La chapelle de Kerluan à Châteaulin : inscriptions et crossette.
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Je reprends en le complétant un article de 2012.
- Vierges allaitantes VI :Chapelle Notre-Dame de Kerluan à Châteaulin I.Inscriptions... et N rétrograde. (juin 2012)
Voir aussi
- Vierges allaitantes VI : Chapelle Notre-Dame de Kerluan à Châteaulin : Les vitraux et les statues.
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Le calvaire (Roland Doré, 1639) de la chapelle Notre-Dame de Kerluan à Châteaulin.
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Cet article appartient à une série sur les inscriptions lapidaires monumentales de Basse-Bretagne. (cf. "catégorie")
— Cet article appartient aussi à une étude des crossettes du Finistère destinée à permettre des comparaisons et à dégager des constantes stylistiques et thématiques. On consultera sur ce blog :
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L'église Sainte-Marie-Madeleine de Dinéault VII. La crossette.
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L'enclos paroissial de Pencran I. Les crossettes du porche (1553).
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L'enclos paroissial de Brasparts. II. Le clocher et ses gargouilles. L'ossuaire et les crossettes.
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La Collégiale Notre-Dame du Folgoët VI : les crossettes du Doyenné.
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Les sculptures extérieures de l'enclos paroissial de Sizun (29).
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L'église Notre-Dame de Rumengol. V : les gargouilles et crossettes.
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L'église Saint-Salomon de La Martyre. IV. L'ossuaire, les inscriptions et les crossettes.
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Les crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz à Roscoff (1522-1545).
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La chapelle Notre-Dame de Berven en Plouzévédé III. Les crossettes (1573-1579).
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Les crossettes des maisons du XVIe et XVIIe siècle de Roscoff. (vers 1560)
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Les crossettes et les gargouilles de l'église de Loc-Envel (22).
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Les crossettes et gargouilles de l'église de Lampaul-Guimilau.
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La sirène et l'ange de l'église de Landévennec. Les deux crossettes nord et sud (pierre de Logonna, 1693 ?) de l'église de Landévennec
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Ploéven VIII. Les six crossettes (granite, XVIIe siècle) de la chapelle Saint-Nicodème.
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PRÉSENTATION.
TOPONYME.
Elle tire son nom du lieu-dit Kerluhan, toponyme dont l'étymologie vient du breton ker-, lieu fortifié puis "village, hameau" et de Luhan, patronyme lui-même dérivé de lugern, brillant, avec la forme diminutive -an. Il s'agit donc du "hameau de Luhan". La carte IGN de 1950 (scan historique") et la carte d'Etat-Major de 1822-1866 indiquent l'orthographe Kerluhan (également inscrite sur la cloche de 1843),une carte de 1677 celle de K[er]luant et la carte de Cassini de la fin du XVIIIe celle de Kerluan.
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SITUATION GÉOGRAPHIQUE.
On ne comprend bien cette chapelle qu'en considérant sa situation, très exceptionnelle. Elle domine, à une altitude de 70 m, l'une des trois boucles que forme ici l'Aulne en d'étroits méandres (parcours imposant trois écluses très rapprochées du Canal de Nantes à Brest). Cette boucle, aujourd'hui traversée sur sa crête par la N165, est large de moins de 1000 m. Je retrouve ici la situation fortement lié au réseau hydrologique remarquée pour d'autres chapelles érigées sur un mamelon dominant un cours d'eau (cf. Saint-Vendal à Douarnenez, Saint-Sébastien de Saint-Ségal sur une boucle de l'Aulne, l'église de Vieux-Bourg à Lothey sur une autre boucle encore) et évoquant un ancien culte liée à cet emplacement naturel doté d'une situation stratégique notable.
La grande ressource de Châteaulin venait de la pêche des saumons, les pêcheries, comme les moulins, étant devenues en 1540 et au XVIIe siècle la propriété du roi, qui les afféageait. Le creusement du canal en 1816 mit un terme à cette ressource, mais on ne peut lire le paysage sans l'avoir à l'esprit.
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Cet écart n'engendre pas un isolement, comme en témoigne la densité des toponymes de ce petit méandre. De sa racine jusqu'à son extrémité, je note Quélennec, Kergudon, Mezambellec (le champ du curé), Le Lec'h, Stanguivin, Prat-Hir, Kervoallien, Penn-ar-Pont, Quivouidic, Leuré et Le Quinquis. Ils sont tous anciens, et mentionnés sur la carte de Cassini. Il est important de les noter, car les patronymes des fabriciens sur les inscriptions que nous allons découvrir renvoient à des familles précisément établies à Quélennec, à Penn-ar-Pont, au Lec'h ou à Kerludon. Au microcosme géographique correspond, bien-sûr, un microcosme social. Ainsi, à Quélennec ( située près de la route Pleyben-Châteaulin, et dont le toponyme kelen-eg signifie "ensemble de houx") se sont succédé les familles Le GOURLAY, Le HETET, BAUGUION. À Prat-Hir vivait Yvon GUIDAL (1617-1671), parrain de Marie BAUGUION. Au Lec'h est né Allain Bizien, autre fabricien de la chapelle. En 1905, lors du pardon de Kerluan, la grande bannière était portée par Julien Nédélec de Penn-ar-Pont et la grande croix d'argent, portée par M. Jean Bauguion de Kergudon. etc.
En effet, nous allons trouver inscrits les noms de :
Y[ves] PLOUSENEC 1623, [fabricien] [rapproché de Mezambellec et Quélennec]
Allain BIZIEN, 1725, fabricien, [Le Lech ]
Jean GUIZIEN 1734, fabricien, [Kervoallien]
Jean HÉTET 1811, fabricien [Quélennec]
Jean BAUGUION 1845, parrain de cloche [Quélennec]
Marie POULMARC'H 1845, marraine de cloche [Quélennec]
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Cartes par ordre chronologique :
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À la frontière du Parc au Duc.
Un autre donnée de compréhension est la proximité de la chapelle avec le mur d'enceinte du "Parc au Duc.
"Le parc ducal de Châteaulin est une vaste étendue de terres appartenant au duc et cerné d’un mur. L’accession au trône ducal, en 1066, de Hoël descendant des seigneurs de Châteaulin fit passer le domaine seigneurial de Châteaulin dans le domaine ducal. On ne sait pas si Jean Ier Le Roux fit l’acquisition ou confisqua d’autres terres pour édifier son parc de Châteaulin en un seul tenant. Dans tout son duché, il établit plusieurs parcs comme celui de Châteaulin.
Celui-ci, partant du Château de Châteaulin et y revenant, s’étend sur une longueur de plus de trente kilomètres et enserre une partie du territoire des communes de Châteaulin, de Lothey, de Briec, de Cast et la totalité de la commune de Saint-Coulitz. Le long du mur, vers l’extérieur, était aménagé un chemin. Ce parc de Châteaulin comme les autres parcs du duché était avant tout, comme l’indique l’acte de Jean IV de 1396 cité plus haut, un massif forestier : ressource importante à l’époque. La forêt fournissait le bois d’œuvre aussi bien que le bois de chauffage parfois transformé sur place en charbon de bois. Elle constituait une réserve de petits et gros gibiers. Elle fournissait la matière première à nombre de sabotiers."
Mais un siècle avant que la chapelle ne fut construite (sur un sanctuaire préexistant ?), cette forêt ducale avait disparu. Et le domaine ducal était devenu domaine royal lors du rattachement de la Bretagne au royaume de France en 1532.
[...] A contrario, la vocation forestière du parc au duc de Châteaulin est démontrée par le rapport que fait en 1537 Antoine Bullioud, général des finances du duché pour François Ier : « A Châteaulin, écrit-il, la forêt de Derguzec est quasiment détruite, comme la forêt de Carnoët à Quimperlé, à cause des coupes de bois faites pour la construction de nombreux navires à Brest pour le service du roi et des ducs. »
Non seulement la forêt a été détruite mais elle a été progressivement remplacée par des exploitations agricoles tenues par des paysans sous le régime du domaine congéable.
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En 1558, le roi de France Henri II, vendit une partie du Parc au Duc de Châteaulin à Michel du Bot, seigneur du Guilly en Lothey . Or, le document de vente, qui cite les noms des villages et des convenanciers révèle ceux des écarts entourant la future Notre-Dame-de-Kerluan, et en précise la fonction liée à la rivière ; je souligne les noms que nous allons retrouver: :
"Les moulins de Penpontchorentin (PENNARPONT) et de Pennault (Pennod) situés en la paroisse de Lothey avec leurs écluses et retenues d’eau.
Penanros en Lothey ? tenu par Hervé Le Gof et Jehan le Bodolec et leurs consorts.
Penanpont (PENNARPONT) tenu par Derien POULMARCH et ses consorts.
Le Quencquis (LE QUINQUISs) en Châteaulin tenu par Guillaume Hervé, Henry et Yvon Quintin et leurs consorts et Aliette Prigent veuve de Jehan Quintin.
Leuzré et Penanselus (LEURÉ) en Châteaulin tenu par Hervé et Alain Periou, Yvon le Roux et leurs consorts.
PRATHIR en Châteaulin tenu par Yvon Blaës et la veuve Hervé Blaës et leurs consorts.
Runanpuncze (Reun ar Puns) tenu par François LE GOURLAY, Pezron le Faou et leurs consorts «Plus deux soulz six deniers monnoye à cause des Goretz (*) qu’ils tiennent sur la rivière d’Afve»
(*) Goretz : pêcheries (attesté à Landerneau en 1738)
En 1667, un plan nous montre la chapelle (avec un dessin très précis du bâtiment) construite proche de la "muraille du Parc au Duc. On notera la graphie K[er]luant.
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DESCRIPTION.
La chapelle de Kerluan date du premier tiers du XVIe siècle (Couffon) ou de 1550 (G. Leclerc) et était surmontée d'une petite flèche gothique que l'actuel clocher Renaissance à deux étages amorti par un dôme à lanternon a remplacée en 1623. Son calvaire fut reconstruit en 1639 par Roland Doré. Elle est en forme de croix latine, complétée en 1743 par une sacristie hexagonale au sud. Son chevet a été reconstruit en 1725. Le pignon ouest date du XVIe mais sa partie haute a été remontée au XVIIIe. La longère sud a été restaurée en 1811 ou 1837.
Elle est située parmi les parcelles agricoles, à 50 m de la N175 Brest-Quimper. Depuis 1950, plusieurs arbres de son placître ont été abattus, notamment un hêtre encore présent sur mes photos de 2012.
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La chapelle vue du sud-est en 2012.
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La chapelle vue du sud-est en 2019.
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LES INSCRIPTIONS LAPIDAIRES 1623 -1811.
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Je présenterai les inscriptions lapidaires par ordre chronologique (sujet et ordre brièvement abandonnés pour décrire la cloche de 1845 juste près le clocher).
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LE CLOCHER : 1623.
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Sur la chapelle elle-même, c'est en haut du clocher que l'on peut lire la date de 1623 sur le linteau de la chambre des cloches. Je lis l'inscription Y. PLOU / SENEC
Ma lecture, proposée dès 2012 sur mon blog mais négligée, a été confirmée en 2017 lorsque Guy Leclerc a pu accéder au clocher (il a alors "découvert" "Y. Plouzenec 1623" et non "Lagadec 1653" que Couffon avait cru lire).
Le patronyme PLOUSENEC est attesté sur Ploeven avec cette orthographe, et à Châteaulin . En effet, une Claudine LE PLOUSENEC est marraine en 1665 de Catherine COUCHOURON, une famille de Mezambellec et Quélennec...
Yvonne PLOUZENEC : https://gw.geneanet.org/philippedavid?lang=fr&iz=205&p=yvonne&n=plouzenec
René Couffon signalait dans son Nouveau Répertoire des églises et chapelles de 1988 que "la date la plus ancienne inscrite sur l'édifice est celle de 1653 qu'on lit sur le linteau de la chambre des cloches avec le nom de M. LAGADEC, desservant de la chapelle à cette époque". Cette affirmation est désormais invalidée.
La date la plus ancienne relevée à Kerluan est ensuite celle qui est portée sur le calvaire qui provient de l'atelier de Roland Doré : 1639. On sait que cette date correspond à une épidémie de peste, et on n'est pas surpris de trouver sur le fût du calvaire les statues de Saint Sébastien et celle de Saint Roch. Un article lui sera consacré.
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LA CLOCHE : 1845.
Les cloches du XVIIIe siècle furent déposées, fondues et transformées à Brest en canons en 1793 (comme toutes celles du département du Finistère), avant qu'en 1796 la chapelle et son enclos ne soient vendues " à Charles-François Le Lièvre pour 500 Livres".
La cloche actuelle porte une inscription de trois lignes , deux médaillons, et la signature du fondeur sur une ligne inférieure. Elle débute, comme il se doit, sur la face ouest, et ce début est marqué par une petite main à l'index tendu (comme les autres cloches de ce fondeur).
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[manicule ] FAITE EN 1845 POUR NOTRE DAME DE KERLUHAN
[manicule] JE M APPELLE JEANNE MARIE JAI POUR PARRAIN ET MARRAINE JEAN BAUQUION
[manicule] ET MARIE YVONNE POULMARCH
[bande de rinceaux]
[médaillons] Crucifix à l'ouest et Vierge à l'Enfant sur un croissant.
VIEL ALPHONSE FONDEUR A BREST
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Soit : « Faite en 1843 pour Notre-Dame de Kerluhan. Je m'appelle Jeanne Marie. J'ai pour parrain et marraine Jean Bauguion et Marie Yvonne Poulmarc'h »
Le parrain et la marraine.
Jean BAUGUION et Marie Yvonne Poulmarc'h sont de la famille BAUGUION, de la trêve de Kerluan, de Quélennec . Les familles sont liées depuis longtemps. Marie POULMARC'H née en 1610, a comme parrain Thibaud BAUGYON et comme marraine Marguerite BAUGYON.
https://gw.geneanet.org/zardoz?lang=fr&n=poulmarc+h&oc=4&p=marie
En 1689, le château de Châteaulin et sa motte féodale furent donnés à Yves Bauguion, prêtre desservant de Notre-Dame pour y installer un hospice dont il fut l' aumônier et le directeur. Ce Bauguion, né à Quimil Bras, était oncle du premier Bauguion qui s'établit à Quélénnec en 1775 comme gendre de Jacques Hétet. Il habitait le village de Penn an run. A sa mort il fut enterré en l'église de N.-Dame devant la statue de Sainte Catherine.
Nous pouvons retracer la filiation :
- René BAUGUION, 1718 à Quimill Bras, Châteaulin -1783 x Marie Le Gall
- Jean BAUGUION 1758 à Quimill Bras-1821à Quélennec, x Marie-Jeanne HETET, Quélennec, fille de Jacques HÉTET, cultivateur à Quélennec 1720-1794 et de Anne BIZIEN 1737-1764.
- Jean BAUGUION, Cultivateur à Quélennec, Châteaulin 1788-1869 x
- Jean Sébastien BAUGUION, Propriétaire Cultivateur à Quélennec, Châteaulin 1810-1871
https://gw.geneanet.org/chbeullier?lang=fr&pz=christine&nz=beullier&ocz=2&p=jean&n=bauguion&oc=1
D'autre BAUGUION sont dans les fermes voisines de Kerluan : En 1905, lors du pardon de Kerluan, la grande bannière était portée par Julien Nédélec de Penn-ar-Pont et la grande croix d'argent, portée par M. Jean Bauguion de Kergudon, était suivie de la Bannière de Kerluan, que portait Melle Marie Bauguion de Penn ar Pont.
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Le fondeur.
Le fondeur Alphonse VIEL (1800-1847) est également bien connu : Pierre Alphonse VIEL, dit Alphonse Viel, né le 8 septembre 1800 à Brest, décédé le 31 décembre 1847 à Brest, exerçait la profession de fondeur. Il épousa le 23 novembre 1825 Marie-Félicité JACOLOT, décédée le 2 mai 1836 à Brest, dont 2 enfants décédés en bas-âge, puis le 06 octobre 1836 à Brest Françoise Adrienne Victorine DEVILLERS, dont il eut 3 enfants. Je note 17 cloches ayant sa signature, immuable.
— Milizac Viel Alphonse fondeur à Brest. 1817
— Lanidut en 1832, Viel Alphonse 1832
— Plabennec chapelle de Lanorven en 1833, Viel Alphonse fondeur à Brest.
— Locmaria-Plouzané : Viel Alphonse, fondeur, Brest. 1834 (2 cloches).
— Lopérec. 1838 Viel Alphonse fondeur à Brest.
— Lannilis chapelle Saint-Sébastien en 1841, Viel Alphonse fondeur à Brest 1841.
— Guilers en 1841, Alphonse Viel 1841.
— Châteaulin pour la chapelle N-D. de Kerluan en 1843, Viel Alphonse, fondeur à Brest .
— Goulien en 1846,
— Hôpital-Camfrout " Les cloches ont été fondues en 1845 et 1850 par Alphonse Viel, fondeur à Brest. "
— Plonevez-Lochrist chapelle du Lochrist : Alphonse Viel 1844
— Plougar église Saint-Pierre : Viel Alphonse fondeur à Brest, 1847.
— Tréglonou . Viel Alphonse Fondeur à Brest 1840
— Trémaouezan Viel Alphonse fondeur à Brest 1842
— Brest, Saint-Pierre-Quilbignon : Viel Alphonse 1843.
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Face ouest de la cloche (Alphonse Viel 1845) de la Chapelle Notre-Dame de Kerluan. Photo lavieb-aile 2019.
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LE CHEVET PLAT : 1725.
À l'angle nord-est du chevet plat se trouve cette inscription :
FAIT PAR
ALLAIN
BEZIEN
FABRIQVE 1725
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On peut retrouver un bon candidat dans cet Alain BIZIEN marié le 26 février 1748 à Jeanne Le GOURLAY (née le 15 mai 1698 à Quélennec, Châteaulin, et décédée le 30 août 1765), puisqu'une fois encore nous retrouvons le lieu-dit de Quélennec.
https://gw.geneanet.org/zardoz?lang=en&iz=1542&p=alain&n=bizien
On le retrouve dans la généalogie chbeullier où ALLAIN BIZIEN né à Le Lec, Châteaulin (donc, dans la boucle de l'Aulne centrée par la chapelle) en 1697, décédé en 1769, est marié à Françoise LÉON avant d'épouser Jeanne Le GOURLAY. De ce premier mariage est née Anne BIZIEN (1737-1764), qui épousa le 9 juin 1749 Jacques HÉTET, cultivateur à Quélennec !
https://gw.geneanet.org/chbeullier?lang=fr&pz=christine&nz=beullier&ocz=2&p=allain&n=bizien
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LA SACRISTIE : 1734.
Sur l'angle ouest-sud de la sacristie, on découvre cette inscription bien lisible qui me fait le beau cadeau d'un N rétrograde :
Je lis, sur un seul bloc de pierre, en lettres capitales latines
V : D : MRE : L : EDY : Rr
H : H: IANGVISIEN FABR :
et plus loin , sur un bloc séparé, la date 1734
Ce que je comprends comme "Vénérable et Discret Messire L. Edy, Recteur. Honorable Homme Jean Guisien, Fabricien 1734".
Le titre Vénérable et Discret est réservé aux ecclésiastiques; l'abréviation Rr désigne donc le recteur. Il s'agit du recteur Louis EDY qui fut en poste à Châteaulin selon Abgrall de 1737 à 1741 (bdha 1905) ; il succédait à Guillaume Bigeaud, docteur en Sorbonne. Cette inscription incite à modifier les dates de cette cure. Dans le même temps, un Jean Edy était recteur à Ergué-Gaberic ( inventaire après décès en 1748 : sur le site Grand Terrier).
Cette inscription a été relevée par les chanoines Abgrall et Peyron dans la Notice consacrée à Châteaulin dans le Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie Bdha de 1905, p. 164. http://catholique-quimper.cef.fr/opac/doc_num.php?explnum_id=29
Jean GUIZIEN fils de Martin GUIZIEN et de Marguerite TREVAREC, épousa le 22 octobre 1731 Jeanne MELLIN, laquelle était née à "Kermvoallien", aujourd'hui Kervoallien, à 600 m au sud-ouest de la chapelle. Son fils Louis GUIZIEN est né également à Kervoallien. Nous pouvons donc penser que l'honorable homme Jean GUIZIEN était cultivateur à Kervoallien (ou Kermoalien sur la carte de Cassini). Le toponyme Kermoalien est attesté à Saint-Jean-du-Doigt comme une graphie de Ker ar moal, Keramoal, Ker an moal, "le village du dénommé Le Moal" (moal = chauve).
https://gw.geneanet.org/cbourhis1?lang=en&pz=christian+paul+marie&nz=bourhis&p=jean&n=guizien
https://gw.geneanet.org/amguizien?lang=en&pz=corentin&nz=guizien&p=jean&n=guizien&oc=7
https://gw.geneanet.org/zardoz?lang=en&p=jean&n=guidal&oc=10
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L'inscription est disposée sur deux lignes chacune isolée dans un cartouche, et le mot abrégé FABR, aux lettres plus grandes, est isolé dans un cartouche à part, l'ensemble sur le même bloc de pierre taillé pour s'ajuster à l'angle du mur polygonal de la sacristie.
Elle comporte deux lettres N dont seule la seconde est rétrograde.
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LA PORTE SUD 1811 ??
Au dessus de la porte sud, se trouve sous un oculus une inscription plus difficile à déchiffrer, surtout sur photographie :
Elle s'inscrit sur un bloc de 68cm x 30cm, en lettres de 6cm de hauteur. Son examen permet de lire ceci :
F :F :P :IEANHET
ET FABRIQVE LA
N 1...
Ce que je lis comme "Fait Fait Par Jean HETET Fabrique l'an 1???" La date pourrait être 1811. René Couffon déchiffre 1819.
Le patronyme HETET est courant encore actuellement à Châteaulin. un Jean HÉTET (fils de Jacques HÉTET ca 1691-1761, domanier à Quélennec, et de Marie GOURLAY ) est né en 1722 à Quélénnec, Châteaulin et mort en 1761.
Jean Laurent HÉTET, cultivateur né à Quélennec Châteaulin en 1788 et décédé le 2 juin 1837, était le fils de Laurans HETET (Quélennec 1758-Quélénnec 1821) et de Marie-Françoise BAUGYON ou BAUGUION 1763-1798. Il était le petit-fils de Jacques LE HETET (Quélennec 1720, Quélennec 1794), époux de Marie GOURLAY.
https://gw.geneanet.org/bernadetteheyne?lang=fr&n=hetet&oc=0&p=jean+laurent
https://gw.geneanet.org/chbeullier?lang=en&pz=christine&nz=beullier&ocz=2&p=jean&n=hetet
https://gw.geneanet.org/chbeullier?lang=en&pz=christine&nz=beullier&ocz=2&p=jacques&n=hetet
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LA CROSSETTE DE L'ANGLE SUD-OUEST.
Elle mérite notre intérêt car elle représente un lion (comme de très nombreuses crossettes de Basse-Bretagne), mais surtout parce que ce lion tient dans sa gueule un petit être humain (figurant vraisemblablement une âme), ce qui est plus rare, quoique bien attesté.
Il faut le faire le tour sous divers angles pour bien évaluer ce motif.
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SOURCES ET LIENS.
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— ABGRALL (Jean-Marie), 1905, Notice consacrée à Châteaulin, Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie Bdha de 1905, p. 164.
http://catholique-quimper.cef.fr/opac/doc_num.php?explnum_id=29
https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/3d4ddc200b55b91a631b1dee087ef917.pdf
"Cette chapelle est située exactement à l'Est de la ville de Châteaulin, à 3,600 mètres, à vol d'oiseau, dans une des boucles formées par le cours sinueux de l'Aulne, presque en face du bourg de Saint-Coulltz ; mais pour y. accéder par la route des voitures il faut faire près de 6 kilomètres. Diverses légendes ont cours sur son origine. La plus accréditée raconte que, dans l'ancien temps, les habitants du hameau de Kerluan et ceux de Saint-Coulitz, de l'autre côté de la rivière, étaient toujours en lutte et en bataille. Or, ceux de Saint-Coulitz étaient de vrais géants et ceux de Kerluan étaient faibles et malingres. La Sainte-Vierge intervint pour mettre la paix entre eux, demandant qu'on lui érigeât une chapelle et promettant en retour d'accorder aux gens de Kerluan force et vigueur. La chapelle fut bâtie, et depuis la Sainte-Vierge donne aux mères de Kerluan un lait abondant et généreux pour nourrir leurs enfants et leur donner une santé robuste. Voilà pourquoi Notre-Dame de Kerluan est représentée allaitant le divin Enfant-Jésus, honorée et invoquée sous ce vocable, Virgo lactans, par les fidèles et particulièrement par les mères de la paroisse et de toute la contrée.
La chapelle a été restaurée et un peu diminuée de dimensions, du temps de l'ancien curé-archiprêtre, M, Quéré, Sur l'abside, on lit cette date : BEZIEN . FABRIQUE . 1725 Outre les statues de Notre-Dame, on y trouve encore celles de saint Augustin, saint Corentin, saint Marc et saint Luc. La croix du cimetière, datée de 1639, porte les effigies de Notre-Seigneur crucifié, la Sainte-Vierge, saint Jean, saint Sébastien et saint Roch.
Sur la sacristie est gravée cette inscription. V : D : MRE : L : EDY : R' — H : H : IAN : GVIS1EN : FABR : 1734 La fontaine de Notre Dame, voisine de la chapelle, a été richement restaurée par M. le chanoine Le Roy, archiprêtre actuel."
— BULLETIN PAROISSIAL DE CHÂTEAULIN 1904-1910, archives diocésaines
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/items/browse?collection=7&sort_field=added
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/7eae8f88551b4fc2364a3b0359427281.pdf
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/1d80ad3f00fff343f11c62e22b7f265f.pdf
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/1d80ad3f00fff343f11c62e22b7f265f.pdf
"Devenue bien national en 179o, désaffectée en 1793, vendue dans un lot qui comprenait des terrains et des arbres à N. Dame et à St Idunet, plus la chapelle de Kerluan avec son placitre et ses arbres, pour la somme de mille trois livres cinq sols. au citoyen Charles Le Lièvre· Une lettre du curé de Chàteaulin, adressée à celui-ci le II thermidor an XIII, c.-à.-d. le 3o juin 18o5, nous apprend qu'un incendie avait détruit une grande partie de la chapelle. Le I5 mai 18o8, M. Le Lièvre vendit la chapelle et son placitre à la fabrique de Châteaulin, rnoyennant la somme de 6oo fr. dont le solde lui fut versé le 9 novembre 18oo.Kerluan fut rebatie dans sa partie incendiée. Une autre restauration importante ( 2. 100 fr. ) fut faite par M. Quéré [archiprêtre 1874-1877]; enfin le Curé actuel, dans des restaurations très importantes entreprises depuis son arrivée, y a consacré une somme d'une dizaine de mille francs, provenant des dons des pèlerins et des fidèles."
https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/eda670fb19cd2344536c61242ae144f6.pdf
— COUFFON (René), 1988, Notice de Châteaulin.
https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/eda670fb19cd2344536c61242ae144f6.pdf
"Edifice en forme de croix latine avec clocher Renaissance à deux étages amorti par un dôme. Le pignon ouest date dans sa partie basse du XVIe siècle et a été remonté au XVIIIe siècle dans sa partie haute au-dessus des sommiers. Le portail, flanqué de larges contreforts, est gothique avec ses voussures profondes et son accolade à fleuron. La date la plus ancienne inscrite sur l'édifice est celle de 1653 qu'on lit sur le linteau de la chambre des cloches avec le nom de M. LAGADEC, desservant de la chapelle à cette époque. Le chevet plat a gardé sa fenêtre à réseau flamboyant ; il porte l'inscription : "BEZIEN. FABRIQVE. 1725". La longère sud a été restaurée en 1837. La sacristie octogonale porte l'inscription : "V. D. Mre. LE DV. R./H. H. IAN. GVISIEN. FABR. 1734". Sur la porte sud, une autre inscription : "F. F. P. IEAN. HETET. FABRIQVE. 1819". Mobilier : Statues - en plâtre : Vierge à l'Enfant, qui a remplacé au début du XXe siècle une Vierge allaitant jugée trop réaliste ; - en bois polychrome : Vierge à l'Enfant dite Notre Dame de Kerluan, XVIIIe siècle, autre Vierge Mère, saint Luc, saint Marc, saint Corentin, saint diacre (Laurent ?), saint Mathurin, Vierge Marie et saint Jean sur la poutre de gloire dépourvue du Christ. Diocèse de Quimper et Léon Couffon, Le Bars, Nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, 1988 * Sur le placitre, calvaire daté 1639, de l'atelier Roland Doré : plus de Christ, Marie géminée à un saint sur l'un des consoles ; adossées au fût, statues de saint Roch et de saint Sébastien. Fontaine au village de Stang-vihan ; dans un enclos de pierres, niche en tiers-point avec statue de la Virgo Lactans."
— LECLERC (Guy), 1993, Leclerc : La résurrection d'un calvaire, p. 12-14, ill. Historique et description du calvaire restauré de la chapelle Notre-Dame de Kerluan en Châteaulin (xvie-xviie siècles). L'Écho de Saint-Louis — Châteaulin. Bulletin de l'école secondaire privée Saint-Louis. № 154.
https://www.chateaulin.fr/histoire/histoire-de-la-ville/du-5e-au-14e-siecle/le-parc-au-duc
— S.N (Guy Leclerc ?), 1993, La chapelle Notre-Dame de Kerluan", Monuments et objets d’art du Finistère. Études, découvertes, restaurations (année 1992) Bull. Société archéologique du Finistère Pages 179
— MAIRIE DE CHÂTEAULIN, s.D, Le Parc au Duc de Châteaulin
https://www.chateaulin.fr/histoire/histoire-de-la-ville/du-5e-au-14e-siecle/le-parc-au-duc
— LES ECLUSES SUR LE CADASTRE : Prat-Hir et Pennapont
—Pop.culture
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA00005341
— L'HARIDON (Erwana), 2013, "La chapelle Notre-Dame de Kerluan"Inventaire Général du Patrimoine http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-notre-dame-de-kerluan-chateaulin/dc1365f2-ae20-4bd1-921d-d00f736c8074
— Le Télégramme 11 octobre 2017
https://www.letelegramme.fr/finistere/chateaulin/kerluan-la-chapelle-continue-a-livrer-ses-secrets-11-10-2017-11697554.php
"Après l'épisode rocambolesque de la Vierge allaitante, il y a dix ans, les travaux de rénovation de la chapelle de Kerluan lèvent le voile sur de nouveaux mystères. Invisibles jusqu'alors, des dates et des inscriptions gravées sur le clocher et sa cloche apportent de nouvelles connaissances sur l'édifice.
On se souvient de la fameuse statue de la Vierge allaitante qui défia la chronique. On croyait à une légende et voilà qu'en 2007, elle réapparaît, enfouie depuis près de 100 ans sous un retable. D'autres découvertes viennent d'être mises au jour, grâce aux travaux que la Ville a lancé pour rénover le clocher (lire ci-dessous). Et forcément, dès qu'il s'agit d'histoire locale, Guy Leclerc n'est jamais très loin.
Contemporaine de Louis XIII
L'ancien directeur de Saint-Louis n'a pu résister à l'ascension de l'échafaudage. Le clocher culmine à 18,50 m. « Jusqu'alors, on croyait que le clocher datait de 1653 », raconte-t-il, l'oeil pétillant. « Mais de près, j'ai pu voir la date de 1623, gravée sur une des arcades du deuxième niveau de la chambre des cloches, côté est », s'enthousiasme l'ancien prof d'histoire. En prenant ainsi 30 ans de plus, l'auguste flèche devient contemporaine de Louis XIII. « Et aussi le premier clocher Renaissance de la vallée de l'Aulne », complète le spécialiste. « Ce type de clocher à dôme et lanternon apparaît dans les années 1580 dans le Léon. C'est l'époque où le gothique flamboyant cède la place à l'art de la Renaissance. Dans la vallée de l'Aulne, on le retrouve par exemple à Notre-Dame de Châteaulin (1754) et à Pleyben (1640) », cite Guy Leclerc.
Une première flèche gothique
Mais là n'est pas la seule découverte de l'impénitent chercheur. « Au-dessus de la date de 1623, on lit le nom de " Y. Plouzenec ". C'était soit le prêtre desservant de la chapelle, qu'on appelait le matinatier, soit le fabrique, c'est-à-dire le trésorier de la chapelle », décrypte-t-il. Pour mémoire, la chapelle date de 1550 et était surmontée d'une petite flèche gothique que l'actuel clocher a remplacée.
« Je m'appelle Jeanne Marie »
Si Guy Leclerc « enquête » sur le clocher, Annie Verveur se passionne pour la cloche. La cheville ouvrière des Mémoires de Châteaulin s'y intéresse depuis un an. « À partir des photos prises du sol, j'avais partiellement réussi à lire les inscriptions gravées sur la cloche mais une partie restait masquée par les pierres du clocher », raconte la fondue d'histoire locale. La cloche ayant été descendue pour restauration, la passionnée a pu lire la totalité du texte gravé : « Faite en 1843 pour Notre-Dame de Kerluan. Je m'appelle Jeanne Marie. J'ai pour parrain et marraine Jean Bauguion et Marie Yvonne Poulmarc'h ». Et c'est signé « Viel Alphonse, fondeur à Brest ». Lequel était originaire de Villedieu-Les-Poêles (Manche), commune réputée pour sa fonderie.
De célèbres descendants
« Les parrains et marraines sont en général des personnes importantes, puisque participant au financement. Celles qui sont mentionnées sur la cloche sont de la famille Bauguion, de la trêve de Kerluan, de Quélennec précisément », raconte Annie Verveur. Leurs descendants ne sont pas moins célèbres. Notamment un certain Gabriel dont « Les lettres à Marie » sont publiées depuis trois ans, par Les Mémoires, dans le bulletin Châteaulin 14-18. Gabriel, rappelons-le, est le grand-père de Jean-Luc Feillant, le président de l'association. Marie-France Le Cann, également membre des Mémoires, descend, elle aussi, de la famille Bauguion. « Le monde est petit », sourit Annie Verveur.
Transformée en canon
En 1843, cette cloche vient combler une longue absence car, à la suite d'un décret de la Convention, sa prédécesseure fut transformée en canon, en 1794, à Brest. Comme beaucoup d'autres d'ailleurs. Cependant, Jeanne Marie n'a pas encore livré tous ses secrets. Annie Verveur compte bien poursuivre ses recherches. « J'irai aux archives diocésaines consulter les registres des baptêmes car même celui des cloches y est mentionné ».
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