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6 janvier 2020 1 06 /01 /janvier /2020 16:43

Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux : XVIII : la baie 209 offerte vers 1390-1400 par Pierre de Navarre, comte de Mortain.

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Cet article est le dix-huitième d'une série sur l'apparition du jaune d'argent dans les vitraux du chœur de la cathédrale d'Évreux au XIVe siècle, et il suit l'ordre chronologique des datations de ces verrières.

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Je suis guidé par les publications de Françoise Gatouillat, et notamment par Gatouillat 2019.

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Voir :

 

 

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Voir aussi :

.— Sur les vitraux plus tardifs de la cathédrale d'Évreux :

— Sur les fonds damassés  outre les articles sur les baies 15, 17 et 19 cités supra : 

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Liste de mes 200 articles sur les vitraux :.

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PRÉSENTATION.

 

Haute de 6,50 m et large de 3,60 m, la baie 209, située au coté nord des vitres hautes du chœur, comporte 4 lancettes trilobées  et un tympan à 1 pentalobe,  2 trilobes et 9 écoinçons. Elle appartient, avec la baie 210 offerte par Charles VI,  aux verrières dites "royales" car le donateur a été identifié comme Pierre de Navarre, comte de Mortain, frère puiné du roi de Navarre et comte d'Évreux Charles III le Noble, et compagnon d'enfance du roi Charles VI.

Pierre de Navarre y est présenté à la Vierge à l'Enfant par saint Pierre, et par saint Denis. 

Les quatre personnages se tiennent dans des édicules voûtés tendus de damas à motifs de rinceaux en spirale.

Les dais répètent les mêmes fleurons trilobés au sommet des petits gables aigus des contreforts que la baie 210, les mêmes crosses de feuillage sur les rampants des gables principaux, et surtout les mêmes crochets blancs et jaunes qui hérissent, par une disposition assurément rare, la corniche supérieure des niches. Mais le dais à sommet plat est simple pour les trois saints personnages, et double pour le donateur, afin qu'il soit placé plus bas qu'eux.

La verrière a été restaurée lors de la réfection du chœur entre 1888 et 1896 : la date de 1893, qui est inscrite sur le livre de prières, se rapporte certainement à cette restauration.

Elle résulte d'une recomposition un peu complexe par Jean-Jacques Gruber en 1953 puisque son emplacement était auparavant celui de la verrière de Guillaume d'Harcourt (aujourd'hui en 211), et que les panneaux du donateur et de saint Pierre ont été transférés depuis la baie 134 de la nef avant 1834 pour compléter la verrière de Raoul de Ferrières de la baie 207, et qu'enfin la Vierge et saint Denis étaient placés dans la verrière voisine...

Longtemps, en se fondant sur un relevé exécuté par le collectionneur Gaignières, on y a vu Charles III de Navarre. L'identification juste, et la recomposition de la verrière, résultent d'un véritable travail d'enquête érudite mené en 1942 par Suzanne Honoré-Duvergé  puis Jean Lafond , mais le débat s'est poursuivi autour des baies 209 et 210 jusqu'en 1980, entre Jean Lafond, Louis Grodecki (1956-1957), l'archiviste Marcel Baudot et l'héraldiste Jean-Bernard de Vaivre. Il portait notamment sur les deux relevés effectués par Boudan pour Gaignières : s'agissait-il, — puisqu'ils portaient en inscription les identifications de Charles II et de Charles III —, d'infidélités aux verrières réelles (car plus difficiles à observer qu'une dalle funéraire par exemple), ou bien de relevés de deux autres verrières, aujourd'hui perdues, tandis que les actuelles baies 209 et 210 auraient échappé à l'attention du dessinateur et antiquaire ? On pourra voir, dans les articles cités en source, combien ces débats sont passionnants et instructifs. 

Néanmoins, le consensus est établi concernant l'identité de Pierre de Navarre, et la datation entre 1390 et 1404.

 

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Vue générale en situation au dessus du triforium avec sa baie 109 :

 

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Baies 209 et 109 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baies 209 et 109 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La première lancette : la Vierge à l'Enfant.

 

Elle provient de la verrière de la cinquième travée de la nef, du côté sud, où elle avait été déplacée.

"La Vierge assise à laquelle Mme Honoré-Duvergé a pensé pour compléter le vitrail de Pierre de Mortain est infiniment gracieuse. Sa tête blonde s'incline vers la droite, comme pour accompagner le mouvement de l'Enfant-Jésus, penché en avant avec ce bel élan qu'on lui voit dans certaines représentations de l'Adoration des Mages. Mais il tend ici une branche de rosier." (J. Lafond)

On sait que la Vierge, patronne de la cathédrale Notre-Dame, est honorée dans la plupart des verrières hautes du chœur.

Fond rouge damassé au motif de rinceaux. Manteau bleu, nimbe vert, Enfant et visage de Marie en verre blanc peint au jaune d'argent. Le damassé aux rinceaux polycycliques se retrouve sur la robe dorée, visible en bas.

La Vierge incline la tête vers son Fils avec qui elle échange un regard d'autant plus tendre que l'Enfant enlace le cou de sa Mère de ses bras. Elle tient dans la main droite un objet (rosier selon Lafond) que je ne peux déterminer.

Petit effet de perspective par les nervures des voûtains, le manteau qui passe devant les piédroits, ou les lignes du carrelage  à losanges noirs et jaunes.

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Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Cliché éclairci pour étudier le fond rouge.

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Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Deuxième lancette : saint Pierre coiffé de la tiare papale.

Fond du dais rouge, sous lequel est tendue une étoffe damassée bleu au motif de pommes de pins fleuronnées, de rouelles à crochets et de rinceaux. Je rappelle l'importance de ces damassés, qui ont permis le regroupement des panneaux dispersés et qui se retrouvent en baie 210. La rouelle à crochet renferme deux dragons (ou oiseaux fabuleux) affrontés, comme les soieries ou lampas importés de Lucques ou de Florence. 

Ce motif se retrouve à Bourges dans le vitrail de la chapelle d'Etampes — ou du Sacré-Coeur — des premières années  du XVe, et  reproduit dans la Pl. II d'A de Méloizes.

Saint Pierre tient la clef dans la main droite et tend la main gauche, en arrière, vers le donateur dont il est le patron. Nimbe rouge, chape lie-de-vin, surplis, visage et mains en verre blanc. 

L'un des détails précieux est le motif des broderies de l'étole, puisqu'il s'agit de verrières au remplage stylisé : il indique que Pierre de Navarre est donateur de la verrière, d'une façon très originale puisqu'ailleurs dans le chœur, les donateurs portent eux-mêmes une maquette de vitrail.

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Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Troisième lancette. Pierre de Mortain en donateur.

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Pierre de Navarre (Évreux, 31 mars 1366 – Sancerre, 29 juillet 1412), comte de Mortain, était le fils puîné de Charles II, roi de Navarre et comte d'Évreux (dit Charles le Mauvais), et de Jeanne de France (1343-1373), fille du roi de France Jean le Bon.

Pierre de Navarre alias Pierre de Mortain naquit à Évreux le 5 avril 1366. Laissé à la cour de France (en gage d'une possible politique de réconciliation entre son père et le roi Charles V), il fut élevé avec le futur roi Charles VI, dont il devint l'inséparable compagnon.

C'est dans ce contexte qu'il faut réunir les deux verrières 209 (au nord) et 210 (au sud) offertes par Pierre de Mortain et Charles VI, et où saint Denis est présent dans les deux cas.

Le gisant de Pierre de Navarre est conservé au Louvre.

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Statue gisante provenant du tombeau de Pierre de Navarre , dans le choeur de l'église de la Chartreuse de Paris, détruit à la Révolution.

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http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=1980

"Au reste, l'exactitude de l'identification est aisée à vérifier ; la figure du vitrail présente, nous l'avons dit, toutes les apparences d'un portrait. Or, le Louvre conserve la belle statue tombale du comte de Mortain, que lui fit ériger, après sa mort en 1412, sa veuve Catherine d'Alençon . L'épreuve est concluante : non seulement le costume du gisant est identique en tous points au vitrail — mêmes détails de l'armement, même cotte armoriée, le cortil seul faisant défaut — mais encore les traits sont semblables ; à peine peut-on noter que le vitrail offre une image plus juvénile, faite vraisemblablement du vivant de Pierre de Navarre." (Honoré-Duvergé)

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Plus précisément (de Vaivre), Pierre de Mortain porte une cuirasse, cuissards, grèves et solerets à bouts pointus. La cuirasse, portée sur une cote de maille qui apparaît au col, est elle-même revêtue d'un tabard aux armes un peu différentes que celles du vitrail  : aux 1 et 4 au rais d'escarboucle pommeté, besanté et fermé, aux 2 et 3 à trois fleurs de lis à la bande et à la bordure simple. En d'autres mots, seuls sont brisés les deux quartiers issus de France. D'autre part, le tortil est absent mais aux dires de Millin, la tête était autrefois ceinte d'un tortil « en vermeil, orné de pierres fines ».

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Datation :

"Le peu que nous connaissons de la vie du comte de Mortain nous aidera à préciser la date de la verrière. Nous savons qu'il est né à Évreux le 5 avril 1366 , et cela nous donnera le terminus a quo du travail : il semble bien que le prince eût dépassé vingt ans quand l'artiste a fixé ses traits sur le verre ; le vitrail ne saurait donc être antérieur de plus de deux ou trois ans à 1390. Un autre argument, tiré de l'état des ressources du jeune Pierre de Navarre, vient renforcer cette déduction : quand Charles V procéda à la confiscation de toutes les terres françaises de Charles le Mauvais (1378), le jeune homme, retenu prisonnier à la cour de France, fut dès lors élevé en compagnie du futur Charles VI, son cadet de deux ans à peine ; financièrement parlant, il dépendait donc entièrement du bon plaisir du roi de France : en dehors de quelques dons motivés par des frais extraordinaires, sa pension s'élevait à 3,200 l. p. par an, jusqu'à l'érection en sa faveur du comté de Mortain en 1401 . Sans doute peut-on penser que Charles le Noble, une fois monté sur le trône de Navarre (1387), aida son jeune frère à tenir son rang ; mais les finances navarraises étaient elles-mêmes bien mal en point, et c'est en 1410 seulement que le prince recevra un apanage de 3,000 l. de rente . Aussi paraît-il impossible qu'avant 1390 les ressources du jeu ne homme aient pu lui permettre la dépense de la verrière. L'exécution du vitrail se placerait donc entre l'extrême fin du XIVe siècle au plus tôt et les premières années du XVe siècle au plus tard. … L'on peut même penser que le vitrail devait être posé en 1404 : à cette date, en effet, le roi de Navarre perd le comté d'Évreux et reçoit en échange le duché de de Nemours ; dès lors, il y a peu d'apparence que les princes de Navarre aient songé à embellir la cathédrale d'une capitale qu'ils avaient perdu l'espoir de recouvrer. Sans doute, le comte de Mortain gardait-il, même après cette cession, de nombreuses raisons de se montrer généreux envers l'église de sa ville natale, où sa mère était enterrée, que ses ancêtres avaient ornée. Il n'en reste pas moins vraisemblable que Pierre de Navarre et son saint patron ont pris place aux fenêtres de la cathédrale d'Évreux entre 1390 et 1404. Dès lors, leur facture, la précision du dessin, l'emploi déjà sûr de la perspective s'expliquent aisément." (Honoré-Duverger)

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Le motif du damassé est ici peint sur fond vert. 

Le comte d'Évreux est figuré à genoux, devant son livre de prière ouvert sur un prie-dieu. Il porte la cotte de maille et l'armure complète, sous un tabard à ses armes .

Il porte sur la tête un tortil d'or où s'enroule un rang de perles.

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Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Héraldique.

Le tabard porte les armes écartelées  aux 1 et 4 de gueules au rais d'escarboucle pommeté, besanté et fermé, d'or (qui est de Navarre), aux 2 et 3 semé de France ancien à la bande componée d'argent et de gueules (qui est d'Évreux), à la bordure d'argent sur le tout .

 

 

 

Pierre de Mortain n'usa pas toujours des mêmes armes au cours de sa vie. Cela n'a rien de surprenant car on sait que seul le chef de famille avait droit aux pleines armes, les autres membres de la maison brisant ou surbrisant, selon un système qui était propre à chaque famille. Il  a utilisé au cours de sa vie au moins quatre sceaux différents mais son blason ne subit essentiellement qu'une seule modification. Elle concerne la bordure ajoutée en signe de brisure de son écu (écartelé aux 1 et 4 de Navarre, aux 2 et 3 semé de France à la bande componée, qui est d'Évreux) : la bordure engrelée pendant sa jeunesse, en 1376 et 1377, elle sera modifiée sur ses sceaux à partir de 1384 en bordure pleine, ou bordure simple d'argent sur le tout assurément à partir de 1401, comme nous la rencontrons alors sur ses actes, l'Armorial de la cour Amoureuse, sur les vitraux de la cathédrale d'Évreux ou sur le surcot de son gisant déposé au Louvre.

Si les sceaux ne renseignent pas sur les émaux (les couleurs) des armoiries, et notamment de la bordure, ces couleurs sont documentées par  Y Armoriai de la cour Amoureuse du début du XVe siècle, conservé aux archives de l'ordre de la Toison d'or à Vienne,. Sur le folio 3 r°, en bas et à droite, sont peintes les armes de Pierre fils de roy de Navarre comte de Mortaing. L'écu est écartelé, aux 1 et 4 de gueules au rais d'escarboucle pommeté, besanté et fermé, d'or, aux 2 et 3 d'azur semé de fleurs de lis d'or à la bande componée d'argent et de gueules, à la bordure simple d'argent sur le tout. Il n'y a pas de trace de bordure engrelée . Tout ceci est conforme aux armoiries du vitrail.

J'emprunte aux articles de de Vaivre les photos des sceaux avec bordure engrêlée et avec bordure simple, et je les pointe d'une flèche.

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Sur le cliché qui suit, j'ai indiqué par des flèches la bordure blanche (d'argent) qui est droite  (simple), et non en dents de scie ou timbre de poste (engrêlé).

La barre diagonale rouge et blanche sur le fond bleu et or est la bande componée d'argent et de gueules.

Les deux quartiers en "jeu de mérelles" rouge et or sont les armes de Navarre, étudiées en détail dans mon article sur la baie de l'Annonciation de Chartres.

http://www.lavieb-aile.com/article-vitrail-de-l-annonciation-de-la-cathedrale-de-chartres-123049018.html

 

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Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Etude du fond damassé.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Le relevé que donne Gaignières (si on juge qu'il a fait dessiner ces panneaux)  de ce panneau montre de nombreuses   différences , ou erreurs (De Vaivre, 1973):

a) le b) Vitrail

  • pas d'inscription

  •  tortil perlé .

  • cotte d'armes sans manches

  • armes sur la cotte seule : écartelé aux 1 et 4 Navarre, aux 2 et 3 « Évreux » à, la bordure d'argent sur le tout

  • le prie-Dieu recouvert d'une étoffe à motifs de feuillage

  • pas d'écu dans le coin gauche.

  • bras et coude droits du personnage apparents .

  • partie postérieure gauche de la cotte invisible .

  • composition architecturale élancée

 

Le Dessin ..

  • Inscription ka/rol/3 rex/nav/ar/re 

  • couronne

  • cotte d'armes avec manches.

  • armes sur le surcot et sur les manches : écartelé aux aux 1 et 4 Navarre, aux 2 et 3 « Évreux ». Sans bordure.

  • le prie-Dieu recouvert d'une étoffe unie.

  • dans le coin gauche, un écu écartelé Navarre et Évreux, sans bordure, cime d'un plumail de paon, et orné de lambrequins.

  • bras et coude droits cachés .

  • partie postérieure gauche de la cotte très apparente .

  • composition architecturale très ramassée

Pour de Vaivre,

"Les différences qui se constatent entre le vitrail tel qu'il est actuellement et le dessin de la collection Gaignières sont trop importantes pour que l'on puisse encore soutenir que ce dernier représente le vitrail de la baie 115 [209], et ce pour des raisons héraldiques.

Il faut également admettre que le tortil perlé qui ceint le front de Pierre de Mortain sur le vitrail n'est pas le fruit d'une réfection d'un maître verrier de l'époque romantique, comme d'aucuns l'ont avancé, puisque le témoignage de Millin prouve qu'un tortil, sans doute très semblable, se voyait également sur le gisant de la chartreuse de Vauvert. On ne peut donc que se rallier aux conclusions de M. Baudot lorsqu'il affirme que le dessin de la collection Gaignières représente une verrière aujourd'hui disparue. De ce fait, voilà Boudan lavé d'une accusation de « falsifications délibérées » que ni lui, ni Gaignières qui l'employait, ne sauraient mériter.

Certains s'étonneront d'avoir des croquis du XVIIIe siècle de verrières disparues (les rois Charles II et Charles III de Navarre) tandis que sont parvenus jusqu'à, nous des vitraux que Boudan n'aurait pas pris la peine de copier (Charles VI et Pierre de Mortain). C'est que Gaignières avait de nombreuses autres représentations du roi de France et qu'il avait déjà, pris deux dessins du gisant de Pierre de Mortain à la chartreuse de Vauvert, à, Paris."

 

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Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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J'éclaircis l'image pour examiner le damassé.

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Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Il faut encore s'intéresser à l'étoffe qui recouvre le prie-dieu, blanche ornée de grosses fleurs aux pétales en étoile. J. Lafond a noté qu'on le retrouvait en baie 210 :

"Mais l'indice décisif, ce sont les draperies blanches des prie-Dieu qui le fournissent. Elles ne sont pas décorées de fleurons banaux, mais de petits arbres d'or, représentés avec leurs racines, leur tronc et des rameaux qui sont des palmettes rayonnant autour d'une fleur, le tout stylisé de la façon la plus précieuse. Ce motif, copié avec amour sur quelque étoffe persane du XIIIe ou du XIVe siècle, suffit pour assigner à nos vitraux [209 et 210] la même origine et la même date, qui s'établit sans doute entre l'année 1390, admise par Mme Honoré Duvergé pour la verrière de Pierre de Mortain, et l'année 1398 où mourut la reine Blanche. (J. Lafond) "

 

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Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Quatrième lancette : saint Denis.

Le saint, tenant sa tête coupé, est identifié facilement. Sa présence pour le patronage du donateur s'explique sans doute en symétrie de la verrière 210, dont il reprend le carton, dans laquelle il est justifié comme étant le saint patron de la royauté de France, la basilique Saint-Denis étant la nécropole royale des rois de France.

"saint Denis, magnifiquement paré de tous les ornements pontificaux, avec une longue et souple chasuble bleue losangée d'or par des fleurs de lis, dont plusieurs sont à plombs vifs. Le martyr porte sa tête coupée sur son bras gauche arrondi, la main ramenant sous le menton les deux fanons de la mitre. Ainsi la droite reste libre pour son geste de présentation. En décrivant le vitrail du nord, nous avons décrit celui du sud, car le même carton a servi pour l'un et pour l'autre. Cette pratique, dont on rencontre des exemples dès le XIIIe siècle, surprend ici, car rien n'évoque le travail en série dans ces vitraux, où tout est royal : la fondation, la matière et la facture. Il y a beaucoup d'art dans ces visages de supplicié, où la souffrance trouble à peine la noblesse. Rien n'est plus somptueux que les tentures damassées de couleur rouge qui tapissent les niches, derrière la sainte Vierge et derrière saint Denis." (Jean Lafond)

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Le motif du damassé rouge est le même que sur les autres lancettes, avec ses pommes de pins fleuronnées, ses rouelles à crochets et ses rinceaux.

On trouve, dans le surplis dépassant du bas de la chape bleue, un autre motif, celui d'une feuille aux larges découpes polylobées,  à quatre parties exubérantes en étoile.

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Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Le damassé rouge :

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Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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LE TYMPAN.

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Au dessus des parties supérieures des lancettes occupées par une vitrerie blanche géométrique à fleurettes et fermaillets,  et cernée de bordures colorées datant de 1330-1340, le tympan comprend  un pentalobe où les lobes  peintes aux armes de Navarre entourent une Vierge à l'Enfant sur le croissant de lune aux pointes sommées de deux fleurs de lys, qui sont les armes du chapître cathédrale ( d'azur à une Notre-Dame d'argent, tenant l'enfant Jésus dans ses bras, accostée de deux fleurs de lis d'or, appuyant ses pieds sur un croissant d'argent).

Les couronnes d'or sur fond de gueules des trilobes sont des éléments de la fin du XIVe siècle, complétées.

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Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La baie 109 du triforium.

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Cette baie géminée à 2 lancettes trilobées et tympans à 1 soufflet et 4 écoinçons de 3,20 m de haut et 3,60 m de large est une vitrerie géométrique dans laquelle, en haut de chaque lancette, ont été réemployés les écus armoriés (restitués dans les 2e et 5e lancettes)  d'Évreux-Navarre datant vers 1380, armes utilisés par Charles III de Navarre entre 1375 et 1387 (Gatouillat se fondant sur de Vaivre 1980 p. 324-326).

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"M. Louis Grodecki ne peut envisager pour ces « vitraux royaux » deux campagnes de fabrication distinctes dans le temps ; s'il a donc existé des vitraux représentant à la fois Pierre de Mortain, Charles II et Charles III, la verrière où se voyait le second ne pouvait donc être qu'un vitrail commémoratif. M. de Vaivre en convient, mais il tient aussi à attirer l'attention sur un écu qui figure sur l'une des verrières du fenestrage du triforium du chœur où l'on voit un écartelé aux 1 et 4 de Navarre, aux 2 et 3 d'Évreux, au lambel de trois pendants d'argent sur le tout.

M. Grodecki précise que tous ces vitraux datent du xve siècle. M. de Vaivre ne partage pas cette manière de voir et pense, quant à lui, que si les fenestrages de cette partie du triforium ont bien été percés sous le règne de Louis XI, une bonne partie des vitraux qui y sont aujourd'hui placés (ou ceux qui leur ont servi de modèles) sont très certainement antérieurs et que c'est précisément le cas de celui qu'il vient de décrire. Les armes précitées — pour lesquelles tous les auteurs ont proposé jusqu'à présent des attributions erronées -— sont en réalité celles de Charles de Navarre, le futur Charles III, du vivant de son père, ainsi que le prouvent des sceaux encore inédits. Il n'y a aucune raison de penser que cet écu a été exécuté à l'époque romantique, ni au xve siècle ni même après 1387 lorsque Charles, du fait de la mort de son père, porta les pleines armes de sa maison. Il faut donc en conclure que des verrières sur lesquelles figuraient un ou des blasons furent commandées entre 1375 et 1387 puisque c'est à ce moment, et à ce moment-là seulement, que furent portées ces armoiries au lambel. M. Grodecki conclut en disant que, les hommes du Moyen Age ayant horreur du vide — en l'occurrence du verre blanc — auraient procédé à de nombreux remplois dont le cas évoqué semble précisément être un exemple."(Vaivre in Lafond 1975)

https://it.wikipedia.org/wiki/Carlo_III_di_Navarra

https://it.wikipedia.org/wiki/Carlo_III_di_Navarra#/media/File:COA_Navarre_Evreux_Charles_III,prince_de_Viane.svg

par  Odejea

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armoiries de Charles III de Navarre dessinées par Odejea pour le projet Blasons de Wikipedia

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Baie 109 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 109 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 109 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 109 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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ANNEXE.

" Ceux qui ont mesuré les difficultés d'une pareille enquête sauront gré à Mme Honoré-Duvergé d'en avoir abordé le problème le plus délicat avec la décision d'un historien, et de l'avoir résolu, pour le principal, avec son intuition de femme. L'auteur de l'article qu'on vient de lire écrit trop modestement qu' « un simple regard permet de reconnaître une facture identique » entre le donateur princier et le saint Pierre de la quatrième fenêtre septentrionale du chœur. C'est vrai depuis que Mme Honoré a eu l'idée de rapprocher les photographies de ces personnages, séparés dans le vitrail d'Évreux par deux figures remontant au second quart du XVIe siècle. Sur place, à première vue, le chevalier en armure et son saint patron produisaient des impressions si différentes qu'un illustre archéologue, F. de Guilhermy, a pu attribuer le saint Pierre au XVIe siècle . A vrai dire, ce pape qui gesticule dans l'ampleur de sa chape, sous la haute tiare aux trois couronnes, est une figure « baroque ».

Au contraire, le donateur nous apparaît comme aussi étroitement enserré dans l'immobilité de sa prière que dans la carapace de son armure, et sa cotte d'armes ne fait pas un pli. Mais justement, en détaillant ces différences, ne dissipons-nous pas l'apparente incompatibilité qui opposait le personnage « étoffé » au personnage « étriqué »? Alors on prend garde que, s'il se mettait debout, le donateur aurait exactement la même stature que ce grand saint Pierre. On s'aperçoit que son visage et ses mains ont les mêmes mesures que ceux de son patron. On réfléchit que le dais à double étage qui s'élève au dessus de sa tête est fait précisément pour garnir la forme réservée au personnage agenouillé. On constate que ce dais, si différent soit-il de celui de saint Pierre, n'offre aucun détail qui l'empêche d'être exactement du même temps. On reconnaît, enfin, que les tentures damassées se ressemblent beaucoup et que les carrelages sont semblables. Rien n'est donc plus légitime que le rapprochement des deux panneaux qui restitue au donateur le nom de Pierre de Mortain, parfaitement confirmé par la comparaison du priant d'Evreux avec le gisant du Louvre. L'hypothèse de Ferdinand de Lasteyrie est devenue une certitude. Nous voilà débarrassés de ce prétendu roi de Navarre qui portait un simple tortil de baron. Un tel excès de modestie aurait dû inquiéter plus tôt les archéologues, et Mme Honoré a eu raison d'en souligner l'invraisemblance. C'est là, je crois, un des points décisifs de la discussion, car Charles le Mauvais avait fondé à la cathédrale d'Évreux une chapellenie des saints Pierre, Paul et Jean l'Évangéliste. Il aurait fort bien pu se faire présenter à la sainte Vierge par saint Pierre .

La reconnaissance de Pierre de Mortain porte un coup à l'autorité de la collection Gaignières.. Mais il faut avouer que la série ébroïcienne nous apparaît comme particulièrement sujette à caution. Dans les portefeuilles de Roger de Gaignières, Pierre de Mortain s'appelle Charles III le Noble. Le dessinateur s'est avisé de surcharger le socle d'une inscription imaginaire : Karolus  rex Navarre  et de changer le tortil en une couronne, assez simplette d'ailleurs.

Pour faire un Charles le Mauvais, il a pris un roi de France, auquel nous rendrons son nom tout à l'heure. Mais il s'est donné plus de mal. Non seulement il a inscrit sur le soubassement : Karolus Rex Navarre me donavit, mais la tenture semée de fleurs de lis sans nombre est devenue une tapisserie décorée d'écussons alternés aux armes d'Evreux et de Navarre. Un blason royal de Navarre est apparu au tympan de la niche . Quant au chef de la dynastie, Philippe le Bon, il a été fabriqué avec l'une des deux effigies de son père, Louis, comte d'Evreux, qui subsistent encore dans une chapelle du déambulatoire : Ludovicus est devenu Philippus , tout simplement."

 

 

"C'est un roi de France, en effet. Mais non pas Charles V, comme le croyait Batissier et Lebeurier, et comme inclinait à le penser M. de M. Delachenal, qui « admettait difficilement que le portrait de Charles V eût été placé dans la cathédrale d'Évreux du vivant de Charles le Mauvais, qui survécut de sept ans à son beau-frère ». Le manque absolu de ressemblance est plus grave, quand il s'agit d'un personnage aux traits aussi accusés que Charles V. Bien rares sont les œuvres contemporaines, même parmi les miniatures, qui ne se conforment pas au type consacré .

Ce que nous devons souligner d'abord, c'est l'intime parenté qui relie ce vitrail au point de vue des formes comme au point de vue technique, à celui de Pierre de Mortain. Dans les architectures, ce sont les mêmes fleurons trilobés au sommet des petits gables aigus des contreforts, les mêmes crosses de feuillage sur les rampants des gables principaux, et surtout les mêmes crochets blancs et jaunes qui hérissent, par une disposition assurément rare, la corniche supérieure des niches.

Mais l'indice décisif, ce sont les draperies blanches des prie-Dieu qui le fournissent. Elles ne sont pas décorées de fleurons banaux, mais de petits arbres d'or, représentés avec leurs racines, leur tronc et des rameaux qui sont des palmettes rayonnant autour d'une fleur, le tout stylisé de la façon la plus précieuse. Ce motif, copié avec amour sur quelque étoffe persane du XIIIe ou du XIVe siècle , suffit pour assigner à nos vitraux la même origine et la même date, qui s'établit sans doute entre l'année 1390, admise par Mme Honoré Duvergé pour la verrière de Pierre de Mortain, et l'année 1398 où mourut la reine Blanche.

Le roi de France du vitrail d'Évreux est donc Charles VI, avant sa trentième année. Mme Honoré-Duvergé a signalé dans son étude sur le vitrail de Pierre de Mortain que celui-ci, « retenu prisonnier à la cour de France à partir de 1378, fut élevé en compagnie du futur Charles VI, son cadet de deux ans à peine ». En fait, les deux cousins devenus frères ne se sont jamais quittés, partageant les mêmes exercices et les mêmes travaux, et tous les plaisirs de cette vie inimitable dont nous retrouvons l'écho chez les chroniqueurs et les poètes de cour comme Eustache Deschamps, au siège de Bourges, où il avait accompagné Charles VI.

[...]

Quoi qu'il en soit, la reconstitution que nous allons tenter des vitraux de Pierre de Mortain et de la reine Blanche apparaîtra comme une entreprise moins ardue. Mme Honoré-Duvergé a supposé que son héros était présenté par saint Pierre à une sainte Vierge qu'elle retrouve dans la cinquième travée de la nef, du côté sud. A la vérité, il subsiste encore, dans les fenêtres hautes de la nef ou du chœur — en dehors du Charles VI logé à l'aise dans une niche qui s'étend sur deux formes — huit grandes figures unies par la plus étroite parenté de style et de facture, et que leurs dais d'une architecture très caractéristique désignent au premier coup d'oeil : trois Vierges, trois saints patrons — le saint Pierre et deux saints Denis — et les deux donateurs que nous connaissons déjà. Il ne manque qu'un troisième donateur pour rétablir un ensemble de trois fenêtres à trois formes, comme celles des chapelles absidiales actuelles ; Quel était ce troisième personnage éventuel? Les peintures perdues de Paris et de Saint-Denis, l'initiale de la charte de 1372 nous laissent le choix entre le mari et la fille de la reine Blanche, entre Philippe VI de Valois et Jeanne de France. La Vierge assise à laquelle Mme Honoré-Duvergé a pensé pour compléter le vitrail de Pierre de Mortain est infiniment gracieuse. Sa tête blonde s'incline vers la droite, comme pour accompagner le mouvement de l'Enfant-Jésus, penché en avant avec ce bel élan qu'on lui voit dans certaines représentations de l'Adoration des Mages. Mais il tend ici une branche de rosier.

Il y a plus de gravité dans le second groupe, malgré l'attitude familière de l'Enfant à moitié nu, qui tient son pied de la main droite et pose l'autre main sur l'épaule de sa mère. Celle-ci est assise sur un trône de pierre à pinacles gothiques qui rappelle les sièges des Prophètes et des Apôtres d'André Beauneveu (Psautier du duc de Berry, BnF ms fr. 13091. Enveloppée dans un ample manteau bleu qui voile ses cheveux, elle lit dans un livre posé sur ses genoux, qu'elle maintient de la main gauche, le petit doigt étendu . La troisième Vierge est debout, drapée dans un grand manteau bleu qui enveloppe sa main gauche — celle qui soutient l'Enfant-Jésus — mais découvre le haut et le bas d'une robe taillée dans un de ces précieux damas décorés d'animaux dont s'habillaient les princes en ces temps de luxe raffiné. L'Enfant tourne son visage nimbé vers sa mère, dont il cherche à saisir la blonde chevelure. La Vierge lui répond par un sourire, avec un geste gracieux de la main droite . Ces deux figures offrent une ressemblance frappante avec la Vierge à l'Enfant qui reçoit l'hommage du duc Jean de Berry au frontispice des Très Belles Heures de la Bibliothèque royale de Bruxelles. On sait que cette miniature justement célèbre a été attribuée tour à tour à André Beauneveu et à Jacquemart de Hesdin et que le débat dure encore .

On trouve la même maîtrise dans les images de saint Denis, magnifiquement paré de tous les ornements pontificaux, avec une longue et souple chasuble bleue losangée d'or par des fleurs de lis, dont plusieurs sont à plombs vifs. Le martyr porte sa tête coupée sur son bras gauche arrondi, la main ramenant sous le menton les deux fanons de la mitre. Ainsi la droite reste libre pour son geste de présentation. En décrivant le vitrail du nord, nous avons décrit celui du sud, car le même carton a servi pour l'un et pour l'autre. Cette pratique, dont on rencontre des exemples dès le XIIIe siècle, surprend ici, car rien n'évoque le travail en série dans ces vitraux, où tout est royal : la fondation, la matière et la facture. Il y a beaucoup d'art dans ces visages de supplicié, où la souffrance trouble à peine la noblesse. Rien n'est plus somptueux que les tentures damassées de couleur rouge qui tapissent les niches, derrière la sainte Vierge et derrière saint Denis.

Les dais peuvent-ils nous servir à retrouver l'assemblage primitif de tous ces personnages isolés ? Il faudrait pour cela que nous fussions sûrs qu'ils n'ont pas fait l'objet de chassés-croisés.

Si cinq d'entre eux appartiennent à un type classique de décor purement « rayonnant », avec gables rectilignes et corniches à glacis, ceux de la Vierge de la nef et du saint Denis du côté nord présentent des gables en accolade et des balustrades ajourées. Il n'est pas certain que le dais manquant ait été à double étage, comme le dais de Pierre de Mortain. Celui-ci, en effet, par une disposition assez rare, était placé derrière son patron, ce qui explique le geste de présentation de saint Pierre, différent de celui des deux saints Denis. Au contraire, Blanche de Navarre était agenouillée au voisinage immédiat d'une sainte Vierge, dans la forme centrale du vitrail, et l'un des saint Denis occupait la forme de droite. Si l'on s'en rapporte aux soubassements, moins faciles à transposer, c'est dans la fenêtre voisine, la troisième du chœur, du côté sud, qu'on retrouvera ces deux figures.

 

Exécutés selon toute vraisemblance entre 1390 et 1398, les vitraux dont nous venons de réunir les morceaux épars ne sont pas à Évreux les plus anciens témoins de l'art nouveau. Vers le milieu du xive siècle, peintres et peintres verriers, emportés d'un élan irrésistible vers plus de vérité, sinon de « réalisme », s'affranchissaient des dernières conventions du dessin calligraphique pour se soumettre aux lois de la perspective. Ici, c'est dans les deux vitraux fondés par l'évêque Bernard Cariti (1376-1383) que pour la première fois les niches s'affirment comme un espace habitable, les corps comme des volumes et tous les visages comme des portraits.

 

Une technique appropriée se révèle qui permet au verrier de sculpter pour ainsi dire ses personnages avec la lumière même. Après s'être servi d'un pinceau de petit-gris pour peindre le trait, il étend au « blaireau » une couche de grisaille que, sans retard, il attaque d'aplomb, à l'aide d'une brosse, le « putois ». Le grain de la peinture s'affine, et le verre reparaît peu à peu. Le plus souvent, ce travail se complète par des « enlevés » dont le procédé est sans doute aussi vieux que l'art du vitrail. Mais l'ouvrier ne se contente plus de juxtaposer des clairs à des ombres plates. Ëgratignant la grisaille au « petit bois », à la plume d'oie, à l'aiguille, il varie ses effets : lumières filées droit, hachures contrariées, spirales nerveusement enroulées. Quelques touches au pinceau, prestement jetées, et le modelé « tourne », le visage s'anime et vit. Immédiatement après ces deux verrières du haut chœur, je classerais les délicats vitraux de la chapelle du Rosaire, dont on sait la parenté avec les vitraux de Bourges, mais que leurs grisailles archaïques vieillissent de deux décades au moins. Viennent ensuite nos vitraux royaux, précédant la splendide verrière offerte en don de joyeux avènement par l'évêque Guillaume de Cantiers (1400).

 

Tous ces chefs-d'œuvre représentent avec éclat, et aussi avec une heureuse variété, l'art parisien de la fin du XIVe siècle. Comme la capitale n'a pas gardé de vitraux de cette époque, à la seule exception des Apôtres de Saint-Germain-des-Prés, recueillis par l'église Saint-Séverin, c'est à Évreux que nous pouvons prendre une idée précise des vitreries princières des Célestins, de l'église Saint-Paul, de l'hôtel Saint-Paul, du collège de Navarre, etc..., qu'une célébrité universelle n'a pas sauvées du vandalisme, et dont la perte semblait irréparable.

 

Faut-il revenir sur la valeur artistique des verrières de Pierre de Mortain, de la reine Blanche et de Charles VI ? Des comparaisons nullment recherchées ont fait venir sous plume les noms de Jean de Bandol, d'André Beauneveu, de Jacquemart de Hesdin, (André Beauneveu avait sculpté le tombeau de Philippe VI à Saint-Denis en 1364, et en 1386 il était entré au service du duc Jean de Berry en qualité de maître des œuvres de taille et de peinture). Nos vitraux ne sont pas indignes de ces artistes royaux. Ils s'apparentent à la grande statuaire française par leur style monumental, tandis que l'exubérance parfois capricieuse de leurs draperies accuse nettement la tendance «bourguignonne ». Jean Lafond

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SOURCES ET LIENS.

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— Stained-glass windows of Cathédrale Notre-Dame d'Évreux

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Stained-glass_windows_of_Cath%C3%A9drale_Notre-Dame,_%C3%89vreux?uselang=fr

 

— BATISSIER, 1849, "Description des vitraux de la cathédrale d'Évreux", Revue de Rouen et de Normandie, volume 17.

https://books.google.fr/books?id=2L5DAAAAYAAJ&dq=%22MARTINUS%22+%22cath%C3%A9drale+d%27%C3%A9vreux%22+vitraux&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

— BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.

— DUBUC (René), 1983, "Problèmes héraldiques de la cathédrale d'Évreux", Normandie, Etudes archéologiques. Congrès national des sociétés savantes, Caen

— GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385

 — GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.

 — GATOUILLAT (Françoise), "Note sur les verrières royales", Connaissance de l'Eure, n°88, p. 33-34.

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ) et  Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Evreux, Evreux, Hérissey, 1997.

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ), HENRY (Virginie), 2016, Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07

http://www.eure.gouv.fr/content/download/18041/123811/file/ESSENTIEL_CONNAISSANCE_07%20Historique%20complet%20de%20la%20Cath%C3%A9drale%20d'Evreux.pdf

— GRODECKI Louis, 1968,, Baudot et Dubuc "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in Bulletin monumental, 1968, p. 55-73. 

— HONORÉ-DUVERGÉ (Suzanne), 1942,  "Le prétendu vitrail de Charles le Mauvais à la cathédrale d'Évreux" Bulletin Monumental  Année 1942  101-1  pp. 57-68

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1942_num_101_1_9289

— LAFOND (Jean), 1953, "Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300", Bulletin Monumental  Année 1953  111-4  pp. 317-358

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1953_num_111_4_3745

 

— LAFOND (Jean), 1942,  "Les vitraux royaux du XIVe siècle à la cathédrale d'Évreux"  Bulletin Monumental  Année 1942  101-1  pp. 69-93

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1942_num_101_1_9290

 

"C'est à propos de Pierre de Mortain que s'est engagée une controverse qui devait se prolonger de 1966 à 1973, tant dans les Nouvelles de l'Eure, la précieuse petite revue dirigée par l'abbé Jean Saussaye1, que dans le Bulletin monumental , cette fois avec intervention de Louis Grodecki. « Au début, M. Baudot se fondait sur l'inscription qu'il lisait sur un dessin de la collection Gaignières : Charles III roi de Navarre. Les nombreuses différences qu'il ne pouvait pas ne pas remarquer entre le dessin et le vitrail s'expliquaient pour lui, par des restaurations infligées à la verrière : la couronne était devenue un tortil de baron « de style troubadour », le blason au cimier en queue de paon avait été pure¬ ment et simplement supprimé, etc. Cependant la lancette d'Évreux avait figuré à l'exposition Vitraux de France , organisée en 1953 par Louis Grodecki. Celui-ci avait donc pu la soumettre à un examen minutieux auquel il avait bien voulu m'associer. Notre opinion était formelle : on s'est borné à régulariser l'adaptation à un cadre plus étroit, la tête et sa coiffure sont parfaitement authentiques. Enfin le socle n'a jamais porté d'inscription. Peuvent en témoigner non seule¬ ment une photographie prise avant la restauration de 1893, mais aussi un dessin exécuté pour Raymond Bordeaux en 1845 par Georges Bouet, aïeul de notre regretté confrère Georges Huard. « Nous avons donc ici un portrait du second fils de Charles le Mauvais. La ressemblance générale, costume compris, est confirmée par la comparaison avec le beau gisant de marbre du Musée du Louvre qu'on avait eu l'idée ingénieuse de placer au pied de la verrière pendant l'exposition. « Tandis que Louis Grodecki et moi-même nous gardions notre opinion sur ce point, M. Baudot portait la discussion, sur mon Charles VI, en invoquant, cette fois encore, l'inscription de la collection Gaignières : Karolus IIs rex Navarre , c'est-à-dire Charles le Mauvais. J'avais cru prouver que le dessinateur avait changé délibérément les armoiries de la tenture, en substituant au semis de fleurs de lis des écussons portant alternativement les armes d'Évreux et de Navarre. Mais mon contradicteur déclarait « fort improbable » qu'un portrait de Charles VI ait pu trouver place dans la cathédrale vais d'une 2. cité dont le bailli était resté partisan de Charles le Mau¬ « M. Baudot considérait que le dessin représentait un vitrail perdu. Cependant le respect qu'il professait à l'égard de la collection Gaignières ne l'empêchait pas de reconnaître Blanche de Navarre, reine de France, dans le personnage à qui on avait donné le nom et les armoiries de Jeanne de France, reine de Navarre. Cela lui permettait en effet de nommer le roi du vitrail aux fleurs de lis, Philippe VI de Valois, époux de la « reine Blanche ».

Dans l'album des Nouvelles de l'Eure commentant une série de diapositives, Charles le Noble était devenu Charles le Mauvais, couronné d'un chapel de roses en qualité de fondateur (en 1350) de la Confrérie de la Passion. « Enfin, dans Êvreux, livret publié par le Syndicat d'initiative en 1969, M. René Dubuc, excellent héraldiste, laissait à son lecteur le choix entre Charles le Mauvais, Charles le Noble et Pierre de Mortain. De même, le dépliant actuellement distribué dans la cathédrale. En présence d'une pareille débandade, on pourrait déclarer clos le débat, mais il faudrait mieux aller au fond des choses afin de ne rien laisser dans l'ombre

J'ai scandalisé nombre de bons esprits en mettant en doute l'autorité de la collection Gaignières. Non pas son intérêt ni son utilité, reconnus dès l'origine et considérablement augmentés par les méfaits du vandalisme. Non pas la qualité artistique des dessins, qui varie évidemment avec les dessinateurs. Certains ont su refléter le style du document original tandis que les autres (en grande majorité) manquent absolument de caractère. C'est assurément le cas des vitraux d'Évreux, exécutés par un certain Boudan, graveur de profession, que Roger de Gaignières avait pris à son service pour copier ses documents et qui l'a accompagné en 1702 dans son voyage en Normandie. « Mais cela importe moins que leur exactitude, laquelle dépend évidemment de la nature de l'objet et de son emplacement, et aussi de la probité du dessinateur. S'il était facile de reproduire avec vérité une miniature ou un tableau, une dalle tumulaire et même un tombeau sculpté, il en allait tout autrement pour les vitraux, que bien souvent il fallait dessiner de loin et dans des conditions plus ou moins favorables. Prenons un exemple à Évreux, mais en dehors de notre série royale. On conviendra que le magnifique vitrail qui commémore l'accession de Guillaume de Gantiers au siège épiscopal d'Évreux (1400) est rendu avec une fantaisie déconcertante. Dans l'original, l'évêque est présenté à la Vierge de l'Annonciation par l'archange Gabriel. Chez Boudan, la Vierge est remplacée par un « saint Sauveur » et l'archange par une sainte quelconque. On peut penser que pour exécuter son dessin d'ensemble, il ne disposait que de croquis hâtifs, faits sur place. Au surplus, il a représenté d'une façon toute conventionnelle, et plutôt archaïque, les dais placés au-dessus des personnages. Il a même purement et simplement supprimé ceux de la rangée inférieure, occupée par des blasons figurés — il convient de le souligner — avec une exactitude absolue. Sur ce point, il servait parfaitement les intentions de son patron pour qui importaient d'abord l'héraldique, le costume « La et, fidélité le cas échéant, du dessinateur les portraits Boudan historiques. a d'autres limites encore que celles-là. Par exemple, on ne peut se fier à lui pour affirmer que son dessin du prétendu Charles le Mauvais veut représenter une fenêtre sans meneau. Je suis persuadé qu'il a supprimé purement et simplement ce détail d'architecture. De même, quand il dessine un personnage logé dans l'une des lancettes d'une fenêtre, comme dans les autres exemples, il n'hésite pas à flanquer cette lancette d'une muraille ou d'un faisceau de colonnettes. A Évreux, Boudan a dessiné, d'après les vitraux, sept évêques, avec leurs armoiries, ce qui explique peut-être leur choix et une donatrice sans importance. Enfin, cinq dessins prétendent illustrer la dynastie d'Évreux-Navarre. Or, sur les cinq personnages représentés, un seul, Charles III le Noble, semble parfaitement « honnête ». C'est aussi l'unique cas où l'on puisse affirmer que le vitrail est perdu. Au contraire, le prétendu Charles le Mauvais n'est que la contre- façon d'un vitrail conservé, celui du roi Charles VI, comme Jeanne de Navarre la métamorphose de Blanche de Navarre, l'épouse de Philippe VI de Valois. Dans les deux cas, les armoiries ont été modifiées en conséquence. « Manquait le chef de la dynastie, Philippe d'Évreux, roi de Navarre. Boudan l'a remplacé par son père, Louis de France, comte d'Évreux, en changeant simplement un nom dans l'inscription du vitrail qu'il a dessiné, fidèlement cette fois, à ce petit détail près, « au-dessus de l'autel, dans la chapelle de santé Anne derrière le chœur de l'église NotreDame d'Évreux ». Or ce vitrail existe encore : on ne peut supposer, cette fois, que le dessin représente une verrière disparue. L'accusation portée contre Boudan était grave. Je suis heureux de pouvoir démontrer qu'elle n'avait pas été lancée à la légère.

Autre preuve du parti pris ici dénoncé : Boudan a négligé de dessiner Pierre de Mortain, parce que ce prince n'avait pas porté la couronne royale. « Cependant il y a tant de ressemblances entre tous les « vitraux royaux », notamment dans leur cadre architectural, socles en zigzag par exemple, qu'on peut affirmer qu'ils appartiennent tous à une seule et même série, qu'ils ont été commandés en même temps. Par la reine Blanche, morte seulement en 1398, ou par ses héritiers, Pierre de Mortain, et Charles le Noble, c'est ce que nous ne saurons sans doute jamais. Malheureusement les falsifications de Boudan ont trompé Montfaucon lui-même, et par la suite l'érudit Henri Bouchot, auteur du précieux Inventaire des dessins exécutés pour Roger de Gaignières (Paris, 1891).

Pour en revenir à Pierre de Mortain, mon respect pour les lois de l'héraldique m'empêchait d'oublier que Marcel Baudot avait opposé à mon identification une raison qu'il jugeait péremptoire : la cotte d'armes de Pierre de Mortain ne présentait pas la bordure engrêlée d'argent qui devait marquer sa qualité de cadet. Il ne me suffisait pas de constater que les principes infrangibles n'ont jamais empêché les erreurs — à preuve le nombre d'armoiries « à enquerre » constaté par les d'Hozier. M. Jean-Bernard de Vaivre vient de balayer l'objection en passant en revue toutes les épreuves connues des sceaux de Pierre de Navarre. Il s'est aperçu qu'à partir de 1384 le comte de Mortain avait modifié ses armes. Dorénavant la bordure engrêlée devenait une bordure simple — peut-être à la mort d'un frère plus âgé. C'est cette nouvelle brisure qu'on voit sur la cotte d'armes du vitrail d'Évreux comme sur la statue funéraire provenant de la Chartreuse de Paris. Dès lors, il est établi que notre personnage est bien Pierre de Navarre et que le vitrail n'est pas antérieur à 1384. En ce qui concerne le dessin de la collection Gaignières, M. de Vaivre incline à penser qu'il représente Charles le Noble, comme l'indique l'inscription tracée par Boudan, qui aurait cette fois rencontré la vérité. L'écusson au cimier timbré d'un heaume à queue de paon qu'on voit à ses pieds n'aurait pu trouver place dans le vitrail de Pierre, vitrail qui n'a subi, nous l'avons reconnu, aucune restauration importante. Il est peu probable que Boudan l'ait inventé. Sur le dessin, Charles le Noble porte la couronne, car il était devenu roi de Navarre à la mort de son père en 1388 (n. st.). Sa cotte d'armes diffère de celle de son frère cadet en ce qu'elle présente des manches courtes. Ce que figuraient les autres lancettes du vitrail qu'il avait fondé, on ne saurait l'imaginer. De même ne connaîtrons-nous sans doute jamais le contenu des trois lancettes qui complétaient la Verrière de la reine Blanche. Mais celle-ci se trouvait bien dans une fenêtre haute de la nef (sans doute celle de la troisième travée du côté Nord en partant de l'ouest) : le panneau est trop large pour avoir appartenu à une fenêtre des chapelles. Pareillement l'écusson qui l'accompagne. En effet, des blasons de même échelle se voient dans le haut chœur à côté des personnages du vitrail d'Harcourt antérieur de quelques années. Le style est bien celui des « vitraux royaux «  et le dais ne diffère en rien des autres.

La série se compose donc actuellement de deux verrières complètes et d'une lancette isolée. Comme je le constatais en 1942, et comme Louis Grodecki l'a confirmé de son côté, elle se compare aux œuvres des plus grands artistes qui travaillaient à Paris pour la cour de France et les maisons princières aux environs de 1400. Cette considération ne saurait être développée à la suite de ce trop long exposé, mais elle va dans le même sens que la chronologie que, d'un commun accord, nous avons adoptée. »

 

Jean-Bernard de Vaivre, a. c. n., regrette l'absence de M. Jean Lafond et fait part de ses constatations à propos de quelques-uns des vitraux royaux d'Évreux dont il a été question. Le vitrail de l'actuelle baie 115 représente indéniablement Pierre de Mortain et il n'y a pas à y revenir. En revanche, le dessin de la verrière où se voit un personnage que Boudan identifie à C harles III ne peut être considéré comme une invention ni même une mauvaise interprétation de Pierre de Mortain : il doit, en fait, représenté le frère aîné de de ce dernier. Le dessin montre en effet, un écu dans le bas et à gauche de la composition. Or, dans le vitrail de Pierre de Mortain, cette partie n'a pas été restaurée. L'écu peint par Boudan et donnant les armes pleines n'a pas été inventé, car il est timbré d'un heaume cimé d'un plumail de paon. Ce cimier a effectivement été porté, au xive siècle, par plusieurs membres de la famille d'Évreux-Navarre : — Philippe de Navarre, comte de Longueville, mort en 1363, porte sur un sceau de 1362 un tel cimier ; — Louis de Navarre, comte de Beaumont-le-Roger, mort en 1372, porte sur les sceaux qu'il utilisait en 1364-1365 un cimier identique. Ce dernier eut un fils bâtard : — Charles ou Chariot, mort en 1432, dont les sceaux montrent qu'il portait une touffe de plumes indéterminée ; — Pierre de Mortain lui-même dut reprendre ce cimier si l'on en juge par le fragment du sceau qu'il utilisait en 1376 ; — Lionel, son fils, porta le même plumail en fait de cimier ; — Le « Roi de Navarre » porte un plumail de paon sur l'armorial de Gelre.

On a dit qu'il s'agissait de Charles II. Ce peut tout aussi bien être Charles III dont il ne nous est malheureusement parvenu aucun sceau du type à l'écu timbré.

Quant à l'autre dessin qui représente, toujours d'après l'indication de Boudan, Charles le Mauvais, on ne peut dire que la composition du fond ait été inventée, car, elle aussi, correspond à la partition avant des armes de ce roi qui, contrairement à son père, plaçait Navarre avant Évreux.

Si le fond fleurdelisé de l'actuelle baie 125 n'est pas une réfection postérieure — et selon M. Lafond ce ne semble pas être le cas — cette verrière représente le roi Charles VI et il faut se résigner à déplorer la disparition du vitrail au fond semé d'écus qu'a dessiné Boudan et où Charles le Mauvais était agenouillé..

En ce qui concerne, en second lieu, la datation des vitraux, l'héraldique peut permettre d'approcher d'un peu plus près l'époque à laquelle ils ont été commandés : les armes de Pierre de Mortain figurées sur sa cotte d'armes ne permettent guère d'avancer une date antérieure à 1384. La gouache exécutée par Boudan du vitrail de Charles III montre que cette verrière ne pouvait être que postérieure à. 1387 puisque Charles de Navarre porte une couronne et que tant son écu que son tabard montrent des armes non brisées. D'autre part, le vitrail de Charles le Mauvais comportait la disposition des écus que ce roi de Navarre avait adoptée. M. de Vaivre se demande donc si tous ces vitraux sont contemporains.

 

M. Louis Grodecki ne peut envisager pour ces « vitraux royaux » deux campagnes de fabrication distinctes dans le temps ; s'il a donc existé des vitraux représentant à la fois Pierre de Mortain, Charles II et Charles III, la verrière où se voyait le second ne pouvait donc être qu'un vitrail commémoratif. M. de Vaivre en convient, mais il tient aussi à attirer l'attention sur un écu qui figure sur l'une des verrières du fenestrage du triforium du chœur où l'on voit un écartelé aux 1 et 4 de Navarre, aux 2 et 3 d'Évreux, au lambel de trois pendants d'argent sur le tout.

M. Grodecki précise que tous ces vitraux datent du xve siècle. M. de Vaivre ne partage pas cette manière de voir et pense, quant à lui, que si les fenestrages de cette partie du triforium ont bien été percés sous le règne de Louis XI, une bonne partie des vitraux qui y sont aujourd'hui placés (ou ceux qui leur ont servi de modèles) sont très certainement antérieurs et que c'est précisément le cas de celui qu'il vient de décrire. Les armes précitées — pour lesquelles tous les auteurs ont proposé jusqu'à présent des attributions erronées -— sont en réalité celles de Charles de Navarre, le futur Charles III, du vivant de son père, ainsi que le prouvent des sceaux encore inédits. Il n'y a aucune raison de penser que cet écu a été exécuté à l'époque romantique, ni au xve siècle ni même après 1387 lorsque Charles, du fait de la mort de son père, porta les pleines armes de sa maison. Il faut donc en conclure que des verrières sur lesquelles figuraient un ou des blasons furent commandées entre 1375 et 1387 puisque c'est à ce moment, et à ce moment-là seulement, que furent portées ces armoiries au lambel. M. Grodecki conclut en disant que, les hommes du Moyen Age ayant horreur du vide — en l'occurrence du verre blanc — auraient procédé à de nombreux remplois dont le cas évoqué semble précisément être un exemple."

— LAFOND (Jean), 1975, "Les vitraux royaux et princiers de la cathédrale d'Évreux et les dessins de la collection Gaignières" , Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France  Année 1975  1973  pp. 103-112

— LEBEURIER (P-F.), 1868,  Description de la Cathédrale d'Evreux accompagnée d'une vue générale et d'un plan géométrique, Huet ed., Evreux 1868

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n27

— Suau (Jean-Pierre), 1993, "Les vitraux  des rois de Navarre en la cathédrale d'Évreux", Connaissance de l'Eure, n°88, p. 32-33.

— Vaivre (Jean-Bernard de) 1973  « Les armoiries de Pierre de Mortain », Bulletin monumental, tome 131, n°1, 1973, p. 29-40. 

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1973_num_131_1_5204

— Vaivre (Jean-Bernard de) 1973, « Les armoiries de Pierre de Mortain. Erratum et addendum » , Bulletin monumental, 1973, vol. 131, no 2, p. 161-162.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1973_num_131_2_5231

— Vaivre (Jean-Bernard de) 1980,"Les vitraux royaux de la cathédrale d'Évreux" cahiers d'archéologie p.300-313. Non consulté.

 

— Monuments historiques, Notre-Dame-d'Evreux

http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/evreux/vitraux/1.html

— xxx

http://evreux.catholique.fr/contenu/documents/services/cathedrale_Evreux-bestiaire.pdf

—  Patrimoine-histoire.fr, Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame.htm

— http://www.evreux-histoire.com/evreux-3-1-0.html#icono2

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Évreux
21 décembre 2019 6 21 /12 /décembre /2019 21:47

Les vitraux du chœur de la cathédrale d'Évreux : les baies 203 et 205 (v. 1408-1415) et leurs fonds damassés à Phénix affrontés.

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Voir : 

— Sur les fonds damassés  à phénix affrontés : 

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Je suis guidé par les publications de Françoise Gatouillat.

 

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Voir les dix-septième articles sur les vitraux du chœur de la cathédrale d'Évreux au XIVe siècle. :

 

 

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Voir aussi :

.— Sur les vitraux plus tardifs de la cathédrale d'Évreux :

 

 

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Liste de mes 200 articles sur les vitraux :.

 

 

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PRÉSENTATION.

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Ces deux baies qui se suivent sur le coté nord du chœur, la baie 205 achevant les travées droites et la  baie 203 fermant, à gauche, le rond-point, forment un ensemble par leur unité stylistique ; elles ont été offertes par un évêque, qui figure en donateur au pied de la Vierge à l'Enfant de la baie 203, et qui avait été identifié comme étant Bernard de Caritis (Cariti, Charitis), évêque d'Évreux de 1376 à 1383, et qui avait été inhumé de ce coté gauche du chœur, jusqu'à ce que  R. Dubuc ne s'avise que les armoiries n'étaient pas celle de ce prélat (connues par ses sceaux), mais celles des seigneurs breton de Malestroit. Jean Lafond, en 1964, a montré qu'il s'agissait ici de Thibaut de Malestroit, évêque de Quimper, décédé en 1408.

Les verrières auraient remplacé une verrière du XIVe siècle représentant saint Aquilin et saint Taurin, qui aurait été endommagée.

Les deux baies ont 2 lancettes trilobées et un tympan  à 1 pentalobe et 2 trilobes, et mesurent 6, 70 m de haut et 1,80 m de large. La baie 205, plus éloignée de la baie axiale 200, montre un religieux  nimbé et un évêque également nimbé, chacun debout, et qui présentent vraisemblablement le donateur de la baie 203.

Le tympan de la baie 203 est occupé par les armes de France (fleurs de lys sans nombre), tandis que le tympan de la baie 205 contient les armes de Bretagne (hermines sans nombre).

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Le rond-point des baies 203, 201, 200, 202 et 204 de gauche à droite.

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Choeur  de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Choeur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La répartition chronologique des baies du chœur : en jaune les baies du XIVe siècle, en rouge les baies du XVe.

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Les vitraux du chœur de la cathédrale d'Évreux : les baies 203 et 205.

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Les deux baies 205 et (partiellement) 203.

L'unité stylistique provient de leur disposition en un seul registre (contre deux registres pour les baies 201, 200, 202 et 204), des motifs à grands personnages dans des niches octogonales à dais assez clairs, et  de leurs fonds damassés à motifs de phénix affrontés inspirés des lampas de Lucqes/Florence.

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Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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I. LA BAIE 205 : UN SAINT MOINE ET UN SAINT ÉVÊQUE.

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Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Les niches et leurs dais.

Les niches sont implantées sur un soubassement octogonal à pavement carrelé noir et blanc. Deux piliers à pans multiples encadrent les saints, et accueillent en décorations des petites loges vides. Une tenture damassée rouge à gauche et bleu à droite sert de fond aux personnages.

Les saints sont abrités par le toit voûté d'une sorte de chapelle octogonale dont trois pans au moins contiennent une baie vitrée à losanges, séparés par des colonnades engagées, sous les nervures qui retombent sur des clefs pendantes séparant des gables.

Les dais partent de cette chapelle octogonale pour former une coupole vitrée, reprenant le motif sous jacent de gables et elle-même couronnée par une flèche et par son fleuron.

Ce fleuron, comme tous ceux qui se pointent au sommet des pinacles et des gables, a une forme en bourgeon ou en grelot par le rapprochement de deux feuilles indentées. 

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Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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1. Un religieux en habit blanc : saint Thibaut de Marly ?

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Le moine  en coule blanche tient un livre des deux mains. Il est nimbé mais non tonsuré. On y a reconnu d'abord saint Bernard, lorsque l'évêque était identifié comme Bernard Cariti, puis lorsque Jean Lafond a proposé de voir dans ce dernier Thibaut de Malestroit, il a suggéré d'identifier ce saint moine comme étant le cistercien  Thibaut de Marly, abbé des Vaux-de-Cernay, canonisé en 1270, et dont les représentations iconographiques sont rarissimes. F. Gatouillat mentionne qu'il était abbé du Breuil-Benoist près de Marcilly-sur-Eure.

On pourrait penser aussi au dominicain saint Vincent Ferrier, très vénéré en Bretagne où il fut appelé en 1418 par le duc Jean V avant d'être enterré en la cathédrale de Vannes en 1419. Mais il ne fut canonisé qu'en 1455.

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Le saint est figuré de face, mais le visage tourné de trois-quart vers sa gauche. 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Thibaut_de_Marly

 

 

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Les damassés aux oiseaux affrontés.

En dépit de la vraisemblance, la coule blanche est peinte en grisaille d'un motif qui se retrouve aussi sur le fond rouge, mais encore dans les trois autres lancettes de ces deux baies. Il associe deux oiseaux huppés, aux ailes à quatre pennes divergents — qualifiés souvent de "phénix" — , tenant dans leur bec la tige du rinceau qui les environne. Ces tiges, parfois réunies par un annelet, produisent des inflorescences à pétales digités.

Ce motif se retrouve à la même époque sur tous les vitraux du début du XVe siècle encore conservés  en Bretagne : à Saint-Jacques de Merléac (baie 0 de 1402), en la cathédrale de Quimper (baie 0 vers 1417), à l'église Saint-Gilles de Malestroit (scènes de la vie de saint Gilles et de saint Nicolas de la baie 1 du 1er quart XVe), à l'église Notre-Dame de Runan vers 1423.

Comme le souligne l'ouvrage Les Vitraux de Bretagne page 28 : "Ces verrières [de Merléac et de Quimper] ont été à juste titre rapprochées de celles de Runan et de Malestroit, où se retrouve le même goût pour les représentations en camaïeu affichées devant des tentures précieuses. "

On voit donc l'importance de cette ornementation qui permet de replacer ces deux baies d'Évreux dans un ensemble artistique breton lié au mécénat du duc Jean V (1389-1442) et de ses officiers. Nous serions tenter de postuler que les vitraux des baies 203 et 205 ont été non seulement offert par un évêque issu d'une grande famille bretonne, mais aussi fabriqués par un atelier breton et que Thibaut de Malestroit, évêque d'Évreux, [ou Jean de Malestroit évêque de Nantes] aurait été inspiré dans sa commande par les vitraux de Malestroit, de Quimper, de Merléac et de Runan.

Mais ce serait méconnaître que ces couples affrontés de phénix sont également présents sur la verrière "royale" des baies 15, 17 et 19 d'Évreux dès les années 1360-1370.

Ou bien que nous les trouvons également en Normandie à Saint-Lô,  Saint-Germain-village (Eure), Bonport, Louviers.

Ou encore dans la cathédrale de Bourges, et dans celle du Mans.

Ils sont issus des étoffes de soie ou lampas produites à Lucques en Italie, puis à Florence, étoffes précieuses utilisées comme ornements d'église, (devant d'autel, nappes, tentures, habits liturgiques)  et dans les demeures royales .

La cohérence chronologique de leur présence dans les vitraux est forte, la plupart de ces vitraux datant du premier quart du XVe siècle.

Je renvoie à mon Annexe de fin d'article.

 

 

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Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Un saint évêque.

 Jean Lafond propose de l'identifier comme étant saint Taurin, premier évêque d'Évreux, en référence au 1er vitrage de cette baie.

Françoise Gatouillat y voit plus probablement " saint Thibault de Thann, patron de donateur", mais Thiebault de Thann semble étroitement lié à la collégiale alsacienne du même nom, assez éloigné de l'origine bretonne de l'évêque. Nous trouvons aussi saint Thibaud de Vienne, évêque de cette ville au Xème siècle. Ou un évêque de Paris Thibaud (1143-1159). 

Néanmoins, tout cela n'est pas entièrement convainquant. Si nous conservons l'idée d'une influence bretonne, nous pouvons envisager de très nombreux saints évêques des neuf évêchés de cette province.

Il se tient debout (autre argument, en plus du nimbe, pour ne pas le confondre avec un donateur) et il est franchement tourné vers le centre du chœur, et vers la Vierge de la baie voisine 203. Il en présente le donateur par un geste de la main droite, paume orienté vers le dos de ce dernier. Ce qui est troublant, c'est qu'il forme par sa tenue et par son visage très réaliste comme le sosie de l'évêque donateur.

Il porte tous les insignes de sa charge : la crosse, la mitre, la chasuble à orfrois et bandes précieuses formant une croix, les gants ou chirothèques au dos enrichis de plaques d'or, et les pantoufles fines.

La tenture de fond, bleue, et la chasuble verte sont peints à la grisaille du motif de phénix affrontés mordant les tiges de rinceaux.

 

 

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Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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II. LA BAIE 203 : UN ÉVÊQUE AGENOUILLÉ DEVANT LA VIERGE À L'ENFANT.

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Les encadrements architecturaux sont les mêmes que ceux de la baie 205, hormis, dans la 1ère lancette, la présence d'un blason. 

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Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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1. La lancette de gauche : un évêque agenouillé en posture de  donateur.

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Le fond damassé est bleu, son motif à phénix affrontés tenant au bec la tige des rinceaux est particulièrement bien visible.

L'évêque (au visage restitué) est agenouillé sur un prie-dieu où un livre est ouvert. Ce prie-dieu est recouvert d'une étoffe brune précieuse, car brodée d'un  motif de cercles ou anneaux dorés, qui peuvent être interprétés comme des pièces de monnaie (allusion aux besants ?), et qui s'associe, sur le rebord de la tablette, d'autres anneaux qui pourraient être les sceaux ou fermoirs du livre liturgique.

La chape verte à volumineux fermail à quadrilobe reprend, en guise de bande d'orfrois, les armoiries du blason, rouge à 8 ronds jaunes traversé au lieu par la hampe et la volute d'une crosse épiscopale. Cet ornement croise, devant la poitrine, une bande bleue claire, qui se retrouve aussi entre les pièces rouges..

En terme héraldique, il faut décrire ceci comme de gueules à 8 besants d'or 4, 2, 2, avec la crosse en pal. Ce qui ne permet pas une identification précise.

En effet, les armoiries des Malestroit étaient d'abord de gueules besantées d'or, puis  de gueules à 9 besants d'or 3, 3 , 3 , et en bannière (carré) depuis 1451. 

On trouve dans cette famille trois évêques :

a) Thibaut de Malestroit , fils de  Jean de Châteaugiron († 1374 à Azincourt),  il fut nommé évêque de Tréguier le 28 janvier 1378 par le pape Grégoire XI par complaisance pour son frère le sire Jean de Malestroit († 1382 ), capitaine-général des gens d'armes bretons à son service. Il est recommandé au duc pour l'évêché de Quimper le 3 décembre 1383 par Clément VII et prête serment le 5 mars 1384 . Il meurt le 2 mai 1408. Je ne trouve aucune indication sur ses armoiries épiscopales.

b)  Jean de Malestroit est le demi-frère de Thibaut. Né en 1375 à Châteaugiron dans le duché de Bretagne, et mort à Nantes le 13 septembre 1443, il est un pseudo-cardinal du xve siècle et le chancelier du duc Jean V de Bretagne. C'était un protégé d'Olivier de Clisson. Jean de Malestroit est le sixième fils connu fils de Jean de Châteaugiron, seigneur de Malestroit et de Largoët (mort en 1374) et de sa seconde épouse Jeanne de Dol Dame de Combourg. Jean de Malestroit est archidiacre du diocèse de Nantes. Il est élu évêque de Saint-Brieuc en 1405, puis entre au conseil privé du duc, puis devient gouverneur général des finances de Bretagne en 1406, Premier Président de la Chambre des comptes de Bretagne au début de l'an 1408, puis Chancelier du duc et Trésorier-receveur-général du duché de Bretagne quelques mois plus tard. Il est transféré au diocèse de Nantes le 17 juillet 1419.

En tant qu'évêque de Nantes, il lance, avec le duc Jean V, le chantier de construction de l'actuelle cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul. Le duc et l'évêque en posent la première pierre le 14 avril 1434.

Par la suite, il préside le procès ecclésiastique de Gilles de Rais en octobre 1440 à Nantes. L'antipape Félix V le crée cardinal lors du consistoire du 12 novembre 1440.

Ses armoiries sont de deux sortes :

 b1) Elles sont  de gueules à 11 besants d'or 4, 3 4 sur un blason carré de la  tombe de Saint-Pierre de Nantes, in Gaignières) :

 

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b2) Elles seraient  de gueules à 11 besants d'or 4,3,2,1, au bâton d'azur dans le Rôle d'armes du second traité de Guérande. Il était en effet le demi-frère de Jean de Châteaugiron-Malestroit, et le bâton d'azur est la brisure qu'il utilisait en Bretagne. Mais je lis aussi que  "Jean de Malestroit porta toujours l'écu de ses armes, chargé de dix besans 4.3.2.1, d'abord distingué de celui de ses frères par une bordure endentée, lorsqu'il occupait le siège de Saint-Brieuc, puis avec une simple bordure, quelque temps après sa translation à Nantes, — peut-être même avant, — et enfin sans bordure." (armorial des évêques de Nantes de Stéphane La Nicollière-Teijeiro page 64).

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c) Guillaume de Malestroit fils de Jean de Malestroit et de Marguerite de Quintin, est le neveu des précédents, il fut évêque de Nantes en 1443 jusqu'en 1461 puis archevêque de Thessalonique jusqu'à sa mort en 1492. 

 Son écu en bannière, de gueules à onze besans d'or 4.3.4, au lambel (probablement d'or), de trois pendants est attesté par deux sceaux, timbrés d'une crosse tournée à gauche (et dans un cas d'une épée et d'une clef).

Rien ne permet d'attribuer le blason et les armoiries de la chape de l'évêque de la baie 203 à l'un de ces trois prélats, mais Jean Lafond a, a priori sur la foi de la figure du moine de la baie 205, proposé d'y reconnaître Thibaut, tout en soulignant que le lien entre Malestroit et la ville d'Évreux n'est argumentée que pour Jean, évêque de Nantes :

 

« Le roi Charles VI a en effet donné au duc Jean V de Bretagne, à l'occasion de son mariage avec Jeanne de France, une très grosse somme d'argent : 50.000, puis 150.000 francs, à percevoir sur la recette des aides d'Évreux. La date précise de cette libéralité n'est pas connue. Né le 24 décembre 1389, le duc avait reçu la princesse pour épouse dès l'âge de sept ans, suivant l'usage du temps. Mais il ne fut couronné qu'en mars 1402 et il n'a rendu hommage au roi de France qu'en janvier 1404. Vraisemblablement c'est alors qu'il faut placer, selon M. Nortier, le mariage effectif et la donation royale.

De nombreuses quittances conservées à la Bibliothèque nationale montrent que de 1410 au moins jusqu'en 1417, c'est Jean de Malestroit, évêque de Saint-Brieuc et chance lier de Bretagne, qui recevait, par portions, les sommes destinées au duc. Celle du 15 juin 1416 (n° 1322) indique que, sur les sommes perçues, 500 livres tournois furent octroyées par Jean V à Notre-Dame d'Évreux par l'entremise de l'évêque. M. Nortier me signale en outre que Jean de Malestroit lui-même toucha sur la recette d'Évreux, le 8 juillet 1411, une somme de 2.000 livres à lui donnée par le roi. « Voilà donc les preuves de rapports étroits entre la cour de Bretagne, la famille de Malestroit et la cathédrale d'Évreux dans les premières années du xve siècle. mentionnent .

 On a sans doute remarqué que les documents  connus mentionnent  seulement  Jean de Malestroit et non son  frère Thibaut. Comme celui-ci est mort en 1408 seulement, peut-on supposer qu'il avait été chargé de percevoir les premiers versements de la donation? Certes il n'était pas chancelier mais seulement conseiller du duc, comme d'ailleurs les autres évêques bretons. Simple hypothèse qu'on pourrait remplacer par  une autre : le vitrail de n'aurait-il pas été fondé par Jean de Malestroit en mémoire  de son frère  défunt?  Mais il ne faut pas avoir la prétention de tout savoir. Les  faits certains suffisent à expliquer  la présence de l'évêque breton Thibaut  de  Malestroit dans le chœur la  de la cathédrale  d'Évreux." https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_1964_num_1962_1_6773

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Pour ma part, l'argument de la présence du motif du damas dans les vitraux de quatre sanctuaires bretons — dont Quimper — doit également être considéré pour privilégier, sans l'affirmer complètement,  l'hypothèse de Thibaut.

Mais après que chacun ait repris les éclaircissements apportés par Jean Lafond, il est temps d'insister aussi sur les interrogations et énigmes qui persistent à propos de ces deux baies, que ce soit au sujet de l'identité du  donateur, de celle des deux saints de la baie 205, et des relations avec les autres verrières contemporaines, pour ne rien dire de l'atelier dont elles sont sorties.

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Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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2. La lancette de droite : la Vierge à l'Enfant.

On se souvient que la Vierge est la patronne de la cathédrale d'Évreux, et qu'elle figure dans les baies offertes par les évêques d'Évreux ou les chanoines. Ici, c'est une Vierge à l'Enfant, couronnée, nimbée et voilée, échangeant avec son fils un regard tendre, sans un geste en direction du donateur.

 

 

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Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Le fond rouge (et donc assez sombre) est peint du damassé aux phénix tenant au bec la tige de rinceaux, mais il n'apparaît que sur les clichés très éclaircis.

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Par contre, la robe reprend le motif à pièces d'or qui était celui de l'étoffe précieuse du prie-dieu du donateur, et qui m'avait incité à lire une allusion aux besants des Malestroit.

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Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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ANNEXE. Les fonds damassés des vitraux, inspirés des étoffes à oiseaux affrontés.

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Je trouve des informations sur ces fonds sous la plume de Martine Callias Bey et ‎Véronique David dans Les Vitraux de Basse Normandie, 2006. À propos des vitraux de Saint-Lô (Manche)‎, je lis page 153:

   "La verrière des apôtres [baie 10, vers 1420-1425] présente des figures isolées, de proportion moyennes, comparables aux figures de la verrière du Vast des années 1410, avec laquelle elle présente de nombreux points communs, notamment la figure de saint Jean-Baptiste. Les fonds sont damassés sur des modèles tirés des tissus lampassés ornés d'oiseaux fantastiques affrontés d'inspiration orientale, très caractéristique du début du premier quart du siècle ; le dessin est précis et dépouillé de lavis annexes. Une comparaison de style s'impose avec les verrières hautes de la cathédrale de Quimper, datées des années 1410-1415." [Notons, dans cette baie 10, les pupilles colorées au jaune d'argent de l'agneau de Jean-Baptiste, comme dans la baie 107 de Quimper, ou comme à Runan, Ergué-Gaberic, Malestroit, etc..]

Page 39, je lis encore :

"Le développement de l'industrie textile et de la broderie à la fin de la guerre de Cent Ans, notamment à Saint-Lô, à Caen, à Louviers ou à Rouen, induit un goût prononcé pour les tissus brodés et damassés utilisés pour les vêtements ou les tentures de fond, rappelant les courtines qui étaient tendues dans les églises aux jours de fête. Les motifs pouvaient être répétés au moyen de pochoirs rigides ou de planches dessinées et calquées sur les vêtements réels. Ces damas reproduisaient les tissus d'inspiration orientale, fabriqués à Lucques, en Italie, dès la fin du XIIIe siècle, et exportés dans toute l'Europe ; ces dessins de feuillage stylisés, fleurs, cygnes, perroquets, ou créatures fabuleuses affrontées, se retrouvent autour de 1400 et dans le premier quart du XVe siècle, notamment à Notre-Dame de Saint-Lô, à Saint-Maclou de Rouen, à la cathédrale et à Saint-Taurin à Évreux ; l'observation des différentes sortes de damas facilite la datation des verrières, entre le début du XVe siècle où ils représentent de petits animaux fantastiques affrontés au milieu de rinceaux végétaux sinueux "enlevés" sur la grisaille, et la seconde moitié du siècle, caractérisés par de plus grands motifs simplifiés, peints au pochoir, ou parfois cernés de plombs."

 

Les mêmes auteures ajoutent  que "la prédilection pour les camaïeux de la miniature parisienne contemporaine, les "portraits d'encre" et les "demi-grisailles" illustrés par le Maître de Bedford vers 1420-1430 ou le Maître de Dunois vers 1460, trouve un relais dans la vogue croissante des verrières en grisaille".  J'ajouterai l'influence plus précoce des grisailles d'André Beauneveu dans les 24 enluminures qui ouvrent le Psautier de Jean de Berry (entre 1386 et 1400).

 Dans le même ouvrage, page 41, on lit :

"Les motifs de phénix aux ailes déployées, tournés alternativement vers la droite ou vers la gauche, mordant de leur bec des rinceaux végétaux entrelacés, sont réalisés d'après des soieries fabriquées à Lucques sur des modèles orientaux ; nous les avons déjà évoqués à Notre-Dame de Saint-Lô et à la cathédrale d'Évreux et nous les retrouvons aussi dans le fond des verrières de Simon Aligret et de Pierre Trousseau à la cathédrale de Bourges (Cher) au début du XVe siècle, à Saint-Germain-Village (Eure) ou encore à Saint-Corentin de Quimper. Les voyages des artistes et des œuvres d'art, la circulation de recueils de modèles peuvent expliquer ces ressemblances."

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Enfin, dans un texte de 2009 (Congrès archéologique de France), Françoise Gatouillat signale aussi ces fonds dans l'abbatiale normande de Bonport. Je retrouve une photographie RMN d'un dessin de Gustave Moreau sous le titre  Vitrail de l’abbaye de Bonport représentant Gilles Malet et sa femme , Le Magasin pittoresque, 1861, p. 236, mais le dessin original de Fichot est beaucoup plus intéressant. L'église de l'abbaye , une abbaye de cisterciens fondée en 1190, n'existe plus aujourd'hui, mais le vitrail fut « dessiné et gravé par E. Hyacinthe Langlois de Pont de l'Arche d'après un vitrail de l' abbaye de Bonport conservé par lui ». Cette gravure est datée de 1814 dans le Musée des monuments français d'Alexandre Lenoir (Musée des monuments français, Paris 1821, in 8°, t. VIII, p. 93, p. 289. ). Un demi-siècle plus tard, Charles Fichot en fit une nouvelle reproduction d'après « un dessin original colorié » communiqué à Guiffrey par Albert Lenoir, fils d'Alexandre, qui avait hérité les portefeuilles de son père. Mais en 1861 déjà, on ignorait le sort de cette verrière. (J.B. de Vaivre,page 229, 1978).  Gilles Malet était bibliothécaire de la Librairie royale de Charles V de 1369 jusqu'à sa mort en 1411, mais le vitrail a été offert en 1383, si on se fonde sur l'information que "Le 23 octobre 1383, Gilles Malet et Nicole de Chambly firent dans cette abbaye une fondation à laquelle ils affectèrent 33 livres, 6 sols et 8 deniers de rente, assise sur les halles et les moulins de Rouen" (Bibl. nat., ms. fr. 26283, f° 108, in J.B. de Vaivre ). Nous obtenons donc une double information, temporelle (celle de la date à laquelle ces tentures étaient à la mode), et spatiale désignant la cour royale  parisienne, comme lieu de cette mode.

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 Vitrail de l’abbaye de Bonport (Eure) représentant "Gilles Malet et sa femme", Le Magasin pittoresque, 1861, p. 236,  dessin de Charles Fichot  . Google books

Vitrail de l’abbaye de Bonport (Eure) représentant "Gilles Malet et sa femme", Le Magasin pittoresque, 1861, p. 236, dessin de Charles Fichot  . Google books

 

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Si nous récapitulons, nous avons la liste chronologique suivante, entre 1350 et 1430 environ,  : 

  • Cathédrale d'Évreux, chapelle du Rosaire, baies 15, 17 et 19 : 1360-1370. Perruches et couple oiseaux/taureau.

  • Cathédrale d'Évreux, baie 206, panneau déplacé de la lancette gauche du 2ème quart du XIVe siècle (?) : lion ailé ??

  • Cathédrale de Sées,  baie 17 (1370) . Il représente le chapelain donateur Oudin de Troyes, venu à Sées avec son évêque confesseur du roi Jean, au pied des saint Nicolas. Le motif du lampas repose sur deux oiseaux à huppe postérieure et longue queue (perruches), affrontés autour de rinceaux.

  • Abbatiale normande du Bonport, Pont-de-l'Arche (Eure) (1383).

  • Sainte-Chapelle de Bourges (1390-1400) aujourd'hui dans la crypte de la cathédrale, et les relevés des fonds par Des Méloizes 1891. La baie 9 montre un oiseau aux ailes déployées en éventail, et un aigle. 

  • Chapelle Saint-Jacques de Saint-Léon, Merléac (Cötes d'Armor), baie 0, 1402 : panneaux de la Flagellation et de la Crucifixion ; panneau de la Prédication de saint Jacques. Deux perruches affrontées, aux ailes non déployées. 

  • Cathédrale de Bourges chapelles Trousseau (vers 1403-1404) et chapelle Aligret (avant 1415).

  • Cathédrale d'Évreux, baies 203 et  205 (1408-1415) : oiseaux aux ailes déployées tenant au bec la tige du rinceau, motif associé à des couronnes.

  • Église Saint-Taurin d'Évreux ? 

  • Église de Saint-Germain-Village (Eure) 

  • Cathédrale de Quimper (vers 1417), baie 100 et baie 109 par le mécénat du duc Jean V . Pupilles des personnages jaunes sur les baies 106 et 108..

  • Église Notre-Dame de Runan (Côtes-d'Armor), baie 0, vers 1423. Autour du visage de saint Pierre, un oiseau aux ailes déployées, tenant la tige du rinceau. Pupilles des personnages jaunes.

  • Église Notre-Dame de Saint-Lô (1420-1425), baie 10. Phénix à ailes déployées tenant du bec le rinceau. Pupilles des personnages jaunes.

  • Cathédrale du Mans baie n° 217 (vers 1430) : oiseaux à ailes déployées.

  • Saint-Maclou à Rouen (Baie 5, baie 21 par ex.) (1437-1517) : griffons.

La forte prédominance de la région Ouest (Normandie et Bretagne) ne doit être considérée qu'avec prudence car elle peut être affectée par un biais de recrutement. 

A titre indicatif, les fonds des volets du Retable de Flémalle de Robert Campin   daté entre 1425 et 1428 offrent un bel exemple de décor inspirés des lampas de Lucques.

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LES SOIERIES ITALIENNES ; LES LAMPAS DE LUCQUES.

Les étoffes qui ont servi de modèle aux peintres-verriers sont des soieries luxueuses, dont la fabrication n'était pas encore maîtrisée en France au début du XVe siècle. En 1466 Louis XI tente sans succès de créer une manufacture de soie à Lyon, mais l'industrie lyonnaise ne débutera que sous François Ier. En 1470, Louis XI obtient un meilleur résultat à Tours, et l'âge d'or des soieries tourangelles durera de 1470 à 1550 (A. Coudouin, 1981).

Donc, vers la fin du XIVe et le début du XVe siècle, les soieries parviennent en France par les grandes foires, comme celles de Champagne et de Lyon. Mais les trésors des cathédrales conservent avec un soin jaloux des vêtements plus anciens, offerts par des princes : ces étoffes (byzantines, perses ou arabes) peuvent aussi avoir servi de modèle aux artistes. 

Rappel : 

La technique de fabrication du fil de soie à partir du cocon de ver à soie est découverte en Chine  sous la dynastie des Shang (XVII° -XI° siècles av JC). Les motifs chinois sont les phenix, les dragons et les bancs de nuages.  Longtemps demeurée monopole chinois, elle est importée à grand frais par l'Empire romain jusque vers le VI° siècle av. J.C. 

Au IIe siècle et surtout au IVe-Ve siècle, où le métier "à la tire" permet de fabriquer des étoffes plus larges et de nouveaux motifs,  l'Iran sassanide contrôle la partie occidentale de la route de la soie et exporte la soie brute ("soie grège") et la culture du ver à soie sur le mûrier.  Les décors s'organisent en médaillons ou dans des réseaux de losanges encadrant des oiseaux. Une grande place est laissée au répertoire animal, les animaux portant fréquemment des rubans flottants (pativ), symboles de pouvoir royal. Il existe aussi des motifs purement ornementaux (palmettes ailées, composites, grecques, en forme de pique), grenade (symbole de fertilité), rinceaux simples, méandres, zigzags, arcs végétaux. Certains motifs peuvent se rapporter à une symbolique royale , comme les oiseaux -faisans, paons, aigles, canards- portant le pativ dans le bec ; Enfin, quelques motifs sont simplement des sujets plaisants, comme peut-être le couple de canards portant un même pativ dans leur bec, que l'on peut lier avec le motif chinois du couple de canard symbole de félicité conjugale. 

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La soie existe en Europe depuis le IVe siècle dans le monde byzantin (l'Égypte est byzantine jusqu'en 640). La technique du tissage de la soie est ensuite transmise à la civilisation musulmane, où elle prospère durant le Moyen Âge. C'est par ce biais que le tissage de la soie est introduit dans le monde médiéval chrétien. Quand Roger de Hauteville conquiert la Sicile musulmane, dans la deuxième moitié du XIe siècle, il en conserve en partie la culture et il se crée alors une civilisation originale, nommée culture arabo-normande. Le royaume sicilien de Frédéric II s'effondre en 1250, et alors que jusqu'au XIIIe siècle, le tissage de la soie en Europe chrétienne se limitait à la Sicile, elle se diffuse vers Lucques, Venise, et d'autres villes italiennes. Un autre canal de transmission est l'Espagne musulmane.

L'Italie contrôle le commerce de la soie du XIVe au XVIe siècle. Au XIe siècle a lieu une première tentative de séricuture dans la vallée du Pô, puis à Salerne, alors que les mûriers sont cultivés par les immigrants juifs, grecs et arabes. Ce sont les juifs de l'Italie du sud qui introduisent l'art du tissage à Lucques à partir de l'an 1000, mais la ville connaît la prospérité au XIIe siècle et exporte ses soieries en France par les foires de Champagne.

Les motifs sont d'abord des cocardes (médaillons) contenant des animaux et oiseaux stylisés représentés par paire, puis les cocardes disparaissent ; une des spécialités est le galon de petits motifs répétitifs d'oiseaux ou autres animaux. Au XIVe siècle les soies chinoises mongoles Yuan introduisent les palmettes, qui se développeront à type de grenades et de chardons, d'ananas et d'artichaut.

Lucques n'est pas la seule ville italienne renommée pour ses soieries, et Florence se rend célèbre pour son Sendal, un velours rouge écarlate car teinté par le kermès. Elle utilise aussi la teinture rouge  "oricello"  à base d'algues de Méditerranée. Venise privilégie bien-sûr le commerce de la soie, et Gênes est célèbre par le velours polychrome qui porte son nom.

Les noms des étoffes sont riches : on distingue les samits , les damas, les brocards, les taffetas ou les baldachins. Lucques est connue pour ses "lampas".

- Samit (Larousse) Tissu de soie uni ou façonné présentant à l'endroit et à l'envers des flottés de trame régulièrement liés en sergé. (Venus d'Orient, ces tissus, très en faveur aux XIVe et XVe s., étaient fabriqués en Italie dès le XIIe s.)

- lampas (Larousse) Tissu façonné, en soie, à riches décors formés par des flottés de trame régulièrement liés par une chaîne supplémentaire dite de liage. "Le lampas (Wikipédia) est une étoffe assemblant des fils de soie, et souvent d'or et d'argent, dont les motifs sont en relief. Cette étoffe somptueuse est façonnée sur des métiers à la tire. C' est un cousin germain du damas, dont la particularité est l'emploi de deux chaînes ayant deux structures distinctes, une pour le décor à dominante trame et une pour le fond de satin à dominante chaîne de liage. "(Wikipédia)

Afin de documenter ma recherche sur les motifs retrouvés sur les vitraux de Quimper ou de l'Ouest de la France, j'ai longtemps cherché des images d'échantillons de lampas de Lucques. La meilleure source en ligne  est la collection du Musée de Cluny. J'ai repris les échantillons les plus évocateurs à mes yeux du sujet que je me suis fixé, et j'ai porté notamment mon attention sur les oiseaux (« phénix ») tenant dans leur bec un rinceau ou, mieux, un ruban flottant que je suis fier de nommer désormais de son nom sassanide de "pativ". 

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Je citerai aussi  texte de Pierre Racine (2004):

 

"La soie, importée d’Asie, a permis la confection de vêtements de luxe venus enrichir la garde-robe des gens de Cour, des milieux aisés des grandes villes, sans compter les souverains et les princes eux-mêmes, après qu’ils eurent séduit durant des siècles les ecclésiastiques. La soie n’était certes pas inconnue du monde occidental avant le XIIIe siècle, mais jusqu’au milieu de ce siècle les étoffes de soie provenaient essentiellement du monde byzantin ou musulman.A partir de 1250 et surtout après le traité de Nymphée qui ouvrait aux Génois le trafic commercial sur les rives de la mer Noire, la soie arrive en Europe occidentale en abondance, à la différence de la période antérieure où étaient surtout importés des tissus. Or, le port de Gênes a pris une place de premier plan dans ce trafic, d’une part pour l’arrivée de la soie grège en provenance d’Asie, d’autre part pour l’exportation des tissus travaillés principalement dans la ville de Lucques par des artisans spécialisés."

 

" Les diverses étoffes qui sortaient de ces ateliers avaient des usages bien définis. Jusqu’au grand développement de l’industrie de la soie au milieu du XIIIe siècle, l’Église fut le premier client pour les draperies et parements d’autel, comme pour les vêtements sacerdotaux (chapes, chasubles, dalmatiques). Les inventaires des églises lucquoises en sont un bon témoignage. Un inventaire du trésor pontifical de 1295 montre que le brocart, le samit et le cendal étaient employés pour les baldaquins et les tentures, le samit et le cendal, la « pourpre » et le « camoas » pour les parements d’autel, le samit et les soies plus légères pour les vêtements sacerdotaux. Au cours du XIIIe siècle, une clientèle laïque, composée de nobles et de souverains, s’est dessinée, relayant parfois celle de l’Eglise, à la recherche de tissus variés, des étoffes légères aux draps d’or et d’argent. Les comptes des rois de France citent ainsi brocarts, velours et damas, satins, sarcenits, tabis (soie moirée) et taffetas en provenance de Lucques. Les poètes et troubadours se sont eux-mêmes complu à décrire les somptueux vêtements de personnages qu’ils mettaient en scène. Les dessinateurs lucquois se sont montrés très tôt capables d’adapter les dessins byzantins et musulmans, représentant des animaux ou des oiseaux plus ou moins stylisés et disposés le plus souvent dans des médaillons. Dès le XIIIe siècle, sous l’influence de l’héraldique, les médaillons en viennent à remplacer les animaux avec des bandes feuilletées et fleuronnées s’entrecroisant en formant losanges et carrés. La diaspre, soie unie, brochée d’or ou d’argent, était surtout de couleur blanche, mais le rouge, le vert, le jaune, voire la bichromie, pouvaient s’y rencontrer, si l’on se réfère à certains inventaires de sacristie. Pour ce tissu qui ressemblait au damas, il était nécessaire de recourir à deux chaînes à base de fil fortement tordu, la trame étant alors à base d’un fil légèrement tordu, les figures étant tramées en un fil plus épais et plus brillant que le fond. L’influence des styles chinois au XIVe siècle introduit plus de souplesse et une certaine symétrie pour donner l’impression de mouvement, malgré la répétition inévitable des mêmes motifs dans les tissus."

 

  • "Le baudequin est une étoffe de soie lourde utilisée notamment pour les dais.

  • Le brocart est un tissu de soie rehaussé de dessins brodés en fil d’or ou d’argent.

  • Le cendal est une étoffe de soie légère.

  • Le damas est une étoffe de soie tissée de telle façon que les dessins présentés à l’endroit en satin sur fond de taffetas apparaissent à l’envers en taffetas sur fond de satin.

  • Le samit est un demi-satin formé d’une chaîne de soie soutenue par une trame de fil.

  • Le velours est un tissu à deux chaînes : l’une produit le fond du tissu et l’autre le « velouté ». Le velours peut à l’occasion mêler soie et coton."

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Afin de documenter ma recherche sur les motifs retrouvés sur les vitraux de Quimper ou de l'Ouest de la France, j'ai longtemps cherché des images d'échantillons de lampas de Lucques. La meilleure source en ligne  est la collection du Musée de ClunyJ'ai repris les échantillons les plus évocateurs à mes yeux du sujet que je me suis fixé, et j'ai porté notamment mon attention sur les oiseaux (griffons ou non) tenant dans leur bec un rinceau ou, mieux, un ruban flottant que je suis fier de nommer désormais de son nom sassanide de "pativ".

 

 

Musée de Cluny 3061

Fragment de lampas à décor de phénix insérés entre des rangées de palmettes contresemplées

http://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&VBID=2CO5PC7SJS3FM&SMLS=1&RW=1066&RH=516

 

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Musée de Cluny CL22537Lampas diapré broché d'or, Lucques, XVe  Aigles affrontés

 

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Lampas diapré broché d'or, Lucques, vers 1400

Musée de Cluny CL3065 Egypte Syrie lampas 

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Musée de Cluny CL21858b  Lampas Iran 2ème moitié  XIVe. Phenix et pampre d'or sur fond bleu

 

 

Musée de Cluny  CL13278 Lampas broché d'or de Sicile XIVe siècle 

 

 

 

CL3060 Gazelles adossées Italie 4e quart 13e siècle-1er quart 14e siècle ; fragment de diapre blanc broché d'or à décor de gazelles, perroquets et de palmettes.

 

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CL3063 textile BROCHé Lucques baudequins (?) aux antilopes et aux chiens au milieu de végétaux stylisés

Musée de Cluny CL3086

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L'une des très bonnes sources de documentation est la collection des Soieries de Lucques  du Metropolitan  Museum :

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/463290?rpp=20&pg=1&ft=textile+with+brocade&pos=11

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/467452

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/467452

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/468137

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/466706

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/463599?rpp=20&pg=1&ft=textile+with+brocade&pos=13

http://www.metmuseum.org/Collections/search-the-collections/170003840?rpp=20&pg=1&ft=textile+with+brocade&pos=17

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/463700?rpp=20&pg=2&ft=textile+with+brocade&pos=34

http://www.metmuseum.org/Collections/search-the-collections/60013538?rpp=20&pg=2&ft=textile+with+brocade&pos=36

Voir également :

Châsse de saint Potentien,  Trésor de la cathédrale de Sens, samit, provenant d'Istanbul, XIIe siècle. Le décor bleu et rouge, sur fond violacé, se compose de médaillons à la couronne ornée de caractères pseudo-kufiques. À l'intérieur se présentent des oiseaux affrontés qui se retournent ainsi que des griffons, adossés de part et d'autre de fleurons. D’autres oiseaux disposés de chaque côté d'un arbre de vie meublent les écoinçons ​

https://www.qantara-med.org/public/show_document.php?do_id=945

 

 Lampas Wikipédia Musée de Cluny XIVe siècle

https://fr.wikipedia.org/wiki/Lampas#/media/Fichier:Lampas_with_phoenix_silk_and_gold_Iran_or_Irak_14th_century.jpg

 

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Musée national d'Iran

https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_soie#/media/Fichier:Thr_muze_art_islam_4.jpg

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CONCLUSION.

a) Le motif du fond des vitraux des  baies 203 et 205 d'Évreux se révèle être, comme celui de la cathédrale de Quimper,  partiellement d'origine sassanide, avec ses oiseaux affrontés aux ailes déployées tenant dans leur bec un ruban flottant ou la tige du rinceau. Ce thème a été repris dans les lampas de Lucques, et ce sont ces soieries qui ont été à la mode en France dans le dernier quart du XIVe et le premier quart du XVe siècle, notamment à la cour du roi Charles VI. Les spécimens de lampas de Lucques de cette époque permettent de retrouver ce thème des oiseaux affrontés tenant soit des tiges végétales, soit plus rarement des rubans, et celui des palmettes et des rinceaux.

b) Les exemples d'un décor analogue, à oiseaux affrontés — ou autres animaux — et végétaux, sont attestés dans les vitraux de douze édifices de 1370 à 1437, en Normandie (possession des rois de France), dans le duché de Bretagne de Jean V, gendre du roi de France, et à Bourges, capitale du duché du Berry de Jean Ier, fils du roi de France Jean II. Dans cinq cas, les vitraux se trouvent dans des cathédrales.

 c) Une hypothèse, encore parfaitement gratuite (c'est le privilège d'un blog) est de voir dans l'intégration de ces lampas de Lucques comme modèle de fond de vitrail un usage né dans les ateliers parisiens sous l'influence de la cour du roi Charles VI, étendu aux édifices normands, repris par rivalité mimétique par les ducs Jean de Berry et Jean V de Bretagne, comme si ces motifs étaient réservés aux princes ou à leur entourage proche par privilège. À Quimper, la duchesse Jeanne de France, épouse du duc Jean V depuis 1396 mais fille de Charles VI, a pu être attachée à ce type de décor et l'imposer  dans les édifices que le duc fit bâtir pour affirmer son pouvoir. 

 

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SOURCES ET LIENS.

 

— BATISSIER, 1849, "Description des vitraux de la cathédrale d'Évreux", Revue de Rouen et de Normandie, volume 17.

https://books.google.fr/books?id=2L5DAAAAYAAJ&dq=%22MARTINUS%22+%22cath%C3%A9drale+d%27%C3%A9vreux%22+vitraux&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

 — GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385

 — GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.

 

— LEBEURIER (P-F.), 1868,  Description de la Cathédrale d'Evreux accompagnée d'une vue générale et d'un plan géométrique, Huet ed., Evreux 1868

 

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n27

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 COUDOUIN (André), 1981, « L'âge d'or de la soierie à Tours (1470-1550) » Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1981  Volume 88  Numéro 1  pp. 43-65

http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1981_num_88_1_3035

 

 

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005,  Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, p. 172.

 GRODECKI (Louis), Baudot Marcel, Dubuc René, 1968, -"Les vitraux de la cathédrale d'Évreux."  In: Bulletin Monumental, tome 126, n°1, année 1968. pp. 55-73. doi : 10.3406/bulmo.1968.4898 http://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1968_num_126_1_4898 

 

LAFOND (Jean), 1964,"M. Jean Lafond Un évoque breton parmi les vitraux du chœur de la cathédrale d'Évreux" , Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France  Année 1964  1962  pp. 144-151

https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_1964_num_1962_1_6773

 

— MACIAS-VALADEZ (Katia), 1997, "Les vitraux des fenêtres hautes de la cathédrale de Quimper : un chantier d'expérimentation et la définition d'un style quimpérois", Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, t. LXXV, p. 204-242.

 OTTIN (L.), Le Vitrail, son histoire, ses manifestations diverses à travers les âges et les peuples, Librairie Renouard, H. Laurens éditeur, Paris, s.d. [1896] In-4°, 376 pages,  4 planche en couleurs, 15 phototypies, 12 planches en teinte hors texte, 219 gravures, de signatures, marques et monogrammes. 

https://archive.org/stream/levitrailsonhist00otti#page/42/mode/2up

 

RACINE (Pierre), 2004, Lucques, Gênes et le trafic de la soie (v. 1250-v. 1340) in CHEMINS D'OUTRE-MER, Études d'histoire sur la Méditerranée médiévale offertes à Michel Balar,  Damien Coulon, Catherine Otten-Froux, Paule Pagès et Dominique Valérian Byzantina Sorbonensia © Éditions de la Sorbonne, 2004,  p. 733-743

http://books.openedition.org/psorbonne/4002?lang=fr

 

 

Forum Grand-sud-medieval  sur les soieries :

http://www.grand-sud-medieval.fr/forum/viewtopic.php?f=20&t=3361

Collection du musée épiscopal de Vic à Barcelone :

https://www.museuepiscopalvic.com/es/colecciones/tejido-e-indumentaria

https://www.museuepiscopalvic.com/es/colleccions/tejido-e-indumentaria/casulla-de-miquel-de-ricoma-obispo-de-vic-mev-10936#

Soieries de Lucques des collections du Met Museum :

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/463290?rpp=20&pg=1&ft=textile+with+brocade&pos=11

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/467452

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/467452

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/468137

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/466706

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/463599?rpp=20&pg=1&ft=textile+with+brocade&pos=13

http://www.metmuseum.org/Collections/search-the-collections/170003840?rpp=20&pg=1&ft=textile+with+brocade&pos=17

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/463700?rpp=20&pg=2&ft=textile+with+brocade&pos=34

http://www.metmuseum.org/Collections/search-the-collections/60013538?rpp=20&pg=2&ft=textile+with+brocade&pos=36

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Évreux
12 décembre 2019 4 12 /12 /décembre /2019 23:15

Le tympan (v.1408) de la baie  8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux.

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La liste de mes 21 articles sur la cathédrale d'Évreux est donnée ici:

http://www.lavieb-aile.com/2019/12/les-vitraux-du-xive-siecle-de-la-cathedrale-d-evreux.xvii.la-baie-127-avant-1400-de-la-nef.html

Mais cet article concerne, non la cathédrale, mais l'ancienne abbatiale Saint-Taurin d'Évreux, fondée au Xe siècle sur l'emplacement du tombeau du premier évêque de cette ville, et dont il est le patron. Le chœur qui regroupe l'essentiel des vitraux anciens a été achevé en 1440, après les destructions de la Guerre de Cent ans. Ainsi, les trois  baies 0, 1 et 2 de l'abside  du chœur, racontant la vie de saint Taurin,  datent de 1450 environ, sous l'abbatiat de Jean Trunquet dont on retrouve les armoiries. Un peu plus tard, vers 1465, l'abbé Jean Le Quincarnon appose les siennes sur les baies 5 et 6 de chaque coté de la 1ère travée du chœur. 

Mais des fragments des vitraux du tout début du XVe siècle, sous l'abbatiat de Philippe Prunelé, sont visibles soit dans le tympan de la baie 8 (chapelle absidiale sud) au dessus de lancettes vitrées en 1980 de motifs géométriques sur fond jaune, soit sur les cotés de la baie 104 du croisillon sud.

Pour mon premier article sur les vitraux de Saint-Taurin, je privilégie la baie 8, d'une part par priorité chronologique, d'autre part et surtout parce que j'y ai découvert le texte rare d'un Psaume à la Vierge du XIIe siècle, connu jusqu'à présent par les quelques manuscrits qui le conservent.

Ce tympan est tout entier voué à la glorification de la Vierge, en trois soufflets en quadrilobe : en haut un soufflet  de l'Adoration des Mages, en bas à  gauche un soufflet de la Royauté de la Vierge et un soufflet droit du Couronnement de la Vierge. F. Gatouillat identifiait à gauche une sainte Marguerite, mais cela est démenti par le texte des phylactères qui sont des salutations à Marie.

Les Mages et les anges ont été en partie restitués au XIXe et XXe siècle.

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Philippe II Prunelé, abbé de Saint-Taurin en 1408 et mort en 1420 (Gatouillat) est difficile à distinguer de Philippe Le Prunelé, abbé de Saint-Taurin  et de Saint-Lomer de Blois, qui sera brièvement évêque de Chartres en 1432. Sa famille est originaire de La Porte près d'Étampes et porte de gueules à six annelets d'or posés 3,2, 1. 

La fin de son abbatiat a été concernée par l'occupation anglaise d'Évreux de 1418 à 1444. Robert III Beurière lui succédera en 1421.

 

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Vue générale de la chapelle absidiale sud.

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Baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Le tympan de la baie 8.

Les soufflets du tympan contiennent des fragments remontés, en grisaille et jaune d'argent sur verres colorés bleus et rouge lie-de-vin.

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Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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L'Adoration des Mages.

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Au centre du quadrilobe, une Vierge à l'Enfant couronnée et nimbée porte l'Enfant nu à qui elle présente un objet. Elle est revêtue d'une cape à fermail.

Sa couronne, ainsi que le fait qu'elle soit adorée par trois rois, soulignent son statut de Reine des Cieux.

Seul le roi de droite date du XVe siècle, mais avec un panneau retourné. Les deux autres rois sont des interventions des restaurateurs du XIXe-XXe siècle.

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Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Soufflet inférieur gauche. La Royauté de la Vierge. Le psaume de Sancta Dei Genitrice Maria.

Au centre, la Vierge porte des attributs royaux ou même impériaux : une tiare triple, une croix fleuronnée, et le surcot ouvert doublé d'hermines, qui est le privilège des princesses de sang royal.

Les anges tiennent des phylactères où se lisent — après résolution des abréviations — les inscriptions suivantes :

en haut : PRINCIPUM VICTRIX FEMINA.

à gauche : AVE CELORUM DOMINA

à droite : FUGA CATERVAS HOSTIUM

en bas : PACEM NOSTRAM TURBANTIUM.

 

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Ces quatre versets ne se retrouvent que dans un seul texte, le Psalterium de Sancta Dei Genitrice Maria ( Psaume de  sainte Marie Mère de Dieu), attribué à Lietbertus (*) abbé vers 1100-1110 de Saint-Ruf d'Avignon, et auteur d'un commentaire des Psaumes, le Flores Psalmorum (Fleurs sur le Psautier). En effet, ce Psalterium suit immédiatement, dans les manuscrits, la fin du Flores Psalmorum.

(*)Il est également connu sous le nom de Lietbertus de Sancto Rufo, Lietbertus de Insulis, Lietbert von Lille, Lambert von Lille, Letbert von Lille, Lambertus de Lille, Lambertus de Sancto Rufo, Lambertus Insulensis, Letbert de Saint-Pierre de Lille, Letbert de Saint -Ruf, Lietbert de Lille, Lietbert de Saint Pierre de Lille, Lietbert de Saint-Ruf, Lietbertus Abbas Sancti Rufi, Lietbertus de Lille, Lietbertus de Sancto Rufo, Lietbertus Insulensis

https://en.wikipedia.org/wiki/Lietbertus_of_Saint-Ruf

http://bibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/db0c8d7aa77ef04e38196cce6e684adb.pdf

 

L'abbaye de Saint-Ruf, soutenue par la papauté grégorienne et les comtes de Barcelone, devient au xiie siècle un des principaux foyers de la réforme canoniale, dont les coutumes connaissent une diffusion « européenne » (France méridionale, péninsule Ibérique, Scandinavie, Allemagne du sud, etc.). L'abbé Lietbertus a été l'auteur  des coutumes, Liber ecclesiastici et canonici ordinis , pratiquées dans son abbaye. Ces coutumes étaient basées sur les recommandations monastiques de saint Augustin. Ils sont devenus très influents et ont commencé la réforme de la vie monastique, qui a finalement conduit à l'ordre de Saint-Augustin. Faut-il attribuer la présence de ces litanies à Saint-Taurin comme le témoin de l'influence des Augustins? 

Ce texte des Flores Psalmorum  est  présent dans 29 manuscrits,  et il est complété du Psalterium dans au moins deux  manuscrits du dernier quart du XIIe siècle, dont Paris, Bibl. Mazarine, 0201.

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/6323

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L'incipit est SVSCIPE, regina cœli, quae mente benigna  

Puis suivent des litanies débutant par la salutation AVE. Ave, porta paradysi , etc...

Les versets qui nous concernent  se suivent, dans le texte,  au milieu de l'Oraison. Nous trouvons ceci : (page 21 ici)

 

 

Ave, coelorum domina, principum victrix femina;
Fuga catervas hostium pacem nostram turbantium.

Salut, reine du Ciel, Femme victorieuse des Principautés [?]

tu fais fuir les troupes ennemies qui troublent notre paix [??]

 

 

https://books.google.fr/books?id=XzZfAAAAcAAJ&pg=PA21&dq=fuga+hostium+victrix&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiAvdTm8qrmAhUIfBoKHc1uB3MQ6AEIODAC#v=onepage&q=fuga%20hostium%20victrix&f=false

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Françoise Gatouillat voit dans l'oculus central la figure de sainte Marguerite, et précise que 2 anges ont été restaurés au XIXe  siècle.

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Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Le soufflet de droite est consacré au  Couronnement de la Vierge.

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La Vierge, tête baissée, couronnée et nimbée, est bénie par le Christ-Roi tenant le globe terrestre. Ils sont assis sur la même banquette au dossier ajouré. Les anges portent un diadème sur des cheveux longs, une cape à fermail sur une aube bouffant au dessus d'une ceinture cachée.

Le texte des phylactères résiste d'avantage à mon décryptage

SEPTA CHORUS ANGELORUM

TE ASSUMPTA --P CELOS

TE -------- CHIS 

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Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Dans les demi-soufflets latéraux ont été placées les armoiries (restaurées)  de l'abbé Jean Trunquet, d'azur au chevron d'or accompagné en chef de deux roses de gueules et en pointe d'une pomme de pin d'or, à la crosse abbatiale en pal. Mais elles sont postérieures aux panneaux précédents, puisque Jean Trunquet a été nommé abbé de Saint-Taurin en 1432, et jusqu'en 1473.

https://books.google.fr/books?id=wqA6AQAAMAAJ&q=trunquet+%22saint-taurin%22&dq=trunquet+%22saint-taurin%22&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjvyeSbvK7mAhUMDWMBHdpzCVcQ6AEIUTAG

 

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Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 8 de l'église Saint-Taurin d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-Saint-Taurin.htm

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56126932.r=%C3%A9vreux.langFR

— GATOUILLAT (Françoise), 2001, Les vitraux de l'église Saint-Taurin, in Les Vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum vol. VI, CNRS éditions, page164.

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Évreux
10 décembre 2019 2 10 /12 /décembre /2019 10:57

Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. XVII. La baie 127 (avant 1400) de la nef, une Annonciation offerte par Pierre Beaublé, archidiacre d'Ouche.

 

 

 

 

 

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Cet article est le dix-septième et le dernier d'une série sur l'apparition du jaune d'argent dans les vitraux du chœur de la cathédrale d'Évreux au XIVe siècle.

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Je suis guidé par les publications de Françoise Gatouillat, et notamment par Gatouillat 2019.

 

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Voir :

 

 

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Voir aussi :

.— Sur les vitraux plus tardifs de la cathédrale d'Évreux :

— Sur les fonds damassés  outre les articles sur les baies 15, 17 et 19 cités supra : 

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Liste de mes 200 articles sur les vitraux :.

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PRÉSENTATION.

 

Haute de 8 m et large de 3,80 m, la baie 127, au coté nord de la nef, comporte 4 lancettes trilobées  et un tympan à 1 octolobe,  2 trilobes et des écoinçons. C'est une Annonciation, offerte par  Pierre Beaublé lorsqu'il était archidiacre d'Ouche, comme le révèlent les armoiries du tympan. 

Les lancettes sont occupées en haut et en bas par des vitreries géométriques peintes comme ailleurs de fleurettes et festons en grisaille et jaune d'argent, frappés de fermaillets en fleur de lys, selon la disposition "en litre", tandis que les motifs figurés colorés  sont placé au centre des 2ème et 3ème lancettes : une Annonciation, adorée par le donateur présenté par saint Pierre.

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Description en 1868 par Lebeurier :

"La verrière de la fenêtre 4 3 porte en haut un écusson d'azur, à 3 roues d'or, et à la bordure denticulée de gueules. Les formes 1 et 4 de la fenêtre sont de simples grisailles. La forme 2 représente une vierge et l'ange de l'annonciation à ses pieds. La forme 3, un chanoine à genoux présentant un vitrail à la Vierge, et, derrière lui, S. Pierre, son patron, tenant les clefs. Une inscription placée au-dessous prenait tout le vitrail, mais elle a complètement disparu. "

 

 

Voici la description qu'en donne  René Dubuc en 1968 in Grodecki (la verrière portait alors le n° 106). Des sous-titres ont été ajoutés.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1968_num_126_1_4898

 

"Une intéressante identification vient d'être obtenue en rapprochant le majestueux blason (d'azur à trois roues d'or, à la bordure engrêlée de gueules) qui, dans la nef, orne la rosace au tympan de la verrière 106, d'un sceau apposé sur une quittance de 1393 conservée dans la collection des pièces originales de la Bibliothèque nationale [sceau attaché à une quittance donnée au trésorier du duc d'Orléans le 16 mai 1393 par Pierre Beaublé]. La partie centrale de cette verrière est occupée par deux grands panneaux représentant un chanoine en grand habit de chœur, à genoux, présenté par son patron, saint Pierre, qui offre en son nom un vitrail à la sainte Vierge aux pieds de laquelle s'est agenouillé l'ange de l'Annonciation.

Pierre Beaublé,  archidiacre d'Ouche au diocèse d'Évreux.

Il s'agit de messire Pierre Beaublé, alors archidiacre d'Ouche au diocèse d'Évreux après avoir poursuivi ses études de bachelier, puis de docteur es loix à l'Université de Paris, où il fut notamment mêlé de près, entre 1386 et 1388, au long procès soutenu par maître Aymé du Breuil contre le doyen et la Faculté de décret de Paris.

 

Professeur de droit civil et canonique, conseiller et ambassadeur du roi Charles VI en Italie.

Familier du roi Charles V dont il était devenu le conseiller, il avait déjà été chargé, vers 1385, d'une mission en Hongrie, peut-être pour s'informer de la situation difficile laissée depuis trois ans à la reine Marie par la mort de son père, le glorieux roi Louis le Grand. Il s'était également attaché au duc Louis d'Orléans, frère du roi Charles VI, et avait su gagner la confiance de l'un et de l'autre, qui l'avaient à leur tour nommé leur conseiller. Dès lors, il fut chargé d'importantes missions dans le cadre des visées italiennes qui constituaient à ce moment l'une des préoccupations de la cour de France. En mai 1394, il part en Lombardie pour négocier le rattachement de Savone à la France et, le 30 novembre, il assiste, triomphant, à l'échange des confirmations de la capitulation de la ville. Puis il est envoyé à Gênes dès décembre 1394 pour entamer les pourparlers tendant à la réunion de cette ville à la France. De longues et délicates négociations occupent l'année 1395 et, en mars 1396, le roi Charles VI le charge à nouveau, avec Pierre Fresnel, évêque de Meaux, d'une mission à Gênes, qui devait aboutir à l'accord souhaité. Mais la riche ville italienne peut être de quelque utilité pour les finances obérées du roi de France : le 29 décembre 1396, Charles VI désigne comme ambassadeurs, outre Enguerrand de Luxembourg, comte de Ligny et de Saint-Pol, gouverneur de Gênes pour le roi de France depuis deux mois, l'évêque Pierre Fresnel et maître Pierre Beaublé pour négocier un emprunt de 10.000 florins. Celui-ci est heureusement conclu le 16 mai 1397.

Évêque d'Uzès 1400-1404.

Charles VI, en récompense de sa fructueuse diplomatie, désigne alors son conseiller pour l'évêché d'Uzès, vers 1389, mais sans l'agrément du pape d'Avignon, Benoît XIII, qui, en 1400, au cours d'une audience orageuse, refusera son investiture à celui qui venait, en termes à peine voilés, le sommer d'abdiquer au nom du roi de France. Toutefois, c'est avec le titre d'évêque d'Uzès que Pierre Beaublé assiste aux séances du Parlement et que, le 19 octobre 1403, il est choisi par le duc d'Orléans  comme l'un de ses exécuteurs testamentaires.

Évêque de Sées (Orne) 1405-1408.

Quelques mois plus tard, le 16 septembre 1405, Benoît XIII se résigne enfin à le nommer évêque de Séez, pour succéder à Guillaume Langlois, décédé le 13 mai 1404. Le début de l'année 1405 l'avait à nouveau conduit sur les routes d'Italie, où, accompagné entre autres de Nicolas le Dur, qui lui avait succédé à l'archidiaconé d'Ouche, il avait été envoyé au maréchal Boucicaut, devenu gouverneur de Gênes, pour tenter d'apaiser le différend qui avait éclaté avec la République de Venise : le 13 juillet 1405, il ordonnait au maréchal de suspendre toutes les hostilités. Ce fut sans doute sa dernière chevauchée. En janvier 1407, on le retrouve à Séez chargé de la délicate fonction de président de la Chambre des aides ordonnés pour la guerre. Et, le 23 novembre 1407, tombe sous le poignard son protecteur et ami Louis d'Orléans. Sa santé s'affaiblit. Il demeure volontiers en son hôtel de Paris, d'où il se rend plus facilement au Parlement, où il paraîtra encore' le 5 septembre 1408. Mais, dès le 10 mars 1408, son testament est rédigé de sa propre main : il n'oubliera ni ses sœurs ni ses neveux, de l'avenir desquels il se préoccupe avec soin, ni ses familiers ni sa paroisse d'origine, Saint- Amand-en-Puisaye, à laquelle il léguera des ornements pour le service funèbre qu'il y instaure. L'inventaire de ses biens, qui accompagnait le testament, n'a malheureusement pas été conservé ; il devait être assez important si l'on considère les legs qu'il a prévus : manuscrits précieux, vaisselle d'or, vêtements de fourrure, chevaux y figurent en bonne place. Quelques semaines après que sa présence eut été constatée au Parlement, sa vie mouvementée s'achevait, sans qu'on sache exactement à quelle date. En effet, le 30 octobre 1408, Jean III, désigné comme nouvel évêque de Séez, faisait promesse d'obéissance entre les mains de Louis, archevêque de Rouen. Le rôle de Pierre Beaublé est assez important, en cette époque tourmentée, pour mériter quelque attention et sa générosité envers la cathédrale d'Évreux, si meurtrie à l'époque, lui aura valu cette évocation inattendue qu'un prochain travail s'efforcera de préciser."

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Il faut savoir qu'avant le Concordat de 1801, le diocèse d'Évreux était divisé en trois archidiaconés : Évreux, Ouche et Neubourg. Pierre Beaublé, en tant qu'archidiacre d'Ouche, avait une place majeure dans la hiérarchie du diocèse, immédiatement après l'évêque, qui était alors Guillaume IV de Vallan (1388-1400), confesseur du jeune Charles VI. 

Puisque le donateur n'est pas peint en habit épiscopal, la verrière est donc contemporaine de cette fonction d'archidiacre, car antérieure à sa nomination à Uzés en 1400.

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Influences du peintre-verrier.

L'influence exercée par les enlumineurs parisiens du tiers du XIVe siècle (Jean Pucelle et Jean Le Noir) a été soulignée pour les verrières du chœur réalisées vers 1325-1340, mais la baie 207, à la toute fin du XIVe siècle, relève d'autres modèles. Le nom qui vient en premier est celui d'André Beauneveu. Et ce dernier a, justement, été influencé par Jean Pucelle par son art des grisailles ; il est l'auteur des enluminures du Psautier de Jean de Berry BnF fr. 13091. En sculpture, nous conservons de cet artiste une Annonciation sculptée,  qui mérite notre intérêt car le donateur qui y figure est le duc Louis d'Orléans (Avignon, musée du Petit Palais, provenant du tombeau du cardinal Jean de Lagrange, mort en 1402). Les points communs avec la verrière sont la posture du donateur présenté par un apôtre — mais celle-ci est très stéréotypée—, et surtout celle de l'ange, un genou à terre en "chevalier servant", bras croisés sur la poitrine, regard levé vers la Vierge qui est debout et dont le corps nous fait face. 

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André Beauneveu, Annonciation adorée par Louis d'Orléans, albâtre

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 Les frères Limbourg débutent alors leur activité (1399-1416). Les Belles Heures du duc de Berry, des frères Herman, Paul et Jean de Limbourg, (1405 1409) comportent une Annonciation au folio 30r.

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/70010729

 

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Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. XVII. La baie 127 de la nef.
Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. XVII. La baie 127 de la nef.

Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. XVII. La baie 127 de la nef.
Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. XVII. La baie 127 de la nef.

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Sur un fond vert dessinant une triple arcade, une importantes niche architecturale claire est animée de deux statuettes d'apôtres tenant un livre.

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Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. XVII. La baie 127 de la nef.

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La niche est tendue, derrière les personnages, d'une tenture rouge à rinceaux, laissant voir, au dessus d'eux, dans une mise en plomb complexe de verres blancs et de verres bleus, l'architecture d'une chapelle voûtée d'ogive sur clef de voûte, et, sous les voûtains, trois fenêtres vitrées à deux lancettes et tympan.

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L'Ange, entièrement en verre blanc, grisaille et jaune d'argent, est agenouillé devant la Vierge, à qui il présente dans la main droite le phylactère de l'Annonce tandis que la main gauche est posée sur la poitrine, index et majeurs tendus. Il porte une chape à fermail de quadrilobe. Ses cheveux sont bouclés, sans diadème. 

Un lys  posé dans un vase d'or élève sa tige  au centre.

La Vierge, à robe rouge et manteau bleu qui la voile, et à souliers blancs pointus, est montrée de face, mais le visage incliné et tourné vers l'ange. Elle tient un livre dans la main gauche et montre sa surprise par un geste de la main droite. Elle est très peu déhanchée.

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Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. XVII. La baie 127 de la nef.

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Troisième lancette : saint Pierre présentant Pierre Beaublé.

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On retrouve la même composition à dais orné de deux statuettes d'apôtres, chapelle voûtée d'ogives à trois fenêtres vitrées, et tenture de fond jaune à rinceaux.

Saint Pierre, à manteau rouge, tient la clef de la main gauche et tend vers la Vierge le vitrail offert par son protégé.

Pierre Beaublé, peint en grisaille sur verre blanc, est agenouillé devant la Vierge. Son visage est réaliste, avec un nez busqué, et des cheveux longs et bouclés sur les cotés de la tête.

Il est entièrement couvert d'une grande robe de chœur à manches larges, d'où n'émergent que les rangées de boutons des poignets de la tunique. Nous ne voyons ni l'aumusse ni les chaussures et parements bleus des chanoines donateurs précédemment examinés. Mais François Gatouillat signale que ces panneaux ont été très restaurés.

A Rouen, en la cathédrale Notre-Dame, un vitrail (vers 1340-1350) montre un autre archidiacre, Jean de Nonancourt, enveloppé dans un manteau bleu.

http://www.mesvitrauxfavoris.fr/Supp_h/cathedrale-nd_rouen.htm

http://www.rouen-histoire.com/Vitraux/Transept_S/Images/Fen36_1.htm

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Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. XVII. La baie 127 de la nef.
Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. XVII. La baie 127 de la nef.
Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. XVII. La baie 127 de la nef.

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Les armoiries du tympan.

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Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. XVII. La baie 127 de la nef.

 

 

SOURCES ET LIENS.

.

— Stained-glass windows of Cathédrale Notre-Dame d'Évreux

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Stained-glass_windows_of_Cath%C3%A9drale_Notre-Dame,_%C3%89vreux?uselang=fr

 

— BATISSIER, 1849, "Description des vitraux de la cathédrale d'Évreux", Revue de Rouen et de Normandie, volume 17.

https://books.google.fr/books?id=2L5DAAAAYAAJ&dq=%22MARTINUS%22+%22cath%C3%A9drale+d%27%C3%A9vreux%22+vitraux&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— BLUMENSHINE (Gary B. ),1990, Le vitrail du Triomphe de la Vierge d'Evreux et Louis XI. Le patronage artistique des Valois dans la Normandie du 15e siècle, Annales de Normandie  Année 1990  40-3-4  pp. 177-214

https://www.persee.fr/doc/annor_0003-4134_1990_num_40_3_1881

BONNENFANT (Georges),1939, Notre-Dame d’Evreux (Paris: H. Laurens, 1939), 43-44, pl. 16;

— BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.

— BOUSQUET (Jacques et Philippe), 2019, Donateurs avec la Madone, le cas de la cathédrale d'Evreux, site artiflexinopere.

https://artifexinopere.com/?p=17412

 

 

— FOSSEY Jules  1898, Monographie de la cathédrale d'Evreux par l'abbé Jules Fossey,... Illustrations de M. Paulin Carbonnier,...

— GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385

 — GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.

GAVET Philippe, Si l'art m'était conté. La cathédrale d'Évreux.

  http://www.philippe-gavet.fr/05/36/index.html

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ) et  Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Evreux, Evreux, Hérissey, 1997.

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ), HENRY (Virginie), 2016, Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07

http://www.eure.gouv.fr/content/download/18041/123811/file/ESSENTIEL_CONNAISSANCE_07%20Historique%20complet%20de%20la%20Cath%C3%A9drale%20d'Evreux.pdf

— KURMANN-SCHWARZ (Brigitte), LAUTIER  (Claudine), 2009, « Le vitrail médiéval en Europe : dix ans d’une recherche foisonnante », Perspective [En ligne], 1 | 2009, mis en ligne le 21 février 2018, consulté le 01 novembre 2019.

https://journals.openedition.org/perspective/1841#tocto2n3

— LAFOND (Jean), 1953, "Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300", Bulletin Monumental  Année 1953  111-4  pp. 317-358

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1953_num_111_4_3745

— LEBEURIER (P-F.), 1868,  Description de la Cathédrale d'Evreux accompagnée d'une vue générale et d'un plan géométrique, Huet ed., Evreux 1868

 

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n27

— LILLICH (Meredith Parsons), 1986, “European Stained Glass around 1300: The Introduction of Silver Stain,” Europäische Kunst um 1300 6, Akten des XXV. Internationalen Kongresses für Kunstgeschichte, Gerhard Schmidt and Elizabeth Liskar, eds. (Wien, Köln and Graz: Hermann Böhlaus Nachf., 1986).

https://www.researchgate.net/publication/324314671_European_Stained_Glass_around_1300_The_Introduction_of_Silver_Stain

— LILLICH (Meredith Parsons),  1970, The Band Window: A Theory of Origin and Development, Gesta, Vol. 9, No. 1 (1970), pp. 26-33 Published by: The University of Chicago Press on behalf of the International Center of Medieval Art

https://www.academia.edu/35604582/_The_Band_Window_A_Theory_of_Origin_and_Development_

— LAUTIER (Claudine), 2000, Les débuts du jaune d'argent dans l'art du vitrail ou le jaune d'argent à la manière d'Antoine de Pise, Bulletin Monumental  Année 2000  158-2  pp. 89-107

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2000_num_158_2_2371

— Monuments historiques, Notre-Dame-d'Evreux

http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/evreux/vitraux/1.html

— xxx

http://evreux.catholique.fr/contenu/documents/services/cathedrale_Evreux-bestiaire.pdf

—  Patrimoine-histoire.fr, Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame.htm

— http://www.evreux-histoire.com/evreux-3-1-0.html#icono2

 

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6 décembre 2019 5 06 /12 /décembre /2019 13:44

Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. XVI. La baie 125 (vers 1320 et vers 1400) de la nef.

 

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Cet article est le seizième d'une série sur l'apparition du jaune d'argent dans les vitraux du chœur, et désormais de la nef, de la cathédrale d'Évreux au XIVe siècle.  

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Je suis guidé par les publications de Françoise Gatouillat, et notamment par Gatouillat 2019.

 

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Voir :

 

 

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Voir aussi :

.— Sur les vitraux plus tardifs de la cathédrale d'Évreux :

— Sur les fonds damassés  outre les articles sur les baies 15, 17 et 19 cités supra : 

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Liste de mes 200 articles sur les vitraux :.

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PRÉSENTATION.

 

Haute de 8 m et large de 3,80 m, la baie 125, au coté nord de la nef, comporte 4 lancettes trilobées  et un tympan à 1 octolobe et 2 trilobes et des écoinçons. Les lancettes sont occupées par des vitreries géométriques peintes comme ailleurs de fleurettes et festons en grisaille et jaune d'argent, mais au centre des 2ème et 3ème lancettes ont été réunies des panneaux colorés, jadis placés  au XIXe (Lebeurier) dans la 3ème et 4ème lancette, mais provenant sans doute d'une chapelle du chœur, et datés vers 1320  (Gatouillat).

On y voit sur un fond rouge uni une Vierge à l'Enfant debout dans une niche architecturale, dont le carton est identique à une autre Vierge conservée en dépôt. Le jaune est largement employé, pour l'architecture, les chevelures, la couronne,  le manteau orange, le nimbe crucifère et la robe de l'Enfant.

Dans la  3ème lancette et également sur fond rouge uni, le couple de donateurs agenouillés, mains jointes et yeux levés est vêtu d'une tunique bleue ; la femme porte une coiffe verte. La tête du donateur a été restituée. Le jaune d'argent n'y est utilisé que pour les losanges des bordures.

 

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Description en 1849 par Batissier : 

"on y voit une Vierge et deux donateurs à genoux."

Description en 1868 par Lebeurier :

"La fenêtre 14 a, dans sa 3e forme, une Vierge tenant l'enfant Jésus, et, dans la 4e , deux donateurs à genoux. Au-dessous l'inscription: COLLIN' ET U. DONAVERUNT HAC V, qui montre qu'un nommé "Collin et sa femme ont donné cette vitre."

L'inscription se décrypte ainsi : Collinus et Uxor donaverunt hac vitrum.

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Baie 125 de la nef d la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 125 de la nef d la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 125 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 125 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 125 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 125 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 125 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 125 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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— Stained-glass windows of Cathédrale Notre-Dame d'Évreux

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Stained-glass_windows_of_Cath%C3%A9drale_Notre-Dame,_%C3%89vreux?uselang=fr

 

— BATISSIER, 1849, "Description des vitraux de la cathédrale d'Évreux", Revue de Rouen et de Normandie, volume 17.

https://books.google.fr/books?id=2L5DAAAAYAAJ&dq=%22MARTINUS%22+%22cath%C3%A9drale+d%27%C3%A9vreux%22+vitraux&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— BLUMENSHINE (Gary B. ),1990, Le vitrail du Triomphe de la Vierge d'Evreux et Louis XI. Le patronage artistique des Valois dans la Normandie du 15e siècle, Annales de Normandie  Année 1990  40-3-4  pp. 177-214

https://www.persee.fr/doc/annor_0003-4134_1990_num_40_3_1881

BONNENFANT (Georges),1939, Notre-Dame d’Evreux (Paris: H. Laurens, 1939), 43-44, pl. 16;

— BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.

— BOUSQUET (Jacques et Philippe), 2019, Donateurs avec la Madone, le cas de la cathédrale d'Evreux, site artiflexinopere.

https://artifexinopere.com/?p=17412

 

 

— FOSSEY Jules  1898, Monographie de la cathédrale d'Evreux par l'abbé Jules Fossey,... Illustrations de M. Paulin Carbonnier,...

— GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385

 — GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.

GAVET Philippe, Si l'art m'était conté. La cathédrale d'Évreux.

  http://www.philippe-gavet.fr/05/36/index.html

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ) et  Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Evreux, Evreux, Hérissey, 1997.

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ), HENRY (Virginie), 2016, Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07

http://www.eure.gouv.fr/content/download/18041/123811/file/ESSENTIEL_CONNAISSANCE_07%20Historique%20complet%20de%20la%20Cath%C3%A9drale%20d'Evreux.pdf

— KURMANN-SCHWARZ (Brigitte), LAUTIER  (Claudine), 2009, « Le vitrail médiéval en Europe : dix ans d’une recherche foisonnante », Perspective [En ligne], 1 | 2009, mis en ligne le 21 février 2018, consulté le 01 novembre 2019.

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— LAFOND (Jean), 1953, "Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300", Bulletin Monumental  Année 1953  111-4  pp. 317-358

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— LEBEURIER (P-F.), 1868,  Description de la Cathédrale d'Evreux accompagnée d'une vue générale et d'un plan géométrique, Huet ed., Evreux 1868

 

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n27

— LILLICH (Meredith Parsons), 1986, “European Stained Glass around 1300: The Introduction of Silver Stain,” Europäische Kunst um 1300 6, Akten des XXV. Internationalen Kongresses für Kunstgeschichte, Gerhard Schmidt and Elizabeth Liskar, eds. (Wien, Köln and Graz: Hermann Böhlaus Nachf., 1986).

https://www.researchgate.net/publication/324314671_European_Stained_Glass_around_1300_The_Introduction_of_Silver_Stain

— LILLICH (Meredith Parsons),  1970, The Band Window: A Theory of Origin and Development, Gesta, Vol. 9, No. 1 (1970), pp. 26-33 Published by: The University of Chicago Press on behalf of the International Center of Medieval Art

https://www.academia.edu/35604582/_The_Band_Window_A_Theory_of_Origin_and_Development_

— LAUTIER (Claudine), 2000, Les débuts du jaune d'argent dans l'art du vitrail ou le jaune d'argent à la manière d'Antoine de Pise, Bulletin Monumental  Année 2000  158-2  pp. 89-107

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2000_num_158_2_2371

— Monuments historiques, Notre-Dame-d'Evreux

http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/evreux/vitraux/1.html

— xxx

http://evreux.catholique.fr/contenu/documents/services/cathedrale_Evreux-bestiaire.pdf

—  Patrimoine-histoire.fr, Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame.htm

— http://www.evreux-histoire.com/evreux-3-1-0.html#icono2

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Évreux
5 décembre 2019 4 05 /12 /décembre /2019 20:23

Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. XV. La baie 214 (2ème quart XIVe et 1er quart XVe). Calvaire et trois saints. Robert le Sesne donateur.

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Cet article est le quinzième d'une série sur l'apparition du jaune d'argent dans les vitraux du chœur  de la cathédrale d'Évreux au XIVe siècle. Nous suivons l'ordre chronologique de leur datation estimée. Les quatre premiers articles montrent les vitraux des baies des chapelles du déambulatoire avant cette apparition du "jaune d'Évreux" : voir l'introduction dans le premier article. Le cinquième présente la première baie du chœur qui a bénéficié de cette innovation, la baie 23 datée de 1325-1327 et offerte par l'évêque Geoffroy du Plessis. Le sixième nous faisait accéder aux 15 fenêtres les plus hautes du chœur, pour examiner la baie la plus ancienne de cet ensemble, la baie 211 datée vers 1325-1327 du coté nord des travées droites. De la même campagne relève la baie 207 offerte par le chanoine Raoul de Ferrières, et la baie 208 , qui lui fait face du coté sud. Après ce parcours en zig-zag, nous avons atteint l'ensemble des 3 baies les plus prestigieuses par leur emplacement dans l'axe médian de la cathédrale et par leurs donateurs, les évêques d'Évreux : les baies 200, 201 et 202. La visite s'est poursuivie du coté sud avec 2 autres baies offertes par l'évêque Geoffroy Faë, les baies 204 et 206, puis la baie 212 offerte par le chanoine Renault de Moulins. C'est immédiatement après cette dernière que se situe la baie 214 examiné dans cet article.

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Je suis guidé par les publications de Françoise Gatouillat, et notamment par Gatouillat 2019.

 

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Voir :

 

 

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Voir aussi :

.— Sur les vitraux plus tardifs de la cathédrale d'Évreux :

— Sur les fonds damassés  outre les articles sur les baies 15, 17 et 19 cités supra : 

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Liste de mes 200 articles sur les vitraux :.

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PRÉSENTATION.

 

Haute de 6,50 m et large de 3,60 m, la baie 214, parmi les travées droites du coté sud du chœur, comporte 4 lancettes trilobées et un tympan à 1 pentalobe et 2 trilobes et 9 écoinçons. C'est une verrière recomposée à deux registres au sein —principalement pour les lancettes latérales —, d'une verrerie claire. La prédominance, dans les panneaux figurés, de verres blancs peints au jaune d'argent, dispense ainsi dans le chœur plus de luminosité. Le registre supérieur présente sainte Foy à gauche et saint Aubin à droite encadrant une Crucifixion et saint Pierre.

Les bordures sont uniformément blanches. La verrerie à losanges et fermaillets accueille le décor à fleurettes jaunes utilisé ailleurs. La verrière, atteinte par la grêle en 1983, a été déposée et restaurée en 1992-1993 par l'atelier de Jean-Pierre Tisserand à Évreux : les plombs de casse ont été supprimés grâce à un collage.

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Description en 1849 par Batissier :

"La quinzième fenêtre qui est la première à côté du gros pilier de la lanterne à droite en entrant dans le chœur, montre d'abord les deux donateurs du vitrail, au dessus un Christ en croix, et au-dessus encore une Vierge. La première figure du second compartiment est accompagnée de l'inscription R. L. SESNE. Q. que quelques personnes considèrent comme le nom d'un peintre verrier. Nous indiquerons dans le troisième compartiment une sainte Foi STA FEDIS sous un dais en grisaille , et dans le quatrième un saint évêque agenouillé avec son nom STus AULENES."

Description en 1868 par Lebeurier :

"Chacune des fenêtres du chœur, sauf celles de l'abside, sont divisées en quatre formes. La première fenêtre contient 1° une Vierge ; au-dessous le crucifiement, et au bas les deux donateurs à genoux ; 2° un saint pape revêtu de la tiare; à ses pieds le donateur chanoine avec l'inscription : R. L . SESNE ; 3° Sainte Foi tenant une palme, avec l'inscription: STA FEDIS; au-dessous deux écussons dont le premier : d'or, à 3 arbres de sinople reliés entre eux d'argent, soutenus d'un ancre d'argent en pointe , l'écu traversé d'une crosse d'or (ce sont les armes de Paul Capranica, évêque d'Evreux, de 1420 à 1427); le second : d'azur, au chevron de sinople, chargé de 3 aiglons d'or ; 4° un saint évêque , avec l'inscription : S. LAUDH ; au- dessous un écusson : de gueules, à la fasce d'azur, accompagnée de 3 étoiles d'argent, 2 en chef et 4 en pointe. Quelques panneaux de cette verrière peuvent ne pas lui appartenir et avoir été rapportés d'ailleurs. "

Note : nous ne trouvons plus aujourd'hui ni la Vierge en registre supérieur, ni les armes de Paul Capranica.

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La première lancette (celle de gauche) .

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Registre supérieur. Sainte Foy. Premier quart du XVe siècle.

Inscription en grisaille et jaune d'argent sur verre blanc  S: FEDIS .

Nous ne retrouvons pas la leçon STA FEDIS des auteurs du XIXe.

Le nom FEDIS n'existe pas en latin, et n'est pas attesté, même comme variante. Il faut supposer une inversion dans la transcription par le peintre du texte Sancta Fides, "Sainte Foy", pour se référer à la vierge et martyre du IIIe siècle vénérée à Conques et Agen.

La sainte figure sous un dais à tourelle devant un fond rouge (deux nuances). Nimbée de bleu-vert, elle tient la palme des martyres. Le sol fleuri, le livre, la palme et la chevelure sont peints au jaune d'argent.

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Registre inférieur : Vitrerie et  blason (milieu XIVe siècle).

Dans une vitrerie géométrique à décor de fleurons relevés de jaune d'argent, l'écu se lit d'azur, au chevron de sinople, chargé de 3 aiglons d'or . Ce blason n'a pas été identifié.

 

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La deuxième lancette. Calvaire au saint Jean barbu. 1er quart XVe siècle.

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Registre médian : Calvaire (1er quart XVe siècle).

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Architecture à pièdroits polygonaux, dais à arcade trilobée sur une voûte rayonnante à clefs pendantes et donc avec un effet de perspective. Fond derrière le Calvaire rouge uni. La Vierge et Jean se découpent devant les pièdroits, d'où un nouvel effet de perspective. Les trois personnages en verre blanc peint en grisaille et rehauts de jaune d'argent pour les nimbes, les chevelures, le livre, la couronne d'épines et la croix.

Françoise Gatouillat 2001 indique une facture étrangère à celle des panneaux précédents et un encadrement architectural restitué.

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Deuxième lancette, registre inférieur. Couple de donateurs agenouillés. 1320-1330.

Restitué, resserré lors du réemploi. Le donateur tient la maquette du vitrail. La datation fait de ce panneau le contemporain des baies 207 et 208, mais l'importance des parties restaurées en diminue un peu l'intérêt. Je remarque les deux pièces rondes bleu et rouge sur le fond orangé.

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Troisième lancette.

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Saint Pierre coiffé de la tiare de premier pape.

Dais identique au précédent. Une tenture fictive rouge unie y est suspendue. Verres blancs (peints à la grisaille et +/- rehaussés de jaune) pour la tiare, le visage, la clef, les mains et le surplis, mais aussi les galons de la chape.

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Troisième lancette, le donateur Robert le Sesne.

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Une inscription est signalée par les auteurs du XIXe siècle (R. LE SESNE), alors que F. Gatouillat 2001 signale l'inscription "ROBERT LE SESNE". Je ne peux la lire (si elle existe, elle n'est pas accessible à mon objectif depuis le sol de la cathédrale).

Il existe bien une famille Le SESNE ou LE CESNE ou LE SESNE DE MENILLES, d'après le nom d'une localité de l'Eure à 20 km à l'est d'Évreux. (cf l'abbé Jean-Baptiste Le Sesne de Ménilles d'Etemare, XVIIIe siècle).  https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_Le_Sesne_de_M%C3%A9nilles_d%27%C3%89temare

Les archives témoignent ainsi d'un aveu de Guillaume Le Cesne, au droit de Jehanne de Menilles, sa femme, le 10 avril 1450. Arch imp. P308 f XXXII, vicomté d'Évreux.

 

Les armoiries en seraient pour Jouffroy d'Eschavannes  un écartelé d'argent et de gueules ou, ailleurs, un écartelé d'argent et de gueules accolé d'azur, à la fasce d'or accompagné de croisettes de même, 2 en chef et 1 en pointe.

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Le donateur est vêtu, comme les autres chanoines donateurs de verrières du chœur, d'un habit blanc, d'une coiffure (aumusse), d'une robe et de chaussures bleues.

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Quatrième lancette.

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Saint Aubin.

Le dais à une clef pendante est surmonté de deux anges tenant des phylactères.

Fond rouge uni. Le saint évêque est entièrement peint au jaune et grisaille sur un verre blanc. Il est identifié par l'inscription  :S. AUBIN : Celui-ci fut évêque d'Angers au VIe siècle. Il était vénéré à Saint-Aubin-le-Vieil-Évreux (église Saint-Aubin)

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Registre inférieur : Vitrerie et  blason (milieu XIVe siècle).

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Dans une vitrerie géométrique à décor de fleurons relevés de jaune d'argent est inclut un blason de gueules, à la fasce d'azur, accompagnée  de 3 étoiles d'argent, 2 en chef et 1 en pointe.

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Ces armoiries restent à identifier. 

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La baie 114 du triforium (vers 1450).

Les 3 baies géminées à 2 lancettes trilobées, tympans à 1 soufflet et 4 écoinçons sont hautes de 3,20 m et large de 3,60 m.  La vitrerie géométrique entourée de bordures à motifs losangés en grisaille et jaune d'argent alternant avec des pièces colorées est traversée par une inscription de donation par Maître Jean de Gonesse, chanoine d'Évreux. 

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"Les claires-voies du triforium sont ornées d'un écusson plusieurs fois répété, qui est : coupé d'azur, à la gerbe de blé d'or,accostée de deux fleurs de lys du même, sur or, au gond et à l's d'argent. Au-dessous cette inscription qui forme une seule ligne sur les six formes de la verrière : MESTRE JEHAN DE GONNESSE DIACRE NATIF DE... CHAN. DEVREUX MA DONNÉS." (Lebeurier 1868 page 22)

Je  trouve mention d'un Jehan de Croux, diacre, chanoine d'Évreux, natif de Gonesse, dans l'Essai sur l'histoire religieuse de Gonesse qui cite son testament :  il  "fonda  une messe haute d'obit précédée des matines, « laudes et recommandations ; et suivie du Libéra, De Profundis et Salve Regina pour le repos de son âme, pour ses père et mère et ses parents. » Il existe 4 pièces servant de titres à cette fondation: 1° Le testament du fondateur daté du 14 septembre 1413; 2° un contrat d'acquisition de o arpents 1/2 (18 novembre 1418); 3° un arpent 1/3 à Morlu sur le chemin de Villepinte; 4° Renie de 32 sous parisis sur une maison sise grande rue St-Pierre (2 février 1418). Ce Jehan de Croùx était natif de Gonesse."

S'il s'agit du même personnage, la donation de la baie 114 est alors à dater vers 1413-1418.

Remarque :

a) la Croult ou Crould ou Croux est une petite rivière qui traverse la commune de Gonesse, et "Du xie au xive siècle, Gonesse se fait connaître, pour son drap de laine, appelé la « gaunace », dont la fabrication doit beaucoup au Croult et à ses moulins, les moulins à drap, installés sur le cours du ruisseau. Au XIIIe siècle, on y faisait un grand commerce en draps et en peaux.  À partir du XIIIe siècle, les farines et les pains de Gonesse sont fort recherchés (cf. la gerbe d'or des armoiries).

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b) Les armoiries actuelles de Gonesse sont "de gueules à la tour crénelée couverte en dôme d'argent, ouverte, ajourée et maçonnée de sable, accostée à dextre d'une gerbe de blé d'or et à senestre d'un gond enlacé de la lettre S capitale du même ; au chef cousu d'azur semé de fleurs de lys d'or" http://gonesse.free.fr/

Or, le blason plusieurs fois répété de la verrière de 114 reprend d'une part la gerbe de blé d'or  [qui évoque le pain mollet ou pain de chapitre qui fait la réputation de la ville ], d'autre part l'azur aux fleurs de lys d'or, et enfin et surtout le monogramme Gond/S qui forment les armes parlantes : Gond-esse. 

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Jehan de Gonesse se déclarait-il, dans son inscription, "natif de Croux" ?

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Baie 114, triforium du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 114, triforium du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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— Stained-glass windows of Cathédrale Notre-Dame d'Évreux

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Stained-glass_windows_of_Cath%C3%A9drale_Notre-Dame,_%C3%89vreux?uselang=fr

 

— BATISSIER, 1849, "Description des vitraux de la cathédrale d'Évreux", Revue de Rouen et de Normandie, volume 17.

https://books.google.fr/books?id=2L5DAAAAYAAJ&dq=%22MARTINUS%22+%22cath%C3%A9drale+d%27%C3%A9vreux%22+vitraux&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— BLUMENSHINE (Gary B. ),1990, Le vitrail du Triomphe de la Vierge d'Evreux et Louis XI. Le patronage artistique des Valois dans la Normandie du 15e siècle, Annales de Normandie  Année 1990  40-3-4  pp. 177-214

https://www.persee.fr/doc/annor_0003-4134_1990_num_40_3_1881

BONNENFANT (Georges),1939, Notre-Dame d’Evreux (Paris: H. Laurens, 1939), 43-44, pl. 16;

— BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.

— BOUSQUET (Jacques et Philippe), 2019, Donateurs avec la Madone, le cas de la cathédrale d'Evreux, site artiflexinopere.

https://artifexinopere.com/?p=17412

 

— CHASSANT (Alphonse) ,1846,  : Histoire des évêques d'Évreux : avec des notes et des armoiries / par M. A. Chassant,... et M. G.-E. Sauvage,..1846.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k95305k/f101.image

— FOSSEY Jules  1898, Monographie de la cathédrale d'Evreux par l'abbé Jules Fossey,... Illustrations de M. Paulin Carbonnier,...

— GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385

 — GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.

GAVET Philippe, Si l'art m'était conté. La cathédrale d'Évreux.

  http://www.philippe-gavet.fr/05/36/index.html

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ) et  Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Evreux, Evreux, Hérissey, 1997.

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ), HENRY (Virginie), 2016, Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07

http://www.eure.gouv.fr/content/download/18041/123811/file/ESSENTIEL_CONNAISSANCE_07%20Historique%20complet%20de%20la%20Cath%C3%A9drale%20d'Evreux.pdf

— KURMANN-SCHWARZ (Brigitte), LAUTIER  (Claudine), 2009, « Le vitrail médiéval en Europe : dix ans d’une recherche foisonnante », Perspective [En ligne], 1 | 2009, mis en ligne le 21 février 2018, consulté le 01 novembre 2019.

https://journals.openedition.org/perspective/1841#tocto2n3

— LAFOND (Jean), 1953, "Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300", Bulletin Monumental  Année 1953  111-4  pp. 317-358

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1953_num_111_4_3745

— LEBEURIER (P-F.), 1868,  Description de la Cathédrale d'Evreux accompagnée d'une vue générale et d'un plan géométrique, Huet ed., Evreux 1868

 

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n27

— LILLICH (Meredith Parsons), 1986, “European Stained Glass around 1300: The Introduction of Silver Stain,” Europäische Kunst um 1300 6, Akten des XXV. Internationalen Kongresses für Kunstgeschichte, Gerhard Schmidt and Elizabeth Liskar, eds. (Wien, Köln and Graz: Hermann Böhlaus Nachf., 1986).

https://www.researchgate.net/publication/324314671_European_Stained_Glass_around_1300_The_Introduction_of_Silver_Stain

— LILLICH (Meredith Parsons),  1970, The Band Window: A Theory of Origin and Development, Gesta, Vol. 9, No. 1 (1970), pp. 26-33 Published by: The University of Chicago Press on behalf of the International Center of Medieval Art

https://www.academia.edu/35604582/_The_Band_Window_A_Theory_of_Origin_and_Development_

— LAUTIER (Claudine), 2000, Les débuts du jaune d'argent dans l'art du vitrail ou le jaune d'argent à la manière d'Antoine de Pise, Bulletin Monumental  Année 2000  158-2  pp. 89-107

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2000_num_158_2_2371

— Monuments historiques, Notre-Dame-d'Evreux

http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/evreux/vitraux/1.html

— xxx

http://evreux.catholique.fr/contenu/documents/services/cathedrale_Evreux-bestiaire.pdf

—  Patrimoine-histoire.fr, Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame.htm

— http://www.evreux-histoire.com/evreux-3-1-0.html#icono2

 

INFLUENCES : ENLUMINURES ET ORFÈVRERIE.

 

a) Jean Pucelle :

 

 

Les  Heures (1324-1328) de Jeanne d'Évreux, reine de France (1329-1349) 

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/70010733

 

— Le bréviaire de Belleville : Breviarium ad usum fratrum Predicatorum dit Bréviaire de Belleville. Ce manuscrit destiné à suivre les prières durant la célébration de la messe comprend deux volumes, l'un destiné aux prières pendant l'été (volume 1), l'autre pendant l'hiver (volume 2). BnF lat. 10483 et 10484.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8447295h

— Bible de Robert de Billying BnF  latin 11935   Décoration achevée en 1327.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105097447 

 — Bréviaire de Jeanne d'Évreux : ms. Chantilly, Musée Condé 51

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/10299 

Manuscrit de Gautier de Coincy, Miracles de Nostre Dame (Livres I et II) pour Jeanne de Bourgogne, Paris, BnF, NAF 24541

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000451c

— Influence : Heures à l'usage d'Amiens

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/6048/659

— BLUM (Rudolf ), 1949, Jean Pucelle et la miniature parisienne du XIVe siècle  Scriptorium  Année 1949  3-2  pp. 211-217

https://www.persee.fr/doc/scrip_0036-9772_1949_num_3_2_2230

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b) Jean le Noir, Jean Mahiet et autres artistes issus de l'atelier de Jean Pucelle : Bourgot, fille de Jean Le Noir 

— Heures de Jeanne de Navarre BnF NAL 3145 réalisé vers 1330-1340.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10025448r

— Heures de Bonne de Luxembourg, Jean le Noir, avant 1349. Metropolitan Museum. New York, Cloisters, MS 69.86

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/70012435 

— Heures de Yolande de Flandre, 1353-1363, Londres, Brit. Mus., Yates Thompson, ms 27, par Jean le Noir ou sa fille Bourgot.

https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/record.asp?MSID=6440&CollID=58&NStart=27

 

— Heures de Jeanne de Savoie 

http://www.calames.abes.fr/pub/#details?id=IF3030001


 

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