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1 mars 2018 4 01 /03 /mars /2018 21:29

Zoonymie des Odonates : l'épopée de Atra-Hasis (XVIIIe siècle av. J.C).

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Voir aussi :

 

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 I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE.

L'épopée akkadienne d'Atrahasis ou Poème du Très Sage est, comme l'épopée de Gilgamesh, un récit de la mythologie mésopotamienne décrivant la Création puis la destruction de l'Humanité par les Dieux sous l'effet d'un Déluge, et la survie, grâce à la construction d'une arche, d'un élu (Atrahasis le "Très Sage" dans l'épopée éponyme, et Uta-Napishtim dans celle de Gilgamesh) qui repeuplera la Terre. 

Des parties de l'épopée d'Atra-Hasis sont citées dans la tablette XI de l' Épopée de Gilgamesh (1150 av. J.-C.), qui lui est donc postérieure ou relève d'une source commune et dans les écrits de Bérose (250 avant J.-C.).

 

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Ma présentation générale sera un copier-coller (en retrait) des informations en ligne.

Rédigée en langue sémitique akkadienne, elle date probablement du XVIIIe siècle av. J.-C.

— Recension Paleobabylonienne. (OB pour Old Babylonian) "Le conte d’Atra-Hasīs dont le titre originel, retenant les premiers mots du texte, était inūma ilū awīlum « Lorsque les dieux faisaient l’homme », nous est connu principalement par l’une de ses éditions, rédigée sur trois tablettes d’argile de huit colonnes (quatre au recto, quatre au verso), provenant vraisemblablement de la ville de Sippar sur l’Euphrate. Grâce à leur colophon, nous savons qu’elles furent copiées par un certain Kasap-aya ou Nūr-aya ou Ipiq-aya sous le règne du roi d’Ammisadūqa de Babylone (1646-1626 av. J.-C.), quatrième successeur du grand Hammurabi. Divers détails, nous encouragent cependant à supposer que le texte fut composé près d’un siècle auparavant. Ses caractéristiques rédactionnelles révèlent, en effet, une composition typique de l’époque, laissant peu de probabilités à l’existence d’un antécédent sumérien dont elle serait, du moins, sous cette forme, la traduction.

Ces tablettes ont été découvertes en 1876 à Sippar, en Irak. Les tablettes 1 et 3 se trouvent au British Museum, la tablette 2 à New-York

A cette édition paléobabylonienne, il convient, par ailleurs, de joindre trois autres copies réalisées à la même période. L’une d’entre elle, malgré quelques variantes orthographiques, appartient incontestablement à la même recension que les documents précédents. Les deux autres présentent, en revanche, des différences notables, relevant vraisemblablement d’une autre tradition textuelle.

— MB = Middle Babylonian : Sans lien évident avec la version paléobabylonienne, sont également à signaler deux autres fragments datant de la seconde moitié du IIe millénaire. Le premier, où ne surnage que le récit du Déluge, découvert sur le site de l’antique cité d’Ougarit en Syrie, le second, provenant, quant à lui, du site de Nippur en Iraq.

— Version assyrienne : Enfin, pour achever cet inventaire, il faut encore mentionner quatorze fragments de tablettes d’époque néoassyrienne, provenant tous de la bibliothèque dite d’Assurbanipal à Ninive. Ces documents ne constituent pas un ensemble homogène et peuvent être regroupés en trois familles. La première, comportant neuf fragments, issus d’une tradition très proche de la version paléobabylonienne dont ils se distinguent par quelques variantes dialectales propres à la langue assyrienne ainsi que par certaines amplifications ou simplifications du texte principal ; la seconde, sans grandes relations avec les sources précédentes, représentée seulement par deux bouts de tablette d’origines différentes ; la troisième, enfin, formant ce que nous appelons la recension assyrienne, regroupant trois ensembles de longueur respectable ayant probablement appartenus, à l’origine, à deux tablettes d’une même série. Quelques menus débris seraient encore à mentionner mais ils ne présentent que peu d’intérêt dans le cadre de cette présentation.

Dans l’ensemble, sur la base de cette documentation assez hétéroclite, seuls les deux tiers des quelques 1245 vers qui composaient, à l’origine, la version paléobabylonienne de ce texte, ont pu être restitués à ce jour. Cette version restituée du conte d’Atra-Hasīs se présente comme une composition poétique répondant à des critères esthétiques souvent bien éloignés des nôtres. Si chaque ligne correspond approximativement à ce que nous appelons un vers, la métrique akkadienne est, quant à elle, fondée sur des principes qui n’ont point d’équivalents chez nous. Le premier de ces principes est d’ordre sémantique : chaque vers peut être précisé par la répétition de la même idée sous une forme différente, voire, en lui opposant une expression plus ou moins antithétique. Le deuxième principe relève, quant à lui, de la rythmique et consiste en l’alternance de syllabes en nombre fixe, prononcées avec plus ou moins d’intensité."

 

Dans sa version la plus complète, l'épopée d'Atrahasis est écrite sur trois tablettes en akkadien , la langue de l'ancienne Babylone.

"Œuvre rédigée en langue akkadienne, qui comptait quelque 1 250 vers à l'origine et qui présente un réel effort de réflexion sur la création et sur le destin de l'homme (cf. traduction in R. Labat, Les Religions du Proche-Orient, Paris, 1970). Elle fut rédigée en Babylonie, peut-être au - XVIIe siècle ; mais, malgré le grand nombre de témoins qu'on en possède et dont les plus récents datent du - VIIe siècle, le texte en reste, encore aujourd'hui, lacunaire, d'autant que des remaniements importants sont intervenus entre ces deux dates.

À l'origine, Anu, Enlil et Enki se partageaient le monde ; les autres dieux, en revanche, étaient soumis à un travail harassant. Excédés, ils brûlèrent leurs outils et firent le siège du palais d'Enlil, le maître de la Terre. Pour apaiser les esprits, tous décidèrent de créer l'homme, pour qu'il prenne leur place. Aidée des conseils d'Enki, le dieu sage, une déesse mère le modèle avec de l'argile et du sang d'un dieu mis à mort. Mais l'humanité prospère tellement que son bruit importune Enlil. Par trois fois, celui-ci décide sa destruction, par la peste ou la famine. Par trois fois, Atra-hasis (l'Infiniment Sage), un roi humain, déjoue ses plans, avec la complicité d'Enki, resté favorable à sa création. C'est encore grâce à ce dernier qu'Atra-hasis échappe au déluge qui noie l'univers, avec sa famille et les bêtes qu'il a embarquées. Les dieux, reconnaissant leur erreur, décident alors de laisser renaître une nouvelle humanité.

Les sources écrites de ce poème sont inconnues ; tout au plus remarque-t-on la parenté étroite avec un récit du déluge en sumérien et le déluge de L'Épopée de Gilgamesh, qui s'en est peut-être inspirée. Les éléments qu'il met en œuvre paraissent appartenir plus simplement à une tradition du Proche-Orient, dont on trouve l'écho au début de l'Ancien Testament."

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Les traductions sont celles de :

— Lambert et Millard 1969, en anglais 

— Bottéro et Kramer, en français

— Wolfram von Soden, en allemand

— Forster (B.R) 2005, en anglais.

 

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Tablette British Museum 78941+78943, première tablette d'Atrahasis par le scribe Kasap-aya, vers 1635 av. J.C.

Tablette British Museum 78941+78943, première tablette d'Atrahasis par le scribe Kasap-aya, vers 1635 av. J.C.

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II. LA TROISIÈME TABLETTE / LE RÉCIT DU DÉLUGE.

 

C’est là que commence à proprement parler le récit du Déluge. Appartenant à la troisième tablette de la version paléobabylonienne du scribe Kasap-aya , rédigée sur huit colonnes, elle est enregistrée sous la cote BM 78942+78971+80385 au British Museum.

Atrahasis, averti par le dieu Enki de la décision de détruire l'Humanité par un déluge, a construit une arche et y a fait monter ses gens et un couple de chaque animal. Avant l'heure H, il organise un banquet pour "ses gens" et sa famille :

 

"Lui, (cependant), entrait et sortait, (jamais) il ne s’asseyait, ni ne (prenait le temps pour) s’accroupir, tant son cœur était brisé et son âme pleine d’amertume. (soudain, le temps changea, Adad tonna dans les nues. Lorsqu’il entendit les grondements d’Adad, Il se fit apporter du bitume pour obturer l’écoutille, puis il verrouilla sa porte. (Alors de nouveau) Adad tonna dans les cieux et en un instant le vent fut d’une telle violence  qu’il rompit les amarres et libéra le bateau." (Troisième tablette colonne 2)

Le déchaînement de la tempête se lit sur la colonne 3 :

"[...] la tempête [...] attelés [Anzû de] ses griffes déchirait les cieux [de ] ses [se]rres. [...] le pays. Soudain interrompant la rumeur comme on brise un pot, [...] le Déluge survint, et sa fureur, [dévastatrice comme la guerre], s’abattit sur les hommes. Les uns perdaient de vue les autres, l’on ne reconnaissait personne dans cette catastrophe.

Le Déluge mugissait pareil à un taureau,

le vent [hurlait] comme le cri de l’aigle,

et les ténèbres se firent profondes (lorsque le) soleil disparut.

[les gens ( ?) mourraient ( ?)] comme des mouches .

[...] du Déluge [...] [...] [...] le fracas du Déluge épouvantait ( ?) les dieux (eux-mêmes). "

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Le récit décrit ensuite l'indignation du dieu Enki , de la déesse-mère Nintu  et de la sage-femme  Mami face à la destruction des humains qu'ils ont créés :

 

 "Enki était effaré, voyant ses fils emportés sous ses yeux. Les lèvres de Nintu la Grande-Dame trahissaient son angoisse,  tandis que les Annunakū, les grands dieux étaient là, accablés par la soif et la faim. Lorsqu’elle vit cela la déesse pleura. Alors la sage-femme des dieux, l’experte Mami, (s’écria) : « puisse ce jour connaître (enfin) un soir  et soit englouti par les ténèbres. Au sein de l’assemblée des dieux comment ai-je pu (en accord) avec eux, ordonner une telle destruction ? Enlil n’est-il, pas las de ses ordres inconséquents,  pareil à cette Tiruru, (Chacun de ses) arrêts sont porteurs de malheurs. Et (maintenant) pour avoir accepté (cet ordre), ma blessure est d’avoir entendu leurs cris.

Impuissante, (j’ai laissé massacrer) comme une (simple) mouche,  ma progéniture. Quant à moi, pareille à l’habitante d’une maison en deuil, j’étouffe mes pleurs. Puisais-je (désormais) monter au ciel, ores, il m’est impossible de vivre en cette maison funeste.  Où s’en est donc allé Anu (nôtre) chef, aux ordres duquel les enfants divins obéissaient ? Lui qui sans réfléchir provoqua le Déluge et fut à l’origine de la destruction de l’humanité."  (Troisième tablette colonne 3)

 

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Nous constatons que l'auteur fait appel à de nombreuses métaphores animales que j'ai placé en caractères gras. D'une part, les expressions  "de ses serres", "pareil à un taureau", "comme le cri de l'aigle" témoignent de la puissance des Dieux mésopotamiens, assimilés aux animaux nobles comme l'Aigle et le Taureau. À l'opposé, les humains sont assimilés à  des insectes, et plus particulièrement  à des Mouches.

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III. LA COLONNE 4 DE LA TROISIÈME TABLETTE : LES LIGNES 6-9. 

" kima kulili im-la-a-nim näram

(ou, précédé du vers précédent) '"enuma elisch abumaan ulda gallata tiamata kima kulili imlaanin na- raam" .

Attention, je m'aventure sans aucune connaissance sur la toile, où je tente d'obtenir réponse à mes questions. Je copie ces phrases sans les comprendre, bien-sûr. Je reconnais néanmoins le nom kulili, proche du kulili de l'Épopée de Gilgamesh tablette X ligne 22 [ku-li-li i[q]-qé-lép-pa-a ina nari / So that dragonflies drift on the river, et traduit soit par "dragonfly", soit par "Éphémère". Ou la proximité des noms relevés dans l'Harra=Hubullu et traduits par Libelle ("libellule") par Landsberger. 

C'est la ligne 6 de cette colonne 3 qui concerne (ou concernerait ) les libellules. Tout dépend de la traduction. Les auteurs anglais comprennent "dragonfly", "libellules", là où les français entendent "moucherons". Cette ligne doit être comprise dans le contexte des lignes 7-9 qui suivent.

1°) Les traductions anglo-saxonnes.

— Lambert et Millard :

"covered the canal like dragonflies"

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— Tigay :

"Like dragonflies they [dead bodies] have filled the river. Like a raft they have moved in to the edge [of the boat]. Like a raft they have moved in to the riverbank." [«Comme les libellules, elles [les cadavres] ont rempli la rivière, comme un radeau qu'elles ont déplacé vers le bord [du bateau] Comme un radeau, ils se sont installés sur la berge.]

 Tigay a attaché une importance particulière à ces lignes, car pour lui, elles présentent le déluge comme le raz-de-marée d'une rivière mais non comme un Déluge de toute la Terre. Au contraire, il constate que, dans l'Épopée de Gilgamesh, elle est transformée en "Like the spawn of fishes, they fill the sea"  "Comme le frai des poissons, ils remplissent la mer."  Tigay soutient que nous pouvons voir ici le travail du mythe en cours ici, changeant une inondation locale de fleuve dans un déluge d'océan. La plupart des autres auteurs interprètent le déluge d'Atrahasis comme universel. AR George, et Lambert et Millard montrent clairement que l'intention des dieux dans Atrahasis est «d'éliminer l'humanité».  Le déluge détruit "toute la terre". L'utilisation d'une métaphore comparable dans l'épopée de Gilgamesh suggère que la référence aux "libellules [remplissant] la rivière" est simplement une image évocatrice de la mort plutôt qu'une description littérale du déluge  Cependant, l'inondation locale dans le récit d' Atrahasis pourrait accomplir la destruction de tous "l'humanité" et "toute la terre" si la portée de "l'humanité" est limitée à toutes les personnes vivant sur "toute la terre" des plaines inondables dans la vallée inférieure de fleuve connue par l'auteur d'Atrahasis. (d'après l'article Wikipédia en)

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— Benjamin R. Forster :

Nintu was wailing [

". .. gave birth to (?) .. .*

"As dragonflies a watercourse, they have filled the sea.*

"Like rafts they lie against the e[dg]e,

"Like rafts capsized they lie against the bank.

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Stephanie Dalley :  

 

   (3 lines missing at beginning of column)

"Nintu was wailing [

'Would a true father (?) have given birth to the [rolling (?)] sea

(So that) they could clog the river like dragonflies ?

They are washed up (?) like a raft on [a bank (?)], They are washed up like a raft on a bank in open country!

I have seen, and wept over them!

Shall I (ever) finish weeping for them?'

She wept, she gave vent to her feelings,

Nintu wept and fuelled her passions.

The gods wept with her for the country.

She was sated with grief, she longed for beer (in vain).

Where she sat weeping, (there the great gods) sat too,

But, like sheep, could only fill their windpipes (with bleating).

Thirsty as they were, their lips

Discharged only the rime of famine.

For seven days and seven nights

The torrent, storm and flood came on."

— Carlos Betoret (cf en Annexe son article en entier) :

They have filled up the river as a cloud of dragonflies
As a raft they have arrived to the limit as a raft, they have arrived to the edge
I have seen it and I have cried by their cause;  I have finished my deploration by them.

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2°) Les traductions françaises.

 

 

— Remo Lugnaioni :

 

"Ainsi se lamentait (encore) Nintu :

5. « Quoi ? Ont-ils donné naissance à ce raz-de-marée

pour que tels des moucherons, les hommes emplissent les rivières ?

Pareils à des morceaux de bois ils s’échouent sur les berges,

pareils à des épaves, ils couvrent les plages.

10. Lorsque je les vis (ainsi) les larmes me coulèrent

jusqu’à ce que pour eux, se tarissent mes pleurs.

Ainsi se lamenta-t-elle jusqu’à ce que son cœur fut apaisé.

Ainsi Nintu gémissait et manifestait sa douleur."

 

— Bottéro / Kramer

Qui a produit ce Déluge ? Les hommes remplissent la mer comme les mouches la rivière ! Tels des morceaux de bois, les voici entassés sur la plage ! En les voyant je verse des larmes, je ne finis pas de me lamenter sur eux !”, 

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Nous voyons donc, comme déjà pour  l'Epopée de Gilgamesh, des divergences de traduction entre auteurs anglais et français concernant le nom akkadien kulili ou kulilu, traduit systématiquement par "dragonfly" c'est à dire "libellule" en anglais alors que les français traduisent par "mouche" ou "moucheron". 

Il faut reconnaître que les Odonates ne "remplissent " pas les rivières. Et que, par rapport au contexte où à deux reprises les hommes étaient assimilés à des mouches par opposition aux dieux comparés à des taureaux ou des aigles, il est plus logique que cette métaphore des mouches, insectes méprisables, a plus de sens que s'il s'agit de libellules.

Une fois de plus, nous ne pouvons pas affirmer avec certitude que les Odonates ont été mentionnés dans les anciens textes mythologiques de l'époque amorrite, et qu'ils ont inspiré des images poétiques aux auteurs les plus anciens de l'Humanité.

 

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Note.

J'ai tenté de trouver comment s'écrit ce fameux  kulili en caractères cunéiformes. Je n'ai trouvé que ce qui suit, qui concerne les noms d'oiseaux  avec le commentaire kulilu (var. kulili), is expressed by the groups an exceedingly difficult word. Society of Biblical Archæology (London, England) - 1885 -

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Zoonymie des Odonates : l'épopée de Atra-Hasis.

 

 

 

 

 

 

 


ANNEXE : Two Odonata Citations in Ancient Mesopotamian Literature by Dr. Carlos Betoret, Bonet
Valencia, SPAIN

https://www.insects.orkin.com/ced/issue-1/ancient-mesopotamian-literature/

The greek word “Mesopotamia” (land between the rivers) names the territory between the Euphrates and Tigris River. Actually the Republic of Iraq and the eastern part of the Republic of Syria bore the site of the oldest historical civilization of Sumeria. Forming a foundation for the Babylonian and Assyrian civilizations, this area was occupied from approximately 3500 to 500 B.C. Mesopotamian civilizations are well known for their wonderful masterpieces of art; many of which can be seen in famous museums like the Louvre, the British Museum, and the Iraq Museum. Perhaps less well known is the extraordinary literary production of these people preserved on thousands of clay tablets discovered in archeological ruins including Uruk, Babylon, and Nineveh. Within this literature, citations of odonates (dragonflies) can be found in the Poem of Gilgamesh and the Poem of Atrahasis.

ancient mesopotamian tablet

The Poem of Gilgamesh is a summary of five older Sumerian poems compiled by Babylonian and Assyrian clerks. The Sumerian poems were named Gilgamesh and Agga of Kish, The Death of Gilgamesh, Gilgamesh and the land of the living ones, Gilgamesh and the celestial bull, and Gilgamesh Enkidu and the hell. This summary also includes a Babylonian version of an older Sumerian universal flood poem. The Poem of Gilgamesh tells of the hero Gilgamesh, ruling the Sumerian city of Uruk in the 28th century B.C. The poem describes Gilgamesh and the hero Enkidu befriending and traveling to the wood of the cedars, where they kill the monster Humbaba. Ishtar, the goddess of the love, takes vengeance by killing Enkidu, and Gilgamesh, in fear of death, travels in search of the immortality. Finding the sole survivor of the great food, Utnapishtim explains how to get immortality by eating a plant from the bottom of the sea. Gilgamesh fails when a snake eats the plant of immortality and the hero returns to the city of Uruk. The citation the Odonata is contained within the speech of Utnapishtim, when he explains to Gilgamesh how it is impossible to be immortal:

Do we build for ever our houses,
and forever do we steal of properties?
Perhaps the brothers do divide their part for ever.
Perhaps the hate does divide for ever
Perhaps does the river always grow and make inundations.
Does the dragonfly leave its skin?
And its face can only see the face of the sun?

In the original text of the Assyro-Babylonian language is written “ku- li- li- ki- lip- pa.” Modern specialists believe that this means skin of the dragonfly nymph, when it leaves its pupal case to become a flying adult insect.

The incomplete poem of Atrahasis is also a summary of ancient Sumerian poems made by the Assyrians and the Babylonians. The poems portray legends, gods, the origin of mankind, the flood, and other matters. The poem describes the gods fighting between themselves as they build the world, create men, and latter send a flood to destroy mankind. The poem tells of the hero Atrahasis struggling to save the men from destruction. The citation of the Odonata is in a speech by the Mother Goddess Nintu, deploring the sending of the flood. What? Do they give origin to the brave sea?

They have filled up the river as a cloud of dragonflies
As a raft they have arrived to the limit as a raft, they have arrived to the edge
I have seen it and I have cried by their cause;  I have finished my deploration by them.

Perhaps this part of the poem draws similarity between the river filling up with bodies and swarms of dragonflies, flying in the sky.

Both of these citations of ancient Mesopotamian literature, clearly shows that these people, regardless of their scientific awareness, were touched enough by the wonders of insects, including dragonflies, to reference them within the literature of their time."

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SOURCES ET LIENS.

—Le mythe du déluge c) les akkadiens.

http://mapetiteencyclopedie.skynetblogs.be/archive/2014/08/13/theme-1-le-mythe-du-deluge-c-les-akkadiens-8256763.html

— MUGNAIONI (Remo ), Université de Provence et IREMAM, Le Conte d’Atra-Hasīs et le mythe de la création des hommes en Mésopotamie

 

http://agap.mmsh.univ-aix.fr/04vie/doc/bulletin/2009/7.remo_mugnaioni.pdf

— BOTTÉRO (Jean ), KRAMER (Samuel Noah) 1989 Lorsque les dieux faisaient l'homme . Mythologie mésopotamienne. Avec une carte. Collection Bibliothèque des Histoires, Gallimard. Parution : 13-04-1989. pages 527-564.

— DALLEY (Stephanie), Myth from Mesopotamia

http://geha.paginas.ufsc.br/files/2017/04/Atrahasis.pdf

— FORSTER (Benjamin.R) 2005, Before the Muses. An anthology of akkadian literature; Bethesda, Maryland. 3ème édition.

https://docs.google.com/viewer?a=v&pid=sites&srcid=c3RmcmFuY2lzc2Nob29sLm9yZ3xiYWJ5bG9ufGd4OjI0YjE4YjlhYWRjOWE0YTg

— KVANVIG (Helge ) 2011,  Primeval History: Babylonian, Biblical, and Enochic: An Intertextual Reading BRILL,  - 610 pages page 27

https://books.google.fr/books?id=e1hnJYbShWMC&dq=W.G.+LAMBERT+MILLIARD+(A.R)+Atra-h%C3%A2sis,+.&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

—LECLERCQ-NEVEU, 2006, La mythologie mésopotamienne et les récits du Déluge

http://www.normalesup.org/~pcuvelier/wwwmythes/Exposemythologiemesopotamienne.pdf

— LAMBERT (W. G.) MILLARD (A.R), 1969,  Atra- hasîs. The Babylonian Story of the Flood. With The Sumerian Flood Story, by M. Civil. Clarendon Press, Oxford, 1969. xn + 198 pages et 11 planches in-4°.

http://www.persee.fr/docAsPDF/syria_0039-7946_1971_num_48_1_8528_t1_0224_0000_3.pdf

— SMITH George, 1876 : The Chaldean Account of Genesis, New-York 

https://archive.org/stream/chaldeanaccounto00smit#page/n9/mode/2up

— SODEN (Wolfram von), 1990,  : Der altbabylonische Atramḫasis-Mythos In: Otto Kaiser u.a.: TUAT, Band III – Weisheitstexte, Mythen, Epen: 3.1 Weisheitstexte . Gütersloher Verlaghaus Mohn, Gütersloh 1990,

— Texte intégral en traduction anglaise:

http://www.noahs-ark.tv/noahs-ark-flood-creation-stories-myths-epic-of-atra-hasis-old-babylonian-akkadian-cuneiform-flood-creation-tablet-1635bc.htm#three

 

 

Pritchard James B.  Ancient Near Eastern Texts – Relating to the Old Testament

 

 

KRAMER (Samuel Noah) Kramer: Reflections on the Mesopotamian Flood 

www.penn.museum/sites/expedition/reflections-on-the-mesopotamian-flood/ 

Stephanie Dalley: Myths from Mesopotamia: Creation, the Flood, Gilgamesh, and Others.  (Atrahasis extract available at:www.gatewaystobabylon.com/myths/texts/enki/atraha1.htm )

www.bibliotecapleyades.net/serpents_dragons/boulay03e_a.htm

John A. Halloran: Sumerian Lexicon (Online version available at:www.sumerian.org/sumerlex.htm )

 

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Odonates
1 mars 2018 4 01 /03 /mars /2018 21:07

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I. GÉNÉRALITÉS : HAR.RA=HUBULLU.

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Le lexique bilingue zoologique le plus important des périodes Sumériennes (2900-2334 B.C.) et Akkadienne (2334-2154 B.C.) se trouve dans une série de 24 tablettes  d'argile rédigées en écriture cunéiforme nommée Har.ra=Hubullu du nom de son incipit « prêt à intérêt », parce que la première ligne de son premier chapitre présente des termes juridiques et commerciaux. Le premier spécimen de cette série a été découvert à Ninive dans la Bibliothèque Royale  d'Assurbanipal  (668-627 B.C.) en Mésopotamie.

 

C'est, parmi les Listes lexicales, la liste de mots la plus importante thématiquement arrangée, environ 3300 lignes et comprenant six sous-listes thématiques et 9.700 entrées.

La tablette IV traite des véhicules navals, la V des véhicules terrestres, la XVI (un exemplaire est conservée au Louvre, photo infra) des pierres, la XVII des plantes et la XXII donne le nom des étoiles.

Les tablettes XIII à XV donnent le dénombrement systématique des noms d'animaux domestiques, d'animaux terrestres et d'oiseaux (y compris les chauves-souris).

La tablette XIV de cette série contient les noms de 396 à 410 (selon les auteurs) animaux terrestres. Elle est d'un grand intérêt entomologique alors que la table XIII comprend plutôt des animaux domestiques, et la tablette XV concerne les oiseaux.

 

La majeure partie de la collection a été compilée dans la période Paléo-babylonienne, ou Période Amorrite selon D. Charpin  (début du IIe millénaire av. J.-C entre 2000 et 1595), à partir de de la compilation d'anciens livres liturgiques et d'autres ouvrages Sumériens précédant le troisième millénaire. Comme d'autres glossaires canoniques, l'Harra = hubullu était souvent utilisé pour la pratique des scribes pour servir de base pour l'apprentissage du sumérien, désormais langue morte mal comprise par les akkadophones, ce qui nécessite la rédaction de listes bilingues, expliquant le sens des logogrammes sumériens.

Bien qu'ancienne dans ses origines, cette compilation a du être réalisée à une date assez tardive, car plusieurs noms Sumériens sont interprétés de manière erronée. La séquence des chapitres et des noms suit probablement une certaine tradition, mis à part celle qui est entrainée par les préfixes dénominatifs Sumériens.

 

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Musée du Louvre : 16e tablette ( sur les pierres et objets en pierre) de  l'Harra = hubullu, Lexique sumérien-akkadien, en 24 tablettes sur les pierres et les objets en pierre. Argile, milieu 1er millénaire avant JC (copie d'un original plus ancien). Provenance : Warka, l'ancien Uruk.

Musée du Louvre : 16e tablette ( sur les pierres et objets en pierre) de l'Harra = hubullu, Lexique sumérien-akkadien, en 24 tablettes sur les pierres et les objets en pierre. Argile, milieu 1er millénaire avant JC (copie d'un original plus ancien). Provenance : Warka, l'ancien Uruk.

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II. L'ENTOMOLOGIE ET L'HARRA=HUBULLU.

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La 14ème tablette de l'har.ra=hubullu vise à inclure tous les noms des mammifères sauvages terrestres. La plupart des animaux domestiques sont cités dans la 13ème tablette. Les oiseaux (y compris les chauves-souris) et les poissons (incluant probablement d'autres créatures des eaux douces ou salées) sont énumérées ensuite.

Elle contient 179 noms de Mammifères, 75 noms de reptiles et Amphibiens. (F.S. Bodenheimer), 32 noms d'invertébrés .

La liste de la tablette XIV donne aussi   111 noms d'insectes, répartis en 12 Coléoptères,  25 Orthoptères, 33 "pest" (Vermines des humains, des greniers et des produits agricoles), 8 Lépidoptères, 31 Diptères et  Hyménoptères , 4 Odonates et 8 Fourmis. Les noms de chaque insecte sont inscrits en Sumérien dans une colonne et en Akkadien dans l'autre. Les Sumériens font appel à un préfixe dénominatif que n'emploient pas les Akkadiens : buru pour la plupart des Orthoptères, mul pour les Mollusques, girish pour les Lépidoptères, za + ush pour les larves et chenilles, num pour les Diptères et Hyménoptères, et kuli pour les odonates.

Comme le remarque Landsberger 1934, l'identification de la plupart des insectes est très difficile. Par exemple, de nombreux insectes sont indiqués sous le nom de buru (Sumérien) ou e-ribu (Akkadien) pour les criquets (et/ou locustes). Tandis qu'en Sumérien buru est employé comme préfixe pour d'autres insectes comme les libellules, les criquets et les mantes, en Akkadien le nom apparaît comme spécifique. Notamment, dans cette langue, les criquets sont identifiés par deux noms différents. Pourtant, bien que pour une étude de la faune de la Mésopotamie ancienne le terme Akkadien soit en général le plus intéressant, l'étude des deux langages s'impose. En utilisant ces deux langues, on estime le nombre d'espèces d'insectes à une centaine. La mention des insectes utilisés en médecine, d'ailleurs, peut donner quelques indices ; ainsi le « zizanu » n°235, 236 

« Le criquet [ou la locuste] des champs a des pattes sauteuses (ou éventuellement des antennes) particulièrement plus longues que le criquet [ou la locuste] des forêts, et son cou est [plus] long. » Cela évoque à Bodenheimer un Tettigonidé.

Suivant l'étude de Langsberger 1934, les Sumériens [et Akkadiens] connaissaient les larves et les chenilles ainsi que leurs stades de développement.

L'étude critique de l'ensemble des tablettes a été menée par l'assyriologue germanophone Benno Landsberger, et son étude de la tablette XIV a été publiée à Leipzig en 1934. 

B. Landsberger, Die Fauna des alten Mesopotamien nach der 14. Tafel der Serie Har-ra hubullu (Leipzig: S. Hirzel, 1934).

La partie zoologique a été détaillée par F. Simon. Bodenheimer en 1972 dans Animal and Man in Bible Lands: Supplement :

"Les principes taxonomiques étaient plutôt simplistes et ressemblent à ceux utilisés par Pline. Ils sont beaucoup moins élaborés que ceux de la taxonomie de la Grèce ancienne, tels que présentés par Aristote. Les conceptions taxonomiques des Sumériens, tels qu'ils sont exposés ici, furent longtemps en suage en Moyen-Orient. La zoologie du Talmud est entièrement basée sur eux. Et selon une rapide analyse des auteurs médiévaux Arabes, il apparaît 'ils semblent encore accepter d'une manière générale la base de ces dispositions taxonomiques. Il est néanmoins possible que les connaissances des anciens Sumériens, des Babyloniens et des Assyriens étaient bien supérieures à l'impression donnée par l'analyse de cette simple liste de noms."

 

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III. LES ODONATES DANS LA TABLETTE XIV.

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Les libellules, "Libelle" dans la publication de Landsberger, sont mentionnées pour la Tablette XIV pour 3 termes sumériens, les n° 234, 347 et 348.

1°) n°234 page 19 Buru5.id.da (Sumérien) -->Ku-li-lum

Libelle.

 

Notez le suffixe buru- du nom Sumérien, utilisé pour les Mantes ,les Criquets et les Libellules.

 Pour Peter Landolt et  ‎Michel Sartori (Ephemeroptera & Plecoptera : biology, ecology, systematics - 1997 - 

"Landsberger's (1931) translation of the Akkadian name Ku-li-lum as a dragonfly seems to be obviously a mistake. Although some large dragonfly species correspond to locusts in body size, their body and wing colouration is quite different. Although some types of intraspecific associations have been described, they have never been observed in mass emergence or mating activity. Dragonflies mate individually and thanks to their extreme mobility in flight they easily escape our attention"

Bodenheimer note p.114 :

 No. 233a, 234 "river locust" (S) has, as Assyrian equivalent, "river locust" in the former, dragonfly  in the second case. The former may refer to the larvae of Odonata or to fresh water shrimps. Possibly they refer to the large Ephemerid Palingenia euphratica Mos.

Trad :"233a, 234 "buru5.id,   locuste de rivière"  en Sumérien a un équivalent Assyrien qui est "erib-na-a-ri, locuste de rivière" pour 233a, et ku-li-lum "Libellule" pour 234. Le premier pourrait correspondre aux larves d'Odonates ou de crevettes. Elles peuvent se référer aux grandes Éphémères Palingenia euphratica Mos., qui, en raison des énormes troupes qu'elles forment lorsqu'elles émergent sur le fleuve aurait bien pu  être insérer dans ce groupe ."

 

2°) n° 347 ku.li.la.an.na (Sumérien) -->ku-li-li-ti (Akkadien) [C: ku-li-li-tum. D : ki-li-li-u

Braut (Freunlich) des Himmels "Jeune épouse (Aimée) du ciel".Bräutchen (Libelle).

 Pelio Fronzaroli (Etymologies) remarque ceci : "De la même manière que d'autres noms d'insectes sont dérivés avec le suffixe d'appartenance -ī-, dans la forme au féminin -īt- comme ≠abubītu "abeille", "l'insecte qui bourdonne", de *≠bb "murmurer", la libellule kulilītu est une re-détermination à partir de kulīlu "libellule", "la petite épouse", diminutif de kallatu d Šamaš."

 

3°) n° 348. é.gi4.a. dUD (Sumérien) -->kal-lat ilSamas

Braut der Sonne "jeune épouse du Soleil" (Libelle)

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"1. kulilitu, « Bräutchen ». 2. kallat Samas, «Sonnenbraut » knüpft schon an die altsumerische Bezeichnung kuli.anna (SL 536,102 = kuliltu), « Genossin des Himmels » an, wobei der Namensgleichklang mit akk. Kuliltu oder kulilitu (Deminutiv zu kallatu) entscheidend ist.

Das Z.347 gegebene Ideogramm ist eine unter akkadischem Einfluss erflogte Abänderung des altsumerischen. Vgl. Auch Med. Komm v5 und variante D zu Zeile 347 killilû .

Als « flussheuschrecke » schon Z.234 in der form kulilu aufgeführt, vgl. Damit das Ideogramm von Z. 350 (auch K 4229 Rs.6 in RA 17,141).

Als mythische Gestalt s.§ 24b unter den Trophäen des Ningirsu.

Kulili wird durch üÜberschwemmungen ins Land gebracht : Gilgamesh Tafel X . Kol. VI 30 ; Virolleaud, Samas XIV 14 ; Istar II 51 ; (vgl Virolleaux , Babyl. 3, 207 Anm.4) ; Thompson Reports 243,3 ; CT 39, 19, 110-119 (dazu Nötscher, Orient. 51-54, 144) ; « Lippe eines kulilu » CT 28,14,3 ; Kommentar dazu « rechts und links sind [die Lippen] lang ». Als Pflanze : SAI 8022. Die Göttin Kilili hat kaum tewas mit der Libelle zu tun, vgl. Zimmern OLZ 1928, 2 ; issur kilili (CT 40, 49, 39) wohl = kililu (Vogel) (CT 14,7,8, mit ku-li-li erklärt)."

Trad : 

"1. kulilitu," petite épouse" 2. Kallat Samas," épouse du soleil " sont construits déjà sur le nom en Sumérien ancien de  kuli.anna (SL = 536,102 kuliltu)," amie du ciel",   à l'unisson de nom avec STH. Kuliltu ou kulilitu ( Diminutif de kallatu).

L'idéogramme donné en n°.347 est une altération de l'ancien-sumérien sous l'influence akkadienne. Voir aussi Med.  v5 [page 44] et la variante D à la ligne 347 killilû.

Comme "locuste ou sauterelle de rivière", la forme kulilu a été  listée déjà sous le n°.234 , cf. Ainsi l'idéogramme de n°. 350 (aussi K 4229 Rs.6 dans RA 17,141).

En tant que figure mythique voir § 24b  les trophées de Ningirsu.

Kulili est introduit dans le pays par les inondations: Gilgamesh Tablette X Col. VI 30; Virolleaud, Sam. XIV 14; Istar II 51; (cf Virolleaux , Babyl 3, 207 note 4); Thompson Reports 243.3; CT 39, 19, 110-119 (voir Nötscher, Orient 51-54, 144); «Lèvre d'un kulilu» CT 28,14,3; Kommentar à «droite et à gauche sont [les lèvres] longues».

En tant que plante: SAI 8022.

La déesse Kilili n'a presque rien à voir avec la libellule, cf. Zimmern OLZ 1928, 2; issur kilili (CT 40, 49, 39) bien = kililu (oiseau) (CT 14,7,8, avec ku-li-li expliqué). "

 

 

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Landsberger B. 1934. — Die Fauna des alten Mesopotamien nach der 14. Tafel der Serie Ḫar-ra = ḫubullu.

Landsberger B. 1934. — Die Fauna des alten Mesopotamien nach der 14. Tafel der Serie Ḫar-ra = ḫubullu.

Landsberger B. 1934. — Die Fauna des alten Mesopotamien nach der 14. Tafel der Serie Ḫar-ra = ḫubullu.

Landsberger B. 1934. — Die Fauna des alten Mesopotamien nach der 14. Tafel der Serie Ḫar-ra = ḫubullu.

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COMMENTAIRE.

Déterminer, fut-ce au niveau de la Famille ou de l'Ordre, l' insecte désigné par le seul mot écrit, à partir de tablettes cunéiformes du début du deuxième millénaire avant notre ère, comportant des termes Sumériens en vigueur au troisième millénaire, relève sans-doute de la gageure, tant que ce mot n'est pas associé à une illustration. L'Entomologiste soucieux de retrouver les traces les plus précoces des descriptions humaines de Libellules devra conserver une certaine réserve, mais il ne peut faire mieux que de se fier aux conclusions des  meilleurs spécialistes de l'étude de ces tablettes. 

L'Har.ra=hubullu  possède une valeur patrimoniale capitale dans l'étude du vocabulaire entomologique ancien. Nous considérerons donc que ku-li-lum, ku-li-li-ti, ku-li-li-tum ou Kallat Samas sont les noms données aux Odonates par les Akkadiens sur les rives du Tigre et de l'Euphrate entre 2000 et 1600 avant J.C. Avec leurs variantes kulilu,  kulliltu, killilu.   Précédés par le charmant ku.li.la.an.na sumérien "Ami du paradis".

Sur un plan purement poétique, il me plait de retrouver dans ces allitérations en -l une résonance, un écho rétrospectif du Libellula créé par Linné en 1758. Ou li.be.llu.la si vous voulez.

De même, il me plait de retrouver dans les "traductions" de ces noms Sumériens, telles que  Jeune épousée du Ciel, Jeune épousée du Soleil et Amie du Paradis la même pensée allégorique ou analogique humaine qui, de tout temps, voit dans ces insectes agitant gracieusement leur quatre ailes ou faisant miroiter les éclats de bronze de leurs corps des "Demoiselles". La même pensée qui leur donnera le nom de Fiancée (Lestes sponsa), de Jouvencelle (Coenagrion  puella) , de Nymphes (Pyrrhosoma nymphula), de Naïades (Erythromma najas)  de Vierges (Calopteryx virgo), et d'Élégantes (Ischnura elegans). 

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SOURCES ET LIENS.

— ABIVARDI (Cyrus) 2001  Iranian Entomology - An Introduction: Volume 1: Faunal Studies. Volume 2: Applied Entomology Springer Science & Business Media, 3 juil. 2001 - 1033 pages.

— BODENHEIMER, ( Friedrich Simon ) 1972,  Animal and Man in Bible Lands: Supplement. Brill Archive, 1972 - 232 pages 

— FOSSEY (Charles), 1901, Syllabaire cunéiforme, Paris, E. Welter ed. https://archive.org/details/syllabairecunif00fossgoog

— CIVIL (Miguel), 1973, THE ASSYRIAN DICTIONARY of the Oriental Institute of the University of Chicago

http://www.bulgari-istoria-2010.com/Rechnici/Assyrian%20dictyionary_9.pdf

 Fronzaroli (Pelio), Etymologies 

http://www.aulaorientalis.org/AuOr%20escaneado/AuOr%2023-2005/AuOr%2023%20PDF/5-Fronzaroli-def.pdf

— LANDOLT Peter et  ‎Michel Sartori (Ephemeroptera & Plecoptera : biology, ecology, systematics - 1997

-—Landsberger B. 1934. — Die Fauna des alten Mesopotamien nach der 14. Tafel der Serie Ḫar-ra = ḫubullu. Abhandlungen der philologisch-historischen Klasse der Sächsischen Akademie der Wissenschaften 42 (6), 144 p.

 

http://digital.slub-dresden.de/werkansicht/dlf/7517/14/

http://digital.slub-dresden.de/fileadmin/data/302433244/302433244_tif/jpegs/302433244.pdf

— Landsberger B. 1960. — The fauna of ancient Mesopotamia, first part, tablet XIII. Materialien Zum Sumerischen Lexicon VIII (1), 103 p.

— Landsberger B. 1962. — The fauna of ancient Mesopotamia, second part, HAR-ra = Hubullu tablets XIV and XVIII. Materialien Zum Sumerischen Lexicon VIII (2), 180 p

 — LANDSBERGER (Benno) (1957). The Series HAR-ra = hubullu. Tablets I-IV (MSL V). Pontificium Institutum Biblicum.

 — LANDSBERGER (Benno)(1958). The Series HAR-ra = hubullu. Tablets V-VII (MSL VI). Pontificium Institutum Biblicum.

 — LANDSBERGER (Benno), 1959. The Series HAR-ra = hubullu. Tablets VIII-XII (MSL VII). Pontificium Institutum Biblicum.

 — LANDSBERGER Benno ; Anne Draffkorn Kilmer; Edmund I. Gordon (1960). The Fauna of Ancient Mesopotamia. First Part: Tablet XIII (MSL VIII/1). Pontificium Institutum Biblicum.

 — LANDSBERGER (Benno), Anne Draffkorn Kilmer (1962). The Fauna of Ancient Mesopotamia. Second Part: HAR-ra = hubullu. Tablets XIV and XVIII (MSL VIII/2). Pontificium Institutum Biblicum.

 — LANDSBERGER (Benno), M. Civil (1967). The Series HAR-ra = hubullu. Tablet XV and Related Texts. Ugu-mu. List of Diseases. With Additions and Corrections to MSL II, III, V, and VII (MSL IX). Pontificium Institutum Biblicum.

 — LANDSBERGER (Benno); E. Reiner; M. Civil (1970). The Series HAR-ra = hubullu. Tablets XVI, XVII, XIX and Related Texts (MSL X). Pontificium Institutum Biblicum.

— 

Brigitte Lion, Cecile Michel. Criquets et autres insectes à Mari. J.-M. Durand et J.-C. Margueron. Mari Annales de Recherches Interndisciplinaires, ERC ADPF, pp.707-724, 1997, MARI 8. https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00821266/document

— REINER (E.) , M. Civil (1974). The Series HAR-ra = hubullu. Tablets XX-XXIV. Miscellaneous Geographical Lists (MSL XI). Pontificium Institutum Biblicum.

— LISTES LEXICALES.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Listes_lexicales

— LISTES DE NOMS D'ANIMAUX EN AKKADIEN.

http://oracc.museum.upenn.edu/dcclt/ebla/corpus

 Forme écrite :gu₂-li-lu-um. Forme normalisée ::kulīlum (gu₂-li-lu-um). : dragonfly

— Corpus numérique cunéiforme

http://oracc.museum.upenn.edu/dcclt/lexicalliststypology/index.html

http://oracc.museum.upenn.edu/dcclt/ebla/corpus

 

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Odonates
27 février 2018 2 27 /02 /février /2018 17:22

Zoonymie du nom de genre Onychogomphus, Selys 1854.

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Dans cette série Zoonymie des Odonates, voir : 

 

 

 

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I. LA PUBLICATION ORIGINALE

 

SELYS-LONGCHAMPS (Edmond de), 1854, Synopsis des Gomphines, Bulletins de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique. t.XXI(2) pp 23-112 page 33

https://www.biodiversitylibrary.org/page/36937548#page/605/mode/1up

 

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Genre 2. — ONYCHOGOMPHUS, De Selys. 
Gomphus, Leach, Ramb., De Selys. 
Diastatoma, Burm. 
Appendices anals supérieurs des mâles ayant à peu près la  longueur des deux derniers segments; l'inférieur très-fourchu , à branches contiguës. 
Patrie : Europe, Asie, Afrique. 

Edmond de Sélys divise son genre en trois sous-genres, O. Uncatus, O. forcipatus et O. cognatus. Il écrira en 1758 : "Pour la subdivision des Onychogomphus en groupes , je me suis servi d'abord, comme on le voit dans le tableau synoptique, de la forme des appendices anals des mâles, ainsi de que celle de l'occiput des femelles. J'ai tenu compte , en seconde ligne, du dessin du thorax et du dessin de l'abdomen."

. Les noms qu'il a créé sont fondés sur la forme des appendices des mâles. Mais à aucun moment de ses descriptions, il ne se livre à des descriptions imagées qui viendraient fonder l'étymologie de  ses noms. 

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II. ÉTUDE DU NOM SCIENTIFIQUE.

 Onychogomphus vient du grec ὄνυξ, ónyx  (onux, onukhos)  "ongle, serre, griffe" , associé à  -gomphus. Il signifie donc   :  "gomphus à ongle, gomphus à crochet " du fait de la forme des appendices anaux des mâles . (Je rappelle que gomphus vient du grec  gomphos = "clou, coin, cheville" du fait de la forme en massue de l'abdomen des mâles). 

Le radical "onycho" sert à la construction de nombreux termes médicaux concernant les ongles : onychophagie, onychoptose, onychomycose, onychodysplasie, onyxis, perionyxis,  etc.

La distinction entre O. uncatus et O.  forcipatus poursuit cette idée en précisant dans l'épithète spécifique la forme de "l'ongle" soit en crochet (uncatus), soit en pince (forcipatus).

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III. ETUDE DES NOMS VERNACULAIRES DU GENRE ONYCHOGOMPHUS.

Le nom vernaculaire français Onychogomphe est affligeant en se contentant de  transcrire  le latin sans le rendre compréhensible.  

Les anglais ont su créer le nom de Pincertail, "queue en pince", directement évocateur à ceux qui ne possèdent pas la maîtrise des racines grecques et latines. Il le déclinent en Large Pincertail pour O. uncatus, Small Pincertail pour O. Forcipatus, Dark Pincertail pour O. assimilis, Faded Pincertail pour O. costae  etc.

Les Néerlandais ont créés Tanglibellen "libellule à pince", avec le même bénéfice. La famille des Gomphidae porte le nom de Rombouten.

Les Catalan ont le nom très intéressant de Tallanassos "Coupe-nez" [ou Nez court] déjà attesté en 1911 par Eugène Rolland dans sa Faune populaire de la France tome XIII. Tallanassos gros est O. uncatus, Tallanassos petit est O. forcipatus, et Tallanassos d'Areny est O. costae.

 

 

IV. DESCRIPTION.

"Les mâles se reconnaissent facilement à leurs appendices anaux en pinces à sucre" (K.-D. B. Dijkstra).

Comme les Dalton : À l'exception d'O. costae, toutes les espèces ont un abdomen annelé de noir et de jaune  (alors que les Gomphus ont sur l'abdomen une ligne quasi continue jaune) et un thorax jaune rayé de bandes noires .

  • Corps atteignant 80 mm de long.
  • Yeux largement séparés : ce sont des Gomphidés

  • Abdomen dilaté à l'extrémité et muni chez les mâles, de trois crochets (pince anale) de taille imposante. Ces crochets sont recourbés à angle droit vers l'intérieur.

  • Base de l'aile postérieure anguleuse chez les mâles et arrondie chez les femelles. (Wikipédia)

V.Bibliographie : voir ici

http://www.lavieb-aile.com/2018/01/la-bibliographie-de-mes-articles-de-zoonymie-des-odonates.html

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Odonates
18 février 2018 7 18 /02 /février /2018 21:12

Zoonymie des  Odonates. Kulilu dans l'Épopée de Gilgamesh .

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Voir aussi :

 

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En 1991, dans son excellent article A brief history of Odonatology, Philip S. Corbet écrivait :

" ‎As early pictorial and written records become available, we obtain tantalising glimpses of dragonflies in literature and art. Thus adult dragonflies feature in prehistoric art of the Late Bronze Age from the Aegean region (Younger, 1983) and of the American Indians in British Columbia (Cannings & Stuart, 1977) whereas larvae are portrayed on Incan or pre-Incan pottery from Chile and Peru (Kennedy, 1947).

If the word ‘dragonfly’ is translated correctly we read in The epic of Gilgamesh –a renowned Mesopotamian king. (ca 3,000-2,000 B.C.)  that adult dragonflies emerge from aquatic larvae (Sandars, 1972).

Dragonflies are among the insects referred to in the oldest known book on zoology — the Sumerian and Akadian (Babylonian) Hubulla tablets from the 18th Century B.C. (Harpaz, 1973);"

Il signalait ainsi avec concision à la fois la présence de la mention des Libellules dans l'Épopée de Gilgamesh, mais aussi les incertitudes sur la traduction par "libellule" du mot inscrit en caractères cunéiformes sur les tablettes d'argile.

Pour l'étude de la Zoonymie (étude des noms) des Odonates, il est important de rechercher d'une part quel est le nom utilisé en akkadien dans l'un des textes les plus anciens de l'Humanité, et d'autre part dans quel contexte il apparaît, et enfin quelles sont les discussions sur sa traduction.

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I. Le nom "libellule dans l'Épopée de Gilgamesh.

Cette épopée est relatée dans douze chapitres, dont la majorité furent découverts au XIXe siècle à Ninive dans les ruines du temple de Nabou, et dans la bibliothèque du palais d'Assourbanipal.

C'est dans la tablette X qu'il serait question de libellules.  Hanté par la mort de son ami Enkidu, le roi Gilgamesh s'est rendu auprès d'Outa Napishtim  pour obtenir l'immortalité.  Il apprend de ce dernier (qui a survécu au Déluge) que la mort est inévitable : 

 

 

"OutaNapishtim dit à Gilgamesh : « Gilgamesh pourquoi cette douleur dans ton cœur toi qui portes en toi la chair des dieux ? La mort est cruelle et sans merci. Qui de nous bâtit des maisons indestructibles ? Qui de nous scelle des contrats éternels ? Les frères héritent, partagent. Quel héritage est perpétuel ? La haine, même la haine existera-t-elle dans le pays pour toujours ? Est-ce que le fleuve monte et amène la crue pour toujours ? 

"La libellule à peine sortie de la lumière, entrevoit le soleil et atteint à son terme.

"Depuis les temps les plus anciens, hélas ! rien ne dure, le dormeur et le mort se ressemblent, les deux n'ont-ils pas l'aspect de la mort ? Qui, la mort venue, peut distinguer entre le serf et le maître ?. Les Anounnaki, les grands dieux tiennent conseil avec eux, Mammitoum la “créatrice des destins” pour décider ensemble des destins, ils répartissent la vie et la mort ils révèlent les jours de la vie mais de la mort ils ne révèlent pas le jour." (Trad. Abed Azrié)

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Onzième tablette de l'Epopée de Gilgamesh, British Museum, provenant de la bibliothèque du palais d'Ashurbanipal à Ninive, 7eme siècle avant notre ère.

 

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Selon W.G. Lambert , le relevé de la tablette X pour les lignes qui nous concernent (avec la traduction littérale) serait :

 

21 im-ma-ti-ma naru is-sà-am-ma mi-la ub-lu  For how long has the river risen and brought the flood?

22 ku-li-li i[q]-qé-lép-pa-a ina nari / So that dragonflies drift on the river

23 pa-nu-sâ i-na-at-ta-lu pa-an samsti / Their faces staring into the face of the sun god?

24 ul-tu ul-la-nu-um-ma ul i-ba-às-si mim-ma /  Suddenly there is nothing.

 

25 sal-lu u mi-tum ki-i pi a-ha-mes-ma / The prisoner and the dead are alike,

26 sà mu-ti ul is-si-ru sa-lam-su / Death itself cannot be depicted,

Le terme traduit par Libellule est celui de ku-li-li ou kulili .

Lambert indique en note concernant la traduction des lignes 23 et 24 :

 

"The rendering given presumes that kulilu is feminine. There seems to be no clear evidence elsewhere on this point. Then the lesson from the dragonfly is continued: they drift down the river with their big eyes looking upwards, but suddenly they disappear beneath the surface and exist no more. Without this continuation lines 21-22 seem to have no purpose. For ultu ullanumma with the idea of suddenness, note Descent of lstar 63 (R. Borger, BAL II 90): iS-tu ul-la-nu-um-ma *is-tar a-na erset la tari li-ri-du "As soon as Istar had gone down to the underworld." Most translators have taken lines 22 and 23 together, whatever the details of their renderings. V.S., however, takes 23 and 24 together: "Ein Antlitz, das in die Sonne sehen konnte, Gibt es se.it jeher nicht." This is excellent grammar, but seems to give no meaning." .

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Dans un article concernant les Odonates, Carlos Bonet Betoret  présente en 1993 ce passage ainsi :

"The citation the Odonata is contained within the speech of Utnapishtim, when he explains to Gilgamesh how it is impossible to be immortal:

Do we build for ever our houses,
and forever do we steal of properties?
Perhaps the brothers do divide their part for ever.
Perhaps the hate does divide for ever
Perhaps does the river always grow and make inundations.
Does the dragonfly leave its skin?
And its face can only see the face of the sun?

In the original text of the Assyro-Babylonian language is written “ku- li- li- ki- lip- pa.” Modern specialists believe that this means skin of the dragonfly nymph, when it leaves its pupal case to become a flying adult insect."

.

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II. LES CHOIX DE TRADUCTION.

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La traduction de ce passage de L'Épopée de Gilgamesh peut tout changer pour Libellule, qui cherche ses racines mésopotamiennes.

En anglais, la publication qui faisait référence était celle de N.K Sandars, parue en 1960 chez Penguin's. Elle a le défaut de transformer en prose la versification de l'Épopée. Il y a aussi Classic Myths from Mesopotamia, de Stephanie Dailey, (1989, révisée en 2000), en vers, qui a pris le parti de "moderniser" le texte en le débarrassant de ces détails et tournures désuètes.

Et enfin, il y a celle d'Andrew George The Epic of Gilgamesh : a new translation, parue chez Penguin Classics en 1999 et révisée en 2003. La version babylonienne est connue depuis plus d'un siècle, mais les linguistes déchiffrent encore de nouveaux fragments en akkadien et sumérien. La "nouvelle traduction magistrale" d'Andrew George ( The Times ) combine brillamment ces derniers dans un récit fluide et sera longtemps comme le Gilgamesh anglais définitif. 

 Andrew R. George (né en 1955) est un universitaire britannique connu pour son édition et sa traduction de l' épopée de Gilgamesh . Andrew George est professeur de Babylonien dans le Département des langues et des cultures du Proche et du Moyen-Orient à l' École des études orientales et africaines SOAS de l' Université de Londres. Dans le domaine de la recherche sur Gilgamesh, ses travaux ont révolutionné les choses autant que la parution de The Evolution of  the Gilgamesh Epic de J.H. Tigay en 1982.

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1°) Andrew George 2003.

La plupart des  traducteurs anglo-saxons et  français donnent la leçon "libellule" pour ce passage, mais Andrew R. George préfère traduire le terme kulili  par "éphémère" (Ephemera Linnaeus 1758, Mayfly, Mouche de mai) :

The ephemeral nature of the mayfly is proverbial, and for this reason (as well as the Arabic cognate) I prefer to take kililu as "mayfly" rather than the customary "dragonfly". As Dalley notes (Afw/w,p. 133, n. 121), the image evokes a passage of Atra-hasis in which the mother goddess likens those  drowned in the Deluge to mayflies borne along by a river: ki-ma ku-li-li im-la-a-nim na-ra-am, 'they fill the river like mayflies' (OB Atram-hasTs in iv 6) A. R. George, The Babylonian Gilgamesh Epic: Introduction, Critical Edition and Cuneiform ... 2003

Voir sa traduction des vers 311-315 de The Babylonian Gilgamesh Epic, vol. I page 697 .

311 At some time feuds arise in the lands.

312 At some time the river rose (and) brought the flood,

313 the mayfly floating on the river

314 Its countenance was gazing on the face of the sun,

315 then all of a sudden nothing was there.

Trad littérale :"A un moment donné, des querelles surgissent dans les terres.
À un certain moment la rivière s'est levée (et) a apporté le déluge,
l'éphémère flottant sur la rivière
Son visage contemplait le visage du soleil,
puis tout d'un coup rien n'était là."

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2°) Les traducteurs français postérieurs à Andrew George.

En 1979, Abed Azrié a publié L’épopée de Gilgamesh : texte établi d’après les fragments sumériens, babyloniens, assyriens, hittites et hourites, traduit de l’arabe et adapté par Abed Azrié, éd. Berg international, 1979 . J'ai cité plus haut son texte : 

Est-ce que le fleuve monte et amène la crue pour toujours ? La libellule à peine sortie de la lumière, entrevoit le soleil et atteint à son terme. Depuis les temps les plus anciens, hélas ! rien ne dure, le dormeur et le mort se ressemblent, les deux n'ont-ils pas l'aspect de la mort ? 

 

En 1982, Jean Bottéro a publié L'Epopée de Gilgamesh chez Gallimard. Je ne l'ai pas consulté. En 2009, M. Laffon a publié Gilgamesh chez Bellin d'après la traduction de Bottéro. Voici la traduction du passage qui nous intéresse :

« Nous sommes tous comme des éphémères emportés par le courant : de nos visages qui voyaient le soleil, brusquement il ne reste plus rien. Endormi, mort, c’est la même chose ! Personne n’a jamais pu représenter la mort. Pourtant, depuis ses origines, l’homme en est prisonnier. Depuis que les grands dieux, et Mammitu, la grande déesse mère, la faiseuse des destins, ont arrêté ensemble les destinées des hommes, ils nous ont imposé la mort comme la vie, nous laissant seulement ignorer le moment de notre mort » (M. Laffon pp. 74-75)

 On trouve aussi en ligne : "Tels des éphémères [insectes] emportés par le courant, des visages qui voyaient le soleil, tout à coup il ne reste plus rien. Endormi et mort, c'est tout un" (Gilgamesh X, VI, 6-25)

La thèse argumentée d'A. George semble donc avoir été convaincante. Les Odonatologistes ont-ils pris la mesure de ce bouleversement , qui les priveraient d'une glorieuse entrée en matière dans le récit de l'histoire des relations entre les hommes et les Odonates ?

 

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III. LE MOT KULILU .

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1°) Dans le Lexique sumérien-français (textes traduits dans Attinger, ), 2017

 

gu5-li-an-na-k s. litt. "compagnon d'An", un insecte (souvent traduit par "libellule") vaincu par Ninµirsu/Ninurta Gud. Cyl. A 26:10, Angim 36, 58, Lugale 129; non-st. ku6-li-an-na Angim 58 aA (mA) gu5-ul = gu-ul

2°) Dans l' Assyrian Dictionary anglais-assyrienAssyrian -English -Assyrian Dictionary je lis :

kuliltu nf fish-woman; dragonfly; mermaid*

kulilu n. 1 fish-man, merman; mayfly; ---->. - * dragonfly

— Samas n. sun-god; -->. kaIlat -* dragonfly;

 

 

3°) Je trouve sur Wikipédia :

 

 In Babylonian mythology, Kulilu is a destructive spirit, half man, half fish.[1][2]

 

4°) Le Manuel d'Épigraphie Akkadienne de  R. Labat et F. Malbran-Labat, le manuel de signes cunéiformes le plus utilisé par les étudiants, donne : 

kallat Samas libellule 324 (E-Gi 4 -A- d UTU).

 

4°) Le Sumerian Compound -Sign Words donne :

ku-li-an-na: friend of heaven; dragonfly ('friend' + 'sky' + genitive).

5°) Dans A Concise Dictionary of Akkadian, de Jeremy A. Black,Andrew George,J. N. Postgate, 2000

je lis :

Kulilu I, kulilû, "dragonfly" JB [Akkadien néobabylonien, Ier millénaire], mil k."flood bearing dragonfly (corpses)"

 

 

6°) Le Dictionnaire Assyrien de CIVIL (Miguel) GELB (I.J) The Assyrian dictionary 1971 indique 

Buru-Gal-Edin-Na : Dragonfly

http://www.aina.org/cad/cad_k.pdf

7°) En Sumérien, le terme est connu grâce au plus ancien dictionnaire bilingue Sumérien-Akkadien, l'Harra-Hubulu datant de l'époque Paléo-babylonienne. Voir mon précédent article, et voir Landsberger n° 234, 347 et 348.

 n° 234 burus5-id-da), en Sumérien, ku-lîl-um en Akkadien, Il est traduit en allemand par Landsberger par  Libelle,  « libellule ».

n° 347 : ku.li.la.an.na en Sumérien, ku-li-li-ti en Akkadien. Il est également traduit en allemand par Landsberger par  Libelle,  « libellule ».

n° 348 e.gi4.a.dUD, Sumérien, kal.lat ilSamat  en Akkadien. Il est traduit en allemand par Landsberger par  Libelle,  « libellule ».

 

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DISCUSSION.

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Il semble que le même mot, ou un mot homonyme, qui désigne une femme-poisson ou un homme-poisson soient aussi traduit comme "une libellule" . Pour Michael Ford

 A “Ku-li-li” is a “Fish Woman” and “Kulilu is “dragonfly”. This god seems associated with the Ku-li-an-na or “Kililtu” which is “friend of Anu”. The Kulilitu is an insect or “little bride” which according to Wiggerman in “Mesopotamian Protective Spirits” may have been blended in translations. (in Maskim Hul: Babylonian Magick)

Le seigneur Ku-li-an-na ou Kulinanna, "ami d'An" désigne par épithète  Dumuzi (Tammuz), roi-berger après son mariage sacré avec la déesse Innana Ishtar.

La complexité de ces proxémies est illustrée par cet extrait (j'ai laissé passer quelques erreurs de graphie) de  Mesopotamian Protective Spirits: The Ritual Texts de F. A. M. Wiggermann page 182

— Kulullû, « Fish-Man ». a Word : that KU6.LU.ULU -lu is to read kulullû appears from the Göttertypentext where the word is spelles ku-lu-ul-lu (MIO 1 80:12). A long -û is demanded by Sumerian lù-ùluu, from which lullû is borrowed, but none of the lullù words is spelled with an additionnal vowel indicating length, and thus, counter to etymology, actiual usage indicates a short vowel (the dictionary assume a short vowel). A by-form kulil(l)u is attested in KAR 162 Rev.4. (Ee, spelled ku-li-li). This kulil(l)u is to kept distinct from

a) Ku-li-li, variant of dKi-li-li (Landsberger Fauna 136, Frankena Takultu 97, CAD K 357a), a female figure, possibiy apotropaic as well (III.B.13=n)

b) kulilu (Sum.: burus(-id-da), "dragonfly ".

 

c) ku-li-an-na= kuliltu. The SB bilingual text of Angim 58 trans* lates ku-li-an-na, "friend of heaven/ An", denoting one of the trophies of Ninurta/Ningirsu, with ku-lil-ta. What ku-li-an-na denotes in the OB text is not known; it was hardly Dumuzi, who is sometimes called "friend of An". Etc..

Ou encore :

F. A. M. Wiggermann - 1992 - ‎History

The SB text apparently associates "friend of An" with the Akkadian loanword ku-li-li-an-na, "little bride of An" = Akkadian kulil(l)tu, an insect since it appears among other insects ... "little bride" (an insect) and kuliltu, "fish-woman" are not related linguistically, they may have been fused in the mind of the late translator of Angim

De même on peut lire les propos de Jerrold S. Cooper et Eugen Bergman 1978 concernant KU-LI-AN-NA .

 Wilcke, ZA 59 99107 distinguishes between k u — li — a n — n a : “dragonfly”, and the k u — li— a n — n a  under discussion here, but since both appear as kuliltu in Akkadian, the reason for this distinction is unclear, unless Wilcke considers the Akkadian translation to be erroneous for the ku-li-an-na trophy. If one could be certain that ku-li-an-na did indeed mean « dragonfly », (cf CAD s.v kulilitu « an insect »), there would be no reason to hesitate in so translating the word here, since a dragonfly would be no more bizarre than several other of Ninurta's trophies... The habitat of ku—li—an—na, according to 1. 36, is an— 5 a r k i — s a r “the limits of the universe, everywhere”, which might, with some imagination, be used to support an insect identification, but in reality tells us little. The spelling k u6 — 1 i — a n — n a in aA is unique, probably derived from confusion with k 1.16 — 1 1'1 — ll x — 1 u : kulilu/kulullu “fish-man”. There is no apparent relationship between this k u — li — a n — n a and the homonymous epithet of Dumuzi (“friend of An”; ...; see Wilcke, ZA 59 69).

CAD = The Assyrian Dictionary of the Oriental Institute of the University of Chicago

 

 

 

 

Datation.

On suppose que le règne historique supposé de Gilgamesh a été approximativement 2700 BCE . Les premiers poèmes sumériens de Gilgamesh datent de la troisième dynastie d'Ur (2100-2000 avant notre ère). Les premières versions akkadiennes de l'épopée unifiée datent de ca. 2000-1500 avant notre ère .  En raison de la nature fragmentaire de ces versions Old Babylonian, il n'est pas clair qu' elles aient inclus un compte rendu élargi du mythe de l'inondation; bien qu'un fragment inclut  l'histoire du voyage de Gilgamesh pour rencontrer Utnapishtim . La version "standard" akkadienne, débutant par  a été compilée par Sin-liqe-unninni entre 1300 et 1000 avant notre ère. C'est elle qui a été retrouvée par Hormuzd Rassam en 1853 sur les 11 tablettes en akkadien de la bibliothèque du palais d'Ashurbanipal datant du VIIe siècle. Traduite en anglais par George Smith en 1872,  porte le nom de son incipit "Celui qui a vu la profondeur" (ša naqba īmuru). Seuls les 2/3 des 3600 vers de l'épopée nous sont connus.

La mention d'une "libellule" dans la tablette X doit donc être datée entre 1300 et 1000 avant notre ère. 

Valeur allégorique.

Dans ce texte, la libellule est donnée en exemple à Gilgamesh pour qu'il réalise la finitude de toute chose : elle émerge, elle contemple le soleil, puis elle disparaît, emportée par les flots. Ce courant qui entraîne la libellule avec lui, pour l'Homme, c'est le Temps qui le mène à la mort.

C'est exactement le même souci rhétorique qui amènera les peintres flamands à peindre des Vanités avec des fleurs, des papillons, des libellules, des bougies qui fument et des crânes parmi les bijoux. Tout passe ici bas.

Mais si Kulilu est traduit par Ephémère, la démonstration est encore plus forte, puisque ces insectes ont une vie adulte très brève, au cours de laquelle ils se reproduisent, puis meurent. Ephemerida signifie "qui ne vit qu'un seul jour".

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CONCLUSION.

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Au terme de cette enquête, je peux dire que le nom par lequel les Babyloniens (les Néo-bab et les Paléo-bab) désignaient les Odonates était quelque chose comme KULILU, malgré les difficultés de transcription des caractères cunéiformes. Je peux aussi dire que ce mot figure sur la Xeme tablette d'argile retrouvée dans le palais d'Ashurbanipal à Ninive, dans cette partie du récit  de l'Epopée de Gilgamesh écrite entre 1300 et 1000 avant notre ère, qui raconte comment le roi Gilgamesh avide d'éternité reçoit de l'immortel Outa Napishtim cet exemple : l'homme est destiné à mourir tout comme les libellules sont emportées par les flots sur lesquels ils viennent d'émerger.

Mais je suis convaincu que cette méditation sur la brièveté et l'insignifiance de la vie des insectes s'applique mieux encore si le terme akkadien est traduit par "mayfly", l'Éphémère.

Philip S. Corbet avait été fort prudent d'écrire : If the word ‘dragonfly’ is translated correctly we read in The epic of Gilgamesh –a renowned Mesopotamian king. (ca 3,000-2,000 B.C.)  that adult dragonflies emerge from aquatic larvae (Sandars, 1972). Si le mot "libellule" en est la traduction correcte, nous pouvons lire dans l'Epopée de Gilgamesh que les libellules adultes émergent de larves aquatiques.

Finalement, je sais que je ne suis plus sûr de rien, et j'en suis bien instruit. J'en garde quelques traductions lapidaires comme des silex :

Pour combien de temps le fleuve monte-t-il pour amener la crue? Une libellule glisse sur le fleuve, Sa face faisant face au soleil, À la fin, il n'y a rien ! 

Ou bien :

 Le fleuve s'élève-t-il sans cesse pour amener sa crue ? La libellule ne sort de son cocon Que pour voir un moment la face du soleil.

Ou , dans la BD de Jens Harder :

Un jour, le fleuve monte en crue. Seule la libellule qui sort de son cocon, elle seule reverra le soleil après la catastrophe"

Tout et son contraire, telle est la vérité sous le soleil.

 

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SOURCES ET LIENS.

—LABAT (René), 1976,  Manuel d'Épigraphie Akkadienne de  R. Labat et F. Malbran-Labat, 5º édition; Paris 1976

https://archive.org/details/LabatR.ManuelDEpigraphieAkkadienne5Ed1976

— GEORGE Andew Gilgamesh

http://eprints.soas.ac.uk/1603/1/George%20Babylonian%20Gilgamesh%201.pdf

— BETORET (Carlos Bonet), 1993, Two Odonata Citations in ancient Mesopotamia literature

https://www.insects.orkin.com/ced/issue-1/ancient-mesopotamian-literature/

https://www.insects.orkin.com/ced/

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Odonates
10 février 2018 6 10 /02 /février /2018 23:40

Zoonymie des Odonates. Avant l'ère des noms, celle des enluminures. Les manuscrits français de la BnF (base Mandragore).

 

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Voir aussi :

 

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Résumé : une quarantaine de libellules, peintes dans 19 manuscrits enluminés des collections de la Bibliothèque nationale de France entre le 13e et le 17e siècle, sont étudiées pour enrichir l'histoire des Illustrations en Entomologie d'une part , et de l'Odonatologie d'autre part. Ou comment les insectes sont devenus objets du regard artiste, puis objets de connaissance scientifique.

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 LES LIBELLULES DU SITE MANDRAGORE DE LA BNF.

Toutes les images sont soumises à l'obligation d'identification de leur origine :

 Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.

 

Les enluminures sont classées par ordre chronologique comme faire ce peut, et accompagnées d'extraits des Notices de la BnF.

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LE TREIZIÈME SIÈCLE.

2 manuscrits, 2 enluminures..

 

—  Français 19093,  Album de Villard de Honnecourt (vers 1230-1240)  fol. 7v.

   

Notice : http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc482952

Image : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10509412z/f16.image

http://expositions.bnf.fr/utopie/pistes/grand/vill.htm

 

Villard de Honnecourt est un maître d'œuvre né près de Cambrai vers l'an 1200, est célèbre par son Album. Le manuscrit de Villard de Honnecourt, un carnet de format réduit, d'environ 14 cm sur 22,  est composé de feuilles de parchemin portant des dessins sur les deux faces et réunies en cahiers. 66 pages persistent de la centaine de feuilles initiales. La Faune y tient une place importante, à coté de personnages, de croquis d'architectures et de dessins géométriques : on trouve un aigle et un lion, un porc-épic ou un pélican. Leur représentation est étonnamment précise.
 

Sur le folio 7v figurent à coté d'un labyrinthe deux chats, une écrevisse, une mouche et un Orthoptère (doté d'oreilles !).   La libellule dessinée est un Anisoptère (ailes étendues horizontalement) aux yeux contigus en une zone étroite, aux ailes postérieures plus larges, à leur base, que les antérieures, et à l'abdomen légèrement dilaté à son extrémité ; les appendices anaux sont figurés. Les annelures de l'abdomen ne correspondent pas aux dix segments des Odonates. La précision du contour est remarquable eu égard à la date, et aux autres images qui vont suivre. 

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 Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

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—  Latin 10483 Breviarium ad usum fratrum praedicatorum Bréviaire de Belleville, enluminure par  Jean Pucelle vers 1323-1326 fol. 24v, 

  Notice : http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc785374/ca59930198497994

 

Le peintre et enlumineur  Jean Pucelle est actif entre 1319 et 1334. .

"Jean Pucelle a introduit dans l'art de l'enluminure parisienne, jusqu'alors routinier, une nouvelle conception de l'espace dans la peinture venue d'Italie. Inspiré de l'art siennois et notamment de Duccio di Buoninsegna, il en reprend aussi le sens plastique. Cette inspiration italienne est tellement prégnante que certains historiens ont même avancé l'hypothèse qu'il pourrait s'agir d'un artiste italien (Giovanni Pucelli) venu s'installer à Paris. Il insuffle en tout cas un nouvel élan dans l'enluminure parisienne qui se perpétue dans de nombreux suiveur jusqu'à la fin du xive siècle dont le plus célèbre est Jean le Noir. D'après les rares manuscrits qui lui sont directement attribués, son style semble cependant très hétérogène et la part des collaborateurs est difficile à déterminer, si bien que l'on préfère parler d'un style pucellien" Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Pucelle

Image :image : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8451634m/f50.image

La libellule appartient à l'encadrement d'une page consacrée au Psaume 38 et illustrée par le roi Saul menaçant le jeune  David de sa lance. La marge proche montre un démon jouant de la flûte traversière, et une femme voilée tenant un miroir ou n instrument à archet. Plas bas se trouve un faisan, un singe tenant un papillon identifiable (Aglais urticae), un escargot et un autre papillon. Les fleurs bleues sont des Ancolies du Genre Aquilegia.  Cette précision dans les représentations naturalistes peuvent nous inciter à penser que la libellule n'est pas imaginaire, mais basée sur l'observation. Ses ailes sont étendues latéralement comme celles d'un Anisoptère, ses deux yeux en perle sont légèrement écartés comme ceux des Gomphes, le thorax est ovoïde et l'abdomen est annelé et peut-être velu. Le corps est bleu-vert. Les ailes sont translucides avec  le tiers distal noir, comme  celles du Calopteryx splendens. Finalement, aucune détermination, fut-ce de Famille, n'est possible pour moi.

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Source BnF Gallica

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Source BnF Gallica

 

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LE QUATORZIÈME SIÈCLE.

1 manuscrit, 1 enluminure.

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—  Français 13096 Apocalypse de saint Jean, bible nt ap glos. Par Colin Chadewe Belgique 1313,  fol. 80.

Wikipédia Apocalypse de 1313 :

 

" L'ouvrage a été achevé en octobre 1313 par un enlumineur du nom de Colin Chadewe ou Chadelve, un peintre mosan actif à Liège à l'époque. Il s'agit de l'un des plus anciens manuscrits signés exécutés par un laïc.

Le manuscrit pourrait avoir été réalisé pour Isabelle de France, fille de Philippe le Bel et épouse d'Édouard II d'Angleterre. 

Les miniatures, très nombreuses (162), insistent particulièrement, et ce pour une des premières fois, sur la représentation de l'Enfer. Plusieurs images sont consacrées au supplice des différents métiers de l'artisanat, chacun étant supplicié avec les outils traditionnel de son activité."

 

Notice : http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc439794

 

A la fin (f. 167), on lit : « L'an de l'Incarnation M.CCC. et XIII, le semedi après le sain Donis fut parfais cis Apokapse. Colins Chadewe l'ordinat et l'enluminat. » — Très nombreuses miniatures dans la première partie du volume.

Image : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10533304x/f167.image

L'enluminure représente un ange tendant une baguette vers un édifice dans lequel les 12 apôtres, reconnaissables par leurs attributs, occupent  des loges individuelles :  sans-doute une représentation de l'Église placée en haut de dix degrés.

 Dans l'encadrement, quatre libellules occupent les coins de l'enluminure, comme si elles la portaient dans les airs tels des anges. Elles diffèrent toutes par les couleurs (associant le rouge, le vert pâle et le brun)  du corps et des ailes. celles du haut à gauche porte un plumet et deux petits cercles à l'extrémité de l'abdomen. Ici, à la différence du travail de Jean Pucelle, le but est majoritairement décoratif sans aucune autre inspiration naturaliste que de pouvoir se dire : "tiens, ce sont des libellules".

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 Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

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LE QUINZIÈME SIÈCLE.

12 manuscrits, 30 enluminures.

 

Français 263, Titus Livius, ab urbe condita (trad. Pierre Bersuire), Les Décades de Tite-Live Paris, 1400-1405, fol. 356.

L'illustration est due au peintre appelée par Millard Meiss le Maître du Virgile, d'après le manuscrit Med. Pal. 69 de la Bibliothèque Laurentienne , daté de 1403.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ma%C3%AEtre_de_Virgile

Le manuscrit contient rois grandes peintures au début de chaque Décade : f. 10 ( 150 x 180 mm.; f. 198 (140 x 180 mm.); f. 356 (165 x 180 mm.), et 26 miniatures (80 x 80 mm) en tête de chaque Livre.

 

 

Notice : http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc78552b

Le folio 356 comporte un titre LE PREMIER LIVRE DE LA TIERCE DECADE, au dessus d'une enluminure divisée en quadrants représentant  Les envoyés athéniens à Rome; les Romains en prière; une bataille; le triomphe de Cornelius Lentulus. Une frise à fleurs de lys libère un rinceau d'encadrement, où nous pouvons découvrir dans les marges inférieure et droite 5 oiseaux, une perruche, trois papillons, et une libellule. 

Cette libellule de corps et de tête bleus et aux ailes grises possède deux très longues antennes dignes d'une sauterelle. Les yeux sont déportés sur le coté de la tête. Les ailes sont étendues mais ne sont pas perpendiculaires au corps. Le fin abdomen se termine par deux fins appendices. Au total, toute détermination est impossible.

Image :http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8451118s/f713.image

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Source gallica.bnf.fr / BnF 
Source gallica.bnf.fr / BnF 

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—  Latin 1156 B horae ad usum romanum, Heures de Marguerite d'Orléans,  Rennes vers 1430,  fol. 160.

Notice : http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc590877

Les enluminures sont attribuées au Maître de Marguerite d'Orléans, actif à Bourges, Rennes, Angers et Poitiers entre 1428 et 1465. C'est vers 1430 qu'il réalise son chef-d'œuvre pour Marguerite d'Orléans, l'épouse de Richard d'Étampes, le fils du duc de Bretagne. 

Le maître anonyme est particulièrement doué pour ses décorations marginales dans lesquelles il fait preuve d'une grande originalité. Pour le reste, il réemprunte des modèles du Maître de Boucicaut, aux Limbourg ainsi que ses propres modèles qu'il réutilise dans un style de plus en plus lourd jusqu'à la fin de sa carrière

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Le folio 160 montre le Christ-Roi  Sauveur assis sur un trône et entouré de chérubins bleus.  Cette ilage sacrée est encadrée une première fois par une scène où un couple royal (siège azur fleurdelisé) et leurs enfants reçoivent deux archers tenant leurs flèches et des bilboquets. Un couple d'oiseaux et un couple de papillons sont placés dans la colonne droite de ce premier encadrement. Le second encadrement accueille une scène de tournoi entre deux hérauts, deux cavaliers et autres personnages, des oiseaux au nid,  et enfin un couple de libellules, parmi de nombreuses fleurs.

Les libellules sont bleues, aux ailes grises étendues latéralement, au thorax dilaté et à l'abdomen fin. Aucune suggestion naturaliste n'est possible.

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Image : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52502614h/f331.image

Source gallica.bnf.fr / BnF 

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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—  Latin 1156 B horae ad usum romanum, Heures de Marguerite d'Orléans,  Rennes vers 1430,   fol. 172,  

Le folio 172v montre le miracle de saint Nicolas. L'encadrement est occupé par cinq femmes évoluant parmi des fleurs et entourées d'abeilles et de quatre papillons.

 

Les libellules sont les mêmes que pour le folio 160, mais placées l'une derrière l'autre et non en position spéculaire. Leurs ailes sont désormais dressées verticalement.

Image : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52502614h/f355.image.

Source gallica.bnf.fr / BnF 

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—  Latin 1156 B horae ad usum romanum,  Heures de Marguerite d'Orléans,  Rennes vers 1430 fol. 177.

Le folio 177 qui appartient aux Suffrages montre les Apôtres avec saint Paul face à saint Pierre, au dessus du texte Salvator Mundi, Salva nos omnes. L' encadrement floral (fleurs bleues et fleurs blanches donnant des fruits verts et bruns en forme de courges ou concombre) abrite cinq papillons et quatre oiseaux.

Une seule libellule est représentée, de même type que les précédentes, aux ailes dressées, buvant au calice d'une fleur de Liseron, au mépris de toute réalité naturelle.

Image : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52502614h/f365.image

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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Français 130 Boccace, de casibus virorum illustrium  (traduction en 1409 par Laurent de Premierfait, clerc du diocèse de Troyes), Paris, 3eme quart XVe (1450-1475) fol. 278v, 

 

Notice http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc43933v

Le folio 278v débute le 7ème Livre et montre un homme poursuivi par des assaillants et prenant refuge au pied d'une statue. L'encadrement de rinceaux ( baie, campanule, chardon, fraisier, giroflée,  mouron, pâquerette, pervenche, sainfoin, véronique ) contient un serin  et une libellule.

Cette libellule est bleue aux ailes blanc-gris dressées verticalement. L'abdomen fin, cylindrique, est divisé en dix segments. Le sous-ordre des Zygoptères pourrait être évoqué, mais les yeux sont ici contigus, et non séparés. 

Image : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10532640k/f562.image

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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Français 328, Le Livre des hystoires du Mirouer du monde, 3eme quart XVe  (1450-1475) Français fol. 23r 

Le folio 23r et le folio 23v relatent la guerre de Troie. Les rubriques indiquent   : Comment le roy priant [Priam] fut doulant quant on luy porta la nouvelle que troye estoit destruite et son pere occis,  et Comment le roy priant de troye tint conseil comment il se pourroit venger des grecz

Les encadrements des enluminures, construits selon un schéma constant, associent des rinceaux à fleurs et baies avec une scène allégorique en bas et une scène cocasse en haut entre un motif central et un motif périphérique. Les deux folio 23r et 23v répètent dans l'encadrement supérieur la même scène où un archer en buste sur le calice d'une fleur vise une libellule anthropomorphe. Seules les quatre ailes en croix autour du buste permettent de parler ici d'une "libellule".

 

Notice : http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc497362

Image : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52000962r/f51.item.zoom

 

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Source BnF gallica

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Français 328, Le Livre des hystoires du Mirouer du monde, 3eme quart XVe  (1450-1475) Français fol. 23v

 

Notice : http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc497362

Image http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52000962r/f52.image

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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Français 995, Dit des trois vifs et des trois morts, XVe siècle folio 22v

 

Martial d'auvergne 1430 — Mort à Paris le 13 mai 1508

dragons, papillons, mouches, escargots

Folio 22v encadrement inférieur

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9059983v/f24.item.zoom

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9059983v/f38.item.zoom

https://www.arlima.net/mss/france/paris/bibliotheque_nationale_de_france/francais/00995.html

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9059983v/f23.image

Cette libellule,et celles des pages qui vont suivre, sont dotées de quatre ailes en forme de feuille, d'un thorax en ballon de rugby et d'une tête de lapin. Leurs abdomen est tronçonné en chapelet. 

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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Français 995, Dit des trois vifs et des trois morts, XVe siècle folio 25

Folio 25 encadrement inférieur http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9059983v/f27.image

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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Français 995, Dit des trois vifs et des trois morts, XVe siècle folio 31

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9059983v/f32.image

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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Français 995, Dit des trois vifs et des trois morts, XVe siècle folio 33

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9059983v/f34.image

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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Français 995, Dit des trois vifs et des trois morts, XVe siècle folio 36v

Folio fol. 36v, Encadrement inférieur .

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9059983v/f37.image

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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—  Nouvelle acquisition latine 3115 horae ad usum parisiensem XVe, fol. 4, 

  encadrement

Notice : http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc70997z

Image : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b550008032/f19.image

 

Peintures à mi-page, avec encadrements ornés de fleurs, fruits, personnages et animaux ; calendrier avec encadrement du même type orné de médaillons peints. Grandes initiales peintes, trois historiées ; petites initiales d'or sur fond bleu ou bleu sur fond rouge à filigranes. Bouts de ligne peints. Rubriques.

Là encore, comme dans Français 995, nous avons une représentation médiévale, presque archaïque de l'insecte, juste suffisante pour reconnaître qu'il s'agit d'une libellule, mais sans aucun souci de réalité. Une autre époque, avant l'arrivée des artistes de Bruges.

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—  Nouvelle acquisition latine 3115 horae ad usum parisiensem XVe, fol. 8r

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b550008032/f27.image

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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—  Nouvelle acquisition latine 3115 horae ad usum parisiensem XVe, fol. 33.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b550008032/f77.image

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—  Nouvelle acquisition latine 3115 horae ad usum parisiensem XVe, fol. 58v

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b550008032/f128.image

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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—  Nouvelle acquisition latine 3115 horae ad usum parisiensem XVe, fol. 71.

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http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b550008032/f153.image

 

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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—  Nouvelle acquisition latine 3115 horae ad usum parisiensem XVe, fol. 76r.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b550008032/f163.image

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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—  Nouvelle acquisition latine 3115 horae ad usum parisiensem XVe, fol. 81.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b550008032/f173.image

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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—  Nouvelle acquisition latine 3115 horae ad usum parisiensem XVe, fol. 122

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b550008032/f255.image

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

 

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—   Rothschild 2973, Chansonnier cordiforme de Montchenu. Recueil de Chansons italiennes et françaises. Savoie, Vers 1475. Fol 7.

Notice : http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc37421r

 

Provenance : Jean de Montchenu, évêque d’Agen puis de Viviers ; ex-libris Giuseppe Orazio Pucci, chevalier de Malte (1782-1838) ; anciennes collections Chédeau, notaire de Saumur (Cat. 1865, n°587), baron Jérôme Pichon (1812-1896, Cat., 1869, n° 636 ; 1897, n° 900) et baron James de Rothschild (1844-1849) ; legs du baron Henri de Rothschild (1872-1947) à la Bibliothèque nationale (1949). 

Joyau de la collection Rothschild, ce célèbre manuscrit cordiforme a été exécuté dans les années 1470-1475 pour Jean de Montchenu, ecclésiastique savoyard de souche noble au caractère belliqueux et à la réputation sulfureuse. Après avoir débuté sa carrière comme Frère de l’ordre hospitalier de Saint-Antoine et protonotaire apostolique, celui-ci fut successivement conseiller de l’évêque de Genève Jean-Louis de Savoie, commandeur du prieuré de Saint-Antoine de Ranverso en Piémont, évêque d’Agen en 1477, puis de Viviers de 1478 à 1497. Très engagé dans la vie politique de son époque, il eut de nombreux démêlés avec l’évêque de Genève et prit un temps le parti de Charles le Téméraire, avant de se ranger aux côtés de Louis XI qui le récompensa en lui donnant l’évêché d’Agen. Surmontées d’un chapeau de protonotaire, les armes qui ornent le frontispice de ce recueil de chansons, écartelé, aux 1er et 4e de gueules à la bande engrêlée d’argent chargée d’une aigle d’azur, et accompagné en chef d’un tau d’or, aux 2e et 3e pallé d’or et d’azur, indiquent que Montchenu en fut le commanditaire. L’aspect et la couleur du chapeau, qui est celui d’un protonotaire et non d’un évêque, permettent de situer l’exécution du manuscrit entre 1460 et 1477, époque où Jean de Montchenu était protonotaire, et non évêque. Le contenu du répertoire musical et la comparaison avec d’autres chansonniers contemporains permettent d’affiner cette datation dans les années 1475.

Cet étonnant volume se distingue par sa sa forme : un cœur en position fermée, deux cœurs accolés en position ouverte, une forme rarissime dont nous ne connaissons pas d’autre témoignages matériels, à l’exception d’un livre d’heures à l’usage d’Amiens (Paris, BnF latin 10536), du XVe siècle, et de deux recueils poétiques italiens du XVIe siècle à Pesaro (Biblioteca Oliveriana, ms. 1144 et 1145). 
Ce manuscrit renferme une remarquable sélection de 43 chansons amoureuses issues des répertoires français et italien, les unes signées par de grands compositeurs de l’époque, tels Dufay, Ockeghem, Busnois, Binchois, van Ghizeghem, les autres anonymes. A l’image de la Savoie, véritable creuset d’influences nordiques et méridionales de par sa position charnière entre la France et l’Italie, le contenu du chansonnier se répartit entre 13 chansons italiennes, placées en tête, et 30 chansons françaises. La qualité et la diversité des pièces, qui offrent un échantillonnage équilibré et représentatif de la production musicale de l’époque, et la présence de chansons parodiques, un genre très en vogue dans les années 1460-1470, font de ce chansonnier un recueil unique.

image :http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b525044884/f23.image

C'est sans-doute la peinture, peu soucieuse de réalisme, d'un Zygoptère, aux ailes redressées, aux ailes vertes semblables à des feuilles, à l'abdomen incurvé vert et blanc-crème, au thorax brun et aux antennes exagérées.

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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—   Rothschild 2973, Chansonnier cordiforme de Montchenu. Recueil de Chansons italiennes et françaises. Savoie, Vers 1475, fol. 7v.

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Ce nouvel exemple est semblable au précédent.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b525044884/f24.image

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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—   Rothschild 2973, Chansonnier cordiforme de Montchenu. Recueil de Chansons italiennes et françaises. Savoie, Vers 1475 fol. 30.

Les ailes sont bleues, les yeux contigus, le thorax indistinct, l'abdomen vert et blanc effilé dans la moitié distale, avec une paire d'antennes qui ressemblent à une quatrième paire de pattes.

image : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b525044884/f69.image

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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—   Rothschild 2973, Chansonnier cordiforme de Montchenu. Recueil de Chansons italiennes et françaises. Savoie, Vers 1475, fol. 30v.

 

Ce spécimen n'est pas plus convaincant que les précédents, avce ses ailes brunes.

Image : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b525044884/f70.image

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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Français 2643, Chroniques de Jean Froissart, Bruges, vers 1470-1475, fol. 207. 

Notices :

http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc491411

http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc491411/ca19799287

"Le manuscrit de Gruuthuse est un manuscrit illuminé richement illustré en quatre volumes et contenant un texte français issu des Chroniques de Jean Froissart. Ces manuscrits sont actuellement conservés à la Bibliothèque nationale de France sous les cotes Français 2643 à 2646.

Le texte de Jean Froissart qu’il contient a été recopié de manière manuscrite en plus de 100 exemplaires. Le manuscrit de Gruuthuse en est un des mieux illustrés, commandé par Louis de Gruuthuse, un noble flamand passionné de livres, dans la première moitié des années 1470. Les quatre volumes contiennent 112 miniatures de tailles variées peintes par certains des meilleurs artistes brugeois de l’époque. 

Loyset Liédet réalisa les soixante miniatures des deux premiers volumes. Il était un brillant réalisateur d’enluminures, travaillant principalement sur les manuscrits pour Philippe III de Bourgogne et sa cour. Il avait probablement des assistants, même s’il est difficile de l’affirmer en observant ses travaux.

Les deux derniers volumes [dont celui-ci, Fr. 2643], plus fins, furent illustrés par des artistes anonymes désignés sous le nom de Maître d'Antoine de Bourgogne, du Maître de Marguerite d'York, et de Maître du Livre de prières de Dresde, assistant du premier."

 https://fr.wikipedia.org/wiki/Chroniques_de_Froissart_(manuscrits_Gruuthuse)

Le Maître du Livre de prières de Dresde (actif à Bruges entre ca 1465 et 1515) : Nommé à partir d'un Livre d'heures conservé à Dresde (Dresden, Sächsische Landesbib., A311 ; plus 2 miniatures détachées à présent au Louvre (Paris), inv. 20694 et bis), cet enlumineur prolifique  a travaillé sur une cinquantaine de manuscrits, surtout apprécié pour ses vignettes illustrant les marges des calendriers, où son art s'est pleinement épanoui.  On lui doit entre autres :

 Livre d'heures du Fitzwilliam Museum ; 

Heures de Jean Carpentin, seigneur de Graville vers1470 (Coll. part.);

Les Heures Salting (vers 1470-1475), ou Marmion Hours, Londres, Victoria and Albert Museum 

Heures Crohin-La Fontaine Ms 23 (1480-1485), Jean Paul Getty Museum ;

Bréviaire de la reine Isabelle de Castille,1480, London, BL, Add. 18851 ;

Les Heures Huth (1485-1490), London, British Library Add MS 38126 

Heures Emerson White Van Sinderen (calendrier), Université Harvard, bibliothèque Houghton, Typ. 443-443-1.

Pierpont Morgan Library M 1077 (1475-1485) [Images ici]; Pour ce qu'en montrent les images présentées, les bordures fleuries n'utilisent pas le procédé de trompe-l'œil par ombrage, et ne contiennent que peu ou pas d'insectes. 

Livre d'heures de la British Library, Egerton 1147;

"Avec plus de cinquante manuscrits conservés, ce peintre compte parmi les enlumineurs flamands les plus productifs et les plus originaux du Moyen Âge tardif. Formé peut-être à Utrecht, il apparaît à Bruges à la fin des années 1460. Ses premiers travaux pourraient être quelques miniatures dans deux volumes d'un Froissart pour Louis de Bruges, seigneur de Gruuthuse, enluminés par l'atelier du Maître d'Antoine de Bourgogne (Paris, BnF, Fr. 2645-2646). Le Maître du Livre de prières de Dresde connaissait parfaitement le style de ce dernier ; dans un livre d'heures extrêmement original réalisé pour un noble normand, Jean de Carpentin (collection privée anglaise), il en imite même la facture picturale particulière, avec des pigments d'or et d'argent sur fond noir. En collaboration avec d'autres enlumineurs, le Maître du Livre de prières de Dresde copie, également pour Louis de Bruges, le fameux Livre des tournois de René d'Anjou (Paris, BnF, Fr. 2693). Enfin, il enlumine deux Valère Maxime, respectivement pour Jean de Gros, secrétaire du duc de Bourgogne, et pour Jean Crabbe, abbé de l'abbaye des Dunes à Bruges (Leipzig, Universitätsbibliothek, ms. Rep. I. 11.b, et Bruges, Groot Seminarie, ms. 157/188-159/190). [...] Probablement à la demande de Maximilien Ier d'Autriche, il enlumine jusqu'en 1487-1488 un somptueux bréviaire destiné à Isabelle la Catholique (Londres, British Library, Add. ms. 18851), qui demeurera inachevé. En effet, le soulèvement en Flandres incite le peintre à se rendre d'abord dans l'évêché de Tournai (bibliothèque de la Ville, Cod. 4.A : cartulaire de l'hospice Saint-Jacques), puis à Amiens, où il peint quatre livres d'heures ainsi qu'un évangéliaire pour le maïeur de la ville Antoine Clabault (Paris, bibliothèque de l'Arsenal, ms. 661). Après la pacification des Flandres, il retourne à Bruges avant 1500 et reste en activité pendant deux décennies encore, alors que sa vue semble baisser. Pourtant, on lui confie encore deux doubles pages dans les superbes Heures Spinola enluminées vers 1515-1520 par des artistes plus jeunes, probablement pour Marguerite d'Autriche (Los Angeles, The J. Paul Getty Museum, ms. Ludwig IX 18).' .http://arts-graphiques.louvre.fr/detail/artistes/0/2988-MAITRE-DU-LIVRE-DHEURES-DE-DRESDE

"Ce  peintre témoigne d'une extraordinaire originalité. À une époque où les artistes privilégiaient les costumes élaborés et les postures artificielles, cet enlumineur donnait à ses personnages une qualité plus douce et plus innocente. Il avait une  capacité particulière pour introduire de l'humour ou de l'ironie dans une scène familière, et il montre une sympathie particulière pour les personnages grossiers ou simples. La nouveauté de ses couleurs - incluant l'orange éclatant, le bleu canard et le rouge bourgogne, les bleus riches et parfois le noir , souvent arrangées dans des combinaisons surprenantes, témoigne encore plus de l'originalité rafraîchissante de son art." Adaptation-traduction de la notice du Paul Getty Museum, site sur lequel on trouvera de nombreuses enluminures de cet artiste.

http://www.getty.edu/art/collection/artists/1160/master-of-the-dresden-prayer-book-flemish-active-about-1480-1515/ 

 

"C'est un maître anonyme enlumineur actif en Flandre des années 1460 à 1520. Les plus anciennes miniatures qui lui sont attribuées appartiennent à deux manuscrits de Froissart, réalisés pour Louis de Gruuthuse par le Maître d'Antoine de Bourgogne. Il fait sans doute partie de cet atelier, où il participe à la réalisation de plusieurs manuscrits pour la cour des ducs de Bourgogne. Il illustre le Livre des tournois de René d'Anjou pour le même Louis de Gruuthuse, et deux manuscrits de Valère Maxime, l'un pour Jean de Gros, secrétaire du duc, l'autre pour Jean Crabbe, abbé de l'abbaye des Dunes. Il collabore alors fréquemment avec les plus grands enlumineurs flamands de la période : Simon Marmion, le Maître viennois de Marie de Bourgogne, Gerard Horenbout, Alexander Bening. Il est aussi amené à diriger la réalisation de plusieurs manuscrits avec leur collaboration.

Dans les années 1470, il réalise plusieurs manuscrits comportant des miniatures dont le décor marginal sur fond coloré, aux ornements en trompe-l'œil, contribuent à forger le style de l'école ganto-brugeoise." (Wikipédia)

 

Image : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84386043/f437.image

Le folio 207 est précédé de la rubrique Ci parle de la bataille de poitiers entre les prince de galles et le roy jehan de france. La bataille de Poitiers a eu lieu en 1356. L'enluminure la met en scène dans une fenêtre au dessus des deux colonnes du texte. L'  encadrement occupe les deux cotés et la partie inférieure de la page. En bas, un cerf poursuivi par un piqueur sonnant de la trompe et harcelé par quatre chines se dirige vers une femme, parmi des fleurs d'ancolie. La marge gauche est occupée par un oiseau parmi   des pâquerettes, des véroniques, du houx aux baies rouges. La libellule occupe la marge droite, sous un enfant nu tenant un chapeau, accompagnée d'un singe présentant les armoiries de France, d'un oiseau parmi les roses, les bleuets des violettes et les fraises des bois.

On pouvait espérer trouver ici une bordure en trompe-l'œil avec des effets d'ombres et de lumière propre au style ganto-brugeois, mais ce n'est pas le cas. Néanmoins, la libellule possède certains traits témoignant des préoccupations naturalistes de cette école. Nous pouvons préciser qu'il s'agit d'un Zygoptère, dont les deux yeux en perle sont séparés et écartés. Les ailes, étroites,  sont dressées verticalement. Elles sont brunes, sans ptérostigmas, sans détail des nervures. L'abdomen fin et cylindrique est divisé en 9 segments par des traits noirs. Le thorax trapézoïdal est nettement distinct de l'abdomen. La tête, les yeux, le thorax et l'abdomen sont verts. Les six pattes sont noires, ciliées de soies ou de barbes. Une fleur cache les appendices anaux. Tout cela permet d'affirmer le sous-ordre des Zygoptera sans aller au delà de cette précision.

Par contre, si nous considérons la saynète composée par l'enfant et l'insecte, il est possible de suggérer que nous sommes devant une peinture, assez rare, de chasse entomologique au chapeau, bien attestée pour les papillons.

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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— Arsenal  638 Livre d'Heures, en latin, Manuscrit dit du "Maître-aux-fleurs", fin XVe siècle (entre 1465 et 1515), folio 4v. 

N.B : le second volume Arsenal ms 639 complètement exploré ne montre pas de libellule.

Ce manuscrit, qui se poursuit par l'Arsenal Ms 639, a peut-être été commandité par un breton, car on y trouve des saints bretons dans le calendrier, comme Gildas, Salomon, Yves Donatien, Corentin ou Malo.  Il tient son surnom (Heures du Maître-aux-fleurs) de son décor de fleurs et d'insectes dans le style "ganto-brugeois", qui  serait dû en réalité à trois grands maîtres de l'enluminure flamande,  le "Maître du livre d'heures de Dresde", le le Maître des Livres de prières, et enfin un disciple de Simon Marmion.    Mais le folio 4v, comme les enluminures du Calendrier de ce manuscrit sont attribuées au Maître du Livre de prière de Dresde, actif à Bruges entre ca 1465 et 1515. C'est à dire l'auteur du folio 207 du Français 2643 que nous venons d'examiner. 

Le calendrier est disposé en douze doubles pages décorées de façon identique : le calendrier proprement dit est placé dans un encart qui occupe la moitié de la surface, tandis que l'autre moitié est celle des bordures à rinceaux et insectes. 

Le calendrier proprement dit comporte dans une ornementation végétalisée signe de la croissance du temps,  les deux lettres KL pour Kalendae. Puis vient le nombre de jours solaires et lunaires (Aprilis habet dies XXXI et luna XXX). Les sept lettres dominicales sont énumérées verticalement selon le décompte, comme ici  G, A, B, C, D, E, F, G, A, B, C etc. Devant la plupart des lettres est indiquée la fête liturgique, à l'encre noire, ou, dans certains cas, en couleur bleue.

Pour le mois d'Avril, ces saints sont : 

–Au folio 4v,  Marie egypciace (9 avril) , Ambrosii episcopi (Saint Ambroise évêque), Vincenti (Vincent Ferrier, 5 avril), Sixte pape (6 avril), Perpetui episc. (Saint Perpétue, évêque 8 avril)  Prothex dyacre, Ézéchiel prophète, Leonis pape (11 avril), Jule pape (12 avril), Tyburcii [Valeriani et Maximi martyrum ] (14 avril). Les jours des fêtes sont indiquées par moi selon Pétin 1850

Saint Vincent Ferrier ayant été canonisé en 1455, c'est une indication supplémentaire pour la date de ce manuscrit.

–Au folio 5r, nous trouvons : petri diaconi,  Victoris pape, Jan pape, Georgi martyris (Saint Georges, martyr 23 avril), alexandre, martyr (24 avril), Marc, évangéliste, (25 avril), Cleti pape (Saint Clet, 26 avril), Anastacy pape (Anastase Ier, patriarche, 21 avril) puis les mentions Pet[rus] de ordis p[re]dic[atorum] (*), Vigilia. (* on trouve aussi  Petri martyri de ordine sancti domini ; il s'agit de Pierre de Vérone, martyr, fêté le 28 ou 29 avril sur les missels et bréviaires du XVIe siècle, ou fin XVe)

Enfin, le calendrier est bordé par une vignette consacrée à une seule fleur, selon un procédé qui rappelle celui employé par Bourdichon dans les Grandes heures d'Anne de Bretagne. Février reçoit la Rose de Provins et la Pervenche, Mars bénéficie du Compagnon rouge et de la Gesse,  et  Avril  de la Rose blanche et de la Bourrache, Mai se réserve l'Ancolie. (sous réserve)

Les bordures renferment quatre à six médaillons délimités par des tronçons de tiges, et  renfermant pour chaque mois : -le signe du Zodiaque (ici, un taureau f.5r) ;- l'activité du mois (janvier, se chauffer au feu ; février couper du bois ; ici, planter des arbres) ; -et les fêtes principales avec leur saint. Les deux saints représentés ici sont saint Georges (dont la fête tombe le 23 avril) et saint Marc (qui tombe le 25 avril). Ces fêtes sont importantes pour la vie paysanne car ces deux saints appartiennent aux  « cavaliers du froid » qui arrivent entre le 23 avril et le 3 mai, avec l’équinoxe de printemps et les gelées blanches : Saint Georges (23 avril), saint Marc(25 avril), Saint Eutrope (30 avril). Ils marquent   dans certaines régions  les dernières gelées ont lieu en avril et s'étendent sur une quinzaine de jours. Ailleurs ils déterminent les semailles : "A la saint Georges , bon homme, sème ton orge ; à la saint Marc , il est trop tard". C'est peut-être en fonction de ces considérations que le médaillon de l'activité du mois d'avril montre un homme coiffé d'un bonnet rouge dans un champ cultivé, entre deux arbres, tenant sur son épaule un arbrisseau et dans la main gauche le manche d'un outil (bêche ?) ou de son épée. Cet homme n'a pas la tenue d'un paysan, et le médaillon homologue des Huth Hours montre, sur une route, un seigneur aux interminables poulaines, accompagné de son épouse en robe, collier, hennin et voile, et de leur garçon. Les deux hommes tiennent un arbrisseau sur l'épaule, ils vont manifestement participer à un rite de plantation plutôt que de se livrer à des travaux agricoles. Ce serait ici une représentation de la tradition de planter un arbre le 1er mai, ou le dimanche précédent le 1er mai, ou dans la nuit entre le 30 avril et le 1er mai. Ce rite ancestral, "patrimoine immémorial de l'humanité", célèbre dans le monde celte la fin des calendes d'hiver Kala-Goañv et le début des calendes d'été Kala-Hanv  selon la partition du calendrier breton. Il  y est moins question de plantation que d'offrande d'une branche reverdie à la femme aimée, dans un culte de la fécondité et la célébration du désir amoureux, et la branche d'arbre était soit accrochée sur une porte, soit promenée comme par procession, ce qui éclaire mieux les deux médaillons d'Ars. 638 et de BL add 38126.

Les bordures se déploient sur un fond uni, couleur beige ponctué de points d'or simili cuir, sauf mai et novembre qui bénéficient d'un très beau bleu.  Ce sont soit les arabesques de rinceaux de tiges distribuant leurs fleurs et leurs feuilles, soit des fleurs coupées, comme jetées ou posées sur le parchemin. C'est le cas pour le mois d'avril, et on identifie facilement sur le folio 4v la Rose, la Pensée sauvage Viola tricolor et la Violette blanche Viola alba, la Pervenche, la Véronique, le Lys orange, une feuille de fraisier,  ainsi que deux papillons. 

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Pour apprécier ce calendrier, il faut le comparer à celui du livre d'Heures Arsenal Ms 290 : attribué au même enlumineur, on y trouve deux médaillons, celui du Taureau zodiacal et celui de l'homme plantant un arbrisseau, très comparables comme sujets mais beaucoup plus fruste comme qualité. Le fond est blanc, le  calendrier est pauvre (5 fêtes), les bordures (uniquement pour le recto) occupées par  des rinceaux répétitifs à une seule sorte de fleur et sans effet de trompe-l'œil, et sans insectes. La structure globale est la même, mais sans aucun souci de réalisme dans la représentation de la Nature.

On le comparera aussi, comme nous venons de le faire pour le médaillon, avec le calendrier de  BL. add 38126 . Les saints  sont Quinciani martiris, Ambrosii episcopi, Marie egypciace, Leonis papae, Tyburcii Valeriam,  Eleutherii confessor, Georgii martyris, Marci euvangeli, Petri martyris. Les deux médaillons s'inscrivent dans un cercle d'or ; j'ai décrit le premier, où le couple galant promène l'arbre de mai, et le second représente un berger jouant un air de flûte à son chien, sous le signe du Zodiaque. Au folio 4v, un rinceau d'acanthes produit des fleurs aux improbables combinaisons de bleu, de rouge et de blanc, mas ces plantes peu naturelles bénéficient d'un effet d'ombrage en trompe-l'œil. Le folio 5r s'enrichit d'un papillon brun à ocelle noir dont il est possible de préciser, si ce n'est le genre, du moins la famille, celle des Nymphalidae, et la sous-famille, celle  des Satyrinae. Et un esprit peu pointilleux pourrait souffler le nom du Grand Nègre des Bois. Enfin, dans le même folio 5r sont figurées la Véronique (Petit-chêne ?) et la Pensée sauvage Viola  tricolor . Ce manuscrit présente donc des similitudes importantes avec l'Arsenal 638, mais ne comporte pas ses fleurs jetées au naturel sur la page qui  a donné à ce dernier le nom de Manuscrit du Maître-aux-fleurs".

Un troisième manuscrit s'offre à la comparaison, Houghton Typ 433.

https://iiif.lib.harvard.edu/manifests/view/drs:49314349$1i

Le calendrier occupe là encore la moitié de la surface du folio, mais n'est pas orné d'une vignette monoflorale comme Arsenal 638. Le fond de la bordure varie de couleur à chaque page, il est mauve pour le folio 4v d'Avril. L'artiste place dans ses bordures soit des rinceaux entrecroisés où des fleurs et insectes sont insérés, soit le "jeté" de fleurs au naturel comma dans le folio 4r de mars. On trouve un seul médaillon par page. Pour la première page d'Avril, le jeune homme se promène avec sa bien-aimée sur une route traversant des vergers aux arbres en fleurs. Il s'appuie sur une canne, mais ne porte aucun arbre ou ne tient aucune branche. Il est toujours très élégant, avec un beau bonnet à plume. Les fleurs de cette page sont des roses blanches, des Véroniques, des Bourraches, des Violettes, à coté d'une fraise des bois. Sur le médaillon de la page suivante, le même galant, parvenu au village, tend une fleur à sa belle, sous le signe du Taureau. On remarque parmi les fleurs sont l'œillet rouge et l'Ancolie. Aucun insecte, mais un passereau à gauche. Les ombres portées des tiges ou des fleurs ne sont pas oubliées. Ce manuscrit est daté entre 1485 et 1490. Si on admet, avec le temps, une préoccupation accrue de cet artiste pour rendre fidèlement les objets naturels comme les fleurs et les animaux, et une meilleure maîtrise de sa peinture, cela suggérerait qu'Arsenal 638 est plus tardif qu' Arsenal 290, que BL. add 38126 et peut-être même que Houghton Typ. 433, dont il est le plus proche. Or, je découvre, au folio 7 de celui-ci, pour le mois de juin, une libellule bleue, une Demoiselle dont les ptérostigmas n'ont pas été oubliés.

Enfin (parce que c'est l'ordre de mes recherches, mais il aurait fallu commencer par cela), on consultera le calendrier du Livre d'Heures éponymes à l'usage de Rome Dresde SLUB A 311. Ce manuscrit est daté vers 1470, et pour le calendrier, une enluminure représentant à la fois le signe du zodiaque et l'activité du mois, sans texte, alterne avec la page des renseignements calendaires. Le mois d'avril occupe les folio 4v et 5. L 'enluminure en pleine page représente un couple élégant, l'homme tenant la branche fleurie sur l'épaule droite, et une lance dans la main gauche (ce chasseur est accompagné de son lévrier). Une jeune femme, en coiffe à hennin, lui donne le bras.L'arrière-plan montre des arbres à fleurs blanches témoignant du renouveau printanier, une église et un château à poivrières. En bordure, ce sont des rinceaux stylisés bleus, verts et or, de rares plantes au naturel (pâquerette et fraisier), et des chimères issus des drôleries médiévales. Les saints sont les mêmes que ceux des autres calendriers, sans Vincent Ferrier. Je ne vois aucun insecte dans ces bordures. Il figurerait volontiers parmi les plus précoces de notre ensemble.

Après ce long préambule, étudions la libellule d'Arsenal 638. Elle est brune sur l'ensemble du corps, ses yeux sont écartés autour d'une sorte de bec, elle n'a que deux ailes, transparentes sans ptérostigmas. L'abdomen est segmenté, cylindrique sans marques notables (peut-être des triangles noirs en périphérie). Elle projette son ombre sur le papier. Il s'agit sans-doute d'un Zygoptère, mais il est décevant de constater que l'artiste ne place ici aucun indice qui témoignerait de l'acuité de son observation d'un spécimen naturel. 

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Notice : http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc798470

 

 

 

 

 

Image : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b55008559f/f13.item.zoom

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 Arsenal  638 Livre d'Heures, en latin, Manuscrit du "Maître-aux-fleurs", XVe siècle (après 1465) , folio 4v et 5r. Source gallica .bnf.fr/BnF

Arsenal  638 Livre d'Heures, en latin, Manuscrit du "Maître-aux-fleurs", XVe siècle (après 1465) , folio 4v et 5r. Source gallica .bnf.fr/BnF

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http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b55008559f/f12.image

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b55008564m

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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Français 9197, Évrard de Conty, « Libvre des eschés amoureux, ou des eschés d'amours » Hainaut, vers 1490, enluminé par le Maître d'Antoine Rolin : Pluton et Proserpine,  164v.

Commentaire en prose, composé vers 1400 par Évrard de Conty, , du poème "Les Échecs amoureux" composé à Paris par le même auteur vers 1370.

 

" La trame narrative du poème des Eschés amoureux et de son commentaire moralisé est empruntée au Roman de la Rose  mais on comprend vite qu’il s’agit ici d’enseigner à un jeune homme, appelé à devenir prince, les préceptes qu’il faut suivre pour bien gouverner et bien se comporter dans la vie amoureuse. Pour faciliter l’apprentissage de cette science délicate qu’est l’amour, ses règles sont allégorisées et moralisées grâce au recours à une vraie partie d’échecs, d’où l’œuvre tire son titre. En réalité, nous avons affaire, dans les deux versions – en vers et en prose – à une véritable encyclopédie, qui offre au lecteur des chapitres entiers consacrés, entre autres, aux arts libéraux et à l’astronomie. Par rapport au poème, le commentaire moralisé est certes plus encyclopédique que didactique. À preuve, l’ajout d’un traité de mythographie qui donne lieu à un cycle iconographique important consacré aux seize dieux et déesses du panthéon grec, dans les deux exemplaires enluminés parvenus jusqu’à nous."

 [Le manuscrit Paris, BnF, fr. 9197 a été réalisé à Valenciennes, ou en tout cas en Hainaut, par le Maître d’Antoine Rolin, un artiste qui se pose comme le continuateur de Simon Marmion et dont le nom de convention évoque l’un des meilleurs clients de l’artiste en la personne du fils même du grand chancelier Nicolas Rolin. C’est bien Antoine Rolin, grand bailli et grand veneur du Hainaut, et son épouse Marie d’Ailly qui furent, sinon les commanditaires, en tout cas les possesseurs de l’exemplaire bourguignon des Eschez amoureux moralisés dont la Bibliothèque nationale de France a proposé un fac-similé en 1991.

[C']est celui qui a appartenu au fils même du chancelier Rolin, le grand bailli du Hainaut Antoine Rolin, et à son épouse Marie d’Ailly, un exemplaire luxueux doté de vingt-quatre miniatures – vingt-huit à l’origine – réalisées par le Maître d’Antoine Rolin autour de 1490. Tout dans ce manuscrit rappelle ses possesseurs, jusqu’à la miniature consacrée à la déesse de la chasse Diane qui sert de prétexte à souligner le titre de grand veneur du Hainaut que portait aussi Antoine Rolin depuis qu’il l’avait acheté à Guillaume de Lalaing en 1454 . "(Légaré 2007)

 

 Le folio 164v qui nous occupe appartient au traité de mythographie, et plus précisément à la présentation de Pluton, dieu des Enfers et de Proserpine. Le dieu trône, assis sur le chien à trois têtes Cerbère, au séjour des morts, ce qui explique la couleur noir qui est choisie pour le fond.  L'enluminure narrative occupe le coin supérieur gauche et le texte  est encadré par une bordure fleurie où sont placés, éparses, des fleurs ( fraisier, groseillier, pâquerettes, pensées, rosiers, œillets rouges) et des rinceaux,  trois corbeaux, un escargot, et deux libellules.

C'est peut-être le seul exemple où la libellule est peut-être choisie, en complément des trois corbeaux, en raison de sa réputation néfaste : on connaît ses noms vernaculaires anglais  (adder-fly ou dragon-fly — mouche-vipère ou mouche-dragon —), mais elle est aussi nommée “ pou de serpent ” dans l’Est de la France et la Suisse romande, “ épouille de serpent ” en Languedoc, “ valet de serpent ” dans les Pyrénées, et en Bretagne, Paul Sébillot l’a trouvée sous les noms d’“ agent du diable ”, “ cheval du diable ”, “ aiguille ” ou “ aiguille-serpent ” ; en Basse-Normandie, où elle était réputée aussi venimeuse que la salamandre, elle portait le même nom que celle-ci : “ mouron ”, qui désigne aussi le lézard vert et le triton. En Wallonie où les lézards, les salamandres et les serpents étaient indifféremment appelés “ scorpions ”, Eugène Rolland notait à leur propos cette croyance selon laquelle ils se transformaient en libellule, laquelle était réputée mortelle et appelée aussi “ scorpion ” ou encore “ marteau du diable ” : on craignait, là, d’en être frappé au front. La libellule était, à Lyon, réputée jeter une liqueur aux yeux de ses agresseurs.  Un peu partout, elle est réputée mordre et son nom “ d’aiguille ” associe, comme pour le frelon, la dent et le dard. (Corinne Boujot 2001).

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Voir les 27 photos (de résolution médiocre) de la RMN :

https://www.photo.rmn.fr/CS.aspx?VP3=SearchResult&VBID=2CO5PC6BM87FS

Notice : http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc570218 

Image : http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Mandragore&O=08015188&E=1&I=45643&M=imageseule

Ces deux libellules, à gauche et en bas de l'encadrement, sont semblables, mais l'une est bleue et l'autre brune. Leurs ailes transparentes sont dressées comme celles des Zygoptères, et leurs ptérostigmas noirs sont visibles. L'abdomen porte des marques blanches médianes.

L'ombre qu' elles portent est réelle mais mal perceptible sur l'image proposée par la RMN, néanmoins les autres enluminures sur fonds clairs en rendent bien compte : ces peintures sont bien dans la tradition ganto-brugeoise. Les autres enluminures abritent quelques papillons, mais aucun ne semble identifiable, à la différence des plantes. Voir par exemple l'Iris sur le folio 187v consacré au dieu Pan.

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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—   Néerlandais 1  Boèce, De Consolatione Philosophiae, 1491,  texte latin avec traduction et commentaires en flamand. Enluminures par le Maître du Boèce flamand fol. 12v,  

Ecole ganto-brugeoise. Ce manuscrit appartient à la très riche collection de la bibliothèque de Louis de Gruuthuse, comme les Chroniques de Jean Froissart du  Français 2643 enluminé par le Maître du Livre de prières de Dresde (supra). Louis de Bruges joua un rôle politique de premier plan jusqu'à la fin de sa vie. Il fut à la cour de Bourgogne - après Philippe le Bon - le plus remarquable bibliophile du XVe siècle et, après sa mort, survenue en 1492, sa bibliothèque revint à Louis XII. La plupart des volumes sont profanes et de langue française ; abondamment illustrés et de très grand format, ils se rapportent souvent à l'histoire antique et aux chroniques. Ce sont soixante-quinze titres répartis en plus de cent dix volumes. Ces manuscrits forment un corpus artistique homogène, puisqu'ils sont principalement produits à Bruges, plus rarement à Anvers ou à Gand, par des artistes choisis. Si certains sont identifiés (Guillaume Vrelant, Loyset Liédet, Jean Hennecart ou Lieven van Lathem), beaucoup restent anonymes malgré la qualité de leur art. 

Notice : http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc89761w

Le Maître du Boèce flamand (actif 1478-1490) désigne par convention un enlumineur actif entre 1478 et 1492 à Gand et Bruges. Il doit son nom à manuscrit de la Consolation de Philosophie de Boèce traduite en néerlandais pour Louis de Gruuthuse (1422-1492). (Wikipédia)

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Le corpus de cet enlumineur a été défini à partir d'un manuscrit de Boèce, la Consolation de Philosophie, qui a été traduit en néerlandais. Paul Durrieu a proposé de l'identifier à Alexander Bening mais cette hypothèse a été rejetée. L'historien de l'art allemand Friedrich Winckler l'a désigné sous le nom de pseudo-Alexander Bening. Son nom de convention actuel est utilisé pour la première fois en 19811 et couramment utilisé depuis.

 Il travaille à la décoration de manuscrits pour de grands commanditaires : Édouard IV d'Angleterre, Philippe II de Bourgogne, Philippe de Clèves, Louis de Gruuthuse ou encore Wolfert VI van Borssele. Il semble se spécialiser pour les ouvrages laïcs plutôt que religieux, avec une prédilection pour les manuels pratiques. Installé probablement à Gand où il travaille avec les scribes David Aubert et Jan Kriekenborch, il collabore à plusieurs avec différents enlumineurs de cette période installés à Bruges tels que Philippe de Mazerolles, le Maître aux inscriptions blanches ou le Maître d'Édouard IV.

Son style est proche d'artistes comme Alexander Bening, ce qui explique les confusions avec ce dernier, et montre une influence d'Hugo van der Goes et de Hans Memling dont il reprend des motifs. Il mêle une monumentalité dans la composition de ses miniatures, avec des personnages longilignes et souvent dans une attitude solennelle. Il s'attache à représenter des décors réalistes et utilisant les débuts de la perspectives, se plaçant à la jonction avec les primitifs flamands. Il adopte d'ailleurs au cours de sa carrière les marges fleuries en trompe-l'œil comme ses collègues de l'école dite ganto-brugeoise. Il fait preuve, avec ses collaborateurs, d'originalité dans les décorations des lettrines ornées, les signes des paragraphes ou des bouts-de-ligne en y introduisant de petits détails symboliques comme des devises ou des symboles héraldiques. À l'inverse, il répond aussi à des commandes de copies strictes de manuscrits reprenant fidèlement les miniatures de ses prédécesseurs." (Wikipédia)

Le Maître du Boèce flamand est (https://d-nb.info/997762705/04) l'enlumineur des ouvrage de Louis de Bruges suivant :

  • Français 11-16 : Flavius Josèphe, les Antiquités judaïques et la Guerre des Juifs
  • Français 38 : Jules César, Commentaires
  • Français 181 : Ludolphe de Saxe, Vie de Jésus-Christ; La Vengeance de la mort de notre Seigneur
  • Français 190: Jean Gerson, Le Secret parlement de l'homme contemplatif à son âme; Jean Gerson, Livre de contemplation; Saint Bonaventure, Livre de dévotions; etc.
  • Français 9136: Matthieu Platearius, Livre des simples médecines; Jean de Mandeville, Lapidaire; Recettes
  • Latin 8733 A : Nicole Oresme, Tractatus de origine et natura, iure et mutationibus monetarum

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Le folio 12v.

La Consolation de Philosophie (latin : De consolatione philosophiae ) est un dialogue philosophique écrit par Boèce vers 524. Il s'agit de l'une des dernières grandes œuvres de l'Antiquité et parmi les plus influentes au Moyen Âge. 

Les manuscrits de Louis de Gruuthuse portent sa "devise", c'est à dire son mot "PLVS EST EN VOUS et son image, la bombarde et son boulet. Le folio 12v correspond à l'incipit du texte de Boéce. La bombarde est présente dans la lettrine C initiale du texte.   La devise est inscrite cinq fois en lettres d'or sur les murs gris.

Le texte latin dit :

Carmina qui quondam studio florete peregi: Flebilis heu mestis cogor inire modos . Ecce michi lacere dictat scribeda Camene. Et ueris elegi fletibus ora rigant. [Has saltem nullus potuit peruincere terror]

Ce qui peut se traduire en moyen français par :

Je, qui sueil dicter et escripre

Les livres de haulte matire

et d'estude avoye la fleur

Faiz or dis  de dueil  et de pleur (Trad. par Jean de Meun)

Ou bien

Le bonheur, qui jadis inspirait mes accents

A fait place aux sombres alarmes ;

C'est une Muse en deuil qui me dicte ces chants,

Aujourd'hui trempés de mes larmes (Trad. Judicis 1861)

 

Ces vers sont illustrés par les deux cotés de la peinture, où Boèce, à gauche rédige ses ouvrages chez lui, dans son bureau d'études, et, à droite, désormais en prison, allongé sur son lit de douleurs, pleure tandis que Philosophie le console par la lecture qu'elle lui propose.

Voir Mazarine 3859 f 001 et Rouen Leber 817

Le panneau central montre deux hommes autour d'une femme couronnée. Les sept degrés conduisant à la chambre portent les mots Grammatica, Logica, Retorica, Musica, Arismetrica, Geometria et Astronomica. Ce sont les sept  Arts qui mènent à la Philosophie.  Un examen attentif montre que la robe de la femme porte une lettre  P qui la désigne comme Philosophie. Sa poitrine est nue, et les vieillards tendent leurs lèvres vers ses seins.

Cela correspond au texte Livre I chap. II où il est écrit "Sur le bord inférieur de sa robe était brodé un Π  ; sur le bord supérieur un Φ. "  Un peu plus loin dans le texte se trouvent ces passages : "Est-ce bien toi, toi qui, jadis abreuvé de mon lait, nourri de mon pain, avait puisé dans ce régime une vigueur d'âme toute virile ? […] Je ne l'eus pas plus tôt examinée que je reconnus ma nourrice, dont le toit m'avait abrité dès mon adolescence : la Philosophie."

 

 

 

Le fonds de l'encadrement est de cette couleur beige ou crème destinée à rendre l'aspect de cuir du parchemin. Des rinceaux d'acanthes gris argentés courent,avec des glands, laissant la place à des fleurs au naturel comme des roses de Provins, des Ancolies, des Vesces Vicia sativa, peut-être la Giroflée Erysimum cheiri. Parmi les animaux, citons d'abord la Chouette, et le Geai, la Faisane (?) Passons sur les deux escargots ou   la chenille hérissée de pustules bleues et noires, et dénombrons les Papillons : quatre sont blancs à ocelles comme les Piérides du Navet, deux ont les ailes brunes à ocelles, l'un est un Hétérocère aux ailes blanches à lignes ondées brunes  et un dernier est entièrement sombre. Terminons avec les deux mouches en haut à gauche. Tous ces objets naturels sont en trompe-l'œil avec ombre projetée.

La libellule est brune, ses yeux en perle contigus sont comiquement dotés d'une pupille bleue, ses deux  ailes sont dressées verticalement l'une contre l'autre. L'abdomen, divisé en une quinzaine de segments, est parcouru par une double ligne de triangles effilés les uns bleus les autres noirs. Le thorax, saillant, est zébré de marques noires. 

Image : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84511055/f28.item.r=Flamand.langFR

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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—  Français 6440, Histoires d'Alexandre, traduites en français Quinte-Curce. Hainaut, fin du XVe siècle,  fol 163.

 Exemplaire enluminé aux armes de la famille de Vere, en Zélande. Typique des manuscrits flamands de la fin du XVe siècle, la bordure marginale dorée de ce manuscrit présente un monde délicatement éphémère d'oiseaux, de papillons et même de chenilles et d'escargots qui fait un contraste saisissant avec la miniature centrale et son combat de la flotte macédonienne débarquant en Asie mineure. 

Notice :  http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc56181j

Les images disponibles sont en noir et blanc, et de mauvaise qualité. Les libellules ne sont pas passionnantes.

 

Image : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b90604270/f391.image

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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—  Français 6440, Quinte-Curce, Histoires d'Alexandre, traduites en français . Hainaut, fin du XVe siècle  fol. 173.

Notice : http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc56181j

Encadrement 

Image :http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b90604270/f415.image

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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SEIZIÈME SIÈCLE.

2 manuscrits, 4 enluminures.

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 — Latin 8880 Psalterium Pauli III, 1542,   folio  159v,  et folio  185v,

lettre ornée

http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc62410x

Signalement dans la base Mandragore, sans images

 

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—   Latin 10564, Heures de François de France, duc de Brabant, peintes en 1582 par "Joannes Bol." Preces Anvers 1582 Hans Bol fol. 5v

La libellule est à coup sûr un Zygoptère ; elle est perchée au dessus de l'abdomen de la sauterelle. 

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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—   Latin 10564, Heures de François de France, duc de Brabant, peintes en 1582 par "Joannes Bol." Preces Anvers 1582 Hans Bol fol. 16v.

Notice :http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc72282m

C'est toujours une Demoiselle ou Zygoptère, bleue.

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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—   Latin 10564, Heures de François de France, duc de Brabant, peintes en 1582 par "Joannes Bol." Preces Anvers 1582 Hans Bol fol. 21v.
 

Cette fois-ci, la libellule (noire et blanche ?) est posée sur la queue du paon. Cherchez aussi la  mouche, l'oiseau, le papillon.

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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—  Français 712, « L'Istoire des successeurs d'Alixandre, extraicte de Dyodore Sicilien (liv. XVIII, XIX et XX) et quelque peu de Plutarque », traduction de  Claude de Seyssel, évêque de Marseille. Bourges, 4ème quart 16e siècle (1575-1599),  fol. 298v.

Malgré la date de ce manuscrit la libellule de l' encadrement est très fantaisiste, avec ses deux antennes, ses deux pattes, les ocelles des ailes.

 Notice http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc50966w

Image : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9058121p/f335.item

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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DIX-SEPTIÈME SIÈCLE.

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— Latin 8828 Graduale et antiphonale ad usum S.Ludovici domus regiae Versaliensis.  1684-1686 folio Bv.

 

 

http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc62360s

Décoration à pleine page : bouquets de fleurs dans un vase, dans différents tons : bleu et vert, avec papillons et libellule (f.Bv), jaune (106), bleu, avec libellule (126), au naturel (138, 154), bleu, avec la fleur dite «couronne impériale» (174), au naturel (180), rouge (188), au naturel (196, 204), en camaïeu ocre (212), au naturel (222).

  • Je la cite pour être complet.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b550073187/f8.image

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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Source gallica.bnf.fr / BnF 

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RÉSULTATS.

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J'obtiens un corpus de 19 manuscrits du 13e au 17e siècle, soit de 37 enluminures et 1 dessin, soit 40 libellules au total. Le 15e siècle est le plus représenté avec 12 manuscrits et 30 enluminures. Deux groupes se distinguent immédiatement : ceux de la période ou de la tradition médiévale, où ces petits personnages ailés animent les marges de leurs silhouettes sans aucun souci de respect de l'échelle, et surtout de la réalité zoologique, puis, après avoir franchi la borne temporelle des années 1470-1475, les peintures inspirées de l'école de Bruges et de Gant, caractérisée par la représentation d'espèces botaniques fidèlement rendues, par la présence de nombreux insectes (mouches, papillons et libellules, plus rarement Orthoptères) associés à des escargots et des oiseaux, en trompe-l'œil.

Je place dans le premier groupe 15 manuscrits. 

Le second groupe, le plus intéressant sur le plan de l'iconographie en entomologie, est fait des quatre manuscrits  suivants :

  • Français 2643, Bruges, par le Maître du Livre de prière de Dresde. Vers 1470-1475.
  • Arsenal 638, Bruges par le le Maître du Livre de prière de Dresde. Fin XVe-début XVIe
  • Français 9197, Hainaut, par le Maître d'Antoine Rolin. Vers 1490-1495.
  • Néerlandais 1, Bruges/Gand, par le Maître du Boèce flamand. 1491.

Cette production est donc limitée dans le temps et dans l'espace. Elle était pleine de promesses, puisque les espèces botaniques sont souvent parfaitement déterminables et que certains papillons sont proches d'espèces ou de genre reconnaissables. Mais hélas, les cinq libellules peintes de façon très convaincantes de leur naturalisme ont résisté à mes tentatives de détermination. 

J'ai omis de placer ici, parce que je l'ai traité à part,  la pièce principale de ces manuscrits, le BnF Latin 9474 des Grandes Heures d'Anne de Bretagne par Jean Bourdichon enluminé entre 1503 et 1508, et ses 91 libellules. C'est bien-sûr dans un jeu de mise en relation réciproque que ces quatre manuscrits doivent être placées face à ces Grandes Heures, afin d'évaluer le tour de force de Bourdichon, mais aussi les influences dont il relève.

C'est donc une lente maturation et évolution de la représentation des  objets naturels, et notamment des insectes que nous voyons se dérouler, pendant laquelle ces objets servent d'abord d'ornements périphériques ludiques et participent à des saynètes avec les singes, les chimères et les archers, puis participent à une mise en scène de l'image narrative en la plongeant dans un décor d'allure naturelle, décor recréant l'illusion d'un Jardin idéalisé ou de Nature primordiale avec ses valeurs d'innocence, de beauté et d'harmonie. Mais ce sont d'abord les plantes, et particulièrement les fleurs, qui sont les vedettes de cette mise en scène pour lesquelles "l'exactitude de l'illusion naturelle" est recherchée. Cette exigence s'étend en tâche d'huile aux Lépidoptères. Et enfin aux Odonates, précisément entre le dernier quart du XVe siècle et le premier quart du XVIe, mais sans encore parvenir, dans le corpus de la BnF excepté le Latin 9474, à reproduire un modèle naturel qui ne soit pas contaminé par des siècles d'habitudes et par une incapacité à s'assujettir à l'observation. L'imprimerie, qui va mettre un terme à la production des miniaturistes, va nous imposer de rechercher la suite de cette aventure ailleurs que dans les collections de la Bibliothèque nationale de France. 

 

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SOURCES ET LIENS.

 MÉLY, (Fernand de), 1913 Les primitifs et leurs signatures. [Tome 1] Les miniaturistes Paris P. Geuthner

https://archive.org/details/lesprimitifsetle00mluoft

https://archive.org/stream/lesprimitifsetle00mluoft#page/94/mode/2up/search/Chadewe

2007-2008, Simon Bening als landschapsminiaturist. Eigen stijl & evolutie binnen het oeuvre en zijn invloed op de ontwikkeling van het landschap in de schilderkunst van de zestiende eeuw.

https://lib.ugent.be/fulltxt/RUG01/001/414/918/RUG01-001414918_2010_0001_AC.pdf

— DURRIEU (Paul), 1910, L’enlumineur flamand Simon Bening, In: Comptes rendus des séances de L’Académie des inscriptions et Belles lettres, Parijs,  54ᵉ année, N. 3,1910, p. 162-170

DOI : 10.3406/crai.1910.72606

 www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1910_num_54_3_72606

 

— KREN Thomas (e.a), Illuminating the Renaissance: the triumph of Flemish manuscript painting, LA: J. Paul Getty Museum / London: Royal Academy, Getty Trust Publications, 2003

— KREN Thomas, Landscape as leitmotif: a reintegrated Book of Hours illuminated by Simon Bening, in: Illuminating the book: makers and interpreters: essays in honour of Janet Backhouse, London, British library, 1998, p. 209-232

— KREN Thomas, Simon Bening and the development of landscape in Flemish Calendar illumination, in: Flämischer kalender: Clm 23638, Bayer. Staatsbibliothek, München, 1988, p. 204-273

— KREN Thomas, Simon Bening, Juan Luis Vives, and the observation of nature, in: Tributes in honor of James H. Marrow: studies in painting and manuscript illumination of the late Middle Ages and Northern Renaissance, Londen, 2006, p. 311-322

— LEGARÉ (Anne-Marie), La réception du poème des Eschés amoureux et du Livre des Eschez amoureux moralisésdans les États bourguignons au XVe siècle,  in Le Moyen Age, Revue d'histoire et de philologie 2007/3 (Tome CXIII) Pages 591-611.

https://www.cairn.info/revue-le-moyen-age-2007-3-page-591.htm#re7no6

— MARTIN (Henri), 1885, Catalogue des manuscrits de la bibliothèque de l'Arsenal , Plon, Paris, tome I.

https://archive.org/details/cataloguedesman01bibl

Initiale puzzle à filigranes : apparaissant vers les années 1 140, ce type d'initiale dont le cadre est découpé comme un puzzle, est peint en deux couleurs (normalement rouge etbleu) séparées par un filet de parchemin réservé, le tout agrémenté de filigranes. Lettre champie : cette invention du dernier tiers du xne siècle consiste en une lettre dorée surfond peint rouge et bleu, rehaussé de filets blancs. Les plus anciens exemples ont souvent un chromatisme plus riche et varié.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ma%C3%AEtre_du_Bo%C3%A8ce_flamand

http://bvmm.irht.cnrs.fr/consult/consult.php?mode=ecran&panier=false&reproductionId=15213&VUE_ID=1389388&carouselThere=false&nbVignettes=4x3&page=6&angle=0&zoom=moyen&tailleReelle=

— PETIN, 1850, Dictionnaire hagiographique: ou, Vies des saints et des bienheureux, honorés en tout temps et en tous lieux depuis la naissance du christianisme jusqua̓̀ nos jours, avec un supplément pour les saints personnages de lA̓ncien et du Nouveau Testament, et des divers ages de le̓́glise, auxquels on ne rend aucun culte public, ou dont le jour de fête est inconnu, Volume 2 https://books.google.fr/books?id=tmYAAAAAMAAJ&dq=saint+pierre+diacre+avril&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— USUARIUM,  a digital Library and  database for the study of latin liturgical history in the Middle Ages and Early Modern Period

http://usuarium.elte.hu/calendarlabels/1087

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Odonates
1 février 2018 4 01 /02 /février /2018 19:49

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Zoonymie des Odonates. Avant l'ère des noms, celle des enluminures. 39 libellules des manuscrits français (hors BnF) de la fin du XIVe à la fin du XVIe siècle.

 

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Voir aussi :

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Dans un article de 1991, l'entomologiste britannique Philip S. Corbet (1929-2008), pour dresser un bref tableau de l'histoire de l'odonatologie, décrivait six "brins" (il évitait délibérément le terme de "périodes" ou "ères" car ces Brins (Strands), une fois constitués, se poursuivaient sans s'interrompre).

Il  distinguait ainsi le   Brin de l'Exploration, principalement pré-linnéen, puis  le Brin de la Codification, apparu en 1758 avec le Systema naturae de Linné, puis le  Brin de la Classification né en 1820, le Brin de l'Intégration (1913-), le Brin de l'Intercommunication rendu nécessaire par l'explosion des informations (1970-) et enfin celui de la Préservation (1980-), imposé par les destructions des habitats  engendrés par  l'importance croissante de l'impact humain.

CORBET (Philip S​​​​​​.), 1991, A brief history of odonatology  Adv. Odonatol. 5 : 21-44 December, 1991.

Cette systématisation, comparable à l'étude des cernes de croissance d'un tronc, pourrait reconnaître une partition plus générale autour de la parution en 1758 de la 10ème édition du Systema naturae de Linné :  le brin Pré-linnéen, ou Anonyme, car les insectes en général et les Odonates en particulier sont dépourvus de nom propres, précéderait le brin Post-Linnén, ou Nomenclatural, où chaque espèce va progressivement être dénommée, et placée dans le vaste système des noms de Genre, de Famille et d'Ordre.

Le champ de la Zoonymie, étude des noms des animaux, ne débute donc en toute logique qu'après 1758. C'est d'autant plus vrai pour les Odonates, puisqu'avant cette date, le mot Libellula (et a fortiori Libellule) n'existe pas. 

Néanmoins, toute science doit explorer non seulement son objet (ici, le nom des Odonates), mais aussi le terreau qui a permis le développement de son objet (ici, la période Pré-Linnéenne).

Cette recherche peut porter sur la philologie, pour dénicher d'éventuelles appellations vernaculaires anciennes comme "Demoiselle", ou pour saluer l'apparition du nom Libella (1550) pour les larves puis les Libellules dans le langage scientifique, sur les ouvrages des naturalistes décrivant les Insectes (successivement ceux d'Aldrovandi en 1602, de Thomas Moufet en 1634, de Johann Swammerdam en 1669, d'Anton van Leuwenhoeck en 1695, de James Petiver en 1698 et de John Ray en 1710, de René-Antoine Ferchault de Réaumur en 1738 et 1742, ou de Roesel), ou enfin sur les illustrations qui permettaient de désigner un insecte en le représentant. 

Ce sont précisément sur les seules illustrations que reposent notre compréhension des connaissances acquises sur les Odonates pour la large période précédant Aldrovandi, soit toute la période médiévale et de la Renaissance avant le début du XVIIe siècle. 

 

Pour P.S Corbet, lors du très long Brin Exploratoire précédant le travail de Linné, des faits biologiques et des constatations subjectives ont été accumulés. P.S. Corbet suit les torons de ce brin dans l'art préhistorique du bronze ancien égéen, dans la poterie inca ou pré-inca du Chili et du Pérou, dans la littérature dans l'Épopée de Gilgamesh (3000-2000 av. J.C),  dans le glossaire Urra-Hubullu  des tablettes babyloniennes (à partir du XVIIIe siècle av. J.C), dans les peintures égyptiennes exécutées à partir du XVe siècle av. J.C, ou dans les symboles de libellules apparaissant en Chine sur de la vaisselle de cuivre, des carapaces de tortues ou des ossements oraculaires, de la dynastie Yin (Chang) du XVe au XIe siècle avant notre ère.

Pour la période médiévale, il mentionne les libellules, magnifiquement dépeints dans certains bréviaires médiévaux, par exemple le Bréviaire de Belleville de l'atelier de Jean Pucelle à Paris (1323-1326 ), dans l'exemplaire de Berlin de la Bible de Gutenberg de 1453,  dans les Grandes Heures d'Anne de Bretagne illustrées par Jean Bourdichon ( 1503-1508), et dans le Bréviaire Grimani (1510-1520). "Il a fallu l'invention de l'imprimerie en Europe et la libération intellectuelle de la Renaissance pour révéler ce que les observateurs contemporains connaissaient  des libellules. Les progrès au cours du 16ème siècle ont été marqués par les activités impressionnantes des encyclopédistes, parmi lesquels le Suisse Conrad Gesner, et surtout l'Italien Ulisse Aldrovandi, qui  avaient des observations intéressantes à consigner."

Mais si on se penche sur la période [0-1758] de  ce Brin Exploratoire, il devient vite évident qu'il faut placer deux jalons majeurs : la parution du De animalibus insectis d'Aldrovandi en 1602, mais aussi, pour les illustrations, la naissance de l'École de Gant-Bruges vers 1470. En effet, c'est avec cette école que vont apparaître, dans les Bordures à fleurs et insectes et les Attrapes qui la caractérisent, les premières représentations évocatrices d'espèces naturelles. 

Je complète donc ainsi la schématisation de Philip Corbet (je ne donne que quelques exemples) :

Brin Exploratoire ( < 1758) :

période médiévale 1200->1470 : Marges des enluminures et dessins médiévaux ->Miniaturistes  de Bruges. 

Bréviaire de Belleville BnF lat. 10483 de Jean Pucelle

période pré-naturaliste I. 1470->1575 : Bordures florales  "au naturel" : Miniaturistes  de Gand-Bruges -> Hoefnagel

– Jean Bourdichon,  Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508)

– Simon Bening, Bréviaire Grimani (1510)

période pré-naturaliste II. 1575->1602 : l'insecte devient objet de science, et occupe une place central dans l'illustration. Joris et Jacob Hoefnagel

– Joris Hoefnagel, Ignis 1575-1580  et Jacob Hoefnagel Archetypa studiaque 1592

période naturaliste 1602->1758 : Aldrovandi ->Linné.

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Le corpus d'enluminure des deux premières périodes comportant des Odonates est suffisamment copieux, non seulement pour constituer un sujet d'étude à part entière, mais aussi pour devoir être diviser en plusieurs articles. Je me "limite" donc ici aux manuscrits français des bibliothèques de province (bases Enluminure et Initiales) avant de rédiger un second article à ceux de la  BnF (base Mandragore). 

 

 


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LES ENLUMINURES DES MANUSCRITS DES BIBLIOTHÈQUES  EN FRANCE .

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Le site publique Enluminure indique la présence de libellules sur six manuscrits, et le site Initiale de lRHT-CNRS sur quarante manuscrits : les voici par ordre chronologique approximatif  :

(Les textes en retrait sont des citations des notices de  l'IRHT, pour les distinguer de mes commentaires d'amateur ).

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— Lyon BM 5146, Heures, latin, France, fin 14e siècle folio 146v.

Libellule aux ailes étendues, nervurées, blanches à points orange, parmi des rinceaux, des fleurs de chardon et des fraises des bois. 

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/2568

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Lyon BM 5146, Heures, latin, fin 14e siècle folio 146v

 

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—  Chambéry - BM - ms. 0004 Bréviaire franciscain, Bréviaire de Marie de Savoie  vers 1430, Italie du Nord (Milan), folio 385.

Enluminures atribuées au Maître des Vitae imperatorum, enlumineur italien, actif à Milan dans le second quart du 15e siècle (attesté après 1428-1449). Nommé d'après un manuscrit de la traduction italienne de Suétone, Paris, BNF, ital. 131, daté de 1431. Cf. F. Lollini, "Maestro delle Vitae Imperatorum", dans Dizionario biografico dei miniatori italiani, secoli IX-XVI, éd. M. Bollati, Milan, 2004, p. 587-589.

http://initiale.irht.cnrs.fr/intervenant/1926

Lire : Anne Ritz-Guilbert, « Extrait de la deuxième partie (chapitre I) « Le Bréviaire de Marie de Savoie, un manuscrit à plusieurs mains », p. 75-93. », in Des drôleries gothiques au bestiaire de Pisanello. Le Bréviaire de Marie de Savoie, Paris, INHA/CTHS (« Les Essais de l'INHA »), 2010, http://journals.openedition.org/inha/2943

"Dans le Psautier, le Maître des Vitae ne s’est pas contenté d’enluminer les initiales historiées. Il exécute aussi la plupart des illustrations marginales, que ce soit les animaux, singe de ménagerie (f. 319), chien courant après un lièvre (f. 319v), guépard (f. 319v), paon (f. 340), sauterelle verte (f. 346v), ou encore les putti. Il n’a pas son pareil pour suggérer l’épaisseur d’une fourrure ou la délicatesse des nus enfantins. Il suffit de mettre côte à côte le putto de sa main du f. 353, aux formes rebondies, jouant de la cornemuse assis sur un coussin dans l’herbe étoilée, et celui d’un collaborateur au f. 594v, à l’ossature maladroitement saillante, assis lui aussi sur un coussin posé dans une herbe aux formes floues, pour en être convaincu. Sa virtuosité dans le rendu du mouvement et de la robe tachetée du guépard bondissant dans la marge du f. 319v  n’est en rien comparable à la manière du collaborateur qui a peint sans grand effet volumétrique, tranquillement posé sur un réceptacle d’herbe au f. 511, un autre spécimen de la même espèce. Seules les illustrations marginales du f. 367v, oiseaux et putti, et la libellule du f. 385 sont d’une qualité inférieure." Ritz-GUILBERT  Folio 009v 

La libellule occupe la  marge supérieure ; c'est un insecte à trois ailes bleues étendues (Anisoptère), au thorax et à la tête verte, à l'abdomen segmenté, au thorax ovoïde, aux yeux jaunes écartés (Zygoptère), avec quatre longues antennes en fouet.

 

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/2568

 

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Chambéry - BM - ms. 0004 folio 385 Bréviaire franciscain vers 1430. Site Enluminure.

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Tours, BM, 0218, Heures dites de Charles V à l'usage de Rome, Belgique (Bruges), vers 1450, f. 150.

 Page décorée de  fleurs dont des roses, d'oiseaux, et d'une libellule. Cette dernière, peinte de profil, a l'abdomen velu, noir à segments blancs, avec une queue en fouet. Les six pattes noires, les yeux séparés et le thorax sont convaincants, mais les ailes semblent contaminées par la forme des fleurs bleues voisines.

http://initiale.irht.cnrs.fr/decor/67189

http://bvmm.irht.cnrs.fr/mirador/index.php?manifest=http://bvmm.irht.cnrs.fr/iiif/8369/manifest&canvasId=http://bvmm.irht.cnrs.fr/iiif/8369/canvas/canvas-1267234

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— Lyon MS 6022 , Livre d'Heures à l'usage de Rome, latin, France de l'ouest (Angers), vers 1450-1460  folio 74-75.

Encadrement orné, initiale ornée (en nombre), page décorée (en nombre), encadrement animé, encadrement historié, miniature en marge (24), initiale à figure (2), miniature (12), bout-de-ligne orné (en nombre), or, couleur. Attribution au Maître de Jouvenel des Ursins. 

La libellule, de profil, est gris-brun ; l'abdomen est segmenté, le thorax et les yeux imprécis, les ailes en raquettes. Les antennes longues et courbées sont irréalistes. Voir la page entière ici.

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/2600

 

 

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—  Clermont-Ferrand - BM - ms. 0084 Heures à l'usage des Antonins, France du sud-est (Savoie)3ème quart XVe s (1450-1475), folio 088 .

 Enluminure par le Maître du Prince de Piémont, enlumineur actif vers 1460-1470 en Savoie et dans le Lyonnais, au service de la maison de Savoie. Nommé d'après le manuscrit Stuttgart, Württemb. Landesbibl., ms. HB I 175, qui porte les armoiries du futur duc de Savoie, Amédée IX en tant que prince de Piémont (1439-1465). Cf. F. Avril et N. Reynaud, Les manuscrits à peintures en France 1440-1520, Paris, 1993, p. 209.

http://initiale.irht.cnrs.fr/intervenant/1997

Marge extérieure : Enfant nu assis sur une  libellule. Libellule bleue, à l'abdomen fin et segmenté, aux ailes semi-étendue, aux yeux contigus, aux trois antennes longues en fouet. Odonata sp.

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 Clermont-Ferrand - BM - ms. 0084 folio 088 Heures à l'usage des Antonins.(3ème quart XVe s (1450-1475). Enfant nu et libellule. 

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—  Marseille - BM - ms. 0112 Heures à l'usage de Troyes ( ?) France de l'est (Troyes), 3ème quart du  XVe s (1450-1475 ) folio 084 . 

Artiste du "Paris, BNF, ms. lat. 00865A", le Missale Trecense. Style archaïque par rapport à la date présumée de l'exécution du décor de ce ms. Influence des continuateurs tardifs du Maître de Bedford, rappelant l'art des années 1410-1420. Artiste dont on retrouve la main dans un certain nombre de livres d'Heures : "Paris, BNF, ms. lat. 10471", "Paris, BNF, ms. lat. 13273", "Nancy, B. m., ms. 0036", "Troyes, B. m., ms. 0117". (http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/2769?contenuMaterielId=7298)

 

La libellule occupe la marge extérieure. Insecte à six pattes, à deux ailes à allure foliaire repliées le long du corps, aux yeux séparés l'un de l'autre. L'abdomen blanc, segmenté, forme une crosse dont l'extrémité repose sur une sorte de sac beige, ouvert en entonnoir vers la droite. 

Ce qui serait fabuleux, ce serait d'imaginer que l'artiste ait voulu représenter une libellule lors de son émergence. Le sac, qui est segmenté, serait alors son exuvie, l'apparence gondolée, molle et fripée des ailes serait celle d'un insecte immature, et nous aurions alors une observation particulièrement précoce et attentive de ce stade de développement. Faut bien rêver ! Les découpes en zig-zag du thorax pourraient être liées aux stigmates des modifications qui se sont déroulées.

http://initiale.irht.cnrs.fr/decor/52358

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Société Limousine d'onatologie. Tout doucement, le thorax, la tête, les pattes s’extirpent de l’enveloppe. La libellule se trouve la tête en bas, l’abdomen encore coincé. Elle s’immobilise ainsi de longs moments, comme pour reprendre ses forces.D’un violent coup de rein, elle se redresse, et libère son abdomen. Elle a alors entièrement quitté son enveloppe larvaire.

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 Marseille - BM - ms. 0112 folio 084 Heures à l'usage de Troyes (?) 3ème quart du  XVe s (1450-1475).

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—  Marseille - BM - ms. 0112 Heures à l'usage de Troyes (?), France de l'est (Troyes),  3ème quart du  XVe s (1450-1475) folio 084v .

L'artiste a reproduit en miroir sa libellule sur le verso. La peinture est mieux distincte, et mon hypothèse me semble encore plus crédible.

http://initiale.irht.cnrs.fr/decor/52359

 

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— Tours, BM, 2273 A, Heures (fragment), France de l'ouest (Touraine, Tours ?), 15e s. (1475-1499)  f. 026v,

Page décorée avec une libellule et des  pâquerettes. La libellule au corps bleu ressemble à un petit poisson, mais la segmentation est soigneusement peinte.

http://initiale.irht.cnrs.fr/decor/15303

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Amiens, Bibl. mun., ms. 0200,  Heures à l'usage de Paris vers 1460 (France du Nord ; Amiens?) f. 095.

 

Heures à l'usage de Paris latin , français France du nord (Amiens) vers 1460, page décorée, miniature (35), initiale ornée (en nombre), initiale champie (en nombre), initiale cadelée, encadrement animé, armoiries, couleur, orAttribution au Maître de Rambures et au Second maître des Grandes Chroniques Peinture du f. 31 par le Second maître des Grandes Chroniques selon Cat. Avril-Reynaud, du Premier Maître des Grandes Chroniques de France selon M. Gil 'Miniatures flamandes'.
Possesseur Jacques de Rambures, sire de Dompierre (destinataire) et Corbie, abbaye Saint-Pierre

Heures à usages multiples : Paris (heures de la Vierge), Thérouanne (office des morts), Amiens 

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/202?contenuMaterielId=507


Maître de Rambures, Picardie, Hesdin, enlumineur nommé d'après Amiens, BM, ms. 200, exécuté pour Jacques Rambures (mort en 1488). Actif dans le troisième quart du 15e s. en Hesdin où, vers 1460, il collabore avec Loyset Liédet, et, vers 1460-1470, en Picardie (probablement Amiens, cf. S. Nash, Between France and Flanders. Manuscript Illumination in Amiens in the Fifteenth Century, Londres, 1999, p. 194-204). Il maintient des connexions artistiques avec Bruges. Cf. T. Kren et S. McKendrick, Illuminating the Renaissance: The Triumph of Flemish Manuscript Painting in Europe, Los Angeles, 2003, p. 255-256

http://initiale.irht.cnrs.fr/intervenant/2015

Bordure de la représentation de David s'adressant à Yahvé le psaume pénitentiel n°6.  Domine ne in furore tuo arguas meParmi des fleurs bleues, rouges ou pourpres,  sont peints deux hybrides anthropomorphes musiciens.  Un joueur de cornemuse occupe la marge droite, et un autre être, aux ailes et abdomen de libellule, jouant d'un instrument à une seule corde, occupe la marge inférieure. Ce monocorde ressemble fort à la trompette marine, mais l'artiste a omis de représenter l'archet. Le musicien, entièrement bleu,  au buste de jeune garçon possède l'abdomen segmenté à extrémité effilée et les deux paires d'ailes roses aux ptérostigmas marqués par des taches saumon.

http://initiale.irht.cnrs.fr/decor/91042

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Il me paraît judicieux de montrer le joueur de cornemuse  de la marge latérale droite.

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— Lyon BM 5147, Heures (Belgique, Flandres?), 1450-1499 folio 080.

Dans la très riche bordure florale, il est plus facile de reconnaître l'Ancolie ou les deux oiseaux que le frêle insecte de la marge verticale droite. Son corps losangique et ses ailes en deux éventails se distinguent néanmoins, et on ne peut qu'admirer avec quelle minutie le miniaturiste a peint chaque patte et chaque segment.

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/2569

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Lyon BM 5147, Heures (Belgique, Flandres?), 1450-1499 folio 080.

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Chaumont, BM, 0033, Bréviaire à l'usage de Langres, France de l'est (Bourgogne ?), après 1481,  f. 330. Page décorée de fleur, de fraise, et d'un enfant nu sur une (?)  libellule.

http://initiale.irht.cnrs.fr/decor/10970

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Avignon, BM, 0146 Missel, avant 1585, f. 001. Page décorée, avec armes de Georges d'Armagnac, Insectes (chenille, libellule, coccinelle, mouche), fleur, oiseau, gerbe de blé. Devise : "exinanitus repleo".

La libellule est peinte en bleu, avec les ailes semi-redressées comme les Zygoptères. Les antennes en corne et le "museau", ou la position des pattes, montrent que, malgré la date tardive (Hoefnagel a peint déjà son Aeshna cyanea  parfaitement fidèle au modèle !), l'artiste se préoccupe d'avantage de la stylisation remarquable de la composition que de l'observation de la Nature.

http://initiale.irht.cnrs.fr/decor/7172

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 — Chantilly, Musée Condé, 0564 (1047) Recueil de ballades et de chansons, France ou Italie, 15e s.  f.037. Tête de chien-libellule.


Prolongement marginal.  Représentation associée dans la même marge d' une tête de chien et d' une libellule (Anisoptère).

http://initiale.irht.cnrs.fr/decor/78281

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Autun, BM, S 151  Pontifical romain d'Antoine de Chalon, evêque d'Autun  , France de l'est (Bourgogne) 1483-1500  f. 091


Page décorée, miniature pleine page (1), miniature (5), encadrement historié (1), encadrement animé, initiale ornée, initiale juridique, armoiries , couleur, or
Attribution au Maître des prélats bourguignons  (attesté vers 1475-1510) enlumineur actif en Bourgogne dans le dernier quart du 15e s. et la première décennie du 16e. Nommé d'après sa clientèle principale, des dignitaires ecclésiastiques d'Autun, de Langres et de Dijon. Il enlumine de nombreux livres liturgiques et livres d'heures. Cf. F. Avril et N. Reynaud, Les manuscrits à peintures en France 1440-1520, Paris, 1993, p. 393. Pour son corpus voir aussi M.-F. Demongeot-Bourdat, "Un livre d'heures inédit de la famille Berbisey", Art de l'enluminure, 13, 2005, p. 16-39. 

 http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/398?

http://initiale.irht.cnrs.fr/intervenant/1925

La libellule aux allures sommaires possède deux caractéristiques notables : les ailes bleues — comme Calopteryx virgo — et l'extrémité de l'abdomen qui est bifide, afin de représenter les appendices anaux.

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Toulouse, BM, 0135, Heures à l'usage de Rome, France du sud-est (Provence), 1480-1490  f. 035. Marge extérieure Singe tenant une libellule en laisse . Le singe est assis sur un tabouret.

Le enluminures sont attribuées à l'entourage du . Le  Maître du Coeur d'Amour épris, enlumineur et peintre actif probablement en Anjou ou en Provence, dans la seconde moitié du 15e s. Nommé d'après l'exemplaire du Livre du Coeur d'Amour épris de Paris, BNF, fr. 24399. Il enlumina aussi entre autres le Trésor des histoires, Paris, BNF, ms. fr. 1367, un Code de Justinien portant les armoiries de Pierre de Laval (Louvre) et un tableau, le Retable Beaussant (cathédrale d'Angers). Cf. Splendeur de l'enluminure. Le Roi René et les livres, dir. M.-E. Gautier, Angers, 2010, no. 28, p. 304-305. http://initiale.irht.cnrs.fr/intervenant/1984

S'il est attesté que les enfants des siècles passés s'amusaient à attraper des papillons et à y attacher un fil pour les faire voler à leur guise, je n'ai pas de témoignage de cette pratique avec les libellules, hormis, indirectement, cette enluminure. Abdomen et thorax cylindriques. Couleur bleue pour l'ensemble du corps et des ailes, qui sont divisées en quatre ou cinq secteurs frappés d'une ocelle. Décoratif mais non naturaliste.

http://initiale.irht.cnrs.fr/decor/59480

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Toulouse, BM, 0136, Heures, France, vers 1480-1490  f. 159

 

Page décorée d' oiseaux dont un paon, de libellule, de pensées et  acanthe. L'artiste a distingué le thorax et la tête par une couleur brune, tandis qu'il a peint l'abdomen en bleu-vert à segments blancs. Les ailes, nervurées comme des feuilles de Plantain, sont dressées (Zygoptère) et de couleurs bleu et vert. Les appendices anaux sont ébauchés. 

http://initiale.irht.cnrs.fr/decor/97621

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Amiens, BM, Lescalopier 020 Heures à l'usage de Rome France du nord (Picardie) vers 1495 f. 019v.

 

La Notice précise : "Enluminures attribuées au Maître d'Antoine Clabault. Bordures au naturel s'inspirant des modèles ganto-brugeois."

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/6051?contenuMaterielId=664

 Le Maître d'Antoine Clabault 15e s. (attesté vers 1490-1500 ), actif à  Amiens, est un enlumineur amienois actif vers la fin du 15e s. Nommé d'après un Epistolier (Paris, BNF, Arsenal, ms. 662) décoré pour Antoine Clabault (mort en 1504), échevin et plusieurs fois maïeur d'Amiens. Cf. F. Avril et N. Reynaud, Les manuscrits à peintures en France 1440-1520, Paris, 1993, p. 390-392.

N.B : l'Epistolier à l'usage d'Amiens ne comporte pas de bordures florales.

http://initiale.irht.cnrs.fr/intervenant/2006

Le Maître d'Antoine Clabault est aussi l'enlumineur de deux miniatures du Missel à l'usage d'Amiens, Amiens BM 0163 : ces miniatures possèdent des bordures à fleurs et insectes "au naturel", dont l'ombre est projetée dans un effet de trompe-l'œil donnant l'illusion que ces spécimens étaient posés sur la page. Or, ces ombres sont également présentes autour des fleurs et de la libellule du folio 19v, venant du haut et du centre du manuscrit.

 

Parmi les  fleurs se reconnaissent des  roses, des feuilles d'acanthe, des bourraches, des fraisiers, des violettes ou des pâquerettes alors que les insectes du folio 20 sont une coccinelle, et un papillon, voisinant avec un  paon  et  des noeuds d'entrelacs.

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La vue de dessus de l'insecte est rare. L'abdomen noirâtre est effilé,  les ailes blanches sont dressées, marquées de points noirs centraux. L'écartement des yeux des Zygoptères a été correctement observé.

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http://initiale.irht.cnrs.fr/decor/91817

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Paris, Bibl. Mazarine, 0483 Heures à l'usage de Paris, France du nord (Paris), 15e s. (fin) f. 025v.

Page décorée initiale ornée, initiale champie, bout-de-ligne champi, marge ornée, marge 1 côté, ornementation, cloisonné, insecte, feuille d'acanthe, fleur. Fleur en bout-de-ligne. Insecte : libellule ? Alternance fond or et fond réservé.

Si nous pouvons confirmer qu'il s'agit d'une libellule, et même d'un Zygoptère aux ailes – bleues – dressées, ce sera tout, car l'artiste a donné un croquis né de son idées (vague) des Odonates mais ne s'est pas livré à une observation des espèces naturelles. 

http://initiale.irht.cnrs.fr/decor/26664

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Autun, BM, S 137  Missel à l'usage d'Autun, France, 15e s. (fin)  f. 001


Page décorée, avec armes du chanoine Jacques de la Boutière Insectes (mouche, libellule), fleurs (chardon, pâquerette), perruche.

Libellule aux ailes dont le bleu métallique est plus foncé aux extrémités. Corps et yeux bleus. Thorax ovoïde, abdomen segmenté, quatre pattes noires visibles.

 

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/385

 

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Paris, Bibl. Mazarine, 0381, Psautier-hymnaire dominicain, France du nord ou Belgique, 15e-16e s. ?  folio 015. 

Page décorée, avec armes ajoutées de la famille Pardieu et Vaudricourt
Début du texte encadrement orné, encadrement animé, encadrement armorié, marge ornée, marge animée, marge armoriée, héraldique, marge 4 côtés, initiale ornée, initiale filigranée, lettre B, lettre S, lettre E, lettre N, lettre I, ornementation, coccinelle, libellule, tige, feuille, pensée, écu armorié, couronne d'épines, coeur ornemental
Les armoiries ont été ajoutées (Samaran et Marichal, 1959).

Les initiales ornées, de manière ancienne, tranchent avec les bordures peintes 'au naturel' (fleurs, fruits, insectes) de style ganto-brugeois.

Manuscrit donné en 1514 par 'soeur' Ysabeau de Waudricourt (dominicaine ?) à sa nièce, 'soeur' Marie de Pardieu (dominicaine ?), fille de David de Pardieu, gouverneur d'Eu et seigneur d'Assigny (Seine-Maritime) (CGM).

Leroquais, Psautiers..

Libellule aux ailes hyalines dressées (Zygoptère), à l'abdomen cylindrique fin bleu, segmenté. thorax bleu à bandes noires ; yeux bleus. Appendices anaux ébauchés. 

Là encore, les ombres des objets naturels sont portées pour accentuer l'effet de vraisemblance sur le fond d'or mat ponctué comme un cuir. Les deux autres insectes sont des coccinelles, les fleurs évoquent les Pensées sauvages  Viola tricolor. Tous ces objets ne sont peut-être pas exacts sur le plan botanique ou entomologique, mais sont parfaitement crédibles et la volonté d'illusion naturaliste est évidente.

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http://initiale.irht.cnrs.fr/decor/80690

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Paris, Bibl. Mazarine, 0381, Psautier-hymnaire dominicain, France du nord ou Belgique, 15e-16e s. ?  folio  048.

 Encadrement orné, encadrement animé, marge ornée, marge animée, marge 4 côtés, initiale ornée, initiale filigranée, lettre D, Ps 026 (27) texte, lettre Q, lettre S, lettre U, lettre E, ornementation, papillon, libellule, tige, feuille, ancolie, rinceau, bande perlée

Libellule fine, entièrement bleue, aux ailes bleues mais transparentes dressées (Zygoptère), au thorax strié, à l'extrémité de l'abdomen bifide.

http://initiale.irht.cnrs.fr/decor/80692.

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Paris, Bibl. Mazarine, 0381, Psautier-hymnaire dominicain, France du nord ou Belgique, 15e-16e s. ?  folio  067v

Encadrement orné, encadrement animé, marge ornée, marge animée, marge 4 côtés, initiale ornée, initiale filigranée, lettre D, Ps 038 (39) texte, lettre P, lettre A, lettre C, lettre L, lettre E, lettre U, ornementation, coccinelle, libellule, tige, feuille, feuille d'acanthe, rose, rinceau, bande perlée.

 

 

 

Libellule fine, bleue, aux ailes transparentes dressées (Zygoptère), au thorax strié, à l'abdomen annelé.

 

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Paris, Bibl. Mazarine, 0381, Psautier-hymnaire dominicain, France du nord ou Belgique, 15e-16e s. ? f. 167 

Les initiales ornées, de manière ancienne, tranchent avec les bordures peintes 'au naturel' (fleurs, fruits, insectes) de style ganto-brugeois.

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/6458?contenuMaterielId=8934

Libellule fine, bleue, aux ailes transparentes dressées (Zygoptère), au thorax ovoïde, à l'abdomen cylindrique.

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Auxerre, Cath., n°012 Heures, France du nord 15e-16e s,  f. 169.

Cycle de saint Marc Médaillons en marge. Cycle narratif. Représentation associée avec saint Marc écrivant. Une libellule, une mouche et un oiseau en marge. Écu tenu par un ange ; crosse épiscopale en marge inférieure. Libellule, hybrides zoomorphes, fleurs et fruits.

http://initiale.irht.cnrs.fr/decor/66968

Libellule grisâtre aux ailes dressées (Zygoptère), aux yeux écartés, mais dont les proportions entre le thorax et l'abdomen ne sont pas naturelles.

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— Lyon, BM, ms. 5125. La Vie du Christ France du nord (Paris), 1506 Folio 134v

Auteur, Ludolphus Saxo. Auteur secondaire, Guillaume Le Menand (traducteur) ?  Possesseur, Philippe de Gueldre (destinataire). Premier volume (second volume autrefois dans la collection H. Yates Thompson).

 

Attribué au Maître de Philippe de Gueldre, enlumineur parisien, actif dans la première décennie du 16e siècle. Nommé d'après la Vie du Christ, enluminée pour la duchesse de Lorraine, Lyon, BM, ms. 5125. Outre la famille de Lorraine, il travailla pour Louise de Savoie et le cardinal Georges d'Amboise et fournissait des illustrations pour les imprimés de luxe d'Antoine Vérard. Cf. F. Avril et N. Reynaud, Les manuscrits à peintures en France 1440-1520, Paris 1993, p. 278.

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/2547?contenuMaterielId=7031

Libellule aux ailes hyalines  dressées aux yeux, au thorax ovoïde et à l'abdomen jaunes. Yeux écartés comme les Zygoptères.

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— Lyon, BM, 1558   Heures à l'usage de Rome,  Heures d'Anne de Bretagne et de Marie d'Angleterre , latin, France de l'ouest (Touraine) avant 1504 ? vers 1510-1515. Folio 008.

Attribution Jean Poyer. Datation ramenée à avant 1504, si on accepte cette date pour la mort de Jean Poyet.  La décoration semble néanmoins un peu plus tardive : vers 1510-1515. Possesseur : Anne de Bretagne, reine de France ; Marie d'Angleterre, reine de France. 

 

 Jean Poyer, peintre et enlumineur documenté à Tours de 1465 à 1498, mort avant 1504. Formé sous l'influence de Jean Fouquet. Sa première œuvre documentée, le retable de la chartreuse du Liget, date de 1485 ; la plupart de ses travaux, dont les manuscrits enluminés pour Anne de Bretagne [Livre de prière d'Anne de Bretagne]  et Charles VIII  datent des années 1490-1500. Il est mentionné parmi les artistes défunts par Jean Lemaire des Belges dans La Plainte du Désiré, composé en 1504. Cf. M. Hofmann, Jean Poyer: Das Gesamtwerk, Turnhout, 2004 et M. Hofmann, "Jean Poyer", dans Tours 1500, capitale des arts, dir. B. de Chancel-Bardelot, P. Charron, P.-G. Girault et J.-M. Guillouët, Tours, 2012 , p. 243-246. Voir les Heures d'Henry VIII Les Heures Petau

Le folio 8 est commenté ainsi  : "le Lion de S. Jérôme, encadrement avec fleurs, fruits, insectes dans le goût du Maître des fleurs ". Sur le Maître des Fleurs, voir J.L. Deuffic 2011. Or, le manuscrit Arsenal ms 638 folio 4v montre dans une (et une seule) enluminure du Maître des Fleurs une belle libellule.

 

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/2531
http://bvmm.irht.cnrs.fr/consult/consult.php?mode=ecran&panier=false&reproductionId=12469&VUE_ID=1333077&carouselThere=false&nbVignettes=4x3&page=1&angle=0&zoom=grand&tailleReelle=

C'est l'un des plus beaux exemples de cet inventaire. Le folio 8, le premier à être enluminé après le calendrier, est aussi le seul des 95 folio à bénéficier de cette bordure totalement étrangère à l'Antienne de saint Jérôme, docteur de l'Église, et à la scène narrative centrale, qui s'y découpe plutôt qu'elle ne s'y intègre. Le texte dit :  De Sainct Jherosme. Antienne. La scène montre un âne ou mulet bâté, le lion de saint Jérôme et, au loin, deux personnages devant une église. Aucun rapport avec la bordure. Celle-ci accueille un lys martagon, une rose ponceau, un œillet, une fraise des bois, des violettes, une paquerette et une fleur de bourrache. Outre la libellule, l'artiste a peint une coccinelle, et deux papillons. Celui de gauche, bleu et brun, est trop fantaisiste, avec ses longues antennes plumeuses, pour être identifié, mais celui de droite, à l'aile fauve à ocelle et bordure crème, possède une certaine ressemblance avec le Fadet commun Coenonympha pamphilus L.

Ce type de bordure ne se retrouve pas non plus dans les autres manuscrits enluminés par Jean Poyer, pour ceux que j'ai pu consulter : on peut penser à un emprunt ponctuel à l'art flamand, ou au travail d'une main étrangère.

L'un des éléments remarquables est l'ombre portée par les plantes et les insectes, dans une volonté de trompe-l'œil et avec une lumière venant du milieu du manuscrit. Cette ombre n'est pas appliquée sur la page de gauche, entièrement vouée à la scène hagiographique.

 

 

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—  Rouen - BM - ms. 3028 Heures à l'usage de Rome Belgique (Bruges) vers 1510-1525 et XVIe siècle ( troisième quart ?), folio 115-115v .

  Libellule/Papillons/Pensée.

Ce manuscrit est attribué à Simon Bening et à son atelier  à Bruges (Flandres) : il illustre donc le style de l'école ganto-brugeoise, dans sa période tardive. Selon les commentateurs, la présence répétée d'anémones et de tulipes – introduite en Europe occidentale à partir des années 1550– semble indiquer que le décor a été exécuté en deux campagnes. 

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Simon Bening, enlumineur né en 1483 ou 1484 probablement à Gand, mort en 1561 ; fils de Sanders (Alexander) Bening, enlumineur de Gand. Il apparaît au registre de la Guilde de Saint-Jean et Saint-Luc de Bruges en 1500 et s'installe définitivement dans cette ville en 1519. Sa première œuvre documentée, le Livre d'Heures d'Imhof (collection privée), date de 1511. Son style se développe sous l'influence de Gérard David, peintre et enlumineur de Bruges, et de Joachim Patinir, peintre d'Anvers (traitement des paysages). Il travaille pour une clientèle issue des familles royales, de la haute noblesse et de la bourgeoisie, surtout dans le domaine des Habsbourg (l'empereur Charles Quint, la famille royale du Portugal, le cardinal Albrecht von Brandenburg, et probablement Henri III de Nassau). Cf. T. Kren et S. McKendrick, Illuminating the Renaissance : The Triumph of Flemish Manuscript Painting in Europe, Los Angeles, 2003, p. 447-448. Voir : Section des Manuscrits enluminés, notice de « Rouen, BM, 3028 (Leber 0142) » dans la base Initiale. Catalogue des manuscrits enluminés, http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/5109, consulté le 29.01.2018.

 

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On notera les bouts-de-ligne en rinceau, les larges bordures "au naturel", sans encadrement,  comme si des échantillons de fleurs, des spécimens d'insectes ou de menus objets familiers (médailles, pièces) étaient conservés dans les pages où ils sont parfois épinglés ou en trompe-l'œil  (ce que reprendra Hofnagel) . Le naturalisme est parfois spectaculaire (papillon, chenille et  et souci f. 095v). Les fleurs sont parfois placées, comme cette Pensée du folio 184, dans un verre d'eau.

La libellule occupe la marge inférieure, et une fleur de Bourrache (Borago officinalis) [ou d'Ancolie ?] placée en arrière souligne la transparence des ailes. Les nervures sont représentées, mais de façon fantaisiste ; et des virgules correspondent peut-être aux ptérostigmas. Les yeux sont séparés. Le thorax, striè, est différencié de l'abdomen, un cylindre vert  à extrémité effilée, aux marques noires en ligne médiodorsale et à ponctuations noires latérales.

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Rouen - BM - ms. 3028 folio 115-115v Heures à l'usage de Rome vers 1510-1525 troisième quart XVIe

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Rouen - BM - ms. 3028 folio 115-115v Heures à l'usage de Rome vers 1510-1525 troisième quart XVIe

 

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Libellule, marge inférieure,Rouen - BM - ms. 3028 folio 115-115v Heures à l'usage de Rome vers 1510-1525 et XVIe siècle ( troisième quart ?).

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 Rouen - BM - ms. 3028 folio 160-160v Heures à l'usage de Rome Belgique (Bruges)  vers 1510-1525 et troisième quart XVIe. Fraise/Fleur/Libellule/Groseille. Il s'agit de la même libellule qu'au folio 115v.

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—  Rouen - BM - ms. 3028 folio 205-205v Heures à l'usage de Rome Belgique (Bruges)  vers 1510-1525 et  troisième quart XVIe. Marge latérale : ancolie. Marge inférieure : groseilles et libellule aux ailes redressées (Zygoptère), dont les ptérostigmas sont marqués. Abdomen segmenté de traits noirs délimitant des rectangles blancs à cercle bleu. Yeux en perle, nettement séparés. Six pattes noires ; pas d'antennes.

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Rouen - BM - ms. 3028 folio 205-205v Heures à l'usage de Rome vers 1510-1525 et  troisième quart XVIe

 

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 Foix, BM - ms. 0056 Bréviaire à l'usage de Mirepoix, France, 1522,  f.044v,

cathédrale de Mirepoix pour Philippe de Lévis, commanditaire. Lettrines Initiale D. La libellule est un Zygoptère (ailes dressées) aux ailes bleues au thorax ovoïde et au corps brun-beige.

 

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 Foix, BM - ms. 0056 Bréviaire à l'usage de Mirepoix, France, 1522,  f.045,

cathédrale de Mirepoix pour Philippe de Lévis, commanditaire. Lettrines initiale U . La libellule est un Zygoptère (ailes dressées) aux ailes bleues, au thorax ovoïde et au corps brun-beige.

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Paris, Bibl. Sainte-Geneviève, 0106, Evangéliaire à l'usage de l'abbaye Sainte-Geneviève de Paris (?), France du nord (Paris) ,vers 1520-1530 ? f. 188v.  Page décorée miniature, ornementation, encadrement orné, cloisonné, carré, losange, triangle, feuille d'acanthe, libellule, lambrequin, raisin, zoomorphe, fleur, campanule, pâquerette, grappe, fraisier, ancolie, rose, initiale ornée, lettre L, décor vigneté, cartouche, signe de paragraphe, bout-de-ligne champi
http://initiale.irht.cnrs.fr/decor/51776

 

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Paris, Bibl. Sainte-Geneviève, 0106, Evangéliaire à l'usage de l'abbaye Sainte-Geneviève de Paris (?), France du nord (Paris) , vers 1520-1530 ? f. 194. 

Page décorée, ornementation, initiale champie, lettre S, initiale ornée, lettre I, décor vigneté, miniature, encadrement orné, cloisonné, feuille d'acanthe, lambrequin, zoomorphe, mordant, fraise, rose, ancolie, compagnon blanc, libellule, signe de paragraphe, bout-de-ligne champi, cartouche.


Attribué à Etienne Collault, au style proche de celui de Bibliothèque Sainte Geneviève, ms. 642 (dont le style est plus maniéré, sans doute plus tardif). Coloris lumineux, presque métallique (influence des émaux ?). Cadres des miniatures à colonnes torsades ou galbées.
Possesseur :Paris, abbaye Sainte-Geneviève (destinataire). Enluminé pour un membre de la famille Massué (cf. Cousseau, 2010) : dont les armoiries, f. 1.

  Etienne Collault ou Collaud, copiste, enlumineur et libraire, documenté entre 1523 et 1541 à Paris. Il organisa, en 1528, un groupe d'artistes pour enluminer sept Statuts de l'ordre de Saint-Michel pour François Ier ; d'après Cousseau son style individuel est représenté par les Mémoires de Philippe de Commynes, Nantes, Musée Dobrée, ms. 18. Cf. M.-B. Cousseau, Autour d’Etienne Colaud, recherches sur les enlumineurs à Paris sous le règne de François Ier, thèse, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Historiques, Paris, 2009 et M. Orth, Renaissance Manuscripts, II, Londres, Turnhout, 2015, à paraitre (A Survey of Manuscripts Illuminated in France).

http://initiale.irht.cnrs.fr/intervenant/1953

Cette libellule très décorative avec ses ailes dorées respecte quelques détails naturalistes, comme le thorax ovoïde, l'abdomen segmenté à extrémité bifide par l'ébauche d'appendices anaux, ou les yeux en "perle". Les antennes en massue dénotent.

http://initiale.irht.cnrs.fr/decor/51779

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Paris, Bibl. Sainte-Geneviève, 0855, Généalogie des comtes de Dreux et de Braine, France du nord ou Belgique, après 1539  p. 003

Page décorée , ornementation, héraldique, initiale historiée, lettre E, encadrement partiel, iris, libellule, pensée, papillon, oeillet, marge ornée, écu armorié, couronne.L'écu est aux armes de la maison de France.

La libellule aux ailes trop nervurées dessinées à la plume est bleue pour les yeux, le thorax, et verte à reflets jaunes pour l'abdomen. Les appendices anaux ne sont pas omis.

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— Douai, BM, 0124 Tropaire-prosaire à l'usage de l'abbaye d'Anchin France du nord (Valenciennes) 16e s. (première moitié : 1500-1549)  f. 019


Page décorée de raisin, fraises et fleurs (gesses, oeillets, violettes...), escargot, oiseaux, libellule, chenille. Attribuées à  Hubert Cailleau, enlumineur né et établi à Valenciennes, actif entre 1526 et 1579 ; travaille pour l'abbé Charles Coguin d'Anchin et les abbés Jacques de Groot et Arnould Gantois de Marchiennes ; fut également peintre de cour de Marie de Hongrie. Cf. P. D'Ancona et E. Aeschlimann, Dictionnaire des miniaturistes du Moyen âge et de la Renaissance dans les différentes contrées de l'Europe, Milan, 1949, p. 40-41. 

http://initiale.irht.cnrs.fr/intervenant/1944

Libellule à ailes transparentes redressées (Zygoptère), abdomen cylindrique marron à fins points noirs et blancs, appendices anaux représentés, thorax à bandes jaunes, yeux jaunes et noires séparés (?),  huit pattes noires.

On notera les ombres projetées sur un fond jaune ponctué donnant l'illusion d'objets naturels posés sur du cuir, comme dans le Mazarine 0381.

http://initiale.irht.cnrs.fr/decor/46989

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Valenciennes, BM, 0836 , Heures, Belgique ? (Flandres ?), 16e s.  f. 046v-047.

 

Manuscrit teinté en noir écrit en lettres d'or et d'argent. Fleurs, fruits, insectes, oiseaux, lapins peints au naturel dans les marges. Quelques bordures de style ganto-brugeois découpées dans d'autres manuscrits et collées. Des miniatures illustrant la messe et la vie des saints ont été découpées et également collées. Au f. 3v, on lit "Carolus Philippus de Rodouan meus est herus ex dono clarissime et honoratissime matris sue, domine Isabelle de Bethz, anno 1573". Ce personnage mourut évêque de Bruges en 1616. https://patrimoine-numerique.ville-valenciennes.fr/ark:/29755/B_596066101_MS_0836

La libellule de la marge inférieure est représentée de profil avec ses ailes redressées (Zygoptère). Le thorax rouge à bandes noires est bien individualisé de l'abdomen. Ce dernier est rouge, segmenté de noir. Les appendices anaux sont figurés comme deux crochets concaves, les cercoïdes. Les yeux sont rouges et les pattes noires. Des petites antennes s'élèvent presque verticalement en avant des yeux. 

Cette description serait compatible avec un mâle de  Pyrrhosoma nymphula, la Petite nymphe au corps de feu, même s'il est hors de question de procéder à une détermination entomologique.
http://initiale.irht.cnrs.fr/decor/95341

On sera sensible à l'ombre projetée, mais aussi à un autre procédé de trompe l'œil (que reprendra Hoefnagel), par lequel la tige de la fleur bleue semble glissée dans une fente du parchemin. 

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Au folio 11 de ce manuscrit, un papillon peut être déterminé avec précision comme la Petite Tortue Aglais urticae (Linnaeus, 1758). Le projet de rendre compte avec fidélité des espèces naturelles est ici patente, et vient renforcer la fiabilité de la compétence, et la minutie de l'artiste qui a peint la libellule. On appréciera notamment la rangée de lunules marginales bleues.

Voir aussi le criquet du folio 24, le Vulcain Vanessa atalanta du folio 27

 

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— Lyon Ms 0521 Missel à l'usage de Saint-Pol de Léon, France, fin 16e sièclefolio 058. Page décorée, initiale ornée (en nombre), initiale historiée (38), armoiries (en nombre), miniature pleine page (3), marge animée (38), or, couleur. Eléments héraldiques dans les marges ornées..Possesseur Roland de Neuville, évêque de Saint-Pol-de-Léon (destinataire).

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/2402

http://bvmm.irht.cnrs.fr/consult/consult.php?mode=ecran&panier=false&reproductionId=12340&VUE_ID=1330635&carouselThere=false&nbVignettes=4x3&page=7&angle=0&zoom=grand&tailleReelle=

http://bvmm.irht.cnrs.fr/consult/consult.php?reproductionId=12340

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RÉSULTAT.

Cette exploration me permet de réunir un corpus de 39 représentations de libellules (Odonata) sur les enluminures des manuscrits des bibliothèques publiques françaises hors BnF, appartenant à 29 manuscrits enluminés de la fin du 14e siècle à la fin du 16e siècle. 

Provenance.

Ces 29 manuscrits proviennent :

— de Belgique, ou de "Belgique ou France du Nord" dans 7 cas, dont 2 de Bruges précisément.

— d'Amiens (1), de Picardie (1) de Valenciennes (1), de Troyes (1),  de Paris (3) ou de "France du Nord" (1) dans 8 cas, soit le Nord de la France.

— d'Angers (1), de Tours (1), de Touraine (1) ou de Bourgogne (2), dans 5 cas du Centre de la France.

— de Provence (1), d'Avignon ? (1), de Savoie (1), et de Milan (1) soit 4 cas d'une origine méridionale.

— de France sans précision dans 6 cas.

Au total, l'origine en Belgique et dans le Nord de la France est prédominante, mais il faudrait comparer ces chiffres à la provenance, non pas des exemples de libellules, mais des enluminures dans leur ensemble pour affirmer que les insectes, et  notamment les libellules, sont d'avantage représentés au Nord.

Influence de l'école ganto-brugeoise.

Ce mouvement artistique d'enluminure actif à Gand et surtout à Bruges, mais aussi dans l'ensemble des Pays-Bas méridionaux entre 1475 et 1525  rayonna dans toute l'Europe occidentale, et Paul Durrieu a reconnu son influence sur Jean Bourdichon, peintre entre 1503 et 1508 des Grandes Heures d'Anne de Bretagne.  Cette école se caractérise par le développement des bordures florales, qui s'enrichissent en plantes fidèles à un modèle botanique et qui accueillent des fleurs coupées en trompe-l'œil, des petits mammifères (écureuil), des singes, des oiseaux dont des paons, des pièces et médailles, et des insectes : mouches, criquets, et surtout papillons et libellules.

Cette école est représentée de façon argumentée dans mon corpus par les enluminures de Simon Bening et de son atelier pour le manuscrit Rouen BM 3028 (1510-1525). Elle n'est pas apparente pour l'autre manuscrit venant de Bruges vers 1450, le Tours BM 0218, trop ancien. Son influence est signalée dans la notice IRHT pour Amiens BM Lescalopier 020, pour Mazarine 0381, pour Valenciennes 0836. Elle est patente à mon sens pour Douai 0124, et par le Maître des Fleurs, pour le folio 008 du Lyon BM 1558.

Les ombres portées des spécimens naturels sont retrouvées dans cinq manuscrits qui, justement, relèvent de cette école :

  • Amiens BM Lescalopier 20 (vers 1495)
  • Mazarine 0381 (15-16e siècle) (4 enluminures)
  • Lyon BM 1558 (1510-1515)
  • Douai BM 0124 (vers 1500-1549)
  • Valenciennes BM 0836 (16e siècle)

Ce sont donc six manuscrits qui peuvent être considérés comme relevant de ce courant, entre 1495 et la première moitié du 16e siècle. 

Couleurs.

Les libellules sont bleues ou vertes (soit par leur corps, soit par leurs ailes) dans  enluminures, elles sont jaunes ou brunes dans les autres cas, hormis celle de Valenciennes 0836 qui est rouge. Cela reflète la fréquence des couleurs bleu et jaune chez les espèces naturelles.

Détermination.

Les ailes sont étendues horizontalement dans 7 cas, sans que ce critère puisse classer ces libellules parmi les Anisoptères. Elles sont clairement dressées verticalement dans 25 cas, évoquant la possibilité de représentation de Zygoptères, ou Demoiselles, les libellules au corps le plus fin. Mais il ne m'est pas paru possible de reconnaître une espèce particulière, sauf dans le cas de la Demoiselle rouge du Valenciennes 0836 où la ressemblance avec Pyrrhosoma nymphula est réelle.

 

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CONCLUSION
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Cette recherche montre bien l'influence des enlumineurs flamands "naturalistes" de Bruges et Gand dans l'apparition d'une iconographie des insectes soucieuse de véracité et d'imitation des modèles naturels. Aussi est-il possible de séparer ce corpus de 39 enluminures en deux groupes.

Dans le premier, les artistes restent dans la tradition médiévale de l'illustration des manuscrits religieux dans un but ornemental ou d'agréable détente pour le ou la lectrice, en égayant les encadrements de plaisantes figures animales ou végétales, soit pour témoigner des charmes des jardins (locus amoenus), soit pour créer des saynettes, drôleries et grimaces dans lesquelles des singes ou des nains visent de leur arc des insectes, des chimères ou des dragons voisinent avec des animaux réalistes. Les libellules sont quasi constamment des Demoiselles, ou Zygoptères au corps très fins et aux ailes dressées, sortes d'elfes bleus qui ressemblent à des crevettes par leur abdomen effilé et annelé. Malgré la tentation d'y lire un projet allégorique, ces libellules sont indépendantes du texte liturgique ou de la scène sacrée, et n'ont qu'un rôle décoratif. Loin de vouloir représenter les animaux naturels, les figures sont destinées  à être reconnues comme des signaux familiers, conformes à la représentation mentale et non à la réalité. Au même titre qu'un bonhomme-têtard dans un dessin d'enfant.  

Dans le second cas inspirée par les miniaturistes flamands, le projet ornemental reste entier mais il devient plus ambitieux. La marge devient une bordure qui perd son statut marginal et participe pleinement à l'illustration. Le propos est de proposer l'objet naturel comme un sujet de contemplation et d'émerveillement, mais aussi de connaissance. Le propos allégorique ou religieux, s'il existe, peut être de  rendre hommage à la Création et à son Créateur, ou de témoigner de la finitude de l'existence, ou de convertir le fidèle à l'Humilité devant la complexité de l'infiniment petit. L'idée est séduisante mais rien ne vient la corroborer, à la différence des Natures mortes et Vanités du XVIIe siècle riches en crânes et en bougies se consumant.

A ce deuxième groupe appartiennent quatorze enluminures de  six manuscrits en lien direct avec l'école ganto-brugeoise , et, déjà, dans cette période,  entre 1495 et 1550 (?), une espèce d'Odonate est peut-être identifiable, Pyrrhosoma nymphula. C'est sous la même influence que Jean Bourdichon peint, dans les Grandes Heures d'Anne de Bretagne en 1503-1508, 91 Odonates dans ses bordures florales, avec une espèce peut-être identifiable, Libellula depressa.

C'est donc aux prémisses  de la constitution des Insectes comme objet de connaissance et aux toutes  premières représentations entomologiquement exactes — ou à peu-près exactes — d'Odonates que nous assistons au début du XVIe siècle, un siècle avant la première description scientifique d'Aldrovandi en 1602.

 

Un peu à part, je place le folio 84 des Heures à l'usage de Troyes (1450-1475) Marseille 0112, afin d'attendre la confirmation de ce que je considère comme la première illustration de la sortie d'une libellule hors de son exuvie. 

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Ce qui est vrai dans les collections de manuscrits français l'est aussi dans les collections de la BnF, et parmi les manuscrits étrangers, notamment avec le Bréviaire Grimani vers 1510 et l'Aeshna cyanea peinte par Simon Béning. La période 1495-1510  s'avère cruciale. D'autres découvertes m'attendent, l'aventure ne fait que commencer.

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SOURCES ET LIENS.

— SITE ENLUMINURES

http://www.enluminures.culture.fr/public/mistral/enlumine_fr?ACTION=RETROUVER_TITLE&LEVEL=1&GRP=0&REQ=%28%28LIBELLULE%29%20%3aSUJET%20%29&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P&SPEC=9&FIELD_2=SUJET&VALUE_2=LIBELLULE&SYN=1&IMAGE_ONLY=&MAX1=1&MAX2=1&MAX3=100&DOM=All

— SITE INITIALE. ITHT.CNRS

http://initiale.irht.cnrs.fr/

— ECOLE DE GAND-BRUGES. WIKIPEDIA

https://nl.wikipedia.org/wiki/Gent-Brugse_stijl_in_de_boekverluchting

— LEROQUAIS (Abbé Victor ), 1924, Les sacramentaires et les missels manuscrits des bibliothèques publiques de France, Paris, 4 volumes.

https://archive.org/details/lessacramentaire01lero

https://archive.org/details/lessacramentaire02lero

https://archive.org/details/lessacramentaire03lero

https://archive.org/details/lessacramentaire04lero

 

— LEROQUAIS (Abbé Victor ), 1934, Les bréviaires manuscrits des bibliotheques publiques de France, Paris, 1934, t. 4, p. [420] - 441

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1513129d

—STONES (Alison),2008, « L'illustration des Livres Liturgiques français au Moyen Âge », Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques [Online], 139 | 2008, Online since 05 January 2009, connection on 01 February 2018. URL : http://journals.openedition.org/ashp/288

— OMONT (Henri) 1888,  Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France, Rouen (CGM 2), Manuscrits 2523-3493, p. 74

https://archive.org/details/cataloguegnr021888fran

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209231w

 

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Odonates
27 janvier 2018 6 27 /01 /janvier /2018 23:12

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I. LA PUBLICATION ORIGINALE. LEACH 2015.

En 1813, William Elford Leach (1791-1836), diplômé en médecine de l'université St-Andrews (Ecosse) après avoir étudié à Edimbourg, devint responsable des collections zoologiques du British Museum. En 1815, il rédigea la première bibliographie, extraordinairement détaillée, de l'entomologie, dans la partie historique d'un article "Entomologie" de l'Edinburgh Encyclopaedia de D. Brewster. Il publia entre 1814 et 1817 ses Zoological Miscellany, mais en 1822, atteint de dépression et de surmenage, il démissionna de son poste pour voyager.

LEACH, W.E. (1815). "Entomology". In Brewster, David. Edinburgh Encyclopaedia. Vol. 9. Edinburgh: William Blackwood. pp. 57–172 [137] (in 1830 edition) – via Biodiversity Heritage Library.

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482 GOMPHUS. GENUS CCCCLXXXII. GOMPHUS. Leach's MSS. 

LIBELLULA. Linn. Donovan. 

Wings of the male angulated at their anal edge. Abdomen clavate in both sexes. 

Vulgatissimus

 - Sp- 1. Vulgatissimus 

Libellula vulgatissima. Linn. 

Libellula forcipata. Donovan. 

Gomphus vulgatissimus. Leach's MSS. 

 

Inhabits Europe. Is occasionally taken near London. 

 

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Leach 1815, Edinburgh encyclopedia, numérisé par Biodiversity Heritage Library

 

 

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II. COMMENTAIRES.

 

a) Datation.

L'Edinburgh Encyclopaedia publiée par William Blackwood et éditée par David Brewster   est parue en 18 volumes de 1808 et 1830, mais le volume 9 England to Fruit, qui contient l'article Entomology, est paru en 1830. Le volume 7 contient l'article Crustaceology de Leach, page 383, est également daté de 1830. Pourtant, les espèces de crustacés décrites dans le volume 7, sont mentionnés Leach, 1817, et les genres et espèces d'insectes du volume 9 sont mentionnées Leach, 1815. 

Les articles ne sont pas signés, mais l'encyclopédie a publié dans le volume 1 (1830) la liste des contributeurs, dont William Leach pour les articles "Craniometry, &c., &c. Crustaceology, Insecta, Entomology".

Cette datation de 1814 et 1815 s'expliquerait par les manuscrits originaux de Leach, qui portent ces dates. Les lettres MSS de la description renvoient sans doute à ceux-ci.

   Voir aussi l'édition américaine de l'Encyclopédie de Brewster, page 726 dans un tiré à part paru en 1816 ?

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 b) étude du nom Gomphus.

  Leach décrit son genre par l'angulation des ailes du mâle à leur bord anal (on distingue les mâles des femelles gomphe grâce à la forme de leurs ailes postérieures qui est anguleuse chez le mâle et arrondie chez la femelle, mais c'est aussi le cas de beaucoup d'aeschnes, de la plupart des cordulies et de  toutes les cordulégastres).

L'autre critère est la forme en massue ("clavate") de l'abdomen chez les deux sexes. Cette caractéristique est remarquable chez Gomphus vulgatissimus, mais ne se retrouve pas chez tous les Gomphes et les Onychogomphes. Elle existe chez les deux spécimens que Leach indique dans son texte : Libellula vulgatissima de Linné 1758 actuellement Gomphus vulgatissimus ou Gomphe vulgaire, et Libellula forcipata de Donovan. 

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Libellula forcipata peint par Donovan. https://www.biodiversitylibrary.org/item/94866#page/136/mode/1up

Libellula forcipata peint par Donovan. https://www.biodiversitylibrary.org/item/94866#page/136/mode/1up

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C'est donc en se fondant sur le texte originale qu'il est possible d'affirmer que le nom de genre  Gomphus vient du latin gomphus, issu de grec gomphos, "clou, coin, cheville", du fait de la forme en massue ("clavate") de l'abdomen des mâles. (Fleidner, 2009 ; Endersby 2012)

–  grec ancien γόμφος, gómphos (« cheville (de fer ou de bois) pour lier ensemble les pièces d’un navire », et, « latte ou traverse de bois pour soutenir les planches d’un navire » mais aussi «jointure», «articulation».

–  latin gomphus (« cheville, clou, jointure»). Gaffiot  ou latin impérial 'large cheville en forme de coin" (Alain Rey)

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L'entomologie à coup de marteau.

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Ces noms grecs et latins ont donné depuis le XIIe siècle notre substantif "gond", morceau de fer sur lequel tournent les pentures d'une porte. Par extension, on nomme gomphus (ou gond) la deuxième vertèbre cervicale (l'axis), dont l'apophyse est dite "odontoïde", en forme de dent; c'est sur elle que tourne l'atlas, qui porte la tête. Voyez celui-ci, qui est engoncé, parce que son cou est enfoncé dans la tête. 

  Plus tardivement, au XVIe siècle  Ambroise Paré a utilisé le terme de "gomphose" pour désigner la façon dont les les dents s'articulent dans les maxillaires : " Gomphose est faite quand un os est fiché dedans un autre comme un clou ou une cheville" (Paré IV, 43).

En zoologie, le radical grec entrera dans la composition du nom du céphalopode GomphocerasJ. Sowerby 1839 de gomphos, massue et ceras, une corne. On peut aussi épater la galerie avec le Gomphotherium angustidens, et préciser qu'il s'agit d'un éléphant fossile du Miocène aux défenses droites... comme des clous. Mais il est plus poétique d'évoquer le Gomphose Bleu, un poisson appartenant, avec le Gomphose varié,  au  68ème genre de Lacépède (1836), les Gomphoses "au museau allongé en forme de clou ou de masse". Tous les deux ont été décrits par Philibert Commerson, en 1768, alors qu'il naviguait sur l'Étoile de conserve avec la Boudeuse de Bougainville dans leur Voyage autour du monde. 

Les Gymnogomphes sont des animalcules infusoires rotifères. Mais ai-je mentionné les Chrysogomphes ?

En Mycologie, nous citerons les Gomphides, Gomphidius, ces champignons nommés ainsi par le botaniste suédois d'Uppsala Elias Magnus Fries en 1836 car ils ont une forme de clou. Mais leur chapeau, la tête du clou, est particulièrement visqueuse (cf G. glutinosus), ce que n'apprécierait pas tout bon charpentier qui estimerait que ce champignon ne vaut pas un clou ; avis partagé par les gastronomes.

En Botanique ? Nous avons le genre Gomphrena, nommé par Linné en personne. Ou le genre Gompholobium, nommé par Smith en 1798 en raison de ses gousses en forme de massue.

 

Le grec gomphos ne devrait pas être confondu avec  le nom grec ancien γομφίος (gomphios) «dent molaire» qui a donné "monogomphe" "qui n'a qu'une dent", ou "dont chaque mâchoire n’offre qu’une seule dent saillante, fixée à cette mâchoire par la base seulement.." 

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Bref, l'abdomen de ces Gomphus ressemble à un clou. Mais il y a clous et clous. Les clous à maugère (Scupper nails) ont la tête plate : ils servent à clouter des placards sur les dalots , ou des garnitures sur les vergues. Les clous à pompe (Pump nails), ont la tête arrondie, comme les clous à latte. La tête des clous à bec-de-cane ou clous de rimage est carrée.  Mais connaissez-vous les clous de tillac et les clous de demi-tillac ? Les  clous de guipon et de maillet ? Les clous à tête de mouche, dont la tête est découpée sous la forme de deux portions de cercles ? Les rudder-nails sont gros et courts, les clous à tête de diamant sont bien-sûr à tête pyramidale : les charpentiers de marine les emploient pour la construction des mantelets de sabord. Enfin, car je termine par eux, les clous de carvelle (ou ceux de demi-carvelle et de double-carvelle), à tête carrée, servent au bordage des ponts des navires en bois.

Les chevilles, quant à elles,  sont en métal ou en bois, elles sont cylindriques, quadrangulaires, à barbe ou à grilles, à goupille ou à œillet, à boucle, à crochet et à boucle ;  à cosse ; à pointes, en mentonnet, à rosettes, de plates, à viroles, pour bosses, ou pour affût. Encore n'ai-je rien dit des gournables, des chevilles de commettage, d'ourdissoir, et de halage. 

Mais la "cheville ouvrière" ? C'est, si vous voulez, la pièce qui travaille le plus tout en supportant l'effort principal. En 1694, Furetière la définit, à propos des carrosses et autres voitures de l'époque : comme la "grosse cheville de fer sur laquelle tourne le train de devant, et qui l'attache à la flèche". Dans la Marine, c'est "la tige de fer qui traverse le châssis de l'affût d'une caronade ainsi que le piton de sabord ; elle maintient l'affût contre le bord, et elle sert de pivot au châssis". Un dessin ?

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Pour moi, un clou est un clou, avec une tête, un corps et une pointe. 

Voici un clou : 

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Et voici le gomphus vulgatissimus avec son abdomen en clou :

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Christian Fischer : Gomphus vulgatissimus, in Wikipédia

 

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c) les autres noms créés par Leach.

La base Animalbase dénombre 42 taxons nommés par Leach et encore en usage, des Mammifères jusqu'aux Céphalopodes. Parmi les Odonates, outre Anax, il est l'auteur, en 1815,  des genres Calopteryx [Calepteryx], Cordulegaster, Cordulia, Gomphus, Lestes, et de l'espèce A. imperator. En 1811, il avait été l'auteur de Libellula scotica.

Il faudrait ajouter à cette liste le genre Petalura, Leach 1815 (Anisoptera).Ou bien la  famille des Aeschnidae et des Libellulidae, etc.

La nomenclature de Leach est souvent très personnelle. Il nomma 19 espèces et un genre d'après le nom de son employé et ami John Cranch, décédé en 1816 pendant qu'il récoltait des spécimens en Afrique dans l'expédition chargée d'explorer les sources du fleuve Congo. (Achaeus cranchii Leach 1817, L'Achée de Cranch ; Ebalia cranchii Leach, 1817 ou Ébalie de Cranch ;Eualus cranchii Leach 1817 ou Hippolyte bouledogue de Cranch ; Cirolana cranchi ou Cirolane de Cranch Leach 1818 Ocythoë cranchii Leach 1817, Pandarus cranchii, Leach 1819, etc.)

Il nomma 9 genres d'après une mystérieuse Caroline (voir infra en Annexe), en utilisant les anagrammes de Carolina comme Cirolana, Conilera et Rocinela.  Il associa Cranch et Caroline pour le nom d'un crustacé isopode marin qu'il nomma en 1818 Cirolana cranchi . De nombreux genres de Leach  des noms de l'Antiquité comme Hippolyte, Eurydice et Palaemon.

Mais les noms choisis pour les Odonates sont descriptifs des morphologies ou des comportements.

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RÉCEPTION DU GENRE GOMPHUS.

Le genre Gomphus fut à l'origine de la famille des Gomphidae, crée par Rambur en 1840.  Les gomphidae ont généralement des ailes sans tache et transparentes. Les triangles des ailes antérieures et postérieures sont placés à égale distance de l'arculus et orientés vers l'apex de l'aile. Les yeux sont séparés au-dessus de la tête. Cette famille contient 95 genres avec près de 1000 espèces ; cinq genres vivent en Europe. Deux se trouvent en Bretagne :  Gomphus et Onychogomphus.

— Le genre Gomphus de Leach  est définit aujourd'hui ainsi :

"Les espèces de ce genre sont de taille moyenne, avec un corps jaune à verdâtre marqué de noir.

Ce genre se distingue des autres genres de Gomphidae par la ligne claire longitudinale marquant la partie supérieure de l'abdomen qui est plus étroite que la largeur de l'abdomen.

Il est aussi caractérisé par la ligne médiodorsale quasi-continue qui lie les segments S1 à S7, voire S10.

De plus, les ailes postérieures sont dépourvues de champ anal et une nervure perpendiculaire ininterrompue relie le subtriangle à la bordure postérieure de l’aile. Les cercoïdes des mâles sont plutôt courts (à peu près aussi longs que le segment S10) et divergent nettement. La lame supra-anale bifide est à peine plus courte et ses branches sont peu visibles du dessus, souvent cachées par les cercoïdes."

On y trouve en Bretagne  :

–Gomphus pulchellus Seys 1840 Gomphe joli ou Gomphe gentil

http://nature22.com/odonates22/anisopteres/gomphe_joli/gomphe_joli.html

– Gomphus simillimus Selys, 1840 - Gomphe semblable

– Gomphus vulgatissimus (L., 1758) - Gomphe vulgaire

http://nature22.com/odonates22/anisopteres/gomphe_vulgaire/gomphe_vulgaire.html

 

 

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En 1840, Edmond de Sélys Longchamps a distingué le genre Onychogomphus . Ils possèdent sur le dessus de l' abdomen des taches jaunes du dessus de l'abdomen alternent  avec des marques noires alors que les Gomphus ont une ligne quasi-continue.  Les yeux sont largement séparés (comme tout gomphidé), mais l'abdomen, dilaté à l'extrémité (le clou...) est muni chez les mâles, de trois crochets (pince anale) de taille imposante. Ces crochets sont recourbés à angle droit vers l'intérieur. Ils sont à l'origine du nom, car Onycho vient de onyx (gr) = serre griffe du fait de la forme des appendices anaux des mâles. 

On trouve en Bretagne :

 Onychogomphus forcipatus, ou Gomphe à pince.

Onychogomphus uncatus, ou Gomphe à crochet.

Voir : http://www.nature22.com/odonates22/anisopteres/gomphe_pinces/gomphe_pinces.html

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SOURCES ET LIENS.

 

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— GRAND (Daniel), BOUDOT (Jean-Pierre), 2006 Les Libellules de France, Belgique et Luxembourg. Collection Parthénope, Biotope 479 pages

https://books.google.fr/books?id=cYwSCwAAQBAJ&dq=inauthor:%22Daniel+Grand%22&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 — LEACH , W.E. (1815). "Entomology". In Brewster, David. Edinburgh Encyclopaedia. Vol. 9. Edinburgh: William Blackwood. pp. 57–172 [137] (in 1830 edition) – 

https://www.biodiversitylibrary.org/page/17493627#page/145/mode/1up

 PRÉCIGOUT (Laurent), PRUD'HOMME (Eric), 2009, Libellules de Poitou-Charentes, Ed. Poitou-Charentes Nature, 255 pages, 

— NATIONAL HISTORY MUSEUM

http://www.nhm.ac.uk/our-science/data/uk-species/species/calopteryx_splendens.html

 — SELYS-LONGCHAMPS ( Michel Edmond, Baron de) 1840, Monographie des libellulidées d'Europe, Roret, 220 pages.

https://books.google.fr/books?id=8aBIt4TdIM0C&dq=AEschna&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 Identification :

— ODONATES COSTARMORICAINS

http://www.nature22.com/odonates22/index.html

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OUTILS ZOONYMIE.

— LSJ Site de traduction grec/anglais Liddell  Scott Jones

https://lsj.translatum.gr/wiki/Main_Page

https://lsj.translatum.gr/wiki/LSJ:GreekEnglishLexicon

— ANTONIO (Costantino D’), VEGLIANTE (Francesca ) "Derivatio nominis libellularum europæarum"(PDF) (en Italien) Étymologie de 197 noms de Libellules européennes.

https://www.researchgate.net/publication/316791278_Derivatio_nominis_libellularum_europaearum

— ENDERSBY (IAN D. ), 2012,  : Watson and Theischinger: the etymology of the dragonfly (Insecta: Odonata) names which they published  Journal and Proceedings of the Royal Society of New South Wales, vol. 145, nos. 443 & 444, pp. 34-53. ISSN 0035-9173/12/010034-20 34

https://royalsoc.org.au/images/pdf/journal/145_Endersby.pdf

— ENDERSBY (IAN D., FRS ), 2012, Etymology of the Dragonflies (Insecta: Odonata) named by R.J. Tillyard, F.R.S. Proceedings of the Linnean Society of New South Wales 134, 1-16.

https://openjournals.library.sydney.edu.au/index.php/LIN/article/viewFile/5941/6519

— ENDERSBY (IAN D., FRS ), 2012, The Naming of Victoria’s Dragonflies (Insecta: Odonata,  Proceedings of the Royal Society of Victoria 123(3): 155-178. 

https://www.academia.edu/28354624/The_Naming_of_Victoria_s_Dragonflies_Insecta_Odonata_

— ENDERSBY (IAN D. ), 2015, The naming's of Australia's dragonflies.

https://www.researchgate.net/publication/283318421_The_Naming_of_Australia%27s_Dragonflies

 http://dominique.mouchene.free.fr/libs/docs/GENE_origine_noms_odonates_Australie_Endersby_2015.pdf

— FLIEDNER (Heinrich), 2009, Die wissenschaftlichen Namen der Libellen in Burmeisters ‘Handbuch der Entomologie’ Virgo 9[5-23]

http://www.entomologie-mv.de/download/virgo-9/Virgo%200902%20Die%20wissenschaftlichen%20Namen%20der%20Libellen%20in%20Burmeisters.pdf

 

— FLIEDNER (Heinrich),  MARTENS (Andreas ), 2008, The meaning of the scientific names of Seychelles dragonflies (Odonata) , Phelsuma 16 (2008); 49-57

https://www.researchgate.net/publication/228819379_The_meaning_of_the_scientific_names_of_Seychelles_dragonflies_Odonata [accessed Jan 04 2018].

 — POITOU-CHARENTE NATURE (Association)

http://www.poitou-charentes-nature.asso.fr/cordulie-bronzee/


Derivatio nominis libellularum europaearum (Téléchargement PDF disponible). Available from: https://www.researchgate.net/publication/316791278_Derivatio_nominis_libellularum_europaearum [accessed Jan 08 2018].

LISTE DES LIBELLULES DE BRETAGNE

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_libellules_de_Bretagne

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Odonates
11 janvier 2018 4 11 /01 /janvier /2018 20:21

 

I. PRÉSENTATION DU MANUSCRIT.

Souvent appelé Les Grandes Heures d'Anne de Bretagne, ce livre d'heures a été commandé par la reine Anne de Bretagne à l'enlumineur Jean Bourdichon, et réalisé de 1503 à 1508. Il est conservé actuellement à la Bibliothèque nationale de Paris (Ms. lat. 9474). Les images sont disponibles sur la base Mandragore et sur Gallica de la BNF.

Une réplique du même atelier datant de 1515 est conservée au Pierpont Morgan Library MS M 732, avec 96 enluminures botaniques avec dénomination.

 

Les Grandes Heures ont donné lieu à des répliques postérieures, dont trois exemplaires sont de conception très voisine :

Alors que la première réplique est présenté comme « un double des Grandes Heures » par Delisle, les deux suivantes ont les mêmes bordures florales, mais les peintures sont présentées dans des tabernacles à corniche dorée compliquée (F. Avril). 

 

L'ouvrage, de 30,5 cm par 20 cm, est constitué de 476 pages en latin dont 49 grandes miniatures en pleine page et 337 enluminures marginales. Il est remarquable par le travail d'enluminure de chaque marge de page, sur lesquelles figure la représentation réaliste sur fond doré de 337 plantes légendées en latin et en français. On y trouve des fleurs, cultivées ou sauvages, des arbustes, quelques arbres, et une grande diversité d'insectes et de petits animaux de la campagne. Les insectes représentés sont des papillons de jour et de nuit, libellules, sauterelles, chenilles, coccinelles, mouches, abeilles charpentières, grillons, perce-oreille, bourdons, gendarmes, lucanes.

Les petits animaux représentés sont des serpents, lézards, orvets, grenouilles, tortues, écureuils, escargots, lapins, singes, araignées.

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Psaume 137 In conspectu angelorum psallam tibi, folio 115r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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II. LA BOTANIQUE DES GRANDES HEURES D'ANNE DE BRETAGNE.

 

Les  337 dessins de plantes, sont pour la plupart réalistes et aisément identifiables. Quelques-unes sont fantaisistes, et parfois des fleurs blanches sont peintes en bleu. L'immense intérêt de ce manuscrit pour l'histoire des plantes, qui  réside dans sa date, au plus tard 1508, a été remarquée par Antoine de Jussieu en 1722, qui en a  donné une étude critique botanique. Les identifications botaniques sont aidées par le fait que chaque plante est accompagnée de son nom vernaculaire et de son nom latin, mais ces noms  créent aussi des difficultés propres. Les déterminations ont été complétées par Joseph  Decaisne puis par Jules Camus en 1894.
Voir : 

http://uses.plantnet-project.org/fr/Livre_d%27heures_d%27Anne_de_Bretagne.

http://www.plantillustrations.org/volume.php?id_volume=6863&mobile=0

Néanmoins, il ne semble pas que la préoccupation des auteurs ait été de s'interroger sur les sources d'inspiration  de l'enlumineur ou des commanditaires royaux, ni de se livrer à une étude philologique des noms de plante, ni encore de replacer ce manuscrit dans le cursus de l'histoire des sciences de la nature.

Néanmoins, le travail réalisé par Jules Camus va fournir une base documentaire pour l'analyse zoologique, qui reste à réaliser.

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VIOLLA ALBA / VIOLETE DE MARS = (Viola odorata L. = violettes à fleurs blanches), folio 105r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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III. LA ZOOLOGIE DES GRANDES HEURES D'ANNE DE BRETAGNE.

  

 

Si les botanistes se sont intéressés à ce témoignage unique et particulièrement précoce de leur science, il en va tout autrement des zoologistes, puisque je n'ai pu trouver aucun dénombrement, et, a fortiori, aucune tentative d'identification systématique des espèces animales peintes par Bourdichon. 

Parmi les espèces représentées, les papillons et les libellules l'emportent largement, et le peintre a placé sur presque chaque enluminure soit  des papillons, soit des libellules. C'est donc l'Entomologie qui a jusqu'à présent dédaigné une source majeure de documentation iconographique. 

Hâtons-nous de donner la justification de cette carence : pour des savants, les insectes représentés sont encore, à première vue, des créatures décoratives non réalistes. Les identifications ne pourraient descendre, au mieux, en dessous de la précision sur la Famille, mais non reconnaître le Genre et encore moins  l'Espèce peinte. 

Une autre raison, majeure, de ce désintérêt est que le manuscrit n'était pas consultable, sauf à être autorisé à se rendre à la BnF. Des reproductions ont circulé au XIXe siècle, avec des planches en noir et blanc ou en couleur, mais rien celles-ci ne permettent pas facilement  l'examen des insectes, qui ne sont que des détails accessoires des enluminures botaniques. Le manuscrit fut numérisé par la BnF et son site Gallica en novembre 2012, et ce n'est qu'à cette date que l'examen entomologique des peintures furent réellement possible pour le public.

En outre, puisque les noms vernaculaires et latins ne concernent que les plantes,  nous sommes privés de toute indication zoonymique, c'est à dire de tout indice permettant la détermination des espèces des insectes dépeints. Ce qui n'est guère étonnant puisque ceux-ci ne furent nommés que par la nomenclature linnéenne, à partir de 1758.

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Ces raisons m'avaient amené, lors de l'étude pré-zoonymique des Lépidoptères, à délaisser ce manuscrit. 

Je me décide aujourd'hui à y rechercher les insectes de l'Ordre des Odonates (communément "Libellules").

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Folio 115r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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On sait que cet ordre se sub-divise en deux sous-ordres, celui des Anisoptères et celui des Zygoptères. Dans le langage courant, les anisoptères sont appelés libellules tandis que les zygoptères sont appelés demoiselles.

Les Anisoptères (Libellules au sens strict, Dragonfly en anglais) sont caractérisés par de gros  yeux généralement joints au-dessus de la tête et un corps allongé, par des ailes antérieures et postérieures  de formes différentes (plus large à la base pour les postérieures) et qui restent dans une position perpendiculaire au corps  au repos.

Les Zygoptères (Demoiselles en français, Damselflies en anglais) ont un corps plus grêle, des ailes  à peu près égales et repliées au repos à la verticale (sauf chez les Lestidae qui les gardent semi-étalées), des yeux non contigus.

Cette opposition  entre des Anisoptères massives et aux ailes placées comme celles des avions, et les Demoiselles fines comme des aiguilles et aux ailes en hélicoptères, si elle est caricaturale, nous donne un bon moyen pour savoir si, dans cette premier "herbier" fidèle à la réalité, les Libellules respectent cette partition, ou si l'artiste a donné libre cours à son imagination sans tenir compte de la réalité naturelle.

Après avoir passé une après-midi à tourner les 377 feuillets numérisés et à zoomer sur les Odonates, je fus "vite" fixé. J'avais dans mon filet 91 spécimens, que je classais dans ma boite de collection en 55 "avions" et 36 "hélicoptères". 55 Anisoptères et 36 Zygoptères.

Soixante-et-un étaient de couleur bleu azur, les autres étaient jaunes, ou rouge-orangé, ou noir et jaune. La présence des ombres du corps ou des ailes, ou bien le fait que les ailes, dans de nombreux cas, sortaient du champ de la feuille de dessin, et débordaient dans les marges, laissaient penser que le peintre (il s'agit de Jean Bourdichon) avait travaillé d'après nature, avec des papillons, des criquets et des libellules qui étaient venus de poser sur les plantes qu'il avait mission de représenter. (Bien-sûr, les planches qui comportaient des singes endormis au pied des plants gâchaient cette certitude).  On pouvait croire qu'on allait y reconnaître des espèces bien précises, malgré certaines bizarreries qui montraient que le peintre était un artiste, et non un naturaliste. La plus choquante était la présence de longues antennes en crosse, peut-être du meilleur effet, mais qui n'avaient rien à voir avec les  courtes antennes fines comme des cheveux des Odonates. L'abdomen effilé de nombreux spécimens, dépourvu de tout appendice anal ou de tout cercoïde, était troublant. Malgré le nombre élevé des individus récoltés, il était manifeste que  l'on avait repris la même figure pour la placer soit en haut, soit en bas, soit à droite, soit en miroir à gauche, mais que la diversité des espèces ne s'en trouvait pas accrue.

D'ailleurs, hormis dans un cas, toutes les ailes étaient transparentes, ce qui excluait d'emblée que les Calopteryx fassent partie des modèles.

Les ptérostigmas, ces "taches" sombres mais parfois colorés de l'extrémité du bord antérieur des ailes, étaient bien peints, au nombre de quatre, mais de manière stéréotypée.

Il était évident qu'aucun entomologiste n'accepterait de prononcer la moindre détermination d'espèce, voire de genre, et qu'il allait falloir se contenter d'approximations et de vagues évocations.

Mais il était aussi évident que le peintre, s'il n'avait pas reproduit la nature dans un souci de fidélité ( il faudra attendre cette révolution du regard introduit par Joris Hoefnagel soixante-dix ans plus tard), ne s'était néanmoins pas affranchi de toute exigence de respect du réel. Et qu'un pas important avait été franchi ici, dans le sillage de la volonté de reproduire fidèlement les spécimens de plante, pour montrer les insectes pour eux-mêmes, comme objet d'étude.

Jean Bourdichon avait, dans ses enluminures, rompu avec les images décoratives marginales de papillons et de libellules qui ne sont pas rares dans les marges des Livres d'Heures.

De même, les insectes ne portaient aucune valeur symbolique ou allégorique, et ils n'avaient aucun rapport avec le texte (des oraisons) qu'ils illustraient.

Or, les autres peintures de Bourdichon ne donnent pas d'exemples d'un tel souci naturaliste, où les objets naturels sont le sujet de l'enluminure, et non son détail marginal cocasse ou ornemental. De même, les autres Livres d'Heures d'Anne de Bretagne (Petites Heures NAL 3027 ou Très Petites Heures NAL 3120)  n'offrent pas non plus de figures semblables, qui montreraient que ces insectes et cet herbier  relevaient d'une préoccupation naturaliste de la reine de France. Sous quelles influences cet herbier peint et ces animaux prenaient-ils soudain, dans une effraction spectaculaire de l'orée du XVIe siècle, la première place ?

Avant de tenter de répondre à cette question, je devais d'abord rechercher si, dans la littérature scientifique en ligne, quelqu'un, de préférence un entomologiste, avait reconnu dans ces 88 spécimens peint, un indice de détermination. 

Le seul résultat est un passage d'un texte de l'immense spécialiste des Odonates P. S Corbet, qui écrit en 1991 : 

"Plus tard, nous trouvons des libellules joliment peintes sur une Bible de Gutenberg de 1453 (Rudolf, 1991), et dans certains bréviaires médiévaux, par exemple le Bréviaire Grimani ((Conci & Neilsen, 1956), le Bréviaire de Belleville de l'atelier de Jean Pucelle à Paris (Hutchinson, 1978)  et le Livre d'Heures d'Anne de Bretagne illustré par Jean Bourdichon (Frain, 1989). En Europe, il faudra l'invention de l'imprimerie et le libération intellectuelle de la Renaissance pour révéler ce que les observateurs contemporains connaissaient sur les Libellules". (Trad. lavieb-aile)

L'auteur mettait sur un même plan les Odonates illustrés dans le Bréviaire de Belleville de 1323-1326, dans une Bible de Gutenberg de 1453 conservée à la Staatsblbliothek Preussischer Kulturbesitz de Berlin, dans les Grandes Heures d'Anne de Bretagne de 1503-1508, et dans le fameux Bréviaire Grimani de 1510-1520, tous  regroupés dans les temps médiévaux. 

Or, la libellule enluminée au folio 781v du Bréviaire Grimani a été identifiée comme étant l'Aeschne bleue Aeshna cyanea, alors qu'aucune détermination d'espèce n'a pu être prononcée pour les manuscrits ou ouvrages précédents. Bien qu'aucun recensement des Odonates représentés dans l'art, ou plus étroitement dans les manuscrits à peintures, n'ait été mené, il s'agit peut-être de la première représentation d'Odonate déterminée jusqu'au niveau de l'espèce.

Je rappelle que la détermination peut descendre en précision au niveau de l'Ordre des Odonates — on reconnait des libellules dès l'Age du Bronze—, du Sous-ordre, de la Famille, du Genre et de l'Espèce.

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Il est possible d'aller au delà des analyses de P.S. Corbet sur l'histoire de l'Odonatologie, et sur l'histoire des Illustrations entomologiques, en remplaçant les listes d'exemples d'illustrations médiévales dispersées par la recherche d'un axe évolutif, au cours duquel le regard qui se porte sur l'objet d'histoire naturelle s'affine et  l'exigence de l'artiste et l'attente du commanditaire progressent. Le travail de Jean Bourdichon pour les Grandes Heures s'inscrit dans cette progression sur laquelle je place en guise de jalon :

  •  les libellules des marges des enluminures médiévales peintes par Jean Pucelle (et par beaucoup d'autres artistes du XIIIe au XVe siècle), essentiellement décoratives,
  • celles du Bréviaire Grimani au premier quart du XVIe siècle sont (avec indulgence) déjà exactes et réalistes par rapport au modèle naturel,
  •  celles de Joris Hoefnagel au dernier quart du XVIe siècle, qui sont si précises qu'elles pourront être citées comme sources par Linné dans ses définitions d'espèces.

Autrement dit, au delà de la déception de ne pas pouvoir déterminer les modèles naturels utilisés par Jean Bourdichon pour les Grandes Heures,  il pourrait être très excitant de percevoir dans ses peintures la gestation d'une représentation scientifique progressivement en cours, et d'y reconnaître un stade pré-naturaliste : suffisamment attentive à la Nature pour placer des caractéristiques d'espèces réelles, mais suffisamment désinvolte et fantaisiste pour les mélanger indifféremment à d'autres caractéristiques contradictoires, comme les longues antennes par exemple.

Ainsi, la libellule du folio 115r (supra) perd toute crédibilité avec ses antennes de papillon ou de zygène, son abdomen dépourvu d'appendices et la dilatation du tiers inférieur de cette abdomen.

Nous sommes loin de l'Aeshna cyanea qui est reconnue dans l'enluminure du Bestiaire Grimani  peint moins de dix ans après ces Heures, et que Joris Hoefnagel a peint avec une précision microscopique ensuite pour le volume Ignis. Mais nous sommes loin aussi de la "libellule" à trois paires d'ailes peint sur un Bréviaire franciscain vers 1430 : je  place les quatre stades suucessifs :

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I. Bréviaire franciscain de 1430

Bréviaire franciscain vers 1430, BM Chambery MS 0004 folio 385

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II. Jean Bourdichon.

Anisoptère indéterminable Jean Bourdichon, folio 115v, Heures d'Anne de Bretagne 1503-1508 BnF Gallica

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III. Bréviaire Grimani. 

Aeshna cyanea, Bréviaire Grimani folio 781v (vers 1510-1520)

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IV. Hoefnagel.

Aeshna cyanea, Joris Hoefnagel, Ignis (1575-1585), source NGA

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UNE LIBELLULE IDENTIFIABLE MALGRÉ TOUT ?

Je propose de reconnaître dans la libellule peinte au folio 45v  un mâle immature de Libellula depressa Linnaeus 1758.

Elle est vue de dessus, de trois-quart, posée sur la base d'un plant.

Le texte : l'Office de la Vierge :

Deus, qui de beatae Mariae Virginis utero Verbum tuum, Angelo nuntiante, carnem suscipere voluisti: praesta supplicibus tuis; ut, qui vere eam Genitricem Dei credimus, eius apud te intercessionibus adjuvemur. Per eúmdem Dóminum nostrum Jesum Christum Fílium tuum, qui tecum vivit et regnat in unitáte Spíritus Sancti

La plante.

Il s'agit du  Lierre terrestre Glechoma Hederacea , L. 1753. La bordure est surmontée du nom latin EDERA TERRESTRIS (cf le Botanicon de Theodor Dorsten  1540 page 144) alors que le nom français est inscrit en dessous : QUE DIEU MARCHA. La seule justification de ce dernier nom est la citation biblique du Livre de Jonas 4:6 et praeparavit Dominus Deus hederam et ascendit super caput Ionae "Le Seigneur Dieu fit naître alors un lierre, qui s'éleva au-dessus de la tête de Jonas, pour l'ombrager". Le Lierre est aussi en relation avec le dieu Bacchus / Dionysos, dieu couronné de lierre car il fut caché, enfant, sous cette plante par les nymphes. voir Daléchamps 1615

. On peut noter que ce nom vernaculaire pourtant très précieux car il ne sera pas repris, n'a pas suscité la curiosité des chercheurs.

Les insectes.

La libellule est accompagnée d'un papillon à ocelle, imaginaire.

Libellula depressa.

L'enluminure montre d'un Anisoptère de couleur brun jaune. Libellula depressa, que j'identifie, est reconnaissable par son abdomen particulièrement large et aplati ou "déprimé", qui lui a donné son nom. Cet abdomen est bleu azuré chez le mâle mature, mais brun avec des bords jaunâtres chez la femelle et le mâle immature. La partie antérieure du thorax porte deux larges bandes blanchâtres bien représenté par Bourdichon. Surtout, il a bien indiqué les marques noirâtres de la base des ailes, celle des ailes antérieures étant en barre et celle des postérieures en triangle. Les yeux de l'insecte en naturel sont, comme ici, brun-verts mais  moins contigus qu'il n'est ici dessiné. Les quatre ptérostigmas sont effectivement noirs et rectangulaires. L'aile postérieure est élargi à sa base, comme il se doit. 

Je compte, exactement, dix segments. Le dernier est recourbé vers le haut. L'artiste n'a pas représenté les appendices anaux. Il faut bien dire que sur les différentes photos en ligne, ils sont parfois bien discrets.

Mes guides (K.D.B. Dijkstra et Grand-Boudot) me montrent des femelles à l'abdomen plus larges que ceux des mâles immatures, je fais donc l'hypothèse d'un mâle, mais si on me conteste cela et qu'on m'accorde la détermination de l'espèce, je serais déjà comblé.

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Folio 45v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne, BnF gallica

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Par B59210 — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=49376910

 

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L'INFLUENCE DE L'ÉCOLE DE GAND-BRUGES ?

 

Peintre de quatre rois (Louis XI, Charles VIII, Louis XII puis François Ier), Jean  Bourdichon (1457-1521) est le type même de l'artiste officiel, réalisateur avant tout d'ouvrages de luxe d'une exécution raffinée.  Ce sont  ses manuscrits enluminés, particulièrement ses œuvres de maturité comme les Grandes Heures d'Anne de Bretagne (vers 1503-1508), le Missel de Jacques de Beaune (entre 1506 ou 1509 et 1511), les Heures de Frédéric III d'Aragon, entre 1501 et 1503 (Bibliothèque nationale), qui font sa renommée actuelle. Tourangeau manifestement formé auprès de Fouquet et de son fils le Maître du Boccace de Munich, dont il garde l'équilibre classique et les formes pleines, il s'éloigne de lui par sa conception de la peinture plus décorative qu'attachée au réel : c'est un auteur d'images d'une grande beauté formelle plus qu'un novateur inspiré. (D'après Wikipédia)

Mais c'est l'influence de l'école de Gand-Bruges qui est ici déterminante, par ses bordures à fleurs et insectes, déjà présents chez Hans Memling et Gérard David.. C'est dans les années 1470-1480 que l'école ganto-brugeoise se tourne vers plus de naturalisme. Bourdichon s'y serait formé en reprenant et appliquant les armes du roi Louis XII sur une centaine de manuscrits de la bibliothèque de Louis de Bruges, seigneur de la Gruuthuyse.

 

Il est remarquable, pour notre sujet,  que  les principaux artistes de cette école ont participé au Bréviaire Grimani  : Gérard Horenbout, Gérard David, Alexandre Bening et son fils Simon Bening (1483-1561). C'est à ce dernier qu'est attribué le folio 781v du Bréviare Grimani, avce son Aeshna cyanea. 

Les Livres d'Heures de cette école offrent beaucoup d'exemples de libellules :

a) Le Livre d'Heures à l'usage de Rome (XVe siècle) de Beinecke Rare Book and Manuscript Library, MS 287 fol. 161v

https://brbl-dl.library.yale.edu/vufind/Record/3433117?image_id=1025452

b) Le" Bréviaire" (ou plutôt Livre d'Heures) du Brukenthal Museum à Sibiu, en Roumanie, fut réalisé au début du XVIe siècle en Hollande par le Maître des scènes de David du Bréviaire Grimani. Parmi ses 92 enluminures se trouvent beaucoup de libellules.

http://www.brukenthalmuseum.ro/breviar/index_en.htm

Mais ce sujet de l'influence des peintres de Bruges sur la représentation de la Nature étant trop vaste, je l'interromps ici. 

 

 

 


 

 


 

 

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Liste descriptive des 91 Odonates représentés sur les enluminures des Grandes Heures d'Anne de Bretagne.
 

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 Folio 11v : Anisoptère bleu ATY (Abdomen, Thorax et Yeux). Abdomen cylindrique, bleu à lignes jaunes. Extrémité des ailes foncées ou bleutées. Quatre ptérostigmas noirs.

 

 

folio 11v, Grandes heures d'Anne de Bretagne, Gallica BnF

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13v  : Anisoptère bleu AYT, marques jaunes en cupules sur l'abdomen et le thorax, lignes dorées sur le bord antérieur des ailes, quatre ptérostigmas noirs. Queue effilée. [ Aeshna ?? ]

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Folio 13v, Grandes Heures de Bretagne, numérisé par Gallica BnF

 

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25r  : Anisoptère, abdomen noir à marques jaunes en cupules. Thorax rouge bordeaux à marques jaunes en cupules. Yeux verts. Quatre ptérostigmas noirs. Antennes blanches terminées en boule.  [Cordulegaster ??]

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Folio 25r, Grandes Heures de Bretagne, numérisé par Gallica BnF

 

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http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52500984v/f58.item.zoom
Folio 25r, Grandes Heures de Bretagne, numérisé par Gallica BnF

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31r : Zygoptère rouge, abdomen rouge  à 10 segments, thorax rouge, yeux noirs, pas de ptérostigmas, dernier segment bien détaillé . Un pyrrhosoma nymphula aurait les yeux rouges.

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Folio 13v, Grandes Heures de Bretagne, numérisé par Gallica BnF

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32r : Anisoptère bleu ATY, thorax ovoïde, quatre ptérostigmas noirs, appendices du dernier segment détaillés.

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Folio 32r, Grandes Heures de Bretagne, numérisé par Gallica BnF.

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32v : Anisoptère abdomen et thorax noir à marques jaunes en cupules, yeux bleus, pas de pterostigmas, dernier segment effilé.  [Cordulegaster ? ?]

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Folio 32v, Jean Bourdichon, Grandes Heures de Bretagne (1503-1508), numérisé par Gallica BnF.

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34r (sup) : Zygoptère bleu; grandes antennes recourbées.

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Folio 34r (sup), Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne. Numérisé Gallica BnF.

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34r (inf). Zygoptère bleu ATY, thorax ovoïde, quatre ptérostigmas noirs.

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Folio 34r (inf), Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne. Numérisé Gallica BnF.

 

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35v : Zygoptère bleu ATY, thorax ovoïde, quatre ptérostigmas noirs..

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Folio 35v (inf), Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne. Numérisé Gallica BnF.

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37r : Zygoptère bleu ATY, abdomen annelé.

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Folio 37r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

 

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39v : Zygoptère rougeâtre, jaune et bleu, thorax et yeux bleus, quatre ptérostigmas noirs.

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Folio 39v Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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44v : Anisoptère abdomen bleu à traits jaunes dernier segment effilé.

 

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Folio 44v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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45r : Anisoptère bleu ATY (Abdomen, Thorax et Yeux), quatre prétostigmas bruns, dernier segment détaillé.

 

 

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Folio 45r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

 

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45v : Anisoptère, abdomen plat  jaune annelé (dix ou onze segments), thorax jaune, yeux jaunes, tache noire en triangle à la base des ailes, quatre ptérostigmas noirs,  [Libellula depressa mâle immature ?? ]

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Folio 45v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

 

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46r : Anisoptère bleu ATY, base et extrémité des ailes bleues, ptérostigmas rectangulaires noires,  queue fourchue, antenne terminée en massue. Une seule paire d'ailes visible.

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Folio 46r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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53r : Anisoptère abdomen jaune à triangles médians noirs, thorax ovoïde bleu, yeux bleus, 4 ptérostigmas noirs, dernier segment détaillé.

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Folio 53r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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57r : Anisoptère bleu ATY , « queue » fourchue, 4 ptérostigmas noirs..

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Folio 57r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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65v: Zygoptère bleu ATY, thorax ovoïde, 4 ptérostigmas noirs,  queue fourchue.

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Folio 65v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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66v: Zygoptère bleu ATY, thorax ovoïde, 4 ptérostigmas grisâtres, queue fourchue.

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Folio 66v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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75v: Zygoptère bleu ATY, abdomen cylindrique annelé,  thorax ovoïde ponctué, ptérostigmas noirs,  dernier segment à appendices, longues antennes en crosse comme les Zygènes

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Folio 75v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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77r : Anisoptère bleu ATY, thorax ovoïde, 4 ptérostigmas, 

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Folio 77r, , Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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78v : Anisoptère bleu ATY, abdomen plat, 4 ptérostigmas,  [Orthetrum coerulecens ??? ].

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Folio 78v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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84v: Zygoptère bleu ATY queue fourchue, antennes en crosse.

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Folio 84v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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86v: Zygoptère bleu ATY queue fourchue.

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Folio 86v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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88r: Zygoptère bleu ATY , reflets jaunes sur le thorax, queue fourchue.

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Folio 88r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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90v: Zygoptère Rouge-rouille ATY queue fourchue.

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Folio 90v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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95v : Anisoptère, abdomen orangé annelé, jaune dessous, thorax orangé, yeux noirs ptérostigmas noirs, derniers segments effilés, antennes en crosse.

Note : pour l'entomologiste Jacques Jouannic, cet insecte, comme les suivants aux caractères semblables,  abdomen pointu, longues pattes, parfois tête de mouche, ... sont  des Tipules. Communic. pers. sept. 2018.  Il ajoute :

" il serait bon de rajouter parmi les critères que les tipules sont des diptères et sont toujours représentées avec une seule paire d'ailes, contrairement aux odonates qui en ont 2 paires.
La différence se voit très bien sur le folio 109r. 
Pour bien voir la différence je pense qu'on peut comparer les représentations (qui se suivent avec les mêmes couleurs) des folios 129v (odonate) et 131v (tipule).
[A noter aussi que certains zygoptères ont parfois les ailes superposées et sont représentés (folio 113v par ex.) avec seulement 2 ailes].

Cela me semble, désormais, évident !!

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Folio 95v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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96r : Anisoptère bleu ATY et jaune, queue fourchue.

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Folio 96r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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99r: Zygoptère bleu ATY, ptérostigmas bleuâtres, queue fourchue.

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Folio 99r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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100r : Anisoptère Abdomen et thorax jaune et noir, yeux noirs, pattes jaunes, ptérostigmas, derniers segments effilés, [Libellula depressa ??]

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Folio 100r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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105r: Zygoptère bleu ATY queue fourchue.

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Folio 105r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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108r : Anisoptère bleu ATY thorax ovoïde, ptérostigmas noirs, queue fourchue.

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Folio 108r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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109r (sup) : Zygoptère bleu ATY, queue fourchue.

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Folio 109r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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109r (inf.) : Anisoptère jaune rayé de noir, queue pointue

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Folio 105v (inf), Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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110r : Anisoptère bleu Abdomen et thorax bleus marquées de cupules jaunes , yeux verts, ptérostigmas pâles, segment inférieur effilée. .

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Folio 110r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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113r : Anisoptère abdomen jaune à triangles noirs, thorax et yeux bleus, ptérostigmas noirs, dernier segment détaillé.

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Folio 113r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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113v: Zygoptère abdomen et thorax rouges annelés de noir, yeux bleus, ptérostigmas noirs, antennes en crosse et à bouton.

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Folio 113v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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115r : Anisoptère bleu TY, Abdomen bleu à marques noires, quatre ptérostigmas, derniers segments effilés.

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Folio 115r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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115v : Zygoptère abdomen bleu à marques noires, queue effilée.

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Folio 115v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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117v : Anisoptère abdomen jaune annelé de noir, thorax jaune, yeux bleus, queue effilée.

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Folio 117v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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122r : Anisoptère abdomen jaune à triangles noirs, Thorax et yeux bleus.

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Folio 122r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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124v : Anisoptère jaune à raies et anneaux noirs, antennes en crosse, queue effilée.

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Folio 124v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

 

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125v : Zygoptère abdomen bleu, antennes en crosse, queue fourchue.

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Folio 125v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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127r : Zygoptère bleu ATY, queue bifide,  extrémités des ailes bleuâtres, pas de ptérostigmas.

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Folio 127r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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129r  (sup) : Zygoptère bleu ATY, ptérostigmas noirs, dernier segment bifide.

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Folio 129r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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Folio 129r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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129r (inf) : Anisoptère abdomen et thorax noirs à marques et cupules jaunes, yeux bleus, quatre ptérostigmas noirs, extrémité inférieur de l'abdomen dilaté, antennes en crosse plumeuses. [Cordulegaster ??]

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Folio 129r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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129v : Anisoptère abdomen rouge à marques médianes noires en triangle, thorax et yeux rouges, quatre ptérostigmas noirs, "queue" bifide

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Folio 129v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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131v : Anisoptère rouge-orange annelé de noir, à ventre jaune, "queue" effilée, ptérostigmas noirs, antennes en crosses et à boutons.

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Folio 131v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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132r : Anisoptère bleu ATY, marques médianes dorsales noires et jaunes, " queue" aux appendices esquissés .

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Folio 132r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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132v : Anisoptère rouge ATY, marques noires et jaunes.

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Folio 132v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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133v : Zygoptère bleu ATY, queue fourchue (en face d'un "Machaon" ).

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Folio 133v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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136r : Anisoptère bleu ATY, anneaux noirs, queue fourchue (avec une chenille évocatrice de celle de l'Euphorbe Hyles euphorbia)

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Folio 136r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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137r : Anisoptère rouge-orange ATY, marques triangulaires dorsales noires, ptérostigmas noirs, "queue" fourchue.

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Folio 137r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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138r : Anisoptère bleu ATY, marques jaunes en cupules, queue effilée.

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Folio 138r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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138v : Anisoptère bleu ATY, marques annelées noires, queue fourchue.

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Folio 138v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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139v (à droite)  : Zygoptère bleu ATY , ptérostigmas noirs.

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Folio 139v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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139v ( à gauche) : Zygoptère bleu clair ATY, antennes en crosse

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141v : Zygoptère bleu ATY, "queue" fourchue, quatre ptérostigma noirs (en face d'un "Machaon").

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Folio 141v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

 

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143r  : Zygoptère bleu ATY, queue fourchue.

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Folio 143r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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144v : Zygoptère rouge-orange ATY, marque noire longitudinale, quatre ptérostigmas  "queue" fourchue, antennes en crosse.

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Folio 144v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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145r (sup) : Anisoptère bleu ATY, quatre pérostigmas, "queue" fourchue.

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Folio 145r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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145r(inf) : Anisoptère abdomen jaune à triangles médians dorsaux noirs, thorax et yeux orange, derniers segments effilés.

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Folio 145r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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150v : Anisoptère orange, queue effilée, antennes en crosse.

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Folio 150v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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151r : Anisoptère bleu ATY, thorax ovoïde, quatre ptérostigmas noirs, "queue" fourchue.

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Folio 151r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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153r (à droite) : Zygoptère orange ATY, marques dorsaux en triangles noirs "queue" fourchue.

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Folio 153r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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153r (à gauche) : Zygoptère bleu ATY, queue fourchue.

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154r : Zygoptère bleu ATY, queue fourchue.

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Folio 154r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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157r : Zygoptère bleu ATY, ptérostigmas, queue fourchue.

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Folio 129r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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160r : Anisoptère orange ATY, triangles dorsaux  noirs, ptérostigmas, "queue" fourchue.

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Folio 160r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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160v  : Anisoptère jaune-orange ATY, abdomen large, annelé, queue effilée

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Folio 160v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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164r  : Anisoptère bleu ATY, queue fourchue.

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Folio 164r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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166r. Anisoptère bleu ATY, ventre jaune, quatre ptérostigmas noirs, 

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Folio 166r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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170r : Anisoptère bleu ATY, ventre jaune, queue effilée, antennes en crosse.

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Folio 170r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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178r : Anisoptère bleu ATY, marques en cupules jaunes, ptérostigmas, derniers segments effilés, longues antennes.

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Folio 178r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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180r : Anisoptère bleu ATY, queue fourchue.

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Folio 180r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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184r : Zygoptère bleu ATY, ventre jaune, triangles noirs, queue fourchue, antennes en crosse.

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Folio 184r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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188r : Anisoptère bleu ATY, queue fourchue.

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Folio 188r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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190r  : Anisoptère jaune ATY, queue effilée, antennes.

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Folio 190r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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196r : Anisoptère bleu ATY, anneaux noirs, ventre jaune, queue effilée, ptérostigmas, antennes.

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Folio 196r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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202r : Anisoptère bleu ATY, queue fourchue.

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Folio 202r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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208r  : Anisoptère jaune ATY, , queue effilée, antennes.

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Folio 208r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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213r : Zygoptère bleu ATY, queue fourchue.

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Folio 213r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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220v : Anisoptère bleu ATY, marques jaunes en cupules, ptérostigmas, queue effilée, longues antennes.

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Folio 220v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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223r (à gauche) : Zygoptère bleu ATY, cupules jaunes, queue effilée, longues antennes.

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Folio 223r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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223r (à droite)  : Anisoptère bleu ATY annelé, abdomen large aplati, antennes longues en crosse, queue effilée.

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229v : Zygoptère bleu ATY, ptérostigmas,  "queue" bifide, longues antennes.

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Folio 229v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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233r : Anisoptère jaune ATY, abdomen élargi et annelé, queue effilée, longues antennes.

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Folio 233r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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233v : Anisoptère bleu ATY, marques dorsales noires et jaunes, pterostigmas noirs,, queue fourchue.

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Folio 233v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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234r : Zygoptère bleu ATY, anneaux dorés, queue fourchue.

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Folio 234r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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235v : Anisoptère orange ATY, abdomen élargi à marques noirâtres et jaunes dorsales, "queue" effilée, longues antennes à massues.

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Folio 235v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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236r  : Anisoptère bleu ATY, ptérostigmas,  "queue" fourchue.

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Folio 236r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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Résultats.

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Mon décompte est celui d'un amateur, certes plein de bonne volonté, mais qui ne rédige pas ici sa thèse de doctorat. Les professionnels vérifieront derrière moi. Ou pas.

Nombre total : 91 Odonates.

Si je prends comme critère (discutable) de considérer comme Anisoptères les espèces figurées ailes écartées et comme Zygoptères les espèces figurées ailes redressées, je compte 55 Anisoptères et 36 Zygoptères.

Je compte  

91 Odonates : 55 Anisoptères et 36 Zygoptères

Couleurs.

Il y a 31 Anisoptères bleus, 13 Anisoptères jaunes, 3 Anisoptères noirs et jaunes, 8 Anisoptères rouges ou orangé.

Et 30 Zygoptères bleus, 6 Zygoptères rouge ou orangé.

Soit 61 "bleus", 13 "jaunes", 14 "orangés" et 3 "noirs et jaunes"

La prédominance des deux couleurs bleu et jaune (avec sa variante orange)  est réaliste, correspondant à la distribution dans la nature, et à la coloration de nombreuses espèces entre mâles bleus et femelles jaunes. On remarque néanmoins l'absence de la couleur verte.

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SOURCES ET LIENS.

— GRANDES HEURES  d'Anne de Bretagne LATIN 9474 HORAE ROMANUM 

Numérisation du manuscrit Bnf latin 9474 :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52500984v

— Notice Wikipédia

https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Grandes_Heures_d%27Anne_de_Bretagne

— Fac-similé CURMER 1841 :

Le Livre d'Heures de la Reine Anne de Bretagne: Traduit du latin et accompagné de notices inédites par l'abbé [Henri] Delaunay,  volume 1

http://reader.digitale-sammlungen.de/de/fs1/object/display/bsb10800533_00098.html

Le Livre d'Heures de la Reine Anne de Bretagne: Traduit du latin et accompagné de notices inédites par l'abbé [Henri] Delaunay,  volume 1 volume 2

https://books.google.fr/books?id=1xZKAAAAcAAJ&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

https://archive.org/details/lelivredheuresde01cath

— Facsimilé Moleiro 2014 : commentaires rédigé par Marie-Pierre Laffitte (BnF), Georges Minois, Michèle Bilimoff (CNRS) et Carlos Miranda, AA.vv., Grandes heures d'Anne de Bretagne, Barcelone, M. Moleiro Editor, 2014, 397 pages, (ISBN 978-84-96400-99-3).

— AVRIL (François) et N. Reynaud, 1993, Les manuscrits à peintures, n° 164, p. 297-300, avec bibliographie.

— BILIMOFF Michele, Promenade dans des jardins disparus, Les plantes au Moyen Âge d'apres les Grandes Heures d'Anne de Bretagne, OUEST-FRANCE, 2001.

 

— BREVIAIRE GRIMANI

https://archive.org/stream/lebreviairegri00onga#page/n9/mode/2up

https://archive.org/stream/lebreviairegri00onga#page/164/mode/2up

https://archive.org/stream/lebreviairegri00onga#page/206/mode/2up

https://archive.org/stream/lebreviairegri00onga#page/240/mode/2up

http://marciana.venezia.sbn.it/sites/default/files/filemanager/file/UserFiles/File/Grimani-2.pdf

— CAMUS (Jules), « Les noms des plantes du Livre d'Heures d'Anne de Bretagne », Journal de Botanique, t. 8, no 19-23,‎ 1894, p. 325-336, 345-352, 366-375, 396-401  https://www.biodiversitylibrary.org/item/18810#page/335/mode/1up

 retranscription sur plantnet :

http://uses.plantnet-project.org/fr/Camus,_Livre_d%27heures_d%27Anne_de_Bretagne,_1894

Article permettant l'identification complète des plantes représentées

 

— DELISLE ( Léopold), 1913  Les Grandes heures de la reine Anne de Bretagne et l'atelier de Jean Bourdichon, E. Rahir,.

https://archive.org/details/mdu-rare-025674

http://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1913_num_74_1_460890

http://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1910_num_54_3_72620

— DURRIEU Paul. L'enlumineur flamand Simon Bening. In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres, 54ᵉ année, N. 3, 1910. pp. 162-169; doi : 10.3406/crai.1910.72606 http://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1910_num_54_3_72606

 

— GATIEN / GENDRE (Philippe), 2015, Un prince de l'enluminure , Jean Bourdichon, blog.

http://autourdemesromans.com/un-prince-de-lenluminure-jean-bourdichon-peintre-de-cour/

— KREN (Thomas), Scot McKendrick 2003, Illuminating the Renaissance: The Triumph of Flemish Manuscript Painting in Europe Getty Publications, 1 juil. 2003 - 591 pages

https://books.google.fr/books?id=tyA2AgAAQBAJ&dq=%22thomas+kren%22+ghent-bruges&hl=fr&source=gbs_navlinks_s
—OMONT ( H.),  "Un document nouveau relatif à Jean Bourdichon", dans Bibliothèque de l'école des chartes, t. 73, 1912, p. 581-583 

http://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1912_num_73_1_460949

 

—  MÂLE (Émile), 1902, « Trois œuvres nouvelles de Jean Bourdichon, peintre de Charles VIII, de Louis XII et de François Ier », Gazette des beaux-arts, vol. 27, no 3,‎ mars 1902, p. 185-203.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2031554/f216

— MONSERRAT (Victor J. ) 2016,  LOS ARTRÓPODOS EN LOS LIBROS ILUMINADOS DE LA EDAD MEDIA EUROPEA Boletín de la Sociedad Entomológica Aragonesa (S.E.A.),  nº58 (30/06/2016): 259–331.

https://www.academia.edu/26637740/LOS_ARTR%C3%93PODOS_EN_LOS_LIBROS_ILUMINADOS_DE_LA_EDAD_MEDIA_EUROPEA

— Bourdichon : Heures de Frederic d'Aragon BnF http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8427228j/f1.planchecontact

 

—REPLIQUES :  Réplique des Heures d'Anne de Bretagne : Heures Holford, Pierpont Morgan Library, New York, manuscrit M. 732 (1515, avec 96 enluminures botaniques avec dénomination ) 

http://ica.themorgan.org/manuscript/thumbs/77418

— Réplique des Heures d'Anne de Bretagne : Heures Rothschild, Waddeson Manor, manuscrit 20 https://waddesdon.org.uk/the-collection/item/?id=1781

— Réplique des Heures d'Anne de Bretagne : Heures Gardner, à Boston, Gardner Museum, ms. 8 https://www.gardnermuseum.org/experience/collection/17646

— RUDOLF R.), 1991. Paintings of Zygoptera in the Gutenberg Bible of 1453. Odonatologica, 20 (1) : 75-78.  

http://natuurtijdschriften.nl/download?type=document;docid=591936

SUR SIMON BENING:

a) Simon Bening als landschapsminiaturist. Eigen stijl & evolutie binnen het oeuvre en zijn invloed op de ontwikkeling van het landschap in de schilderkunst van de zestiende eeuw. https://lib.ugent.be/fulltxt/RUG01/001/414/918/RUG01-001414918_2010_0001_AC.pdf

b) 

http://manuscripts.org.uk/chd.dk/misc/ABGrim.html

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Odonates
8 janvier 2018 1 08 /01 /janvier /2018 14:45

Zoonymie des Odonates. Le nom de genre Calopteryx  Leach, 1815.

.

Voir sur la zoonymie (étude du nom) des Odonates :

 

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Résumé.

Genre Calopteryx, Leach, 1815.  Brewster's Edinb. Encycl. 9(1): 137. Le nom qui vient du grec kalos "beau" et pteryx "aile" signifie "qui a de belles ailes" en raison de la couleur métallique de celles-ci, surtout chez les mâles.

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I. LA PUBLICATION ORIGINALE. LEACH 1815.

 

En 1813, William Elford Leach (1791-1836), diplômé en médecine de l'université St-Andrews (Ecosse) après avoir étudié à Edimbourg, devint responsable des collections zoologiques du British Museum. En 1815, il rédigea la première bibliographie, extraordinairement détaillée, de l'entomologie, dans la partie historique d'un article "Entomologie" de l'Edinburgh Encyclopaedia de David Brewster. Il publia entre 1814 et 1817 ses Zoological Miscellany, mais en 1822, atteint de dépression et de surmenage, il démissionna de son poste pour voyager.

— LEACH , W.E. (1815). "Entomology". In Brewster, David. Edinburgh Encyclopaedia. Vol. 9. Edinburgh: William Blackwood. pp. 57–172 [137] (in 1830 edition) – via Biodiversity Heritage Library.

 FAMILY I. LIBELLULIDA.

489. Libellula

490. Cordulia.

FAMILY II. ÆSHNIDES.

482. Cordulegaster

483. Gomphus

484. Anax

FAMILY III. AGRIONIDA.

485. Agrion

486. Lestes

487. Calepteryx.

 

.

486. GENUS CCCCLXXXVII. CALOPTERYX. Leach's MSS. 
Agrion Fabricius Latreille.

Wings coriaceo-membranaceous, without a real stigma, in place of which is sometimes an irregular opaque spot. Abdomen of the male furnished with a forceps-like appendage. 

Obs. This genus comprehends those Agrionida with coloured wings. 


.

 

Leach décrivait son genre Calepteryx ainsi : "ailes coriaceo-membraneuses, sans réel stigma, remplacé par une zone opaque irrégulière . L'abdomen des mâles est équipé d'appendices en forme de pince [ou de forceps] . Ce genre comprend ceux des Agrionidés aux ailes colorées."

 

 

.

.

 

L'espèce type du genre est Libellula virgo Linnaeus, 1758.

.

II. ÉTUDE DU NOM.

. 

Calopteryx vient du grec  kαλοσ, α, ον = belle + πτεριξ, υγοσ = aile et signifie "qui a de belles ailes", qualificatif qui ne nécessite pas d'explication pour celui qui connait les splendides couleurs bleu-vert métallique irisé des ailes des mâles de l'espèce-type C. virgo.

La graphie CALEPTERIX de Leach, fautive à l'égard des racines grecques, a été corrigée par Burmeister en 1839 dans Handbuch der  Entomologie, 2, 825.  Ce dernier attribue le nom Calopteryx à Charpentier.


.

III.  RECEPTION du genre.

 

 

Leach, qui sépare ses Agrionida en trois genres AGRION Latreille, LESTES Leach et CALEPTERYX Leach,   signale qu'il reprend sous son nom Calepteryx les espèces du genre Agrion (ou Agrionida) "qui ont les ailes colorées". Il renvoie aux AGRIONS du danois  Fabricius [1775 puis 1798  Syst. Ent. 286 (emendation)] et du français Latreille [1801  Hist. Nat. T.3 p. 287 ]. C'est ce dernier qui y place la Libellula virgo de Linné. Latreille définissait son genre Agrion ainsi : 

"Antennes à troisième article allongé, et terminées par une soie qui n'est pas deux fois plus longue que la tête, sans articles distincts. Lèvre inférieure à trois pièces assez grandes; les latérales ayant une pièce palpiforme et un angle saillant; celle du milieu fortement échancrée.

Téte et corselet ne faisant que le tiers de la longueur totale du corps ; tête courte, large. Yeux gros, écartés. Vessie frontale petite.Petits yeux lisses, très-apparens, sans élévation vésiculeuse au milieu d'eux. Ailes élevées. Abdomen très-long, menu, cylindrico-linéaire."

Le genre fut repris par les auteurs suivants :

CALOPTERYX Burgmeister 1839 Handbuch Ent.2, 285

CALEPTERYX Hagen 1840 Syn. Lib. Eur. 61.

CALOPTERYX Selys et Hagen 1850 Revue des Odonates Paris 133

SYLPHIS Selys 1852 Synopsis des Calopterygines.

AGRION Selys 1876, Bull. Acad. r. Belg. 2 41 1

AGRION Kirby, 1890 Syn. Cat. Neur. Odon. London

CALOPTERYX Jacobson et Bianqui  1905, Pryam Lozhnos Ross imp. 796.

AGRION, Muttkowski, 1910, Bull. Pub. Mus. Milwaukee

AGRION, Ris, 1916, Suppl. Ent. Berlin.

etc.. : voir Thierreich Teilband

.

DESCRIPTION.

Les Caloptéryx se caractérisent parmi les Zygoptères :

  • par la coloration métallique d' ailes grandes et larges. Le plus souvent bleu chez le mâle et vert métallique ou brun chez les femelles.
  • par leur forme non pédonculée (mais ovales,  progressivement rétrécies vers la base), ce qui les distingue des Lestes, plus petites et au corps vert métallique.
  • par l'absence de ptérostigmas des mâles alors que les pseudoptérostigmas des femelles sont pâles, mal définis et traversés de nervure. 
  • par la nervation très serrée.
  • Par leur cantonnement le long des cours d'eau, à berges végétalisées en grand nombre. Au repos, les ailes sont maintenues ensemble ou légèrement entrouvertes selon un axe de 30 ° environ par rapport à l'abdomen.
  • par la parade précopulatoire des mâles en vol stationnaire devant la femelle avec un battement des ailes à haute fréquence, extrémité de l'abdomen relevé.

.

ESPÈCES FRANÇAISES :

 

  • Calopteryx haemorrhoidalis (Vander Linden, 1825) - le Caloptéryx méditerranéen
  • Calopteryx splendens (Harris, 1782) - le Caloptéryx éclatant (présent partout en Bretagne)

  • Calopteryx virgo (Linnaeus, 1758) - le Caloptéryx vierge (présent partout en Bretagne)

  • Calopteryx xanthostoma (Charpentier, 1825) - le Caloptéryx occitan

SOURCES ET LIENS.

Bibliographie de ces articles de zoonymie des Odonates : voir ici.

— GRAND (Daniel), BOUDOT (Jean-Pierre), 2006 Les Libellules de France, Belgique et Luxembourg. Collection Parthénope, Biotope 479 pages

https://books.google.fr/books?id=cYwSCwAAQBAJ&dq=inauthor:%22Daniel+Grand%22&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

— LEACH , W.E. (1815). "Entomology". In Brewster, David. Edinburgh Encyclopaedia. Vol. 9. Edinburgh: William Blackwood. pp. 57–172 [137] (in 1830 edition) – 

https://www.biodiversitylibrary.org/page/17493627#page/145/mode/1up

 

PRÉCIGOUT (Laurent), PRUD'HOMME (Eric), 2009, Libellules de Poitou-Charentes, Ed. Poitou-Charentes Nature, 255 pages, 

— NATIONAL HISTORY MUSEUM

http://www.nhm.ac.uk/our-science/data/uk-species/species/calopteryx_splendens.html

 — SELYS-LONGCHAMPS ( Michel Edmond, Baron de) 1840, Monographie des libellulidées d'Europe, Roret, 220 pages.

https://books.google.fr/books?id=8aBIt4TdIM0C&dq=AEschna&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

.

OUTILS ZOONYMIE.

— LSJ Site de traduction grec/anglais Liddell  Scott Jones

https://lsj.translatum.gr/wiki/Main_Page

https://lsj.translatum.gr/wiki/LSJ:GreekEnglishLexicon

 

— ANTONIO (Costantino D’), VEGLIANTE (Francesca ) "Derivatio nominis libellularum europæarum"(PDF) (en Italien) Étymologie de 197 noms de Libellules européennes.

https://www.researchgate.net/publication/316791278_Derivatio_nominis_libellularum_europaearum

— ENDERSBY (IAN D. ), 2012,  : Watson and Theischinger: the etymology of the dragonfly (Insecta: Odonata) names which they published  Journal and Proceedings of the Royal Society of New South Wales, vol. 145, nos. 443 & 444, pp. 34-53. ISSN 0035-9173/12/010034-20 34

https://royalsoc.org.au/images/pdf/journal/145_Endersby.pdf

— ENDERSBY (IAN D., FRS ), 2012, Etymology of the Dragonflies (Insecta: Odonata) named by R.J. Tillyard, F.R.S. Proceedings of the Linnean Society of New South Wales 134, 1-16.

https://openjournals.library.sydney.edu.au/index.php/LIN/article/viewFile/5941/6519

— ENDERSBY (IAN D., FRS ), 2012, The Naming of Victoria’s Dragonflies (Insecta: Odonata,  Proceedings of the Royal Society of Victoria 123(3): 155-178. 

https://www.academia.edu/28354624/The_Naming_of_Victoria_s_Dragonflies_Insecta_Odonata_

— ENDERSBY (IAN D. ), 2015, The naming's of Australia's dragonflies.

https://www.researchgate.net/publication/283318421_The_Naming_of_Australia%27s_Dragonflies

 http://dominique.mouchene.free.fr/libs/docs/GENE_origine_noms_odonates_Australie_Endersby_2015.pdf

— FLIEDNER (Heinrich), 2009, Die wissenschaftlichen Namen der Libellen in Burmeisters ‘Handbuch der Entomologie’ Virgo 9[5-23]

http://www.entomologie-mv.de/download/virgo-9/Virgo%200902%20Die%20wissenschaftlichen%20Namen%20der%20Libellen%20in%20Burmeisters.pdf

 

— FLIEDNER (Heinrich),  MARTENS (Andreas ), 2008, The meaning of the scientific names of Seychelles dragonflies (Odonata) , Phelsuma 16 (2008); 49-57

https://www.researchgate.net/publication/228819379_The_meaning_of_the_scientific_names_of_Seychelles_dragonflies_Odonata [accessed Jan 04 2018].

 

 

— POITOU-CHARENTE NATURE (Association)

http://www.poitou-charentes-nature.asso.fr/cordulie-bronzee/



 


 


 


 

 


Derivatio nominis libellularum europaearum (Téléchargement PDF disponible). Available from: https://www.researchgate.net/publication/316791278_Derivatio_nominis_libellularum_europaearum [accessed Jan 08 2018].


 

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Odonates
4 janvier 2018 4 04 /01 /janvier /2018 21:28

Zoonymie des Odonates. Le nom de genre Lestes Leach, 1815.

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Voir sur la zoonymie (étude du nom) des Odonates (Libellules) :

 

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Résumé.

Genre Lestes, Leach, 1815. Entomology, in Brewster's Edinb. Encycl. 9(1): 137. Le nom vient du grec  λῃστής = "voleur, brigand, pirate".  La seule espèce décrite en 1815 étant Agrion barbara de Fabricius, et celle-ci devant son nom à sa provenance du nord-ouest de l’Afrique, région géographique où vivaient les Berbères et dénommée alors Barbarie ou Etats barbaresques, on pouvait penser que Leach avait donné le nom de genre Lestes , "pirate"  par référence aux pirates et corsaires barbaresques basés à Alger. 

En juin 2023,  Matti Hämäläinen et  Heinrich Fliedner ont pu démontrer que Leach n'avait pas pu avoir accès au spécimen de Fabricius, ce qui invaliderait l'explication précédente.

Dans sa description originale, Leach décrit comme caractère distinctif, outre les ptérostigmas rectangulaires des ailes transparentes, les appendices anaux des mâles, en forme de forceps. M. Hämäläinen suggère que  c'est la forme de ces appendices qu'il compare aux coutelas des pirates, qui a pu évoquer à Leach le choix de son nom. (Cf Addenda infra)

.

 

.

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I. LA PUBLICATION ORIGINALE. LEACH 1815.

 

En 1813, William Elford Leach (1791-1836), diplômé en médecine de l'université St-Andrews (Ecosse) après avoir étudié à Edimbourg, devint responsable des collections zoologiques du British Museum. En 1815, il rédigea la première bibliographie, extraordinairement détaillée, de l'entomologie, dans la partie historique d'un article "Entomologie" de l'Edinburgh Encyclopaedia de D. Brewster. Il publia entre 1814 et 1817 ses Zoological Miscellany, mais en 1822, atteint de dépression et de surmenage, il démissionna de son poste pour voyager.

LEACH , W.E. (1815). "Entomology". In Brewster, David. Edinburgh Encyclopaedia. Vol. 9. Edinburgh: William Blackwood. pp. 57–172 [137] (in 1830 edition) – via Biodiversity Heritage Library.

 FAMILY II. ÆSHNIDES.

482. Cordulegaster

483. Gomphus

484. Anax

FAMILY III. AGRIONIDA.

485. Agrion

486. Lestes

487. Calepteryx.

.

486. GENUS CCCCLXXXVI. LESTES. Leach. 

Wings membranaceous, with an oblong quadrate stigma. Abdomen of the male armed with a forceps-like appendage.

Obs. We have three indigenous species. 

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Leach décrivait son genre Lestes ainsi : "ailes nervurées, avec des stigma longs et rectangulaires. L'abdomen des mâles est armé d'appendices en forme de forceps."

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II. ÉTUDE DU NOM.

 Le nom du genre Lestes vient du grec  λῃστής = "voleur, brigand, pirate". Pour D'Antonio et Vegliante, "Lestes - ληστησ , ον [sic= maraudeur . Fait allusion au comportement prédateur des espèces de ce genre"Pour H. Fliedner repris par  Endersby,  Il n'y a pas d'explication pour ce nom puisque tous les Odonates sont des prédateurs  [prédateur = autre sens du mot grec] (Fliedner 2009, Endersby 2012).

Leach n'accompagne ce nom, après la description, que de la mention "Obs. We have three indigenous species".

Néanmoins, seule l'espèce que Fabricius avait décrit en 1798 est antérieure à 1815, et il l'avait nommé Agrion barbara. Elle provient, comme l'indique Fabricius dans son Supplementum Entomologiae Systematicae (Agrion barbara ...Habitat in Barbaria Dom. Rehbinder [et, pour d'autres spécimens "Habitat in Algier", etc]) de la collection du baron Johann von Rehbinder (1751-1825), qui avait été consul du Danemark à Alger et avait écrit ses  Notices et remarques sur Alger, Altona 1798 Nachricten und Bemerkungen ûber den Algierischen Staat (von J.-Ad.-Frhn. von Rehbinder). Altona, Hammerich, 1798-1800 , 3 vol.  Il est donc possible de valider l'affirmation de l'Association Poitou-Charentes Nature : "Lestes (gr) = brigand, pirate ; barbarus (gr/lat) = barbare. Cette espèce a été décrite du nord-ouest de l’Afrique, région géographique où vivaient les Berbères et dénommée Barbarie ou Etats barbaresques jusqu’au début du XIXe siècle." Le nom de genre Lestes , "pirate" lui est donné par son espèce, Lestes barbarus, par référence aux pirates et corsaires barbaresques basés à Alger (cf la captivité de Cervantes).

J'ai un moment envisagé l'hypothèse séduisante que ce nom trouve son explication dans les "forceps-like appendage", les cerques des mâles recourbés en pinces ou en forceps, par assimilation du crochetage des femelles avec la technique d'abordage des pirates. Mais, outre le coté un peu farfelu de cette solution, on peut lui opposer le fait que ces tenailles ne soient pas caractéristiques du genre, puisqu'on les retrouve dans la description des "Calepteryx" de l'auteur.

En 1958, Paul-André Robert, auteur qui est à l'origine d'une majeure partie de nos noms vernaculaires publiés dans Les Libellules (Odonates), interprète mal la signification du genre Lestes en écrivant page 75 :

" Lestes = "leste" (d'après les anciens auteurs français). Synonyme Anapetes (Charpentier, 1825), "s'envoler rapidement".

"Ces deux noms s'appliquent très bien à ces insectes, qui se posent légèrement sur des objets bien dégagés, avec les pattes tendues, le corps obliques, les ailes à demi-ouvertes, semblant toujours prêts à s'envoler. Lorsqu'ils le font, la rapidité de leurs mouvements, leurs ailes transparentes et leur corps fin les font bien vite disparaître aux regards."


.

— Réception du genre : voir

http://addo.adu.org.za/pdf/Pinhey_1980_African_Lestidae.pdf

ou plutôt :

https://books.google.fr/books?id=JMR-HkoVtvAC&pg=PA109&lpg=PA109&dq=lestes+type-species+lestes+sponsa%22&source=bl&ots=RgdDtgMcMv&sig=qzRJhD3rzgQ9-BU_4Y0d_oU8g8c&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwj3v6GYpMjYAhUGJ1AKHW-SBW8Q6AEIZzAM#v=onepage&q=lestes%20type-species%20lestes%20sponsa%22&f=false

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ADDENDA L'article de Matti Hämäläinen et  Heinrich Fliedner en juin 2023.

 

Ces deux auteurs sont bien connus pour leurs travaux en zoonymie. Ils ont publiés en juin 2023 l'article suivant :

 "Why did William Elford Leach call a small damselfly a ‘pirate’? – Revisiting the etymology of the genus Lestes (Odonata: Lestidae)," Notulae odonatologicae 10(1), 8-16, (1 June 2023). https://doi.org/10.5281/nodo.v10i1.a2

Le résumé est le suivant :

"We present evidence supporting the widely accepted interpretation that the genus name Lestes Leach, 1815, is based on the Greek masculine word λῃστής [lēstēs] meaning ‘robber or pirate’. Comparison of Leach’s brief definition of Lestes with that of the genus Agrion Fabricius, 1775, from which the new genus was split, suggests that W.E. Leach selected the piratical name because the males of species in this genus are armed with pincer-shaped appendages; hence the name is an allusion to the edged weapons carried by pirates. The common view that the name was suggested by the voracious predatory behaviour of lestids, as well as the interpretation that the genus name is based on the French word leste [= nimble] are both rejected."

Dans celui-ci, ils  citent mon article et en examinent l'hypothèse zoonymique (ils n'emploient pas ce terme bien-sûr), qu'ils qualifient de tirée par les cheveux (rather fat-fetched), et qu'ils rejètent comme invalides pour "plusieurs" raisons.

La première est que dans les années 1810, il n'y avait pas de spécimens de Lestes barbarus disponibles à Leach dans les collections en Angleterre.

In the early 1810s there were no specimens of Lestes barbarus available for Leach in the collections in England. Selys (1846: 225) wrote of this species: "Not described by English authors". Even in the unlikely case that Leach recognized from Fabricius’ description (of the colour pattern) that Agrion barbara resembles a Lestes species, he could not have known the shape of its male appendages, since the description does not include any information on the appendages of the type specimen. It is not even possible to identify the sex from Fabricius’ brief description."

La description de Leach repose sur trois "espèces indigènes" et donc britanniques reconnues actuellement comme trois spécimens de Lestes sponsa. Et, les auteurs soulignent que chez cette espèce, les appendices supérieurs du mâle portent des épines intérieures acérées, donnant l'impression que les appendices en forme de pince sont "semblables à une arme". Mais Leach écrit , tant pour son genre Agrion que pour celui de Lestes , que les collections du British Museum possèdent plusieurs spécimens de ces genres "We have of this  genus several indigenous species" ,"We have three indigenous species", ce qui ne veut nullement dire qu'il ne connait pas les spécimens des autres collections.

Les auteurs écartent ensuite l'hypothèse des nombreux auteurs anglosaxons qui voient dans le nom Lestes (voleur, pirate) une description des mœurs voraces de ce genre, car il est pour eux "peu probable" que Leach, bien qu'il ait été très tôt un collectionneur d'insectes, et notamment de libellules en Ecosse, ait pu avoir une appréciation du comportement des Lestes suffisante pour la qualifier par ce nom de genre.

Ils ajoutent que la comparaison des appendices des mâles Lestes avec des armes a été plus tard remarquée par deux auteurs, Hansemann et Charpentier :

"Our ‘pirate armed with forceps-like appendages’ hypothesis as the base of the name Lestes may be supported by the fact that two other early 19th century authors also considered male appendages as ‘weapons’ of some kind. In the original description of Agrion [= Lestes] sponsa, Hansemann (1823: 159-160) wrote (translated from German) as follows: »If this species wanted to mix [= copulate] with the above [= females of various species of Coenagrionidae], which never occurs, the sharp pincers on the male abdomen would prevent it.« Charpentier (1840: 164) gave the species epithet armatum [= armed] for his new species Agrion [= Coenagrion] armatum from Lüneburg (Germany), as reference to the exceptionally long inferior appendages of the male: »appendicibus caudalibus inferioribus magnis, compressis, latis [with large, flat, broad inferior appendages]"

.

Discussion.

L'hypothèse envisagée par Matti Hämäläinen et  Heinrich Fliedner reprend celle que j'avais évoquée en 2018 en la qualifiant de séduisante (cf supra) :"J'ai un moment envisagé l'hypothèse séduisante que ce nom trouve son explication dans les "forceps-like appendage", les cerques des mâles recourbés en pinces ou en forceps, par assimilation du crochetage des femelles avec la technique d'abordage des pirates. "

Mais dans leur texte, ils ne comparent par les appendices à des crochets ou grappins d'abordage, mais à des armes, qualifiés de "coutelas" 

"Since in former times pirates were usually armed with edged weapons, such as cutlasses [short, slightly curved swords], we believe that Lestes males being ‘armed’ with forceps-like superior appendages (Fig. 2) inspired Leach to give them an epithet referring to pirates or armed robbers."

Cela rend la démonstration moins convaincante, car aucun coutelas, fut-ce de pirate, n'a une forme de "forceps" (pour reprendre le terme de la description originale de Leach). Cet accessoire d'obstetrique se compose de deux cuillères articulées en pince. La comparaison de Leach avec les cerques des Lestes est tout à fait convaincante, mais celle de Hämäläinen et Fliedner avec une arme de pirate ne l'est pas.

Le Gomphe à forceps avait déjà inciter Linné à utiliser cette image dans sa dénomination de 1758.

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Forceps des Chamberlen, retrouvés en 1813.

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Les appendices supérieurs mâles de Lestes sponsa. Dessin de H.A. Hagen, publié dans Selys & Hagen (1850).

 

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Gravure du pirate anglais Barbenoire dans A General History of the Pyrates de 1724

 

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Au total, s'il pouvait être démontré que Leach n'a pas parcouru les collections européennes et n'a pu examiner les spécimens de la collection de Fabricius, et qu'il ignorait les caractères de l'Agrion barbara de Fabricius 1798 qui le classent désormais comme un Lestes (ses ailes transparentes, ses longs ptérostigmas rectangulaires et ses appendices anaux en pinces), cela affaiblirait l'explication que j'ai suggéré.

En tout cas, il est établi que l'action de William Elford Leach au British Museum a été de diffuser Outre-Manche les idées nouvelles de classification des naturalistes français ou continentaux, avec lesquels il échangea une riche correspondance.  Or, à partir de 1790, Fabricius séjourne tous les étés à Paris et devient ainsi l'ami de Pierre André Latreille (1762-1833). Son intérêt pour Paris est en partie dû aux portes que lui ouvrent des savants français, et aux collections qu'ils lui font voir. 

 

N.B Une collection nommée "Fabricius 1793" est conservée au Musée-aquarium de Nancy, inv. 8357, avec un spécimen de L. sponsa étiqueté postérieurement. 

Néanmoins, cela ne justifierait pas la thèse qui explique le nom Lestes comme étant inspiré à Leach par la forme des appendices en forme de forceps, car les pirates n'utilisent pas d'armes en forme de cuillère articulé en pinces. En outre, le choix d'un nom de genre met l'accent sur un caractère distinctif de ce genre, or Leach signale que les mâles de son genre Calepteryx possède également a forceps-like appendage. Le fait qu'il écrive "armed with a forceps-like appendage" pour les Lestes et " furnished with a forceps-like appendage" pour les Calepteryx ne peut valoir comme argument distinctif.

En réalité, si on considère la classification de la famille Agrionida de Leach, nous constatons qu'il distingue ses trois genres par les caractères des ailes, et non par leurs appendices : d'abord par la transparence (Agrion et Lestes) ou au contraire la couleur fauve —coriaceo—  des ailes,  puis  la forme des ptérostigmas,  rhomboïdale pour les Agrions, rectangulaire pour les Lestes, remplacés par une tache opaque irrégulière pour Calepteryx. La présence des appendices en forceps oppose les deux derniers genres au premier. Par conséquent, si Leach avait choisi ses deux  noms de genre (Agrion existant déjà depuis Latreille) en fonction d'un caractère morphologique propre, il n'aurait surement pas choisi le seul caractère qu'ils ont en commun.

Je considère donc que la proposition zoonymique de Hämäläinen et  Fliedner  n'est pas entièrement convaincante. 

On sait que la nomenclature de Leach était souvent personnelle - il nomma dix-neuf espèces et un genre d' après son employé et ami John Cranch , décédé lors de la collecte des espèces en Afrique lors de l'expédition du HMS Congo . Il a nommé neuf genres d'après une femme inconnue appelée Caroline, en utilisant des anagrammes de ce nom et la forme latinisée Carolina, par exemple : Cirolana , Conilera et Rocinela .  Ceux-ci incluent le crustacé isopode marin Cirolana cranchi qu'il a nommé en 1818 d'après Caroline et Cranch.  Le nom de genre Lestes peut-il être entièrement élucidé, ou bien nos travaux de zoonymies doivent-ils continuer à louvoyer par essais et erreurs autour de la vérité ?

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LA RÉPONSE DE MATTI HÄMÄLÄINEN.

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COURRIEL du 16 juin

Dear Mr Cordier,

 

From the immediate additions to your blog at

https://www.lavieb-aile.com/2018/01/zoonymie-des-odonates.le-nom-de-genre-lestes-leach-1815.html

I see that you were unconvinced by our paper on the etymology of the name Lestes. Firstly, I must emphasize that for the text which refers to your ‘Algerian Barbary pirates’ theory (which we dared to call ‘invalid’), you can blame me, and not Heinrich Fliedner.

In the ‘ATTENDA’ you write: > Au total, s'il pouvait être démontré que Leach n'a pas parcouru les collections européennes et n'a pu examiner les spécimens de la collection de Fabricius, et qu'il ignorait les caractères de l'Agrion barbarade Fabricius 1798 qui le classent désormais comme un Lestes (ses ailes transparentes, ses longs ptérostigmas rectangulaires et ses appendices anaux en pinces), cela affaiblirait l'explication que j'ai suggéré. < Here is some information which, in my opinion, greatly ‘weakens’ your theory.

According to the voluminous publication on the type material of Fabricius by Ella Zimsen (1964, p. 623)

https://archive.org/details/typematerialofic0000zims

there is only one type specimen of Agrion barbara, and it is preserved in the Zoological Museum in Kiel. Zimsen did not specify whether the holotype is a male or female. Neither can this be concluded from the original description (see attached, the Latin text was translated by Heinrich Fliedner). Later, all Fabrician odonate types have been transferred from Kiel to Copenhagen. The local museum curator informed me that the single type specimen (holotype) is a male with abdomen tip (including appendages) missing.

The detailed book on Leach’s life and scientific legacy by Harrison & Smith (2008) does not provide any information suggesting that Leach ever visited Kiel or Copenhagen. The information on his travels is quite extensive and nowhere is it suggested he ever visited Germany, although he was in contact with several scientists and a member of several German societies.

According to this source:

https://books.google.fi/books?id=TgUNAAAAIAAJ&pg=PA147&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false

Leach’s first visit to France took place in 1815, followed by new visits in 1817 and 1818 . An earlier visit there was not possible due to the Napoleonic wars. There is no information in this source, or in Harrison & Smith, that he had visited any other foreign country before 1815.

In summary, it can be concluded that Leach never saw the holotype of Agrion barbara in Kiel.

- Since Leach did not visit any foreign museums while he was working on the manuscript defining the new odonate genera (or before that), he did not have an opportunity to study any other ‘Agrion barbara’ specimens. As stated by de Selys Longchamps (1846), no specimens of this species were in the collections in Britain. Actually, during Leach’s life-time, besides the holotype, there were no other lestid specimens identified as ‘barbara’ in any museums in the world. The few Lestes barbarus specimens (as known at present), collected in Europe in 1820s (or before), had been described or identified with different species names in the genus Agrion.

- When Leach introduced the name Lestes, he could not know (from Fabricius’ original description), how the male anal appendages of ‘Agrion barbara’ looked. [I admit that, in theory, if Leach had seen a male specimen of Lestes barbarus in some collection, he might have been able to recognize it as the same species as Fabricius’ barbara, because the colour pattern and the bicolorous pterostigma matches the original description. However, this did not happen.]

Even if Leach had known that there exists a Lestes species called barbara, collected in Algeria, I find it most unlikely that he would have named his new genus based on the reason that there were Barbary pirates in the same area. Since, all other Leach’s new genus names for odonates refer to morphological characters, why would this name be an exception? If it was, then one would expect that, instead of merely writing “There are three indigenous [= British] species”, Leach would have added some words on the existence of the species Lestes barbarus known from ‘Barbaria’.

 

In your critique you wrote:

> Mais dans leur texte, ils ne comparent par les appendices à des crochets ou grappins d'abordage, mais à des armes, qualifiés de "coutelas" < > "Since in former times pirates were usually armed with edged weapons, such as cutlasses [short, slightly curved swords], we believe that Lestes males being 'armed' with forceps-like superior appendages (Fig. 2) inspired Leach to give them an epithet referring to pirates or armed robbers." Cela rend la démonstration moins convaincante, car aucun coutelas, fut-ce de pirate,
n'a une forme de "forceps" (pour reprendre le terme de la description originale de Leach).
Cet accessoire d'obstetrique se compose de deux cuillères articulées en pince.
La comparaison de Leach avec les cerques des Lestes est tout à fait convaincante,
mais celle de Hämäläinen et Fliedner avec une arme de pirate ne l'est pas. <
>
Je considère donc que la proposition zoonymique de Hämäläinen et Fliedner n'est pas 
valide.<

 

Obviously, we could have written somewhat differently and with more details. While comparing the superior appendages with a cutlass, we referred to the general shape and structure of an individual (left or right) superior appendage of Lestes sponsa, not to the whole pincer-like ‘set’ at the abdomen tip. As seen from the attached image, (which we perhaps should have included, together with illustrations of a few different types of cutlasses), the curved shape of the superior appendage with sharp edges, gives (only with some imagination, of course) an impression of a sharp weapon resembling a curved cutlass (the shape and structure of which was rather variable) or an executioner’s axe. Of course, we did not mean to suggest that the shape of the appendage was exactly identical with pirate’s armature. Anyway, since the editor and three reviewers (all odonatologists) had no problems to understand our meaning, I presume, and sincerely hope, that other readers will do likewise.

Anyway, let the other odonatologists decide which one of these two ‘pirate’ theories they will keep more likely,
 or whether they prefer to stick to the old ‘voracious behaviour’ theory. 

Yours sincerely,
Matti Hämäläinen

 

 

Cher Monsieur Cordier,


Des ajouts immédiats à votre blog à

https://www.lavieb-aile.com/2018/01/zoonymie-des-odonates.le-nom-de-genre-lestes-leach-1815.html
Je vois que vous n'étiez pas convaincu par notre article sur l'étymologie du nom Lestes. Premièrement, je dois souligner que pour le texte qui fait référence à votre théorie des "pirates barbaresques algériens" (que nous avons osé appeler "invalide"), vous pouvez m'en vouloir, et non Heinrich Fliedner.

Dans l''ADDENDA' vous écrivez:

> Au total, s'il pouvait être démontré que Leach n'a pas parcouru les collections européennes et n'a pu examiner les spécimens de la collection de Fabricius, et qu'il ignorait les caractères de l'Agrion barbarade Fabricius 1798 qui le classer désormais comme un Lestes (ses ailes transparentes, ses longs ptérostigmas rectangulaires et ses appendices anaux en pinces), cela affaiblirait l'explication que j'ai suggéré. <


Voici quelques informations qui, à mon sens, « affaiblissent » grandement votre théorie.


Selon la volumineuse publication sur le matériel type de Fabricius par Ella Zimsen (1964, p. 623)

https://archive.org/details/typematerialofic0000zims
il n'y a qu'un seul spécimen type d'Agrion barbara, et il est conservé au Musée zoologique de Kiel. Zimsen n'a pas précisé si l'holotype est un mâle ou une femelle. Cela ne peut pas non plus être conclu à partir de la description originale (voir ci-joint, le texte latin a été traduit par Heinrich Fliedner). Plus tard, tous les types d'odonates de Fabricius ont été transférés de Kiel à Copenhague. Le conservateur du musée local m'a informé que le spécimen type unique (holotype) est un mâle avec la pointe de l'abdomen (y compris les appendices) manquante.


Le livre détaillé sur la vie et l'héritage scientifique de Leach par Harrison & Smith (2008) ne fournit aucune information suggérant que Leach ait jamais visité Kiel ou Copenhague. Les informations sur ses voyages sont assez détaillées et nulle part il n'est suggéré qu'il ait jamais visité l'Allemagne, bien qu'il ait été en contact avec plusieurs scientifiques et membre de plusieurs sociétés allemandes.

Selon cette source :
https://books.google.fi/books?id=TgUNAAAAIAAJ&pg=PA147&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false

La première visite de Leach en France eut lieu en 1815, suivie de nouvelles visites en 1817 et 1818. Une visite antérieure n'était pas possible en raison des guerres napoléoniennes. Il n'y a aucune information dans cette source, ou dans Harrison & Smith, qu'il ait visité un autre pays étranger avant 1815.


En résumé, on peut conclure que

- Leach n'a jamais vu l'holotype d'Agrion barbara à Kiel.


- Comme Leach n'a visité aucun musée étranger pendant qu'il travaillait sur le manuscrit définissant les nouveaux genres d'odonates (ou avant), il n'a pas eu l'occasion d'étudier d'autres spécimens d''Agrion barbara'. Comme l'a déclaré de Selys Longchamps (1846), aucun spécimen de cette espèce ne figurait dans les collections en Grande-Bretagne. En fait, du vivant de Leach, à part l'holotype, il n'y avait aucun autre spécimen lestide identifié comme "barbara" dans aucun musée du monde. Les quelques spécimens de Lestes barbarus (tels que connus à l'heure actuelle), collectés en Europe dans les années 1820 (ou avant), avaient été décrits ou identifiés avec différents noms d'espèces dans le genre Agrion.


- Lorsque Leach a introduit le nom de Lestes, il ne pouvait pas savoir (d'après la description originale de Fabricius), à quoi ressemblaient les appendices anaux mâles de 'Agrion barbara'. [J'admets qu'en théorie, si Leach avait vu un spécimen mâle de Lestes barbarus dans une collection, il aurait pu le reconnaître comme la même espèce que la barbara de Fabricius, car le motif de couleur et le ptérostigma bicolore correspondent à l'original description. Cependant, cela ne s'est pas produit.]


Même si Leach avait su qu'il existe une espèce Lestes appelée barbara, collectée en Algérie, je trouve très peu probable qu'il aurait nommé son nouveau genre en se basant sur la raison qu'il y avait des pirates barbaresques dans la même zone. Puisque tous les autres nouveaux noms de genre de Leach pour les odonates font référence à des caractères morphologiques, pourquoi ce nom serait-il une exception ? Si c'était le cas, alors on s'attendrait à ce qu'au lieu d'écrire simplement "Il y a trois espèces indigènes [= britanniques]", Leach aurait ajouté quelques mots sur l'existence de l'espèce Lestes barbarus connue de "Barbaria".


Dans votre critique, vous avez écrit : > Mais dans leur texte, ils ne se comparent pas par les annexes à des crochets ou grappins d'abordage, mais à des armes, qualifiés de "coutelas" <
> "Puisque autrefois les pirates étaient généralement armés d'armes blanches, comme des coutelas
[épées courtes et légèrement incurvées], nous pensons que les mâles Lestes étant « armés » de forceps appendices supérieurs (Fig. 2) ont inspiré Leach à leur donner une épithète faisant référence aux pirates ou voleurs à main armée." Cela rend la démonstration la moins convaincante, car aucun coutelas,
fut-ce de pirate, n'a une forme de "forceps" (pour reprendre le terme de la description originale
de Leach). Cet accessoire d'obstétrique se compose de deux cuillères articulées en pince.
La comparaison de Leach avec les cerques des Lestes est tout à fait convai

Dans votre critique, vous avez écrit :

> Mais dans leur texte, ils ne se comparent pas par les annexes à des crochets ou grappins d'abordage, mais à des armes, qualifiés de "coutelas" <

> "Puisque autrefois les pirates étaient généralement armés d'armes blanches, comme des coutelas
[épées courtes et légèrement incurvées], nous pensons que les mâles Lestes étant « armés » de forceps appendices supérieurs (Fig. 2) ont inspiré Leach à leur donner une épithète faisant référence aux pirates ou voleurs à main armée." Cela rend la démonstration la moins convaincante, car aucun coutelas, fut-ce de pirate, n'a une forme de "forceps" (pour reprendre le terme de la description originale de Leach). Cet accessoire d'obstétrique se compose de deux cuillères articulées en pince.
La comparaison de Leach avec les cerques des Lestes est tout à fait avérée, mais celle-là
de Hämäläinen et Fliedner avec une arme de pirate ne l'est pas. <
> Je considère donc que la proposition zoonymique de Hämäläinen et Fliedner n'est pas valide.<


Évidemment, nous aurions pu écrire un peu différemment et avec plus de détails. En comparant les appendices supérieurs avec un coutelas, nous nous sommes référés à la forme générale et à la structure d'un appendice supérieur individuel (gauche ou droit) de Lestes sponsa, et non à l'ensemble en forme de pince à l'extrémité de l'abdomen. Comme on le voit sur l'image ci-jointe (que nous aurions peut-être dû inclure, ainsi que des illustrations de quelques types différents de coutelas), la forme incurvée de l'appendice supérieur avec des arêtes vives, donne (seulement avec un peu d'imagination, bien sûr) une impression d'une arme tranchante ressemblant à un coutelas courbe (dont la forme et la structure étaient assez variables) ou à une hache de bourreau. Bien sûr, nous ne voulions pas suggérer que la forme de l'appendice était exactement identique à celle de l'armature du pirate. Quoi qu'il en soit, puisque l'éditeur et les trois relecteurs (tous odonatologues) n'ont eu aucun problème à comprendre notre sens, je présume, et j'espère sincèrement, que d'autres lecteurs feront de même.

Quoi qu'il en soit, laissons les autres odonatologues décider laquelle de ces deux théories "pirates" ils vont garder plus probable, ou s'ils préfèrent s'en tenir à la vieille théorie du « comportement vorace ».

Cordialement,
Matti Hämäläinen

 

Ma réponse le 16 juin

 

Bonjour Monsieur,

j'apprécie beaucoup la qualité de votre réponse, qui engage, pour la première fois, un vrai débat sur le fond. Les arguments que vous fournissez sur la localisation du spécimen type de L. barbarus et sur les déplacements de Leach en Europe sont tout à fait convaincants et sont ceux qui me manquaient. Je reconnais la force de votre critique de mon hypothèse, sans abandonner totalement celle-ci.

Je reste sceptique néanmoins sur votre propre proposition 1°) parce que si Leach veut caractériser son genre en le nommant, il devrait éviter de choisir un qualificatif renvoyant aux appendices propres aux Lestes mais aussi aux Calepteryx, 2°) parce que malgré vos nouveaux et nécessaires arguments, ces appendices ne ressemblent nullement à des armes de pirates, ni à mes yeux, ni à ceux de Leach qui les comparent à des forceps.

 Ce qui est certain pour moi, c'est que dans une discipline aussi peu développée que la zoonymie, nous devrions accueillir les propositions des auteurs et prendre contact avec eux avant  de les critiquer par des formules définitives, — ou de pointer leurs fautes d'orthographe— et que c'est en échangeant respectueusement nos arguments que nous enrichirons les connaissances. C'est précisément le cas avec votre courtoise réponse et je vous en remercie. J'espère au moins que nous aurons contribué ensemble à remettre en cause  the old "voracious behaviour" theory encore bien présente.

M'autorisez-vous à la reproduire dans mon article ?

Je dois dire aussi que je n'imaginais pas que la seule réaction des entomologistes à l'ensemble de mes travaux sur l'histoire des noms des Lépidoptères et des Odonates depuis plus de 10 ans soit une critique.

https://www.lavieb-aile.com/2019/02/zoonymie-des-odonates-liste-des-articles-1.generalites-2.les-anisopteres.html

https://www.lavieb-aile.com/2015/11/zoonymie-origine-du-nom-des-papillons-diurnes-de-bretagne.html

En toute sympathie,

Jean-Yves Cordier

 

La reponse de M. HÄMÄLÄINEN le même jour :

Dear Mr Cordier,

Thank you for your kind response.  Please, feel free to refer to the contents of my email, if you modify your blog article. 

>parce que si Leach veut caractériser son genre en le nommant, il devrait éviter de choisir un qualificatif renvoyant aux appendices propres aux Lestes mais aussi aux Calepteryx<

Yes, both Lestes sponsa and Calopteryx virgo/splendens have forceps-like appendages, but only in L. sponsa are the superiors furnished with sharp extensions, which make them look more 'weapon-like'. 

One more detail concerning Leach's travels. According to Harrison & Smith, his first visit to France took place in October 1815.

With kind regards,

Matti Hämäläinen

 

Traduction : Merci pour votre aimable réponse. S'il vous plaît, n'hésitez pas à vous référer au contenu de mon e-mail, si vous modifiez votre article de blog.

>parce que si Leach veut caractérisé son genre en le nommant, il devrait éviter de choisir un qualificatif renvoyant aux annexes propres aux Lestes mais aussi aux Calepteryx<


Oui, Lestes sponsa et Calopteryx virgo/splendens ont tous deux des appendices en forme de forceps, mais ce n'est que chez L. sponsa que les supérieurs sont munis d'extensions pointues, ce qui les fait ressembler davantage à des «armes».

Un détail de plus concernant les voyages de Leach. Selon Harrison & Smith, sa première visite en France eut lieu en octobre 1815.

Cordialement,
Matti Hämäläinen

 

 

 

Traduction : Merci pour votre aimable réponse. S'il vous plaît, n'hésitez pas à vous référer au contenu de mon e-mail, si vous modifiez votre article de blog.

>parce que si Leach veut caractérisé son genre en le nommant, il devrait éviter de choisir un qualificatif renvoyant aux annexes propres aux Lestes mais aussi aux Calepteryx<

Oui, Lestes sponsa et Calopteryx virgo/splendens ont tous deux des appendices en forme de forceps, mais ce n'est que chez L. sponsa que les supérieurs sont munis d'extensions pointues, ce qui les fait ressembler davantage à des «armes».
Un détail de plus concernant les voyages de Leach. Selon Harrison & Smith, sa première visite en France eut lieu en octobre 1815.
Cordialement,
Matti Hämäläinen

.

Au total, j'admets que mon hypothèse est affaiblie au regard de cette brillante et solide argumentation par M. Hämämäilen du fait que Leach ne connaissait pas l'espèce A. barbarus de Fabricius. Je le félicite et le remercie des précisions apportées, et je suis convaincu qu'en matière de zoonymie, une collaboration entre auteurs ne peut être que très fructueuse. Je modifie mon "résumé".

 

 

 

 

— GRAND (Daniel), BOUDOT (Jean-Pierre), 2006 Les Libellules de France, Belgique et Luxembourg. Collection Parthénope, Biotope 479 pages

https://books.google.fr/books?id=cYwSCwAAQBAJ&dq=inauthor:%22Daniel+Grand%22&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

— LEACH , W.E. (1815). "Entomology". In Brewster, David. Edinburgh Encyclopaedia. Vol. 9. Edinburgh: William Blackwood. pp. 57–172 [137] (in 1830 edition) – 

https://www.biodiversitylibrary.org/page/17493627#page/145/mode/1up

 

— PRÉCIGOUT (Laurent), PRUD'HOMME (Eric), 2009, Libellules de Poitou-Charentes, Ed. Poitou-Charentes Nature, 255 pages, 

— NATIONAL HISTORY MUSEUM

http://www.nhm.ac.uk/our-science/data/uk-species/species/calopteryx_splendens.html

 — SELYS-LONGCHAMPS ( Michel Edmond, Baron de) 1840, Monographie des libellulidées d'Europe, Roret, 220 pages.

https://books.google.fr/books?id=8aBIt4TdIM0C&dq=AEschna&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

.

OUTILS ZOONYMIE.

— LSJ Site de traduction grec/anglais Liddell  Scott Jones

https://lsj.translatum.gr/wiki/Main_Page

https://lsj.translatum.gr/wiki/LSJ:GreekEnglishLexicon

 

ANTONIO (Costantino D’), VEGLIANTE (Francesca ) "Derivatio nominis libellularum europæarum"(PDF) (en Italien) Étymologie de 197 noms de Libellules européennes.

https://www.researchgate.net/publication/316791278_Derivatio_nominis_libellularum_europaearum

— ENDERSBY (IAN D. ), 2012,  : Watson and Theischinger: the etymology of the dragonfly (Insecta: Odonata) names which they published  Journal and Proceedings of the Royal Society of New South Wales, vol. 145, nos. 443 & 444, pp. 34-53. ISSN 0035-9173/12/010034-20 34

https://royalsoc.org.au/images/pdf/journal/145_Endersby.pdf

— ENDERSBY (IAN D., FRS ), 2012, Etymology of the Dragonflies (Insecta: Odonata) named by R.J. Tillyard, F.R.S. Proceedings of the Linnean Society of New South Wales 134, 1-16.

https://openjournals.library.sydney.edu.au/index.php/LIN/article/viewFile/5941/6519

— ENDERSBY (IAN D., FRS ), 2012, The Naming of Victoria’s Dragonflies (Insecta: Odonata,  Proceedings of the Royal Society of Victoria 123(3): 155-178. 

https://www.academia.edu/28354624/The_Naming_of_Victoria_s_Dragonflies_Insecta_Odonata_

— ENDERSBY (IAN D. ), 2015, The naming's of Australia's dragonflies.

https://www.researchgate.net/publication/283318421_The_Naming_of_Australia%27s_Dragonflies

 http://dominique.mouchene.free.fr/libs/docs/GENE_origine_noms_odonates_Australie_Endersby_2015.pdf

— FLIEDNER (Heinrich), 2009, Die wissenschaftlichen Namen der Libellen in Burmeisters ‘Handbuch der Entomologie’ Virgo 9[5-23]

http://www.entomologie-mv.de/download/virgo-9/Virgo%200902%20Die%20wissenschaftlichen%20Namen%20der%20Libellen%20in%20Burmeisters.pdf

 

— FLIEDNER (Heinrich),  MARTENS (Andreas ), 2008, The meaning of the scientific names of Seychelles dragonflies (Odonata) , Phelsuma 16 (2008); 49-57

https://www.researchgate.net/publication/228819379_The_meaning_of_the_scientific_names_of_Seychelles_dragonflies_Odonata [accessed Jan 04 2018].

 

 

— POITOU-CHARENTE NATURE (Association)

http://www.poitou-charentes-nature.asso.fr/cordulie-bronzee/

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Odonates

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  • : Le blog de jean-yves cordier
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