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1 mars 2023 3 01 /03 /mars /2023 14:48

Le porche de Trégourez : inscriptions (1687) et sculptures anthropomorphes : la femme-serpent et son homme.

La façade sud et son motif armorié (Montmorency-Laval?).

 

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Voir aussi :

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PRÉSENTATION.

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L'église Saint-Idunet date en majeure partie de la seconde moitié du XVIe siècle, même si elle conserve les fragments d'une verrière de la Passion du milieu du XVIe siècle, et que sa nef à cinq travées complétée par un transept et un chevet rectangulaire remonterait aux alentours de 1520. Les sablières portent la date de 1544. La statue du saint patron est datée de 1562, le groupe sculpté en pierre du Baptême du Christ  de 1563. Le vitrail de saint Sébastien, armorié, daterait des années 1570.

Les cloches portent les dates de 1602 et 1646.

À la fin du XVIIe siècle, peut-être à la suite du rectorat de Maurice Guéguen et à la visite de l'évêque François de Coëtlogon en 1673, on constate une reprise des travaux d'aménagement : commande de dix pots acoustiques en 1666, construction d'un porche sud avec toit en carène inversée datée de 1687, puis d'une sacristie accolée au côté sud datée de 1675. 

Ce porche de 1687 présente  l'intérêt de porter une inscription lapidaire à chronogramme portant, en quatre cartouche, les patronymes des curés et fabriciens commanditaires. Sur la sacristie, on retrouvera une inscription comparable, mentionnant en outre le nom du recteur Maurice Guéguen.

Mais le porche est également doté de deux figures anthropomorphes en bas-relief, dont une femme serpent fournissant un nouvel exemple d'un motif bien représenté en Bretagne, et dont l'interprétation est ouverte.

Enfin, la façade sud, au faîte de la dernière lucarne, porte un écusson qui suscite notre curiosité.

 

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Le porche sud (1687) de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

Le porche sud (1687) de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

Le porche sud (1687) de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

Le porche sud (1687) de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

Le porche sud (1687) de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

Le porche sud (1687) de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

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LES INSCRIPTIONS.

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1. Les inscriptions du côté gauche du porche :

 

Le cartouche supérieur (deux lignes séparées par une réglure) :

V P : BOVRCHIS

CV : 1687

Soit "Vénérable Pierre Bourhis, curé, 1687."

Le cartouche inférieur (deux lignes séparées par une réglure) :

F : PERON G . FA (*)

GR. PERON G . FA. (**)

(*)  (**) N rétrogrades

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Pierre Le Bourhis est mentionné comme "curé", c'est à dire vicaire du recteur Maurice Guéguen dès 1661, les "prêtres " étant alors Jean Le Bourhis (frère de Pierre) et Maurice Jac, qui décèdera en 1662. La famille Le Bourhis est bien établie à Trégourez.

https://gw.geneanet.org/dstagnol?n=le+bourhis&oc=3&p=pierre

En 1672, il existait pour assister Maurice Guéguen deux vicaires, "vénérable missires Jean et Pierre Le Bourhis, prêtres et curés, célébrant depuis longues années au profit et satisfaction de tout le peuple."

L'inscription de la sacristie les mentionnent tous les deux en 1675 :

" D. MAVRICIVS. GVEGVEN. R. 1675 / M. P. LE. BOVRCHIS. C./ M. I. LE. BOURCHIS. P./M. G. PERENNES / CL. LE. GALLOV. FA./ Y. LE COR /G. QVEINNEC. FA./ LO. TALIDEC. MA. " (mur ouest) ; et sur le mur nord : " H. I. CO. MAHE. "

"D. Mauricius Gueguen Recteur 1675, Messire Pierre Le Bourhis curé, Messire Ian Le Bourhis Prêtre, M. G. Perennès Cl; Gallou fabriciens, Y. Le Cor G. Queinnec fabriciens, Lo[uis] Talidec MA."

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Les noms des fabriciens du cartouche inférieur posent problème. René Couffon avait lu "PERONIC (ou PEROVIC ?)". La base Geneanet ignore ces patronymes à Trégourez. Les familles PERON sont nombreuses sur la paroisse, qui, en 1672, comptait 872 habitants. Au village de Kerscao habitait alors  Gilles Péron et sa femme Marie Le Goff.

Le G précédent FA (fabricien) correspond-il à "Gouverneur" ?

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Le porche sud (1687) de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

Le porche sud (1687) de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

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2. Les inscriptions du côté droit du porche :

 

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Le cartouche supérieur (deux lignes séparées par une réglure) :

 NOBLE & DISCRET

MI. MICHEL. DE. KGVEAV. P

Soit : "Noble et discret missire Michel de Kergueau (Kercueau ? Kercuehu ? Kerguen) prêtre".

N.b le recteur en 1699 est Vincent de Kerguélen

On aimerait lire Kerguern ou Kervern, sr de Penfrat, paroisse de Trégourez.

 

Le cartouche inférieur (une ligne) :

 

IL : BLANCHET. 

Le patronyme BLANCHET est attesté à Trégourez

https://gw.geneanet.org/rockabilly?lang=fr&iz=0&p=julien&n=blanchet

 

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Le porche sud (1687) de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

Le porche sud (1687) de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

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LES DEUX REPRÉSENTATIONS ANTHROPOMORPHES.

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1°) La créature de type femme-serpent.

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Allongée sous la corniche du mur sud du porche, au dessus de ces inscriptions à l'angle gauche,  cette femme sculptée en bas-relief est couchée sur le dos. Son visage ovoïde est entouré d'une chevelure longue à deux nattes ; les yeux sont peut-être clos, la bouche est petite. Les bras sont confondus avec le torse, qui a la forme d'un disque sur lequel les deux seins sont stylisés en deux demi-disques. La queue s'enroule en boucle et s'achève par une pointe arrondie.

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Schéma par Hiroko Amemiya

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Cet ornement du type femme-serpent appartient à une série de 11 exemples de la statuaire bretonne, dont  9 dans le Finistère. Le plan souligne la répartition particulière de ces figures.

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1. église Saint-Idunet à Trégourez, granite,1687.

2. Le Juch, granite XVIIe.

3. église Notre-Dame , Bodilis, porche sud, granite, 1564-1570?

4. église Notre-Dame  de Brasparts, porche sud, granite, 1592.

5. église Saint-Edern à Lannedern, crossette de l'ossuaire, 1662.

6. église de la Sainte-Trinité de Lennon, crossette du porche sud, XVIe siècle

7. chapelle Saint-Herbot de Plonévez-du-Faou, porche ouest, granite, 1516.

8. église Saint-Suliau à Sizun, crossette de l'ossuaire, kersanton.

9.  église Saint-Suliau à Sizun, ornement d'une frise du chevet, granite.

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Voir  sur ce blog :


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Localisation des onze femmes-serpents de Bretagne. H. AMEMIYA p. 176.

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Le porche sud (1687) de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

Le porche sud (1687) de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

Le porche sud (1687) de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

Le porche sud (1687) de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

Le porche sud (1687) de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

Le porche sud (1687) de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

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2°) Le personnage masculin.

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On le découvre sur le mur oriental, faisant l'angle.

Son style rudimentaire et sa position allongée sur le dos incite à l'associer à la femme-serpent  en un couple ou du moins un tout, mais il est nu et dépourvu de tout détail  permettant une interprétation. 

 

Le porche sud (1687) de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

Le porche sud (1687) de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

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LA DEUXIÈME LUCARNE DE LA FAÇADE SUD : LE BLASON.

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Dernière lucarne sud de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

Dernière lucarne sud de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

Dernière lucarne sud de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

Dernière lucarne sud de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

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Analyse :

Les supports : deux lions léopardés.

Les quatre quartiers : en 1 et 4, trois lys soit les armes de France.

En 2 et 3 , une croix  cantonné de seize alérions = Montmorency ; les bras de la croix semblent bien porter des coquilles.

Brochant sur le tout : un lion (Laval)

Et un lambel à trois pendants.

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La solution proposée couramment est d'y voir  les armes de "Nicolas d'Aragon et Charlotte de Laval"  (Couffon)

 http://knockaertmarthe.unblog.fr/un-peu-de-notre-histoire/au-moyen-age/

"Les Trêves de Tregourez, de Saint Goazec et de Saint Thois dépendaient de la seigneurie de Laz. Cette seigneurie de Laz appartenait à la riche famille de Kergorlay au 13e siècle qui possédait en outre des domaines en Spezet et  Motreff. Elle passa au 15e siècle de la famille de Kergorlay à la famille de Montfort par le mariage de Raoul de Montfort avec Jeanne de kergorlay. Son fils Jean de Montfort épousa Jeanne de Laval. Il mourut le 12 avril 1414 laissant la seigneurie de Laz à son fils André de Laval, Maréchal de France, dit Maréchal de Lohéac.

A sa mort en 1486, son frère Louis de Laval-Châtillon, devint seigneur de Laz donc de Tregourez et autres trêves. Son neveu Nicolas de la Roche Bernard épousa Charlotte d’Aragon, princesse de Tarente, fille de Frédéric III d’Aragon, roi de Naples. Ils eurent quatre enfants dont Anne née à Vitré le 25 septembre 1505, filleule d’Anne de Bretagne. Anne de Laval épousa en 1521 François de la Trémoïlle, prince de Talmont. La seigneurie de Laz et ses dépendances passa donc dans la famille de Trémoïlle.  "

 

Mes suggestions :

Cet écartelé évoque celui de Guy de Montmorency-Laval  (+1338), blasonné ainsi :

Ecartelé au I d'azur à trois fleurs de lys d'or, au II et III d'or à la croix de gueules cantonnée de seize alérions d'azur ordonnés 2 et 2 et chargée de cinq coquilles d'argent, au IV d'azur à trois fleurs de lys d'or chargé d'un bande camponnée de gueules et d'argent, sur le tout de gueules au lion d'argent.

Mais je ne vois pas, en 4, la barre camponnée. D'autre part, ces armes portent un lambel indiquant une brisure.

Il faudrait être plus averti que moi de la généalogie nobiliaire et de l'héraldique, et de l'histoire locale, pour aller plus loin. 

Quelques copié-collés sur la baronnie de  Laz, sur  Nicolas de Laval-Montfort dit Guy XVI de Laval (1476-1531)  et sur la fille de Guy XVI de Laval et de Charlotte d'Aragon,  Anne de Laval.

 

À partir de 1486, la baronnie de Laz appartient à la famille de Laval. Un aveu d'Anne de Laval concernant la seigneurie de Kergorlay date de 1543.

 Le roi François 1er fait épouser à Guy XVI, le 5 mai 1517, Anne de Montmorency, sœur d’Anne, qui devint connétable de France . La mort lui enleva, en 1525, le 26 juin, Anne de Montmorency, au château de Comper . Le corps d’Anne de Montmorency fut rapporté à Laval et fut inhumé à la Collégiale Saint-Tugal de Laval , le 23 juillet, par Yves Mahyeuc , évêque de Rennes qui, la veille, venait de procéder à la consécration de la chapelle de la maison de Patience. 

Nicolas de Laval-Montfort dit Guy XVI de Laval (1476-1531) était comte de Laval-Baron de Vitré-Vicomte de Rennes-Baron de La Roche-Bernard-Baron d’Acquigny et de Crevecœur-Seigneur de Montfort et de Gaël-Baron de Quintin et du Perrier, Seigneur d’Avaugour, de Beffou , de Belle-Isle, châtelain de La Bretesche, seigneur de La Roche-en-Nort, de Laz, seigneur de Tinténiac, de Bécherel et de Romillé, seigneur de Lohéac , de Bréal, et de La Roche-en-Nort , seigneur de La Roche-d’Iré, chevalier de l’Ordre de Saint-Michel, gouverneur et lieutenant-général en Bretagne, capitaine de Rennes, amiral de Bretagne.

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Anne_de_Laval_(1505-1554)

https://gw.geneanet.org/sraynal38?lang=fr&iz=52&p=anne&n=de+laval

 

VOIR

http://sophie.demeautis.free.fr/joomla/index.php/dossiers-et-recherches-en-cours/noblesse-francaise/264-les-sire-de-laval-jusquen-1265

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Dernière lucarne sud de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

Dernière lucarne sud de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

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QUELQUES CROSSETTES.

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Un lion.

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L'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

L'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

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Une créature à queue de serpent (dragon ou femme-serpent?).

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L'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

L'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

L'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

L'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

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Un dragon à queue de serpent.

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L'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

L'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

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Un lion.

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L'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

L'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.

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SOURCES ET LIENS.

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AMEMIYA (Hiroko) 2005, Vierge ou démone, exemple dans la statuaire bretonne, Keltia éditeur, Spézet. 269 p. page 176. Version remaniée de la thèse de 1996.

— AMEMIYA (Hiroko) Figures maritimes de la déesse-mère, études comparées des traditions populaires japonaises et bretonnes thèse de doctorat d'études littéraires, histoire du texte et de l'image  Paris 7 1996 sous la direction de Bernadette Bricout et de Jacqueline Pigeot. 703 pages Thèse n° 1996PA070129

Résumé : Le thème principal de cette étude est de voir quel rôle la femme non-humaine - et notamment la femme qui appartient au monde maritime - a joué au japon et en Bretagne, à travers les récits relatifs à l'épouse surnaturelle. Pour la Bretagne, les recherches s'étendent également sur l'iconographie religieuse représentant l'être semi-humain telles la sirène et la femme-serpent. La région conserve dans ses chapelles de nombreuses statues des xvie et xviie siècles figurant ce type faites par des artisans locaux. L'imagination populaire s'épanouit ainsi dans la femme non-humaine de deux façons en Bretagne : dans l'expression orale et dans l'expression plastique ce qui nous offre une occasion inestimable d'étudier leur compatibilité dans leur contexte socioculturel. Les récits qui traitent le thème du mariage entre l'être humain et l'être non-humain révèlent la conception de l'univers d'une société. L'autre monde ou les êtres de l'autre monde sont en effet une notion fonctionnelle qui permet a la société de maintenir l'ordre interne par une intervention externe fictive : la suprématie du fondateur du japon s'explique par la transmission d'une puissance surnaturelle par sa mère du royaume maritime, alors qu'en bretagne, la destruction de la cite légendaire d'Is est causée par une fille maudite née d'une fée. Le premier volume de cette étude est composé de trois parties : i. L'autre monde dans la tradition populaire au japon, ii. Récits relatifs au mariage au Japon et en Bretagne, iii. Iconographie d'une femme semi-humaine. Le deuxième volume est un inventaire des différents types de représentation semi-humaine en bretagne.

— COMITE D'ANIMATION DE LAZ

http://www.comiteanimationlaz.fr/mydata/Revolution%20Tregourez.PDF

COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Trégourez, Notice extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine.

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/11f67d5b790259d5e88147762dfe6e34.pdf

 

Le porche latéral sud, avec toit en carène renversée, porte l'inscription : " V P : BOVRCHIS CV : 1687/F. PERONIC (ou PEROVIC ?). FAB./GR. PERONIC (ou PEROVIC ?). FAB. " et " NOBLE & DISCRET MI. MICHEL. DE. KGVEAN. P./IL. BLANCHE. " La porte intérieure est soulignée d'une accolade reposant sur des culots. Porte identique dans le mur sud. Enfin, la sacristie, accolée au flanc sud, porte des inscriptions : " D. MAVRICIVS. GVEGVEN. R. 1675 / M. P. LE. BOVRCHIS. C./ M. I. LE. BOURCHIS. P./M. G. PERENNES / CL. LE. GALLOV. FA./ Y. LE COR /G. QVEINNEC. FA./ LO. TALIDEC. MA. " (mur ouest) ; et sur le mur nord : " H. I. CO. MAHE. "

INFOBRETAGNE

http://www.infobretagne.com/tregourez.htm

INVENTAIRE GENERAL 1966

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/9a06828e-20a5-40a7-92c1-b8d45ff5397d

https://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00005194_01.pdf

— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.

— WAQUET (Henri), 1945, Confidences d'un recteur bas-breton, Trégourez en 1672, Mémoire de la Société histoire et archéologie bretonne SHAB 

https://m.shabretagne.com/scripts/files/5f467d5dd0f360.27066687/1945_03.pdf

— AUTRES.

http://www.infobretagne.com/tregourez.htm

http://piquetjm.free.fr/notes%20historiques%20LAZ.pdf

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13 août 2021 5 13 /08 /août /2021 14:50

L'enclos paroissial de Saint-Herbot en Plonevez-du-Faou. VII.  Le porche ouest de la tour . Inscriptions de fondation (1516) et inscriptions votives ;  sculptures des moulures du porche. La Femme-serpent.

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Voir :

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PRÉSENTATION.

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Présentation générale : voir Wikipedia (qui reprend Rioult 2009), ou le remarquable dossier IA00005154 de l'Inventaire général par Castel 1966.

Alors que le porche sud, décrit précédemment ici,  porte la date de 1498,  le portail ouest, à la base de la tour, est daté par inscription de 1516. Les deux entrées portent le nom du "gouverneur" et prêtre carme qui a supervisé les travaux : Jean de Launay au sud, Corentin de Kerdeffes à l'ouest. Alors que le porche sud se plaçait sous l'influence de l'atelier ducal du Folgoët (et du porche sud de la cathédrale de Quimper), la tour et le porche ouest sont influencés par les éléments équivalents de la cathédrale de Quimper.  

 

 

 

 

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Description par René Couffon 1953

"La reprise pour l'agrandissement de la chapelle sur ses deux faces ouest et sud est très visible. Bien que les pinacles soient encore entièrement gothiques, ainsi que les gargouilles, les choux frisés des rampants et des fenestrages, le tracé de ceux-ci est tardif et il semble que l'on doive dater cette campagne du règne d'Henri II. La tour dérive très nettement de celles de Quimper, avec ses baies jumelées sur chaque face, ses faux arcs en mitre décorant les angles, ses meneaux trèfles et ses contreforts étages garnis de pinacles. Le porche percé à sa base est très remarquable. En tiers-point assez aigu, ses voussures sont séparées par des moulures, soit toriques avec filet saillant, soit prismatiques, qui ne sont interrompues par aucun chapiteau. Au-dessus de la voussure extérieure, une accolade décorée de choux frisés et couronnée d'un fleuron s'amortit dans des piédroits prismatiques. L'accolade est elle-même

L'accolade est elle-même surmontée d'un faux gable, également décoré de choux frisés et qui, comme à Saint-Corentin, ne lui est pas tangent, mais coupe les piédroits au-dessus d'elle.

A l'intérieur, deux portes jumelées en anse de panier donnent accès à l'église. Elles sont séparées par une colonne torse couronnée d'un petit personnage tenant deux chiens affrontés, colonne qui paraît, avec la petite porte de Saint-Servais bâtie en 1510, l'une des premières manifestations de la Renaissance en Cornouaille.

Au-dessus des portes, une frise les sépare du tympan décoré d'une niche abritant la statue de saint Herbot et de deux angelots tenant des phylactères. L'un d'eux précise la date de la fondation de la tour : « L'an mil VCXVI (1516) fut cest portai commencé, messir Cho(rentin) Kerdeffez gouverneur. »

La sculpture de ce porche est très particulière. Les feuilles d'acanthe décorant les voussures s'inscrivent sensiblement dans un carré ; quant aux tiges, elles ont soit la forme d'un S sur les piédroits, soit d'une arête de poisson sur les frises et les linteaux. Les faux gables sont très nets et coupent les piédroits, au lieu d'être, comme généralement, coupés par eux. Cette décoration permet d'identifier un atelier qui, dérivé de celui de Quimper, eut une aire de dispersion considérable. Le porche est surmonté, comme à Saint-Corentin, d'une galerie portée par une corniche sculptée derrière laquelle s'ouvre une fenêtre élancée avec accolade décorée de choux frisés et d'un fleuron et amortie sur deux angelots. Deux portes donnent accès par la galerie d'un escalier à l'autre pour monter au sommet de la tour, escaliers pratiqués dans l'épaisseur des murs." Couffon, 1953.

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Description par Rioult et Bonnet 2010 :

"La tour, haute de 31 m, s'inspire de celles de la cathédrale de Quimper. Elle est construite sur deux niveaux de hauteur équivalente. Au premier niveau s'ouvre le portail occidental de l'église, daté de 1516 par une inscription. Il est composé de deux portes en arc en anse de panier, surmontées d'un larmier orné d'une frise de feuillage coupée en son milieu par deux animaux affrontés, séparés par un personnage qui les maîtrise. Au-dessus, une niche en arc en anse de panier abrite une statue encadrée par deux anges ; l'ensemble est pris dans une archivolte en accolade très aiguë, elle-même encadrée d'un gâble dont les rampants sont ornés de choux frisés et coupent les pinacles qui encadrent le portail, et dont la pointe se perd dans la balustrade à mouchettes qui surmonte le tout. (Rioult 2010)"

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Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

 

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Dans la niche centrale est figuré Saint Herbot présentant un livre.

En dessous, au centre de la frise, un personnage est entouré de deux chiens sans collier (ou autres animaux). Est-ce une représentation de saint Herbot protégeant, ou apprivoisant, les animaux sauvages ? Il est vêtu et coiffé (toque à cabochon) comme un riche seigneur du XVIe siècle, assis en tailleur, et les deux chiens dont il tient une patte  semblent le lécher et posent l'autre patte sur son épaule, comme dans une scène de chasse autour du veneur ou du maître.

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Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

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L'ange de gauche.

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Ses cheveux sont bouclés, son visage est très rond, ses ailes sont verticales et rapprochées, et il est vêtu d'une tunique plissée au col rabattu en amict.

Il porte un placard rectangulaire  avec l'inscription :
 

§ LAN M : VcXVI : FUT CEST PORTAL CÕMÃCE : MESS : CHO : K DIFFEZ. GOVERNER

Soit : "l'an (1516) fut ce portail commencé [sous la direction de] Messire Chorentin Kerdifez gouverneur".

 

Mais la lecture est encore incertaine, car il faut attendre non seulement que la lumière soit favorable, à jour frisant, mais aussi qu'elle tourne autour du placard, qui est convexe.

Elle a été relevée d'abord par Abgrall en 1896 avec un texte erroné (L'AN . MIL VCCXVI FUST CEST PORTAIL CONSACRE ET MIE ICHI CEST PIERRE), leçon reprise en 1900, 1904 et 1916 , et citée par Charpy et Waquet puis corrigée par Couffon en 1953 et 1959 de façon plus fidèle (L'AN MIL VCXVI (1516) FUT CEST PORTAL COMMENCE, MESSIRE CHO(rentin) KERDEFFEZ. GOUVERNEUR), et enfin par Castel et Ducouret en 1966 (LAN MIL VC XVI / FUT CEST PORTAL / COMMENCE MESSIRE CHO : / K DE FFES GOVERNER), en soulignant les parties certaines de leur lecture.

Enfin, le rédacteur de l'article du site Monuments historiques donne sa version : L'AN M : VCXVI : FUT CEST PORTAL COMACE : MESS : CHO : K[er] DIFFEZ . GOUVERNE.

La leçon de Castel est la plus scientifique dans sa présentation, mais omet la ponctuation, ainsi que les tildes (abrégeant le texte par remplacement des N) ; d'autre part, "Messire" doit être abrégé en Mess. Et je crois que CÕMÃCE est plus exact que COMMENCE. Je crois avoir fait progresser la lecture par ma leçon (supra), mais cette inscription de fondation mériterait un relevé effectué dans des conditions scientifiques, avec échelle ou échafaudage, lumière d'appoint, et estampage. le sigle § tente de reproduire le deux-points inclut dans un S. 

Ma curiosité se porte sur le "gouverneur". Son nom, quelque soit la graphie, est attesté en toponymie, à Plougastel, Bodilis  et Bothoa. 

 

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Kerdifez voir Albert Deshayes (Noms de lieux) donne pour Kerdifez p. 482 : Kerandivez en Bodilis, Kerandifez en 1490, qualificatif difez « sans foi, mécréant ». À Plougastel, l'OPHIS ar Brezhoneg donne pour Kerzivez : "Formes anciennes attestées : 1542 : Kerdiffez 1600 : Kerdifes 1662 : Kerdivez 1815 : Kerdives 1827 : Kersivez Variantes orthographiques recensées actuellement : (Kerzivès ; Kerzives). Autres informations sur le sens du toponyme : Ce nom de lieu est formé de Kêr, village, lieu habité et d'un second élément dont les formes anciennes sont difez, difes. Selon L.M. Bodénès, p. 192, ce mot viendrait du vieux breton difeith, moyen-breton difez, qui signifie "inculte" à propos d'un terrain. A. Deshayes va également dans ce sens. F. Gourvil, quant à lui, propose la même explication pour les noms Kerdevez, Kerandevez, qu'on retrouve dans d'autres communes de Bretagne."

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Les généalogistes attestent de Jean de Chateaufur (vers 1576 Julian - Tréflez,- 5 -11- 1616  - Plounévez Lochrist), Sieur de Kerdivez ( paroisse de Plounevez Lochrist ),— graphie Sieur de Kerdifez sur l'acte de décès—. Potier de Courcy et de Saint-Allais précisent ces données, tout comme le site Tudchentil. Mais aucun "Corentin" n'est cité dans les généalogies pourtant bien détaillées.

 

https://gw.geneanet.org/flcharlet?lang=en&iz=3040&p=jean&n=de+chateaufur

https://www.google.com/maps/place/Kerdivez,+29430+Ploun%C3%A9vez-Lochrist/@48.6275561,-4.2357286,14z/data=!3m1!4b1!4m5!3m4!1s0x48115576a29f69ff:0xb66f218136a792d0!8m2!3d48.627558!4d-4.218219

http://www.tudchentil.org/spip.php?article364

https://archive.org/stream/bub_gb_41RJVREUlqUC/bub_gb_41RJVREUlqUC_djvu.txt

https://books.google.fr/books?pg=RA1-PA291&lpg=RA1-PA291&dq=kerdiffez&sig=ACfU3U1lT9CC6d19OVZa7-VDoiRbxDhb4A&id=hjltAAAAMAAJ&hl=fr&ots=SdqzrpCcYs&output=text

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Mais Castel et Ducouret, en explorant les archives, donnent de nombreux éléments sur le gouverneur de Saint-Herbot Corentin de Kerdeffez, et notamment signalent qu'il est désigné comme "procureur sindique" et sieur de Kerligavan.

Kerligavan se situe dans la trève de Kerrien, paroisse de Bothoa (Bothoa est une ancienne paroisse très vaste, issue de la paroisse primitive de Pligeaux, de l'évêché de Cornouaille qui n'est plus désormais qu'un simple village de la commune de Saint-Nicolas-du-Pélem). Hyacinthe Morice cite un Kerlivagan en 1442. Cette seigneurie est aussi désignée sous le nom de Kerligan.

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Tous les gouverneurs de la chapelle de Saint-Herbot sont de prêtres et portent le titre de messire : Jehan de LAULNAY (1498), Jehan Le GUERRER (1505-1510), Alain PONTEON (1510),  Chorantin KERDIFFEZ, Henri CARON (1535-1545), qui inscrit son nom sur les clefs de voûte de la chapelle Sainte-Barbe,  Jean LE GUIC (1550-1575),  Mathieu CRAVEC (1575-1595) dont le nom est porté sur le calvaire, ou Chorantin COZ (1596-1613)  Le site Marikavel indique  que  ce sont des  « prêtres gouverneurs » qui étaient responsables de la petite communauté religieuse des frères carmélites, que les nobles de Rusquec avaient amenée à Saint-Herbot, lorsqu'ils appartenaient à la cour ducale. Les carmélites se sont engagées dans l'œuvre missionnaire dans les paroisses voisines.

Chorentin KERDIFFEZ est cité comme gouverneur de 1511  à 1535. Il étend d'abord les possessions de la chapellenie pour en augmenter les ressources. Il se défend contre les empiètements du receveur du roi. Et il commande les travaux, notamment ce portail ouest, mais aussi la partie gauche de la maîtresse-vitre, où une large console porte, sans son nom, la date de 1513 : LAN-M-CINQ-CENTS-TREZE.

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Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

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L'ange de droite : Laudate ....

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Posé sur une courte console, ailes verticales, il est joufflu et bouclé, et porte un tabard au dessus de sa tunique. Il déroule une banderole et en désigne le début par l'index droit tendu au dessus du texte.

Il tient l'inscription suivante en lettres gothiques onciales :

 

§ LAUDATE : DOMINUM : IN : SANCTIS : EIUS §

il s'agit de l'invocation à la prière "Louez le Seigneur en son sanctuaire", incipit du psaume 150 qui est  parfaitement adapté à la situation sur un portail d'entrée dans la chapelle.

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Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

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L'ange de gauche de l'extrémité du faux-gable : "Benedictus".

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Il est tout aussi joufflu et bouclé que ses collègues, et il présente une banderole dont il désigne le texte d'un index de la main gauche. Il est agenouillé, et vêtu d'une tunique qui vient bouffer au dessus du cordon.

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Nous lisons  :  § BENEDICTUS9 Q' VENIT I' NÕE DNI §

Soit en résolvant les tildes BENEDICTUS Q[UI] VENIT I[N] NO[MIN]E D[OMI]NI; "Beni soit celui qui vient au nom du Seigneur", citation du psaume 117 appartenant à la liturgie, mais qui peut servir de formule d'accueil au fidèle pénétrant dans la chapelle.

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Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

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Le "page" de droite : Pax vobis.

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Son buste est installé à l'extrémité du rampant du faux-gable, sur une base crénelée, comme s'il surgissait de la tour d'un château. Sa chevelure bouclée est couverte d'un bonnet à revers.  Il salue l'arrivant en plaçant la main à l'index tendu contre sa tempe.

Sa banderole indique :

§ PAX VOBIS §

"La paix soit avec vous".

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Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

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Comparaison.

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De nombreux porches décrits dans ce blog ont le même décor avec le faux-gable coupant, sans s'interrompre, les pinacles (citation du portail du bras nord du transept de la cathédrale de Quimper, 1478), mais aussi les anges ou pages présentant les citations liturgiques de bienvenu. René Couffon et Philippe Bonnet ont reconnu là, dans cette tour-clocher, les caractéristiques architecturales  de la cathédrale de Quimper. 

Au risque d'abuser de répétitions, je fais citer un autre texte de Philippe Bonnet :

"Au début du XVIe siècle, un autre atelier [que celui actif en Cap Caval dès la fin du XVe siècle à Saint-Nonna de Tréoultré et Saint-Guénolé] diffuse, d'abord vers les montagnes âpres de la haute Cornouaille, dans le doyenné du Poher, les formules quimpéroises. Les historiens lui ont donné le nom de son œuvre maîtresse, la chapelle de pèlerinage de Saint-Herbot.

Elévée à la fin du IVe siècle, celle-ci fait l'objet dès 1498 d'importants travaux d'embellissement, financés en partie par la duchesse et reine Anne de Bretagne. Précisément daté de 1516 par une inscription portée par un ange, le portail ouest s'ouvre entre deux contreforts angulaires dont les deux ressauts sont soulignés par des pinacles à crochets de style quimpérois. Il apporte un certain nombre d'innovations formelles : le profil en anse de panier des deux portes geminées et de la niche abritant la statue du saint patron qui occupe la partie la plus médiane du tympan, la colonne torsadée adossée au trumeau, la forme très aigüe de l'accolade formant archivolte. Prosper Mérimée en a déjà signalé "l'ogive à contre-courbures, les feuillages gras et frisés (mauves et choux), accompagnées de moulures prismatiques et très saillantes". Un larmier orné d'une frise de feuillage fait office de linteau, coupés en son milieu par un personnages maitrisant deux animaux affrontés. Un gable aux rampants ornés de choux frisés couple les pinacles encadrant le porche et retombe sur des culots sculptés d'anges tenant des phylactères. Sa pointe vient se perdre dans la balustrade flamboyante. [...]

Quelques années plus tard, l'atelier se transporte à Saint-Trémeur de Carhaix. [...]Deux édifices mis en chantier dans le deuxième tiers du XVIe siècle se rattachent encore à la production de l'atelier de Saint-Herbot. La chapelle Saint-Tugen en Primelin aurait été commencée vers 1530 [...] et la tour de l'église Saint-Herlé de Ploaré [1548].

"Au moment où s'ouvre le chantier de Saint-Tugen, l'atelier de Saint-Herbot laisse sa marque sur un certain nombre d'édifices plus modestes mais non moins soignés, comme les chapelles de Notre-Dame-de-la-Croix en Loqueffret (1522), de La-Trinité de Melgven (1535) et du Moustoir en Kernével (1538) : si la formule de la tour clocher n'y est pas retenue, on retrouve à l'identique le modèle du portail de Saint-Herbot.

Une version plus modeste du parti quimpérois est mies en œuvre dans deux églises du Cap Sizun, à Beuzec (1554) et à Cléden (1561) [...] Une dernière église, Saint-Vinoc de Plouhinec est encore plus tardive" (P. Bonnet 2013 pages 161-162)

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À mon petit niveau, je retrouve ce décor du porche à Saint-Tugen en Primelin,  sur le porche ouest de la cathédrale de Quimper, à Mahalon, à Esquibien, à logoff en 1547, à Confort (v. 1528), ou à Cléden-Cap-Sizun (v.1561)  et enfin à Plouhinec en 1572, mais en m'attachant à retrouver un détail stylistique significatif, celui du "page" ou écuyer saluant d'un doigt sur la tempe .

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 Au porche ouest de Saint-Tugen, les banderoles des anges disent Ave Maria (à gauche) et Pax Vobis (à droite), et le porteur de cette invocation est, exactement comme à Saint-Herbot, un "page" sorti de sa tourelle et saluant l'assemblée d'un doigt droit touchant la tempe . René Couffon avait noté la similitude architecturale : 

"Le portail, percé à la base de la tour, offre, comme conception et comme réalisation, une telle ressemblance avec celui [porche occidental] de Saint-Herbot qu'il fut certainement construit par le même atelier. La porte en anse de panier est surmontée d'une arcade en tiers-point aigu, à voussures profondes et accolade à fleuron. Un faux gable coupe les pinacles des piédroits pour s'appuyer sur deux angelots portant des banderoles. "(Couffon)

https://www.lavieb-aile.com/2020/04/la-chapelle-saint-tugen-de-primelin-architecture-et-details.html

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Le même messager vêtu comme un écuyer du XVIe siècle se trouve à Lampaul-Guimiliau, sous une architecture différente, tenant son Pax Vobis mais saluant de la main gauche.

https://www.lavieb-aile.com/2019/04/le-porche-de-l-eglise-de-lampaul-guimiliau-ii-les-anges.html

À Lampaul-Guimiliau, sur le même porche un ange présente la banderole Benedictus qui venit in nomine domini. (voir les détails d'abréviations, dont la comparaison avec Saint-Herbot est intéressante).

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L'église de Cleden-Cap-Sizun montre l'ange de l'Ave Maria et le messager du Pax Vobis touchant son chapeau :

https://www.lavieb-aile.com/2020/03/l-eglise-saint-clet-de-cleden-cap-sizun.ses-navires-sculptes-sur-pierre.html

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On le retrouve à Esquibien :

https://www.lavieb-aile.com/2020/07/l-eglise-paroissiale-d-esquibien-ses-inscriptions-lapidaires-et-ses-porches-ouest-et-sud.html

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Le couple ange/"page" est encore là à l'église de Plogoff, mais les inscriptions sont illisibles.

https://www.lavieb-aile.com/2020/03/les-navires-sculptes-de-l-eglise-de-plogoff.html

 

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LES MOULURES DU PORCHE.

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Trois moulures font le tour du porche, tandis qu'une moulure suit le contour de chacune des portes géminées. Je ne m'attarderai pas à leur décor végétal mais je donnerai à observer les figures animales (et humaine) placées à leur départ et où s'enracinent les tiges, car je les ai remarquées dans de très nombreux porches bretons en kersanton du XVIe siècle, et je me plais à me pencher sur ces détails savoureux.

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Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

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Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

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Un lion.

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Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

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Un dragon ailé.

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Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

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Du coté droit.

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Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

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Un moine sous sa capuche, tenant un livre dans son sac. (Saint Yves ??? Saint Antoine ??)

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Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

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Un chien pattes écartées.

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Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Porche ouest (1516) de la chapelle de Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

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LA FEMME SERPENT.

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On sait sans doute que je collectionne dans ce blog les femme-serpents, à coté des sirènes, des représentations diaboliques semi-humaines piétinées par la Vierge, en retrouvant au hasard de mes visites la très riche iconographie rassemblée par Hiroko Amemiya dans sa thèse et l'ouvrage Vierge et démone qui en est issu en 2005.

 "Cette auteure décrit 11 "ornements du type femme-serpent" (distincts des 7 ornements de type femme-serpent de la Tentation" séparant Adam et Éve) . Et ce n'est pas aujourd'hui que je la prendrai en défaut pour avoir laissé passer un exemple de ces sculptures, puisque la femme-serpent de Saint-Herbot figure , avec le n°7, dans sa liste et qu'elle est décrite page 184. Pas drôle, je n'ai plus qu'à recopier !

Elle pourrait pourtant lui avoir échappé, à droite de ce portail ouest et sous le larmier qui court le long du  contrefort, à l'abri d'un  élargissement trapézoïdal de la corniche, tout comme elle m'avait échappé lors de ma première visite, car il y a tant de choses à voir ici !

Mais non, elle la décrit couchée sur le coté, buste replié en arrière, tête à gauche, avec deux petites cornes pointant sous la chevelure qui retombe sur les épaules nues. Il ne lui échappe pas non plus que le corps est couvert d'écailles (ou de verrucosités) bien que leur relief est aujourd'hui atténué.

Que dire de plus, mais que dire de plus ?

Je peux, cherchant comme un mesquin le moindre défaut, corriger la phrase "La main droite est posée sur le coté, le bras gauche accoudé soutient la tête". Car c'est le bras gauche qui est allongé le long du flanc, la main près du pubis, tandis que le bras droit s'élève dans un geste de coquetterie pour  caresser les cheveux (et peut-être distinguait-on jadis un peigne).

Le visage est érodé, mais mon imagination a succombé à son charme et a vu s'esquisser le plus suave sourire.

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Hiroko Amemiya accompagne sa photographie d'un délicieux dessin de la dame, et explicite ainsi sa compréhension de la sculpture, où la paume ouverte "soutient" la tête.

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Hiroko Amemiya, femme-serpent de Saint-Herbot, "Vierge ou démone" page 184, dessin de l'auteure.

 

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Voir  les autres femme-serpents de ce blog :

Les sculptures de pierre de l'église de Bodilis . II. Le décor de l'intérieur du porche sud (1601).

L'enclos paroissial de Brasparts. I. La Démone tentatrice du porche sud.

L'enclos paroissial de Lannédern I. Les sculptures extérieures : le calvaire, l'ossuaire et les crossettes.

Les Sirènes et Démones de l'église de Sizun (29).

(D'autres sont visibles à l'église du Yuch, de  Trégourez, de Lennon, et à la chapelle N.D. des Fleurs de Plouay).

Voir aussi les sirènes : 

 

Et les Vierges à la démone :

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Femme-serpent de Saint-Herbot, porche ouest. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Femme-serpent de Saint-Herbot, porche ouest. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Femme-serpent de Saint-Herbot, porche ouest. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Femme-serpent de Saint-Herbot, porche ouest. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Femme-serpent de Saint-Herbot, porche ouest. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Femme-serpent de Saint-Herbot, porche ouest. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

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SOURCES ET LIENS.

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ABGRALL (Jean-Marie) 1898, "Inscriptions gravées et sculptées sur les églises et monuments du Finistère", par M. l'abbé J.-M. Abgrall. Congrès archéologique de France : séances générales tenues à Morlaix et à Brest ... par la Société française pour la conservation des monuments historiques, Société française d'archéologie. Derache (Paris), A. Hardel (Caen) 1898 page 145.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k356651/f212.item

ABGRALL (Jean-Marie), 1900, Livre d'or des églises de Bretagne. "La chapelle Saint-Herbot", in Carhaix-Plouguer n°18, page 5

http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_201/carhaix__plouguer.pdf

ABGRALL (Jean-Marie), 1904, L'Architecture bretonne, page 41

http://backup.diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/f20eb990fd763d232327db92aeeb6869.pdf

 

ABGRALL (Jean-Marie), 1916, Inscriptions gravées et sculptées sur les églises et monuments, Société Archéologique du Finistère - SAF 1916 tome 43 - Pages 65 à 102

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1916_0122_0159.html

— AMEMIYA (Hiroko), 2005, Vierge ou démone, ed. Keltia graphic, page 184.

— BONNET (Philippe), 2013, "Saint-Corentin et le développement du style gothique en Bretagne", in Quimper, la grâce d'une cathédrale, ed. La Nuée Bleue, Strasbourg, pages 151-163.

—CHARPY (Jacques)  et Henri Waquet, « Plonévez-du-Faou, chapelle Saint-Herbot, Dictionnaire …. tome IV p. IVA99, cité par H. Amemiya

— COUFFON (René), 1953, l'église de Saint-Herbot,  Bull. Monumental tome 111 n°1 pp 37-50

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1953_num_111_1_3732

— COUFFON (René), 1959, Notice de Plonévez-du-Faou, Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper

http://backup.diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/4bc495e8ae261523262138b91718a386.pdf

— MONUMENTS HISTORIQUES.

http://monumentshistoriques.free.fr/calvaires/herbot/herbot.html

— PEYRON (chanoine), 1910, Notice, Bull. SAF page 164-167

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1910_0216_0242.html

— RIOULT (Jean-Jacques), CASTEL (Yves-Pascal), BONNET (Philippe), DUCOURET, 2010, Chapelle Saint-Herbot (Plonévez-du-Faou),  Inventaire général, région Bretagne

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-saint-herbot-plonevez-du-faou/7310520a-35ca-4784-91b8-578f98ea65d6

—   BONNET (Philippe), RIOULT (Jean-Jacques), 2010,  « Saint-Herbot. Chapelle Saint-Herbot », dans Philippe Bonnet et Jean-Jacques Rioult, Bretagne gothique, Paris, Picard, coll. « Les Monuments de la France gothique », 2010, 485 p.

—  RIOULT (Jean-Jacques), 2009, « Plonévez-du-Faou, chapelle Saint-Herbot », Congrès archéologique de France « Finistère 2007 »,‎ 2009, p. 203-208 

— CASTEL (Yves-Pascal),  DUCOURET, 1966 et 1986, Dossier IA00005154 Inventaire général, région Bretagne

http://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00005154_01.pdf

— WIKIPEDIA 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Chapelle_Saint-Herbot_de_Saint-Herbot

https://en.wikipedia.org/wiki/Saint-Herbot_Parish_close

 

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Published by jean-yves cordier - dans Inscriptions Sculpture Chapelles bretonnes. Femme-serpent

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