Zoonymie pré-linnéenne des Odonates : origine du nom de genre Libellula, Linnaeus, 1758.
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Zoonymie des Odonates : voir
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Zoonymie des papillons : la Faune populaire d'Eugène Rolland en 1911.
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Sur le nom de genre des Zygènes, Zygaena . Les squales et les papillons.
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Zoonymie II : Histoire des Noms de Papillons :
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Onomastique des papillons de James Petiver. (1695-1703)
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Histoire des noms français de papillon I : Etienne Louis Geoffroy (1762)
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Histoire des noms français de papillon II ; Jacques Louis Engramelle. (1779)
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Histoire des noms français de papillon III : J.B. Godart. (1821)
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Histoire des noms vernaculaires de papillon : en 1912 avec Oberthür.
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Noms des Papillons diurnes (rhopalocères) créés par Linné dans le Systema Naturae de 1758.
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Les papillons décrits par Aldrovandi en 1602. Étude des noms propres.
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Frontispices et épigraphes en Entomologie (Lépidoptères) au XVIIIe siècle.
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La bibliographie des mes zoonymies des rhopalocères.
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Sur les libellules.
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La Cordulie bronzée Cordulia aenea et la libellule fauve Libellula fulva à Crozon
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Les éphémères, le Gomphe joli, la Libellule déprimée et les Ischnures.
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Résumé :
— Libellula Linnaeus, 1758, Syst. nat. :543 , est le nom créé par Linné pour désigner les Odonates. C'est un diminutif de Libella, nom latin qui désigna d'abord dans les temps anciens et médiévaux le « niveau », un instrument des charpentiers en forme de T. Ce nom avait été choisi par le naturaliste français Guillaume Rondelet en 1554 pour nommer le requin-marteau (libella marina « niveau marin ») en raison de la similitude de la forme en T de la ligne des yeux excentrés. Rondelet repris en 1555 ce nom pour désigner par libella fluviatilis, « niveau des cours d'eau » les larves des zygoptères dont les yeux sont également déportés latéralement. A partir de Thomas Moffet en 1634, les naturalistes ont étendu l'usage de Libella à tous les Odonates adultes.
Linné a utilisé la première fois Libellula dès la première édition du Systema naturae (Leyde, 1735), en donnant comme synonyme « Perla » (Aldrovandi 1602) et « Virguncula ». Ce dernier nom, « petite vierge », suggère que Linné a créé une forme diminutive de Libella sur les modèles virgo /virguncula, puella/puellula, "fillette, demoiselle" et à travers eux domina/domnicella "Demoiselle" par condensation et contamination de l'image métaphorique des noms vernaculaires comparant ces insectes à des jeunes filles (français) ou des fées malicieuses (anglais ou allemand).
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Chaque mot est une aventure, chaque mot a une vie, chaque mot est un récit, si nous voulons bien lui donner la parole. Aujourd'hui, notre beau nom de Libellule.
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I. CARL LINNÉ DE 1758 ... à 1736.
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Nomina si nescis, perit cognitio rerum "la connaissance des choses périt par l'ignorance du nom."
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En 1758, Linné créa, dans sa 10ème édition du Systema naturae, la première nomenclature scientifique des animaux. Il a regroupé les espèces, que nous regrouperons ensuite sous le nom d'Odonates avec Fabricius, sous celui de Libellula, et a décrit 18 espèces.
Il est donc l'inventeur de ce nom de Libellula, qu'il avait déjà introduit dans sa Fauna suecica (Faune de Suède) de 1746. Il sera traduit en français en "libellule" en 1792 par Guillaume-Antoine Olivier, ami de Fabricius, dans l'Histoire Naturelle des Insectes t. VII (Encyclopédie méthodique des Insectes T. Panckoucke) page 555.
https://www.biodiversitylibrary.org/item/32568#page/563/mode/1up
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Avant l'introduction du nom Libellula par Linné, les auteurs italiens employaient le terme "Perla" (Aldrovandi 1602), les auteurs germaniques les termes de "Wasserjungfern“, "Schleifer“ "Augenstecher“, les auteurs français celui de "Libella" puis de "Demoiselle" (Réaumur, 1738) et les auteurs anglais ceux de "Libella", (Mouffet, 1634) ou de "Dragon-fly" (Ray, 1710). On ignore quasiment tout de la façon du terme dont usait l'homme de la rue (ou des champs), et même s'il en usait ; peut-être employait-il des périphrases, ou les montraient-ils du doigt, peut-être s'en moquait-il ; car on ignore souvent ce qui ne porte pas de nom.
Ce nouveau terme de Libellula dérivait, comme nous allons le voir, de Libella, "niveau" utilisé par les naturalistes du XVIIe (Belon 1551, Salviani 1554, Rondelet 1554, Gessner 1558, Mouffet 1634, Ray 1710), et je le retrouve d'abord sous la plume de Linné en 1743 dans un texte nommé Elenchus animalium per Sueciam observatorum et publié avec l' Oratio de necessitate peregrinationum intra patriam page 77. Dans ce "Discours sur la nécessité de voyage en son propre pays", Charles Linné énumère 14 types (j'hésite à prononcer le terme d'"espèce", mais il faut s'y résoudre pour être clair) de libellules, dont 13 sont en fait copiées sur l'Historia insectorum (1710) de John Ray.
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Elles ne sont pas nommées, mais décrites par une diagnose, une phrase descriptive en latin, et 12 reprennent le terme "libella" de l'auteur anglais. Deux (pourquoi ?) intègrent le terme libellula à la place de libella. Dont la seule qui ne soit pas accompagnée de cette référence à John Ray, la Libellula alis argenteis, cauda forcipata qui deviendra en 1758 L. forcipata, qui deviendra notre Onychogomphus forcipatus, une grosse bête qui n'a aucune raison d'être qualifiée d'un diminutif -ulla par rapport aux autres libella.
Comme l'Oratio de 1743 était en fait la re-publication de l' Animalia per Sveciam observata de Linné, qui fut d'abord publié dans les Acta literaria Sueciae, vol. 4 Uppsala 1736 , il est passionnant d'aller retrouver cette publication afin de savoir si l'on pouvait reculer à cette date l'acte de naissance de ce zoonyme. Et oui ! La liste est strictement identique entre les deux publications.
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De plus, je lis dans le texte introductif "Insecta vero fuere summæ meæ deliciae, in his arsit mea juventus. upsàliae degens ab anno 1728 ad 1734 horas vacuas hisce animalibus indagandis, contemplandis describendis impendi", [Les insectes, cependant, ont fait le comble de mes délices dans l'ardeur de mes jeunes années. Je séjournais à Uppsala [à l'université pour ses études de médecine] de 1728 à 1734, où j'occupais mes temps libres à suivre la piste de ces animaux, à les contempler et à les décrire]. On le croira d'autant plus que dans le Fauna suecica de 1761, on trouve 1691 espèces d'insectes, pour 575 autres animaux (53 mammifères, 221 oiseaux, 77 poissons, etc.)
Il resterait à vérifier que pour la deuxième espèce à porter ce terme de Libellula, sa n°8 de sa liste, Libellula alis argenteis, duplici puncto marginali qui se réfère à John Ray, Ins. page 49 n°3, l'auteur britannique n'a pas utilisé le mot en question. Un click, et la réponse est : non.
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Conclusion provisoire.
Notre joli nom de libellule est très récent, il est né à Stockholm sous la forme latine libellula sous la plume de Charles Linné, père de tous les noms d'animaux, en 1758 pour désigner d'un nom générique les 18 espèces de libella alors connues, mais il reprenait un terme qu'il avait déjà employé dès 1736 pour désigner deux espèces observées dans la région d'Uppsala (Suède) et les différencier de 12 autres libella. Le suffixe latin -ulus étant un diminutif, mais les deux espèces n'étant pas plus petites que les autres, a-t-il fait un lapsus calami qu'il n'aurait pas corrigé ensuite? C'est mal le connaître. A-t-il été attendri par ces petites créatures pour leur attribuer ce diminutif touchant ? Ce serait le premier exemple d'effusion sentimentale de notre descendant de pasteurs luthériens. Donc, mystère, mais coup de génie pour notre langue.
L'ironie de l'histoire est que les suédois n'aient pas repris la création lexicale de leur compatriote : ils nomment les libellules Trollslända, trollsländor "fuseau de Troll", un peu comme les Allemands qui les nommaient Teufelsnadel, "aiguille du diable". Les Troll se servaient de ces demoiselles pour coudre la paupière des gens pendant leur sommeil.
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Où j'approfondis ma recherche.
Sur la suggestion d'un commentaire de Cyrille Deliry en décembre 2108, je reprends mes plongées dans les eaux profondes des textes et je découvre que Linné avait déjà utilisé Libellula dans la première édition du Systema naturae de 1735, publiée à Leyde ("Lugdunum Batavorum") :
https://www.biodiversitylibrary.org/item/15373#page/13/mode/1up
Le nom est accompagné de deux noms latin, "Perla" (Aldrovandi 1602) mais aussi "virguncula". Ce dernier formé de virgo "vierge" et de -cula, et dont le synonyme est puellula , diminutif de puella "jeune fille" peut être considéré comme la traduction de "Demoiselle".
C'est un argument de poids pour penser que Linné s'est inspiré de ces diminutifs virgo /virguncula, puella/puellula, "fillette, demoiselle" et à travers eux domina/domnicella "Demoiselle" pour former un diminutif de libella "niveau" évoquant la comparaison établie, en langue vernaculaire, entre cette classe d'insecte et les jeunes filles. Selon un procédé qui échappe à la rigueur de la construction grammaticale ou philologique pour s'apparenter à la "condensation" dans le travail du rêve :
La « condensation » est le fait que plusieurs représentations s'amalgament et n'en font plus qu'une. Ainsi, un seul élément du rêve manifeste peut recouvrir plusieurs pensées latentes du rêve : « la condensation s'organise autour de certains des termes du contenu manifeste, sortes de points de nouage sous lesquels s'est effectuée une fusion entre plusieurs pensées latentes très différentes les unes des autres »
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"La forme définitive de Libella revient à Linné qui l'applique en 1758 à toutes les espèces d'Odonates. L'origine de cette dénomination est discutée : l'édition de 1872 du dictionnaire Le Littré propose que libellule est un diminutif du latin liber, libellus, « petit livre », ce qui évoque les ailes étendues comme les feuillets d'un livre lorsque l'insecte se pose (libellules stricto sensu, c'est-à dire les Libellulidae). L'édition de 1873 du Grand Larousse propose la même étymologie mais avec une explication contraire, certaines libellules gardant les ailes relevées et jointives comme un livre fermé (caractéristique des demoiselles). Pour les dictionnaires espagnols et des auteurs comme Mac Callum, ce mot serait un diminutif de libra, « balance », en référence au mouvement d'oscillation des ailes des libellules en vol. Les dictionnaires français actuels donnent comme étymologie le latin libella qui signifie « niveau », en référence au vol plané horizontal de ces insectes. Ils reprennent l'explication du naturaliste Guillaume Rondelet (1554 et 1558) qui est le premier à avoir donné le nom de Libella fluviatilis à des larves de Zygoptères pour la similitude de corps qu'elles ont a avec le requin marteau nommé Zigæna ou Libella, allusion à la « la figure faite comme un niveau duquel usent les architectes»."
On retrouve Libellula dans la sixième édition du Systema naturae de 1748 page 62 :
https://www.biodiversitylibrary.org/item/218225#page/82/mode/1up
LIBELLULA : Drachenhuren, Wassernymphen.
Os maxillosum. Antennae breves.
Cauda forcipata .
1. Libellula magna alis planis. Fn. 764-771. - - (Braven=mngg.))
2. Libellula media alis eredis. Fn. 7 76-779. - - (Jungfer)
3. Libellula parva alis eredis. Fn. 760-767. - (Trollflan da)
Note : Drachenhuren : drachen "dragon et huren "courtisane, putain".
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Conclusion.
Linné a créé le nom de Libellula pour désigner les insectes que nous appellerons ensuite Odonates, pour la première fois en 1735 dans la première édition du Systema naturae, en donnant comme synonyme « Perla » (Aldrovandi 1602) et « Virguncula ». Ce dernier nom, « petite vierge », suggère que Linné a créé une forme diminutive de Libella sur les modèles virgo /virguncula, puella/puellula, "fillette, demoiselle" et à travers eux domina/domnicella "Demoiselle" par condensation et contamination de l'image métaphorique des noms vernaculaires comparant ces insectes à des jeunes filles (français Demoiselles) ou des fées malicieuses (anglais ou allemand Wassernymphen).
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II. ALLELUIA ! LA DÉCOUVERTE DES ORIGINES DE LIBELLULA .
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C'est un secret de Polichinelle : Libellula vient de Libella, lui-même dérivé du latin signifiant "niveau" : cela est désormais largement diffusé par Wikipédia :
"La forme définitive de Libella revient à Linné qui l'applique en 1758 à toutes les espèces d'Odonates. L'origine de cette dénomination est discutée : l'édition de 1872 du dictionnaire Le Littré propose que libellule est un diminutif du latin liber, libellus, « petit livre », ce qui évoque les ailes étendues comme les feuillets d'un livre lorsque l'insecte se pose (libellules stricto sensu, c'est-à dire les Libellulidae). L'édition de 1873 du Grand Larousse propose la même étymologie mais avec une explication contraire, certaines libellules gardant les ailes relevées et jointives comme un livre fermé (caractéristique des demoiselles). Pour les dictionnaires espagnols et des auteurs comme Mac Callum, ce mot serait un diminutif de libra, « balance », en référence au mouvement d'oscillation des ailes des libellules en vol. Les dictionnaires français actuels donnent comme étymologie le latin libella qui signifie « niveau », en référence au vol plané horizontal de ces insectes. Ils reprennent l'explication du naturaliste Guillaume Rondelet (1554 et 1558) qui est le premier à avoir donné le nom de Libella fluviatilis à des larves de Zygoptères pour la similitude de corps qu'elles ont a avec le requin marteau nommé Zigæna ou Libella, allusion à la « la figure faite comme un niveau duquel usent les architectes»."
Tout est dit, au revoir.
Voire.
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Car où serait le plaisir si tout est ainsi livré tout préparé ? Et simplifié, dépouillé de toute la chair de la complexité des choses et de tout feuilletage des dictionnaires et des livres anciens?
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Je vais me payer le luxe de tout reprendre à ma façon. Car j'aime occuper mes heures creuses à chasser les mots, les contempler, et les décrire. Comme dirait l'autre, "horas vacuas hisce nominibus indagandis, contemplandis describendis impendi".
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Je vais commencer par mon Gaffiot : voyons -libella :
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J'élimine d'emblée la tentation de Libellulus, i, "petit livre" malgré Tertullien et Martianus Capella qui m'attendaient dans cette loge. Et dans la foulée de -libellus, diminutif de liber, d'où nous avons tiré notre "libelle". En effet, le nom utilisé par les naturalistes est libella, au féminin, ce qui est bien normal pour ces Demoiselles.
Je porte toute mon attention à libella, ae, f. (libra). Je saute sur l'opportunité de consulter le mot -libra, quoique je connaisse très bien Libra, la constellation de la Balance :
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Je reviens à l'article -libella de Gaffiot : le premier pied de mouche donne le sens 1. "as, asse", "petite pièce de monnaie" et le second 2. "niveau, niveau d'eau". C'est ce sens qui est illustré d'un instrument de maçon qui évoque plutôt le fil à plomb. Et c'est ce sens qui est en relation avec libra "balance", puisqu'ils ont en commun la notion de mesure et d'équilibre.
Cet usage de Libella est attesté par un auteur aussi cher à tout épicurien que Lucrèce, livre IV vers 515, pour soutenir un raisonnement que reprendra Montaigne (Essais, III) : nos sens sont nos instruments de mesure, et s'ils viennent à faillir, l'incertitude de nos sens rend incertain tout ce qu'ils produisent :
Denique ut in fabrica, si prava est regula prima,
Normaque si fallax rectis regionibus exit,
Et libella aliqua si ex parti claudicat hilum;
Omniamendose fieri, atque obstipa necessum est,
Prava, cubantia, prona , supina , atque absona
tecta
"Enfin , dans la construction d'un édifice, si l'architecte se sert d'une règle fausse, si l'équerre s'écarte de la direction perpendiculaire, si le niveau s'éloigne par quelque endroit de sa juste situation, il faut nécessairement que tout le bâtiment soit vicieux, penché, affaissé, sans grâce, sans aplomb, sans proportion; qu'une partie paraisse prête à s'écrouler, et que tout s'écroule en effet, pour avoir été d'abord mal conduit : de même, si l'on ne peut compter sur le rapport des sens, tous les jugements qu'on portera seront trompeurs et illusoires."
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Pline, dans son Histoire naturelle II, livre XXXIII, utilise le terme deux fois :
Chap. 51 : Structuram ad norma et libellam fieri et ad perpendicularum respondere oportet
"Les constructions doivent être faites à l'équerre et au niveau, et être d'aplomb".
Chap. 63 : materia crassitudine semipedali ad regulam et libellam exigitur et est forma terrena
"à cette couche, la règle et le niveau à la main, on donne une épaisseur d'un demi-pied".
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Montrer que "libella" signifie "niveau", quelle belle affaire ! Quel jeu de bonneteau ! Puisqu'enfin, notre nom "niveau" vient de nyviel « instrument » 1339 (Cartulaire de l'Eglise St Pierre de Lille, t. 2, p. 692) ou nevel ( 1343, Inv. de J. de Presles, Bibl. de l'Ec. des ch., XXXIX.). Il faut retenir que c'est d'abord un instrument de mesure, et que le sens figuré, qui nous est plus courant, est plus tardif mettre a nivel (1429 , Béthune, ap. La Fons, Gloss. ms., Bibl. Amiens ds Gdf.). On trouve le latin nivellum, et on ajoute nivellum sive plumbum, "le niveau ou le plomb", kif kif..
Il vient, c'est là que c'est amusant, d'une altération (par assimilation de l'n initiale à l'l finale) de livel, liveau attesté du xiiie au xvies. et , lui-même issu du latin populaire *libellus, lat. classique libella «instrument servant à niveler, niveau» (dérivé de libra « balance à deux plateaux ou à contrepoids », puis « niveau »); cf. l'italien levello. CNRTL. Cette parenté des deux termes sonne d'avantage avec le verbe "niveler" qui a le sens de "mesurer".
Il faudrait citer le Dictionarium d'Ambrosio Calepinus (1550) auquel je renvoie, ou le très complet article du Lexicon philologum de 1697, qui cite Vitruve livre VII chapitre 3 : Longitudines ad regulam et lineam, altitudines ad perpendiculum, anguli ad normam respondentes exigantur . "Des bandes bien dressées à la règle et au cordeau, afin de faire l'enduit en mortier bien droit dans sa longueur, et d'aplomb dans sa hauteur, et que les angles soient bien d'équerre."
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Conclusion.
"Libellule" (Olivier, 1792), "libellula" (Linné 1736), ou "libella" au sens de libellule, et "niveau" proviennent du même mot latin libella, instrument de maçon servant à construire droit, niveau (voire selon Gessner "équerre", "règle", "plomb").
Les choses vont se préciser avec Rondelet 1558.
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III. UN DÉTOUR PAR LE REQUIN-MARTEAU OU LIBELLA OU ZYGENA. SIX SAVANTS DES ANNÉES 1550.
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Avant d'être appliqué aux libellules, le nom Libella le fut à un poisson que nous appelons Requin-Marteau Sphyrna zygaena Linnaeus, 1758. J'ai consacré un article à ce requin dans Sur le nom de Genre des Zygènes, Zygaena Fabricius 1775. En effet, Fabricius a plus tard appliqué à ces papillons qu'il a nommé Zygènes et dont les antennes forment comme les deux bras d'une balance le nom grec du poisson à tête de marteau nommé par Bellon Zygaena. Ce nom grec signifie "joug" aussi bien que "balance". Il peut donc être considéré comme l'équivalent grec du latin Libella.
Dans l'article en question, j'ai donné les descriptions et les illustrations du requin-marteau Zygaena ou Libella par Bellon 1555, Rondelet 1554 en latin et 1558 en français, Gessner 1558, Aldrovandi 1638, Bochart 1663 et Willughby 1687. Je n'ai donc pas démérité, mais je peux améliorer mon score. D'une part en montrant que la première apparition du nom Libella en ichtyologie date de 1551, et non de 1555. Puis en donnant une (petite) place à Edward Wotton, qui consacre trois lignes à Zygaena-Libella en 1552. D'autre part en faisant une place à Ippolito Salviani, et à son Aquatilium animalium historiae, liber primus de 1554.
En somme, nous avons entre 1551 et 1558, une véritable ichtyomanie (Zucker, 2013) européenne qui amène six éminents médecins, du Mans (Bellon, médecin de François de Tournon), de Montpellier (Rondelet, médecin du cardinal François de Tournon), de Rome (Salviani, médecin du pape Jules III), de Londres (Edward Wotton, médecin de Henri VIII), et de Zurich (Gessner) [liste à laquelle il faut ajouter Aldrovandi, de Bologne] à publier des traités qui étudient les descriptions d'Aristote ou de Pline. Comprenant le grec, ils peuvent consulter et analyser en les compilant mais aussi en les critiquant et en les complétant, les sources antiques. Surtout, ils accompagnent leur description d'une illustration (gravure sur bois ou, mieux, sur cuivre), qui prend une valeur scientifique de premier plan, à coté du Nom (Nomen) grec, latin et vernaculaire avec ses commentaires, et de la Description (Descriptio). "Elle est l’identifiant du poisson, et le nom n’est plus l’ancrage ontologique et le fondement de l’animal, mais le titre historique qu’il a reçu des anciens et qui permet à la fois de le reconnaître dans la littérature, et de le désigner dans la communication." (Zucker)
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La liste dressée par A. Zucker des mousquetaires de l'icthyologie des années fifties est la suivante :
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Pierre Belon (1551), L’Histoire naturelle des estranges poissons marins, Paris [55 pages doubles] ;
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Edward Wotton (1552), De differentiis animalium libri decem : cum amplissimis indicibus in quibus primum authorum nomina, unde quaeque desumpta sunt, singulis capitibus sunt notata et designata : deinde omnium animalium nomenclaturae, itemque singulae eorum partes recensentur, tam Graece quam Latine, Paris [Poissons : livre VIII, p. 136-174 – doubles- (ch. 154-196) ; Zygaena Libella est décrit en trois lignes à la page 149 .https://archive.org/stream/bub_gb_qkbj1BMhrYsC#page/n321/mode/2up
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Pierre Belon (1553), De aquatilibus, libri duo : Cum eiconibus ad vivam ipsorum effigiem, quoad ejus fieri potuit, expressis, Paris [448 pages] ;
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Ippolito Salviani (1554), Aquatilium animalium historiae liber primus cum eorundem formis, aere excusis, Rome, [256 pages doubles] Cuvier écrivait « ce sont les meilleurs dessins qu’on ait eus jusqu’à notre temps ; ils sont au nombre de quatre-vingt-dix-neuf « [en réalité il n’y en a que 98, numérotés de 1 à 99, mais sans planche 54]. Salviani prit un soin particulier à faire réaliser – sur cuivre et non plus sur bois – les quatre-vingt-dix-huit planches de son ouvrage par les meilleurs artistes de la cour papale ( Antoine Lafréry pour l’essentiel, et peut-être en partie N. Béatrizet). Dans chacun de ses chapitres, il distingue régulièrement (par un intitulé en majuscules) six sections qui sont (1) nomen ; (2) descriptio ; (3) locus et partus ; (4) natura et mores ; (5) qua arte capiatur ; (6) praestantia, ut nutriat et ut condiatu . L’épître au lecteur de Salviani est datée du 1er septembre 1554.
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Guillaume Rondelet (1554), Libri de piscibus marinis in quibus verae piscium effigies expressae sunt, Lyon [583 pages] ;Rondelet, qui place lui aussi une illustration en tête de chaque chapitre, sous le titre, la commente comme si l’image de l’animal constituait l’intermédiaire ou l’interface entre la nature et la littérature . La dédicace de Rondelet au cardinal François de Tournon est datée du 1er août 1554 (et le privilège du roy figurant en tête de son traité du 28 juin 1554).
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Guillaume Rondelet (1555), Universae Aquatilium historiae pars altera, cum veris ipsorum imaginibus, Lyon [ 245 pages] ;
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Olaus Magnus (1555), Historia de Gentibus Septentrionalibus, earumque diversis statibus, conditionibus, moribus, ritibus, superstitionibus, disciplinis, exercitiis, regimine, victu, bellis, structuris, instrumentis, ac mineris metallicis, & rebus mirabilibus, necnon universis penè animalibus in Septentrione degentibus, eorumque natura, Rome [Poissons : p. 697-778. Livres XX-XXI, De piscibus. & De piscibus monstrosis] ;
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Pierre Belon (1555), La Nature et diversite des poissons, avec leurs pourtraicts, representez au plus pres du naturel, Paris [448 pages] ;
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Conrad Gesner (1556), De piscibus et aquatilibus omnibus libelli III novi, Zürich [contient, p. 12-74, un catalogus aquatilium ex Plinio (catalogue alphabétique glosé des ichtyonymes pliniens) ; un plan de l’ouvrage de Rondelet de 1554, p. 75-92 ; et un Aquatilium animantium nomina germanica et anglica, serie literarum digesta, ou Teütsche Nammen der Fischen und Wasserthieren, p. 93-269] ;
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Guillaume Rondelet (1558), La première [-seconde] partie de l’histoire entière des poissons, Lyon [418 pages + 181 pages] ; Voir Livre XIII chapitre X page 304 "Du Marteau ou Poisson Juif". Il s'agit de la réunion en deux livres d'un seul ouvrage du Libri de piscibus marinis et de l'Universae aquatilium historiae, traduits en français.
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Conrad Gesner (1558), Historiae animalium liber IIII qui est de piscium et aquatilium animantium natura, Zürich. Gessner Voir ici
Pour Aldrovandi De Piscibus libri III chapitre XLIII De Zygena (page 407) voir ici.
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A. Pierre Belon du Mans, 1551, 1553 et 1555.
1°) Pierre Belon du Mans, L'histoire naturelle des estranges poissons marins, avec la vraie peincture et description du daulphin, et de plusieurs autres de son espèce, imp. de R. Chaudière, Paris 1551. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k82816p/f90.item
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Chapitre XV page 45 : Que l'artifice des hommes puisse excuser le défaut de nature, et donner grâce au mauvais goût des poissons.
"Suivant ceci, je veux raconter combien l'artifice des hommes peut ajouter à nature : car les pauvres mariniers et pêcheurs, ayant pris des poissons qui d'eux même sont de saveur ingrate, comme sont les espèces de Chiens nommés en latin Galei, ou plusieurs autres cartilagineux, comme Lamia, Amia, etc. , et celui-ci que j'ai ici portrait nommé Zigena, ou Libella , ils leur savent faire une sauce si propre, que la saveur de la sauce surpasse la saveur ingrate du poisson, laquelle leur ôte la mauvaise odeur, et les rend délectables ; et ainsi que les plus riches font telles sauces avec bonnes Muscades, Girofles, Macis et Cannelle battue, Beurre, Sucre, Vin aigre, pain rôti, lesquelles choses les cuisiniers assaisonnent si bien au Marsouin que encore qu'il sentit le Renard écorché vif toute fois ils le rendront d'un goût plus friand, et d'une saveur plus esquisse que ne sont les rougets, Barbets, ou Lamproies, aussi les pauvres gens n'ayant point tant de choses à commandement, ayant seulement de l'ail et des noix, qu'ils battent avec du pain et de l'huile, et du vin aigre, ils feront une sauce à leur poisson, qu'ils rendront à leur appétit si délicieuse qu'on n'en peut manger, sinon par grande singularité et telle manière de sauce est généralement connue de touts pêcheurs qu'ils nomment vulgairement de l'Aillade."
"Le portrait de Libella que les Grecs nomment Zygena, et les Romains Balesta, c'est à dire une arbalète."
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2°) Petri Bellonii Cenomani de aquatilibus duo, cum eiconibus ad vivam ipsorum effigiem quoad ejus fieri potuit; ad amplissimum cardinalem Castilioneum (Parisii, apud C Stephanum (Ch. Étienne), 1553, pages 60 et 61.
La traduction va suivre, dans Bellon 1555 et Rondelet 1554.
"Zigaenam Graeci, Libellam Latini vocauerunt, fabrorum lignariorum et architectorum instrumentum, è quo dependente perpendiculo, rectas parietum ac lignorum facies oculorum nictu pernoscunt : cui instrumento quod is pictis (cuius hic picturam vides) velut adamussim respondeat, Oppianus, Galenus, Aetius, Plinius, caeterique doctiores Zigaenae ac Libellae nomen indiderunt : nos vulgo Nivellum appellamus : quos instrumentum inversum, quia ad arcus et tormenti bellici similitidinem accedat, Itali Balistam nominare maluerunt. Massiliensis a dentium saevite Cagnolam, atque a fe ritate Iudaeum, et fortassis a deceptione Baratellam incerta nomenclatura dicunt. Cetaceus est piscis, cartilagineus, rotundus, oblongus, horridus, ac plane monstruosus, Mediterranei ad Smirna maxima incola mustelini generis, damnosus magis quam utilis. Quamobrem natura carnem insipida, et humanis corporibus noxiam illi tribuit : dentesque (quos in quinque ordines digestos, numerosissimos, planos, ut Carcharias gerit,) sub cute ad praeda recoditos, atque oculos praeter aliorum more in pronam capitis partem excavatos, ut deorsum potius, quam sursum leonina quadam voracitate convertat. Caetera pinnis cute, ac branchis plane mustelam refert, sed tanta asperitate non horret."
Zigaena, Graecis : Libella, latinis ; Balista , Italis ; Cagnola, Massiliensibus.
https://archive.org/stream/petribelloniicen00belo#page/60/mode/2up
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3°) Belon donna en 1555 trois éditions ou rééditions successives en français de cet ouvrage, avec changements, sous les titres suivants:
1° La Nature et diversités des poissons, avec leurs pourtraicts représentés au plus près du naturel (Paris, 1555, in-8);
2° De la Nature et, diversité des poissons traitant de leur nature et propriétés, avec leurs descriptions et naïfs pourtraicts, en sept livres (Paris, 1555, in,-fol.);
3° L'Histoire des poissons traitant de leur nature et propriétés, avec les pourtraicts d'iceux (Paris, 1555, in-4), en latin et en français. Dans ce traité sur les poissons, se trouvent réellement les bases de l'ichtyologie moderne.
Voici La Nature et diversité des poissons, avec leurs pourtraicts représentez au plus près du naturel, de 1555.
"Les Provenceaulx appellent ce poisson cy apres presenté Cagnole et Juif pour sa cruaulté : par ce qu'il est plus dommageable que nulle autre beste de sa sorte. Et pour ce aussy qu'en malfaisant en la mer, il trompe et deceoit les autres poissons, et mesme les pescheurs : ils l'ont appellé Baratelle. Les Grecs et Latins pour ce qu'il ha la façon comme d'un nyveau de Charpentier ou Maçon, l'ont appelé Zigena et Libella. Les Italiens l'ont mieulx aymé nommer Arbalestre pour ceste mesme figure. Ce poisson est fort grand, rond, long et monstrueux, de chair fadde, insipide et malfaisante au corps des personnes"
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B. Ippolito Salviani (1554), Aquatilium animalium historiae liber primus cum eorundem formis, aere excusis, Rome,
Cet auteur donne en premier la gravure sur cuivre très soignée (page 128), puis le titre DE HISTORIA AQATILIVM ANIMALIVM, 129 HISTORIA TRIGESIMA OCTAVA / DE LIBELLA , suivi de cinq paragraphes : Nomen ; Descriptio ; Locus ; Natura et Mores ; Ut sapiat et Nutriat [ Nom ; Description ; Localisation ; Nature et mœurs ; pour le goût et les qualités nutritives.]
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https://www.biodiversitylibrary.org/item/156187#page/277/mode/1up
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Ν Ο Μ Ε N
"Hic noster quadragesimus piscis, quem Romae ciambetta, et in aliquibus Italiae vocis pesce Martello , in ahiisque pesce Balestra (eo quod sua figura vtrumque repraesentet, aduertendum tamen est, non huc sed septuagesimum sextum nostri ordinis, Roma pesce Balestra vocari) ac Massilias peis iouzou ( quod capitis tempora ceu cornicula promineant, Iudaeorum more,qui sic colim Massiliae induebantur) in Hispania vero peis Limo et Toilandalo vocant ; a Graecis libella dicitur, (apo ---os-..
"Nam cum jugos boum iugum, et libram sive balancem, nec non librile transversum, ex quo lances dependent, significet ; hos omnibus , sui corporis forma [grecc] piscis simillimus est. Cum vero nullus latinorum (quod quidem sciam ) eius meminerit , latino nomine caret . Quamobrem Theodorus Gaza in Aristotelis versione (*) , [greccc] libellam interpretatus est.
"Verum cum Libella fabrile instrumentum sit ab Italis Arcopendolo vocatum , ad cuius similitudinem nequaquam piscis iste accedit, Theodorum (ignorata nominis Libellae proprietate ) vti libra balancem significat, ita Libellam, paruam bilancem significare ratum , [grecc] libellam vertisse suspicor ,cumm Libram potius, Librileve, aut iugum vertere oportebat.
(*) Traduction de l'Historia animalium d'Aristote par Théodore Gaza
"Hunc autem piscem nostrum, Graeorum [grecc] esse, praeter id, quod ex eius figura, Graecam nomenclaturam egregie aemulante , manifeste intelligitur ; ijs etiam omnibus declaratur, quae zygenae a veteribus tribuuntur ; vt quae ei probe respondeant.
." Quamobrem a Petro Gyllio desiciendum est, quippe qui hunc piscem nostrum ab Aristotele non [grecc] a Theodoro vero non sed [grecc] appellari arbitratur; , a Theodoro vero non Libellam seu Malleum appellari arbitratur. Ea, (vti opinor) coniectura ductus, quodalicubi ( vt diximus ) pesce Martello vocetur, quodque malleo simillimus sit; qua nos ceu leui & friuola reiecta, nonum nostri ordinis piscem [grec ] ( vt octaua hisloria docuimus ) hunc vero [grecc libella?] esse , procul dubio affeueremus . Quem vna cum Theodoro , ne nomma nouare videamur, Libella vocabimus "
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C. Guillaume Rondelet, 1554, Libri de piscibus marinis , et 1558 Histoire entière des poissons.
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Guillaume Rondelet (1507-1566), docteur en médecine, professeur royal en 1545, a été chancelier de la faculté de Montpellier ; il est connu des littéraires puisqu’il a été caricaturé par son ami Rabelais sous le personnage de Rondibilis dans Pantagruel. Il a aussi été un compagnon du cardinal de Tournon qu’il a accompagné dans beaucoup de ses voyages sur les côtes de l'Aquitaine puis à Rome en 1549.. Après avoir visité Venise et les universités italiennes il revient à Montpellier où il fait élever un imposant amphithéâtre anatomique et fait installer des viviers dans sa propriété proche de Montpellier et l’on rapporte qu’il disséquait des poissons que ses amis et élèves lui apportaient.
Avec cet ouvrage dans lequel il ébauche une classification naturelle, c'est l'un des premiers observateurs de la faune aquatique, et avec Belon, l'un des précurseurs de l'ichtyologie en France. L'ouvrage traite de tous les animaux aquatiques regroupés soue le nom de "poissons" : cétacés, coquillages, arthropodes, grenouilles et même du castor dont Rondelet décrit l'anatomie et la morphologie. A ces précisions biologiques, l'auteur a ajouté des considérations sur le milieu, les comportements, l'alimentation émaillant parfois sa description de notes gastronomiques.
Alors que depuis l’Antiquité 117 espèces de poissons étaient répertoriées et toujours reprises, Rondelet innove en recensant dans son œuvre 440 espèces animales aquatiques, dont 241 espèces de « vrais » poissons.
Rondelet (qui fut caricaturé par son ami Rabelais sous le surnom de Rondibilis) accueille durant 10 ans dans sa maison Charles de l'Escluse, ami des Fugger, les fameux banquiers d'Augsbourg, puis Jean Bauhin. Il est en relation avec tous les naturalistes connus d'Europe, et chez son maître Rondelet, Clusius rencontre Laurent Joubert, anatomiste, médecin renommé et chancelier de l'Université, ainsi que Félix Plater qui sera professeur de médecine à Baie et le premier maître de Gaspard Bauhin. Puis la chaîne savante se poursuit : Après 1561, c'est Jean Bauhin qui vient demander à Rondelet des leçons d'anatomie ; puis c'est Mathias de L'Obel, fils de la Flandre française, qui brûle d'explorer la flore du Languedoc et des Cévennes. En 1565, il rencontre, toujours chez Rondelet, le médecin-botaniste Pierre Pena dont le frère Adrien est conseiller au Parlement d'Aix ; celui-ci a fréquenté les principales Universités de France et d'Italie, comme fera plus tard un autre parlementaire d'Aix, Peiresc — et les connaissances du savant et du linguiste sont aussi étendues que celles du jurisconsulte.
Le célèbre Gesner de Zurich , ancien étudiant de Montpellier, est en rapport avec le cercle de Rondelet par l'intermédiaire de Gaspard Wolf de Zurich, alors étudiant à Montpellier.
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Mais revenons à notre Marteau.
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1°) Rondelet 1554, Libri de piscibus marinis page 389.
Notez les termes français "le plomb", l'équerre", "Niveau", "la règle", qui commente le nom Libella.
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2°) Rondelet, 1558, La Première partie de l'Histoire entière des poissons.
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La Première [seconde] partie de l'Histoire entière des poissons, composée premièrement en latin par maistre Guillaume Rondelet,... maintenant traduites ["sic"] en françois... [par Laurent Joubert.] Avec leurs pourtraits au naïf. Lyon : M. Bonhomme, 1558.
Cette première édition française est illustrée d'un portrait et de 439 belles gravures sur bois (d'auteur inconnu). C'est le premier grand livre en français consacré aux poissons, et l'un des plus beaux illustrés de zoologie du XVIe siècle. L'ouvrage était paru antérieurement en latin en 1554 ( Libri de piscibus marinis)https://fr.wikipedia.org/wiki/Odonata et 1555 ; il ne s'agit pas de l'œuvre originelle de Rondelet, mais d'une re- traduction probablement due à Laurent Joubert qui fut l'élève de Rondelet. (Le livre semble avoir été écrit originellement en français par Rondelet, traduit ensuite en latin par Charles de l’Escluze pour être publié en 1554, puis retraduit en français pour l’édition française de 1558.)
Du Marteau, ou Poisson Iuif. Chap. X.
"ΖΥΓΑΙΝΑ, en Latin Libella est nommé ce poisson de la figure qu'il a comme un instrument de maçon et charpentiers, appelé en français niveau, qui est fait d'un bois mis de travers au milieu duquel est dressé un autre, et d'icelui pend une petite corde avec un plomb au bout. Tel est la figure de ce poisson ayant la tête de travers, le corps posé au milieu d'icelle, ou bien est nommé Ζυγαινα pour la figure d'une balance ou la figure d'un joug lequel on lie de travers aux têtes de bœufs. Pour cette même façon de tête, d'aucuns en Italie est nommé Balista, d'autres Pesce martello, car il est fait comme un marteau, à Marseille Peis iouzio poisson juif de la similitude de l'accoutrement de tête duquel usaient au temps passé les juifs en Provence, en Espagne Peisz limo, Limada, toilandalo. Ce poisson est grand et cetacée, il a les ouïes découvertes aux côtés, la bouche au-dessous, la tête différente de tous les autres, à savoir mise de travers comme l'arc d'une arbalète, ou la tête d'un marteau, en chaque bout de la tête sont mis les yeux. Il a la bouche grande, garnie de trois rangs de dents, larges pointues, fortes, tendentes vers les côtés. La langue large comme la langue de l'homme. Le dos est noir, le ventre blanc. Il a deux ailes [nageoires] aux ouïes, au dos point, près de la queue il en a deux petites, la queue finit en deux grandes, inégales. Il a un col, et un long conduit par où dévale la viande en l'estomac, il est horrible à voir, sa rencontre porte malheur aux navigateurs. Il est de chair dure, de mauvais goût, de mauvaise odeur, de mauvaise nourriture."
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Conclusion.
C'est avec Rondelet 1554 et 1558 que nous disposons des informations les plus explicites, et, notamment, de ce que ses contemporains désignent précisément sous le nom de "libella" ou "niveau" :
"un instrument de maçon et charpentiers, appelé en français niveau, qui est fait d'un bois mis de travers au milieu duquel est dressé un autre, et d'icelui pend une petite corde avec un plomb au bout."
Cela correspond exactement au dessin donné par Gaffiot dans son Dictionnaire latin-français, mais encore fallait-il le vérifier.
C'est aussi lui qui nous précise exactement pourquoi ce poisson a reçu ce nom, pour sa forme en T, qui évoque aussi un joug de bœuf, zygaena en grec :
"Tel est la figure de ce poisson ayant la tête de travers, le corps posé au milieu d'icelle, ou bien est nommé Ζυγαινα pour la figure d'une balance ou la figure d'un joug lequel on lie de travers aux têtes de bœufs."
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IV. L'APPLICATION DU ZOONYME "LIBELLA" AUX LARVES DES LIBELLULES. RONDELET 1555 et 1558.
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Il est bien connu depuis Jacques d'Aguilar et J.L. Dommanget (1985 et 1998) relayés par Wikipédia, que c'est Guillaume Rondelet qui a nommé Libella fuviatilis une larve de zygoptère dont il donne l'illustration. Encore faut-il étayer, illustrer et commenter cette donnée.
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1°) Rondelet 1558, Histoire entière des poissons.
Dans la même Histoire entière des poissons où il a décrit le Marteau et mentionné son nom latin de Libella, mais dans le Second Livre, Guillaume Rondelet décrit, page 157, dans la partie Des poissons de rivière, un petit insecte auquel il attribue le nom de Marteau ou Niveau d'eau douce. Il faut bien comprendre que ce n'est pas un Niveau d'eau, mais un Niveau (d'eau douce, par opposition à son grand homologue, marin). C'est par comparaison des deux yeux excentrés et non contigus (qui caractérisent les Zygoptères) avec les deux yeux écartés du Requin Marteau ou Libella que Rondelet attribue le même nom aux deux espèces, l'un étant le Niveau d'eau douce et l'autre le Niveau marin, et tous les deux ayant grossièrement la forme en T d'un Niveau ou Libella de maçons et architectes..
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Du Marteau ou Niveau d'eau douce.
Chap. 35.
Ce petit insecte se peut appeler Libella fluviatilis, pour la similitude de corps qu'il a avec le poisson marin nommé Zigæna ou Libella, pour la figure faite comme un Niveau, duquel usent les Architectes, lequel aussi en Italie s'appelle poisson Marteau. Cette bête est fort petite, de la figure d'un T, ou d'un Niveau, ayant trois pieds de chaque côté. La queue finit en trois pointes vertes desquelles, et des pieds elle nage.
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2°) Rondelet 1555, Universae aquatilium historiae page 213.
Dans cet ouvrage, où Rondelet décrit 100 mollusques, et qui constituera le Second livre de l'Histoire entière des poissons, nous trouvons le premier acte de baptême de Libella fluviatilis, le Niveau d'eau douce.
"Insectum hoc libellam fuviatilem libuit appellare, à similitudine quae illi est cum fabrili instrumento, et cum Libella marina. Haec bestiola parva est admodum T literae figuram referens, pedes ternos utrinque habet, Cauda in tres appendices definit, quae viridi sunt colore, iisdem et pedibus natat."
[Je choisis de nommer Libella (ou Niveau) fluvial cet insecte pour sa similitude avec l'instrument de l'ouvrier et avec le Libella marin [ou Marteau] . Cette petite bestiole a la forme de la lettre « T », il a trois pattes de chaque coté, des deux côtés, sa queue est divisée en trois appendices, qui sont de couleur verte, conçues pour nager tout comme les pattes ?"]
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Conclusion.
Un an après avoir décrit sous le nom de Niveau ou Libella le Requin-Marteau, Rondelet établit, sur des critères morphologiques, une comparaison entre ce requin de près de 5 m de long et une minuscule larve de zygoptère, qui partage avec lui sa forme en T liée à des yeux excentrés, semblable au niveau du contremaître : le "Niveau fluvial" ou Labella fluviatilis est né.
Il faudra une autre étape, avant-dernière avant le Libellula de Linné, celle qui fera de ce Libella le terme générique de toutes les libellules des auteurs du XVII et XVIIIe siècle. Place à Thomas Mouffet.
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V. LIBELLA DEVIENT LE TERME SCIENTIFIQUE LATIN DÉSIGNANT TOUTES LES LIBELLULES DÉCRITES PAR THOMAS MOFFET EN 1634.
Après la parution des ouvrages d'ichtyologie de 1551 à 1558, et cette naissance du nom libella, il n'y eu aucune publication significative en entomologie jusqu'en 1602, où paraît De Animalibus insectis libri septem, cum singulorum iconibus expressis d'Ulisse Aldrovandi, de Bologne. Cet ouvrage consacré aux insectes. Aldrovandi y décrit 19 libellules, mais puisqu'il utilise à leur propos le nom de Perla ("Perles", par allusion à leurs yeux saillants)et, à aucun moment des pages 302-305, le nom de Libella, nous allons le laisser dans les rayonnages de notre bibliothèque numérique.
Conrad Gessner avait été emporté par la peste en 1565 sans pouvoir publier le matériel entomologique qu'il avait réuni pour le sixième tome de son Histoire des Animaux. Il avait confié ses notes et les spécimens de ses collections à Edward Wotton, et à Thomas Penny.
Ce matériel, enrichi du travail préparatoire de Thomas Penny parvint à la mort de ce dernier en dépôt entre les mains de son ami Thomas Moffet (Muffet, Moffet, Moufet) , qui en prépara une publication. Egalement frappé par la mort en 1604 avant de réussir à publier son ouvrage, ce dernier a été publié en 1634 sous le titre Insectorum sive Minimorum Animalium Theatrum. La page de titre ajoute après le titre "olim ab Edoardo Wottono, Conrado Gesnero, Thomaque Pennio inchoatum" (d'après les ébauches rédigées autrefois par Edward Wotton (1492-1555), Conrad Gessner et Thomas Penny (1530-1588)), et on y fait aussi mention de Charles de l'Escluse ou Clusius, ce qui indique que toute la bande des amis de Guillaume Rondelet avait participé. Quant au londonien Penny, qui avait étudié la médecine à Cambridge, il avait entrepris de voyager pour rencontrer Gessner et Rondelet. Hélas, il atteint Zurich peu avant la mort de Gessner, le 13 décembre 1565 et Montpellier juste après la mort de Ronchelet. Malgré les 80 années écoulées, des liens intellectuels et de fortes affinités relient le Theatrum Insectorum avec les publications des années 1550.
Il n'est donc pas étonnant que le terme Libella soit utilisé dans cet ouvrage, mais il sert désormais non plus à désigner la larve de libellule, mais l'ensemble des insectes
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— MOFFET (Thomas) 1634 Insectorum, sive, Minimorum animalium theatrum. Londini : Ex officin typographic Thom. Cotes et venales extant apud Guiliel. Hope.
Les libellules y occupent les pages 64 à 69. Elles sont classées en 8 Libellas Maximas, 6 Libellas Medias et 4 Libellas Minimas, soit 18 espèces.
Le paragraphe les concernant débute en plein texte au bas de la page 64 par une description générale :
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"Il faut maintenant dénombrer ces Mouches qui sont appelées en latin Mullei, Pavones et Libellae, et que les Grecs appellent Zygaena à cause de la ressemblance avec un poisson de même nom. En anglais ils sont nommés Adders, Boults, Dragon-flies, et Water-butterflies, et s'ils sont dits « papillons aquatiques », c'est parce qu'ils sont rarement observés dans les terres, mais toujours sur les eaux des rivières ou des étangs.
"Les Italiens les nomment Cevettoni; les Hollandais, Romdoubt: Ils ne diffèrent peu ou prou par leur formes, mais surtout par leur couleurs. Certains ont un corps qui ne mesure pas plus de deux onces de long, mais ils sont néanmoins longs et minces, en forme de pipe ou de trompe. Et on leur décrit trois parties : une tête, un thorax et le reste du corps qui forme une queue.
"La tête, avec deux grands yeux fureteurs, est de la même couleur que le reste du corps. Elle s'attache à un cou très court, auquel les deux pattes antérieures sont fixées, toutes les autres étant réunies au thorax. Les pattes postérieures sont les plus longues, les plus appropriées à sauter ou à maintenir le corps.
"Toutes ont des queues fourchues par lesquelles, lors de l'accouplement, elles demeurent longtemps attachés. La plupart des naturalistes pensent que ces insectes prennent naissance à partir des vers qui poussent dans les joncs putrides ; ce que je tiendrais volontiers pour vrai, mais [à quoi servirait alors la copulation??] . "
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La description se poursuit page 65 avant que ne débute la description particulière des 8 Libellas Maximas (pages 65 et 66), celle des 6 Libellas Medias (page 66 et 68) et celle des 4 Libellas Minimas (page 69).
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Des planches sont illustrées des gravures sur bois aux figures non numérotées.
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En 1658 sera publiée, également à Londres, la traduction en anglais du Theater insectorum de Moffet sous le titre The Theater of Insects, à la fin du The history of four-footed beasts and serpents de Topwell. Le terme latin de Libella n'est pas traduit et reste encore employé comme nom scientifique de cette famille d'insectes aquatiques;
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VI. LES NATURALISTES DU XVIIe ET XVIIIe REPRENNENT DANS LEURS DESCRIPTIONS LE NOM LIBELLA.
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L'apothicaire londonien James Petiver décrit dans son Musei Petiveriani de 1700 deux spécimen de Libella anglica page 64 . Sa n° 714 Libella Anglica media est comparée à la Libella media n° 6 de Moffet page 69 (sic) et sa n°715 Libella Anglica media est également rapportée à la Libella media I Moffet page 66. En 1701 ou 1703, trois Libella sont décrites page 84, sous le nom de Libella maxima et de Libella major, avec à nouveau des références aux illustrations et descriptions de Moffet.
En 1710; l'Historia insectorum de John Ray, publiée de façon posthume à Londres, décrira ses libellules page VII sous le nom de Libella seu Perla, 'Libella ou Perla" , et ses 23 espèces seront décrites par une phrase latine (diagnose) débutant par Libella. Elles renverront aux descriptions de Moffet. (exemple : Libella maxima vulgatissima, alis argenteis. Majorum tertia Moufetti
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CONCLUSION
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Le zoonyme "Libella" a acquis ses lettres de noblesse au XVIIe et au début du XVIIIe siècle après avoir été employé par Thomas Moffet comme terme descriptif général des (futures) Odonates. Linné, qui utilisera surtout l'Historia insectorum de John Ray pour identifier ses propres spécimens et sa systématisation des libellules, reprendra naturellement ce terme.
Il ne suffira plus que les deux lettres UL pour que Libellula fasse son éclosion dans le royaume de l'Entomologie.
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ANNEXE. QUELQUES NOMS DES LIBELLULES DANS WIKTIONNAIRE.
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Albanais : pilivesë (sq)
Allemand : Libelle (de), Wasserjungfer (de)
Anglais : dragonfly (en)
Breton : nadoz-aer (br)
Catalan : libèŀlula (ca)
Cornique : nader-margh (kw)
Corse : filangrocca (co)
Croate : libela (hr)
Danois : guldsmed (da)
Espagnol : libélula (es)
Frison : blaujufferke (fy), blau-ynske (fy)
Gaélique irlandais : snáthaid mhór (ga)
Galicien : libélula (gl)
Gallois : gwas y neidr (cy)
Italien : libellula (it)
Néerlandais : libel (nl), waterjuffer (nl)
Norvégien (bokmål) : øyenstikker (no), øyestikker (no)
Norvégien (nynorsk) : augestikkar (no), augnestikkar (no)
Occitan : domaisèla (oc)
Polonais : ważka (pl)
Portugais : libélula (pt)
Roumain : libelulă (ro), calul-dracului (ro)
Suédois : trollslända (sv)
Tchèque : libela (cs), šídlo (cs), vážka (cs), vodováha (cs)
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SOURCES ET LIENS.
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1. Sur cet article.
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— "A l'origine du nom "libellule" : Rondelet 1558"
https://www.sylvestris.org/odonata/libella.htm
— AGUILAR (Jacques d'), DOMMANGET (Jean-Louis), 1998, Guide des libellules d'Europe et d'Afrique du Nord, Delachaux et Niestlé, 1998, p. 16.
— BELON DU MANS (Pierre), 1555, La nature et diversité des poissons, avec leurs pourtraicts, représentez au plus près du naturel / par Pierre Belon du Mans A Paris. Chez Charles Estienne, Imprimeur ordinaire du Roy. M.D.LV
http://www.bvh.univ-tours.fr/Consult/consult.asp?numfiche=776&offset=102&numtable=B452346101_C1275&mode=3&ecran=0
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97301p/f91.image
— FLIEDNER (Dr. Heinrich), 2012, "Wie die Libelle zu ihrem Namen kam", Virgo, Mitteilungsblatt des Entomologischen Vereins Mecklenburg 15. Jahrgang (2012), Heft 1 H.: 5-9, 8 Abb., Schwerin.
http://www.entomologie-mv.de/download/virgo-15/virg%2015104%20Libelle_Namensherkunft.pdf
— GESNER, C. 1558 : Historiae Animalium Liber IIII, qui est de Piscium et Aquatilium animantium natura, cum iconibus singulorum ad vivum expressis. Froschover, Turici (= Zürich).
— GESNER, C. 1560: Nomenclator Aquatilium animantium. Icones animalium aquatilium in mari et dulcibus aquis degentium, plus quam DCC, cum nomenclaturis singulorum Latinis, Graecis, Italicis, Hispanicis, Gallicis, Germanicis, Anglicis aliisque interdum, per certos ordines digestae. Froschover, Turici (= Zürich).
— JARRY, D. 1962: Die seltsame Geschichte des Namens »Libelle«. Ent.Z. 72: 60-62.
— KEMNER, N. A. 1942: Über die Herkunft des Namens Libella für die Odonaten sowie die ältere Geschichte dieses Namens. Lychnos. Lärdomshistorika Samfundets Årsbok 1942: 76-86.
— MOFFET (Thomas) 1634 Insectorum sive minimarum animalium theatrum., olim ab Edoardo Wottono, Conrado Gesnero Thomaque Pennio inchohatum, tandem Tho. Moufetii Londinatis opera sumptibusque maximis concinnatum, auctum et perfectum et ad vivum expressis iconibus supra quingentis illustratum. Londini : Ex officin typographic Thom. Cotes et venales extant apud Guiliel. Hope, Cap. XI. De Muscarum differentijs page 58
https://www.biodiversitylibrary.org/item/123182#page/88/mode/1up
— MOFFET (Thomas), 1658, The Theater of Insects: Or, Lesser Living Creatures, As, Bees, Flies, Caterpillars, Spiders, Worms, Ect., a Most Elaborate Work Edward Topsell, E. Cotes, 1658 - 242 pages. Publié à la suite de The history of four-footed beast :
The history of four-footed beasts and serpents describing at large their true and lively figure, their several names, conditions, kinds, virtues ... countries of their breed, their love and hatred to mankind, and the wonderful work by Edward Topsell ; whereunto is now added, The theater of insects, or, Lesser living creatures ... by T. Muffet ...1658.
https://archive.org/stream/historyoffourfoo00tops#page/n851/mode/2up
https://archive.org/stream/historyoffourfoo00tops#page/940/mode/2up
https://quod.lib.umich.edu/e/eebo/A42668.0001.001/1:14.11.1?rgn=div3;view=fulltext
— NITSCHE, (Georg) ,1965: Die Namen der Libelle. (Wörterbuch der deutschen Tiernamen, hg.v. W. WISSMANN, Beiheft 3). Akademie-Verlag (Ost-) Berlin.
— RONDELET, (Guillaume). 1554: Libri de piscibus marinis, in quibus veræ piscium effigies expressæ sunt. Bonhomme, Lugduni (=Lyon). page 389
— RONDELET, (Guillaume). 1555: Gulielmi Rondeletii, Vniuersæ aquatilium historiæ pars altera, cum veris ipsorum imaginibus. Bonhomme, Lugduni (=Lyon), page 113
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97272x
—SALVIANI (Ippolito, ou Hippolytus Saluianus ), 1554, Aquatilium animalium historiae liber primus, cum eorumdem formis, aere excusis , Aretinus, Bernardus, , illustration , Beatrizet, Nicolas, , graveur ; Lafréry, Antoine, 1512-1577 , graveur, page 128-129 https://www.biodiversitylibrary.org/item/156187#page/276/mode/1up
— SCHÄFER, L. 1947: Deutsche Synonymik der Libelle. Diss.Univ.Marburg (masch.).
— ZUCKER (Arnaud), 2013, « Zoologie et philologie dans les grands traités ichtyologiques renaissants », Kentron [En ligne], 29 | 2013, mis en ligne le 22 mars 2017, consulté le 20 décembre 2017. URL : http://journals.openedition.org/kentron/702 ; DOI : 10.4000/kentron.702
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2. Bibliographie des Odonates.
ZOONYMIE.
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Walter Charleton is best known today for his long paraphrase of the mechanical philosophy of Pierre Gassendi, known as Physiologia. He was a physician with strong royalist sympathies, a member of the Royal Society and an author. The name of the work displayed here, Onomasticon zoicon, means a dictionary of names of living things. It is a work on taxonomy and is the first English book to provide pictures of the English birds it describes and is indicative of the important role that physicians played in the study of natural philosophy.
— CHARLESTON (Walter) (1619-1707), 1677 Exercitationes de Differentiis & Nominibus Animalium. : réédition de l'ouvrage précédent. Voir page 39 Perla
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.
—ALBARDA Herman 1889 Catalogue raisonné et synonymique des Névroptères, observés dan les Pays-Bas et dans les Pays limitrophes
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Wörterbuch der deutschen Tiernamen. Beihefte 1 - 4: Käfer. Schabe. Die Namen der Libelle. Spanische Fliegen und Maiwürmer. Deutsche Akademie der Wissenschaften zu Berlin. Institut für deutsche Sprache und Literatur.
Berlin: Akademie Verlag, 1963-66. 33, 40, 41, 39 S.