L'arbre de Jessé aux Sibylles Samienne et Cimérienne de l'église de Gisors. Haut-relief de 1583-1591 par Pierre du Fresnoy.
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ARBRE DE JESSÉ
En Bretagne:
- Vitrail de Kerfeunten Le vitrail de l'Arbre de Jessé de l'église de la Sainte-Trinité à Kerfeunteun :1528-1530
- Le vitrail de l'Arbre de Jessé de l'église de Confort-Meilars. c.1530
- Vitrail de L'arbre de Jessé de l'église de La Ferrière. : 1551.
- Vitrail de L'arbre de Jessé de l'église de Beignon. : 1540-1550
- Vitrail deL' arbre de Jessé de l'église de Moulins (35). : c.1560.
- Les vitraux de l'église des Iffs ( seconde partie : les chapelles). Baie 12 milieu XVIe.
- Le vitrail de la Passion de l'église Saint-Mériadec en Stival (56) : 1550.
- Vitrail de l'église Gouesnou par Jacques Le Chevallier : L'arbre de Jessé de l'église de Gouesnou . : 1972.
- L'Arbre de Jessé très stylisé de Saint-Jean-du-Doigt Les vitraux de Louis-René Petit à Saint-Jean-du-Doigt (29).
- L'arbre de Jessé de Malestroit : Le vitrail de l'arbre de Jessé de l'église de Malestroit.: 1530-1540.
- Vitrail de N.D de Lansalaün à Paule : 1528 : Le vitrail de l'arbre de Jessé de la chapelle N.D. de Lansalaün à Paule.
- Vitrail par Chauvel à Notre-Dame de Vitré : c.1868-1870 : Le vitrail de l'Arbre de Jessé de l'église Notre-Dame de Vitré.
- Vitrail de l'arbre de Jessé de Moncontour : c.1530-1540 : Le vitrail de l'Arbre de Jessé de l'église de Moncontour.
- Vitrail de l'église Saint-Armel de Ploermel : c.1550. Le vitrail de l'Arbre de Jessé de l'église Saint-Armel de Ploermel.
- Vitrail de l'Arbre de Jessé de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët (Morbihan) : Le vitrail de l'Arbre de Jessé de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët (56), associé à la Passion et au collège apostolique. Verrière de la baie 4. 1450-1475.
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Et en comparaison avec les œuvres bretonnes :
- Vitrail de l'arbre de Jessé de Saint-Denis (1144), le premier vitrail sur ce thème. Le vitrail de l'arbre de Jessé de la basilique de Saint-Denis.
- Vitrail de l'arbre de Jessé de Chartres : (1150) Le vitrail de l'arbre de Jessé de la cathédrale de Chartres.
- Le vitrail de l'Arbre de Jessé de l'église Saint-Pierre de Chartres.
- Le vitrail de l'Arbre de Jessé de la cathédrale du Mans (1235) : Le vitrail de l'Arbre de Jessé de la cathédrale du Mans.
- Le vitrail de la cathédrale d'Amiens (1242) : Le vitrail de l'Arbre de Jessé de la cathédrale d'Amiens.
- Vitrail de la cathédrale de Moulins en Allier (vers 1480) L'étrange vitrail de l'Arbre de Jessé de la cathédrale de Moulins.
- Vitrail de la Baie 0 de la cathédrale d'Évreux (vers 1470)
- Tympan sculpté de l'abbatiale Saint-Riquier : 1511-1536 L'Arbre de Jessé de l'Abbaye de Saint-Riquier (Somme).
- Vitrail de l'Arbre de Jessé de Notre-Dame-du-Touchet (Manche) : Le vitrail de l'arbre de Jessé de Notre-Dame du Touchet.
- Le vitrail de l'Arbre de Jessé de la cathédrale de Sens, II : la Vierge et la Licorne.
- Le vitrail de l'Arbre de Jessé de la cathédrale de Sens. I.
- Le vitrail de l'Arbre de Jessé de l'église de Bourg-Achard. (vers 1500-1510)
ARBRE DE JESSÉ, SCULPTURE.
Bas-relief :
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Guimaec (29) Anne trinitaire de l'église de Guimaëc.
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Priziac, Chapelle St-Nicolas (56) : Chapelle St Nicolas en Priziac.
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Arbre sculpté de Locquirec : L'Arbre de Jessé sculpté de l'église de Locquirec.
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Sculpture de L' arbre de Jessé de l'église de Saint-Aignan (56). : XVIe siècle.
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Sculpture de L' arbre de Jessé de l'église de Trédrez (22). : 1520
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Sculpture de L'arbre de Jessé de l'église Notre-Dame de Saint-Thégonnec. (29) : 1610.
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Sculpture de L'arbre de Jessé de la chapelle de La Trinité à Cléguerec (56). :1594
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Bas-relief de Chapelle St Nicolas en Priziac. (56) : XVIe siècle.
- L'arbre de Jessé de la cathédrale de Burgos. (1483-1486)
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LES SIBYLLES.
.— Sur les Sibylles, voir :
— Sur les Sibylles du Finistère, voir :
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Les douze Sibylles de Brennilis étudiées à la lumière des Heures de Louis de Laval. (v. 1489)
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Les Sibylles de la Poutre de Gloire (seconde moitié du XVIe siècle) de l'église de Lampaul-Guimiliau.
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Les Sibylles de la chaire (1677) et du chœur de l'église de Guimiliau.
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Les sept Sibylles de la tribune (1606) de l'orgue de l'église N-D. de Croas-Batz à Roscoff.
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Croyant avoir achevé ma visite de l'église Saint-Gervais-Saint-Protais en admirant le Pilier des Tanneurs et le vitrail de la Vie de saint Claude, j'allais me diriger vers la sortie lorsque je remarquais dans un recoin un escalier hélicoïdal Renaissance qui me rappela celui du château de Blois. Lorsque je fus dans cette Chapelle du Rosaire, et que je me retournai, je découvris un Arbre de Jessé d'une taille spectaculaire. Et, surprise ! , la sibylle de Samos tenant son berceau.
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L'Arbre de Jessé aux Sibylles, 1593, P. Le Fresnoy. église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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RAPPEL.
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Le thème iconographique de l'Arbre de Jessé est une représentation visuelle de la généalogie du Christ soulignant que se réalise par sa naissance ce que les prophètes de l'Ancien Testament avaient annoncé. Ainsi, dans les manuscrits et les vitraux du XIIe siècle, tout ou partie des 12 rois de Juda et des 12 prophètes, tenant le verset concerné, sont placés en vis à vis, sur un arbre reliant l'ancêtre Jessé, père du roi David, au Christ.
Secondairement, au début du XVe siècle, dans le cadre d'une focalisation sur la conception immaculée de la Vierge, survint une "mutation iconographique de l'Arbre de Jessé (S. Lepape) où c'est Marie tenant son Fils qui devient le point culminant, la cime de l'Arbre, alors que la prophétie majeure sera moins le verset d'Isaïe 11:1 Et egredietur virga de radice iesse, "Puis un rameau sortira du tronc de Jessé, et un rejeton naîtra de ses racines" que celui qui annonce qu'une vierge donnera naissance à un rédempteur, Isaïe 7:14 Ecce virgo concipiet, et pariet filium, et vocabitur nomen ejus Emmanuel: « Une Vierge concevra et enfantera un fils, et il sera appelé Emmanuel.
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Les Sibylles.
Au milieu du XVe siècle qu'en Italie autour de Cosme de Médicis et de son Académie de Florence se développa la pensée néoplatonicienne et la tentative par Marcile Ficin d'une synthèse du Christianisme et du Platonisme dans son Traité de la religion chrétienne (De Christiana religione), paru en 1474. Marsile Ficin invoque alors l’autorité des sibylles et élève Platon au rang des prophètes.
En 1481, un dominicain nommé Filippo Barbieri fit paraître un livre (Discordantiae nonnullae inter sanctum Hieronymum et Augustinum) rapprochant chaque oracle des Sibylles d'un verset d'un Prophète hébreu. Il fixa à chaque sibylle un âge, un attribut et un costume propre. Mais il fait passer le nombre des Sibylles à douze de sorte que leur nombre corresponde au nombre de prophètes mineurs .
Dès avant 1489, on trouve les 12 Sibylles "françaises" dans un livre d'Heures, celui de Louis de Laval Bnf latin 920.
"On voit maintenant en quoi les Sibylles françaises diffèrent des Sibylles italiennes. Les Sibylles de Filippo Barbieri n'annoncent qu'une chose : l'avènement d'un Sauveur qui doit naître miraculeusement d'une Vierge. Les Sibylles françaises en savent davantage : elles ne parlent pas seulement de la naissance surnaturelle du Fils de Dieu, elles parlent encore de son enfance, de ses souffrances, de sa mort, de sa résurrection" (Émile Mâle)
Elles sont désignées par leur lieu d’origine : la Cimmérienne est née au bord de la Mer Noire (Crimée ?), la Persique en Perse et la Phrygienne en Anatolie. La Samienne est née sur l'île de Samos, l'Erythréenne, de la cité disparue d'Erythrées, sur la côte Ionienne en face de Chio. L'Hellespont est une ancienne province romaine d'Asie Mineure. D'Afrique venaient la Libyenne et l'Agrippa, une déformation probable d'Aegypta, selon Emile Mâle. Quant aux Sibylles d'Europe, la Delphique est la Pythie de Delphes en Grèce, la Cuméenne et la Tiburtine, viennent respectivement de Cumes près de Naples et de Tivoli près de Rome, en Italie ; et Europa était une province romaine en Thrace.
Le Livre d'Heures de Louis de Laval (<1489).
Chaque enluminure des Sibylles y est accompagnée de descriptions (latines) et d'une page d'enluminure typologique avec trois références à l'Ancien et au Nouveau Testament. Enfin, dans une double page (folio 50v et 51r), Louis de Laval y est peint agenouillé devant la Vierge à l'Enfant et l'inscription répétée deux fois sancta et immaculata virginitas, témoignant de l'importance du culte marial et de la thèse immaculiste pour Louis de Laval.
Le folio 21v montre la sibylle de Samos tenant un berceau tandis qu'une inscription latine indique : "Elle a prophétisé qu'une Vierge placera un enfant dans un berceau". avant de citer sa prophétie : "Voici que viendra le jour où naîtra un enfant d'un pauvre et toutes les bêtes de la terre l'adoreront et elles diront "louez-le au plus haut des Cieux".
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Au folio 22v, la sibylle Cimmérienne tient une corne faisant office de biberon pour annoncer que la Vierge allaitera son Fils. Ce folio fait face au folio 23r ou Marie est peinte donnant le sein à Jésus dans la crèche. L'inscription indique Albumazar astrologus Vaticinatur commodo Virgo lactat puerum "selon l'astrologue Albumazar, elle prophétisa comment la vierge allaitera un fils".
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Les Sibylles au XVIe siècle.
— En 1522-1525, Engrand Le Prince réalisa pour l'église de Beauvais un magnifique vitrail de l'Arbre de Jessé. Il ne comporte pas de Sibylles, mais les liens entre Beauvais et Gisors étant étroits, et Pierre de Fresnoy étant beauvaisien, l'information doit être notée.
— Vers 1555, un vitrail fut peint pour la collégiale de Notre-Dame d'Étampes, représentant un arbre de Jessé dans lequel les 12 rois de Juda sont remplacés par les 12 Sibylles tenant le phylactère de leur vaticination.
— En 1560, Roland de Lassus met en musique pour la chapelle de cour du duc Albert V à Munich les Prophetiae Sibyllarum. Le peintre miniaturiste Hans Mielich illustre la partition du Livre de chœur du duc. La sibylle de Samos tient son berceau avec le texte quem virgo sinu inviolata fovebit., tandis que la Cimmérienne tient sa corne-biberon avec les paroles du motet regem sacra virgo cibabit Lacte suo .
— En 1584, Romain Buron réalise pour l'église de Gisors un vitrail des Sibylles et des Prophètes. Il ne reste aujourd'hui de cette baie 30 les prophètes Isaïe et Zacharie et les sibylles samienne et cimmérienne. ( Vitraux Haute Normandie page 172).
— L'année suivante, en 1585, débute la réalisation de l'Arbre de Jessé présenté dans cet article.
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PRÉSENTATION.
Cet Arbre culmine avec la date de 1593, mais le cartel qui l'accompagne indique qu'il fut réalisé entre 1585 et 1591 par le sculpteur de Beauvais Pierre du Fresnoy, sur un dessin de Louis Poisson, de Gisors.
-L'information sur le sculpteur et l'auteur du dessin a été publiée par M. de Laborde dans les Comptes qu'il a publié de l'église de Gisors. Louis Poisson, décédé en 1613, devient peintre du roi Henri IV, qui lui confie plusieurs travaux au château de Fontainebleau. Il réalise ainsi les décors de la galerie des Cerfs entre 1601 et 1608, et ceux de la galerie des Chevreuils (détruite), entre 1601 et 1609. Son nom est cité plusieurs fois dans les comptes de fabrique de l'église de Gisors.
Gédéon Dubreuil indique en 1857 que la sculpture était jadis recouverte d'un épais badigeon sous lequel s'entrevoyait l'or de la peinture d'origine
Dans cette œuvre, les deux prophètes qui encadrent habituellement Jessé allongé sont remplacées par deux Sibylles. La Sibylle de Samos est à gauche, facilement identifiée par son berceau, tandis que la Cimmériennene tient pas le biberon, mais une corne d'abondance, par une dérive du motif iconographique mal interprété.
De nombreux auteurs mentionnent cette sculpture, mais sans signaler la présence des Sibylles, ou en mentionnant "deux femmes". C'est notamment le cas de Guilaine Benoit Ecolan en 2005 dans La sculpture de la Renaissance dans le Vexin, Ecole du Louvre, page 132 ou d'Etienne Hamon dans Un chantier flamboyant et son rayonnement, Gisors, page 169. Cet auteur donne le nom du sculpteur Jean Vivien de Gisors comme co-auteur de l'Arbre de Jessé de Gisors.
En 1953, Jean Fournée signale que "De part et d'autre les sibylles remplacent les prophètes habituels", et H. Zanettaci, en 1954, dans Les ateliers Picards de sculptures à la fin du Moyen-Âge, les identifient avec leurs attributs. Celui-ci écrit : "
"En septembre 1588, la sculpture est achevée puisque le peintre Louis Poisson est chargé de la polychromer. Ce n'est cependant qu'en 1593 que pour des raisons inconnues, la dernière main put être donnée à l'œuvre : la date figure sur un cartouche au sommet de la composition. Celle-ci occupe, au-dessus de l'ancien autel, tout un pan d'une très haute chapelle logée au rez-de-chaussée du clocher sud."
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La description la plus complète se lit dans l'Histoire de Gisors de Victor Patte : l'auteur rend compte des vers de mirliton composé en 1629 par Antoine Dorival .
https://archive.org/details/HistoireDeGisors/page/n291
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"Au-dessus, un arbre de Jessé gigantesque, sculpté en ronde bosse, à pleine pierre, étale ses naïves sculptures :
« un arbre d’or dont les fruits sont des rois
Que de chaque côté l’on compte deux fois trois. «
Les plus rapprochés de la Vierge, qui occupe le sommet, lui présentent le sceptre. A droite, David chantant sur la harpe les louanges de sa petite-fille ; à gauche, Moïse portant les Tables de la Loi, et, de chaque côté, deux sibylles
" Tenant l’une un berceau, l’autre un cor d’abondance,
Promettent du sauveur la future naissance. »
Dans le fronton, le Père Eternel portant le globe du monde, et entouré d’anges soutenant le Livre de la vie :
« Au-dessus de cest arbre, un vieillard, Dieu le père,
Tient une grosse boule, et d’un œil tout sévère
Donne de la trémeur au simple spectateur
Qui de sa majesté contemple la hauteur.
Les anges à ses pieds soutiennent à l’envie,
Sous un arc mi-voûté, le livre de la vie.
Où mille chérubins, dans les nues cachez.
Semblent être avec, ordre et compas attachez
Sous une grande arcade, au-dessus de laquelle
Du grand comte Saint-Paul que François on appelle,
Les armes, les drapeaux, gloire de ses valeurs,
Peintes parfaitement de naïves couleurs,
Tesmoignent que ce prince à l’Esglise fidèle
Avait fait commencer une pièce si belle. »
Cette grande sculpture fut exécutée, de 1585 à 1591, par un imagier de Beauvais, Pierre du Fresnoy, sur les dessins du peintre gisorsien Louis Poisson (M. De Laborde, ouv. cité 1585-91). Sous le badigeon dont on l’a recouverte, elle laisse encore voir, ç'a et là, des applications d’or et de peinture. Nul doute qu’en nettoyant le dessus de l’arcade qui la renferme, on y retrouverait aussi les armes du comte de Saint- Paul, dont parle Dorival.
Pour les fenêtres à plein cintre, surmontées d’un œil-de-bœuf, qui éclairent celte chapelle du côté de l’extérieur, Romain Buron avait peint, en 1583, puis réparé, cinq ans plus lard, des vitraux représentant deux prophètes et deux sibylles déroulant chacune un parchemin, sur l’un desquels on lisait : « ….une Vierge, oh merveille. Un fils enfantera ... » et sur l’autre : « Resjovs-toi, Sion, voici, doux et humain, Ton roy humble, monté sur l 'âne et son poulain ». motifs évidemment empruntés au bas-relief dont nous avons parlé. On y voyait aussi, à côté des armoiries de France et de Normandie, celles de la ville de Gisors :
« Sur ces cintres vitrez, trois riches escussons.
De France et Normandie, et de Gisors blasons,
Rendent ce lieu sacré d’autant plus vénérable,
Grave et majestueux"
Ces peintures ont disparu, ainsi que tant d’autres, et sont aujourd’hui remplacées par du verre blanc."
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L'Arbre de Jessé aux Sibylles, 1593, P. Le Fresnoy. église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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Cartel de L'Arbre de Jessé aux Sibylles, 1593, P. Le Fresnoy. église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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LE REGISTRE INFÉRIEUR. JESSÉ ENTOURÉ DES SIBYLLES SAMIENNE ET CIMÉRIENNE.
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L'Arbre de Jessé aux Sibylles, 1593, P. Le Fresnoy. église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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L'Arbre de Jessé aux Sibylles, 1593, P. Le Fresnoy. église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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Jessé est allongé sur son coté droit, la tête soutenue par la main droite, le buste rehaussé par un dossier. Il est coiffé d'un bonnet Juif, conique, et sa barbe longue et bifide souligne aussi, selon les codes des artistes du XVIe siècle, son appartenance au peuple hébreu. Ses yeux sont mi-clos. L'arbre de sa descendance prend racine exactement au centre de son bassin, puis élève son tronc partiellement écoté avant de donner deux premières branches et des feuilles rappelant celles du figuier.
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L'Arbre de Jessé aux Sibylles, 1593, P. Le Fresnoy. église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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L'Arbre de Jessé aux Sibylles, 1593, P. Le Fresnoy. église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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La sibylle Samienne est à sa droite. Elle est vêtue d'une robe serrée à la taille par une ceinture, aux amples manches au dessus du coude ; le plissé de cette robe est retenu par des rubans aux épaules et devant les cuisses.
Elle tient ce type de berceau à barreaux en bois tournés et au piétement à bascule qui est le sien sur toutes les représentations.
Son allure générale est dynamique, son visage est plein de détermination, sa fière coiffure est retenue sur le front par un diadème.
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L'Arbre de Jessé aux Sibylles, 1593, P. Le Fresnoy. église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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L'Arbre de Jessé aux Sibylles, 1593, P. Le Fresnoy. église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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La sibylle Cimmérienne est à la gauche du patriarche.
Elle tient une vaste corne d'abondance remplie de fruits, comme si l'artiste voulait souligner l'énormité de son contre-sens en interprétant ainsi la corne-biberon des modèles initiaux.
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L'Arbre de Jessé aux Sibylles, 1593, P. Le Fresnoy. église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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L'Arbre de Jessé aux Sibylles, 1593, P. Le Fresnoy. église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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Deux rois de Juda occupent les naissances des premières branches. L'ordre généalogique, qui placerait ici David et Salomon, n'a pas été respecté, peut-être pour que ces derniers soient plus proches de Marie, "de la Maison de David" par ses parents Anne et Joachim.
L'un des rois porte un sceptre et une couronne, l'autre est coiffé d'un bonnet oriental. Tous les deux ont cette barbe fournie, bouclée, en désordre, bifide qui est celle des Juifs de l'Ancien Testament dans les images de l'époque. Et tous les deux ont un geste, plus ou moins franc, pour désigner le sommet de l'Arbre, par lequel se réalisent, "s'accomplissent" les Écritures.
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L'Arbre de Jessé aux Sibylles, 1593, P. Le Fresnoy. église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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À leur droite, deux autres rois. L'un d'eux tient un bloc rectangulaire qui a fait dire qu'il s'agissait de Moïse tenant les tables de la Loi. Ce serait alors un nouveau contre-sens. Mais nous pouvons aussi penser qu'il s'agit d'un prophète tenant un phylactère ou un livre stylisé, car le cube de pierre n'a pas la forme des Tables de la Loi.
Dès lors, il ne faudrait considérer comme roi que les seuls personnages couronnés et/ou tenant un sceptre : j'en compte neuf. Et donc trois prophètes.
Cette interprétation ne me convainc pas.
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L'Arbre de Jessé aux Sibylles, 1593, P. Le Fresnoy. église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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À leur gauche, deux autres "rois". Le premier tient un bloc rectangulaire, et ne porte pas d'attribut royal, ce qui repose le problème précédent d'un Moïse potentiel. Peu crédible.
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L'Arbre de Jessé aux Sibylles, 1593, P. Le Fresnoy. église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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LE REGISTRE INTERMÉDIAIRE.
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L'Arbre de Jessé aux Sibylles, 1593, P. Le Fresnoy. église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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Au centre, David est identifié sans ambiguïté. Son voisin qui tient le sceptre mais est coiffé d'un bonnet-turban, est très vraisemblablement son fils Salomon.
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L'Arbre de Jessé aux Sibylles, 1593, P. Le Fresnoy. église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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Le roi David et sa harpe.
L'Arbre de Jessé aux Sibylles, 1593, P. Le Fresnoy. église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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Le roi Salomon.
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L'Arbre de Jessé aux Sibylles, 1593, P. Le Fresnoy. église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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D'autres rois.
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L'Arbre de Jessé aux Sibylles, 1593, P. Le Fresnoy. église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
L'Arbre de Jessé aux Sibylles, 1593, P. Le Fresnoy. église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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L'Arbre de Jessé aux Sibylles, 1593, P. Le Fresnoy. église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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La Vierge à l'Enfant.
Je rappelle qu'il s'agit d'un ré-emploi. Elle est placée dans une mandorle de rayons, ce qui la désigne comme la femme de l'Apocalypse, dans le mouvement de défense de l'Immaculée Conception.
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L'Arbre de Jessé aux Sibylles, 1593, P. Le Fresnoy. église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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Le tympan .
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Dieu le Père en gloire, la colombe de l'Esprit-Saint, et le Livre des Écritures présenté par des angelots. Date de 1593.
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L'Arbre de Jessé aux Sibylles, 1593, P. Le Fresnoy. église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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L'Arbre de Jessé aux Sibylles, 1593, P. Le Fresnoy. église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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L'Arbre de Jessé aux Sibylles, 1593, P. Le Fresnoy. église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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L'Arbre de Jessé aux Sibylles, 1593, P. Le Fresnoy. église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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