Quelques sculptures de la chapelle de Locmaria-Lann à Plabennec. La Vierge à l'Enfant (kersanton, Roland Doré, XVIIe). L'autel (kersanton, 1512). Le retable (Yves Le Guern, recteur, 1682). Etc.
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Voir sur cette chapelle :
- La Vierge à la Démone de la chapelle de Locmaria-Lannn à Plabennec.
- Le calvaire (1527) de la chapelle de Locmaria-Lann à Plabennec.
- Les Sibylles (bois, XVIIe siècle) de la chapelle de Locmaria-Lann en Plabennec.
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La Vierge à l'Enfant (kersanton, Roland Doré 1618-1663), niche sud du clocher-porche de 1580.
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On peut la comparer à celles de l'église de Rosnoën, ou de Plougourvest, ou de la chapelle Saint-Sébastien de Saint-Ségal, On constate alors que cette Vierge de Locmaria-Lann est plus petite, moins élancée, que son visage, tout comme celui du Fils, est plus rond, et que ces caractères lui confèrent un aspect simple voire naïf.
Elle est couronnée et la chevelure tombe librement sur les épaules. Elle est vêtue d'une robe, ajustée au dessus de la ceinture et plissée au dessous, et d'un manteau très ouvert.
L'Enfant est assis sur l'avant-bras gauche, bénissant de la main droite l'assistance tandis que la main gauche est posée sur la poitrine. Il porte une tunique longue et plissée
Les traits stylistiques de Roland Doré sont les sourires aux commissures creusées en fossette et au philtrum marqué , et les yeux aux paupières soigneusement ourlées ; mais dont les pupilles ne sont ici pas creusées.
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Vierge à l'Enfant (kersanton, Roland Doré, XVIIe s.) de la chapelle de Locmaria-Lann. Photographie lavieb-aile.
Vierge à l'Enfant (kersanton, Roland Doré, XVIIe s.) de la chapelle de Locmaria-Lann. Photographie lavieb-aile.
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Les dais en kersanton des contreforts du porche.
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Ces dais de 1580 sont marqués par le style Renaissance qui a fait son apparition, très peu de temps auparavant, au château de Kerjean, mais qui a été introduit en Bretagne par la famille de Goulaine soit à Champeaux, soit à Notre-Dame-de-Kerfons à Ploubezre, soit au château de Maillé. Dans ce château Maurice de Carman et Jeanne de Goulaine y placent leurs armoiries vers 1570 dans un cartouche à cuir découpé caractéristique de ce style. On remarque les liens unissant Maurice de Carman avec la famille plaçan, à Plabennec, ses armoiries sur le calvaire de 1527 et dans la nef de la chapelle.
Ici, le cuir découpé à enroulement est orné d'un masque crachant des rinceaux, et il est entouré de deux anges sonnant de la trompe.
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Un autre dais est plus abîmé mais on y reconnaît deux anges autour d'un vase.
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Le Christ Sauveur, fronton intérieur du porche (kersanton polychrome, Roland Doré ??).
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Voir ses homologues, entre autre, à l'intérieur des porches des églises de Bodilis, Guimiliau, Hôpital-Camfrout, Plestin-les-Grèves, Plougourvest, Rosnoën, Le Tréhou, tous attribués à Roland Doré par E. Le Seac'h, et dominant les apôtres disposés latéralement (ou les niches prévues pour les accueillir). C'est ce rapprochement qui me permet de proposer l'attribution à Roland Doré de cette statue.
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Christ sauveur (kersanton polychrome, Roland Doré ?, XVIIe s. ?) du porche de la chapelle de Locmaria-Lann. Photographie lavieb-aile.
Christ sauveur (kersanton, Roland Doré ?, XVIIe s. ?) du porche de la chapelle de Locmaria-Lann. Photographie lavieb-aile.
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Le maître-autel (kersanton, 1512, signature Yves an Du).
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"Le maître-autel, en kersanton, mesure 3 mètres 50 de longueur. Il est gothique et décoré de [12] panneaux finement ouvragés. Au-dessus règne une belle frise de feuillages découpes et évidés. Dans les panneaux du centre on aperçoit deux angelots : l'un tient un écusson chargé d'un calice et une banderole portant, en caractères gothiques, l'inscription suivante : Yves an Du lan mil cincq centz xII. Le second porte une banderole qui offre aussi une dizaine de caractères gothiques très distincts."
Je rapproche, toutes proportions gardées, cet autel de l'autel des anges du Folgoët réalisé vers 1445.
L'autel est taillé dans une seule pièce de kersantite de 3,10 m de long. La face principale est divisée en huit niches ogivales trilobées à crochets et fleuron. Seules les deux lancettes centrales sont habitées, par deux anges.
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L'ange de droite présente un écusson meublé d'un calice et entouré d'un phylactère. Je pense y lire :
Y LE / GALL Y
Avec un doute sur les deux Y. Je préférerai que le deuxième soit un P ..
Le patronyme Le Gall est attesté à Plabennec vers 1545. Le calice laisse supposer que le donataire, un certain Yves Le Gall, était un prêtre.
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Le deuxième ange porte son phylactère entre les deux mains, mais la banderole en fait le tour.
Sur la partie verticale droite, je lit : LAN
Sur la partie diagonale, je lis, en écriture gothique textura dont les mots ne sont pas séparés :
MLCINCQCENTZXII
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Au total, j'obtiens : Y. LE GALL P / LAN M[I]L CINCQ CENTZ XII,
Soit "Yves Le Gall prêtre l'an 1512".
Le calvaire de la chapelle date de 1527.
Je propose donc de reconsidérer la lecture initiale, reproduite par tous les auteurs depuis 1938.
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Le retable de l'autel (bois polychrome et doré, détail des inscriptions).
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Première inscription coté nord :
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:I:LE GUEN
R : DE : & :
Le sigle & tente de traduire le sigle intermédiaire entre un S, un P et une esperluette.
J'interprète l'inscription ainsi : "Y[ves] LE GUEN RECTEUR DE PLABENNEC".
Yves LE GUEN est attesté comme recteur de Plabennec en 1676 et 1680 (témoin de mariage) ou en 1675, 1676, 1677 et 1678 comme parrain
https://gw.geneanet.org/sjoliff?n=le+guen&oc=&p=yves
https://gw.geneanet.org/catdrev?n=le+guen&oc=1&p=yves
https://gw.geneanet.org/mguezennec?n=le+guen&oc=&p=yves
https://gw.geneanet.org/jestinfem47?n=le+guen&oc=&p=yves
https://gw.geneanet.org/gsk3?n=le+guen&oc=2&p=yves
Il figure aussi, avec la date de 1682, dans la Liste des recteurs de Plabennec avant la Révolution dressée par H. Pérennès (1938).
Voici la description et la lecture faite par H. Pérennès :
"Le retable de l'autel, en bois sculpté, porte des têtes d anges et deux oiseaux. Quant au tabernacle, il es double : la partie inférieure offre un ostensoir, tandis que le tabernacle supérieur présente le Christ crucifié, avec la Vierge et Saint Jean, encadré de deux vertus supportant des guirlandes de fleurs. Plus loin figurent deux autres vertus dans les mêmes conditions. A gauche et à droite du tabernacle s'étale cette inscription : Y : LE GUEN R : DE L : L'AN 1682."
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Deuxième inscription coté sud, lettres en réserve sur un cartouche doré sur deux lignes séparées par une réglure :
LAN
1682.
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Les armoiries des arcs nord de la nef.
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" A l’intérieur c’est une nef et deux bas-côtés à cinq travées au Nord, à quatre au Midi, toutes en gothique du XVIème siècle. Comme parquet, c’est le sol de terre battue ; des bancs apparaissent à la base des piliers.
A la clef de voûte de la première arcade à gauche on voit le blason des Carman-Lesquelen, mutilé, mais encore lisible.
La troisième arcade présente un écusson armorié portant une fasce de 3 quintefeuilles et surmontée d’un lambel.
La porte du bas de la nef est surmontée d’un écusson fascé de 6 pièces (du Chastel ?)." (H. Pérennès)
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L'écartelé Lesquelen-Carman.
En 1 et 4, d'azur à la tour d'argent portée par une roue de même (famille de Lesquelen). En 2 et 3 d'or au lion d'azur (famille de Carman.
"Ce sont les Kerman-Lesquelen qui y avaient fait placer la verrière du chevet. On y voyait un groupe de N.-D. de Pitié, entouré des effigies de Tanguy de Kerman et de Louise de la Forest. Celle-ci est présentée par l'apôtre Saint Jean qui tient une coupe, son mari par Saint Goulven, en évêque. Au-dessous on lit : Sancte Golvine ora pro nobis. Au quatrième panneau figurent Saint Pierre avec sa clef, Saint Paul avec son épée, et le roi Saint-Louis rendant la justice assis, en grand manteau d’hermines semé de fleurs de lys d'or, et en chaperon rouge... Au-dessous : 1508 — S Louys. Les armes des Rohan, avec le collier de l'Ordre et la devise A plus brillent au sommet de la fenêtre, et onze écus de Kerman et alliances — entre autres Pestivien (?) Coëtmen et du Perrier — occupent les jours du remplage. Dans le quadrilobe d’une petite fenêtre latérale apparaît le lion de Léon (L. Le Guennec, Prééminences de la famille De Maillé-Kerman..., p. 22)." (H. Pérennès)
"Voir la discussion ici :
https://www.lavieb-aile.com/2020/05/le-calvaire-de-locmaria-lann-a-plabennec.html
et ici par Michel Mauguin :
http://michel.mauguin.pagesperso-orange.fr/sonj/Lezhisto.htm
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L'origine de la tour posée sur une roue est racontée ici :
"Écartelé aux cases 1 et 4 de couleur Azur (bleu) à la tour sommée de trois tourillons d’Argent, le tout porté sur une demi-roue, de même aux cases 2 et 3 de couleurs d’Or, un lion Azur. Un chef de cinq hermines, noires sur fond blanc. Au-dessus du chef, la couronne Or, support de sinople (vert) feuilles d’acanthe romane formant l’encadrement de l’écu.
Ce blason, qui est désormais celui de Plabennec, est l’illustration d’un fait d’armes qui se passa au cours de la vie de saint Thénénan ou Tinodorus vers l’an 630. Les Danois qui avaient débarqué dans le Léon, mettaient le pays à feu et à sang. L’alarme fut donnée à Ploubennec. Les barbares détruisirent l’église dont on voit encore une partie des ruines. Saint Thénénan et certains habitants gardaient les trésors du pays dans la tour de la « motte féodale » quand les barbares les attaquèrent. N’ayant pas eu le temps de fermer la porte, le saint boucha d’une demi-roue de charrette qu’il trouva près de lui. Ils allaient succomber lorsqu’ils furent sauvés par une armée alertée et apparut au sommet de la tour un beau cavalier armé de blanc et monté sur un coursier blanc également. Les Danois battirent aussitôt en retraite pour embarquer vers l'’Élorn. Pour glorifier ce fait d’arme, le seigneur de Kermorvan mit en son blason le lion du Léon, la tour et la demi-roue de charrette."
https://www.ville-plabennec.fr/decouvrir/histoire-et-patrimoine/
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L'écusson armorié portant une fasce de 3 quintefeuilles et surmontée d’un lambel.
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Sainte Anne éducatrice (la statue de la Vierge est perdue) ou Anne trinitaire (les statues de Marie et de son Fils sont absentes). Pierre polychrome, XVIe siècle.
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Sainte Anne trinitaire ou éducatrice, nef de la chapelle de Locmaria-Lann. Photographie lavieb-aile.
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Le Christ.
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Vierge au calvaire, mains jointes. Kersanton, XVIe s.
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SOURCES ET LIENS.
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—COUFFON (René), 1988, Nouveau répertoire ...
http://backup.diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/929d131ccf0e85c0f4d63b4794d6d5e9.pdf
Mobilier :
Maître-autel en kersanton, de 3,5 m. de longueur (C.). Le devant est orné de panneaux finement sculptés et d'une frise de feuillages découpés et évidés. Un ange tient une banderole portant l'inscription en caractères gothiques : "YVES. AN. DU. LAN. MIL. CINCQ. CENTS. XII."
Retable en bois sculpté avec deux tabernacles superposés ; inscription : "Y. LE GVEN. R. DE. LAN. 1682."
Statues anciennes : Crucifix, Vierge Mère dite Notre Dame de Locmaria, XVIIè siècle, saint Joseph, sainte Anne seule, et celles en bois autrefois dans le porche.
Deux bénitiers en pierre ; l'un d'eux porte l'inscription : ".P G. 1604" - Bénitier portatif de bronze : "NOSTRE DAME DE LANDE DE LOCMARIA."
—DANIEL (Tanguy), Chapelle de Locmaria-Lann
https://www.sauvegardeartfrancais.fr/projets/plabennec-chapelle-de-locmaria-lann/
— PÉRENNÈS, (Henri), 1938 "Notices sur les paroisses : Plabennec" in Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie, Vol. 37, (1938), p.167-179, 193-213.
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/3c650c05ef86fe15d59ddb6b528d5f93.pdf
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