Zoonymie des Odonates : les noms du Sympetrum danae (Sulzer, 1776), "le Sympétrum noir".
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Zoonymie ? L'étude des noms des animaux (zoo). Comme dans Toponymie, Oronymie, Hydronymie, ou Anthroponymie, mais pour les bêtes.
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Zoonymie des Odonates.
GÉNÉRALITÉS
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Avant l'ère des noms, celle des enluminures. Les manuscrits français de la BnF (base Mandragore).
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Avant l'ère des noms, les enluminures de Jean Bourdichon dans les Grandes Heures d'Anne de Bretagne.
ANISOPTÈRES
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Zoonymie pré-linnéenne des Odonates : origine du nom de genre Libellula, Linnaeus, 1758.
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Le genre Gomphus, Leach, 1815.
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les noms de Somatochlora flavomaculata (Vander Linden, 1825), "la Cordulie à taches jaunes".
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les noms de Gomphus pulchellus, (Selys, 1840), "le Gomphe joli".
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les noms de Gomphus simillimus (Sélys, 1840), "le Gomphe semblable".
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les noms de Gomphus vulgatissimus (Linnaeus, 1758), le Gomphe vulgaire.
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ZYGOPTÈRES
BIBLIO :
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Résumé.
— Sympetrum, Newman, 1833, Ent. mag. , 1:511.. Des deux suffixes grecs σύμπυκνος, sympiezein "comprimé" et ἦτρον, êtron "abdomen" : "qui a l'abdomen comprimé latéralement". En 1833, l'entomologiste britannique Edward Newman répartit les Libellulidae en quatre genres selon la forme de leur abdomen (-etrum) : les Sympetrum "à l'abdomen latéralement comprimé" comme S. vulgatum, les Orthetrum "à l'abdomen parallèle latéralement" comme O. cancellatum et O coerulescens, les Platetrum "à l'abdomen dilaté et aplati" comme L.depressa, et les Leptetrum "à l'abdomen conique et pointu" comme L. quadrimaculata. Seuls les deux premiers genres ont été conservés, mais la distinction par la morphologie de l'abdomen a perdu de sa pertinence.
— danae, Sulzer, 1776, Abh. Gesch. :169, et II. tab. XXIVfig.3. Danae, nom de l'héroïne de la mythologie grecque fécondée par Zeus sous la forme d'une pluie d'or, et mère de Persée. Ce choix témoigne d'une fidélité de Sulzer à la tradition des naturalistes (ou des peuples) créant une comparaison entre les Odonates et les jeunes filles vierges. Cf. entre autre le nom "Demoiselle" en français et "Wasserjungfer" en allemand, ou ceux de L. Phyllis et L. nymphula, Sulzer 1776, ou L. virgo, Linnaeus 1758.
— Noms en français : 1°) "Le Sympétrum noir", P.-A. Robert, 1958. C'est le nom qui fait consensus aujourd'hui, il qualifie la couleur sombre des mâles matures, au corps, aux ptérostigmas, aux pattes et aux yeux noirs. 2°) (en synonyme par référence à Libellula scotica (Donavan 1811) : "Le Sympétrum écossais", P.-A. Robert, 1958.
— Noms en d'autres langues : tous signalent la couleur noire :
-en anglais : the black darter or black meadowhawk
-en allemand : Schwarze Heidelibelle
-en néerlandais : De zwarte heidelibel
-en suédois : Svart ängstrollslända
-en gallois : gwaell ddu
- en frison : Swarte heidelibel, Swart hopke
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Libellula danae, Sulzer, Johann Heinrich, 1776. Abgekürzte Geschichte der Insecten nach dem Linnaeischen System. Erster Theil. - pp. I-XXVIII [= 1-28], 1-274. Winterthur. (H. Steiner) page 169.
https://gdz.sub.uni-goettingen.de/id/PPN574026746?tify={%22pages%22:[197],%22panX%22:0.4,%22panY%22:0.345,%22view%22:%22info%22,%22zoom%22:0.934}
1°) L'auteur : Johann Heinrich Sulzer (1735-1814).
Ce médecin et entomologiste de Winterthour (canton de Zurich au nord-est de la Suisse) fut l'auteur de deux des premiers livres sur les insectes qui utilisaient le système de Linné :
- Die Kennzeichen der Insekten, nach Anleitung des Königl. schwed. Ritters und Leibarzts Karl Linnaeus, durch XXIV. Zürich,Heidegger und comp.,1761 : (« Les caractères des insectes selon la nomenclature de Linné » ). La description des Libellules sous le nom de wassernymphe se trouve page 42 et sur la planche XVII fig. 101 (L. aenea) et 102 (L. puella ?).
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Abgekurzte Geschichte der Insecten nach dern Linnaeischen System (1776) (« Histoire abrégée des insectes d'après la méthode de Linné. »). Cet ouvrage comprend deux cahiers dont le premier comporte le texte et le second apporte 32 planches colorées.
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2°) L'ouvrage Abgekurzte Geschichte de Sulzer.
Dans l'introduction de son Abgekurtze, il retrace un panorama de l'histoire de l'entomologie, dans lequel il cite successivement Aldrovandi, Konrad Gessner, Thomas Mouffet, Jonston,Hoefnagel et Goedart, Lister, Blansard, Schmaeerdam, Lewenhoef, Sibylla Merian, John Ray, Albin, Frisch, Réaumur, Von Geer, Roesel,, Wilfes, Admiral, Alers, Schaeffer, le parisien Geoffroy (bas de p. IX), d'Aubenton et le cabinet des vélins du roi en France, Muller, Scopoli, Forster, Cramer, Fabricius, Ellis, Sloane, et Drury. Cela témoigne du caractère exhaustif de sa bibliothèque et de ses connaissances.
https://books.google.fr/books?id=12xcAAAAcAAJ&dq=roth,+der+leib+gelb,+an+den+Seiten+braun&hl=fr&source=gbs_navlinks_s
L'auteur décrit alors les espèces (de sa collection) parmi lesquelles 92 taxons sont des primo-descriptions portant aujourd'hui son nom. Ce sont entre autres 30 Lépidoptères, 23 Coléoptères et 6 Araignées, :
http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/list/taxa?from_reference=1551
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3°) Le chapitre sur les Libellules.
La description de Sulzer s'intègre dans un chapitre sur les Libellules dont le titre donne leur nom allemand ("Wasserjungfer" ou "la vierge des eaux") des Libellules , puis leur nom français en vigueur depuis Réaumur en 1740, puis leur nom latin depuis Linné en 1758. Mais ce chapitre ne décrit que 5 espèces, dont trois parmi les anisoptères aux ailes écartées au repos ; chacune est désignée d'abord par son nom en allemand, puis par son nom scientifique selon les règles de Linné.
NB: Wasserjungfer est cité 3 ans auparavant par Johann Georg Krünitz en 1773 dans son Encyclopédie. avec comme synonyme Breitjungfer [forme de Brautjungfer ou "demoiselle d'honneur "?], et en 1754 dans un dictionnaire Suisse français-allemand en traduction de Demoiselle avec comme synonyme Schillebold et comme traduction "ein ungeziefer" (une vermine).
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Chapitre Die Wasserjungfer. La Demoiselle. Libellula.
I. Ruhen mit ausgebreiteten Flügeln. [avec les ailes déployées au repos]
-Der Haspel ["le moulinet, le rouet à filer"], , L. Harpedone. ("aus Bündten" : république confédérée de Suisse)
-Phyllis, L. Phillis (de l' Inde)
-Danae, L. Danae.
II. Nympha, mit weit auseinander frehenden augen [avec les yeux écartés l'un de l'autre]
-Lucretia, L. Lucretia , Drury, (Cap de Bonne-Espérance), cf. Lestes lutetia Dru Drury, Ill. Exotic Ent. page 97 : c'est notre actuel Mecistogaster lucretia.
-Das Nymphchen, L. Nymphula. (de Zürich)
Cette dernière espèce est également une première description : Pyrrhosoma nymphula.
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4°) La Description originale page 169 :
Danae. L. Danae. Die augen sint roth, der leib gelb, an den Seiten braun, die Flechten am ende der flügel sind gelb.
Aus der Vallée du Lac de Joux in dem Païs de Vaud.
Tab. XXIV fig.3
Trad : "Les yeux sont rouges, le corps est jaune, les côtés sont bruns, les taches au bout des ailes sont jaunes."
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Sulzer décrit l'illustration de la planche 24 plutôt qu'un spécimen. Le Lac de Joux, dans le Canon de Vaud, longe la frontière avec la France, au nord du Lac Léman.
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La planche XXIV et sa figure 3. Volume 2 page 405.
Source : Zentralbibliothek Zürich :
https://www.e-rara.ch/zuz/content/zoom/14108544
Les planches ont été gravées par Johann Rudolf Schellenberg (Bâle, 1740 -Töss en Winthertour 1806), dont l'illustration du premier ouvrage de Sulzer avait été son premier travail entomologique. Il réalisera ensuite plus de 3800 dessins entomologiques (pour Füssly ou pour ses propres publications) et est surtout l'auteur des planches du célèbre Physiognomischen Fragmenten de Lavater en 1775-1778.
https://de.wikipedia.org/wiki/Johann_Rudolph_Schellenberg
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La qualité de la gravure et de sa colorisation est remarquable, mais les reproches qui ont pu être adressés à la figure 3 sont discutés infra. Il pourrait s'agir d'un mâle immature, aux ptérostigmas pâles, aux yeux rougeâtres, au corps jaune portant des marques latérales noires sur toute la longueur de l'abdomen, avec des pattes entièrement noires.
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ÉTUDE DU NOM DANAE.
Ce nom est à la fois transparent et opaque.
Il est simple de dire que l'épithète latine Danae renvoie à l'héroïne d'une célèbre histoire d'amour de la mythologie grecque, racontée par Apollodore, Diodore de Sicile, Hérodote, ou en latin dans les Fables d'Hygin, dans les Métamorphoses d'Ovide et l'Énéide de Virgile : on en retient souvent comment elle fut fécondée par Zeus sous l'apparence d'une pluie d'or, et comment elle donna naissance à Persée.
Voir Danae in Gaffiot.
https://www.lexilogos.com/latin/gaffiot.php?q=Danae
Par contre, il est plus délicat de comprendre pourquoi Sulzer a choisi ce nom, qui ne trouve pas sa justification dans le texte de la description originale.
1°) Replacer ce nom dans le contexte du chapitre.
Dans son chapitre sur les Libellules, Sulzer a créé 4 des 5 noms d'espèce : Harpedone, Phyllis, Danae, et Nymphula. Parmi ces 4 noms, un seul, Harpedone, est un intrus, car il ne se réfère pas à la mythologie.
Avant de l'écarter, donnons-nous le plaisir de l'étudier :
a) Harpedone.
Der Haspel, Harpedone. L. Harpedone. Der Leib ist roth ; die vordern Flügel schmäler, die Bänder derselben sind braungelb, die Randsieken y ochroth.
Wie man an einem Haspel, dessen Arme braunroth gezeichnet wären, beim herumdrehen gleichsam nur einen braunen Ring sieht, so stellen diese Bänder, wenn das Insekt fliegt, einen braunen Ring vor.
Traduction : Der Haspel désigne un moulinet ou un rouet, et Harpedone un rhombe (qui siffle en le faisant tourner) ou un rouet à dévider (qui chante en tournant). "Le corps est rouge, les ailes antérieures plus petites, les bandes sont brun-jaune, Tout comme sur un rouet, dont les bras seraient peints en brun rougeâtre, on pourrait voir un anneau brun, ainsi ces bandes forment-elles, lorsque l'insecte s'envole, un anneau brun."
Ce nom est une belle image métaphorique en rapport avec la disposition des couleurs des ailes en bande. [C'est aussi une allusion au désir féminin, mais le poème de Goethe Marguerite au rouet, dans le drame de Faust, date de 1808 et le lieder de Schubert de 1814 ]
b) Phyllis : Phyllis, de grec phullis "feuille" est l'héroïne d'une histoire d'amour de la mythologie grecque , racontée entre autre par Hygin et par Ovide dans les Héroïdes. Amante d'un des fils de Thésée, elle attend en vain son retour et se pend.
c) Nymphula : diminutif créé sur le même schéma que Libellula à partir du latin nympha, ae. Chez Ovide, il désigne soit les nymphes, divinités des bois et des fontaines ; soit l'épouse ou la maîtresse ; soit les jeunes filles.
Enfin, le 5eme nom, créé par Drury, est celui de Lucrèce, une héroïne des Fastes d'Ovide : violée, elle se suicide pour sauver son déshonneur à l'égard de son mari.
Nous voyons que, mis à part l'intéressant Harpegone, les quatre autres noms, dont trois créés par Sulzer, sont ceux d'héroïnes de la mythologie grecque ou latine issus de la poésie d'Ovide. Dans les quatre cas, dans de tragiques histoire d'amour. Trois sont des noms propres. C'est la première unité de ce corpus de noms propres.
2°) Replacer ce nom parmi les 92 noms créés par Sulzer.
Sultzer a choisi pour les autres insectes des épithètes souvent descriptives, sauf pour les Papilio où il a suivi Linné qui leur donne des noms de la mythologie grecque ou latine. L'unité des noms de Libellules autour d'une héroïne amoureuse de l'Antiquité se renforce donc par opposition aux noms d'Hyménoptères, de Coléoptères ou Araignées.
3°) Replacer ce nom dans le contexte des choix de noms des Libellules au XVIIIe siècle.
Mais ce thème est en rapport direct avec le nom général de ces insectes , que ce soit en français (Demoiselle), ou en allemand (Jeune fille des eaux) et même partiellement en latin (Libellula est liée partiellement à virguncula "petite vierge") .
C'est cette association ancienne ("Demoiselle" a été relevé par Réaumur en 1742) de ces insectes avec l'image de jeunes filles à la taille svelte qui avait déjà conduit Linné à choisir deux prénoms féminins en nom vernaculaire de deux espèces de sa Fauna suecica de 1746 ; c'est la même idée qui a été reprise par le médecin parisien Geoffroy pour choisir pour toutes ses espèces de "Demoiselles" des prénoms féminins.
Même si la contamination avec l'évocation des Danaïdes, les 50 filles du roi Danaos, est possible ou plaisante à imaginer, Sulzer a bien écrit, en allemand et en latin Danae et non Danaos ou Danaides.
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Au total : Danae, du nom de l'héroïne de la mythologie grecque fécondée par Zeus sous la forme d'une pluie d'or, et mère de Persée. Ce choix témoigne d'une fidélité de Sulzer à la tradition des naturalistes (ou des peuples) créant une comparaison entre les Odonates et les jeunes filles vierges. Cf. entre autre le nom "Demoiselle" en français et Wasserjungfer en allemand, ou L. Phyllis et L. nymphula, Sulzer 1776, ou L. virgo, Linnaeus 1758.
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LES AUTEURS PRÉCÉDENTS EN ZOONYMIE.
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POITOU-CHARENTE NATURE
http://www.poitou-charentes-nature.asso.fr/sympetrum-noir/
"Dans la mythologie grecque, Danaé est la mère de Persée et fille d’Acrisios, roi d’Argos, et d’Eurydice. ."
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DRAGONFLYPIX
http://www.dragonflypix.com/etymology.html
" after Δανάη, daughter of Akrisios and mother of Perseus in Greek mythology "
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D'ANTONIO & VEGLIANTE.
https://www.researchgate.net/publication/316791278_Derivatio_nominis_libellularum_europaearum
"danae (Sympetrum) - Non si conosce l’origine; forse da Danae, madre di Perseo, le cuiancelle, le Danaidi, vivevano presso le sorgenti dei corsi d’acqua; Fraser (1954) pensa che derivi dal nome di Donovan, entomologo inglese del XVIII-XIX secolo. Potrebbe anche derivare da Δαναισ, ιδοσ = figlia di Danao, ninfa delle sorgenti del paese Argivo."
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H. FLIEDNER, 2009
https://www.entomologie-mv.de/download/virgo-9/Virgo%200902%20Die%20wissenschaftlichen%20Namen%20der%20Libellen%20in%20Burmeisters.pdf
http://dominique.mouchene.free.fr/libs/docs/GENE_Burmeister_Fliedner.pdf
Non traité; On trouve seulement :
"Gomphus vulgatissimus (Linnaeus) [l. most ordinary, most common] is a statement no longer valid. But the sagacious hypothesis of SCHMIDT (1989), that this species name originally had been given to Sympetrum danae, the damaged type specimen of Linnaeus however had erroneously been replaced by the species bearing the name now, is not necessary to explain the denomination, because there is evidence that in earlier centuries the species was very common (BURMEISTER 1839: 854; FLIEDNER 1998b: 206)."
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VAN HIJUM, 2005.
http://natuurtijdschriften.nl/download?type=document&docid=555521
"danae = vernoemd naar prinses Danaë (duidt op heldergele tekening van jonge zwarte heidelibellen)".
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LA LIBELLULA SCOTICA DECRITE PAR DONOVAN EN 1811.
ou Sympetrum scoticum (Leach in Donovan 1811). Elle doit être décrite ici puisqu'elle est actuellement un synonyme de S. danae, après avoir été la seule connue au XIXe siècle. C'est également l'occasion de découvrir l'illustration.
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La description originale de Donovan.
The natural history of British insects : explaining them in their several states, with the periods of their transformations, their food, œconomy, &c. together with the history of such minute insects as require investigation by the microscope : the whole illustrated by coloured figures, designed and executed from living specimens vol. 15 London :Printed for the author, and for F. and C. Rivington, 1811, pages 29-30 et planche 73.
https://www.biodiversitylibrary.org/item/102995#page/86/mode/1up
PLATE DXXIII LIBELLULA SCOTICA. SCOTCH LIBELLULA.
Neuroptera.
GENERIC CHARACTER.
Mouth armed with more than two jaws : lip trifid : antennae very thin, filiform, and shorter than the thorax : wings expanded : tail of the male furnished with a forked process.
SPECIFIC CHARACTER.
LIBELLULA SCOTICA. Thorax with two oblique yellow bands.
Male. Wings transparent with deep black stigma: abdomen blackish.
Female. Wings transparent with deep black stigma, and yellow base : abdomen yellow, with two black lines on each segment.
§§§§
We have been recently favoured with specimens of this new species ,of Libellula by W. E. Leach, Esq. from whom it received the trivial name of Scotica, in reference to the country in which it appears only to have been hitherto discovered. This gentleman informs us it is common in the bogs of Scotland : he first observed it near Lock-awe, in Argyleshire, and afterwards in the bog of Bannock-bourn, in which latter place it occurs in great abundance.
Libellula Scotica is an insect of the middle size, in general appearance resembling the specics vulgata. The male is uniformly dusky except the wings, which are transparent : the female is more remarkable for its gaiety, the head, thorax, and abdomen being yellowish, varied with brown, and little lines of black and the wings transparent,
with the base yellow.
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La planche DXXIII de Donovan.
https://www.biodiversitylibrary.org/item/102995#page/84/mode/1up
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la femelle.
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Le mâle.
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RÉCEPTION DE LA DESCRIPTION DE SULZER.
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Alors que les deux ouvrages de Sulzer ont été lus par les naturalistes européens, et qu'ils sont cités en référence par Olivier en 1789 (pour Harpedone entre autre), par Sélys en 1840 (pour L. nymphula , L. Harpedone assimilée à Pedemontana et pour L. Aenea ) ou par Rambur en 1842 (pour L. Phyllis), nous ne trouvons pas de mention de sa Danae durant tout le XIXe siècle. L'espèce correspondante fut connue par les descriptions de ses synonymes (cf. H. Steinmann 1997 pages 469-470):
1811, Libellula scotica, Donovan,
1825, L. veronensis, Charpentier.
1835, Sympetrum scoticum, Newman,
1835 Libellula nigricula Eversman
1835, Libellula pallidistigma Stephens
1840, Libellula nigra, Charpentier.
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C'est en 1911 que l'odonatologiste suisse Friedrich Ris, dans Collections zoologiques du baron Edm. de Selys Longchamps. Catalogue systématique et descriptive publié par les soins de ses fils, Volumes 12 à 13 Bruxelles, Hayez, page 620, identifie un spécimen de la collection Sélys en la nommant Sympetrum danae. Il se livre ensuite à une analyse de la méconnaissance de la description de Sulzer, qui peut s'expliquer par l'ambiguïté de la figure qu'il en donna planche XXIV : "pour ses illustrations des Libellules, Schellenberg n'était pas dans un bon jour : comparez par exemple les nervures des ailes avec celle des illustrations de Roesel, dont la précision relative des lithographies n'est pas encore égalée aujourd'hui ".
Pour Ris, la figure 3 montre une femelle immature (aux ptérostigmas pâles) ; "Néanmoins, — écrit-il — la Libellula danae de Sulzer me semble presque parfaitement interprétée".
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Die Figur XXIV, 3 lässt durch ihre Farbengebung kaum einem Zweifel Raum über die dargestellte Art und zwar ist ein nicht adultes ♀ (mit hellem Pterostigma) dargestellt ; der Text gibt offenbar nur eine Beschreibung der Figur, nicht des Objektes selbst und fügt bei « aus der Vallee du Lac de Joux in dem Pais de Vaud ». Ich habe schon angedeutet dass der Schellenberg bei der Zeichnung der Libellenntafel keinen guten Tag hatte : man vergleiche z. B. die Flügeladerung mit den Bildern bei RÖSEL, deren relative Genauigkeit die Lithographen auch heute noch nicht zu Stande bringen. Trotzdem scheint mir Sulzer's [Libellula dumm beinahe einwandfrei gedeutet und damit, unter Berücksichtigung des eben über Linne und Muller gesagten, prioritätsberechtigt. Die spätere Synonymie bedarf keiner weitern Diskussion : sie ist durch Hagen und Selys genügend bezeugt "
https://books.google.fr/books?redir_esc=y&hl=fr&id=6x1BnQEACAAJ&focus=searchwithinvolume&q=danae
En outre, le spécimen examiné par Ris avait été capturé au lac Ter, dans la Vallée de Joux, la localité-type de l'espèce.
En 1934, Cowley reprend cette discussion dans The Entomologist, vol. 68 page 156 : "Sympetrum danae (Sulzer, 1776). Ris, 1911, Cat. Coll. Selys, 13 : 646, identified Libellula danae Sulzer, 1776, Abgekflrzte Geschqlchte der Insecten : 169, pl. xxiv, fig. 3 (“Vallée du Lac de Joux”), as a female of Sympetrum scoticum (Donovan, 1811) . Campion,, 1912, Entomologist , 45 :151-152, however submitted that the figure of danae was a male of the same species."
La même année 1934, un Committee on Generic Nomenclature de la Royal Entomological Society of London, est réuni. Son sous-comité ad-hoc conclut :
"The sub-committee is of the opinion that the Libellula danae of Sulzer, 1776, is, as stated by Ris, 1911, Cat. Coll. Selys 13 : 646, a ♀ of the same species as L. scotica Leach in Donovan, 1811, and that therefore danae should be the valid name. Sulzer's figure is undoubtedly bad and probably drawn from a distorted teneral specimen, and possibly from specimens of both sexes (vis gynandrous!)"
L'un de ses membres déclare :
" I myself, and the members of the Neuropteroids Sub-committee, are of the opinion that the anal appendages of the figure are undoubtedly those of a male [this differs from the opinion expressed in the Sub-committee's report], but that the abdominal colour-pattern better represents that of a female of ..."
J.G. Needham, en 1930, puis Friedrich Dahl, en 1932, désignent des spécimens sous le nom de "Sympetrum danae", puis en 1938 le canadien Léon Provancher signale sous le même nom dans Le Naturaliste canadien ses captures au bord du lac "Violon" .
En résumé, le nom de Sympetrum danae (Sulzer, 1776) ne remplaça celui de Libellula scotica (Donovan 1811) / Sympetrum scoticum qu'à partir de 1935 environ.
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LES NOMS EN LANGUES VERNACULAIRES.
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LES NOMS DE SYMPETRUM DANAE EN FRANÇAIS.
Eu égard à la réception tardive par les entomologistes de l'espèce danae décrite par Sulzer, les noms propres qui lui furent donnés en français (ou dans d'autres langues) n'apparurent que dans la deuxième moitié du XXe siècle. Ils furent précédés par celui de Libellule écossaise Sélys 1840, liée à la synonymie avec L. scotica de Donovan.
-"La Libellule écossaise" Libellula scotica, Sélys, 1840
Monographie des libellulidées d'Europe, page 53.
https://books.google.fr/books?id=44VIAAAAYAAJ&pg=PA53&dq=libellule+%C3%A9cossaise&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwi6l_fZtoHgAhXl4IUKHaAGDz0Q6AEIRDAF#v=onepage&q=libellule%20%C3%A9cossaise&f=false
-Idem, Sélys 1850.
Revue des Odonates
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k26769q/f72.image.texteImage
1°) "Le Sympétrum noir", Robert 1958.
Paul-A. Robert, Les Libellules: (Odonates), Delachaux & Niestlé, 1958 - 364 pages page 277.
https://books.google.fr/books?hl=fr&id=jvQVvAEACAAJ&dq=Paul-A.+Robert+libellules&focus=searchwithinvolume&q=%22fasci%C3%A9%22
Ce nom s'est imposé aujourd'hui aux instances officielles (INPN et LPO) et à tous les auteurs de guides de vulgarisation.
Il qualifie la couleur sombre des mâles matures, au corps, aux ptérostigmas, aux pattes et aux yeux noirs.
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2°) "Le Sympétrum écossais", Robert, 1958.
ce nom est proposé par Robert en synonymie, parallèlement à la synonymie S. danae / Libellula scotica.
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LES NOMS DE SYMPETRUM DANAE DANS D'AUTRES LANGUES.
-en anglais : the black darter or black meadowhawk i
-en allemand :Schwarze Heidelibelle
-en néerlandais : De zwarte heidelibel
-en suédois : Svart ängstrollslända
-en gallois : gwaell ddu [gweyll du Picellwr Du]
http://www.nhm.ac.uk/our-science/data/uk-species/species/sympetrum%20danae.html?lang=gd
-en breton : flemm-aer du (dard-serpent noir) (en attente de validation)
- en frison : Swarte heidelibel, Swart hopke
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SOURCES ET LIENS.
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Bibliographie générale de ces articles de zoonymie des Odonates : voir ici.
http://www.lavieb-aile.com/2018/01/la-bibliographie-de-mes-articles-de-zoonymie-des-odonates.html
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OUTILS DE ZOONYMIE.
http://www.nhm.ac.uk/our-science/data/uk-species/species/libellula%20depressa.html?lang=gd
http://www.nhm.ac.uk/our-science/data/uk-species/species/libellula%20depressa.html?lang=cy
— http://www.dragonflypix.com/etymology.html
— PRÉCIGOUT (Laurent), PRUD'HOMME (Eric), 2009, Libellules de Poitou-Charentes, Ed. Poitou-Charentes Nature, 255 pages,
— POITOU-CHARENTE NATURE (Association) / Philippe JOURDE & Olivier ALLENOU
http://www.poitou-charentes-nature.asso.fr/leucorrhine-a-front-blanc/
— ANTONIO (Costantino D’), VEGLIANTE (Francesca ) "Derivatio nominis libellularum europæarum"(PDF) (en Italien) Étymologie de 197 noms de Libellules européennes.
https://www.researchgate.net/publication/316791278_Derivatio_nominis_libellularum_europaearum
— ENDERSBY (IAN D. ), 2012, : Watson and Theischinger: the etymology of the dragonfly (Insecta: Odonata) names which they published Journal and Proceedings of the Royal Society of New South Wales, vol. 145, nos. 443 & 444, pp. 34-53. ISSN 0035-9173/12/010034-20 34
https://royalsoc.org.au/images/pdf/journal/145_Endersby.pdf
— ENDERSBY (IAN D., FRS ), 2012, Etymology of the Dragonflies (Insecta: Odonata) named by R.J. Tillyard, F.R.S. Proceedings of the Linnean Society of New South Wales 134, 1-16.
https://openjournals.library.sydney.edu.au/index.php/LIN/article/viewFile/5941/6519
— ENDERSBY (IAN D., FRS ), 2012, The Naming of Victoria’s Dragonflies (Insecta: Odonata, Proceedings of the Royal Society of Victoria 123(3): 155-178.
https://www.academia.edu/28354624/The_Naming_of_Victoria_s_Dragonflies_Insecta_Odonata_
— ENDERSBY (IAN D. ), 2015, The naming's of Australia's dragonflies.
https://www.researchgate.net/publication/283318421_The_Naming_of_Australia%27s_Dragonflies
http://dominique.mouchene.free.fr/libs/docs/GENE_origine_noms_odonates_Australie_Endersby_2015.pdf
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