Les vitraux anciens (fin XVe ; 1540-1543) de l'église Saint-Paterne de Louvigné-de-Bais.
.
.
PRÉSENTATION.
.
L'église du XVe siècle fut largement modernisée entre 1536 et 1562 par les soins de la fabrique et les libéralités de Guy III d'Espinay et de Louise de Goulaine.
Nous retrouvons donc ici les seigneurs d'Espinay, fondateurs de la Collégiale de Champeaux, situé à 17 kms au nord de Louvigné-de-Bais. Et en particulier le couple de Guy III d'Espinay et de Louise de Goulaine, qui contribuèrent à introduire en Bretagne l'art de la Renaissance.
C'est cette pénétration de l'art de la Renaissance en Bretagne qui forme le fil rouge d'une série de mes articles. Elle débute à Dol-de-Bretagne avec le cénotaphe de l'évêque de Dol Thomas James en 1507, se poursuit par le tombeau de Guillaume Guéguen (évêque de Nantes mort en 1509) à Nantes, et par celui de Thomas Le Roy à Nantes (1515) , puis par les stalles de Guerche-de-Bretagne en 1518-1525 et par celles de Champeaux vers 1530. L'influence d'Yves Mayeuc, évêque de Rennes, est visible par le vitrail de l'Annonciation qu'il offre en 1536 à la collégiale de Guerche-de-Bretagne, un peu avant la maîtresse-vitre de Champeaux exécutée en 1539 pour Guy II d'Espinay et Louise de Goulaine.
L'influence de la famille de Goulaine se retrouve plus tard en Côtes-d'Armor en la chapelle de Kerfons en Plouzévédé en 1559, et au nord du Finistère au château de Maillé en Plonévez-Lochrist vers 1550 par Maurice de Carman et Jeanne de Goulaine. Elle diffuse alors dans le Léon, d'abord au château de Kerjean à Saint-Vougay vers 1571, puis sur de nombreux édifices religieux des enclos paroissiaux du Léon, en sculpture sur pierre, sculpture sur bois (sablières et jubés) et peinture sur verre.
.
Dans le domaine de l'ornementation, cet art se reconnaît entre autre, en simplifiant, pour la Première Renaissance, par ses grotesques, et pour la Seconde Renaissance par ses cartouches à cuirs découpés, ses médaillons et ses termes ou cariatides.
.
Voir sur l'art de la Renaissance en Bretagne par ordre chronologique :
-
Les 54 stalles (vers 1530-1550) de l'ancienne collégiale de La Madeleine de Champeaux (35).
-
Le jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice (29).I. La tribune.
-
Le jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice (29). II. La clôture de chœur.
-
L'église de Goulven IV : la tribune d'orgue, ancien jubé du XVIe siècle.
-
La tribune (bois polychrome, XVIe siècle) ou ancien jubé de l'église d'Esquibien.
-
L'église Saint-Salomon de La Martyre. IV. L'ossuaire (1619). Les inscriptions. Les crossettes.
-
L'atlante et la cariatide ( 1571-1595) du château de Kerjean en Saint-Vougay. La Seconde Renaissance dans le Léon. (Kersantite)
-
Les termes (cariatides et atlantes) et cartouches du porche sud (granite, 1570-1601) de Bodilis. (granite)
-
Le porche sud et la porte sud de l'église Saint-Houardon de Landerneau. (Kersantite, 1604)
-
Les termes (cariatides et atlantes) de l'ossuaire (1619) de La Martyre. Una vergine corinthia. (Kersantite)
-
Le jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice (29).I. La tribune.
-
Le jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice (29). II. La clôture de chœur.
-
Sans compter— mais c'est essentiel — les sablières à cuirs chantournés et/ou grotesques du Maître de Plomodiern à Saint-Nic (1561-1566), Plomodiern (1564), à l'atelier du Cap-Sizun à Primelin, Pont-Croix (1544), Confort-Meilars, Esquibien ou de celle du Maître de Pleyben (1567-1576) à Pleyben, Kerjean, Plomodiern (Sainte-Marie du Menez-Hom), Bodilis, Saint-Divy, Notre-Dame de Berven (1579-1580) à Plouzévédé et peut-être Roscoff.
.
Historique de l'église d'après Couffon 1968.
"Alain, évêque de Rennes (1141-1157), donna l’église de Louvigné-de-Bais et ses dépendances à l’abbaye Saint-Melaine de Rennes, se réservant seulement les droits cathédraux et ceux de l’archidiacre et du doyen, donation approuvée en 1158 par Josse, archevêque de Tours. Cette donation fut confirmée par l’évêque Philippe (1179-1181) à l’abbé de Saint-Melaine, Guillaume Privé, puis en 1185 par le pape.
L'on ne possède cependant aucune preuve que l’abbaye y ait établi un prieuré. Au point de vue féodal, trois seigneuries se partageaient les prééminences, importantes à connaître pour l’identification des vitraux et des autels : la seigneurie de Sauldecourt, qui possédait les droits prééminenciers dans la maîtresse vitre du chevet et la chapelle prohibitive de Saint-Nicolas avec droit d’enfeu, chapelle autrefois sur la façade sud de l’église avant sa démolition au XVIIIe siècle. Elle appartenait à la fin du XVe siècle aux d’Espinay de la Rivière et, en 1513, Catherine d’Estouteville habitait Sauldecourt, qu’elle avait reçue en douaire. La seigneurie de Fouesnel, dont les possesseurs avaient la chapelle à gauche du chœur, côté évangile, chapelle prohibitive avec droit d’enfeu.
Cette seigneurie passa à l’extrême fin du XVe siècle de la maison des Le Vayer dans celle de Poix par le mariage de Jeanne Le Vayer, fille et unique héritière de Jean (décédé le 12 mai 1496) et de Guyonne de Parthenay, avec André de Poix. Au XVIIIe siècle, elle fut transmise par alliance aux Rosnyvinen de Piré.
Enfin les seigneurs de la Touche avaient droit d’enfeu. Cette seigneurie, dès le xv e siècle, appartenait aux Busnel, dont les armes portaient d’argent à l’épervier au naturel, grilleté et becqué d’or, perché sur un écot de sable.
De l’église romane primitive subsistent encore, au nord du chœur, les fondations d’une petite chapelle annexe sous laquelle existe un caveau, découvert en 1775 par suite de l’effondrement du sol, puis, alors, à nouveau obturé sans qu’aucune description en ait été donnée.
.
Nous sommes parfaitement renseignés sur la construction de l’édifice actuel par le registre des comptes de la fabrique de 1536 à 1563, volume de 800 pages conservé au presbytère et minutieusement dépouillé par Henri Busson, ainsi que par de nombreux comptes conservés aux Archives départementales.
L’église remonte à 1536, construction à laquelle travaillèrent en 1536 et 1537 quinze maçons sous la direction de Richard Babin, très probablement le même que le constructeur d’une partie de la nef de Saint-Sulpice de Fougères en 1522.
L’un des ouvriers, Jean Chassé, prit en 1537 une tâche à part et fut payé en cette dernière année 65 livres pour l’exécution des trois pignons de l’église : celui du chevet, celui du porche et celui de la chapelle de la Vierge ; la charpente fut exécutée par Louis Courgeon, maître charpentier, et la plomberie par Jean Lambaré de Vitré.
En 1538 et 1539, puis en 1546, on termina la nef « en amortissant les piliers », et l’église fut dédiée le 14 février 1549 (n. st.) par le R. P. en Dieu Gilles de Gand, évêque de Rouanne et suffragant de Nantes, qui bénit le maître-autel, l’autel Saint-Nicolas et un autel portatif. De 1551 à 1554, l’on fit des charrois de pierres en vue de la construction de trois chapelles en équerre sur le bas-côté nord, chacune percée d’une grande fenêtre, ainsi qu’il se faisait à cette époque dans les églises entre Vitré et La Guerche, travaux dont les plans et devis sont dus à Jehan Coury et Jean Perdriel.
L’exécution en fut confiée en 1556 à Jehan Auffray, maître maçon. Mais, celui-ci étant décédé peu après le début des travaux, son fils proposa aux fabriques de les faire continuer par Médard Arthur, maître maçon, ce qui fut accepté. En 1561, celui-ci est qualifié « maçon et maître d’œuvre de la maçonnerie des chapelles neuves ».
Les travaux furent terminés en 1562, les charpentes mises en place par Pierre Iluet et Michel Droyer, et Jean Perdriel abattit alors la muraille séparant la nef de ces chapelles.
En 1560-1561, les fabriques projetèrent de faire édifier un clocher « en daulme » sur les plans de Maître Jullian Cilliart et de Médard Arthur, mais ce projet ne fut pas alors exécuté.
Au XVIIIe siècle, l’on rebâtit presque entièrement le collatéral sud, la sacristie, et l’on construisit sur la façade ouest une tour, travaux exécutés suivant les plans d’Antoine Forestier, le jeune, architecte à Rennes, qui amenèrent la destruction de la grande chapelle de Saint-Nicolas, dite chapelle de Sauldecourt, de la chapelle de la confrérie de Notre-Dame-de-Pitié, du chapiteau (porche midi) et d’un édifice servant alors de sacristie.
La première pierre de cette construction nouvelle fut posée le 1 er mai 1759 par Guillaume Busnel, sieur de la Touche, fils de René et d’Anne d’Espinay, et le recteur de Domagné, M. Le Gendre, fit une nouvelle bénédiction de tout l’édifice le 14 décembre 1760. L’autel de Notre-Dame-de-Pitié fut alors transféré au haut du nouveau bas-côté.
Étude architectonique et plan.
— Précédé d’une tour de plan carré, l’édifice comprend une nef de trois travées avec bas-côtés, un transept non débordant sur les façades et un chœur à chevet droit, plus étroit mais très profond, accosté d’une sacristie et d’une annexe.
Les dimensions intérieures sont les suivantes : nef : largeur 7 m 30 et avec ses bas-côtés 16 m 90, longueur 16 m 40 ; transept : longueur 5m 20 ; chœur : largeur 5 m 80, longueur 9 m 20.
.
.
Les vitraux.
"Malgré leurs avatars, les cinq verrières anciennes de Louvigné-de-Bais sont d’un intérêt capital pour l’histoire de la peinture sur verre en Bretagne, puisque les cinq sont datées et les auteurs de quatre d’entre elles sont connus.
Les comptes de Louvigné nous apportent en outre un renseignement des plus importants. Malgré les démêlés que les fabriques avaient eus avec Gilles de la Croix-Vallée pour obtenir la livraison des verrières commandées, c’est à lui qu’ils confièrent l’entretien annuel, suivant l’usage, de toutes les verrières jusqu’en l’année 1557-1558, sans doute année de son décès.
Or les comptes de 1550-1551 portant des payements à Gilles et Gillequin à Vitré ont fait dédoubler le personnage, et l’on a voulu voir dans le second un ouvrier du premier, alors que celui-ci n’est indiqué dans aucune des procédures faisant connaître les aides de Gilles. Le fait qu’il soit appelé indifféremment Gilles et Gillequin indique ainsi une origine très probable des Pays-Bas. C’est également avec le prénom tantôt de Gilles, tantôt de Gillequin, qu’il figure d’ailleurs dans les comptes de 1545 de la collégiale de Champeaux, avec son associé Guyon Colin, et l’on peut donc attribuer avec certitude à leur atelier la grande verrière de cette dernière église, dont la facture de la chevelure du donateur, Guy d’Espinay, est, entre autres, si caractéristique.
Cette facture très particulière des verrières de Louvigné-de-Bais et de Champeaux permet, semble-t-il, par comparaison, d’attribuer à l’atelier de Vitré la verrière de la Pentecôte de Notre-Dame de Vitré, datée de 1537, ainsi qu’il était naturel, et le vitrail de Javené. Celui-ci porte d’ailleurs sur le panneau de la Circoncision : i. f. g. 1. (« istud fecit Gilles Lacroixvallée »).
Il est également assez probable que les vitraux de la Tentation de la Baussaine et de la Transfiguration des Iffs leur sont dus." (R. Couffon)
.
Restauration.
"Les vitraux de Louvigné-de-Bais ont été très restaurés au cours des âges ; et, en effet, mentions sont faites dans les comptes de nombreuses restaurations, sur lesquelles nous n’avons que peu de détails. Ces divers travaux furent exécutés, en 1589-1590, par Jean Lizon ; en 1604, par Richard Allaire, maître verrier à Rennes ; en 1671, par Colin, de Vitré ; en 1673, par Guillaume Blancvillain, de Vitré ; en 1699, par Gilles Métayer, maître verrier à Vitré ; en 1721, par François Ruffet, maître verrier à Rennes ; en 1749, par Michel Roulin, maître-verrier à Vitré ; enfin, de 1887 à 1889, d’une façon trop radicale suivant le goût de l’époque, et assez médiocre, par l’atelier rennais Lecomte et Colin. (R. Couffon)
Il faut ajouter la consolidation de trois verrières anciennes par l'atelier Alleaume en 1919 et la restauration des cinq baies du XVIe siècle par l'entreprise Briand de Rennes en 1981-1982.
.
La description des verrières reprend largement le texte de référence, celui de Gatouillat et Hérold pour le Corpus Vitrearum.
.
.
.
.
LA BAIE I : VERRIÈRE DE LA VIE DE LA VIERGE. 4ème quart XVe, et Gilles de la Croix-Vallée 1544. Coté nord à l'entrée du chœur.
.
Cette baie de 3 lancettes trilobées et un tympan à 2 quadrilobes et 4 mouchettes mesure 5,50 m. de haut et 2,10 m. de large. La verrière de la Vie de la Vierge, seul témoignage d'une campagne de vitrage antérieure, date, avec son décor d'architecture flamboyant, du quatrième quart du XVe siècle mais a été remaniée par Gilles de la Croix-Vallée en 1544 lors d'une restauration qui y ajoute quelques décors Renaissance. Les armes des premiers donateurs ou prééminenciers ont été insérés dans les dais du registre inférieur.
"Ce vitrail se distingue par des couleurs vives et contrastées où le bleu tient une grande place, par la qualité du dessin des visages, des mains et des drapés. Le verrier qui l'exécuta avait d'ailleurs accédé à la maîtrise, si l'on en croit le sertissage en plomb vif exécuté dans le panneau du Mariage de la Vierge. Ce qui domine dans cette œuvre est bien son inspiration encore toute médiévale ; l'attribution qui en a été faite au verrier Pierre Simon qui travaillait à Fougères au milieu du XVIe siècle, beaucoup trop tardive, nous paraît impossible. " (D. Moirez 1975)
Gatouillat et Hérold, s'appuyant sur Moirez-Dufief, réfutent également l'attribution par Couffon de cette verrière à Pierre Symon. La documentation par sources permet d'affirmer que c'est Gilles de la Croix-Vallée qui, en 1544, remania la verrière au cours des travaux de rénovation favorisés par Guy III d'Espinay : Il changea en particulier des têtes dans plusieurs des scènes.
Ce Gilles de la Croix-Vallée, avec "Guyon" (Guillaume Collin), tous les deux installés à Vitré, avait déjà réalisé la verrière de la Transfiguration et celle de la Résurrection en 1539-1540, et depuis, La Croix-Vallée avait été chargé de l'entretien des verrières de l'église jusqu'en 1558, peut-être l'année de sa mort. Les deux verriers avaient réalisé en 1539 la maîtresse-vitre de Champeaux pour Guy d'Espinay et Louise de Goulaine.
.
.
"Vitrail de la Vierge. Exécuté en 1544 par Pierre Symon, de Fougères, il est de conception et d’exécution très différentes des précédents vitraux. Il comprend neuf panneaux en trois lancettes, les trois panneaux supérieurs surmontés de hauts dais
Renaissance mais d’inspiration gothique. Il est timbré de trois écus : deux aux armes pleines losangé d’or et de gueules, armes des Le Vayer, sieur de Fouesnel, qui paraît un ramage de Craon, l’autre mi-parti des armes précédentes et d’argent à la croix pattée de sable, armes des Parthenay, rappelant l’alliance de Jean Le Vayer et de Guyonne de Parthenay.
L’exécution de ce vitrail est très soignée et l’on remarquera particulièrement la figure de la Vierge de la scène du Mariage avec son nimbe très ciselé. Pierre Symon était d’ailleurs un peintre réputé à Fougères, où il exécuta plusieurs verrières pour Saint-Sulpice et Saint-Léonard ainsi que pour la Maison de Ville en 1551.
Les restaurations de la verrière sont très visibles : Vierge de l’Assomption, Christ du Couronnement, deux des rois mages de l’Adoration, le saint Joseph des fiançailles et deux têtes des apôtres de la Mort de la Vierge. " (R. Couffon)
.
.
.
Le registre inférieur et ses armoiries. Le Mariage de la Vierge, l'Annonciation et la Visitation.
.
.
.
Le Mariage de la Vierge.
.
La scène se passe dans une église gothique à voûte d'ogive et clefs pendantes, et baies à remplages gothiques.
Sur fond d'un drap d'honneur rouge, le grand prêtre, reconnaissable à son bonnet conique perlé à gland frangé et à sa cape verte au fermail losangique doré, place la main de la Vierge dans celle de Joseph. Celui-ci tient la canne, qui signale son âge, mais aussi le rameau fleuri qui est le signe de son élection divine parmi les autres prétendants. On remarque ses chaussures à bouts fins.
Deux hommes et deux femmes assistent à la scène. L'homme le plus externe porte à l'oreille un grelot d'or, ce qui incite à s'interroger sur sa signification.
.
La tête de Joseph a été restaurée par La Croix-Vallée en 1544 ; celle des deux têtes à gauche ont été refaites en 1887.
Le médaillon jaune d'or du bonnet vert du personnage de gauche est monté en chef-d'œuvre.
.
.
.
L'Annonciation.
.
L'ange Gabriel coiffé du diadème, est à demi-agenouillé, et fait le geste de salutation tandis que ses paroles sont en parties visibles sur le phylactère de sa tige fleurdelysée : AVE MARIA GRATIA PLENA DOMINUS TECUM BENEDICT [A IN MULI] ERIBUS. La colombe de l'Esprit traverse la chambre en diagonale depuis une baie dans un rayon de lumière dorée et se dirige vers le sommet de la tête de Marie.
La Vierge est agenouillée ou assise sur le sol carrelé, sous le pavillon rouge couronnant son lit, à coté du vase dont le lys symbolise sa virginité.
La tête de la Vierge a été restituée en 1887 ; la pièce a été mouchetée de hachures pour simuler une corrosion.
.
.
.
La Visitation.
.
Dans un paysage extérieur (arbres, rochers, feuillages, mais devant des murailles (vieux-rose) et sous une arche cintrée à voutes ogivales et clefs pendantes, les cousines Marie et Elisabeth adoptent un geste en miroir, à quatre mains : l'une des mains retient le pan du manteau tandis que l'autre se pose sur le ventre. Marie se reconnaît à son nimbe ciselé, à sa tête non fléchie, et aux mèches de cheveux blonds s'échappant du voile.
Le vitrail est bien conservé sauf quelques pièces de drapé.
.
.
Les armoiries.
.
.
1°) Echiqueté de gueules et d'or sur les deux panneaux latéraux. Jean Le Vayer, seigneur de Fouesnel
Ces armes figurent aussi sur le retable nord, datant de 1655.
Potier de Courcy :
Vayer, Voyer ou Véyer (le), sr. de Clayes, par. de ce nom, — de la Clarté, par. de Cornillé, — de Fouësnel, par. de Louvigné-de-Bais, — de la Hussonnière et de Montbouan, par. de Moulins-sur-Roche, — de Goësmes, par. de ce nom, — du Plessis-Raffray, par. de Domagné, — de la Mariais, de la Lande, de la Cour, du Boisgerbaud, de la Villeaugier, de la Garenne, de la Rivière et de Saint-Patern, par. de Soudan, — de Rigné, par. de Rougé, — de Laumondière, par. de Saint-Père-en-Retz.
Réf. et montres de 1427 à 1544, par. de Clayes. Moulins-sur-Roche, Louvigné-de-Bais, Soudan, Rougé et Saint-Père-eu-Retz, év. de Saint-Malo, Rennes et Nantes.
Losangé d'or et de gueules (Sceau 1402).
Jean, sr de la Clarté, ratifia le traité de Guérande en 1381, et fut marié en 1391 à Marguerite Rogier de Beaufort ; Jean, conseiller du duc Jean V en 1404-, Auffroy et François, son neveu, abbés de Saint-Aubin-des-Bois de 1509 à 1532; Olivier, panetier ordinaire de la reine Anne en. 1513; Bertrand, vivant en 1586, épouse: 1° Vincente de Clairefontaine, dont Pierre, auteur des srs de la Morandaye, qui suivent ; 2° Marie Malenfant, mère de Jean, président aux enquêtes en 1619, qui, de Claude le Marchant, laissa entre autres enfants : Louise, dame de Clayes, mariée à Jean Nicolas, sr de Champgérault, autorisé par lettres de 1626 à prendre les nom et armes de sa femme. Voyez Nicolas.
La branche de Coôsmes fondue en 1377 dans Maillé ; la branche de Fouësnel fondue vers 1493 dans de Poix ; la branche de Montbouan fondue en 1615 dans Langan.
Vayer (le) (ramage des précédents), sr de la Hérissaye, — de Montforay, — de Chevigné,
— de Quédillac, par. de ce nom, — de la Morandaye, par. de Roisgervilly, — de la Giraudais, — de Raulac.
Anc. txt., réf. 1668, 0 géu.; réf. 1513, par. de Boisgervilly, év. de Saint-Malo.
De gueules à neuf losanges d'or.
Bertrand, vivant en 1586, marié à Vincente de Clairefontaine, père de Pierre, et ce dernier de Jean, marié : 1° à Suzanne le Bouteiller, 2° à Marguerite de Penhoët ; un héraut des États de Bretagne en 1728.
https://fr.wikisource.org/wiki/Nobiliaire_et_armorial_de_Bretagne/V
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5406239c.f484.pagination.langFR.textePage
https://www.google.fr/books/edition/Histoire_g%C3%A9n%C3%A9alogique_et_chronologique/TG-mmrVTTUEC?hl=fr&gbpv=1&dq=Vayer++%22louvign%C3%A9%22&pg=PA705&printsec=frontcover
https://www.google.fr/books/edition/Bulletin_et_m%C3%A9moires_de_la_Soci%C3%A9t%C3%A9_ar/X6owAQAAIAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=Vayer++%22louvign%C3%A9%22&pg=RA2-PA216&printsec=frontcover
.
.
.
2°) Echiqueté de gueules et d'or en alliance avec d'argent à la croix pattée de sable. Jean Le Vayer, seigneur de Fouesnel et son épouse (1452) Guyonne de Parthenay.
https://man8rove.com/fr/blason/2tisd66-parthenay
.
Guyonne de Parthenay est la fille de Michel de Parthenay, seigneur du Bois-Briant, et de Perrine de la Bouëxière (-1461), dame de Parigné. Elle eut une fille, Jeanne le Vayer, qui épousa André de Poix (v.1460-1531), seigneur de Saint-Roman. Celui-ci épousa en 1520 Renée du Hallay.
.
.
.
Le registre intermédiaire. Adoration des Mages, Massacre des innocents, Fuite en Égypte.
.
.
.
.
.
Adoration des Mages.
.
Les têtes des deux mages de droite ont été remplacées en 1544.
.
La tête de Balthasar, le roi noir —celui qui offre la myrrhe— est remarquable par son pendentif en forme de clochette. Cette marque de marginalité (voire d'exotisme), qui apparaît dans la peinture flamande ou du nord de l'Europe (Memling, 1470) et se retrouve ailleurs sur les vitraux bretons, comme aux Iffs vers 1530. Mais il s'agit plus souvent d'une simple boucle, et cette clochette est très originale. Cet accessoire peut être un signe de judéité, comme celle de la Vierge dans L'Annonciation de Lorenzetti ou celle de Caïphe à La Roche-Maurice, d'africanité comme pour le roi Salomon de l'Arbre de Jessé de Bourg-Achard , mais est toujours un détail significatif en iconographie.
Les cheveux blonds de la Vierge sont retenus par un diadème centré par un cabochon.
.
.
.
Massacre des innocents.
.
Certaine têtes ont été refaites en 1544, dont celle d'Hérode. Ce dernier lève l'épée et se prépare à frapper un enfant, assez indistinct dans les bras de sa mère. Les cheveux de celle-ci sont retenus par un bandeau dont les extrémités frangées pendent derrière son dos : on notait déjà ce détail sur le Vierge de l'Annonciation.
.
.
.
.
La Fuite en Égypte
.
.
.
Le registre supérieur.
.
On regrettera la très large barlotière qui masque la partie la plus importante des trois scènes.
.
.
.
.
La Dormition.
.
Trois apôtres nimbés, assis ou à genoux, comme Jean, mains jointes, occupent le devant du lit. La Vierge, en manteau bleu, est allongée, tête vers notre droite, et tenant le cierge. Elle est entourée d'un apôtre qui tient un livre grand ouvert derrière un autre qui semble tracer une onction. Sa main, cerclée de plomb au sein de la pièce de verre, est réalisée selon la technique du chef-d'œuvre. On devine d'autres apôtres à leur nimbes.
.
.
.
L'Assomption.
.
La Vierge porte une robe violette et un manteau bleu. Elle est emportée dans les Cieux par six anges aux ailes rouges, en tunique blanche et étole rouge, ou aux ailes vertes, vêtus de chapes en velours bordeaux frangés de perles et à fermail losangique.
.
.
.
Le Couronnement de la Vierge.
.
La Vierge, mains jointes, de face, est encadrée par le Christ et le Père, de même taille. Le Fils qui porte le nimbe crucifère et un manteau bleu bénit sa Mère, tandis que le Père est vêtu en pape et tenant le globe (verre bleu teinté au jaune d'argent du cadran jaune d'or) surmonté d'une croix richement travaillée. L'Esprit-Saint vole au dessus, dans des rayons d'or, presque au même niveau que les autres termes de la Trinité.
.
.
.
Les dais.
.
Les scènes sont encadrées d'architecture gothique à dais très élevés en grisaille et jaune d'argent.
.
.
.
Le tympan.
.
Dans les quatre mouchettes, sont figurés au jaune d'argent des anges musiciens (restaurés au XIXe) jouant de la harpe, de la vièle à archet à quatre cordes, du luth, et de la flûte à bec. Dans les quadrilobes, un pélican nourrissant ses petits, et un Agneau Pascal sont encadrés par quatre fleurs.
.
.
.
.
LA BAIE 3 : VERRIÈRE DE LA DESCENTE AUX LIMBES. Guyon Colin 1567.
.
Cette baie d'une lancette mesure 4,00 m. de haut et 2,00 m. de large. La verrière de la Rédemption ou de la Descente aux Limbes est datée de 1567 et a été exécutée par Guyon Collin pour Louise de Goulaine ou Jean d'Espinay à la mémoire de ses parents.
La scène est présentée sous un arc de triomphe à colonnes torses sur celle de gauche un cartouche à cuir à enroulement portant la date de 1567, et sur celle de droite un cartouche à inscription signalant la restauration par Lecomte et Colin, de Rennes, en 1887. (D'après Gatouillat et Hérold)
.
"Vitrail de la Descente aux limbes. Du même atelier vitréen, cette œuvre de Guyon Colin porte la date de 1567 sur l’un des cartouches décorant les colonnes de l’arc Renaissance qui encadre la scène ; l’autre cartouche portait le nom de Richard Allaire, qui restaura la verrière, et la date 1604 de sa restauration, cartouche rendu fruste par les derniers restaurateurs.
En supériorité, un écu entouré du collier de Saint-Michel est aux armes de Guy d’Espinay et de Louise de Goulaine, seigneurs de la Rivière-en-Champeaux et de Sauldecourt-en-Louvigné, qui figurent également avec les donateurs au bas de la verrière.
On retrouve dans les figures les mêmes chevelures et barbes moutonnées, si caractéristiques de l’atelier, les chevelures très blondes des femmes et leurs figures très rondes qui se voient également dans la Tentation de La Baussaine." (R. Couffon)
.
.
.
Dans le couronnement à volutes latérales, animées par deux couples d'enfants, une niche à coquille est encadrée par deux termes (supports anthropomorphes) typiques de la Seconde Renaissance. On y trouve à gauche les armes d'Espinay d'argent au lion coupé de gueules sur sinople armé, lampassé et couronné d'or. Et dans un losange (armes féminines), celles de son épouse Louise de Goulaine, mi-parti d'Angleterre et de France. Ces armes figurent sur le tombeau du couple, datant de 1553. Guy III est décédé en 1551 et Louise de Goulaine en 1567, l'année même de réalisation de cette verrière.
Les armes du couple sont surmontées de la couronne perlée : le titre de comte de Durtal ne fut acquis, comme celui de chevalier de l'Ordre de Saint-Michel, que par leur fils Jean d'Espinay, chambellan du roi Henri II, décédé en 1591. Celui-ci obtint le titre de marquis d'Espinay en 1575.
Selon Gatouillat et Hérold, les écus sont modernes, le cadre est restauré ; les meubles des écus ont été gravés sur la pièce vitrée bleue.
.
.
.
.
La grande scène centrale.
.
.
Au centre, le Christ foule la porte de l'Enfer, figuré comme une forteresse habitée de démons multicolores, et en accueille les âmes des Patriarches.
On reconnaît l'influence de la gravure du Christ aux Limbes du cycle de la Petite Passion de Dürer en 1511.
.
.
On cite aussi l'influence de la gravure du monographiste L.D., alias Léon Davent d'après Luca Penni, 1547.
.
.
Mais on pourrait se référer à la représentation de cette scène sur de nombreux vitraux, et sur les calvaires monumentaux bretons dans la version où le Christ libère les âmes retenus par le Léviathan.
.
L'inscription centrale.
.
Un phylactère part des mains d'un des patriarches avec l'inscription ADVENISTI DESIDERABILIS. Il s'agit d'un fragment d'un cantique Cum rex gloriae Christus infernum, conservé dans l'antiphonaire de l'abbaye de Saint Gall au XIIe siècle, et qui intègre un fragment du psaume 24(23) :
Cum rex gloriae Christus infernum debellatur(us intraret et chorus angelicus ante faciem ejus portas principum tolli praeciperet sanctorum populus qui tenebatur in morte captivus voce lacrimabili clamaverat advenisti desiderabilis quem exspectabamus in tenebris ut educeres hac nocte vinculatos de claustris te nostra vocabant suspiria te larga requirebant lamenta tu factus es spes desperatis magna consolatio in tormentis alleluia
"Quand le Christ, Roi de gloire, fut entré en guerrier dans les enfers, et que les chœurs des anges eurent ouvert les portes des ténèbres, les âmes des saints encore détenues dans les liens de la mort criaient avec larmes et lamentations : Venez le désirable que nous attendons dans les ténèbres, pour nous retirer, cette nuit, de notre prison ; nos soupirs vous y appellent ; nos abondantes lamentations vous réclament ; vous êtes devenu l’espoir de nos désolations, la grande consolation de nos tourments."
https://gregorien.info/chant/id/1723/9/fr
.
La trame de l'épisode du Roi de Gloire capable d'abattre les portes de l'Enfer en raison même de sa victoire sur la Mort est tirée de l'évangile apocryphe grec du Ve siècle traduit en latin par Descendus Christi ad Inferos et rattaché à L'Evangile de Nicodème.
SKUBISZEWSKI (Piotr), 1996, Le titre de « Roi de gloire » et les images du Christ : un concept théologique, l’iconographie et les inscriptions Civilisation Médiévale Année 1996 2 pp. 229-258
https://www.persee.fr/doc/civme_1281-704x_1996_act_2_1_887
.
L'antienne qui appartenait à la liturgie pascale, où elle accompagnait les processions, a aussi inspiré les musiciens pour des motets.
Dans la Biblia pauperum, l'épisode, mis en relation typologique, est accompagné du verset rimé Fit Christi morte Baratus destrucio porte.
.
.
.
Gatouillat et Hérold signalent l'utilisation abondante de sanguines.
.
.
.
La bordure de gauche et Adam et Ève tenant la pomme de la Tentation.
.
La colonne torse et son soubassement sont typiquement Renaissance, de même que le cartouche à cuir à enroulement suspendu par une couronne de lauriers.
.
.
.
.
La bordure de droite et les Patriarches sortant du Limbus Patrum.
.
.
.
.
.
Les termes (supports anthropomorphes) des angles.
.
.
.
.
Le registre inférieur et ses armoiries.
.
Au centre, un ange tient un cartouche à cuir à enroulement portant l'inscription tirée du Livre de Zacharie IX:11 :
ZACHAR9
EMISISTI VI[NCTOS DE LACV
IN QVO NON ERAT AQVA
Tu quoque in sanguine testamenti tui emisisti vinctos de lacu in quo non erat aqua : "Et pour toi, à cause de ton alliance scellée dans le sang, je retirerai tes captifs de la fosse où il n'y a pas d'eau".
.
.
.
De chaque coté, des anges présentent des chapeaux de triomphe contenant à droite les armes pleines d'Espinay, et à gauche les armes mi-parti d'Espinay et de Goulaine (bustes d'origine, écus refaits).
.
On notera les termes ou supports anthropomorphes, qui sont latéralement des vieillards barbus à oreilles de faune, vêtus d'un pagne, et au centre un couple torse nu.
.
.
.
.
.
LA BAIE 4 : VERRIÈRE DE LA VIE DE LA TRANSFIGURATION. Gilles de la Croix-Vallée et Guyon Colin 1540-1543 ; atelier Lecomte et Colin 1886.
.
Cette verrière d'une seule lancette est haute de 4,50 m et large de 2,05 m. Elle était conçue pour la maîtresse-vitre à trois lancette et un tympan par Gilles de la Croix-Vallée et Guyon Colin, et était offerte par Guy III d'Espinay et Louise de Goulaine. Brune, en 1846, l'a décrite dans sa baie d'origine. Elle a été déplacée, complétée et adaptée dans cette vitre par Lecomte et Colin en 1886.
Une aquarelle donne l'état du vitrail avant sa restauration :
.
.
.
"Vitrail de la Transfiguration. L’exécution de ce vitrail donna aussi lieu à pas mal de péripéties avant sa livraison définitive, le 25 octobre 1544. Gilles et son associé Guyon Colin se plaignirent d’avoir perdu de l’argent et les fabriques leur accordèrent le 28 décembre suivant quatre écus de gratification.
Des parties importantes en ont été refaites, notamment le Christ et les portraits des donateurs, Guy d’Espinay et Louise de Goulaine, mais les figures de Moïse et Élie sont d’excellents documents pour l’étude de cet atelier vitréen. Les fabriques renferment nombre de documents antiques comme les tableaux contemporains d’Antoine Caron et les verrières de Jean Cousin. Ainsi que le précédent, ce vitrail dénote en effet une influence italienne." (R. Couffon)
.
.
.
La Transfiguration.
.
Dans un paysage avec fabriques, les apôtres Jean et Jacques, renversés et éblouis, et Pierre, mains jointes et à genoux, contemplent le Christ entouré de Moïse et d'Élie environnés de nuées.
Le Christ a été restitué en 1886. Jean, Jacques et les prophètes sont bien conservés. Seul le visage de Pierre est d'origine.
.
.
.
Le registre inférieur.
.
Sous des pavillons à lambrequins (en verre rouge gravé), les donateurs sont vus en mi-corps. Guy III d'Épinay est présenté par un saint guerrier revêtu d'une cotte d'hermines. S'agit-il de saint Guillaume d'Aquitaine ou du bienheureux Charles de Blois ? Louise de Goulaine est présentée par saint Louis. Les panneaux ont été restitués en 1886, sauf quelques pièces de la cotte armoriée du donateur et les bustes de leurs saints patrons. Les panneaux inférieurs ont été perdus.
Au centre se trouve un paysage de ruines, un buste, et l'inscription relative à la restauration de 1886.
.
.
ANNEXE : Description de Brune :
"Les trois vitraux des chapelles du nord ont au contraire été parfaitement conservés. Le plus curieux pour l'iconographie religieuse est sans aucun doute celui qui représente la Descente de Jésus aux enfers. Il doit être de Guyon Colin. nous avons déjà indiqué que Colin travaillait chez de la Crouezevallée. Il est donc probable que c'est lui qui a succédé au maître vers 1560. La facture, par certains détails, l'apparente aux vitraux sortis de chez de la Grouez-vallée. Le Christ, en particulier, a certainement été fait avec les mêmes cartons que celui de la Résurrection même manteau rouge agrafé par le même cordon, même nimbe fleurdelisé, même croix avec les mêmes plis à l'étendard, même tête majestueuse et un peu dure. ( Même sujet à Saint-Etienne du Mont; mais imité plus directement de Raphaël.)
On sait que M. E. Male a suivi l'évolution de ce sujet à travers le moyen âge dans son Histoire de l'Art religieux. C'est à l'aide de ses savants commentaires que je vais analyser ce vitrail, en signalant pourtant quelques détails que M. Male n'a pas expliqués ou que même il n'a pas relevés ailleurs. Notre diocèse possédait autrefois trois Descentes aux enfers, l'une au Mont-Dol, recouverte d'un badigeon; une à Bazouges la-Pérouse (1574), et celle de Louvigné. Peut-être y en avait-il une aussi à La Baussaine, dans un vitrail. Les deux qui nous restent suivraient à illustrer l'étude de M. Male. La fresque du Mont-Dol (31), de la fin du XIIe ou du XIIIe siècle, représente la scène dans sa simplicité primitive. Le Christ tenant sa croix sans étendard pose un pied sur les portes de l'enfer renversées (32) et tend la main à Eve et quelques autres personnages dont on aperçoit la silhouette en contre-bas de la porte de l'enfer. Cette porte est simplement une entrée noire, sans flammes. Mais au cours des âges le sujet s'est enrichi, et Louvigné nous le montre dans toute sa complexité. Les enfers (les limbes) sont devenues l'enfer séjour de souffrances, contre toute vraisemblance théologique. 11 est représenté par une tour pleine de flammes d'où s'élancent par une fenêtre et que surmontent des démons rouges. Le Christ porte de la main gauche une croix surmontée d'une oriflamme; ce dernier détail apparaît dans l'iconographie au XIVe siècle. A la fin du .\]le siècle, un monstre apparaît dans cette scène, c'est le Léviathan, que nous décrit le livre de Job. On trouve ce Léviathan au Mont-Dol, non dans la fresque de la Descente aux enfers mais dans celle qui représente les supplices des damnés en enfer. A Louvigné, il y a aussi un Léviathan; mais il n'a pas la forme d'une gueule énorme que lui a prêtée tout le moyen âge et qu'a popularisée la mise en scène des mystères. Il y est représenté par uns sorte de serpent vert qui s'avance contre le Christ au-dessus des flammes dans l'embrasure du gouffre.
Vers la fin du XIIe siècle aussi Adam et Eve, qui dans les manuscrits orientaux sont habillés, deviennent nus comme aux jours de leur innocence, avant le péché. Au Mont-Dol, tous les justes délivrés par Jésus sont nus. Mais on a dissimulé Eve derrière les autres personnages; on n'aperçoit, que sa tète. A Louvigné, au contraire, Adam et Eve sortis de l'enfer occupent à eux deux la moitié du vitrail. Adam est peint de trois-quarts, mais Eve est vue de face, tenant dans sa main la pomme fatale. Manifestement l'artiste les a posés là pour avoir l'occasion de faire une élude de nu; et, à voir le soin qu'il a mis à modeler les formes et à colorer les chairs, en ne peut s'empêcher de croire qu'il a voulu rivaliser avec les modèles que lui offraient Durer, lan Gossaert, Granach, Raphaël, tant d'autres auteurs d'Eve où la Renaissance a salué la glorification du corps humain et de ses tendances artistiques et païennes.
Quelques détails de ce tableau me paraissent encore inexpliqués ou particuliers à Louvigné. Le Christ enfonce la hampe de la croix clans la gueule d'un démon pris sous la porte de l'enfer. Ce démon pris sous la porte est classique . mais je ne crois pas que M. Male l'ait expliqué. Tous les détails de l'iconographie religieuse ont leur signification, surtout ceux que se transmettent les siècles et les écoles. Voici donc ce que je propose, en suivant la méthode même du grand critique. D'après M. l'abbé Turmel une partie des docteurs chrétiens ont cru que le Christ en mourant a trompé le démon. Le diable ne voyant dans Jésus qu'un prophète l'a fait mourir et il se réjouit de le voir descendre dans les enfers. C'est quand il le voit arriver, plein de force et d'autorité, pour délivrer ses victimes qu'il s'aperçoit de son erreur; il a été joué et pris comme à un hameçon ou à une souricière*39). Dans la Passion du XVe siècle publiée par Jubinal < Satan se plaint que Jésus l'ait « tousjours deceu » et son compagnon Beelzebuth rit de sa naïveté
Comment as tu esté si nices
Que tu as fait Jhesucrist pendre ?
N'est-ce point cette idée théologique qu'ont voulu rendre nos artistes en le faisant prendre sous la porte qu'il barricadait à l'arrivée du Christ ?
La composition du vitrail de Louvigné pose encore un autre problème. Quand on le compare à la fresque du Mont-Dol, ou à celles du haut moyen âge que M. Maie a reproduites, on s'aperçoit qu'au cours des siècles la scène s'est dédoublée. Il n'y a qu'un groupe de personnages dans les miniatures et les vitraux les plus anciens; le musée d'Angers possède du début du XVI" siècle un retable et une tapisserie et le musée de Lyon un tableau d'un maître primitif allemand où un seul groupe de personnages se prépare à sortir des Limbes. Il y en a deux dans celui que nous étudions. Le Christ, placé au centre du tableau, le divise en deux parties. A gauche, derrière lui, libérés de l'enfer, debout sur l'herbe fleurie comme au paradis terrestre, sont Adam et Eve, accompagnés à l'arrière-plan de cinq autres personnages. A droite, dans l'enfer, 6 ou 7 personnes forment un second groupe. Le de ce groupe, prêt à sortir à la Inmirrc, lient la main de Jésus. M. Ottin qui <i pf-snyé une histoire du vitrail signale aussi (autant que j\> puis imagine)' sa description) deux groupes sur la Descente rie Boran. Cette répartition des personnages, je l'ai moi-même notée à Bordeaux, sur le bas-relief Renaissance de Saint-André et sur l'émail de Léonard Limosin (1557) du musée de Cluny, Il est impossible d'y voir deux tableaux différents, comme le veut Guillotin de Corson la chute et la rédemption. Adam et Eve n'avaient pas derrière eux une demi-douzaine de témoins au paradis terrestre Adam et Eve regardent en souriant ceux qui vont à leur suite sortir des Limbes, marquant par cette attitude l'unité du groupement. Peut-être n'y a-t-il là 'qu'un souci de symétrie dans la composition ? Peut-être aussi y a-t-il une idée théologique. Toute une école de théologiens ont cru, à la suite de saint Clément d'Alexandrie, Origène, saint Athanase, saint Jérôme, saint Hilaire, que Jésus délivra les âmes des païens vertueux (en leur donnant la foi posthume) aussi bien que celles des Juifs qui avaient cru à sa venue <41>. Combien cette théorie devait séduire les penseurs de la Renaissance, scandalisés au point d'en faire une objection à la foi chrétienne que la Rédemption n'eût pas profilé aux héros païens Certains humanistes n'hésitaient pas à donner le paradis à Cicéron, à invoquer saint Socrate, à mettre le De o//tcus à côté de l'Evangile, et se refusaient à croire que des hommes comme Aristide, Solon, Platon, Scipion, Caton ne fussent pas sauvés (42>. On sait comment Raphaël dans l'Ecole d'Athènes a voulu rapprocher les sages anciens des théologiens de la Dispute du Saint-Sacrement.
Les Gentils n'avaient-ils pas eux aussi attendu le Messie ? Le drame des Prophètes fait à Virgile et aux Sibylles une place à côté des prophètes juifs. Les oracles sibyllins ont même formé un roman au XIVe siècle et une moralité au XVe. Le Mistére du Yiel Testament les a accueillis et ils ont suscité toute une littérature en marge des cycles chrétiens. Virgile ne paraît pas dans les drames que j'ai pu étudier , mais on invoque sa 4e bucolique dans la Nativité du XVe siècle, et Reproduite par M. l'abbé J. Descottes dans son album Les curiosités du Mont-Dol, IX, d'après une copie de T. Busnel de 1807. M. Male le signale à côté des prophètes ainsi que la sibylle, dans des Arbres de Jessé du XIIIe siècle. De là à lui donner place dans les Descentes aux enfers, il n'y a qu'un pas. Car les mêmes personnages qui annoncent le Messie dans le Drame d'Adam, ou dans le Viel Testament le saluent à sa descente aux enfers dans les Passions et les Résurrections. Que les plus anciennes descentes aux enfers que nous possédions n'utilisent pas ces personnages, ce n'est pas une preuve qu'au XVIe siècle on n'ait pas mis Virgile et la Sibylle en tête des païens délivrés par le Sauveur. Au vitrail de Louvigné, en tète du groupe que nous éludions se trouvent un homme et une femme. Serait-ce Virgile et la Sibylle J'hésite à le croire, faute de preuves. Et puis le premier personnage est barbu et je ne sais pourquoi je ne puis me figurer qu'on ait représenté Virgile avec cette barbe. Il est plus probable que c'est Platon. La tradition chrétienne depuis Clément d'Alexandrie (48> admettait que les philosophes avaient été la lumière des Gentils comme les prophètes celle des Juifs. C'est pourquoi saint Jean Damascène (") les joint aux Sibylles pour former le groupe des infidèles délivrés des enfers par le Christ. Parmi ces philosophes, le divin Platon paraissait presque un docteur chrétien <48). Quand au début de la Renaissance Marsile Ficin voulut populariser le platonisme, il eut bien soin de rappeler qu'il y avait peu de chose à y changer pour faire des platoniciens des chrétiens . Erasme dans son Eloge de la Folie essaie un parallèle entre les deux doctrines. Il étail donc tout naturel qu'on lui donnât la première place en tête des païens que leurs vertus naturelles sauvaient des enfers. Dès la fin du XIe siècle Nicelas de Serra, métropolitain d'Héraclée, commentant le sermon de saint Grégoire de Naziance sur Pâques (5|) raconte qu'un chrétien qui avait insulté la mémoire du philosophe eut une vision. Plalon lui apparut et lui révéla qu'à la descente du Christ aux enfers, il fut le premier à croire en lui. La Renaissance, en faisant de Platon l'auxiliaire des Apologistes contre ie rationalisme aristotélicien, dut encore augmenter la vénération qu'inspirait le créateur de l'Académie. Ce personnage porte une banderolle avec ces mots Advenisli desiderabilis Cette formule n'est point dans la Bible. Je soupçonne qu'elle pourrait bien venir de quelque drame. Qui en aura trouvé l'origine aura expliqué ce petit problème d'art. Au-dessous du vitrail est écrit le verset de Zacharie qu'il illustre Emisisti vinctos de lacu in quo non erat aqua. Autour se dresse un splendide portique; le haut surtout, orné de festons de verdure el de fruits est d'une grande richesse décorative. En bas, des anges nus soutiennent les armes d'Espinay et de Goulaine encadrées de couronnes de fleurs.
Je me suis arrêté longuement sur ce vitrail, parce qu'il représente un sujet rarement traité dans l'art breton et qu'il contient quelques détails originaux." https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k115330r/f334.item.r=domagn%C3%A9.zoom#
.
.
.
.
LA BAIE 5 : VERRIÈRE DE LA VIE DE SAINT JEAN-BAPTISTE. 1578.
.
http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMo12773
.
Cette verrière d'une lancette cintrée de 4 mètres de haut et 2 mètres de large est consacrée, sur deux registres, à la vie de saint Jean-Baptiste. Les armoiries de 1578 en attribue le don à Michèle Le Sénéchal, dame de La Valette épouse de Christophe de Poix depuis 1560.
"Vitrail de Saint-Jean-Baptiste. Au centre de la verrière, entre les armes des de Poix et d’Espinay, est un écu portant les armes pleines de Michèle Le Sénéchal, entourées de la cordelière, montrant que cette œuvre ne peut être antérieure à la mort de son mari, Christophe de Poix, décédé au manoir de Fouesnel le 17 juillet 1575.
D’ailleurs, sur deux des carreaux au bas du panneau figurant l’inscription du nom de Jean, se lisent les deux dates de 1578 et 1887, de son exécution et de sa restauration. Ce ne peut donc être le second vitrail commandé à Guyon Colin en 1567, ainsi qu’il est répété. Il est d’ailleurs de facture très différente et d’un maître non encore identifié. Plusieurs figures ont été refaites : le saint Jean-Baptiste de la Prédication ainsi que la femme assise devant lui, les figures des anges du Baptême du Christ, celle du témoin de l’inscription, enfin le saint Jean de la Naissance.
Ce vitrail est certainement avec celui de la Vierge le meilleur de cet ensemble très remarquable." (R. Couffon)
.
.
.
Le registre supérieur : la prédication de Jean-Baptiste. Le baptême du Christ par Jean-Baptiste. Sa décollation.
.
L'amortissement associe, sur les cotés, des génies et des rinceaux colorés, et au centre, un panneau moderne où des nuées ont remplacé une figure de Dieu le Père placée au dessus du Baptême et envoyant l' Esprit-Saint.
.
.
.
La prédication de Jean-Baptiste.
.
Cette scène a été très restaurée.
Voir :
- La verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste de Pont-Audemer. (Mausse Heurtault, 1535)
.
.
.
Le baptême du Christ par Jean-Baptiste.
.
La partie gauche incluant les anges et le paysage est moderne.
La colombe du Saint-Esprit descend depuis des nuées dans un rayon lumineux portant l'inscription HIC EST FILIUS MEUS (Celui-ci est mon Fils).
.
Le thème de la vie de saint Jean-Baptiste a été traité au début du XVIe siècle, notamment par un atelier rouennais qui lui doit son nom de convention : le "Maître de la vie de saint Jean-Baptiste" à Louviers, à Bourg-Achard, à Conches, à Rouen sous forme de vestiges, et à Philadelphie. L'inscription accompagnant la descente de l'Esprit-Saint dans une colonne de lumière est caractéristique de ce Maître.
. En voici quelques exemples :
— Paris , verrières nord de Saint-Merry, (vers 1500). Maître de la vie de saint Jean-Baptiste
— Bourg-Achard (Eure), baie 2 vers 1500. Maître de la vie de saint Jean-Baptiste
— Rouen, église Saint-Romain, baie 112 (vers 1500). Maître de la vie de saint Jean-Baptiste
— Rouen, église Saint-Vincent, Engrand Le Prince.
— Louviers, baie 26 (vers 1500-1510), offert par les tanneurs de Louviers.
— Conches, baie 20 (vers 1500-1510).
— Beauvais, église Saint-Etienne (vers 1550), anonyme
.
-
La verrière du Baptême du Christ et de la Procession des drapiers de l'église de Louviers.(baie 26, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste vers 1500-1510)
-
.
.
.
La décollation de Jean-Baptiste devant Hérode.
.
Le festin d'Hérode est figuré au centre en arrière-plan à échelle réduite. Salomé reçoit des mains du bourreau, dans un plat la tête du saint, mais se détourne vers sa mère Hérodiade qui est responsable de cet acte.
.
.
.
.
Le registre intermédiaire. Annonce de la naissance à Zacharie. Naissance de Jean-Baptiste. Zacharie inscrit le nom de son fils.
.
.
.
Annonce de la naissance par un ange à Zacharie dans le Temple.
.
.
.
Naissance de Jean-Baptiste.
.
Gatouillat et Hérold font remarquer l'emploi d'un émail rouge ou de sanguine en ton local sur le dais du lit.
.
.
.
Zacharie inscrit le nom de son fils.
.
Le buste de Zacharie est moderne, ainsi que le spectateur placé au centre. La date de 1887 est inscrite sur le dallage.
.
.
.
Le soubassement.
Un socle architectural surmonté d'une balustrade, est timbré de trois écus entourés de l'ordre de Saint-Michel. Les armes de Poix et d'Espinay entourent celles de la fondatrice Michelle Le Sénéchal. Le tout é été refait en 1887, sauf quelques fragments de collier à gauche.
.
.
.
.
Armoiries de Christophe de Poix d'or à deux vols de gueules et de gueules à la bande d'argent accostée de six croix recroisettées d'or, 3 et 3.
.
"Christophe de Poix , seigneur de Fouesnel, Brécé, etc., et en outre de la Vallette , le Frétay - Bourdin, Neuville , et Brachet , est né au manoir de Fouesnel; il fut baptisé dans l'église de Louvigné le 2 septembre 1522 :
Cristoffle de poys fils de noble Michel de poys, ser de Fouesnel et damoyselle Regnée du Hallay, sa cpaigne fut baptizé le second jour de septembre lan susdit et fust parain noble lan du Bous chet, si de la Haye de Torcé ; coadjuteur Bertrand de sevigné .
Christophe de Poix tint un rang distingué dans la noblesse de la province; un rôle du 14 mars 1569 constate qu'il était à cette date capitaine des gentilshommes de l'arrière-ban de l'évêché de Rennes , titre qui lui avait été conféré par un brevet du 14 janvier précédent. Par lettre de commission du 2 mars 1574, M. de Bouillé, lieutenant du gouverneur de Bretagne , le nomma capitaine du ban et arrière-ban du même évêché, qu'on envoya tenir garnison à Vitré , et dont il fit la revue devant le sénéchal de cette ville le 16 du même mois . Le roi lui envoya le collier de l'Ordre de Saint-Michel , auquel il l'avait associé le 17 juin 1570 ; par lettre du 22 juillet de la même année , le marquis d'Espinay fut chargé de lui remettre cet insigne et de recevoir son serment . Il mourut au manoir de Fouesnel le 17 juillet 1575."
.
.
.
Armoiries féminines (dans un losange) de Michèle Le Sénéchal, d'azur à neuf macles d'or, 3, 3, 3 accostées et arc-boutées.
.
Christophe de Poix épousa, avant le 20 août 1560, Michelle Le Sénéchal, dame de la Vallette, Neuville, Brachet, etc. , fille unique et héritière de feus Bertrand Le Sénéchal, écuyer, seigneur des mêmes lieux , et de Catherine de Neuville ; elle avait perdu sa mère en 1545, et dès 1547 elle était restée orpheline sous la tutelle de son parent , Renaud de Neuville, seigneur du Plessis -Bardoul, désigné à cette charge par le testament du père . Six enfants au moins naquirent de ce mariage; les lacunes des registres paroissiaux ne nous permettent pas de réparer les omissions probables des mémoires généalogiques , qui mentionnent seulement : 1 ° René , — 2 ° Louise , l'aînée , -3° Louise, puinée, -4° Suzanne, - 5° Perronnelle , 6° Mathurin, baptisé à Louvigné le 16 mars 1563."
Sa mort en 1605 est mentionnée en ces termes dans les registres de l'église de la Vallette : Le mardy vingz et cinquiesme jour de janvier lan mil seix cent cinq deceda noble et puissante dame Michelle Le Senechal, dame de Fouesnel, et fust enterrée le vingtz et septiesme a Loupvigné et faist testament." (F. Saulnier)
.
.
.
Armoiries d'Espinay, sommées d'une couronne.
.
.
.
.
.
LA BAIE 6 : VERRIÈRE DE LA RÉSURRECTION. 1544-1543 et 1888.
.
Cette verrière d'une seule lancette mesure 4,50m de haut et 2,05 m. de large. Elle a été commandée en 1540 pour la façade ouest à Gilles de la Croix-Vallée et Guyon Collin pour 50 livres. Elle a été déplacée et fortement complétée en 1888 par Lecomte et Colin.
Les pièces d'origine sont : le buste du Christ ; quelques fabriques du paysage ; et l'un des soldats en bas à gauche. Le reste est refait, y compris les saintes femmes en arrière-plan. (Gatouillat et Hérold)
.
"Vitrail de la Résurrection. Ce fut le premier prêt. Il devait coûter 50 livres, la paroisse fournissant les matériaux, mais, dès 1540-1541, la fabrique dut intenter un procès au peintre qui se refusait à donner les mesures nécessaires au forgeron Jean
Le Bouteiller. Enfin, après nombreuses procédures, Gilles apporta le vitrail dont le solde lui fut payé le 4 octobre 1543, mais il prétendit que le tympan n’était pas compris dans le prix du marché et réclama trois écus d’or qui lui furent accordés.
Les procédures nous font connaître les noms de ses deux collaborateurs, Guyon Colin et Jehan Limaiger, de Vitré.
Le vitrail fut modifié en 1671 par Guyon Colin, de Vitré ; dans la suite, toute la partie inférieure portant les armes des l’Espinay fut détruite et refaite en 1888.
Le Christ subsiste donc à peu près seul. Sa tête, très caractéristique comme facture, est nimbée avec croix fleurdelysée et de bonne exécution, tandis que le corps, refait d’ailleurs en partie, est de mauvaises proportions." (R. Couffon)
"Le Christ (ancien) témoigne de l'influence des gravures de Dürer et de Lucas de Leyde tandis que l'influence italienne apparaît dans les paysages du registre médian." (D. Moirez 1975)
.
.
.
Sous un dais en pavillon, Guy III d'Espinay en armures et tabard à ses armes présenté comme donateur par un saint en armure, la poignée de l'épée apparente à droite, tenant une hallebarde, en robe mouchetée d'hermines.
Ce saint breton est-il le bienheureux Charles de Blois ? L'aquarelle témoigne de la fidélité à l'état antérieur .
.
.
.
Louise de Goulaine présentée par saint Louis.
.
.
.
SOURCES ET LIENS.
.
—- Archives d'Ille-et-Vilaine, série G, Louvigné-de-Bais et IF 1619, n° 4.
— ANDRÉ (A), , 1878, De la verrerie et des vitraux peints de l'ancienne province de Bretagne, Rennes, 1878, p. 56-58. p. 56-58
— BANEAT (P.), 1928, Le département d'Ille-et-Vilaine, t. II, Rennes, Larcher, 1928, p. 301-311
— BRUNE (J.), 1846, Résumé du cours d'archéologie professé au séminaire de Rennes, Rennes, 1846, p. 424 et suiv.
— BOURDE DE LA ROGERIE, (Henri ) 1924, L'excursion de la Société archéologique, dans Mémoires de la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine, t. LI, 1924, p. 141-143
—BRUNE, 1849, Résumé, p. 29.
— BUSSON (Henri), 1922, "La Renaissance en Bretagne. Dans l'orbe de la Pléiade, Charles d'Espinay, évêque de Dol, poète", Mémoires SHAB, t.III, p. 13-18.
— BUSSON (Henri), 1926, "L'église et la paroisse de Louvigné-de-Bais (Ille-et-Vilaine)", Annales de Bretagne t. 37, p.321-326
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k115330r/f313.image.r=domagn%C3%A9
— COUFFON (René), 1935, p. 222.
— COUFFON (René), 1945, p. 60
— COUFFON (René), 1968, "Eglise Sainte-Paterne de Louvigné-de-Bais", Société française d'archéologie · 1968 Congrès archéologique de France - Volume 126 - Page 81-83
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3212499g/f76.item
— FROTIER DE LA MESSELIERE , 1946, Documents héraldiques du département d'Ille-et-Vilaine, page 101
http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_35/Documents_Heraldiques_du_DApartement_dIlle_et_Vilaine_.pdf
— GANDREUIL (Pascale), BARBEDOR (Isabelle), ORAIN (Véronique), 1994, dossier IA00130757
http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/eglise-paroissiale-saint-patern-place-de-l-eglise-louvigne-de-bais/157e0e1c-b069-47f7-8bb6-c19f8e66ef48
— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum t. VII, Presses Universitaire de Rennes pages 248 à 250.
— GUIFFREY ( Jules), 1886, La Renaissance en France, 11e et 12e livraisons, par Léon Palustre. [compte-rendu] Bibliothèque de l'École des chartes Année 1886 47 pp. 125-129
https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1886_num_47_1_447458_t1_0125_0000_2
— GUILLOTIN DE CORSON (abbé Amédée), 1884, Pouillé historique de l'archevêché de Rennes, t. V, Rennes,, p. 111-114-
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55608m.pdf
— HABLOT (Laurent), Au plaisir de Dieu. Présences héraldiques françaises dans la Rome de la Renaissance
https://www.academia.edu/24201319/AU_PLAISIR_DE_DIEU_Pr%C3%A9sences_h%C3%A9raldiques_fran%C3%A7aises_dans_la_Rome_de_la_Renaissance
— JOUBERT (Solen), 2003, Audace et renommée : un réseau de la noblesse bretonne, vecteur d'échanges culturels et artistiques pendant la Renaissance. SHAB pages 205-
https://m.shabretagne.com/scripts/files/54da14d35ff576.88078498/2003_08.pdf
— LEVY (Tania), Projet de recherche. Le beau XVIe siècle en Bretagne - B16B, MCF en histoire de l’art moderne, UBO
https://www.univ-brest.fr/digitalAssets/82/82654_Projet-recherche-beau16e.pdf
— MOIREZ-DUFIEZ (Denise), 1975, "Communication sur les vitraux de Louvigné-de-Bais", Mém. SHAB t. LIII, p. 195-196.
https://www.shabretagne.com/scripts/files/5f461a0de8f9e7.95056646/1975_14.pdf
— MOIREZ-DUFIEZ (Denise), 1977 "Le vitrail de la Transfiguration à Louvigné-de-Bais", Arts de l'Ouest p. 51-65.
— MOIREZ-DUFIEZ (Denise), et BARRIÉ (Roger), 1983, "Le vitrail et l'influence de la gravure, Artistes, artisans et production en Bretagne au Moyen-Âge p. 255-256.
— MUSEE DE BRETAGNE
http://www.collections.musee-bretagne.fr/resultat.php?type_rech=rs&index%5B%5D=fulltext&bool%5B%5D=&reset=1&nr=1&value%5B%5D=louvign%C3%A9
— MUSSAT ( André), 1995, Arts et cultures de Bretagne : un millénaire, Rennes, Éditions Ouest-France, 380 p.
—MUSSAT (André), La Renaissance en Bretagne.
En Haute-Bretagne, ce sont naturellement les châteaux de la grande noblesse qui donnèrent le ton. Ils imitèrent les modèles de la Touraine directement inspirés par l'occupation de l'Italie du Nord. Citons la délicieuse et blanche loggia du château de Vitré et dans la même région, les stalles de la collégiale de Champeaux, commande des Espinay, parents des châtelains d'Ussé en Touraine. Aux Laval encore est dû, vers 1530, au flanc d'un antique donjon l'élégant château de Châteaubriant et sa longue galerie où se marient adroitement la brique, le tuffeau et le schiste.
Aux seigneurs se joignent les ecclésiastiques retour d'Italie. Les neveux d'un prélat humaniste commandent, dès 1507, aux Justi ou Juste, florentins devenus tourangeaux, le grandiose et élégant tombeau de la cathédrale de Dol. Tout ces novateurs suivaient le chemin illustré par la duchesse-reine lorsqu'elle avait confié à Jean Perréal et à Michel Colombe le tombeau de ses parents aujourd'hui à la cathédrale de Nantes, exécuté en marbre d'Italie.
—PALLUSTRE (Léon), 1886 La Renaissance en France, par Léon Palustre, illustrations sous la direction de Eugène Sadoux, tome III
https://bibliotheque-numerique.inha.fr/viewer/15916/?offset=6#page=34&viewer=picture&o=download&n=0&q=
— RAMÉ (Alfred), 1883, Notes sur le sceau de Thomas James, évêque de Léon et de Dol, sur l'origine de Michel Columbe et sur le tombeau de Guillaume Gueguen, évêque de Nantes, par M. Alfred Ramé,
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k856630c
— SAULNIER (F), 1883, La maison de Poix et la seigneurie de Fouesnel en Bretagne, dans Mémoires de la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine, t. XV, 2 e partie, 1882, p. 205 et suiv.,
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207768k/f122.item
— SAULNIER (F), 1881, La maison de Poix, Bull. SAH Ille-et-Vilaine
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2077676/f243.item
— SAULNIER (F), 1882, Les alliés de madame de Sévigné. La maison de Poix..., H. Champion
https://books.google.fr/books?redir_esc=y&hl=fr&id=0GWLxQEACAAJ&q=s%C3%A9n%C3%A9chal#v=snippet&q=s%C3%A9n%C3%A9chal&f=false
.