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17 juillet 2023 1 17 /07 /juillet /2023 10:11

La Vierge de Pitié du Maître de Laz (grès arkosique, vers 1527) devant l'église de Briec-sur-Odet.

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PRÉSENTATION.

1. Le matériau.

Le grès arkosique (feldspathique), à grain très fin, de couleur gris-verdâtre, du Centre Bretagne, se prête bien à la sculpture par sa relative tendreté et son aptitude à la taille. Il est abondant dans le bassin de Châteaulin, c'est-à-dire une partie du Centre-Finistère (Châteauneuf-du-faou), où il été utilisé en architecture et en sculpture (Ollivier, 1993). L'architecture domestique (bâtiments de fermes, manoirs) et l'architecture religieuse (église du Cloître-Pleyben, sacristie de Pleyben, chapelles) lui ont fait largement appel aux XVème, XVIème et XVIIème siècles. Dans le domaine de la sculpture, P. Eveillard  en a découvert l' emploi dès le second Age du fer et à la période gallo-romaine (génie au cucullus) . Aux XVIème et XVIIème siècles, il alimenta une statuaire abondante (plusieurs rondes-bosses dans les calvaires de Pleyben et de Saint Venec en Briec, par exemple) et concurrença même le célèbre kersanton. Voir l'analyse de Louis Chauris, Les grès verts de Châteaulin,  cité en bibliographie.

Il était déjà employé à Laz vers 1350, dans un groupe du cavalier mourant conservé près de l'église, déjà  présenté ici. Puis vers 1470 sur le bas-relief de la Vierge de Pitié aux anges de tendresse de la porte d'entrée de l'ancien presbytère. Puis, le sculpteur désigné par le nom de convention de Maître de Laz l'employa en 1527 pour la Déploration du calvaire de l'ancien cimetière. 

Ce Maître de Laz est aussi l'auteur de la Déploration de l'église de Plourac'h, presque similaire, mais aussi de celle de Saint-Hernin et de la Pietà de Briec-sur-Odet. Mais aussi de trois autres statues de l'église de Plourac'h, celles de Saint-Patern, de Saint-Adrien, et de Sainte-Marguerite.

Le même matériau est employé au milieu du XVIe siècle pour la belle Trinité du porche de Clohars-Fouesnant.

Il est souvent confondu avec le kersanton (comme pour cette Déploration dans la description de Y.P. Castel).

Sur les sculptures en grès arkosique feldspathique :

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2. Le thème de la Déploration (souvent assimilé aux Vierges de Pitié)

  Les représentations sculptées de la Vierge de Pitié, tenant le corps de son Fils déposé de la croix, soit seule (Pietà), soit entourée de plusieurs personnages (Déplorations), apparaissent au XVe siècle (Pietà du calvaire de Tronoën, de Plozévet, de  Quintin, chapelle N.D. des Portes ; Déplorations de La Chapelle-des-Fougeretz au nord de Rennes, du Musée départemental breton de Quimper etc.) et témoignent de l'importance, dans le duché de Bretagne, du culte centré sur les plaies du Christ crucifié et le sang versé, d'une part, et su les larmes ou le chagrin suscités chez le chrétien par cette mort, d'autre part.

Ce culte s'amplifie encore au XVIe siècle avec la multiplication des calvaires,  où les pietà ou déplorations sont rarement absentes, et des verrières de la Crucifixion avec leur scènes de la Pâmoison ou de la Déploration. Dans cette dévotion associant pour le fidèle méditation devant la mort du Rédempteur, élan de chagrin interiorisé, larmes versées et gratitude, Marie-Madeleine est un personnage majeur, par sa participation aux soins ("embaumement") et par l'intensité de son chagrin.

 

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3. Description.

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À la différence des Déplorations de Laz et de Plourac'h ou de Saint-Hernin, la Vierge n'est pas entourée de Jean et Madeleine, et elle porte seule le corps de son Fils, qui est — inhabituellement— tourné tête vers sa gauche. Elle soutient la tête du Christ, et tient sa main droite, qui posée à plat sur la cuisse, tandis que le bras gauche descend verticalement, montrant la plaie. Les jambes du Christ sont fléchies mais parallèles. Sa barbe est en boule.

Le bloc de pierre est largement fissuré, verticalement ou horizontalement, mais aucune partie n'est manquante.

On retrouve le bord dentelé du gaufrage du manteau-voile, typique du Maître de Laz, mais ici les franges godronnées sont doubles. Comme dans les autres Vierges du Maître de Laz, le manteau revient sur les genoux de Marie pour faire office de drap sous le corps du Christ, comme l'indique les plis frisés. 

La robe descend jusqu'au sol, dissimulant les chaussures, en plis verticaux tubulaires qui prolongent les gaufrures.

Le visage est froid et sévère, n'exprimant ni chagrin, ni même retrait dans une intériorité douloureuse.

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La Vierge de Pitié  (Maître de Laz, grès arkosique, vers 1527) devant l'église de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile.

La Vierge de Pitié (Maître de Laz, grès arkosique, vers 1527) devant l'église de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile.

La Vierge de Pitié  (Maître de Laz, grès arkosique, vers 1527) devant l'église de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile.

La Vierge de Pitié (Maître de Laz, grès arkosique, vers 1527) devant l'église de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile.

La Vierge de Pitié  (Maître de Laz, grès arkosique, vers 1527) devant l'église de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile.

La Vierge de Pitié (Maître de Laz, grès arkosique, vers 1527) devant l'église de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile.

La Vierge de Pitié  (Maître de Laz, grès arkosique, vers 1527) devant l'église de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile.

La Vierge de Pitié (Maître de Laz, grès arkosique, vers 1527) devant l'église de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile.

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COMPAREZ AVEC LES AUTRES VIERGES DE PITIÉ DU MAÎTRE DE LAZ :

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Déploration du cimetière de Laz, grès arkosique, 1527, Maître de Laz. Photo lavieb-aile.

 

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Déploration de l'église de Plourac'h, grès arkosique polychrome, vers 1527, Maître de Laz. Photo lavieb-aile.

 

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Déploration du calvaire de Saint-Hernin, grès arkosique, Maître de Laz, vers 1527. Photo lavieb-aile.

 

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SOURCES ET LIENS.

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—ABGRALL et PEYRON, chanoines, Notice sur Laz, Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie de Quimper

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/3f8d293143dbd7d909bb80295eb3545b.pdf

 

 

CHAURIS (Louis), 2010, Pour une géo-archéologie du Patrimoine : pierres, carrières et constructions en Bretagne Deuxième partie : Roches sédimentaires, Revue archéologique de l'Ouest.

https://journals.openedition.org/rao/1384?lang=enLes

"Les grès verts du bassin de Châteaulin

Des niveaux gréseux affleurent au sein des schistes bleus du bassin carbonifère de Châteaulin. Tous les intermédiaires apparaissent entre des schistes gréseux encore fissiles, riches en minéraux phylliteux, et des grès feldspathiques plus massifs, caractérisés par leur teinte verte ou gris-vert. Le faciès gréso-feldspathique est formé de quartz non jointifs – ce qui facilite le façonnement – et de plagioclases, moins nombreux, dans un fond phylliteux qui rend compte du caractère tendre de la roche (la nuance verdâtre est due à la chlorite). Ce grès feldspathique fournit de beaux moellons et des pierres de taille, voire même des éléments aptes à la sculpture (Eveillard, 2001).

Ce matériau a déjà été utilisé dans la cité gallo-romaine de Vorgium (aujourd’hui Carhaix – cf. photo IV). Son emploi, à nouveau attesté dès le xvie siècle, prend une place essentielle dans les constructions, à Carhaix et dans ses environs : manoir de Lanoënnec (porte avec cintre en deux éléments, fenêtre avec linteau à accolade) ; manoir de Crec’h Henan (xviie siècle ? avec beaux moellons) ; manoir de Kerledan (xvie siècle, avec érosion en cupules) ; château de Kerampuil (1760, soubassement) ; Kergorvo (portes) ; manoirs de Kerniguez : grand manoir (superbes moellons) et petit manoir (moellons pouvant atteindre un mètre de long, en assises d’épaisseurs diverses, correspondant à la puissance des bancs dans les carrières). A Carhaix même, dans la maison du Sénéchal (xvie siècle), belle cheminée à l’étage. On retrouve ce grès dans les élévations de l’église de Plouguer, ainsi que dans celles de l’église de Saint-Trémeur (parties du xixe s.), dans la façade occidentale de la chapelle du couvent des Hospitalières (xviie siècle) ou au manoir de Maezroz près de Landeleau : photo V, VI… (Chauris, 2001c).

Les Travaux publics ont également fait appel à cette pierre locale. Dans les ouvrages du canal de Nantes à Brest (première moitié du xixe siècle), toujours aux environs de Carhaix, elle a été utilisée sous des modalités diverses : en beaux moellons pour le couronnement du parapet d’un pont près de l’écluse de l’Île ; en petits moellons pour le soubassement des maisons éclusières de Pont Dauvlas, de Kergouthis… ; les faciès plus schisteux – et par suite plus fissiles – ont été recherchés pour le dallage médian des bajoyers de quelques écluses (Kervouledic, Goariva), voire comme dalles devant la maison éclusière (Goariva…). De même, les infrastructures ferroviaires ont aussi employé ce matériau local (pont franchissant le canal au sud-est de Kergadigen).

Mais cette pierre n’a pas été recherchée uniquement autour de Carhaix ; en fait, elle a été utilisée un peu partout dans le bassin de Châteaulin. À Pleyben, dans l’église paroissiale – qui remonte en partie au xvie siècle – le grès vert joue un rôle essentiel en sus du granite : élévation méridionale ; sacristie édifiée au début du xviiie siècle (le grès est alors extrait des carrières de Menez Harz et de Ster-en-Golven) ; la même roche a été aussi utilisée pour l’ossuaire (xvie siècle) et l’arc de triomphe (xviiie), où elle présente quelques éléments bréchiques. également à Pleyben, la chapelle de Gars-Maria, y recourt localement en association avec des leucogranites. À Châteauneuf-du-Faou, dans la vaste chapelle Notre-Dame-des-Portes (fin du xixe siècle), ce grès est en association avec divers granites ; les traces d’outils de façonnement y sont très nettes sur les parements vus. Comme aux environs de Carhaix, les grès verts ont également été recherchés, plus à l’ouest, pour l’habitat.

Ces grès ont aussi été mis en oeuvre dans la statuaire : parmi bien d’autres, évoquons les statues dressées au chevet de l’église de Laz, la statue de Saint-Maudez au Vieux-Marché (Châteauneuf-du-Faou), celle de Saint-Nicolas dans la chapelle N.-D. de Hellen (Edern), plusieurs personnages du célèbre calvaire de Pleyben… Quelques éléments de la chapelle – ruinée – de Saint-Nicodème, en Kergloff, ont été remployés lors de la reconstruction de la chapelle Saint-Fiacre de Crozon, après la dernière guerre ; en particulier de superbes sculptures d’animaux ont été emplacés à la base du toit dans la façade occidentale (Chauris et Cadiou, 2002).

Cette analyse entraîne quelques remarques de portée générale.

Dans un terroir dépourvu de granite, artisans et artistes locaux ont su mettre en œuvre un matériau qui, au premier abord, ne paraissait pas offrir les atouts de la « pierre de grain » qui affleure au nord et au sud du bassin.

Ce matériau local, utilisé dans les édifices les plus variés, confère au bâti du bassin de Châteaulin une originalité architecturale. Son association fréquente aux granites « importés » induit un polylithisme du plus heureux effet. Parfois, le grès a même été exporté vers les bordures du bassin, au-delà de ses sites d’extraction.

Du fait de ses aptitudes à la sculpture, le grès vert a été très tôt recherché pour la statuaire. Il joue localement le rôle des célèbres kersantons de la rade de Brest, à tel point que, dans un musée dont nous tairons le nom, une statue du xvie siècle, a été rapportée au kersanton, alors qu’en fait elle est en grès vert : hommage inconscient à ce dernier matériau !

L’emploi de cette roche singulière, constant pendant plusieurs siècles (au moins du xvie au début du xxe siècle) paraît aujourd’hui totalement tombé dans l’oubli. Ses qualités devraient susciter une reprise artisanale, tant pour les restaurations que pour les constructions neuves."

 

COUFFON (René), 1988, Notice sur Briec-sur-Odet, in Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper

https://www.diocese-quimper.fr/wp-content/uploads/2021/01/BRIEC.pdf

"Sur le placitre, croix de 1864, Pietà de granit au pied du fût"

ÉVEILLARD (Jean-Yves), 1995, Statues de l'Antiquité remaniées à l'époque moderne: l'exemple d'une tête au cucullus à Châteauneuf-du-Faou (Finistère) Revue archéologique de l'Ouest année 1995  12  pp. 139-146

https://www.persee.fr/doc/rao_0767-709x_1995_num_12_1_1029

LE SEAC'H (Emmanuelle), 2015, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, Presses Universitaires de Rennes pages 248-249.

— OLLIVIER, (Sophie), 1993 -L'architecture et la statuaire en grès arkosique dans la vallée de l'Aulne centrale. Mém. de maîtrise d'histoire (inédit), J.Y. Eveillard, dir., U.B.O., Brest, 2 vol.

 

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7 juillet 2023 5 07 /07 /juillet /2023 22:25

Les groupes sculptés du cavalier blessé et la Vierge à l'Enfant en grès arkosique du XIVe siècle de l'église de Laz. Une Sainte Femme et une Sortie du Tombeau. Une Vierge de Pitié aux anges de tendresse (atelier de Tronoën v. 1470).

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Sur les sculptures en grès arkosique feldspathique :

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PRÉSENTATION.

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Le grès arkosique (feldspathique), à grain très fin, de couleur gris-verdâtre, du Centre Bretagne, se prête bien à la sculpture par sa relative tendreté et son aptitude à la taille. Il est abondant dans le bassin de Châteaulin, c'est-à-dire une partie du Centre-Finistère (Châteauneuf-du-faou), où il été utilisé en architecture et en sculpture (Ollivier, 1993). L'architecture domestique (bâtiments de fermes, manoirs) et l'architecture religieuse (église du Cloître-Pleyben, sacristie de Pleyben, chapelles) lui ont fait largement appel aux XVème, XVIème et XVIIème siècles. Dans le domaine de la sculpture, P. Eveillard  en a découvert l' emploi dès le second Age du fer et à la période gallo-romaine (génie au cucullus) . Aux XVIème et XVIIème siècles, il alimenta une statuaire abondante (plusieurs rondes-bosses dans les calvaires de Pleyben et de Saint Venec en Briec, par exemple) et concurrença même le célèbre kersanton. Voir l'analyse de Louis Chauris, Les grès verts de Châteaulin,  cité en bibliographie.

Il était déjà employé à Laz vers 1350, dans un groupe du cavalier mourant conservé près de l'église, que je présente ici. Puis vers 1470 sur le bas-relief de la porte d'entrée de l'ancien presbytère. Puis, le sculpteur désigné par le nom de convention de Maître de Laz l'employa en 1527 pour la Déploration du calvaire de l'ancien cimetière. 

Ce Maître de Laz est aussi l'auteur de la Déploration de l'église de Plourac'h, presque similaire, mais aussi de celle de Saint-Hernin et de la Pietà de Briec-sur-Odet. Mais aussi de trois autres statues de l'église de Plourac'h, celles de Saint-Patern, de Saint-Adrien, et de Sainte-Marguerite.

Le même matériau est employé au milieu du XVIe siècle pour la belle Trinité du porche de Clohars-Fouesnant.

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I. LE GROUPE DU CAVALIER BLESSÉ, GRÈS ARKOSIQUE, XIVe SIÈCLE.

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Je n'ai trouvé aucune description en ligne de ce groupe dont E. Le Seac'h dit seulement qu'il daterait des années 1350, en se basant sur le costume du cavalier. L'article Wikipedia sur Laz en donne une image. L'église actuelle date de 1720-1730 et il ne reste rien de l'édifice antérieur,.... sauf précisément ces statues de grès arkosique (Cavalier, Vierge, Sainte-Femme et bas-relief de la Sortie du Tombeau ?).

Il occupe l'extérieur de l'église, du côté du chevet, posé sur un soubassement en granite. Il est brisé, un morceau comprenant les pattes antérieures du cheval est scellé au ciment au groupe.

On l'aborde par son côté gauche, qui montre un cheval, monté et tenu en rênes par un cavalier. Une solide selle est visible ainsi qu'un étrier et des détails d'harnachement.

Le cavalier, un seigneur portant l'épée au côté gauche, est vêtu d'une tunique épaisse, longue, serrée par une ceinture, et plissée. Il est coiffé d'un chaperon intriguant, car un bourrelet se prolonge par une très épaisse masse.

Le cavalier est qualifié de "blessé" ou de "mourant", car, dans une posture dramatique, il est cambré, la tête renversée en arrière et vers le ciel, et le bras gauche rejeté sur l'arrière contre l'arrière-train du cheval.

Si nous observons le côté droit, nous constatons la présence de deux soldats, la main droite  sur la poignée de l'épée (placée à leur droite) et la main gauche portée à la tête, près de la tempe. Ils sont casqués, et portent sans doute l'armure recouverte d'un tabard court. Ils semblent mourants eux aussi.

Si la datation est confirmée,  cela fait de ce groupe l'un des plus anciens de Basse-Bretagne.

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Groupe sculpté du cavalier blessé,  grès arkosique, milieu XIVe siècle, église de Laz. Photographie lavieb-aile 2022.

Groupe sculpté du cavalier blessé, grès arkosique, milieu XIVe siècle, église de Laz. Photographie lavieb-aile 2022.

Groupe sculpté du cavalier blessé,  grès arkosique, milieu XIVe siècle, église de Laz.  Photographie lavieb-aile 2022.

Groupe sculpté du cavalier blessé, grès arkosique, milieu XIVe siècle, église de Laz. Photographie lavieb-aile 2022.

Groupe sculpté du cavalier blessé,  grès arkosique, milieu XIVe siècle, église de Laz.Photographie lavieb-aile 2022.

Groupe sculpté du cavalier blessé, grès arkosique, milieu XIVe siècle, église de Laz.Photographie lavieb-aile 2022.

Groupe sculpté du cavalier blessé,  grès arkosique, milieu XIVe siècle, église de Laz. Photographie lavieb-aile 2022.

Groupe sculpté du cavalier blessé, grès arkosique, milieu XIVe siècle, église de Laz. Photographie lavieb-aile 2022.

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I. LA VIERGE À L'ENFANT, GRÈS ARKOSIQUE, XIVe SIÈCLE.

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L'édifice précédent était dédié à Notre-Dame.

La statue est brisée au niveau du cou et  en diagonale au niveau du buste, et rescellée. Le bras droit est perdu.

La Vierge est grande et fine, à la posture hiératique malgré une légère avancée du genou gauche. 

Elle est couronnée, au dessus d'un voile recouvrant ses cheveux en V inversé. Le visage, malgré l'érosion, est beau, calme,  le nez est brisé, la bouche petite est creusée de fossettes latérales.

Le manteau, au plissé vertical s'enrichit d'un pan en balier à plis "en becs". Ce manteau assez classique contraste avec le corsage de la robe, où deux lignes médianes incurvées semble avoir pu accueillir jadis un pendentif.

L'Enfant, à la tête brisée et perdue, tenait peut-être jadis un globe qu'il bénissait, dans la posture du Sauveur. Il est soutenu, légèrement assis, par le bras gauche de sa Mère ; il est vêtu d'une tunique longue plissée.

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Vierge à l'Enfant,  grès arkosique, milieu XIVe siècle, église de Laz. Photographie lavieb-aile  2022.

Vierge à l'Enfant, grès arkosique, milieu XIVe siècle, église de Laz. Photographie lavieb-aile 2022.

Vierge à l'Enfant,  grès arkosique, milieu XIVe siècle, église de Laz. Photographie lavieb-aile  2022.

Vierge à l'Enfant, grès arkosique, milieu XIVe siècle, église de Laz. Photographie lavieb-aile 2022.

Vierge à l'Enfant,  grès arkosique, milieu XIVe siècle, église de Laz. Photographie lavieb-aile 2022.

Vierge à l'Enfant, grès arkosique, milieu XIVe siècle, église de Laz. Photographie lavieb-aile 2022.

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III. UNE SAINTE FEMME (?) , GRÈS ARKOSIQUE, XIVe OU XVIe SIÈCLE.

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Mains jointes, tête couverte par un très long voile. Le bord de ce voile est dentelé, rappelant le trait le plus caractéristique du Maître de Laz (v. 1506-1527). Le décolleté est carré, la taille est mince, le ventre projeté en avant.

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Sainte Femme, grès arkosique, milieu XIVe siècle, église de Laz. Photographie lavieb-aile 2022.

Sainte Femme, grès arkosique, milieu XIVe siècle, église de Laz. Photographie lavieb-aile 2022.

Sainte Femme, grès arkosique, milieu XIVe siècle, église de Laz. Photographie lavieb-aile  2022.

Sainte Femme, grès arkosique, milieu XIVe siècle, église de Laz. Photographie lavieb-aile 2022.

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IV, SORTIE DU TOMBEAU, BAS-RELIEF, GRÈS ARKOSIQUE, XIVe OU XVe SIÈCLE.

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Il occupe la face ouest du collatéral nord. Le Christ ressuscité franchit le bord du tombeau où trois soldats sont endormis sur leur hallebarde. Il tenait en main droite l'étendard de sa victoire sur la Mort (aujourd'hui cet étendard est brisé) et porte la cape glorieuse liée à cette victoire. Sa barbe est fournie, mais c'est surtout, sous la couronne d'épines,  l'épaisseur de ces cheveux, qui atteignent les épaules, qui est remarquable.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Laz#/media/Fichier:Laz_(29)_%C3%89glise_03.JPG

On comparera avec la Sortie du Tombeau du calvaire de Kerbreudeur à Saint-Hernin (Maître de Tronoën, granite, vers 1470) ; mais le Christ est aidé de deux anges.

Voir aussi Pluguffan.

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Calvaire de Kerbreudeur. Photo lavieb-aile.

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Sortie du Tombeau, grès arkosique, XVe siècle, église de Laz. Photographie lavieb-aile 2022.

Sortie du Tombeau, grès arkosique, XVe siècle, église de Laz. Photographie lavieb-aile 2022.

Sortie du Tombeau, grès arkosique, XVe siècle, église de Laz. Photographie lavieb-aile 2022.

Sortie du Tombeau, grès arkosique, XVe siècle, église de Laz. Photographie lavieb-aile 2022.

Sortie du Tombeau, grès arkosique, XVe siècle, église de Laz. Photographie lavieb-aile 2022.

Sortie du Tombeau, grès arkosique, XVe siècle, église de Laz. Photographie lavieb-aile 2022.

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V. VIERGE DE PITIÉ AUX ANGES DE TENDRESSE, BAS-RELIEF, GRÈS ARKOSIQUE (?), XVe SIÈCLE.

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Ce groupe occupe la porte d'entrée du jardin de l'ancien presbytère. Il a été répertorié par E. Le Seac'h parmi les œuvres de l'Atelier du Maître de Tronoën (vers 1470), dans l'ensemble thématique des Vierges de Pitié entourée d'anges de tendresse qui soutiennent d'une main son voile.

C'est E. Le Seac'h qui indique que le matériau employé est le grès arkosique (Sculpteurs...p. 322), alors que le matériau habituel de l'atelier est le granite, et que c'est ce dernier matériau que je reconnais ici.

 

Comparer à la Vierge de Pitié du calvaire de Tronoën à Saint-Jean-Trolimon (v. 1470) :

 

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Vierge de Pitié du calvaire de Tronoën à Saint-Jean-Trolimon.

 

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Comparer encore à la Vierge de Pitié de la chapelle Saint-Anne de Saint-Hernin (Atelier de Tronoën, vers 1470, granite et polychromie rouge) :

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Vierge de Pitié de la chapelle Saint-Anne de Saint-Hernin (atelier de Tronoën). Photographie lavieb-aile.

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— Sur les anges de compassion, et la gestuelle de l'ange, voir encore :

 

 

Vierge de Pitié aux anges de tendresse, atelier de Tronoën vers 1470, presbytère de Laz. Photographie lavieb-aile 2022.

Vierge de Pitié aux anges de tendresse, atelier de Tronoën vers 1470, presbytère de Laz. Photographie lavieb-aile 2022.

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La Vierge est assise et supporte le corps de son fils sur ses genoux. Ses mains sont croisées. Sa tête, au visage rond, est inclinée vers la droite ; elle est couverte d'un voile qui s'incurve au dessus du front, et forme des ailes sur le côté. L'un des anges soutient d'une main la tête du Christ et touche de l'autre le voile de Marie. L'autre ange pose sa main  gauche sur le genou du Christ et  lève le bras droit vers le voile, dont l'aile est brisée. Les deux anges ont la  tête et le regard tournés vers la Vierge.

La proximité avec le modèle (le calvaire de Tronoën) est grande, mais ici le visage de Marie est plus doux et plus avenant.

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Vierge de Pitié aux anges de tendresse, atelier de Tronoën vers 1470, presbytère de Laz. Photographie lavieb-aile 2022.

Vierge de Pitié aux anges de tendresse, atelier de Tronoën vers 1470, presbytère de Laz. Photographie lavieb-aile 2022.

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SOURCES ET LIENS.

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— CHAURIS (Louis), 2010, Pour une géo-archéologie du Patrimoine : pierres, carrières et constructions en Bretagne Deuxième partie : Roches sédimentaires, Revue archéologique de l'Ouest.

https://journals.openedition.org/rao/1384?lang=enLes

"Les grès verts du bassin de Châteaulin

Des niveaux gréseux affleurent au sein des schistes bleus du bassin carbonifère de Châteaulin. Tous les intermédiaires apparaissent entre des schistes gréseux encore fissiles, riches en minéraux phylliteux, et des grès feldspathiques plus massifs, caractérisés par leur teinte verte ou gris-vert. Le faciès gréso-feldspathique est formé de quartz non jointifs – ce qui facilite le façonnement – et de plagioclases, moins nombreux, dans un fond phylliteux qui rend compte du caractère tendre de la roche (la nuance verdâtre est due à la chlorite). Ce grès feldspathique fournit de beaux moellons et des pierres de taille, voire même des éléments aptes à la sculpture (Eveillard, 2001).

Ce matériau a déjà été utilisé dans la cité gallo-romaine de Vorgium (aujourd’hui Carhaix – cf. photo IV). Son emploi, à nouveau attesté dès le xvie siècle, prend une place essentielle dans les constructions, à Carhaix et dans ses environs : manoir de Lanoënnec (porte avec cintre en deux éléments, fenêtre avec linteau à accolade) ; manoir de Crec’h Henan (xviie siècle ? avec beaux moellons) ; manoir de Kerledan (xvie siècle, avec érosion en cupules) ; château de Kerampuil (1760, soubassement) ; Kergorvo (portes) ; manoirs de Kerniguez : grand manoir (superbes moellons) et petit manoir (moellons pouvant atteindre un mètre de long, en assises d’épaisseurs diverses, correspondant à la puissance des bancs dans les carrières). A Carhaix même, dans la maison du Sénéchal (xvie siècle), belle cheminée à l’étage. On retrouve ce grès dans les élévations de l’église de Plouguer, ainsi que dans celles de l’église de Saint-Trémeur (parties du xixe s.), dans la façade occidentale de la chapelle du couvent des Hospitalières (xviie siècle) ou au manoir de Maezroz près de Landeleau : photo V, VI… (Chauris, 2001c).

Les Travaux publics ont également fait appel à cette pierre locale. Dans les ouvrages du canal de Nantes à Brest (première moitié du xixe siècle), toujours aux environs de Carhaix, elle a été utilisée sous des modalités diverses : en beaux moellons pour le couronnement du parapet d’un pont près de l’écluse de l’Île ; en petits moellons pour le soubassement des maisons éclusières de Pont Dauvlas, de Kergouthis… ; les faciès plus schisteux – et par suite plus fissiles – ont été recherchés pour le dallage médian des bajoyers de quelques écluses (Kervouledic, Goariva), voire comme dalles devant la maison éclusière (Goariva…). De même, les infrastructures ferroviaires ont aussi employé ce matériau local (pont franchissant le canal au sud-est de Kergadigen).

Mais cette pierre n’a pas été recherchée uniquement autour de Carhaix ; en fait, elle a été utilisée un peu partout dans le bassin de Châteaulin. À Pleyben, dans l’église paroissiale – qui remonte en partie au xvie siècle – le grès vert joue un rôle essentiel en sus du granite : élévation méridionale ; sacristie édifiée au début du xviiie siècle (le grès est alors extrait des carrières de Menez Harz et de Ster-en-Golven) ; la même roche a été aussi utilisée pour l’ossuaire (xvie siècle) et l’arc de triomphe (xviiie), où elle présente quelques éléments bréchiques. également à Pleyben, la chapelle de Gars-Maria, y recourt localement en association avec des leucogranites. À Châteauneuf-du-Faou, dans la vaste chapelle Notre-Dame-des-Portes (fin du xixe siècle), ce grès est en association avec divers granites ; les traces d’outils de façonnement y sont très nettes sur les parements vus. Comme aux environs de Carhaix, les grès verts ont également été recherchés, plus à l’ouest, pour l’habitat.

Ces grès ont aussi été mis en oeuvre dans la statuaire : parmi bien d’autres, évoquons les statues dressées au chevet de l’église de Laz, la statue de Saint-Maudez au Vieux-Marché (Châteauneuf-du-Faou), celle de Saint-Nicolas dans la chapelle N.-D. de Hellen (Edern), plusieurs personnages du célèbre calvaire de Pleyben… Quelques éléments de la chapelle – ruinée – de Saint-Nicodème, en Kergloff, ont été remployés lors de la reconstruction de la chapelle Saint-Fiacre de Crozon, après la dernière guerre ; en particulier de superbes sculptures d’animaux ont été emplacés à la base du toit dans la façade occidentale (Chauris et Cadiou, 2002).

Cette analyse entraîne quelques remarques de portée générale.

Dans un terroir dépourvu de granite, artisans et artistes locaux ont su mettre en œuvre un matériau qui, au premier abord, ne paraissait pas offrir les atouts de la « pierre de grain » qui affleure au nord et au sud du bassin.

Ce matériau local, utilisé dans les édifices les plus variés, confère au bâti du bassin de Châteaulin une originalité architecturale. Son association fréquente aux granites « importés » induit un polylithisme du plus heureux effet. Parfois, le grès a même été exporté vers les bordures du bassin, au-delà de ses sites d’extraction.

Du fait de ses aptitudes à la sculpture, le grès vert a été très tôt recherché pour la statuaire. Il joue localement le rôle des célèbres kersantons de la rade de Brest, à tel point que, dans un musée dont nous tairons le nom, une statue du xvie siècle, a été rapportée au kersanton, alors qu’en fait elle est en grès vert : hommage inconscient à ce dernier matériau !

L’emploi de cette roche singulière, constant pendant plusieurs siècles (au moins du xvie au début du xxe siècle) paraît aujourd’hui totalement tombé dans l’oubli. Ses qualités devraient susciter une reprise artisanale, tant pour les restaurations que pour les constructions neuves."

 

— COUFFON (René), 1988, Notice sur Laz, in Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper

https://www.diocese-quimper.fr/wp-content/uploads/2021/01/LAZ.pdf

Sur le placitre, statues en pierre : Vierge Mère et Vierge de l'Annonciation (?), - noble à cheval, accompagné de deux soldats. Bas-relief du Christ ressuscité au portail du presbytère.

Calvaire du XVIe siècle des ateliers de Scaër, remonté dans le cimetière : sur le massif rectangulaire, trois croix. Sur le socle, grande Pietà très semblable à la Descente de croix de Plourac'h : le corps du Christ est étendu au pied de la croix, sur les genoux de la Vierge Marie, de saint Jean et de la Madeleine. Ce groupe porte une inscription en lettres gothiques : "LAN MIL VcXXVII. YVON. FICHAUT. PCULUCS." Au revers du Crucifix, Ecce Homo daté 1563.

 

— ÉVEILLARD (Jean-Yves), 1995, Statues de l'Antiquité remaniées à l'époque moderne: l'exemple d'une tête au cucullus à Châteauneuf-du-Faou (Finistère) Revue archéologique de l'Ouest année 1995  12  pp. 139-146

https://www.persee.fr/doc/rao_0767-709x_1995_num_12_1_1029

—LE SEAC'H (Emmanuelle), 2015, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, Presses Universitaires de Rennes pages 249-250.

— OLLIVIER, (Sophie), 1993 -L'architecture et la statuaire en grès arkosique dans la vallée de l'Aulne centrale. Mém. de maîtrise d'histoire (inédit), J.Y. Eveillard, dir., U.B.O., Brest, 2 vol.

 

Autres sites consultés :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Laz

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA00005123

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/17c8334a-1981-47cf-ab0d-e0558c1fd0f4

https://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00005123_01.pdf

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Sculptures grés feldpathique Chapelles bretonnes
31 mai 2023 3 31 /05 /mai /2023 10:31

L'église de Clohars-Fouesnant : la Trinité dite "du psautier" (milieu XVIe, grès feldspathique),  du porche sud.

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Voir :

—Sur cette église :


 

—Sur ce thème iconographique :

 

a) Les Trinités du Psautier :

 

 b) Les Trônes de grâce et Compassions du Père :

 

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PRÉSENTATION.

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Le groupe sculpté en pierre polychrome du porche de l'église Sainte-Hilaire de Clohars-Fouesnant est intéressant notamment pour deux raisons :

1°) son thème, la "Trinité du Psautier", renvoyant à d'autres exemples iconographiques à Dinéault, ou à Quimper. 

2°) son matériau , le grès feldspathique, assez rarement utilisé en Bretagne.

Haut de 1,09 m, il  est installé sur le côté droit de l'entrée du porche sud, scellé sur une table d'offrande en granite, sous un ange portant un phylactère, également en granite. Malgré l'harmonie des proportions, rien ne permet d'écarter l'hypothèse d'une installation tardive par ré-emploi. Néanmoins, un groupe sculpté de la Trinité est conservé à l'intérieur, en bois, du XVIIe, sur le thème du Trône de grâce. L'ange au phylactère "représentait-il" l'Esprit-Saint, ou bien l'inscription de cette banderole le convoquait-elle, malgré l'emploi d'une pierre différente? Cet ange à la tunique plissée (et retroussée en amict sur l'encolure), aux ailes cambrées derrière le torse, est "en vol" ; son phylactère est tenu en haut par la main droite et en bas par la main gauche. Son visage est rond mais très érodé, ses cheveux sont mi-courts, dégageant la nuque mais cachant les oreilles. L'aile gauche est brisée.

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Le Père et le Fils ont la même taille, sont assis sur la même cathèdre (visible sur les côtés) se ressemblent malgré des caractères de distinction, et les pans de leurs capes se croisent devant leurs genoux et forment par leurs plis cassés et cannelés ou couchés un seul ensemble de lignes convergentes verticales ou diagonales. Les pieds ne sont pas visibles, permettant de considérer que les deux personnes se rejoignent dans la partie basse. C'est un trait qui se retrouvent aussi sur les groupes d'Anne trinitaires où la mère (sainte Anne) et la fille ont la même taille.

Tandis que le Christ bénit de la main droite, Dieu le Père tient le globe terrestre (un orifice supérieur indique que ce globe portait jadis une croix). Les deux Personnes posent la main sur le livre central qui est ouvert, celui des Écritures.

 

Les épaules sont tombantes, effacées par le poids des lourdes chapes. Les deux personnages portent des aubes bouffant au dessus de la ceinture, et recouvertes d'une chape (chape pluviale des dignitaires de l'Église d'alors) maintenue par une agrafe, ronde, au bord moulurée pour le Fils et en forme de marguerite pour le Père. Le motif du galon plat en bordure est de losanges alternés avec des deux-points et des cercles.

Dieu est coiffé d'une couronne à fleurs de lis.  Les visages s'inscrivent dans un rectangle et sont allongés par une barbe. Celle du Christ, plus courte que la chevelure, présente des mèches séparées à trois rangs bouclés. Celle de Dieu est à quatre rangs, diminués en pointe avec une allure orientale de guerrier babylonien.

Les yeux  à double paupière sont creusés dans leur orbite, — et E. Le Seac'h remarque que c'est ce que faisait le Maître de Quilinen —, mais en rond et en plus bridés. On remarquera que, pour le calvaire de Mellacce Maître a utilisé le granite et le grès arkosique (arkose = Grès feldspathique avec plus de 25% de feldspaths).

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Les arêtes du nez sont légèrement courbées mais le nez est fin, droit, voire pointu (Père). Les pommettes sont saillantes. Les bouches sont fines.

Les cheveux du Christ atteignent les épaules, ils sont enroulés et striés mèches par mèches. Ceux de Dieu le Père sont séparés en trois boucles de chaque côté.

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La datation.

"La sculpture est à dater des environs de 1550  par tous les détails marquants (formes des agrafes, motifs des galons, plis couchés repassés des tissus, ligne archaïsante des visages. L'œuvre de G. Guillerme (?) se situe dans une période de transition entre le médiéval appuyé des Maîtres de Tronoën, de Quilinen, de Brasparts et l'esprit de la Renaissance qui se diffuse progressivement dans le Léon et la Cornouaille" (E. Le Seac'h p. 251)

Les experts de la base Palissy indiquent :  4ème quart du XVème siècle.

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29000136.

Le matériau.

La couronne, la main droite du Christ et le paan de sa chape sont brisés, montrant une pierre grise au grain très fin, tandis que le groupe est recouvert d'une couleur ocre jaune parmi laquelle se discernent quelques traces de polychromie rouge.

Cette pierre a été identifiée comme étant du grès feldspathique ou grès  arkosique.

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"Le faciès gréso-feldspathique est formé de quartz non jointifs – ce qui facilite le façonnement – et de plagioclases, moins nombreux, dans un fond phylliteux qui rend compte du caractère tendre de la roche (la nuance verdâtre est due à la chlorite). Ce grès feldspathique fournit de beaux moellons et des pierres de taille, voire même des éléments aptes à la sculpture (Eveillard, 2001)." (Louis Chauris 2012) voir Eveillard, J.-Y., 2001 – Les grès feldspathiques du bassin de Châteaulin dans l’architecture et la sculpture des siècles passés, La pierre en Basse-Bretagne, Brest, Université de Bretagne occidentale, CRBC, p. 41-53.

"Ces grès ont aussi été mis en oeuvre dans la statuaire : parmi bien d’autres, évoquons les statues dressées au chevet de l’église de Laz, la statue de Saint-Maudez au Vieux-Marché (Châteauneuf-du-Faou), celle de Saint-Nicolas dans la chapelle N.-D. de Hellen (Edern), plusieurs personnages du célèbre calvaire de Pleyben… Quelques éléments de la chapelle – ruinée – de Saint-Nicodème, en Kergloff, ont été remployés lors de la reconstruction de la chapelle Saint-Fiacre de Crozon, après la dernière guerre ; en particulier de superbes sculptures d’animaux ont été emplacés à la base du toit dans la façade occidentale (Chauris et Cadiou, 2002).

Dans un terroir dépourvu de granite, artisans et artistes locaux ont su mettre en œuvre un matériau qui, au premier abord, ne paraissait pas offrir les atouts de la « pierre de grain » qui affleure au nord et au sud du bassin. Ce matériau local, utilisé dans les édifices les plus variés, confère au bâti du bassin de Châteaulin une originalité architecturale. Son association fréquente aux granites « importés » induit un polylithisme du plus heureux effet. Parfois, le grès a même été exporté vers les bordures du bassin, au-delà de ses sites d’extraction. Du fait de ses aptitudes à la sculpture, le grès vert a été très tôt recherché pour la statuaire. Il joue localement le rôle des célèbres kersantons de la rade de Brest, à tel point que, dans un musée dont nous tairons le nom, une statue du xvie siècle, a été rapportée au kersanton, alors qu’en fait elle est en grès vert : hommage inconscient à ce dernier matériau ! L’emploi de cette roche singulière, constant pendant plusieurs siècles (au moins du xvie au début du xxe siècle) paraît aujourd’hui totalement tombé dans l’oubli. Ses qualités devraient susciter une reprise artisanale, tant pour les restaurations que pour les constructions neuves." (Louis Chauris 2012a)

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Autres statues en grès feldspathique.

-La Pietà (en fait une Déploration) du calvaire de Laz, datant de 1527, est en grès feldspathique. Ce matériau avait déjà été utilisé en 1350 pour un cavalier mourant et deux soldats de l'extérieur du chevet de l'église.

-La Pietà de la croix de l'église de Briec-sur-Odet, dans le même matériau, est également datée vers 1527.

-De même, la Pietà de l'église Saint-Jean-Baptiste de Plourac'h, sur le même modèle que la précédente, est en grès feldspathique polychrome. et datée de la même période.

-Dans cette église, trois autres statues de la chapelle des fonts sont sculptés dans la même pierre : celles de sainte Marguerite, de saint Adrien, et de saint Patern.

Ces six statues sont attribuées au même artiste, nommé par convention le Maître de Laz.

-Dans l'église de Châteauneuf-du-Faou, la sculpture en grès arkosique de la Trinité adopte le modèle des Trônes de grâce.

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 la Trinité dite "du psautier" (milieu XVIe, grès feldspathique),  du porche sud de l'église de Clohars-Fouesnant. Photographie lavieb-aile 2023.

la Trinité dite "du psautier" (milieu XVIe, grès feldspathique),  du porche sud de l'église de Clohars-Fouesnant. Photographie lavieb-aile 2023.

 la Trinité dite "du psautier" (milieu XVIe, grès feldspathique),  du porche sud de l'église de Clohars-Fouesnant. Photographie lavieb-aile 2023.

la Trinité dite "du psautier" (milieu XVIe, grès feldspathique),  du porche sud de l'église de Clohars-Fouesnant. Photographie lavieb-aile 2023.

 la Trinité dite "du psautier" (milieu XVIe, grès feldspathique),  du porche sud de l'église de Clohars-Fouesnant. Photographie lavieb-aile 2023.

la Trinité dite "du psautier" (milieu XVIe, grès feldspathique),  du porche sud de l'église de Clohars-Fouesnant. Photographie lavieb-aile 2023.

 la Trinité dite "du psautier" (milieu XVIe, grès feldspathique),  du porche sud de l'église de Clohars-Fouesnant. Photographie lavieb-aile 2023.

la Trinité dite "du psautier" (milieu XVIe, grès feldspathique),  du porche sud de l'église de Clohars-Fouesnant. Photographie lavieb-aile 2023.

 la Trinité dite "du psautier" (milieu XVIe, grès feldspathique),  du porche sud de l'église de Clohars-Fouesnant. Photographie lavieb-aile 2023.

la Trinité dite "du psautier" (milieu XVIe, grès feldspathique),  du porche sud de l'église de Clohars-Fouesnant. Photographie lavieb-aile 2023.

 la Trinité dite "du psautier" (milieu XVIe, grès feldspathique),  du porche sud de l'église de Clohars-Fouesnant. Photographie lavieb-aile 2023.

la Trinité dite "du psautier" (milieu XVIe, grès feldspathique),  du porche sud de l'église de Clohars-Fouesnant. Photographie lavieb-aile 2023.

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 la Trinité dite "du psautier" (milieu XVIe, grès feldspathique),  du porche sud de l'église de Clohars-Fouesnant. Photographie lavieb-aile 2023.

la Trinité dite "du psautier" (milieu XVIe, grès feldspathique),  du porche sud de l'église de Clohars-Fouesnant. Photographie lavieb-aile 2023.

 la Trinité dite "du psautier" (milieu XVIe, grès feldspathique),  du porche sud de l'église de Clohars-Fouesnant. Photographie lavieb-aile 2023.

la Trinité dite "du psautier" (milieu XVIe, grès feldspathique),  du porche sud de l'église de Clohars-Fouesnant. Photographie lavieb-aile 2023.

 la Trinité dite "du psautier" (milieu XVIe, grès feldspathique),  du porche sud de l'église de Clohars-Fouesnant. Photographie lavieb-aile 2023.

la Trinité dite "du psautier" (milieu XVIe, grès feldspathique),  du porche sud de l'église de Clohars-Fouesnant. Photographie lavieb-aile 2023.

 la Trinité dite "du psautier" (milieu XVIe, grès feldspathique),  du porche sud de l'église de Clohars-Fouesnant. Photographie lavieb-aile 2023.

la Trinité dite "du psautier" (milieu XVIe, grès feldspathique),  du porche sud de l'église de Clohars-Fouesnant. Photographie lavieb-aile 2023.

 la Trinité dite "du psautier" (milieu XVIe, grès feldspathique),  du porche sud de l'église de Clohars-Fouesnant. Photographie lavieb-aile 2023.

la Trinité dite "du psautier" (milieu XVIe, grès feldspathique),  du porche sud de l'église de Clohars-Fouesnant. Photographie lavieb-aile 2023.

 la Trinité dite "du psautier" (milieu XVIe, grès feldspathique),  du porche sud de l'église de Clohars-Fouesnant. Photographie lavieb-aile 2023.

la Trinité dite "du psautier" (milieu XVIe, grès feldspathique),  du porche sud de l'église de Clohars-Fouesnant. Photographie lavieb-aile 2023.

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L'inscription en caractères gothiques : 

On y lit :

: M : G : GUILLERM : F.

Certaines lettres sont perlées, d'autres sont ornées au niveau des panses,  les fûts ou hampes sont bifides, les fûts sont droits et leurs  empattements sont en losanges, comme dans l'écriture gothique textura  quadrata.

La fin du nom est constituée, après un signe brisé que nous lisons comme un -r-, par quatre fûts droits identiques, ce qui incite Castel ou Le Seac'h à lire : M : G : GUILLERMI : F, "Messire G : Guillermi m'a fait".

Ils interprètent en effet le F final comme l'abréviation de "fait" :

Yves-Pascal Castel écrit  dans Artistes de Bretagne :

"GUILLERME ou GUILLERMYE (Guillaume) Sculpteur. Auteur du groupe en pierre de la Trinité dans le porche sud de l'église de Clohars-Fouesnant. L'inscription porte : M:G:GUILLERMI : F. Est-ce le même que Guillaume Guillermin, de Morlaix ? Ce dernier est "maître tailleur d'images et peintre à Morlaix (église Saint-Jean deSaint-Melaine) et a réalisé en 1561 avec Jacques Chrétien un tabernacle, peint les statues de saint Jean et de la Vierge et sculpté une statue de la Madeleine. Mais il s'agit là d'oeuvres en bois, et non de sculpteur de pierre.

Le patronyme GUILLERME avec la forme GUILLERM ou celle de GUILLERMI n'est pas attesté sur Geneanet à Clohars-Fouesnant. Néanmoins, dans la très grande majorité des inscriptions lapidaires des statues, le F final indique le Fabrique (fabricien), c'est à dire le commanditaire, et je considère que seule la mention explicite "m'a fait" ou en latin fecit autoriserait à ne pas voir ici le nom d'un paroissien exerçant la charge annuelle dans la fabrique.

L'initiale du prénom est peut-être ornée d'un -u- suscrit à la fin du paraphe.

Un autre élément troublant est le M — particulièrement orné — précédant l'initiale du prénom. Il qualifie en général un membre du clergé, le recteur en règle, et est l'abréviation de "Messire". Il serait parfaitement incongru qu'un sculpteur puisse porter ce titre.

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 la Trinité dite "du psautier" (milieu XVIe, grès feldspathique),  du porche sud de l'église de Clohars-Fouesnant. Photographie lavieb-aile 2023.

la Trinité dite "du psautier" (milieu XVIe, grès feldspathique),  du porche sud de l'église de Clohars-Fouesnant. Photographie lavieb-aile 2023.

 la Trinité dite "du psautier" (milieu XVIe, grès feldspathique),  du porche sud de l'église de Clohars-Fouesnant. Photographie lavieb-aile 2023.

la Trinité dite "du psautier" (milieu XVIe, grès feldspathique),  du porche sud de l'église de Clohars-Fouesnant. Photographie lavieb-aile 2023.

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DISCUSSION. LA THÉMATIQUE DES GROUPES SCULPTÉS DE LA TRINITÉ.
 

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François Boespfulg distingue principalement, dans les représentations de la Trinité dans l'art, les Trinités du Psautier, où le Père et le Fils ont la même taille, à peu près la même figure, et sont côte à côte, des Trinités rédemptrices ou Trinités souffrantes, elles-mêmes divisées en Trône de grâce (le Père tient son Fils crucifié, placé entre ses jambes) et en Compassion du Père, où Dieu tient le Christ mort comme le fait la Vierge le fait dans les Pietà ou Vierge de Pitié. 

 

 

I. La « Trinité du psautier ».

 Elle est ainsi appelée en raison de son rapport avec le premier verset du psaume 109. « Le Seigneur a dit à mon Seigneur : siège à ma droite »… Sur toutes ces images, deux trônes identiques et proches l’un de l’autre, pour le Père et le Fils,  ou le même trône. On retrouve ces images dans des enluminures après 1200, dans des monastères, puis chez des souverains. Plus tard sur des Livres d’heures. La plus ancienne semble être celle du Psautier de Cantorbery (1210)

II. Le Trône de grâce On y voit Dieu le Père siégeant, rarement debout, qui tient le Fils en croix entre ses genoux, comme pour le proposer à la méditation du spectateur tandis qu’une colombe dont l’emplacement varie symbolise l’Esprit. Cette représentation, caractéristique de l’art occidental et inconnue en Orient, tire son nom d’un passage de la Lettre aux Hébreux : « Avançons-nous donc avec assurance vers le Trône de la grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours. » (He 4, 16). 

III. La Compassion du Père .

IV.  La Trinité triandrique Les trois Personnes sont représentées sous forme humaine. Dans les images les plus anciennes elles sont souvent de face, assises côte à côte, un peu comme des triplés. Puis progressivement le groupe va s’animer et les Personnes se détacher les unes des autres, chacune présentant un attribut permettant de l’identifier.

V.Enfin, la Trinité trichéphale ou Trinité trifons .Cette représentation apparaît au XIIIème siècle. On y voit un être humain ayant au dessus du tronc soit trois têtes, soit une tête unique composée de trois visages. Pouvant induire que la Trinité est une sorte de monstre, elle fut interdite en 1628 par le pape Urbain VIII.

Enfin les Couronnements de la Vierge montrent souvent Marie couronnée par les trois personnes de la Trinité.

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Voir :

Les peintures murales (fin XIVe) de la chapelle de Jean Chiffrevast de la cathédrale de Coutances.

 

 

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La représentation de la Trinité en Bretagne (F. Boesplug).

"La Bretagne est la province de France où la Trinité fut le plus à l’honneur dans l’art entre le xve et le xviie siècle, notamment dans la statuaire, en bois polychrome ou en pierre, du Finistère, des Côtes d’Armor et du Morbihan. Les deux types iconographiques les plus prisés furent le Trône de grâce et la Compassion du Père, autrement dit des Trinités souffrantes (ou Trinités rédemptrices) où se dit la souffrance du Père en son Fils et la participation de toute la Trinité à l’œuvre de la Rédemption. François Boespflug  a rassemblé d’environ 150 objets sur ce thème en Bretagne et en a analysé les principales particularités.

Parmi les  150 œuvres réunis dans son corpus observé en Bretagne F. Boespflug compte 90 statues ou reliefs du type Trône de grâce, la plupart en bois polychrome, une trentaine du type Compassion du Père, dont celle du Cléguérec , moins d’une dizaine de Trinités du psautier (parmi lesquelles deux bas-reliefs et un vitrail de 1548 à la chapelle Notre-Dame du Crann, où la Trinité couronne une représentation du martyre de saint Laurent), ainsi qu' une vingtaine d’images relevant d’autres types ou inclassables parmi les catégories iconographiques habituelles : Vierges ouvrantes avec un groupe de la Trinité dans leur sein, comme à Saint-Matthieu de Morlaix, Sainte-Famille (Chapelle Notre-Dame du Bon Secours, Kergloff, tableau d’autel, XIXe siècle), apparition dans le ciel d’un Triangle avec oeil inscrit, etc.

Les «Trinités du psautier » sont :  celle en bois polychrome du musée départemental breton de Quimper R 1885:1:1 (XVe-XVIe), celle en pierre polychrome de Dinéault, de la fin du XVe siècle, et celle du porche de Clohars-Fouesnant (église Saint-Hilaire), qui est privée de sa Colombe. » d'après F. Boespflug

 

 

PRÉSENTATION DES TRINITÉS DU PSAUTIER DE BRETAGNE.

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A. LA TRINITÉ DU MUSÉE DÉPARTEMENTAL DE QUIMPER.

Bois polychrome sculpté en haut-relief.

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La proximité de ce groupe avec celui de Clohars-Fouesnant est évidente :

 

"Le Père et le Fils sont assis côte à côte sur le même trône de part et d'autre d'un axe de symétrie matérialisé par la colombe de l'Esprit dans la partie haute et par la main de l'ange dans la partie basse.
Le Fils est à la droite du Père. De sa main droite, il bénit et de sa main gauche, il tient un livre ouvert qui repose sur ses genoux et qui porte une inscription gravée. Sa barbe est plus courte que celle du Père et ses cheveux sont divisés en tresses déliées. Le Père porte une chevelure et une barbe abondantes et bouclées. Ses cheveux sont ceints d'une couronne royale. Dans sa main gauche, il tient la boule du monde. Tous deux sont vêtus d'une tunique à plis fins et multiples, serrée à la taille et retombant par-dessus la ceinture, et d'un manteau retenu sur la poitrine par un fermail ouvragé de forme octogonale.
Le bas du manteau du Père aux nombreux cassés et anguleux revient en tablier sur leurs genoux et cache leurs pieds. On observe un jeu sculptural de la figuration. Il n'y a en effet que trois genoux, limitant deux triangles. Ce jeu des triangles est repris dans la partie haute par les têtes des deux personnages limitant un triangle dans lequel s'inscrit la Colombe.
Le groupe s'insère dans un ovale de quatorze anges. Cinq d'entre eux portent des intruments de musique. En partant du haut, vers la droite, une vièle, un orgue portatif, une harpe, une mandore ou mandola (sorte de petit luth) et un psaltérion. Ils sont représentés en buste, tous vêtus d'une tunique. Ils offrent un visage rond d'où émane un air de bonhomie un peu rustique. Ils sont nettement individualisés. En suivant le même ordre que précédemment, le premier : cheveux bouclés ; le second : cheveux bouclés avec un bandeau doré ; le troisième : cheveux tombants ; le quatrième : cheveux hirsutes ; le cinquième : cheveux longs ; le sixième : cheveux bouclés, mains jointes ; le septième : cheveux "à l'ange" ; le huitième : cheveux bouclés ; le neuvième : de dos, tresse dans le dos, bandeau doré ; le dixième : couronne perlée avec feuillage ; le onzième : cheveux hirsutes ; le douzième : double couronne de roses, cheveux longs ; le treizième : cheveux longs avec une frange sur le front ; le quatorzième : cheveux bouclés et front dégarni.
L'encadrement de ce médaillon est formé de nuages conventionnels, constitués de coeurs "tête-bêche", uniformes et symétriques.
Le sculpteur a insisté sur les nombres impairs, les nombres sacrés. Les quatorze anges résultent de l'assemblage de nombres impairs (cinq d'entre eux portent des instruments, plus neuf autres... qui participent de l'harmonie universelle). Le nombre trois de la Trinité est matérialisé par les trois triangles du Père, du Fils et de la Colombe."

https://musee-breton.finistere.fr/fr/notice/r-1885-1-1-sainte-trinite-musee-departemental-breton-b171cfed-d40f-453e-a4bb-caece2c23958

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Copyright Musée Départemental Breton

 

 

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B. LA TRINITÉ DE L'ÉGLISE DE DINÉAULT (29)

Comme à Clohars-Fouesnant, ce groupe en pierre montre le Père couronné, et tenant le globe de l’univers tandis que le Fils bénit ;  et là encore l'artiste a tenté de rendre la consubstantialité voire la circuminsession des deux premières Personnes de la Trinité en enveloppant si bien leurs genoux sous un même manteauqu’on croirait qu’elles n’en ont ensemble que deux.

De même également, les deux personnes tiennent ensemble un livre ouvert. Mais  sur la tranche du livre est juchée la Colombe et on y lit  l’introït de la messe de la fête de la Trinité : Benedicta sit sancta et individua Trinitas… .

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Voir mon article :

L'église Sainte-Marie-Madeleine de Dinéault VI : Le retable de la Trinité.

Photographie lavieb-aile

 

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C LA TRINITÉ DE L'ÉGLISE DE SAINT-AIGNAN

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d. Les GRANDES HEURES d'ANNE DE BRETAGNE PAR J. BOURDICHON, 1503-1508.

 

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BnF latin 9474.

 

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PRÉSENTATION D'AUTRES TRINITÉS DE BRETAGNE.

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Cléguerec. Trône de grâce. Retable, bois sculpté polychrome, XVIe siècle

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Spézet, chapelle Notre-Dame-du-Crann. Trône de grâce.  Retable, bois polychrome.

https://www.lavieb-aile.com/2016/06/les-retables-de-la-chapelle-notre-dame-du-crann-de-spezet-finistere.html

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Photographie lavieb-aile.

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Église de Châteauneuf-du-Faou.

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Photographie lavieb-aile.

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Église de Loqueffret. Retable : trône de grâce

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Photographie lavieb-aile.

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L'arc de triomphe de l'enclos de Pleyben. Kersanton. Trône de grâce.

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Arc de triomphe ouest de l'enclos de Pleyben. Photographie lavieb-aile.

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La chapelle de la Trinité de Pleyben. Kersanton polychrome. Trône de grâce.

 

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Photographie lavieb-aile.

 

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Rumengol, bois polychrome. Trône de grâce.

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Retable de la Trinité , église de Rumengol. Photographie lavieb-aile.

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L'église Saint-Jacques de Locquirec . Photographie lavieb-aile.

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La Vierge ouvrante de l'église Saint-Matthieu de Morlaix. Trône de grâce.

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Photographie lavieb-aile.

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Fontaine Saint-Thivisiau, Landivisiau. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

— ABGRALL (Jean-Marie), PEYRON (Henri),1906, Notice sur Clohars-Fouesnant, Bull. diocesain d'histoire et archéologie p. 65

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/6550c9a397317f36a001ec0ce9b9320f.pdf

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/68e44d4982e68d65583712db5573df22.pdf

BOESPLFUG (François), 2009, "La Trinité dans l’art breton (XVe-XVIIIe siècle) Esquisse d’une enquête",  Revue des sciences religieuses 83/4 | 2009
 

BOESPLFUG (François),Yolanta Zaluska 1994, Le dogme trinitaire et l'essor de son iconographie en Occident de l'époque carolingienne au IVe Concile du Latran (1215) , Cahiers de civilisation médiévale  Année 1994  Volume 37  Numéro 147  pp. 181-240 http://www.persee.fr/doc/ccmed_0007-9731_1994_num_37_147_2591

— COUFFON (René), 1988; Notice sur Clohars-Fouesnant, in Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper.

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/381a591365aa013e3ade171dc06ff221.pdf

—LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle, éditions Presses Universitaires de Rennes, page 250, illustration fig. 257 

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  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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