Les vitraux de la cathédrale de Rouen IV. La baie 41 (chapelle Sainte-Anne, verrière des saints Claire, Guillaume Barbe 1465). La baie 43 (chapelle Saint-Nicolas, verrière des saints Marguerite, Madeleine, Nicolas, et de la Vierge à l'Enfant, Guillaume Barbe 1466).
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Voir :
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Voir aussi sur la cathédrale de Rouen :
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Les vitraux de la cathédrale de Rouen I. La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521).
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Les vitraux de la cathédrale de Rouen. II. La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450).
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Voir sur Rouen :
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PRÉSENTATION
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La cathédrale possède 52 fenêtres dont environ 14 du XIIIe siècle, 6 du XIVe siècle, 22 du XVe siècle, 7 du XVIe siècle, 9 du XXe siècle.
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XIIIe siècle
Baies n° 9 et n°11 Verrière de la vie de saint Joseph vers 1220-1230
Baie n°10 Verrière de la Passion vers 1220-1230
Baie n° 12 Verrière du Bon Samaritain vers 1220-1230
Baie n°13 Verrière composite avec fragments des Sept Dormants d'Éphèse et de saint Pierre vers 1204
Baie n°14 Verrière composite : vie des saints Pierre et Paul, martyre des saints André et Barthélémy vers 1220-1230 et 1er quart XIVe
Baie n°23 Verrière de la vie de saint Julien l'hospitalier vers 1220-1230
Baie n°27 vers 1230
Baie n°29 vers 1230
Baie n°31, vers 1230
Baie n°39, Verrière de saint Vincent et saint Laurent XIIIe siècle
Baie n°53, Verrière composite : « Belles Verrières » et Noli me tangere vers 1200 et 1210, 1220-1230 et 1468-1469 (Guillaume Barbe)
Baie n°51 Verrière composite : « Belles Verrières » et la Passion du Christ vers 1200-1210, 1220-1230 et 1468-1469
Baie 121, Rose des Libraires, vers 1280
XIVe siècle
Baie n° 3, Chapelle de la Vierge Verrière composite avec écus de Guillaume de Flavacourt vers 1310
Baie n° 5, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Ouen, Ansbert, Godard et Filleul vers 1310.
Baie n° 6, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Romain, Évode, Victrice et Innocent vers 1310
Baie n° 7, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Marcellin, Maurice, Silvestre et Eusèbe vers1310
Baie n° 8, Chapelle de la Vierge. Verrière du martyre de saint Prétextat et saints Maurille, Rémy et Hugues vers 1310
Baie n°36 : Vitrail de la Pentecôte offert par Jean de Nonancourt. 1340-1350
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XVe siècle.
Pour J. Le Maho "Les panneaux du XVe siècle illustrent la vie des saints vénérés par les confréries dont la chapelle était le siège, saint Jean-le-Décollé et sainte Madeleine (Décollation du Précurseur et présentation du chef de saint Jean-Baptiste, repas de Jésus chez Simon, les saintes Femmes au tombeau et le « Noli me tangere » ou apparition du Christ ressuscité à Marie-Madeleine). Ce sont de belles et grandes compositions aux couleurs claires, où les personnages se meuvent librement sur un fond de ciel et de paysage, sans toutefois oser sortir du cadre imposé par les divisions de la fenêtre. Si la perspective n’y est pas encore parfaite, ces scènes légendaires annoncent déjà cependant le vitrail-tableau qui triomphera au siècle suivant."
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Baie n° 1, Chapelle de la Vierge. Verrière de l'Annonciation, saints Michel et Jacques le Majeur. Guillaume Barbe vers 1470
Baie n° 2, Chapelle de la Vierge. Verrière des saintes Catherine, Madeleine, saints Pierre et Jean-Baptiste . Guillaume Barbe vers 1470
Bain n° 32 :Vitrail des Saint-Innocents Guillaume Le Fève et Confrérie des saints Innocents 1449-1450
Baie n°41 , Verrière des saints Claire, évêque, Madeleine et Éducation de la Vierge, 1465, Guillaume Barbe
Baie n°43 Verrière des saints Marguerite, Madeleine, Nicolas et Vierge à l'Enfant 1468-1469 Guillaume Barbe
baie n°44 Verrière composite : Vierge à l'Enfant couronnée, saints Simon, Nicolas et sainte Catherine 1466-1467.
Baie n°47 Verrière des saints Éloi, Laurent, Jean-Baptiste et Nicolas 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°49 Verrière des saints Michel, Julien, Guillaume et Geneviève 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°51 Verrière composite : « Belles Verrières » et la Passion du Christ vers 1200-1210, 1220-1230 et 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°55 : Vitrail de saint Victor, Vierge à l'Enfant, sainte Agathe et saint Sébastien 1468-1469 Guillaume Barbe
Baies 100, 101 et 102, fenêtres hautes du choeur vers 1430
Baie 105, Saint Pierre. 1433
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XVIe siècle
Baie n°28 Vie de Saint-Romain, Jean Barbe ? 1511-1512 et 1521
Baie n° 30 Panégyrique de Saint-Romain, 1521
Baie n° 34, Vie de saint Jean-Baptiste, 1499
Baie n°54 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Pierre et André), le Christ et saint Pierre marchent sur les flots vers 1500
Baie n°56 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Jacques le Majeur et Jean l'Évangéliste), l'Ascension vers 1500
Baie n°58 Verrière de l'Incrédulité de saint Thomas vers 1500
Baie n°62 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Paul et Jude), le Christ et les pèlerins d'Emmaüs vers 1500
XXe siècle
Vitraux des Chapelles de la nef
Chapelle Ste Jeanne d'Arc
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Toutes les informations techniques proviennent du volume VI du Corpus Vitrearum et de Blondeau 2014.
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LE PEINTRE VERRIER GUILLAUME BARBE.
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Depuis les travaux de Martine Callias-Bey en 1997 et de Caroline Blondeau en 2014, l'atelier des peintres-verriers de la famille Barbe, installé à l'enseigne de l'Écu de verre (A l'Escu de voirre) rue Saint-Romain qui longe la cathédrale au nord dans la paroisse Saint-Nicolas-le-Painteur, est parfaitement connu. Les archives particulièrement riches et détaillées ont permis de suivre cette famille.
Guillaume Barbe, fils cadet de Jean, entre comme apprenti à l'atelier fondé par Guillaume Andry, puis, devenu maître-verrier de la cathédrale, il prend sa succession à la direction de l'escu de voirre vers 1456, et jusqu'en 1488.
Les fenêtres des bas-côtés de la cathédrale, datant du début XIIIe siècle, ont été détruites lorsque les confréries ont souhaité établir des chapelles entre les contreforts : de nouvelles baies à quatre lancettes ont alors été érigées, au XIIIe siècle.
Mais en 1461, lorsque les maîtres de la fabrique visitent et inspectent les fenêtres de la nef en compagnie de peintres verriers "pour voir et scavoir quelle reparation povoir faire", ils décident d'en renouveler les vitraux, sans doute en raison de la vétusté des vitraux existant. Ils confient à Guillaume Barbe la réfection des baies des bas-côtés de la nef et d'une partie du chœur.
C'est un chantier énorme : le plan suivant montre que ce sont dix-sept chapelles qu'il s'agit de vitrer, soit soixante-huit lancettes, sans compter le chœur ! Dès 1463, les fenêtres de la chapelle Saint-Eustache, baie 52, commencent à être garnies de verrières historiées.
Aujourd'hui, ces baies sont celles numérotées 41, 43, 47, 49, 51, 53 et 55, puisque les vitraux du bas-côté sud ont été remplacés au XVIIe et XVIIIe siècle pour faire entrer la lumière . Seule la baie 44, dans la chapelle Sainte-Catherine, conserve des verres de Guillaume Barbe à côté d'œuvres modernes.
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En 1464, son fils Guillaume Barbe le jeune aidera son père comme valet.
En 1488, Guillaume Barbe l'ancien transmet l'Écu de verre à son fils puîné Jehan et se retire en son village natal, Grainville-sur-Fleury ; il meurt entre 1500 et 1513.
Sa petite-fille Jeanne épouse vers 1525 un apprenti verrier, Olivier Tardif, qui reprend en 1533 la succession de Jehan.
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Autres réalisations de Guillaume Barbe.
Guillaume Barbe répare, remplace et complète les verrières de la chapelle de la Vierge en 1462-1463, du déambulatoire et ses chapelles, la rose de la Calende en 1465-1466 et au bas des « Belles-Verrières » en 1468-1469.
Sans pouvoir lui être attribué avec certitude, son style a été reconnu sur des vitraux présents dans les églises rouennaises Saint-Vincent, Saint-Patrice, Saint-Maclou, Saint-Ouen, Notre-Dame de Caudebec-en-Caux, Saint-Étienne d'Elbeuf, Berville-sur-Seine, Pont-Audemer, Vatteville-la-Rue, Louviers, la chapelle du château d'Ételan.
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Un grand atelier.
"On peut se demander si Guillaume Barbe ,n'était pas une sorte d'entrepreneur ou le maître d'un très grand atelier réunissant de nombreux compagnons, ou encore s'il n'était pas à la tête d'une association de peintres verriers." (Callias-Bey)
Provenance du verre.
Ses sources d'approvisionnements en verre sont connus. Il se fournissait en « plats de verre » chez Jean Cotelle à Eu dans les années 1460-1465, en « sommes de gros voirre rouge » chez Germain Turgis à Rouen en 1462-1463, puis chez Jean de Dogny en 1467-1468 et chez Guillaume Vassal à Fry pour les années 1484-1485.
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Caractères stylistiques.
"Les œuvres de Guillaume Barbe relèvent d'un style brillant et monumental; l'élégance des attitudes et proportions allongées des « ymages » évoquent la statuaire, que ce soit dans la peinture des figures de saints isolées ou dans celle des scènes légendaires, celles-ci ayant pour la plupart disparu.
Sa palette s'équilibre de couleurs chatoyantes, d'une part, telles qu'un vert anglais, un bleu outremer, un bleu pâle, un jaune d'or, un rouge lie de vin et un violet et les nombreux verres incolores particulièrement fins et transparents, d'autre part, affichant une préférence pour l'harmonie vert, bleu, jaune et rouge foncé, il module ce contraste en fonction de l'éclairage de l'édifice sans négliger l'apport d'une lumière supplémentaire qu'offre l'emploi généreux du jaune d'argent réservé aux cheveux, aux galons à cabochons des vêtements, orfrois, mitres et accessoires, aux décors architectoniques aux ornements des armures, aux motifs de damas exécutés à l'aide de nombreux pochoirs assez sophistiqués et aux motifs des bordures.
Un emploi subtil de la grisaille aboutit à un modelé très délicat des visages, grâce à des lavis progressifs peu chargés de matière, éclairés d'enlevés précis réalisés à l'aiguille ou plus largement au petit blaireau ; les ombres sont accusées par des hachures parallèles posées au petit gris. Ce travail minutieux donne beaucoup de relief à des visages qui présentent, de manière constante, des bouches très dessinées et charnues, des globes oculaires proéminents logés dans des cavités profondes et soulignées par des paupières inférieures lourdes, le dessin des sourcils accentuant volontiers l'expression de désarroi de certains personnages.
Paradoxalement, ce maître habile ne recourt que rarement à des pratiques sophistiquées comme la gravure des verres ou le montage des verres en chef-d'œuvre.
Influences
Toutes ces observations évoquent la manière du Maître de l'Échevinage de Rouen, illustrateur dans les années 1460-1480 de nombreux manuscrits des conseillers de la ville de Rouen dont la plupart sont maintenant conservés à la Bibliothèque nationale de France à Paris. On peut établir notamment un rapprochement certain entre la Nativité du manuscrit de la Cité de Dieu peint vers 1470 et la même scène exécutée à la même date pour une baie de Saint-Vincent de Rouen par Guillaume Barbe. (*)
Ces points communs ne doivent pas faire oublier néanmoins la variété des manières observées dans ces œuvres." (Callias-Bey)
(*) Mais pour C. Blondeau, "l'enluminure locale, si elle comporte de nombreux points communs avec le vitrail, n'offre pas de rapport précis avec nos vitraux".
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Un répertoire de personnages.
Le parti-pris des chanoines commanditaires est celui de personnages en pied, devant des tentures, sous des dais architecturés., modalité la plus courante en cette fin de XVe siècle. Le peintre verrier, reproduisant fréquemment les mêmes sujets, se constitue un matériel d'atelier et reprend pour certains de ces sujets des cartons. C. Blondeau a pu le démontrer pour certains évêques, pour Jean-Baptiste, le Christ, et même pour des compositions entières, comme une descente de croix.
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Un répertoire de tentures damassés.
La variété des motifs de damas est l'un des aspects qui rend passionnant l'examen détaillé des vitraux. Ici, nous ne trouvons pas, comme à Évreux et Quimper, des oiseaux fantastiques affrontés d'influence orientale, mais l'atelier de Guillaume Barbe reprend différents cartons qu'il utilise pour les tentures d'honneur, les vêtements et les tuniques. C. Blondeau a identifié trois motifs parmi ceux qu'il est possible de relever malgré l'usure de la grisaille.
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Le motif n°1.
"Ce motif le plus présent à la cathédrale de Rouen comme dans les autres vitraux de Guillaume Barbe est d'inspiration végétale, comme la majorité d'entre eux d'ailleurs. Il se compose d'une fleur en forme de cœur surmontée d'une sorte de boule, encadrée une première fois par un feuillage à la découpe savante et une seconde fois par une autre rangée de feuilles dessinant des arabesques. L'ensemble donne une composition très complexe et quasiment symétrique" (C. Blondeau p. 119)
Voir infra baie 43 derrière Marie-Madeleine.
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Le motif n°2.
"Le motif n°2 est beaucoup plus difficile à cerner dans son intégralité. Il s('agit d'un thème végétal de forme losangé, composé d'un entrecroisement de branches à l'intérieur desquelles se développe un décor de feuilles crénelées qui forment des volutes. Au centre de cet entremêlement, descend une petite feuille isolée en forme de triangle et qui n'est par reliée au reste du branchage. Ce motif ornemental est présent sur deux des verrières de la cathédrale : deux fois en baie 47 et une seule en baie 49. (C. Blondeau p. 119)
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Le motif n°3.
Le troisième motif n'est utilisé qu'une fois, sur la baie n°41 (infra) derrière sainte Claire. "Plus fragmentaires que les autres, ses contours sont plus difficiles à discerner. D'inspiration végétale, il est constitué d'un enchevêtrement savant de feuilles crénelées entourant une partie reconnaissable et facilement identifiable : il s'agit d'une sorte de fleur ronde au cœur évoqué d'un trait noir de grisailles, et d'où partent des rinceaux se terminant en volutes et le tout peint de manière très stylisé, d'un seul trait. cette composition, dont l'organisation est très similaire au deuxième motif, est très complexe et joue également sur la répétition du dessin." (C. Blondeau p. 120)
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Voir (onglet "rechercher") mes articles sur les vitraux des cathédrales de Chartres, Bourges, Évreux, Le Mans et Quimper étudiant leurs fonds damassés, parmi lesquels :
- La légende de saint Nicolas dans les vitraux de la cathédrale de Sées (Orne).
- L'église Saint-Gilles de Malestroit. Verrière de la Vie de saint Gilles et de la Vie de saint Nicolas (Premier quart du XVe siècle).
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La baie 41 (nef côté nord). Chapelle Sainte-Anne. Verrière des saintes. Sainte Claire, Madeleine et Anne éducatrice, et d'un saint évêque à donateur, par Guillaume Barbe 1465. Jean Gaudin 1960.
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La baie de 4 lancettes située à l'extrémité du bas-côté nord mesure 11,30 m. de haut et 3,20 m. de large. C'est une verrière mixte à deux parties, l'une historiée de 4 personnages en bandeau, réalisée par Guillaume Barbe, l'autre à vitrerie à losanges ornée de bordures et fermaillets y compris dans le tympan, crée en 1960 par Gaudin.
Les figures prennent place sous un encadrement architecturé à deux étages, très restauré.
Elle n'a pas été déplacée, elle a été restaurée au XIXe siècle, a été démontée et mise à l'abri au cours des deux guerres mondiales.
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La verrière a été commandée par la fabrique, et payée une fois terminée le 20 septembre 1465 : "Dés mars, un échafaudage est monté dans la chapelle par le maçon Lecoq. Commencent alors les travaux de blanchiment de la voûte, et la pose d'un carrelage rouge, toujours par Lecoq. En mai, Pierre Desuaulx, plombier, travaille à la soudure du vitrail. En août, le "chauchonnier" Lizurier blanchit de chaux le pilier extérieur se trouvant devant la verrière de la chapelle.
Pour C. Blondeau, "la richesse et la préciosité des vêtements et le peu de modelé des visages en font une )œuvre à part dans le programme des bas-côtés." (p. 77)
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Une pièce des archives ADSM G2500bis f° 86v cite le nom du verrier et indique la somme qui lui a été versée :
"Audit Barbe voirrier, pour avoir ouvré son mestier en la chapelle Saincte Anne de la dite eglise. Cest assavoir en icelle chapelle a une fourme de voirre neuf de couleurs ou il y a quatre jours, laquelle est bordée et a chaque pennel au parmi a ung fermaillés de voirre de couleurs et quatre ymages bas en ladite fourme, et aussi pour avoir paint et recuis toutes les bordeures et fermaillés de la dite fourme comme plus a plein est desclaré en ces parties et quittance, montans en somme totale XXXV l pour ce payé a luy par quictance le XXe jour du moys de septembre la somme de XXXV l". (cité par C. Blondeau)
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Si on compare cette baie à la baie 43, on remarque malgré la communauté de styles et de damas une différence notable : la baie 43 ne comporte aucune inscription.
—Notice
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM76003006
— Photos Wikipedia :
https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Baie_41_-_cath%C3%A9drale_Notre-Dame_de_Rouen?uselang=fr
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Sainte Claire d'Assise.
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La sainte franciscaine fondatrice de l'Ordre des Pauvres Dames est représentée en abbesse (livre, crosse), sans autre attribut permettant de l'identifier. La cosse est tenue par l'intermédiaire d'un sudarium. La sainte est voilée, porte la guimpe, et son habit de bure ne montre pas de cordelière. Curieusement, une robe bleue et rouge à bordure dorée dépasse sous la bure.
Il faut éclaircir l'image pour voir que le nimbe porte une inscription. Hélas, je ne parviens pas à la déchiffrer, ni à en trouver le relevé. Peut-être (ici) MATER DNI MEATE ---IA DMINO DOULO ?
Le fond damassé rose ("somptueux damas violet" selon C. Blondeau) porte un décor à rosaces à bords crénelés, et d'entrelacs.
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Un saint évêque et un chanoine donateur.
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Il est impossible d'identifier l'évêque. Sa chape à fermail carré porte une bordure à lettres pseudo-coufiques simulant une inscription.
Le donateur est un chanoine, comme l'indique l'aumusse portée sur l'avant-bras droit sur un surplis blanc et une robe rouge. Cette tenue de chœur est celle de tous les chanoines donateurs de la cathédrale, la couleur de la robe (ou de parements) étant parfois aussi bleue.
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Sainte Marie-Madeleine.
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Elle s'identifie par son attribut, le flacon d'aromates, par ses cheveux longs, blonds et dénoués seulement retenus au front par un diadème perlé, et par son élégance.
Elle est vêtue d'une robe pourpre (serrée par une large ceinture bleue) et d'un manteau vert doublé d'hermines et à bordures orfrayées.
Le fonds damassé est de couleur or, à entrelacs feuillagés.
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Sainte Anne éducatrice.
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Le nimbe porte une inscription en lettres gothiques SANCTA ANNA -MA-- EU - P[E]R ONNOUR ???
La bordure du manteau est brodée de lettres parmi lesquelles ont reconnait DEI, MARI- et deux fois ANNA.
La Vierge, nimbée de rouge, porte le surcot d'hermines propre alors aux princesses au dessus d'une robe à corsage d'or et jupe rouge doublée d'hermines. Elle pose l'index sur le livre que lui tend sa mère.
Le drap d'honneur vert est uni, mais sa bordure dorée porte aussi une inscription.
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La baie 43 (nef côté nord). Chapelle Saint-Nicolas. Verrière des saints Marguerite, Madeleine, Nicolas et Vierge à l'enfant. Guillaume Barbe 1465-1470. Jean Gaudin 1960.
https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Baie_43_-_cath%C3%A9drale_Notre-Dame_de_Rouen?uselang=fr
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La baie de 4 lancettes et 3 trilobes au tympan mesure 11 m. de haut et 3,30 m. de large. C'est une verrière mixte à deux parties, l'une historiée de 4 personnages en bandeau, réalisée par Guillaume Barbe, l'autre à vitrerie à losanges ornée de bordures et fermaillets y compris dans le tympan, créée en 1960 par Gaudin.
Elle occupe l'avant -dernière fenêtre du bas-côté nord.
Le Corpus Vitrearum signale un bon état de conservation, mais la Vierge à l'Enfant, 2 des 3 enfants auprès de saint Nicolas ainsi que son manteau, et les fonds damassés sont restaurés.
Elle n'a pas été déplacée, elle a été démontée et mise à l'abri au cours des deux guerres mondiales.
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Le peintre-verrier Guillaume Barbe en a été payée le 20 août 1466 :
"Item en la chapelle St Nicoalas, a une fourme de voirre neuf ou il y a III ymages bas et a chaque pennel ung fermaillet et contientt icelle fourme IIICXLIII piès de voirre, et pour avoir paint et recuit les bordeures et fermailets de plusieurs fourmes et pour la façon de III ymages et pour faire tout ensemble".
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Sainte Marguerite issant du dragon.
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Détail : le fonds damassé.
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Le motif, selon C. Blondeau, est un unicum composé d'un enchevêtrement de feuilles et de fruits peints en grisaille et jaune d'argent sur fond bleu.
Cela suppose, comme pour le fonds de saint Nicolas, de graver le verre bleu, de l'abraser à l'émeri réduit en poudre (parfois à la molette, plus tard à l'acide) pour faire apparaître le verre transparent avec lequel il est doublé. Puis ce verre est peint, en grisaille, ou en jaune d'argent. La technique est fréquente pour le verre rouge, plus rare pour le verre bleu, mais j'en ai signalé l'usage sur les vitraux de la cathédrale d'Evreux, par exemple (baie 211, 1325-1327). En Bretagne, on trouve des verres bleus gravés à La Martyre, Pleyben et Saint-Pol-de-Léon.
Cela permet au peintre-verrier de changer de coloris sur un même verre sans avoir besoin de plombs.
Lire Roger Barrié, 1976, "Les verres gravés et l'art du vitrail au XVIe siècle en Bretagne occidentale.", Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest.
https://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1976_num_83_1_2796
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Sainte Marie-Madeleine et son flacon d'aromates.
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Détail : le fonds damassé.
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Ce fond est celui qui est habituel à Guillaume Barbe. Cf supra "motif n°1".
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Saint Nicolas, en évêque, bénissant les trois clercs ressuscités du saloir.
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Détail : le fonds damassé à rinceaux floraux : verre bleu gravé.
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Détails.
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La Vierge à l'Enfant.
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Les visages ont été restaurés. Le damas relève du dessin propre au répertoire de l'atelier, avec des tiges en roues crénelées.
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SOURCES ET LIENS.
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— BLONDEAU (Caroline), 2014, Le vitrail à Rouen 1450-1530, "L"ecu de voirre". Corpus Vitrearum, Presses universitaires de Rennes.
— CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001, Les vitraux de Haute-Normandie - Corpus vitrearum, Paris, CNRS éditions / Éditions du Patrimoine, coll. « Recensement des vitraux anciens de la France - volume VI », 2001, 495 p. (ISBN 2-271-05548-2 et 2-85822-314-9), p. 332-353.
— CALLIAS-BEY (Martine), 1997, « À l'« Escu de voirre »: un atelier rouennais de la peinture sur verre au XVe et XVIe siècles », Bulletin monumental, t.155-III, 1997, p. 237-242
https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1997_num_155_3_917000
— GOUPY (Axelle), 2019, Un miroir de la mission canoniale et épiscopale au XIIIe siècle. Les vitraux légendaires du chœur de la cathédrale de Rouen, thèse préparée sous la direction de Philippe Plagnieux, professeur d’histoire de l’art du Moyen Âge à l’École des chartes, et de Karine Boulanger, ingénieure d’études au CNRS et membre du Centre André Chastel.
https://chartes.hypotheses.org/6640
https://www.chartes.psl.eu/fr/positions-these/vitraux-legendaires-du-choeur-cathedrale-rouen-1225-1230
— LE MAHO, Jacques ; CARMENT-LANFRY, Anne-Marie. "Les chapelles des collatéraux", in La Cathédrale Notre-Dame de Rouen. Nouvelle édition [en ligne]. Mont-Saint-Aignan : Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2010 (généré le 24 mars 2022). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/purh/3779>. ISBN : 9791024010670.
https://books.openedition.org/purh/3800
— SCHLICHT (Markus), 2013, « Architecte, commande, style, modèle. Quelques remarques sur la réfection des fenêtres hautes du chevet de la cathédrale de Rouen (1429-1433) »
https://www.academia.edu/22616848/Full_text_Architecte_commande_style_mod%C3%A8le_Quelques_remarques_sur_la_r%C3%A9fection_des_fen%C3%AAtres_hautes_du_chevet_de_la_cath%C3%A9drale_de_Rouen_1429_1433_
— TANGUY (Jacques)
http://www.rouen-histoire.com/Vitraux/Transept_S/Fen36.htm
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Non consultés :
Martine Callias Bey, Rouen, Cathédrale Notre-Dame, Les verrières, Itinéraires de patrimoine no 25, Rouen, 1993.
Anne-Marie Carment-Lanfry, La Cathédrale Notre-Dame de Rouen, Connaître Rouen, Rouen, 1977.
Louis Grodecki, Les Vitraux, dans n° spécial des Monuments historiques de la France, 1956, 2, p. 101-110.
Jean Lafond, « Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300 », Bulletin monumental., t. 111, p. 317-358.
Jean Lafond, Le Commerce des vitraux étrangers anciens en Angleterre, au xviiie et au xixe siècles, RSSHN, 1960, p. 5-15.
Eustache-Hyacinthe Langlois, Mémoire sur la peinture sur verre, Rouen, 1823.
Eustache-Hyacinthe Langlois, Essai sur la peinture sur verre, Rouen, 1832.
Yves Lescroart, La Cathédrale Notre-Dame de Rouen, Paris, Éditions du Patrimoine, coll. « Cathédrales de France », 2000, 96 p., p. 66-77
Armand Loisel et Jean Lafond, La Cathédrale de Rouen, Paris, 1924.
Monum, Les Vitraux de Haute-Normandie, éd. du patrimoine, Paris, 2001.
Françoise Perrot, Le vitrail à Rouen, Connaître Rouen, t. II, Rouen 1972.
— RITTER (Georges), 1926, Les Vitraux de la cathédrale de Rouen, XIIIe, XIVe, XVe et XVIe siècles. Reproductions en héliotypie, publiées avec une introduction historique et des notices iconographiques. Non consulté.
Alfred Rudolf et Eugène Levasseur, Les Vitraux de la cathédrale de Rouen, Rouen, s.d.
— WIKIPEDIA
https://fr.wikipedia.org/wiki/Vitraux_de_la_cath%C3%A9drale_de_Rouen
https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Baie_36_-_cath%C3%A9drale_Notre-Dame_de_Rouen?uselang=fr
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