Overblog Tous les blogs Top blogs Tourisme, Lieux et Événements Tous les blogs Tourisme, Lieux et Événements
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU
21 mars 2012 3 21 /03 /mars /2012 10:31

        La chapelle Notre-Dame de la Roche

                       ou Notre-Dame des Anges

                à Saint-Thois.

 

  La chapelle Notre-Dame de la Roche a été bâtie dans la cour de l'ancien château de La Roche Helgomarc'h et probablement avec les pierres issues des ruines de ce château. Elle date du XVIe siècle (cf date 1561) et sa nef comprend quatre travées. Au XVIIIe siècle sont construites la sacristie, le bas-coté nord et le clocheton à dôme (porte nord datée de 1781).

  Très soigneusement restaurée au début du XXIe siècle, elle vient d'être inaugurée lors du pardon annuel du deuxième dimanche de juillet  en 2011.

1. La seigneurie de La Roche.

On signale une ancienne motte féodale, escarpement rocheux défensif où se construit au XIe siécle un château.

   La seigneurie appartenait aux seigneurs de La Roche-Helgomarc'h, et, en 1294, à Jean de la Roche-Helgomarc'h qui servit l'ost pour quinze jours pour ce fief. Puis elle passa successivement par mariage à la famille de Rostrenen, puis à celle de Quelenec, de Rosmadec, puis de Mescoüez qui l'éleva en 1576 au rang de marquisat. A cette époque, la forteresse seigneuriale est abandonnée depuis le XIVe siècle, même si La Fontenelle croit bon d'en brûler symboliquement les ruines en 1595 pendant la Ligue .

  Le Marquisat de La Roche-Helgomarc'h et de Coatarmoal fut créé artificiellement par Henri III en faveur de Troïlus de Mesgouez en 1576 par la réunion des seigneuries de Coatarmoal, de La Roche-Helgomarc'h, de Laz et de Botiguigneau, ces trois dernières terres étant contiguës link.

  Ce Troïlus de Mesgouez (Landerneau 1536-1606) est un personnage :  A 13 ans, il est page à la cour de Henri II, mais, arrivé pauvre, il s'attire rapidement les faveurs de Catherine de Médicis pour avoir paraît-il un jour, au palais des Tournelles, poussé un cri d'exclamation en découvrant les jambes de la Reine, chaussée de bas de soie bien tirée (Histoire de la Bastille, A. Arnoud 1844 link). Il faut dire que la reine, qui avait les jambes parfaites, avait lancé la mode d'en placer une sur le pommeau de la selle lorsqu'elle passait sur sa haquenée. L'admirateur participa, dit-on, à soigner Catherine de Médicis de sa stérilité. Il en fut récompensé en étant promu chevalier, capitaine et conseiller d'État, nommé en 1565 gouverneur de Morlaix, avant d'obtenir en 1578 le titre de Vice-roi de Nouvelle-France. Il organisa alors diverses expéditions vers le Canada, Terre-Neuve et le Labrador ; pendant la Ligue, partisan bien-sûr du roi, il est arrêté par le duc de Merceur et emprisonné sept ans à Nantes jusqu'en 1596. En 1597 et 1598, il mène deux nouvelles expéditions. Un canton du Quebec porte en son honneur le nom de Canton de La Roche.

   Si le seigneur de La Roche fut comblé de tant de bienfaits par sa contribution à la féconde descendance de la reine (dix enfants), il pouvait bien offrir une chapelle et une statue de Mater-gratiae aux villageoises de ses terres qui souhaitaient imiter l'exemple royal. Mais il ne vivait pas sur son fief, qui était géré par un intendant demeurant au manoir de Merdy, alors qu'un procureur rendait la justice.


  Très vite le siège de ce marquisat se porta au manoir de Trévarez. Le fief et le titre  passèrent aux familles suivantes :

  • 1606-1624 : Anne du Juch, nièce et héritière de Troïlus de Mesgouez  s'allie à la famille de Coatanezre. Ils préfèrent séjourner au manoir de Trégarez, et le site de La Roche n'est plus qu'une métairie dotée de moulins et de la chapelle.
  • 1624-1677 : Charles de Kernezre puis 1677-1759 famille de Kernezre
  • 1759-1767 : Marie-Aude Jacquette du Chastel
  • 1767-1826 : famille du Greco
  • 1826 -1886 : famille de Pontbellanger

  Ce qui signifie que pour les périodes d'édification de la chapelle, ce sont les famille de Mescoüez (pour la date 1561) et du Greco ( pour celle de 1781) qui nous concernent.

 

 Sources : j'ai consulté entre autre le site Topic topos : http://fr.topic-topos.com/saint-thois

 

nd-de-la-roche 0964c

 

nd-de-la-roche 0971c

     Inscription sur le linteau de la fenêtre de la sacristie : Y : MERRIEN F : (manque la date) : Y(ves ?) MERRIEN, Fabricien. Les généalogistes link signalent un Yves Merrien né le 25 février 1695 à St Thois, décédé le 10 août 1770 à St-Thois, époux de Marie Le Cam et fils d' Yves Merrien (né en 1675, et qui épousa en 1695 à St Thois Gilette Jaouen).

  Un troisième Yves Merrien, fils et petit-fils des précédents, épousa Marie-Vincente Mevel. Cette sacristie datant du XVIIIe siècle, ce serait peut-être lui le meilleur candidat pour être l'auteur de cet épigraphe.

nd-de-la-roche 0973c

   Cette tête de cheval rappelle le nom du seigneur de la Roche-Helgomarc'h, dans lequel on retrouve le nom breton du cheval, marc'h


nd-de-la-roche 1023c

 

Le calvaire :

nd-de-la-roche 0976c

 

   Le calvaire donne à voir un blason présenté par deux anges et qui porterait les armoiries des marquis de La Roche. Celles de Mescoüez sont d'or au chevron d'azur accompagné de tréfles de gueules, ou bien, et ce serait plutôt celles qui sont présentées, écartelées de La Roche et de Coetarmoal, sur le tout : de Mescoüez. Leur devise était : Rien de trop.  Les armoiries de Coetarmoal sont d'azur à deux épées d'argent garnies d'or passées en sautoir. 

  

 


 

nd-de-la-roche 0977c

 

 La porte d'entrée :

nd-de-la-roche 1017c

      VE : ET : DIS : MISSIRE : IEAN LOVIS : TRANVOEZ : RECTEVR 1781

"Vénérable et Discret Messire Jean-Louis Tranvouez Recteur 1781".

  Jean-Louis Tranvouez, né le 22 mars 1742, était originaire d'une famille paysanne de Pleyben ; recteur de St Thois de 1779 à 1785, Monseigneur de saint-Luc le tient en haute estime :" il prêche avec succès, homme de haute conduite". 

  En 1785-1791, Jean-Louis Tranvouez était recteur de Pleyben ; en 1789, il est du nombre des électeurs diocésains chargés de désigner les députés de Cornouaille aux États Généraux. En 1791, il refusa de prêter serment. Le 19 mai 1791, le Directoire du discrict de Châteaulin somme le sieur Tranvoez "de vider de corps et de biens la maison presbytérale de Pleyben" et fut interdit de fonction et assigné à demeurer à plus de quatre lieues de la paroisse. Il est transféré aux Carmes de Brest du 11 juillet jusqu'au 27 septembre 1791.  En été 1792, suite à l'ordonnance du 22 juin 1792, il fut arrêté et enfermé à Quimper en l'ancienne communauté de Kerlot jusqu'en 1793, puis après novembre 1793 aux anciens Capucins de Landerneau avant d'être déporté en printemps 1794 avec 28 autres prêtres à Rochefort. On retrouve ici le sort déjà décrit pour le recteur de Kerlaz, l'abbé Le Garrec Vierges allaitantes IV, Kerlaz, église Saint-Germain, les vitraux, 3ème partie.  Comme celui-ci, il est incarcéré sur le Washington, l'un des pontons de Rochefort censés conduire les prêtres réfractaires en déportation en Guyane, mais qui stationnent à Rochefort en arison du blocus des anglais. Les conditions de survie y sont terribles, mais J.L. Tranvouez, comme Le Garrec font partie des 20 rescapés (parmi les 29 partis des geoles de Landerneau en 94) qui sont libérés autour du 15 mai 1795 et reviennent en Finistère.

  En 1795, il est autorisé à célébrer l'office en l'église de Pleyben, avant de tomber sous le coup de nouvelles interdictions, et d'être écroué au Collège de Quimper.

 Nommé recteur de Pleyben en 1805, il meurt le 6 décembre de la même année.

  Source : H. Pérennès, Les ecclésiastiques du diocèse de Quimper déportés à Rochefort et à l'île de Ré, Bull dioces. Hist. Archéol. Bdha 1927 p. 157-158 link

nd-de-la-roche 1021c

 

  Notre-Dame des Anges :

 

nd-de-la-roche 1015c

 

 Certains éléments la rapprocheraient du groupe des Vierges allaitantes, à commencer par le témoignage du chanoine Peyron (Bull. Sociét. Archéol. Finistère 1910 p. 168) qui indique que les nourrices viennent boire l'eau de la fontaine, ou bien la date du socle (1561) ou encore la façon dont le voile se prolonge en bandeau à l'arrière de la nuque, mais néanmoins cette Vierge n'allaite pas, elle présente son enfant qui bénit les fidèles.

   Elle était aussi invoquée par les femmes enceintes pour obtenir une bonne délivrance. Le site Topic topos relate que le jour du pardon (le lundi de la Pentecôte selon Peyron), la Vierge était habillée d'un costume breton, comme à Quillidoaré  Vierges allaitantes III : Chapelle de Quillidoaré à Cast, la Vierge.. d'une tenue spécialement confectionnée composée d'une coiffe amidonnée, d'une jupe et d'un corsage de velours noir, alors que l'Enfant-Jésus portait une robe et un bonnet de baptême.


 

nd-de-la-roche 0991v

      Inscription du socle :

S Maria : Mater : Gratie : mater mis. 1561 :

"Sainte Marie mère (de) grâce mère (de) miséricorde 1561."

nd-de-la-roche 0998c

 

  Au dos de la bannière paroissiale de St Thois, la bannière Notre Dame de la Roche :

st-exupere-eglise 0863c


      Saint-évêque : 

nd-de-la-roche 1002c

 

 Christ en croix :


nd-de-la-roche 1010c

 

Saint Éxupère :

nd-de-la-roche 1014c

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier
21 mars 2012 3 21 /03 /mars /2012 10:17

         L'église Saint-Exupère de Saint-Thois :

              les statues ; la bêche ; le manipule.

st-exupere-eglise 0836c

 


L'église fut successivement nommée Sanctus de 884 à 914, Sanctoes vers 1330, Sainctois en 1559. (Site Infobretagne) 

  Après un édifice plus ancien, citée au Xe siècle dans le Cartulaire de Landevennec, l'église a d'abord été bâtie au XVIe siècle, puis largement reconstruite en [1701 et] 1732 (date sur un pilier), réparée en 1856, 1869 (bas-cotés et pignons) . Le clocher de type léonard à deux galeries date du tout début du XVIIe. La façade ouest présente un portail polylobé surmonté d'une niche contenant un saint dont l'attribut, une pelle, le désigne comme Saint-Fiacre.

 

  Les professionnels s'interrogeront sur l'outil dont le patron des jardiniers fait ici promotion : est-ce une bêche, ou bien un louchet (dont le manche est isolé de la terre par un fourreau rigidifiant l'emmanchage)? Fiacre a choisi en tout cas le manche en T (manche bois béquille 70cm), qui confère plus de force dans l'action. On observera l'extrémité du fer plat tranchant ou "taillant" (modèle 28 ou 30 cm) en forme d'écusson : il est renforcé sur le bord d'attaque par un élégant croissant scaphoïde qui fait de ce taillant un must que l'on ne trouvera sur aucun des quelques 45 modèles de bêches et de louchets disponibles, qu'ils soient "Bretagne", "Normandie", "Senlis", "Nantes", "Nord", "Limoges" ou Vosges", même dotés de la "trempe diamant", que le taillant soit droit, ou rond, ou bombé. 

   C'est ici le modèle "Fiacre", en pur kersanton, qui fait des miracles.


 

      Saint Fiacre, statue du XVIe siècle, kersantite :

st-exupere-eglise 0837x


      Inscription de la tour du clocher : je déchiffre : illisible en haut à gauche, M : HERVE en haut à droite,  A PORCHEL : F : A : en dessous et à droite.

Les deux noms sont attestés à St Thois.

   Nous allons retrouver ce A. Porchel associé à une date :

st-exupere-eglise 0838c

  Sur le bord de la fenêtre de la sacristie ? je lis

                           MI :re N: =

                           GVIOMAR: F :

                                PE ::

                           MI : V : MA :

                           SSON : C :

                          A : POR :

                          CHEL : F : 

                           1701


 Je traduis ainsi : "Messire N. Guiomarch fabricien PE Messire V. Masson Curé A. Porchel Fabricien 1701".

Urbain Masson fut curé de Châteauneuf du Faou de 1719 à 1737 : est-ce le même curé ?

 

st-exupere-eglise 0839c

 

        L'église est en forme de croix latine avec une nef lambrissée en berceau et deux bas-cotés de trois travées, un transept et un choeur.

st-exupere-eglise 0952c

 

   Saint Éxupère.

  Statue en bois polychrome du 17e, classé MH, H = 1,30m (la crosse est moderne)

  Est-ce le premier évêque de Bayeux, fêté le 1er août, ou l' évêque de Toulouse, fêté le 28 septembre ? Je vote pour Bayeux, puisqu'à Dinéault (29) à Loguispar, une chapelle du XVIe siècle est dédié au saint normand sous le nom breton de Sant Ispar ou Sant Dispar. Les deux noms d'Éxupère et de Dispar semblent distincts mais le saint normand est aussi connu sous le nom de Saint Spire. Il vient du latin exsuperare, "surpasser". On le retrouve comme saint patron de l'église paroissial de Brèce (35), de Gahard (35); j'en ai vu une statue en l'église de Saint-Denis-le-Vêtu (50).


st-exupere-eglise 0915c

      Groupe trinitaire de Sainte Anne.

Statue en bois polychrome du XVIIe,classée MH, H = 100cm.

   Comme dans les autres groupes, Sainte Anne est assise, mais elle est accompagnée de sa fille la Vierge Marie qui est assise à coté d'elle : les genoux et les pieds se rejoignent, les robes fusionnent presque, si bien que l'on ne pourrait dire sur les genoux de qui l'Enfant-Jésus est assis. Il dispose d'un coussin à lui tout-seul, en maroquin rouge gaudronné centré par un bouton doré, le même que celui du fauteuil de maman et de grand-maman, et il tient dans la main gauche une pomme ou une balle rouge. Il est coiffé avec un toupet blond qui le fait ressembler à Tintin, il porte une robe blanche rehaussé d'un capuchon ou d'un col doré. 

  Sainte Anne porte un manteau bleu constellé d'or qu'elle a doublé de rouge, alors qu'elle a fait pour sa fille avec le même tissu et sur le même patron un manteau qu'elle a doublé de vert.  Sa robe est bleue également, ourlée d'or à l'emmanchure et sur le galon inférieur ; elle a mis de belles manches vertes, dont le poignet doré laisse voir la fine chemise de batiste blanche. Elle offre à l'enfant un fruit : est-ce une grenade, comme l'indique le site Topic-topos pour décliner les significations symboliques de ce fruit ? J'en doute, puisque nous avons affaire à un objet qui n'est pas rond, lisse et uni jusqu'au tulipage de son apex comme la grenade, mais oblong et cloisonné (comme une grenade à main...) comme une pomme de pin, ou une grappe de raisin.

  Ellle porte un voile et une guimpe de drap blanc.

La vierge n'est pas voilée, et ses longs cheveux tombent sur ses épaules. Le reste de son costume ne diffère de celui de sa mère que par le coloris : vieux-rose pour la robe, blanc pour les manches.

  L'ensemble, qui réalise dans sa forme générale un grand coeur de carte à jouer, est touchant par le caractère très réaliste d'intimité familiale de la scène. Pourtant, celle-ci met en scène une théologie de la Grâce, du Don et de la Génération qui est très élaborée : ne considérons ici que la boucle des bras :

bras gauche de Ste Anne...bras droit de Marie...bras gauche de Marie... Enfant-Jésus...Main gauche de Jésus...Pomme/Monde...Grappe de Raisin... bras droit d'Anne...etc...

 : Grâce par laquelle Anne devint enceinte...Grâce par laquelle Marie devint enceinte...Nativité...Grâce conférée au Monde par le sacrifice du Christ, par le Précieux Sang... Vin eucharistique...


st-exupere-eglise 0841c

 

st-exupere-eglise 0841cc

      Groupe sculpté Saint-Joseph à l'Enfant :

Statue en bois polychrome du XVIIIe, classé MH, H = 1,20m.

   Le groupe est intéressant car il date d'une époque où le culte de Joseph n'avait pas l'ampleur qu'il prit à la fin du XIXe siècle, que Saint Joseph est représenté grand, beau, jeune, le visage christique, comme un grand frère de Jésus ou comme sa préfiguration. Il se tient dans le choeur, du coté de l'évangile, où il répond en triangulation au groupe de Sainte Anne , complétant ainsi la Sainte Famille, et à celui de la Crucifixion. 

   Les mains du fils et du père nourricier forment une belle croix, un beau symbole du rôle du parent.

   Mais ce duo, face aux groupes trinitaires aux significations théologiques très élevées, paraît pauvre, trop simple, et je pense à ce que pourrait être une trinité paternelle dans laquelle le roi David (dont Joseph est le descendant) serait assis à la droite de Joseph qui porterait le Christ dans ses bras : cela aurait une belle allure...trop belle peut-être pour le beau-père qui doit rester au second plan, tel Cyrano sous le balcon de Roxane.

  Ici, Joseph tient, un peu bêtement, le lys de la chasteté : cela ne le valorise pas beaucoup.

st-exupere-eglise 0851c

 

Crucifixion du XVIIIe

Bois polychrome classé MH, H = 1,10m

  Cette crucifixion a été réalisée pour une poutre de gloire, mais sa position actuelle met parfaitement en scène la dramaturgie de la Passion. Tout y est admirable, mais les supports anthropomorphes aux allures de démones que piétinent la Vierge et Saint Jean sont remarquables, ainsi que le voile de Véronique exposé entre ces deux représentations du Mal terrassé.

st-exupere-eglise 0862c

 

st-exupere-eglise 0950c

 

Vierge à l'Enfant dite Notre-Dame de Grâce :

  Statue de bois polychrome du XVIIe, classée MH, H = 1,30 m

st-exupere-eglise 0874c

 

Groupe de Saint-Yves entre le pauvre et le riche.

Statue en bois polychrome du XVIe siècle, classé MH, H = 1,10m


advocatus erat, sed non ladro, res mirabilis populo.

"Il était avocat mais non voleur, chose admirable pour les gens".

   Saint-Yves est représenté dans sa fonction d'official, ou juge des affaires ecclésiastiques, revêtu d'une robe noire au dessus d'une soutane de même couleur, les épaules recouvertes d'un camail blanc sans hermines, coiffé de la barrette, et tenant attaché autour du poignet un livre, lequel ne pouvait être au XIIIe siècle ( Yves Hélory de Kermartin a vécu de 1250 à 1303) qu'un codex de parchemins ou de papier.

  Il se tourne vers le pauvre, tournant le dos à la pratique juridique de l'époque, où les juges se prononçaient en fonction des placets ou documents écrits que rédigeaient, en se faisant payer à la ligne d'écriture, les avocats : la défense des riches était alors bien mieux assurée que celle des pauvres. Cela paraît à peine croyable de nos jours.

  Le riche est sculpté d'une taille légèrement inférieure au Saint, mais il est coiffé de la même façon avec des cheveux assez longs bouclés dissimulant les oreilles. Son couvre-chef ressemble à un bonnet de feutre. Il porte un beau manteau dont les manches courtes (qui sont peut-être un élément séparé) sont godronnées en plis épais. En dessous se trouve une tunique verte galonnée et ceinturée d'or. Sous les chausses, une paire de guètres brille par l'élégance de ses mouchetures et de son boutonnage.

  Mais ce qui m'interesse, ce sont les trois poches dont l'une est une aumonière renforcée de ferrures rondes. Le riche y puise de la main gauche l'argent dont il compte soudoyer le juge (le pauvre ! il ne sait pas encore à qui il a affaire !) sans lacher néanmoins son couteux placet et sa plaidoirie. Mais il porte aussi deux sacs attachés à ses manches : c'est là que les rouleaux de l'"affaire" sont enveloppés, et c'est de ces deux pochons que nous vient l'expression "l'affaire est dans le sac" :

   Sous l'Ancien Régime, on réunissait les pièces de procédure  d'un procés dans de grands sacs de toile de jute ou de cuir suspendus à des crochets. Quand le dossier est prêt, le procureur (avocat) dit : "l'affaire est dans le sac" : à l'audience, lors de la plaidoirie, "il vide son sac". (On lit aussi que le juge déclarait "l'affaire est dans le sac" lorsqu'elle était classée et que l'on ne reviendrait plus dessus).

  Le pauvre n'a ni sac, ni placet, ni aumonière, ni guêtres ; il se tient à peu près comme le pauvre du groupe de Saint Martin dans l'église voisine de Châteauneuf-du-Faou  L'église Saint-Julien et Notre-Dame à Châteauneuf du Faou., un genou à terre, s'appuyant sur un bâton, s'abaissant encore par le regard suppliant et tragique qu'il adresse au juge.

   

st-exupere-eglise 0864c 

st-exupere-eglise 0872c

 

      Saint Sébastien 

Il n'a pas l'air de croire à son malheur, et exhibe les plaies de flêche comme d'autres leurs percing : même pas mal !

 

st-exupere-eglise 0879c

        Saint Herbot et son chien

  si c'est bien Saint Herbot, et si c'est bien un chien.

st-exupere-eglise 0891c

 

 

Saint François d'Assise :

Cette statue de Saint François d'Assise est très semblable à celle de l'église Saint-Julien de Châteauneuf-du-Faou. Mais les attributs sont traités de façon plus grossière, plus naïve, ce qui donne plus de force à leur signification : la ceinture de corde aux trois noeuds (le fameux noeud de capucin que j'ai appris aux Louveteaux pour avoir mon badge, mais que le chef de bord des Glénans vous apprendra lorsque vous irez sur Fort Cigogne ou à Penfret) en l'honneur de la sainte Trinité, et le chapelet...Celui-ci est original, ce n'est pas celui des sept allégresses, il ne comporte que cinq gros grains, et je ne le trouve sur aucun des catalogues de patenôtrier (fabricants de chapelets). Je le rapproche du chapelet des Cinq Plaies de Jésus des Pères Passionnistes ( qui comporte cinq perles entre chaque grain, et qui est plus tardif que la statue, la Congrégation de la Passion ayant été créé en 1720 par Paul de La Croix). On peut penser qu'il était utilisé pour réciter la Prière de Sainte Claire d'Assise aux Cinq Plaies.


 

st-exupere-eglise 0900c

      Saint Alain :

  Alain ou Alan (V ou VIe siècle) est censé avoir été le 4ème évêque de Quimper après avoir été ermite à Corlay, et c'est donc en tenue épiscopale qu'il est ici représenté, dans le geste de bénédiction.

Il est fêté le 27 décembre.


st-exupere-eglise 0894c

      Saint Primel :

  Sa présence s'explique par l'existence à St-Thois d'une chapelle actuellement détruite qui lui était dédiée. Elle était édifiée sur un ancien sanctuaire. Une fontaine était sous la sacristie. 

  Saint Primel ou Primaël fait partie des moines irlandais du VIe siècle qui installèrent un ermitage en Cornouaille comme saint Corentin sur les pentes du Menez Hom, ou Saint Guénolé. Albert le Grand, qui en connaît la vie sur le bout du doigt, raconte cette anectode très touchante :


"En mesme temps, vivoit un saint Prestre solitaire, nommé Primael, ou Primel, lequel menoit une vie fort sainte dans une forest en Cornoüaille (1). S. Corentin l'alla visiter, pour recevoir de luy quelques salutaires instructions; S. Primel le recueillit gracieusement, & passerent les deux Saints le reste de la journée en saints propos & colloques spirituels, & la nuit suivante en prieres et Oraisons. Le matin, saint Corentin desira dire la Messe en l'Oratoire de saint Primael, qui, luy ayant disposé tout ce qui estoit requis & nécessaire, s'en alla querir de l'eau à une fontaine assez éloignée de son Hermitage; Saint Corentin l'ayant longtemps attendu, sortit de la Chapelle & vid venir le Saint vieillard tout doucement & à petits pas tant pour sa lassitude & que la fontaine estoit loin de là, que parce qu'il estoit boiteux. Saint Corentin, le voyant tout hors d'haleine, en prit pitié & supplia Nostre Seigneur de luy octroyer de l'eau plus près de son Hermitage; puis, dit la Messe, pendant laquelle il reitera son Oraison; Dieu exauça sa priere, car au lieu mesme où il mit son baston en terre, après la Messe, il rejaillit une source d'eau, dont les deux Saints rendirent grâces à Dieu; &, ayant séjourné quelques jours avec S. Primael, il s'en retourna en son Hermitage à Plovodiern."

Il est fêté le 15 mai.

  Il est habillé en diacre, avec une tunique recouverte d'un surplis recouvert d'une chasuble qui laisse voir les deux extrémités de l'étole. 

 

   Il porte aussi le manipule, et c'est Dieu qui nous l'envoie pour réviser nos connaissances sur cet article de paramentique : Mais disons d'abord qu'il s'agit de ce que les garçons de café nomment un liteau , cette serviette de service qu'ils portent au bras gauche. Dans le service divin on emploie les termes de manipule, de manuale, de brachiale, et de sudarium, à l'usage duquel je répugne.

  Au Moyen-Âge, sous le nom de sudarium, de fanon ou de mappula (du carthilaginois mappa, "serviette", ce n'était guère qu'un mouchoir, comme ceux que les italiens utilisaient pour s'essuyer le visage, à moins que, l'ayant fermé de quatre petits noeuds à chaque coin, ils ne l'aient transformé en couvre-chef improvisé un jour de canicule. D'autres opuscules précisent qu'il s'agissait d'une serviette de table dont les romains s'essuyaient les doigts, la bouche, les mandibules ; alors que d'autres fascicules stipulent en préambule que ce bidule était porté par les femmes à la manière d'un réticule, un chiffon minuscule attaché au poignet gauche et dont elles usaient machinalement pour oter la poussière.  C'est d'ailleurs le même morceau de tissu qui porta, privilège des abbés et des archévêques, le nom de pallium pour tenir leur crosse. Mais nous sommes ici à l'embranchement émouvant de la sémantique, ce jour médieval du IXe siècle où le mappula se scinda en deux : à doite, la voie du pallium, à gauche, la voie du manipule. 

  C'est à force d'être froissé, chiffonné et plissé par les clercs que le tissu de lin se mit à ressembler à un petit faisceau de tiges, une poignée d'épis, une gerbe, en un mot (latin) manipulus, a, m, terme qui avait déjà servi à désigner par métaphore l'étendard des légionnaires romains, et qui vient de manus pleo, "qui se prend à poignée". Un jour de 1611 le terme latin entra sans scrupules dans la langue française : le nom fit rapidement des émules, jusque chez les pharmaciens qui en usaient pour composer leurs globules, leurs granules et leurs gélules : "prenez un manipule de fleurs d'orangers" (1835, 1878, Trésor de la Langue Française qui en signale le caractère désuet pour ne pas dire ridicule).

  Il n'était d'abord porté que par les diacres de l'église romaine, puis les évêques le réclamèrent, les prêtres en voulurent un, bientôt même les sous-diacres eurent leur manipule, et même les clercs inférieurs aux sous-diacres (il y en avait). Mais au XIe siècle, il fut attribué aux seuls ordres majeurs et devint comme tel l'insigne du sous-diaconat : ils le conserveront en montant les degrés de la hiérarchie écclésiastique, selon qu'ils soient honorés du sacerdoce, ou même de l'episcopat.

  Le mouchoir de cérémonie se transforma en une bande étroite parée aux extrémités de deux carrés ou trapézes agréablement enrichi de glands ou de franges. Il sera trapézoïdal du X au XIIIe siècle, en bandes d'égale largeur du XIII au XVe, en forme de pelle au XVIIe. Il doit être brodé d'une croix à la partie supérieure, croix que le prêtre baise avant de s'en revêtir ; et, souvent, deux autres croix sont ajoutés aux extrémités. L'évêque, le prêtre le diacre ou le sous-diacre n'en font usage que durant la messe, ou bien, mais c'est là une exception, pour la bénédiction des Rameaux, en veillant à ne pas le conserver lors de la procession. 

  L'Église, avec un É majuscule, aime, nous dit le site Cérémoniaire.net, voir dans le manipule le symbole du travail et de la pénitence d'ici-bas que couronnera une joie éternelle, et l'évêque, l'imposant au nouveau sous-diacre , l'invite à le recevoir comme une exhortation aux bonnes oeuvres. Le sous-diacre répond à la clausule de la période oratoire de son berger ainsi : "Puissé-je mériter, Ô Seigneur de porter la gerbe des larmes et des douleurs ; afin que je recoive dans la joie la récompense de mon labeur".

 La formule évoque bien-sûr le Psaume 125, 5-6 : "Ceux qui sèment dans les larmes, moissonneront dans l'allégresse. Ils vont, ils vont en pleurant, portant et jetant la semence ; ils reviendront avec des cris de joie, portant les gerbes de leur moisson" (portantes manipulos)

  Car le manipule associe en son symbole la sueur et les larmes du travail, mais aussi la fécondité de ce travail, du dur  labeur-labour. Et s'il est porté sur le bras gauche, c'est que c'est le coté des affaires terrestres, alors que le coté droit est le coté du ciel.

   Ne méprisons pas ces humbles linges de maison qui sont les silencieux serviteurs de notre corps : car celui-ci  garde en  mémoire leur tendresse ancillaire. Peut-être un jour ferons-nous, bouleversés par le froissement d'un mouchoir, l'empoix d'une serviette, le pli d'un manipule, l'expérience de Proust et verrons-nous se déployer "réparti dans ses pans et dans ses cassures, le plumage d'un océan vert et bleu comme la queue d'un paon", parce que nous aurions jadis essuyer notre front de la même étoffe, devant la fenêtre, à Balbec, au crépuscule.



st-exupere-eglise 0897c

      Sainte Catherine,

couronnée, tenant le pommeau d'une épée défunte dont la pointe virtuelle domine encore le roi cruel qui la martyrisa. La vierge tient le livre qui témoigne qu'elle choisit délibéremment et farouchement l'étude des  saints auteurs  plutôt que d'aller au bal danser.

st-exupere-eglise 0920c


      L'autel

 est supporté par un bâti de menuiserie dont les faces principales portent en médaillon l'un la Vierge, l'autre Saint Jean.

st-exupere-eglise 0904c st-exupere-eglise 0905c


        La nef lambrissée est frappée, aux coins du transept, de quatre blochets peints en rouge. Portaient-ils jadis des blasons ?

st-exupere-eglise 0906c st-exupere-eglise 0911c st-exupere-eglise 0912c

st-exupere-eglise 0913c

 


      La croix de procession :

st-exupere-eglise 0898c

      Deux confessionnaux  

sont sensiblement identiques : les panneaux sont sculptés d'épis de blés et de pampres de vigne, de feuille d'acanthe, d'une rosace, des clés du paradis, d'une coquille, et, en dessous, d'un motif plus inhabituel où le serpent entoure la croix inversée comme un caducée, alors qu'une tiare (?) est reliée à une cordelette.

st-exupere-eglise 0889c st-exupere-eglise 0899c

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier
19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 12:00

              Église Notre-Dame de Brélès :

                    anges musiciens

       et Isidore en costume breton.

 

Présentation.

  L'église Notre-Dame de Brélès, en forme de croix latine a été fondée par les seigneurs de Kergroades au XIVe ; elle était initialement simple chapelle dédiée à Notre-Dame, puis devint église tréviale de Plourin-Léon. une bulle d'indulgence lui est accordée en 1381. Vers 1408, Olivier du Chastel frappe ses armoiries sur le portail ouest. Les vitraux portaient les armoiries des familles nobles de la paroisse, comme les Kergroades, les Kergadiou ou les Kerdalaez, et ces seigneurs possédaient droit de sépulture à l'intérieur du sanctuaire. 

  L'église est remaniée au XVIIe puis largement reconstruite et agrandie en 1855. Elle comprend une nef avec bas-cotés de cinq travées et deux chapelles latérales qui forment un faux transept.


 breles 0401

 breles 4804c

  De part et d'autre du choeur, sur un fond blanc frappé du monogramme marial, les armoiries de l'évêque et du pape en fonction lors de la cérémonie de dédicace de l'église, que l'on peut dater de 1887 à 1892.

      Armoiries épiscopales  de Mgr Lamarche, évêque de Quimper et de Cornouailles de 1887 à 1892 : d'azur à la croix d'or au chef d'hermine. Cri : Doue hag ar vro (Dieu et Patrie) ; devise  Ama et confide "Aime et garde confiance". 

 breles 0414c

         Armoiries papales de Léon XIII (1878-1903), D'azur au cyprès de sinople planté sur une plaine de même accompagné au francs quartier d'une comète d'or et en pointe de deux fleurs de lys d'argent, à la fasce d'argent brochant sur le tout. Devise : Lumen in coelo.

 breles 0416c

      Au sommet du portail gothique en kersanton un ange présente les armoiries en alliance d'Olivier du Chastel et de Jeanne de Ploeuc, mariès en 1408. La famille du Chastel porte fascé d'or et de gueules à six pièces et la famille de Ploeuc porte d'hermine aux trois chevrons de gueules.

 breles 0469v

 

 breles 4854c

 

breles 0471c

 

Notre-Dame de Brélès

Statue du XVIe siècle

  Notre-Dame de Brélès est la patronne de la paroisse depuis au moins le XIVe siècle.

La position de l'index de l'Enfant n'est pas heureuse, peu physiologique, et laisse suspecter une erreur lors de la restauration du bras, dont on voit le raccordement au tronc.

  Le mouvement de drapé du manteau de la Vierge est enlevé ; Notre-Dame tient une fleur de lys, tandis que l'enfant joue avec le globe crucigère.

 

breles 0443c

 


Sainte Anne, Éducation de la Vierge

  Sainte Anne est vêtue de son inusable robe rouge. Dans l'iconographie, Anne porte toujours le voile, et sa fille est tête nue : c'est comme ça.  Marie apprend à lire sur son livre de lecture ouvert à la page 2 : la leçon du jour porte sur le Gloria. Les plus assidus des Proustophiles pourraient penser qu'il s'agit d'une page de Sodome et Gomorrhe de la Recherche du temps perdu, celle où M. de Charlus dit "Vous allez prendre quelque chose avec nous, comme on dit, ce qu’on appelait autrefois un mazagran ou un gloria*, boissons qu’on ne trouve plus, comme curiosités archéologiques, que dans les pièces de Labiche et les cafés de Doncières".

 

Certains Proustomanes réfutent l'idée que la Vierge puisse lire Sodome et Gomorrhe et trouvent dans La Bible d'Amiens sous la plume de Ruskin traduite par Jeanne Weil, la conviction que la jeune fille parlait certes hébreu, en bonne fille de Joachim, mais aussi latin, langue de l'occupant. Aussi pensent-ils qu'elle a sous les yeux  Du coté de Guermantes, lorsque le duc cite Robert de Saint-Loup : "je ne connais pas d'exemple de Sic transit gloria mundi** plus touchant".

 

 Mais il s'agit, selon toute vraisemblance, plutôt de l'incipit de la prière Gloria in excelcis deo, Gloire à Dieu au plus haut des cieux.

 

* gloria : café mélangé d'alcool qu'Alphonse Daudet nomme, lui, un "champoreau" dans Les Lettres de mon Moulin.

 

** Sic transit gloria mundi : ainsi passe la (vaine) gloire du monde.

 breles 0406c

 

Anges musiciens 

Au sommet des angles des deux chapelles latérales et de la nef, quatre anges musiciens du XVIIe  jouent du haut de leur blochet respectif qui de la cornemuse, qui des cymbales, qui de la bombarde et qui du tambourin.

  La disposition générale des musiciens du quatuor est la suivante : à gauche, cymbales et cornemuse, à droite (au dessus des fonts baptismaux) tambour et bombarde :

breles 0465c breles 0467cc

1. Le joueur de cymbales :


Serait-il là pour permettre au prédicateur d'illustrer le fameux premier verset du chapitre 13 de la Lettre aux Corinthiens "Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas l'amour, je suis un airain qui résonne, ou une cymbale qui retentit"?

L'usage des cymbales sera condamnée par Pie X, dans son Motu propio de 1903 Tra le sollecitudini sur la restauration de la musique sacrée : "L'usage du piano dans l'église est interdite, comme aussi celui des instruments bruyants ou légers comme le tambour, la grosse caisse, les cymbales, les clochettes etc...Il est rigoureusement interdit à ce qu'on appelle fanfare de jouer dans l'église."

  Saint Pie X peut être tranquille : l'ange est doté actuellement de disques de bois qui, au mieux, produiraient ce son de la simandre de Koutloumousiou (c'est sur le mont Athos), inventée par les moines orthodoxes lorsque les turcs leur interdirent les cloches.

    Addict de facebook, je mets un "j'aime" au gland de clef que l'artiste a su faire pendre au coin du pagne de pudeur du chérubin. Ce petit accessoire de passementerie négligemment appendu à un simple morceau d'étoffe se paye le luxe d'entrer en écho avec le mince bandeau qui ceint la chevelure artiste de la divine créature : un chic fou. Et il le sait, le bougre !



breles 0461c

 

 

2. Le joueur de cornemuse (biniou kozh)

Catherine et Jean-Luc Matte, qui recensent toutes les représentations de leur instrument fétiche, décrivent ici "un bourdon d'épaule de taille identique à celle du hautbois, et un porte-vent cylindrique". 

   Nous sommes alors amenés à apprendre qu'une cornemuse est composée d'un sac étanche en cuir, d'un tuyau pour le remplir avec la bouche et qui s'appelle le porte-vent (sutel en breton), de tuyaux qui produisent le son et dont l'un, ne disposant pas de trous, produit un son continu et est nommé "bourdon", alors que l'autre, nommé tuyau mélodique ou "hautbois", est percé de trous comme une flûte et d'une anche double. 

  Le "bourdon" est, ici, celui qui repose sur l'épaule de l'ange, alors que les petits doigts agiles du putto courent d'un trou à l'autre du "hautbois". 

  A défaut de savoir en jouer, je commence à me débrouiller avec le vocabulaire, non ?

breles 0463c

 

breles 0464c

 

      Le biniou, c'est la bête noire des recteurs, l'instrument ventripotent et cornu par lequel le Malin débouche les garçons et les filles. Et on cite un bas-breton qui portait la bannière de procession, et qui plaqua tout pour aller danser, sans même quitter le surplis, lorsque les sonneurs attaquèrent la gavotte dans le pré voisin : diabolique.

  Même lorsque c'est un ange qui en joue, c'est encore la corne-musette qui mène la danse.

 

breles 4814c

 

3. Le joueur de tambour (coté sud).

Si la cymbale est un idiophone, qui fait du bruit par lui-même, le tambour est un membranophone, qui suppose que la membrane de peau soit tendue sur un cadre. 

  De sa première paire de baguette, il ne conserve qu'un morceau qu'il tient encore collé sur la main gauche, l'olive de la baguette bloquée sur la première commissure. 

    Si les fanfares n'étaient pas en odeur de sainteté auprès du pape, par contre, les tambours étaient indispensables pour mener les processions des pardons. Ils formaient souvent un duo fifre-tambour, tout le long du XIXe siècle et jusqu'en 1930. Et même à l'intérieur de l'église, au moment de l'élévation, "les tambours battent aux champs, remplissant la nef d'une rumeur formidable : c'est le salut au grand roi descendu sur l'autel" (Un pardon en 1905, Henri Morice, 

http://carmes.alvinet.com/historique/pardon.html)

  Joua-t-on un jour du tambour, des cymbales ou de la cornemuse dans l'église de Brélès ? Sans-doute pas. Mais là-haut, au ciel, les anges ne se privent pas, et certains jours, j'ai pu les entendre distinctement.

 

breles 4824c

 

4. Le joueur de flûte (coté sud) :

  Pour les uns, ce serait une bombarde (tenue ainsi verticalement?), pour d'autres une flûte. Mais pourquoi pas un chalumeau, ou chalémie, instrument médiéval de tonalité haute et à anche double utilisé en plein-air pour accompagner la cornemuse ? 

 

breles 4832c

 

 

5 et 6 les anges du choeur.

Muets, ils se contentent d'écouter leurs collègues, ou de mimer le jeu des castagnettes.

breles 4809c

 

breles 4812c

Anges musiciens du tympan de la maîtresse-vitre:

  Selon J.P. Le Bihan la verrière néo-gothique du chevet peut être datée entre 1855 et 1872 par un reste d'inscription P. PRE, verrier d'art, Abbé Bervas, recteur. Elle est consacrée à la vie de la Vierge avec Annonciation, Visitation et Nativité. 


breles 0444c

   Cette verrière donne à voir en son tympan deux anges joueurs de harpe et deux joueurs de rebec, comme sur un vitrail médieval.

 

breles 0445c

breles 0448c

 

Encore un ange : l'ange-lutrin.

   C'est une très belle oeuvre, qui vient compléter ma collection de lutrins : Bulat-Pestivien : lutrin anthropomorphe en costume breton.  Guiscriff : un lutrin anthropomorphe en costume breton.   Un ange serpentiste : le lutrin de l' église Saint-Louis, Brest.  C'est même un ange qui porte deux lutrins, un lutrin sur ses ailes et l'autre lutrin dans ses bras. Voilà qui change du train-train.

 Notez qu'il n'a pas l'air contrit de ne pas jouer du tambourin. Chevauchant son cumulus préféré, qu'il monte pied-nus, sans étrier, irradié par les tons citrins et purpurins des vitraux, il fonce dans l'immobilité éternel, absorbé par le concert ravissant des sphères célestes qui préfigure l'harmonie des âmes. Il est aux anges.

breles 0434c

 


breles-0418c.jpg

breles 0423c

Saint Isidore en costume breton:

  On connaît Saint-Isidore :  Statues et retable de l'église d'Élliant (Finistère)., le saint qui porte un nom grec signifiant isi-doros, don d'Isis, comme Pandore (tous les dons) ou Théodore (don de Dieu) : ce patron des laboureurs vient toujours à l'église habillé de son costume du dimanche, avec le bragou braz ou pantalon bouffant de droguet écru et la ceinture de flanelle rouge  nommée an turban. Il apporte en offrande une gerbe de blé, qui sera vendue aux enchères par le fabricien après la messe au pied du calvaire. 


breles 0409c

Le gilet est blanc, fermé, orné de quatre rangs de broderies, et recouvert par une veste (chupenn) courte, ouverte, de drap bleu. Un galon rouge et or en fait le tour y compris à l'encollure, alors que les bords sont doublés d'une bande brodé par un motif floral. Quatre gros boutons de laitons sont là pour la décoration, avec leur boutonnière factice à gauche. Les manches sont soulignés par un galon rouge et or et par une succession de petits boutons dorés. Le col de la chemise est brodée également.

 

 Le costume de Brélés appartient à la "guise" du Bas-Léon  ou de Saint-Renan , qui est semblable selon R.Y Creston à celui de St-Pol de Léon avec toutefois un col de veste droit, légèrement montant, des revers moins longs et moins larges et le bas des manches boutonnés. Yann  Guesdon (2011) décrit pour le paysan du Bas-Léon du début du XIXe "un costume caractérisé par une longue veste à basques en forme de pourpoint, rappelant l'habit à la française. De drap bleu foncé, plissé dans le dos et munie dans toute sa longueur de boutonnières, elle se portait ouverte sur un gilet noir ou croisé avec des revers de couleur plus ou moins important comme à Ploudaniel. Boutonnée, elle ne laissait apparent que le col montant d'une chemise blanche. Les bragou braz serrés aux genoux par de longs lacets étaient très amples, en droget marron ou noir. Ils se portaient indifféremment avec des bas de laine ou des guêtres à boutons. Pendant les moissons, les paysans portaient une chemise sous un petit gilet croisé sérré par une écharpe (an turban) et des culottes étroites (bragou berr) de toile blanche munie de poches profondes et laissant les jambes nues". (Costumes de Bretagne, ed Palantines)

 

 Cette description ne correspond que partiellement à notre Isidore.


breles 0452c

 


breles 0459c

 

 

Les guêtres méritent qu'on s'y arrête : fermées par six gros boutons de cuivre, elles sont joliement recouvertes par le ruban rouge qui serre le bragou braz tandis qu' en bas,elles couvrent la chaussure par une pointe soulignée d'un trait rouge.


breles 0460c

 

 

Saint Sébastien.

 

  devinette : quel est le signe astrologique de Sébastien??

breles-0427c.jpg

 

breles 0425c

 

Saint-Michel.

  Lui-aussi s'est mis, comme Isidore, sur son trente-et-un, son grand tralala. Il en a seulement un peu trop fait, comme d'habitude. 

breles-0440vvv.jpg

 

Saint Jean l'évangéliste

  C'est tout-à-fait lui, ou tout-à-fait elle. Saint-Jean tient la coupe de poison d'où, souvent, on voit surgir deux serpents. Voilà, selon Jacques de Voragine et la Légende Dorée, quelle en est la raison :

  "Alors le grand prêtre Aristodème souleva une sédition dans le peuple, au point que les deux partis s’apprêtaient à en venir aux mains. Et l’apôtre lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour t’apaiser ? » Et lui : « Si tu veux que je croie en ton Dieu, je te donnerai du poison à boire ; et, s’il ne te fait aucun mal, c’est que ton Dieu sera le vrai Dieu. » Et l’apôtre : « Fais comme tu l’as dit ! » Et lui : « Mais je veux que d’abord tu voies mourir d’autres hommes par l’effet de ce poison, pour en constater la puissance ! » Et Aristodème demanda au proconsul de lui livrer deux condamnés à mort : il leur donna à boire du poison, et aussitôt ils moururent. Alors l’apôtre prit à son tour le calice, et, s’étant muni du signe de la croix, il but tout le poison et n’en éprouva aucun mal : sur quoi tous se mirent à louer Dieu. Mais Aristodème dit : « Un doute me reste encore ; mais s’il ressuscite les deux hommes qui sont morts par le poison, je ne douterai plus, et croirai au Christ. » L’apôtre, sans lui répondre, lui donna son manteau. Et lui : « Pourquoi me donnes-tu ton manteau ? Penses-tu qu’il me transmettra ta foi ? » Et saint Jean : « Va étendre ce manteau sur les cadavres des deux morts en disant : l’apôtre du Christ m’envoie vers vous, pour que vous ressuscitiez au nom du Christ ! » Et Aristodème fit ainsi, et aussitôt les deux morts ressuscitèrent. Alors l’apôtre baptisa le grand prêtre et le proconsul avec toute sa famille ; et ceux-ci, plus tard, élevèrent une église en l’honneur de saint Jean." Source : Wikisource :link

breles-0433c.jpg

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier
17 mars 2012 6 17 /03 /mars /2012 22:34

               L'église Saint-Julien 

        à Châteauneuf du Faou : les statues.

  L'église a été édifiée à l'emplacement d'un sanctuaire du XVe siècle, puis reconstruite en 1878 par Jules Boyer.  Elle comprend une nef de six travées avec bas-cotés et clocher encastré, un transept et un choeur à chevet polygonal. Le clocher de 1737 a été conservé, clocher-porche amorti par dôme et lanternon.

 

 

I. Les Vierges : 

  Notre-Dame de  Victoire à droite de la nef, célébrerait la fin du siège de La Rochelle en 1628, dernier épisode des Guerres de religion qui opposaient depuis 1562 les catholiques et les protestants. La Rochelle était l'une des 150 places fortes concédées par Henri IV aux protestants, ou huguenots, par l'Édit de Nantes de 1598. Mais Louis XIII et Richelieu estimèrent que La Rochelle, soutenue par les Anglais, pouvait devenir une tête de pont pour menacer le Royaume. Après plus d'un an de siège, les huguenots doivent capituler ; s'ils conservent leur liberté de culte, ils perdent leurs droits territoriaux et politique. En 1685, Louis XIV révoquera l'Édit de Nantes et enverra ses troupes de dragons-missionnaires obtenir la conversion des "hérétiques".

   La Vierge et son fils portent les regalia : couronne, manteau de royauté, sceptre ou main de justice (ici terminé par une flamme), le globus cruciger ou orbe. L' Enfant-Jésus bénit le monde, la paume ouverte. Rien, si ce n'est l'inscription du socle, ne rappelle l'évènement historique.


chateauneuf 0720c

          N.D DE Bonne-Nouvelle dans la nef, en vis à vis de N.D. de Victoire.

chateauneuf 0722c

   Notre-Dame de Délivrance

 En 1905, J.M Abgrall la décrivait "gothique, assise, tenant une fleur ou une branche terminée par un fruit, tandis que l'Enfant-Jésus vêtu d'une longue robe à ceinture, tient un oiseau."

    Pour l'inventaire des Monuments historiques, N.D de Délivrance, ce n'est pas celle-ci, mais l'autre, et cette vierge assise qui porte, sur la photographie prise par J. Le Doaré en 1954 pour l'inventaire, http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_98=REF&VALUE_98=PM29000107 l'inscription N.D de Délivrance, est intitulée Vierge à l'Enfant.


chateauneuf 1032c

chateauneuf 1036c

 

 Vierge à l'Enfant .

 Bois, 16e siècle.          

Derrière la tête de la Vierge, une inscription anachronique (XIXe-XXe) énonce en auréole : "Voici ce coeur qui a tant aimé le monde".

  La statue me paraît particulièrement belle par la sveltesse de sa robe au beau plissé. Le manteau est agrafé par deux fermaux réunis par une chaîne en or, chaque fermail servant aussi de fixation à la chaîne d'un bijou rond. La ceinture est également fermée par quatre anneaux d'or, d'où pend une lanière courte.

  La chevelure est retenue par un voile qui se croise derrière la nuque, formant un bandeau qui est d'autant plus évocateur du "chouchou" des Vierges allaitantes que deux nattes s'en échappent devant les épaules.  Virgo lactans ou miss Néné ? Les candidates du Finistère. Les Vierges allaitantes.

La Vierge, comme l'Enfant, semble tenir dans la main droite un objet fin, tige de fleur par exemple, qui a disparu.

chateauneuf 0709c

chateauneuf 1083c


II. Dieu le Père.

  Les artistes parent d'habitude notre Père éternel d'une chevelure plus luxuriante, en relation avec la puissance de sa fécondité créatrice ; mais ici, elle semble avoir glissée comme une perruque distraitement posée par le regretté savant Cosinus.

   Il a revêtu son manteau royal , s'est emparé de son orbe afin de témoigner de son pouvoir sur le bas-monde qu'il toise, mais qu'il bénit  sans hésiter : après tout, c'est lui qui l'a créé, en se frottant les mains de la qualité du résultat : Genèse 1, 31 : Dieu vit tout ce qu'il avait fait : cela était très bon. Il y eut un soir et il y eut un matin : sixième jour". En hébreu, "très bon" se dit tov meod (en breton : traou mad, ou wahoo, trooop mad!). 

  Le sixième jour, c'est celui où tad kozh et mamm gozh Adam et Éve ont été créés, et c'est cela qui suscite les petis cris gourmands de Dieu le Père, Tov meod, tov meod ! Car le jour où il n'avait créé que la terre et la mer la mer toujours recommencée, en Genèse 1,10, il ne mit sur sa copie qu'un commentaire : " Dieu vit que cela était bon", un simple tov hébraïque. C' est bon mais ça manque un peu d'humain, je vais en ajouter. 

  Selon le Talmud et la numérologie hébraïque ou gématria, MEOD a la valeur 45 : exactement la même que ADAM ! Et ce sont même exactement les mêmes lettres Mèm-Alef-Dalèt pour les deux mots! (La valeur de TOV, 2+6+9 n'est que de 17). Comme Dieu a bien fait cela!  Cela veut bien dire ce que ça veut dire : un monde, pour que cela soit TRES BON, il y faut l'être humain : avec ça, dit Dieu, on va bien rigoler, et rigoler, dit encore Dieu, c'est TRES BON, Tov Meod.

   Je partage avec Dieu ce point commun (parmi d'autres) de penser que c'est très bon de s'amuser. Dans ma gaie matria, la valeur de RIGOLER est XXL, la même que TRAOU MAD et qu' ALCOFRIBAS.

 En 1954, photographiée par Le Doaré pour les Monuments historiques, la statue était intitulée "statut de saint" et dépourvue de bras gauche.

 



chateauneuf 0680c

 chateauneuf 1043c

 

 

 Groupe trinitaire de Dieu le Père :

  Statue en grès arkosique du XVe siècle.

Trinitaire, c'est vite dit : mais il est plus exact de parler de divine "quaternité", ou mieux de divin quatuor. Car ce groupe en pierre aligne de manière rare la tête de Dieu, coiffé de sa tiare, puis la colombe du Paraclet curieusement placée comme un trait d'union entre la bouche de Dieu et celle de son Fils, puis le Christ en croix, mais enfin aussi le globus cruciger ! 

    Ces deux particularités, présence du globe terrestre, et disposition du Saint-Esprit comme une parole, un Verbe allant de la bouche du Créateur à celle du Verbe Incarné, confèrent un intérêt d'une richesse spirituelle exceptionnelle à cette statue.

 Le chanoine Abgrall signale qu'il a vu cette statue alors qu'elle se trouvait encore dans la chapelle Saint-Michel, qui était située à l'entrée du Bourg et qui a aujourd'hui disparue. Il y voit la Colombe semblant recueillir le dernier souffle du Christ expirant.

 Dans cette chapelle se trouvaient aussi les statues de Sainte-Anne, de Saint-Martin et de Saint-Michel qui font suite.

 La singulière position de la colombe évoque à tout lecteur de Freud la fameuse interprétation du groupe trinitaire de Léonard de Vinci dans Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci, (Eine Kindheitserinnerung des Leonardo da Vinci, Franz Deuticke, 1910, 71p.) dans lequel est analysé ce souvenir de Léonard de Vinci : "Il semble qu'il m'était déjà assigné auparavant de m'interesser  aussi fondamentalement au vautour  [ le peintre retrouve ce souvenir en dessinant cet oiseau] car il me vient comme tout premier souvenir qu'étant encore au berceau un vautour est descendu jusqu'à moi, m'a ouvert la bouche de sa queue et, à plusieurs reprises, a heurté mes lèvres de cette même queue

  Le fait qu'il s'agissait, dans le texte italien, en réalité d'un milan (nibio) et non d'un vautour, ce qui fait perdre une grande partie de la pertinence de l'interprétation du psychanalyste, ne nous concernera pas, pas plus que les comparaisons, ici très déplacées, qu'établit le Viennois avec la queue de l'oiseau. Délaissant ces viennoiseries, je me contente d'évoquer cette réminiscence littéraire.

   De même me revient le rituel funéraire d'ouverture de la bouche chez les égyptiens, précédé de la purification d'Horus (dieu faucon) et de Thot (dieu ibis), ouverture du sarcophage par une herminette permettant au bâ (l'âme-oiseau) de réintégrer le corps. Le fait que ces évocations ne soient pas théologiquement judicieuses n'ote rien au fait que l'image, impérieusement mais confusément, les génèrent.

  

  chateauneuf 1057c


chateauneuf 0691v

 

chateauneuf 1060c

 

chateauneuf 1059c

J'ai lu depuis l'article de Daniel Briant, Le Trône de grâce de Châteauneuf du Faou, Bulletin de la Société Archéologique du Finistère Tome CXXXIX pp. 83-88, 2011 qui en donne une étude approfondie et compare cette trinité à un Trône de grâce semblable, mais en calcaire dans la chapelle de la Trinité de Kergloff.

 Selon cet auteur, le groupe de Châteauneuf se trouvait auparavant dans la chapelle du Moustoir.

 


III. Les saints et saintes.


1. Sainte Anne trinitaire (1632)

  J'ignore sur quelle base la date de 1632 est attribuée, mais en la chapelle Saint-Michel où elle se situait, selon J.M.Abgrall les comptes indiquent la dépense de 16 livres quarante cinq sols qui figure en 1630 pour "aider à faire l'autel et l'image de madame sainte Anne".

Il est intéressant de trouver cette statue à la suite de la Trinité paternelle que nous venons d'examiner, puisque c'est par un parallèle avec le dogme trinitaire que ce thème iconographique, nommé Anna Metterza en Italie, trouve son sens.

 Rappellons d'abord l'histoire de sainte Anne selon le proto-évangile de Jacques:

  Anne est issue de la tribu de Juda et de la lignée royale de David. Mais Anne et Joachim, riches israélites de Jérusalem, se désolent de n'avoir point d'enfant. Ils sont convaincus, comme les autres juifs, que cette stérilité est un signe de malédiction. D'ailleurs, Jaochim voit son sacrifice au temple rejeté par les prêtres : humilié, la mort dans l'âme, il tente la dernière chance, et part dans le désert quarante jours pour jeûner et prier. Anne n'ayant pas de ses nouvelles redoute le pire, et le croit mort, jusqu'à ce qu'un ange lui apparaisse en songe et lui annonce qu'elle enfantera bientôt.  Aussitôt après, deux messagers lui annoncent que Joachim est vivant, qu'il a eu la visite d'un ange en rêve, et qu'il revient à Jérusalem. Les deux vieux amants se retrouvent à la porte d'or de Jérusalem et y échangent un baiser. Ils décident que l'enfant s'appellera Marie et sera consacrée à Dieu et ira vivre dans son Temple. 

  Sainte Anne est honorée en Orient dès le Ve siècle, puis en Occident depuis l'époque des croisades : son culte est reconnu par Urbain VI en 1382, et c'est au XVIe siècle qu'il culmine en Europe. Le plus ancien missel à mentionner sa fête date de 1505. Le culte est supprimé par Pie V en 1568, rétabli par Grégoire XIII comme fête double en 1584; Clément XII en fit un double-majeur en 1738, et Léon XIII un double de seconde classe en 1879. Enfin Paul VI fusionne les fêtes de Saint-Joachim ( 20 mars et 16 août) avec celle de sainte-Anne le 26 juillet.

   Elle est particulièrement à l'honneur en Bretagne, depuis qu'elle est apparue à Yves Nicolazic de Keranna de 1623 à 1625, et que fut institué le pélerinage de Sainte-Anne d'Auray.


Le nom hébreu Hannah signifie "grâce", la grâce accordée par Dieu, et le prénom Joachim signifie "promesse de Dieu".

  La trilogie Anne-Vierge-Jésus illustre une triple incarnation de la Grâce divine. Elle illustre aussi la séquence Ancien Testament / Naissance du Christ / Nouveau Testament. 

  Mais, comme précédemment, cette Trinité cache un quatrième terme qui est ici central : le Livre. Biblos. C'est lui qui va faire circuler les multiples interprétations possible :

  • Anne apprend à lire à sa fille,
  • Marie apprend à lire à son fils,
  • Jésus "révèle" à Anne et Marie le sens des Écritures (comme devant les Docteurs de la Loi) : c'est lui qui apprend à lire aux deux femmes,
  • le Livre est engendré par Anne (il est devant son ventre), mais fécondé par Marie et Jésus,
  • Les trois personnages présentent à l'humanité les Saintes Écritures,
  • etc...


 

chateauneuf 0685x

 

chateauneuf 1046c

2. Saint Martin . 

  C'est un très beau groupe en pierre daté de 1634. En 1632, les comptes de la chapelle Saint-Michel indiquent que M. Can, peintre, reçut 4 livres 10 sols pour peindre l'image de Mr Saint Martin et de son pauvre", ce qui semble peu (erreur pour : "14 livres"?) en regard des 16 livres 45 pour Sainte Anne et 14 livres pour Saint Michel.

  On connaît la scène : saint Martin de Tours coupe son manteau pour en donner la moitié au pauvre. Mais c'est l'occasion d'en savoir plus: on consulte Wikipédia, on apprend que c'est à 18 (ou 22) ans en Gaule en 338 de notre ère que le jeune Martin, enrôlé de force par son père dans l'armée en tant que "circitor", chargé de la ronde de nuit, rencontre en plein hiver à Amiens un pauvre transi de froid, et lui donne la doublure de son manteau : le lendemain, le Christ lui-même lui apparaît, vêtu de la pelisse. 

  


chateauneuf 1073c

 

chateauneuf 1070c

chateauneuf 1069c


Je compare cette statue à celle qui est proposée sur Wikipédia et qui a été réalisée plus de cent ans auparavant:

Le maître de Lesve a placé son saint Martin à l'envers sur son cheval, mais l' harnachement du cheval est comparable, les étriers aussi, et l'armure également, bien que l'on analyse mieux le système d'attache des cuissots et genouillères ; mais la statue bretonne présente un manteau à la bordure orfrayée d'or, et une coiffure différente.

Fichier:Saint Martin de Tours Tohogne.jpg

"La Charité de saint Martin", chêne polychrome, école mosane, vers 1520-30, groupe sculpté par le maître de Lesve (dérobé en 1994, retrouvé à Munich en 2001) - Eglise romane Saint-Martin de Tohogne, Belgique. Wikipédia.

  

   Le bonus, pour moi, ce fût d'apprendre que notre mot chapelle vient de la cape de saint Martin : du latin capella, diminutif de capa, "manteau à capuchon", il fut d'abord attesté en 679 en latin médiéval pour désigner la cape de saint Martin conservée en relique à la cour des rois francs, pour désigner plus généralement le trésor des reliques royales, puis en 788 l'oratoire du Palais Royal qui le conservait, puis vers 810 l'oratoire d'un domaine privé, et en 1100 le terme français chapele est attesté pour désigner le sanctuaire du palais d'un souverain et enfin un lieu de culte desservant un domaine privé (château, hôpital, collège) ou non pourvue des pleins droits paroissiaux. (Source ; CNRTL, Trésor de la Langue Française)

3. Saint Michel :


 

 

chateauneuf 1054c

 

 


 4. Sainte Barbe.

chateauneuf 0684c

 


5. Sainte Marguerite d'Antioche.

Statue en bois, XVIIe : Marguerite, "la perle" car elle est pure et n'a pas fauté,  est représentée "issant" du monstre ailé et zélé qui n'en n'avait fait qu'une bouchée mais qui est en train de le regretter.

    La direction de Lavieb-aile se doit de signaler que la réalité de ce fait n'est cependant pas attestée et qu'au XIIIe siècle Iacoppo de Varazze le tenait comme " vain et mal fondé". 

  "Issant" vient du verbe "issir", "sortir" que les amateurs de décadentisme raffiné peuvent apprécier sous la plume caressante de Pierre Louys. 

  Elle est la patronne des sages-femmes, à qui elle conseille de remplacer le vulgaire "poussez, poussez" par l'élégant "il serait sage que vous issiez l'enfant d'ici, afin que nous l'ississions pas au Levret-Baudelocque, sinon, on n'est pas issu de l'auberge". 

  Elle était fêtée le 20 juillet.

 

chateauneuf 0688c



 

6. Saint François d'Assise :

Statue en bois du XVIIe. François porte la tenue des "cordeliers", serrée à la ceinture par une cordelière à trois noeuds qui rappellent, comme les trois fenêtres de la tour de Sainte-Barbe, la sainte Trinité. Voué au chiffre trois, il porte aussi les deux sandales franciscaines, les cinq stigmates, et enfin  le chapelet "des sept allégresses".

  Ce dernier a été introduit dans l'Ordre après qu'un novice, qui avait l'habitude d'apporter à la Vierge une couronne de fleurs chaque jour, se trouva fort dépourvu quand il fut dans le couvent. Mais Marie lui apparut :" Récitez, lui dit-elle, une fois l'oraison dominicale et dix fois la salutation angélique pour chacune des sept allégresses dont tressaillit mon coeur :

  • Dans la conception du Verbe éternel,
  • lors de la visite à ma cousine Élisabeth,
  • à la naissance de mon divin Fils,
  • Lors de l'adoration des Mages,
  • lorsque j'ai retrouvé Jésus au Temple en train d'en remontrer aux Docteurs,
  • à sa résurrection,
  • et bien-sûr lors de mon assomption au firmament."

  Chaque fois que les franciscains ou les cordières récitent ce chapelet, ils obtiennent une indulgence plénière ; aussi ne s'en séparent-ils pas.


 

chateauneuf 0710c

 


 chateauneuf 1080c

IV. La Cène :

chateauneuf 0711c

 

V. Quelques vitraux :

 

chateauneuf 1085

chateauneuf 1086

 

chateauneuf 1026c

 

chateauneuf 1027c


Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier
17 mars 2012 6 17 /03 /mars /2012 21:47

          La chapelle sainte-Anne à Daoulas.

 

chapelle-sainte-anne-0640c.jpg

 

chapelle-sainte-anne 0628c

 

chapelle-sainte-anne 0627c

 

chapelle-sainte-anne 0623c


La Vierge de Pitié ou Pietà


chapelle-sainte-anne 0622c

 

chapelle-sainte-anne 0626c

La poutre de gloire portant le groupe de la crucifixion:

sous le Titulus portant INRI, le Christ en croix entouré de la Viege (manteau bleu) et de saint Jean (manteau rouge)


chapelle-sainte-anne 0624v


      Le Christ aux liens : 

chapelle-sainte-anne 0620c


  Deux chandeliers en bois

du XVIIe sont fixés à la table de communion.

chapelle-sainte-anne 0615c

 

La table de communion en bois sculptè :

 

chapelle-sainte-anne 0607c

 

chapelle-sainte-anne 0610c

 

chapelle-sainte-anne 0613c

 

chapelle-sainte-anne 0583c

 

chapelle-sainte-anne 0618c

 

chapelle-sainte-anne 0603c

 

chapelle-sainte-anne 0605c

 

chapelle-sainte-anne 0602c

      Saint Augustin: 

On remarquera que l'évêque d'Hippone porte sa crosse par l'intermédiaire du pallium, comme saint Germain à Kerlaz  Vierges allaitantes IV : Kerlaz, les statues et inscriptions.

chapelle-sainte-anne 0597c

 


      Sainte Anne trinitaire :

  Je termine avec le groupe statuaire qui a motivé ma visite, et qui vient compléter ma recherche des autres Anne trinitaire du Finistère Voir : L'église Saint-Julien et Notre-Dame à Châteauneuf du Faou. et  Les vitraux de Jacques Simon de Quettreville-sur-Sienne.

  L'interêt de ce groupe est qu'une fois de plus, on peut découvrir un quatrième terme caché dans cette Trinité. Aussi caché que la Lettre Volée de Poe, puisqu'il s'agit du tabernacle.

  J'ai eu tendance à l'exclure visuellement, comme par un automatisme dicté par l'examen des oeuvres précédentes, alors que c'est l'elément théologique central : le tabernacle, receptacle du corps eucharistique du Christ, entretient avec le ventre de la Vierge Marie une relation métaphorique exacte, elle qui porta le corps divin. 

  Cela est si vrai que Saint Anne, qui porta Marie qui porta Jésus, est pour cette raison la patronne des ébenistes et des menuisiers, à coté de Joseph qui est leur saint patron.

 C'est aussi la patronne des grands-mères.

 Et encore c'est la patronne de la Bretagne, Mamm Gozh ar Vretonned, "la grand-mère des Bretons".

Et puis la patronne des couturières, car elle apprenait à Marie à coudre et à réaliser son alphabet en canevas lorsqu'elle ne lui apprenait pas à lire.

 Elle est fêtée aussi par les lingères et des professionnels du tissu. 

  Et par les meuniers

Par les pompiers, lorsqu'ils délaissent Ste Barbe,  et par les  sauveteurs.

 Les femmes stériles comme les femmes enceintes l'invoquent également, le vendredi.

C'est dire que si le 26 juillet n'est pas jour de fête nationale, une bonne partie de la population doit se retrouver à la messe matinale, ou bien se rendre au pardon de Sainte-Anne d'Auray ou de Sainte-Anne-La-Palud.

  Sainte Anne tient dans la main gauche une tige, une digitation rosée que je n'ai pas identifiée.

  Les deux mères présentent l'enfant bénissant le monde, qu'il tient d'ailleurs dans la main gauche. Un petit vent frais souléve sa robe.

 

chapelle-sainte-anne 0584c

 

A droite de l'autel, une console offre sur ses portes un beau travail de sculpture sur bois, chacune étant frappée d' un prénom ; on les déchiffre trop rapidement si on ne considére que la calligraphie, et jusqu'au choix des noms, répond à une réflexion artistique : car l'artisan aurait du choisir le nom Anne, à moins qu'il n'est choisi la transcription bretonne Santez Anna : nous aurions de l'autre coté non pas Joseph, mais Job, Jos, Jozep, Joseb.

  Mais Anna forme un palindrome que souligne encore la graphie aux deux N rétrogrades.

Quand au mot Joseph qui est transcrit IOSEPH, il est remarquable par les I et O conjointes.

  Le fait que le meuble associe les deux saints patrons des ébénistes n'est sans-doute pas un hasard, même s'il complète le meuble qui lui fait vis à vis pour honorer la Sainte Famille.

chapelle-sainte-anne 0599c

        En effet, en face, est disposé le meuble jumeau, frappé du monogramme du Christ IHS, Iesus Hominem Salvator (ce qui justifie en miroir IOSEPH) et du prénom MARIA aux lettres M et A enlacées, et aux lettres M et R conjointes, le R fusionnant partiellement avec le I .

  Les deux coeurs transpercés se répondent, mais sont différents.

  J'imagine qu'un médaillon ovale était collé à la partie inférieure, là où se voit une trace gris-bleuté.

chapelle-sainte-anne 0601c

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier
15 mars 2012 4 15 /03 /mars /2012 23:33

Église Saint-Vigor de Carolles (Manche):

           les vitraux (1933-1934) de Jacques Simon.

.

.

VOIR:

Liste de 200 articles sur les vitraux.

.

  Les vitraux du choeur de l'église Saint-Vigor ont été réalisés en 1933-34 par le maître-verrier Charles Lorin sur des cartons du peintre carollais Jacques Simon (voir les éléments de sa biographie : Les vitraux de Jacques Simon de Quettreville-sur-Sienne.)

.

  Le maître-verrier :

Les ateliers Lorin ont été fondés à Chartres par Nicolas Lorin en 1863 au pied de la cathédrale ; il effectua de nombreux vitraux à Chartres, Paris, Lyon, New-York, Saïgon, Vienne, etc..., employant 53 personnes en 1878 lors de l'Exposition Universelle. Charles Lorin reprit l'atelier à la fin du XIXe siècle. Il a été chargé par le Ministère des Beaux-Arts de la restauration des verrières de la cathédrale et de l'église Saint-Pierre de Chartres, puis de plusieurs cathédrales et monuments historiques français. François Lorin travailla avec son père avant de poursuivre seul jusqu'à son décès en 1972 l'activité de maître-verrier. J'ai déjà admiré le travail de Charles Lorin à Élliant : Costumes bretons d'Elliant : vitrail et statues.

 

.

  Carolles, station balnéaire, ses vitraux :

 L'église, façade sud :

.

carolles 5653c

.

L'église, façade nord :

carolles 5648c

.

La date 1750 du pignon ouest :

carolles 5656c

.

.  Comme l'explique l'érudit carollais Marius Dujardin dans sa monographie Carolles, station balnéaire et touristique, son histoire et ses sites, La Chaumine 1957 :

"Carolles, dont le charme alliciant attire chaque année un nombre sans cesse croissant de touristes, d'artistes et d'estivants, est une modeste commune du littoral avranchinais, située au point précis où la côte occidentale du Cotentin devient la rive orientale de la Baie du Mont saint-Michel.

  Ses coordonnées géographiques : 48°45'04'' (54,168 grade) de latitude Nord et 1° 33' 32'' (1,732 grade) de longitude ouest de Greenwich, correspondent à peu près à la latitude de Stuttgart, Stalingrad, Sakhaline et Terre-Neuve, et à la longitude de Nexcastle, Bayonne, Tlemcen, Tombouctou et Sainte-Hélène." 

  Autant de détails précieux à celui qui, dédaignant le charme alliciant de son transat déployé sur la digue devant l'alignement des cabines, provisoirement lassé de la pêche aux bouquets ou de la baignade dans les rouleaux, parcourt la campagne où "grâce au Gulf Stream, dont les eaux chaudes viennent baigner son rivage, Carolles" voit pousser en pleine terre "le mimosa, le camélia, l'arbousier et même le palmier chamérops", sans oublier le cyclamen europaeum.

   Dans ce paradis des familles, ce jardin des hespérides des peintres qui y ont leur Vallée, se trouve Un Arbre de Vie, central, capital : l'if multicentenaire de l'église ; et si vos pas vous ont mené près de son tronc chenu, observez l'église, guidés par l'incontournable Marius : " En 1933-34, des travaux considérables ont profondéments modifié la vieille église : l'ancien choeur fut démoli, puis reconstruit dans le style ogival, agrandi de deux spacieuses chapelles, sur les plans de l'architecte André Cheftel ; un chevet original, orné d'une fenêtre à trois lancettes, et trois pointes sur les bas-cotés s'harmonisent avec la vieille tour. Les baies du choeur et des chapelles sont garnies de onze verrières dues à un artiste carollais, le maître Jacques Simon ; ces jolis vitraux dont la description détaillée a été publiée dans la Revue de l'Avranchin de mars 1937 tamisent la lumière sans assombrir et donnent un jeu de couleurs variées selon les diverses heures du jour."

  L'if séculaire :

.

carolles 5655c

 

.

.

I. LES BAS-COTÉS DU CHOEUR:

  Les verrières des bas-cotés évoquent différents saints : saints locaux comme saint Gaud ou Saint Clair qui ont évangélisés la région, soit des saints particulièrement honorés à l'époque où le programme a été élaboré : Bernadette de Lourdes, Jeanne d'Arc ; La sainte Famille est également honorée, ainsi que la Vierge en ses différents vocables : N.D. de Vire, du Cap Lihou, du Voeu à Cherbourg. 

A. Bas-coté Nord : 

 

1. Sainte Bernadette

En bas, sainte Bernadette Soubirous  priant tout en gardant ses moutons 

Au milieu, l'apparition de la Vierge à Bernadette.

En haut, Soeur Marie-Bernard (sainte Bernadette) à Nevers.

  Bernadette Soubirous (1844-1879) fut béatifiée le 14 juin 1925 avant d'être canonisée le 8 décembre 1933. Cette canonisation est donc d'une actualité brulante lors de la réalisation du programme de vitraux de l'église de Carolles qui furent entiérement terminés le 15 septembre 1934, mais débutés en 1933 et donc commandités vers 1932. On comprend que le "premier" vitrail ( situé immédiatement à gauche de la porte d'entrée nord ) lui soit consacré.

.

 

 

                                               carolles 5603c

.

carolles-5604.JPG

.

.

 

 

     2. Scènes de la Sainte Famille

 Vitrail en mémoire de la famille Duferier.

  Si, en 1924, la villa Le Gris-Logis appartenait à M. Ourbak, La Croix-Paqueray à M. le chanoine Frécourt, Le Roc-Fleuri à Madame Richart, si La Jannine dominait toute la vallée du Lude, si encore la Revue de l'Avranchin et du pays de Granville, volume 21 mentionnait  celles de M. Hurten ou du docteur Lizaret, elle précise que la villa Jeanne d'Arc appartenait à Mademoiselle Duferrier. C'est dire que cette dédicace aurait été plus approprièe pour le vitrail consacré à Jeanne d'Arc.

   Cette villa remarquable, située sur le Pignon Butor, fut réquisitionnée en 1940 par les Allemands, avant de d'accueillir après-guerre les colonies de vacances de la ville de Pontoise. 

  Ce vitrail culmine avec une représentation rare : la mort de Saint Joseph.

.

 

                                  carolles 5605c

.

Carolles 146

.

Carolles 145

.

Carolles 144

 

.

.

 

      3. Trois sanctuaires dédiés à la Vierge : 

 

Notre-Dame sur Vire (en bas),

  A La Chapelle-sur-Vire, (Tessy-sur-Vire), à 14 km de St-Lô fut édifiée un sanctuaire  après qu'en 1197 Robert de Troisgots eut appelé les moines de l'abbaye d'Hambye à y fonder un prieuré sur un très ancien lieu de pélerinage païen. Depuis, Notre-Dame-sur-Vire y est vénérée avec ferveur, sa statue du XVe siècle méritant en 1886 le gand honneur du Couronnement.

Le visiteur peut y découvrir une statue d'Anne trinitaire datant du XIIe siècle, date particulièrement précoce pour ce type iconographique: elle mesure une trentaine de centimètres et est en pierre blanche.

  link

  Cette statue nous interesse particulièrement puisqu'elle explique l'image que le vitrail nous donne à voir. La légende raconte en effet qu'au XIIe siècle des pêcheurs sur la Vire ramenèrent dans leur filet une statue représentant sainte Anne, la Vierge et l'Enfant-Jésus : cette découverte favorisa l'institution d'un pélerinage voué à sainte Anne. Puis, une seconde statue fut trouvée par un berger vers la fin du XIIIe siècle (ou fin XVIe) : celle-là est une statue en bois de 90 cm de la Vierge portant à gauche l'Enfant-Jésus tenant une colombe. Elle relança le pélerinage en l'honneur de Marie.

 

 

.

Notre-Dame du Voeu 1145 (au milieu),

  L'abbaye Notre-Dame-du-Voeu est située à Cherbourg-Octeville ; elle fut construite sur la décision de Mathilde l'Emperesse, épouse d'Henri V du Saint-Empire Germanique, en 1145. Cette petite fille de Guillaume le Conquérant, prise dans une terrible tempête entre Angleterre et Normandie, aurait fait voeu d'ériger une église là où elle débarquerait.

Notre-Dame de Lihou (en haut).

  En 1113, après que des marins eurent trouvé une statue de la Vierge dans leur filet, une chapelle fut construite au Cap Lihou ; Puis l'édifice fut agrandi : c'est l'origine de l'église Notre-Dame du Cap-Lihou de Granville, à une quinzaine de kilomètres de Carolles.

.

                               carolles 5606c

Voir en fin d'article la photo intacte !

.

.

B. Bas-cotés du coté Sud : 

1. La vie de Saint Gaud :

En mémoire des familles Gosse et Tanqueray.

 

Saint Gaud, évêque d'Évreux vers l'an 400, vint finir sa vie dans la forêt de Scissy, forêt mythique qui aurait occupé l'actuelle Baie du Mont-Saint-Michel après qu'un raz de marée de l'an 709 soit venu la détruire pour punir les païens qui y vivaient. On pense même que saint Gaud avait sa cellule à Saint-Pair-sur-Mer, commune voisine de Carolles, et qu'il y fut enterrer, son tombeau attirant les foules en pélerinage à Saint-Pair.

.

                             carolles 5617c

.

"Saint Germain, évêque de Rouen  fait sacrer Saint Gaud évêque en 445, en présence de "Sigibole" l'évêque de Sées et de Ereptiole évêque de Coutances". Saint Sigisbold fut le second évêque de Sées vers 460 et Saint Ereptiole (Ereptiolus) le premier évêque de Coutances vers 430-473.

.

Carolles 148

.

Saint Gaud convertit les idolâtres de la forêt de Scissy.

Carolles 149

.

Au dessus, St Pair (ou saint Paterne), premier abbé de l'abbaye de Scissy assiste saint Gaud à ses derniers moments en 491.

 

.

2. Vitrail dédié à saint Clair : 

1. Saint Clair, né à Rochester, s'embarque pour aller évangéliser la Neustrie. 

2. Saint Clair à l'Abbaye de Maudune.

3. Martyre de saint Clair 894.

.

carolles 5622c

 

.

carolles 5620c

 

.

.

3. Vitrail de Jeanne d'Arc.

  Cette verriére est dédiée à Lucette Briens 1906-1926. Mr et Mme Briens ont tenu une charcuterie dans le bourg de Carolles au nord de l'église dans les années 1960.

.

Le panneau inférieur représente Jeanne d'Arc à Domrémy gardant ses moutons et entendant les voix de sainte Marguerite, de saint Michel et de sainte Catherine lui demandant de rester pieuse, de libérer le Royaume de France et de conduire le dauphin sur le trône. 

.

Carolles 127

.

Le 17 juillet 1429, Charles VII est sacrée roi de France à Reims  par l'évêque Renaud de Chartres : Jeanne d'Arc en armure assiste au sacre, tenant son étendard où est inscrit Jésus Marie.

.

Carolles 128

 .

Le panneau suivant rappelle que Jeanne d'Arc, née en 1412 et brulée vive à Rouen en 1431 après un procés en hérésie, a été canonisée le 16 mai 1920. Comme nous l'avons vu pour sainte Bernadette canonisée en 1933, cette canonisation de Jeanne d'Arc est donc, lors de la création de ces vitraux en 1933, d'actualité.

.

Carolles 129

 

.

.

 

II. La maîtresse-vitre du chevet :

   Elle est composée de trois lancettes ogivales. elle est structurée par une croix rappellant le grand "Jubilé de la rédemption" de 1933 où l'Église a commémoré le 19ème centenaire de la Passion et de la Ressurection du Christ. C'est aussi en 1933-34 que l'église de Carolles a été transformée :démolition de l'ancien choeur et de l'ancienne sacristie, réinstallation du cimetière à l'écart du placître, dans un but d'accroissement  de la capacité d'accueil des fidèles, capacité qui a été doublée.

 

                   carolles 5611c

.

.

La lancette de gauche

est consacrée à la vie de Marie, avec de bas en haut l'Annonciation, la Vierge de Compassion ou Pietà, et , au sommet, l'Assomption.

En supériorité se trouvent les armoiries épiscopales de Monseigneur Louvard, évêque du diocèse de Coutances -et-Avranches (1924-1950). L'éveque de Coutances disposait, jusqu'en 1978, d'un privilège, celui du port du pallium, réservé habituellement au pape, aux patriarches, archévêques et primats (sur le pallium, voir la statue de Saint Germain à Kerlaz : Vierges allaitantes IV : Kerlaz, les statues et inscriptions.)

 .

La devise est Sub tuum Maria praesidium

                      Propter opus Christi

La première partie est l'incipit d'une prière à Marie : Sous ta protection nous nous réfugions, Marie. En 1911, cette priére fut décryptée, en grec, sur un papyrus égyptien dit papyrus Rylands. En 1938, Lobels data ce document entre 250 et 280, ce qui place cette invocation comme la plus ancienne prière mariale, devançant l'Ave Maria de plusieurs siècles.

Une version latine du texte grecque donnerait ceci :Sub tuam misericordiam confugimus, Dei Genitrix ! nostras depreciationes ne despicias in necessitabus sed a perditione salva nos sola pura, sola benedicta. ( Sous ta miséricorde nous nous réfugions, Mère de Dieu ! Nos prières, ne les méprises pas dans les nécessités, mais du danger délivre-nous, seule pure, seule bénie).link La seconde devise est une citation de l'épître aux Philippiens, 2,30 : Quoniam propter opus Christi  usque ad mortem accesit, "car il s'est trouvé tout proche de la mort pour avoir voulu servir à l'oeuvre de Jésus-Christ..."

  En dessous, l'ancre de l'espérance (Spes) est un qualificatif de Marie dans les Litanies de la Vierge.

.

 

Carolles 138

.

Carolles 139

.

Carolles 140

.

Carolles 143

 

.

.

La lancette du centre est consacrée à la Vie de Jésus.

De bas en haut : Baptême par Jean-Baptiste dans les eaux du Jourdain, la Cène, la Crucifixion, et le Christ en gloire.

Les armoiries sont celles du pape Pie XI (1922-1939), d'or à l'aigle de sable, parti d'argent à trois tourteaux de gueules.

 

.

 

Carolles 133

.

      Le tétramorphe réunit les quatre attributs des évangélistes qui ont repris les quatre "êtres vivants" du char de la vision d'Ezechiel. 

.

Carolles 134

.

Carolles 135

.

Carolles 136

.

 

Carolles 142

.

       Le vitrail porte une inscription : En mémoire de l'abbé Lecomte, curé de Carolles. L'abbé Gabriel Lecomte (curé à partir de 1884) fut le premier à être inhumé en 1914 dans le nouveau cimetière que le Conseil Municipal avait créé au lieu-dit La Roque-au-Maire sur la route de Sartilly. Le curé et maître d'oeuvre pendant la mise en place des vitraux était l'abbé Milcent (1930-1935).

.

La lancette de droite est consacrée au patron de la paroisse, Saint Vigor.

    Les armoiries sont celles de Mgr Grente, évêque du Mans et bienfaiteur de l'église de Carolles.

      Né le 05-05 1872 à Percy (Manche), Georges  Grente fut évêque du Mans en 1918 archevêque en 1943 et cardinal en 1953 jusqu'à son décès le 4 mai 1959. Il fut nommé en tant qu'historien et essayiste à l'Académie Française en 1936 au fauteuil 32. Ses armoiries sont  :Coupé denché : 1) d'azur à la croix recroisettée et rayonnante d'argent chargé en coeur d'une couronne d'épines de sable -2) d'or à trois bandes de gueules.

      Les devises sont Dieu aide et Notre-Dame

.

                            Dux utinam exemplar

En dessous, le pélican, symbole Christique et eucharistique car il était considéré comme nourrissant ses petits de sa propre chair.

.

Carolles 130

    .

    Saint Vigor dompte le serpent:

 Carolles 131

.

.

Saint Vigor prie à Réviers près de Bayeux pour convertir les idolâtres :

  C'est le moment d'ouvrir à nouveau la monographie de Marius Dujardin : 

D’après les « Acta Sanctorum » des Bollandistes, VIGOR naquit à Arras d’une famille noble et pieuse . il fit de solides études sous la direction de saint Vaast ; à la fin de son adolescence, il s’enfuit de la maison paternelle en compagnie d’un jeune camarade nommé Théodomir ; tous deux se fixèrent à Reviers (à 4 km. de Bayeux), et Vigor fit des prédications aux habitants de la région. Peu à peu,  des bruits se répandirent au sujet de miracles attribués à Vigor : un enfant ressuscité, la vue rendue à des aveugles, l’ouïe à des sourds, le mouvement à des paralytiques, etc...

« Un seigneur, nommé Volusien, pria Vigor de venir dans une de ses « forêts où vivait un énorme serpent qui faisait d’affreux ravages ; Vigor  « se rendit au repaire du monstre, leva la main et fit le signe de la croix : « la  bête tomba, terrassée ; il lui mit son étole autour du cou et la remit, « ainsi  enchaînée, aux mains de Théodomir qui l’emmena et la noya. En « reconnaissance, Volusien fit don à Vigor du lieu dit « Cerisy » où « s’était  passé le miracle. Vigor y fonda un monastère et y construisit « une église (qui fut ultérieurement détruite par les Normands, mais « reconstruite par Robert 1er duc de Normandie, qui la dédia à saint « Vigor ; les sceaux de l’abbaye de Cerisy, gravés au XVIIe siècle, « représentent le miracle ».

.

Carolles 132

.

Le jeune Vigor est revigoré par Saint Waast évêque d'Arras.

.

Carolles 141

 

.

.

 III. La chapelle latérale Notre-Dame-de-la Mer coté nord.

.

 

                           carolles 5607c

.

carolles 5608c

 

.

IV. La chapelle latérale Saint-Michel du  coté sud.

 En mémoire de la famille Delarue.

  Dans les années 1910, Mr et Mme Delarue tenaient une boucherie (Boucherie Delarue-Morel) à Carolles.

  L'invocation à Saint Michel Archange rappelle bien-entendu la présence du Mont, cher au cœur de Jacques Simon comme à celui de tous les Carollais.

.

Carolles 151

Carolles 152

.

carolles 5612c

.

.

  Une fine inscription porte la date du 15 septembre 1934:

M.Dano, Noële Simon, Bouceron De Schneder Reverdy Chauffou Gustave Blanchet dit BSS ont collaboré à la réussite de ce vitrail. Priez pour eux et pour Jacques Simon. Charles Lorin.

Comme l'indique cette inscription, l'atelier a fait également appel, au moins pour cette verrière,  à Marthe Dano, première femme ayant participé à la production chez Lorin , et également mentionnée pour les cartons de trois vitraux de la collégiale Saint-Pierre de Douai en 1934 ( F. Baligand, Les vitraux de la Collégiale de Douai, Les Amis de Douai juin 2020 t.XVII n°2) ou pour le mémorial des batailles de la Marne de Dormans en 1930.

.

Carolles 176

.

Une autre inscription précise l'achèvement du vitrail:

  "Ce vitrail et ceux du choeur ont été terminés le 15 septembre 1934 avec la collaboration de Mlle Marthe Dano, de M. Schneider, ... Re(verd)y Chauffour Blanchet et Noële Simon Jacques Simon.

.

carolles 5615c

 

.

.

V Le vitrail de sainte Anne par Noële Simon

dans la tour, coté sud .

Vitrail SANCTA ANNA "in mémorial Paul Labbé", sans date, signé Ch. Lorin et Gle.

  Paul Labbé : sans-doute s'agit-il du Paul Labbé dont la note nécrologique est parue dans les Annales de géographie de 1945 : né à Arpajon en 1867, il fut, après des études au lycée Michelet, des études de droit et l'obtention du diplome de l'École des Sciences Politiques, l'un des premiers français qui, parlant le russe, voyagèrent en Russie et en Asie à la fin du XIXe siècle. Explorant la Russie, la Sibérie, le Turkestan, les steppes kirghizes, la Mongolie et la Mandchourie, il procura au Museum d'Histoire Naturelle ou au Musée Guimet des documents de premier intérêt, de par sa curiosité pour le chamanisme. Il fut par la suite secrétaire de la Société géographique commerciale puis de l'Alliance Française (1919-1935). Il est l'auteur de : Les Russes en Extrème-Orient (1904), Sur les grandes routes de Russie (1905), Un bagne russe, l'île de Sakhaline ( 1905), Les Lamas de Sibérie (1909), La vivante Roumanie (1913), L'histoire d'un jeune Serbe (1918).  

Paul Labbé est décédé à Carolles en 1940 (?) ou plutôt en 1943.

 

Mme Paul Labbé fut membre du Conseil Municipal en 1953.

.

carolles 5609c

.

Détail : Anne trinitaire. On sait (  Les vitraux de Jacques Simon de Quettreville-sur-Sienne.) que ce thème a déjà été illustré par Jacques Simon. Il est ici repris par sa fille. Deux symboles, le chandelier à sept branches en haut à droite et la croix en bas à gauche, témoignent de la place d'Anne et de Marie, pour l'Église,  dans la transition entre Judaisme et Christianisme. 

  Bien-sûr, cette Anne trinitaire renvoie aussi à celle de La Chapelle-Sur-Vire que nous avons découverte sur le vitrail des sanctuaires mariales de la Manche.

.

carolles 5610c

 

.

.

.

  VI. LES VITRAUX DE LA NEF.

      En 1897, le curé avait fait réaliser six verrières peintes. Lors des travaux de 1933, trois de ces vitraux du XIXe ont été déposés et entreposés dans le grenier du presbytère ; trois verrières figuratives et un oculus sont encore en place.  Il s'agit de trois vitraux en grisaille et jaune d'argent de l'atelier Duhamel-Marette datant de 1897:

  Louis-Gustave Duhamel, formé à l'Ecole des Beaux-Arts de Rouen puis à l'atelier du maître-verrier Bernard, également à Rouen, s'associa vers 1860 à un "peintre-verrier" d'Évreux, Jean-Gabriel Marette dont il épousa la fille Marie-Adeline. Sous le nom de Duhamel-Marette, cet atelier ébroïcien devint l'un des principaux artisans de renouveau de l'art du vitrail en Normandie, actif aussi bien dans la restauration de vitraux anciens que dans la création de verrières dans le style du Moyen-Âge et de la Renaissance et sa production fut exportée bien au-delà des limites régionales. Au début du XXe siècle, un associé, Maurice Muraire prit la succession et dirigea l'atelier jusqu'à sa mort au champ d'honneur en 1914.

  L'atelier Duhamel-Marette-Muraitre à Évreux, 1844-1914, a exécuté les vitraux de très nombreuses églises de Normandie, ou en a restauré les verrières anciennes à commencer par la cathédrale du Havre ou l'Abbaye de Le Breuil-Benoît, mais aussi  à Rouen, Donville, etc...

 

.

 

 1. Premier vitrail coté sud, venant du choeur : Sainte Famille, avec Jean-Baptiste.

Inscription : "Donné par Madame des Aigremonts".

  Blason couronné d'hermine à trois chaînes d'or et surmonté de la couronne de marquis: 

  Marius Dujardin mentionne dans son Histoire des bains de mer, qu'à la veille de la guerre de 1870, trois nouvelles villas furent construites à Carolles, dont l'une sur la Hogue du Baisier par "M. DES AIGREMONTS, propriétaire à Avranche". Par aileurs, je trouve mention de Mme Charles du Tertre des Aigremonts, demeurant maison Lechevretel en 1902 (à Avranches ?). 

.

carolles 5628v

.

Détail, le médaillon.

carolles 5630c

.

.

 

2. Deuxième vitrail coté sud : Jésus bénissant les enfants. 

Inscription : "L'enfant qui aime Jésus est et sera heureux".

carolles 5632c

.

Signature du verrier :

Duhamel-Marette, peintre-verrier à Évreux".

 

carolles 5634c

 

.

.

 

3. Vitrail du coté nord : Saint Vigor guérissant les malades.

 Inscription: " Donné par M. A. Lecomte, curé de Carolles 1897". Nous avons déjà mentionné l'abbé Gabriel Lecomte, curé de Carolles à partir de 1884, et décédé en 1914.

.

carolles 5637c

.

.

VII. Autres objets remarquables :

1. Tableau : Le Mariage mystique de sainte Catherine de Sienne avec saint Sébastien.

Copie, selon le Registre paroissial 1884-1913, par Jacques Sage du tableau d'Antonio Allegri, dit Le Corrège (1489-1534) exposé au Louvre Aile Denon, Premier étage), qui date de 1526-1527. L'Enfant-Jésus, qui tient l'anneau nuptial dans la main droite, s'apprête à le glisser à l'annulaire droit de la sainte, sous le regard intéressé de saint Sébastien, dont on voit le martyr en arrière-plan. Cette scène est inspirée de la Légende Dorée de Jacques de Voragine.

  Cette peinture à l'huile encadrée daterait du XVIIIe siècle.

  On peut rapprocher cette copie de celle réalisée en 1889 par Céline de Gonzalva pour l'église de Bordère-Louron (65), et placée dans celle de St-André d'Ausillon : link .

carolles 5624c

.

L'original :link, Lettres.ac-Rouen.fr : 

 

.

 

  2. Les Fonts baptismaux.

  Ils dateraient du XIV-XVe siècle, sur un support de 1750. Granit, couvercle en bois.

carolles 5646c

.

 

3. La statue de saint Vigor avec le dragon, Pierre, XVe :

  La statue, qui avait peut-être été cachée pendant la Révolution, a été retrouvée lors de travaux en 1933.

carolles 5635c

.

 

4. Statue de saint Mathurin, Pierre calcaire, XVe siècle :

  Le diacre est représenté exorcisant la princesse Théodora, qui rejette la diable qui la possédait. 

 

carolles 5642c

   La statue est accompagnée d'une petite pancarte portant ces mots : "Selon la Légende Dorée, saint Mathurin est originaire du Gâtinais au IVe siècle. Il exorcise la princesse Théodora, fille de l'empereur Maximilien. Celle-ci est représentée vomissant le diable. Il n'est pas étonnant que saint Mathurin soit invoquée contre l'épilepsie, les états d'anémie et la dépression, contre toute maladie mentale, mais encore contre le rabonissement des mégères et autres mauvaises langues."

 

  Ce "rabonnissement des mégères" a toujours fait notre bonheur. "Rabonir", c'est "bonifier, rendre meilleur", et le terme était plus souvent utilisé, comme par Balzac dans Eugénie Grandet, à propos du vin que les bonnes caves amélioraient, jusqu'à ce que Louis Réau, dans son Iconographie de l'art chrétien (1955) ne l'applique aux talents de saint Mathurin à l'égard des méchantes femmes. Quand aux "mégères", femmes acariâtres et méchantes, elles englobaient les mauvaises épouses, les belles-mères ou les belles-filles, ce qui laisse à penser que nombreux sont ceux qui souhaitaient invoquer le saint à l'intention d'une parente proche...

  On sait en général que Mathurin est natif de la commune de Larchant, et qu'après sa conversion au christianisme, il  fut ordonné prêtre par l'évêque Polycarpe. Il développa vite un don particulier pour chasser les démons des possédés et hystériques. Lorsqu'à Rome, tous les éxorcistes s'avérèrent incapable de soigner  Théodora de sa folie, et que le démon lui-même, lors d'une séance, eut déclaré "Je ne sortirai point, si Mathurin le sénonais ne me chasse ; et c'est lui qui délivrera le peuple romain de la pestilence présente", on convoqua le saint. Il imposa les mains, fit avaler une cuillère d'huile, et Théodora fut guérie.

  Mais ce que l'on connaît moins, c'est Saint Pipe. Le compagnon de Mathurin, un simple diacre qui accéda à la sainteté après la mort du saint exorciste  pour avoir ramené le corps de son ami de Rome à Larchant. Lui-même mourût le 2 octobre 306. On ne le prie pas assez. 

 

 

Carolles, baie nord, trois sanctuaires : Notre-Dame-sur-Vire (La Chapelle-sur-Vire), Notre-Dame-du Vœu (Cherbourg-Octeville), Notre-Dame-de-Lihou (Granville).

Carolles, baie nord, trois sanctuaires : Notre-Dame-sur-Vire (La Chapelle-sur-Vire), Notre-Dame-du Vœu (Cherbourg-Octeville), Notre-Dame-de-Lihou (Granville).

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
15 mars 2012 4 15 /03 /mars /2012 18:59

L'église Saint-Pierre de Coutances (Manche)

Statues, vitraux inscriptions.

 

 

I. Statues

 1. Éducation de la Vierge (XVIe siècle, dans une niche du pur XVe),

Sainte Anneet la Vierge accompagnées du donateur en orant.

 

eglise-saint-pierre 6434cc

 

2. 

eglise-saint-pierre 6459

 

Fonts baptismaux : le serpent du péché originel et sa pomme :

eglise-saint-pierre 6465c

 

II. Inscriptions :

eglise-saint-pierre 6436s

 

Les maistres massons de ceste ville ont fondé à perpetuite en léglise de ceans deux messes a note à diacre et soulz diacre et coeuriers en p(ré)cédent d'icelles suite departir et ptellin dehors s'il n'est dimenche lune le our de la Somption n(o)tre dame et lautre le p(re)mier jour de juin monsieur St Jouvin a lheure de huict a neuf heures tintees trente coups de la grosse cloche et de un quart a vol la sequence et libera jour ...le (con)trat du XXVIIIe jour de decembre 1582.

eglise-saint-pierre 6441c

  Cydevant gist m(essire) aubin bouillo(n) p(re)b(t)re lun des habitues de cea(n)s lequel deceda le jour sainct michel lan mil cinq centz cinqua(n)te  deux  pries dieu pour luy. p(ater)n(oste)r. ave maria.

eglise-saint-pierre 6446c

 

eglise-saint-pierre 6451c

eglise-saint-pierre 6452c

 

eglise-saint-pierre 6453c

 

  Cy devant giesent Jehan Dymont bourg(e)ois de Coustances et sa femme et plusieurs de leurs enfan(t)s, lesquels ont fondé en cette église cha(cu)n an ung obit solennel le premier mercredy de Caresme après les brandons à deux messes et vespres le jour précédent. Pries pour eulx. Pater n(ostr)r.


 

eglise-saint-pierre 6455c

Première pierre de l'église Saint-Pierre :

Lan mil cccc IIIIxx et XIII [1494] le jo(ur) S george fut réédifié ceste p(rése)nte église ap(rè)s la Ruine et Démolition d'icelle moyen(nant) l'aide et singuliére affection de r(évérend) p(ère) en dieu Mont(seigneur) Geoffroy

  (Goeffroy Herbert, évêque de Coutances)

 

III. Vitraux :

eglise-saint-pierre 6422c

eglise-saint-pierre 6423c

 

 

 eglise-saint-pierre 6427c

 

eglise-saint-pierre 6429c

eglise-saint-pierre 6430c eglise-saint-pierre 6430cc eglise-saint-pierre 6432c

 

eglise-saint-pierre 6432cc

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier
14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 22:33

             Église de Quettreville-sur-Sienne

              Les vitraux de Jacques Simon

 

.

.

VOIR AUSSI

Liste de 200 articles sur les vitraux.

.

Ces vitraux datent de 1949, ils relèvent de la campagne de reconstruction du patrimoine religieux après les destructions de la Seconde Guerre Mondiale.

  Ils sont consacrés à trois thèmes différents :

  • La légende de Sainte Agathe.
  • Sainte Anne.
  • Les sept sacrements et les sept péchés capitaux.

.

I. La légende de sainte Agathe.

.

Ste Agathe refusant d'adorer les faux dieux est martyrisée sur les ordres de Quincianus.

  Il est amusant de constater la ressemblance de la légende de sainte Agathe, rapportée par la Légende Dorée de Jacques de Voragine, avec celle de Sainte Barbe Vierges allaitantes VII : Chapelle de Lannelec à Pleyben, Ste Barbe. . Comme elle, Agathe vécut au IIIe siècle dans une famille noble, comme elle, la jeune fille était très belle et refusait de se marier pour consacrer sa virginité au nouveau dieu, au monothéisme trinitaire de la religion chrétienne. Mais au lieu de se passer au Liban actuel, l'histoire se déroule en Sicile, à Catane, et Agathe y est courtisé par le proconsul Quintien. Devant son refus, Quintien l'envoie dans un lupanar dans la tenancière Aphrodisie est chargée, en vain, de la faire renoncer à ses croyances ; la jeune fille est opiniâtre, et le proconsul la jette en prison et la fait torturer, les bourreaux lui arrache les seins à l'aide de  tenailles, mais l'apôtre Pierre vient en personne la visiter dans sa cellule et guérir ses blessures ! "elle se trouva guérie par tout son corps et sa mamelle était rétablie en sa poitrine ". Cela déplut à Quintien qui donna l'ordre de parsemer la place de pots cassés, que sur ces tessons on répandit des charbons ardents puis qu'on la roulât toute nue dessus. "Je vais voir si le Christ te guérira !".

  Mais à ce moment survint un terrible tremblement de terre ; deux conseillers sont écrasés sous les ruines du palais, et le peuple se révolte et dit que le ciel se venge de l'extrême cruauté avec laquelle Agathe est torturée. Ramenée dans sa prison, Agathe pousse un grand cri et meurt, "vers l'an du Seigneur 253, sous l'empire de Dèce.  Quintien compte faire l'inventaire des richesses de la Sainte pour s'en emparer, mais "deux de ses chevaux prirent le mors au dents et se mirent à ruer ; l'un le mordit et l'autre le frappa du pied et le fit tomber dans un fleuve, sans qu'on pût jamais retrouver son corps."

 

Depuis, elle est fêtée le 5 février : on verra ici que ce n'est pas un hasard :   8 février : premier papillon ! ou le réveil de l'Ours . On l'invoque pour se protéger des tremblements de terre, des éruptions volcaniques et des incendies.Les nourrices la prient de leur accorder beaucoup de lait.

.

 

 1.  Les seins de Sainte Agathe :

 

 

 "Alors le consul la fit jeter en prison, parce qu'elle le confondait publiquement par ses discours. Elle y alla avec une grande liesse et gloire, comme si elle fût invitée à un festin ; et elle recommandait son combat au Seigneur. Le jour suivant, Quintien lui dit : "Renie le Christ et adore les dieux" Sur son refus, il la fit suspendre à un chevalet et torturer. Agathe dit : "Dans ces supplices, ma délectation est celle d'un homme qui apprend une bonne nouvelle, ou qui voit une personne longtemps attendue, ou qui a découvert de grands trésors. Le froment ne peut être serré au grenier qu'après avoir été  fortement battu pour être séparé de sa balle ; de même mon âme ne peut entrer au paradis avec la palme du martyre que mon corps n'ait été déchiré avec violence par les bourreaux." Quintien en colère lui fit tordre les mamelles et ordonna qu'après les avoir longtemps tenaillées on le lui arrachât. Agathe lui dit : "Impie, cruel et affreux tyran, n'as-tu pas honte de mutiler dans une femme ce que tu as sucé toi-même dans ta mère ? J'ai dans mon âme des mamelles toutes saines avec lesquelles je nourris tous mes sens ; et que j'ai consacrées au Seigneur dès mon enfance". Et toc !

Jacques de Voragine, Légende Dorée, 

.

 

ste-agathe 6377cc

 

.

2. Agathe secourue par Saint Pierre :

ste-agathe-3749.JPG

.

3. "Ste Agathe menacée de nouveaux supplices, la ville de Catane est détruite par un tremblement de terre.

ste-agathe-3759cc.jpg

.

.

4. "Les habitants de Catane sauvent leur ville en présentant devant les flammes le voile de Ste Agathe.

"Un an après, vers le jour de la fête de  sainte  Agathe, une montagne très haute qui est près de la ville [l'Etna] fit éruption et vomit du feu qui descendait comme un torrent de la montagne, mettait en fusion les rochers et la terre, et venait avec impétuosité sur la ville. Alors une multitude de païens descendirent de la montagne, coururent au sépulcre de la sainte, prirent le voile dont il était couvert et le placèrent devant le feu. Le jour du martyre de cette vierge le feu s'arrêta subitement et ne s'avança pas." (Légende Dorée)

  .

 

ste-agathe 6376c

.

.

5. "Un ange suivi de cent enfants apporte une inscription lors de la sépulture de Ste Agathe."

 "Au moment où les fidèles ensevelissaient son corps avec des aromates et le mettaient dans le sarcophage, apparut un jeune homme vêtu de soieries, accompagné de plus de cent autres hommes fort beaux, ornés de riches vêtements blancs, qu'on avait jamais vu dans le pays ; il s'approcha du corps de la sainte, à la tête de laquelle il plaça une tablette de marbre ; après quoi il disparut aussitôt. Or, cette tablette portait cette inscription : "Âme sainte, généreuse,honneur de Dieu, et libératrice de sa patrie."  (Légende Dorée)

.

ste-agathe 6372c

.

.

      6. "Des chevaliers normands revenant de Sicile rapportent à Quettreville le culte de Ste Agathe."

.

 ste-agathe 6368c

 

.

.

      II. Ste Anne

1 "Ste Anne et son époux St Joachim présentent au temple la Vierge Marie "

 ste-anne 6407c

.

.

      2. Groupe  de Sainte Anne trinitaire.

Sainte Anne tient comme un enfant la Vierge Marie qui tient elle-même un Enfant Jésus minuscule, mais auréolé et ouvrant les bras en croix : par similitude avec la Trinité divine, ces trois personnages constituent la Trinité humaine*.

On trouve ces groupes représentés en sculpture dans le Finistère, où la moyenne vallée de l'Aulne en offre des témoignages dans la chapelle Notre-Dame de Tréguron en Gouezec, Vierges allaitantes I : N.D de Tréguron à Gouezec, la chapelle et ses saints., mais aussi dans la chapelle Notre-Dame de Châteaulin, dans l'église du Vieux Bourg en Lothey, dans celle de Saint-Thois, de Chateauneuf du Faou, dans la chapelle Sainte-Anne de Daoulas ou en l'ossuaire de Saint-Hernin, en la chapelle de la  Madeleine de Moustoir en St Goazec.**.

  Plus loin, c'est en Belgique, en pays mosan, qu'on peut voir à l'église Saint-Willibrord de Maamechelen ou à l'église Saint-Antoine de Oosthoven des Trinités humaines.

Citons aussi : de très nombreux exemples ici : link

 ou bien :http://culture-religieuse-sainte-anne.over-blog.com/pages/Sainte_Anne-4399574.html

.

.

Ailleurs, comme en Sainte-Marie du Menez-Hom, elle est représentée seule, tenant un livre en attribut, ou encore accompagnée de Sainte Marie à qui elle enseigne la lecture des Saintes Écritures.

* L. Reau, Iconographie de l'art chrétien, Paris, 1955-1959, tII, p. 146-159.

** Guy Leclerc, Groupe de Sainte Anne trinitaire, Bull. Société Arch. Finist 1991, pp 150-154.

.

 ste-anne 6408c

.

 

      Châteaulin, chapelle Notre-Dame :

chateaulin-notre-dame 1124c

.

Chapelle Notre-Dame de Trèguron à Gouezec :

.

DSCN2514c

.

Daoulas, chapelle Sainte-Anne:  La chapelle Sainte-Anne à Daoulas.

chapelle-sainte-anne 0584c

.

L'église Notre-Dame à Chateauneuf du Faou :  L'église Saint-Julien et Notre-Dame à Châteauneuf du Faou.

chateauneuf 0685x

.

.

      III. Les sacrements.

sacrement 6406c

.

sacrement 6402c

.

sacrement 6397c

.

 

 

sacrement 6400c

.

 

sacrement 6404c

.

sacrement 6394c

.

sacrement 6384c

.

 

      Les péchés capitaux :

  en verre gravé :

 querqueville 6395c

.

 

 querqueville 6396c querqueville 6399c

.

 

 querqueville 6401c  querqueville 6403c

.

 querqueville 6405c

.

.

 

V. Statue de Saint Gaud :

 

querqueville 6416

 

 

.

 

 

 

   VI.   Le peintre Jacques Simon

      Jacques Roger Simon est un peintre-paysagiste, orientaliste, aquarelliste, aquafortiste, lithographe, illustrateur et cartonnier français né à Paris le 21 novembre 1875 et décédé à Carolles (Manche) en 1965. Il a vécu la fin de sa vie, jusqu'à 90 ans, dans son atelier carollais de "la Bellengerie"* situé dans la rue qui porte désormais son nom. 

* du nom de son épouse Isabelle Bellenger, fille du graveur sur bois Albert Bellenger

 

 Fils du peintre orientaliste reconnu Ernest Simon, et lui-même élève de Bouguereau et de Gabriel Ferier, de Cotte et Maignan, de l'académie Julian et de l'école des Beaux-Arts de Paris, il acréé les vitraux de l'église de Carolles et de celle de Marquillies (Nord).

  A Carolles, il est connu comme peintre de la nature, du bocage normand, il figure parmi la quarantaine d'artistes de la Vallée des Peintres et il est réputé pour ses peintures et aquarelles du Mont Saint-Michel, pour les lithographies illustrant les livres qui évoquent le Mont, Granville, Carolles ou l'Avranchin, ou qui traitent, comme Les belles foires de la Manche ou La Manche vue par les écrivains, du département entier. Il illustre bien-sûr le livre Carolles, Manche de 1949, Une journée au Mont (1950), 

 Peintre normand ?  Jean de La Varende en était convaincu, mais ce serait un erreur d'oublier sa valeur de peintre orientaliste, épris de la Kabilie. Il visite l'Espagne et Tanger en 1901, la Tunisie en 1903, Abd-el-Tif et l'Algérie en 1908, le Maroc après 1918. En 1928 en Algérie il est un admirateur de Marquet. Il fut membre de la Société des peintres orientalistes français.

.

  Sa fille et élève Noële Simon (1916-2005) est l'auteure du vitrail de Sainte Anne pour l'église de Carolles.

Source :http://memoiredesartistes.free.fr/Dictionnaire.htm

.

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
12 mars 2012 1 12 /03 /mars /2012 17:48

L'église Saint-Pierre de Plonevez-du-Faou:

                 les bannières.

 

I. La bannière contemporaine.

 

Elle a été réalisée par la maison Le Minor de Pont-L'Abbé sur un carton de A. Queffelec. Une face est dédiée à l'église paroissiale Saint-Pierre et aux chapelles de Quilliou et de Saint-Clair. On y lit la devises de la commune, Kalet 'vel an dero eeun 'giz ar fao, "solide comme un chêne, droit comme un hêtre".

bannieres 0101c

Annick Queffelec, artiste-peintre qui a son atelier du Moulin-à-vent sur la commune, a travaillé sur les vitraux des deux chapelles de Quilliou et de Saint-Clair.

 

L'autre face est dédiée à Saint-Herbot et à sa chapelle : le saint patron des bêtes à cornes y est entouré d'une jolie frise faite de têtes de vaches et de crosses de  feuilles de fougères.

bannieres 0105c


II. Les bannières anciennes :

1. Bannière de la Congrégation des Enfants de Marie.

  a) La Congrégation :

Il s'agirait de l'ancienne Confrérie de l'Immaculée Conception, puis/ou de la congrégation des Enfants de Marie immaculée : j'apprends sur Facebook qu' en 1830, les Filles de la Charité créèrent l'association des Enfants de Marie Immaculée pour regrouper des adolescentes afin de former une "élite de piété" et de dispenser un enseignement centré, par la dévotion mariale, sur la pratique d'un catholicisme social. Ce serait l'équivalent pour les jeunes filles de la Confrérie du Rosaire pour les femmes. Mais un Manuel à l'usage de la Congrégation des Enfants de Marie et de Sainte Agnès mentionne une fondation en 1864 à Rome, avec attribution d'indulgences par Pie IX aux congrégationnistes. Le but en est "de mettre les jeunes personnes sous la protection toute spéciale de la Sainte et Immaculée Vierge Marie et de Sainte Agnès, et de les aider ainsi à conserver les fruits d'une éducation chrétienne, à les préserver des dangers du monde et à les porter à la piété et à la pratique de toute vertu". La condition est d'être âgée de 14 ans, de donner des signes évidents de conduite exemplaire, et d'être approuvée après une période probatoire.

  Les Enfants de Marie portaient une médaille pieuse avec l'inscription Monstra te esse matrem qui provient de l'hymne dévotionnel Ave Maria Stella, le monogramme de Marie et l'image de l'Immaculée Conception dont les mains dispensent, sous forme de rayons, les grâces que procurent sa dévotion.

  On parle aussi de Jeunesse Mariale.

 

  La bannière représente la Sainte Famille sur un cercle de pelouse verte encadré à droite et à gauche par trois tiges produisant des feuilles stylisées qui développent des rinceaux à volutes et des palmettes. Ce cadre évoque un locus ameonus idéal, un hortus conclusus où régne l'innocence et la perfection morale.



bannieres 0051c

 

b) Armoiries pontificales de Pie X

  Le pontificat de Pie X s'étend de 1903 à 1914. 

- armoiries : Pie X, Giuseppe Melchior Sarto (1835-1914) fut patriarche de Venise et cardinal-prêtre de San Bernardo alle Terme : les armoiries de Mgr Sarto étaient d'azur à l'ancre tridentée d'argent au naturel au dessus d'une mer agitée, illuminée d'une étoile d'or. Les trois branches de l'ancre symbolise la foi, la charité et l'espérance "que nous retenons pour notre âme comme une encre sûre et ferme" (Hebr,VI,19) et l'étoile rappelle Marie, étoile de la mer. Devenu patriarche de Venise, il ajouta le lion ailé tenant l'évangile, le lion de Saint Marc. patron de Venise.

 -Devise : instaurare omnia in Christo, "renouveller toute chose dans le Christ". 

C'est le seul pape canonisé  du XXe siècle (en 1954). On lui doit le Catéchisme de Saint Pie X, ou Catéchisme de la doctrine chrétienne.

  Il a marqué son pontificat par sa lutte contre le modernisme.

 

  La vue de détail permet d'admirer la finesse du travail de broderie au fil d'or. 

bannieres 0061c

 

c) Armoiries épiscopales de Mgr Duparc.

  Adolphe Yves-Marie Duparc (Lorient 1857-Quimper 1946), fut évêque de Quimper et Léon de 1908 à 1946.

Ses armoiries sont "parti 1) d'azur à l'agneau d'argent -2) d'or au lion de sable tenant une crosse 3) Sit : un chef d'hermines"

 Sa devise est : Meulet ra vezo Jezuz Krist , "Que soit loué Jésus-Christ". 

bannieres 0062c

 

  Ces armoiries permettent de dater la bannière entre 1908 et 1914.

 

d) le verso de cette bannière :

porte une inscription en breton de dévotion mariale : Itron Varia ...edit evidomp, et le monogramme de la Vierge.

bannieres 0059c

 


2. Bannière du Sacré-Coeur 

bannieres 0052c

 


3. Bannière du Sacré Coeur de Jésus.

bannieres 0053c

 


4. Bannière à la Vierge à l'Enfant, couronnée.

bannieres 0054c

 

5. Bannière dédiée à Marie.


bannieres 0055c

6. Bannière de Saint Pierre, patron de la paroisse:

Sant Per, Pedit Evipomp, Saint Pierre, priez pour nous.

 

bannieres 0060c

 


Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier
12 mars 2012 1 12 /03 /mars /2012 17:45

Église Saint-Pierre de Plonevez-du-Faou ;le choeur :

  les statues, les apôtres de l'autel.

 

  

      A gauche de l'autel, Vierge à l'enfant: 

  Certains traits (cheveux longs, poignets des manches cannelés) la rapproche du groupe des vierges allaitantes ; l'enfant est tourné à l'opposé de sa mère, les bras écartés, tenant une pomme-globe, vêtu d'une robe à galon doré.

 statue-retable 0087c

      A droite de l'autel, Saint-Pierre, en évêque ou en premier pape avec les sandales pontificales rouges, les chirotèques rouges.

statue-retable 0086c

 

  

      Le rétable des apôtres sur le maître autel :

   Selon le site topic-topos, ce serait le travail des menuisiers de la Marine aux arsenaux de Brest, qui trouvent dans l'art religieux des débouchés face à la diminution des commandes de navire.

  Les douze apôtres sont répartis en deux groupes de six dans des niches néogothiques, alors qeu le tabernacle hexagonal reçoit les statuettes des évangélistes.

statue-retable 0080c

 


      De gauche à droite : saint Pierre et sa clef, Saint ? doté d'une plume, Saint Jean imberbe, Saint Matthieu avec une hache, Saint Simon et sa scie

statue-retable 0081cc

Deuxième groupe : Saint ?, Jacques le mineur avec le bâton de foulon, Philippe ? a l'attribut perdu, Thomas avec le T, Jacques le majeur et ses coquilles : finalement, j'y perds mon latin.

statue-retable 0085c

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier

Présentation

  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
  • Contact

Profil

  • jean-yves cordier
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)

Recherche