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2 avril 2024 2 02 /04 /avril /2024 14:19

 L'Arbre de Jessé de la baie n°31  (début XIIIe siècle, restauré par L.G. Vincent Larcher en 1869) de la cathédrale de Troyes.

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—Voir sur les verrières hautes de la nef  de la cathédrale de Troyes :

 

 

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—Voir sur les Arbres de Jessé :

 

 

A. ARBRES DE JESSÉ SCULPTÉS.

 

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B. VITRAUX DE L'ARBRE DE JESSÉ 

 

 En Bretagne, par ordre chronologique :

C. Peintures :

—Voir aussi sur mes 327 articles sur les vitraux de France :

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PRÉSENTATION..

Histoire de la Cathédrale de Troyes :
Vers 1200,  les travaux commencèrent dans le chœur oriental, laissant en dernier lieu la chapelle axiale.
Première phase des travaux de 1200 à 1210, puis deuxième phase des travaux vers 1210-1220.
En 1228 beaucoup de dégâts furent causés par le vent à la cathédrale avec effondrement du chœur supérieur. Il y a donc probablement eu des dommages à la fenêtre de l'Arbre de Jessé, ce qui expliquerait un écart de style de 15 ans entre certains panneaux.
En 1779, la fenêtre centrale de la chapelle axiale fut supprimée, mais pas pour des raisons révolutionnaires.
Jesse occupait apparemment la baie centrale avec la Vie de la Vierge et la Vie typologique du Christ de chaque côté.
Vers 1800 (?), 4 panneaux vitrés d'un Arbre de Jessé ont été identifiés parmi les vitrages brisés de la chapelle axiale après la Révolution.
En 1837,  A.-F. Arnaud descrit  4 panneaux d'un Arbre de Jessé situés dans les parties les plus basses des deux fenêtres en vis-à-vis de la Vie Publique du Christ dans les 2ème et 6ème travées de la chapelle axiale à sept travées. Le roi David joue une « rote », Salomon porte une cithare à la main, Marie tient une branche de palmier, et le Christ bénit.
En 1955 Jean Lafond  propose pour la baie d'axe le trio Vie de la Vierge - Arbre de Jessé - Vie du Christ
OU Vie du Christ - Arbre de Jessé - Vie de la Vierge
En 1958 Grodecki a noté que les panneaux des prophètes du V&A Museum  étaient d'une qualité similaire aux panneaux de l'Arbre de Jessé de  Troyes.

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Description par Jean Lafond 1955:

1°) La chapelle d'axe  Notre-Dame et l’Arbre de Jessé, selon Jean Lafond.
"Placée sous le vocable de Notre-Dame, la chapelle de l’axe offre un ensemble iconographique important, avec quatre verrières retraçant la Légende de la sainte Vierge, le Cycle de l'Enfance et la Vie publique de Notre-Seigneur, et un vitrail central consacré, lui aussi, à la Vierge Marie. Ce double emploi tient au fait que ce vitrail a pris la place occupée primitivement par l'Arbre de Jessé, qui est resté, lui aussi, exposé à tous les dangers de la guerre dans la lancette médiane de la troisième chapelle.
Comment expliquer le discrédit qui pèse depuis plus de cent ans sur ce très beau groupe de verrières du XIIIe siècle et qui l’a fait exclure des mesures de sauvegarde prises pour toutes les autres fenêtres de la cathédrale sans exception?
Il faut savoir que, jusqu’au milieu du XIXe siècle, la vitrerie de la chapelle Notre-Dame était dans un affreux désordre, attesté par la description très précise des vitraux de la cathédrale publiée en 1837 par le peintre A.-F. Arnaud dans son Voyage archéologique et pittoresque dans le département de l'Aube (p.31 n°4) et par les notes prises en 1843 par le célèbre archéologue F. de Guilhermy (Bibliothèque nationale, manuscrits, nouv. acq. fr. 6111. Dans son Histoire de la peinture sur verre (Paris, 1853 et 1857), Ferdinand de Lasteyrie laisse de côté les chapelles du déambulatoire sous prétexte que la vitrerie primitive se trouve mêlée avec trop de fragments des autres époques. )

 La fenêtre centrale était bouchée par un « détestable rocher » dont l’enlèvement dut beaucoup frapper les contemporains. D’autre part, les campagnes de restauration dont « bénéficiaient » sans relâche les vitraux de la cathédrale donnaient lieu à des critiques souvent fort vives.

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Les vitraux de la cathédrale et leurs « restaurateurs ».

Arnaud parle déjà de travaux exécutés à Choisy-le-Roi à l’imitation de Saint-Denis et de « bordures modernes exécutées à Troyes par MM. Arnaud et Betbeder, qui en ont pris le dessin sur une bordure de l’église de Chartres ». Ces « premiers essais » ont, bien entendu, été éliminés. En 1839, l’architecte Bouché signait le « devis des dépenses à faire pour remettre eu état quelques parties des vitraux de la cathédrale de Troyes et compléterles sujets les plus remarquables et rétablir l’harmonie dans les endroits les plus visibles du chœur et de la nef ». L’opération a laissé des traces regrettables dans plusieurs chapelles de la nef. Quant aux figures d’apôtres et de saints qui furent exécutées pour
le triforium du chœur à Choisy-le-Roi sur les dessins de Fichot, à Metz dans les ateliers de Maréchal et Quignon, à Clermont-Ferrand chez Thévenot et à Troyes même chez Vincent-Larcher, elles faisaient un effet si déplorable qu’il fallut les reléguer, trente ans plus tard, dans le transept. En 1844, Thévenot fut pourtant chargé de vitrer la grande rose du sud, qui venait d’être reconstruite. Un rapport de l’année suivante, signé Boeswillwald, déclare que son ouvrage « ressemble plutôt à un transparent en
papier qu’à des vitraux (3) ».

Nous venons de nommer le peintre verrier troyen Vincent-Larcher. C’était, un jeune artiste plein de courage qui, en 1836, s’était mis en tête de réinventer la technique du vitrail. Il trouva bientôt, en la personne de Martin-Hermanowska, un émule encore plus inexpérimenté, bien que plus âgé que lui. L’aventure de ces nouveaux Bernard Palissy a été racontée avec beaucoup de compréhension et d’indulgence dans un mémoire publié en 1845 par la Société académique de l’Aube, mais elle a inspiré,
quatre ans plus tard, à Eugène Millet un rapport sévère qu’il faut bien citer ici :

"Les verrières des chapelles, écrit l’architecte des Monuments historiques, appartiennent à l’époque du commencement de la construction. Elles sont pour la plupart incomplètes et dans un très mauvais état. J’ai vu avec regret que les fragments de plusieurs de ces verrières avaient été enlevés pour faire place à des verrières neuves qui, bien qu’elles aient la prétention d’imiter les vitrines (sic) du XIII e siècle, n’en sont pas moins de tristes essais exécutés par les fabriques naissantes de la ville de Troyes.
Certes, nous sommes loin de penser qu’il ne faille faire aucun cas de ces essais, mais nous croyons que les cathédrales ne sont point des salles d’exposition où chacun peut placer ses produits. Il nous semble que de semblables monuments ne doivent contenir que des œuvres réussies. La commission des vitraux près le ministère de l’Instruction publique et des Cultes appréciera le danger d’une semblable marche (sic) ; elle préférerait, nous n’en doutons point, que les anciens panneaux fussent restés en place et que les verrières neuves n’eussent au moins été placées que dans des fenêtres complètement dépourvues d’anciens vitraux."
Les anciens panneaux ne sont heureusement pas perdus ; ils sont aujourd’hui rangés
dans des caisses, mais il n’est pas douteux qu’ils ont dû souffrir de la dépose, qui n’a pas
été faite avec tout le soin qu’il faut apporter dans une semblable opération .

 

"Les chapelles du déambulatoire ont donc servi de champ d’expériences à nos deux néophytes. Il est juste de remarquer que, si Martin-Hermanowska ne semble avoir jamais rien produit de bon, Vincent-Larcher est parvenu rapidement à une habileté considérable et que ses restaurations valent celles des peintres verriers les plus réputés de son temps.
On comprend néanmoins que, visitant de nouveau la cathédrale en 1864, F. de Guilhermy ait éprouvé un sentiment de stupeur. Non seulement il déclare « mauvaises » et «pitoyables » les créations de Martin-Hermanowska, mais, dans les vitraux remis en état et sans doute trop nettoyés par Vincent-Larcher, il ne reconnaît pas, le plus souvent, les panneaux dont il avait pourtant noté les sujets en 1843, et il prononce : « vitraux neufs », à tort et à travers, comme nous le verrons tout à l’heure.
Après lui, personne n’a guère fait attention à la décoration des chapelles rayonnantes, sauf, bien entendu, Fichot, dont le zèle ne connaissait point de relâche. Mais l’excellent dessinateur, qui déclarait « s’abstenir de toutes dissertations artistiques » au sujet des œuvres modernes, ce qui se comprend assez, ne s’est pas astreint à signaler les réfections opérées dans les vitraux anciens. Il déclare, cependant, que les « riches verrières » de la chapelle Notre-Dame « ont été malheureusement restaurées pour la plus grande partie par l’addition de panneaux entièrement neufs  ».Quant à Lucien Morel-Payen, il ne prend pas la peine d’indiquer les sujets de ces « verrières très restaurées ». Enfin, l’abbé Jossier cite parmi les œuvres personnelles de Vincent-Larcher : « à la cathédrale, la plupart des vitraux du pourtour du chœur, parmi lesquels il convient de signaler tout particulièrement ceux de la chapelle de la Vierge et le magnifique vitrail de l'Arbre de Jessé (5)... ». C’est la condamnation définitive."

 

DESCRIPTION.

La baie 31 où figure l' Arbre de Jessé est placée entre les deux baies 29 et 33 qui sont "blanches" dans la troisième chapelle du déambulatoire du chœur de la cathédrale.  L'Arbre de Jessé était placé jadis au centre de la chapelle d'axe avant d'être  utilisée comme bouche-trous dans les baies 3 et 4.

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Ses panneaux actuels étaient très certainement entourés, comme ailleurs au début du XIIIe siècle, des figures des prophètes, soulignant les liens entre la généalogie royale de Jésus, et les citations de l'Ancien Testament : c'est le cas à la cathédrale de Soissons en 1212,  la cathédrale du Mans en 1235, à celle d'Amiens vers 1245, comme c'était déjà le cas à Sait-Denis et à Chartres en 1144 et 1150.

Les panneaux anciens manquants, et notamment les prophètes qui accompagnaient les rois sont  ceux qui sont conservés au Victoria and Albert Museum à Londres . C'est une grande chance de les avoir. Je les présenterai en annexe.

 

La baie 31 est une lancette ogivale unique, sans rose ni tympan, à sept panneaux dont  quatre panneaux du 13e siècle, vers 1220, ceux de David, de Salomon, de la Vierge et du Christ ; selon E. Pastan il y aurait aussi des pièces du 13e siècle dans Jessé (notamment la tête) et dans la partie inférieure de la figure du 4e registre ; les autres figures et la bordure ont été peintes par Vincent-Larcher en 1869.

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Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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1°) Jessé allongé dans la posture du songeur.  Vincent-Larcher en 1869, sauf la tête de Jessé, XIIIe.

Jessé (ou Isaï) est le petit-fils de Ruth et Boaz et le père de David. Il est propriétaire de troupeaux de brebis et moutons à Bethléem. Il apparait dans les prophéties d'Isaïe annonçant la venue du Messie:

« Or, un rameau sortira de la souche d'Ishay (Jessé), un rejeton poussera de ses racines… En ce jour-là, il y aura un rejeton d'Ishay (Jessé) qui se dressera comme la bannière des peuples ; les nations se tourneront vers lui, et sa résidence sera entourée de gloire ».(Isaïe 11:1)

C'est cette citation qui est interprétée par les Pères de l'Église : la  souche est alors figurée à partir du XIe siècle par un arbre, entrevu en songe par Jessé, et produisant un rejeton, Jésus fils de la Vierge.

La présence de l'Arbre généalogique de l'ascendance royale du Christ, au centre de la chapelle d'axe de la cathédrale (le haut-lieu spirituel de celle-ci, son extrémité orientale), entourée de la Vie de la Vierge et de la Vie de Jésus, résume en une proclamation symbolique l'histoire du Salut, débutée dans l'Ancien Testament et réalisée par l'Incarnation et la Rédemption.

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Sous des murailles fortifiées (Bethléem), la chambre de Jessé est figurée par une tenture rouge nouée. Jessé, sur son lit, la main sous le menton et le coude appuyé sur l'oreiller, lève les yeux vers sa vision. Il est coiffé d'un bonnet conique rouge. Le tronc de l'arbre s'élève depuis le centre névralgique de son bassin. Un lys, dans un vase, fait allusion à la virginité de Marie et au jeu de mots virga (tige) et virgo (vierge) qui est crucial dans la spiritualité du XIe siècle à l'égard de ce thème.

Le peintre Vincent-Larcher s'est inspiré des panneaux de Saint-Denis, Chartres et le Mans, mais a choisi de représenter Jessé les yeux ouverts, la tête levée.

 

      Basilique de Saint-Denis. 1144.            

saint-denis 9558cc  

Cathédrale de Chartres 1150

arbre-de-Jesse 6784c

Cathédrale du Mans 1235

arbre-de-jesse 1670cc

 

 

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Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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2°) Le roi David, fils de Jessé, jouant de la "rote". Vers 1220.

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À Saint-Denis et à Chartres, ou au Mans, ou à Beauvais, les rois n'ont pas d'attributs d'identification, et David ne tient pas l'instrument, habituellement la harpe, qui le désigne comme le compositeur des Psaumes. À Amiens en 1242, il tient un instrument à cordes pincées par un plectre (psalterion). Sur l'enluminure de la Bible historiale de Guiart des Moulins, il tient une harpe, mais ce manuscrit date de 1320-1330.

L'instrument à cordes frottées,avec sa forme biolobée et ses quatres ouies, dont joue ici le roi David, appuyé sur sa cuisse gauche,  avec un archer très long, , a été reconnu sous le nom de "rote" par E. de Coussemaker, et celui-ci en a donné la représentation en tête de son article. Il en donne un exemple sans manche à Amiens au XIIIe siècle entre les mains d'un vieillard de l'Apocalypse, un autre exemple avec manche et avec échancrure au Musée de Cologne au XIIe siècle, un autre enfin dans un manuscrit de Gand au XIVe siècle. 

Mais la rote est définiée autrement par le CNRL. L'instrumentarium de Chartres assimile la rote à une harpe-psaltérion, tout comme sur classic-intro.net.

Je reprends dans ma description le terme admis par Fichot, par J. Lafond et par les autres auteurs ayant analysé cette baie, mais sans le valider sur le plan de l'organologie moderne.

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E. de Coussemaker, Essais des instruments de musique au moyen âge. Annales archéologiques 1847. Didron aîné, t. VII, page 241

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Le roi David est assis dans l'axe du tronc de l'arbre paternel,  dans une mandorle rouge doublée de feuillage, et entouré de pampres dont les grappes se réfèrent à l'Eucharistie, et donc à la Rédemption.  Son manteau est rouge lie-de-vin sur une robe verte.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Comparaison :

Le Psautier d'Ingeburge de Danemark, reine de France date de 1215-1218. Au folio 14, un Arbre de Jessé est particulièrement intéressant à comparer avec celui-ci.  Cinq personnages sont représentés, Jessé, David et sa "rote", Salomon et sa harpe, la Vierge, et Jésus. Ils sont entourés de cinq prophètes et d'une prophéteresse (Sibylle), inspirés par une colombe. En haut à gauche, Isaïe tient le verset Ecce .... ad viden ...eum, peut-être lié à Isaïe 14 ecce virgo concepiet et pariet. La sibylle tient l'inscription Omnia cessabunt tellus confracta peribit, extrait des oracles sibyllins repris par Augustin dans la Cité de Dieu XVIII, XXIII.

 

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Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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3°) le roi Salomon, fils de David, jouant de la harpe. Vers 1220.

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Salomon, couronné et assis dans la même posture que son père. Le manteau est rouge, la robe est verte, comme pour David.

J'ai d'abord pensé, comme Arnaud, qu'il tenait  un stylet avec lequel il s'apprête à écrire sur un livre dont il tourne la page. Mais, par référence au psautier d'Ingeburge, je me range à l'avis de Jean Lafond : Salomon pincerait à l'aide d'un plectre les cordes d'une sorte de harpe.

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Selon Jean Lafond, "La robe verte et la main droite de Salomon sont refaites...Salomon, une cithare à la main [Arnaud avait vu « une tablette sur laquelle il écrit avec une plume » et Guilhermy « une harpe portative ». Dans le psautier d’Ingeburge, dont l' Arbre de Jessé est proche parent du nôtre (cf. la n. 2 de cette page), David joue de la rote et Salomon de la harpe. Reprod. dans Emile Mâle, L' art religieux du XIIIe siècle, p. 173.]"

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Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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4°) Un roi de Juda (Roboam fils de Salomon ?) tenant un sceptre. Vincent-Larcher 1869.

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Le peintre a repris les habits et postures des panneaux précédents.

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Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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5°) Un roi de Juda tenant un sceptre. Vincent-Larcher 1869.

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Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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6°) La Vierge, couronnée et tenant une palme. Vers 1220.

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Selon J. Laffond : " La robe verte de la sainte Vierge paraît avoir été réparée. La sainte Vierge portant une palme d’or [Comme dans l'Assomption des fenêtres hautes des cathédrales de Troyes et de Sens. Cf. Emile Mâle, L’art religieux du XIIIe siècle, p. 255.] "

 

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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7°) Le Christ, au nimbe crucifère, bénissant et tenant un livre . Vers 1220, livre restauré en 1869.

 

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Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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ANNEXE LES PANNEAUX CONSERVÉS AU VICTORIA & ALBERT MUSEUM DE LONDRES.

https://collections.vam.ac.uk/search/?id_material=AAT10797&page=1&page_size=15&q=troyes

J'ai téléchargé les clichés proposés par le musée, et j'ai copié après traduction une partie des commentaires qui les accompagnent.

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"Il me paraît certain que l'Arbre de Jessé décorait, à l’origine, la fenêtre centrale de la chapelle Notre-Dame, dont il complétait parfaitement le programme iconographique, comme l’a très bien vu Didron. Or, la largeur des panneaux conservés n’excède pas 0 m 59, tandis que la baie en question mesure l m 59. Entre ces panneaux et une bordure de 0 m 20 environ, il y avait donc place pour les prophètes qui accompagnent ordinairement les plus anciennes représentations de l' Arbre de Jessé. Arnaud a justement distingué, parmi « plusieurs figures rapportées, mais anciennes », qui garnissaient, de son temps, le bas du premier vitrail de Saint André (chapelle Saint-Nicolas), « le prophète Hahabuc, nimbé de vert, en robe blanche avec une écharpe bleue (son nom est écrit ainsi abacuc), et, en regard, une
autre figure nimbée de rouge, en robe blanche, manteau bleu avec une écharpe blanche (Arnaud 1839 page 176) »." (Jean Lafond)

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"Origines des panneaux de prophètes :
Au moment de l'acquisition, on pensait que ce panneau et d'autres de la collection du V&A (5A-E-1881 et 6-6E-1881) se trouvaient à l'origine dans les fenêtres de la Sainte Chapelle à Paris. Cette chapelle a été restaurée au XIXème siècle et certaines fenêtres médiévales ont été supprimées. Avant 1936, l'opinion a changé et on pensa alors que l'emplacement originel de ces panneaux était la cathédrale de Troyes, peut-être dans la chapelle axiale. En 1779 la fenêtre centrale de cette chapelle axiale avait été supprimée.

E. C. Pastan explique pourquoi les panneaux V&A proviennent de la fenêtre de Troyes :
1) les mesures correspondent à la hauteur des panneaux de Troyes
2) tout rentrerait dans la fenêtre axiale de la chapelle
3) tous les panneaux présentent des piqûres de corrosion similaires

La série de prophètes du V&A Museum sont associés  à la verrière  de Troyes depuis Grodecki (1958). Les dimensions des panneaux (65 x 36) s'intègrent parfaitement dans la fenêtre axiale et complètent les figures du centre. Cependant, les prophètes de cette série sont exécutés avec une variété de styles picturaux associés aux années 1220 et 1230. Cela suggère qu'ils ont été achevés à une certaine période et qu'ils proviennent probablement d'une ancienne rupture de la fabrication du verre." (V&A )

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Les neuf Prophètes. 

Ils se répondaient deux à deux dans des demi-médaillons en quadrilobes tournés soit vers la droite, soit vers la gauche. Les personnages sont entourés de phylactères dont certains portent encore le nom du titulaire. Ils vont par paires (par inversion des cartons), sauf pour deux d'entre eux : on peut donc penser que des panneaux ont été perdus et qu'ils étaient 11 ou 12 au départ, encadrant les 6 premiers panneaux centraux. Le Christ pouvait être entouré d'anges, comme sur le Psautier d'Ingeburge.

Un groupe de quatre panneaux 5, 5A, 5B et 5C-1881 ont les mêmes caractères stylistiques : les traits du visage sont fins et anguleux. Les lignes formant les sourcils et les orbites sont peintes en arcs pointus.

Ces caractéristiques et l'absence d'inscriptions sur leurs parchemins distinguent ce groupe des cinq autres panneaux  5D, 5E, 6, 6A et 6B-1881, qui ont une grosse fleur derrière eux, qui ont des traits du visage pleins et plus arrondis et portent des parchemins inscrits. .

 

1. Un prophète. Inv 5B-1881

https://collections.vam.ac.uk/item/O179051/prophet-from-a-tree-of-panel-unknown/


"Le prophète porte ici un parchemin sans inscription, il ne peut donc pas être identifié. Le style de peinture de cette figure est le même que celui des panneaux 5, 5A et 5C-1881. Les traits du visage sont fins et anguleux. Les lignes formant les sourcils et les orbites sont peintes en arcs pointus. Ces caractéristiques et l'absence d'inscriptions sur leurs parchemins distinguent ce groupe des autres panneaux de la série qui ont des traits du visage pleins et plus arrondis et portent des parchemins inscrits. La figure entière de ce panneau est l’inverse de celle du no. 5C-1881 indiquant qu'ils ont été réalisés à partir du même carton ou dessin de conception."
"Figure en pied d'un homme avec une tête pleine de cheveux longs et une barbe. Sa tête est entourée d'un halo composé de verre vert. Le personnage est de profil tourné vers le côté droit du panneau. Son bras gauche repose sur sa poitrine et son bras et sa main droits tiennent un parchemin. Il porte une tunique violet-marron sur laquelle se trouve un vêtement blanc drapé sur son corps et sur son épaule droite. Le personnage porte des bottes ou des bas verts. Il tient dans sa main droite un long parchemin noir qui est tendu sur son corps. Le rouleau est composé de verre jaune avec une épaisse couche de pigment noir mat qui a été grattée avec un stylet fin pour révéler une frise florale (rinceaux).
La figurine est placée dans un demi-quadrilobe. Son pied gauche repose sur le bord intérieur inférieur du quadrilobe et son pied droit est placé sur le bord intérieur inférieur du quadrilobe. Il y a des gerbes florales de verre bleu, vert, jaune et clair dans les écoinçons supérieur et inférieur du quadrilobe. Sur la gauche du panneau se trouve une bordure verticale de gerbes florales composées de verre clair et brun. Ce motif floral de bordure est brisé en son milieu où il est découpé par la saillie gauche du quadrilobe."

Parmi les prophètes incontournables d'un Arbre de Jessé vient Jérémie

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2. AARON. Inv. 6-1881

https://collections.vam.ac.uk/item/O69202/prophet-from-a-tree-of-panel/

"Le prophète ici peut être identifié par le nom « AARON » inscrit sur son parchemin. Aaron était le frère du patriarche et prophète de l'Ancien Testament Moïse. Aaron accompagne souvent son frère dans les Arbres de Jessé. Le style de peinture de cette figure est le même que celui des panneaux 5D-E et 6A-B-1881. Les traits du visage sont pleins et arrondis. Les sourcils sont lourds et les yeux et les pupilles sont grands. Le vêtement épouse la forme du corps. Les cheveux des personnages sont raides et non bouclés. Ces personnages sont identifiés par leurs rouleaux inscrits, ont une grande fleur à tige dans le demi-quadrilobe dans lequel ils se tiennent et il n'y a pas de petites sections de sol entre leurs pieds. Tous ces traits distinguent ce groupe de prophètes de l'autre groupe (5 à 5C-1881). La figure entière de ce panneau est l’inverse de celle du no. 5E-1881 indiquant qu'ils ont été réalisés à partir du même carton ou dessin de conception."

N.B.  David Critchley me fait remarquer "le  lien étroit entre l’iconographie de l'Arbre de Jessé et l’Office de la Nativité de la Vierge, surtout avec l’homélie de St Fulbert, Approbatae consuetudinis, dans laquelle il affirme la double descendance de la Vierge, et de la tribu de David, et de la famille de Aaron. Pour en savoir plus, on peut recourir à The Virgin of Chartres, par Margot E Fassler, Yale 2010."

Cette piste me permet de constater la présence d'Aaron dans la cathédrale de Chartres :

1°) sur les verrières hautes de l'absidiole de la cathédrale de Chartres (les plus visibles au visiteur juste dans l'axe ouest-est) : Cesvitraux, visibles sans aucune obstruction a travers le choeur et la nef, étaient le point de convergence de tout l’intérieur de la cathédrale de Chartres. Dans le panneau central (n° 100, fig. 1), trône la Vierge Marie, mere du Christ, qui est assis sur ses genoux. En dessous sont représentées la Visitation et l’Annonciation, principaux épisodes conduisant a la naissance miraculeuse du Sauveur. Les quatre panneaux adjacents a gauche (n° 101, 103), et a droite (n° 102, 104), sont occupés par des séraphins et des chérubins en adoration et accompagnés par les figures de Moise, Aaron et David et par les prophetes Isaie, Jérémie, Ézéchiel et Daniel, tous personnages considérés comme préfigurant la naissance du Messie.

2°) sur le portail nord :  " La baie centrale représente, dans le tympan, le Couronnement de la Vierge et, sur le trumeau, Anne, mère de Marie. La porte est entourée de dix statues représentant des personnages de l'Ancien testament qui ont figuré ou prophétisé la naissance de Jésus-Christ et les événements de sa vie, soit de gauche à droite, sur l'ébrasement de gauche : Melchisédech, Abraham, Moïse, Samuel ou Aaron, enfin David, et sur l'ébrasement de droite : Isaïe au-dessus de Jessé endormi, Jérémie, Siméon, Jean-Baptiste et saint Pierre."

 

 

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3.  MOÏSE. Inv. 5A-1881.

Inscription MOIS  : Le texte est gravé de manière particulière ici. Soit le « M » est à l'envers, soit le nom a été écrit à l'envers. Dans ce dernier cas, alors le « S » est à l'envers.

 

"Moïse peut être identifié ici grâce aux cornes qui sortent de sa tête. Cette convention consistant à représenter Moïse avec des cornes a commencé au XIIe siècle à la suite d'une mauvaise lecture d'un passage du livre de l'Exode de l'Ancien Testament (34 : 30). Dans ce récit, Moïse descend du Mont Sinaï avec les Dix Commandements, le visage rayonnant. Ce passage a été mal interprété car son visage était « cornu ». De plus, le personnage tient un parchemin sur lequel figure le nom « MOIS » pour « Moïse ». Ce rouleau est une restauration ultérieure, probablement médiévale, et l'original aurait été simplement un long rouleau noir avec un motif de rinceaux blanc comme on le voit dans le prophète qui l'accompagne (5-1881).

Le style de peinture de cette figure est le même que celui des panneaux 5, 5B et 5C-1881. Les traits du visage sont fins et anguleux. Les lignes formant les sourcils et les orbites sont peintes en arcs pointus. Ces caractéristiques distinguent ce groupe des autres panneaux de la série qui ont des traits du visage pleins et plus arrondis et portent des volutes inscrites. La figure entière de ce panneau est l’inverse de celle du no. 5-1881 indiquant qu'ils ont été réalisés à partir du même dessin animé ou dessin de conception."

 

"Figure en pied d'un homme avec une tête pleine de cheveux longs et une barbe. Sa tête est entourée d'un halo composé de verre flashé rouge. Le personnage est de profil tourné vers le côté gauche du panneau. Son bras et sa main gauche sont levés et pointent vers la gauche. Il porte une chemise marron. Il tient un châle blanc sur son bras droit qui tourbillonne devant lui vers le côté droit du panneau. Le personnage porte des bottes ou des bas jaunes. Il tient dans sa main gauche un parchemin vert qui pend droit à côté de morceaux de verre transparent placés verticalement qui forment la bordure du côté droit du panneau. Le rouleau est composé de verre vert avec une épaisse couche de pigment noir mat qui a été grattée avec un stylet fin pour révéler le mot « MOIS » au revers. Ceci et la « corne » qui se trouve au-dessus de son oreille gauche l'identifient comme étant le prophète Moïse. Cet attribut traditionnel mais inexact du prophète de l'Ancien Testament dans l'art européen est né d'une mauvaise traduction du mot hébreu signifiant « rayons de lumière », faisant référence à l'apparence radieuse de Moïse lorsqu'il descendit du mont Sinaï.

La figurine est placée dans un demi-quadrilobe. Son pied droit repose sur la bordure intérieure inférieure du quadrilobe et son pied gauche est placé sur la bordure intérieure inférieure du quadrilobe. Il y a des gerbes florales de verre bleu, vert, marron, jaune et transparent dans les écoinçons supérieurs et inférieurs. du quadrilobe Sur la droite du panneau se trouve une bordure verticale de gerbes florales composées de verre clair et brun. Ce motif floral de bordure est brisé en son milieu où il est découpé par la saillie gauche du quadrilobe."

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4. Le prophète Ézéchiel. Inv. 5D-1881.

 

"Figure en pied d'un homme avec une tête pleine de cheveux longs et une barbe. Sa tête est entourée d'un halo composé de verre flashé rouge. Le personnage est de profil tourné vers le côté droit du panneau. Son bras et sa main droits sont levés et pointent vers la droite. Il porte un manteau marron sur une tunique blanche. Le manteau pend sur son épaule gauche et tourbillonne légèrement devant lui, à droite du panneau. Le personnage porte des bottes ou des bas verts. Il tient dans sa main gauche un parchemin qui traverse son corps et s'étend vers la gauche du panneau. Le parchemin est composé de verre jaune avec une épaisse couche de pigment noir mat qui a été grattée avec un stylet fin pour révéler les lettres :
E Z E C H U E L bordé en haut et en bas."

"La figurine est placée dans un demi-quadrilobe. Son pied gauche repose sur le bord intérieur inférieur du quadrilobe et son pied droit est placé derrière le bord intérieur inférieur du quadrilobe et n'est pas visible. Il y a des gerbes florales de verre bleu, vert, jaune et clair dans les écoinçons supérieur et inférieur du quadrilobe. Sur la gauche du panneau se trouve une bordure verticale de gerbes florales composées de verre clair, vert et brun. Ce motif floral de bordure est brisé en son milieu où il est découpé par la saillie gauche du quadrilobe."

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5. Le prophète Daniel. Inv. 5E-1881

"Le prophète ici peut être identifié par le nom DANIEL (à l'envers). Il a vécu au 6ème siècle avant JC et ses prophéties sont consignées dans le livre de Daniel de l'Ancien Testament. Ses visions étaient liées à l'établissement du Royaume messianique et sont donc intimement associées à la généalogie de Jésus-Christ.

Le style de peinture de cette figure est le même que celui des panneaux 5D et 6 à 6B-1881. Les traits du visage sont pleins et arrondis. Les sourcils sont lourds et les yeux et les pupilles sont grands. Le vêtement épouse la forme du corps. Les cheveux des personnages sont raides et non bouclés. Ces personnages sont identifiés par leurs rouleaux inscrits, ont une grande fleur à tige dans le demi-quadrilobe dans lequel ils se tiennent et il n'y a pas de petites sections de sol entre leurs pieds. Tous ces traits distinguent ce groupe de prophètes de l'autre groupe (5 à 5C-1881). La figure entière de ce panneau est l’inverse de celle du no. 6-1881 indiquant qu'ils ont été réalisés à partir du même carton ou dessin de conception."

 

"Figure en pied d'un homme avec une tête pleine de cheveux longs, imberbe. Sa tête est entourée d'un halo composé de verre flashé rouge. Le personnage est de profil tourné vers le côté gauche du panneau. Son bras et sa main droits sont levés et pointent vers l'avant. Il porte un manteau jaune sur une tunique verte. Le manteau pend sur son épaule gauche et tourbillonne légèrement sur sa gauche et vers le côté droit du panneau. Le personnage porte des bottes ou des bas jaunes. Il tient dans sa main gauche un parchemin qui traverse son corps et s'étend vers la gauche du panneau. Le parchemin est composé de verre brun violet avec une épaisse couche de pigment noir mat qui a été grattée avec un stylet fin pour révéler les lettres : D A N I E L (au revers) bordé en haut et en bas.

La figurine est placée dans un demi-quadrilobe. Son pied droit repose sur le bord supérieur du quadrilobe et son pied gauche est placé sur le bord intérieur inférieur du quadrilobe. Il y a des gerbes florales de verre bleu, jaune et clair dans les écoinçons supérieur et inférieur du quadrilobe. "

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6.Le prophète "ROBOAN" (sic). Inv. 6C-1881

 

"Figure en pied d'un homme avec une tête pleine de cheveux longs et imberbe. Sa tête est entourée d'un halo composé de verre transparent. Le personnage est de profil tourné vers le côté gauche du panneau. Il porte un manteau jaune sur une tunique verte. Le manteau pend sur son épaule gauche. Le personnage porte des bottes ou des bas jaunes. Un parchemin est drapé sur son corps et il le tient dans le creux de son coude droit. Sa main gauche est abaissée et repose sur l'extrémité inférieure du parchemin. Le parchemin est composé de verre transparent avec une épaisse couche de pigment noir mat qui a été grattée avec un stylet fin pour révéler les lettres : ROBOAN PROPHETAS bordé en haut et en bas.

La figurine est placée dans un demi-quadrilobe. Son pied droit repose sur la bordure inférieure du quadrilobe et son pied gauche est placé sur la partie médiane de la bordure du quadrilobe.

 

Le prophète ici peut être identifié par le nom de « Roboan ». Il n'y avait pas de prophète de ce nom mais il y avait un roi de Juda  Roboam qui est représenté dans certaines représentations de l'Arbre de Jessé, y compris celles anglaises du 14ème siècle. On ne sait pas pourquoi le roi Roboam serait représenté comme un prophète et il est probable que le personnage n'ait pas été correctement identifié.

Le style de peinture de cette figure ressemble beaucoup à celui des séries de prophètes 5 à 5C-1881, mais la figure est plus robuste dans sa forme, comme on le voit dans les autres séries (5D-E et 6-C-1881). La plupart des figures de prophètes de cette collection sont des paires, sont des images miroir les unes des autres, ce qui indique que chaque paire a été réalisée à partir du même dessin animé ou dessin. 5D et 6C-1881 sont des exceptions et il est probable qu'il y en avait à l'origine une paire pour chacun.
 

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7. Un prophète. Inv 5C-1881.

"Le prophète porte ici un parchemin sans inscription, il ne peut donc pas être identifié. Le style de peinture de cette figure est le même que celui des panneaux 5 à 5B-1881. Les traits du visage sont fins et anguleux. Les lignes formant les sourcils et les orbites sont peintes en arcs pointus. Ces caractéristiques et l'absence d'inscriptions sur leurs parchemins distinguent ce groupe des autres panneaux de la série qui ont des traits du visage pleins et plus arrondis et portent des parchemins inscrits. La figure entière de ce panneau est l’inverse de celle du no. 5B-1881 indiquant qu'ils ont été réalisés à partir du même carton ou dessin de conception."

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8. Un prophète. Inv 5-1881.

" Figure en pied d'un homme avec une tête pleine de cheveux longs et une barbe. Sa tête est entourée d'un halo composé de verre jaune. Le personnage est de profil tourné vers le côté droit du panneau. Son bras et sa main droits sont levés et pointent vers la droite. Il porte un surmanteau vert sur une tunique verte. Il tient un châle marron sur son bras gauche qui tourbillonne derrière lui vers le côté gauche du panneau. Le personnage porte des bottes ou des bas jaunes. Il tient dans sa main gauche un parchemin noir qui pend droit à côté de morceaux de verre transparent placés verticalement qui forment la bordure du côté droit du panneau. Le rouleau est composé de verre transparent avec une épaisse couche de pigment noir mat qui a été grattée avec un stylet fin pour révéler une frise florale.
La figurine est placée dans un demi-quadrilobe. Son pied gauche repose sur le bord intérieur inférieur du quadrilobe et son pied droit est placé sur le bord intérieur inférieur du quadrilobe. Il y a des gerbes florales de verre bleu, vert et clair dans les écoinçons supérieur et inférieur du quadrilobe. Sur la gauche du panneau se trouve une bordure verticale de gerbes florales composées de verre clair, vert et brun. Ce motif floral de bordure est brisé en son milieu où il est découpé par la saillie gauche du quadrilobe.

Le prophète porte ici un parchemin sans inscription, il ne peut donc pas être identifié. Le style de peinture de cette figure est le même que celui des panneaux 5A à 5C-1881. Les traits du visage sont fins et anguleux. Les lignes formant les sourcils et les orbites sont peintes en arcs pointus. Ces caractéristiques et l'absence d'inscriptions sur leurs parchemins distinguent ce groupe des autres panneaux de la série qui ont des traits du visage pleins et plus arrondis et portent des parchemins inscrits. La figure entière de ce panneau est l’inverse de celle du no. 5A-1881 indiquant qu'ils ont été réalisés à partir du même carton ou dessin de conception."

 

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9. Le prophète Helpas (sic). Inv 6B-1881.

"Figure en pied d'un homme avec une tête pleine de cheveux longs et une barbe. Sa tête est entourée d'un halo composé de verre flashé rouge. Le personnage est de profil tourné vers le côté droit du panneau. Son bras et sa main droits sont levés et pointent vers la droite. Il porte un manteau marron sur une tunique verte. Le manteau pend sur son épaule gauche. Le personnage porte des bottes ou des bas jaunes. Il tient dans sa main gauche un parchemin qui traverse son corps et s'étend vers la gauche du panneau. Le parchemin est composé de verre jaune avec une épaisse couche de pigment noir mat qui a été grattée avec un stylet fin pour révéler les lettres : HELPAS bordé en haut et en bas.

La figurine est placée dans un demi-quadrilobe. Son pied gauche repose sur le bord intérieur inférieur du quadrilobe et son pied droit est placé derrière le bord intérieur inférieur du quadrilobe et n'est pas visible."

"Le prophète ici peut être identifié sous le nom de « HELPAS ». Nous savons qu'il doit être un prophète en raison de la façon dont il est représenté et de son association avec un arbre de Jessé. Cependant, aucun prophète du nain de « Helpas » n’a existé et il est possible que le rouleau ait été modifié.

Le style de peinture de cette figure est le même que celui des panneaux 5D-E et 6 à 6A-1881. Les traits du visage sont pleins et arrondis. Les sourcils sont lourds et les yeux et les pupilles sont grands. Le vêtement épouse la forme du corps. Les cheveux des personnages sont raides et non bouclés. Ces personnages sont identifiés par leurs rouleaux inscrits, ont une grande fleur à tige dans le demi-quadrilobe dans lequel ils se tiennent et il n'y a pas de petites sections de sol entre leurs pieds. Tous ces traits distinguent ce groupe de prophètes de l'autre groupe (5 à 5C-1881). La plupart des figures de prophètes de cette collection sont des paires, sont des images miroir les unes des autres, ce qui indique que chaque paire a été réalisée à partir du même dessin animé ou dessin. La figure entière de ce panneau est l’inverse de celle du no. 6A-1881 indiquant qu'ils ont été réalisés à partir du même carton ou dessin de conception."

Il faut sans doute lire HELYAS, désignant le prophète Elias ou Elie. (Merci à David Critchley)

Voir sur cette graphie HELYAS : 

https://theindex.princeton.edu/s/view/ViewWorkOfArt.action?id=7BDEF0A4-B525-4B0B-A43F-3F559DFCD749

https://theindex.princeton.edu/s/view/ViewWorkOfArt.action?id=A393644B-C258-4620-8543-CD549E68BD75

 

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LES ROIS.

Deux autres panneaux du musée (Mus.nos. 6D et 6E-1881) représentent des rois depuis une verrière de « l'arbre de Jessé », mais ne faisaient pas à l'origine partie de cette série de panneaux de prophètes.

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SOURCES ET LIENS.

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— ARNAUD (Anne-François), 1837, Voyage archéologique et pittoresque dans le département de l'Aube, Troyes page 160.

https://books.google.fr/books/about/Voyage_arch%C3%A9ologique_et_pittoresque_dan.html?hl=fr&id=joPE2XpCkkgC&redir_esc=y

— BIVER (Paul), 1908-1935, L'École troyenne de peinture sur verre. Non consulté.

— COFFINET (Abbé Jean-Baptiste), 1858, Les peintres-verriers de Troyes pendant trois siècles depuis 1375 jusqu'à 1690 "Peintres-verriers. Nomenclature des peintres-verriers de Troyes depuis 1375 jusqu'à 1690". Annales archéologiques, 1858, t. 18, p. 212-224.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f153.item

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f250.item

— CORBLET (Abbé), 1860, 'Etude iconographique sur l'Arbre de Jessé', Revue de l'Art chrétien 

— FICHOT (Charles), 1889, Statistique monumentale du département de l'Aube page 341

https://www.google.fr/books/edition/Statistique_monumentale_du_d%C3%A9partement/-6jnG1emOHgC?hl=fr&gbpv=1&dq=civitas+ninive&pg=PA220&printsec=frontcover

— GRODECKI (Louis), 1958 "De 1200 a 1260", in M. Aubert et al., Le vitrail francais, Paris, 1958

— GRODECKI (Louis),  C. Brisac, 1985  Gothic Stained Glass, 1200-1300, trans. B. D. Boehm, Ithaca, 1985

— GRODECKI (Louis),1976, Les Vitraux de Saint-Denis, I, Centre National de la Recherche Scientifique, Paris, 1976

—  JUBAINVILLE (Henri d'Arbois de), 1862, "Documents relatifs aux travaux de construction faits à la cathédrale de Troyes pendant les XIIIe, XIVe et XVe siècles" [second article].Bibliothèque de l'École des chartes  Année 1862  23  pp. 393-423

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_445819

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_461956

— LAFOND (Jean) 1955, "Les vitraux de la cathédrale Saint-Pierre de Troyes". In Société française d'archéologie, éd. Congrès archéologique de France : 113e session, Troyes, 1955. Orléans ; Nogent-le-Rotrou, 1957, p. 43-44.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32099177/f59.item

— LAFOND (Jean),1911, 'l'Etude historique de l'Arbre de Jessé demanderait une longue et minutieuse enquete, qui ne lasserait de coté nul exemple, nul petit détail', Bulletin de la Societé des Amis des Monuments rouennais

— LEDIT (Charles-J. Abbé) 1948,  Les Hautes verrières de la cathédrale de Troyes, préfacées par S. E. Mgr Julien Le Couedic,.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3339359k.texteImage?lang=FR

— LIEZ (Jean-Luc), 2022, "Regard(s) sur l’héraldique à Troyes au XVIe siècle". ffhal-03940420f

https://hal.science/hal-03940420/document

— MÂLE (Emile), 1928, "L'Art religieux du XIIe siecle en France", 3e ed, Paris: Colin, 1928, pp.141-7, 168-75

— MÂLE (Emile),1922 L'Art religieux de la fin du Moyen Age en France, 2nd ed, Paris: Colin, 1922, p.82

—MARSAT (André), ‎Charles J. Ledit, ‎Angelico Surchamp · 1972 Cathédrale de Troyes, les vitraux

— MINOIS (Danielle), 2005 Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560) .Sorbonne Université presses Corpus vitrearum France Etudes VI, 1 vol. (475 p.-XXIV p. de pl.) : ill. en noir et en coul., jaquette ill. en coul. ; 33 cm

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— MINOIS (Danielle), 2003,La peinture sur verre à Troyes à la fin du Moyen Age thèse d'histoire de l'art Paris IV sous la direction de Fabienne Joubert et Michel Hérald, 

— MOREL-PAYEN (Lucien) 1910 , Troyes et Provins (les villes d’art célèbres). — Paris, Laurens, 1910

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 Camille Georges Picavet, L. Morel-Payen. — Troyes et Provins (les villes d’art célèbres). — Paris, Laurens, 1910 [compte-rendu] Revue internationale de l'enseignement  Année 1911  61  pp. 87-88

https://education.persee.fr/doc/revin_1775-6014_1911_num_61_1_8939_t1_0087_0000_2

— MOREL-PAYEN (Lucien) sd, Guide-Souvenir de la cathédrale de Troyes  Troyes, Imp. L. Droin, -
 

—PASTAN (Élisabeth C.), 1986 "The Early Stained Glass of Troyes Cathedral: The Ambulatory Chapel Glazing, c.1200-1240", (Dissertation, Brown University, Providence, RI, 1986)

—PASTAN (Élisabeth C.), 1990, Restoring the Stained Glass of Troyes Cathedral: The Ambiguous Legacy of Viollet-le-Duc", Gesta, XXXIX (1990), pp.155-166

—PASTAN (Élisabeth C.), 1994, "Iam hereticos quan Judaeos: Shifting Symbols in the Glazing of Troyes Caqthedral," Word & Image, 10 (1994), pp.66-83

—PASTAN (Élisabeth C.),  1994, "Process and Patronage in the Decorative Arts of the Early Campaigns of Troyes Cathedral, ca. 1200-1200s", Journal of the Society of Architectural Historians, LIII (1994), pp.215-231

—PASTAN (Élisabeth C.), 1998"And he shall gather together the dispersed: The Tree of Jesse at Troyes Cathedral", Gesta, vol.37, no.2 (1998), pp.232-9

 

—PASTAN (Élisabeth C.), 2000 "The Tree of Jesse at Troyes Cathedral", in Stained Glass as Monumental Painting (XIXthe International Cooloquium, CVMA, Krakow 1998), Cracow, 2000, pp.55-65

—PASTAN (Élisabeth Carson),  BALCON (Sylvie), 2006,  "Les vitraux du chœur de la cathédrale de Troyes (xiiie siècle)", Paris, Cths, coll. « Corpus vitrearum - France II », 2006, 539 p.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2010_num_168_3_7592_t19_0308_0000_1

— PIGEOTTE (Léon),1870, Étude sur les travaux d'achévement de la cathédrale de Troyes de 1450 à 1630, Paris, Librairie archéologique de Didron, page 47.

https://archive.org/details/etudesurlestrava00pigeuoft/page/46/mode/2up

—RAGUIN (V.C.) 1982, Stained Glass in Thirteenth-century Burgundy, Princeton, 1982

—RAGUIN (Virgina C.) Madeline Caviness, 'Another Dispersed Window from Soisssons: A Tree of Jesse in the Sainte-Chapelle Style'. Gesta, XX (1981), pp.191-198

— RIVIALE (Laurence),  "Danielle Minois, Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560). Paris, P.U.P.S., 2005, 475 p. (Corpus vitrearum France, études VI)." In: Bulletin Monumental, tome 166, n°1, année 2008. La galerie à Paris (XIVe-XVIIe siècle) pp. 85-86.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— ROSEROT DE MELIN (J.) 1970, Bibliographie commentée des sources d'une histoire de la cathédrale de Troyes, 2 vols.(Troyes, 1966-1970)

— TRIDON (Abbé), 1866,  Visite de la cathédrale de Troyes

http://bibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/fa6e003ba720fd499741406274f973dd.pdf

— SITES

Victoria & Albert Museum:

https://collections.vam.ac.uk/search/?id_material=AAT10797&page=1&page_size=15&q=troyes

Archives de la cathédrale de Troyes :

https://www.google.fr/books/edition/INVENTAIRE_SOMMAIRE_DES_ARCHIVES_DEPARTE/RZcNAAAAQAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=%22la+Mosl%C3%A9e%22&pg=PA315&printsec=frontcoverhttps://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Troyes/Troyes-Saint-Pierre-et-Saint-Paul.htm

Inventaire :

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000340

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https://abedehem.blogspot.com/2016/11/des-troyens-en-champagne.html

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux : Troyes. Arbre de Jessé Vitraux Arbre de Jessé. Troyes
11 mars 2024 1 11 /03 /mars /2024 11:47

Les vitraux de la nef de la cathédrale de Troyes : les baies 134 et 234 de l'Histoire de Joseph fils de Jacob, réalisées en 1500, don en 1499 d'Agnès Bonjean, veuve de Jehan Thévenin (écuyer et notaire royal à Troyes). Armoiries  et monogrammes.

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Voir sur les verrières hautes de la nef  de la cathédrale de Troyes :

 

 

 

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PRÉSENTATION GÉNÉRALE.

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Avec 1 500 m² de verrières, allant du XIIIe au XIXe siècle, la cathédrale de Troyes est   l’un des plus vitrées de France.  Elle possède un triforium totalement vitré, (situé à mi-hauteur et qui fait le tour du bâtiment), ce qui est assez exceptionnel. Les vitraux de la cathédrale de Troyes sont considérés comme une œuvre majeure de la peinture sur verre en France. 

 

Les 20 verrières hautes de la nef forment un ensemble homogène. Elles ont été réalisées entre 1498 et 1505 par plusieurs peintres-verriers  dont le nom de certains sont connus (Pierre Maçon, Jean Verrat, Balthasar Godon, Lievin Varin et le cartonnier Nicolas Cordonnier). Parmi les 66 « verriers » recensés dans les archives entre 1470 et 1560, 37 peuvent être considérés comme des peintres verriers. Regroupés autour de la collégiale Saint- Urbain, ils travaillaient au sein de structures familiales et fondaient des dynasties, comme les Verrat ou les Macadré. Leur atelier était une petite structure dirigée par un peintre verrier qui n’employait qu’un ou deux serviteurs, selon ses moyens, comme on le voit à Paris et en Provence (D. Minois).

Selon le rédacteur de la notice de l'Inventaire, rédigée en 1999, "Leur iconographie répond à la seule volonté des multiples donateurs. Leur véritable lien provient plus de la technique que du style : les peintres-verriers ont mis l'accent sur la lisibilité des compositions (larges registres de scènes, mise en valeur des faits et gestes des personnages par la réduction du rôle de l'architecture et des arrières-plans, modelé très appuyé, absence de chef-d'oeuvre et de gravure sauf dans la baie 233). Certains aspects rappellent les vitraux du milieu du 13e siècle des parties hautes du choeur : la gamme colorée très vive avec barbes et cheveux en pleine couleur, la mise en plomb des yeux de certains personnages, les fonds de mosaïque. Si la Renaissance italienne ne s'y fait pas encore sentir, Jean Lafond reconnaît une influence venue de l'est dans la verrière de saint Pierre (notamment l'atelier strasbourgeois de Pierre d'Andlau). Pour Emile Mâle, la présence dans ces verrières d'une forte veine d'inspiration populaire évoque l'imagerie d'Epinal."

Au contraire, Danielle Minois (2003 ; 2005) souligne la cohérence de ces ensembles qui illustrent en un discours argumenté et savant l’histoire du salut. "Seul un clergé cultivé a pu élaborer ces programmes ; il l’a donc imposé aux donateurs qui l’ont financé. Parce que « le choix des sujets des verrières posées dans les églises est un reflet de la vie intellectuelle et religieuse », elle signale en outre les réactions des commanditaires face à la Réforme à travers les thèmes choisis, surtout après 1550 : l’histoire de Daniel ou de Tobie, la légende de l’hostie profanée. Elle montre comment les mêmes thèmes peuvent changer de sens face à un climat de remise en cause de l’Église romaine." (L. Rivale)

Ces 20 verrières hautes de la nef se répartissent entre les baies du triforium (galerie à trois arcades entre chaque travée), qui portent les numéros 127 à 136, et, au dessus de celles-ci, les baies hautes homologues portant les numéros 227 à 236. Selon la numérotation internationale des vitraux, les baies nord portent un numéro impair et les baies sud un numéro pair.

 

 

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Nous avons donc ainsi :

a) du côté nord, depuis le transept vers le fond de la nef :

-baies 127 et 227 : Saints ; vie de saint Pierre.  réalisée en 1502, don d'Henri II de Lorraine Vaudémont, évêque de Metz ;

-baies 129 et 229 : Histoire de Tobie. 1500 ; don de Jean Fuestot l'Aîné (marchand et bourgeois de Troyes dans l'Aube) et de Denise Chappelain sa femme. Monogramme [du peintre verrier en tête de lancette de la baie 129].

-131 et 231 : Adoration des mages, et Histoire de Job. Don de Jeanne de Mesgrigny veuve de Jean Molé. 1501. Inscription et armoiries. Monogramme d'un verrier au tympan.

-133 et 233 : légende de saint Sébastien ; réalisée en 1501 par Lievin Varin, don de la confrérie de saint Sébastien .

- 135 et 235 : Légende de la Vraie Croix ; réalisées entre 1501 et 1502 par Jean Verrat, don de Claude Dorigny, veuve de Jean Péricard. Armoiriesidentifiées. Monogrammes. Très restaurées au XIXe.

b) du côté sud :

-baies 128 et 228 : Calvaire ; saints et saintes. 1499 ; peintre-verrier Balthazar Godon ; armoiries (identifiées) : Jean Huyard chanoine de la cathédrale, et Guillaume Huyard avocat du roi à Troyes 

-baies 130 et 230 : Arbre de Jessé. Verrières réalisées par Lievin Varin entre 1498 et 1499, don de Jean de Marisy et Guillemette Phélipe sa femme. En baie 230, toute la famille de Jean de Marisy et de Guillemette Phélipe (ses frères, ses 9 filles et belles-filles) est représentée au bas de cette verrière. Armoiries.

-baies 132 et 232 :  Annonciation et Nativité. Parabole du Fils Prodigue. Don de Guillaume Molé et Simone Boucherat , 1499.  Réalisée en 1499 peut-être par Pierre I maçon (inscription ne notant que son prénom). Armoiries identifiées, devise "en attendant", monogrammes [du verrier]

-baies 134 et 234 : Vie de Joseph fils de Jacob ; réalisée en 1499, don d'Agnès Bonjean, veuve de Jehan Thévenin (écuyer et notaire royal à Troyes) son mari . Armoiries identifiées et monogrammes en baie 134. Inscription mentionnant le commanditaire et la date en baie 234.

-baies 136 et 236 : Histoire de Suzanne et du prophète Daniel ; réalisées en 1499 , don de Jean Coiffart, marchand de Troyes et de Marguerite, sa femme (inscription) ; les vitraux du 15e siècle du triforium (baie 136) ont disparu et sont remplacés par des vitraux du 20e siècle sur le thème de l'histoire de Daniel.

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Le monogramme du donateur Jean Thévenin ?

Dans le tympan de la baie 134, quatre monogrammes à type de lettres entrelacées peuvent se lire JT, ou JC voire JCT. Ces initiales sont proches de celles des baies 136 et 236 , mais où je lis plutôt JC. Dans les deux cas, ces initiales ne correspondent à aucun des peintres-verriers de Troyes dont les noms ont été relevés par J.B Coffinet, mais bien à celles des donateurs : Jean Thévenin pour les baies 134 et 234, Jean Coiffart dans les baies 136 et 236. Par contre, la ressemblance entre ces monogrammes, amènent à postuler un peintre-verrier commun, mais anonyme. 

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Les monogrammes que je suis amené à attribuer, après Coffinet, aux peintres-verriers, en baies 129 et 131 par exemple, sont bien différents, sans lettres réunies, mais asociant , comme les marques professionnelles (tailleurs de pierre), des chevrons VV et une sorte de clef.

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Inscription de donation, datation (1499) et donatrice (Agnès, veuve Thévenin).

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Comme sur les autres baies voisines, une inscription en lettres gothiques court en bas des six lancettes:

AGNES VESVE DE FEV JEHÃ[N] THEVENI[N] EN SO[N] VIVA[N]T ESCVIER ET NOTAIRE ROYAL A TROYES A DONNEE CESTE VERRIERE L'AN MI JJJJcc JJJJxx ET XI. PRIE DIEV POVR ELLE.

 

La donatrice  sera présentée lors de la description du panneau qui la représente, ainsi que ses armoiries.

Datation du vitrail : Selon Danielle Minois, une verrière est réalisée l'an qui suit sa donation, soit donc ici 1500.

Cette verrière n'est pas mentionnée dans les comptes de la cathédrale.

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Description.

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Les baies 134 (triforium) et 234 occupent la deuxième travée de la nef  côté sud. 

La baie 234, avec six lancettes réunies deux à deux sous deux mouchettes, et un tympan à treize ajours et écoinçons, mesure 10 m de haut et  6 m de large.

La baie 134, en dessous, au triforium, avec ses six lancettes réunies deux à deux sous un tympan à deux mouchettes et un soufflet, mesure 3, 50 m de haut et 6 m. de large.

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Le sujet et ses rapport avec le théâtre religieux, et les enluminures.

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L'histoire de Joseph est un véritable roman familial qui termine le Livre de la Genèse du chapitre 37 au chapitre 50, et qui suit la geste de Jacob (Gn. 25-36). 

Rappel :

Jacob a eu de Léa six fils, Ruben, Siméon, Lévi, Issachar et Zabulon.

Puis Jacob a eu de Rachel, sa femme préférée, deux fils, Joseph et Benjamin, puis Rachel est morte.

Il eut aussi de servantes ou concubines Dan et Nephtali, par Bilha, et Gad et Asser par Zilpa.

Ces douze fils seront les ancêtres des "douze tribus d'Israël" (autre nom de Jacob).

Fils préféré de Jacob, Joseph devient la cible de l’hostilité de ses onze demi-frères , d'autant qu'il leur raconte ses rêves où ces derniers se prosternent devant lui . Jaloux, ils l'abandonnent au fond d'un puits et présentent à Jacob sa tunique ensanglanté comme preuve de son décès accidentel. Sauvé mais vendu comme  esclave en Egypte, il devient l' intendant de Putiphar, officier du roi, mais il résiste aux avances de sa femme et est emprisonné. Mais grâce à son talent d'interprétation de rêves du Pharaon, il devient premier ministre, sauve l’Égypte et finit par retrouver les siens.

Les Pères de l'Église ont vu en Joseph une préfiguration du Christ (innocent sacrifié, trahi, mais sauvant les siens), ou un exemple de vertu malgré les épreuves.

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Le Mistère du Vieil Testament par personnages , de 49 000 vers, qui fut joué à Paris en 1500 , et dont nous avons vu qu'il pouvait avoir inspiré plusieurs verrières de Troyes (La Patience de Job, l'Histoire de Daniel et de la chaste Suzanne, l'histoire de Tobie) consacre 8000 vers à l'Histoire de Joseph, sous le titre de "Mistère de Joseph", "Moralité de Joseph"  ou de "La Vendition de Joseph". Les manuscrits de ce Mistère du Vieil Testament sont perdus. Nous ignorons si le drame de Joseph a été joué à Troyes, ou si les commanditaires y avaient eu accès, mais il est manifeste que les bourgeois de Troyes ont commandités pour les verrières de la cathédrale des sujets qui sont à la même époque très en vogue sous forme de représentation théâtrale. Plus tard, une Moralité de la Vendition de Joseph  a été imprimée en 1538 et jouée à Paris à la même époque, puis on retrouve ce mistère à Nancy en 1557 et 1558,  à Draguignan en 1559, à Remiremont en 1603, et il fut reprit par Noël Georges en Bretagne au début du XVIIe siècle.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5051p

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50539

 

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Les enluminures traitent abondamment de ce sujet. Voir Base Mandragore.

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On remarquera que les 21 scènes de la baie 234 ne traitent que de la première partie de l'Histoire de Joseph, avant l'accession de celui-ci auprès du Pharaon, alors que les célèbres interprétations des songes du Pharaon occupent le triforium, alors que la reconnaissance de Joseph par ses frères et le retour en la maison de Jacob ne sont pas traités. La verrière de l'église Saint-Aspais de Melun, au XVIe siècle, traite en cinq scènes de l'ensemble de l'histoire. À Saint-Merry de Paris, trois verrières du chœur et une verrière du transept datant du milieu du XVIe siècle sont consacrées à ce récit. Déjà en la cathédrale de Chartres en 1205 la baie 41 lui est dédié, tandis qu'en la cathédrale de Rouen en 1220-1230 une baie offerte par les tondeurs de drap le raconte en sept médaillons.

 

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Les baies 134 et 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les baies 134 et 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LA BAIE 234.

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La baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LA DONATRICE AGNÈS BONJEAN PRÉSENTÉE PAR SAINTE AGNÈS.

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Sous l'inscription SA[N]CTA AGNES, la sainte est identifiable par sa palme du martyre et surtout par l'agneau blanc  renvoyant à la proximité sonore du mot latin agnus avec son prénom issu du grec agnê. Elle est nimbée de violet, ses cheveux blonds descendent devant sa poitrine, et sa robe rouge est ourlé de losanges blancs sur fond noir.

La donatrice est agenouillée mains jointes devant son prie-dieu drapé à ses armes. Un livre de prières y est ouvert, le fermoir en or servant de marque-pages. Elle porte une coiffe à bonnet noir, et une robe violette (couleur adoptée par la plupart des donateurs des verrières de Troyes). Cette robe est fourrée aux manches, et serrée à la taille par une ceinture orange, où est pendu un rosaire à gros grains. Autour de sa tête est déployé un phylactère portant ces mots MISERERE MEI DEUS

Le blason est un losange, donc féminin, mi parti en 1 de gueules à une étoile d'or à six branches, au chef d'argent chargé d'un lambel d'azur, qui est Thévenin, et en 2 d'or à la perdrix d'azur qui est Bonjean.

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Jean Thévenin, seigneur d'Assencière et notaire royal est en exercice en 1449 et en 1486, et décédé en 1494.

Devenue veuve, Agnès Bonjean offrit  outre les baies 134  et 234 de la cathédrale,  la verrière de l'Arbre de Jessé , et un autre vitrail de sujet inconnu, en l'église de la Madeleine de Troyes

Une messe fut fondée chaque 12 novembre en l'église Sainte-Madeleine de Troyes, pour "Me Jean Thévenin et Agnès Bonjean sa femme, inhumés devant l'autel Saint-Antoine" (comptes de la fabrique  de l'église de la Madeleine.

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Agnès Bonjean, donatrice de la baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Agnès Bonjean, donatrice de la baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Agnès Bonjean, donatrice de la baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Agnès Bonjean, donatrice de la baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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L'HISTOIRE DE JOSEPH EN 21 TABLEAUX, AU TYMPAN PUIS  SUR TROIS REGISTRES DANS LES LANCETTES.

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LE TYMPAN DE LA BAIE 234.

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Les ajours du tympan sont remplis de rubans entrecroisés  rouges et verts délimitant des carreaux bleus ou rouges à fleurons jaunes, ou bien, dans les écoinçons, de rinceaux feuillagés sur fond rouge. Néanmoins, quatre soufflets reçoivent des scènes figurées qui débutent l'Histoire de Joseph par la représentation de ses songes. En outre, ils sont dominées par le blason de Jean Thévenin, à gauche, et d'Agnès Bonjean, à droite.

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Tympan de la baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

 

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1 et 2 : Joseph et ses frères gardent leur troupeau. 

"Jacob habita la terre où son père était venu en immigré : la terre de Canaan. Voici l’histoire de la descendance de Jacob. Joseph, âgé de dix-sept ans, faisait paître le petit bétail avec ses frères. Le jeune homme accompagnait les fils de Bilha et les fils de Zilpa, femmes de son père. Il fit part à leur père de la mauvaise réputation de ses frères. Israël, c’est-à-dire Jacob, aimait Joseph plus que tous ses autres enfants, parce qu’il était le fils de sa vieillesse, et il lui fit faire une tunique de grand prix.  En voyant qu’il leur préférait Joseph, ses autres fils se mirent à détester celui-ci, et ils ne pouvaient plus lui parler sans hostilité. " Genèse chap. 37.

Sous le blason de Jean Thévenin les panneaux  montrent sept bergers gardant les troupeaux, aidés d'un chien à collier rouge. La plupart tiennent le bâton à extrémité creusée des bergers, un seul, assis, souffle dans un hautbois.


 

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Tympan de la baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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3 et 4 : le songe des gerbes de blé et le songe des étoiles.

Joseph eut un songe et le raconta à ses frères qui l’en détestèrent d’autant plus.« Écoutez donc, leur dit-il, le songe que j’ai eu. Nous étions en train de lier des gerbes au milieu des champs, et voici que ma gerbe se dressa et resta debout. Alors vos gerbes l’ont entourée et se sont prosternées devant ma gerbe. » Ses frères lui répliquèrent : « Voudrais-tu donc régner sur nous ? nous dominer ? » Ils le détestèrent encore plus, à cause de ses songes et de ses paroles.

 Il eut encore un autre songe et le raconta à ses frères. Il leur dit : « Écoutez, j’ai encore eu un songe : voici que le soleil, la lune et onze étoiles se prosternaient devant moi. » Il le raconta également à son père qui le réprimanda et lui dit : « Qu’est-ce que c’est que ce songe que tu as eu ? Nous faudra-t-il venir, moi, ta mère et tes frères, nous prosterner jusqu’à terre devant toi ? » Ses frères furent jaloux de lui, mais son père retint la chose." Genèse chap. 37

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Sous le blason mi-parti d'Agnès Bonjean, Joseph est représenté endormi dans la maison de son père, faisant le songe des onze gerbes s'inclinant devant la douzième. Du côté droit, le soleil, la lune et onze étoiles adorent Joseph.

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Tympan de la baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LES LANCETTES DE LA BAIE 234.

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Lecture de haut en cas à partir de l'angle supérieur gauche. Le fil narratif suit le récit de Joseph dans la Genèse chapitre 30 à 50.

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La baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.


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5 et 6. Jacob envoie Joseph chercher ses frères qui projettent de le tuer.

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"Les frères de Joseph étaient allés à Sichem faire paître le troupeau de leur père.  Israël dit à Joseph : « Tes frères ne gardent-ils pas le troupeau à Sichem ? Va donc les trouver de ma part ! » Il répondit : « Me voici. » Jacob reprit : « Va voir comment se portent tes frères et comment va le troupeau, et rapporte-moi des nouvelles. » C’est de la vallée d’Hébron qu’il l’envoya, et Joseph parvint à Sichem.  Un homme le rencontra alors qu’il était perdu en pleine campagne, et lui demanda : « Que cherches-tu ? » Il répondit : « Je cherche mes frères. Indique-moi donc où ils font paître le troupeau. » L’homme dit : « Ils sont partis d’ici, et je les ai entendu dire : “Allons à Dotane !” »

Joseph continua donc à chercher ses frères et les trouva à Dotane.   Ceux-ci l’aperçurent de loin et, avant qu’il arrive près d’eux, ils complotèrent de le faire mourir.  »

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Inscription : IOSEPH.

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Jacob est figuré comme un bourgeois de Troyes, coiffé d'un chaperon et vêtu d'un manteau rouge fourré devant sa demeure. Il pose sa main sur son aumônière, signe de sa richesse. 

Joseph porte la belle tunique bleue offerte par son père en signe d'élection. Il tient un bâton et s'éloigne de la maison.

Quatre des frères montrent leur excitation par leurs gestes. L'un porte la houlette de berger, l'autre s'apprête à dégainer son glaive.

Le texte du Mistère de Joseph désigne cette scène sous le beau titre de "Du murmure des frères de Joseph à l'encontre de luy".

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9772636r/f448.item.texteImage#

 

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La baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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7 et 8. Sur le conseil de Ruben, qui modère ses frères, Joseph est précipité dans la citerne.
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 " Ils se dirent l’un à l’autre : « Voici notre songeur qui arrive !  C’est le moment, allons-y, tuons-le, et jetons-le dans une de ces citernes. Nous dirons qu’une bête féroce l’a dévoré, et on verra ce que voulaient dire ses songes ! »  Mais Ruben les entendit, et voulut le sauver de leurs mains. Il leur dit : « Ne touchons pas à sa vie. »  Et il ajouta : « Ne répandez pas son sang : jetez-le dans cette citerne du désert, mais ne portez pas la main sur lui. » Il voulait le sauver de leurs mains et le ramener à son père. Dès que Joseph eut rejoint ses frères, ils le dépouillèrent de sa tunique, la tunique de grand prix qu’il portait, ils se saisirent de lui et le jetèrent dans la citerne, qui était vide et sans eau. Ils s’assirent ensuite pour manger. "

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Inscription : RUBEN / IOSEPH.

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À gauche, Ruben, en rouge, intercède en faveur de Joseph et désigne le puits.

À droite, Joseph, qui a été dépouillé de sa tunique bleue, est jeté dans le puits, tandis que ses frères mangent des pains, conformément au texte de la Genèse. 

Voir l'épisode correspondant du Mistère, "Comment Joseph est mis dans la citerne".

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9772636r/f466.item.texteImage

 

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La baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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9 et 10. Joseph est vendu à des marchands par ses frères. Juda reçoit vingt pièces d'argent.
 

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"En levant les yeux, ils virent une caravane d’Ismaélites qui venait de Galaad. Leurs chameaux étaient chargés d’aromates, de baume et de myrrhe qu’ils allaient livrer en Égypte. Alors Juda dit à ses frères : « Quel profit aurions-nous à tuer notre frère et à dissimuler sa mort ? Vendons-le plutôt aux Ismaélites et ne portons pas la main sur lui, car il est notre frère, notre propre chair. » Ses frères l’écoutèrent. Des marchands madianites qui passaient par là retirèrent Joseph de la citerne, ils le vendirent pour vingt pièces d’argent aux Ismaélites, et ceux-ci l’emmenèrent en Égypte. 

Quand Ruben revint à la citerne, Joseph n’y était plus. Il déchira ses vêtements, revint vers ses frères et dit : « L’enfant n’est plus là ! Et moi, où vais-je donc aller, moi ? »"

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Inscription : IOSEPHJVDAS

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La baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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11 et 12. Un bouc est égorgé pour tremper dans son sang la tunique de Joseph et faire croire à Jacob que son fils préféré est mort. Jacob, désespéré, déchire ses vêtements.

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" Ils prirent alors la tunique de Joseph, égorgèrent un bouc et trempèrent la tunique dans le sang. Puis ils firent porter à leur père la tunique de grand prix, avec ce message : « Nous avons trouvé ceci. Regarde bien : est-ce ou n’est-ce pas la tunique de ton fils ? » Il la reconnut et s’écria : « La tunique de mon fils ! Une bête féroce a dévoré Joseph ! Il a été mis en pièces ! ».

Jacob déchira ses vêtements, mit un sac sur ses reins et porta le deuil de son fils pendant de longs jours. Ses fils et ses filles se mirent tous à le consoler, mais il refusait les consolations, en disant : « C’est en deuil que je descendrai vers mon fils, au séjour des morts. » Et son père le pleura."

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Inscription : :JACOB.

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La baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

 

 

13 et 14. Joseph, mené en Egypte, est acheté par l'intendant du pharaon Putiphar, qui, bientôt, lui confie le gouvernement de sa maison.

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Texte de la Genèse : "Joseph fut emmené en Égypte. Putiphar, dignitaire de Pharaon et grand intendant, un Égyptien, l’acheta aux Ismaélites qui l’avaient emmené là-bas. Le Seigneur était avec Joseph, et tout lui réussissait ; il vivait dans la maison de son maître, l’Égyptien.  Ce dernier vit que le Seigneur était avec Joseph et faisait réussir tout ce qu’il entreprenait. Joseph trouva grâce aux yeux de son maître qui l’attacha à son service : il lui donna autorité sur sa maison et remit entre ses mains tout ce qu’il possédait.

 Dès que l’Égyptien eut confié cette charge à Joseph, le Seigneur bénit sa maison, à cause de Joseph, et la bénédiction du Seigneur s’étendit sur tout ce que possédait l’Égyptien, sa maison et ses champs. Il abandonna entre les mains de Joseph tout ce qu’il possédait et ne s’occupa plus de rien, sinon de la nourriture qu’il prenait. Joseph avait belle allure et il était agréable à regarder."

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Inscription à gauche : PVTIPHAR. Putiphar (en toque et robe violette fourrée des bourgeois de Troyes), achète Joseph au marchand.

Inscription à droite : IOSEPH. Assis sur le lit dans la chambre de Joseph, un tailleur lui confectionne un manteau écarlate. On voit comme la tunique de Joseph sert d'objet clef dans le récit : d'abord bleue , elle devient aux yeux de son père une preuve d'identification. Puis, rouge, elle servira également de preuve de la culpabilité de Joseph. Mais ces deux tuniques-preuves se révèleront trompeuses.

Voir la scène du Mistère : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50539/f158.item Toute l'histoire était désignée dans le drame comme celle du "petit Joseph" : commence alors celle du "grand Joseph".

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La baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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15 et 16. La femme de Putiphar veut le séduire : il résiste et abandonne sa tunique. La femme de Putiphar l’accuse de l’avoir séduite.

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 "À quelque temps de là, la femme de son maître leva les yeux sur Joseph et dit : « Couche avec moi ! » Mais il refusa et répondit à la femme de son maître : « Voici que mon maître ne s’occupe plus de rien dans la maison. Tout ce qu’il possède, il l’a remis entre mes mains. Dans cette maison, il ne m’est pas supérieur et il ne me refuse rien, sinon toi, car tu es sa femme. Comment donc pourrai-je commettre ce grand mal et pécher contre Dieu ? ». Chaque jour, elle insistait auprès de Joseph. Mais lui n’acceptait pas de partager sa couche et d’être à elle. 

Vint le jour où Joseph entra dans la maison pour faire son travail, alors qu’aucun domestique n’était là.  La femme l’attrapa par son vêtement, en disant : « Couche avec moi ! » Mais il abandonna le vêtement entre ses mains et s’enfuit au-dehors.

Lorsqu’elle réalisa que, dans sa fuite, il avait abandonné son vêtement entre ses mains, elle appela ses domestiques et leur dit : « Voyez ça ! On nous a amené un Hébreu pour se jouer de nous ! Il est venu vers moi pour coucher avec moi, et j’ai appelé à grands cris. Alors, quand il m’a entendu élever la voix pour appeler, il a abandonné son vêtement à côté de moi et s’est enfui au-dehors. » Elle garda près d’elle le vêtement de Joseph, jusqu’à ce que le maître rentre chez lui. Elle lui tint alors le même langage : « Le serviteur hébreu que tu nous as amené est venu vers moi pour se jouer de moi. Mais j’ai appelé à grands cris, et il a abandonné son vêtement à côté de moi et s’est enfui au-dehors. » Quand le maître entendit sa femme lui dire : « Voilà comment ton serviteur a agi envers moi ! », il s’enflamma de colère. "

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La baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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17 et 18. Joseph est jeté en prison. Le songe du  sommelier de Pharaon.

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"Le maître de Joseph se saisit de lui et le jeta dans la prison où étaient enfermés les prisonniers du roi.

"À quelque temps de là, l’échanson du roi d’Égypte ainsi que le panetier commirent une faute envers leur maître, le roi d’Égypte.  Pharaon s’irrita contre ses deux dignitaires, le grand échanson et le grand panetier,  et il les fit mettre au poste de garde, dans la maison du grand intendant, au lieu même où Joseph était prisonnier. 

 Une même nuit, l’échanson et le panetier du roi d’Égypte firent tous deux un songe, alors qu’ils étaient prisonniers dans la prison.

Le grand échanson raconta à Joseph le songe qu’il avait fait : « J’ai rêvé qu’une vigne était devant moi.  Elle portait trois sarments. Elle bourgeonnait, fleurissait, puis ses grappes donnaient des raisins mûrs.  J’avais entre les mains la coupe de Pharaon. Je saisissais les grappes, je les pressais au-dessus de la coupe de Pharaon et je lui remettais la coupe entre les mains. »  Joseph lui dit : « Voici l’interprétation : les trois sarments représentent trois jours.  Encore trois jours et Pharaon t’élèvera la tête, il te rétablira dans ta charge, et tu placeras la coupe entre ses mains, comme tu avais coutume de le faire précédemment quand tu étais son échanson. Mais quand tout ira bien pour toi, pour autant que tu te souviennes d’avoir été avec moi, montre ta faveur à mon égard : rappelle-moi au souvenir de Pharaon et fais-moi sortir de cette maison !  En effet, j’ai été enlevé au pays des Hébreux, et là non plus je n’avais rien fait pour qu’on me jette dans la citerne. »

[...]

 Toutefois le grand échanson ne se souvint pas de Joseph ; il l’oublia."

 

Le garde qui menace Joseph d'un bâton porte un gilet mi-parti rouge et vert : cet effet de rayure est porté par exemple par  les marginaux, les bourreaux ou les lansquenets, ou les marins.

Le sommelier est endormi, la tête appuyée sur les montants d'un cep, qui immobilise ses pieds. Son rêve est représenté fidèlement, et il presse les grappes au dessus de la coupe du pharaon.

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La baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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19 et 20. Le songe du panetier. Joseph interprète leurs rêves.
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" Voyant que Joseph avait fait une interprétation favorable, le grand panetier lui dit : « Moi, j’ai rêvé que je portais sur la tête trois corbeilles de gâteaux. Et dans la corbeille d’au-dessus, il y avait tous les aliments que le panetier fabrique pour la nourriture de Pharaon, et les oiseaux picoraient dans la corbeille au-dessus de ma tête. » Joseph répondit : « Voici l’interprétation : les trois corbeilles représentent trois jours. Encore trois jours et Pharaon t’élèvera la tête, il te pendra à un arbre, et les oiseaux picoreront ta chair. »"

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Inscription IOSEPH

Phylactère : SIC SOMPUIAVIMVS, pour sic sompniavimus "ainsi avons-nous vu en songe" , qui se rapporte au verset Gn 41:11 ou bien au sic somnium vidimus Gn 40:8 . Sompnia est la forme ancienne de somnia.

Le panetier est condamné au cep comme son collègue, et il est accoudé endormi sur le montant. Trois oiseaux noir, blanc et rouge picorent les pains.

À droite, les deux officiers du pharaon sont au cep, et Joseph a également les jambes entravées par un fer et une chaîne.

 

 

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La baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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21. Comme l'avait prédit Joseph, le panetier est pendu et le sommelier est rétabli dans sa charge. 

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"Le troisième jour, jour anniversaire de Pharaon, celui-ci fit un festin pour tous ses serviteurs. Il éleva la tête du grand échanson et celle du grand panetier en présence de ses serviteurs :  il rétablit dans sa charge le grand échanson, et celui-ci plaça la coupe entre les mains de Pharaon ; mais le grand panetier, il le pendit, comme l’avait annoncé Joseph."

Note : comme sur la verrière de Job en baie 131-231, la bouche du pharaon est une pièce montée en chef-d'œuvre.

Note : sur tout le registre inférieur, les coins supérieurs sont décorés de deux boules rouges. C'est aussi le cas, mais pour le registre moyen, de la baie 236 de l'Histoire de Danielle . C'est là un deuxième point commun, avec le monogramme FC/FT.

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La baie 234 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 234 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LA BAIE 134 (TRIFORIUM).

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La baie 134 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 134 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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22 et 23. les rêves du pharaon : les vaches grasses et les vaches maigres. Les épis de blé.

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texte de la Genèse : "Deux ans plus tard, Pharaon eut un songe. Il se tenait debout près du Nil, et voici que montaient du Nil sept vaches, belles et bien grasses, qui broutaient dans les roseaux. Puis, derrière elles, montaient du Nil sept autres vaches, laides et très maigres. Elles se tenaient à côté des premières, sur la rive du Nil. Et les vaches laides et très maigres mangeaient les sept vaches belles et bien grasses. Alors Pharaon s’éveilla. Il se rendormit et fit encore un songe : sept épis montaient sur une seule tige ; ils étaient gros et beaux. Puis, après eux, germaient sept épis maigres et desséchés par le vent d’est. Et les épis maigres avalaient les sept épis gros et pleins.

Alors Pharaon s’éveilla : c’était un songe ! Mais le matin, son esprit était troublé ; il fit convoquer tous les magiciens et tous les sages d’Égypte. Pharaon leur raconta les songes, mais personne ne pouvait les interpréter.

Alors le grand échanson parla à Pharaon en ces termes : « Aujourd’hui, je me rappelle mes fautes. Pharaon s’était irrité contre ses serviteurs et il m’avait mis au poste de garde, dans la maison du grand intendant, et avec moi, le grand panetier. Une même nuit, nous avons fait un songe, moi et lui. Et chacun des songes avait sa propre signification. Il y avait là, avec nous, un jeune Hébreu, serviteur du grand intendant. Nous lui avons raconté nos songes et il a donné à chacun l’interprétation du songe qu’il avait fait. Et ses interprétations s’avérèrent exactes : moi, on m’a rétabli dans ma charge, et l’autre, on l’a pendu. »

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Inscription PHARAO.

Le pharaon est endormi, tête appuyée sur le bras accoudé dans l'attitude du songeur. 

La bouche est montée en chef-d'œuvre.

Le rêve des épis murs et des épis flétris est en haud, celui des vaches est en bas.

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La baie 134 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 134 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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24 et 25. Le sommelier appelle Joseph, fers au pieds, pour qu’il interprète le songe de Pharaon.
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"Pharaon fit appeler Joseph. En toute hâte, on le tira de son cachot. Il se rasa, changea de vêtements et se rendit chez Pharaon. Pharaon dit à Joseph : « J’ai fait un songe et personne ne peut l’interpréter. Mais j’ai entendu dire de toi, qu’il te suffit d’entendre raconter un songe pour en donner l’interprétation. » Joseph répondit à Pharaon : « Ce n’est pas moi, c’est Dieu qui donnera à Pharaon la réponse qui lui rendra la paix. »

 Alors, Pharaon dit à Joseph : « Dans le songe, j’étais debout au bord du Nil, et voici que montaient du Nil sept vaches, bien grasses et de belle allure, qui broutaient dans les roseaux. Puis, derrière elles, montaient sept autres vaches, chétives, très laides et décharnées. Je n’en avais jamais vu d’une telle laideur dans tout le pays d’Égypte. Les vaches décharnées et laides mangeaient les premières vaches, les grasses, qui entraient dans leur panse. Mais on ne s’apercevait pas que les grasses étaient entrées dans leur panse : elles restaient aussi laides qu’avant. Alors je me suis réveillé. Mais j’ai encore vu, en songe, sept épis qui montaient sur une seule tige ; ils étaient pleins et beaux. Puis, après eux, germaient sept épis durcis, maigres et desséchés par le vent d’est. Et les épis maigres avalaient les sept beaux épis. J’en ai parlé aux magiciens, mais personne n’a pu me fournir d’explication. » Joseph répondit à Pharaon : « Pharaon n’a eu qu’un seul et même songe. Ce que Dieu va faire, il l’a indiqué à Pharaon. Les sept belles vaches représentent sept années, et les sept beaux épis, sept années : c’est un seul et même songe ! Les sept vaches décharnées et laides qui montaient derrière les autres représentent sept années ; de même, les sept épis vides et desséchés par le vent d’est. Ce seront sept années de famine. C’est bien ce que j’ai dit à Pharaon : ce que Dieu va faire, il l’a montré à Pharaon. Voici qu’arrivent sept années de grande abondance dans tout le pays d’Égypte. Mais après elles viendront sept années de famine : alors on oubliera toute abondance dans le pays d’Égypte, la famine épuisera le pays. On ne saura plus ce que pouvait être l’abondance dans le pays, tant la famine qui suivra pèsera lourdement. Si le songe de Pharaon s’est répété une seconde fois, c’est que la décision de Dieu est bien arrêtée et qu’il va se hâter de l’exécuter. 

Maintenant donc, que Pharaon voie s’il y a un homme intelligent et sage pour l’établir sur le pays d’Égypte.Que Pharaon agisse en instituant des fonctionnaires sur le pays d’Égypte, afin de prélever le cinquième des récoltes pendant les sept années d’abondance. Ils recueilleront toute la nourriture de ces bonnes années qui viennent et, sous l’autorité de Pharaon, ils entasseront dans les villes du froment comme nourriture : ils le garderont en réserve. Ainsi, il y aura une réserve de nourriture pour le pays en vue des sept années de famine qui suivront dans le pays d’Égypte, et la famine ne détruira pas le pays. » Cette proposition plut à Pharaon et à tous ses serviteurs. Pharaon leur dit : « Trouverons-nous un homme comme celui-ci, qui a l’esprit de Dieu en lui ? »"

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Inscription : IOSEPH

Inscription : SOMPNIORUM INTERPRETATOR EST, "voilà celui qui explique les songes".

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Le sommelier vient de libérer Joseph de ses chaines (il est nu-pied) et le présente au pharaon.

Fond damassé. Bouche montée en chef-d'œuvre.

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La baie 134 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 134 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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26 et 27. Pharaon nomme Joseph administrateur de son royaume et de ses biens.

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"Alors, Pharaon dit à Joseph : « Dès lors que Dieu t’a fait connaître tout cela, personne ne peut être aussi intelligent et aussi sage que toi. C’est toi qui auras autorité sur ma maison ; tout mon peuple se soumettra à tes ordres ; par le trône seulement, je serai plus grand que toi. ». Pharaon dit à Joseph : « Vois ! Je t’établis sur tout le pays d’Égypte. »  Il ôta l’anneau de son doigt et le passa au doigt de Joseph ; il le revêtit d’habits de lin fin et lui mit autour du cou le collier d’or. Il le fit monter sur son deuxième char et on criait devant lui : « À genoux ! » Et ainsi il l’établit sur tout le pays d’Égypte.  Pharaon dit encore à Joseph : « Je suis Pharaon. Mais sans ta permission, personne ne lèvera le petit doigt dans tout le pays d’Égypte. » .Pharaon appela Joseph Safnath-Panéah et lui donna pour femme Asnath, fille de Poti-Phéra, prêtre de One. Alors Joseph partit inspecter le pays d’Égypte."

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Le pharaon tenant son sceptre remet son anneau à Joseph, qui porte le collier d'or. Il est sous un dais à franches multicolores, sur un char doré tiré par un cheval harnaché d'or. Sur le cheval, un héraut portant une toque à plumet et un pourpoint damassé bleu à manches exubérantes sonne de la trompe.

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Inscription PHARAO

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La baie 134 de l'Histoire de Joseph  de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 134 de l'Histoire de Joseph de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LES TYMPANS DE LA BAIE 134 : MONOGRAMMES ET INSCRIPTIONS.

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Ces tympans portent les armes partielles (l'étoile d'or sur fond rouge) de Jean Thévenin et son monogramme JT, et sa devise LAUX DEO (louange à Dieu) ainsi que le monogramme du Christ IHS.

La devise a été aussi celle de la famille de Clugny. BnF NAL3209. C'est un extrait de l'office des morts Requiem eternam dona eis domine : et lux perpetua luceat eis laux deo pax vivis re.

 

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Tympan de la baie 134 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 134 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 134 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 134 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 134 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 134 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

— COFFINET (Abbé Jean-Baptiste), 1858, Les peintres-verriers de Troyes pendant trois siècles depuis 1375 jusqu'à 1690 "Peintres-verriers. Nomenclature des peintres-verriers de Troyes depuis 1375 jusqu'à 1690". Annales archéologiques, 1858, t. 18, p. 212-224.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f153.item

 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f250.item

— FICHOT (Charles), 1889, Statistique monumentale du département de l'Aube page 220

https://www.google.fr/books/edition/Statistique_monumentale_du_d%C3%A9partement/-6jnG1emOHgC?hl=fr&gbpv=1&dq=civitas+ninive&pg=PA220&printsec=frontcover

—  JUBAINVILLE (Henri d'Arbois de), 1862, "Documents relatifs aux travaux de construction faits à la cathédrale de Troyes pendant les XIIIe, XIVe et XVe siècles" [second article].Bibliothèque de l'École des chartes  Année 1862  23  pp. 393-423

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_445819

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_461956

— LAFOND (Jean) 1955, "Les vitraux de la cathédrale Saint-Pierre de Troyes". In Société française d'archéologie, éd. Congrès archéologique de France : 113e session, Troyes, 1955. Orléans ; Nogent-le-Rotrou, 1957, p. 29-62.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32099177/f59.item

— LEDIT (Charles-J. Abbé) 1948,  Les Hautes verrières de la cathédrale de Troyes, préfacées par S. E. Mgr Julien Le Couedic,.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3339359k.texteImage?lang=FR

— LIEZ (Jean-Luc), 2022, "Regard(s) sur l’héraldique à Troyes au XVIe siècle". ffhal-03940420f

https://hal.science/hal-03940420/document

—MÂLE (Emile), 1908, "L’art français de la fin du moyen âge", Revue des Deux Mondes tome 43, 1908

https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Art_fran%C3%A7ais_de_la_fin_du_moyen_%C3%A2ge_-_Les_aspects_nouveau_du_culte_des_saints

—MARSAT (André), ‎Charles J. Ledit, ‎Angelico Surchamp · 1972 Cathédrale de Troyes, les vitraux

— MINOIS (Danielle), 2005 "Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560)" .Sorbonne Université presses Corpus vitrearum France Etudes VI, 1 vol. (475 p.-XXIV p. de pl.) : ill. en noir et en coul., jaquette ill. en coul. ; 33 cm

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— MINOIS (Danielle), 2003, thèse d'histoire de l'art Paris IV sous la direction de Fabienne Joubert et Michel Hérald,  La peinture sur verre à Troyes à la fin du Moyen Age

—PASTAN (Élisabeth C.  BALCON (Sylvie), 2006,  "Les vitraux du chœur de la cathédrale de Troyes (xiiie siècle)", Paris, Cths, coll. « Corpus vitrearum - France II », 2006, 539 p.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2010_num_168_3_7592_t19_0308_0000_1

— RIVIALE (Laurence),  "Danielle Minois, Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560). Paris, P.U.P.S., 2005, 475 p. (Corpus vitrearum France, études VI)." In: Bulletin Monumental, tome 166, n°1, année 2008. La galerie à Paris (XIVe-XVIIe siècle) pp. 85-86.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— TRIDON (Abbé), 1866,  Visite de la cathédrale de Troyes

http://bibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/fa6e003ba720fd499741406274f973dd.pdf

— SITES

Eglises du confluent :

https://www.eglisesduconfluent.fr/Pages/VIT-10Troyes-CathStPierreStPaul.php

https://www.eglisesduconfluent.fr/Pages/AT-Genese-Josep2.php

Archives de la cathédrale de Troyes :

https://www.google.fr/books/edition/INVENTAIRE_SOMMAIRE_DES_ARCHIVES_DEPARTE/RZcNAAAAQAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=%22la+Mosl%C3%A9e%22&pg=PA315&printsec=frontcoverhttps://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Troyes/Troyes-Saint-Pierre-et-Saint-Paul.htm

Inventaire :

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000423

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000404

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000405

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https://www.culture.gouv.fr/ar/29/5/2/2/4/Travaux-de-mise-en-securite-et-de-protection-de-la-Cathedrale-de-Troyes

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https://abedehem.blogspot.com/2016/11/des-troyens-en-champagne.html

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux : Troyes. Vitraux Troyes Héraldique Inscriptions
9 mars 2024 6 09 /03 /mars /2024 19:23

Les vitraux de la nef de la cathédrale de Troyes  : les baies n°133 et 233 : légende de saint Sébastien ; réalisée en 1501 par Lievin Varin, don de la confrérie de Saint-Sébastien.

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Voir sur les vitraux de la cathédrale de Troyes :

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PRÉSENTATION GÉNÉRALE.

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Avec 1 500 m² de verrières, allant du XIIIe au XIXe siècle, la cathédrale de Troyes est   l’un des plus vitrées de France.  Elle possède un triforium totalement vitré, (situé à mi-hauteur et qui fait le tour du bâtiment), ce qui est assez exceptionnel. Les vitraux de la cathédrale de Troyes sont considérés comme une œuvre majeure de la peinture sur verre en France. 

 

Les 20 verrières hautes de la nef forment un ensemble homogène. Elles ont été réalisées entre 1498 et 1505 par plusieurs peintres-verriers  dont le nom de certains sont connus (Pierre Maçon, Jean Verrat, Balthasar Godon, Lievin Varin et le cartonnier Nicolas Cordonnier). Parmi les 66 « verriers » recensés dans les archives entre 1470 et 1560, 37 peuvent être considérés comme des peintres verriers. Regroupés autour de la collégiale Saint- Urbain, ils travaillaient au sein de structures familiales et fondaient des dynasties, comme les Verrat ou les Macadré. Leur atelier était une petite structure dirigée par un peintre verrier qui n’employait qu’un ou deux serviteurs, selon ses moyens, comme on le voit à Paris et en Provence (D. Minois).

Selon le rédacteur de la notice de l'Inventaire, rédigée en 1999, "Leur iconographie répond à la seule volonté des multiples donateurs. Leur véritable lien provient plus de la technique que du style : les peintres-verriers ont mis l'accent sur la lisibilité des compositions (larges registres de scènes, mise en valeur des faits et gestes des personnages par la réduction du rôle de l'architecture et des arrières-plans, modelé très appuyé, absence de chef-d'oeuvre et de gravure sauf dans la baie 233). Certains aspects rappellent les vitraux du milieu du 13e siècle des parties hautes du choeur : la gamme colorée très vive avec barbes et cheveux en pleine couleur, la mise en plomb des yeux de certains personnages, les fonds de mosaïque. Si la Renaissance italienne ne s'y fait pas encore sentir, Jean Lafond reconnaît une influence venue de l'est dans la verrière de saint Pierre (notamment l'atelier strasbourgeois de Pierre d'Andlau). Pour Emile Mâle, la présence dans ces verrières d'une forte veine d'inspiration populaire évoque l'imagerie d'Epinal."

Au contraire, Danielle Minois (2003 ; 2005) souligne la cohérence de ces ensembles qui illustrent en un discours argumenté et savant l’histoire du salut. "Seul un clergé cultivé a pu élaborer ces programmes ; il l’a donc imposé aux donateurs qui l’ont financé. Parce que « le choix des sujets des verrières posées dans les églises est un reflet de la vie intellectuelle et religieuse », elle signale en outre les réactions des commanditaires face à la Réforme à travers les thèmes choisis, surtout après 1550 : l’histoire de Daniel ou de Tobie, la légende de l’hostie profanée. Elle montre comment les mêmes thèmes peuvent changer de sens face à un climat de remise en cause de l’Église romaine." (L. Rivale)

Ces 20 verrières hautes de la nef se répartissent entre les baies du triforium (galerie à trois arcades entre chaque travée), qui portent les numéros 127 à 136, et, au dessus de celles-ci, les baies hautes homologues portant les numéros 227 à 236. Selon la numérotation internationale des vitraux, les baies nord portent un numéro impair et les baies sud un numéro pair.

Les baies 133 (triforium) et 233 occupent la deuxième travée de la nef  côté nord. 

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Nous avons donc ainsi :

a) du côté nord, depuis le transept vers le fond de la nef :

-baies 127 et 227 : Saints ; vie de saint Pierre.  réalisée en 1502, don d'Henri II de Lorraine Vaudémont, évêque de Metz ;

-baies 129 et 229 : Histoire de Tobie. 1500 ; don de Jean Fuestot l'Aîné (marchand et bourgeois de Troyes dans l'Aube) et de Denise Chappelain sa femme. Monogramme [du peintre verrier en tête de lancette de la baie 129].

-131 et 231 : Adoration des mages, et Histoire de Job. Don de Jeanne de Mesgrigny veuve de Jean Molé. 1501. Inscription et armoiries. Monogramme d'un verrier au tympan.

-133 et 233 : légende de saint Sébastien ; réalisée en 1501 par Lievin Varin, don de la confrérie de saint Sébastien .

- 135 et 235 : Légende de la Vraie Croix ; réalisées entre 1501 et 1502 par Jean Verrat, don de Claude Dorigny, veuve de Jean Péricard. Armoiriesidentifiées. Monogrammes. Très restaurées au XIXe.

b) du côté sud :

-baies 128 et 228 : Calvaire ; saints et saintes. 1499 ; peintre-verrier Balthazar Godon ; armoiries (identifiées) : Jean Huyard chanoine de la cathédrale, et Guillaume Huyard avocat du roi à Troyes 

-baies 130 et 230 : Arbre de Jessé. Verrières réalisées par Lievin Varin entre 1498 et 1499, don de Jean de Marisy et Guillemette Phélipe sa femme. En baie 230, toute la famille de Jean de Marisy et de Guillemette Phélipe (ses frères, ses 9 filles et belles-filles) est représentée au bas de cette verrière. Armoiries.

-baies 132 et 232 :  Annonciation et Nativité. Parabole du Fils Prodigue. Don de Guillaume Molé et Simone Boucherat , 1499.  Réalisée en 1499 peut-être par Pierre I maçon (inscription ne notant que son prénom). Armoiries identifiées, devise "en attendant", monogrammes [du verrier]

-baies 134 et 234 : Vie de Joseph (biblique) ; réalisée en 1499, don d'Agnès Bonjean, veuve de Jehan Thévenin (écuyer et notaire royal à Troyes) son mari . Armoiries identifiées et monogrammes en baie 134. Inscription mentionnant le commanditaire et la date en baie 234.

-baies 136 et 236 : Histoire de Suzanne et du prophète Daniel ; réalisées en 1499 , don de Jean Corart, marchand de Troyes et de Marguerite, sa femme (inscription) ; les vitraux du 15e siècle du triforium (baie 136) ont disparu et sont remplacés par des vitraux du 20e siècle sur le thème de l'histoire de Daniel.

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Donation par la confrérie de saint Sébastien et datation en 1501 : inscription au triforium et en baie 233.

L'inscription qui court tout le long du registre inférieur des lancettes de la baie 233 indique :

LA CONFRARIE DE SAINT SEBASTIAEN ONT DONNE CESTE VERRIERE LAN MIL CINQ CENT UN. DIEU LES GARD[E]

Note : la graphie "confrarie Monsr Saint Sebastian" issue de l'ancien français (latin confratria) se retrouve dans les comptes de la confrérie en 1483-1486 (AD registre G2513). Elle comporte la liste de ceux "qui ont prins cierge"

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Attribution et datation : d'après les archives de la cathédrale.

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"Payé à un maçon pour aider Lyénin le verrier à refaire les escharfauds de la verrière de St. Sébastien"

 

Selon D. Minois, la pose de la verrière en trois fois révèle sans doute la fréquence des versements effectués par les confrères , la date de 1501 qui est inscrite correspondant au dernier acompte

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Héraldique.

Selon la notice de la base Palissy; un écu armorié avait été mis en place en 1502/1503 par Jeançon Garnache et Nicolas Hulins, mais il a disparu.

 

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Description

La baie 233, avec six lancettes réunies deux à deux sous deux mouchettes, et un tympan à treize ajours et écoinçons, mesure 10 m de haut et  6 m de large.

La baie 133, en dessous, au triforium, avec ses six lancettes réunies deux à deux sous un tympan à deux mouchettes et un soufflet, mesure 3, 50 m de haut et 6 m. de large.

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La confrérie de saint Sébastien à Troyes.

La confrérie de saint Sébastien de Troyes est présente dans les comptes de la fabrique dès 1380. Si les créations de confréries à Troyes datent de ces années 1380, elles explosent vers 1510 et leurs nombres passent de 25 à 81 (S. Simiz). Celle de Saint-Sébastien doit son développement aux épidémies de peste,  et donc aux soins d'inhumation.

Confrérie d'intercession ou de fonction ?

Le rôle de l'intercession auprès de saint Sébastien contre la peste est clairement énoncée sur la verrière de la cathédrale, comme elle l'est à Saint-Nizier de Troyes. Une épidémie a frappé Troyes entre 1491 et 1499, donnant tous son sens à l'invocation du tympan : Saint Sébastien ami de dieu garde nous de tous lieux de peste.

Dans les villes, la défense était confiée à des groupes d'archers et arbalétriers. Je n'ai trouvé que des documents insuffisants pour savoir si, à Troyes, la confrérie de saint Sébastien a été dès l'origine une confrérie d'archers, comme c'est attesté en 1520 sur la verrière du martyre de saint Sébastien de l'église Saint-Nizier de Troyes  ("don de la confrérie des archers") qui comporte aussi des invocations contre la peste. La confrérie possédait aussi en 1515-1516 un autel en l'église Sainte-Madeleine de Troyes. Dans la cathédrale Saint-Pierre, leur autel se trouvait dans le transept méridional, et associé dès le XVe siècle à l'autel de Sainte-Hélène. Une messe y fut fondée dès 1340, des inhumations eurent lieu dans cette chapelle.

 

La confrérie possédait certainement un bâton de procession à l'effigie du saint patron, et sa garde était attribuée au bâtonnier. À Troyes en 1502-1503 ou 1512-1513, il s'agissait d'une femme. Lors de sa prise de fonction, elle offrait du linge d'autel pour la chapelle. La procession faisait le tour de la ville lors de la fête du saint. Le jour de la Saint-Sébastien on allait, en magnifique cortège, tirer le papegai sur le pré. Celui qui abattait l’oiseau était proclamé roi ; l’abattait-on trois années de suite, on devenait empereur. Le soir, on dînait aux frais de la ville.

 

—Saint-Nizier de Troyes vers 1520

Inscription : DON DE LA CONFRERIE DES ARCHERS ET INVOCATION CONTRE LA PESTE (BANDEROLES DES ECOINÇONS)

Sujet : saint Sébastien au martyr est décoré du collier de l'ordre de Saint-Michel. fond damassé au tympan

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000168

—église Sainte-Madeleine de Troyes :

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM10002427

Au pied de ce pilier était l'autel de la confrérie de Saint-Sébastien en 1515-1516. Cette oeuvre est caractéristique des statues auboises du 16e siècle représentant Saint-Sébastien portant le collier de l'ordre de Saint-Michel qui fut créé par Louis XI, en 1469. Elle pourrait avoir été créée à l'épo

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Le lien entre la verrière et le theâtre religieux.

J'ai souligné ce lien pour les verrières consacrées à Job, à Tobie et à Daniel : il peut aussi être argumenté pour la légende de saint Sébastien.

 "En 1497, la ville de Chalon-sur-Saône, qui depuis six ans souffre de la peste, décide, pour désarmer la colère de Dieu, de faire jouer le mystère de Saint-Sébastien. Abbeville représente, en 1458, le jeu de Monsieur saint Adrien, en 1493, la vie de Monsieur saint Roch. Souvent, à la suite de ces représentations, les spectateurs formaient des associations pieuses qui perpétuaient le culte des défenseurs de la cité contre les épidémies. Les confréries vouées à un et souvent à plusieurs de ces saints protecteurs abondaient."

Le manuscrit d'un Mystère de saint Sébastien du XVe siècle en vers français est conservé par la BnF NAF 1051

Arlima signale l'Histoire de Monseigneur saint Sébastien BnF fr 12539, incomplet, du XVe siècle, et L'ystoire de monseigneur sainct Sebastien, pour la premiere journee a LX personnaiges… jouee par les habitans de Lans-en-Villard, en Savoie (en mai 1567), manuscrit du XVIe siècle BnF NAF 7521.

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Saint Sébastien et le collier de l'Ordre de Saint-Michel.

Saint Sébastien porte, sur ces baies 133 et 233, le collier de l'Ordre de Saint-Michel, dans sa première version bien entendu (l'Ordre a été créé en 1469 mais François Ier a remplacé en 1515 les aiguillettes en double las du collier par une cordelière). Cette particularité se retrouve à la même époque dans la statuaire de l'Aube, et un bel exemple de statue en bois est conservé au Musée de l'Archerie et du Valois de Crépy-en-Valois, datant de la fin du XVe/début XVIe siècle.

Laurent Hablot a étudié ces Sébastien au collier est souligne que, "en Champagne au moins, le port de ce collier par le saint patron des confréries d'archers permettait de faire le lien entre ces milices, avatars des francs archers de l'Ordonnance et le service du roi, une façon aussi d'ennoblir à travers son patron la confrérie comme personne morale à défaut que ses membres roturiers puissent prétendre à cette distinction royale réservée à la noblesse. Au XVIe-XVIIe, plusieurs de ces confréries décerneront au "roi du Papegau" un collier très proche formellement des colliers d'ordre de chevalerie (dans le Nord et en Flandres, quasi répliques de la Toison d'or). Peut-être qu'à Troyes au XVIe siècle déjà le roi du Papegai recevait un collier imitant celui du Saint-Michel ? "(*)

(*) J.P. Finot, in Les archers, arbalétriers et arquebusiers de Troyes (1858), décrit la cérémonie hebdomadaire du tir au joyau ou du tir à l'oiseau et les honneurs réservés au vainqueur, mais ne parle pas d'un collier.

 

Quatre autres exemples de Sébastien au collier de Saint-Michel sont décrits en ligne  (il en existerait plus d'une dizaine) :

— Verrière : baie 4, Martyre de saint Sébastien, vers 1520, église de Saint-Nizier à Troyes. Inscription au tympan CONFRERES ARCHERS GARDEZ-VOUS D'EPIDEMIE  DE PESTILENCE.

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000168

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Palissy © Inventaire général

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baie de saint Sébastien à l'église Saint-Nizier, In Charles Fichot p.534

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— Statue : Saint Sébastien, collier de l'ordre de Saint-Michel avant 1515 Champagne-Ardenne > Aube > Bouilly église Saint-Laurent

https://inventaire.grandest.fr/gertrude-diffusion/dossier/statue-saint-sebastien/7a9d0974-ec80-4eb0-b0b6-372c70b07c0d

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM10000303

— Statue en calcaire du XVIe siècle, Eglise Sainte-Madeleine de Troyes

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM10002427

"Située au 19e siècle (signalement Fichot) : au premier pilier du transept, faisant l'angle du bas-côté du choeur à gauche. Au pied de ce pilier était l'autel de la confrérie de Saint-Sébastien en 1515-1516. Cette oeuvre est caractéristique des statues auboises du 16e siècle représentant Saint-Sébastien portant le collier de l'ordre de Saint-Michel qui fut créé par Louis XI, en 1469. "

— statue bois polychrome XVIe siècle; Brienne-le-Château  Aube (10) ; Église paroissiale

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM10000351

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Les baies 133 et 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les baies 133 et 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LA BAIE 133 (TRIFORIUM).

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La baie 133 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 133 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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1 et 2. Les membres de la confrérie de Saint-Sébastien, en donateurs.

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Une vingtaine de membres de la confrérie de Saint-Sébastien sont agenouillés mains jointes sous un espace voûté et nervuré.

La baie 133 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 133 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Le tympan et les têtes de lancettes.

Dans chacun des trois tympans sont figurées des flèches entourées de phylactères ; et dans les deux premères têtes de lancettes, au dessus des donateurs, ces mêmes phylactères portent l''inscription : LES CONFRERES DE ST SEBASTIAEN.

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La baie 133 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 133 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 133 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 133 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Les femmes sont nombreuses parmi les membres de la confrérie. C'est une femme qui est placée en premier (est-ce elle qui a la charge du bâton, qui malheureusement n'est pas figuré ?), suivie de deux épouses, et de  cinq femmes en fin de cortège. Parmi celles-ci, nous trouvons une religieuse, les autres sont en riches robes bourgeoises.

À côté de la première femme, un homme porte une robe blanche fourrée aux manches, puis deux ou trois couples, et cinq clercs identifiables à leur tonsure : aucun indice ne laisse penser à une réunion d'archers.

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La baie 133 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 133 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 133 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 133 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 133 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 133 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 133 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 133 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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3 et 4. Sébastien exhorte un chevalier (armure, bonnet à plume, épée) à se convertir puis viennent  Dioclétien et Maximien.

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La baie 133 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 133 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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5 et 6. Sébastien (qui porte le collier de l'Ordre de Saint-Michel) invite les deux frères jumeaux Marc et Marcelin ( qui ont été condamnés à être décapités en raison de leur foi chrétienne) à proclamer leur foi.   Zoè femme de Nicostrate, retrouve la parole et voit un ange  notant sur un  livre les paroles du saint.

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La Légende :

Jacques de Voragine La Légende dorée (1261-1266) Traduction par T. de Wyzewa. Perrin et Cie, 1910 (p. 92-97).

https://fr.wikisource.org/wiki/La_L%C3%A9gende_dor%C3%A9e/Saint_S%C3%A9bastien

"Sébastien, originaire de Narbonne et citoyen de Milan, était animé d’une foi chrétienne très ardente. Mais les empereurs païens Maximien et Dioclétien avaient pour lui une telle affection qu’ils l’avaient nommé chef de la première cohorte, et l’avaient attaché à leur personne. Et lui, il ne portait la chlamyde militaire que pour pouvoir aider et consoler les chrétiens persécutés.

"Or comme, un jour, deux frères jumeaux, Marcellin et Marc, allaient être décapités pour s’être refusés à abjurer la foi du Christ, leurs parents vinrent les trouver pour les engager à se laisser fléchir. Leur mère, d’abord, se présenta devant eux, les cheveux dénoués, les vêtements déchirés, la poitrine nue, et leur dit : « Ô mes fils chéris, une misère inouïe et un deuil affreux s’abattent sur moi ! Malheureuse que je suis, je perds mes fils de leur propre gré ! Si l’ennemi me les avait enlevés, je serais allée les lui reprendre au plus fort du combat ; si des juges s’étaient emparés d’eux pour les mettre en prison, je me serais fait tuer pour les délivrer. Mais ceci est un nouveau genre de mort, où la victime prie le bourreau de la frapper, où le vivant aspire à ne plus vivre, et invite la mort au lieu de l’éviter. Ceci est un nouveau genre de souffrance, où la jeunesse des fils, spontanément, se perd, tandis que la vieillesse des parents est condamnée à survivre ! » Ensuite arriva le père, conduit sur les bras de ses esclaves ; et ce vieillard, la tête couverte de cendres, s’écria : « Je suis venu dire adieu à mes fils, qui, de leur plein gré, ont voulu nous quitter ! Ô mes fils, bâton de ma vieillesse et sang de mon cœur, pourquoi avez-vous ainsi soif de la mort ? Que tous les jeunes gens viennent pleurer sur ces jeunes gens obstinés à périr ! Que tous les vieillards viennent pleurer avec moi sur la mort de mes fils ! Et vous, mes yeux, éteignez-vous à force de larmes, pour que je ne voie pas mes fils tomber sous le glaive ! » Puis arrivèrent les femmes des deux jeunes gens, tenant dans leurs bras leurs fils, et gémissant, et disant : « À qui nous confiez-vous, qui prendra soin de ces enfants, qui se partagera vos biens ? Avez-vous donc des cœurs de fer, vous qui dédaignez vos parents, repoussez vos femmes, reniez vos fils ? » Et déjà le courage des deux jeunes gens commençait à mollir, lorsque saint Sébastien, qui assistait à la scène, s’avança et dit : « Braves soldats du Christ, que ces flatteries et ces prières ne vous fassent pas renoncer à la couronne éternelle ! » Puis, se tournant vers les parents, il leur dit : « Soyez sans crainte ! Ils ne seront pas séparés de vous, mais, au contraire, ils iront vous préparer au Ciel des demeures durables ! » Et pendant que saint Sébastien parlait ainsi, il se trouva entouré d’une grande lumière descendue du ciel, et on le vit soudain revêtu d’un manteau étincelant de blancheur, avec sept anges debout devant lui."

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"Et Zoé, la femme de Nicostrate, dans la maison de qui les deux gens étaient gardés, vint se prosterner aux pieds de Sébastien, et l’implora par signes, car elle avait perdu l’usage de la parole. Alors le saint dit : « Si je suis le serviteur du Christ, et si les choses que j’ai dites sont vraies, ô toi qui as ouvert la bouche du prophète Zacharie, ouvre la bouche de cette femme ! » Et la femme, retrouvant la parole, s’écria : « Béni soit ton discours, et bénis ceux qui croient à ce que tu dis ! car j’ai vu un ange debout devant toi et tenant un livre où il inscrivait toutes tes paroles ! » "

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La baie 133 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 133 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Le collier de l'Ordre de Saint-Michel.

C'est une représentation schématisée des entrelacs, mais les coquilles sont indiscutables.

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La baie 133 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 133 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LA BAIE 233.

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La baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Lancettes de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Lancettes de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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7 et 8. Sébastien rend la parole à Zoé, femme de Nicostrate.

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Saint Sébastien, en commandeur, nimbé, vêtu d'un manteau écarlate brodé d'hermines et portant le collier de l'Ordre de Saint-Michel, bénit Zoé, qui fléchit le genou, mains jointes. Derrière elle, son mari Nicostrate, en la maison duquel les chrétiens étaient gardés, et un homme tenant une croix.

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Inscription Sct SEBASTIAEN. N rétrograde.

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La graphie Sebastiaen, déjà notée dans l'inscription de donation, est attestée en Flandres, ce qui pourrait être un indice sur l'origine du verrier Lièvin Varrin.

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Lancettes de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Lancettes de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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9 et 10. Saint Policarpe  baptise les chrétiens devant saint Sébastien.

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Saint Sébastien porte la même tenue et le même collier de l'Ordre de Saint-Michel.

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Inscription S~ct POLIC[A]RPE.

La Légende :

"Et telles étaient la grâce et la vertu divines de la parole de saint Sébastien que non seulement il fortifia Marcellin et Marc dans la constance du martyre, mais qu’il convertit aussi leur père Tranquillin, et leur mère, et d’autres personnes, qui toutes furent baptisées par le prêtre Polycarpe."

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Lancettes de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Lancettes de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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11 et 12. Policarpe et Saint Sébastien brise les idoles.

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Policarpe, tonsuré, vêtu d'une robe rouge d'un surplis blanc et d'une chape rouge,  et armé d'un sabre, pénètre dans la chambre du préfet de Rome Chromace, et brise de son arme une idole en or placée sur une colonne . La tête de l'idole ainsi que son étendard tombent. En effet, Sébastien a refusé de guérir Chromace qui était très malade, tant que les idoles ne seraient pas détruites.

Les idoles détruites, Chromace ne guérit pas, car il  avoue alors  qu'il possédait chez lui une chambre où était représenté tout le système des étoiles, qui lui permettait de prédire l'avenir. La chambre est détruite, et Chromace est guéri. Il se convertit, ainsi que son fils Tiburce et 4000 personnes.

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Saint Sébastien porte toujours le collier de l'Ordre de Saint-Michel. Il lève la main sur deux idoles encore intactes.

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Lancettes de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Lancettes de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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13 et 14. Comparution de Sébastien devant Dioclétien.

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La Légende indique comment le préfet Fabien fait supplicier les chrétiens convertis, dont Tiburce, Zoé, Marcellin et Marc. Puis, il va dénoncer Sébastien à l'empereur Dioclétien.

Sébastien porte toujours le collier de l'Ordre de Saint-Michel.

 

"Après cela, ce préfet dénonça Sébastien à l’empereur Dioclétien, qui, l’ayant appelé, lui dit : « Ingrat, je t’ai placé au premier rang dans mon palais, et toi tu as travaillé contre moi et mes dieux ! » Et Sébastien : « Pour toi et pour l’État romain j’ai toujours prié Dieu, qui est dans le Ciel. » "

 

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Lancettes de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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15 et 16. Sébastien est criblé de flèches par deux archers.

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Sébastien, qui avait été nommé centurion par Dioclétien et Maximien, est martyrisé par ses propres archers.

"Après cela, ce préfet dénonça Sébastien à l’empereur Dioclétien, qui, l’ayant appelé, lui dit : « Ingrat, je t’ai placé au premier rang dans mon palais, et toi tu as travaillé contre moi et mes dieux ! » Et Sébastien : « Pour toi et pour l’État romain j’ai toujours prié Dieu, qui est dans le Ciel. » Alors Dioclétien le fit attacher à un poteau au milieu du champ de Mars, et ordonna à ses soldats de le percer de flèches. Et les soldats lui lancèrent tant de flèches qu’il fut tout couvert de pointes comme un hérisson ; après quoi, le croyant mort, ils l’abandonnèrent."

Cette scène a été représentée de très nombreuses fois, elle s'impose à toute la statuaire du saint. L'allure de bel éphèbe nu et blond, le bras droit levé au dessus de la tête, la colonne et ses liens, ainsi que le nombre des flèches répondent à des codes éprouvés. De même, la posture chorégraphique des archers, et leurs tenues exubérantes et marginales proches de celles des Lansquenets, sont retrouvés partout.

Voir :

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Lancettes de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Lancettes de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Lancettes de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Lancettes de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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17 et 18. Sainte Lucine et Policarpe retirent les flèches.

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Inscription Scta LVCIANA / S POLICARPE

La Légende dorée est un peu différente ; selon Charles Fichot, c'est ici "une erreur du peintre verrier" car c'est une veuve nommée Irène, dont le mari saint Castule était mort pour la foi, qui recueillit le corps, le soigna et rétablit la santé de Sébastien.

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Lancettes de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Lancettes de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Lancettes de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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19 et 20. Sébastien survit à sa sagittation et comparait à nouveau devant Dioclétien

Inscription Sct SEBASTIE[N]

Le collier de l'Ordre de Saint-Michel est bien visible avec ses coquilles saint-Jacques.

"Et voici que peu de jours après, saint Sébastien, debout sur l’escalier du palais, aborda les deux empereurs et leur reprocha durement le mal qu’ils faisaient aux chrétiens. Et les empereurs dirent : « N’est-ce point là Sébastien, que nous avons fait tuer à coups de flèches ? » Et Sébastien : « Le Seigneur a daigné me rappeler à la vie, afin qu’une fois encore je vienne à vous, et vous reproche le mal que vous faites aux serviteurs du Christ ! »

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Lancettes de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Lancettes de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Lancettes de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Lancettes de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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21 et 22 : Sébastien est condamné à être bastonné à mort.

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Alors les empereurs le firent frapper de verges jusqu’à ce que mort s’ensuivît."

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Là encore, la danse des bourreaux est caractéristique, rejoignant celle des soldats flagellant le Christ dans les innombrables représentations de sa Passion.

Saint Sébastien a retrouvé son collier de l'Ordre de Saint-Michel.

Dans les têtes de lancette se trouvent des branches de chêne nouées.

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Lancettes de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Lancettes de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Lancettes de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Lancettes de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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18 et 19. Saint Sébastien est jeté dans  un égout afin que son corps ne soit pas découvert .

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Inscription : DIOCLETIEN / S SEBASTIEN

"...et ils firent jeter son corps à l’égout, pour empêcher que les chrétiens ne le vénérassent comme la relique d’un martyr. Mais, dès la nuit suivante, saint Sébastien apparut à sainte Lucine, lui révéla où était son corps, et lui ordonna de l’ensevelir auprès des restes des apôtres : ce qui fut fait. Il subit le martyre vers l’an du Seigneur 187."

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Lancettes de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Lancettes de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Lancettes de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Lancettes de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LE TYMPAN.

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Tympan de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Une inscription est répartie en plusieurs phylactères :

SC~TSSE SEBASTIAN / SAINT SEBASTIAN AMI ED DIEV.

SAINT SEBASTIAN /GARDE NOUS EN TOVS LIEVX DE PESTE.

Et dans les écoinçons :

LA CONFRARIE DE SAINT SEBASTIEN ONT FAIT FAIRE CETTE VERRIERE.

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Tympan de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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20 . Sainte Lucine retire le corps de la fosse. Une effigie de saint Sébastien assiste à la scène, dans des nuées, tenant la flèche de son martyre.

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Tympan de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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21 . Sainte Lucine ensevelit  le corps de Sébastien aidée de Policarpe, devant saint Pierre et saint Paul (patrons de la cathédrale).

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Tympan de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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22. Les âmes de saint Sébastien, et des autres martyrs, menées par deux anges montent au ciel où ils sont accueillies par Dieu le Père.

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Tympan de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 233 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

— COFFINET (Abbé Jean-Baptiste), 1858,Les peintres-verriers de Troyes pendant trois siècles depuis 1375 jusqu'à 1690 "Peintres-verriers. Nomenclature des peintres-verriers de Troyes depuis 1375 jusqu'à 1690". Annales archéologiques, 1858, t. 18, p. 212-224.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f153.item

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f252.item

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f250.item

— FICHOT (Charles), 1889, Statistique monumentale du département de l'Aube page 220

https://www.google.fr/books/edition/Statistique_monumentale_du_d%C3%A9partement/-6jnG1emOHgC?hl=fr&gbpv=1&dq=civitas+ninive&pg=PA220&printsec=frontcover

— HABLOT (Laurent), 2023,  "Saint Sébastien et l'ordre de Saint-Michel", in L’Ordre de Saint-Michel et l'essor du pouvoir royal, Musée national des ordres de chevalerie et de la Légion d’Honneur - Château d’Amboise,p. 151-154.

—  JUBAINVILLE (Henri d'Arbois de), 1862, "Documents relatifs aux travaux de construction faits à la cathédrale de Troyes pendant les XIIIe, XIVe et XVe siècles" [second article].Bibliothèque de l'École des chartes  Année 1862  23  pp. 393-423

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_445819

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_461956

— LAFOND (Jean) 1955, "Les vitraux de la cathédrale Saint-Pierre de Troyes". In Société française d'archéologie, éd. Congrès archéologique de France : 113e session, Troyes, 1955. Orléans ; Nogent-le-Rotrou, 1957, p. 29-62.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32099177/f59.item

— LEDIT (Charles-J. Abbé) 1948,  Les Hautes verrières de la cathédrale de Troyes, préfacées par S. E. Mgr Julien Le Couedic,.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3339359k.texteImage?lang=FR

— LIEZ (Jean-Luc), 2022, "Regard(s) sur l’héraldique à Troyes au XVIe siècle". ffhal-03940420f

https://hal.science/hal-03940420/document

—MÂLE (Emile), 1908, "L’art français de la fin du moyen âge", Revue des Deux Mondes tome 43, 1908

https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Art_fran%C3%A7ais_de_la_fin_du_moyen_%C3%A2ge_-_Les_aspects_nouveau_du_culte_des_saints

—MARSAT (André), ‎Charles J. Ledit, ‎Angelico Surchamp · 1972 Cathédrale de Troyes, les vitraux

— MINOIS (Danielle), 2005 "Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560)" .Sorbonne Université presses Corpus vitrearum France Etudes VI, 1 vol. (475 p.-XXIV p. de pl.) : ill. en noir et en coul., jaquette ill. en coul. ; 33 cm

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— MINOIS (Danielle), 2003, thèse d'histoire de l'art Paris IV sous la direction de Fabienne Joubert et Michel Hérald,  La peinture sur verre à Troyes à la fin du Moyen Age

—PASTAN (Élisabeth C.  BALCON (Sylvie), 2006,  "Les vitraux du chœur de la cathédrale de Troyes (xiiie siècle)", Paris, Cths, coll. « Corpus vitrearum - France II », 2006, 539 p.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2010_num_168_3_7592_t19_0308_0000_1

— RIVIALE (Laurence),  "Danielle Minois, Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560). Paris, P.U.P.S., 2005, 475 p. (Corpus vitrearum France, études VI)." In: Bulletin Monumental, tome 166, n°1, année 2008. La galerie à Paris (XIVe-XVIIe siècle) pp. 85-86.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— TRIDON (Abbé), 1866,  Visite de la cathédrale de Troyes

http://bibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/fa6e003ba720fd499741406274f973dd.pdf

— SITES

Eglises du confluent :

https://www.eglisesduconfluent.fr/Pages/VIT-10Troyes-CathStPierreStPaul.php

https://www.eglisesduconfluent.fr/Pages/Pe-Sebastien2.php

 

Archives de la cathédrale de Troyes :

https://www.google.fr/books/edition/INVENTAIRE_SOMMAIRE_DES_ARCHIVES_DEPARTE/RZcNAAAAQAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=%22la+Mosl%C3%A9e%22&pg=PA315&printsec=frontcoverhttps://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Troyes/Troyes-Saint-Pierre-et-Saint-Paul.htm

Inventaire :

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000423

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000402

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000403

.

https://www.culture.gouv.fr/ar/29/5/2/2/4/Travaux-de-mise-en-securite-et-de-protection-de-la-Cathedrale-de-Troyes

.

https://abedehem.blogspot.com/2016/11/des-troyens-en-champagne.html

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Troyes Héraldique Donateurs Saint Sébastien

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)

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