieur de Lesvellec, en Saint-Avé ; Kerlois et Liscoet, en Pluvigner ; Keropert, en Grand-Champ ; Kerlagadec, en Noyal-Pontivy ; Pradic, en Plumergat ; Penhaer, en Camors ; et Kerispert, en Pluneret. Réformations de 1426, 1448 et 1536 (famille éteinte à la fin du XVIème siècle).

 

 

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

 

L'angle sud-ouest : les armoiries des Laouénan, de Baden.

D'azur à la fasce d'argent accompagnée de 3 roitelets d'or

Pas de photo.

 

 

 

LES SABLIÈRES DE LA NEF (1494)

 

L'inscription. Le commanditaire.

 

L'inscription se partage entre le côté nord :

OU LOYAL TEMPS DE MASTRE : OLIVIER : DE PELIAC CHANOE GUERANDE ET MAISTRE ANDRE DE COETLAGAT

et le côté sud :

RECTO DE SANT AVE FIT ACHEVER CESTE CHAPLE EN LàMIL IIIIc IIIIxx ET XIIII 

 

"Au loyal temps de maître Olivier de Pellac chanoine de Guérande et maître celles d'André de Coëtlagat recteur de Saint-Avé fit achever cette chapelle en l'an 1494".

Qui est ce nouveau recteur et commanditaire ?

Origine. 

Essentiellement vannetaise, la très vieille maison de Coëtlagat eût pour berceau la terre de ce nom en la paroisse de Saint-Patern ès-faubourgs de Vannes. Elle comparut aux montres et réformations de 1426 à 1536 dans les paroisses de Saint-Patern, Guehenno et Plœren, et fut reconnu noble d'ancienne extraction à la réformation de 1669 avec sept générations (Bibl. de la ville de Rennes. Mss. des Réformations).

Membres.

Remontant à Messire Geoffroy de Coëtlagat, croisé en 1248 (P de Courcy. Armorial de Bretagne. Tome I, p. 211), elle compte en outre parmi ses membres :

—Escuyer Guillaume de Coëtlagat qui reçoit en legs du duc Jean II dans son testament de l'an 1303, une somme de 50 livres pour ses bons et loyaux services (Dom Morice. Preuves. Tome I. Col. 1196) ;

—Messire Guillaume de Coëtlagat, écuyer de Mademoiselle de Porhoët en 1426 (Ibidem. Compte de Jehan Droniou, trésorier du Duc. Tome II, Col. 1223) ;

— Noble écuyer Renaud de Coëtlagat, marié vers 1445 à Aliette de Peillac et décédé en 1473 (Arch. Dép. du Morbihan, Série E et Mss. Galles) ;

— Messire Jehan de Coëtlagat, l'un des témoins déposant à l'Enquête de canonisation de saint Vincent-Ferrier, le 21 novembre 1453, avec son frère Yves de Coëtlagat, prêtre, et sa femme Jeanne Trainevault, guérie miraculeusement de la peste peu de temps auparavant, par l'intercession du saint (Enquête de canonisation de saint Vincent-Ferrier. Mss. de l'abbé Chauffier). Noble dame Olive de Coëtlagat, nourrice de la fille du Duc en 1455 (Dom Morice. Preuves. Tome II. Col. 1689) ;

— Messire Robert de Coëtlagat, qui avait épousé demoiselle Catherine Sorel vers 1448 (P. de Courcy. Armorial de Bretagne. Tome I, p. 211) ;

— Messire Pregent de Coëtlagat, vivant en 1495, fils d'autre Pregent de Coëtlagat, écuyer du pays de Guérande (Cartulaire inédit de l'abbaye de Prières. Mss. de l'abbé Chauffier) en 1418 ;

— Messire André de Coëtlagat,

— Messire Jean de Coëtlagat, moine de Prières en 1539, prieur de cette abbaye en 1547 (Cart. inédit de l'abbaye de Prières. Mss. de l'abbé Chauffier), abbé de celle de Lanvaulx en 1565 (P. de Courcy. Armorial de Bretagne. Tome I, p. 211) ;

— Messire Jean de Coëtlagat, vivant en 1543, marié à Anne de Quifistre (Arch. Dép. du Morbihan. Mss. Galles) ;

etc.

Seigneurie. 

La famille de Coëtlagat a possédé les terres et seigneuries de Coëtlagat et Ménimur en Saint-Patern ; — de Kerlois en Pluvigner ; — de Pont-Dinan en Arradon ; — du Clegrio, paroisse De Guehenno ; — de Cantizac, de Porte-Layec et Bodrual, paroisse de Séné ; — de Liscouët en Péaule ; — de Penvern en Plaudren ; — de Kerlan en Plumergat ; — de Kerdualic, du Quelennec, de Kervaly, etc.

Principales alliances. 

Elle s'est alliée aux familles : de Lesteno (XIVème. s.), de Peillac vers 1445, Sorel (1448), de Lourme (fin du XVème s.), Trainevault vers 1450, de Broël (XVIème s.). de Quifistre vers 1538, Riou, Le Goff, de Lesmais (XVIème s.), Guimarho vers 1574, de Gaincru vers 1592, de Rosmadec (XVIème s.), , etc

R. de L'Estourbeillon, in Infobretagne

Diego Mens apporte des informations complémentaires :

"La famille Coëtlagat  possède un manoir à Vannes, dans la paroisse de Saint-Patern, des terres à Séné (Bodrual et Cantizac) et Plescop. Jean est mentionné comme seigneur de Bodrual à la fin du XVe siècle  . Il dépose, à moins qu’il ne s’agisse de son père, dans le procès en canonisation de Saint-Vincent Ferrier en 1453 avec son frère Yves, prêtre. Olive de Coëtlagat est au service de la duchesse Isabeau d’Ecosse, comme nourrice de Marie de Bretagne en 1455 9 . Les deux familles des recteurs qui ont œuvré à la construction de cette chapelle sont alliées puisqu’un mariage 10 est célébré en 1455 entre Aliette de Peillac et Renaud ou Regnaud de Coëtlagat. Ce dernier, fils de Michèle de Tréal 11 et de Guillaume de Coëtlagat, est mentionné dans les montres du 8 septembre 1464 pour la paroisse de Séné avec 700 livres de revenus, et comme seigneur de Cantizac 12 . Prigent de Coëtlagat hérite de ce domaine en 1474."

 

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

 

Le côté nord de la nef.

Description depuis l'entrée à l'ouest vers le transept

Les motifs ou personnages sont répartis en frises et répondent aux retombées (en culot) des nervures de la charpente.

On trouve successivement :

Première pièce entre blochet et entrait.

— Le blochet, engagé dans la maçonnerie, avec engoulant et personnage.

— un masque d'homme encapuchonné, bouche ouverte

— entre les mots OU et TEMPS, un coeur percé de deux flèches croisées, et portant le mot LOYAL. Les auteurs ne l'intègrent pas toujours au texte de l'inscription.

— un masque d'homme barbu de face, bouche ouverte

— Entre les mots DEMAISTRE et :OLIVIER, une fleur à quatre pétales,

— un homme accroupi sous la console, qui  désigne de l'index un passage d'un livre et lève les yeux au ciel. Il est coiffé d'un chaperon ou d'un bonnet, porte une tunique rouge, des chausses vertes et des chaussures ou sabots.

— dans l'angle une feuille d'acanthe étalée ;

 

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

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Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

 

Le premier entrait, côté ouest.

Un homme vêtu de chausses, d'une tunique ajusté et portant un chapeau noir, court vers la tête du dragon de l'engoulant en brandissant une massue.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

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Le premier entrait, côté est. Un chasseur (piqueux) s'avance vers la gueule du dragon et y enfonce sa pique.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

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Deuxième pièce entre premier et deuxième entrait.

— Dans l'angle  de l'entrait un homme barbu (prophète??)   écarte les spires d'un phylactère qui lui enrubanne la tête.

— Lui faisant face,  un joueur de cornemuse est vêtu d'habits découpés. J. Guyomar écrit que "  ses lèvres viennent d'abandonner le bec du biniou pour répondre au moine qui le blâme d'exciter à la danse ; mais si la bouche du sonneur ne remplit pas son office, nous voyons son bras gauche presser l'outre de l'instrument, ses doigts n'ont pas abandonné les trous, et la musique continue toujours. Le tuyau de la corne du biniou a disparu ".

Ce joueur est décrit dans l'encyclopédie de la cornemuse de Jean-Luc Matte :

http://jeanluc.matte.free.fr/fichsz/stavesabl.htm

Sculpture en bois avec traces de polychromie: homme portant des vêtements en forme de feuilles et coiffé d'une couronne de feuilles. Un bourdon d'épaule dont seuls subsistent le pavillon et la "souche"; un porte-vent brisé, un hautbois à pavillon

S. Duhem  indique qu'une copie de cette sablière, du XIXème, existe à la chapelle de Kerozer de cette même commune

— un chien qui se lèche en se retournant vers son arrière-train, dans une vue plongeante audacieuse

 — présentées par un ange coiffé d'un bonnet et vêtu d'une robe très ample, les armoiries d'Olivier de Peillac, suivant la mention de son nom sur l'inscription.

On retrouve aussi ces armoiries sur les consoles des statues de Marie-Madeleine, de saint Corneille, de saint François, sur la crédence sud et sur le bénitier.

 

 — une femme dont la main gauche est levée. J. Guyomar y voit "une paysanne, dont la figure est d'une finesse extraordinaire ; elle détourne les yeux et se sert de sa main gauche comme d'un écran pour ne pas voir l'exhibition indécente d'un homme voisin accroché à la sablière, et que M. Pobéguin, sculpteur à Vannes, a mutilé du temps de M. Panhéleux (1830-1860)."

— Un clerc (tonsuré), de dos, la main gauche sur le crâne, dont la partie basse a été buchée car jugée inconvenante.

 

 

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

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Troisième pièce entre deuxième et troisième entrait.

— À l'angle de l'entrait un homme nu et barbu  se protège du centaure ...

un centaure qui, armé d'une massue et le bouclier au bras, va se ruer sur l'homme.

— Près du nom de Maître André de Coëtlagat, armoiries de Cantizac de la paroisse de Séné : d'argent à la bande de gueules, chargée de 3 alérions d'or,  présentées par un ange, qui porte sur ses ailes et sa tête la couronne d'épines. Il y avait eu des alliances entre les Coëtlagat et les Cantizac. Le recteur, maître André de Coëtlagat, a-t-il préféré mettre auprès de son nom les armoiries de sa famille maternelle ? Non photographié.

Une sirène, admirablement fine, tient dans sa main gauche un peigne, dont elle vient de se servir pour sa longue chevelure, et dans sa main droite une glace, où elle se mire. Elle répond à une autre sirène du côté sud. Elle est couchée sur le ventre, le buste redressé, la tête à gauche. Ses seins sont globuleux. La partie inférieure a la forme d'une queue de poisson.

 

 

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

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Quatrième pièce entre troisième et quatrième entrait.

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Le côté sud de la nef.

dans le mouvement des aiguilles d'une montre, du transept vers l'entrée.

 

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

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Cinquième pièce entre deux entraits.

— feuillages

— ange présentant des armoiries  de Kerboulard, en Saint-Nolff, et aussi seigneur de Kervelin, en Saint-Avé : de gueules à l'aigle d'argent, armée et becquée d'or, cantonnée à dextre d'un croissant de même.

 

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

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Quatrième pièce entre deux entraits.

  —Blason muet

Femme grimaçant et échevelée vêtue en vert  évoquant une sorcière caressant ses longs cheveux blonds.

— armoiries présentées par un oiseau :  les armoiries d'Ars ou Arz, seigneur de Ruliac et de Tréviantek  ou Triantek  en Saint-Avé : d'argent à 3 quintefeuilles de gueules. peintes en 1913

— feuillage.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

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Troisième pièce entre deux entraits.

L'inscription reprend ici avec RECTO [Recteur] SANT AVÉ FIT ACHEVER.

feuillage.

Une sirène de face, verte et écaillée avec une queue de poisson bien visible tient un peigne de la main droite est caresse ses longs cheveux blonds de la main gauche.

une tête de clerc, tonsuré, tournée vers la sirène dans une posture renversée en arrière, comme envoûté .

— un joueur de luth , en chevalier servant, de face, la tête coiffé d'un bourrelet sur des épais cheveux peignés en masses latérales ; Grand manteau et chausses.

une joueuse de harpe,  à genoux, tournée vers le luthiste,  et sur la traîne de son manteau  un petit chien blanc.

— et enfin, dans l'angle de l'entrait, un joueur de traverso, assis sur une cathèdre.

Sur cette pièce, on constate que les motifs, quoiqu'isolés le long d'une frise, composent des ensembles narratifs. Si la sirène, ici, témoigne de l'enchantement de la voix (simple hypothèse), toute la pièce est alors dédiée aux pouvoirs de la musique.

Pour certains, la sirène pourrait aussi renvoyer aux anciennes graphies  de Saint-Avé, Senteve, Sainct Eve (en 1427, 1448, 1464 et 1536) ou Sainct Evve (en 1477) .

Les deux sirènes de Saint-Avé n'ont pas échappées à l'inventaire de Hiroko Amemiya, qui les classent dans les 20  exemples d'"ornement de type sirène", dont 13 en pierre et 7 en bois avec celles des sablières de Loc-Envel, et de N-D des Grâces de Kerlenat.

Elle décrit ici "un sujet debout, au visage rond grossièrement taillé, avec une longue chevelure ondulée, gonflée en forme d'éventail aux côtés des oreilles, qui tombe jusqu'à l'extrémité de la queue. Ses mains soulèvent les cheveux [H. Amemiya n'a pas identifié le peigne]. La partie inférieure du corps a la forme d'une queue de poisson à écailles à peine apparentes."

 

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

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Deuxième pièce entre les entraits.

 

— Un homme endormi, la tête  appuyée sur la main, le coude posé sur l'accoudoir d'une cathèdre.  

Un oiseau blanc s'emparant du rouleau de phylactère du dormeur. Pour J. Guyomar, "dans l'angle, un moine, les pieds en haut et la tête en bas appuyée sur sa main droite, dormait, bercé par la musique, lorsqu'une colombe aux ailes déployées arrive du ciel avec un message, qu'elle tient dans son bec et ses pattes, pour lui dire qu'il a autre chose à faire que de dormir ; et le moine a la main gauche appuyant sur la sablière ; il fait un effort pour se lever."

Un homme,  en position de chevalier servant de face, dans une position  d'exhibition encore plus indécente que celle de la sablière nord, a subi la même mutilation que l'autre.

— Après les mots CESTE CHAPEL,  un homme coiffé d'un turban et vêtu d'une longue robe de chambre qui fait signe du doigt à son chien et lui dit : APORTE (« Apporte). Ce mot est écrit à l'envers de manière à n'être pas confondu avec ceux de la légende ; le chien blanc montre les crocs et fait voir qu'il n'est pas disposé à porter à son maître l'os ou le bâton qu'il tient dans ou sous sa gueule .

Cette écriture rétrograde de la droite vers la gauche doit être un unicum dans le corpus des inscriptions des sablières, et on pourrait s'interroger longuement à son propos : l'artiste a su innover pour rendre de manière concrète le trajet de la parole du locuteur vers l'auditeur, de l'émission vers la réception. Ce procédé existe-t-il dans l'épigraphie médiévale ? dans les enluminures ? Et même dans nos bandes dessinées? Que de questions passionnantes! 

Bien plus, on pourrait y voir une pensée philosophique, sur la vanité de la parole, sur son nonsens, sur la rupture ou de l'inversion/perversion du "propre de l'humanité" lorsque le langage s'adresse à un animal, etc.

Car, quel est le sens de cette saynète? Quel est même l'objet blanc défendu par le chien ?  Y a-t-il ici jeu, ou antagonisme ? La scène est-elle reliée à la précédente, où intervient aussi un homme, un animal et un support d'écriture?

Avons-nous affaire à un art populaire destiné à faire sourire, ou à des supports de pensée savante cachée sous ces dehors énigmatique ?

Le sens de ces tableaux était-il clair pour leur contemporain, qui en posséderait les codes par une culture et des références, ou bien était-il déjà destiné à plonger le spectateur dans la perplexité et à ouvrir les portes de son imaginaire ?

— dans l'angle un dragon sans tête enroule sa queue autour de ses ailes.

 

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

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L'engoulant du deuxième entrait, côté ouest.

Un homme sauvage, nu mais velu, prend la fuite, un pied encore dans la gueule du dragon. Il tient une pierre entre ses mains.

 

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

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L'engoulant du premier entrait, côté est.

De la gueule du dragon sort un serpent qui l'affronte.

 

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

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L'engoulant du premier entrait, côté ouest.

Un homme vêtu d'une robe violette et de chausses grimpe sur la poutre pour échapper aux dents du dragon ; il prend appui sur la gueule elle-même.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

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Du premier entrait jusqu'au blochet .

— Dans l'angle une feuille.

— De l'autre côté de la poutre, un homme dans une posture de chute cul dessus tête, qui fait écrire à Guyomar " cette figure rappelle la folie de Don Quichotte dans une forêt, où ce héros en chemise se livre à des exercices acrobatiques et excentriques, qui découvrent à Sancho des choses si drôles qu'il s'enfuit pour ne pas les voir."

— un bouton rouge au cœur de pétales ou sépales verts.

— Et un homme aux cheveux abondants serrés par un bandeau, qui a l'air de vouloir soutenir à lui seul toute la toiture.

—une fleur rouge dans des feuillages,

—un masque d'homme souriant, coiffé d'une capuche à rabats.

 

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Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

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Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

Les sablières et la charpente de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

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—Le blochet engagé dans la maçonnerie

On y voit , s'échappant de la gueule du dragon, une forme violette qui doit correspondre à un personnage féminin s'échappant, si on en juge par les tourbillons de plis d'une robe.

Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

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Le bras nord du transept.

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Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.

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SOURCES ET LIENS.

— AMEMIYA (Hiroko), Vierge ou démone, statuaire insolite en Bretagne, Keltia graphic, pages 226 et 227.

—DANIGO (Joseph), 1983, La chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé, Congrés archéologique de France tome 141 page 216 et suiv.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3210037c/f218.item

"Depuis des siècles, la paroisse de Saint-Avé avait cette particularité de posséder deux bourgs,
distants de quelques centaines de mètres : le « bourg d’en-haut » regroupé autour de l’église-mère et le « bourg d’en-bas » appelé au xvi e siècle « bourg de Notre-Dame Saint-Evé » et, au xv e , « Locmaria-Saint-Evé ». Ce dernier se signalait par une chapelle dédiée à la Vierge où les paroisses voisines se rendaient en pèlerinage, les lundi et mardi de Pâques.
Historique. — Grâce aux inscriptions de ses sablières, la chapelle Notre-Dame du Loc peut être
exactement datée. Dans le chœur, on lit, en effet : « MEST e o. de peillac chanoyne de guerade et RECT e de s t eve fist F(aire) ceste ouvre (œuvre) lan mill cccc lxxv (1475) » et dans la nef : « ou (loyal) TEMPS DE MASTRE OLIVIER DE PELIAC CHANO e (de) GUERANDE ET MAISTRE ANDRE DE COETLAGAT RECT(r) DE SAIT AVE FIT ACHEVER CESTE CHAP le (chapelle) EN LAN MIL IIII C IIII XX ET XIIII (1494) ».
Olivier de Peillac fut recteur de Saint-Avé de 1475 à 1488 et André de Coetlagat, d’une famille
alliée, lui succéda de 1488 à 1504. La chapelle de Saint-Avé, leur œuvre commune, a donc été construite, très exactement, dans le dernier quart du Xv e siècle. Sans doute ne furent-ils pas les seuls à y concourir car, à côté de leurs armes, maintes fois répétées, figurent les hermines ducales de Bretagne, les besants des Rieux, au titre de Largouet, seigneurie dont dépendait Saint-Avé et les marques des Benoist de Lesnevé, des Lestrelin de Lesvellec et autres vassaux. Mais il ne faut pas négliger la contribution populaire, toujours importante.
Au fil des siècles, bien des réfections sont intervenues. La plus importante date de 1913, où les
pignons du transept furent relevés, la nef percée de nouvelles baies, la façade occidentale déposée, le sol nivelé, le mobilier déplacé et, en partie, renouvelé. En 1948, une violente tornade emporta le clocheton de charpente qui ne sera rétabli qu’en 1952.
Description. — En dépit de ces restaurations, parfois un peu intempestives, la chapelle Notre-Dame
du Loc garde bien des caractères du xv e siècle : plan en croix-latine, chevet droit, contreforts d’angle, clocher d’ardoise au haut de la nef, charpente apparente sous un lambris en carène.
Le chœur est demeuré à peu près intact dans son appareil de granit. Les rampants du pignon sont
lisses et la fenêtre axiale s’ouvre en arc brisé, moulurée d’un cavet, à l’intérieur comme à l’extérieur, et garnie d’un remplage flamboyant. De l’ancien vitrail ne subsistent que de minimes fragments regroupés dans les flammes trilobées. Plus petite, la fenêtre méridionale répète ce même dessin mais avec un ébrasement rectiligne.
Il n’y a guère lieu de tenir compte du transept, si ce n’est parce qu’il a conservé, à l’intérieur, ses
bancs muraux, ni des longères de la nef construites en moellons et dont les contreforts et les ouvertures ont été modifiées.
La façade occidentale a souffert, elle-même, de la restauration du xx e .siècle, mais on a sauvegardé
son aspect général. Au sommet des contreforts d’angle, de hauts pinacles encadrent les rampants du pignon où apparaissent les premières crosses végétales. Le portail en arc brisé s’inscrit dans un avant-corps, amorti en bâtière, qui lui donne plus de profondeur. Malheureusement les colonnettes engagées dans les piédroits pour recevoir les moulurations toriques ont été privées de leurs chapiteaux. Au-dessus, le grand oculus du pignon contenait sans doute à l’origine une rose.
A l’intérieur, si les lambris de la voûte ont été renouvelés, les éléments apparents de la charpente
remontent aux origines.

Aux entraits, plutôt qu’aux habituels crocodiles, les engoulants ressemblent à des sangliers aux crocs puissants qui parfois tirent la langue. Certains d’entre eux sont aux prises avec des animaux ou des hommes. Le long des sablières, alternant avec les inscriptions et les signes héraldiques, défilent des figurations souvent mystérieuses, non seulement des feuilles dentelées ou des masques, une sirène tenant en mains un miroir et un peigne, un sagittaire, un moine réveillé par une colombe, un homme coiffé d’un turban qui commande à son chien tenant un os : « aporte ». Certains de ces reliefs, jugés indécents, ont été mutilés vers 1830 et pourtant ces sculptures comptent parmi les meilleures du Morbihan.
Le mobilier.  Le mobilier de la chapelle n’est pas moins remarquable. Dès l’entrée, se dresse, sur
un support sobrement mouluré, un bénitier octogonal de granit, frappé des armes de Peillac et de Cantizac.
A l’autre extrémité de la nef, se hisse jusqu’à la voûte un crucifix de bois qui dominait autrefois
la barrière du chancel. Au pied de la croix discrètement orné se trouve incorporé un tronc. Des niches, aux dais délicatement fouillés mais vides de leurs statues entourent le fût. Plus haut, se détachent, en accolade renversée, deux branches aux feuilles luxuriantes, qui portent à leur extrémité les statuettes polychromées de la Vierge et de saint Jean. Le Christ est cloué à la croix, les jambes droites, les bras largement ouverts, la tête un peu penchée. Au-dessus du titulus, un dais pyramidal, ajouré sur toutes ses faces d’arcades flamboyantes et hérissé de pinacles et de crosses végétales s’élève triomphalement en trois étages. La finesse de cette dentelle lui a valu, de la part des gens du pays, le surnom de « er spernen », l’aubépine. Au dos, face au chœur, un évêque se tient debout et les bras de la croix portent l’inscription :« MESTRE ANDRE DE COETLACAT RECTEUR DE SAINT AVE FIT FAIRE GESTE EUPVRE (œuvre) LAN MIL Vc (1500) ».
Les ailes du transept contiennent quatre autels de pierre, tous les quatre adossés à l’est et disposés
symétriquement.
Les deux principaux sont constitués d’un massif rectangulaire assez grossier, d’une table moulurée
sur ses bords d’une bande et d’un cavet, enfin d’un retable de granit comme il n’en existe plus que de rares exemplaires. Le retable du nord est mutilé dans sa partie gauche où figurait la scène de l’Adoration des Mages mais, à droite, on voit encore celle de l’Annonciation : l’ange porte un phylactère avec l’inscription, en caractères gothiques : « ave maria » et s’agenouille devant la Vierge qui se tient debout, la main droite sur la poitrine, un livre à fermoir dans sa main gauche.
Dans celui du sud s’alignent, de gauche à droite, une Crucifixion avec la Vierge et saint Jean, le
Couronnement de Marie (fig. 3), sainte Catherine tenant la roue et l’épée de son martyre, sainte Madeleine avec son vase de parfum et sainte Marguerite « issant » du corps du dragon.
Tous ces sujets sont sculptés, en réserve entre deux bordures saillantes, avec une réelle maîtrise,
en dépit de la rudesse du matériau. Ce sont de bons spécimens de la sculpture vannetaise du xv e siècle.
De part et d’autre de l’entrée du chœur, les deux autres autels, de même composition, sont plus
petits et plus soignés. Leur retable, en pierre blanche, s’entoure d’un cadre 01 circulent des rameaux de vigne. Jadis, des peintures de l’Annonciation et de la Nativité ornaient le panneau central. Une œuvre similaire, à Noyal-Pontivy, qui a gardé son décor peint, porte la date de 1574.
Les autels s’accompagnent d’une statuaire de bois abondante et variée mais les deux images de
sainte Madeleine et de sainte Luce sont en pierre, cette dernière marquée du blason d’Olivier de Peillac, qui les date du xv e siècle. On le retrouve sur plusieurs socles sculptés de feuillages et d’angelots.
Dans le chœur, l’autel de pierre blanche est moderne, tout comme la table de communion. Fort
heureusement, on a respecté l’ancienne crédence, bien qu’elle ait été mutilée. Un beau trilobé s’inscrit à l’intérieur de son cintre brisé et elle s’accompagne des habituels ornements flamboyants : pilastres à pinacle, accolade verdoyante, fleuron épanoui et, en outre de deux blasons. De l’autre côté, le triangle du sacraire indique une date plus tardive.

Au nouvel autel, on a incorporé les éléments d’un retable d’albâtre placé primitivement sur l’autel
méridional. Il se composait de sept éléments sculptés en bas-relief ne comportant pas moins de quarante-sept personnages. Malheureusement, il faut déplorer le vol, en 1980, du panneau central qui ornait le tabernacle. Le Père Eternel y figurait, assis sur son trône. Au sommet de sa tiare pointue était perchée la colombe du Saint Esprit. Entre ses genoux se dressait la croix où pendait son Fils. Contre sa poitrine, une poche, image du sein d’Abraham, contenait trois élus. De part et d’autre, six anges accusaient la composition en trois étages : ceux du bas recueillaient dans un calice le sang qui coulait des pieds du Crucifié, deux autres, au milieu, celui des mains et, en haut ils tenaient à main droite une clef et de l’autre supportaient le nimbe céleste .
Les six autres compartiments, quatre grands et deux petits, encadrent le tabernacle. Dans les
quatre principaux se pressent une foule de personnages : à gauche, d’abord les patriarches et les prophètes parmi lesquels on reconnaît Abel, Melchisedech, Abraham, Moïse, Isaïe, puis des dignitaires : pape, cardinal, roi, évêque, abbé, moine ; à droite des saints : Pierre, Paul, André, des martyrs et des confesseurs, des saintes : Catherine, Marguerite, Madeleine, Hélène, Appoline. Séparés de ces cortèges, saint Jean-Baptiste et saint Jean l’Evangéliste occupent les panneaux extrêmes. Une frise de dais en arcs infléchis et garnis de crosses végétales couronne tout l’ensemble.
La plupart du temps, ces retables d’albâtre étaient importés de Grande-Bretagne où leur fabrication en série a commencé à York et à Nottingham vers 1390 pour se continuer jusque très avant dans le xvi e siècle.
Toujours dans le chœur, une très belle Vierge à l’Enfant, en pierre blanche, doit être contemporaine de la chapelle. Majestueuse, la tête un peu penchée, elle se hanche légèrement. Sous la couronne royale, son visage s’encadre entre les boucles de sa chevelure. Sa robe et son manteau tombent sur ses chaussures en plis simples et élégants. Vêtu d’une longue robe, l’Enfant feuillette le Livre saint que tient sa mère, un doigt engagé dans les pages.
Cette œuvre savante n’a plus rien à voir avec les images rustiques des chapelles morbihannaises.
René Couffon y reconnaissait plutôt une œuvre nordique.


L'enclos. —- La chapelle Notre-Dame du Loc est contenue à l’intérieur d’un placître fermé où se
voient encore deux croix anciennes et une fontaine.
Face au portail, se dresse une grande croix de pierre du type à panneau, fréquent dans le Morbihan.
Son soubassement quadrangulaire, élevé sur un perron à trois degrés, s’élargit, du côté de l’ouest, en table d’autel. Il supporte un socle épais sculpté sur ses quatre faces : à l’ouest, sous une grossière accolade, figure une Annonciation analogue à celle du retable intérieur. A l’opposé une triple arcade abrite un saint Jean-Baptiste, un saint Jacques et, peut-être, au milieu un saint Laurent. Sur les petits côtés, il n’y a que deux personnages : sans doute saint Pierre et saint Paul au nord, sainte Madeleine et sainte Catherine, au sud.
Un chapiteau mouluré coiffe le fût écoté et soutient le médaillon à quatre lobes d’où émergent les
extrémités de la croix. Aspectant à l’ouest se détache en bas-relief la scène de la Crucifixion avec la Vierge et saint Jean, la tête appuyée sur la main. Au dos, la Vierge à l’Enfant trône entre quatre anges : deux musiciens et deux thuriféraires.
Un peu plus loin, vers le sud, fichée dans une stèle hémisphérique, une autre petite croix au panneau
hexagonal présente sur une de ses faces le Crucifié et sur l’autre une Vierge à l’Enfant couronnée.
A gauche de l’entrée, le bassin rectangulaire de la fontaine, s’avance, entre deux murets de pierre,
jusqu’à un pignon triangulaire où les crosses en spirale des rampants accusent le début du xvn e siècle.
La petite niche est désormais vide mais la croix domine toujours le monument.
En cet étroit espace, l’enclos de Saint-Avé d’en-bas regroupe ainsi tout un ensemble d’œuvres
variées caractéristiques de l’art vannetais.
Bibliographie sommaire.

L. Rosenzweig, 1863 Répertoire archéologique du département du Morbihan, P, 1863, col. 221-222 ;

Guillotin de Corson, 1898 Les pardons et pèlerinages de Basse-Bretagne. Diocèse de Vannes,
Rennes, 1898, p. 14 à 21 ;

G. Duhem, Les églises de France, Morbihan, P, 1932 ;

H. du Halgouet, Trésors du passé, Vannes, 1948, 86 p. Les albâtres, p. 27-32; H. du Halgouet, Contribution à l'artpopulaire dans le statuaire, Vannes, 1948, 32 p.

 

— DIEGO MENS (Casas), 2020, La chapelle Notre-Dame-du-Loc en Saint-Avé.« Ymages » et décors du dernier quart du xve siècle, Actes du congrés de Vannes sept. 2019,  Mémoires de la Socité d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne, 36 Pages

https://www.academia.edu/43033745/La_chapelle_Notre_Dame_du_Loc_en_Saint_Av%C3%A9_Ymages_et_d%C3%A9cors_du_dernier_quart_du_xve_si%C3%A8cle

Celles-ci se décomposent en trois ensembles : en premier lieu, les sablières sculptées, puis les statues de la fin du XVe siècle et enfin le calvaire monumental, commandé en 1500, qui semble clore le chantier de cet édifice. Nous ne reviendrons pas ici sur la symbolique de ces sablières qui a été largement analysée et documentée dans la thèse de Sophie Duhem sur les sablières sculptées en Bretagne . Par la qualité des sculptures et des reliefs, cet ensemble qui alterne régulièrement des blasons, portés par des angelots en pied de cerces, et des scènes historiées, est l’un des ensembles bretons majeurs du dernier quart du XVe siècle. Les reliefs très soignés et élégants, quoiqu’intégralement repeints en 1913, sont travaillés en frise, notamment dans la nef, et accompagnés par des entraits à engoulant. L’exemple est représentatif, selon cet auteur, des décors profanes en vogue dans les ateliers de cette période, avec un bestiaire fantastique (centaures, sirènes), des personnages accompagnés d’animaux ou des musiciens (luth, harpe et un type de flûte traversière). Si certains péchés capitaux sont illustrés, les scènes religieuses ne constituent pas une suite logique, à la façon d’un cycle destiné à l’enseignement des fidèles et à leur mise en garde. L’iconographie, parfois inconvenante, de cet ensemble composé de « thèmes joyeux » selon Sophie Duhem, ne cadre pas à l’évidence avec le rang et la qualité du commanditaire supposé, André de Coëtlagat. Il faut raisonner de manière spatiale pour analyser plus avant ce décor sculpté de charpenterie.

Les scènes historiées au milieu de la hauteur de l’édifice, dans une verticalité entre ciel et terre, se concentrent sur deux espaces horizontaux : le chœur commencé en 1475 et la nef achevée en 1494 avec deux entraits également sculptés de scènes. En revanche, les sablières des bras de transept sont plus dépouillées et décorées essentiellement par des anges porte-blasons, en bas des cerces. Les seules scènes historiées, placées sur les angles du chevet, sont visibles de la nef, donc pour des fidèles réunis derrière le chancel. Dans le chœur également visible de la nef, ce ne sont que quelques scènes profanes, isolées dans une frise essentiellement héraldique.

Le volet iconographique profane, en frise régulière, est donc concentré dans la nef, réservée aux fidèles, contrairement au chœur, chapelles latérales et inter- transept, espaces du clergé et de la noblesse.

Le chancel, sans tribune ici, compose une barrière physique, mais permettant toutefois de lire une partie des décors de sablières, au-delà de celui-ci.

Ainsi, le programme iconographique de la nef et d’une partie du chœur, mêlant fantastique, religieux, irrévérencieux et des scènes du quotidien, semble essentiellement destiné à la seule lecture d’une catégorie de la population [On ne prendra pas en compte dans cette analyse les inscriptions portées établissant les commanditaires, dans le chœur et la nef, réservées probablement à la noblesse et au clergé, et une certaine partie de la population lettrée.] 

 Il ne traduit sans doute pas une commande précise d’un clerc mais il compose plutôt un décor voulu par les sculpteurs, mêlant des thèmes populaires ou savants, selon une organisation qui nous échappe désormais.

Ce décor est placé à mi-hauteur de l’édifice avec ses blasons, entre quotidien terrestre des fidèles et voûte céleste. L’origine de cette symbolique complexe est à trouver dans ce positionnement. Autre élément constaté : la moindre qualité de la sculpture des scènes historiées du chœur et des chapelles latérales par rapport à celles de la nef. Étant donné sa durée, et à l’inverse de la proposition de S. Duhem qui fixe la date de 1494 pour une pose de la charpente, le chantier a dû être réalisé en deux temps distincts, sans doute par deux ateliers différents pour le décor de la charpenterie.

En effet, on imagine difficilement un tel édifice, doté d’une couverture provisoire durant 19 années, et sans une charpente pour maintenir la cohésion des murs.

L’analyse héraldique du décor de charpenterie permettra de confirmer ces deux phases dans la construction. Les travaux de 1913 ont été l’occasion d’une reprise importante de ces sablières, et notamment des blasons présents, tant sur celles-ci que sur les socles. Comme le précise l’abbé Guyomar , certains écussons ont été repeints, dont ceux des sablières de la nef, notamment celui de l’angle sud de la nef et du transept. Muet, il a été peint aux armes des Coëtlagat d’azur à trois aiglettes d’or .

Les autres blasons, sculptés et peints avec motifs héraldiques et portés par des anges placés aux trois autres angles de la nef et du transept , sont authentiques. Ils correspondent à des familles nobles de la paroisse du dernier quart du XVe siècle : les Benoist, seigneurs de Lesnévé sur l’angle nord du chœur d' hermines à trois chevrons de gueules chargés de besants d’or, les Arz, seigneurs de Tréviantec et Rulliac sur l’angle sud d’azur à trois quintefeuilles de gueules et enfin, sur l’angle diamétralement opposé les Lestrelin, de Lesvellec d’argent à la fasce nouée d’azur accompagnée de sept merlettes de gueules posées 4 et 3 . Cette organisation héraldique témoigne sans doute du placement de ces familles nobles, lors des offices, au-devant du chancel. Sur les sablières du chœur , l’organisation héraldique est différente.

Près du mur du chevet et de la maîtresse-vitre, les armes de Bretagne sont présentes de part et d’autre, avec un doute sur celle placée au nord, qui ne comportent que trois hermines [le blason modifié pourrait être en lien avec le fait que Jean de Rieux est le petit-fils de Marguerite de Bretagne, fille du duc Jean IV.] , contre huit au sud [Identiques à celles qui se trouvent sur le tombeau du duc François II.]. Dans une lecture de droite à gauche au nord, puis à l’inverse au sud, les blasons sont organisés par niveau hiérarchique, comme un vitrail de haut en bas.

--Sur la sablière nord, le blason de Bretagne est précédé de celui des Rieux-Malestroit en alliance [ Malestroit : de gueules à neuf besants d’or et Rieux : d’azur, à dix besants d’or, ordonnés 3, 3, 3 et 1] . En troisième rang les Rieux-Rochefort d'azur à 5 besants d’or en sautoir aux 1 et 4 (Rieux) et aux 2 et 3 vairé d’azur et d’or (Rochefort) , puis enfin les Coëtlagat d’azur à trois aiglettes d’or . Toutefois, ces dernières armes semblent suspectes, car elles n’auraient été apposées qu’après 1488, date de la prise de fonction d’Olivier de Coëtlagat. Les armes des Peillac seraient plus cohérentes, comme celles sculptées sur les contreforts du chevet.

--Sur la sablière sud, sous les armes de Bretagne, l’ordonnancement est différent, avec de gauche à droite, les armes des Rochefort-Rieux, puis celles des Malestroit.

Cette organisation sur les deux sablières peut être étendue aux deux chapelles latérales, comme pour un blason mi-parti : au nord, une chapelle appartenant à Jean IV de Rieux, avec les armes en alliance témoins de son mariage, et, au sud, un espace réservé à sa fille, Françoise de Rieux, dame de Malestroit, de Largoët, de Derval et de Rougé. Sur la panne faîtière, les armes de Bretagne, à huit hermines, se succèdent du chevet jusqu’à la clef de voûte, indiquant probablement une organisation antérieure au mariage de la duchesse avec Charles VIII.

Dans la nef, le blason de Bretagne ne contient plus que cinq hermines et il est suivi vers l’ouest d’un poinçon bagué de fleurs de lys, puis de la lettre R couronné et enfin du monogramme IHS. Ce programme héraldique pourrait illustrer les armes de Bretagne, puis la couronne de France et enfin le chiffre R pour Rieux-Rochefort surmonté d’une couronne vicomtale à trois fleurons, reprise dans le sens inverse dans le poinçon suivant. Il serait donc postérieur au premier mariage d’Anne de Bretagne et antérieur à l’achèvement de la chapelle en 1494.

Ainsi, ce programme héraldique démontre deux temps politiques et architecturaux distincts, celui d’un chœur et des transepts réalisés entre 1475 et 1488 correspondant au règne du duc François II, et un second pour la nef, entre 1491 et 1494, après le premier mariage d’Anne de Bretagne. L’intervention de deux ateliers distincts pour la sculpture de la charpenterie pourrait être ainsi confirmée.

—DUHEM, Sophie, Les sablières sculptées de Bretagne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1997, pp. 36,38, 39, 63, 67, 69, 71, 88, 125, 168,  170, 179, 193, 216 à 218, 236 et 237, 240, 265, 266, 270 et 271.

— infobretagne :

http://www.infobretagne.com/saintave-notre-dame-loc.htm

reproduit   les textes de J. Guyomar, de Gustave Duhem 1932 (Les églises de France) et de la Revue Morbihannaise volume 18 page 126 de 1914 

"(1475 - 1494), édifiée par Olivier de Peillac et André de Coëtlagat, recteurs de Saint-Avé, comme l'atteste l'inscription sur la sablière du choeur : "Mestre O. de Peillac, chanoyne de Guérande et recteur de Saint-Avé fit f. ceste ouvre l'an mil CCCcLXXV", et la sablière de la nef : "Ou loyal temps de mastre Olivier de Peillac, chanoine de Guérande, maistre André de Coetlagat recto de Saint-Avé fist achever ceste chapele en l'an mil CCCcIIIIxx, et XIIII". Il s'agit d'un lieu de pèlerinage. Le chantier est commencé en 1475 par le choeur et terminé en 1494. C'est un édifice en forme en croix-latine terminé par chevet plat percé d'une grande fenêtre à meneaux flamboyants. La restauration de 1913 touche principalement la nef et le transept et on a eu soin de conserver intacte la façade occidentale dont le pignon à rampants décorés s'élève entre deux contreforts obliques amortis de pinacles. Un porche peu saillant, surhaussé au moment de la restauration et dont les voussures sont à cintre de plus en plus brisé sous un fronton triangulaire à redents, s'ouvre sous un grand oculus. La charpente est en forme de carène de navire renversée avec lambris à clefs pendantes sculptées.

Sur les sablières se voient de nombreux écussons aux armes de Peillac, Lestrelin de Lesvellec, Benoît de Lesnevé, Coëtlagat, Cantizac, Rieux, Rochefort, Rieux-Malestroit, etc ...

Au croisillon Nord, une fenêtre en tiers-point dont le réseau dessine une fleur de lis semble indiquer que ce croisillon est la partie la plus récente de la construction. Les fenêtres de la nef datent de la restauration de 1913. A la grande fenêtre du chevet se voient des fragments de vitraux du XVIème siècle. La nef comporte un calvaire à personnage en bois sculpté et peint, donnée en 1500 par le recteur André de Coëtlagat : le Christ en croix est flanqué de deux consoles supportant les statues de la Vierge et de saint Jean. L’autel et le retable datent du XVème siècle. Il faut noter également une très belle statue en pierre polychrome de la Vierge à l'Enfant du début du XVème siècle, un retable en albâtre du XVème siècle et deux retables en granit de la fin du XVème ou du début du XVIème siècle. L'un des retables de granit représente l'Annonciation et l'Adoration des Mages, et l'autre retable représente en haut-relief la Crucifixion, le Couronnement de la Vierge, les saintes Catherine, Madeleine et Marguerite. Le maître-autel comporte sept panneaux d'albâtre où figurent des personnages de la Bible. On y voit encore une statue de la Vierge en bois doré du XVIIème siècle, et un beau bénitier de granit à huit pans sur pied octogonal décoré des armes de Peillac et de Cantizac. Dans les transepts il y a de nombreux saints et saintes dont sainte Marguerite (représentée les mains ouvertes, debout sur un dragon) et saint Colomban ;

—GUYOMAR (abbé J.),1914 Notre-Dame du Loc du Bourg d’en-bas en Saint-Avé, Vannes, 1914,
47 p.  ;

http://www.infobretagne.com/saintave-notre-dame-loc.htm

—TOSCER Catherine, 1987,inventaire topographique Dossier d’œuvre objet IM56004515 et Dossier de présentation du mobilier IM56004538

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/IM56004515

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/IM56004538

 

Autres sites :

https://patrimoines-archives.morbihan.fr/decouvrir/instants-dhistoire/un-objet-des-histoires/notre-dame-du-loc

Vidéo par Alain Peyrus sur Youtube :

https://www.youtube.com/watch?v=cX5G6aKQv9g

retable en albâtre :

https://pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM56001038

 

 

 

 

 
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17 octobre 2024 4 17 /10 /octobre /2024 11:48

Les trésors secrets sculptés en granite ou kersanton dans l'église de Saint-Houardon à Landerneau.

 

 

Voir aussi :

 .

PRÉSENTATION.

Si l'église Saint-Houardon de Landerneau construit par Joseph Bigot se présente comme un grand et froid édifice néogothique de type basilical, influencé par la cathédrale de Quimper, avec fenêtres hautes et déambulatoire, le chercheur curieux  et amateur de sculptures en kersanton, cette pierre emblématique des ateliers de sculpteurs de Landerneau entre le XVe et le XVIIe siècle, pourra découvrir de vraies pépites. Partons vers cette chasse au trésor depuis la porte d'entrée, en circulant en périphérie de l'église dans le sens horaire.

 

I. Le bénitier de la porte d'entrée sud.

Yves-Pascal Castel, qui le décrit comme un bénitier, le situait près du porche ouest et le date du XVIe siècle. Il ne décrivait que  le panneau central  avec "deux personnages dont l'un tire l'épée".

Aujourd'hui, ce bénitier se situe entre la porte d'entrée et un confessionnal.

Un élément en kersanton, à trois pans sculptés rectangulaires séparés par des pilastres, est posé et scellé sur un piètement en colonne à larges cannelures, en granite. En dessus une troisième partie a la forme d'une cuve dont le ventre est sculpté d'entrelacs.

 

 

Bénitier, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Bénitier, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Bénitier, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Bénitier, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

 

C'est la partie centrale qui retient l'attention. Chacun des motifs figuré des pans est sculpté dans un cartouche à oreille. Le style est Renaissance.

Les quatre pilastres sont semblables, et sculptés d'un élément floral.

Le premier pan est orné d'une rose au centre de feuilles en étoile.

 

Bénitier, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Bénitier, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

 

Sur le deuxième pan, central, deux hommes tiennent un médaillon montrant un homme de profil coiffé d'un béret ou casque. Une jambe en J et une goutte sont sculptés sous ce médaillon.

Les deux personnages qui se disputent le médaillon partent chacun dans une direction opposée, leurs jambes témoignant de la vivacité de leur démarche. Ils sont nus, mais coiffés d'une chevelure abondante. L'un des deux menace l'autre de la pointe de son glaive. Le thème est-il religieux ? Faut-il y voir Caïn et Abel ?

 

Bénitier, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Bénitier, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

 

 

Le troisième pan, le plus singulier, montre un couple étroitement enlacé. Ils sont nus, mais l'homme est coiffé d'un bonnet phrygien tandis que les cheveux de la femme sont peignés à gros traits. La proximité des deux bouches souriantes, l'entrecroisement des jambes, évoquent une scène érotique. Mais ne serait-ce pas là le portrait du couple primordial, Adam et Éve, parents de Caïn et Abel ?

Quel est l'auteur de ces sculptures ? Il me paraît possible d'avancer le nom des sculpteurs de kersanton installés à Landerneau entre 1527 et 1577, Bastien et Henry Prigent, qui ont créés le bénitier du porche de Saint-Thurien de Landivisiau, ou bien de créer un rapprochement avec le travail du Maître de Plougastel (1570-1621) auteur des cuves et les dais à médaillons et personnages à Guimiliau.

Voir aussi le bénitier du porche sud de  Saint-Houardon .

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Bénitier, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Bénitier, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Bénitier, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Bénitier, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

 

 

II. La console de la statue de saint François d'Assise, déambulatoire sud. Kersanton, milieu XVe.

On y voit deux anges souriants tendant devant eux un livre ouvert, où se lit sur la première page une inscription de quatre lettres, peut-être JCL/S, qu'on aimerait lire comme JESUS. Ces pages sont désignées ostensiblement par les index des anges. Il y aurait beaucoup à méditer sur notre incapacité à comprendre un message si clairement inscrit, et sur notre impuissance à voir dans ce qui est crucial pour les anges autre chose qu'une page blanche. Ou encore sur le fait que l'essentiel à percevoir est précisément, ce silence, ce dénuement de la page.

Ces deux anges surmontent de façon également mystérieuse, un aigle dont seule la tête, de face, est visible. Certes les aigles sont fréquemment requis pour servir de lutrin [aigle-lutrin] , mais c'est un peu tiré par les plumes. Y voir une référence à saint Jean, via son attribut du tétramorphe, est encore plus hasardeux.

Toute la partie droite est bûchée, y compris le support de la console, avec un aspect bouchardé qui peut laisser penser que l'on a prélever cette partie d'un ensemble plus large. À moins que lesculpteur ait opté pour un choix esthétique de non finito, mais je n'y crois pas.

Yves-Pascal Castel souligne que "le style souriant rattache cette œuvre charmante  à la sculpture du porche de La Martyre, d'autant plus que les chevelures sont laissées sous le coup de l'outil, comme non finies".

Or, ce porche de La Martyre a été attribué par Emmanuelle Le Seac'h à l'atelier ducal du Folgoët  et elle le date de 1450-1468. Elle fait de la coiffure très particulière de ces anges "en boules" une marque d'atelier, qui se retrouve au Folgoët, dans l'autel des anges (vers 1445) notamment, ou au porche sud de la cathédrale de Quimper (1424-1433).

Nous avons donc ici un deuxième exemple de la façon dont les pièces sculptées de l'ancienne église Saint-Houardon, construite au XIVe siècle en bord d'Élorn puis détruite en 1859 et rebâtie plus haut, sur les anciens jardins de l'hôpital de la Marine, ont été ré-intégrées par l'architecte Le Bigot au nouvel édifice en même temps que le clocher et le porche sud.

 

 

 

Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

 

III. La console de la statue de saint Antoine de Padoue, déambulatoire nord. La laie allaitant ses sept marcassins. Kersanton, XVe-XVIe siècle.

Statues de l'église Saint-Hoaurdon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Hoaurdon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

 

IV. L'autel de la chapelle absidiale du Saint-Sacrement. Kersanton, XVe siècle.

La longue table de pierre repose sur des piédestaux à double colonne avec des chapiteaux finement ouvragés de pampres de vigne aux feuilles généreusement galbées et aux ceps serpentiformes.

autel  en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

autel en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

autel  en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

autel en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

autel  en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

autel en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

autel  en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

autel en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

autel  en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

autel en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

autel  en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

autel en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

 

V. Crédence-lavabo, côté sud de l'abside , chapelle du Saint-Sacrement. Deux têtes en moyen-relief sur les montants. 

Les deux têtes, barbues, sont couronnées. L'une des couronnes présente des losanges qualifiées de macles de Rohan par Y.-P. Castel. Il faisait remarquer "la maîtrise du sculpteur de pierre qui en quelques plans bien marqués dégage une face d'une grande noblesse.

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Crédence, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Crédence, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Crédence, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Crédence, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Crédence, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Crédence, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Crédence, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Crédence, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

 

VI. Crédence du côté nord de l'abside.

Crédence, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Crédence, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

 

VII. Voûte en croisée d'ogives de l'abside avec  blasons.

 

 église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

 église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

 église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.


Transept nord.

Sainte Anne éducatrice, bois polychrome, XVIIe siècle, h= 180 cm

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

 

 

VII. Statue de saint Jacques le Majeur, kersanton, XVI-XVIIe siècle, Maître de Plougastel , nef côté nord.

 

Le saint porte le chapeau frappé de la coquille, la pèlerine, à trois boutons ronds sur patte de boutonnière, et le bourdon (dont il ne reste que la zone de contact avec le vêtement). Le visage est émacié, long et hiératique, et c'est ce hiératisme qui incite Yves-Pascal Castel en 1984 à soulever la possibilité d'une attribution au Maître de Plougastel. Emmanuelle Le Seac'h confirme cette attribution dans son catalogue raisonné de 2015. Le Maître de Plougastel, ainsi nommé par le grand calvaire de Plougastel, a été actif de 1570 à 1620.

On lit sur le socle l'inscription I: GLOVNCE, correspondant probablement à l'identité d'un donateur ou d'un fabricien.

 

 

 

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

 

 

XI. Statue de saint Jean l'évangéliste, kersanton, XVIe siècle, nef côté nord.

Il s'agit, comme la statue de saint Matthieu et celle de saint Jacques, d'une statue appartenant à une série des Credo des apôtres, tels qu'on les trouve dans les porches des églises et chapelles bretonnes du XVe au XVIIe siècle : en effet, le phylactère, qui descend verticalement avant de s'enrouler au dessus du blason (d'un donateur) portait jadis le texte de l'article du Credo propre à chaque apôtre.

Saint Jean se reconnaît à la coupe de poison (symbolisé par un serpent ou ici dragon ailé), qu'il bénit pour en supprimer les maléfices.

Chaque statue est posée sur un dais gothique, tel que ceux qui coiffent les niches extérieures ou les niches d'apôtres des porches.

 

 

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

 

XII. Statue d'une sainte femme au tombeau (Marie-Madeleine??) tenant une coupe, kersanton, XVIe siècle, nef côté nord.

Elle porte un voile, un manteau, une robe aux plis rayonnant depuis un bouton, et présente vers le fidèle un récipient cylindrique comme pour en faire constater la vacuité.

Du visage, on remarque les yeux en amande aux paupières ourlées et à la pupille en drupe, mais non creusée, ainsi que le menton globulaire.

 

 

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

 

 

XIII Les fonts baptismaux en kersanton de 1615. Angle nord-ouest de la nef.

Ces fonts baptismaux ( ou "cuve baptismale à infusion") sont composés de deux cuves circulaires, la cuve principale et la cuve de vidange, en un seul bloc posées sur un piètement à godron. Un couvercle en bois est complété d'un couvercle articulé à serrure en  laiton doré en forme de coquille. Chaque cuve est, vue de profil, en forme de vasque aux flancs creusés de godrons.

Une inscription court sur la lèvre des deux cuves.


Voir aussi :

 

Fonts baptismaux  de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Fonts baptismaux de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Fonts baptismaux  de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Fonts baptismaux de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Fonts baptismaux  de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Fonts baptismaux de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Fonts baptismaux  de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Fonts baptismaux de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

L'inscription.

On peut y lire :

QVI. CROIRA . ET. SERA. BAPTISÉ. SERA . SAVVÉ . NOBLES . GENS . NICOLAS . HARIDON . ET . YSABELE . FORESTIER . SA . FEMME . ONT . FAICT . FAIRE . EN . LEVR . VOLON (*).... LAN .1615.

(*)ou EN LEUR DEVOTION, ou pour moi peut-être "EN LEUR DON"

Soit : "Qui croira et sera baptisé sera sauvé. Nobles gens Nicolas Haridon et Isabelle Forestier ont fait faire en leur volonté l'an 1615".

Elle a été relevée par le chanoine Abgrall en 1916 et par Yves-Pascal Castel en 1986, et c'est remarquable car la partie finale, inscrite sur la petite cuve, n'est plus très lisible. Dès cette époque, il signalait le rapprochement avec l'inscription apposée par le couple en 1612 sur leur maison (aujourd'hui au 2 Place des Quatres Pompes). 

Dans les deux cas, l'inscription elle-même  est plus complexe (et donc plus belle) que sa transcription, car elle comporte de nombreuses lettres conjointes (accolées) ou intriquées, comme AP de BAPTISÉ, AR de HARIDON, AB d'YSABELE. Les lettres doubles sont abrégées par un tilde : FE~ME pour FEMME. 

Isabelle FORESTIER, dame de la Villeneuve, est connue des généalogistes : elle est née vers 1570 de Guillaume II Forestier, Noble Homme, sieur de Kervasain, notaire de Léon et Daoulas à Landerneau (1572-1590) et fermier de la terre et seigneurie de Daoulas, et de Catherine LE LION. Elle a épousé avant 1595 Nicolas HARIDON (L'), Noble Homme, sieur de la Villeneuve (en Saint-Urbain), maître, honorable marchand ca 1570. Ils eurent un fils en 1595.

Le couple fit construire leur maison en 1612 au bord de l'Elorn, à l'implantation du Pont de Landerneau côté Cornouailles, place des Quatre Pompes, et y firent placer une inscription lapidaire que j'ai photographiée et relevée en 2017.

https://www.lavieb-aile.com/2017/01/sur-la-piste-des-crossettes-de-landerneau.html

Nicolas L'Haridon, fils de Vincent L'Haridon et de Jeanne Kersivien, a un frère, Charles, honorable marchand, qui épousa avant 1588 Catherine Forestier, sœur d'Isabelle. Selon Cédric L'Haridon, Nicolas et Charles sont vraisemblablement marchands en toile de lin, et l'établissement de la maison de Nicolas et Isabelle sur l'ancienne Place au raz (un terme qui se rapporte aux étoffes) à proximité immédiate des quais, permet de penser qu'ils participent non seulement à la production (ils auraient un kanndi, site de blanchissement du lin) mais aussi au commerce maritime.

 

 

 

 

Fonts baptismaux  de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Fonts baptismaux de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Fonts baptismaux  de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Fonts baptismaux de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Fonts baptismaux  de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Fonts baptismaux de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Fonts baptismaux  de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Fonts baptismaux de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Fonts baptismaux  de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Fonts baptismaux de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Fonts baptismaux  de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Fonts baptismaux de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Fonts baptismaux  de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Fonts baptismaux de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Fonts baptismaux  de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Fonts baptismaux de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

 

 

Comparaison avec l'inscription de 1612.

On lit sur la maison de Nicolas et Isabelle L'Haridon ceci :

LAN : 1612 : NICOLAS : L'HARIDON :

ET : YSABELE : FORESTIER : SA : FEME

ONT : FAICT : BASTIR : CESTE : MAISON.

La proximité de la formulation du texte avec celui de 1615 est évidente. Mais surtout peut-être, on y retrouve la même forme. Certes la ponctuation de séparation des mots est ici un deux-points, plus archaïque que le point simple de 1615. Mais on y retrouve la forme YSABELE, et les lettres accolées, qui concernent notamment tous les I qui sont tous absorbés par la lettre précédente. Le premier jambage des lettres A grimpe sur la lettre voisine ; et dans le début de LHARIDON, le L et le H forment un ensemble bien original.

L'inscription est sculptée sur un cartouche en réserve sur un bloc de granite, avec au bord supérieur deux petites oreilles en demi-lunes qui veulent peut-être ressembler à des attaches.

 

 

Inscription, Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Inscription, Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Le blason.

L'inscription est interrompue par un blason qui a été blasonné par le chanoine Abgrall "mi-parti au 1 d'un chevron accompagné de 3 étoiles, qui est Haridon, au 2 d'un losangé, qui est Forestier". (BDHA). Mais il faut remarquer le lambel au dessus des armes  de L'Haridon et lire  "en 1, Au chevron, accompagné de trois étoiles : deux en chef une en pointe le tout sous lambel à trois pendants qui est l'Haridon, en 2 à trois bandes fuselées, qui est Forestier." Le lambel est un signe de juveigneurie.

Le blason a perdu ses couleurs (il y a des traces bleues non significatives car elles se retrouvent ailleurs sur la cuve) mais nous connaissons les armes des Forestier, données par Pol de Courcy comme étant de sable à trois bandes fuselées d'argent.

"Forestier (le), sr de Kervazin et de Treffles’h, paroisse de Plounévez-du-Faou, — de Crec’hénou, — de * Quillien et de Penhep, paroisse de Dirinon, — de * Kerizit, paroisse de Daoulas, — de Kerosven, paroisse de Lannilis, — de Boiséou, paroisse de Lanmeur, — du Cosquer et de Tréléver, paroisse de Guimaëc, — de Trégouadalen, paroisse de Plougasnou, — de Kerangoaguet, paroisse de Carantec.

Ext., réf. 1671, sept générations., références et montres de 1481 à 1536, paroisse de Plounévez-du-Faou, évêché de Cornouaille.

De sable à la bande (aliàs à trois bandes) fuselée d’argent.

Mahé, marié vers 1445 à Plézou le Trancher, père de Guillaume, archer en 1481 ; un mousquetaire de la garde du Roi, blessé à Oudenarde en 1708 et à Malplaquet en 1709.

Les srs de la Saulraye, par. de Collorec de Keramel, par. de Plouyé, déb. réf. 1609, ress. de Châteaulin." (Armorial, Pol de Courcy)

Voir aussi : https://www.tudchentil.org/spip.php?article892

Une pièce métallique a été fixée en plein dans ce blason.

La maison des treize lunes, 4 place Saint-Thomas à Landerneau.

On a pu rapprocher (forum cgf)  ces armes des L'HARIDON avec celles apposées sur la cheminée de la maison des 13 lunes à Landerneau, devant l'église Saint-Thomas. Elles se trouvent à côté d'un autre blason au coq chantant, tenu par un jeune chevalier au bonnet à plumes  et attribué à Cabon. Les armes de la famille Cabon étaient de gueules au chapon d'argent.

https://zupimages.net/up/24/42/5xs0.jpeg
https://zupimages.net/up/24/42/ntsd.jpeg

La Maison des treize lunes, datant de la fin du XVIe siècle (et donc antérieure aux deux inscriptions) est de type maison à pondavez construites, principalement à Morlaix, par les marchands de crées ou toiles de lin avec un escalier central desservant des galeries et une pièce manoriale au rez-de-chaussée avec cheminée monumentale au rez-de-chaussée. Ces maisons à vaste espace central permettaient la réception des clients et la négociation.

 

Daniel Leloup, plan de la maison des Treize Lunes, La maison urbaine en Trégor aux XVe et XVIe siècle p. 102

 

Le choix de ce type "à pondalez" montre que les propriétaires de la maison des Treize lunes étaient des marchands de toile. C'est la seule maison à pondalez hors de Morlaix. Je suppose que L'HARIDON et CABON étaient les deux propriétaires associés. 

Cette Maison des treize lunes a longtemps porté de nos jours, sur la devanture d'un magasin d'antiquité , un blason peint aux armes des L'Haridon, les étoiles, le chevron et le lambel étant peint en couleur or sur fond azur.

façade maison des treize lunes Wikipédia

 

Voir mon cliché de cette Maison des 13 lunes :

Cédric L'Haridon fait remarquer la proximité de ces armoiries avec celles sculptées sur la cheminée de la maison de Vincent L'HARIDON au Faou au dessus de la date 1654, correspondant à son mariage. Mais outre le chevron,  au lieu de 3 étoiles on trouve deux étoiles, et un croissant en chef.

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Fonts baptismaux  de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Fonts baptismaux de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Fonts baptismaux  de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Fonts baptismaux de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

 

XIV.  Dalle funéraire des sœurs Cabon.

Nous venons de  rencontrer le marchand de toile Cabon, associé de L'Haridon à la fin du XVIe siècle. Voici, au XVIIIe siècle, les deux sœurs Cabon.

Sur le sol des fonts baptismaux cuve se tyrouvent deux dalles funéraires. La première porte  cette épitaphe :

ICI  REPOSENT LES CORPS DE DAME MARIE MICHELLE CABON VEUVE DE MONSIEUR FRANÇOIS DE PENFENTENNIO MORTE LE 6 OCTOBRE 1795 ET DE DAME MARIE JEANNE CABON SA SOEUR,VEUVE DE MONSIEUR HERVÉ DU THOYA, MORTE LE 15 JUIN 1818. REQUIESCANT IN PACE.

Ces deux sœurs appartiennent aux douze enfants d'André Cabon, sieur de Keralias, avocat à la Cour, maire de Landerneau, décédé en 1747 à Landerneau, et de Marie Gabrielle BARIL.

 

1°) L'aînée, Marie Jeanne  Cabon née le 27 mars 1743 et baptisée  le même jour à Saint-Houardon, avait épousé Hervé Bernard DUTHOYA (1731-1779), négociant et changeur pour le Roy,  d'une famille de négociants bien connue à Landerneau, notamment par la " Maison Duthoya", ancienne maison d’armateur édifiée à proximité du quai de Léon en 1667 par Arnaud Duthoya, premier négociant en vin de la région bordelaise installé à Landerneau dès 1660. À son tour, Bernard Duthoya (1702-1757), père d'Hervé-Bernard, lieutenant de police à Saint-Macaire, avait quitté la Gironde pour s'installer à Landerneau, tout comme le grand-père Jean, décédé en 1696, maître-apothicaire puis négociant à Saint-Macaire puis marchand et armateur à Landerneau.

Le couple eut 14 enfants.

https://gw.geneanet.org/frbreton29?n=duthoya&oc=&p=herve+bernard

Marie-Jeanne fut la marraine d'une grosse cloche de Kersaint-Plabennec en 1769 avec son beau-frère par François-Louis de Penfentenio, sieur de poulbroc'h, Keralias Kersent et Keraéret.On  trouve sur cette cloche les armes de Penfeuntenio, ainsi que celles de Cabon.

2°) Marie Michelle Nicole CABON DE KERALIAS, née en 1744 à Landerneau, épousa en 1764 à Landerneau François Louis de Penfentenyo (1735-1779), et ils eurent cinq enfants.

https://gw.geneanet.org/jcbo?lang=fr&pz=delphin&nz=bourgeois&p=marie+michele+nicole&n=cabon+de+keralias

 

 

 

 

 

Dalle funéraire, l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Dalle funéraire, l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

 

XV. Dalle funéraire du chanoine Du Toya 1826.

CI-GIST MESSIRE HERVE GABRIEL MARIE DUTOYA PRETRE CHANOINE HONORAIRE DE QUIMPER MORT LE 29 MAI 1826 AGE DE 66 ANS.

Il s'agit du fils aîné de Marie-Jeanne CABON et de Hervé Bernard DUTHOYA. Né le 14 juin 1761 à Landerneau, il était chanoine honoraire de la cathédrale de Quimper. 

https://gw.geneanet.org/frbreton29?n=duthoya&oc=&p=herve+gabriel+marie

 

Dalle funéraire, l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Dalle funéraire, l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

 

XVI. Soubassement de la statue de N.D de Pontmain :  Blason en kersanton au coq chantant (Cabon ?) et à l'arbre.

Selon l'abbé Castel, "ce blason provient du Quinquis (*) et fut donné par Mr Favé, du temps de l'abbé Tanguy, curé".

(*) à l'ouest de La Forest-Landerneau, d'où est originaire la famille de PENFENTENYO ?

Cédric L'Haridon propose, très judicieusement, de reconnaître dans le coq les armoiries de la famille Le Jar, d'argent au coq de sable crété et barbé d'argent.  Les Le Jar, seigneurs de Clesmeur appartiennent aux familles notables de Landerneau au XVIe siècle. Ils ont possédé le manoir de Kerveleoc à Plouedern près de Landerneau.

Mais quelle serait l'épouse, dont la famille aurait un arbre comme armes? Cela pourrait-il être la famille Poullain qui porte d'argent au houx arraché de sinople au franc canton de gueules chargé d'une croix dentelé d'argent?Effectivement, il y eut une alliance (Manrove) entre Yves Le Jar sieur de Clesmeur (1655-Quimper 1691) et Urbane Poullain (1663-1686 ou Crozon 1688), fille de Jean Poulain, écuyer, sieur de la Rivière-Pontlo, et de Jeanne Berthou.

Pour Cédric L'Haridon, 

"Me François Le Jar (+1616), sr de Chefdubois et du Cosquer, procureur du Roi à Brest/St-Renan, marié à Pétronille (Péronnelle) de Keroullas (remariée en secondes noces à Guillaume Le Gubaer (+1625) sénéchal de la principauté de Léon à Landerneau). 

Leur fille unique Pétronille (Péronnelle) Le Jar épouse Renan de Penfentenyo, sr de Kermorvan, de Lisle.

Son oncle, Hervé Le Jar (+1647), frère de François, a la curatelle de sa nièce et reprend l'office de procureur du Roi à Brest/St-Renan.

Marié à Françoise Le Mercier de Beaurepos, leur petit-fils, Gabriel Yves Le Jar (+1691 à Quimper) sr du Cleusmeur épouse Urbane Poullain (+1688 à Crozon)."

[*]  Cédric L'Haridon apporte cette rectification : "En étudiant les baptêmes des enfants d'Alain de Tromelin, premier magistrat de la principauté de Léon (x Anne Guingamp), je trouve en 1630 à Landerneau St-Thomas Marie Le Jar dame de Kerantraon épouse de Jean Le Veyer dont les enfants baptisés à Lanneufret ont pour parrain/marraines en 1610 Marie de Tromelin du Cosquer, en 1615 Hervé Le Jar de Cleusmeur et Françoise de Keroulas dame de Penanchoat. Le prénom de l'épouse de François Le Jar sr de Chefdubois (Penanhoat) n'est donc pas Pétronille mais Françoise.

En 1620, le parrain est François Le Gac sr de K/loshouarn dont le fils Christophe Le Gac sr de K/raoul épouse Marie de Tromelin, fille d'Alain cité au début.

Mais il faudrait admettre que le sculpteutr ait négligé, dans les armes des Poullain,  leur franc canton d'une part, mais aussi les racines de l'arbre, propres, en héraldique, aux arbres "arrachés".

 

 
Blason e, kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Blason e, kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

 

 

XVII. Statue non identifiée. Personnage en tunique (Christ?) tenant un cœur au centre d'une couronne d'épines. Kersanton, XVIe siècle, au dessus d'un dais gothique.

Inscription sur le socle : PULSATE ET APERIETVR 

Il s'agit d'une citation de l'évangile de Luc 11:9, "frappez et l'on vous ouvrira" qui se retrouve repris en musique en grégorien :

Petite et accipietis
quaerite et invenietis,
pulsate et aperietur vobis.
Omnis enim qui petit accipit,
et qui quaerit invenit,
pulsanti aperietur.

Demandez et vous recevrez,
cherchez et vous trouverez,
frappez et l'on vous ouvrira.
Quiconque en effet demande, reçoit,
et qui cherche trouve,
et à qui frappe on ouvrira.

Cette inscription me confirme mon hypothèse d'identifier ce personnage comme le Christ . 

Selon l'abbé Castel, les paroissiens et paroissiennes  désignaient la statue comme sainte Rita.

 

Statues de l'église Saint-Hoaurdon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Hoaurdon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Hoaurdon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Hoaurdon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

 

 

XVIII. Saint Houardon. Bois polychrome, XVIIIe , h= 200 cm. Transept sud.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

XIX. Saint Guénégan, bois polychrome; h = 180 cm; XVIIIe.Transept sud.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

 

XX. Statue de saint Matthieu, kersanton, XVIIe siècle, sculpté par Roland Doré.

Voir

 https://www.lavieb-aile.com/2024/10/la-statue-de-saint-matthieu-par-roland-dore-dans-l-eglise-saint-houardon-de-landerneau.html

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.

 

 

SOURCES ET LIENS.

—ABGRALL, 1916-1917, Notice sur Landerneau, Bull. DHA Quimper

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/e8e8e84cf9484183b6117713f6b2b97d.pdf

Au bas de l'église, la cuve baptismale porte un blason : mi-parti au 1 d'un chevron accompagné de 3 étoiles, qui est Haridon, au 2 d'un losangé, qui est Forestier, avec cette inscription : QVI. CROIRA . ET. SERA. BAPTISÉ. SERA . SAUVÉ . NOBLES . GENS . NICOLAS . HARIDON . ET . ISABELLE . FORESTIER . SA . FEMME . ONT . FAIT . FAIRE . EN . LEVR . VOLON.... LAN .1615.

— CASTEL (Yves-Pascal), TUGORES (M.M), 1984, Landerneau, patrimoine artistique et culturel. Edité par la municipalité de Landerneau

https://bibliotheque.idbe.bzh/data/cle_190/landerneau__patrimoine__artistique__et__culturel.pdf

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/36bb3f8fdcca35146c8c4ccf0ad945df.jpg

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Notice sur Landerneau, Nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, 1988

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/3c21ef2b4d254c026109041eadd62299.pdf

— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIIe siècle, Presses Universitaires de Rennes.

— PLATEFORME OUVERTE DU PATRIMOINE POP

https://pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00090028

—FORUM Centre généalogique du Finistère

https://forum.cgf.bzh/forum/phpBB3/viewtopic.php?t=28681&start=30

—SITE CEDRIC L'HARIDON

https://l-haridon.fr/landerneau-brest.html

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  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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