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2 avril 2024 2 02 /04 /avril /2024 14:19

 L'Arbre de Jessé de la baie n°31  (début XIIIe siècle, restauré par L.G. Vincent Larcher en 1869) de la cathédrale de Troyes.

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—Voir sur les verrières hautes de la nef  de la cathédrale de Troyes :

 

 

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—Voir sur les Arbres de Jessé :

 

 

A. ARBRES DE JESSÉ SCULPTÉS.

 

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B. VITRAUX DE L'ARBRE DE JESSÉ 

 

 En Bretagne, par ordre chronologique :

C. Peintures :

—Voir aussi sur mes 327 articles sur les vitraux de France :

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PRÉSENTATION..

Histoire de la Cathédrale de Troyes :
Vers 1200,  les travaux commencèrent dans le chœur oriental, laissant en dernier lieu la chapelle axiale.
Première phase des travaux de 1200 à 1210, puis deuxième phase des travaux vers 1210-1220.
En 1228 beaucoup de dégâts furent causés par le vent à la cathédrale avec effondrement du chœur supérieur. Il y a donc probablement eu des dommages à la fenêtre de l'Arbre de Jessé, ce qui expliquerait un écart de style de 15 ans entre certains panneaux.
En 1779, la fenêtre centrale de la chapelle axiale fut supprimée, mais pas pour des raisons révolutionnaires.
Jesse occupait apparemment la baie centrale avec la Vie de la Vierge et la Vie typologique du Christ de chaque côté.
Vers 1800 (?), 4 panneaux vitrés d'un Arbre de Jessé ont été identifiés parmi les vitrages brisés de la chapelle axiale après la Révolution.
En 1837,  A.-F. Arnaud descrit  4 panneaux d'un Arbre de Jessé situés dans les parties les plus basses des deux fenêtres en vis-à-vis de la Vie Publique du Christ dans les 2ème et 6ème travées de la chapelle axiale à sept travées. Le roi David joue une « rote », Salomon porte une cithare à la main, Marie tient une branche de palmier, et le Christ bénit.
En 1955 Jean Lafond  propose pour la baie d'axe le trio Vie de la Vierge - Arbre de Jessé - Vie du Christ
OU Vie du Christ - Arbre de Jessé - Vie de la Vierge
En 1958 Grodecki a noté que les panneaux des prophètes du V&A Museum  étaient d'une qualité similaire aux panneaux de l'Arbre de Jessé de  Troyes.

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Description par Jean Lafond 1955:

1°) La chapelle d'axe  Notre-Dame et l’Arbre de Jessé, selon Jean Lafond.
"Placée sous le vocable de Notre-Dame, la chapelle de l’axe offre un ensemble iconographique important, avec quatre verrières retraçant la Légende de la sainte Vierge, le Cycle de l'Enfance et la Vie publique de Notre-Seigneur, et un vitrail central consacré, lui aussi, à la Vierge Marie. Ce double emploi tient au fait que ce vitrail a pris la place occupée primitivement par l'Arbre de Jessé, qui est resté, lui aussi, exposé à tous les dangers de la guerre dans la lancette médiane de la troisième chapelle.
Comment expliquer le discrédit qui pèse depuis plus de cent ans sur ce très beau groupe de verrières du XIIIe siècle et qui l’a fait exclure des mesures de sauvegarde prises pour toutes les autres fenêtres de la cathédrale sans exception?
Il faut savoir que, jusqu’au milieu du XIXe siècle, la vitrerie de la chapelle Notre-Dame était dans un affreux désordre, attesté par la description très précise des vitraux de la cathédrale publiée en 1837 par le peintre A.-F. Arnaud dans son Voyage archéologique et pittoresque dans le département de l'Aube (p.31 n°4) et par les notes prises en 1843 par le célèbre archéologue F. de Guilhermy (Bibliothèque nationale, manuscrits, nouv. acq. fr. 6111. Dans son Histoire de la peinture sur verre (Paris, 1853 et 1857), Ferdinand de Lasteyrie laisse de côté les chapelles du déambulatoire sous prétexte que la vitrerie primitive se trouve mêlée avec trop de fragments des autres époques. )

 La fenêtre centrale était bouchée par un « détestable rocher » dont l’enlèvement dut beaucoup frapper les contemporains. D’autre part, les campagnes de restauration dont « bénéficiaient » sans relâche les vitraux de la cathédrale donnaient lieu à des critiques souvent fort vives.

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Les vitraux de la cathédrale et leurs « restaurateurs ».

Arnaud parle déjà de travaux exécutés à Choisy-le-Roi à l’imitation de Saint-Denis et de « bordures modernes exécutées à Troyes par MM. Arnaud et Betbeder, qui en ont pris le dessin sur une bordure de l’église de Chartres ». Ces « premiers essais » ont, bien entendu, été éliminés. En 1839, l’architecte Bouché signait le « devis des dépenses à faire pour remettre eu état quelques parties des vitraux de la cathédrale de Troyes et compléterles sujets les plus remarquables et rétablir l’harmonie dans les endroits les plus visibles du chœur et de la nef ». L’opération a laissé des traces regrettables dans plusieurs chapelles de la nef. Quant aux figures d’apôtres et de saints qui furent exécutées pour
le triforium du chœur à Choisy-le-Roi sur les dessins de Fichot, à Metz dans les ateliers de Maréchal et Quignon, à Clermont-Ferrand chez Thévenot et à Troyes même chez Vincent-Larcher, elles faisaient un effet si déplorable qu’il fallut les reléguer, trente ans plus tard, dans le transept. En 1844, Thévenot fut pourtant chargé de vitrer la grande rose du sud, qui venait d’être reconstruite. Un rapport de l’année suivante, signé Boeswillwald, déclare que son ouvrage « ressemble plutôt à un transparent en
papier qu’à des vitraux (3) ».

Nous venons de nommer le peintre verrier troyen Vincent-Larcher. C’était, un jeune artiste plein de courage qui, en 1836, s’était mis en tête de réinventer la technique du vitrail. Il trouva bientôt, en la personne de Martin-Hermanowska, un émule encore plus inexpérimenté, bien que plus âgé que lui. L’aventure de ces nouveaux Bernard Palissy a été racontée avec beaucoup de compréhension et d’indulgence dans un mémoire publié en 1845 par la Société académique de l’Aube, mais elle a inspiré,
quatre ans plus tard, à Eugène Millet un rapport sévère qu’il faut bien citer ici :

"Les verrières des chapelles, écrit l’architecte des Monuments historiques, appartiennent à l’époque du commencement de la construction. Elles sont pour la plupart incomplètes et dans un très mauvais état. J’ai vu avec regret que les fragments de plusieurs de ces verrières avaient été enlevés pour faire place à des verrières neuves qui, bien qu’elles aient la prétention d’imiter les vitrines (sic) du XIII e siècle, n’en sont pas moins de tristes essais exécutés par les fabriques naissantes de la ville de Troyes.
Certes, nous sommes loin de penser qu’il ne faille faire aucun cas de ces essais, mais nous croyons que les cathédrales ne sont point des salles d’exposition où chacun peut placer ses produits. Il nous semble que de semblables monuments ne doivent contenir que des œuvres réussies. La commission des vitraux près le ministère de l’Instruction publique et des Cultes appréciera le danger d’une semblable marche (sic) ; elle préférerait, nous n’en doutons point, que les anciens panneaux fussent restés en place et que les verrières neuves n’eussent au moins été placées que dans des fenêtres complètement dépourvues d’anciens vitraux."
Les anciens panneaux ne sont heureusement pas perdus ; ils sont aujourd’hui rangés
dans des caisses, mais il n’est pas douteux qu’ils ont dû souffrir de la dépose, qui n’a pas
été faite avec tout le soin qu’il faut apporter dans une semblable opération .

 

"Les chapelles du déambulatoire ont donc servi de champ d’expériences à nos deux néophytes. Il est juste de remarquer que, si Martin-Hermanowska ne semble avoir jamais rien produit de bon, Vincent-Larcher est parvenu rapidement à une habileté considérable et que ses restaurations valent celles des peintres verriers les plus réputés de son temps.
On comprend néanmoins que, visitant de nouveau la cathédrale en 1864, F. de Guilhermy ait éprouvé un sentiment de stupeur. Non seulement il déclare « mauvaises » et «pitoyables » les créations de Martin-Hermanowska, mais, dans les vitraux remis en état et sans doute trop nettoyés par Vincent-Larcher, il ne reconnaît pas, le plus souvent, les panneaux dont il avait pourtant noté les sujets en 1843, et il prononce : « vitraux neufs », à tort et à travers, comme nous le verrons tout à l’heure.
Après lui, personne n’a guère fait attention à la décoration des chapelles rayonnantes, sauf, bien entendu, Fichot, dont le zèle ne connaissait point de relâche. Mais l’excellent dessinateur, qui déclarait « s’abstenir de toutes dissertations artistiques » au sujet des œuvres modernes, ce qui se comprend assez, ne s’est pas astreint à signaler les réfections opérées dans les vitraux anciens. Il déclare, cependant, que les « riches verrières » de la chapelle Notre-Dame « ont été malheureusement restaurées pour la plus grande partie par l’addition de panneaux entièrement neufs  ».Quant à Lucien Morel-Payen, il ne prend pas la peine d’indiquer les sujets de ces « verrières très restaurées ». Enfin, l’abbé Jossier cite parmi les œuvres personnelles de Vincent-Larcher : « à la cathédrale, la plupart des vitraux du pourtour du chœur, parmi lesquels il convient de signaler tout particulièrement ceux de la chapelle de la Vierge et le magnifique vitrail de l'Arbre de Jessé (5)... ». C’est la condamnation définitive."

 

DESCRIPTION.

La baie 31 où figure l' Arbre de Jessé est placée entre les deux baies 29 et 33 qui sont "blanches" dans la troisième chapelle du déambulatoire du chœur de la cathédrale.  L'Arbre de Jessé était placé jadis au centre de la chapelle d'axe avant d'être  utilisée comme bouche-trous dans les baies 3 et 4.

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Ses panneaux actuels étaient très certainement entourés, comme ailleurs au début du XIIIe siècle, des figures des prophètes, soulignant les liens entre la généalogie royale de Jésus, et les citations de l'Ancien Testament : c'est le cas à la cathédrale de Soissons en 1212,  la cathédrale du Mans en 1235, à celle d'Amiens vers 1245, comme c'était déjà le cas à Sait-Denis et à Chartres en 1144 et 1150.

Les panneaux anciens manquants, et notamment les prophètes qui accompagnaient les rois sont  ceux qui sont conservés au Victoria and Albert Museum à Londres . C'est une grande chance de les avoir. Je les présenterai en annexe.

 

La baie 31 est une lancette ogivale unique, sans rose ni tympan, à sept panneaux dont  quatre panneaux du 13e siècle, vers 1220, ceux de David, de Salomon, de la Vierge et du Christ ; selon E. Pastan il y aurait aussi des pièces du 13e siècle dans Jessé (notamment la tête) et dans la partie inférieure de la figure du 4e registre ; les autres figures et la bordure ont été peintes par Vincent-Larcher en 1869.

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Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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1°) Jessé allongé dans la posture du songeur.  Vincent-Larcher en 1869, sauf la tête de Jessé, XIIIe.

Jessé (ou Isaï) est le petit-fils de Ruth et Boaz et le père de David. Il est propriétaire de troupeaux de brebis et moutons à Bethléem. Il apparait dans les prophéties d'Isaïe annonçant la venue du Messie:

« Or, un rameau sortira de la souche d'Ishay (Jessé), un rejeton poussera de ses racines… En ce jour-là, il y aura un rejeton d'Ishay (Jessé) qui se dressera comme la bannière des peuples ; les nations se tourneront vers lui, et sa résidence sera entourée de gloire ».(Isaïe 11:1)

C'est cette citation qui est interprétée par les Pères de l'Église : la  souche est alors figurée à partir du XIe siècle par un arbre, entrevu en songe par Jessé, et produisant un rejeton, Jésus fils de la Vierge.

La présence de l'Arbre généalogique de l'ascendance royale du Christ, au centre de la chapelle d'axe de la cathédrale (le haut-lieu spirituel de celle-ci, son extrémité orientale), entourée de la Vie de la Vierge et de la Vie de Jésus, résume en une proclamation symbolique l'histoire du Salut, débutée dans l'Ancien Testament et réalisée par l'Incarnation et la Rédemption.

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Sous des murailles fortifiées (Bethléem), la chambre de Jessé est figurée par une tenture rouge nouée. Jessé, sur son lit, la main sous le menton et le coude appuyé sur l'oreiller, lève les yeux vers sa vision. Il est coiffé d'un bonnet conique rouge. Le tronc de l'arbre s'élève depuis le centre névralgique de son bassin. Un lys, dans un vase, fait allusion à la virginité de Marie et au jeu de mots virga (tige) et virgo (vierge) qui est crucial dans la spiritualité du XIe siècle à l'égard de ce thème.

Le peintre Vincent-Larcher s'est inspiré des panneaux de Saint-Denis, Chartres et le Mans, mais a choisi de représenter Jessé les yeux ouverts, la tête levée.

 

      Basilique de Saint-Denis. 1144.            

saint-denis 9558cc  

Cathédrale de Chartres 1150

arbre-de-Jesse 6784c

Cathédrale du Mans 1235

arbre-de-jesse 1670cc

 

 

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Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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2°) Le roi David, fils de Jessé, jouant de la "rote". Vers 1220.

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À Saint-Denis et à Chartres, ou au Mans, ou à Beauvais, les rois n'ont pas d'attributs d'identification, et David ne tient pas l'instrument, habituellement la harpe, qui le désigne comme le compositeur des Psaumes. À Amiens en 1242, il tient un instrument à cordes pincées par un plectre (psalterion). Sur l'enluminure de la Bible historiale de Guiart des Moulins, il tient une harpe, mais ce manuscrit date de 1320-1330.

L'instrument à cordes frottées,avec sa forme biolobée et ses quatres ouies, dont joue ici le roi David, appuyé sur sa cuisse gauche,  avec un archer très long, , a été reconnu sous le nom de "rote" par E. de Coussemaker, et celui-ci en a donné la représentation en tête de son article. Il en donne un exemple sans manche à Amiens au XIIIe siècle entre les mains d'un vieillard de l'Apocalypse, un autre exemple avec manche et avec échancrure au Musée de Cologne au XIIe siècle, un autre enfin dans un manuscrit de Gand au XIVe siècle. 

Mais la rote est définiée autrement par le CNRL. L'instrumentarium de Chartres assimile la rote à une harpe-psaltérion, tout comme sur classic-intro.net.

Je reprends dans ma description le terme admis par Fichot, par J. Lafond et par les autres auteurs ayant analysé cette baie, mais sans le valider sur le plan de l'organologie moderne.

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E. de Coussemaker, Essais des instruments de musique au moyen âge. Annales archéologiques 1847. Didron aîné, t. VII, page 241

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Le roi David est assis dans l'axe du tronc de l'arbre paternel,  dans une mandorle rouge doublée de feuillage, et entouré de pampres dont les grappes se réfèrent à l'Eucharistie, et donc à la Rédemption.  Son manteau est rouge lie-de-vin sur une robe verte.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Comparaison :

Le Psautier d'Ingeburge de Danemark, reine de France date de 1215-1218. Au folio 14, un Arbre de Jessé est particulièrement intéressant à comparer avec celui-ci.  Cinq personnages sont représentés, Jessé, David et sa "rote", Salomon et sa harpe, la Vierge, et Jésus. Ils sont entourés de cinq prophètes et d'une prophéteresse (Sibylle), inspirés par une colombe. En haut à gauche, Isaïe tient le verset Ecce .... ad viden ...eum, peut-être lié à Isaïe 14 ecce virgo concepiet et pariet. La sibylle tient l'inscription Omnia cessabunt tellus confracta peribit, extrait des oracles sibyllins repris par Augustin dans la Cité de Dieu XVIII, XXIII.

 

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Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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3°) le roi Salomon, fils de David, jouant de la harpe. Vers 1220.

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Salomon, couronné et assis dans la même posture que son père. Le manteau est rouge, la robe est verte, comme pour David.

J'ai d'abord pensé, comme Arnaud, qu'il tenait  un stylet avec lequel il s'apprête à écrire sur un livre dont il tourne la page. Mais, par référence au psautier d'Ingeburge, je me range à l'avis de Jean Lafond : Salomon pincerait à l'aide d'un plectre les cordes d'une sorte de harpe.

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Selon Jean Lafond, "La robe verte et la main droite de Salomon sont refaites...Salomon, une cithare à la main [Arnaud avait vu « une tablette sur laquelle il écrit avec une plume » et Guilhermy « une harpe portative ». Dans le psautier d’Ingeburge, dont l' Arbre de Jessé est proche parent du nôtre (cf. la n. 2 de cette page), David joue de la rote et Salomon de la harpe. Reprod. dans Emile Mâle, L' art religieux du XIIIe siècle, p. 173.]"

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Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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4°) Un roi de Juda (Roboam fils de Salomon ?) tenant un sceptre. Vincent-Larcher 1869.

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Le peintre a repris les habits et postures des panneaux précédents.

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Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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5°) Un roi de Juda tenant un sceptre. Vincent-Larcher 1869.

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Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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6°) La Vierge, couronnée et tenant une palme. Vers 1220.

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Selon J. Laffond : " La robe verte de la sainte Vierge paraît avoir été réparée. La sainte Vierge portant une palme d’or [Comme dans l'Assomption des fenêtres hautes des cathédrales de Troyes et de Sens. Cf. Emile Mâle, L’art religieux du XIIIe siècle, p. 255.] "

 

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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7°) Le Christ, au nimbe crucifère, bénissant et tenant un livre . Vers 1220, livre restauré en 1869.

 

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Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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ANNEXE LES PANNEAUX CONSERVÉS AU VICTORIA & ALBERT MUSEUM DE LONDRES.

https://collections.vam.ac.uk/search/?id_material=AAT10797&page=1&page_size=15&q=troyes

J'ai téléchargé les clichés proposés par le musée, et j'ai copié après traduction une partie des commentaires qui les accompagnent.

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"Il me paraît certain que l'Arbre de Jessé décorait, à l’origine, la fenêtre centrale de la chapelle Notre-Dame, dont il complétait parfaitement le programme iconographique, comme l’a très bien vu Didron. Or, la largeur des panneaux conservés n’excède pas 0 m 59, tandis que la baie en question mesure l m 59. Entre ces panneaux et une bordure de 0 m 20 environ, il y avait donc place pour les prophètes qui accompagnent ordinairement les plus anciennes représentations de l' Arbre de Jessé. Arnaud a justement distingué, parmi « plusieurs figures rapportées, mais anciennes », qui garnissaient, de son temps, le bas du premier vitrail de Saint André (chapelle Saint-Nicolas), « le prophète Hahabuc, nimbé de vert, en robe blanche avec une écharpe bleue (son nom est écrit ainsi abacuc), et, en regard, une
autre figure nimbée de rouge, en robe blanche, manteau bleu avec une écharpe blanche (Arnaud 1839 page 176) »." (Jean Lafond)

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"Origines des panneaux de prophètes :
Au moment de l'acquisition, on pensait que ce panneau et d'autres de la collection du V&A (5A-E-1881 et 6-6E-1881) se trouvaient à l'origine dans les fenêtres de la Sainte Chapelle à Paris. Cette chapelle a été restaurée au XIXème siècle et certaines fenêtres médiévales ont été supprimées. Avant 1936, l'opinion a changé et on pensa alors que l'emplacement originel de ces panneaux était la cathédrale de Troyes, peut-être dans la chapelle axiale. En 1779 la fenêtre centrale de cette chapelle axiale avait été supprimée.

E. C. Pastan explique pourquoi les panneaux V&A proviennent de la fenêtre de Troyes :
1) les mesures correspondent à la hauteur des panneaux de Troyes
2) tout rentrerait dans la fenêtre axiale de la chapelle
3) tous les panneaux présentent des piqûres de corrosion similaires

La série de prophètes du V&A Museum sont associés  à la verrière  de Troyes depuis Grodecki (1958). Les dimensions des panneaux (65 x 36) s'intègrent parfaitement dans la fenêtre axiale et complètent les figures du centre. Cependant, les prophètes de cette série sont exécutés avec une variété de styles picturaux associés aux années 1220 et 1230. Cela suggère qu'ils ont été achevés à une certaine période et qu'ils proviennent probablement d'une ancienne rupture de la fabrication du verre." (V&A )

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Les neuf Prophètes. 

Ils se répondaient deux à deux dans des demi-médaillons en quadrilobes tournés soit vers la droite, soit vers la gauche. Les personnages sont entourés de phylactères dont certains portent encore le nom du titulaire. Ils vont par paires (par inversion des cartons), sauf pour deux d'entre eux : on peut donc penser que des panneaux ont été perdus et qu'ils étaient 11 ou 12 au départ, encadrant les 6 premiers panneaux centraux. Le Christ pouvait être entouré d'anges, comme sur le Psautier d'Ingeburge.

Un groupe de quatre panneaux 5, 5A, 5B et 5C-1881 ont les mêmes caractères stylistiques : les traits du visage sont fins et anguleux. Les lignes formant les sourcils et les orbites sont peintes en arcs pointus.

Ces caractéristiques et l'absence d'inscriptions sur leurs parchemins distinguent ce groupe des cinq autres panneaux  5D, 5E, 6, 6A et 6B-1881, qui ont une grosse fleur derrière eux, qui ont des traits du visage pleins et plus arrondis et portent des parchemins inscrits. .

 

1. Un prophète. Inv 5B-1881

https://collections.vam.ac.uk/item/O179051/prophet-from-a-tree-of-panel-unknown/


"Le prophète porte ici un parchemin sans inscription, il ne peut donc pas être identifié. Le style de peinture de cette figure est le même que celui des panneaux 5, 5A et 5C-1881. Les traits du visage sont fins et anguleux. Les lignes formant les sourcils et les orbites sont peintes en arcs pointus. Ces caractéristiques et l'absence d'inscriptions sur leurs parchemins distinguent ce groupe des autres panneaux de la série qui ont des traits du visage pleins et plus arrondis et portent des parchemins inscrits. La figure entière de ce panneau est l’inverse de celle du no. 5C-1881 indiquant qu'ils ont été réalisés à partir du même carton ou dessin de conception."
"Figure en pied d'un homme avec une tête pleine de cheveux longs et une barbe. Sa tête est entourée d'un halo composé de verre vert. Le personnage est de profil tourné vers le côté droit du panneau. Son bras gauche repose sur sa poitrine et son bras et sa main droits tiennent un parchemin. Il porte une tunique violet-marron sur laquelle se trouve un vêtement blanc drapé sur son corps et sur son épaule droite. Le personnage porte des bottes ou des bas verts. Il tient dans sa main droite un long parchemin noir qui est tendu sur son corps. Le rouleau est composé de verre jaune avec une épaisse couche de pigment noir mat qui a été grattée avec un stylet fin pour révéler une frise florale (rinceaux).
La figurine est placée dans un demi-quadrilobe. Son pied gauche repose sur le bord intérieur inférieur du quadrilobe et son pied droit est placé sur le bord intérieur inférieur du quadrilobe. Il y a des gerbes florales de verre bleu, vert, jaune et clair dans les écoinçons supérieur et inférieur du quadrilobe. Sur la gauche du panneau se trouve une bordure verticale de gerbes florales composées de verre clair et brun. Ce motif floral de bordure est brisé en son milieu où il est découpé par la saillie gauche du quadrilobe."

Parmi les prophètes incontournables d'un Arbre de Jessé vient Jérémie

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2. AARON. Inv. 6-1881

https://collections.vam.ac.uk/item/O69202/prophet-from-a-tree-of-panel/

"Le prophète ici peut être identifié par le nom « AARON » inscrit sur son parchemin. Aaron était le frère du patriarche et prophète de l'Ancien Testament Moïse. Aaron accompagne souvent son frère dans les Arbres de Jessé. Le style de peinture de cette figure est le même que celui des panneaux 5D-E et 6A-B-1881. Les traits du visage sont pleins et arrondis. Les sourcils sont lourds et les yeux et les pupilles sont grands. Le vêtement épouse la forme du corps. Les cheveux des personnages sont raides et non bouclés. Ces personnages sont identifiés par leurs rouleaux inscrits, ont une grande fleur à tige dans le demi-quadrilobe dans lequel ils se tiennent et il n'y a pas de petites sections de sol entre leurs pieds. Tous ces traits distinguent ce groupe de prophètes de l'autre groupe (5 à 5C-1881). La figure entière de ce panneau est l’inverse de celle du no. 5E-1881 indiquant qu'ils ont été réalisés à partir du même carton ou dessin de conception."

N.B.  David Critchley me fait remarquer "le  lien étroit entre l’iconographie de l'Arbre de Jessé et l’Office de la Nativité de la Vierge, surtout avec l’homélie de St Fulbert, Approbatae consuetudinis, dans laquelle il affirme la double descendance de la Vierge, et de la tribu de David, et de la famille de Aaron. Pour en savoir plus, on peut recourir à The Virgin of Chartres, par Margot E Fassler, Yale 2010."

Cette piste me permet de constater la présence d'Aaron dans la cathédrale de Chartres :

1°) sur les verrières hautes de l'absidiole de la cathédrale de Chartres (les plus visibles au visiteur juste dans l'axe ouest-est) : Cesvitraux, visibles sans aucune obstruction a travers le choeur et la nef, étaient le point de convergence de tout l’intérieur de la cathédrale de Chartres. Dans le panneau central (n° 100, fig. 1), trône la Vierge Marie, mere du Christ, qui est assis sur ses genoux. En dessous sont représentées la Visitation et l’Annonciation, principaux épisodes conduisant a la naissance miraculeuse du Sauveur. Les quatre panneaux adjacents a gauche (n° 101, 103), et a droite (n° 102, 104), sont occupés par des séraphins et des chérubins en adoration et accompagnés par les figures de Moise, Aaron et David et par les prophetes Isaie, Jérémie, Ézéchiel et Daniel, tous personnages considérés comme préfigurant la naissance du Messie.

2°) sur le portail nord :  " La baie centrale représente, dans le tympan, le Couronnement de la Vierge et, sur le trumeau, Anne, mère de Marie. La porte est entourée de dix statues représentant des personnages de l'Ancien testament qui ont figuré ou prophétisé la naissance de Jésus-Christ et les événements de sa vie, soit de gauche à droite, sur l'ébrasement de gauche : Melchisédech, Abraham, Moïse, Samuel ou Aaron, enfin David, et sur l'ébrasement de droite : Isaïe au-dessus de Jessé endormi, Jérémie, Siméon, Jean-Baptiste et saint Pierre."

 

 

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3.  MOÏSE. Inv. 5A-1881.

Inscription MOIS  : Le texte est gravé de manière particulière ici. Soit le « M » est à l'envers, soit le nom a été écrit à l'envers. Dans ce dernier cas, alors le « S » est à l'envers.

 

"Moïse peut être identifié ici grâce aux cornes qui sortent de sa tête. Cette convention consistant à représenter Moïse avec des cornes a commencé au XIIe siècle à la suite d'une mauvaise lecture d'un passage du livre de l'Exode de l'Ancien Testament (34 : 30). Dans ce récit, Moïse descend du Mont Sinaï avec les Dix Commandements, le visage rayonnant. Ce passage a été mal interprété car son visage était « cornu ». De plus, le personnage tient un parchemin sur lequel figure le nom « MOIS » pour « Moïse ». Ce rouleau est une restauration ultérieure, probablement médiévale, et l'original aurait été simplement un long rouleau noir avec un motif de rinceaux blanc comme on le voit dans le prophète qui l'accompagne (5-1881).

Le style de peinture de cette figure est le même que celui des panneaux 5, 5B et 5C-1881. Les traits du visage sont fins et anguleux. Les lignes formant les sourcils et les orbites sont peintes en arcs pointus. Ces caractéristiques distinguent ce groupe des autres panneaux de la série qui ont des traits du visage pleins et plus arrondis et portent des volutes inscrites. La figure entière de ce panneau est l’inverse de celle du no. 5-1881 indiquant qu'ils ont été réalisés à partir du même dessin animé ou dessin de conception."

 

"Figure en pied d'un homme avec une tête pleine de cheveux longs et une barbe. Sa tête est entourée d'un halo composé de verre flashé rouge. Le personnage est de profil tourné vers le côté gauche du panneau. Son bras et sa main gauche sont levés et pointent vers la gauche. Il porte une chemise marron. Il tient un châle blanc sur son bras droit qui tourbillonne devant lui vers le côté droit du panneau. Le personnage porte des bottes ou des bas jaunes. Il tient dans sa main gauche un parchemin vert qui pend droit à côté de morceaux de verre transparent placés verticalement qui forment la bordure du côté droit du panneau. Le rouleau est composé de verre vert avec une épaisse couche de pigment noir mat qui a été grattée avec un stylet fin pour révéler le mot « MOIS » au revers. Ceci et la « corne » qui se trouve au-dessus de son oreille gauche l'identifient comme étant le prophète Moïse. Cet attribut traditionnel mais inexact du prophète de l'Ancien Testament dans l'art européen est né d'une mauvaise traduction du mot hébreu signifiant « rayons de lumière », faisant référence à l'apparence radieuse de Moïse lorsqu'il descendit du mont Sinaï.

La figurine est placée dans un demi-quadrilobe. Son pied droit repose sur la bordure intérieure inférieure du quadrilobe et son pied gauche est placé sur la bordure intérieure inférieure du quadrilobe. Il y a des gerbes florales de verre bleu, vert, marron, jaune et transparent dans les écoinçons supérieurs et inférieurs. du quadrilobe Sur la droite du panneau se trouve une bordure verticale de gerbes florales composées de verre clair et brun. Ce motif floral de bordure est brisé en son milieu où il est découpé par la saillie gauche du quadrilobe."

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4. Le prophète Ézéchiel. Inv. 5D-1881.

 

"Figure en pied d'un homme avec une tête pleine de cheveux longs et une barbe. Sa tête est entourée d'un halo composé de verre flashé rouge. Le personnage est de profil tourné vers le côté droit du panneau. Son bras et sa main droits sont levés et pointent vers la droite. Il porte un manteau marron sur une tunique blanche. Le manteau pend sur son épaule gauche et tourbillonne légèrement devant lui, à droite du panneau. Le personnage porte des bottes ou des bas verts. Il tient dans sa main gauche un parchemin qui traverse son corps et s'étend vers la gauche du panneau. Le parchemin est composé de verre jaune avec une épaisse couche de pigment noir mat qui a été grattée avec un stylet fin pour révéler les lettres :
E Z E C H U E L bordé en haut et en bas."

"La figurine est placée dans un demi-quadrilobe. Son pied gauche repose sur le bord intérieur inférieur du quadrilobe et son pied droit est placé derrière le bord intérieur inférieur du quadrilobe et n'est pas visible. Il y a des gerbes florales de verre bleu, vert, jaune et clair dans les écoinçons supérieur et inférieur du quadrilobe. Sur la gauche du panneau se trouve une bordure verticale de gerbes florales composées de verre clair, vert et brun. Ce motif floral de bordure est brisé en son milieu où il est découpé par la saillie gauche du quadrilobe."

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5. Le prophète Daniel. Inv. 5E-1881

"Le prophète ici peut être identifié par le nom DANIEL (à l'envers). Il a vécu au 6ème siècle avant JC et ses prophéties sont consignées dans le livre de Daniel de l'Ancien Testament. Ses visions étaient liées à l'établissement du Royaume messianique et sont donc intimement associées à la généalogie de Jésus-Christ.

Le style de peinture de cette figure est le même que celui des panneaux 5D et 6 à 6B-1881. Les traits du visage sont pleins et arrondis. Les sourcils sont lourds et les yeux et les pupilles sont grands. Le vêtement épouse la forme du corps. Les cheveux des personnages sont raides et non bouclés. Ces personnages sont identifiés par leurs rouleaux inscrits, ont une grande fleur à tige dans le demi-quadrilobe dans lequel ils se tiennent et il n'y a pas de petites sections de sol entre leurs pieds. Tous ces traits distinguent ce groupe de prophètes de l'autre groupe (5 à 5C-1881). La figure entière de ce panneau est l’inverse de celle du no. 6-1881 indiquant qu'ils ont été réalisés à partir du même carton ou dessin de conception."

 

"Figure en pied d'un homme avec une tête pleine de cheveux longs, imberbe. Sa tête est entourée d'un halo composé de verre flashé rouge. Le personnage est de profil tourné vers le côté gauche du panneau. Son bras et sa main droits sont levés et pointent vers l'avant. Il porte un manteau jaune sur une tunique verte. Le manteau pend sur son épaule gauche et tourbillonne légèrement sur sa gauche et vers le côté droit du panneau. Le personnage porte des bottes ou des bas jaunes. Il tient dans sa main gauche un parchemin qui traverse son corps et s'étend vers la gauche du panneau. Le parchemin est composé de verre brun violet avec une épaisse couche de pigment noir mat qui a été grattée avec un stylet fin pour révéler les lettres : D A N I E L (au revers) bordé en haut et en bas.

La figurine est placée dans un demi-quadrilobe. Son pied droit repose sur le bord supérieur du quadrilobe et son pied gauche est placé sur le bord intérieur inférieur du quadrilobe. Il y a des gerbes florales de verre bleu, jaune et clair dans les écoinçons supérieur et inférieur du quadrilobe. "

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6.Le prophète "ROBOAN" (sic). Inv. 6C-1881

 

"Figure en pied d'un homme avec une tête pleine de cheveux longs et imberbe. Sa tête est entourée d'un halo composé de verre transparent. Le personnage est de profil tourné vers le côté gauche du panneau. Il porte un manteau jaune sur une tunique verte. Le manteau pend sur son épaule gauche. Le personnage porte des bottes ou des bas jaunes. Un parchemin est drapé sur son corps et il le tient dans le creux de son coude droit. Sa main gauche est abaissée et repose sur l'extrémité inférieure du parchemin. Le parchemin est composé de verre transparent avec une épaisse couche de pigment noir mat qui a été grattée avec un stylet fin pour révéler les lettres : ROBOAN PROPHETAS bordé en haut et en bas.

La figurine est placée dans un demi-quadrilobe. Son pied droit repose sur la bordure inférieure du quadrilobe et son pied gauche est placé sur la partie médiane de la bordure du quadrilobe.

 

Le prophète ici peut être identifié par le nom de « Roboan ». Il n'y avait pas de prophète de ce nom mais il y avait un roi de Juda  Roboam qui est représenté dans certaines représentations de l'Arbre de Jessé, y compris celles anglaises du 14ème siècle. On ne sait pas pourquoi le roi Roboam serait représenté comme un prophète et il est probable que le personnage n'ait pas été correctement identifié.

Le style de peinture de cette figure ressemble beaucoup à celui des séries de prophètes 5 à 5C-1881, mais la figure est plus robuste dans sa forme, comme on le voit dans les autres séries (5D-E et 6-C-1881). La plupart des figures de prophètes de cette collection sont des paires, sont des images miroir les unes des autres, ce qui indique que chaque paire a été réalisée à partir du même dessin animé ou dessin. 5D et 6C-1881 sont des exceptions et il est probable qu'il y en avait à l'origine une paire pour chacun.
 

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7. Un prophète. Inv 5C-1881.

"Le prophète porte ici un parchemin sans inscription, il ne peut donc pas être identifié. Le style de peinture de cette figure est le même que celui des panneaux 5 à 5B-1881. Les traits du visage sont fins et anguleux. Les lignes formant les sourcils et les orbites sont peintes en arcs pointus. Ces caractéristiques et l'absence d'inscriptions sur leurs parchemins distinguent ce groupe des autres panneaux de la série qui ont des traits du visage pleins et plus arrondis et portent des parchemins inscrits. La figure entière de ce panneau est l’inverse de celle du no. 5B-1881 indiquant qu'ils ont été réalisés à partir du même carton ou dessin de conception."

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8. Un prophète. Inv 5-1881.

" Figure en pied d'un homme avec une tête pleine de cheveux longs et une barbe. Sa tête est entourée d'un halo composé de verre jaune. Le personnage est de profil tourné vers le côté droit du panneau. Son bras et sa main droits sont levés et pointent vers la droite. Il porte un surmanteau vert sur une tunique verte. Il tient un châle marron sur son bras gauche qui tourbillonne derrière lui vers le côté gauche du panneau. Le personnage porte des bottes ou des bas jaunes. Il tient dans sa main gauche un parchemin noir qui pend droit à côté de morceaux de verre transparent placés verticalement qui forment la bordure du côté droit du panneau. Le rouleau est composé de verre transparent avec une épaisse couche de pigment noir mat qui a été grattée avec un stylet fin pour révéler une frise florale.
La figurine est placée dans un demi-quadrilobe. Son pied gauche repose sur le bord intérieur inférieur du quadrilobe et son pied droit est placé sur le bord intérieur inférieur du quadrilobe. Il y a des gerbes florales de verre bleu, vert et clair dans les écoinçons supérieur et inférieur du quadrilobe. Sur la gauche du panneau se trouve une bordure verticale de gerbes florales composées de verre clair, vert et brun. Ce motif floral de bordure est brisé en son milieu où il est découpé par la saillie gauche du quadrilobe.

Le prophète porte ici un parchemin sans inscription, il ne peut donc pas être identifié. Le style de peinture de cette figure est le même que celui des panneaux 5A à 5C-1881. Les traits du visage sont fins et anguleux. Les lignes formant les sourcils et les orbites sont peintes en arcs pointus. Ces caractéristiques et l'absence d'inscriptions sur leurs parchemins distinguent ce groupe des autres panneaux de la série qui ont des traits du visage pleins et plus arrondis et portent des parchemins inscrits. La figure entière de ce panneau est l’inverse de celle du no. 5A-1881 indiquant qu'ils ont été réalisés à partir du même carton ou dessin de conception."

 

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9. Le prophète Helpas (sic). Inv 6B-1881.

"Figure en pied d'un homme avec une tête pleine de cheveux longs et une barbe. Sa tête est entourée d'un halo composé de verre flashé rouge. Le personnage est de profil tourné vers le côté droit du panneau. Son bras et sa main droits sont levés et pointent vers la droite. Il porte un manteau marron sur une tunique verte. Le manteau pend sur son épaule gauche. Le personnage porte des bottes ou des bas jaunes. Il tient dans sa main gauche un parchemin qui traverse son corps et s'étend vers la gauche du panneau. Le parchemin est composé de verre jaune avec une épaisse couche de pigment noir mat qui a été grattée avec un stylet fin pour révéler les lettres : HELPAS bordé en haut et en bas.

La figurine est placée dans un demi-quadrilobe. Son pied gauche repose sur le bord intérieur inférieur du quadrilobe et son pied droit est placé derrière le bord intérieur inférieur du quadrilobe et n'est pas visible."

"Le prophète ici peut être identifié sous le nom de « HELPAS ». Nous savons qu'il doit être un prophète en raison de la façon dont il est représenté et de son association avec un arbre de Jessé. Cependant, aucun prophète du nain de « Helpas » n’a existé et il est possible que le rouleau ait été modifié.

Le style de peinture de cette figure est le même que celui des panneaux 5D-E et 6 à 6A-1881. Les traits du visage sont pleins et arrondis. Les sourcils sont lourds et les yeux et les pupilles sont grands. Le vêtement épouse la forme du corps. Les cheveux des personnages sont raides et non bouclés. Ces personnages sont identifiés par leurs rouleaux inscrits, ont une grande fleur à tige dans le demi-quadrilobe dans lequel ils se tiennent et il n'y a pas de petites sections de sol entre leurs pieds. Tous ces traits distinguent ce groupe de prophètes de l'autre groupe (5 à 5C-1881). La plupart des figures de prophètes de cette collection sont des paires, sont des images miroir les unes des autres, ce qui indique que chaque paire a été réalisée à partir du même dessin animé ou dessin. La figure entière de ce panneau est l’inverse de celle du no. 6A-1881 indiquant qu'ils ont été réalisés à partir du même carton ou dessin de conception."

Il faut sans doute lire HELYAS, désignant le prophète Elias ou Elie. (Merci à David Critchley)

Voir sur cette graphie HELYAS : 

https://theindex.princeton.edu/s/view/ViewWorkOfArt.action?id=7BDEF0A4-B525-4B0B-A43F-3F559DFCD749

https://theindex.princeton.edu/s/view/ViewWorkOfArt.action?id=A393644B-C258-4620-8543-CD549E68BD75

 

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LES ROIS.

Deux autres panneaux du musée (Mus.nos. 6D et 6E-1881) représentent des rois depuis une verrière de « l'arbre de Jessé », mais ne faisaient pas à l'origine partie de cette série de panneaux de prophètes.

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SOURCES ET LIENS.

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— ARNAUD (Anne-François), 1837, Voyage archéologique et pittoresque dans le département de l'Aube, Troyes page 160.

https://books.google.fr/books/about/Voyage_arch%C3%A9ologique_et_pittoresque_dan.html?hl=fr&id=joPE2XpCkkgC&redir_esc=y

— BIVER (Paul), 1908-1935, L'École troyenne de peinture sur verre. Non consulté.

— COFFINET (Abbé Jean-Baptiste), 1858, Les peintres-verriers de Troyes pendant trois siècles depuis 1375 jusqu'à 1690 "Peintres-verriers. Nomenclature des peintres-verriers de Troyes depuis 1375 jusqu'à 1690". Annales archéologiques, 1858, t. 18, p. 212-224.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f153.item

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f250.item

— CORBLET (Abbé), 1860, 'Etude iconographique sur l'Arbre de Jessé', Revue de l'Art chrétien 

— FICHOT (Charles), 1889, Statistique monumentale du département de l'Aube page 341

https://www.google.fr/books/edition/Statistique_monumentale_du_d%C3%A9partement/-6jnG1emOHgC?hl=fr&gbpv=1&dq=civitas+ninive&pg=PA220&printsec=frontcover

— GRODECKI (Louis), 1958 "De 1200 a 1260", in M. Aubert et al., Le vitrail francais, Paris, 1958

— GRODECKI (Louis),  C. Brisac, 1985  Gothic Stained Glass, 1200-1300, trans. B. D. Boehm, Ithaca, 1985

— GRODECKI (Louis),1976, Les Vitraux de Saint-Denis, I, Centre National de la Recherche Scientifique, Paris, 1976

—  JUBAINVILLE (Henri d'Arbois de), 1862, "Documents relatifs aux travaux de construction faits à la cathédrale de Troyes pendant les XIIIe, XIVe et XVe siècles" [second article].Bibliothèque de l'École des chartes  Année 1862  23  pp. 393-423

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_445819

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_461956

— LAFOND (Jean) 1955, "Les vitraux de la cathédrale Saint-Pierre de Troyes". In Société française d'archéologie, éd. Congrès archéologique de France : 113e session, Troyes, 1955. Orléans ; Nogent-le-Rotrou, 1957, p. 43-44.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32099177/f59.item

— LAFOND (Jean),1911, 'l'Etude historique de l'Arbre de Jessé demanderait une longue et minutieuse enquete, qui ne lasserait de coté nul exemple, nul petit détail', Bulletin de la Societé des Amis des Monuments rouennais

— LEDIT (Charles-J. Abbé) 1948,  Les Hautes verrières de la cathédrale de Troyes, préfacées par S. E. Mgr Julien Le Couedic,.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3339359k.texteImage?lang=FR

— LIEZ (Jean-Luc), 2022, "Regard(s) sur l’héraldique à Troyes au XVIe siècle". ffhal-03940420f

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— MÂLE (Emile),1922 L'Art religieux de la fin du Moyen Age en France, 2nd ed, Paris: Colin, 1922, p.82

—MARSAT (André), ‎Charles J. Ledit, ‎Angelico Surchamp · 1972 Cathédrale de Troyes, les vitraux

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— MINOIS (Danielle), 2003,La peinture sur verre à Troyes à la fin du Moyen Age thèse d'histoire de l'art Paris IV sous la direction de Fabienne Joubert et Michel Hérald, 

— MOREL-PAYEN (Lucien) 1910 , Troyes et Provins (les villes d’art célèbres). — Paris, Laurens, 1910

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 Camille Georges Picavet, L. Morel-Payen. — Troyes et Provins (les villes d’art célèbres). — Paris, Laurens, 1910 [compte-rendu] Revue internationale de l'enseignement  Année 1911  61  pp. 87-88

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— MOREL-PAYEN (Lucien) sd, Guide-Souvenir de la cathédrale de Troyes  Troyes, Imp. L. Droin, -
 

—PASTAN (Élisabeth C.), 1986 "The Early Stained Glass of Troyes Cathedral: The Ambulatory Chapel Glazing, c.1200-1240", (Dissertation, Brown University, Providence, RI, 1986)

—PASTAN (Élisabeth C.), 1990, Restoring the Stained Glass of Troyes Cathedral: The Ambiguous Legacy of Viollet-le-Duc", Gesta, XXXIX (1990), pp.155-166

—PASTAN (Élisabeth C.), 1994, "Iam hereticos quan Judaeos: Shifting Symbols in the Glazing of Troyes Caqthedral," Word & Image, 10 (1994), pp.66-83

—PASTAN (Élisabeth C.),  1994, "Process and Patronage in the Decorative Arts of the Early Campaigns of Troyes Cathedral, ca. 1200-1200s", Journal of the Society of Architectural Historians, LIII (1994), pp.215-231

—PASTAN (Élisabeth C.), 1998"And he shall gather together the dispersed: The Tree of Jesse at Troyes Cathedral", Gesta, vol.37, no.2 (1998), pp.232-9

 

—PASTAN (Élisabeth C.), 2000 "The Tree of Jesse at Troyes Cathedral", in Stained Glass as Monumental Painting (XIXthe International Cooloquium, CVMA, Krakow 1998), Cracow, 2000, pp.55-65

—PASTAN (Élisabeth Carson),  BALCON (Sylvie), 2006,  "Les vitraux du chœur de la cathédrale de Troyes (xiiie siècle)", Paris, Cths, coll. « Corpus vitrearum - France II », 2006, 539 p.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2010_num_168_3_7592_t19_0308_0000_1

— PIGEOTTE (Léon),1870, Étude sur les travaux d'achévement de la cathédrale de Troyes de 1450 à 1630, Paris, Librairie archéologique de Didron, page 47.

https://archive.org/details/etudesurlestrava00pigeuoft/page/46/mode/2up

—RAGUIN (V.C.) 1982, Stained Glass in Thirteenth-century Burgundy, Princeton, 1982

—RAGUIN (Virgina C.) Madeline Caviness, 'Another Dispersed Window from Soisssons: A Tree of Jesse in the Sainte-Chapelle Style'. Gesta, XX (1981), pp.191-198

— RIVIALE (Laurence),  "Danielle Minois, Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560). Paris, P.U.P.S., 2005, 475 p. (Corpus vitrearum France, études VI)." In: Bulletin Monumental, tome 166, n°1, année 2008. La galerie à Paris (XIVe-XVIIe siècle) pp. 85-86.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— ROSEROT DE MELIN (J.) 1970, Bibliographie commentée des sources d'une histoire de la cathédrale de Troyes, 2 vols.(Troyes, 1966-1970)

— TRIDON (Abbé), 1866,  Visite de la cathédrale de Troyes

http://bibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/fa6e003ba720fd499741406274f973dd.pdf

— SITES

Victoria & Albert Museum:

https://collections.vam.ac.uk/search/?id_material=AAT10797&page=1&page_size=15&q=troyes

Archives de la cathédrale de Troyes :

https://www.google.fr/books/edition/INVENTAIRE_SOMMAIRE_DES_ARCHIVES_DEPARTE/RZcNAAAAQAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=%22la+Mosl%C3%A9e%22&pg=PA315&printsec=frontcoverhttps://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Troyes/Troyes-Saint-Pierre-et-Saint-Paul.htm

Inventaire :

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000340

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https://abedehem.blogspot.com/2016/11/des-troyens-en-champagne.html

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux : Troyes. Arbre de Jessé Vitraux Arbre de Jessé. Troyes
29 mars 2024 5 29 /03 /mars /2024 12:30

La baie 214 (vers 1530) du bras sud du transept de la cathédrale de Troyes, les saints Claude et Paul entre les donateurs Pierre Pion et Jeanne Festuot présentés par leurs patrons.

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Voir sur les verrières hautes de la nef  de la cathédrale de Troyes :

 

 

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Voir aussi sur mes 327 articles sur les vitraux de France :

Les articles de mon blog traitant des vitraux.

 

 


 

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Datation  par document d'archive.

Cette verrière a été posée en 1534 (date du paiement des ferrures de la verrière au serrurier Pierre Belin). Au 14e siècle, aucun vitrail figuré n'est mentionné à cet emplacement mais en 1505, de la vitrerie y a été enlevée par le valet du peintre-verrier Jean Verrat.

Donateurs identifiés par leurs armoiries.

 

On reconnait sur leurs prie-dieu les armoiries à gauche de Pierre Pyon d'azur à la croix d'or à double traverse cantonné d'une étoile d'or à senestre, et à droite celles, miparti, de son épouse Jeanne Festuot en 1,  Pyon,et en 2, d'azur à trois têtes de bélier d'argent qui sont Festuot.

Ces armoiries sont reprises au tympan, soit pleines, soit miparti au centre.

Les petites ogives tréflées des lancettes contiennent un blason d'azur à la croix double d'or, surmonté d'une étoile d'or en chef. A droite, du côté opposé, le même écu, mi-parti d'azur à trois têtes de bélier d'argent, armes des donateurs Pierre Pyon et de

1. Pierre PYON ou PION 1469-1539 chevalier du Saint-Sépulcre de Jérusalem , seigneur de  Rumilly-les-Vaudes (Aube) et en partie de Ravières (Yonne), marchand de Troyes, échevin, marguillier à verge de la cathédrale.

Quelques données :

Il est fait mention d'un Pierre Pyon apothicaire à Troyes sous Louis XII

Pierre Pion se serait-il remarié ? : "Pierre Belin heritier de Pierre Pion , débouté de donation au profit de Jehan Festuot et consorts , heritiers de Jehanne Festuor , femme dudict Pion en premieres noces , par sentence du Bailly de Troyes du 10. May 1541 confirmee par Arrêt du 20 Decembre 1546 ."

Un Pierre Pyon né vers 1539 à Troyes et décédé avant 1579 est mentionné par les généalogistes.

Un Jacques PION ou Pyon (1556-1592 ) , maître orfèvre , a été député des orfèvres en 1564.

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2. Jeanne Festuot, dame de Rumilly-les-Vaudes, veuve en première noce de Claude Bury, et décédée vers 1555.

Jeanne Festuot est peut-être la fille de Jean Festuot l'aîné seigneur de Ravières et de son épouse Denise Chapalain, qui donnèrent en 1500 les verrières 129 et 229 de la nef où est représentée l'Histoire de Tobie.

Selon la généalogie Alain Beyrand, elle avait épousé Claude BURY, décédé avant 1520, 

https://gw.geneanet.org/elastoc?lang=fr&pz=marie&nz=cousin&ocz=3&p=jeanne&n=festuot

On mentionne un couple Pierre Largentier teinturier et Gilette Festuot en 1470.

https://gw.geneanet.org/jdenailly?n=festuot&oc=&p=gilette

https://gw.geneanet.org/jbuzelin?lang=fr&pz=jean+marie+robert&nz=buzelin&p=nicolas&n=festuot

 

3. Le couple Pierre PION et Jeanne FESTUOT : édification peu avant 1532 du Manoir des Tourelles à Rumilly-lès-Vaudes, fondation de la chapelle Saint-Claude en 1528. Sépulture le 24 juin 1539 en la chapelle Saint-Claude à 70 ans.

a) Le couple fait édifier le manoir des Tourelles de Rumilly-les-Vaudes :

Pierre Pion acquit en 1523 la moitié de la terre de Rumilly., et en 1532 le manoir était qualifié de tout neuf par un pèlerin. "En dépit des mutilations révolutionnaires, on peut encore y identifier les armes de Pierre Pion et de sa femme Jeanne Festuot, riches marchands troyens, et celles d'Antoine de Vienne, abbé de Molesmes."

b) Fondation de la chapelle Saint-Claude en 1528. « Doyan et Chapitre de léglise de Troyes... avons receu la somme de deux mille livres tournois de messire Pierre Pion, chevalier de Jerusalem et de dame Jehanne Festuot, sa femme, seigneur et dame de Rumilly lez Vauldes en partie... Lesdiz Pion et sa femme ont à leurs frectz et despens fait décorer et accoustrer honestement ladicte chapelle Sainct-Claude; en icelle mis... les aornemens et choses qui sensuyvent, assavoir quatre tuniques decamelot, les deux noires et les deux jaulnes; une chasuble de camelot d'or et une aultre de camelot jaulne; deux autres chasubles lune de damas noir à offroiz d'or et l'autre de camelot noir; une chappe aussi de camelot noir touz à offroiz imagez des trépassés; un poille croisé de damas blanc avec deux paremens de camelot... un calice d'argent du poix de deux marcs, armoyrié des armes des ditz Pion et sa femme; quatre nappes, ung missel, ung livre pour chanter la messe sainct Claude, deux chandeliers, ung anceau... Accordons que nous serons tenuz de faire dire, chanter et célébrer par les deux marrégliers prebtres, les soubzchantre et vicaires dicelle église chascun à son tour et ordre à l'autel et chapelle de mondict seigneur sainct Claude, qui est la deuxiesme chapelle par devers lhostel épiscopal en entrant à main droitte en la nef dicelle église par le grand portal que lon y édifie de présent, une messe basse cothidianement et par chascun jour à tousjours perpetuellement... Quatre anniversaires chascun an aux QuatreTemps de lan... Le jour de la feste sainct Claude une messe haulte à diacre et soubzdiacre... Permettons à tousjours que les corps desditz Pion et sa femme, enfans deulx et de chascun deulx ensemble leur postérité... soient sepulturez ou charnier que lesdictz Pion et sa femme ont faict faire et caver de leurs deniers en icelle chapelle... D'attacher en ladicte chapelle ung tableau de cuivre à couverture de verre ou quel sera escript, exprimé et déclaré la présente fondation ... »

Néanmoins, cette chapelle avait été vitrée dès le XVe siècle :

"Les verrières des chapelles Saint-Claude au sud et Hennequin au nord ont été réalisées par le même peintre verrier Girard Le Noquat. La verrière de la chapelle Saint-Claude est posée entre juillet 1483 et juillet 1484. Elle est payée à Girard Le Noquat par le chapitre qui en est ldonc le donateur, à moins qu'un chanoine ait donné l'argent de sa donation au chapitre, comme c'est probablement le cas pour la verrière Hennequin. Les têtes de lancette gauche et droite contiennent les écus armoriés..... Or, Pierre Pyon et sa femme Jeanne Festuot ne fondent la chapelle Saint - Claude que le 3 juillet 1528. Leurs armes ont sans doute été rajoutées sur la verrière de la chapelle à cette époque et ce ne sont pas eux qui ont offert la verrière originelle . Le thème de cette dernière , la Transfiguration , est donné par le texte d'archives lui-même . De la verrière , il ne reste que la partie supérieure ." (D. Minois)

c) Sépulture le 24 juin 1539.

"Die festo B. Johannis XXIV junii anni MVc XXXIX coram dominis hujus ecclesie canonicis comparuerunt M. Johannes Le Gruyer, presentis ecclesie canonicus, dominus temporalis de Fontanis, honorabilis vir Symon Fouchier, procurator in curia laica, Jacobus Aubry, Guilelmus Granger, clericus, assistentibus G. Rogier, notario, et Petro Belin, executores testamenti hodierne defuncti, hora secunda, ut rumor est, post mediam noctem, nobilis viri petri Pion, dum viveret militis Hierosolimitani ac matricularii ad virgam in hac ecclesia, atque presentaverunt legendum testamentum dicti defuncti, rogantes ut domini volint disponere de officio et pompa funebri, per cujus testamenti lecturam constat eum velle inhumari hora medie noctis, situs et positus in cathedra lignea aut plumbea cum una camisia tele cerate, et supra eam habere cotam seu tunicam peregrini Hierosolimitani tam affabre confectam ut possibile erit, et ferri per vicarios in capellam B. Claudii, quam in hac ecclesia fundavit dictus defunctus, que omnia consenserunt domini modo predicto fieri, orantes pro salute anime ipsius qui septuagenarius fuit .  ( Archiv. de l'Aube, reg. G. 1282, fol. 179 vo).»

847. Ce dit jour, en 1539, est décédé noble homme Pierre Pion, seigneur de Rumilly-les-Vaudes (Aube) et en partie de Ravières (Yonne), marguillier à verge de cette église en remplacement de noble homme Nicolas Laurent. Il fit le pélerinage du Saint-Sépulcre et fut reçu chevalier; à son retour il édifia dans cette église, en 1528, la chapelle Saint-Claude, dans laquelle il fonda une messe quotidienne à perpétuité et où il est inhumé. On lit dans un ancien Obituaire :

Die martis XXIV junii MDXXXIX obiit Petrus Pion, nobilis vir et miles Hierosolimitanus; novum pompe funebris genus voluit inhumari hora media noctis, situs et positus in cathedra lignea aut plumbea cum una camisia tele cerate et supra eam habens cottam seu tunicam peregrini Hierosolimitani tam affabre confectam ut possibile erit. Jacet in capella divi Claudii quam ipse fundavit et dotavit.

 

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Description.

 

C'est la première fenêtre des transepts, à l'est, la plus rapprochée du choeur. Cette baie haute de 10 m et large de 5,50 m est composée de 6 lancettes lancéolées réunies 2 à 2 sous 1 soufflet  et de 6 mouchettes et écoinçons au tympan. Un grand registre formé des 4 lancettes centrales est entourée de bordures du 16e siècle (motifs décoratifs, croix de Jérusalem alternant avec des verres colorés) au sein d'une vitrerie losangée du XXe siècle. : de g. à dr. : le donateur en armure Pierre Pyon présenté par saint Pierre ; saint Claude ; saint Paul ; la donatrice Jeanne Fuestot présentée par saint Jean l'Evangéliste.
Au tympan des  bordures du 16e siècle sont entourées d'une vitrerie losangée du XXe siècle ; dans les lobes des mouchettes inférieures sont figurées 2 têtes à l'antique (une femme et un homme de profil) ; les soufflets  contiennent les écus armoriés des donateurs dans une couronne de verre rouge.

 

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La baie 214 (vers 1530) du bras sud du transept de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 214 (vers 1530) du bras sud du transept de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 214 (vers 1530) du bras sud du transept de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 214 (vers 1530) du bras sud du transept de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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La première lancette : Pierre Pyon en donateur présenté par saint Pierre.

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 Pierre Pyon est agenouillé, les mains jointes, devant son prie-Dieu, couvert d'un tapis brodé de ses armes, d'azur à la croix double d'or, avec une étoile de même au canton de sénestre. Il  s'est fait représenter avec les insignes d'un chevalier de Jérusalem. Il est couvert d'une riche armure de guerre et d'un hoqueton de soie d'azur semée de croix potencées d'or, qui est de Jérusalem; sa tête est coiffée d'un chaperon de soie noire, rembourré de coton, qui se plaçait sous le bassinet, la salade ou le chapel de fer. Derrière lui, saint Pierre, son patron, lui posant délicatement la main sur la tête et portant de la main gauche une grande clef. (Ch. Fichot)

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La baie 214 (vers 1530) du bras sud du transept de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 214 (vers 1530) du bras sud du transept de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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2°) Saint Claude en évêque et saint Paul.

Saint Paul a les deux mains appuyées sur la poignée de l'épée qui rappelle sa décollation.

Les culots comportent des masques Renaissance.

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La baie 214 (vers 1530) du bras sud du transept de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 214 (vers 1530) du bras sud du transept de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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3°) La donatrice Jeanne Festuot, femme de Pierre Pyon, veuve en premières noces de Claude Bury, morte vers 1555.

La donatrice porte une coiffe noire perlée et un manteau violet doublé de fourrure. Une bague est visible à l'index.

 

Elle est agenouillée les mains jointes devant son prie-Dieu, avec son blason parti au 1 d'azur à la croix double d'or, accompagnée d'une étoile au canton de sénestre; au 2 d'azur à trois têtes de béliers d'argent.

 

Derrière la donatrice, saint Jean l'Évangéliste tient un calice  de poison, duquel sort le petit dragon .

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La baie 214 (vers 1530) du bras sud du transept de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 214 (vers 1530) du bras sud du transept de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LE TYMPAN.

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La baie 214 (vers 1530) du bras sud du transept de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 214 (vers 1530) du bras sud du transept de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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— ARNAUD (Anne-François), 1837, Voyage archéologique et pittoresque dans le département de l'Aube, Troyes page 144.

https://books.google.fr/books/about/Voyage_arch%C3%A9ologique_et_pittoresque_dan.html?hl=fr&id=joPE2XpCkkgC&redir_esc=y

— BIVER (Paul), 1908-1935, L'École troyenne de peinture sur verre. Non consulté.

— COFFINET (Abbé Jean-Baptiste), 1858, Les peintres-verriers de Troyes pendant trois siècles depuis 1375 jusqu'à 1690 "Peintres-verriers. Nomenclature des peintres-verriers de Troyes depuis 1375 jusqu'à 1690". Annales archéologiques, 1858, t. 18, p. 212-224.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f153.item

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f250.item

— FICHOT (Charles), 1889, Statistique monumentale du département de l'Aube page 286

https://www.google.fr/books/edition/Statistique_monumentale_du_d%C3%A9partement/-6jnG1emOHgC?hl=fr&gbpv=1&dq=civitas+ninive&pg=PA220&printsec=frontcover

—  JUBAINVILLE (Henri d'Arbois de), 1862, "Documents relatifs aux travaux de construction faits à la cathédrale de Troyes pendant les XIIIe, XIVe et XVe siècles" [second article].Bibliothèque de l'École des chartes  Année 1862  23  pp. 393-423

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_445819

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_461956

— LAFOND (Jean) 1955, "Les vitraux de la cathédrale Saint-Pierre de Troyes". In Société française d'archéologie, éd. Congrès archéologique de France : 113e session, Troyes, 1955. Orléans ; Nogent-le-Rotrou, 1957, p. 29-62.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32099177/f59.item

— LEDIT (Charles-J. Abbé) 1948,  Les Hautes verrières de la cathédrale de Troyes, préfacées par S. E. Mgr Julien Le Couedic,.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3339359k.texteImage?lang=FR

— LIEZ (Jean-Luc), 2022, "Regard(s) sur l’héraldique à Troyes au XVIe siècle". ffhal-03940420f

https://hal.science/hal-03940420/document

—MARSAT (André), ‎Charles J. Ledit, ‎Angelico Surchamp · 1972 Cathédrale de Troyes, les vitraux

— MINOIS (Danielle), 2005 Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560) .Sorbonne Université presses Corpus vitrearum France Etudes VI, 1 vol. (475 p.-XXIV p. de pl.) : ill. en noir et en coul., jaquette ill. en coul. ; 33 cm

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— MINOIS (Danielle), 2003,La peinture sur verre à Troyes à la fin du Moyen Age thèse d'histoire de l'art Paris IV sous la direction de Fabienne Joubert et Michel Hérald, 

— MOREL-PAYEN (Lucien) 1910 , Troyes et Provins (les villes d’art célèbres). — Paris, Laurens, 1910

https://books.google.fr/books/about/Troyes_et_Provins.html?hl=fr&id=fdByEAAAQBAJ&redir_esc=y

 Camille Georges Picavet, L. Morel-Payen. — Troyes et Provins (les villes d’art célèbres). — Paris, Laurens, 1910 [compte-rendu] Revue internationale de l'enseignement  Année 1911  61  pp. 87-88

https://education.persee.fr/doc/revin_1775-6014_1911_num_61_1_8939_t1_0087_0000_2

— MOREL-PAYEN (Lucien) sd, Guide-Souvenir de la cathédrale de Troyes  Troyes, Imp. L. Droin, -

—PASTAN (Élisabeth C.  BALCON (Sylvie), 2006,  "Les vitraux du chœur de la cathédrale de Troyes (xiiie siècle)", Paris, Cths, coll. « Corpus vitrearum - France II », 2006, 539 p.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2010_num_168_3_7592_t19_0308_0000_1

— PIGEOTTE (Léon),1870, Étude sur les travaux d'achévement de la cathédrale de Troyes de 1450 à 1630, Paris, Librairie archéologique de Didron, page 47.

https://archive.org/details/etudesurlestrava00pigeuoft/page/46/mode/2up

— RIVIALE (Laurence),  "Danielle Minois, Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560). Paris, P.U.P.S., 2005, 475 p. (Corpus vitrearum France, études VI)." In: Bulletin Monumental, tome 166, n°1, année 2008. La galerie à Paris (XIVe-XVIIe siècle) pp. 85-86.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— TRIDON (Abbé), 1866,  Visite de la cathédrale de Troyes

http://bibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/fa6e003ba720fd499741406274f973dd.pdf

— SITES

Eglises du confluent :

https://www.eglisesduconfluent.fr/Pages/VIT-10Troyes-CathStPierreStPaul.php

Archives de la cathédrale de Troyes :

https://www.google.fr/books/edition/INVENTAIRE_SOMMAIRE_DES_ARCHIVES_DEPARTE/RZcNAAAAQAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=%22la+Mosl%C3%A9e%22&pg=PA315&printsec=frontcoverhttps://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Troyes/Troyes-Saint-Pierre-et-Saint-Paul.htm

Inventaire :

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000380

https://agorha.inha.fr/ark:/54721/f47e6092-a972-473f-b6a0-70a4265e6fd3

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https://www.culture.gouv.fr/ar/29/5/2/2/4/Travaux-de-mise-en-securite-et-de-protection-de-la-Cathedrale-de-Troyes

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https://abedehem.blogspot.com/2016/11/des-troyens-en-champagne.html

 

 



 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux : Troyes. Héraldique Donateurs XVIe siècle.
26 mars 2024 2 26 /03 /mars /2024 15:03

Les vitraux de la nef de la cathédrale de Troyes : les baies 127 et 227 des Saints  et de la vie de saint Pierre, réalisée en 1502, don d'Henri II de Lorraine-Vaudémont, évêque de Metz . Armoiries épiscopales.

 

 

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Voir sur les verrières hautes de la nef  de la cathédrale de Troyes :

 

 

 

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Voir aussi sur mes 327 articles sur les vitraux de France :

 

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PRÉSENTATION GÉNÉRALE.

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Avec 1 500 m² de verrières, allant du XIIIe au XIXe siècle, la cathédrale de Troyes est   l’un des plus vitrées de France.  Elle possède un triforium totalement vitré, (situé à mi-hauteur et qui fait le tour du bâtiment), ce qui est assez exceptionnel. Les vitraux de la cathédrale de Troyes sont considérés comme une œuvre majeure de la peinture sur verre en France. 

 

Les 20 verrières hautes de la nef forment un ensemble homogène. Elles ont été réalisées entre 1498 et 1505 par plusieurs peintres-verriers  dont le nom de certains sont connus (Pierre Maçon, Jean Verrat, Balthasar Godon, Lievin Varin et le cartonnier Nicolas Cordonnier). Parmi les 66 « verriers » recensés dans les archives entre 1470 et 1560, 37 peuvent être considérés comme des peintres verriers. Regroupés autour de la collégiale Saint- Urbain, ils travaillaient au sein de structures familiales et fondaient des dynasties, comme les Verrat ou les Macadré. Leur atelier était une petite structure dirigée par un peintre verrier qui n’employait qu’un ou deux serviteurs, selon ses moyens, comme on le voit à Paris et en Provence (D. Minois).

Selon le rédacteur de la notice de l'Inventaire, rédigée en 1999, "Leur iconographie répond à la seule volonté des multiples donateurs. Leur véritable lien provient plus de la technique que du style : les peintres-verriers ont mis l'accent sur la lisibilité des compositions (larges registres de scènes, mise en valeur des faits et gestes des personnages par la réduction du rôle de l'architecture et des arrières-plans, modelé très appuyé, absence de chef-d'oeuvre et de gravure sauf dans la baie 233). Certains aspects rappellent les vitraux du milieu du 13e siècle des parties hautes du choeur : la gamme colorée très vive avec barbes et cheveux en pleine couleur, la mise en plomb des yeux de certains personnages, les fonds de mosaïque. Si la Renaissance italienne ne s'y fait pas encore sentir, Jean Lafond reconnaît une influence venue de l'est dans la verrière de saint Pierre (notamment l'atelier strasbourgeois de Pierre d'Andlau). Pour Emile Mâle, la présence dans ces verrières d'une forte veine d'inspiration populaire évoque l'imagerie d'Epinal."

Au contraire, Danielle Minois (2003 ; 2005) souligne la cohérence de ces ensembles qui illustrent en un discours argumenté et savant l’histoire du salut. "Seul un clergé cultivé a pu élaborer ces programmes ; il l’a donc imposé aux donateurs qui l’ont financé. Parce que « le choix des sujets des verrières posées dans les églises est un reflet de la vie intellectuelle et religieuse », elle signale en outre les réactions des commanditaires face à la Réforme à travers les thèmes choisis, surtout après 1550 : l’histoire de Daniel ou de Tobie, la légende de l’hostie profanée. Elle montre comment les mêmes thèmes peuvent changer de sens face à un climat de remise en cause de l’Église romaine." (L. Rivale)

Ces 20 verrières hautes de la nef se répartissent entre les baies du triforium (galerie à trois arcades entre chaque travée), qui portent les numéros 127 à 136, et, au dessus de celles-ci, les baies hautes homologues portant les numéros 227 à 236. Selon la numérotation internationale des vitraux, les baies nord portent un numéro impair et les baies sud un numéro pair.

Du côté nord du transept, l'auteur du carton des baies 213, et 215 réalisées par Jean Verrat et Balthazar Godon au début du XVIe siècle est connu, il s'agit de Nicolas Cordonnier, dit le Maître de la Légende de Santa Casa.

 

 

 

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Nous avons donc ainsi :

a) du côté nord, depuis le transept vers le fond de la nef :

-baies 127 et 227 : Saints ; vie de saint Pierre,  réalisée en 1502, don d'Henri II de Lorraine Vaudémont, évêque de Metz ;

-baies 129 et 229 : Histoire de Tobie. 1500 ; don de Jean Fuestot l'Aîné (marchand et bourgeois de Troyes dans l'Aube) et de Denise Chappelain sa femme. Monogramme [du peintre verrier en tête de lancette de la baie 129].

-131 et 231 : Adoration des mages, et Histoire de Job. Don de Jeanne de Mesgrigny veuve de Jean Molé. 1501. Inscription et armoiries. Monogramme d'un verrier au tympan.

-133 et 233 : légende de saint Sébastien ; réalisée en 1501 par Lievin Varin, don de la confrérie de saint Sébastien .

- 135 et 235 : Légende de la Vraie Croix ; réalisées entre 1501 et 1502 par Jean Verrat, don de Claude Dorigny, veuve de Jean Péricart. Armoiries . Baie 135 très restaurée au XIXe.

b) du côté sud :

-baies 128 et 228 : Calvaire ; saints et saintes. 1499 ; peintre-verrier Balthazar Godon et Jean Verrat ; don de Jean Huyard chanoine de la cathédrale, et Guillaume Huyard avocat du roi à Troyes  ; armoiries .

-baies 130 et 230 : Arbre de Jessé. Verrières réalisées par Lievin Varin entre 1498 et 1499, don de Jean de Marisy et Guillemette Phélipe sa femme. En baie 230, toute la famille de Jean de Marisy et de Guillemette Phélipe (ses frères, ses 9 filles et belles-filles) est représentée au bas de cette verrière. Armoiries.

-baies 132 et 232 :  Annonciation et Nativité. Parabole du Fils Prodigue. Don de Guillaume Molé et Simone Boucherat , 1499.  Réalisée en 1499 peut-être par Pierre I maçon (inscription ne notant que son prénom). Armoiries identifiées, devise "en attendant", monogrammes [du verrier]

-baies 134 et 234 : Vie de Joseph fils de Jacob ; réalisée en 1499, don d'Agnès Bonjean, veuve de Jehan Thévenin (écuyer et notaire royal à Troyes) son mari . Armoiries identifiées et monogrammes en baie 134. Inscription mentionnant le commanditaire et la date en baie 234.

-baies 136 et 236 : Histoire de Suzanne et du prophète Daniel ; réalisées en 1499 , don de Jean Coiffart, marchand de Troyes et de Marguerite, sa femme (inscription) ; les vitraux du 15e siècle du triforium (baie 136) ont disparu et sont remplacés par des vitraux du 20e siècle sur le thème de l'histoire de Daniel.

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Donation par Henri de Lorraine évêque de Metz.

À la différence des autres verrières de la nef, où une inscription du bord inférieur revendique la donation par un couple de bourgeois de Troyes, et où le donateur ou la donatrice veuve sont représentés, cette verrière ne fournit aucun indice, hormis des alerions (petits aigles héraldiques) au tympan de la baie 127. Les belles armoiries épiscopales d'Henri de Lorraine sur le tympan de la baie 227 ne sont pas d'origine, car ce tympan a subi les conséquences d'un incendie de 1700.

Mais Léon Pigeotte s'est basé sur les comptes de la cathédrale pour en attribuer la donation à un "monseigneur de Metz", rapproché de Henri de Lorraine-Vaudémont (1425-1505), évêque de Metz de 1485 à 1505, fils d'Antoine de Lorraine et frère du duc Jean de Lorraine.

"La première verrière du côté gauche, vers la rue, représente plusieurs saints, notamment l'apôtre saint Pierre, saint Etienne, etc. Au pied de ce vitrail on ne voit point par une inscription quel en serait le donateur, mais nous pensons cependant qu'il aurait été donné par "Monsieur de Meitz". On voit en 1501-1 502 une dépense de roseaux « pour clore la verrière de Monsieur de Meitz » et une autre dépense au couvreur "pour faire escharfaud pour prendre la mesure de la verrière de Monsieur de Meitz..." au mois de mai et au mois de juillet 1502, les armatures de fer fournies par le serrurier avaient été directement payées par le donateur, ainsi qu'il résulte d'une mention écrite en marge de l'article de dépense qui lui-même est biffé (Comptes de l'année 1501-1502). Si nous attribuons le don de la verrière de la première grande fenêtre vers la rue, au personnage désigné par les indications que nous avons relevées , c'est que l'on connaît les donateurs des quatre autres grandes verrières de ce même côté par les inscriptions qui se trouvent au pied de chaque vitrail et qu'il est naturel de penser que  ce "Monsieur de Metz", donateur d'une verrière qui est indéterminée, est celui qui a donné la verrière qui ne révèle aucun nom..

Quel est ce personnage désigné sous le nom de Monsieur de Meitz ou Metz ? Nous ne saurions le dire exactement. M. Arnaud, dans son travail, en parlant de cette verrière, rapporte que l'on y voit les armes de Lorraine, et par suite en attribue le don à Louis de Lorraine, évêque de Troyes vers 1545, depuis cardinal de Guise. Cette opinion est inadmissible. Lors de sa nomination, Louis de Lorraine n'avait que 18 ans, il était par conséquent né vers 1527 ; or, le vitrail de M. de Metz existait au moins quinze ans avant 1527, car nous rencontrons dans les comptes de l'année 1511-1512 l'article que voici : « Payé à Jehan Verrat pour avoir relevé deux des panneaulx de la verrière de Monseigneur de Metz, y avoir fait des pièces selon les couleurs des histoires, les quels panneaulx avoient esté gastés quand la fouldre tomba sur le [grand] clocher (Comptes de l'année 1511-1312; dépense commune. ). » Il semble même résulter des comptes cités quelques lignes plus haut que ce vitrail aurait été posé dès 1501 ou 1502. A cette époque le siège épiscopal de Metz était occupé par Henri II de Lorraine-Vaudemont, fils d'Antoine de Lorraine, comte de Vaudemont, sire de Joinville. Ce prélat, qui fut évêque de Metz de 1484 à 1505, est probablement le donateur de notre verrière. Le passage du compte de 1511-1512 qui se réfère à la même verrière, nous apprend que Jean Verrat fut chargé de la réparer, serait-il téméraire d'en conclure qu'elle était sortie de son atelier ?" (Léon Pigeotte 1870)

Cette hypothèse est admise aujourd'hui par tous.

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Armoiries épiscopales d'Henri de Lorraine.

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Charles Fichot soulève une hypothèse complémentaire, celle d'un canonicat d'Henri de Lorraine à Saint-Etienne de Troyes, expliquant que saint Etienne soit ici présentant un donateur ; mais je n'ai pu vérifier cette information.

"Nous avons souvent remarqué dans nos recherches que certain chanoine de l'église collégiale et royale de Saint-Étienne  était assisté du patron de cette église dans les verrières où il se faisait représenter. Les verrières du sanctuaire de l'église d'Aulnay, près Lesmont, nous en donnent un exemple: maître Claude de Gyé, doyen de l'église Saint-Étienne et curé d'Aulnay, est représenté assisté de saint Etienne et non de saint Claude, son véritable patron.

Cet enseignement fait naître dans notre esprit la pensée qu'Henri II de Lorraine pourrait bien avoir fait partie de ce chapitre avant son épiscopat, ce qui expliquerait sa générosité à l'égard de la cathédrale de Troyes." (Fichot 1889)

Par contre, le fait que Henri de Lorraine-Vaudémont reconnaisse saint Etienne comme son patron est établi par le vitrail de la chapelle Sainte-Anne de Joinville, sur lequel il est agenouillé en donateur, présenté par saint Etienne, avec un phylactère énonçant Ora pro me beate prothomartyr Stephane" (Priez pour moi, bienheureux Etienne, premier martyr).   Ce vitrail de 1502 est exactement contemporain des baies 127-227.

D'autre part, Henri de Lorraine était évêque de la cathédrale Saint-Étienne de Metz, et cela me semble être la raison principale de son choix de patronage. Il a été le commanditaire en 1504 de la verrière du transept nord de sa cathédrale réalisée par Théobald de Lixheim.

 

Note : En 1500-1501, le sculpteur Jacques Bachot quitta Troyes pour réaliser à Joinville le tombeau de Henri de Lorraine-Vaudémont, dans la collégiale Saint-Laurent, chapelle du château, propriété de sa famille depuis des siècles. L'évêque de Metz suivait là une tradition familiale qui avait débuté avec le chroniqueur Jean de  Joinville. C'était une grande chasse en marbre décorée de figures de saints (mais lesquels ?) et un grand buste en bronze de Henri Costerel, de Troyes.  Le sculpteur revint à Troyes en 1505.

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Attribution possible à Jean Verrat.

Comme on vient de le lire sous la plume de Léon Pigeotte, cette attribution se base sur le fait que Jean Verrat répara cette baie en 1511-1512. En outre, Jean Verrat est un peintre-verrier très actif à cette époque de 1502 à Troyes et en la cathédrale de Sens. 

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Le sujet : la Vie de saint Pierre.

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La Vie de saint Pierre est illustrée, en peinture, sculpture et verrières, dans les nombreuses cathédrales  dont Pierre est le saint Patron (à Poitiers, Rennes, Vannes, Montpellier, Beauvais, ou, partagé avec saint Paul, à Troyes  et à Nantes). Au XIe siècle, quatorze scènes de la vie de saint Pierre, tirées de Matthieu, de Luc, des Actes des apôtres, des Actes apocryphes du pseudo Marcellus, étaient peintes en l'église Saint-Pierre de Saint-Benoît-sur-Loire. On la trouvait à Troyes figurée sur la baie 204  du chœur, au XIIIe siècle. Elle figure bien-entendu aussi dans de nombreuses églises. Voir par exemple dans ce blog, au XVIe siècle :

 

Elle est ici incomplète, et réduite à cinq épisodes. Le registre inférieur des deux premières lancettes comportait-il un scène de donation avec saint Etienne présentant le donateur en robe rouge?

L'unité des panneaux est assurée par celle des fonds puisque la même tenture bleue damassée et frangée est retrouvée de scène en scène, sur un gazon plus ou moins fleuri.

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Description.

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Ces deux verrières occupent la cinquième travée de la nef, côté nord. 

La baie 227, avec six lancettes réunies deux à deux sous deux mouchettes, et un tympan à treize ajours et écoinçons, mesure 10 m de haut et  6 m. de large.

La baie 127, en dessous, au triforium, avec ses six lancettes réunies deux à deux sous un tympan à deux mouchettes et un soufflet, mesure 3, 50 m de haut et 6 m. de large.

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Les baies 127 et 227 (1502)  de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les baies 127 et 227 (1502) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les baies 127 et 227 (1502)  de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les baies 127 et 227 (1502) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LA BAIE 127 (TRIFORIUM).

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Les descriptions, différentes,  des auteurs montrent que cette baie a été modifiée et restaurée au XIXe siècle.

"Dans les arcades des tribunes au-dessous, on voit d'abord des figures incomplètes de vieillards, qui remplissent les deux premiers panneaux. Au troisième, un vieillard près de la tête duquel est écrit un nom que quelques lettres transposées ou enlevées rendent illisibles.

Au troisième panneau est représentée la vraie croix, qui en occupe toute la hauteur, et auprès un vieillard debout, qui indique du doigt le signe de la rédemption autour duquel est un rouleau chargé d'une inscription.

Au quatrième panneau, saint Antoine, avec son compagnon, tient un livre ouvert et semble lire en marchant. Le fond est une étoffe bleue brochée et d'un dessin fort riche.

Les cinquième et sixième arcades sont occupées par des figures auxquelles on a rapporté quelques pièces qui sont tout à fait étrangères au sujet. La dernière est celle d'un évêque, dont il ne reste que la partie supérieure.

Dans les cercles à jour, au-dessus des figures, sont multiplices les bandes de gueules chargées des trois alerions d'argent de Louis de Lorraine. Ce blason répété, du même évêque, peut faire présumer avec quelque vraisemblance qu'il est le donateur de tout le vitrail de cette fenêtre. Louis de Lorraine, évêque de Troyes en 1545, mourut le 28 mars 1578, sous le nom du cardinal de Guise, après avoir été archevêque de Sens et abbé de Saint-Victor de Paris." (A. F. Arnaud 1837)

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"Les vitraux de cette galerie sont composés de figures de saints n'ayant aucun rapport avec le sujet principal de la grande fenêtre; ce sont, entre autres, saint Antoine, saint Louis, saint Gond et sainte Catherine, toutes figures endommagées et rapportées, provenant, à n'en pas douter, de la première fenêtre du transept." (Charles Fichot 1889)

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"Vitraux réalisés pendant les années 1500-1505 ; selon Biver et Fichot les figures de saint Gond, sainte Maure et saint Louis (auxquelles se rattacheraient saint Claude et saint Michel de la baie 213) proviendraient d'une verrière du bras nord du transept (la baie 217) peinte en 1505 par Jean Verrat et Balthazar Godon d'après un carton de Nicolas Cordonnier." (Brunon Decrocq, Palissy)

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La baie 127 (1502)  de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 127 (1502) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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1 et 2. Saint Gond. Saint Claude accompagné d'un enfant.

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1. Saint Gond ou Godon ou Gaon ou Gand est un moine du VIIe siècle, neveu de saint Wandrille. Il fonda l'abbaye de Saint-Pierre-en-Oyes, ou Prieuré de Saint-Gond, dans la Marne.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_Gond

Le saint tonsuré, en habit monastique recouverte d'une chape rouge à bords perlés et tenant la crosse abbatiale, est identifié par l'inscription St GO[N]D. Il tient sous le bras le livre (bleu) des fondateurs d'abbaye.

Fond damassé.

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2. Le saint évêque est identifié comme étant saint Claude car il est accompagné d'un enfant agenouillé. Il est placé dans une niche architecturée gothique flamboyant à maçonnerie, proche mais différent des niches de la baie 215.

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Dans le tympan, les bandes rouges chargées d'aigles sur fond jaune rappellent les armoiries du donateur supposé, Henri de Lorraine, d'or à la bande de gueules chargé de trois alerions d'argent. Ces motifs se retrouvent dans les tympans voisins.

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La baie 127 (1502)  de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 127 (1502) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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3 et 4. Sainte Maure tenant la palme de martyre. Saint Louis tenant la couronne d'épines et portant le collier de l'Ordre de Saint-Michel.

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Inscription Se MAURE.

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Le collier de l'Ordre de Saint-Michel, avec coquilles et aiguillettes date de la création de l'Ordre en 1469 (il n'a pu être porté par saint Louis) et a été modifié en 1515 par François Ier : les aiguillettes  seront alors remplacées par des entrelacs. Le médaillon de saint Michel terrassant le dragon est bien présent, à l'extrémité de la main gauche, sur la poitrine du roi.

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La baie 127 (1502)  de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 127 (1502) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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5 et 6. Saint Claude. Saint Antoine et son cochon.

5. Inscription SAINCT CLAUDE. Comme en 2. , ce "saint Claude" est placé dans une niche architecturée. Mais il est ici agenouillé mains jointes, comme un donateur. Il ne porte pas de nimbe. L'inscription a-t-elle été ajoutée ou remplace-t-elle une invocation ? Ne serait-ce pas l'évêque de Metz Henri de Lorraine figuré comme donateur ?

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6. Saint Antoine est identifiable par sa canne en tau, par son cochon, et par les flammes rouges qui rappellent qu'il soigne le "mal des ardents", ou ergotisme.

 

Source : égliseduconfluent.

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La baie 127 (1502)  de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 127 (1502) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LA BAIE 227.

 

 

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1 et 2. - Première apparition de Jésus-Christ à saint Pierre après sa résurrection.

Le saint, dans un manteau rouge,  est agenouillé, les mains jointes, sur le seuil d'une grotte. Jésus debout devant lui porte le nimbe crucifère et la croix symbole de sa résurrection. Il est torse nu et enveloppé dans le manteau rouge de sa gloire (manteau ici lie-de-vin et ourlé de perles), laissant visible la plaie du flanc. Sur la banderole qui occupe les deux panneaux on lit : CONFIDE FRATER QUIA MORS MEA. L'inscription complète se retrouve sur le panneau de l'apparition du Christ à Saint Pierre de la baie 9 de 1510  de l'église Saint-Etienne  d'Arcis-sur-Aube, Confide frater quia mors mea salus tua, "Mon frère, ayez confiance, parce que ma mort est votre salut". Je n'ai pu trouver l'origine de cette citation.

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Note : dans ce panneau, comme dans les suivants, et comme dans l'Histoire de Job de la verrière n°231, la bouche de saint Pierre est montée en chef d'œuvre dans le verre blanc de la barbe.

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La baie 227 (1502) de la Vie de saint Pierre de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 227 (1502) de la Vie de saint Pierre de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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3 et 4. Saint Pierre en présence de Néron.

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L'empereur Néron, assis sur un siège romain en X, la tête couverte d'un turban surmonté d'une couronne d'empereur, le sceptre en main, et les pieds posés sur un coussin damassé. Devant lui, saint Pierre est conduit par un soldat. Un phylactère se développe sur les deux panneaux, sur lequel on lit les paroles de saint Pierre devant le Sanhedrin OBEDIRE OPOTET DEO MAGIS  [quam hominibus], "Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes." (Actes des Apôtres V,29).

Le soldat, qui grimace accumule les caractères vestimentaires des "méchants" selon le code de l'iconographie des vitraux et enluminures : couleurs verte et jaune, chaussures (en patte d'ours) à crevés, chausses à rayures, et tunique à taillades.

 

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La baie 227 (1502) de la Vie de saint Pierre de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 227 (1502) de la Vie de saint Pierre de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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 5 et 6.  Saint Pierre ressuscite la charitable Tabithe, à Joppé.

La scène est décrite dans les Actes des Apôtres 9:36-43. Apprenant le miracle de la guérison d'un paralytique, deux hommes de la ville de Jaffa [Joppé] viennent demander à Pierre de ressusciter Tabitha morte en odeur de sainteté. Il s'y rend, fait sortir les pleureuses de la chambre et se met à genoux . "Pierre dit : 'Tabitha, lève-toi', elle ouvrit les yeux, et voyant Pierre, elle se mit sur son séant." Il rappelle ensuite hommes et femmes qui attendaient dehors et leur présente la femme vivante.

 

On la voit ici affaissée sur le bord d'une fosse, les mains jointes, les cheveux épars, dans un linceul ; devant elle, saint Pierre portant sa clef et bénissant. Il dit, suivant le phylactère qui se déroule à la hauteur de sa bouche THABITA SURGE "Tabithe, lève-toi." Un personnage, peut-être Simon le corroyeur, hôte de saint Pierre à Joppé, est debout derrière cette femme.

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La baie 227 (1502) de la Vie de saint Pierre de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 227 (1502) de la Vie de saint Pierre de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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REGISTRE INFÉRIEUR

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7 et 8. Saint Étienne en diacre martyre et saint Claude  en évêque.

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"Au bas de la fenêtre, à gauche, on distingue la figure de saint Étienne portant dans sa dalmatique, qu'il soulève de la main gauche, les pierres qui ont servi à le lapider, en même temps qu'il tient la palme de son glorieux triomphe. Le bras et la main droite se soulèvent en avant : c'est l'attitude ordinaire d'un saint patron à l'égard du donateur qui devait se trouver devant lui dans le deuxième panneau, qui fut brisé en 1701 la chute du clocher du transept et par l'incendie qui se propagea sur les combles des bas côtés.

Cette figure de donateur a été remplacée par un saint Claude provenant de la première fenêtre du transept nord (baie 217), dont les verrières ont été complètement détruites par le même incendie. Cependant la première figure du donateur dont nous parlons a laissé des traces de son passage et de la position qu'elle occupait. On remarque au bas des pieds de saint Étienne un fragment de la queue de la soutane rouge que portait ce grand dignitaire de l'église de Metz, détail précieux qui confirme notre raisonnement et remplace toute espèce de supposition par une certitude. Ce prélat était à genoux devant un prie-Dieu chargé de ses armes et accompagné de saint Étienne, son protecteur, comme dans toutes les verrières anciennes." (Charles Fichot)

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La baie 227 (1502) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 227 (1502) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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9 et 10. Saint Pierre, assis sur une cathèdre, vêtu de la chape et de la tiare papales, reçoit et bénit Lin et Clet, qu'il ordonna évêques de Rome.

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Lin et Clet sont plutôt les assistants de Pierre, ses épiscopes, l'un pour l'enceinte de la ville, l'autre hors des murs; selon la tradition, se livrant tous deux à la prédication, ils convertirent beaucoup de monde et ils guérirent beaucoup de malades.

Ils sont représentés dans l'attitude du recueillement et les mains jointes. L'un des deux, la tête découverte, fléchit le genou; l'autre, debout, est coiffé d'un bonnet pointu à bourrelet ; ses épaules sont couvertes d'un camail.

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La baie 227 (1502) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 227 (1502) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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11 et 12. Dernière apparition de Jésus à saint Pierre.

On lit sur le phylactère qui se déroule au-dessus de la tête de l'apôtre DOMINE QUO VADIS, "Seigneur, où allez-vous?"  Une banderole devant la tête de Jésus lui répond: VADO ROMAE ITERUM CRUCIFIGI , "Je vais à Rome me faire crucifier de nouveau."

https://fr.wikipedia.org/wiki/Quo_vadis,_Domine_%3F

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La baie 227 (1502) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 227 (1502) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LE TYMPAN.

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Toutes les verrières de la partie ogivale de la fenêtre ont été renouvelées après l'incendie de 1700 par un damier de lozanges rouges séparées par des bandes bleues avec des rosettes d'or et d'argent. Dans les lobes du centre, quatre anges, qui auraient échappé à l'incendie  portent les armes du duché de Lorraine d'or à la bande de gueules, chargé de 3 alérions d'argent (XIXe siècle ?) et traversées d'une crosse en pal.

Ces armoiries épiscopales sont comparables à celles qui accompagnent Henri de Lorraine sur le vitrail de la chapelle Sainte-Anne de Joinville, réalisée aussi en 1502.

Il est évident que si ces armoiries étaient d'origine, le problème de l'identification du donateur ne se posaient pas.

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Henri de Lorraine agenouillé en donateur, chapelle Sainte-Anne de Joinville.Site ducs de lorraine.canalblog.com

 

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Tympan de la baie 227 (1502) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 227 (1502) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

 

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SOURCES ET LIENS.

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— ARNAUD (Anne-François), 1837, Voyage archéologique et pittoresque dans le département de l'Aube, Troyes page 144.

https://books.google.fr/books?redir_esc=y&hl=fr&id=joPE2XpCkkgC&q=verri%C3%A8re#v=snippet&q=verri%C3%A8re&f=false

"Les compartimens de l'ogive de la cinquième fenêtre sont remplis par des lozanges rouges séparées par des bandes bleues avec des rosettes d'or et d'argent comme à la fenêtre en regard. On y remarque l'écu deux fois répété de l'évêque Louis de Lorraine, qui est d'or à la bande de gueules chargée de trois alérions d'argent, et la crosse d'or adossée. Louis de Lorraine, évêque de Troyes en 1545, mourut le 28 mars 1578, sous le nom du cardinal de Guise, après avoir été archevêque de Sens et abbé de Saint-Victor de Paris. Au-dessous sont des figures d'anges en attitude d'adoration.

L'intervalle des meneaux est occupé par deux rangs de figures de saints, grandes comme nature et détachées sur un fond d'étoffe bleue brochée de feuillages.

Dans le premier panneau, en haut, on voit premièrement saint Jean-Baptiste devant lequel est agenouillé saint Pierre, en chape papale de couleur pourpre et bordée de perles. Derrière le prince des apôtres est une grotte ouverte dans un rocher.

Aux deuxième et troisième panneaux, saint Pierre, toujours en chape papale et avec le nimbe entouré de perles d'or, est amené devant Agrippa assis sur son trône et coiffé d'un turban. Saint Pierre a la tête chauve entourée d'un nimbe bordé de perles avec une chape rose bordée de même.

Aux quatrième et cinquième panneaux, saint Pierre, vêtu de même, guérit une femme en présence de son mari.

Au deuxième rang, on voit d'abord saint Étienne vêtu en diacre, tenant une palme d'or et portant dans un pli de sa tunique plusieurs pierres pour rappeler le genre de son martyre. Vient ensuite un saint archevêque au nimbe de pourpre, tenant une croix et un livre ouvert sur lequel il a les yeux baissés.

Aux troisième et quatrième panneaux, on voit un personnage richement vêtu, coiffé d'un turban, qui accompagne un jeune homme prosterné aux pieds de saint Pierre, assis sur un trône d'or à dossier, revêtu d'une magnifique chape verte avec la tiare ornée des trois couronnes, et tenant à la main les deux clefs, signe caractéristique de la puissance qu'il a reçue du Christ. Ces trois dernières figures n'ont pas de nimbe.

Dans les cinquième et sixième panneaux sont encore les figures de saint Pierre tenant une énorme clef d'argent; sa tête est détachée sur un nimbe vert entouré d'un cercle d'or. Puis celle de saint Jean, en manteau rouge, et tenant une croix d'or; de la bouche de ces deux saints partent de longs rouleaux chargés d'inscriptions. Les figures des sujets supérieurs dont nous venons de parler ont aussi de semblables rouleaux déployés autour de la tête.

Le fond des douze panneaux de cette dernière fenêtre est une étoffe bleu foncé, brochée à fleur, d'un dessin assez riche.

Dans les arcades des tribunes au-dessous, on voit d'abord des figures incomplètes de vieillards, qui remplissent les deux premiers panneaux. Au troisième, un vieillard près de la tête duquel est écrit un nom que quelques lettres transposées ou enlevées rendent illisibles."

 

— BIVER (Paul), 1908-1935, L'École troyenne de peinture sur verre. Non consulté.

— COFFINET (Abbé Jean-Baptiste), 1858, Les peintres-verriers de Troyes pendant trois siècles depuis 1375 jusqu'à 1690 "Peintres-verriers. Nomenclature des peintres-verriers de Troyes depuis 1375 jusqu'à 1690". Annales archéologiques, 1858, t. 18, p. 212-224.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f153.item

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f250.item

— FICHOT (Charles), 1889, Statistique monumentale du département de l'Aube page 220

https://www.google.fr/books/edition/Statistique_monumentale_du_d%C3%A9partement/-6jnG1emOHgC?hl=fr&gbpv=1&dq=civitas+ninive&pg=PA220&printsec=frontcover

—  JUBAINVILLE (Henri d'Arbois de), 1862, "Documents relatifs aux travaux de construction faits à la cathédrale de Troyes pendant les XIIIe, XIVe et XVe siècles" [second article].Bibliothèque de l'École des chartes  Année 1862  23  pp. 393-423

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_445819

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_461956

— LAFOND (Jean) 1955, "Les vitraux de la cathédrale Saint-Pierre de Troyes". In Société française d'archéologie, éd. Congrès archéologique de France : 113e session, Troyes, 1955. Orléans ; Nogent-le-Rotrou, 1957, p. 29-62.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32099177/f59.item

— LEDIT (Charles-J. Abbé) 1948,  Les Hautes verrières de la cathédrale de Troyes, préfacées par S. E. Mgr Julien Le Couedic,.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3339359k.texteImage?lang=FR

— LIEZ (Jean-Luc), 2022, "Regard(s) sur l’héraldique à Troyes au XVIe siècle". ffhal-03940420f

https://hal.science/hal-03940420/document

 

—MARSAT (André), ‎Charles J. Ledit, ‎Angelico Surchamp · 1972 Cathédrale de Troyes, les vitraux

— MINOIS (Danielle), 2005 Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560) .Sorbonne Université presses Corpus vitrearum France Etudes VI, 1 vol. (475 p.-XXIV p. de pl.) : ill. en noir et en coul., jaquette ill. en coul. ; 33 cm

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— MINOIS (Danielle), 2003,La peinture sur verre à Troyes à la fin du Moyen Age thèse d'histoire de l'art Paris IV sous la direction de Fabienne Joubert et Michel Hérald, 

— MOREL-PAYEN (Lucien) 1910 , Troyes et Provins (les villes d’art célèbres). — Paris, Laurens, 1910

https://books.google.fr/books/about/Troyes_et_Provins.html?hl=fr&id=fdByEAAAQBAJ&redir_esc=y

 Camille Georges Picavet, L. Morel-Payen. — Troyes et Provins (les villes d’art célèbres). — Paris, Laurens, 1910 [compte-rendu] Revue internationale de l'enseignement  Année 1911  61  pp. 87-88

https://education.persee.fr/doc/revin_1775-6014_1911_num_61_1_8939_t1_0087_0000_2

— MOREL-PAYEN (Lucien) sd, Guide-Souvenir de la cathédrale de Troyes  Troyes, Imp. L. Droin, -

—PASTAN (Élisabeth C.  BALCON (Sylvie), 2006,  "Les vitraux du chœur de la cathédrale de Troyes (xiiie siècle)", Paris, Cths, coll. « Corpus vitrearum - France II », 2006, 539 p.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2010_num_168_3_7592_t19_0308_0000_1

— PIGEOTTE (Léon),1870, Étude sur les travaux d'achévement de la cathédrale de Troyes de 1450 à 1630, Paris, Librairie archéologique de Didron, page 47.

https://archive.org/details/etudesurlestrava00pigeuoft/page/46/mode/2up

— RIVIALE (Laurence),  "Danielle Minois, Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560). Paris, P.U.P.S., 2005, 475 p. (Corpus vitrearum France, études VI)." In: Bulletin Monumental, tome 166, n°1, année 2008. La galerie à Paris (XIVe-XVIIe siècle) pp. 85-86.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— TRIDON (Abbé), 1866,  Visite de la cathédrale de Troyes

http://bibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/fa6e003ba720fd499741406274f973dd.pdf

— SITES

Eglises du confluent :

https://www.eglisesduconfluent.fr/Pages/VIT-10Troyes-CathStPierreStPaul.php

 

Archives de la cathédrale de Troyes :

https://www.google.fr/books/edition/INVENTAIRE_SOMMAIRE_DES_ARCHIVES_DEPARTE/RZcNAAAAQAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=%22la+Mosl%C3%A9e%22&pg=PA315&printsec=frontcoverhttps://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Troyes/Troyes-Saint-Pierre-et-Saint-Paul.htm

Inventaire :

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000423

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000390

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000391

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https://www.culture.gouv.fr/ar/29/5/2/2/4/Travaux-de-mise-en-securite-et-de-protection-de-la-Cathedrale-de-Troyes

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https://abedehem.blogspot.com/2016/11/des-troyens-en-champagne.html

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux : Troyes. Héraldique Inscriptions XVIe siècle.
24 mars 2024 7 24 /03 /mars /2024 20:26

Les vitraux de la nef de la cathédrale de Troyes : les baies 128 (1499 et XIXe) et 228 (1449) des saints et saintes,  par les  peintre-verriers Balthazar Godon et Jean Verrat ; don de Jean Huyard chanoine de la cathédrale, et Guillaume Huyard avocat du roi à Troyes  ; armoiries .

 

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Voir sur les verrières hautes de la nef  de la cathédrale de Troyes :

 

 

 

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Voir aussi sur mes 327 articles sur les vitraux de France :

 

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PRÉSENTATION GÉNÉRALE.

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Avec 1 500 m² de verrières, allant du XIIIe au XIXe siècle, la cathédrale de Troyes est   l’un des plus vitrées de France.  Elle possède un triforium totalement vitré, (situé à mi-hauteur et qui fait le tour du bâtiment), ce qui est assez exceptionnel. Les vitraux de la cathédrale de Troyes sont considérés comme une œuvre majeure de la peinture sur verre en France. 

 

Les 20 verrières hautes de la nef forment un ensemble homogène. Elles ont été réalisées entre 1498 et 1505 par plusieurs peintres-verriers  dont le nom de certains sont connus (Pierre Maçon, Jean Verrat, Balthasar Godon, Lievin Varin et le cartonnier Nicolas Cordonnier). Parmi les 66 « verriers » recensés dans les archives entre 1470 et 1560, 37 peuvent être considérés comme des peintres verriers. Regroupés autour de la collégiale Saint- Urbain, ils travaillaient au sein de structures familiales et fondaient des dynasties, comme les Verrat ou les Macadré. Leur atelier était une petite structure dirigée par un peintre verrier qui n’employait qu’un ou deux serviteurs, selon ses moyens, comme on le voit à Paris et en Provence (D. Minois).

Selon le rédacteur de la notice de l'Inventaire, rédigée en 1999, "Leur iconographie répond à la seule volonté des multiples donateurs. Leur véritable lien provient plus de la technique que du style : les peintres-verriers ont mis l'accent sur la lisibilité des compositions (larges registres de scènes, mise en valeur des faits et gestes des personnages par la réduction du rôle de l'architecture et des arrières-plans, modelé très appuyé, absence de chef-d'oeuvre et de gravure sauf dans la baie 233). Certains aspects rappellent les vitraux du milieu du 13e siècle des parties hautes du choeur : la gamme colorée très vive avec barbes et cheveux en pleine couleur, la mise en plomb des yeux de certains personnages, les fonds de mosaïque. Si la Renaissance italienne ne s'y fait pas encore sentir, Jean Lafond reconnaît une influence venue de l'est dans la verrière de saint Pierre (notamment l'atelier strasbourgeois de Pierre d'Andlau). Pour Emile Mâle, la présence dans ces verrières d'une forte veine d'inspiration populaire évoque l'imagerie d'Epinal."

Au contraire, Danielle Minois (2003 ; 2005) souligne la cohérence de ces ensembles qui illustrent en un discours argumenté et savant l’histoire du salut. "Seul un clergé cultivé a pu élaborer ces programmes ; il l’a donc imposé aux donateurs qui l’ont financé. Parce que « le choix des sujets des verrières posées dans les églises est un reflet de la vie intellectuelle et religieuse », elle signale en outre les réactions des commanditaires face à la Réforme à travers les thèmes choisis, surtout après 1550 : l’histoire de Daniel ou de Tobie, la légende de l’hostie profanée. Elle montre comment les mêmes thèmes peuvent changer de sens face à un climat de remise en cause de l’Église romaine." (L. Rivale)

Ces 20 verrières hautes de la nef se répartissent entre les baies du triforium (galerie à trois arcades entre chaque travée), qui portent les numéros 127 à 136, et, au dessus de celles-ci, les baies hautes homologues portant les numéros 227 à 236. Selon la numérotation internationale des vitraux, les baies nord portent un numéro impair et les baies sud un numéro pair.

Du côté nord du transept, l'auteur du carton des baies 213 et 215 réalisées par Jean Verrat et Balthazar Godon au début du XVIe siècle est connu, il s'agit de Nicolas Cordonnier, dit le Maître de la Légende de Santa Casa.

 

 

 

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Nous avons donc ainsi :

a) du côté nord, depuis le transept vers le fond de la nef :

-baies 127 et 227 : Saints ; vie de saint Pierre.  réalisée en 1502, don d'Henri II de Lorraine Vaudémont, évêque de Metz ;

-baies 129 et 229 : Histoire de Tobie. 1500 ; don de Jean Fuestot l'Aîné (marchand et bourgeois de Troyes dans l'Aube) et de Denise Chappelain sa femme. Monogramme [du peintre verrier en tête de lancette de la baie 129].

-131 et 231 : Adoration des mages, et Histoire de Job. Don de Jeanne de Mesgrigny veuve de Jean Molé. 1501. Inscription et armoiries. Monogramme d'un verrier au tympan.

-133 et 233 : légende de saint Sébastien ; réalisée en 1501 par Lievin Varin, don de la confrérie de saint Sébastien .

- 135 et 235 : Légende de la Vraie Croix ; réalisées entre 1501 et 1502 par Jean Verrat, don de Claude Dorigny, veuve de Jean Péricart. Armoiries . Baie 135 très restaurée au XIXe.

b) du côté sud :

-baies 128 et 228 : Calvaire ; saints et saintes. 1499 ; peintre-verrier Balthazar Godon ; don de Jean Huyard chanoine de la cathédrale, et Guillaume Huyard avocat du roi à Troyes  ; armoiries .

-baies 130 et 230 : Arbre de Jessé. Verrières réalisées par Lievin Varin entre 1498 et 1499, don de Jean de Marisy et Guillemette Phélipe sa femme. En baie 230, toute la famille de Jean de Marisy et de Guillemette Phélipe (ses frères, ses 9 filles et belles-filles) est représentée au bas de cette verrière. Armoiries.

-baies 132 et 232 :  Annonciation et Nativité. Parabole du Fils Prodigue. Don de Guillaume Molé et Simone Boucherat , 1499.  Réalisée en 1499 peut-être par Pierre I maçon (inscription ne notant que son prénom). Armoiries identifiées, devise "en attendant", monogrammes [du verrier]

-baies 134 et 234 : Vie de Joseph fils de Jacob ; réalisée en 1499, don d'Agnès Bonjean, veuve de Jehan Thévenin (écuyer et notaire royal à Troyes) son mari . Armoiries identifiées et monogrammes en baie 134. Inscription mentionnant le commanditaire et la date en baie 234.

-baies 136 et 236 : Histoire de Suzanne et du prophète Daniel ; réalisées en 1499 , don de Jean Coiffart, marchand de Troyes et de Marguerite, sa femme (inscription) ; les vitraux du 15e siècle du triforium (baie 136) ont disparu et sont remplacés par des vitraux du 20e siècle sur le thème de l'histoire de Daniel.

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Datation en 1499 et donateurs: par inscription.

Le bord inférieur des quatre lancettes médianes de la baie 228 porte l'inscription :

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MAÎTRE JEHAN HUARD CHANOINE DE CESTE EGLISE ET Me GUILL[AUM]E HUYARD ADVOCAT DU ROY A TROYES  ET GRA|N]T MAIRE DE CESTE DICTE EGLISE ONT FAIT METTRE CESTE VERRIERE LAN MIL IIIIcc IIIIxx. ET XVIII [1498]

Les donateurs seront présentés avec les panneaux où ils figurent.

La date de réalisation des verrières est postérieure d'un an à leur donation, d'où la date estimée de 1499.

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Attribution à Jean Verrat et Balthazar Godon : par document d'archive.

 

Dans les comptes de la fabrique 1498-1499 on trouve cette mention: "Payé à Jean Verrat et Balthazard verriers auxquels a esté deu pour la fin de la Verrière Monseigneur l'Advocad."

Jean Verrat et Balthazar Godon ont souvent travaillé ensemble entre 1497 et 1515, pour ces baies 128 et 228, pour les baies 213 des Saints du diocèse et 215 des Prophètes,apôtres et évangélistes  (1506) de la cathédrale,  pour la verrière de la Passion de l'église Saint-Syre de Montceaux-les- Vaudes (vers 1525-1530), ou avec Lyevin Varin pour la rose sud de la cathédrale de Sens (1502), L'invention des reliques de Saint-Etienne (1502), la Translation des reliques de Saint-Etienne (1502)  l'Arbre de Jessé (1503-1504).

Sur la baie 213, Jean Verrat a indiqué son nom, lacunaire : "l'an . mil . cinq [...]/ ble . homme Jehan [...]/ verrier . prie . Dieu"

Jean Verrat est seul mentionné pour les baies 135 et 235 de l'Exaltation de la Croix (1502).

Il est intervenu en 1512 en la cathédrale de Troyes pour "relever deux des panneaux de la verrière de Monseigneur de Metz" ou baies 127-227.

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Sujet et relation avec le théâtre religieux en Champagne.

Le sujet est la représentation  de neuf saints et saintes vénérés dans le diocèse de Troyes (notamment saint Loup saint Nizier, sainte Hélène et sainte Mathie), rassemblés autour de la Vierge à l'Enfant.

Ce sujet met en évidence la présence  des reliques des saints locaux évangélisateurs du diocèse.  "Il est fréquent de sortir ces reliques lorsque la Cité est touchée par un fléau, afin d’invoquer la protection du saint, tout en récitant la litanie des saints protecteurs du diocèse et de la Cité. Établir le lien entre les reliques et les thèmes hagiographiques des verrières c’est nous permettre de valoriser le trésor de la cathédrale d’une part, l’ecclesia-matrix surtout, comme haut lieu de pèlerinage, et d’autre part de mettre en avant le chef spirituel du diocèse : l’évêque et ceux qui en sont délégués, les chanoines et les prêtres." 

https://abel-lamauviniere.webnode.fr/les-confrerie-sreligieuses-a-troyes/

Ce sujet n'est pas issu du théâtre médiéval, mais il est capital, pour la relation, que j'ai développée tout au long de la description des verrières de la nef, de ces peintures avec le Mistère du Vieil Testament à personnages, de remarquer que le donateur  Guillaume Huard a organisé en 1489 une représentation theâtrale de la Passion à Troyes :

5 novembre 1489.— « Ce jour, messieurs ont permis à messieurs maistres Guillaume Huyard et Symon Liboron, advocas en la court séculière, requérans qu'il pleust à messieurs leur bailler congyé, permission et licence, de jouer le Mystère de la Passion ou cloistre, y faire escharfault ; laquelle requestre messieurs ont consenti et ont permis mesdits sieurs que ceux qui vouldront jouer y puisse jouer, pourveu que trois ou quatre des plus souffisans se obligeront de rendre et restituer tous les intérestz et dommaiges tant ou cloistre que en l'esglise. » (Ibidem, 6G, 8, reg; f°37.) (Le théâtre à Troyes aux quinzième et seizième siècles / par Octave Beuve, 1913, p. 19).

https://gw.geneanet.org/royerc2?n=huyart&oc=&p=guillaume

 

Simon Liboron fut maire de Troyes en 1497.

 

 

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Description.

Ces deux verrières occupent la cinquième travée de la nef, côté sud. 

 

La baie 228, avec six lancettes réunies deux à deux sous deux mouchettes, et un tympan à treize ajours et écoinçons, mesure 10 m de haut et  6 m. de large.

La baie 128, en dessous, au triforium, avec ses six lancettes réunies deux à deux sous un tympan à deux mouchettes et un soufflet, mesure 3, 50 m de haut et 6 m. de large.

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Les baies 128 et 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les baies 128 et 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les baies 128 et 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les baies 128 et 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LA BAIE 128.

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Cette verrière réalisée en 1499 a été très restaurée au 19e siècle ; Anne-François Arnaud décrit à cet emplacement en 1837 les vitraux de la baie 130, Charles Fichot y décrit les fragments d'une Transfiguration et enfin, en 1905, Morel Payen y décrit les vitraux actuels.

Dans la baie 135, également profondément restaurée à la même époque, les tympans conservaient des armoiries et devises d'origine. Il ne semble pas que ce soit le cas ici.

Le Christ et saint Jean datent de la fin du XIXe siècle. Les 2 lancettes de gauche et les 2 lancettes de droite comportent encore quelques pièces de la fin du 15e siècle.

"Dans le triforium, on voit des fragments encore assez considérables d'un vitrail de la Transfiguration. Jésus-Christ, vêtu de blanc, le visage resplendissant comme le soleil, les mains étendues; autour de lui une banderole, où on déchiffre ces paroles du Sauveur à ses apôtres Surgite nolite timere, Levez-vous et ne craignez pas. A sa droite est Moïse, à sa gauche Élie. Les apôtres Pierre, Jacques et Jean contemplent avec admiration; quelques fragments d'inscription rappellent les paroles de saint Pierre: Domine, faciamus hic tria tabernacula, tibi unum, etc., Seigneur, faisons ici trois tentes, une pour vous, une pour Moïse, une pour Élie. (Charles Fichot)

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La baie 128 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 128 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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n°1 : deux pharisiens assistant à la Crucifixion. n° 2 : deux saintes femmes.

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Tympan : losanges rouges centrés sur un fleuron blanc ; croisillons bleus.

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La baie 128 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 128 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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n°3 : Marie et Jean assistant à la Crucifixion. n° 4 : le Christ en croix  et Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix.

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Tympan : losanges rouges centrés sur un fleuron blanc ; croisillons bleus.

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La baie 128 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 128 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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n°5 et n°6 : pharisiens, notables et soldats assistant à la Crucifixion.

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Tympan : losanges rouges centrés sur un fleuron blanc ; croisillons bleus.

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La baie 128 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 128 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

 

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LA BAIE 228.

Cette verrière a été mise en place en 1499 mais porte la date de 1498,  elle a été réalisée par Jean Verrat et Balthazar Godon, après le don de Jean Huyard chanoine de la cathédrale et de Guillaume Huyard avocat du roi à Troyes ; les vitraux d'origine du tympan ont été incendiés en 1700  et remplacés par des  losanges fleurdelisés par entrecrosiement des bandes bleues. L'ensemble a été  assez restauré à la fin du XIXe siècle, notamment les têtes de sainte Hélène, sainte Mâthie, saint Loup et de la Vierge.

La décoration de cette fenêtre ne ressemble en rien aux verrières précédentes, surtout comme facture. Les sujets dont elle se compose sont simplement la représentation de saints et de saintes honorés pour la plupart dans le diocèse de Troyes. Douze figures grandes comme nature, disposées sur deux rangs, occupent toute la hauteur des lancettes, dans des niches à colonnes et arcades feuillagées, au dessus d'un phylactère portant leur nom. Les six panneaux du registre inférieur sont tenus par deux putti, tandis que pour le registre supérieur, les arcades sont des tressages de rinceaux, avec des putti en tête de lancette pour les deux premiers.

Les donateurs occupent, respectivement présentés par saint Jean-Baptiste et par saint Guillaume, la première et la sixième lancette au registre inférieur.

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La baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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I. LES DONATEURS.

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1°) Le chanoine Jean Huyard présenté par saint Jean-Baptiste. Première lancette, registre inférieur.

N.b : les formes Huyart et Huyard sont équivalentes.

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Jean-Baptiste s'identifie par son agneau tenant dans la patte gauche l'étendard de la résurrection, par sa barbe et ses cheveux longs, par sa tunique de poils de chameau. Il porte un manteau rouge.

Le chanoine porte l'habit de chœur avec l'aumusse fourré d'hermines à l'avant-bras gauche et le collier bleu du chapître de Troyes.

Le fond est orné de losanges bleus et verts fleuronnés par entrelacs de rubans rouges.

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En 1504, plusieurs chanoines portaient le nom de Jean Huyart.

a) Il y avait d'abord Jean Huyart l'ainé, fils cadet de Nicolas Huyart, dit Vinneret, tabellion de la cour de Troyes. Il était, en 1438, chapelain de la chapelle de SainteMadeleine à la cathédrale, en 1444, maître ès-arts et chanoine prébendé de Saint-Etienne et de Saint-Urbain ; et  en 1449, chanoine de Saint-Pierre. En 1482, il était curé de Saint-Nizier. Il mourut le 27 mars 1505. Le 9 avril 1505, un executeur du testament de  Jean Huyard offre un livre de parchemin en grande lettre de forme muni de deux fermoirs d'argent émaillés contenant le canon de la messe.  C'est a priori notre donateur.

On mentionne un "Jehan Huyart seniori," dans un texte de 1531 : 

— A Nicolas Halins, ymagier, le XIIIIe jour de janvier, baillé la somme de six livres tournois, sur et en déduction de la somme de XXXVI 1. tournois à quoy il a marchandé à messieurs le doyen J. Huyart sen. et moy de faire trois ymages, assavoir Nostre Dame de Pité, Sainct Jehan et la Magdelene aux deux boutz, selon le volume et ordre que le maistre maçon de ceste église luy a donné, pour ce cy VI 1. t. J. Huyart Sen. = seniori : il s'agit de Jean Huyart, l'aîné. — Texte mentionné par KMV, p. 72, d'après Pigeotte, Etude sur les travaux d'achèvement de la Cathédrale de Troyes, p. 118. 

b) Ce Jean Huyart avait un neveu, nommé comme lui Jean Huyart, et surnommé le jeune ; à la mort de son oncle, il prit le nom de Jean Huyart l'ainé. Il était chanoine de Saint-Pierre au moins depuis 1487, et c'est lui qui fut nommé doyen de Lirey le 28 octobre 1504. Il fut également curé de Saint-Nizier, dont la reconstruction, commencée vers 1528, reçut probablement son concours; il y succéda peut-être immédiatement à son oncle; il fut aussi curé de Montceaux et de Vaudes. ("Monseigneur Jean Hyuart le vieil, chanoine de la cathédrale", doyen de  l'église Notre-Dame de Lirey, contribue à cette église). Dans une délibération à laquelle il assiste avec son neveu Jean Huyart le jeune, il est surnommé Vinneret. Il laisse par testament, le 20 novembre 1539, de quoi augmenter les fondations de son oncle et institue pour exécuteurs testamentaires son neveu Antoine Perricard, chanoine de Saint-Pierre, et Jean Colet, official de l'évêché. Sa mort arriva à Lirey le 14 juin 1540. Il est mentionné dans un baillage de 1509.

https://linceul.org/pour-scavoir/pour-scavoir.shtml, 

 

Ce Jean Huyard, ancien curé de l'église Saint-Nizier à Troyes, doyen de Lirey, chanoine de la cathédrale en même temps que marguillier et comptable de la fabrique, en 1533, et curé de Montceaux, offrit à l'église de Montceaux-lès-Vaudes un lutrin aigle portant ses armoiries et son portrait.

Jean Huyard avait été curé de Saint-Nizier de Troyes.

c) Un troisième Jean Huyart, neveu du doyen de Lirey et petit-neveu du premier Jean Huyart, était surnommé le jeune depuis que le doyen de Lirey avait été surnommé l'aîné; il fut pourvu du canonicat et de la prébende de son grand-oncle qui avait résigné en sa faveur le 26 mars 1505. De 1507 à 1536, le doyen de Lirey, son oncle, est la plus grande partie du temps à Lirey, où il surveille et active la reconstruction de l'église; aussi, dans les délibérations du chapitre de Saint-Pierre, l'on ne rencontre guère alors que le nom de Jean Huyart le jeune. Nous le trouvons cependant en 1520 à Saint-Étienne, où il rend compte de 15 sous qu'il a reçus de la confrérie de Sainte-Clotilde. Il est alors le seul Huyart faisant partie du chapitre de cette collégiale. Le vendredi 13 avril 1526, il assemble, avec Juvenel Coiffart, les officiers de la seigneurie d'Isles chez l'avocat Huyart, son frère, pour leur communiquer des pièces relatives à une affaire, pendante entre le chapitre de la cathédrale et le seigneur d'Isles.

 

Un autre Jean Huyart, de Lanis, né à Laines-aux-Bois , chanoine de la cathédrale, ne  parait pas avoir appartenu à la même famille. Il est mort vers 1532, et apparaît dans les comptes pour l'année 1525-1526 et 1527-1528

 

d) Pour mémoire, il existe un Etienne Huyart curé de Pont-sur-Seine, et un Etienne Huyart chanoine de la cathédrale au XVe

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Les donateurs de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les donateurs de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les vitraux de la nef de la cathédrale de Troyes : les baies 128 et 228 des saints et saintes.

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Les armoiries de la famille Huyard sont présentées par deux angelots aux ailes bleues : elles se blasonnent  d'argent , à trois têtes de faucon au naturel arrachées , à la bordure engrelée de gueules.

Il pourrait s'agir d'armes parlantes, le "huard" etant un aigle de mer.

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Les donateurs de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les donateurs de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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2° Guillaume Huyard avocat du Roi  de la cathédrale, présenté par saint Guillaume archevêque de Bourges. Dernière lancette, registre inférieur.

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Le donateur est agenouillé mains jointes, il porte un manteau rouge traversé par une bande noire longitudinale (marque d'avocat ou chaperon?) et une aumônière bleue.

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L'inscription indique Me GUILL[AUM]E HUYARD ADVOCAT DU ROY A TROYES ET GRANT MAIRE DE CESTE DICTE EGLISE

Charles Fichot commente le terme "maire" ainsi : "Parmi les officiers laïques de la cathédrale, le maïeur ou bailly tient le premier rang. Il est nommé par le chapitre et reçu par le lieutenant général de Troyes. En quelque lieu de la ville où il demeure, il est de la paroisse du Sauveur (chapelle de la cathédrale qui avait le titre de paroisse), lui, sa femme, ses enfants et ses domestiques. » (Courtalon, tome II, page 109.)"

Léon Pigeotte, citant Arnaud, lit plutôt "écuyer, maire de la ville et marguillier de la dite église".

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Guillaume HUYARD, avocat du roi, bailli de Brienne en 1483, licencié en lois,  est né vers 1430 à Troyes, et décédé vers 1510, à l'âge d'environ 80 ans ; il fut inhumé dans la cathédrale Saint-Pierre. Il fut Député aux Etats Généraux en 1484.

Dans l'Obituaire de Saint-Pierre, publié par M. l'abbé Lalore, il est dit que Jean et Guillaume Huyard étaient inhumés sous l'arcade de la grande vitre qu'ils ont fait mettre avec celle de dessous (le triforium); que les deux frères auraient fait décorer cette travée de peintures (ou de bas-reliefs) représentant la mort et l'assomption de la Vierge, et d'une statue de Notre-Dame de Pitié; qu'entre les deux piliers, il y avait deux tombes, une blanche pour la sépulture de Jean et une noire pour celle de Guillaume, et que toute cette travée était consacrée à cette famille. (C. Fichot)

https://gw.geneanet.org/castel974?n=huyart&oc=&p=guillaume

Il était, comme son frère cadet Jean, le fils de Nicolas HUYART, tabellion en la Cour de Troyes et conseiller de la ville né à Beaufort ca 1390-1441. Il épousa  Isabeau GUERRY ca 1430, fille d'Antoine GUERRY, licencié en lois ca 1390-ca 1474 et de Jeanne HENNEQUIN ca 1400-1474/) dont un fils,  Antoine HUYART, avocat du roi,  lieutenant général au baillage de Troyes (1504-1513), seigneur d'Argentolle, ca 1460-1513 épousa  Guillemette LESGUISE ca 1465.

Guillaume Huyard fut député du tiers-état pour le bailliage de Troyes aux états de Tours, tenus en 1483. Sous Charles VIII, il y soutint avec honneur les droits de ses commettans.

En 1530, Antoine Huyard, escuyer, licencié en lois, fut élu maire de la ville de Troyes, au bailliage duquel il était conseiller.

Les généalogistes signalent une sculpture sur une poutre de gloire de la chapelle latérale nord de l'église Saint-Quentin du Meix-Tiercelin (51), aux armes du couple HUYART/HENNEQUIN.

 

Un carreau en terre rouge foncé provenant de l'ancien château de Lirey (Aube), donné au Musée de troyes en 1874, porte des armes écartelées ; il porte au 1 et 4 les armes de la famille Huyart: et  au 2 et 3, les armes de la famille Guerry des Essarts. La réunion de ces armoiries rappelle l'alliance de Guillaume Huyart, conseiller du roi et son avocat au bailliage de Troyes, vivant en 1495, avec demoiselle Ysabeau Guerry des Essarts, dame de Lirey, fille ou sœur d'Antoine Guerry, seigneur des Essarts ou de Lirey. La famille Guerry des Essarts descend de Jean Guerry « le jeune » prévôt de Sens en 1333. Elle a donné un gouverneur de Champagne, un lieutenant général au bailliage de Chaumont, un prévôt de Troyes, une prieure de Foicy, des chanoines de la Cathédrale. Alliée aux d'Avelly, de la Haye, de Dormans, Hennequin, Huyart, Milon, Piedefer, de Roffey, etc., elle a possédé les seigneuries d'Avirey, Lignières, Lingey, Lirey, SaintBenoit-sur-Vanne, etc. (Louis Le Clert)

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Les donateurs de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les donateurs de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les donateurs de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les donateurs de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les donateurs de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les donateurs de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Je décrirai les autres panneaux en partant du coin supérieur gauche.

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1. Saint Loup évêque de Troyes, terrassant de la pointe d'une épée  un dragon ailé rouge.

"Saint Loup, évêque de Troyes, terrassant l'hérésie, représentée par un monstrueux dragon, souvent symbole des fléaux; on sait que saint Loup protégea la ville de Troyes contre l'armée d'Attila. Le saint évêque tient sa crosse de la main gauche; de la main droite, il transperce la gorge de l'animal de la pointe de son épée. Au-dessous de lui est écrit Saict Loup." (Charles Fichot)

Le visage a été restauré au XIXe siècle.

La représentation du saint est archetypale depuis le XVe siècle, on la retrouve sur le vitrail de 1505 de l'église Saint-Denis à Torvilliers.

Le Trésor de la cathédrale contenait jadis une "chasse de Saint-Loup", travail d'orfèvre réalisée en 1503  à la demande de Nicolas Forjot, abbé de Saint-Loup de Troyes, et surmontée du buste de saint Loup en grandeur naturelle, coiffée de sa mitre ornée de pierres précieuses. Son socle était décoré de seize émaux racontant sa vie. Ces émaux ont échappés à la destruction de la chasse à la Révolution et sont soigneusement reproduits par Charles Fichot.

 

Fond à croisillon verts formant des losanges jaunes .

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Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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2.  Saint Savinien de Sens, apôtre et martyr.

Il est vêtu d'une longue robe bleue tombant sur les pieds nus et d'un manteau jeté sur l'épaule, se drapant en sautoir sur le corps, tenant un livre fermé de la main droite et un bâton fleuri de la main gauche, emblème du messager de la paix. Au-dessous de lui on lit: S. favinic.

Saint Savinien (IIIe siècle) fut envoyé de Rome vers les Gaules avec ses compagnons Potentien et Altin. Il est fêté le 31 décembre.

La tradiotion y voit le premier évêque de Sens. Il fut décapité à la hache à l'emplacement de l'actuelle église Saint-Savinien de Sens.

Les quatre lancettes de la deuxième verrière du chœur de la cathédrale de Troyes côté gauche, datée de 1240-1250 raconte la Légende de saint Savinien.

Fond à croisillon verts formant des losanges jaunes .

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Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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3.  La Vierge à l'Enfant.

Son visage date du XIXe siècle. Elle est couronnée et porte un manteau bleu doublé d'hermines et à fermail agrafé d'un médaillon perlé, sur une robe rouge. De sa main gauche elle tient une tige fleurie , auquel l'enfant, tenu sur le bras droit, cueille une fleur. Elle repose sur une console soutenue par deux putti.

Dans la tête de lancette, la colombe du Saint-Esprit (allusion à l'Annonciation) est posé sur un entrelacs de lys, symbole de pureté.

Fond à crosillons rouges, fleurons blancs et losanges verts.

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La Vierge de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La Vierge de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La Vierge de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La Vierge de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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4. Saint Pierre tenant sa clef.

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"Saint Pierre, le prince des apôtres, la barbe frisée, la tête chauve, tenant une grosse clé de la main droite et un livre ouvert de la main gauche." (Fichot)

Nous retrouvons la console soutenue par deux putti,  la colombe du Saint-Esprit dans la tête de lancette sur un entrelacs de lys, et le fond à crosillons rouges, fleurons blancs et losanges verts : les deux panneaux centraux de la Vierge et de saint Pierre sont appariés.

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Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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4. Saint Paul tenant son épée.

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Saint Paul, longue chevelure dégarnie en région frontale et longue barbe, tient l' épée la pointe en l'air  de sa décollation, et un livre ouvert.

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Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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5. Saint Nizier archevêque de Lyon.

 

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Il est représenté de trois-quart ; il tient sa croix et son livre d'heures ouvert. Au-dessous de lui est écrit : Sainct nicier.

L'église Saint-Nizier de Troyes en conservait les reliques.

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https://www.eglisesduconfluent.fr/Pages/Pe-Nizier.php#:~:text=Saint%20Nizier%20de%20Lyon%20(513,de%20saint%20Martin%20de%20Tours.

 

 

Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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REGISTRE INFÉRIEUR.

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6. Saint Étienne, martyr, tenant une palme de la main droite, vêtu de sa dalmatique de diacre qu'il soulève de sa main gauche et dans laquelle il porte les pierres qui ont servi à le martyriser.

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Une autre pierre est posée sur son crâne tonsuré. Il porte le manipule vert frangé et orné de croix. Amict perlé.

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Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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7. Sainte Hélène d'Athyra.

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Sainte Hélène, dont le corps fut transporté de Constantinople à Troyes par le chapelain de l'évêque Garnier de Trainel, en 1209, était la fille du roi de Corinthe. Elle porte une couronne d'or d'où s'échappe une belle et longue chevelure; elle est vêtue d'une robe et d'un manteau royal et porte une palme de la main droite; elle tient de ses deux mains un livre ouvert devant elle. Son nom HELENA est inscrit sur une petite bordure jaune à côté de sa figure.

Ses reliques byzantines ont été retrouvées dans le Trésor de la cathédrale. Il s'agit de deux fragments de samit de soie et de fils d'or, représentant un cavalier, probablement dans une scène de fauconnerie.

Visage restauré au XIXe siècle.

Fonds à croisillons rouges délimitant des carrés à étoiles jaunes.

La baie 210 (1240-1250) du choeur de la cathédrale de Troyes est consacrée à la Translation des reliques de sainte Hélène. La baie 211 est consacrée à sa vie. 

Sainte Hélène, mais c'est alors la mère de Constantin figure aussi sur la baie 235.

 

 

Les saintes de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les saintes de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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7. Sainte Mâtie patronne de Troyes.

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 Sainte Mâthie ou Mâtie vécut à Troyes au IIIe/IVe siècle, en même temps que Savinien. Elle était la servante ou la fille d'un boulanger, dont elle distribuait le pain aux pauvres. Elle aurait subie la décapitation.

Cette sainte, représentée en regard de sainte Hélène, a le front ceint d'un anneau d'or orné d'un camée et de pierres précieuses, comme en portaient les dames nobles du xve siècle, destiné à maintenir sa longue chevelure. Elle est vêtue d'une robe jaune, et un grand manteau rouge doublé d'hermine, avec une bordure bleue garnie de perles, descend de ses épaules à ses pieds. Elle tient une palme de la main gauche et un livre d'heures de la main droite. Le vitrail ne fait aucune allusion au "miracle des roses" (les charbons ardents que lui lançait son père se transformaient en roses).

Même fond que le panneau précédent.

Plusieurs  autres vitraux lui sont consacrés.

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Les saintes de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les saintes de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les saintes de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les saintes de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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8. Saint Jacques le Majeur .

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Saint Jacques le Majeur, debout et au repos, les mains appuyées sur son bourdon. Il est vêtu en pèlerin et la tête est couverte d'un grand chapeau avec coquillages, relevé sur le devant et noué sous le menton par un ruban rouge. Sa pèlerine bleue porte également une coquille de pèlerinage.

Les chaussures sont remarquables, en cuir brun fendu au cou de pied.

 

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Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

 

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SOURCES ET LIENS.

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— ARNAUD (Anne-François), 1837, Voyage archéologique et pittoresque dans le département de l'Aube, Troyes page 144.

https://books.google.fr/books?redir_esc=y&hl=fr&id=joPE2XpCkkgC&q=verri%C3%A8re#v=snippet&q=verri%C3%A8re&f=false

"Les divers cadres de la partie ogivale de la cinquième fenêtre sont remplis par des lozanges formées de bandes bleues avec des rosettes rouges à leur intersection; et le reste est occupé par douze figures de saints honorés à Troyes, grandes comme nature, et disposées sur deux rangs. En commençant vers le choeur, on voit d'abord saint Loup, évêque de Troyes, vainqueur du monstre, symbole de l'hérésie. Puis saint Savinien, le premier apôtre de Troyes. Ensuite la Vierge et l'enfant Jésus : la reine des anges a sur la tête une magnifique couronne d'or. Puis vient saint Pierre, tenant un livre et les clefs d'or, symbole du pouvoir qui lui a été donné; saint Paul, tenant un livre et l'épée. Puis saint Nizier, tenant une croix. Les noms de ces saints se lisent en noir au bas de chaque figure.

Au deuxième rang, au-dessous, vers le choeur, saint Jean Baptiste, reconnaissable à ses attributs, présente l'un des donateurs de ce vitrail : c'est un ecclésiastique revêtu de son aube, il est à genoux, tourné vers l'ouest, et les mains jointes, au bas de la figure est l'écu de ses armes qui sont d'argent, engrelé de gueules avec trois têtes d'épervier au naturel, et pour supports des anges nuds agenouillés. Viennent ensuite trois figures de saints et saintes. Premièrement saint Etienne, premier martyr, représenté en diacre avec une grosse pierre sur la tête et d'autres qu'il porte dans sa robe. Puis sainte Hélène avec une couronne d'or et un manteau de pourpre, un livre à la main. Puis sainte Mathie, patronne de la ville, placée en regard; elle a aussi un manteau de pourpre avec un nimbe d'or et tient un livre avec une palme verte; ensuite saint Jacques en costume de pèlerin avec le bourdon et les coquilles à son large chapeau. Puis enfin saint Guillaume qui présente le second donateur dont il est le patron. Celui-ci est tourné vers le chœur et en robe rouge avec une escarcelle ou carnacière bleue suspendue à sa ceinture. Près de lui est reproduit l'écu aux trois têtes d'épervier avec les supports dont nous avons parlé ce qui indique qu'il est de la même famille.

Au bas du vitrail, on lit sur deux lignes cette inscription: Maistre Jean Huyard, chanoine de ceste église, et Guillaume Huyard, avocat du Roi à Troyes, escuyer, maire de ceste dicte ville et mareglier de ceste dicte église, ont fait mettre ceste verrière l'an mil IIIIC IIIIXX et XVIII.

Jean Huyard avait été curé de Saint-Nizier de Troyes. Guillaume Huyard fut député du tiers-état pour le bailliage de Troyes aux états de Tours, tenus en 1483. Sous Charles VIII, il y soutint avec honneur les droits de ses commettans.

En 1530, un Antoine Huyard, escuyer, licencié en lois, qui était de cette famille, fut élu maire de la ville de Troyes, au bailliage duquel il était conseiller.

Dans le fond de la tribune, au-dessous de cette cinquième fenêtre, on remarque plusieurs figures bibliques premièrement les prophètes Johel, Abdias, puis Moïse et le buisson ardent; Gédéon et l'ange, puis Jérémie; saint Guillaume, archevêque, occupe la dernière ogive vers l'orient. Toutes ces figures ont autour de la tête des rouleaux déployés sur lesquels on lit leurs noms écrits en grosses lettres d'or."

 

 

 

— COFFINET (Abbé Jean-Baptiste), 1858, Les peintres-verriers de Troyes pendant trois siècles depuis 1375 jusqu'à 1690 "Peintres-verriers. Nomenclature des peintres-verriers de Troyes depuis 1375 jusqu'à 1690". Annales archéologiques, 1858, t. 18, p. 212-224.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f153.item

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f250.item

— FICHOT (Charles), 1889, Statistique monumentale du département de l'Aube page 220

https://www.google.fr/books/edition/Statistique_monumentale_du_d%C3%A9partement/-6jnG1emOHgC?hl=fr&gbpv=1&dq=civitas+ninive&pg=PA220&printsec=frontcover

—  JUBAINVILLE (Henri d'Arbois de), 1862, "Documents relatifs aux travaux de construction faits à la cathédrale de Troyes pendant les XIIIe, XIVe et XVe siècles" [second article].Bibliothèque de l'École des chartes  Année 1862  23  pp. 393-423

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_445819

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_461956

— LAFOND (Jean) 1955, "Les vitraux de la cathédrale Saint-Pierre de Troyes". In Société française d'archéologie, éd. Congrès archéologique de France : 113e session, Troyes, 1955. Orléans ; Nogent-le-Rotrou, 1957, p. 29-62.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32099177/f59.item

— LEDIT (Charles-J. Abbé) 1948,  Les Hautes verrières de la cathédrale de Troyes, préfacées par S. E. Mgr Julien Le Couedic,.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3339359k.texteImage?lang=FR

— LIEZ (Jean-Luc), 2022, "Regard(s) sur l’héraldique à Troyes au XVIe siècle". ffhal-03940420f

https://hal.science/hal-03940420/document

 

—MARSAT (André), ‎Charles J. Ledit, ‎Angelico Surchamp · 1972 Cathédrale de Troyes, les vitraux

— MINOIS (Danielle), 2005 Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560) .Sorbonne Université presses Corpus vitrearum France Etudes VI, 1 vol. (475 p.-XXIV p. de pl.) : ill. en noir et en coul., jaquette ill. en coul. ; 33 cm

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— MINOIS (Danielle), 2003,La peinture sur verre à Troyes à la fin du Moyen Age thèse d'histoire de l'art Paris IV sous la direction de Fabienne Joubert et Michel Hérald, 

— MOREL-PAYEN (Lucien) 1910 , Troyes et Provins (les villes d’art célèbres). — Paris, Laurens, 1910

https://books.google.fr/books/about/Troyes_et_Provins.html?hl=fr&id=fdByEAAAQBAJ&redir_esc=y

 Camille Georges Picavet, L. Morel-Payen. — Troyes et Provins (les villes d’art célèbres). — Paris, Laurens, 1910 [compte-rendu] Revue internationale de l'enseignement  Année 1911  61  pp. 87-88

https://education.persee.fr/doc/revin_1775-6014_1911_num_61_1_8939_t1_0087_0000_2

— MOREL-PAYEN (Lucien) sd, Guide-Souvenir de la cathédrale de Troyes  Troyes, Imp. L. Droin, -

 

—PASTAN (Élisabeth C.  BALCON (Sylvie), 2006,  "Les vitraux du chœur de la cathédrale de Troyes (xiiie siècle)", Paris, Cths, coll. « Corpus vitrearum - France II », 2006, 539 p.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2010_num_168_3_7592_t19_0308_0000_1

— PIGEOTTE (Léon),1870, Étude sur les travaux d'achévement de la cathédrale de Troyes de 1450 à 1630, Paris, Librairie archéologique de Didron, page 47.

https://archive.org/details/etudesurlestrava00pigeuoft/page/46/mode/2up

— RIVIALE (Laurence),  "Danielle Minois, Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560). Paris, P.U.P.S., 2005, 475 p. (Corpus vitrearum France, études VI)." In: Bulletin Monumental, tome 166, n°1, année 2008. La galerie à Paris (XIVe-XVIIe siècle) pp. 85-86.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— TRIDON (Abbé), 1866,  Visite de la cathédrale de Troyes

http://bibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/fa6e003ba720fd499741406274f973dd.pdf

— SITES

Eglises du confluent :

https://www.eglisesduconfluent.fr/Pages/VIT-10Troyes-CathStPierreStPaul.php

 

 

Archives de la cathédrale de Troyes :

https://www.google.fr/books/edition/INVENTAIRE_SOMMAIRE_DES_ARCHIVES_DEPARTE/RZcNAAAAQAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=%22la+Mosl%C3%A9e%22&pg=PA315&printsec=frontcoverhttps://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Troyes/Troyes-Saint-Pierre-et-Saint-Paul.htm

Inventaire :

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000423

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000392

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000393

 

 

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https://www.culture.gouv.fr/ar/29/5/2/2/4/Travaux-de-mise-en-securite-et-de-protection-de-la-Cathedrale-de-Troyes

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https://abedehem.blogspot.com/2016/11/des-troyens-en-champagne.html

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux : Troyes. Héraldique Inscriptions XVe siècle XVIe siècle.
20 mars 2024 3 20 /03 /mars /2024 15:45

Les vitraux de la nef de la cathédrale de Troyes : les baies 135 et 235 de l'exaltation de la Sainte Croix. Réalisées entre 1501 et 1502 par Jean Verrat, don de Claude Dorigny, veuve de Jean Péricart. Armoiries.

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Voir sur les verrières hautes de la nef  de la cathédrale de Troyes :

 

 

 

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Voir aussi sur mes 327 articles sur les vitraux de France :

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PRÉSENTATION GÉNÉRALE.

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Avec 1 500 m² de verrières, allant du XIIIe au XIXe siècle, la cathédrale de Troyes est   l’un des plus vitrées de France.  Elle possède un triforium totalement vitré, (situé à mi-hauteur et qui fait le tour du bâtiment), ce qui est assez exceptionnel. Les vitraux de la cathédrale de Troyes sont considérés comme une œuvre majeure de la peinture sur verre en France. 

 

Les 20 verrières hautes de la nef forment un ensemble homogène. Elles ont été réalisées entre 1498 et 1505 par plusieurs peintres-verriers  dont le nom de certains sont connus (Pierre Maçon, Jean Verrat, Balthasar Godon, Lievin Varin et le cartonnier Nicolas Cordonnier). Parmi les 66 « verriers » recensés dans les archives entre 1470 et 1560, 37 peuvent être considérés comme des peintres verriers. Regroupés autour de la collégiale Saint- Urbain, ils travaillaient au sein de structures familiales et fondaient des dynasties, comme les Verrat ou les Macadré. Leur atelier était une petite structure dirigée par un peintre verrier qui n’employait qu’un ou deux serviteurs, selon ses moyens, comme on le voit à Paris et en Provence (D. Minois).

Selon le rédacteur de la notice de l'Inventaire, rédigée en 1999, "Leur iconographie répond à la seule volonté des multiples donateurs. Leur véritable lien provient plus de la technique que du style : les peintres-verriers ont mis l'accent sur la lisibilité des compositions (larges registres de scènes, mise en valeur des faits et gestes des personnages par la réduction du rôle de l'architecture et des arrières-plans, modelé très appuyé, absence de chef-d'oeuvre et de gravure sauf dans la baie 233). Certains aspects rappellent les vitraux du milieu du 13e siècle des parties hautes du choeur : la gamme colorée très vive avec barbes et cheveux en pleine couleur, la mise en plomb des yeux de certains personnages, les fonds de mosaïque. Si la Renaissance italienne ne s'y fait pas encore sentir, Jean Lafond reconnaît une influence venue de l'est dans la verrière de saint Pierre (notamment l'atelier strasbourgeois de Pierre d'Andlau). Pour Emile Mâle, la présence dans ces verrières d'une forte veine d'inspiration populaire évoque l'imagerie d'Epinal."

Au contraire, Danielle Minois (2003 ; 2005) souligne la cohérence de ces ensembles qui illustrent en un discours argumenté et savant l’histoire du salut. "Seul un clergé cultivé a pu élaborer ces programmes ; il l’a donc imposé aux donateurs qui l’ont financé. Parce que « le choix des sujets des verrières posées dans les églises est un reflet de la vie intellectuelle et religieuse », elle signale en outre les réactions des commanditaires face à la Réforme à travers les thèmes choisis, surtout après 1550 : l’histoire de Daniel ou de Tobie, la légende de l’hostie profanée. Elle montre comment les mêmes thèmes peuvent changer de sens face à un climat de remise en cause de l’Église romaine." (L. Rivale)

Ces 20 verrières hautes de la nef se répartissent entre les baies du triforium (galerie à trois arcades entre chaque travée), qui portent les numéros 127 à 136, et, au dessus de celles-ci, les baies hautes homologues portant les numéros 227 à 236. Selon la numérotation internationale des vitraux, les baies nord portent un numéro impair et les baies sud un numéro pair.

 

 

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Nous avons donc ainsi :

a) du côté nord, depuis le transept vers le fond de la nef :

-baies 127 et 227 : Saints ; vie de saint Pierre.  réalisée en 1502, don d'Henri II de Lorraine Vaudémont, évêque de Metz ;

-baies 129 et 229 : Histoire de Tobie. 1500 ; don de Jean Fuestot l'Aîné (marchand et bourgeois de Troyes dans l'Aube) et de Denise Chappelain sa femme. Monogramme [du peintre verrier en tête de lancette de la baie 129].

-131 et 231 : Adoration des mages, et Histoire de Job. Don de Jeanne de Mesgrigny veuve de Jean Molé. 1501. Inscription et armoiries. Monogramme d'un verrier au tympan.

-133 et 233 : légende de saint Sébastien ; réalisée en 1501 par Lievin Varin, don de la confrérie de saint Sébastien .

- 135 et 235 : Légende de la Vraie Croix ; réalisées entre 1501 et 1502 par Jean Verrat, don de Claude Dorigny, veuve de Jean Péricart. Armoiries . Baie 135 très restaurée au XIXe.

b) du côté sud :

-baies 128 et 228 : Calvaire ; saints et saintes. 1499 ; peintre-verrier Balthazar Godon ; armoiries (identifiées) : Jean Huyard chanoine de la cathédrale, et Guillaume Huyard avocat du roi à Troyes 

-baies 130 et 230 : Arbre de Jessé. Verrières réalisées par Lievin Varin entre 1498 et 1499, don de Jean de Marisy et Guillemette Phélipe sa femme. En baie 230, toute la famille de Jean de Marisy et de Guillemette Phélipe (ses frères, ses 9 filles et belles-filles) est représentée au bas de cette verrière. Armoiries.

-baies 132 et 232 :  Annonciation et Nativité. Parabole du Fils Prodigue. Don de Guillaume Molé et Simone Boucherat , 1499.  Réalisée en 1499 peut-être par Pierre I maçon (inscription ne notant que son prénom). Armoiries identifiées, devise "en attendant", monogrammes [du verrier]

-baies 134 et 234 : Vie de Joseph fils de Jacob ; réalisée en 1499, don d'Agnès Bonjean, veuve de Jehan Thévenin (écuyer et notaire royal à Troyes) son mari . Armoiries identifiées et monogrammes en baie 134. Inscription mentionnant le commanditaire et la date en baie 234.

-baies 136 et 236 : Histoire de Suzanne et du prophète Daniel ; réalisées en 1499 , don de Jean Coiffart, marchand de Troyes et de Marguerite, sa femme (inscription) ; les vitraux du 15e siècle du triforium (baie 136) ont disparu et sont remplacés par des vitraux du 20e siècle sur le thème de l'histoire de Daniel.

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Donateur et datation établie par inscription :

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La baie 135 comporte sur une banderole du tympan l'inscription :

CESTE PRESENTE VERRIERE FUT FAICTE L'AN MIL CINQ CENT ET UNG.

Cette inscription avait déjà été relevée par l'abbé Coffinet en 1858, elle n'est pas attribuable aux restaurateurs du XIXe siècle.

La baie 235 comporte en son bord inférieur l'inscription de donation suivante :

DAMOISELLE CLAUDE DORIGNY VEUVE DE FEU NOBLE JEHAN PERICART DEMEURANT À TROYES A DONNE CESTE VERRIERE L'AN MIL CINQ CENT ET UN. PRIEZ DIEU POUR ELLE.

Les armoiries du couple Pericart/ Dorigny figurent sur le panneau représentant la donatrice.

Les armoiries pleines des Pericart d'or au chevron d'argent accompagné en pointe d'une ancre de sable, au chef aussi d'azur chargé de trois molettes d'or brisée d'une bordure de gueules figurent au tympan de la baie 135 à côté de celles en alliance Pericart/Dorigny.

Claude Dorigny, fille de Jean Dorigny et de Marie Robelin [fille de Jean Robelin et Jeanne Largentier], a épousé (vers 1460?) Jean Péricart (Perricard, Le Pericard, fils de Pierre et de Catherine de Pleurre), dont elle eut trois enfants, Jeannette, Marguerite et Jacques.

-Jeannette Péricart épousa vers 1480  Nicolas Colinet Mauroy (ca 1455-1510) dont trois enfants Jehannette, Guillaume et Claude.

-Jacques Péricart, seigneur de Champgrillet et de Colaverdei, marchand bourgeois de Troyes, décédé le 13 juillet 1525 à Paris, épousa Catherine Huyart, dont deux enfants Jacques et Guillemette.

Un document permettrait de rattacher la famille à Jean Dorigny (1469) , tanneur, qui eut comme enfants Claude Dorigny, écuyer, et Nicolas Dorigny conseiller au Parlement de Paris, chancelier de l'Université de Paris ; Marguerite Dorigny , épouse de Jacquet Phelippe , sieur de Bligny et Claude Dorigny épouse de Jean Péricard , décédé vers ou avant 1493 (D'azur et argent, l'art du blason en Champagne, Association des Amis des archives de l'Aube, 2000).

 

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Plus tard, Claude Dorigny, écuyer, seigneur du Cormont, épousa Louise Lingault, dont Pierre, dont Claude seigneur de Chalette. Ces Dorigny de Chalette sont cités parmi les familles protestantes de Vitry-le-Français.

https://gw.geneanet.org/adecarne?n=dorigny&oc=&p=claude

Les Dorigny, seigneur de Saint-Parre-aux-Tertres, des Minots (c. de Pargues), de Vauchassis, et pour moitié de Fouchères et Rosson (c. de Doches)  sont une grande famille de Troyes.

Jacques Dorigny seigneur de Fontenay fut maire de Troyes de 1524 à 1528.

Leurs armoiries sont d'azur à trois chandeliers d'or accompagnés en chef d'une étoile du même.

La baie 8 de l'église Saint-Pantaléon de Troyes, consacrée à l'histoire de Daniel, porte les armoiries de Pierre Dorigny et de Nicole Molé fille de Jean. Cette baie du côté sud du chœur dans la première chapelle Dorigny a été offerte en 1531.

https://agorha.inha.fr/ark:/54721/e49f7097-8d92-4239-9675-b8334b7721cf

Dans la même église, les clefs de voûte du chœur montre les armes en alliance de la famille Molé avec la famille Dorigny  (Claude II Molé et Simone Dorigny, fille de Jean seigneur de Fouchères et de Nicole Molé ) ou de la famille Pericart (Jacques Pericart et Catherine Molé).

Les Péricart ou Péricard sont mentionnés en Bourgogne et en Normandie, où un Jean Péricard fut avocat puis Procureur général au Parlement de Rouen au XVIe siècle ; il eut six fils et deux filles. Ses deux frères étaient Guillaume Péricard, chanoine de Rouen , abbé de Saint-Taurin , plus tard vicaire général du cardinal de Bourbon , et Odard Péricard.

L'armorial du département de l'Aub indique  "PÉRICARD et LE PÉRICARD, originaire de Normandie, Troyes, seigneur de Bierne, Chassoy (auj. Chassois, c. d'Herbisse). D'or, à un chevron d'azur accompagné en pointe d'une ancre de sable ; au chef aussi d'azur chargé de trois molettes d'or. (d'Hozier.)"

Les archives départementales de Côte d'or indiquent un Jean Péricard, de Troyes, chanoine trésorier, conseiller au Parlement, enterré au couvent des Cordeliers.

Parmi les Péricard de Troyes, T. Boutiot  mentionne Antoine, chanoine de Saint-Pierre de Troyes, Colin, Edme, François, chantre de Saint-Etienne de Troyes, François, évêque nommé de Troyes et évêque d'Avranches en 1588 après son frère Georges, Jacques, drapier de Troyes, Jacques, échevin de Troyes, Jean, Nicolas maire de Troyes, Odard maire de Troyes, Odard secrétaire du duc de Guise Henri Ier de Lorraine, Pierre, marchand, député aux Etats Généraux de Tours enn 1468, Pierre, conseiller de ville à Troyes. Vers 1431, T. Boutiot mentionne une "messe perricart" en la salle royale à Troyes.

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Attribution au peintre-verrier Jean Verrat par document d'archive :

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Les comptes de la cathédrale en 1501 indiquent : "payé à un maçon pour ayder à Jean Verrat à morteller la verrière perricarde."

Jean Verrat, actif de 1497 à 1515, est l'auteur des baies 215 et 218  datant de 1499 de la cathédrale de Troyes, de la baie de la Passion de l'église Sainte-Syre de Montceaux-les-Vaudes, de cinq verrières sud de la cathédrale de Sens (avec Balthazar Godron et Varrin Liévin).

 

Les archives mentionnent  un règlement effectué "À Jehan Verrat, verrier, pour avoir livre et mis le verre au Relicquière de la Vraye-Croix, et au joyau des relicques nouveau faict".

 

 

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Le sujet : l'Exaltation de la Sainte Croix.

J'ai d'abord pensé que le sujet était la Légende de la Vraie Croix, telle qu'elle fut  racontée au XIIIe siècle dans la Légende dorée de Jacques de Voragine, qui décrit notamment l'invention (découverte des reliques) de la croix sur laquelle le Christ fut crucifiée par Hélène mère de l'empereur  Constantin, son vol par le roi perse Chosroes II, et sa récupération par Héraclius.

 https://fr.wikisource.org/wiki/La_L%C3%A9gende_dor%C3%A9e/L%E2%80%99Invention_de_la_sainte_Croix

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_L%C3%A9gende_de_la_Vraie_Croix

Elle est représentée sur ces baies de la cathédrale de Troyes, sur une baie datant de 1520 de l'église Saint-Nizier de Troyes, puis plus tard au XVIe siècle sur une baie représentant Le triomphe de la Croix de l'église Sainte-Madeleine de Troyes et sur une verrière de l'église Saint-Pantaléon de Troyes, ou bien à l'abbatiale Saint-Martin de Clamecy ou à l'église Saint-Etienne de Bar-sur-Seine.

Mais il faut voir ici plutôt une Exaltation de la Croix, dans une démarche typologique soulignant le rôle de la Croix (symbole de la Mort rédemptrice) dans l'histoire du Salut.

C'est dans cette réflexion théologique que s'explique l'introduction ici d'un épisode du Livre d'Esther.

À Troyes, l'importance de cette vénération de la Croix était fondée sur la possession jusqu'à la Révolution, au Trésor de la cathédrale, d'une relique de la vraie croix de 25 cm de long, dont une inscription précisait qu'elle fut "tirée du trésor même où Héraclius avait déposé la Croix, dont il avait obtenu la restitution du Roi des Perses, Chosroès".

D'autres reliques de la croix étaient conservées à l'abbaye N-D. des Nonnains de Troyes.

La fête religieuse de l'invention de la sainte Croix a lieu le 3 mai.

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Description.

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Les baies 135 (triforium) et 235 occupent la première travée de la nef  côté nord. 

La baie 235, avec six lancettes réunies deux à deux sous deux mouchettes, et un tympan à treize ajours et écoinçons, mesure 10 m de haut et  6 m de large.

La baie 135, en dessous, au triforium, avec ses six lancettes réunies deux à deux sous un tympan à deux mouchettes et un soufflet, mesure 3, 50 m de haut et 6 m. de large.

 

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Les baies 135 et 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les baies 135 et 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les baies 135 et 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les baies 135 et 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LA BAIE N°135  (TRIFORIUM).

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Ensemble très restauré au 19e siècle ; en 1837 l'absence de vitraux à cet emplacement est signalé par Arnaud, ils sont rétablis en 1889 du temps de Charles  Fichot, qui les décrit en 1889.

Lancettes réunies 2 par 2 sous 1 tympan à 2 mouchettes et 1 soufflet.

https://www.eglisesduconfluent.fr/imagesNT/NT-VitrailCroix/Croix_10Troyes_CathedraleStPierreStPaul-Vitrail-F-Bg.jpg

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La baie 135 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 135 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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1, 2 et 3. Haman ministre d'Assuerus fait dresser une croix pour y pendre le Juif Mardochée.

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La scène est extraite du Livre d'Esther, comme l'indique l'inscription JUBE PARARI CRUCEM Esther 5:14 :

Responderuntque ei Zares uxor ejus, et ceteri amici: Jube parari excelsam trabem, habentem altitudinis quinquaginta cubitos, et dic mane regi ut appendatur super eam Mardochaeus, et sic ibis cum rege laetus ad convivium. Placuit ei consilium, et jussit excelsam parari crucem.

 "Zéresch, sa femme, et tous ses amis lui dirent: Qu'on prépare un bois haut de cinquante coudées, et demain matin demande au roi qu'on y pende Mardochée; puis tu iras joyeux au festin avec le roi. Cet avis plut à Haman, et il fit préparer le bois."

Rappel : le peuple Juif a été mené en exil en Perse. Mardochée est l' oncle d'Esther, qui est devenue reine. Il accéde alors à un poste important à la cour d'Assuérus, mais il refuse de se prosterner devant le grand vizir Haman. Celui-ci décide d'exterminer tous les Juifs du royaume, puis de faire pendre Mardochée à une potence. Esther use de sa beauté et de ses charmes pour obtenir du roi tout ce qu'elle voudra. Haman est pendu à la potence dressée pour Mardochée, lequel devient vizir et fait exterminer les ennemis des Juifs. Les dix fils d'Haman furent pendus. C'est l'origine de la fête juive de Pourim. "Esther s'étant présentée devant le roi, le roi ordonna par écrit de faire retomber sur la tête d'Haman le méchant projet qu'il avait formé contre les Juifs, et de le pendre au bois, lui et ses fils. C'est pourquoi on appela ces jours Purim, du nom de pur. [sort] Esther 9:25

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Dans le premier panneau figurent Haman (inscription AM.EN) et un de ses  fils. Dans le deuxième panneau, un fils ou un ami  d'Haman est devant la croix et une banderole porte ses paroles "Jube parari crucem".

Dans le troisième panneau, Mardochée se tient appuyé sur une canne. Inscription MARDOCHE

 

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La baie 135 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 135 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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La tête de lancette de la troisième lancette montre le blason de la famille Pericart d'or au chevron d'argent accompagné en pointe d'une ancre de sable, au chef aussi d'azur chargé de trois molettes d'or, brisée d'une bordure de gueules Une sangle rappelle la ceinture Espérance.

La tête de lancette de la quatrième lancette montre le blason mi-parti du couple Pericart/Dorigny (d'azur à trois chandeliers d'or accompagnés en chef d'une étoile du même.)  Une sangle rappelle la ceinture Espérance.

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La baie 135 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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4, 5 et 6. Sainte Véronique et les filles de Jérusalem lors de la montée au Golgotha. Jésus portant sa croix. Deux soldats.

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Jésus se retourne vers les femmes, et leur adresse les mots inscrits sur la banderole : FILIE JHRLEM, NOLITE FLERE SUPER ME, "Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi", citation de l'évangile de Luc Lc 23:28. Il s'agit de l'incipit d'un cantique.

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La baie 135 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LA BAIE n°235 : LES LANCETTES .

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La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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7. La donatrice Claude Dorigny .

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Elle est agenouillée mains jointes refermée sur un crucifix, devant son prie-dieu où est ouvert son livre de prières, mais, de façon inhabituelle, elle n'est pas présentée par son saint patron, mais en premier plan devant les soldats de la troupe d'Héraclius, et incorporée à une scène répartie sur trois lancettes. Parmi ces hommes, le dernier est un cavalier tenant les rènes, l'un tient une trompette (le héraut?), et le premier, hors lancetten est un archer tenant sa flèche.

Claude Dorigny porte une coiffe à bonnet rouge bordeaux, de la même couleur que sa robe à traine et à larges manches.

Devant elle, sur le drap du prie-dieu, le blason mi-parti Pericart/Dorigny.

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La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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8 et 9. L'empereur Héraclius Ier fait son entrée à Jérusalem, tenant la croix. À la porte de la ville, fermée, un ange l'accueille avec une banderole  .

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Héraclius Ier, portant la couronne d'empereur romain d'orient est en armure recouverte d'une tunique d'or aux aigles bicéphales noirs. Il monte un cheval blanc harnaché de rouge et au front orné de plumets. De même l'écuyer est vêtu de rouge et porte une toque à plumets.

L'ange déroule un phylactère portant l'inscription REX CELORUM HUMILITATIS EXANPLAR RELIQUIT, "Le roi des cieux nous a donné l'exemple de l'humilité" . 

Je ne trouve pas cet épisode dans la Légende dorée, mais dans le Panthéon de Godefroi de Viterbe (1133?-1191). Voir  BnF Latin 4935 f.49.

Voir aussi Jean Mancel, La Fleur des hystoires, enluminé par le Maître de Hérion entre 1450-1474, Bibl. Mazarine Ms 1560 f. 343v

Selon Svetlana Luchitskaya, 2019


"Au XIIe siècle, la tradition narrative ayant trait à Héraclius était bien développée et l’on en retrouve certains éléments dans la chronique de Godefroi de Viterbe. C’est ainsi que Godefroi raconte un épisode qui est peu présent dans les autres chroniques relatant le mythe de la « race des circoncis ». Voici l’épisode. Héraclius rapporte la sainte relique à Jérusalem. Il descend du Mont des Oliviers et arrive devant la porte par où était entré Jésus Christ, la veille de la Passion. Or, voici que les pierres de la porte se rejoignent de façon à former un mur. Au dessus de la porte, l’on voit apparaître l’ange tenant en main le signe de croix. L’ange rappelle à l’empereur l’entrée de Jésus à Jérusalem : ce n’est pas avec un luxe princier, mais en pauvre, monté sur un petit âne, que le fils de Dieu est entré par cette porte, laissant un bel exemple d’humilité.

Héraclius, tout en larmes, descend alors de son cheval, se déchausse, se dépouille de ses vêtements jusqu’à sa chemise et, prenant la croix du Seigneur, il en frappe humblement la porte qui, se soulevant, lui permet de passer avec toute sa suite. Ce sujet est connu dans la littérature médiévale sous le nom de porta clausa. Il est traité dans de nombreux textes liturgiques et hagiographiques. Godefroi de Viterbe et les autres auteurs médiévaux avaient probablement emprunté ce passage (de même que la description du combat singulier sur le Danube ou le récit sur le roi perse Chosroès, qui voulait s’assimiler à Dieu) à la source la plus ancienne. Il s’agit du texte liturgique intitulé Reversio Sanctae Crucis, que l’on a attribué très longtemps à l’écrivain du ixe siècle Raban Maur et qui circulait dans la société médiévale entre les VIIIe et XIIIe siècles.". Le savant suédois S. Borgenhammar a pu montrer dans sa recherche que ce texte avait été créé entre la fin du VIIe et le milieu du VIIIe siècle par un auteur italien anonyme qui s’appuyait sur les sources byzantines et orientales ; voir Borgehammar, « Heraclius Learns Humility », p. 145-202.

 

S.  Luchitskaya ajoute :

 

"On remarque que dans le Pantheon et les autres textes médiévaux, Chosroès est représenté comme l’Antéchrist, tandis que l’empereur byzantin est assimilé au Christ : ainsi, comme le Christ a triomphé de la mort avec l’aide de la croix, Héraclius a remporté la victoire sur ses ennemis. Dans les écrits des chroniqueurs, Chosroès-Antéchrist manifeste de l’orgueil (superbia) en s’assimilant à Dieu, tandis qu’Héraclius qui transporte la vraie croix à travers la Porte Dorée fait preuve d’humilité (humilitas) en imitant Jésus-Christ. On voit que l’image d’Héraclius construite par Frédégaire et ses compilateurs est très ambiguë : d’une part, l’empereur byzantin est considéré comme un véritable pécheur, ses défaites représentant le châtiment divin de ses crimes ; d’autre part, il est représenté comme le souverain chrétien idéal qui a récupéré la sainte relique pour le monde chrétien."

 

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La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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10, 11 et 12. L'empereur Héraclius vêtu en pénitent obtient l'ouverture des portes de Jérusalem .

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Héraclius et sa suite se présentent en chemise, pieds nus, mais l'empereur a conservé sa couronne afin que nous l'identifions. 

Le gouverneur les accueille, chaperon en main et la main sur le cœur.

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La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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13, 14 et 15. Sainte Hélène, mère de Constantin, assiste à la découverte de la Vraie Croix par un vieillard barbu (Judas). Elle est accompagnée d'une servante et de six hommes discutant vivement.

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"Alors la reine les congédia tous a l’exception de Judas, à qui elle dit : « Choisis entre la vie et la mort ! Si tu veux vivre, indique-moi le lieu qu’on appelle Golgotha, et dis-moi où je pourrai découvrir la croix du Christ ! » Judas lui répondit : « Comment le saurais-je, puisque deux cents ans se sont écoulés depuis lors, et qu’à ce moment je n’étais pas né ? » Et la reine : « Je te ferai mourir de faim, si tu ne veux pas me dire la vérité ! » Sur quoi elle fit jeter Judas dans un puits à sec, et défendit qu’on lui donnât aucune nourriture.

Le septième jour, Judas, épuisé par la faim, demanda à sortir du puits, promettant de révéler où était la croix. Et comme il arrivait à l’endroit ou elle était cachée, il sentit dans l’air un merveilleux parfum d’aromates ; de telle sorte que, stupéfait, il s’écria : « En vérité, Jésus, tu es le sauveur du monde ! »

Or, il y avait en ce lieu un temple de Vénus qu’avait fait construire l’empereur Adrien, de façon que quiconque y viendrait adorer le Christ parût en même temps adorer Vénus. Et, pour ce motif, les chrétiens avaient cessé de fréquenter ce lieu. Mais Hélène fit raser le temple ; après quoi Judas commença lui-même à fouiller le sol et découvrit, à vingt pas sous terre, trois croix qu’il fit aussitôt porter à la reine." Jacques de Voragine, Légende dorée.

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La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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16, 17 et 18. Judas élève la croix et la cadavre d'un jeune homme ressuscite, devant trois Juifs stupéfaits. Deux autres Juifs maugréent.

Un personnage richement vêtu, suivi de deux autres, et au-dessus de la tête duquel on lit le nom de Judas, tient la croix du Sauveur. C'est lui, en effet, qui avait indiqué le lieu où la croix était enfouie. Il maintient la croix horizontalement au dessus du cadavre d'un jeune homme, qui, ressuscité à son attouchement, est assis sur le bord de la fosse, les mains jointes, couvert de son linceul. Un personnage accourt pour voir le miracle, et trois autres sont dans une attitude qui marque une grande surprise. 

"Restait seulement à reconnaître celle de ces croix où avait été attaché le Christ. On les posa toutes trois sur une grande place, et Judas, voyant passer le cadavre d’un jeune homme qu’on allait enterrer, arrêta le cortège, et mit sur le cadavre l’une des croix, puis une autre. Le cadavre restait toujours immobile. Alors Judas mit sur lui la troisième croix ; et aussitôt le mort revint à la vie. D’autres historiens racontent que c’est Macaire, évêque de Jérusalem, qui reconnut la vraie croix, en ravivant par elle une femme déjà presque morte. Et saint Ambroise affirme que Macaire reconnut la croix à l’inscription placée jadis par Pilate au-dessus d’elle.

Judas se fit ensuite baptiser, prit le nom de Cyriaque, et, à la mort de Macaire, fut ordonné évêque de Jérusalem." Jacques de Voragine, Légende dorée.

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La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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19 . L'échelle mystique du songe de Jacob.

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Inscription IACOB.

Le Christ en tête de lancette.

Les trois panneaux 19, 20 et 21 établissent, selon la démarche typologique de la Biblia pauperum, des relations entre la Croix et destextes de l'Ancien Testament.

Ici, l'échelle que vit Jacob lors de son songe, reliant la Terre et les Cieux et où des anges montaient et descendaient, est mise en parallèle avec la Croix, signe de nouvelle alliance entre Dieu et les hommes.

Dans le Speculum  Humanae Salvationis, l'échelle de Jacob était mise en relation avec l'Ascension.

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La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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20 . La Croix unissant la terre et le ciel.

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Pour souligner la valeur de la comparaison entre la Croix et l'échelle de Jacob, des anges montent de la terre vers des nuées devant la Croix, tenant dans leurs bras des âmes sauvées. 

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La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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21. Moïse et le serpent d'airain.

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Une femme, étendue à terre, a succombé à la blessure d'un serpent venimeux. Moïse, tenant sa verge, montre aux israélites mécontent la statue d'un serpent (dragon ailé) élevé au sommet d'une colonne.

 

Inscription MOISES.

Rappel : 

Lors de l'Exode du peuple d'Israël hors d'Égypte vers le Pays de Canaan, Moïse, après avoir reçu les Tables de la Loi, fait face au mécontentement du peuple.

 

"Le peuple s'impatienta en route, et parla contre Dieu et contre Moïse: Pourquoi nous avez-vous fait monter hors d'Égypte, pour que nous mourions dans le désert? car il n'y a point de pain, et il n'y a point d'eau, et notre âme est dégoûtée de cette misérable nourriture. Alors l'Éternel envoya contre le peuple des serpents brûlants; ils mordirent le peuple, et il mourut beaucoup de gens en Israël.Le peuple vint à Moïse, et dit: Nous avons péché, car nous avons parlé contre l'Éternel et contre toi. Prie l'Éternel, afin qu'il éloigne de nous ces serpents. Moïse pria pour le peuple.

L'Éternel dit à Moïse : Fais-toi un serpent brûlant, et place-le sur une perche ; quiconque aura été mordu, et le regardera, conservera la vie.

Moïse fit un serpent d'airain, et le plaça sur une perche ; et quiconque avait été mordu par un serpent, et regardait le serpent d'airain, conservait la vie. » Nombres 21:8-9  

Dans la même démarche typologique que précédemment,  l'exaltation du serpent d'airain sauvant les Israélites des morsures de serpent est mis en parallèle avec l'élévation du  Christ sur la Croix  guérissant par sa mort et sa réssurection le genre humain des morsures du péché.

Dans la Biblia Pauperum, l'image de cette scène est placée à côté de celle de la Crucifixion.

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Coll. Le Louvres

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La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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22, 23 et 24. Héraclius reprend la Croix à Chosroes roi des Perses .

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Sur le panneau n°22, Héraclius en guerrier, vêtu de son armure et de son surcot d'or brodé d'une aigle noire à deux têtes, menace de son épée Chosroës, qui, en grand costume, lui fait face assis sur son trône.

 Chosroes II, roi des Perses,trône sous un pavillon de soie de diverses couleurs, couronne d'or en tête, sceptre en main, vêtu de pourpre.

Sur le panneau n°24, le peuple, représenté par des hommes et des femmes, se prosterne devant lui et semble l'adorer. Derrière ce groupe, une colonne surmontée d'un coq d'or. Vainqueur, il menace de substituer la religion des Mages à celle de l'Évangile.

En 615, Chosroës, roi des Perses, soumit à son empire tous les royaumes du monde. Il vint à Jérusalem, se rendit au Saint-Sépulcre et emporta la portion de la vraie croix que sainte Hélène y avait laissée. Chosroës, voulant se faire adorer par tout le monde, ordonna d'élever une tour d'or et d'argent, garnie de pierres précieuses; alors il abandonna le royaume à son fils, se retira dans ce phare lumineux et ordonna à son peuple de l'appeler Dieu. Chosroës, assis sur un trône, comme Dieu le Père, mit la croix à sa droite, à la place du fils de Dieu, et un coq d'or à sa gauche, pour représenter le Saint-Esprit.

Inscriptions : ERACLIVS. COSDROS. LE PEVPLE.

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La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LA BAIE n°235 :  LE TYMPAN .

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Tympan de la baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Registre inférieur : trois prophètes portant des banderoles avec les inscriptions: Benedictu lignum "Bois béni" (Livre de la Sagesse, 14, 7). — Exaltavi lignum. "J'ai élevé l'arbre" Ezéchiel 17:24 et Super montem caliginosum "sur la montagne couverte de nuages [élevez un signal]" (Isaïe 13:2).

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La démarche typologique se poursuit ici avec la présentation de versets relatifs à l'élévation d'un bois, d'un arbre, ou d'un signal. 

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Tympan de la baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Deux anges portant les instruments de la Passion : la Croix et le marteau, la tenaille et la lance.

Sur les phylactères, les inscriptions : O CRUX AVE / NOSTRA SPES "Salut, ô croix, notre espérance".

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Tympan de la baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Deux anges portant les instruments de la Passion : la colonne et les verges de la Flagellation ; les clous, et le roseau portant l'éponge .

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Sur les phylactères, les inscriptions : O CRUX BENEDICTA / BENEDICTA SANCTA .

 

 

 

 

Tympan de la baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

 

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Au sommet du tympan, une croix dressée sur un ciel étoilé, au dessus de phylactères. De chaque côté, des clercs et des laïcs agenouillés.

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Les phylactères portent les inscriptions SALVE CRUCE SANCTA/ O CRUX BENEDICTA.

Le soufflet de gauche montre un pape, un cardinal et un jeune laïc ou clerc.

Celui de droite montre un empereur, puis peut-être un noble ou un magistrat et un bourgeois.

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Tympan de la baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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— COFFINET (Abbé Jean-Baptiste), 1858, Les peintres-verriers de Troyes pendant trois siècles depuis 1375 jusqu'à 1690 "Peintres-verriers. Nomenclature des peintres-verriers de Troyes depuis 1375 jusqu'à 1690". Annales archéologiques, 1858, t. 18, p. 212-224.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f153.item

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f250.item

— FICHOT (Charles), 1889, Statistique monumentale du département de l'Aube page 220

https://www.google.fr/books/edition/Statistique_monumentale_du_d%C3%A9partement/-6jnG1emOHgC?hl=fr&gbpv=1&dq=civitas+ninive&pg=PA220&printsec=frontcover

—  JUBAINVILLE (Henri d'Arbois de), 1862, "Documents relatifs aux travaux de construction faits à la cathédrale de Troyes pendant les XIIIe, XIVe et XVe siècles" [second article].Bibliothèque de l'École des chartes  Année 1862  23  pp. 393-423

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_445819

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_461956

— LAFOND (Jean) 1955, "Les vitraux de la cathédrale Saint-Pierre de Troyes". In Société française d'archéologie, éd. Congrès archéologique de France : 113e session, Troyes, 1955. Orléans ; Nogent-le-Rotrou, 1957, p. 29-62.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32099177/f59.item

— LEDIT (Charles-J. Abbé) 1948,  Les Hautes verrières de la cathédrale de Troyes, préfacées par S. E. Mgr Julien Le Couedic,.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3339359k.texteImage?lang=FR

— LIEZ (Jean-Luc), 2022, "Regard(s) sur l’héraldique à Troyes au XVIe siècle". ffhal-03940420f

https://hal.science/hal-03940420/document

 

—MARSAT (André), ‎Charles J. Ledit, ‎Angelico Surchamp · 1972 Cathédrale de Troyes, les vitraux

— MINOIS (Danielle), 2005 "Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560)" .Sorbonne Université presses Corpus vitrearum France Etudes VI, 1 vol. (475 p.-XXIV p. de pl.) : ill. en noir et en coul., jaquette ill. en coul. ; 33 cm

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— MINOIS (Danielle), 2003, thèse d'histoire de l'art Paris IV sous la direction de Fabienne Joubert et Michel Hérald,  La peinture sur verre à Troyes à la fin du Moyen Age

—PASTAN (Élisabeth C.  BALCON (Sylvie), 2006,  "Les vitraux du chœur de la cathédrale de Troyes (xiiie siècle)", Paris, Cths, coll. « Corpus vitrearum - France II », 2006, 539 p.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2010_num_168_3_7592_t19_0308_0000_1

— RIVIALE (Laurence),  "Danielle Minois, Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560). Paris, P.U.P.S., 2005, 475 p. (Corpus vitrearum France, études VI)." In: Bulletin Monumental, tome 166, n°1, année 2008. La galerie à Paris (XIVe-XVIIe siècle) pp. 85-86.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— TRIDON (Abbé), 1866,  Visite de la cathédrale de Troyes

http://bibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/fa6e003ba720fd499741406274f973dd.pdf

— SITES

Eglises du confluent :

https://www.eglisesduconfluent.fr/Pages/VIT-10Troyes-CathStPierreStPaul.php

https://www.eglisesduconfluent.fr/Pages/NT-Croix2.php

 

Archives de la cathédrale de Troyes :

https://www.google.fr/books/edition/INVENTAIRE_SOMMAIRE_DES_ARCHIVES_DEPARTE/RZcNAAAAQAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=%22la+Mosl%C3%A9e%22&pg=PA315&printsec=frontcoverhttps://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Troyes/Troyes-Saint-Pierre-et-Saint-Paul.htm

Inventaire :

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000423

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000406

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000407

 

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https://www.culture.gouv.fr/ar/29/5/2/2/4/Travaux-de-mise-en-securite-et-de-protection-de-la-Cathedrale-de-Troyes

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https://abedehem.blogspot.com/2016/11/des-troyens-en-champagne.html

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux : Troyes. Héraldique Inscriptions XVIe siècle.
11 mars 2024 1 11 /03 /mars /2024 11:47

Les vitraux de la nef de la cathédrale de Troyes : les baies 134 et 234 de l'Histoire de Joseph fils de Jacob, réalisées en 1500, don en 1499 d'Agnès Bonjean, veuve de Jehan Thévenin (écuyer et notaire royal à Troyes). Armoiries  et monogrammes.

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Voir sur les verrières hautes de la nef  de la cathédrale de Troyes :

 

 

 

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PRÉSENTATION GÉNÉRALE.

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Avec 1 500 m² de verrières, allant du XIIIe au XIXe siècle, la cathédrale de Troyes est   l’un des plus vitrées de France.  Elle possède un triforium totalement vitré, (situé à mi-hauteur et qui fait le tour du bâtiment), ce qui est assez exceptionnel. Les vitraux de la cathédrale de Troyes sont considérés comme une œuvre majeure de la peinture sur verre en France. 

 

Les 20 verrières hautes de la nef forment un ensemble homogène. Elles ont été réalisées entre 1498 et 1505 par plusieurs peintres-verriers  dont le nom de certains sont connus (Pierre Maçon, Jean Verrat, Balthasar Godon, Lievin Varin et le cartonnier Nicolas Cordonnier). Parmi les 66 « verriers » recensés dans les archives entre 1470 et 1560, 37 peuvent être considérés comme des peintres verriers. Regroupés autour de la collégiale Saint- Urbain, ils travaillaient au sein de structures familiales et fondaient des dynasties, comme les Verrat ou les Macadré. Leur atelier était une petite structure dirigée par un peintre verrier qui n’employait qu’un ou deux serviteurs, selon ses moyens, comme on le voit à Paris et en Provence (D. Minois).

Selon le rédacteur de la notice de l'Inventaire, rédigée en 1999, "Leur iconographie répond à la seule volonté des multiples donateurs. Leur véritable lien provient plus de la technique que du style : les peintres-verriers ont mis l'accent sur la lisibilité des compositions (larges registres de scènes, mise en valeur des faits et gestes des personnages par la réduction du rôle de l'architecture et des arrières-plans, modelé très appuyé, absence de chef-d'oeuvre et de gravure sauf dans la baie 233). Certains aspects rappellent les vitraux du milieu du 13e siècle des parties hautes du choeur : la gamme colorée très vive avec barbes et cheveux en pleine couleur, la mise en plomb des yeux de certains personnages, les fonds de mosaïque. Si la Renaissance italienne ne s'y fait pas encore sentir, Jean Lafond reconnaît une influence venue de l'est dans la verrière de saint Pierre (notamment l'atelier strasbourgeois de Pierre d'Andlau). Pour Emile Mâle, la présence dans ces verrières d'une forte veine d'inspiration populaire évoque l'imagerie d'Epinal."

Au contraire, Danielle Minois (2003 ; 2005) souligne la cohérence de ces ensembles qui illustrent en un discours argumenté et savant l’histoire du salut. "Seul un clergé cultivé a pu élaborer ces programmes ; il l’a donc imposé aux donateurs qui l’ont financé. Parce que « le choix des sujets des verrières posées dans les églises est un reflet de la vie intellectuelle et religieuse », elle signale en outre les réactions des commanditaires face à la Réforme à travers les thèmes choisis, surtout après 1550 : l’histoire de Daniel ou de Tobie, la légende de l’hostie profanée. Elle montre comment les mêmes thèmes peuvent changer de sens face à un climat de remise en cause de l’Église romaine." (L. Rivale)

Ces 20 verrières hautes de la nef se répartissent entre les baies du triforium (galerie à trois arcades entre chaque travée), qui portent les numéros 127 à 136, et, au dessus de celles-ci, les baies hautes homologues portant les numéros 227 à 236. Selon la numérotation internationale des vitraux, les baies nord portent un numéro impair et les baies sud un numéro pair.

 

 

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Nous avons donc ainsi :

a) du côté nord, depuis le transept vers le fond de la nef :

-baies 127 et 227 : Saints ; vie de saint Pierre.  réalisée en 1502, don d'Henri II de Lorraine Vaudémont, évêque de Metz ;

-baies 129 et 229 : Histoire de Tobie. 1500 ; don de Jean Fuestot l'Aîné (marchand et bourgeois de Troyes dans l'Aube) et de Denise Chappelain sa femme. Monogramme [du peintre verrier en tête de lancette de la baie 129].

-131 et 231 : Adoration des mages, et Histoire de Job. Don de Jeanne de Mesgrigny veuve de Jean Molé. 1501. Inscription et armoiries. Monogramme d'un verrier au tympan.

-133 et 233 : légende de saint Sébastien ; réalisée en 1501 par Lievin Varin, don de la confrérie de saint Sébastien .

- 135 et 235 : Légende de la Vraie Croix ; réalisées entre 1501 et 1502 par Jean Verrat, don de Claude Dorigny, veuve de Jean Péricard. Armoiriesidentifiées. Monogrammes. Très restaurées au XIXe.

b) du côté sud :

-baies 128 et 228 : Calvaire ; saints et saintes. 1499 ; peintre-verrier Balthazar Godon ; armoiries (identifiées) : Jean Huyard chanoine de la cathédrale, et Guillaume Huyard avocat du roi à Troyes 

-baies 130 et 230 : Arbre de Jessé. Verrières réalisées par Lievin Varin entre 1498 et 1499, don de Jean de Marisy et Guillemette Phélipe sa femme. En baie 230, toute la famille de Jean de Marisy et de Guillemette Phélipe (ses frères, ses 9 filles et belles-filles) est représentée au bas de cette verrière. Armoiries.

-baies 132 et 232 :  Annonciation et Nativité. Parabole du Fils Prodigue. Don de Guillaume Molé et Simone Boucherat , 1499.  Réalisée en 1499 peut-être par Pierre I maçon (inscription ne notant que son prénom). Armoiries identifiées, devise "en attendant", monogrammes [du verrier]

-baies 134 et 234 : Vie de Joseph fils de Jacob ; réalisée en 1499, don d'Agnès Bonjean, veuve de Jehan Thévenin (écuyer et notaire royal à Troyes) son mari . Armoiries identifiées et monogrammes en baie 134. Inscription mentionnant le commanditaire et la date en baie 234.

-baies 136 et 236 : Histoire de Suzanne et du prophète Daniel ; réalisées en 1499 , don de Jean Coiffart, marchand de Troyes et de Marguerite, sa femme (inscription) ; les vitraux du 15e siècle du triforium (baie 136) ont disparu et sont remplacés par des vitraux du 20e siècle sur le thème de l'histoire de Daniel.

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Le monogramme du donateur Jean Thévenin ?

Dans le tympan de la baie 134, quatre monogrammes à type de lettres entrelacées peuvent se lire JT, ou JC voire JCT. Ces initiales sont proches de celles des baies 136 et 236 , mais où je lis plutôt JC. Dans les deux cas, ces initiales ne correspondent à aucun des peintres-verriers de Troyes dont les noms ont été relevés par J.B Coffinet, mais bien à celles des donateurs : Jean Thévenin pour les baies 134 et 234, Jean Coiffart dans les baies 136 et 236. Par contre, la ressemblance entre ces monogrammes, amènent à postuler un peintre-verrier commun, mais anonyme. 

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Les monogrammes que je suis amené à attribuer, après Coffinet, aux peintres-verriers, en baies 129 et 131 par exemple, sont bien différents, sans lettres réunies, mais asociant , comme les marques professionnelles (tailleurs de pierre), des chevrons VV et une sorte de clef.

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Inscription de donation, datation (1499) et donatrice (Agnès, veuve Thévenin).

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Comme sur les autres baies voisines, une inscription en lettres gothiques court en bas des six lancettes:

AGNES VESVE DE FEV JEHÃ[N] THEVENI[N] EN SO[N] VIVA[N]T ESCVIER ET NOTAIRE ROYAL A TROYES A DONNEE CESTE VERRIERE L'AN MI JJJJcc JJJJxx ET XI. PRIE DIEV POVR ELLE.

 

La donatrice  sera présentée lors de la description du panneau qui la représente, ainsi que ses armoiries.

Datation du vitrail : Selon Danielle Minois, une verrière est réalisée l'an qui suit sa donation, soit donc ici 1500.

Cette verrière n'est pas mentionnée dans les comptes de la cathédrale.

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Description.

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Les baies 134 (triforium) et 234 occupent la deuxième travée de la nef  côté sud. 

La baie 234, avec six lancettes réunies deux à deux sous deux mouchettes, et un tympan à treize ajours et écoinçons, mesure 10 m de haut et  6 m de large.

La baie 134, en dessous, au triforium, avec ses six lancettes réunies deux à deux sous un tympan à deux mouchettes et un soufflet, mesure 3, 50 m de haut et 6 m. de large.

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Le sujet et ses rapport avec le théâtre religieux, et les enluminures.

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L'histoire de Joseph est un véritable roman familial qui termine le Livre de la Genèse du chapitre 37 au chapitre 50, et qui suit la geste de Jacob (Gn. 25-36). 

Rappel :

Jacob a eu de Léa six fils, Ruben, Siméon, Lévi, Issachar et Zabulon.

Puis Jacob a eu de Rachel, sa femme préférée, deux fils, Joseph et Benjamin, puis Rachel est morte.

Il eut aussi de servantes ou concubines Dan et Nephtali, par Bilha, et Gad et Asser par Zilpa.

Ces douze fils seront les ancêtres des "douze tribus d'Israël" (autre nom de Jacob).

Fils préféré de Jacob, Joseph devient la cible de l’hostilité de ses onze demi-frères , d'autant qu'il leur raconte ses rêves où ces derniers se prosternent devant lui . Jaloux, ils l'abandonnent au fond d'un puits et présentent à Jacob sa tunique ensanglanté comme preuve de son décès accidentel. Sauvé mais vendu comme  esclave en Egypte, il devient l' intendant de Putiphar, officier du roi, mais il résiste aux avances de sa femme et est emprisonné. Mais grâce à son talent d'interprétation de rêves du Pharaon, il devient premier ministre, sauve l’Égypte et finit par retrouver les siens.

Les Pères de l'Église ont vu en Joseph une préfiguration du Christ (innocent sacrifié, trahi, mais sauvant les siens), ou un exemple de vertu malgré les épreuves.

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Le Mistère du Vieil Testament par personnages , de 49 000 vers, qui fut joué à Paris en 1500 , et dont nous avons vu qu'il pouvait avoir inspiré plusieurs verrières de Troyes (La Patience de Job, l'Histoire de Daniel et de la chaste Suzanne, l'histoire de Tobie) consacre 8000 vers à l'Histoire de Joseph, sous le titre de "Mistère de Joseph", "Moralité de Joseph"  ou de "La Vendition de Joseph". Les manuscrits de ce Mistère du Vieil Testament sont perdus. Nous ignorons si le drame de Joseph a été joué à Troyes, ou si les commanditaires y avaient eu accès, mais il est manifeste que les bourgeois de Troyes ont commandités pour les verrières de la cathédrale des sujets qui sont à la même époque très en vogue sous forme de représentation théâtrale. Plus tard, une Moralité de la Vendition de Joseph  a été imprimée en 1538 et jouée à Paris à la même époque, puis on retrouve ce mistère à Nancy en 1557 et 1558,  à Draguignan en 1559, à Remiremont en 1603, et il fut reprit par Noël Georges en Bretagne au début du XVIIe siècle.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5051p

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50539

 

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Les enluminures traitent abondamment de ce sujet. Voir Base Mandragore.

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On remarquera que les 21 scènes de la baie 234 ne traitent que de la première partie de l'Histoire de Joseph, avant l'accession de celui-ci auprès du Pharaon, alors que les célèbres interprétations des songes du Pharaon occupent le triforium, alors que la reconnaissance de Joseph par ses frères et le retour en la maison de Jacob ne sont pas traités. La verrière de l'église Saint-Aspais de Melun, au XVIe siècle, traite en cinq scènes de l'ensemble de l'histoire. À Saint-Merry de Paris, trois verrières du chœur et une verrière du transept datant du milieu du XVIe siècle sont consacrées à ce récit. Déjà en la cathédrale de Chartres en 1205 la baie 41 lui est dédié, tandis qu'en la cathédrale de Rouen en 1220-1230 une baie offerte par les tondeurs de drap le raconte en sept médaillons.

 

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Les baies 134 et 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les baies 134 et 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LA BAIE 234.

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La baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LA DONATRICE AGNÈS BONJEAN PRÉSENTÉE PAR SAINTE AGNÈS.

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Sous l'inscription SA[N]CTA AGNES, la sainte est identifiable par sa palme du martyre et surtout par l'agneau blanc  renvoyant à la proximité sonore du mot latin agnus avec son prénom issu du grec agnê. Elle est nimbée de violet, ses cheveux blonds descendent devant sa poitrine, et sa robe rouge est ourlé de losanges blancs sur fond noir.

La donatrice est agenouillée mains jointes devant son prie-dieu drapé à ses armes. Un livre de prières y est ouvert, le fermoir en or servant de marque-pages. Elle porte une coiffe à bonnet noir, et une robe violette (couleur adoptée par la plupart des donateurs des verrières de Troyes). Cette robe est fourrée aux manches, et serrée à la taille par une ceinture orange, où est pendu un rosaire à gros grains. Autour de sa tête est déployé un phylactère portant ces mots MISERERE MEI DEUS

Le blason est un losange, donc féminin, mi parti en 1 de gueules à une étoile d'or à six branches, au chef d'argent chargé d'un lambel d'azur, qui est Thévenin, et en 2 d'or à la perdrix d'azur qui est Bonjean.

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Jean Thévenin, seigneur d'Assencière et notaire royal est en exercice en 1449 et en 1486, et décédé en 1494.

Devenue veuve, Agnès Bonjean offrit  outre les baies 134  et 234 de la cathédrale,  la verrière de l'Arbre de Jessé , et un autre vitrail de sujet inconnu, en l'église de la Madeleine de Troyes

Une messe fut fondée chaque 12 novembre en l'église Sainte-Madeleine de Troyes, pour "Me Jean Thévenin et Agnès Bonjean sa femme, inhumés devant l'autel Saint-Antoine" (comptes de la fabrique  de l'église de la Madeleine.

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Agnès Bonjean, donatrice de la baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Agnès Bonjean, donatrice de la baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Agnès Bonjean, donatrice de la baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Agnès Bonjean, donatrice de la baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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L'HISTOIRE DE JOSEPH EN 21 TABLEAUX, AU TYMPAN PUIS  SUR TROIS REGISTRES DANS LES LANCETTES.

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LE TYMPAN DE LA BAIE 234.

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Les ajours du tympan sont remplis de rubans entrecroisés  rouges et verts délimitant des carreaux bleus ou rouges à fleurons jaunes, ou bien, dans les écoinçons, de rinceaux feuillagés sur fond rouge. Néanmoins, quatre soufflets reçoivent des scènes figurées qui débutent l'Histoire de Joseph par la représentation de ses songes. En outre, ils sont dominées par le blason de Jean Thévenin, à gauche, et d'Agnès Bonjean, à droite.

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Tympan de la baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

 

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1 et 2 : Joseph et ses frères gardent leur troupeau. 

"Jacob habita la terre où son père était venu en immigré : la terre de Canaan. Voici l’histoire de la descendance de Jacob. Joseph, âgé de dix-sept ans, faisait paître le petit bétail avec ses frères. Le jeune homme accompagnait les fils de Bilha et les fils de Zilpa, femmes de son père. Il fit part à leur père de la mauvaise réputation de ses frères. Israël, c’est-à-dire Jacob, aimait Joseph plus que tous ses autres enfants, parce qu’il était le fils de sa vieillesse, et il lui fit faire une tunique de grand prix.  En voyant qu’il leur préférait Joseph, ses autres fils se mirent à détester celui-ci, et ils ne pouvaient plus lui parler sans hostilité. " Genèse chap. 37.

Sous le blason de Jean Thévenin les panneaux  montrent sept bergers gardant les troupeaux, aidés d'un chien à collier rouge. La plupart tiennent le bâton à extrémité creusée des bergers, un seul, assis, souffle dans un hautbois.


 

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Tympan de la baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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3 et 4 : le songe des gerbes de blé et le songe des étoiles.

Joseph eut un songe et le raconta à ses frères qui l’en détestèrent d’autant plus.« Écoutez donc, leur dit-il, le songe que j’ai eu. Nous étions en train de lier des gerbes au milieu des champs, et voici que ma gerbe se dressa et resta debout. Alors vos gerbes l’ont entourée et se sont prosternées devant ma gerbe. » Ses frères lui répliquèrent : « Voudrais-tu donc régner sur nous ? nous dominer ? » Ils le détestèrent encore plus, à cause de ses songes et de ses paroles.

 Il eut encore un autre songe et le raconta à ses frères. Il leur dit : « Écoutez, j’ai encore eu un songe : voici que le soleil, la lune et onze étoiles se prosternaient devant moi. » Il le raconta également à son père qui le réprimanda et lui dit : « Qu’est-ce que c’est que ce songe que tu as eu ? Nous faudra-t-il venir, moi, ta mère et tes frères, nous prosterner jusqu’à terre devant toi ? » Ses frères furent jaloux de lui, mais son père retint la chose." Genèse chap. 37

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Sous le blason mi-parti d'Agnès Bonjean, Joseph est représenté endormi dans la maison de son père, faisant le songe des onze gerbes s'inclinant devant la douzième. Du côté droit, le soleil, la lune et onze étoiles adorent Joseph.

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Tympan de la baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LES LANCETTES DE LA BAIE 234.

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Lecture de haut en cas à partir de l'angle supérieur gauche. Le fil narratif suit le récit de Joseph dans la Genèse chapitre 30 à 50.

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La baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.


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5 et 6. Jacob envoie Joseph chercher ses frères qui projettent de le tuer.

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"Les frères de Joseph étaient allés à Sichem faire paître le troupeau de leur père.  Israël dit à Joseph : « Tes frères ne gardent-ils pas le troupeau à Sichem ? Va donc les trouver de ma part ! » Il répondit : « Me voici. » Jacob reprit : « Va voir comment se portent tes frères et comment va le troupeau, et rapporte-moi des nouvelles. » C’est de la vallée d’Hébron qu’il l’envoya, et Joseph parvint à Sichem.  Un homme le rencontra alors qu’il était perdu en pleine campagne, et lui demanda : « Que cherches-tu ? » Il répondit : « Je cherche mes frères. Indique-moi donc où ils font paître le troupeau. » L’homme dit : « Ils sont partis d’ici, et je les ai entendu dire : “Allons à Dotane !” »

Joseph continua donc à chercher ses frères et les trouva à Dotane.   Ceux-ci l’aperçurent de loin et, avant qu’il arrive près d’eux, ils complotèrent de le faire mourir.  »

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Inscription : IOSEPH.

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Jacob est figuré comme un bourgeois de Troyes, coiffé d'un chaperon et vêtu d'un manteau rouge fourré devant sa demeure. Il pose sa main sur son aumônière, signe de sa richesse. 

Joseph porte la belle tunique bleue offerte par son père en signe d'élection. Il tient un bâton et s'éloigne de la maison.

Quatre des frères montrent leur excitation par leurs gestes. L'un porte la houlette de berger, l'autre s'apprête à dégainer son glaive.

Le texte du Mistère de Joseph désigne cette scène sous le beau titre de "Du murmure des frères de Joseph à l'encontre de luy".

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9772636r/f448.item.texteImage#

 

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La baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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7 et 8. Sur le conseil de Ruben, qui modère ses frères, Joseph est précipité dans la citerne.
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 " Ils se dirent l’un à l’autre : « Voici notre songeur qui arrive !  C’est le moment, allons-y, tuons-le, et jetons-le dans une de ces citernes. Nous dirons qu’une bête féroce l’a dévoré, et on verra ce que voulaient dire ses songes ! »  Mais Ruben les entendit, et voulut le sauver de leurs mains. Il leur dit : « Ne touchons pas à sa vie. »  Et il ajouta : « Ne répandez pas son sang : jetez-le dans cette citerne du désert, mais ne portez pas la main sur lui. » Il voulait le sauver de leurs mains et le ramener à son père. Dès que Joseph eut rejoint ses frères, ils le dépouillèrent de sa tunique, la tunique de grand prix qu’il portait, ils se saisirent de lui et le jetèrent dans la citerne, qui était vide et sans eau. Ils s’assirent ensuite pour manger. "

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Inscription : RUBEN / IOSEPH.

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À gauche, Ruben, en rouge, intercède en faveur de Joseph et désigne le puits.

À droite, Joseph, qui a été dépouillé de sa tunique bleue, est jeté dans le puits, tandis que ses frères mangent des pains, conformément au texte de la Genèse. 

Voir l'épisode correspondant du Mistère, "Comment Joseph est mis dans la citerne".

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9772636r/f466.item.texteImage

 

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La baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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9 et 10. Joseph est vendu à des marchands par ses frères. Juda reçoit vingt pièces d'argent.
 

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"En levant les yeux, ils virent une caravane d’Ismaélites qui venait de Galaad. Leurs chameaux étaient chargés d’aromates, de baume et de myrrhe qu’ils allaient livrer en Égypte. Alors Juda dit à ses frères : « Quel profit aurions-nous à tuer notre frère et à dissimuler sa mort ? Vendons-le plutôt aux Ismaélites et ne portons pas la main sur lui, car il est notre frère, notre propre chair. » Ses frères l’écoutèrent. Des marchands madianites qui passaient par là retirèrent Joseph de la citerne, ils le vendirent pour vingt pièces d’argent aux Ismaélites, et ceux-ci l’emmenèrent en Égypte. 

Quand Ruben revint à la citerne, Joseph n’y était plus. Il déchira ses vêtements, revint vers ses frères et dit : « L’enfant n’est plus là ! Et moi, où vais-je donc aller, moi ? »"

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Inscription : IOSEPHJVDAS

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La baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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11 et 12. Un bouc est égorgé pour tremper dans son sang la tunique de Joseph et faire croire à Jacob que son fils préféré est mort. Jacob, désespéré, déchire ses vêtements.

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" Ils prirent alors la tunique de Joseph, égorgèrent un bouc et trempèrent la tunique dans le sang. Puis ils firent porter à leur père la tunique de grand prix, avec ce message : « Nous avons trouvé ceci. Regarde bien : est-ce ou n’est-ce pas la tunique de ton fils ? » Il la reconnut et s’écria : « La tunique de mon fils ! Une bête féroce a dévoré Joseph ! Il a été mis en pièces ! ».

Jacob déchira ses vêtements, mit un sac sur ses reins et porta le deuil de son fils pendant de longs jours. Ses fils et ses filles se mirent tous à le consoler, mais il refusait les consolations, en disant : « C’est en deuil que je descendrai vers mon fils, au séjour des morts. » Et son père le pleura."

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Inscription : :JACOB.

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La baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

 

 

13 et 14. Joseph, mené en Egypte, est acheté par l'intendant du pharaon Putiphar, qui, bientôt, lui confie le gouvernement de sa maison.

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Texte de la Genèse : "Joseph fut emmené en Égypte. Putiphar, dignitaire de Pharaon et grand intendant, un Égyptien, l’acheta aux Ismaélites qui l’avaient emmené là-bas. Le Seigneur était avec Joseph, et tout lui réussissait ; il vivait dans la maison de son maître, l’Égyptien.  Ce dernier vit que le Seigneur était avec Joseph et faisait réussir tout ce qu’il entreprenait. Joseph trouva grâce aux yeux de son maître qui l’attacha à son service : il lui donna autorité sur sa maison et remit entre ses mains tout ce qu’il possédait.

 Dès que l’Égyptien eut confié cette charge à Joseph, le Seigneur bénit sa maison, à cause de Joseph, et la bénédiction du Seigneur s’étendit sur tout ce que possédait l’Égyptien, sa maison et ses champs. Il abandonna entre les mains de Joseph tout ce qu’il possédait et ne s’occupa plus de rien, sinon de la nourriture qu’il prenait. Joseph avait belle allure et il était agréable à regarder."

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Inscription à gauche : PVTIPHAR. Putiphar (en toque et robe violette fourrée des bourgeois de Troyes), achète Joseph au marchand.

Inscription à droite : IOSEPH. Assis sur le lit dans la chambre de Joseph, un tailleur lui confectionne un manteau écarlate. On voit comme la tunique de Joseph sert d'objet clef dans le récit : d'abord bleue , elle devient aux yeux de son père une preuve d'identification. Puis, rouge, elle servira également de preuve de la culpabilité de Joseph. Mais ces deux tuniques-preuves se révèleront trompeuses.

Voir la scène du Mistère : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50539/f158.item Toute l'histoire était désignée dans le drame comme celle du "petit Joseph" : commence alors celle du "grand Joseph".

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La baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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15 et 16. La femme de Putiphar veut le séduire : il résiste et abandonne sa tunique. La femme de Putiphar l’accuse de l’avoir séduite.

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 "À quelque temps de là, la femme de son maître leva les yeux sur Joseph et dit : « Couche avec moi ! » Mais il refusa et répondit à la femme de son maître : « Voici que mon maître ne s’occupe plus de rien dans la maison. Tout ce qu’il possède, il l’a remis entre mes mains. Dans cette maison, il ne m’est pas supérieur et il ne me refuse rien, sinon toi, car tu es sa femme. Comment donc pourrai-je commettre ce grand mal et pécher contre Dieu ? ». Chaque jour, elle insistait auprès de Joseph. Mais lui n’acceptait pas de partager sa couche et d’être à elle. 

Vint le jour où Joseph entra dans la maison pour faire son travail, alors qu’aucun domestique n’était là.  La femme l’attrapa par son vêtement, en disant : « Couche avec moi ! » Mais il abandonna le vêtement entre ses mains et s’enfuit au-dehors.

Lorsqu’elle réalisa que, dans sa fuite, il avait abandonné son vêtement entre ses mains, elle appela ses domestiques et leur dit : « Voyez ça ! On nous a amené un Hébreu pour se jouer de nous ! Il est venu vers moi pour coucher avec moi, et j’ai appelé à grands cris. Alors, quand il m’a entendu élever la voix pour appeler, il a abandonné son vêtement à côté de moi et s’est enfui au-dehors. » Elle garda près d’elle le vêtement de Joseph, jusqu’à ce que le maître rentre chez lui. Elle lui tint alors le même langage : « Le serviteur hébreu que tu nous as amené est venu vers moi pour se jouer de moi. Mais j’ai appelé à grands cris, et il a abandonné son vêtement à côté de moi et s’est enfui au-dehors. » Quand le maître entendit sa femme lui dire : « Voilà comment ton serviteur a agi envers moi ! », il s’enflamma de colère. "

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La baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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17 et 18. Joseph est jeté en prison. Le songe du  sommelier de Pharaon.

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"Le maître de Joseph se saisit de lui et le jeta dans la prison où étaient enfermés les prisonniers du roi.

"À quelque temps de là, l’échanson du roi d’Égypte ainsi que le panetier commirent une faute envers leur maître, le roi d’Égypte.  Pharaon s’irrita contre ses deux dignitaires, le grand échanson et le grand panetier,  et il les fit mettre au poste de garde, dans la maison du grand intendant, au lieu même où Joseph était prisonnier. 

 Une même nuit, l’échanson et le panetier du roi d’Égypte firent tous deux un songe, alors qu’ils étaient prisonniers dans la prison.

Le grand échanson raconta à Joseph le songe qu’il avait fait : « J’ai rêvé qu’une vigne était devant moi.  Elle portait trois sarments. Elle bourgeonnait, fleurissait, puis ses grappes donnaient des raisins mûrs.  J’avais entre les mains la coupe de Pharaon. Je saisissais les grappes, je les pressais au-dessus de la coupe de Pharaon et je lui remettais la coupe entre les mains. »  Joseph lui dit : « Voici l’interprétation : les trois sarments représentent trois jours.  Encore trois jours et Pharaon t’élèvera la tête, il te rétablira dans ta charge, et tu placeras la coupe entre ses mains, comme tu avais coutume de le faire précédemment quand tu étais son échanson. Mais quand tout ira bien pour toi, pour autant que tu te souviennes d’avoir été avec moi, montre ta faveur à mon égard : rappelle-moi au souvenir de Pharaon et fais-moi sortir de cette maison !  En effet, j’ai été enlevé au pays des Hébreux, et là non plus je n’avais rien fait pour qu’on me jette dans la citerne. »

[...]

 Toutefois le grand échanson ne se souvint pas de Joseph ; il l’oublia."

 

Le garde qui menace Joseph d'un bâton porte un gilet mi-parti rouge et vert : cet effet de rayure est porté par exemple par  les marginaux, les bourreaux ou les lansquenets, ou les marins.

Le sommelier est endormi, la tête appuyée sur les montants d'un cep, qui immobilise ses pieds. Son rêve est représenté fidèlement, et il presse les grappes au dessus de la coupe du pharaon.

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La baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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19 et 20. Le songe du panetier. Joseph interprète leurs rêves.
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" Voyant que Joseph avait fait une interprétation favorable, le grand panetier lui dit : « Moi, j’ai rêvé que je portais sur la tête trois corbeilles de gâteaux. Et dans la corbeille d’au-dessus, il y avait tous les aliments que le panetier fabrique pour la nourriture de Pharaon, et les oiseaux picoraient dans la corbeille au-dessus de ma tête. » Joseph répondit : « Voici l’interprétation : les trois corbeilles représentent trois jours. Encore trois jours et Pharaon t’élèvera la tête, il te pendra à un arbre, et les oiseaux picoreront ta chair. »"

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Inscription IOSEPH

Phylactère : SIC SOMPUIAVIMVS, pour sic sompniavimus "ainsi avons-nous vu en songe" , qui se rapporte au verset Gn 41:11 ou bien au sic somnium vidimus Gn 40:8 . Sompnia est la forme ancienne de somnia.

Le panetier est condamné au cep comme son collègue, et il est accoudé endormi sur le montant. Trois oiseaux noir, blanc et rouge picorent les pains.

À droite, les deux officiers du pharaon sont au cep, et Joseph a également les jambes entravées par un fer et une chaîne.

 

 

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La baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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21. Comme l'avait prédit Joseph, le panetier est pendu et le sommelier est rétabli dans sa charge. 

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"Le troisième jour, jour anniversaire de Pharaon, celui-ci fit un festin pour tous ses serviteurs. Il éleva la tête du grand échanson et celle du grand panetier en présence de ses serviteurs :  il rétablit dans sa charge le grand échanson, et celui-ci plaça la coupe entre les mains de Pharaon ; mais le grand panetier, il le pendit, comme l’avait annoncé Joseph."

Note : comme sur la verrière de Job en baie 131-231, la bouche du pharaon est une pièce montée en chef-d'œuvre.

Note : sur tout le registre inférieur, les coins supérieurs sont décorés de deux boules rouges. C'est aussi le cas, mais pour le registre moyen, de la baie 236 de l'Histoire de Danielle . C'est là un deuxième point commun, avec le monogramme FC/FT.

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La baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LA BAIE 134 (TRIFORIUM).

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La baie 134 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 134 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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22 et 23. les rêves du pharaon : les vaches grasses et les vaches maigres. Les épis de blé.

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texte de la Genèse : "Deux ans plus tard, Pharaon eut un songe. Il se tenait debout près du Nil, et voici que montaient du Nil sept vaches, belles et bien grasses, qui broutaient dans les roseaux. Puis, derrière elles, montaient du Nil sept autres vaches, laides et très maigres. Elles se tenaient à côté des premières, sur la rive du Nil. Et les vaches laides et très maigres mangeaient les sept vaches belles et bien grasses. Alors Pharaon s’éveilla. Il se rendormit et fit encore un songe : sept épis montaient sur une seule tige ; ils étaient gros et beaux. Puis, après eux, germaient sept épis maigres et desséchés par le vent d’est. Et les épis maigres avalaient les sept épis gros et pleins.

Alors Pharaon s’éveilla : c’était un songe ! Mais le matin, son esprit était troublé ; il fit convoquer tous les magiciens et tous les sages d’Égypte. Pharaon leur raconta les songes, mais personne ne pouvait les interpréter.

Alors le grand échanson parla à Pharaon en ces termes : « Aujourd’hui, je me rappelle mes fautes. Pharaon s’était irrité contre ses serviteurs et il m’avait mis au poste de garde, dans la maison du grand intendant, et avec moi, le grand panetier. Une même nuit, nous avons fait un songe, moi et lui. Et chacun des songes avait sa propre signification. Il y avait là, avec nous, un jeune Hébreu, serviteur du grand intendant. Nous lui avons raconté nos songes et il a donné à chacun l’interprétation du songe qu’il avait fait. Et ses interprétations s’avérèrent exactes : moi, on m’a rétabli dans ma charge, et l’autre, on l’a pendu. »

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Inscription PHARAO.

Le pharaon est endormi, tête appuyée sur le bras accoudé dans l'attitude du songeur. 

La bouche est montée en chef-d'œuvre.

Le rêve des épis murs et des épis flétris est en haud, celui des vaches est en bas.

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La baie 134 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 134 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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24 et 25. Le sommelier appelle Joseph, fers au pieds, pour qu’il interprète le songe de Pharaon.
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"Pharaon fit appeler Joseph. En toute hâte, on le tira de son cachot. Il se rasa, changea de vêtements et se rendit chez Pharaon. Pharaon dit à Joseph : « J’ai fait un songe et personne ne peut l’interpréter. Mais j’ai entendu dire de toi, qu’il te suffit d’entendre raconter un songe pour en donner l’interprétation. » Joseph répondit à Pharaon : « Ce n’est pas moi, c’est Dieu qui donnera à Pharaon la réponse qui lui rendra la paix. »

 Alors, Pharaon dit à Joseph : « Dans le songe, j’étais debout au bord du Nil, et voici que montaient du Nil sept vaches, bien grasses et de belle allure, qui broutaient dans les roseaux. Puis, derrière elles, montaient sept autres vaches, chétives, très laides et décharnées. Je n’en avais jamais vu d’une telle laideur dans tout le pays d’Égypte. Les vaches décharnées et laides mangeaient les premières vaches, les grasses, qui entraient dans leur panse. Mais on ne s’apercevait pas que les grasses étaient entrées dans leur panse : elles restaient aussi laides qu’avant. Alors je me suis réveillé. Mais j’ai encore vu, en songe, sept épis qui montaient sur une seule tige ; ils étaient pleins et beaux. Puis, après eux, germaient sept épis durcis, maigres et desséchés par le vent d’est. Et les épis maigres avalaient les sept beaux épis. J’en ai parlé aux magiciens, mais personne n’a pu me fournir d’explication. » Joseph répondit à Pharaon : « Pharaon n’a eu qu’un seul et même songe. Ce que Dieu va faire, il l’a indiqué à Pharaon. Les sept belles vaches représentent sept années, et les sept beaux épis, sept années : c’est un seul et même songe ! Les sept vaches décharnées et laides qui montaient derrière les autres représentent sept années ; de même, les sept épis vides et desséchés par le vent d’est. Ce seront sept années de famine. C’est bien ce que j’ai dit à Pharaon : ce que Dieu va faire, il l’a montré à Pharaon. Voici qu’arrivent sept années de grande abondance dans tout le pays d’Égypte. Mais après elles viendront sept années de famine : alors on oubliera toute abondance dans le pays d’Égypte, la famine épuisera le pays. On ne saura plus ce que pouvait être l’abondance dans le pays, tant la famine qui suivra pèsera lourdement. Si le songe de Pharaon s’est répété une seconde fois, c’est que la décision de Dieu est bien arrêtée et qu’il va se hâter de l’exécuter. 

Maintenant donc, que Pharaon voie s’il y a un homme intelligent et sage pour l’établir sur le pays d’Égypte.Que Pharaon agisse en instituant des fonctionnaires sur le pays d’Égypte, afin de prélever le cinquième des récoltes pendant les sept années d’abondance. Ils recueilleront toute la nourriture de ces bonnes années qui viennent et, sous l’autorité de Pharaon, ils entasseront dans les villes du froment comme nourriture : ils le garderont en réserve. Ainsi, il y aura une réserve de nourriture pour le pays en vue des sept années de famine qui suivront dans le pays d’Égypte, et la famine ne détruira pas le pays. » Cette proposition plut à Pharaon et à tous ses serviteurs. Pharaon leur dit : « Trouverons-nous un homme comme celui-ci, qui a l’esprit de Dieu en lui ? »"

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Inscription : IOSEPH

Inscription : SOMPNIORUM INTERPRETATOR EST, "voilà celui qui explique les songes".

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Le sommelier vient de libérer Joseph de ses chaines (il est nu-pied) et le présente au pharaon.

Fond damassé. Bouche montée en chef-d'œuvre.

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La baie 134 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 134 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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26 et 27. Pharaon nomme Joseph administrateur de son royaume et de ses biens.

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"Alors, Pharaon dit à Joseph : « Dès lors que Dieu t’a fait connaître tout cela, personne ne peut être aussi intelligent et aussi sage que toi. C’est toi qui auras autorité sur ma maison ; tout mon peuple se soumettra à tes ordres ; par le trône seulement, je serai plus grand que toi. ». Pharaon dit à Joseph : « Vois ! Je t’établis sur tout le pays d’Égypte. »  Il ôta l’anneau de son doigt et le passa au doigt de Joseph ; il le revêtit d’habits de lin fin et lui mit autour du cou le collier d’or. Il le fit monter sur son deuxième char et on criait devant lui : « À genoux ! » Et ainsi il l’établit sur tout le pays d’Égypte.  Pharaon dit encore à Joseph : « Je suis Pharaon. Mais sans ta permission, personne ne lèvera le petit doigt dans tout le pays d’Égypte. » .Pharaon appela Joseph Safnath-Panéah et lui donna pour femme Asnath, fille de Poti-Phéra, prêtre de One. Alors Joseph partit inspecter le pays d’Égypte."

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Le pharaon tenant son sceptre remet son anneau à Joseph, qui porte le collier d'or. Il est sous un dais à franches multicolores, sur un char doré tiré par un cheval harnaché d'or. Sur le cheval, un héraut portant une toque à plumet et un pourpoint damassé bleu à manches exubérantes sonne de la trompe.

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Inscription PHARAO

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La baie 134 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 134 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LES TYMPANS DE LA BAIE 134 : MONOGRAMMES ET INSCRIPTIONS.

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Ces tympans portent les armes partielles (l'étoile d'or sur fond rouge) de Jean Thévenin et son monogramme JT, et sa devise LAUX DEO (louange à Dieu) ainsi que le monogramme du Christ IHS.

La devise a été aussi celle de la famille de Clugny. BnF NAL3209. C'est un extrait de l'office des morts Requiem eternam dona eis domine : et lux perpetua luceat eis laux deo pax vivis re.

 

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Tympan de la baie 134 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 134 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 134 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 134 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 134 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 134 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

— COFFINET (Abbé Jean-Baptiste), 1858, Les peintres-verriers de Troyes pendant trois siècles depuis 1375 jusqu'à 1690 "Peintres-verriers. Nomenclature des peintres-verriers de Troyes depuis 1375 jusqu'à 1690". Annales archéologiques, 1858, t. 18, p. 212-224.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f153.item

 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f250.item

— FICHOT (Charles), 1889, Statistique monumentale du département de l'Aube page 220

https://www.google.fr/books/edition/Statistique_monumentale_du_d%C3%A9partement/-6jnG1emOHgC?hl=fr&gbpv=1&dq=civitas+ninive&pg=PA220&printsec=frontcover

—  JUBAINVILLE (Henri d'Arbois de), 1862, "Documents relatifs aux travaux de construction faits à la cathédrale de Troyes pendant les XIIIe, XIVe et XVe siècles" [second article].Bibliothèque de l'École des chartes  Année 1862  23  pp. 393-423

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_445819

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_461956

— LAFOND (Jean) 1955, "Les vitraux de la cathédrale Saint-Pierre de Troyes". In Société française d'archéologie, éd. Congrès archéologique de France : 113e session, Troyes, 1955. Orléans ; Nogent-le-Rotrou, 1957, p. 29-62.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32099177/f59.item

— LEDIT (Charles-J. Abbé) 1948,  Les Hautes verrières de la cathédrale de Troyes, préfacées par S. E. Mgr Julien Le Couedic,.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3339359k.texteImage?lang=FR

— LIEZ (Jean-Luc), 2022, "Regard(s) sur l’héraldique à Troyes au XVIe siècle". ffhal-03940420f

https://hal.science/hal-03940420/document

—MÂLE (Emile), 1908, "L’art français de la fin du moyen âge", Revue des Deux Mondes tome 43, 1908

https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Art_fran%C3%A7ais_de_la_fin_du_moyen_%C3%A2ge_-_Les_aspects_nouveau_du_culte_des_saints

—MARSAT (André), ‎Charles J. Ledit, ‎Angelico Surchamp · 1972 Cathédrale de Troyes, les vitraux

— MINOIS (Danielle), 2005 "Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560)" .Sorbonne Université presses Corpus vitrearum France Etudes VI, 1 vol. (475 p.-XXIV p. de pl.) : ill. en noir et en coul., jaquette ill. en coul. ; 33 cm

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— MINOIS (Danielle), 2003, thèse d'histoire de l'art Paris IV sous la direction de Fabienne Joubert et Michel Hérald,  La peinture sur verre à Troyes à la fin du Moyen Age

—PASTAN (Élisabeth C.  BALCON (Sylvie), 2006,  "Les vitraux du chœur de la cathédrale de Troyes (xiiie siècle)", Paris, Cths, coll. « Corpus vitrearum - France II », 2006, 539 p.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2010_num_168_3_7592_t19_0308_0000_1

— RIVIALE (Laurence),  "Danielle Minois, Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560). Paris, P.U.P.S., 2005, 475 p. (Corpus vitrearum France, études VI)." In: Bulletin Monumental, tome 166, n°1, année 2008. La galerie à Paris (XIVe-XVIIe siècle) pp. 85-86.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— TRIDON (Abbé), 1866,  Visite de la cathédrale de Troyes

http://bibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/fa6e003ba720fd499741406274f973dd.pdf

— SITES

Eglises du confluent :

https://www.eglisesduconfluent.fr/Pages/VIT-10Troyes-CathStPierreStPaul.php

https://www.eglisesduconfluent.fr/Pages/AT-Genese-Josep2.php

Archives de la cathédrale de Troyes :

https://www.google.fr/books/edition/INVENTAIRE_SOMMAIRE_DES_ARCHIVES_DEPARTE/RZcNAAAAQAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=%22la+Mosl%C3%A9e%22&pg=PA315&printsec=frontcoverhttps://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Troyes/Troyes-Saint-Pierre-et-Saint-Paul.htm

Inventaire :

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000423

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000404

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000405

.

https://www.culture.gouv.fr/ar/29/5/2/2/4/Travaux-de-mise-en-securite-et-de-protection-de-la-Cathedrale-de-Troyes

.

https://abedehem.blogspot.com/2016/11/des-troyens-en-champagne.html

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux : Troyes. Vitraux Troyes Héraldique Inscriptions

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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