La baie 5 ou verrière du Credo prophétique et apostolique (4ème quart XVe siècle, fragments recomposés) de la chapelle de Kergoat à Quéménéven.
Voir :
— Sur Quéménéven :
- La chapelle N.-D de Kergoat à Quéméneven, la Vierge allaitante.
- La chapelle N.-D de Kergoat à Quéméneven, les vitraux.
- La chapelle N.-D de Kergoat à Quéméneven : statuaire, mobilier, bannières.
— Sur les vitraux :
— Sur ce thème du Credo apostolique, voir ici dans l'ordre chronologique (en violet, les vitraux):
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La chapelle saint-Jacques de Merléac : la maîtresse-vitre IV : le tympan. (1402)
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Le vitrail du Credo apostolique de la cathédrale du Mans, ou baie 217 du transept nord. I. Les lancettes : Credo apostolique et donateurs. entre 1430 et 1435.
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L'église Saint-Salomon de La Martyre. I. L'Arc de Triomphe et le Porche sud. (1450-1468). Et ses apôtres.
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Le Credo prophétique et apostolique et la maîtresse-vitre de l'église de Quemper-Guezennec (22). 1460-1470
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Le calvaire de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. vers 1450-1500
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La Collégiale Notre-Dame du Folgoët. III. Le Porche des Apôtres. (vers 1423-1433)
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L'église Notre-Dame de Rumengol . III. Le porche sud (vers 1468).
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Vierge allaitante II : Chapelle Notre-Dame de Kergoat, Quéméneven: I. les vitraux. quatrième quart XVe siècle.
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Le porche de l'église de Larmor-Plage et les 12 statues de son Credo des apôtres (tuffeau, 1518).
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Le porche de l'église de Lampaul-Guimiliau II : les Apôtres. V 1533
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Les peintures murales (v.1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny.VI. Le Credo apostolique
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Le porche de l'église de Landivisiau III. Les apôtres et leur dais.(1554-1565)
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L'église de Guipavas III : les Apôtres du porche nord (1563).
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Sculpture sur pierre de l'Abbaye de Daoulas. I. Le Porche aux Apôtres (1566).
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La façade de l'ossuaire de l'enclos paroissial de Sizun et son Credo apostolique. 1585-1588.
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Les navires sculptés (v. 1528) de la façade occidentale de l'église de Confort-Meilars. Ses 13 statues d'apôtres en kersanton (Maître de Plougastel, v.1588-1602).
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Les lambris peints du chœur de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre de Châtelaudren.
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L'église de Goulven VI. Le porche gothique et le porche aux apôtres. (v.1593)
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La chapelle Saint-Tugen de Primelin : les statues en kersanton., début XVIIe).
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Le porche sud et la porte sud de l'église Saint-Houardon de Landerneau. 1604
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Les Apôtres du porche sud de l'église de Plomodiern.(1624-1626)
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Le porche de Trémaouezan et ses apôtres (1610-1623)
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Le porche de Plestin-les-Grèves (Roland-Doré 1ère moitié XVIIe)
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Les Apôtres du porche sud de l'église de Plomodiern. (1624-1626).
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Porche de Gouesnou (1642)
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Porche de Commana (1645)
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Porche de Locmélar (1664)
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Le porche sud de l'église de Ploudiry. (1665, Jean Le Bescont)
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PRÉSENTATION.
Bien que la chapelle Notre-Dame de Kergoat ait été reconstruite à la fin du XVIe siècle, elle conserve des vitraux plus anciens, la baie 10 des saints et anges (2ème moitié du XVe siècle), la baie 8 de l'enfance et de la Passion du Christ (fin XVe) et la baie 5 rassemblant 4 apôtres et 4 prophètes d'un Credo, datant du 4ème quart du XVe siècle.
D'autres verrières contiennent des panneaux du XVIe siècle (baie 3, 4, 6, 7, 9 et 11).
Restaurations.
Dès 1600, les vitraux anciens du XVe et XVIe siècle furent réorganisés vers 1600, puis en 1841, Guillaume Cassaigne les modifiant, plaçant des ornements colorés dans les baies du chœur et du transept. Il replaça les panneaux qu'il remplaçait dans les petites fenêtres des collatéraux, en les encadrant de larges bordures.
En 1901, Felix Gaudin restaura les verrières du flanc nord, puis en 1922-1924 l'atelier Labouret intervint sur les trois verrières méridionales de la nef. Les vitraux furent déposés en 1942, replacés en 1954 par Gruber, entretenus par Hubert de Sainte-Marie en 1978, mais en 2005, les auteurs du volume Vitraux de Bretagne du Corpus vitrearum déploraient, dans la nef, et en particulier au nord, des trous et un état précaire.
En 2009-2010, l'atelier Anne Pinto de Tussau (Charentes) qui se charge de restaurer et surtout de protéger les vitraux. En effet, ceux-ci s'altèrent avec le temps : soit la peinture s'efface, soit la condensation (air froid extérieur, air chaud intérieur) ruisselle sur la face interne et lessive la peinture, soit celle-ci facilite le développement de micro-organismes (lichens et algues) qui rongent le verre.
La protection mise en oeuvre par l'atelier Pinto consiste en la pose d'une verrière de protection à la place du vitrail, lequel est décalé de 3cm vers l'intérieur pour créer une ventilation : c'est désormais sur la face interne du verre de protection que l'eau de condensation se forme et s'écoule. En outre, le vitrail est désormais à l'abri des garnements qui lancent des pierres, de la grêle, du vent ou de la pollution.
Mais l'atelier a aussi procédé à la restauration du vitrail lui-même. Des verres avaient été brisés ; certains fragments avaient été fixés par des "plombs de casse", plomb ficelle ou aile de plomb, qui, s'ils sont trop nombreux, finissent par altérer le dessin d'origine. Les soigneurs de vitraux en ont compté en moyenne 750 par verrière ! Ils les ont déposé au profit d'un collage bord à bord par résine silicone.
L'accumulation de poussières et de lichens avait encrassé les panneaux, en les noircissant ou les verdissant. Pire peut-être, la masse du verre se trouvait piquée de taches blanchâtres ou noires, surtout les bleus du XVe, alors que ceux du XVIe résistaient mieux. Un nettoyage au pinceau puis au coton-tige. Et puis l'ancien mastic très dur a été retiré, les verres bouche-trous ou les lacunes ont été remplacés par du verre soufflé maintenu par des cuivres Tiffany.
J'ai appris tout cela en lisant les panneaux exposés dans la chapelle et réalisés par l'atelier Anne Pinto
http://www.pinto-vitrail.com/home/vitraux12.php.
Les pertes subies, les remaniements et désordres consécutifs à ces initiatives ne permettent pas de définir avec certitude le programme iconographique initial. Mais les huit personnages de la baie 5, réunis deux à deux et portant des phylactères, proviennent à l'évidence d'un Credo apostolique et prophétique à 24 personnages, rappellant la grande verrière d'axe de Quemper-Guézennec, un peu antérieure (1460-1470).
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Description.
La baie actuelle mesure 2,30 m de haut et 1,40 m de large. Elle comporte deux lancettes cintrées et un tympan à un ajour et deux écoinçons dont les rois de Jessé Ezéchias et Jechonias attestent de la présence, toujours au 4ème quart du XVe siècle, d'un Arbre de Jessé.
Je peux soulever aussi l'hypothèse d'un Arbre de Jessé à 12 rois de Juda, entouré de 12 prophètes et de 12 apôtres.
Les huit figures du Credo apostolique et prophétique sont rassemblés deux à deux (un apôtre avec son nimbe, et un prophète) dans des niches et tenant un phylactère où est inscrit leur nom, et un article du Credo ou un verset prophétique.
L'identité des personnages, et le relevé des inscriptions, n'ont pas encore été publiés : c'est le but de cet article.
-lancette de gauche :
- Saint Jacques le Majeur et le prophète Isaïe
- Saint André et Baruch.
-lancette de droite
- Saint Pierre et Jérémie (têtes modernes)
- Philippe, tenant une croix et Malachie
L'ordre des apôtres dans le Credo étant Pierre-André-Jacques-Jean-Thomas-Jacques le Mineur-Philippe-Barthélémy-Matthieu-Simon-Jude-Mattias : Pierre, André et Jacques apôtres ici présents se plaçaient donc au tout début de la grande verrière initiale.
Le thème du Credo apostolique et prophétique est rare en Bretagne (Kermaria-an-Iskuit et Quemper-Guézennec) et unique en Finistère. Mais au XVIe siècle, les 12 apôtres portant leur phylactère accueillent les fidèles dans la plupart des porches des églises et chapelles bretonnes.
Nous avons bien affaire à un fragment de Credo apostolique et prophétique où les apôtres sont clairement identifiables, présentant les articles 1, 2, 3 et 7 du Symbole des Apôtres, selon une forme abrégée voire conventionnelle, et selon une graphie gothique qui associe au moins deux styles différents (restauration?). L'écriture la plus difficile à déchiffrer est la plus belle en terme de calligraphie, mais elle multiplie les procédés d'abréviation, les omissions par tilde, les lettres conjointes, les lettres souscrites pour placer un texte de plusieurs mots sur un emplacement réduit. C'est ce qui en fait sa richesse.
Les apôtres devaient être disposés selon deux rangs verticaux, puisque les apôtres des six premiers articles se trouvent à droite, et inversement pour Philippe qui appartient aux six apôtres suivants.
Le Credo prophétique est d'autant plus ardu à décrypter que le verset qui leur est attribué n'est pas fixé, et que les prophètes ne sont pas identifiables, comme les apôtres, par des attributs. Là encore, les autres exemples de Credo de l'iconographie montrent que la réduction du texte peut aller jusqu'à l'omission de mots ou de plusieurs lettres des mots, ce qui rend le déchiffrement du verset trop inaccessible à un néophyte.
Voir : La maîtresse-vitre de l'église de Quemper-Guezennec (22).
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La baie 5 ou verrière du Credo prophétique et apostolique (4ème quart XVe siècle, fragments recomposés) de la chapelle de Kergoat à Quéménéven.Photographie lavieb-aile.
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En haut à gauche : L'apôtre Jacques le Majeur et le prophète Isaïe.
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La baie 5 ou verrière du Credo prophétique et apostolique (4ème quart XVe siècle, fragments recomposés) de la chapelle de Kergoat à Quéménéven.Photographie lavieb-aile.
Isaïe et sa prophétie Ecce virgo concepiet .
Isaïe est barbu et coiffé d'un bonnet vert. Il est pieds-nus, peut-être par suite de la recomposition des fragments.
Malgré quelques difficultés de lecture, le phylactère porte le début du verset d'Isaïe, VII, 14 : ESAIUS ECE VIRGO CONCIPIET (ou co(n)cep...pa(r)iet). Ecce virgo concipiet et pariet filium, et vocatibur nomem ejus Emmanuel : "une vierge concevra, elle enfantera un fils qui sera appelé Emmanuel".
Dans la tradition, et notamment à Quemper-Guezennec, c'est bien Isaïe, et ce verset, qui sont appariés à l'apôtre Jacques le Majeur.
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La baie 5 ou verrière du Credo prophétique et apostolique (4ème quart XVe siècle, fragments recomposés) de la chapelle de Kergoat à Quéménéven.Photographie lavieb-aile.
La baie 5 ou verrière du Credo prophétique et apostolique (4ème quart XVe siècle, fragments recomposés) de la chapelle de Kergoat à Quéménéven.Photographie lavieb-aile.
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L'apôtre Jacques le Majeur et son troisième article du Credo qui conceptus est de Spirituo Sancto natus est Maria Virgine
Jacques porte, sous le nimbe, le chapeau frappé d'une coquille et tient le bourdon du pèlerin vers Compostelle. L'inscription JACOBUS QUI -FEZ NATUS EST DE-- est suffisante pour attester que le verset cité est bien le troisième du Credo.
Plus intéressant peut-être est l'inscription qui se lit, tracée en réserve sur le galon du manteau blanc de l'apôtre : VOS DEVS --ANG--ET, car sa présence n'a pas été soulignée.
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La baie 5 ou verrière du Credo prophétique et apostolique (4ème quart XVe siècle, fragments recomposés) de la chapelle de Kergoat à Quéménéven.Photographie lavieb-aile.
La baie 5 ou verrière du Credo prophétique et apostolique (4ème quart XVe siècle, fragments recomposés) de la chapelle de Kergoat à Quéménéven.Photographie lavieb-aile.
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En bas à gauche : L'apôtre André et le prophète Baruch.
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La baie 5 ou verrière du Credo prophétique et apostolique (4ème quart XVe siècle, fragments recomposés) de la chapelle de Kergoat à Quéménéven.Photographie lavieb-aile.
La baie 5 ou verrière du Credo prophétique et apostolique (4ème quart XVe siècle, fragments recomposés) de la chapelle de Kergoat à Quéménéven.Photographie lavieb-aile.
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Le prophète Baruch et son verset :
Le prophète est coiffé d'un bonnet (presque un casque) et ses épaules sont couvertes d'un camail frappé d'hermines portant un collier à gros maillons de chaines. Ne serait-ce pas là un réemploi provenant d'un roi de l'Arbre de Jessé ? Son manteau est rouge, et c'est une épée qui longe son côté gauche.
Le texte est BARUCH VITIO EGO ANTEUS [AUTEM ] ---DUUM --ET ER--
Je n'ai pu rattacher cette inscription à un verset de Baruch. Baruch est plus souvent cité dans les Arbres de Jessé (avec les citations Hic est enim deus noster Baruch 3:36, ou Post haec in terris visus est. Baruch 3:38) que sur les Credo, où son verset 3:38 Visus est in terris et cum hominibus conversatus est est emprunté par Jérémie à qui il est attribué.
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La baie 5 ou verrière du Credo prophétique et apostolique (4ème quart XVe siècle, fragments recomposés) de la chapelle de Kergoat à Quéménéven.Photographie lavieb-aile.
La baie 5 ou verrière du Credo prophétique et apostolique (4ème quart XVe siècle, fragments recomposés) de la chapelle de Kergoat à Quéménéven.Photographie lavieb-aile.
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L'apôtre André et le deuxième article du Credo.
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André est accompagné de sa croix en X (de couleur jaune). Il est nimbé, barbu, il tient un livre, il est pieds nus, et l'inscription indique :
ANDREAS EST IN IESUM XSTUM FILIUS EI--, soit l'association du titulaire, ANDREAS, et du début de deuxième article Et in Iesum Christum Filium eius unicum , Dominum nostrum.
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La baie 5 ou verrière du Credo prophétique et apostolique (4ème quart XVe siècle, fragments recomposés) de la chapelle de Kergoat à Quéménéven.Photographie lavieb-aile.
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En haut à droite : saint Pierre et Jérémie (têtes modernes).
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1. Jeremias : patre(m) (in)voca/ .is..et v..me
. S : petrus Credo i(n) deu(m) patre(m)
Nous avons affaire au premier article du credo présenté par Saint Pierre préfiguré par Jérémie et sa citation Patrem invocabit qui terram fecit.
La baie 5 ou verrière du Credo prophétique et apostolique (4ème quart XVe siècle, fragments recomposés) de la chapelle de Kergoat à Quéménéven.Photographie lavieb-aile.
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Saint Pierre.
Saint Pierre tient sa clef sur l'épaule droite. La tête est moderne : un ancien n'aurait pas omis la calvitie et le toupet de l'apôtre.
Son phylactère indique :
S.PETRUS CREDO IN DEUS PATREM
Soit "Saint Pierre" puis le début du premier article du Credo "Je crois en Dieu le Père".
L'inscription en lettres gothiques utilise des deux-points , des lettres conjointes , des abréviations par titulus, et des lettres ornées.
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La baie 5 ou verrière du Credo prophétique et apostolique (4ème quart XVe siècle, fragments recomposés) de la chapelle de Kergoat à Quéménéven.Photographie lavieb-aile.
La baie 5 ou verrière du Credo prophétique et apostolique (4ème quart XVe siècle, fragments recomposés) de la chapelle de Kergoat à Quéménéven.Photographie lavieb-aile.
La baie 5 ou verrière du Credo prophétique et apostolique (4ème quart XVe siècle, fragments recomposés) de la chapelle de Kergoat à Quéménéven.Photographie lavieb-aile.
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Le prophète Jérémie.
il est coiffé d'un bonnet vert conique. La tête est moderne.
L'inscription indique :
JEREMIAS PATREM VOCABIS ME ET POST ME
Soit le nom Jérémie et fragment du verset de Jérémie 3:19 :Et dixi: Patrem vocabis me, et post me ingredi non cessabis.
"Je disais : Tu m'appelleras: Mon père! Et tu ne te détourneras pas de moi."
Cette association de saint Pierre avec le prophète Jérémie est extrémement fréquente, mais l'inscription présente ici est beaucoup plus rare. Ce prophète présente ce verset Je 3:19 au Baptistère San Giovanni de Sienne du milieu du XVe siècle (peinture de Lorenzo Vecchetia). Ou dans le Bréviaire de Martin d'Aragon (entre 1380 et 1400) BnF Rothschild 2529 f.2. Mais ailleurs, et depuis le Verger de Soulas, Jérémie présente un texte qui est composé de plusieurs découpages de citations bibliques : Patrem invocabitis qui terram et concidit coelum.
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En bas à droite : l'apôtre Philippe et le prophète Malachie.
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L'apôtre Philippe.
Il tient une croix à longue hampe mais à traverse oblique (comme dans le Kalendrier des Bergers 1493).
L'inscription indique S: PHILIPPE IUDICAR VIVOS ET MO : fragment du 7ème article inde venturus est iudicare vivos et mortuos.
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Le prophète Malachie.
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L'inscription indique :
MALACHIAS ONUS[?] INIQUITATE .
Il ne s'agit plus de la même écriture, le deux-point a disparu, les abréviations également : ce texte est-il fidèle à l'original ? Le terme iniquitate se retrouve dans Malachie 2:4 Lex veritatis fuit in ore eius, et iniquitas non est inventa in labiis eius; in pace et in aequitate ambulavit mecum et multos avertit ab iniquitate. "La loi de la vérité était dans sa bouche, Et l`iniquité ne s'est point trouvée sur ses lèvres; Il a marché avec moi dans la paix et dans la droiture, Et il a détourné du mal beaucoup d`hommes".
Dans la salle du Credo des appartements Borgia du Vatican, Philippe est associé à Malachie avec le texte ascendam at vos in iudicio et ero testis velox ou bien Ascipient in me deum suum quem confixerunt. Ce prophète est aussi associé, dans le même Credo Borgia, à Simon au 10ème article pour le verset Cum odio habueris, dimitte.
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LE TYMPAN.
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Dans l'ajour, le buste du Christ bénissant et globe crucifère est estimé vers 1540, il était autrefois utilisé en baie 7 . Dans les écoinçons se trouvent 2 rois d'un Arbre de Jessé, couronnés, dotés du sceptre, tenant le phylactère indiquant leur nom : Ezechias et Jechonias (4e quart XVe).
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COMMENTAIRE
Le thème du "Credo apostolique et prophétique" et son illustration sur le vitrail de Kergoat.
Cette iconographie s'est développée au XIIIe siècle à la suite de réflexions théologiques montrant que les articles du Credo trouvent leur fondement dans le Nouveau Testament, par des références à des textes des Évangiles, des Épîtres et des Actes des Apôtres, mais aussi dans l'Ancien Testament par des citations des Prophètes, ce qui fonde le Credo non pas sur tel ou tel Concile, mais sur la parole de Dieu.
a) Le Symbole des Apôtres
Ce Symbole des apôtres, souvent appelé Credo comme celui de Nicée, était récité quotidiennement par les clercs dans la lecture de leur bréviaire, et, depuis le Missel Romain de 2002, il peut être récité à la place du Credo lors de la Messe.
Il est la traduction, latine puis française, d'un texte grec. On le reconnaît dès le premier article qui dit Je crois en Dieu le Père tout-puissant (Credo in Deum, Patrem omnipotentem) alors que le Credo énonce Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant (Credo in unum deum ).
Il s'agit ici non pas du Credo à proprement parler, celui qui est récité à la messe et qui est le Symbole de Nicée-Constantinople, mais le Symbole des Apôtres, une profession de foi qui, selon la tradition, proviendrait directement des Apôtres et qui serait donc inspiré par l'Esprit-Saint. La légende développée dès le IVe au VIe siècle veut même qu'à la veille de leur dispersion, chacun des douze apôtres en ait récité un article : il compte donc douze articles de foi. On trouve cette tradition chez Ambroise de Milan (339-397) puis chez Rufin d'Aquilée (345-410), l'auteur qui donne le premier texte latin du symbole. celui-ci écrit dans Commentaire du symbole des apôtres (v.400) " Nos anciens rapportent qu'après l'ascension du Seigneur, lorsque le Saint-Esprit se fut reposé sur chacun des apôtres sous forme de langues de feu, afin qu'ils puissent se faire entendre en toutes les langues, ils reçurent l'ordre de se séparer et d'aller dans toutes les nations pour prêcher la parole de Dieu. Avant de se quitter, ils établirent en commun un régle de la prédication qu'ils devaient faire afin que, une fois séparés, ils ne fussent exposés à enseigner une doctrine différente à ceux qu'ils attiraient à la foi du Christ ; étant donc tous réunis, remplis de l'Esprit -Saint, ils composèrent ce bref résumé de leur future prédication, mettant en commun ce que chacun pensait et décidant que telle devra être la règle à donner aux croyants. pour de multiples et très justes raisons, ils voulurent que cette règle s'appelât symbole."
http://www.patristique.org/Historique-du-symbole-des-apotres.html
Au VIe siècle, à la suite de deux sermons pseudo-augustiniens (Sermon 240 et 241) d'un prédicateur gaulois, chaque article fut attribué à un apôtre particulier : ce point est important , puisqu'il va nous aider à déchiffrer le texte du phylactère si nous identifions l'apôtre. Voici la répartition selon le texte latin, celui qui nous interesse :
1- St Pierre : Credo in Deum, Patrem omnipotentem, creatorem caeli et terrae
2- St André : Et in Iesum Christum Filium eius unicum , Dominum nostrum
3 - St Jacques le Majeur : qui conceptus est de Spirituo Sancto natus est Maria Virgine
4 -St Jean : passus sub Pontio Pilato, crucifixius, mortuus et sepultus
5 -St Thomas : descendit ad inferos, tertia die ressurrexit a mortuos
6 -St Jacques : ascendit ad caelos ; sedet ad dexteram patris Dei Patris omnipotentis
7 -St Philippe : inde venturus est iudicare vivos et mortuos
8 -St Barthélémy : Credo in Spirituum Sanctum
9 -St Mattieu : sanctam ecclesiam catholicam
10 -St Simon : sanctorum communionem, remmisionem pecatoribus
11 -St Jude : carnis resurrectionem
12 -St Matthias : vitam eternam.
Ce Credo apostolique est représenté en Bretagne dans le porche ou sur le calvaire de très nombreuses chapelles et églises (je citerai le calvaire de Saint-Venec en Briec, l'ossuaire de Sizun, le porche de Saint-Herbot à Plonevez-du-Faou, saint-Mélaine à Morlaix, mais la rencontre de l'alignement de leurs niches est trop fréquente pour qu'une liste soit exsaustive.) Voici par exemple Saint Jacques à Saint-Venec, avec un fragment de l'article ascendit ad c(a)elos :
b) Le Credo prophétique.
Il relève, sur le plan théologique, de la typologie biblique, ou recherche de la correspondance entre l'Ancien et le Nouveau Testament, conformément à la phrase de Saint-Augustin dans Questions sur l'Heptateuque,2, 73 "Le Nouveau Testament est caché dans l'Ancien, et l'Ancien se dévoile dans le Nouveau". Cette exègése était particulièrement nécessaire pour le Credo, dont un article du Symbole de Nicée affirme : "Je crois en l'Esprit Saint [...] il a parlé par les prophètes". J'ignore à quelle date les théologiens (pour Emile Male, "quelque théologiens contemporains de St Thomas d'Aquin au XIIIe) ont cherché dans les textes des Prophètes les verset qui préfigurent les articles du Credo, mais dès le XIVe et surtout au XVe siècle, cette correspondance se trouva illustrée soit dans les miniatures et enluminures (Heures du Duc de Berry), les gravures des incunables (Calendrier des Bergers, XVe), les peintures murales (Génicourt, Meuse, XVIe), les stalles (dès 1280-1290 à Pöhlde, Basse-Saxe; consoles de la chapelle Bourbon à Cluny et au XVe à la cathédrale Saint-Claude de Genève, comme à Saint-Ours d' Aoste en Savoie ; "credo savoyard" de la cathédrale de Saint-Jean de Maurienne), les sculptures (portail de la cathédrale de Bamberg, fonts baptismaux de celle de Meersburg, châsse de St Héribert à Cologne, piédroits de la cathédrale Saint-Jacques de Compostelle, fenêtres de la basilique Saint-Rémi de Reims, trumeau et portail nord de Chartres, porche de la cathédrale de Tarragone, déambulatoire de la cathédrale d'Albi, portail du Beau Dieu d'Amiens, portail sud de la cathédrale de Bourges...) et les vitraux (infra).
L'une des bases théologiques est le Commentaire du Credo par Thomas d'Acquin.
Deux thèmes iconographiques relèvent de la même analyse typologique, et ces deux thèmes sont organisés autour du chiffre douze: l'Arbre de Jessé, dès le XIIe siécle, avec les douze rois de Juda préfigurant la royauté du Christ. Et les douze Sibylles qui ont prophétisé l'avènement du Christ. C'est ce qui rend bien intéressant la présence des deux rois au tympan de la baie 11, et qui laisse imaginer deux vitraux à Kergoat, l'un consacré au Credo apostolique, l'autre à l'arbre de Jessé.
L'une des plus belles, des plus grandioses et des mieux conservés de ces représentations du credo prophétique se trouve à Sienne, à quelques mètres du célèbre pavement du Duomo consacré aux Sibylles : c'est la voûte du Baptistère, réalisé de 1415 à 1428 par Lorenzo di Pietra dit Vechietta. Les apôtres, portant leur phylactère, sont placés en vis-à-vis de leur précurseur.http://www.viaesiena.it/fr/caterina/itinerario/battistero/articoli-del-credo/articoli-della-terza-campata
Les vitraux ne sont pas en reste : Vitrail de la Sainte Chapelle de Bourges, de la cathédrale de Chartres, de l'église Saint-Marcel à Zetting (57), 2e quart XVe), de la chapelle de la Mailleraye à Jumièges, et en Bretagne celui de Quemper-Guezennec (Cotes d'Armor) datant de 1460-1470 décrites par Jean-Pierre le Bihan http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-35934749.html
A la différence de celle des apôtres, la liste des versets prophétiques n'est pas fixée, mais on retrouve néanmoins une certaine constance. Je m'appuierai sur le relevé de J.P. Le Bihan à Quemper-Guezennec (Q.G) et sur le texte du baptistère de Sienne (B.P)
1-St Pierre : Jérémie : Patrem invocavit qui terram fecit (Q.G) (citation complexe)
2-St André : David : Filius meus es tu ego hodie (Q.G)
= Psaumes, 2, 7 : Domine dixit ad me : Filius meus es tu ego hodie genui te (Vulgate)
"Je publierai le décret : Yahvé m'a dit : Tu es mon fils, je t'ai engendré aujourd'hui".
3-St Jacques le majeur : Isaïe : Ecce virgo concipiet et pariet (Q.G) :
= Isaïe, VII, 14, Ecce virgo concipiet et pariet filium, et vocatibur nomem ejus Emmanuel : "une vierge concevra, elle enfantera un fils qui sera appelé Emmanuel".
4-St Jean : Daniel : Post LXX hedomadas, accidetur Christus (Q.G)
: Ezechiel : Signa Thau gementium (B.S)
: Zacharie 12,10: Ascipiens ad me, quem confixierunt (Autre)
= Zacharie, 12, 10 : ascipient me, quem confixierunt :"ils tourneront les regards vers moi, celui qu'ils ont percé"
5-St Thomas : Malachie : Et fuit Jonas in ventrem ceti (Q.G)
: Osée, 13, 14 De manu mortis liberado eos...ero mors tua, o mors, ero morsuus tuus, inferno (autre) : "Je les délivrerai de la mort...Ô mort, où est ta peste ? Séjour des morts, où est ta destruction? "
6 -St Jacques : Michée : Ce ... et erit civita gloria (Q.G)
: Amos : qui aedificavit in coelo ascensionem suam (B.S)
7 -St Philippe : Zacharie : Acharias, suscitabo filios tuas (Q.G)
: Joël : In valle Iosaphat iudicabit omnes gentes (B.C)
8 -St Barthélémy : Sophonie : sedebo ut judicui omnes gentus (Q.G)
: Aggée : Spiritus meus erit in medio vestrum (B.C)
9 -St Matthieu : Joel : Spiritus meus erit une medie vestrum (Q.G)
: Sophonie : Hic est civitas gloriosa qui dicitur extre me non est altera (B.S)
10 -St Simon : Osée : Ose, arida audite verbum Dominum (Q.G)
: Malachie : cum hodio abueris dimille ( B.S)
: Malachie : deponet dominus omnes iniquates nostras.(La Mailleraie)
11 - St Jude : Amos : qui aedificat in caelo ascensionem suam. (Q.G) (La Mailleriae)
: Zacharie : Suscitabo filios tuos (B.S)
12 -St Mattias : Ezechiel : Et erit dominus regnum missus.(Q.G)
: Abdias : Et erit domino regno (B.S)
On peut trouver une magnifique illustration sur le Psautier de Jean de Berry (Gallica).
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SOURCES ET LIENS.
— GATOUILLAT (Françoise), HEROLD (Michel), 2005 "Les vitraux de Bretagne", Corpus Vitrearum France- Recensement VII, Presses Universitaires de Rennes, Rennes : 2005, 367pp. pages 169-171.
Sur le Credo apostolique :
Le Livre de prière d'Anne de Bretagne (Jean Proyer, Tours 1492-1495), Morgan & Pierpont Library
https://www.themorgan.org/collection/prayer-book-of-anne-de-bretagne/5Site http://idlespeculations-terryprest.blogspot.fr/2014/02/the-apostles-creed.html
— Grant Kalendrier et compost des bergiers , 1529, imprimé à Troyes.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b86095054/f89.item.zoom
— Grant Kalendrier et compost des bergiers , Paris 1493
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b86267664/f89.item
— CRITCHLEY (David J.) Prophets, Apostles, and Saints in the side windows of Winchester College Chapel
https://www.vidimus.org/issues/issue-141/features/winchester-college-chapel/
—CRITCHLEY (David J.) 2023, The Apostle's creed and the north crawley rood screen, Records of the Buckhinhamshire vol.63
https://bas1.org.uk/publications-2/records-of-bucks/
— FAVREAU Robert 2003,Les autels portatifs et leurs inscriptions, Cahiers de civilisation médiévale 2003 Volume 46 pp. 327-352 :http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ccmed_0007-9731_2003_num_46_184_2865
— Baptistère de Sienne : http://www.viaesiena.it/fr/caterina/itinerario/battistero/articoli-del-credo/articoli-della-seconda-campata
— Psautier de Jean de Berry, Enluminures de André Beauneveu 1380-1400 : gallica
—GAY (Françoise) 1993, Le choix des textes des prophètes face aux apôtres au Credo", in Actes du Colloque Pensée, image et communication en Europe médiévale. A propos des stalles de Saint-Claude - Besançon
— GAY (Françoise) 2019, Introduction au catalogue des inscriptions...
https://in-scription.edel.univ-poitiers.fr/index.php?id=170#ftn58
—GAY (Françoise), 2019, épigraphie des inscriptions présentées par les Prophètes.
https://in-scription.edel.univ-poitiers.fr/index.php?id=316
https://in-scription.edel.univ-poitiers.fr/index.php?id=299
—GAY (Françoise), 2019, Les doubles credo, prophètes et apôtres = Les inscriptions présentées par les prophètes dans l’art de l’Occident médiéval – catalogue et édition
https://in-scription.edel.univ-poitiers.fr/index.php?id=319
— HASENORH (Geneviève), 1993 "Le Credo apostolique dans la littérature française du Moyen-Âge", Actes du Colloque Pensée, image et communication en Europe médiévale. A propos des stalles de Saint-Claude - Besançon
— LACROIX (Pierre) , Renon, Andrée, Mary, Marie-Claude, Vergnolle, Éliane [Publ.] Pensée, image et communication en Europe médiévale. A propos des stalles de Saint-Claude - Besançon (1993).
— MÂLE (Emile)
https://patrimoine.amis-st-jacques.org/documents/000135_e_male_credo_des_apotres_2.pdf
— RENON F, relevé du Credo du chœur de la cathédrale de Cambray en 1404 Revue de l'art chrétien: recueil mensuel d'archéologie religieuse, Volume 8 Arras ; Paris 1864 page 262.
— RITZ-GUILBERT, Anne 1993 ; "Aspects de l'iconographie du Credo des apôtres dans l'enluminure médiévale", Pensée, image & communication en Europe médiévale : à propos des stalles de Saint-Claude; Besançon; Asprodic L'auteur analyse les Credo typologiques apparus dans l'enluminure du 13e siècle, puis la version originale qu'en donne Jean Pucelle dans le Bréviaire de Bellevill (Paris, B. N., ms lat. 10483) aux environs de 1323-1326. Le peintre a utilisé le Credo des apôtres comme attribut de la vertu personnifiée de la Foi
—SCHMITT (Jean-Claude), 1989 "Les images classificatrices", in Actualité de l'histoire à l'Ecole des chartes: études réunies à l'occasion publié par Société de l'Ecole des charte 1989 pp.311-341.